Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 2 mars 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Les accusés Coric, Petkovic et Prlic sont absents]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 14.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  7   l'affaire, s'il vous plaît.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à

  9   toutes et à tous dans ce prétoire et autour de celui-ci.

 10   Affaire IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

 11   Merci.

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 13   En ce lundi 2 mars 2009, je salue M. Stojic, M. Praljak et M. Pusic. Je

 14   salue également Mmes et MM. les avocats. Je salue tous les représentants du

 15   bureau du Procureur et toutes les personnes qui nous assistent.

 16   Je vais donner la parole à M. le Greffier qui a quelques numéros IC à nous

 17   donner.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Effectivement, Monsieur le Président.

 19   Certaines parties ont déposé des listes de documents à verser par le

 20   truchement du Témoin Ante Kvesic. La liste 2D deviendra la pièce IC 0093,

 21   la liste de l'Accusation portera le numéro IC 00934.

 22   Merci, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 24   La Chambre va lire une courte décision portant rappel des règles en matière

 25   de dépôt des demandes d'admission de pièces présentées au témoin lors de

 26   leur déposition.

 27   La Chambre a constaté que les parties ont dernièrement déposé leur demande

 28   d'admission de pièces présentées au témoin par le biais de requêtes écrites

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  1   et non par liste IC. La Chambre tient à rappeler que ces demandes notent

  2   spécifiquement suivent la procédure établie par le paragraphe 32 de la

  3   décision portant adoption de lignes directrices pour la présentation des

  4   éléments de preuve à décharge du 24 avril 2008, et que cette procédure

  5   n'est pas interchangeable avec le dépôt de requêtes écrites. Bien en un

  6   mot, vos demandes d'admission de pièces doivent se faire par liste IC et

  7   non pas des requêtes écrites supplémentaires ou parallèles.

  8   Nous avons donc un témoin qui va venir. Il bénéficie de mesures de

  9   protection, donc je vais demander à M. l'Huissier de baisser le rideau pour

 10   permettre la venue du témoin et nous allons passer à huis clos pendant

 11   quelques instants.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos,

 13   Monsieur le Président.

 14   [Audience à huis clos]

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 13  Pages 37485-37489 expurgées. Audience à huis clos.

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 14   [Audience publique]

 15   Mme NOZICA : [interprétation]

 16   Q.  Alors, Monsieur le Témoin, je vous ramène au mois de mai 1992. Que

 17   s'est-il passé à ce moment-là ?

 18   R.  Je vous l'ai déjà dit, (expurgé)

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 20   (expurgé)

 21   (expurgé)

 22   (expurgé). Je faisais comme tous les autres collègues qui étaient dans

 23   ma profession, j'allais sur les premières lignes de front. Il y a quelqu'un

 24   qui est venu du QG des services médicaux, Dr Kolak, Dr Bagaric et Dr

 25   Kvesic, qui sont originaires de Siroki Brijeg, et M. le Dr Kolak m'a dit

 26   que, si je le voulais et que s'il y avait moyen de faire, je pouvais

 27   travailler au QG principal des services médicaux. Etant donné qu'à

 28   l'époque, il n'y avait pas du tout dans cette région de médecins qui

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  1   étaient à mêmes d'exercer les fonctions qui étaient celles d'une protection

  2   médicale préventive.

  3   Q.  Monsieur le Témoin, lorsque vous parlez de la première ligne, lorsque

  4   vous parlez de cette période, avril, mai 1992, alors pour les besoins du

  5   compte rendu, est-ce qu'on peut dire si, à l'époque, il y avait des

  6   conflits armés, et dit contre qui s'est-il battu au sein de ces unités dont

  7   vous faisiez partie ?

  8   R.  Il y avait les membres du HVO qui, à côté des forces armées musulmanes,

  9   avaient fait la guerre à l'agresseur, à savoir l'armée serbe, l'armée

 10   yougoslave.

 11   Q.  Donc on a appris que vous avez fait une offre pour ce qui est des

 12   activités en médecine préventive au niveau de ce QG principal en matière de

 13   soins médicaux; est-ce que c'est ce qui s'est passé ?

 14   R.  Oui. On n'a peu de temps après convoqué, et oui. On m'a convoqué à

 15   Tomislavgrad, et je suis entré en contact avec l'adjoint du directeur de

 16   ces services médicaux, Dr Sarac et le Dr Kolak, étant donné que le Dr

 17   Bagaric, lui, n'a pas été présent à cette rencontre. Nous avons, lors de

 18   cette rencontre, étudié la façon dont nous pourrions exploiter mes

 19   connaissances et mon expérience.

 20   Je répète, nous avions très peu - et même maintenant en temps de paix -

 21   nous avons fort peu d'expert en matière de protection préventive, et on m'a

 22   proposé de le faire, parce qu'en ma qualité d'expert en infectiologie,

 23   j'étais proche de ce domaine d'intervention médicale. Dans l'ex-armée

 24   c'était aussi un segment, un domaine d'intervention extrêmement important.

 25   Q.  Vous avez parlé d'épidémiologie, l'épidémiologie c'est un secteur

 26   important. Lorsque vous vous servez de mots plus techniques, parlez un peu

 27   plus lentement, je vous prie, pour que tout soit bien consigné au compte

 28   rendu. Est-ce que vous acceptez l'offre qu'on vous a faite, et est-ce que

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  1   vous commencez à travailler au sein de ce QG principal en matière de soins

  2   médicaux ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Comment ?

  5   R.  Lorsque nous avons défini ce que je devrais faire, on a défini aussi

  6   mes obligations, et entre autres, on m'a dit que je serais le responsable

  7   de la protection médicale préventive et qu'en cette qualité, j'étais censé

  8   sur le territoire de la HZ HB, de créer des équipes de procéder à des

  9   activités éducatives en matière de protection médicale préventive, et là,

 10   je vais faire une petite digression, je vais parler tout le temps de la

 11   protection médicale préventive dont j'ai été chargé. J'ai donc eu pour

 12   mission d'envoyer des rapports réguliers. Mes supérieurs hiérarchiques, en

 13   terme militaire, étaient censés être mis au courant de la situation au

 14   niveau hygiénique et épidémiologique, tant au niveau des zones urbaines que

 15   dans les rangs de l'armée ainsi que dans les casernes. Alors en raison

 16   d'une carence de cadres dans les structures civiles, j'étais aussi censé

 17   effecteur des fonctions intégratives, non seulement donc d'exercer des

 18   fonctions au profit du HVO mais aussi au profit de la population civile.

 19   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce qu'on vous a donné une décision portant

 20   création de ce service de Protection médicale préventive ? Si oui, quand,

 21   et qui vous l'a signée ?

 22   R.  Oui, j'ai reçu une décision qui a été signée par le Dr Sarac, à savoir

 23   l'adjoint de notre chef, et dans cette décision datée du 9 mai 1992, et il

 24   a été dit -- précisé là tout ce que j'étais censé faire, il y avait aussi

 25   un alinéa qui disait qu'une fois informé de la nature des choses, j'étais

 26   censé effecteur ce qui était indispensable au moment donné.

 27   Q.  Alors au moment où vous recevez cette décision, à savoir le 9 mai 1992,

 28   vous nous précisez qu'il y avait un QG en matière de santé qui avait pour

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  1   siège la ville de Tomislavgrad ?

  2   R.  Oui, vous avez tout à fait raison.

  3   Q.  Dites-moi : après cette décision, où avez-vous élu siège et domicile,

  4   alors où est-ce que vous vous êtes trouvé avec vos bureaux ?

  5   R.  Avec l'autorisation du Dr Sarac et du Dr Kolak, je suis allé à Siroki

  6   Brijeg, et la raison était la suivante je connaissais tous les collègues

  7   là, car en ma qualité de médecin spécialiste, j'étais connu dans la région,

  8   et j'estimais qu'il était plus facile de commencer là à créer des équipes,

  9   parce que de fait il n'y avait rien du tout. Il fallait commencer à partir

 10   de zéro.

 11   Q.  Quand vous dites que vous avez dû commencer à partir de zéro, et vous

 12   nous l'avez dit, vous non plus vous n'étiez pas encore spécialiste en

 13   matière de médecine préventive, alors dans l'Herzégovine toute entière

 14   comme région, est-ce qu'il y avait suffisamment de cadre qui de quelque

 15   manière que ce soit, en tant que spécialistes ou de médecins, ou

 16   infirmiers, techniciens en médecine, à avoir connaissance de ce qu'il

 17   convenait de faire en matière de prévention puisqu'il y avait une carence

 18   totale ?

 19   R.  Il y avait une carence de toutes sortes de cadres, et il fallait donc

 20   procéder à une rationalisation tant au niveau des ressources humaines que

 21   les moyens. Alors pour répondre à votre question, en temps de paix, il y a

 22   encore des déficits en matière de cadre de cette nature. Je sais, Messieurs

 23   les Juges, que dans le monde, c'est une institution qui est respectée, mais

 24   sur des territoires plutôt primitifs tel que le nôtre, c'est une profession

 25   qui est d'évaluée et on estime que c'est des médecins de moindre qualité

 26   qui font partie de ce domaine d'intervention.

 27   Alors je reviens à votre question. Au moment donné, il n'y avait pas

 28   suffisamment de cadres et j'étais à une espèce de palliatif, mais j'étais

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  1   très proche de l'épidémiologie de la santé publique, et j'ai accepté parce

  2   que j'imagine que personne n'avait plus de connaissance -- n'était meilleur

  3   que moi en la matière à ce moment-là.

  4   Q.  Monsieur le Témoin, vous nous avez dit que votre mission consistait à

  5   créer des équipes. Veuillez indiquer aux Juges de la Chambre, je vous prie,

  6   si vous avez bel et bien créé ces équipes, et où ces équipes sont-elles

  7   intervenues ?

  8   R.  Je l'ai déjà dit, j'ai eu à effectuer des fonctions intégratives parce

  9   qu'il n'y avait pas de cadre en la matière, et la première des choses à

 10   faire c'est à Siroki Brijeg de créer une équipe, et c'était un test pour

 11   moi réussir dans d'autres domaines aussi. Fort heureusement, j'avais eu

 12   l'idée qui était celle de faire disposer dans une équipe de profil, de

 13   cadre, qui par leur connaissance, leur volonté et aptitude serait à même

 14   d'empêcher l'apparition de maladies infectieuses, donc c'est ainsi que j'ai

 15   formé d'abord une équipe à Siroki Brijeg, et par la suite dans toutes les

 16   localités des équipes étaient -- avaient la même composition.

 17   Je répète, c'est important. Dans toutes les localités, les équipes avaient

 18   la même composition. Il y avait un médecin qui était chef de l'équipe. Il y

 19   avait un médecin vétérinaire qui avait la charge de tout ce qui était

 20   denrées alimentaires d'origine animale, et nous avions un agronome qui lui

 21   était chargé de tout ce qui est denrées alimentaires d'origine végétale.

 22   Ensuite dans l'équipe, il y avait si possible quelqu'un qui avait travaillé

 23   dans ces inspections en matière de santé, pour mettre en œuvre la

 24   réglementation du moment, et il y avait un chauffeur dans l'équipe. Alors

 25   une fois que cette équipe créée d'abord à Siroki Brijeg, j'ai tout de suite

 26   envoyé un rapport au service de Santé principal à Tomislavgrad, pour dire

 27   que ça avait démarré.

 28   Q.  Pour le besoin du compte rendu, je vous demanderais de nous répéter que

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  1   dans l'équipe il y avait un médecin, chef de l'équipe, un médecin

  2   vétérinaire, un agronome et un chauffeur; est-ce que j'ai bien compris ?

  3   R.  Il y avait quelqu'un qui avait été chargé avant la guerre de

  4   l'inspection dans le domaine de la santé.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- suivi.

  6   On comprend que vous avez mis en place cette structure de maladies

  7   infectieuses, mais je me pose la question de savoir : du temps de l'ex-

  8   Yougoslavie, quand quelqu'un était atteint d'une maladie grave, on l'a

  9   envoyé à Belgrade, à Sarajevo ou à Zagreb, ou on le traitait sur place ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, les maladies infectieuses

 11   c'est quelque chose de spécifique. Ces maladies se prêtent à infection. On

 12   peut donc infecter les gens, contaminer les gens. Il peut y avoir

 13   contamination d'animaux et ça peut obtenir un caractère d'épidémie. Vous

 14   savez que cela risque de se muer en pandémie.

 15   A Mostar, nous avions un département chargé des Maladies infectieuses et

 16  c'est là qu'on envoyait les maladies souffrant de telles maladies. (expurgé)

 17   (expurgé)

 18   (expurgé), c'est avec fierté que je peux dire que nous envoyons là-bas très

 19   peu de patients en réalité.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Pour être plus précis. Imaginons, mais à

 21   l'époque, il n'y avait aucun risque, mais imaginez qu'en 1992 il y avait la

 22   grippe aviaire, vous l'auriez traité à Mostar ou le patient vous l'auriez

 23   envoyé à Belgrade, à Sarajevo ou à Zagreb ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Si vous parlez de 1992 jusqu'au mois de mai,

 25   probablement aurais-je soigné à Mostar jusqu'à je ne sais quelle date, date

 26   à laquelle il y a eu coupure des communications là on soignait là à Mostar;

 27   si besoin était on envoyait les cas graves à Sarajevo.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.

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  1   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   Q.  Le Président vient de vous parler d'un élargissement du réseau mais ce

  3   réseau était destiné à des fins de prévention, n'est-ce pas ?

  4   R.  De prévention, oui, c'est capital. Monsieur le Président, excusez-moi,

  5   peut-être me suis-je mal exprimé. En raison de la place de cadres de mon

  6   statut de médecin curatif, c'est-à-dire de médecin qui soignait les gens,

  7   je suis devenu médecin chargé de la prévention. Je crois que c'est une

  8   différence notable sur lequel je tiens à mettre l'accent.

  9   Q.  Vous dites, n'est-ce pas, que c'est une grande différence ?

 10   R.  Oui, c'est une grande différence, une différence énorme.

 11   Q.  Très bien. Donc ces équipes vous les avez créées dans le but de

 12   prévenir les maladies infectieuses. Vous avez expliqué sur quel principe

 13   vous aviez avec ces équipes, quels en étaient les membres. Nous en avons

 14   terminé de Siroki Brijeg, pourriez-vous maintenant dire rapidement dans

 15   quels autres endroits vous avez créé de telles équipes ?

 16   R.  A Siroki Brijeg nous avons créé le premier poste, le poste d'origine,

 17   et quand je me suis rendu compte que j'avais une chance de réussir dans mes

 18   efforts.

 19   Le deuxième poste a été créé à Capljina, où sont venus des

 20   représentants de la municipalité donc des médecins de Neum, Capljina,

 21   Citluk, et Ljubuski. A ce moment-là, dans chacun de ces lieux, nous avons

 22   créé une équipe - je ne vais pas répéter ce que j'ai déjà dit quant à la

 23   composition, en tout cas, elle était composée de la même manière que la

 24   première.

 25   Ensuite je suis parti pour Grude, où encore une fois il y a eu

 26   rencontre entre les médecins de Grude et de Posusje, et une équipe a été

 27   créée là-bas dans ces deux lieux avec la même composition que la première.

 28   Ensuite je suis parti pour Livno qui est un centre important où

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  1   encore une fois une équipe a été créée avec toujours la même composition et

  2   dont l'objet était de s'occuper de la médecine préventive.

  3   Après quoi, je suis parti pour Jablanica, où une nouvelle fois une

  4   équipe a été créée mais cette fois-ci elle était destinée à travailler à

  5   Konjic, et Jablanica. Puisqu'il y avait des collègues de Bosnie centrale,

  6   le Dr Buzule [phon] et le Dr Djambas, des équipes ont également été créées

  7   en Bosnie centrale. Donc en agissant ainsi j'ai couvert assez bien sur le

  8   plan territorial les diverses zones et peut-être puis-je ajouter qu'une

  9   série de mesures a été mise en place dans la Posavina également mais en mon

 10   absence.

 11   Q.  Puisque nous parlons de ces équipes, j'aimerais savoir si au sein de

 12   ces équipes il y avait des civils et des militaires et si le rôle de ces

 13   équipes était bien de prévenir l'apparition de maladies infectieuses y

 14   compris dans les lieux peuplés par des civils, c'est-à-dire dans des zones

 15   urbaines, par exemple, et dans les zones militaires ?

