Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 31 janvier 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

6 l'affaire, s'il vous plaît.

7 M. LE GREFFIER : Bonjour, Monsieur le Président. Affaire

8 IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. Je salue toutes les

10 personnes présentes, l'Accusation, les avocats, MM les accusés, ainsi que

11 toutes les personnes de la salle d'audience.

12 Monsieur le Greffier, je vous donne la parole pour les numéros IC.

13 M. LE GREFFIER : [interprétation] L'Accusation a soumis une réponse aux

14 objections 2D de la Défense pour ce qui est des pièces à conviction

15 présentées au travers du témoignage du Témoin Rajkov. Cela aura la cote IC

16 272. Plusieurs parties ont présenté des listes de documents qui seront

17 présentés au travers du Témoin DA. La liste présentée par l'OTP devra

18 obtenir un numéro de pièce à conviction 273. La liste présentée au 2D devra

19 recevoir une cote IC 274, et la liste présentée au 3D devra recevoir la

20 cote IC 275. Merci.

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Pendant quelques secondes, on va passer à huis

22 clos partiel, Monsieur le Greffier.

23 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.

24 [Audience à huis clos partiel]

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11 (expurgé)

12 [Audience publique]

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, en audience publique, je pense que nous avons

14 le premier témoin, Monsieur Mundis.

15 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à toutes

16 et à tous dans la salle d'audience. L'Accusation a préparé le témoignage

17 d'Omer Dilberovic.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. On va introduire le premier témoin.

19 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

20 LE TÉMOIN : OMER DILBEROVIC [Assermenté]

21 [Le témoin répond par l'interprète]

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. Je vais d'abord vérifier

23 que vous entendez bien dans votre langue la traduction de mes propos. Si

24 c'est le cas dites que vous me comprenez.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous comprends.

26 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, Monsieur, vous avez été cité par

27 l'Accusation pour témoigner sur des événements qui se sont déroulés dans la

28 ville de Mostar. Je vais vous demander maintenant de vous lever pour la

Page 13229

1 prestation de serment. Pouvez-vous me donner votre nom, prénom et date de

2 naissance ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Dilberovic Omer. Je suis né le 20

4 septembre 1945 à Orahovica, municipalité de Zenica.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Avez-vous, Monsieur, une profession ou une activité

6 ou aucune activité ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je ne travaille pas. J'ai travaillé

8 auparavant avant les conflits, j'ai été chauffeur et depuis je ne travaille

9 nulle part.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, avez-vous déjà témoigné devant un tribunal

11 sur les faits qui se sont déroulés dans votre pays, ou c'est la première

12 fois que vous témoigniez ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la première fois, Monsieur le Juge.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous demande de lire le serment que M. l'Huissier

15 vous tend.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

17 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur. Vous pourrez vous asseoir.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Monsieur, quelques éléments d'information de

21 ma part. Le Procureur va vous poser quelques questions et vous présentera

22 certains documents. Le Procureur nous a indiqué qu'il avait besoin d'une

23 trentaine de minutes. À l'issue de cette phase, les avocats qui sont situés

24 à votre gauche, qui peuvent vous paraître nombreux, mais il n'y en a qu'un

25 qui interviendra pour chacun des accusés qui sont au fond, pourront

26 également vous poser des questions. Nous avion estimé que la Défense aura

27 pour vous globalement une heure. La Défense pouvant se restituer le temps

28 selon leur bon vouloir.

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1 Comme dans une heure il y a 60 minutes qui a six accusés, en théorie,

2 chacun a dix minutes pour vous poser des questions.

3 Les trois Juges qui sont devant vous pourront également vous poser des

4 questions. Nous ne manquerons pas de vous interroger sur quelques points

5 très précis qui nous paraissent indispensables. Si à un moment donné vous

6 ne comprenez pas une question, n'hésitez pas à demander à celui qui vous la

7 pose de la reposer. Si vous ne vous sentez pas bien ou mal, n'hésitez pas à

8 me demander une interruption. Nous sommes là également pour faire en sorte

9 que cette audience se passe le mieux possible pour vous.

10 Voilà ce que je voulais vous dire en préambule. Donc, je donne maintenant

11 la parole à l'Accusation qui va entamer l'interrogatoire principal.

12 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

13 Interrogatoire principal par M. Mundis :

14 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Dilberovic.

15 R. Bonjour.

16 Q. Monsieur, je vais d'abord vous poser quelques questions au sujet de la

17 déposition que vous avez faite auprès du bureau du Procureur. Vous

18 souvenez-vous d'avoir fait cette déposition en 2001 ?

19 R. Je pense bien, oui.

20 Q. A l'époque vous avez répondu aux questions de façon conforme à la

21 vérité, n'est-ce pas ?

22 R. J'ai répondu de façon conforme à la vérité, oui.

23 Q. Est-ce que vous avez répondu aux questions au mieux de votre souvenir à

24 l'époque ?

25 R. Je pense que je l'ai fait.

26 Q. A la fin de cette interview ou cette déclaration, on vous a relu la

27 déclaration en langue bosniaque, n'est-ce pas ?

28 R. Oui.

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1 Q. Vous avez signé une version anglaise de votre déposition ?

2 R. J'ai signé en langue anglaise, parce que je n'ai pas pu la lire.

3 M. MUNDIS : [interprétation] J'aimerais obtenir l'assistance de l'Huissier

4 pour vous fournir un recueil de documents.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis, comme nous sommes ici dans la

6 procédure 92 ter, est-ce qu'il ne conviendrait pas qu'en quelques mots vous

7 fassiez un bref résumé de la teneur de sa déclaration écrite.

8 M. MUNDIS : [interprétation] J'ai négligé de le faire, mais justement, ma

9 commise à l'affaire vient de me rappeler. Je me propose de donner lecture

10 de ce résumé à l'attention du 65 ter.

11 M. Omer Dilberovic était résident de Mostar Est. Son fils était membre de

12 l'ABiH et a été tué par tirs de tireurs isolés le 13 juin 1993. A la date

13 du 30 août 1993, le témoin était sur le chemin de rentrer après avoir

14 visité la tombe de son fils, lorsque un tireur isolé lui a touché -- était

15 touché par la jambe par un tireur isolé.

16 Q. Monsieur Dilberovic, j'aimerais que vous vous penchiez maintenant sur

17 le document qui figure à l'intercalaire 9854 dans ce classeur de documents

18 que vous avez sous les yeux. Le 9854.

19 Monsieur Dilberovic, ce document P 09854 constitue t-il bien votre

20 déclaration écrite en langue anglaise ?

21 R. Oui.

22 Q. Est-ce que c'est bien votre signature que nous voyons sur ce document ?

23 R. Oui, c'est ma signature.

24 Q. Monsieur Dilberovic, j'aimerais maintenant que vous vous penchiez sur

25 les quelques pages qui suivent dans le document, pour y retrouver la

26 version en langue bosniaque de votre déclaration ? Je crois que vous avez

27 une page à tourner.

28 Monsieur Dilberovic, lorsque vous êtes arrivé avant-hier à La Haye, est-ce

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1 que l'enquêteur vous a fourni cette déclaration, une copie de celle-ci en

2 langue bosniaque ?

3 R. Oui. C'est exact.

4 Q. Avez-vous eu l'occasion de relire cette déclaration ?

5 R. Oui. J'ai lu cette déclaration.

6 Q. Hier après-midi, lorsque nous nous sommes rencontrés, avez-vous apporté

7 des corrections, des modifications dans votre déclaration écrite ?

8 R. Oui, une petite rectification. Ici, il a été dit que -- il dit que mon

9 fils a été touché le 12 juin 1993. C'est à cette date que j'ai été le seul

10 parent à avoir été présent à son enterrement, sa mère n'est pas venue. Je

11 suis revenu à la maison en compagnie de deux soldats qui m'ont ramené parce

12 que je n'étais pas très bien. Par la suite, le 30 août 1993, j'ai

13 accompagné ma femme à l'endroit où notre fils est enterré, pour qu'elle

14 voie. La dame, qui était à côté de chez moi, qui s'appelait Anita Kulak,

15 est venue avec nous, cela s'est passé le 30 août. C'est là que j'ai été

16 blessé sur le chemin du retour depuis le cimetière à un endroit appelé

17 Mazoljice. C'est le seul rectificatif, je n'ai pas été blessé alors que je

18 suis allé à l'enterrement de notre fils, mais je suis allé -- j'ai été

19 blessé lorsque je suis allé au cimetière en compagnie de ma femme et de

20 cette dame, Anita. C'est la seule correction à apporter, il n'y en a pas

21 d'autre.

22 Q. Monsieur, à plusieurs reprises vous avez mentionné la date du 30 août,

23 mais quelle est l'année à laquelle vous vous êtes référé ?

24 R. 1993.

25 Q. Monsieur, il y a un certain nombre de points complémentaires que

26 j'aimerais évoquer qui ne sont pas mentionnés dans votre déclaration de

27 témoin. Le mieux serait peut-être que pour aller plus simplement, de vous

28 demander ce qui s'est passé le 30 août 1993 lorsque vous reveniez de la

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1 tombe de votre fils. Pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé ?

2 R. Je suis allé là où est enterré mon fils, au parc d'Osman Dzikic, dans

3 la ville de Mostar. J'étais avec ma femme et une voisine, Anita Kulak. Nous

4 rentrions à la maison lorsque après avoir effectué cette visite et arrivé à

5 Mazoljice. Il fallait passer par une maison, une vieille maison abandonnée.

6 Là, il a fallu courir pour traverser un endroit à découvert et nous avons

7 entendu des coups de feu de tireurs isolés. Je ne sais pas d'où et comment.

8 J'ai attendu quelques minutes en attendant que les tirs cessent. Anita

9 Kulak et ma femme se sont alors mises à courir, pour traverser cette espèce

10 de pré. Ils ont traversé sans encombres. J'ai attendu peut-être une minute

11 et très vite, moi aussi, j'ai couru. Lorsque j'étais arrivé au milieu,

12 lorsque ma jambe droite allait de l'avant, j'ai été touché à la jambe

13 droite et je suis tombé.

14 Q. Je vais vous interrompre un instant, Monsieur Dilberovic. Tout d'abord,

15 vous venez de nous dire que vous vous étiez arrêté quelques minutes en

16 attendant que les tirs cessent. Où est-ce que vous vous êtes arrêté ?

17 R. Au niveau de cette maison abandonnée. Il n'y avait personne. Nous

18 passions tous par cette maison et nous sommes restés là quelques minutes.

19 Depuis cette maison, il a fallu courir pour traverser le pré, à découvert,

20 pour arriver à une autre maison. Il n'y avait plus de périls jusqu'à chez

21 nous, parce que nous étions à l'abri des tireurs d'élite du fait de la

22 présence de maisons.

23 Q. Vous nous avez dit que vous avez été touché à la jambe droite. Pouvez-

24 vous nous indiquer où exactement au niveau de la jambe droite ?

25 R. La balle est sortie du côté gauche et elle est sortie du côté de la

26 hanche droite. Il s'en est fallu de peu pour me détruire la hanche. C'est

27 ce qu'on dit les médecins à l'hôpital de Zenica.

28 Q. Quelle est la partie de votre jambe droite ? Où est-ce que la balle

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1 est-elle -- Où est-ce que la balle est entrée ?

2 R. C'est entré par la cuisse et c'est sorti du côté extérieur de la jambe

3 au niveau de la hanche droite, au haut de la jambe.

4 Q. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé ensuite une fois que vous avez

5 été frappé par balles ?

6 R. Lorsque j'ai été frappé par balles, j'ai vu Mme Anita et ma femme se

7 diriger vers moi et j'ai crié : "Ne vous approchez pas. Je vais bien, parce

8 que le tireur vous tirera dessus et vous serez touchées aussi." Alors, je

9 les ai entendues pleurer. Je me suis redressé, parce que j'avais peur

10 qu'elles ne viennent à moi. De ma jambe gauche, j'ai voulu aller de

11 l'avant. J'ai retendu la jambe droite, mais elle s'est retournée, parce que

12 l'os à côté de la hanche était brisé. La jambe s'est retournée. Je ne

13 pouvais donc plus marcher. J'ai donc rampé à l'aide de mes mains pour

14 traverser cette espèce de pré. Mais avant, c'était une cour de maison.

15 C'était un jardin. J'ai rampé entre ses maisons.

16 Q. Dites-nous, s'il vous plaît : à quelle heure à peu près l'incident

17 s'est-il produit le 30 août 1993 ?

18 R. Ce 30 août 1993, je n'avais pas de montre au poignet, mais je sais que

19 c'était dans l'après-midi. Il était midi passé parce que, d'habitude, nous

20 empruntions ce chemin très tôt si nous avions l'intention de passer soit

21 très tôt, soit très tard.

22 Q. Monsieur, pouvez-vous nous dire quelque chose au sujet du temps qu'il

23 faisait ce jour-là et quelle était la visibilité au meilleur de votre

24 souvenir ?

25 R. Ce jour-là, je m'en souviens bien, il n'y a pas eu de pluie ni rien

26 d'autre. Il faisait assez beau. Il n'y avait pas de brouillard. Il n'y

27 avait rien. La visibilité était assez bonne.

28 Q. Pouvez-vous nous indiquer quel type de vêtements vous portiez ce jour-

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1 là ? Vous en souvenez-vous ?

2 R. J'avais un pantalon bleu et un petit blouson en "sky" également bleu.

3 Enfin, bleu-gris. Le pantalon aussi était de cette couleur-là et j'avais

4 des chaussures à mes pieds. Il y a une chaussure qui est restée devant

5 cette maison et l'autre chaussure est restée à l'hôpital. Donc, j'étais

6 resté sans chaussure.

7 Q. Monsieur Dilberovic, au moment où vous et votre épouse, ainsi que Anita

8 Kulak, vous vous êtes trouvé à Mazoljice, y avait-il d'autres personnes

9 autour ?

10 R. Non. Nous n'avons vu personne à ce moment-là. En traversant cette

11 maison, nous étions seuls. Lorsque j'ai été blessé, lorsque je me suis

12 trouvé devant la maison, il y a eu beaucoup de femmes qui sont venues

13 m'aider, qui nous pansaient, qui ont mis des couvertures, ce genre de

14 chose.

15 Q. A l'époque, Monsieur Dilberovic, lorsque vous et votre épouse, ainsi

16 que Anita Kulak, êtes allés à Mazoljice, y avait-il des véhicules

17 militaires, des équipements militaires ou quoi que ce soit de ce genre à

18 proximité ?

19 R. Rien. C'était la banlieue de la ville. Il n'y avait pas beaucoup de

20 maisons. La visibilité était bonne, mais on n'a rien pu voir : aucun

21 véhicule, aucun militaire. Tout ce qu'on pouvait voir, c'était ça et là un

22 civil à courir pour traverser le pré et arriver chez lui.

23 Q. Monsieur Dilberovic, vous avez mentionné tout à l'heure le fait que

24 vous avez entendu des coups de feu. Pourriez-vous nous en dire davantage

25 pour ce qui est de ces tirs que vous avez entendus avant d'être touché ?

26 R. On sait dissocier, distinguer les coups de feu d'un tireur isolé qui

27 tire au coup le coup. On s'était dit qu'il fallait attendre, parce qu'il y

28 avait un tireur isolé qui était actif, donc, il nous tirerait probablement

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1 dessus. Nous avons attendu en attendant que cela se calme. Au moment où

2 nous avons décidé de courir -- enfin, lorsque j'ai pris la course pour

3 traverser, c'est là qu'on a entendu le coup de feu.

4 Q. A proximité de cette maison abandonnée à Mazoljice, y avait-il des

5 combats quelconques à l'époque ?

6 R. Non, rien. C'était une accalmie. Il n'y a pas eu de combats du tout.

7 Q. Monsieur Dilberovic, avez-vous entendu le coup de feu, celui où vous

8 avez été touché ?

9 R. Oui, je l'ai entendu, ce coup de feu.

10 Q. De quelle direction est-ce que vous avez pu entendre ce tir, ce coup de

11 feu ?

12 R. Du côté est de la ville de Mostar. C'est venu du côté -- J'étais du

13 côté est et le coup de feu est venu du côté ouest de la ville de Mostar

14 parce que devant moi, il ne pouvait y avoir personne, vu que c'était un

15 espace sans maison. C'était ouvert comme espace, ce qui m'a fait conclure

16 du fait que la balle était venue de la partie ouest de la ville.

17 Q. Monsieur Dilberovic, avez-vous d'autres informations concrètes au sujet

18 de l'emplacement à partir duquel la balle est arrivée ? Pouvez-vous être

19 plus précis pour ce qui est de l'endroit du côté oust d'où la balle est

20 venue ?

21 R. Oui, j'étais sur ce passage. J'étais en train de courir dans la partie

22 est de la ville dans cette partie qui s'appelle Mazoljice. La balle est

23 venue de l'ouest et j'ai conclu de la chose pour ce qui est donc de

24 l'arrivée de cette balle depuis le côté ouest de Mostar.

25 Q. Monsieur Dilberovic, vous souvenez-vous du fait qu'en 2004, vous avez

26 rencontré un enquêteur et un photographe du Tribunal international à

27 Mazoljice ?

28 R. Oui, je m'en souviens. J'ai accepté très volontiers lorsqu'ils sont

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1 venus de leur dire la vérité au sujet de ce qui m'était arrivé et ce qui

2 est arrivé à mon fils.

3 Q. Au moment où vous avez rencontré l'enquêteur et le photographe ils vous

4 ont posé une série de questions, n'est-ce pas ?

5 R. Oui, ils m'ont posé des questions.

6 Q. Ces questions et les réponses ont été enregistrées sur une bande vidéo,

7 n'est-ce pas ?

8 R. Probablement que oui. Enfin ils ont tourné la caméra.

9 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

10 nous voudrions maintenant montrer au témoin la pièce

11 P 094110 au niveau de l'affichage électronique.

12 M. MUNDIS : [interprétation]

13 Q. Monsieur le Témoin, je vous demanderais de suivre ce qui se passe sur

14 l'écran devant vous.

15 [Diffusion de la cassette vidéo]

16 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

17 "Enquêteur : Monsieur Dilberovic, pourriez-vous nous indiquer l'espace que

18 vous apprêtiez à traverser ?

19 Témoin : [Le témoin s'exécute]

20 Enquêteur : Merci. Aux meilleurs de vos souvenirs, pourriez-vous nous

21 indiquer l'endroit où vous vous trouviez exactement au moment où vous avez

22 été touché par la balle en courant ?

23 Témoin : [Le témoin s'exécute]

24 Enquêteur : Merci. Pourriez-vous nous indiquer où vous avez été touché ?

25 Témoin : [Le témoin s'exécute]

26 Enquêteur : Merci. Aux meilleurs de vos souvenirs, pourriez-vous maintenant

27 nous montrer l'endroit duquel selon vous le tir a pu venir ?

28 Témoin : [Le témoin s'exécute]

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1 Enquêteur : Merci."

2 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

3 M. MUNDIS : [interprétation]

4 Q. Monsieur Dilberovic, est-ce que vous vous êtes reconnu sur cet

5 enregistrement vidéo ?

6 R. Oui. Je n'ai pas vu la vidéo ici mais je l'avais visionnée. C'est

7 justement exactement ce que j'ai dit et j'ai répondu aux questions qui ont

8 été posées.

9 Q. Vous aviez compris toutes les questions et vous y aviez répondu en

10 disant la vérité ?

11 R. Oui.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce qu'on peut repasser la vidéo ?

13 M. MUNDIS : [interprétation] Oui, c'est justement ce que j'allais faire. Si

14 nous allons poser des questions au témoin, je préfèrerais que nous nous

15 arrêtions au moment où il indique l'endroit où il a été touché. Ensuite,

16 nous pourrions visionner le reste.

17 [Diffusion de la cassette vidéo]

18 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

19 "Enquêteur : Monsieur Dilberovic, est-ce que vous pourriez nous indiquer

20 l'espace par lequel vous êtes passé pour traverser ?

21 Témoin : [Le témoin s'exécute]

22 Enquêteur : Merci. Pour autant que vous vous en souveniez et est-ce que

23 vous pourriez nous indiquer l'endroit où vous avez été -- on vous a tiré

24 dessus pendant que vous traversiez cet espace ouvert ?

25 Témoin : [Le témoin s'exécute]

26 Enquêteur : Merci. Est-ce que vous pourriez nous indiquer où vous avez été

27 touché ?

