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1 Le lundi 27 novembre 2006
2 [Audience à huis clos partiel]
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24 [Audience publique]
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.
26 Alors, on va introduire le témoin, qui lui ne bénéficie pas de
27 mesures de protection.
28 J'invite l'Accusation à prendre juste une heure 30, ce qui sera amplement
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1 suffisant.
2 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. Je vais d'abord vérifier que la
4 technique fonctionne. Si vous comprenez dans votre langue la traduction de
5 mes propos, dites que vous m'entendez et vous me comprenez.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] [hors micro]
7 M. LE JUGE ANTONETTI : -- plus fort, parce que les interprètes n'ont pas
8 entendu. Est-ce que vous m'entendez bien ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous entends bien. Je vous comprends. J'ai
10 tout compris. Merci.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, vous êtes comme témoin comme par
12 l'Accusation. Je vais d'abord vous demander de me donner -- alors, levez-
13 vous parce que nous sommes dans la prestation de serment officiel. Pouvez-
14 vous nous donner votre nom, prénom, et date de naissance.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je m'appelle Hasan Hasic. Je suis né le
16 1er janvier 1939.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre profession ou activité actuelle, ou
18 êtes-vous retraité ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis retraité, mais j'exerce des travaux en
20 agriculture. Je fais des transports pour l'agriculture.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, est-ce que vous avez déjà témoigné à La
22 Haye, ou c'est la première fois que vous témoignez ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la première fois que je comparais devant
24 un Tribunal de ma vie.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Avez-vous, Monsieur, été entendu par des enquêteurs
26 de votre propre pays, ou n'avez-vous été entendu que par les enquêteurs du
27 bureau du Procureur ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Dans notre pays, effectivement, je peux dire
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1 que les représentants du Tribunal - je crois même en Allemagne - ils sont
2 venus me voir lorsqu'ils ont entendu mon histoire. Je crois que c'est
3 lorsque j'étais en Allemagne entre 1993 et 2000.
4 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi la date 1994 ou 1993, 2000.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous demande de lire le serment que M. l'Huissier
6 vous présente.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Certainement. Merci.
8 Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
9 rien que la vérité. Je ne sais rien d'autre.
10 LE TÉMOIN : HASAN HADIC [Assermenté]
11 [Le témoin répond par l'interprète]
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Asseyez-vous.
13 Alors, Monsieur, quelques éléments d'information sur la façon dont va se
14 dérouler cette journée qui vous est entièrement consacrée. Vous allez tout
15 à l'heure répondre à des questions que M. le Procureur va vous poser, le
16 Procureur que vous avez dû rencontrer hier ou ce matin. Il a été prévu aura
17 exactement une heure et demie pour vous poser des questions et vous
18 présenter des documents. Une fois que ceci aura été fait, les avocats de la
19 Défense qui sont situés à votre gauche auront aussi globalement une heure
20 30 minutes pour vous poser des questions, voire, le cas échéant, quelques-
21 uns des accusés qui pourront s'ils le souhaitent vous poser des questions
22 dans leur temps de parole. Les quatre Juges qui sont devant vous --
23 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai bien compris.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : -- les quatre Juges qui sont devant vous pourront
25 également vous faire préciser certains points ou vous poser des questions
26 parce qu'il peut leur apparaître que votre témoignage sur certains points
27 peut être très important, c'est pour cela que nous pourrons, le cas
28 échéant, vous poser des questions. Si vous éprouvez une difficulté
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1 quelconque, n'hésitez pas à nous faire part, nous sommes là pour faire en
2 sorte que votre témoignage se déroule dans les meilleures conditions
3 possibles. Essayez d'être complet dans vos réponses et précis. Parce que ce
4 que nous attendons de votre témoignage, c'est bien souvent savoir --
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, certainement, je vais faire de mon mieux
6 pour répondre à toutes les questions. Je vais être précis, je tenterais
7 d'être clair. J'ai tout compris, je vous remercie.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, parce que ce que nous attendons de vous, c'est
9 bien souvent à savoir qui a fait quoi, et comment cela s'est passé. Voilà
10 des informations que, grâce à votre témoignage, vous allez pouvoir mettre
11 en évidence. Comme je vous l'ai dit, si vous éprouvez un problème
12 quelconque, n'hésitez pas à nous en faire part. Voilà.
13 Sur ce, je vais donner la parole à l'Accusation qui va commencer son
14 interrogatoire principal.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien, merci.
16 M. KRUGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour,
17 Messieurs les Juges. Je voudrais également souhaiter une bonne journée à
18 mes collègues de la Défense.
19 Interrogatoire principal par M. Kruger :
20 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.
21 R. Bonjour.
22 Q. Est-il exact de dire que vous êtes né et que vous avez grandi
23 dans le village de Recice, dans la municipalité de Capljina ?
24 R. Oui, c'est exact.
25 Q. Est-ce que Recice fait partie de Domanovici ?
26 R. Oui, c'est à Domanovici. Domanovici est relié à Capljina, c'est-à-dire
27 qu'il y a une frontière entre les deux mais ma maison se trouve à 300 ou
28 400 mètres de Domanovici.
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1 Q. S'agissant de Domanovici et de Recice, les deux villages sont situés
2 sur le plateau de Dubrava; est-ce exact ?
3 R. Oui, c'est exact. C'est le plateau de Dubrava.
4 Q. En juillet 1993, est-il exact de dire que vous résidiez encore à
5 Recice ?
6 R. Oui. En juillet, oui, 13, 14 juillet. C'est à ce moment-là que nous
7 avons quitté le village.
8 Q. Monsieur, je suis prêt à aborder quelques détails d'ordre biographique;
9 est-il exact de dire que vous êtes marié en 1968 et que vous avez cinq
10 enfants ?
11 R. Cinq enfants, oui, deux d'entre eux sont morts -- effectivement, deux
12 d'entre eux sont morts immédiatement après leur naissance, l'un
13 immédiatement après la naissance et l'autre trois mois plus tard, alors que
14 mes trois filles sont en bonne santé.
15 Q. Donc, vos deux fils sont morts lorsqu'ils étaient encore bébés, alors
16 que vos filles sont en santé et qu'elles vivaient en 1993. Elles étaient en
17 vie ?
18 R. Oui, tout à fait. Jusqu'au 13 juillet.
19 Q. Le 13 juillet, est-ce que vous pouviez nous donner les âges de vos deux
20 filles, Sanela, Dzenita et Tanija ?
21 R. Tanija était âgée de 12 ou 13 ans, elle est née en 1980, alors que
22 Dzenita est née en 1986, Sanela est née 1970 ou 1971, je n'arrive pas à me
23 rappeler précisément soit 1970 ou en 1971, de 17 ans, Tanija 13 ans.
24 Q. Sanela, en 1993, est-ce qu'elle avait un bébé ?
25 R. En juillet, elle était âgée de six mois et, en janvier 1993, elle a eu
26 un bébé le 23.
27 Q. Le bébé était âgé de six mois.
28 R. Oui, le bébé était âgé -- enfin, il avait six mois en juillet.
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1 Q. Très bien. Je vous remercie. En 1992, Monsieur -- en 1993, est-ce que
2 vous étiez membre d'une organisation militaire ?
3 R. Non. Je n'ai jamais appartenu à quelle formation militaire que ce soit,
4 mais, lorsque j'étais jeune, j'ai servi le service militaire auprès de la
5 JNA. En 1992 ou 1993, non, je n'ai pas fait fait partie d'aucune
6 organisation, d'aucune armée, mais en 1993, en fait, j'ai transporté
7 l'armée pour l'HVO, quand ils étaient avec les Serbes dans cette partie-là,
8 ensuite, ils se sont retirés pratiquement, supposément, après les combats.
9 Il y avait donc --
10 Q. Je vous arrête ici. Est-il exact de dire qu'étant donné que vous étiez
11 chauffeur ou transporteur, et que vous aviez votre propre camion -- est-il
12 exact de dire qu'en 1992, vous assistiez, vous prêtiez votre assistance en
13 transportant les membres de l'armée dans votre camion ?
14 R. Oui, effectivement, au tout début, à deux reprises, j'ai conduit des
15 membres de l'armée. Je les conduisais.
16 Q. De quelle armée s'agit-il ? Excusez-moi de vous interrompre.
17 R. Là, déjà l'armée s'appelait l'armée du HVO, puisque cette partie-là du
18 HVO était déjà, cette partie-là de l'armée était déjà tombée sous le
19 commandement du HVO.
20 Q. Vous-même, est-ce que vous portiez un uniforme ? Est-ce que vous aviez
21 des armes ?
22 R. Non. Je n'avais pas ni d'uniforme ni d'armes. Mais plus tard, j'ai
23 monté la garde auprès du commandement pendant le jour, on se relayait,
24 mais, en tant que civil et, plus tard, lorsqu'il s'agissait de préparer les
25 tranchées, de protéger les tranchées également, on m'avait demandé
26 d'assister avec des bouts de bois, donc, on a coupé le bois pour protéger
27 les tranchées.
28 Q. Est-ce que c'était également pour le HVO, ces activités ?
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1 R. Oui.
2 Q. Votre activité principale au cours de cette période, donc, entre 1992
3 et 1993, était comme vous avez mentionné au tout début aux Juges de cette
4 Chambre, était de faire des travaux d'agriculture ?
5 R. Oui, en 1992, nous étions à même de labourer la terre, nous pouvons
6 travailler de façon tout à fait normale, jusqu'en juin déjà 1993. C'est en
7 juin plutôt 1993 que la situation a commencé à changer, elle était devenu
8 plutôt incertaine, et ce qui est arrivé est arrivé.
9 Q. Mais en avant d'en arriver au mois de juin, de juillet 1993 en 1992,
10 est-il exact de dire que dans la région dans laquelle vous habitiez la
11 composition ethnique était mixte même si la majorité des habitants était
12 d'origine musulmane de Bosnie ?
13 R. Le plateau de Dubrava pour ainsi dire était -- avait cette composition
14 là pour ce qui est de la municipalité de Capljina. Effectivement, de
15 Dubrava -- du plateau de Dubrava, je crois que oui. Bon, je n'ai pas
16 vraiment examiné la question, il y avait également des personnes qui,
17 indépendamment de leur appartenance ethnique, habitaient là. Je crois que
18 même les personnes nous diraient que, principalement, il y avait des
19 Musulmans de Bosnie, mais je crois que, pour ce qui est de Dubravica, alors
20 qu'avant Uplasici [phon], Recice pour tous ces villages, je crois qu'ils
21 étaient majoritairement musulmans. Mais ce n'est pas -- ce n'était pas
22 nécessaire non plus, il y avait également d'autres personnes appartenant à
23 d'autres nationalités qui habitaient dans ces villages.
24 Q. Pouvez-vous expliquer aux Juges de la Chambre quel était le rapport qui
25 existait entre les habitants de différents groupes ethniques en 1992 dans
26 la région dans laquelle vous habitiez ?
27 R. En 1992, je pense que c'était en avril, je ne suis plus exactement.
28 Vers la mi avril disons, c'est à ce moment-là que -- peut-être même déjà au
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1 début d'avril, la guerre avait pratiquement commencé d'une certaine façon.
2 Ce jour-là, le premier jour des hostilités, j'ai pris la terre de mon
3 voisin pour collaborer avec lui, c'est-à-dire il avait une mère qui n'était
4 pas en très bonne santé, il avait même un frère qui était à Belgrade. Il
5 était médecin et sa mère était malade, et avant cela un jour ou deux jours
6 avant le début des hostilités, j'avais -- je m'étais rendu à Trebinje à
7 bord de mon camion, il y avait le point de contrôle et ensuite je l'ai
8 emmené à Ploce et je suis retourné vers midi, vers 11 heures. Je crois qu'à
9 9 heures du matin il y avait un autobus qui partait de Ploce, mais bon ce
10 n'est pas vraiment important. Lorsque je suis arrivé à Capljina, j'avais un
11 frère à Capljina, et donc on m'a dit que déjà là, la guerre avait commencé.
12 Je ne savais pas quoi faire, est-ce que je rentrerai à la maison ? On m'a
13 dit : "Pourquoi est-ce que tu veux rentrer à la maison ?" J'ai dit : "Je
14 vais essayer de retourner à la maison." Donc, ce jour-là, j'ai pris
15 l'autoroute pour me rendre à la maison et il y avait des points de
16 contrôle.
17 Q. Excusez-moi de vous interrompre.
18 R. Oui, oui certainement.
19 Q. Vous parlez d'une guerre, c'est le début des conflits avec les Serbes
20 en 1992 sur le plateau de Dubrava; est-ce que c'est de conflit là que vous
21 parlez lorsque vous faites référence à une guerre ?
22 R. Sur le plateau de Dubrava, c'était déjà là des chars, donc, il y avait
23 déjà des chars, il y avait des véhicules blindés et ils étaient déjà là,
24 ils s'armaient mais on pouvait apercevoir des préparatifs et ce jour-là
25 lorsque je suis passé, je ne me rappelle pas exactement de la date, c'était
26 en avril 1992.
27 Q. Excusez-moi de vous interrompre, mais je vais poser une question
28 précise sur ce point. Lorsque ce conflit a éclaté, est-ce qu'on peut dire
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1 qu'à quelques moments que ce soit, eu égard aux relations que vous aviez
2 aux voisins croates, est-ce que vous avez apporté votre concours aux
3 voisins croates ? Est-ce que vous pourriez expliquer aux Juges de la
4 Chambre ce qui s'est passé lors de cet incident ?
5 R. A ce moment-là, je suis rentré à la maison, et étant donné que les obus
6 avaient déjà commencé à tomber près de la maison, j'ai traversé la Neretva,
7 je n'ai pas pu partir en voiture, j'ai laissé ma voiture sur la rive gauche
8 et nous avons traversé à bateau. Je ne vais pas parler de tous les détails,
9 mais je suis revenu le lendemain alors que d'autres personnes sont restées
10 là-bas. Il y avait des Croates aussi et des Musulmans, des Musulmans de
11 Bosnie. A certains endroits, ils étaient plus nombreux, d'autres moins
12 nombreux, certains ont réussi, d'autres non, mais je suis rentré chez moi
13 le lendemain et j'ai dit que je pouvais aider quelqu'un, ils sont restés là
14 -- s'ils restaient là, mais cela c'était le deuxième jour. Je suis allé à
15 Ploce ce jour-là, ensuite, je suis rentré à la maison. Je suis -- j'ai
16 retrouvé ma famille, ils étaient à Opuzen. Ensuite, le soir, nous sommes
17 allés à Ploce en Croatie. J'y suis resté pendant 15 jours environ parce
18 qu'il n'y avait pas de conflit, il y avait plus de gens qui sont restés et
19 il y a des gens qui commençaient à rentrer à cause de leurs bétails, de
20 leurs animaux. Bien, les gens rentraient car on avait laissé les animaux
21 seuls et abandonnés, donc, il fallait retourner pour les nourrir. Moi-même
22 je ne suis pas retourné pour très longtemps, accompagné de ma famille, et
23 on m'a donné l'ordre. Les enfants, les personnes âgées, et ma mère ont été
24 tués de l'autre côté de la Neretva à cette occasion-là. Mais j'étais encore
25 à la maison, j'ai réussi à faire passer mes enfants et ma mère, ils ont
26 passé de l'autre côté de la Neretva. Ils étaient sur la colline, ils ont pu
27 atteindre colline où ils sont nés de la maison, et ma mère venait de cette
28 autre maison, de l'autre côté, je ne sais pas ce qui s'est passé quand elle
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1 a été tuée, lorsque l'armée s'est retirée trois jours avant cela.
2 Toutefois, c'est un obus qui a tué deux personnes âgées, un voisin et ma
3 mère. Nous l'avons appris au moment où ils s'étaient retirés, lorsque le
4 HVO et l'armée et les Musulmans, tout ceci a été créé en même temps.
5 Q. Je souhaite vous poser une question encore une fois. Maintenant, que
6 vous nous avez donné la toile de fond, que vous nous avez expliqué la
7 situation, avez-vous reçu des demandes particulières de la part de vos
8 voisins croates pour ce qui est de la question de sûreté et de sécurité ?
9 Qu'avez-vous fait ?
10 R. Qu'est-ce que vous voulez dire si j'avais reçu des demandes
11 particulières ? Cela n'était pas utile, c'était mon voisin, il était là, il
12 avait une maison tout comme moi. Plus tard, lorsque j'ai amené la femme,
13 après quelque chose comme un duel de l'autre côté de la Neretva, cette
14 personne qui était croate, sa fille qui était venue de Belgrade, je les ai
15 amenées jusqu'à Pula d'être avec son fils. Au poste de contrôle de
16 Domanovici, je l'ai emmené jusque-là, et ensuite, j'étais allé à Belgrade
17 après cela, cela n'était pas en 1993, c'était en 1992. Le début du mois de
18 mai, le mois d'avril, quelque chose comme cela.
19 Q. Cette femme, que vous venez d'évoquer et que vous avez transportée
20 jusqu'à Pula, était-elle Croate ?
21 R. Elle était Croate. Oui, oui, elle était Croate.
22 Q. Quelle distance y a-t-il entre Pula et Recice ?
23 R. 700, 500 mètres, peut-être, en direction de la frontière avec l'Italie.
24 Cela m'a pris toute la nuit. C'est loin. C'est très loin et c'était la
25 nuit. Il faut traverser Zadar, Sibenik parce que
26 -- il fallait traverser Zadar, Sibenik parce qu'on ne pouvait pas prendre
27 le bateau. On ne pouvait pas emprunter le bateau, donc, il fallait
28 traverser.
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1 Q. Monsieur, si je puis résumer, si vous me le permettez. Si je devais
2 vous poser cette question : si vous avez transporté cette femme aussi loin
3 et que vous étiez disposé à le faire, puis-je vous demander quel rapport
4 vous entreteniez avec vos voisins croates, ils devaient être bons ?
5 R. A ce moment-là, ils étaient encore bons, mais, plus tard, et surtout en
6 1993, je ne sais pas. Je ne sais pas comment tout ceci est arrivé --
7 lorsque les conflits --
8 Q. Nous avons y revenir dans quelques instants. Monsieur, juste avant
9 d'arriver à cet endroit-là, juste avant d'évoquer cette question-là.
10 Pendant l'année 1992, au début de l'année 1993, est-ce que le HVO a pris
11 des positions, a installé des postes ou des casernes de Domanovici ?