 16   R.  Oui, je l'ai déjà dit, étant donné la forte pénurie de cadres et autres

 17   choses que j'ai déjà dit c'est que les maladies infectieuses ne choisissent

 18   pas entre les civils et les militaires, elles frappent simplement les

 19   personnes qui deviennent des malades. Donc si vous êtes dans une région et

 20   que vous agissez pour prévenir les maladies infectieuses vous devez vous

 21   occuper de toute la population qui habite dans le lieu en question.

 22   Q.  Mais vous n'avez pas répondu à ma question au sujet des membres des

 23   équipes ?

 24   R.  Excusez-moi, je vais un peu trop vite. Les membres des équipes étaient

 25   avant tout des civils, autrement dit des personnes qui auparavant

 26   travaillaient dans des structures civiles. Donc nous nous sommes fondés sur

 27   le profil de ces personnes qui avaient un bon niveau d'instruction et elles

 28   nous ont permis de bien couvrir toute la région sur le plan territorial à

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  1   l'aide de civils et de militaires. J'ai déjà dit que notre fonction était

  2   une fonction d'intégration.

  3   Q.  Dites-moi, je vous prie : si une équipe a également été créée au niveau

  4   du Grand état-major, est-ce que vous l'avez formée dans ce cas puisque

  5   c'était votre travail ?

  6   R.  Oui. Pour que tout cela fonctionne, il fallait créer un centre

  7   spécialisé sur le plan technique, sur le plan de l'instruction, sur le plan

  8   des connaissances, équipe qui pouvait apporter son aide aux autres dans des

  9   moments déterminés. Donc j'ai créé au niveau de l'état-major principal une

 10   équipe qui était composée comme les précédentes, je ne vais pas répéter,

 11   médecin, vétérinaire, agronome, et cetera; équipe qui portait le nom

 12   d'équipe mobile et dont le rôle était d'agir dans la mobilité, c'est-à-dire

 13   de se rendre partout où un problème pouvait surgir afin de régler ce

 14   problème.

 15   Q.  Toutes ces équipes que vous avez créées dans toute cette région et la

 16   période qui m'intéresse c'est 1992, 1993 et jusqu'à avril 1994, par

 17   exemple. Donc je vous demande si ces équipes ont couvert les zones dont

 18   elles étaient responsables pendant toute cette période ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Vous-même en tant que membre de l'équipe mobile, vous est-il arrivé de

 21   vous rendre de temps en temps dans des zones où existaient déjà des équipes

 22   responsables de la zone ?

 23   R.  Oui, nous y allions d'abord pour voir comment les membres des équipes

 24   travaillaient et nous y allions également pour tenter de régler les

 25   problèmes. Chaque fois que j'arrivais quelque part également je jouais le

 26   rôle d'instructeur c'est-à-dire que j'élevais le niveau d'éducation. Quant

 27   aux équipes qui existaient sur place, elles portaient le plus gros de la

 28   charge, elles étaient sur le plan professionnel, les plus compétentes et

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  1   elles l'étaient encore plus après mes visites.

  2   Q.  S'agissant des rapports établis dans ces diverses régions, par les

  3   équipes qui étaient sur place et par votre équipe mobile, comment est-ce

  4   que vous rédigiez ces rapports ?

  5   R.  Ça j'ai oublié de le dire, toutes les équipes travaillaient avec les

  6   mêmes méthodes. J'ai mis en place ce que l'on appelle, dans toutes les

  7   armées du monde la doctrine, de la protection médicale militaire. Donc

  8   j'étais centré sur un certain nombre de règles qui étaient appliquées par

  9   tout le monde à Posusje ou dans d'autres secteurs ainsi qu'au niveau de

 10   l'équipe principale, tout le monde appliquait les mêmes règles.

 11   Les rapports nous les transmettions d'abord aux endroits où nous les

 12   trouvions, puis s'il y avait une structure civile qui était en cause nous

 13   adressions le rapport à la structure civile en question et, bien entendu,

 14   nous adressions également au grand quartier général.

 15   Q.  Est-ce que vous inspectiez également sur le plan de la prévention

 16   médicale et sanitaire des unités militaires auxquelles vous auriez été

 17   susceptible d'adresser ces rapports ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Un peu plus lentement, je vous prie.

 20   R.  Oui, parce qu'entre autres, nous avions été formés pour travailler dans

 21   le domaine de la médecine préventive au sein du HVO. Donc après chaque

 22   inspection, un rapport était rédigé. Mais je tiens à souligner que, dans

 23   tous les cas, j'étais assisté d'un responsable d'une unité militaire de la

 24   place qui s'était informée de tous les problèmes liés à la médecine

 25   préventive, après mon arrivée. Si nous avions de la chance, nous pouvions

 26   atteindre le niveau du commandement d'une unité à qui j'étais présenté avec

 27   mes collègues. Le soir même, lorsque je rédigeais mon rapport, je

 28   l'adressais à l'unité militaire en question. Evidemment, j'adressais le

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  1   même rapport à l'unité subordonnée impliquée, qui était, enfin l'unité

  2   subordonnée qui était en cause ainsi qu'à l'état-major principal.

  3   Q.  Monsieur le Témoin, lorsque vous accomplissiez ces tâches qui étaient

  4   toujours les mêmes, est-ce que vous avez toujours travaillé en appliquant

  5   le modèle que vous venez de décrire jusqu'à la fin de la période où vous

  6   avez travaillé, nous parlerons de tout cela, un peu plus tard.

  7   R.  Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je l'ai déjà dit mais je le

  8   répète, depuis le début de mon engagement et jusqu'à la fin de celui-ci,

  9   j'ai toujours appliqué la doctrine de la médecine de guerre ainsi que les

 10   principales théories de la médecine préventive. Mon engagement a duré

 11   jusqu'à la fin de l'année 1995, au sein du HVO.

 12   Q.  Monsieur le Témoin, puisque nous parlons d'unité militaire, je vous

 13   rappelle et je tiens à ce que ce soit consigné au compte rendu d'audience,

 14   que nous parlons toujours de 1992, nous n'en sommes même pas arrivés au

 15   mois de juin 1992. Donc vous avez dit jusqu'à présent que vous aviez eu des

 16   contacts avec les chefs des services sanitaires au sein des unités

 17   militaires.

 18   Vous avez donc eu ce contact jusqu'à ce moment-là ? Est-ce que vous

 19   avez continué à avoir ce même genre de contact par la suite ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Pouvez-vous nous dire au sein des unités qui était ces personnes dans

 22   les unités militaires étaient responsables de la prévention médicale ?

 23   R.  Mes contacts, je les avais avec les responsables, c'était en général ce

 24   qui se passait partout. Donc j'avais des contacts avec les commandements

 25   des brigades et des groupes tactiques ainsi qu'avec le chef des services

 26   médicaux de la brigade, et donc après discussion préliminaire avec le chef

 27   de la brigade, j'établissais des contacts avec le niveau inférieur de la

 28   hiérarchie, comme par exemple, les bataillons, les compagnies.

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  1   Q.  Le chefs des services sanitaires d'une brigade, quelle était sa

  2   profession en général ?

  3   R.  Normalement et d'ailleurs c'était le cas, c'était un médecin de

  4   médecine générale. Il fallait donc que ce soit quelqu'un qui ait terminé

  5   ses études de médecine mais qui n'avait pas fait de spécialisation.

  6   Q.  Les bataillons et les compagnies, avaient-ils en leur sein des

  7   représentants des services de Santé qui avaient une certaine connaissance

  8   médiale ?

  9   R.  Si on commence par le bas, la compagnie, là, il y avait un infirmier.

 10   Je tiens à dire que, dans mon pays, il y a eu à une certaine époque une

 11   école d'infirmier qui ensuite a cessé d'exister. Ces infirmiers

 12   s'engageaient très souvent dans les rangs de la JNA, la plupart d'entre eux

 13   avaient suivi les lectures de l'école mais n'étaient pas infirmiers

 14   professionnels. Ils avaient donc très peu de connaissance. Ils étaient

 15   capables de fournir les premiers soins, et des soins élémentaires.

 16   Plusieurs compagnies constituent un bataillon. Au niveau du

 17   bataillon, il y avait un technicien des sciences médiales qui avait donc

 18   une formation un peu plus importante aussi bien en matière de médecine

 19   préventive qu'en matière de soins médicaux. Il avait quelques personnes

 20   pour l'assister. Le cas échéant, s'il y avait des combats il pouvait être

 21   envoyé sur le front dans les unités hiérarchiquement inférieures.

 22   Ensuite plusieurs bataillons composent une brigade. A partir de là,

 23   se créent les régions militaires et il y a des chefs de services médicaux

 24   qui couvrent toute une région militaire.

 25   Q.  Monsieur le Témoin, nous parlons bien des missions qui étaient les

 26   vôtres, vous travaillez, n'est-ce pas, comme vous l'avez dit à plusieurs

 27   reprises dans le domaine de la médecine préventive. Autrement dit, votre

 28   but était de prévenir l'apparition des maladies infectieuses. Je vous

Page 37502

  1   demande : dans ce cadre, comment vous établissiez des contacts avec les

  2   membres de toutes ces unités, les personnes responsables des problèmes

  3   sanitaires dans les unités ?

  4   R.  Je commençais par arriver au sein d'une unité. Je parlais avec la

  5   personne responsable du sanitaire au sein de cette unité. Je lui disais ce

  6   qu'il fallait faire.

  7   Je rappelle que je suis l'auteur de pas mal de manuels et de pas mal

  8   de règlements, car il ne faut pas oublier que les personnes à qui je

  9   m'adressais étaient des hommes jeunes, qui avaient un très grand cœur, mais

 10   dont les connaissances étaient assez limitées, au départ. Donc mon devoir

 11   était de les former avant tout, je le répète à la médecine préventive.

 12   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que vous étiez leur supérieur ? Est-ce que

 13   votre service chargé de la Médecine préventive était une instance

 14   supérieure par rapport à ces hommes ? Quelle était la nature des rapports

 15   qu'entretenait votre service avec ces responsables des problèmes sanitaires

 16   au sein des unités ?

 17   R.  Je n'avais aucune place dans la filière de commandement, car dans

 18   toutes les armées du monde, l'instance sanitaire est une instance

 19   spécialisée sur le plan des connaissances. Si vous avez jeté un coup d'œil

 20   aux très nombreux rapports établis par moi, vous constaterez que je ne

 21   faisais que des propositions. Je suppose que vous avez vu mes rapports.

 22   Maintenant sur le plan des connaissances, oui, nous avions des

 23   connaissances plus importantes et nous avions le devoir d'élever leur

 24   niveau de connaissance si cela s'avérait nécessaire.

 25   Q.  Monsieur le Témoin, je vous prierais maintenant de dire aux Juges de la

 26   Chambre, ce qui s'est passé aux environs du mois de juin, juillet, eu égard

 27   à l'état-major sanitaire principal; est-ce qu'il a déménagé, à ce moment-

 28   là, ou s'il a quitté Tomislavgrad ?

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  1   R.  Oui, Mostar a été libéré à ce moment-là, et j'ai reçu pour mission de

  2   me rendre à Mostar, où je devais être l'un des plus hauts responsables

  3   chargé de mettre en place le service sanitaire de l'état-major principal

  4   avec création également d'une équipe mobile. Donc à ce moment-là, j'avais à

  5   ma disposition deux équipes mobiles. Jusqu'à l'arrivée d'un service médical

  6   au sein de l'état-major, j'étais mis à la disposition de l'hôpital de

  7   guerre de Mostar.

  8   Q.  Pouvez-vous me dire je vous prie, où vous avez été logé après votre

  9   arrivée à Mostar, et où se trouvait le siège du QG de l'état-major ?

 10   R.  Mostar était très détruit à ce moment-là. Donc lorsque j'ai commencé à

 11   travailler, l'état-major sanitaire principal était stationné dans un

 12   bâtiment qui faisait partie du département de la Défense.

 13   Plus tard, nous sommes partis pour un endroit qui était à un

 14   kilomètre et demi à peu près, c'était le nouvel hôpital, où avant la guerre

 15   une partie des services fonctionnait déjà. Nous nous sommes installés dans

 16   des pièces qui se trouvaient au rez-de-chaussée de cet hôpital pendant la

 17   guerre, et c'est là qu'a été établi et logé, l'état-major principal.

 18   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] D'après la traduction, avez

 19   dit ce qui suit : "Au début de la guerre, le corps médical principal se

 20   trouvait dans le bâtiment où travaillait le département de la Défense; plus

 21   tard, bien sûr" ?

 22   Ceci semble contradictoire, lorsqu'on le lit; est-ce que vous

 23   pourriez préciser, s'il vous plaît ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Toutes mes excuses. L'état-major sanitaire

 25   principal se trouvait à Tomislavgrad, au départ. Mais ensuite, Mostar a été

 26   libéré suite à l'agression serbe, et il y a eu déménagement de cet état-

 27   major sanitaire principal à Mostar; ça, ça se passait aux mois de juin,

 28   juillet. Donc nous avions besoin d'un lieu, donc pendant un temps très

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  1   cours, nous avons été logés par un institut qui ensuite était devenu le

  2   département de la Défense. Mais très peu de temps après, nous nous sommes

  3   installés à l'hôpital de Bijeli Brijeg, hôpital qui était en construction à

  4   l'époque et qui n'est terminé que depuis peu.

  5   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie.

  6   Excusez-moi, Maître Nozica.

  7   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

  8   Q.  Donc, nous parlons bien du mois de juin, n'est-ce pas, juin 1992. C'est

  9   bien ça, Monsieur le Témoin ?

 10   R.  Oui, oui.

 11   Q.  Bon, Monsieur le Témoin, vous venez de parler de l'hôpital de Bijeli

 12   Brijeg. La semaine dernière, nous avons entendu un témoin ici, et

 13   j'aimerais que vous-même, vous expliquiez aux Juges de la Chambre, parce

 14   que c'est le Dr Ante Kvesic, commandant de l'hôpital de guerre, qui a été

 15   entendu. Alors, pouvez-vous dire aux Juges où se trouvait cet hôpital,

 16   c'est-à-dire est-ce que vous pouvez dire s'il y a deux hôpitaux en cause ?

 17   R.  De facto, nous parlons bien de deux hôpitaux, deux hôpitaux que sépare

 18   une distance de trois à quatre kilomètres. Le Dr Kvesic était chef de cet

 19   hôpital, mais il a passé tout son temps dans l'hôpital qui se trouvait en

 20   première ligne, il y a pas mal de livres qui traitent de ce point. Quant à

 21   l'hôpital dont je suis en train de parler, il tait en construction, et il

 22   était à deux ou trois kilomètres de l'autre hôpital. Donc, ces deux

 23   hôpitaux, sur le plan des faits, n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Le Dr

 24   Kvesic était le directeur de l'autre hôpital, du premier hôpital, mais nous

 25   parlons bien de deux hôpitaux différents.

 26   Q.  D'accord. Après le déménagement de l'état-major sanitaire principal en

 27   1992, disons que je parle de la période --

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : -- j'essaie de comprendre. Vous dites que le Dr

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  1   Kvesic était de l'hôpital qui était en première ligne. Du coup, je suis un

  2   peu perdu. Quand vous dites en première ligne, est-ce à dire que c'était

  3   l'hôpital qui recevait les blessés du conflit, c'est pour ça qu'il était en

  4   première ligne ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Mostar, en tant que

  6   ville, était toute entière en première ligne, mais cet hôpital était un

  7   poste avancé. Il y avait de la chirurgie qui fonctionnait, et là, où, moi,

  8   je travaillais, c'était l'hôpital qui se trouvait en ville, mais le nouvel

  9   hôpital, si je puis m'exprimer ainsi, était en réalité en périphérie. Donc,

 10   il s'agit bien de deux hôpitaux différents.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Prenons un soldat du HVO qui était blessé. Il est

 12   blessé. On l'amène dans quel hôpital, celui qui est en première ligne ou le

 13   vôtre ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] L'hôpital qui était dirigé par le Dr Kvesic

 15   travaillait déjà avant la guerre, mais l'autre hôpital, celui qui était là-

 16   haut, il a commencé à fonctionner à la mi-juillet 1992, donc il y a une

 17   différence dans le temps. Dans les tout premiers temps, il n'y avait qu'un

 18   seul hôpital, et par la suite, il y a eu deux hôpitaux qui fonctionnaient

 19   en même temps.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Je prends un soldat du HVO. En août 1993, il reçoit

 21   une balle dans le poumon. On le conduit dans quel hôpital ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] On le conduit là où il y avait de la place; la

 23   plupart du temps, c'était dans le premier hôpital. Mais en fonction des

 24   nécessités, parce qu'il y avait parfois beaucoup de blessés, il arrivait

 25   qu'on les évacue aussi dans l'hôpital La Haye.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Deuxième exemple, prenons un enfant qui tousse

 27   sans arrêt, qui crache du sang. On le conduit dans quel hôpital, le premier

 28   ou le deuxième ?

