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1 Le lundi 29 janvier 2007
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 15.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de
6 l'affaire, s'il vous plaît.
7 M. LE GREFFIER : Bonjour, Monsieur le Président. Affaire
8 IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. En ce lundi 29 janvier
10 2007, je salue M. Mundis et la substitut présent. Je salue Mesdames et
11 Messieurs les avocats et je salue MM. les accusés qui sont présentés, ainsi
12 que tout le personnel de la salle d'audience.
13 Je vais d'abord donner la parole à Monsieur le Greffier pour quelques
14 numéros IC.
15 M. LE GREFFIER : Merci, Monsieur le Président.
16 [interprétation] Le bureau du Procureur a soumis une réponse à une
17 objection du 3D, en ce qui concerne les pièces à charge versées par le
18 truchement de Jeremy Bowen. Ce sera la pièce IC 255. Plusieurs parties ont
19 soumis des listes de documents à soumettre par le témoin, Jovan Rajkov. Les
20 pièces à charge porteront -- la liste portera la cote IC 256. Pour ce qui
21 est de l'équipe 2D, ce sera la pièce IC 257; 3D, ce sera la pièce IC 258.
22 3D, cette équipe a également une liste d'objections aux documents présentés
23 par l'Accusation, s'agissant du Témoin Rajkov, ceci deviendra la pièce IC
24 259. Merci.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. Je vais vous demander
26 de passer en audience à huis clos.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos, Monsieur le
28 Président.
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1 [Audience à huis clos]
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7 [Audience publique]
8 Interrogatoire principal par Mme Gillett :
9 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.
10 R. Bonjour.
11 Q. Un peu de contexte. Quel est votre lieu de naissance ?
12 R. Je suis né à Mostar.
13 Q. Est-ce que vous avez toujours habité Mostar, ou est-ce que vous avez
14 habité ailleurs aussi ?
15 R. J'ai habité à Mostar jusqu'en 1979 et après, on a déménagé à Buna.
16 Q. Lorsque vous avez déménagé à Buna en 1979 et vous y êtes resté jusqu'au
17 moment de la guerre, quelle était la composition ethnique de Buna,
18 s'agissant de sa population ?
19 R. La majorité, c'était des Serbes. Les Musulmans et les Croates étaient à
20 peu près sur pied d'égalité.
21 Q. Est-ce que vous avez continué d'habiter à Buna ?
22 R. Non, mais nous avons une maison à Buna.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Une petite question de ma part. Buna est à combien
24 de kilomètres de Mostar ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Environ 12 kilomètres.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : La ville a combien d'habitants, globalement ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne saurais vous dire.
28 Mme GILLETT : [interprétation]
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1 Q. Vous dites que vous n'avez pas toujours vécu à Buna, mais quand est-ce
2 que vous êtes parti de Buna ? Où est-ce que vous êtes allé vous installer ?
3 R. Est-ce que vous pouvez répéter votre question, je vous prie ?
4 Q. Volontiers. Vous avez dit à la Chambre de première instance que vous
5 étiez allé vous installer à Buna en 1979. Je vous ai demandé si vous étiez
6 resté à Buna. Vous avez dit que non. Je vous demande à quelle date vous
7 avez déménagé, vous avez déménagé de Buna ?
8 R. Nous sommes partis de Buna la première fois au mois de mai 1992.
9 Ensuite, on est retourné, en août.
10 Q. Arrêtons-nous un instant. Lorsque vous êtes parti en mai, donc entre
11 mai et août 1992, où habitiez-vous ?
12 R. A Mostar.
13 Q. Après le mois d'août 1992, où êtes-vous allé ?
14 R. Entre août 1992 et 1993, au mois de juillet, on a résidé à Buna.
15 Q. Avez qui habitiez-vous à l'époque ?
16 R. J'habitais avec mes parents et mes deux frères.
17 Q. Quel âge aviez-vous en 1992 ?
18 R. En 1992, j'avais 16 ans.
19 Q. Vous nous l'avez dit, vous avez habité de 1979 jusqu'au mois de mai
20 1992 à Buna et vous avez dit à, Monsieur le Président, quelle était la
21 distance de Buna à Mostar. Est-ce que vous avez eu l'occasion d'aller à
22 Mostar quand vous habitiez à Buna ?
23 R. Oui.
24 Q. Pourquoi ?
25 R. Bien, nous avions de la famille en ville et on est allé de Buna à
26 Mostar.
27 Q. Aviez-vous d'autres raisons d'aller à Mostar au cours de cette période
28 jusqu'en 1992 ?
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1 R. Je suis allé à l'école.
2 Q. En avril ou en mai 1992, juste avant de partir de Buna, est-ce que vous
3 alliez toujours à l'école ?
4 R. Pouvez-vous reprendre votre question ?
5 Q. Bien sûr. En avril ou mai 1992, est-ce que vous alliez toujours à
6 l'école à Mostar, à ce moment-là ?
7 R. Non.
8 Q. Pourquoi ?
9 R. A Mostar, en avril -- le 4 avril, me semble-t-il, il y a eu une
10 explosion d'une citerne qui a détruit mon école, ce qui fait qu'il n'y a
11 plus eu cours.
