Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 20 janvier 2010

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [L'accusé Pusic est absent]

  5   [Le témoin vient à la barre]

  6   --- L'audience est ouverte à 9 heures 01.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  8   l'affaire, s'il vous plaît.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à

 10   tous.

 11   Il s'agit de l'affaire IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

 12   Merci, Messieurs les Juges.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : En cette journée du mercredi 20 janvier 2010, je

 14   salue M. Coric, M. Petkovic, M. Praljak, M. Prlic. Je constate que M. Pusic

 15   est malade, et j'ai oublié également à saluer M. Stojic. Je salue Mmes et

 16   MM. les avocats, je salue M. le Témoin, je salue tous les membres du bureau

 17   du Procureur présents, ainsi que toutes les personnes qui nous assistent,

 18   et je salue également la nouvelle Huissière qui est présente.

 19   Nous allons donc continuer les questions de Mme Alaburic. Mais avant cela,

 20   dans la suite des questions qui vous ont été posées, Monsieur le Témoin,

 21   hier, j'ai évoqué, à un moment donné, la question des 3 000 Croates qui ont

 22   quitté Bugojno et qui sont partis vers la ligne serbe.

 23   Cette nuit, j'ai consulté une carte qui est à la cote 4D 01483. Ce n'est

 24   pas la peine de la regarder, mais avant de vous poser la question, je vais

 25   vous demander : est-ce que vous connaissiez bien la région Gornji Vakuf,

 26   Bugojno, Prozor, Kupres ? Est-ce que cette région vous la connaissez, parce

 27   que si vous ne la connaissez pas, ce n'est pas la peine que je vous pose la

 28   question.

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  1   LE TÉMOIN : RADMILO JASAK [Reprise]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, je ne connais pas cette

  4   région dans le détail, mais je sais où se trouvent ces villes seulement.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors vous me dites où se trouvent ces villes. Ça me

  6   suffit pour vous poser la question. Nous avons Bugojno et puis il y a une

  7   route qui permet, à ce moment-là, à partir de Bugojno d'aller à Prozor en

  8   passant par Gornji Vakuf. Je me mets dans la situation de cette offensive

  9   de l'ABiH et des Croates qui prennent la fuite. En regardant la carte, je

 10   me suis dit : mais pourquoi ils n'ont pas été vers Prozor, Rama, comme on

 11   veut, qu'est-ce qui les empêcher et pourquoi ils ont été vers les lignes

 12   serbes disons en direction de Kupres ? Est-ce que vous pouvez me dire

 13   pourquoi ils n'ont pas été vers Prozor Rama, en passant par Gornji Vakuf ?

 14   Est-ce que vous savez pourquoi, ou bien vous ne le savez peut-être pas ?

 15   Moi, je n'en sais rien.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas, Monsieur le Juge.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Merci.

 18   Bien, Maître Alaburic.

 19   Mme ALABURIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à mes

 20   confrères et consoeurs de l'Accusation. Bonjour à toutes et à tous dans le

 21   prétoire, et bonjour à vous, Monsieur Jasak.

 22   Interrogatoire principal par Mme Alaburic : [Suite]

 23   Q.  [interprétation] Monsieur Jasak, veuillez nous indiquer quel est en

 24   premier lieu la zone opérationnelle que vous avez surtout traitée, en votre

 25   qualité d'analyste au sein du VOS ?

 26   R.  En premier lieu, l'Herzégovine du sud-est et la région de Mostar.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Mon Colonel, excusez-moi, comme je travaille aussi

 28   la nuit, il y a des questions qui me viennent à l'esprit. Je me suis

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  1   demandé quand vous avez quitté la Bosnie-Herzégovine pour aller dans

  2   l'armée croate, en août 1993, si je ne me trompe pas. Compte tenu du fait

  3   que vous étiez un spécialiste du VOS, c'est la question de Me Alaburic qui

  4   m'amène a vous poser cette question. Comme vous étiez un spécialiste du

  5   renseignement militaire, pourquoi n'avez-vous pas été affecté tout de suite

  6   à l'état-major de l'armée croate pour vous occuper du renseignement

  7   militaire ?

  8   Je vais vous expliquer pourquoi je pose la question. Moi, je suis

  9   totalement transparent, dans mes questions il n'y a jamais de piège. Je dis

 10   tout et je pose la question. Pourquoi je vous pose cette question ? Pour la

 11   raison suivante : quand il y a eu les événements concernant la localité de

 12   Stupni Do, M. Tudjman, lui-même, évoque en réunion la question de ces

 13   événements et je cite de mémoire en posant la question du commandant qui

 14   était sur place et qui pouvait se voir imputer les crimes au sujet de Visa

 15   Razic [phon], pose la question à tous ceux qui sont autour de lui : "Who is

 16   it?" En fait, il veut savoir qui c'est ce Razic. Là, je me suis dit, en

 17   voyant ceci : tiens, M. Tudjman n'a pas eu un renseignement fiable sur ce

 18   commandant. Comment se fait-il ? Y a-t-il une faiblesse au niveau de ces

 19   services de Renseignement, alors même qu'il y a d'autres documents qui

 20   montrent qu'il était au courant d'un certain nombre d'événements. Donc

 21   quand je relis ce transcript présidentiel, où M. Tudjman n'est pas

 22   renseigné et demande des renseignements, avec quelqu'un comme vous qui avez

 23   exercé cette fonction VOS et qui n'intègre pas le renseignement croate,

 24   pourquoi on ne vous a pas affecté au renseignement croate directement ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, c'est à Zagreb que j'ai fait

 26   mon école de l'état-major, commandant de l'état-major suite à mes activités

 27   au sein du HVO. C'est à partir du 5 août 1994 que j'ai été affecté au

 28   théâtre de combat au sud. C'est ce qu'on a proposé lorsque j'ai été

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  1   accueilli dans ce service. A compter du 5 août 1994, j'ai été employé par

  2   ce service, donc je suis devenu leur membre du personnel. Suite à l'école

  3   faite à Zagreb, on a jugé que j'étais surtout utile au sud, chez général

  4   Marinovic pour travailler dans le secteur opérationnel. C'était

  5   l'estimation ou l'évaluation faite par mes supérieurs. Pourquoi ils ont

  6   fait cette évaluation-la, je ne sais pas vous le dire.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.

  8   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, si vous le

  9   permettez, je voudrais rectifier la ligne 11, où l'on consigne que le

 10   témoin aurait dit qu'il a été décidé qu'il rejoigne le général Marinovic.

 11   Il a parlé du théâtre de combat au sud, chez le général Marinovic.   

 12   Q.  Monsieur Jasak, ce front sud, nous l'utilisons souvent comme notion

 13   dans ce prétoire, où se trouve, dans quel état se trouve ce front sud, où

 14   vous avez eu à intervenir ?

 15   R.  C'était en République de Croatie, à l'époque cela faisait partie de la

 16   zone opérationnelle Split, district militaire Split.

 17   Q.  Dites-nous : où se trouvait son siège, dans quelle ville ?

 18   R.  Le siège de ce qu'on appelait le front sud se trouvait à Dubrovnik.

 19   L'état-major, lui, se trouvait à l'hôtel Splendid.

 20   Q.  Bien. Revenons maintenant à l'année 1993. Vous avez en premier lieu

 21   analysé le secteur de la zone opérationnelle de l'Herzégovine du sud-est.

 22   Dites-nous si vous l'avez fait pendant la période mars, avril et mai de

 23   l'année 1993 ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Dites-nous si vous avez eu des informations disant qu'à Konjic et à

 26   Jablanica, il y avait des combats entre le HVO et l'ABiH ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Dites-nous : au sujet de vos informations premières, s'agissant des

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  1   conflits dans la région, que pourriez-vous nous indiquer ? A quelle date

  2   ces premiers conflits sérieux ont surgi dans la région ?

  3   R.  Le 23 mars 1993.

  4   Q.  Penchez-vous sur votre classeur maintenant. Il y a un chapitre relatif

  5   à Konjic.

  6   Mme ALABURIC : [interprétation] J'indique à l'attention des Juges, si vous

  7   avez pris bonne note de l'endroit où on s'était arrêté hier, pour ce qui

  8   est du premier classeur, nous sautons l'ensemble qui suit concernant les

  9   commandements conjoints, parce que j'estime que nous avons étudié la chose

 10   grâce aux questions posées par MM. les Juges. Il doit y avoir des

 11   intercalaires bleus entre les sous ensembles. Je vous renvoie maintenant au

 12   4D 438, classeur numéro 1. Il s'agit de dernière partie ou dernier sous-

 13   ensemble du premier classeur. Je l'indique pour MM. les Juges.

 14   Q.  C'est un document que nous avons à plusieurs reprises étudié dans ce

 15   prétoire. Il s'agit d'une information de soit Alic, commandant de cette

 16   brigade musulmane, datée du 23 mars 1993. L'ABiH informe son supérieur au

 17   niveau du 4e Corps du fait que 150 membres du HVO ont été faits

 18   prisonniers, que la ville était bloquée, que la vie dans la ville est

 19   paralysée, et qu'"il y avait poursuite des arrestations."

 20   Alors, Monsieur Jasak, est-ce qu'au sein du VOS, vous avez eu des

 21   informations selon lesquelles l'événement s'est produit tel que décrit dans

 22   ce document ?

 23   R.  Oui, nous avons eu des informations à ce sujet.

 24   Q.  Monsieur Jasak, si nous voulions savoir ce qui se passait dans cette

 25   municipalité voisine de Jablanica, fallait-il avoir eu vent des événements

 26   de Konjic, ou est-ce qu'on peut se pencher de façon indépendante sur des

 27   événements qui sont produits dans ces deux municipalités voisines ?

 28   R.  Ces deux municipalités sont reliées l'une à l'autre, et il faut les

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  1   prendre en considération ensemble.

  2   Q.  Sur le territoire de la région de Konjic et Jablanica, d'après vous,

  3   est-ce qu'il pouvait y avoir une influence quelconque pour ce qui est des

  4   événements et de la situation à Mostar ?

  5   R.  Les événements sur le terrain à Jablanica et Konjic pouvaient

  6   certainement influer sur ce qui se passait à Mostar, parce que ce sont deux

  7   régions faisant partie de la zone opérationnelle de l'Herzégovine du sud-

  8   est et cela faisait partie de la zone d'intervention du 4e Corps.

  9   Q.  Est-ce que ces deux territoires constituent un ensemble géographique

 10   indépendamment du découpage militaire de quelque armée que ce soit ?

 11   R.  Oui, c'est le cas.

 12   M. KRUGER : [interprétation] Monsieur le Président, pardon de vous

 13   interrompre. Bonjour à tous.

 14   Je ne suis pas contre les questions, mais c'est la forme de la question. Ce

 15   sont des questions qui sont données de manière très directrice. Merci.

 16   Mme ALABURIC : [interprétation] Je remercie mon confrère, M. Kruger. Je

 17   fais véritablement des efforts pour ce qui est d'être très disciplinée et

 18   de poser des questions de façon correcte. J'espère ne pas avoir outrepassé

 19   les limites.

 20   Q.  Alors, Monsieur, est-ce que cette espace constitue un ensemble

 21   géographique ?

 22   R.  Oui. Cela constitue un ensemble géographique, et c'est la raison pour

 23   laquelle cela fait partie d'une zone opérationnelle unique, et c'est pour

 24   cela que cela se trouve dans les limites où le découpage qui est affecté à

 25   un cors d'armée.

 26   Q.  Nous avons dit que ce conflit du 23 mars 1993 s'est terminé à Konjic,

 27   mais j'aimerais que vous nous rappelez, comment ce conflit s'est-il terminé

 28   ?

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  1   R.  Le conflit s'est terminé par la signature d'un accord relatif à un

  2   cessez-le-feu entre les commandants du HVO et de l'ABiH, le général

  3   Petkovic et le commandant de l'armija.

  4   Q.  Est-ce que le conflit a stoppé une fois cet accord signé ?

  5   R.  Oui.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- vous n'êtes pas un officier du

  7   niveau, à l'époque, puisque maintenant vous êtes colonel mais, à l'époque,

  8   vous n'étiez pas un officier de niveau de général. C'est une question que

  9   j'aurai peut-être le temps de poser au général Petkovic - je ne sais pas -

 10   parce que j'ai beaucoup de questions que je suis en train de préparer. Je

 11   vais quand même vous la poser, parce que vous nous avez dit que vous avez

 12   fait à l'école à Zagreb, une école militaire, donc vous avez quand même

 13   peut-être quelques compétences.

 14   Ce document montre qu'au mois de mars, l'ABiH fait une action d'envergure à

 15   Konjic car il capture 150 membres du HVO. Ils bloquent la ville; la vie de

 16   la ville est paralysée, et ce colonel qui fait ce rapport à Pasalic

 17   explique qu'il continue les arrestations. Donc en terme militaire, il y a

 18   une action.

 19   Vous, vous êtes dans le renseignement militaire. Donc ceci a dû être porté

 20   à votre connaissance. Mais en termes militaires, quand il y a une offensive

 21   de cette nature, est-ce qu'à ce moment-là le HVO voyant qu'il y a dans

 22   cette espace géographique d'où l'intérêt de la question posée par Me

 23   Alaburic, qu'il y a une continuité pour desserrer les trappes militaires

 24   sur Konjic. Est-ce que le HVO, à ce moment-là, ne va pas lui-même être en

 25   mesure de faire une opération offensive, pour faire relâcher les

 26   [imperceptible] sur Konjic ? Dans l'analyse que vous avez fait à l'époque,

 27   est-ce que ceci a été fait, ou bien tout de suite il y a eu cessez-le-feu ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Pour ce qui est de cette date-là, il y a eu,

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  1   après l'accord signé, cessation d'échange de feu, mais il y a eu quand même

  2   des escarmouches, ça et là. Le HVO avait moins d'effectif, bien moins

  3   d'effectif que l'ABiH, et n'a pas eu la possibilité, aucune possibilité

  4   pour ce qui est de se défendre.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors là vous introduisez deux éléments que

  6   j'entends pour la première fois. Vous dites que le HVO avait moins

  7   d'effectif, et donc était si je comprends bien en situation d'infériorité

  8   par rapport au 4e Corps, et vous rajoutez ils n'avaient pas la capacité de

  9   se défendre.

 10   Donc j'essaie d'analyser ce que vous dites. Ça veut dire qu'en termes

 11   militaires, suite à l'offensive de l'ABiH, le HVO n'était pas en mesure

 12   d'attaquer au niveau de Mostar le 4e Cors l'ABiH parce qu'il n'en avait pas

 13   la capacité militaire. C'est ça que vous voulez me dire ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, ce que j'ai dit je l'ai dit

 15   en pensant à Konjic et à Jablanica. Pour ce qui est de Mostar, à l'époque,

 16   le HVO était engagé en grande partie sur les lignes de front face à l'armée

 17   de la Republika Srpska. Tous les conflits ont été résolvés [phon] de façon

 18   pacifique et on s'est efforcé de tout résoudre de façon pacifique parce

 19   qu'on n'avait pas envisagé la possibilité qu'il y ait une guerre totale, vu

 20   qu'on savait de façon autonome ni le HVO ni l'ABiH ne pouvait vaincre

 21   l'ennemi qu'était l'armée de la Republika Srpska.

 22   Mme ALABURIC : [interprétation] Juste une petite rectification au compte

 23   rendu, Monsieur le Président. Je crois que ce sera important pour vos

 24   questions à venir. A la ligne 9, on a erroné -- consigné ce que le témoin a

 25   dit pour ce qui est des villes qu'il avait à l'esprit lorsqu'il a dit que

 26   le HVO n'avait pas suffisamment d'effectif pour résister à l'ABiH.

 27   Q.  J'aimerais, Monsieur le Témoin, que vous répétiez quelles sont les

 28   villes que vous avez mentionnées ?

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  1   R.  J'ai mentionné les villes de Konjic et de Jablanica.

  2   Mme ALABURIC : [interprétation] On a re consigné -- on s'est de nouveau

  3   trompé pour ce qui est des villes. Le témoin a dit Konjic et Jablanica. Il

  4   n'a pas dit Konjic et Mostar.

  5   Q.  [aucune interprétation] ¸

  6   R.  J'ai dit Konjic et Jablanica.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Donc vous me dites qu'au niveau de Jablanica

  8   le HVO n'était pas en mesure de faire quoi que ce soit. Le cessez-le-feu

  9   qui est intervenu, il est intervenu, d'après vous, à la demande du HVO ou à

 10   la demande de la communauté internationale ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Le cessez-le-feu a été obtenu par le biais de

 12   cet accord entre le général Petkovic et les représentants de l'ABiH.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Mais vous n'avez pas répondu parce que vous ne

 14   savez c'est à la demande de qui. C'est ce que j'ai cru comprendre.

 15   Les 150 soldats capturés, ils ont été relâchés ou pas ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, il a été négocié la

 17   libération de ces prisonniers et il y a des négociations à cet effet.

 18   Mme ALABURIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je voulais juste dire

 19   qu'on a erronément consigné au compte rendu le numéro du document dont nous

 20   venons de parler. Je remercie ma consoeur, Mme Tomanovic, de nous l'avoir

 21   indiqué. Il s'agit du 4D 438. Maintenant, c'est bon.

 22   Q. Nous avons parlé du mois de mars, et nous avons dit qu'il y a eu des

 23   conflits et qu'il y a eu cessation des hostilités. Savez-vous nous dire,

 24   Monsieur, si sur ce même territoire, il y aurait eu des escarmouches, des

 25   conflits début avril 1993 ?

 26   R.  Oui, j'ai des informations dans ce sens.

 27   Q.  Bien, dites-nous.

 28   R.  Ça s'est produit dans le secteur de la vallée de la Neretvica, non loin

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  1   de la ville de Konjic.

  2   Mme ALABURIC : [interprétation] Penchons-nous sur le document suivant. P

  3   1803.

  4   Q.  Il s'agit d'un rapport du SIS daté du 4 avril 1993. Dans la troisième

  5   partie, il est dit :

  6   "Dans la partie nord-est de ce secteur en direction de la municipalité de

  7   Konjic, il y a souvent des provocations et tentatives d'attaque de

  8   l'infanterie vers des villages habités uniquement par des Croates, où la

  9   population n'est que Croate."

 10   Alors, au VOS, est-ce que vous aviez eu des informations disant que dans

 11   les secteurs aux alentours où il y avait une population croate, il y avait

 12   également des conflits et des escarmouches ?

 13   R.  Oui. Nous avions reçu des informations en ce sens, parce qu'Ivanci,

 14   Pajici et Vratna Gora, c'est un secteur qui se trouve non loin de la vallée

 15   de la Neretvica, c'est-à-dire au nord-ouest de la vallée de la Neretva.

 16   Q.  M. le Juge Antonetti vous a interrogé au sujet du HVO à Konjic et

 17   Jablanica, et vous avez répondu en disant qu'ils étaient en bien moindres

 18   effectifs par rapport aux effectifs de l'ABiH.

 19   Alors, dites-nous, Monsieur Jasak : est-ce que le HVO dans le secteur

 20   Konjic et Jablanica était capable de lancer des attaques et exercer un

 21   contrôle plein et entier vis-à-vis de ces villes pour repousse l'ABiH de

 22   ces secteurs de Jablanica et Konjic ?

 23   R.  Le HVO n'était pas en mesure de réaliser chose pareille, et quand bien

 24   même il aurait voulu le faire, il n'en avait pas eu la force.

 25   Q.  La dernière partie de votre phrase n'a pas été consignée au compte

 26   rendu, Monsieur Jasak. Est-ce que vous pouvez nous dire ? Il n'avait pas la

 27   force… et qu'avez-vous dit ?

 28   R.  Quand bien même il aurait voulu le faire, il n'en avait pas la force,

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  1   ai-je dit.

  2   M. LE JUGE PRANDLER : [interprétation] Pardon, Maître Alaburic. Je dois

  3   dire que, là encore, il y a certains problèmes concernant le compte rendu

  4   qui sont dus, en partie, au fait que vous parlez très vite entre vous et le

  5   témoin et que vous ne ménagez pas ces deux pauses entre les questions et

  6   les réponses.

