Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 18 mai 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Les accusés Prlic et Coric sont absents]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 17.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  7   l'affaire, s'il vous plaît.

  8   M. LE GREFFIER : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 10   En ce lundi 18 mai 2009, je salue M. Praljak, je salue M. Stojic, M.

 11   Petkovic et M. Pusic. Je salue aussi également Mmes et MM. les avocats. Je

 12   salue M. Stringer, tous ses collaborateurs et collaboratrices ainsi que

 13   toutes les personnes qui nous assistent.

 14   Tout d'abord, je vais lire une courte décision orale de la Chambre.

 15   Décision orale portant sur les modalités du dépôt des listes IC par

 16   la Défense Praljak sur une base régulière durant la comparution du témoin

 17   Slobodan Praljak.

 18   Le 14 mai 2009, suite à une demande orale de l'Accusation et en l'absence

 19   d'objection formulée par la Défense Praljak, la Chambre a autorisé la

 20   Défense Praljak à déposer au début de chaque semaine d'audience des listes

 21   IC des documents dont elle demande l'admission. La Chambre a autorisé cela

 22   pour toute la durée de la comparution du témoin Slobodan Praljak. Par la

 23   présente décision, la Chambre entend clarifier cette modification

 24   exceptionnelle du paragraphe 32 de la ligne directrice numéro 8 et préciser

 25   les modalités de dépôt des listes IC de la Défense Praljak.

 26   La Chambre enjoint en premier lieu la Défense Praljak à déposer une liste

 27   IC au début de chaque semaine, identifiant les pièces présentées durant la

 28   semaine précédant le dépôt de ladite liste qu'elle entend demander en


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  1   admission.

  2   La Chambre rappelle, en second lieu, que les parties déposeront leurs

  3   objections à la fin de la déposition du témoin Slobodan Praljak et qu'elle

  4   statuera, par conséquent, sur les demandes d'administration de la Défense

  5   Praljak une fois la comparution du témoin Slobodan Praljak achevée.

  6   Voilà la décision orale, qui est très claire. En début de semaine, la

  7   Défense de M. Praljak dépose la liste IC qui correspond aux documents qui

  8   ont été présentés pendant la semaine, et à la fin de l'audition de M.

  9   Praljak, quand ce sera terminé, à ce moment-là, les parties feront les

 10   objections s'il doit y avoir des objections. Voilà, c'est très clair,

 11   j'espère.

 12   Maître Nozica, j'attends avec impatience des bonnes nouvelles éventuelles.

 13   Mme NOZICA : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

 14   Messieurs les Juges. Et bonjour à toutes les personnes présentes dans le

 15   prétoire.

 16   Je souhaiterais simplement que l'on passe à huis clos partiel, s'il vous

 17   plaît.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, nous sommes

 19   actuellement à huis clos partiel.

 20   [Audience à huis clos partiel]

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 22   [Audience publique]

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : En audience publique.

 24   Maître Kovacic, après la décision orale de la Chambre, est-ce que vous

 25   voulez intervenir ou pas ?

 26   M. KOVACIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Tout est clair

 27   maintenant, après cette décision. Bien entendu, nous souhaitions l'entendre

 28   dans son intégralité et non pas seulement la première partie. Au cours des


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  1   minutes qui suivent, la liste de numéros IC sera communiquée.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Merci.

  3   Avant de redonner la parole à Me Kovacic, Monsieur Praljak, en mon nom

  4   personnel, et je pense que je parle également au nom de mes collègues, nous

  5   vous prions aussi d'être très concis dans vos réponses. Essayez, je sais

  6   que c'est très difficile, mais essayez de le faire, parce que ça présente

  7   plusieurs avantages. Quand les Juges posent des questions, ça leur permet

  8   aussi d'avoir plus de temps pour poser des questions. Comme vous le savez,

  9   le greffier tient la comptabilité du temps posé par les questions des

 10   Juges, et cette Chambre consacre à peu près 15 % du temps pour les

 11   questions des Juges, ce qui est énorme par rapport à la pratique d'autres

 12   Chambres, qui ne passent même pas 1 %, voire même de moins de 1 %. Mais ça,

 13   ça vient peut-être en raison des personnalités différentes des Juges. Mais

 14   quoi qu'il en soit, essayez d'être très concis dans vos réponses. Voilà.

 15   Maître Kovacic -- Maître Pinter.

 16   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à toutes les personnes

 18   présentes dans ce prétoire.

 19   LE TÉMOIN : SLOBODAN PRALJAK [Reprise]

 20   [Le témoin répond par l'interprète]

 21   Mme PINTER : [interprétation] Avant de poursuivre les débats, nous sommes

 22   toujours sur le document 3D02633.

 23   Je souhaiterais procéder à une correction du compte rendu d'audience

 24   du 14 mai 2009, en page 92, ligne 15. A cet endroit, il aurait dû être

 25   consigné qu'il s'agissait d'un procès-verbal concernant l'importation de

 26   carburant en Bosnie-Herzégovine à partir des ports croates commençait en

 27   page 3D32-1280. Et cela n'est pas consigné correctement au compte rendu

 28   d'audience dans sa version actuelle puisqu'il mentionne la page 3D32-1289.


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  1   Nous venons donc d'apporter cette correction. Donc il n'y aura pas de

  2   malentendu à ce sujet.

  3   Interrogatoire principal par Mme Pinter : [Suite]

  4   Q.  [interprétation] Général Praljak, nous en étions arrivés à la fin de

  5   cette question de l'importation du carburant par l'intermédiaire des ports

  6   croates. Ouvrez la page 3D32-1280, s'il vous plaît. L'avez-vous ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Reportez-vous à la page suivante, 3D32-1281 et 1282. Pour la

  9   version anglaise, pour MM. les Juges et M. le Procureur, c'est la page

 10   3D38-0261, 3D38-0262 également et 3D38-0263.

 11   Je voudrais que vous examiniez la date du premier document. Notamment, le

 12   coin supérieur droit où il est indiqué qu'il s'agit de produits transitant

 13   vers la Bosnie-Herzégovine. Pouvez-vous vous pencher sur le document et

 14   nous dire, concernant ces trois documents qui sont tous liés à un seul et

 15   même événement, pourriez-vous nous en dire plus ?

 16    R.  Je vais être bref pour me conformer aux instructions qui m'ont été

 17   données par MM. les Juges, et véritablement, je m'y efforce toujours, mais

 18   parfois il est difficile d'expliquer certaines choses.

 19   Donc on voit ici qu'il y a eu 4 700 000 kilogrammes de diesel qui

 20   sont arrivés pour la Bosnie-Herzégovine, on voit ça dans ce document. Ce

 21   carburant a été envoyé, évidemment, vers Sarajevo, vers Mostar et pour le

 22   bénéfice de la population, ainsi que de certaines entreprises mais

 23   également pour les besoins de l'ABiH. Donc tout ça a transité vers la

 24   Bosnie-Herzégovine par l'intermédiaire du port de Ploce. On a laissé passer

 25   ce chargement sans la moindre difficulté à travers ce que l'on appelle le

 26   contrôle du HVO.

 27   Q.  Et la date ?

 28   R.  Oui. C'est le mois d'août 1993.


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  1   Q.  Cela a été envoyé de la Fédération de Russie pour la Bosnie-

  2   Herzégovine, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui. Le 17 août 1993. Du 14 au 17, ce sont des documents distincts,

  4   donc il y a probablement le chargement puis le transport.

  5   Q.  Donc la date du 17 août figure sur la page 3D32-1282, ainsi que la page

  6   3D38, en version anglaise, 0263. Ce sont les documents d'entrée.

  7   R.  Oui. Mais cela a été continu. Ça ne s'est jamais arrêté. Il y a eu des

  8   transports également au mois de septembre et notamment avant que n'arrive

  9   l'hiver.

 10   Q.  Très bien. Mais nous voulions montrer cela avec précision puisque nous

 11   n'avions montré aucun document encore sur ce sujet.

 12   Général Praljak, j'ai indiqué dans le livre dans lequel nous sommes

 13   toujours les pages dont il s'agit. Donc peut-être pourriez-vous vous y

 14   retrouver un peu plus facilement étant donné que certaines pages sont

 15   difficilement lisibles.

 16   Le prochain extrait que nous allons aborder est la question des soins et de

 17   la prise en charge des blessés de la Bosnie-Herzégovine, des soldats et des

 18   civils blessés au sein des hôpitaux de la République de Croatie, de 1992 à

 19   1995. L'extrait en question commence à la page 3D32-1306, et en anglais,

 20   c'est la page 3D38-0289. En tout, la Défense a rassemblé 1 180 documents

 21   sur ce sujet, et dans cet extrait, nous en avons 59. Par ailleurs, cet

 22   extrait dispose également d'un numéro 3D à part entière, mais nous n'allons

 23   pas nous attarder davantage là-dessus.

 24   Est-ce que vous pouvez commenter la carte 3D32-1307, s'il vous plaît, 3D32-

 25   1307. Je fais des pauses aux fins du compte rendu d'audience.

 26   R.  En dehors de ces mêmes documents, je connais aussi cette

 27   situation de première main, car ma propre section au sein du ministère de

 28   la Défense traitait de ces questions-là, questions de transport, et cetera,


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  1   et j'étais au courant évidemment de ce qui se faisait au sein de la HZ HB,

  2   et de ce que faisait le département de la Défense, de ce que faisait

  3   Petkovic, et ainsi de suite. Nous n'avons pas ici toutes les localités,

  4   mais seulement les plus importantes. Donc à Split, il y avait Firule,

  5   Krizine et Toplice et Zagreb. Lorsque je dis "Zagreb", cela représente dix

  6   hôpitaux, je ne parle pas d'un seul hôpital mais de dix, à Slavonski Brod

  7   également, à Vinkovci, il y avait une prise à charge, à Metkovici, il y

  8   avait aussi un grand hôpital temporaire qui dans le langage militaire

  9   représentait le deuxième niveau, me semble-t-il, le deuxième échelon.

 10   Ensuite, à Krapina [phon], il y avait des établissements thermos, à

 11   Varazdin aussi. Et c'est seulement une partie que nous avons montrée ici.

 12   Et si vous me montrez d'autres documents, on verra ce que je sais, à savoir

 13   que nous avons affaire ici à plus de 10 000 personnes qui sont listées ici

 14   et qui ont été soignées en Croatie alors qu'elles étaient originaires de

 15   Bosnie-Herzégovine. D'après les informations dont je dispose, il s'agissait

 16   majoritairement de Musulmans. De par ma propre expérience, je sais et

 17   notamment pour ce qui est de 1993, lorsque je suis allé sur place,

 18   également en 1994 et 1995, j'ai suggéré que l'on recourt à l'hôpital

 19   militaire de Zagreb. Je m'y suis rendu régulièrement pour aller voir les

 20   blessés et il y avait aussi bien des Croates que des Musulmans qui y

 21   étaient soignés. Je me suis tout particulièrement rendu dans le service

 22   d'orthopédie. Je connaissais le Dr Reljica, qui avait écrit deux ouvrages

 23   concernant les différentes méthodes de réduction des fractures.

 24   Je suis tout à fait sûr que je transportais toujours une vingtaine de

 25   kilogrammes de cigarettes que j'avais réussi à me procurer, à deux reprises

 26   également, par l'intermédiaire de mes relations privées et par

 27   l'intermédiaire d'entreprises, j'ai réussi à me procurer des pièces, des

 28   vis très particulières qu'utilisent les chirurgiens pour mettre en œuvre ce


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  1   type d'opération et ressouder certains os. Dans une de ces occasions, cela

  2   représentait près de 20 000 marks allemands, et à une autre, 30 000.

  3   Q.  Très bien. Mais pour revenir à ces localités qui sont ici listées,

  4   comment a-t-on élaboré ce document et cette liste ?

  5   R.  Cela a été fait sur la base des informations que mon équipe a reçues

  6   suite aux demandes qui figurent ici et que nous avons adressées à

  7   l'Association des médecins croates volontaires, données qui correspondent à

  8   l'année 1991. Et c'est sur la base des données reçues par cette association

  9   que l'on a élaboré cette carte, carte qui est fondée sur les faits.

 10   Mme PINTER : [interprétation] Aux fins du compte rendu d'audience, le

 11   document dont parle le général Praljak qui a trait à la fourniture

 12   d'information par l'Association des médecins croates volontaires

 13   correspondant à l'année 1991 se trouve en page 3D32-1309, et en page 3D38-

 14   0292 pour la version anglaise.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, tout à l'heure, on avait la carte à

 16   l'écran où on voit huit hôpitaux qui recevaient des blessés. Je vois dans

 17   vos documents que vous indiquez que les blessés, ça pouvait être des civils

 18   et des soldats de l'ABiH, vous le marquez à la pièce 3D38-0290.

 19   Ma question est très précise. Je prends un soldat de l'ABiH qui est blessé

 20   et qu'on transporte dans un hôpital, un des hôpitaux de Split. Ce blessé va

 21   être soigné, opéré, et cetera. Quand il est à l'hôpital, à votre

 22   connaissance, est-ce qu'il est considéré comme prisonnier de guerre ? A ce

 23   moment-là, est-ce qu'il est surveillé 24 heures sur 24 ? Ou bien, il arrive

 24   avec le flot des autres blessés civils et militaires et on mélange tout le

 25   monde, et une fois qu'il est rétabli, on lui dit à bientôt, vous pouvez

 26   vous en aller ? Comment ça se passe ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Exactement comme vous l'avez dit à la fin,

 28   Monsieur le Président. Il n'y avait absolument aucune distinction d'opérée


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  1   entre les blessés, quelle que soit leur nationalité. Aucun contrôle n'était

  2   opéré. Quand les soins étaient parvenus à leur terme, cet homme était libre

  3   de revenir sur le champ de bataille là où il le souhaitait, il ne payait

  4   rien pour les soins qu'il avait reçus.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je vous pose cette question dans le cadre du

  6   conflit armé international. Je n'ai pas d'exemple à l'esprit, mais à votre

  7   avis, lorsqu'on est en conflit avec un adversaire et que l'on fait

  8   prisonniers les soldats de l'adversaire, est-ce que lorsque ces soldats

  9   sont soignés, on les contrôle ou pas ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] D'après la connaissance que j'en ai, issue de

 11   mes lectures, notamment, les blessés de l'armée adverse sont pris en charge

 12   dans des sections particulières, ils font l'objet d'une surveillance

 13   spéciale et sont considérés comme des prisonniers de guerre.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Dernière question : vous avez dit tout à l'heure,

 15   mais je suis un peu étonné, mais si vous le dites, c'est que vous devez

 16   vous appuyer sur des éléments concrets, vous dites que lorsqu'ils ont été

 17   soignés, ils étaient libres de retourner dans leur propre unité.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Absolument.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon.

 20   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Q.  Général Praljak, dans votre ouvrage, j'ai indiqué les pages auxquelles

 22   nous allons passer maintenant afin que nous gagnions du temps. Donc c'est

 23   la version imprimée de votre ouvrage, voilà, c'est ça, ce n'est pas celle

 24   qui s'affiche à l'écran. Et ne propose que nous passions maintenant à la

 25   page 3D32-1325. Je vous ai également noté les numéros des pages. En version

 26   anglaise, c'est la page 3D38-0308. La date que porte ce document est le 9

 27   novembre 1992. Il est écrit "Assistant du commandant à la logistique, Edin

 28   Batlak." Il est écrit Smajic Effendi Adem, qui se trouve à Rijeka. Que


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  1   pouvez-vous nous dire concernant ce document, et que nous montre-t-il quant

  2   à la façon dont on a procédé à des livraisons et à la distribution de

  3   l'aide humanitaire et des médicaments, des ressources disponibles pour

  4   couvrir d'autres besoins et quant aux problèmes rencontrés ?

  5   R.  Il s'agit ici de 7 tonnes de médicaments et de perfusions, et il s'agit

  6   du 9 novembre 1992. Il s'agit toujours d'une seule et même chose. Nous

  7   avions affaire à des opérations militaires, dans l'espèce, contre la VRS,

  8   et seules ces opérations militaires pouvaient reporter ou arrêter pour un

  9   court temps ce type de convoi, mais elles ne pouvaient pas les arrêter

 10   complètement. Cela a été fait en Croatie de la même façon que -- la Croatie

 11   a traité la Bosnie-Herzégovine de la même façon qu'elle procédait envers

 12   elle-même. Il n'y avait pas de distinction.

 13   Q.  Juste aux fins du compte rendu d'audience, Rijeka se trouve où ?

 14   R.  En Croatie, évidemment.

 15   Q.  Nous allons maintenant laisser de côté 1992, tel que proposé par la

 16   Chambre de première instance. Je vous demanderais de passer au document

 17   3D32-1340, et en anglais, 3D38-0323. C'est un document qui va nous servir

 18   simplement afin de pouvoir avoir une image complète. Mais je voudrais

 19   informer les Juges de la Chambre, et je voudrais le dire également pour le

 20   compte rendu d'audience, il s'agit d'une pièce qui porte la cote 2D 00321.

 21   C'est un document du 8 juin 1993. L'avez-vous trouvé, Monsieur Praljak ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Le document a été signé par le colonel Dr Tugomir Gveric. Connaissiez-

 24   vous le Dr Gveric?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Fort bien. Passez maintenant à la page suivante, je vous prie. Il

 27   s'agit du document 3D32-142, ou bien 3D38-0324 en langue anglaise. Le

 28   document porte la date du 16 mai 1993. De nouveau, c'est un document qui a


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  1   été envoyé à l'ABiH, encore une fois, au nom du Dr Gveric. Et c'est ainsi

  2   que nous terminons ce segment dans lequel on a abordé la question de

  3   l'envoi des médicaments à Mostar. Vous pouvez maintenant répondre à une

  4   question posée par le Juge Antonetti, si vous prenez le document qui porte

  5   la cote 3D32-1343, et 3D38-0325 en anglais.

  6   R.  Je vous affirme, sur la base de ce que je savais pendant la guerre et

  7   ce que je sais maintenant, que le nombre de soldats blessés -- voilà, nous

  8   voyons ici : Le nombre de soldats blessés et de civils, principalement de

  9   nationalité musulmane avec leurs noms et prénoms -- d'après les

 10   informations que j'ai réussi à recueillir, les chiffres ne sont tous pas

 11   peut-être exhaustifs, mais le total est de 10 623. Ces personnes ont été

 12   blessées sur le territoire de Bosnie-Herzégovine, elles ont été

 13   transportées par ce que l'on appelle la communauté croate d'Herceg-Bosna,

 14   il s'agissait d'un travail énorme, composé de très grands nombres de

 15   véhicules qui se dirigeaient en direction de Split et de Slavonski Brod,

 16   vers le nord. Vous pouvez penser à quel point il s'agissait d'un grand

 17   nombre de véhicules, et les autorités ont pris part à cette activité, ainsi

 18   que le corps médical et le département de Défense de l'état-major

 19   principal. A combien de reprises un hélicoptère a pu passer pour évacuer un

 20   blessé ou combien de fois les voitures ont dû déplacer les blessés, c'est

 21   une autre chose. Bien sûr, il fallait dépenser beaucoup d'argent pour le

 22   carburant. Nous ne faisions absolument aucune différence et on leur

 23   prodiguait des soins complètement gratuits.

 24   Q.  Je voudrais maintenant vous renvoyer à la page 3D38-1354, ou bien 3D38-

 25   0331, c'est le document en anglais. Ce document porte la date du 17 juin

 26   1998. Il s'agit du directeur de l'hôpital de Split, Le Dr Biocic, qui a

 27   émis ce document, et nous avons de par ces documents le nombre de personnes

 28   à qui on a prodigué des soins à l'hôpital de Split.


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Pour le compte rendu d'audience et pour l'information des Juges de la

  3   Chambre, je souhaiterais dire qu'il s'agit d'une information qui avait été

  4   fournie au Bureau pour la coopération avec le Tribunal pénal international,

  5   de sorte que ce document est un document authentique. Mais avant cela, il y

  6   a les listes, les noms des personnes à qui on a prodigué des soins

  7   médicaux, nous avons déjà vu tout à l'heure cette liste, il n'est pas

  8   nécessaire de mentionner de nouveau ces noms et de montrer ces listes, à

  9   moins que vous ne souhaitiez rajouter quelque chose d'autre.

 10   R.  Non, je n'ai rien à ajouter, à l'exception des signes sur une carte

 11   pour voir quel est le nombre de personnes de l'hôpital de Split et à quels

 12   endroits en Bosnie-Herzégovine les soins étaient prodigués, pour ce qui est

 13   des médicaments et du matériel sanitaire.

 14   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, nous donner le numéro.

