Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 15 décembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.

  7   Madame la Greffière, pourriez-vous, s'il vous plaît, appeler la cause.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

  9   Monsieur les Juges.

 10   C'est l'affaire It-05-88-T, le Procureur contre Popovic et consorts.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Madame.

 12   Tous les accusés sont présents. Pour l'Accusation, je remarque qu'il y a M.

 13   McCloskey et M. Mitchell. Pour les équipes de la Défense, je note l'absence

 14   de Me Ostojic, Me Nikolic et voilà.

 15   Bonjour, Monsieur Jevdjevic. 

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Bourgon, je comprends que vous

 18   n'avez pas terminé votre contre-interrogatoire. Vous avez encore besoin

 19   d'une quinzaine de minutes ?

 20   M. BOURGON : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 21   Effectivement, avec 15 minutes, ce serait très bien pour pouvoir clarifier

 22   certains problèmes que j'avais évoqués vendredi dernier.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 24   Des remarques, Monsieur McCloskey ?

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pas d'objection.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 27   Maître Petrusic ?

 28   M. PETRUSIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

  2   Maître Bourgon, bonjour à vous.

  3   LE TÉMOIN: MILENKO JEVDJEVIC [Reprise]

  4   [Le témoin répond par l'interprète]

  5   M. BOURGON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  6   Contre-interrogatoire par M. Bourgon : [Suite]

  7   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin, Monsieur Jevdjevic.

  8   R.  Bonjour.

  9   Q.  Pour faire suite au contre-interrogatoire de vendredi dernier, il y a

 10   un certain nombre de questions que je souhaite vous poser concernant le

 11   général Krstic en tant que membre du Corps de la Drina.

 12   Je voudrais commencer par vous montrer un document dont j'ai parlé vendredi

 13   dernier.

 14   M. BOURGON : [interprétation] Pourrait-on présenter avec le logiciel e-

 15   court le 4D124, s'il vous plaît.

 16   Q.  Ce document qui apparaît devant vous, vous avez eu la possibilité de le

 17   lire vendredi dernier, et je vous ai suggéré pendant le contre-

 18   interrogatoire que vous aviez vu ce document lorsque vous prépariez votre

 19   déposition dans l'affaire Krstic. Ayant vérifié ce point, à la suite de

 20   l'objection qui a été élevée par mon confrère, je sais que ceci n'est pas

 21   le document que vous avez vu parce que j'ai relu le compte rendu de

 22   l'affaire Krstic.

 23   R.  Excusez-moi, mais je ne reçois pas l'interprétation et je ne reçois

 24   rien depuis le tout début de l'audience.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous auriez dû nous le dire tout de

 26   suite. Je ne peux pas le deviner. Je ne suis pas en B/C/S, en  serbo-

 27   croate. Avec votre indulgence, permettez-moi de faire les vérifications

 28   nécessaires. Est-ce que vous recevez l'interprétation maintenant ?

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais lire ce qui a été dit. Question

  3   de Me Bourgon, il disait qu'il vous a montré un document, le 4D124, qui

  4   devrait être devant vous et il vous a dit :

  5   "Ce document qui va apparaître devant vous, vous avez eu la possibilité de

  6   le lire vendredi dernier, et je vous ai suggéré au cours du contre-

  7   interrogatoire que vous aviez déjà vu ce document lorsque vous vous

  8   prépariez pour votre déposition dans l'affaire Krstic. Maintenant, après

  9   avoir vérifié la question, à la suite de l'objection élevée par mon

 10   confrère, je sais que ce n'est pas le document que vous avez vu, celui-ci.

 11   J'ai relu le compte rendu dans l'affaire Krstic."

 12   Et c'est à ce moment-là que vous nous avez dit que vous n'entendiez

 13   pas l'interprétation.

 14   Donc à partir de maintenant, je vous laisse entre les mains de Me

 15   Bourgon à nouveau.

 16   M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   Q.  Donc, Monsieur le Témoin, je voudrais que vous confirmiez ce matin

 18   qu'après avoir lu le compte rendu dans l'affaire Krstic, après l'avoir

 19   relu, vous avez dit à la page 7 104, qu'en vous préparant pour votre

 20   déposition de l'époque vous avez lu l'ordonnance du président de la

 21   Republika Srpska, datée du 13 juillet, nommant le général Krstic, donc je

 22   voudrais simplement que l'on confirme que le document que vous avez lu

 23   était bien l'ordre ou l'ordonnance signée par le président Karadzic; est-ce

 24   exact ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Ce point étant confirmé, je souhaiterais que l'on présente maintenant

 27   le document 7D1732 [comme interprété]. Pourrait-on le voir avec le logiciel

 28   e-court, s'il vous plaît. Et je souhaiterais voir maintenant la page 3 de

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  1   l'anglais et la page 2 du B/C/S.

  2   Il s'agit d'un document dont j'ai parlé vendredi et, comme vous

  3   pouvez le voir, il est signé par le général Zivanovic en sa qualité de

  4   commandant du corps. Je pense que vous voyez que ce document a été signé à

  5   16 heures, le 13 juillet.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Est-ce que le conseil pourrait, s'il

  7   vous plaît, redonner le numéro de la pièce ?

  8   M. BOURGON : [interprétation] 7DP7132 [comme interprété].

  9   Q.  Donc c'est le document dont je vous ai parlé vendredi dernier, et

 10   pourriez-vous me dire ce que vous voyez dans la partie réservée à la

 11   signature, reconnaissez-vous cette signature ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Retournons à la première page du document, et ma première question

 14   c'est de savoir quels sont les destinataires de cet ordre. Pouvez-vous

 15   confirmer sur la base de ce que vous voyez en haut de ce document que, et

 16   en fait il s'agit d'un ordre qui est envoyé à toutes les unités

 17   subordonnées du Corps de la Drina, y compris, bien sûr, la Brigade de

 18   Bratunac et la Brigade de Zvornik ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Que cet ordre, qui provient du commandement du Corps de la Drina a

 21   également été envoyé au Corps de la Drina pour ce qui est de son poste de

 22   commandement avancé ?

 23   R.  Oui, c'est bien ce que ça dit.

 24   Q.  Et vous vous rappelez avoir reçu ce document au poste de commandement

 25   avancé du Corps de la Drina, en juillet 1995 ?

 26   R.  Je ne me rappelle pas cela. C'est possible qu'il soit arrivé, mais

 27   personnellement je ne me souviens pas de ce document.

 28   Q.  Regardons ce document, vous avez la plus grande partie du document

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  1   devant vous, on peut voir également la deuxième page. Pouvez-vous confirmer

  2   que cet ordre a été rédigé conformément aux procédures applicables dans la

  3   VRS et au Corps de la Drina, en ce qui concerne les formalités, les

  4   rubriques à remplir, et cetera ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Regardons le deuxième paragraphe du document, vous seriez d'accord avec

  7   moi que comme effet de cet ordre, tous les destinataires reçoivent comme

  8   renseignement le fait que les forces musulmanes se dirigent vers Tuzla, en

  9   passant par Crni Vrh et Cerska; c'est bien ce qui est dit dans ce

 10   paragraphe ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Je regarde maintenant vers le bas, le paragraphe 1 de cet ordre, vous

 13   l'avez là mais je pense qu'il faut revenir en arrière d'une page pour

 14   l'anglais, vous avez vous le B/C/S. Pouvez-vous confirmer que par cet ordre

 15   les commandants de brigades reçoivent l'ordre de prendre toutes les mesures

 16   nécessaires en pratique pour découvrir, bloquer, désarmer et faire

 17   prisonniers des groupes musulmans qui tentent de rejoindre leur territoire,

 18   Crni Vrh,

 19   Cerska ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Si vous regardez le paragraphe 3 de cet ordre, seriez-vous d'accord

 22   avec moi que l'ordre qui a été donné à toutes les brigades est d'héberger

 23   les Musulmans, désarmés et capturés, dans des locaux convenables, de sorte

 24   qu'il s'agit là d'un ordre qui vise à établir la sécurité des prisonniers.

 25   Mais je voudrais savoir comment vous comprenez ceci pour ce qui est de

 26   "bâtiments ou installations qui peuvent être tenus et sécurisés par de

 27   petites forces."

 28   R.  Je suppose que la personne qui a émis cet ordre et qui a rédigé cet

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  1   ordre, gardait à l'esprit le fait que le gros des forces du Corps de la

  2   Drina n'était engagé dans des combats en différents secteurs au front,

  3   opérations de combat dans l'opération Krivaja et Stup et qu'il y avait très

  4   peu de soldats disponibles pour assurer la sécurité militaire des

  5   prisonniers.

  6   Q.  Et c'est la raison pour laquelle on leur dit de trouver des bâtiments

  7   qui sont convenables pour lesquels il faut peu d'effectifs pour garder les

  8   prisonniers ?

  9   R.  Oui, oui. A mon avis c'est cela.

 10   Q.  Maintenant regardons le paragraphe 7 du document, regardons la page

 11   suivante, lisez, s'il vous plaît, le paragraphe 7 et dites-moi si vous êtes

 12   d'accord que ce paragraphe indique que les brigades devront accroître ou

 13   améliorer le niveau des transmissions radio et du point de vue de la

 14   discipline des communications.

 15   R.  Oui, c'était évidemment une tâche continue.

 16   Q.  Et après avoir reçu cet ordre, les officiers feraient un effort pour

 17   que la discipline en matière de transmission radio soit accrue. Vous êtes

 18   d'accord avec cela ?

 19   R.  Oui, c'est logique.

 20   M. BOURGON : [interprétation] Je souhaiterais maintenant qu'on passe à un

 21   autre document, ce sera le dernier, le 4D81. Premièrement voyons la

 22   dernière page du document.

 23   Q.  Ceci est également un document dont nous avons parlé lors du contre-

 24   interrogatoire de vendredi. Pouvez-vous me dire, d'après la signature et le

 25   tampon, qui selon vous a envoyé ce document et par qui il a été reçu ?

 26   R.  Ce que je vois ici et ce que j'ai vu à l'écran, c'est que le document a

 27   été envoyé par le commandant, le général de division Radislav Krstic, et je

 28   vois ici sa signature.

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  1   Q.  En quelle qualité est-ce que le général Krstic signe ce document ?

  2   R.  Il le signe en qualité de commandant.

  3   Q.  D'après le tampon, est-ce que ce document a été envoyé et reçu, si vous

  4   pouvez nous le dire, d'après les renseignements qui sont fournis ?

  5   R.  Un document qui a été signé et dactylographié de cette manière a été

  6   reçu au centre de transmission à 19 heures 45, là où il devait être

  7   chiffré, au centre de chiffrement; puis étant chiffré, il a été traité par

  8   le chiffreur à 20 heures 10, puis il a été remis à toutes les unités

  9   subordonnées auxquelles il était destiné, en fait.

 10   Q.  Je vous remercie. Si nous pouvions revoir la première page du document,

 11   je voudrais que vous nous confirmiez d'abord qu'il s'agit bien d'un rapport

 12   de combat régulier - et c'est ce que dit le document - mais pourriez-vous

 13   me dire qui aurait préparé ce document et à qui il a été envoyé, d'après ce

 14   que dit la première page ?

 15   R.  Le document a été préparé au commandement du Corps de la Drina, et ce

 16   rapport de combat régulier a été envoyé à l'état-major principal de la VRS.

 17   Q.  Donc je ne me trompe pas, ce document comprend d'une manière ou d'une

 18   autre des éléments généraux obtenus d'après les rapports de combat

 19   présentés par toutes les unités subordonnées du Corps de la Drina ?

 20   R.  Il doit contenir des renseignements concernant toutes les unités du

 21   Corps de la Drina qui sont arrivés au commandement du Corps de la Drina ce

 22   jour-là.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'ai juste un problème de traduction à

 25   évoquer.

 26   A un moment donné, ce document, comme nous l'avons entendu, a été envoyé à

 27   l'état-major principal, et ça a été traduit par "handed over," c'est-à-dire

 28   "remis," comme si ça avait été remis de la main à la main par quelqu'un.

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  1   Est-ce qu'on pourrait éclaircir ce point ?

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Bien. Merci, Monsieur

  3   McCloskey.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est à la page 7, ligne 8.

  5   M. BOURGON : [interprétation] Je remercie mon confrère pour cette

  6   observation.

  7   Q.  Donc page 7, ligne 8, la façon dont votre réponse a été traduite

  8   c'était que ce document avait été remis.

  9   Alors a-t-il été remis ou transmis à toutes les unités subordonnées

 10   auxquelles il était destiné ?

 11   R.  En terminologie militaire, un télégramme est ou reçu ou "predeje,

 12   [phon]" c'est-à-dire transmis. Personnellement, je ne vois pas différence

 13   entre "remis" ou "envoyé," mais ce que ça implique, que c'est par le

 14   système de transmission, c'est un télégramme qui a été renvoyé par les

 15   moyens de transmission.

 16   Q.  Si vous regardez ce document et d'après ce que vous avez vu

 17   aujourd'hui, est-ce que vous êtes d'accord que ce rapport ne peut pas avoir

 18   été envoyé sans que le général Krstic soit informé de sa

 19   teneur ?

 20   R.  C'est exact.

 21   Q.  Maintenant le paragraphe 3 du document, que vous voyez à l'écran - il

 22   faudrait simplement remonter un petit peu le document - est-ce que ce

 23   paragraphe dit bien que des civils musulmans -- enfin, le fait que les

 24   civils musulmans et des soldats musulmans sont détenus à Konjevic Polje et

 25   à Nova Kasaba, il s'agit là de renseignement que le commandement du Corps

 26   de la Drina avait en sa possession avant d'envoyer le rapport ?

 27   R.  Oui.

 28   M. BOURGON : [interprétation] Merci. Je n'ai plus besoin de ce document. Il

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  1   faut simplement maintenant que j'obtienne confirmation sur deux questions.

  2   Q.  Premièrement, quelque chose dont nous avons parlé la semaine dernière.

  3   Pouvez-vous confirmer le point également discuté lors de votre audition par

  4   le bureau du Procureur, vous étiez d'accord qu'il existait en 1995 dans la

  5   VRS une habitude comme une culture qui consistait à toujours couvrir toute

  6   action par la production d'un document écrit.

  7   R.  C'était la règle.

  8   Q.  Un bon exemple de cela, pour montrer ce que je veux dire par une

  9   culture consistant à toujours produire un document écrit, était que quand

 10   le général Krstic a décidé de renvoyer le commandant Pandurevic de la

 11   Brigade de Zvornik à Zvornik, avec son groupe tactique, c'était là une

 12   décision importante, c'était quelque chose qui pouvait avoir une incidence

 13   sur les opérations de Zepa. Alors nous avons vu la semaine dernière que le

 14   général Krstic a fait suivre cela immédiatement par un ordre écrit. Est-ce

 15   que ce serait un bon exemple de ces habitudes ou de cette culture

 16   consistant à toujours produire un document écrit ?

 17   R.  Bien, on peut comprendre les choses de cette manière. Mais je pense que

 18   le document a été rédigé par quelqu'un qui se trouvait au commandement du

 19   Corps de la Drina à Vlasenica et envoyé à la Brigade de Zvornik, et qu'en

 20   raison des problèmes, le lieutenant-colonel Pandurevic couvrait ceci en ce

 21   qui concernait son unité de Zepa.

 22   Q.  Ça c'était la raison même d'être du document. Mais la question que je

 23   vous posais c'était : Est-ce que le fait de produire ce document était en

 24   fait pour officialiser et couvrir la décision du général Krstic de renvoyer

 25   le colonel Pandurevic au secteur de Zvornik ?

 26   R.  Oui, on peut considérer cela comme ça.

 27   Q.  Dernière question : je voudrais que vous confirmiez - ceci est quelque

 28   chose que vous avez dit dans votre déposition dans l'affaire Krstic - que

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  1   lorsque vous avez préparé votre déposition en l'espèce dans cette affaire-

  2   là, vous avez parlé avec le commandant Obrenovic.

  3   R.  Oui, mais j'ai surtout parlé avec lui plus précisément de la situation

  4   -- des situations qui étaient officieuses, parce que nous deux nous nous

  5   trouvions dans des secteurs totalement différents du Corps de la Drina, de

  6   sorte que les informations que l'un avait en ce qui concerne la situation

  7   dans son voisinage, l'autre n'en disposait pas, parce que nous étions dans

  8   des secteurs complètement différents et que nous traitions de missions

  9   totalement différentes.

 10   M. BOURGON : [interprétation] Je vous remercie. J'en ai terminé, Monsieur

 11   le Président.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Lazarevic.

 13   M. LAZAREVIC : [interprétation] Nous avons décidé de ne pas contre-

 14   interroger ce témoin.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Lazarevic.

 16   Maître Krgovic.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation] Je souhaite contre-interroger ce témoin,

 18   Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, allez-y.

 20   Contre-interrogatoire par M. Krgovic : 

 21   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Jevdjevic. Mon nom est Dragan

 22   Krgovic. J'assure la Défense du général Gvero, et je vais vous poser des

 23   questions relatives à votre déposition jusqu'à maintenant.

 24   Monsieur Jevdjevic, dans votre déposition jusqu'à présent, vous avez parlé

 25   du temps que vous avez passé à Pribicevac, alors je vous demande, si à ce

 26   poste de commandement avancé, vous étiez à même d'envoyer des rapports de

 27   combat directement soit à l'état-major principal ou au commandement du

 28   Corps de la Drina, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Oui, nous étions en mesure d'envoyer des rapports directement au

  2   commandement du Corps de la Drina. Quant à l'état-major principal, nous

  3   envoyions des télégrammes en passant par l'intermédiaire du commandement du

  4   Corps de la Drina.

  5   Q.  Mon confrère, Me Petrusic, vous a montré un document qui était l'un des

  6   rapports envoyés à l'état-major principal.

  7   Pourrait-on montrer au témoin 6D22, s'il vous plaît.

  8   Voici donc un de ces rapports. Lorsque vous avez répondu à une

  9   question posée par mon confrère Me Petrusic, il a posé des questions

 10   concernant le paragraphe 4 de ce rapport, vous avez confirmé que vous étiez

 11   au courant de l'événement décrit dans ce rapport de combat; est-ce exact ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Au point 2 de ce rapport, il est dit également que ce jour-là, le 9

 14   juillet, comme vous l'avez dit devant cette Chambre, l'opération concernant

 15   les enclaves, elle est pratiquement conclus à ce moment-là, ce jour-là ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Et en pratique ce jour-là, il n'y a pratiquement pas eu de combat, sauf

 18   pour ce qui est de fortifier, renforcer les positions atteintes par la

 19   brigade dans l'après-midi du 9 juillet ?

 20   R.  Oui, le 9 juillet, oui. Bien, il y a eu les combats le 9 juillet. Les

 21   unités de la Brigade de Zvornik ont pris Zivkovo Brdo ce jour-là et y ont

 22   passé la nuit aux positions qu'ils avaient atteintes.

 23   Q.  Mais répondant à la question de mon confrère, vous avez dit qu'ils

 24   avaient achevé de fortifier les positions vers 18 heures et qu'une autre

 25   unité était venue prendre ces positions pendant que les premiers s'étaient

 26   retirés pour aller se reposer ?

 27   R.  Oui, mais en fait dans la soirée, d'habitude --

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Jevdjevic et Maître Krgovic,

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  1   tous les deux, s'il vous plaît, veuillez ralentir parce que vous parlez

  2   ensemble, il y a chevauchement.Merci.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] D'habitude dans la soirée on fortifiait les

  4   positions, et parfois lorsque la situation le permettait, ces unités qui

  5   avaient effectué les mouvements d'assaut ce jour-là, remettaient les lignes

  6   qu'elles avaient prises ou atteintes à des unités de réserve qui les

  7   accompagnaient ou qui les suivaient, ce qui leur permettait de se retirer

  8   dans un secteur convenable où ils pouvaient prendre du repos. Probablement,

  9   ils ne laissaient que quelques-uns de leurs hommes pour qu'ils puissent

 10   bien garantir que les points atteints pendant la nuit seraient protégés, et

 11   ils se retiraient -- retiraient certains des unités pour aller dans un

 12   secteur qui convenait pour reprendre du repos. C'est ce que j'ai déjà dit.

