Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 27 octobre 2006

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  6   l'affaire, s'il vous plaît.

  7   M. LE GREFFIER : Bonjour, Monsieur le Président. Affaire

  8   IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. La Chambre va rendre quatre décisions orales,

 10   trois en audience publique, une à huis clos, et ensuite je m'adresserai à

 11   l'accusé Praljak.

 12   Première décision : décision orale portant sur l'admission de pièces

 13   relatives au témoignage du Témoin BX, comparution du 25 octobre 2006. La

 14   Chambre va se prononcer ce jour sur l'admissibilité des pièces relatives au

 15   témoignage de BX, en date du 25 octobre 2006. La Chambre décide d'admettre

 16   les éléments de preuve suivant présentés par l'Accusation aux motifs qu'ils

 17   présentent une certaine valeur probante et une certaine pertinence : P

 18   09710 sous pli scellé.

 19   P 01371. Par ailleurs, la Chambre décide d'admettre l'élément de preuve

 20   portant le numéro 3D 00474 présenté par la Défense de

 21   M. Praljak, aux motifs qu'ils présentent une certaine valeur probante et

 22   une certaine pertinence.

 23   Décision orale numéro 2 : décision portant sur l'admission des pièces

 24   relatives au Témoin BV. La Chambre va se prononce ce jour sur l'admission

 25   de pièce relatives au Témoin BV qui a comparu à l'audience les 18 et 19

 26   octobre 2006. La Chambre décide d'admette les éléments de preuve suivants

 27   présentés par l'Accusation aux motifs qu'ils présentent une certaine valeur

 28   probante et une certaine pertinence : P 01326, P 01371, P 01413, P 01636, P


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  1   09146, P 09724 sous pli scellé. Par ailleurs, la Chambre décide d'admettre

  2   les éléments de preuve suivants présentés par la Défense aux motifs qu'ils

  3   présentent une certaine valeur probante et une certaine pertinence : 3D

  4   00467 sous pli scellé.

  5   En revanche, la Chambre décide de ne pas admettre la pièce présentée par la

  6   Défense de M. Praljak, dont la cote n'a toujours pas été communiquée à la

  7   Chambre aux motifs qu'elle n'a pas été enregistrée dans la base de données

  8   Ringtail.

  9   Décision orale numéro 3 : décision orale relative à la requête conjointe de

 10   la Défense visant à obtenir que l'Accusation complète le tableau du 4

 11   septembre requis par l'ordonnance du 3 novembre 2005. Par la requête du 2

 12   octobre 2006, la Défense a sollicité la Chambre afin qu'elle ordonne à

 13   l'Accusation de compléter le tableau des témoins et des pièces déposées le

 14   4 septembre 2006, conformément au prescription de l'ordonnance du 30

 15   novembre 2005. Par la réponse en date du 13 octobre 2006, l'Accusation a

 16   donné diverses raisons pour justifier le fait que certaines informations

 17   étaient manquantes.

 18   Durant la phase de mise en état, après que les exceptions préjudicielles

 19   aient été tranchées, le Juge de la mise en état a demandé à l'Accusation de

 20   présenter les listes 65 ter des témoins et pièces à conviction sous forme

 21   de tableau. Par le biais de ce tableau, il n'était pas question de

 22   compléter les informations de l'acte d'accusation car cette question avait

 23   déjà été tranchée. Il s'agissait de faire le lien entre les témoins et les

 24   pièces à conviction et les informations précises relatives aux faits et à

 25   la responsabilité des accusés figurant dans l'acte d'accusation amendé.

 26   La Chambre a pris connaissance du tableau du 4 septembre 2006, et tient à

 27   noter l'effort accompli par l'Accusation qui a pris soin de mentionner la

 28   majeure partie des informations exigées. Certes, le tableau aurait pu être


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  1   plus complet, en y faisant figurer notamment les dates ainsi que les

  2   auteurs ou groupes d'auteurs des événements mentionnés dans l'acte

  3   d'accusation. Cependant, à ce stade de la procédure, la Chambre estime

  4   qu'il n'est pas nécessaire que l'Accusation fournisse de plus amples

  5   informations au moyen du tableau, en raison principalement de la prise en

  6   compte de sa charge de travail.

  7   La Chambre invite toutefois l'Accusation, au cours de la présentation à

  8   l'audience de ses moyens de preuve à mettre en relief certains aspects de

  9   l'acte d'accusation. Par exemple, lorsque les témoins sont appelés à

 10   témoigner sur le Chef 1 de l'acte d'accusation, crime de persécution,

 11   l'Accusation se doit de mettre en exergue par ces témoins et ou aux moyens

 12   des pièces qui seront versées les auteurs ou groupes d'auteurs

 13   identifiables ainsi que la date précise des événements. Par conséquent, la

 14   Chambre rejette la requête conjointe de la Défense et invite l'Accusation à

 15   une certain diligence dans la présentation de ses moyens de preuve en

 16   identifiant au mieux les faits allégués dans l'acte d'accusation.

 17   Juste deux mots concernant cette décision. La Chambre invite donc

 18   l'Accusation, lorsque les témoins viennent, par ces questions, mais si

 19   l'Accusation ne le fait pas, les Juges seront obligés de le faire, à faire

 20   préciser par le témoin quels sont les auteurs des faits, dans la mesure du

 21   possible et de bien préciser les dates. Donc, c'est à vous de le faire. Si

 22   vous ne le faites pas, nous le ferons.

 23   Décision numéro 4, mais nous allons passer maintenant à huis clos partiel.

 24   M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.

 25   [Audience à huis clos partiel]

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 14   [Audience publique]

 15   M. BOS : [interprétation]

 16   Q.  Madame le Témoin, y a-t-il eu un moment, en janvier 1993, où le village

 17   de Dusa a été attaqué par des obus ?

 18   R.  Oui. Il y avait un pilonnage.

 19   Q.  Vous souvenez-vous des dates de ce pilonnage ?

 20   R.  Non. Je ne me souviens pas des dates.

 21   Q.  Savez-vous qui tirait sur le village ?

 22   R.  Bien oui. Le HVO.

 23   Q.  Comment saviez-vous qu'il s'agissait du HVO ?

 24   R.  On le savait. On était déjà dans les caves et il y avait des gardes.

 25   Cela n'aurait pas pu être quelqu'un d'autre.

 26   L'INTERPRÈTE : Peut-on demander au témoin de parler un peu plus fort ou de

 27   se rapprocher du micro, s'il vous plaît ?

 28   M. BOS : [interprétation]


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  1   Q.  Madame le Témoin, il faudrait vous rapprocher du micro et demander que

  2   le deuxième micro soit allumé, parce que les interprètes ont des problèmes

  3   pour vous entendre.

  4   Est-ce que cette attaque vous a surpris, vous et les autres villageois ?

  5   R.  Oui, parce que nous ne pensions pas qu'ils nous attaqueraient là où il

  6   y avait des gardes conjoints. Donc, on ne croyait pas à un conflit entre

  7   les Croates et les Musulmans.

  8   Q.  Vous avez dit, avant cela, que vous saviez que c'était le HVO, parce

  9   que nous étions déjà dans les caves et qu'il y avait des gardes qui avaient

 10   été organisées. Est-ce que cela veut dire qu'avant cela, il y avait déjà

 11   des indices que quelque chose se produirait ?

 12   R.  Oui. Il y a eu ce premier affrontement en juin 1992, le premier

 13   affrontement avec les Croates. Ensuite, les voix se sont séparées. Il n'y

 14   avait plus ces gardes conjointes. L'armija avait ses propres gardes et les

 15   Croates avaient aussi leurs propres gardes. Donc, c'était le premier

 16   affrontement en 1992, une attaque qui a duré pendant une heure et demie.

 17   Q.  Mais je voulais parler de janvier 1993. Vous avez dit que votre village

 18   a été pilonné, mais que déjà, quelques jours auparavant, il y avait des

 19   indices qui vous faisaient penser que quelque chose allait arriver. Je

 20   voulais que vous expliquiez un peu plus ce qui s'est passé pendant ces

 21   jours-là. Donc, juste avant les tirs d'obus.

 22   Je vais poser une question simple. Quand cela est-il apparu évident à vous

 23   et aux autres villageois, que quelque chose allait se produire en janvier

 24   1993 ?

 25   R.  L'armée le savait, mais ne voulait pas en parler. Elle ne voulait pas

 26   donner des détails. Ils ne voulaient pas nous effrayer et ils ne voulaient

 27   pas nous dire que quelque chose allait arriver en 1993.

 28   Q.  Lorsque vous dites "l'armée", de quelle armée parlez-vous ?R.  L'armée


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  1   qui s'était organisée à Dusa. Les gardes qui étaient là et qui observaient

  2   ce qu'ils faisaient de l'autre côté. Ils disaient que le HVO creusait,

  3   qu'ils amenaient de l'armement lourd et qu'ils avaient remarqué qu'il y

  4   aurait un conflit entre l'armija et le HVO.

  5   Q.  Si on parle de l'armée qui s'est organisée à Dusa, c'était qui ces

  6   hommes ? C'était des villageois ou des personnes qui venaient d'en dehors

  7   du village de Dusa ?

  8   R.  Non. C'était les villageois. C'était un petit village. Il n'y avait pas

  9   plus de 20 hommes lorsqu'il y avait plusieurs personnes âgées qui se

 10   trouvaient dans un secteur de Dusa, qui relie Uzricje à Dusa.

 11   Q.  Avaient-ils des armes ?

 12   R.  Des fusils uniquement, mais pas d'armement lourd. Il n'y avait même pas

 13   beaucoup de munitions. Ils avaient ces fusils et quelques balles, c'est

 14   tout.

 15   Q.  Vous dites que les villageois de Dusa disaient qu'ils avaient observé

 16   que le HVO était en train de creuser et qu'ils amenaient de l'armement

 17   lourd. Est-ce que, personnellement, vous avez vu cela ? Vous avez vu que le

 18   HVO amenait de l'armement lourd et qu'ils se préparaient à attaquer ?

 19   R.  Personnellement, je ne l'ai pas vu. Lorsque des groupes arrivaient, on

 20   parlait de ces choses-là, mais je ne l'ai pas vu; en tant que femme, je

 21   n'ai pas vu cela. Il y avait des troupes qui étaient là, des soldats qui

 22   étaient là et ils parlaient de ces choses-là, et il y en avait qui avait vu

 23   ce qui se passait et ils ont vu qu'on emmenait ces femmes et nous étions

 24   encerclées nous ne pouvions pas sortir.