 15   R.  3D32-1308, je ne connais pas quel est le numéro en anglais.

 16   Q.  Je vais le trouver. La cote en anglais est le 3D38-0291.

 17   R. On peut très bien voir que s'agissant de l'envoi de ce document, on ne

 18   parle pas d'Herceg-Bosna, on ne parle pas de Banovina non plus. On voit

 19   très bien par ce document que ces médicaments étaient envoyés partout, et

 20   encore plus pour les besoins du peuple musulman en Bosnie-Herzégovine et

 21   l'ABiH que le HVO.

 22   Si vous le souhaitez, Madame Pinter, s'agissant du document 1356, c'est le

 23   remerciement de Alija Izetbegovic de 1995, vous pourriez peut-être aborder

 24   ce document-là.

 25   Q. En fait, c'était le document que je voulais montrer et c'est un document

 26   qui émane du Bureau pour la coopération avec le Tribunal. Pourriez-vous

 27   nous dire si vous savez dans quelles circonstances ce remerciement a été

 28   envoyé ? Le numéro du document est le 3D32-1356, et en anglais, il s'agit


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  1   du document 3D38-0336.    

  2   Pourriez-vous nous dire de quelle façon ce Ejub Ganic a été blessé ? Est-ce

  3   que vous le saviez à l'époque ou est-ce que vous l'avez appris ?

  4   R.  Oui, tout à fait. On lui a prodigué des secours à la suite d'une

  5   intervention rapide, et après tout ce temps, quelqu'un a eu l'idée de

  6   remercier le Dr Biocic et son équipe et l'infirmière en chef et ainsi de

  7   suite, mais le document parle pour lui-même. Nul besoin d'insister, mais je

  8   peux certainement essayer de vous faire comprendre à quel point les gens

  9   étaient liés d'amitié, s'ils avaient eu de tels amis en Croatie, il n'y

 10   aurait jamais eu d'agressions contre nous.

 11   Q.  Très bien --

 12   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre.

 13   Cette lettre est datée le 9 juillet 1995. C'est une date ultérieure aux

 14   faits qui nous concernent ici. Cela ne donne aucune indication en ce qui

 15   concerne le moment où le Dr Ganic aurait eu son accident de voiture. Cela

 16   ne nous dit pas non plus s'il y avait un quelconque rapport entre

 17   l'accident de voiture et la guerre.

 18   Monsieur Praljak, savez-vous à quel moment cet accident s'est produit,

 19   c'est-à-dire à quel moment cette aide a été apportée à M. Ganic ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge Trechsel, l'accident a eu

 21   lieu en 1995, quelque peu avant le 9 juillet. J'ignore la date exacte,

 22   toutefois. Mais voilà, je vais vous lire la phrase :

 23   "Tout comme très souvent jusqu'à maintenant, votre expertise et

 24   l'humanité de vos médecins ont donné des résultats extrêmement importants

 25   au moment où c'était très urgent, et il ne faut pas l'oublier."

 26   Donc M. Izetbegovic savait très bien que ces choses se passaient, même

 27   avant 1994 et ainsi de suite.

 28   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci beaucoup. Vous avez répondu à


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  1   ma question.

  2   Mme PINTER : [interprétation]

  3   Q.  Monsieur le Général, encore une fois, s'agissant de cette lettre de

  4   remerciements envoyée à l'hôpital de Split, j'aimerais vous demander si

  5   vous souhaiteriez de nouveau en parler. Est-ce que vous aimeriez parler,

  6   ajouter quelque chose ?

  7   R.  Non. Vous verrez que si ces documents sont versés au dossier, on verra

  8   à quel point l'aide a été envoyée, et tout ceci sera confirmé, tout ce que

  9   j'avais indiqué sur la carte sera confirmé de par l'admission de ces

 10   documents.

 11   Q.  Le document se trouve à la page 3D32-1361. En anglais, 3D38-0341;

 12   ensuite, 3D32-1362, et 3D38-0342 en anglais.

 13    Nous arrivons maintenant à l'intercalaire suivant, qui porte le titre

 14   "Réfugiés et personnes déplacées de Bosnie-Herzégovine en République de

 15   Croatie." La page commence par le numéro 3D32-1363. La version en anglais

 16   commence avec la cote 3D38-0344. Le document contient 511 documents, c'est-

 17   à-dire le classeur contient 511 documents, c'est le nombre total de

 18   documents et le dossier est composé de 72 documents.

 19   Maintenant, dans la première phase de votre déposition, la première semaine

 20   vous en avez déjà parlé, nous n'allons pas rouvrir ce segment.

 21   Je vous demanderais de bien vouloir ouvrir la page suivante du document

 22   3D32-1365. Toutefois, nous n'avons pas la page en anglais puisqu'il s'agit

 23   du document qui a été rédigé dans les deux langues, en croate et en

 24   anglais. Il s'agit du document qui porte la date du 26 novembre 1992.

 25   Evaluation de la population et des nombres d'habitants déplacés, ce sont

 26   des données de l'UNICEF, et j'aimerais vous demander de nous dire quelque

 27   chose concernant les informations qui se trouvent aux points 6, 7 et 8 de

 28   ce document. Il s'agit de la structure nationale de la population, d'où


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  1   proviennent les personnes déplacées, l'âge des enfants et la nationalité

  2   des personnes déplacées. Comme je l'ai déjà dit, c'est un document du 26

  3   novembre 1992.

  4   R.  Nous avons entendu des témoins qui ont déposé et qui sont plus

  5   compétents que moi pour ce domaine, le Dr Adalbert Rebic, par exemple. Mais

  6   ceci n'a trait qu'à Split. C'est ici que l'on mentionne d'où venaient ces

  7   personnes; de Prijedor, Kljuc, et cetera. Ensuite, il y avait les groupes

  8   d'âge, l'appartenance ethnique et ainsi de suite. Vous verrez que l'on fait

  9   état de 31 862 Musulmans, 26 000 Croates, il y a 7 700 Serbes.

 10   Q.  Mon Général --

 11   R.  Donc, aucun réfugié --

 12   Q.  J'aimerais simplement attirer votre attention sur le tampon qui se

 13   trouve au bas du document. Le tampon porte la mention de l'état-major

 14   principal de la Défense territoriale, et c'est un document de la

 15   municipalité de Travnik.

 16   R.  Oui.

 17   Q.  C'est un document qui a été délivré par ces derniers, faisant état des

 18   lieux et de l'origine des personnes déplacées. Je crois que ce qui nous

 19   intéresse ici particulièrement, c'est Travnik et Jajce.

 20   R.  Oui, c'est après la chute de Jajce que ce document a été émis.

 21   Q.  Fort bien. Le document 3D32-1367, et en anglais 3D38-0347, pour le

 22   compte rendu d'audience, je souhaiterais dire qu'il s'agit d'une pièce qui

 23   se trouve au numéro 1D 01269. Ici, nous avons une lettre qui porte la date

 24   du 4 novembre 1993, signée par Franjo Kumarica. Qui est Franjo Kumarica ?

 25   R.  C'est l'évêque de Banja Luka. La Bosnie-Herzégovine est divisée en

 26   trois évêchés. Il est resté à l'évêché de Banja Luka pendant toute cette

 27   période. Il a même été candidat pour le prix Nobel pour la paix, pour ce

 28   qu'il a fait. Ici on parle de ce qui est arrivé aux réfugiés de Vares,


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  1   après la chute de Vares. Cet évêque envoie une lettre à M. Prlic, et il

  2   demande que faire avec les personnes en question, il y a 90 % de Croates et

  3   10 % de Serbes. Il fait donc appel au gouvernement, il demande au

  4   gouvernement quoi faire, et il demande que ces personnes soient placées

  5   quelque part. Puisqu'il s'agissait d'un très grand nombre de personnes, de

  6   5 000 à 10 000 personnes, il demande du carburant, des autocars, et ainsi

  7   de suite.

  8   Ces personnes à ce moment-là étaient des dégâts collatéraux de ce conflit.

  9   Ils ne pouvaient plus rester à l'endroit d'où ils étaient puisque leur

 10   armée avait perdu. Ils avaient peur pour ce qui est des représailles et

 11   ainsi de suite, et ils se trouvaient sur le territoire qui était contrôlé

 12   par la Republika Srpska. Franjo Kumarica demande à ce que l'on leur vienne

 13   en aide et que ces personnes soient évacuées dans la République de HZ HB de

 14   toutes les façons possibles, et pour ceci il avait besoin de carburant et

 15   d'autocars.

 16   Q.  Très bien, merci. Je vous demanderais maintenant de prendre la page

 17   3D32-1370, et en anglais, il s'agit du document 3D38-0350. Il s'agit d'un

 18   document qui porte la date du 19 avril 1994. C'est encore un document qui

 19   tombe dans les délais de notre acte d'accusation. C'est un document qui

 20   vient du HCR des Nations Unies, envoyé par l'ambassade de Bosnie-

 21   Herzégovine, et l'objet est l'évacuation des Bosniens dans un pays tiers.

 22   Aviez-vous eu l'occasion de lire cette lettre auparavant ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Que peut-on conclure, quelle est la teneur de cette

 25   lettre ?

 26   R.  C'est un programme que je n'avais pas très bien saisi, en fait. Je ne

 27   savais pas quelles étaient les raisons politiques qui motivaient le HCR des

 28   Nations Unies à faire des activités subversives et déplacer ces personnes


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  1   dans des pays tiers. Toute cette stratégie en Croatie pour ce qui était des

  2   réfugiés de Bosnie-Herzégovine était -- et je travaillais avec un groupe de

  3   sociologues pour ce qui est de mon département. Nous avons étudié le sujet,

  4   et d'après ce que nous savions et d'après les documents des Nations Unies,

  5   les réfugiés qui partent loin de leur lieu d'origine

  6   reviennent assez difficilement chez eux. De 10 à 15 % des personnes ne

  7   reviennent pas à l'endroit d'où ils proviennent, chaque année entre 10 et

  8   15% de personnes ne reviennent pas dans leur pays d'origine. C'est la

  9   raison pour laquelle il est mieux de déplacer les personnes vers des

 10   endroits qui sont beaucoup plus rapprochés de l'endroit d'où ils

 11   proviennent, car ces derniers peuvent savoir qu'un jour ils reviendront

 12   chez eux. Le HCR les déplaçait, et j'ignorais quels étaient les motifs du

 13   HCR. En fait, je ne l'ai toujours pas très bien compris. M. Turkovic

 14   faisait objection à cela.

 15   Q.  Très bien. Pour le compte rendu d'audience, j'aimerais attirer votre

 16   attention sur le premier paragraphe, où on dit que le personnel du HCR

 17   recueille les réfugiés, leur explique que les conditions ne sont pas encore

 18   rassemblées pour les envoyer de façon sécuritaire à Mostar. Mostar n'est

 19   pas sûre pour les Croates et les Serbes, et encore moins pour les

 20   Musulmans. Ils expliquent qu'il est bien difficile pour les Musulmans

 21   d'entrer dans Mostar et qu'il leur fallait être patients et de ne pas

 22   monter à bord des convois qui étaient prévus pour leur retour. Par

 23   conséquent, l'ambassade de Bosnie-Herzégovine n'était pas d'accord avec ce

 24   type d'agissement du HCR, et demandait une explication à savoir pourquoi

 25   est-ce que ces derniers faisaient le contraire de leur mandat. Ce document

 26   est très important parce que nous pouvons y voir que le fait d'éloigner les

 27   Bosniens du territoire de la Croatie n'était pas fait pour --

 28   M. STRINGER : [interprétation] J'ai une objection par rapport à cette


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  1   question qui est directrice.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Evitez les questions directrices.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Bon, voilà, je vais essayer de vous expliquer.

  4   C'est exactement ce qui est expliqué dans ce document, Madame Pinter, ceci

  5   n'est pas valable seulement pour Mostar. Ici, on insiste sur la ville de

  6   Mostar, mais ils procédaient de la même façon dans les centres de Gasinci,

  7   Ucka, Varazcin, Obonjan. On disait simplement qu'une instabilité s'était

  8   installée chez les réfugiés. Le comportement du HCR est complètement

  9   incompréhensible. Ce type de comportement du HCR n'est tout à fait pas

 10   clair et par la suite un très grand nombre de personnes était contraire à

 11   cette façon de voir les choses. Le fait d'entraver le retour des réfugiés,

 12   c'est ce que faisait le HCR, et logiquement parlant, nous n'arrivions pas à

 13   comprendre où était la logique. Il y avait certainement une logique, mais

 14   ce n'est pas une logique qui est honnête et qui est correct. C'était sans

 15   doute des jeux politiques.

 16   Q.  Fort bien.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Général, ce document qui émane de l'ambassade de la

 18   République de Bosnie-Herzégovine à Zagreb, il y a deux éléments que

 19   l'ambassade met en évidence. Le premier élément est au premier paragraphe.

 20   Ils disent qu'à Mostar la sécurité n'est pas assurée, tant pour les Croates

 21   que les Serbes et pour les Musulmans. Nous sommes au mois d'avril 1994,

 22   mais apparemment à l'époque, à Mostar, la sécurité n'était pas assurée, ce

 23   qui expliquerait qu'il y a des difficultés pour faire revenir des

 24   Musulmans.

 25   Est-ce que vous êtes d'accord avec le constat que fait l'ambassade ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ce n'est pas l'ambassade qui insistait

 27   pour dire que le retour à Mostar n'était pas sûr. C'est le HCR des Nations

 28   Unies qui affirmait que le retour des réfugiés à Mostar n'était pas sûr. A


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  1   ce moment-là, les conflits étaient arrêtés, Mostar était un endroit sûr

  2   comme partout ailleurs. Il est certain qu'il pouvait arriver que l'armée de

  3   la Republika Srpska lance un obus, c'était assez rare. Enfin, pour dire que

  4   Mostar n'était pas sûr, non, ce n'est pas vrai. Mostar était sûr dans le

  5   sens où on pouvait commencer à recueillir de nouveau les réfugiés de

  6   Mostar. C'est-à-dire que l'ambassade n'est pas d'accord avec une telle

  7   évaluation du HCR, qui n'est pas seulement une évaluation pour Mostar, mais

  8   également pour d'autres endroits. Donc le HCR s'est essayé de semer la

  9   panique et mentait, pour que l'on s'entende bien, mentait et disait aux

 10   réfugiés, Vous allez perdre votre statut en Croatie, ce qui n'est

 11   absolument pas vrai. Le statut en Croatie pouvait être perdu seulement si

 12   l'ambassade de Bosnie-Herzégovine ou leurs organes signaient qu'un tel

 13   réfugié pouvait revenir en Bosnie-Herzégovine et que l'endroit où ces

 14   derniers revenaient était sûr. Ce n'est qu'à ce moment-là que la République

 15   de Croatie pouvait annuler le statut de réfugié. Seulement lorsque c'était

 16   confirmé par les organes d'Etat de Bosnie-Herzégovine, mais dans le cas

 17   contraire, jamais.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez anticipé sur la question que je voulais

 19   vous poser par rapport au deuxième paragraphe.

 20   D'après cette ambassade, le HCR constaterait que la République de Croatie

 21   veuille mettre fin au statut des réfugiés et qu'à ce moment-là, la Croatie

 22   voudrait organiser des convois vers d'autres pays, et notamment pour les

 23   Musulmans. Evidemment, ceci peut être lié à l'entreprise criminelle, mais

 24   nous sommes au mois d'avril 1994. A votre connaissance, à cette date, est-

 25   ce que c'est la fin des conflits ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur le Juge

 27   Antonetti, je ne sais pas si je vous ai mal compris ou bien s'il s'agit

 28   d'une mauvaise interprétation.


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  1   Mais d'abord, il faut dire que la fin du conflit était déjà là. Et

  2   deuxièmement, le HCR promet aux réfugiés la chose suivante et leur dit, Si

  3   la République de Croatie, ce qui n'est pas vrai, donc ils leur disent, Si

  4   jamais la Croatie abolissait leur statut de réfugié, c'est le HCR à ce

  5   moment-là qui procéderait à l'organisation de convois vers des pays tiers.

  6   Si l'on parle de nettoyage ethnique et d'entreprise criminelle commune, et

  7   si l'on parle de ceci même dans le moindre pourcentage, c'est le HCR qui

  8   procédait à ceci et non pas la Croatie, parce que c'est le HCR qui semait

  9   la panique, qui diffusait des informations erronées et qui disait, Voilà,

 10   vous allez peut-être pouvoir perdre votre statut de réfugié. Il est

 11   beaucoup mieux pour vous d'embarquer dans les convois, car nous allons vous

 12   évacuer ailleurs.

 13   Ce n'est pas la Croatie mais le HCR qui avait organisé des convois et qui

 14   évacuait les réfugiés dans des pays tiers.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Et à votre avis, pourquoi le HCR jouait ce jeu ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Aucune idée, absolument aucune idée. Mais si

 17   vous le souhaitez, je pourrais me lancer dans des spéculations qui ont

 18   certains fondements, mais que je ne peux pas prouver, à savoir que c'était

 19   un pays que l'on diffamait, il y avait des jeux d'espionnage, de contre-

 20   espionnage à toutes sortes de niveaux, entre pays et entre blocs, et

 21   cetera, et cetera.

 22   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   Q.  Ce document est suivi par le document 3D32-1372, en anglais, 3D38-0352.

 24   C'est encore une fois une lettre de l'ambassade de la République de Bosnie-

 25   Herzégovine envoyée au gouvernement de République de Croatie, bureau des

 26   réfugiés, 1994.

 27   Mon Général, est-ce que vous pouvez nous parler de ce document ?

 28   R.  Oui. Mais ce document a déjà été montré. Je pense qu'il a un numéro. Je


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  1   m'en souviens très bien. Il a été présenté devant ce Tribunal. Encore une

  2   fois, je déclare que le HCR demande à la Croatie de faire régner l'ordre au

  3   sein de l'organisation chargée du déplacement des civils de la Bosnie-

  4   Herzégovine. Et il est indiqué que les propositions vont être soumises par

  5   la Bosnie-Herzégovine, mais il s'agit ici du HCR, car le HCR se comporte

  6   tout simplement conformément à son comportement habituel. Tout le monde là-

  7   bas se comportait comme s'ils venaient dans un Etat de Papoua. Je ne veux

  8   insulter qui que ce soit, mais c'était vraiment un comportement totalement

  9   impérialiste.

 10   Je me souviens qu'au début du procès, au lieu de parler des

 11   "impressionnistes" français, j'ai parlé des "impérialistes français". Mais

 12   il s'agissait ici vraiment des impérialistes qui étaient venus là-bas sans

 13   aucune honnêteté, aucun respect pour les gens. Je ne parle pas de tout le

 14   monde, mais un bon nombre d'entre eux n'avaient aucun respect pour l'Etat

 15   en question et les règles du jeu. Pourquoi ? Les Juges le constateront.

 16   Q.  D'après vos connaissances, est-ce que le HCR coopérait aussi avec

 17   l'ambassade de la Bosnie-Herzégovine et d'autres organes ?

 18   R.  Oui. Dans tous les aspects, absolument.

 19   Q.  Merci. Et vous avez raison, ce document a déjà été présenté dans ce

 20   prétoire, mais il n'a pas été versé au dossier. C'est la raison pour

 21   laquelle je le présente maintenant, et son numéro était 3D 00304.

 22   Je remercie ma collègue, Mme Nozica, qui m'informe du fait qu'à la page 23,

 23   ligne 13, il a été écrit de manière erronée dans le compte rendu d'audience

 24   que le HCR a demandé auprès de la Croatie de faire régner l'ordre au sein

 25   de l'organisation portant sur l'hébergement de civils de la Bosnie-

 26   Herzégovine. Si mes souvenirs sont bons, vous n'avez pas dit que c'était le

 27   HCR qui l'avait demandé, mais que c'était demandé --

 28   R.  C'est l'ambassade de la Bosnie-Herzégovine qui demandait cela.


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  1   Mme PINTER : [interprétation] Merci beaucoup.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, cette lettre au premier paragraphe,

  3   nous sommes le 19 avril, les dates sont importantes, 1994. Il semble,

  4   d'après l'ambassade de la République de Bosnie-Herzégovine, qu'il y a une

  5   situation qui résulte de l'arrivée de nombreux réfugiés aux frontières de

  6   la République de Croatie. Et d'après l'ambassade, ces gens-là veulent aller

  7   en pays tiers, mais il semble qu'il y ait une critique du HCR, parce que

  8   l'ambassade a dit, "avec l'aide du HCR". Comment vous pouvez décoder cette

  9   lettre ? Il y a plusieurs lectures. Comment vous interprétez ce -- est-ce

 10   que c'est un appel au secours de la République de Bosnie-Herzégovine à la

 11   République de Croatie pour mettre terme à cette situation ? Ou bien est-ce

 12   le constat d'une situation qui échappe totalement à tout le monde, parce

 13   que comme c'est la fin du conflit, il se peut que certains se disent que

 14   leur avenir est dans des pays tiers et non pas en Bosnie-Herzégovine ? A

 15   votre connaissance à l'époque, au mois d'avril 1994, il y avait combien de

 16   réfugiés qui arrivaient tous les jours aux frontières, alors qu'il n'y a

 17   plus de combat ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] En ce qui concerne la question de savoir

 19   combien de réfugiés arrivaient à la frontière, je ne saurais vous répondre

 20   précisément, car les données sont très précises, et donc je ne pourrais pas

 21   vous fournir cette réponse. Mais la deuxième réponse, je peux vous la

 22   donner.