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Si c'est un enfant qui tousse, on l'emmène en

  2   pédiatrie, qui se trouvait à Brijeg, tout près du nouvel hôpital, parce que

  3   la pédiatrie, c'est une branche de la médecine qui s'occupe des maladies

  4   qui atteignent les enfants.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon.

  6   Mme NOZICA : [interprétation]

  7   Q.  [aucune interprétation]

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Je demande à l'interprète de la cabine française de

  9   --

 10   L'INTERPRÈTE : Toutes mes excuses, Monsieur le Président.

 11   Mme NOZICA : [interprétation]

 12   Q.  Le deuxième hôpital, où vous dites que se trouvait l'état-major

 13   sanitaire principale, c'est de cet hôpital que vous avez surtout parlé dans

 14   l'affaire Naletilic, et je pense qu'il est très important que vous

 15   expliquiez maintenant aux Juges de la Chambre si cet hôpital, le deuxième

 16   hôpital où se trouvait l'état-major sanitaire principal, était achevé avant

 17   la guerre ? Dans ce cas, pourquoi il ne fonctionnait pas ?

 18   R.  L'hôpital venait d'ouvrir quelques jours avant, et je peux dire avec

 19   fierté que c'était un hôpital spécialisé, et mon chef, le Dr Ante Kvesic,

 20   que vous avez eu devant vous, a été proclamé l'un des principaux citoyens

 21   de Bosnie-Herzégovine. Mais avant cela, il n'y avait qu'une toute partie de

 22   cet hôpital qui était construite.

 23   Q.  Bon, maintenant tout est clair.

 24   Alors dites-moi, je vous prie : est-ce qu'en septembre/octobre 1992, il y a

 25   eu une certaine restructuration de l'état-major sanitaire principal, et

 26   est-ce que vous avez conservé les mêmes fonctions que celles qui étaient

 27   les vôtres avant cette restructuration ?

 28   R.  Oui. Au mois d'août, si je ne me trompe, il y a eu restructuration. A

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  1   partir de ce moment-là, notre nom n'était plus état-major sanitaire

  2   principal, mais nous savons devenu service de la Santé du département de la

  3   Défense, et au sein de ce service de Santé, il y avait trois éléments. L'un

  4   était l'état-major sanitaire principal, le nom est resté là. La deuxième

  5   partie était responsable des blessés, et la troisième partie était

  6   responsable des inspections. Moi, je faisais partie de l'état-major

  7   sanitaire principal, et je dis "je," c'est peut-être un peu prétentieux,

  8   mais moi-même et l'équipe que je dirigeais était chargée de la médecine

  9   préventive. Puis il y avait aussi l'équipe de stomatologie, il y avait une

 10   équipe chargée de l'Informatique et une équipe chargée des Abris. Mais

 11   nous, nous étions dirigés par le Dr Kvesic.

 12   Q.  Donc, le département de la Défense a mis en place un service de santé,

 13   et au sein de ce service, vous aviez vos locaux à l'état-major sanitaire

 14   principal, n'est-ce pas, c'est bien ça ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Dites-moi, je vous prie : vous avez dit dans quelles conditions vous

 17   aviez reçue la décision signée par le Dr Sarac confirmant vos fonctions;

 18   est-ce que par la suite, jusqu'en 1995, il y a eu des modifications dans

 19   ces décisions ? Est-ce que vous avez reçu des décisions émanant d'autres

 20   personnes, est-ce que la nature du travail effectué par vous a changé ?

 21   R.  Monsieur le Président, Messieurs les Juges, j'ai déjà dit qu'à partir

 22   de mon premier engagement au sein de l'état-major sanitaire principal et

 23   jusqu'à la fin du travail que j'ai effectué pour le HVO, j'ai toujours fait

 24   le même travail, j'ai agi uniquement dans un domaine, qui était la médecine

 25   préventive.

 26   Quant aux décisions, j'en ai reçu une signée par le Dr Bagaric, j'en ai

 27   reçu une signée par M. Perica Jukic, le ministre, et j'en ai reçu une

 28   signée par l'autre ministre, M. Soljic, mais je répète que j'ai toujours

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  1   travaillé dans la médecine préventive.

  2   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Maître Nozica, nous arrivons bientôt

  3   à l'heure -- à la fin d'une heure d'audience. Très honnêtement, je n'ai

  4   rien trouvé qui permet d'établir un lien avec l'acte d'accusation. Vous

  5   direz peut-être que ceci appartient à l'entreprise criminelle commune,

  6   parce que c'est ce que vous dites toujours en matière de Défense, mais je

  7   ne vois pas dans quelle mesure ceci serait le cas. Ce serait intéressant

  8   pour ce qui est des antécédents médicaux de Mostar, mais ça n'est pas le

  9   sujet ici. Pourriez-vous vous concentrer, s'il vous plaît, un petit peu et

 10   poser des questions et recueillir des réponses qui sont utiles pour les

 11   Juges de la Chambre.

 12   Merci.

 13   Mme NOZICA : [interprétation] Monsieur le Juge, je pense que les questions

 14   que je viens de poser sont très importantes, je ne vais pas vous dire

 15   qu'elles sont importantes eu égard à l'entreprise criminelle commune, mais

 16   pour en arriver au fond de l'acte d'accusation, permettez-moi de prendre le

 17   temps. Je sais de combien de temps je dispose, et je peux vous dire que

 18   toutes ces informations préliminaires seront importantes vous le verrez par

 19   rapport à ce qui vous suivre.

 20   Q.  Monsieur le Témoin, dites-moi, je vous prie : lorsque vous êtes arrivé

 21   à Mostar en 1992, pouvez-vous dire rapidement aux Juges de la Chambre --

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- je partage entièrement le point de

 23   vue de mon collègue le Juge Trechsel. On a passé une heure jusqu'à présent,

 24   et je dois vous dire humblement que j'attends avec curiosité la fin de vos

 25   questions. Parce que je ne vois pas du tout en quoi c'est utile pour nous.

 26   Mais peut-être que vous ménagez le suspens, et on attend donc avec

 27   impatience.

 28   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je pense que

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  1   tout deviendra clair très bientôt, mais je rappellerais que nous tenons

  2   bien compte de l'acte d'accusation, et que nous tenons compte dans cet acte

  3   d'accusation, quelle est la position assignée à l'état-major sanitaire

  4   principal et la position assignée au service dans lequel travaillait le

  5   témoin que vous avez devant vous. Mais pour préciser quelles étaient ses

  6   responsabilités, nous devons lui poser des questions au sujet de son

  7   travail de façon plus générale.

  8   Q.  Monsieur le Témoin, puisque les Juges de la Chambre font marque d'une

  9   grande impatience quant à la nécessité pour moi de démontrer ce qui est le

 10   plus important, je vous demanderai simplement d'expliquer très rapidement

 11   aux Juges de la Chambre, s'agissant du moment où vous êtes arrivé à Mostar

 12   en 1992, et de la période ultérieure quelles étaient vos tâches, vos

 13   missions ? Quels étaient les lieux où vous étiez tenu de vous rendre pour

 14   effecteur des inspections et prévenir les maladies infectieuses ?

 15   R.  Je l'ai dit déjà, les fonctions de cette équipe étaient intégratives,

 16   il y avait le militaire et le civil, et la première des places pour ce qui

 17   est des postulats de cette épidémiologie, c'était de voir

 18   l'approvisionnement en eau potable. Deuxièmement, inspectez tout endroit où

 19   il y a rassemblement de plusieurs personnes, parce que, si à un endroit il

 20   y a plusieurs personnes, il y a possibilité de voir des maladies

 21   contagieuses apparaître, soit de façon sporadique, soit de façon

 22   épidémiologique. Ensuite il y a les institutions, les établissements où on

 23   mange. Puis ensuite, voire les entreprises communales. Quelles sont les

 24   dispositions qu'ils ont prises. Cinquièmement, s'agissant des unités. Il

 25   convient de se déplacer -- je devais donc au final entrer en contact avec

 26   tous les intervenants qui sont censés aider afin qu'il n'y ait pas de

 27   maladie contagieuse.

 28   Q.  Je vais vous demander, vous avez parlé de l'approvisionnement en eau,

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  1   vous avez parlé des canalisations d'eau, des établissements militaires,

  2   établissements civils, déplacement vers les unités. Alors je vous

  3   demanderais d'impliquer et d'expliquer aux Juges de la Chambre si vous êtes

  4   allé vers l'approvisionnement en eau potable, avec qui vous êtes-vous

  5   entretenu là-bas, et à qui avez envoyé un rapport concernant la situation

  6   que vous avez constatée là-bas ?

  7   R.  L'approvisionnement en eau potable c'est l'un des places centrales,

  8   l'intervention de ce service. Je suis allé voir le directeur, nous avons

  9   convenu d'une modalité de travail et j'ai toujours demandé à ce que le

 10   niveau du chlore soit au moins à 0.3 à 0.4 %, et ensuite j'ai rédigé un

 11   rapport que j'envoyais pour ce qui est, par exemple, du rapport portant sur

 12   l'eau potable, aux autorités civiles et j'envoyais cela au département

 13   chargé de la santé. 

 14   Q.  Monsieur le Témoin, lorsque nous parlons d'eau et lorsque nous parlons

 15   de Mostar, est-ce qu'il y a une spécificité pour l'année 1992 au niveau de

 16   l'eau ? Est-ce que Mostar avait suffisamment d'eau ? Je parle de 1992 et

 17   notamment 1993.

 18   R.  En 1993, dans la ville de Mostar, l'histoire a relevé que c'était

 19   l'année la plus sèche. Vous devez savoir que Mostar avait deux systèmes

 20   d'approvisionnement en eau potable, deux captages d'eau, et l'eau compte

 21   tenu des pilonnages, avait connu des dégâts au niveau des conduites, et on

 22   perdait beaucoup d'eau, et mis à part ce fait, il y a eu un danger

 23   permanent de voir l'eau contaminé par les canalisations, et cela aurait

 24   fait exploser les maladies contagieuses. Il n'y avait pas suffisamment

 25   d'eau.

 26   Moi, qui réside au centre-ville, au cinquième étage, je n'avais pas d'eau,

 27   pas seulement moi, mais tous les immeubles n'avaient pas d'eau, on devait

 28   descendre jusqu'au poste de captage pour prendre de l'eau afin de

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  1   satisfaire le besoin les plus élémentaires.

  2   Q.  Bien. Je vais maintenant vous demander de dire aux Juges de la Chambre,

  3   de leur décrire -- l'une des inspections que vous avez effectuée au niveau

  4   d'une unité. Que deviez-vous faire au niveau d'une unité, qui contactiez-

  5   vous, et quelles étaient vos priorités ?

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- répondiez à la question de Me

  7   Nozica, je reviens à l'eau.

  8   Je découvre que vous habitiez, vous, au centre de Mostar, que vous n'aviez

  9   pas d'eau, et qu'il fallait aller au centre de captage pour avoir de l'eau.

 10   Très bien. A votre connaissance, est-ce qu'il y a quelqu'un dans Mostar qui

 11   est mort de soif, ou qui est mort à la suite d'un manque d'eau, ou bien qui

 12   a eu des séquelles graves parce qu'il n'a pas bu ? Est-ce qu'il y a eu un

 13   cas ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur, je n'en ai pas connaissance.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous en êtes sûr ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Pour autant que je le sache, moi, je n'en ai

 17   pas connaissance. Moi, je n'en ai pas eu connaissance.

 18   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Puisque nous sommes sur ce sujet

 19   dans la même veine. Dites-nous, s'il y a eu une épidémie qu'a éclaté

 20   pendant la guerre à Mostar en raison d'eau qui n'aurait pas été propre ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, pas à Mostar, nulle part en

 22   Herceg-Bosna, il n'y a eu aucune épidémie, ni par le biais de l'eau, ni par

 23   le biais des vivres, et j'estime que c'est le plus grand des résultats de

 24   ma vie, et j'en ai parlé dans bien des revues.

 25   C'est un journal médical qui est intitulé --

 26   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi le nom de la revue parce que dite

 27   trop vite.

 28   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je n'ai pas entendu la traduction,

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  1   mais je pense que les derniers mots étaient en anglais. Ah, c'est très

  2   bien.

  3   J'attends toujours qu'un lien soit établi avec l'acte d'accusation, Maître

  4   Nozica.

  5   Mme NOZICA : [interprétation] Alors si vous ne voyez pas cela au niveau de

  6   l'eau, alors moi je veux bien -- enfin je ne comprends peut-être pas moi-

  7   même quel est l'élément qui serait important pour ce qui est de ce

  8   témoignage.

  9   Q.  Nous allons revenir à l'eau de Mostar, Monsieur le Témoin, et nous

 10   avons parlé de ce qui a été la partie occidentale de Mostar, en 1993. Mais

 11   il y a à cet effet un rapport, et je crois que c'est un thème plutôt

 12   important.

 13   Pour les besoins du compte rendu, on vient de me le faire savoir en page

 14   14, lignes 13 et 14, le témoin a dévoilé son identité. Je pense que ce

 15   serait bon que d'expurger cette partie du compte rendu.

 16   Monsieur le Témoin, je vais maintenant vous demander de nous expliquer de

 17   façon concise, brève, ce que faisait votre équipe mobile lorsqu'elle se

 18   déplaçait vers une unité pour ce qui est de la prévention. Qui alliez-vous

 19   voir et quels sont les segments que vous examiniez ?

 20   R.  D'abord, nous allions voir le chef des services de santé au niveau de

 21   l'unité, si c'était une brigade, par exemple, à Capljina c'était le Dr

 22   Sutalo. La première des choses à faire, c'était de s'entretenir concernant

 23   - je ne sais pas - s'il y avait des problèmes, et je répète, pour ce qui

 24   est de la protection médicale préventive, voire s'il y a une maladie

 25   contagieuse, voire s'il y a des cas sporadiques, des cas individuels. Est-

 26   ce qu'il y a une corrélation à établir et est-ce qu'il y aurait possibilité

 27   de voir éclater une épidémie& ?

 28   Alors je précise que l'eau c'était très important, un exemple, Hambourg

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  1   1812, 2 600 personnes ont contracté le choléra. A Pristina en 1993, il y

  2   avait du typhus qui a fait souffrir bien des personnes mais un millier.

  3   Vous voyez, par exemple, l'Asie du sud-est c'est très important pour ce qui

  4   est des maladies infectieuses.

  5   Q.  Monsieur le Témoin, vous n'avez aucune nécessité de parler anglais,

  6   vous jetez les interprètes dans la confusion, continuez en croate donc.

  7   Quels sont les segments que vous avez contrôlés ?

  8   R.  La première des choses c'est l'eau. Je le souligne qu'il fallait

  9   trouver le niveau du chlore résiduel dans l'eau parce que, si dans l'eau il

 10   n'y a pas de chlore résiduel, cette eau ne doit pas être bue vu que cette

 11   eau est potentiellement dangereuse vu que contaminée par des agents

 12   microbiologiques.

 13   Deuxième chose, nous contrôlions les denrées alimentaires. Vous savez

 14   que les vivres peuvent être la source de bien des infections. On sait que

 15   de nos jours dans des -- à l'échelle mondiale dans des hôtels même il y a

 16   des maladies intestinales, par exemple, à Glasgow, vous avez eu une

 17   épidémie à l'hôtel de Glasgow. Alors la chose suivante, les conditions

 18   d'installation des soldats, il fallait aussi voir comment étaient les gens

 19   -- étaient installés les gens sur les champs de bataille et dans les

 20   casernes. Il fallait aussi voir quel est la concentration des eaux

 21   résiduels parce que c'est les détritus ne sont pas détruits ou enlevés cela

 22   peut constituer l'un des vecteurs d'acheminement ou de véhiculation [phon]

 23   des maladies contagieuses.

 24   Ensuite, approvisionnement en matériel sanitaire, et notamment pour ce qui

 25   est de la protection médicale préventive. La chose suivante, je demandais à

 26   examiner la documentation médicale. Hélas, au début, il n'y en avait pas du

 27   tout mais c'est venu par la suite parce qu'avec une documentation médicale

 28   appropriée, on pouvait constater l'état de santé.

