Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 9 octobre 2008

  2   [Audience publique]

  3   --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de

  6   l'affaire, s'il vous plaît.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci. Bonjour, Monsieur le Président,

  8   Mesdames et Messieurs. Il s'agit de l'affaire IT-03-67-T, l'Accusation

  9   contre Vojislav Seselj.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Merci, Monsieur le Greffier.

 11   Je salue donc toutes les personnes présentes, M. Ferrara, M. Mundis et

 12   leurs collaboratrices, ainsi que M. Seselj, et toutes les personnes qui

 13   nous assistent, et notamment M. le Greffier.

 14   Le contre-interrogatoire du témoin va se poursuivre. Je vais demander à Mme

 15   l'Huissier, d'aller chercher le témoin.

 16   Et je vais demander à M. le Greffier de me donner toutes les 30

 17   minutes le décompte du temps.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Il me reste encore combien de

 19   temps ?

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Justement, c'est ce que je voulais demander à M. le

 21   Greffier. Je crois qu'il doit vous rester une heure 55 minutes, quelque

 22   chose comme ça.

 23   M. LE GREFFIER : [interprétation] Tout à fait.

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Voilà. J'espère qu'il n'y aura pas d'incidents de

 25   procédure, d'objections et qu'on puisse terminer à l'heure.

 26   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 27   LE TÉMOIN : ALEKSA EJIC [Reprise]

 28   [Le témoin répond par l'interprète]


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : J'espère que vous avez passé une bonne soirée. Vous

  4   pouvez vous asseoir et je vais donner la parole à M. Seselj.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Monsieur le Président, avant de

  6   commencer le contre-interrogatoire, je souhaite m'adresser à vous, si

  7   possible.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Allez-y.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce qu'à l'avenir on

 10   pourrait continuer à huis clos, et cela, pour trois raisons. Premièrement,

 11   ma famille a peur; deuxièmement, je ne souhaiterais pas que l'accusé

 12   procède à la promotion de son parti par ce moyen; et troisièmement, pour

 13   protéger ma vie privée.

 14   Hier, lorsque vous m'avez demandé si je faisais confiance à ce Tribunal, je

 15   vous ai répondu par l'affirmative, je vous ai dit que "Oui." Hélas, hier je

 16   ne me suis pas senti protéger au sujet de certaines questions qui n'ont

 17   rien à voir avec cette affaire et qui concerne ma vie privée. C'est la

 18   raison pour laquelle, si je ne suis pas protégé devant ce type de

 19   questions, il va falloir que je me protège à ma manière.

 20   Je vous remercie.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous me dites que vous famille a peur, elle a peur

 22   de quoi ? Parce que vous lui avez téléphoné hier ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne leur ai pas parlé par téléphone, mais

 24   pas voie de messages SMS. Ma fille --

 25   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Qu'est-ce qu'elle vous a dit ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Elle m'a dit qu'elle a peur, qu'elle a regardé

 27   la diffusion à la télévision, et que tout est public. Et ma famille,

 28   lorsque je suis parti pour me rendre ici, a été informée du fait que je


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  1   serais témoin protégé et non pas témoin public, et c'est la raison de sa

  2   peur.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, mais, Monsieur, quand vous êtes venu, vous

  4   n'avez pas dit à M. Ferrara que vous vouliez des mesures de protection

  5   puisque vous avez témoigné librement. Vous n'avez rien dit. Voilà.

  6   Alors, ce que l'on peur faire, mais M. Seselj n'a jamais dit le

  7   contraire jusqu'à présent, me semble-t-il, que s'il pose des questions sur

  8   votre famille ou des problèmes particuliers, à ce moment-là, on passera à

  9   huis clos. Mais lui, son contre-interrogatoire - et c'est ça que vous avez

 10   peut-être du mal à comprendre - il porte sur deux points importants : la

 11   crédibilité, savoir si vous êtes un témoin crédible, et donc il a le droit

 12   de poser toutes questions pour vérifier votre crédibilité, c'est comme ça.

 13   C'est la procédure de ce Tribunal. Dans votre pays, c'est différent, dans

 14   le mien c'est différent, mais ici ça se passe comme ça. La Défense a le

 15   droit de tester votre crédibilité en abordant, le cas échéant, des aspects,

 16   certains aspects de votre passé. Voilà, ça c'est une chose.

 17   Deuxièmement, le témoin doit répondre aux questions de la Défense

 18   concernant les faits pour lesquels l'accusé est poursuivi et sur les

 19   événements qui se sont déroulés dans votre localité, donc ça il est obligé

 20   de parler de cela, qui se trouve.

 21   Troisièmement, que vous, vous êtes membre d'un parti politique, lui, il est

 22   dirigeant d'un autre parti politique, et vos deux partis apparemment ne

 23   s'entendent pas ou se sont entendus et ne s'entendent plus. Alors, voilà le

 24   problème. Alors vous allez dire, il peut faire la promotion de son parti.

 25   Bon, je pense qu'il n'a pas besoin de ça. Ce que vous dites peut se

 26   retourner contre vous, parce que vous aussi vous pouvez faire la promotion

 27   de votre parti.

 28   Alors la Chambre va veiller à cela. Si on sent qu'il y a une promotion


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  1   politique, on interrompra et on ordonnera le huis clos. En tout cas, à ce

  2   stade si M. Seselj aborde des questions d'ordre très privé et privé on fera

  3   le huis clos.

  4   Ça vous convient ? Ça vous rassure ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. J'aimerais passer à huis clos. Il faut

  6   bien que j'accepte votre décision si vous décidez cela.

  7   Mais permettez-moi une remarque de plus au sujet de ces questions.

  8   Hier, il m'a demandé si je me suis trouvé en conflit avec un Croate. Je lui

  9   ai répondu que ce n'était pas le cas, que je ne m'en souvenais pas. Par la

 10   suite, il a fait état du manque de vérité en disant que j'avais passé à

 11   tabac un Croate. Mais c'est la première fois que j'apprends que cette

 12   personne était d'appartenance croate. Donc ça veut dire qu'on a insinué,

 13   glissé une question qui date de mon passé d'il y a plus de 20 ans, et

 14   voilà.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez raison. Le problème c'est que la Défense,

 16   quand il a su que vous étiez son témoin, enfin, le témoin de l'Accusation -

 17   mais vous auriez pu être aussi témoin de la Défense - ils ont vérifié tout

 18   votre passé et ils se sont demandé si vous avez été condamné. Ils ont

 19   découvert qu'il y a eu un jugement. Ils ont regardé le jugement, et à ce

 20   moment-là, ils voient dans le jugement qu'il y a eu une bataille dont vous

 21   aviez oublié. Bon, voilà. Puis, la Défense met ça en avant pour indiquer

 22   que peut-être il y a eu cet événement où vous avez eu un conflit avec un

 23   Croate. Bon. Puis, la Chambre verra à la fin si c'est important, pas

 24   important, et cetera, on ne peut pas le dire pour le moment. C'est comme

 25   ça.

 26   Il est vrai que dans votre pays, peut-être que le juge qui aurait

 27   posé les questions n'aurait pas du tout abordé ça. Peut-être., Mais là,

 28   comme c'est à la Défense de mener comme elle veut l'interrogatoire, nous,


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  1   nous contrôlons que vous ne soyez pas harcelé, intimidé, menacé. C'est

  2   tout.

  3   Maintenant, qu'il y ait un jugement où vous avez été condamné à cause de

  4   coups portés à quelqu'un, on n'y peut rien. C'est comme ça.

  5   [La Chambre de première instance se concerte]

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Mon collègue --

  7   INTERVENANT NON IDENTIFIÉ : Il faudrait lui demander si sa famille a eu des

  8   menaces.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Ce que mon collègue veut vous demander en

 10   complément. Vous nous avez dit que vous avez eu des SMS, mais est-ce qu'ils

 11   vous ont dit qu'ils ont été menacés depuis ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Ma fille m'a envoyé un message SMS en disant

 13   qu'elle était étonnée et qu'elle avait très peur, et que quelqu'un a

 14   téléphoné à mon épouse, mais elle ne m'a pas donné des détails. Elle ne m'a

 15   pas donné des détails dans son message.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : -- a téléphoné à votre épouse pour lui dire quoi ?

 17   Pour lui dire quoi au juste ? Vous ne le savez pas ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Monsieur Seselj.

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je suis absolument opposé à ce qu'on passe à

 21   huis clos, à savoir la totalité de l'interrogatoire principal s'est

 22   déroulée en audience publique, j'ai déjà couvert un tiers de mon contre-

 23   interrogatoire en audience publique.

 24   Hier, je n'ai pas tenté - et d'ailleurs je n'ai aucune intention de

 25   mentionner les membres de la famille du témoin. J'ai beaucoup de respect à

 26   l'égard de son épouse, sa fille. Et je pense qu'il a également un fils - je

 27   n'ai absolument aucune raison de citer leurs noms ici. D'ailleurs, ce ne

 28   sont pas des figures, personnalités politiques pour qu'il soit important de


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  1   mentionner leurs noms.

  2   Hier, je n'ai posé aucune question qui empiéterait sur la vie privée du

  3   témoin. Tout ce que je lui ai demandé constitue un fait public et parle de

  4   son activité publique. Il lui est arrivé de se trouver aux prises avec la

  5   loi à cause de son activité et il lui est même arrivé d'essayer de

  6   dissimuler certaines choses, vous l'avez vu hier, mais on ne peut rien me

  7   cacher à moi.

  8   Donc, absolument, il n'y aucune raison de fermer l'audience, et rien

  9   ne menace sa famille. J'en suis convaincu.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais consulter mes collègues.

 11   [La Chambre de première instance se concerte]

 12   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors la Chambre a enregistré votre demande, a

 13   écouté ce qu'a dit M. Seselj et nous décidons donc de continuer en audience

 14   publique. Simplement, si la Chambre constate que des sujets privés

 15   particuliers sont abordés, à ce moment-là on ordonnera le huis clos. Donc

 16   nous surveillons ça de très près pour éviter tout problème. Nous prenons

 17   acte du fait que l'accusé a dit qu'il n'aborderait pas des questions

 18   relatives à votre famille.

 19   Et, Monsieur Seselj, si par hasard vous êtes dans la nécessité de réaborder

 20   certains éléments touchant à la vie privée, à ce moment-là demandez-nous à

 21   l'avance de passer à huis clos bref pour cet aspect.

 22   Sur ce, Monsieur Seselj, je vous redonne la parole. Poursuivez.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je peux vous garantir que je ne poserai

 24   absolument aucune question qui concerne la vie privée du témoin. Je n'ai

 25   pas l'intention de le faire, pas du tout. Je ne veux que discuter avec lui

 26   de son témoignage, cela, sa déclaration aux enquêteurs de La Haye et ce

 27   qu'il a dit pendant l'interrogatoire principal en répondant aux questions.

 28   Contre-interrogatoire par M. Seselj : [Suite]


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  1   Q.  [interprétation] Monsieur Ejic, pourriez-vous être d'accord avec moi

  2   pour dire que les réfugiés de l'entité fédérale croate sont arrivés à peu

  3   près en trois vagues en Serbie; une première vague tout de suite après

  4   l'arrivée au pouvoir de Tudjman, donc en 1990, la deuxième moitié de cette

  5   année, et l'année 1992; la deuxième vague se situe après la chute d'une

  6   bonne partie de la Slavonie occidentale, décembre 1991, la Slavonie

  7   occidentale à ce moment-là s'est vu limitée à Pakrac, Okucani et une petite

  8   zone vers Pakrac, la banlieue de Pakrac, et une troisième vague en 1995,

  9   après les opérations Eclair et Tempête.

 10   Est-ce que vous êtes d'accord avec moi ?

 11   R.  Oui, je suis d'accord pour dire qu'il y a eu plusieurs vagues d'arrivée

 12   de réfugiés.

 13   Q.  Ces premiers arrivés, c'était à titre individuel ou par petits groupes

 14   que les gens sont venus, n'est-ce pas ? Lorsque Tudjman est arrivé au

 15   pouvoir, il y a eu les premiers incidents en Croatie, et puis jusqu'à la

 16   première moitié de 1991 ?

 17   R.  Oui, je suis d'accord.

 18   Q.  Puis la deuxième vague en décembre 1991, c'était massif. Il y a eu un

 19   exode massif de la population serbe de Slavonie occidentale; c'est bien

 20   cela ?

 21   R.  Oui, il en a été ainsi.

 22   Q.  Et le troisième exode encore plus massif en 1995, après les opérations

 23   Eclair et Tempête, au moment où on a occupé toute la Krajina serbe et que

 24   sa population a été expulsée. Est-ce que j'ai raison ?

 25   R.  Pour ce qui est de ma localité, je ne saurais pas vous dire si cette

 26   vague-là aussi est arrivée, mais qu'il y ait eu des vagues d'arrivée après

 27   ces opérations, c'est vrai.

 28   Q.  Je m'attends à recevoir des réponses tout à fait concises.


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  1   Vous me faites confiance que je ne veux pas vous poser de questions

  2   pièges ?

  3   R.  Je ne vous fais pas confiance du tout.

  4   Q.  Mais je ne vous fais pas confiance non plus.

  5   R.  Lorsque vous m'accusez à tort dans vos livres, comment pourrais-je vous

  6   faire confiance ?

  7   Q.  Mais vous êtes un homme lettré, vous pouvez répondre du tac au tac par

  8   un autre livre. Si vous avez trouvé quelque chose qui ne correspond pas à

  9   la vérité, vous pouvez me répondre.

 10   Il me semble, d'après les réponses que vous avez données pendant

 11   l'interrogatoire principal et d'après certaines réponses apportées pendant

 12   le contre-interrogatoire, que Hrtkovci, d'après vous, c'est une localité

 13   centrale pour ce qui est de l'arrivée des réfugiés serbes de Croatie et de

 14   la Krajina serbe. Est-ce que c'était véritablement ce que vous souhaitiez

 15   dire ? Que Hrtkovci a été choisie comme une sorte de centre vers où

 16   convergeait l'arrivée de ces réfugiés ?

 17   R.  Non. Je suis venu ici pour dire la vérité de ce qui s'est passé à

 18   Hrtkovci. Je n'ai pas toutes les informations pour dire plus que ce que je

 19   n'ai dit. Je ne connais que la situation à Hrtkovci, je ne connais pas très

 20   bien ce qui s'est passé dans les environs.

 21   Q.  Très bien. D'après vous, quel est le chiffre total d'arrivée des

 22   réfugiés serbes à Hrtkovci. Jusqu'à aujourd'hui, le chiffre global, total ?

 23   R.  Plus de 1 500, à peu près.

 24   Q.  Et tous sont restés à Hrtkovci ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Il en est resté combien à Hrtkovci ?

 27   R.  Ceux qui ont procédé à des échanges et deux cités qui ont été ouvertes

 28   comme des cités pour accueillir des réfugiés, et j'ai travaillé dans l'une


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  1   des deux, je pense, à peu près 1 000 habitants.

  2   Q.  Et ces 500, ils sont arrivés, ils ont essayé d'échanger leurs biens,

  3   ils n'y sont pas parvenus, ils sont allés dans d'autres localités pour

  4   essayer de nouveau ?

  5   R.  Pour l'essentiel, ils sont partis dans les villes. Je ne sais pas s'ils

  6   ont pu acheter à ces endroits des appartements ou est-ce qu'ils ont été

  7   casés dans des centres pour réfugiés.

  8   Q.  Vous savez qu'en Serbie il y a pas mal de réfugiés encore qui vivent

  9   dans des centres d'accueil ?

 10   R.  Oui, je sais d'après la télévision, les médias.

 11   Q.  Donc l'Etat n'a pas encore réussi à les placer ?

 12   R.  C'est exact.

 13   Q.  Ils n'ont pas non plus de moyens, de ressources leur permettant d'y

 14   parvenir ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Est-ce que vous savez que parmi ces gens il y en a beaucoup dont les

 17   biens ont été détruits en Croatie par les Croates. Leurs maisons ont été

 18   incendiées, on les a fait sauter, leurs appartements ont été dévastés ?

 19   R.  J'ai entendu parler de cela, mais je ne connais rien de concret.

 20   Q.  Très bien. Si d'après les chiffres officiels, au début de l'année 1992,

 21   il y avait d'ores et déjà 200 000 réfugiés arrivés de différents endroits

 22   de Croatie, en Serbie, alors ce chiffre de 1 000 réfugiés à Hrtkovci, ce

 23   n'est qu'un demi-pourcent par rapport au chiffre total de réfugiés en

 24   Serbie, n'est-ce pas; 1 000 sur

 25   200 0000, c'est 0,5 % ?

 26   R.  Oui. D'après les calculs, oui.

 27   Q.  Donc on a vu arriver à Hrtkovci un nombre insignifiant de réfugiés par

 28   rapport au grand chiffre de la grande vague qui s'est déversée sur la


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  1   Serbie ?

  2   R.  Au tout début, non, ce n'était pas ainsi, mais après la situation a été

  3   comme vous le dites.

  4   Q.  Mais je sais que pour vous à Hrtkovci votre peine était la plus grande

  5   puisque vous aviez des problèmes. Un grand nombre de personnes sont

  6   arrivées. Il fallait les placer. Vous ne saviez pas où, il fallait les

  7   nourrir, vous ne saviez pas comment ?

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  C'est un problème qui s'est posé objectivement. Mais ces réfugiés, eux

 10   aussi ils arrivent très frustrés par ce qu'ils viennent de vivre ?

 11   R.  Oui. A l'époque et aujourd'hui je compatis avec eux.

 12   Q.  Ils ont perdu tout ce qu'ils avaient pour nombre d'entre eux, ils sont

 13   en colère, frustrés, exténués. J'ai raison ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Et de nombreux réfugiés parmi eux, surtout après la chute de la

 16   Slavonie occidentale en décembre 1991, arrivent armés; c'est bien ça ?

 17   R.  Pratiquement tous.

 18   Q.  Mais ceux qui étaient arrivés précédemment des villes croates, ils

 19   n'étaient pas armés. Vous êtes d'accord, les premiers en 1990 et la

 20   première moitié de 1991 ?

 21   R.  Je ne sais pas.

 22   Q.  Mais est-ce que vous auriez remarqué que quelqu'un aurait eu une arme ?

 23   Non, bon.

 24   Est-ce que vous êtes au courant de cas où la police, parmi ses

 25   réfugiés, aurait repéré de véritables arsenaux d'armes. Par exemple,

 26   quelqu'un aurait amené un tracteur à moitié plein d'armes ?

 27   R.  Je ne me souviens pas de ce genre de situation ou de ce cas, mais on en

 28   parlait effectivement.


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  1   Q.  J'ai des renseignements de la police qui sont très précis dans ce livre

  2   qui ne vous a pas plu. Mais nous n'allons pas maintenant parler de cela. Il

  3   y a des chiffres disant que la police a confisqué auprès d'un grand nombre

  4   d'entre eux des quantités d'armes qui étaient destinées au marché noir en

  5   Serbie. Vous en avez entendu parler, mais vous ne savez rien de concret;

  6   c'est bien ça ?

  7   R.  Oui, je ne sais rien de concret.

  8   Q.  A chaque fois que vous me dites que vous ne savez pas, je vais de

  9   l'avant.

 10   Est-ce que vous savez que dans toute la Yougoslavie en 1991, 1992, dans des

 11   situations de guerre civile, il y a eu un système judiciaire où il n'était

 12   pas prévu d'engager des poursuites au pénal pour détention d'armes ? Est-ce

 13   que vous vous souvenez que c'était la situation que nous avions ?

 14   R.  Je ne suis pas au courant de ça.

 15   Q.  Mais si quelqu'un possédait un pistolet de manière illégale, si la

 16   police trouvait ce pistolet, c'était juste une légère infraction, une

 17   amende, ou au plus deux mois de prison, et finalement la pire peine qu'il

 18   risquait de rencontrer, c'était qu'on lui confisque ce pistolet.

