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1 Le mercredi 15 octobre 2008
2 [Audience publique]
3 --- L'audience est ouverte à 14 heures 16.
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de
6 l'affaire, s'il vous plaît.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bon après-midi, Madame, Messieurs les
8 Juges. Il s'agit de l'affaire IT-03-67-T, le Procureur contre Vojislav
9 Seselj.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.
11 En ce mercredi, 15 octobre 2008, je salue Mme Dahl, M. Mussemeyer, ainsi
12 que leurs collaboratrices et ainsi que toutes les personnes qui assistent
13 le bureau du Procureur. Je salue également M. Seselj et je salue toutes les
14 personnes présentes dans cette salle d'audience, en pensant notamment aux
15 interprètes qui nous aident.
16 Nous allons donc introduire le témoin pour la suite du contre-
17 interrogatoire. Il me semble qu'il doit rester à M. Seselj une heure 30.
18 La juriste de la Chambre va vérifier cela.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai des problèmes d'écouteurs. Tantôt
20 j'entends l'interprétation en serbe, tantôt en anglais. Les canaux se
21 mélangent.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : On va vérifier.
23 Monsieur Seselj, vous entendez la traduction ?
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'entends maintenant. Tout à l'heure
25 j'entendais, puis ça s'interrompait en serbe et ça continuait en anglais,
26 comme si quelqu'un changeait de canal.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Maintenant ça doit marcher. Je disais donc que nous
28 allons poursuivre le contre-interrogatoire. J'indiquais que M. Seselj
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1 devait encore avoir une heure 30 de temps. On va introduire le témoin. Donc
2 je vais demander à M. l'Huissier d'aller chercher le témoin.
3 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. J'espère que vous avez passé une
5 bonne soirée. Comme vous le savez, votre contre-interrogatoire va se
6 poursuivre par les questions qui vont vous être posées par M. Seselj.
7 Bien. Monsieur Seselj, vous avez la parole.
8 LE TÉMOIN : FRANJA BARICEVIC [Reprise]
9 [Le témoin répond par l'interprète]
10 Contre-interrogatoire par M. Seselj : [Suite]
11 Q. [interprétation] Monsieur Baricevic, vous avez parlé hier d'un autocar
12 rempli d'Aigles blancs qui prétendument seraient venus à Hrtkovci de Sabac
13 avant le rassemblement. Puis vous avez dit qu'ils portaient des fusils. Des
14 fusils automatiques, c'est ça que vous vouliez dire ? Et vous avez dit
15 qu'ils portaient des vêtements différents et des chaussures différentes.
16 Donc personne n'avait un uniforme entier sur lui, mais des morceaux
17 d'uniforme ou de vêtements différents; ai-je bien compris ce que vous avez
18 dit ?
19 R. J'ai dit que l'autocar est venu rempli de personnes armées, et il a
20 bloqué la rue Savska, et j'ai dit également qu'ils sont partis au lieu de
21 rassemblement, et aussi qu'ils portaient non pas des uniformes comme
22 l'armée, mais des uniformes diversifiés. Et j'ai dit aussi qu'ils portaient
23 des fusils, des canons longs.
24 Q. C'est cette diversité qui m'intéresse. Qu'est-ce qu'ils portaient, des
25 parties différentes de vêtements militaires ou des vêtements civils ?
26 Qu'avaient-ils, s'agissait-il d'uniformes différents ?
27 R. La seule différence était dans les bottes.
28 Q. Ils portaient tous un même uniforme et des bottes différentes ?
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1 R. Oui, les uns portaient des chaussures, et les autres, des bottes.
2 Q. C'était la seule différence entre eux ?
3 R. La seule.
4 Q. Vous pouvez voir la même différence dans une caserne; certains soldats
5 portent des chaussures, et d'autres, des bottes. Qu'est-ce qu'il y a
6 d'étrange là-dedans ? Quels étaient ces uniformes diversifiés qu'ils
7 portaient ?
8 R. Je vous ai répondu. J'ai dit que les uns portaient des bottes, et les
9 autres, des chaussures, mais j'ai fait une comparaison avec l'armée. Les
10 soldats de l'armée sont tous chaussés et vêtus de la même manière.
11 Q. Peu importe pour le moment les chaussures et les bottes. Parlons des
12 uniformes. Vous avez dit que les uniformes étaient diversifiés, s'agissait-
13 il d'uniformes de camouflage multicolores ?
14 R. Non, j'ai déjà dit que c'était des uniformes noirs.
15 Q. Ils portaient tous des uniformes noirs ?
16 R. Oui.
17 Q. Quand est-ce qu'une quelconque formation aurait fait son apparition en
18 Serbie portant des uniformes noirs ? Comment se fait-il que personne ne
19 l'ait jamais remarqué, nulle part ?
20 R. Ce jour-là, ils sont venus vêtus ainsi que je viens de le dire.
21 Q. Quel était le parti politique qui avait formé les Aigles blancs en
22 Serbie ?
23 R. Je ne sais pas quel était le parti qui avait formé les Aigles, mais ces
24 gens-là sont venus vêtus ainsi.
25 Q. Et ils ont dit qu'ils étaient des Aigles blancs et qu'ils étaient
26 chargés de la sécurité de Seselj; est-ce exact ?
27 R. C'est ce qu'ils ont dit.
28 Q. Est-ce qu'ils ont alors assisté au rassemblement avec leurs fusils
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1 automatiques ?
2 R. Oui. Ils étaient dans le peuple.
3 Q. Est-ce qu'il y a jamais eu un quelconque rassemblement tenu en Serbie
4 auquel une cinquantaine d'hommes armés de fusils automatiques auraient
5 assisté ? Est-ce que ça a eu lieu où que ce soit ?
6 R. Je ne sais pas si un tel rassemblement a eu lieu quelque part, mais je
7 n'ai pas dit le nombre de 50 personnes. J'ai dit qu'un autocar était venu.
8 Q. D'habitude 50 personnes sont contenues dans un autocar. Peut-être ils
9 n'étaient pas 50, peut-être 30, ou 20, mais un autocar n'aurait pas
10 transporté cinq ou six personnes ? Pourquoi voulez-vous qu'un autocar se
11 déplace s'il ne s'agissait pas d'un nombre un peu plus élevé ? Vous savez,
12 ceux qui vous ont suggéré de déclarer ce que vous venez de dire ne vous ont
13 pas vraiment bien conseillé, n'est-ce pas, Monsieur Baricevic ?
14 R. Je ne saurais vous dire le nombre exact --
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Un instant, Monsieur le Témoin. Le Procureur se
16 lève, mais je sais à l'avance ce qu'il va dire.
17 Oui. Qu'alliez-vous dire, Monsieur Mussemeyer ?
18 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Je souhaite dire que M. Seselj devrait
19 s'abstenir de telles allégations, autrement dit, que nous mettons quelque
20 chose dans la bouche du témoin. Il sait exactement que nous avons procédé à
21 une séance de récolement avec le témoin, que nous passons en revue la
22 déclaration du témoin, et nous lui disons sans cesse que nous devons lui
23 dire la vérité, nous ne sommes pas là pour influencer le témoin, M. Seselj
24 le sait et il devrait s'abstenir de ce genre de commentaire.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, vous avez entendu M. Seselj
26 suggérer, entre guillemets, qu'on vous aurait dit de dire cela. Alors,
27 c'est vous qui le dites de vous-même ou quelqu'un vous a dit de le dire ?
28 Vous comprenez ce que je dis ? Non, alors je répète. Tout à l'heure, vous
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1 avez parlé des hommes qui étaient armés, qui étaient habillés en noir, qui
2 avaient des souliers ou des bottes et qui étaient présents pendant le
3 discours de M. Seselj. Bon. M. Seselj conteste, et il vous dit à un moment
4 donné qu'on vous a suggéré de dire ça. Le Procureur, il se lève en disant
5 que jamais le Procureur n'a suggéré quoi que ce soit. Alors moi, je
6 m'adresse à vous, quand vous dites cela, c'est vous qui le dites ou c'est
7 quelqu'un qui vous a dit de le dire ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne reçois pas l'interprétation.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : On va vérifier. Bien. Alors, je répète. Vous recevez
10 l'interprétation ? Bien. Alors --
11 LE TÉMOIN : [interprétation] J'entends.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Je reprends tout. Vous avez dit qu'il y avait 30 ou
13 50 personnes qui étaient armées, en noir, avec des bottes ou des souliers.
14 Et ils étaient présents pendant le discours de M. Seselj. M. Seselj
15 conteste cela et il vous l'a indiqué. Et à un moment donné, M. Seselj a dit
16 que ce que vous êtes en train de dire, c'est quelqu'un qui vous l'a
17 indiqué, vous l'a suggéré. Le Procureur s'est levé en disant que le
18 Procureur n'a jamais suggéré quoi que ce soit.
19 Alors ma question, elle est simple : quand vous dites cela, ça vient de
20 vous ou bien c'est quelqu'un qui vous a dit de le dire ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai dit hier qu'un
22 autocar s'était garé dans la rue Savska, autour de la maison numéro 7, et
23 ma maison est au numéro 19. Dans ma propre rue, j'ai vu cet autocar. Et
24 personne ne m'a persuadé de répondre ainsi.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Monsieur Seselj.