28 Témoin : [Le témoin s'exécute]

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1 Enquêteur : Merci. Aux meilleurs de vos souvenirs est-ce que vous pourriez

2 nous indiquer la direction d'où provenait -- vous avez entendu plutôt le

3 tir ?

4 Témoin : [Le témoin s'exécute]

5 Enquêteur : Merci."

6 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

7 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai demandé de repasser la vidéo parce que je vois

8 une contradiction flagrante entre l'endroit où il a montré qu'il a reçu la

9 balle et le tir qui venait.

10 Monsieur, sur la vidéo, vous montrez votre jambe droite et quand on vous

11 demande d'où venait le tir, vous indiquez que le tir venait de la gauche.

12 Donc, si le tir vient de la gauche, normalement, la balle si elle pénètre

13 dans votre jambe droite, elle traverse la jambe droite et elle sort. Or,

14 d'après ce que vous nous -- vous avez montré que la balle a touché votre

15 jambe droite. C'est là où je ne comprends pas. Est-ce que vous pouvez nous

16 repréciser cela ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, il est vrai que j'ai été

18 touché à la jambe droite. Mais, vous savez, en courant j'ai tendu ma jambe

19 droite, j'ai voulu faire un pas en avant. J'allais dans cette direction,

20 là, et cela venait de l'autre côté, comme je vous l'ai indiqué, et la balle

21 m'a touchée à la jambe droite. On voyait très bien l'orifice d'entrée. La

22 balle, elle est sortie, il y avait un orifice de sortie. On voyait bien

23 tout était brouillé à la sortie de cette balle. On voyait très bien de

24 quelle direction la balle a dû venir -- qu'elle a dû venir de l'ouest.

25 J'étais tourné comme cela, j'avançais de ma jambe droite. La balle venait

26 de l'ouest et elle est sortie vers l'est. C'est à ce moment-là que je suis

27 tomé.

28 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, si nous pouvions voir à

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1 nouveau l'enregistrement vidéo, je demanderais que l'on fasse un arrêt sur

2 image, et à ce moment-là, nous pourrons poser précisément les questions que

3 nous souhaitons au témoin et lui demander ce qu'il a indiqué exactement sur

4 l'image.

5 [Diffusion de la cassette vidéo]

6 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

7 "Enquêteur : Monsieur Dilberovic, est-ce que vous pourriez nous indiquer où

8 se trouvait l'espace ouvert que vous aviez l'intention de traverser ?

9 Témoin : [Le témoin s'exécute]

10 Enquêteur : Merci. Aux meilleurs de vos souvenirs est-ce que vous pourriez

11 nous indiquer l'endroit où vous vous trouviez exactement au moment où vous

12 avez été touché alors que vous couriez à travers cet endroit ?

13 Témoin : [Le témoin s'exécute]

14 Enquêteur : Merci. Est-ce que vous pourriez nous indiquer la direction ou

15 l'axe à partir duquel vous avez entendu le tir ?

16 Témoin : [Le témoin s'exécute]"

17 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

18 M. MUNDIS : [interprétation]

19 Q. Monsieur Dilberovic, sur cette vidéo qu'est-ce que vous indiquez à

20 l'aide de votre main gauche sur l'enregistrement vidéo ? Qu'est-ce que vous

21 indiquez ?

22 R. Je montre l'orifice d'entrée et l'orifice de sortie se trouvait par

23 ici. C'est pour cela que je montrais cela de ma main gauche l'enquêteur

24 m'avait posé la question de lui montrer où j'ai été touché.

25 Q. Avec votre main droite qu'est-ce que vous indiquez sur l'enregistrement

26 vidéo ?

27 R. Rien. J'ai juste posé la main droite comme cela parce que voilà et puis

28 plus tard j'ai montré l'orifice de sortie.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, avec la main gauche l'orifice d'entrée. Donc

2 on voit bien sur la vidéo la main gauche. Voilà. Donc cela moi, cela mérite

3 maintenant d'être précis.

4 M. MUNDIS : [interprétation] Merci. Si le besoin s'en fait sentir nous

5 pourrons re-visionner toute l'intégralité de cet enregistrement vidéo à

6 nouveau. Est-ce que vous le souhaitez ? Non, ce n'est pas nécessaire. Bien.

7 Q. Monsieur Dilberovic, je vais maintenant vous montrer une vue

8 panoramique sur 360 degrés. C'est une photographie. Je vais vous poser

9 quelques questions à propos de ladite photographie. Monsieur, je vais vous

10 demander si vous pouvez remarquer ou indiquer quoi que ce soit sur la

11 photographie ?

12 Monsieur Dilberovic, est-ce que vous reconnaissez ce qui est affiché devant

13 vous sur votre écran ?

14 R. Oui. C'est l'espace que j'ai essayé de traverser afin de rentrer chez

15 moi, à Pasjak.

16 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

17 nous avons trois photographies qui ont faites à partir de cet angle de 360

18 degrés et je souhaiterais que l'on montre cela au témoin pour qu'il puisse

19 indiquer certaines choses sur la photographie et ainsi, nous conserverons

20 cela aux fins de compte rendu d'audience.

21 M. KOVACIC : [interprétation] Si vous me le permettez, juste un instant,

22 pendant que nous -- pour le compte rendu, page 16, ligne 18, le témoin a

23 dit : "Je traversais en courant." Alors que dans le compte rendu, il a été

24 marqué "traverser," tout simplement "traverser," alors qu'il a dit

25 "traverser en courant."

26 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Maître Kovacic.

27 M. MUNDIS : [interprétation] J'aimerais demander l'aide de

28 M. l'Huissier, je vous prie. Peut-être que ce document pourrait être placé

Page 13243

1 sur le rétroprojecteur.

2 Q. Alors, Monsieur Dilberovic, est-ce que vous pourriez peut-être regarder

3 la photographie qui se trouve à votre droite ?

4 R. Oui. C'est cela, la route que j'ai essayé de traverser.

5 Q. Alors voilà la question que j'aimerais vous poser. Sur cette

6 photographie, est-ce que l'on voit Mostar Ouest ?

7 R. Oui. Oui, oui. On voit bien. On voit mieux que la partie est, parce

8 qu'elle est plus élevée, donc on la voit mieux.

9 Q. Est-ce que vous pourriez, je vous prie, prendre le marqueur qui va vous

10 être donné par l'Huissier et j'aimerais que vous dessiniez un cercle ou une

11 forme ovale autour de Mostar Ouest, telle que vous voyez cette partie de la

12 ville sur la photographie ?

13 R. Je vais encercler cela ?

14 Q. Oui.

15 R. C'était à peu près dans cette direction-là, je ne sais pas. A peu près.

16 Donc, c'est la partie ouest de la ville Mostar, ce que j'en vois. Peut-être

17 qu'il y a encore quelque chose de Mostar Ouest qu'on voit plus près, mais

18 je ne sais pas.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Trois ronds sur trois immeubles. Voilà.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit de silos. Donc, je suis sûr que les

21 silos se trouvent à Mostar Ouest et je les vois bien sur cette photo, c'est

22 pour cela que je les ai encerclés ?

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, c'est les silos.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je suis sûr, en ce qui concerne les

25 silos. Mais peut-être qu'il y a d'autres immeubles aussi.

26 M. LE JUGE ANTONETTI : Que le petit passage, là, que vous aviez traversé,

27 est-ce que vous avez eu l'occasion de l'emprunter auparavant déjà ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, oui. Plus tard, dans la nuit, ou

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1 très tôt le matin, parce qu'à ce moment-là, le tireur embusqué ne tirait

2 pas.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, vous saviez qu'il y avait un tireur embusqué.

4 D'après vous, il se trouvait où, le tireur embusqué ? D'après vous, il

5 était où, à quel endroit ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne saurais pas. Je ne pourrais pas vous le

7 dire. Je sais tout simplement que les tirs provenaient de la partie ouest

8 de la ville, mais d'où exactement, je ne le sais pas.

9 M. STEWART : [interprétation] Peut-être que l'on pourrait inviter ou prier

10 le témoin de répondre à ce que fait -- à ce que demande le Procureur.

11 Lorsqu'une question a été posée, le témoin doit répondre à cette question.

12 On lui a demandé de faire un cercle autour de Mostar Ouest, ce qu'il n'a

13 pas fait.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Maître Stewart. Vous avez raison. La question

15 était plus générale.

16 Monsieur le Témoin, le Procureur vous a demandé, sur la carte, de faire un

17 grand cercle sur ce que vous indiquez comme étant Mostar Ouest. Là, vous

18 avez fait trois cercles. Est-ce que vous pourriez faire un grand cercle,

19 pour nous dire que Mostar Ouest, c'est ce qu'il y a de ce côté-là ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Dans la direction de ces immeubles-là.

21 Vous voyez, j'ai dessiné un trait ici, donc, c'est dans la prolongation de

22 cette ligne que se trouve cette partie de la ville. Le long de cette ligne,

23 plus tout ce qui est derrière cette ligne. Cela, c'est à l'ouest et ce qui

24 est vers nous, cela c'est l'est.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vois une ligne. Est-ce que -- bon.

26 On voit une voiture jaune qui est devant au premier plan, puis

27 derrière on voit la ligne. Entre la voiture jaune et la ligne que vous avez

28 dressée, est-ce qu'à l'époque, quand vous avez été blessé, il y avait des

Page 13245

1 Unités de l'ABiH entre cette voiture jaune et la ligne que vous avez

2 tracée ?

3 M. STEWART : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. Je

4 m'excuse de vous interrompre, mais le témoin a un stylet ou un marqueur. Il

5 a également indiqué certaines choses à l'aide de son doigt, ce qui n'a pas

6 été repris aux fins du compte rendu d'audience, donc je m'excuse de revenir

7 à la charge, mais je pense qu'il faudrait qu'il fasse avec le marqueur

8 exactement ce qu'on lui a demandé de faire.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai pensé qu'il avait répondu à la question -- à

10 votre question, mais c'est peut-être vous qui n'avez pas compris. On a

11 compris que, pour lui, Mostar Ouest est tout ce qui est derrière cette

12 ligne. Peut-être qu'il vous faut une explication complémentaire.

13 M. STEWART : [interprétation] C'est exact.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, Mostar Ouest est derrière cette ligne. C'est

15 bien ce que j'ai compris.

16 Alors, ma question - parce que nous, nous devons savoir sous quel

17 contrôle se trouvait ces deux hommes - entre la voiture jaune et la ligne

18 que vous avez tracée, à votre connaissance, est-ce qu'il y avait des Unités

19 de l'ABiH ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, il n'y avait pas beaucoup de

21 maisons par ici et puis à ce moment-là, il n'y avait pas de véhicules, il

22 n'y avait pas d'arbres, là. Donc, tout cet espace, il était beaucoup plus à

23 découvert que maintenant, sur la photo. Ce que vous voyez là, à droite, ce

24 garage, il y était. Sur cet espace, à cet espace-là, il n'y avait pas

25 d'armée, de militaires. Ils étaient plus bas, à côté de la ligne de

26 démarcation. Ils tenaient la rue Santic, la ligne entre le HVO et l'ABiH.

27 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

28 M. MUNDIS : [interprétation]

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1 Q. Est-ce que vous pourriez, Monsieur -- que M. l'Huissier pourrait rester

2 près de vous parce que nous allons passer à la photographie suivante.

3 J'aimerais vous demander de consulter à nouveau l'écran qui se trouve

4 devant vous et je vais présenter une autre photographie et je vais vous

5 demander si vous reconnaissez quoi que ce soit de visible sur cette

6 photographie qui se trouve à l'écran.

7 R. Oui, c'est bien la maison par laquelle nous passions avant de traverser

8 le champ.

9 M. KOVACIC : [interprétation] Si vous le permettez, Monsieur le Juge, pour

10 des raisons techniques, afin de ne pas perdre de temps, nous regardons

11 maintenant une deuxième photographie alors que nous n'avons pas de numéro

12 pour la précédente.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis, vous demandez un numéro IC --

14 M. MUNDIS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : -- pour la première photo ?

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le numéro IC 276.

17 M. MUNDIS : [interprétation]

18 Q. Monsieur Dilberovic, donc, je vais déplacer la photographie ou l'a fait

19 glisser sur l'écran.

20 R. C'est bien cet immeuble, il n'y a plus rien après. On passait par ici

21 et j'ai dû à partir de là traverser en courant cet espace pour atteindre ma

22 maison. Ce n'était pas à ce moment-là, car tout le monde devait traverser

23 cet endroit. Tous ceux qui voulaient aller dans cette direction.

24 Q. Monsieur Dilberovic, est-ce qu'il s'agit de la maison dont vous nous

25 avez parlé. Vous nous avez dit qu'il s'agissait d'une maison abandonnée ?

26 R. Oui, c'est bien la maison abandonnée.

27 Q. Une fois de plus, nous avons un arrêt sur image de ce bâtiment.

28 J'aimerais vous demander de regarder maintenant la photo qui se trouve à

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1 votre droit, je vous demanderais de nous indiquer où se trouvait la maison

2 abandonnée où attendait votre épouse ainsi que Mme Kulak, est-ce que vous

3 pourriez mettre une croix au niveau de cette maison abandonné comme vous

4 l'appelez ?

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 M. MUNDIS : [interprétation] Nous aimerions également avoir, Monsieur le

7 Président, un numéro IC pour ce document.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce

9 IC 277, Monsieur le Président.

10 M. MUNDIS : [interprétation]

11 Q. Monsieur Dilberovic, je vous demanderais de consulter à nouveau l'image

12 informatique de l'écran qui se trouve devant vous.

13 R. C'est bien cette maison qui s'y trouvait. Cela c'est le chemin, le

14 passage que j'essaie de traverser et où j'ai été touché par balles à peu

15 près au milieu de ce passage. Voilà, regardez cette maison-là où il n'y a

16 rien là. Il n'y avait rien de ce qu'on voit maintenant, ici les arbustes,

17 la verdure, cela n'existait pas.

18 Q. Monsieur Dilberovic, nous avons un arrêt sur image de cette

19 photographie. Je vais demander à ce que cela soit placé sur le

20 rétroprojecteur près de vous. Est-ce que vous voyez la maison où se

21 trouvaient votre femme ainsi que Mme Kulak ou moment où vous vous avez --

22 on vous a tiré dessus ?

23 R. Oui, elles étaient ici.

24 Q. Est-ce que vous pourriez faire une croix au niveau de cet endroit ?

25 R. [Le témoin s'exécute]

26 Q. Etes-vous allé juste après que l'on vous a tiré dessus, où est-ce que

27 vous êtes allé ?

28 R. J'ai été transporté à l'hôpital, à l'Institut d'hygiène à Mostar.

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1 Q. Je m'excuse. Je n'ai pas bien formulé ma question. Juste après qu'on

2 vous a tiré dessus, vous avez dit que vous essayez de vous relever, vous

3 êtes tombé, qu'avez-vous fait après alors à ce moment-là ?

4 R. Tout d'abord, j'ai réussi à atteindre l'endroit où se trouvaient ma

5 femme et Mme Anita Kulak. Donc, je suis arrivé jusque-là, puis, ils m'ont

6 un peu tiré. Ils m'ont donné quelques premiers soins, un pansement, c'est

7 cela.

8 M. MUNDIS : [interprétation] Très bien. Monsieur le Président, je souhaite

9 avoir également un numéro IC pour ce document.

10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira du numéro IC 278, Monsieur le

11 Président.

12 M. MUNDIS : [interprétation]

13 Q. Monsieur Dilberovic, vous nous avez dit que vous avez été conduit à

14 l'hôpital. J'aimerais vous demander, Monsieur, de bien vouloir prendre

15 parmi la liasse de documents que vous avez le document 8 404.

16 Est-ce que vous pourriez nous dire à quoi correspond ce document P 08404 ?

17 R. Monsieur le Procureur, au moment où j'ai été transporté à l'hôpital de

18 Zenica et cela s'est fait en hélicoptère depuis Mostar, je suis resté

19 hospitalisé jusqu'au 8 septembre. Voyez bien ici que j'ai été blessé le 30

20 août 1993. Donc, vous voyez combien de temps j'ai passé à l'hôpital.

21 Q. Est-ce que vous pourriez, je vous prie, prendre le document P 08756.

22 Est-ce que vous pourriez nous dire ce qu'est ce document, Monsieur ?

23 R. Au moment où au camp se trouvaient des médecins, une sorte de commission

24 médicale qui était censée évaluer l'invalidité des gens, alors nous y

25 avions tous très nombreux pour le faire.

26 Q. Quel est ce document, Monsieur ?

27 R. Ils m'ont donné ce certificat indiquant qu'ils ont conclu Q. Le

28 dernier document que j'aimerais vous montrer est le document P 08170.

Page 13249

1 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'entend pas le témoin.

2 Q. Cela devrait être le deuxième document de la liasse des documents, le

3 document 8 170. Est-ce que vous pouvez nous dire en quoi consiste ce

4 document ?

5 R. Il s'agit d'un document que j'ai demandé, parce que toutes les familles

6 de Semir, des martyrs, avaient droit à des soins médicaux gratuits. Comme

7 j'ai perdu mon fils, j'ai demandé qu'on m'établisse un certificat afin de

8 bénéficier des soins médicaux gratuits.

9 Q. A qui ce document fait-il référence ?

10 R. A mon fils, Semir Dilberovic, né le 15 décembre, et cetera, tout ce qui

11 est marqué dans ce document est exact.

12 Q. Monsieur, en 1993, est-ce que vous étiez civil ou est-ce que vous

13 faisiez partie de l'armija ?

14 R. Messieurs les Juges, j'étais civil. Bien évidemment, chacun devait être

15 enregistré quelque part à la protection civile ailleurs, mais personne

16 n'avait besoin de moi. Personne ne m'a demandé alors je n'étais nulle part.

17 Q. Monsieur Dilberovic, nous n'avons plus de questions à vous poser.

18 J'aimerais vous remercier d'être venu au Tribunal témoigner.

19 Questions de la Cour :

20 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai deux courtes questions de ma part. Nous avons

21 vu les photos où vous quittez un bâtiment pour essayer de passer à la

22 maison où vous -- votre femme et votre ami qui vous attendent. La distance

23 entre les deux bâtiments -- vous allez courir, combien de mètres à peu

24 près ?

25 R. Monsieur le Juge, je ne peux vous dire exactement quelle était la

26 distance parce que je ne l'ai jamais mesurée, mais environ 20 mètres peut-

27 être un peu plus, donc, environ 20 mètres et quelque.

28 M. LE JUGE ANTONETTI : Concernant l'adresse exacte de l'endroit où vous

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1 avez été touché on a parlé de Mazoljice c'est le quartier, la rue ou

2 l'endroit ?

3 R. Mazoljice, oui. Alors c'est un quartier avec quelques maisons là-bas,

4 quelques appartements. C'est un quartier, une partie de ville, en fait des

5 maisons concentrées autour d'une rue. Deux à 300 mètres plus loin il y

6 avait mon quartier qui s'appelait Pasjak, là où j'habitais.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Il est dommage, Monsieur Mundis, qu'on n'ait pas une

8 carte parce qu'il aurait sur la carte de Mostar indiqué ce quartier.

9 Monsieur le Greffier, on ne peut pas sortir la fameuse carte de Mostar sur

10 l'écran. Vous savez, la -- on peut la faire apparaître. Oui, vous ne l'avez

11 pas. Bon.

12 Dernière question, Monsieur : à votre connaissance à l'endroit où vous avez

13 touché est-ce qu'avant vous il y a des personnes qui ont été blessées ou

14 tuées, et après vous, est-ce qu'à votre connaissance il y a eu des

15 personnes qui ont été blessées et tuées au même endroit ?

16 R. Monsieur le Juge, j'ai entendu dire que cet endroit-là était la cible

17 des tireurs embusqués et j'ai entendu dire qu'il y avait des personnes --

18 que je n'étais pas du tout le premier à avoir été blessé à cet endroit.

19 Mais je ne peux pas vous dire des noms.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.

21 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Témoin, tout à l'heure vous avez parlé de

22 la protection civile et ma question va dans le sens de celle du Président.

23 Dans le quartier où vous avez été touché, est-ce qu'il y avait des

24 personnes armées ou des membres de la protection civile ou d'autres gens

25 armés qui échangeaient des tirs avec le secteur de Mostar Ouest d'où est

26 venu la balle qui vous a touchée ? Est-ce qu'il y avait des échanges de

27 tirs de temps à autre ?