 13   M. KRGOVIC : [interprétation]

 14   Q.  Et le rapport de combat qui a été envoyé traduit exactement la

 15   situation sur le terrain telle que vous l'avez vue; c'est bien cela ?

 16   R.  Oui.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation] Je voudrais maintenant qu'on présente, s'il

 18   vous plaît, la pièce 6D328 au témoin, s'il vous plaît.

 19   Q.  Monsieur Jevdjevic, il s'agit d'un rapport de combat envoyé depuis

 20   Likane [phon] Pribicevac, donc le poste de commandement avancé, envoyé le

 21   10 juillet. Ce rapport concerne l'état de la FORPRONU dans l'enclave de

 22   Srebrenica. Je vous prie de lire ce document, c'est le premier paragraphe

 23   qui m'intéresse tout particulièrement, dans lequel il est dit :

 24   "Sur la base de surveillance et de l'observation de la situation de

 25   l'enclave de Srebrenica, ainsi que sur la base des déclarations faites par

 26   les soldats de la FORPRONU qui se sont rendus à nos forces et qui ont

 27   demandé d'avoir notre protection, nous concluons que l'armée musulmane a

 28   encerclé la FORPRONU et en a pris le contrôle.

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  1   "Les Musulmans ont saisi les équipements de combat de la FORPRONU, dans une

  2   certaine mesure, les véhicules de transport de troupes blindés, les pièces

  3   d'artillerie lourdes et les munitions, et l'armée musulmane s'en sert dans

  4   les combats contre nos forces."

  5   Est-ce que, Monsieur Jevdjevic, vous avez été au courant de ces choses ?

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Petrusic.

  7   M. PETRUSIC : [interprétation] Peut-être que lors de ma préparation je

  8   n'étais pas suffisamment attentif, mais je ne vois pas quelle est la

  9   provenance de ce document. Tout simplement, c'est la première fois que je

 10   vois ce document, peut-être que j'en ai fait omission. Je m'excuse auprès

 11   de mon collègue si c'est le cas, mais j'aimerais bien savoir d'où provient

 12   ce document, s'il vous plaît.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Pourriez-vous nous l'expliquer,

 14   Maître ?

 15   M. KRGOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est un document que

 16   j'ai reçu -- en fait, c'est mon enquêteur qui l'a saisi dans le cadre de

 17   ses enquêtes, et je dispose de l'original de ce document, je peux le

 18   présenter si mon confrère le souhaite ainsi que M. le Procureur.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce n'est pas une information

 20   acceptable.

 21   M. KRGOVIC : [interprétation] Je pourrais vous citer la source exacte si

 22   vous le souhaitez.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je suis d'accord ave Me Petrusic, nous

 25   avons besoin de la source.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, oui, bien sûr. C'est pour ça que

 27   j'ai dit que ce que vous venez de dire ne nous avance pas beaucoup.

 28   J'aimerais savoir où votre enquêteur l'a trouvé, donc quelle est son

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  1   origine.

  2   M. KRGOVIC : [interprétation] Dans le cadre de nos préparations, lorsque

  3   nous voulions présenter la déposition de feu le général Djukic, j'ai

  4   demandé à sa famille si je pouvais obtenir ses notes et ses documents qui

  5   pouvaient corroborer ses déclarations. Et c'est ainsi que j'ai obtenu un

  6   certain nombre de documents, ces documents en partie sont versés dans le

  7   cadre de EDS, et d'autres ne le sont pas.

  8   Le premier document de cette série a été utilisé avec la déposition de

  9   Novica Simic. A ce moment-là j'ai dit quelle était la source de ce document

 10   et j'ai envoyé un courriel circulaire à tous mes confrères.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Petrusic, est-ce que cela vous

 12   suffit ?

 13   M. KRGOVIC : [interprétation] Excusez-moi. Ce courriel a été également

 14   envoyé à l'équipe de Me Petrusic, et j'en ai informé oralement M. le

 15   Procureur il y a un mois, donc je lui ai dit que j'allais utiliser un

 16   certain nombre de ces documents.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Petrusic.

 18   M. PETRUSIC : [interprétation] Ce premier document a été envoyé

 19   effectivement, mais ce document-là, non. C'est la première fois que je le

 20   vois. Mais d'après ce que je sais, la personne qui a -- l'héritier du

 21   général Djukic, il devrait venir déposer ici. Donc j'espère que nous

 22   pourrons obtenir d'autres informations de lui.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Petrusic.

 24   Monsieur McCloskey.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous étions en contact avec l'équipe de

 26   Gvero et nous leur avons posé des questions au sujet d'un document

 27   similaire. Ils ne voulaient pas nous en parler. Donc j'aimerais connaître

 28   le nom de cet héritier, et je suis sûr que je pourrai régler cette question

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  1   avec mon éminent confrère.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Ne perdons pas trop de temps

  3   là-dessus.

  4   Maître Krgovic.

  5   M. KRGOVIC : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur Jevdjevic, je vous prie d'examiner ce document. Est-ce que ce

  7   document correspond aux déclarations, autrement dit aux informations dont

  8   vous disposiez à l'époque à Pribicevac s'agissant de la situation que

  9   connaissait la FORPRONU dans l'enclave de Srebrenica ?

 10   R.  Oui, ce rapport correspond aux informations dont nous disposions à

 11   l'époque au sujet de la FORPRONU.

 12   Q.  Monsieur Jevdjevic, j'aimerais résumer un certain nombre de

 13   renseignements dont vous disposiez à l'époque en date du 9 juillet. Vous en

 14   avez parlé lors de votre déposition. Cela concerne la nature et l'objectif

 15   de l'attaque menée contre les forces musulmanes dans l'enclave de

 16   Srebrenica. Les renseignements dont vous disposiez le 9 juillet étaient les

 17   suivants : l'attaque de la VRS contre les forces musulmanes étaient

 18   organisées exclusivement, parce que les éléments de l'armée musulmane

 19   quittaient l'enclave et attaquaient les objectifs militaires et civiles,

 20   n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui. Et également afin de délimiter cette zone grâce à nos positions

 22   militaires pour qu'il n'y ait pu de communication entre les deux enclaves,

 23   entre Srebrenica et Kladanj et Tuzla.

 24   Q.  Egalement, vous disposiez des informations selon lesquelles la

 25   population civile n'était pas visée par les attaques menées par la VRS,

 26   n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Egalement, vous aviez des informations selon lesquelles les forces de

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  1   la FORPRONU n'étaient pas visées, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui, c'était nos ordres.

  3   Q.  Egalement, vous saviez que les Musulmans avaient attaqué les soldats de

  4   la FORPRONU et qu'un soldat de la FORPRONU avait été tué, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Vous saviez que le pilonnage des cibles civiles n'était pas effectué

  7   ainsi que le pilonnage de la ville de Srebrenica, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Et au fond, ces rapports avaient été envoyés au commandement supérieur,

 10   n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui, c'est exact.

 12   Q.  Et la personne qui avait l'occasion de lire ces rapports de combat

 13   n'avait pas de raison de douter de la véracité de ces rapports, n'est-ce

 14   pas ?

 15   R.  Bien, il ne disposait que des renseignements suite à ces rapports,

 16   c'était tout ce dont il disposait.

 17   Q.  Et d'après vos connaissances, étant donné que vous étiez au poste de

 18   commandement avancé à Pribicevac, ces renseignements correspondaient à la

 19   réalité des choses sur le terrain, n'est-ce

 20   pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Monsieur Jevdjevic, dans le cadre de votre déposition dans l'affaire

 23   Krstic, c'était le 6 novembre 2000, à la page 7 068, vous avez dit qu'à un

 24   moment donné le général Gvero s'était rendu à Pribicevac brièvement. Est-ce

 25   que vous vous en souvenez ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Et à ce moment-là, vous n'avez pas mentionné la date de cet événement,

 28   mais devant ce Tribunal il a été dit que cela s'est produit le 9 juillet

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  1   1995 vers midi, et que le général Gvero s'est rendu à ce moment-là à l'IKM

  2   de Pribicevac, y est resté peu de temps, et ensuite il est parti. Est-ce

  3   que cette information correspond à ce que vous avez pu observer à

  4   Pribicevac à cette occasion ? 

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Et ce jour-là lorsque le général Gvero s'y est rendu, donc les

  7   informations que j'ai énumérées tout à l'heure étaient les informations

  8   qu'il aurait pu obtenir au poste de commandement avancé s'agissant de

  9   l'opération Srebrenica, n'est-ce pas ? Et cela concerne toutes les

 10   questions que je viens de vous poser au sujet des rapports de combat.

 11   R.  Le général Gvero s'est rendu à l'IKM peu de temps avec le général

 12   Krstic. Et ces informations qu'il a reçues par voie écrite, oui, je suis

 13   d'accord. Je ne sais pas si le général Krstic aurait pu l'informer de

 14   quelque chose d'autre, il était ensemble et je n'étais pas avec eux.

 15   Q.  Et vous ne savez pas de quoi ils ont parlé ?

 16   R.  Je l'ignore.

 17   Q.  Mais les informations au sujet desquelles je viens de vous poser des

 18   questions étaient des informations qui étaient connues du général Krstic,

 19   n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Monsieur Jevdjevic, passons maintenant à un autre sujet.

 22   Excusez-moi, je suis le compte rendu d'audience et vous savez, nous parlons

 23   la même langue et souvent il y a du chevauchement, donc je dois faire

 24   attention pour m'assurer que ma question et votre réponse ont été

 25   correctement saisies dans le compte rendu d'audience.

 26   Lors de votre déposition, vous avez dit qu'à un moment donné, vous vous

 27   êtes rendu au poste de commandement avancé à Zepa. Mes  confrères vous ont

 28   posé des questions détaillées au sujet d'un certain nombre de dates, mais

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  1   je ne vais pas m'appesantir là-dessus, mais j'ai une question pour vous : à

  2   Zepa, est-ce que vous disposiez des mêmes équipements dont vous disposiez à

  3   Pribicevac ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Monsieur Jevdjevic, si j'ai bien compris, compte tenu de votre

  6   biographie, vous êtes allé à l'école à Rogatica et j'imagine que Rogatica-

  7   Zepa, c'est une zone que vous connaissiez bien, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Au mois de juillet 1995, et notamment vers la fin du mois de juillet

 10   1995, s'agissant de la route qui mène depuis Rogatica jusqu'à l'endroit où

 11   se trouvait le point de contrôle de la FORPRONU à Boksanica, est-ce qu'il y

 12   avait des points de contrôle de la VRS, donc je parle de la route qui mène

 13   de Rogatica à Boksanica, d'après vos souvenirs, dites-moi ?

 14   R.  Je suppose qu'il y avait un point de contrôle à Boksanica. Mais

 15   s'agissant de la route qui va de Boksanica jusqu'à Rogatica, il n'y avait

 16   pas de raisons pour avoir d'autres points de contrôle parce que c'était à

 17   l'intérieur de notre zone.

 18   Q.  Et à Boksanica, c'est là-bas qu'il y avait un point de contrôle de la

 19   FORPRONU où étaient menées les négociations avec les Musulmans, n'est-ce

 20   pas ?

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  Monsieur Jevdjevic, combien de temps faut-il pour aller de Rogatica à

 23   Zepa, compte tenu des circonstances de l'époque, c'était la guerre, donc à

 24   bord d'un car ou d'un véhicule; combien de temps faut-il pour aller de

 25   Rogatica à Zepa ?

 26   R.  Une heure et un quart d'heure environ, tout dépend du véhicule, mais

 27   environ une heure, parce que la moitié de cette route est en fait la route

 28   macadam et il y a beaucoup de virages le long de cette route.

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  1   Q.  Et vous nous avez dit que vers la fin du mois de juillet 1995, dans

  2   cette zone de responsabilité, le général Mladic s'est rendu à Zepa et il y

  3   est resté un certain temps. Est-ce que vous vous souvenez l'avoir dit ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Et à cette époque, le général Gvero a essayé d'entrer en contact avec

  6   le général Mladic, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et le général Mladic a refusé de parler au général Gvero, n'est-ce pas

  9   ?

 10   R.  A cette époque-là, lorsque le général Gvero a contacté par téléphone

 11   depuis l'état-major principal a contacté l'IKM du Corps de la Drina à

 12   général Mladic, c'était dans le village de Godjenje [phon],  le général

 13   Mladic n'était pas à l'IKM, j'imagine que le général Mladic à ce moment-là

 14   était à Boksanica ou ailleurs.

 15   Q.  Est-ce que le général Gvero vous a dit pourquoi il voulait parler au

 16   général Mladic ?

 17    R.  Je me souviens de cette conversation. Le soldat qui a répondu à

 18   l'appel, au téléphone, m'a transmis la communication, parce que le général

 19   Mladic n'était pas présent au poste de commandement avancé, et sur l'autre

 20   bout du fil était le général Gvero. Il m'a demandé où était le général

 21   Mladic, il voulait lui parler, et je lui ai dit que probablement le général

 22   Mladic était dans la zone de Boksanica. Ensuite le général Gvero m'a dit

 23   qu'il voulait lui parler afin de lui présenter toute la complexité de la

 24   situation que l'on rencontrait sur le front occidental de la Republika

 25   Srpska, à l'époque. Voilà, c'est ce dont je me souviens.

 26   Q.  Et il a dit qu'il était inquiet pour la Krajina, et qu'on était en

 27   train de perdre du temps là-bas alors que la Krajina était en train d'être

 28   investie.

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  1   R.  Oui, il était très inquiet à cause de la situation qui prévalait sur le

  2   front de Krajina alors qu'à Zepa, il pensait que la situation sur le plan

  3   militaire était plutôt bonne pour la VRS. Il voulait transmettre cette

  4   information au général Mladic.

  5   M. KRGOVIC : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on montre au

  6   témoin la pièce P1311, page 1311C en B/C/S et en anglais, 1311A.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce document est versé sous pli scellé,

  8   donc je vous prie de ne pas communiquer ce document au grand public.

  9   M. KRGOVIC : [interprétation] En B/C/S,  c'est la page qui porte la

 10   référence ERN 3205699, et dans la version anglaise, c'est 0080165. Donc en

 11   B/C/S, 03205699.

 12   Je vous prie de m'accorder un instant, Monsieur le Président, parce

 13   que le témoin ne peut pas voir la page qui m'intéresse.

 14   Q.  Monsieur Jevdjevic, est-ce que vous pouvez voir ce qui figure en haut ?

 15   Il est dit : Le message pour Panorama 1, il faut contacter Gvero le plus

 16   vite possible." ?

 17   R.  Oui, c'est la bonne fréquence. Je ne vois pas la date. Il s'agit de 8

 18   heures 29. C'est un message pour Panorama 1, il faut contacter Gvero le

 19   plus vite possible.

 20   Q.  Panorama était un chiffre pour l'état-major principal, n'est-ce pas ?

 21   Et Panorama 1 était le nom du général Mladic, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  La date est le 23 juillet 1995, Monsieur le Président ?

 24   Monsieur Jevdjevic, suite à cela, est-ce que le général Gvero a envoyé un

 25   télégramme au général Mladic ?

 26   R.  Je pense que ce jour même, après la conversation téléphonique que j'ai

 27   eue avec le général Gvero, je me souviens que dans le village Glodjenje à

 28   l'IKM, nous avons reçu un télégramme émanant de l'état-major, et le soldat

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  1   qui était chargé de déchiffrer le télégramme, étant donné que le général

  2   Mladic n'était toujours pas à l'IKM, le soldat m'a demandé quoi faire. Il

  3   m'a dit qu'il avait reçu un télégramme pour le général Mladic, alors que le

  4   général n'était pas dans les alentours et le soldat ne pouvait pas lui

  5   remettre le télégramme, alors que le soldat en tant que la personne chargée

  6   du déchiffrage, il devrait remettre le télégramme. Ensuite j'ai pris le

  7   télégramme pour voir de quoi il s'agissait, pour voir s'il n'y avait pas

  8   quelque chose d'urgent pour pouvoir entreprendre des mesures urgentes pour

  9   que le général Mladic reçoive ce télégramme. Et j'ai pu constater que le

 10   télégramme avait été envoyé personnellement au général Mladic par le

 11   général Gvero.

 12   Q.  Et la teneur de ce télégramme correspondait à ce que le général Gvero

 13   vous avait dit au téléphone, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui, plus ou moins la teneur était semblable.

 15   Q.  Le général Gvero voulait que des mesures soient entreprises pour

 16   renforcer le front et que pour que le commandant soit informé de la

 17   situation qui prévalait sur le front occidental, n'est-ce pas ?

 18   R.  Je me souviens que le télégramme était très bien rédigé, que les mots

 19   étaient très choisis, recherchés, et que le général Gvero s'adressait

 20   personnellement au général Mladic et lui présentait à quel point la

 21   situation était difficile sur le front de Krajina et lui proposait, compte

 22   tenu de la situation difficile que rencontrait l'armée de la Republika

 23   Srpska, d'entendre l'opinion de ses conseillers à la lumière de la

 24   situation et de poursuivre la coopération qu'il connaissait jusqu'alors.

 25   J'ai paraphrasé la teneur de ce télégramme plutôt bref, et vous savez, ce

 26   télégramme était très spécifique et c'est pourquoi je m'en souviens très

 27   bien.

 28   Q.  Et le général Gvero a dit au général Mladic qu'il fallait tenir compte

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  1   de l'avis de son conseiller. En fait, c'était en quelque sorte une critique

  2   adressée au général Mladic parce qu'il ne tenait pas compte de l'opinion de

  3   ses conseillers, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   M. KRGOVIC : [interprétation] Une petite correction. Page 21, ligne 20, le

  6   général était envoyé au général Mladic et non pas -- ce n'est pas le

  7   général Mladic qui l'avait envoyé, n'est-ce pas ?

  8   Q.  Vous êtes d'accord ?

  9   R.  Oui.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation]  La dernière phrase en anglais n'a pas

 11   beaucoup de sens, je dois dire.

 12   M. KRGOVIC : [interprétation] Oui.

 13   Q.  Il y a un petit problème avec la traduction, Monsieur Jevdjevic, je

 14   vais répéter ma question : Le général Gvero, de manière polie, a recommandé

 15   au général Mladic de tenir compte des suggestions de ses conseillers et il

 16   lui a dit que le général Mladic n'en tenait pas compte jusqu'alors. Mais il

 17   l'avait fait de manière polie, diplomatique pour ainsi dire, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui, c'est ainsi que j'ai compris la teneur de ce télégramme. C'était

 19   très joliment formulé. Il attirait l'attention du général Mladic, et de

 20   manière polie, lui suggérait de tenir compte de ses conseillers, compte

 21   tenu de la situation. Il voulait probablement dire que le général ne tenait

 22   pas compte de ses conseillers alors qu'il fallait le faire parce que la

 23   situation était très grave sur le front et qu'il fallait qu'il continue à

 24   coopérer comme avant. C'est ainsi que moi que j'ai compris la teneur de ce

 25   télégramme.

 26   Q.  Et cela a concerné la situation qui prévalait sur le front occidental,

 27   n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.

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  1   M. KRGOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur Jevdjevic.

  2   Je n'ai plus de questions pour ce témoin, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Krgovic.

  4   Ainsi se termine le contre-interrogatoire des équipes de la Défense.

  5   Monsieur McCloskey, pourriez-vous nous dire combien de temps va durer

  6   vos questions ? Je ne vous pose pas cette question pour vous limiter, mais

  7   tout simplement pour mieux nous organiser.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'essaierai de terminer l'interrogatoire

  9   aujourd'hui. Je ne pourrais pas le dire, j'essaierai. Je vous assure que je

 10   ne voudrais pas poursuivre mon interrogatoire demain.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y. N'ayez pas l'impression que je

 12   fais pression sur vous.

 13   Contre-interrogatoire par M. McCloskey : 

 14   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Jevdjevic.

 15   R.  Bonjour.

 16   Q.  Je suis Peter McCloskey. Je suis représentant du bureau du Procureur.

 17   J'ai un certain nombre de questions pour vous.

 18   Pour ne pas oublier, revenons justement à l'endroit où

 19   l'interrogatoire vient de s'arrêter. Ce jour-là, lorsque le général Gvero a

 20   rencontré le général Krstic à Pribicevac, où était-ce ? Etait-ce au poste

 21   de commandement avancé ou à un poste d'observation ou dans un fourgon de

 22   transmissions ?