 19   R.  Je ne m'en souviens pas, mais si quelqu'un n'avait pas de permis de

 20   détention, on lui confisquait l'arme et des poursuites étaient engagées au

 21   pénal contre lui.

 22   Q.  Mais je vous dis que ce n'était pas au pénal, c'était juste des

 23   infractions, un délit mineur d'après notre système judiciaire de l'époque.

 24   R.  Non, je ne suis pas au courant de cela.

 25   Q.  Vous saviez qu'en 1991, 1992 j'étais député ?

 26   R.  Je sais.

 27   Q.  Vous savez que j'étais le seul député du Parti radical serbe à

 28   l'assemblée ?


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  1   R.  Je ne sais pas que vous ayez été le seul.

  2   Q.  Mais vous savez qu'il y en a eu un autre du Parti radical serbe ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Le Parti radical serbe, le savez-vous, a été constitué bien après tous

  5   les autres partis politiques de taille de Serbie, ce n'était qu'en février

  6   1991, il y a unification du Mouvement chetnik et du Parti populaire

  7   radical.

  8   R.  Je sais que c'est pendant cette période-là que le parti a été créé.

  9   Q.  Nous n'avons pas pu nous présenter aux élections du mois de décembre

 10   1990 ?

 11   R.  Je ne m'en souviens pas.

 12   Q.  C'est uniquement lorsqu'il y a eu des élections supplémentaires que

 13   l'ai remporté à Rakovica et que je suis devenu le seul député de mon parti;

 14   vous ne vous en souvenez pas ? Peu importe.

 15   R.  Je me souviens que c'était à Zemun.

 16   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Seselj, Monsieur le Témoin,

 17   je suis désolé de vous interrompre, mais les interprètes vous demandent de

 18   ralentir. Ils ont du mal à vous suivre, parce que vous ne ménagez aucune

 19   pause entre les questions et les réponses. Ménagez cette pause, s'il vous

 20   plaît, c'est essentiel.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Entendu, Monsieur le Juge.

 22   M. SESELJ : [interprétation]

 23   Q.  J'étais député, je me souviens que c'est uniquement pour la deuxième

 24   moitié de l'année 1992 que nous avons adopté une loi sur les armes et les

 25   munitions, et en vertu de cette loi on était poursuivi au pénal pour

 26   détention d'armes illégales. Vous me faites confiance là-dessus ?

 27   R.  C'est possible.

 28   Q.  Alors, voyons cette situation de guerre, l'arrivée d'un grand nombre de


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  1   réfugiés de la Krajina occupé en Serbie, cela a fait arriver en Serbie des

  2   armes en grande quantité.

  3   R.  Exact.

  4   Q.  Et il est beaucoup plus facile maintenant de voir les gens se servir

  5   d'armes à différents endroits ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Avant, c'était des règlements de compte entre les criminels,

  8   généralement c'était des rixes dans des cafés. Maintenant nous avons des

  9   règlements de compte armés, des centaines de personnes étaient victimes,

 10   étaient tuées dans ces rixes ou ces règlements de compte entre ces gars.

 11   R.  C'est exact.

 12   Q.  Ensuite ce qu'on voit, c'est que les armes sont plus souvent utilisées

 13   parce qu'on tire des rafales en l'air, on lance des grenades à main dans

 14   des prés lorsqu'on célèbre quelque chose, ou parfois sans aucune raison

 15   apparente; est-ce que c'est vrai ?

 16   R.  Il y a eu beaucoup d'exemples à la télévision également, lorsqu'on fête

 17   un anniversaire, par exemple, les gens qui ont une arme se servent de cette

 18   arme, tirent, et il y a eu même des blessures.

 19   Q.  Vous vous souvenez que quelqu'un est mort, une balle perdue a tué une

 20   jeune fille ?

 21   R.  Oui, je m'en souviens vaguement.

 22   Q.  Oui. Donc dans une telle ambiance, dans une ambiance dans laquelle on

 23   tirait des armes facilement, sans vraie raison, bien, ça retentissait un

 24   peu partout. Vous savez que je vis à Batajnica, n'est-ce pas ?

 25   R.  J'ai entendu parler de cela, mais je ne sais pas --

 26   Q.  C'est près de Hrtkovci, à une demi-heure de route.

 27   R.  Pas vraiment près, mais 30 kilomètres, disons.

 28   Q.  Moi, quand je conduis, y compris les péages, il ne me faut pas plus de


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  1   30 minutes, n'est-ce pas ?

  2   R.  Moi, j'ai une voiture moins bonne, donc je prends plus de temps.

  3   Q.  Bon, je vous souhaite d'obtenir une meilleure voiture, mais n'exagérez

  4   pas quand il s'agit de la vitesse, quand même.

  5   Dans de telles conditions, les gens se sentent moins en sécurité, n'est-ce

  6   pas, quelle que soit leur appartenance ethnique; est-ce un fait ?

  7   R.  Oui, l'une des raisons, c'est bien cela.

  8   Q.  Les gens se sentaient beaucoup plus dans l'insécurité qu'avant la

  9   guerre, pendant la période pendant laquelle il était illégal de posséder

 10   des armes.

 11   R.  Les gens se sentaient moins en sécurité en raison des événements liés à

 12   la désintégration de l'ex-Yougoslavie, et non pas en raison des armes.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Question de suivi.

 14   Grâce aux questions, on comprend que tous ces réfugiés, certains

 15   avaient des armes, ce qui n'était pas apparent jusqu'à présent. Maintenant

 16   on le sait.

 17   Quand ces réfugiés arrivent, et ils sont chassés de Croatie, j'imagine

 18   qu'ils étaient en colère, parce que être chassés de chez eux, ça n'a pas dû

 19   leur plaire. Alors, la colère qu'ils avaient, d'après ce que vous avez pu

 20   percevoir - parce que vous les avez rencontrés - est-ce que c'était une

 21   colère contre Tudjman, qui les faisait partir, et/ou une colère contre

 22   Slobodan Milosevic, qui n'avait pas fait le nécessaire pour les protéger en

 23   Croatie pour éviter cela ? Et alors leur état d'esprit, surtout s'ils ont

 24   des armes, et dans ce climat de colère, peut générer des actes et des

 25   comportements.

 26   Alors moi, ce qui m'intéresse de savoir, ils en voulaient à

 27   qui ? A Tudjman, à Slobodan Milosevic, à la communauté internationale qui

 28   n'agissait peut-être pas ? A qui en voulaient-ils au juste ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, d'après mon opinion et

  2   d'après ce qui a été dit dans mes entretiens avec les réfugiés, ils étaient

  3   en colère contre Tudjman et les autorités Croates, et aussi contre

  4   Milosevic et les autorités serbes qui ne les ont pas suffisamment protégés

  5   pour qu'ils puissent rester dans leurs foyers là où ils sont nés, là où ils

  6   ont vécu. Maintenant, quant à la question de savoir s'ils étaient en colère

  7   contre la communauté internationale aussi, à ce moment-là ils ne le

  8   manifestaient pas.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Merci. Votre question est très éclairante.

 10   Monsieur Seselj.

 11   M. SESELJ : [interprétation]

 12   Q.  Est-ce qu'il est exact de dire que les réfugiés serbes n'étaient pas

 13   satisfaits non plus des conditions d'hébergement en Serbie ni de la manière

 14   dont ils avaient été accueillis par les autorités officielles, là-bas ?

 15   R.  C'est exact aussi.

 16   Q.  Est-ce que vous avez eu l'impression vous aussi que les autorités

 17   officielles n'ont pas fait suffisamment pour accueillir les réfugiés au

 18   mieux ?

 19   R.  Oui, c'était mon impression aussi.

 20   Q.  Est-ce que vous avez eu l'impression que la spontanéité dans les

 21   actions était la caractéristique principale de l'accueil des réfugiés ?

 22   Donc par-ci par-là, c'était une municipalité ou une commune locale qui

 23   faisait quelque chose pour les accueillir, mais il n'y a pas eu d'action

 24   systématique ?

 25   R.  Je ne suis pas d'accord.

 26   Q.  Qu'est-ce que vous pensez de cela ?

 27   R.  Je pense qu'il y a eu des actes individuels où les réfugiés ont été

 28   accueillis, comme dans mon village, mais les autorités ont également


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  1   organisé l'envoi des réfugiés dans certains territoires, territoires

  2   peuplés à majorité par des habitants croates.

  3   Q.  Comment le savez-vous ?

  4   R.  J'en suis convaincu.

  5   Q.  Donc vous parlez sur la base d'une conviction, vous n'avez pas de faits

  6   pour corroborer cela ?

  7   R.  Bien, si les réfugiés n'étaient pas envoyés dans la région de la Serbie

  8   dans son ensemble, mais plutôt en Vojvodine, bien, ceci corrobore une telle

  9   conviction.

 10   Q.  Mais est-ce que vous savez qu'en réalité les réfugiés allaient partout

 11   en Serbie, qu'il y a eu des centres d'accueil à Vranje, à Leskovac,

 12   Krusevac, dans le sud de la Serbie ?

 13   R.  Je le sais.

 14   Q.  Bien, n'est-il pas normal si les réfugiés essayent de se débrouiller

 15   eux-mêmes et que pour eux la solution la plus logique serait de trouver une

 16   famille croate avec laquelle ils pourraient échanger leurs biens ? Est-ce

 17   que ceci est tout à fait logique ?

 18   R.  Oui, c'est logique et normal que les réfugiés se débrouillent eux-

 19   mêmes. Il y a eu de nombreux exemples de ce type à Hrtkovci même, d'après

 20   ce que je sais.

 21   Q.  Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que de nombreux bien

 22   immobiliers ont été échangés à Hrtkovci dès 1991 dans une ambiance plus

 23   calme ?

 24   R.  Un peu.

 25   Q.  Combien, à votre avis ?

 26   R.  Bien, par rapport à l'ensemble de pourcentage des échanges, je dirais,

 27   5 à 10 %.

 28   Q.  Dès 1991. Bien. En cette année 1992, vous dites qu'Ostoja Sibincic


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  1   était membre du Mouvement serbe de Renouveau; est-ce exact ?

  2   R.  Oui, c'est exact. Brièvement au début je l'ai déjà expliqué.

  3   Q.  Au début il était président du conseil local ?

  4   R.  [inaudible]

  5   Q.  Donc vous et Ostoja Sibincic, vous étiez les fondateurs principaux du

  6   conseil local du Mouvement serbe de Renouveau à Hrtkovci; est-ce exact ?

  7   R.   -- n'est pas de dire que nous étions les seuls à avoir fondé.

  8   Q.  Vous n'étiez pas les seuls, il y en avait d'autres.

  9   Vous voyez, les interprètes nous avertissent de la rapidité.

 10   Lorsque le conseil local a été créé, Ostoja Sibincic a été nommé au poste

 11   du président et vous au poste du secrétaire. Ça veut dire que vous étiez

 12   les deux personnes les plus importantes; et il y en avait d'autres, n'est-

 13   ce pas ?

 14   R.  Bien, oui.

 15   Q.  Ce qui veut dire que vos contacts avec Ostoja Sibincic étaient très

 16   bons, et pour autant que je le sache, vous étiez des amis proches à

 17   l'époque ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Bien. Lorsque vous avez provoqué, comme vous l'avez dit, la dissolution

 20   du conseil local de Hrtkovci en 1992, vous n'en avez pas du tout informé le

 21   public, n'est-ce pas ?

 22   R.  Vous vous trompez. J'ai informé le public par le biais d'une

 23   proclamation et par le biais d'une lettre envoyée au conseil municipal.

 24   Q.  Est-ce que les médias ont publié cela ?

 25   R.  Je ne sais pas si quelqu'un a publié cela dans les médias, mais je sais

 26   que sur le panneau d'annonce à Hrtkovci, j'ai placé cette proclamation.

 27   Q.  Mes collaborateurs ont fouillé, ont cherché dans toute la presse de

 28   l'époque et ils n'ont rien trouvé. Donc si ceci a été fait, cette


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  1   proclamation, les médias l'ont ignorée ? Est-ce que vous savez que j'ai

  2   rendu public cette proclamation ?

  3   R.  Non, je n'ai pas d'information.

  4   Q.  Mais est-ce que vous le croyez ?

  5   R.  Oui. Si vous voulez, je vous crois.

  6   Q.  Dites-moi maintenant, en 1992, les élections extraordinaires au niveau

  7   fédéral, provincial et local ont eu lieu en Serbie ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  C'était en décembre ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  En décembre, votre parti s'est présenté aux élections, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et vous étiez candidat pour l'assemblée municipale en représentant le

 14   SPO, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui, c'est exact.

 16   Q.  Si le conseil local du SPO a été dissolu, comment est-ce que vous

 17   pouvez être candidat pour les élections ? Je ne comprends pas. Ce n'est pas

 18   impossible, mais étonnant.

 19   R.  Bien, je pouvais être un candidat à Ruma ou ailleurs au nom de mon

 20   parti, d'après notre statut, peu importe si le conseil a été dissolu ou

 21   pas.

 22   Q.  Mais je vais préciser. Les élections locales étaient majoritaires,

 23   autrement dit la municipalité de Ruma avait plusieurs unités électorales,

 24   et Hrtkovci en avait deux, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Dans une de ces unités électorales à Hrtkovci, vous étiez candidat du

 27   Mouvement serbe de Renouveau, du SPO, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.


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  1   Q.  Et votre parti a tellement bien fait que vous êtes entré au deuxième

  2   tour; est-ce exact ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Et le candidat que vous aviez en face de vous était le représentant du

  5   parti au pouvoir à ce moment-là ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Et il a gagné, il l'a remporté seulement lors du deuxième tour des

  8   élections ?

  9   R.  Oui, avec une différence de quelques voix.

 10   Q.  Et le candidat du Parti radical serbe a eu très peu de voix lors du

 11   premier tour et n'est pas passé au deuxième tour ?

 12   R.  Il n'est pas allé au deuxième tour, car les réfugiés n'avaient pas le

 13   droit de vote. Donc c'était logique.

 14   Q.  Donc c'était logique pour vous. Mais ça veut dire qu'à l'époque, à

 15   Hrtkovci, le Parti radical serbe n'était pas très populaire non plus,

 16   n'est-ce pas ?

 17   R.  S'agissant de la population locale, il n'était pas populaire du tout.

 18   Q.  Comment est-ce qu'on obtenait le droit de vote aux élections locales ?

 19   Que fallait-il avoir ? Seulement un certificat de résidence, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Rien d'autre. Même pas de certificat de nationalité ?

 22   R.  Je parle du droit de vote.

 23   Q.  Mais il y a un droit de vote passif et actif. Passif, c'est si

 24   quelqu'un peut vous élire, et actif c'est si vous pouvez voter pour

 25   quelqu'un, mais les conditions sont les mêmes dans les deux

 26   cas ?

 27   R.  Si vous n'êtes pas sur la liste électorale, vous ne pouviez pas voter,

 28   et les réfugiés qui étaient venus et ceux qui ont échangé leurs biens


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  1   mobiliers, bien, ils n'avaient pas encore leur droit de vote. C'était le

  2   cas seulement lors des élections suivantes.

  3   Q.  Mais comment, puisque si quelqu'un demande d'avoir une résidence à Ruma

  4   ou à Hrtkovci, ils sont enregistrés automatiquement dans la municipalité

  5   sur la liste  électorale d'après la loi, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, mais il a pu y avoir des omissions.

  7   Q.  Mais ces omissions étaient toujours individuelles, n'est-ce pas, et non

  8   pas en masse ?

  9   R.  Je ne connais pas la réponse.

 10   Q.  Bien. Mais aucun certificat de nationalité n'a été demandé à l'époque

 11   pour participer aux élections, que ce soit de façon active ou passive,

 12   n'est-ce pas ?

 13   R.  Je pense que s'agissant des premières élections c'était le cas. Et

 14   lorsque je me suis porté candidat par la suite, j'ai dû avoir un certificat

 15   de nationalité.

 16   Q.  Oui, mais ça c'était en 1992, là on parle de 1991, les premières

 17   élections ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Est-ce que vous savez que de nombreux dirigeants ont dû d'abord

 20   s'enregistrer dans le registre des citoyens de Serbie pour exercer leur

 21   droit de vote. Par exemple, Zoran Djindjic était né à Bosanski Samac près

 22   de Tuzla, c'était le cas d'autres dirigeants. Vuk Draskovic était né lui

 23   aussi ailleurs et c'est par la suite seulement qu'ils ont dû obtenir la

 24   nationalité serbe.

 25   R.  J'ai entendu parler de cela.

 26   Q.  Est-ce que vous saviez que Milan Panic, lui non plus n'avait pas la

 27   nationalité de Serbie, et que c'est seulement par la suite qu'il a dû

 28   s'enregistrer dans le registre des citoyens ?


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  1   R.  Je sais cela aussi.

  2   Q.  Donc votre parti, lors de ces élections en 1992, était encore tellement

  3   fort à Hrtkovci qu'il est passé au deuxième tour, et c'est seulement avec

  4   une différence de quelques voix que le candidat opposé du parti socialiste

  5   a remporté contre vous ?

  6   R.  Ce n'est pas que nous avions un grand nombre de membres, mais c'était

  7   un parti --

  8   Q.  Populaire ?

  9   R.  Oui, populaire et il y avait d'autres éléments.

 10   Q.  Puis, les électeurs vous voyaient d'un œil bienveillant à l'époque ?

 11   R.  A l'époque nous étions populaire.

 12   Q.  Je sais que vous étiez populaire, justement, je parle de cela.

 13   Bien. Ostoja Sibincic, au moment où votre conseil local du Parti serbe de

 14   Renouveau aurait été dissolu, Ostoja Sibincic, jusqu'en 2000, n'est pas

 15   entré dans un quelconque parti politique, n'est-ce pas ?

 16   R.  Je ne sais pas.

 17   Q.  Il a été arrêté deux fois --

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Une question de suivi. Je pensais que M. Seselj la

 19   poserait, puis il ne l'a pas posée.

 20   Cette élection au deuxième tour, où il n'y a que le Parti socialiste et

 21   votre parti. Le candidat du Parti radical serbe n'étant pas au deuxième

 22   tour. Alors moi, ce qui m'intéresse c'est dans votre souvenir, le Parti

 23   radical serbe, il avait quel pourcentage de voix à l'élection ? Si vous le

 24   savez ? Si vous ne le savez pas, vous le dites.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas avec exactitude le pourcentage,

 26   mais environ 50 ou 60 voix sont allées vers le candidat du Parti radical

 27   serbe.

 28   M. SESELJ : [interprétation]


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  1   Q.  Combien de voix avez-vous eues, vous, lors du premier tour ?

  2   R.  Je ne me souviens pas exactement, mais je pense que c'était plus de

  3   100.

  4   Q.  Donc plus que deux fois plus par rapport au candidat des radicaux ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Bien.

  7   M. SESELJ : [interprétation] Puis-je poursuivre ?

  8   Q.  Maintenant vous dites que vous ne vous en souvenez pas. Cependant,

  9   lorsque vous avez fait votre déclaration auprès de l'Accusation de La Haye,

 10   vous l'avez faite deux fois, n'est-ce pas, en 2004 et 2006 ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Au paragraphe 10, vous auriez dit - peut-être ce qu'ils écrivent ici,

 13   n'est pas exact - là j'ai des réserves aussi, car je vous fais plus

 14   confiance à vous qu'aux enquêteurs de La Haye. Est-ce que vous me croyez

 15   lorsque je vous le dis ?

 16   R.  Je peux le croire.

 17   Q.  Bien. Ici, il est écrit :

 18   "Après la dissolution du comité local du SPO à Hrtkovci, Ostoja Sibincic

 19   n'a pas adhéré formellement à aucun parti politique jusqu'en 1999-2000,

 20   lorsqu'il est devenu membre du Parti socialiste de Serbie à Ruma."