Page 37515

  1   Je le répète, je le répèterai autant de fois qu'il le faut, je procédais à

  2   chaque fois à des mesures d'éducation d'instruction de nos confrères parce

  3   que vous avez des gens qui sortaient de la faculté qui avaient des

  4   connaissances mais qui n'avaient aucune expérience, et je précise que dans

  5   nos pays ce domaine de la santé publique c'est complètement négligé.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Ce que vous dites à Mostar Ouest, d'après vos dires,

  7   tout a été fait, mais nous le problème c'est Mostar Est. Alors qu'est-ce

  8   que vous avez fait vous pour Mostar Est ? 

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, personne ne m'a posé la

 10   question. Lorsque je suis arrivé dès que je suis arrivé à Mostar, je suis

 11   entré en contact avec mes collègues du côté du flanc de la rive gauche, et

 12   j'ai procédé à des mesures d'éducation dont je suis fier.

 13   Par exemple - et là, je fais digression - il y a deux mois il y a eu une

 14   épidémie de jaunisse contagieuse à la rive gauche, au niveau de certaines

 15   personnes déplacées. On m'a contacté et j'ai empêché l'épidémie et j'ai

 16   soigné ces gens, donc j'ai procédé à des mesures d'éducation et j'en suis

 17   fier.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc vous dites que vous aviez des rapports avec vos

 19   confrères qui étaient à Mostar Est et en liaison avec eux vous assuriez une

 20   surveillance des conditions sanitaires en matière d'eau --

 21   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : -- et d'alimentation.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. Oui, Monsieur le Juge. (expurgé)

 24   (expurgé)

 25   (expurgé)

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- parce que votre collègue permettrait

 27   de vous identifier. Bon. Donc le greffier va préparer l'ordonnance. Bien,

 28   continuez.

Page 37516

  1   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Une toute petite question.

  2   L'épidémie de fièvre jaune dont vous parliez il y a un instant, où est-ce

  3   qu'elle s'est produite ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, il ne s'agit pas de fièvre

  5   jaune, c'est autre chose. Je parle de l'hépatite A, la jaunisse, c'est tout

  6   à fait différent. C'est tout récent. Je voulais dire quelle est l'influence

  7   que j'ai exercée et moi je suis spécialiste en matière -- de maladie

  8   infectieuse donc je suis fier. J'en ai parlé pendant une heure à la

  9   télévision.

 10   La fièvre jaune c'est une maladie de l'Asie de l'est et c'est une grosse

 11   différence.

 12   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] C'était peut-être un problème de

 13   langue parce que l'hépatite B en Allemand c'est Gelbsucht et guêpes, ça

 14   veut dire et c'est pour ça que j'ai peut-être créé une petite confusion.

 15   Merci.

 16   Poursuivez, Maître Nozica.

 17   L'INTERPRÈTE : Le témoin se met à parler l'allemand --

 18   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 19   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Nous ne sommes pas ici pour avoir

 20   une petite conversation entre nous. Nous sommes ici pour parler avec tout

 21   le monde.

 22   L'INTERPRÈTE : -- précise de la cabine française.

 23   Mme NOZICA : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Juge.

 24   Q.  Monsieur le Témoin, vous avez dit tout à l'heure : on ne m'a posé de

 25   questions à ce sujet. J'avais l'intention de le faire mais j'ai été devancé

 26   par M. le Juge Antonetti.

 27   Lorsque vous avez parlé de mesures d'éducation de vos confrères du côté

 28   est, est-ce que vous pouvez éclairer notre lanterne et nous dire quand ?

Page 37517

  1   Est-ce que c'était avant le conflit entre les Bosniens et les Croates ? Mis

  2   à part ces mesures d'éducation, auriez-vous inspecté des localités ou des

  3   unités se seraient trouvées, par exemple, le Bataillon de Mostar ? Après

  4   c'était devenu les Unités du 4e Corps. Avez-vous inspecté ces sites-là de

  5   façon analogue ? Est-ce que vous avez raconté au sujet des unités du HVO ?

  6   (expurgé)

  7   (expurgé)

  8   (expurgé)

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- expurger ligne 13, page 35.

 10   Bien, continuez.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc j'ai procédé à des mesures d'éducation

 12   parce que l'organisation des activités, je le répète, était tout à fait

 13   identique, que ce soit du côté de la rive droite ou de la rive gauche parmi

 14   les civils ou parmi les militaires, l'organigramme des activités est

 15   uniforme pour ce qui est de cette doctrine médicale.

 16   Oui, je suis allé vers les premières lignes, non seulement le HVO,

 17   j'allais aussi à l'ABiH. Les mêmes mesures d'éducation ont été dispensées à

 18   tout un chacun.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, j'ai une question d'ordre

 20   technique à vous poser. Compte tenu de ce que vous avez dit à présent.

 21   Nous avons eu beaucoup de témoins. Ça fait plus de deux ans qu'on est là.

 22   On a entendu beaucoup de monde et je me souviens d'une femme qui allait

 23   chercher de l'eau dans le fleuve et qui a été tuée par un sniper. Alors ce

 24   que je voudrais savoir quelqu'un qui ramasse de l'eau dans le fleuve, est-

 25   ce que l'eau il peut la faire bouillir pour la boire après sans mettre de

 26   chlore dedans ? Est-ce que ces consommable ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors si cette femme était descendue à "la

 28   rivière," j'imagine que c'est la Neretva, et là, je pense qu'il y a eu

Page 37518

  1   conflit déjà entre les deux parties belligérantes. Alors l'eau on peut la

  2   faire bouillir mais plus tard on peut même s'en servir pour désinfecter des

  3   plaies et on pouvait la boire. Oui, je l'ai fait moi aussi. Mais c'est un

  4   crime que de tuer qui que ce soit et à quelque endroit que ce soit.

  5   Mme NOZICA : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur le Témoin, vous nous avez dit à présent que vous avez inspecté

  7   des unités. Lorsque vous avez procédé à ces visites, est-ce que suite à

  8   cette visite au siège de l'unité ? Lorsque vous avez inspecté tous ces

  9   éléments-là, est-ce que vous alliez vers la ligne de front sur le terrain

 10   là où se trouvaient les militaires ?

 11   R.  J'étais un vrai médecin, je n'étais pas un médecin de salon. Je suis

 12   allé là-bas et ce que je peux vous dire non seulement au niveau du HVO et

 13   de l'ABiH et j'en suis très fier, je vais vous le dire et tous le savent,

 14   toutes les structures le savent.

 15   Q.  Monsieur le Témoin, par la suite, après toutes ces visites, est-ce que

 16   vous rédigiez des rapports ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Vous les communiquiez suivant la méthodologie que vous nous avez

 19   expliquée ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Monsieur le Témoin, je me propose maintenant de vous poser plusieurs

 22   questions au sujet des conditions sur les champs de bataille, là où se

 23   trouvaient les membres des Unités du HVO. Nous parlons de la période après

 24   le début des conflits ou au début des conflits contre l'ABiH. Alors, ce que

 25   je vous demanderai et ce qui m'intéresse, c'est trois segments. Puisque

 26   vous vous êtes déplacé souvent vers le champ de bataille, il y a trois

 27   segments qui m'intéressent.

 28   Où les soldats dormaient-ils ? Quel type de nourriture avaient-ils, et

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  1   quelle était la qualité de leur eau ? Alors, est-ce que vous pouvez

  2   expliquer aux Juges de la Chambre l'expérience qui est la vôtre au sujet de

  3   ces trois segments qui ont prévalu sur le terrain au niveau des membres du

  4   HVO ?

  5   R.  Alors, vous avez d'abord demandé au niveau des dortoirs. Au champ de

  6   bataille, il faut distinguer deux éléments. Il y a les soldats sur la

  7   première ligne, et il y a les soldats qui se reposent. Ils se reposaient

  8   généralement dans les maisons qui se trouvaient à proximité, et ces maisons

  9   étaient plutôt détruites, souvent n'avaient pas d'eau, et dans deux ou

 10   trois cas de figure, ils dormaient sous des tentes. C'était tout à fait

 11   identique pour les forces armées musulmanes.

 12   Pour ce qui est maintenant de la nourriture, la nourriture, elle, venait

 13   d'une cuisine centrale, qui est celle de cette unité. Mais le postulat

 14   principal, c'était celui-ci : si les vivres étaient censés être consommés

 15   deux heures après le traitement thermique, il ne fallait pas s'en servir.

 16   Il faut savoir qu'il y avait un groupe de soldats qui étaient à des postes

 17   avancés qui ne mangeait que des vivres secs, et c'est eux qui avaient le

 18   moins d'eau.

 19   Pour répondre à la troisième question, c'était quoi, déjà ?

 20   Q.  Justement, l'eau.

 21   R.  L'eau, on en avait très peu. En termes simples, je pense qu'il y avait

 22   de quoi satisfaire les besoins élémentaires d'un organisme -- d'un corps

 23   humain; mais l'eau devait être inspectée. Il fallait qu'il y ait cette

 24   quantité résiduelle de chlore de 0.3, 0.4 % au minimum.

 25   Q.  Veuillez m'indiquer, pour ce qui est des dortoirs, d'après vous, vous

 26   avez inspecté toutes ces unités, est-ce que ces maisons où les gens

 27   dormaient, y avait-il des lits ? Vous avez parlé de maisons abandonnées, et

 28   vous avez dit que c'était, pour l'essentiel, ce type de maison qui abritait

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  1   les soldats. Est-ce qu'il y avait des couvertures, et comment se présentait

  2   la situation au début, et est-ce que par la suite, au fil du temps, ça

  3   s'est amélioré ?

  4   R.  Il n'y avait pas de lits. On dormait sur des couvertures ou sur des

  5   espèces de matelas, et on se couvrait avec des couvertures. Moi, j'ai écrit

  6   et j'ai demandé à ce que soit procédé au lavage de ces couvertures. Il

  7   fallait aussi désinfecter ces couvertures, mais, malheureusement, c'est

  8   l'un des segments qui n'a pas été effectué. Notamment, au début, on a pensé

  9   que je demandais l'impossible, et on a pensé que je ramenais cela de l'ex-

 10   armée. Ils n'étaient pas conscients que c'était là une prévention des

 11   maladies de la peau contagieuses, transmissibles d'homme à homme.

 12   Ils ne voulaient même pas creuser des trous pour les toilettes, par

 13   indolence, par ignorance. Après, ça s'est amélioré.

 14   Q.  Vous avez décrit la nourriture. Comment pouvez-vous savoir ? Une fois

 15   que cela a été acheminé depuis la brigade, est-ce que c'était bon, est-ce

 16   que c'était suffisant, est-ce que c'était varié ? Comment pouvez-vous juger

 17   de la qualité des vivres reçus par les membres de la HVO ?

 18   R.  Dans toutes les armées du monde, c'est à la marmite qu'on fait à

 19   manger. D'abord, on fait des plats où il y a peu de possibilités de voir

 20   une contagion survenir. Dans toutes les armées du monde, c'est pareil. Pour

 21   ce qui est de la variété des denrées, là, dans toutes les armées du monde,

 22   c'est insuffisant. Alors la quantité, au début, c'était certain, n'a pas

 23   suffi. Après, ça s'est amélioré. Mais même après, la quantité était

 24   suffisante, mais la variété n'était pas bonne. Surtout, notamment pour ce

 25   qui est de la prévention des épidémies.

 26   Q.  Est-ce que les membres de l'armée croate, du HVO, lorsqu'il s'agit de

 27   l'eau, quand il s'agissait d'eau, une fois qu'on se trouvait sur le champ

 28   de bataille, est-ce qu'il y avait suffisamment d'eau pour les besoins

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  1   hygiéniques ?

  2   R.  Très peu. Il y avait de l'eau rien que pour rester en vie,

  3   biologiquement parlant.

  4   Q.  Monsieur le Témoin, puisque nous venons de brosser une image générale,

  5   j'aimerais que vous indiquiez aux Juges si vous vous êtes déplacé vers des

  6   prisons, vers des centres d'isolement préventif, ou aux endroits où il y

  7   avait des prisonniers de guerre ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce que vous pouvez vous rappeler de la date à laquelle vous vous

 10   êtes déplacé vers un site qui était qualifié de prison ou qui tomberait

 11   sous l'une des catégories que je viens de vous énumérer ?

 12   R.  Voyez-vous, je pense l'avoir dit, et je ne sais pas si vous vous en

 13   souvenez, tout groupe d'hommes plus ou moins important se trouvait à un

 14   seul et même endroit génère un risque de voir apparaître des maladies

 15   contagieuses. Dans des conditions d'hiver, ce sont des maladies

 16   respiratoires; dans les autres conditions et circonstances, ce sont des

 17   maladies intestinales. Dans certains cas de figure, il peut y avoir des

 18   maladies du système nerveux, comme par exemple, la méningite. Alors, pour

 19   moi, une prison, c'est une maison où il y a des gens qui ne peuvent pas

 20   sortir et qu'on contraint à y rester. Moi, je ne sais pas vous donner

 21   d'autre définition.

 22   Alors, la première fois que je suis allé, c'est lorsque mon collègue,

 23   (expurgé), m'a demandé de le faire.

 24   Je vous précise que je venais de l'ex-armée, et les relations (expurgé)

 25   (expurgé) étaient correctes. Mais, moi, j'avais appris que si, moi, mon

 26   supérieur me disait quelque chose, c'était un ordre, bien que cela n'ait

 27   pas été donné sous forme d'ordre. Mais, moi, je l'ai pris ainsi.

 28   J'allais sur les lieux pour le voir et pour intervenir. La première fois,

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  1  (expurgé), m'a dit qu'il semblerait qu'à l'Heliodrom, il

  2   y ait pas mal de gens. Donc : "Je te prie d'y aller. Vois donc de quoi il

  3   s'agit et fait le nécessaire, au niveau de la médecine préventive." Il ne

  4   fait pas accepter ou permettre qu'il y ait quelque contagion que ce soit.

  5   Q.  Alors : "Ne laisse pas arriver un incident épidémiologique;" c'est bien

  6   ce que vous avez dit ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Ça n'a pas été consigné. Des fois, vous avalez des parties du mot, et

  9   les interprètes ne peuvent pas vous comprendre. Est-ce que vous pouvez nous

 10   dire quand est-ce que ça s'est passé ?

 11   R.  C'est vers la mi-mai 1993.

 12   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que vous êtes allé vers les prisons qu'on

 13   appelle Dretelj et Gabela ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Est-ce que ça s'est fait de façon identique ? Ça celle que vous venez

 16   de nous exposer, c'est (expurgé) qui vous a sollicité ou c'est vous qui

 17   avez appris que des prisons ont été créées ?

 18   R.  Je pense que c'est (expurgé) qui me l'avait dit, mais ma

 19   façon d'organiser mes activités, c'était -- ça consistait à ne pas avoir à

 20   me le dire. Je prenais la plupart de mes décisions moi-même, à 85 %. Mais à

 21   titre préventif, vous devez vous déplacer vers les lieux. Vous n'êtes pas à

 22   l'hôpital. Vous devez vous déplacer sur le terrain, et vous devez prendre

 23   les mesures qu'il faut pour ne pas qu'il y ait des maladies. Donc, dans ce

 24   cas de figure, il faut que vous vous déplaciez vers les lieux.

 25   Q.  Avant que de passer aux documents qui en parlent, je voudrais que nous

 26   tirions au clair certains éléments.

 27   Monsieur le Témoin, en votre qualité de médecin - et là, je vous pose la

 28   question en raison des questions qui vous ont été posées dans l'affaire

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  1   Naletilic/Martinovic - est-ce que vous faites la différent entre prison,

  2   détention à vue et centre de détention ?

  3   R.  Je ne sais pas vous dire la différent, ni à l'époque, ni maintenant. De

  4   nos jours encore, pour moi, tout ça, c'est du pareil, même chose.

  5   Q.  Bon. Nous avons très peu de temps avant la pause. Est-ce que vous

  6   pouvez nous expliquer, lorsque vous alliez inspecter, visiter les lieux

  7   qu'on vient de mentionner, l'organisation du travail, l'organisation du

  8   contrôle à ces endroits était-elle identique à celle que vous aviez connu

  9   lorsque vous vous déplaciez vers quelque unité que ce soit, indépendamment

 10   du fait de savoir si c'est du HVO ou auparavant encore de l'ABiH ?