12 R. Oui. Je peux dire que dès le début c'est ce que j'ai entendu dire et
13 c'est ce que j'ai vu également parce que j'y suis né, bien entendu. Je
14 devais travailler, échanger certaines choses et j'ai cru comprendre qu'il y
15 avait un peloton d'intervention dans l'école. Plus tard, au niveau des
16 casernes, je ne suis pas allé parce que cela ne m'intéressait pas. Ils
17 appelaient cela un peloton d'intervention et on pouvait apercevoir des
18 soldats. Ensuite, en 1993, au mois de juillet, et même avant le 1er, à
19 Gubavica et dans certaines régions, on arrêtait des gens et là où nous
20 étions dans notre petit hameau on n'osait pas aller dehors si on était
21 Musulman et si on allait au marché et qu'on mettait tout dans une voiture
22 ils les emmenaient toute la marchandise qu'il y avait dans la voiture. Les
23 gens étaient faits prisonniers donc nous n'osions pas sortir de chez nous
24 après le 1er.
25 Q. Ici vous dites : "Ils prenaient notre voiture, ils nous arrêtaient."
26 Lorsque vous dites "ils", de qui voulez-vous parler ?
27 R. Bien, à ce moment-là, pas moi, mais quelques jours qui ont précédé le
28 1er juillet, je n'étais pas là, mais les gens qui étaient au marché, par
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1 exemple, ou peut-être qu'ils emmenaient leurs véhicules avec leurs
2 marchandises à bord, mais ils les laissaient et ils avaient peut-être
3 entendu parler de cela, donc, ils partaient simplement. Mon camion restait
4 lorsqu'on m'a emmené vers le camp.
5 Q. Puis-je vous reposer cette question ? Qui arrêtait ces gens ? Ou qui
6 emmenait leurs voitures, leurs véhicules ?
7 R. A ce moment-là, c'était le HVO. C'était l'armée. C'étaient des soldats
8 et l'autorité à Capljina, à ce moment-là. Je crois que c'était le HVO et la
9 Croatie parce qu'avant ce moment-là, au mois de juin, j'avais fait
10 immatriculé ma voiture. J'avais pris ma police d'assurance croate, mon
11 permis de conduire et m'ont simplement un morceau de papier sur lequel on
12 pouvait lire Herceg-Bosna. Ils m'ont pris mon permis de conduire que j'ai
13 dû échanger avec ce papier à la place de mon permis de conduire, et ils ont
14 pris le document original, qui correspondait à la voiture que je possédais.
15 Q. Retournons à ces arrestations que vous avez évoquées et qui ont eu lieu
16 au début du mois de juillet. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, ceci
17 : au début du mois de juillet, dans votre région, dans la région de
18 Domanovici, est-ce que vous -- Recice, est-ce que les hommes ont également
19 été arrêtés, ou que s'est-il passé ?
20 R. Oui, Dubravska Visoravan, de Stolac, Capljina, il y avait pas mal de
21 soldats et il y avait des parents proches, des voisins des villages
22 voisins, que j'ai rencontré dans le camps. Ils faisaient partie du HVO, à
23 savoir si c'était au niveau des postes de contrôle ou au niveau des
24 tranchées. Ils ont été rassemblés et emmenés dans les camps. Certains
25 d'entre eux portaient encore ces uniformes de camouflage et s'ils n'avaient
26 rien à porter, on leur remettait ces uniformes vert olive en échange pour
27 remplacer ces insignes du HVO et ce genre de chose. Ils étaient nombreux
28 dans ce cas. Je suis sûr qu'ils vont venir vous parler. Je sais quel était
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1 le cas de mes parents proches. Certains d'entre eux ont même été passés à
2 tabac. Il y en a un qui était à Dretelj, qui a été frappé le 1er et le 2
3 juillet, et la plupart sont restés.
4 Q. Vous, Monsieur, vous avez été arrêté le 1er juillet ?
5 R. Ils m'ont arrêté le 13 -- non, plutôt, le 14 juillet.
6 Q. Avant le 14 juillet -- au début du mois de juillet, avez-vous été
7 arrêté à ce moment-là ?
8 R. Au début du mois de juillet, ils sont venus pour me chercher à deux
9 reprises. J'ai été à une occasion en train de préparer -- de me préparer
10 pour l'hiver et de faire -- de creuser pour les pommes de terre dans ma
11 cour et j'étais en train de préparer la nourriture pour l'hiver. Cela n'a
12 pas d'importance. Ensuite, ma femme les a remarqués, je crois qu'ils
13 étaient -- c'était la voiture d'un voisin. C'était le président de la
14 communauté croate à cet endroit-là, Jozo Popovic et son fils. Il avait une
15 Golf jaune et les soldats ne me connaissaient pas. Quelqu'un n'aurait pas
16 pu trouver ma maison si on ne leur avait pas indiquée, si c'était un voisin
17 ne leur avait pas dit où j'étais. Quoi qu'il en soit, lorsqu'ils sont
18 passés devant chez nous, lorsque ma femme m'a prévenu, lorsqu'elle a vu
19 qu'ils venaient de la direction opposée, ils étaient déjà venus, mais je
20 n'étais pas à la maison à ce moment-là. Elle pensait qu'ils allaient venir
21 pour les mêmes raisons.
22 Elle me l'a dit, elle m'avait prévenu, et je me suis caché dans l'abri qui
23 se trouvait à une vingtaine ou une trentaine de mètres de la maison. Dans
24 cet abri ou dans cette étable, j'avais du foin, j'avais des vaches. Il y
25 avait un autre parent proche qui était là, et nous nous sommes cachés
26 ensemble.
27 Q. Ils ne vous ont pas trouvés et ils ne nous vous ont pas arrêtés à cette
28 occasion-là ?
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1 R. Non, pas à ce moment-là. Ils ne nous ont pas trouvés nous nous sommes
2 cachés dans le foin.
3 Q. Ces hommes qui sont venus, si je vous ai bien entendu, vous avez -- il
4 s'agissait de soldats du HVO ou de membres du HVO; c'est cela ?
5 R. Oui, c'est exact, à 100 %. Il n'y avait pas d'autres soldats. Ils
6 n'auraient pas pu y avoir quelqu'un d'autre, et cela n'aurait pas pu être
7 quelqu'un d'autre. Ils sont venus avec des armes, ils étaient armés.
8 Q. Est-ce que vous avez reconnu ces hommes comme étant des soldats du
9 HVO ?
10 R. D'après leur insigne, ils portaient des insignes sur leur manche, sur
11 leur bras, puis je connaissais la voiture. Je savais qu'ils conduisaient la
12 voiture et ma femme, elle connaissait le chauffeur de la voiture également.
13 Q. Est-il exact de dire que les soldats sont revenus une deuxième fois
14 pour vous chercher, mais, à cette occasion-là, vous n'étiez pas chez vous,
15 vous étiez absent et c'est ainsi que vous avez réussi à échapper à cette
16 arrestation, à ce moment-là ?
17 R. Oui, je n'étais pas chez moi à cette occasion-là. De toute façon ils
18 sont venus deux fois, au moins deux fois pour me chercher. Entre le 1er
19 juillet et le 10 peut-être, parce que ce qui s'est passé le 13, s'est
20 passé.
21 Q. Bien. Donc, entre le début du mois de juillet et le 13 juillet, est-il
22 exact que hormis cette occasion-là où vous étiez absent, vous étiez surtout
23 à la maison chez vous et à l'intérieur ?
24 R. J'étais à la maison ou j'étais dans les environs, ou j'étais chez mon
25 voisin.
26 M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Pardonnez-moi, si je vous ai
27 interrompt, Monsieur Kruger, et parce que le témoin également était en
28 train de parler.
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1 Je souhaite vous poser la question suivante, dans la déclaration
2 faite par le témoin un peu plus tôt, à la page 1, vers le milieu de la
3 page. Il évoque ces soldats, au début du mois de juillet 1993, qui
4 portaient des uniformes de camouflage, qui sont venus comme il l'a dit :
5 "Pour vous dire me chercher à deux reprises." Il poursuit en disant, car le
6 témoin a dit et je cite : "Car les soldats venaient chercher les Musulmans
7 qu'ils savaient être encore chez eux." Ensuite, il poursuit en disant : "Je
8 peux dire que ces soldats étaient des membres du HVO ou de la HV. Je ne
9 peux pas prétendre, poursuit-il, que c'étaient tous des Croates peut-être
10 que certains de ces soldats avaient d'autre nationalité." Ceci est la fin
11 de la citation de la déclaration du témoin.
12 Voici la question que je souhaite poser au témoin, Monsieur Hasic,
13 s'il a vu des soldats venir chercher des Musulmans, à ce moment-là, si ces
14 soldats appartenaient au HVO ou à la HV, comme il l'a dit, si ces derniers
15 avaient peut-être une autre nationalité, autrement dit, qu'il ne s'agissait
16 pas à ce moment-là de Croates, est-ce qu'il pourrait parler de ceci, s'il
17 vous plaît ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Peut-être qu'il ne s'agissait pas de
19 Croates, de Hongrois ou de Musulmans. Mais c'étaient l'autorité du HVO et
20 leur soldats, Capljina, Dubravska, et toute cette région, le plateau de
21 Dubrava. Cela aurait pu être l'armée croate, je ne sais pas. Je n'ai pas
22 suivi tout ceci mais lorsque mon voisin a été emmené, ils sont venus à bord
23 d'une voiture, à bord d'un autocar, ils l'ont emmené. Lorsqu'ils sont venus
24 me chercher, j'ai vu que deux de ces hommes étaient armés. Je pouvais les
25 voir bien que j'étais caché dans la grange, leur camion était tout près.
26 Ils sont entrés, je peux dire que c'était des gens du HVO. Ils portaient un
27 uniforme et ils étaient armés.
28 Peut-être qu'il y avait des Musulmans, des Musulmans de Bosnie parmi
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1 eux, mais, au sein du HVO, ils étaient sous leur commandement. S'ils
2 étaient avec eux, cela revenait au même. S'ils étaient avec eux, ils
3 étaient bons, s'ils étaient mauvais, ils étaient mauvais.
4 M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Merci beaucoup.
5 M. KRUGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.
6 Q. Bien, maintenant, Témoin, vous avez parlé de la date du
7 13 juillet, mais hormis ces positions du HVO que vous avez déjà indiquées,
8 vous avez dit que ces positions se trouvaient à l'école et au niveau des
9 casernes de Domanovici. Est-ce que vous avez pu voir d'autres soldats ou
10 des soldats en déplacement, le 12 juillet 1993 ?
11 R. Oui. Dans les casernes il y avait des chars avant même le mois de
12 juillet, à Capljina, je pouvais voir un char. Je voyais des gens de là-bas.
13 Je connaissais un de mes voisins, son père était Macédonien, mais il était
14 né à cet endroit-là. Je l'ai vu c'était un soldat. J'ai vu sa femme. Les
15 autres sont allés en Allemagne. Je les ai vus quitter la caserne, ensuite à
16 l'hôpital.
17 Ensuite, le 12, dans l'après-midi, j'ai moi-même vu un VBR un lance-
18 roquettes multiple quelque chose qui ressemble à une jeep ait quitté
19 d'armes en direction de Mostar, ensuite la route mène à Dubrovnik, Mostar-
20 Dubrovnik-Sarajevo. Cela se trouve à 120 mètres de ma maison. Mais ils
21 allaient en direction de Gubavica. Ils allaient vers Mostar avec les armes.
22 Il y avait deux ou trois véhicules ou camions militaires. Le 13,
23 l'événement que nous avons évoqué s'est produit. Il y a eu des combats.
24 Q. Passons maintenant à la date du 13. Le 13, il y avait donc les
25 positions du HVO dans la caserne et à l'école. Est-ce que ce jour-là, le
26 HVO occupait d'autres positions à Recice ou près de votre maison ?
27 R. Oui, ce matin-là, autour des maisons, des voisins, de bons voisins
28 parce que nous coopérons encore aujourd'hui. Nous nous disons bonjour. Si
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1 quelqu'un a besoin d'aide nous nous aidons mutuellement. J'ai vu c'était un
2 domaine assez important, qui va jusqu'à la caserne. J'ai vu deux Buntici,
3 sous les pêchers c'était la maison de Buntici. Depuis la caserne -- ou
4 plutôt, depuis l'endroit où il y avait tous ces pêchers, j'ai vu plusieurs
5 soldats sortir en courant devant la maison de Mate Buntic. Ils sont sortis
6 avec leur sac à dos, leurs armes et leurs uniformes de camouflage. Il y
7 avait une maison qui était juste à côté, une maison où j'avais l'habitude,
8 c'était la sœur de mon voisin qui faisait construire une maison. Ils
9 avaient commencé à construire leur maison avant le début la guerre. Ils
10 construisaient leur maison et je les aidais de temps en temps. Il y avait
11 un point de défense à cet endroit-là, peut-être qu'ils s'étaient qu'ils
12 s'étaient concentrés ou s'étaient rassemblés à cet endroit-là, peut-être
13 qu'ils se trouvaient également à l'intérieur des maisons. J'ai vu qu'ils
14 étaient dans cette région, je les ai vu arriver, je les ai vus avec leurs
15 sacs à dos et leurs armes. Ils portaient un uniforme militaire.
16 Q. A quelle armée appartenaient ces hommes ?
17 R. Qui d'autre hormis le HVO, je ne sais pas. Peut-être qu'ils venaient
18 d'une autre région, mais c'était -- cela aurait dû être le HVO dans cette
19 région.
20 Q. Merci.
21 M. KRUGER : [interprétation] Avec l'aide de M. l'Huissier, je souhaite
22 montrer au témoin une carte grossièrement dessinée. Ce croquis a déjà été
23 remis aux Juges de la Chambre ainsi qu'aux avocats de la Défense ce matin.
24 Je suppose qu'il n'y a pas d'objections à cet égard, mais ceci nous
25 permettra de mieux comprendre cette partie de la déposition du témoin.
26 Donc, ce croquis a été dessiné par le témoin et, personnellement, je
27 l'ai redessiné sans les annotations du témoin, et je propose maintenant que
28 le témoin fasse des annotations sur ce croquis en question.
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1 Q. Est-ce que vous reconnaissez ce dessin, Monsieur le témoin ? C'est
2 dossier que nous avons évoqué hier après-midi ensemble ?
3 R. Oui, c'est la route qui va en direction de Mostar, qui vient de
4 Capljina et ensuite, qui va en direction de Stolac. Voilà, cela c'est la
5 route de Mostar.
6 Q. Est-ce qu'il s'agit là d'une illustration assez grossière et incomplète
7 de Domanovici et de Recice.
8 R. Bon, ceci n'est est incomplet, mais grosso modo, on peut dire que c'est
9 là qu'il y avait la caserne. On voit la distance, l'endroit où se trouvait
10 l'école, par rapport à l'école, l'intersection de Domanovici, l'endroit où
11 se trouve la maison de Buntic, grosso modo, cela ressemble à cela.
12 Q. Monsieur, est-ce que vous pourriez prendre un stylo, s'il vous plaît,
13 et regardez le dispositif qui se trouve sur votre droite que va vous
14 montrer M. l'Huissier. Je souhaite maintenant vous demander d'indiquer par
15 la lettre A l'endroit où se trouve votre maison ou l'endroit qui correspond
16 à votre maison sur ce dessin.
17 R. Celle-ci, ici, A. Je peux mettre le A sur la maison ou la mettre, la
18 lettre A à côté.
19 Q. Merci. Est-ce que vous pourriez indiquer par la lettre B l'endroit où
20 se trouve -- où se trouvait l'école de Domanovici et où était installé le
21 HVO ?
22 R. Cela c'est l'école.
23 Q. Veuillez indiquer par la lettre C l'endroit où se trouvait la caserne,
24 où se trouvait également le HVO.
25 R. Vous voulez la lettre "C," voilà, ici.
26 Q. La maison que vous venez de décrire à l'instant avant que je ne vous
27 montre cette carte, la maison dans laquelle se sont installés -- la
28 direction dans laquelle se sont rendus les soldats la matinée du 13. Est-ce
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1 que vous pourriez indiquer ceci par la
2 lettre D, s'il vous plaît ?
3 R. Voici les quatre maisons, les unes à côté des autres.
4 Q. Monsieur, pourriez-vous indiquer par la lettre X, l'endroit environ où
5 on a tiré sur vos filles. Nous y viendrons dans quelques instants.
6 R. [Le témoin s'exécute]
7 Ici se trouve la maison de la famille de Buntic. La maison donc je
8 l'ai indiquée.
9 Q. Monsieur, je pourrais peut-être vous poser cette question autrement.
10 Pouvez-vous faire une autre annotation par une lettre E, indiquez-moi la
11 maison de Meho Hasic ?
12 R. [Le témoin s'exécute]
13 Devrais-je dire ici --
14 Q. Oui, troisième par ordre, oui.
15 R. E.
16 Q. Oui, oui, cela peut -- marquez par la lettre E, justement, la maison de
17 Me Hasic.
18 R. [Le témoin s'exécute]
19 Q. Fort bien. Monsieur, pouvez-vous marquer par une lettre F, l'endroit,
20 le site ou la maison où fut re-transportés les corps de vos filles le soir
21 du 13 juillet ?
22 R. [Le témoin s'exécute]
23 F, vous dites ?
24 Q. Merci. J'ai pu remarqué que vous avez rajouté un carré là. Voulez-vous
25 s'il vous plaît nous expliquer ce que représente ce petit carré là ?
26 R. Etant donné qu'il s'agit là de cette maison là où ont été mes enfants,
27 tout près de mes enfants. Il n'y avait peut-être personne dans la maison,
28 mais il y a peut-être cinq mètres qui les séparent ceux deux maisons, voilà
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1 pourquoi je voulais mieux vous orienter. La maison de Meho ou de Rafo
2 Popovic, un peu plus à droit, mais je ne suis peut-être pas très adroit
3 pour vous faire le croquis, mais je sais tout cela.
4 Q. Merci. Je vous demande maintenant qui vous avez pu mieux vous orienter
5 sur ce croquis, de marquer par un X ou une petite croix l'endroit où se
6 trouvaient vos filles lorsqu'elles étaient atteintes, touchées ?
7 R. [Le témoin s'exécute]
8 Oui, mais en direction de Stolac. Mais pour mieux situer la maison,
9 ma maison est là, voilà. Oui, voilà, c'est à une distance de 100 ou 150 --
10 entre 100 et 150 mètres par rapport à ma maison au bord de la route. Ici
11 c'est la maison de la famille Buntic.
