Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 5 juin 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 32.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appeler le numéro de

6 l'affaire.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour. Affaire IT-04-74-T, le Procureur

8 contre Prlic et consorts. Merci.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Merci, Monsieur le Greffier.

10 Je salue toutes les personnes présentes. M. Scott, Mmes et

11 MM. les avocats, MM. les accusés ainsi que toutes les personnes de cette

12 salle d'audience.

13 Nous avons pris notre audience avec du retard, je ne sais pour quelle

14 raison. On m'a dit que la Chambre Popovic avait du retard. J'ai vu sur un

15 autre écran Me Karnavas dans une autre affaire, donc, je n'ai pas très bien

16 compris quelle était la réalité du retard. Quoi qu'il en soit, nous avons

17 pris 20 minutes que nous allons essayer de rattraper.

18 Avant cela, je vais donner la parole à M. le Greffier pour quelques

19 numéros IC.

20 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci de nouveau, Monsieur le

21 Président.

22 Le bureau du Procureur nous a fourni un certain nombre de documents qui

23 doivent être versés au dossier par le truchement du témoin, Rudy Gerritsen.

24 Cette liste portera le numéro 591 sous pli scellé. De surcroît, les parties

25 ont -- d'autres parties ont soumis des listes qui doivent être versées au

26 dossier par le truchement du Témoin BH. Les listes du bureau du Procureur

27 recevront le numéro

28 IC 592 sous pli scellé. La liste présentée par 3D recevra la cote

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1 IC 593. La liste présentée par l'équipe 4D recevra le numéro IC 594 sous

2 pli scellé. J'en ai fini.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Nous allons passer à huis clos pendant

4 quelques instants, Monsieur le Greffier.

5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

6 le Président.

7 [Audience à huis clos partiel]

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6 [Audience publique]

7 M. STEWART : [interprétation] J'avais demandé un huis clos partiel, mais

8 par prudence. Il y a une requête, peut-être vaut-il mieux, oui, j'ai bien

9 compris. J'ai bien compris que je me demandais simplement si, vu les

10 circonstances, je peux continuer. Donc, je souhaiterais vous demander que

11 nous repassions à huis clos partiel.

12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes de nouveau à huis clos

13 partiel.

14 [Audience à huis clos partiel]

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5 [Audience publique]

6 Monsieur Scott, vous voulez continuer ?

7 M. SCOTT : [interprétation] Oui, je suis prêt à procéder à l'audition du

8 témoin, mais je ne pense pas que j'aurai suffisamment de temps pour mener à

9 bien mon interrogatoire principal en trois heures.

10 Nous avons demandé le temps que nous avons demandé parce que nous

11 estimions que c'était raisonnable ces quatre heures et demie.

12 M. KARNAVAS : [interprétation] Permettez-moi ici de vous faire part de mes

13 préoccupations. Nous arrivons ici pour entendre ce témoin et nous apprenons

14 que d'office la Chambre de première instance a décidé de diminuer le temps

15 imparti. L'Accusation a dit qu'elle avait besoin de quatre heures et demie,

16 vous diminuez le temps qui leur est imparti et vous diminuez le temps

17 imparti à la Défense sans prendre en compte le temps donc véritablement la

18 Défense a besoin. Je dois dire que ce n'est pas la façon appropriée de

19 procéder. Je l'ai dit par le passé - je le répète - ce n'est pas ainsi que

20 l'on fait en sorte que les accusés bénéficient d'un procès équitable. Je ne

21 veux pas que l'Accusation, à la fin de ces trois heures, essaie de

22 présenter des documents ultérieurement parce qu'ils n'auront pas eu le

23 temps de les présenter pendant l'audition du témoin. C'est peut-être

24 quelque chose qu'il juge absolument nécessaire, mais nous, à ce moment-là,

25 nous serons dans une situation extrêmement défavorable. On s'approchera

26 d'une violation des dispositions du Statut, si bien qu'il ne sera peut-être

27 même plus nécessaire pour nous de comparaître dans ce prétoire si c'est

28 ainsi.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous verrons.

2 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous pouvez vous lever, Monsieur le Témoin. Pouvez-

4 vous me donner votre nom, prénom et date de naissance, s'il vous plaît ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Bo Pellnas. Je suis né le 22

6 octobre 1939.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre profession ou qualité actuellement

8 ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis général de brigade à la retraite. Je

10 servais dans les forces suédoises.

11 M. LE JUGE ANTONETTI : Mon Général, avez-vous déjà témoigné devant un

12 tribunal sur les faits qui se sont déroulés dans l'ex-Yougoslavie, ou bien,

13 c'est la première fois que vous témoignez ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la première fois.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous demande de lire le serment que M. l'Huissier

16 vous présente.

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

18 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : -- Général. Vous pouvez vous asseoir.

20 Bien. Comme c'est la première fois que vous témoignez quelques éléments

21 d'explication de ma part sur la façon dont va se dérouler cette semaine qui

22 vous est consacrée. Vous aurez à répondre dans un premier temps à des

23 questions qui vont vous être posées par M. le Procureur que vous avez dû

24 rencontrer avant cette audience et le Procureur vous présentera également

25 des documents que vous avez dû voir lors de l'entretien que vous avez eu

26 avec lui avant cette audience.

27 A l'issue de cette phase, les avocats des accusés qui sont situés à votre

28 gauche, voire les accusés eux-mêmes, pourront vous poser des questions dans

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1 le cadre de la procédure dite du contre-interrogatoire.

2 Les quatre Juges, qui sont devant vous, peuvent au terme du Règlement vous

3 poser des questions à tout moment, mais pour des raisons de commodité et

4 pour ne pas entraver l'exercice de chacune des parties, nous préférons

5 intervenir à la fin. Il se peut que, pour des raisons exceptionnelles,

6 peut-être parfois liées au fait que vous avez le document sous les yeux,

7 que nous intervenons pour éviter de revenir ultérieurement sur le document.

8 Mais, en règle générale, nous préférons maintenant attendre la fin des

9 questions.

10 Si jamais vous ne comprenez pas une question, n'hésitez pas de demander à

11 celui qui vous pose la question de la reformuler. Essayez d'être très

12 précis et synthétique dans les réponses que vous apportez aux questions

13 données car, comme nous sommes dans une procédure essentiellement orale, ce

14 qui compte ce sont d'une part ce que vous allez nous dire et ce qui sera

15 également corroboré par des documents qui vous seront présentés. C'est la

16 raison pour laquelle il y a un écran qui défile devant vous qui retrace en

17 temps réel les propos des uns et des autres.

18 Nous faisons des pauses toutes les heures et demie pour des raisons

19 techniques mais parfois également pour que le témoin puisse se reposer,

20 mais si entre-temps vous éprouvez le besoin de vous arrêter ou de reprendre

21 des forces, n'hésitez pas à intervenir pour demander l'arrêt à ce moment-là

22 de l'audience. La Chambre bien entendu est à votre disposition pour toutes

23 questions qui vous viendraient à l'esprit au cours de l'audience.

24 Voilà de manière très générale la façon dont va se dérouler cette audience

25 et les jours prochains, à savoir mercredi et jeudi, semaine qui vous est

26 entièrement consacrée.

27 Monsieur Scott, sans perdre de temps car le temps est précieux, je vous le

28 cède.

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1 M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Messieurs les

2 Juges, bonjour à toutes et à tous ici dans ce prétoire.

3 LE TÉMOIN : BO PELLNAS [Assermenté]

4 [Le témoin répond par l'interprète]

5 Interrogatoire principal par M. Scott :

6 Q. [interprétation] Général Pellnas, bonjour. Le temps qui nous est

7 imparti est de toute façon limité, donc, je vais passer en revenue votre

8 parcours professionnel assez rapidement. Je vais vous demander de confirmer

9 un certain nombre de faits pour nous. Comme vous venez de l'expliquer, vous

10 êtes un haut gradé retraité de l'armée suédoise ?

11 R. Oui.

12 Q. De formation, vous étiez dans l'infanterie -- officier de l'infanterie.

13 Vous avez commencé à servir dans les rangs de l'armée en 1958. Vous êtes

14 devenu officier en 1961. Vous avez été promu au grade de colonel en 1984 et

15 au grade de général de brigade en 1990 ?

16 R. Oui.

17 Q. Pendant ces années que vous avez passé dans l'armée suédoise vous avez

18 été également à la tête d'un régiment ou d'une brigade. A l'époque, vous

19 étiez chargé de ce qu'on appelait la formation et l'économie pendant la

20 période de 1990 à 1992. Peut-être pourriez-vous nous expliquer en quelques

21 mots de quoi il s'agissait exactement ?

22 R. J'étais chargé de la planification de la formation de nos conscrits et

23 de nos unités, j'étais également chargé de superviser l'économie de cette

24 formation et l'hébergement des unités en formation.

25 Q. Vous parlez "d'économie"; est-ce que ça signifie que vous deviez gérer

26 le budget qui était afférente ?

27 R. Oui. A l'époque, ça représentait à peu près huit millions de couronnes

28 suédoises.

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1 Q. C'est le dernier poste que vous avez occupé dans les forces armées

2 suédoises ?

3 R. Oui, avant de m'en aller en ex-Yougoslavie.

4 Q. Au cours de cette même période, vous avez également été chef de

5 bataillon des Nations Unies à Chypre de 1983 à 1984, n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. Est-ce que vous avez occupé un poste semblable à Kabul, en 1988 et 1989

8 ? Vous étiez chef des observateurs militaires ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-il exact du 8 novembre 1992 jusqu'au 5 novembre 1993, vous étiez le

11 chef des observateurs militaires de la force de protection des Nations

12 Unies ou FORPRONU, en ex-Yougoslavie ?

13 R. Oui.

14 Q. C'est ce poste, bien entendu, qui nous intéresse au plus haut point

15 aujourd'hui. Votre bureau se situait à Zagreb, n'est-ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. En novembre 1993, vous êtes allé à Genève où vous étiez le conseiller

18 militaire de Thorval Stoltenberg dans le cadre de la Conférence

19 internationale consacrée à l'ex-Yougoslavie, n'est-ce

20 pas ?

21 R. Oui.

22 Q. Vous avez occupé ce poste jusqu'en janvier 1995, environ ?

23 R. Oui. Je crois que c'est jusqu'à la date du 15 janvier que je suis resté

24 à ce poste.

25 Q. Bien. Dernière chose pour en terminer avec l'examen de votre parcours

26 professionnel. Après avoir occupé ce poste de chef des observateurs

27 militaires en ex-Yougoslavie, le 14 septembre 1994, vous êtes allé à

28 Belgrade où vous êtes devenu responsable de la Mission chargée de la

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1 Frontière entre la Serbie-et-Monténégro et la Bosnie-Herzégovine ?

2 R. Oui.

3 Q. Est-il exact que quand vous êtes retourné en Suède, ensuite, après

4 avoir été conseiller de l'ambassadeur Stoltenberg, vous êtes retourné donc

5 en Suède et vous êtes parti à la retraite le 15 janvier 1995 ?

6 R. Le 1er février.

7 Q. Merci. Encore, quelques éléments d'information au sujet de votre

8 parcours parce que cela fera peut-être l'objet de certaines questions

9 aujourd'hui. Si j'ai bien compris, vous avez écrit un livre au sujet de

10 votre expérience en ex-Yougoslavie, et qui s'intitule : "Sans fin" ?

11 R. Oui. "Sans fin."

12 Q. Est-il exact que ce livre a été écrit au cours de l'été 1994 et publié

13 en février 1995 ?

14 R. Oui. Je l'ai écrit alors que j'étais en vacances en France.

15 Q. J'aimerais maintenant que nous parlions du poste que vous avez occupé,

16 celui de chef des observateurs militaires des Nations Unies. Il faut savoir

17 que les Juges ont déjà eu l'occasion d'entendre des témoins qui avaient des

18 fonctions similaires, nous avons eu ici un observateur militaire des

19 Nations Unies, mais veuillez nous dire quelles étaient les fonctions des

20 observateurs militaires par rapport à la FORPRONU, par exemple ?

21 R. Je crois qu'au départ quand j'ai commencé nous étions environ 200

22 observateurs, c'étaient des gens qui venaient de plusieurs pays ceci afin

23 de s'assurer que ces personnes feraient preuve d'impartialité et il y avait

24 environ 170 observateurs quand j'ai quitté la FORPRONU.

25 Q. Ils étaient sur tout le territoire de l'ex-Yougoslavie ?

26 R. Oui. Il y en avait 60 à Sarajevo au début, il y en avait également à

27 Tuzla, dans la région de Mostar, à Dubrovnik, ainsi qu'à Bihac et également

28 dans une zone que l'on désignait sous le thème de la Krajina, de Knin.

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1 M. SCOTT : [interprétation] J'aimerais que l'on présente au témoin le

2 classeur de pièces à conviction.

3 Q. Monsieur, on vient de vous remettre un classeur de pièces à conviction

4 qui portent toutes un intercalaire numéroté. Tout au long de votre

5 déposition, je vais vous renvoyer à ces pièces, en vous indiquant leur

6 numéro, et j'espère que vous parviendrez à les repérer assez facilement.

7 Je vais vous demander de vous reporter en premier lieu à la pièce 487. Je

8 précise pour le compte rendu d'audience qu'il s'agit de la pièce P 00487.

9 Les documents ne se trouvent pas forcément dans l'ordre dans lequel nous

10 allons les utiliser, mais il devrait, malgré tout, se trouver dans votre

11 classeur, dans l'ordre numérique.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott, nous n'avons pas 487.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai la pièce 485.

14 M. SCOTT : [interprétation] Je me suis peut-être trompé en notant le

15 numéro. Excusez-moi, je vous prie de m'excuser. Je vais vérifier dans mon

16 classeur. Je vous prie de m'excuser, il y a une erreur peut-être. Pourrons-

17 nous retourner -- revenir à ce document ultérieurement ?

18 M. KARNAVAS : [interprétation] Nous sommes prêts à remettre notre

19 exemplaire aux Juges de la Chambre. Il n'y a pas d'annotation.

20 M. SCOTT : [interprétation] Le mieux ce serait d'utiliser le système e-

21 court parce que le mieux c'est encore d'examiner ce document maintenant

22 plutôt que d'y revenir plus tard. Je vous prie vraiment de m'excuser, mais

23 j'aimerais demander à l'Huissier de nous présenter à l'écran la pièce P

24 00487 dans le système de prétoire électronique donc.

25 Q. Mon Général, ce qui va se passer c'est que vous allez voir apparaître

26 le document à l'écran, document que vous n'avez pas dans votre classeur.

27 Alors, avec l'aide du Greffier, peut-être de l'Huissier si vous pouviez

28 vous reporter à ce document. Là, je vous l'ai montré dans le passé.

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1 Il s'agit d'un document portant le titre : "Concept en vue du

2 déploiement des OMNU, le chef de commandement en Bosnie-Herzégovine." Voilà

3 le document. Si vous avez besoin de passer en revue d'autres parties du

4 document, je vais demander à l'Huissier de vous aider. Bon, donc, ce

5 document nous présente ce qui vous nous avez dit, la structure des

6 observateurs militaires des Nations Unies à l'époque où vous en étiez le

7 chef, dans les grandes lignes, bien sûr. Je ne parle pas du détail, c'est

8 bien cela.

9 R. Oui.

10 M. SCOTT : [interprétation] Est-ce que je peux demander à l'Huissier de

11 nous amener à la page numéro 2 au point 9. Je poserai ma question une fois

12 que nous y serons -- nous n'ayons pas de document écrit.

13 Q. Alors, au point 9, vous parlez des tâches afférentes aux OMNU qui font

14 des patrouilles dans la zone de responsabilité A, B, qui font des liaisons

15 avec les parties en question, quoi qu'ils négocient avec les autorités, le

16 cas échéant; D, qui effectue les tâches inévitables tirées humanitaires ad

17 hoc. C'est une description fiable des tâches, n'est-ce pas ?

18 R. Oui. C'est vrai c'est une description qui correspond bien à la nature

19 des tâches des observateurs.

20 Q. Alors, je ne sais pas s'il faut aller plus loin. Mais un peu plus bas

21 vous voyez sur l'écran qu'à cette époque il y avait environ 19 observateurs

22 qui étaient détachés à Mostar. Au point 10, est-ce que vous voyiez cela ?

23 R. [aucune interprétation]

24 Q. Dans ce document - et là encore, on ne peut peut-être pas besoin de

25 tout passer en revue - il y a aussi un organigramme qui montre les endroits

26 et qui précisent, en effet, qu'il s'agit bien de Mostar.

27 Alors, est-ce que vous pouvez nous dire très rapidement en quoi consistait

28 le système de rapport. Vous avez dit qu'il y a une composante qui consiste

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1 à faire des rapports. Alors, quelle est la structure -- quel est le

2 processus qui gouverne ces rapports par lequel les observateurs militaires

3 doivent faire des rapports soit à vous, soit à la supérieure hiérarchique ?

4 R. D'abord, il y a une ligne opérationnelle au commandant du bataillon

5 dans la zone où ces personnes travaillaient, ensuite, au quartier général.

6 Aussi, il y avait une ligne, je dirais, d'observation, et donc, ils

7 faisaient des rapports directement auprès de moi-même à Zagreb.

8 Q. Donc, en fait, il y avait un double système de

9 "reporting" ?

10 R. Oui, c'était fait de manière tout à fait volontaire de cette manière.

11 Q. Est-ce qu'il y avait un calendrier chronologique à respecter parce que

12 vous avez le rapport quotidien que vous receviez du terrain.

13 R. Il s'agissait de rapport de situation, qui arrivait tous les matins.

14 J'en avais trois qui étaient préparés par le QG. Les rapports qui arrivent

15 des observateurs. Deuxièmement, il y avait le sitrep de la part de la

16 FORPRONU. Dans la plupart des cas, nous avions aussi des sitrep de la part

17 de moniteurs de l'Union européenne et de la MOCE.

18 Q. Alors, très brièvement, je voudrais vous poser des questions concernant

19 vos déplacements, vos missions dans l'ex-Yougoslavie de manière dont était

20 le contexte. Est-il vrai, Monsieur, que dans le cadre de vos tâches dans

21 l'ex-Yougoslavie, vous vous être rendu à des endroits comme Zvornik, Tuzla,

22 et Kiseljak, Vranica ?

23 R. Oui.

24 Q. Vous êtes allé dans les zones de Tuzla, Vares, et de Sarajevo ?

25 R. Oui.

26 Q. Vous êtes aussi allé j'imagine à Mostar, dans la zone de Metkovic ?

27 R. Oui.

28 Q. Aussi à Dubrovnik, Gorazde, Srebrenica --

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1 R. Oui.

2 Q. -- Banja Luka ?

3 R. Oui.

4 Q. Medjugorje ?

5 R. Oui.

6 Q. Je voudrais vous poser deux questions concernant les personnalités les

7 plus haut placées avec lesquelles vous avez eu des rapports dans cette

8 période. Vous étiez, votre quartier général se trouvait à Zagreb, est-ce

9 que vous avez des rapports directs avec le président de Croatie de

10 l'époque, à savoir M. Franjo Tudjman ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-ce que vous voulez dire aux Juges approximativement combien de fois

13 vous avez eu des rapports avec le président Tudjman ?

14 R. Quatre fois, peut-être trois à quatre fois, des rapports directs.

15 Q. Je regarde mes notes, et il s'agit de réunions qui se sont tenues

16 essentiellement en 1993; est-ce bien cela ?

17 R. Oui. Lors d'une de ces réunions, nous avons parlé du problème du pont

18 de Maslenica, puis il y a une réunion de Brioni avec l'ambassadeur

19 Vollebaek et Gert Ahrends, et ensuite, il y a eu une autre réunion à

20 laquelle j'ai participé avec le général Eide, à laquelle participait le

21 président Tudjman.

22 R. J'ai d'autres questions à vous poser concernant le ministère de la

23 Défense croate, M. Gojko Susak; est-ce que vous avez eu des rapports ou des

24 réunions avec M. Susak ?

25 R. Oui. Lorsque j'ai pris mes fonctions, j'ai eu un certain nombre de

26 réunions avec lui à l'époque. Nous travaillions avec la péninsule Prevlaka

27 et j'avais une action assez facile au départ. Après la période de Mostar,

28 après avril 1993, il y a arrêté de me voir.

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1 Q. Est-ce que vous savez pourquoi il a arrêté de vous voir après avril

2 1993 ?

3 R. Il avait peut-être eu deux raisons. Premièrement, j'étais trop bas sur

4 le plan hiérarchique pour parler avec lui. Deuxièmement, il pensait que

5 j'étais sans doute sujet à problème.

6 Q. Sujet à problème à quel égard, Monsieur ?

7 R. C'est une bonne question. Je ne sais pas pourquoi il pensait que je

8 pouvais poser problème. Il n'aurait pas dû penser cela.

9 M. KARNAVAS : [interprétation] Il s'agit de spéculation.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Il a arrêté de me recevoir.

11 M. KARNAVAS : [interprétation] Il a arrêté de me voir, c'est une chose mais

12 c'est une spéculation quant à savoir s'il a arrêté de vous voir, de

13 vérifier la raison de cette spéculation.

14 M. SCOTT : [interprétation]

15 Q. A l'époque où vous avez vu M. Susak, est-ce que vous pouvez dire à la

16 Chambre de première instance quelles sont vos observations quant au type de

17 leadership de M. Susak et sa manière dont il participait aux réunions --

18 ses observations ?

19 R. C'était une personnalité très marquée, très intelligente. On pouvait

20 lui faire confiance sans -- il tenait sa parole et je pense qu'il avait

21 beaucoup d'influence sur la politique croate.

22 Q. Est-ce que vous pensez que cette influence, elle s'étendait au-delà des

23 frontières de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine ?

24 R. Bien, on savait généralement qu'il avait de très bons contacts à

25 l'époque dans la région d'Herceg-Bosna.

26 Q. Avez-vous observé directement ou participé à des réunions au cours

27 desquelles M. Susak était donc présent avec deux ou trois responsables

28 militaires ou politiques de ce que vous avez juste décrit comme étant la

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1 région d'Herceg-Bosnie ?

2 R. Non.

3 Q. Alors, puisque nous avons parlé de M. Susak et que nous avons parlé

4 aussi de vos réunions avec le président Tudjman; est-ce que vous pouvez

5 partager avec la Chambre vos observations concernant la participation du

6 président Tudjman et M. Susak, et quels étaient leurs rapports ?

7 R. Bien, je n'ai jamais rencontré M. Susak et M. Tudjman ensemble.

8 Q. Est-ce que vous avez eu des rapports avec le général Bobetko, le

9 responsable de l'état-major de l'armée croate ?

10 R. Oui.

11 Q. A combien d'occasions ?

12 R. Je dirais à deux ou trois reprises. Une fois importante où nous avons

13 parlé de la péninsule Prevlaka à la fin de décembre 1992, et ensuite, il y

14 a eu des visites, je dirais, plus accès sur un plan social.