 11   R.  Oui, je vous l'ai dit : oui, je procédais suivait une doctrine médicale

 12   de guerre. Du reste, mes rapports l'illustrent bien.

 13   Q.  Quelles étaient vos priorités ? Pouvez-vous répéter aux uns et aux

 14   autres de ces sites ?

 15   R.  C'était pareil. J'ai dit que j'allais voir des réfugiés, je ne faisais

 16   pas de distinction entre réfugiés, personnes déplacées, militaires et

 17   prisons. Les priorités, je le répète, c'était l'eau, les vivres, les

 18   conditions d'hébergement. Il fallait aussi voir comment on gérait les

 19   détritus. Ensuite est-ce qu'il y a une documentation détenue à jour, est-ce

 20   que la documentation est communiquée à qui de droit ? Chose suivante, à

 21   chaque fois, je procédais à des mesures d'éducation. A chaque personne sur

 22   laquelle je tombais, je le faisais qu'il soit médecin ou autre.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, vous abordez un sujet essentiel.

 24   Vous dites que vous aviez visité ces personnes, je cite, réfugiés,

 25   militaires ou prisonniers ou quelque chose comme ça. Alors, moi, ce que je

 26   veux savoir, vous allez à l'Heliodrom vous alliez voir des personnes libres

 27   ou des personnes emprisonnées, ou bien des personnes qui étaient dans un

 28   autre statut ? Ou bien, vous en tant que médecin, vous ne posez pas de

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  1   problème ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, en ma qualité de médecin -

  3   et maintenant je suis professeur assistant - pour moi, ça n'existe pas ces

  4   différences. J'ai prêté serment d'Hippocrate, il n'y a de préfixe qui

  5   existerait, quel qu'il soit pour moi, ça n'existe pas. A mes yeux c'est un

  6   homme quel qu'il soit, qu'il soit sain, enfin en bonne santé ou malade,

  7   c'est un homme. Moi, je ne connais pas d'autres catégories. Jeunes, vieux,

  8   en bonne santé, en mauvaise santé, homme, femme, ce sont les seules

  9   catégories dont je peux vous parler. Les autres je ne peux pas en parler.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Je crois qu'il faut faire le break. On va faire

 11   une pause de 20 minutes.

 12   --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.

 13   --- L'audience est reprise à 16 heures 08.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise. Maître Nozica, vous

 15   avez utilisé 58 minutes donc il vous reste une heure et deux minutes.

 16   J'indique à M. le Témoin : évitez de dire des noms de personnes parce que,

 17   quand vous dites des noms, ça peut, le cas échéant, vous permettre de vous

 18   identifier. Donc si vous voyez qu'il y a un problème, levez la main et, à

 19   ce moment-là, nous passerons en audience à huis clos parce que, sinon, je

 20   vais passer tout l'après-midi à signer des ordonnances d'expurgation. Là,

 21   j'en ai trois à signer et j'attends que M. le Greffier me donne un stylo

 22   pour les signer.

 23   Bien, Maître Nozica.

 24   Mme NOZICA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Q.  Monsieur le Témoin, en effet, le Président de la Chambre vient de vous

 26   dire quelque chose que j'avais l'intention de vous dire également car,

 27   pendant tout le début de l'interrogatoire principal, vous avez mentionné un

 28   certain nombre de noms ce qui pose problème. Nous avons un compte rendu

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  1   d'audience celui de votre déposition dans l'affaire Naletilic pendant

  2   laquelle vous avez bénéficié des mêmes mesures de protection

  3   qu'aujourd'hui, et vous avez prononcé les mêmes noms que ceux que vous avez

  4   prononcés aujourd'hui. Donc si vous ne souhaitez pas que tel ou tel nom

  5   soit prononcé en audience publique, je vous prierais de demander un passage

  6   à huis clos afin d'éviter des expurgations incessantes. Je sais que le nom

  7   de M. Bagaric ainsi que nom d'autres personnes ont été mentionnées très

  8   souvent et que cela n'a pas posé de problème, mais si vous pensez qu'un nom

  9   que vous voulez prononcer risque de poser problème, veuillez le faire

 10   savoir, je vous prie.

 11   Alors mes dernières question avant la pause concernaient les prisons et

 12   centre d'incarcération. Nous avons parlé de l'Heliodrom, de Dretelj et de

 13   Gabela. Nous allons très rapidement en venir à l'examen de documents mais

 14   maintenant j'aimerais que vous disiez avec qui vous vous rendiez dans ces

 15   lieux, qui vous a emmené dans ces prisons ? Avec qui vous y êtes allé ?

 16   R.  Pour commencer je suis arrivé au sein de l'unité accompagné d'un de mes

 17   collaborateurs. Vous le verrez au compte rendu d'audience qu'il est

 18   toujours question de collaborateurs. Pour répondre à votre deuxième

 19   question, je me faisais connaître au service sanitaire de l'unité concernée

 20   et à son commandant. Donc si j'étais à Capljina, pour vous donner un

 21   exemple, je me faisais connaître auprès du chef de la caserne de Knez

 22   Domagoj, et si je me trouvais au sein de la 3e Brigade, je parlais au

 23   commandant de la 3e Brigade, donc lorsque j'établissais un contact, nous

 24   commencions par discuter de la situation, nous l'analysions au sein de

 25   l'unité, et je souligne que tous les éléments évoqués au cours de la

 26   conversation concernaient la médecine préventive et les mesures à prendre

 27   dans ce domaine. Ensuite nous passions en revue le dispensaire et la

 28   pharmacie afin de voir s'il y avait suffisamment de médicaments et à chaque

Page 37526

  1   fois je demandais à vérifier toute la documentation médicale, ce qui me

  2   permettait de voir quel était le nombre de décès, s'il y en avait eu, ou de

  3   tirer quelques conclusions que ce soit au sujet de la survenue éventuelle

  4   d'une maladie infectieuse. Puis je demandais à voir les responsables, les

  5   chefs afin que l'on me fasse savoir si tel ou tel incident était survenu.

  6   Je demandais toujours lorsque je me rendais dans une prison quelle était la

  7   situation dans cet endroit, qu'on me décrive la situation, et lorsque la

  8   personne que j'avais en face de moi l'avait fait, nous passions le lieu --

  9   nous inspections le lieu ensemble.

 10   Q.  Voici ce que j'aimerais maintenant vous demander. Qui d'après vous

 11   était responsable des questions sanitaires au sein de ces prisons dont nous

 12   avons parlé ?

 13   R.  Si vous avez lu mes rapports, si vous avez lu les consignes qui

 14   venaient du secteur chargé des Aspects sanitaires, vous aurez pu voir qu'il

 15   y avait une unité -- qu'il y avait une instance qui était responsable des

 16   questions sanitaires au sein des unités. Si l'on parlait de l'Heliodrom à

 17   Mostar, le responsable était le chef de la 3e Brigade.

 18   Q.  Dites-moi, je vous prie : si vous appliquiez la même méthode, la

 19   méthode que vous avez déjà expliquée lors de toutes vos visites dans ces

 20   lieux, pouvez-vous nous dire rapidement quelle était la structure, la

 21   composition de vos rapports ?

 22   R.  Tous mes rapports étaient établis de la même façon, c'est-à-dire dans

 23   le respect de la doctrine médicale de guerre. Mes rapports étaient

 24   identiques, qu'il s'agisse de réfugies, de soldats ou de personnes dans les

 25   prisons. Voilà quelle était la composition de mes rapports. D'abord, je

 26   disais un certain nombre de choses verbalement, ensuite je le mettais par

 27   écrit. J'abordais les questions liées à l'eau, les questions, l'eau étant

 28   très, très, très importante sur le plan de la médecine préventive. Ensuite

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  1   il était question des conditions de logement. Il était question également

  2   d'un certain nombre de personnes qui éventuellement j'examinais moi-même.

  3   Et puis nous nous concentrions sur la situation du point de vue du

  4   traitement des déchets, sur la situation du point de vue des lits utilisés

  5   par ces personnes, donc literie, couverture en particulier. En fonction de

  6   tous ces éléments, j'établissais un rapport.

  7   Maintenant si nous parlons plus concrètement des prisons, puisque vous avez

  8   abordé cette question, je demandais à obtenir des renseignements, des

  9   responsables de la brigade, notamment du médecin de la brigade, en

 10   particulier le Dr Hadzic ou le Dr Stranjak, décédé depuis, mais en tout

 11   cas, c'est moi personnellement qui m'informais de tous ces aspects de la

 12   situation auprès de ces personnes avant d'établir mon rapport.

 13   Q.  Je vous prierais, je vous prie, de répondre plus brièvement. Je vous ai

 14   interrogé au sujet de la composition de vos rapports; est-ce que vous

 15   commenciez par établir qui était présent sur les lieux, brièvement, je vous

 16   prie ?

 17   R.  Tous mes rapports étaient identiques. Alors d'abord, l'aspect

 18   sanitaire, ça c'est facile à prouver. Cela commençait par le jour de ma

 19   visite, les noms des personnes membres de mon équipe, qui ont fait cette

 20   visite, qui était le responsable de l'unité, commandant de la 3e Brigade,

 21   médecin de la 3e Brigade, par exemple. Ensuite, j'évoquais les

 22   constatations, ensuite c'est très important, les propositions en matière de

 23   mesures à appliquer, ce qu'il y avait à faire, car dans le domaine

 24   sanitaire nous n'avons aucune fonction de commandement. Nous ne faisons pas

 25   partie de la filière de commandement, nous ne pouvons que proposer, nous

 26   sommes une instance d'éducation, une instance spécialisée et consultative.

 27   Ensuite autre partie du rapport, ce qui risque d'arriver si les mesures ne

 28   sont pas appliquées. Enfin, la liste des destinataires du rapport. Ça,

Page 37528

  1   c'était répété chaque fois dans tout le rapport, chaque fois.

  2   Q.  Très bien. Maintenant, Monsieur, je vous prierais de vous saisir de la

  3   liste des documents que vous avez à côté de vous, et nous allons examiner

  4   tous ces documents dont vous parlez depuis une heure.

  5   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Pardonnez-moi, Maître Nozica.

  6   (expurgé), il y a une phrase que je ne comprends pas très bien.

  7   Je ne comprends pas très bien ce que vous voulez dire. C'est à la page 46,

  8   première ligne, où il est dit : "Après cela, après avoir examiné nous

  9   avions l'habitude de voir ce qui allait arriver à moins que ces mesures

 10   n'aient été mises en place."

 11   Voilà la phrase. Je ne comprends pas très bien ce que vous dites ici.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, il importe que vous sachiez,

 13   dans le domaine de la médecine préventive, qu'on prévoit et qu'on fait

 14   quelque chose afin que quelque chose n'arrive pas. Alors qu'en médecine

 15   curative, on soigne. En médecine préventive, on prévoit ce qui risque

 16   d'arriver, et afin d'empêcher ce quelque chose d'arriver, on propose des

 17   mesures. Donc vous dites ce qu'il importe de faire afin d'éviter que

 18   n'apparaisse une maladie infectieuse. Voilà ma réponse.

 19   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie.

 20   Je crois que j'ai compris cela. La question que je souhaite vous poser est

 21   celle-ci : est-ce que vous vérifiez à l'époque ? Est-ce que vous notiez si,

 22   oui ou non, et comment ces recommandations étaient mises en œuvre ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, oui. D'ailleurs vous

 24   constaterez vous-même que, dans certains rapports, il est indiqué sur la

 25   base de mon rapport antérieur, je peux dire que désormais la situation est

 26   améliorée ou pas. Ou bien elle est améliorée de ce point de vue et elle

 27   s'est aggravée de cet autre point de vue. Chaque fois nous nous efforcions

 28   pas à pas d'établir les éléments susceptibles d'empêcher l'apparition d'une

Page 37529

  1   maladie infectieuse parce que, si nous parlons de l'Heliodrom, de cette

  2   prison, les maladies infectieuses n'ont pas de frontière. Si un soldat est

  3   infecté, la maladie peut arriver dans une maison, au sein de la population.

  4   Ça c'est un des éléments tout à fait important à prendre en compte dès lors

  5   qu'on parle de maladie infectieuse.

  6   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie.

  7   Mme NOZICA : [interprétation] 

  8   Q.  Monsieur le Témoin, pourriez-vous, je vous prie, vous pencher sur le

  9   premier document de votre liasse de documents. Il s'agit du document P3355,

 10   c'est un rapport relatif au travail du département de la Défense, dans la

 11   période allant de janvier à juin 1992. La page qui m'intéresse, c'est la

 12   page 26, que je vous demande d'examiner en premier. Elle concerne le

 13   département de la Défense.

 14   Je viens de recevoir un message m'indiquant que le nom du témoin vient

 15   d'être mentionné par M. le Juge Trechsel, à la page 46, ligne 11 du compte

 16   rendu d'audience.

 17   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Oui, pardonnez-moi.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- a été corrigé. L'ordonnance a été

 19   prise. Je risque d'avoir une crampe en fin de journée.

 20   Mme NOZICA : [interprétation] Je vais vraiment faire très attention pour

 21   éviter tout erreur dans ce domaine, mais cela arrive.

 22   Q.  Alors, Monsieur le Témoin, est-ce que vous avez trouvé la page 23 de la

 23   version anglaise ?

 24   R.  C'est la page 26 en croate.

 25   Q.  Oui. C'est le rapport sanitaire qui commence là, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  C'est bien le secteur dont faisait partie votre service ?

 28   R.  Oui.

Page 37530

  1   Q.  Penchez-vous je vous prie sur la page 27. En page 27, qui correspond à

  2   la page 24 de la version anglaise, il est indiqué que dans le cadre du

  3   secteur sanitaire, c'était l'état-major sanitaire principal qui agissait ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce que c'est bien le secteur dont dépensait votre service ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Maintenant, je vous demanderais de vous pencher sur la page 31, qui

  8   correspond en anglais à la page 29. Vous l'avez trouvé ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Ce rapport provient du service chargé de l'épidémiologie, de la

 11   toxicologie et de maladies infectieuses, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Donc "maladies infectieuses, épidémiologie, toxicologie."

 14   Alors Monsieur le Témoin, dans les deux pages qui suivent dans ce

 15   rapport, on énumère toutes les missions accomplies par vous dans la période

 16   que je viens d'évoquer et qui fait l'objet de ce rapport, avec une

 17   conclusion en fin de document avant-dernier paragraphe, page 33, où nous

 18   lisons que vous avez établi 81 rapports quotidiens et 24 rapports

 19   hebdomadaires ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  J'aimerais appeler votre attention sur un point dont nous n'avons pas

 22   parlé. Dans ce rapport, en page 32, nous lisons que, vous-même -- ou votre

 23   service avait proposé un grand nombre de consignes dans la période en

 24   question, consignes visant à éduquer les brigades comme vous dites sur le

 25   plan sanitaire; est-ce que c'est exact ?

 26   R.  Oui. Là, il est question que d'une partie du travail dans ce domaine.

 27   Il y en a eu beaucoup plus.

 28   Q.  Pour donner une idée plus générale de votre travail, je vous prierais

Page 37531

  1   maintenant de sauter le document suivant dans votre liasse et de trouver le

  2   document 2D 2021 pour que nous parlions concrètement de votre travail, 2D

  3   2021. Cela devrait être le troisième onglet dans votre liasse de documents.

  4   R.  Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît -- dit le témoin en anglais.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- Nozica, ce document il ne faut pas

  6   l'afficher car il pourrait identifier le témoin.

  7   Mme NOZICA : [interprétation] Bien, dans ces conditions, Monsieur le

  8   Président, je pense qu'il serait préférable de passer à huis clos.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Messieurs les Juges, nous sommes

 10   actuellement à huis clos partiel.

 11   [Audience à huis clos partiel]

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  9  (expurgé)

 10   [Audience publique]

 11   M. SCOTT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Ce n'est pas

 12   particulièrement important mais par excès de prudence je ne donnerais pas

 13   le nom du témoin suivant, aux fins de calendrier nous serions aidés tout le

 14   monde sans doute aussi dans ce prétoire si nous savions quel est le

 15   programme pour le prochain témoin. Il va commencer demain ou plutôt

 16   mercredi, ou peut-être que vous pourriez le demander, Monsieur le

 17   Président.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Nozica, le deuxième témoin de la semaine il

 19   sera prêt dès demain ou mercredi ?