 23   R.  Vous savez, le poste de commandement avancé c'était là-bas. Nous

 24   n'avions pas de bâtiment, en fait, là-bas, d'installation construite. Le

 25   général Krstic était à un poste d'observation depuis lequel vous pouviez

 26   voir les actions de combat menées à Zeleni Jadar vers Bojna [phon], et

 27   cetera. Donc il était là-bas pour suivre les opérations de combat de ces

 28   unités. Lorsque le général Gvero s'y est rendu, nous nous sommes serré la

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  1   main, ensuite il est allé à l'endroit où se trouvait le général Krstic à

  2   une cinquantaine de mètres.

  3   Q.  Donc le général Gvero s'est rendu au poste de commandement avancé avec

  4   vous pour rencontrer le général Krstic, n'est-ce pas ?

  5   R.  Je suis resté près du matériel et il m'a dépassé. Il était accompagné

  6   d'une escorte de soldats, un chauffeur, et ils se sont dirigés vers le

  7   général Krstic.

  8   Q.  Bien, vous avez une mémoire étonnante. Pouvez-vous nous aider pour nous

  9   dire combien de personnes sont arrivées avec le général Gvero ?

 10   R.  Je crois qu'ils étaient deux au moins, que ce soit le chauffeur et

 11   quelqu'un d'autre, mais lorsqu'un général se déplaçait, il y avait toujours

 12   sur sa droite et sur sa gauche quelqu'un qui l'escortait ou un officier.

 13   Cela dépendait qui l'accompagnait dans son entourage.

 14   Q.  Dans quel genre de véhicule est-il arrivé sur place ?

 15   R.  Je ne me souviens pas du type de véhicule, mais il l'a garé à l'entrée

 16   du poste de commandement avancé, et je l'ai vu arriver à pied.

 17   Q.  J'essaie de vous poser des questions aussi simples que possible. Vous

 18   pouvez toujours nous donner des explications supplémentaires, mais je vous

 19   ai posé une question très simple concernant le type de véhicule et que vous

 20   avez rajouté de nombreux éléments. Cela peut aller mais cela nous

 21   obligerait à passer un certain temps ici.

 22   Est-ce que vous vous souvenez qui d'autre était au poste d'observation avec

 23   le général Krstic et Gvero ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Et vous souvenez-vous où se trouvait Mladic ce jour-là lorsque Gvero et

 26   Krstic se sont rendus au poste d'observation ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Est-ce qu'il s'est rendu à Pribicevac ce jour-là, le général Mladic ?

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  1   R.  Je crois que Mladic est venu le lendemain, s'est donc rendu à

  2   Pribicevac le lendemain.

  3   Q.  Donc d'après vos souvenirs, le général Gvero s'y est rendu quel jour ?

  4   R.  Autant que je puisse m'en souvenir et d'après mon analyse, il y est

  5   arrivé le 9.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Pourrions-nous voir la pièce de

  7   l'Accusation 33.

  8   Q.  Vous en conviendrez, je pense - et cela ressort également de votre

  9   témoignage - que le 9 était un jour très important dans le cadre de cette

 10   opération, comme vous l'avez dit. Je crois que personne ici ne le conteste,

 11   l'opération Krivaja 95 n'était pas destinée à prendre le contrôle de la

 12   ville de Srebrenica; est-ce exact ?

 13   R.  Oui, c'est ainsi que je l'avais compris. C'était en effet la réalité

 14   lors des stades ou des phases initiales de l'opération.

 15   Q.  Très bien. Je vous prie de regarder ce document, je sais que vous

 16   l'aviez vu à de nombreuses reprises. Il s'agit d'un document adressé aux

 17   généraux Krstic et Gvero. Personnellement, vous avez dit qu'ils se

 18   trouvaient ensemble le 9 à Pribicevac. Vous vous souvenez sans doute que

 19   c'est un document émanant de Tolimir. On voit ici au deuxième paragraphe :

 20   "Le président de la république est satisfait des résultats des opérations

 21   de combat aux alentours de Srebrenica, et a entériné la poursuite des

 22   opérations visant à la prise de contrôle de Srebrenica."

 23   Ainsi toute cette opération a changé les questions d'entrée dans la

 24   ville de Srebrenica, n'est-ce pas ?

 25   R.  Sur la base de l'accord donné par le président de la Republika

 26   Srpska, la situation avait changé, c'était le soir vers minuit, le 9

 27   juillet toujours.

 28   Q.  Nous voyons que c'est l'heure à laquelle ce document a été reçu.

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  1   Je ne suis pas sûr. Est-ce que vous pouvez nous dire à quel endroit ce

  2   document a été reçu ?

  3   R.  Ce n'est pas tout à fait clair, mais je suppose que c'était aux

  4   alentours de 23 heures 50 ou 22 heures 50. Je ne vois pas au juste si c'est

  5   un "2" ou un "3," je ne peux pas vous le dire précisément. Mais en tout cas

  6   tard dans la soirée, le 9, aux alentours de minuit ou peu avant.

  7   Q.  Nous voyons ici un tampon. Je crois que vous nous aviez dit qu'en

  8   fait à Pribicevac, au poste de commandement avancé, il n'y avait pas de

  9   tampon. Nous voyons ici que cette lettre est destinée au président ainsi

 10   qu'au poste de commandement avancé. Pouvait-il s'agir d'un document de la

 11   présidence ?

 12   R.  Oui, c'est possible. Je ne sais pas s'il s'agit d'un document de la

 13   présidence, mais il n'a pas été reçu par le poste de commandement avancé

 14   parce qu'en effet nous n'avions pas de tampon, de timbre. Donc il est fort

 15   possible qu'il s'agisse d'un document de la présidence. En tout cas, il ne

 16   s'agissait pas du poste de commandement avancé.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrions-nous voir le bas du document pour

 18   voir s'il y a quoi que ce soit qui puisse nous éclairer.

 19   Q.  Vous vous souvenez en tout cas d'avoir vu un exemplaire de ce document

 20   au poste de commandement avancé cette nuit-là, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui, je suppose que nous avons reçu une copie puisqu'il s'agissait d'un

 22   télégramme important, mais je ne m'en souviens pas personnellement.

 23   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de la soirée du 9, et du fait que le plan

 24   avait changé et qu'il s'agissait maintenant de poursuivre en direction de

 25   Srebrenica ?

 26   R.  Lorsqu'un télégramme est arrivé, je pense que nous étions tous en train

 27   de dormir, donc je crois que l'on a donné suite à ce télégramme le 10. Donc

 28   cela aurait pu se produire le 10.

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  1   Q.  Mais il est également possible qu'un exemplaire de ce document ait été

  2   reçu une heure avant que la présidence ne reçoive le même document, parce

  3   que cela peut prendre un certain temps pour que le télécopieur fonctionne,

  4   n'est-ce pas ? Donc le document aurait pu être reçu après celui-ci, n'est-

  5   ce pas ?

  6   R.  Oui, je vous comprends. Je suppose que ce document aurait pu être reçu

  7   au poste de commandement avancé, enfin, ce serait de la conjecture. L'état-

  8   major principal était en contact direct avec la présidence, et l'état-major

  9   principal communiquait avec le poste de commandement avancé par le biais du

 10   Corps de la Drina. Mais votre hypothèse est tout à fait possible étant

 11   donné que les chiffreurs ils travaillaient à un rythme variable, les

 12   communications étaient plus ou moins rapides.

 13   Q.  Très bien. J'aimerais attirer votre attention sur une phrase. Il y est

 14   dit :

 15   "Le président de le république est satisfait des succès des opérations qui

 16   se déroulent autour de Srebrenica et a donné son accord sur le principe de

 17   la poursuite de l'opération."

 18   Quand il est dit que le président a donné son accord, est-ce que cela veut

 19   dire que le général Mladic aurait proposé au président de poursuivre en

 20   direction de Srebrenica et que le président aurait accepté cette

 21   proposition; tout cela donc dans le cadre du fonctionnement ordinaire du

 22   système ?

 23   R.  En théorie, une personne subordonnée fait une proposition à son

 24   supérieur hiérarchique, que le supérieur accepte ou non. Quant à dire si ce

 25   principe valait également pour ce document, je n'en sais rien, puisqu'il

 26   s'agit des échelons les plus élevés que je ne connais pas bien, il s'agit

 27   de l'état-major principal et de la présidence. Mais en tout cas c'est le

 28   principe général qui prévalait.

Page 29705

  1   Q.  Vous nous avez dit que vous aviez entendu de nombreuses discussions, et

  2   il est évident que les informations avaient été communiquées du poste de

  3   commandement avancé aux décideurs, sans doute au général Mladic, au Corps

  4   de la Drina, à l'état-major principal, et les décideurs avaient pris cette

  5   décision bien avant 23 heures 50 ce soir-là, n'est-ce pas ?

  6   R.  C'est possible, mais combien de temps auparavant, enfin, c'est le 9,

  7   pendant le soir, que nous avons pris ces lieux importants, Zivkovo Brdo et

  8   d'autres lieux --

  9   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi le nom.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] -- nous sommes arrivés à la zone démilitarisée

 11   ainsi dans la soirée aux alentours de 23 heures, ou entre 20 heures et 23

 12   heures. Il est tout à fait possible que le commandement supérieur ait été

 13   informé des résultats des opérations de combat dans le cadre de l'opération

 14   Krivaja 95. Il est tout à fait possible qu'en l'espace de deux ou trois

 15   heures, l'état-major principal et la présidence avaient été informés de la

 16   manière dont ces opérations de combat se déroulaient.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 18   Q.  Très bien. Oui, tout est possible, mais vous étiez au centre des

 19   informations qui passaient par Pribicevac. Vous étiez sans doute le mieux

 20   informé à l'exception peut-être du général Krstic qui, nous savons, était

 21   un de vos collaborateurs très proche. Vous travailliez avec lui au

 22   quotidien.

 23   Est-ce que vous vous souvenez d'information transmise par le poste de

 24   commandement avancé concernant ce sujet très important, "Nous avons réussi,

 25   nous allons pouvoir profiter de la situation, nous pourrions peut-être

 26   passer à l'étape suivante." C'est tout de même une opération de combat dont

 27   vous vous souviendrez certainement bien ?

 28   R.  Cela pourrait paraître incroyable, mais en fait toutes les informations

Page 29706

  1   ne transitaient pas par moi, j'étais responsable des lignes de

  2   communications ou de transmissions. Je veillais sur ces transmissions afin

  3   d'assurer qu'elles ne soient pas interrompues. Ce document particulier est

  4   certainement parvenu au poste de commandement avancé. C'est tout à fait

  5   logique. Mais croyez-moi, ce n'est que récemment que j'ai appris que le

  6   président de la république avait approuvé la poursuite de l'offensive

  7   contre Srebrenica. Je ne savais pas que le président de la république

  8   l'avait approuvée.

  9   D'après ce que j'avais pu voir, la situation sur le front avait changé le

 10   10 juillet, et j'avais entendu dire que nos unités avaient reçu pour ordre

 11   de continuer à prendre ou s'emparer d'autres localités et de poursuivre en

 12   direction de Srebrenica.

 13   Q.  Bien, le fondement même de toutes ces heures passées, que vous avez

 14   passées à témoigner, c'est le fait que vous étiez en mesure d'entendre tout

 15   ce qui se passait autour de vous. Mais enfin, j'aimerais être très clair.

 16   Vous dites que vous ne savez rien au sujet d'information émanant du poste

 17   de commandement avancé et transmise aux échelons supérieurs concernant la

 18   décision d'aller de l'avant ?

 19   R.  Ma fonction essentielle au sein du poste de commandement avancé était

 20   de veiller à ce que les communications, les transmissions ne soient pas

 21   interrompues, celles donc entre le général Krstic et les commandants des

 22   unités qui participaient à ces opérations. Donc je veillais sur des

 23   transmissions destinées à Pandurevic, Blagojevic, et ainsi de suite. Ce

 24   document est bien arrivé au poste de commandement avancé, et lorsque la

 25   personne responsable du chiffrement l'a reçu, il ne me l'a pas donné

 26   puisque ce document était destiné au général Krstic. Il n'était pas mon

 27   collègue, mon collaborateur mais mon commandant. Et si le général Krstic

 28   n'était pas présent, c'est son adjoint, le général Vicic qui recevait le

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  1   document.

  2   Il n'était pas nécessaire que je lise tout ce qui faisait partie de la

  3   correspondance échangée entre le poste de commandement avancé et l'état-

  4   major principal ou la présidence. J'ai eu connaissance de bon nombre de ces

  5   communications, mais il y en a d'autres aussi dont je n'ai pas eu

  6   connaissance personnellement.

  7   Q.  Vous êtes donc d'accord avec moi pour dire que s'agissant d'information

  8   concernant la décision stratégique de poursuivre en direction de Srebrenica

  9   et les informations transmises aux échelons supérieurs, vous n'aviez pas

 10   d'information à ce sujet ?

 11   R.  Mais de quels échelons supérieurs parlez-vous ? Je ne comprends pas

 12   bien votre question.

 13   Q.  Je vais la réitérez.  Le corps, l'état-major principal, la présidence.

 14   R.  En ce qui concerne les communications adressées à la présidence, je

 15   n'en savais absolument rien puisque c'étaient des échelons bien plus

 16   élevés. L'on savait très bien qui était responsable des communications avec

 17   la présidence. L'état-major principal n'était pas responsable de ces deux

 18   opérations et ainsi nous avions peu de communications avec cet état-major.

 19   J'ai surtout eu connaissance de transmissions avec les unités qui

 20   participaient aux opérations concernant Srebrenica et Krivaja et certains

 21   éléments de correspondance générale avec le commandement du corps. Il était

 22   de mon devoir d'établir des communications avec les unités et le corps.

 23   Q.  Vous nous avez dit que l'on savait très bien qui était responsable des

 24   communications avec la présidence. De qui s'agissait-il dès lors ?

 25   R.  De l'état-major principal, c'est-à-dire le premier maillon dans la

 26   chaîne de commandement qui mène à la présidence. C'est assez logique.

 27   Q.  En effet, et vous nous dites que c'était bien connu, donc de qui

 28   s'agissait-il au sein de l'état-major principal ?

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  1   R.  Le commandant de l'état-major principal était le premier responsable

  2   des communications avec la présidence.

  3   Q.  Et autant que vous le sachiez, c'est ce qu'il faisait en juillet 1995 ?

  4   R.  Je n'en sais rien, mais je suppose que c'est bien lui qui communiquait

  5   avec l'état-major principal, comme je communiquais avec le général Krstic.

  6   Q.  Très bien. Remontons un petit peu dans le temps. Nous reviendrons un

  7   peu plus tard à certaines de ces questions.

  8   Je vais approfondir un petit peu la question des transmissions radio dont

  9   vous avez beaucoup parlé. Est-ce que nous pourrions voir la pièce 65 ter,

 10   enfin, je vais y faire allusion.

 11   Je ne vais pas vous montrer le document, mais il s'agit d'un

 12   diagramme très complexe. En fait 65 ter 1D00322. Le diagramme utilisé par

 13   M. Rodic. Vous avez vu ce diagramme concernant les liens entre les

 14   itinéraires de radio communication et Vlasenica. On voit sur ce document à

 15   la page 15 une ligne qui porte un numéro, nous voyons Vlasenica à Veliki

 16   Zep. Il s'agit du numéro 0644 [comme interprété], d'après ce que M. Rodic a

 17   dit. Est-ce que vous connaissez vous-même ces chiffres ou bien est-ce que

 18   vous vous ralliez simplement à ce que M. Rodic a dit ?

 19   R.  Je n'ai aucune raison de mettre en doute ce que  M. Rodic a dit ou de

 20   contester ce diagramme.

 21   Q.  Voilà, on le voit apparaître même si j'essayais de l'éviter. Quoi qu'il

 22   en soit, nous voyons ici la partie 0674 de Vlasenica à Veliki Zep. Savez-

 23   vous si cela aurait pu être

 24   intercepté ?

 25   R.  Je suppose que dans ce triangle on peut lire "200." Je ne suis pas sûr,

 26   vous pouvez peut-être m'aider. Vous pouvez peut-être voir ça mieux que moi.

 27   Est-ce qu'il s'agit bien du numéro "200 ?"

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Si l'on pouvait voir cela de plus près ?

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  1   Oui, donc on voit là "Veliki Zep," 0674 en direction de Vlasenica.

  2   R.  Nous avions deux transmissions ou retransmissions ou relais de

  3   Vlasenica à Veliki Zep. L'un était chiffré et ne pouvait donc pas être

  4   intercepté. Si l'on voit "200" dans le triangle, cela voudrait dire que

  5   cela ne pouvait pas être intercepté, alors qu'en théorie d'autres

  6   communications pouvaient être interceptées à défaut de dispositifs de

  7   chiffrement.

  8   Q.  Passons maintenant à la pièce 65 ter 2823. Et les dispositifs de

  9   brouillage ne fonctionnaient pas toujours, n'est-ce pas ?

 10   R.  Dans cette direction de transmissions par relais, il y avait des

 11   dispositifs qui protégeaient les transmissions, qui les chiffraient ou les

 12   brouillaient. C'est ce type de dispositif dont il s'agit.

 13   Q.  Mais cela ne fonctionnait pas toujours correctement, n'est-ce pas ? Il

 14   y avait parfois des pannes ?

 15   R.  Ici il s'agissait de protéger les transmissions entre le Corps de la

 16   Drina et l'état-major principal. Je vois dans ces télégrammes que 0674

 17   disposait de huit canaux qui étaient protégés. Je ne me souviens pas de

 18   cela pendant la guerre. Je ne me souviens pas qu'un dispositif qui

 19   protégeait ces communications orales et écrites soit tombé en panne.

 20   Q.  Très bien. Etudions ce document, la liste des fréquences en 1993 qui

 21   étaient utilisées pour les RRU800, et concernant ce numéro dont nous avons

 22   déjà parlé, 0674, l'on peut lire "Fréquence 859/762." Vous nous avez dit

 23   qu'autant que vous le sachiez, cela est resté inchangé tout au long de la

 24   guerre, n'est-ce pas ?

 25   R.  Vous voyez cela où au juste ?

 26   Q.  Au numéro 1.

 27   R.  Pour ce qui est des changements de fréquence, je pourrais vous en dire

 28   beaucoup, mais --

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  1   Q.  Oui, vous nous en avez déjà longuement parlé. Mais la première question

  2   est la suivante : autant que vous le sachiez, cela n'a pas changé tout au

  3   long de la guerre, n'est-ce pas ?

  4   R.  A partir de 1993, autant que je le sache, au sein du Corps de la Drina

  5   nous n'avons pas modifié les fréquences de ces dispositifs de transmissions

  6   par relais, nous aurions seulement pu le faire si nous avions reçu un ordre

  7   à cet effet émanant du responsable des transmissions au sein de l'état-

  8   major principal.

  9   Q.  Mais vous n'êtes pas certain de ce que vous dites ? Il est possible

 10   qu'elles aient changé ?

 11   R.  Si elles avaient changé, je l'aurais su.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vois qu'il est temps de faire une pause,

 13   Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vingt-cinq minutes.

 15   --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.

 16   --- L'audience est reprise à 10 heures 59.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, merci.

 19   Q.  Monsieur le Témoin, Colonel, connaissez-vous un homme qui, je crois,

 20   appartenait à la 67e Unité de transmissions de l'état-major principal,

 21   nommé Veljko Pajic ?

 22   R.  Veljko Pajic, oui, je le connais.

 23   Q.  Vous savez qu'il travaillait sur ces routes de relais radio pendant la

 24   guerre et que c'était un homme qui était très compétent en la matière ?

 25   R.  Il n'était pas au nœud de Veliki Zep, mais il était très compétent

 26   concernant les voies de communication en matière de transmissions avec

 27   l'état-major principal.

 28   Q.  Bien, je vais vous lire un passage. Il a dit dans une déposition ici,

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  1   il n'y a pas très longtemps, c'était, je crois, le 26 novembre, on lui

  2   avait posé une question, mon confrère, et lui-même avait fait la réponse

  3   suivante. La question était posée par le Procureur, c'était M. Vanderpuye.