26 M. SESELJ : [interprétation]
27 Q. Cette fois-ci je n'accusais pas du tout l'Accusation, et M. Mussemeyer
28 réagit, je suppose, car il n'a pas la conscience tranquille, et non pas
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1 parce que je les aurais accusés réellement. Mais j'attire votre attention
2 sur le fait que nous avons déjà eu des cas de témoins croates qui ont
3 déposé dans ce procès et dans d'autres procès concernant lesquels il a été
4 constaté que le service de Renseignements croate les avait traités avant
5 leur déposition. Ceci a été prouvé dans certains cas. Donc ma question est
6 tout à fait appropriée.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Hier, M. Seselj vous avait posé la question, mais
8 moi, je vous la repose. Est-ce que les services de Renseignements croates
9 vous ont approché en vue de faire des déclarations devant ce Tribunal, ou
10 bien vous avez jamais rencontré les Services secrets croates ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, hier j'ai dit que les
12 personnes qui sont venues me voir m'ont posé simplement des questions au
13 sujet de l'événement me concernant. Ils n'ont pas fait de procès-verbal et
14 ils ne me disaient pas ce qu'il fallait dire. J'ai fait ma déclaration
15 alors que personne ne m'a rien dit.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Je me souviens bien qu'hier vous l'avez dit. Mais
17 ces deux personnes qui sont venues, enfin, ils étaient deux, je crois,
18 pourquoi sont-ils venus ? C'était pour vous dire bonjour, tout va bien ?
19 Pourquoi ils sont venus vous voir ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils ont demandé comment j'allais, si j'ai
21 trouvé une solution à ma situation et ils m'ont demandé comment ça s'est
22 passé sur la route entre Hrtkovci et Jaksic. Ma conversation avec eux était
23 très brève. Nous avons parlé plus du côté privé, de la question de savoir
24 quelle allait être la suite à donner, comment consolider la maison, comment
25 s'occuper des activités agricoles afin d'améliorer au plus vite ma
26 situation.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Mais ces deux personnes qui sont venues, ils ont dit
28 qu'ils appartenaient au ministère de l'Intérieur croate ? Qu'est-ce qu'ils
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1 vous ont dit, ils vous ont montré une carte d'identité ? Qu'est-ce qu'ils
2 vous ont dit ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils m'ont dit qu'ils étaient du bureau du
4 procureur militaire d'Osijek.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Du bureau du procureur militaire d'Osijek. Bon. Ça,
6 ils vous l'ont dit.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Et le procureur militaire d'Osijek s'occupe de
9 la reconstruction de votre maison ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ils m'ont demandé à quoi ressemblait ma
11 situation, ensuite nous avons commencé à avoir une conversation privée.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Monsieur Seselj, continuez.
13 M. SESELJ : [interprétation]
14 Q. Combien de kilomètres est-ce qu'il y a entre Slavonska Pozega et Osijek
15 ?
16 R. Quatre-vingt-dix.
17 Q. Pas un peu plus ?
18 R. Non.
19 Q. Ils sont venus d'Osijek à Slavonska Pozega afin de vous parler de la
20 façon dont vous avez voyagé de Hrtkovci à Slavonska Pozega et pour savoir
21 comment ça se passe sur le plan agricole ?
22 R. S'agissant du plan agricole, nous en avons parlé par la suite.
23 Q. Bien. Vous êtes allé en Croatie en traversant la Hongrie, n'est-ce pas,
24 c'était la seule manière, d'ailleurs. Vous êtes allé d'abord à Novi Sad,
25 ensuite via la Hongrie, vous êtes allé en Croatie; n'est-ce pas ?
26 R. Oui.
27 Q. Qu'est-ce qu'il y avait là-dessus qui pouvait intéresser les organes
28 militaires ou les organes de renseignement militaires ? Il n'y a rien.
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1 R. Qu'est-ce qu'ils ont demandé, je vous ai répondu.
2 Q. Vous connaissez Slavko Kulundzic ?
3 R. De Ruma ?
4 Q. De Ruma. Il travaillait pour le service de la Sûreté de l'Etat.
5 R. Oui.
6 Q. Vous le connaissez depuis des années ?
7 R. Oui.
8 Q. Vous le connaissez depuis quelle année ?
9 R. En 1992, je le connaissais depuis cinq ans à peu près.
10 Q. Vous le connaissiez depuis bien longtemps, n'est-ce pas ?
11 R. Non.
12 Q. Vous étiez son informateur à Hrtkovci, n'est-ce pas ?
13 R. Moi ?
14 Q. Oui.
15 R. Je n'étais informateur de personne.
16 Q. C'est ce que Slavko Kulundzic a dit lors de son entretien avec Nebojsa
17 Sarevic et Jelena Bozetalijin [phon], membres de l'équipe chargée de ma
18 défense. Et je vais vous dire ce qu'ils ont dit, et j'indique pour
19 l'Accusation qu'il s'agit de la page 384 de mon livre, que je vous ai
20 fourni il y a longtemps. Comme il a parlé des circonstances concrètes dont
21 il sera question tout à l'heure, mes collaborateurs disent : Vous avez donc
22 collaboré, le service de la Sûreté de l'Etat a collaboré avec lui, et si
23 j'ai bien compris" --
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Il y a une objection. Oui ?
25 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Avant, je souhaite me lever parce que M.
26 Seselj cite à partir de déclarations dont nous n'avons pas connaissance. Il
27 devrait communiquer ces déclarations à l'Accusation avant l'audience et ne
28 pas prendre par surprise toutes les personnes présentes.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai cru comprendre, mais je me trompe peut-être,
2 que la déclaration de ce M. Slavko Kulundzic a été incluse dans un livre
3 que vous avez publié.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation est au
5 courant de ce livre et c'est sur la base de ce livre qu'ils ont annoncé une
6 plainte au pénal contre moi et mes collaborateurs en raison de l'outrage
7 prétendu au Tribunal. Maintenant, ils ne connaissent pas le livre alors
8 qu'il y a 15 jours j'ai personnellement remis ce livre à l'Accusation.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Donnez-nous le titre du livre.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai peur que si je dis le livre, vous allez
11 immédiatement effacer cela du compte rendu d'audience ou bien on va passer
12 à huis clos, car vous connaissez le titre, (expurgé), et puis le
13 reste.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : L'affaire, d'accord. Bien.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] -- mais avec plaisir, moi, je veux bien vous
16 dire l'ensemble du titre, mais je ne souhaite pas que l'on passe à huis
17 clos.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : M. Slavko Kulundzic, qu'est-ce qu'il vous a dit qui
19 est dans le livre ? Comme le Procureur a le livre, il peut tout de suite
20 regarder.
21 Monsieur Mussemeyer, vous avez le livre. C'est dans le livre ?
22 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Mme Dahl vient de me dire que nous avons
23 ce livre qui fait 1 200 pages. Il est en B/C/S. Personne du côté de
24 l'Accusation n'est en mesure de le traduire en l'espace de 14 jours.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Le livre n'est pas traduit. Monsieur Seselj, ne
26 lisez pas tout le livre, mais dites simplement à partir de vos questions ce
27 qu'a dit ce M. Slavko Kulundzic.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, si le livre n'a pas été
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1 traduit, comment se fait-il qu'ils ont pu déposer leur requête au sujet de
2 l'outrage au Tribunal ? Donc quelqu'un leur a raconté le contenu du livre,
3 et sur la base de cela, ils tirent leur conclusion. Ce livre est sorti il y
4 a plus d'un an. Puisqu'ils ont préparé leur requête concernant l'outrage au
5 Tribunal, ce livre a certainement été traduit et correctement.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Madame Dahl.
7 Mme DAHL : [interprétation] Monsieur le Président, il y a eu différents
8 passages qui ont été traduits. Il s'agit de déclarations de témoins, mais
9 ce n'est pas juste de prendre par surprise ainsi l'Accusation et de
10 présenter différents extraits de cet ouvrage de
11 1 200 pages. J'estime que cela n'a pas lieu d'être.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Madame Dahl, si je comprends bien M. Seselj, à
13 partir de ce livre vous avez rédigé une requête. Donc vous avez dû
14 sélectionner des pages qui vous intéressaient. Peut-être aurait-il fallu
15 lire tout le livre. Voilà le problème. Alors comme ce livre n'est pas dans
16 le procès, M. Seselj peut dire qu'il y a quelqu'un qui a dit cela, puis le
17 témoin va dire "je conteste" ou pas.
18 Oui, Madame Dahl.
19 Mme DAHL : [interprétation] Monsieur le Président, je crois qu'il nous faut
20 aborder la question du livre à huis clos partiel pour me donner l'occasion
21 de répondre à ce qu'a dit, M. Seselj et compte tenu de vos propres
22 observations.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : On va passer à huis clos partiel.
24 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Juge, nous sommes
25 actuellement à huis clos partiel.
26 [Audience à huis clos partiel]
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22 [Audience publique]
23 M. SESELJ : [interprétation]
24 Q. M. Slavko Kulundzic dit explicitement que pendant plusieurs années vous
25 avez collaboré avec le service de Sûreté de l'Etat et qu'il était en
26 contact avec vous, que vous l'informiez de façon régulière au sujet de la
27 situation au village, ce qui s'est passé, ce que les gens disaient, et tout
28 le reste. C'est ce qui est affirmé par Slavko Kulundzic.
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1 R. Monsieur le Président, hier j'ai déclaré que moi et Dobrosav Markovic,
2 nous sommes allés au MUP de Ruma afin de demander de l'aide pour le
3 village, pour que Slavko Kulundzic nous aide. Si j'avais été son
4 informateur, au moins il m'aurait sauvé moi et Dobrosav, alors que moi et
5 Dobrosav, nous avons dû quitter le village. Ceci n'est pas vrai.
6 Q. En ce qui concerne votre arrivée à Ruma, il confirme que vous êtes
7 venu, mais il dit que c'était pour des raisons privées au SUP, à la police,
8 puis vous êtes passé le voir comme c'était le cas auparavant. Vous êtes
9 resté assis, vous avez pris un café avec lui, vous avez parlé et vous ne
10 vous êtes plaint de rien concrètement. Vous n'avez pas parlé de problème,
11 vous n'avez pas demandé son aide. Vous êtes venu faire quelque chose au
12 SUP, peut-être quelque chose concernant un passeport ou quelque chose de
13 semblable, et après vous êtes passé le voir presque comme un vieil ami.