  7   Je vous remercie d'en prendre note.

  8   Mme ALABURIC : [interprétation] Merci de votre avertissement, Monsieur le

  9   Juge. Nous allons ralentir davantage encore.

 10   Q.  Penchez-vous sur le 2D 775, qui est le document suivant, Monsieur

 11   Jasak.

 12   Il s'agit d'un rapport du HVO de Konjic daté du 8 avril. Dans ce rapport du

 13   8 avril, on dit que l'ABiH s'attaque à la caserne de Goran Stanic dans la

 14   localité de Seonica, et avec la chute de cette caserne, cela couperait les

 15   effectifs du HVO et de façon notable, cela porterait atteinte à la défense.

 16   Alors, à cette date du 8 avril, avez-vous eu des informations ou

 17   peut-être pas pour ces dates-là mais aux alentours, saviez-vous ce qui se

 18   passait au juste dans le secteur de Konjic ?

 19   R.  Nous savions qu'il y a eu des activités sur place. Mais là, l'on voit,

 20   si je me rappelle bien, qu'il y avait là-haut le chef de l'état-major

 21   principal et c'est lui qui a signé cela, M. Slavko Puljic. Donc, c'est lui

 22   qui fait rapport sur ces conflits, et il a essayé d'agir de concert avec

 23   les représentants de l'armée pour calmer le jeu.

 24   Q.  Vous évoquez les représentants de l'"armija" et du HVO. S'agit-il de la

 25   commission créée suite à l'accord passé entre les représentants de l'ABiH

 26   et du HVO, d'une commission qui était appelée à travailler pour calmer la

 27   situation ?

 28   R.  Oui, tout à fait. Le représentant de l'état-major principal, M. Slavko

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  1   Puljic, qui jusqu'à ce moment-là avait travaillé au sein de la zone

  2   opérationnelle de l'Herzégovine du sud-est donc, lui, il était à la tête

  3   des armes au HVO. Il voulait voir de ses propres yeux qu'elle était la

  4   situation sur le terrain. Donc, nous voyons en bas qu'il dit "demander à

  5   Arif quelle est le geste suivant perfide" qu'il fera.

  6   Mme ALABURIC : [interprétation] 2D 2 --

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Témoin, je vois ce document où il y a d'après ce

  8   document, une attaque de l'ABiH. Il y a une mise en cause d'Arif Pasalic,

  9   et ce qui me paraît important, c'est que le lendemain, il y a une rencontre

 10   qui est prévue avec des observateurs de l'Union européenne. Ce n'est pas le

 11   premier document qui montre que quand il y a des "incidents," il avez y

 12   avoir tout de suite après des réunions avec soit des observateurs, soit la

 13   FORPRONU et à chaque fois, la communauté internationale est présente.

 14   Partant de là, pour savoir qui dit vrai, qui est perfide, qui joue un

 15   double jeu, est-ce que vous, vous avez eu l'occasion de participer à ces

 16   réunions internationales ou pas, ou vous n'avez jamais mis les pieds dans

 17   ces réunions ?   

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je n'ai pas pris

 19   part à ces réunions. Mais il ressort de ce que nous avons ici que le

 20   commandant du 4e Corps, Arif Pasalic, joue un double

 21   Jeu, et ici, Slavko Puljic a été désigné. C'est un officier hautement

 22   qualifié qui est sorti des écoles de la JNA et qui, encore à ce jour,

 23   travaille à l'armée de la Fédération de Bosnie-Herzégovine. Je pense que

 24   c'est l'officier le plus haut gradé parmi les Croates et donc, je lui fait

 25   confiance.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, vous dites qu'Arif Pasalic jouait un double

 27   jeu. Le bureau du Procureur dit également que les responsables militaires

 28   du HVO jouaient un double jeu. Tout le monde s'accuse mutuellement de

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  1   double jeu, et les Juges auront à trancher pour savoir qui dit vrai. Mais

  2   ce qui me paraît un peu étonnant, c'est que, dans ces réunions

  3   internationales, il y a des militaires parfois de haut rang qui sont

  4   extrêmement compétents et très vite, ils peuvent savoir qui joue le double

  5   jeu.

  6   Je vais prendre un simple exemple : le général Morillon, qui a signé des

  7   documents avec Halilovic, avec Petkovic, est-ce qu'on peut faire un double

  8   jeu avec quelqu'un de sa compétence technique ? C'est un véritable

  9   problème. Chacun dit : il joue double jeu, alors même que les

 10   internationaux sont totalement impliqués dans toutes ces réunions. Pour

 11   moi, si quelqu'un joue un double jeu devant moi, je m'en aperçois très

 12   vite.

 13   Alors, comment vous pouvez expliquer que M. Pasalic, qui a peut-être

 14   participé à cette réunion, je ne sais pas, qui est mis en cause, et que les

 15   internationaux ne voient rien ? Comment vous pouvez expliquer cela, vous ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas pourquoi

 17   la communauté internationale n'en a pas parlé mais je sais que les

 18   représentants de la communauté internationale étaient des ressortissants de

 19   systèmes organisés, structurés. Ils ne pouvaient même pas imaginer qu'une

 20   telle chose était possible.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : [aucune interprétation] 

 22   Mme ALABURIC : [interprétation]

 23   Q.  Monsieur Jasak, mais était-il possible, par exemple, qu'Arif Pasalic

 24   souhaite sincèrement calmer le jeu et respecter le cessez-le-feu, mais

 25   qu'il y ait eu, par exemple, parmi ses subordonnés, un commandant qui en

 26   voulait autrement et qui ne voulait pas exécuter l'ordre de Pasalic et qui

 27   aurait, par exemple, volontairement provoqué des incidents ou continué des

 28   activités de combat ? Est-ce qu'un tel cas de figure est possible, d'après

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  1   les analyses que vous avez menées sur l'ABiH et d'après vos connaissances ?

  2   R.  Ce type de situation est possible. Mais pendant un temps très bref, le

  3   temps que le commandant ne l'apprenne et qu'il ne réagisse. Mais ici, nous

  4   avons M. Slavko Puljic comme signataire de ce document qui connaît très

  5   bien Arif Pasalic et qui connaît très bien la situation qui règne dans ce

  6   secteur. Donc je pense que le signataire de ce document sait de quoi il

  7   parle.

  8   Q.  D'accord.

  9   Mme ALABURIC : [interprétation] Alors, voyons maintenant le document 2D

 10   246.

 11   Q.  Ah. Il s'agit des événements dans ce secteur. Il s'agit de l'ordre du

 12   commandant de la 44e Brigade de Montagne de Jablanica, Enes Kovacevic.

 13   Nous voyons, par le menu ici, quelles sont les missions confiées aux

 14   différents bataillons de la brigade. Alors, à titre d'exemple, le 1er

 15   Bataillon doit mener des actions d'offensive vers Kosne Luka, le village de

 16   Doljani. Puis le 2e Bataillon doit entre autres occuper des positions au

 17   mont Boksevica. Le 3e Bataillon entre autres s'emparait des positions à

 18   Aleksin Han, en direction de Mostar.

 19   Puis le 4e Bataillon, c'est celui qui m'intéresse le plus pour le moment,

 20   alors, il est dit pour le 4e Bataillon, que les missions suivantes lui sont

 21   confiées :

 22   "Une fois la mobilisation terminée, la 1ère, 2e, 3e et 4e Sections doivent

 23   s'emparer des positions vers Risovac, et la 5e, dans le village de Doljani,

 24   doit se tenir prête à mener à bien une défense décisive tant que l'aide ne

 25   sera arrivée. Il convient de renforcer par des moyens anti-chars des

 26   positions en route et par une section et contrôler la circulation. A partir

 27   du moment où les opérations de combat auront commencé, il ne faut pas

 28   autoriser que l'on passe vers le village de Sovici et vers le village de

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  1   Doljani."

  2   Alors, Monsieur Jasak, essayons d'étudier cela de plus près. Si l'ABiH

  3   souhaite s'emparer des positions vers Risovac, quel serait l'objectif de

  4   cette mission de combat ?

  5   R.  Si l'ABiH cherche à capturer les positions vers Risovac, cela veut dire

  6   que l'objectif est d'empêcher une éventuelle aide fournie à des forces

  7   croates en provenance de Posusje. Donc, de là où on pourrait apporter de

  8   l'aide à ceux qui se trouvent dans le secteur de Konjic et de Jablanica.

  9   Q.  Alors, à en juger d'après cet ordre et d'après vos connaissances de la

 10   situation sur le terrain, ces villages qui sont mentionnés ici, Sovici et

 11   Doljani, est-ce qu'ils jouent un rôle sur le plan militaire pour l'ABiH ?

 12   R.  Les villages de Sovici et Doljani ont une importance militaire, sans

 13   aucun doute, pour l'ABiH, car c'est le long de cet axe-là que l'on peut

 14   atteindre Jablanica pour apporter de l'aide aux Croates de ce secteur et

 15   uniquement par cet axe-là.

 16   Q.  Il ressort de cet ordre que la 5e Section du 4e Bataillon de la 44e

 17   Brigade de Montagne de l'ABiH était déployée au village de Doljani. D'après

 18   vos informations, saviez-vous que l'ABiH était déployée au village de

 19   Doljani ?

 20   R.  Nous avions des informations allant dans ce sens, à savoir qu'ils

 21   avaient leurs forces là-bas, mais nous ne savions pas qu'il s'agissait de

 22   la 5e Section.

 23   Q.  Alors, continuons d'étudier des documents.

 24   Mme ALABURIC : [interprétation] P1874.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Colonel, ce document est daté du 14 avril 1993, et

 26   selon l'Accusation, il y a eu un ultimatum pour le 15 avril afin que

 27   dorénavant, les troupes musulmanes dans des secteurs croates passent sous

 28   contrôle croate, et les troupes croates dans des secteurs où les Musulmans

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  1   sont majoritaires passent au contrôle des Musulmans. Et que donc le 15

  2   avril était une date de mise en œuvre de tout cela, et le Procureur

  3   soutient dans ses écritures, dans les questions qu'il pose aux témoins que

  4   c'est le HVO qui a attaqué, d'où Doljani et Sovici.

  5   Le document que Me Alaburic vous montre est un ordre adressé à l'ABiH

  6   prévoyant toute une série d'opérations et mentionne la présence de l'ABiH à

  7   Doljani. Ça c'est dans le document, mais dans ce document, je vois les

  8   explications. L'ABiH aurait eu donc des renseignements provenant donc de

  9   ces différentes sources, les sources de renseignement, et que le HVO,

 10   depuis deux ou trois jours, c'est-à-dire 12, 13, 14 avril, prépare des

 11   mouvements et ces unités pour faire une opération contre l'ABiH. Et que

 12   donc l'ABiH se prépare à cela d'où les ordres, avec les 14 points, dont je

 13   note au passage le point 10, qui est la question de l'hôpital de guerre à

 14   Jablanica où il faut préparer ce qui doit être nécessaire.

 15   Alors il y a deux visions, mon Colonel : c'est le HVO qui a attaqué et eux

 16   se préparent, ou c'est le contraire.

 17   Alors vous qui étiez dans le renseignement militaire, qui plus est, vous

 18   êtes sous serment, pour vous, qu'est-ce qui s'est passé ? C'est le HVO qui

 19   a attaqué, ou c'est l'ABiH qui a attaqué ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que c'est l'ABiH qui a attaqué en

 21   premier.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

 23   Mme ALABURIC : [interprétation]

 24   Q.  Dites-nous, Monsieur Jasak : vous avez dit "Je crois;" c'est le terme

 25   que vous avez employé. Alors je vous demande : en tant qu'analyste au VOS,

 26   quels sont les éléments d'information que vous aviez ?

 27   R.  M. le Président m'a demandé si je croyais si c'était l'un ou l'autre

 28   qui a attaqué en premier. Donc j'ai répondu par : "Je crois." Nous, nous

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  1   avions des informations nous disant qu'on était en train d'agir contre le

  2   HVO, et ces informations dont il se servait comme quoi le HVO les a

  3   attaqués, on voit ça également dans d'autres rapports qui viennent de leur

  4   côté. Le monde entier, par exemple, a pu savoir ce qui s'est produit le 30

  5   juin 1993 à Mostar. Donc ce sont des formules comparables. Quelqu'un

  6   d'autre est en train de les attaquer; eux, ils ripostent, et ils s'emparent

  7   d'un territoire étendu.

  8   Q.  Permettez-moi de corriger la date, ligne 17. Le témoin n'avait pas dit

  9   13 juin.

 10   Le témoin a dit le 30 juin.

 11   R.  Le 30.

 12   Q.  Donc le témoin n'a pas dit le 13, il a dit le 30 juin. En est-il ainsi,

 13   Monsieur Jasak ?

 14   R.  Oui, tout à fait, le 30 juin 1993 à Mostar.

 15   Q.  Si je puis interpréter, il me semble que, dans l'interprétation

 16   anglaise, cela n'est pas tout à fait clair. Souhaitez-vous nous dire que

 17   l'ABiH faisait état de soi-disant d'attaque du HVO dans leurs rapports que

 18   c'est ainsi qu'ils ont interprété les événements du 30 juin 1993, pour

 19   lesquels il est tout à fait incontestable qu'ils ont été déclenchés par

 20   l'ABiH ? C'est ce que vous souhaitiez dire ?

 21   R.  Oui, tout à fait, c'est ce que je souhaitais dire et c'est ce que j'ai

 22   dit.

 23   Mme ALABURIC : [interprétation] Examinons le document suivant, P 1874.

 24   C'est un rapport consolidé de l'état-major du HVO pour la journée du 13

 25   avril 1993.

 26   Alors pour commencer à titre d'introduction.

 27   Q.  Monsieur Jasak, est-ce que vous savez comment on produit ces rapports

 28   consolidés ?

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  1   R.  Oui, je sais. On se fonde sur des rapports en provenance des zones

  2   opérationnelles subordonnées à l'état-major.

  3   Q.  Alors dites-nous : comment traite-t-on ces rapports qui proviennent des

  4   zones opérationnelles à l'état-major principal ?

  5   R.  On les recopie quasiment, et on apporte quelques menues modifications

  6   pour combler en petite lacune. Comme ça, on synthétise en l'espace d'un

  7   document, un seul document ces rapports.

  8   Q.  Monsieur le Témoin, vous avez dit "copié" ou "dactylographié" ?

  9   R.  J'ai dit "dactylographié." Donc j'ai dit qu'on les copiait en les

 10   dactylographiant.

 11   Q.  Oui. Maintenant nous avons la traduction qu'il faut "typed up again."

 12   Il me semble que M. le Juge Trechsel voulait prendre la parole.

 13   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Madame Alaburic, votre question est

 14   la suivante : "Avez voulu dites copié ou copié ?" Enfin, en anglais, c'est

 15   ce qui est à l'ordre -- c'est ce qui est au transcript. Donc je pense que

 16   ce n'est pas ce que vous avez dit. Vous n'avez pas pu dire : est-ce que

 17   c'est copié ou copié ? C'est dire que c'est blanc ou blanc.

 18   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, l'interprétation

 19   était erronée. Donc je ne veux pas rentrer dans le détail de cette erreur,

 20   donc c'est pour ça que j'ai reposé ma question. Le témoin nous a dit que

 21   les rapports en provenance des zones opérationnelles étaient copiés, en les

 22   dactylographiant et c'est ainsi qu'on produisait des rapports synthétiques

 23   ou consolidés.

 24   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

 25   Mme ALABURIC : [interprétation] De nouveau, l'on voit en anglais "copied,"

 26   mais on ne les copiait pas. Copier un rapport, ça veut dire recopier sous

 27   la forme sous laquelle on l'a reçu et se servir d'une copie.

 28   Il faudrait dire dactylographier, transcrire.

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  1   Est-ce que nous avons un anglophone qui pourrait nous aider ? Est-ce qu'on

  2   pourrait dire, par exemple, copier en dactylographiant, donc "retype" en

  3   anglais -- "retype" en anglais. Donc essayons de nous servir de ce terme,

  4   donc nous souhaitions dire que ces documents, qui provenaient des zones

  5   opérationnelles, étaient reproduits en étant dactylographiés; voilà donc

  6   juste en apportant quelques modifications de nature grammaticale.

  7   Q.  Alors, Monsieur Jasak, voyons maintenant si on se penche sur le

  8   troisième paragraphe de ce rapport, il est dit :

  9   "Je me suis adressé à la Brigade Rama pour qu'un rapport extraordinaire

 10   soit soumis de leur part et je leur ai ordonné de préparer des éléments

 11   pour une activité d'artillerie."

 12   J'aimerais savoir qui est la personne qui s'exprime à la première personne

 13   du singulier ?

 14   R.  C'est le commandant de la zone opérationnelle de l'Herzégovine du nord-

 15   ouest.

 16   Q.  Alors voyons maintenant ce qui en est de l'Herzégovine du sud-est dans

 17   ce rapport, qu'en est-il des rapports du terrain, le 13 avril de Konjic,

 18   trois rapports arrivent. Alors dites-nous : en règle générale, quelle était

 19   la -- ces rapports, qui arrivaient à l'état-major principal des zones

 20   opérationnelles, combien de fois par jour ?

 21   R.  En règle générale, c'était une fois par jour. Si le besoin se faisait

 22   sentir, la fréquence pouvait être augmentée, s'il y avait plus d'activités

 23   sur le terrain.

 24   Q.  Alors nous avons ici trois rapports de Konjic pour cette journée-là;

 25   qu'est-ce que cela vous permet de dire -- de conclure sur la situation à

 26   Konjic ?

 27   R.  Manifestement la situation évolue d'heure en heure. C'est pour cette

 28   raison que nous avons là, trois rapports.

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  1   Q.  Nous n'avons pas suffisamment de temps pour prendre connaissance du

  2   détail de ces évolutions d'heure en heure, essayons plutôt de nous

  3   concentrer sur la conclusion. Il est dit :

  4   "C'est une attaque généralisée sur la zone de Konjic et de Jablanica."

  5   Alors est-ce que cette affirmation correspond à vos informations au VOS, ou

  6   est-ce que vous avez modifié quoi que ce soit dans cette appréciation ?

  7   R.  Je n'y apporterais aucune modification, parce que les rapports qui nous

  8   parvenaient des zones opérationnelles vers le VOS et vers l'état-major

  9   principal comportaient les mêmes informations.

 10   Mme ALABURIC : [interprétation] P 1879, à présent.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Moi, à partir d'un document j'essaie d'examiner les

 12   deux aspects, la thèse du Procureur, la thèse de la Défense. J'essaie de

 13   voir s'il y a des éléments à charge, à décharge, c'est donc une gymnastique

 14   intellectuelle permanente.

 15   Ce document présente, peut présenter des caractères d'éléments à

 16   décharge puisqu'on voit qu'il y a une attaque généralisée dans la zone de

 17   Konjic et Jablanica, c'est écrit par le commandant de la zone

 18   opérationnelle; car on sait maintenant que ce rapport collectif est une

 19   compilation de rapports de plusieurs commandants de zones opérationnelles.