  4   La question était :

  5   "Les fréquences qui fonctionnaient sur le canal que vous avez décrit ou

  6   route que vous utilisiez, à savoir 0607-0674, et les autres voies ou routes

  7   que vous avez vues dans le documents que je vous ai montré tout à l'heure,

  8   1993," incidemment, c'est le document qui est à l'écran - "est-ce que vous

  9   avez actuellement un souvenir de fréquences qui étaient utilisées en 1995

 10   ?"

 11   Et il a répondu :

 12   "S'il s'agit des appareils, les fréquences utilisées pour le RRU800 et le

 13   RRU200 [comme interprété], nous parlions des routes de relais, le 0627

 14   [comme interprété]  et le 0624 [comme interprété], la portée était entre

 15   610 et 960. Quant à la fréquence de transmissions c'était 783, sur la voie

 16   0674 en 1993, ceci s'appliquait, enfin, ceci fonctionnait en 1995. La

 17   transmission était 783, et il fallait que l'intervalle soit de 50 mégahertz

 18   entre

 19   L'INTERPRÈTE : Le reste inaudible, fermez les guillemets.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Donc dans cette réponse, M. Pajic est en

 21   train de dire que la fréquence pour le 0674 était bien la fréquence 783;

 22   est-ce exact ?

 23   R.  Je n'ai pas d'information précise quant à savoir ce qu'étaient les

 24   fréquences, parce que ce serait été une énorme quantité de renseignements

 25   pour moi. Je ne sais pas où il a eu ces renseignements. Je n'ai même jamais

 26   su précisément quelles étaient les fréquences qu'on utilisait. Mais

 27   lorsqu'on établissait les communications, certaines fréquences étaient

 28   empruntées, utilisées, elles demeuraient jusqu'à qu'il y ait un motif de

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  1   modifier les fréquences.

  2   Q.  Là encore, une question simple, Monsieur le Témoin. Il a dit que sur la

  3   0674, la fréquence était 783, et que ceci était applicable en 1995. Avez-

  4   vous une raison quelconque de douter de son point de vue sur cette question

  5   ?

  6   R.  Il faudrait qu'il fournisse à la fois la fréquence de réception et la

  7   fréquence d'émission. Il fallait avoir les deux.

  8   Q.  Ecoutez, vous voyez qu'il a dit : "783." Vous n'avez pas de doute qu'il

  9   est exact qu'il ne se trompe pas à ce sujet ?

 10   R.  Ecoutez, je vous prie de me croire. Je ne doute pas qu'il ait raison,

 11   tout comme je ne doute pas que ce document qui a été envoyé par le chef des

 12   transmissions, du service de transmissions à l'état-major principal, mais

 13   si c'était lui-même qui avait établi ou rédigé ce document ou que ce soit

 14   Veljo Pajic, je ne sais pas. Enfin, tout ce que je sais c'est que les

 15   fréquences ne changeaient jamais pour ces postes à moins qu'il n'y ait une

 16   raison très importante de les modifier, parce que ça représentait beaucoup

 17   de travail. C'est une énorme procédure que de modifier les fréquences.

 18   Q.  Donc s'il y avait une raison majeure, les fréquences pouvaient être

 19   changées ?

 20   R.  S'il y avait une raison majeure, oui, mais s'il y avait de nombreuses

 21   actions à entreprendre, ça dépendait des actions sur le territoire, parce

 22   que d'après les règles techniques, la portée de ces appareils était de 50

 23   kilomètres, et lorsqu'il y avait une visibilité optique, évidemment, la

 24   portée était beaucoup plus grande, et à ce moment-là, il fallait obtenir

 25   l'approbation de tous les participants sur l'ensemble du territoire, et

 26   même dans d'autres pays, pour utiliser cette portée de cette fréquence.

 27   Donc vous ne pouvez pas changer une fréquence qui, immédiatement, affectera

 28   tous les autres participants et l'ensemble du réseau ou de la grille, comme

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  1   on l'appelle, ou le nœud de relais radio avec les autres propriétaires

  2   d'appareil de transmission tels que les téléviseurs --

  3   Q.  Nous avons déjà entendu tout cela dit par M. Pajic, mais il s'agit

  4   d'une question extrêmement simple. Nous pouvons voir ce document, qu'il

  5   porte un numéro pour une route qui ne comprend pas la fréquence 783, donc

  6   serait-il juste de conclure que, ou bien ce document est erroné, ou bien

  7   qu'on a modifié la fréquence qui serait devenue 0674 ?

  8   R.  Je sais que M. Pajic était un officier qui travaillait très dur, qui

  9   était très précis, très diligent, très soigneux, et je n'ai absolument

 10   aucune raison maintenant de -- enfin, il n'y a aucune raison pour laquelle

 11   je pourrais dire qu'il s'est trompé ou que ce document est erroné. Tout ce

 12   que je dirais ne seraient des hypothèses ou des spéculations.

 13   Q.  Bien, si la VRS soupçonnait que les Musulmans étaient capables

 14   d'écoute, d'intercepter une fréquence donnée, est-ce que ça ne serait pas

 15   une raison majeure qui amènerait à changer les fréquences, ne serait-ce pas

 16   le cas ?

 17   R.  Ce serait une raison, oui, mais ce serait insignifiant. Parce qu'à

 18   partir du moment où on s'échappe ou quitte une certaine fréquence,

 19   quiconque écoute ce matériel pour intercepter, on le  retrouvera une minute

 20   plus tard sur la fréquence suivante. Parce que son matériel permet de faire

 21   un balayage de l'ensemble des fréquences possibles, tout comme lorsque vous

 22   essayez de retrouver un poste de radio, une station radio ou une radio de

 23   transit, vous découvrez cela en un instant. Donc nous utilisions d'autres

 24   moyens pour avoir des lignes protégées. C'était seulement si l'ennemi

 25   bloquait nos transmissions sur une certaine fréquence, s'il faisait du

 26   brouillage que nous modifierions les fréquences. Mais il n'a jamais fait

 27   ça, il n'a jamais brouillé nos communications parce qu'il voulait les

 28   écouter.

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  1   Q.  C'est ce qu'il a dit. C'est ce que -- lorsque l'ennemi essayait, c'est

  2   exactement ce qu'il a dit. Mais je peux également vous dire que ça n'était

  3   pas si facile que ça de retrouver une station radio, d'après les personnes

  4   qui ont déposé. Mais nous ne rentrerons pas là-dedans.

  5   Donc vous avez parlé de certaines écoutes, vous vous rappelez certaines

  6   conversations, et celles que vous vous rappelez probablement, après avoir

  7   regardé la conversation écoutée et transcrite d'hier, ont été enregistrées

  8   à partir d'un poste RRU-1. Donc je considère que vous ne contestez pas le

  9   fait que les Musulmans étaient capables d'intercepter les transmissions par

 10   le RRU-1 pour certaines conversations dont nous avons parlé hier ?

 11   R.  Il y a une différence immense entre un poste RRU-1 et le RRU-800 et FM-

 12   200, tous ces appareils sont très différents. L'antenne du RRU-1 du poste

 13   en question a un angle de 60 degrés, et ces ondes électromagnétiques --

 14   Q.  Je vous prie de me croire, si nous prenions des notes là-dessus, nous

 15   serions des experts en l'occurrence, mais nous devrions l'être. Ma question

 16   était simple. Nous savons qu'il y a une différence. Rodic n'a même jamais

 17   contesté la question des RRU-1. Il a simplement regardé pour les RRU-800.

 18   Et vous n'avez pas semblé hier, lorsque vous parliez des conversations au

 19   cours desquelles vous avez été pour certaines fréquences sur le RRU-1, vous

 20   n'avez pas apparemment contesté la possibilité qu'ils avaient d'écouter,

 21   d'intercepter ces conversations, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, c'est exact.

 23   Q.  Bien. Alors nous sommes d'accord pour ce qui est du RRU-1. Quant au

 24   RRU-800 c'est une question quelque peu différente, n'est-ce pas ?

 25   R.  C'est exact.

 26   Q.  Bien. Est-ce que ça vous surprendrait si on regardait à nouveau les

 27   conversations écoutées et transcrites - bien, il y en a en gros 148 qui ont

 28   été sur le RRU-800 dans sa portée de fréquence. La majorité de cela, me

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  1   dit-on, entre dans les limites de la fréquence 783. Ça c'est ce qui nous a

  2   été dit par M. Pajic. Est-ce que ça constitue une surprise pour vous ?

  3   R.  Ça ne me surprend pas, parce que je sais qu'il y a une possibilité

  4   théorique pour que ces conversations puissent être écoutées, interceptées,

  5   parce que les communications à la voix n'étaient pas brouillées.

  6   Q.  Bien. Alors passons à un autre sujet, laissons le sujet des écoutes et

  7   des transcriptions de côté, j'espère maintenant. Est-ce que vous pourriez

  8   nous aider sur ce point. Si vous étiez à Zvornik ou Bratunac - et on parle

  9   ici de la rive droite de la Drina - de quel côté parlez-vous de la Drina.

 10   Je veux dire, nous connaissons ce que l'on veut dire par "la rive gauche,"

 11   nous savons ce que ça veut dire à Paris, mais en ce qui concerne la rive

 12   droite de la Drina ?

 13   R.  La Drina est une rivière qui coule pour la plus grande partie de son

 14   cours dans une direction nord-sud ou sud-nord, et pour la plus grande

 15   partie de son cours, elle constitue la frontière entre ce qui est

 16   aujourd'hui la Serbie et la Bosnie-Herzégovine. La rive droite est du côté

 17   est, du côté oriental, et à l'est de la Bosnie-Herzégovine c'est là que se

 18   trouve la Serbie. La rive gauche se trouve à l'ouest, de sorte que la rive

 19   occidentale ouest de la Drina fait partie de la Bosnie-Herzégovine, la rive

 20   gauche.

 21   Q.  Bien. Donc la rive droite est en Serbie et la rive gauche est la

 22   Republika Srpska ?

 23   R.  Oui, pour la plus grande partie du cours de la rivière, oui, mais pas

 24   pour l'ensemble du cours de la rivière.

 25   Q.  Je crois que nous avons un problème de traduction là, parce que - bon,

 26   je sais que les choses ont été extrêmement mélangées et confuses, mais je

 27   ne crois pas que la Drina coule du nord au sud. Ça voudrait dire qu'elle

 28   irait dans deux sens différents. Pouvez-vous expliquer ce que vous voulez

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  1   dire ? Donc fondamentalement au nord par Zvornik ?

  2   R.  Ce que je cherchais à dire, c'était que sur la plus grande partie de

  3   son cours, si vous ne tenez pas compte des méandres, elle coule depuis le

  4   sud vers le nord.

  5   Q.  C'est bien ce que je pensais. Merci.

  6   R.  Sur la rive droite de la Drina, il y a aussi la Republika Srpska, Rudo,

  7   Visegrad, un certain nombre de municipalités qui ont une partie importante

  8   de leur territoire sur la rive droite.

  9   Q.  Bien. Nous avons entendu parler de la région de Birac d'année en année.

 10   C'est une région assez vaste, n'est-ce pas ? Est-ce que vous pourriez en

 11   gros décrire cette vaste région de Birac mais de le faire en gros et de

 12   façon brève ? Ça ne doit pas être très difficile.

 13   R.  La région de Birac englobe une zone géographique qui s'étend à partir

 14   du plateau Romanija en direction de la rivière Drina. C'est un secteur

 15   plein de collines et montagneux avec de petites montagnes, avec des canyons

 16   ou des filets, ainsi de suite, et pour l'essentiel ce sont les

 17   municipalités suivantes qui figurent : Vlasenica, Milici, Bratunac,

 18   Srebrenica, et je pense, partiellement Zvornik. Je ne suis pas de la

 19   région, en l'occurrence, mais je suppose qu'il y a une partie de la

 20   municipalité de Zvornik. Il s'agit de municipalités qui, d'un point de vue

 21   purement géographique, sont appelées comme étant "Birac," et que l'on

 22   retrouvera sur la carte sous le nom de "Birac."

 23   Q.  Je vous remercie. Maintenant, je voudrais que l'on regarde votre

 24   déposition d'hier, et il y a à la page 29 481 - et ça c'est lorsque vous

 25   avez parlé des différentes opérations auxquelles vous avez pris part, vous-

 26   même, le général Pandurevic, et vous parlez d'une qui a eu en particulier

 27   au printemps 1993, et vous dites :

 28   "Au printemps 1993, le Corps de la Drina était engagé à des activités

Page 29718

  1   d'offensive dans la région de Cerska, Konjevic Polje, Kasaba et à partir du

  2   sud en direction de Srebrenica, Zeleni Jadar et Pribicevac."

  3   Alors, je crois que vous avez dit que vous aviez participé à cette

  4   opération avec le général Pandurevic; c'est bien cela ?

  5   R.  Nous n'étions pas ensemble. Il a pris part à cela à partir des axes de

  6   Zvornik et Drinjaca, et pour ce qui est du poste de commandement avancé du

  7   corps, j'y étais dans le cadre des unités de combat qui prenaient part à

  8   l'opération venant de la direction de Vlasenica. C'est seulement pour les

  9   longueurs d'onde que nous étions ensemble.

 10   Q.  Il y a une pièce ou un document dont je ne peux pas me rappeler le nom

 11   ou le numéro pour le moment, mais il vient de me venir à l'esprit. Il

 12   s'agissait d'une grande carte qui intéressait la Brigade de Zvornik et qui

 13   présentait les différentes opérations dans lesquelles la Brigade de Zvornik

 14   avait été impliquée au cours de la guerre. Et il était fait mention de

 15   Cerska, Konjevic Polje en 1993, mentionnés aussi comme faisant partie de

 16   Cerska, Konjevic Polje, quelques villages au nord, Kamenica et Liplje. Est-

 17   ce que vous vous rappelez Kamenica et Liplje comme faisant partie de cela

 18   aussi, ou est-ce que c'est trop petit pour que vous vous en souveniez ?

 19   R.  Je ne me rappelle pas de cela précisément. Ce que je me rappelle c'est

 20   ce que Cerska, Konjevic Polje, Cerska, et --

 21   L'INTERPRÈTE : inaudible.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] -- de sorte que ces lieux sont ceux que je me

 23   rappelle. Et ce sont ceux où je prenais part à l'opération, à la libération

 24   de ces secteurs.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire ce que le général Pandurevic qui, je pense, était

 26   colonel à l'époque, avait comme opération à faire ? Qu'est-ce qu'il

 27   commandait comme opération dans le cadre de la Brigade de Zvornik ou est-ce

 28   qu'il suivait, surveillait l'ensemble ou quoi ?

Page 29719

  1   R.  Son rôle était dans le cadre des positions appartenant à sa brigade.

  2   Q.  Et qui exerçait le commandement global de l'opération ?

  3   R.  Le général Milosevic, pour le compte et au nom du commandant du corps.

  4   Q.  Bien. Est-ce que vous vous rappelez le nom de l'opération ?

  5   R.  Non, je ne me rappelle pas. Je pense que l'opération a progressé par

  6   étapes et qu'elle n'avait pas de nom particulier. En tous les cas, je ne me

  7   rappelle pas ce nom parce qu'elle a été faite étapes par étapes.

  8   Q.  Bien. Voyons maintenant le document 29 de la liste 65 ter. Je ne sais

  9   pas si vous l'avez déjà vu, avez-vous déjà vu un document appelé "Directive

 10   4" daté du 19 novembre 1992 ?

 11   R.  Non, jamais. Je n'ai jamais vu de document qui aurait eu la qualité de

 12   directive.

 13   Q.  Vous saviez qu'il y avait des directives qui s'appliquaient pourtant,

 14   n'est-ce pas, je veux dire vous auriez dû les recevoir par téléscripteur ?

 15   R.  J'ai appris lorsque la procédure a commencé, le procès, mais les

 16   directives sont des documents que la présidence de la Republika Srpska

 17   envoie à l'état-major principal avec ces adresses.

 18   Q.  Bien. Bien, pouvons-nous voir la page 11 en B/C/S, il y est question de

 19   différents secteurs, et je voudrais pour le moment qu'on voie le Corps de

 20   la Drina. Le Corps de la Drina le 19 novembre, je suppose qu'il venait

 21   juste d'être formé, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, le Corps de la Drina a été créé le 1er novembre, mais je ne vois

 23   rien ici. Je n'arrive pas à lire. C'est une très mauvaise copie.

 24   Q.  Bien. Je peux essayer de vous donner une copie papier, mais  elle sera

 25   juste un peu meilleure. Pour l'anglais il s'agit de la page 5.

 26   Et là-dedans, la portion du texte que je souhaite que vous regardiez un

 27   moment commence par le Corps de la Drina. Vous voyez là tout en haut,

 28   enfin, près du haut du document :

Page 29720

  1   "A partir de ses positions actuelles, ses forces principales défendront

  2   constamment Visegrad, le barrage, Zvornik, et le quartier, tandis que le

  3   reste de ses forces, dans la région plus vaste de Podrinje, s'occuperont

  4   d'épuiser l'ennemi, de lui infliger les pertes les plus lourdes possibles

  5   et de le forcer à quitter les secteurs de Birac, de Zepa et Gorazde, avec

  6   la population musulmane…"

  7   Et si vous regardez la dernière page, je peux vous dire qu'ici  les

  8   choses sont faites au nom du général Mladic et il a été rédigé par le

  9   général de division Milovanovic, la personne dont vous parliez concernant

 10   Konjevic Polje et Cerska.

 11   M. HAYNES : [interprétation] Excusez-moi mais ça c'est une erreur dans la

 12   présentation de la déposition. Il a dit : "Le général Milosevic."

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je croyais qu'il avait dit "le général

 14   Milovanovic." Excusez-moi --

 15   M. HAYNES : [aucune interprétation]

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Milosevic.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] -- j'ai cru entendre "Milovanovic."

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Haynes. Nous sommes

 19   d'accord maintenant.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 21   Q.  Il s'agit de Dragomir Milosevic ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Excusez-moi. Est-ce que vous savez si ceci avait rien à voir avec

 24   l'opération dont vous vous occupiez au printemps de 1993 ?

 25   R.  Je ne sais pas si l'opération à laquelle j'ai pris part et que nous

 26   lancions était le résultat de cette directive, de sorte qu'il est probable

 27   que l'état-major principal a adressé un ordre au corps. Tout ce que je sais

 28   c'est que j'étais là et que le Corps de la Drina a effectué ces opérations,

Page 29721

  1   mais je ne sais pas si elles constituent le résultat ou la conséquence de

  2   la directive dont nous parlons.

  3   Q.  Bien. Juste notons en passant, avant de quitter ce sujet, que tout en

  4   haut là du document, il émane de l'état-major principal portant le numéro

  5   02/5/210 daté de 1994. On voit ça à la page 1.

  6   Maintenant, si nous pouvions voir le document 3029 de la liste 65

  7   ter. A l'instar de ce que vous avez mentionné, nous avons ici --

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant.

  9   Maître Petrusic.

 10   M. PETRUSIC : [interprétation] Monsieur le Président, il y a une erreur à

 11   la page 44, ligne 8. Au lieu de l'année 1994, ça devrait être "1992."

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vous remercie.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Petrusic, c'est exact.

 15   Monsieur McCloskey.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, pour tout ça nous sommes en 1992.

 17   Q.  Alors, comme vous l'aviez mentionné, ici nous avons un document du

 18   Corps de la Drina daté de quelques jours plus tard, le 24 novembre. C'est

 19   adressé au commandement de Zvornik et adressé personnellement au chef

 20   d'état-major. Est-ce que vous vous rappelez qui était commandant de la

 21   Brigade de Zvornik le 24 novembre 1992 ?

 22   M. HAYNES : [interprétation] Je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous

 23   posiez une question directrice, puisque vous êtes en train de procéder au

 24   contre-interrogatoire. Vous savez qui c'était.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, parfois j'aime entendre le témoin voir

 26   ce qu'il dit.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, poursuivons. Ne perdons pas un

 28   temps précieux.

Page 29722

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  2   Q.  Est-ce que vous vous rappelez ?

  3   R.  Je ne sais pas exactement quand le général Pandurevic est arrivé à

  4   Zvornik, venant du Groupe tactique de Visegrad, mais je sais effectivement

  5   qu'au cours de cette période, le chef de bataillon Obrenovic était

  6   certainement là-bas parce qu'il était là dès le début. Mais je ne sais pas

  7   si pendant cette période, lorsque le corps était en cours de formation, si

  8   le général Pandurevic était là déjà.