12 Q. Vous dites que vous êtes reparti à Mostar en mai 1992, pourquoi avoir
13 quitté Buna pour aller à Mostar en mai 1992 ?
14 R. Bien, l'armée serbe se trouvait à Buna ce qui fait qu'on a fui à
15 Mostar.
16 Q. Une fois de plus, vous avez dit qu'en août 1992, vous êtes parti de
17 Mostar pour rentrer à Buna. Pourquoi l'avez-vous fait ?
18 R. Parce que les forces conjointes de l'ABiH et du HVO ont libéré Buna, ce
19 qui fait le champ, enfin la route était libre et on a pu retourner chez
20 nous.
21 Q. Lorsque vous êtes entré à Buna, est-ce qu'il y avait une présence d'une
22 armée à Buna, à l'époque ?
23 R. Oui.
24 Q. Laquelle ?
25 R. Le HVO.
26 Q. A cette époque-là, lorsque vous étiez rentré à Buna, quels étaient les
27 groupes -- ou quelle nationalité, quel groupe ethnique trouvait-on dans le
28 HVO ?
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1 R. Il y avait des Musulmans et des Croates.
2 Q. Est-ce que dans la région il y avait une autre armée ?
3 R. Pas à Buna, non.
4 Q. Mais en dehors de Buna ?
5 R. Autour de Buna, il y avait l'armée de l'ABiH.
6 Q. Quels étaient les rapports entre le HVO et l'ABiH, lorsque vous, vous
7 êtes rentré à Buna ?
8 R. Pour autant que je le sache, bons.
9 Q. Ces rapports entre les deux armées ont-ils changé à un moment donné ?
10 R. Au mois de mars 1993.
11 Q. Qu'est-ce qui s'est passé ?
12 R. C'est la que fin mars, ou début avril, le HVO a attaqué la caserne
13 Gubavica où se trouvait installer l'ABiH et tous les soldats, membres de
14 l'ABiH, ont été emmenés en prison.
15 Q. Savez-vous dans quelle prison ils ont été emmenés ?
16 R. Je ne saurais m'en souvenir maintenant. Je sais que c'était soit
17 Gabela, soit Dretelj.
18 Q. Parlons de votre famille. En juin 1993, est-ce que votre famille avait
19 des contacts avec le HVO ?
20 R. Non.
21 Q. Est-ce que les membres de votre famille ont jamais eu des contacts avec
22 le HVO ?
23 R. De quel type de contacts parlez-vous ?
24 Q. Est-ce qu'il y a des membres du HVO qui sont venus chez vous dans la
25 maison familiale ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que vous vous souvenez à peu près de quand ils l'ont fait ?
28 R. Bien, comme c'étaient des voisins à nous qui étaient au HVO, ils
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1 venaient.
2 Q. Est-ce qu'il vous est arrivé d'avoir des problèmes, des difficultés
3 avec ces membres ou le HVO lorsque des membres du HVO venaient dans votre
4 famille ?
5 R. Pas jusqu'au 30 juin, non.
6 Q. Qu'est-ce qui s'est passé le 30 juin ?
7 R. Le 30 juin, il est venu des soldats du HVO dans notre maison où se
8 trouvait mon père, un voisin qui faisait également partie du HVO et ma
9 famille, mes frères, ma mère, moi, et ils ont montré du doigt à mon père,
10 le voisin et moi pour dire de les suivre
11 -- pour nous dire de les suivre. Ils ont dit qu'on serait vite de retour et
12 puis on allait juste être interrogé. Ma mère a dit alors que j'avais 16 ans
13 et elle les a priés de me laisser et ils l'ont fait. Mon père et le voisin
14 ont été emmenés et j'ai ultérieurement appris qu'ils ont été conduits
15 devant le bâtiment de la police militaire. C'est là qu'on avait emmené les
16 autres hommes en âge de combattre originaire de Buna.
17 Q. Faisons une pause si vous voulez. Pourriez-vous nous dire combien de
18 soldats du HVO sont venus dans votre maison ce jour-là ?
19 R. Je pense deux ou trois. Il y en avait un dans un véhicule et les deux
20 autres étaient dehors.
21 Q. Est-ce que vous vous souvenez des vêtements qu'ils portaient ?
22 R. Ils portaient des uniformes de camouflage et des insignes du HVO.
23 Q. Vous avez dit que votre père et un voisin avaient été emmenés au poste
24 de police militaire. Tout d'abord, où se trouvait-il ce poste de police
25 militaire ?
26 R. Le poste de police militaire se trouvait non loin de notre maison, à
27 une centaine de mètres à peu près, dans un immeuble d'habitation.
28 Q. Vous venez tout juste de nous dire que votre père et votre voisin y
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1 avaient été emmenés et avaient été gardés avec d'autres devant le poste de
2 police militaire, n'est-ce pas ?
3 Est-ce que votre père et le voisin sont restés là, ou est-ce qu'ils sont
4 revenus à la maison ?
5 R. Ils sont restés là-bas.
6 Q. Qu'est-ce qu'il leur est arrivé ?
7 R. Bien, avec les autres hommes en âge de combattre ils ont été montés à
8 bord de camion et ils ont été emmenés à Dretelj.