 25   Q.  Vous dites que vous étiez encerclées --

 26   M. KARNAVAS : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Cette

 27   question telle qu'elle est posée suppose un fait qu'il n'est pas un élément

 28   de preuve.


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  1   M. BOS : [interprétation] Bien, il a dit elle-même --

  2   M. KARNAVAS : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur, laissez-moi faire mon

  3   point.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Ce n'est pas le rythme. Comme je l'ai dit tout à

  5   l'heure, ce que nous voulons savoir, qui a fait quoi, qui était là, et

  6   cetera. Ce sont -- c'est ce qui aura dans le jugement. On perd du temps.

  7   Alors, qu'il faut aller à l'essentiel.

  8   L'essentiel pour nous est de savoir si elle vient de dire qu'il y avait de

  9   l'armement lourd. Le Procureur lui a demandé vous l'avez vu. Elle a dit

 10   non. Bon. Donc, c'est le ouï-dire. Maintenant, il faut avancer.

 11   Si, pour des raisons procédurales, vous cassez le rythme, je vais être

 12   obligé de reprendre en mon compte la question, et quand vous aurez vos

 13   propres témoins, ce sera exactement pareil.

 14   M. KARNAVAS : [interprétation] Ce n'est pas une question de procédure.

 15   Monsieur le Président, ce n'est pas une question de procédure. Il est en

 16   train de paraphraser ce qu'il pense que le témoin a déclaré. Je n'essaie

 17   ici nullement d'interrompre -- de casser le rythme. Elle a dit qu'elle ne

 18   l'a pas observé. Je pense qu'il faut procéder par ordre et qu'il ne faut

 19   pas partir du principe de quelque chose qui n'a pas été dit par le témoin.

 20   Voilà c'est l'objection que j'ai à soulever ici.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Là, sur ce point, vous avez raison.

 22   Bien. Alors, Monsieur Bos, allez-y par des questions courtes pour aller de

 23   l'avant.

 24   M. BOS : [interprétation]

 25   Q.  Madame le Témoin, vous-même et les autres civils comment avez-vous

 26   réagi à ce qui se passait à ce moment-là dans la région ? Vous avez dit que

 27   les hommes préparaient la défense. Vous, qu'est-ce que vous avez fait ?

 28   R.  Nous, on était dans la cave, au sous-sol. On avait peur. On pensait


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  1   qu'il n'y avait pas de solutions parce que la défense n'était pas

  2   suffisante pour qu'on puisse vraiment défendre. On attendait de voir ce qui

  3   allait se passer. On attendait de voir.

  4   Q.  Vous dites que vous vous trouviez à la cave, au sous-sol. Quand vous

  5   dites "vous", est-ce que vous parliez de vous-même ou des autres

  6   civils dans ce sous-sol ?

  7   R.  Tous les civils se trouvaient là assis là dans le sous-sol. Ceux qui

  8   avaient du bétail sortaient le soir pour nourrir le bétail et ils

  9   revenaient pour dormir au sous-sol. Comme je l'ai dit, on attendait de voir

 10   ce qui allait se passer et c'est le pire qui a eu lieu.

 11   Q.  Vous parlez de "tous les civils", est-ce que vous pouvez nous dire à

 12   peu près de combien de personnes il s'agissait ?

 13   R.  Environ 65. Je n'ai pas compté, il y en avait peut-être même plus. Il y

 14   en avait qui était dans d'autres maisons aussi, si bien qu'il y en avait

 15   peut-être encore plus même.

 16   Q.  Vous dites : "Nous attendions de voir ce qui allait se passer, et le

 17   pire s'est passé." J'aimerais que nous parlions de cela. Que s'est-il passé

 18   le jour du pilonnage ? Peut-être pouvez-vous nous relater ce qui s'est

 19   passé depuis le début ? Qu'avez-vous vécu ce jour-là ?

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Bosnie, Me Karnavas aurait pu intervenir;

 21   bon, il ne le fait pas, mais j'interviens à sa place. Elle a dit : "Nous

 22   attendions le pire." Vous lui dites : "Le pilonnage ?" Il fallait lui

 23   demander : "C'est quoi le pire ?" Elle aurait dit : "C'est le pilonnage."

 24   Vous voyez.

 25   Alors, cette question sera abordée après la pause. Il est 10 heures 35.

 26   Nous allons faire une pause de 20 minutes et nous reprendrons aux environs

 27   de 11 heures moins cinq.

 28   Pendant ce temps-là, Madame, vous allez prendre une feuille de papier puis


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  1   vous allez dessiner votre maison qui existait à l'époque en marquant dans

  2   la mesure du possible la cave, premier étage, deuxième étage.

  3   Voilà. Nous reprenons à 11 heures moins cinq.

  4   --- L'audience est suspendue à 10 heures 34.

  5   --- L'audience est reprise à 10 heures 55.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, Monsieur Bos, je vous demande

  7   d'accélérer parce qu'on va être pris par le temps.

  8   M. BOS : [interprétation]

  9   Q.  Madame le Témoin, on vous a demandé de dessiner votre maison. Je vois

 10   que vous avez dessiné un croquis. Est-ce que vous pourriez le mettre sur le

 11   rétroprojecteur afin que tout le monde puisse voir ce croquis. Pouvez-vous

 12   nous donner des explications parce qu'il y a des mots qui sont écrits ici

 13   en langue B/C/S. Qu'est-ce que cela veut dire "podrum" ?

 14   R.  Le mot "podrum" cela désigne le sous-sol, la cave. C'est là où on

 15   s'était réfugié. Au-dessus, il y a le premier étage; ensuite le balcon qui

 16   court tout le long de la façade de la maison, le balcon et la terrasse.

 17   Q.  Ce qu'on voit ici c'est une vue de l'avant de la maison ? C'est bien

 18   cela ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  J'aimerais maintenant passer à un autre sujet.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Marquez vos initiales.

 22   Vous demandez l'admission, Monsieur Bos, de ce document ?

 23   M. BOS : [interprétation] Oui. Oui, j'aimerais que l'on puisse donner un

 24   numéro IC au document, ce serait le numéro IC 67, si je ne me trompe.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : 67 --

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agira de

 27   la pièce IC 67, sous pli scellé.

 28   M. BOS : [interprétation]


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  1   Q.  Vous pouvez, dans le coin droit de ce croquis, mettre la date

  2   d'aujourd'hui et vos initiales, Madame; 27 octobre, et juste vos initiales.

  3   M. BOS : [interprétation] J'aimerais que le document soit versé sous pli

  4   scellé, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Cela a été fait -- était fait.

  6   M. BOS : [interprétation]

  7   Q.  Avant la pause, vous avez dit que le pire était arrivé. Où vous

  8   trouviez-vous au moment ou le pire s'est produit ?

  9   R.  Au sous-sol. Dans la cave.

 10   Q.  Qui se trouvait avec vous ?

 11   R.  Tous les autres civils étaient là.

 12   Q.  A votre façon, pouvez-vous nous expliquer ce qui s'est passé ce jour-

 13   là ?

 14   R.  La nuit a été très calme et au matin, la situation était identique.

 15   C'était calme, on n'entendait aucun tir. Les gens, malgré tout, avaient

 16   peur, justement à cause de ce calme, à cause de ce silence.

 17   On a discuté. On se demandait si quelque chose était en préparation.

 18   Personne ne nous a rien dit sur ce qui se passait. On ne pouvait pas -- Ils

 19   ne pouvaient pas quitter les lignes pour nous dire comment se présentait la

 20   situation.

 21   Au matin, je suis allé à l'étage pour chercher quelque chose. Tout à

 22   fait par hasard, j'ai regardé par la fenêtre à partir du balcon. J'ai

 23   regardé de l'autre côté de la route et j'ai vu deux chars qui avaient pris

 24   position. Immédiatement, je suis redescendue à la cave. J'avais peur. Je

 25   leur ai dit ce que je venais de voir et je n'ai plus quitté la cave, parce

 26   que j'avais peur, donc, je n'ai plus quitté la cave.

 27   Q.  Ensuite, que s'est-il passé ? Veuillez poursuivre le récit des

 28   événements.


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  1   R.  Ensuite, je -- malheureusement, j'ai oublié l'heure exacte. Tout était

  2   tellement calme avant que cela n'arrive, donc, je ne sais pas exactement à

  3   quel moment les obus ont commencé à pleuvoir. On a commencé à les compter,

  4   un, deux, trois, quatre. Puis, il y en a un qui a touché le sous-sol. Là,

  5   c'est le chaos qui s'est installé. Il y avait des gens qui étaient blessés,

  6   et les civils qui n'étaient pas blessés --

  7   Q.  Je vais vous interrompre, Madame. Vous dites qu'un obus a touché la

  8   cave. Que s'est-il passé ? Que vous est-il arrivé à vous à ce moment-là, au

  9   moment où cet obus est tombé ?

 10   R.  J'ai été blessé. Ensuite, je ne me souviens pas de ce qui s'est passé

 11   parce que, quand j'ai repris connaissance, je sais que la cave était pleine

 12   de gens, mais je ne sais pas où étaient les civils, ce qui est arrivé aux

 13   autres. Il y avait un homme qui était en pleurs parce que sa femme avait

 14   été tuée. Il avait sa fille avec lui.

 15   Q.  Je vous interromps une fois encore. Vous nous dites que vous avez été

 16   blessé. Pouvez-vous expliquer aux Juges de la Chambre quelle était la

 17   nature de vos blessures ?

 18   R.  J'ai été blessée à la tête et à la mâchoire. J'ai eu deux dents

 19   cassées, et cetera, et cetera.

 20   Q.  Prenez votre temps, Madame. Peut-être qu'une petite gorgée d'eau vous

 21   fera du bien.

 22   Vous dites avoir vu un homme en pleurs. Est-ce que vous connaissez le nom

 23   de cet homme ?