15 Q. Dans votre expérience, comment caractériseriez-vous la personne du

16 général Bobetko ?

17 R. Bien, pour moi, il s'agissait d'un nationaliste extrêmement déterminé,

18 bien sûr, mais en dehors de ça, je n'ai pas eu grand-chose à dire à son

19 sujet. Je l'ai rencontré que quelque rare fois.

20 Q. Lorsque vous avez pu le rencontrer, s'agissait-il de contacts aux

21 négociations ?

22 R. Oui.

23 Q. Comment le trouviez-vous en tant que négociateur ?

24 R. Bien, nous n'avons pas pu abordé de nombreuses questions. Il y a eu un

25 accord au sujet de la péninsule Prevlaka, signé par les Serbes, Zivota

26 Panic, je crois, l'a signé à Genève. La Croatie n'a jamais signé et a même

27 quitté l'accord. J'ai essayé de le faire revenir à la table de

28 négociations, mais je n'ai pas très bien réussi.

Page 19472

1 Q. Je voudrais attirer votre attention un petit peu plus loin, à la

2 période de février, mars 1993. Est-ce que vous avez participé à des

3 réunions à l'aéroport de Sarajevo à cette époque-là ?

4 R. Oui. Je crois que j'y suis allé avec Wahlgren, si je m'en souviens

5 bien, le commandant de la force suédoise. J'ai une réunion avec Ratko

6 Mladic quant à l'arrivée d'observateurs à Gorazde, si c'est ça à l'occasion

7 à laquelle vous faites référence.

8 Q. Pendant cette période de réunion autour de l'aéroport Sarajevo, est-ce

9 que vous avez compris que le général - je vais essayer de suivre votre

10 prononciation - le général Wahlgren, est-ce que lui a participé à d'autres

11 réunions à cette époque avec d'autres responsables militaires ?

12 R. Bien, il y avait des négociations concernant le cessez-le-feu qui avait

13 lieu en même temps avec le général Petkovic, Mladic, Halilovic, je crois,

14 il y a eu un document qui en a découlé.

15 Q. Nous passons à avril 1993; est-ce que vous avez, à ce moment-là,

16 participé à un certain nombre d'efforts qui ont été entrepris de maintien

17 de la paix, et qui vous ont emmené à aller à Mostar autour du 18 avril ?

18 R. Bien, je ne sais pas le contexte. Il y a peut-être déjà eu une

19 préparation avec l'équipe de Vance, mais je sais qu'un jour, on m'a appelé,

20 Wahlgren, mais il y avait Ejup Ganic, le vice-président de la Bosnie. Il a

21 demandé à Wahlgren de donner un officier de haut rang pour l'accompagner à

22 Mostar de manière à pouvoir déterminer des conditions pour la paix. Il a

23 dit qu'il y avait eu un accord entre lui-même et Mate Boban, et Wahlgren

24 m'a nommé -- donc, m'a désigné pour l'accompagner à Mostar.

25 Q. On va s'arrêter là parce que vous avez mentionné ce nom un certain

26 nombre de fois. C'est peut-être un nom que certaines personnes connaissent

27 moins bien que d'autres ici dans le prétoire.

28 Le général Wahlgren, quel était son poste à l'époque ?

Page 19473

1 R. Bien, il était commandement de la force, chef des forces des Nations

2 Unies et c'est avant qu'il y ait représentant spécial du secrétaire

3 général, donc, c'est sur ses épaules que tombait la responsabilité de la

4 mission.

5 Q. Vous dites : "la mission -- l'ensemble de la mission"; vous parlez de

6 la FORPRONU ?

7 R. Oui. La FORPRONU. Toute la FORPRONU était placée sous sa

8 responsabilité.

9 Q. Donc, le général Wahlgren vous a demandé de participer à une réunion

10 avec M. Ganic et voulait quelqu'un pour l'accompagner à Mostar pour

11 rencontrer M. Boban et d'autres. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?

12 R. Je suis allé voir Boban pour être sûr qu'il y avait véritablement eu un

13 tel accord, et à cette réunion, il a affirmé qu'il s'était mis d'accord

14 pour créer des conditions de paix à Mostar, et ensuite, je suis revenu et

15 j'ai eu une réunion avec Ganic, et plus tard, nous avons quitté Mostar.

16 Nous sommes allés par avion à Split, je crois.

17 Q. Alors, avant que de revenir sur ces points. Je voudrais revenir un

18 petit peu en arrière un petit plus lentement. Vous venez de mentionner une

19 réunion avec M. Wahlgren et M. Ganic, qui s'est tenue à Zagreb ?

20 R. Oui.

21 Q. Avez-vous rencontré M. Boban à Zagreb ultérieurement ce même jour ?

22 R. Oui, à l'hôtel Intercontinental.

23 Q. Donc, vous avez rencontré M. Ganic; est-ce que c'était le même jour ?

24 R. Oui. Nous nous sommes rencontrés, je crois, à l'hôtel Yougoslavia.

25 Q. Ensuite, vous êtes allé de Zagreb à Split pour Medjugorje et ça c'était

26 le 18 avril 1993, et donc, est-ce que cela veut dire que ces trois réunions

27 ont eu lieu le 17 ?

28 R. Oui, je crois que c'est le cas.

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1 Q. Alors, pour ce qui est de la réunion avec M. Boban, est-ce que vous

2 pourriez nous dire comment cette réunion s'est tenue ? Comment est-ce

3 qu'elle avait été organisée ? Quels ont été les teneurs des propos ?

4 R. Bien, je l'ai rencontré dans le hall de l'hôtel Intercontinental, et

5 nous avons étudié les idées qu'il avait sur l'avenir de Herceg-Bosna ou de

6 la Bosnie, mais à ce moment-là, je n'ai pas très bien tout compris

7 clairement. J'ai compris plus tard lorsque je l'ai rencontré à Mostar.

8 Q. Est-ce que vous vous rappelez les positions -- les choses que M. Boban

9 aurait dites -- pardon, Boban vous a dites à l'hôtel Intercontinental ?

10 R. Bien, d'après selon que je me souviens, il a dit qu'il faudrait qu'il y

11 ait une division du commandement entre les Croates et les Musulmans et

12 qu'il était prêt à transmettre le commandement des forces croates au nord

13 de Kiseljak -- cette ligne aux forces musulmanes. Il a exigé que les forces

14 musulmanes soient placées sous commandement croate au sud de cette ligne-

15 là.

16 Q. Pour que les choses soient claires, il a parlé d'une ligne -- il a tiré

17 une ligne --

18 R. Non, pas à cette occasion-là, mais plus tard.

19 Q. C'est une ligne entre Kiseljak et la ligne Vares ?

20 R. Oui, environ, y compris, je crois, les deux enclaves au sud de cette

21 ligne.

22 Q. Y a-t-il eu une réaction, à ce moment-là, lors de cette première fois

23 concernant cette division ? Est-ce que ça aurait été acceptable par le

24 gouvernement de BH ou la partie musulmane à l'époque ?

25 R. Non, pas du tout. Je ne crois pas avoir d'ailleurs complètement compris

26 ce qui me disait lors de cette première réunion.

27 Q. Pourquoi est-ce que ce n'aurait pas été acceptable selon vous ?

28 R. Ce que je voulais dire c'est que je n'ai pas eu de discussion à cette

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1 époque avec les autorités de BH.

2 Q. Vous nous dites que vous vous êtes ensuite rendu à Mostar le 18 --

3 enfin, Mostar mais ensuite, c'était -- avant ça, Medjugorje; est-ce que

4 vous êtes arrivé au moment où se tenait déjà une réunion lorsque vous êtes

5 arrivé là ?

6 R. Oui. Je dirais en ma grande surprise la réunion avait déjà commencé et

7 elle était dirigée par l'ambassadeur de la MOCE,

8 M. Thébault, et ils venaient de recommencer lorsque nous sommes entrés dans

9 cette localité, et je crois qu'il s'agissait de l'hôpital de Mostar.

10 Q. Pour le compte rendu, pour que ce soit clair, lorsque vous êtes rendu

11 depuis Zagreb et que vous êtes arrivé au milieu de cette région, M. Ganic

12 était aussi allé à cette réunion ?

13 R. Oui. Nous sommes allés à Split en avion et c'est le Bataillon espagnol

14 qui nous a amené à la réunion.

15 Q. Très bien. Est-ce que vous, premièrement, vous pourriez nous dire quand

16 vous êtes arrivé à la réunion en dehors du fait que ça avait déjà commencé

17 ? Qui vous avez vu à cette réunion et donc pour la partie de la réunion que

18 vous avez vue, s'ils en étaient au début ou juste au milieu de la réunion ?

19 R. Je peux vous dire que le général Petkovic était là,

20 M. Prlic était là, le général Pasalic, un Musulman était également présent.

21 J'avais cru jusqu'à récemment que le ministre Stojic était là, mais

22 manifestement, il est arrivé lorsque j'étais sorti. Il parlait au général

23 Petkovic, donc, il n'était pas présent au moment où la réunion a commencé.

24 Q. Vous souvenez d'autres personnes qui auraient été

25 présentées ?

26 R. Bien sûr, Thébault, l'ambassadeur de la MOCE, et Ganic, moi-même, mon

27 aide de camp, et probablement le général Lasic, mais je ne m'en souviens

28 pas à 100 %. Mais je pense qu'il était là.

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1 Q. Alors, pour le compte rendu, Lasic c'était le commandant de la Brigade

2 du HVO; est-ce cela ?

3 R. Oui. Il était commandant de la zone.

4 Q. Je reviens -- je repasse en revue les noms que vous avez évoqués. Vous

5 avez évoqué, si je ne m'abuse, le premier nom, général Prlic -- pardon,

6 Jadranko Prlic. Que saviez-vous de M. Prlic à l'époque de son poste, des

7 éléments que vous aviez, dont vous aviez connaissance ou quelque chose que

8 vous aviez appris à son sujet ?

9 M. KARNAVAS : [interprétation] Je pense que si c'est très bien que l'on ait

10 des questions qui ne seraient pas composées, des questions deviennent

11 extrêmement compliquées au fur et à mesure que le Procureur les pose.

12 Qu'est-ce que l'on sait ? Qu'est-ce qu'il savait avant ? C'est une

13 question. Qu'est-ce qu'il a pris le jour et qu'est-ce qu'il a pris après ?

14 En question, c'est pareil. Je préférerais que l'on procède de cette

15 manière. Cela nous permettrait d'avoir un compte rendu très détaillé aussi

16 pour le contre-interrogatoire.

17 M. SCOTT : [interprétation] Je vais reformuler la question.

18 Q. Que saviez-vous au sujet de M. Prlic quand vous êtes arrivé à la

19 réunion ?

20 R. Je sais qu'il avait la fonction de ce que l'on appelait premier

21 ministre d'Herceg-Bosna, et le président était Mate Boban. Alors, il se

22 peut que j'aie déjeuné avec lui à Mostar avant cette journée-là, mais je ne

23 m'en souviens pas.

24 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez revu M. Prlic ou si vous

25 lui avez reparlé après cette réunion le 18 avril 1993 ?

26 R. Je l'ai rencontré à Medjugorje en 1994 à l'hôtel Ana Marija et où il

27 était assis avec un certain nombre de personnes.

28 Q. Alors, peut-être qu'on anticipe un petit peu, mais quel est le titre

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1 que portait M. Prlic à l'époque où vous l'avez vu la deuxième fois en 1994

2 ?

3 R. Je ne peux pas vous le dire exactement. Non, je préfère ne pas

4 répondre.

5 Q. Vous avez dit que le général Petkovic était une des personnes qui

6 participait à cette réunion; était-ce la première fois que vous le

7 rencontriez ou aviez déjà eu des rapports avec lui ?

8 R. C'était la première fois que je le voyais.

9 Q. Pourriez-vous nous dire ce qui s'est passé après que l'ambassadeur

10 Thébault ait terminé les remarques qu'il ait pu formuler ? Qu'est-ce qui

11 s'est passé lors de cette réunion ?

12 R. Petkovic a pris la parole pour dire qu'il ne voulait pas parler en

13 dessous du grade de Halilovic qui était commandant en chef et ne voulait

14 pas parler à d'autres personnes à cette réunion. J'avais le sentiment qu'il

15 était extrêmement stressé, donc, j'ai demandé si on pouvait parler en à

16 parte, donc, c'est ce que nous avons fait en privé.

17 Q. Est-ce que vous pouvez nous décrire la conversation que vous avez eue

18 avec le général Petkovic ?

19 R. Il a dit que Pasalic était d'un niveau hiérarchique bien trop bas pour

20 pouvoir traiter avec Petkovic directement. Il a exigé que Halilovic vienne

21 à Mostar.

22 Q. Comment avez-vous réagi à cela ?

23 R. J'ai dit qu'il ne fallait pas faire en sorte que le protocole nous

24 empêche de travailler immédiatement sur Mostar et que nous devions nous

25 organiser pour y arriver. Il a donné son accord ultérieurement pour que

26 Lasic et Pasalic puisent se parler directement.

27 Q. Avez-vous entrepris des efforts, est-ce que vous lui avez dit que des

28 efforts seraient faits pour que le général Halilovic arrive à Mostar de

Page 19478

1 manière à participer ?

2 R. Oui. J'ai promis que nous ferions tout notre possible pour faire venir

3 Halilovic à Mostar. Au moment où j'ai fait cette promesse, je ne savais pas

4 si je pouvais la tenir, mais j'ai appelé Wahlgren pour m'assurer que tout

5 serait fait de manière à ce qu'il aille à Mostar.

6 Q. Est-ce que -- donc, vous deux, le général Petkovic et vous-même, est-ce

7 que vous avez ensuite rejoint le reste de l'assemblée ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que vous pouvez dire aux Juges après cela, une fois que vous

10 êtes revenu à la réunion, M. Petkovic a-t-il joué un rôle dans la réunion ?

11 R. Non. Il y a eu une interruption assez musclée de la part de M. Stojic.

12 Q. Que s'est-il passé ?

13 R. Il a affirmé que les Musulmans avaient perpétré des attaques dans la

14 région et il a fini par menacer, enfin, en promettant que Ganic ne

15 quitterait jamais Mostar vivant. Ensuite, il est parti en claquant la

16 porte, et Jadranko Prlic l'a excusé.

17 Q. Est-ce que vous vous souvenez ce que portait M. Stojic au moment où

18 cela a été dit ?

19 R. Ce que je me souviens --

20 Q. [aucune interprétation]

21 R. -- il était en uniforme, il était armé.

22 Q. Quel type d'arme ?

23 R. Une arme de -- une arme sur le côté.

24 Q. Est-ce qu'il a dit quelque chose directement à M. Ganic, a-t-il fait

25 des déclarations ?

26 R. Non, c'était juste la menace qu'il ne pourrait partir de Mostar vivant.

27 L'INTERPRÈTE : se reprend -- il s'agissait d'une arme personnelle, la ligne

28 18.

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1 M. SCOTT : [interprétation]

2 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire -- est-ce que c'est de là qu'il faut

3 déduire que c'est cela qui a mis un terme à la réunion de manière abrupte ?

4 R. Oui. Rien d'autre n'a été rajouté. Donc, nous avons fait rentrer Ejup

5 Ganic dans le blindé espagnol et on l'a amené à Medjugorje.

6 Q. Après cela, est-ce que vous êtes revenu au QG du Bataillon espagnol à

7 Medjugorje ?

8 R. Oui, on avait entendu dire que le général Morillon et Halilovic étaient

9 sur le chemin, donc, allaient vers Medjugorje, et donc, nous sommes allés à

10 leur rencontre.

11 Q. Est-ce que vous avez parlé plus tard au général Wahlgren ce soir-là

12 pour vous assurer que M. Halilovic -- le général Halilovic pourrait arriver

13 à Mostar ?

14 R. Oui.

15 Q. Est-ce que je peux vous demander - et là, j'espère qu'on aura plus de

16 chance que tout à l'heure - si vous pouvez trouver la pièce à conviction

17 1965, P 01965.

18 Il s'agit d'un rapport de la MOCE qui date du 19 avril 1993. Si je peux

19 attirer votre attention en bas de la première page au point numéro 1, qui

20 nous indique : "CCOPol advisor," donc, j'imagine que ça signifie "political

21 advisor," "conseiller politique" et le chef de l'OMNU, le général de

22 brigade Pellnas, ont accompagné le vice président, Ejup Ganic, de Zagreb à

23 Mostar pour lancer des négociations de paix entre les Bosniens et les

24 Musulmans de Bosnie. Ensuite, à la page suivante, revenir à une réunion à

25 Mostar. Les personnes évoquées y ont participé, et ensuite, on voit les

26 personnes qui ont participé.

27 Donc, Monsieur, est-ce là le rapport de la réunion dont vous venez de

28 parler aux Juges pendant les minutes qui viennent de s'écouler ?

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1 R. Oui. Je pense que la présentation de la MOCE -- ou de ses membres, sans

2 doute plus juste, puisque ce sont eux qui organisaient la réunion.

3 Q. Est-ce que vous savez si ce mémo était écrit par quelqu'un qui

4 s'appelle Ole Brix Andersen ? Est-ce que vous connaissez M. Andersen ?

5 R. Oui. J'ai dû le connaître, mais je ne me souviens pas de lui.

6 Q. Pour revenir à la page numéro 2, à peu près au milieu de la page, il y

7 a un paragraphe qui commence par : "Le chef de l'OMNU informait les

8 participants que la communauté internationale des Nations Unies avait eu

9 leur bonne volonté [inaudible] par les Serbes et n'était pas préparé à

10 recommencer avec les Croates et les Musulmans. Il a exigé que les deux

11 parties arrêtent immédiatement les combats avant que de -- les négociations

12 antérieures aient lieu." Est-ce que c'est une bonne description de ce qui

13 s'est passé ?

14 R. Oui, je crois. Je crois.

15 Q. Est-ce que je peux vous demander de vous reporter en haut de la

16 troisième page. Est-ce qu'il est fait référence au point 4,

17 M. Stojic ? Est-ce que vous voyez cette partie du texte ?

18 R. Oui, je la vois.

19 Q. Au numéro 4.

20 R. Oui, oui, je vois.

21 Q. Il est à plusieurs reprises fait référence dans ce document à quelque

22 chose mis en place d'une Commission d'opération conjointe et j'aimerais que

23 vous indiquiez aux Juges ce que cela signifiait à vos yeux et aux yeux des

24 représentants de la communauté internationale; qu'avait-on à l'esprit

25 lorsqu'on parlait d'une Commission conjointe ?

26 R. L'idée c'était de faire en sorte s'assoient ensemble les représentants

27 des Nations Unies et des deux parties. Il a été créé des équipes conjointes

28 auxquelles se sont jointes les deux parties ainsi qu'un représentant des

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1 Nations Unies ou de la MOCE ce qui fait qu'ils allaient ensemble sur les

2 sites où ils se produisaient des problèmes. Je pense que nous avions nourri

3 l'espoir de pouvoir de concert être capable de formuler des situations ou

4 des issues ou des directives.

5 Q. Oui, mais au paragraphe 5, il est fait référence à une réunion prévue

6 pour la journée d'après, le 19 avril à 10 heures 00, le voyez-vous ?

7 R. Oui, je le vois.

8 Q. Alors, nous allons y arriver tout à l'heure. Mais est-ce que c'est en

9 réalité ce qui s'est produit le jour d'après, est-ce que la réunion a

10 effectivement eu lieu ?

11 R. Oui, oui.

12 Q. Je voudrais maintenant que l'on montre au témoin la pièce à conviction

13 de l'Accusation P 01980.

14 R. Où est-ce que je peux retrouver cela ?

15 Q. C'est le 1980, je crois. Rapidement, veuillez passer à la page 4 du

16 document, je me réfère au paragraphe numéro 12. J'aimerais que vous nous

17 indiquiez s'il s'agit là d'une présentation des événements ou d'un rapport

18 émanant de cette réunion à laquelle vous avez assisté à la date du 18 avril

19 1993 ?

20 R. En effet.

21 Q. Passons, mon Général, à la journée d'après, celle du

22 19 avril. Avez-vous pris vos dispositions pour je dirais que vous avez été

23 d'abord installé à la base de Medjugorje ?

24 R. Oui.

25 Q. Vous avez des arrangements pour voyager vers Mostar à la journée du 19

26 ?

27 R. Oui.

28 Q. Avec qui avez-vous voyagé ce jour-là, si vous en souvenez ?

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1 R. Avec mon adjudant et un chauffeur. Il se peut qu'il y ait eu des gens

2 de la MOCE à faire le voyage avec nous.

3 Q. Est-ce qu'il y a eu des observateurs militaires des Nations Unies

4 autres en provenance de la région de Mostar, avec vous ce jour-là ?

5 R. Peut-être le commandant Ronksley et Grant Finlayson. Je ne m'en

6 souviens pas exactement, mais je pense qu'ils étaient probablement avec

7 moi.

8 Q. Est-ce que Paul Ronksley et Grant Finlayson y étaient ?

9 R. Finlayson, oui.

10 Q. Est-ce que M. Finlayson, vous l'avez rencontré pour la première fois en

11 personne ?

12 R. Je crois que c'est bien le cas.

13 Q. Est-ce que vous avez appris, ce matin-là, que le général Petkovic avait

14 souhaité vous rencontrer ?

15 R. En effet -- ou plutôt, je ne m'en souviens pas.

16 Q. Mais veuillez nous dire ce que vous fait une fois que vous êtes allé à

17 Mostar, ce 19 avril. De quoi vous souvenez-vous pour essayer de situer un

18 contexte ? Quelles sont les conditions que vous avez constatées à Mostar à

19 l'époque ? Que se passait-il là-bas ?

20 R. Nous avions eu l'impression que la situation était extrêmement tendue.

21 Il n'y avait pratiquement pas de gens dehors dans les rues, et pendant

22 qu'on se trouvait à un endroit, des femmes venaient à nous avec du thé pour

23 nous dire en français sauver Mostar. Ce qui fait que nous nous sentions

24 plutôt mal à l'aise d'y être sans avoir le moyen de rien faire. Ensuite,

25 nous sommes allés à cette réunion.

26 Q. Je vous demanderais maintenant de passer à la pièce à conviction P

27 02054, le 2054.

28 R. Bien.

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1 Q. Veuillez indiquer aux Juges, je vous prie, ce que ce document

2 constitue.

3 R. C'est un rapport de ma part à l'attention du commandant des forces où

4 je fais un résumé du vécu à Mostar que j'ai eu du 18 au 23 avril, je pense.

5 Q. Vous avez rédigé ce rapport le 23 avril 1993 ?

6 R. Je pense bien que oui.

7 Q. Est-ce que vous l'avez rédigé lorsque vous étiez encore à Mostar ou

8 lorsque vous êtes retourné à Zagreb, si vous en souvenez ?