9 Q. Comment savez-vous que c'est cela qui s'est passé ?
10 R. Je ne l'ai pas su tout de suite. Au bout de quelques jours, partant de
11 contacts que j'ai eus avec les voisins croates ils ont dit qu'ils se
12 trouvaient à Dretelj et qu'ils étaient bien traités.
13 Q. Auparavant vous nous avez dit que vous étiez parti de Buna au mois de
14 juillet 1993. Pourquoi être parti de Buna ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
15 R. Le 14 juillet, au matin, vers 10 heures, 11 heures du matin, il y a eu
16 des soldats de la police militaire du HVO qui ont fait éruption dans notre
17 maison. Il y en avait trois. Il y en a un qui est entré dans la maison et
18 les deux autres attendaient à l'extérieur. Ils m'ont montré moi et mon
19 grand-père et ils ont demandé qui nous étions. Alors, on a répondu.
20 Ensuite, il a demandé qui est-ce qu'il y avait encore à la maison ? On a
21 dit qu'il n'y avait personne d'autre, si ce n'est que nous, notre mère, les
22 frères et ma grand-mère. Puis, ils ont demandé s'il y avait des militaires
23 de l'armée musulmane, et nous, nous avons nié la chose de façon
24 catégorique.
25 Q. Vous dites qu'il y a deux ou trois membres du HVO qui sont venus chez
26 vous. Pourriez-vous une fois de plus nous dire quel genre de vêtement ils
27 portaient ?
28 R. Ils étaient vêtus d'uniforme de camouflage avec les insignes de la
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1 police militaire sur leurs épaules -- police militaire du HVO.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, vous parlez des insignes de la police
3 militaire. Qu'est-ce que cet insigne a de particulier ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Sur une épaule, il y avait l'insigne du HVO et
5 sur l'autre l'insigne blanc avec l'inscription VP.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Là, vous êtes affirmatif ? Vous --
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : -- il n'y a pas d'erreur, de confusion, vous êtes
9 sûr que les trois qui sont arrivés ils avaient l'insigne VP sur l'épaule ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez. On a une autre question.
12 M. LE JUGE MINDUA : Ils sont venus à camion militaire, ou en jeep militaire
13 ces soldats ou à pied ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] A pied.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez dit tout à l'heure qu'à Buna, dans un
16 bâtiment, il y avait la police militaire. Vous aviez vu avant ce bâtiment,
17 il y avait un drapeau, il y avait un écriteau, ou c'est tout le monde qui
18 disait, Bien, la police militaire est là ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai vu cette maison avant. Je savais à qui
20 elle appartenait. Pendant la période de temps où la police militaire s'y
21 trouvait et comme des voisins croates se trouvaient faire partie de la
22 police militaire. Nous, les enfants, nous passions à côté. Nous savions
23 parfaitement bien qu'ils étaient stationnés là.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous venez de dire qu'il y avait des voisins croates
25 qui faisaient partie de la police militaire. Vous vous souvenez des noms de
26 ces voisins croates ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. (expurgé) --
28 Mme GILLETT : [interprétation] Excusez-moi. Désolé de vous interrompre,
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1 mais s'il mentionne des noms, est-ce qu'il ne serait pas utile et prudent
2 de passer à huis clos partiel.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez tout à fait raison.
4 [Audience à huis clos partiel]
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24 [Audience publique]
25 Mme GILLETT : [interprétation]
26 Q. Lorsque vous avez répondu cela, qu'est-ce qu'ils ont dit ?
27 R. Ils n'ont cessé de répéter qu'il y avait eu dans notre maison comme
28 membre de l'armée musulmane. On avait dit -- on a bien qu'il n'y avait
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1 personne.
2 Q. Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?
3 R. A ce moment-là, ces soldats m'ont pris, moi et mon grand-père, pour
4 nous emmener vers le bâtiment de la police militaire qui se trouvait à une
5 centaine de mètres de chez nous.
6 Q. Lorsque vous êtes parvenu à ce bâtiment où se trouvait la police
7 militaire, qu'est-ce qui s'est passé ?
8 R. Lorsque nous sommes arrivés devant ce bâtiment, il y avait là un groupe
9 de sept ou huit soldats. On nous a fait nous coucher à par terre et ils
10 nous ont frappés. Ils n'ont cessé de poser toujours les mêmes questions.
11 J'ai dit, encore une fois, qu'il n'y avait eu personne, mis à part le
12 soldat dont j'ai déjà mentionné le nom. Eux, ils ont dit : "Alors, faites-
13 le venir." Ils l'ont fait -- il est venu et ils lui ont demandé s'il nous
14 connaissait et il a dit : "Oui." On lui a demandé s'il nous avait rendu
15 visite et il a répondu par l'affirmative. Ces soldats qui nous ont fait
16 venir nous ont dit que nous pouvions retourner chez nous. Lorsque nous nous
17 trouvions à peu près 20 mètres de ce bâtiment, on nous a rappelés. C'était
18 l'un de ceux qui nous avait amené jusque-là. Alors, nous on est revenu sur
19 nos pas pour nous placer devant le bâtiment. Il n'y avait plus personne, si
20 ce n'est les trois soldats en question. Le soldat qui nous connaissait
21 n'était plus là. On nous a alors emmené vers le sous-sol de cette maison.