 24   R.  Oui. Abid Behlo. Il pleurait. Il portait sa femme et sa fille. J'ai

 25   essayé de me lever pour voir si c'était mes enfants, mais il m'a dit :

 26   "Non. C'est ma femme et ma fille."

 27   Ensuite, je suis allée dans l'autre coin de la cave, et là, il y avait une

 28   jeune fille qui était dans un état très grave et qui était étendue. Son


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  1   père, Ceho Salih, avait lui aussi été très grièvement blessé. Il demandait

  2   qu'on leur donne à boire de l'eau. Sa fille demandait de l'eau. Elle

  3   voulait que je lui donne un peu d'eau. Ensuite, quand les soldats -- quand

  4   nos soldats ont entendu les hurlements, ils sont partis des lignes. Ils

  5   sont venus nous aider, nous, les civils.

  6   Q.  Je vais vous interrompre et revenir un petit peu en arrière. Vous avez

  7   donné le nom de celui qui pleurait. Vous avez dit que c'était Abid Behlo.

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Vous dites qu'il portait sa femme et son enfant. Quel était le nom de

 10   sa femme et de son enfant ?

 11   R.  Sabaha et Mirsada. Son fils a été tué, Mirsad. Il se trouvait à une

 12   vingtaine de mètres de la maison.

 13   Q.  Abid Behlo et les autres que vous venez de citer, est-ce que c'était

 14   des habitants de Dusa ?

 15   R.  Non. Ils étaient de Paloc. Ils se trouvaient dans la partie croate et

 16   pendant la nuit, ils ont eu peur. Donc, ils sont venus se joindre à nous,

 17   dans la cave.

 18   Q.  Vous avez déclaré, je cite : "Nos soldats ont entendu les hurlements,

 19   donc ils sont partis des lignes et ils sont venus nous aider." Une question

 20   sur ce point. Au moment où les obus sont tombés sur les maisons, est-ce

 21   qu'il y avait dans la maison, à ce moment-là, des hommes, des soldats ?

 22   R.  Non. Il n'y avait pas un seul soldat. Seuls se trouvaient là les

 23   personnes âgées et les blessés. Si bien qu'il y avait peut-être quatre ou

 24   cinq hommes âgés, mais il n'y avait pas un seul soldat dans la maison.

 25   Q.  Que s'est-il produit au moment où ils ont quitté la ligne et ils sont

 26   venus vous apporter leur assistance ?

 27   R.  Ils sont venus pour nous sauver, pour voir qui avait été blessé, pour

 28   nous aider, parce que nous n'avions même pas de pansements, pour prodiguer


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  1   les premiers secours. Dans la maison, ils ont trouvé des draps blancs

  2   qu'ils ont déchirés et ils ont prodigué des soins aux blessés. Ils nous ont

  3   pansés. Ils sont restés un certain temps. Je ne sais pas exactement combien

  4   de temps. Suite à quoi, ils ont emmené les cadavres. Ils les ont mis au

  5   sous-sol.

  6   Q.  Vous venez de parler de cadavres. Connaissez-vous les personnes qui ont

  7   été tuées, ce jour-là ?

  8   R.  Oui, bien entendu. Je vous ai dit que Sabaha Behlo; sa fille, Mirsada;

  9   son fils, Mirsad; Fatka Gudic; Enisa Behlo, qui était enceinte de deux ou

 10   trois mois; Muamer Zulum, qui est mort. Il avait 14 ans, c'était un petit

 11   garçon de 14 ans. Salih Ceho, qui est mort à l'hôpital suite aux blessures

 12   qu'il avait reçu.

 13   Q.  Vous venez de nous donner un certain nombre de noms et je voudrais

 14   qu'on procède par ordre, nom par nom. Nous avons déjà parlé de certaines de

 15   ces personnes, certes, mais je vais vous donner les noms et j'aimerais que

 16   vous nous disiez dans quelles circonstances ces personnes ont trouvé la

 17   mort, d'après ce que vous savez, commençant par Sabaha Behlo.

 18   R.  Comment elle a perdu la vie ? J'avais perdu connaissance, donc, je ne

 19   sais pas vraiment ce qui s'est passé à ce moment-là. Je sais seulement

 20   qu'elle a été tuée par un obus.

 21   Q.  Est-ce qu'elle a été tuée alors qu'elle se trouvait à la cave, ou est-

 22   ce qu'elle a été tuée à l'extérieur ?

 23   R.  Elle a été tuée juste devant la cave. Mais Sabaha et Mirsada ont été

 24   tuées dans la cave, parce que quand les obus sont tombés, elle a été

 25   touchée. Muamer, Zulum et Fatka Gudic et les autres ont été tués au moment

 26   où ils ont commencé à courir vers la maison de Smailo, une maison neuve qui

 27   datait de 1992. C'est là que Sabaha a été tuée. Salih, Mirsad, Muamer,

 28   c'est quand ils étaient en train de courir, au moment où les obus


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  1   s'abattaient sur la maison.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Tout cela est un peu confus pour nous. Pouvez-vous

  3   bien nous faire la distinction entre ceux qui ont été tués alors qu'ils

  4   étaient dans la cave ? Donc, donnez-nous les noms de ceux qui étaient en

  5   même temps que vous, vous avez été blessée et vous avez perdu connaissance,

  6   puis, ceux qui sont morts à l'extérieur de la cave.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans la cave, les gens ont été seulement

  8   grièvement blessés, mais, quand Sabaha et sa fille sont parties en courant,

  9   elles ont été tuées au niveau de la porte -- à la porte parce qu'il y avait

 10   des obus qui étaient en train de tomber. Mais quand l'obus est tombé dans

 11   la cave elle-même, il y a des gens qui ont été grièvement blessés, et la

 12   panique s'est installée et les gens ont commencé à prendre la fuite, et

 13   Sabaha et sa fille, elles ont été tuées alors qu'elles sortaient parce qu'à

 14   ce moment-là, il y a un autre obus qui est tombé. Les autres, ils ont été

 15   tués avec la poursuite du pilonnage pendant que les obus continuaient à

 16   tomber sur la maison de Smailo.

 17   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Vous nous dites que les obus

 18   tombaient. Est-ce que vous aviez une idée d'où venaient ces obus ? Est-ce

 19   qu'ils tombaient du ciel verticalement, ou est-ce qu'ils arrivaient dans

 20   une -- selon une trajectoire horizontale ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois qu'ils venaient de Kupres et

 22   Mackovac. C'est la seule façon, c'est uniquement de cette direction que les

 23   obus pouvaient venir et toucher nos maisons.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Quand l'obus qui a éclaté et qui a entraîné votre

 25   perte de connaissance, l'obus, il est passé par le toit et il a transpercé

 26   les étages ? Ou c'est un obus qui est arrivé --

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : -- alors, expliquez-nous cela ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que j'avais tracé un cercle, un petit

  2   cercle sur la maison. Il a touché la maison, a traversé le mur, si bien

  3   qu'il y avait ensuite un trou, un grand trou dans le mur et il est entré

  4   dans la cave. L'obus visait la cave. Il n'est pas passé par le toit.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, merci pour cette précision qui est importante

  6   pour nous.

  7   M. LE JUGE MINDUA : Témoin BY, une question de clarification. Le cadre

  8   général que vous décrivez 1, vous avez dit que, lorsque vous avez été

  9   touchée, les hommes qui étaient à l'extérieur en train de protéger le

 10   village ont entendu des cris et ils sont revenus, ce qui signifie qu'ils

 11   n'étaient pas très loin.

 12   Alors, je veux faire appel à votre sens de responsabilité parce que vous

 13   savez la Chambre cherche la vérité. Est-ce que vous, vous pouvez dire qu'en

 14   fait, il y a un échange de tirs entre les hommes qui n'étaient pas très

 15   loin de la cave et les forces que vous avez vues à travers votre fenêtre

 16   autour du village ? Est-ce qu'on pourrait dire qu'il y avait un échange de

 17   tirs à un moment donné avant que la cave s'effondre ? 

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Je complète cette question qui pour nous revêt une

 19   importance particulière en vous demandant de nous dire les hommes, qui

 20   protégeaient, étaient à quelle distance de votre maison, à quelle

 21   distance ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'était pas très loin parce qu'ils ne

 23   pouvaient pas aller très loin, parce qu'on était encerclé de tous les

 24   côtés.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : La distance c'est dix mètres, 50 mètres, 100

 26   mètres ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] A combien de distance, je ne sais pas, dix

 28   mètres, 50 mètres, 100 mètres, peut-être 200 mètres, en tout cas pas plus


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  1   que cela, peut-être même 100 mètres. Malheureusement, je ne peux pas vous

  2   donner une réponse précise, mais en tout cas ce n'était pas loin. On

  3   pouvait sortir et on les voyait, si on avait été libre de se déplacer. 

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que les hommes qui protégeaient le village

  5   ont tiré sur ceux qui ont pilonné ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Comment faire quoi que ce soit avec un fusil ?

  7   On n'avait pas d'armes lourdes.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : -- voir si les hommes ont tiré, même avec un fusil.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je ne peux pas vous le dire. Moi, je

 10   n'étais pas là avec eux. On peut entendre siffler les balles, mais on ne

 11   sait pas d'où viennent les tirs. C'est seulement quand les obus sont tombés

 12   qu'on a su. Donc vraiment, je ne peux pas vous dire s'ils ont tiré ou pas.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous venez de dire, on entend siffler les balles,

 14   mais on ne sait pas d'où cela vient. Est-ce qu'avant que l'obus ait percé

 15   le mur, vous aviez entendu siffler des balles ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Non, c'est après, après quand on a quitté

 17   la cave. On entendait siffler les balles parce qu'on nous a dit de ne pas

 18   nous promener en ville pour éviter d'être blessé encore.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Après, mais pas avant que l'obus a touché la maison

 20   -- votre maison, pas avant. Là, vous n'aviez pas entendu siffler de balles.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, après.

 22   M. BOS : [interprétation]

 23   Q.  Madame, il y a un instant, vous avez dit que vous pensiez que les obus

 24   ils venaient de Kupres et Mackovac.