14 C'est selon sa version à lui. Lui, je ne le connais pas. Vous, je vous ai
15 vu pour la première fois hier, mais je compare ici ce que vous dites et ce
16 que déclare Slavko Kulundzic.
17 Mais, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, j'aurais ici une
18 déclaration certifiée et signée par Slavko Kulundzic si on ne m'avait pas
19 coupé le contact avec mes collaborateurs; donc je suis forcé à m'appuyer
20 sur le livre. Sinon, j'ai des documents qui font l'objet du livre et que
21 mes collaborateurs auraient envoyés dans leur forme originale. Mais je dois
22 m'appuyer sur le livre.
23 Est-ce que c'est exact, Monsieur Baricevic ?
24 R. Ce n'est pas exact.
25 Q. C'est ce qu'il a dit ?
26 R. J'ai fait ma déclaration en 1992, avant votre livre, et je ne savais
27 pas que Slavko allait déclarer cela. J'ai fait ma déclaration.
28 Q. A qui vous l'avez donnée en 1992 ?
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mussemeyer.
2 M. MUSSEMEYER: [interprétation] Pour le compte rendu, M. Seselj peut
3 contacter ses collaborateurs. Il le peut mais il n'utilise pas cette
4 utilisation. Donc il ne s'en sert pas. C'est tout. Il faut le corriger
5 quand même parce qu'il y a le droit.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : A la question posée par M. Seselj, vous répondez, je
7 n'étais pas l'informateur de cette personne.
8 Continuez, Monsieur Seselj.
9 M. SESELJ : [interprétation]
10 Q. Slavko Kulundzic affirme, puisqu'il était venu au rassemblement lui-
11 même, qu'il y avait beaucoup de policiers là-bas sur place. Il dit qu'aucun
12 autocar n'est arrivé de Sabac avec des Aigles blancs et qu'il n'y avait pas
13 d'Aigles blancs en uniforme noir. Il affirme également personne en arme
14 n'était présent pendant le rassemblement. Alors comment réagissez-vous à
15 cela ?
16 R. J'ai dit que ceci n'est pas la vérité. Pour ce qui est du délateur, ce
17 n'est pas vrai non plus, car je peux préciser où était garé l'autocar, et
18 tout ça.
19 Q. Mais ça ne nous intéresse pas où il était garé. Ce qui nous intéresse
20 c'est de savoir si des Aigles blancs en uniforme noir sont arrivés pour
21 assurer ma sécurité. C'est ça qui m'intéresse et non pas où était garé
22 l'autocar. Qui sait, on aurait pu garer cet autocar une semaine plus tôt.
23 Ce n'est pas ça qui m'intéresse. L'autocar de Sabac, avec un groupe
24 d'Aigles blancs, d'après l'affirmation de Slavko Kulunjic, n'est pas arrivé
25 à Hrtkovci. Il dit que si cela s'était produit, la police aurait pris les
26 mesures qui s'imposaient. Ce n'était pas possible que cela passe inaperçu.
27 R. Il y avait, rue Savska, un autocar, devant le numéro 7. Ces gens sont
28 descendus de cet autocar, et je n'arrête pas de dire la même chose.
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1 Q. Slavko Kulundzic affirme par la suite que je n'ai donné lecture
2 d'aucune liste lors de ce rassemblement. Comment réagissez-vous à cela ?
3 R. Slavko Kulundzic est libre d'affirmer ce qu'il souhaite.
4 Q. Slavko Kulundzic a informé d'office ses supérieurs des événements
5 pendant le rassemblement. Que ce soit à ce moment-là ou aujourd'hui, il n'a
6 entendu que je n'ai donné lecture d'une liste. Est-ce que vous pensez qu'il
7 a une raison de mentir ?
8 R. Mais alors, pourquoi est-ce qu'il m'a dit à Ruma que ceux qui sont
9 obligés de partir partent ?
10 Q. Mais Slavko Kulundzic ne vous a jamais dit une telle chose.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, on va passer quelques instants
12 à huis clos.
13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos
14 partiel.
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1 [Audience publique]
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur Seselj, continuez.
3 M. SESELJ : [interprétation]
4 Q. Slavko Kulundzic affirme que vous ne vous êtes pas plaint auprès de
5 lui, que vous n'avez pas non plus dit que vous alliez partir de Hrtkovci.
6 D'après lui, il n'y avait pas de raison à cela. Vous ne lui avez jamais
7 évoqué de pressions évoquées sur vous ou sur des membres de votre famille.
8 Vous n'avez jamais mentionné le fait qu'on vous aurait malmené. Et il dit
9 qu'au bout de toutes ces années de coopération, vous étiez devenus amis et
10 que même à titre personnel vous lui avez fait la plomberie dans sa maison;
11 c'est vrai ?
12 R. Monsieur le Juge, ce que dit Slavko quand il dit que je ne suis pas
13 venu demander de l'aide, ça, ce n'est pas vrai. Maintenant, que je suis
14 venu réparer un robinet, ça c'est vrai, un robinet chez lui.
15 Q. Il dit qu'il a été très content de votre coopération et qu'il lui est
16 arrivé aussi de vous venir en aide de temps à autre. Certes, il ne dit pas
17 ce qu'il a fait pour vous par la suite.
18 R. Il ne m'a aidé aucunement.
19 Q. Très bien, mais c'est ce qu'il dit. Ne passons plus de temps sur ce que
20 dit Slavko Kulundzic. Sa déclaration est très intéressante, cependant, et
21 j'espère qu'il viendra déposer ici en tant que témoin de la Défense, si
22 jamais il y a présentation des moyens de la Défense.
23 Vous avez dit dans votre déclaration, que j'ai donné lecture d'une liste
24 pendant ce rassemblement. Alors, est-ce qu'il y a, ne serait-ce qu'un seul
25 homme en Serbie qui m'aurait vu lors d'un rassemblement public, donner
26 lecture de quelque chose ? Mais ne suis-je pas connu comme homme politique
27 qui parle toujours de tête, à chaque fois qu'il s'exprime publiquement, à
28 moins que ce soit au parlement, où je dois commenter des textes de loi.
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1 Est-ce que vous avez vu cela à la télévision ?
2 R. Le peuple a entendu qui étaient ceux qui devaient partir. Quant à
3 savoir si c'était lu ou si c'était venu de tête, c'est venu de votre
4 bouche.
5 Q. Mais la population a entendu la liste des personnes qui étaient déjà
6 parties de Hrtkovci et qui s'étaient présentées à la garde de Tudjman,
7 l'armée croate, et ce sont les noms qui ont été communiqués par Zilic, qui
8 était le président du comité municipal. Par la suite, on n'a donné lecture
9 d'aucuns noms, et dans mon discours, quant à lui, il n'y a eu aucun nom de
10 prononcé pour ce qui est de la population locale; c'est bien cela ?
11 R. Non, ce n'est pas cela.
12 Q. Aleksa Ejic, est-ce qu'il a créé le Parti radical serbe de Hrtkovci ?
13 R. Nous avons dit qu'il n'en était pas ainsi.
14 Q. Vous avez dit que si. Mais je voudrais vérifier que depuis hier soir,
15 vous n'avez rien changé. Vous avez dit que si, c'est ce qui figure dans
16 votre déclaration. Vous l'avez confirmé hier pendant l'interrogatoire
17 principal, pendant le contre-interrogatoire. Maintenant, je vois que vous
18 avez mémorisé que tel n'était pas le cas. Ce n'était pas vrai. Je voulais
19 juste vérifier.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Procureur.
21 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Nous avons encore cette histoire de
22 membres appartenant au parti. Hier, je mentionnais dans nos notes de
23 récolement et je tenais à dire qu'il y avait des corrections qui avaient
24 été apportées par le témoin. Donc M. Seselj revient sur un problème qui a
25 déjà été abordé hier. Je voulais juste que vous le sachiez.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Nous le savions.
27 Bien. Continuez, Monsieur Seselj.
28 M. SESELJ : [interprétation]
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1 Q. Vous avez dit que cette liste de noms de personnes à chasser m'a été
2 donnée par Ostoja Sibincic et d'autres membres du Parti radical serbe, et
3 vous avez déclaré que vous en étiez certain. J'aimerais savoir ce qui vous
4 permet d'en être certain.
5 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Je ne voulais pas soulever des
6 objections tout le temps, mais M. Seselj devrait tenir des propos corrects.
7 Le témoin n'a pas -- je ne le retrouve plus à l'écran. Le témoin n'a pas
8 dit qu'Ostoja Sibincic avait donné une liste. Il a dit qu'il pensait
9 qu'Ostoja Sibincic avait contacté M. Seselj pour lui donner la liste. Il
10 n'a pas dit de but en blanc que M. Ostojic lui avait donné la liste.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Monsieur Seselj, le témoin n'a pas dit que M.
12 Sibincic vous avait donné la liste. Il pensait. C'était une hypothèse, mais
13 il n'en était pas sûr.