 23   L'ambassade de la Bosnie-Herzégovine, consciente de ce que je disais;

 24   c'est-à-dire si vous souhaitez faire revenir les réfugiés à l'endroit dont

 25   ils se sont réfugiés, il faut qu'ils soient en lieu sûr, mais à proximité

 26   de l'endroit dont ils s'étaient réfugiés.Vous allez comprendre pourquoi

 27   ceci s'est produit ainsi si vous examinez la situation en Bosnie-

 28   Herzégovine aujourd'hui. 200 000 Croates ne sont jamais revenus dans la


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  1   Republika Srpska. Plus de 200 000 Musulmans ne sont jamais retournés en

  2   Republika Srpska. S'agissant de la partie orientale -- ou plutôt, des

  3   Croates qui s'étaient réfugiés de Vares et de Jajce, la plus grande partie

  4   ne sont pas rentrés. Le plus grand retour des réfugiés en Bosnie-

  5   Herzégovine a eu lieu là où c'était le HVO qui contrôlait la situation. Les

  6   données pour corroborer cela existent, et je peux vous les communiquer.

  7   A mon avis, il existait une espèce de jeu politique pour faire en sorte que

  8   ces personnes soient déplacées ailleurs. Et aujourd'hui, si vous le

  9   souhaitez, vous pouvez demander auprès de nos équipes de la Défense, qui

 10   peuvent vous dire le nombre de Bosniens qui vivent aux Etats-Unis, aux

 11   Pays-Bas, en Suède, en Norvège, qui élèvent déjà la deuxième génération,

 12   qui ont très peu de chance de jamais revenir en Bosnie-Herzégovine.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Votre longue réponse - vous auriez pu la raccourcir

 14   - m'amène à une question que vous soulevez, mais vous ne vous en êtes pas

 15   rendu compte.

 16   Vous avez dit qu'il y avait 200 000 Musulmans qui ne sont jamais

 17   retournés en Republika Srpska. En vous écoutant, je me place dans les mois

 18   antérieurs au mois d'avril 1994, le début de l'année 1994 et puis le

 19   deuxième semestre 1993. Quand un Musulman se présente à la frontière de la

 20   République de Croatie avec l'aide du HCR, voire même avec un bon de sortie,

 21   avec une attestation émanant de la Suède, par exemple, comment peut-on

 22   faire la distinction entre le Musulman qui quitte la République de Bosnie-

 23   Herzégovine à cause des Serbes ou à cause du HVO ? Comment peut-on faire la

 24   différence ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, tout d'abord, je vais

 26   vous corriger. Plus de 200 000 Croates de la Republika Srpska et bien plus

 27   que 200 000 Musulmans de la Republika Srpska ne sont pas rentrés dans cet

 28   Etat jusqu'à ce jour. Ça, c'était la première chose.


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  1   Deuxièmement, en ce qui concerne la Croatie, aucune différence n'a été

  2   faite par rapport à la question de savoir qui venait d'où et pourquoi.

  3   C'est une question qui n'a pas été posée. Ça, c'était la première chose.

  4   Deuxièmement, ces personnes étaient tout d'abord placées dans l'un des

  5   centres dans la Croatie, et après, des émissaires différents commençaient à

  6   dire, entre autres, le HCR aussi, qui disait, Il vaut mieux que vous

  7   partiez, vous ne pourrez pas rentrer chez vous, l'on tire là-bas. Bien sûr,

  8   il y avait des gens qui voulaient partir eux-mêmes. Mais à la fois le HCR

  9   et les émissaires faisaient tout pour déplacer le nombre maximum des

 10   réfugiés à l'extérieur de la Croatie. Et bien sûr, la Croatie ne pouvait

 11   rien faire. Si quelqu'un disait qu'il voulait partir et l'autre qu'il

 12   voulait accueillir, c'est comme ça. Mais la Bosnie-Herzégovine protestait,

 13   car eux, ils savaient que si les gens partaient plus loin, il y avait moins

 14   de chance qu'ils reviennent.

 15   Excusez-moi, c'est une longue réponse, mais je n'arrivais pas à la

 16   raccourcir.

 17   M. STRINGER : [interprétation] Pardonnez-moi, Monsieur le Président.

 18   Ceci pourra poser problème peut-être pour le contre-interrogatoire, mais

 19   nous parlons ici du mois d'avril 1994, et je crois que l'on peut se poser

 20   la question de quel était le statut en Croatie à l'époque, comment savait-

 21   il, ou en tout cas, il prétend dire qu'il savait quels étaient les

 22   agissements du HCR et quelle était leur politique. Comment lui-même a-t-il

 23   pris part à tout ceci ? Moi, je pourrai en parler plus tard, mais ce serait

 24   assez long. Je crois qu'en tout cas c'est utile de le signaler.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Praljak, vous avez à plusieurs reprises

 26   parlé du HCR, de sa politique, mais vous avez des éléments concrets ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, suite au retour, début

 28   novembre, retour de la Bosnie-Herzégovine, j'ai été chargé aussi des


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  1   fonctions du porte-parole du ministère de la Défense, donc je connaissais

  2   tous les éléments. J'étais également le conseiller militaire du président

  3   Tudjman, donc j'étais au courant de tout ce qui se passait, plus ou moins,

  4   dans l'Etat. J'étais une personne informée pour deux raisons, ex officio et

  5   aussi parce que je connaissais les gens et je leur parlais, mais aussi en

  6   raison de mes fonctions, car je recevais sur mon bureau des informations

  7   émanant de tous les organes importants qui concernaient l'Etat de Croatie,

  8   que ce soit de la part du SIS, du ministère des Affaires intérieures ou

  9   d'ailleurs.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 11   Maître Pinter.

 12   Mme PINTER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 13   Q.  Peut-être nous pourrions terminer pour ce qui est de ce même sujet.

 14   Général, s'il vous plaît, veuillez vous pencher sur la page 3D32-1-113, en

 15   anglais 3D38-0392. Il s'agit là d'une représentation graphique concernant

 16   les réfugiés et les personnes déplacées en Croatie concernant les années

 17   1992, 1993, 1994 et 1995  -- ou plutôt, 1995 et non pas 1994. Puisque le

 18   Juge Antonetti vous a posé des questions au sujet de l'année 1994, et il en

 19   a été question dans le document que nous avons vu, est-ce que vous pouvez

 20   faire un commentaire concernant cette représentation graphique ?

 21   R.  Est-ce que vous pouvez me dire le numéro en croate ?

 22   Q.  3D32-1-113. Si vous voulez, je peux vous l'ajouter, si vous n'arrivez

 23   pas à le retrouver.

 24   R.  Comment, 14 ou -- comment ?

 25   Q.  Peut-être que je lis mal.

 26   R.  Oui, je crois que vous vous trompez dans la lecture.

 27   Q.  1413.

 28   R.  Là, c'est bon.


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  1   Q.  Ça ressemblait au chiffre 1, mais je me suis trompée.

  2   R.  Oui, je vois.

  3   Q.  Vous avez cela à l'écran ici, en couleur. Ça va être plus facile à

  4   suivre, peut-être.

  5   R.  Oui, maintenant c'est clair. Il s'agit des données concernant les

  6   années 1992, 1993, 1994 et 1995, et il s'agit d'une représentation

  7   graphique portant sur le nombre de réfugiés et de personnes déplacées en

  8   Croatie suivant les années. Il s'agit là des données tout à fait exactes.

  9   Je pense que ce sont les données mêmes du UNHCR.

 10   Q.  Merci. Je souhaite que l'on revienne à un accord --

 11   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Pardonnez-moi, mais je ne trouve pas

 12   que ceci fournit énormément d'informations. Les légendes ne sont qu'en

 13   croate, et je ne vois pas ce que ceci signifie. Est-ce que vous pouvez nous

 14   l'expliquer un petit peu, s'il vous plaît ?

 15   Mme PINTER : [interprétation] Normalement, ceci devrait correspondre aux

 16   chiffres 3D38-0392, la version anglaise de ce même document.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] En vert, nous avons les réfugiés, et en bleu

 18   les personnes déplacées.

 19   IL faut ajouter simplement que des gens venaient et partaient comme c'est

 20   indiqué ici, mais c'est le chiffre permanent. Il ne s'agit pas du chiffre

 21   total des réfugiés et des personnes déplacées de Bosnie-Herzégovine et de

 22   Croatie. Les gens allaient vers la Hongrie et l'Allemagne aussi.

 23   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie.

 24   Mme PINTER : [interprétation]

 25   Q.  Général, vous devriez maintenant vous pencher sur la page 3D32-1379.

 26   C'est un document qui a été versé au dossier dont la cote est 5D 00064.

 27   Vous avez jusqu'à maintenant mentionné plusieurs fois la déclaration

 28   conjointe du Dr Tudjman et d'Alija Izetbegovic en date du 15 juin. Est-ce


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  1   que vous l'avez trouvé ?

  2   R.  Oui.

  3   Mme PINTER : [interprétation] Je vais le dire. En anglais, il s'agit de

  4   3D38-0358.

  5   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je ne l'ai pas.

  6   Mme PINTER : [interprétation]

  7   Q.  Est-ce que vous pourriez dire, Général, pour quelle raison ces

  8   déclarations ont été signées à Zagreb et à Sarajevo le 15 juin ? Est-ce que

  9   vous avez des connaissances à ce sujet, et que pouvez-vous nous dire au

 10   sujet de cette déclaration conjointe ? Dans quelles circonstances a-t-elle

 11   été faite ? Quelles ont été les conséquences de cette signature ?

 12   R.  Vous savez, cette déclaration conjointe a été écrite et formulée de

 13   manière très claire. Il n'y a rien vraiment à ajouter ici.

 14   A Zagreb, on voit la signature. Mais il faut savoir que jusqu'à ce moment-

 15   là, M. Izetbegovic ne pouvait pas sortir de Sarajevo, et je pense que c'est

 16   même mentionné quelque part dans l'introduction.

 17   Il est écrit que M. Izetbegovic ne peut pas sortir de Sarajevo, et

 18   que les deux présidents ont communiqué, le président Tudjman et le

 19   président de la Présidence, M. Izetbegovic, ils se sont mis d'accord pour

 20   écrire un tel texte, qui est tout à fait clair. A moins que vous n'ayez une

 21   question tout à fait concrète, je ne ressens pas le besoin de faire de

 22   commentaires là-dessus.

 23   Ce qui est peut-être important à noter c'est qu'au point 1, il est écrit

 24   que compte tenu du fait que la République de Croatie avait reconnu la

 25   République de Bosnie-Herzégovine et que la République de Bosnie-Herzégovine

 26   avait reconnu la République de Croatie, les deux présidents déclarent qu'il

 27   faut immédiatement commencer à établir les relations diplomatiques et ainsi

 28   de suite. Ensuite, il est question des réfugiés et de leur accueil. On a


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  1   tous les détails, mais je ne peux pas me lancer dans tous ces détails.

  2   Q.  Oui. Je voulais simplement que vous nous disiez pourquoi ça a été signé

  3   à la fois à Zagreb et à Sarajevo, car d'habitude, ce genre de texte est

  4   signé à un endroit.

  5   Est-ce qu'il faut procéder à une pause ou c'est dans dix, 15 minutes

  6   ?

  7   R.  Non. Ce n'est pas encore l'heure de la pause.   

  8   Q.  D'accord, on va continuer. On va aborder le dossier suivant qui

  9   concerne l'éducation ex-territoriale des élèves de Bosnie-Herzégovine en

 10   République de Croatie.

 11   R.  Vous avez, le 8 juillet, la déclaration conjointe signée par les deux

 12   présidents parce que M. Izetbegovic a réussi à quitter la Bosnie-

 13   Herzégovine. Dès qu'il est arrivé à Zagreb le 8 juillet, les deux ont signé

 14   une déclaration pratiquement identique. Le point 2 est particulièrement

 15   important. Nous ne voyons pas ça ici, mais il s'agit de 3D32-1377.

 16   Mme PINTER : [interprétation] En anglais, il s'agit de 3D38-0357 et 0358,

 17   car elle contient deux pages.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Général Praljak, le point 3 de cette déclaration

 19   conjointe, c'est sur la question des deux armées, HVO et AbiH. Ce document

 20   est signé par Izetbegovic et Tudjman. On peut penser que quand M.

 21   Izetbegovic signe, il sait ce qu'il signe.

 22   Le paragraphe 3 dit que la République de Croatie aussi supporte les efforts

 23   du gouvernement et de la présidence de la Bosnie pour consolider la défense

 24   de la république par l'intégration de toutes les armées ou composantes

 25   armées dans une armée unifiée, sous forme d'un commandement de la

 26   présidence de la Bosnie-Herzégovine. Ce document semble indiquer qu'il y a

 27   en réalité deux armées, et que Izetbegovic le reconnaît.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, dans la suite de ma


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  1   déposition aujourd'hui, je vais montrer par le biais de sources différentes

  2   de quelle manière M. Izetbegovic se comportait, pourquoi la HZ HB et le HVO

  3   devaient être établis.

  4   Nous étions l'armée régulière de la République de Bosnie-Herzégovine

  5   et dans ce sens --

  6   Mme PINTER : [interprétation]

  7   Q.  Excusez-moi. Le Président Antonetti parle du deuxième document, pas

  8   celui-ci.

  9   R.  Je sais. Celui du mois de juin et paragraphe 3. C'est la Croatie en

 10   particulier qui a demandé que l'on unifie les composantes, que les

 11   gouvernements se réunissent et ainsi de suite, que l'on établisse un

 12   commandement conjoint. Je vais prouver par la suite que s'agissant d'une

 13   partie du commandement de la Bosnie-Herzégovine et notamment de Sefer

 14   Halilovic, et une partie de la direction de la Bosnie-Herzégovine ont

 15   entravé cela. Il n'était pas du tout possible d'accomplir cela avec eux.

 16   Nos efforts étaient quotidiens et cohérents, mais ils n'ont pas abouti. Je

 17   vais vous montrer la raison pour laquelle nos efforts n'ont pas abouti.

 18   Q.  Merci. Maintenant je vous demande, s'agissant de ce document dont il a

 19   été question, la déclaration conjointe du 8 juillet. Veuillez maintenant

 20   vous pencher sur le point 5, le dernier point de ce document, cette

 21   déclaration conjointe signée à Helsinki. C'est le point 5 qui m'intéresse,

 22   notamment pour ce qui est de l'organisation interne de l'Etat. Vous avez

 23   déjà parlé de cela mais essayez, s'il vous plaît, d'expliquer aux Juges à

 24   quoi ressemblaient les négociations et quelles étaient les positions de la

 25   République de Croatie, des Croates de Bosnie-Herzégovine par rapport à

 26   l'organisation de la Bosnie-Herzégovine ?

 27   R.  Tout d'abord, A, la Croatie, c'est un Etat. B, la Bosnie-Herzégovine

 28   est un Etat. C, le HVO est une armée régulière de la Bosnie-Herzégovine. D,


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  1   en tant que peuple constitutif, nous souhaitons participer aux accords

  2   portant sur l'organisation interne de l'Etat de Bosnie-Herzégovine. Si on

  3   applique le principe un homme/une voix, c'est l'unitarisme inacceptable

  4   pour nous. L'ennemi commun c'est l'agresseur; l'armée de la Republika

  5   Srpska et la JNA. Ensuite, M. Izetbegovic -- j'ai eu une longue réunion

  6   avec lui, mais jamais, et nulle part il n'a dit de quelle manière l'Etat de

  7   Bosnie-Herzégovine devait être organisé. Il ne cessait de refuser des

  8   propositions, mais il n'a jamais dit, voilà la proposition sur la base de

  9   laquelle il faut créer un Etat de Bosnie-Herzégovine libre et indépendant.

 10   Sur la base de cette plateforme nous allons nous battre ensemble pour créer

 11   cet Etat. Si quelque chose était convenu avec la communauté internationale,

 12   deux jours plus tard, il annulait cela, il changeait d'avis et il

 13   déréglementait entièrement toute la situation. Nous en parlerons plus tard.

 14   Q.  Merci. Je vais proposer que l'on aborde un nouveau sujet. Nous n'allons

 15   plus parler des réfugiés en 1992, car je pense qu'il en a été question en

 16   détail jusqu'à maintenant. Je vous demanderais de vous pencher sur la page

 17   3D --

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Comme c'est un nouveau sujet, on peut peut-être

 19   faire la pause.

 20   On va faire la pause de 20 minutes et on reprendra dans 20 minutes.

 21   --- L'audience est suspendue à 15 heures 40.

 22   --- L'audience est reprise à 16 heures 05.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : D'abord, des questions administratives.

 24   Monsieur le Greffier, je crois que vous avez des numéros IC à nous donner.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, suite à votre

 26   décision orale qui a été lue en début d'après-midi, je voudrais donner un

 27   numéro IC à la dernière liste en date de documents qui a été présentée par

 28   la Défense Praljak, liste qui sera présentée par le biais de ce témoin. Ce


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  1   sera la pièce IC 1010. Merci.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. Pendant quelques

  3   instants, je vous demande de passer à huis clos.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos.

  5   [Audience à huis clos partiel]

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13  (expurgé)

 14   [Audience publique]

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Nous sommes obligés d'expurger. Monsieur le

 16   Greffier, on va expurger la ligne 5, 6 et 7.

 17   Nous continuons l'interrogatoire principal.

 18   Monsieur Praljak, j'ai une question de suivi à vous poser. Tout à

 19   l'heure, on a vu des tableaux pour les années 1992, 1993, 1994, les

 20   tableaux étaient en deux couleurs, expulsés, réfugiés. Pendant la pause,

 21   j'ai réfléchi au tableau de l'année 1995. A l'époque, il n'y a plus de

 22   conflit, les gens ne se tirent plus dessus. Mais comment se fait-il qu'en

 23   regardant ce tableau on se rend compte que le nombre monte au fil des mois

 24   ? Est-ce que vous avez une explication à nous donner ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, il y a eu des combats

 26   âpres pendant cette année, c'est qu'il n'y a pas eu d'affrontements entre

 27   l'ABiH et le HVO après les accords de Washington, mais la VRS continuait à

 28   se battre jusqu'aux accords de Dayton, jusqu'à l'opération Tempête et à


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  1   celle où le HVO et l'armée croate ont remporté des victoires. Donc cela ne

  2   s'est pas arrêté en Bosnie orientale, et c'était toujours en train de se

  3   poursuivre.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc votre réponse complète la réponse que vous

  5   m'aviez donnée avant la pause, c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de

  6   réfugiés musulmans dont le sort est directement lié aux Serbes, et ce, pour

  7   l'année 1995. C'est ce qu'on doit comprendre ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact, pour 1994 et 1995.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : D'accord.

 10   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   Q.  Général, comme nous l'avons dit avant la pause, nous passons à un autre

 12   chapitre. C'est l'éducation pour les élèves de la Bosnie-Herzégovine en

 13   dehors du territoire de cette dernière. Cela commence à la page 3D32-1415,

 14   en version anglaise, 3D38-0394. Le nombre total de documents concernés est

 15   de 67, et nous en avons 30 documents dans l'extrait qui figure ici.

 16   Je voudrais d'abord que vous nous donniez un aperçu de ce qui figure au

 17   3D32-1416, en version anglaise 3D38-0395, concernant le nombre

 18   d'établissements scolaires concernés.