 25   M. BOS : [interprétation] J'aimerais qu'on présente au témoin

 26   --

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas dit Kupres. J'ai dit Mracaj --

 28   Mackovac. C'est différent.


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  1   M. BOS : [interprétation] J'aimerais qu'on présente au témoin la pièce

  2   9146, photographie numéro 6.

  3   Q.  Pouvez-nous dire d'où venaient selon vous les obus ? Pouvez-vous nous

  4   l'indiquer sur cette photographie et tracer la lettre X à l'endroit

  5   correspondant ?

  6   R.  [Le témoin s'exécute]

  7   M. BOS : [interprétation] Pendant que le témoin examine la photographie, je

  8   crois qu'il va falloir procéder à une expurgation, page 39, ligne 4. Je

  9   pense que le mot "votre" doit être expurgé.

 10   Q.  Bien. Je vois que vous avez indiqué, Madame le Témoin, l'endroit d'où -

 11   - selon vous venaient les obus, vous avez écrit la lettre X à cet endroit.

 12   Il y une dizaine de minutes vous avez également dit aux Juges de la Chambre

 13   que ce matin-là vous étiez sortie que vous aviez vu deux chars.

 14   Pouvez-vous indiquer sur cette photographie ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Pouvez-vous indiquer sur cette photographie l'endroit où vous avez vu

 17   ces deux chars ?

 18   R.  [Le témoin s'exécute]

 19   Q.  A l'endroit où vous avez inscrit le X est-ce que vous pourriez aussi

 20   écrire le mot char juste à côté ?

 21   R.  Vous voulez que j'écrive le mot "char" ?

 22   Q.  Oui, je vous prie, d'écrire le mot "char", en anglais "tank" -- en

 23   B/C/S.

 24   R.  [Le témoin s'exécute]

 25   M. BOS : [interprétation] Pourrait-on avoir un numéro ici pour cette

 26   pièce ?

 27   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Puisque nous avons encore la photo

 28   là j'aimerais savoir si l'endroit où on voit le X indiquant l'emplacement


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  1   des chars, il a une forêt à cet endroit. Est-ce que c'est exact de dire que

  2   les chars se trouvaient dans la forêt de l'autre côté de la vallée ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était une route et les chars étaient sur la

  4   route, mais en direction de nous, vers nous, il n'avait pas de forêt.

  5   C'était dégagé.

  6   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

  7   M. BOS : [interprétation]

  8   Q.  Témoin, simplement pour donner suite à cette question, cette route

  9   menait où exactement ? Elle allait vers où ?

 10   R.  La route mène vers Pidris, Prozor.

 11   Q.  Pourriez-vous indiquer vos initiales ainsi que la date d'aujourd'hui,

 12   le 27 octobre au coin de la photo ?

 13   M. BOS : [interprétation] Je demanderais que l'on attribue une cote numéro

 14   IC pour cette pièce.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, une cote.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Certainement, Monsieur le Président, il

 17   s'agira de la pièce IC 68.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Bos, vous avez parlé des photos, là, en

 19   feuilletant les photos, il semblerait que la 275 pourrait témoigner du fait

 20   qu'il y a cette fameuse route. Alors, je ne sais pas.

 21   M. BOS : [interprétation] Oui. Certainement, Monsieur le Président, si vous

 22   le souhaitez nous pourrions peut-être prendre la pièce 916 --

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : -- il faut que nous ayons le cœur net, savoir si le

 24   char était caché dans la forêt et à ce moment-là le témoin ne peut pas voir

 25   un char ou le char est sur la route et de sa fenêtre elle peut voir la

 26   route. Il y a une photo qui peut me semble-t-il lever cette question.

 27   M. BOS : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur le Président,

 28   Messieurs les Juges, je suis tout à fait d'accord avec vous, Monsieur le


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  1   Président. Je demanderais que l'on montre au témoin la pièce 9146. C'est

  2   une photo qui porte le numéro 12.

  3   M. BOS : [interprétation] C'est la page 11.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : A l'intention de la Défense de

  5   M. Praljak, je signale que sur la carte que M. Praljak nous a présenté on

  6   voit qu'il y a deux routes, enfin route ou chemin.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une route qui mène d'Uzricje vers Braci

  8   [phon] et Pidris, qui se trouve au-dessus du village.

  9   M. BOS : [interprétation] C'est peut-être le numéro 13 -- la photo 13.

 10   J'essaie de retrouver la photo, Monsieur le Président.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Sur le document que vous avez montré tout à l'heure,

 12   j'ai le numéro 275 écrit à la main.

 13   M. BOS : [interprétation] Oui, en fait, Monsieur le Président, j'ai une

 14   copie sur carte -- j'ai une copie sur papier.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Ce n'est pas -- mettez-le sur l'ELMO.

 16   M. BOS : [interprétation] Voilà, placez-le, je vous prie, Madame

 17   l'Huissière, sur le rétroprojecteur.

 18   Q.  Madame, vous nous avez dit qu'il y avait cette route qui mène vers

 19   Pidris sur laquelle vous avez vu le char ou les chars; est-ce que vous

 20   pourriez nous indiquer la route sur cette photographie, je vous prie ?

 21   Il n'est pas nécessaire de regarder la photographie à l'écran, Témoin, vous

 22   l'avez également sur le rétroprojecteur à côté de vous.

 23   C'est peut-être mieux si vous regardez la photo directement.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Regardez la photo sur votre droite qui est plus

 25   nette de ce que l'on voit à l'écran parce qu'à l'écran, on distingue mal le

 26   chemin mais sur la photo on le voit beaucoup mieux.

 27   M. BOS :

 28   Q.  Témoin, si je --


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Mettez votre doigt sur la route, là, pour que tout

  2   le monde voie. Vous avez passé votre doigt tout à l'heure. Remettez-le.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà où est Uzricje et ici en haut, il y a la

  4   route qui rejoint cette route-là et cette route va vers Mracaj et Pidris,

  5   et cetera.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Avec votre doigt, mettez où vous avez vu le char --

  7   les chars.

  8   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

  9   Juste ici, sauf que là on ne voit pas très bien, mais --

 10   M. BOS : [interprétation] Tout cela vous suffit, Monsieur le Président.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. La Défense avait la photo sous les yeux.

 12   Maître Karnavas, vous avez la photo.

 13   M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, certainement. Il faut quand même dire

 14   pour le compte rendu d'audience ou indiquer pour le compte rendu d'audience

 15   que le témoin a montré quelque chose. Nous l'avons vu, mais il faudrait

 16   peut-être immortaliser le tout pour le compte rendu d'audience avec un

 17   stylo.

 18   M. BOS : [interprétation]

 19   Q.  Témoin, je vous prie, de prendre un stylo et de nous indiquer -- ou le

 20   feutre de nous indiquer avec un X l'endroit où vous avez vu les chars -- la

 21   route.

 22   R.  [Le témoin s'exécute]

 23   Q.  Merci.

 24   M. BOS : [interprétation] On pourrait peut-être avoir le numéro IC pour ce

 25   document.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, un numéro.

 27   M. LE GREFFIER : [interprétation] C'est la pièce IC 69, Monsieur le

 28   Président.


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  1   M. BOS : [interprétation]

  2   Q.  Témoin, pourriez-vous mettre vos initiales sur le document ? 

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Mettez vos initiales sur ce document, Madame.

  4   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

  5   M. BOS : [interprétation]

  6   Q.  Très bien. Madame, nous allons laisser la photographie là. Vous

  7   nous avez dit qu'il y avait un homme qui est arrivé avec un drapeau blanc.

  8   Est-ce que les hommes se sont rendus ?

  9   R.  Ce n'était pas un vrai drapeau. C'était un torchon énorme blanc et ils

 10   l'ont sorti sur le balcon et ils l'ont placé sur un morceau de bois, et

 11   après, ils voulaient se rendre.

 12   Q.  Que s'est-il passé après que ce morceau de linge blanc a été montré,

 13   que les gens se sont rendus ? Que s'est-il passé ensuite ?

 14   R.  L'armée s'est retirée. Ils ont offert l'aide aux civils. Ensuite, cela

 15   a duré -- je ne peux pas vous dire combien de temps cela a duré. Je ne peux

 16   pas vous le dire avec précision. Ensuite, ils sont venus nous dire qu'il

 17   faut aller à Paloc. Pour ceux qui pouvaient se déplacer à pied, il fallait

 18   y aller. Pour les autres qui ne pouvaient pas, ils ont dit qu'ils allaient

 19   donner leur aide, et comme il y avait des blessés très -- des personnes qui

 20   étaient gravement blessées, ils les ont placées sur des couvertures, et

 21   quatre personnes transportaient ces personnes qui étaient sur des

 22   couvertures.

 23   Il y avait aussi des médecins, là-bas --

 24   Q.  Je vous arrête ici. Vous avez dit : "Ils nous ont dit de nous rendre à

 25   Paloc." A qui faites-vous référence lorsque vous parlez d'"eux", de "ils" ?

 26   R.  Ils ont dit aux membres de notre armée -- je ne sais pas qui s'était

 27   déplacé, je n'ai pas les détails, mais il nous ont dit qu'il nous fallait

 28   aller à Paloc. Ils nous ont dit : pour ceux qui pouvaient marcher, il


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  1   fallait marcher. Pour les autres, ils allaient les transporter dans des

  2   couvertures. Nous, c'est notre armée à nous qui nous a parlé. Nous, à ce

  3   moment-là, nous n'avions jamais vu de soldats du HVO dans le village. Pour

  4   ceux qui pouvaient marcher ou se déplacer, il y avait des médecins là-bas.

  5   Il y avait un médecin croate et il y avait également deux

  6   ambulanciers. Il y avait des personnes qui étaient grièvement blessées, par

  7   exemple.

  8   Ils ont examiné les personnes et ensuite ils ont transporté les

  9   personnes grièvement blessées à Bugojno. Pour les personnes qui étaient

 10   trop blessées, il fallait les transporter à Bugojno. Certaines personnes

 11   ont même dû subir des interventions chirurgicales très difficiles.

 12   Q.  Je vous arrête ici, Témoin. Vous avez dit que les personnes recevaient

 13   des soins médicaux. Est-ce que vous dites qu'on leur a prodigué des soins

 14   médicaux à Paloc ou à Dusa ?