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce n'est pas exact. J'ai pris note ici que le
15 témoin a déclaré qu'il était certain de cela, que cette liste m'a été
16 remise par Ostoja Sibincic et d'autres membres. C'est ce que le témoin a
17 déclaré dans ce témoignage ici. Il n'a pas dit qu'il pensait. Il a dit
18 qu'il en était certain. Vérifiez dans le compte rendu d'audience. C'est ce
19 qu'il a déclaré avant de dire qu'il n'a pas vu que j'ai sorti une liste de
20 ma poche.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : On va éclaircir tout cela tout de suite. Monsieur le
22 Témoin, vous pensiez, vous en étiez certain, vous l'avez vu donner ?
23 Redites-nous ce que vous nous avez dit.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai dit que je pensais que la direction, avec
25 Sibincic à leur tête, a donné une liste de personnes qui devaient quitter
26 Hrtkovci.
27 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Pour peut-être nous aider, j'ai retrouvé
28 la citation du compte rendu d'hier. C'est le Juge Antonetti qui a posé la
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1 question, à la page 10 623, ligne 1, vous dites : "Vous dites donc la
2 vérité. Cela veut dire qu'avant de faire son discours, M. Seselj a parlé
3 avec les dirigeants et les dirigeants lui ont donné la liste." Ensuite, il
4 y a encore des phrases qui sont moins importantes. La réponse du témoin est
5 la suivante : "J'aimerais vous dire quelque chose, Ostoja Sibincic est le
6 bras droit de Seselj. Il le contactait très certainement tous les jours
7 pour lui dire ce qui se passait dans le village."
8 Donc le témoin a dit "très certainement", mais ça veut dire qu'il n'était
9 pas sûr à 100 % puisqu'il dit "très certainement".
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je pense que M. Mussemeyer aurait dû nous
11 donner lecture également de ce qui à son avis n'est pas important, car
12 c'est là que réside la première réponse à votre question, Monsieur le
13 Président, et c'est ce qu'il a lu est uniquement la suite.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mussemeyer, ce qui n'était pas important
15 pour vous c'est -- parce que je n'ai pas de transcrit sous les yeux, mais
16 je vous fais confiance. Dites-moi ce qu'il y a.
17 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Je ne peux pas le résumer parce que je le
18 vois aussi pour la première fois, parce que j'ai utilisé la fonction
19 recherche sur le logiciel. J'ai lu la phrase qui finit par "les dirigeants
20 lui ont donné la liste." Ensuite : "Il ne connaissait absolument personne
21 dans le village. C'était la première fois qu'il mettait les pieds dans ce
22 village et de mémoire il a réussi à dire cinq à dix noms. Ça signifie qu'il
23 aurait appris cinq à dix noms par cœur, afin qu'il puisse les dire au fil
24 de son discours. Parce que dans le discours que j'ai, il a mentionné un
25 grand nombre de personnes, mais des personnes qui n'avaient rien affaire
26 avec le village. Par exemple, il a cité les membres de la Ligue des
27 Communistes, Vuk Draskovic, Travo Masilevic [phon], Zoran Djindjic, Kosta
28 Kovarci, Nikola Milosevic. Il a cité un grand nombre de noms, donc il est
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1 très bon pour citer les noms de personnes qu'il connaît pour des raisons
2 politiques bien sûr, mais il ne connaissait pas les noms des villageois au
3 départ. Ce qui signifie que si vous dites la vérité, il a appris ces cinq à
4 dix noms par cœur pour les dire au cours de son discours au fil de l'eau."
5 Ça, c'est la question du Juge Antonetti. La réponse je vous l'ai déjà
6 lue. Je peux la répéter si vous le voulez. Voulez-vous que je répète la
7 réponse ?
8 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro] -- aviez dit déjà.
9 Monsieur Seselj, continuez.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Entendu.
11 M. SESELJ : [interprétation]
12 Q. Qu'est-ce qui vous permet de savoir qu'Ostoja Sibincic était mon bras
13 droit, et que tous les jours on était en contact ?
14 R. Ostoja Sibincic, de la manière dont il se comportait dans le village,
15 c'était comme s'il était tout-puissant. Il distribuait des adresses des
16 gens qui --
17 Q. Mais ce n'est pas la question que je vous pose. Je vous demande ce qui
18 vous permet de dire qu'il était mon bras droit et qu'il était en contact
19 avec moi tous les jours ? Je ne veux pas savoir ce qu'il faisait, ça ne
20 m'intéresse pas.
21 R. C'est ma supposition. Je suppose que rien n'aurait surpris personne de
22 sa part.
23 Q. Zvonko Paulic, est-ce que vous savez qui c'est ?
24 R. Oui, je sais.
25 Q. Qui est-ce ?
26 R. C'est un neveu à moi.
27 Q. Il travaille au ministère de l'Intérieur de la République de Croatie à
28 Zagreb ?
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1 R. Non.
2 Q. Où travaille-t-il ?
3 R. Dans l'entreprise Koncar.
4 Q. Mais il a travaillé à un moment donné au ministère de l'Intérieur ?
5 R. A Kamenica.
6 Q. Non. C'est là qu'il a fait l'école secondaire du ministère de
7 l'Intérieur à Kamenica, et après il est parti en Croatie et il a travaillé
8 au MUP de Croatie.
9 R. Non, il a eu un emploi dans une entreprise, la fabrique d'équipement de
10 chauffage.
11 Q. Vous en êtes certain ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous avez dit que quand vous êtes arrivé à Jaksic vous avez échangé une
14 maison là-bas ?
15 R. Oui.
16 Q. Vous avez dit que la maison que vous avez obtenue grâce à cet échange
17 avait été brûlée ?
18 R. Oui, la maison et l'étable.
19 Q. Mais comment est-ce qu'elle a brûlé, cette maison ?
20 R. Il y avait une partie de la toiture qui a brûlé sur cette maison, de
21 face il n'y avait pas de fenêtres, il y a eu un projectile de Zolja qui est
22 rentré par là, on a fixé des planches là; et le toit a brûlé sur l'étable.
23 Q. Donc la maison n'a pas brûlé, elle était endommagée; c'est bien ça ?
24 R. La maison n'était pas habitable.
25 Q. La maison n'était pas habitable parce qu'il y avait des Serbes qui y
26 vivaient. Ces Serbes, on les malmenait sans arrêt, on les a forcés à
27 déménager en Serbie; c'est bien ça ?
28 R. Je ne sais pas qui les a forcés, mais je sais dans quel état était la
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1 maison.
2 Q. Vous saurez très bien qui les a forcés à faire cela. Cette maison
3 appartenait à Desanka Milosavljevic; c'est bien ça ? Et à son époux
4 Stjepanovic; c'est bien ça ?
5 R. Son époux Branko.
6 Q. Branko Stjepanovic et Desanka Milosavljevic, même s'ils étaient mariés
7 ils ont gardé chacun leur nom de famille; c'est bien ça ? Il en est ainsi ?
8 R. Milosavljevic Branko, oui c'est ça.
9 Q. C'étaient des Serbes -- à Slavonska Pozega, est-ce qu'il y a jamais eu
10 la guerre là-bas ?
11 R. Depuis mon arrivée ou vous voulez savoir avant que je n'arrive ?
12 Q. A partir de 1990, avant vous, est-ce qu'il y a eu la guerre ?
13 R. Ça je ne sais pas, mais depuis le moment où je suis arrivé, je sais que
14 quelques bombes sont tombées.
15 Q. Dans des cours serbes sur des maisons serbes pour faire partir les
16 Serbes au plus vite. Est-ce que vous savez que 28 villages serbes autour de
17 Slavonska Pozega ont été vidés de force ? Est-ce que vous le savez, 28
18 villages ?
19 R. Je sais qu'il y a des gens qui sont partis et je sais que cette maison
20 que j'ai eue en échange n'était pas habitable.
21 Q. Premièrement, votre maison était habitable, et les autorités croates,
22 dès que vous avez terminé cet échange, vous ont réparé la maison sans que
23 vous ayez à en supporter les frais.
24 R. Non, ce n'est pas ça.
25 Q. [aucune interprétation]
26 R. J'ai dit hier qu'ils m'ont aidé sous forme d'un petit crédit avec
27 deux garants. Ça m'a permis de placer un toit pour recouvrir la maison.
28 Q. Mais c'était ça la méthodologie : comme vous, vous n'avez jamais eu de
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1 harcèlement à Hrtkovci, et comme vous aviez des amis à Slavonska Pozega,
2 c'est là que vous vous êtes rendu, et là-bas on malmenait les Serbes à ce
3 moment-là. Vous avez choisi la maison qui vous plaisait et vous avez lancé
4 une opération pour obtenir cette maison. Comme Desanka Milosavljevic l'a
5 déclaré à mes collaborateurs, je pense que son époux est décédé entre-
6 temps, leur maison a été touchée sept ou huit fois, leur étable a été
7 incendiée. Ils incendiaient à plusieurs endroits et ils prétendaient
8 éteindre le feu à un endroit et ils coupaient le téléphone. C'étaient des
9 pressions exercées sur les Serbes du cru pour qu'ils partent au plus vite.
10 Une fois que cela s'est produit, au bout de deux ou trois jours, vous êtes
11 arrivé, vous êtes venu les voir à la maison et vous avez évoqué l'échange.
12 Desanka Milosaljevic vous a demandé pourquoi vous vouliez quitter Hrtkovci,
13 et en réponse vous avez dit que vous étiez harcelé par téléphone. C'est
14 bien ça, vous vous en souvenez ?
15 R. Je ne sais pas comment j'aurais pu trouver agréable une maison
16 incendiée en échange de deux maisons, une plus récente, une plus ancienne.
17 Quel type d'homme devrais-je être pour accepter cela sans être contraint à
18 le faire ?
19 M. LE JUGE ANTONETTI : M. Seselj a fait une enquête, et il apparaît que les
20 gens avec qui vous avez échangé votre maison disent que vous êtes venu les
21 voir. Ça c'est important, alors, ils mentent ou c'est vous qui mentez.