22 Q. La première fois que vous êtes trouvé au bâtiment de la police
23 militaire, vous avez dit qu'à ce moment-là il y avait sept ou huit membres
24 de la police militaire. Est-ce que, parmi ces hommes, vous avez reconnu
25 certains d'entre eux ?
26 R. Non.
27 Q. Vous avez déclaré qu'on vous avait emmené au sous-sol; que s'est-il
28 passé au sous-sol ?
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1 R. Au sous-sol, on a été attaché avec des menottes en croisés, mon grand-
2 père et moi, le dos tourné l'un à l'autre, et ils nous ont mis sur un
3 sceau. Alors, au bout d'une demi-heure peut-être, il y a eu un groupe de
4 soldats à faire son interruption. Nous, on a dû baisser la tête. Ils nous
5 ont encercle et ont commencé à asséner des coups.
6 Q. Ils étaient combien ces soldats ?
7 R. Je ne saurais vous le dire. C'était un groupe.
8 Q. Vous pourriez nous donner une idée approximative du nombre de soldats.
9 Est-ce que c'était cinq, dix, 15, 20 ?
10 R. Cinq, six.
11 Q. Est-ce que vous êtes parvenu à voir quel genre de vêtements ils
12 portaient ?
13 R. D'après ce que j'ai pu voir, c'étaient leurs bottes et l'uniforme de
14 camouflage parce que nous avons dû garder nos têtes baissées.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, à votre connaissance, parce que
16 je m'interroge sur le comportement de ces soldats qui vous ont battu, est-
17 ce qu'il y avait dans votre localité à vous, à Buna ou aux environs des
18 conflits entre le HVO et l'ABiH ? Est-ce qu'il y aurait-il eu des soldats
19 du HVO tués ou blessés par l'ABiH, à votre connaissance, bien entendu ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Cela se peut parce qu'il y a eu des
21 conflits non loin de là et il y a eu des morts.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Aux alentours du 14 juillet ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 13 juillet.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : A quel endroit plus précisément ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, je pense que c'était à Gubavica parce
26 qu'après, j'ai appris qu'il y avait des membres d'un Groupe de Sabotage qui
27 est arrivé jusqu'à Gubavica, et à la ligne de démarcation, entre Buna et
28 Blagaj.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Gubavica est située à combien de kilomètres de
2 Buna ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Peut-être cinq, six kilomètres.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, si je comprends bien ce que vous dites, à
5 votre connaissance bien entendu y aurait eu des saboteurs de l'ABiH qui se
6 seraient livrés à des actes qui auraient entraînés au niveau du HVO des
7 pertes en hommes, et cela, le 13 juillet. Est-ce bien ce que vous nous
8 dites ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : L'Accusation aurait dû poser ce type de questions.
11 Mme GILLETT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais tenir
12 compte de cela.
13 Q. Monsieur le Témoin, vous avez décrit le fait que vous aviez été tabassé
14 au sous-sol. Qu'est-ce qu'ils ont utilisé pour vous battre ?
15 R. Le groupe d'hommes qui sont entrés nous passaient à tabac en nous
16 donnant des coups de pied et en nous frappant avec leurs mains.
17 Q. Cela a duré combien de temps ?
18 R. Dix à 15 minutes, je dirais.
19 Q. Que s'est-il passé ensuite ?
20 R. Ensuite, ils sont sortis et au bout d'un certain temps deux soldats
21 encore sont venus qui ont enlevé mes menottes et un morceau de câble
22 électrique était là et ils m'ont demandé d'enlever mes vêtements jusqu'à la
23 ceinture. Ensuite, l'un d'eux m'a frappé sur le dos une vingtaine de fois.
24 Q. Qu'est-il arrivé à votre grand-père pendant que vous, vous étiez passé
25 à tabac ?
26 R. Il ne pouvait pas ouvrir et enlever ses menottes car elles étaient trop
27 serrées sur une main. A ce moment-là, ils lui ont donné une clé afin qu'il
28 le fasse tout seul alors qu'ils ont continué à me battre.
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1 Q. Ce passage à tabac, combien de temps a-t-il duré ?
2 R. C'était une vingtaine de coups.
3 Q. Quelles blessures avez-vous eues en résultat de cela ?
4 R. J'avais mal au dos et j'avais mal dans les mains à cause des menottes
5 mais je ne ressentais rien sur le coup aucune douleur --
6 je ne ressentais que la douleur, rien d'autre.
7 Q. Combien de temps êtes-vous resté au sous-sol ?
8 R. Nous sommes restés au sous-sol jusqu'à la soirée, jusqu'à la tombée de
9 la nuit peut-être vers huit heures ou neuf heures.
10 Q. Est-ce que vous vous souvenez à quelle heure vous avez été emmené au
11 sous-sol ?