 15   R.  C'était à Paloc. Ils ont simplement transporté les personnes, et

 16   lorsque nous sommes arrivés à Paloc, dans la maison, c'est là qu'on a

 17   offert l'assistance aux personnes blessées.

 18   Q.  Vous-même, Madame, vous étiez blessée vous aussi, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui, moi aussi, j'ai été blessée. Sur place, on m'a examinée. On m'a

 20   dit que l'on ne pouvait pas m'aider, qu'il fallait que j'aille à Bugojno. A

 21   Bugojno, on m'a prodigué des soins médicaux. De nouveau --

 22   Q.  Combien est-ce qu'il y avait de personnes qui avaient été traitées,

 23   enfin, à qui on avait donné de l'aide à Bugojno ? Est-ce que vous étiez la

 24   seule personne transportée à Bugojno, ou il y avait d'autres blessés

 25   également à qui on a prodigué des soins à Bugojno ?

 26   R.  Je ne pourrais pas vous donner le nombre exact, le chiffre exact. Je

 27   sais qu'à ce moment-là, il était bien difficile de compter combien il y

 28   avait de personnes. Je n'ai pas pensé à le faire, bien sûr. Pour ce que je


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  1   sais avec certitude, c'est qu'à deux reprises, on a transporté des

  2   personnes qui étaient grièvement blessées; d'abord, dans un premier temps,

  3   deux personnes qui étaient grièvement blessées. Ensuite, ils sont revenus

  4   et nous ont prodigué des soins sur place. Alors qu'il était impossible de

  5   nous aider sur place, on nous a transportés à Bugojno. A Bugojno, on nous a

  6   également examinés et on nous a donné les premiers soins, et par la suite,

  7   nous sommes retournés à Paloc.

  8   Q.  Vous êtes retournée à Paloc le jour même ou est-ce que c'était le

  9   lendemain ? Est-ce que vous pouvez nous dire quand vous y êtes retournée ?

 10   R.  Le même jour, lorsque je suis retournée, je suis retournée à Paloc.

 11   Q.  Que s'est-il passé ensuite, après votre retour à Paloc ?

 12   R.  Les hommes sont retournés dans la maison. Personne n'est venu nous

 13   voir. Je suis restée à Paloc pendant deux ou trois jours. Enfin, les hommes

 14   ont été emmenés immédiatement, et nous, nous sommes restés dans les

 15   maisons. Les femmes qui étaient en mesure de se déplacer sortaient, elles

 16   préparaient de la nourriture et elles avaient également enterré les

 17   personnes qui étaient mortes. Elles ont préparé les personnes pour être

 18   enterrées et les ont enterrées.

 19   Q.  Lorsque vous dites "ils étaient venus enterrer", à qui faites-vous

 20   référence ? Qui étaient les personnes qui avaient enterré les morts ?

 21   R.  C'étaient des membres de notre armée qui étaient éloignés. Après, ils

 22   les ont laissés retourner pour enterrer les personnes. Ensuite, les hommes

 23   qui étaient en détention, qui étaient prisonniers, ont dû retourner dans

 24   les prisons.

 25   Q.  Témoin, vous n'avez pas répondu à ma question. Vous nous avez dit :

 26   "Ils les ont laissés les enterrer." Alors qui sont-ils, "eux", "ils ?"

 27   R.  C'est le HVO qui a permis aux membres de l'armija de venir enterrer les

 28   civils qui avaient été tués. Après l'enterrement, ils les ont retournés


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  1   dans les endroits où ils étaient enfermés, emprisonnés. Pendant un certain

  2   temps, ils étaient à Paloc et ensuite, ils sont retournés à Trnovaca, et

  3   par la suite, certains sont allés à Prozor et d'autres sont restés à

  4   Trnovaca. Nous ne les avons plus revus depuis l'enterrement. En fait, après

  5   l'enterrement, nous n'avions plus revu nos soldats. Ils ne se sont plus

  6   jamais montrés.

  7   Q.  Combien de temps êtes-vous restée à Paloc ?

  8   R.  A Paloc, nous sommes restés de deux à trois jours et ensuite nous

  9   sommes retournés là-bas. On nous a dit : "Allez dans trois maisons." Ils

 10   nous ont donc transférés de Paloc où nous avions été.

 11   Lorsque nous sommes arrivés, il y avait déjà des membres de l'armée

 12   qui étaient sur place, et on nous a placés dans trois différentes maisons.

 13   Ensuite, un autre ordre est arrivé selon lequel il nous a fallu nous

 14   rassembler à un même endroit, dans la maison de Hajrudin Sljivo, que nous

 15   devions tous être rassemblés dans cette même maison, et lorsque nous nous

 16   sommes tous dirigés dans la maison, nous sortions de nos maisons --

 17   Q.  Je vous arrête ici pour quelques instants. Vous dites que vous êtes

 18   retournés à Dusa et que l'on vous a placés dans trois différentes maisons.

 19   Est-ce que ces maisons se trouvaient dans la partie supérieure de Dusa ou

 20   dans la partie inférieure de Dusa ?

 21   R.  Dans la partie inférieure de Dusa.

 22   Q.  Vous dites qu'il y avait des soldats déjà sur place ? Pourriez-vous

 23   nous décrire de qui il s'agit ?

 24   R.  C'étaient des membres de l'armée portant des insignes croates.

 25   Q.  Pourriez-vous nous décrire comment étaient vêtus ces soldats, ce qu'ils

 26   portaient ? Est-ce qu'ils portaient des insignes, et cetera ?

 27   R.  Ils portaient également des uniformes de camouflage. Ils portaient des

 28   insignes du HVO sur le bras, sur la manche de leur vêtement, de leur veste.


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  1   Q.  Vous dites qu'ils vous ont placés dans ces maisons. Quelles étaient les

  2   conditions qui prévalaient dans ces maisons, dans Dusa inférieur ?

  3   R.  Nous sommes restés peut-être 10 à 15 minutes dans ces maisons, et

  4   ensuite, un nouvel ordre est arrivé selon lequel il nous a fallu nous

  5   rassembler dans une maison, la maison de Hajrudin. Nous avions passé 10 à

  6   15 minutes dans ces maisons. Ensuite, nous nous sommes tous rassemblés dans

  7   la maison de Sljivo Hajrudin.

  8   Q.  Est-ce que quelque chose de particulier s'est passé lorsque vous êtes

  9   sortis des maisons et lorsque vous êtes arrivé dans la maison de Hajrudin

 10   Sljivo ?

 11   R.  Je ne sais pas combien il y avait de soldats exactement, de membres du

 12   HVO. Nous nous sommes alignés comme si c'était devant l'armée, comme on

 13   s'aligne devant l'armée. Ils ont pointé leurs armes vers nous. Je ne sais

 14   pas quels ordres ils avaient reçus. Un soldat a demandé -- c'est à ce

 15   moment-là que j'ai compris que ce n'était pas un soldat qui était du cru,

 16   car il ne savait pas quel était le village qui se trouvait à un endroit. Il

 17   a montré le nom du village, et c'était Odvoda [phon] et Batusa. Odvoda est

 18   un village composé exclusivement de Musulmans, alors que Batusa, c'était un

 19   village mixte, composé de Croates et de Musulmans.

 20   Q.  Vous dites que vous aviez compris que le soldat n'était pas un homme du

 21   cru. Pourquoi est-ce que vous dites cela ?

 22   R.  Parce qu'il ne savait pas quels étaient les villages avoisinants.

 23   C'était la première fois, probablement, qu'il était là, car tout

 24   villageois, chaque habitant du cru connaît très bien les villages

 25   avoisinants. Ce n'est pas très grand comme village, et nous savons tous

 26   quels sont les villages dans lesquels habitaient les Musulmans, les

 27   villages dans lesquels habitaient les Croates.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Madame, ces soldats, ils étaient combien, en


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  1   chiffre, approximatif ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne saurais vous le dire étant donné que

  3   nous étions tous en état de choc. Vous savez, je ne pourrais pas vous dire

  4   combien il y en avait exactement. Ils passaient à bord de camionnettes, à

  5   bord de jeeps, par là, ils allaient à Stara Dusa.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Vous venez de dire, c'est à la ligne 23 de la

  7   page 53 : ils passaient en jeeps --

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, sur la jeep, on voyait M, leur plaque

  9   minéralogique portait la lettre M. Nous étions là, et eux ils passaient par

 10   la partie supérieure de Dusa, et c'est là qu'ils passaient un certain

 11   temps.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Il y avait une plaque minéralogique avec la lettre

 13   M; M seulement, ou il y avait M avec un chiffre ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était M. Je n'ai pas remarqué autre chose.

 15   J'ai simplement remarqué la lettre M. Vous savez, quand je passais par là,

 16   je pouvais apercevoir la lettre. Je pensais à une belle voiture, donc je me

 17   suis dit : voilà donc une belle voiture avec une lettre M. C'est tout ce

 18   que j'ai pu remarquer.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Les jeeps, il y en avait une, plusieurs ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Elles passaient par là ces jeeps-là. Je ne

 21   pouvais pas vraiment compter. Une autre allait, une autre montait la côte

 22   et d'autres descendaient la côte, donc je ne peux pas vous dire exactement.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Plusieurs ou une ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous savez, les voitures passaient; elles

 25   revenaient. Dans un premier temps, il y en avait deux, et ensuite elles

 26   repassaient par là, ensuite elles retournaient.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Continuez, Monsieur Bos. Essayez de terminer vite

 28   pour que le contre-interrogatoire puisse se dérouler.


Page 9088

  1   M. BOS : [interprétation]

  2   Q.  Une question de suivi, à la suite des questions posées par le

  3   Président. Vous dites que la plaque minéralogique portait la lettre M -- le

  4   Procureur dit MO --

  5   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a qu'entendu M seulement.

  6   M. BOS : [interprétation]

  7   Q.  -- alors est-ce que cela se réfère à quelque chose de

  8   particulier ?

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Procureur, un petit problème. Le témoin a dit M.