22 Parce que ça, c'est un élément très important. Si eux ils disent que vous
23 êtes venu et que vous, vous dites : Je ne suis pas venu. Donc ça peut être
24 eux qui mentent ou vous. Mais il y en a un des deux qui ment.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, j'ai déclaré hier que M.
26 Spasojevic est venu me voir chez moi et il a choisi une maison pour Branko.
27 Deux jours plus tard, la fille de Branko est venue me voir chez moi, à ma
28 maison, elle avait une Lada. Elle a amené son fils. La Lada avait une
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1 plaque d'immatriculation de Banja Luka, et il y avait deux civils en armes.
2 J'ai reçu une adresse à ce moment-là et je suis parti pour Pozega. Et quand
3 j'ai vu, je l'ai déclaré hier, je me suis dit qu'il faut prendre ce qu'on
4 peut prendre, parce que si je n'allais pas prendre ça, j'allais me
5 retrouver sans rien. Alors j'ai fait un contrat.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous reconnaissez que vous avez été, vous avez vu,
7 mais vous avez pris parce que sinon vous n'aviez rien. Bon. Continuez.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout d'abord, elle est venue dans ma maison,
9 ma maison était habitable. Je n'avais pas plus de maison, ils allaient
10 s'installer dans ma maison, là-bas, je ne pourrais pas vivre, j'allais tout
11 perdre.
12 M. SESELJ : [interprétation]
13 Q. Stjepanovic-Milosaljevic, cette famille-là n'a absolument pas vu votre
14 famille de Hrtkovci quand vous avez signé ce contrat d'échange, n'est-ce
15 pas ? Ils ne savaient absolument pas où ils allaient se rendre.
16 R. Non, ce n'est pas ça.
17 Q. Ilija Sutalo, vous savez qui c'est ?
18 R. Je sais.
19 Q. Ilija Sutalo, c'était l'organisateur principal des persécutions des
20 Serbes en Slavonie occidentale; c'est bien ça ?
21 R. Ça, je ne sais pas.
22 Q. Vous ne savez pas. Mais Mme Desanka Milosavljevic le sait. Elle sait
23 qu'Ilija Sutalo était membre d'un groupe armé de Paraga, c'étaient des
24 forces armées croates du Parti du droit croate, n'est-ce pas, c'était ça
25 les hommes armés de Paraga ?
26 R. Je ne sais pas. A l'époque, je ne faisais pas de politique ni là-bas ni
27 ici.
28 Q. A la tête de ces groupes armés de Paraga, il y avait Ilija Sutalo qui
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1 organisait des attaques lancées sur des maisons serbes pour forcer les
2 Serbes à quitter Slavonska Pozega et les villages des environs; c'est bien
3 ça ? C'est ce qu'affirme Desanka Milosavljevic; est-ce que vous savez si
4 c'est vrai ?
5 R. Je ne sais pas.
6 Q. Quand vous êtes arrivé à Jaksic, par trois fois la valeur des biens que
7 vous y avez trouvés était plus importante que ce que vous avez perdu ou
8 laissé à Hrtkovci, à ce moment-là, vous êtes mis d'accord avec Ilija
9 Sutalo.
10 R. Monsieur le Juge, est-ce que je peux parler. Quand --
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Mais parlez lentement parce que les interprètes ont
12 du mal à vous suivre. Oui, alors allez-y, Monsieur le Témoin.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord. Quand je suis arrivé à Pozega, j'ai
14 trouvé un emploi au silo pour faire de la manutention, du travail physique,
15 pour transporter du blé, du maïs pendant la saison. Et à partir du moment
16 où mon contrat a expiré là-bas, je me suis retrouvé sans emploi. Ilija
17 Sutalo avait une petite fabrique d'éléments chauffants pour les chauffe-
18 eau. C'est là que j'ai été employé. C'est tout à fait honnêtement que je
19 travaillais dans la première relève, que je faisais mes huit heures. Voilà,
20 c'est tout ce que je sais sur Ilija.
21 C'est mon parrain de baptême, c'est vrai. Et c'est lui aussi qui m'a marié
22 et je lui en suis gré, j'ai pu faire en sorte que mes enfants reçoivent les
23 sacrements en Croatie.
24 M. SESELJ : [interprétation]
25 Q. C'est une information précieuse, Monsieur Baricevic, que vous venez de
26 donner. C'est sur le tard que vous avez fait le mariage à l'église et à ce
27 moment-là vous avez baptisé vos enfants; c'est bien ça ? Vous étiez
28 relativement âgé à ce moment-là.
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1 R. Mes enfants, je les ai baptisés chez les parents de ma femme au moment
2 voulu. J'ai dit hier que j'étais membre de la Ligue des Communistes pour
3 pouvoir trouver un emploi et on sait parfaitement que les gens qui allaient
4 à l'église ne pouvaient pas trouver de travail.
5 Q. Je suis d'accord avec vous. Mais hier vous avez dit qu'en 1980 vous
6 avez rendu votre carte de membre de la Ligue des Communistes et pendant 20
7 ans, vous n'avez pas réussi à faire le mariage à l'église. A partir du
8 moment où vous n'étiez plus membre de la Ligue des Communistes, vous étiez
9 libre d'aller à l'église, n'est-ce pas ?
10 R. Non, ce n'est pas le cas.
11 Q. Comment ça ?
12 R. Non.
13 Q. Pourquoi ?
14 R. Parce que les gens continuaient à appliquer le même système et même
15 pour une petite faute, les gens étaient licenciés.
16 Q. Tout d'abord, personne n'a été licencié parce qu'il allait à l'église,
17 et c'était surtout impossible après la mort de Tito. Jamais personne n'a
18 été licencié surtout pas dans une commune locale parce qu'il allait à
19 l'église ou elle allait à l'église.
20 R. Ce n'est pas le cas.
21 Q. Vous l'avez inventé.
22 R. Non.
23 Q. Lorsque vous êtes arrivé là-bas et que vous avez épousé votre femme
24 dans l'église, vous disiez qu'auparavant vous ne pouviez pas l'épouser car
25 ceci vous était interdit; est-ce exact ?
26 R. C'est ce que je viens de dire maintenant.
27 Q. Mais ça fait 12 ans maintenant. Je veux dire que jusqu'en 1990, vous
28 étiez membre de la Ligue des Communistes et informateur du service de la
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1 Sécurité d'Etat, et en tant que tel, vous ne vouliez pas aller à l'église
2 car vous étiez homme de confiance du régime dans votre village.
3 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Je demande quelle est la pertinence, quel
4 est le lien avec l'expulsion des Croates de Hrtkovci sur les sentiments du
5 témoin sur des questions personnelles comme le mariage et le baptême.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, un petit détail. Vous étiez donc
7 de religion catholique. Alors je crois comprendre, d'après ce que vous
8 dites, que les Catholiques, sous le régime communiste, rencontraient des
9 difficultés, qu'ils n'avaient pas de travail; mais que ce système a perduré
10 après le décès de Tito et que c'était un véritable problème. C'est ce que
11 je crois comprendre. Vous avez entendu ce que j'ai dit ? Alors, qu'est-ce
12 que vous me dites ? Ce qui expliquerait pourquoi vous vous êtes marié
13 quelques années après.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, comme je l'ai dit
15 clairement, j'étais membre de la Ligue des Communistes simplement en raison
16 de mon travail. Il était difficile de trouver un emploi en ce moment. J'ai
17 baptisé mes enfants à une distance de 150 kilomètres pour que les gens ne
18 le sachent pas, et je n'osais pas épouser ma femme dans l'église en raison
19 de mon travail. Lorsque j'ai quitté le village, je l'ai épousée. Est-ce que
20 c'est une honte d'être Catholique aujourd'hui ?
21 M. SESELJ : [interprétation]
22 Q. Même au temps des communistes il n'était pas honteux d'être Catholique
23 et personne n'a été poursuivi en raison de ses convictions religieuses,
24 mais personne ne pouvait pas être membre de la Ligue des Communistes ni
25 dirigeant de la Ligue des Communiste s'il manifestait ses croyances
26 religieuses.
27 R. Ces personnes étaient punies.
28 Q. Mais afin d'être plombier ou membre du conseil de la commune locale, il
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1 n'était pas nécessaire d'être membre de la Ligue des Communistes; n'est-ce
2 pas ?
3 R. C'est ce que vous pensez.
4 Q. Non, ce n'est pas ce que je pense. Moi, j'ai été poursuivi par ce
5 régime. J'ai l'expérience, mais je ne souhaite pas que vous le présentiez
6 comme encore pire que ce n'était le cas, comme s'ils mangeaient des petits
7 enfants au sein de ce régime. C'est ce que vous voulez nous faire croire.
8 Dans la Yougoslavie de l'époque, il y avait au total deux millions de
9 membres de la Ligue des Communistes. Est-ce que vous vous en souvenez,
10 Monsieur Baricevic ?
11 R. Oui.
12 Q. Environ deux millions. En Yougoslavie, à l'époque, il y avait 21
13 millions d'habitants; n'est-ce pas ? Donc, 10 % de la totalité de la
14 population était membre de la Ligue des Communistes. Si l'on considère
15 qu'un tiers sont environ mineurs, donc sur les 14 millions habitants qui
16 n'étaient pas mineurs, deux millions étaient membres de la Ligue des
17 Communistes. Mais tous les autres n'étaient pas au chômage; n'est-ce pas ?
18 R. Je ne sais pas, mais dans ma situation, je n'osais pas le faire.
19 Q. Autre chose complique votre situation, le nom de votre père était Ivan;
20 n'est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Il était Oustachi dans la Deuxième Guerre mondiale; n'est-ce pas ?