12 Q. Monsieur, on y reviendra, on en parlera sûrement plus tard.
13 Maintenant, je vous prie de bien vouloir décrire à l'intention de la
14 Chambre de première instance ce qui s'était passé en date du 13 juillet, et
15 ce qu'il était advenu très exactement de vos filles ?
16 R. Ce matin-là, lorsque je me suis réveillé, c'était en plein été, juin,
17 juillet, je me réveille très tôt le matin, à 5 heures pratiquement. J'ai
18 entendu comme une déflagration, comme une explosion. Etait-ce des coups de
19 feu en rafale ? Etait-ce des explosions de bombes juste au-dessus de la
20 colline Zele Nikovac [phon]. Il s'agit de parler d'une distance d'un
21 kilomètre qui nous sépare de cette élévation. Mais en tout cas ces
22 détonations, ces déflagrations, on a pu les entendre très tôt le matin.
23 Comme je me trouvais chez moi, vraiment dans l'incertitude pour savoir ce
24 qui s'était passé, était-ce peut-être 10 heures lorsque je me déplaçais
25 tout près de chez moi, il y avait des meules de foin tout près de ma cours
26 intérieure. Disons qu'on avait une bonne vue évidemment depuis ma maison
27 sans avoir eu quoi que ce soit comme précise de ce qui se passait. J'ai pu
28 entendre paraît-il comme une espèce de sifflement, un bruit dans l'air,
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1 avait-on entendu des tirs qui étaient tirés par des armes qui avaient un
2 silencieux. Je ne sais pas. En tout cas, c'était quand même des explosions.
3 Etait-ce un sniper qui avait une arme avec un silencieux ? Mais en tout cas
4 on ne pouvait pas savoir qui tirait d'où. Je n'ai pas pu vraiment réagir,
5 réaliser que c'était moins qui était pris pour cible.
6 Mais, en tout cas, un peu plus tard était-ce déjà midi passé ou une
7 heure ou deux ? Peu importe, je me suis dirigé vers le site où mes enfants
8 se sont faits tuer. J'ai voulu voir ce qui l'était advenu de mes voisins.
9 Q. De quel voisin parlez vous ?
10 R. Je parle de nos voisins Hajro. Ensuite, il y avait la famille de
11 Popovic. Je les ai trouvés chez eux, chez Meho, d'ailleurs dans la maison
12 de Meho. Mes enfants y allaient souvent. Ensuite, il y avait deux autres
13 voisins -- ils étaient un peu plus loin de chez nous près de Recice. A une
14 distance d'un kilomètre et demi. C'était encore le village de Recice, mais
15 le hameau de Krc.
16 Il y avait deux petites collines à traverser. C'est là où j'ai entendu
17 dire. C'était un Musulman, un preja [phon], qui était, lui aussi, près de
18 l'armée qui était venue. Il avait donc ces deux Croates que je connaissais
19 bien. Il y avait un qui était plus âgé que moi, plus âgé de deux ou trois
20 années, l'autre était moins âgé.
21 J'avais mes terres pas très loin de chez eux. Ces gens-là étaient tous
22 seuls et c'est le maître de maison qui m'a dit, que mes filles ont été
23 transportées par eux. Mais, en tout cas, pour parler de ce soldat de
24 l'armée ou de ces soldats, combien ils étaient, je n'en sais rien. Je ne
25 les ai pas trouvés chez mon voisin. Ensuite --
26 Q. Est-ce que je peux vous arrêter, s'il vous plaît, à ce stade-là ? Ce
27 matin-là, peut-on dire que, vous-même en personne, vous avez pu savoir que
28 dans le secteur de Recice ou de Domanovici, il y avait des membres de
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1 l'armée de BH ou d'une quelconque autre formation hormis celle du HVO ?
2 R. Pour parler de Domanovici, je n'en sais rien. Mais on a entendu dire,
3 en conséquence, qu'il y avait des combats dans -- Bivolje Brdo -- Grbavica,
4 en direction de Mostar. Grbavica est un peu plus loin que la colline de
5 Bivolje -- Bivolje Brdo. A-t-on dit qu'il y avait là des soldats, des
6 points de contrôle ? Probablement l'armée, elle y était présente. Il y a dû
7 y avoir des combats jusqu'à Bivolje Brdo.
8 Q. Pour ce qui est de Domanovici et de Recice ?
9 R. Pour parler de Domanovici et de Recice, je n'en sais rien. Je n'ai rien
10 vu moi-même en personne, mais là ce que j'ai pu voir, contrôler -- pour
11 parler du site où mes filles ont été tuées -- évidemment, on n'a pas pu
12 observer de ce soldat.
13 Q. Monsieur le Témoin, voulez-vous, s'il vous plaît, reprendre la toute
14 dernière portion de votre témoignage. Lorsque vous avez parlé, du secteur
15 où vos filles ont été tuées. Les interprètes en cabine anglaise ne vous ont
16 pas entendu. Vous dites : "Personnellement, je ne sais rien dire sur
17 Domanovici et Recice. Je n'ai vu personne, je ne peux pas dire pour autant
18 qu'il n'y avait personne. Mais là, où mes filles se trouvaient…" puis
19 après, qu'avez-vous dit ?
20 R. Là où nous nous trouvions, nous, pour parler du terrain de ce secteur,
21 de ce hameau de Glavica. En face des maisons de mes voisins et là où se
22 trouve le point de contrôle, où on avait une bonne vue on n'avait rien pu
23 observer aucun soldat, pour ne parler évidemment que de cette espace qui
24 nous sépare du lieu où mes filles ont été tuées par rapport évidemment --
25 l'espace par rapport aux maisons.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Un instant. Nous voulons vous poser une question.
27 M. LE JUGE MINDUA : Excusez-moi, Monsieur le Procureur, juste une petite
28 question pour le témoin.
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1 Monsieur le Témoin, je voudrais juste vérifier : est-ce que vous avez
2 bien dit que, pour cette journée du 13 juillet, depuis le matin, il n'y
3 avait pas de combat. Vous avez précisé qu'il n'y avait pas de soldats de
4 l'armija dans les environs, mais que vous aviez entendu une détonation, et
5 puis, selon vous, cela pourrait être des snipers. Il n'y avait pas de
6 combat du tout. Pas d'attaques dans le village. C'est bien cela, si j'ai
7 bien compris ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour parler de combat, non, il n'y avait pas
9 de soldats, ce matin-là j'ai entendu des combats mais dans un hameau voisin
10 à une distance de deux ou à trois kilomètres. Il s'agit d'une élévation
11 d'une colline. C'était presque une montagne qui se trouvait là. On ne
12 pouvait évidemment pas voir. On ne pouvait rien voir. Mais on pouvait
13 entendre les combats qui devaient y être menés. Mais pour parler des autres
14 secteurs allant vers Domanovici pour parler de combat alors on pouvait
15 entendre peut-être un sniper. A ce moment-là, j'ai eu l'occasion, comme je
16 vous l'ai déjà dit, d'entendre quelque chose. Lorsqu'il s'agit évidemment
17 de parler de la mort de mes enfants, lorsque j'étais chez mes voisins, m a-
18 t-on dit qu'une balle ou deux d'un sniper ont été repérées justement parce
19 qu'il y avait des impacts dans les murs de la maison de Meho, pour parle de
20 combats, ou pour parler de soldats, on ne pouvait pas les observer ne
21 serait-ce que pour parler de ce secteur-là.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : On est obligé de remuer des souvenirs très
23 douloureux pour vous, mais nous avons besoin de précision sur la mort de
24 vos deux filles. Je crois comprendre que vous étiez chez un voisin. C'était
25 à quelle heure exactement où vous avez été informé du fait que vos deux
26 filles avaient été victimes de tir ? C'était à quelle heure ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Oui. Je sais l'heure qu'il était parce
28 que j'étais devant cette maison-là pour voir de cela et lorsque j'étais de
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1 retour de mes voisins, c'était déjà vers les heures d'après d'après-midi.
2 Je ne peux pas être plus précis. On ne peut pas dire que c'était le
3 crépusculaire, mais disons vers les 5, 6 heures. Vous étions en plein été.
4 Il y avait encore deux personnes âgées, qui appartenaient aux familles
5 voisines, ces gens-là étaient malades, âgés, ils étaient venus là. Ils
6 étaient très inquiets. Ils étaient là pour nous donner un coup de main.
7 Pour être avec les enfants et étant donné que la nuit tombait déjà, j'avais
8 une petite maison à Glavica, à une distance de 500 mètres qui nous
9 séparait. Il y avait des gens là-bas aussi parce qu'ils se trouvaient un
10 petit peu à l'abri parce que, loin de la route, les enfants me demandaient
11 s'ils pouvaient y aller. Je leur ai dit : "Oui, vous pouvez y aller, mais
12 vous devez prendre soin de vous."
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous posez des questions précises parce que nous
14 devons nous savoir ce qui s'est exactement passé. Vous dites que vous avez
15 été informé entre 5 heures et 6 heures de l'après-midi. Est-ce que vous
16 avez été tout de suite sur les lieux, ou on avait transporté vos filles
17 ailleurs ? Est-ce que vous pouvez nous donner des précisions ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai tout de suite réagi parce que, lorsque
19 mes filles ont quittées la maison, j'avais mes vignes, j'avais un verger,
20 comme on pouvait dire, là où se trouvait à une distance de 50 mètres par
21 rapport à mon verger. Alors, elles avaient emprunté les vignes, il y avait
22 là une route goudronnée par rapport à mon verger à ma vigne. Etait-elle à
23 une distance de 50 ou 70 mètres, mais on pouvait tout voir.
24 Il y avait un verger. Il y avait un chêne -- un grand chêne tout près de
25 mes terres. Par conséquent, elles étaient un petit peu abritées par rapport
26 au site d'où elles pouvaient être observées. Mais lorsque elles se
27 trouvaient tout près des maisons voisines, il y avait des figuiers aussi.
28 Lorsqu'elles se sont trouvées juste tout près des figuiers, elles semblent
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1 être un petit peu abritées quand même.
2 Mais, en direction de Glavica, elles devaient monter une petite
3 pente, il y avait comme un guet ou comme un petit pont, il y avait ma
4 femme, les deux filles, pour ainsi dire elles se tenaient par les mains
5 dans les bras l'une dans l'autre, on pouvait bien les observer. Elles
6 avaient des joggings couleur rose, bleu, et cetera. Personnellement, j'ai
7 pu entendre le sifflement de balles et j'ai entendu des gens crier, au
8 secours, parce que à vol d'oiseau, avons-nous été à une vingtaine de mètres
9 seulement. Au dessous de mes vignes, au dessous de mes vergers en direction
10 de ces maisons-là.
11 Il me fallait à peine une minute ou deux pour y arriver. Lorsque j'y
12 suis arrivé, au moment même, ma fille avait déjà rendu l'âme. Vous
13 comprenez, j'avais vu également ma fille aînée. Je suis retourné vers la
14 maison, on m'a dit : voilà Sanela, Dzenita est blessée, chose dont je ne me
15 suis pas rendu compte.
16 J'y suis retourné encore une fois pour demander où se trouvait
17 Sanela. Elle se trouvait peut-être dans un fossé, comme dans un fossé, elle
18 était tombée dans les fossés sans pouvoir dire un mot. Je lui demandais :
19 "Veux-tu que ton papa te relève ?" "Oui," a-t-elle dit. C'était les seuls
20 mots qu'elle a proférés, je l'ai relevée. J'ai vu voir son sang qui coulait
21 du côté de son cœur. Je l'ai prise dans mes bras pour l'emmener vers la
22 route goudronnée, c'était en ce moment-là qu'elle a rendu l'âme. Je me suis
23 dit que dans le fossé, ce n'était pas tout à fait en sécurité.
24 L'autre de mes deux filles se trouvait sur la route, des gens
25 pleuraient autour de moi. Il y avait Katrica, la femme de Rafo, avec sa
26 marraine et avec sa fille. Il y avait un véhicule non loin de là, un
27 véhicule en mauvais état, comme une épave. J'ai pu voir que cette femme-là
28 était accroupie tout près de cette épave.
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1 Jusqu'à la fin du jour, lorsque tout semblait s'apaiser un peu, la
2 nuit tombait, nous les avons transportés dans la maison de notre voisin qui
3 portait le même nom de famille, Hasic, ce sont mes cousins germains. C'est
4 là que nous les avons laissés dans les sous sols de cette maison. Au cours
5 de la nuit, avons-nous passé près d'un Meho, il y avait un peu d'espace,
6 ils étaient plusieurs d'entre eux, et c'est là que nous avons pu passer la
7 nuit jusqu'au lendemain.
8 Si vous voulez que je poursuive, je suis à votre disposition.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : À part vos deux filles, ce jour-là, personne d'autre
10 n'avait été victime de tir ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour parler de ce secteur-là, non personne. Je
12 ne sais pas si ailleurs dans les environs il pouvait y avoir de victimes.
13 En tout cas, pour ce qui est de notre hameau, il n'y en avait plus, pour
14 autant que je sache.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Comme vous aviez votre fille qui a expiré dans vos
16 bras, vous avez par la suite regardez les blessures ? Vous avez dit que
17 celle qui vous a parlé juste avant de mourir, avait du sang qui coulait au
18 niveau du cœur. Vous avez regardé de près la blessure ou vous ne l'avez pas
19 regardée ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai bien pu observer tout cela lorsque
21 je l'ai prise dans mes bras et la relever. J'ai pu voir ce que je vous ai
22 dit. Pour ce qui est de ma seconde fille, elle a été touchée à la nuque et
23 plus près de son œil gauche. J'ai pu voir qu'il y avait comme, d'abord,
24 elle a reçu la balle dans la nuque. Cinq années plus tard, j'ai pu
25 seulement reconnaître d'après la trace qui était retrouvée au niveau de son
26 crâne.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, vous allez vous reposer pendant 20 minutes
28 parce qu'on va faire une pause. On reprendra l'audience dans 20 minutes.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
2 --- L'audience est suspendue à 15 heures 36.
3 --- L'audience est reprise à 15 heures 57.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, avant de vous redonner la parole, Monsieur
5 Kruger, Monsieur Mundis, je crois que vous avez une communication à nous
6 faire, mais voulez-vous la faire en présence du témoin, ou on demande au
7 témoin de sortir ?
8 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je
9 crois que je peux le faire sans demander que l'on -- qu'on évite la
10 présence du témoin.
11 Juste avant la pause, j'ai un e-mail concernant les témoins qui sont prévus
12 à comparaître, y compris également l'horaire pour le restant de la semaine.
13 On m'a informé --
14 M. LE JUGE ANTONETTI : On est en audience publique, on va passer en
15 audience à huis clos.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur
17 le Président.
18 [Audience à huis clos partiel]
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24 [Audience publique]
25 M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Je vous remercie. J'ai une question
26 de suivi pour M. Hasic. Monsieur, vous avez mentionné avant la pause en
27 répondant à ma question lorsque j'ai demandé quant aux soldats qui sont
28 arrivés au début de juillet pour emmener les hommes musulmans il a
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1 mentionné que parmi les soldats qui se trouvaient là il y avait également
2 des Hongrois. J'ai vérifié le compte rendu d'audience et effectivement le
3 témoin fait état de Hongrois.
4 Puisque je suis de cette origine hongroise, je voulais vous demander de me
5 répondre à deux questions. D'abord, pourquoi est-ce que vous pensiez qu'il
6 s'agissait de Hongrois ? Est-ce que vous les avez entendu parler, est-ce
7 que vous connaissez peut-être quelques mots en hongrois ? Est-ce que c'est
8 le langage que vous avez pu les reconnaître, ou par leurs uniformes ?
9 Portaient-ils des uniformes, si oui est-ce qu'ils portaient des uniformes
10 du HVO, ou d'autres uniformes ? Est-ce que vous les avez vus, ou est-ce que
11 vous aviez entendu dire que des Hongrois était-ce là pendant cette période-
12 là ? Voilà, mes deux questions.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Je comprends tout à
14 fait votre question. Je n'ai pas seulement entendu qu'il y avait des
15 Hongrois, mais je savais qu'il y avait des Hongrois. Je suis au courant --
16 je connais l'hongrois, les Allemands, les Bulgare et je n'ai pas dit
17 intentionnellement. J'aimais les Hongrois. Je n'ai rien voulu dire de mal.
18 Je sais qu'il y avait des gens qui venaient d'un peu partout. Comme vous
19 savez, j'ai dit cela, pas intentionnellement, pour vous vexer quoi que ce
20 soit. J'ai simplement dit : "Que les soldats portaient des uniformes du HVO
21 et le HVO était présent sur cette partie-là." C'est ce que j'ai dit. Je
22 n'ai pas voulu parler -- je n'ai pas voulu dire que j'ai entendu des
23 Hongrois parler. Non. Il y avait des personnes qui portaient des uniformes
24 du HVO. Je ne les ai pas entendu parler hongrois. Je n'ai pas vu qui
25 étaient les personnes qui étaient entrées dans les maisons. Mais pour la
26 plupart, c'étaient des soldats du HVO. Il y avait le commandement du HVO
27 dans cette maison-là. Voilà, c'étaient eux qui s'y trouvaient là. C'est que
28 je peux dire.
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1 M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Merci.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Mais, Monsieur, si vous avez dit que parmi les
3 soldats du HVO qui, par définition, sont des habitants de votre pays, il y
4 avait des étrangers ? C'est quelque chose qu'on vous a dit que vous avez
5 entendu à la radio, à la télévision, ou c'est un fait que vous avez, vous-
6 même, constaté ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je n'ai pas connaissance, moi-même. Mais
8 en suivant, vous savez, en entendant dire qu'il y avait des étrangers. On
9 disait, on parlait de Moudjahiddines. On parlait de personnes qui venaient
10 de l'Allemagne, de la légion étrangère. Vous savez, je ne peux pas dire que
11 j'ai suivi tout ceci. Je n'ai pas connaissance personnelle de tout cela.
12 J'ai dit que c'était possible, et que j'avais connaissance du fait que le
13 commandement du HVO en tant qu'armée était là. Mais est-ce qu'il est
14 possible qu'il y avait des Musulmans de Bosnie au sein du HVO ? Combien il
15 y en avait ? Effectivement, oui, il y avait peut-être des personnes qui
16 étaient bonnes, plus faibles, contre leur propre peuple. Je ne sais pas.