 20   Mais je constate qu'il n'y a pas de numéro, vous voyez. On n'a pas

 21   mis de numéro. Il n'y a pas de numéro d'enregistrement. Partant de ce petit

 22   détail parce qu'un Juge pénal c'est comme ça qu'il fonctionne, il voit les

 23   détails, il les ajoute. Je peux me poser la question suivante : Est-ce que

 24   le 14 avril, le général Petkovic est pris par autre chose que de lire des

 25   rapports. Il prépare lui une attaque généralisée du HVO. Il a donc d'autres

 26   préoccupations que la lecture sur des situations qu'il connaît. Ce qui

 27   pourrait expliquer que, ce jour-là, il ne signe ou il n'avalise pas le

 28   rapport, parce que ce rapport ne sera pas enregistré. Parce qu'il est pris

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  1   par autre chose. Alors cette hypothèse, car c'est une hypothèse, je n'ai

  2   aucun élément, pour vous, c'est normal qu'un rapport collectif n'ait pas un

  3   numéro d'enregistrement.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation]  Monsieur le Président, si je puis, je

  5   voudrais essayer de tirer au clair un peu la manière dont on générait ces

  6   rapports. Donc tous les rapports en provenance des zones opérationnelles

  7   comportaient un numéro. Ils étaient archivés sous ce numéro. Quant à ces

  8   rapports synthétiques, ils sont quasiment identiques. Pour autant que je le

  9   sache, normalement c'est le général Petkovic qui devait s'en servir à titre

 10   d'information pour ne pas avoir en main un grand nombre de documents. En

 11   principe, ces rapports étaient consolidés par la secrétaire du général

 12   Petkovic. Donc s'il les envoyait à son tour à quelqu'un d'autre, à ce

 13   moment-là, on les enregistrait. C'est de cette manière-là que je comprends

 14   ce document.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors votre explication serait la suivante :

 16   le général Petkovic charge sa secrétaire de lui faire une synthèse de tous

 17   les rapports. La secrétaire fait ce travail et prépare ce document qu'on a

 18   sous les yeux. Le général Petkovic lit et puis il estime qu'il n'y a pas

 19   lieu d'envoyer ce rapport de synthèse, ce document à d'autres personnes, ce

 20   qui pourrait expliquer qu'il n'y a pas de numéro d'enregistrement. Ça

 21   pourrait être l'explication ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Exact, Monsieur le Président. C'est

 23   justement ce que j'ai dit.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Merci.

 25   Mme ALABURIC : [interprétation]

 26   Q.  Monsieur Jasak, pour éviter tout malentendu éventuel, ces rapports

 27   synthétiques sont-ils des résumés, ou est-ce qu'on retape littéralement les

 28   rapports venus des zones opérationnelles ?

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  1   R.  Ici, on ne fait que retaper. Mais on procède à l'élaboration d'un

  2   résumé pour qu'il n'y ait pas trop de papier; cependant, la teneur est

  3   celle des rapports. C'est un rapport arrivé par télécopie, par télécopieur

  4   et de façon variée. Donc c'était pour ne pas avoir trop de paperasserie, on

  5   attendait un rapport du général Petkovic, si par exemple il était en

  6   voyage, et on préparait cela à son attention pour qu'il ait le tout à un

  7   endroit.

  8   Q.  En d'autres termes, si j'ai bien compris ce que vous venez de nous

  9   dire, ce n'était pas un résumé de rapports, mais on mettait le tout dans un

 10   seul et même document.

 11   R.  Oui, on réunissait, on rassemblait à un seul et même endroit.

 12   Q.  Dites-nous : ces rapports au final, portaient-ils le nom du général

 13   Petkovic, indépendamment du fait de savoir où se trouvait le général

 14   Petkovic ? Il pouvait bien être à la Conférence de Genève pendant plusieurs

 15   jours, mais les rapports pour ces jours-là portent son nom quand même ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Fort bien. Penchons-nous maintenant sur le document suivant, P 1879.

 18   C'est vers la fin du document que je vous renvoie, dernier rapport en

 19   provenance de Konjic. Essayons de l'analyser, d'analyser ensemble des

 20   parties de ce document. Ici, il est dit que, dans le courant de la nuit,

 21   l'on a relevé des mouvements importants des forces musulmanes en direction

 22   du mont Boksevica qui est stratégiquement fort important. Puis on dit qui

 23   est-ce qui exerce le contrôle, et on précise que celui qui exerce le

 24   contrôle, sur le mont Boksevica, pratiquement peut contrôler toute la

 25   vallée de la Neretvica.

 26   Alors Monsieur Jasak, ce mont de Boksevica, avait-il véritablement cette

 27   importance-là pour la région ?

 28   R.  Oui. Ce mont-là, cette colline surplombait le reste. Absolument, à

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  1   partir de cette colline-là, on pouvait contrôler la vallée de la Neretvica,

  2   ainsi que la route Konjic et Jablanica, Prozor.

  3   Q.  Le rapport dit plus loin que :

  4   "Tout se ramène à dire que l'ABiH vise à s'emparer de Boksevica."

  5   D'après vos connaissances à vous, est-ce là une conclusion exacte ?

  6   R.  D'après ce que j'en sais, oui, la conclusion est exacte. 

  7   Q.  Dites-nous si une partie de ce secteur autour de Boksevica se trouve

  8   également dans la zone opérationnelle de l'Herzégovine du nord-ouest ?

  9    R.  Oui, ça s'y trouve. Boksevica et ses environs se trouvent à faire

 10   partie de l'Herzégovine du nord-ouest. C'est au nord-ouest ou plus à

 11   l'ouest de Boksevica que l'on voit commencer cette zone opérationnelle de

 12   l'Herzégovine du nord-ouest.

 13   Q.  Penchons-nous maintenant sur le type d'aide réclamé par Konjic. On dit

 14   :

 15   "C'est la raison pour laquelle nous vous prions de faire ce qui suit, à

 16   savoir que depuis le plateau de Risovac, l'artillerie tire entre Jablanica

 17   et Ostrozac et, si possible, en direction des villages de Mrakovo et

 18   Rodici. Ce qui fait qu'un groupe de sabotage musulman se verrait entravé

 19   dans ses activités par ce fait."

 20   Alors, Monsieur Jasak, si les effectifs du HVO se trouvent sur le plateau

 21   de Risovac, à partir de quelle zone opérationnelle étaient censés provenir,

 22   donc, ces effectifs-là ?

 23   R.  Ils devraient provenir de la zone opérationnelle de l'Herzégovine du

 24   sud-est.

 25   Q.  Dites-nous maintenant si ces effectifs étaient censés jouer de

 26   l'artillerie ente Jablanica et Ostrozac ? Est-ce que ça peut véritablement

 27   aider ces Unités du HVO à Konjic, ou sur le territoire de la municipalité

 28   de Konjic, plutôt ?

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  1   R.  Oui, ils peuvent apporter de l'aide parce qu'ils soulagent ceux qui se

  2   trouvent dans la vallée de la Neretvica et au niveau du mont Boksevica

  3   parce que, notamment Mrakovo et Rodici, les deux villages mentionnés ici,

  4   se trouvent du côté sud de Boksevica.

  5   Q.  Dans la partie citée précédemment s'agissant de ce rapport lorsqu'il a

  6   été question de ces Groupes de Sabotage se dirigeant vers Boksevica, il est

  7   dit que les dix groupes viennent des villages de Mrakovo et Rocidi. Alors,

  8   Monsieur Jasak, d'après ce que vous en savez, lorsque l'on définit de la

  9   sorte certains sites en direction desquels il s'agit de déployer des

 10   activités de combat, pourquoi cela est-il fait selon la règle ? Pourquoi on

 11   donne des noms de localités en guise de cibles d'activités militaires ?

 12   R.  Parce qu'il y a des unités ennemies qui s'y trouvent, qui partent de là

 13   pour procéder à des sabotages et mettre en péril les positions du HVO, et

 14   dans le cas concret, on parle de Boksevica.  

 15   Mme ALABURIC : [interprétation] Je rectifie le compte rendu pour ce qui est

 16   de la ligne 6. Le témoin n'a pas dit "les positions croates," mais il a dit

 17   "les positions du HVO."

 18   Q.  Passons au passage suivant. 

 19   "On demande à Prozor de nous apporter un soutien à l'artillerie pour tirer

 20   vers les cibles déjà indiquées, et de rajouter les villages de Sovici et

 21   Celina, ce qui risque de semer la panique. Les effectifs musulmans dans ces

 22   localités-là, au cas où ce ne serait pas fait, ne permettraient pas de nous

 23   en tirer à bon compte."

 24   Alors, à quelle zone opérationnelle la requête est-elle adressée pour ce

 25   qui est de l'aide ?

 26   R.  C'est adressé à la zone opérationnelle de l'Herzégovine du nord-ouest.

 27   Q.  A supposer que le fait n'est pas contesté, que mi-avril 1993,

 28   l'artillerie de la zone opérationnelle de l'Herzégovine du nord-ouest a

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  1   tiré en direction de Jablanica et Konjic, partant de ces documents, que

  2   nous diriez-vous au sujet des objectifs des activités de combat déployées

  3   par le HVO ?

  4   R.  L'objectif des activités déployées au combat par le HVO sur ces

  5   territoires-là était celui visant à alléger le fardeau pesant sur les

  6   troupes du HVO vis-à-vis des attaques lancées par les effectifs de l'ABiH,

  7   c'est-à-dire il viserait à empêcher une défaite totale du HVO sur ces

  8   territoires-là.

  9   Q.  Dites-nous donc, Monsieur Jasak : au meilleur des connaissances qui

 10   sont les vôtres, est-ce que le HVO a, à quelque moment que ce soit,

 11   envisagé de s'attaquer à Jablanica et s'emparer du contrôle à l'égard du

 12   territoire de cette municipalité de Jablanica ?

 13   R.  D'après ce que j'en sais, le HVO n'a jamais planifié telle chose.

 14   Q.  Veuillez nous dire si une autre zone opérationnelle se trouverait à

 15   proximité de la municipalité de Konjic.

 16   R.  A proximité de cette municipalité de Konjic, il y avait donc trois

 17   zones : la zone opérationnelle de l'Herzégovine du sud-est, la zone

 18   opérationnelle de l'Herzégovine du nord-ouest et le troisième c'était la

 19   zone opérationnelle de la Bosnie centrale.

 20   Mme ALABURIC : [interprétation] Penchons-nous sur le 4D 874.

 21   Q.  Il est question d'un ordre émanant du chef d'état-major daté du 15

 22   avril 1993, et c'est adressé à la zone opérationnelle de la Bosnie

 23   centrale. On y lit :

 24   "Au sujet de la situation nouvellement survenue dans le secteur de la

 25   municipalité de Konjic et de la situation difficile se trouve la Brigade

 26   Herceg Stjepan, il est donné ordre à une partie des effectifs de zones

 27   opérationnelles de Bosnie centrale pour y bloquer les forces de l'ABiH."

 28   Là, on définit différents sites quant à ces positions.

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  1   Alors, Monsieur Jasak, du point de vue militaire, y a-t-il une logique de

  2   faire en sorte que du côté nord, l'on lie certaines unités de l'ABiH à ces

  3   endroits-là pour soulager la position des autres brigades du HVO à Konjic ?

  4   R.  Oui. C'était la seule chose logique à faire, parce que dans la vallée

  5   de la Neretvica, s'agissant des parties d'où venaient les autres effectifs,

  6   donc Gradina et autres, c'était la seule façon de les soulager. Il faut

  7   savoir que ces autres unités avaient beaucoup de problèmes parce qu'il y a

  8   eu des combats sur ces territoires aussi, et les effectifs en question

  9   n'étaient pas si en mesure que cela d'apporter une assistance

 10   significative.

 11   Q.  Penchons-nous sur ce qui se passe encore à Konjic.

 12   Mme ALABURIC : [interprétation] Je vous renvoie au 4D 83.

 13   Q.  Il s'agit d'un rapport de combat en provenance des Unités de l'ABiH, où

 14   à la fin du document, on dit :

 15   "Cette fois-ci, on ne s'arrêtera plus. On ira de l'avant jusqu'à la

 16   victoire finale."

 17   Je finis par cette phrase-là, parce que ce que je souhaite analyser ce ne

 18   sont que ces deux éléments-là.

 19    Monsieur Jasak, en votre qualité d'analyste militaire, comment

 20   interpréteriez-vous cette affirmation faite par un commandant militaire,

 21   "cette fois-ci, on ne s'arrêtera pas" ?

 22   R.  Si l'on voit bien les choses, il y a des activités de combat intenses

 23   qui sont en train de se dérouler. Nous savons aussi que, le 23 mars, il y a

 24   eu interruption de combat qui avait démarré de la même façon. Je tirais la

 25   conclusion suivante, à présent, ils ne veulent plus interrompre les combats

 26   jusqu'à la défaite militaire finale du HVO sur les territoires de Konjic et

 27   de Jablanica.

 28   Q.  Monsieur Jasak, est-ce que vous savez nous dire qui au sein de l'ABiH

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  1   avait pour surnom Tetak ?

  2   R.  Ça, je le sais, oui. Ce patronyme de Tetak c'était celui de Sulejman

  3   Budakovic, l'adjoint, le suppléant d'Arif Pasalic. C'est quelqu'un que j'ai

  4   connu personnellement au niveau du Bataillon autonome chargé de la Défense

  5   de Mostar.

  6   Q.  Ce document nous dit que l'on propose à Tetak d'ordonner, de couper

  7   l'énergie aux Croates de l'Herzégovine de l'ouest, mais ce qui nous

  8   intéresse c'est la suite, attaquer et libérer Boksevica et Pisvir.

  9   D'après les connaissances qui sont les vôtres au sein du VOS, ces

 10   localités-là, ont-elles bel et bien été l'objectif poursuivi lors des

 11   attaques de l'ABiH ?

 12   R.  Oui, ces sites ont fait l'objet des attaques, et c'était la cible des

 13   attaques de l'ABiH.

 14   Q.  Penchons-nous sur le document suivant du point de vue du HVO, 4D 453.

 15   A l'époque où l'ABiH informe du fait qu'il n'y a pas lieu de stopper

 16   jusqu'à la victoire finale, le HVO à Konjic informe de l'attaque dont ils

 17   ont fait l'objet, et la dernière phrase dit : "Venez à notre aide, tant

 18   qu'on est encore en vie."

 19   Alors en votre qualité d'analyste militaire, est-ce que vous pouvez

 20   commenter cette phrase ? Qu'est-ce que cela veut dire ?

 21   R.  Ça veut dire qu'ici les unités croates sont en train de se battre pour

 22   leur vie, et on voit que c'est adressé à toutes les adresses possibles, non

 23   seulement à l'intention du commandement de la zone opérationnelle de

 24   l'Herzégovine du nord-est, qui était le supérieur hiérarchique direct, mais

 25   c'est envoyé aussi à l'état-major principal, au commandement de la zone

 26   opérationnelle de l'Herzégovine du nord-ouest et au HVO de Fojnica et de

 27   Kiseljak et de la Brigade de Rama. Donc on voit ici qu'il y a une réaction

 28   paniquée de leur part.

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  1   Q.  Document suivant, P 1882, maintenant. Il s'agit aussi d'un rapport en

  2   provenance de la Brigade Herceg Stjepan, Bataillon numéro 3 de Jablanica.

  3   On dit que :

  4   "Le jour d'avant, le 14 avril vers 15 heures, il est venu des

  5   représentants d'une brigade de la Bosnie-Herzégovine, Neretva, visant à

  6   faire préserver la paix à Doljani et Sovici. De notre avis, cependant, cela

  7   revient à libérer les effectifs de l'ABiH pour intervenir en direction de

  8   Boksevica et nos effectifs dans la vallée de la Neretvica."

  9   Est-ce que vous pourriez commenter la conclusion ici énoncée ?

 10   R.  Cette conclusion signifie que c'était justement cela l'objectif,

 11   dégager les effectifs de l'ABiH. Cela signifiait se gagner du temps,

 12   assurer la paix sur ces territoires en attendant de résolver [phon] tout le

 13   reste dans la vallée de la Neretvica.

 14   Q.  Si l'on évalue que cela risquait donc de dégager des effectifs de

 15   l'ABiH pour qu'ils puissent intervenir dans la direction de Boksevica, est-

 16   ce que cela revient à dire que ces effectifs de l'ABiH se trouvent dans les

 17   villages de Doljani et de Sovici ?

 18   R.  Oui, c'est absolument ce que cela veut dire.

 19   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire qui est le deuxième signataire de ce

 20   document ?

 21   R.  Le deuxième signataire c'est un agent du service de Renseignements, un

 22   dénommé Tomic, qui est commandant adjoint du bataillon.

 23   Q.  Est-ce que le connaissiez en personne, cet homme ?

 24   R.  Non, je ne l'ai pas connu en personne.

 25   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion de lire des rapports émanant de lui

 26   ?

 27   R.  Oui, car ces rapports parvenaient par el biais de la zone

 28   opérationnelle de l'Herzégovine du sud-est, et c'est là qu'ils réunissaient

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  1   la totalité des rapports à l'intention du VOS de l'état-major principal.

  2   Q.  Penchons-nous sur le document suivant 3D 557. La journée est celle

  3   d'après, 16 avril, et nous avons Arif Pasalic ici. Dans la partie

  4   introductive de l'ordre, il est dit :

  5   "Que le HVO dans le secteur de la Neretvica se trouve en situation

  6   difficile, parce qu'il n'y a pas suffisamment d'effectifs. Ils demandent à

  7   ce que leur artillerie depuis Risovac tirent sur nos positions au nord de

  8   Neretvica."

  9   Dites-nous donc Monsieur Jasak : supposons que cette affirmation faite par

 10   Arif Pasalic est juste, y a-t-il véritablement des requêtes demandant à

 11   l'artillerie d'ouvrir le feu en direction de Jablanica ?

 12   R.  Il y a eu des demandes formulées auprès de l'artillerie de Risovac pour

 13   ce qui est de tirer en contrebas de Boksevica vers les villages à partir

 14   desquels il y a eu des activités ou des actions de sabotage. C'est ce qui

 15   fait donc partie de ce qui qualifiait de Jablanica, c'est juste en limite.

 16   Q.  Donc c'est la municipalité de Jablanica mais pas la ville de Jablanica.

 17   R.  Non, non, ce n'est pas la ville de Jablanica.

 18   Q.  Bon. Alors si cette artillerie du HVO de Risovac tire vers la partie au

 19   nord de la Neretvica, qu'est-ce que vous tireriez comme conclusion quant

 20   aux objectifs poursuivis par le HVO ?

 21   R.  L'objectif poursuivi est celui de sauver nos unités qui se trouvent

 22   dans la vallée de la Neretvica.

 23   Q.  A l'article 1 de cet ordre, Arif Pasalic dit qu'il convient de suivre

 24   les activités de combat dans les zones opérationnelles de certaines unités,

 25   ne pas permettre l'acheminement de nouveaux effectifs du HVO en provenance

 26   de Prozor en passant par Kacuni et Grevici et en provenance de Bradina.

 27   Puis plus loin, il dit qu'il convient de coordonner et de réunifier les

 28   activités de combat conjointes pour aboutir à des combats les plus

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  1   fructueux visant à briser les forces du HVO.

  2   Alors si on se base sur ce document, quel est le caractère des activités de

  3   combat déployées par l'ABiH ?

  4   R.  Il est question d'activités de combat offensives.

  5   Q.  Sautons maintenant un document pour nous pencher sur le 4D 599. 4D 599,

  6   disais-je. Il s'agit d'un rapport de combat en provenance d'Esad Ramic,

  7   poste de commandement avancé du 4e Corps.

  8   On décrit la situation prévalant au niveau de certaines localités de la

  9   municipalité de Konjic. Mais, moi, ce qui m'intéresse c'est la citation

 10   pour ce qui est de la dernière arrestation du HVO au village de Radesina.

 11   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Juge, je précise qu'il s'agit

 12   de la fin du document, avant-dernier paragraphe.

 13   Q.  "Nous efforcerons au plus vite d'en terminer avec ce qu'on a à faire à

 14   Konjic, et ensuite avec toutes nos brigades, il s'agit de contre-attaquer

 15   sur deux axes : le premier Konjic-Jablanica-Mostar; et le deuxième, Konjic-

 16   Prozor-Rama."

 17   Alors, Monsieur Jasak, qu'est-ce que cela signifie d'en terminer avec ce

 18   qu'on a à faire à Konjic ?

 19   R.  Cela veut dire mettre en défaite complètement sur le plan militaire le

 20   HVO.

 21   Q.  Et lancer une contre-attaque sur les deux axes tels que désignés,

 22   qu'est-ce que cela veut dire ?