23 R. Non.
24 Q. Il était Oustachi. J'ai un document du service de la Sécurité d'Etat
25 indiquant qu'il était Oustachi. Est-ce que vous voulez le voir, ce document
26 ?
27 R. Je ne souhaite même pas le voir.
28 Q. [aucune interprétation]
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1 R. Il n'est pas approprié de mentionner mon père décédé.
2 Q. il est approprié de le mentionner s'il était Oustachi et si ceci a
3 déterminé votre destin et que vous deviez vous prouver en tant que plus
4 grand communiste que les autres communistes; n'est-ce pas ?
5 R. Ce n'est pas exact. Il n'y a pas de vérité dans ce que vous dites. Même
6 pas une bribe de vérité.
7 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Le Procureur saurait gré à M. Seselj s'il
8 pouvait nous remettre un exemplaire de ce qu'il a sous les yeux. Merci.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous dites que vous avez un document que nous
10 n'avons pas, alors vous pouvez dire tout. Il n'y a pas de document. Alors,
11 c'est quoi ce document ?
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Votre service, s'il le souhaite, vous savez
13 moi, j'étais censé recevoir ce document avec un document en annexe. C'est
14 ce que j'ai reçu de la part du service de la Sécurité d'Etat de Serbie par
15 le biais du conseil chargé de la coopération avec le Tribunal de La Haye
16 suite à la demande de mes collaborateurs. Mais mes collaborateurs m'ont
17 fourni un exemplaire, mais je ne l'ai pas préparé de la manière habituelle
18 car je n'ai plus de communication avec mes collaborateurs. Cependant,
19 quelqu'un du greffe peut très bien photocopier cela.
20 Mme LE JUGE LATTANZI : Monsieur Seselj, c'est en B/C/S ?
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce n'est pas un document en B/C/S; c'est un
22 document en langue serbe. Et je n'ai même pas exprimé le souhait de faire
23 en sorte que vous le lisiez. C'est l'Accusation qui l'a demandé, et je suis
24 prêt à mettre cela à la disposition du greffe pour que le document soit
25 photocopié. Moi, j'aurais préparé ça à temps, comme c'était toujours le cas
26 auparavant, si j'étais en communication avec mes collaborateurs. Puisque ce
27 n'est pas le cas, je fouille dans mes affaires et je trouve certains
28 papiers, par-ci, par-là. Mais dans mon livre, ce document a été publié.
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1 Donc, l'Accusation a le livre.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur le Témoin, M. Seselj évoque le passé
3 de votre famille que nous ignorons totalement. Vous êtes d'accord avec M.
4 Seselj, vous n'êtes pas d'accord ? Si vous n'êtes pas d'accord, dites : "Je
5 ne suis pas d'accord" et puis il passera à autre chose.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis absolument pas d'accord. Est-ce que
7 je peux, s'il vous plaît, clarifier un point ?
8 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Ceux qui étaient membres de l'armée ennemie
10 ont fait de la prison. Or, mon père n'a jamais même vu une prison, et
11 certainement, il n'a été placé en détention.
12 M. SESELJ : [interprétation]
13 Q. Vous savez très bien que ceci n'est pas exact. Vous savez que ceux qui
14 ont été capturés, immédiatement ils ont été exécutés sur-le-champ. Certains
15 ont été arrêtés en justice et certains ont été amnistiés, parce que
16 l'amnistie a été proclamée à plusieurs reprises. Puisque je suppose que
17 personne n'a mené une enquête ou l'enquête n'a pas abouti au résultat
18 indiquant que votre père était auteur de crimes personnellement, il n'a pas
19 été traîné en justice. Mais il avait été membre des formations oustachi et
20 pour vous, c'était un cauchemar et vous deviez sans cesse vous prouver
21 comme étant plus convaincu en tant que communiste que les autres. Vous
22 vouliez être plus catholique que le pape. C'est ça, l'essentiel. C'est la
23 raison, d'après moi, pour laquelle vous étiez tellement ferme en tant que
24 communiste et pourquoi vous étiez informateur du service de la Sécurité de
25 l'Etat.
26 R. Comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas un grain de vérité dans tout ceci.
27 C'est inventé.
28 Q. Bon, on va passer à autre chose.
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1 R. [aucune interprétation]
2 Q. Peut-être c'est le service de la Sécurité de l'Etat qui invente.
3 R. Certainement.
4 Q. Bon, nous allons parler maintenant du contrat portant sur l'échange des
5 bien mobiliers et immobiliers. Vous avez passé ce contrat avec Ranko
6 Milosavljevic ?
7 R. Branko.
8 Q. Branko Milosavljevic et Stanka Stjepanovic; est-ce exact ? D'un côté,
9 il y a Branko Milosavljevic, Stanka Stjepanovic et leur fille Branka, et de
10 l'autre côté, il y a vous et votre épouse, Elizabeta Baricevic. C'était
11 vous le signataire du contrat; ai-je raison ?
12 R. Non.
13 Q. Et alors ?
14 R. De l'autre côté, c'était moi et ma mère.
15 Q. Merci de la correction. Elisabeta, c'est votre mère ?
16 R. Oui.
17 Q. Bien. Et puis, vous échangez les biens suivants : vous recevez de la
18 part de Branko Milosavljevic et de sa famille un terrain à Cerovnica [phon]
19 dont la surface est d'un hectare, 38 acres et 89 mètres carrés. Veuillez me
20 suivre attentivement pour me corriger si je me trompe.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] L'Accusation a ce contrat. Je ne sais pas
22 pourquoi elle ne l'a pas corrigé.
23 M. SESELJ : [interprétation]
24 Q. Ensuite, terre dont la surface est 22 acres et 98 mètres carrés.
25 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Nous n'avons pas le document --
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Procureur.
27 M. MUSSEMEYER : [interprétation] -- simplement pour votre information et
28 l'information de toutes les personnes présentes dans ce prétoire.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous n'avez pas le document, bien. Continuez,
2 Monsieur Seselj.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Vous voyez, Monsieur le Président, à quel point
4 ils ne sont pas sérieux. Ils préparent ce témoin pour déposer dans mon
5 procès depuis six ans afin qu'ils m'accusent des poursuites des Croates à
6 Hrtkovci. C'est un témoin qui a échangé ses biens et qui est allé à
7 Slavonska Pozega, alors qu'ils n'ont pas pris la peine d'obtenir le contrat
8 portant sur l'échange des biens mobiliers et immobiliers, ce qui aurait été
9 un élément-clé ici. Je vais continuer. On va voir les informations
10 concernant cet échange, c'est-à-dire ce que la famille de Branko
11 Milosavlejic et --
12 Mme LE JUGE LATTANZI : Alors, excusez-moi, j'entendais encore la
13 traduction. Il paraît que c'est vous qui vous en aviez besoin pour votre
14 contre-interrogatoire. Vous avez conduit sur ce témoin une enquête très
15 approfondie. Vous auriez pu aussi peut-être avoir le contrat et nous donner
16 et en demander l'admission aussi. J'aimerais bien.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame le Juge, le contrat a été publié dans
18 mon livre. Puisque mes communications avec mes collaborateurs ont été
19 coupées, je n'ai pas reçu l'orignal de ce contrat qu'ils ont. Maintenant
20 j'utilise celui qui a été publié dans mon livre. Je l'ai ici.
21 Mme LE JUGE LATTANZI : [hors micro]
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je n'ai pas reçu l'interprétation de vos
23 dernières paroles.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Ma collègue a dit que les communications n'ont pas
25 été coupées. C'est vous qui les aviez coupées de vous-même. Il y a une
26 petite nuance importante. De toute façon la Chambre est saisie de votre
27 requête orale. Nous rendrons une décision en la matière.
28 Continuez sur le contrat que vous avez.
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1 M. SESELJ : [interprétation]
2 Q. Troisièmement, terre labourable à Susica dont la surface est un
3 hectare, 1 hectare et dix mètres carrés. Ensuite un champ à Misljevac
4 [phon] dont la surface est 28 acres. Ensuite le champ de Misljevac de 26
5 acres. Ensuite le champ de Misljevac dont la surface est de deux acres et
6 deux mètres carrés. Une maison avec la cour dont la surface est de 23 acres
7 et 98 mètres carrés. Ensuite terre labourable c'est Ferovnica [phon] dont
8 la surface est 59 acres et 34 mètres carrés. S'agit-il des biens que la
9 famille de Branko Milosavljevic vous a donné en échange de vos biens; est-
10 ce exact ?
11 R. Non, il y a quelque chose qui manque.
12 Q. Qu'est-ce qui manque ?
13 R. Gromulja.
14 Q. Où se trouve Gromulja ?
15 R. A Jaksic.
16 Q. Ceci ne figurait pas dans votre contrat. C'est ce que vous avez extirpé
17 avec l'aide des autorités croates après l'échange. J'ai le jugement qui
18 vous est favorable puisque vous avez dit alors qu'ils n'étaient plus en
19 Croatie et qu'ils n'ont même pas été informés du fait qu'il y avait ce
20 différend à leur encontre devant le Tribunal, vous avez lancé la procédure
21 auprès des autorités croates. Vous avez dit qu'on ne vous avait pas donné
22 cette terre de Gromulja, ensuite le tribunal vous a accordé cela en
23 expliquant que ceci avait été omis du contrat par erreur; est-ce exact ?
24 R. Monsieur le Président, comme je l'ai déjà dit, Stanka était venue dans
25 ma maison. Elle était fille de Branko. Je suis allé à Pozega afin de voir,
26 et c'était vraiment un spectacle particulier ce que j'ai vu. Nous sommes
27 allés voir un avocat Primorac, et c'est cette dame qui a rédigé le contrat.