28 R. Non, Monsieur le Juge. Il n'y avait pas d'échange de tir. Mais de toute

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1 façon si quelqu'un essaie de tirer à partir -- depuis cette position lui-

2 même aurait été abattu -- parce que cette partie était à découvert

3 complètement et puis la plupart d'activités de combat, d'échanges de feu

4 avaient lieu autour de la ligne de front, rue Santic.

5 M. LE JUGE MINDUA : Merci.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. La carte est sur l'écran. Vous voyez la carte

7 devant vous ?

8 R. Oui.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Indiquez avec le marqueur l'endroit où vous

10 avez été blessé, mettez une croix, un chiffre, comme vous voulez.

11 R. Voilà c'est de Mazoljice vers Pasjak, donc, entre les deux. C'est à peu

12 près là. Vous voyez dans la direction de Pasjak. C'est probablement cela la

13 route, comme vous voyez, et je me trouvais à peu près ici au moment où j'ai

14 été touché, puis ma maison se trouve ici et Mazoljice c'est par là-bas.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Sur cette carte pouvez-vous me tracer la ligne de

16 front que vous connaissiez ?

17 R. Monsieur le Juge, je n'arrive pas très bien à m'orienter sur cette

18 carte. Je pourrais vous dire les noms des rues, et cetera, mais je

19 n'aimerais pas faire une preuve là.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : -- tentez simplement de cela.

21 Monsieur le Greffier, donnez un numéro IC à cette carte.

22 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le numéro IC 279, Monsieur le

23 Président.

24 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Bien. Alors, on va commencer -- on a une

25 demi-heure d'ici la pause. Qui commence pour la Défense ?

26 M. KOVACIC : [interprétation] La Défense de l'accusé Praljak commencera le

27 contre-interrogatoire. J'ai quelques questions, et ensuite, je pense que M.

28 Praljak posera encore quelques questions qu'il peut poser mieux que moi.

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1 Contre-interrogatoire par M. Kovacevic :

2 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Je pensais que vous aviez

3 un pseudonyme, en fait, non, je peux m'adresser à vous en disant, "Monsieur

4 Dilberovic." J'ai quelques questions pour vous.

5 J'aimerais maintenant revenir au début. Vous nous avez montré l'endroit où

6 vous vous trouviez au moment où vous avez touché. Nous voyons ici que cet

7 endroit se trouve quelque part entre Mazoljice et Pasjak. Donc, dites-nous,

8 maintenant : ce petit passage a-t-il un nom ?

9 R. Non, je ne crois pas. Cela faisait partie d'une propriété privée.

10 C'était un champ. Il n'y avait pas de chemin, de route avant, mais

11 maintenant c'est utilisé comme un passage.

12 Q. Très bien. Je vous demanderais de tenter de répondre par oui ou non

13 quand c'est possible sans explication supplémentaire. Votre réponse est que

14 ce passage n'a aucun nom.

15 R. Autant que je sache.

16 Q. Dans votre déclaration on voit que vous avez dit qu'il faisait ce jour-

17 là et que l'accident est parvenu dans l'après-midi; cela est-il exact ?

18 R. Oui.

19 Q. Etant donné la période de l'année, il devait faire très chaud ?

20 R. Non. Il ne faisait pas très chaud parce que cela est arrivé dans

21 l'après-midi.

22 Q. Oui. Mais c'est arrivé le 30 août, n'est-ce pas ?

23 R. Oui, le 30 août 1993.

24 Q. Vous dites qu'il ne faisait pas chaud.

25 R. A cette heure de l'après-midi, non, pas tant que cela.

26 Q. Il était humide ?

27 R. Non.

28 Q. Il y avait du vent ?

Page 13254

1 R. Non.

2 Q. Vous nous avez dit que vous avez essayé de traverser cet espace en

3 courant. Vous pourriez maintenant de nous définir la façon dont vous

4 comprenez le mot "courir" cela veut dire courir très vite, marcher un peu

5 plus vite, ou courir à un rythme normal ?

6 R. Pour moi, je courais très vitre beaucoup plus vite que je n'allais

7 normalement.

8 Q. Cela signifie pour vous que vous avez essayé de courir aussi vite que

9 possible ?

10 R. A mon âge, peut-être, que ce n'étais pas assez rapide, mais c'était

11 rapide pour moi.

12 Q. Oui. Je pense -- évidemment je prends en considération votre âge.

13 R. Oui. J'ai essayé de courir autant que je pouvais, aussi vite que je

14 pouvais le faire.

15 Q. Si j'ai bien compris vous avez essayé de courir aussi vitre que

16 possible.

17 R. Je pense que la peur a fait que je l'ai fait bien vite.

18 Q. Bien. Alors --

19 M. KOVACIC : [interprétation] J'aimerais maintenant qu'on affiche à l'écran

20 la photo que nous avons vue tout à l'heure, IC 276.

21 Q. Monsieur, c'est la photo où se trouvent les trois bâtiments que vous

22 avez marqués tout à l'heure, les silos.

23 R. Oui.

24 Q. Alors, depuis l'endroit, vous vous trouviez de l'endroit d'où cette

25 photo a été prise, donc, un peu par-dessus la camionnette jaune. Jusqu'à la

26 ligne que vous avez tracée, toute cette zone était sous le contrôle de

27 l'armée bosniaque, n'est-ce pas ?

28 R. Oui. C'est ce que j'ai bien dit. J'ai dit tout ce qui se trouve jusqu'à

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1 cette ligne était sous le contrôle de l'armée BH, et pour le reste, je

2 n'étais pas très sûr. Donc, je ne me suis pas avancé.

3 Q. Bon. Faisons cela étape par étape, pas par pas. Dites-nous, quelle est

4 la distance entre l'endroit où vous vous trouviez jusqu'à cette ligne, à

5 peu près, donc, de l'endroit où la photo a été prise ?

6 R. Ecoutez. Je ne sais pas. Je ne pourrais pas le dire. Peut-être un

7 kilomètre, peut-être un kilomètre et demi. Je ne le sais vraiment pas.

8 Q. Bien sûr que vous ne pouvez pas le savoir exactement, mais je voulais

9 vous entendre le dire, que vous ne le saviez pas.

10 R. Oui. Je ne le sais pas.

11 Q. Un kilomètre jusqu'à un kilomètre et demi ?

12 R. Oui, à peu près.

13 Q. Pourriez-vous nous dire aussi, approximativement, quelle était la

14 distance entre la Neretva et la ligne de démarcation, de confrontation

15 entre le HVO et l'ABiH, à peu près ?

16 R. Je ne sais pas, mais ce n'était pas très long. Peut-être deux à 300

17 mètres. La rue Santic n'est pas loin de la Neretva, mais je ne le sais pas.

18 Q. Bien, bien. Cela suffit.

19 R. Je n'ai jamais mesuré cette distance et je n'ai jamais fait attention à

20 cette question.

21 Q. J'ai vu, en répondant à la question qui vous a été posée, c'est-à-dire

22 à savoir comment vous étiez vêtu ce jour-là, vous avez dit que vous portiez

23 un pantalon bleu et une veste bleue.

24 R. Ecoutez, oui. C'était bleu, bleu gris, à peu près. J'avais une petite

25 veste en "sky" grisâtre, bleuâtre, à peu près.

26 Q. Bien. Dans votre déclaration, et mon confrère vous l'a présentée, vous

27 avez déclaré qu'au moment où vous avez été touché, que vous portiez un

28 pantalon gris qui plus tard a été décousu, découpé, et que vous portiez une

Page 13256

1 veste de couleur grise. Cela est-il exact ?

2 R. Oui. Ecoutez, oui. Gris, bleu. Vous savez, c'est une couleur entre les

3 deux couleurs. Pour moi, c'est quelque chose entre gris et bleu, mais ce

4 qui est sûr que ce n'était pas blanc, que ce n'était pas jaune, mais

5 quelque chose entre le gris et le bleu.

6 Q. Cette veste que vous avez sur vous, maintenant, de quelle couleur elle

7 est ?

8 R. Plusieurs couleurs. Je dirais qu'elle est plutôt noire.

9 Q. Pouvons-nous constater, pour le compte rendu, que le témoin porte une

10 veste de couleur gris foncé et en partie gris clair. Bon. Donc vous portiez

11 quelque chose qui était de couleur gris bleu ?

12 R. Non. Non, non. Ce n'était pas gris bleu, c'était soit gris, soit bleu,

13 mais une nuance comme cela.

14 Q. Oui, mais dans la déclaration, vous avez dit que vous portiez des

15 vêtements gris.

16 R. Bien probablement que c'était gris. A la limite, à l'époque, je devais

17 mieux me souvenir.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense prend beaucoup de temps, mais je vais

19 tout de suite au cœur du sujet. Est-ce que ce que vous aviez, la tenue que

20 vous portiez, est-ce qu'elle pouvait être assimilée à une tenue militaire ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, pas du tout. Cela ne ressemble absolument

22 pas à une tenue militaire. Non.

23 M. KOVACIC : [interprétation] Merci.

24 Q. Monsieur le Témoin, j'ai l'impression que vous avez dit avoir entendu

25 la balle.

26 R. Oui.

27 Q. Alors, je dois vous demander ceci. Vous savez quand on tire d'un feu --

28 d'une arme à feu que le son de détonation, on l'entend à l'endroit même

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1 d'où on tire ?

2 R. Oui, je le sais.

3 Q. Vous savez qu'on peut aussi entendre le bruit produit par le

4 projectile, par la balle ?

5 R. Je ne sais pas.

6 Q. Pensez-vous que ce que vous avez dû entendre était le bruit produit par

7 le fait même de tirer la balle ?

8 R. Oui.

9 Q. Vous pensez que vous avez pu entendre ce bruit-là venant de l'endroit

10 qui se trouvait à un kilomètre à un kilomètre et demi de l'endroit où vous

11 vous trouviez où vous avez été touché ?

12 R. Oui. J'ai entendu que ce coup a été tiré.

13 Q. Mais vous avez entendu la détonation du tir ?

14 R. Oui. Je pense que c'était bien cela.

15 Q. Bien. Nous avons vu cette vidéo et vous nous avez montré la direction

16 d'où, selon vous, provenait cette balle. Vous avez indiqué que cet endroit

17 se trouvait du côté ouest. Seriez-vous en mesure d'être un peu plus

18 précis ? Quand vous dites "côté ouest," c'est vers le milieu du côté ouest

19 ou plutôt à gauche ou à droite ?

20 R. Ecoutez, j'ai bien montré l'ouest, se trouve droit devant vous si vous

21 vous trouvez à l'endroit où j'étais.

22 Q. Vous voulez dire que c'était dans la prolongation de ce petit passage,

23 dans la direction de ce passage vers l'ouest ?

24 R. Oui, oui. C'est dans cette partie de la ville.

25 Q. Je vous demande dans quelle direction, si cela était dans la même

26 direction.

27 R. Ecoutez, j'étais à l'est. Là-bas, en face, il y avait l'ouest. C'était

28 dans la direction, dans la prolongation de ce passage -- prolongement.

Page 13258

1 Q. Vous avez, en voyant la photo, d'abord, encerclé les trois silos.

2 R. Oui.

3 Q. C'est trois silos seraient un peu à droit par rapport à la direction,

4 au prolongement de ce passage, n'est-ce pas ?

5 R. Oui.

6 Q. En encerclant ces trois silos, avez-vous peut-être eu l'idée que les

7 tirs pouvaient provenir de ces trois bâtiments ?

8 R. Non, non, non, non. J'ai juste bien indiqué ces trois silos, parce

9 qu'ils me servaient de repères, parce que c'est trois immeubles, trois

10 bâtiments, je suis absolument sûr qu'ils se trouvent bien à Mostar Ouest.

11 Ensuite, par rapport à ces silos, j'essaie de m'orienter. C'est tout.

12 Q. Bien, bien. Donc vous n'êtes pas en mesure d'être plus précis. Tout ce

13 que vous pouvez nous dire, c'est que le tir a pu -- a dû venir dans

14 l'ouest ?

15 R. Exactement. Je ne veux pas vous dire autre chose, parce qu'il n'y avait

16 pas de maisons. Il n'y avait aucun bâtiment devant moi ou quelqu'un aurait

17 pu se trouver, donc c'est pour cette raison-là que je ne peux pas être plus

18 précis.

19 Q. Bien.

20 M. KOVACIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai plus de

21 questions. Je pense que le général Praljak pourrait en avoir quelques-unes.

22 Merci, Monsieur le Témoin.

23 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

24 Contre-interrogatoire par l'accusé Praljak :

25 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Dilberovic.

26 R. Bonjour.

27 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Je demanderais à l'Huissier de poser ce

28 document sur le rétroprojecteur.

Page 13259

1 Q. Monsieur, le jour où vous êtes allé à l'enterrement de votre fils, le

2 12 juin, au cimetière, depuis cet endroit, depuis le cimetière, dites-nous,

3 était-il possible de voir Hum ?

4 R. Non, non.

5 Q. Vous ne pouvez pas le voir ?

6 R. On ne peut pas le voir parce qu'il est -- il y a des bâtiments qui font

7 obstacle et vous savez où se trouve le parc d'Osman Dzikic, l'endroit où on

8 enterre mon fils. Donc, on ne peut pas le voir.

9 Q. Très bien. Regardez maintenant, s'il vous plaît, cette photo. Je pense

10 qu'on y voit le numéro 6. C'est un expert qui a marqué cette photo du

11 numéro 6. Dites-nous si l'endroit qui est marqué par le chiffre 6 est

12 l'endroit où vous vous trouviez au moment où vous avez été touché ?

13 R. Je ne peux pas vous le dire. Je sais où se trouve Mazoljice. Je m'étais

14 couché à cet endroit-là. En regardant cette carte, je n'arrive vraiment pas

15 à m'orienter. J'ai peur de faire une erreur.

16 Q. Écoutez, je vais vous aider. Vous voyez à gauche, il y a une espèce de

17 plaque blanchâtre, c'est la gare ferroviaire et un peu plus loin c'est la

18 rue de maréchal Tito. Cette rue-là qui est parallèle à la Neretva, puis

19 vous voyez le pont de Carinski qui va directement vers la gare, un peu plus

20 bas il y a la rue de maréchal Tito.

21 R. Quand vous me le décrivez comme cela, je comprends bien. Je suis

22 d'accord avec vous, mais je ne retrouve pas la même chose sur la photo.

23 Q. S'il vous plaît, l'endroit où est marqué le chiffre 6, s'il vous plaît.

24 Vous souvenez où se trouvait l'hôpital de guerre.

25 R. Cela s'appelait l'Institut d'hygiène.

26 Q. Montrez-moi l'endroit où se trouvait l'Institut d'hygiène ?

27 R. Je ne peux pas vous le dire, je peux tout dire comme cela oralement,

28 mais je ne peux rien vous montrer sur une carte, une photographie. Je ne

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1 peux tout simplement pas le faire.

2 Q. Je comprends tout à fait. Donc, vous dites que c'est un peu plus bas

3 d'Institut d'hygiène, un peu plus bas de l'endroit où vous vous trouviez.

4 C'est tout ce que vous pouvez nous dire ?

5 R. Exactement.

6 Q. Alors, au dessous de l'Institut d'hygiène, il y a une petite colline,

7 n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Savez-vous qu'en bas de cette colline se trouvaient les positions de

10 tir des mortiers bosniaques ?

11 R. Non, il n'y en avait.

12 Q. Vous savez cela ou pas ?

13 R. Je sais qu'il y avait des troupes là-bas, mais je ne sais pas s'il

14 avait des mortiers. Je ne dis pas qu'il n'y en avait pas, je dis que je ne

15 le sais pas.

16 Q. Donc, vous n'êtes pas sûr ?

17 R. Oui, je ne suis pas sûr de cela.

18 Q. Mais vous saviez bien qu'il y avait des troupes, des militaires, des

19 soldats, là-bas ?

20 R. Oui.

21 Q. Alors, je n'ai plus de questions pour vous. Merci de votre réponse.

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Avocat suivant.

23 Contre-interrogatoire par M. Stewart :

24 Q. [interprétation] Oui, Monsieur Dilberovic, est-ce que vous avez

25 emprunté le même itinéraire lorsque vous êtes allé vous recueillir sur la

26 tombe de votre fils ?

27 R. Oui.

28 Q. Donc, c'était au début de l'après-midi ?

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1 R. Oui, au début de l'après-midi.

2 Q. Vous avez dit à la Chambre un peu plus tôt, cela se trouve dans votre

3 déclaration, qu'en règle générale vous y alliez très peu le matin ou très

4 tard. Pourquoi est-ce que vous avez choisi d'y aller donc dans le courant

5 de la journée, la première fois comme vous l'avez dit aux Juges que vous

6 avez accompagné votre femme pour qu'elle se recueille sur la tombe de votre

7 fils, puisque d'après vous c'était plus dangereux de le faire à ce moment-

8 là ?

9 R. Oui, Monsieur, mais vous savez ma femme, elle n'a pas pu aller voir la

10 tombe de son fils pendant deux mois. Elle a tout simplement décidé un jour

11 d'y aller, qu'on la tue ou pas. Je ne voulais pas y aller mais si j'avais

12 décidé de ne pas l'accompagner, elle serait partie toute seule. Donc,

13 j'étais bien obligé de suivre ma femme. Ce qui est arrivé est arrivé.

14 Q. Est-ce que vous aviez pris des précautions semblables pour traverser

15 donc ce passage lorsque vous alliez à la tombe ?

16 R. Oui, en allant de chez nous vers le cimetière on a fait la même chose.

17 Mais il n'y avait pas de tireur embusqué, nous n'avons entendu aucun tir à

18 ce moment-là.

19 Q. Est-ce qu'il y a eu des tirs lorsque vous êtes allé là-bas ?

20 R. Non. Seulement quand nous sommes arrivés au cimetière, nous avons

21 entendu quelques détonations des obus, peut-être dans la direction de

22 Nevesinje. Mais un peu plus loin à l'extérieur de la ville, je ne sais pas

23 d'où provenaient ces détonations exactement.

24 Q. Très bien. Donc, sur le chemin du retour, vous dites au paragraphe 19

25 de votre déclaration, que vous avez attendu une demi-heure avant de

26 franchir ce passage. Alors que ce matin vous avez évoqué quelques minutes.

27 Alors, est-ce que c'était -- est-ce que vous avez attendu assez longtemps,

28 une demi-heure ou est-ce que ce fut un laps de temps plus --

Page 13262

1 R. Je n'avais pas de montre, je ne peux pas être précis, peut-être une

2 demi-heure, peut-être un peu moins. Mais ce que je sais que je devais

3 attendre l'accalmie. Combien de temps cela a duré, je ne suis pas sûr de

4 cela.

5 Q. Très bien. Nous allons poursuivre. D'après vos souvenirs --

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Stewart, j'ai une question importante que je

7 voulais poser. Cela m'avait frappé. Vous avez dit que vous aviez attendu

8 une demi-heure. Si vous avez attendu une demi-heure, c'est parce que vous

9 aviez entendu des tirs, donc, vous vous êtes dit : "Peut-être que si je

10 passe là on risque de me tirer." Donc, vous êtes resté une demi-heure pour

11 attendre une accalmie.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Juge. J'ai entendu

13 des coups, j'ai attendu que les tirs se calment et qu'au moment où je

14 n'entendais plus, je ne vais plus entendre les tirs, j'ai décidé que le

15 temps était venu pour traverser.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Doit-on en conclure que pendant la demi-heure où

17 vous avez attendu, il y avait un ou des snipers qui tiraient un peu partout

18 on ne sait pas où, sans qu'ils tirent précisément à l'endroit où vous

19 étiez ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, au moment où les tirs se

21 sont arrêtés, et puis au moment où j'ai été touché moi-même, après ce

22 moment-là, je n'entendais plus les tirs. Je suis resté pendant un moment

23 là-bas, des gens m'ont porté vers l'hôpital, mais je n'ai plus à partir de

24 ce moment-là entendu des tirs.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Stewart.

26 M. STEWART : [interprétation]

27 Q. Alors, pour bien préciser tout cela. Vous avez dit dans votre

28 déclaration que votre épouse et votre voisine Anita ont marché et n'ont pas

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1 couru. Vous avez dit ce matin qu'elles avaient franchi cet espace en

2 courant. Alors, dans la mesure où vous vous en souvenez précisément, est-il

3 exact de dire qu'elles ont couru ?

4 R. Peut-être, c'est probable. Elles ont dû courir, je ne me souviens plus

5 exactement, mais quand vous traversez un endroit très dangereux, vous

6 courrez toujours, vous essayez de le franchir très vite. Je le faisais

7 toujours et je pense qu'elles aussi.