12 R. C'était vers 11 heures, je dirais.
13 Q. Que s'est-il passé au crépuscule ?
14 R. A ce moment-là, un soldat est entré et il nous a enlevé nos menottes,
15 d'abord moi. Il m'a fait sortir de l'immeuble, dans la cour, c'est là qu'il
16 y avait un lit de fer et il m'a attaché à cet endroit et il a mis un sceau
17 sur ma tête, et d'après ce que j'ai vu en bas et d'après ce que j'ai
18 entendu, il y avait un groupe de soldats autour qui raient et me
19 frappaient. Ensuite, entre-temps, ils ont fait venir mon grand-père aussi,
20 lui aussi, on l'a attaché et on a mis le sceau sur sa tête.
21 Q. Combien de temps est-ce que ceci a duré ?
22 R. Cela a duré une dizaine de minutes.
23 Q. Encore une fois, avez-vous pu voir ce que portaient ces soldats ?
24 R. J'ai vu simplement voir leurs bottes. Rien d'autre.
25 Q. Savez-vous à quel groupe ces soldats appartenaient-ils ?
26 R. Je ne sais pas à quel groupe, mais je dirais que c'était la police
27 militaire, puisque c'était leur immeuble.
28 Q. Savez-vous si d'autres groupes utilisaient ce même bâtiment ?
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1 R. Pour autant que je le sache, non.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Tout à l'heure, je vous ai vu et vous êtes quelqu'un
3 de très athlétique, qui mesuriez 1 mètre 90. A l'âge de 16 ans, vous aviez
4 la même corpulence ou vous étiez plus chétif ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais bien plus maigre. Je pesais peut-être
6 60 kilos.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Quand vous étiez battu, est-ce que votre grand-père
8 disait aux soldats, vous-même d'ailleurs, que vous étiez un enfant ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Absolument. C'est ce qu'on répétait à chaque
10 fois. D'ailleurs, c'était visible d'après ma constitution physique.
11 Mme GILLETT : [interprétation]
12 Q. Après ce passage à tabac, qu'est-ce qui vous ait arrivé, à vous et à
13 votre grand-père ?
14 R. Ensuite, ils nous ont placé dans une camionnette. Il y avait un
15 chauffeur qui était soldat, lui aussi. Puis, il y avait une personne à côté
16 de lui et une autre personne derrière nous. Les deux premiers portaient les
17 armes. A ce moment-là, ils nous ont dit qu'ils nous amenaient à l'Heliodrom
18 ou à Dretelj et lorsqu'ils partaient avec nous, ils ont pris la route
19 nationale qui mène normalement vers Dretelj. A une distance de 500 mètres,
20 à peu près, à Buna, c'est là que se trouve le premier tunnel. A ce moment-
21 là, l'un d'eux a dit qu'il y avait une partie plus large de la route, après
22 le tunnel, et qu'il fallait s'arrêter là. C'est là qu'ils nous ont fait
23 sortir. Ils nous ont dit de leur tourner le dos.
24 Q. Je vous arrête. Lorsqu'ils vous ont dit de sortir et de leur tourner le
25 dos, vous étiez tourné dans quelle direction ? Qu'est-ce qui se trouvait
26 devant vous ?
27 R. Devant nous, c'était la rivière de Neretva et un précipice d'une
28 quinzaine de mètres et nous étions au bord de ce précipice.
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1 Q. Est-ce que dans cette région-là il y a des bâtiments aux alentours ?
2 R. Il n'y en avait pas sur la rive sur laquelle nous étions. Mais en face,
3 on pouvait voir des maisons.
4 Q. Est-ce que vous pourriez décrire, approximativement, quelle était la
5 distance de l'autre rive de la Neretva, par rapport à l'endroit où vous
6 vous teniez avec votre grand-père ?
7 R. Environ 40 à 50 mètres.
8 Q. Est-ce que tous les soldats qui étaient avec vous dans la camionnette
9 sont sortis avec vous, ou est-ce qu'il y en a qui sont restés dans la
10 camionnette ?
11 R. Je sais que les deux qui étaient armés nous ont fait sortir, mais je ne
12 sais pas si le troisième est sorti, lui aussi, car ils étaient derrière
13 nous deux.
14 Q. Que s'est-il passé lorsque vous avez tourné vos dos à ces soldats ?
15 R. A ce moment-là, nous avons entendu le son des armes que l'on prépare
16 pour tirer et on a entendu une rafale. J'ai ressenti un impact dans le dos,
17 ce qui m'a fait tomber dans le précipice. J'ai roulé jusqu'en bas du
18 précipice, jusqu'à l'endroit où mes pieds touchaient l'eau. Mon grand-père
19 s'était arrêté avant. Je pense que c'était un arbre qui l'avait arrêté dans
20 sa chute vers le milieu du précipice. J'ai entendu les bruits agonisants de
21 mon père. Ceci a duré une minute ou un peu plus. Ensuite, on ne pouvait
22 rien entendre. Je n'ai pas entendu lorsqu'ils sont partis et j'étais encore
23 conscient, donc, je n'osais pas faire de bruit. J'étais juste là,
24 tranquille. J'ai entendu des voix de soldats. Je les ai entendus descendre
25 le long de ce précipice, afin de vérifier si l'on était réellement morts.