 19   R.  Madame Pinter, nous n'avions pas dans cette école des élèves croates de

 20   Bosnie-Herzégovine. Ces écoles ont été organisées, mises en place

 21   uniquement pour que les élèves bosniens de Bosnie-Herzégovine aient la

 22   possibilité, s'ils le souhaitent, de disposer d'un programme particulier,

 23   programme ainsi organisé que leur soient enseignées la littérature et

 24   l'histoire de leur propre pays, je l'ai déjà expliqué une fois à l'occasion

 25   de la déposition d'un témoin dans ce prétoire. Dans les écoles qui figurent

 26   sur cette carte a été organisé un programme pour les Musulmans -- pour les

 27   Bosniens, ainsi que je l'ai expliqué, donc l'histoire, la littérature et la

 28   langue. C'est la première fois que l'on voit apparaître l'appellation de


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  1   "langue bosnienne". La première fois que cela est arrivé, cela n'a pas été

  2   en Bosnie-Herzégovine par suite d'une décision de la présidence de la

  3   Bosnie-Herzégovine. Cela est survenu en Croatie, au titre du droit d'un

  4   peuple de choisir sa propre langue.

  5   Q.  Merci. Peut-être encore un document de cet extrait qui nous montre le

  6   nombre d'élèves originaires de Bosnie-Herzégovine en République de Croatie.

  7   C'est en page 3D32-1425, en version anglaise, c'est la 3D38-0405. Ce

  8   document est émis par Mme le ministre de l'Education et de la Culture, et

  9   le rapport est élaboré par le bureau des réfugiés et des personnes

 10   déplacées de la République de Croatie.

 11   Avez-vous un commentaire concernant le nombre de ces élèves, la période de

 12   temps concernée ?

 13   R.  Messieurs les Juges, il est dit ici que le plus grand nombre des élèves

 14   bosniens a été intégré dans le système scolaire de la République de Croatie

 15   sur une base volontaire et sur leur propre demande. Cependant, une partie

 16   de ces élèves, Bosniens, évidemment, puisque les Croates n'avaient pas

 17   besoin qu'on leur fournisse des programmes spéciaux, une part de ces élèves

 18   a demandé à disposer de ce statut d'extraterritorialité dans son cursus.

 19   Cela a été accordé et on s'est efforcé de fournir des enseignements de

 20   langue, de culture et d'histoire de la Bosnie-Herzégovine. C'est un pan

 21   tout à fait particulier du système éducatif de République de Croatie qui a

 22   ainsi été organisé pour les enfants réfugiés de Bosnie-Herzégovine, et on a

 23   défini un poste budgétaire à part entière pour les besoins correspondants.

 24   Q.  Pour ce qui est de 1993-1994, peut-être que vous pourriez dire que cela

 25   concerne l'année scolaire 1993-1994, puisque c'est la période qui nous

 26   intéresse.

 27   Nous avons encore de nombreux sujets à aborder. Peut-être que pour

 28   gagner du temps --


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  1   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] J'aimerais poser une question,

  2   Monsieur Praljak.

  3   Que doit-on penser de ces écoles spéciales ? Une possibilité serait qu'il y

  4   ait un bâtiment spécial qui est intitulé "Ecole pour les Musulmans de

  5   Bosnie," par exemple, et on faisait la classe à ces élèves. L'autre

  6   possibilité serait qu'à l'intérieur de l'école qui sert à tout le monde,

  7   l'école "normale", où des cours de langue, de littérature et d'histoire

  8   étaient enseignés dans des classes spéciales destinées aux élèves bosniens.

  9   Quelle était la situation, la première ou la deuxième des deux options ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] De l'un comme de l'autre, Monsieur le Juge

 11   Trechsel. Il s'agit de l'un comme de l'autre, en terme de solution. A

 12   certains endroits, il y avait des écoles où l'on enseignait la langue, la

 13   culture, l'histoire, qui faisaient l'objet d'un enseignement

 14   supplémentaire. Et ailleurs, là où il y avait des écoles de taille plus

 15   importante, on organisait des cours à part. Il n'était pas nécessaire

 16   d'établir une école particulière, mais cela pouvait être juste un bâtiment.

 17   Et pour élargir peut-être un petit peu, dès 1993, on a vu apparaître des

 18   problèmes sur certaines îles, car les gens voulaient que des touristes

 19   puissent venir, et ils ont demandé à ce que l'on fasse déménager ces

 20   différentes classes des bâtiments où elles se tenaient, parce qu'ils

 21   voulaient pouvoir les utiliser aux fins du tourisme.

 22   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] C'est tout ce que je voulais savoir.

 23   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 24   Q.  Général, passons maintenant au sujet suivant, le chapitre suivant, qui

 25   concerne l'aide de la République de Croatie à l'enclave de Bihac au cours

 26   de la guerre en Bosnie-Herzégovine. La Défense possède 1 790 documents

 27   relatifs à ce sujet. Nous en avons 113 dans ce chapitre, chapitre qui

 28   commence à la page 3D32-1446.


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  1   Ce qui, en version anglaise, se trouve en page 3D38-0431.

  2   Q.  Que pouvez-vous nous dire de façon générale à ce sujet avant de passer

  3   concrètement au document ?

  4   R.  Je vais essayer de faire le plus bref possible. J'ai participé

  5   personnellement à certaines parties de cette aide globale de la République

  6   de Croatie à Bihac, pour ce qui est par exemple du transfert de certaines

  7   unités en passant par certaines routes qui n'étaient pas encore couvertes,

  8   si l'on peut dire, par les lignes serbes. Et cela est fait de façon

  9   ininterrompue à partir de 1992 jusqu'à l'opération qui a été conduite enfin

 10   d'empêcher que Bihac ne soit anéanti et connaisse le même sort que

 11   Srebrenica. C'est alors que l'armée croate a reçu le feu vert de la

 12   communauté internationale et des Américains afin de procéder conjointement

 13   avec le HVO et l'ABiH à une offensive visant à libérer cette zone en allant

 14   jusqu'à Banja Luka. Lorsque nous y sommes arrivés, nous avons de nouveau

 15   été arrêtés par les Américains. Pendant toute cette période, l'aide

 16   apportée à Bihac a été globale au sens où elle couvrait tous les secteurs

 17   et elle arrivait de République de Croatie par tous les moyens possibles,

 18   par hélicoptère, par avion. Au début, comme je l'ai dit, on passait près

 19   des lignes quand c'était encore possible, et s'il n'y avait pas eu

 20   intervention de l'armée croate, Bihac aurait connu le même sort que

 21   Srebrenica et n'aurait pas été en mesure de se maintenir ni même de

 22   survivre sans l'aide fournie par la République de Croatie.

 23   Q.  Général, juste pour le compte rendu d'audience, quand a eu lieu cette

 24   opération militaire conjointe ?

 25   R.  C'était au début de l'automne 1995.

 26   Q.  Merci. On m'avertit qu'il faudrait que je ralentisse un petit peu. Nous

 27   avons parlé des avions et des formations qui étaient dispensées pour former

 28   des pilotes d'avion. C'est la page 3D32-1485 et en version anglaise 3D38-


Page 8247

  1   0477. C'est signé par le responsable. Je ne peux pas lire exactement le

  2   titre, car c'est illisible, Sefer Halilovic, l'état-major de Bosnie-

  3   Herzégovine émet un ordre pour qu'on dispense une formation aux pilotes.

  4   Vous en avez déjà parlé, mais ce document nous montre de façon tout à fait

  5   claire de quoi il s'agissait pendant quelle période, où et pour quel type

  6   d'avion. Peut-être pouvez-vous commenter cela ? Pourquoi il était important

  7   de former ces hommes au pilotage de ces avions ? Comment il était possible

  8   d'atteindre l'enclave de Bihac ?

  9   R.  On procédait à des vols à bord d'avions Antonov. Je ne vais pas rentrer

 10   dans les détails dans la façon dont on allume ou on éteint les phares, le

 11   silence radio que l'on observait à bord. Tout cela est disponible dans les

 12   déclarations que les pilotes eux-mêmes ont données pour ce même Tribunal,

 13   d'un point de vue technique, c'est tout à fait clair et je n'y reviendrai

 14   pas. Je le répète, je sais bien qu'il est impossible de lire l'ensemble de

 15   ces 1 000 et quelques documents, mais quand je dis qu'il s'agissait ici de

 16   tout; des armes, des vivres, l'évacuation des blessés, la formation

 17   dispensée aux pilotes, le transport des unités, tout cela entrait dans ce

 18   même cadre.

 19   Q.  Merci. Nous avons déjà demandé le versement d'un certain nombre de

 20   documents relatifs à cette aide, je voudrais donc que l'on passe au dernier

 21   chapitre. Cela concerne l'aide fournie par la République de Croatie dans le

 22   domaine du sport. Aide fournie à la Bosnie-Herzégovine, c'est en page 3D32-

 23   1560 en version croate, et en version anglaise 3D38-0577. Nous avons trois

 24   documents en tout, et dans cet extrait, ils sont tous présents. Cependant,

 25   vous disposez d'éléments à titre personnel concernant cette modalité d'aide

 26   fournie par la République de Croatie. Aussi, je vous prie de bien vouloir

 27   dire aux Juges de la Chambre ce que vous en savez.

 28   R.  J'en sais quelque chose car à l'époque déjà j'en avais partiellement


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  1   connaissance. Le président du comité olympique croate, Anto Vrdoljak,

  2   l'actuel membre permanent du comité olympique international qui est

  3   également un réalisateur de cinéma croate connu, que je connais depuis

  4   plusieurs décennies, était vice-président de la présidence de Croatie après

  5   les premières élections démocratiques. Il était le suppléant pour Franjo

  6   Tudjman si cela s'avérait nécessaire. Il était le directeur général de la

  7   télévision croate pendant ces années difficiles, et les sportifs croates,

  8   en raison de la relation privilégiée qu'il avait avec M. Juan Samaranch

  9   qu'il connaissait personnellement, ont réussi à se faire inviter à

 10   Barcelone en 1992. C'est à bord du même avion qu'ils s'y sont rendus

 11   ensemble avec des sportifs de Bosnie-Herzégovine, ces mêmes sportifs

 12   bosniens se sont entraînés aux coûts de l'Etat croate. En Istrie, cela leur

 13   a été payé également, tout comme le vol en question leur avait été payé par

 14   la compagnie aérienne croate, car Vrdoljak était membre du conseil de

 15   direction de cette compagnie aérienne. C'est donc un officiel de haut rang

 16   qui a participé à l'organisation de tout cela.

 17   J'estime que c'est particulièrement important car s'il y avait eu la

 18   moindre volonté de procéder à la séparation d'un Etat sécessionniste de

 19   partager la Bosnie-Herzégovine, cela n'aurait certainement pas donné lieu à

 20   l'organisation de ce qui se fait conjointement, la participation conjointe

 21   et le financement de ces activités sportives.

 22   Je me rappelle qu'il y avait aussi un problème qui est apparu d'un

 23   point de vue financier. Cela a coûté 2 millions de marks que de financer

 24   tout cela, et je sais que le ministère des Finances s'en est plaint, cela

 25   représentait une charge énorme pour la Croatie à l'époque. Mais le

 26   président Tudjman était déterminé et il a dit, donnez-nous cet argent. Nous

 27   envoyons les deux délégations à Barcelone, et c'est ainsi que la Bosnie-

 28   Herzégovine est apparue avec son propre drapeau à fleurs de lys.


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  1   Le second document concerne le même sujet, mais pour ce qui concerne

  2   les Jeux méditerranéens en France, et c'est encore une fois la même

  3   histoire. La Croatie amène la délégation des sportifs bosniens dans le même

  4   avion. Ils partent ensemble, ils reviennent ensemble. Ils s'entraînent

  5   également ensemble, car ils jouissent là de conditions adéquates alors

  6   qu'en Bosnie-Herzégovine on ne peut pas s'entraîner. Là encore en 1993, par

  7   cet acte, la Croatie affirme que la Bosnie-Herzégovine est un pays

  8   méditerranéen qui dispose de 10 ou 12 kilomètres de côte. En tout état de

  9   cause, c'est un pays méditerranéen. Or, s'il avait existé le moindre plan

 10   visant à procéder à une séparation de Neum ou de quelque autre endroit que

 11   ce soit, on n'aurait pas amené toute une délégation sportive pour qu'elle

 12   participe à une manifestation sportive dans un autre Etat, occasion à

 13   laquelle on a confirmé qu'il s'agissait d'un pays méditerranéen disposant

 14   d'une sortie vers la mer, je ne peux dire de plus.

 15   Par ailleurs, Anto Vrdoljak a fourni les informations indiquant où

 16   tout cela est écrit noir sur blanc de façon très précise, si les Juges de

 17   la Chambre l'estiment nécessaire.

 18   Q.  Pouvez-vous simplement dire la date exacte à laquelle se sont

 19   tenus ces Jeux méditerranéens ? Je pense que c'est important. C'est écrit

 20   au tout début du document, si vous le voyez.

 21   R.  Les Jeux méditerranéens ont été tenus du 10 juin au 27 juin 1993.

 22   Q.  Ce document figure en page 3D32-1562, en version anglaise c'est la page

 23   3D38-0579. Je pense qu'à présent nous pourrions passer à la fédération de

 24   basket.

 25   R.  Non. Mais je voudrais juste dire que le même type de coopération

 26   existait dans le domaine de la culture pour ce qui est du théâtre, des

 27   écrivains, et ainsi de suite. De nombreux acteurs, d'écrivains à l'époque

 28   étaient des réfugiés qui avaient quitté la Bosnie-Herzégovine et tournaient


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  1   des films en Croatie, ils jouaient sur scène en permanence, je le sais de

  2   première main.

  3   Q.  Très bien. Nous pouvons alors passer à cet autre ouvrage, nous en avons

  4   terminé avec la question de l'aide fournie par la République de Croatie à

  5   la Bosnie-Herzégovine, et nous passons à un nouveau sujet.

  6   Mme PINTER : [interprétation] Il faut que je fournisse une explication aux

  7   Juges. Puisqu'à l'occasion des débats qui ont portés sur différents

  8   ouvrages la semaine dernière, il y a eu des difficultés pour suivre ces

  9   documents dans le prétoire électronique. Nous avons re-scanné les ouvrages

 10   et je vais redonner les nouvelles références afin qu'il n'y ait pas de

 11   problème pour suivre les différents extraits à l'écran. Je pense qu'il nous

 12   faudra toutefois attraper le bon rythme au début.

 13   Les ouvrages que nous allons maintenant aborder se trouvent dans le

 14   classeur numéro 2 et le classeur numéro 3 que nous avons déjà fournis la

 15   semaine passée. Cependant, je voudrais demander à M. l'Huissier de nous

 16   porter assistance, car nous avions déjà évoqué cet ouvrage, "J'ai été le

 17   diplomate d'Alija", qui a été re-scanné et qui figure maintenant la

 18   référence 3D 03554. Nous avons déjà demandé le versement de ce livre, et

 19   sous le numéro 3D 03557, nous avons la deuxième partie de cet ouvrage. Au

 20   début de l'audience, j'ai fourni quatre exemplaires pour MM. les Juges.

 21   Le général Praljak les a, mais j'ai fourni des exemplaires pour les

 22   Juges de la Chambre. J'ai déjà donné le nom, c'est le livre de Muhamed

 23   Filipovic.

 24   Q.  Général, vous avez préparé un certain nombre d'ouvrages que vous

 25   souhaitiez aborder et vous estimez qu'il s'agit d'ouvrages importants et

 26   les données qu'ils contiennent le sont aussi si l'on souhaite comprendre

 27   les circonstances dans lesquelles ont eu lieu ces différents événements.

 28   Pour commencer, qui était Muhamed Filipovic ?


Page 8251

  1   R.  J'ai préparé ces livres, Messieurs les Juges, pour la raison suivante,

  2   il est beaucoup mieux si les Musulmans et les Bosniaques qui ont écrit sur

  3   les événements dont nous parlons, il me semblait utile de pouvoir vous

  4   citer les passages des livres de leurs affirmations, car ces affirmations

  5   démontrent qu'ils étaient d'accord avec mes affirmations. Il y a bien sûr

  6   toujours un danger, le danger réel du fait qu'un homme qui est accusé de

  7   crimes de guerre a beaucoup moins de crédibilité qu'un écrivain. C'est donc

  8   la raison pour laquelle dans les heures qui suivront je vais tenter de

  9   démontrer ce dont je vous ai parlé.

 10   Ce sont des sujets qui ont déjà été abordés par des personnes de

 11   grande renommée, des Musulmans, des généraux et des représentants hauts

 12   gradés du gouvernement. M. Filipovic était un partisan en 1943. Il a

 13   d'abord étudié à Belgrade et ensuite à Zagreb en philosophie. Ensuite, il

 14   est retourné à Sarajevo où il a obtenu son doctorat et il a enseigné la

 15   logique et l'anthologie. A la Faculté de philosophie à Sarajevo, il a

 16   rédigé de dix à 11 livres, il est l'auteur de tous ces ouvrages et entre

 17   autres, il a rédigé un grand nombre d'ouvrages sur l'histoire de la Bosnie-

 18   Herzégovine, en parlant du peuple bosnien. Il est membre permanent de

 19   l'Académie des arts et des sciences de Bosnie-Herzégovine. Il l'est depuis

 20   les années '70, c'est l'un des intellectuels les plus éminents du peuple

 21   musulman.

 22   A la fin de la guerre, il a été diplomate, il a pris part aux

 23   négociations de Genève, et c'était un membre éminent du Parlement de

 24   Bosnie-Herzégovine. De concert avec M. Zulfikarpasic, il avait un parti qui

 25   dans certaines parties était très puissant. Par la suite, il était

 26   ambassadeur en Suisse et par la suite à Londres.

 27   J'ai tiré les extraits les plus importants de ce livre pour voir ce

 28   que dit cette personne sur les faits, pour voir si ce qu'il dit est


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  1   conforme à mes conclusions et à mes pensées.

  2   Q.  Comme je l'ai déjà mentionné, le document porte la cote 3D 03554.

  3   Mentionnez la page, s'il vous plaît.

  4   "J'étais diplomate d'Alija" et on commence avec l'année 1990. C'est une

  5   période qui nous intéresse. Qu'est-ce que vous aimeriez nous dire ? Voilà,

  6   je vous cède le micro.

  7   R.  Très bien. Abordons les choses étape par étape, je vais, selon les

  8   instructions des Juges de cette Chambre et le Président cette Chambre

  9   d'audience, je ne vais pas donner lecture des passages; je vais simplement

 10   dire quelles sont ces affirmations et ces affirmations sont dans son texte.

 11   Prenez, je vous prie, la page 12 du texte croate, s'il vous plaît, ou du

 12   texte bosnien, si vous voulez.

 13   Q.  Il s'agira du document 3D41-0821 en Croate, et en anglais, 3D41-0867.

 14   R.  Dans son introduction, il se demande qui sont les responsables du sort

 15   de la Bosnie-Herzégovine. Il dit qu'indépendamment de toutes les autres

 16   influences, la responsabilité principale selon lui, du sort qui est arrivé

 17   aux Musulmans, repose sur les épaules des dirigeants et des intellectuels

 18   de Bosnie-Herzégovine.

 19   Il avance un peu plus loin, mais c'est encore l'introduction ici, il dit

 20   que ce texte ne portera que sur les événements pour lesquels il a participé

 21   activement.

 22   Q.  Excusez-moi. C'est la page en croate, 3D41-0822, et en anglais il

 23   s'agit de la même page, 3D41-0867.

 24   R.  Il dit qu'Alija Izetbegovic était le réel chef de cet Etat, non pas

 25   seulement de par son titre, et ce pendant toute la période de la guerre. Il

 26   dit également que tout ceci, et entre autres sa politique, a fait en sorte

 27   qu'il s'agissait d'un protectorat à des forces étrangères et que c'est

 28   ainsi qu'on a décidé du sort de ce pays pendant qu'il rédigeait son livre.


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  1   Ensuite, il parle du fait qu'en 1991, déjà lors de sa visite en Croatie et

  2   en Slovénie, qu'il était l'un des membres principaux de l'organisation

  3   musulmane bosniaque et qu'il a pris part aux négociations avec les Serbes

  4   de Bosnie en juillet et août 1991, nous verrons plus loin, nous parlerons

  5   de l'initiative de l'accord de M. Izetbegovic, de son approbation de cette

  6   initiative.

  7   Ensuite, il parle de la conférence de Londres, et dit qu'en hiver, page 16

  8   en croate --

  9   Q.  Il s'agit du document 3D41-0823 en croate et 3D41-0868 en anglais.

 10   R.  Et c'est ainsi que -- il dit plus loin qu'en 1993, lorsque l'union a

 11   été proclamée des trois Etats à l'intérieur de la Bosnie-Herzégovine, cette

 12   représentation diplomatique a cessé d'exister. Et qu'en 1993, il n'a plus

 13   participé aux négociations de paix et il a été envoyé en tant

 14   qu'ambassadeur en Suisse, et par la suite, il a été envoyé à Londres

 15   jusqu'en 1996, où par la suite il a été démis de ses fonctions.