9 R. Je pense que je l'ai rédigé tout de suite, dès mon retour au QG.

10 Q. Si mes précisons - tout d'abord, pour les besoins du compte rendu

11 d'audience - car la deuxième page de document au haut de celui-ci, il est

12 dit : "De la part," et puis, "CMO." Est-ce que ceci signifie : "Chef des

13 observateurs militaires" ?

14 R. Oui.

15 Q. Est-ce que c'est votre signature qu'on voit à côté ?

16 R. Oui.

17 Q. En réalité, vous fournissiez des rapports au quotidien. Je vous demande

18 de vous référer à cette troisième page du rapport du

19 19 avril 1993. J'attire votre attention en particulier sur le paragraphe

20 numéro 2, le 19 avril, alors, on dit : "Sur mon chemin vers Mostar, j'ai

21 été informé que le général Petkovic voulait me voir et je suis allé

22 directement au ministère de la Défense.

23 "Il a dit qu'il exigeait de voir Halilovic avant que quoi que ce soit

24 ne puisse être fait dans le directeur de Mostar. Il a souligné le sérieux

25 de la situation à Vitez, Travnik, et il a demandé à ce que le point central

26 soit de notre intérêt, de notre préoccupation soit la Bosnie centrale et

27 non pas Mostar."

28 Alors, est-ce que vous vous souvenez de cette réunion avec le général

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1 Petkovic vers 19 avril ?

2 R. Le rapport est tout à fait précis. Il n'y a aucun doute à ce sujet.

3 Q. Mais si nous lisons cette partie-là, on peut voir que vous continuez à

4 investir des efforts pour faire en sorte que le général Halilovic finisse

5 par arriver plus tard le même jour ?

6 R. Oui.

7 Q. A la fin du rapport, vers le bas de la page, il est dit : "il a

8 présenté le général Lasic et son représentant; est-ce bien exact ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-ce que c'est bien ce qui s'est passé lorsque vous êtes arrivé à la

11 réunion suivante où il a été question de cette Commission conjointe ? Le

12 général Lasic était-il présent ?

13 R. Je pense que c'est bien le cas.

14 Q. Est-ce que vous êtes allé à une réunion organisationnelle pour ce qui

15 est de la mise en place de cette Commission conjointe ?

16 R. Oui.

17 Q. Pouvez-vous nous dire brièvement ce qui s'est passé à cette réunion ?

18 R. Il y a eu le général de brigade Pasalic qui est arrivé du QG avec un

19 certain nombre de gardes du corps. Il ne s'est pas passé beaucoup de temps,

20 puis j'ai été convié.

21 Q. Où est-ce qu'on vous a convié ?

22 R. J'ai été convié à aller voir Stojic au ministère de la Défense, le

23 ministre de la Défense.

24 Q. Est-ce que vous vous souvenez de quelle façon cette information ou

25 cette requête vous a été communiquée ?

26 R. Non, je e m'en souviens pas, peut-être que c'est quelqu'un de l'équipe

27 croate qui a reçu un coup de fil.

28 Q. Est-ce que vous êtes allé de cette réunion pour assister à la réunion

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1 avec M. Stojic ?

2 R. Oui.

3 Q. Où est-ce que vous avez rencontré M. Stojic ?

4 R. Au ministère de la Défense.

5 Q. A Mostar ?

6 R. Oui, à Mostar.

7 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire quelque chose au sujet de cette

8 réunion avec M. Stojic et nous dire également ce qu'il vous a dit ?

9 R. Tout d'abord, il s'est excusé de son comportement à l'occasion de la

10 réunion avec Ejub Ganic. Il a dit qu'il n'a pas pu se contrôler parce que

11 Ejub Ganic était, de façon évidente, coupable de toutes ces atrocités.

12 Ensuite, il n'était pas disposé à s'adresser à qui que ce soit en dessous

13 du rang de Halilovic. Puis, il a dit qu'il ne faudrait pas se concentrer

14 seulement sur Mostar, mais qu'il conviendrait d'aller dans d'autres

15 endroits qui avaient bien plus d'importance.

16 Q. Est-ce que cela correspondait à l'information ou à la requête qui vous

17 a été communiquée par le général Petkovic ?

18 R. Je vois que ça a été la première fois où ils ont réellement insisté sur

19 la question des autres secteurs.

20 Q. Est-ce que vous aviez des raisons particulières pour ce qui est de

21 savoir quelles sont les raisons qui les ont animées pour se demander à

22 concentrer votre attention sur des secteurs autres que Mostar ?

23 R. Je crois que ces endroits qu'ils ont mentionnés, et je crois que je

24 vais essayer de deviner un peu ce qu'il en était mais c'était des sites qui

25 n'étaient pas au centre même de l'attention au sens militaire du terme.

26 Q. Est-ce que M. Stojic vous aurait dit quoi que ce soit au sujet des

27 négociations qui se sont déroulées avec les Musulmans concernant les

28 opérations conjointes ou la Commission d'opération conjointe ou autres

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1 activités dont il a été question ?

2 R. Il nous a expliqué qu'il n'y avait grande utilité à négocier avec les

3 Musulmans parce qu'on ne peut pas leur faire confiance de toute façon. Il a

4 eu trois messages qu'il m'a fait parvenir. D'abord, il a demandé de

5 commencer avec des endroits plus importants. Il a dit que rien ne serait

6 fait avant que Halilovic ne soit là, ne vienne et en tout état de cause,

7 cela se trouverait être tout à fait superflu.

8 Q. Mais après cette réunion avec M. Stojic, est-ce que vous avez eu

9 d'autres réunions ou est-ce que vous êtes retourné à celle avec Pasalic et

10 Lasic plus tard le même jour ?

11 R. Ils ont refusé de faire quoi que ce soit avant que Halilovic ne vienne.

12 Ce qui fait que nous ne pouvions aboutir à rien. J'ai demandé à voir Mate

13 Boban, mais on m'a dit qu'on ne peut pas le trouver, d'après ce qu'ils ont

14 dit.

15 Q. Mais est-ce que vous vous souvenez qui est-ce qui vous l'a dit ? A qui

16 vous avez exprimé vos préoccupations ?

17 R. Probablement Pasalic. C'était -- de toute façon, ça pouvait être, mais

18 je n'en suis pas sûr. C'était, en tout état de cause, le chef de la

19 délégation croate.

20 Q. Mais est-ce que c'est considéré que ces responsables de la délégation

21 étaient en même temps M. Lasic ou M. Zelenica ?

22 R. Oui, je n'ai jamais compris pourquoi ils alternaient.

23 Q. Bien. Mais est-ce que le général Morillon est arrivé ultérieurement ce

24 même jour ?

25 R. Oui. J'ai reçu un message de la part de Cedric Thornberry où l'on m'a

26 fait savoir que Halilovic était sur le chemin de venir.

27 Q. Qui était M. Thornberry ?

28 R. C'était le chef politique de la FORPRONU à l'époque.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, il est 15 heures 45. Nous faisons une pause

2 de 20 minutes et on reprendra à 16 heure 05.

3 --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.

4 --- L'audience est reprise à 16 heures 07.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

6 M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

7 Q. Général, j'aimerais que nous revenions au moment où, à mon avis, nous

8 nous étions arrêtés, à savoir, l'arrivée du général Morillon et de M.

9 Halilovic. Alors, pouvez-vous nous décrire le moment où ils sont arrivés ?

10 Comment la situation se présentait, et ce qui s'est passé ensuite ? Quelle

11 a été la séquence des événements en sommes ?

12 R. Bien, pour autant que je m'en souvienne, c'est le général Petkovic qui

13 est arrivé au QG du Bataillon espagnol et il nous y a rendus. Il y avait

14 autour de Morillon un grand groupe de journalistes, et tous allaient vers

15 Medjugorje. Il y avait Halilovic avec nous, et nous avons entamé une

16 réunion où les deux parties étaient censées discuter. L'ambiance était

17 favorable, et il y a eu des résultats concrets.

18 Q. Mais pendant cette réunion que vous venez de décrire, le général

19 Morillon vous a-t-il donné la parole à un moment donné, et avez-vous avancé

20 une proposition ? Avez-vous fait une présentation ?

21 R. Oui. J'ai fait une proposition qui était celle de séparer immédiatement

22 les deux armées, les unes des autres, et l'une de l'autre, et de créer une

23 Commission conjointe, et nous étions censés envoyer des équipes aux

24 endroits problématiques.

25 Q. Alors, pour que le compte rendu soit tout à fait clair, nous sommes

26 encore en train de parler du 19 avril, n'est-ce pas ?

27 R. Oui.

28 Q. Alors, après cette réunion, y a-t-il eu une autre réunion à Mostar ?

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1 R. Nous sommes tous allés ensuite à Mostar vers le ministère de la

2 Défense. Halilovic et Petkovic ont tout deux déclaré qu'ils avaient la

3 bonne volonté de mettre en place une situation de paix, et ils ont donné

4 des ordres à leurs subordonnés pour ce qui était de coopérer et de faire

5 partie de cette Commission conjoint pour ce qui est des équipes qui ont été

6 envoyées aux différents sites.

7 Q. Mon Général, alors, pour que les choses soient tout à fait clairement

8 dites, vous dites que c'était au ministère de la Défense à Mostar, mais le

9 ministère de la Défense à qui ?

10 R. De l'Herceg-Bosna.

11 Q. Fort bien. Il y a un instant vous nous avez dit que le général Petkovic

12 et le général Halilovic avaient apporté leur soutien au plan. Alors, avez-

13 vous ressorti -- êtes-vous senti encouragé du fait des résultats de cette

14 réunion ? Avez-vous pensé que cela allait conduire à des modifications

15 substantielles dans le milieu qui était celui de là-bas, à l'époque ?

16 R. Je pense que mon --

17 Q. Vous avez dit scandinave ?

18 R. Non. Je voulais dire que j'étais naïf lorsque je suis arrivé là-bas

19 dans ce secteur.

20 Q. Vous n'avez pas été trop optimiste ?

21 R. Non, je n'étais pas en réalité très optimiste. Bien entendu, on était

22 tard dans la soirée, et je n'ai pas du tout apprécié ce que j'ai vu. Il y

23 avait beaucoup d'attention médiatique et ce n'était pas grand-chose de --

24 enfin, il n'y avait pas eu grand-chose de méritant cette attention

25 médiatique.

26 Q. Passons à la journée d'après, le 20 avril, est-ce que

27 M. Morillon, M. Ganic et M. Thébault ont quitté Mostar au matin du 20 pour

28 aller en Bosnie centrale ?

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1 R. Oui. J'ai demandé à M. Wahlgren de me laisser à Mostar parce que j'ai

2 pensé qu'il faudrait que nous tenions promesse, et je suis resté.

3 Q. Ultérieurement, dans ces journées lors d'une réunion ultérieure, avait-

4 il été prévu de créer cette Commission conjointe ?

5 R. Oui. Je pense que c'était au moment où Zelenica s'est manifesté et

6 ainsi que Pasalic.

7 Q. Est-ce que vous vous êtes entretenu sur la façon dont des opérations

8 conjointes allaient se dérouler ?

9 R. Bien, nous avons d'abord discuté de la séparation des effectifs à

10 Mostar et du retour des militaires vers les casernes.

11 Q. Est-ce que vous pouvez expliquer aux Juges si ce concept de polices

12 conjointes ou d'effectifs conjoints avait joué une part dans tout ceci ?

13 R. Oui, pour la première fois dans l'histoire de Mostar, une force de

14 police conjointe avait été discutée après le début du conflit, et je crois

15 qu'en réalité, ça a été mis en place pour durer 24 heures ou à peu près.

16 Q. Dans l'une de vos déclarations, Monsieur, vous avez exprimé votre

17 surprise d'avoir vu ces deux commandants, à savoir Zelenica et Pasalic,

18 accepter ceci, n'est-ce pas ?

19 R. Oui. J'ai été quelque peu surpris. L'ambiance était plutôt bonne. Je

20 supposais qu'ils se connaissaient depuis un bon moment déjà.

21 Q. Comment se fait-il ?

22 R. Bien, je pense qu'ils avaient tous les deux étaient officiers de

23 l'armée Yougoslavie, l'armée populaire yougoslave, et je crois qu'ils

24 s'étaient rencontrés. Donc, nous avons fait des progrès, j'avais demandé

25 d'indiquer sur les cartes tous les endroits, qui selon eux, devaient être

26 pris en considération et il y a eu bon nombre de points d'accord sur ces

27 sites. Ensuite, enfin, il y en a eu un point -- il y a eu un endroit où il

28 n'était pas d'accord.

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1 Q. Est-ce que vous pouvez nous donner les sites où ils sont tombés

2 d'accord et les sites où qui ont été problématiques ?

3 R. Bien, il y avait Jablanica. Il y avait Konjic. D'autres villages. Je

4 crois qu'il y avait Sovice [phon] et, bien entendu, Mostar.

5 Q. Oui.

6 R. Alors, nous avons créé trois équipes pour ces trois endroits et j'ai

7 décidé de rester à Mostar pour personnellement m'occuper de Mostar.

8 Q. Ces trois équipes ont été mises en place pour se déplacer vers les

9 différents sites. Alors, comment ces équipes ont-elles été composées ?

10 R. Le commandant Ronksley, lui, a été à la tête d'une équipe et il y avait

11 avec lui un officier croate et un officier musulman. Grant Findlayson était

12 à la tête de l'autre équipe, et à la tête de la troisième équipe, il y

13 avait un membre de la MOCE. Je crois que c'était un britannique, mais son

14 nom m'échappe.

15 Q. Bien. Est-ce que vous vous êtes entretenu avec le général Wahlgren --

16 avec Wahlgren, pour ce qui est du recours à la FORPRONU, à savoir au

17 Bataillon espagnol ?

18 R. Oui. J'ai demandé son consentement pour ce qui est d'y faire prendre

19 part le Bataillon -- d'y faire participer le Bataillon espagnol, et j'ai

20 dit que je lui ai dit que j'en avais parlé à Morillon, et il a été d'ad.

21 Walgren a dit : "Allez-y."

22 Q. Mais partant de votre expérience au niveau de ces missions de maintien

23 de la paix à Chypre, en Afghanistan, avez-vous estimé que c'était une façon

24 raisonnable de procéder ?

25 R. Oui. Cela a consisté à -- enfin, cela a été une méthode de maintient de

26 la paix tout à fait conventionnelle pour ce qui était de se placer donc

27 entre les parties en conflit pour qu'ils cessent de se tirer dessus.

28 Q. Alors, quand vous avez fait cet arrangement, et je vais revenir au

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1 point des patrouilles conjointes dans quelques minutes. Mais avant que de

2 le faire, je voudrais savoir si vous avez essayé de vous procurer une unité

3 ou alors des membres du Bataillon espagnol --

4 R. Oui.

5 Q. -- et de faire en sorte qu'il se déploie dans Mostar ?

6 R. Oui. Mais, malheureusement, on ne m'a fourni qu'un peloton, et je suis

7 devenu commandant de compagnie ce jour-là. J'ai dû me lancer dans l'action.

8 Q. Mais quand nous parlons de ce peloton et du contexte, cela signifie

9 quoi ?

10 R. Bien, cela fait quatre ou cinq blindés de transports de troupes et à

11 bord de chacun entre eux six ou sept soldats à l'intérieur.

12 Q. Fort bien. Alors, ces quatre ou cinq blindés transports de troupes ont

13 été mis à votre disposition ?

14 R. En effet.

15 Q. Qu'en avez-vous fait ?

16 R. Bien, nous avons été d'accord pour faire en sorte qu'ils se placent sur

17 le boulevard de la Révolution, et je crois que c'était bien le nom. Une

18 fois on nous a même tiré dessus.

19 Q. Sur ce site, le boulevard de la Révolution, est-ce que c'est la rue qui

20 passe dans toute la ville de Mostar ?

21 R. Oui, en effet.

22 Q. Alors, comment avez-vous envisagé le déploiement de ces blindés de

23 transports de troupes ?

24 R. Bien, on envisageait de les placer de façon à ce qu'ils puissent voir

25 l'un et l'autre, et nous avons également eu à l'esprit des emplacements à

26 côté de bâtiments importants. Ils devaient être ménagés la possibilité de

27 se voir l'un et l'autre et d'apporter l'un à l'autre un soutien de feu au

28 cas où de besoin, alors, cela diminuerait -- cela diminue, bien entendu, la

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1 longueur du secteur sur lequel on s'était déployé.

2 Q. Fort bien. Une fois que vous avez déployé ces blindés de transports de

3 troupes, êtes-vous allé à une autre réunion, ou avez-vous eu d'autres

4 entretiens avec deux délégations, la délégation croate, et la délégation

5 musulmane, ou celle de l'ABiH, pour ce qui est de la création d'une force

6 de police conjointe ?

7 R. Oui. Il nous a été dit où est-ce que cette police conjointe devait se

8 trouver installer, et on m'a promis que je pourrais aller le voir, je crois

9 que je l'ai fait même pendant la soirée.

10 Q. Qu'avez-vous trouvé lorsque vous étiez arrivé ?

11 R. Bien, j'ai trouvé un nombre considérable de jeunes soldats, des

12 Croates, et des Musulmans, ensuite, il y avait un responsable politique qui

13 allait et venait. Plus tard, je l'ai rencontré. Ils ont dit qu'ils

14 n'avaient pas reçu d'ordre pour ce qui était de faire quoi que ce soit. Les

15 deux parties ont estimé qu'il n'était pas trop dangereux de sortir dans les

16 rues.

17 Q. Mais vous nous avez dit qu'ils ont constitué deux groupes, qu'il y

18 avait un groupe de Croates dans une pièce et les Musulmans dans une autre ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que cela semblait être des policiers ?

21 R. Non.

22 Q. Est-ce que vous avez estimé que c'étaient des policiers ?

23 R. Non, non, c'étaient des soldats.

24 Q. Quel a été votre réaction à ce que vous avez pu voir ?

25 R. J'ai déjà trouvé bien qu'ils aient pu se retrouver dans la même maison

26 ça a constitué un progrès en soi.

27 Q. Mais tout le reste --

28 R. Tout le reste était plutôt décevant, donc, je suis revenu au QG du

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1 commandement territorial du HVO et j'ai demandé à m'entretenir avec un gars

2 qui s'appelait Maric. Qui celui-ci a convoqué les deux commandants afin --

3 a demandé aux deux commandants de venir à Alija Zelenica ainsi qu'à

4 Pasalic.

5 Q. Pasalic et Zelenica ont répondu présents ?

6 R. Oui.

7 Q. A quel site ?

8 R. Il y a eu de l'agitation parce qu'on a entendu du bruit, à savoir des

9 coups de feu, des détonations d'armes à feu, et c'était assez prêt, donc,

10 j'ai été plutôt agité -- j'ai été plutôt agité et je n'y ai pas été de main

11 morte.

12 Q. Mais pendant les événements que vous venez de décrire, il y a quelques

13 minutes, quand est-ce que vous estimez qu'on vous avait tiré dessus ?

14 R. Je crois que c'était lorsque nous sommes allés -- retourné au QG de la

15 police.

16 Q. Vous avez dit que, tout à l'heure, Pasalic et Zelenica étaient, en

17 effet, arrivés sur le site ?

18 R. Oui.

19 Q. Vous avez exprimé votre mécontentement. Que leur avez-vous dit ?

20 R. J'ai menacé d'aller publier cela dans les médias, le jour d'après s'ils

21 ne prenaient pas -- n'entreprenaient pas une action et c'était la carte sur

22 laquelle j'ai jouée.

23 Q. Mais pourquoi avez-vous pensé que cela ferait une différence ?

24 R. Je n'ai pas été sûr de voir une différence être faite, mais c'était la

25 seule carte de négociations que j'avais en main.

26 Q. Est-ce que vous avez eu une réponse de la part de ces deux officiers ?

27 R. Oui, ils sont allés tout de suite téléphoner aux gens pour stopper --

28 pour faire stopper les tirs, mais ils ont parlé en Serbo-croate, donc, je

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1 n'ai pas vraiment compris ce qu'ils ont dit.

2 Q. Bien. Mais dites-nous : est-ce que certaines personnes des vôtres

3 avaient été touchées à ce moment-là ou le soir ?

4 R. Non.

5 Q. Est-ce qu'il est arrivé un autre contingent du Bataillon espagnol dans

6 la soirée ?

7 R. Oui. Nous avons obtenu un peloton qui avait des porteurs de

8 mitrailleuses de 30 millimètres ou des canons de 30 millimètres qui sont

9 arrivés de Split et qui sont allés directement sur le terrain.

10 Q. Puis, une unité d'environ cinq ou six transports de troupes blindés,

11 n'est-ce pas ?

12 R. Oui. Il y avait là un jeune capitaine qui commandait cette unité et

13 j'ai fait monter son chauffeur dans ma voiture et c'est moi qui les ai

14 guidés dans Mostar cette nuit-là.

15 Q. Alors, quelle position ont-ils occupée, c'était sur le boulevard ?

16 R. Oui. On a essayé d'avoir l'air -- impressionnant avec ces canons de 30

17 millimètres.

18 Q. Est-ce qu'il y a eu des affrontements pendant cette nuit-

19 là ?

20 R. Au contraire, la matinée a été assez agréable; le lendemain, nous

21 étions complètement épuisés, puis, les gens ont commencé à sortir de chez

22 eux. Donc, je pense que le message était bien passé.

23 Q. Avant de passer au 21, je voudrais revenir à ces patrouilles conjointes

24 que vous avez mis en œuvre avec un officier britannique, le commandant

25 Ronksley, Grant Finlayson et un autre officier britannique. Quels sont les

26 rapports qui vous ont été communiqués par ces trois équipes ?

27 R. Des rapports qui donnaient de très mauvaises nouvelles.

28 Q. Comment cela ?

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1 R. Il n'y avait pas -- absolument pas de délégation d'autorité aux

2 officiers.

3 Q. D'autorité de qui à qui ? A quels officiers ?

4 R. Aux officiers musulmans et croates. En fait, ils n'avaient pas eu de

5 consignes pour nous aider.

6 Q. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que c'était important ?

7 R. Manifestement, ça ne les intéressait absolument pas de rétablir la paix

8 dans ces lieux, peut-être dans un lieu ou dans un autre, mais en tout cas,

9 nous n'avons jamais bénéficié de leur coopération. Il était extrêmement

10 difficile de passer les points de contrôle. C'est le commandant Ronksley à

11 Jablanica qui a participé à une réunion où l'équipe a été utilisée à des

12 fins de propagande.

13 Q. Savez-vous qui les a utilisés de cette manière ?

14 R. Non.

15 Q. De quelle manière ?

16 R. Ils m'ont simplement dit que c'était comme ça que ça s'était passé. Je

17 ne sais pas si c'est ce jour-là ou le lendemain que Grant Finlayson est

18 revenu et qu'il m'a dit qu'il était tombé sur une section d'hommes qui

19 étaient vêtus de noir et qui avaient des insignes de swastika, enfin, de

20 croix gammée sur les manches et qui faisaient le salut nazi, donc, ça l'a

21 beaucoup perturbé, ça l'a beaucoup secoué.