  9   Q.  Je ne pense pas qu'il était là à ce moment-là, mais Me Haynes m'a donné

 10   peut-être davantage raison, enfin, je ne me rappelle pas de tous les

 11   détails. Mais je voudrais vous poser la question suivante.

 12   Nous voyons au haut de ce document, il est dit, je cite :

 13   "En application de la directive de l'état-major principal de l'armée de la

 14   Republika Srpska, strictement confidentiel, numéro…" et j'ai besoin, je

 15   pense que vous avez été évidemment avisé de ceci précédemment, mais il y a

 16   là une erreur importante. Ça devrait être "02/5" dans l'anglais et non pas

 17   "3," daté de 1994. 

 18   Donc nous avons une différence très nette par rapport à la directive 4 dans

 19   cet ordre de la Brigade de Zvornik; c'est exact ?

 20   R.  Il y a l'année 1992 là.

 21   Q.  Je suis désolé si je vous ai dit "1994."

 22   R.  Oui, ce que vous avez dit c'est : la directive est mentionnée et c'est

 23   sur la base de cette directive qu'un ordre a été envoyé à la Brigade de

 24   Zvornik, à l'attention du commandant personnellement, ou du chef d'état-

 25   major.

 26   Q.  Bien. Et comme vous le voyez au point 1, il y a là des éléments

 27   analogues à ce que je viens de vous lire. Ça dit, je cite :

 28   "Lancer une attaque en utilisant le principal corps de troupes et le gros

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  1   matériel de façon à infliger à l'ennemi les pertes les plus lourdes

  2   possibles, l'épuiser, disloquer et les forcer de se rendre, et forcer la

  3   population locale musulmane à abandonner le secteur de Cerska, Zepa,

  4   Srebrenica et Gorazde."

  5   Alors, Monsieur le Témoin, est-ce que cet ordre envoyé à la Brigade de

  6   Zvornik faisait partie de ce que vous faisiez dans votre opération, lorsque

  7   vous avez participé à la partie Cerska et Konjevic Polje, de l'opération

  8   dont vous avez parlé ?

  9   R.  Nous avons tous pris part à cette opération, je veux dire le cadre des

 10   officiers et les militaires. Ce que l'on dit là c'est que la population

 11   musulmane est forcées d'abandonner le secteur, et cetera, mais je le répète

 12   : la population musulmane n'a jamais été notre cible ou notre décision,

 13   ceux d'entre nous qui ont pris part à ce combat et à ces opérations. Et je

 14   me rappelle qu'à plusieurs reprises, la conduite du général Pandurevic,

 15   plus particulièrement en ce qui concerne la population civile. Donc

 16   personne ne nous a donné ce type d'ordre. Nos ordres concernaient les

 17   tranchées, les casemates,  l'ennemi. Quant à la population civile, de part

 18   et d'autre, c'est-à-dire à la fois du côté serbe et du côté musulman, elle

 19   était automatiquement laissée en dehors sans qu'il y eut force ou forces

 20   militaires utilisées contre eux, donc notre objectif c'était simplement les

 21   tranchées, les casemates et l'ennemi. 

 22   Q.  Donc vous seriez d'accord avec moi qu'en tant qu'officier formé par la

 23   JNA et quelqu'un qui est au courant des dispositions des conventions de

 24   Genève, il y a là un ordre illégal suggérant que la population locale va

 25   être contrainte à partir ?

 26   R.  J'ai utilisé un terme plus fort, qui avait trait à la population, mais

 27   je vous prie de me croire, nous autres soldats, ceux qui prenaient part à

 28   ce type de combat d'opérations, la population n'a jamais été notre but,

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  1   notre objectif, notre cible, nous avons toujours préféré combattre dans des

  2   zones où il n'y avait pas de population musulmane, où il n'y avait pas de

  3   civils du tout.

  4   Q.  Bien. Donc vous êtes en train de me dire que vous-même et Vinko

  5   Pandurevic ne teniez pas compte de cet ordre. Nous savons maintenant quelle

  6   est son origine, du général Mladic, président Karadzic, général Zivanovic ?

  7   Vous ne teniez pas compte de ces ordres de vos supérieurs pour cette

  8   opération particulière ?

  9   R.  Dans la partie de l'ordre qui m'était transmise, ou la partie de

 10   l'ordre transmise en ce qui concerne les combats, les batailles, alors

 11   effectuions l'ordre. On en tenait compte. Personne, néanmoins ne m'a

 12   transmis, mais je n'ai jamais entendu dire de ce que l'on trouve ici, parce

 13   que je n'ai pas reçu ces ordres-là moi-même. Les transmissions du bataillon

 14   n'ont jamais reçu d'ordre de ce type, en ce sens que la population

 15   musulmane aurait été la cible. Et je sais de mon expérience de tous les

 16   fronts et de toutes les batailles dans l'ensemble de la Republika Srpska

 17   que la population des deux côtés abandonnerait le secteur avant que la

 18   bataille ne commence parce qu'avant que nous n'atteignions ce secteur, ils

 19   avaient tendance à quitter.

 20   Q.  Est-ce que les Musulmans ont fait sauter toutes les mosquées dans ces

 21   secteurs ?

 22   R.  C'est ce qu'ils ont fait -- cela a été fait par certains idiots qui

 23   étaient partis.

 24   Q.  D'accord. Passons maintenant à un autre sujet.

 25   Vous avez dit que vous aviez joué un certain rôle vers la fin du mois de

 26   mai ou au début du mois juin dans le cadre d'une opération relative à

 27   Zeleni Jadar. Pourriez-vous brièvement nous décrire de nouveau quel était

 28   votre rôle ?

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  1   M. HAYNES : [interprétation] Quelle est l'année dont nous parlons ?

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] 1995, c'est l'année dont il a parlé.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Le Corps de la Drina a créé le poste de

  6   commandement avancé à Pribicevac, à l'époque. Ce n'était pas une opération;

  7   c'était une activité militaire tout simplement et le commandant du Corps de

  8   la Drina a dirigé cette opération, et il a commandé cette opération depuis

  9   le QG du corps, et je pense que le colonel Vicic, en tant qu'officier

 10   chargé des opérations, ensuite le colonel Veletic, le colonel Vukota, qui

 11   était présenté sur les lieux, donc ils étaient tous au poste de

 12   commandement avancé. Et moi, en tant qu'officier venant du bataillon chargé

 13   des transmissions, je me suis occupé des transmissions nécessaires pour

 14   effecteur cette activité militaire.

 15   Q.  Vous n'étiez que la personne chargée des transmissions ?

 16   R.  Oui, j'étais chargé des transmissions, comme c'était déjà le cas

 17   s'agissant de toutes les opérations dont nous avons parlé.

 18   Q.  Je ne voulais pas dire que vous étiez tout simplement la personne

 19   chargée des transmissions, ce que je voulais dire, c'est vous n'aviez pas

 20   pris part à cette opération en tant que commandant, n'est-ce pas ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Examinons maintenant le document 4097 de la liste 65 ter. Il s'agit

 23   d'un document émanant du général Zivanovic, en date du 29 mai 1995. Si vous

 24   avez besoin d'une copie papier, je pourrais vous la présenter.

 25   Le document est intitulé, "Prise de contrôle de la zone de Zeleni Jadar,"

 26   et il est dit :

 27   "Après que la FORPRONU aura quitté son poste à Zeleni Jadar, les forces

 28   musulmanes vont probablement essayer d'investir Zeleni Jadar."

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  1   Puis il est dit :

  2   "L'objectif est d'empêcher les forces ennemies d'investir Zeleni Jadard et

  3   de prendre contrôle de l'usine à Zeleni Jadar et d'investir la route

  4   Skelani-Prodravanje, et par la présente j'ordonne," et ainsi de suite.

  5   Donc il s'agit d'un ordre, il est dit que la FORPRONU quitte les lieux.

  6   Donc cela ne concerne pas la FORPRONU, mais c'est une opération à

  7   l'encontre des forces musulmanes qui vont essayer d'investir les lieux. Et

  8   passons maintenant à la page 2 en anglais, je ne vais pas énumérer toutes

  9   les unités qui y figurent, mais il est dit :

 10   "Il faut engager les officiers du Corps de la Drina afin que ceux-ci mènent

 11   l'attaque dans la zone de Zeleni Jadar."

 12   Puis il est "Vicic," mais en fait il faut dire "Veletic," comme vous avez

 13   dit, puis "Jevdjevic."

 14   Puis il est dit :

 15   "Je prendrai personnellement le commandement des forces engagées depuis le

 16   poste de commandement avancé du Corps de la Drina à Pribicevac. Et c'était

 17   à 14 heures le 29 en 1995."

 18   Donc vous auriez dû être à Skelani à 14 heures afin de mener cette

 19   attaque, et nous savons que vous avez occupé le poste de commandement

 20   pendant la guerre et que vous avez même assumé des fonctions à des échelons

 21   plus élevés. Donc je suis sûr qu'en 1995 vous étiez plus que capable de

 22   mener cette attaque. Est-ce que ce document vous aide à vous rappeler mieux

 23   quel était le rôle que vous avez joué lors de ces événements ?

 24   R.  Je pense qu'il y a quelque chose d'imprécis dans la manière dont cet

 25   ordre a été formulé au point 3. Il est dit : "Pour assumer le commandement

 26   des forces engagées dans cette attaque," puis il y a trois personnes qui

 27   sont énumérées, moi, j'en fais partie. Ensuite à la fin, il est dit, en

 28   fait l'auteur de cet acte dit : "Je commande personnellement ces forces

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  1   depuis le poste de commandement avancé à Pribicevac." Ce qui veut dire que

  2   la seule personne qui pouvait commander et donner des ordres à ces forces,

  3   à cette époque-là, dans la zone de Zeleni Jadar était le commandant du

  4   corps, le général Zivanovic, et les trois personnes qui sont énumérées là

  5   sont en fait ces hommes envoyés à des fins spéciales, donc ces spécialistes

  6   qui devaient lui être assistants. Moi, j'étais là pour m'occuper des

  7   transmissions. Et par la suite, j'ai pris des fonctions de commandant, mais

  8   à l'époque c'est sûr que je ne l'étais pas.

  9   Q.  Donc quand il a dit que vous deviez mener l'attaque, il a commis une

 10   erreur ? Personne n'est en train de suggérer que vous avez assumé le

 11   commandement de l'opération ?

 12   R.  Bien, je pense qu'il est évident que par le commandant du corps et ses

 13   trois assistants, donc ses trois assistants, moi, en tant que cinquième

 14   personne dans la chaîne hiérarchique, j'avais un certain rôle à jouer, mais

 15   il est évident que je ne pouvais pas assumer une fonction de commandant, je

 16   n'étais que le commandant chargé du Bataillon des transmissions.

 17   Q.  Ce qui est évident pour moi c'est que le général Zivanovic est en haut

 18   sur les monts de Pribicevac, dans un endroit sûr, et il regarde ce qui se

 19   passe en bas, et il vous a envoyé vous et encore deux personnes à Skelani.

 20   Et nous avons où se trouve Skelani. C'est beaucoup plus près des forces

 21   musulmanes par rapport à l'endroit où lui se trouvait, il ne vous a pas

 22   envoyé là-bas juste pour vous occuper des tâches de transmissions, n'est-ce

 23   pas ?

 24   R.  Non. S'agissant de Skelani, je dois dire qu'il y avait une réunion qui

 25   devait avoir lieu à Skelani. Vous savez, Skelani est bien plus éloignée,

 26   beaucoup plus éloignée par rapport à Pribicevac et par rapport aux forces

 27   musulmanes. Pribicevac n'était qu'à plusieurs centaines de mètres alors que

 28   Skelani se trouve à 15 ou même plus kilomètres.

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  1   Donc le général Zivanovic m'aimait bien, il voulait toujours que je sois à

  2   ses côtés. Et étant donné qu'il était à Pribicevac, je ne m'éloignais pas

  3   de lui pendant cette opération militaire.

  4   Q.  Passons maintenant au document 2894 de la liste 65 ter. Il s'agit d'un

  5   document dont vous avez parlé lors de votre déposition. Le document porte

  6   la date du 2 juin émanant du général Zivanovic et c'est un document que je

  7   conçois en tant que document "comment investir à un poste d'observation de

  8   l'ONU," parce que ce document énumère de manière précise quelles sont les

  9   personnes et comment il faut agir sur le terrain pour ce faire.

 10   Et la première chose qui m'intéresse - en fait j'aimerais vous montrer

 11   l'original pour que vous puissiez l'examiner. Vous avez apporté un certain

 12   nombre de commentaires à ce sujet, donc c'est un document émanant de la

 13   série de documents du Corps de la Drina. Ce sont des documents dont nous ne

 14   disposions pas dans l'affaire Krstic et vous allez maintenant voir un grand

 15   nombre de documents que vous n'aviez pas vus dans l'affaire Krstic. Tout

 16   d'abord, il est dit :

 17   "Le commandant de la Brigade de Bratunac va rendre compte de manière

 18   détaillée l'adjoint du commandant du bataillon, Petrovic…"

 19   Donc c'est Petrovic ?

 20   R.  Oui, il était le commandant du bataillon dans la zone.

 21   Q.  Et nous allons un peu plus loin, il est dit :

 22   "Il va mettre en place un système de transmission chiffré…"

 23   Et il sera précisé qui sera à quel moment au point de contrôle à Zeleni

 24   Jadar, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et pour autant que vous le sachiez, les unités de Legenda ont pris part

 27   à cette opération, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui

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  1   Q.  Est-ce que le colonel Pandurevic était là-bas avec eux ?

  2   R.  Non, i n'était pas là.

  3   Q.  Donc Legenda était placé sous le commandement de qui pendant cette

  4   opération ?

  5   R.  Je pense qu'il était sous le commandement du général Zivanovic. Je ne

  6   sais pas s'il y avait un intermédiaire entre les deux.

  7   Q.  Après avoir vu l'original, est-ce que vous doutez de la véracité de cet

  8   ordre ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  D'accord. Passons à la page 2 des deux versions, si je ne m'abuse.

 11   Après avoir décrit de manière précise comment il fallait gérer la FORPRONU,

 12   il est dit, en fait, je vais lire : "Si les soldats de la FORPRONU

 13   continuent à utiliser leurs armes, continuent à chercher leurs armes afin

 14   de les utiliser contre Legenda, il faut désengager le porteur de troupes

 15   blindées en utilisant un lance-roquettes."

 16   Ensuite il est dit : "Et à ce moment-là il faudrait que la FORPRONU se

 17   rendre." Puis  il est dit : "Appelez Nikolic." Donc il s'agit de Momir

 18   Nikolic de la Brigade de Bratunac, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui, il se peut que ce soit lui.

 20   Q.  Ainsi nous pouvons conclure que cet ordre a été exécuté ?

 21   R.  Celui qui a donné cet ordre est la personne à qui il faut poser cette

 22   question. Mais la semaine dernière j'ai parlé des événements dont je me

 23   souviens datant de cette période.

 24   Q.  Mais est-ce que cet ordre a été exécuté ou pas ?

 25   R.  L'ordre a été exécuté, mais par la suite un certain nombre de personnes

 26   n'en n'étaient pas contents, satisfaits, parce qu'il n'y avait pas

 27   suffisamment de personnes pour sécuriser les bâtiments et les usines, parce

 28   que les forces musulmanes pouvaient quand même attaquer à l'aide

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  1   d'artillerie la zone de Zeleni Jadar. Mais je me souviens que la route

  2   Zeleni Jadar-Jasenova pouvait être utilisée, c'était très important pour

  3   nos unités sur le terrain là-bas.

  4   Q.  Je comprends. Je sais à quel point c'était important. Mais cet ordre

  5   avait pour objectif de faire peur à la FORPRONU et de faire partir les

  6   soldats de la FORPRONU, de ce poste d'observation, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui, plus ou moins, oui.

  8   Q.  Et vous avez rencontré le même problème. La VRS a eu le même problème

  9   s'agissant de tous les postes d'observation autour de Srebrenica, lorsque

 10   plus tard la VRS a lancé l'attaque contre l'enclave, n'est-ce pas ?

 11   R.  Ce poste d'observation à Zeleni Jadar était un poste très particulier.

 12   Et je sais que s'agissant d'autres postes d'observation, l'armée n'avait

 13   pas d'intentions ni d'activités similaires. En fait, ce poste d'observation

 14   était très spécifique, parce que d'après ce que je sais, il se trouvait sur

 15   le "no mans's land," et nous voulions, en fait, avancer nos positions pour

 16   rendre possible les transmissions, les communications sans difficulté, pour

 17   placer, pour investir ces usines, donc il fallait avancer nos positions

 18   dans la zone. Et on pensait probablement que la FORPRONU allait,

 19   probablement une fois que la FORPRONU a compris que nous procédions à

 20   investir cette zone, allait essayer de l'empêcher. Et la seule manière

 21   d'investir ce poste d'observation était de montrer que nous disposions de

 22   forces. Et ce document montre très bien qu'il fallait à tout prix éviter

 23   une situation de conflit et qu'il fallait l'éviter à tout prix. C'est le

 24   sens de cet ordre.

 25   Q.  Mais il est dit, s'ils ne se rendent pas, s'ils prennent leurs armes,

 26   il faut tirer, lancer une grenade contre eux, le transport de troupes

 27   blindé ?

 28   R.  Oui, c'est ce qu'il est écrit. Mais il y a quelques jours que j'ai vu

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  1   ce document pour la première fois, donc c'est la première fois que

  2   j'examine ce document, et en fait, après avoir lu ce document, ça m'a fait

  3   rire. Parce qu'il ne faut pas le dire, mais j'imagine que cela vous a fait

  4   rire probablement aussi. Parce que vous savez, le document est formulé de

  5   manière qui ne correspond pas à la manière dont il faut formuler le

  6   document militaire. On dirait que le document a été rédigé par quelqu'un

  7   qui ne connaissait pas très bien l'art de la guerre.

  8   Q.  Mais vous vous rappelez que les "Zolja" avaient été utilisés lors de

  9   cette opération, n'est-ce pas ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Et c'était plus efficace, n'est-ce pas, parce que vous avez réussi à

 12   chasser les gens du poste d'observation, n'est-ce pas ? C'est une question

 13   simple que je vous pose. Oui ou non ?

 14   R.  Pour autant que je le sache, pas une seule balle n'a été tirée à cette

 15   occasion. C'était la seule opération à laquelle j'ai pris part et pour

 16   laquelle je sais qu'aucune balle n'a été tirée. Il est possible que les

 17   soldats de la FORPRONU avaient pris peur et ils avaient déplacé leur poste

 18   de 200 mètres, ils l'avaient retiré de 200 mètres. Cela me paraîtrait

 19   logique.

 20   Q.  Oui. Je suis d'accord avec vous, c'était très logique, et un mois plus

 21   tard ils ont rencontré le même problème. Et vous conviendrez qu'un grand

 22   nombre de postes d'observation dans cette zone lors de l'attaque contre

 23   Srebrenica, il faut dire qu'en fait les forces de l'ONU avaient fui et

 24   certains soldats de l'ONU s'étaient même retrouvés du côté serbe.

 25   R.  Vous auriez dû voir à quel point ces soldats de la FORPRONU étaient

 26   enthousiastes une fois qu'ils s'étaient retrouvés de notre côté et à quel

 27   point ils avaient peur étant donné qu'une heure avant de m'avoir rencontré,

 28   ils avaient perdu un collègue, un camarade qui avait été tué lors de

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  1   l'attaque. Il s'agissait d'une attaque délibérée, non pas accidentelle.

  2   Donc une fois qu'ils ont vu qu'ils étaient menacés, ils se sont retirés.

  3   Ils le faisaient régulièrement, ils se retiraient à Potocari, à Srebrenica,

  4   et ils ont, cette fois-ci, ils ont cherché notre protection.

  5   Q.  Je ne vais pas maintenant parler des éléments de preuve présentés

  6   devant ce Tribunal s'agissant des attaques menées contre les postes

  7   d'observation lors de l'opération menée contre Srebrenica, et je ne vais

  8   pas parler maintenant du fait qu'un grand nombre de soldats de l'ONU

  9   avaient été détenus à l'hôtel Fontana et traités en tant qu'otages et qu'on

 10   les avait menacés même. Je pense que cela n'est pas la peine d'en parler

 11   mais -- à moins que vous ne souhaitiez en parler.