26 Ils se sont approchés de mon grand-père. Ils ont ri, ils ont regardé son
27 portefeuille. Ils ont pris sa ceinture. Puisque j'étais en bas, j'ai vu une
28 lumière d'une torche, donc, j'ai vu qu'ils me cherchaient, mais puisque
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1 j'étais tombé derrière un buisson, ils ne pouvaient pas arriver jusqu'à moi
2 et ils ont dit : "C'est fini. Celui-ci, il est mort, lui aussi."
3 Q. Peut-être il vaudrait mieux passer à huis clos partiel maintenant parce
4 que je souhaite montrer un document au témoin.
5 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.
6 [Audience à huis clos partiel]
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18 [Audience publique]
19 Mme GILLETT : [interprétation]
20 Q. Monsieur le Témoin, vous avez décrit le fait que vous étiez en bas,
21 gisant par terre, près de l'eau et que les soldats étaient descendus. Ils
22 vous cherchaient et ils considéraient que vous étiez mort vous aussi. Est-
23 ce qu'à ce moment-là, les soldats sont partis ?
24 R. Oui.
25 Q. Vous étiez dans quel état ?
26 R. Je ressentais des douleurs. J'étais couvert de sang. Je ne savais pas
27 combien de balles m'avait touché. Je savais simplement que dans la poitrine
28 tout me faisait mal et que le sang coulait. J'ai enlevé ma veste, j'ai
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1 essayé de laver ma blessure pour voir où j'avais été touché par balle.
2 Puisque le sang sortait de la plaie tout comme mère, il m'était difficile
3 de respirer, donc, j'ai appuyé ma veste sur la plaie ce qui m'a soulagé.
4 Donc, j'ai appuyé ma veste sur la plaie ce qui m'a soulagé quelque peu.
5 Q. Lorsque vous avez agi ainsi vis-à-vis de votre plaie, qu'avez-vous
6 fait ?
7 R. A ce moment-là, j'ai rampé et je me suis déplacé ainsi pour remonter le
8 précipice et pour retrouver l'endroit où ils nous avaient fusillés, puisque
9 j'ai vu des lumières j'ai pu constater que des véhicules circulaient par
10 là. J'ai eu très peur et je me suis caché. Près du tunnel j'ai vu un
11 endroit où je pouvais me cacher. J'ai pu ramper jusqu'à cet endroit-là et à
12 ce moment-là j'ai perdu connaissance.
13 Q. Après que vous avez perdu connaissance à quel moment est-ce que vous
14 avez repris connaissance ? A quel moment est-ce que vous saviez de nouveau
15 ce qui se passait autour de vous ?
16 R. J'ai repris connaissance en entendant le bruit de tirs d'artillerie à
17 proximité du tunnel, je suppose. A ce moment-là j'ai vu que le soleil était
18 déjà bien haut, qu'il faisait chaud. C'est là que j'ai attendu pendant un
19 certain temps peut-être une demi-heure. A ce moment-là, j'ai eu soif, et je
20 suis allé vers la rivière de nouveau afin de boire de l'eau. J'ai appuyé ma
21 veste sur ma plaie et n'est-ce que j'ai commencé à m'approcher de la
22 rivière tout près de la route nationale deux véhicules sont arrivés. L'un
23 deux était l'ambulance et l'autre était une camionnette civile avec
24 l'insigne de la Croix-Rouge. Lorsqu'ils m'ont vu couvert de sang, ils se
25 sont arrêtés, ils sont sortis immédiatement et vitre de la voiture. Ceux
26 qui étaient dans la camionnette, ils sont sortis avec leurs fusils. Ils ne
27 comprenaient pas qui j'étais. Ils m'ont demandé si j'étais un saboteur ou
28 quelque chose comme cela. J'ai répondu que j'étais civil et que c'est à cet
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1 endroit-là que les membres de la police militaire du HVO nous fusillaient
2 avec mon grand-père. Il ne savait pas quoi faire à ce moment-là jusqu'au
3 moment où une femme qui était dans le véhicule des ambulances leur a dit de
4 m'emmener à Capljina.
5 Q. Est-ce que vous savez d'où venaient ces personnes de la Croix-Rouge ?
6 Quelle était leur appartenance ethnique ?
7 R. Je ne sais pas qui ils sont, qui ils étaient.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : -- un petit élément de confusion qui vient peut-être
9 de la traduction. Il y a deux véhicules qui passent, une ambulance et une
10 camionnette. Vous indiquez que les gens, quand ils vous ont vu dans cet
11 état, ils sont sortis tout de suite. C'est à la ligne 20 de la page 31,
12 vous dites : "Qu'ils avaient un fusil." Alors, là, je ne comprends pas très
13 bien. Vous pouvez nous préciser, c'était, en fait, des soldats alors ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils portaient un uniforme de camouflage, mais
15 à l'épaule, ils avaient des insignes de la Croix-Rouge.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Ils avaient un fusil également ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : La femme, elle était en uniforme de camouflage ou en
19 civil, elle ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Uniforme de camouflage.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon.
22 Mme GILLETT : [interprétation]
23 Q. Pourriez-vous nous dire si ces personnes de la Croix-Rouge étaient de
24 la Bosnie-Herzégovine ou de l'étranger ?
25 R. Je pense que la femme était originaire de Buna car j'avais l'impression
26 de la connaître de vue. Quant aux autres, je ne sais pas qui ils étaient.