22 Q. Ceci ça se passait au nord de Jablanica ?

23 R. Oui, il me semble. C'est alors qu'il se rendait dans -- vers ce

24 village, mais je crois qu'il n'y ait jamais parvenu.

25 Q. Est-ce que vous-même et les autres observateurs militaires qui étaient

26 avec vous, comme par exemple, M. Finlayson et M. Ronksley, qui ont décidé

27 si, finalement, à ce moment-là, il était inutile -- il était utile de

28 continuer ?

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1 R. Nous avons décidé que faute de coopération -- si nous n'avions pas de

2 coopération, il ne fallait pas que nous ne participions au travail de ces

3 équipes. Il fallait que nous nous retirions.

4 Q. Il y a quelques instants, vous avez parlé d'un rapport fait par M.

5 Finlayson qui vous a signalé la présence d'hommes vêtus de noir. Pendant la

6 période que vous avez passée à Mostar en avril 1993, avez-vous vu ces

7 unités d'hommes vêtus de noir -- d'uniformes noirs ?

8 R. Oui, j'imagine -- enfin, je pense que c'était une Unité spéciale. Ils

9 étaient tous vêtus de noir. C'étaient des jeunes qui étaient très bien

10 formés. Ils avaient des menottes qui pendaient aux ceinturons et il y avait

11 là un commandant, un commandant qui -- leur commandant portait un blouson

12 en cuir et il parlait avec un anglais, avec l'accent américain. C'était

13 manifestement une Unité spéciale. J'ai essayé de savoir d'où ils venaient.

14 J'ai interrogé à ce sujet un officier de haut rang du HVO, mais il était

15 gêné, il n'a pas voulu me dire qui étaient ces hommes.

16 Q. Vous souvenez-vous où vous avez vu cette unité d'hommes vêtus de noir ?

17 R. C'était à l'hôtel Aro -- ou Ero plutôt.

18 Q. Je vais maintenant passer à la date du 21 avril. Est-ce qu'il y a eu

19 une réunion ce jour-là ou est-ce qu'on a essayé d'avoir une réunion ce

20 jour-là, une réunion entre les parties en présence ?

21 R. Oui, je crois que c'est effectivement le cas.

22 Q. Est-ce que M. Lasic ou M. Zelenica ont participé à la première réunion

23 ?

24 R. Je crois que c'était Zelenica. Non, non, non, c'était pas lui, c'était

25 un policier, ça figure dans le rapport, Filipovic. Filipovic est venu à sa

26 place.

27 Q. Saviez-vous pourquoi c'était M. Filipovic qui était venu à la place de

28 M. Lasic et de M. Zelenica ?

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1 R. Non. C'était fort surprenant qu'ils ne participaient pas et j'en suis

2 arrivé ultérieurement à la conclusion qu'ils avaient peut-être des choses

3 plus importantes à faire.

4 Q. Avez-vous reçu des informations dans ce sens ?

5 R. Ultérieurement, j'ai entendu des membres de la FORPRONU me dire qu'ils

6 se préparaient sans doute à une opération sur le terrain.

7 Q. Selon vos informations, qui était ce Filipovic, quelles étaient ses

8 fonctions ?

9 R. D'après ce que j'ai compris, c'était le chef de la police, que ce soit

10 le chef de la police de Mostar ou de la totalité de l'Herceg-Bosna, ça je

11 ne sais pas.

12 Q. Est-ce qu'il portait un uniforme de la police ?

13 R. Oui.

14 Q. Dans son attitude -- dans son comportement, face à ces tentatives, ces

15 efforts qui étaient entrepris, qu'avez-vous pu observer ? Je parle de M.

16 Filipovic; quelle était son attitude ?

17 R. Pendant la première partie de la journée, ce n'était -- c'était assez

18 favorable. Je lui ai demandé que toutes les promesses qui avaient été

19 faites soient tenues, les promesses de faire reculer les unités, et cetera,

20 et puis, je lui ai demandé de faire en sorte que la police mixte commence à

21 fonctionner. Ensuite, on est allé au déjeuner et puis, on a recommencé à

22 travailler à 18 heures, je crois, et là, le climat avait changé du tout au

23 tout.

24 Q. Comment cela ?

25 R. A la surface, superficiellement c'était -- les choses allaient bien

26 puisqu'ils nous ont présenté des documents, des ordres écrits au -- de

27 déplacement des unités, de retrait des unités. Mais, en fait, ce retrait

28 était impossible parce que Filipovic m'a dit qu'ils étaient dans

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1 l'impossibilité de retirer ou de faire rentrer leurs unités dans les

2 casernes avant que les Musulmans n'aient évacué l'hôtel Mostar parce que,

3 pour eux, il était insupportable d'avoir des soldats musulmans à cet

4 endroit.

5 J'ai donc demandé à Pasalic pourquoi il ne s'était retiré lui en ce

6 qui lui concernait. Et là, il m'a répondu que c'était impossible parce

7 qu'il y avait des tireurs embusqués croates autour de l'hôtel Mostar. Alors

8 j'ai demandé aux Croates de maîtriser leurs tireurs embusqués et Maric m'a

9 dit que c'était impossible. A l'époque, ça m'a paru ne pas tout à fait

10 refléter la vérité parce que tous ces gens, tous les gens que je voyais

11 avaient des téléphones mobiles ou d'autres moyens de communication.

12 Q. Jusqu'à ce moment-là, qu'aviez pu observer de la filière hiérarchique

13 de la chaîne de commandement du HVO et de ses

14 officiers ?

15 R. Comme pratiquement partout ailleurs en Bosnie, l'armée obéissait aux

16 ordres. Les soldats pouvaient les contrôler. Je n'ai pas ajouté foi à ce

17 que l'on me disait quand on m'affirmait qu'on ne pouvait pas donner d'ordre

18 aux tireurs embusqués et reprendre en main.

19 Q. Donc, M. Maric vous a dit qu'il ne pouvait rien faire, s'agissant des

20 tireurs embusqués. Ce n'était pas possible. Est-ce que l'Unité de l'ABiH a

21 été évacuée de l'hôtel Mostar ?

22 R. Oui.

23 Q. Qu'avez-vous fait ?

24 R. C'était vraiment le moment 22.

25 Q. Que vous voulez dire par là ?

26 R. J'étais dans une situation impossible entre [inaudible] et [inaudible],

27 si vous voulez. Donc, j'ai décidé de faire quelque chose. J'ai dit à

28 Pasalic : "Si je prends et si je devais sortir vos soldats dans des

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1 véhicules de transport de troupes blindés espagnols." Il a hésité quelque

2 peu, puis, il a dit : "Oui."

3 Q. Nous n'allons pas passer en revue cette épisode au cours de --l'épisode

4 de l'évacuation des soldats musulmans de l'hôtel Mostar, mais je crois que,

5 dans les heures qui ont suivi, dans cette nuit du 20 au 21 --

6 R. Oui, du 21.

7 Q. -- est-ce que vous avez fait sortir les soldats de cet hôtel ?

8 R. Oui, en rencontrant quelques difficultés, il est vrai parce qu'en fait,

9 la section avait uniquement un seul véhicule de transport de troupes avec

10 les canons. Donc, j'avais uniquement un seul véhicule de transport de

11 troupes blindé et Pasalic m'avait dit qu'il y avait 35 hommes. Ça devait

12 nous prendre trois heures et puis quand on a commencé à évacuer, on s'est

13 rendu compte qu'il y avait beaucoup plus de soldats musulmans aux

14 alentours, ils étaient 65 à 100. Mais, finalement, ce qui s'est passé,

15 c'est que la première cargaison disons de soldats musulmans étaient emmenés

16 à Mostar est et puis on a refusé à ce que le deuxième groupe travers le

17 pont. On a exigé qu'ils descendent du côté ouest. C'est ce qui s'est passé.

18 Le reste des hommes de l'hôtel Mostar est allé sur la rive ouest.

19 Q. A quel endroit ?

20 R. A proximité du pont Bailey, mais je n'en suis pas sûr à

21 100 %.

22 Q. Reprenons un certain nombre de points un peu plus calmement. Vous dites

23 que les véhicules qui vous ont été envoyés c'étaient des véhicules en fait

24 qui transportaient des canons ?

25 R. Oui.

26 Q. Donc, c'était difficile d'y faire monter beaucoup de

27 monde ?

28 R. Oui. Déjà rien qu'avec l'équipage, il n'y avait plus de place.

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1 Q. Donc, vous n'aviez pas beaucoup de moyens pour évacuer tous ces gens ?

2 R. Oui, c'est exact. Mais j'avais un véhicule de transport de troupes sur

3 lequel il y avait le marquage Croix-Rouge.

4 Q. J'allais vous le demander. Mais quand vous avez rencontré Maric, quand

5 vous avez parlé de ces tireurs embusqués, est-ce qu'il y avait lors de

6 cette réunion d'autres officiers du HVO, en dehors de M. Maric ?

7 R. Je crois que oui, Filipovic et Maric.

8 Q. Filipovic, le chef de la police ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-il exact que M. Maric ainsi que M. Filipovic savaient que vous même

11 et M. Pasalic alliez vous rendre à l'hôtel Mostar afin d'y chercher les

12 soldats musulmans ?

13 R. Oui.

14 Q. Revenons sur deux choses qui se sont passées au cours de ces

15 événements. Finalement vous avez utilisé une ambulance, un véhicule qui

16 était désigné comme une ambulance pour évacuer ces soldats ?

17 R. Oui.

18 Q. Pourquoi ?

19 R. Parce que c'était le seul véhicule disponible, nous n'étions pas en

20 guerre. J'avais eu l'accord des deux parties aux fins de mener à bien cette

21 évacuation.

22 Q. Le général Pasalic lui-même, pendant cette période faisait tout ce qui

23 était en son pouvoir pour évacuer les soldats ?

24 R. Oui.

25 Q. Est-ce qu'à un moment donné vous avez donné un casque bleu à M. Pasalic

26 ?

27 R. Je lui ai donné un casque qui avait la couleur bleue.

28 Q. Pourquoi ?

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1 R. Parce que je voulais qu'il reste en vie pendant -- jusqu'à ce que nous

2 ayons évacué tous les soldats.

3 Q. Autant que vous le sachiez à l'issue de cette évacuation, est-ce que

4 tous les soldats de l'ABiH ont été évacués de l'hôtel Mostar dans la nuit

5 du 20 avril ou du 21 avril plus tôt ?

6 R. Oui, je le crois.

7 Q. Avant d'en terminer de l'examen de cette question, veuillez je vous

8 prie, Monsieur, dire aux Juges si tous les soldats de l'ABiH que vous avez

9 vus sortir de l'hôtel étaient contents de partir ?

10 R. Ils étaient furieux. Il y avait cette espèce de commissaire politique

11 qui était -- dont j'avais parlé qui était au poste de police et qui

12 gesticulait, qui hurlait parce qu'il ne voulait pas qu'il s'en aille. En

13 fait, on les a séparés en groupe de sept et on les a chassés à coup de pied

14 dans les escaliers et on les a forcés à monter dans le véhicule de

15 transport de troupes. C'était un petit peu stupide parce qu'on aurait

16 facilement pu se faire abattre.

17 Q. Qui a fait cela ?

18 R. Moi-même et mon chauffeur.

19 Q. Que faisait le général Pasalic pendant tout ce temps ?

20 R. Il était plutôt passif, il n'essayait pas de nous aider vraiment.

21 Q. Mais est-ce qu'il a donné des ordres à ces soldats ?

22 R. Pas vraiment, pas vraiment.

23 Q. Après avoir fait sortir le dernier soldat, après avoir fait le dernier

24 passage, est-ce que vous êtes retourné au QG du général Pasalic en sa

25 compagnie ?

26 R. Je suis allé dans son QG.

27 Q. Où se trouvait son QG ?

28 R. Je connais le nom du bâtiment en question mais je ne m'en souviens pas.

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1 Cela se trouvait sur la rive ouest.

2 Q. Est-ce que c'est le bâtiment de Vranica ?

3 R. Oui, il me semble que c'est cela.

4 Q. Au cours de cette soirée on est toujours en train de parler de la nuit

5 du 21 au 22 avril, après être retourné au quartier général de M. Pasalic,

6 est-ce que cette même nuit vous avez de nouveau rencontré M. Filipovic et

7 Maric ?

8 R. Oui.

9 Q. Où cela ?

10 R. Au même endroit à l'endroit où nous nous étions rencontrés

11 précédemment, c'est plus tard déjà, très tard. C'était déjà vers minuit.

12 Q. Est-ce que vous les avez informé ou est-ce qu'à ce moment-là ils

13 avaient été déjà informés de l'évacuation des soldats musulmans de l'hôtel

14 Mostar ?

15 R. J'ai dit à Filipovic et Maric que j'avais rempli -- ou plutôt, que

16 j'avais fait, j'avais enlevé l'obstacle, j'avais supprimé l'obstacle qui

17 les empêchait de faire retourner leurs hommes dans les casernes. Étant

18 donné que j'avais éliminé cet obstacle, je m'attendais qu'à ce qu'ils

19 fassent ce qu'ils avaient à faire de leur côté.

20 Q. Quelle a été la réaction de M. Filipovic et de M. Maric quand vous leur

21 avez donné cette information ?

22 R. Manque total d'enthousiasme.

23 Q. Comment avez-vous pu le voir ? Comment est-ce que cela vous a été

24 transmis, communiqué ?

25 R. Ça a pas vraiment été dit. Ils étaient très sombres, mécontents, enfin

26 ils manquaient totalement d'enthousiasme. Je ne m'attendais, bien entendu,

27 pas à ce qu'ils me félicitent. En fait, si je m'étais attendu à ce qu'ils

28 me félicitent, je me serais grandement trompé. Donc, j'ai interprété comme

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1 signifiant qu'en fait ce que j'avais fait n'allait pas dans le sens de

2 leurs intérêts.

3 Q. Pourquoi ça n'allait pas dans le sens de leurs intérêts ?

4 R. Il me semble logique de conclure qu'en fait, ils ne souhaitaient pas

5 trouver une solution pacifique à la situation à Mostar. Ils ne voulaient

6 pas qu'il y ait la paix.

7 Q. Revenons au 22 avril 1993; est-ce que vous avez essayé de rencontrer

8 Mate Boban ce jour-là ?

9 R. Oui.

10 Q. Par l'intermédiaire de qui ?

11 R. Par l'intermédiaire du général Petkovic.

12 Q. Avez-vous réussi à rencontrer Mate Boban au QG du SpaBat à Medjugorje ?

13 R. Oui, il est venu avec ses gardes du corps et dans deux BMW.

14 Q. Où est-ce que vous l'avez rencontré ?

15 R. Je l'ai rencontré au mess des officiers du Bataillon espagnol.

16 Q. De quoi avez-vous parlé avec M. Boban en ce 22 avril ?

17 R. Je me suis plaint du manque de coopération de la part des Croates. Je

18 lui ai parlé de cette section d'hommes qui portaient des insignes de croix

19 gammée, et il m'a dit d'abord que c'était sans doute les musulmans qui les

20 avaient provoqués. Là, j'ai souri et j'ai dit que c'était peut-être des

21 gens qui n'étaient -- étaient incontrôlés.

22 Q. Quand il a dit que c'était sans doute les musulmans qui avaient -- qui

23 les avaient provoqués, qu'est-ce qu'il voulait dire ?

24 R. Il a dit que c'était sans doute une unité musulmane qui arborait des

25 insignes en forme de croix gammée par mesure de provocation -- pour me

26 provoquer.

27 Q. Est-ce que vous avez pris cette réponse au sérieux ?

28 R. Non. Il l'a vu. Il a vu que j'avais souri. Il a changé donc son fusil

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1 d'épaule et il a dit que c'était peut-être des hommes qu'ils n'étaient pas

2 en mesure de contrôler.

3 Q. Est-ce que vous lui avez fait part des difficultés que vous aviez

4 rencontrées avec le HVO dans la matinée ?

5 R. Oui. J'ai été très franc avec lui, et d'ailleurs la conversation est

6 devenue assez animée, à ce moment-là.

7 Q. Vous dites que cet après-midi-là, vous aviez rencontré

8 M. Boban à l'hôtel Intercontinental, à Zagreb, et vous nous dites qu'il

9 avait parlé d'une ligne qu'il avait dessinée, une ligne entre Kiseljak et

10 Vares.

11 R. Oui. Il en avait parlé lors de cette réunion. Il a développé la

12 question et selon lui, il fallait se diviser le problème que représentait

13 la lutte contre les Serbes. Cette charge. Il dit qu'il devrait placer ses

14 15 000 hommes au nord de la ligne sous le commandement des musulmans et

15 qu'au sud de la ligne, c'est l'armée croate qui -- ou le HVO qui devait

16 tout contrôler. Donc, en -- de par le fait, il proposait une division de la

17 Bosnie.

18 Q. J'aimerais que vous vous reportiez une fois encore --

19 M. KARNAVAS : [interprétation] Auparavant, est-ce qu'on pourrait avoir une

20 petite explication ? Je ne vois pas comment le fait de subordonner

21 certaines unités va entraîner une division de la Bosnie. Bien entendu, je

22 pourrais en parler lors du contre-interrogatoire, mais j'aimerais bien

23 savoir ce qu'en pense notre -- le témoin. Je ne vais pas la relation de

24 cause à effet.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Cela ne m'a pas échappé. Votre remarque est -- je

26 n'ai rien dit, mais comme Me Karnavas intervient, je profite de cette

27 intervention. Pouvez-vous un peu expliciter en quoi le positionnement de

28 l'ABiH et du HVO entraînaient, d'après ce qu'on peut comprendre de vos

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1 propos, une division de la Bosnie ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, à ce moment-là, en

3 Bosnie, le pouvoir avait un lien direct avec la présence des forces

4 militaires -- du pouvoir militaire, et il ne fait aucun doute pour moi que

5 si on avait donné tout le pouvoir aux Croates au sud de Kiseljak et Vares.

6 Ils auraient établi ce qui était déjà à Herceg-Bosna, avec un président,

7 avec un premier ministre. C'est la seule explication logique, en fait,

8 c'est ce qui se serait logiquement passé s'il y avait eu cette division de

9 pouvoir.

10 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Une fois que les vannes sont

11 ouvertes, les questions fusent.

12 Donc, vous nous dites que Mate Boban avait déclaré que, si ces -- que les

13 15 000 -- ces 15 000 hommes, qui se trouvaient au nord de la ligne, ils les

14 placeraient -- ils les laisseraient sous le commandement de l'ABiH ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

16 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Savez-vous -- saviez-vous combien il

17 y avait de soldats musulmans au sud de cette ligne ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je ne le savais pas vraiment.

19 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Permettez-moi d'ajouter quelque chose. Il est

21 de notoriété publique que, dans la zone de responsabilité de Tuzla, les

22 Unités croates étaient intégrées déjà de manière assez avancée, incorporées

23 disons aux unités -- aux forces musulmanes.

24 M. SCOTT : [interprétation] A ce sujet justement, j'aimerais que nous

25 examinions la pièce P0254, un rapport du 23 avril.

26 R. Oui.

27 Q. J'aimerais que vous vous reportiez à la page 7 dudit rapport, au milieu

28 de la page. Il s'agit du paragraphe ou de la rubrique qui s'intitule :

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1 "Réunion avec le président, Mate Boban,

2 22 avril 1993." Est-ce que vous l'avez trouvé ?

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce qu'ici, il est question -- c'est de votre -- c'est un compte

5 rendu que vous avez fait de la réunion -- que vous avez fait le 23 avril au

6 sujet de la réunion qui a eue lieu la veille.

7 R. Oui.

8 Q. Page 7, dernier paragraphe : "Il est revenu au sujet qu'il a -- sur

9 lequel il m'avait déjà fait un cours, un grand discours à Zagreb, à savoir

10 la mise en place d'un système de commandement pour les forces militaires,

11 l'idée forte étant que les forces croates du nord de la Bosnie devraient

12 être placées sous le contrôle des musulmans et que les forces musulmanes se

13 situant dans les zones

14 8 et 10 du plan Vance-Owen devraient, elles, se trouver sous le

15 commandement des croates -- le commandement croate."

16 Est-ce que cela correspond à ce que vous venez de nous expliquer il y a

17 quelques instants ?

18 R. Oui.

19 Q. Revenons maintenant à la question -- pour répondre à la question du

20 Président. Page 8, deuxième ligne, je cite : "J'ai répondu que les

21 musulmans craignaient que ces forces en Bosnie centrale pouvaient être

22 retirées et que le commandement conjoint serait -- n'aurait plus lieu

23 d'être."

24 M. KARNAVAS : [interprétation] Pour être tout à fait objectif et exhaustif,

25 il faut peut-être lire les quatre lignes précédentes. Parce que là, on voit

26 ce que Mate Boban demande à ce monsieur -- il lui demande de contribuer à

27 la mise en place des plans Vance-Owen qui étaient déjà en discussion.

28 Bien entendu, je pourrai en parler lors du contre-interrogatoire,

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1 mais il semble -- enfin, on a l'impression que ce monsieur -- que le témoin

2 ignorant à l'époque quelle était la portée, la nature du plan de paix

3 Vance-Owen, ce qui était en train de se passer. Il faudrait peut-être lire

4 de ce -- ce passage parce que si on voit exactement -- si on voit quelles

5 étaient les intentions exactes de Mate Boban.

6 M. SCOTT : [interprétation] Il n'y a rien qui puisse indiquer que le témoin

7 ignorait quoi que ce soit au sujet du plan Vance-Owen. Première réponse à

8 Me Karnavas. En deuxième lieu, je suis sûr que tout le monde est en mesure

9 de lire les quatre lignes qui précèdent. Bien entendu, nous pouvons le

10 faire, nous pouvons lire la totalité du texte si on le voulait, et d'autre

11 part, Me Karnavas pourra reprendre -- revenir sur cette question pendant le

12 contre-interrogatoire, bien entendu.

13 Q. Ensuite, vous dites : "Je l'ai informé de l'expérience qui était la

14 mienne dans la zone de Mostar. Il a été informé que la Commission conjointe

15 et ses trois équipes dans la zone de Mostar n'avaient pas été en mesure

16 d'atteindre ses objectifs. Ceci était dû à la mauvaise volonté des forces

17 croates qui ne souhaitaient pas coopérer."

18 Est-ce que vous estimez qu'à l'issue de cette réunion avec

19 M. Boban, vous lui aviez fait état des griefs qui étaient les

20 vôtres ?

21 R. Oui, je crois.

22 Q. J'aimerais maintenant que nous examinions la page 9 du document,

23 dernier paragraphe au-dessus de la rubrique : "Quelques suggestions."

24 Vous dites, je cite : "Je crains, cependant, que la question de l'influence

25 qu'on peut leur donner sur le commandement conjoint sera une question

26 extrêmement délicate dans le cadre des négociations avec les Croates. Je

27 crois que M. Boban souhaite ardemment créer une région en Bosnie -- dans le

28 sud de la Bosnie où les Croates -- que les Croates contrôleront totalement.