8 Q. Très bien. Vous n'êtes pas en mesure de vous en souvenir vous l'avez

9 dit à la Chambre. Est-ce que vous avez dit --

10 R. Je ne peux pas me souvenir de qu'elles ont fait exactement.

11 Q. Bien, poursuivons alors. Vous dites dans votre déclaration que vous

12 avez attendu environ une demi-heure et que vous entendiez encore des tirs,

13 mais qui n'étaient pas si fréquents. Donc, voilà la situation, n'est-ce

14 pas, il n'y avait pas de tir lorsque vous êtes allé au cimetière le matin.

15 Sur le chemin du retour, il y a eu beaucoup de tirs. Donc, vous avez

16 attendu et lorsque les tirs ont diminué un tant soit peu, vous avez décidé

17 qu'il fallait bien que vous risquiez le tout pour le tout, ce qui fait que

18 votre épouse, Anita, puis vous avez couru à travers ce passage. C'est comme

19 cela que les choses se sont déroulées, n'est-ce pas ?

20 R. Comme cela.

21 Q. Puis, vous, très malheureusement avait été touché. Alors j'aimerais

22 bien comprendre la façon dont vous avez décrit cela ce matin, on avait

23 l'impression que lorsque la balle est ressortie par l'orifice de sortie on

24 avait l'impression qu'elle est ressortie à un niveau supérieur qu'au niveau

25 de l'entrée. Est-ce que c'est comme cela que les choses se sont passées,

26 parce que c'est l'impression que nous avons dégagée ce matin ?

27 R. C'est exact. L'orifice d'entrée est toujours petit, l'orifice de sortie

28 est toujours plus grand.

Page 13264

1 Q. Oui, pas la taille qui m'intéresse. Mais ce que j'aimerais confirmer

2 auprès de vous, c'est ce qui suit, on avait l'impression que l'orifice de

3 sortie était supérieur à l'orifice d'entrée. C'est bien exact, n'est-ce pas

4 ? ?

5 R. L'orifice de sortie n'était pas au-dessus de ma hanche, autrement la

6 hanche aurait été endommagée.

7 Q. Donc, l'orifice de sortie était supérieur à l'orifice qui est situé à

8 un niveau supérieur par rapport à l'orifice d'entrée, n'est-ce pas ?

9 R. Elle était plus grande.

10 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai de nombreuses

11 questions à poser, j'ai quelques minutes encore. Alors j'aimerais

12 véritablement confirmer cela.

13 Q. J'aimerais peut-être, Monsieur, que vous vous leviez. Je m'excuse de

14 vous demander de faire ceci, mais il faut que je comprenne la situation.

15 Levez-vous, je vous prie, avec votre droit, indiquez-nous où se trouve

16 d'orifice d'entrée dans votre jambe pour que les Juges puissent voir tout

17 cela.

18 R. Je vous explique juste que ma [imperceptible se trouvait là. Je vais

19 vous expliquer tout doucement. Voilà. C'est comme cela. J'ai marché. J'ai

20 avancé ma jambe droite. La balle est entrée là. J'ai une cicatrice là. Ici,

21 juste à côté de la hanche. Voilà.

22 Q. Merci beaucoup, Monsieur. Je m'excuse. Je suis toujours reconnaissant

23 lorsqu'on présente des suggestions. Mais je préférerais que le contre-

24 interrogatoire ne se fasse pas par un comité de grâce.

25 Lorsque vous vous trouviez par terre, et que vous vous traîniez, que vous

26 rampiez, il n'y a aucune tentative pour vous tirer dessus à ce moment-là,

27 n'est-ce pas ?

28 R. Non.

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1 Q. Bien. Un petit moment, je vous prie.

2 [Le conseil de la Défense se concerte]

3 M. STEWART : [interprétation]

4 Q. Donc, vous avez réussi à vous en sortir -- alors vous étiez par terre

5 on vous avait tiré dessus, vous vous traîniez par terre. Combien de temps

6 cela a duré ? Jusqu'au moment où vous avez pu véritablement quitter ce

7 passage découvert, combien de temps cela vous a pris ?

8 R. J'ai commencé à me déplacer immédiatement j'ai d'abord essayé de courir

9 et je n'ai pas pu, ensuite je me suis mis à ramper. Je ne sais pas combien

10 de temps cela m'a pris.

11 Q. Je ne sais pas c'était deux minutes, deux minutes au moins quand même,

12 n'est-ce pas ?

13 R. Je ne sais pas. Vous pouvez peut-être faire une estimation vous-même.

14 Je ne sais pas. J'étais au milieu d'un passage qui faisait environ 20

15 mètres. Vous pouvez peut-être essayer d'estimer combien de temps il m'a

16 fallu pour traverser.

17 Q. Disons les choses ainsi : s'il y avait eu un tireur isolé et si

18 délibérément il vous avait tiré dessus, il avait suffisamment de temps pour

19 vous toucher une fois de plus, n'est-ce pas ?

20 R. D'habitude une fois qu'ils ont blessé quelqu'un c'est d'autres qui

21 viennent pour tuer. C'est probablement la seule raison pour laquelle, à mon

22 avis, il n'a pas tiré.

23 Q. [aucune interprétation]

24 R. Je ne sais pas vous dire.

25 Q. S'il avait voulu vous toucher une fois de plus il avait eu le temps de

26 le faire. C'était ma question, n'est-ce pas ?

27 R. Oui.

28 Q. Lorsque vous avez été emmené à l'hôpital, vous avez à l'origine dit que

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1 le médecin vous avait fait savoir que vous étiez la 53ième personne avoir été

2 touchée par un tireur d'élite ce jour-là. Vous avez modifié la chose dans

3 votre déclaration suite au récolement, et vous avez dit que si vous étiez

4 la 53ième personne à être blessée ce jour-là et non pas touchée par un tireur

5 d'élite. Bon. C'est clair. A l'hôpital, il y avait beaucoup de blessés

6 suite à des échanges de tir, n'est-ce pas ?

7 R. Oui. Si vous le permettez. Lorsque je suis arrivé à l'Institut

8 hygiénique, enfin l'Institut d'hygiène de l'hôpital, j'avais très mal,

9 parce que très probablement lorsque j'ai essayé de courir j'ai encore

10 davantage esquinté et endommagé mes tissus et j'avais très mal. On m'a

11 apporté une première assistance. Je n'ai plus saigné. Un médecin est venu

12 et je lui ai demandé : "Docteur, donnez-moi une piqûre, donnez-moi ce que

13 vous voulez. Je n'en peux plus des douleurs que j'ai." Il m'a dit : "Tais-

14 toi. Regarde combien ils sont ici. Toi, cela ira bien."

15 Q. Très bien.

16 R. Le médecin a dit --

17 Q. Je ne voudrais pas que vous nous parliez de ce qui s'est passé à

18 l'hôpital. Vous nous avez répondu à ce sujet.

19 C'était une journée très animée, vous vous avez mentionné également -- vous

20 ne l'avez pas mentionné mais c'est un expert néerlandais qui l'a fait, le

21 lieutenant Van Der Weijden, en page 20 de son rapport, il a noté que vous

22 vous étiez arrêté à un moment donné au site que vous avez marqué comme

23 étant le site X et ceci étant l'endroit où vous avez été tué et que vous

24 aviez regardé en direction de la ligne de front. Vous devez être forcément

25 être la source de ces informations-là. Au moment où vous avez été touché,

26 vous vous étiez arrêté pour regarder en direction de la ligne de front;

27 est-ce bien exact ?

28 R. Oui.

Page 13268

1 Q. Cela était --

2 R. Je ne peux pas m'en souvenir exactement. Comment voulez-vous que l'on

3 regarde où il touchait par balle, d'où la balle est venue, je ne pouvais

4 pas vous le dire exactement.

5 Q. Il s'est passé pas mal de choses, vous avez regardé en direction de la

6 première ligne parce qu'il s'est passé bien de choses c'est à ce moment --

7 cet après-midi-là, n'est-ce pas ?

8 R. Il se peut que oui. Il se peut que j'ai regardé vers le bas pour savoir

9 d'où le coup était parti. Maintenant en ce moment-ci je n'arrive pas à m'en

10 souvenir. Est-ce que j'ai regardé ou pas ? Est-ce que je n'ai fait que

11 tomber ? Il se peut que j'ai regardé. Je ne suis pas sûr. Mais que voulez-

12 vous que j'aie regardé ? Quand on m'a touché je suis tombé. Cela m'a fait

13 tomber à terre.

14 Q. Merci.

15 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai encore deux

16 petites questions liées à celles-ci. Je sais que

17 M. Petkovic voudrait poser certaines questions de son côté aussi. Mais je

18 me propose d'accepter la suggestion de mon éminente consoeur pour ce qui

19 est de faire mettre ceci au compte rendu, à savoir que la description de ce

20 que le témoin a décrit comme étant la blessure d'entrée et la blessure de

21 sortie, à notre avis les Juges seront d'accord pour corroborer le fait que

22 le témoin a montré la place d'entrée, alors que la place -- l'endroit de la

23 blessure de sortie est plus au-dessus -- plus haut. Je voudrais que cela

24 sera bien noté au compte rendu comme étant la façon dont le témoin a montré

25 les choses.

26 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Sur ce point on pourra le poser à l'expert ou

27 à un médecin quelconque, mais vous savez aussi bien que moi que parfois une

28 balle entre dans le corps et en fonction des os qu'elle rencontre la balle

Page 13269

1 peut dévier. Une balle peut rentrer par en bas et ressortir par en haut

2 selon ce qu'elle peut rencontrer en cours de chemin.

3 Mais ceci on pourra le faire confirmer.

4 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, c'est une autre

5 question. Avec tout le respect que je vous dois. Ce que j'ai voulu dire

6 pour les besoins du compte rendu d'audience c'est que le témoignage du

7 témoin à ce sujet a été celui-là -- et ce qui en découlera à l'avenir c'est

8 une autre chose. S'il y a des doutes quelconques j'espère pouvoir demander

9 aux Juges de la Chambre une confirmation pour ce qui est -- de ce que le

10 témoin nous a montré ce matin.

11 M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Je ne suis pas un expert en tir,

12 mais j'ai pu voir d'après l'image que le témoin nous a montrée il a indiqué

13 que de son avis la ligne -- elle se trouvait entre Mostar Ouest et Est, et

14 d'après mes calculs et d'après ce que j'ai pu en déduire, cette partie

15 Mostar à l'ouest se trouve un peu plus en contrebas que la colline qui est

16 au premier plan. Peut-être de mon point de vue est-ce la raison pour

17 laquelle la blessure est venue d'en dessous.

18 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, avec le respect --

19 M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Oui. La blessure de sortie se trouve

20 au-dessus de l'endroit de la blessure d'entrée.

21 Je crois que ceci n'est pas une question primordiale.

22 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Juge, avec tout le respect que je

23 vous dois, j'en ai délibérément pas voulu entrer dans un débat. Je vais

24 laisser cela de côté. Je ne vais pas entrer dans le détail de

25 l'argumentation. Ce que j'ai voulu faire c'est que le témoignage de ce

26 témoin au sujet de ce détail soit confirmé au compte rendu d'audience afin

27 qu'il soit noté, quelle est la description qu'a fournie le témoin

28 concernant la blessure d'entrée et la blessure de sortie.

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1 Pour les besoins du compte rendu d'audience, je dis que j'ai clairement vu

2 que le témoin a montré que la blessure de sortie se trouvait plus haut que

3 la blessure d'entrée. Je vois que mes collègues, auxquels je m'excuse pour

4 parler en leur nom, mais je crois qu'ils ont vu la même chose. Je vois que

5 le comité de la Défense confirme -- hoche de la tête pour confirmer. Si

6 vous avez des doutes, vous pouvez reposer la question.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Que ce que vient de dire l'avocat, l'avocat dit que

8 la blessure d'entrée -- le trou par lequel la balle est rentrée, ce trou

9 est plus bas que le trou où la balle est sortie.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, la blessure -- enfin, la

11 blessure au niveau de l'entrée de la balle est plus petite comme blessure

12 que la blessure de sortie. L'orifice de sortie est plus grand.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, on ne parle pas de la grosseur. Tout le

14 monde sait que l'entrée est toujours plus petite que la sortie. Ce n'est

15 pas la taille. C'est la hauteur -- c'est la hauteur --

16 LE TÉMOIN : [interprétation] On ne m'a pas expliqué la chose. J'ai cru

17 comprendre que vous parliez de la taille de la blessure, Monsieur le Juge.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : De la hauteur. Alors, est-ce que la hauteur de

19 l'entrée de la balle est en dessous de la sortie de la balle ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Juge. Je parlais de la

21 blessure. Je disais que l'orifice de sortie était plus grand que l'orifice

22 d'entrée. Mais pour ce qui est de la blessure, le niveau, c'était à la même

23 hauteur. Je n'ai pas été sur deux hauteurs, moi.

24 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, j'hésite, mais j'ai

25 l'impression que le témoin doit -- enfin, il doit avoir forcément des

26 cicatrices, encore, et il doit savoir où se trouvent les cicatrices au

27 niveau de sa jambe. Alors, peut-être pourrions-nous lui demander de

28 rapidement mettre son doigt à l'endroit de l'orifice d'entrée et à

Page 13271

1 l'orifice de sortie. Je demande en votre nom.

2 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

3 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Témoin, ayez l'amabilité de nous

4 montrer. Est-ce que le témoin peut venir à un endroit où nous pouvons tous

5 le voir ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai été frappé ici.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Mettez-vous au milieu, là. Monsieur, mettez-vous au

8 milieu.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est là que j'ai été blessé. Il y a une

10 cicatrice et là, la balle est ressortie.

11 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Juge, cela me semble être clair.

12 Il me semble que la blessure de sortie --

13 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

14 M. STEWART : [interprétation] -- il doit y avoir au moins deux ou trois

15 centimètres d'écart entre l'endroit d'entrée et l'endroit de la sortie de

16 la balle.

17 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

18 M. STEWART : [interprétation] Enfin, je suis content que nous ayons tiré la

19 chose au clair. J'aimerais que le témoin remette ses écouteurs sur ces

20 oreilles.

21 Q. Ma question en corrélation semble être -- serait la suivante : est-ce

22 qu'il y aurait -- est-ce que vous pouvez consigner les choses ? Expliquez-

23 nous. Comment pouvez-vous expliquer le fait que vous ayez touché quelque

24 chose sur la base du fait que vous étiez inapte au service et vous nous

25 dites qu'au moment de la blessure, vous étiez un civil, vous n'étiez pas un

26 militaire. Vous vous êtes fait dédommager comme étant un militaire ?

27 R. Non. Il est bien dit : "Les familles des invalides et des combattants."

28 Je ne sais pas pourquoi ceci a été noté ainsi. Je crois qu'en haut, il doit

Page 13272

1 être indiqué : "Les membres de la famille des combattants et des

2 invalides."

3 Q. Alors, avez-vous obtenu une compensation parce que vous avez été blessé

4 vous-même ou pour -- ou du fait où votre fils ait été tué, partant de quoi

5 avez-vous été dédommagé ?

6 R. Il y a eu beaucoup de civils qui ont demandé à être dédommagé. Deux

7 docteurs étaient sur place. Ils examinaient les gens et c'est ce qu'ils ont

8 recensé. Pour ce qui est des degrés d'invalidité. Vingt à 30 % pour

9 certains. Mais je ne m'en suis pas servi de cela.

10 Q. J'ai soulevé la question, mais je crois que mes collègues vont

11 continuer dans ce sens. Je suis certain que M. Praljak ou

12 M. Petkovic va avoir encore une ou deux questions -- des questions à ce

13 sujet.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Il faut qu'on fasse la pause, parce qu'on a

15 dépassé déjà le temps. Je commence à m'inquiéter parce que tout cela prend

16 énormément de temps. Il restera après

17 Me Karnavas. Je ne pense pas que Me Karnavas --

18 Des questions, Maître Karnavas ?

19 M. KARNAVAS : [interprétation] J'aurais peut-être des questions pendant

20 trois ou quatre minutes. Ce sera très bref. J'essaierai de résumer les

21 choses qui ont besoin d'être résumées, mais je ne pense pas avoir besoin de

22 plus de cinq minutes.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Maître Nozica.

24 Mme NOZICA : [interprétation] Pour le moment, j'ai l'impression que je

25 n'aurai qu'une question ou deux à poser. Cela prendra deux ou trois

26 minutes.

27 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Deux ou trois minutes, Monsieur le

28 Président. Très brièvement.

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1 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Quelques minutes, éventuellement,

2 Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, on reprendra à 11 heures 05.

4 --- L'audience est suspendue à 10 heures 45.

5 --- L'audience est reprise à 11 heures 06.

6 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de

7 questions, mais comme je l'ai dit, M. Petkovic voudrait poser quelques

8 questions à son tour.

9 L'ACCUSÉ PETKOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

10 Contre-interrogatoire par l'accusé Petkovic :

11 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. J'espère que nous nous

12 entendons bien. Alors, je vais vous demander en 1993, vous avez 48 ans,

13 n'est-ce pas ?

14 R. Je suis né en 1945, vous pouvez donc faire vous-même le calcul.

15 Q. Parfait. Vous avez donc 48 ans. Est-ce que vous êtes considéré comme

16 étant conscrit à l'âge de 48 ans en Bosnie-Herzégovine ?

17 R. Je ne l'ai pas été mais si besoin était oui.

18 Q. Vous n'avez pas été conscrit mais vous avez fait l'objet d'une pension

19 d'invalidité à 20 %. J'aimerais maintenant qu'on me montre -- qu'on me

20 montre un document dont le numéro a été --L'INTERPRÈTE : L'interprète dit :

21 Complètement inaudible.

22 L'ACCUSÉ PETKOVIC : [interprétation] -- 08756.

23 Q. Monsieur le Témoin, pourriez-vous voir ce document, je vous prie,

24 document qui vous a été délivré par la commission militaire.

25 L'INTERPRÈTE : L'interprète dit que la réponse du témoin est inaudible.

26 Q. Vous avez cela sur le moniteur devant vous; le voyez-vous ?

27 R. Je vois.

28 Q. Penchez-vous sur ce qui se trouve tout à fait à droite, vous vous

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1 souvenez verrez qu'il est écrit : Imprimé numéro 1"; le voyez-vous ?

2 R. Oui.

3 Q. On voit en dessous : "Invalidité militaire."

4 R. Oui.

5 Q. Donc, vous avez fait l'objet d'une décision faisant de vous un invalide

6 militaire à 20 %, n'est-ce pas ?

7 R. Je ne sais pas s'il en est ainsi.

8 Q. C'est ce qui est dit.

9 R. C'est ce qui est dit, mais sur une autre page on dit que je fais partie

10 de la famille d'un combattant tombé au combat, un martyre.

11 Q. Non, ce n'est pas ce qui est dit. Vous savez que les militaires et les

12 membres de leurs familles réalisent des droits.

13 R. Les familles des Sehid, des martyres au combat c'est --

14 Q. Bon --

15 R. Mais pour ceci je n'ai rien obtenu du tout.

16 Q. Donc vous êtes invalide à 20 %. Déclaré comme tel par une commission

17 militaire.

18 R. Oui.

19 Q. Je voudrais maintenant revenir au IC 00277. En attendant la pièce, je

20 vais vous poser ma question.

21 Monsieur le Témoin, m'entendez-vous ?

22 R. Je vous entends.

23 Q. IC 00277, il s'agit de l'endroit où vous avez été blessé, non, ce n'est

24 pas cette photo-là. La maison, voilà, c'est la maison.

25 R. Voilà.

26 Q. Vous nous avez dit que vous avez traversé en courant, n'est-ce pas ?

27 R. J'ai traversé en courant jusqu'à mi-chemin.

28 Q. Oui. Est-ce que vous étiez penché ou debout ?

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1 R. J'ai été debout, enfin, je ne me souviens plus comment j'ai couru.

2 Peut-être étais-je un peu plié en deux, je ne sais pas.

3 Q. Bien. Là où vous avez indiqué l'endroit, c'est là qu'on vous a apporté

4 de l'aide ?

5 R. Oui.

6 Q. On vous en a apporté en civière ?

7 R. Oui.

8 Q. On vous a mis sur la civière ?

9 R. Oui.

10 Q. Vous êtes allé à l'hôpital ?

11 R. Oui à l'hôpital.

12 Q. Veuillez me montrer avec un stylo le chemin que vous avez emprunté pour

13 aller à l'hôpital ?