 23   R.  Ça veut dire se diriger suivant les plannings établis auparavant dans

 24   l'axe Konjic-Jablanica-Mostar, il s'agit d'établir une corrélation, une

 25   jonction entre les territoires de ces trois municipalités et mettre en

 26   place les préalables nécessaires pour poursuivre les activités plus au-delà

 27   vers le sud, Stolac, Capljina, et le littoral pour arriver jusqu'à la

 28   frontière avec la République de Croatie.

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  1   L'axe Konjic-Prozor-Rama, qui est le deuxième axe, vise tout simplement à

  2   empêcher toute percée éventuel du HVO depuis l'autre côté qui viserait à

  3   venir en aide aux autres.

  4   Q.  Penchons-nous sur le document suivant maintenant, 2D --

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- Alaburic, j'ai une petite question à

  6   vous-même. Le dernier document, je vois qu'il y a un chiffre D1 avec un

  7   numéro. Alors j'aimerais savoir d'où vient ce document. Est-ce que c'est un

  8   document qui a été utilisé dans l'affaire Naletilic où 441 documents ont

  9   été admis pour la Défense Naletilic et 80 documents pour la Défense

 10   Martinovic ? Alors est-ce que ce document vient de ce dossier ou vient

 11   d'ail ?

 12   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que vous

 13   pouvez répéter le numéro du document ça n'a pas été consigné au compte

 14   rendu. On dit 1D, et puis maintenant je ne sais plus de quel document vous

 15   avez parlé.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez. Il faut que je revoie le dernier document.

 17   Vous pouvez me rappeler le numéro que du document -- le dernier document ?

 18   Mme ALABURIC : [interprétation] 4D 599.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors vous voyez dans le 4D 599, dans la

 20   version anglaise, il y a marqué : "Exhibit D1/340." Alors d'où vient ce

 21   document ? Est-ce que c'est un document qui vient de l'affaire Naletilic-

 22   Martinovic ?

 23   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Juge, oui. Nous nous sommes

 24   efforcés d'analyser les documents de cette période et utiliser tout ce que

 25   nous avons jugé pertinent. Nous espérons y avoir réussi.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Donc il vient du dossier Naletilic, Martinovic

 27   ?

 28   Mme ALABURIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Cela vient de

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  1   ce document, et ce document a déjà été versé au dossier en l'espèce.

  2   Q.  Alors essayons maintenant d'en terminer avec Konjic. 2D 89 est le

  3   document que nous avons sous les yeux. Le document du 18 avril 1993. Alija

  4   Izetbegovic et Mate Boban se mettent d'accord sur la fin des hostilités. Au

  5   point 3 ils ordonnent la fin des hostilités sur le champ.

  6   Alors, dites-nous, Monsieur Jasak : saviez-vous que relativement peu de

  7   temps après les conflits de Bosnie centrale et d'Herzégovine du sud-est il

  8   y a eu cet ordre de mettre fin aux hostilités ?

  9   R.  Oui, j'étais au courant.

 10   Q.  Le document suivant P 1959, si vous voulez bien l'examiner, 1959. C'est

 11   un ordre du 18 avril, par lequel les unités du HVO se voient ordonner de

 12   mettre fin aux hostilités conformément à l'accord passé entre Boban et

 13   Izetbegovic.

 14   Dites-nous, Monsieur Jasak : qui a signé cet ordre ?

 15   R.  Cet ordre a été signé à la place du général Petkovic Zeljko Akrap.

 16   Q.  Très brièvement, et nous en aurons terminé avec Konjic. Les documents

 17   suivants, nous les examinons très rapidement.

 18   Donc le 18, pendant la journée, on a donné l'ordre de mettre fin aux

 19   hostilités. 4D 445, c'est le document suivant. Là, nous avons un rapport de

 20   combat de l'ABiH, du 18 avril, à 22 heures. Dans le dernier paragraphe, il

 21   est dit :

 22   "Suite à votre dépêche pour les négociations avec les Chetniks à Butmir, on

 23   a désigné Handzo Mustafa."

 24   Monsieur le Témoin, y a-t-il eu des informations que des représentants de

 25   l'ABiH étaient en train de négocier sur quelque chose avec l'armée qu'ils

 26   appelaient des Chetniks et cela pendant les conflits dans la zone

 27   Jablanica-Konjic ?

 28   R.  C'est dès janvier que nous avions des informations allant dans ce sens.

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  1   Mais je ne suis pas au courant concrètement de ce document.

  2   Q.  Il est question de localités très précises dans le secteur de Konjic

  3   qui ont été capturées ou sont sur le point d'être capturées par l'ABiH car

  4   il y a eu des combats également le 18 avril ?

  5   R.  Oui, il y a eu des combats.

  6   Q.  4D 90, à présent, document suivant. Là, nous avons un document du 22

  7   avril 1993. Il est dit que, pendant la journée à Konjic, il y a eu des

  8   activités de combat intenses, que l'on a renoncé à capturer certains

  9   villages et qu'on a décidé de libérer le village de Radesina avant cela.

 10   Alors, dites-nous : ce rapport en date du 22 avril, donc quatre jours après

 11   la signature du cessez-le-feu, est-ce que, de votre avis, qui êtes

 12   analyste, est un document pertinent qui nous permet de comprendre la

 13   situation sur le terrain ?

 14   R.  Oui, tout à fait. C'est un document pertinent qui nous permet de

 15   comprendre la situation sur le terrain.

 16   Q.  Pour quelle raison ?

 17   R.  Parce qu'on signait une chose et on en faisait une autre.

 18   Q.  D'après vos informations, les combats se sont-ils poursuivis également

 19   cette journée-là, le 22 avril ?

 20   R.  Oui. Il y a eu encore des combats.

 21   Q.  Je passe un document.

 22   Mme ALABURIC : [interprétation] Je vous invite à examiner le 4D 91.

 23   Q.  Là encore, c'est un document de l'ABiH du 24 avril où il est dit :

 24   "Pour la journée du 25 avril, on prévoit la poursuite des activités sur la

 25   totalité du front et la capture des villages de Vrci et de Budisina Ravan."

 26   Alors, Monsieur Jasak, ce document, est-ce qu'il peut avoir une pertinence

 27   dans le cas de la compréhension de la situation sur le terrain ?

 28   R.  Oui, il peut, car -- donc ce document peut être pertinent. Il nous

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  1   permet de voir que l'on ne respecte pas la signature du 18 avril. Donc, il

  2   convient de corriger Budisina; pas Budisina Travan mais Budisina Ravan.

  3   Q.  Alors, je vais vous inviter à nous donner votre opinion, si vous avez

  4   suffisamment d'informations sur la situation sur le terrain à l'époque.

  5   Alors, est-ce que cette poursuite des activités de l'ABiH, en dépit de

  6   l'accord du cessez-le-feu, aurait été possible si les commandants hauts

  7   placés de l'ABiH n'avaient pas donné leur approbation ?

  8   R.  Ce type d'action, à l'insu des commandants les plus hauts placés,

  9   n'aurait pas été possible. Il aurait été possible pendant une journée, mais

 10   si on n'exécutait pas l'ordre signé par le président Izetbegovic,

 11   normalement, on était censé être relevé de ses fonctions. Donc le président

 12   Izetbegovic, ainsi que leur dirigeant le plus haut placé militairement,

 13   étaient nécessairement au courant.

 14   Mme ALABURIC : [interprétation] La pause, si vous le voulez bien.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons faire 20 minutes de pause.

 16   --- L'audience est suspendue à 10 heures 38.

 17   --- L'audience est reprise à 11 heures 06.

 18    M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, l'audience est reprise.

 19   Maître Alaburic, il vous reste une heure 30.

 20   Mme ALABURIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous allons

 21   aborder une nouvelle série de documents. Je vais aborder le deuxième

 22   classeur.

 23   Q.  Monsieur Jasak, vous avez tout regroupé dans un seul classeur puisque

 24   tous vos documents sont en croate. Nous allons aborder la question du 9 mai

 25   1993 à Mostar.

 26   Alors pour commencer, Monsieur Jasak, pendant la première moitié du mois de

 27   mai 1993, étiez-vous à Mostar ?

 28   R.  Oui, j'étais à Mostar.

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  1   Q.  Dans la nuit du 8 et 9 mai, vous vous trouviez où ?

  2   R.  J'étais à Mostar, là où je résidais habituellement, à savoir dans mon

  3   appartement.

  4   Q.  S'est-il produit quelque chose d'inhabituel cette nuit-là quelque chose

  5   de différent par rapport à des nuits précédentes ?

  6   R.  Rien de spécial si ce n'est que dans la matinée du 9 tôt le matin j'ai

  7   été réveillé par des détonations très fortes d'obus qu'on entendait.

  8   Q.  Comment avez-vous réagi ?

  9   R.  Je me suis levé, habillé, et avec l'ami qui m'a conduit, je suis parti

 10   au QG à l'état-major principal. C'était ça la pratique. Le téléphone ne

 11   fonctionnait pas, et quand on entendait qu'il se passait quelque chose, on

 12   allait se présenter de son propre chef au QG.

 13   Q.  Vous voulez dire par là que vous n'aviez pas de téléphone dans

 14   l'appartement où vous vous trouviez ?

 15   R.  Je n'en avais pas.

 16   Q.  Vous êtes arrivé au QG vers quelle heure ?

 17   R.  Vers 6 heures du matin le 9.

 18   Q.  Y avait-il déjà d'autres personnes sur place quand vous êtes arrivé au

 19   QG ?

 20   R.  Oui. J'ai vu une dizaine de personnes.

 21   Q.  Vous souvenez-vous de la personne qui était de garde la nuit précédente

 22   au QG ?

 23   R.  Quand je suis arrivé sur place, j'ai vu que c'était Bozo Peric qui

 24   était de garde.

 25   Q.  En route entre chez vous et le QG, d'abord, j'aimerais savoir combien

 26   de temps il vous a fallu pour atteindre le QG depuis votre appartement ?

 27   R.  Cinq minutes à peu près.

 28   Q.  Depuis la voiture, vous avez pu voir ce qui était en train de se passer

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  1   à Mostar ?

  2   R.  Non, je ne voyais pas ce qui se passait, mais j'entendais les

  3   détonations et des coups de feu.

  4   Q.  Avez-vous posé la question à qui que ce soit au QG sur ce qui était en

  5   train de se passer à Mostar ?

  6   R.  J'ai demandé à l'homme de permanence, je lui ai demandé, Ce qui se

  7   passait, et il m'a dit, Voilà ce sont les Musulmans qui viennent de nous

  8   attaquer.

  9   Q.  Vous a-t-il dit dans quel quartier des combats étaient en cours ?

 10   R.  Il m'a dit qu'il y avait des combats autour du bureau du président de

 11   la HZ HB près du rondeau, et qu'on avait attaqué la caserne Tihomir Misic,

 12   le campement nord.

 13   Q.  Dites-nous : êtes-vous resté au QG ce matin-là ?

 14   R.  Je me suis présenté à mon chef par téléphone, je lui ai demandé ce que

 15   j'avais à faire. Il m'a répondu qu'il fallait que je prenne contact avec le

 16   centre des activités électroniques pour qu'ils renforcent leurs activités,

 17   et que je devais procéder à une analyse de nos rapports, qui jusqu'à ce

 18   moment-là avaient évoqué les possibilités d'action entreprise par l'ABiH

 19   contre le HVO.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- Me Alaburic vous a posé

 21   d'excellentes questions qui permettent de suivre quasiment minute par

 22   minute tout ce que vous avez fait, mais il y a une question qu'elle ne vous

 23   a pas posée.

 24   Vous arrivez à 6 heures du matin, vous nous avez dit que vous étiez le

 25   conseiller du chef du renseignement militaire, vous nous avez dit que votre

 26   bureau est à côté du sien. J'ai cru comprendre que votre activité c'est de

 27   vous intéresser à l'ABiH.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est cela, Monsieur le Président, vous

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  1   avez raison.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Voilà qu'à 6 heures du matin, on vous dit que c'est

  3   l'ABiH qui attaque. Moi, je me dis : je serais pas dans la même fonction

  4   que lui; ma première réaction c'est de dire : est-ce que je n'ai pas fait

  5   une erreur professionnelle en ne détectant pas que l'ABiH allait attaquer ?

  6   Est-ce que ça vous est venu à l'idée ou pas ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas tout à fait

  8   compris votre question mais --

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- peut être compliquée, je vais la

 10   redire, je vais rentrer un peu plus dans le détail.

 11   Nous savons que vous êtes analyste du renseignement militaire, nous savons

 12   qu'à partir d'un ensemble d'éléments, vous faites des rapports à votre

 13   chef, et puis ces rapports sont communiqués à la hiérarchie. Donc vous êtes

 14   dans le renseignement militaire. Etant dans le renseignement militaire, je

 15   présume que l'objectif du renseignement militaire c'est de savoir ce que

 16   font les autres, ce que fait l'ennemi ou "l'ami," entre guillemets, oui,

 17   parce que, des fois, il y a des faux amis, et donc on essaie de recueillir

 18   des informations sur ce qu'ils vont faire ou sont susceptibles de faire.

 19   Le 8 et 9 mai, vous dormiez tranquillement, voilà que l'ABiH attaque.

 20   Quand vous, vous arrivez, on vous dit l'ABiH a attaqué. Est-ce que, sur le

 21   plan professionnel, vous, vous dites : mais est-ce que je n'aurais pas fait

 22   une erreur en ne détectant pas la montée en puissance de l'ABiH qui allait

 23   attaquer ? Est-ce que ça vous est venu à l'idée ? C'est ça ma question.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ça aussi, ça m'est venu

 25   à l'esprit mais, à ce moment-là, on était déjà en train de donner les

 26   informations à nos supérieurs sur le fait que cette possibilité existait,

 27   suite à des événements qui se sont produits légèrement plus au nord dans

 28   cette même zone opérationnelle. Mais, manifestement, nos rapports n'ont été

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  1   pris tout à fait au sérieux, car ce que je sais, c'est qu'il y a eu des

  2   entretiens avec des commandants locaux et qu'eux disaient qu'ils pensaient

  3   qu'il n'y avait aucun danger.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, voyez-vous, vous avez compris ma question et

  5   vous répondez de manière très précise.

  6   Pour les besoins du transcript, vous dites que vous aviez auparavant fourni

  7   des informations, parce que vous aviez détecté qu'il y avait, au nord, des

  8   opérations en cours. Vous avez prévenu vos supérieurs, mais eux n'y ont pas

  9   cru. Voilà, c'est ce que vous dites. J'ai bien résumé votre pensée, vos

 10   dires ?

 11   R.  Non, je ne veux pas dire qu'ils ne nous ont pas crus, mais tout

 12   simplement, ils étaient confiants. Ils se disaient que dans le secteur de

 13   Mostar, la situation n'était pas la même, que c'est un cas spécifique,

 14   différent du nord, et que, là, il y avait une coopération de plus longue

 15   date. Tout simplement, ils n'arrivaient pas croire qu'une telle chose

 16   pourrait se produire.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.

 18   Mme ALABURIC : [interprétation]

 19   Q.  La semaine dernière, Monsieur Jasak, dans ce prétoire, nous avons

 20   entendu le chef de l'artillerie dans la zone opérationnelle de

 21   l'Herzégovine du sud-est qui nous a dit que jusqu'à la date du 8 mai, il

 22   prenait un café avec ses collègues du 4e Corps de l'ABiH au QG du bâtiment

 23   de Vranica, de l'entreprise de Vranica, donc jusqu'au conflit, jusqu'au 8

 24   mai. Alors dites-nous : est-ce qu'il y avait de quoi s'attendre à ce que ce

 25   conflit éclate le 9 mai, le conflit qu'on a vu éclater ?

 26   R.  Si on ne prenait en compte que le secteur de Mostar, on ne pouvait pas

 27   arriver à cette conclusion, que le conflit allait éclater. Mais nous, au

 28   VOS, on avait des perspectives un peu plus larges. Donc il y a eu des

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  1   incidents précédemment; cependant, localement, on a réglé rapidement ces

  2   incidents entre le 4e Corps, la zone opérationnelle, l'état-major

  3   principal. Bon, on a pu rapidement régler les choses -- les différends.

  4   Q. Il y a une erreur dans le compte rendu d'audience lorsqu'il est question

  5   du HVO. Vous avez dit au nom du 4e Corps. Alors le 4e Corps et qui ?

  6   Qui réglait les choses ?

  7   R.  Avec les collègues de la zone opérationnelle du sud-est de

  8   l'Herzégovine et l'état-major principal du HVO.

  9   Q.  Pourriez-vous répéter, Monsieur Jasak ? Je pense qu'il faudrait ménager

 10   une petite pause avant le début de la réponse pour que les interprètes

 11   puissent faire leur travail.

 12   Donc, c'est avec qui qu'ils se mettaient d'accord ?

 13   R.  Ils se mettaient d'accord avec leurs collègues de la zone

 14   opérationnelle de l'Herzégovine du sud-est et l'état-major principal du

 15   HVO.

 16   Q.  Alors voyons ce qui en est du premier document qui aborde ce sujet, et

 17   puis nous reviendrons aux événements du 9 mai. Le document 4D 557. Nous

 18   avons ici d'un rapport d'Arif Pasalic qui s'adresse à la présidence de la

 19   République de Bosnie-Herzégovine et à l'état-major de l'armée de la

 20   République de Bosnie-Herzégovine en date du 20 avril 1993. Il est dit

 21   qu'une réunion s'est tenue entre les représentants de l'ABiH et du HVO et

 22   qu'on s'est mis d'accord pour constituer des postes militaires/politiques

 23   conjoints, et qu'on s'est mis d'accord pour empêcher des conflits le long

 24   de la ligne de confrontation, le long de l'axe Semovac-Bulevar-Mose-Pijade,

 25   et qu'on allait procéder à la création de postes conjoints où serait

 26   garantie la présence des membres de la FORPRONU, et cetera.

 27   Alors, Monsieur Jasak, fin avril 1993 à Mostar, est-ce qu'il y a eu des

 28   négociations pour se mettre d'accord sur la coopération entre l'ABiH et le

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  1   HVO sous l'égide de la FORPRONU ? Est-ce que vous avez des éléments vous

  2   permettant d'en parler ?

  3   R.  Oui, j'ai des éléments là-dessus. On s'est mis d'accord, car la nuit,

  4   il est arrivé qu'il y ait des coups de feu à différents endroits dans la

  5   ville, et pour savoir qui et où, on a procédé à une séparation par accord,

  6   suite à un accord.

  7   Q.  Ces accords qui étaient en cours, et tout cela sous l'égide de la

  8   FORPRONU, d'après ce que vous en savez, est-ce que cela a une influence sur

  9   les autorités militaires de Mostar, lorsqu'on essayait d'anticiper sur le

 10   comportement à venir de l'ABiH ?

 11   R.  Pour autant que je le sache, au moment où on s'est mis d'accord sur

 12   cette séparation, et on se disait que ça allait apaiser la situation et ça

 13   allait nous permettre à nous concentrer sur la défense contre l'armée de la

 14   Republika Srpska et nous permettre de nous tourner contre l'ennemi commun.

 15   Q.  Dites-nous : en cette journée-là du 9 mai 1993, quand vous êtes arrivé

 16   au bâtiment du QG dans les heures de la matinée, dans le bâtiment lui-même

 17   ou dans la cour devant le bâtiment, avez-vous perçu des commandants

 18   militaires ?

 19   R.  Il m'est arrivé de croiser Tuta, et j'ai vu certains soldats

 20   s'approcher de lui.

 21   Q.  Avez-vous pu entendre le sujet de leur conversation ?

 22   R.  Non, je n'ai pas eu l'occasion de les entendre.

 23   Q.  Le document 3D 3101 à présent. Essayons de voir si cette description

 24   des événements à Mostar le 9 mai 1993 est exacte. Il s'agit des extraits du

 25   livre du Dr Ismet Hadziosmanovic. Le livre est intitulé : "Le Règlement

 26   politique entre les Bosniens et les Croates," chapitre 14.1 : "La guerre à

 27   Mostar." Ce sont les deux premiers paragraphes de ce document qui

 28   m'intéresse.