 20   Mme NOZICA : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons fait ce

 21   qu'il fallait pour que le témoin soit là mercredi, et il sera là mercredi,

 22   car il voyage la veille. Donc demain il n'y aura pas de témoin suivant.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc on va terminer demain avec lui. Très bien.

 24   Bien, de toute façon, la Chambre va rendre une décision concernant l'autre

 25   témoin et la décision sera enregistrée demain le plus tôt possible.

 26   Bien. Alors je me tourne vers les avocats qui veulent contre-interroger.

 27   Maître Alaburic.

 28   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, d'après notre ordre

Page 37569

  1   de prise de parole, c'est moi qui suis la première à être censée parler

  2   maintenant. Je ne sais pas si je dois commencer tout de suite ou si vous

  3   voulez savoir quel est l'avis des autres membres des équipes de Défense ?

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- bon de savoir qui intervient pour le

  5   temps.

  6   Maître Kovacic, vous intervenez ou pas ?

  7   M. KOVACIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à tout

  8   le monde dans le prétoire. La Défense du général Praljak n'aura pas de

  9   questions à poser à ce témoin. Je vous remercie.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- M. Coric.

 11   Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Pour

 12   le moment, nous ne sommes pas encore sûr, mais si nous avons des questions,

 13   il ne s'agira que d'une ou deux questions, mais ce sera très court. Merci.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Pour M. Pusic ?

 15   M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Dans l'état actuel des choses, Monsieur

 16   le Président, il est fort probable que nous n'aurons pas de questions à

 17   poser à ce témoin, mais nous prendrons notre décision définitive juste

 18   avant que notre ordre de parole ne vienne.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] 

 20   Mme TOMANOVIC : [interprétation] La Défense de M. Prlic n'a pas de

 21   questions à poser à ce témoin. Je vous remercie.

 22   Mme ALABURIC : [interprétation] Je salue tous les Juges de la Chambre ainsi

 23   que le témoin et toutes les personnes présentes dans le prétoire.

 24   Contre-interrogatoire par Mme Alaburic :

 25   Q.  [interprétation] Monsieur le Témoin, je m'appelle Vesna Alaburic, et

 26   dans la présente affaire, j'assure la déclaration du général Milivoj

 27   Petkovic. Je suis avocate à Zagreb.

 28   J'aimerais vous demander de préciser certaines de vos réponses relatives

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  1   aux éléments suivants : premièrement, s'agissant du travail que vous avez

  2   accompli au site de l'Heliodrom; deuxième série de questions, elles

  3   porteront sur les compétences que vous aviez pour donner des ordres dans le

  4   domaine de la santé dépendant du ministère de la Défense; et ma troisième

  5   catégorie de questions portera sur le domaine de la santé, compétences pour

  6   nommer ou priver de leur emploi certains représentants. Nous nous

  7   pencherons sur le détail de la hiérarchie.

  8   Mme ALABURIC : [interprétation] J'aimerais prier les interprètes, au cas où

  9   je ne parle pas de chaîne de commandement mais de chaîne de subordination,

 10   j'aimerais qu'en anglais, ce soit interprété par les mots "chain of

 11   subordination." Merci beaucoup.

 12   Q.  Donc, Monsieur le Témoin, parlons de l'Heliodrom. Si j'ai bien remarqué

 13   ce qui s'est passé, la Défense de M. Bruno Stojic vous a soumis trois

 14   rapports dont vous êtes l'auteur au sujet des inspections pratiquées à

 15   l'Heliodrom. Deux de ces rapports m'intéressent. Le premier, et vous vous

 16   en souviendrez sûrement, vous n'avez pas besoin de regarder le texte, le

 17   premier document est le document 2D 754. C'est un rapport qui date du 20

 18   juillet 1993. Et le deuxième rapport qui m'intéresse est le document P 5503

 19   -- la pièce P 5503, qui date du 30 septembre 1993.

 20   Si j'ai correctement analysé le contenu de ces rapports, Monsieur le

 21   Témoin, dans le premier de ces deux rapports, il est question des

 22   communications que vous avez eues avec le service sanitaire de la 3e

 23   Brigade à la fin du mois de septembre. Il est indiqué dans le rapport :

 24   "Infirmerie du centre d'isolement préventif de l'Heliodrom." Vous rappelez-

 25   vous ces mots ou souhaiteriez-vous vous pencher sur le texte.

 26   R.  Soyez aimable, j'étais en train de regarder l'écran, pouvez-vous

 27   répéter ?

 28   Q.  Donc, dans le premier document, celui qui porte la date du 20 juillet

Page 37571

  1   1993 --

  2   R.  Oui.

  3   Q.  -- vous évoquez vos communications avec le service sanitaire de la 3e

  4   Brigade, entre autres.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Dans le deuxième des rapports qui m'intéressent, celui du 30 septembre,

  7   au paragraphe 5, il est question de l'infirmerie du centre, et il est

  8   question du centre d'Isolement préventif de l'Heliodrom. Donc, j'en conclus

  9   qu'au mois de septembre, vous avez eu des contacts avec d'autres personnels

 10   médicaux que les responsables médicaux de la 3e Brigade; ceci est-il exact

 11   ?

 12   R.  Monsieur le Président, Messieurs les Juges, premier point :

 13   l'infirmerie a été créée; est-ce que vous parlez de l'unité ou des détenus

 14   ?

 15   Q.  Des détenus.

 16   R.  Elle a été créée pour les détenus sur mon insistance très ferme ainsi

 17   que celle de mes subordonnés. L'infirmière a été créée sur l'insistance

 18   énergique de moi-même et de mon assistant. Nous avons trouvé des médecins

 19   que nous avons engagés, et c'est sur notre insistance très ferme que, par

 20   la suite, nous avons créé la pharmacie. Donc, sur le plan qualité de soins,

 21   nous avons visé le plus haut.

 22   Q.  Bien. Nous allons passer en revue certains documents ensemble, et vous

 23   me direz ce qu'il en est.

 24   Mme ALABURIC : [interprétation] J'aimerais que l'on soumette au témoin le

 25   document -- ah, il a déjà été distribué.

 26   Q.  Donc, vous avez deux documents qui ont été établis précédemment. Il

 27   s'agit de la pièce P 4145. Il s'agit d'une demande de M. Bagaric qui date

 28   du 12 août 1993 et qui vise à ce qu'un centre médical soit créé à

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  1   l'Heliodrom. On peut y lire qui va diriger ce centre, et puis nous arrivons

  2   au passage suivant, je cite : "Libérer de toutes leurs fonctions les

  3   médecins de la 3e Brigade qui sont à l'Heliodrom."

  4   R.  Je n'ai pas écrit cela moi-même. Ceci est une erreur, car dans tous nos

  5   rapports jusqu'à ce moment-là, les observations portent sur le fait que le

  6   service médical relève d'une brigade particulière, donc bien déterminée, et

  7   si nous parlons de l'Heliodrom, ceux qui étaient responsables de dispenser

  8   les soins médicaux nécessaires étaient tout le personnel de la prison.

  9   Donc, ce qui figure ici est une erreur. Si vous examinez tous les autres

 10   rapports, vous verrez que ceci est une erreur. Je ne connais pas ce

 11   document.

 12   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que vous voulez dire que cette demande de M.

 13   Bagaric, qui demande que soit créé un centre sanitaire à l'Heliodrom, n'a

 14   pas été réalisé ?

 15   R.  Non, vous m'avez mal compris. Dans mes trois premières phrases, je dis

 16   de façon très claire que c'est sur l'insistance très ferme du Dr Bagaric et

 17   de moi-même que nous sommes parvenus à créer le premier point sanitaire, à

 18   savoir le dispensaire. Après quoi, nous avons créé un centre médical avec

 19   des lits et des médicaments, qui se trouvait à l'Heliodrom. Nous avons

 20   trouvé, parmi les prisonniers, des médecins, que nous avons sortis de là et

 21   qui ont repris leur travail, et leur travail était contrôlé par le service

 22   sanitaire de la 3e Brigade, excusez-moi. S'il y avait quoi que ce soit qui

 23   n'était pas clair s'agissant de la médecine préventive, donc des efforts

 24   destinés à empêcher l'apparition de maladies, ceci relevait directement du

 25   service que je dirigeais, c'est-à-dire du service de Prévention médicale.

 26   Q.  Excusez-moi, je ne vous avais pas bien compris.

 27   Alors, encore une précision, si vous voulez bien. Dans cette requête, nous

 28   lisons que tous les prisonniers compétents de l'Heliodrom doivent être

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  1   libérés et mis à la disposition de la 3e Brigade. Ceci n'a pas été fait,

  2   n'est-ce pas ?

  3   R.  Non, ceci n'a pas été fait.

  4   Q.  Autre document important s'agissant de l'Heliodrom, qui a également été

  5   mis de côté à votre intention --

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : -- ce qui me préoccupe, c'est les médecins de la 3e

  7   Brigade. Vous, vous dites : "C'est une erreur." C'est possible que c'est

  8   une erreur. Mais ça peut ne pas être une erreur. Alors, le Dr Bagaric

  9   viendra, on lui posera la question. Mais si je pars de l'hypothèse où ce

 10   n'est pas une erreur, qu'on a donc décidé de superviser par d'autres

 11   médecins la situation des détenus de l'Heliodrom, est-ce que ça serait

 12   illogique, pour vous ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, vous vous rappelez que

 14   depuis le début, il a toujours été dit que les soins médicaux dispensés aux

 15   prisonniers seraient dispensés par des médecins, prisonniers sous le

 16   contrôle de la brigade, qu'il s'agisse de la 1ère ou de la 3e Brigade, le cas

 17   échéant, c'est-à-dire en cas de nécessité d'intervenir dans le domaine de

 18   la médecine préventive l'équipe que je dirigeais, aurait à intervenir. Donc

 19   il est certain que les prisonniers qui étaient médecins sous la supervision

 20   des médecins de la brigade, dans ce cas particulier, il s'agit de la 3e

 21   Brigade, s'il ressentait le besoin de mesure relevant de la médecin

 22   préventive faisait appel au service que je dirigeais. Ça c'est sûr.

 23   Q.  Monsieur le Témoin, à l'Heliodrom, il y avait un nombre assez important

 24   de bâtiments, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  A l'Heliodrom en dehors des soldats de la 3e Brigade étaient également

 27   stationnées d'autres unités militaires, n'est-ce pas ?

 28   R.  D'après moi, il n'y avait là, si je me souviens bien que l'ABKO.

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  1   Q.  Pouvez-vous répéter ce que vous avez dit ?

  2   R.  ABKO, la Défense antiatomique, biologique, et chimique; autrement dit,

  3   des personnes compétentes pour effectuer des vérifications et des contrôles

  4   en matière de guerre biologique et atomique.

  5   Q.  Vous n'avez pas le souvenir que d'autres unités aient été stationnées à

  6   l'Heliodrom ?

  7   R.  Je pense qu'il y avait aussi la police militaire mais c'est une

  8   supposition de ma part.

  9   Q.  La prison chargée des Enquêtes militaires n'était-elle pas à

 10   l'Heliodrom ?

 11   R.  Je viens de le dire.

 12   Q.  Bon. Bon. Bon. Mais avançons pas à pas. Il y avait aussi à l'Heliodrom

 13   un certain nombre d'autres prisonniers, d'autres personnes incarcérées qui

 14   étaient là parce qu'il n'y avait pas la place dans d'autres prisons, n'est-

 15   ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Alors si l'on imagine théoriquement une situation où les médecins de la

 18   3e Brigade auraient eu un travail très important à accomplir étant donné le

 19   nombre important de personnes et le peu d'espace, est-ce qu'il aurait été

 20   possible qu'il n'est pas disposé des moyens nécessaires pour dire s'occuper

 21   des prisonniers de l'Heliodrom ?

 22   R.  En théorie, oui. En théorie, oui, mais dans la pratique, les choses

 23   étaient un peu différentes. Si cela vous intéresse, je peux m'expliquer

 24   plus en détail.

 25   Q.  Si nous avons suffisamment de temps, nous reviendrons sur cette

 26   question plus tard. J'aimerais maintenant vous soumettre un document qui

 27   d'une certaine façon a rapport avec la logistique, la cuisine, ce sont des

 28   sujets que vous avez déjà abordés. Ce document est le document P 4186.

Page 37575

  1   R.  Oui, oui, je le vois, je vous en prie.

  2   Q.  C'est une demande de M. Stanko Bozic, le directeur de la prison

  3   centrale qui est adressé à M. Bruno Stojic, chef du département de la

  4   Défense, en date du 14 août 1993. Je vais résumer, il est dit que :

  5   "La 3e Brigade assure la sécurité de la logistique parce que la

  6   logistique est au même endroit, mais qu'elle ne peut plus se charger de ce

  7   travail désormais, que ce fait a été par écrit porté en date du 13 août

  8   1993 à l'attention des responsables et que désormais on s'adresse à Bruno

  9   Stojic pour qu'il apporte son aide à régler les problèmes qui demeurent en

 10   matière de logistique."

 11   Alors, Monsieur le Témoin, lorsque vous inspectiez les lieux à l'Heliodrom,

 12   est-ce qu'il était question du fait que la 3e Brigade n'était tout

 13   simplement plus en mesure en raison du grand nombre de prisonniers

 14   d'apporter un appui logistique à la prison de l'Heliodrom ?

 15   R.  Première chose que je voudrais dire, je n'ai pas jamais vu ce document,

 16   d'ailleurs je ne sais pas comment il serait arrivé entre mes mains. Mais

 17   croyez-moi personne à aucun moment et j'ai rencontré M. Bozic à plusieurs

 18   reprises, parce que si vous vous en souvenez, j'ai dit que j'avais inspecté

 19   toutes les unités et les prisons en compagnie du chef du service de santé

 20   et des responsables locaux, des responsables du site et que nous parlions

 21   ensemble de toutes sortes de choses. Lui ne m'a jamais dit parce que, s'il

 22   me l'avait dit, j'aurais entrepris ce que je pouvais entreprendre. Mais il

 23   ne m'a jamais parlé de cela.

 24   Q.  Monsieur le Témoin, je vais maintenant totalement prendre en compte le

 25   fait que dans les services civils on emploie les mots "aide le cas" pour

 26   désigner, ce qui dans le vocabulaire militaire correspond à "zapoviade."

 27   Les deux signifiants des ordres et que dans -- on emploie, dans un cas,

 28   chaîne de commandement alors que, dans l'autre, il s'agit de chaîne de

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  1   subordination. Je vais vous poser des questions en rapport avec les deux

  2   "zapoviade," les deux ordres, qui vous ont été soumis par la Défense de M.

  3   Bruno Stojic et au sujet desquels vous avez dit que c'était des ordres

  4   alors que cela n'aurait pas être des ordres car vous n'aviez pas compétence

  5   à émettre des ordres. Voici ma question :

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- posez votre question mais je dois

  7   vous dire tout de suite que j'ai un problème concernant la subtile

  8   distinction que vous faites entre "la chaîne de commandement" et "la chaîne

  9   de subordination." Pour moi, c'est pareil. Vous ce n'est peut-être pas

 10   pareil. Alors essayez de nous dire quelle est la différence parce que là je

 11   ne vois pas du tout la différence.

 12   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Juge Antonetti, voilà, sur le

 13   principe, je suis entièrement d'accord avec vous, et je considère que, sur

 14   le plan du sens, ces deux concepts sont identiques. Mais néanmoins c'est un

 15   fait que lorsqu'on utilise les mots "zapoviade," et chaîne de "zapoviade,"

 16   il s'agit de terme technique utilisé par l'armée; et que ce même concept

 17   n'est pas utilisé lorsqu'on parle d'entreprise privée, d'autorité civile,

 18   de gouvernement, ou d'autres institutions civiles. Dans le cadre des

 19   institutions civiles, les mots les plus utilisés sont les mots

 20   "hiérarchie," ou "subordination." Sur le front, il s'agit de la même chose.

 21   Mais ce que je veux éviter c'est de créer la moindre confusion dans

 22   l'esprit du témoin si j'utilise les termes chaîne de "zapoviade," ou

 23   "zapoviade," pour parler de chaîne de commandement ou d'ordre donc je tiens

 24   à m'exprimer dans le domaine de la subordination quelques soient les

 25   expressions du terme utilisé par lui.

 26   Q.  Monsieur le Témoin, ce qui m'intéresse c'est le fond de ces deux

 27   documents qui sont présentés comme des "zapoviade," comme des ordres. Voici

 28   ma question : à votre avis, qui était habilité à prendre des décisions sur

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  1   les questions qui sont abordées dans ces deux documents ?