27 Q. Vous avez mentionné que cette femme suggérait que l'on vous emmène à
28 Capljina. Combien de temps êtes-vous resté à Capljina ?
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1 R. A Capljina, ils ont arrêté l'hémorragie. Ils m'ont placé sous perfusion
2 et ils m'ont transporté en ambulance à Metkovic.
3 Q. Où est-ce que vous avez été traité à Capljina ? Où est-ce qu'on vous a
4 soigné ?
5 R. Je ne saurais le dire. C'était une espèce de dispensaire.
6 Q. L'ambulance qui vous a emmené à Metkovic où exactement à Metkovic, vous
7 a-t-elle emmené ?
8 R. Il s'agissait de l'hôpital de guerre de Metkovic d'après ce que les
9 gens ont dit. Ceci se trouvait au-dessous d'un grand magasin à Metkovic.
10 C'était un hôpital de fortune qui se trouvait dans la cave de ce bâtiment.
11 Q. Cet hôpital de guerre est-ce qu'il était contrôlé par des civils ou par
12 des militaires ?
13 R. Pour ce qui est des infirmiers, je ne sais pas si c'étaient des civils
14 ou des membres du personnel médical militaire, parce qu'ils portaient des
15 vestes blanches mais les patients étaient pour la plupart des soldats.
16 Q. Des soldats, de quelle appartenance ethnique ?
17 R. Croate.
18 Q. Les infirmières, les médecins qui vous soignaient, de quelle
19 appartenance ethnique étaient-ils ?
20 R. Croate aussi.
21 Q. Quel traitement vous a-t-on administré pendant que vous étiez à
22 l'hôpital de Metkovic ?
23 R. C'est là qu'ils m'ont opéré immédiatement et ils m'ont transféré dans
24 une chambre sur un lit.
25 Q. Combien de temps êtes-vous resté à l'hôpital de guerre de Metkovic ?
26 R. J'y suis resté deux jours à ce moment-là ma situation de santé s'est
27 détériorée et ensuite, ils m'ont transféré à l'hôpital de Split.
28 Q. Je vais enchaîner là-dessus. Vous m'avez dit jusqu'à ce que la
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1 situation ne se détériore, vous parlez de votre santé ou d'autre chose ?
2 R. Je parle de ma situation de santé.
3 Q. Vous êtes allé à l'hôpital de Split. Combien de temps avez-vous passé à
4 l'hôpital de Split ?
5 R. J'ai été aux soins intensifs pendant cinq jours à l'hôpital de Split,
6 et ensuite j'ai passé encore sept jours là-bas, je crois.
7 Q. Quels étaient les autres patients à l'hôpital de Split ?
8 R. A Split, il y avait d'autres patients d'appartenance ethnique croate
9 que l'on faisait venir de la Bosnie centrale et ils étaient dans la même
10 chambre que moi.
11 Q. Où êtes-vous allé après votre séjour à l'hôpital de Split ?
12 R. Après mon hospitalisation à l'hôpital de Split, j'ai dû quitter
13 l'hôpital puisque ma situation de santé s'était améliorée, mais je ne
14 savais où aller. Par conséquent, le personnel de l'hôpital a contacté
15 l'organisation, Merhamet, à Split pour qu'ils viennent me chercher. Ils
16 sont venus me chercher et m'ont transféré dans un hôtel à Nis -- un hôtel
17 privé à Omis. C'était un hôtel privé payé par l'organisation, Igasa. Il y
18 avait d'autres personnes d'appartenance ethnique musulmane qui avaient été
19 blessées et soignées là-bas et c'étaient des personnes qui avaient été
20 transportées en Croatie et soignées là-bas avant le conflit avec les
21 Croates et ils ne pouvaient plus revenir chez eux.
22 Q. Au cours de cette période, à partir du moment où vous et votre grand-
23 père vous avez été emmené et que l'on vous a tiré dessus, et pendant toute
24 la période de votre convalescence, qu'est-il arrivé au reste de votre
25 famille, votre mère, vos frères, votre grand-mère, pendant cette même
26 période ?
27 R. Lorsqu'ils nous ont emmenés ce jour-là, au bout de quelques heures, ce
28 même soldat qui nous avait emmenés, il est rentré à la maison et il a vu ma
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1 mère et il riait. Elle lui a demandé ce qu'il nous était arrivé ? Lui, il a
2 répondu que soit on était à Capljina, soit à Dretelj.
3 Q. Connaissez-vous le nom de ce soldat ?
4 R. Plus tard, d'après ce que les gens disaient --
5 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Nous sommes en audience publique, je
6 signale, s'il veut mentionner des noms.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. On va passer en audience à huis clos.
8 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.
9 [Audience à huis clos partiel]
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20 [Audience publique]
21 Mme ALABURIC : [interprétation]
22 Q. Vous nous avez dit aujourd'hui qu'au mois de juin 1992, le secteur de
23 Mostar et de Buna s'est vu libéré de toute présence militaire serbe et
24 s'agissant du territoire de Buna, ils seraient venus là le HVO, qui était,
25 à cette époque, constitué par des forces conjointes entre Croates et
26 Musulmans, n'est-ce pas ?
27 R. C'est exact.
28 Q. Veuillez nous indiquer, les hommes du groupe ethnique musulman
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1 originaire de Buna, faisaient partie des rangs du HVO à l'époque, n'est-ce
2 pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Pouvez-vous nous dire combien d'hommes du groupe ethnique musulman il y
5 avait dans les rangs du HVO à l'époque ?