 12   R.  Non, je ne pense que ce soit vrai, ce que vous dites.

 13   Q.  Passons maintenant à la pièce 5D1083. Il s'agit d'un document que vous

 14   avez examiné hier. Je vais vous présenter l'original de ce document, parce

 15   qu'il me semble que vous avez eu un problème au sujet de ce document.

 16   C'est un document dont vous êtes l'auteur. C'est un document qui a été

 17   envoyé par le téléscripteur. Il n'y a pas de signature, et nous avons une

 18   erreur dans la traduction. La version en anglais est également erronée. Il

 19   n'est pas dit qu'il s'agit de l'état-major, il est dit tout simplement

 20   qu'il s'agit du Corps de la Drina. Il est

 21   dit :

 22   "Après l'opération qui a été couronnée de succès et après que la

 23   FORPRONU a été expulsée de Zeleni Jadar, il a été constaté que les forces

 24   ennemies se regroupaient de manière systématiquement et avançaient depuis

 25   le secteur de Srebrenica vers le secteur général de Zeleni Jadar. Leur

 26   unité comprend deux OT, transporteur de troupes blindé et un char. Puis il

 27   est dit d'autre chose, ensuite il est

 28   dit :

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  1   "Les habitants de Zeleni Jadar sont partis pris de panique une fois que la

  2   FORPRONU s'était retirée…"

  3   Passons maintenant au deuxième paragraphe, il est dit :

  4   "Dans le cadre d'une opération très précise et professionnelle, nous

  5   avons saisi de manière ferme le point de contrôle de la FORPRONU à Zeleni

  6   Jadar et la FORPRONU se retirait à Srebrenica."

  7   Et il est dit :

  8   "La force a été utilisée, mais les membres de l'ONU n'ont pas été

  9   blessés."

 10   Et il est dit :

 11   "La force a été utilisée mais les membres de l'ONU n'ont pas été blessés."

 12   Au point 3, il est dit :

 13   "Nous avons dépensé peu de munitions et trois Zolja."

 14   C'est un document émanant de vous. Vous avez vu l'original maintenant. Est-

 15   ce que vous doutez de l'authenticité de ce document, Monsieur ?

 16   R.  Dans le cadre réservé à la signature, il est dit que ce document est

 17   envoyé depuis l'IKM Pribicevac, le 3 juin, directement au commandement du

 18   Corps de la Drina, ou plutôt, personnellement au commandant du corps, et on

 19   peut voir que le document a été reçu à 19 heures.

 20   La semaine dernière, lorsque les équipes de la Défense m'ont posé des

 21   questions à ce sujet, j'ai dit tout ce que j'avais à dire. Je n'ai rien à

 22   ajouter au sujet de ce document.

 23   Q.  Donc vous ne doutez pas de l'authenticité de ce document ?

 24   R.  Je dois répéter ce que j'ai déjà dit la semaine dernière. A mon avis,

 25   après avoir lu ce document et étant donné que je connais cette situation

 26   pour autant que je me souvienne des événements de l'époque, ce document ne

 27   reflète pas vraiment la situation telle qu'elle était. Ce document a été

 28   embelli pour plaire à celui qui allait le lire. Ce qui est sûr, c'est que

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  1   je ne l'ai pas rédigé, parce que dans le cadre de cette opération, je n'ai

  2   assumé qu'un rôle, c'était le rôle de la personne chargé des transmissions.

  3   C'était une petite opération, pas une seule balle n'a été tirée. Il n'y

  4   avait que deux compagnies qui étaient engagées, et il était très peu

  5   probable que l'officier chargé des transmissions, qui ne s'était même pas

  6   déplacé depuis lucarne de Pribicevac, allait être la personne qui allait

  7   rédiger ce document.

  8   Je ne peux que supposer qu'en fait, lorsque j'ai vu ce document il y

  9   a quelques jours, j'étais très surpris de voir mon nom  figurer vers le bas

 10   du document. J'aimerais bien voir l'original où figure ma signature. Peut-

 11   être que cela pourrait éclaircir les choses. Lorsque le document a été

 12   reçu, le télégramme a été reçu à 9 heures 30, donc à 21 heures 30 à

 13   Vlasenica. Moi, j'étais déjà au commandement du corps. Je pense que c'était

 14   le colonel Vukota qui aurait pu le rédiger. Je pense que Zivanovic aurait

 15   dû déjà être de retour au commandement du corps. Il n'est pas du tout

 16   logique que ce soit moi, la personne qui en est l'auteur et qui l'aurait

 17   envoyé au chef de l'état-major.

 18   Q.  Est-ce que vous remettez en cause l'authenticité de ce document,

 19   Monsieur ?

 20   R.  Ce document était rédigé par une personne qui y a apposé mon nom, une

 21   personne qui avait sans doute une raison de le faire. Mais je ne veux pas

 22   émettre d'hypothèse à ce sujet. Je ne remets pas en cause le caractère

 23   authentique du document, puisqu'il a été transmis au commandement du corps.

 24   Q.  Tout le monde sait que de nombreux rapports de combat quotidien faisant

 25   état des opérations ne sont pas rédigés par le commandant. Il peut s'agir

 26   d'une autre personne désignée pour rédiger le rapport. Il peut s'agir d'un

 27   commandant, une personne responsable des transmissions, un officier

 28   supérieur. L'on comptait beaucoup sur les personnes qui fournissaient les

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  1   informations. Donc, n'est-ce pas ce qui s'est passé ? Quelqu'un vous a

  2   transmis ces informations, et ces informations ont été communiquées en

  3   votre nom. Vous étiez responsable de ces informations, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui, mais je n'avais pas vu ces informations, je ne les ai pas

  5   rédigées, je n'ai pas participé à la rédaction de ce document qui ne

  6   reflète pas la situation réelle sur le terrain. Vous le savez certainement

  7   sur la base de la déclaration de la FORPRONU, que trois "Zolja" n'ont pas

  8   été tirés sur eux à ce moment-là.

  9   Q.  Nous y viendrons. Mais je suis d'accord avec vous que l'on a embelli la

 10   situation ici, parce que nous n'avons jamais eu connaissance à ce moment-là

 11   d'un char ou de blindés de transport de troupes aux mains des Musulmans.

 12   Nous savons que les soldats embellissent parfois les choses.

 13   Cela dit, vous avez fait allusion aux déclarations de la FORPRONU, le

 14   responsable, à l'époque, le commandant Franken a témoigné dans ce prétoire,

 15   le 16 octobre 2006, à la page 2 452.

 16   "La Compagnie Bravo nous a dit dans un rapport - cette compagnie étant

 17   responsable de la zone - qu'il y avait des mouvements devant le poste

 18   d'observation Echo. Ces mouvements se sont avérés être ceux de l'infanterie

 19   serbe. Puis l'infanterie serbe a utilisé un haut-parleur pour enjoindre au

 20   poste d'observation de quitter les lieux, de se retirer afin d'y laisser

 21   entrer les Serbes. La Compagnie Bravo m'a demandé l'autorisation de le

 22   faire, je ne l'ai pas accordée. Puis ils ont fait l'objet d'une attaque, et

 23   en fin de compte, les Serbes se sont emparés d'Echo et l'équipe s'est

 24   retirée à la dernière heure avec mon consentement."

 25   Une question a été posée :

 26   "Vous parlez d'attaque, en quoi consistait cette attaque visant le poste

 27   d'observation ?"

 28   Et la réponse qu'il a donnée est la suivante : "Il y avait quelque 40

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  1   soldats d'infanterie appuyés par un char et du matériel Tango 5, un char de

  2   combat principal, et un canon placé sur la saillie de Zelini Jadar."

  3   "Et des tirs ont-ils été tirés pendant cette attaque,

  4   Monsieur ?"

  5   Oui, absolument, oui, oui, oui.

  6   Et y a-t-il eu des dégâts au poste d'observation ?

  7   Bien, le poste a essuyé des tirs. Il y avait un canon antiaérien sur les

  8   hauteurs et un canon antiaérien utilisé pour appuyer l'offensive serbe."

  9   Sur la base du récit de M. Franken et d'autres récits que nous avons

 10   entendus, peut-être y a-t-il une certaine confusion entre un "Zolja," un

 11   char, un Praga, mais je pense que cela vous rafraîchit la mémoire, ce poste

 12   d'observation a ainsi essuyé des tirs, n'est-ce

 13   pas ?

 14   R.  Un char et un "Zolja," ce sont deux types d'armes très différents.

 15   Lorsqu'un char tire, cela crée de la foudre, pour ainsi dire, de toutes

 16   parts. Cette personne a écrit qu'un char avait été utilisé, avait tiré des

 17   munitions, mais il a parlé de trois "Zolja." Pour utiliser un "Zolja," il

 18   faut tirer depuis une distance de quelque 100 mètres afin de toucher un

 19   blindé de transport de troupes précisément. Vous voyez donc que cette

 20   déclaration diffère énormément du témoignage du commandant.

 21   De toute façon, il était soldat et il devait donc justifier son

 22   retrait du poste qu'il était censé tenir. Je comprends bien pourquoi il a

 23   décrit les choses ainsi, pourquoi il a embelli son rapport. Mais les deux

 24   rapports sont très différents.

 25   Q.  Oui, je pense que nous pouvons convenir que vous-même et le commandant

 26   Franken avez reçu les informations de la part de ceux qui avaient essuyé

 27   des tirs, et je pense que nous pouvons en rester là.

 28   Vous avez dit dans le cadre de l'interrogatoire principal, l'un des

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  1   conseils de la Défense vous a demandé :

  2   "Savez-vous si les forces du Corps de la Drina avaient parmi ses

  3   armes, des fusils de tireurs d'élite ?"

  4   Et vous avez répondu :

  5   "J'ai souvent fait le tour des lignes de front dans la zone de

  6   responsabilité du Corps de la Drina et, croyez-moi, je sais que je n'ai

  7   jamais vu un seul soldat qui possédait un fusil de tireurs d'élite. Je

  8   connais bien les armes. Les fusils semi-automatiques qu'utilisent les

  9   tireurs d'élite n'ont que dix balles et on ne peut que tirer des balles

 10   individuelles. Demandez cela à n'importe quel soldat, et il vous dira qu'il

 11   préfère des armes automatiques. Nous n'avions pas de tels fusils dans nos

 12   réserves. Il y avait des situations dans lesquelles l'ont utilisait pour

 13   tirer, des fusils semi-automatiques ou des mitrailleuses légères. Et

 14   lorsqu'une personne entend le bruit que cela fait, elle peut supposer qu'il

 15   s'agissait d'un tir de tireurs d'élite. Je sais que de notre côté, parfois

 16   l'on a présumé cela, et c'est peut-être également le cas, en ce qui

 17   concerne l'autre partie belligérante."

 18   Les fusils de tireurs d'élite utilisés par la VRS avaient un calibre

 19   particulier, n'est-ce pas ?  Pouvez-vous nous le décrire ?

 20   R.  J'ai entendu parler dans l'armée d'armes qui comprenaient un fusil de

 21   tireurs d'élite de 7,9-millimètres, je ne sais pas de quelle année ce

 22   modèle datait, mais c'est une arme donnée uniquement à certaines unités

 23   spéciales ou sections de sabotage, seulement lorsqu'on leur confiait une

 24   tâche tout à fait particulière. Les unités qui tenaient le front autour de

 25   ces deux enclaves et nos unités participantes au combat, et bien, au cours

 26   des quatre années de cette guerre, autant que j'ai pu le constater, aucun

 27   soldat n'a reçu un tel fusil de tireur d'élite.

 28   Q.  Très bien. Passons au document 65 ter 4108. Un rapport en date du 27

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  1   avril 1994 émanant du commandement du Groupe opérationnel de Srebrenica. Il

  2   s'agit d'un rapport des services de Renseignements, Et à la deuxième phrase

  3   l'on voit en ce qui concerne le même jour, le 26 avril 1994, à 23 heures 45

  4   : 

  5   "Un tireur d'élite de l'agresseur qui tirait depuis la zone de Pajeci

  6   sur la zone démilitarisée près de Simici [phon] a grièvement blessé un

  7   jeune homme de 17 ans dont la vie était en danger."

  8   Vous n'avez pas reçu de tels rapports ?

  9   R.  Il s'agit là d'un rapport qui fait partie de la correspondance parmi

 10   les différentes unités de l'ABiH. Nous ne recevions pas de tels rapports.

 11   Il s'agit d'un rapport émanant du 8e Groupe opérationnel de Srebrenica

 12   adressé au commandement du 2e Corps à Tuzla; donc l'armée à Srebrenica

 13   informait son corps à Tuzla des événements de la journée et il était

 14   question d'un adolescent touché par un balle et grièvement blessé.

 15   Q.  Pardon. Je ne vous ai pas posé une question précise. Je ne pensais pas,

 16   en effet, que vous ayez reçu un tel rapport avant que vous ne l'ayez

 17   intercepté, mais n'auriez-vous pas eu connaissance du fait que les forces

 18   tiraient sur les civils à Srebrenica, en ayant recours à des tirs isolés ou

 19   embusqués ?

 20   R.  Non, et nous n'avons pas pu intercepter cette conversation d'ailleurs,

 21   car à l'époque, la 28e Division à Srebrenica avait déjà des dispositifs

 22   permettant de garantir la confidentialité des transmissions des dispositifs

 23   mis à la disposition par la FORPRONU ou une autre organisation civile qui

 24   approvisionnait Srebrenica; et à l'époque il était déjà très difficile pour

 25   nous d'intercepter leurs transmissions, car ils avaient le moyen de

 26   comprimer leurs transmissions et nous ne pouvions dès lors pas mettre ces

 27   transmissions sur écoute.

 28   Q.  Très bien. J'aimerais également vous montrer encore deux documents

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  1   similaires. 4D00134, un document comparable. Un rapport musulman émanant de

  2   la 28e Division, adressé à leur commandement, le commandement du 2e Corps,

  3   et un autre rapport d'après lequel le 10 juin 1995, troisième paragraphe.

  4   Le 10 juin 1995. "L'ennemi a blessé un civil en utilisant un fusil à

  5   lunette à D. Polje, le secteur de responsabilité de la 280e Brigade."

  6   Puis pour nous en référer à un autre document 65 ter, un autre rapport

  7   concernant les renseignements, nous voyons qu'il s'agit de : "L'agresseur."

  8   "Les Chetniks mènent toujours les opérations de reconnaissance et visent

  9   nos lignes, les lignes détenues par nos forces, en tirant des armes

 10   antiaériennes et de l'artillerie. En particulier, il est question de tirs

 11   de tireurs embusqués d'une certaine intensité dans la région de Zeleni

 12   Jadar, où une femme a ainsi été abattue par un tireur embusqué."

 13   Donc le 3 juillet, je crois que c'est juste avant que vous n'arriviez à

 14   Pribicevac, donc peut-être n'en avez-vous pas entendu parler, mais il est

 15   allégué que la VRS utilisait de manière intensive des tirs embusqués en

 16   tant que prélude à une grande offensive. Saviez-vous dès lors, avant même

 17   d'arriver sur place, qu'il y avait des incidents de tirs isolés ou

 18   embusqués dans l'enclave, au début du mois de juin [comme interprété] 1995

 19   ?

 20   R.  Non, je vous l'ai déjà dit. Un bon tireur embusqué avec un fusil

 21   ordinaire peut toucher une cible à quelque 700 ou 800 mètres. Je ne

 22   conteste pas les faits énoncés dans ce rapport, mais j'affirme qu'il ne

 23   s'agissait pas forcément d'un fusil à lunette, nous n'avions pas, ou nous

 24   en avions très peu. Comme je vous l'ai déjà dit, nos forces, dans certains

 25   de nos rapports, prétendaient également que l'ennemi utilisait des tirs

 26   embusqués pour nous attaquer, même si nous savions très bien que l'ennemi

 27   ne disposait pas non plus de fusils à lunette. Mais dès qu'il s'agissait

 28   d'un tir individuel, tout le monde partait automatiquement du principe

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  1   qu'il s'agissait de tir embusqué ou de fusil à lunette. Et lorsqu'il y

  2   avait une rafale, l'on présumait qu'il s'agissait d'un fusil. Mais il y a

  3   aussi des fusils qui peuvent tirer des balles individuelles, j'en ai déjà

  4   parlé, et je confirme ce que j'ai dit.

  5   Q.  Très bien. Revenons-en au 65 ter 4094. Peut-être conviendrez-vous avec

  6   moi que vous vous êtes trompé sur un point. Mais je vais vous montrer plus

  7   précisément ce dont il s'agit.

  8   Il est question d'un programme de formation de tireurs embusqués au sein de

  9   la VRS en 1995, vous voyez cela à la première page, l'intitulé étant :

 10   "L'armée de la Republika Srpska, état-major principal." Je ne vais pas tout

 11   passer en revue. Il est question donc d'un cours de formation pour les

 12   tireurs embusqués. Saviez-vous qu'il y avait de tels projets de formation

 13   de tireurs embusqués à

 14   l'époque ?

 15   R.  Vers la fin de la guerre vers Kozluk, ou au centre de formation à

 16   Drinjaca, qui est mentionné ici - en fait, j'aimerais bien voir le document

 17   dans son intégralité. Je pourrais mieux vous donner quelques explications.

 18   Q.  Oui, parcourez le document sans prêter l'attention particulière à ce

 19   qui a été surligné. Je ne me souviens plus pourquoi j'ai surligné certaines

 20   choses.

 21   Peut-être pourriez-vous simplement parcourir ce document assez lentement

 22   afin que tout le monde puisse voir ce que vous y voyez; il s'agit

 23   d'instructions concernant la manière d'organiser un tel cours. Je n'ai pas

 24   vraiment des questions précises à ce sujet, j'aimerais juste savoir si vous

 25   aviez connaissance de manière générale de ce type de cours.

 26   R.  Est-ce que vous auriez par hasard des précisions concernant la période

 27   dont il s'agit en 1995, car il s'agit là que d'un programme de cours

 28   destiné aux tireurs embusqués, un cours de la VRS, quelqu'un a décrit ce

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  1   cours sous forme écrite. Il n'y a pas de précision concernant la manière

  2   dont ce cours a été mis en œuvre, le nombre de participants, où et quand

  3   cela a eu lieu. Il s'agit d'un programme théorique élaboré à un moment

  4   donné en 1995, mais on ne voit pas quand. D'ailleurs la guerre a pris fin

  5   en 1995. Quoi qu'il en soit, c'est un document émanant de l'état-major

  6   principal. Et jusqu'à ce que ce document soit transmis au corps et que le

  7   corps élabore sont propre plan, cela se serait passé en 1996.

  8   Je vous demanderais donc si vous avez des précisions, parce qu'il n'y a pas

  9   de date ici ?

 10   Q.  C'est la raison pour laquelle je vous ai demandé si vous vous souvenez

 11   d'un tel cours ?

 12   R.  D'après ce que je vois ici, il n'est même pas question de cours pour

 13   tireur embusqué. Si de tels cours avaient été organisés, ou que de tels

 14   cours aient été organisés ou non pendant la période qui nous intéresse en

 15   1995, cela ne ressort pas de ce document. Il s'agit simplement d'un

 16   programme élaboré par l'état-major principal.

 17   Q.  Je comprends bien. C'est la raison pour laquelle je vous demande,

 18   puisque vous connaissiez bien les armes et le tir embusqué, est-ce que vous

 19   vous souvenez si oui ou non le Corps de la Drina a mis au point un tel

 20   cours de formation pour des tireurs embusqués ? C'est une question simple.

 21   Il s'agit simplement d'un projet de l'état-major principal sur la manière

 22   d'organiser un cours pour tireurs embusqués.

 23   R.  Au début de l'année 1996, j'étais déjà le commandant de brigade à

 24   Sehovici. C'est peut-être à ce moment-là que ce plan a été transmis au

 25   Corps de la Drina, et je ne me souviens pas si j'ai envoyé certains de mes

 26   soldats à ce programme de formation, et en tout cas, ce programme n'a pas

 27   été réalisé en 1995 ni plus tôt d'ailleurs. Donc ma réponse serait "non."