  2   R.  Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris la question mais je vais

  3   essayer de répondre. Je ne sais pas si nous sommes sur la même longueur

  4   d'ondes.

  5   Q.  Je vais vous dire. Je répète les numéros des documents, 2D 278, c'est

  6   la Défense Stojic qui vous a montré ce document, et le deuxième est le

  7   document 2D 412. Le document 2D 412 est bien un ordre émanant de M.

  8   Bagaric.

  9   R.  Il faudrait que j'ai le texte sous les yeux. Ayez l'amabilité de me le

 10   transmettre, vraiment.

 11   Q.  J'aimerais que l'on fasse attention car dans le deuxième document il y

 12   a le nom du témoin.

 13   Mme ALABURIC : [interprétation] Donc peut-être devrions-nous passer à huis

 14   clos partiel pour la protection du témoin, si c'est nécessaire.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- huis clos partiel.

 16   Mme ALABURIC : [interprétation] Je corrige le numéro du deuxième document

 17   2D 412. 412.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Messieurs les Juges -- excusez-moi,

 19   Maître, je tiens à préciser que nous sommes désormais à huis clos partiel.

 20   Merci.

 21   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Page 37578 expurgée. Audience à huis clos partiel.

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 17   [Audience publique] 

 18   Mme ALABURIC : [interprétation]

 19   Q.  Monsieur le Témoin, d'après ce que vous savez, pouvez-vous dire si cet

 20   organigramme rend bien compte de l'organisation du secteur sanitaire

 21   relevant du département de la Défense ?

 22   R.  Pour autant que je m'en souvienne, oui.

 23   Q.  Dans cet organigramme, on ne voit rien indiquant que l'état-major

 24   principal du HVO aurait la moindre fonction dans l'organisation du secteur

 25   sanitaire du département de la Défense. D'après ce que vous savez, était-ce

 26   bien le cas ? Est-ce que l'état-major principal n'avait aucun rôle à jouer

 27   dans ce domaine ?

 28   R.  L'état-major principal est l'institution militaire suprême. Les régions

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  1   militaires au nombre de quatre lui sont subordonnées et dans les régions

  2   militaires, on trouve un certain nombre d'unités en particulier des

  3   brigades. L'état-major principal est donc le supérieur des régions

  4   militaires qui elles-mêmes sont supérieures aux brigades, elles-mêmes

  5   supérieures aux bataillons, par exemple, et cetera.

  6   Q.  Très bien. Dans l'organigramme du service de Santé, pourquoi est-ce que

  7   l'état-major n'avait aucune tâche ? Est-ce que vous pouvez l'expliquer ?

  8   R.  Les régions militaires avaient un officier qui était chef du service de

  9   Santé, donc c'est ce chef du service de Santé qui informe les brigades et,

 10   au sein des brigades, il y a des bataillons qui ont eux-mêmes leur service

 11   de Santé, et voilà comment se déroulait la chaîne de subordination.

 12   Q.  Très bien. Mais le général Petkovic, en sa qualité de chef de l'état-

 13   major principal, pouvait-il lui-même établir que le niveau de chlore

 14   présent dans l'eau n'était pas ce qu'il aurait dû être et est-ce qu'il

 15   aurait pu donner des ordres pour que des mesures soient prises à cet égard

 16   dans le cadre de la chaîne de subordination ?

 17   R.  Ecoutez, ce serait un peu ridicule qu'un général fasse ce genre de

 18   chose mais il aurait pu le faire. Qui que ce soit le moindre infirmier au

 19   niveau d'une compagnie pouvait le faire et était tenu de le faire, donc je

 20   ne parlerais même pas uniquement des compagnies, mais même des niveaux

 21   subordonnés aux compagnies, c'est-à-dire au niveau d'un détachement. Les

 22   officiers, chefs des services de Santé, appartenaient à une brigade et donc

 23   le chef de santé de la brigade devait informer la région militaire, et par

 24   la chaîne de subordination, l'état-major principal devait être informé et

 25   il devait lui être demandé son aide notamment du point de vue de la

 26   médecine préventive. Je ne sais pas si vous m'avez bien compris car je

 27   m'exprime en militaire.

 28   Q.  Vous avez été très clair. Dites-moi ces questions liées au service de

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  1   santé, faisaient-ils partie du travail qui incombait au chef de l'état-

  2   major principal ?

  3   R.  S'agissant du service de Santé ?

  4   Q.  Tout, tout, tout ce dont vous avez parlé, les hôpitaux de guerre, le

  5   service de Santé, tout ce qui relève du secteur sanitaire; est-ce que tout

  6   ce travail pouvait relever du chef du département de la Défense ou du chef

  7   de l'état-major principal ?

  8   R.  Le département de la Défense a un secteur sanitaire qui est l'organe

  9   consultatif compétent. C'est cet organe qui rédige des consignes.

 10   Q.  Non, ce n'est pas ça qui m'intéresse.

 11   R.  Je ne sais pas ce qui vous intéresse.

 12   Q.  Ce qui m'intéresse c'est que vous nous disiez si les missions confiées

 13   au service de Santé relevaient des responsabilités du chef de l'état-major

 14   principal ou du chef du département de la Défense ? Si vous le savez,

 15   dites-le; sinon, non.

 16   R.  Mais je ne sais pas. Nous sommes un service de prestation de service.

 17   Il faut que nous réagissions pour qu'il n'y ait pas d'épidémie. Les

 18   intendants --

 19   Q.  Monsieur le Témoin, je ne vous pose pas de questions au sujet de la

 20   nature de ce service; est-ce là des tâches qui font partie du domaine du

 21   responsable du département de la Défense ou du chef d'état-major ? C'est

 22   très simple, c'est soit l'un, soit l'autre. Si vous ne le savez pas, dites-

 23   nous librement que vous ne le savez pas.

 24   Le témoin évite de répondre à cette question et j'ai le droit

 25   d'insister sur une réponse claire parce que la réponse c'est soit l'un,

 26   soit l'autre. 

 27   Mme NOZICA : [interprétation] Je m'excuse auprès de ma consœur. Je n'ai pas

 28   l'impression qu'il évite de répondre. Il s'efforce de répondre mais il est

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  1   interrompu. Il faut laisser le soin de répondre et je crois qu'il est

  2   évident qu'il n'évite pas mais qu'il a été coupé dans sa réponse. C'est

  3   tout ce que je voulais dire.

  4   Mme ALABURIC : [interprétation]

  5   Q.  Monsieur le Témoin, les autres explications concernant la nature du

  6   service et les conseils, la surveillance professionnelle, le contrôle, tout

  7   ça on peut en parler tout à l'heure. Ma question est tout à fait claire.

  8   Définissons maintenant si ces tâches font partie du domaine d'intervention

  9   du responsable au département de la Défense ou du chef d'état-major. Ça ne

 10   peut pas être l'un et l'autre.

 11   R.  L'un et l'autre. Permettez-moi, Madame. Les services de Santé --

 12   Q.  Bon. Vous avez dit l'un et l'autre. Allons de l'avant.

 13   M. KHAN : [interprétation] Monsieur le Président, nous allons beaucoup trop

 14   rapidement. Il est difficile de comprendre la déposition de ce témoin et je

 15   demande à ce que ma consœur mène un contre-interrogatoire qui soit cohérent

 16   de façon à ce qu'il y ait une espace, un temps entre les questions et les

 17   réponses parce que, sinon, on ne comprend absolument pas ce qui est dit.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- à votre question, le témoin a

 19   répondu : l'un et l'autre. Puis aussitôt vous l'avez coupé. Alors il venait

 20   pour l'intérêt de tout le monde que le témoin précise. Bien. Monsieur le

 21   Témoin, qu'est-ce que vous vouliez dire ?

 22   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais continuer à

 23   poser mes questions à ce sujet. Il me suffit maintenant de cette réponse de

 24   dire l'un et l'autre. Maintenant je vais continuer dans cette filière. Je

 25   veux avoir des réponses brèves parce que mes questions sont de nature à ne

 26   pas nécessiter d'étoffer outre mesure.

 27   Q.  Monsieur le Témoin, vous allez pouvoir préciser mais en consultant un

 28   document concret, je vous réfère au P 586.

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  1   L'INTERPRÈTE : Micro, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- Monsieur le Témoin, moi, j'ai

  3   l'organigramme sous les yeux, et je me posais la question suivante, et vous

  4   allez pouvoir nous donner une indication certainement. Je vois qu'au niveau

  5   des zones opérationnelles, il y a un corps médical. Je vois, au niveau des

  6   brigades, qu'il y a apparemment aussi des médecins. Au niveau des

  7   bataillons, il y a apparemment des médecins. Par conséquent, quand on

  8   descend au niveau de la compagnie ou de la section, là, il y a peut-être

  9   des infirmiers ou des techniciens médicaux, peut-être des brancardiers, des

 10   infirmiers. Alors, moi, ce que je veux savoir, mais peut-être que vous ne

 11   pourrez pas répondre, mais si vous pouvez répondre, répondez-moi : quand il

 12   y a une opération militaire sur le terrain qui, apparemment, est sous la

 13   responsabilité du commandant de la zone opérationnelle, et que ce sont des

 14   compagnies ou des sections qui vont intervenir, est-ce qu'il est de

 15   tradition de mettre dans l'opération un médecin, ou bien il n'y a pas de

 16   médecin ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Plus on va vers le bas au niveau des unités,

 18   moins il y a d'assistance médicale. Au niveau de la compagnie, et vous

 19   voyez, par exemple, la section, moi, je n'ai pas vu cet organigramme, c'est

 20   arrivé très tard parce que ça ne s'est pas passé comme ça au début, on

 21   n'avait pas d'effectifs. Alors, il y a des formes et des aspects de

 22   l'assistance médicale. Alors, les formes, par exemple l'infirmier au niveau

 23   de la section, auparavant, il était au niveau de la compagnie. Lui, il peut

 24   intervenir au niveau des choses les plus élémentaires. Au niveau du

 25   bataillon, il y a soit un infirmier, soit un médecin. Au niveau de la

 26   brigade, il faut qu'il y ait un médecin. Alors, là où il y a un médecin

 27   généraliste, c'est une forme d'assistance médicale générale. Si c'est un

 28   spécialiste, un chirurgien, par exemple, là, c'est une forme d'assistance

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  1   médicale spécialisée. En guise de conclusion, je dirais plus vous allez

  2   vers le bas au niveau des unités, la forme d'assistance médicale est

  3   moindre, c'est-à-dire vous avez du personnel moins qualifié, moins

  4   professionnel. Plus vous allez vers le haut, la forme d'assistance médicale

  5   est plus évoluée, plus développée. Mais je précise que dans les hôpitaux,

  6   il y a des spécialistes, des chirurgiens, qui réceptionnent les blessés du

  7   champ de bataille, ou par exemple, s'il y a un malade, un homme qui a eu un

  8   infarctus. Donc, plus on va vers le bas, moins l'assistance est importante.

  9   Donc, chacun a son niveau d'intervention.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais affiner ma question, et vous allez

 11   comprendre pourquoi. Je vais considérer deux groupes : la police militaire

 12   et les unités professionnelles. Quand la police militaire -- parce qu'on a

 13   vu des documents où ils ont eu beaucoup de tués, beaucoup de blessés -- si

 14   la police militaire est en première ligne dans une action au combat, est-ce

 15   qu'à votre connaissance, il y a avec eux un médecin ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Ça dépend d'un cas à l'autre. Par exemple, à

 17   Mostar, la police militaire avait le Dr Sahirlic [phon]. C'était un

 18   Musulman, toute la guerre, mais c'est un urologue respecté de nos jours,

 19   mais il y avait des unités du rang d'une brigade, au début.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, allez-y.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] -- pas fini, Monsieur le Président. Je

 22   m'excuse.

 23   Alors, il y a des brigades où, du fait de la fuite de certaines

 24   personnes, et je m'en souviens, on me l'a raconté au QG, à l'état-major, on

 25   m'avait demandé que de la République de Croatie, il y ait les médecins qui

 26   avaient fui de ces territoires soient renvoyés. Lorsque le nombre de

 27   médecins a crû, ils ont pu avoir des médecins vers des unités inférieures

 28   au niveau du bataillon, par exemple. Mais en principe, s'agissant d'un

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  1   bataillon, il y a un infirmier. Par exemple, dans les armées de l'OTAN, il

  2   y a un médecin. Mais maintenant, nous avons des médecins. On a fourni ce

  3   qu'on avait sous la main.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Les unités professionnelles, vous savez ce que c'est

  5   ? Si vous ne savez pas, je ne pose pas la question.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous voulez redescendre vers le

  7   sud, Herceg-Bosna ? Vous parlez de ces unités, non pas des unités

  8   américaines ou autres, donc chez nous ? Alors, pour ce qui est de ces

  9   unités professionnelles, avec la création des unités professionnelles, il y

 10   a eu arrivée de médecins qui se sont vus attribuer des grades, et ils ont

 11   des salaires conséquents, et il y a des médecins qui sont restés travailler

 12   là-bas, par exemple. Moi, on m'a proposé de rester. Moi, j'ai refusé, parce

 13   que je suis un spécialiste, et j'ai eu une maîtrise des sciences médicales,

 14   et je suis revenu travailler à l'hôpital. Mais les unités professionnelles,

 15   elles, elles ont des cadres en matière de santé, elles aussi.

 16   Mme ALABURIC : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur le Témoin, je voudrais maintenant que nous nous entretenions

 18   au niveau d'organes au niveau de l'Herceg-Bosna toute entière. Oublions les

 19   zones opérationnelles, les brigades, les unités militaires. Penchons-nous

 20   donc sur le document que je vous ai mentionné tout à l'heure, à savoir le P

 21   00586. Il s'agit d'une décision portant fondement d'organisation du

 22   département à la Défense promulguée par M. Mate Boban, qui était président

 23   de la HZ HB. Le document, vous devez probablement en avoir pris

 24   connaissance.

 25   R.  Lequel ?

 26   Q.  C'est le premier.

 27   R.  Le premier document, je n'en ai pas eu connaissance du tout.

 28   Q.  Vous pouvez feuilleter un peu, vous pouvez voir qu'il y a des secteurs

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  1   au niveau du département à la Défense, et il y a l'état-major, qui est une

  2   unité organisationnelle en son sein. Alors --

  3   Mme NOZICA : [interprétation] Je m'excuse, mais on n'a pas consigné la

  4   réponse du témoin. Si, maintenant, ça y est. Le témoin a dit qu'il n'avait

  5   pas eu connaissance du document, et je crois que c'était important que de

  6   l'avoir, cela. Maintenant, c'est consigné.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Maintenant, c'est consigné. Bon.

  8   Q.  Alors, Monsieur le Témoin, ici, on énumère des secteurs. Nous allons

  9   nous attarder sur celui de la santé, et je vous renvoie à la page 2, point

 10   7. On dit : "L'assistant du responsable de la santé répond du secteur de la

 11   santé, dont font partie le QG de la santé, et puis les autres services."

 12   Alors, est-ce que c'est bien ainsi que les choses s'étaient

 13   organisées ?

 14   R.  Attendez, qu'on précise d'abord de quelle période il s'agit ici. De

 15   quand parle-t-on ?

 16   Q.  Ça, c'était en vigueur toute la période allant jusqu'à la fin 1992.

 17   C'est la décision la plus complète, pour ce qui est de l'organisation du

 18   département à la Défense.

 19   Q.  Alors, c'est daté du mois d'octobre 1992.

 20   R.  Oui, justement.

 21   Q.  Oui.

 22   R.  Alors, si ceci court jusqu'au 17 octobre 1992, c'est la période où, si

 23   mes souvenirs sont bons, d'après moi, il y a encore un QG principal en

 24   matière de santé. Ce QG principal en matière de santé, il se trouve à

 25   Tomislavgrad.

 26   Q.  Alors, est-ce que c'est le QG en matière de santé qui est mentionné au

 27   numéro 1 -- au paragraphe 1 ?

 28   Q.  Paragraphe 7, premièrement, on dit : "QG en matière de santé."

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  1   R.  Pour autant que je m'en souvienne, ceci pourrait se rapporter à la

  2   période où il y a eu création du département à la Défense.

  3   Q.  Oui, Monsieur le Témoin, mais ici, nous parlons du mois d'octobre. Le

  4   département à la Défense a été créé bien avant.

  5   R.  Alors c'était avant.

  6   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à ce que le témoin patiente un

  7   peu.