 10   Vous, vous avez dit "MO", alors qu'est-ce qu'elle a dit, au juste ?

 11   M. BOS : [interprétation] Le témoin a dit "MO".

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas, vous savez, j'ai vu --

 13   M. BOS : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, à la ligne 57 --

 14   page 57, ligne 3, le témoin a dit MO, et non pas seulement M. J'avais

 15   entendu M, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Les interprètes français ont entendu M.

 17   M. BOS : [interprétation]

 18   Q.  Témoin, lorsque vous êtes rentrée à Dusa, qu'est-ce que vous pouvez

 19   nous dire des conditions qui prévalaient dans les maisons de Dusa ?

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : A ce que je vois, dans l'anglais, il n'y a pas eu

 21   l'interprétation de mes propos. Je voulais indiquer que les interprètes

 22   dans la cabine française ont entendu la lettre M, pas MO. Le témoin a

 23   confirmé que c'était MO, donc, on donne acte que --

 24   M. BOS : [interprétation] Le témoin n'a pas confirmé, Monsieur le

 25   Président, que c'était MO.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Madame, c'est M ou MO ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] MO. Je ne suis pas aveugle, donc lorsque je

 28   l'ai vu passer, c'était MO.


Page 9089

  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

  2   M. BOS : [interprétation]

  3   Q.  Témoin, je vais maintenant reposer de nouveau la même question que je

  4   vous ai posée tout à l'heure.

  5   Lorsque vous êtes retournée à Dusa, quel était l'état des maisons à

  6   Dusa ? Vous dites que vous êtes arrivée dans la partie inférieure de Dusa.

  7   Est-ce que vous pourriez peut-être commencer par nous expliquer dans

  8   quelles conditions étaient les maisons de la partie inférieure de Dusa ?

  9   R.  Lorsque j'étais là-bas, leurs maisons avaient été incendiées le même

 10   jour quand nous nous sommes rendus, donc les maisons avaient été

 11   incendiées. C'est ce que j'ai dit d'abord. Ensuite, après, cela c'était

 12   quand c'était à Behlo, et ensuite à Donja Dusa, Dusa du bas a commencé à

 13   être incendié également, donc leurs maisons ont commencé à brûler aussi.

 14   Q.  Lorsque vous avez fait référence à Donja Dusa, est-ce que c'était Dusa

 15   supérieur ou Dusa inférieur ?

 16   R.  C'était un village qui se trouve en contrebas, un nouveau village. En

 17   haut, c'était les vielles maisons, donc on l'appelait vieille Dusa, alors

 18   qu'en bas, c'était un village nouvellement construit, donc c'est ainsi

 19   qu'on les a désignés.

 20   Q.  Est-ce que vous avez vu si ces maisons dans Dusa inférieur, à Donja

 21   Dusa, avaient été incendiées ? Est-ce que vous l'avez vu de vos propres

 22   yeux ?

 23   R.  Il y avait une voisine qui sortait justement de la maison. Nous étions

 24   éloignés d'elle à environ de 20 mètres de distance d'elle. Deux soldats

 25   sont arrivés. Elle défendait sa maison et elle leur disait de ne pas

 26   incendier sa maison. C'est à ce moment-là que le beau-père était là, et il

 27   l'aurait sans doute tuée s'il n'avait pas été là, et ils ont quand même

 28   incendié sa maison.


Page 9090

  1   Q.  Témoin, de nouveau, il faudrait être un peu plus précis. Vous parlez de

  2   soldats et vous parlez d'"eux" au pluriel. De quel genre de soldats, quels

  3   étaient ces soldats ?

  4   R.  C'étaient les soldats du HVO. C'étaient les soldats du HVO, ils étaient

  5   là, et elle sortait de la maison. Elle était sortie de la maison. Ils sont

  6   arrivés devant la porte. Je n'ai pas entendu la conversation, car j'étais

  7   un peu plus haut, et elle a demandé de ne pas incendier sa maison. Son

  8   beau-père lui a dit de ne pas leur parler parce qu'elle ne pouvait rien

  9   faire. Ils l'ont poussée avec le fusil et elle est partie, et ils sont

 10   entrés dans la maison et ils l'ont incendiée.

 11   Q.  Combien de soldats avez-vous vus ?

 12   R.  Il y avait trois soldats. Je ne sais pas si c'était devant la maison ou

 13   en contrebas, puisque les maisons étaient très rapprochées les unes des

 14   autres. Vous savez, nous ne pouvions pas tellement nous déplacer à

 15   l'extérieur, donc je ne sais pas. Je ne sais pas d'où venaient les balles

 16   non plus. On nous faisait peur. On ne sort pas. Puis, on nous disait : ne

 17   sors pas dehors pour accrocher le linge parce qu'il faut faire très

 18   attention. C'est la raison pour laquelle nous ne sortions presque pas à

 19   l'extérieur. Quand nous sortions, c'était plutôt dans les champs. Après,

 20   quand tout cela a commencé, on avait très peur de sortir des maisons. Nous

 21   avions peur. Nous ne voyions pas les gens qui tiraient, mais nous

 22   entendions des coups de feu.

 23   Q.  Témoin, combien de temps êtes-vous restée dans la maison de Sljivo, de

 24   Hajrudin Sljivo ?

 25   R.  Je ne saurais vous dire exactement, car les membres de la FORPRONU sont

 26   également venus nous voir --

 27   Q.  Donnez-moi peut-être une approximation du nombre de jours.

 28   R.  Une dizaine de jours, probablement.


Page 9091

  1   Q.  Je vais maintenant vous poser la question suivante. Est-ce que vous

  2   étiez en mesure de voir la maison depuis la partie inférieure de Dusa ?

  3   Est-ce que vous pouviez voir la partie supérieure de Dusa depuis les

  4   maisons ?

  5   R.  Oui, nous pouvions tout voir. Nous pouvions voir les maisons

  6   incendiées, et lorsqu'ils sont arrivés, ils ont incendié en même temps le

  7   village au complet. Tout avait été incendié dans Donja Dusa, les étables,

  8   les vaches aussi.

  9   Tout ce qu'on pouvait faire, ce n'est même pas de pleurer, parce que cela

 10   n'aidait absolument pas. On pouvait seulement voir que tout brûle. Dans

 11   tout cela, j'ai souri. J'étais tellement bouleversée que je ne pouvais plus

 12   pleurer. J'ai même souri, et il y avait d'énormes flammes et il y avait des

 13   vieilles maisons qui brûlaient bien, des étables qui brûlaient également

 14   pleines de foin. Toutes ces maisons avaient été incendiées dans la partie

 15   supérieure de Dusa.

 16   Q.  Quelques questions sur ce que vous venez de dire. Vous dites que

 17   lorsqu'ils sont arrivés ils ont mis le feu à tout le village. Encore une

 18   fois, de qui s'agissait-il ?

 19   R.  Excusez-moi, les Croates. L'armée croate. Une voiture est passée sans

 20   aucune marque. I y avait rien sur cette voiture. Elle avait la même couleur

 21   que leurs vêtements. C'est là que tout a brûlé. C'était absolument

 22   complètement détruit. Il ne restait rien.

 23    M. LE JUGE ANTONETTI : Il faut être toujours vigilant. Vous dites "l'armée

 24   croate"; vous voulez dire le HVO ou l'armée croate, ou l'armée de Zagreb ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Non, le HVO. Le HVO.

 26   M. BOS : [interprétation]

 27   Q.  Vous décrivez cela mais avez-vous pu voir cela vous-même lorsque cela

 28   s'est produit ? Etiez-vous là ?


Page 9092

  1   R.  J'étais devant la maison de Hajrudin Sljivo lorsque la voiture est

  2   passée et lorsqu'on a incendié les voitures. Mais personne n'est monté là,

  3   personne n'osait aller là.

  4   Après nous y sommes allés parce que la maison de Sljivo Enver n'avait

  5   pas été incendiée. Le deuxième étage en fait n'avait pas brûlé. Le premier,

  6   oui, mais pas le deuxième étage parce qu'il n'avait rien au deuxième étage.

  7   Il n'y avait que les murs. Il y avait des trous causés par les balles dans

  8   les portes, les chambranles.

  9   Q.  Par la suite nous sommes allés chez Enver Sljivo c'était quand et avec

 10   qui êtes-vous allés là-bas ?

 11   R.  Nous sommes allés là-bas lorsque la FORPRONU est arrivée, et nous nous

 12   sentions plus sûres lorsque la FORPRONU est arrivée. Nous étions heureux de

 13   voir que tout le monde ne nous avait pas oubliées. Nous sommes entrés là-

 14   bas et nous sommes entrés dans la maison et on ne pouvait pas croire ce que

 15   l'on voyait. Le premier étage était brûlé, nous sommes montés au deuxième

 16   étage et qui n'était pas incendié mais la porte avait ces impacts de balles

 17   ou plutôt c'était sur les chambranles qui avaient ces impacts de balles.

 18   Q.  Après avoir quitté les maisons de Hajrudin Slivo où êtes-vous allés ?

 19   R.  Je suis allée à Gornji Vakuf. La FORPRONU est arrivée pour nous

 20   emmener. Nous avons été conduits à Vakuf. On nous a installé là. Ensuite il

 21   y a eu un échange des soldats et nos soldats sont revenus ce jour-là.

 22   Certains étaient restés à l'arrière et ils pensaient qu'ils pouvaient

 23   protéger leurs biens et empêcher qu'ils soient incendiés. Certains sont

 24   restés et leurs maisons n'ont pas été incendiées.

 25   M. BOS : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions, Monsieur le

 26   Président.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense pour le contre-interrogatoire.

 28   Mme NOZICA : [interprétation] Merci. Je serais la première, Monsieur le


Page 9093

  1   Président, Messieurs les Juges. Je suppose que j'ai

  2   15 minutes.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Essayez d'être brève. Avec 15 minutes chacun, on n'y

  4   arrivera pas. Il faut faire en sorte de terminer à

  5   13 heures 45.

  6   Mme NOZICA : [interprétation] Je ferais de mon mieux. Je prendrais un peu

  7   plus de 15 minutes parce que j'ai la permission du conseil de M. Pusic

  8   d'utiliser un peu du temps qui lui est imparti.

  9   Contre-interrogatoire par Mme Nozica :

 10   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame. J'ai quelques questions à vous poser.