 28   Q.  Très bien. Donc c'est un document qui émane de l'état-major principal

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  1   concernant la formation n'est-ce pas, du ressort de l'administration

  2   responsable des personnes et de l'instruction ?

  3   R.  Oui, ceux qui s'occupaient de la formation.

  4   Q.  [aucune interprétation]

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Petrusic.

  6   M. PETRUSIC : [interprétation] Le Procureur pourrait-il nous situer ce

  7   document dans le temps ?

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] On voit sur la page de garde, 1995.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Je crois que le témoin lui-même

 11   nous a dit qu'il estimait que ce document avait certainement été élaboré ou

 12   rédigé en 1995, et peut-être exécuté en 1996, que cela n'avait pas pu se

 13   produire plus tôt, c'est en tout cas ainsi que j'ai compris le témoin. Je

 14   le vois d'ailleurs opiner du chef.

 15   Maître Petrusic.

 16   M. PETRUSIC : [interprétation] S'il s'agit de l'année 1996, je ne vois pas

 17   quelle est la pertinence.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous voulez répondre à cette

 19   question ou bien, Maître Petrusic, vous pourrez aborder la question lors de

 20   vos questions supplémentaires. Mais je vois que le témoin a d'ailleurs

 21   mentionné l'année 1996, parce que d'après lui un tel projet n'aurait pas pu

 22   être mis en œuvre en 1995 s'il avait été conçu en 1995.

 23   En tout cas je pense qu'il ne faudrait pas perdre de temps sur ce point.

 24   Continuez, Monsieur McCloskey.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 26   Q.  Monsieur, qui donc était l'homme responsable de l'administration des

 27   opérations et de l'instruction au sein de l'état-major principal en 1995 ?

 28   R.  Je ne saurais vous le dire au juste, car l'organisation de l'état-major

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  1   principal n'était pas la même que l'organisation des corps et des brigades.

  2   Tout ce que je sais -- enfin, je connaissais certaines personnes qui y

  3   travaillaient, mais je ne sais pas s'il s'agissait de départements ou de

  4   services. Enfin, en tout cas, l'organisation des corps n'est pas la même 

  5   que l'organisation de l'état-major, donc je n'ai pas ces informations à

  6   disposition en ce moment.

  7   Q.  Mais aurait-il pu s'agir du général Miletic ?

  8   R.  En ce qui concerne ces questions opérationnelles, je sais qu'au sein de

  9   l'administration du département, du service - je ne sais pas comment on

 10   l'appelait au juste - il y avait le général Obradovic, Miletic, Trkulja, et

 11   peut-être quelque cinq ou six autres responsables de ces activités.

 12   Q.  Au sein du corps et de la brigade, il est question d'un service

 13   intitulé "Opérations et instructions." Et il y a toujours un chef. Et dans

 14   ce cas précis, il s'agissait du général Miletic. Vous le savez bien, n'est-

 15   ce pas ?

 16   R.  Non. Il y avait des secteurs au sein de l'état-major principal à Han

 17   Pijesak. Je ne sais vraiment pas qui occupait quelle fonction au sein de

 18   ces secteurs. Je n'en sais rien, puisque je me rendais très rarement à

 19   l'état-major principal.

 20    Q.  Très bien. Passons à autre chose. Venons-en au document 65 ter 230, un

 21   document que la Chambre a déjà vu depuis un certain temps.

 22   Il s'agit d'un rapport qui devait être envoyé par les brigades aux corps.

 23   Ce rapport concerne donc la Brigade de Bratunac, et la première moitié de

 24   l'année 1995, donc du 1er janvier au 30 juin 1995 qui décrit toute une série

 25   de choses. Je vais passer en revue ce document de manière chronologique.

 26   D'abord à la page 9 en anglais, c'est-à-dire la page 27 que vous avez sous

 27   les yeux, il s'agit d'un "inventaire des munitions, le 30 juin 1995." Est-

 28   ce que vous avez la page 27 sous les yeux ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Très bien. Dans cet inventaire, si l'on prend le chiffre 8, on voit :

  3   "Balles, 7,9-millimètres pour fusil à lunette." En serbe on voit, en fait,

  4   un terme similaire dont l'orthographe est simplement un peu différent.

  5   S'ils n'avaient pas de fusil à lunette, pourquoi avaient-ils 1 350 balles

  6   pour de tels fusils dans leur inventaire ?

  7   R.  Bien, il s'agit d'un inventaire de tout ce qui se trouvait dans

  8   l'entrepôt. Il s'agit donc de l'entrepôt et non pas des positions de

  9   combat.

 10   Q.  Très bien. Passons à la page suivante. Il s'agit encore "d'un

 11   inventaire des munitions reçues à l'entrepôt." Page 25 dans votre version.

 12   R.  Oui, c'est bien ce que je viens de vous dire.

 13   Q.  Alors le numéro 6, là nous voyons qu'il y a 1 905 pièces qui sont dans

 14   l'entrepôt, et si on va un peu plus bas on voit : "Délivré à partir de

 15   l'entrepôt." Et maintenant, "également délivré de l'entrepôt." En quelque

 16   sorte, ça se passe de commentaires. Qui dans l'entrepôt, l'armurerie, donne

 17   ces munitions ?

 18   R.  On ne dit pas à qui ça a été délivré ni quand ça a été délivré pour ce

 19   qui est de ce qui est exigé, à quelle unité, et ainsi de suite. Donc il

 20   s'agit là en quelque sorte des comptes internes, et je suppose que le

 21   commandant adjoint pour l'arrière de la Brigade de Bratunac a établi ceci.

 22   Parce que s'il y avait une possibilité là pour lui, au cours d'une période

 23   de six mois, de préparer ses propres archives et de pouvoir refaire un

 24   inventaire ou examiner un inventaire, probablement pour le bénéfice des

 25   personnes qui appartenaient à l'entrepôt, qui lui fournissaient les

 26   renseignements de ce quelle était la situation.

 27   Q.  Bien. Alors la balle 7,9 pour fusil à lunette, est-ce qu'elle peut être

 28   utilisée avec une autre arme ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Laquelle ?

  3   R.  Le fusil M-48, c'est le même calibre, 7,9.

  4   Q.  Est-ce que vous savez ce qui se passe pour un fusil lorsqu'on utilise

  5   une balle pour fusil de tireurs d'élite ?

  6   R.  Oui. Bien, nous avions l'habitude -- enfin, les personnes qui étaient

  7   chargées des entrepôts utilisaient des fusils de ce genre, par exemple,

  8   pour la sécurité des entrepôts. On essayait d'avoir des armes automatiques

  9   aux positions de combat.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Une question de plus --

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Les gardes chargés de la sécurité utilisaient

 12   ce type de fusil.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] -- et nous aurons terminé, Monsieur le

 14   Président.

 15   Q.  Maintenant la même chose, regardons la page 13 en B/C/S, 19 en anglais,

 16   il s'agit là de la partie qui concerne l'entraînement et la formation. A

 17   l'annexe numéro 1, on lit : "Réaliser la formation et la participation au

 18   moyen de cours qui seraient donnés pendant la première moitié de 1995." Et

 19   au point 7 : "Formation des tireurs d'élite, lieu, Bratunac et Bjelovar.

 20   Nombre de candidats, 13. Nombre de journées, sept. Remarques ou

 21   observations, exécuté, accompli."

 22   Donc au cours de la première moitié de 1995, Blagojevic rend compte qu'au

 23   Corps de la Drina que 13 de ses hommes ont suivi un cours qui a duré sept

 24   jours, en formation pour les tireurs d'élite et qu'ils ont entièrement fait

 25   ce cours; c'est bien cela ?

 26   R.  C'est possible s'il a écrit cela ici. Bien que très sincèrement, j'ai

 27   une certaine expérience sur ce sujet, ce sont des analyses de préparation

 28   au combat. J'ai écrit des choses de ce genre moi-même et pendant la guerre

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  1   ça constituait un gros problème, parce qu'il fallait trouver le temps

  2   d'écrire tout ceci, de consigner tout ceci par écrit. A avoir tous ces

  3   papiers et documents alors qu'on pouvait avoir faire face à une situation

  4   difficile, de sorte qu'on confiait les opérations de ces tâches quand tout

  5   le reste était en ordre, simplement pour des raisons de forme. Donc il est

  6   possible qu'on ait effectivement organisé un tel cours, mais ça ne veut pas

  7   dire qu'il y ait eu des armes ou des choses de ce genre, des fusils

  8   automatiques et qu'ils aient été distribués aux positions autour des

  9   enclaves et qu'ils aient tiré à partir de ces positions.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Peut-être qu'on ferait mieux de suspendre.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous allons avoir une suspension

 12   de 25 minutes d'audience, ce qui veut dire que nous reprendrons à 13

 13   heures. Merci.

 14   --- L'audience est suspendue à 13 heures 35.

 15   --- L'audience est reprise à 13 heures 07.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   Pourrait-on, s'il vous plaît, présenter le document 4091 de la liste 65

 19   ter.

 20   Q.  Donc Colonel, vous avez des explications concernant les balles de

 21   fusil. Vous avez expliqué la question des cours de tirs. Je vais maintenant

 22   vous montrer un document de 1994 de la Brigade de Bratunac, qui est daté du

 23   10 juillet, et qui porte pour titre, "Situation en ce qui concerne les

 24   fusils de tireurs d'élite, les silencieux, les jumelles de reconnaissance

 25   et les jumelles à infrarouge. Et vous voyez, si vous regardez au II romain,

 26   il y a "un fusil de tireurs d'élite, 7,9 millimètres, PAP." Ensuite, il y a

 27   une liste d'une série de personnes, 17 en l'occurrence, puis il y a une

 28   liste de personnes à qui on a délivré des fusils pour tireurs d'élite,

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  1   certains avec des optiques, d'autres sans optiques.

  2   R.  Oui. C'est effectivement un compte rendu. Je l'ai lu.

  3   Q.  Alors nous avons donc là quelque 17 hommes à qui on a délivré ces

  4   fusils de précision. Nous avons vu tout ce qui concerne les projectiles.

  5   Nous avons vu ce qui concernait la formation ou l'entraînement. Seriez-vous

  6   prêt à être d'accord avec moi pour dire que la Brigade de Bratunac

  7   disposait de fusils de précision, de balles à utiliser dans lesdits fusils,

  8   et avaient reçu une formation en juillet 1995 sur la façon de s'en servir ?

  9   R.  Il y a certaines petites imprécisions. En particulier au point 6, il

 10   est dit en ce qui concerne l'entrepôt, qu'il y a deux parties. Alors

 11   l'entrepôt du 1er Bataillon d'infanterie, en l'occurrence, ce ne sont pas

 12   tous les noms des personnes, de chaque individu, et au numéro 18, par

 13   exemple, on voit écrit "entrepôt" également. Donc je maintiens ce que j'ai

 14   dit, à savoir que dans ce secteur - et nous parlons là de l'enclave de

 15   Srebrenica - je n'ai jamais vu de soldats qui en avaient délivré des fusils

 16   de précision ou qui auraient eu des fusils de précision parmi les armes

 17   dont ils disposaient. Et plus particulièrement ici, vous pouvez voir qu'il

 18   y a des fusils de précision et les entrepôts selon les bataillons. Et si

 19   l'objectif avait été de faire tirer avec ces fusils, à ce moment-là ils

 20   auraient été remis à des soldats avec ce qu'il fallait à partir de

 21   l'entrepôt.

 22   Maintenant, si nous parlons du front devant Sarajevo, où les lignes étaient

 23   écartées de moins de 100 mètres, alors là je serais d'accord avec vous.

 24   Mais à Srebrenica où les tranchées étaient à plusieurs centaines de mètres

 25   de distance les unes des autres, et où la population vivait derrière ces

 26   tranchées des deux côtés, alors là, avoir des armes de ce genre n'aurait eu

 27   aucun sens ni aucun effet, parce qu'il s'agissait de grandes distances où

 28   il aurait fallu essayer de prendre des cibles. Mais je n'ai jamais vu

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  1   personne tenir ni un fusil de précision ni une optique. C'est ce que j'ai

  2   dit tout à l'heure.

  3   Q.  Bien. Voyons maintenant le 4093 de la liste 65 ter. Il s'agit d'un

  4   rapport du 18 juin 1995 émanant du commandement de la Brigade de Bratunac,

  5   et il est imputé à son commandant Blagojevic. Il s'agit d'un rapport de

  6   combat régulier, rapport régulier de combat, et sous la rubrique

  7   "Fourniture logistique," vous voyez au point 5 qu'il y a "Dépenses," 150

  8   balles de fusil ont été utilisées, ce sont des balles pour fusils de

  9   précision. Donc malgré tout ce que vous aviez vu dans les archives, vous

 10   continuez de dire qu'ils ne tiraient pas de balles ou des cartouches pour

 11   tirs de précision ?

 12   R.  Peut-être que ce serait une bonne idée de jeter un coup d'œil au cours

 13   qui a été organisé par la Brigade de Bratunac, si effectivement il a été

 14   organisé et mis en œuvre, ensuite voir pour les buts qui étaient les leurs,

 15   si ces 150 projectiles pourraient avoir été utilisées. Parce que vraiment

 16   je ne voudrais pas faire d'hypothèse ou de spéculation. Effectivement, il

 17   dit bien qu'on a utilisé 150 pièces. Maintenant, quant à savoir si ça était

 18   utilisé ce jour-là, tel jour, pour moi, ça me paraît incroyable. Parce que

 19   si vous trouvez deux rapports supplémentaires comme celui-ci sur quatre

 20   ans, avec les projectiles de précision avec le nombre utilisé,

 21   personnellement, je ne le crois pas. Et si 150 balles pouvaient avoir été

 22   tirées ce jour-là, à ce moment-là, il fallait qu'ils aient tiré tous les

 23   jours. Donc je ne veux pas faire d'hypothèse ou de spéculation sur la

 24   question de savoir, si ces projectiles ont été utilisés pour ceci ou pour

 25   cela, en l'occurrence, pour quoi que ce soit.

 26   Q.  Bien. Alors ne faisons pas d'hypothèse sur ce que ces 17 hommes pour

 27   savoir combien de coups ils ont tiré et espérons qu'il s'agissait

 28   d'entraînement.

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  1   Mais regardons maintenant 4098 de la liste 65 ter, un rapport du 8 juillet

  2   du Corps de la Drina, Ocamovic [phon]. C'est adressé à l'état-major

  3   principal et au service technique, je cite :

  4   "Nous vous adressons un rapport sur --

  5   L'INTERPRÈTE : [inaudible]

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] -- et les munitions pour le 1er juin." Donc

  7   nous avons un mois correspondant au Corps de la Drina, 7,9 millimètres pour

  8   des armes de précision, et 1,825. Ça, ça été donc tiré, utilisé.

  9   Etes-vous en train de me dire maintenant que vous continuez de ne pas

 10   croire que quiconque dans les unités du Corps de la Drina aurait tiré des

 11   coups de feu contre les enclaves ?

 12   R.  J'ai affirmé depuis le tout début que je n'ai jamais vu aucune unité

 13   tenant le front vers ces enclaves, dont des soldats sur ces positions

 14   auraient eu des fusils de précision ou des fusils à lunette. C'est cela que

 15   j'ai dit. Et j'ai expliqué et j'ai dit que du point de vue tactique,

 16   l'utilisation de ce type d'arme à une très grande distance des objectifs ne

 17   serait pas efficace, et un tireur d'élite n'arriverait pas à tirer de façon

 18   efficace comme ça aurait pu être le cas dans le secteur de Sarajevo.

 19   Maintenant dans ce même rapport au point "1," vous avez 25 pièces qui

 20   représentent des balles de pistolet de 7,65 millimètres, c'est des petits

 21   pistolets utilisés, 7,62 millimètres, c'est également une balle de

 22   pistolet, et il est question de 8 830 [phon] pièces. Je peux maintenant

 23   faire un pari que ce jour-là personne, mais personne n'a tiré avec ce

 24   pistolet ou d'autres armes, mais que cette personne à l'arrière voulait

 25   pouvoir dire à la personne chargée de logistique à l'état-major principal,

 26   appeler leur attention sur le nombre de munitions qu'ils avaient besoin

 27   dans l'entrepôt et qu'ils leur faisaient défaut. Donc ceci a trait

 28   essentiellement à l'ensemble du reste des munitions qui étaient

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  1   nécessaires, les fournitures nécessaires, et ainsi de suite.

  2   Donc à ma connaissance la situation est celle-ci : savoir que je n'ai pas

  3   vu de tireurs d'élite là ni de fusil de précision, je n'ai pas vu de

  4   soldats à qui on aurait remis des fusils de précision. J'ai expliqué en ce

  5   qui me concerne, c'était logique, ça aurait être le cas ou ne ça n'aurait

  6   pas été dû être le cas dans telle ou telle circonstance, parce que les

  7   armes de ce type n'auraient pas été efficaces étant donné la distance des

  8   objectifs.

  9   Q.  Monsieur le Témoin, je suis sûr que vous vous rappelez avoir déposé en

 10   disant que le Corps de la Drina n'avait même pas d'arme de ce genre dans

 11   leur armurerie, dans leur stock. Donc je ne veux pas discuter de ceci avec

 12   vous sur ce point, mais regardons le dernier document, là, le 4099 de la

 13   liste 65 ter.

 14   Est-ce que vous souhaitez modifier ou retirer la déclaration que vous avez

 15   faite sous serment selon laquelle le Corps de la Drina n'avait pas du tout

 16   de fusils de précision ou de fusils à lunette dans ce qu'ils possédaient ?

 17   R.  Est-ce que vous pourriez citer ceci à partir du compte rendu ?

 18   Q.  Bien sûr, mais je ne vais pas le faire, parce que je ne sais pas où le

 19   retrouver. Excusez-moi. Mais je suis sûr que vous vous en souvenez.

 20   R.  Je n'ai certainement pas dit qu'ils n'avaient pas cela. J'ai dit que je

 21   n'ai pas vu d'unités autour de l'enclave avec des soldats qui auraient eu

 22   des fusils de précision ou des fusils à lunette. J'ai tout simplement pas

 23   vu que des soldats auraient reçu des armes de ce genre, qu'il s'agisse du

 24   Corps de la Drina qu'ils aient eu des armes de ce genre ou des armes en

 25   dépôt, et si elles avaient été effectivement délivrés, si on avait délivré

 26   ce type d'arme à quelqu'un, je ne le sais pas. Je ne l'ai pas vu. Je me

 27   concentrais uniquement sur les unités qui étaient positionnées autour de

 28   l'enclave en me centrant sur ce que moi-même j'ai vu au cours de mes

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  1   visites fréquentes là-bas et de mes séjours fréquents là-bas.

  2   Q.  A la page --

  3   L'INTERPRÈTE : [inaudible]

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] -- il est question de "tir au coup par

  5   coup. Est-ce que vous pouvez parler à n'importe lequel soldat et lui

  6   demander, ils vous diront qu'ils préfèrent avoir des armes automatiques qui

  7   leur seraient délivrées, et nous n'avions pas de fusil de ce genre."

  8   Et ma question, - là, je viens de vous citer - donc ma question est :

  9   est-ce que vous souhaitez retirer votre déclaration maintenant que je vous

 10   ai montré tous ces documents et que nous avons vu qu'il y avait ces fusils

 11   de précision ?

 12   R.  Je maintiens ce que j'ai dit, parce que les unités, les effectifs qui

 13   tenaient ces positions n'avaient pas ces armes, n'avaient pas de fusil de

 14   ce genre. Ça je l'ai vu de mes propres yeux.

 15   Q.  Bien. Regardons le 4099 de la liste 65 ter. Il s'agit de la Brigade de

 16   Milici. Et d'après ceci, le 12 novembre ils disposaient de 17 fusils de

 17   précision. Ils se trouvaient également autour de l'enclave. Est-ce que vous

 18   voulez qu'on voie pour le Bataillon Skelani également ? Nous n'avons pas le

 19   temps et je ne vais pas vous parler de cela, mais est-ce que vous voulez

 20   modifier en quoi que ce soit ce que vous avez dit ?