 21   D'après eux, c'est ce que vous auriez déclaré; est-ce exact ?

 22   R.  Vous venez de me rafraîchir la mémoire. Je me souviens d'une réunion du

 23   SPS à laquelle j'ai assisté et lors de laquelle on a montré la carte de

 24   membre de Sibincic puisqu'il est devenu membre à Ruma. D'après le statut,

 25   il aurait dû adhérer à la cellule locale du village. Ils se sont opposés

 26   et, par conséquent, il n'a même pas été accepté. C'est l'information qui

 27   m'a été donnée concernant la manière dont il est devenu membre du SPS.

 28   Q.  Donc ça c'était en 1999 ou 2000 ? Donc autrement dit, huit ans après


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  1   les événements de Hrtkovci, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Puis, certaines personnes font passer les rumeurs selon lesquelles,

  4   après 2000, il aurait adhéré dans un autre parti politique encore. Vous

  5   avez entendu parler de cela ?

  6   R.  Je sais qu'il est maintenant membre du Parti radical serbe.

  7   Q.  Mais vous étiez très précis, vous avez dit qu'il a fait cette année ou

  8   l'année dernière, vers la fin de l'année ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Et vous étiez très précis là ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Donc au cours de ces sept, huit ans, entre les deux dates, est-ce qu'il

 13   était membre d'autres partis ?

 14   R.  J'ai entendu parler de quelque chose, mais je n'ai pas des

 15   connaissances complètes.

 16   Q.  Qu'est-ce que vous avez entendu dire, car je n'ai plus de contacts avec

 17   mes associés, je suis soumis aux restrictions [inaudible].

 18   R.  Je ne me souviens pas maintenant.

 19   Q.  Bon. Peu importe. Est-ce que vous savez comment Ostoja Sibincic est

 20   devenu membre du Parti radical serbe à la fin de l'année dernière ?

 21   R.  Je ne le sais pas exactement.

 22   Q.  Bien, Nemanja Sarovic et Elena Bozic-Talijan, mes collaborateurs, ils

 23   ont cherché les données un peu partout et surtout à Vojvodine et Ruma, en

 24   recueillant les informations nécessaires pour me défense. Et le résultat de

 25   leur travail est ce livre de 1 200 pages. A ce moment-là, ils ont parlé par

 26   la première fois avec Ostoja Sibincic, il a fait sa première déclaration.

 27   Et il y a quelques jours, il a fait sa deuxième déclaration auprès de, il y

 28   a quelques -- enfin, quelques jours plus tard, il a décidé de devenir


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  1   membre du Parti radical serbe. Est-ce que vous me croyez ?

  2   R.  Ce que j'ai entendu dire par rapport au fait que Sibincic est devenu

  3   son membre est qu'il avait fait chanter les autorités municipales pour

  4   qu'il lui donne un emploi pour qu'il fasse une déclaration à votre égard.

  5   Q.  Mais comment est-ce qu'il pouvait leur faire du chantage puisqu'il

  6   travaillait pour la municipalité ?

  7   R.  Pour autant que je le sache, il avait été employé dans le département

  8   des recettes et il a été licencié. Et par la suite, il a reçu un travail

  9   d'employé de la municipalité et c'était le Parti radical serbe qui était au

 10   pouvoir, à l'époque.

 11   Q.  Donc il fait du chantage ?

 12   R.  C'est ce qu'on m'a dit.

 13   Q.  Mais comment vous voulez que l'on permette à qui que ce soit de faire

 14   du chantage à Ruma ou à Hrtkovci alors que les gens en masse allaient vers

 15   mes enquêteurs pour leur parler ? Ils n'attendaient que ça. Même vous, vous

 16   avez accepté de parler avec Nemanja Sarovic, alors qu'il ne savait pas du

 17   tout que vous étiez le témoin de l'Accusation; est-ce exact ?

 18   R.  Ce n'est pas exact.

 19   Q.  Bon, si ce n'est pas exact, d'accord. Lorsque vous avez parlé de ces

 20   arrestations d'Ostoja Sibincic, vous avez dit à un moment donné que

 21   lorsqu'il est sorti de la prison, il a continué à travailler dans la

 22   municipalité de Ruma comme si rien ne s'était passé, quelque chose comme ça

 23   ?

 24   R.  Oui, je me souviens.

 25   Q.  Est-ce que quelqu'un pouvait le licencier après son arrestation et son

 26   jugement ?

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Je reviens à Sarovic.

 28   D'après la thèse de M. Seselj - c'est à la ligne 4 de la page 27 -


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  1   ses enquêteurs ont donc fait leur travail, et à ce moment-là Sarovic prend

  2   contact avec vous et il ne sait pas que vous êtes témoin de l'Accusation.

  3   Alors vous dites ce n'est pas vrai. C'est à la ligne 9 de la page 27.

  4   Quand M. Sarovic vous appelle au téléphone, vous rencontre, qu'est-ce qu'il

  5   vous dit exactement ? Est-ce que vous vous en souvenez de cela ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Lors de mes premiers contacts avec M. Sarovic,

  7   il m'a dit qu'il souhaitait s'entretenir avec moi à l'égard de ma

  8   déposition à l'encontre de M. Seselj.

  9   M. LE JUGE ANTONETTI : C'est exactement ce que vous dit : "Je veux

 10   m'entretenir avec vous à l'égard de votre déclaration contre M. Seselj."

 11   C'est ça qu'il vous a dit, exactement ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, je ne me souviens pas des termes exacts,

 13   car je ne me souviens pas de chaque mot prononcé, mais l'essentiel c'était

 14   cela. Qu'il souhaitait parler de cela, car d'après ses informations j'étais

 15   témoin de l'Accusation.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Très bien.

 17   Monsieur Seselj, continuez.

 18   M. SESELJ : [interprétation]

 19   Q.  Bien. Si ces souvenirs vous reviennent ultérieurement ainsi, dites-moi

 20   pourquoi avez-vous déclaré que Blagoje Dudic avait pris la parole lors du

 21   rassemblement du Parti radical serbe à Hrtkovci ?

 22   R.  Je n'ai pas déclaré que Blagoje Dudic avait parlé lors de ce

 23   rassemblement. Lui, en tant que président, a annoncé les intervenants. Mais

 24   il n'a pas pris la parole lui-même.

 25   Q.  Il n'a pas pris la parole du tout ?

 26   R.  Je ne me souviens pas qu'il aurait parlé de quoi que ce soit ou bien

 27   s'il l'a fait je ne prêtais pas attention.

 28   Q.  Mais ici, vous avez dit qu'il a parlé, qu'il a tenu quelques propos


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  1   liminaires, au paragraphe 41 ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce que vous le maintenez ou bien est-ce que vous avez oublié, car

  4   ce genre de choses on peut les oublier aussi ?

  5   R.  Bien, ça s'est passé il y a longtemps, donc d'après mes souvenirs ça

  6   s'est passé ainsi.

  7   Q.  Bien. Vous avez parlé de l'assemblée des citoyens qui a eu lieu dans la

  8   maison de la culture en 1992, lorsque les dirigeants de la communauté

  9   locale ont été relevés de leurs fonctions, ou plutôt, ils ont démissionné

 10   et à ce moment-là la nouvelle direction présidée par Ostoja Sibincic a été

 11   élu, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, j'en ai parlé.

 13   Q.  A ce moment-là vous avez dit qu'Ostoja Sibincic a été élu au poste de

 14   président de la commune locale de façon illégale. Pourquoi ?

 15   R.  Parce que, encore aujourd'hui, c'est ce que je pense.

 16   Q.  Mais dites-nous, est-ce que d'après la législation de l'époque c'était

 17   au niveau de l'assemblée des citoyens que l'on pouvait élire le président

 18   de la commune locale ?

 19   R.  D'après la législation de l'époque, il était possible que le public

 20   vote de façon directe ou lors des rassemblement des citoyens ou par écrit.

 21   Cependant, il ne s'agissait pas seulement d'un rassemblement de citoyens de

 22   Hrtkovci. Mais il y avait des citoyens venus de l'extérieur. C'est la

 23   raison pour laquelle je dis que c'était illégal.

 24   Q.  Qui a établi qu'il y avait des citoyens venus de l'extérieur ?

 25   R.  Un nombre maximal de 250 personnes peuvent être à l'intérieur de la

 26   maison de la culture, or ce bâtiment était absolument bondé à ce moment-là.

 27   Q.  Est-ce que c'est votre seul argument, lorsque vous dites qu'il y a eu

 28   aussi des citoyens venus de l'extérieur ?


Page 10529

  1   R.  Avant, au maximum 50 à 60 % des citoyens répondaient à l'appel à

  2   l'assemblée pour ainsi voter.

  3   Q.  Mais lorsque l'on convoque une assemblée des citoyens, un quorum n'est

  4   pas nécessaire. La procédure se fonde sur le nombre de personnes qui

  5   viennent, n'est-ce pas ?

  6   R.  On attend une demi-heure, puis on commence.

  7   Q.  Donc on n'a pas besoin d'avoir un quorum. On attend pendant une demi-

  8   heure, puis on commence ?

  9   R.  Oui. S'il n'y a pas de quorum, on commence à travailler.

 10   Q.  Comme s'il y en avait, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Bien. Est-ce que la nouvelle direction de la communauté locale a été

 13   élue de façon unanime ?

 14   R.  Je ne sais pas.

 15   Q.  Est-ce que vous savez si quelqu'un a voté contre l'élection d'Ostoja

 16   Sibincic à cette occasion ?

 17   R.  Je dirais autre chose à ce sujet.

 18   Q.  Répondez à ma question, s'il vous plaît. Lorsque l'Accusation vous

 19   posera des questions, vous pourrez parler d'autre chose si vous le voulez.

 20   R.  Je sais, en ce qui me concerne.

 21   Q.  Vous avez assisté à cette assemblée ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-ce que vous avez voté contre ?

 24   R.  Je n'ai pas voté pour, autrement dit j'étais contre.

 25   Q.  Ça ce n'est pas exact. Je vous demande si vous avez levé votre main

 26   pour voter contre. Non, n'est-ce pas ?

 27   R.  Ce n'était pas du tout utile que je lève la main, la situation était

 28   telle.


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  1   Q.  Puisque tout le monde soutenait la candidature d'Ostoja Sibincic au

  2   poste de président de façon unanime, n'est-ce pas ?

  3   R.  Ce n'est pas exact.

  4   Q.  Est-ce que vous avez parlé lors de l'assemblée des

  5   citoyens ?

  6   R.  J'ai parlé devant la maison de la culture lors du rassemblement des

  7   citoyens organisé par d'autres citoyens du village de Hrtkovci.

  8   Q.  Quels autres citoyens ?

  9   R.  A l'époque, c'était les habitants de Hrtkovci.

 10   Q.  Vous n'avez pas prononcé une seule parole pour vous opposer à

 11   l'élection d'Ostoja Sibincic au poste de président de la commune locale,

 12   même si vous avez assisté à cette assemblée, n'est-ce pas, vous n'avez pas

 13   prononcé un seul mot contre cela, n'est-ce pas ?

 14   R.  Compte tenu de l'ambiance de conflits verbaux et de possibilité de

 15   règlements de compte physique, je suis sorti. Par la suite, j'ai demandé

 16   aux habitants locaux de sortir à l'extérieur pour éviter un conflit, je

 17   pense que c'est un fait très parlant.

 18   Q.  Personne ne se souvient que vous ayez pris la parole ni que vous ayez

 19   invité qui que ce soit à sortir. A Hrtkovci, personne ne s'en souvient.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : Si je comprends, cette élection était truquée. Parce

 21   que en vous écoutant, il y avait des gens qui étaient là qui n'avaient pas

 22   le droit de vote. C'est ça, c'est ce que vous voulez nous dire ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est ce que je voulais dire.

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin n'a pu

 25   identifier ne serait-ce qu'une seule personne qui n'était pas de Hrtkovci.

 26   Il arrive à la conclusion sur la base de la présence de 200 personnes, un

 27   grand nombre de personnes qui sont venues à la réunion, qu'ils étaient

 28   nécessairement venus de l'extérieur également, parce qu'avant on en voyait


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  1   50 à 60 lors de ces réunions de la population. C'est ce qu'il a dit.

  2   M. SESELJ : [interprétation]

  3   Q.  Est-ce que vous êtes au courant de ne serait-ce qu'un seul incident qui

  4   se serait produit à Hrtkovci entre les réfugiés et la population locale, un

  5   incident de taille, sans que la police n'intervienne après avoir été

  6   appelée ?

  7   R.  Je n'arrive pas véritablement à m'en souvenir.

  8   Q.  Vous n'y parvenez pas parce qu'il n'y a pas eu de tels incidents. Et à

  9   Ruma, savez-vous que la police de Serbie a constitué un QG spécifique,

 10   comme dans toutes les grandes localités de Vojvodine, et sa mission était

 11   dans cette ambiance tendue d'empêcher des incidents ?

 12   R.  Je suis au courant de cela.

 13   Q.  Vous êtes au courant. Très bien. Alors, un exemple, lorsque des

 14   réfugiés rentraient dans des maisons abandonnées ou vides, est-ce que vous

 15   savez que chaque fois que la police était contactée, elle se déplaçait sur

 16   les lieux et elle expulsait les réfugiés de ces

 17   maisons ?

 18   R.  Je sais cela.

 19   Q.  Est-ce que vous savez qu'un certain Milivoj Vukelja, qui a tenté de

 20   s'installer dans une maison vide, a même été expulsé en Republika Srpska ?

 21   R.  Je sais que pendant plusieurs mois, Vukelja s'est installé dans cette

 22   maison, il n'a pas seulement tenté. Il s'y est installé par la force et

 23   c'est après, une fois que le jugement a été rendu, qu'il a été déporté en

 24   Bosnie.

 25   Q.  Avec sa famille ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Pourquoi est-ce qu'on l'a déporté en Bosnie ?

 28   R.  Je ne sais pas.


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  1   Q.  Je suppose que c'est parce qu'on estimait qu'il n'était pas originaire

  2   des contrées d'où les réfugiés avaient été chassés, il est venu de Bosnie

  3   et c'est la raison pour laquelle on l'a renvoyé là-bas; c'est bien ça ?

  4   R.  Je ne sais pas.

  5   Q.  Mais vous êtes au courant de ce fait. Bien.

  6   Pourquoi est-ce que vous avez dit que Slobodan Milosevic s'est mis d'accord

  7   avec Tudjman pour échanger la population ? Comment est-ce que vous avez

  8   appris cela ?

  9   R.  J'ai dit que c'était ma conviction, et j'en suis encore convaincu

 10   aujourd'hui.

 11   Q.  Mais une conviction, normalement, ça se fonde sur des faits, n'est-ce

 12   pas. Jamais, nulle part je n'ai vu, que ce soit dans la presse, dans les

 13   médias électroniques, lors des rassemblements politiques, que quelqu'un

 14   accuse Slobodan Milosevic de s'être mis d'accord avec Tudjman sur l'échange

 15   de population en passant par des expulsions.

 16   R.  Ma conclusion, je la fonde sur des événements qui se sont produits et

 17   en partie aussi sur les informations. Et vous le savez très bien, il y a eu

 18   une rencontre secrète entre Milosevic et Tudjman.

 19   Q.  Cette rencontre secrète, on a pu lire beaucoup d'articles là-dessus

 20   dans les médias, et même sur la base des transcriptions de Tudjman, les

 21   transcriptions secrètes, mais les médias ont dit que les accords de Tudjman

 22   et Milosevic portaient sur le partage de la Bosnie. Je n'ai lu nulle part

 23   qu'ils se seraient mis d'accord sur l'échange de population entre la Serbie

 24   et la Croatie. Dans les transcriptions, on ne trouve pas cela. On n'a pas

 25   trouvé ça dans les médias. N'inversez pas les thèses. Si Tudjman et

 26   Milosevic se sont mis d'accord sur un point, n'en déduisez pas qu'ils se

 27   sont nécessairement mis d'accord sur d'autre chose simplement parce que

 28   vous en êtes convaincu.


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  1   R.  Je vous ai dit que je fonde mon opinion et mes conclusions sur les

  2   faits et sur les événements qui se sont produits.

  3   Q.  Très bien. Le Procureur vous a amené pour que vous déposiez ici sur la

  4   base de vos convictions. Fort bien. Cela aussi est possible devant le

  5   Tribunal de La Haye.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, quand hier vous avez dit ça, ça m'a

  7   particulièrement intéressé.

  8   Alors, prenons l'hypothèse que vous indiquez, il y a un accord Tudjman-

  9   Milosevic. Aux termes de cet accord, les Serbes de Croatie doivent partir

 10   en Serbie, et les Croates de Serbie doivent partir en Croatie. Les Croates

 11   qui étaient dans votre localité, s'ils doivent partir, on doit leur dire à

 12   ce moment-là, quelqu'un : il faut partir, dans le cadre de cet accord.

 13   Alors, à votre connaissance, les Croates qui sont partis - je ne parle pas

 14   de ceux qui ont rejoint la Garde nationale croate, mais les autres Croates

 15   -, est-ce que vous avez eu la conviction qu'il y a des Croates qui sont

 16   partis parce qu'il y a quelqu'un qui les poussaient à partir, quelqu'un qui

 17   n'était pas Serbe, mais qui était peut-être Croate et qui faisait des

 18   pressions ou les incitait à partir pour que cet accord se réalise ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, cette hypothèse que je

 20   formule, je la fonde sur les faits et les informations que j'ai eues de la

 21   part des réfugiés qui ont échangé leurs maisons, et également sur la base

 22   des événements qui se sont produits dans notre localité. C'est un fait

 23   qu'une guerre civile a éclaté en Croatie, donc il y avait un affrontement

 24   armé dès le départ entre les autorités et les citoyens. Dans notre Etat,

 25   rien de tel ne s'est produit. Mon opinion, ma conviction est qu'on

 26   souhaitait aussi que cela arrive chez nous. Donc le motif de dépêcher les

 27   réfugiés dans des régions à majorité croate était également celui-là. C'est

 28   sur cette base-là que je pense qu'il y a eu aussi ce type d'accord, car


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  1   lorsqu'il y a eu des actes de violence dans notre localité, lorsqu'on s'est

  2   retrouvé avec une population quasiment multipliée par deux, il y en avait

  3   autant que d'habitants, les interventions étaient trop lentes, et même

  4   lorsqu'il y en avait, les auteurs continuaient de résider dans la localité.

  5   Donc c'est ça qui m'incite à penser ça. Si quelqu'un fait quelque chose, à

  6   l'époque, je comprenais ces réfugiés, je comprenais leur frustration. Je

  7   les comprends encore. On a détruit leurs biens. Ils se sont vu expulsés,

  8   pour nombre d'entre eux on a tué des membres de la famille. Je comprends

  9   leur réaction.

 10   Mais en même temps en public, lors des rassemblements de la

 11   population, des citoyens, je disais : "Il vous est arrivé des choses, mais

 12   les citoyens de Hrtkovci ne sont pas responsables de ça, ne leur faites pas

 13   ce qu'on vous a fait à vous."

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Je présume que vous connaissiez des Croates qui sont

 15   partis, et peut-être que vous avez discuté avec eux parce que vous aviez

 16   des bonnes relations de voisinage, je présume, et que vous avez discuté

 17   avec eux. Et avant leur départ, est-ce que certains -- qu'est-ce qu'ils

 18   vous ont dit ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Pour beaucoup d'entre eux, ils m'ont dit que

 20   quand ils se sont adressés aux autorités, à la police ou aux amis avocats

 21   qui avaient travaillé dans la police ou dans des institutions de l'Etat,

 22   ils se sont fait dire qu'ils ne pouvaient pas les protéger, et que le mieux

 23   pour leur sécurité, le mieux c'était de faire un échange.Aussi, j'ai

 24   beaucoup parlé avec des réfugiés, et ils m'ont dit pourquoi ils étaient en

 25   colère contre moi et contre ceux qui protégeaient leurs voisins. Ils nous

 26   ont dit : "Mais nos voisins, ils ne nous ont pas protégés là-bas comme vous

 27   le faites ici. Ils s'attendaient à ce que moi, en tant que membre de ce

 28   même groupe ethnique, je les accepte, les accueille, que j'oublie mon


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  1   voisin aux côtés duquel j'ai grandi, tout simplement parce qu'il est

  2   Hongrois ou Croate. C'est ce que j'en sais, ce qui leur est arrivé et ce

  3   qu'ils disaient au moment du départ.