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  1   R.  Je m'excuse auprès des interprètes. Il se peut que lorsque je

  2   feuillette, cela touche le micro et que ça produit du bruit.

  3   Q.  Donc M. Hadziosmanovic, est-ce un nom qui vous est familier ?

  4   R.  Oui, j'ai entendu ce nom. En fait, je connaissais directement M. Ismet

  5   Hadziosmanovic.

  6   Q.  Etait-ce quelqu'un qui était actif sur la scène politique à Mostar ?

  7   R.  Oui, c'était le représentant du SDA.

  8   Q.  Représentant ou président ?

  9   R.  Président.

 10   Q.  Donc il dit :

 11   "J'ai été témoin de cette guerre à Mostar, depuis l'endroit où se trouve

 12   mon appartement, dans la cité centre 2. J'ai pu voir clairement que, depuis

 13   l'emplacement du mont Hum, des mitrailleuses lourdes du HVO tirent sur --"

 14   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Vous lisez beaucoup trop vite,

 15   Madame Alaburic. Lorsque vous lisez, vous avez tendance à accélérer.

 16   Essayez de ralentir.

 17   Mme ALABURIC : [interprétation] Je présente mes excuses aux interprètes,

 18   tout d'abord, et ensuite à vous, Messieurs les Juges.

 19   Q.  "…tirent sur les sites Semovac, le boulevard dans les parages du centre

 20   médical, puis en direction du bâtiment du lycée, où les Unités du 4e Corps

 21   passent à l'assaut d'infanterie, traversent le boulevard et rentrent dans

 22   les ruelles en direction de la rue Liska, vers le lieu s'appelant rue

 23   Liska. Les attaques d'infanterie les plus intenses des soldats du 4e Corps

 24   étaient Musala - nouveau pont, ponton - ex-rue Korzo, ainsi que des

 25   attaques de moindre envergure depuis la rue Cernica, en passant par le

 26   centre médical et les jardins dans les alentours. A ces moments-là, pendant

 27   l'attaque d'infanterie, des soldats du 4e Corps, des mitrailleuses lourdes

 28   du HVO tiraient sur le boulevard et les bâtiments qui jouxtent la rue. Une

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  1   autre partie des mitrailleuses lourdes tiraient sur le bâtiment Vranica,

  2   situé sur la rue Stjepana Radica, où était situé le commandement du 4e

  3   Corps. Des armes lourdes d'artillerie du HVO entre 8 heures et 9 heures ont

  4   ouvert un feu nourri sur les installations provisoires de l'ABiH, à savoir

  5   le bâtiment de l'Institut d'hygiène, le SDK, et Konak. Le feu d'artillerie

  6   a évolué sur ces points, ces cibles. En même temps, on pouvait entendre des

  7   explosions de pièces d'artillerie sur les localités de Bijeli Brijeg vers

  8   Cim et Rudnik. Cela parvenait de la rive gauche, et on visait les cibles

  9   signalées dans les ordres précédents du commandement de la 1ere Brigade de

 10   Mostar, en date du 20 avril 1993."

 11   Voyons maintenant l'un des documents qui concerne ce sujet, le document de

 12   l'ABiH, du 20 avril, nous en avons plusieurs, mais nous n'examinons qu'un

 13   seul, 2D 478.

 14   Donc je passe le premier document qui suit, cet un extrait du livre, le 2D

 15   478, l'ordre de M. Midhat Hujdur, commandant de la Brigade de Mostar du

 16   HVO, où l'on précise quelles sont les cibles des tirs, Cekrk, Nova Bank, la

 17   nouvelle banque et le lycée, ensuite Avenija Rudnik, puis Bijeli Brijeg,

 18   Rondo et les facultés, puis dans la suite, on mentionne Kula, au mont Hum,

 19   la garnison centre médical, le foyer des retraités, et cetera.

 20   Alors d'après ce que j'ai compris, Monsieur Jasak, vous n'avez pas eu des

 21   informations personnelles à ce sujet, vous n'avez pas participé au combat

 22   dans Mostar ?

 23   R.  Je n'ai pas participé au combat dans Mostar, ce jour-là.

 24   Q.  Veuillez nous indiquer, d'après les informations qui vous parvenaient

 25   ce jour, si vous en souvenez; est-ce que les allégations relatives au site

 26   de combat sont exactes ?

 27   R.  Oui, c'est exact.

 28   Q.  Revenons vers ce livre d'Ismet Hadziosmanovic, 3D 3101. On dit :

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  1   "Dès 11 heures, on a pu entendre des tirs à l'arme d'infanterie intensifs

  2   vers la maison de Mujaga Komadina. Une partie de la promenade à Lenjinovo

  3   Staliniste, du parc Liska et du Rondo. Plus tard, on a pu voir qu'il

  4   s'agissait de percée de l'infanterie, opérée par l'infanterie du 4e Corps.

  5   C'est à peu près sur ces sites-là qu'ils ont été stoppés. Les mitrailleuses

  6   lourdes ont continué à tirer vers le bâtiment de Vranica."

  7   Alors, pour vous, ma question, Monsieur Jasak : est-il exact de dire que le

  8   HVO a attaqué les positions de l'ABiH, situées au bâtiment de Vranica ?

  9   R.  D'après mes informations, ces données-là sont exactes.

 10   Q.  Veuillez nous indiquer, s'agissant de tous ces sites qu'on vient

 11   d'évoquer; est-ce qu'ils se trouvent à l'ouest ou à l'est, par rapport à la

 12   ligne de démarcation convenue le 20 avril ?

 13   R.  Tous ces sites se trouvent à l'ouest de cette ligne convenue de

 14   démarcation.

 15   Q.  Veuillez nous indiquer, Monsieur Jasak : est-ce que ce matin-là, le 9

 16   mai, à l'état-major principal il y avait de présent le général Petkovic ?

 17   R.  Non, il n'était pas présent.

 18   Q.  Savez-vous nous dire quand est-ce qu'il est arrivé à Mostar ?

 19   R.  Il est arrivé d'après ce que j'ai pu apprendre, et si mes souvenirs

 20   sont bons, vers 14 heures.

 21   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion de le voir ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Savez-vous me dire ce que le général Petkovic a fait en premier lieu,

 24   une fois arrivé à l'état-major principal ?

 25   R.  Il a demandé à ce qu'on convoque Lasic et Pasalic.

 26   Q.  Est-ce que vous pouvez répéter le deuxième nom de famille?

 27   R.  Il a demandé à ce qu'on convoque Lasic et Pasalic.

 28   Q.  Avez-vous des informations quelles qu'elles soient pour ce qui est de

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  1   l'endroit d'où le général Petkovic était arrivé ?

  2   R.  Je n'ai pas d'informations quant à son point de départ.

  3   Q.  Est-ce que vous savez nous dire quelque chose au sujet des

  4   communications effectuées par le général Petkovic ? Est-ce qu'il a eu au

  5   bout du fil Lasic et Pasalic ? Est-ce qu'ils les a rencontrés en fin de

  6   compte ou pas ?

  7   R.  Je ne sais pas vous dire s'il les a rencontrés. Je ne sais pas non plus

  8   s'il s'est entretenu avec eux. Une fois le général arrivé, moi, je suis

  9   parti vers mon bureau à moi.

 10   Q.  J'ai préparé à votre intention deux documents. Mais comme mon temps

 11   passe très vite, je ne vais pas vous les montrer. Je vais juste les citer

 12   en référence.

 13   Le 8 mai 1993, Ratko Mladic et Sefer Halilovic ont signé un accord de

 14   cessez-le-feu momentané. Il s'agit du 4D 1344. Penchez-vous donc sur ce

 15   document. C'est l'un de ceux qui suivent dans votre classeur.

 16   Dites-nous, Monsieur Jasak : est-ce que le VOS a eu des informations

 17   quelles qu'elles soient disant que l'ABiH et l'armée de la Republika Srpska

 18   étaient en train de convenir une cessation de toutes les hostilités sur le

 19   territoire entier de la Bosnie-Herzégovine, comme on l'indique dans cet

 20   accord ?

 21   R.  Nous avons reçu des informations à cet effet, comme je vous l'ai dit

 22   auparavant, pour ce qui est des événements de Konjic. Nous avons eu des

 23   informations concernant des négociations ayant débuté en janvier et visant,

 24   de la part de l'ABiH notamment, à ce que l'on leur fournisse des quantités

 25   d'armement et de munitions moyennant finance.

 26   Q.  En votre qualité d'analyste militaire, comment interpréteriez-vous ce

 27   document disant que le 8 mai 1993, l'ABiH et l'armée de la Republika Srpska

 28   auraient convenu une cessation de la totalité des hostilités sur le

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  1   territoire entier de la Bosnie-Herzégovine ?

  2   R.  J'interpréterais ce document comme suit : l'ABiH n'aurait plus

  3   l'intention d'agir contre l'armée de la Republika Srpska et elle se

  4   tournerait donc vers la mise en place d'un espace vital à elle au détriment

  5   de son propre allié, à savoir des Croates.

  6   Q.  Dites-nous, Monsieur Jasak : ce jour du 9 mai, jusqu'à quand êtes-vous

  7   resté à l'état-major principal ?

  8   R.  J'y suis resté jusque tard dans la nuit, jusqu'à presque minuit.

  9   Q.  Comment pourriez-vous qualifier l'intensité des activités de combat

 10   dans le courant de la soirée ? Etait-ce la même intensité que le matin ou

 11   est-ce que l'intensité était considérablement moindre ?

 12   R.  C'était considérablement moindre. Il était évident qu'éléments

 13   conditions de combat pendant la nuit y ont nettement contribué.

 14   Q.  Le 10 mai, est-ce que vous vous déplacez vers l'état-major principal ?

 15   R.  Je m'y suis rendu le matin, ce jour-là. J'étais de service, ce jour-là.

 16   Q.  Ce matin-là, le général Petkovic est-il venu aussi à l'état-major ?

 17   R.  Oui, il est venu.

 18   Q.  Veuillez nous indiquer ce qu'il a fait à l'état-major principal, le

 19   général Petkovic.

 20   R.  Il est venu au matin dans son bureau, et dès 9 heures du matin, il a

 21   reçu un appel du bureau de M. Boban. Il a dit qu'il partait pour Grude

 22   parce que M. Boban et Izetbegovic avaient convenu une cessation des

 23   hostilités, et il fallait qu'il apporte des éléments d'information à cet

 24   effet.

 25   Q.  Monsieur, il va falloir que nous répétions la dernière partie de la

 26   question. Il y a une erreur d'interprétation qui dit qu'il y aurait eu une

 27   rencontre, une réunion de convenue entre Boban et Izetbegovic. Dites-nous

 28   ce qui a été convenu.

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  1   R.  Il y a eu des éléments d'accord qui ont été arrêtés pour ce qui est

  2   d'une cessation des hostilités et le général Petkovic était censé apporter

  3   ou contribuer, moyennant certains éléments, à la rédaction de cet accord.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Je reviens au document 4D 1344, document que je vois

  5   pour la première fois. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu ce document. Il est

  6   daté du 8 mai, c'est une date importante. C'est un document qui est signé

  7   par Halilovic et Mladic. Mais ce document est signé sous les auspices du

  8   général Morillon.

  9   Que dit ce document ? D'abord, le HVO n'est pas dans le document, il n'est

 10   pas partie prenante au document. Mais ce document dit que, pour la

 11   restauration de la paix en Bosnie-Herzégovine, il y a un consensus qui est

 12   adopté entre les deux parties. Cessez-le-feu à partir de midi le 9 mai.

 13   Je présume et je n'ai pas d'élément que le général Halilovic a dû, dans la

 14   foulée, appeler tous les commandants des corps, 1er, 2e, 3e, 4e Corps,

 15   notamment Pasalic, pour lui dire : "Arif, je t'annonce que, le 9 mai à

 16   midi, finis les tirs." C'est une hypothèse, et qu'il va falloir exécuter

 17   cet accord parce que la FORPRONU est partie prenante à l'accord. Et

 18   qu'informé de cela, Arif Pasalic, pour une raison X, Y ou Z, aurait pu -

 19   j'emploie toujours le conditionnel - se dire : on attaque, et puis à midi,

 20   on arrête tout. Mais entre-temps, on aura fait quelques progrès." Ce qui

 21   pourrait expliquer la thèse défendue par la Défense de l'attaque de l'ABiH.

 22   Moi, c'est une question qui me vient à l'esprit à partir de ce document.

 23   Vous, à l'époque, dans le renseignement militaire, aviez-vous appris qu'il

 24   y avait eu un accord entre votre "ennemi," les Serbes, et vos "amis,"

 25   l'ABiH. Est-ce que vous le saviez, ça ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Au sein du service de Renseignements

 27   militaire, on a su qu'ils s'étaient entretenus et qu'ils étaient parvenus à

 28   un accord.

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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous l'avez su avant le 9 mai ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Avant le 9 mai, on le savait. On peut voir que

  3   ça a été signé le 8, mais on savait déjà avant cela que des négociations

  4   étaient en cours.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon, c'est ce que je voulais vérifier.

  6   Mme ALABURIC : [interprétation]

  7   Q.  Monsieur Jasak, on est au 10 mai, dans la matinée. Le général Petkovic

  8   est allé vers Grude pour voir Mate Boban afin qu'avec Alija Izetbegovic, il

  9   y ait un accord de cessez-le-feu. Alors 4D 456 maintenant, et 4D 457. Il

 10   s'agit d'ordres émanant de Mate Boban et d'Alija Izetbegovic, datés du 10

 11   mai 1993. Le texte est presque le même, et c'est par cet ordre-là qu'il est

 12   donné instruction de faire cesser les hostilités entre l'ABiH et le HVO.

 13   Sefer Halilovic et Milivoj Petkovic se trouvent être chargés de se

 14   rencontrer pour arrêter la totalité des détails pour la mise en œuvre de

 15   cet accord.

 16   Alors, Monsieur Jasak, ma question est la suivante : étant donné que vous

 17   étiez employé à l'état-major, avez-vous su comment a pris fin la démarche

 18   du général Petkovic à Grude, et est-ce qu'il y a eu bel et bien accord de

 19   cessez-le-feu ?

 20   R.  J'ai appris que suite à l'ordre émanant du président Mate Boban et

 21   d'Alija Izetbegovic, il y a eu un accord de cessez-le-feu de conclu.

 22   Q.  Monsieur Jasak, dites-nous si vous avez eu vent du fait -- ou des

 23   déplacements ultérieurs du général Petkovic ?

 24   R.  Ce jour-là, le général Petkovic n'est pas rentré à l'état-major. Il

 25   nous a fait savoir que le lendemain il irait à Kiseljak pour y rencontrer

 26   le général Halilovic.

 27   Q.  Document suivant. C'est un document sous pli scellé. Je demanderais

 28   donc à en prendre bien soin lorsqu'on le fera afficher sur nos écrans. Il

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  1   s'agit d'un rapport de la FORPRONU, qui constitue la pièce P 2461. En page

  2   6 de la version croate, et c'est le secteur 1.3, vallée de la Neretva où il

  3   est dit que les généraux Halilovic et Petkovic, à la date du 11, ont conclu

  4   un accord à Kiseljak pour ce qui est d'inspecter ensemble la ville de

  5   Mostar le même jour.

  6   Alors, Monsieur Jasak, dites-nous si vous avez eu des informations disant

  7   que le général Petkovic a bel et bien rencontré le général Halilovic ce 11

  8   à Kiseljak ?

  9   R.  Oui, j'ai su qu'ils s'étaient rencontrés.

 10   Q.  Dans le rapport, on dit un peu plus loin que ce jour du 11 mai, à 18

 11   heures 30, les généraux Halilovic et Petkovic, en compagnie du général

 12   Morillon et de l'ambassadeur chargé de la Mission d'observation européenne

 13   et du responsable des affaires civiles sont partis à bord d'un hélicoptère

 14   vers Metkovic, où le Bataillon espagnol devait les escorter jusqu'à Mostar.

 15   Alors, avez-vous su que, le 11 au soir, le général Petkovic serait arrivé

 16   sur le territoire de la région de Mostar ?

 17   R.  Non, je n'ai pas appris qu'il était venu sur le secteur de Mostar.

 18   Q.  Penchons-nous sur la page suivante de ce document. On informe plus loin

 19   que le 12 mai, au QG du Bataillon espagnol, il y a eu un accord de conclu

 20   entre Petkovic et Halilovic en présence du général Morillon et de

 21   l'ambassadeur Thébault, faisant partie des observateurs européens, et à cet

 22   effet, je vous renvoie au P 2344. Il s'agit du texte de l'accord qui a été

 23   signé le 12 mai par Halilovic et Petkovic et que l'on évoque dans le

 24   rapport cité tout à l'heure émanant du Bataillon espagnol.

 25   Alors, pour vous, ma question, Monsieur Jasak, est la suivante : saviez-

 26   vous que le 12 mai, il y a eu un accord de conclu portant cessez-le-feu

 27   suivant le détail tel qu'indiqué au texte de l'accord ?

 28   R.  J'ai appris qu'il y a eu signature d'un accord de cessation des

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  1   hostilités.

  2   Q.  Dites-nous si aussitôt après la situation à Mostar a évolué du point de

  3   vue de l'intensité des activités de combat ?

  4   R.  Oui, la situation a évolué. Il n'y a eu que des tirs sporadiques.

  5   Q.  Monsieur Jasak, veuillez nous indiquer si vous avez appris quoi que ce

  6   soit au sujet d'un groupe de taille assez importante, si je peux le

  7   qualifier ainsi, s'était réuni au stade de l'équipe de Velez et que par la

  8   suite, ces hommes-là ont été acheminés vers l'Heliodrom.

  9   R.  Je l'ai appris assez tard dans la soirée, et ce, en regardant une

 10   émission d'information à la télévision.

 11   Q.  Est-ce que depuis le bâtiment de l'état-major il vous était possible de

 12   voir le stade de l'équipe Velez ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Avez-vous essayé de déterminer pourquoi ces gens avaient été rassemblés

 15   et emmenés vers l'Heliodrom ?

 16   R.  Nous qui étions assis dans l'état-major -- dans les locaux de l'état-

 17   major, on a commenté la chose et on nous a dit que l'information était

 18   venue de nos collègues de la zone opérationnelle. L'information disait

 19   qu'on a mis les gens à l'abri à cet endroit-là pour les écarter des zones

 20   de combat.

 21   Q.  Dans ce prétoire, on nous a montré des éléments de preuve disant que la

 22   majeure partie de ces gens-là était des gens du groupe ethnique musulman.

 23   Pourriez-vous nous dire, Monsieur Jasak, comment se fait-il qu'il y a eu

 24   une quantité aussi disproportionnée de Musulmans par rapport au ratio des

 25   groupes ethniques en présence à ce moment-là ?

 26   R.  Je vais essayer, et je dirais que, de mon avis, c'est la seule chose

 27   possible, à savoir, dans cette partie de la ville, un grand groupe de

 28   Croates était déjà parti. Ils ont emmené leurs enfants pour qu'ils soient

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  1   scolarisés ailleurs. Et d'autre part, une bonne partie des habitants de

  2   Mostar était originaire des municipalités environnantes, ce qui fait qu'ils

  3   avaient quitté la ville pour le week-end. Et une autre partie, quand il y a

  4   eu début des conflits et qu'il y ait eu des obus -- des obus, il a commencé

  5   à pleuvoir, une partie de ces gens avait quitté la ville à bord de leurs

  6   propres véhicules. Je ne sais pas ce que je pourrais vous dire d'autre ou

  7   quelle pourrait être la raison, si ce n'est pas cela.

  8   Q.  Alors, en tant qu'une d'habitants de Mostar, saviez-vous qu'il y avait

  9   non loin du stade de Velez un endroit où l'on pourrait installer, garer un

 10   nombre considérable d'autocars ?