14 R. Le même chemin.

15 Q. Relevez un peu l'image, je vous prie.

16 Est-ce que vous êtes passé à côté de la maison qui se trouve à gauche sur

17 la photo ?

18 R. Non, j'ai suivi le même chemin, j'ai repris le même chemin vers là où

19 j'ai été blessé.

20 Q. Vous avez rebroussé votre chemin ?

21 R. Oui, sur la route il y avait un véhicule qui m'attendait.

22 Q. Pendant ce temps-là personne ne vous a tiré dessus ?

23 R. Non.

24 Q. Comment, alors avez-vous pu affirmer que quand ils voyaient que

25 quelqu'un était blessé on leur tirait dessus ?

26 R. Quand il y avait une personne de blessé, lorsqu'il se rassemblait bon

27 nombre de personnes autour --

28 Q. Combien de personnes vous ont porté ?

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1 R. Non, personne n'a tiré à ce moment-là. Il y avait plusieurs personnes,

2 je ne sais pas vous dire combien. Il y avait plusieurs personnes autour de

3 moi.

4 Q. Donc, au bout d'une quinzaine de minutes, vous êtes retourné au même

5 endroit. En revenant sur vos pas personne ne vous a tiré dessus ?

6 R. Non. Personne ne m'a tiré dessus.

7 Q. Merci. Je n'ai plus de questions.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Avocat suivant, à vos questions.

9 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

10 Contre-interrogatoire par Mme Tomasegovic Tomic :

11 Q. [interprétation] Je voudrais rappeler à Monsieur -- ou plutôt lui

12 montrer la pièce qui a été montrée par le Procureur le

13 P 081570, ce sera une pièce qu'on mettra sur votre écran, Monsieur. C'est

14 la pièce qui se rapporte à votre fils, disant qu'il est mort en qualité de

15 combattant. Alors qu'on nous ramène le P 0870. Il s'agit d'une attestation

16 datée de 1994. Je suppose que c'est en cette année-là que vous avez réalisé

17 les droits partant du décès de votre fils.

18 R. Je ne le vois pas.

19 Q. Sur l'écran, Monsieur, sur l'écran; le voyez-vous ?

20 R. Ici, oui.

21 Q. C'est bien cela.

22 R. Oui.

23 Q. Alors, partant de ceci, vous avez réalisé des droits en votre qualité

24 de père et de mère pour votre épouse.

25 R. Je l'ai réclamé moi-même pour avoir une assurance, pour aller voir un

26 médecin.

27 Q. C'était prévu par la loi. Vous vous êtes vu accorder des droits

28 découlant de la loi ?

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1 R. Oui.

2 Q. En particulier --

3 R. Si vous le permettez --

4 Q. Non, arrêtez. Ce qui m'intéressait c'était de savoir ce que vous avez

5 bien obtenu.

6 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Je m'excuse aux interprètes, il va

7 falloir qu'on aille plus lentement parce que ils ne nous entendent pas si

8 on parle en même temps.

9 Q. Alors, le P 08756, je vous prie. C'est le document que vous avez vu

10 tout à l'heure, lorsque vous avez été interrogé par mon prédécesseur. C'est

11 le constat et l'opinion du médecin. Alors, si j'ai bien compris, en 1997,

12 vous avez essayé de réaliser pour vous-même des droits du fait d'avoir été

13 blessé ?

14 R. Oui. Chacun a obtenu quelque chose, je me suis dit pourquoi

15 n'obtiendrais-je pas quelque chose en ma qualité de victime civile de la

16 guerre jusque là je n'avais réalisé rien du tout.

17 Q. P 08716, alors le voilà le document. Vous êtes allé voir une commission

18 militaire. Ils vous ont dit au point 4 qui figure en page 2, alors

19 j'aimerais qu'on nous la montre, la page 2 pour qu'on voit le paragraphe 4

20 de ce document. Au paragraphe 4, il est dit que l'on a déterminé que votre

21 degré d'invalidité militaire est de 20 % et que c'est durable, permanent.

22 R. Oui.

23 Q. J'imagine que vous n'avez rien obtenu, parce que 20 % ce n'est rien.

24 R. Je n'ai pas demandé et je n'étais pas militaire pour pouvoir le

25 demander.

26 Q. Mais pourquoi êtes-vous allé voir une commission militaire ?

27 R. Tous les civils sont allés, ils sont tous allés.

28 M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Monsieur, il faut que compreniez.

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1 Vous parlez tous les deux la même langue. Vous ne pouvez pas parler en même

2 temps que l'autre intervenant. Il faut que vous attendiez que l'avocat

3 finisse de dire ce qu'il a dire ensuite vous commencez à dire, autrement

4 nous n'entendons rien. J'espère que vous allez comprendre la chose. Merci.

5 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation]

6 Q. Monsieur Dilberovic, pour éviter ces problèmes d'interprétation, je

7 vais attendre que les lettres finissent de défiler et je vous donnerais

8 signe -- je vous ferai signe pour commencer.

9 R. Vous n'avez pas à faire des signes. Lorsque vous aurez fini de parler

10 je répondrais.

11 Q. Écoutez en votre for intérieur, comptez jusqu'à cinq puis répondez.

12 R. Soit.

13 Q. Alors, lorsque vous êtes venu voir une commission militaire, leur avez-

14 vous dit que vous étiez un civil ?

15 R. Je n'ai rien dit. Je leur ai donné juste le papier qu'on m'a donné à

16 l'hôpital.

17 Q. Merci. J'aurais peut-être un autre point à aborder brièvement. Avant

18 vous, nous avons entendu bon nombre de témoins qui nous ont parlé du type

19 d'uniforme que portait telle ou telles autres armées, le HVO, l'ABiH et la

20 conclusion que nous avons pu tirer de la chose c'était de pouvoir dire que

21 l'ABiH n'avait pas été fort bien équipé du point de vue militaire. Ai-je

22 raison ? S'agissant de la période de 1993, bien entendu, ils ne pouvaient

23 pas l'être compte tenu des conditions.

24 R. Écoutez, je ne sais pas. Je veux bien croire qu'il en a été ainsi, mais

25 je ne sais pas.

26 Q. Alors dites-moi, est-il exact de dire qu'à l'époque, les soldats se

27 mettaient dessus tout ce qu'ils avaient. Certains avaient des uniformes de

28 camouflage, d'autres utilisaient de vieux uniformes verts olive de l'ex-

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1 JNA, que nous savons avoir été gris, bleu, gris olive, verts olive.

2 R. Croyez-moi bien, je ne suis pas allé voir là où ils s'habillaient mais

3 je veux bien dire qu'il y a eu toute sorte d'uniformes. Je ne sais pas en

4 dire plus. Je ne sais pas vous dire quel type d'uniforme ils portaient.

5 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, je

6 n'ai plus de questions pour ce témoin.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Avocat suivant.

8 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas

9 de questions, mais je voudrais que nous tirions au clair un point qui a été

10 consigné au compte rendu d'audience. Les collègues de l'Accusation, ainsi

11 que la Défense de M. Pusic, pour ce qui est de la présentation des éléments

12 de preuve visuels, le 1er juillet 2004, il y a eu une réunion où il a été

13 question des points techniques de la présentation de ces éléments

14 techniques, mais nous n'avons pas estimé que cela allait être utilisé comme

15 un élément de preuve, cette présentation visuelle. Voilà, merci.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Il devait y avoir une erreur dans le transcript,

17 c'est 2004, pas 1994, ligne 8, page 54.

18 Avocat suivant.

19 M. KARNAVAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour,

20 Messieurs les Juges.

21 Contre-interrogatoire par M. Karnavas :

22 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. J'ai quelques questions à vous

23 poser. Je commencerais par vous remercier d'être venu ici pour faire cette

24 déposition. D'après ce que je crois comprendre, d'après ce que nous avons

25 entendu, à propos de cet après-midi, il y avait des tirs donc et des coups

26 de feu avant que vous n'arriviez -- avant que vous ne soyez touché; c'est

27 exact, n'est-ce pas ?

28 R. Oui.

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1 Q. Les tirs que vous entendiez venaient des deux directions ? Donc, depuis

2 l'est vers l'ouest et depuis l'ouest vers l'est ?

3 R. Non. Je ne peux pas vous le dire. J'ai juste entendu un tir. J'ai

4 entendu qu'on tirait.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Je n'ai jamais entendu qu'il avait dit que les tirs

6 venaient des deux directions. Vous lui dites que cela venait de l'ouest

7 vers l'est et de l'est vers l'ouest. Il n'a jamais dit cela, lui. C'est

8 vous qui le dites.

9 M. KARNAVAS : [interprétation] Il s'agit d'un contre-interrogatoire,

10 Monsieur le Président. Donc, j'essaie de faire dire au témoin si c'est ce

11 qui s'est passé. J'aimerais savoir d'où viennent les tirs. Ils peuvent

12 venir du nord vers le sud, du sud vers le nord, de l'ouest vers l'est, de

13 vers l'ouest, je n'en sais rien. Le fait est qu'il a entendu des tirs et

14 d'où venaient ces tirs, et c'est ce que j'ai essayé de préciser. C'est un

15 contre-interrogatoire classique de pure forme, et le témoin peut me

16 corriger si je m'abuse.

17 Q. Donc, Monsieur, est-ce que vous pourriez nous dire d'où venait -- d'où

18 provenaient ces tirs ? Est-ce qu'ils venaient de l'est en direction de

19 l'ouest, de l'ouest en direction de l'est ou des deux directions ?

20 R. La balle qui m'a touché est venue de l'ouest. Je suis sûr de cela. En

21 ce qui concerne d'autres coups de feu, d'autres tirs, par exemple, des

22 armes automatiques ou autres, cela je ne le sais pas. Dès que vous entendez

23 des tirs comme cela, la seule chose à laquelle vous pensez, c'est de fuir.

24 Q. Donc, vous pouvez envisager une possibilité, une probabilité même, à

25 savoir qu'il y avait des tirs qui provenaient des deux directions ?

26 R. Non, pas à ce moment-là. Pas --

27 Q. Je ne vous parle pas du moment où vous avez été blessé. Je ne parle pas

28 de la balle qui vous a touché. Je vous parle des tirs qui ont précédé ce

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1 moment-là, parce que d'après votre déposition, il y avait des tirs. Vous

2 avez attendu et vous avez profité d'une accalmie pour franchir ce passage.

3 R. Oui, c'est ce que j'ai dit, effectivement. J'ai entendu des tirs

4 embusqués et j'ai entendu une accalmie.

5 Q. Bien. Donc, vous nous avez dit -- vous nous avez montré la direction

6 générale, mais vous ne savez pas de façon certaine et précise d'où venait

7 ce tir ?

8 R. Non, non.

9 Q. Vous ne savez pas si la personne était un tireur embusqué ou si c'était

10 un tireur d'élite, ou si c'était tout simplement un chasseur ou si c'était

11 un soldat, tout simplement ?

12 R. Ecoutez, je n'ai vu personne, donc, je ne peux pas vous le dire.

13 Q. Donc, la balle, maintenant. Est-ce qu'ils ont récupéré la balle pour

14 l'examiner, pour l'analyser, pour que nous sachions ainsi de quelle arme

15 provenait cette balle ?

16 R. Non, on ne l'a pas fait, parce que la balle, elle a transpercé ma

17 jambe. Elle s'est perdue.

18 Q. Vous ne savez pas le type -- vous ne savez pas quel type d'arme a été

19 utilisé ? Vous, vous-même, vous ne le savez pas ?

20 R. Je pense que c'était un tireur embusqué, mais quelle sorte d'armes il a

21 utilisé, cela, je ne le sais pas. Le tir est venu depuis l'ouest. Qui a

22 tiré ? Un Musulman, un Croate ? Je ne le sais pas.

23 Q. Bien. Vous ne savez pas non plus si le tir qui vous a touché avait

24 ricoché sur le sol avant de vous toucher ou s'il s'agit d'un tir direct ?

25 R. Je ne le sais pas. Je pense que le tir a été direct et il a transpercé

26 ma jambe, c'est tout.

27 Q. Vous ne connaissez pas la distance, non plus ?

28 R. Non. Des gens qui s'y connaissent ont essayé de l'établir ?

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1 Q. D'après ce que je crois comprendre dans votre déposition, nous avons vu

2 donc sur la vidéo avec une personne qui est un enquêteur du Procureur et

3 vous n'avez pas rencontré d'expert ? Expert en balles, un expert sur les

4 tireurs embusqués, vous n'avez pas pu rencontrer d'expert auxquels vous

5 auriez montré exactement sur le terrain ce qui s'était passé ce jour-là ?

6 R. Non. Les gens qui sont venus m'ont posé des questions. On a regardé

7 autour ensemble. Si c'était des experts ou pas, je ne le sais pas.

8 Q. Vous avez indiqué que vous avez entendu donc la déflagration du fusil ?

9 R. Oui.

10 Q. D'après ce que vous avez entendu, vous avez été en mesure de nous dire,

11 approximativement, quelle était la direction d'où provenait la balle ?

12 R. Oui. C'est ce que j'ai dit : que la balle est venue de l'ouest. Mais je

13 ne sais pas qui l'a tirée.

14 Q. Est-ce que vous avez entendu le tir, la déflagration avant d'avoir été

15 touché ou est-ce que c'est le contraire qui s'est passé ?

16 R. Au moment où est-ce que j'ai été touché, j'ai entendu un coup très

17 fort, mais avant on entendait des tirs, par ci, par là. Je l'ai dit et je

18 vais vous expliquer comment nous devions attendre.

19 Q. Ecoutez, j'essaie tout simplement de comprendre. Est-ce que vous avez

20 entendu le tir avant que la balle ne vous ait touchée ou est-ce que cela

21 s'est passé au même moment ? Ou est-ce que la balle vous a dans un premier

22 temps touché, puis ensuite, vous avez entendu le tir ? Laquelle des trois

23 options est la vraie ?

24 R. Ecoutez, pour moi, c'est comme cela. J'ai entendu le tir au moment où

25 j'ai été touché. Je ne sais pas. Je ne m'attendais pas -- Je ne m'attendais

26 pas à cela, donc --

27 Q. Bien. Donc, vous dites que vous n'étiez jamais allé là-bas où ils

28 étaient -- où ils se trouvaient ? C'est ce que vous avez dit à propos des

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1 questions qui vous ont été posées sur les couleurs des uniformes, des

2 uniformes que portaient les soldats ?

3 R. Il y avait là-bas toutes sortes d'uniformes, c'est exact.

4 Q. Bien, bien. Mais la réponse que vous avez apportée, cela n'a rien à

5 voir avec les uniformes. Mais vous avez dit que vous n'étiez jamais allé

6 là-bas où ils se trouvaient, ce qui signifie que vous ne vous étiez ni

7 trouvé près des soldats, vous n'avez jamais été dans leur proximité, où

8 qu'ils se trouvaient d'ailleurs ?

9 R. Non, non. La seule chose que je sache, c'est qu'ils se trouvaient sur

10 la ligne de démarcation de Santic, d'un côté le HVO, de l'autre côté,

11 l'ABiH, et que là, il y avait des échanges de tirs. C'est tout ce que j'en

12 sais.

13 Q. Bien. La ligne de démarcation se trouvait ce jour-là en face de vous ?

14 R. Elle était toujours à Santic.

15 Q. Où se trouvaient les combattants, les combattants musulmans ? Devant,

16 derrière ?

17 R. Ecoutez, de l'autre côté du pont. Vous traversez le pont et la rue du

18 maréchal Tito, puis, Santic, et c'est là-bas que se trouvait cette ligne où

19 se trouvaient les forces du HVO d'un côté, les forces de l'ABiH de l'autre.

20 Q. Sur l'ouest, c'est de -- c'est là que vous avez entendu les tirs, avant

21 que vous ne soyez touchés ?

22 R. Ecoutez, je ne cherchais pas à savoir où on entendait les tirs, peut-

23 être d'un côté de l'autre, mais on les entendait, c'est tout. Je ne sais

24 pas qui tirait, d'où les tirs venaient. On les entendait, tout simplement,

25 et c'est pour cela que nous avons décidé d'attendre et que c'est comme cela

26 que j'ai été touché par balles. Si c'était un hasard, je ne le sais pas.

27 Q. Précisément, c'est là où je voulais en venir.

28 R. Je ne sais pas.

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1 Q. Je vous remercie beaucoup, Monsieur.

2 M. KARNAVAS : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser au témoin.

3 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai été touché. Comment ? Je ne le sais pas.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

5 M. MURPHY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

6 Contre-interrogatoire par M. Murphy :

7 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.

8 R. Bonjour.

9 Q. Vous avez dit, lors de votre -- ou dans votre déclaration, vous l'avez

10 dit, il me semble, aujourd'hui, que lorsque vous avez été touché, vous êtes

11 allé -- vous avez passé cinq ou six jours à l'Institut d'hygiène de Mostar;

12 c'est exact ?

13 R. Oui. Vous avez ici un document.

14 Q. Puis, la FORPRONU vous a conduit en voiture à Medjugorje; c'est cela ?

15 R. Oui. C'est grâce à eux que j'ai toujours ma jambe.

16 Q. Puis, à partir de Medjugorje, vous avez été transporté par

17 l'hélicoptère à l'hôpital de Zenica.

18 R. Oui, en l'hélicoptère depuis Medjugorje à l'hôpital de Zenica.

19 Q. Medjugorje se trouve sur la rive ouest de Mostar, n'est-ce pas ?

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. C'était une zone qui se trouvait sous le contrôle du HVO à ce moment-

22 là ?

23 R. Oui.

24 Q. Mais, toutefois, vous avez qu'en même pu obtenir un hélicoptère ou être

25 transféré par l'hélicoptère pour être emmené à l'hôpital de Zenica,

26 l'hôpital de l'ABiH ?

27 R. Il s'agissait d'un hôpital civil. C'était la FORPRONU qui a tout

28 organisé. C'est la FORPRONU qui a organisé le transport et l'escorte

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1 jusqu'à Medjugorje.

2 Q. Bien. Est-ce que vous savez qui vous a transporté de Medjugorje à

3 Zenica ?

4 R. Je ne sais pas. Il y avait là-bas quelques hélicoptères. Je ne sais

5 pas. J'étais couché sur une civière tout le temps.

6 Q. Bien. Me Karnavas, mon confrère qui vient juste de vous poser des

7 questions vous a posé des questions à propos de l'extrait vidéo que nous

8 avons vu ce matin. Il y avait un enquêteur du Procureur. Vous vous souvenez

9 de cela ?

10 R. Oui, oui, je m'en souviens.

11 Q. Il vous a également demandé si vous aviez rencontré un témoin expert,

12 un ressortissant néerlandais, un officier militaire néerlandais qui

13 répondait au nom de Van Der Weijden, lieutenant Van Der Weijden. Est-ce que

14 vous vous souvenez si vous avez rencontré ce lieutenant Van Der Weijden ?

15 R. Ecoutez, il y en avait plusieurs. Je ne sais pas comment ils

16 s'appelaient ces gens-là. Je me souviens qu'ils étaient gentils à mon

17 égard. J'ai répondu volontairement à toutes leurs questions. Mais qui

18 s'appelait comment, cela je ne sais pas.

19 Q. Puis en dernier lieu, lorsque vous avez été interrogé par le Procureur

20 et que vous avez fait votre déclaration à la fin du mois de juin 2001,

21 pourquoi est-ce que vous avez dit aux enquêteurs ou à l'enquêteur que l'on

22 vous avait tiré dessus après les obsèques de votre fils pendant le mois de

23 juin 1993 ?

24 R. Je vais vous dire. Ecoutez, j'avais -- en parler à ce moment-là de

25 l'enterrement puis on a parlé de cimetière et peut-être que j'ai dit à ce

26 moment-là j'étais de retour de cimetière accompagné par ma femme et par

27 notre voisine. Peut-être que c'est là que cette confusion a été créée parce

28 que je suis absolument sûr que ni ma femme ni Anita ne sont venus avec moi

Page 13287

1 pour l'enterrement de mon fils, qui a eu lieu le 12 juin. Ce qui m'est

2 arrivé est arrivé le 30 juin quand nous sommes allés ensemble visités la

3 tombe de mon fils. Peut-être que j'ai fait un lapsus pendant que j'ai parlé

4 à l'enquêteur. Je ne peux pas vous expliquer comment cette confusion a été

5 créée. Mais voilà. Peut-être que --

6 Q. Je comprends, mais je suppose que ce que je voulais savoir c'était tout

7 simplement pourquoi est-ce que vous aviez relaté cette version aux

8 enquêteurs ? Vous nous dites donc en d'autres termes que vous avez fait une

9 confusion à propos des dates; c'est cela ?