6 R. Je ne le sais pas.
7 Q. Pourriez-vous nous donner un ordre d'idée, s'agissait-il de dizaines ou
8 d'individus ?
9 R. Des dizaines.
10 Q. Pourrions-nous nous rapprocher du nombre de dizaines, peut-être
11 pourrions-nous dire 120 ou quelque chose de ce genre ?
12 R. Cela se peut. Cela se peut.
13 Q. Veuillez nous préciser si ces hommes du groupe ethnique musulman
14 originaire de Buna sont restés jusqu'à la fin de la guerre au sein du HVO,
15 ou est-ce qu'entre-temps ils se seraient passés à autre chose ?
16 R. Non, ils ont été désarmés avant le 30 juin, avant que d'être emmenés à
17 Dretelj.
18 Q. Pourriez-vous étoffer votre propos ? Quand vous dites : "Avant le 30
19 juin," pouvez-vous nous donner des noms pour ce qui est des personnes
20 désarmées, quelles ont été les circonstances de ce désarmement ?
21 R. Je puis le faire.
22 Mme ALABURIC : [interprétation] Peut-être pourrions-nous passer à huis
23 clos partiel à ces --
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous passons à huis clos.
25 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.
26 [Audience à huis clos partiel]
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4 [Audience publique]
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Donc, en audience publique, je donne la parole
6 à l'Accusation pour qu'elle nous fasse un bref résumé de l'audition de la
7 déclaration écrite du témoin au titre de l'article 92 ter du Règlement.
8 Mme EGELS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
9 Interrogatoire principal par Mme Egels :
10 [interprétation] En 1993, le présent témoin habitait à Mostar Ouest.
11 Le 9 mai 1993, des membres du HVO de la police militaire plus exactement
12 sont venus à son appartement et ont fouillé à la recherche d'armes. Au
13 cours des quelques jours qui ont suivi, plusieurs soldats du HVO sont venus
14 dans cet appartement en faisant pression sur le témoin pour qu'elle
15 déménage.
16 Le 25 mai 1993, le témoin est son époux ont quitté l'appartement pour aller
17 dans le village de Rastani. Au cours des premières heures du 24 août 1993,
18 le HVO a déclanché une attaque sur Rastani. Rastani jusqu'alors avait été
19 sous le contrôle de l'ABiH.
20 Le témoin est allée dans la maison d'un voisin où elle est testée ainsi que
21 d'autres personnes du village. Vers le milieu de la journée, vers midi, un
22 groupe de soldats du HVO ont encerclé la maison, ont tiré des grenades de
23 lacrymogène dans la maison et ont exigé des occupants qu'ils se rendent;
24 sinon, ils allaient mettre le feu à cette maison. Le témoin et les autres
25 occupants de la maison se sont rendus. Les soldats du HVO ont séparé les
26 hommes des femmes et des enfants. Un des hommes a levé les mains en l'air
27 pour montrer qu'il se rendait et le témoin a vu un soldat du HVO tirer sur
28 cet homme le tuant. Ce même soldat a donné au témoin et à d'autres d'être
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1 emmenés derrière la maison pour y être tués. Une des autres personnes
2 c'était un homme, qui a été emmené à l'arrière de la maison. Il a été tué
3 par ce même soldat du HVO par arme à feu.
4 Le témoin et d'autres ont alors été fouillés par les soldats du HVO. Les
5 biens de valeur qu'ils avaient ont ainsi -- pris par ces soldats. Le témoin
6 et d'autres ont pris la fuite en franchissant la rivière alors que le
7 village était pilonné. On a tiré depuis derrière eux pendant tout le temps
8 où ces personnes couraient.
9 Q. Bonjour, Madame le Témoin CZ.
10 R. Bonjour.
11 Q. Vous avez fourni une déclaration écrite aux enquêteurs du bureau du
12 Procureur du TPIY, le 1er octobre 1998; est-ce exact ?
13 R. C'est exact.
14 Q. Lorsque vous avez fourni cette déclaration est-ce que vous l'avez faite
15 de façon tout à fait libre sans aucune contrainte qui aurait été exercée
16 sur vous ?
17 R. Oui.
18 Q. Lorsque vous avez fourni cette déclaration est-ce que vous avez dit la
19 vérité ?
20 R. Oui.
21 Q. A la fin de l'entretien que vous avez eu avec cet enquêteur, est-ce que
22 votre déclaration vous a été relue en langue bosniaque ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce que vous avez alors signé la déclaration en anglais ?
25 R. Je ne me souviens pas de cela.
26 Mme EGELS : [interprétation] Est-ce que nous pourrions très rapidement
27 passer à huis clos partiel de façon à montrer un exemplaire de la
28 déclaration au témoin.
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1 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.
2 [Audience à huis clos partiel]
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28 --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le mardi 30 janvier
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