17 Mais, moi-même, je n'ai pas une expérience personnelle. Je n'ai pas
18 participé au conflit, mais il y avait du ouï-dire. J'ai entendu. J'avais
19 entendu parler. J'avais entendu dire cela par les médias ou par d'autres
20 personnes. Je n'ai pas personnellement entendu ni nu.
21 Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre
22 permission, je voudrais peut-être venir en aide au témoin pour expliquer de
23 quoi il s'agissait ? Il s'agissait de ceci. Il s'agissait de Hongrois qui
24 avaient fait quelque chose et le témoin a essayé de nous dire que c'était
25 le HVO qui avait fait quelque chose. Maintenant, s'agissant des Unités du
26 HVO, à savoir s'il y avait des Croates, des Musulmans, des Hongrois ou
27 d'autres personnes, que ce n'était pas vraiment important, mais qu'il
28 s'agissait du HVO. Voici ce que le témoin avait dit. Le témoin pourrait
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1 peut-être nous confirmer si c'est, effectivement, ce qu'il a voulu dire ?
2 Simplement pour élucider le point. Voilà, c'est ce que je voulais, vous
3 venir en aide pour interpréter ses paroles.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais essayer de répondre. Le HVO était
5 présent sur place et c'était l'Herceg-Bosna à l'époque, l'armée principale,
6 c'était le HVO. Au début, c'étaient eux. Plus tard, lorsque la guerre a
7 éclaté, c'était le HVO. Maintenant, je ne sais pas s'il y avait des soldats
8 croates au sein du HVO. Ils étaient majoritaires et c'était le gouvernement
9 croate de l'Herceg-Bosna et c'est ce que l'on disait à l'époque. Je ne sais
10 pas ce que l'on voulait dire à l'époque. Je n'ai pas vraiment suivi. Ce que
11 l'on disait, c'était un fil. C'était censé être comme cela.
12 Je ne sais pas si dans l'armée, il y avait d'autres membres ? Je ne
13 le sais pas. Je ne peux pas l'affirmer.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, vous avez dit qu'ils étaient
15 installés dans une maison. D'après vos souvenirs, est-ce que vous avez vu
16 les soldats du HVO, ils étaient combien ? Est-ce que vous avez un chiffre à
17 nous indiquer de manière approximative ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] -- à savoir combien il y en avait ? Ils
19 venaient peut-être avant la tombée de la nuit. Je ne sais pas. Je n'ai pas
20 suivi. Je n'ai pas vraiment regardé. Mais ce matin-là, lorsqu'on a entendu
21 les coups de feu et que l'on a entendu les détonations sur la colline, je
22 me déplaçais dans la maison et j'ai regardé pour voir ce qui se passait de
23 l'autre côté. Donc, j'ai vu les maisons des voisins. C'est ce que j'ai dit
24 : que vers 10 heures, les tirs venaient sans doute et sûrement de là, ne
25 sachant pas s'il y avait quelqu'un, puisqu'on n'entendait pas non plus les
26 coups de feu. Peut-être qu'ils avaient un silencieux sans doute.
27 J'ai vu, à ce moment-là, trois soldats qui couraient, qui sortaient
28 en courant des vignobles qui se trouvaient devant cette maison-là, et
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1 l'autre maison, les deux ou trois maisons que j'ai dessinées pour entrer
2 immédiatement dans la maison non terminée ou en construction. Maintenant, à
3 savoir s'il y avait d'autres soldats qui étaient entrés avant, je ne peux
4 pas vous l'affirmer. Je n'étais pas prêt, tout prêt. Mais j'ai vu que des
5 soldats étaient arrivés, là, armés. Ils avaient des fusils automatiques et
6 ils avaient des uniformes de camouflage. Ils avaient des sacs à dos. Donc,
7 ils sortaient des vignobles en courant. C'est ainsi que j'ai vu, à ce
8 moment-là, avec mes propres yeux, cela, et je présume que, ces deux-là,
9 c'est comment que mes filles ont été tuées. C'était sans doute moi qu'on
10 ciblait lorsque j'ai entendu quelque chose passer à côté de mon oreille,
11 dans l'air. Il est impossible que l'on ait pu tirer d'ailleurs.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous nous donnez un élément qui peut prêter à
13 confusion dans nos esprits. Vous venez de dire que c'était à 10 heures du
14 matin. On a cru comprendre que votre fille a été tuée entre 5 heures et 6
15 heures de l'après-midi. Alors, quand vous avez vu les trois soldats sortir
16 des vignobles en courant, c'était quelle heure exactement ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était dans la matinée, 6 heures, 7 heures,
18 non, quand ils sortaient des vignobles, une heure plus tard, peut-être,
19 parce que j'étais autour de la maison, car avant, peut-être que je m'étais
20 réveillé.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- des vignobles en courant. Vous avez,
22 à ce moment-là, entendu des coups de feu ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non pas à ce moment-là. Non, non, non.
24 Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Dans la matinée vers
25 5 heures du matin, j'ai entendu des coups de feu dans le village
26 avoisinant, et peut-être une heure ou deux heures après, je les ai
27 entendus. Je les ai vus. Je les ai vus sortir des vignobles. Mais ce que
28 l'on entendait avant, c'était dans l'autre village tôt le matin, alors que
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1 mes filles ont été tuées dans l'après-midi. J'ai dit le matin, lorsque je
2 suis sorti, j'ai entendu un coup de feu. J'ai entendu, en fait, quelque
3 chose passer à côté de mon oreille. Mais je ne savais pas d'où provenait le
4 coup de feu, puisqu'ils devaient sans doute utiliser un silencieux. Donc,
5 j'ai simplement senti quelque chose passer à côté de mon oreille. J'ai
6 senti, j'ai vu qu'ils y avaient dans l'air trois ou quatre coups de feu. Je
7 n'ai jamais tiré avec ceci, un silencieux. Je ne sais pas quel bruit cela
8 fait. Mais j'ai senti les coups de feu passer.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Le matin, les trois soldats qui sortaient des
10 vignobles en courant, est-ce qu'ils venaient du village voisin où avait
11 lieu le conflit où il y avait eu des tirs ? Est-ce qu'à votre avis, ces
12 trois soldats venaient du village voisin ?
13 M. STEWART : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. J'hésite,
14 bien sûr, à me lever, mais lorsque vous dites "selon vous," nous aimerions
15 plutôt vous demander -- de vous dire qu'effectivement, il est plus facile
16 de poser la question dans votre opinion, selon vous, car il faudrait savoir
17 ce que ce témoin a vu personnellement et ce qu'il peut dire. Alors, si vous
18 lui posez la question de cette façon-là.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : -- Votre observation me semble totalement déplacer.
20 J'ai pris toutes les précautions oratoires pour lui demander d'où venaient
21 les trois soldats qui couraient, donc ils arrivaient certainement pas en
22 parachute. Ils venaient bien de quelque part. Donc je lui demande d'où
23 pouvaient-ils venir ? Est-ce qu'ils venaient du village voisin ou
24 pouvaient-ils venir d'ailleurs ?
25 C'est le témoin qui vous nous renseigner, ou le témoin n'a aucune
26 certitude.
27 Est-ce que vous avez compris le problème ? Vous voyez sortir trois
28 soldats des vignobles, d'où pouvaient-ils venir ? Est-ce que vous avez une
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1 explication, ou vous n'en avez aucune ? Ou est-ce que puisque vous nous
2 avez dit que quelque temps, à cinq heures du matin, vous aviez entendu des
3 tirs dans le village d'à côté. Donc, un esprit logique peut peut-être
4 penser que ces trois venaient du village d'à côté. Alors, Monsieur le
5 Témoin, est-ce que vous pouvez nous renseigner, ou vous n'avez aucune
6 précision ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, voici ce que je peux
8 vous dire avec une précision. C'est à 300 mètres. La caserne est éloignée à
9 300 mètres et ils étaient de l'autre côté de la caserne. Ils ne pouvaient
10 pas venir d'ailleurs. C'était comme une caserne, comme un point de
11 contrôle. Donc, ils étaient positionnés à cet endroit-là dans cette
12 caserne. Est-ce sans doute des renforts qui provenaient, qui allaient en
13 direction de la caserne car en contrebas il y avait des jardins, des
14 vignobles, des vergers et donc c'est à 300 ou à 400 mètres de ma maison que
15 je pouvais très bien voir cette caserne et donc ils étaient venus des
16 vignobles et donc ils sont sortis des vignobles et c'est là qu'ils se sont
17 placés devant la maison. Lorsqu'ils ont tiré c'était complètement de
18 l'autre côté et donc c'est pour que l'on ne puisse pas les apercevoir
19 puisque derrière la maison il y avait une colline avec une forêt. C'est
20 ainsi qu'il était impossible de les voir. Je ne pouvais pas les voir tout
21 comme les autres, alors que les autres je pouvais les voir puisque d'un
22 côté de la -- je pouvais les voir dans la caserne. Je n'ai pas suivi. Je
23 n'ai pas vraiment suivi, mais je regardais par hasard et j'ai vu qu'il y
24 avait des hommes qui portaient des sacs à dos, des uniformes et des armes
25 et c'était sans doute des renforts. C'était peut-être une nouvelle caserne,
26 un nouveau point de contrôle. Mais ils étaient là, donc, ils ne pouvaient
27 tirer que de là car c'était impossible de tirer d'ailleurs.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, vous ne savez pas d'où venaient ces trois
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1 hommes. Vous dites c'était peut-être un renfort, mais c'est une hypothèse.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, depuis la caserne. Je le sais parce
3 qu'ils n'auraient pas pu venir d'ailleurs que de la caserne. Il n'y a pas
4 d'autres habitations, pas d'autres hameaux, pas d'autres villages de
5 Domanovici et là. Mais la caserne se trouvait en face et c'est là que leur
6 caserne de trouvait, que leur siège était placé. Je ne peux pas penser à
7 autre chose. Ils venaient de l'autre côté de la caserne et non pas du
8 village avoisinant. Je n'ai pas pu voir le village avoisinant. Mais j'ai vu
9 qu'ils venaient depuis en haut des casernes.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : -- question à poser, non. Vous avez répondu à la
11 question.
12 Monsieur Kruger.
13 M. KRUGER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
14 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, quelques petites précisions. Votre
15 fille cadette, Tanija, est-ce qu'elle a été blessée lors de l'incident ?
16 R. Oui, elle a été blessée aussi à ce même moment-là. Elle a été blessée
17 au genou, et plus tard, on l'a opérée en Allemagne pour ce genou justement.
18 Mais elle a passé la nuit là et le matin je l'ai emmenée à un endroit où on
19 lui a donné de l'aide, des soldats ont prodigué des soins médicaux, c'était
20 le HVO à Domanovici où ils étaient stationnés dans un café.
21 Q. Est-ce que c'était le lendemain matin ?
22 R. Oui. C'était le lendemain matin, oui, lorsque je l'ai emmené là-bas.
23 C'est à ce moment-là que je suis allé là-bas pour emmener des cercueils
24 pour mes filles et voilà je suis retourné avec Popovic et Rafo et je ne
25 pouvais pas tout seul placer les cercueils à bord de mon camion.
26 Q. Vous dites que vous avez emmené votre fille pour qu'on lui prodigue des
27 soins médicaux auprès du HVO à Domanovici. Est-ce que vous pourriez nous
28 donner du nombre de soldats qui se trouvaient là ce matin-là le 14 juillet,
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1 à cet endroit-là ?
2 R. Il y avait une ambulance improvisée dans ce café. Mais, à ce moment-là,
3 au moment où je suis arrivé, donc, cinq minutes plus tard, il y avait déjà
4 des soldats au carrefour. Il y avait des personnes que je connaissais, des
5 voisins, et ils étaient venus en guise de renfort. Il y avait 50 à 100
6 soldats près du carrefour. Ils venaient à pied. Ils étaient habillés en
7 uniforme militaire. Ils étaient armés. C'était après le 15, donc dans la
8 matinée après le 13.
9 Q. Fort bien.
10 M. KRUGER : [interprétation] Pourrait-on maintenant revenir au croquis qui
11 se trouve sur le rétroprojecteur juste à côté de vous ?
12 Q. Est-ce que vous voyez le carrefour sur ce croquis, là où vous avez vu
13 des soldats dans la matinée en question ?
14 R. Oui. De Capljina, il y a ce carrefour, il y a Stolac et Mostar. C'est
15 un carrefour entre ces trois-là. Ici, vous avez un café. Là ici, il y a un
16 café qui se trouve directement sur le carrefour, alors qu'en face vous avez
17 Capljina, Stolac, ici.
18 Q. Pourriez-vous, je vous prie, indiquer avec la lettre G, le carrefour
19 que vous venez d'indiquer, de nous montrer ?
20 R. [Le témoin s'exécute]
21 Q. Merci. Monsieur, vous pouvez bouger cette image pour vous orienter.
22 Vous avez indiqué votre maison comme étant la maison A. La maison B, c'est
23 la maison de Meho Bukmam, Meho Hasic plutôt. Je suis désolé. Vous avez
24 indiqué avec la lettre E également la maison. Mais est-ce que vous pourriez
25 nous indiquer à l'aide d'un X l'endroit où Dzenita et Sanela ont été
26 touchées, donc, le pont où vous filles, Dzenita et Sanela, ont été tuées.
27 Q. Merci. Je vous remercie.
28 M. KRUGER : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
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1 l'Accusation demanderait que l'on verse au dossier ce croquis.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je suis un peu perdu là. J'avais cru
3 comprendre que ces filles avaient été touchées au niveau du carrefour.
4 Voilà que, maintenant, il vient d'indiquer un autre emplacement. Alors,
5 pouvez-vous refaire préciser cela ?
6 M. KRUGER : [interprétation] Certainement.
7 Q. Monsieur le Témoin, pourriez-vous nous dire, je vous prie, s'agissant
8 de l'endroit où vous filles ont été touchées, pourriez-vous nous indiquer
9 cet endroit-là par rapport à la maison de Meho Hasic ?
10 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Hasic, vous pourriez peut-
11 être nous faire un croquis en nous indiquant la route que vos filles ont
12 emprunté lorsqu'elles sont sorties de la maison ? Est-ce que lorsqu'elles
13 sont arrivées au carrefour, elles ont pris la gauche ou la droite ?
14 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]
15 [interprétation] Voici la route. Une maison est ici. Voici la route;
16 cette route-ci, elles allaient par là, il y a une -- il y a un passage sous
17 terrain, et c'est là qu'elles passaient. Donc, voici ma maison, elles sont
18 sorties de ma maison, elles ont pris la gauche -- elles ont tourné à gauche
19 pour se diriger vers ces premières maisons-là et ceci se trouve à 100, à
20 120, 110 mètres. Je ne sais pas si c'est 120, 110, 100 mètres, mais voilà.
21 Donc, quand elles sont sorties de la maison, elles sont allées tout droit,
22 ils ont tourné à gauche et voilà c'est là qu'ils étaient. C'est le
23 carrefour, et ce que j'ai mentionné plutôt, c'était là où se trouvait
24 l'armée, à Domanovici. Domanovici est de l'autre côté de la route.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Le café où le HVO, les 50 à 150 du HVO se trouvaient
26 au café. Vous pouvez montrer le café ? Faites -- mettez une croix ou une
27 lettre.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est là, c'est là que se trouve le bar. Juste
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1 à côté de l'intersection sur la droite. Vous voulez que je l'indique par
2 une lettre, je vais l'indiquer par la lettre K. Oui, c'est là qu'il y avait
3 l'antenne médicale du HVO qui prodiguait les premiers soins.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez dessiné tout à l'heure l'endroit où
5 d'après vous se trouvait l'extincteur, on ne sait pas. Vous pouvez faire --
6 montrer l'extincteur et montrer où se trouvaient vos trois filles parce
7 qu'en réalité il y en a -- elles étaient trois. Vous avez dit que la Tanija
8 a été blessée au genou. Donc, sans dessiner, vous pouvez montrer d'après
9 vous quel a été le sens du tir ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est là que se trouve l'intersection
11 Domanovici. Voici ma maison, c'est là que l'on rejoint la route depuis ma
12 maison. Ceci n'est pas le bon croquis parce que ma maison se trouvait ici à
13 l'opposé, et c'est là qu'il y a la route, et ici c'est la route. Ils
14 étaient là. Ceci a déjà été indiqué, les maisons, ceci c'est ma maison,
15 ceci c'est en face et donc ceci ce serait les directions depuis ces deux
16 maisons. C'est deux maisons qui sont habitables, il y a des gens qui vivent
17 dedans, ils ont -- la construction -- leur construction s'est terminée,
18 mais les autres étaient encore en construction. Tout ceci se trouve à dix
19 ou 20 mètres.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, certainement. Une balle car elles
21 marchaient toutes les trois ensemble en direction --
22 M. LE JUGE ANTONETTI : La balle, on lui a enlevé la balle du genou ? Est-ce
23 que la balle a été extraite de son genou parce que vous dites qu'elle avait
24 été conduite au poste de secours apparemment du HVO, et j'ai cru comprendre
25 qu'elle avait été opérée en Allemagne, ultérieurement ? Qui l'a opérée
26 votre fille ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, la balle n'était pas dans le
28 genou, c'est simplement les tendons qui ont été touchés. A Zagreb, un peu
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1 plus tard, elle est allée voir un médecin. Mais étant donné que nous étions
2 en guerre, elle ne pouvait pas partir quand il le fallait. Lorsqu'elle a
3 été transférée à Capljina et ensuite à Zagreb, et ensuite, elle est
4 rentrée. Elle y est allée quand elle le pouvait. Mais la balle ne se
5 trouvait dans son genou, la balle l'a simplement blessée.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : La balle qui a blessé votre fille, est-ce que votre
7 fille vous a fait une relation circonstanciée de ce qui était arrivé ? Est-
8 ce que votre fille vous a dit : "Bien voilà nous étions toutes les trois
9 sur le chemin." Est-ce qu'elle vous a raconté tout cela, votre fille ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, tout ceci était très clair.