  4   Je veux dire : j'ai aussi des informations de la part des anciens

  5   habitants, que cela s'est véritablement passé ainsi et que les Serbes

  6   n'étaient pas bien accueillis là ni ceux qui y retournaient ni qui que ce

  7   soit d'autre parmi les Serbes, encore aujourd'hui c'est le cas.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur Seselj.

  9   M. SESELJ : [interprétation]

 10   Q.  Monsieur Ejic, dans votre déposition, pourquoi parlez-vous à plusieurs

 11   reprises des Hongrois ? Est-ce que vous m'avez jamais entendu dire, moi ou

 12   un autre membre de la direction du Parti radical serbe, quoi que ce soit de

 13   mal contre les Hongrois ?

 14   R.  Non, je ne l'ai pas entendu.

 15   Q.  C'est la raison pour laquelle je suis étonné de voir que vous

 16   mentionnez les Hongrois dans ce contexte. Vous dites que j'ai incité à ce

 17   que s'engendre une ambiance d'expulsion des Croates. Donc là il n'est pas

 18   question de Hongrois ?

 19   R.  Le fait est que cela s'est produit, donc il y a raison de mentionner

 20   des Hongrois ?

 21   Q.  Mais il se peut qu'il y ait eu des incidents impliquant des Hongrois,

 22   n'est-ce pas ? Mais est-ce que cela peut avoir quoi que ce soit à voir avec

 23   la politique du Parti radical serbe ?

 24   R.  Il y a eu moins de Hongrois que de Croates qui ont échangé leurs biens.

 25   Q.  Entendu. Je n'ai pas très bien compris votre réponse, mais peu importe.

 26   Vous avez dit que j'avais été instrumentalité à mon insu par Milosevic,

 27   qu'il s'est servi de moi pour attendre ses objectifs. D'où est-ce que cela

 28   vient ? C'est votre conviction ou est-ce que vous avez des faits qui


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  1   peuvent étayer ça ?

  2   R.  C'est ma conviction sur la base de votre comportement dans le public et

  3   dans la presse. Si vous prônez le principe de la réciprocité, alors je ne

  4   peux pas penser que vous êtes un homme humaniste parce qu'on ne répond pas

  5   par le mal au mal.

  6   Q.  Donc si je ne suis pas humaniste, je suis un instrument de Milosevic,

  7   parce que toutes les personnes inhumaines sont instrumentalisées par

  8   Milosevic. Laissons de côté que vous considérez que je ne suis pas humain,

  9   mais sur la base de mon inhumanité, qu'est-ce qui vous permet de dire que

 10   je suis un instrument de Milosevic ? Est-ce que toutes les personnes qui

 11   n'étaient pas humaines de Serbie étaient des instruments de Milosevic ?

 12   R.  C'est parce que vous étiez parmi ceux qui parlaient le plus des

 13   réfugiés.

 14   Q.  Oui, c'est vrai que j'ai beaucoup œuvré sur la cause des réfugiés, et

 15   de manière publique nous avons défendu le principe de rétorsion, mais

 16   attaquions Milosevic parce qu'il n'acceptait pas ce principe; est-ce que

 17   c'est vrai ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Et nous promettions qu'à partir du moment où nous serions au pouvoir,

 20   nous allions appliquer ce principe ?

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  Et tout ce que nous disions pendant notre campagne électorale n'était

 23   pas une promesse de ce que nous allions faire une fois au pouvoir ?

 24   R.  Oui, il y avait cette promesse également.

 25   Q.  Est-ce que vous avez jamais entendu dire de ma part ou de la part d'un

 26   autre membre de la direction du Parti radical, que nous prônions des

 27   situations où il y aurait des incidents, où on malmènerait la population

 28   croate, on lancerait des grenades à main près de leurs maisons, qu'on les


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  1   fasse chanter, qu'on leur assène des coups, et cetera ?

  2   R.  Non, je ne vous ai pas entendu dire cela en public.

  3   Q.  De manière secrète, est-ce qu'on aurait donné ces instructions, vous

  4   l'avez entendu ?

  5   R.  C'est ce que je suppose.

  6   Q.  Vous vous contentez de supposer. D'accord.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : M. Seselj vous a posé des questions sur le principe

  8   de rétorsion. Alors, j'essaie d'y voir clair.

  9   D'après ce que vous aviez à l'époque compris dans ce que pouvait dire

 10   M. Seselj, quand il parlait de rétorsion, ça voulait dire quoi pour vous ?

 11   Ça allait jusqu'où la rétorsion ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] De la manière dont je comprends ce terme,

 13   c'est une réponse à la conduite d'un Etat, d'un pouvoir à l'égard d'un

 14   groupe de population. Il faut se comporter de la même façon dans un autre

 15   Etat.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Mais est-ce à dire que ça a entraîné la

 17   situation suivante, je vais donner un exemple : un Serbe est expulsé par un

 18   Croate. Est-ce que ce principe entraîne automatiquement le fait qu'un

 19   Croate va être expulsé par un Serbe ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est ainsi que je le comprends.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : C'est comme ça que vous le comprenez. Bon.

 22   M. SESELJ : [interprétation]

 23   Q.  Puisque c'est ainsi que vous avez compris sur la base de la question

 24   directrice du Juge qui préside la Chambre, au moment pertinent, est-ce que

 25   vous étiez --

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Je ne vous permets de dire question directrice. Je

 27   lui ai posé une question - d'abord, j'ai le droit de poser toute question

 28   que je veux.


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  1   Mais deuxièmement, je lui ai demandé comment il appréciait le principe de

  2   rétorsion et je lui ai cité un cas pratique, et il a répondu. Bon. Voilà.

  3   Donc ce n'est pas la peine d'en faire un psychodrame d'une question.

  4   M. SESELJ : [interprétation]

  5   Q.  Au moment pertinent, est-ce que je parlais de la politique de l'Etat et

  6   non pas du fait que les faits d'un individu doivent être réitérés par un

  7   autre individu ? Est-ce qu'il était question de la politique de l'Etat, "A

  8   partir du moment où nous serons au pouvoir, nous allons vous fournir des

  9   adresses, vous allez procéder à un échange avec eux, l'échange des biens."

 10   C'est ce que je disais ?

 11   R.  Oui, vous le disiez, mais les habitants ont compris qu'il fallait

 12   qu'ils appliquent cela avant que vous soyez officiellement au pouvoir.

 13   Q.  Mais ce qu'ils appliquaient c'était la politique du comité local du

 14   Mouvement du Renouveau avec vous et Ostoja Sibincic et non pas du Parti

 15   radical serbe ?

 16   R.  Ce n'est pas exact.

 17   Q.  Citez-moi, ne serait-ce qu'un cas, où des membres du Parti radical

 18   serbe de Hrtkovci auraient exercé des pressions sur des Croates du cru pour

 19   qu'ils déménagent ? Est-ce que vous pouvez me citer un nom, un prénom, un

 20   membre du Parti radical serbe a fait ça ?

 21   R.  Je ne sais pas si à l'époque il était officiellement membre, mais ce

 22   qui est arrivé à mon beau-frère de la part de Cakmak, de son fils et d'une

 23   tierce personne me permet de penser cela.

 24   Q.  Mais Rade Cakmak, il n'a jamais été membre du Parti radical serbe.

 25   Ostoja Sibincic est devenu membre à la fin de l'année dernière, et Rade

 26   Cakmak jamais.

 27   R.  On pensait qu'ils étaient bel et bien membres du Parti radical serbe,

 28   c'est ainsi qu'ils se présentaient.


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  1   Q.  Dès qu'un Serbe fait quoi que ce soit de mal, immédiatement vous êtes

  2   convaincu qu'il doit être membre du Parti radical serbe. C'est ça votre

  3   logique ?

  4   R.  C'est ça mon appréciation. Jamais la direction du Parti radical serbe

  5   de la localité n'a dénoncé ce type d'incidents, donc c'est ce qui me permet

  6   d'arriver à cette conclusion.

  7   Q.  Le Procureur de La Haye a en sa possession plusieurs discours que j'ai

  8   prononcés contre ces incidents.

  9   R.  Je vous parle du comité municipalité à Hrtkovci de votre parti.

 10   Q.  Mais eux aussi se sont manifestés ainsi en publiant cette annonce,

 11   puisque je n'ai jamais vu que vous ayez dissout le comité du SPO. Alors

 12   pourquoi est-ce qu'on s'intéresserait dans la presse à ce que font des

 13   comités locaux à Hrtkovci ?

 14   R.  Monsieur, nous avons agi de manière tout à fait convenable.

 15   Q.  Oui, d'accord. Donc je me suis trompé. Alors Ostoja Sibincic, vous avez

 16   dit, en 1992, a été arrêté sur ordre du premier ministre fédéral Milan

 17   Panic; c'est bien cela ?

 18   R.  Oui, c'est ce que j'ai entendu dans la presse.

 19   Q.  Qu'est-ce qui a permis cela ? Sur quelle base un premier ministre

 20   fédéral pouvait ordonner l'arrestation de qui que ce soit ? Qu'est-ce qui

 21   lui permet de faire ça dans la loi ?

 22   R.  Je ne connais pas la loi suffisamment pour pouvoir le dire.

 23   Q.  Vous ne connaissez pas la loi, mais vous savez que c'était lui qui l'a

 24   ordonné ?

 25   R.  C'est ce que j'ai entendu.

 26   Q.  Je sais qu'en Serbie il y a eu beaucoup de problèmes pour ce qui est du

 27   système judiciaire, son fonctionnement, mais que le premier ministre

 28   fédéral puisse ordonner l'arrestation de quelqu'un en Serbie, bien, ça


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  1   c'était totalement impossible, n'est-ce pas ? En particulier vu que ce

  2   premier fédéral était en conflit avec le président de la Serbie, M.

  3   Slobodan Milosevic; n'est-ce pas ?

  4   R.  L'arrestation a eu lieu. Maintenant --

  5   Q.  Vous avez mentionné --

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Hier, quand vous avez dit ça, j'ai été très étonné,

  7   parce que je me suis dit comment un premier ministre fédéral va s'occuper

  8   de la situation de M. X dans une localité. Et j'ai été très étonné. Et vous

  9   dites : "J'ai appris," mais c'est quoi des rumeurs ? Vous n'aviez aucun

 10   élément concret laissant penser que Milan Panic avait arrêté Ostoja

 11   Sibincic ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que la presse

 13   en a parlé, et M. Panic lui-même en a parlé à la télévision. Je ne peux pas

 14   me souvenir maintenant exactement ses propos qu'il a suggéré ou qu'il a

 15   ordonné cette arrestation ?

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : On en a parlé à la télévision. Pourquoi arrêté

 17   Sibincic ? Pourquoi il voulait l'arrêter, pour quelle raison ? Parce que

 18   c'était un agitateur, c'est quelqu'un qui causait un trouble grave à

 19   l'ordre public ? Pourquoi il voulait l'arrêter ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, parce que M. Panic lui-

 21   même avait reçu des informations et des plaintes de la part de l'habitation

 22   de Hrtkovci, disant que Ostoja Sibincic, avec un groupe de réfugiés, était

 23   l'organiseur et l'acteur de ces événements qui se produisaient à Hrtkovci,

 24   à savoir des actes de violence, des menaces, des expulsions, des entrées

 25   par effraction des maisons, et cetera.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : D'accord. Je comprends mieux.

 27   M. SESELJ : [interprétation]

 28   Q.  Dans votre entretien avec les enquêteurs de La Haye, vous avez dit qu'à


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  1   un moment donné on a vu arriver un groupe d'hommes venus d'ailleurs, et

  2   qu'eux aussi ils ont exercé des pressions. Vous avez dit qu'ils étaient

  3   soit des Aigles blancs, soit des hommes d'Arkan. Vous vous en souvenez ?

  4   R.  Oui, je m'en souviens.

  5   Q.  Et ça s'est passé à quel moment ? Juste l'année.

  6   R.  C'était cette année-là, 1992, je ne sais pas la date.

  7   Q.  Et qu'est-ce qui vous a permis de savoir que c'étaient des hommes

  8   d'Arkan ou des Aigles blancs ? Ils avaient des insignes ?

  9   R.  Non. J'ai dit que j'ai entendu dire.

 10   Q.  Vous ne les avez pas vus ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Quelqu'un vous l'a dit ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Qui ?

 15   R.  Je ne sais pas, je n'arrive pas à me souvenir.

 16   Q.  Il nous reste encore du temps avant la pause ? Est-ce que je peux lui

 17   poser encore une question ?

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Plus de cinq minutes avant la pause.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Quatre ou cinq minutes peut-être on peut

 20   prolonger si jamais la question l'exigeait, on peut prolonger un petit peu,

 21   vous me l'autorisez ? D'accord.

 22   Q.  Vers la fin de votre déclaration donnée aux enquêteurs de La Haye, vous

 23   avez dit que j'ai organisé un rassemblement faisant partie de cette

 24   campagne électorale donc à Ruma et Indija, que j'aurais critiqué Slobodan

 25   Milosevic et le parti socialiste, ainsi que Vuk Draskovic, et SPO, et que

 26   lors de ces deux rassemblements, j'aurais dit que tous ceux qui n'étaient

 27   pas loyaux à la Serbie devaient d'en aller, et vous m'avez attribué

 28   quelques autres choses. Vous vous souvenez d'avoir dit cela aux enquêteurs


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  1   de La Haye ?

  2   R.  Monsieur le Président, une correction à ce sujet. Je m'en souviens,

  3   mais je me suis rendu à deux rassemblements, à Ruma et à Indija. Je ne me

  4   rappelle pas la date. A Indija, je sais que c'était un dimanche puisque je

  5   jouais aux échecs avec mon club. Mais une correction à ce sujet, est-ce que

  6   vous avez vous-même pris part à ces deux rassemblements ou est-ce qu'il y

  7   avait juste la présence de votre parti et vos représentants. Il se peut que

  8   j'aie fait une confusion entre ce que vous disiez à la télévision et ces

  9   deux rassemblements auxquels je me suis rendu.

 10   Q.  Mais il y a quelques jours, le 5 octobre, vous avez de nouveau eu un

 11   entretien avec les enquêteurs du bureau du Procureur de La Haye, et d'après

 12   ce qu'ils m'en ont dit, vous auriez déclaré que vous n'étiez pas certain si

 13   Seselj avait pris part au rassemblement de Ruma et Indija ou s'il a vu

 14   plutôt Seselj à la télévision :

 15   "Il a vu un grand nombre de rassemblement ou de rencontres à la télévision,

 16   et il se peut que ça sème la confusion dans son esprit. Quelqu'un d'autre a

 17   parlé. Il se souvient que cette autre personne a parlé à Ruma et à Indija.

 18   Et le témoin était présent à Indija vers

 19   1 heure un dimanche. Vers 18 heures à Ruma. Il n'est pas certain si Seselj

 20   était présent. La rencontre a été organisée par le Parti radical serbe,

 21   mais il n'est pas certain si Seselj était présent."

 22   Donc qu'est-ce qui vous a permis de dire que Tomislav Nikolic a parlé lors

 23   de ces deux rassemblements ? Qu'est-ce qui s'est passé le 5 octobre ?

 24   R.  J'ai vu beaucoup de choses à la télévision, donc il se peut qu'il y ait

 25   la confusion dans mon esprit à cause de cela. Je ne me souviens pas

 26   véritablement de personnalités ou de figures, mais je me souviens de la

 27   substance ou en gros de ce qui était dit. C'est la raison pour laquelle

 28   j'ai dit que je n'étais pas certain si vous étiez véritablement là ou non,


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  1   si j'ai fait une confusion entre ce que j'ai vu à la télévision et ces

  2   rassemblements, est-ce que j'ai fait le lien avec ces deux rassemblements

  3   où je me suis rendu.

  4   Q.  Mais vous ne savez pas qu'à l'époque, Tomislav Nikolic vivait à

  5   Kragujevac, et il ne se rendait qu'à de grands rassemblements du Parti

  6   radical serbe à l'intérieur du pays, et quelques petits rassemblements dans

  7   le Sumadija, Pomoravlje, et cetera, vous n'êtes pas au courant de cela ? Je

  8   cherche à faire état du fait que c'est impossible que Tomislav Nikolic ait

  9   pris la parole à Ruma et à Indija lors de ces rassemblements, parce que ce

 10   sont des localités qui ne sont pas très grandes, il ne se serait pas

 11   déplacé de Kraljevac. Vous me faites confiance ?

 12   R.  Je peux vous faire confiance, il est possible aussi qu'il y ait une

 13   confusion dans mon esprit pour ce qui est des hommes.

 14   Q.  Vous savez que Tomislav Nikolic a été expulsé du Parti radical serbe,

 15   et c'est peut-être ce qui vous a permis de dire aux enquêteurs du Tribunal

 16   de La Haye, "Maintenant, a posteriori, c'est lui qui a parlé" ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Est-ce que c'est le fait que Tomislav Nikolic qui emprunte maintenant

 19   le chemin de Vuk Draskovic, votre ex-président, est-ce que c'est ça qui

 20   vous a incité à [inaudible]. Mais ça m'étonne que vous ayez mentionné son

 21   nom ici. D'où est-ce que ça vient ?

 22   R.  Mais c'était un membre de la direction.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre vous a dit et invité à ne pas aborder à

 24   tout bout de champ la situation de M. Nikolic par rapport à votre parti.

 25   Tout le monde le sait. Donc c'est pas la peine à chaque fois de reparler de

 26   cela. La seule question importante était de savoir si M. Nikolic avait fait

 27   ce discours. Bon. Apparemment le témoin n'en est plus sûr, bon, d'accord.

 28   Passez à autre chose.


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  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin est certain

  2   ici dans cet entretien du 5 octobre, son entretien avec les enquêteurs de

  3   La Haye, ou le Procureur - je ne sais pas qui a eu cet entretien avec lui -

  4   il est certain, il se dit certain, Nikolic, l'ex-adjoint, a parlé. Page 3.

  5   C'est ce qu'on lit dans ce document du Procureur qui m'a été donné fourni

  6   par le Procureur.

  7   Mme LE JUGE LATTANZI : -- ce qu'il dit aujourd'hui ici devant la Chambre.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : [aucune interprétation]

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame Lattanzi, je vois qu'il y a une

 10   discordance entre ces deux déclarations, ce qu'il dit aujourd'hui et ce

 11   qu'il a dit il y a quatre jours. Aujourd'hui nous sommes le 9 ?

 12   Mme LE JUGE LATTANZI : -- admis, il a même dit qu'il a pu se confondre.

 13   Donc c'est une justification, une explication suffisante.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais sur la base des témoins confondus comme

 15   ça, hier le président de la Republika Srpska Krajina s'est vu confirmer une

 16   peine de prison de 35 ans, Martic. Donc on a un témoin dans l'esprit dans

 17   la confusion, puis voilà ce qui se passe.

 18   Moi, je me défends tout seul, j'ai le droit de faire cela aux témoins, cela

 19   me convient, et j'essaie d'en tirer un maximum de bénéfices de cela, de la

 20   confusion du témoin.

 21   Enfin, maintenant on peut prendre la pause, si vous voulez. Dites-moi juste

 22   combien de temps il me reste, il me reste deux ou trois questions.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors il doit vous rester - bon, on va faire la

 24   pause, il vaut mieux maintenant. Il vous restera une heure après la

 25   reprise, vous aurez donc une heure.