 11   R.  Je sais qu'à proximité de ce stade de Velez, il y avait un garage qui

 12   était celui de l'entreprise publique de transport public à Autoprevoz

 13   Mostar, et c'est dès le mois d'avril 1992 que, depuis ce garage-là, nous

 14   avions réquisitionné leurs véhicules taxis, parce que c'est là aussi que

 15   ces taxis étaient garés.

 16   Q.  Fort bien. Monsieur Jasak, dites-nous maintenant brièvement --

 17   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Juge, je n'ai pas l'intention

 18   de continuer à interroger le témoin au sujet des événements du 9 mai. Donc

 19   si vous avez vous-même des questions allez-y parce que je me propose de

 20   passer maintenant à des événements qui se sont produits jusqu'à la fin de

 21   ce mois de mai 1993.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- question sur le 9 mai. Vous avez dit

 23   que vous aviez vu au quartier général Naletilic. Nous savons que lui et ses

 24   troupes ont participé à ces actions et ont capturé des Musulmans.

 25   D'après vous, qui êtes normalement informé des chaînes de

 26   commandement, des circuits militaires classiques, est-ce qu'une unité telle

 27   celle de Naletilic avait pu ce jour-là agir hors contrôle de l'état-major ?

 28   Alors réfléchissez bien avant de répondre.

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  1   L'INTERPRÈTE : L'interprète se corrige : il fallait entendre juin 1993 tout

  2   à l'heure plutôt que mai.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, si on me pose la

  4   question de façon hypothétique pour ce qui est de l'unité à Naletilic, elle

  5   pouvait intervenir sans le contrôle de l'état-major, parce que, d'après ce

  6   que j'en ai appris, je n'ai jamais vu l'état-major donner des missions ou

  7   confier des missions à celle-ci.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Une dernière question. Toujours question

  9   hypothétique parce que des hypothèses parce que j'essaie de vérifier.

 10   Imaginons que l'état-major aurait décidé le 9 mai d'attaquer l'ABiH

 11   et qu'il y avait donc une préparation avant cette attaque, est-ce que vous-

 12   même et votre chef du VOS auraient participé à la préparation, à la

 13   planification et à l'évaluation des forces "amis" entre guillemets ou

 14   "ennemi," comme vous voulez, je n'entre pas dans le débat sémantique ? En

 15   un mot, est-ce que vous-même auriez travaillé à l'élaboration du plan

 16   compte tenu de vos fonctions au VOS ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors s'agissant de l'état-major, il n'y a pas

 18   eu de planning et d'activité offensive. S'agissant des activités de l'état-

 19   major pour ce qui est des ordres quel qu'il soit, c'est le VOS qui est

 20   censé fournir des éléments relatifs à l'ennemi, or nous on n'en a pas

 21   fourni, et pour chose pareille, il faudrait que nous ayons des informations

 22   concernant les plans en cours d'établissement par l'état-major.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Alors votre réponse est importante, surtout

 24   qu'elle est faite sous serment, à moins que vous mentiez. Mais, moi, je

 25   n'ai pas d'élément en ce sens. Vous me dites - parce que ma question est

 26   très précise - vous imaginez, après quatre ans de procès, je ne suis plus à

 27   poser des questions tout azimut, je vais au cœur des problèmes.

 28   Vous me dites que, si le HVO avait préparé un plan inévitablement,

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  1   vous auriez été associé parce qu'il fallait évaluer les forces ennemies et

  2   c'était votre job, et que donc comme vous n'avez pas été associé à cela il

  3   n'y a pas eu de plan du HVO, et que le HVO n'a pas attaqué le 9 mai 1993 à

  4   Mostar.

  5   C'est bien le sens de vos propos ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, il en est ainsi, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

  8   Maître Alaburic.

  9   Mme ALABURIC : [interprétation]

 10   Q.  Monsieur Jasak, très brièvement, essayons de définir la situation à

 11   Mostar jusqu'à fin juin 1993. Il y a eu des différences d'un jour à l'autre

 12   mais de manière générale comment qualifieriez-vous cette période ?

 13   R.  Mis à part quelques incidents sporadiques, la situation était calme. Ce

 14   sera l'appréciation générale.

 15   Q.  D'accord. Alors le 30 juin 1993, pour vous, cette journée revêtait-elle

 16   une importance particulière ?

 17   R.  Oui. Cette date signifie la guerre totale avec l'ABiH à Mostar, donc

 18   entre l'ABiH et le HVO. C'est là qu'une attaque tout azimut a été menée

 19   conter le HVO.

 20   Q.  Etiez-vous de permanence au QG pendant la nuit du 29 au 30 juin ?

 21   R.  Oui, c'était le cas. J'étais de permanence.

 22   Q.  Alors dites-nous : qu'est-ce qui caractérise cette attaque par rapport

 23   aux attaques de Konjic que nous avons déjà mentionnées, par exemple, de

 24   Konjic ?

 25   R.  Ce qui est spécifique ici c'est que cette attaque a été menée par la

 26   trahison, on a trahi les soldats du HVO ou plutôt ce sont des soldats du

 27   HVO d'appartenance musulmane en accord avec l'ABiH qui ont commis cette

 28   trahison, et ça a été de la manière la plus perfide qui soit.

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  1   Q.  Dites-nous grâce à cette trahison quel est le territoire dont s'est

  2   tempérée l'ABiH ?

  3   R.  Ce jour-là, l'ABiH a capturé toute la partie qui s'étend au nord de

  4   Mostar Est vers Salakovac, donc c'était la caserne Tihomir Misic, Vrapcici,

  5   Bijelo Polje, jusqu'à Salakovac.

  6   Q.  Qui a eu le contrôle sur ce territoire après cette attaque du 30 juin

  7   au nord de Salakovac vers Jablanica ?

  8   R.  Ce territoire-là était également entre les mains de l'ABiH, c'était les

  9   forces qui étaient parties de Konjic et Jablanica vers Mostar, donc ce

 10   jour-là, on a pu opérer ces jonctions sur la totalité du secteur Konjic-

 11   Jablanica-Mostar.

 12   Q.  A l'époque, le VOS avait-il des informations quelles qu'ils soient sur

 13   d'éventuels plans, projets de l'ABiH d'opérer cette jonction entre leurs

 14   forces de Mostar et de Jablanica ?

 15   R.  Le VOS avait ces éléments, effectivement.

 16   Q.  Dites-nous : exactement quelles sont les informations que vous aviez ?

 17   Qu'avez-vous rédigé dans vos rapports ?

 18   R.  Nous avons dit, dans nos rapports, que l'ABiH allait tenter de joindre

 19   ces secteurs de Konjic, Jablanica et Mostar pour ainsi créer des conditions

 20   lui permettant d'agir au-delà, vers Stolac, Capljina et Neum.

 21   Q.  Est-ce que vous aviez une date en tête par rapport à ces plans

 22   d'attaque ?

 23   R.  Dans un de nos rapports, nous avons annoncé que ça pourrait être la

 24   date du 1er juillet.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : J'écoute tous les détails que vous donnez tout en

 26   regardant la carte.

 27   Vous dites que ce plan allait de Konjic, Jablanica, Mostar, Neum. Je

 28   regarde la carte et je me dis : si ce plan avait abouti, le HVO n'existait

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  1   plus. Est-ce vrai ? Est-ce faux ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président. Dans ce

  3   secteur, il n'y aurait plus du HVO.

  4   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

  5   Mme ALABURIC : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur Jasak, dites-nous : M. Keza, votre chef du VOS, l'avez-vous

  7   averti verbalement, aussi oralement de ces pronostics que vous faisiez ?

  8   R.  Nous en avons parlé, et je pense que mon chef, quant à lui, s'est

  9   adressé également à ses supérieurs, et que les supérieurs, à leur tour, ont

 10   parlé avec les commandants sur le terrain.

 11   Tout simplement, ce qui s'est passé, c'est que notre rapport n'a pas

 12   été compris avec autant de force, enfin, comme étant aussi alarmant, et

 13   cela, parce que les commandants locaux du HVO ou des unités faisaient leurs

 14   propres évaluations. Ils sont arrivés à penser qu'après le 9 mai, tous ceux

 15   qui ne souhaitaient pas rester au sein du HVO l'avaient quitté et que ces

 16   membres du HVO qui étaient d'appartenant musulmane qui étaient restés, qui

 17   étaient depuis le tout début au sein du HVO avec les Croates, qu'eux

 18   n'allaient poser aucun problème.

 19   Q. Dites-nous, Monsieur Jasak : à un moment donné, à l'état-major

 20   principal, est-ce que vous avez appris comment l'ABiH a pu établir son

 21   contrôle sur la partie du territoire qui se situe au nord ?

 22   R.  Nous avons appris que c'était une trahison dans les rangs du HVO à

 23   Bijelo Polje, et qu'il y a eu une coopération avec l'ABiH, et que c'est

 24   ainsi qu'on a pu capturer ce secteur.

 25   Q.  Dites-nous : quelles ont été les réactions ?

 26   R.  Ça a été une très grande déception. Les membres de l'état-major

 27   principal n'arrivaient pas à y croire. Surtout lorsqu'on a appris que sur

 28   nos trois hommes, que les parents de Bozo Peric, je pense, et ceux de Tomo

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  1   Mihalj -- enfin, des proches de Tomo Mihalj et d'Ante Ivankovic [phon],

  2   également, des parents, donc que sur ces trois membres de l'état-major

  3   principal, quand on a appris que leurs proches avaient péri, ça a été un

  4   coup dur. On n'arrivait pas à croire que c'étaient ceux avec qui on s'était

  5   entretenu, jusqu'à encore hier, mangé, bu ensemble, et cetera.

  6   Q.  Avez-vous informé le général Petkovic de cette attaque ?

  7   R.  Oui. Nous en avons informé le général Petkovic.

  8   Q.  Le général Petkovic, où passait-il la nuit généralement s'il se

  9   trouvait dans le secteur de Mostar ?

 10   R.  Le général Petkovic passait la nuit à Grude, généralement.

 11   Q.  Pour autant que vous le sachiez, est-ce qu'il s'est rendu immédiatement

 12   à Mostar, après avoir reçu cette information de votre part ?

 13   R.  Le général Petkovic est venu, je pense, vers 8 heures.

 14   Q.  Savez-vous où il s'était trouvé précédemment ?

 15   R.  Je pense qu'il était même peut-être 9 heures, qu'il était passé par la

 16   zone opérationnelle de l'Herzégovine du sud-est.

 17   Q.  Si vous le savez avec qui -- ou plutôt, est-ce que le général Petkovic

 18   a parlé à quelqu'un quand il est arrivé au QG ?

 19   R.  Il avait l'air abattu, et c'était à ce moment-là que j'allais passer ma

 20   permanence, et par la suite, je n'ai plus eu de contacts avec le général.

 21   Q.  Très bien. Nous verrons cela rapidement. Nous verrons ce qu'a fait le

 22   général Petkovic.

 23   Mme ALABURIC : [interprétation] Alors, maintenant, 4D 948.

 24   Q.  Nous allons examiner plusieurs documents.

 25   Nous avons là un ordre du général Petkovic du 7 juin 1993. Dans

 26   l'introduction, il est dit :

 27   "…que l'ordre est donné suite à l'agression musulmane et parce qu'ils

 28   ont l'intention, l'inspiration de placer la vallée de la Neretva sous leur

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  1   occupation."

  2   Alors, est-ce que cela correspond à vos rapports -- aux rapports du VOS ?

  3   R.  Cela se fonde sur nos informations. Je vous ai dit que même avant, nous

  4   avons fourni ce type d'information disant qu'une telle chose était

  5   possible.

  6   Q.  Dans la suite du document, il est dit qu'il convient d'empêcher une

  7   percée, une avancée éventuelle des unités de Mostar vers Jablanica-Bijelo

  8   Polje-Mostar. Etait-ce précisément des activités, le 30 juin 1993 ?

  9   R.  Oui, tout à fait. L'axe Jablanica-Bijelo Polje-Mostar et Mostar-Bijelo

 10   Polje-Jablanica, ils se sont retrouvés au niveau de Salakovac.

 11   Q.  Dans l'ordre, dans la suite, il est dit que toutes les lignes de front

 12   face aux Musulmans doivent être aménagées, qu'il convient de passer à

 13   l'aménagement des positions en profondeur. Donc j'aimerais savoir s'il

 14   s'agit des préparatifs qui sont relatifs à la défense ou à l'offensive ?

 15   R.  Il est évident qu'il s'agit de préparatif à la défense, puisqu'on

 16   aménage des positions en profondeur, donc si la ligne de front devait

 17   céder, la ligne de front où étaient déployées à ce moment-là les Unités du

 18   HVO.

 19   Q.  Voyons le document suivant, 4D 702, 4D 702, c'est une lettre du général

 20   Petkovic, le 30 juin. Il s'adresse aux MM. Wahlgren et Morillon.

 21   Dans le 5e paragraphe, il dit que le HVO et le peuple croate se défendront,

 22   mais il est dit également que cela n'est possible qu'au prix de grande

 23   perte du côté des forces musulmanes. Je vous prie de mettre en garde le

 24   soi-disant commandement de l'ABiH, de ses possibles conséquences et de les

 25   inviter à mettre fin à l'attaque où aux tirs individuels.

 26   Donc pourriez-vous commenter, Monsieur Jasak ? Il y a un appel maintenant

 27   qui est fait par le général Petkovic. Il demande aux forces internationales

 28   d'intervenir pour essayer d'obtenir un cessez-le-feu.

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  1   R.  Oui, je peux le faire. C'est un appel lancé à la communauté

  2   internationale pour qu'elle joue un rôle et qu'elle empêche qu'il y ait de

  3   nombreuses victimes civiles, et qu'elle contribue à ce qu'on mette fin à

  4   des hostilités qui encourent.

  5   Q.  Vous connaissiez le général Petkovic personnellement, et vous l'avez vu

  6   le 30 juin, d'après vous, cet appel adressé aux forces internationales pour

  7   qu'elles jouent le rôle de médiateur et pour qu'on rétablisse la paix, est-

  8   ce que l'on peut considérer que c'était véritablement une tentative sincère

  9   de bonne foi du général Petkovic, pour empêcher qu'il n'y ait des victimes

 10   et un conflit large ?

 11   R.  Je peux vous dire que ce que le général faisait, que c'était toujours

 12   juste, et je le connaissais avant et après.

 13   Q.  2D 448, à présent, s'il vous plaît.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Le document 4D 702 est un document important à mes

 15   yeux, car il émane d'abord du général Petkovic, mais il est adressé aux

 16   autorités internationales les plus éminentes, à savoir le général Wahlgren

 17   et le général Morillon.

 18   Ce document, quand on le lit sans contexte indique que c'est l'ABiH qui a

 19   attaqué, dès lors peut se poser la question de savoir si le général

 20   Petkovic se moque de la communauté internationale et dire le contraire de

 21   la réalité, est-ce qu'il pourrait se permettre de tromper des

 22   professionnels comme le général Wahlgren et Morillon, qui ont certainement

 23   leur propre source d'information sur les événements ? Dans ce document,

 24   vous voyez, mon Colonel, le général Petkovic fait allusion à un entretien

 25   tenu avec le général Morillon à Medjugorje, le 26 juin, soit quatre jours

 26   avant, où il lui avait dit qu'il y avait une possibilité que les Musulmans

 27   attaquent. Donc il en appelle à la communauté internationale pour faire

 28   cesser cela.

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  1   Vous, qui étiez un acteur du terrain, est-ce que ce document retrace

  2   parfaitement ce que vous avez vécu vous sur le terrain, ou bien il y aurait

  3   des éléments discutables ? Si c'est le cas, lesquels ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ce document est tout à

  5   fait identique à la mémoire que j'ai de cet événement, surtout qu'il ait

  6   mentionné ici le suivant :

  7   "Nous souhaitons vous rappeler que notre parti, au moment de la rencontre

  8   avec le général Morillon à Medjugorje, le 26 juin 1993, a mis en garde

  9   contre cette possibilité que l'on planifie une attaque frontale par les

 10   forces musulmanes sur la ville de Mostar, et sur les positions du HVO, dans

 11   ces environs."

 12   Donc c'était justement dans la suite de ces informations que nous donnions

 13   au VOS, au général Petkovic, et lui, de toute évidence il a transmis ces

 14   informations à la communauté internationale, c'est-à-dire au général

 15   Morillon, le 26 juin 1993. Donc cela correspond parfaitement à la

 16   situation.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Ma dernière question mais elle dépend de la

 18   connaissance que vous avez.

 19   Est-ce que vous aviez suivi de près à l'époque, pas maintenant mais à

 20   l'époque les discussions internationales menées à Genève dans l'optique de

 21   restaurer la paix entre tous et de mettre en place un système qui permette

 22   à toutes les communautés de vivre en bonne et intelligence, et que de ce

 23   fait, il y a eu les plans Vance-Owen, et cetera; est-ce que vous étiez au

 24   courant de tous les efforts que faisait la communauté internationale pour

 25   trouver un juste équilibre entre les Serbes, les Musulmans et les Croates ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, tout un chacun suivait

 27   cela là-bas, ainsi nous également, au VOS avec beaucoup d'intérêt. Donc

 28   c'était un plus grand souhait que le plus rapidement la paix se rétablit,

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  1   que le conflit se termine.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors vous me dites vous au VOS, vous suivez ça,

  3   ceci était suivi, très bien. Alors, de ce fait, quand dans le document que

  4   j'ai sous les yeux évoque la possibilité que les Musulmans veulent avoir un

  5   accès à la mer, est-ce que ce mobile d'accès à la mer ne pouvait-il pas

  6   détruire l'équilibre fragile que la communauté internationale était en

  7   train de créer, sans que la question de l'accès à la mer soit réglée de

  8   manière définitive, et que dans cet esprit, l'ABiH se dit : "On va accéder

  9   à la mer et on mettra la communauté internationale devant le fait

 10   accompli."

 11   Est-ce que ceci avait été intégré dans les réflexions du VOS ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, cette question

 13   est un peu trop vaste pour que je puisse bien la comprendre. S'agit-il de

 14   nos estimations, nous souhaitions montrer que l'ABiH souhaitait atteindre

 15   Konjic-Jablanica-Mostar et au-delà la mer ?

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc vous dites que cette question avait été

 17   traitée, enfin si je comprends bien. Mais si l'ABiH atteignait la mer, vous

 18   avez répondu tout à l'heure, mais est-ce que vous pouvez être plus précis ?

 19   Quelles étaient les conséquences pour vous, pour vous, les Croates, vivant

 20   en République de Bosnie-Herzégovine ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux parler de l'aspect militaire. A

 22   ce moment-là, il n'y aurait plus de Croates ni de HVO dans ce secteur pour

 23   ce qui est des activités militaires. Mais je n'aborde pas des aspects

 24   politiques ici.

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon.

 26   Mme ALABURIC : [interprétation]

 27   Q.  Monsieur Jasak, si la partie musulmane de Bosnie-Herzégovine, lors

 28   d'une conférence internationale, se voyait accorder un territoire côtier,

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  1   est-ce que ce serait une différence par rapport à la situation où l'ABiH

  2   s'était emparée de ce même territoire par la force ? Est-ce qu'il y aurait

  3   une différence, par exemple, pour ce qui est du statut de la population non

  4   musulmane dans ce secteur des pertes, par exemple, des dégâts, s'il y avait

  5   des combats, et cetera ?

  6   R.  Ecoutez, c'est un cas de figure si on s'empare de quelque chose

  7   militairement et c'est une autre situation où on se le voit accorder

  8   autrement par accord.

  9   Q.  Alors dites-nous.

 10   R.  Bien, si c'est un accord, alors on procède par des voies pacifiques, et

 11   cela ne pose aucun problème. En revanche, si cela fait militairement, le

 12   problème qui se créé c'est que l'autre peuple disparaît.