10 R. Peut-être ou peut-être qu'ils m'ont posé une question du genre : "D'où

11 reveniez-vous à ce moment-là ?" J'ai pu dire : "Je revenais du cimetière,"

12 et que peut-être tout simplement ces deux événements à ce moment-là se sont

13 mélangés d'une certaine façon, qu'ils ont associé cette visite au cimetière

14 à l'enterrement qui s'est passé au même endroit. Oui, peut-être. Peut-être

15 que je n'ai pas suffisamment réfléchi à ce moment-là, que je n'étais pas

16 suffisamment précis.

17 Q. Vous avez fourni quelques détails à l'enquêteur à propos des

18 funérailles de votre fils, n'est-ce pas ? Vous avez dit que les obsèques ou

19 l'enterrement avait eu lieu entre 16 heures et 17 heures. Vous vous

20 souvenez avoir dit cela ?

21 R. Oui. C'était dans l'après-midi, probablement vers 17 heures. Je n'avais

22 pas de montre. Je sais que la nuit allait tomber. Le jour où j'ai enterré

23 mon fils il n'avait pas de tir.

24 Q. Puis un peu plus loin dans votre déclaration à la page 3 de la version

25 anglaise voilà ce que vous dites. Je veux vous en donner lecture et je vais

26 vous demander de bien écouter ce que je dis. Je cite : "En règle générale,

27 je ne traversais cet endroit que très tôt le matin ou tard le soir, mais

28 j'avais dû traverser cet endroit à ce moment-là à cause des obsèques."

Page 13288

1 Est-ce que vous vous souvenez avoir dit cela à l'enquêteur ?

2 R. J'ai dit que je suis allé à l'enterrement de mon fils avec sa mère qui

3 voulait aller le 30 juin -- à l'endroit de son enterrement. C'est ce qui

4 est vrai. Ce jour-là ma femme voulait aller. Si je ne l'avais emmenée avec

5 moi, elle serait partie toute seule. Je lui ai dit : "Qu'on irait." Mme

6 Anita, qui était une très bonne voisine, à ce moment-là, a dit qu'elle

7 voulait se joindre à nous.

8 Q. Je comprends cela, Monsieur. Donc, l'explication que vous donniez à la

9 Chambre de première instance,c'est que vous avez fait une confusion entre

10 la date des obsèques de votre fils et un autre jour quelques deux mois plus

11 tard lorsque vous êtes allé vous recueillir sur la tombe de votre fils;

12 c'est cela ?

13 R. Oui, c'est exact. Comme je l'ai déjà dit, mon fils était tué le 12

14 juin. Vous voyez ici dans ma déclaration il est marqué que j'y suis allé à

15 ce moment-là avec ma femme et Anita. Alors que ce n'est pas vrai, elles ne

16 sont pas allées pour son enterrement. Mais seulement le 30 août. C'était la

17 première fois que ma femme est allée voir la tombe.

18 Q. Mais c'est une erreur que vous avez commise, une erreur que vous avez

19 faite auprès de l'enquêteur lorsqu'il a rédigé ce que vous avez dit ?

20 R. Oui, oui, probablement. Si j'ai fait une erreur à cette époque-là alors

21 je la corrige maintenant parce qu'autrement regarder ce serait impossible.

22 Vous voyez, j'ai un certificat médical dont vous pouvez voir la date où

23 j'ai été touché par balle.

24 M. MURPHY : [interprétation] Je n'ai plus de questions. Juste si vous

25 voulez bien m'accorder une petite seconde, Monsieur le Président.

26 Merci, Monsieur le Président.

27 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

28 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'aimerais poser

Page 13289

1 une ou deux, trois questions qui émanent du contre-interrogatoire si je

2 puis.

3 Nouvel interrogatoire par M. Mundis :

4 Q. [interprétation] Monsieur Dilberovic, la Défense vous a posé un certain

5 nombre de questions à propos de la blessure d'entrée et de sortie. Est-ce

6 que vous pourriez nous dire quelles sont les blessures que vous avez à

7 votre jambe à la suite de ce tir ?

8 R. En fait, cette balle a cassé l'os. Il y a plusieurs types de blessures

9 par balle, vous savez. Il y a quand la balle transperce complètement la

10 jambe, donc, elle entre, elle ressort sans casser rien, puis il y a l'autre

11 type quand la balle s'arrête dans le corps quand elle arrive jusqu'à l'os.

12 C'est ce qui m'est arrivé.

13 Q. Merci, Monsieur Dilberovic.

14 M. MUNDIS : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

15 M. MURPHY : [interprétation] Je voudrais demander une correction au compte

16 rendu d'audience. A la page 63, ligne 14, on a l'impression que j'étais sur

17 le point de poser des questions supplémentaires à la place de M. Mundis.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

19 Monsieur, votre audition vient de se terminer. Je vous remercie au

20 nom de mes collèges et je vous invite donc à quitter la salle d'audience en

21 compagnie de M. l'Huissier. Nous vous remercions.

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous aussi.

23 [Le témoin se retire]

24 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, Monsieur le Greffier, nous allons

25 passer à huis clos maintenant. Il faut baisser le rideau.

26 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos, Monsieur le Président.

27 [Audience à huis clos]

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25 [Audience publique]

26 M. BOS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président et bonjour à

27 toutes les personnes présentes dans le prétoire.

28 Interrogatoire principal par M. Bos :

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1 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

2 Vous êtes le témoin DB, puisque des mesures de protection vous ont été

3 accordées et vous avez dans un premier temps résumé votre déclaration.

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6 (expurgé). Le témoin a été touché à l'épaule par un tireur

7 embusqué lorsqu'il essayait d'aider un homme qui répondait au nom de (expurgé)

8 (expurgé), qui avait été blessé par un tireur embusqué. Une autre fois, le

9 témoin a été blessé par un éclat d'obus alors qu'il essayait (expurgé)

10 (expurgé). Le témoin était également présent lorsqu'un de ses collègues,

11 (expurgé), a été blessé par un tireur embusqué.

12 Monsieur, je vais vous poser quelques questions et -- à propos de votre

13 déclaration. Est-il exact de dire que vous avez fourni une déclaration

14 écrite aux enquêteurs du bureau du Procureur le

15 1er juillet 2001 ?

16 R. C'est exact.

17 Q. Au moment où vous avez fourni cette déclaration écrite, est-ce que vous

18 avez répondu aux questions posées par l'enquêteur en disant la vérité ?

19 R. J'ai dit la vérité.

20 Q. Avez-vous répondu à ces questions sans qu'aucune coercition ne soit

21 exercée sur vous ?

22 R. Oui. Sans coercition.

23 Q. A la fin de cet entretien, Monsieur, est-ce qu'on vous a relu en langue

24 bosniaque votre déclaration ?

25 R. Oui.

26 Q. Avez-vous donc à ce moment-là signé votre déclaration dans sa version

27 anglaise ?

28 R. Oui.

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1 M. BOS : [interprétation] Je souhaiterais que l'on montre au témoin un jeu

2 de documents. Il s'agit de pièces à conviction qui font partie de sa

3 déclaration.

4 Q. Monsieur, est-ce que vous pourriez, je vous prie, prendre la première

5 pièce à conviction qui est la pièce à conviction 9858 ?

6 M. BOS : [interprétation] C'est une pièce à conviction versée sous pli

7 scellé, Monsieur le Président.

8 Q. Monsieur, j'aimerais vous demander donc de consulter ce document. Est-

9 il exact de dire qu'il s'agit donc de la version anglaise ou de la version

10 en langue bosniaque de votre déclaration, déclaration que vous avez faite

11 en juillet 2001 ?

12 R. Oui, c'est exact.

13 Q. Est-il exact de dire que votre signature se trouve à la fin de la

14 version anglaise de la déclaration ?

15 R. Oui, c'est vrai.

16 Q. Est-ce que vous vous souvenez avoir rencontré un enquêteur ainsi que

17 moi-même hier après-midi ?

18 R. Oui, je m'en souviens.

19 Q. Lors de cette réunion, est-ce que vous vous souvenez si je vous ai

20 demandé si vous aviez relu votre déclaration et si vous souhaitiez apporter

21 des corrections à cette déclaration ?

22 R. Je me souviens cela.

23 Q. Est-il exact de dire que vous avez apporté des corrections suivantes

24 qui se trouvent en haut du paragraphe 3 de la version anglaise et au

25 cinquième paragraphe de la version B/C/S à la page numéro 3 ? Je vais vous

26 donner lecture des corrections et vous pourrez confirmer ainsi si ces

27 corrections correspondent à ce que vous vouliez rectifier. La phrase qui

28 est comme suit : "Un homme appelé Refik Saric se trouvait au poste des

Page 13295

1 pompiers et il était environ une heure. Il a décidé de partir." Cette

2 phrase est inexacte parce que "Je n'ai jamais vu à l'intérieur de la

3 caserne des pompiers Refik Saric ce jour-là et je ne sais pas d'ailleurs si

4 Refik Saric était venu à la caserne ou non." Est-ce que c'est l'une des

5 corrections que vous souhaitiez apporter à votre déclaration ?

6 R. Oui, c'est l'une de ces corrections.

7 Q. L'autre correction - c'est toujours le même paragraphe - c'est la

8 phrase où vous dites : "Je ne me souviens pas de la date exacte ou l'on m'a

9 tiré dessus ou un tireur embusqué m'a tiré dessus," c'est inexact parce que

10 vous savez pertinemment que l'incident s'est produit le 29 septembre 1993,

11 et que les blessures dont vous avez été victime ont été consignées par le

12 secrétaire de la caserne des pompiers ce jour-là ?

13 R. Oui, exactement c'est une des corrections.

14 Q. Est-ce que vous souhaitez ajouter quoi que ce soit à la déclaration

15 écrite ou est-ce que vous avez autre chose à dire à propos de ces

16 déclarations écrites en sus des deux corrections dont nous venons de

17 parler ?

18 R. Rien d'autre.

19 Q. Si je devais vous poser des questions à propos des thèmes de votre

20 déclaration, est-ce que vos réponses reprendraient ce que nous trouvons

21 dans ladite déclaration à l'exception de deux corrections que vous y avez

22 apportées ?

23 R. Oui.

24 M. BOS : [interprétation] Messieurs les Juges, je souhaiterais verser au

25 dossier la déclaration écrite du Témoin DB et en tant que pièce à

26 conviction 09858.

27 Q. Monsieur, est-ce que vous pourriez décrire brièvement à la Chambre ce

28 qui vous est arrivé le 29 septembre 1993, lorsqu'on vous a tiré dessus ?

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1 R. Je vais vous le dire. Ce jour-là le matin vers 10 ou 11 heures je me

2 trouvais dans les locaux de la caserne des pompiers, tout d'un coup j'ai

3 entendu un cri. Alors, je suis couru vers la rue et j'ai vu M. Saric

4 couvert de sang. Il se trouvait à une vingtaine de mètres de l'endroit où

5 je me trouvais. Je me suis dirigé vers lui en courant, je n'ai pas réussi à

6 le déplacer derrière le coin parce qu'entre-temps quelqu'un d'autre était

7 arrivé et il l'avait déjà fait.

8 A un moment où je me suis trouvé là-bas, j'ai ressenti un coup au niveau de

9 l'omoplate droite. J'ai compris que j'étais touché. Je suis tomé à genoux,

10 puis j'ai senti une autre balle siffler par-dessus ma tête et cette balle

11 s'est perdue dans un mur et j'ai réussi à me déplacer, à m'asseoir un peu

12 plus loin.

13 Une dame est arrivée et s'est mise à crier. J'ai essayé de partir à

14 l'hôpital, mais je n'ai pas réussi à y aller tout seul. Quelqu'un est

15 arrivé, je pense qu'il était policier et il m'a aidé. Il m'a conduit

16 jusqu'à l'hôpital. Après mon arrivée à l'hôpital, on m'a accueilli là-bas.

17 J'ai vu M. Saric. Il était couvert de sang. Il était déjà -- on lui

18 avait déjà donné des soins. Il devait être opéré. Je ne sais plus. J'ai

19 également vu mon frère à l'hôpital. En fait, il s'est avéré que c'était mon

20 frère qui avait conduit M. Saric à l'hôpital.

21 Q. Merci. J'aimerais vous poser une question afin de vous demander une

22 précision qui se trouve dans votre déclaration. Lorsque vous êtes sorti de

23 la caserne pour porter secours à M. Saric, est-ce qu'il y avait des combats

24 qui se déroulaient dans cette zone à ce moment-là ?

25 R. Non, non. C'était tranquille.

26 M. BOS : [interprétation] Monsieur le Juge, j'aimerais maintenant que nous

27 passions à huis clos partiel. Je souhaiterais que l'on montre une vidéo au

28 témoin.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Audience à huis clos partiel, s'il vous plaît.

2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

3 le Président.

4 [Audience à huis clos partiel]

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8 [Audience publique]

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

10 M. BOS : [interprétation] Aux fins du compte rendu d'audience, il va

11 falloir que cela soit consigné au compte rendu d'audience.

12 Q. Donc, est-il exact de dire que vous avez montré l'orifice d'entrée,

13 vous avez indiqué l'arrière de votre épaule, lorsque vous avez indiqué

14 l'orifice de sortie de la balle vous avez indiqué l'avant de votre épaule ?

15 R. Oui, c'est exact.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai compris le contraire.

17 Monsieur le Témoin, la balle est rentrée par devant ou par derrière6

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Elle est rentrée par derrière. La balle est

19 rentrée par derrière.

20 M. BOS : [interprétation]

21 Q. Écoutez, je ne sais pas s'il y a un problème de traduction, mais

22 j'espère que maintenant tout le monde a compris dans le prétoire.

23 Nous allons vous présenter une autre pièce à conviction qui va éclairer la

24 lanterne de tout le monde.

25 Alors, est-il exact Monsieur, que lorsque vous avez eu cette réunion avec

26 moi-même et l'enquêteur hier après-midi, on vous a montré une photographie

27 panoramique 360 degrés ?

28 R. C'est exact.

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1 Q. Est-il exact de dire que cette photographie a été prise à l'endroit

2 exact où vous aviez été où on vous a tiré dessus le 29 septembre 1993 ?

3 R. Oui, c'est exact.

4 Q. J'aimerais maintenant vous montrer cette photographie panoramique donc

5 avec angle de 360-degrés. Est-ce que vous pouvez la voir maintenant sur

6 l'écran devant vous, Monsieur ?

7 R. Oui.

8 Q. Peut-être que afin de permettre aux gens qui s'y trouvent ici de

9 s'orienter sur la photographie, est-ce que vous pourriez nous indiquer

10 quelle est l'orientation de cette photographie, quelle est la direction de

11 la photographie, nord, est, ouest ou sud ?

12 R. Vers l'ouest.

13 Q. Merci.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Pour gagner du temps, Monsieur Bos, deux

15 observations : cette photo, on l'a déjà vue avec un autre témoin et à par

16 ailleurs lorsque les Juges ont été à Mostar, on n'est passé dans cette rue.

17 M. BOS : [interprétation] Très bien.

18 Q. Monsieur, voilà ce que je vais faire, je vais faire tourner la

19 photographie et ce que j'aimerais que vous fassiez c'est que vous nous

20 indiquiez de nous demander de nous arrêter lorsque vous pensez que nous

21 avons l'axe directionnel emprunté par la balle qui vous a touché dans le

22 dos, au niveau de votre épaule droite, mais dans le dos. Alors, nous allons

23 commencer maintenant.

24 Monsieur, hier, lors de la séance de récolement, vous nous avez demandé

25 d'arrêter la photographie au même moment, à peu près, nous avons procédé à

26 un arrêt sur image de cette partie de la photographie. Je vais maintenant

27 vous montrer cet arrêt sur image. Voilà ce que j'aimerais vous demander,

28 Monsieur, est-ce que vous pourriez nous montrer sur cet arrêt sur image

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1 d'où provenait ce tir qui vous a touché ce jour-là ?

2 Je vais vous poser une autre question. Vous avez fait un cercle sur cette

3 photographie. Il y a une maison blanche à la gauche dudit cercle. Est-ce

4 que cette maison blanche se trouvait là en 1993 ?

5 R. Oui, elle s'y trouvait mais une partie de son toit avait été détruit

6 par les obus.

7 Q. Merci. J'ai encore deux pièces à conviction que j'aimerais vous

8 montrer.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous venez d'indiquer d'où venait le tir. On ne voit

10 pas très bien, on voit que derrière il y a une colline. Est-ce à dire que

11 le tireur d'après vous était sur la colline ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le sais pas. On m'avait déjà posé cette

13 question et j'ai donné la même réponse. Je ne sais pas sur d'où provenait

14 le tir.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Mais le tir venait bien de l'endroit où vous avez

16 fait le cercle ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, de là-bas.

18 M. BOS : [interprétation]

19 Q. Monsieur le Témoin, j'aimerais vous demander de regarder --

20 M. KOVACIC : [interprétation] Peut-être, Monsieur le Président, pour ne pas

21 trop perdre de temps par la suite, il faudrait peut-être immédiatement

22 donner une cote IC à cette photographie avant que nous ne passions à autre

23 chose.

24 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, on va donner un numéro IC à la

25 photo dont il a fait le cercle.

26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le numéro IC 281, Monsieur le

27 Président.

28 -M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Maître Kovacic, pour votre interrogatoire.

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1 M. BOS : [interprétation] Merci, Maître Kovacic.

2 Q. Peut-être, Monsieur, que vous pourriez mettre les initiales DB dans le

3 coin droit -- intérieur droit de la photographie et vous pourriez peut-être

4 également mettre la date, à savoir le 31 janvier.

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 Q. Merci, Monsieur. J'aimerais maintenant vous demander donc d'examiner la

7 pièce à conviction 7775 et notamment la troisième page. Il s'agit d'un

8 rapport médical portant sur M. Saric, qui avait également été blessé ce

9 jour-là et nous l'avons vu sur la vidéo. Alors, nous avons quelques

10 rapports médicaux à propos de cette personne et c'est la troisième, plus

11 particulièrement, qui m'intéresse. Troisième de la version B/C/S et version

12 anglaise, qui commence avec une date, le 24 octobre 1993, donc 24/10/93.

13 Vous voyez cela ?

14 R. Oui.

15 Q. Est-il exact de dire qu'il est indiqué : "Blessé par balles, deux

16 fusils, le 29 septembre 1993. Les blessures qui se trouvent au niveau

17 inférieur du coude sont cicatrisées. Le mouvement avec les doigts -- les

18 mouvements des doigts sont limités." C'est bien cela qui est écrit ?

19 R. Oui, c'est ce qui est écrit ici, mais c'est en anglais, le document que

20 je vois devant moi, donc, je peux seulement supposer que c'est --

21 Q. Il y a également une version en B/C/S.

22 M. KOVACIC : [interprétation] Je m'excuse de vous interrompre, mais il

23 serait très bien que quelqu'un mette ces documents sur l'écran, qu'on les

24 affiche, parce qu'on a plusieurs rapports médicaux concernant la même

25 personne. Certains ont un numéro, d'autres sont visibles, d'autres ne le

26 sont pas. Donc, il serait plus facile pour tous de le voir.

27 L'INTERPRÈTE : Micro.

28 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Maître Karnavas.

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1 M. KARNAVAS : [interprétation] Je voulais également indiquer que le --

2 notre confrère fait exactement ce qui avait été l'objet de critiques de la

3 part des Juges et c'était le général Praljak qui le faisait, à savoir

4 lorsqu'on demande si le document dit ce qu'il dit. Donc je veux juste

5 l'indiquer, parce qu'il semblerait que l'Accusation fait exactement ce qu'a

6 essayé de faire la Défense, mais lorsque eux le font, il n'y a aucune

7 objection qui est soulevée.

8 M. BOS : [interprétation] J'ai une question de suivi à poser à ce sujet,

9 Messieurs les Juges.

10 Q. Monsieur, ce qui est écrit dans le document, est-ce que cela confirme

11 ce qui a été dit à l'hôpital à propos des blessures de M. Saric ?

12 R. Oui.

13 Q. Est-ce que nous pourrions, je vous prie, maintenant, prendre la pièce à

14 conviction 9220 ? Enfin, cela ne se trouve pas dans la liasse de documents.