 16   Et par la suite, j'aimerais que l'on passe à la page 32 en bosnien.

 17   Q.  En fait, il s'agit du document 3D41-0824 en croate, et 3D41-0868 en

 18   anglais.

 19   R.  Il parle rapidement de l'histoire. Je ne vais pas m'étaler trop

 20   longuement, mais je vais néanmoins essayer de vous expliquer ou de vous

 21   dire ce qu'il dit pour ce qui est de l'organisation dans laquelle il vivait

 22   à partir de 1953, c'était Djilas, ainsi de suite. Les Juges pourront poser

 23   des questions s'ils le souhaitent. Par la suite, il mentionne ce que j'ai

 24   déjà dit, à savoir de quelle façon on a procédé à la coordination de cette

 25   violence politique qui a été menée contre la population croate pendant le

 26   printemps croate en 1971, lorsqu'on a anéanti, on a détruit le leadership

 27   politique, on l'a remplacé, l'Etat et les dirigeants à l'intérieur de

 28   [inaudible], situation qu'on a également vue en Serbie aussi.


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  1   En fait, c'est la page suivante.

  2   Q.  Non, non, je m'occupe des pages.

  3   R.  Ensuite, il nous fait une analyse qui explique de quelle façon les

  4   désirs d'une plus grande liberté ont vu le jour et le désir d'organiser les

  5   choses de façon différentes, alors qu'on prenait un cours nationaliste, car

  6   on ne pouvait pas résoudre les choses de façon différente. Et ensuite plus

  7   loin à la page 36 en bosnien.

  8   Q.  Il s'agira de la page 3D41-0852 en croate et 3D41-0868 en anglais.

  9   R.  Il poursuit en disant que si jamais il y avait quelques incertitudes,

 10   quelles indécisions quant au programme de Slobodan Milosevic, et il parle

 11   du discours qu'il avait prononcé à Gazimestan. Toutes les personnes

 12   présentes et même les aveugles auraient du comprendre qu'il s'agissait d'un

 13   programme visant à expulser les gens et que tout ceci s'est terminé en une

 14   hécatombe. Il parle également de quelque chose qui est important pour les

 15   personnes qui souhaitent parler d'histoire, à savoir que Milosevic est venu

 16   à la tête de l'Etat, non pas seulement parce qu'il s'est imposé lui-même,

 17   mais parce que les forces politiques, les personnes, les intellectuels

 18   avaient besoin de lui pour réaliser leur programme qui avait été développé

 19   dans le mémorandum de l'Académie serbe des arts et des sciences.

 20   Et il poursuit en disant que tout ceci déjà à l'époque de la première

 21   Yougoslavie, et même avant la première Yougoslavie, que les Serbes

 22   n'avaient pas terminé comme ils l'avaient souhaité de procéder à

 23   l'unification de tous les territoires à l'intérieur du territoire serbe. Et

 24   que ceci avait été défini, à savoir les territoires qu'ils estimaient être

 25   les leurs, et je cite, "tous les pays où il existe des tombes serbes," ou

 26   sur les territoires de l'ancien empire Ottoman, c'est-à-dire jusqu'à

 27   Karlobag et Virovitica, c'est la carte que nous avons vue à de nombreuses

 28   reprises.


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  1   Q.  Oui, un instant, Mon Général. C'est en anglais à la page 3D41-0869.

  2   R.  Ensuite il parle du fait qu'ils avaient complètement aboli la

  3   constitution en annulant le Kosovo et la Vojvodine, l'indépendance et

  4   l'autonomie de Kosovo et de la Vojvodine et qu'ils avaient révisé la

  5   situation disant que la situation où les Serbes dominaient était intenable

  6   et tout observateur pouvait voir que c'était très clair.

  7   Maintenant je parle de la page 38, donc je suis à la page 38.

  8   Q.  3D41-0826 en croate et 3D41-0869 en anglais.

  9   R.  Ensuite M. Filipovic poursuit et dit que ce qui s'est passé dans les

 10   années '90, au début des années '90, c'est-à-dire qu'on allait permettre à

 11   la Slovénie de partir de la Yougoslavie, que l'idée existait déjà à

 12   l'époque du roi Alexandre Karadjordjevic en 1929, c'est-à-dire on l'avait

 13   appelé à l'époque l'amputation de la Slovénie et de la partie nord de la

 14   Croatie. C'est-à-dire que déjà en 1929, Alexandre Karadjordjevic, le roi de

 15   Yougoslavie, le roi serbe avait déjà demandé que la Slovénie et que la

 16   partie croate au nord de la frontière Karlobag-Karlovac-Virovitica, que ces

 17   derniers pouvaient se séparer pour une Serbie entière reste derrière, alors

 18   tout le monde avait déjà compris qu'à l'intérieur de la Yougoslavie

 19   existait une seule solution, c'est-à-dire au début de l'époque Milosevic,

 20   que la seule solution était de sortir de ce pacte, de se déclarer

 21   indépendant. Et ensuite il dit que cette indépendance et que cette

 22   souveraineté de la république à l'intérieur de la Yougoslavie était déjà

 23   fondée lors de l'AVNOJ, le Conseil antifasciste du peuple yougoslave tenu à

 24   Jajce en 1943, où les représentants des peuples qui étaient membres du

 25   mouvement antifasciste des partisans s'étaient mis d'accord pour dire

 26   quelles sont les conditions dans lesquelles ils s'unissent, de quelle façon

 27   est-ce qu'ils peuvent se séparer. Et encore une fois, ceci est repris dans

 28   la constitution de 1974.


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  1   Ensuite il dit plus loin que chaque question posée quant à la

  2   réalisation de ces droits, parce qu'en fait, le nationalisme serbe ne le

  3   permettait pas; que la Yougoslavie n'était pas composée de peuples qui

  4   n'étaient pas serbes, et que la seule chose à faire était de se séparer. En

  5   fait, que la Yougoslavie n'était pas aimée par les groupes ethniques qui

  6   n'étaient pas serbes et que la seule solution était de se dissocier.

  7   Q. [aucune interprétation]

  8   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Excusez-moi.

  9   Pardonnez-moi, Madame Pinter. Je souhaite poser une seule question

 10   sous la forme d'un appel que je vous lance à vous et à M. Praljak. Nous

 11   avons entendu un certain nombre d'extraits qui ont été lus, extraits de cet

 12   ouvrage. Ceci m'intéresse beaucoup, y compris la réunion de Jajce, et

 13   cetera. Mais d'un autre côté, je ne comprends pas très bien quel est

 14   l'objet de tout ceci, Monsieur Praljak, je ne sais pas ce que vous

 15   souhaitez ou vous entendez prouver par là. J'espère que vous allez, le

 16   moment venu, nous le dire.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Je partage le point de vue de mon collègue. On

 18   essaye de comprendre ce que vous voulez démontrer. M. Muhamed Filipovic a,

 19   si ma mémoire est bonne, témoigné dans un procès ici. C'était un témoin de

 20   l'Accusation. Vous venez de lire plusieurs pages qui concernent en réalité

 21   l'action des Serbes. Vous n'allez pas passer toute l'histoire de la Serbie

 22   à partir des écrits de Filipovic parce qu'on sera encore là demain matin.

 23   Comme le dit mon collègue, venez tout de suite aux faits. Qu'est-ce que

 24   vous voulez prouver ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est très simple, Monsieur le Président,

 26   Messieurs les Juges.

 27   M. Filipovic décrit de façon précise, et je n'ai cité que les passages les

 28   plus courts pour vous expliquer ce qu'il dit. C'est-à-dire que chaque homme


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  1   politique responsable et qui mène son pays, et ceci a trait bien sûr à

  2   Alija Izetbegovic, et nous allons en arriver dans quelques instants, et que

  3   chaque homme a pu comprendre très bien de quoi il en était. Et vous verrez

  4   que M. Izetbegovic se comporte contrairement à la logique et vous verrez

  5   ceci immédiatement. Nous allons parler maintenant de la visite de M.

  6   Filipovic à Zagreb en 1991, qui est importante dans cette affaire, n'est-ce

  7   pas, parce que c'est pertinent.

  8   Vous verrez à la page 44 --

  9   Mme PINTER : [interprétation]

 10   Q.  Un instant, Mon Général. C'est la page 3D41-0827 en croate; et en

 11   anglais, 3D41-0869.  

 12   R.  Oui, justement. Donc il dit ici la même chose, il dit que c'est

 13   malheureux, mais que la politique n'avait pas été menée comme il le

 14   fallait, que les Musulmans et les intellectuels musulmans ne l'avaient pas

 15   fait correctement.

 16   Et ensuite on passe à la page 52.

 17   Q.  3D41-0828, ou bien en anglais, 3D41-0870.

 18   R.  Oui, justement. La page 53, je ne sais pas si c'est à la même page.

 19   Q.  Oui.

 20   R.  C'est ce qui nous intéresse ici. Alija Izetbegovic ne souhaite pas

 21   Zulfikarpasic et Filipovic dans son parti, alors que M. Filipovic vous

 22   décrit ici pourquoi. Mais il ne souhaite pas, lui non plus, faire partie de

 23   ce parti car les membres de ce parti étaient Omer Behman, Hasan Cengic,

 24   Salim Sabic et des gens comme lui. Et pourquoi ne voulait-il pas devenir

 25   membre de ce parti ? Parce que ces derniers fondaient leurs politiques sur

 26   la religion. C'était des gens qui avaient passé beaucoup de temps en prison

 27   en tant que Jeunes Musulmans et leurs positions politiques dérivaient de

 28   leurs convictions religieuses.


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  1   M. Filipovic estimait que la politique et la religion, enfin, que les

  2   deux étaient séparés, et par la suite, nous verrons dans ce livre qu'Alija

  3   Izetbegovic n'était pas indépendant lorsqu'il s'agissait de prendre des

  4   décisions, mais qu'il prenait une décision et que les dirigeants du parti,

  5   dont les membres étaient les personnes que j'ai mentionnées, ces Jeunes

  6   Musulmans changeaient ses décisions. C'est très important ici, il est très

  7   important que les Juges comprennent pourquoi ce dernier avait changé un si

  8   grand nombre de décisions.

  9   Q.  Vous parlez de Alija Izetbegovic, ici ?

 10   R.  Oui, bien sûr.

 11   Donc, voilà, 53 --

 12   Q.  Un instant, s'il vous plaît.

 13   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît. Je

 14   voudrais simplement que l'on précise quelque chose au compte rendu

 15   d'audience.

 16   Lorsque M. le général parle de Jeunes Musulmans, les Jeunes, le mot "jeune"

 17   devrait être écrit en lettres majuscules, et je crois qu'il serait bon que

 18   le général explique ce que cela veut dire. Qu'il nous explique quelle est

 19   cette organisation de Jeunes Musulmans afin que nous puissions suivre le

 20   texte du livre.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] L'organisation des Jeunes Musulmans

 22   avait été créée lors de la Deuxième Guerre mondiale. Et après la Deuxième

 23   Guerre mondiale, il y avait plusieurs procès menés à leur encontre. M.

 24   Izetbegovic a été accusé deux fois, il a passé deux fois par la prison en

 25   tant que Jeune Musulman. Leurs convictions sont connues, mais je vais vous

 26   parler de leurs convictions, de leurs positions lorsque je parlerai d'un

 27   livre musulman, d'un livre rédigé par un Musulman, qui s'appelait "Les

 28   Jeunes Musulmans". Et d'après les déclarations de M. Izetbegovic, ces


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  1   derniers menaient le parti du SDA, le parti principal pendant la guerre.

  2   Selon Filipovic, il s'agissait d'hommes qui n'avaient pas très bien saisi

  3   le problème, ils n'étaient pas à la hauteur du problème et menaient une

  4   politique de religion, le même type de politique qu'avait formulée M.

  5   Izetbegovic dans sa déclaration islamique au début de 1990.

  6   Passons maintenant à la page suivante.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Les situations politiques sont extrêmement

  8   compliquées dans l'ex-Yougoslavie et nous le savons. Et là, j'essaye de

  9   comprendre ce que vous voulez nous dire, car c'est très très compliqué.

 10   J'ai cru comprendre ces derniers jours que vous aviez de M. Izetbegovic une

 11   impression, disons, positive, pas totalement négative à son égard. Et là,

 12   si je vous suis bien, vous semblez nous dire, mais je me trompe peut-être,

 13   mais vous semblez dire que M. Izetbegovic disait certaines choses, et puis

 14   après il changeait de point de vue. Et si je comprends bien, il changeait

 15   de point de vue à cause de son entourage qui était plutôt dans la ligne des

 16   Jeunes Musulmans, c'est-à-dire un entourage assez religieux qui mettait

 17   donc la politique au bénéfice de la religion. Et que de ce fait,

 18   Izetbegovic pouvait prendre des positions qui n'étaient pas totalement les

 19   siennes mais reflétaient celles de son entourage. Est-ce que c'est ça que

 20   vous voulez nous dire ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est tout à fait exact, Monsieur le Président

 22   Antonetti. Voici pourquoi j'ai choisi ce livre. J'ai peut-être cité un peu

 23   trop de pages, si vous voulez, mais si vous lisez bien ces passages et si

 24   vous comprenez quel était le comportement de M. Izetbegovic au début de la

 25   guerre et avant la guerre, vous découvrirez que des gens complètement

 26   irresponsables n'auraient pas créé le HZ HB et le HVO. Il n'a rien fait

 27   pour préparer cette guerre, et si on n'avait pas réagi, on aurait été

 28   battus et chassés. C'est ce qu'on peut comprendre à la lecture de ce livre,


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  1   rédigé par M. Filipovic, car ceci est tout à fait clair.

  2   Il est vrai qu'à la suite de mes réunions avec M. Izetbegovic, j'ai

  3   envers lui, en tant qu'homme, une opinion très positive, mais j'affirme la

  4   même chose qu'affirme M. Filipovic. Ce n'était pas lui qui dirigeait le

  5   pays, c'était Omer Begovic, Cengic le jeune et Cengic le vieux, et tout ce

  6   que ces derniers n'aimaient pas, ils changeaient les décisions. C'est

  7   arrivé des dizaines et des dizaines de fois lors des signatures d'accords

  8   internationaux et lors de la création d'un état-major de l'armée conjoint,

  9   et lors de la création du fameux ultimatum, comme l'appelle le Procureur,

 10   du 15 janvier 1993. Soit dit en passant, j'ai créé avec M. Izetbegovic ce

 11   document et lorsque le document était fini, à la suite des pressions de

 12   Silajdzic, il l'a changé. Dans ce livre de M. Filipovic ceci est clairement

 13   écrit. Lorsqu'on verra le paragraphe où l'on parle de la visite en Croatie,

 14   vous verrez comment les choses se passent.

 15   Si vous le souhaitez, voici, nous pouvons passer immédiatement à ce

 16   passage.

 17   Mme PINTER : [interprétation]

 18   Q.  Un instant, Général. Nous devons d'abord intervenir par rapport au

 19   compte rendu d'audience.

 20   Il y avait un chevauchement avec l'interprète qui interprétait la

 21   réponse du Président Antonetti, et par conséquent, votre réponse directe et

 22   brève à la question concernant Alija Izetbegovic n'a pas été consignée au

 23   compte rendu d'audience.

 24   Q. Vous avez répondu, "tout à fait exact," et ensuite vous avez

 25   enchaîné en parlant de Alija Izetbegovic en parlant des circonstances qui

 26   prévalaient avant la guerre, et ensuite vous avez poursuivi vos propos. Je

 27   souhaite attirer l'attention sur le fait que le Président Antonetti avait

 28   posé une question -- question de savoir si une certaine influence était


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  1   exercée sur lui, et vous avez répondu "oui, tout à fait exact," mais ça n'a

  2   pas été consigné au compte rendu d'audience.

  3   R.  Oui. Non seulement l'influence, mais ils changeaient des décisions

  4   qu'il avait prises.

  5   Q.  Eux ?

  6   R.  Les Jeunes Musulmans, Behman, Cengic le vieux, Cengic le jeune,

  7   Silajdzic -- il y était depuis longtemps, mais c'était pareil.

  8   Q.  Page 54, ligne 22, lorsque vous avez répondu à la question du Président

  9   Antonetti, vous avez dit, "car il n'avait rien fait pour se préparer pour

 10   la guerre," mais nous n'avons pas de nom. Ceci se référait à --

 11   R.  M. Izetbegovic.

 12   Q.  Merci.

 13   R.  Maintenant, nous pouvons passer à la page 69.

 14   Q.  Un instant. Il s'agit de 3D41-0834. En anglais, 3D41-0873.

 15   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je voudrais poser une question

 16   concernant la page 0871. Dans le dernier paragraphe, le gros paragraphe,

 17   l'auteur parle des Serbes et des Croates.

 18   Il dit que "pour le SDS, l'objectif était la création d'un pays serbe en

 19   Bosnie-Herzégovine avec le but ultime de l'unification de la Serbie;

 20   l'objectif du HDZ était identique, mais souhaitait s'unifier avec la

 21   Croatie."

 22   Quel serait votre commentaire sur ce passage.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, je l'ai laissé dans le livre

 24   de manière délibérée car je ne souhaitais pas enlever ce qui n'allait pas

 25   dans mon sens de l'avis de M. Filipovic. Mais j'ai cité déjà M. Filipovic.

 26   Qu'il témoigne des faits. Ici, c'est sa conclusion qui vient après l'exposé

 27   des faits concernant la culpabilité des uns et des autres. Mais moi, je

 28   souhaitais prouver, justement, ce dont il parlait au début; c'est-à-dire,


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  1   il faut qu'il parle des faits, des éléments qui correspondent aux faits.

  2   S'agissant de cette déclaration ici, il ne donne aucun fait, où il l'a

  3   entendu, par le biais de quel document ceci a été entériné, avec qui il a

  4   parlé de cela. Ce qui importe, c'est qu'il a parlé, le 8 avril 1991, avec

  5   le président Tudjman, et il relate cette conversation de manière exacte.

  6   Nous pouvons donc reprendre les faits et les conversations relatées par

  7   lui, mais moi, je ne dois pas reprendre et accepter ses conclusions, mais

  8   j'accepte et je m'appuie sur la factographie qu'il énonce, nous pouvons

  9   passer à la page 69 --

 10   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Auparavant, c'est-à-dire à la page

 11   suivante, il y a une autre phrase qui a attiré mon regard, et je ne

 12   comprends pas tout à fait. Cela me rend un peu perplexe. Il parle de

 13   l'objectif de l'islamisation des Musulmans, et je cite :

 14   "Ceci revient à une reconnaissance implicite de l'existence de parties

 15   serbes et croates en Bosnie-Herzégovine également."

 16   Cela me surprend, et je pense que cela mérite d'être mentionné, puisque

 17   pour moi, cela me paraît assez évident. Comment interprétez-vous cette

 18   phrase ? Je pourrais donner la mienne, évidemment, mais j'aimerais entendre

 19   la vôtre.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, Monsieur le Président,

 21   vous verrez après que j'aurai présenté ce que j'ai préparé, vous allez voir

 22   que M. Izetbegovic essayait, dans une grande mesure, de créer l'Etat

 23   musulman en Bosnie-Herzégovine. Il en a parlé avec Arafat. Il a voulu

 24   organiser un déplacement de la population. Il a souhaité créer un Etat

 25   islamique. S'agissant des Croates, on ne parlait que du contrôle ou de

 26   l'autonomie locale sur un certain territoire, seulement le territoire sur

 27   lequel les Croates étaient majoritaires, alors que les deux autres peuples

 28   allaient être mis au pied d'égalité. Il s'agit de deux notions politiques


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  1   différentes. M. Izetbegovic, dans toute une série de discussions reprises

  2   par des auteurs musulmans, et non pas par Praljak, parlait du fait qu'il

  3   souhaitait, par exemple, procéder à un échange entre Sandzak et

  4   l'Herzégovine de l'est, et cetera, et je vous le démontrerai par le biais

  5   des livres de ces généraux et des personnes qui étaient ses ambassadeurs.

  6   Le meilleur exemple d'une telle discussion commence à la page 69, lorsqu'il

  7   est allé à Zagreb, où il a tenu une conférence de presse et ainsi de suite,

  8   et il a rencontré Franjo Tudjman.

  9   Si j'ai bien répondu, je vous prie de vous pencher là-dessus.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Avant de continuer, j'essaie de suivre mais c'est

 11   extrêmement compliqué. Est-ce que vous voulez dire, Monsieur Praljak, que

 12   M. Izetbegovic de concert avec M. Milosevic, aurait été en quelque sorte

 13   partisan d'une république de Bosnie-Herzégovine islamique, mais en cédant

 14   une partie du territoire, disons la Republika Srpska à Milosevic, et une

 15   partie de la République de Bosnie-Herzégovine disons l'Herzégovine à la

 16   Croatie, comme ça tout le monde aurait été content, lui parce qu'il avait

 17   sa république islamique, les Serbes parce qu'ils avaient leur territoire où

 18   il y avait des Serbes, et les Croates parce qu'ils avaient l'Herzégovine.