 26   Bien. Nous faisons la pause.

 27   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 28   --- L'audience est reprise à 11 heures 00.


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise.

  2   Monsieur Seselj, vous avez la parole. Je vous ai dit qu'il vous restait une

  3   heure.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais peut-être terminer un peu plus tôt.

  5   Certaines questions importantes resteront sans réponse précise, car je dois

  6   vous rappeler que l'on a coupé mes contacts avec mes collaborateurs. Donc -

  7   -

  8   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je crois que nous en sommes déjà

  9   passés par là, Monsieur Seselj. Vous avez tort de dire que l'on vous a

 10   coupé le contact. Je dirais simplement que vous avez toujours la

 11   possibilité d'entrer en contact avec vos collaborateurs à Belgrade, mais

 12   pas dans le cadre du lien de confidentialité, puisque la question d'une

 13   éventuelle violation demeure en suspens.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Si je n'ai pas de relations privilégiées, ça

 15   revient à la même chose que de ne pas avoir de relation du tout, et c'est

 16   effectivement le cas. Je me dois de vous le rappeler lors de chaque contre-

 17   interrogatoire. Vous pouvez me l'interdire, car pour moi, tant que la

 18   procédure dure et tant que cette situation dure, c'est un problème qui est

 19   d'actualité. J'ai le droit de le mentionner et de vous le rappeler et me

 20   plaindre du fait que je n'ai pas pu poser des questions plus importantes.

 21   Q.  Bien. Monsieur Ejic, vers la mi-1992, vous avez pris contact avec Nenad

 22   Canak, qui est le président de la Ligue des Sociodémocrates de Vojvodine; à

 23   quel moment ?

 24   R.  Est-ce que vous pourriez parler moins fort, car sinon je devrai enlever

 25   un peu mes écouteurs.

 26   Q.  Enlevez-les un peu. Que voulez-vous que je vous dise ?

 27   R.  Bien. Il est vrai que j'ai été en contact avec Nenad Canak. C'était

 28   après le meurtre de Mijat Stefanac.


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  1   Q.  Mijat Stefanac a été tué pendant la nuit du 28 au 29 juin, 1992, n'est-

  2   ce pas ?

  3   R.  Je ne me souviens pas de la date exacte. C'était à peu près la date,

  4   oui.

  5   Q.  Savez-vous que les meurtriers ont été arrêtés le jour même, traînés en

  6   justice et condamnés ?

  7   R.  Je le sais.

  8   Q.  Bien. Pour quelle raison êtes-vous allé voir Nenad Canak ? A cause du

  9   meurtre de Stefanac ?

 10   R.  Précisément.

 11   Q.  Qu'avez-vous dit à Canak à ce moment-là ?

 12   R.  Je lui ai rendu visite chez lui dans son appartement. Je l'ai informé

 13   de la situation à Hrtkovci. J'ai souligné que j'ai eu très peur que le

 14   premier meurtre a eu lieu, que l'on ne savait pas exactement quels étaient

 15   les motifs, mais que le fait était que ceci avait eu lieu. J'ai dit aussi

 16   que j'avais peur que ce genre de situations se reproduise.

 17   Q.  Qui vous a mis en contact avec Nenad Canak ?

 18   R.  Je ne sais pas exactement qui, mais j'ai obtenu d'une façon ou d'une

 19   autre son téléphone.

 20   Q.  Alors vous l'avez appelé, vous avez dit, "Je suis un tel et je veux

 21   vous parler" ? Comment l'avez-vous fait ?

 22   R.  Mais je pense que nous nous connaissions d'un cadre public déjà. Je

 23   pense qu'il savait qui j'étais et vice versa.

 24   Q.  Comment l'avez-vous rencontré ?

 25   R.  Je ne me souviens pas exactement.

 26   Q.  C'est une personnalité qui marque la vie politique serbe. Par exemple,

 27   je me souviens quand je l'ai rencontré pour la première fois même si, sur

 28   le plan politique, il n'est pas si important que cela. Mais moi je me


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  1   souviens et vous, non. Je trouve cela assez bizarre, n'est-ce pas ?

  2   R.  Je ne trouve pas cela bizarre, car parfois, momentanément, je peux

  3   oublier le prénom d'un voisin et après ça me revient. Donc là - et surtout

  4   au bout de toutes ces années - je ne me souviens pas de ces détails-là, ce

  5   sont des détails qui ne me sont pas importants dans la vie.

  6   Q.  Mais est-ce qu'il aurait été plus naturel que vous contactiez le

  7   président de votre propre parti à l'époque, Vuk Draskovic, pour lui parler

  8   de ce qui était arrivé ?

  9   R.  Oui, ça aurait été normal. Cependant, lorsque j'ai dissout le conseil

 10   local, je n'étais pratiquement plus membre du parti.

 11   Q.  Mais c'est le mois de juin. En juin, vous n'aviez pas encore provoqué

 12   la dissolution du conseil, ça s'est fait à la deuxième moitié de l'année,

 13   n'est-ce pas ? C'est ce que vous avez dit au moins. Vous êtes allé chez

 14   Nenad Canak au moment où vous étiez encore président du conseil local du

 15   Mouvement serbe de Renouveau; est-ce exact ?

 16   R.  Je ne me souviens pas que c'était vraiment ainsi.

 17   Q.  Quand avez-vous dissout le conseil local du Mouvement serbe de

 18   Renouveau ?

 19   R.  Vous voyez, je ne me souviens pas de cette date. Si vous me montrez un

 20   document, je peux vous le confirmer.

 21   Q.  Vous avez dit à la fin de l'année 1992, c'est vous qui l'avez fait.

 22   Pourquoi vous voulez que j'aie des documents ? Si vous avez affiché quelque

 23   chose sur le panneau d'annonce, moi, je ne l'ai jamais dit. Vous-même, vous

 24   avez dit qu'à la fin 1992, vous avez dissout le conseil local du Mouvement

 25   serbe de Renouveau avec l'approbation du conseil municipal, et c'est

 26   quelque chose qui reste gravé dans la mémoire d'une personne. Depuis ce

 27   moment-là, il n'y a plus eu de SPO à Hrtkovci même si, en tant que candidat

 28   de ce parti en 1992, en décembre, vous avez participé à l'élection, et


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  1   après vous étiez même candidat pour les élections provinciales, n'est-ce

  2   pas ?

  3   R.  Je me souviens que ce qui est gravé dans ma mémoire ce sont les

  4   événements et les faits, mais non pas les dates et les noms.

  5   Q.  D'accord. Que vous a dit Nenad Canak lorsque vous lui avez expliqué la

  6   situation à Hrtkovci ?

  7   R.  Pour autant que je m'en souvienne, il a dit qu'il ne pouvait pas

  8   beaucoup m'aider en raison des pressions auxquelles il était soumis lui-

  9   même par les autorités. Il m'a simplement mis en contact avec la presse. Je

 10   pense que c'était Mazar Sol [phon] et d'autres médias, je ne me souviens

 11   pas exactement. J'y suis allé et j'ai fait une déclaration.

 12   Q.  Monsieur Ejic, Nenad Canak à l'époque était le président d'un parti

 13   politique marginal qui n'était même pas représenté au parlement fédéral ou

 14   de la république, et il n'avait pas d'élus, même pas au niveau local, même

 15   dans l'assemblée municipale. Vous êtes allé voir cet homme politique

 16   marginal pour demander de l'aide et une intervention alors que votre

 17   président de parti était à Belgrade, ce qui est plus proche de vous que

 18   Novi Sad, et le président de votre parti est là-bas et, à l'époque, votre

 19   parti était un parti d'opposition majeure. Au sein du parlement serbe,

 20   votre parti a eu le plus grand nombre d'élus comparé aux autres partis

 21   d'opposition, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  C'est un peu étrange ?

 24   R.  Je ne trouve pas que c'était étrange, puisque je suis allé voir un

 25   homme de Vojvodine qui s'opposait à ce qui se passait en Vojvodine, donc je

 26   ne trouve pas cela étrange.

 27   Q.  Monsieur Ejic, vous avez eu peur de la politique que vous aviez menée

 28   jusqu'à ce moment-là, car un homme avait perdu sa vie et vous ne saviez pas


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  1   quelles étaient les circonstances de cette mort. Vous avez essayé de

  2   trouver des moyens pour vous extirper de cette situation. C'est la raison

  3   pour laquelle vous n'êtes pas allé voir les organes de votre parti qui

  4   étaient derrière ce qui s'était passé à Hrtkovci, mais vous êtes allé voir

  5   Nenad Canak sachant que même si son parti n'était pas important, il avait

  6   beaucoup de contacts avec les médias, surtout les journalistes étrangers,

  7   et qu'il avait d'autres contacts aussi. Je ne vais pas entrer dans des

  8   détails. Vous avez voulu laisser une certaine image de vous-même ?

  9   M. FERRARA : [interprétation] Monsieur le Président, je ne vois pas de

 10   question dans ce discours.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, c'est la première objection de la

 12   journée et j'espère que ce sera la dernière. Essayez de transformer ce que

 13   vous avez dit en question.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je pense que la question était très claire et

 15   précise et je ne vais pas la répéter. Je vais passer à une autre question.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Ne soyez pas vexé. Vous avez l'écran devant vous,

 17   regardez la ligne 1 de la page 52. Vous voyez bien que c'est plutôt une

 18   proclamation, une déclaration, qu'une question. Bon, si vous ne voulez pas

 19   la poser, ne la posez pas, mais c'est pour cela que M. Ferrara a fait

 20   l'objection et je crois qu'il avait raison.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bon, s'il avait raison, d'accord.

 22   Q.  Monsieur Ejic, qu'a fait d'autre Nenad Canak au sujet de votre visite ?

 23   R.  Mis à part le fait qu'il m'a rendu possible d'avoir accès aux médias et

 24   de faire une déclaration de presse, lui aussi s'est engagé publiquement

 25   pour en informer la population.

 26   Q.  A ce moment-là, avec Nenad Canak, vous avez convenu de rejeter toute la

 27   culpabilité sur le Parti radical serbe en considérant que le meurtre de

 28   Mijat Stefanac allait être suivi de conséquences très importantes, n'est-ce


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  1   pas ?

  2   R.  Je n'ai pas passé un accord avec qui que ce soit concernant vous.

  3   Q.  Pas concernant moi, mais le Parti radical serbe. Est-ce que suite à

  4   cela M. Nenad Canak a envoyé un grand nombre de journalistes étrangers et

  5   nationaux à Hrtkovci ?

  6   R.  Le fait est qu'après cela un grand nombre de journalistes étrangers et

  7   nationaux sont venus dans notre village.

  8   Q.  Une campagne contre le Parti radical serbe commence, n'est-ce pas ?

  9   R.  A l'époque, je ne voyais pas cela comme une campagne contre votre parti

 10   politique, mais comme une activité visant à informer le public de ce qui se

 11   passait à Hrtkovci.

 12   Q.  De manière orchestrée et synchronisée, tous les problèmes de Hrtkovci

 13   étaient présentés dans le public comme la conséquence de mon discours tenu

 14   le 6 mai à Hrtkovci lors du rassemblement du Parti radical serbe; est-ce

 15   exact ?

 16   R.  C'est exact.

 17   Q.  Est-ce que quelqu'un d'autre de renom est venu à Hrtkovci ces jours-ci

 18   ?

 19   R.  Est-ce que vous pourriez me rafraîchir la mémoire en me disant le nom

 20   et le prénom de la personne ?

 21   Q.  Oui. Est-ce qu'immédiatement après, Natasa Kandic est venue à Hrtkovci

 22   ?

 23   R.  Je sais qu'elle est venue, mais je ne sais pas si c'était immédiatement

 24   après. Moi-même j'ai eu de nombreux contacts avec elle au sujet de la

 25   situation de Hrtkovci.

 26   Q.  A combien de reprises avez-vous été en contact avec Natasa Kandic ?

 27   R.  Plusieurs fois. Je ne sais pas exactement combien.

 28   Q.  Quand était-ce la dernière fois ?


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  1   R.  Peut-être il y a quelques années.

  2   Q.  Est-ce que vous avez parlé avec Natasa Kandic au sujet de votre

  3   déposition dans le procès intenté contre moi ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Non. Est-ce que Vesna Pesic, le président de la Ligue des Citoyens ou à

  6   l'époque elle était présidente du Parti des réformateurs, est-ce qu'elle

  7   est venue à Hrtkovci elle aussi ?

  8   R.  Lors d'un rassemblement des citoyens, au début, il y avait plusieurs

  9   représentants. Je me souviens aussi de la Ligue des Sociodémocrates, du

 10   Parti des Croates et des Hongrois de Vojvodine, de la Ligue des Citoyens et

 11   d'autres. Mais quant à la question de savoir si concrètement parlant Vesna

 12   Pesic est venue, je ne m'en souviens pas.

 13   Q.  Donc vous ne savez pas non plus que c'était justement Vesna Pesic qui

 14   avait convaincu le Dr Branimir Vuksanic que son nom était sur une liste

 15   secrète de personnes à expulser et qu'il devait partir de Hrtkovci au plus

 16   vite ?

 17   R.  Je ne sais pas.

 18   Q.  Mais ici, vous avez dit que M. Zilic, entre autres choses, lors du

 19   rassemblent avait mentionné le nom de Branimir Vuksanic, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui, c'est ce qui m'est resté dans la mémoire.

 21   Q.  Personne d'autre que vous ne l'a entendu, même les policiers qui ont

 22   assisté au rassemblement ne s'en souviennent. Hier, je vous ai cité les

 23   propos de l'agent du service de la Sûreté de l'Etat qui, d'office, a

 24   assisté à cela. Personne ne se souvient du nom de Branimir Vuksanic en tant

 25   que nom mentionné. Que dites-vous à cela ? Or, Branimir Vuksanic est une

 26   des personnes les plus renommées de Hrtkovci ?

 27   R.  Oui, en tant que médecin.

 28   Q.  Il était médecin reconnu, aimé, reconnu comme bon pour diagnostiquer la


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  1   situation et, avec sa femme qui était Serbe, il s'entendait bien avec tout

  2   le monde. Il n'a jamais participé aux incidents.

  3   R.  Je pense que sa femme est encore Serbe.

  4   Q.  Ce groupe de conspirateurs l'a convaincu avec de fausses informations à

  5   quitter Hrtkovci et échanger ses biens pour une maison dans la banlieue de

  6   Zagreb ou près de Zagreb afin d'influencer d'autres Croates à faire la même

  7   chose, à suivre son exemple et échanger leurs biens ?

  8   R.  Je ne le sais pas.

  9   Q.  Est-ce que vous êtes au courant d'un seul incident lié à Branimir

 10   Vuksanic ?

 11   R.  Ce qu'il m'a dit lui-même c'est qu'à son poste de travail, il se

 12   sentait mal à l'aise lorsqu'il entendait des commentaires comme "Je ne veux

 13   pas que ce soit un Oustachi qui me soigne" et ce genre de choses, et qu'il

 14   avait reçu des menaces dans sa boîte à lettres, par écrit.

 15   Q.  Mais comment est-ce que lui il ne se souvient pas que les gens disaient

 16   qu'ils ne souhaitaient pas être soignés par un Oustachi ? Personne n'a

 17   parlé de lui en tant qu'Oustachi à Hrtkovci.

 18   R.  Je ne sais pas, moi je ne souviens pas. Je ne sais pas comment il ne se

 19   souvient pas, car c'est comme ça que ça s'est passé d'après ce que j'ai

 20   entendu.

 21   Q.  Bien. Vous avez examiné cette liste que l'Accusation vous a fournie,

 22   n'est-ce pas ? Sur la liste, nous avons 728 noms des Croates de Hrtkovci,

 23   n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, plus les noms que j'ai ajoutés.

 25   Q.  722, et vous, vous en avez ajouté 6, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Vous avez tout d'abord constaté que toutes les personnes de cette liste

 28   n'avaient pas quitté Hrtkovci et que certains d'entre eux y vivaient encore


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  1   aujourd'hui; est-ce exact ?

  2   R.  Oui, c'est exact.

  3   Q.  Ensuite, vous avez marqué au total huit personnes qui, d'après ce que

  4   vous considérez, sont parties sous la pression; est-ce exact ?

  5   R.  Je pense que c'est à peu près le nombre de ceux que j'ai marqués, huit.

  6   Q.  D'abord, vous avez marqué le nom de Branko ou Branimir Vuksanic, je ne

  7   suis pas sûr de son prénom exact, et de son père, Nikola Vuksanic; est-ce

  8   exact ?

  9   R.  Oui, c'est exact.

 10   Q.  S'agissant des pressions auxquelles ils ont été soumis, vous avancez le

 11   fait que quelqu'un lui aurait dit au travail, je ne veut pas être soigné

 12   par un Oustachi; est-ce bien cela ?

 13   R.  Oui, puis la menace dans la boîte à lettres, le pamphlet.

 14   Q.  D'accord, le pamphlet dans la boîte à lettres. Puis Rozalija

 15   [inaudible] et [inaudible], c'est un couple de Skolska [phon] rue et ils

 16   auraient été expulsés de manière forcée par les réfugiés, mais ils sont

 17   revenus chez eux avec l'aide de la police; c'est exact ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Ils vivent encore à Hrtkovci ?

 20   R.  Oui, ils vivent encore à Hrtkovci aujourd'hui.

 21   Q.  Donc ils ont eu un problème, la police a résolu le problème et ils sont

 22   restés sur place. Est-ce que tous les autres auraient pu faire la même

 23   chose ? En cas de désagrément, tenir bon, s'adresser aux autorités

 24   officielles, recevoir leur protection, ensuite avoir le problème résolu.

 25   C'était la manière normale de résoudre les choses ?

 26   R.  Ça aurait dû être le cas, mais dans la pratique ce n'était pas le cas.

 27   Q.  Ensuite, le couple Jelica et Franjo Tkalac, n'est-ce pas ? Vous avez

 28   dit qu'une grenade à main a été jetée près de chez eux ?


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  1   R.  C'est ce que je dis encore aujourd'hui et c'est ce que j'ai écrit dans

  2   la liste.

  3   Q.  Bien. Je suppose qu'une grenade à main a été jetée. J'ai entendu dire

  4   que quatre à cinq grenades à main ont été jetées à Hrtkovci, que trois ou

  5   quatre détonations ont été entendues. D'après mes connaissances et mes

  6   informations, il y en a eu quatre et vous avez mentionné trois explosions.

  7   Ce n'est pas un secret. Dites-moi, qu'est-ce qui est arrivé à ce couple ?

  8   R.  Ils vivent en Croatie aujourd'hui, ils ont échangé leurs biens

  9   immobiliers.

 10   Q.  Avec qui ont-ils procédé à l'échange ?

 11   R.  Avec les réfugiés de Croatie.

 12   Q.  Est-ce qu'ils ont reçu une maison plus grande ou moins grande, est-ce

 13   que vous savez s'ils sont gagnants par rapport à la valeur ?

 14   R.  Ils ne se sont pas plaints du fait qu'ils auraient perdu quelque chose

 15   dans l'échange.

 16   Q.  D'après mes informations, ils ont reçu une maison bien plus grande que

 17   leur maison originale à Hrtkovci; est-ce exact ?

 18   R.  Parfois, ce que vous dites était exact.

 19   Q.  Puis le septième exemple c'est la pression à laquelle aurait été soumis

 20   Josip Bagi ?

 21   R.  Oui, Josip Bagi, mon beau-frère.

 22   Q.  Vous avez parlé de l'incident qui a eu lieu ?

 23   R.  Oui, je l'ai mentionné.

 24   Q.  Josip Bagi, est-ce qu'il est resté vivre à Hrtkovci ?

 25   R.  Encore aujourd'hui il vit à Hrtkovci.

 26   Q.  Le huitième homme qui a été soumis aux pressions, c'est vous, Aleksa

 27   Ejic; est-ce exact ?

 28   R.  Oui, c'est exact.


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  1   Q.  D'après vos connaissances, ce sont toutes les personnes de Hrtkovci sur

  2   lesquelles on exerçait une pression; est-ce exact ?