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1 Cela ne signifie pas -- cela n'est pas -- n'est pas forcément synonyme de

2 nettoyage ethnique, mais il s'agira indéniablement d'une zone où les

3 Musulmans seront contrôlés du point de vue politique et militaire.

4 Malheureusement, ceci implique de nouveaux combats et de nouvelles

5 atrocités du nettoyage ethnique."

6 Ce rapport, vous nous dites que vous l'avez établi le 23 à votre retour à

7 Zagreb ?

8 R. Oui.

9 Q. Avant de passer à d'autres périodes de cette mission qui était la

10 vôtre, pouvez-vous dire à la Chambre de première instance quelle était la

11 situation à Mostar le 22 ou le 23 ?

12 R. Je crois que ce rapport et ces quelques lignes reflètent parfaitement

13 mon sentiment, et également une certaine tristesse, la tristesse qui était

14 la nôtre, la tristesse de n'avoir pas pu en faire plus, et j'avais le

15 sentiment que le conflit était imminent. Je l'ai dit en ces mots, je l'ai

16 dit à Wahlgren, je lui ai dit qu'ils nous restaient deux semaines, voire

17 trois semaines avant que la guerre n'éclate, et malheureusement, l'avenir

18 m'a donné raison sur ce point.

19 M. KARNAVAS : [interprétation] Alors, pour mieux placer le contexte, vous

20 pouvez vous reporter aux deux paragraphes précédents qui, je crois,

21 éclairent bien le contexte et permettent de mieux éclairer le passage lu

22 par le Procureur. Je pense que c'est important d'avoir le contexte au

23 moment où nous abordons ces questions.

24 M. SCOTT : [interprétation]

25 Q. Alors, avant -- ce moment vous avez quitté Mostar, avez-vous eu des

26 éléments concernant cette force de police conjointe ? Etait-elle au

27 travail, ou avait-elle la possibilité de travailler d'après vous ?

28 R. Je ne sais même pas si elle existait encore au moment où j'ai quitté

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1 Mostar. J'en doute fortement.

2 Q. Est-ce que vous vous souvenez au moment où vous avez quitté Mostar que

3 des lois étaient votées vous en avez parlé dans un de vos témoignages au

4 sujet du statut des réfugiés de Mostar ?

5 R. Oui. Je crois que le même jour où je suis parti, une décision a été

6 prise au vu de permettre à des réfugiés musulmans de rester à Mostar.

7 Q. Alors, j'aimerais maintenant attirer votre attention à une réunion à

8 Zagreb qui s'est tenu le 30 avril 1993. Y a-t-il eu une réunion à laquelle

9 vous avez participé avec plusieurs autres parties en présence ce jour-là ?

10 R. Oui. Owen et Vance étaient à Zagreb, et on m'a convoqué, il s'agit du

11 brigadier Wilson, qui m'a convoqué et on m'a demandé de venir présenter une

12 sorte de solution en vue de la création d'une force militaire conjointe

13 entre les Croates et les Musulmans.

14 Q. Qui était le général Wilson ?

15 R. C'était mon prédécesseur, en tant que chef des observateurs militaires,

16 et était parti pour travailler en tant que conseiller militaire pour la

17 Conférence internationale de l'ICFY.

18 Q. Vous souvenez-vous qui avait participé à cette à Zagreb le 30 avril ?

19 R. Oui, le général Petkovic était là pour le côté HVO ou les Croates de

20 Bosnie.

21 Q. Est-ce que vous avez proposé des éléments lors de cette réunion au

22 sujet d'une opération conjointe ou d'un commandement conjoint ?

23 R. Oui, absolument. J'ai proposé un commandement conjoint sous lequel il y

24 aurait une armée territoriale conjointe et deux petites unités ou deux

25 unités de l'armée nationale ou de gardes nationales, et c'était libellé de

26 manière délibérée de toute sorte que ce soit interprété de différentes

27 manières. On aurait pu avoir une grande armée conjointe territoriale, avec

28 une petite Unité de Garde nationale. Donc, on aurait pu avoir une unité

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1 territoriale nationale plutôt petite et une armée nationale plutôt grande.

2 Ça été construit de manière à faire accepter l'idée d'un commandement

3 conjoint et d'un élément territorial conjoint parce qu'on peut avoir -- si

4 on a un commandement conjoint, peut-être qu'on arrivera à éviter que les

5 gens se tuent les uns les autres.

6 Q. Vous souvenez-vous si le général Petkovic - vous avez dit que le

7 général Petkovic avait été à cette réunion - quelle a été sa réaction et sa

8 position à ce sujet ?

9 R. Bien, je crois, qu'il a dit à un moment donné que pour lui il y avait

10 très peu de possibilités de créer un commandement conjoint avec les

11 Musulmans. Mais mon impression essentielle c'était qu'il était plutôt

12 absent et il ne s'intéressait pas énormément à ce qui se passait ce jour-

13 là.

14 Q. Sur la base de quoi avez-vous eu ce sentiment ? Qu'avez-vous observé ou

15 vu qui vous a causé ce sentiment ?

16 R. Bien, il n'était pas très intéressé, très actif à la conversation. J'ai

17 vraiment eu le sentiment que ça ne l'intéressait pas.

18 Q. Vous avez dit, il y a un instant, en fait, que les combats ont commencé

19 à Mostar environ deux semaines plus tard, le 9 mai; c'est bien cela ?

20 R. Oui.

21 Q. Est-ce que vous vous souvenez d'avoir reçu des rapports de la part de

22 la FORPRONU, décrivant ce qui se passait, ce qui s'était passé les 9 et 10

23 mai de la FORPRONU et des OMNU, sur ce qui se passait à Mostar à ce moment-

24 là ?

25 R. Oui. J'ai envoyé une équipe à Mostar pour qu'elle fasse un rapport

26 direct auprès de moi-même des événements se passant à Mostar, à ce moment-

27 là.

28 Q. Alors, je voudrais attirer votre attention sur le P 02276.

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1 Qui est une pièce à conviction qui se trouve dans votre classeur.

2 R. Oui.

3 Q. Il s'agit d'un rapport de la FORPRONU en date du 10 mai 1993, ou l'on

4 parle "de la situation à Mostar." On voit le quart du texte à la deuxième

5 page; est-ce que ce rapport nous donne une bonne chronologie des événements

6 à partir de 5 heures du matin jusqu'à minuit le 9 mai ?

7 R. Oui.

8 Q. Alors, par exemple, à 15 heures 30 - c'est à peu près au milieu - c'est

9 un exemple que je vais vous donner, qui nous dit que : "L'observateur

10 militaire qui dit que dix bus transportant des hommes, femmes, et enfants,

11 partent du stade de football, et se dirigent vers Citluk. Le stade est

12 maintenant vidé de civils."

13 Lorsque l'on parle des : "Rapports des observateurs militaires, les OMNU,"

14 est-ce que cela veut dire que c'étaient des OMNU qui étaient à Mostar qui

15 vous envoyaient ces rapports et à la FORPRONU dans le même moment ?

16 R. Oui.

17 Q. Alors, je voudrais maintenant que vous passiez à la pièce à conviction

18 2269, s'il vous plaît. Alors, je pense que c'est un rapport de la FORPRONU

19 en date du 10 mai 1993. Si l'on reporte à la seconde page, on voit en haut

20 à gauche, est-ce que vous voyez 2GQ FORPRONU Zagreb ?

21 R. Je ne suis pas sur le bon document. Vous avez dit le 22 ?

22 Q. 69. 2269.

23 R. Je ne dispose pas de ce document. Ah, peut-être que je l'ai. Oui.

24 Q. Est-ce que vous pouvez vous reporter à la deuxième page, destiné au QG

25 et donc il nous a dit -- donc, en haut à gauche : "Quartier général,

26 FORPRONU Zagreb."

27 Dans l'encadré en dessous, on voit un certain nombre d'unités ou

28 d'organismes qui sont cités, on voit : "QG OMNU."

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1 Si vous pouvez vous reporter à la page suivante, qui est la page numéro 2,

2 numérotée ainsi en haut à droite, et donc au point C, commandement BH sud,

3 là encore, il s'agit d'information que vous avez commencé à recevoir les 9

4 et 10 mai 1993, concernant les événements qui se déroulaient à Mostar ?

5 R. [aucune interprétation]

6 Q. Vers la fin du paragraphe, paragraphe 1, il est dit que : "Les 'check-

7 points' du HVO avaient mises en place pour empêcher les mouvements en

8 dehors et vers la ville et que la Compagnie de SpaBat s'était retirée de la

9 ville et l'a conservée sous sa surveillance."

10 Est-ce qu'à ce moment-là, vous saviez si les organisations

11 internationales se voyaient refusées l'accès vers Mostar ?

12 R. Oui.

13 Q. Maintenant, je voudrais vous demander de bien vous reporter à la pièce

14 P 1008 -- P 10008. Je pense que c'est sans doute vers la fin de votre

15 classeur puisque c'est un gros chiffre, uh ? P 10008, 10008. Il y a trois

16 zéros au milieu, en effet. Je pense, Monsieur le Témoin, que c'est sans

17 doute quelque chose que vous trouverez à la fin de votre liasse.

18 R. Oui, en effet. Vous pouvez répéter le numéro ?

19 Q. Oui. 10008.

20 R. J'y suis.

21 Q. Je vous remercie. Bien. Alors, il semble que ce soit un mémorandum ou

22 un document en date du 10 mai 1993 et qui vient de Wahlgren, FORPRONU

23 Zagreb, envoyé à Annan, aux Nations Unies New York -- et là, j'imagine

24 qu'il s'agit de Kofi Annan ?

25 R. [aucune interprétation]

26 Q. Qui fait référence à une réunion avec Radic, le chef d'état-major du

27 bureau du président, et de Susak, le 10 mai 1993. Le général Wahlgren nous

28 dit, à la deuxième ligne -- la deuxième phrase, du paragraphe 1 : "J'ai été

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1 accompagné par DCM Pellnas et par Abdul Aziz." Est-ce exact ?

2 R. Oui.

3 Q. Est-ce que vous pouvez confirmer aux Juges que vous avez participé à

4 cette réunion avec M. Radic et M. Susak ?

5 R. Oui.

6 Q. Lorsqu'il est dit : "M. Radic était chef d'état-major du bureau du

7 président," de quel bureau du président s'agissait-il ?

8 R. Du président Tudjman.

9 Q. Vous avez dit -- enfin, Wahlgren dit : "J'étais accompagné par DCM."

10 DCM était -- qu'est-ce que cela veut dire ? Que signifie cette abréviation

11 ? Est-ce que vous vous en souvenez ?

12 R. "Deputy chief" -- vice responsable -- je ne me souviens plus

13 exactement.

14 Q. Est-ce que vous vous souvenez qui d'autre était avec vous ce jour-là,

15 avec le général Wahlgren et M. Abdul Aziz ? Si vous vous en souvenez;

16 sinon, ce n'est pas la peine.

17 R. Peut-être qu'il y avait -- non, je ne m'en souviens pas. Il aurait dû y

18 avoir Cedric Thornberry, mais je ne m'en souviens pas.

19 Q. Ce n'est pas grave. Vers la fin de ce paragraphe, à la

20 page 1, première partie de la page 1, donc, première partie : "Le HVO

21 empêchait la FORPRONU d'accéder à la ville, ce qui rendait difficile

22 l'accès à la situation."

23 Est-ce que c'était quelque chose qui date du 10 mai 1993 et qui a

24 continué, ultérieurement, au cours de l'été et de l'automne 1993, et qui

25 est devenu l'une des grandes préoccupations internationales ?

26 R. Je ne me souviens plus lorsque nous avons pu rentrer à nouveau dans la

27 ville. Ça a pris beaucoup de temps avant que les Nations Unies puissent

28 rentrer.

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1 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Scott. Je suis

2 un petit peu perplexe. Il me semblait que c'était un document qui émanait

3 de M. Wahlgren. Vous y avez faites référence et vous avez dit : "Vous dites

4 ceci" au témoin.

5 M. SCOTT : [interprétation] Si je l'ai dit, je me suis trompé.

6 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Alors, à ce moment-là, je retire ce

7 que j'ai dit. Je pensais que j'avais mal compris. Il s'agit de la ligne 10

8 à la page 65.

9 M. SCOTT : [interprétation] Oui, en effet, j'avais mal prononcé.

10 M. LE JUGE TRECHSEL : [aucune interprétation]

11 M. SCOTT : [interprétation]

12 Q. Juste pour que les choses soient claires, qu'il n'y ait pas de

13 confusion, il s'agit bien d'un rapport du général Wahlgren.

14 R. [aucune interprétation]

15 Q. Je vous présente mes excuses pour cette erreur. Alors, à peu près au

16 milieu de ce paragraphe : "I stated," donc, "J'ai dit." Je cite, n'est-ce

17 pas, Monsieur le Juge, que : "La MOCE faisait état du fait que des forces

18 croates se dirigeaient vers la ville." Est-ce que vous vous souvenez

19 d'autres informations dont vous disposiez, vous ou la FORPRONU ou le

20 général Wahlgren, concernant les mouvements ou la participation des forces

21 croates ?

22 R. Non, je ne m'en souviens pas. Il faut revenir aux documents ou à des

23 rapports de l'époque. Les choses, je ne les ai plus clairement à l'esprit

24 aujourd'hui.

25 Q. Passons à la page 2, au point 2, sous l'alinéa 2. Radic fait référence

26 au message de Tudjman au président Izetbegovic et Boban, avec une copie qui

27 est en annexe. Là, je voudrais vous demander de garder le doigt sur cette

28 pièce à conviction, mais aussi est-ce que vous pouvez regarder la pièce

Page 19520

1 02265 ?

2 R. Vous dites 02265 ? 2265 ?

3 Q. Absolument. Donc, il semble qu'il s'agisse d'une lettre du président

4 Tudjman, en date du 10 mai 1993 et destinée à Izetbegovic et M. Boban. Est-

5 ce que vous vous souvenez si c'était M. Radic ou

6 M. Susak, ou une de ces personnes participant à la réunion, qui avait

7 présenté les choses à la délégation des Nations Unies, ou au général

8 Wahlgren, vous-même, ou aux autres, donc, qui ait présenté une copie de

9 cette du président Tudjman ?

10 R. Non, je ne m'en souviens pas.

11 Q. Revenons au mémorandum de la réunion avec Radic et Susak, et vers la

12 fin du paragraphe numéroté 2, sur la deuxième page, où on nous dit que :

13 "Susak propose que la FORPRONU contacte Boban directement et exprime la

14 volonté du gouvernement croate pour exercer une certaine influence afin

15 qu'il coopère. Il est dit que personnellement il garantirait accès aux

16 personnes qui sont évacuées de la ville."

17 Est-ce que vous vous souvenez si M. Susak a expliqué comment il pourrait,

18 lui, garantir --

19 R. [aucune interprétation]

20 Q. -- un accès aux personnes, vers Mostar ?

21 R. Non.

22 Q. Je voudrais maintenant vous demander de vous reporter à la pièce 2254.

23 R. 2254 ?

24 Q. Oui, tout à fait, 2254.

25 R. [aucune interprétation]

26 Q. Il s'agit d'une note du Conseil de sécurité en date du 10 mai 1993.

27 Alors, je voudrais tout particulièrement attirer votre attention à la

28 deuxième page, à peu près au milieu de cette seconde page, où il est dit :

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1 "Le Conseil de sécurité demande instamment à la République de Croatie,

2 conformément aux engagements en vertu de l'accord de Zagreb du 25 avril

3 1993, (S/25659), afin qu'elle toute son influence sur le responsable croate

4 de Bosnie auprès des unités paramilitaires de manière à ce qu'elles cessent

5 leurs attaques, en particulier dans les zones de Mostar, Jablanica et

6 Drenica."

7 Alors, est-ce que vous vous souvenez, à l'époque, quels étaient les

8 rapports entre le gouvernement croate et les responsables croates de Bosnie

9 ?

10 R. Bien. Je ne pense pas qu'il y avait des problèmes particuliers entre

11 les deux parties à ce moment-là. Comme je l'ai dit tout à l'heure, en règle

12 générale, tout le monde pensait à la FORPRONU que Susak disposait d'une

13 influence certaine dans la région d'Herceg-Bosna. Quant à savoir quelle

14 était l'influence politique et dans quel sens le commandement allait, je ne

15 le sais pas vraiment.

16 Q. Est-ce que vous savez si le général Wahlgren et les autres qui

17 faisaient partie de la délégation des Nations Unies avaient rencontré Susak

18 et Radic ce jour-là, le 10 mai 1993 ? Est-ce qu'ils disposaient, de la

19 résolution du Conseil de sécurité, la note du président du Conseil de

20 sécurité au moment où ils ont rencontré

21 Susak ?

22 R. Ils auraient peut-être eu le texte j'imagine au préalable.

23 Q. Je voudrais que nous passions maintenant à l'été. Nous allons laisser

24 de côté pour l'instant les 9 et le 10 mai et passons à l'été de 1993. Je

25 voudrais vous montrer un certain nombre de rapports d'avoir simplement eu

26 connaissance et que vous ont été envoyés pendant cette période-là. Est-ce

27 que vous pouvez, s'il vous plaît, vous reportez à la pièce P 03094,

28 autrement dit 3094 ?

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1 R. Vous avez dit 03 ?

2 Q. Oui, 03094. Vous l'avez dans votre classeur.

3 R. Tout à fait. J'y suis.

4 Q. Général Pellnas, il s'agit d'une lettre du responsable Rosenroll,

5 l'observateur militaire le plus haut placé par intérim dans la zone BiH

6 sud, et au deuxième paragraphe qui commence par : "Je trouve qu'il est

7 étrange." M. Rosenroll a dit qu'ils n'ont toujours pas accès à Mostar, le

8 1er juillet 1993. Vous avez dit tout à l'heure que, pendant assez longtemps,

9 il n'était pas possible d'avoir accès à Mostar pendant une période de temps

10 relativement longue ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-ce que cela entravait le travail des observateurs militaires qui ne

13 pouvaient ainsi pas faire leur travail ?

14 R. On ne pouvait pas faire rapport de ce qui se passait à l'intérieur de

15 Mostar, ça c'est certain. C'est pour cela qu'il était difficile de savoir

16 ce qui s'y passait. Bien sûr, on pouvait voir un certain nombre de choses

17 depuis l'extérieur.

18 Q. Alors, je voudrais vous demander de passer maintenant à la pièce à

19 conviction 3148, 03148, et je vais essayer de ne pas vous embrouiller.

20 Il s'agit d'un rapport apparemment des observateurs militaires en date du 3

21 juillet 1993. Là encore, je voudrais attirer votre attention à la partie --

22 ça fait partie de citation générale BiH sud, accès à Mostar toujours

23 impossible. Est-ce que c'est bien ce qui se passait ?

24 R. Oui.

25 Q. Peut-on vous demander de passer à la quatrième page de cette pièce-là

26 en bas sous le chapitre D concernant des réunions, rapport BH sud, contact

27 "HVO LO," ce qui veut sans doute dire officier de liaison : "Concernant les

28 restrictions de mouvement et en particulier l'impossibilité de -- pour les

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1 MXA de retourner à Jablanica. Le LO a déclaré qu'il avait fait état de nos

2 préoccupations à sa hiérarchie et qu'il transmettrait la réponse." Est-ce

3 que vous vous souvenez qui -- avec qui le BH sud traitait-il, avec cet

4 officier de liaison et quels étaient les officiers hiérarchiques en

5 question ?

6 R. Non.

7 Q. Je voudrais demander maintenant de regarder la pièce à conviction 3376.

8 R. Oui.

9 Q. Donc, il semble que ce soit un rapport des observateurs militaires,

10 rapport OMNU en date du 10 juillet 1993, à la deuxième page, là encore, à

11 la section B -- BH sud; est-ce que vous voyez, là encore : "Qu'il n'y a pas

12 accès à Mostar -- toujours pas d'accès possible à Mostar" ?

13 R. Oui.

14 Q. Alors, je voudrais juste regarder un certain nombre de ces feuillets,

15 et ensuite, je vais en mettre quelques-uns de côté pour l'instant. Alors,

16 pour gagner du temps, je ne vais pas tous les passer en revue mais nous les

17 présenterons en faisant une demande -- une autre requête.

18 Alors, est-ce que je peux vous demander, Monsieur, de bien vouloir

19 passer au 4464, s'il vous plaît ?

20 R. Oui.

21 Q. Y avait-il un observateur militaire dans la zone au mois d'août 1993 ?

22 Si vous en souvenez puisque c'est peut-être difficile de se rappeler des

23 noms, quelqu'un qui se serait appelé Dan Ashitey ?

24 R. Non. Il y en avait 500 qui venaient et repartaient, donc, je ne me

25 souviens pas des noms, ou d'un grand nombre de noms, sauf si j'ai rencontré

26 la personne et que je lui ai parlé.

27 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, passer à la deuxième page du rapport en

28 bas de la deuxième page où il est écrit : "Discussion du général

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1 Petkovic/du capitaine Collingwood. Les négociations vers la fin de la page,

2 discussion -- donc, général Petkovic/capitaine Collingwood, dans les

3 négociations avec OMNU les points suivants ont été demandés par les OMNU du

4 HVO." D'abord, on parle d'une escorte policière.

5 Ensuite, on passe à la page d'après au numéro 2 : "Accès/possibilité

6 pour les OMNU de traverser la ligne de front nord à Buna." Là encore, il

7 faut revoir le contexte. Il s'agit du 23 août 1993.

8 "Droit et accès à Mostar par n'importe quel itinéraire qui -- HVO --

9 contrôlé par le HVO impossible à tout instant."

10 Ensuite, on peut voir le point 4 et le point 5, et au paragraphe suivant,

11 nous avons les réponses aux différents points, les cinq points en question.

12 Là, je voudrais vous demander de regarder quatre lignes plus bas où il est

13 dit : "Au point 3, accès par n'importe quel itinéraire." "Le point 3 a été

14 pris en compte, mais il a été mis en question, il n'a pas été bien reçu."

15 Est-ce que vous vous souvenez d'autres informations émanant des

16 observateurs militaires qui étaient placés sous votre le commandement à ce

17 moment-là ? Quelle était la nature de ces objections continues auxquelles

18 il faisait objet lorsqu'il demandait l'accès pour eux-mêmes ?

19 R. Je ne m'en souviens pas.

20 Q. Ensuite, dans le paragraphe : "Lorsqu'on demande combien de temps les

21 OMNU devaient rester à Mostar, j'ai demandé, là encore, je cite, "je," ça

22 veut dire Ashitey.

23 R. Oui.

24 Q. "Rester jusqu'à ce qu'il y ait fin du cessez-le-feu. A ce, il a été

25 répondu qu'il ne fallait pas demander d'aide pour sortir si le cessez-le-

26 feu est interrompu."