11 Lorsqu'elles ont quitté la maison, je les ai surveillées, les voyais de mes
12 propres yeux, je les ai vues descendre la route, leur mère était là -- ma
13 femme était là avec sa petite fille. Deux ou trois mètres ou quatre mètres
14 devant moi et mes filles étaient derrière. Lorsqu'elles sont arrivées sur
15 l'endroit où il y avait cet espace ouvert, elles regardaient aussi, et
16 c'est là qu'elles ont été blessées et tuées, je les ai vues.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, si je comprends, vous vous les avez vu vos
18 trois filles sur la route. Votre femme était là avec la petite fille qui
19 avait six mois et quand -- et c'est à ce moment-là que vos trois filles ont
20 été touchées par le coup de feu. Mais vous n'avez entendu que des
21 sifflements puisque vous n'avez pas entendu de détonation ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y avait coups de feu en l'air, mais c'était
23 des sons sourds, c'était difficile de savoir exactement d'où venait ce
24 bruit. Je pense qu'ils ont dû utiliser un silencieux. Mais il n'y avait pas
25 d'autres endroits, on voyait que c'était là, c'est là qu'on voyait les
26 soldats. Donc, il y avait les coups de feu et sans doute --
27 M. KRUGER : [interprétation]
28 Q. Monsieur le Témoin, je souhaite maintenant vous poser une question à
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1 propos de Gabela. Une dernière question. Que portaient vos filles et votre
2 femme au moment de cet incident ?
3 R. Je peux vous dire ce que portaient mes filles, elles portaient les
4 vêtements que portent habituellement les femmes. Je crois qu'elles
5 portaient -- les deux filles portaient un jogging. La fille du milieu
6 portait du rouge -- elle portait un jogging rouge. Elle était un plus
7 grande en taille. Donc, on pouvait le voir, mais c'était un -- cela c'était
8 des vêtements civils. Qu'est-ce que je peux vous dire de plus ? C'était des
9 couleurs claires, les couleurs des vêtements civils, les couleurs claires.
10 Q. Donc, le lendemain, Monsieur, le 14 juillet, vous avez déjà dit aux
11 Juges de la Chambre que vous êtes allé chercher les cercueils à Capljina.
12 Est-ce exact de dire qu'on vous a empêché de revenir dans votre village
13 car, à ce moment-là, on vous a emmené à Gabela; est-ce exact ?
14 R. Oui, c'est exact. Des preuves existent que j'ai été dans un camp, la
15 Croix-Rouge peut le prouver. C'est peut-être quelque chose que j'ai déjà
16 dit. Je me suis mis en route avec un voisin croate, car je pouvais le
17 faire. Je suis arrivé là-bas l'imam de Capljina m'ont remis ce cercueil,
18 parce que le magasin dans lequel je souhaitais acheter les cercueils était
19 fermé. L'imam qui s'appelle également Hasan, est décédé, après la guerre.
20 Je ne pense pas qu'il ait été tué, il était plus jeune que moi. C'est lui
21 qui m'a donné ces choses-là. Ensuite, je suis parti.
22 Q. Pardonnez-moi si je vous ai interrompt. Mais nous allons devoir
23 remettre certains détails.
24 Est-ce que avant d'être emmené à Capljina, vous a-t-on emmené ce
25 matin-là au poste de police de Capljina ?
26 R. Oui, parce que j'avais emmené mes affaires de l'imam, lorsque j'ai pris
27 ces choses-là que l'imam m'a donné, je me suis mis en route, car je
28 souhaitais inscrire le nom de mes enfants. Je me suis mis en route en
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1 direction de Capljina et Trebisac [phon], c'est là d'où venait ce marchand.
2 Je me suis rendu en compagnie de mon voisin, nous l'avons trouvé tout de
3 suite, nous l'avons précédé en voiture. Nous l'avons attendu devant le
4 magasin, sur la route dans la ville de Capljina. Je l'ai vu, je connaissais
5 son voisin. J'ai supposé que ce voisin dont la maison se trouvait à plus
6 que 5 ou 60 mètres de la mienne. Je suppose qu'il m'a vu et qu'il en a
7 informé la police car ce représentant de commerce n'était pas encore venu.
8 À ce moment-là, ils ont pris mes coordonnées et celles de Rafo Popovic.
9 C'était la police militaire, donc, je suppose qu'ils étaient des
10 militaires, en uniforme militaire. Je me suis rendu au MUP.
11 Q. La police militaire rapprochait à quelle organisation ?
12 R. L'armée du HVO ressemblait à la police militaire.
13 Q. Ensuite, ils vous ont emmenés au poste de police de Capljina ?
14 R. Oui. Ils m'ont emmené au poste de police, MUP.
15 Q. A qui avez-vous parlé au poste de police ?
16 R. Nous avons rencontré Rafo Popovic, son cousin, Velimir, fils de Karlo.
17 Rafo est né dans le même village que moi. Il est mort après la guerre,
18 mais, à l'époque, il était en vie. Son fils était l'adjoint du commandant
19 de la police. Il a dit qu'on devait m'emmener au camp de Gabela. J'ai dit
20 que mes enfants avaient été tués.
21 Q. Comment a-t-il réagi quand vous lui avez dit que vos enfants avaient
22 été tués ?
23 R. Il m'a dit que les Croates mourraient aussi qu'il ne savait rien que :
24 "Tu dois aller au camp de Gabela. Rafo sera responsable. Va t'occuper de
25 l'enterrement de tes enfants." J'ai donné mes coordonnées à une femme qui
26 se trouvait au poste de police, ensuite, les policiers m'ont emmené à
27 Gabela. Ceci est à 500 ou 600 mètres de là, pourquoi.
28 Q. Donc, à partir de là, je souhaite vous poser cette question. Si vous
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1 êtes donc arrivé à Gabela, est-il exact de dire qu'à Gabela, vous avez
2 précisé que vous souhaitiez être libéré pour pourvoir ou êtes mis en
3 liberté aller enterrer vos filles; est-ce exact ?
4 R. Oui. Je connaissais cet homme avant la guerre. Ce qui m'a encouragé à
5 le faire, c'était un commandant de police avant la guerre déjà. Je le
6 connaissais. Etant donné que je travaillais comme transporteur --
7 L'INTERPRÈTE : Les micros du témoin sont éteints.
8 M. KRUGER : [interprétation]
9 Q. Est-ce que vous pouvez répéter votre réponse, s'il vous plaît,
10 l'interprète ne vous a pas entendu.
11 R. Oui. Étant donné que je connaissais cette personne qui se trouvait à la
12 porte, c'était une personne âgée, il avait déjà pris sa retraite avant la
13 guerre, il prenait les coordonnées des gens qui arrivaient il m'a dit :
14 "Qu'est-ce que tu fais ici ?"
15 Q. Puis-je vous arrêter à ce point. Est-ce qu'il vous a fait attendre dans
16 un endroit précis ou quelqu'un est venu vous parler un peu plus tard dans
17 la journée ?
18 R. Oui. Il m'a retenu aussi longtemps qu'il le pouvait, à la porte. Il y
19 avait de la place à cet endroit-là, il y avait même quelques lits. Je me
20 suis assis attendre à cet endroit.
21 Q. Vers 7 heures du soir, qui est venu vous voir à cet endroit où vous
22 attendiez près de la porte ?
23 R. Je le connaissais. C'était un juge avant la guerre, maintenant il
24 portait un uniforme. A cette occasion-là, il est arrivé en uniforme.
25 Q. Est-ce qu'il vous a dit en quelle qualité il se trouvait là ?
26 R. Oui. Bien sûr, ils me l'ont dit. Ils m'ont emmené de l'autre côté de la
27 route. À la cantine, c'était autrefois une cantine militaire. Il y avait
28 des entrepôts à cet endroit-là. À ce moment-là, en tout cas, c'était une
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1 cantine.
2 Q. Qui était là dans la cantine, à ce moment-là ?
3 R. Le commandant du camp est entré dans la cantine, je ne le connaissais
4 pas. Si bien que cela, je savais que ce n'était pas un garçon avant la
5 guerre, on m'a expliqué que c'était le commandant, Previsic, Bosko, Boko.
6 Accompagné de ce juge, quelqu'un l'a escorté, c'est quelqu'un qui
7 s'occupait de la maintenance aux fins d'une entreprise. Ceci ne n'était pas
8 la personne en question, c'était quelqu'un qui -- un escorte en uniforme,
9 un militaire. Ils m'ont posé des questions. Ils sont venus me voir et M.
10 Ravnjak m'a dit qu'il souhaitait m'aider pour que je sois mis en liberté,
11 pour que je puisse aller enterrer mes enfants.
12 Q. M. Ravnjak, c'est la personne qui vous a rencontré à la porte lorsque
13 vous êtes arrivé à Gabela; c'est cela ?
14 R. Oui. C'est Ravnjak.
15 Q. Est-ce que vous avez dit au juge ou est-ce que vous avez demandé au
16 juge d'être mis en liberté pour pouvoir aller enterrer vos filles ?
17 R. Oui. Je leur ai demandé de me permettre d'aller les enterrer. Nous
18 sommes parlé et je leur ai demandé pourquoi la situation était telle que je
19 ne pouvais pas enterrer mes enfants. Nous nous étions bien entendu avec nos
20 voisins.
21 Q. Comment a-t-il réagi ? Quelle a été sa réponse ?
22 R. C'est Boko, en réalité, qui a dit que je -- je faisais état et je
23 nouais de bonne relations et pour qu'on me laisse partir. Il a dit : "Vous
24 n'êtes pas de gens normaux." Il a dit qu'il ne pouvait pas me laisser
25 partir. C'était des mots durs à mon égard. Le Juge a également dit -- Katic
26 a dit : "Qu'il ne devrait pas vous laisser," ensuite, ils ont dit que je
27 devais me rendre dans le hangar, et cette conversation a duré quelque dix
28 ou 15 minutes et ensuite, je suis parti parce qu'il n'y avait plus rien à
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1 faire.
2 Q. Au cours de cette conversation, cet homme que vous avez appelé -- ce
3 Juge que vous avez appelé Katic, s'est-il renseigné sur les circonstances
4 de la mort de vos filles ?
5 R. Peut-être, mais pourrait-on donner qu'un de mes parents proches était
6 là, le fils de Haso Ramic, et comme c'était après le début du conflit avec
7 les Serbes, il avait fait partie des autorités de Capljina et avec les
8 Croates -- il était avec les Croates. Il m'a dit que Ramiz était
9 responsable du conflit. Je lui ai demandé où il était, j'ai dit que je ne
10 le savais pas, je ne savais pas où il était. Il se cachait quelque chose
11 autour de maisons comme moi, il ne faisait pas partie de l'armée.
12 Q. Avant de poursuivre, d'après vous, une enquête a-t-elle jamais été
13 menée par le HVO sur les circonstances de la mort de vos filles ?
14 R. Monsieur, personne ne m'a jamais rien dit, personne n'a jamais essayé
15 de me dire quelque chose. Un peu plus tôt, je voulais
16 -- j'ai même cherché à savoir il y a quelques temps, ils m'ont demandé des
17 informations sur les victimes civiles. Donc, je suis allé chercher un
18 certificat de décès, mais il est précisé qu'elles ont été tuées dans la
19 municipalité de Tasic qui se trouva à sept kilomètres de la maison. Les
20 représentants officiels savent que cela n'est pas exact, mais c'est ce que
21 la radio, la police, c'est ce qui est écrit noir sur blanc. C'était à
22 pouvoir dissimuler tout ceci, de façon à pouvoir dire que quelque chose
23 s'est passé à tel ou tel endroit. Ce serait donc impossible, mais personne
24 ne m'a dit quoi que ce soit jusqu'au jour d'aujourd'hui.
25 Q. Monsieur, vous avez dit qu'après cette conversation-là on vous a emmené
26 à Gabela. Est-il exact qu'on vous a pour finir au hangar numéro 2 où vous
27 avez été détenu ?
28 R. Oui, oui.
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1 Q. Pourriez-vous nous donner les dimensions de ce hangar, s'il vous
2 plaît ?
3 R. Oui. Il y avait ces deux collines à cet endroit-là, il y avait quatre -
4 - ils étaient au nombre de quatre. Dans ces quatre, les gens y étaient
5 détenus. Nous sommes entrés dans le hangar numéro 3, nous y sommes restés
6 pendant un court laps de temps. On nous poussait et les gardiens étaient un
7 peu agités. Nous sommes entrés dans le hangar et à la porte certaines
8 personnes ont été maltraitées. J'ai entendu cela, je les ai entendu lancer
9 des injures, et nous étions dix ou 15 rassemblés à cet endroit. Nous sommes
10 entrés dans le hangar, le hangar numéro 3. Ensuite, ils nous ont fait
11 entrer pendant un cours laps de temps dans le hangar numéro 2.
12 Q. Qu'avez-vous trouvé à l'intérieur du hangar numéro 2 ?
13 R. Le hangar était plein de gens. Il y avait des palettes dans le hangar
14 numéro 2 parce que ceci avait servi de dépôt militaire pour du matériel
15 militaire, il y avait des engins exclusifs. L'un est très important, il
16 faisait 40 -- il était à l'entrée et le sol en béton avait été recouvert de
17 ces palettes, les gens avaient été placés entre les palettes et 90 % --
18 jusqu'au moment où -- jusqu'à l'arrivée de la Croix-Rouge, ils n'ont pas
19 retirées ces palettes.
20 Q. Bien. Vous avez dit qu'il y avait beaucoup de personnes à l'intérieur
21 de hangar. Pourriez-vous donner aux Juges de la Chambre un chiffre
22 approximatif et nous dire combien de personnes se trouvaient l'intérieur de
23 ce hangar ?
24 R. Oui, je n'ai pas compté les personnes qui se trouvaient à l'intérieur.
25 Le hangar faisait 30 mètres de haut sur dix ou 11 de large. Il y avait
26 entre 500 et 700 personnes à l'intérieur. Nous étions à l'intérieur jour et
27 nuit, nous n'avons pas compté -- je n'ai pas compté le nombre de personnes,
28 je ne sais pas. Je ne peux pas vous donner les chiffres exacts, mais nous
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1 étions trois par palette et nous devrions partager une demie couverture.
2 Nous nous étendions sur ces palettes, une palette fait un mètre sur 20 --
3 1,20 mètres carrés, nous étions trois par palette.
4 Q. Qui était ces personnes qui étaient à l'intérieur du hangar ? D'où
5 venaient ces personnes ?
6 R. Il y avait des jeunes gens que l'on connaissait de Stolac, de Capljina,
7 de Dubrava et plus loin -- et plus tard, des gens qui venaient de la région
8 de Mostar, des gens qui autrefois avaient fait partie du HVO et qui
9 venaient de chez eux.
10 Q. Donc, ces hommes, c'était des gens du HVO, des gens qui venaient de
11 chez eux. Etaient-ce à la fois des hommes qui étaient des Musulmans de
12 Bosnie, c'était des civils ou des membres de l'armée ?
13 R. En général, des civils et des soldats. Il n'y avait pas mal d'hommes de
14 Stolac qui avaient fait partie du HVO, qui avaient rejoint l'armée à
15 l'époque. Vers le 1er juillet, ou juste avant le
16 1er juillet, il y avait des gens de Rotanje, Hodovo, Stolac, Posajnici, les
17 gens qui avaient été sur ces lignes, ils étaient assez nombreux de Stolac.
18 Q. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges de la Chambre étant donné que
19 nous avons de moins en moins de temps ? Pourriez-vous décrire aux Juges de
20 la Chambre ce qu'on vous donné pour vous sustenter à cette époque lorsque
21 vous étiez à Gabela au début ?
22 R. Il vaut mieux ne rien dire du tout, mais je vais vous dire, je vais
23 vous dire ce qu'on nous a donné, Monsieur, du pain ce n'était non pas un
24 kilo. Il y avait 17 personnes. Il fallait diviser cette niche en 17, peut-
25 être quelque macaroni. Nous avions un quart de tasse pour 50 jours environ.
26 Ces personnes qui se trouvaient dans le hangar ne recevaient qu'un repas
27 par jour jusqu'à l'arrivée de la Croix-Rouge.
28 Q. Ce repas vous était servi à l'intérieur du hangar ?
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1 R. Oui. Ces repas nous ont été servis uniquement dans le hangar parce que
2 nous ne pouvions pas sortir des hangars. Juste deux jours, pouvait-on
3 sortir pour un temps très, très court pour ses propres besoins. Pendant
4 plus de 50 jours, les gens ne pouvaient pas sortir parce qu'il n'y avait
5 guère besoin de sortir. On recevait des baquets dans les hangars rien que
6 pour évidemment faire les petits besoins, pour le reste on n'avait guère
7 besoin. On avait été affamé. Nous avons souffert beaucoup.
8 Q. Monsieur, qui étaient ces personnels, ces gardes à Gabela ? Pouvez-vous
9 nous donner une idée là-dessus ?
10 R. Bien, pour ce qui est des gardiens d'ordinaire, ils étaient de
11 nationalité croate, des hommes d'âge déjà mûr peut-être de mon âge. J'en
12 connaissais quelques-uns avec qui j'étais en Allemagne. Je pouvais les
13 rencontrer. Il m'est arrivé de les rencontrer. Ces gens-là se trouvaient
14 mal lorsqu'ils devaient me rencontrer. Il y en avait un qui m'a donné des
15 boîtes de conserve de poisson, et cetera.
16 Q. Puis ?
17 R. Il y avait des gens qui étaient de Konjic. Il y en avait un qui se
18 trouvait dans ce camp. On voulait le faire sortir. On était venu le
19 chercher.
20 Q. Est-ce que je peux vous interrompre pour vous demander de présenter une
21 idée ne serait-ce très succincte pour décrire le comportement qui était les
22 leurs de ces gens-là parmi les gardes à votre attention, qui étiez vous
23 autres prisonniers de ce camp de Capljina ?
24 R. Très brièvement, dirais-je que c'étaient des traitements inhumains,
25 plus ou moins. Pour ce qui est de moi-même pour dire que j'étais mal traité
26 ou que j'ai été passé à tabac. Non. Non. Surtout pas, je n'étais pas dans
27 une cellule. Non. Mais à regarder, grosso modo, ces gens-là qui ont passé
28 là-bas pendant 50 jours, bien, il y en avait qui ne pouvait recevoir que
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1 trois kilogrammes de nourriture en 50 ans; ne serait-ce que pour parler de
2 l'eau ou du reste. Il y avait des gens qui pendant des jours entiers ne
3 recevaient aucune nourriture ni d'eau. Le premier soir où j'étais venu on
4 nous a apporté des boîtes de conserve, une espèce de goulache, il devait y
5 avoir 400 grammes de goulache à partager pour huit personnes avec rien de
6 pain. Voilà. Environ 50 jours, devais-je passer sous ce régime d'un repas
7 sans plus.