  3   R.  Pas tout à fait. Ce sont les personnes au sujet desquelles je sais.

  4   Q.  Au sujet desquelles vous savez que des pressions ont été exercées. Si

  5   vous étiez au courant de quelqu'un d'autre, vous auriez marqué d'autres

  6   noms, vous n'auriez pas passé cela sous silence.

  7   R.  Si quelqu'un m'a raconté quelque chose au sujet de quelqu'un d'autre,

  8   je ne peux pas être sûr si c'était exact ou pas. C'est la raison pour

  9   laquelle je n'ai pas encerclé d'autres noms. Mais s'agissant des autres, la

 10   plupart d'entre eux ont procédé à l'échange en raison de la pression

 11   psychologique.

 12   Q.  Mais la pression psychologique était créée par l'ambiance générale dans

 13   la société, n'est-ce pas ?

 14   R.  Je suis d'accord avec vous.

 15   Q.  Ce n'était pas les pressions directes, "soit tu pars, soit on te tue,"

 16   n'est-ce pas ? Vous êtes d'accord avec cela aussi ?

 17   R.  Oui, en partie.

 18   Q.  Est-ce qu'on peut dire alors que s'agissant de la population croate de

 19   Hrtkovci, une force organisée aurait procédé à l'attaque et qu'ils auraient

 20   quitté leurs maisons et leurs appartements en raison de cette attaque, et

 21   que c'est la raison pour laquelle ils ont fui ?

 22   R.  Si lorsque vous dites "force organisée," vous vous référez aussi à un

 23   groupe organisé de cinq, six citoyens, c'est comme ça que ça s'est passé.

 24   Q.  Est-ce que vous considérez qu'à Hrtkovci, un crime contre l'humanité a

 25   été commis contre les citoyens croates ? Est-ce que vous comprenez le terme

 26   crime contre l'humanité ?

 27   R.  D'après ce que je comprends, le "crime contre l'humanité," traitement

 28   inhumain, violence psychologique et physique.


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  1   Q.  Mais les conséquences doivent être horribles ? C'est quand même une

  2   question assez spécialisée, donc je ne vais pas insister là-dessus.

  3   Est-ce que vous considérez que, s'agissant d'un seul membre de la minorité

  4   croate de Hrtkovci ou qui que ce soit d'autre, une déportation a eu lieu ?

  5   Est-ce que vous savez ce qu'est une "déportation" ? Lorsque vous arrêtez

  6   quelqu'un, vous le placez en détention, ensuite vous le transférez quelque

  7   part comme si, en Allemagne, on arrête des Rom, et ensuite on les déporte

  8   en Serbie ? C'est ça la déportation. Est-ce que vous avez un seul cas de

  9   Croate qui aurait été déporté de la Serbie en Croatie ?

 10   R.  Je n'ai pas de telles informations.

 11   Q.  Est-ce que vous savez un seul cas du transfert forcé -- je vais vous

 12   expliquer la différence entre la déportation et cela. La déportation, c'est

 13   entre deux Etats et le transfert forcé, c'est au sein d'un même Etat. Est-

 14   ce que quelqu'un serait venu en disant, "Maintenant, tu dois te déplacer,

 15   déménager ailleurs en Serbie, à Belgrade" ou ailleurs, Novi Sad, est-ce que

 16   vous avez un seul cas de ce genre ?

 17   R.  J'ai l'exemple indiquant que Vukelja a dû partir, et c'est en raison

 18   d'une décision des Serbes.

 19   Q.  Oui, mais là il s'agit des réfugiés serbes. Je vous parle maintenant

 20   des Croates. Est-ce que vous connaissez un seul cas d'un Croate qui aurait

 21   été forcé à déménager ailleurs ?

 22   R.  Non, pas pour la déportation.

 23   Q.  Mais vous avez compris la différence entre la déportation et le

 24   transfert forcé, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, j'ai compris.

 26   Q.  Dites-moi simplement si vous êtes d'accord avec moi ou pas. De nombreux

 27   Croates se sentaient motivés pour procéder à l'échange des biens

 28   immobiliers. Une partie des raisons résidait dans le fait que la valeur de


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  1   la maison qu'ils allaient obtenir allait être plus grande. La deuxième

  2   raison c'est qu'ils considéraient que leur vie en Croatie allait être

  3   meilleure. Troisième raison, c'était les angoisses par rapport aux

  4   changements de situation sur le plan social et autres en Serbie en raison

  5   d'un grand flux de réfugiés qui étaient déjà arrivés en Serbie, donc leur

  6   futur n'était pas certain. La quatrième raison c'est que peut-être ils

  7   avaient vécu un incident plus ou moins sérieux. A chaque fois la police est

  8   intervenue, mais les gens considéraient qu'il valait mieux procéder à

  9   l'échange et ne pas s'exposer à plus de risques.

 10   Est-ce que j'ai bien cité les quatre raisons principales pour lesquelles

 11   les gens procédaient à l'échange des biens ?

 12   R.  Oui, vous avez énoncé les raisons principales.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien.

 14   J'ai alors terminé le contre-interrogatoire et, Monsieur Ejic, je souhaite

 15   dire publiquement que je n'ai pas de raison d'être mécontent de votre

 16   déposition. Si vous faites l'objet d'une quelconque réaction négative dans

 17   votre entourage, je considérerais qu'elle serait mal intentionnée. Si ceci

 18   devrait se produire, je le condamne en avance. C'est mon opinion

 19   personnelle et je suis sincère.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Je pense que vous êtes sincère.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Vous avez douté de ma sincérité ici, et moi-

 22   même je vous ai posé des questions. Nous sommes dans deux camps différents,

 23   mais vous êtes ici le témoin et c'est normal si vous avez douté de ma

 24   sincérité. Mais il n'y a pas de raison que vous me craigniez, car vous

 25   m'avez beaucoup aidé en fournissant un grand nombre de détails et surtout

 26   en m'aidant à identifier les personnes qui vous ont parlé des pressions, y

 27   compris les Serbes, pressions dont ils étaient victimes.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis venu ici pour dire la vérité et toute


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  1   la vérité, et c'est ma motivation de venir ici, rien d'autre. Bien sûr,

  2   politiquement, nous sommes différents, nous avons des opinions différentes

  3   politiques et sur la situation, et c'est effectivement la différence

  4   principale entre vous et moi.

  5   Questions de la Cour :

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Quelques questions de suivi. Je profite de votre

  7   présence pour essayer d'approfondir plusieurs points de l'acte d'accusation

  8   et notamment du mémoire préalable.

  9   Le Procureur et M. Seselj ont mis l'accent sur le discours que M. Seselj

 10   avait prononcé le 6 mai 1992. Mais en regardant l'acte d'accusation et le

 11   mémoire préalable, je me rends compte qu'il fallait remonter un petit peu

 12   dans le temps.

 13   Et d'après ce que dit le Procureur, c'est la thèse du Procureur, et la

 14   thèse du Procureur, évidemment, elle sera examinée à la loupe par les Juges

 15   lors du délibéré. Mais dans la thèse du Procureur, c'est de dire qu'il y a

 16   eu à l'automne 1991, c'est-à-dire avant le mai -- le mois de mai 1992, un

 17   discours que M. Seselj aurait prononcé à Subotica, en Vojvodine. Alors,

 18   dans votre mémoire, vous aviez entendu parler de ce discours ?

 19   R.  Monsieur le Président, malheureusement, je n'arrive pas à me souvenir

 20   de quoi que ce soit au sujet de ce discours.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon, très bien. Alors, pour le Procureur, ce point

 22   de départ est le point de départ de tout ce qui va se passer après. Alors

 23   dixit le Procureur dans ses écritures - c'est au paragraphe 126. Vous ne

 24   l'avez pas, mais faites-moi confiance, je vous lis ce qui est écrit - c'est

 25   qu'avec l'afflux des réfugiés serbes, il y a eu une campagne d'intimidation

 26   des non-Serbes et cette campagne se serait déroulée dans différentes

 27   communes de Vojvodine, et notamment dans votre localité.

 28   Alors, à votre connaissance, est-ce que d'autres personnes, peut-être


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  1   appartenant à votre parti que vous aviez rejoint, vous ont dit c'est

  2   partout comme ça, il y a des campagnes d'intimidation ou bien vous n'étiez

  3   au courant de rien ?

  4   R.  Je ne peux pas dire que je ne savais rien. Je savais qu'il y avait de

  5   telles histoires, et dans le parti, il y a eu des conversations disant que

  6   ce type de campagne était mené également. Mais je n'ai pas de connaissance

  7   directe personnelle. Je ne me suis pas trouvé présent quelque part.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous aviez entendu quelques échos, mais pas de

  9   connaissance directe.

 10   Alors le Procureur dit toujours, il dit ceci : il dit que des membres du

 11   Parti radical serbe de la municipalité de Sid, qui était le bastion du

 12   parti. Alors est-ce que d'après vous tous les membres du Parti radical

 13   serbe qui s'est constitué, on le sait, dans cette localité après, mais est-

 14   ce que vous saviez qu'ils étaient tous localisés à Sid, la plupart ?

 15   R.  Ce que je sais c'est que nous avions à Sid une organisation puissante,

 16   et une fois je me suis rendu à une réunion là-bas, donc le SPO était assez

 17   présent à Sid.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors le SPO était très présent à Sid. Mais, à

 19   votre connaissance, est-ce que les partisans de M. Seselj, enfin les --

 20   ceux qui pouvaient se réclamer de lui, étaient aussi en situation

 21   importante à Sid ou pas ?

 22   R.  Je ne sais pas. Je ne sais pas qu'ils aient été aussi importants.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Parce que pour le Procureur, c'est toujours au

 24   paragraphe 126, il dit que des membres du Parti radical serbe de Sid

 25   parcouraient les villes et les villages. Donc on a l'impression qu'il y a

 26   beaucoup de gens qui vont parcourir la campagne et les villes pour harceler

 27   et menacer les Croates. Alors si c'est vrai, enfin tel que c'est écrit,

 28   est-ce que vous avez eu des échos comme quoi - parce que les questions que


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  1   je vous pose on les posera également à des témoins, mais autant -- comme on

  2   a quelqu'un qui peut nous dire quelques éléments d'information, autant en

  3   profiter. Est-ce qu'à l'époque, vous saviez qu'il se passait dans des

  4   villes et des villages des campagnes d'harcèlement et

  5   d'intimidation ?

  6   R.  Si mes souvenirs sont bons, j'ai entendu dire que la presse en a parlé

  7   de ce type de situations, qu'il y avait des groupes qui faisaient cela.

  8   M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Donc uniquement au niveau de la presse. Sid est

  9   à combien de kilomètres de Hrtkovci, grosso modo ?

 10   R.  Environ 40 kilomètres.

 11   M. LE JUGE ANTONETTI : Quarante kilomètres. Et on a parlé des Hongrois qui

 12   étaient dans votre localité. La Hongrie, la frontière hongroise est à

 13   combien de kilomètres de Hrtkovci ?

 14   R.  Soixante kilomètres jusqu'à Novi Sad, Subotica, peut-être une centaine

 15   de kilomètres.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Les Croates qui étaient partis en Croatie et

 17   qui sont revenus après, car quand les événements se sont calmés, des

 18   Croates sont revenus, et vous nous avez dit qu'il y en a qui étaient

 19   revenu. Ceux qui sont revenus, vous avez discuté avec eux de tout ce qui

 20   s'était passé ?

 21   R.  Je ne comprends pas tout à fait la question. Sur ce qui s'est produit à

 22   Hrtkovci ou en Croatie ?

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais repréciser ma question. Il y a des Croates

 24   qui habitaient votre localité et qui sont -- au courant de l'année 1992,

 25   qui ont quitté cette localité pour aller en Croatie, peut-être à Zagreb ou

 26   ailleurs. Ils ont été en Croatie. Alors, soit dans le cadre d'un échange

 27   volontaire d'appartements, soit dans le cadre d'échange initié par X, Y ou

 28   Zagreb, donc ils sont partis en Croatie, puis quelques années plus tard, la


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  1   situation étant calme, ces gens-là reviennent. Ils reviennent, et j'ai cru

  2   comprendre que vous avez dit qu'il y en a qui sont revenus. Alors, ceux qui

  3   sont revenus, est-ce que vous avez discuté avec eux ?

  4   R.  Une personne âgée qui est décédée Justina Ilic. Elle était partie. Elle

  5   a échangé sa maison avec son époux. Puis, une fille est restée à Platicevo,

  6   après elle est revenue, donc la dame, elle s'est installée avec sa fille.

  7   Je connais ce cas-là. Et quand j'ai dit qu'il y en a eu qui sont partis et

  8   revenus, je voulais dire qu'ils étaient partis à l'étranger, ils s'étaient

  9   mis à l'abri et après ils sont revenus.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Mais moi ce qui m'intéresse, c'est les Croates qui

 11   ont été en Croatie, pas qui ont été à l'étranger, qui ont été en Croatie,

 12   et puis qui sont revenus, c'est ceux-là; il y en a eu ou il n'y en a pas eu

 13   ?

 14   R.  Je comprends votre question, je vous ai cité ce seul cas que je

 15   connais, cette dame âgée.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, cette dame âgée, vous avez discuté avec elle,

 17   vous avez parlé des événements ?

 18   R.  Il nous est arrivé d'échanger quelques mots, d'en parler. Elle m'a fait

 19   part de son mécontentement et de ses regrets d'être partie et d'avoir

 20   échangé sa maison. Parce que concrètement, je pense qu'elle a eu un échange

 21   dans une petite localité. Kula, me semble-t-il. Par rapport à Hrtkovci, ce

 22   n'était pas une localité qui est aussi bien.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Cet échange de maisons, on en a parlé avec d'autres

 24   témoins, mais il y a quelque chose qui n'est pas très clair dans mon

 25   esprit, et peut-être dans celui de mes collègues. On échange des maisons.

 26   Est-ce à dire qu'on se prête les maisons pendant quelque temps ou bien on

 27   devient propriétaire de la maison ? Mais si on est propriétaire, il faut

 28   qu'il y ait un acte notarié. Il faut qu'il y ait un acte. Alors comment ça


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  1   se passait ? Parce que vous avez eu des responsabilités municipales. Donc

  2   vous êtes quelqu'un qui sait beaucoup de choses, et vous nous l'avez

  3   démontré. Quelqu'un qui échange sa maison, le titre de propriété, comment

  4   ça s'est passé ?

  5   R.  Pour ce qui est de l'échange lui-même, la procédure, voilà comment cela

  6   se passait : les réfugiés, par téléphone souvent, se mettaient d'accord sur

  7   l'échange. Mais il y a eu des cas où des habitants de Hrtkovci se rendaient

  8   sur place pour vérifier tout d'abord avant d'échanger le bien. Il y a

  9   beaucoup d'exemples où par téléphone on se met d'accord, on se fait

 10   confiance l'un à l'autre, on se croit sur parole et c'est ce qu'on fait.

 11   Après on va à la municipalité de Ruma, au tribunal, on établit un acte

 12   officiel d'échange de maisons.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Donc on va à la municipalité ou au tribunal. C'est

 14   ce que j'ai cru entendre. Et à ce moment-là on fait un acte officiel

 15   d'échange; c'est ça que vous nous dites ?

 16   R.  Oui, vous avez raison, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Et je présume que les Croates qui vont à

 18   Zagreb, est-ce qu'ils font aussi un acte officiel pour échanger la maison

 19   serbe qui est vacante dans ce cadre, est-ce qu'il y a deux actes officiels

 20   des deux côtés ou il n'y en a qu'un ?

 21   R.  Au départ, je pense que pour un nombre de personnes ce n'était pas

 22   possible vu la guerre en Croatie de le faire là-bas également. Donc on

 23   s'est contenté de le faire uniquement en Serbie, et je suppose qu'en

 24   passant par des avocats, par la suite on a certifié ce document également

 25   en Croatie. Mais je sais que nombreuses sont les personnes qui ne s'y sont

 26   pas rendues pour le faire à cause des raisons de sécurité.

 27   M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez donné un petit détail qui est intéressant.

 28   Vous avez dit les personnes se téléphonent, s'entendent au téléphone, et


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  1   parfois il y en a qui viennent regarder sur les lieux comment est la

  2   maison.

  3   Alors il y a M. X qui est à Zagreb, par exemple, qui est Serbe, qui appelle

  4   M. Y, qui lui, est Croate à Hrtkovci, il dit : "Voilà, est-ce qu'on peut

  5   échanger nos maisons ?" Et ça se passe par téléphone, si j'ai bien compris.

  6   R.  Oui. Je connais le cas de Milan Fumic, c'est par téléphone qu'il a

  7   parlé au propriétaire actuel, Zunic, qui lui, à l'époque, était placé chez

  8   une parente ou chez des amis en Vojvodine. C'est ce que j'ai entendu dire

  9   de la bouche de Zunic également que c'est par téléphone qu'ils ont procédé

 10   à l'échange, qu'ils se sont entendus. Et Zunic Milan s'est rendu sur les

 11   lieux pour voir les biens, puis il est revenu et il a dressé un contrat à

 12   Ruma.

 13   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Et quand ceux qui arrivaient se rendaient

 14   compte qu'ils avaient une belle maison, et puis qu'en arrivant ils avaient

 15   une plus petite maison, comment ça se passait ?

 16   R.  Souvent les gens n'avaient pas le choix. Alors ils acceptaient ce qu'on

 17   leur offrait à ce moment-là, même s'ils n'étaient pas satisfaits de cela.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Aujourd'hui ?

 19   R.  Il y a eu l'inverse aussi, de l'autre côté.

 20   M. LE JUGE ANTONETTI : D'accord. J'avais une question à vous poser, mais

 21   j'ai vu M. Seselj lever le doigt.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'essaie d'apporter ma contribution à cet

 23   interrogatoire que vous menez et qui est vraiment de bonne qualité. Qui

 24   étaient ceux qui n'avaient pas le choix. Des Serbes chassés en Serbie ou

 25   des Croates qui échangeaient les biens avec ces Serbes expulsés ?

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Tout à l'heure vous avez dit, ça ne m'a pas échappé,

 27   vous avez -- on a l'impression qu'au départ, il y en a qui le font de

 28   manière tout à fait volontaire, et puis vous venez juste de dire qu'il y en


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  1   a qui n'avaient pas eu le choix.

  2   Alors les Serbes en Croatie -- parce que le problème c'est que nous, dans

  3   les éléments de preuve qu'on nous a amenés, la situation en Croatie on ne

  4   la connaît pas. On a quelques éléments, mais on ne sait pas exactement

  5   comment ça se passait - les Serbes en Croatie qui appelaient -- M. X, qui

  6   est en Croatie, il appelle M. Y chez vous à Hrtkovci. Quand M. X, qui est

  7   Serbe en Croatie, appelle, est-ce que lui, il appelle parce qu'il est forcé

  8   par les Croates ? Voilà, ça c'est important.

  9   R.  Oui, Monsieur le Président, c'est précisément à cause de cela, il est

 10   contraint à le faire, et aussi la situation concernant les habitants de

 11   Hrtkovci. Ils n'étaient pas toujours contraints et ils n'étaient pas en

 12   conflit avec la personne avec qui ils échangeaient la maison, mais c'est

 13   quelqu'un d'autre qui les forçait à faire ce qu'ils faisaient. Donc vous

 14   avez des exemples de part et d'autre. Bien sûr il y a plus d'exemples du

 15   côté croate --

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais retourner --

 17   R.  -- des Serbes de Croatie.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais retourner à votre hypothèse, l'accord

 19   Tudjman-Milosevic, qui pourrait peut-être expliquer certaines choses si

 20   c'est vrai. Je n'ai aucun élément mais tel Diogènes, j'essaie de trouver

 21   avec ma lanterne des explications.