 13   Q.  Je vous remercie. Donc nous passons Arif Pasalic, prenons le document

 14   suivant, 2D 1389, c'est un rapport de l'état-major du commandement Suprême

 15   des forces armées de l'ABiH. Pour la date du 30 juin 1993, le paragraphe

 16   qui concerne le 4e Corps. Si nous passons la mention qui dit que ce sont

 17   les Oustachi qui ont attaqué les premiers et si nous voyons de quoi s'est

 18   emparé l'ABiH pendant sa contre-attaque, voyons, donc le camp nord Rastani,

 19   Vrapcici, Bijelo Polje, Salakovac, et Rosici [phon]. En outre, l'ABiH a

 20   entre ses mains toutes les centrales hydroélectriques sur la Neretva mis à

 21   part la centrale de Capljina.

 22   Alors, Monsieur Jasak, pour ce qui est des faits que l'on trouve dans ce

 23   rapport pour ce qui est des sites qui ont été conquis, est-ce que c'est

 24   exact ?

 25   R.  Pour ce qui est des sites qui ont été conquis ce rapport est exact.

 26   Q.  La dernière phrase dit qu'il y a eu jonction entre le 4e et 6e Corps.

 27   Veuillez nous dire si cela signifie que Mostar Est et Jablanica se sont

 28   joints.

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  1   R.  Ça signifie qu'il y a eu jonction entre Mostar Est, Konjic, et

  2   Jablanica. Jablanica, et Konjic, avec Mostar, tout était relié l'un à

  3   l'autre, parce que le 6e Corps était le Corps de Konjic.

  4   Q.  Veuillez nous dire si cela n'est valable que pour cette période-là;

  5   parce qu'un mois avant c'était différent ? Fin juin, il s'agit donc du 6e

  6   Corps pour Jablanica et Konjic, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Ce 6e Corps est créé par dissociation de partie du 4e Corps pour en

  9   créer un nouveau ?

 10   R.  Oui.

 11   Mme ALABURIC : [interprétation] Je m'excuse pour ces questions directrices,

 12   mais je pense que c'est des faits qui ont déjà été établis dans ce procès.

 13   Maintenant je voudrais qu'on passe au P 3030.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, c'est dommage que Mme West ne

 15   soit pas là. Mais si elle avait été là, ma question l'aurait intéressée. Ce

 16   document établit que le 30 juin il y a une jonction entre le 4e Corps et le

 17   6e Corps. Là, c'est écrit noir sur blanc, et ce n'est pas un document du

 18   HVO, c'est un document de l'ABiH. Est-ce à dire qu'un Musulman de Mostar

 19   Est, en raison de cette jonction, pouvait quitter Mostar et aller à

 20   Jablanica sans difficulté ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ils pouvaient y aller.

 22   La difficulté c'était les activités de combat, mais il y avait possibilité

 23   de le faire, oui.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon.

 25   Mme ALABURIC : [interprétation] Monsieur le Juge, on va parler des voies de

 26   communication si on en a le temps.

 27   Q.  Maintenant j'aimerais qu'on nous montre le P 3030.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez, Madame Alaburic. Il vous reste 28 minutes.

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  1   Donc je vois qu'il y a beaucoup encore de documents. Essayez de faire un

  2   tri sélectif dans vos documents. Parce qu'en 28 minutes, le temps passe

  3   vite, malheureusement. Surtout s'il y a des documents qui ont déjà été

  4   admis, il vaut peut-être mieux parler de documents n'ont admis.

  5   Mme ALABURIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je m'ess--

  6   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je voudrais poser une question

  7   concernant le dernier document. Peut-être n'en saurez-vous pas la réponse,

  8   mais ne soyez pas -- ça ne serait pas surprenant et ce ne serait pas

  9   gênant.

 10   La dernière phrase du document en anglais nous dit, et je cite :

 11   "Un officier capturé du HV a félicité nos commandants du succès

 12   retentissant obtenu par nos forces."

 13   Est-ce que vous savez si cet officier de l'armée croate venait -- pardon,

 14   savez-vous d'où venait cet officier ? Comment peut-on expliquer que, dans

 15   cette action l'ABiH, d'après ce qui est dit, a fait prisonnier un officier

 16   de l'armée croate ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, je vais essayer de vous

 18   l'expliquer. D'après les informations qui sont les miennes, à Bijelo Polje,

 19   il y avait plusieurs officiers de l'armée croate qui étaient là, qui

 20   étaient venus en tant que volontaires pour aider les Croates et les

 21   Musulmans. Ils ont organisé la défense face à l'armée de la Republika

 22   Srpska. Il se peut qu'il s'agisse ici de l'un de ces officiers. Je sais

 23   qu'il y en avait deux ou trois à avoir été originaires de ces territoires-

 24   là. A cette époque-là, ils faisaient partie du 1er Bataillon de Bijelo

 25   Polje, qui comptait à peu près 50 % de Musulmans. C'est ensemble avec le

 26   HVO, que Croates et Musulmans, avaient participé à la défense face à

 27   l'armée de la Republika Srpska.

 28   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie.

Page 48696

  1   Mme ALABURIC : [interprétation]

  2   Q.  Veuillez nous indiquer, Monsieur Jasak, puisque M. le Juge Trechsel

  3   vient ses conclusions pour ce qui est des relations avec le HVO, il est

  4   question d'un succès exceptionnel pour ce qui est des 4e et 6e Corps. C'est

  5   notamment référence faite à l'action conduite dans Mostar Est, et on parle

  6   de la libération d'une grande partie des territoires d'installation

  7   importante et le tout en un seul jour.

  8   Alors est-ce que ce sont bien ces événements-là que nous avons évoqué

  9   jusqu'à présent ?

 10   R.  Oui, ce sont justement ces événements-là.

 11   Q.  Penchez-vous sur le document suivant, je vous prie, P 3030. Est-ce que

 12   vous pouvez nous dire ce que c'est ce document et est-ce que vous l'avez

 13   déjà vu auparavant ?

 14   R.  J'ai eu à connaître ce document, oui. Il s'agit d'un rapport

 15   extraordinaire en provenance d'un groupe à nous qui était chargé des

 16   écoutes. C'est à 15 heures 20 qu'ils ont capté des échanges entre Arif

 17   Pasalic et Sefer Halilovic. On voit à droite que, lorsque le document nous

 18   est parvenu, je l'ai copié et j'ai envoyé à trois adresses, Bruno,

 19   Petkovic, Keza. Ça a été envoyé au bureau du responsable du département de

 20   la Défense, chef d'état-major, et une copie est restée pour notre

 21   responsable du VOS. Il n'a pas été repris par le rapport du VOS, parce que

 22   c'était un document qu'il fallait transmettre d'urgence vers qui de droit.

 23   Q.  On voit dans ce document que Halilovic félicite Pasalic de ses succès.

 24   Puis il constate que bientôt il finirait par se rencontrer à Salakovac.

 25   Alors dites-nous : comment Halilovic pouvait-il arriver jusqu'à Salakovac ?

 26   R.  [aucune interprétation]

 27   Q.  A partir d'où ?

 28   R.  En sortant de Sarajevo, il va à Konjic, Jablanica, puis Salakovac.

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  1   Q.  Pasalic, comment il pouvait arriver jusqu'à Salakovac ?

  2   R.  Lui, il devait passer par Mostar, Vrapcici, Bijelo Polje, et il

  3   aboutirait à Salakovac aussi.

  4   Q.  Est-ce que cela ne fait que confirmer, le fait que Jablanica et Mostar

  5   Est étaient joints l'un avec l'autre ?

  6   R.  Absolument, parce que si ce n'était pas le cas, ils n'auraient pas pu

  7   se rencontrer à Salakovac.

  8   Q.  Dans cette conversation, il est dit :

  9   "On ne s'arrêtera pas tant qu'il restera, ne serait-ce qu'un seul

 10   Oustacha."

 11   Alors est-ce que vous pouvez commenter un peu cette phrase ?

 12   R.  Cela signifie en termes pratiques que le territoire doit être nettoyé

 13   de tous les Croates. Parce qu'à l'époque, ils qualifiaient la totalité des

 14   Croates de Oustachi.

 15   Mme ALABURIC : [interprétation] J'apprends que mes collègues sont en train

 16   de réclamer une pause. Je vous propose de faire notre pause à présent.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons faire 20 minutes de pause.

 18   --- L'audience est suspendue à 12 heures 40.

 19   --- L'audience est reprise à 13 heures 01.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 21   Maître Alaburic, continuez.

 22   Mme ALABURIC : [interprétation]

 23   Q.  Penchons-nous, Monsieur Jasak, sur le document suivant

 24   Mme ALABURIC : [interprétation] à savoir 4D 480.

 25   Q.  Il s'agit d'un rapport émanant du général Petkovic à l'intention du

 26   département de la Défense concernant les événements du 30 juin.

 27    Entre autres ou pour commencer, plutôt, dites-nous si en tant que

 28   signataire --

Page 48699

  1   R.  Excusez-moi. Je n'ai pas suivi pour ce qui est du numéro du document.

  2   Q.  4D 480.

  3   R.  Merci.

  4   Q.  Pouvez-vous nous dire qui est-ce qui a signé ce document ?

  5   R.  Ce document est signé par le général Petkovic.

  6   Q.  Est-ce que vous reconnaissez pour sûr la signature du général Petkovic

  7   ?

  8   R.  Absolument, je reconnais là la signature du général Petkovic.

  9   Q.  Dans ce document, on dit que :

 10   "La mission principale consiste à établir la jonction entre les

 11   forces musulmanes de Jablanica et Mostar."

 12   Est-ce que vous pouvez expliquer, Monsieur Jasak, comment se fait-il que le

 13   général Petkovic est en train d'écrire qu'il convient d'empêcher une chose

 14   qu'on a vue dans les rapports de l'ABiH s'être déjà produite ?

 15   R.  Je peux vous l'expliquer. Il s'agit ici d'un document qui a été rédigé

 16   dans la matinée.

 17   Q.  Donc, les activités de combat s'étaient poursuivies, et le rapport en

 18   fin de journée était différent; c'est bien ce que vous voulez nous dire ?

 19   R.  C'est exact. Ceci s'est produit avant qu'il n'y ait jonction d'opérée

 20   entre le 4e et le 6e Corps.

 21   Q.  Dans le courrier, on dit aussi que :

 22   "Sur le territoire de Bijelo Polje, le rapport des forces est de 60

 23   par rapport à 40 % en faveur des Musulmans et que pour ce qui est de la

 24   population, c'est 80 par rapport à 20 % au profit des Musulmans."

 25   Alors est-ce que les chiffres ainsi avancés sont exacts ?

 26   R.  D'après ce que j'en sais, ces chiffres sont à peu près bons. Je pensais

 27   que le HVO était à 50-50, mais je pense qu'il y avait dans ce 1er Bataillon

 28   plus de 50 % de Musulmans.

Page 48700

  1   Q.  Quand le général Petkovic dit : "60 sur 40 % à l'avantage des

  2   Musulmans," est-ce que c'est la structure des unités du HVO sur le

  3   territoire de Bijelo Polje ?

  4   R.  C'est exact. C'est à peu près la structure des unités sur le territoire

  5   de Bijelo Polje. En d'autres termes, si l'on prend ce Bataillon de Bijelo

  6   Polje, qui comptait à peu près un peu plus de 50 %, et si vous descendez

  7   plus au sud où il y avait des parties du 2e Bataillon où toute une

  8   compagnie pratiquement était purement musulmane, alors, le ratio de 60 sur

  9   40 me semble être plutôt exact.

 10   Q.  Nous allons parler un peu plus en détail des Musulmans au sein du HVO.

 11   Dites-nous donc : est-ce que certains services dans l'Herceg-Bosna avaient

 12   pensé qu'un haut pourcentage de soldats musulmans au sein du HVO pourrait

 13   constituer un péril en matière de sécurité ?

 14   R.  D'après ce que j'en sais, c'est ce que les services concernés ont émis

 15   comme hypothèse.

 16   Q.  Quels services ?

 17   R.  C'est le service tant militaire que civil, de mon avis.

 18   Q.  Penchons-nous sur plusieurs documents dans le jeu qui suit. Je vais

 19   sauter huit documents et je vous renvoie --

 20   M. LE JUGE MINDUA : Maître Alaburic, excusez-moi.

 21   Mme ALABURIC : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE MINDUA : J'ai juste une petite question pour le témoin.

 23   Monsieur le Témoin, lorsque nous regardons le document 4D 480 où l'on parle

 24   des soldats musulmans qui ont attaqué le HVO -- les soldats du HVO à 3

 25   heures du matin, en tant qu'officier de renseignement militaire, y avait-il

 26   des signes avant coureur de cette attaque, et si c'était le cas, quelles

 27   sont les mesures que vous aviez prises pour faire face à l'attaque,

 28   notamment pour informer les autorités du HVO ? Si ce n'était pas le cas,

Page 48701

  1   comment expliquez-vous cette défaillance de n'avoir pas pu constater ou

  2   voir la situation ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, ce type de situation, on

  4   l'avait prévue. Je pense l'avoir mentionné dans l'une de mes réponses

  5   précédentes. Dans notre rapport, celui du renseignement militaire, et pour

  6   autant que je m'en souvienne, c'est moi qui l'ai signé en personne, parce

  7   qu'il a été rédigé en fin d'après-midi et le chef du VOS n'était plus là.

  8   Je l'ai même rédigé le jour d'avant justement. Mais nous avions estimé que

  9   cela risquait de connaître une escalade vers la date du 1er juillet.

 10   M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

 11   Mme ALABURIC : [interprétation]

 12   Q.  Monsieur Jasak, dans vos rapports, aviez-vous prévu que l'ABiH pouvait

 13   s'emparer de territoire grâce à une trahison de la part des soldats

 14   musulmans au sein du HVO ?

 15   R.  Oui. Nous avions envisagé ce type de possibilité. Nous avions estimé

 16   que cela risquait de se produire sur le territoire de Mostar et le

 17   territoire plus au sud par rapport à Mostar. Néanmoins, les commandants

 18   avaient fait confiance à ces gens, ceux qui, après le 9 mai, étaient restés

 19   faire partie de ces unités, et ils se disaient : "Il n'y aura certainement

 20   pas de conflit, parce qu'on s'est battu côte à côte avec eux contre les

 21   Serbes pendant toute la période antérieure." C'est, de mon avis, justement

 22   la raison pour laquelle il n'y a pas eu de réaction différente de la part

 23   de l'état-major principal.

 24   Q.  Quand vous dites que les commandants avaient fait confiance aux gens

 25   qui étaient restés après le 9 mai, soyez plus précis. A qui ont-ils fait

 26   confiance ?

 27   R.  Ils ont fait confiance à ces soldats du HVO qui appartenaient au groupe

 28   ethnique musulman.

Page 48702

  1   Q.  D'accord. Penchons-nous maintenant sur plusieurs documents, d'abord le

  2   P 1438. Il s'agit d'un rapport relatif à la situation au sein de la 1ère

  3   Brigade du HVO datant de février 1993.

  4   Vous souvenez-vous, Monsieur, des renseignements relatifs à la

  5   structure ethnique de la 1ère Brigade au mois de juin 1993 ?

  6   R.  Je m'en souviens. La 1ère Brigade comptait là-bas quelque 1 600 membres

  7   appartenant au groupe ethnique musulman.

  8   Q.  Vous souvenez-vous du pourcentage que cela constituait ?

  9   R.  Je crois que cela faisait plus de 35 %.

 10   Q.  Dans ce rapport, à sa fin, pour ce qui est de l'évaluation de la

 11   situation, on dit que la sécurité de la défense se trouve être réduite du

 12   fait du nombre considérable de Musulmans dans les effectifs d'unité, à

 13   savoir en raison de plus 50 %.

 14   Alors, Monsieur Jasak, d'après vos informations suite aux rapports en

 15   question, y a-t-il eu quoi que ce soit de changer dans le comportement des

 16   autorités militaires vis-à-vis des soldats musulmans au sein du HVO ?

 17   R.  D'après mes informations il n'y a rien eu de changer, parce que nous

 18   tenions ensemble une ligne face aux soldats de l'armée de la Republika

 19   Srpska.

 20   Q.  Penchons-nous sur le document suivant, 2D 1379. Il s'agit d'un rapport

 21   du SIS pour la première moitié de 1993. Dans la cinquième partie, vers le

 22   milieu, on dit :

 23   "En guise de problème particulier s'agissant de certaines unités, nous

 24   avons souligné le grand nombre de soldats du groupe ethnique non croate, et

 25   pour l'essentiel, musulman en l'occurrence. L'importance de cette mise en

 26   garde se trouve être confirmée en particulier lors de l'attaque récente de

 27   l'ABiH contre le HVO à Bijelo Polje, où les soldats du HVO appartenant au

 28   groupe ethnique musulman sont passés du côté de l'ABiH et ont constitué

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  1   l'unité musulmane la plus puissante, et ainsi que lors des attaques sur

  2   Gubavica et le plateau de Dubrava."

  3   Vous nous avez déjà dit, Monsieur Jasak, que s'agissant du SIS et les

  4   autres services chargés de la sécurité, vous avez procédé à des échanges

  5   d'information. Est-ce que vous avez été au courant, au sein du VOS, de ces

  6   positions prises par le SIS pour ce qui est des préoccupations résultant du

  7   grand nombre de soldats musulmans dans les unités du HVO ?

  8   R.  Avant que de répondre, je crois qu'à la lecture, vous avez fait une

  9   erreur. Il s'agit de la récente attaque de l'ABiH contre le HVO.

 10   Q.  Ecoutez, si je me suis trompée, je veux bien, mais enfin, je ne m'en

 11   souviens pas. Dites-nous de quoi il s'agit.

 12   R.  Ce type d'information, s'agissant de nous autres au service, au travers

 13   des rapports que nous échangions, on les avait reçus. Je souligne une fois

 14   de plus que, suite à des entretiens au sein de l'unité, les commandants

 15   tout simplement ne pouvaient pas admettre qu'une telle possibilité pouvait

 16   se muer en réalité.

 17   Q.  Dites-nous, Monsieur Jasak, est-ce que vous aviez reçu des informations

 18   disant que l'ABiH pourrait systématiquement agir à l'égard des soldats

 19   musulmans dans les rangs du HVO pour compter sur eux en guise de troupes

 20   d'appoint pour ce qui est de conflits éventuellement à survenir sur des

 21   territoires jusque-là contrôlés par le HVO ?

 22   R.  Le VOS avait des informations disant qu'il y avait des rencontres

 23   d'organisées entre les membres de l'ABiH, donc les Musulmans, et des

 24   membres du HVO, également musulmans. Et nous avions recueilli des

 25   informations disant qu'ils étaient en train d'essayer d'attirer des

 26   Musulmans du HVO en leur demandant de rester au sein de ces unités jusqu'au

 27   moment où l'on leur ferait signe. Il y a eu donc des pressions d'exercées

 28   au niveau des familles desdits individus.

Page 48704

  1   Q.  Monsieur Jasak, je veux bien vérifier maintenant si j'ai compris à tort

  2   ou à raison ce que vous nous avez dit. Il y aurait eu des soldats du HVO

  3   musulmans qui seraient restés dans les rangs du HVO de façon entendue avec

  4   les gens de l'ABiH jusqu'au moment où ils seraient saisis par l'ABiH pour

  5   des activités contre le HVO ? C'est bien ce que vous nous dites ?

  6   R.  Oui, c'est ce que j'ai dit. Il s'agissait pour eux de rester dans les

  7   rangs du HVO jusqu'à ce qu'on ne les contacte. C'étaient donc là des

  8   soldats formés, armés, qui étaient à même d'exécuter quelque mission que ce

  9   soit.

 10   Q.  Penchons-nous maintenant sur le document suivant 2562. Il s'agit ici

 11   d'un rapport émanant du 5e Bataillon de la 2e Brigade. Il porte sur les

 12   Musulmans au sein de cette unité.

 13   Alors la 2e Brigade intervenait sur le territoire au nord de Mostar

 14   Est; c'est bien cela ?

 15   R.  C'est exact. Le 5e Bataillon était venu du territoire de Ilici.

 16   Q.  Alors voyons un peu ce qu'il dit au sujet de ces Musulmans. Il dit :

 17   "Il se peut que le grand pourcentage de Musulmans resté dans notre unité

 18   ait été conditionné par leur emplacement au niveau de nos agglomérations,

 19   conformément aux activités déployées par notre service IPD, qui a maintenu

 20   ses contacts avec les Musulmans pour leur exposer la situation réelle,

 21   telle qu'elle se présentait."