8 Q. Vous avez évoqué tout à l'heure le fait que vous n'avez pas été passé à
9 tabac, mais a-t-on frappé d'autres personnes ?
10 R. Oui. Oui. J'ai pu le voir. Je vous ai parlé tout à l'heure de quelqu'un
11 qui était de Konjic qui était parmi les gardiens. Ils étaient venus
12 chercher quelqu'un dont le nom de famille m'échappe, il était de Konjic, il
13 était chemineau ou c'est là qu'il habitait et qui était connu d'eux. A un
14 moment donné, ce gardien était venu dans le hangar où j'ai été détenu pour
15 le faire sortir et frapper, lui asséner des coups. Il avait des bleus
16 partout, meurtri, criait au secours, et cetera. Ne serait-ce que de ce cas-
17 là que j'ai pu observer moi-même. Plus tard, les gens se rencontraient pour
18 parler entre eux pour dire qu'il y avait des gens qui étaient isolés dans
19 des cellules. Il y en avait qui se sont faits tuer, ne serait-ce que pour
20 parler de deux de mes cousins germains, il y avait des gens qui étaient
21 moins âgés que moi de dix ans. Il y avait un asthmatique parmi eux, lui
22 devait évidemment être sous soins médicaux, et il est mort. Il en est mort
23 dans ces conditions-là.
24 Q. Cet homme-là est-ce qu'il a demandé des médicaments auprès des gardes ?
25 Est-ce qu'il leur a parlé de ses problèmes à lui, problèmes de santé ?
26 R. Oui. Il en avait demandé, certainement. Il y a eu un parmi les gardiens
27 -- de ces gardiens qui le lui avaient promis, mais il n'a jamais rien fait.
28 Comme c'était urgent, le lendemain, il était mort.
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1 Q. Je voudrais vous demander quelque chose au sujet de Bosko Previsic.
2 Est-ce que vous pouvez savoir quel était son comportement à l'égard des
3 prisonniers, en serait-ce que pour parler de ce que vous avez pu observer ?
4 R. Ils ne se comportaient pas bien. Pour ce qui est de ce comportement à
5 lui, il était très dur. A un moment donné, il était venu dans le hangar
6 pour dire que nous sommes de très mauvais gars, des illettrés, des balijas,
7 et cetera, pour nous humilier de la sorte. Ensuite, disaient-ils, ils
8 auraient préféré nous voir tous enterrés entre ces hangars, allez dire
9 maintenant s'il était normal ou pas pour dire des choses pareilles, mais,
10 en tout cas, ils étaient capables de faire de tels propos, moi-même, j'ai
11 pu en entendre pendant que j'étais détenu dans le hangar.
12 Q. J'ai encore quelques questions à vous poser au sujet de Gabela de ce
13 camp. Vous avez dit que la Croix-Rouge était -- des représentants de la
14 Croix-Rouge étaient venus là-bas 40 ou 50 jours après que vous êtes venu
15 dans le camp. Est-il vrai de dire qu'après cette visite de la Croix-Rouge,
16 tous les détenus se sont vus offrir deux repas par jour après la visite de
17 la Croix-Rouge ?
18 R. Oui. Oui. Lorsque la Croix-Rouge était venue, lorsque tout le monde
19 était enregistré depuis lors on nous donnait deux repas pour jour jusqu'au
20 dernier mois de notre détention, peut-être même plus de nourriture avons-
21 nous reçu, mais lorsque notre détention avait déjà duré après 50 jours,
22 peut-être qu'après, la Croix-Rouge nous a donné un peu plus de nourriture.
23 Q. Monsieur, à la fin -- avant de vous soumettre quelques documents,
24 revenons à vos filles, Sanela et Dzenita; est-ce vrai de dire que vous les
25 avez enterrées les deux dans votre verger au-dessus de votre maison de
26 Recice ?
27 R. Oui, cela est exact. Mais ce n'est pas moi qui m'en suis chargé. Il y
28 avait mon voisin et ma femme qui étaient restés à la maison. Il y avait des
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1 voisins. Il y avait des cousins. Il y avait le prénommé Ramiz. Ce sont eux
2 qui m'ont dit qu'ils se sont occupés tous pour enterrer mes deux filles.
3 Ramiz et puis après son cousin germain, étant donné que ces gens-là se
4 cachaient dans la forêt, eux ils se sont occupés de leur enterrement. Ceci
5 devait être en date du 14 ou du 15 je ne serais être plus précis.
6 Q. Environ un an plus tard, n'est-ce pas, une exhumation a été faite pour
7 que vos filles soient enterrées ailleurs ?
8 R. Oui, oui. Une commission s'en était chargée, il y avait un serbe de
9 Capljina qui a été mariée à une croate. Lui, il faisait partie de cette
10 commission qui s'en était chargée pour transporter les corps de mes filles.
11 Plus tard, ils seront venus chez moi, dans ma maison, il y avait des gens
12 qui étaient Croates de nationalité, des Bosniaques de Sarajevo, quelqu'un
13 qui était, par exemple, originaire de Sarajevo. Tout cela s'était fait en
14 l'an 2000. Plus tard, lorsqu'ils étaient venus chez moi, et on les avait
15 transféré à Modric près de Capljina, a-t-on parlé d'un cimetière dit de
16 partisans, et cetera ? Je ne me suis jamais rendu là. Lorsque l'exhumation
17 a été faite, en 1998, elles étaient transportées à Mostar. J'étais venu
18 d'Allemagne, et c'est à ce moment-là qu'on les a enterrés à Brestovnik
19 ainsi que tout près de Recice.
20 Q. Merci, Monsieur. Maintenant, je voudrais que l'on se penche sur le
21 document. Monsieur le Président, pour ce qui est des documents 09747 et
22 09748, ces deux documents portent -- ou plutôt, appartiennent au lot du
23 document, lesquels -- ont été enregistrés les circonstances dans lesquelles
24 sont mortes ces deux filles et qui pratiquement sous-tendent le témoignage
25 de ce témoin. S'il n'y avait pas d'inconvénients, s'il n'y avait pas
26 d'objection soulevée par les conseils de la Défense, je voudrais proposer
27 ces deux documents pour être versés au dossier.
28 M. KARNAVAS : [interprétation] Pas d'objection. Je ne pense pas que qui que
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1 ce soit de mes collègues puisse en avoir.
2 M. STEWART : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président, nous nous
3 rallions à M. Karnavas.
4 M. KRUGER : [interprétation] Merci, à mes éminent confrères de cela.
5 Q. Monsieur le Témoin, un autre document que j'ai ici, que je voudrais
6 vous soumettre. Il s'agit du document 0482.
7 M. KRUGER : [interprétation] Avec l'aide de l'Huissier, pouvons-nous peut-
8 être placer sur le dispositif e-court. Il s'agit de la pièce à conviction
9 qui nous intéresse à partir des pages 7 à 10 en version B/C/S.
10 Monsieur le Président, il s'agit du rapport de M. Mozowiecki. Je voudrais
11 tout simplement attirer l'attention du témoin sur le paragraphe 20 de ce
12 rapport. Il s'agit de la page 4 de la version anglaise.
13 Q. Monsieur, avez-vous maintenant sous vos yeux ce document ? Vous le
14 verrez plutôt à l'écran ou alors que M. l'Huissier vous assistera en cela.
15 R. Oui, mais pas en totalité.
16 Q. Monsieur, ce n'est que le paragraphe 20 qui nous intéresse. Je vais
17 vous en donner lecture. Il s'agit de la description du camp de Gabela.
18 "Encore toujours, nous ne disposons pas du tableau total qui nous décrirait
19 les conditions qui prévalaient dans ce camp de détention."
20 "Un ancien prisonnier a évoqué le fait que dans ces deux hangars entre 2000
21 et 3000 hommes ont été retenus dans ces deux hangars."
22 D'après vous, Monsieur, est-ce que vous pouvez vous mettre d'accord pour
23 dire que ceci correspond à la vérité, ne serait-ce que pour parler de votre
24 détention. Etait-ce vrai qu'il y avait deux hangars seulement, et que dans
25 les deux hangars les gens ont été mis en détention ?
26 R. Il n'y avait pas que deux hangars. Moi, il y avait un troisième et
27 quatrième. Je ne sais pas si ces hangars étaient complets ou bondés de
28 monde. Mais je sais que, depuis Dretelj, étaient venus des gens dans les
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1 hangars 3 et 4, mais il y avait quatre hangars. Trois d'entre eux ont été
2 déjà au grand complet pendant que j'étais là, peut-être qu'il y avait deux
3 ou trois de mes voisins qui eux avaient tout simplement fait la forêt
4 pendant plusieurs jours, mais ils se sont rendus eux-mêmes, ils se sont
5 livrés.
6 Q. Merci. Mais qu'en est-il pour parler de ce chiffre qui répond au nombre
7 de détenus de 3 à 4 000. Est-ce exact ? Ou est est-ce peut-être exagéré
8 d'après votre expérience ? Qu'en est-il ?
9 R. Peut-être que dans tous les quatre hangars cela se peut
10 approximativement d'avoir de 3 à 4 000. Mais, dans chacun de ces hangars il
11 devait y avoir de 500 à 700 détenus. Mais dire pour ma part qu'il devait y
12 avoir donné le droit, je ne sais pas. Mais en tout cas, que dans les quatre
13 hangars ceci est possible, mais pas dans deux hangars. Quand vous dites
14 tout à l'heure : "Oui, on peut tenir debout." Mais rien que debout l'un à
15 côté de l'autre. Mais y séjourner, non. Mais dans tous les quatre hangars,
16 oui. Mais je ne pourrais pas m'hasarder évidemment pour dire qu'il devait y
17 avoir 400 ou plus dans chacun des hangars.
18 Q. Merci, Monsieur. Voulez-vous, s'il vous plaît, écouter attentivement.
19 Je vous dis : "Les ratios de nourriture quotidiennement étaient composées
20 de 650 grammes de pain et qui devaient être partagés par 16 détenus et
21 d'une soupe. Quelquefois, ils ne recevaient rien pendant deux ou trois
22 jours au cas où les troupes du HVO subissaient des défaites dans les zone
23 de Bosnie centrale."
24 Est-ce que cela est exact ? Est-ce qu'on peut en dire autant et ainsi
25 d'après expériences qui sont les vôtres ? Ou avez-vous entendu parler ?
26 R. Oui, en ce moment-là, je crois que c'était peut-être le cas. Mais je
27 sais que les gens m'ont dit que lorsqu'il y avait des défaites du HVO
28 pendant deux ou trois jours, les gens-là qui étaient détenus avec moi ne
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1 recevaient rien. Lorsque j'étais venus moi on n'avait reçu ces boites de
2 conserve de "goulash" à partager entre nous, huit détenus que nous étions.
3 Cette conserve ne contenait que 400 grammes de nourriture. Mais pour parler
4 de ces trois journées pendant lesquelles ils ne recevaient pas de
5 nourriture, ce sont les gens qui me racontaient tout simplement, je n'ai
6 pas pu constater une chose pareille. Mais c'est avant que je vienne là-bas
7 que de telles choses s'étaient produites.
8 Q. Nous allons poursuivre, toujours sur même sujet : "Les hangars étaient
9 presque hermétiquement fermés, scellés. Pendant ce mois d'été, les détenus
10 risquaient d'étouffer. Les gardiens menaçaient l4 les prisonniers de tirer
11 dessus moyennant les rafales de mitrailleuses si les prisonniers
12 continuaient évidemment de frapper sur les parois des hangars." Qu'est-ce
13 que vous en pensez ?
14 R. Il y avait Boko Previsic et d'autres gardiens qui disaient, eux, qu'au
15 cas quelqu'un essayait de s'évader, que tout autour était miné et puis, il
16 y avait aussi des moments où ces gens-là, ces gardiens entraient dans les
17 hangars. Etait-ce peut-être au moment où des combats étaient livrés ? Ces
18 gens-là nous provoquaient, nous donnaient des ordres de nous mettre
19 parterre à plat ventre. Cela ne pas dire qu'on a tiré dessus, mais en tout
20 cas, au moins une ou deux occasions, nous avons dû nous coucher parterre à
21 plat ventre, et voilà.
22 M. KRUGER : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
23 une toute dernière pièce à conviction. Il s'agit de ce croquis qui était
24 annoté par le témoin. Le témoin a fait des annotations complémentaires sur
25 cette carte.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que nous pourrions avoir un numéro IC ?
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agira de
28 la pièce à conviction IC 116.
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1 M. KRUGER : [interprétation] Est-ce que je peux demander au témoin de juste
2 tracer la ligne des projectiles dans lesquelles circonstances -- pour
3 traduire les circonstances dans lesquelles cette femme a été tuée ?
4 R. Non. Il ne s'agit pas de ma femme -- de cette femme, mais de mes
5 filles.
6 Q. Monsieur, sur ce croquis, sur ce diagramme. Vous avez tracé la ligne
7 qui sépare le site D et la maison F. Est-ce que vous pouvez peut-être faire
8 une autre annotation y apporter le chiffre 1 ? Peu importe où au niveau de
9 ce tracé depuis la maison au site marqué par le F.
10 R. [Le témoin s'exécute]
11 Q. Très bien. Merci. Pouvez-vous maintenant apposer votre signature à ce
12 croquis en bas de croquis -- à droite, là où vous avez suffisamment de
13 place. Voilà. Dans un coin apposez votre signature. Oui.
14 R. [Le témoin s'exécute]
15 Q. Merci. Est-ce que vous pouvez également y inscrire la date
16 d'aujourd'hui, nous sommes en effet le 27 novembre 2006.
17 R. [Le témoin s'exécute]
18 Q. Merci beaucoup. Merci, Monsieur.
19 M. KRUGER : [interprétation] Le Procureur n'a plus de questions pour ce
20 témoin.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons prendre la pause de 20 minutes. Comme
22 cela, on pourra démarrer utilement le contre-interrogatoire après la pause.
23 Donc, nous reprenons dans 20 minutes.
24 --- L'audience est suspendue à 17 heures 22.
25 --- L'audience est reprise à 17 heures 46.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, la Défense qui commence.
27 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, la Défense de M.
28 Pusic, n'a pas de question. Merci.
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1 M. KARNAVAS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs
2 les Juges. Nous n'avons pas de questions pour ce témoin, non plus. Nous
3 aimerions le remercier toutefois d'être venu et d'avoir déposé.
4 M. MURPHY : [interprétation] La Défense de M. Stojic n'a pas de questions
5 pour ce témoin non plus, Monsieur le Président.
6 M. KOVACIC : [interprétation] La Défense de M. Praljak n'a pas de question
7 pour ce témoin non plus.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Stewart.
9 M. STEWART : [interprétation] Nous avons quelques questions, Monsieur le
10 Président.
11 Contre-interrogatoire par M. Stewart :
12 Q. [interprétation] Monsieur Hasic, en fait, je demanderais que l'on
13 montre au témoin le sketch qu'il a dessiné.
14 Pendant que l'on vous présente le document, je représente avec Mme Alaburic
15 et M. Petkovic, notre client, nous aimerions simplement tout comme les
16 Juges avoir quelques précisions concernant ce terrible événement, triste
17 événement.
18 Tout d'abord, pourriez-vous, je vous prie, nous indiquer sur ce
19 croquis où vous étiez exactement dans la matinée quand vous avez entendu ou
20 senti une balle passer juste à côté de votre oreille ?
21 R. Voici ma maison.
22 Q. Je crois que la lettre H serait peut-être une lettre appropriée. Nous
23 n'avons pas encore utilisé la lettre H.
24 R. [Le témoin s'exécute]
25 Q. Très bien. Merci. Vous avez dit, il n'y a pas très longtemps tout à
26 l'heure que vous ne saviez d'où venait le coup de feu, n'est-ce pas ? Vous
27 ne pouviez pas déterminer, est-il exact, vous ne pouviez pas dire d'où
28 venait le tir ?
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1 R. Le coup de feu était tiré à l'aide d'une arme avec un silencieux, donc,
2 on ne pouvait pas voir d'où provenait, on ne pouvait pas sentir d'où
3 provenait le tir, mais à ce moment-là, lorsque le tir a été tiré, je ne
4 savais pas que c'est moi que l'on ciblait. Mais, ce jour-là, lorsque je
5 suis allé voir les autres gens, là en contrebas, c'est là que j'ai senti
6 que les tirs que j'ai entendu dire que les tirs avaient atteint leur
7 partie. Ce matin-là, lorsque mes filles ont été tuées, j'ai senti quelque
8 chose, ne pensant pas du tout que l'on me ciblait. Je croyais que c'était
9 un hasard. On ne pouvait pas dire, par exemple, c'est d'ici que l'on a tiré
10 ou de là, car c'est de l'air que l'on pouvait sentir -- se dégager. Mais je
11 peux simplement vous dire où mes filles ont été touchées. C'est tout ce que
12 je peux vous dire, Monsieur. Je crois qu'il n'est pas très difficile de
13 répondre à cette question. Est-ce que vous aviez pu déterminer après que
14 vos filles aient été touchées à la suite d'une information tenue concernant
15 les soldats ? Est-ce que vous aviez pu déterminer d'où provenaient les tirs
16 à ce moment-là ? Il était absolument impossible au moment où s'est arrivé -
17 - il était impossible de dire d'où les tirs provenaient, mais plus tard,
18 vous avez pu reconstruire dans votre esprit la provenance des tirs, n'est-
19 ce pas ?
20 R. Lorsque le tir a eu lieu, plus particulièrement le matin, c'est vrai
21 que je dois dire qu'il y a eu plusieurs tirs puisque c'était trois coups de
22 feu qui ont été tirés en même temps, puisque elles ont été touchées toutes
23 les trois au même endroit. Mais c'était certainement avec un silencieux. Il
24 était absolument impossible que l'on tire d'à côté. Il n'avait aucune autre
25 possibilité. Il était impossible non plus de voir quelqu'un ailleurs. Tout
26 était ouvert, il faisait jour mais il n'y avait que cette caserne. Cet
27 endroit que j'ai vu là, où j'avais vu les soldats entrer lorsqu'ils
28 venaient dans la matinée et pendant la journée il n'y a pas eu de mouvement
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1 devant la maison. Donc en contrebas, je ne pouvais pas voir personne, y
2 apercevoir personne. Seulement il était impossible de tirer depuis cette
3 caserne. Ce n'était que de là que l'on ait pu tirer.