 22   Les Serbes qui appellent, est-ce que ce sont eux qui ont appelé les

 23   premiers les Croates à Hrtkovci ou c'est le contraire, ce sont les Croates

 24   de Hrtkovci qui ont appelé les Serbes. D'après vous, qui a appelé en

 25   premier ?

 26   R.  D'après moi, les premiers échanges ont eu lieu, parfois non, pas parce

 27   qu'il y a eu l'arrivée en masse de réfugiés, mais lorsque les réfugiés sont

 28   arrivés de là où il n'y avait pas de guerre en Croatie, la Croatie ou


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  1   d'autres villes. Je pense que j'ai cité deux exemples, la famille Jogar

  2   avec Ulemek et les Udenko [phon] avec Sulan, ces deux familles-là. Parmi

  3   les premiers ils ont fait cet échange, donc c'était l'inverse. En Croatie,

  4   ils ont été contactés par quelqu'un qui leur a demandé de procéder à cet

  5   échange avec telle ou telle personne.

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Mais ça c'était avant les tensions. C'était

  7   avant, il y avait la paix, c'était calme, et là il y a eu des commencements

  8   d'échanges ?

  9   R.  Oui, c'est cela. Et ça a commencé au départ du côté croate. Des Serbes

 10   demandaient d'échanger des biens avec les Croates de Hrtkovci et d'autres

 11   localités, donc quand ils sont déjà arrivés ici. Ce n'est pas depuis la

 12   Croatie qu'ils contactaient les Croates de Hrtkovci ou d'ailleurs pour leur

 13   offrir cet échange. Ils étaient déjà arrivés en Serbie, dans différentes

 14   localités ou concrètement à Hrtkovci.

 15   Monsieur le Président, si je puis ajouter quelque chose au sujet de cette

 16   thèse que j'ai formulée. Un des arguments à l'appui de l'existence de ce

 17   plan :

 18   Lors d'un rassemblement de citoyens -- excusez-moi, lors d'une réunion, une

 19   conférence de presse, lorsqu'il y a eu visite de Margit Savovic, ministre

 20   des Droits de l'homme, j'ai souhaité assister à cela. Mais le Président

 21   Sibincic, qui a organisé ça à l'époque, a exigé que je sorte. Je suppose

 22   qu'il avait peur que je dise la vérité sur les événements de Hrtkovci. Elle

 23   était ministre des Droits de l'homme, mais en fait elle devait rencontrer

 24   les personnes menacées, non pas ceux qui menaçaient, et dans la pratique

 25   c'était le contraire. Et à la sortie, elle m'a demandé : "Monsieur Ejic,

 26   qu'avez-vous contre les réfugiés ?" Et j'ai répondu brièvement : "Madame,

 27   je n'ai rien contre les réfugiés, je n'ai jamais rien eu contre eux. Mais

 28   je suis contre leur comportement, à savoir ils incitent à la violence, des


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  1   gestes de violence, des menaces, je m'oppose à cela." Et je n'ai pas reçu

  2   de commentaire après ma réponse. Je m'attendais à ce qu'elle prenne contact

  3   avec moi après la réunion ou qu'elle demande que nous, qui donnions des

  4   déclarations pour la presse -- qu'elle ait une rencontre avec nous, qu'elle

  5   parle avec nous. Mais cela ne s'est pas passé. Ce qui étaye ma thèse qu'il

  6   y avait un accord avec les autorités pour agir ainsi.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Dernière question. La situation actuelle dans votre

  8   localité, est-ce que tout le monde est ami, est-ce que ça se passe bien,

  9   par exemple, avec M. Sibincic ? Le calme est revenu, tout le monde s'entend

 10   bien, et tout ça relève du passé ou bien il y a encore des problèmes non

 11   résolus, notamment la question des appartements de ceux qui sont partis,

 12   des échanges ? Quelle évaluation faites-vous ?

 13   R.  Monsieur le Président, actuellement on pourrait dire que la situation

 14   est normale. Le temps a passé, les gens qui étaient frustrés à l'époque et

 15   qui pensaient du mal des Croates et des Hongrois n'ont plus le même avis. A

 16   présent ils sont amis avec beaucoup d'entre eux. Moi aussi, je suis en bons

 17   termes avec la plupart des gens, à la différence des individus qui sont

 18   extrémistes. Mais c'est toujours un nombre insignifiant, des gens comme ça.

 19   J'ai pu gagner leur confiance, aussi à un moment j'ai été président du

 20   conseil de la commune locale pendant plus de quatre ans, pendant un mandat

 21   et demi. Et moi aussi, j'ai fait des choses pendant ce temps-là. J'ai

 22   permis qu'on ouvre une cité pour les réfugiés.

 23   A présent on pourrait dire en quelques mots que la situation est normale.

 24   Vous avez mentionné Ostoja Sibincic. Je suis désolé de devoir le dire, il

 25   est gravement malade. Ce qui lui est arrivé, c'est que les réfugiés le

 26   fuient, à la fois les réfugiés et les habitants du cru à cause de ce qu'il

 27   a fait.

 28   Donc de manière générale, la situation est normale. Maintenant, on a les


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  1   élections locales au niveau de la municipalité, avant on a eu ça pour la

  2   commune locale. Et le fait est que le pouvoir n'est plus entre les mains

  3   des radicaux, il y a un seul radical. Et les autres sont issus d'autres

  4   partis politiques. Cela nous montre que la situation est normale.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors une dernière question qui est un peu délicate,

  6   mais j'ai besoin de la poser, puisque vous êtes un élu, enfin, vous avez

  7   été élu. Vous êtes quelqu'un qui a une connaissance importante de tout ce

  8   qui s'est passé.

  9   D'après vous, quel est le sentiment d'un habitant de votre localité

 10   aujourd'hui, à l'égard de ce Tribunal ? Est-ce que c'est un sentiment de

 11   défiance, de confiance ? Quel est le sentiment des habitants de votre

 12   localité par rapport à ce Tribunal ?

 13   R.  Monsieur le Président, ce que j'en sais et ce que j'en pense, c'est que

 14   les gens sont divisés, et j'en juge sur la base d'un fait, parmi les

 15   accusés il y a eu des acquittement pour des crimes commis sur la population

 16   serbe. Et c'est la raison pour laquelle les avis sont partagés. Moi,

 17   personnellement, je fais confiance à ce Tribunal. C'est la raison pour

 18   laquelle je suis venu témoigner.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Merci pour cette réponse.

 20   Alors, je crois que mes collègues avaient des questions.

 21   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie.

 22   Monsieur Ejic, je n'ai qu'une question. J'aimerais savoir si vous savez si

 23   l'échange de propriétés entre les réfugiés venant de Croatie et les

 24   réfugiés venant de Hrtkovci était organisé par une institution quelconque,

 25   ou si cela s'est fait très spontanément peut-être par le biais de rumeurs,

 26   par le biais d'informations qui couraient entre les gens ou alors est-ce

 27   que les gens essayaient d'appeler, de contacter d'autres personnes à la fin

 28   de leur voyage, voir s'ils ne pouvaient pas contacter quelqu'un qui allait


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  1   quitter justement l'endroit vers lequel ils se dirigeaient ? Ça, ça serait

  2   une des possibilités. Mais j'aimerais savoir si, contrairement à cela, il y

  3   aurait eu en fait une organisation, donc une institution, qui aurait un peu

  4   servi de bourse d'échange.

  5   Comprenez-vous ma question ?

  6   R.  Oui, je comprends, Monsieur le Juge.

  7   Ce que j'en pense, c'est que la plupart des cas se sont produits

  8   spontanément. Mais de part et d'autre, j'ai appris qu'il y a eu des groupes

  9   qui se sont organisés de leur propre chef. Ils collectaient des

 10   informations sur des adresses, puis ils faisaient parvenir cela aux

 11   réfugiés d'un côté comme de l'autre pour les orienter vers les échanges. Je

 12   vous ai dit qui était la personne qui s'en est chargé dans notre village.

 13   En Croatie, je ne sais pas, mais d'après ce que je sais, ça a existé. Là-

 14   bas, on donnait les adresses des Serbes susceptibles de faire l'échange, on

 15   donnait cela pour les Croates de Vojvodine.

 16   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Ces groupes qui s'organisaient eux-

 17   mêmes, étaient-ils affiliés à une entité, à une entité quelconque ?

 18   R.  Je ne sais pas.

 19   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie.

 20   Mme LE JUGE LATTANZI : Monsieur le Témoin, il y a deux jours, vous vous

 21   êtes référé - toujours à propos de ces échanges - vous vous êtes référé à

 22   des contrats faux qui auraient été passés. Est-ce que vous pourriez nous

 23   donner un peu plus de détails sur les contrats. J'ai pas bien compris ce

 24   que vous vouliez dire par cela et par qui ils ont reçu les pressions pour

 25   faire ces contrats faux.

 26   R.  D'après ce que j'en sais, je pense qu'il s'agit de Rade Cakmak. Quant à

 27   savoir qui l'a encouragé à faire cela, je pense que c'est Ostoja Sibincic

 28   qui indiquait aux autres également de se comporter de la même façon. C'est


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  1   uniquement au moment où le véritable propriétaire faisait son apparition et

  2   engageait une procédure devant le tribunal qu'on a appris qu'il montrait à

  3   la police ces faux contrats, car la police n'est pas intervenue tant que le

  4   propriétaire véritable n'ait pas déposé une plainte auprès des tribunaux.

  5   C'est ce que j'en sais.

  6   Mme LE JUGE LATTANZI : Donc je n'ai pas encore très bien compris. Il y

  7   avait des contrats qui indiquaient des propriétaires qui étaient -- qui

  8   n'étaient pas les propriétaires qui ont pris possession de la maison ou --

  9   je n'ai pas bien compris. Qu'est-ce qu'on indiquait dans ces contrats ?

 10   R.  Je n'ai vu aucun contrat de ce genre, mais j'ai simplement entendu

 11   parler de cela. J'ai entendu lorsque Sibincic a dit ce qu'il fallait faire

 12   lors d'un rassemblement des citoyens. Après ce rassemblement, il l'a dit à

 13   un groupe de réfugiés. Il a dit, "Faites comme ceci. Par la suite, lorsque

 14   la police viendra, rien ne se passera. Vous y serez de façon légale." Donc

 15   je n'ai pas vu de contrat de ce genre, mais j'en ai simplement entendu

 16   parler. J'ai entendu dire que la police est intervenue seulement lorsque le

 17   vrai propriétaire est revenu de l'étranger, il a entamé une procédure en

 18   engageant la police.

 19   Mme LE JUGE LATTANZI : Donc si j'ai bien --

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas si vous me comprenez.

 21   Mme LE JUGE LATTANZI : Il y avait des Serbes qui arrivaient de Croatie qui

 22   recevaient des maisons, mais les propriétaires croates de ces maisons

 23   n'avaient pas donné leur libre consentement à passer la propriété de ces

 24   maisons. C'est comme ça que cela arrivait ?

 25   R.  Non, il ne s'agit pas du transfert de propriété, mais du droit à la

 26   résidence. Ils ont fait un contrat indiquant qu'ils auraient passé un

 27   accord avec le propriétaire qui leur cédait le bien pour utilisation

 28   temporaire.


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  1   M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai quelques connaissances en cette matière par mes

  2   fonctions antérieures. Ce que vous venez de dire, la situation elle est

  3   très simple.

  4   M. Sibincic dit aux réfugiés : Faites des contrats faux et comme ça vous

  5   aurez un titre pour occuper telle ou telle maison. Bon. Et ces gens-là font

  6   cela. Et donc quelqu'un leur donne des faux contrats, des fausses

  7   signatures et ils signent. Mais les véritables propriétaires ne sont pas au

  8   courant parce qu'ils sont certainement à l'étranger. Peut-être ils

  9   travaillent en Allemagne, à Milan. Et quand ils reviennent, ils découvrent

 10   que leur maison est occupée par des Serbes. A ce moment-là, ils se

 11   précipitent au commissariat de police pour dire, "Voilà ce qui s'est passé,

 12   notre maison est occupée." La police vient et à ce moment-là on découvre le

 13   pot aux roses.

 14   Est-ce bien comme cela que les choses se sont passées ?

 15   R.  Oui, exactement.

 16   M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai bien synthétisé le problème ?

 17   R.  Oui, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ANTONETTI : Alors tout le monde a bien compris.

 19   Bien. Alors, Monsieur Ferrara, des questions supplémentaires ?

 20   M. FERRARA : [interprétation] Non, non, je n'en ai pas besoin.

 21   M. LE JUGE ANTONETTI : Témoin, au nom de mes collègues, je tiens à vous

 22   remercier pour votre venue à La Haye à la demande du bureau du Procureur

 23   pour témoigner sur les événements qui se sont déroulés dans votre localité.

 24   Donc je vous remercie d'être venu et d'avoir témoigné, et je formule mes

 25   meilleurs vœux pour votre retour dans votre pays.

 26   Et je vais demander à Mme l'Huissier de bien vouloir vous

 27   raccompagner.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Avec votre


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  1   permission, je souhaite dire que je me suis délesté d'un grand fardeau,

  2   mais je dois dire que ce n'était pas facile.

  3   Au revoir.

  4   [Le témoin se retire]

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis ou Monsieur Ferrara, pour la semaine

  6   prochaine -- oui, alors -- le numéro. Oui, alors la Chambre a délibéré et

  7   va donner un numéro définitif. Et vous avez bien fait de me rappeler, je

  8   vous en remercie.

  9   Monsieur le Greffier, la fameuse pièce qui avait un numéro MFI qui était

 10   donc cet article du journal de Chicago, on va lui donner un numéro

 11   définitif, alors annoncez le numéro définitif.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Le numéro MFI au départ était P559, donc

 13   ce sera maintenant la pièce P559.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.

 15   Alors, pour la semaine prochaine, je ne donne pas de nom - on ne sait

 16   jamais - mais il y a VS-1133 qui est prévu. D'après le tableau du

 17   Procureur, il est prévu sur les trois jours et il y a un témoin VS-1134 qui

 18   sera prévu en 92 ter. C'est bien comme cela que tout est préparé, Monsieur

 19   Mundis ?

 20   M. MUNDIS : [interprétation] Oui, c'est exact, Monsieur le Président. En

 21   effet, il n'y aura pas d'autre modification ou d'ajout s'agissant de la

 22   semaine prochaine.

 23   [La Chambre de première instance se concerte]

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Pour 1133, vous aviez prévu combien de temps ? On a

 25   vu à l'expérience que, bon, deux heures ou trois heures ça nous fait

 26   quasiment trois jours. Vous avez prévu combien pour 1133, d'interrogatoire

 27   principal ? Je n'ai malheureusement pas la fiche sous les yeux, vous non

 28   plus peut-être.


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  1   M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que nous

  2   avions prévu deux heures et demie, 2,2 ou 2,5, je ne sais plus -- enfin

  3   deux heures ou deux heures et demie. Le récolement ne sera pas terminé

  4   avant lundi, donc il est un peu prématuré de vous donner une estimation

  5   revue à la hausse ou à la baisse. Mais nous avions prévu mardi, mercredi et

  6   jeudi pour 1133, jeudi si nécessaire.

  7   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Et puis donc on aura 1134 en 92 ter. Si

  8   M. Seselj ne veut pas contre-interroger, il ne contre-interrogera pas, mais

  9   c'est le droit absolu qu'il a et, à ce moment-là, il n'y a pas de -- il n'y

 10   a pas de problème. Nous savons quelle est la position des uns et des

 11   autres.

 12   Donc voilà.

 13   Monsieur Seselj, question administrative à aborder ?

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Seulement à l'égard du témoin suivant, ou

 15   plutôt les deux témoins suivants.

 16   J'ai lu les deux déclarations recueillies par le bureau du Procureur de La

 17   Haye avec ces témoins et je suis convaincu qu'aucun interrogatoire

 18   principal ne durera plus d'une heure ou peut-être une heure et demie, car

 19   tout simplement, d'après mon évaluation, il n'y aura pas tellement de

 20   questions. Donc je pense que les deux pourraient être interrogés de vive

 21   voix et qu'on accorde une heure pour chaque interrogatoire principal. Ça

 22   c'est si la bonne volonté existe. Sinon, c'est autre chose.

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Nous avons pris bonne note de ce que vous

 24   avez dit.

 25   Alors je rappelle, Monsieur Seselj, parce que vous l'avez dit à plusieurs

 26   fois et mon collègue, le Juge Harhoff, vous l'a rappelé, il ne faut pas que

 27   le public se méprenne sur les mesures dont vous faites l'objet. Je rappelle

 28   que le greffier a décidé de vous mettre sous écoute téléphonique. C'est


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  1   vrai, c'est pas contesté, c'est en vertu du Règlement et je vous ai dit ce

  2   que j'en pensais, mais c'est comme ça. Vous êtes mis sous écoute. Mais ce

  3   qui veut dire -- ce qui veut dire que vous pouvez téléphoner -- vous pouvez

  4   téléphoner à vos collaborateurs. Ça, il n'y aucun problème. Vous pouvez

  5   leur téléphoner. Maintenant, si vous ne voulez pas, c'est votre libre

  6   arbitre.

  7   Mais je crois que mon collègue veut dire quelque chose.

  8   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Oui, merci. Merci, Monsieur le

  9   Président.

 10   Voyez-vous, Monsieur Seselj, nous en avons parlé à plusieurs reprises de

 11   ceci. La question est la suivante, en tout cas c'est ainsi que je l'ai

 12   comprise : tant que vos collaborateurs à Belgrade ne seront pas disposés à

 13   communiquer les informations demandées au greffe demandées par M. le

 14   Greffier, tant que ceci ne sera pas fait, vos communications avec votre

 15   équipe à Belgrade resteront surveillées. Alors, si vous contrôlez votre

 16   équipe à Belgrade, il vous suffirait tout simplement de leur donner pour

 17   instruction de communiquer au greffier les informations demandées par

 18   celui-ci et la question serait résolue. Mais tant que vous ne ferez rien,

 19   la situation demeurera la même. J'ai donc du mal à accepter ce que vous

 20   nous dites, à savoir que vous subissez un préjudice, parce qu'en réalité

 21   vous avez le contrôle de la situation.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

 23   Juges, mes collaborateurs juridiques ont répondu à toutes les questions du

 24   greffe. Si le greffe n'est pas content de leurs réponses, c'est sans

 25   problème, mais ils ne lui répondront plus.

 26   Deuxièmement, je dois être en situation de pouvoir avoir des discussions

 27   délicates et sensibles avec mes collaborateurs et que l'on évalue ensemble

 28   si je vais présenter un fait lors du contre-interrogatoire ou pas. Ensuite,


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  1   j'ai les documents que je reçois par fax de leur part, je dois évaluer si

  2   quelque chose y est utile ou pas pour présélectionner, et non pas de faire

  3   en sorte que le greffe présélectionne et informe l'Accusation de quoi j'ai

  4   parlé et quels sont les documents que j'ai reçus. C'est la raison pour

  5   laquelle que je ne veux plus du tout leur parler du procès. Même si je leur

  6   ai parlé au téléphone, je leur demande quelle est l'impression du public

  7   sur la base des programmes télévisés. Si quelqu'un me pose des questions au

  8   sujet de ma défense, je le coupe et je ne le lui permets pas.  C'est mon

  9   droit, je ne permets pas que quelqu'un écoute mes conversations avec mes

 10   collaborateurs. Si quelqu'un le fait, j'arrête de parler et c'est ainsi que

 11   je l'empêche de m'écouter. Je n'ai pas d'autres moyens de l'empêcher si ce

 12   n'est d'arrêter de parler, alors il n'y aura rien à écouter.