 22   Je saute plusieurs phrases, et je cite encore :

 23   "Nous estimons que les Musulmans resteront à faire partie de nos

 24   unités, mais c'est plutôt la conséquence du fait d'habiter dans un milieu

 25   où la population est majoritairement croate."

 26   Alors, Monsieur Jasak, dites-nous donc : est-ce que ce commandant

 27   voulait que les soldats du groupe ethnique musulman qui jusque là faisaient

 28   de son unité et le moment en question, c'est fin mai 1993, restent dans

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  1   l'unité en question ou non ?

  2   R.  Il souhaitait absolument les faire rester au sein de cette unité

  3   parce qu'eux, ils venaient, territorialement parlant, de l'espace où se

  4   trouvait cette unité. Donc c'est des gens qui résidaient aux côtés des

  5   Croates dans ces localités d'Ilici à Meljine.

  6   Q.  Penchez-vous donc sur le document suivant, 5D 1115, 5D 115, s'il

  7   vous plaît.

  8   Nous avons là un ordre, l'ordre du commandant de la 3e Brigade du HVO

  9   en date du 28 mai 1993. Donc c'est la même période.

 10   Dites-nous, la 3e Brigade, où était-elle déployée ?

 11   R.  Au sud du Mostar Est, au sud-est plus précisément.

 12   Q.  Si je me souviens bien, vous nous avez dit hier que c'est la brigade

 13   qui a vu partir le plus grand nombre de Musulmans après le conflit du 9 mai

 14   1993 ?

 15   R.  Oui, c'est cela. Deux bataillons musulmans, avec l'ensemble de

 16   l'armement, sont partis de cette brigade. Je pense plus de 800 hommes.

 17   Q.  Voyons ce que dit au point 2, le commandant de cette brigade. Il dit

 18   que :

 19   "Les services IPD des unités et tous les commandants, à commencer par le

 20   groupe jusqu'au niveau de l'unité, doivent intensifier leurs activités sur

 21   le plan du règlement des relations dans les unités, avec pour objectif,

 22   entre autres, le fait qu'il est indispensable de continuer de cohabiter sur

 23   le terrain où est déployée l'unité. Puis dans la suite, de maintenir les

 24   soldats d'appartenance musulmane dans les unités, de ceux qui ne sont pas

 25   des extrémistes et qui continuent à envisager de combattre ensemble

 26   l'ennemi commun."

 27   Alors, Monsieur Jasak, sur la base de ce document, que pourriez-vous nous

 28   dire au sujet de l'attitude que réservait le commandant de cette brigade

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  1   aux Musulmans faisant partie de son unité ? Leur présence, est-elle

  2   souhaitable ou non ?

  3   R.  Quant à ce qui est écrit ici, d'après cela, les Musulmans sont

  4   souhaitables dans l'unité, à l'exception des extrémistes.

  5   Q.  Dites-nous, si vous le savez, les commandants militaires, estimaient-

  6   ils que de toute façon les Musulmans extrémistes avaient déjà quitté les

  7   rangs de l'unité ?

  8   R.  Oui, justement. J'ai déjà dit cela, qu'on estimait que tous ceux qui

  9   étaient hostiles d'une manière ou d'une autre à la coopération entre les

 10   Musulmans et les Croates, que ces hommes n'étaient plus dans les rangs du

 11   HVO à partir du 9 mai, qu'ils étaient partis à ce moment-là. Ici, il est

 12   dit qu'il est indispensable de continuer de cohabiter sur le terrain où

 13   l'unité est stationnée. En d'autres termes, quoi qu'il advienne, demain

 14   nous serons appelés à vivre ensemble, c'est inévitable.

 15   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Pourriez-vous nous expliquer la

 16   chose suivante : le commandant Primorac, dans cette lettre, donne l'ordre

 17   de ne garder des les rangs que les Musulmans qui ne sont pas extrémistes.

 18   Si les extrémistes sont déjà partis, pourquoi rédiger cet ordre ? C'est le

 19   dernier point de l'alinéa du point 2.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Après avoir tiré la leçon de ce qui s'était

 21   produit de par le passé, parce qu'il faut savoir que c'est l'unité qui a

 22   été le plus touchée, qui a été abandonnée par 800 Musulmans, 200 restent

 23   dans l'unité à ce stade, et je suppose que puisque c'est l'unité qui a

 24   perdu énormément d'armements, elle cherche à se protéger, elle cherche à ce

 25   qu'on agisse par le biais de ce service pour vérifier s'il n'y a pas

 26   d'extrémistes parmi les Musulmans qui restent.

 27   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

 28   Mme ALABURIC : [interprétation]

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  1   Q.  Il me faudra passer une minute ou deux pour préciser cela. Voyons, de

  2   quoi s'agit-il au juste ? Au point 2, il est dit que les services IPD et

  3   les commandants devraient intensifier leurs activités auprès des militaires

  4   pour qu'on règle la situation dans les unités. Et donc, un des objectifs

  5   est de préserver les militaires musulmans dans les rangs de l'unité, enfin,

  6   de ceux qui ne sont pas extrémistes. On peut en conclure que les

  7   extrémistes ne seront pas retenus, s'ils souhaitent partir.

  8   Est-ce que c'est ainsi qu'on devrait comprendre le raisonnement qui est

  9   derrière ce texte ?

 10   R.  Oui, ce serait la conclusion juste.

 11   Q.  Voyons un autre document qui se situe quelques documents avant ce qu'on

 12   vient d'examiner. 4D 1461. 1461. Nous avons là une note officielle - vous

 13   pouvez me suivre - du SIS du mois de septembre 1992.

 14   Nous avons déjà évoqué le fait qu'il y avait un accord de passé que

 15   des Musulmans restent au sein du HVO, conformément à l'accord avec l'ABiH.

 16   Je cite :

 17   "A en juger d'après les informations que nous avons obtenues, et cetera,

 18   l'un des commandants du HVO et Ragib Dizdar se sont rendus auprès des

 19   membres du HVO de confession musulmane, les informant qu'il ne fallait pas

 20   qu'ils quittent les rangs du HVO, c'est-à-dire de ne pas rejoindre l'ABiH

 21   tant que le moment n'est pas venu et qu'ils en seraient informés en temps

 22   utile."

 23   Alors, dites-nous, Monsieur : n'est-ce pas exactement ce que vous veniez de

 24   dire ? Etait-ce les activités de l'ABiH en direction des soldats musulmans

 25   ?

 26   R.  Oui, tout à fait. Donc, jusqu'au moment opportun où on allait faire

 27   appel à eux.

 28   Q.  Pour terminer, Monsieur Jasak, le 30 juin, les soldats musulmans de la

Page 48709

  1   2e Brigade du HVO ont trahi leurs camarades et ils les ont désarmés pendant

  2   la nuit, ils se sont dressés contre eux. Après, suite à cela, dans le

  3   secteur de Mostar, est-ce qu'on a entrepris des mesures contre les soldats

  4   musulmans ? Est-ce qu'on les a isolés ? Est-ce qu'on les a désarmés ?

  5   R.  Oui, on a pris ce type de mesures.

  6   Q.  En savez-vous quoi que ce soit sur les commandants qui ont participé à

  7   la prise de ces décisions et à la mise en œuvre de ces mesures ?

  8   R.  Oui. Ça a été l'une des journées les plus difficiles de leur vie, car

  9   ils avaient à l'esprit ce qui s'était produit le 9 mai. Donc, ceux qui

 10   voulaient partir sont partis. De ce qui s'est produit le 30 juin, à Bijelo

 11   Polje, ils ont compris que dans les unités, les Musulmans constituaient un

 12   problème sécuritaire; et puis, d'autre part, sur le plan humain, il aurait

 13   été difficile de désarmer chacun de ces soldats avec qui ils avaient

 14   combattu main dans la main.

 15   Q.  Dites-nous, Monsieur Jasak : pour terminer, dans les Unités du secteur

 16   Mostar, si les soldats musulmans avaient fait ce que les soldats musulmans

 17   de la 2e Brigade avaient fait, est-ce que les autorités croates de Bosnie-

 18   Herzégovine auraient pu exercer leur contrôle sur n'importe quelle partie

 19   de la zone opérationnelle de l'Herzégovine du sud-est ?

 20   R.  Non. Ce contrôle leur aurait échappé.

 21   Q.  Monsieur Jasak, je vous remercie. Je sais que mon temps est expiré,

 22   Monsieur le Président. Je vous remercie.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Vos six heures ont été épuisées.

 24   La Défense a donc trois heures -- les autres Défenses. Je vais interroger

 25   les uns et les autres pour savoir comment ceci a été réparti.

 26   D1, Maître Karnavas.

 27   M. KARNAVAS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à

 28   tous. Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à tous dans le prétoire. Nous

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  1   n'avons pas de questions à poser au témoin. Nous le remercions d'être venu

  2   ici pour déposer, et j'ai donné mon temps à l'équipe Praljak, au cas où ils

  3   auraient besoin de plus de 30 minutes puisqu'ils ont droit à 30 minutes. Je

  4   vous remercie.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. D2. Attendez, je vais -- D2.

  6   Mme NOZICA : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs les

  7   Juges. La Défense de M. Stojic prévoit de contre-interroger, mais nous

  8   intervenons après la Défense 3D. En fait, nous intervenons en dernier pour

  9   ce témoin.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, il y aura 3D qui va intervenir. Maître

 11   Kovacic, vous allez utiliser combien de temps ?

 12   M. KOVACIC : [interprétation] Je pense que nous allons utiliser tout le

 13   temps que nous avons à notre disposition, donc au moins les 30 minutes qui

 14   nous reviennent d'office, puis ce que nous a cédé la Défense de M. Prlic.

 15   Avec votre autorisation, la première partie du contre-interrogatoire

 16   serait menée par le général Praljak. Vous avez déjà pu voir, pendant

 17   l'interrogatoire principal, qu'il s'agit là de sujets qui sont étroitement

 18   liés à l'armée, le déploiement de l'armée, les opérations, les événements

 19   de l'époque. Vous savez très bien que le général Praljak s'est trouvé sur

 20   place, voire même, il a partagé le temps de ce témoin, à un moment donné, à

 21   l'état-major principal. Donc, il a des connaissances directes de ces

 22   événements. Et puis, peut-être il l'interrogerait aussi au sujet des

 23   messages par paquets radio.

 24   Puis Me Pinter poserait aussi un certain nombre de questions sur

 25   certains documents qui ont directement à voir avec l'interrogatoire

 26   principal. Merci.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Comme le temps est précieux à tous, Monsieur

 28   Praljak, vous pouvez peut-être commencer pendant les 12 minutes qui nous

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  1   restent et -- bon, je pense que D5 -- il y aura des questions pour D5 ?

  2   Mme TOMANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons

  3   toujours pas pris de décision finale. Donc, nous nous réservons le droit de

  4   nous prononcer. Nous aurons décidé d'ici à demain.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : C'est pour ça que je ne vous avais pas posé la

  6   question, mais mon collègue a voulu que je pose la question; alors, je le

  7   fais.

  8   D6 ?

  9   M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Pas de questions, Monsieur le Président.

 10   Merci.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

 12   Alors, Général Praljak.

 13   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

 14   Messieurs les Juges. Merci. Je n'ai que très peu de temps, là, à ma

 15   disposition; donc, je chamboule un petit peu l'ordre questions.

 16   Contre-interrogatoire par l'accusé Praljak:

 17   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Radmilo Jasak.

 18   R.  Bonjour, mon Général.

 19   Q.  Alors, voyons quelques petits détails. A présent, vous êtes au sein de

 20   l'armée croate, c'est ce que vous avez dit. Et cette armée fait partie de

 21   l'OTAN ?

 22   R.  Oui, c'est exact.

 23   Q.  Un capitaine, il fait partie des grades liés aux généraux ou il est en

 24   dessous ?

 25   R.  Nous avons des sous-officiers, puis, nous avons des officiers

 26   supérieurs. C'est le grade le plus élevé. C'est un grade seulement au

 27   dessous du grade de général.

 28   Q.  Est-ce que vous avez une étoile, une étoile ? Est-ce que vous êtes un

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  1   général de brigade ?

  2   R.  Non, non.

  3   Q.  Très bien. Nous avons tiré cela au clair. Pardon. A Mostar, pendant que

  4   vous commandiez un bataillon, alors, normalement, c'est quel grade qui

  5   commande un bataillon ?

  6   R.  C'est un commandant ou un colonel.

  7   Q.  Est-ce un grade inférieur ou supérieur pour ce qui est de la hiérarchie

  8   ?

  9   R.  Pour ce qui est de la hiérarchie, c'est un grade supérieur.

 10   Q.  Pendant que vous analysiez l'ensemble des événements dans la zone

 11   opérationnelle, quel est le grade que vous aviez à ce moment-là -- enfin ou

 12   plutôt, quel est le grade que normalement, vous auriez dû avoir pour ces

 13   activités de grande responsabilité ?

 14   R.  J'aurais dû être commandant, mais c'était le grade le plus élevé dans

 15   ce secteur parce que la seule personne qui avait un grade au-dessus,

 16   c'était le chef du service. Donc, au-dessus de moi, il n'y avait personne

 17   dans cette partie-là des travaux d'analyse.

 18   Q.  Continuons. Nous sommes en 1991; alors, est-ce que dans cette partie-là

 19   de la ville de Mostar, vous disposiez d'une organisation militaire ?

 20   R.  En 1991, nous sommes sur le point de nous organiser. Nous avons des

 21   volontaires, les gens se connaissent entre eux, ils organisent quelque

 22   chose qui peut s'appeler des bataillons.

 23   Q.  Il y avait combien de ces bataillons de ce type-là organisés par les

 24   Croates dans la ville de Mostar ?

 25   R.  De ces bataillons-là, il y en avait neuf, ainsi que quatre compagnies

 26   indépendantes. Il y en avait une qu'on a tenté d'organiser, mais uniquement

 27   plus tard, en 1992, que les Musulmans ont entrepris d'organiser.

 28   Q.  Donc, du côté des Musulmans, une seule ?

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  1   R.  C'est cela.

  2   Q.  Qui commandait votre bataillon ?

  3   R.  [aucune interprétation]

  4   Q.  Vous allez répéter cette réponse. Les Musulmans, combien de bataillons

  5   ou de compagnies avaient-ils au début de l'année 1992 ou à la fin de

  6   l'année 1991 ?

  7   R.  A la fin de 1991, aucune unité et au début de 1992, ils avaient un

  8   bataillon. Ils appelaient cela un bataillon, mais il y avait là jusqu'à 150

  9   hommes.

 10   Q.  Qui commandait votre bataillon jusqu'à ce qu'il ne perde sa vie ?

 11   R.  C'était Tihomir Misic.

 12   Q.  Comment avez-vous choisi Tihomir Misic à ce poste ? Est-ce qu'un autre

 13   commandant est venu pour l'ordonner ou l'ordre est venu de Sarajevo

 14   d'Izetbegovic ? Comment Tihomir Misic est-il devenu commandant ?

 15   R.  C'était un homme en vue, entreprenant. Il bénéficiait de la confiance

 16   des hommes. C'était un organisateur, mais il n'y a eu aucune nomination. Il

 17   n'a été nommé ni désigné par personne.

 18   Q.  Vous l'avez élu; c'est bien cela ?

 19   R.  Oui, c'était le meilleur d'entre nous et celui à qui on faisait le plus

 20   confiance.

 21   Q.  Est-ce que la situation était analogue dans d'autres unités organisées

 22   par les Croates, ce n'était pas encore le HVO ?

 23   R.  Oui, tout à fait, c'est de cette manière-là que les Croates se sont

 24   organisés ailleurs, dans les autres communautés locales faisant partie du

 25   secteur de Mostar.

 26   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Pourriez-vous nous expliquer,

 27   Monsieur le Témoin, plus précisément, comment ceci est intervenu ? Le

 28   bataillon s'est-il réuni, ensuite, il y a eu cooptation, ou est-ce que les

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  1   officiers en ont décidé entre eux, ou y a-t-il eu une intervention

  2   extérieure avec une proposition venant de l'extérieur du bataillon ? Donc,

  3   comment est-ce que -- quelle a été la procédure pour choisir ce commandant

  4   ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, j'en ai parlé un petit peu

  6   hier, je vais essayer de préciser.

  7   Alors, comment se passait cette procédure : Si je connaissais cinq ou dix

  8   hommes et mon camarade également, des groupes se sont constitués dans les

  9   communautés locales, et alors, c'est entre eux que les hommes se mettaient

 10   d'accord pour choisir quelqu'un qui sera à leur tête. Donc, au niveau de

 11   cette communauté locale de Zahum, comme étant le plus compétent, c'était

 12   Tihomir Misic qui est devenu le commandant de ce bataillon. Autrement dit,

 13   aucune instruction, aucun ordre n'est venu d'ailleurs. Les hommes, quand

 14   ils ont vu qu'on a brûlé le village de Ravno, ils se sont mis à s'organiser

 15   touts seuls.

 16   M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Je vous remercie.

 17   L'ACCUSÉ PRALJAK : [interprétation]

 18   Q.  Vous avez dit qu'en 1991, on a vu arriver à Mostar, en plus de la JNA,

 19   deux corps de… et cetera, je ne vais pas répéter. Alors, quels sont les

 20   endroits où on a vu se déployer la JNA avec ces volontaires à Mostar ? A

 21   Hum ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Orlovac ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Le campement nord ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Le camp sud ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  A l'aéroport ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Excusez-moi, excusez-moi. Le Hum ?

  4   R.  Oui, ils étaient à Hum.

  5   Q.  Orlovac ?

  6   R.  Oui, ils se sont trouvés à Orlovac.

  7   Q.  Le camp nord ?

  8   R.  Oui, ils se sont trouvés au camp nord.

  9   Q.  Le camp sud ?

 10   R.  Oui, ils se sont trouvés au camp sud.

 11   Q.  L'aéroport ?

 12   R.  Oui. Ils se sont trouvés à l'aéroport. Mais il y a une erreur dans le

 13   transcript. J'ai bien dit le "camp sud."

 14   Q.  A l'Heliodrom ?

 15   R.  Non, ce n'est pas le "Luzni," mais le campement sud. Oui, oui, ils se

 16   sont trouvés à l'Heliodrom.

 17   Q.  A Cule ?

 18   R.  Oui, à Cule.

 19   Q.  A Fortica ?

 20   R.  Oui, à Fortica.

 21   Q.  Au relais de Velez ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Tepcici, Slipcici, près de Citluk ?

 24   R.  Oui, ils avaient ce secteur sous leur contrôle. Ils étaient présents.

 25   Q.  Tepcici, Slipcici, étaient-ils déployés à ces endroits ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Est-ce que la ville de Mostar de toutes parts était entièrement

 28   contrôlée militairement par eux ainsi que les environs au sens large ?

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  1   R.  Oui, toute la ville de Mostar était entièrement placée sous le contrôle

  2   ainsi que les environs, à l'exception d'une sortie vers Goranci.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : On va arrêter, vous continuerez demain, bien

  4   entendu, parce que nous avons déjà dépassé l'heure.

  5   Alors, Monsieur, vous viendrez donc demain à 14 heures 15, d'ici là, bien

  6   entendu, aucun contact avec quiconque conformément à ce que je vous ai dit.

  7   Demain nous ne ferons qu'une pause de 20 minutes et on terminera aux

  8   environs de 18 heures. Si on n'a pas terminé, on continuera lundi prochain,

  9   la fin des questions émanant des autres Défenses. Le Procureur commencera

 10   le contre-interrogatoire la semaine prochaine, comme il nous l'avait

 11   indiqué.

 12   Je vous remercie.

 13   --- L'audience est levée à 13 heures 48 et reprendra le jeudi 21 janvier

 14   2010, à 14 heures 15.

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