4 Q. Mais vous ne nous dites pas par exemple que vous pourriez dans la
5 matinée, je parle toujours de la matinée, n'est-ce pas, de ce matin-là, en
6 question, vous ne dites pas que vous pouviez nous montrer ou dire d'après
7 le bruit qui a produit la balle, vous ne pouvez pas nous dire d'où
8 provenait le tir, n'est-ce pas ?
9 R. Non. Mais quand l'événement a eu lieu, lorsque j'ai entendu dire --
10 lorsque j'ai entendu que en contrebas, ou depuis là, on m'avait -- on a
11 essayé de me tirer, j'ai entendu dire qu'il y avait des coups de feu qui
12 avaient atteint ma nièce là, ensuite mes enfants. Donc, ce n'est qu'après
13 que j'ai compris que c'était sans doute à ce moment-là, que ces gens
14 voulaient -- que ces hommes ont essayé de m'atteindre également, de me
15 toucher également. C'était probablement cela. Mais ils m'ont manqué de
16 quelques centimètres sans doute. Mais à ce moment-là, je n'ai pas pensé que
17 c'est moi que l'on ciblait. Mais je crois que c'était certainement le cas.
18 Plus tard lorsque j'ai réalisé ou repensé à la situation, j'ai compris que
19 c'était moi qu'ils voulaient toucher. Mais, heureusement, Dieu merci, je
20 n'ai pas été touché.
21 Q. Juste pour être tout à fait clair. Là-bas, dans la salle de bain,
22 c'était dans la maison de quelqu'un d'autre qui se trouvait à une centaine
23 de mètres, de là, mais est-ce que c'était un autre moment, est-ce que
24 c'était une autre fois ?
25 R. Oui.
26 Q. Très bien merci. Je vous demanderais de toujours prendre ce croquis et
27 de nous dessiner très simplement, il n'est pas nécessaire de dessiner avec
28 une grande précision le canal, mais le canal qui se trouvait au bas de la
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1 route, donc, le canal à côté duquel vos filles ont été touchées ?
2 R. Voici ce canal. Au-dessus, il y a une route goudronnée. En dessous, il
3 y a une dépression, c'est là que ma fille est tombée, mais un mètre ou deux
4 mètres de là, il y a une entrée, c'est un petit pont. Mais j'appelle cela
5 un canal. C'est un tout petit pont. Autrefois, il y avait un pont assez
6 invisible. Au dessus de la route, il y a un canal. Le canal se trouve à
7 côté de la route. Là, où ma fille est tombée, mais elle était sous la route
8 goudronnée.
9 Q. Très bien. Merci beaucoup. Je crois qu'il est facile de tout décrire
10 pour le compte rendu d'audience. En angle droit, à droite de la route où
11 votre fille a été touchée, je crois que c'est assez facile à décrire.
12 Maintenant, pourriez-vous nous faire dessiner un arbre. Vous avez dit dans
13 votre déclaration que les personnes qui ont tué vos filles n'étaient pas en
14 mesure de les voir immédiatement, lorsqu'elles ont emprunté la route, car
15 il y avait des arbres, des fruitiers, y compris un énorme très grand arbre
16 de très grande taille. Donc, pourriez-vous nous le dessiner, je vous prie,
17 pour nous montrer où il se trouvait, et pourquoi est-ce que leur vue aurait
18 été obstruée par cet arbre ?
19 R. Voici de ma maison, il y a cette route. Elles sont arrivées, elles ont
20 traversé à peu près 50 ou 60 mètres avant d'arriver à la route. Ensuite,
21 elles ont pris cette route, 50 mètres en dessous de mes terres, c'était le
22 verger qui se trouvait là. Elles sont sorties du verger sous la route en
23 contrebas de la route, elles ont emprunté la route principale et c'est
24 quelque peu caché par ces arbres, parce qu'il y avait d'autres arbres
25 fruitiers y compris les vignobles, le chêne se trouve en fait, l'énorme
26 chêne était là. Il n'est plus là. C'était un énorme chêne.
27 Q. Monsieur Hasic, pourriez-vous je vous prie, à l'aide d'un cercle peut-
28 être nous faire le dessin du chêne en question. Il ne s'agit pas de
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1 fruitiers, mais de chêne. Pourriez-vous nous l'indiquer, je vous prie ?
2 Peut-être de le définir en proportion si c'est possible. C'était de l'autre
3 côté de la route, n'est-ce pas ? Je vous prie tout simplement, Monsieur
4 Hasic de faire un cercle, un cercle serait peut-être plus simple.
5 R. [Le témoin s'exécute]
6 C'est un chêne énorme qui se trouvait sous la route. Le chêne était
7 absolument énorme, il se penchait au-dessus de la route. Ce n'est pas un
8 chêne qui se trouvait très bas. Il était plutôt au-dessus. De mon verger à
9 moi, depuis ce chêne, il y a peut-être 60 mètres, 50 mètres où elles se
10 trouvaient. Mais c'est déjà plus dégagé comme espace. Il y avait deux
11 maisons et devant ces maisons il n'y avait rien de plus. Il était plus
12 facile d'apercevoir depuis les maisons en question et il était plus facile
13 d'atteindre quelqu'un qui se serait déplacé sous cette route.
14 Q. Monsieur Hasic, je vous demanderais de répondre plus précisément à mes
15 questions. J'espère que mes questions seront brèves, courtes. Je vous
16 demanderais vraiment d'être concentré, d'être précis. Pourriez-vous nous
17 indiquer je vous prie sur le croquis, l'endroit où se trouvaient les arbres
18 fruitiers ? Vous avez dit que ces arbres obstruaient la vue des personnes
19 qui ont tué vos filles. Encore une fois, je vous demanderais d'essayer de
20 garder les proportions si possible.
21 R. Voici le verger qui se trouvait à la gauche et le verger s'étendait
22 jusqu'à ma maison. Donc tout près, il y avait des pêches là. Une partie
23 c'était des vignobles, mais c'était des pêches qui se trouvaient là. Comme
24 elles étaient sorties, là c'est impossible de les atteindre.
25 Q. Monsieur, encore une fois, je suis désolé de vous interrompre mais je
26 vais devoir vous demander de vous en tenir à mes questions. Donc, quelle
27 était la hauteur de ces arbres-là ?
28 R. Jusqu'à trois mètres, trois mètres et demi. On peut cueillir les pêches
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1 depuis le sol, mais on peut également monter sur l'arbre quand on cueille
2 les pêches. Donc, c'est deux mètres et demi, trois mètres. Mais ces arbres,
3 ces pêchers se trouvent peut-être à trois mètres de distance les uns des
4 autres.
5 Q. Monsieur Hasic, d'abord, est-ce que l'on pourrait être d'accord pour
6 dire de quelle façon est-ce que le chêne pouvait obstruer la vue de qui que
7 ce soit. Vous avez parlé des personnes qui ont tué vos filles. Vous avez
8 dit que le chêne obstruait la vue, mais de quelle façon est-ce que le chêne
9 pouvait obstruer leur vue puisqu'on pouvait les apercevoir de l'autre côté
10 de la route ? Je ne sais pas si vous comprenez ma question. Expliquez-nous,
11 je vous prie, de quelle façon est-ce que le chêne était ou cachait la vue
12 des personnes pour lesquelles vous pensez -- les personnes qui ont touché
13 vos filles ?
14 R. Oui, il faudrait que je vous emmène là parce que, si je vous emmenais
15 là, vous diriez que c'est tout à fait possible. Ma maison se trouve à 50
16 mètres sous la colline et les maisons qui se trouvaient en face étaient
17 également -- se trouvaient sur une élévation de dix à 15 mètres au-dessus
18 et le chêne fermait la visibilité du verger parce qu'il était impossible de
19 voir quoi que ce soit. Je les ai vus. Je les ai suivis de l'œil et donc je
20 pouvais les voir depuis la maison. On aurait pu les toucher même quand
21 elles étaient plus près de la maison.
22 Q. Très bien. Vous savez, Monsieur Hasic, vous connaissez très bien ce
23 terrain, je ne les ai jamais vu, je ne sais pas si d'autres personnes ici
24 aient vu votre maison. C'est la raison pour laquelle je vous invite
25 d'essayer d'être très clair et très précis sur ce plan. C'est tout ce que
26 nous avons. Nous n'avons pas d'autre élément. Nous n'avons pas d'autre
27 photo. Je vous demanderais de nous dessiner très précisément le tout. Il
28 semblerait que d'après ce que vous nous avez dit que les arbres fruitiers,
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1 étant donné qu'ils se trouvaient à l'endroit où vous les avez dessinés,
2 elles cacheraient la vue des personnes qui tireraient plus que ce que vous
3 êtes en train de nous montrer sur le croquis. Je ne sais pas si vous me
4 comprenez. En fait, je vous demanderais de nous expliquer ce qui semble
5 être vraiment une difficulté car votre récit semble présenter quelques
6 difficultés pour nous, pour notre compréhensions.
7 R. Lorsque mes filles sont sorties du verger elles étaient visibles de
8 temps en temps mais invisible de temps en temps aussi. A ce moment-là elles
9 se trouvaient peut-être à 200 mètres. Ma maison se trouvait à 250 mètres de
10 là. Il était plus -- le terrain dégagé. Il était beaucoup plus facile de
11 voir et ensuite, il y a des maisons il n'y a pas de verger, il n'y a pas
12 d'arbre. C'est là qu'on pouvait voir en contrebas, déjà la visibilité était
13 meilleure à ce moment-là. Probablement ils ont attendu d'avoir une
14 meilleure visibilité pour les toucher. Je ne sais pas comment vous dire
15 autrement.
16 L'INTERPRÈTE : L'interprète souligne microphone pour
17 Me Stewart.
18 M. STEWART : [interprétation]
19 Q. Est-ce que vous êtes en train de nous dire que la route, empruntée par
20 votre fille, que cette route monte un peu ?
21 R. Quand elles sont arrivées en dessous, on peut dire que là déjà c'était
22 plus visible. Peut-être qu'à dix mètres de là, on commence à monter une
23 pente et il y a également des figuiers qui se trouvaient en contrebas de
24 l'autre côté des maisons, mais c'était plus facile de voir la partie où
25 elles étaient déjà avancées. La partie avancée puisqu'il y avait des
26 figuiers à droite et les pêches et le chêne de l'autre côté. Ils ont sans
27 doute essayé de les cibler, à ce moment-là, mais ils ont attendu qu'elles
28 soient sur l'espace plus dégagé quand ils les ont aperçues.
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1 Q. Peut-on être tout à fait, Monsieur Hasic, je vous prierais, il serait
2 absolument impossible de déterminer d'où provenaient les tirs d'après le
3 bruit des balles, n'est-ce pas ?
4 R. Oui, Monsieur. En se basant sur le bruit que font les balles dans
5 l'air, non. Mais en analysant l'endroit où les balles sont tombées ou elles
6 sont touchées c'est à ce moment-là qu'elles étaient là. Comme le tireur
7 employait un silencieux peut-être qu'on a essayé de tirer de l'autre côté
8 aussi, mais si on avait tiré d'ailleurs elles n'auraient pas été touchées à
9 cet endroit-là. Elles auraient peut-être été touchées à l'œil ou à la
10 poitrine. Voyez-vous c'est ce que je pense.
11 Q. Il semblerait que dans votre réponse, vous êtes d'accord que vous ne
12 pouviez pas déterminer d'où provenaient les tirs d'après le bruit que
13 provenaient les coups de feu, n'est-ce pas ? Il n'y avait pas de bruit,
14 vous n'entendiez pas de bruit, pas de sifflement.
15 R. Le bruit, vous savez, il n'y avait rien. Il n'y avait pas de bruit. On
16 entendait -- il y avait de l'air qui se dégageait de la direction des coups
17 de feu entre la cible et le tireur. J'ai vu là où venaient les soldats avec
18 les armes. C'est de là que pouvaient seulement provenir les coups de feu.
19 Il n'y avait pas d'autre abris ou d'autre endroit depuis lequel on pouvait
20 voir.
21 Q. Pour être tout à fait clair, Monsieur Hasic, je vais vous poser la
22 question suivante : vous, vous-même, vous n'étiez pas en mesure de dire à
23 quelque moment que ce soit, n'est-ce pas, ou de déterminer d'après les
24 blessures qui se trouvaient sur vos filles, vous ne pouvez pas déterminer
25 la distance des coups feu, enfin, la distance entre vos filles et l'endroit
26 où les coups de feu avaient été tirés ?
27 R. La distance était tout à fait claire. Entre la route et --
28 Q. Monsieur Hasic, répondez à ma question, je vous prie. Il vous était
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1 impossible de dire, je sais que c'était une expérience très troublante pour
2 vous, vous les avez -- vous avez vu vos filles, vous avez vu les blessures,
3 mais il vous était impossible de déterminer la distance de laquelle on a
4 tiré, n'est-ce pas ?
5 R. Ce que j'ai vu, j'ai vu qu'il y avait des soldats, là, dans cette
6 caserne de 300 à 400 mètres, car il y a 120 mètres entre les poteaux
7 électriques, il y a 50 mètres entre chaque poteau. On parle de 100 à 110
8 mètres depuis ma porte jusqu'à la sortie sur la route. C'est ainsi que
9 depuis la route principale Mostar, Stolac, Capljina, donc c'est la route
10 principale, et là, aussi il y avait des poteaux électriques, et à chaque
11 dix mètres enfin la maison on se trouvait à dix mètres depuis ma maison, en
12 face, il y a peut-être 80 mètres donc on dirait 300 mètres. Entre 350
13 mètres, de plus au moins, il y a 350 mètres. Je n'ai pas vérifié mais
14 d'après les indices que je vous ai données je pourrais déterminer la
15 distance entre les tireurs et la cible. Je n'ai pas vu d'autre personne ni
16 quoi que ce soit autre ailleurs, mais il était absolument impossible de
17 déterminer d'autre personne.
18 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, s'agissant de
19 commentaire que j'aurais à faire, je les ferais plus tard pour ce qui est
20 de cette question mais je vais passer à autre chose.
21 Q. Monsieur, est-ce que vous étiez au courant que le 15 juillet il avait
22 une attaque qui avait été menée sur l'ABiH, attaque menée contre un endroit
23 militaire qui avait été vu sur votre croquis et dessiner par vous-même qui
24 est identifié par la lettre C au coin gauche ?
25 M. STEWART : [interprétation] Excusez-moi. Monsieur le Président, un
26 instant, je vous prie.
27 [Le conseil de la Défense se concerte]
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez parlé du 15 juillet, n'est-ce pas ?
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1 M. STEWART : [interprétation]
2 Q. Excusez-moi. Non. C'était un rapport du 15 juillet, mais le 13 juillet
3 dans la matinée, très tôt dans la matinée du 13 juillet, avant que l'on
4 vous ait tiré dessus selon vous une attaque avait été menée contre le QG
5 qui est dessiné par vous-même avec la lettre C sur le croquis, est-ce que
6 vous avez connaissance de cette attaque-là; est-ce que vous vous rappelez
7 de cela ?
8 R. La caserne c'est oui, selon mon croquis c'est la caserne de Domanovici
9 ou l'ancien hôpital, avant c'était un hôpital pour les maladies mentales.
10 J'ai vu l'armée du HVO, j'ai vu également un char. Mais c'était tout à fait
11 possible, peut-être un obus.
12 Q. C'était le quartier général de Knez de Domagoj, de la Brigade Knez de
13 Domagoj, n'est-ce pas ? Je ne sais pas si c'est tout à fait clair ? En vous
14 posant la question de cette façon-là, c'était leur QG n'est-ce pas à ce
15 moment-là ? Vous devez sans doute le savoir, Monsieur Hasic ?
16 R. D'après ce que -- d'après mes connaissances, le commandement après le
17 départ des Serbes, et je crois même à l'époque était dans les maisons
18 Andrunove dans une caserne secondaire qui était éloignée à 200, de 200 à
19 300 mètres pour cela, pour cet endroit-là, je ne savais pas. C'était, à ce
20 moment-là, effectivement, il y avait un QG, mais, personnellement, je
21 n'avais pas connaissance du fait qu'il y avait un QG à cet endroit-là.
22 Q. Nous pouvons regarder le transcript lorsque vous avez marqué cet
23 endroit avec la lettre C plus tard. Mais est-ce que vous savez donc,
24 Monsieur Hasic, que ce matin-là lorsqu'une attaque a été menée, 18 soldats
25 du HVO avaient été tués, 25 blessés ? Est-ce que vous avez connaissance de
26 ce fait ?
27 R. Non, personnellement, je ne le sais pas, mais je sais que de Gubavica,
28 il y avait quelques indices à côté de la route, quelques pierres tombales à
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1 côté de la route près de Bivolje Brdo qu'il y avait comme des pierres
2 tombales pour indiquer que des soldats avaient été tués, des Croates. Mais
3 je ne sais pas pour les soldats, les Croates, je ne sais pas, je sais que
4 mes filles avaient été tuées, je sais que le lendemain matin ou ce jour-là,
5 le 12 -- en fait 12 bosniens, ce jour-là donc, 12 Musulmans de Bosnie de
6 Bivolje Brdo avaient été incendiés. C'est quelque chose dont j'avais
7 entendu -- que j'avais entendu dire. J'avais entendu parler du fait que ces
8 15 avaient été -- ou ces 12 personnes, ces 12 Musulmans de Bosnie avaient
9 été tués, incendiés, qu'ils avaient été enterrés là. Ce sont des personnes
10 aussi que je connaissais, personnes plus âgées, il y avait également des
11 personnes qui étaient plus jeunes. Mais il y avait des personnes qui
12 étaient de mon âge, encore plus vieilles que moi. C'est ce que j'avais
13 entendu dire puisqu'il y avait aussi des Croates qui avaient été tués car
14 il y avait des pierres tombales mais je ne peux pas vous dire combien il y
15 avait des personnes, je ne peux pas vous affirmer combien il y en avait
16 exactement puisque je ne les ai pas comptées bien sûr.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Gubavica est à quelle distance de votre village ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Gubavica, précisément c'est à peu près à
19 dix kilomètres. Il y a d'abord Pijeski et ensuite, Gubavica, donc, disons
20 dix kilomètres environ.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense vous a di qu'à l'endroit où vous avez
22 fait un C, il y aurait eu une attaque, il y aurait eu une attaque où des
23 soldats croates auraient été tués le même jour, le 13 juillet. Vous étiez
24 au courant de cela ou pas ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'étais pas au courant de cela ce
26 jour-là, mais personnes ne m'en a parlé non plus. Mais c'était au moment où
27 j'étais en état de choc, j'étais très triste. Personne ne m'en a parlé, je
28 ne savais rien à ce propos et aujourd'hui je ne sais rien non plus. Il est
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1 certain que ces personnes ont été tuées, cela se voit d'après les monuments
2 qui ont été érigés le long de la route.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- qu'on aurait dû vous poser mais que
4 je vais vous poser maintenant. A votre connaissance, est-ce que l'ABiH
5 avait des troupes aux alentours de votre village ? Est-ce que l'ABiH avait
6 des troupes ? Est-ce qu'il y avait des soldats de l'armija qui étaient
7 autour de votre village ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux vous dire qu'à ce moment-là, il n'y
9 avait pas de troupes. Blagaj et Mostar étaient à 23 ou 25 kilomètres. Bobun
10 se trouve à 15 kilomètres, il n'y avait rien à cet endroit-là c'est certain
11 et c'était sous le contrôle du HVO. C'était également le cas de Gubavica.