 13   Mme LE JUGE LATTANZI : Je peux accepter que vous avez besoin de préparer

 14   votre défense en toute confidentialité. Ce que je ne peux pas accepter, que

 15   vous disiez que le greffe puisse donner les documents que vous recevriez au

 16   Procureur.

 17   M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, je me suis aperçu que vous aviez dit ça. Vous

 18   pensez que quand un document arrive, le greffier a le document et, tout de

 19   suite, il se précipite, donner le document au bureau du Procureur ? Moi,

 20   j'ai du mal à croire cela parce que s'il faisait cela, ça serait très grave

 21   et il pourrait se retrouver en prison. Donc moi, j'ai du mal à croire cela.

 22   Bon, vous, vous le pensez, mais moi, j'ai du mal à le croire. Vraiment, si

 23   vous avez la preuve, apportez-la, la preuve. Mais qu'on vous envoie un

 24   document et que le greffier -- pas lui parce qu'il est devant moi, mais que

 25   quelqu'un d'autre du greffe va dans les bureaux du Procureur donner le

 26   document en disant, "C'est M. Seselj qui reçoit ça, il faut regarder ça,"

 27   alors que les Juges ne le savent même pas, j'ai -- vraiment, j'ai du mal à

 28   le croire. Pour moi, ça serait l'étonnement de ma vie.


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  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, il y a quelques jours,

  2   je vous ai donné une information très importante et précieuse. L'ancien

  3   adjoint du greffier, David Tolbert, il y a deux, trois ans, est devenu

  4   l'adjoint du Procureur principal de Mme Carla Del Ponte. J'ai une nouvelle

  5   information tout à fait fraîche. J'ai appris avec 100 % de certitude - et

  6   vous pouvez vérifier avec David Tolbert - qu'il y a deux ou trois ans,

  7   David Tolbert avait rencontré Tomislav Nikolic aussi afin de s'entretenir à

  8   mon sujet et au sujet de mon procès. Veuillez le vérifier et demandez à

  9   David Tolbert de se prononcer s'il avait rencontré Tomislav Nikolic ou non

 10   et, si oui, pour quelles raisons.

 11   Maintenant, je fais l'objet d'un complot ici. J'ai été plus malmené par le

 12   greffe depuis les six, sept ans que par l'Accusation. Pendant sept ans, ils

 13   m'ont empêché d'avoir n'importe quel coup de fil, y compris avec ma

 14   famille, sous le prétexte qu'en 2004 mon parti a rapporté beaucoup de voix

 15   et il fallait empêcher ma prétendue participation au gouvernement de la

 16   Serbie. C'était dans la lettre de motivation de ces décisions du greffe,

 17   donc il ne me faut pas plus de preuves pour vous montrer que le greffe est

 18   contre moi, mais veuillez, s'il vous plaît, vérifier ce fait, vérifier si

 19   David Tolbert il y a deux trois ans a rencontré Tomislav Nikolic pour

 20   parler du procès contre moi. Si vous vérifiez cela, vous allez tout

 21   comprendre.

 22   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] C'est une question marginale. La

 23   question centrale était de savoir si vous étiez en mesure de résoudre vous-

 24   même toute cette question de surveillance des communications avec les

 25   membres de votre équipe à Belgrade.

 26   Je vous répète que le greffier leur a posé une question à laquelle ils

 27   n'ont pas apporté de réponse satisfaisante. La question, si vous voulez le

 28   savoir, qui a été posée est la suivante : l'un quelconque des membres de


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  1   votre équipe a-t-il été amené à participer à une conférence téléphonique

  2   qui aurait eu lieu entre vous et d'autres personnes avec lesquelles il n'y

  3   avait pas de lien téléphonique confidentiel entre le 4 janvier 2007 et le

  4   10 septembre 2008. C'était une question simple, mais les membres de votre

  5   équipe n'y ont pas répondu. Alors si vous leur demandez de fournir une

  6   réponse simple, "oui" ou "non," la situation sera résolue. C'est tout ce

  7   qu'il faut pour la résoudre.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Juge Harhoff, j'ai répondu à cette

  9   question posée par le greffe moi-même. Dans un mémoire écrit par ma propre

 10   main, j'ai dit que dans mes conversations téléphoniques privilégiées avec

 11   les collaborateurs juridiques, parfois suivant les besoins, y ont assisté

 12   les membres de l'équipe de ma Défense. L'équipe de ma Défense est

 13   constituée de l'équipe des conseils juridiques. Mis à part les trois

 14   enregistrés, je dispose de quelques autres juristes et de l'équipe des

 15   enquêteurs. Et en fonction de ce qui était à l'ordre du jour ici, certains

 16   enquêteurs assistaient aux conversations. Et j'ai confirmé que mis à part

 17   les conseillers juridiques, certaines autres personnes ont assisté aux

 18   conversations, mais j'insiste pour dire que seuls les membres de l'équipe

 19   chargée de ma Défense y ont assisté, et j'avais notifié le greffe de sa

 20   composition à temps. Comment voulez-vous que je me défende sans contact

 21   avec mes enquêteurs ? Comment est-ce que j'aurais pu donner l'ordre à mes

 22   enquêteurs de créer (expurgé)

 23   (expurgé) Ça c'est le

 24   fruit de leur travail effectué suite à mes instructions. Ils étaient ma

 25   main prolongée dans tout cela.

 26   Et vous pouvez évaluer l'efficacité de mes contre-interrogatoires aussi

 27   grâce au travail précieux de mes enquêteurs, et non pas seulement de mes

 28   conseillers juridiques, vous voyez que pour nous il n'y a pas de secret, il


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  1   n'y a rien qui reste non résolu.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : Pour être clair et qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, le

  3   problème résulte de deux facteurs, que je vais vous expliquer, et je vais

  4   aller lentement pour bien comprendre, parce que c'est très compliqué pour

  5   ceux qui n'ont pas été à l'origine dans cette affaire.

  6   On vous a reconnu le droit à assurer votre propre défense. Ce droit, bien

  7   entendu, implique que vous puissiez disposer de moyens pour l'enquête, car

  8   la Défense procède à sa propre enquête pour présenter ses moyens de preuve

  9   et pour préparer son contre-interrogatoire. Bien. Dans mon esprit -

 10   puisqu'à l'origine j'ai rendu une décision sur le financement de votre

 11   Défense - moi, dans mon esprit, vous aviez le droit d'avoir des contacts

 12   avec les personnes qui vont vous aider dans votre défense. Ça, c'était la

 13   position juridique.

 14   Est venu se greffer un autre élément, qui sont les pouvoirs propres du

 15   greffier, qui lui, dans la mesure où vos collaborateurs devaient avoir

 16   accès à la prison, et puis pouvaient être, le cas échéant, payés, à ce

 17   moment-là il a, de son propre chef, sans en référer au Juge de la mise en

 18   état, que j'étais à l'époque, décidé qu'il y aurait un accord de

 19   confidentialité dans le système du greffier.

 20   Et qu'on est maintenant dans la situation d'un choc entre le système

 21   administratif du greffier et la question des droits de la Défense, et ça

 22   c'est un problème important. Alors il y a -- vous avez plusieurs solutions

 23   pour le résoudre. Enfin, il y a plusieurs solutions que j'étale sur la

 24   table.

 25   La première, vous pouviez contester la décision auprès du Président dans le

 26   cadre du Règlement sur la détention qui vous permet de contester.

 27   Deuxièmement, vous pouvez faire une requête à la Chambre sur la question.

 28   La Chambre rendra une décision. Cette décision pourra être frappée d'appel.


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  1   Et là il peut y avoir des solutions. Donc voilà la situation telle qu'elle

  2   est.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, je vous rappelle que le

  4   Président du Tribunal a un double rôle; sur le plan judiciaire, en tant que

  5   Président du Tribunal qui préside aussi les Chambre d'appel ou en est

  6   membre; et puis il a un rôle administratif comme deuxième instance ici par

  7   rapport au greffe. Et j'affirme avec certitude qu'aucun organe

  8   administratif n'a le droit de m'empêcher dans l'exercice de mon droit à la

  9   défense ni le Président du Tribunal ni le greffe. Et je ne souhaite pas

 10   leur parler au sujet de mon droit à la défense.

 11   Je me suis plaint auprès d'eux car en m'a enlevé 250 euros et deux

 12   disquettes que j'ai reçues de la part de l'Accusation. Je me suis plaint à

 13   ce sujet-là, car c'est une question administrative. Mais la question de mon

 14   droit à la défense ne peut pas être une question administrative. Je

 15   m'adresse à vous en tant que Chambre de première instance.

 16   Dans mon système judiciaire, système de la Serbie dont je suis issu, une

 17   demande faite verbalement devant une Chambre de première instance a la même

 18   valeur qu'une demande par écrit, et je suppose que c'est la même chose

 19   ailleurs de le monde civilisé. Ce que je dis ici verbalement a la même

 20   valeur qu'un mémoire rédigé par écrit; peut-être avec moins de précisions

 21   et de détails, mais avec la même valeur. Je me suis adressé à vous.

 22   Si d'office vous êtes en mesure de résoudre ce problème, je m'attends à ce

 23   que vous le fassiez. Si vous n'êtes pas dans la possibilité de résoudre ce

 24   problème, le problème restera non résolu jusqu'à la fin, et je reste seul

 25   au monde, seul dans l'univers à me défendre.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : -- beaucoup plus clair. Je comprends maintenant,

 27   parce que ce n'était peut-être pas très clair qu'oralement vous saisissez

 28   la Chambre. Bon. Alors comme il s'agit d'un problème assez compliqué, il


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  1   vaudrait peut-être mieux faire ça par écrit. Mais oralement, vous avez la

  2   possibilité de saisir la Chambre et vous avez parfaitement raison. Je ne

  3   conteste pas l'analyse juridique que vous faites, mais le Procureur qui est

  4   aussi concerné peut aussi faire des observations orales ou par écrit sur ce

  5   problème qui est ultra simple, est-ce que le greffier peut entraver les

  6   droits de la défense en procédant à des écoutes téléphoniques et en ayant

  7   communication des pièces communiquées entre un accusé et ses collaborateurs

  8   dans le cadre de la "self" représentation ? Voilà le problème ultra-simple

  9   qui est posé. Maintenant la réponse est peut-être beaucoup plus compliquée.

 10   Alors, Monsieur Mundis, vous auriez l'intention de faire des écritures ou

 11   de répondre oralement ?

 12   M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je regarde le règlement

 13   applicable à la détention, je crois que la chose est tout à fait claire, en

 14   tout cas relativement claire, il doit être fait appel de la décision auprès

 15   du Président de ce Tribunal. Par conséquent, notre position est la suivante

 16   : la seule chose que pourrait faire la Chambre de première instance serait

 17   de renvoyer toute demande de l'accusé directement au Président afin que

 18   celui-ci tranche. Jusqu'à ce que l'on reçoive ce genre de demandes, il

 19   serait prématuré de faire figurer au compte rendu quelque position que ce

 20   soit. Je suppose que le greffier, dans une situation telle que celle-ci,

 21   souhaitera être entendu puisque c'est lui qui a pris cette décision au

 22   titre des différentes dispositions applicables. Par conséquent, à ce stade,

 23   je dirais que le Règlement en matière de détention est tout à fait clair,

 24   que c'est au Président de décider et que la Chambre de première instance

 25   n'a pas de pouvoir pour intervenir dans ce domaine, si ce n'est bien sûr

 26   pour renvoyer la question ou en tout cas l'appel ou la demande de l'accusé

 27   au Président afin que celui-ci prenne sa décision.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Dans le cas où la Chambre estimerait qu'elle est


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  1   compétente, qu'elle serait la position du Procureur ? Position orale ou

  2   écrite ?

  3   M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, notre position

  4   s'agissant de la conduite de l'accusé et de ses collaborateurs a déjà été

  5   exprimée de manière très claire. Si effectivement l'accusé dépose des

  6   écritures, nous nous adresserons à la Chambre de première instance, bien

  7   sûr, ou si vous renvoyez la question au Président, effectivement nous

  8   demanderons sans doute à déposer des écrits sur cette question directement

  9   au Président.

 10   Je n'ai pas grand-chose d'autre à ajouter à ce stade-ci, si ce n'est de

 11   dire que dans différentes écritures et dans différentes interventions

 12   orales nous avons exprimé notre position de manière assez claire, bien

 13   entendu, cette situation découle directement d'une faute de conduite de

 14   l'accusé et de ses collaborateurs et qu'il n'a pas les mains propres en la

 15   matière, il n'a pas de base pour se plaindre de la décision du greffe qui

 16   s'est fondé sur des éléments factuels pour se plaindre de cette conduite de

 17   l'accusé et de ses collaborateurs.

 18   Je ne sais pas si ceci met un terme à la discussion, Monsieur le Président.

 19   J'ai deux autres éléments que j'aimerais soulever avant de suspendre et je

 20   regarde l'heure qui tourne. Peut-être qu'il serait bon de faire une pause,

 21   ensuite de reprendre.

 22   M. LE JUGE ANTONETTI : Le temps que M. Seselj dise ce qu'il a à dire. Vous

 23   abordez vos questions et après on arrêtera l'audience.

 24   Monsieur Seselj.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Tout d'abord je voulais dire une chose,

 26   maintenant j'en dirai deux.

 27   S'agissant des mains sales, je pense que les mains les plus sales sont les

 28   mains de celui qui a pu inscrire dans l'acte d'accusation contre moi et le


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  1   mémoire préalable au procès que je prônais que l'on tue les enfants de

  2   mariages mixtes lors du rassemblement à Hrtkovci. Ça c'est pour les mains

  3   sales.

  4   Et je souhaite faire une objection à ce que dit l'Accusation lorsqu'elle

  5   indique que la Chambre de première instance n'est pas compétente pour

  6   résoudre ce problème. J'estime que la Chambre de première instance est

  7   compétente, car elle est la seule à garantir l'équité de la procédure et

  8   elle est la seule à garantir le droit à présenter ma défense et à avoir un

  9   procès équitable. La Chambre de première instance est celle qui défend les

 10   droit de qui que ce soit dans la procédure face à qui que ce soit, au

 11   greffe, au Président du Tribunal, aux gardes, à qui que ce soit. C'est la

 12   Chambre de première instance qui assure la protection de mon droit à la

 13   défense, car sans ce droit à la défense, il n'y a pas de procès équitable

 14   non plus.

 15   M. LE JUGE ANTONETTI : Très vite, les deux autres sujets.

 16   M. MUNDIS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 17    Le 23 septembre, Mme Dahl, ma consoeur, vous a dit que nous allions

 18   déposer une demande au titre de l'article 77 en ce qui concerne la

 19   publication du (expurgé) Il y a peu de temps - et ça

 20   se voit à la page 82 et page 83 du transcript - M. Seselj a fait des

 21   déclarations qui pourraient très bien l'incriminer. Donc nous considérons

 22   qu'il faut dire à M. Seselj de faire très attention en ce qui concerne ce

 23   livre, qui a publié ce livre, sachant que si le livre a été publié sous son

 24   autorité - nous voulons être très transparents - mais la déclaration qu'il

 25   a faite à propos de ce livre aujourd'hui pourrait très bien l'incriminer

 26   lui-même au titre de la demande de l'article 77 qui va être déposée plus

 27   tard dans la journée mais dont nous vous avons déjà averti le 23 septembre.

 28   Donc il faudrait l'avertir qu'il faut faire très attention. Tout ce qu'il


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  1   dit sur le compte rendu à propos de ce livre pourrait en fait se retourner

  2   contre lui.

  3   M. LE JUGE ANTONETTI : -- le livre, moi, je ne le connais pas. Je ne sais

  4   pas ce qu'il y a dans le livre, donc pour le moment on est dans le flou le

  5   plus total. Attendons de voir vos écritures.

  6   Deuxième point ?

  7   M. MUNDIS : [interprétation] C'est pour le compte rendu à nouveau, nous

  8   considérons qu'il faut aussi avertir l'accusé à propos de toutes les

  9   déclarations qu'il pourrait faire à propos de ce livre, à propos de la

 10   personne qui l'aurait écrite, la personne qui aurait surveillé aussi la

 11   compilation de ce livre, et cetera.

 12   Ensuite l'autre point porte sur Mme Tabeau, c'est ma consoeur, Mme Biersay,

 13   qui va vous en parler.

 14   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, moi, le livre je ne connais pas, je

 15   ne sais pas ce qu'il y dedans. Bon. M. Mundis a dit des choses importantes.

 16   Vous l'avez écouté. On ne va pas engager un débat, parce que c'est très

 17   difficile pour les Juges d'engager un débat sur un livre qu'on ne connaît

 18   pas, et on ne connaît pas le contenu. Donc le mieux c'est -- M. Mundis a

 19   dit ce qu'il avait à dire, c'est au transcript, vous savez ce qu'il a dit.

 20   Bon. Alors, Madame Biersay, il y a très longtemps qu'on ne vous a pas vue.

 21   J'ai plaisir à vous revoir.

 22   Mme BIERSAY : [interprétation] Je vous remercie.

 23   Bonjour à tous. Je suis ici pour parler de la déclaration de Mme Tabeau.

 24   Aujourd'hui, nous allons donner une lettre à l'accusé, nous lui avons

 25   déjà communiqué ses témoignages qui ont été faits dans sept affaires, nous

 26   avons encore sept [comme interprété] affaires dont il manque les comptes

 27   rendus, ce sera fini mardi. Je voulais que les Juges de la Chambre soient

 28   bien au courant de cela.


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  1   Ensuite, nous avons aussi communiqué à M.Seselj neuf rapports

  2   préalables rédigés par Mme Tabeau, et nous allons aussi lui donner la liste

  3   d'autres rapports et ainsi il pourra choisir ceux qui lui conviennent le

  4   mieux. Nous n'étions pas sûrs de devoir vraiment lui communiquer absolument

  5   tous les rapports même s'il y en avait qui n'étaient pas utiles, donc c'est

  6   pour ça que nous lui envoyons cette lettre pour qu'il nous dise s'il veut

  7   tous les rapports ou s'il ne veut que certains rapports.

  8   C'est ce dont je voulais vous mettre au courant.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'exige que tous les rapports me soient

 10   communiqués. Je compte sur l'amabilité du Procureur, à savoir qu'ils me

 11   renverront de nouveau les documents qu'ils m'avaient communiqués pour que

 12   je n'aie pas à rechercher dans les documents qui m'ont été mis sens dessus

 13   dessous par les gardes du Tribunal.

 14   Je les exige donc tous, ces rapports, parce que je vais contester la

 15   crédibilité d'Ewa Tabeau, et en particulier sa crédibilité pour ce qui est

 16   du rapport portant sur Srebrenica. Ma thèse est qu'elle contribue à créer

 17   un faux par rapport à la vérité de l'événement. Donc je contesterai sa

 18   crédibilité et son caractère d'expert.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Contestez très vite, parce que Mme Tabeau est prévue

 20   dans 15 jours, si je ne m'abuse. Donc la Chambre va prendre d'abord une

 21   décision pour savoir comment ça va se passer, viva voce ou contre-

 22   interrogatoire classique de la Défense après, sans interrogatoire principal

 23   et uniquement à partir de tous les rapports, mais il faudra que vous nous

 24   fassiez savoir très vite, Monsieur Seselj, sur quel point vous contestez.

 25   Bon, étant précisé, c'est vous qui avez abordé Srebrenica. Nous, on

 26   n'est pas saisis de Srebrenica, c'est un autre problème qui ne concerne pas

 27   la Chambre. Bien. Voilà, alors on attend également vos écritures.

 28   Il est l'heure de terminer, parce que je crois que la bande est


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  1   quasiment arrivée à expiration. Donc nous nous retrouverons la semaine

  2   prochaine. La semaine prochaine nous sommes d'après-midi, ce qui veut dire

  3   que nous nous retrouverons mardi à 14 heure 15.

  4   Je vous remercie.

  5   --- L'audience est levée à 12 heures 36 et reprendra le mardi, 14 octobre

  6   2008, à 14 heures 15.

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