 19   Est-ce que c'est ça que vous voulez nous dire ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans une grande partie, oui. M. Izetbegovic

 21   n'était pas du tout prêt pour la guerre, et au tout début et vous allez le

 22   voir par le biais de ce livre, il pensait qu'il pouvait obtenir l'ensemble

 23   de la Bosnie-Herzégovine en tant qu'Etat civique et qu'ensuite par le biais

 24   d'une politique de population il allait disposer de 51 % de Musulmans à un

 25   moment donné. Et par ce biais-là de manière démocratique, il allait pouvoir

 26   créer un tel Etat en appliquant et instaurant les lois islamiques. Je vais

 27   le démontrer par le biais de ces interviews et ces livres. Lorsqu'il s'est

 28   avéré que sa politique a été tout à fait erronée et catastrophique, à cause


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  1   de cette politique et à cause de la pensée politique serbe, il a perdu une

  2   grande partie de ses territoires, alors il a eu des discussions avec Yasser

  3   Arafat, c'est mentionné dans le livre, et Yasser Arafat a dit, prend ce

  4   qu'on t'offre Alija, car moi aussi on m'offrait le territoire, j'ai refusé,

  5   et après j'ai tout perdu.

  6   Lors d'une telle période, lorsque la situation en Bosnie-Herzégovine a

  7   changé en raison de l'agression serbe, M. Izetbegovic prenait en

  8   considération la possibilité de recevoir un certain nombre de territoires

  9   sur lesquels il pouvait déplacer la population, et il a parlé de la

 10   possibilité de déplacer les Musulmans de Sandzak, qui est en Serbie, vers

 11   l'Herzégovine orientale, afin de pouvoir obtenir un tel Etat. Il en a parlé

 12   avec les Serbes, les Croates n'auraient pas accepté cela en Herzégovine et

 13   ils n'ont pas accepté ce partage du pays. Nous n'avons pas accepté cela.

 14   Les Serbes auraient été heureux de recevoir 65 % du territoire, et par la

 15   suite la politique anglaise leur a rendu possible d'avoir 49 % du

 16   territoire et ensuite avec un très petit nombre de non-Serbes sur ce

 17   territoire, ils pouvaient régner comme ils voulaient. Par vérité --

 18   M. STRINGER : [interprétation] -- le général, le témoin devrait nous dire

 19   lorsqu'il fait référence à des déclarations faites par d'autres et

 20   lorsqu'il cite tel ou tel livre. Il a parlé à plusieurs reprises d'une

 21   conversation entre le président Izetbegovic et Yasser Arafat. Je ne sais

 22   pas -- il ne nous a pas dit exactement s'il a des connaissances

 23   personnelles, a-t-il été présent lors de ces conversations, quelle est la

 24   source de ces informations, est-ce des ouï-dire, évidemment la Chambre peut

 25   y réfléchir. Je crois que le témoin devrait distinguer entre ce qu'il sait

 26   de son expérience personnelle et lorsqu'il parle d'informations qui

 27   proviennent d'une autre source.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Stringer, vous posez un problème, car ce


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  1   que vous dites il faut le confirmer par des éléments irréfutables quand

  2   vous dites qu'Arafat aurait eu un entretien avec Izetbegovic. Au sujet des

  3   territoires qu'on a proposé à Arafat et qu'il n'a pas voulu et

  4   qu'apparemment il s'est rendu compte qu'il avait fait une erreur, je

  5   présume que vous vous basez sur un livre, quelle est votre source ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] S'agissant de cela, c'est le livre du chef

  7   d'état-major de l'armée de Bosnie-Herzégovine, Sefer Halilovic, qui

  8   constitue ma source.

  9   Mme PINTER : [interprétation]

 10   Q.  Le titre ?

 11   R.  Le livre s'intitule "Une stratégie rusée", et à plusieurs reprises dans

 12   ce livre, il parle des événements et il cite notamment Izetbegovic et Ganic

 13   au sujet des discussions portant sur le partage de la Bosnie-Herzégovine.

 14   Ensuite, nous avons la déclaration ici du général Klein, qui l'affirme de

 15   première main. Si le général Klein l'a affirmé, oui, je demandais à M.

 16   Izetbegovic et il m'a dit, je proposais à M. Tudjman qu'il prenne

 17   l'Herzégovine occidentale et tout irait bien. C'est ce qu'il a dit à Klein.

 18   Ensuite, il y a l'accord historique, c'est Filipovic qui a écrit ce livre,

 19   et il a participé à tout cela. Ensuite il y a l'accord d'Alija Izetbegovic

 20   avec les Serbes datant du mois de septembre 1993, lorsque dans un délai de

 21   deux jours il y a eu un accord avec les Serbes portant sur l'organisation

 22   interne de la Bosnie-Herzégovine et ensuite il passe un accord tout à fait

 23   différent avec Franjo Tudjman. Il a un accord de non-agression avec les

 24   Serbes et ensuite il lance une offensive contre le HVO, ensuite bien sûr

 25   que moi je n'ai pas été avec Izetbegovic et Yasser Arafat, mais ce qui a

 26   été écrit par le chef d'état-major de son armée, et ça, ça été écrit par un

 27   diplomate. Ce sont les publications qui ont été rendues publiques et sont

 28   tout à fait correctes certainement dans ce sens.


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  1   Nous, du côté de la Croatie, du HVO, nous le savions, nous savions tout

  2   cela. Nous n'étions pas des imbéciles. Nous avons pu lire cela dans la

  3   presse et comprendre ce que M. Izetbegovic disait dans sa déclaration

  4   islamique qui a été publiée en 200 000 exemplaires, et il est clairement

  5   énoncé ce qu'il souhaitait. Dans un texte écrit par lui en 1990, intitulé

  6   "L'Etat civil ou guerre civile", il explique clairement. Soit il obtiendra

  7   ce qu'il veut, soit il y aura une guerre civile.

  8   Ce sont les documents pertinents pour ce Tribunal, écrit par des

  9   personnes pertinentes et moi je peux en parler sur la base de mes propres

 10   connaissances, cependant, comme je l'ai dit à plusieurs reprises. Si M.

 11   Filipovic parle d'une rencontre avec Franjo Tudjman en 1991 et ce qu'il

 12   offre à Tudjman, lorsqu'il dit comment Alija Izetbegovic avait été préparé

 13   par l'armée populaire yougoslave, et bien c'est cela alors.

 14   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] J'attendais que les interprètes

 15   terminent.

 16   Je voudrais dire qu'il y a sans doute une erreur d'interprétation dans le

 17   texte anglais concernant la position d'Izetbegovic à la ligne 18, 19 et 20,

 18   vous avez dit -- c'est-à-dire M. Praljak a dit et je cite :

 19   "Il a été dit clairement ce qu'il voulait. Ce serait soit un Etat civil, ce

 20   qui aurait fait que c'était impossible pour lui d'atteindre ce qu'il

 21   voulait, ou alors il y aurait une guerre civile."

 22   Je pense que vous vouliez dire, Monsieur Praljak, qu'alors il y aurait un

 23   Etat dit civil qui aurait permis qu'il obtienne ce qu'il voulait puisqu'en

 24   fait ce qu'il voulait était un Etat civil avec un vote par personne. Je

 25   crois que c'est cela, ce serait ça la bonne interprétation de ce que vous

 26   vouliez dire.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Exactement, Monsieur le Juge Prandler, car si

 28   vous lisez la déclaration islamique que nous avons tous vue, elle a été


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  1   publiée en 200 000 exemplaires, et si vous lisez que par le biais de la

  2   majorité de la population, il souhaite obtenir et il le dit explicitement.

  3   Une fois qu'on aura plus de 51 %, à ce moment-là, nous allons introduire ce

  4   que dit le Coran. Autrement dit, qu'il ne peut pas y avoir de pouvoir

  5   séculaire mais religieux, c'est la religion qui détermine le pouvoir. Et

  6   lorsqu'il dit l'Etat civil ou la guerre civile, tout cela pris en

  7   considération ensemble montre quelle était la plateforme politique de M.

  8   Izetbegovic et non pas du HVO et des Croates. S'il vous plaît, il s'agit

  9   ici des preuves.

 10   Mme PINTER : [interprétation] Attendez un moment, Général. Pour le compte

 11   rendu d'audience et devant la Chambre de première instance, je souhaite

 12   dire que vous avez parlé du livre de Sefer Halilovic, "Stratégie rusée", et

 13   la partie portant sur la discussion entre Izetbegovic et Arafat, ceci a été

 14   versé au dossier en tant que pièce à conviction 1D 00534, donc cet élément

 15   a été versé au dossier déjà dans cette affaire.

 16   Q.  Vous en étiez à la page 69, puisque nous avons déjà mentionné ces

 17   numéros, mais c'était il y a longtemps, je répète. C'était 3D41-0834 et

 18   3D41-0873, ça c'est la version en anglais.

 19   R.  Donc il s'agit de la page 69, 70, 71.

 20   Q.  Attendez. Je veux dire aussi qu'ensuite nous aurons 3D41-0874, en

 21   anglais, et en croate, 3D41-0835. Donc il s'agit des pages 69, 70 et 71,

 22   n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Bien.

 25   R.  Je vais éviter de parler de cela longuement, mais voyez ce que Franjo

 26   Tudjman dit à M. Filipovic le 8 avril 1991. Il dit, Quittons la Yougoslavie

 27   ensemble, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Slovénie, tous ensemble.

 28   La Croatie et la Slovénie ont déjà un accord allant dans ce sens. Il serait


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  1   beaucoup plus facile si la Bosnie-Herzégovine le fait en même temps. Vous

  2   aurez plus de soutien international. Nous pouvons organiser une défense

  3   commune. Tout ceci, c'est le président Tudjman qui le dit. Nous pouvons

  4   négocier les documents juridiques conjoints.

  5   Q.  Général, quelles sont les raisons pour lesquelles on demande cela, car

  6   il n'y a plus de possibilités, toutes les possibilités de conversations

  7   avec M. Milosevic ont été épuisées. C'est écrit là.

  8   R.  Justement, il faut d'abord lire et ensuite poser des questions. Il vaut

  9   mieux lire, car tout est important ici.

 10   Il dit que la Bosnie-Herzégovine, si elle ne sort pas au moment où la

 11   Croatie et la Slovénie sortent, qu'il y aura beaucoup de frustrations là-

 12   bas, que la démocratie n'aura aucune chance. Mais ce qui est le plus

 13   important, voici ce qu'il dit : Ce que je propose moi, Izetbegovic ne

 14   l'acceptera pas, car il est trop impressionné et conditionné

 15   par l'armée populaire yougoslave. Et lui, Izetbegovic, il est

 16   entouré par des agents du KOS et de la Sûreté de l'Etat de la Yougoslavie.

 17   Et il dit, donc Franjo Tudjman dit, Je sais qu'Izetbegovic avait été à une

 18   séance de préparation au quartier général de la JNA, on a fait preuve de

 19   force là-bas et il n'aura pas le courage d'avoir recours à la force armée

 20   pour entamer un conflit.

 21   Et vous verrez que Filipovic le confirme par la suite. Lorsque Izetbegovic

 22   lui dit, oui Ganic a été à Belgrade au quartier général, et la JNA dit

 23   qu'elle allait être le garant de la stabilité en Bosnie-Herzégovine et

 24   qu'elle n'allait pas agresser. Ecoutez ce que Filipovic dit par la suite,

 25   il dit, Maintenant, je comprends que Franjo Tudjman avait raison lorsqu'il

 26   disait tout cela. Et la raison en est que Franjo Tudjman disposait de

 27   bonnes informations. Un homme très haut placé, c'était un Croate qui était

 28   le chef de la Sûreté de l'Etat et c'est lui qui lui a envoyé ces


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  1   informations, car Franjo Tudjman, comme homme politique d'expérience,

  2   savait qu'il devait avoir des informations s'il souhaitait que le pays

  3   aboutisse à son indépendance, malgré les activités des agents de toutes

  4   sortes de services secrets qui déambulaient aux alentours et créaient le

  5   chaos. Après tout cela, il a énoncé précisément comment tout ceci pourrait

  6   être effectué.

  7   Ensuite, Filipovic dit, Le 9 avril, nous sommes allés à Ljubinje.

  8   Maintenant, nous pouvons passer à la page 72 et 73, c'est là que les

  9   Slovènes lui ont dit la même chose, donc ils lui disent la même chose.

 10   Q.  Attendez. Il s'agit de 3D41-0836, et en anglais 3D41-0874 et

 11   3D41-0875.

 12   R.  Après avoir entendu tout cela, M. Filipovic a demandé d'avoir une

 13   réunion urgente avec Izetbegovic, et il dit qu'ils se sont rencontrés le 11

 14   avril 1991. Et il dit une phrase très importante que je vais citer :

 15   "Comme précédemment j'ai déjà eu une mauvaise expérience avec Izetbegovic,

 16   qui --" et maintenant nous passons à la page 74 dans la version en langue

 17   bosniaque --

 18   Q.  La page suivante est 3D41-0837, et en anglais c'est la même.

 19   R.  Avec Izetbegovic qui parfois avait l'habitude d'oublier ce qu'il avait

 20   dit précédemment, donc d'une manière très gentleman, Filipovic dit ici, Cet

 21   homme dit une chose et après il oublie ce qu'il avait dit, car le lendemain

 22   il dit le contraire. Et il dit, En raison d'une telle expérience, il a

 23   emmené avec lui, et maintenant il énumère qui il avait emmené avec lui. Et

 24   du côté du SDA, il y avait Omer Behmen et Muhamed Cengic, et il parle

 25   ensuite d'Omer Behmen qui, à son avis, sa seule valeur résidait dans le

 26   fait qu'il avait été condamné à 15 ans de prison pour son appartenance aux

 27   Jeunes Musulmans, qu'il avait tendance à insulter les gens et ainsi de

 28   suite, qu'il n'était pas intelligent, qu'il était autoritaire.


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  1   Mais vers la fin, je cite de nouveau, il dit :

  2   "Et s'agissant de la démocratie, lui," il parle de Behmen, "il n'a aucun

  3   lien avec cette notion. Cependant, et c'est là l'ironie de l'histoire, cet

  4   homme," il parle d'Omer Behmen, "pendant ces dix années les plus difficiles

  5   pour nous, est devenu le numéro deux de notre Etat et de notre politique

  6   alors que c'est la personne avec le moins de scrupule, d'égard,

  7   d'intelligence, et le moins sophistiqué, il est devenu en réalité plus

  8   puissant que le numéro un."

  9   M. Omer Behmen, pour autant que je le sache, corrigez-moi si je me

 10   trompe, n'avait pas de fonction d'Etat au sein de la République de Bosnie-

 11   Herzégovine, mais il n'était pas membre de la présidence ni du

 12   gouvernement. Mais d'après cet auteur, il avait plus de pouvoir qu'Alija

 13   Izetbegovic lui-même, car il avait passé 15 ans en prison en tant que

 14   membre du mouvement de Jeunes Musulmans, alors que M. Alija Izetbegovic en

 15   avait passé seulement huit.

 16   Ensuite, nous avons les pages 75, 76 et 77 qui sont importantes car --

 17   Q.  Attendez, je vais citer. La page 75 correspond à 3D41-0876 en anglais,

 18   ou 3D41-0837 en croate. Ensuite, page 76, 77 correspondent aux numéros déjà

 19   cités. Si à un moment donné nous changeons de page, je vais vous

 20   interrompre.

 21   R.  Donc on relate les propos de la conversation. De nouveau, il parle de

 22   la communauté internationale. Il dit que les Croates et les Slovènes

 23   avaient proposé que l'on sorte ensemble du pays, que l'on crée un accord

 24   portant sur la confédération, que l'on crée une armée ensemble, les

 25   Slovènes, les Croates et la Bosnie-Herzégovine; que l'on mène ensemble les

 26   affaires extérieures tant que la crise liée à la sortie du pays ne soit

 27   finie et tant qu'il ne sera pas possible de décider de l'avenir. Donc la

 28   Croatie et la Slovénie proposaient une solution de transition de la


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  1   confédération des trois Etats afin de renforcer leur position par rapport à

  2   Milosevic et par rapport à la communauté internationale qui était

  3   grandement opposée à la dissolution de la Yougoslavie. Et une fois tout

  4   cela passé, ils allaient trouver la suite.

  5   Et maintenant il est question du soutien de l'occident, et ensuite

  6   Izetbegovic lui demande ce qu'il pense de ce que pourrait être la réaction

  7   des Serbes à cela. M. Filipovic lui explique que Milosevic ne dispose pas

  8   encore de suffisamment de forces qui ont pu être mobilisées et disposées et

  9   qu'il serait contraint de conduire une attaque visant l'ensemble du

 10   territoire de la Slovénie, de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine, qui

 11   eux disposeraient d'une armée unifiée avec un commandement unifié, et que

 12   tout cela dissuaderait Milosevic de commencer à mener une guerre contre le

 13   premier de ces Etats, puis le second, puis le troisième.

 14   Izetbegovic dit ensuite qu'il craint les Chetniks, que les Serbes ont déjà

 15   commencé, pour les besoins se présentant au Kosovo, au Monténégro, à

 16   procéder à des mouvements. Lorsque M. Filipovic lui dit que la menace

 17   principale est représentée par la JNA -- excusez-moi. M. Izetbegovic ne

 18   comprend pas cela, évidemment, car il considérait la JNA comme une force de

 19   paix en Bosnie-Herzégovine.

 20   Ensuite, il est question de -- c'est Filipovic qui parle du fait qu'il

 21   faudrait créer un état-major conjoint, qu'il faudrait reprendre à son

 22   compte les armes de la Défense territoriale. Et ensuite, Izetbegovic dit,

 23   Mais les Serbes vont alors recevoir des armes, ce qui est une erreur et une

 24   bêtise totale, et c'est ce que lui dit Filipovic, les Serbes vont de toute

 25   manière obtenir des armes, mais ce qui est important, c'est que nous, nous

 26   en obtenions aussi, afin qu'ils n'osent pas nous attaquer. Suite à cela,

 27   Izetbegovic n'a rien dit, n'a rien répondu, mais il a affirmé disposer de

 28   garanties émanant de la JNA aux termes desquels cette dernière


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  1   n'interviendrait pas dans les affaires intérieures de la Bosnie-

  2   Herzégovine.

  3   Q.  Je voudrais juste dire que cela figure en page 3D41-0877 en version

  4   anglaise, et 3D41-0838 en version croate.

  5   R.  Izetbegovic dit que c'est Ganic, en tant que membre de la présidence de

  6   Bosnie-Herzégovine, à qui on a donné ces garanties; et Ganic avait été

  7   envoyé par Izetbegovic lui-même, au nom de la Bosnie-Herzégovine, pour

  8   participer à des entretiens au sein de l'état-major.

  9   Q.  Nous allons devoir arrêter là pour un moment car c'est l'heure de la

 10   pause.

 11   R.  Entendu. Mais juste pour finir cette partie, Filipovic a dit alors

 12   qu'il a tout de suite pensé au fait que Tudjman lui avait dit la même

 13   chose; à savoir qu'il était au courant du fait qu'Izetbegovic avait fait

 14   l'objet d'une préparation là-bas. Il parle de Ganic, qui vient de Sandzak,

 15   et qui n'est pas compétent en la matière. Pour conclure tout cela, il dit,

 16   conformément à sa vieille habitude, Izetbegovic, dans la conclusion de cet

 17   entretien, a laissé l'ensemble de la question ouverte. Il a demandé que

 18   l'on attende encore un peu pour voir ce qui allait se passer et qu'ensuite

 19   on en parlerait à nouveau.

 20   Voilà, nous pourrions peut-être faire la pause maintenant.

 21   Filipovic explique ensuite pourquoi M. Izetbegovic ne prend pas de

 22   décisions mais demande toujours du temps. Vous verrez que la raison de cela

 23   est qu'il est obligé de se rendre auprès de ces Jeunes Musulmans, auprès

 24   d'Omer Behmen, de Cengic, afin de vérifier si eux approuvent cela ou non.

 25   Et cela devient extrêmement clair dans la suite du livre. C'est ainsi

 26   qu'était conduite la politique de l'Etat de Bosnie-Herzégovine.

 27   Mme PINTER : [interprétation] Messieurs les Juges, c'est le moment, je

 28   crois.


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : 20 minutes de pause.

  2   --- L'audience est suspendue à 17 heures 36.