15 Peut-être que par le biais du prétoire électronique, on pourrait montrer

16 donc le document 9220. Il s'agit d'un jeu de photographies et j'ai besoin

17 de la page 16 à l'écran. Il s'agit du numéro ERN 016235.

18 Afin de ne pas trop perdre de temps, j'ai les photographies ici et peut-

19 être que nous pourrions les mettre sur le rétroprojecteur.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, il serait mieux de les mettre sur le

21 rétroprojecteur.

22 M. BOS : [interprétation]

23 Q. Si nous pouvions, dans un premier temps, prendre la photographie numéro

24 16. Je la vois maintenant sur le rétroprojecteur. Est-ce que vous

25 reconnaissez cette photographie, Monsieur ?

26 R. Oui, je la reconnais.

27 Q. Que décrit cette photographie ?

28 R. On y voit l'orifice d'entrée sur mon épaule. En fait, au-dessous de

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1 l'omoplate droite.

2 Q. Si nous pouvions maintenant afficher ou prendre la photographie

3 suivante, qui est déjà sur le rétroprojecteur, là.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Donnons-nous un numéro IC pour la première photo,

5 Monsieur le Greffier, la première photo là, où l'entrée. Il y a un numéro

6 IC ? Enfin, non, mais il faut donner un numéro IC. Alors, première photo,

7 Monsieur le Greffier.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le numéro IC 282, Monsieur le

9 Président.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Aussi un numéro IC pour la photo de sortie,

11 là, où on voit -- celle qui est à l'écran.

12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le numéro IC 283, Messieurs les

13 Juges.

14 M. BOS : [interprétation]

15 Q. Monsieur, alors qu'est-ce que cette photographie, cette deuxième

16 photographie décrit ?

17 R. On y voit l'orifice de sortie.

18 Q. Merci, Monsieur.

19 M. BOS : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai plus d'autres

20 questions à poser.

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, chaque avocat a dix minutes exactement.

22 Maître Stewart.

23 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

24 Contre-interrogatoire par M. Stewart :

25 Q. [interprétation] Monsieur, il y a une partie de votre déclaration que

26 vous avez retirée pendant la séance de récolement. Alors, pour vous

27 rafraîchir la mémoire, voilà ce dont il s'agit. Un homme, qui répondait au

28 nom de Refik Saric était venu vous rendre visite à la caserne. Il s'y était

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1 trouvé pendant environ une heure, puis il a décidé de partir et il n'était

2 parti que depuis quelques secondes lorsque --

3 Alors, j'aimerais vous indiquer qu'il y a quatre éléments. Il nous avait

4 rendu visite à la caserne. Il y avait été pendant environ une heure. Il a

5 décidé de quitter, de partir et il n'était parti que quelques secondes

6 avant qu'ensuite l'incident ne se produise. Alors comment se fait-il que

7 vous avez pu, de façon erronée, fournir une déclaration aussi précise

8 portant sur quatre éléments et vous avez signé, en plus, cette

9 déclaration ? Maintenant, vous nous dites que cela n'est pas exact.

10 R. Je vais vous dire. C'était il y a très longtemps et j'avais oublié

11 beaucoup de choses et j'ai fait un effort pour oublier. La seule chose dont

12 je me souvenais clairement, c'était la façon dont j'ai été touché moi-même.

13 Q. Bien.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Stewart, pour votre information, la Chambre

15 d'appel s'est déjà penchée sur ce type de divergence et a indiqué

16 clairement qu'il est fort possible que compte tenu des années et compte

17 tenu du déroulement des faits, un témoin puisse varier.

18 M. STEWART : [interprétation] Oui, c'est justement la raison pour laquelle

19 nous ne reprenons pas ce genre de problème, mais je vais passer à autre

20 chose, Monsieur le Président.

21 Q. Alors, au paragraphe 20 dans la déclaration, vous dites que lorsque

22 vous avez signé la déclaration, vous avez dit que vous aviez des

23 certificats médicaux portant sur votre blessure et vous aviez dit à ce

24 moment-là : "Je n'ai absolument aucune idée d'où il se trouve." Est-ce que

25 vous les aviez perdus et garés avant que vous n'ayez été interrogé par des

26 personnes représentant ce Tribunal ?

27 R. En fait, je ne les ai jamais vraiment eus, ces rapports médicaux. On ne

28 me les a jamais donnés. C'est pour cela que je leur ai dit que je n'avais

Page 13308

1 pas de documentation relative à cette blessure.

2 Q. Avez-vous jamais essayé de vous procurer ces certificats médicaux ?

3 R. Je n'ai pas essayé.

4 Q. Alors, nous allons revenir à cet incident. Vous dites que vous avez

5 entendu quelqu'un crier. Vous êtes allé voir et vous avez vu Saric qui a

6 été recroquevillé et je vous dis que : "J'ai pu voir qu'il saignait à la

7 main où il avait été touché par un tireur embusqué."

8 A ce moment-là vous ne saviez absolument pas s'il avait été touché

9 par un tireur embusqué ou non ?

10 R. Non. J'ai entendu un cri et c'est seulement après être sorti que j'ai

11 pu me rendre compte de ce qui s'était passé.

12 Q. Puis vous faites un descriptif, alors il y avait été touché. Vous

13 racontez comment vous êtes touché. Puis ensuite vous faites référence à un

14 autre tir qui vous ciblait, cela s'est passé au-dessus de votre tête puis

15 cela a touché un mur. Il y a trois tirs. Je suppose qu'il y avait trois

16 balles. Est-ce que l'une ou l'autre de ces balles n'a jamais été

17 récupérée ?

18 R. D'après mes informations, non.

19 Q. Est-ce qu'on a essayé -- est-ce qu'on a cherché à ce moment-là ou après

20 est-ce qu'on a cherché ces balles ?

21 R. Je pense que non.

22 Q. Vous avez apporté une correction avec votre déclaration. Le Juge vous a

23 posé une question à ce sujet. Pour être bien sûr, hormis la date que vous

24 avez corrigée et hormis le fait que M. Saric était ou n'était pas à la

25 caserne des pompiers. Pour tout le reste vous vous en tenez exactement à ce

26 qui se trouve dans votre déclaration, n'est-ce pas ?

27 R. Oui.

28 Q. Dans votre déclaration vous dites concrètement et vous êtes en train de

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1 parler de la personne qui vous avait tiré dessus. Vous dites : "Je ne sais

2 pas. J'en ai aucune idée d'où le tireur isolé à tirer ces balles." Alors,

3 peut-on tout de suite dire que bien qu'on vous est montré les photographies

4 ce matin et que vous ayez indiqué les possibilités il n'en demeure pas

5 moins que personnellement vous n'avez aucune idée d'où la balle est venue ?

6 R. J'ai dit oui, en 2004, à mon avis aussi que je n'étais pas certain du

7 point d'où était venue la balle et de l'identité du tireur.

8 Q. Dans votre déclaration vous vous référez également à un autre incident.

9 Je ne sais pas si je peux prononcer le nom de cette personne, parce que

10 nous sommes en audience publique. Je ne voudrais pas qu'il y ait de

11 malentendu.

12 Vous avez parlé, Monsieur, d'un incident bien plus tard à un moment où une

13 citerne était garée devant le poste. Vous avez dit que vous aviez entendu

14 deux coups de feu, et qu'un collègue des vôtres avait malheureusement perdu

15 la vie. Vous savez de quel incident je suis en train de parler, n'est-ce

16 pas ?

17 R. Oui, je sais.

18 Q. Alors, vous nous avez dit que cette citerne était garée sur le pavé.

19 Vous nous avez qu'il y avait plusieurs coups de tirs de feu qui avaient été

20 tirés et vous dites que vous êtes sorti et que vous l'avez tout de suite

21 vu. Alors, pendant -- en intervalle de combien de temps ces coups de feu

22 ont-ils tiré ? Vous en souvenez-vous ?

23 R. Je n'ai pas très bien compris votre question. Excusez-moi. Est-ce que

24 vous pouvez répéter ?

25 Q. Je vais passer à autre chose. Vous êtes sorti lorsque vous avez entendu

26 les coups de feu. Vous avez immédiatement essayé d'aider votre malheureux

27 collègue pour le sortir de cet endroit. C'était la première préoccupation

28 que vous avez eue, n'est-ce pas ?

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1 R. Oui.

2 Q. Personnellement, vous n'avez pas inspecté la blessure. Vous avez vu que

3 la blessure était mauvaise. C'est tout, n'est-ce pas ?

4 R. Oui, c'est exact.

5 Q. Je voudrais vous demander et ce sera probablement ma dernière question,

6 cela dépendra de la réponse. Vous dites que là où vous avez été touché

7 vous-même cela n'a pas été connu comme étant un site dangereux. C'est ce

8 que dit votre déclaration. Là-bas on n'avait pas encore tiré ou reçu de tir

9 de la part de tireurs embusqués et plus tard non plus, alors indépendamment

10 du site à partir duquel on avait tiré, quel ait été le site du tir, vous

11 personnellement, n'avez pas eu connaissance du fait que ce site-là eut été

12 utilisé auparavant ou après pour des tirs, n'est-ce pas ?

13 R. C'est exact.

14 M. STEWART : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

15 Président.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : L'équipe de la Défense suivante.

17 Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Nous n'avons pas de questions,

18 Monsieur le Président. Nous avons cédé notre temps au général Praljak.

19 Merci.

20 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons mis

21 également à la disposition de la Défense de M. Praljak le temps qui nous

22 était imparti.

23 M. KARNAVAS : [interprétation] Pas de questions. Merci, Monsieur le Témoin,

24 d'être venu ici pour témoigner.

25 M. MURPHY : [interprétation] Nous n'avons pas de questions, Monsieur le

26 Président, non plus.

27 M. KOVACIC : [interprétation] Le général Praljak a exprimé le souhait de

28 poser plusieurs questions, et peut-être en aurais-je deux ou trois à la

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1 fin.

2 M. LE JUGE ANTONETTI : Les Juges ont une question d'abord.

3 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Témoin, ma question vient après celle de Me

4 Stewart. L'endroit, l'endroit de l'incident n'était pas dangereux selon

5 votre déclaration mais l'est-il devenu après ? Est-ce qu'après vous, votre

6 collègue et vous, il y a eu d'autres incidents à cet endroit-là ? Cela

7 c'est la première question. Je vais vous poser la deuxième immédiatement.

8 Est-ce que les tirs ont visé systématiquement des personnes qui sortaient

9 de votre caserne, est-ce qu'on peut établir un lien avec le fait qu'il y

10 avait une caserne de pompiers à cet endroit-là, située à 15 mètres ? Voilà.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Avant cela, à l'endroit en question, il n'y a

12 pas eu de tir de tireur embusqué du tout. Jusqu'à ce jour, jour où M. Saric

13 et moi-même avons été touchés. Par la suite, à proximité de là on a touché

14 également, je ne sais pas si je peux dire son nom. Mais ultérieurement il

15 n'y a plus eu de tirs du tout. A cet endroit-là avant n'avait pas été

16 considéré comme étant périlleux parce que nous passions souvent par là, et

17 il n'y a pas eu de tir jusque-là à cet endroit-là.

18 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

19 Contre-interrogatoire par l'accusé Praljak :

20 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Je n'ose pas dire votre

21 nom.

22 R. Bonjour.

23 Q. J'aimerais à présent que nous examinions très simplement un certain

24 nombre de photos prises à différents endroits aux alentours de ce site.

25 Vous êtes originaire de Mostar, vous connaissez les lieux. Je connais

26 relativement bien pour ne pas dire très bien.

27 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] J'aimerais que l'Huissier place ces

28 photos-ci sur le rétroprojecteur et nous allons nous pencher sur celles-ci

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1 une par une. Une fois qu'elles seront placées sur le rétroprojecteur, bien

2 sûr.

3 Q. Alors, cela c'est la première des photos, vous serez d'accord avec moi,

4 ou peut-être n'allez-vous pas être d'accord avec pour moi, pour dire que

5 cette photo a été prise depuis le coin de la rue Brkic et maréchal Tito, si

6 l'on regarde à droite vers l'ouest, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. C'est à cet endroit comme l'a montré l'image précédente c'est là que

9 vous avez été blessé, n'est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] L'Huissier va vous donner un stylo.

12 Q. J'aimerais que vous apposiez une croix à l'endroit où cela s'est

13 produit.

14 R. Je voudrais tirer au clair. J'étais un peu plus haut. Vous voulez dire

15 là où j'ai été blessé ? Ce n'est pas ici. Un peu plus en haut à l'angle.

16 Q. Ecoute, prenez l'autre photographie, la photo suivante. Ici on voit

17 encore moins bien, n'est-ce pas ?

18 R. En effet.

19 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Peut-être - non, non, revenez à la

20 première photographie, s'il vous plaît.

21 Q. Alors, juste ici indiquez nous l'emplacement de cette caserne à

22 pompiers.

23 R. [Le témoin s'exécute]

24 Q. Mettez un numéro 1.

25 R. [Le témoin s'exécute]

26 C'est juste derrière le muret.

27 Q. Oui. Juste derrière ce muret. Vous pouvez mettre une flèche pour

28 indiquer l'entrée de la caserne des pompiers.

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1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Alors, j'aimerais maintenant que à peu près en haut, au-delà du

3 mur l'endroit où vous avez été blessé. Peut-être était-ce donc à la moitié

4 du trottoir entre le mur et la rue plus près du mur, c'est là que vous avez

5 été blessé ?

6 R. J'ai été un peu plus près du mur, en effet.

7 Q. Bien. Alors, j'aimerais que vous indiquiez là une petite flèche pour

8 nous montrer à peu près où est-ce que vous avez été touché ?

9 R. Est-ce que je peux mettre un X ?

10 Q. Oui. Puis mettez à côté un numéro 2 à côté.

11 R. [Le témoin s'exécute]

12 Mais c'est un peu vers nous.

13 Q. Oui, mettez une flèche je vous prie, pour que nous sachions voilà la

14 flèche, la flèche est là.

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 Q. Merci.

17 R. Bienvenu.

18 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que

19 l'on va avoir maintenant un numéro IC ?

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Un numéro IC, s'il vous plaît.

21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le IC 284, Monsieur le

22 Président.

23 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Est-il nécessaire que le témoin mette

24 ses initiales dessus ?

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Témoin, mettez des initiales Dubrovnik, s'il

26 vous plaît.

27 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

28 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Merci. J'aimerais maintenant que nous

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1 passions à la photo suivante.

2 Q. C'est une photo prise à peu près du même endroit, mais on est parti un

3 peu plus à gauche pour voir le fond de la rue Hasan Brkic, n'est-ce pas ?

4 R. Oui.

5 Q. Est-ce que au fond vers le bout de la rue on voit entre la maison

6 blanche et la grande maison qui est sur la droite un autre bâtiment, n'est-

7 ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Alors, seriez-vous d'accord avec moi pour dire que c'est l'hôtel

10 Neretva ?

11 R. Oui.

12 Q. J'aimerais vous indiquiez là que vous apposiez là un

13 numéro 1.

14 R. Sur l'hôtel Neretva ?

15 Q. Oui, c'est donc le bâtiment de l'hôtel de Neretva.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. J'aimerais qu'en bas vous mettiez BD pour vos initiales.

18 R. [Le témoin s'exécute]

19 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] J'aimerais un numéro IC ?

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Je regarde cette photo. Vous venez donc d'identifier

21 l'hôtel Neretva. La question que je me pose, si un tireur est dans l'hôtel

22 ou sur le toit de l'hôtel, comment son tir peut-il vous toucher à l'endroit

23 où vous l'avez indiqué. Est-ce que vous avez une explication ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'ai pas l'explication.

25 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

26 Q. Je vais continuer à vous poser des questions. Monsieur le Témoin,

27 commençons par ceci. L'hôtel Neretva a-t-il été incendié lorsque les Serbes

28 étaient du côté droit de la Neretva ?

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1 R. Pour autant que je m'en souvienne oui.

2 Q. Bien, alors, s'il vous plaît, l'hôtel Neretva se trouvait-il du côté

3 gauche de la Neretva, en rive gauche ?

4 R. Oui.

5 Q. Donc, c'était en -- c'est en rive gauche. Alors, à l'époque où vous

6 avez été blessé cet hôtel sur la rive gauche était-il sous le contrôle de

7 l'ABiH ou pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Merci. J'aimerais maintenant que nous voyons la photo suivante.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce qu'il y a un numéro, Monsieur le Greffier ?

11 M. LE GREFFIER : [aucune interprétation]

12 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

13 Q. Oui, j'aimerais que vous apposiez un DB --

14 M. LE JUGE ANTONETTI : -- pour cette photo.

15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 285, Monsieur le

16 Président.

17 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

18 Q. C'est la même photo. Est-ce que entre les bâtiments on voit une fois de

19 plus l'hôtel Neretva, maintenant on est un peu plus près ?

20 R. Oui.

21 Q. Mettez-là aussi un numéro 1, je vous prie.

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Un DB en bas.

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 Q. A droite, on a l'entrée de la caserne des pompiers.

26 R. Oui.

27 Q. J'aimerais que vous mettiez une petite flèche pour indiquer la caserne

28 des pompiers ?

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1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Merci. Mettez un numéro 2 là je vous prie.

3 R. [Le témoin s'exécute]

4 Q. Merci.

5 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] J'aimerais un numéro IC.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Le Greffier, un numéro IC.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce IC 286, Monsieur le

8 Président.

9 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

10 Q. J'aimerais maintenant que nous passions à la photo suivante. Ceci est

11 une vue prise de façon à voir la rue du maréchal Tito, à savoir le trottoir

12 où vous avez été blessé et le coin de la rue de Hasan Brkic, n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. Je voudrais maintenant que vous nous indiquiez où est-ce que la balle

15 dont vous avez parlé a frappé ?

16 R. La deuxième balle.

17 Q. La deuxième balle, elle a cogné contre le mur.

18 R. [Le témoin s'exécute]

19 Q. J'aimerais que maintenant vous placiez un numéro 1, là.

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Q. J'aimerais que vous indiquiez la rue du maréchal Tito et à droite

22 aussi.

23 R. [Le témoin s'exécute]

24 Q. Peut-être pourriez-vous mettre une grande ligne, voilà.

25 R. [Le témoin s'exécute]

26 Q. En bas, en biais c'est Hasan Brkic. Alors, j'aimerais que vous mettiez

27 MS, maréchal Tito.

28 R. [Le témoin s'exécute]

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1 Q. Cela c'est le maréchal Tito. Mettez MT -- pardon, pas MS.

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 Q. Ici, HB.

4 R. [Le témoin s'exécute]

5 Q. Est-ce que vous pouvez voir sur cette photo l'endroit où vous avez été

6 blessé ?

7 R. Oui.

8 Q. Veuillez nous le montrer, je vous prie.

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. J'aimerais que vous mettiez là un numéro 1.

11 R. [Le témoin s'exécute]

12 Q. J'aimerais aussi que vous placiez vos initiales.

13 R. En bas.

14 Q. Oui.

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Un numéro, s'il vous plaît.

17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce IC 287, Monsieur le

18 Président.

19 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Merci. Photo suivante, je vous prie.

20 Q. Veuillez la retourner. Ici, nous voyons cela lorsque nous venons du

21 côté ouest pour regarder de l'autre côté du pont du maréchal Tito vers

22 Masala et la rue Hasan Brkic, n'est-ce pas ?

23 R. Exact.

24 Q. Alors, dites-moi d'abord : est-ce que le pont du maréchal Tito a été

25 détruit par les Serbes en 1992, au mois de mai ?

26 R. Oui.

27 Q. Est-ce que ce qui se trouve à droite, c'est ce qu'on appelle Banja à

28 Mostar?

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1 R. Oui.

2 Q. Veuillez mettre un numéro 1 dessous, je vous prie.

3 R. [Le témoin s'exécute]

4 Q. Est-ce que ce qu'on voit à gauche c'est bien l'hôtel Neretva ?

5 R. Oui.

6 Q. Mettez-la je vous prie un numéro 2.

7 R. [Le témoin s'exécute]

8 Q. Est-ce que ce qu'on voit derrière Banja, c'est bien l'école de

9 musique ?

10 R. Oui.

11 Q. J'aimerais que vous apposiez là un numéro 3.

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Ce qu'on voit tout à fait devant, sous la mosquée c'était une agence de

14 voyage de Putnik auparavant, n'est-ce pas ?

15 R. Oui.

16 Q. Mettez un numéro 4.

17 R. [Le témoin s'exécute]

18 Q. Alors, j'aimerais que vous traciez une ligne sur la route pour

19 traverser le pont et tourner à gauche vers la rue Hasan Brkic.