12 Ils étaient là avant mais je ne suis pas tout à fait sûr, peut-être qu'ils
13 avaient quelqu'un -- et à cinq kilomètres de l'endroit où je me trouvais,
14 et ensuite, à Gubavica. Ils étaient là avant ce moment-là. Mais au cours de
15 cette période, j'ai entendu dire qu'une attaque avait été lancée depuis
16 Mostar et depuis Blagaj mais à 20 kilomètres, non ils n'étaient pas
17 présents d'après ce que je sais. Peut-être d'aucun serait plus en mesure de
18 réponse à cette question mais au mois de juillet ils n'étaient pas là. Les
19 gens avaient été arrêtés avant cela au mois de juillet lorsque l'armija a
20 été là après qu'il soit parti, il y avait des gens que je connaissais qui
21 sont venus et qui ont cité les noms des personnes qui avaient été arrêtées,
22 et c'était au mois de mai et les personnes qui travaillaient encore,
23 c'était un ou deux plutôt au mois de mai. Il y avait déjà eu des
24 affrontements dans mon village.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Dans votre village, est-ce qu'il y aurait eu une
26 possibilité qu'un habitant du village aurait pu être armé ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] A ce moment-là, je ne sais pas
28 personnellement. Personne n'avait moins de 50 ans, 50. Bon, quelqu'un qui a
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1 plus de 50 ou qui a 60 ans même peut être soldat. Mais pour ce qui est des
2 soldats, des hommes en armes, non, ils étaient dans un camp déjà et, sinon,
3 ils s'étaient enfui, ils étaient à Blagaj ou Mostar, c'est ce que je sais.
4 Lorsque ces affrontements ont éclaté, c'est ce que nous avons entendu dire,
5 bien sûr, Blagaj et Mostar. Une attaque a été lancée contre Gubavica sur la
6 colline de Bivolje. Il y avait des affrontements sur la colline de Bivolje.
7 A l'époque, je n'étais pas là, je ne les ai pas vus. A mon sens, ils
8 n'étaient pas là, je ne les ai pas vus. Il est certain qu'il n'était pas là
9 dans mon hameau en tout cas. D'autres endroits, en tout cas, Blagaj et
10 Mostar, peut-être qu'il y avait toute l'armée, peut-être qu'il y avait des
11 commandement, peut-être qu'il y avait chez nous 20 ou 25 familles. Je ne
12 pense pas qu'il y avait des soldats parmi eux s'il y avait eu des Croates.
13 Cela se saurait, nous sommes allés de maison en maison, nous les aurions vu
14 et donc je pourrais vous le dire.
15 M. STEWART : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
16 Q. Monsieur Hasic, vous nous avez déjà dit que cela revient à ceci : Entre
17 le 1er et le 13 juillet, vous étiez très soucieux de garder un profil bas
18 pour éviter d'être arrêté vous-même, n'est-ce pas ?
19 R. Oui. Lorsque j'ai entendu deux personnes qui se rendaient au marché,
20 c'est au mois de juillet nous n'avions pas de raisins, nous avions des
21 pêches qui étaient en train de pourrir, et nous avions des quantités très
22 importantes, des tonnes. Je ne peux pas être très précis, mais ce jour-là
23 j'avais laissé ces marchandises dans le garage, dans la voiture, et je ne
24 pouvais pas me rendre au marché. Ensuite, ma femme est venue et m'a dit que
25 je devais transporter les pêches, mais je ne l'ai pas fait, et je n'osais
26 pas. A partir du 1er juillet, je n'osais pas car j'avais entendu parler de
27 personnes qui avaient été arrêtées de véhicules qui avaient été saisis et
28 de marchandises que l'on avait saisi à Capljina. Donc, à partir de ce
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1 moment-là, j'essayais de ne pas me rendre à certains endroits.
2 Q. Monsieur Hasic, vous nous avez dit qu'à l'époque vous-même ne saviez
3 pas. Mais il me semble que maintenant vous admettez d'après ce que vous
4 avez entendu dire par la suite et après par la suite, qu'en réalité, il y a
5 eu une attaque le 13 juillet contre les installations qui se trouvent près
6 de l'endroit que vous avez indiqué par la lettre C en haut à gauche de
7 votre croquis; c'est exact ? N'est-ce pas, vous savez et vous avez entendu
8 parler de cela ?
9 R. Je suis au courant de cette attaque de la caserne en direction de
10 Capljina. C'est sous le cimetière. C'est à un kilomètre de Domanovici. J'ai
11 un terrain là. A cette caserne-là, je ne m'y suis pas rendu, mais j'en ai
12 entendu parler. J'ai entendu dire qu'on avait posé des mines sur la route
13 et que l'armija avait fait cela. Je n'étais pas là, à ce moment-là, et je
14 n'ai pas vu cela. Je sais où cela se trouve. Plus tard, lorsque j'ai revu
15 tout cet endroit qui avait été remis en état mais ce jour-là le 13, en tout
16 cas, je ne m'en souviens pas, je ne me souviens pas de mines qui auraient
17 été posées car j'ai traversé Capljina en compagnie de mon collègue. Comme
18 je vous l'ai dit, je suis allé chercher les cercueils, et on pouvait tout à
19 fait emprunter la route, c'était tout à fait carrossable. A Domanovici, il
20 y avait un cimetière qui se trouvait à un kilomètre environ. C'est ce
21 qu'ils ont dit en tout cas. C'est ce que j'ai entendu mais le 14 vers 9
22 heures ou 10 heures, nous sommes mis en route. Cela devait être vers 9
23 heures. Nous nous sommes mis en route en direction de Capljina, non c'était
24 le 14, et nous avons traversé sans encombre. Mais je ne sais pas où se
25 trouve cet endroit, mais nous nous sommes mis en route ce matin-là, le
26 matin du 14.
27 Q. Je vais essayer de résumer. Conviendrez-vous que le 13 juillet, du 13
28 au 15 juillet il y avait en réalité des combats assez importants qui se
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1 déroulaient à ou près de l'endroit où vous habitiez, à un kilomètre
2 environ ?
3 R. Je suis parti le 14, donc je n'ai rien entendu d'autre. Je pense qu'il
4 y a eu des combats d'une sorte ou d'une autre, non, en réalité, je n'ai pas
5 entendu parler de combat le 13 ou le 14. J'étais dans le camp à la date du
6 14. Tout était possible, mais personne ne m'en a parlé, personne ne m'a dit
7 que ces 12 hommes avaient été tués entre le 12 et le 13 et jetés dans une
8 fosse et brûlés, on avait jeté des pneus dans la fosse. On les a découvert
9 plus tard. Il y a eu ces 12 personnes qui ont été tuées, ces Croates. Je ne
10 sais pas si c'était le 14 ou le 15, tout est possible. Moi-même, j'étais
11 dans le camp. Il n'y a pas eu de combat le 15, mais ma femme ne m'a rien
12 dit au sujet de personnes qui ont été tuées à cet endroit-là ou de combat,
13 ou en tout cas pas dans ma région. A Gubavica un peu plus haut, bien, je ne
14 pouvais pas dire cela, je ne pourrais pas dire que c'était le cas -- ou que
15 c'était le cas ou que ce n'était pas le cas.
16 Q. A quelle distance se trouve Bivolje Brdo de votre maison ?
17 R. Bien, ceci est composé de deux parties. Cela se trouve à trois
18 kilomètres environ.
19 Q. A quelle distance de votre maison ? Je vais reformuler ma question. Se
20 trouve le point le plus proche de Bivolje Brdo ?
21 R. Le point le plus proche qui n'est pas visible, mais en tout cas, depuis
22 la colline, mais la maison la plus proche puisque maintenant il y a une
23 nouvelle localité croate. Mais la maison la plus proche se trouve à 200
24 mètres de la grille de l'enceinte de maison, moins d'un kilomètre.
25 Q. Donnez-nous un chiffre, s'il vous plaît ? En 1993, j'entends.
26 Pardonnez-moi, j'aurais dû être plus précis.
27 R. Le point le plus près se trouve -- correspond à peu près à un
28 kilomètre, ou un peu plus d'un kilomètre, un peu plus de 1 000 mètres.
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1 Q. Ma dernière question mais en cas qu'on ne puisse pas être sûr. Pour
2 quelqu'un qui regarde votre déclaration, au milieu de la page 3, vous avez
3 dit : "Je puis vous assurer qu'il n'y avait aucun soldat de l'ABiH dans
4 notre village."
5 En fait, je puis vous assurer, c'est bon, c'est ce que vous dites, je crois
6 que vous ne pouvez pas alléguer autre chose que de dire que vous n'en avez
7 pas vu de vos propres yeux, n'est-ce pas ? Vous ne pouvez pas prétendre à
8 autre chose.
9 R. Personnellement, je n'ai pas vu de soldats dans cette région, dans la
10 région qui est la mienne, dans ce secteur ou dans cette partie du hameau.
11 Je n'ai pas vu de membre de l'armija hormis les personnes que j'ai vues le
12 matin dans ces maisons voisines de la mienne, ces maisons croates ou ces
13 maisons de l'autre côté de la rue qui étaient à 200 ou 250 mètres de ma
14 maison. J'ai vu des soldats le matin, ils étaient au nombre de 6, 7, 8, et
15 par la suite je n'ai pas vu de soldat qui était membre de l'armija ou du
16 HVO non plus. En tout cas, dans cette partie ou ce quartier de mon village
17 ou en tout cas autour ces maisons où je me suis rendu ou dans le quartier
18 où mes filles ont été tuées. Mais un peu plus loin, comme je vous l'ai dit,
19 il y a eu ces deux Croates qu'on avait fait venir à cet endroit-là, et qui
20 ont dit qu'il y avait des membres de l'armija qui étaient ailleurs, qui
21 étaient venus et qui étaient repartis. Semble-t-il qu'ils avaient été jetés
22 en prison, ils se trouvaient dans la maison de Meso Hasic et il se mettait
23 autour de la table avec lui et quelques heures plus tard ces personnes sont
24 rentrés chez elle dans leur village et un peu plus loin de Bivolje Brdo ou
25 de la colline de Bivolje, peut-être. Je leur ai parlé. Je les connaissais.
26 Mais je n'ai pas vu de soldats à l'exception de ces soldats que j'ai vus le
27 matin.
28 Q. Merci d'avoir répondu à mes questions.
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1 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Hasic --
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
3 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Monsieur Hasic, lorsque vous vous
4 êtes rendu à Capljina, le 14 juillet, avez-vous été arrêté le long de la
5 route ? Est-ce qu'il y avait des postes de contrôle ou des barrages
6 routiers ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Comme je vous l'ai dit, Rafo Popovic, un
8 Croate et moi-même nous sommes partis à bord de son camion. J'avais aussi
9 mon camion, mais je suis allé avec lui et nous n'avons eu aucuns problèmes.
10 Nous sommes arrivés à Capljina. C'est juste lorsque nous étions à
11 Domanovici. Le lendemain, le 14. Il y avait 50 ou 100 hommes en uniforme.
12 Ils étaient armés. C'étaient des soldats, ils n'avaient aucuns véhicules.
13 Ils attendaient à cet endroit-là à l'intersection des routes lorsque nous
14 nous sommes mis en direction de Capljina. C'est là où ils étaient postés.
15 Plus tard, je suppose que c'est lorsque ces 12 personnes ont été tuées, et
16 ensuite il y a eu ces affrontements que ce monsieur a évoqués. Peut-être
17 que c'est ce qui s'est passé. Mais je n'avais pas de problèmes. Je n'ai eu
18 qu'une difficulté pour arriver jusqu'à Capljina. Je suis resté ensuite à
19 Capljina et je ne peux rien dire d'autre. Il n'y avait pas de poste de
20 contrôle ou rien de la sorte.
21 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Simplement pour être sûr, ces 50
22 soldats qui se trouvaient rassembler à cette intersection des routes, est-
23 ce que c'étaient des soldats du HVO ou de l'ABiH ou de l'armija ou des
24 deux ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] C'étaient des soldats du HVO. Je connais leurs
26 noms, ce sont des gens que je connais.
27 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez dit que vous connaissez leurs noms parce
2 que les 50 soldats du HVO, il y avait des villageois que vous connaissiez.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Justement, il s'agit du fils de ce Meho,
4 son fils se trouvait à la croisée des routes. Puis, un certain cousin de
5 Popovic, parce que sa mère est de notre hameau, lui aussi. Il est venu, il
6 m'a abordé, il a pleuré, comme cela arrive, évidemment. Puis, pour parler
7 de Merdzan, de la famille de Buntic, qui sont venus en voiture, je les ai
8 vus. Il n'était pas avec ces gens-là, mais ils avaient un véhicule comme
9 j'en avais un. Il s'agit de ces voisins, de cette famille où mes filles se
10 sont faites tuer.
11 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Il y a quelque chose d'étrange qui
12 me semble apparaître dans le compte rendu d'audience. Il y avait dit-on une
13 -- "Il y avait la sœur de Popovic, lui, il m'a abordé pour pleurer peut-
14 être." Il y a un problème d'interprétation. Ce n'est pas la sœur de
15 Popovic, on devrait elle. S'agit-il de parler de cousin germain ou de mari
16 de cette femme-là ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agissait, évidemment, de la sœur de Rafo
18 Popovic, mère de Marko Merdzan. La mère de Marko Merdzan c'est la sœur de
19 Popovic, or c'est le fils à cette femme-là qui est venu m'embraser pour me
20 dire ses condoléances.
21 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci beaucoup.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Madame Tomasegovic Tomic.
23 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Pas de questions, Monsieur le
24 Président.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Des questions supplémentaires ?
26 M. KRUGER : [interprétation] Non, Monsieur le Président, nous n'avons pas
27 de questions complémentaires à poser à ce témoin.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Votre témoignage vient de se terminer. Au nom de mes
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1 collègues et en mon nom propre, je vous remercie d'avoir apporté votre
2 concours, surtout dans des circonstances aussi difficiles que celle que
3 vous avez vécue. Donc vous avez toute notre compassion pour ces événements
4 qui ont touché votre famille.
5 Je vais demander à M. l'Huissier de bien vouloir vous raccompagner à la
6 porte de la salle d'audience.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est moi qui vous remercie. Moi aussi, je
8 regrette que tout ceci nous est frappé, et que des gens qui sont tout à
9 fait honnêtes qui ont été des victimes alors que des gens, qui en sont
10 responsables, devraient répondre de tout cela. Peut-être, M. Prlic lui ou
11 d'autres ne savaient pas que tout ceci s'était produit, de telles choses,
12 ces actes inhumains, tout ce que j'ai vécu. Mais, maintenant, si je savais
13 qui sont les auteurs de ce qui a été fait, maintenant, après avoir tant
14 souffert, que je pourrais peut-être en traiter moi-même. Mais il doit y
15 avoir des gens qui en sont les auteurs de ces actes inhumains. Parmi eux,
16 il y a des gens qui ont fait de hautes écoles mais peut-être ont-ils été
17 aussi formés et bien formés pour être de méchants hommes, comment dirais-je
18 pour faire de très mauvais actes.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur l'Huissier, pouvez-vous accompagner le
20 témoin.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie beaucoup. Je vous souhaite
22 tout le meilleur du monde.
23 [Le témoin se retire]
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis, la météo que j'ai consulté montre
25 que demain il y aura du soleil à Sarajevo, après demain, il y a nuage et
26 vendredi, il neige. Alors, est-ce que le soleil de demain pourrait
27 permettre l'envol de l'avion, effectivement, du brouillard au matin, et 15
28 degrés dans l'après-midi.
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1 M. MUNDIS : [interprétation] Je vous remercie pour cela, Monsieur le
2 Président. Au moment où nous en parlons, espérons que le temps se fera
3 aussi beau à Zagreb parce que nos témoins sont sur le chemin de Zagreb et
4 prendre un avion depuis l'aéroport de Zagreb. Je répète, encore une fois,
5 pour demain nous avons deux témoins qui devraient prendre la route demain,
6 devraient être prêts pour témoigner jeudi. Pour l'instant, nous n'avons
7 personne pour mercredi. Mais pourrais-je tout de même anticiper sur les
8 choses pour dire que la personne qui était prévue pour témoigner jeudi,
9 pourra témoigner lundi suivant. Nous allons voir demain comment faire en
10 sorte pour que la semaine prochaine un autre témoin puisse être cité à la
11 barre pour témoigner. Peut-être un de nos témoins prévus pour la seconde
12 semaine serait au titre de 92 ter. Un autre viva voce, par conséquent,
13 Monsieur le Président, nous avons deux témoins pour demain. Ainsi programmé
14 mercredi il n'y aura pas de témoin. Après quoi, nous allons voir pour
15 reprogrammer le témoin pour mercredi, pour jeudi et celui de jeudi pour
16 lundi, à condition que le temps de Zagreb puisse être aussi beau que
17 maintenant.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Y a-t-il d'autres sujets, puisqu'on a quelques
19 minutes encore ? Monsieur Mundis, pas d'autres sujets ? La Défense, pas
20 d'autres sujets ?
21 Alors, nous nous retrouverons pour l'audience qui débutera demain à
22 14 heures 15. Je vous remercie.
23 --- L'audience est levée à 18 heures 38 et reprendra le mardi 28
24 novembre 2006, à 14 heures 15.
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