  3   --- L'audience est reprise à 17 heures 57.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.

  5   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  6   Q.  Général, nous avons donc fini avec cette page 78.

  7   R.  La page 79.

  8   Q.  Et ensuite c'est la page 3D41-0839 en croate, c'est toujours la même.

  9   En anglais, c'est la 3D41-0878, et cela continue dans cette version

 10   anglaise également, au sein de cette même page.

 11   R.  Voilà ce que dit M. Filipovic est que cette façon de remettre à plus

 12   tard la prise de décision du côté d'Izetbegovic, il trouve cela incroyable,

 13   Filipovic donc, il dit qu'il trouve incompréhensible la façon de réfléchir

 14   d'Izetbegovic, et je cite :

 15   "Il ne peut pas prendre des décisions de façon autonome sans

 16   consulter des personnes qui nous sont inconnues, des organisations et des

 17   autorités qui nous sont également inconnues. C'est la seule chose que j'en

 18   comprends."

 19   Et ensuite, Filipovic, dans les pages suivantes, explique qui détient

 20   l'autorité réelle pour ce qui est de la prise de décision en Bosnie-

 21   Herzégovine, et il dit que pour Izetbegovic, la chose n'est pas claire, la

 22   question de savoir comment entreprendre des mesures pour protéger la

 23   Bosnie-Herzégovine contre une division, ce qui est un but des Serbes dès le

 24   début, que cette question n'est pas claire. Ensuite, il continue de parler

 25   de cela en disant que c'était peut-être dû à un manque de compétences

 26   politiques ou à la peur. Ensuite, il parle de cela avec une personne qui

 27   était un citoyen helvétique qui a eu ce statut parce qu'il était émigré là-

 28   bas depuis déjà 30 ou 40 ans. Il s'agit d'Adil Zulfikarpasic. Je crois


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  1   qu'après la Seconde Guerre mondiale il a fui en Europe et il a vécu en

  2   Suisse. Je sais qu'il avait la citoyenneté helvétique et qu'il était là-bas

  3   à la tête de l'institut bosniaque pendant des décennies.

  4   Nous passons ensuite à l'été 1991, lorsque l'on essaie de parvenir à un

  5   accord serbo-musulman concernant la Bosnie-Herzégovine. Q.  C'est à partir

  6   de la page 81 et pages suivantes; 3D41-0840 en version croate, et en

  7   version anglaise, cela commence en page 3D41-0878 et cela se poursuit en

  8   page 79.

  9   R.  Alors, je vais essayer d'être aussi bref que possible. Filipovic, ici,

 10   dit que les Serbes procèdent de façon ouverte à leur propre armement dans

 11   toute la Bosnie-Herzégovine, que cela est fait en coordination avec toutes

 12   les unités et les états-majors, y compris l'état-major principal. Il dit

 13   ensuite ce que nous avons essayé de mettre en évidence également sur des

 14   cartes, à savoir qu'on a déjà procédé à la disposition des troupes de la

 15   JNA le long de tous les axes stratégiques, et cela, avant tout, le long de

 16   la vallée de la Neretva, de l'Una et de la Save, et que toutes les

 17   positions en hauteur qui ont une signification stratégique et donnent sur

 18   le territoire de la Croatie ont également été mises sous contrôle,

 19   notamment les hauteurs qui dominent la Dalmatie, notamment Nevesinje,

 20   Kupres et Livno. Il conclut que tout cela a été fait dans le but d'intégrer

 21   la Bosnie-Herzégovine de force dans la tentative de créer un Etat serbe

 22   jusqu'à la frontière Karlobag-Virovitica-Karlovac, conformément à ce qui

 23   est avancé dans le fameux mémorandum de l'Académie serbe des sciences et

 24   des arts.

 25   Il affirme ensuite qu'il a obtenu des informations de sources sûres

 26   concernant un ordre secret émanant du général Uzelac [phon]. Selon les

 27   termes de cet ordre, les Musulmans sont désignés comme la menace principale

 28   à la réalisation d'un tel plan. Il y est également dit et ordonné qu'il


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  1   faut procéder de façon cruelle à leur encontre. Il cite : "Procéder à leur

  2   encontre sans la moindre pitié et éliminer toutes les personnes qui

  3   pourraient devenir les organisateurs de quelque mouvement de résistance que

  4   ce soit du peuple musulman." Ensuite, il dit d'où lui proviennent ces

  5   éléments et il explique comment il les a vérifiés. Il dit qu'il l'a reçu de

  6   Kljuic, et ensuite il a reçu une lettre analogue d'un officier serbe qui

  7   était un patriote bosniaque, qu'il a reçu des éléments concordants

  8   provenant de deux sources indépendantes.

  9   Ensuite, aux pages suivantes, qui sont les pages 84 et 85, ainsi que 86 et

 10   87 --

 11   Q.  Cela s'étend à partir de la page 3D --

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Stop.

 13   J'ai écouté ce que vous dites en vous appuyant sur le livre de M.

 14   Filipovic. Si on comprend bien, il y a eu une entente avec la JNA pour

 15   positionner les forces serbes face aux Croates, dans le cadre de cette

 16   entente ou accord entre la partie serbe et Izetbegovic et les autres. C'est

 17   ça que vous voulez mettre en évidence ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président. La JNA s'est

 19   déployée dans le cadre d'un plan qui, sur le plan politique, était celui de

 20   Milosevic, donc ils n'ont pas demandé à Izetbegovic où ils étaient censés

 21   se déployer, mais ce dernier l'a permis tout en continuant à affirmer que

 22   la JNA était un facteur de stabilité pour la Bosnie-Herzégovine. Il n'y a

 23   pas eu d'accord en ce sens, du moins, moi, je n'ai pas connaissance qu'il y

 24   ait jamais eu accord de cette nature. Mais pourquoi la JNA aurait-elle

 25   besoin d'un accord si Izetbegovic la laisse procéder comme elle l'entend et

 26   s'il ajoute, en plus : c'est une armée amie et c'est une armée qui sera le

 27   garant de la paix chez nous.

 28   Mme PINTER : [interprétation]


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  1   Q.  Nous en sommes toujours à cette même page ?

  2   R.  Oui. Pour ne pas y passer trop de temps, nous avons le début de ces

  3   entretiens, de ces négociations avec les Serbes, à ceci près qu'ici, en

  4   page 87, Izetbegovic dit à Adil qu'il ne dispose d'aucune garantie, qu'il

  5   n'a travaillé à la préparation d'aucun plan politique ou militaire visant à

  6   s'opposer aux actions que l'on pouvait attendre des Serbes et que lui-même,

  7   Izetbegovic, estime que la seule sortie de la situation telle qu'elle se

  8   présente, ce sont des pourparlers avec les Serbes.

  9   Ensuite, dans les pages suivantes, nous avons des explications

 10   précises quant à la façon dont cela s'est passé. Je ne souhaite pas

 11   insister lourdement là-dessus, mais dans l'ensemble, Izetbegovic a laissé

 12   Zulfikarpasic et Filipovic négocier. Alors, il a participé aux rencontres,

 13   aux sessions, et il était au courant, mais c'est ainsi qu'il a fait, car

 14   ils estimaient que si les Serbes et les Musulmans se mettaient d'accord, en

 15   tant que les deux peuples les plus nombreux, il serait plus facile de s'en

 16   sortir, qu'on arriverait à vendre, en quelque sorte, cela aux Croates, car

 17   ils étaient moins nombreux.

 18   Q.  A quelles négociations, Général ?

 19   R.  Aux négociations que l'on appelle négociations historiques entre les

 20   Musulmans, les Bosniens -- ou plutôt, à l'époque, les Musulmans et, d'autre

 21   part, les Serbes.

 22   En page 91, ensuite de la version bosnienne.

 23   Q.  Un instant. C'est la page 3D41-0845 en version croate, et 3D41-0882 en

 24   version anglaise.

 25   R.  Oui. Il dit que les négociations ont commencé le 8 juillet 1991, que

 26   ces négociations ont eu lieu dans le bâtiment de la présidence de la

 27   Bosnie-Herzégovine et que les pourparlers préliminaires ont été tenus par

 28   Radovan Karadzic, Adil Zulfikarpasic, Muhamed Filipovic et Nikola Koljevic.


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  1   Nous allons passer les pages où ils parlent de Radovan Karadzic, de Hannah

  2   Arendt et de ses réflexions politiques et philosophiques qui sont

  3   extrêmement intéressantes, mais pour lesquelles je n'ai pas le temps.

  4   Alors de la même façon, en page 96 et 97, nous avons des choses que

  5   nous allons passer, donc nous allons avancer.

  6   Mme PINTER : [interprétation]

  7   Q.  La page suivante c'est la page 100.

  8    R.  Entendu. Donc en page 100, 101, 102, 103, nous avons l'essentiel en

  9   fait.

 10   Q.  Je vais simplement donner le numéro de page. 3D41-0848 en version

 11   croate, ce qui correspond en version anglaise à 3D41-0884.

 12   R.  La partie importante est la suivante, il dit que les Serbes envisagent

 13   un Etat fédéral, alors que la délégation musulmane défend l'idée d'une

 14   fédération d'Etat, et que c'est là le point d'achoppement principal. Mais

 15   franchement, toute personne qui s'y retrouve un minimum en politique est

 16   capable de comprendre que sur un terrain pareil, on ne trouvera aucun

 17   accord politique, car les Serbes affirment que la Bosnie-Herzégovine

 18   appartient à la Yougoslavie fédérale. Donc ça ne sert à rien d'affirmer que

 19   la Bosnie-Herzégovine pourrait être un Etat indépendant qui ensuite

 20   pourrait entrer dans une forme de fédération ou d'association avec la

 21   Yougoslavie. Eventuellement, le discours qui leur est tenu c'est non, vous,

 22   vous serez une sorte d'entité au sein de la Yougoslavie.

 23   Il dit ensuite que deux jours sont passés et que les Serbes ont

 24   compris que Izetbegovic se livre à une forme de jeu qui les tourne en

 25   bourrique, pour ainsi dire, et Filipovic explique que l'opinion publique

 26   était au courant de ces pourparlers, qu'il informait en partie Kljuic

 27   également de l'évolution de ces pourparlers et Kljuic était donc le

 28   représentant croate de la présidence. Il dit que l'opinion publique


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  1   montrait un grand intérêt.

  2   Ensuite en page 102 et 103 --

  3   Q.  3D41-0849 en version croate, et en version anglaise, 3D41-0886.

  4   R.  Il dit avoir déclaré à Kljuic que l'accord ne serait pas signé si la

  5   partie croate ne donnait pas son accord. Cependant, ce qui n'est toujours

  6   pas clair, c'est la question de savoir pourquoi les Croates n'étaient pas

  7   présents à ces pourparlers, comment ces deux parties étaient censées se

  8   mettre d'accord et ensuite mettre la troisième devant le fait accompli,

  9   d'un point de vue purement politique, ce n'est pas correct. Alors Kljuic

 10   défend l'idée qu'Izetbegovic n'allait pas autoriser l'utilisation du

 11   territoire de la Bosnie-Herzégovine pour mener des attaques contre la

 12   Croatie, ce qui, bien entendu, s'est produit par la suite, c'est ce que dit

 13   Filipovic. Il dit également que cela a été la raison pour laquelle les

 14   Croates envisageaient avec beaucoup de scepticisme toute forme d'accord

 15   séparé entre le Serbes et les Musulmans. C'est là une chose tout à fait

 16   compréhensible, car s'il y a trois peuples, il est parfaitement logique que

 17   les pourparlers se fassent également à trois.

 18   En page 104 et 105, ainsi que 106 et 107, je vais passer là-dessus

 19   très brièvement.

 20   Q.  Un instant. Ce sont les pages 3D41-0851 en croate et 3D41-0852

 21   également en version croate, alors qu'en version anglaise ce sont les pages

 22   3D41-0888 et 3D41-0889.

 23   R.  Que s'est-il passé ensuite, lorsque les Serbes ont quand même accepté

 24   une forme d'accord et le public était impatient que l'on publie la chose.

 25   Les Musulmans aussi étaient très intéressés. Il y avait une émission de

 26   télévision très populaire à la télévision de Sarajevo qui était présenté

 27   par Mme Kajnovic, il me semble. Lors de cette réunion, on est parvenu à une

 28   forme d'accord. Après la partie introductive dans cette émission s'est


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  1   passée la chose suivante, à savoir qu'une information est arrivée sur un

  2   papier et il y était dit qu'Izetbegovic était absolument contre tout accord

  3   et qu'il n'allait pas essayer de se mettre d'accord avec les Serbes. Et

  4   cela évidemment a causé une consternation totale chez les représentants

  5   qu'il avait mandaté pour négocier précisément. Il dit également que dans ce

  6   document qui a été envoyé se trouvait un certain nombre de phrases qui

  7   affirmaient qu'il n'y aurait pas d'accord sans les Croates et je cite :

  8   "Après tout ce que le SDA avait fait par rapport au manque de réaction face

  9   à l'utilisation serbe des territoires de Bosnie-Herzégovine pour lancer des

 10   attaques contre la Croatie, le genre de motivation qui pouvait se trouver

 11   derrière le refus de négocier représentait le summum cynisme."

 12   Il dit ensuite qu'il s'agissait d'une situation tout à fait consternante et

 13   que le SDA avait rejeté par la même toute possibilité de passer un accord

 14   avec les Serbes. Pour continuer ensuite en disant qu'à présent il se

 15   demandait ce qui s'était passé et de quoi il s'agissait, comment on en

 16   était venu à faire ce véritable saut de la mort. Et que la première chose

 17   qu'il avait pensé c'était qu'en revenant des Etats-Unis, Izetbegovic

 18   disposait d'éléments nouveaux, qu'on lui avait peut-être donné des garantis

 19   pour la sauvegarde de la Bosnie-Herzégovine, ce qui aurait pu constituer

 20   une bonne raison pour rejeter ces négociations.

 21   Deuxièmement, il dit qu'il était possible de supposer qu'Izetbegovic

 22   avait reçu certaines garanties de la part de la Croatie, au sens où

 23   l'intégralité de la Bosnie-Herzégovine et sa souveraineté allaient être

 24   sauvegardées. Cependant, ce qui selon moi est particulièrement important

 25   pour la compréhension de l'ensemble de cette situation, et je cite : "Aucun

 26   de nous ne pouvait imaginer," malheureusement c'est précisément ce qui

 27   s'est passé, aucun de nous ne pouvait imaginer que la raison d'une position

 28   aussi nuisible d'un point de vue politique, aussi dommageable, aussi


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  1   absurde ait pu être le résultat des menées, des oligarques du parti,

  2   position dans laquelle le SDA a eu dès le début un rôle décisif. Ces

  3   oligarques étaient représentés par les Jeunes Musulmans, qui représentaient

  4   le noyau du parti, bien qu'ils n'aient pas constitué une partie officielle

  5   de ce mouvement, de ce parti politique, et bien que les Jeunes Musulmans

  6   n'aient pas exprimé la moindre position en public après la victoire aux

  7   élections.

  8   Ensuite, il parle du fait que ces représentants pensaient qu'ils pouvaient

  9   jouer avec les Serbes comme ils l'entendaient, et qu'ils ne comprenaient

 10   pas le fait que les Serbes disposaient d'une puissance soutenue par la JNA

 11   et l'Etat yougoslave. Ensuite, en pages 108 et 109, M. Filipovic explique

 12   en détail quelle était la position de M. Izetbegovic en tant que chef de

 13   l'Etat officiel, car M. Filipovic était présent lorsqu'ils étaient dans la

 14   maison de Halid Cengic. Hasan qui lui aussi avait été condamné en 1983, en

 15   même temps qu'Izetbegovic. C'est là qu'il explique que le jeune Hasan

 16   Cengic se livrait à une critique âpre d'Izetbegovic, il critiquait le fait

 17   qu'il ait accepté le jour suivant que l'on pose des couronnes de fleurs sur

 18   les tombes des Serbes qui étaient tombés et qui avaient été tués pendant

 19   qu'existait l'Etat indépendant oustachi. C'est pour cela que j'ai pu dire

 20   que M. Izetbegovic, dans les conversations auxquelles j'ai pu participer,

 21   était quelqu'un de modéré et de tout à fait raisonnable, mais la politique

 22   et les gens qui l'entouraient, c'était autre chose.

 23   Q.  Je voudrais juste donner les numéros de pages. 3D41-0852; en version

 24   anglaise, 3D41-0889.

 25   R.  C'est alors que Filipovic a compris qu'Izetbegovic devait rendre des

 26   comptes à quelqu'un, tout de même, et que selon la compréhension de

 27   Filipovic, la façon dont il se comportait n'était pas conforme ni en accord

 28   avec le fait qu'il était président de son parti et qu'il répondait devant


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  1   son peuple. En d'autres termes, qu'il existait un gouvernement parallèle

  2   des Jeunes Musulmans qui lui dictent ses décisions, qu'il s'agit d'une

  3   logique de conspiration qui n'a rien à voir avec une véritable vie

  4   politique moderne et qu'il s'agit là d'un groupuscule qui en réalité se

  5   trouve investi de l'ensemble du pouvoir. Donc il précise que ce sont des

  6   Jeunes Musulmans, que cela est nuisible et qu'Izetbegovic n'a pas pris seul

  7   cette décision quant à la rupture des négociations, mais que cela lui a été

  8   imposé et que cela a peut-être même été fait sans son consentement.

  9   Voilà ce que j'avais à dire.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Général, je vous écoute et je me pose des questions

 11   par rapport au temps. 

 12   Il est déjà lundi, et on va dans 25 minutes terminer l'audience.

 13   D'après le planning, il vous restera trois jours cette semaine et quatre

 14   jours la semaine prochaine.

 15   Tout en vous écoutant, je regardais le classeur numéro 2 et le classeur

 16   numéro 3, où je me rends compte qu'il y a encore pas mal de livres que vous

 17   êtes susceptible d'exploiter. Je dois vous dire que je suis un peu surpris

 18   car, de la part d'un général, moi j'attendais que vous veniez nous parler

 19   de toutes les opérations militaires, tout ce qui s'était passé sur le

 20   terrain, qu'est-ce qui s'était passé exactement à Mostar quand on a arrêté

 21   les Musulmans; comment s'est passée leur détention dans les différentes

 22   prisons; quelle était la place de la police militaire dans ces prisons;

 23   comment vous en tant que responsable du mois de juillet en novembre, au

 24   titre de l'article 7(3) vous avez informé des crimes, qu'est-ce que vous

 25   avez fait, et cetera, et cetera. Or, sauf erreur de ma part, j'ai

 26   l'impression que vous vous êtes calé sur une autre ligne de défense, qui

 27   est d'aborder la question uniquement de l'entreprise criminelle, sans

 28   aborder la question des crimes qui ont été commis sur le terrain.


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  1   Est-ce que je me trompe ? Est-ce qu'il va y avoir d'autres documents,

  2   d'autres classeurs ou bien vous nous avez donné tous les classeurs ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, pour la plupart, tous

  4   les documents ont déjà été présentés devant ce Tribunal et je sais avec

  5   certitude ce que j'ai présenté, quels sont les documents que j'ai

  6   présentés. Je sais très bien quel était mon rôle, pour ce qui est de tous

  7   les détails, les documents le démontrent.

  8   Mais pour ce qui est de l'entreprise criminelle commune, c'est ce qui

  9   se trouve au cœur de ce procès. Je suis vraiment convaincu qu'aucun témoin

 10   et qu'aucun document n'ait pu prouver cela, et moi, je vais essayer de

 11   démontrer ce que j'ai fait, quand j'ai fait. Et je dois vous dire que même

 12   après la guerre, on a déformé l'image des rapports entre les Croates et les

 13   Musulmans. Sans ces livres, Monsieur le Président, il est impossible de

 14   comprendre pourquoi on a procédé à la création de la Herceg-Bosna. Lorsque

 15   vous aurez lu ces livres, et ce n'est qu'à ce moment-là que vous

 16   comprendrez, ou tout du moins je le présume, que n'importe quel homme

 17   sérieux qui aurait attendu que le président Izetbegovic s'attende à ce que

 18   ce soit lui qui mène la politique aurait placé son peuple en danger. Et

 19   l'objectif principal d'une séparation de la HZ HB est d'arriver, en fait,

 20   bon, c'est là que les crimes sont survenus.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Général, il est de ma responsabilité de vous dire

 22   qu'en tant qu'accusé vous avez à faire face à une responsabilité pénale.