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Q. Voilà faites un peu à gauche un peu à droite.

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Alors, j'aimerais ici un numéro 5.

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 Q. Alors, dites-moi maintenant : est-ce qu'à l'époque où la JNA et les

26 réservistes sont venus à Mostar, Banja a été incendié ou pas ?

27 R. Oui.

28 Q. L'école de musique, a-t-elle été détruite et incendiée ?

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1 R. Oui.

2 Q. L'hôtel Neretva était-il détruit ?

3 R. Oui.

4 Q. L'agence Putnik, était-elle incendiée ?

5 R. Oui.

6 Q. Merci. J'aimerais que vous placiez vos initiales sur cette photo BD.

7 R. [Le témoin s'exécute]

8 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] J'aimerais un numéro.

9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce IC 288, Monsieur le

10 Président.

11 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Photo suivante, je vous prie.

12 Q. Alors, c'est la même photo mais en plus près.

13 Q. Alors, j'aimerais que sur la route suivant le pointillé vous fassiez

14 une ligne pour nous indiquer par où on accédait à la rue Hasan Brkic.

15 Suivez je vous prie la ligne.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Vous avez un peu raté. Prenez la rue, empruntez la rue. On voit, alors

18 là aussi j'aimerais que vous placiez vos initiales.

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Merci.

21 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Un numéro.

22 Q. Ce qu'on voit à droite, c'est l'Académie de musique, n'est-ce pas ?

23 R. Oui.

24 Q. Apposez un numéro 2 --

25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce IC 289, Monsieur le

26 Président.

27 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Alors, mettez le numéro 2 sur l'académie de

28 musique.

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1 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

2 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

3 Q. Merci. Photo suivante, je vous prie. Maintenant, nous sommes en train

4 de regarder du côté opposé, du côté est vers le côté ouest. Une fois de

5 plus, nous allons procéder dans l'ordre. Est-ce que ce qu'on voit à droite,

6 cette ruine qu'on voit, c'est l'hôtel Mostar ?

7 R. L'hôtel Neretva.

8 Q. Oui, Neretva. Excusez-moi. Alors, j'aimerais que vous mettiez un numéro

9 1.

10 R. [Le témoin s'exécute]

11 Q. A gauche, ce qu'on voit, est-ce que c'est bien Banja ?

12 R. Le petit bout d'immeuble, au bout ?

13 Q. Oui. Un numéro 2, là-dessus, je vous prie.

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Est-ce que ce qu'on voit en haut, en haut, ce grand immeuble, derrière

16 la mosquée, est-ce que c'était le bâtiment Hit ?

17 R. Non. C'était la banque.

18 Q. Bien. Alors, numéro 3, pour dire banque de Sarajevo.

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Bien. Alors, maintenant, j'aimerais qu'une flèche soit tracée le long

21 du milieu de la rue pour aller vers la rive droite, donc de la rue Hasan

22 Brkic, en traversant le pont à Tito, tout droit, vers la partie

23 occidentale.

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 Q. Merci. Alors, le bâtiment que vous apposer un numéro 3 et l'immeuble

26 qui est juste à côté derrière la mosquée, est-ce que c'était du côté -- ces

27 deux bâtiments, est-ce que c'était du côté ouest ou est ? Est-ce que

28 pendant la guerre, c'était sous le contrôle de l'ABiH ou sous le contrôle

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1 de l'autre parti, à l'époque où vous avez été blessé ? Ces bâtiments se

2 trouvaient-ils face au lycée ?

3 R. Oui.

4 Q. Donc, cela se trouvait du côté du Bulevar, qui a été placé sous le

5 contrôle de l'ABiH. Dis-je vrai ?

6 R. C'est exact.

7 Q. Merci. Alors mettez aussi un DB, je vous prie. Ramenez la photo et

8 mettez un DB, je vous prie.

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. n numéro.

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce IC 290, Monsieur le

12 Président.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. On est obligé de faire la pause et pour 30

14 minutes, en raison d'une expurgation. Donc, on reprendra à midi -- non, à 1

15 heure 10.

16 --- L'audience est suspendue à 12 heures 40.

17 --- L'audience est reprise à 13 heures 11.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, avant de donner la parole à

19 M. Praljak, tout à l'heure j'ai pris une ordonnance d'expurgation parce que

20 certains éléments pouvaient permettre d'identifier le témoin. Par ailleurs,

21 il m'a été indiqué maintenant une bonne nouvelle, à savoir que quand il y a

22 des problèmes d'expurgation, on aurait pu besoin de 30 minutes mais de 20

23 minutes seulement. Ce qui sera bien.

24 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être

25 pourrions-nous passer à huis clos partiel parce que le temps de feuilleter

26 ces photos je ne sais pas encore les questions qui pourraient me tomber à

27 l'esprit ?

28 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.

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1 [Audience à huis clos partiel]

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20 [Audience publique]

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. En audience publique, nous allons introduire

22 le troisième témoin de la journée.

23 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

24 LE TÉMOIN : DZEVAD HADZIZUKIC [Assermenté]

25 [Le témoin répond par l'interprète]

26 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Bonjour, Monsieur. Je vais d'abord vérifier

27 que vous entendez bien dans votre langue, la traduction de mes propos. Si

28 c'est le cas, dites : "Je vous comprends."

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vous comprends.

2 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Monsieur, je vous demande de vous lever pour

3 la prestation de serment. Pour les besoins du transcript, je vous de vous

4 lever pour la prestation de serment. Pour les besoins du transcript, je

5 vous demande de me donner votre nom, prénom, date de naissance.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis Dzaved Hadzizukic, né le 30 septembre

7 1944.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre profession actuelle ou activité ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je travaille dans une banque commerciale de

10 Mostar et j'ai fini les études économiques et commerciales.

11 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Avez-vous, Monsieur, déjà témoigné devant un

12 tribunal sur les faits qui se sont déroulés dans votre pays, ou c'est la

13 première fois que vous témoignez ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] La première fois.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je vous demande de lire le serment, Monsieur.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

17 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Je remercie. Vous pouvez vous asseoir.

19 Quelques brèves explications de ma part. Vous allez devoir répondre à des

20 questions qui vont vous être posées par M. Scott que vous avez dû

21 rencontrer hier. A la suite de quoi, la Défense pourra vous interroger dans

22 le cadre du contre-interrogatoire. Malheureusement, je pense que nous ne

23 terminerons pas aujourd'hui. Ce qui vous amènera donc à revenir demain

24 matin à 9 heures 00.

25 Monsieur Scott, vous avez la parole.

26 M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à tout le

27 monde, toutes les personnes présentes dans le prétoire.

28 Interrogatoire principal par M. Scott :

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1 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

2 R. Bonjour.

3 Q. Comme le Président de la Chambre vient de vous l'expliquer, Monsieur,

4 nous n'avons que quelques minutes pour commencer aujourd'hui, donc, votre

5 déposition se poursuivra demain. Je voulais que vous le sachiez.

6 M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, je vais vous donner une

7 lecture rapide du résumé relatif à ce témoin, c'est assez rapide

8 d'ailleurs. Le témoin vivait à Tekija dans l'est de Mostar, c'était un

9 quartier résidentiel. Le 6 juin 1993 alors qu'il se trouvait chez lui, le

10 témoin a entendu trois tirs différents et il y a quelque chose qui est

11 tombé sur la terrasse. Lorsqu'il est sorti, il a vu sa femme gisant sur le

12 dos, sur leur petite terrasse. Elle avait été tuée par un seul tir de

13 tireur embusqué.

14 Le témoin a expliqué que le conseil de Défense croate contrôlait le

15 mont Hum qui se trouvait tout près et la zone de Stotina qu'ils avaient

16 positionné des tireurs embusqués à cet endroit. Le témoin nous a dit, nous

17 a également parlé deux autres femmes qui ont été touchées à peu près à la

18 même heure que sa femme. A nouveau par un tireur embusqué du HVO qui se

19 trouvait positionner à [imperceptible], l'une des femmes -- donc, l'une des

20 deux femmes a été blessée l'autre a été tuée. Le témoin soupçonne que c'est

21 la raison pour laquelle il a entendu deux tirs et non pas juste un tir.

22 Donc il y a eu les deux tirs et non pas juste le tir qui a provoqué le

23 décès de sa femme.

24 J'aimerais avoir l'aide de M. l'Huissier pour essayer d'aller aussi

25 vite que possible pour que le jeu de documents soit donné au témoin.

26 Q. Monsieur, il y a un jeu de documents qui vous a été fourni. Je vais

27 attirer votre attention sur ces différents documents au fil de

28 l'interrogatoire. Est-il exact, Monsieur, qu'environ le 30 août 2001, vous

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1 avez fourni une déclaration à des enquêteurs de ce Tribunal ?

2 R. Oui.

3 Q. J'aimerais vous demander de prendre dans le jeu de documents la pièce à

4 conviction P 09859. Vous verrez dans la première partie de ce document que

5 vous avez la version anglaise suivie par la version en langue bosniaque.

6 Alors, pour confirmer, Monsieur, est-ce que vous pouvez nous confirmer que

7 cette déclaration date du 30 août 2001 ? Cela se trouve sur la première

8 page dans la version en langue bosniaque environ au milieu de la place où

9 vous avez le nom de la personne qui vous a interrogé.

10 R. Le 30 août 2001.

11 Q. Si vous prenez la dernière page de la version anglaise, Monsieur, donc

12 j'aimerais attirer votre attention. J'attirais votre attention dans un

13 moment sur la version en langue bosniaque, mais si vous prenez la dernière

14 page de la version anglaise, est-ce que vous pouvez confirmer à notre

15 attention que sur ce document figure votre signature manuscrite ?

16 R. Oui, c'est bien ma signature.

17 Q. J'aimerais juste vous poser quelques questions, Monsieur, au moment où

18 vous avez été donc interrogé donc vous avez signé cette déclaration. Est-ce

19 que vous avez dit la vérité du mieux que vous avez pu ?

20 R. Oui, j'ai dit la vérité.

21 Q. Est-ce que vous avez répondu aux questions qui vous ont été posées en

22 toute liberté, sans aucune contrainte ou cohésion n'a été exercée sur

23 vous ?

24 R. Bien sûr, volontairement, sans contrainte.

25 Q. Est-il exact, Monsieur, que lorsque l'entretien s'est terminé la

26 version anglaise que vous avez maintenant en face de vous vous a été relue

27 dans votre propre langue. Une fois que cette lecture ait été terminée, vous

28 avez pu signer cette version, n'est-ce pas ?

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1 R. Oui, c'est exact.

2 Q. Depuis votre arrivée à La Haye, Monsieur, vous avez également eu la

3 possibilité de consulter la version en bosniaque ou la traduction de votre

4 déclaration, n'est-ce pas ?

5 R. Oui.

6 Q. Est-ce que vous souhaiteriez apporter des amendements, des

7 modifications, à cette déclaration. Cette déclaration du mois d'août 2001,

8 maintenant que vous avez la possibilité de l'analyser en langue bosniaque

9 ou parce que vous avez le souvenir des choses est différent ou est-ce qu'il

10 y a quelque chose que vous souhaiteriez modifier dans votre déclaration ?

11 R. Il n'y a rien c'était comme cela.

12 Q. S'il y a quoi que ce soit que vous souhaitez modifier, si vous pensez

13 qu'il est important de modifier quoi que ce soit, j'aimerais vous indiquer

14 que vous avez la possibilité de le faire, bien sûr. Donc, vous tenez à la

15 déclaration exacte que vous avez, n'est-ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. Nous essayons d'être aussi efficaces que possible avec le temps qui

18 nous est imparti. De ce fait, je ne vais pas aborder tous les détails de

19 votre déclaration. Mais si je devais vous poser des questions à propos de

20 la teneur de votre déclaration aujourd'hui ici dans le prétoire où vous

21 vous trouvez aujourd'hui, est-ce que vous donneriez les mêmes réponses et

22 les mêmes informations que celles qui se trouvent dans la déclaration que

23 vous avez signée ?

24 R. J'aurais fait la même déclaration.

25 Q. Bien. Alors j'aimerais que nous abordions certains des faits

26 pertinents. Est-il exact de dire, Monsieur, que feu votre femme s'appelait

27 Arzemina Alihodzic et qu'elle a été tuée à votre domicile le 26 août ?

28 R. Son nom de famille était Alihodzic. Elle a été tuée le jour que vous

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1 avez mentionné.

2 Q. Je m'excuse, oui. Est-il exact de dire que votre femme est née le 26

3 mars 1952 ?

4 R. Oui, le 26 mars 1952.

5 Q. Monsieur, je vous pose ces questions et ce n'est pas la peine de

6 regarder la déclaration, puisque tout cela se trouve dans votre mémoire.

7 Mais est-il exact de dire qu'avec cette date naissance et le jour où votre

8 femme a été tuée le 6 juin 1993 [comme interprété], elle avait à l'époque

9 41 ans ?

10 R. C'est exact.

11 Q. Pourriez-vous dire aux Juges à quelle heure environ le 6 juin 1993 est-

12 ce qu'on a tiré sur votre femme ?

13 R. Elle avait été touchée par balle vers 17 heures 00.

14 Q. Très rapidement, Monsieur, parce que ce n'est pas la peine de revenir

15 sur tous les détails de la déclaration, mais, bien entendu, les Juges

16 pourront toujours vous poser les questions supplémentaires s'ils le

17 souhaitent. Est-ce que vous pourriez nous relater brièvement où se trouvait

18 votre femme, où était-elle, est-ce qu'elle se déplaçait, est-ce qu'elle

19 bougeait au moment où elle a été tuée ?

20 R. Ma femme est sortie sur le balcon parce qu'il y avait sur le balcon un

21 plateau avec du café grillé, elle voulait prendre ces grains de café afin

22 de le moudre et préparer un café. Donc elle est sortie. J'ai entendu des

23 coups de feu, j'ai entendu un choc je pense que c'était en fait le bruit

24 qui a été produit par sa chute. Elle avait cogné au sol avec sa tête. Je

25 pense que c'est cela parce qu'elle avait une hémorragie au niveau de l'œil.

26 Elle avait la tête tournée vers l'ouest et ses jambes ont été vers ouest.

27 Q. Lorsque vous dites sur la terrasse, à quel étage de l'immeuble se

28 trouvait cette terrasse, au rez-de-chaussée, au premier, au deuxième, au

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1 troisième ?

2 R. Ces terrasses, en fait, il y en a deux. Il y en a une plus grande, une

3 un peu plus petite. D'abord, on monte un escalier pour atteindre la

4 première terrasse, puis on monte sur la deuxième terrasse qui mène à la

5 maison. Ce n'est par cette terrasse qu'on accède à l'appartement. C'était

6 au premier étage.

7 Q. Pourriez-vous dire, je vous prie, aux Juges, cette terrasse qui était

8 reliée à votre appartement est-ce qu'elle se trouvait du côté de la partie

9 ouest de votre foyer ?

10 R. Oui. Exposée à l'ouest.

11 Q. Pourriez-vous dire aux Juges si en juin 1993 et en se trouvant sur

12 cette terrasse et en regardant vers l'ouest, est-ce que l'on pouvait voir

13 la Neretva ?

14 R. Non, on ne pouvait pas voir la Neretva mais on pouvait voir la région

15 de Stotina, la rivière on ne la voyait pas parce qu'elle était plus bas et

16 cachée par les bâtiments, par les arbres.

17 Q. Vous dites que vous pouviez voir de l'autre côté ou l'autre rive

18 plutôt. Alors, à partir de la terrasse est-ce que vous pouviez voir la

19 partie ouest de Mostar ?

20 R. Oui, depuis ma terrasse on peut voir Mostar ouest, le boulevard qui va

21 de Mostar vers Rodic, on voyait avant le pont de Brkic. Maintenant on ne le

22 voit plus à cause de quelques bâtiments qui ont été érigés depuis. Puis on

23 voit aussi la partie nord de Mostar et une partie du mont Hum.

24 Q. Alors, pour que tout soit bien clair pour le compte rendu d'audience,

25 j'aimerais maintenant que vous vous concentriez sur la façon dont les

26 choses se trouvaient en juin 1993, et si nous devons un moment parler de

27 quelque chose qui a changé je vous poserais la question. Est-il exact de

28 dire que votre maison se trouvait dans un quartier appelé Tekija ?

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1 R. Oui.

2 Q. L'adresse était Tekija 2A; c'est cela ?

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce qu'il s'agissait d'un quartier résidentiel d'après vous ?

5 R. Oui, c'était un quartier exclusivement résidentiel.

6 Q. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges quelles étaient les conditions

7 météorologiques au moment où votre épouse a été tuée donc vers 17 heures

8 l'après-midi du 6 juin ?

9 R. Ensoleillé, beau, très chaud.

10 Q. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges si ou plutôt est-ce qu'il y

11 avait des positions militaires près de votre appartement le 6 juin 1993 ?

12 R. Non.

13 Q. Est-ce qu'il y avait des combats ou des tirs, des combats près de votre

14 foyer le 6 juin 1993 ?

15 R. Non, c'était un jour tranquille, sans événement.

16 Q. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges si votre femme était civile, ou

17 est-ce qu'elle avait un grade dans l'armée ?

18 R. Non, elle était civile. Elle ne faisait rien pour l'armée.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, faites venir la photo de

20 Mostar à l'écran.

21 Continuez.

22 M. SCOTT : [interprétation]

23 Q. Pourriez-vous dire aux Juges ce que portait votre femme au moment où on

24 lui a tiré dessus ?

25 R. Ma femme portait un t-shirt à manches courtes de couleur blanche, une

26 jupe blanche avec des grosses fleurs roses imprimées. Une jupe longue, ce

27 que nous appelions à l'époque une jupe tsigane.

28 Q. Lorsque vous dites qu'il y avait de grandes fleurs roses, est-ce que

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1 vous savez -- est-ce que vous vous souvenez de la largeur de ces fleurs ?

2 R. Je ne me souviens plus exactement mais elles étaient grandes, sept,

3 huit, neuf centimètres. Ces fleurs, elles étaient grandes.

4 Q. Vers 17 heures, au moment où on a tiré sur votre femme, est-ce que vous

5 avez entendu vous des tirs ?

6 R. Oui, j'ai entendu trois coups de feu. Après sa sortie, une à deux

7 minutes plus tard j'ai entendu ces coups de feu et elle est restée un peu

8 sur la terrasse, donc après une minute à peu près j'ai entendu trois coups

9 de feu.

10 Q. Si vous vous en souvenez, est-ce que vous vous souvenez la durée qui a

11 séparé le premier coup de feu et le troisième coup de feu, de façon

12 approximative ?

13 R. Le plus probablement les trois coups de feu ont été tous les trois

14 tirés dans un laps de temps de dix à 15 secondes.

15 Q. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges, je vous prie, où est-ce que

16 votre femme a été touchée par la balle qu'il l'a tuée ?

17 R. La balle a touchée à la tête, derrière son oreille gauche. L'orifice

18 d'entrée se trouvait à côté de l'oreille gauche, et on voyait aussi des

19 morceaux de cerveau qui sont sortis comme conséquences.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, vous avez une carte devant vos yeux.

21 Pouvez-vous m'indiquer l'endroit de votre maison ? En faisant une croix

22 avec le marqueur.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est à peu près ici.

24 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Un numéro IC.

25 M. LE GREFFIER : Ce sera le numéro IC 296.

26 M. SCOTT : [interprétation]

27 Q. Monsieur le Témoin, avant que nous n'en terminions avec ce document,

28 est-ce que vous pourriez mettre vos initiales sur ce document, peut-être

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1 dans le coin inférieur droit du document où vous trouvez de la place ?

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, quelle que soit la

4 vitesse que je peux maintenant emprunter, je ne serais pas en mesure de

5 finir dans les cinq minutes qui suivent. Je ne sais pas ce que vous

6 décidez.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Comme il y une Chambre qui va nous suivre après.

8 Pour éviter tout problème avec eux, il vaut mieux arrêter.

9 Il est 2 heures moins quart. Alors, Monsieur, malheureusement, comme je

10 l'ai indiqué, vous êtes obligé de revenir demain matin, donc vous revenez à

11 9 heures. D'ici là, vous n'avez aucuns contacts avec l'Accusation ni la

12 Défense.

13 J'invite tout le monde à revenir pour l'audience de demain à

14 9 heures.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

16 --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le jeudi 1er février

17 2007, à 9 heures 00.

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