  8   Mme ALABURIC : [interprétation]

  9   Q.  Alors, ici on ne voit pas qu'au QG principal du HVO -- à l'état-major

 10   du HVO, il n'y ait aucun service de santé ou médical ou quoi que ce soit.

 11   Alors, savez-vous nous dire si à l'état-major il y a eu intervention ou pas

 12   d'un médecin -- d'un employé en matière de santé, quoi que ce soit donc,

 13   qui vaquerait au sujet étudié par le secteur chargé de la santé au

 14   département à la Défense ?

 15   R.  Je pense que oui.

 16   Q.  Alors je ne vais pas vous interroger sur les détails juridiques dans

 17   ces décisions qui sont très importantes pour nous, mais je peux vous poser

 18   des questions au sujet du paragraphe 14 de cette décision. Il y est dit que

 19   :

 20   "L'organisation interne de l'état-major, les modalités de gestion des

 21   unités organisationnelles à l'intérieur et autres relations au sein de

 22   l'état-major seront déterminées ou précisées par le chef du Grand état-

 23   major de la HZ HB."

 24   Alors, Monsieur le Témoin, est-ce que, s'agissant de l'organisation

 25   du département de la Défense et de l'organisation du secteur chargé de la

 26   Santé, il y a eu des décisions de prise par le responsable du chef du

 27   département de la Défense avec l'approbation de Mate Boban ?

 28   R.  Je ne le sais pas.

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  1   Q.  Bien. On va se pencher maintenant sur non pas le document suivant, mais

  2   le deuxième, 2D 00567, 2D 567.

  3   Alors je vous renvoie --

  4   Mme NOZICA : [interprétation] Excusez-moi, Madame, ma chère consœur. J'ai

  5   laissé le témoin répondre. Là, je tiens à dire que, si le témoin dit que

  6   l'organisation c'est quelque chose qu'il ne s'y connaît pas et si à

  7   l'occasion concernant l'organisation, il n'y a eu aucune question de poser

  8   dans l'interrogatoire principal, je l'ai laissé répondre. Il a dit qu'il ne

  9   connaissait pas, et comme lui a dit qu'il ne savait pas, je ne vois pas

 10   pourquoi maintenant on se renvoie dans ce contre-interrogatoire à tout ceci

 11   parce que ça n'a pas été évoqué à l'interrogatoire principal et le témoin

 12   nous dit qu'il n'en sait rien.

 13   Alors il faudrait que l'on sache à quel point de l'interrogatoire principal

 14   ou quel segment de l'interrogatoire principal il lui être fait référence

 15   parce que moi je lui ai posé des questions au sujet du secteur.

 16   Mme ALABURIC : [aucune interprétation]

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- si le contre-interrogatoires étaient

 18   uniquement limités aux questions posées, ce qui est de règle dans d'autres

 19   Chambres. Mais ici il y a un débordement tout azimut ce qui fait qu'on ne

 20   sait pu où on en est. Bien.

 21   Alors, Maître Alaburic.

 22   Mme ALABURIC : [interprétation] Non. Je pense absolument que vous n'avez

 23   pas raison parce que mes questions maintenant vont se rapporter aux

 24   nominations et révocations. Le droit de nommer et de révoquer les

 25   intervenants en matière de santé tout, tout, aussi bien dans les unités

 26   militaires, cela concerne le sujet des subordinations. Ça concerne le sujet

 27   de la chaîne de présentation de rapports et si on veut se référer aux

 28   notions militaires, on parlera de chaîne de commandant. Cela concerne

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  1   notamment les réponses du témoin en page 21 du PV.

  2   Pour ce qui est du fait de montrer les documents dont le témoin a

  3   prétendument n'a pas eu connaissance, je tiens à attirer l'attention des

  4   Juges de la Chambre sur le fait que la Défense de M. Bruno Stojic lors du

  5   récolement de ce témoin s'est servi du document P 2477 qui est une décision

  6   portant organisation interne du département à la Défense, daté du mois de

  7   mai 1993. Dans cette partie, le document que je montre au témoin est tout à

  8   fait identique. Donc, et par conséquent, le témoin a pu avoir connaissance

  9   de ce document pour ce qui est des dispositions matérielles dont j'ai

 10   l'intention de parler.

 11   Mme NOZICA : [interprétation] Je m'excuse -- pour les intérêts du témoin et

 12   des Juges, et de ma consœur, je tiens à préciser que le témoin ne s'est pas

 13   penché sur le 224 -- 777, ça a été prévu mais comme il avait dit qu'il n'y

 14   connaissait rien en organisation, c'était un document qu'on ne lui a pas

 15   montré. Il est sous serment. Il peut confirmer.

 16   Mme ALABURIC : [aucune interprétation]

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Allez-y.

 18   Mme ALABURIC : [interprétation] Là, je ressens le besoin de dire que ce

 19   document figure dans la charte, dans l'ensemble. Je répète ce que j'ai dit

 20   tout à l'heure. Ce document, que je viens de mentionner, a été -- a fait

 21   partie des classeurs qu'on avait fait distribuer. Alors s'il est resté sur

 22   la liste et si on avait su que le témoin n'allait pas s'en servir, la

 23   question qui se pose est celle de savoir si les autres équipes de la

 24   Défense sont véritablement -- délibérément surchargées de documents dont on

 25   ne va pas se servir. Alors moi je me réfère maintenant au 2D 567.

 26   Q.  Monsieur le Témoin, ici il est question d'une chose à savoir de

 27   déterminer qui est-ce qui est habilité de nommer certains intervenants ou

 28   certains directeurs des départements de la santé ?

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  1   Alors penchons-nous sur le secteur de la Santé. Le chef du service chargé

  2   des Blessés, le chef du QG de santé --

  3   R.  Quelle page êtes-vous -- de quelle page êtes-vous en train de parler ?

  4   Q.  Page 3, paragraphe 5.

  5   R.  Secteur chargé de la Santé.

  6   Q.  Oui. Ce qui nous intéresse maintenant c'est le chef du secteur de santé

  7   de la brigade et des services d'inspection sanitaires sont nommés par le

  8   responsable du département à la Défense suite à proposition émanant de la

  9   part de l'assistant chargé de la santé. Ensuite -- dans la suite, on dit

 10   que tous les autres intervenants et agents opérationnels sont nommés par

 11   l'assistant du responsable au secteur de la Santé avec l'approbation du

 12   chef du département à la Défense ou de la personne autorités par ses soins.

 13   Alors, Monsieur, dites-nous, Monsieur le Témoin, d'après ce que vous en

 14   savez qui est-ce qui a procédé à la nomination des chefs des services de

 15   Santé au sein des brigades ?

 16   R.  Je ne le sais pas.

 17   Q.  Les médecins, au niveau des bataillons, les infirmiers, au niveau des

 18   compagnies, et d'une manière générale, les intervenants en matière de santé

 19   dans les unités militaires à différents niveaux ?

 20   R.  Je ne le sais vraiment pas. Je l'ai dit déjà. Je sais qui a signé pour

 21   moi. Ça je ne le sais pas. C'est la première fois que je le vois.

 22   Théoriquement je n'étais pas à l'époque en mesure de me procureur ce type

 23   de document.

 24   Q.  Bon. Dernière question de ma part si vous le savez : lorsqu'un chef du

 25   secteur de Santé au sein de la brigade n'accomplissait pas bien ses tâches,

 26   qui était censé pouvoir le révoquer ? Il répondait de qui -- auprès de qui

 27   de la bonne qualité de son travail ?

 28   R.  D'après moi, c'était le commandant de la brigade qui pouvait le faire.

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  1   Q.  Dites-moi : pourquoi vous le pensez ?

  2   R.  Bien, il fait partie de la chaîne de subordination. C'est son supérieur

  3   hiérarchique. De là, à savoir maintenant s'il faisait bien son travail ou

  4   pas, c'est par notre biais qu'il pouvait le savoir. Moi j'étais habilité --

  5   permettez-moi de répondre. Mais ce n'est pas chez nous seulement, c'est

  6   partout. Je parle en matière d'expert de protection médicale préventive. Ça

  7   je peux en parler, le reste je ne sais pas. Puis je suis trop vieux pour

  8   vous raconter des nébuleuses.

  9   Q.  Monsieur le Témoin, en lisant ces dispositions, comment faites-vous

 10   pour ne pas pouvoir dire qui est-ce qui procède aux nominations ?

 11   R.  Moi je sais qui m'a nommé moi.

 12   Q.  Non, mais le chef du secteur de la Santé au niveau de la brigade, on

 13   vient de donner lecture d'un document. Vous dites maintenant qui est à même

 14   de pouvoir le révoquer. Comment pouvez-vous dire que vous ne le savez pas

 15   et le reste vous le savez, comme vous le dites ?

 16   R.  Parce que ça c'est rédigé de façon non militaire du tout. Permettez-moi

 17   en ma qualité d'ex-militaire de personne qui a vu pas mal de monde. Dans le

 18   système de subordination, je sais qui est le supérieur hiérarchique et

 19   c'est lui qui répond de ce qui se passe.

 20   Q.  Mais dites-nous d'après ce que vous en savez pour ce qui est de

 21   l'organisation de l'organigramme de subordination, la personne qui a le

 22   droit de nommer et de révoquer quelqu'un c'est quelqu'un qui subordonne la

 23   personne qu'il nomme ou qu'il révoque ?

 24   R.  Oui, en effet.

 25   Q.  Bon. Je vous remercie. Merci.

 26   Mme ALABURIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- Coric.

 28   Mme TOMASEGOVIC TOMIC : [interprétation] Je n'ai pas de questions.

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  1   Mme ALABURIC : [interprétation] J'attire votre attention sur le fait qu'il

  2   a répondu par l'affirmative et sa réponse n'est pas consignée au compte

  3   rendu.

  4   Q.  Je demanderais, Monsieur le Témoin, si vous pouvez répéter la réponse

  5   que je vous ai posée -- question --

  6   R.  De quelle question parlez-vous ?

  7   Q.  Vous vous souvenez de votre dernière réponse. Vous en souvenez ?

  8   R.  Ecoutez, Madame, je suis stressé. Répétez votre question. Ecoutez, je

  9   suis médecin, je suis professeur à la faculté. Suite à mon premier

 10   témoignage, j'ai fait de l'hypertension. Moi, je vous respecte. Je suis

 11   tellement tendu maintenant; parlez-moi lentement et dites-moi ce que vous

 12   voulez. Il ne s'agit pas de la vie de personne.

 13   Q.  Certainement. Mais il est tout à fait inapproprié --

 14   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Attendez la fin de la traduction

 15   parce que j'ai vu que vous parliez, Maître Alaburic, mais le témoin n'avait

 16   pas terminé. Regardez la page 104, lignes 9 à 12, vous voyez que ceci n'a

 17   aucun sens, c'est à cause de la vitesse. Vous voyez ce que produit ce type

 18   de cadence. C'est une question que l'on soulève quasiment tous les jours,

 19   quasiment toutes les semaines. Je sais que c'est une question de

 20   personnalité. En fait je ne suis pas en colère contre vous et je ne

 21   souhaite pas vous faire porter la faute, néanmoins il faut répéter, répéter

 22   sans cesse, si cela ne change pas. 

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- reposez votre question parce que le

 24   témoin voulait vous répondre mais il ne se souvenait pas de la question.

 25   Alors reposez votre question.

 26   Mme ALABURIC : [interprétation] Tout va bien. Je m'excuse véritablement, je

 27   m'efforcerai d'être sage de ce point de vue.

 28   Q.  Votre réponse a porté sur un mot et j'ai pensé que ce n'était pas un

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  1   problème. Ma question était celle de savoir : si d'après vos connaissances

  2   en matière de subordination, la personne qui a la responsabilité de nommer

  3   et de révoquer quelqu'un de ses fonctions est une personne qui, bel et

  4   bien, est le supérieur hiérarchique de la personne qu'elle nomme ou qu'elle

  5   révoque ?

  6   R.  Oui, mais ça n'importe qui. Par exemple, le commandant d'une compagnie

  7   ne peut pas révoquer le commandant d'une brigade, par exemple. Le

  8   commandant d'un bataillon a le droit d'être révoqué -- ou plutôt, peut être

  9   révoqué par le commandant d'une brigade.

 10   Q.  Monsieur, éloignons-nous de l'armée, le directeur d'une entreprise et

 11   le directeur et le directeur d'un secteur, c'est une question de principe

 12   que je vous pose. Je ne vous interroge pas au niveau de l'armée, c'est une

 13   question de principe. Donc une personne qui a l'autorité de nommer et de

 14   révoquer quelqu'un de ses fonctions, c'est une personne qui est

 15   hiérarchiquement supérieure vis-à-vis de la personne qui est nommée ou

 16   révoquée ?

 17   R.  Oui, mais je vais ajouter qu'en ma qualité d'ex-soldat, permettez-moi

 18   de répondre, oui, vous avez raison. Mais ça c'est absolument rédigé de

 19   façon non militaire. En ma qualité de soldat de profession et imaginez à

 20   l'époque, j'étais quand même maître ès science, j'avais le grade de

 21   lieutenant-colonel. On voit un charpentier qui venait voir le commandant de

 22   la brigade, qui me le renvoyait. Je ne sais pas qui a rédigé ceci, c'est la

 23   première fois que je le vois. J'estime que c'est absolument rédigé de façon

 24   non militaire, parce que avoir des documents comme ça, il ne faut pas les

 25   promulguer. Par exemple, le commandant d'une région militaire s'était

 26   quelqu'un qui était tôlier avant la guerre, et une fois il est venu me

 27   coller un médecin à la première ligne de front dans une tranchée, ce qui

 28   est absolument illogique. Quand j'ai essayé de lui expliquer, il m'a

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  1   répondu, vous savez quoi, espèce de sale communiste.

  2   Q.  Monsieur le Témoin, je vous remercie de vos réponses et je vous

  3   remercie d'être venu à La Haye.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : [aucune interprétation] M. Pusic.

  5   M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas

  6   de questions pour ce témoin. Mais je tiens à dire pour le compte rendu,

  7   très brièvement, s'agissant du temps, je crois que les taux de croissance

  8   de valeur sont en valeur croissante. Parce que si nous n'utilisons pas

  9   notre temps, nous pouvons le restituer aux Juges de la Chambre, parce que

 10   la raison en est, ce qui se produit dans le prétoire et je désapprouve

 11   profondément ce qui se produit entre les équipes de la Défense. Ce n'est

 12   donc que si explicitement j'autorise telle Défense à prendre mon temps,

 13   oui, là, la Défense peut s'en servir. Parce que je ne veux pas avantager

 14   quelle Défense que ce soit vis-à-vis des thèses qui sont avancées devant

 15   les Juges de la Chambre. Merci.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Maître Ibrisimovic. C'est sûr que si vous

 17   nous donnez, vous restituez votre temps aux Juges, je l'utiliserai très

 18   bien. Mais encore faut-il que vous m'en donniez l'autorisation.

 19   Pour M. Prlic.

 20   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Je vous ai déjà dit que la Défense du Dr

 21   Prlic n'a pas de questions à poser à ce témoin. Merci.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors il est quasiment 19 heures. Demain le contre-

 23   interrogatoire de l'Accusation va se poursuivre. Je rappelle que M. le

 24   Procureur aura deux heures, et puis, le cas échéant, il y aura peut-être

 25   des questions des Juges, certainement, puisqu'on a un peu de temps demain,

 26   et puis Me Nozica aura peut-être des questions supplémentaires, je ne sais

 27   pas. Puisque, de toute façon, l'autre témoin ne viendra que mercredi.

 28   Alors, Monsieur le Témoin, vous êtes témoin de la justice, qui veut dire

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  1   que vous n'avez plus aucun contact, message, je vous l'ai dit ce matin.

  2   Relaxez-vous, vous nous avez dit que, lors de la dernière fois, vous aviez

  3   été stressé. Sachez que nous, les Juges, on est stressé tous les jours.

  4   Voilà.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord, Monsieur le

  6   Président, si je puis vous le dire, en ma qualité de médecin, vous, vous

  7   avez une position qui est la vôtre. Moi, j'en ai une autre. Je veux bien

  8   accepter que vous êtes stressé également, parce que dispensez la justice

  9   c'est un travail difficile.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Alors donc nous nous retrouverons demain

 11   tous à 9 heures. Je vous remercie.

 12   --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le mardi 3 mars 2009,

 13   à 9 heures 00.

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