27 Est-ce que vous savez, en fait, si les OMNU ont eu un meilleur accès à

28 Mostar, à ce moment-là, c'est-à-dire à la fin août 1993 ?

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1 R. Je ne m'en souviens pas. Pour le voir, il faudrait vérifier avec les

2 rapports qui sont arrivés ultérieurement pour pouvoir vérifier ce qui s'est

3 passé réellement.

4 Q. Je voudrais vous montrer la pièce suivante, à savoir le 4585, d'abord,

5 parce que je voudrais vous poser une question particulière qui est

6 ressortie une ou deux fois seulement pour savoir si vous pourrez y apporter

7 des éclaircissements. Il s'agit d'un rapport des OMNU en date du 3

8 septembre 1993 du BiH sud. Au paragraphe intitulé : "Opération," paragraphe

9 B, concernant "Les patrouilles, alinéa 5," je crois qu'il faut dire si le

10 numéro donné de code est 5 pour les OMNU qui étaient à Mostar.

11 R. Oui.

12 Q. Donc, il est question de 7 000 à 8 000 réfugiés à Blagaj.

13 Je voudrais vous demander de passer à la page suivante, au point F et

14 au point G.

15 Alors, est-ce que vous avez eu connaissance, à ce moment-là, qu'une des

16 choses essayer d'être faite par la FORPRONU et les OMNU était de faire des

17 surveillances en plus d'autre chose. Ils voulaient surveiller le mouvement

18 dans l'espace aérien, donc, par des aéronefs au-dessus de la Bosnie-

19 Herzégovine.

20 R. Je ne pense pas que les observateurs à terre s'intéressaient

21 particulièrement aux avions, mais, bien sûr, s'ils les voyaient ils en

22 auraient fait état dans leur rapport.

23 Q. Par exemple, à la section F, il est question de rapport qui vient de la

24 brigade à ABiH à Blaganj et qui fait référence à l'utilisation d'aéronefs

25 par la HVO pour pouvoir faire de largage de quelque sorte, il s'agit d'obus

26 de mortier 220-milimètres. Est-ce que vous vous souvenez qu'il y avait une

27 zone de non survol aérien à cette période en Bosnie-Herzégovine ?

28 R. Il faudrait que je me réfère au document de l'époque pour voir ce que

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1 signifiait donc cette zone de non survol à l'époque.

2 Q. Très bien. Au point G, il est question de largage aérien. Les palettes

3 qui sont larguées deux fois à l'est en territoire serbe et les forces de

4 l'ABiH disent qu'il n'y a pas d'aide qui atteint les zones au nord et au

5 sud de Mostar et qui demandent de l'aide pour autant -- au moins en tant

6 que le centre de Mostar et qui suggère un certain nombre de coordonnées sur

7 les cartes pour des largages aériens. Alors, est-ce que vous vous souvenez

8 des efforts entrepris par la communauté internationale en matière de

9 largage aérien dans la zone de Mostar ?

10 R. Je me souviens qu'il y a eu des largages aériens et à la lecture de

11 cela, manifestement il y a eu des largages qui n'étaient pas forcément bien

12 contrôlés, cela arrive.

13 Q. De quoi vous souvenez-vous des efforts -- ou plutôt --

14 R. Je me souviens qu'il y a eu fourniture d'aide humanitaire par voie

15 aérienne. Lorsqu'on lit ce texte il devient tout à fait clair que la chose

16 n'était pas possible, qu'il n'était pas possible de contrôler la chose à

17 l'époque où ces largages n'étaient pas précis, dirais-je.

18 Q. Je voudrais vous demander de vous référer au document 5085, maintenant.

19 Un rapport des observateurs militaires des Nations Unies daté du 15

20 septembre 1993. Alors, j'aimerais vous demander de vous référer à la page 4

21 de ce document.

22 R. Que je n'ai pas. J'ai les pages 3 et 5.

23 Q. Bon, alors, penchez-vous sur cette page qui porte le

24 numéro 5 et référez-vous à l'alinéa G : "Autre." La seule partie du

25 document qui m'intéresse c'est celle du paragraphe où il est dit : "La

26 partie BiH a informé les observateurs militaires des Nations Unies du fait

27 qu'il y a un accord de cessez-le-feu qui a été conclu entre l'ABiH et la

28 Croatie, et apparemment, cet accord est entré en vigueur le 18 septembre.

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1 C'était le 79e cessez-le-feu qui a été constaté et on ne s'attendait pas à

2 ce que cela marche. Mais il a été confirmé le fait que l'accord a été signé

3 entre la Croatie et l'ABiH et non pas l'ABiH et les Croates de la Bosnie."

4 Alors, laissez-moi vous poser la question : quelle était votre

5 réaction à ce 79e cessez-le-feu ?

6 R. Il n'était pas plus que cela.

7 Q. Oui, mais qu'en est-il des autres représentants de la communauté

8 internationale avec qui vous avez travaillé, qu'avez-vous conclu de la

9 situation lorsqu'on vous a annoncé qu'il y avait un cessez-le-feu à

10 l'époque ?

11 R. Au bout d'un certain temps surtout dans ces conditions-là, vous ne

12 prenez pas trop sérieux ni les documents ni les déclarations verbales. Vous

13 attendez tout simplement de voir ce qui va se passer. Ce qui fait que vous

14 n'êtes ni optimiste ni trop pessimistes quand on vous fait savoir qu'il y a

15 un cessez-le-feu signé. Alors vous allez attendre voir venir avant que de

16 faire quelque évaluation que ce soit.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, il y a un problème.

18 L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Monsieur le Président, dans la version

19 croate, il n'est pas question de Croatie mais du HVO, du Conseil croate de

20 la Défense. Il n'y a pas eu d'accord entre la Croatie et la Bosnie-

21 Herzégovine. Il y a toujours eu la Bosnie-Herzégovine et le Conseil croate

22 de la Défense. Dans le texte croate, cela est bien dit de façon claire.

23 J'aimerais que ceci soit justement élucidé.

24 M. SCOTT : [interprétation]

25 Q. Avez-vous toujours ce document sous les yeux ? Je vous réfère à

26 l'alinéa G, 79e cessez-le-feu, et dans ce rapport de l'OMNU, les

27 observateurs militaires des Nations Unies, n'est-il pas dit qu'il a été

28 confirmé que l'accord s'est fait avec la Croatie et non pas avec les

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1 Croates de Bosnie-Herzégovine ?

2 R. Oui. Je n'ai pas de commentaire à faire concernant ce qui vient d'être

3 dit. Mais il se peut que ce qui est noté sur papier est inexact, cela se

4 peut.

5 Q. J'aimerais que vous penchiez maintenant sur le 5127.

6 R. Fort bien.

7 Q. Alors, nous allons passer à l'intitulé sud de la Bosnie-Herzégovine,

8 une fois de plus : "Mostar, on dit instable; 13 tirs ont été directement

9 effectués en direction de l'équipe de Mostar est avec un calibre de 20-

10 milimetres antiaérien par le HVO ce matin. Ensuite, protestation verbale et

11 écrite de fait. Les feux -- les tirs ont stoppé lorsque l'équipe Mostar

12 Ouest est allée à la zone opérationnelle de Mostar pour se plaindre."

13 Pouvez-vous dire à l'intention des Juges quel est le type de rapports que

14 vous obteniez de la part des observateurs militaires des Nations Unies dans

15 la région de Mostar concernant la situation personnelle qui était la leur

16 pendant cette époque ? Je parle de l'été et automne 1993, et je parle

17 également des tireurs isolés et des pilonnages.

18 R. J'étais plutôt -- ou très sceptique au sujet de la présence

19 s'observateurs à l'intérieur même de la ville, parce que c'était plutôt

20 dangereux. Il s'agissait de prendre des décisions, à savoir prendre la

21 décision si la chose valait la peine de prendre le risque. Comme il s'est

22 avéré qu'il en était ainsi, nous avons décidé de faire en sorte que les

23 observateurs restent. Mais je n'étais pas complètement -- je n'exerçais pas

24 un contrôle entier, et le commandement de l'ABiH avait son mot à dire pour

25 ce qui est de l'emplacement des observateurs, et ils en avaient plus à dire

26 que moi-même.

27 Q. Alors, pour que les choses soient tout à fait claires au compte rendu

28 d'audience, lorsque vous avez parlé du commandement de l'ABiH, vous avez

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1 parlé du commandement de la FORPRONU, n'est-ce

2 pas ?

3 R. Oui, en effet.

4 Q. Je vous réfère maintenant de passer à la pièce 5234. Il s'agit d'un

5 autre rapport des observateurs militaires des Nations Unies daté du 20

6 septembre 1993. Alinéa 1 : "Situation générale. Medjugorje calme. Mostar, à

7 compter de 6 heures du matin aujourd'hui, des centaines d'obus, de

8 l'artillerie, de chars et de mortiers, les observateurs militaires de l'ONU

9 du côté est ont dû se retirer vers leurs abris. Ici, on explique que le HVO

10 constituait -- enfin, que ces tirs constituaient une -- un sanctionnement,

11 une punition suite à une attaque contre la colline de Hum." Vous souvenez-

12 vous qui dirige des rapports de l'OMNU de la région de Mostar disant qu'il

13 y aurait des représailles, des tirs en représailles pour ce qui se passait

14 dans le secteur indiqué ?

15 R. Les pilonnages étaient plutôt constants, et je ne me souviens pas que

16 cela ait eu quelque corrélation que ce soit avec une punition ou quoi que

17 ce soit de ce genre.

18 Q. Je pense que nous pouvons nous pencher sur le dernier document, peut-

19 être le dernier avant la pause. Je crois qu'on s'approche du -- de l'heure

20 de la pause. Alors, nous allons parler maintenant du 5519. Il s'agit d'un

21 rapport émanant des observateurs militaires des Nations Unies couvrant la

22 période du 29 septembre au 30 septembre. Ce que je veux vous demander,

23 c'est quelque chose de concret, au sujet de l'avant-dernière page.

24 Alors, à cette page, au point numéro 6, une fois de plus on dit que

25 des avions qui survolent et que ceci s'est passé en même temps que les

26 largages d'aide humanitaire, les largages aériens. Alors, quelle est la

27 finalité de ce type -- de la présentation de ce type de rapport de la part

28 des officiers et des observateurs militaires des Nations Unies ? Pourquoi

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1 cette partie-là est-elle si importante pour qu'elle soit mentionnée ?

2 R. Je crois qu'ils informaient de toute chose qu'ils considéraient avoir

3 une signification quelconque.

4 Q. Mais d'après l'observateur militaire -- supérieur des observateurs

5 militaires, on dit que : "La situation était calme et bien qu'il n'y ait

6 pas eu beaucoup d'activité ou de mouvement dans la zone de responsabilité

7 dont nous avons été chargés."

8 R. Oui, c'est le secteur de responsabilité, en effet.

9 Q. Il nous a été : "Au cours des deux jours, refusé l'accès à des secteurs

10 au nord de Neum." Alors, vous souvenez-vous de rapports que vous aviez

11 reçus vers la fin du mois de septembre 1993 au sujet des opérations du HV

12 dans ce secteur ?

13 R. Non, je ne m'en souviens pas particulièrement. Quand vous relisez le

14 rapport, vous pouvez tomber sur des paragraphes que vous pensez être

15 importants, mais qu'étant donné qu'il y avait un grand afflux de rapports

16 de toutes les parties de l'ex-Yougoslavie, nous étions plutôt occupés par

17 des -- ou préoccupés par des problèmes autres. Il n'y avait pas que Mostar

18 à ce moment-là.

19 Q. Bien. Je vais peut-être passer à ce -- revenir à ce sujet avant d'en

20 finir avec votre témoignage, mais est-ce qu'ici, nous voyons quelque chose

21 qui était -- une chose qui était plutôt régulière de la part des

22 observateurs militaires des Nations Unies ?

23 R. Non.

24 Q. Non ?

25 R. Non, je ne pense pas.

26 Q. Pourquoi ?

27 R. Il arrivait souvent qu'il y ait eu des rapports relatant le fait qu'il

28 y ait eu des passages d'avions, et je ne pense pas que les observateurs

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1 doivent se concentrer sur ce type de choses parce qu'il y avait une

2 organisation qui veillait au non survol et il y avait des équipes qui

3 veillaient aux aéroports pour faire attention à ce qui se passait, et nous

4 avions des observateurs à l'aéroport de Zagreb, par exemple.

5 Q. Oui. Bon. Je vais passer à ma dernière question avant la pause, bien

6 entendu. Il s'agit du sujet portant sur les mouvements des troupes du HV,

7 de l'armée croate. Est-ce que c'est là une chose à laquelle les

8 observateurs militaires des Nations Unies ont été attentifs ?

9 R. Absolument. Ils rapportaient immédiatement, au cas où il y avait

10 mouvement, quel que ce soit -- quel qu'il soit de la part du HV, à

11 l'intérieur de la Bosnie.

12 Q. Mais pourquoi cela avait-il été considéré comme important et devant

13 faire l'objet de rapports ?

14 R. Parce que cela aurait constitué une intrusion de la part de la Croatie

15 vers -- dans un autre pays.

16 M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être l'heure de la

17 pause est-elle venue.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons faire une pause de 20 minutes.

19 --- L'audience est suspendue à 17 heures 36.

20 --- L'audience est reprise à 17 heures 56.

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise.

22 M. SCOTT : [interprétation]

23 Q. Général Pellnas, je voudrais maintenant que nous nous reportions à la

24 fin 1993, environ au mois de décembre. Tout d'abord, je voudrais vous

25 demander comment est-ce que vous avez été amené -- donc, si nous pouvions

26 revenir un petit peu en arrière pour que vous nous redonniez des éléments

27 de contexte, quand vous avez donc été amené a faire des efforts

28 particuliers ? En décembre 1993, Lord Owen vous a demandé de participer aux

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1 négociations au sujet de Mostar, au sujet de quelque chose qui était appelé

2 une proposition de l'administration européenne pour la ville de Mostar.

3 R. Oui. Alors, il m'a envoyé là-bas en vue d'un accord entre les parties

4 en Bosnie. Il m'a demandé de délimiter donc la zone, a-t-il dit, qui serait

5 ainsi administrée par l'Union européenne et qui servirait de ligne

6 directrice.

7 Q. Parfait. Alors, commençons par ce que vous avez dit, pour qu'il n'y ait

8 pas de malentendus. Vous avez dit qu'il y avait un accord entre les parties

9 en Bosnie. C'est l'accord en vertu duquel l'Union européenne --

10 R. Oui, en effet, il devait administrer la zone.

11 Q. De manière [inaudible] ?

12 R. Oui.

13 Q. Est-ce que vous vous êtes rendu à Mostar à nouveau pour faire ce

14 travail ?

15 R. Oui. C'est une mission un petit peu étrange parce qu'il y avait encore

16 des combats à Mostar, et j'y ai été envoyé pour que les parties arrivent à

17 un accord pour essayer de délimiter la zone de l'Union européenne.

18 Q. Donc, est-ce que vous vous souvenez du moment où ce concept de

19 l'administration européenne de Mostar -- enfin, comment est-ce que cela est

20 devenu un protectorat, ou comment ce concept a commencé à être débattu ?

21 R. Non, je ne m'en souviens pas.

22 Q. Y avait-il eu des discussions au sujet de qui serait l'administrateur à

23 Mostar ?

24 R. Bien, d'après les premières rumeurs il s'agissait d'un Allemand de

25 Bremen, M. Koschnick, qui était candidat à ce poste.

26 Q. Je voudrais vous demander de vous reporter à la pièce à conviction

27 5757.

28 Je voudrais, tout d'abord, vous demander - et là encore, pour planter le

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1 décor de manière plus précise - au moment où vous avez participé à cela

2 plusieurs mois plus tard, lorsque vous êtes arrivé à Mostar en janvier

3 1994, quelle était la position de la partie croate que vous aviez

4 rencontrée à votre arrivée à Mostar en janvier ? Quelles étaient leur

5 position concernant les limites donc de cette administration européenne à

6 Mostar ?

7 R. Bien, l'équipe était présidée par un avocat appelé M. Tomic et lorsque

8 nous avons commencé à partir de cette limite de Mostar et il a donné

9 l'idée, à ce moment-là, que l'Union européenne se devait d'administrer

10 Mostar Est et rien de plus.

11 Q. Selon vous, est-ce que c'est cela que vous avez compris comme devant

12 former le cadre, le concept de la présidence

13 européenne ?

14 R. Non, en fait, l'Union européenne -- l'idée, si vous voulez, était de

15 faire en sorte que Mostar reste pluriculturelle dans la ville sous cette

16 administration.

17 Q. Bien, maintenant, reportons-nous à la pièce 5757, qui est une lettre

18 émanant de Mate Boban, en date du 8 octobre 1993. A la dernière page, elle

19 est adressée particulièrement à Owen et Stoltenberg ainsi qu'au ministre

20 des Affaires étrangères de l'Union européenne; est-ce que vous voyez la

21 partie à laquelle je fais référence ?

22 R. Oui.

23 Q. Alors, bon, cette lettre fait l'objet de plusieurs pages qui parlent de

24 Mostar et qui explique pourquoi c'est une ville croate et si l'on veut

25 parler de cela on peut lire la lettre - les Juges peuvent aussi lire la

26 lettre - si vous voulez bien, vous reporter à la page numéro 3, à peu près

27 au milieu de cette page. Deuxième paragraphe à cette page, qui parle -- qui

28 commence par les types et donc qui parle des conclusions concernant Mostar

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1 et qui dit à la fin du paragraphe -- M. Owen qui dit : "La conclusion de la

2 dernière phrase les Croates n'ont que Mostar, donc, la requête de l'Union

3 européenne est absurde." Est-ce que cela traduit la position que vous avez

4 rencontrée au moment où vous êtes arrivé en janvier 1994 ?

5 M. KARNAVAS : [interprétation] Excusez-moi. Mais avant de répondre à cette

6 question, je formule une objection à la manière dont cette question est

7 formulée. Ce commentaire de ce monsieur au sujet de ce que dit M. Boban

8 dans sa lettre concerne l'absurdité de la présence de ce gouvernement à

9 l'ouest et qui est préconisé par l'avocat M. Tomic. S'il y avait eu

10 témoignage, cela pourrait aider, mais je pense que c'est préférable de

11 prendre le témoignage du témoin, d'après ce qu'il a entendu dire et ce

12 qu'il a appris en plus de détail par rapport à parler d'une lettre et en

13 parlant de la position de M. Tomic puisque M. Boban parle de quelque chose

14 dans un contexte plus large.

15 M. SCOTT : [interprétation] Bien, Messieurs les Juges, je pense que ma

16 question a été bien posée et le témoin était sur le terrain en janvier, en

17 février. Je crois qu'il peut le dire lui-même et il peut dire quel était

18 son sentiment, si cette position ainsi décrite dans la lettre correspond

19 aux positions que lui-même a entendu lors des négociations ? C'est une

20 question très simple, n'est-ce pas, Monsieur.

21 M. KARNAVAS : [interprétation] Est-ce que le Tribunal peut statuer d'abord,

22 Monsieur le Président ?

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Scott, j'essaie de comprendre ce que vous

24 voulez faire dire au témoin. Il y a une phrase dans -- à la page 3, et vous

25 voulez demander au témoin si ce qui est écrit dans cette phrase correspond

26 à ce qu'il a vu -- compris sur le terrain ? C'est bien l'approche ?

27 M. SCOTT : [interprétation] Bien, pas uniquement cette phrase-là, Monsieur

28 le Président. Si vous voulez qu'on passe un quart d'heure, je peux vous

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1 lire la lettre dans son intégralité, mais je ne pense pas que cela soit

2 nécessaire.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Le problème c'est que la lettre, lui ne la connaît

4 pas. A priori, la lettre il ne la connaissait pas.

5 M. SCOTT : [interprétation] La question n'était pas là. La question c'était

6 ce qui est dit dans la lettre qu'il peut lire lui-même et d'ailleurs mieux

7 comprendre -- bien, un grand nombre d'entre nous. Si cela correspond à ce

8 qu'il a vu lorsqu'il est arrivé sur le terrain en janvier 1994 ? Et là, il

9 peut dire : "Oui, c'est la position que j'ai pu observer lorsque je suis

10 arrivé là-bas."

11 M. KARNAVAS : [interprétation] Bien, M. Boban parle d'aussi d'autres sujets

12 dans un sens beaucoup plus vaste. M. -- était à la réunion. Il a vu M.

13 Tomic et je crois que plus tard il a vu aussi M. Buntic. Là, je crois qu'il

14 a eu aussi une autre réunion avec M. Tomic, et en effet, il témoigne que M.

15 Buntic était là. Mais pour -- c'est préférable d'obtenir les observations

16 du témoin qui nous dit ce qu'il a observé, et si le Procureur estime, et

17 qu'il est nécessaire de revenir en arrière, parce qu'une certaine manière,

18 ils veulent que le témoin dise : "Oui, cette lettre correspond à ce que

19 j'ai entendu dire." Peut-être que là, il y a une base, mais je crois que

20 pour l'instant, on demande au témoin de dire ce qu'il pense -- ce pensait

21 M. Boban au moment où il a écrit la lettre. Enfin, c'est comme ça que je le

22 comprends.

23 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Bien, Monsieur Karnavas, je le

24 comprends différemment. Nous avons lu ce qui a écrit M. Boban et le témoin

25 a pu parler à plusieurs personnes à Mostar concernant Mostar et l'avenir de

26 la ville de Mostar. La question c'est de savoir si ces autres personnes lui

27 ont dit la même chose, si l'essence qui figure dans cette lettre correspond

28 à ce qu'il a entendu. Je pense que c'est une question qui est bien fondée.

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1 M. KARNAVAS : [interprétation] En effet, c'est une question qui est bien

2 fondée. Avec votre permission je pense qu'il est préférable de savoir de la

3 bouche du témoin concernant toutes les réunions qu'il y a eues sur ce

4 sujet-là. Il a aussi rencontré M. Buntic, et puis ensuite, M. Tomic. Donc,

5 si on entend tous ces éléments, c'est sans doute préférable pour bien

6 comprendre, mais je laisse cela à votre sagacité.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, posez votre question, Monsieur Scott.

8 M. SCOTT : [interprétation]

9 Q. Bien. Général Pellnas, vous avez entendu la question que je vous ai

10 posée maintenant à plusieurs reprises. Si cela puit vous aider pour avoir

11 plusieurs d'autres éléments, une orientation au sujet de cette lettre, vous

12 avez dit que vous vous intéressiez à la police à Mostar depuis longtemps.

13 Cela remonte à avril 1993. Donc, avant de vous poser une autre question,

14 nous pourrions peut-être revenir au premier paragraphe de la lettre de M.

15 Boban :

16 "En parlant de la déclaration de l'Union européenne du

17 5 octobre 1993 concernant le lancement d'une force de police et que l'on

18 parle du protectorat de la Communauté européenne à Mostar et la position

19 des parties croates par rapport à cette question."