 23   Pour employer l'image, c'est une forme de fusée à trois étages. Le premier

 24   étage, c'est l'entreprise criminelle, vous venez de le dire. Mais le

 25   deuxième étage, c'est la responsabilité qui vous est reprochée au titre de

 26   l'article 7 (1), c'est-à-dire la planification, les ordres, et cetera. Et

 27   le troisième étage, qui est aussi fondamental, c'est votre responsabilité

 28   au titre de l'article 7 (3). Maintenant, vous faites comme vous voulez. Si


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  1   vous voulez nous occuper uniquement avec l'entreprise criminelle, il vous

  2   reste encore un certain nombre d'heures. Très bien. Mais moi, je dois vous

  3   dire que quand je vous poserai des questions, j'aborderai le deuxième étage

  4   et le troisième étage.

  5   Bien. Maître Pinter.

  6   Mme PINTER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. 

  7   Je voulais simplement vous expliquer, pour ce qui est des documents que

  8   vous avez mentionnés et des classeurs, le général a déjà procédé à une

  9   sélection. Un très grand nombre de livres qu'il voulait présenter ne seront

 10   pas présentés dans le cadre de sa déposition. Donc il ne se servira pas de

 11   tous ces livres.

 12   Et pour ce qui est des documents et pour ce qui est également des

 13   événements concrètement qui se sont déroulés sur le terrain, lorsqu'on aura

 14   terminé de dépeindre l'image générale, et lorsqu'on aura terminé de

 15   démontrer quelle était la situation et l'atmosphère générale dans laquelle

 16   les événements se sont déroulés après avoir présenté le contexte général

 17   afin que l'on puisse comprendre pourquoi les événements ont eu lieu, ce

 18   n'est qu'à ce moment-là que d'après le plan, nous procéderons, en fait

 19   demain, en suivant une chronologie d'après l'acte d'accusation. Nous allons

 20   parler de Capljina, Stolac, Mostar, Bosnie centrale, 1992. Ensuite, nous

 21   allons aborder l'année 1993. Nous allons y aller chronologiquement, mais je

 22   crois que vous n'avez pas encore tous les documents. Je voulais simplement

 23   vous dire que nous avons prévu ceci.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] J'espère, Monsieur le Président, que vous me

 25   poserez des questions comme vous l'avez promis, et les autres Juges aussi,

 26   pour ce qui est du point 2, j'espère vraiment que vous me poserez les

 27   questions auxquelles je souhaite répondre.

 28   Je souhaiterais néanmoins aborder la page 114 --


Page 8289

  1   Mme PINTER : [interprétation]

  2   Q.  La page 114 est identifiée par la cote 3D41-0355, et en anglais, 3D41-

  3   0892.

  4   R.  Filipovic dit que c'est à ce moment-là, et beaucoup plus tard, en fait,

  5   qu'il a pu comprendre que chez Izetbegovic des amnésies semblables ont lieu

  6   et que le fait de taire ce qu'il n'aimait pas, d'après les promesses qu'il

  7   avait faites à certaines personnes qu'il avait prises et changées par la

  8   suite, et modifié ou désavoué ses propres propos. Je vais maintenant passer

  9   directement à un autre passage.

 10   Je vais sauter tout ce passage, et je vais passer à la page 125. Très

 11   rapidement, nous allons passer en revue la page 125.

 12   Q.  Il s'agit de la page 3D41-0859 en croate, et 3D41-0894 ainsi que 0895

 13   en anglais.

 14   R.  Filipovic, ici, parle du déploiement de la JNA sur l'ensemble du

 15   territoire de la Bosnie-Herzégovine. Ils avaient déployé une division de

 16   chars tout près de la rivière Sava, près de la Croatie. Ensuite, il a

 17   détaché une autre brigade à Kupres, mais nous en avons déjà parlé,

 18   Izetbegovic a demandé de le laisser passer alors que le peuple croate est

 19   arrêté à Mostar. Ensuite, on a déployé également un corps d'armée sur

 20   Neretva, et c'est ainsi qu'on a élaboré ce plan pour assurer le contrôle de

 21   l'ensemble du territoire de Bosnie-Herzégovine.

 22   Q.  On passe à la page 3D41-0860, et en anglais, 3D41-0895.

 23   R.  Filipovic évoque ici le fait que la JNA s'est ainsi incluse dans

 24   l'opération militaire qu'elle menait contre la Croatie, et c'est ainsi

 25   qu'il foulait la détérioration des relations entre les Croates et les

 26   Musulmans puisque la question de chaque Croate était de se poser pourquoi

 27   est-ce que le président Izetbegovic mène une telle politique. Il est

 28   certain qu'ils étaient amers, déçus par cela. Ensuite, plus loin, il dit


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  1   que la ville de Dubrovnik avait fait l'objet d'une attaque depuis les

  2   territoires de la municipalité de Trebinje, qui se trouvait sur le

  3   territoire de la Bosnie-Herzégovine, et que l'attaque menée contre le

  4   village de Ravno. C'est un fait dont nous avons déjà parlé ici. Il

  5   s'agissait d'une provocation militaire ouverte, une agression faite contre

  6   le territoire de Bosnie-Herzégovine. Mais nous oublions tous ici que même

  7   avant, l'armée de Milan Martic avait pris un village tout près de Knin qui

  8   s'appelle Uniste, au cours de l'été 1991, au mois de mai 1991. S'agissant

  9   du territoire de Bosnie-Herzégovine, sur ce territoire, personne des

 10   dirigeants de Bosnie-Herzégovine ne s'était proclamé, même si on avait pris

 11   une part du territoire de l'Etat.

 12   Par la suite, il parle du fait que le dernier acte de cette honte d'une

 13   telle politique, c'est lorsque les autorités de Bosnie-Herzégovine ont

 14   arrêté les défenseurs de la ville croate de Kostajnica qui avaient fui sur

 15   le territoire de Bosnie-Herzégovine afin qu'ils puissent éviter d'être

 16   arrêtés par les Serbes à Kostajnica, et les autorités les avaient remis

 17   entre les mains de la JNA, de l'armée serbe. Ils ont tous été enfermés dans

 18   le camp mal famé de Manjaca, et par la suite y ont tous été tués.

 19   Je dois vous dire que j'étais sur le théâtre des opérations tout près de

 20   Kostajnica, à cette époque, et j'ai une connaissance personnelle de cet

 21   événement. Nous étions tout près.

 22   Il dit qu'en réponse à toutes ces provocations ouvertes, le gouvernement

 23   d'Alija Izetbegovic n'a pas répondu, et c'est ainsi que les Serbes

 24   pouvaient faire ce qu'ils voulaient.

 25   Plus loin, pages 128, 129 et 130 ainsi que 31.

 26   Q.  Il s'agira des documents 3D41-0861, 3D41-0862, et en anglais, 3D41-0896

 27   et 3D41-0897.

 28   R.  Il parle du fait que le gouvernement se comporte comme des souris


Page 8291

  1   paralysées par un serpent. En fait, c'est une très bonne analyse de tout ce

  2   qui aurait dû être fait, mais qui n'a pas été fait.

  3   Pour en arriver à la page 135, à la suite de tous ces pourparlers qui

  4   avaient été menés de la façon dont ils avaient été menés --

  5   Q.  Non, vous n'avez rien, il n'y a pas de traduction.

  6   R.  Bien, je crois que tout est clair. Il y a un autre passage, toutefois,

  7   dans lequel Filipovic dit qu'avant l'attaque sur Sarajevo, M. Izetbegovic

  8   déclarait encore qu'il n'y aurait pas de guerre, car pour une guerre, il

  9   faut deux parties, et qu'il ne mènerait pas la guerre. Il se promenait dans

 10   Sarajevo et disait, ne soyez pas énervés, voilà, je me promène, tout est

 11   calme. Quelques jours plus tard, les meurtres dans la ville ont commencé.

 12   Mais je ne voudrais plus parler de ce livre.

 13   Q.  Nous allons maintenant parler de cet autre livre, qui porte la cote

 14   3D03557.

 15   R.  [aucune interprétation]

 16   Q.  L'extrait se trouve à la page 3D41-1008 en croate, et 3D41-1023 en

 17   anglais.

 18   R.  Page 147 --

 19   Q.  Non, c'est la page 152.

 20   R.  D'accord, alors 152.

 21   Q.  Le deuxième cas était beaucoup plus --

 22   R.  Oui, M. Filipovic parle de ce qui lui était arrivé pendant qu'il était

 23   ambassadeur en Suisse. Il dit ici que le gouvernement de Bosnie-Herzégovine

 24   avait proclamé une obligation par laquelle tous les citoyens qui se

 25   trouvaient à l'étranger devaient payer un impôt sur la guerre au

 26   gouvernement de Bosnie-Herzégovine. Ils étaient menacés du fait que s'ils

 27   ne payaient pas cet impôt de guerre, ils ne pouvaient plus revenir en

 28   Bosnie-Herzégovine. Il est certain que les Suisses ont réagi fortement


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  1   contre ceci et le même problème s'est avéré également en Allemagne. M.

  2   Filipovic dit que c'est une chose infiniment stupide, il est tout à fait

  3   conscient de cette idée incroyable qui ait pu tomber à l'esprit de

  4   quelqu'un. Mais Edin Bukvic, qui était au gouvernement à l'époque et

  5   ministre qui travaillait au ministère, était bien difficile à convaincre du

  6   contraire. Il en parle à la page 157.

  7   Q.  Voilà, je vais répéter le numéro du document, il s'agit du document 3D

  8   03557 et le numéro 157 3D41-1010, ainsi qu'un autre document en anglais

  9   3D41-1024.

 10   R.  Nous allons maintenant parler du document 157, 158. Dans ce document,

 11   il dit que M. Von Daniken de la section politique du ministre de l'étranger

 12   et le chef de la police pour les étrangers, lui a remis un aide-mémoire

 13   dans une atmosphère glaciale parce que ce qu'on faisait c'était que

 14   certains criminels avaient distribué quelque 200 passeports aux personnes

 15   qui n'étaient pas des citoyens de Bosnie-Herzégovine; c'étaient des gens de

 16   nationalité turque, du Kosovo ou autre. C'était un énorme scandale et il a

 17   réussi à en sortir, on a fait des enquêtes. On parle de Celo Bajramovic.

 18   C'était l'un des commandants de guerre à Sarajevo également, qui entre-

 19   temps je crois est décédé après avoir passé un certain temps en prison à

 20   cause de tous les crimes qu'il avait commis. Comme il est indiqué ici, il

 21   avait passé de façon illégale la frontière entre l'Allemagne et la Suisse,

 22   et tout ceci parle du type de gouvernement qui était au pouvoir à l'époque

 23   en Bosnie.

 24   Q.  Passons maintenant au document 3D41-1017 ou en anglais 3D41-1027.

 25   R.  Sur ces pages, il parle de ce que font les Anglais d'après lui pour

 26   venir en aide aux Serbes pour en arriver à cette fameuse division de

 27   pourcentage. Il dit qu'il avait été informé par Roy Guttman et qu'on était

 28   en train de trouver une solution pour la Bosnie-Herzégovine qui consistait


Page 8293

  1   à scinder les deux états, et ensuite il a parlé de ce qui arrivait à

  2   Srebrenica. J'aimerais passer aux pages 274, 275 et 246.

  3   Q.  Il s'agit des pages 3D41-1020, 3D41-1030 et 3D41-1031 en anglais, et en

  4   croate 3D41-1021.

  5   R.  M. Filipovic dit de nouveau qu'il avait été appelé par Roy Guttman et

  6   que ce dernier lui avait demandé s'il savait ce que Sacirbey était en

  7   train de dire quels étaient les accords auxquels voulaient-on en arriver

  8   avec les Serbes pour ce qui est de l'échange du territoire et de la

  9   séparation, et que les Musulmans avaient laissé Srebrenica, Zepa et Gorazde

 10   entre les mains des Serbes pour qu'il puisse arriver à la sortie de

 11   Sarajevo, jusqu'à la sortie de Sarajevo. Il a écrit à Izetbegovic. L'autre

 12   ne lui a jamais répondu. Les Serbes étaient très forts en matière de

 13   propagande, car c'est ce qu'ils avaient déjà du temps de la Yougoslavie.

 14   Ensuite, il parle du fait que par le biais de ses propres filières,

 15   il a envoyé des messages aux gens sur le terrain de Gorazde, en leur disant

 16   qu'il ne fallait pas qu'ils se rendent, car le même sort que celui réservé

 17   à Srebrenica et Zepa allait leur être réservé à eux aussi. Ils ont obéi et

 18   défendu Gorazde.

 19   Il parle de la situation de propagande en Grande-Bretagne, où surgissent de

 20   nombreux signes concernant la manière dont il faut tout régler. Il dit que

 21   les Serbes avaient une grande propagande au sujet des Musulmans disant que

 22   c'était des Turcs et des traîtres serbes, et ainsi de suite. D'après lui,

 23   c'était seulement Mme Thatcher qui avait fait preuve de la détermination et

 24   du courage et que les autres avaient joué le jeu de la manière qui est bien

 25   connue.

 26   On sait bien comment ça s'est terminé à Srebrenica et à Zepa, et

 27   Gorazde aurait été la même chose si les jeunes hommes qui défendaient

 28   Gorazde n'avaient pas résisté aux grands jeux politiques. A Bihac, ceci se


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  1   serait terminé comme à Srebrenica si les Américains n'avait pas permis à

  2   l'armée croate d'infliger une défaite aux Serbes au côté de l'ABiH et du

  3   HVO.

  4   C'est tout ce que j'ai à dire au sujet de ce livre.

  5   J'en ai terminé, et je pense que ceci montre de façon très évidente

  6   que M. Filipovic considère que le peuple croate à travers la Bosnie-

  7   Herzégovine a fait un pas nécessaire et intelligent, qu'il était nécessaire

  8   de le faire; que la HZ HB ne cessait de dire que c'était une création

  9   provisoire qui allait durer jusqu'à un accord concernant la Bosnie-

 10   Herzégovine, que le HVO alors que moi-même j'ai réussi à sauver la Bosnie-

 11   Herzégovine avec un grand nombre de blessés et de morts. Nous avons lutté

 12   avec les Musulmans sur le même territoire --

 13   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Je dois vous interrompre parce qu'il

 14   me semble qu'il y a un problème de traduction à la ligne 23, 24 et 25, vous

 15   avez dit, et je cite :

 16   "Il pense que ce business" et puis il y a un petit "^" et que "le peuple

 17   croate à travers la Bosnie-Herzégovine était nécessaire. Il manque un mot,

 18   et que ceci devait être fait."

 19   J'ai l'impression qu'il y a à deux reprises un mot qui manque, je lis "he

 20   thinks that the business" dans la version anglaise, peut-être devriez-vous

 21   reprendre cette phrase, s'il vous plaît.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Juge Prandler. Je

 23   vais répéter lentement.

 24   J'affirme que ce livre montre de manière claire que la création de la HZ HB

 25   était un pas nécessaire, responsable et prudent par le biais duquel on a

 26   créé les municipalités associées à travers l'ensemble de la Bosnie-

 27   Herzégovine, et par le biais de cela, on a sauvé la Bosnie-Herzégovine. Le

 28   HVO a réussi à empêcher une défaite totale de la Bosnie-Herzégovine. Et les


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  1   soldats du HVO morts et blessés, dans les rangs desquels il y avait un

  2   grand nombre de Musulmans, ont réussi à défendre la Bosnie-Herzégovine. Et

  3   la politique, et je suppose que M. Izetbegovic avait les meilleures

  4   intentions, mais sa politique était absolument catastrophique et

  5   irresponsable. Et si l'on avait appliqué cette politique-là, la Bosnie-

  6   Herzégovine n'aurait pas existée. Les morts et les expulsés auraient été

  7   beaucoup plus nombreux. La HZ HB était une association provisoire des

  8   municipalités conformément à la loi en vigueur à l'époque, et il était

  9   écrit sur tous les documents, toujours, la "Bosnie-Herzégovine". Et le sens

 10   de la HZ HB et du HVO était double. D'un côté, de défendre la Bosnie-

 11   Herzégovine, et d'autre part, de trouver une solution politique portant sur

 12   l'organisation interne de la Bosnie-Herzégovine au sujet de quelque chose

 13   qui est connu dans la science comme la méthode à miroir, c'est-à-dire

 14   l'égalité. Ce que le citoyen Juge Prandler a, ça va être le cas du Juge

 15   Antonetti et d'un représentant des Hongrois et de moi-même. Ça, c'est la

 16   méthode à miroir, l'égalité qui est le fondement de toute logique politique

 17   valable.

 18   Et malgré le fait que M. Izetbegovic se comportait comme il se

 19   comportait depuis la fameuse proposition de Tudjman et des Slovènes

 20   concernant la manière dont il fallait faire les choses, encore une fois --

 21   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Monsieur Praljak, encore une fois --

 22   je dois m'excuser auprès des interprètes. Mais je voudrais dire que votre

 23   réponse m'a satisfaite. On peut peut-être clore sur ce point, s'il vous

 24   plaît.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. Monsieur le Président, Messieurs les

 26   Juges, je n'ai plus rien à ajouter à ce sujet si ce n'est, très brièvement,

 27   pour dire que malgré un tel comportement de M. Izetbegovic qui dépendait de

 28   ses compagnons parapolitiques, de la parti du SDA composée des Jeunes


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  1   Musulmans, la politique croate, ce que les documents montrent vis-à-vis de

  2   lui, constituait une tentative à répétition d'être correct. Les gens sur le

  3   terrain, cependant, étaient beaucoup plus amers, et tout le monde

  4   comprenait. Ils n'étaient pas stupides, bien sûr. Les gens, les citoyens

  5   étaient au courant de ces doubles ou triples jeux et ceci créait beaucoup

  6   de frustrations, beaucoup de situations extrêmement difficiles. Et comme

  7   vous le savez, dans de telles conditions, les personnes qui ont assumé

  8   certaines fonctions trouvent leur travail beaucoup plus difficile par

  9   rapport à une situation plus normale.

 10   Mme PINTER : [interprétation]

 11   Q.  Général, si les Juges n'ont plus de questions, je vais poursuivre.

 12   Aujourd'hui, l'appellation des "Jeunes Musulmans" a été mentionnée à

 13   plusieurs reprises. Vous avez dit très brièvement de quel type

 14   d'organisation il s'agissait. Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu

 15   plus à ce sujet et ensuite nous pouvons aborder le livre dont le numéro est

 16   3D 03540.

 17   R.  Je vais essayer d'être bref et je vais donc vous dire que c'est une

 18   organisation dont le fondement est une interprétation tout à fait rigide du

 19   livre sacré des Musulmans, du Coran. Je ne vais pas me pencher sur la

 20   partie du livre parlant de leurs jugements et de leurs peines. Demain, nous

 21   allons citer seulement certains brefs extraits des interviews de M.

 22   Izetbegovic. Il s'agissait des interviews accordées par lui à l'auteur de

 23   ce livre après la guerre, d'où il ressort clairement à quoi ressemblent ses

 24   positions. Puis une déclaration des Jeunes Musulmans et leurs aspirations

 25   politiques. Donc nous allons ce qui se trouve au cœur d'un tel mouvement

 26   alors que sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine ils étaient plusieurs

 27   milliers. Il ne s'agissait pas exactement d'un petit groupe de personnes,

 28   et en 1991, ils ont repris le contrôle du SDA dans toutes les


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  1   municipalités, et en tant que groupement parallèle, ils guidaient en grande

  2   partie Alija Izetbegovic aussi. A vrai dire, il s'agit des positions tout à

  3   fait intégristes portant sur le rôle de la religion qui doit être décisif

  4   dans la politique, selon eux. Demain, je vais démontrer que ce monsieur qui

  5   a écrit le livre en question, son nom est Sead Trhulj, c'est un Musulman,

  6   donc il n'y a pas de raison de s'appuyer sur mes évaluations à moi, alors

  7   que Sead Trhulj écrit avec les meilleures intentions afin de montrer quelle

  8   est la vérité au sujet de cette organisation.     

  9   Mme PINTER : [interprétation] Merci.

 10   Il nous reste encore quatre minutes, Monsieur le Président. Je peux

 11   commencer avec le livre. Nous pouvons commencer avec l'interview d'Alija

 12   Izetbegovic, mais nous arriverons à la moitié du texte peut-être -- car je

 13   vois que le général Praljak est fatigué.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas fatigué, mais s'il ne reste que

 15   trois minutes --

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Il reste deux minutes. Donc ce n'est pas la peine.

 17   On continuera demain.

 18   Tout d'abord, j'informe la Défense qu'elle a utilisé 18 heures et 30

 19   minutes, pour votre planning.

 20   Nous serons donc d'audience demain matin. Donc je vous invite tous à

 21   revenir demain à 9 heures.

 22   --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le mardi 19 mai 2009,

 23   à 9 heures 00.

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