28 Par erreur, elle a omis, en fait je ne sais pas si c'était de façon
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1 délibérée ou pas, je ne le sais pas, car elle était amie de Stanka. Et je
2 vais souligner, Stanka était une juge à Pozega, et l'autre était avocate.
3 Donc je ne veux pas affirmer si c'était de façon délibérée ou pas mais une
4 chose est sûre, Desanka, la mère de Stanka, m'a cédé et m'a rendu
5 propriétaire de chacun des champs, des terrains.
6 Je n'ai même pas vu que cet élément-là manquait, mais au bout d'un mois,
7 elle m'a envoyé Cacic de Pozega avec un contrat concernant cet élément-là.
8 Et lui, il m'a demandé 5 000 marks allemands, et il m'a traduit en justice.
9 J'ai fait objection devant le Tribunal et j'ai fait venir des témoins qui
10 sont allés avec moi au moment où cette femme a fait de moi propriétaire de
11 tout cela. Et c'est ça l'ensemble de l'histoire.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, nous avons entendu longuement le
13 témoin. Alors contrairement à ce que vous semblez dire, la procédure
14 judiciaire, ce n'est pas lui qui l'a intentée mais c'est l'autre partie.
15 C'est ce qu'il dit.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce n'est pas exact, Monsieur le Président. Je
17 ne sais pas quelle est l'interprétation que vous avez reçue. Ecoutez, un
18 contrat a été passé ici. Le contrat est précis avec les numéros exacts de
19 numéros enregistrés au cadastre concernant l'échange. Ce qu'une partie
20 donne et ce que l'autre partie donnait. Lorsque tout ceci a été terminé,
21 lorsque cette famille a quitté Slavonska Pozega pour partir à Hrtkovci,
22 lorsque M. Baricevic est devenu propriétaire de ces biens, à ce moment-là
23 il devient la partie qui dépose la plainte devant le Tribunal croate et il
24 demande un autre champ de un hectare et 70 acres dont le propriétaire est
25 Stanka Milosavljevic. Il s'agit d'un champ qui ne faisait pas l'objet de
26 l'échange. Stanka n'a même pas été informée. Par la suite elle a demandé
27 que l'on renouvelle la procédure.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, M. Seselj dit que c'est vous qui
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1 avez fait l'action devant le tribunal croate, c'est vous. Or, j'ai cru
2 comprendre que vous m'avez dit le contraire. Alors c'est vous ou c'est les
3 autres ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je vous ai répondu en
5 disant qu'après cela M. Cacic de Pozega est venu avec un contrat, et il m'a
6 demandé 5 000 deutsche marks, marks allemands; et il m'a amené au tribunal.
7 Il m'a traîné en justice pour la réparation des dégâts. Et compte tenu du
8 fait que j'avais des témoins, j'ai fait venir des témoins qui ont dit que
9 cette femme a fait ce qu'elle a fait de son propre gré.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj.
11 M. SESELJ : [interprétation]
12 Q. Qui était ce témoin, Monsieur Baricevic ? C'était Ante Grizelj, Marko
13 Kalic, et Nikola Lulic ?
14 R. Ante Grizelj, Ante Stipic…
15 Q. Et qui d'autres ?
16 R. Je pense qu'il y avait Ilija Sutalo.
17 Q. Ilija Sutalo, Ante Grizelj, Nikola Lulic, et Marko Kalic. Marko Kalic
18 est venu de Hrtkovci avec vous. Avec eux, vous avez rejoint les rangs de la
19 formation du parti de la Paraga qui a continué à poursuivre les Serbes de
20 Slavonska Pozega; est-ce exact ?
21 R. Ce n'est pas exact.
22 Q. Si, si, c'est exact. Voyons maintenant ce que vous leur avez donné en
23 revanche.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, M. Seselj affirme quelque chose
25 qui peut être important. Il affirme que vous aviez rejoint les formations
26 de Paraga. C'est vrai, c'est faux ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais ce n'est pas vrai. Je n'ai jamais rejoint
28 les rangs d'une quelconque armée.
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1 M. SESELJ : [interprétation]
2 Q. Je n'ai pas dit que vous étiez membre d'une armée. Vous avez participé
3 aux activités de ce groupe terroriste qui a continué à incendier les
4 terrains, à intimider les Serbes, à tirer sur leurs maisons pour accélérer
5 leur départ de Slavonska Pozega.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous affirmer cela, mais vous avez des preuves, des
7 documents ?
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai l'information émanant du service de la
9 Sécurité de l'Etat où il est dit que Zvonko Paulic a participé aussi, qui
10 est le fils de la sœur du témoin, qu'il était membre du MUP de la
11 République de Croatie, et qu'il faisait venir et placer en détention dans
12 la nouvelle maison du témoin des Serbes qui étaient malmenés là-bas afin
13 qu'ils soient contraints à quitter Slavonska Pozega. C'est ce qui est dans
14 le document émanant du service de Sécurité de l'Etat, et le Procureur peut
15 vérifier par téléphone à Belgrade s'il existe un document original de celui
16 que j'ai entre les mains. Il peut appeler le conseil chargé de la
17 coopération avec le Tribunal pour vérifier si j'ai effectivement reçu ce
18 document du service de Sécurité de l'Etat concernant Franja Baricevic.
19 M. MUSSEMEYER : [interprétation] L'accusé allègue que le témoin aurait
20 commis des crimes. A mon sens, on devrait l'inciter à la prudence et
21 indiquer au témoin qu'il n'est pas obligé de répondre.
22 Un deuxième point, une courte observation, il n'y a qu'une seule fois que
23 j'ai reçu des documents à l'avance de M. Seselj qu'il utilise pendant son
24 contre-interrogatoire, et ce, à la fin de l'interrogatoire principal, et je
25 l'ai obtenu en B/C/S. Je crois que ceci est tout à fait injuste, et ce
26 n'est pas la première fois que je suis dans le prétoire.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Monsieur Seselj, normalement, mais comme vous
28 ne demandez pas l'admission de documents, normalement, le Procureur doit
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1 avoir avant la copie des documents que vous allez utiliser lors du contre-
2 interrogatoire. Mais comme vous ne demandez pas l'admission des documents,
3 on est devant un vide. Bien, alors continuez vos questions, il reste cinq
4 minutes avant la pause.
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous rappelle, Monsieur le Président, que je
6 remettais toujours les documents en avance à l'Accusation et à la Chambre
7 de première instance tant que ma coopération avec mes conseillers
8 juridiques durait. Maintenant que ça a été interrompu, je ne suis plus en
9 mesure de le faire. Mais il y a une quinzaine de jours, j'ai remis tout le
10 livre à l'Accusation, et c'est seulement après cela que le représentant
11 nous a informés du fait qu'il traitait déjà de ce livre afin d'y trouver
12 des éléments pour corroborer leur requête concernant l'outrage au Tribunal.
13 Après l'interruption de mes contacts avec mes collaborateurs, je ne peux
14 plus remettre les documents en avance, mais ce n'est pas de ma faute.
15 Quant à la traduction, ce n'est certainement pas ma responsabilité.
16 La traduction en anglais et en français n'est absolument pas de ma
17 responsabilité, et je ne vais pas réfléchir à cela. On m'a garanti la
18 possibilité d'utiliser ma langue maternelle.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Mussemeyer.
20 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Une autre courte observation. Dans mon
21 système, il est tout à fait illégal de publier des déclarations remises à
22 l'Accusation qui sont censées être utilisées dans le prétoire. C'est la
23 raison pour laquelle ces règles existent dans plusieurs pays d'Europe, et
24 ceci, pour ne pas influencer le témoin. Je pense que M. Seselj publie ses
25 déclarations longtemps à l'avance afin de porter un coup aux témoins qui
26 viennent témoigner devant ce Tribunal. Je crois qu'il y a une raison
27 particulière, je ne souhaite pas me livrer à des conjectures, chacun est
28 tout à fait en mesure de conclure et de savoir quelles peuvent être les
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1 raisons.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Veuillez procéder, Monsieur Seselj.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je dire quelque
4 chose ?
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Il ne serait pas difficile que vous vérifiez
7 auprès du MUP, la police croate, s'il y a un quelconque élément me
8 concernant inscrit où que ce soit, et ce que M. Seselj est en train de dire
9 à mon sujet, c'est purement et simplement un mensonge, et je le dis en
10 toute responsabilité ici et maintenant.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur Seselj, c'est enregistré au compte
12 rendu. Monsieur Seselj, poursuivez.
13 M. SESELJ : [interprétation]
14 Q. Maintenant, Monsieur Baricevic, veuillez m'écouter attentivement. Je
15 vais maintenant donner la liste des biens que vous avez donnés en échange à
16 Hrtkovci. Il s'agit de la maison et terrain dans le village de 6 acres et
17 42 mètres carrés; ensuite un champ labourable de 17 acres et 90 mètres
18 carrés; ensuite une terre labourable de 68 acres et 31 mètres carrés;
19 ensuite une terre labourable de 1 hectare, 13 acres et 9 mètres carrés;
20 ensuite, votre mère a donné une terre labourable de 75 acres, 66 mètres
21 carrés; vous, avec votre mère, un verger de 14 acres, 52 mètres carrés; un
22 verger de 7 acres, 37 mètres carrés; et un verger de 8 acres et 92 mètres
23 carrés. Ai-je tout lu ?
24 R. Non, ce n'est pas le cas. Ce qui manque ici, c'est qu'il y est indiqué
25 une seule maison, et qu'est-ce que ça veut dire donner un verger contre un
26 champ ? Vous savez, un homme intelligent peut bien réfléchir là-dessus.