20 Encore, lorsque vous lisez cette lettre et tout ce qui y figure au

21 sujet de Mostar que là les éléments démographiques et tout ce que nous

22 voyons ici, est-ce que cela correspond aux positions que vous avez entendu

23 dire par la bouche des représentants croates de Bosnie lors des

24 négociations en janvier et février 1994 ?

25 R. Bien, pour ce qui concerne Tomic, il a dit lors des négociations, je

26 crois que cela traduit bien les opinions qui prévalaient au sujet de

27 Mostar.

28 Q. Est-ce que vous savez qui a fait la délégation -- la déclaration qui

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1 était responsable donc de la délégation croate de Bosnie pour cela ?

2 R. Non. Ça aurait dû être Mate Boban, mais je ne sais pas.

3 Q. Est-ce qu'avant de quitter Zagreb pour Mostar, faire ces négociations,

4 est-ce que vous saviez qui dirigerait les négociations au nom de la

5 délégation croate de Bosnie ?

6 R. Oui, j'ai appris que c'était un certain M. Tomic qui dirigerait la

7 délégation croate. Nous n'avions pas d'information concernant ces

8 informations concernant la délégation musulmane.

9 Q. Avez-vous su au sujet de M. Prlic ce qu'il allait faire ? Avez-vous eu

10 des informations concernant les négociations à venir avec M. Tomic et si

11 ces négociations allaient être productives ?

12 R. J'ai obtenu des informations, mais je ne me souviens plus qui me les a

13 données. C'était quelqu'un qui avait une position très dure et qui était

14 totalement fidèle à Mate Boban. Donc, j'étais un petit peu inquiet quant à

15 -- ou concernant l'avenir des négociations.

16 Q. Qu'avez-vous entendu dire au sujet de ces préoccupations ?

17 R. Je suis allé voir M. Sarinic à Zagreb.

18 Q. Qui était M. Sarinic ?

19 R. Chef de la sécurité pour M. Tudjman.

20 Q. Qu'a-t-il dit à M. Sarinic ?

21 R. J'ai fait état de mes craintes au sujet d'éventuels problèmes, et

22 ensuite, il m'a assuré qu'il n'y aurait pas de problèmes et que Tomic

23 serait tout à fait raisonnable et qu'il n'était pas dans la poche de Mate

24 Boban.

25 Q. Avez-vous appris des éléments quant à savoir si -- quelle serait la

26 position de M. Boban au sein de l'Herceg-Bosna -- au sein du gouvernement

27 HVO ?

28 R. Jusqu'au moment où la Fédération est devenue une réalité politique, je

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1 crois que sa position était extrêmement fortement campée et après cela, il

2 constituait un obstacle finalement à l'avenir.

3 Q. Est-ce que vous savez quel rôle il a pu jouer une fois qu'il a été

4 démis en tant que président de l'Herceg-Bosna ?

5 R. Il est devenu président d'une société pétrolière, INA.

6 Q. Où était basée cette entreprise ?

7 R. Son siège se trouvait à Zagreb et la plupart du temps, il restait dans

8 cette zone.

9 Q. La zone de l'hôtel Intercontinental ?

10 R. Oui.

11 Q. Donc, lorsque vous avez eu cette assurance concernant le fait que M.

12 Tomic ne poserait pas de problème, est-ce que vous vous souvenez quand vous

13 êtes arrivé à Mostar ?

14 R. Je ne me souviens pas vraiment de la date aujourd'hui. Ceci est quelque

15 part dans un document. Je suis allé au Bataillon espagnol et ils n'étaient

16 pas particulièrement ravis parce qu'ils n'avaient pas entendu parler, donc,

17 nous avons appelé le général Briquemont, qui était commandant en chef de la

18 Bosnie et qui était un petit peu quelque peu hérité parce qu'il n'a plus

19 non plus -- été informé et qui a ordonné au Bataillon espagnol de me loger

20 mais sans donner d'assistance supplémentaire.

21 Q. Alors, pour que ce soit clair dans le compte rendu d'audience, il y a

22 une note au sujet de l'INA concernant cette société pétrolière. Il faudrait

23 l'écrire en majuscule INA, I-N-A, en lettres majuscules.

24 R. C'est exact.

25 Q. Donc, quand lorsque vous êtes arrivé à Mostar à Medjugorje et que vous

26 avez [inaudible], vous avez vu Grant Finlayson à

27 nouveau ?

28 R. Oui. Je me suis dit qu'étant donné l'atmosphère qui prévalait au sein

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1 du Bataillon espagnol, les choses allaient être un petit peu difficile pour

2 la logistique, donc, j'ai demandé aux observateurs de me fournir un

3 transport et de s'occuper de moi parce que nous n'avions pas d'information

4 concernant la délégation musulmane. Il n'y avait aucune information, donc

5 j'ai dû décider d'aller à Mostar et essayer de trouver cela par moi-même.

6 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Mostar, vous dites que vous avez -- ou à

7 Medjugorje, vous dites que vous avez logé à l'hôtel ?

8 R. Oui. J'étais à l'hôtel Ana Marija.

9 Q. Très bien. Vous avez pris une chambre dans cet hôtel ?

10 R. Oui. Dans la soirée.

11 Q. Avez-vous rencontré qui que ce soit avant dans l'hôtel ?

12 R. Oui, Jadranko Prlic, qui était là avec une délégation, je crois, il y

13 avait peut-être deux ou trois personnes qui portaient des vestes en cuir et

14 qui avaient des insignes, des insignes normales que l'on retrouvait dans la

15 zone --

16 Q. C'est-à-dire --

17 R. C'est-à-dire des anneaux dorés et d'autres choses de ce genre.

18 Q. Avez-vous échangé des propos avec M. Prlic, à ce moment-

19 là ?

20 R. Il est venu et il m'a dit bonjour. Il m'a demandé, de manière un peu

21 ironique, si j'étais ici pour venir faire la paix.

22 Q. Donc, lorsque vous étiez dans l'ex-Yougoslavie, vous avez dit que vous

23 aviez rencontré des hommes qui étaient habillés de cette manière-là ?

24 R. Oui.

25 Q. Où ?

26 R. De divers endroits et sans parler du Monténégro.

27 Q. Que faisaient-ils ?

28 R. Dans la plupart des cas, ils faisaient des affaires.

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1 M. KARNAVAS : [interprétation] Peut-être que le témoin pourrait faire une

2 citation de son livre parce qu'il fait référence aux hommes politiques du

3 Monténégro, qui font des trafics, et donc, d'après le contexte du livre, et

4 je crois que cela correspond à un état d'esprit d'individus concernant les

5 personnes de cette région.

6 M. SCOTT : [interprétation]

7 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je pense que c'est une excellente

8 question pour le contre-interrogatoire, Monsieur Karnavas.

9 M. KARNAVAS : [interprétation] Si le Procureur veut aller dans cette voie-

10 là, il doit y aller jusqu'au bout. S'il ne le fait pas, c'est parce qu'il

11 sait que nous avons très peu de temps pour le contre-interrogatoire et

12 c'est bien là mon problème. Voyez-vous si j'avais assez de temps pour les

13 fins du contre-interrogatoire, cela prendrait deux ou trois jours pour ce

14 monsieur, et à ce moment-là, je pourrais très bien faire cela à loisir.

15 Mais s'ils abordent cela, faites lui décrire dans le détail les choses et

16 dites [inaudible] -- demandez-lui ce qu'il veut dire lorsqu'il parle de

17 politiciens du Monténégro qui se livrent à des trafics et qui sont du type

18 correspondant à M. Prlic ou à son entourage ?

19 M. MURPHY : [interprétation] Peut-être que M. Scott pourrait aussi nous

20 dire à quelle partie de l'acte d'accusation il fait référence lorsqu'il

21 parle des personnes portant des vestes en cuir. C'est un autre exemple une

22 manière dont il travaille.

23 M. SCOTT : [interprétation] Non, je n'ai pas inventé cela. Il a rencontré

24 M. Prlic à l'hôtel, il a échangé quelques propos et voilà j'ai trouvé cela

25 dans son témoignage. Il s'agit d'informations qui ont été données

26 directement par des témoins, et donc, s'il souhaite aller là-dedans dans

27 son contre-interrogatoire, il pourra le faire.

28 M. LE JUGE ANTONETTI : -- ce que je ne comprends pas, Monsieur Scott, c'est

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1 la question des vestes en cuir, quelle importance ?

2 M. SCOTT : [interprétation] Monsieur le Président, vous aurez à prendre une

3 décision sur la base de l'intégralité des moyens de preuve dans cette

4 affaire. C'est tout ce que je peux dire, Monsieur le Président.

5 Q. Est-ce que vous êtes revenu à Mostar soit le même soir plus tard ou le

6 lendemain ?

7 R. Où, les négociations. A Mostar le lendemain, d'après ce dont je me

8 souviens, et les observateurs m'y ont conduit.

9 Q. Vous dites -- quand vous parlez des observations, vous voulez dire M.

10 Finlayson et les autres ?

11 R. Oui. Aussi une équipe qui était déjà sur Mostar qui nous a retrouvée

12 là-bas. Il disposait d'une voiture blindée.

13 Q. Je vais juste consacrer quelques minutes à ce sujet concernant le

14 trajet pour aller à Mostar. Est-ce que vous pouvez dire aux Juges, parler

15 un petit peu de cet itinéraire, l'itinéraire qui a été suivi et avez-vous

16 pu accéder à Mostar, au centre ?

17 R. Dans mon souvenir, il ne resterait plus qu'un pont qui se trouvait vers

18 l'est et nous avons emprunté ce pont qui je crois est au sud de Mostar.

19 Ensuite, nous sommes arrivés dans un quartier, c'était peut-être le

20 quartier de la Gare et il y avait des conteneurs et nous avons dû passer

21 plusieurs fois dans les environs avant d'atteindre une route qui nous a

22 conduit au centre de Mostar.

23 Q. Ensuite, lorsque vous avez commence à naviguer dans l'est de Mostar,

24 que s'est-il passé ?

25 R. J'ai été vraiment choqué par ce que j'ai vu car je ne m'y étais pas

26 rendu depuis les événements d'avril 1993 et je n'aurais pas pu reconnaître

27 quoi que ce soit de Mostar par rapport à ce que j'avais vu. Ce n'est que la

28 mosque -- ou plutôt ce qu'il en restait la mosquée -- pardon, ce qu'il en

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1 restait, qui m'a servi de point de repère.

2 Q. Alors, est-ce que cela veut dire que les conditions à Mostar, les

3 conditions physiques, s'étaient largement détériorées par rapport à avril

4 1993 ?

5 R. Absolument. C'était bien pire qu'à Sarajevo.

6 Q. Lorsque vous êtes arrivé dans la ville, avant d'arriver au point où

7 vous venez de faire cette observation, est-ce que vous pouvez dire aux

8 Juges si votre véhicule blindé a été pris à partie, si on vous a tiré

9 dessus ?

10 R. Non, pas lorsque nous sommes entrés dans Mostar, mais lorsque nous

11 avons quitté Mostar.

12 Q. Fort bien.

13 R. C'est le jeune officier britannique qui conduisait et qui savait où

14 pouvaient se trouver les tireurs embusqués sur les collines, donc, il était

15 quelque peu inquiet.

16 Q. Bien. Comme vous le disiez, nous allons revenir sur ce point-là un

17 petit peu plus tard. Vous nous avez dit tout à l'heure que vous alliez à

18 Mostar pour pouvoir vous organiser et créer une délégation; est-ce exact ?

19 R. Oui.

20 Q. A quelle date avez-vous rencontré une personne du nom de Klaric ?

21 R. Je l'ai rencontré à son bureau, et d'après ce dont je me souviens, il

22 était maire de la partie est de la ville.

23 Q. M. Klaric, avait-il un bras droit du nom d'Alija --

24 R. Alikadic.

25 Q. Très bien, Alikadic. Excusez ma prononciation. Après la réunion avec

26 son bras droit, avez-vous rencontré M. Klaric en personne ?

27 R. Oui.

28 Q. Pouvez-vous nous donner une idée de l'impression qu'a fait cette

Page 19546

1 personne, M. Klaric, sur vous, et ce qu'il vous a dit au sujet des

2 négociations ?

3 R. Il m'a fait très bonne impression car il était très calme. Il était

4 bien habillé, rasé de près, ce qui n'était pas du tout le cas avec des

5 autres personnes -- donc, par rapport aux autres personnes, et donc cela

6 m'a marqué. Il est resté tout à fait en maîtrise de lui-même lorsqu'il y a

7 eu des obus qui sont tombés. Il n'a même pas sursauté. Il est vraiment

8 quelqu'un qui est resté très calme.

9 Q. Justement, je voulais vous poser la question : est-ce qu'il y a eu des

10 tirs de mortiers à Mostar, à ce moment-là ?

11 R. Oui. A peu près toutes les cinq minutes, il y a des obus qui tombaient.

12 Je crois qu'il s'agissait d'obus de mortier de

13 12 millimètres.

14 Q. Est-ce que cela a continué au long de la réunion avec

15 M. Klaric ?

16 R. Oui. Alors, il a commencé par nous accuser en disant que les Nations

17 Unies, l'Union européenne, les laissaient tomber, ne les protégeaient pas.

18 Donc, à quelque part, il était agressif au départ, mais plus tard, il a

19 promis de composer une équipe et de l'envoyer à Medjugorje.

20 Q. Lorsque vous avez quitté M. Klaric, par quelle route êtes-vous partis ?

21 R. Nous sommes partis par le même itinéraire, près de la gare. Ensuite, on

22 nous a tiré dessus depuis la colline, et il y a eu plusieurs impacts sur la

23 voiture, une qui est arrivée sur la vitre de la voiture, du côté de Grant

24 Finlayson, mais c'était un petit calibre, à peu près du 762, donc, cela n'a

25 pas fait de gros dégâts.

26 Q. Alors, les entretiens entre les deux délégations, c'est-à-dire la

27 délégation des Croates de Bosnie et des Musulmans de Bosnie, a commencé un

28 petit peu plus tard après cela ? Je ne sais plus quel était le passage

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1 exact; vous vous en souvenez ?

2 R. Je crois que ça devait être une semaine plus tard. Cela a pris une

3 semaine avant que nous arrivions à rassembler les parties.

4 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire comment s'est passée cette réunion et

5 nous confirmer le fait que c'était bien M. Tomic qui représentait la partie

6 croate ?

7 R. Oui. Comme je disais, pour lui, le concept c'est que l'Union européenne

8 devait administrer Mostar Est. Or, ce n'était pas exactement l'idée que

9 nous en avions. Donc, je suis sorti. J'ai téléphoné à Sarinic, à Zagreb, et

10 je lui ai dit que je consacrais des efforts inutilement à Mostar.

11 Q. C'est M. Sarinic avec qui vous aviez parlé au mois de décembre ?

12 R. Oui. C'était le conseiller de sécurité pour M. Tudjman.

13 Q. Vous vous souvenez ce qui s'est passé ensuite ?

14 R. Tomic a été soudainement appelé au téléphone. Il est revenu. Il était

15 furieux. Il a dit qu'on négociait dans son dos. En fait, c'était M. Susak

16 qui l'avait appelé. Ce qu'il lui avait dit, je ne sais pas, mais il était

17 furieux.

18 Q. Comment avez-vous appris les informations que vous avez obtenues

19 concernant M. Susak qui avait rappelé M. Tomic ?

20 R. Je ne sais plus exactement qui me l'a dit. C'est peut-être les

21 personnes chargées du téléphone au Bataillon espagnol ou peut-être même

22 Tomic lui-même, parce que, vraiment, il était hors de lui. Mais je me

23 souviens clairement de la chose parce que c'était un petit peu étrange.

24 J'ai appelé Sarinic, et c'est Susak qui a rappelé.

25 Q. Après cette intervention, est-ce que des progrès ont été réalisés lors

26 de la réunion ?

27 R. Non.

28 Q. J'aimerais vous demander de consulter la pièce 7584. Il s'agit d'un

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1 rapport de la MOCE en date du 14 janvier 1994. Je vais vous demander de

2 vous reportez au paragraphe qui s'intitule : "La situation politique."

3 Première page.

4 R. Je crois que c'est une bonne interprétation. On m'a envoyé sur place

5 sans pratiquement -- sans aucun mandant, sans aucune consigne, et vu les

6 circonstances, c'était difficile. Il faut savoir que les parties en

7 présence se battaient encore. Je crois que Lord Owen m'a utilisé comme

8 cobaye, pour voir ce qui se passait.

9 Q. Un peu plus bas, au paragraphe numéro 1, il est fait référence à une

10 réunion qui s'est tenue sous -- qui a été présidée par le général Pellnas.

11 R. Oui, tout à fait. Mais ça n'avait strictement aucune importance.

12 Q. Oui, mais il est fait référence ici aux réunions auxquelles vous avez

13 commencé à participer, à ce moment-là.

14 R. C'est exact.

15 Q. Avez-vous rencontré le général Lasic que vous aviez déjà rencontré en

16 avril 1993 ?

17 R. Oui. J'ai -- je me souviens de lui. Donc, je l'ai invité à dîner à

18 Medjugorje. L'objectif c'était de créer un climat plus favorable aux

19 négociations. Je lui ai demandé de cesser de pilonner Mostar pendant qu'on

20 négociait.

21 Q. Que vous a-t-il dit ?

22 R. Il avait bu du vin, donc, il m'a fait des promesses, mais le lendemain,

23 il m'a rappelé en me disant que c'était impossible.

24 Q. Quand, le lendemain, il vous a dit que ce à quoi il s'était engagé la

25 veille n'était pas possible, qu'en avez-vous pensé ?

26 R. Je pense qu'il a fait l'objet de pressions sans doute. Ou peut-être a-

27 t-il tout simplement regretté ce qu'il avait promis.

28 Q. Comment avez-vous réagi ?

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1 R. Je lui ai dit que j'irais le chercher jusqu'en enfer s'il ne tenait pas

2 parole. C'est sans doute les termes que j'ai utilisés. Finalement, il a

3 semblé avoir tenu parole. En fait, c'est peut-être une coïncidence, mais le

4 nombre d'obus qui tombaient a beaucoup diminué.

5 Q. Pouvez-vous nous donner une idée de ce que cela représentait ?

6 R. Quelques obus seulement sur Mostar pendant cette période.

7 Q. Pendant ces trois jours ?

8 R. Oui.

9 Q. Par rapport à quoi auparavant ?

10 R. A peu près 300 par jour. Donc, j'aimerais penser qu'il a tenu sa

11 promesse. Enfin, c'est ce que je souhaite penser.

12 Q. Parlons maintenant des négociations et d'une période postérieure en

13 invoquant des questions que vous avez déjà évoquées ou qu'on ne va pas

14 répéter trop, mais vous dites que plus tard il y a eu d'autres réunions et

15 que vous avez fait des propositions quant à la carte, ce à quoi la carte

16 devait avoir l'air.

17 R. Oui. Comme personne ne prenait d'initiative, c'est moi-même qui

18 dessinait cette carte et qui les leur présentait.

19 Q. S'agissant de cette carte, de manière très générale, quelle proposition

20 avez-vous fait quant la ville ?

21 R. La première carte c'était une carte de Mostar avec aussi peu de

22 territoires de l'extérieur que possible parce que je ne voulais pas que

23 l'administration de l'Union européenne occupe un territoire qui jouxte un

24 territoire serbe parce que ça aurait créé un autre problème. Autant que je

25 m'en souvienne, l'aéroport ne figurait pas dans la première mouture de

26 cette proposition.

27 Q. Quelle a été la réaction des deux parties en présence ?

28 R. Tomic l'a mis dans son attaché caisse sans aucune observation en disant

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1 simplement qu'il remettrait la chose à ses supérieurs. Je ne sais pas qui

2 c'était, enfin qui -- quels étaient. Les Musulmans ont dit que : "Oui,

3 peut-être, éventuellement ils pourraient agréer à cette proposition."

4 Q. Est-ce que au bout d'un certain temps ces négociations se sont

5 déplacées à Genève ?

6 R. Oui.

7 Q. C'était à peu près à quelle période ?

8 R. En février, peut-être.

9 Q. Quels sont les représentants de plus haut niveau des parties en

10 présence qui ont participé ?

11 R. Je devais constituer un petit groupe et M. Buntic s'est présenté pour

12 être le négociateur croate afin de définir les limites de Mostar. M.

13 Buntic, j'en ai parlé précédemment, il a accepté ma proposition.

14 Q. Est-ce que M. Izetbegovic et M. Tudjman étaient là également ?

15 R. Oui. Mais je n'étais pas à leur échelon. Je m'occupais de la question

16 très concrète des limites.

17 Q. Ce M. Buntic, vous l'aviez rencontré auparavant ?

18 R. Non. Je ne l'avais jamais vu auparavant. Ensuite, j'ai appelé la

19 délégation musulmane et je leur ai dit : "On a un accord." Ils ont répondu

20 : "Non, non, il n'y a pas d'accord parce que nous on veut l'aéroport. On a

21 besoin de l'aéroport."

22 Q. Donc, ça débouché sur une impasse ?

23 R. Oui. Oui, parce que les Musulmans ne voyaient aucun intérêt à trouver

24 une solution rapide à la situation.

25 Q. Est-ce que vous avez des informations dont vous pourriez nous faire

26 part et qui expliqueraient cette prise de position ?

27 R. Oui, il faut tenir compte de l'évaluation de la situation. Il faut

28 savoir qu'ils avaient enregistré des victoires militaires dans les enclaves

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1 du nord. Donc, ça ne les intéressait pas de trouver une solution aux

2 problèmes de Mostar tout de suite.

3 Q. En février donc ?

4 R. Oui.

5 Q. 1994?

6 R. Oui.

7 Q. J'aimerais maintenant que nous examinions la pièce 7965.

8 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Permettez-moi de revenir à la

9 dernière réponse que vous avez faite.

10 Mon Général, c'est donc une sorte d'hypothèse de sa part, c'est votre

11 évaluation de la situation, n'est-ce pas, une conjecture ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. Comme toutes les évaluations à

13 caractère politique.

14 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

15 M. SCOTT : [interprétation]

16 Q. La pièce 7965, c'est un rapport de la MOCE pour la période du 19 au 25

17 février 1994. Si vous examinez le corps du texte vous y trouverez votre

18 nom. Il s'agit, n'est-ce pas, d'un rapport qui traite pour l'essentiel de

19 l'état des négociations au sujet d'une administration par l'Union

20 européenne ?

21 R. Quelle est la page ?

22 Q. 7 965, premier paragraphe.

23 R. Oui, je le vois.

24 Q. "Cette question extrêmement délicate a été évoquée par le groupe de

25 travail sur l'administration de Mostar, présidé par le général Pellnas."

26 Est-ce que vous avez trouvé ce passage ?

27 R. Oui. Ici, il y a peut-être une certaine envie qui transparaît mais

28 globalement c'est exact. Enfin, ce n'était pas très pertinent, à ce moment-

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1 là.