 11   Mme NOZICA : [interprétation] Tout d'abord, je voudrais vous demander de

 12   regarder la photo qui a déjà été montrée, la 09146, photo numéro 5.

 13   Q.  Nous voyons ici qu'il y a du sable. C'est plus ou moins l'endroit où se

 14   trouvait votre maison.

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Ai-je raison de dire que le sable, en fait, que la forme du sable

 17   représente les fondations de votre maison, et si j'ai bien compris votre

 18   dessin, l'entrée principale se trouverait de l'autre côté -- du côté de la

 19   voiture ?

 20   R.  Non, non. L'entrée c'était de l'autre côté. C'était vers moi.

 21   Q.  Que voulez-vous dire par rapport à la voiture ? L'entrée au garage.

 22   R.  L'entrée au garage se trouvait en face de la voiture mais l'entrée

 23   principale de l'autre côté.

 24   Q.  Vous voulez dire près de ce poteau électrique ?

 25   R.  Non, non, de l'autre côté. De ce côté-ci.

 26   Q.  Du côté le plus proche de nous, c'est là que se trouvait l'entrée

 27   principale ?

 28   R.  Oui.


Page 9094

  1   Q.  Lorsque vous avez dessiné l'endroit où l'obus a touché la cave, est-ce

  2   que c'était le côté latéral de la maison vers cet arbre ?

  3   R.  Oui, vers l'arbre.

  4   Q.  Ce n'était pas sur la façade avant mais sur le côté. Pouvons-nous, s'il

  5   vous plaît, dessiner sur ces fondations votre maison, comment elle était

  6   avant ? Vous pouvez faire cela ?

  7   R.  Je vais essayer.

  8   Q.  Faites-le, s'il vous plaît. Au-dessus de ce sable, dessinez votre

  9   maison telle qu'elle était. Je pense que vous pouvez utiliser ce rectangle

 10   que vous voyez par terre.

 11   R.  [Le témoin s'exécute]

 12   Q.  Parfait. C'est là que se trouvait votre maison.

 13   M. BOS : [interprétation] Monsieur le Président, je crois qu'il faudrait

 14   passer à huis clos partiel avec ce genre d'exercice.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons passer à huis clos.

 16   M. BOS : [interprétation] Je demande que cette partie soit supprimée.

 17   Mme NOZICA : [interprétation] Je crois que vous avez raison.

 18   M. LE GREFFIER : Nous sommes en audience à huis clos partiel.

 19   [Audience à huis clos partiel]

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

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 27  (expurgé)

 28  (expurgé)


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11  Pages 9095-9112 expurgées.  Audience à huis clos partiel.

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Page 9113

  1   [Audience publique]

  2   M. KOVACIC : [interprétation] En ce qui me concerne, on peut faire la

  3   pause, si vous le souhaitez, Monsieur le Président. On peut faire la pause

  4   tout de suite. Tout dépend de vous.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Il vous faut encore combien de minutes après ? Je

  6   pense qu'il vaudrait mieux que vous terminiez. Il vous reste combien de

  7   minutes ?

  8   M. KOVACIC : [interprétation] C'est difficile à dire, vu les réactions du

  9   témoin. Peut-être une dizaine de minutes.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Puis, nous avons Me Karnavas, il y a

 11   Me Alaburic, et cetera. Donc, c'est cela mon inquiétude. Il n'y a aucune --

 12   à moins que Me Karnavas vous a donné son temps ?

 13   M. KARNAVAS : [interprétation] Une pause est toujours la bienvenue. Cela

 14   permet de réfléchir, de remettre les idées en place, de synthétiser, peut-

 15   être, ce qui reste à évoquer ?

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : On va faire la pause.

 17   Il est 1 heure moins 25. Nous reprendrons à 1 heure moins. Puis, nous irons

 18   jusqu'à 13 heures 45. Donc, essayez de vous entendre pour terminer à 13

 19   heures 45.

 20   --- L'audience est suspendue à 12 heures 35.

 21   --- L'audience est reprise à 12 heures 54.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, l'audience est reprise.

 23   M. KOVACIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai passé en revue

 24   mes questions et je n'ai plus de questions à poser en ce qui me concerne,

 25   mais mon client estime qu'il a trois questions d'ordre technique à poser,

 26   ce qui ne devrait pas prendre plus de cinq minutes. Mais nous avons conclu

 27   un accord au sujet d'utilisation du temps, et je suis sûr que nous

 28   arriverons à terminer à l'heure.


Page 9114

  1   Contre-interrogatoire par l'accusé Praljak :

  2   Q.  [interprétation] Je vais vous poser, Madame, des questions extrêmement

  3   simples, des questions d'ordre technique.

  4   Vous avez fait un dessin pour indiquer l'endroit où l'obus avait

  5   touché votre maison. Vous nous avez expliqué qu'il était entré dans le

  6   couloir.

  7   R.  Oui, le corridor et la cave.

  8   Q.  Cela ressemblait à quoi ce trou, quel type de trou cela a produit ?

  9   R.  Un trou énorme.

 10   Q.  Est-ce que c'était un trou qui était rond ? Quelle était sa dimension ?

 11   R.  Quand je dis que c'était un grand trou, bien vous savez ce que sait

 12   qu'un petit trou et un grand trou.

 13   Q.  C'était un trou rond et l'obus a touché directement la maison.

 14   R.  C'est ce que je vous ai dit un trou énorme et vous avez le couloir qui

 15   mène à la cave, et c'est arrivé au sous-sol.

 16   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] J'aimerais qu'on vous présente la pièce

 17   09149 et j'aimerais que le croquis soit placé sous le rétroprojecteur.

 18   Q.  Pendant que l'on trouve le document, pouvez-vous nous monter sur le

 19   croquis qui vous a été présenté par le bureau du Procureur la position

 20   précise de l'impact de l'obus par rapport à ce que vous avez dessiné pour

 21   Mme Nozica. J'imagine que c'est le point 264, mais est-ce que vous pourriez

 22   vous-même indiquer l'endroit sur le croquis ?

 23   Je crois que c'est l'endroit où se trouve la flèche 264, si je m'en tiens

 24   au dessin que vous aviez fait précédemment.

 25   R.  [Le témoin s'exécute] 

 26   Q.  Merci. Vous voyez la route qui mène à Uzricje, et à gauche, au-dessus,

 27   est-ce que vous voyez la colline qui s'appelle Mackovac ?

 28   R.  Oui, Mackovac, Kuk, et cetera.


Page 9115

  1   Q.  Autant que je m'en souvienne, il y a deux routes sur Mackovac. Il y a

  2   une route qui est une route supérieure et une route inférieure. Est-ce que

  3   vous pourriez tracer un cercle à l'endroit où se trouve Mackovac ? Cela

  4   devrait être au-dessus d'Uzricje. Vous voyez le mot. D'après la carte que

  5   j'ai, Mackovac se trouve quelque part par là Mackovac -- c'est parallèle à

  6   Dusa et Uzricje.

  7   Enfin, ce n'est pas très grave. Ce n'est pas très important. Là, vous avez

  8   le dessin. C'est là que se trouve Mackovac. Quand vous nous avez indiqué un

  9   certain nombre de choses, je voudrais maintenant que vous nous indiquiez où

 10   se trouvaient les chars.

 11   R.  Malheureusement, je ne peux pas vous l'indiquer. Je sais que les tirs

 12   venaient de ce côté-là, mais, franchement, cela je ne peux pas le faire

 13   même de manière approximative.

 14   Q.  Procédons calmement. Vous étiez sur le balcon, vous avez regardé vers

 15   la colline à l'avant de votre maison. Vous avez regardé là, et vous avez vu

 16   sur une route dans les bois un char. Imaginez-vous sur ce balcon face à la

 17   colline, et là sur une route dans le bois vous voyez deux chars. Alors,

 18   essayez, s'il vous plaît, de nous indiquer approximativement où cela se

 19   trouve.

 20   R.  Malheureusement, je n'arrive pas à m'y retrouver sur ce croquis. Je

 21   crois que j'ai indiqué cette information de manière très claire sur l'autre

 22   croquis, mais là, non.

 23   Q.  Fort bien. Nous allons reconstituer tout cela. Mais vous dites que

 24   l'obus a fait un trou et cette flèche nous indique l'endroit où l'obus a

 25   fait ce trou et est entré dans la cave, quand on regardait par ce trou est-

 26   ce qu'on pouvait voir Mackovac, ou est-ce qu'on voyait quelque chose qui

 27   était à l'opposé de Gornji Vakuf ? Quand on tournait dans cette direction,

 28   Uzricje se trouvait à gauche.


Page 9116

  1   R.  Franchement, je ne peux pas répondre à cette question. Comment dire ?

  2   Ceux qui ont tiré ces obus savaient pertinemment ce qu'ils faisaient, celui

  3   qui était chargé des organes de viser -- qui visait devait être extrêmement

  4   habile.

  5   Q.  Est-ce que vous savez où se trouve le cimetière ? Vous voyez ce

  6   rectangle à droite de votre maison. Est-ce que vous savez où se trouve le

  7   cimetière ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Le char où est-ce qu'il se trouvait par rapport au cimetière ? Vous

 10   savez maintenant où est le cimetière, alors le char est-ce qu'il se

 11   trouvait en haut, en bas, en haut, à gauche, à droite du cimetière ?

 12   R.  Je ne sais pas si on a trié depuis cet endroit ou pas, mais en tout cas

 13   la maison a été touchée.

 14   Q.  Dites-nous, simplement où se trouvait le char par rapport au

 15   cimetière ? Plus tard, on parlera de la maison qui a été touchée, et

 16   cetera. Mais par rapport au cimetière où se trouvait le char ?

 17   R.  Je l'ai indiqué.

 18   Q.  Donc, c'est là que se trouvait. Merci. Est-ce que vous pourriez écrire

 19   là le mot "tank".

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, pour vous aider, nous avons une

 21   photo où on voit le cimetière, la colline, et cetera. Alors, peut-être que

 22   ce serait plus utile de montrer cette photo, c'est la 273. Tenez, mettez --

 23   puisque ces photos existent, mettez-le sur l'ELMO.