 21   R.  Non, non, je ne veux pas changer ce que j'ai dit, mais je vous demande

 22   d<un petit peu de patience. Il faut que je puisse voir le document dans son

 23   intégralité pour voir de quoi il s'agit, en fait. Je ne vois pas la fin du

 24   document. C'est tout simplement une liste de toutes les armes de la Brigade

 25   de la Milici, mais où se trouvait chaque arme particulière, ça c'est une

 26   question différente. C'est un inventaire de toutes les armes dont ils

 27   disposaient.

 28   Q.  Bien. Alors je pense qu'on peut passer à un autre sujet.

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  1   Vous avez parlé un peu de Krivaja 95, du plan d'attaque et quels étaient

  2   ses objectifs. Conviendrez-vous que l'un des objectifs de Krivaja 95 était

  3   de créer les conditions propices à la destruction, l'élimination de

  4   l'enclave de Srebrenica ?

  5   R.  Je n'ai pas accès aux documents, parce que je n'en ai pas reçu à part

  6   le document ayant trait aux transmissions, donc c'était les seuls documents

  7   que j'avais à ma disposition à l'époque. Et d'après ce que je sais, les

  8   unités du Corps de la Drina avaient pour objectif de fermer de manière

  9   militaire une enclave afin d'empêcher la communication entre les enclaves

 10   de Zepa et Srebrenica, et d'empêcher les activités à partir de ces enclaves

 11   vers nos territoires et d'empêcher les communications de leurs plus petites

 12   unités qui souhaitaient s'engager vers Tuzla, Olovo, et Kladanj.

 13   Q.  Est-ce que l'un des objectifs était de créer les conditions propices à

 14   l'élimination des enclaves, plus particulièrement de Srebrenica ?

 15   R.  A l'époque je ne le savais pas.

 16   Q.  Et aujourd'hui le savez-vous ?

 17   R.  La situation était telle que les unités musulmanes avaient été battues

 18   de façon militaire dans ces enclaves, ensuite la population a été déportée.

 19   Q.  Je comprends, mais vous n'avez pas répondu à ma question. Est-ce que

 20   vous savez aujourd'hui, peu importe quelle est la source d'information, que

 21   l'un des objectifs du plan Krivaja 95 était de créer des conditions

 22   propices à l'élimination de l'enclave de Srebrenica ?

 23   R.  J'ai eu l'occasion ici de lire un certain nombre de documents qui

 24   contiennent cette formulation, à savoir "éliminer l'enclave," mais avant

 25   d'avoir lu cela dans ces documents, j'ignorais que cela était formulé de la

 26   sorte.

 27   Q.  Et vous conviendrez que s'agissant du plan Krivaja 95, c'est le

 28   document 107 de la liste 65 ter, à la page 3 en anglais, sous "Objectif,"

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  1   et c'est à la page 2 en B/C/S, vous pouvez le lire, mais je pense que ce

  2   n'est pas la peine de nous appesantir là-dessus maintenant.

  3   Vous avez dit qu'il y avait un véhicule chargé des transmissions au poste

  4   de commandement avancé et que vous l'avez placé au début de la soirée le 11

  5   juillet. Vous étiez très précis lorsque vous l'avez dit. La thèse de

  6   l'Accusation aujourd'hui, ainsi qu'à l'époque où M. Harmon vous a contre-

  7   interrogé il y a un grand nombre d'années, est que cela est faux et que le

  8   véhicule chargé des transmissions et les gens qui y étaient sont partis

  9   dans l'après-midi du 12 juillet. Vous avez déclaré également avoir été

 10   présent à une réunion à laquelle Mladic vous a dit qu'il fallait aller à

 11   Zepa avec Vinko Pandurevic, Krstic et d'autres. Alors que la thèse de

 12   l'Accusation est que vous avez tort lorsque vous le dites; en fait, cette

 13   réunion a eu lieu le 12, donc vous étiez à Bratunac le 12 juillet.

 14   Vous avez également déclaré, lorsque vous avez déposé dans l'affaire

 15   Krstic, que vous aviez l'impression que le général Krstic était devenu

 16   commandant après qu'il est rentré de cette fête organisée au restaurant

 17   Jaune. La thèse de l'Accusation - et je pense que cela n'est pas contesté

 18   en l'espèce - est que le général Krstic est devenu commandant du Corps de

 19   la Drina lors d'une petite cérémonie organisée de manière officieuse à

 20   Vlasenica au commandement, de plusieurs personnes, et à ce moment-là le

 21   général Mladic a annoncé que Zivanovic allait quitter le Corps de la Drina

 22   et que c'est le général Krstic qui allait en devenir le commandant. Cela a

 23   été très important dans l'affaire Krstic, et notre thèse est qu'il est

 24   devenu commandant le 13 juillet lors de cette réunion.

 25   Examinons maintenant un certain nombre de documents. Je suis sûr que le --

 26   R.  Monsieur le Président, puis-je répondre à ces trois accusations lancées

 27   par M. le Procureur ?

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Prenez votre temps, Monsieur Jevdjevic.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] J'aimerais adresser les trois thèses émises au

  2   sujet de ce que j'avais déclaré, moi, et au sujet de la thèse avancée par

  3   M. le Procureur.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  5   Q.  Colonel, un grand nombre de documents dont vous avez parlé lors de vos

  6   dépositions précédentes, vous aurez l'occasion de les revoir et vous aurez

  7   l'occasion d'apporter les commentaires supplémentaires. Je veux tout

  8   simplement vous expliquer quel était mon objectif en vous présentant ces

  9   documents. Mais bien sûr, vous avez toujours la possibilité de répondre aux

 10   thèses que j'avance.

 11   R.  Je vais profiter maintenant de l'autorisation donnée par M. le

 12   Président.

 13   Tout d'abord, dans la déclaration que j'ai faite en avril 2000 pour les

 14   besoins de votre enquêteur à Banja Luka - et cela a été fait dans le cadre

 15   des circonstances très irrégulières, et ce, jusqu'au moment où j'ai déposé

 16   en 2001 devant ce Tribunal, ainsi que compte tenu de ma déposition de la

 17   semaine dernière - comment peut-on dire que mes soldats et mes équipements,

 18   nous n'avons pas quitté Pribicevac le 11, et que je n'avais pas vu ce que

 19   j'avais vu et que je n'étais pas présent à la réunion le soir au

 20   commandement de la Brigade de Bratunac, ce jour-là le 11. Je me souviens

 21   très bien de tout cela.

 22   Je me souviens très bien de mon départ du poste de commandement

 23   avancé le 11, parce qu'à partir de ce moment-là ce poste de commandement

 24   avancé a cessé d'exister et le centre de communication a cessé d'exister à

 25   partir de ce moment-là. Ensuite il y a eu une réunion tenue avec le général

 26   Mladic le soir du 11, dans la caserne de la Brigade de Bratunac, exactement

 27   comme je l'avais déjà dit, et je ne comprends pas comment maintenant, après

 28   tant d'années, quelqu'un peu toujours maintenir que cela n'était pas le

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  1   cas.

  2   S'agissant du passage des pouvoirs entre le général Krstic et le

  3   général Zivanovic, le 12, je me suis rendu à Zepa. Il est vrai que le 13,

  4   il y a eu des rencontres lorsque le général Mladic a transmis à un certain

  5   nombre de personnes l'information selon laquelle le général Krstic allait

  6   être le nouveau commandant du corps et le colonel Andric, le chef d'état-

  7   major.

  8   A ce moment-là, j'étais déjà à Zepa et je ne disposais pas de ces

  9   informations. J'ai appris tout cela de quelqu'un d'autre. Quelqu'un me

 10   l'avait raconté. Pour moi, en tant que soldat -- et vous savez, je n'ai pas

 11   eu l'occasion de voir les documents et les documents que j'ai eu l'occasion

 12   de voir ces jours-ci ici, dans lesquels les unités étaient informées de ce

 13   passage de pouvoirs.

 14   Pour moi, en tant que soldat, je ne comprends pas comment le 13, au

 15   moment où le Corps de la Drina se trouvait en train d'exécuter des

 16   opérations les plus complexes depuis sa création, comment pouvait-on

 17   remplacer le commandant du corps, et ceci, non pas en tant que punition ou

 18   en tant que promotion, parce qu'à ce moment-là il y avait de grands combats

 19   engagés avec une colonne ennemie qui essayait de quitter Srebrenica. Il

 20   était tout à fait logique pour le commandant du corps de se réunir à

 21   Vlasenica avec d'autres personnes pour coopérer, coordonner ces opérations

 22   très difficiles. Mais il était très peu logique que le commandant du corps,

 23   le général Krstic et son chef d'état-major, le colonel Andric, se trouvent

 24   à ce moment-là à Zepa, plus tard.

 25   Et même ici, dans cette affaire, j'ai eu l'occasion de voir un

 26   certain nombre de documents qui indiquent clairement qu'il y a un passage

 27   de pouvoirs à ce moment-là, mais je pensais que dans l'armée il existe un

 28   règlement qui dit que lorsqu'un décret émane du président portant sur le

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  1   passage de pouvoirs au sein d'un corps d'armée, dans ce cas-là, le chef

  2   d'état-major principal doit donner un ordre et limiter une période de sept

  3   jours pour que le passage de pouvoirs puisse être réalisé, ensuite il doit

  4   faire un procès-verbal portant sur ce passage de pouvoirs et sur la base de

  5   ce procès-verbal, on procède par la suite. Parce qu'à partir de ladite

  6   date, le nouveau commandant assume les nouvelles fonctions et il a un

  7   salaire plus important.

  8   Voilà. Merci, Monsieur le Président, c'est ce que je voulais dire.

  9   Q.  Colonel, i y a encore quelque chose que je voudrais soulever. Vous

 10   voudrez probablement l'expliquer davantage. La thèse de l'Accusation est

 11   que vous ne pouviez pas librement traverser Potocari pour vous rendre à

 12   Srebrenica le soir du 11 juillet, parce que vous deviez passer par la

 13   caserne hollandaise et passer à côté des milliers de Musulmans qui, à ce

 14   moment-là, étaient très agités comme c'était le cas le lendemain lorsque

 15   les Serbes sont arrivés. Donc ça, c'est encore quelque chose qui fait

 16   partie de la thèse de l'Accusation et là nous avons une information qui est

 17   différente par rapport à ce que vous avancez ?

 18   R.  Le 10 et le 11 se sont arrêtées toutes les obligations et toutes les

 19   barricades émises par la FORPRONU. J'ai traversé Potocari ce jour-là, je

 20   vous ai présenté quelle était la situation, je l'ai déjà décrite la semaine

 21   dernière.

 22   J'ai vu qu'il y avait plusieurs milliers de civils le long de la

 23   route, que les membres de la FORPRONU étaient parmi les civils, mais en

 24   majorité les soldats de la FORPRONU étaient dans leur base. Je ne vais me

 25   répéter maintenant mais je maintiens absolument tout ce que j'ai déjà

 26   avancé à ce sujet.

 27   Q.  Très bien. Alors passons en revue certains documents concernant

 28   ces questions. Vous entendrez mes questions et vous pourrez y répondre. Je

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  1   tenterai d'être succinct et si vous pouvez en faire de même, je pense que

  2   les choses seront plus claires pour tout le monde.

  3   Pouvez-vous me dire - il me semble que vous avez quelque peu modifié

  4   votre déposition - à quelle heure pensez-vous avoir quitté Pribicevac avec

  5   ce véhicule de transmission ?

  6   R.  Je ne sais pas ce que vous entendez par une modification mineure

  7   de mon témoignage. Vous devriez me l'expliquer, je crois. Je ne voudrais

  8   pas vous prêter une intention.

  9   En ce qui concerne le centre de communication à Pribicevac, j'ai tout

 10   rangé avant la tombée de la nuit, vers 19 heures, et je suis parti en

 11   direction de Bratunac, comme je l'ai dit à votre enquêteur, il y a huit

 12   ans, à Banja Luka. Il a tenté de me convaincre pendant une heure que cela

 13   n'avait pas été le cas.

 14   Q.  Pour être tout à fait clair, à quelle heure est-ce que vous avez

 15   quitté Pribicevac en voiture. Si j'ai bien compris, vous avez tout rangé,

 16   tout rassemblé à 19 heures, mais vers quelle heure à peu près êtes-vous

 17   effectivement parti de manière approximative, en tout cas ?

 18   R.  Aux alentours de cette heure-là, je ne peux pas être tout à fait

 19   précis mais je sais que j'ai traversé Potocari alors que la nuit tombait,

 20   c'était au moment du crépuscule, donc vers 8 heures 30, 8 heures 45 ou 9

 21   heures du soir. Il m'a fallu à peu près une heure pour aller de Pribicevac

 22   à Potocari. Donc si je fais le calcul, j'ai dû partir vers 8 heures 15, 8

 23   heures 30, dans ces eaux-là.

 24   Q.  Combien de véhicules vous ont accompagné ?

 25   R.  Il n'y avait que mon véhicule.

 26   Q.  Pouvez-vous nous décrire votre véhicule ?

 27   R.  Le véhicule que nous avons utilisé est un TAM 110, de l'usine

 28   d'automobiles Marljiboro [phon]. Il s'agit en fait d'un camion dans lequel

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  1   il y avait un conteneur, et dans ce conteneur nous avions tout le matériel

  2   indispensable aux transmissions et deux ou trois de mes hommes se

  3   trouvaient dans cet habitacle au fond. Je me trouvais devant à côté du

  4   chauffeur, et près de moi il n'y avait pas de siège, il n'y avait que le

  5   capot. Mon sergent était assis entre moi-même et le chauffeur, je me

  6   souviens des noms du chauffeur, du sergent. Nous avons utilisé ce véhicule

  7   pour quitter Pribicevac une fois que nous avons rangé tout le matériel et

  8   toutes les antennes dans le véhicule.

  9   Q.  Combien d'hommes de votre unité vous accompagnait ce jour-là, à

 10   Pribicevac ?

 11   R.  Il s'agissait d'une petite unité de transmissions qui réunissait entre

 12   quatre et six hommes.

 13   Q.  Pouvez-vous me citer les noms des hommes dans la mesure où vous vous en

 14   souvenez ?

 15   R.  Momir Bakmas[phon], mon sergent qui est tout toujours membre des forces

 16   armées de la Bosnie-Herzégovine; Veljko Vukosaljevic [phon], le chauffeur;

 17   Mirko Pakalovic [phon] du village de Sekotin [phon] à Vlasenica; Oliver

 18   Sekulic de Sokolac était chargé du codage. Outre ces quatre hommes, je

 19   crois qu'il y avait encore deux autres soldats de mon bataillon chargé des

 20   transmissions. Je ne me souviens plus de leurs noms, mais ces quatre-là

 21   m'accompagnaient presque toujours et partout, raison pour laquelle je m'en

 22   souviens très bien.

 23   Q.  Est-ce que toutes les personnes que vous venez de citer sont parties

 24   avec vous dans la soirée du 11 ou est-ce que certains sont restés sur place

 25   ?

 26   R.  Personne n'est resté à Pribicevac.

 27   Q.  Donc ils ont tous pu trouver une place dans ce grand véhicule où il y

 28   avait également le conteneur ou bien est-ce qu'ils avaient un autre

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  1   véhicule ?

  2   R.  Nous n'avions pas d'autre véhicule, nous avons tous utilisé ce

  3   véhicule-là. Il y a une seule chose dont je me souviens très bien, je

  4   crois, que l'un d'entre eux ou deux d'entre eux étaient originaires de

  5   Bratunac. Je ne sais plus s'ils y sont restés ce soir-là pour rendre visite

  6   à leurs parents, mais nous avons tous utilisé ce véhicule. Il s'agit du

  7   seul véhicule que nous avons utilisé dans le cadre de l'opération à

  8   Srebrenica.

  9   Q.  Est-ce que vous avez laissé un télescripteur ou tout autre type de

 10   matériel sur place afin de pouvoir encore recevoir des messages ?

 11   R.  Non, non. A Pribicevac, il y avait depuis 1994 un télescripteur dont

 12   disposait le colonel Vukota ainsi qu'un dispositif de codage ou de

 13   chiffrement, mais nous qui venions de Vlasenica, nous avons rangé tout ce

 14   que nous avions emmené avec nous et nous avons quitté le poste de

 15   commandement avancé le 11.

 16   Q.  Et êtes-vous certain que M. Sekulic vous a accompagné ?

 17   R.  Oui, oui.

 18   Q.  Et à peu près à quelle heure est-ce que vous êtes arrivé à la Brigade

 19   de Bratunac ?

 20   R.  J'y suis arrivé alors qu'il faisait déjà nuit, donc sans doute après 9

 21   heures du soir, entre 9 heures et 9 heures 30, peut-être 9 heures 15.

 22   Q.  A quelle heure avez-vous vu pour la première fois le général Krstic ou

 23   le général Mladic ?

 24   R.  J'ai vu le général Krstic avant le début de la réunion. J'ai d'abord vu

 25   l'homme qui était responsable des transmissions, qui était dans une jeep et

 26   qui accompagnait le général Krstic partout, et il transportait le matériel

 27   de transmission mobile du général Krstic qui l'utilisait pour communiquer

 28   avec les unités qui participaient à l'opération de Krivaja. Je lui ai

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  1   demandé s'il s'était heurté à des problèmes, si le général Krstic avait

  2   posé des questions me concernant, et ainsi de suite, mais comme il n'y

  3   avait pas eu de problèmes, j'ai dû rencontrer le général Krstic vers 21

  4   heures 30 ou 22 heures à peu près, simplement pour lui dire que j'avais

  5   rangé tout le matériel de transmission et que moi-même et mes hommes

  6   responsables des transmissions, nous nous trouvions dans la caserne de

  7   Bratunac.

  8   Q.  Et quand avez-vous vu Mladic pour la première fois lorsque vous êtes

  9   arrivé à Bratunac ?

 10   R.  J'ai vu le général Mladic pour la première fois lorsque la réunion a

 11   commencé au sein du commandement de la brigade.

 12   Q.  Vers quelle heure ?

 13   R.  D'après mon estimation, la réunion a débuté aux alentours de 22 heures.

 14   Q.  Monsieur, d'après la thèse de l'Accusation, le 11 juillet, la VRS

 15   n'était pas certaine de l'endroit où se trouvait la 28e Division musulmane

 16   qui se dirigeait peut-être en masse vers Zepa, ou se dirigeait peut-être

 17   vers Tuzla, ou encore se trouvait peut-être dans les collines. Alors une

 18   dernière question pour vous, Monsieur. Comment cela se fait-il qu'étant

 19   donné cette toile de fond, vous avez pu emmener toutes les personnes

 20   responsables des transmissions ainsi que le véhicule, les rassembler et les

 21   emmener sans avoir reçu des ordres à cet effet, comme vous l'avez dit dans

 22   votre déposition ?

 23   R.  Nous avions des informations d'après lesquelles le 10 juillet déjà,

 24   suite à notre contre-offensive et après que nous ayons repris le contrôle

 25   des hauteurs de Zivkovo Brdo, toute résistance organisée de l'ennemi avait

 26   pris fin. Et le 11 après le bombardement, nous avions des informations

 27   précises d'après lesquelles la 28e Division se regroupait dans le secteur

 28   nord-ouest de l'enclave, c'est-à-dire le secteur entre Srebrenica en

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  1   Konjevic Polje et Kasaba, et nous avions également des informations d'après

  2   lesquelles un petit groupe avait l'intention d'effectuer une percée en

  3   direction de Zepa. Il s'agissait des informations dont nous disposions de

  4   la part des renseignements qui écoutaient les transmissions de la 28e

  5   Division, parce qu'au poste de commandement avancé de Pribicevac, nous

  6   avions une unité de la 4e Section de reconnaissance radio du Corps de la

  7   Drina, qui écoutait les communications de la 28e Division.

  8   Lorsqu'il s'agit de transmissions, on peut toujours évaluer

  9   l'emplacement des unités jusqu'où ils sont arrivés, les avancées effectuées

 10   par les forces. Les postes de commandement progressent par grands bonds

 11   pour ainsi dire.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous devons en rester là pour ne pas

 13   provoquer un retard du procès suivant. Donc vous pourrez ajouter tout ce

 14   que vous souhaiteriez demain lorsque nous reprendrons.

 15   Merci.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur McCloskey.

 17   Nous reprendrons donc demain matin à 9 heures.

 18   --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le mardi 16

 19   décembre 2008, à 9 heures 00.

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