2 Q. Au paragraphe suivant -- paragraphe suivant, on voit : "Représentatif

3 du CRHB considère qu'une telle administration devrait être limitée à la

4 ville et que l'aéroport ne devrait pas y être inclus. La phrase suivante

5 n'a pas été saisie par les interprètes."

6 Est-ce que ça correspond aux positions dont vous avez été témoin au cours

7 des négociations ?

8 R. Oui.

9 Q. Page suivante, sur le statut de M. Boban. Un certain Pogarcic dit :

10 "Qu'apparemment, il est en vacances en Croatie, en vacances prolongées.

11 Personne ne sait quand il reviendra." A ce moment-là, à la fin février

12 1994, est-ce que vous aviez des informations sur le statut de M. Boban ?

13 R. Non.

14 Q. J'aimerais que nous examinions ensemble la pièce 7904.

15 R. Oui.

16 Q. Veuillez prendre connaissance de ce document et nous dire de quoi il

17 s'agit ? C'est un document qui vous est adressé, n'est-ce pas ?

18 R. Oui.

19 Q. Veuillez préciser à l'attention des Juges et pour le compte rendu

20 d'audience de quoi il s'agit ?

21 R. Il s'agit d'une lettre de Klaric, qui dit : "Pour l'essentiel que vu ce

22 qui se passe à Mostar Est, ils ont décidé de ne plus être présent aux

23 négociations ultérieures."

24 Q. Afin que les choses soient bien claires, pour vous, n'est-ce pas, il

25 s'agit du même Klaric que vous aviez rencontré quelques jours auparavant ?

26 R. Oui. J'imagine.

27 Q. J'aimerais maintenant que nous examinions la pièce 8019. 8019.

28 R. Oui.

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1 Q. Il semble qu'il s'agisse du rapport d'une délégation qui s'est rendue à

2 Mostar au cours du mois de mars 1994. C'est un document qui est daté sur la

3 première page du 25 mars 1994 à Genève. On voit le nom d'un certain Elmar

4 Dinter; qui était-ce ?

5 R. Il s'agissait de l'officier de liaison de la MOCE à Genève, auprès de

6 la Conférence internationale sur l'ex-Yougoslavie à Genève.

7 Q. Quels sont les destinataires ? Votre -- on voit que votre nom figure à

8 la même ligne.

9 R. Oui. Oui, il s'agit du QG de la Conférence internationale sur l'ex-

10 Yougoslavie.

11 Q. A la deuxième page, il est question d'une délégation espagnole-

12 française ce qui s'est rendue à Mostar, n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. Ce -- dans la troisième page -- à la troisième page -- troisième page

15 du document, on voit la mention suivante : "Rapport du déplacement de la --

16 sur l'administration de l'Union européenne à Mostar." Est-ce que ceci est

17 un relevé des différentes réunions qui ont eu lieu à Mostar et au sujet de

18 Mostar ?

19 R. Je ne sais pas, je ne veux pas faire d'observation parce que je ne sais

20 rien de ce déplacement.

21 Q. Mais quelques questions au sujet du contenu du document. Page 3, il est

22 question de : "M. Klaric qui donne un certain nombre de principes au sujet

23 de l'administration par l'Union européenne de Mostar," et qui dit : "Mostar

24 doit rester une ville ouverte. Mostar ne peut pas faire partie du

25 territoire de la République croate d'Herceg-Bosna, ne peut pas en être la

26 capitale et tous les réfugiés doivent retourner chez eux." Est-ce que

27 c'était bien la position de M. Klaric tout au long de ces négociations,

28 quand vous avez été en contact avec lui ?

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1 R. Oui. Mais je n'ai pas eu beaucoup de contact avec Klaric, à l'exception

2 de la première réunion. C'est son adjoint qui s'est chargé des

3 négociations.

4 Q. Alikadic, n'est-ce pas ?

5 R. Oui.

6 Q. Ce monsieur avait le même point de vue que M. Klaric, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Suite à ces réunions qui ont eu lieu à cette époque, vous êtes revenu

9 de Genève, on n'en a déjà parlé. En examinant certains éléments de preuve,

10 c'est là qu'on a parlé de M. Buntic; est-ce que vous avez eu une réunion à

11 Mostar-Medjugorje après Genève ?

12 R. Oui, il a eu une réunion où seuls les Croates du HVO sont venus. Les

13 Musulmans ont brillé par leur absence.

14 Q. M. Buntic a participé à cette réunion ?

15 R. Oui. On m'avait promis effectivement que M. Buntic présiderait la

16 réunion, mais le fait qu'il n'a pas ouvert la bouche pendant toute la

17 réunion.

18 Q. Qui dirigeait la délégation croate ?

19 R. C'était M. Tomic. Il est revenu sur tout ce qu'ils avaient accepté

20 précédemment. Il s'est rétracté sur tout ce qu'ils avaient accepté à

21 Genève.

22 Q. à l'issue de cette réunion pouvez-vous nous dire si on enregistrait des

23 progrès s'agissant d'un accord entre les deux parties ?

24 R. Non, on était de nouveau à la case de départ. Des deux côtés ont avait

25 abandonné ce à quoi on s'était engagé précédemment. À un moment donné

26 chacun des parties m'a donné son accord mais jamais au même moment. J'ai eu

27 le sentiment que M. Buntic avait des liens plus étroits avec Zagreb. Ce

28 n'était pas le cas de Tomic. Pour moi, c'était une sorte de porte parole de

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1 Mate Boban. Ça c'est une supposition de ma part.

2 Q. A ce moment-là et après -- ou plutôt, vers la fin de février 1994, est-

3 ce que l'accord de Washington est entré en vigueur avec la mise en place

4 d'une création musulmo-croate ou croato-musulmane ? Au moins sur le papier.

5 R. Oui.

6 Q. Est-ce qu'il y a eu des négociations à Bruxelles au sujet de

7 l'administration de Mostar par l'Union européenne ?

8 R. Oui. C'était l'ambassadeur grec qui menait ces négociations parce que

9 c'était la Grèce qui à ce moment-là présidait l'Union européenne. Mais

10 Michael Steiner, un Allemand, a joué un rôle crucial.

11 Q. Est-ce qu'au bout du compte, on a mis en place une administration de

12 l'Union européenne de Mostar ?

13 R. Oui, finalement, on est arrivé à un accord.

14 Q. 1994 ?

15 R. Oui.

16 Q. Pouvez-vous dire aux Juges à peu près combien de temps cette

17 administration a duré ?

18 R. Je ne sais pas combien de temps ça a duré, mais ça a duré un bon bout

19 de temps, ça a duré mon temps.

20 Q. Est-ce que ce M. Koschnick, ça été lui qui était l'administrateur

21 désigné par les Nations Unies ?

22 R. Oui. Il est allé sur place en mission préparatoire, disons avec son

23 chef d'état-major. A ce moment-là, on a rencontré M. Zubak.

24 Q. Avant de parler cela, est-ce qu'après les accords de Washington -- est-

25 ce qu'après la nomination de M. Koschnick, vous êtes retourné sur le

26 terrain ?

27 R. Non.

28 Q. Est-ce que vous l'avez accompagné ?

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1 R. Après Genève, je ne me suis plus occupé de Mostar, sauf j'ai accompagné

2 un ambassadeur à Mostar, l'ambassadeur Metsher.

3 Q. C'était ma question. Est-ce qu'à un moment donné, vous êtes allé avec

4 l'ambassadeur allemand à Mostar ?

5 M. KARNAVAS : [interprétation] Est-ce que cette période fait partie de

6 celle qui concerne, sur laquelle porte l'acte d'accusation, sinon ça

7 m'intéresserait fort de boire un verre et parler de ça avec le témoin mais

8 je pense que ce prétoire n'est pas le lieu où il convient de parler de

9 questions qui n'ont rien à voir avec la date visée, à la période visée à

10 l'acte d'accusation.

11 M. SCOTT : [interprétation] Ce n'est pas le cas parce que l'acte

12 d'accusation va au moins jusqu'en avril 1994 et j'ai pensé très franchement

13 que la Chambre serait intéressée d'en savoir un peu plus non pas sur la fin

14 de l'histoire mais sur la fin de ce chapitre, sur l'administration de

15 Mostar, après tout ce que la Chambre a obtenu comme information au sujet de

16 ce qui s'est passé sur place en 1991. Il me reste à peine trois ou quatre

17 questions sur ce point. En tout cas, il n'en reste pas moins que ceci n'est

18 pas tout à fait visé à l'acte d'accusation.

19 M. KARNAVAS : [interprétation] Du moment où ça figure à la -- ça correspond

20 à la période de l'acte d'accusation, et qu'on parle de la participation de

21 M. Prlic aux accords de Dayton, cela me gêne pas.

22 M. SCOTT : [interprétation] Je l'ai répété à plusieurs reprises. Ceci

23 correspond à la période visée à l'acte d'accusation. Donc je pense qu'on

24 peut au moins donner la fin de cette histoire.

25 Q. Est-ce que vous êtes allé sur place donc avec l'ambassadeur allemand

26 Metsher ?

27 R. Oui.

28 Q. Pouvez-vous comparer ce déplacement à cette visite à Mostar avec celle

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1 que vous aviez réalisé précédemment ?

2 R. Il n'y avait plus d'hostilité, il n'y avait plus de combat à Mostar,

3 c'était interrompu, il n'y avait plus rien.

4 Q. En février ou au cours d'une période ultérieure, est-ce que vous

5 essayez toujours d'œuvrer à la mise en place d'une police conjointe ?

6 R. L'Union européenne avait pris le relais, c'était un sujet ardemment

7 débattu à Bruxelles. Mais je suis simplement intervenu dans les

8 négociations en disant à Michael Steiner qu'il fallait que tout document

9 traitant d'une force de police conjointe soit établi de manière extrêmement

10 catégorique, avec un libellé extrêmement catégorique, extrêmement ferme.

11 Q. Pourquoi lui avez-vous donné ce conseil ?

12 R. Parce que j'avais des doutes quant à la possibilité de mettre en place

13 une force de police conjointe. Je pensais que ces communautés voulaient

14 continuer à maintenir le statu quo. Mais, non, je n'ai pas participé à des

15 négociations au sujet d'une force de police conjointe.

16 Q. Quand, à ce moment-là, vous avez accompagné l'ambassadeur Metsher à

17 Mostar, est-ce que ça a marqué votre dernière visite sur les lieux au cours

18 du conflit ?

19 R. Oui.

20 Q. Passons à un autre sujet ce sera un sujet quelque peu différent qui

21 sera le dernier que j'aborderai au cours de cet interrogatoire principal.

22 Précédemment, je vous ai interrogé au sujet d'un de vos rapports que je

23 vous ai montré. Je vous ai demandé si les observateurs militaires des

24 Nations Unies s'intéressaient à la participation ou à l'implication

25 possible de l'armée croate sur le territoire de Bosnie-Herzégovine, n'est-

26 ce pas ?

27 R. Oui.

28 Q. En tant que chef des observateurs des Nations Unies, est-ce que vous

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1 avez estimé que c'était un des points qui devait -- constituait une de vos

2 priorités dans le cadre de votre mandat -- est-ce que c'était quelque chose

3 que vous deviez surveiller de près ?

4 R. Oui, bien entendu.

5 Q. J'aimerais qu'on examine ensemble la pièce 785.

6 R. Excusez-moi. Oui.

7 Q. A première vue, il s'agit d'un rapport du chef des observateurs des

8 Nations Unies pour la Bosnie-Herzégovine sud, un rapport spécial sur la

9 présence de troupes de la CA, de troupes CA en Herzégovine. Est-ce que vous

10 avez trouvé ce passage ?

11 R. Oui.

12 Q. Afin que les choses soient bien claires, que désignait à l'époque pour

13 vous cette abréviation de CA ?

14 R. "Croatian Army," armée croate.

15 Q. Il est question ici au deuxième paragraphe -- au paragraphe numéroté 2

16 : "D'informations reçues au sujet de la présence d'unités de l'armée croate

17 qu'on énumère ici: les 1ère, 4e, 145e, 116e, 162e et certains éléments de la

18 2e et de la 3e Brigade pour un total de

19 10 000 à 12 000 hommes.

20 Est-ce que vous avez trouvé ce passage ?

21 R. Oui.

22 Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite qu'on

23 explique quelque chose dans cette phrase dans sa suite on mentionne que ces

24 unités étaient basées à Konavle et je signale que Konavle se situe en

25 Croatie. C'est tout.

26 M. SCOTT : [interprétation]

27 Q. S'agissant du paragraphe numéro 1, général Pellnas, vous souvenez-vous

28 d'informations reçues au sujet du général Petkovic au cours de cette

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1 période et de l'intervention de l'armée croate dans la zone de Stolac ?

2 R. Non, je ne m'en souviens pas.

3 Q. Au point 3 : Evaluation la déclaration du général de brigade Petkovic

4 prouve que l'armée croate s'est placée directement sous leur commandement -

5 - sous leur commandement," et fait référence au colonel Grubac,

6 "informations détaillées."

7 L'INTERPRÈTE : l'interprète signale que le document n'est pas affiché à

8 l'écran en ce qui les concerne.

9 M. SCOTT : [interprétation]

10 Q. Vous souvenez-vous des mesures prises par les observateurs des Nations

11 Unies vers la fin novembre 1992 pour vérifier cette information ?

12 R. Non. Je ne pense pas qu'ils recherchaient ces informations. Ils

13 patrouillaient, et ils signalaient ce qu'ils voyaient. Je ne pense --

14 enfin, il s'agit d'une évaluation de leur part. Je ne pense pas qu'ils

15 étaient à la recherche des Unités de la HV en ex-Yougoslavie. Mais quand

16 ils en rencontraient, quand ils tombaient sur elles, ils le signalaient

17 dans le rapport. Mais il y a une chose que je souhaite dire au sujet de ce

18 document.

19 Q. Allez-y.

20 R. Je crois que le colonel Grubac, c'est un officier serbe. Il convient

21 donc de faire preuve de prudence quant aux informations qui figurent dans

22 ce rapport.

23 Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, encore une fois, je

24 pense qu'il faut éclaircir quelque chose. Ça nous facilitera le travail à

25 tous. Ce document concerne les activités de l'armée croate afin de libérer

26 les parties sud de la Croatie et c'est pour cela qu'on parle ici de l'armée

27 serbe, des officiers serbes et on mentionne également l'armée croate.

28 Merci.

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1 M. SCOTT : [interprétation] Une fois encore, nous avons un conseil de la

2 Défense qui décide de témoigner, effectivement, on peut le verser au

3 dossier si -- cette déclaration pourrait être versée au dossier si on le

4 souhaite. Mais le fait est que c'est une source d'information serbe qui est

5 mentionnée au paragraphe 1. Au cours de ma rencontre avec les autorités

6 serbes, et cetera, on peut lire la suite.

7 Q. Monsieur le Témoin, aujourd'hui même vous nous avez déclaré que la

8 présence des Unités de l'armée croate en Bosnie-Herzégovine revêtait une

9 certaine importance et que c'était quelque chose qui intéressait les

10 observateurs militaires des Nations Unies. C'est quelque chose qui était

11 déjà d'actualités avant votre présence sur place, n'est-ce pas ? C'est

12 quelque chose à quoi les Nations Unies se sont toujours intéressées ?

13 R. Indéniablement.

14 Q. J'aimerais maintenant que nous examinions la pièce 205,

15 P 205. Il s'agit d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies,

16 résolution numéro 752, en date du 15 mai 1992. J'aimerais que nous

17 examinions les paragraphes 3 à 4, à la deuxième page.

18 M. KARNAVAS : [interprétation] Notre témoin n'était pas sur place à

19 l'époque donc là on lui demande de faire des observations sur ce qui se

20 passe alors qu'il n'était pas sur le terrain, à ce moment-là, en tant

21 qu'observateur militaire des Nations Unies parce que si j'ai bien compris

22 il se trouvait -- il se trouvait sur place de novembre -- enfin, c'était de

23 novembre 1992 à novembre 1993.

24 M. SCOTT : [interprétation] Oui, mais le témoin nous a expliqué que c'était

25 une question qui intéressait au plus haut point et de manière continue les

26 observateurs militaires des Nations Unies et ceci pour une raison bien

27 précise qui est la suivante : c'est qu'il y avait eu des résolutions émises

28 par le Conseil de sécurité des Nations Unies. D'autre part, c'était quelque

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1 chose qu'on avait demandé aux observateurs militaires des Nations Unies de

2 surveiller. Ça figurait dans leur mandat.

3 M. KARNAVAS : [interprétation] Mais la question est de savoir si les

4 observateurs militaires existaient à l'époque. En d'autres termes, est-ce

5 que cette information dont disposait le Conseil de sécurité et dont elle

6 parle dans cette résolution venait d'observateurs militaires ? Si ce n'est

7 pas le cas, à ce moment-là, je dis que ce témoin ce n'est pas la personne à

8 qui l'on doit poser ce type de question. Je pense qu'il est peut-être

9 nécessaire de fournir des informations contextes. Ce témoin était chef des

10 observateurs militaires, mais à quel moment ? A quel moment les

11 observateurs militaires sont arrivés sur zone ? Si les observateurs

12 militaires sont arrivés après la date de ce document, manifestement, le

13 témoin n'a aucune compétence pour répondre à quelques questions que ce soit

14 au sujet de cette résolution. Je souhaiterais que l'Accusation fasse ou

15 cite à la barre les personnes qui ont fourni aux Nations Unies les

16 informations à la suite desquelles le Conseil de sécurité a adopté cette

17 résolution.

18 M. SCOTT : [interprétation]

19 Q. Monsieur, en tant qu'observateur militaire des Nations Unies -- ou

20 plutôt, de manière générale un observateur militaire des Nations Unies

21 travaille pour les Nations Unies, n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Q. Je pense que nous pouvons tous convenir que le Conseil de sécurité fait

24 partie des Nations Unies ?

25 M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, je répète ma question

26 -- je répète ma demande. Une précision. Nous devons d'abord savoir à partir

27 de quand cela s'est déroulé. Nous sommes ici devant un Tribunal établit par

28 les Nations Unies. Est-ce que ça signifie que tout ce qui a été fait par

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1 les Nations Unies est correct et juste ? Voilà la raison de cet exercice.

2 M. SCOTT : [interprétation] Permettez-moi de répondre, Monsieur le

3 Président.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : -- peut-être qu'il veut répondre. Oui, Monsieur

5 Scott. Monsieur Scott.

6 M. SCOTT : [interprétation] Mais je ne comprends pas très bien pourquoi Me

7 Karnavas est si ému par tout cela. Ce sont des documents officiels des

8 Nations Unies qui sont accessibles à tous. Le témoin était le chef des

9 observateurs militaires des Nations Unies au cours de cette période de

10 novembre 1992 à novembre 1993. Il nous a déjà dit à plusieurs reprises que

11 dans le cadre de sa mission, de son mandat, il était chargé de surveiller

12 ces choses-là, ces éléments. Ceci c'est simplement une fondation ce qui

13 explique de manière officielle pourquoi l'ONU lui avait confié cette

14 mission.

15 M. KARNAVAS : [interprétation] Mais le problème c'est que ce document vient

16 de quelqu'un d'autre. Or, maintenant, on demande au témoin de se porter

17 garant de l'authenticité de la fiabilité de la véracité de ce qui figure

18 dans ce document. C'est ce qu'on lui demande de faire. Or, je pense que le

19 témoin n'était pas là. Il n'y avait pas d'observateurs militaires des

20 Etats-Unis sur place à cette époque.

21 Si l'Accusation souhaite produire ce document par le truchement d'un autre

22 témoin qu'il en soit ainsi mais demander à ce témoin de se porter garant de

23 ce qui figure dans ce document, non, et j'ai l'impression que c'est ce qui

24 est en train de se passer. Je crois que nous avons bien compris où venait

25 en venir l'Accusation à savoir qu'au cours de cette période, au cours de la

26 période où le témoin était sur place, on cherchait à savoir si l'armée

27 croate était impliquée. Je pense qu'on a très bien compris cela.

28 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous étiez le chef des observateurs de l'ONU, et

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1 quand vous avez pris vos fonctions, est-ce que vous saviez qu'il y avait eu

2 des résolutions du Conseil de sécurité ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. On a sous les yeux, une résolution qui

5 est antérieure à votre arrivée. Est-ce que cette résolution en date du 15

6 mai, 1992 vous en avez eu connaissance ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, dans cette résolution dont vous avez eu

9 connaissance, aux paragraphes 3 et 4, on évoque le fait qu'il y a des

10 interférences qui comprennent des Unités de la JNA et des éléments de

11 l'armée croate, et le Conseil de sécurité demande à ce que ça cesse

12 immédiatement. Bien.

13 Est-ce que ce qui est marqué au 3 et au 4 correspond à une situation

14 que vous avez pu connaître quand vous avez pris vos fonctions ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est une des raisons qui explique que

16 les observateurs militaires des Nations Unies devaient signaler toute

17 présence de l'armée croate en Bosnie. Il y avait aussi beaucoup d'autres

18 choses de ce style.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Là, vous venez de dire quelque chose qui peut avoir

20 une certaine importance. Vous dites que les observateurs de l'ONU devaient

21 observer ce qui se passait, et notamment la présence des Serbes ou de

22 l'armée croate. On vous avait donné des instructions précises à cet égard,

23 ou bien c'était vous-même et vos collaborateurs qui avaient improvisé, ou

24 bien, ça relevait de votre mandat ?

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je pense que ça faisait partie intégrante

26 de notre mandat. Mais je ne me souviens pas avoir reçu d'instructions

27 spécifiques. On pouvait tous lire les résolutions du Conseil de sécurité

28 des Nations Unies et voir la manière dont cela affectait notre travail.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

2 Alors, Monsieur Scott, terminez. C'était un problème technique pour

3 emmener la question sans susciter des objections qui nous font perdre du

4 temps. Bien. Mais de toute façon, il va falloir qu'on arrête pour terminer

5 ce point-là.

6 M. SCOTT : [interprétation] Je pense que je devrais pouvoir [comme

7 interprété] en finir. Mais j'aurai encore besoin de temps demain. J'en suis

8 à trois heures de temps, je crois. Il me faut encore au moins une demi-

9 heure. Je tiens à dire à la Chambre que ceci est le seul témoin que nous

10 avons cette semaine, donc je ne vois vraiment pas pourquoi raccourcir son

11 témoignage.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : -- et avec les autres Juges, puisqu'on se réunit

13 demain matin. Mais la demi-heure supplémentaire, évidemment la Défense aura

14 aussi du temps supplémentaire.

15 Il est 7 heures 05. Nous arrêtons donc l'audience. Nous nous retrouvons

16 demain à l'audience qui commence à 9 heures.

17 --- L'audience est levée à 19 heures 03 et reprendra le mercredi 6 juin

18 2007, à 9 heures 00.

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