 24   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 25   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

 26   Q.  A côté du point rouge, à côté de la maison est-ce que vous pourriez

 27   écrire G ?

 28   R.  [Le témoin s'exécute]


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Peut-être il serait plus facile -- micro]

  2   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Est-ce que vous pourriez également

  3   signer le document et y inscrire la date -- vos initiales ainsi que la date

  4   d'aujourd'hui ? Nous sommes le 27 octobre.

  5   M. BOS : [interprétation] Si elle signe le document, il vaudrait mieux que

  6   le témoin utilise son pseudonyme plutôt que son vrai nom.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Vous devriez utiliser votre pseudonyme, Madame,

  8   BY. Pas sur la photo, sur l'autre document.

  9   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Je n'ai pas vu que c'était indiqué BY.

 10   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 11   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Bon. Merci. Merci, je vois.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, le document de M. Praljak, un numéro,

 13   Monsieur le Greffier, sous pli scellé.

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] IC 71, Monsieur le Président, sous pli

 15   scellé.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Madame, vous avez sur l'ElMO une photo. Apparemment,

 17   on voit le cimetière, on voit des tombes, et on voit au premier plan peut-

 18   être ce qui paraît être l'étable et on voit derrière la colline. Alors,

 19   est-ce bien la photo ? Est-ce de chez vous on voyait cela ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, il y a une photo avec le

 22   cimetière. Peut-être pouvez-vous lui poser vos questions si vous en

 23   éprouvez la nécessité; sinon, vous ne le faites pas.

 24   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Oui, tout à fait, bien.

 25   Q.  Sur cette photographie, Témoin, en haut dans ces forêts, il y a une

 26   route. Est-ce que c'est sur cette photo ? Vous pourriez nous indiquer

 27   l'emplacement du char tel que vous l'avez vu ce jour-là.

 28   R.  C'était très tôt le matin. Ce n'était pas pendant la journée.


Page 9118

  1   Q.  Très bien. Merci.

  2   R.  Vous voulez que je vous fasse un dessin ?

  3   Q.  Oui, tout à fait. Est-ce que vous pourriez, je vous prie, nous indiquer

  4   l'endroit où était placé le char ? Vous pouvez rapprocher la photo, si vous

  5   avez besoin de le faire.

  6   R.  Là, il y avait une route --

  7   Q.  Pardon, Madame, pourriez-vous parler plus fort, je vous prie ? C'est là

  8   que vous avez vu le char. Je dois remarquer, Madame, que cet emplacement

  9   est tout à fait différent que ce que vous avez montré tout à l'heure sur

 10   l'autre photographie, et la position est tout à fait différente également

 11   si l'on compare cette position à celle qu'a dit le témoin précédent.

 12   R.  Je dis ce que j'ai vu personnellement. Pour l'instant, je ne suis pas

 13   intéressée par aucun autre témoin. Ce que j'ai vu ce matin-là, je vais vous

 14   le dire, mais, à savoir si on a tiré depuis ce char-là ou si c'est un autre

 15   char qui a tiré, je ne saurais vous le dire, mais, ce jour-là, il y avait

 16   deux chars sur cette route-là. En haut -- au-dessus de la route d'Uzricje,

 17   il y avait une autre route.

 18   Q.  Très bien. Vous nous dites qu'il y avait deux chars, vous les avez vus.

 19   Je ne vais insister là-dessus plus longuement.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, vous demandez l'admission de ce

 21   document ?

 22   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Oui. Je demande le versement au dossier

 23   de ce document.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Madame, marquez BY sur ce document.

 25   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : C'est déjà. Bien. Alors, Monsieur le Greffier, un

 27   numéro sur cette photo.

 28   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce IC 72, Monsieur le


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  1   Président, sous pli scellé.

  2   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

  3   Q.  Vous avez dit qu'à un certain moment donné vous avez vu un ou deux

  4   jeeps avec la plaque minéralogique qui portait les inscriptions MO.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Dites-moi, vous avez vu sans doute vu des films américains, et vous

  7   avez vu des jeeps ouverts, décapotables. Est-ce que c'était ce genre de

  8   jeep-là, ou est-ce que c'étaient des véhicules tout terrain ?

  9   R.  Ce que notre armée n'avait pas c'était -- cela appartenait à l'armée du

 10   HVO et c'était la première fois que j'avais vu ce genre de jeep. Non, je ne

 11   vous parle pas de films, les films c'est autre chose. C'est ce que j'avais

 12   vu pour la première fois j'étais restée bouche bée quand j'ai vu cette

 13   jeep-là pendant la guerre, là, tout d'un coup, ce Jeep-là qui avait un tel

 14   équipement qui ressemblait à cela.

 15   Q.  Est-ce que c'étaient des jeeps fermées -- des véhicules fermés ou

 16   ouverts ?

 17   R.  Ils étaient fermés.

 18   Q.  Donc, il y avait une cabine ?

 19   R.  Mais non. Mais comment voulez-vous que je vous le dise ? Je ne peux pas

 20   vous donner de détails. Ces véhicules passaient par là. Je ne pouvais pas

 21   examiner si c'était ouvert, fermé, fermé quoi. Est-ce que c'était une bâche

 22   pardessus, je ne saurais pas vous le dire. Tu sais, t'as pas tellement de

 23   temps de regarder quand t'es là. Il y avait des fusils qui étaient pointés

 24   vers nous et tu n'avais pas le temps d'examiner. Cela passe sur la route et

 25   nous étions alignés là, et les --

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : M. Praljak vous demande si les jeeps, comme vous

 27   avez vues même très rapidement, est-ce que cela correspondait aux jeeps que

 28   l'on voit dans les films américains. Par exemple, les jeeps américaines


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  1   pendant la Seconde Guerre mondiale, est-ce que c'est ce type de jeeps que

  2   vous avez vues, ou vous dites jeeps, style quatre, quatre, comme les

  3   véhicules japonais, Toyota, Lada, et cetera ?

  4   Est-ce que c'est des jeeps à style américain, ou quatre -- quatre à style

  5   japonais ? Si vous ne le savez pas, dites : je ne le sais pas.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne saurais vous le dire. Ceux qui ont

  7   envoyé ces jeeps-là savent de quelles jeeps il s'agit. Vous me demandez de

  8   vous donner des précisions, je ne pouvais pas vous les donner. Je sais

  9   seulement que c'est ce que j'ai vu et je ne pourrais pas maintenant vous

 10   donner d'autres détails.

 11   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

 12   Q.  Merci. Je n'ai plus d'autres questions sur ce sujet.

 13   Maintenant, vous avez dit que les soldats du HVO ont incendié des maisons

 14   dans une partie de Dusa, et par la suite -- ensuite, vous avez dit : "J'ai

 15   vu trois soldats."

 16   R.  Oui, c'est en bas bien sûr. Bien sûr, j'ai vu, c'est certain que j'ai

 17   vu.

 18   Q.  Quelle heure il était lorsqu'ils sont passés pour incendier ? Est-ce

 19   que c'était le matin, pendant la journée, le soir, dans l'après-midi ?

 20   R.  Dans l'après-midi, c'est à ce moment-là qu'ils ont incendié tout Dusa,

 21   Gornja Dusa, la Dusa du haut et c'est peut-être arrivé vers 13 heures, 14

 22   heures, lorsque Gornja Dusa a été incendié.

 23   Q.  C'est en quelle date ?

 24   R.  Bien, voyez-vous comment je pourrais vous le donner. Je ne me souviens

 25   pas de ces dates-là. J'aurais bien aimé savoir les dates, mais j'ignore les

 26   dates. Mon cerveau s'est arrêté et non pas seulement moi, mais à tous les

 27   autres civils. On ne savait pas si c'était lundi ou vendredi, on n'avait

 28   pas d'heure, on ne savait plus quelle date on était, quelle heure il était,


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  1   quel jour de la semaine c'était.

  2   Q.  Très bien. Dites-moi encore une chose. Vous avez dit que ces véhicules

  3   n'avaient pas d'insignes particuliers, qu'il y avait trois soldats à bord.

  4   R.  Il y avait trois soldats en bas, en contrebas de la maison lorsque

  5   Sljivo Sevka, lorsqu'il a voulu incendier la maison, il n'y avait pas de

  6   véhicules à ce moment-là. Lorsque Gornja Dusa a été incendié, lorsqu'ils

  7   avaient allumé Gornja Dusa, il y avait des voitures, sans insigne, sans

  8   rien. Ils sont allés dans Gornja Dusa et c'est à ce moment-là qu'on a

  9   incendié Gornja Dusa et qu'on a vu des flammes.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : On doit arrêter, Monsieur Praljak, parce que le

 11   temps arrive -- est passé.

 12   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Simplement pour préciser ce point, j'en

 13   aurai terminé.

 14   Q.  A ce moment-là lorsqu'ils sont passés par là, les soldats du HVO que

 15   vous aviez vu auparavant, il y en avait plus, ou il y en avait encore ?

 16   R.  Les soldats s'étaient retirés. Les soldats qui avaient des jeeps

 17   modernes, ils sont restés là pendant deux à trois jours. Il y en avait plus

 18   et ensuite, c'étaient des jeeps tout à fait ordinaires qui sont venues.

 19   Mais pendant deux à trois jours, il y avait des jeeps, ce type de jeeps-là.

 20   Q.  Merci.

 21   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Avocat suivant.

 23   Mme ALABURIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs

 24   les Juges.

 25   Contre-interrogatoire par Mme Alaburic :

 26   Q.  [interprétation] Madame le Témoin, bonjour. J'ai quelques questions

 27   très simples et courtes à vous poser. J'espère que nous aurons réussi à

 28   aborder toutes les questions importantes. Vous nous avez parlé aujourd'hui


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  1   d'obus. Vous nous avez expliqué de quelle façon l'obus est tombé sur votre

  2   maison.

  3   Ma consœur m'avertit. Elle me dit que nous sommes en audience publique. Je

  4   demanderais que l'on corrige, que l'on expurge le compte rendu d'audience.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : On va passer en audience à huis clos alors.

  6   M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.

  7   [Audience à huis clos partiel]

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  6   --- L'audience est levée à 13 heures 50 et reprendra le lundi 30 octobre

  7   2006, à 14 heures 15.

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