27 Q. Oui, mais la question qui se pose concerne l'état de ce verger, n'est-
28 ce pas, Monsieur Baricevic ?
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1 R. Il était entre bonnes mains, et il était en bon état pendant qu'il
2 était entre bonnes mains.
3 Q. Il était en très mauvais état, Monsieur Baricevic.
4 Vous avez conclu ce contrat indiquant que dans les deux cas, la
5 valeur s'élevait à 800 000 dinars croates; est-ce exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Il est dit dans le contrat que cet échange est effectué de manière
8 volontaire et amicale sans que des paiements supplémentaires ne doivent
9 être versés par l'une ou l'autre partie.
10 R. Si c'est ce qui est écrit dans le contrat, c'est le cas.
11 Q. Ce contrat est passé devant un tribunal croate, n'est-ce pas ?
12 R. Je souligne qu'une seule maison y était inscrite, et où est l'autre ?
13 Q. L'autre maison a été démolie dès que la famille Milosavljevic est venue
14 à Hrtkovci car elle ne pouvait pas être utilisée. C'était une vieille
15 maison de terre battue que personne ne pouvait utiliser.
16 R. Cette maison existe encore aujourd'hui.
17 Q. Cette maison est inutilisable.
18 R. Dans cette maison vit la mère de Stanka, et Stanka vit dans ma nouvelle
19 maison qui a un grenier aménagé. Je le sais très bien. Personne ne doit
20 rien me dire à ce sujet, j'en suis sûr.
21 Q. Nous allons voir ce que Stanka en dit. Elle dit qu'ils ont mis à votre
22 disposition la maison à Slavonska Pozega de 110 mètres carrés; est-ce exact
23 ? Est-ce que cette maison a 110 mètres carrés ?
24 R. Non.
25 Q. Combien de mètres, alors ?
26 R. Quatre-vingts quinze mètres carrés.
27 Q. Stanka Stjepanovic, dans sa déclaration, dit 110 mètres carrés, maison
28 complètement aménagée, meublée, parquet, carrelage et tous les meubles
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1 contemporains. Est-ce que vous avez trouvé tous les meubles sur place ?
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Je reviens tout de suite à la question essentielle.
3 Il y a un contrat qui a été décrit longuement et maintenant il y a l'autre
4 partie qui est décrite. Est-ce que vous avez été victime de cet échange ou
5 c'est vous qui en avez été le bénéficiaire ? Voilà la question. Parce que
6 j'ai cru comprendre que la Défense indique que c'était vous le bénéficiaire
7 et pas les autres. Alors qu'est-ce que vous dites, vous avez été victime ou
8 bénéficiaire ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, je vais le redire encore une
10 fois. Moi, j'ai quitté une maison, il y avait dans cette maison
11 Stjepanovic, je suis venu dans une maison où il y avait Desanka et son
12 mari. Cette maison a brûlé, mes deux maisons sont restées sur place, une
13 nouvelle construite en 1983, et une autre de 1953. J'ai signé un contrat
14 pour ne pas me retrouver à la rue, alors il vous appartient à vous de voir
15 qui est perdant là-dedans, qui est le profiteur de guerre.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : On pourra difficilement savoir qui est gagnant et
17 qui est perdant, parce que pour cela il aurait fallu qu'il y ait une
18 expertise de la valeur réelle des deux biens. En plus, on n'a même pas le
19 contrat, parce que le Procureur dans l'élément à charge n'a pas produit de
20 contrat, et M. Seselj qui a le contrat ne le produit pas.
21 Il est 15 heures 50, nous allons faire une pause de 20 minutes, nous
22 reprendrons dans 20 minutes.
23 --- L'audience est suspendue à 15 heures 48.
24 --- L'audience est reprise à 16 heures 10.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise. J'en profite pour
26 saluer les nouveaux arrivants du bureau du Procureur et, notamment, Mme
27 Biersay que nous revoyons avec plaisir.
28 Monsieur Seselj, il vous reste 50 minutes, je vous redonne la parole. J'ai
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1 dit 50, pas 15 minutes. "Fifty".
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'espère que les 50 minutes ne seront pas
3 nécessaires pour terminer le contre-interrogatoire.
4 M. SESELJ : [interprétation]
5 Q. Voyez-vous, Monsieur Baricevic, il y a là une phrase intéressante, une
6 phrase qui vient de Desanka Milosavljevic dans sa déclaration. Elle dit
7 qu'à Hrtkovci sont restés tous les Croates riches qui avaient beaucoup de
8 terre, et ceux qui sont partis, ce sont ceux qui étaient plus pauvres et
9 qui avaient vu la possibilité de prendre quelque chose de bien meilleur que
10 ce qu'ils laissaient à Hrtkovci.
11 R. Monsieur le Juge, j'ai déjà dit devant ce Tribunal ce que je possédais
12 et quelle est la situation que j'ai trouvée à Jaksic. Qui est resté, pour
13 quelle raison et dans quelles conditions, je ne voudrais pas rentrer là-
14 dedans. Il y a des riches qui sont partis, des riches qui sont restés. Ça,
15 je le sais, et moi, je m'occupe de mes propres oignons.
16 Q. Parmi les Croates riches de Hrtkovci, qui est parti ?
17 R. Il y en a pas mal.
18 Q. Vous ne connaissez pas leurs noms ?
19 R. Si, je les connais.
20 Q. Dites-moi, si l'on tient compte du fait que jusqu'à la mi-1992 200 000
21 Serbes ont été expulsés de Croatie, et si nous ajoutons les 200 0000 de
22 1995, cela fait 400 000 expulsés de Croatie et seuls quelques milliers de
23 Croates ont quitté la Serbie. Maintenant, d'un point de vue purement
24 économique - ne parlons pas d'atroces persécutions, d'expulsions de Serbes
25 de Croatie, et le Tribunal de La Haye n'a jamais voulu poursuivre pour ça -
26 purement d'un point de vue économique. C'est la loi de l'offre et de la
27 demande qui règne sur le marché. Vous avez 400 000 Serbes qui cherchent
28 quelqu'un pour échanger leurs biens, leurs logements, leurs maisons, leurs
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1 commerces, leurs petites fabriques, usines, et cetera. Puis d'autre part,
2 vous n'avez que quelques milliers de Croates dans le même cas, alors dites-
3 nous, qui se trouve dans une situation plus favorable dans cet échange,
4 puisque la logique des lois économiques nous dit que c'est toujours celui
5 qui est recherché qui se trouve dans une situation plus favorable sur le
6 marché et non pas l'inverse, n'est-ce pas ?
7 R. Je vous ai parlé de ma propre situation, je vous ai dit comment je m'en
8 suis sorti de cet échange. J'ai perdu une maison toute neuve, pendant deux
9 générations il faut travailler pour une maison comme ça. Mon père et moi,
10 tout notre travail, je l'ai perdu.
11 Q. Donc vous ne voudriez pas parler de la logique économique, de la loi de
12 l'offre et de la demande, vous ne vous y connaissez pas ?
13 R. Mais bien sûr que non.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : On ne va pas rentrer dans la logique économique
15 parce que c'est vrai qu'un marché où il y a 4000 000 demandeurs d'un côté
16 et quelques milliers de l'autre, ça peut provoquer des phénomènes. Bon.
17 Mais on ne va pas renter là-dedans. Moi, en revanche, ce qui m'intéresse
18 dans la réponse que vous avez donnée tout à l'heure, c'est qu'apparemment :
19 je crois comprendre maintenant que tous les Croates de Hrtkovci ne sont pas
20 partis, que certains sont restés, donc ça c'est un élément important. Mais
21 ce qui m'intéresse à partir de votre réponse, c'est : parmi les Croates qui
22 sont restés, il semblerait qu'il y aurait donc des Croates riches qui
23 seraient restés et que les moins riches ou les moyennement riches, eux,
24 seraient partis. Alors, dans votre souvenir, combien de Croates sont restés
25 à Hrtkovci ? Combien ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, hier j'ai dit dans mon
27 témoignage que 460 familles sont parties de Hrtkovci, 300 familles en
28 l'espace d'un mois.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Combien sont restés ? Combien ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] En gros, peut-être qu'il en est resté 6 ou 7
3 %.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, nous aurons un
5 démographe ici la semaine prochaine, ce témoin ne s'y connaît pas dans des
6 questions un peu plus sérieuses.
7 M. SESELJ : [interprétation]
8 Q. Monsieur Baricevic, plusieurs fois après votre déménagement à Jaksic
9 vous êtes revenu à Hrtkovci, combien de fois ?
10 R. Deux fois.
11 Q. Mme Desanka Milosavljevic et sa fille Stanka Stjepanovic, elles sont
12 venues combien de fois à Jaksic ou à Slavonska Pozega ?
13 R. Je ne le sais pas. Je ne leur ai pas fait signe ni l'inverse.
14 Q. Mais généralement, les Croates qui vivaient en Serbie, ça leur est
15 beaucoup facile et ils reviennent beaucoup plus souvent en Serbie que ce
16 n'est le cas des Serbes qui ont été expulsés de Croatie, ils n'osent pas
17 revenir en Croatie ?
18 R. Je ne le sais pas, mais j'ai eu du mal à oser revenir sur la tombe de
19 mon père pour la première fois.
20 Q. Mais vous l'avez fait, vous avez osé, et vous n'avez eu aucun problème,
21 n'est-ce pas ?
22 R. Je n'ai pas eu de problème.
23 Q. Très bien. C'est ça qui est important. Savez-vous quel est le nombre de
24 milliers de maisons serbes qui ont été détruites par la Croatie, non pas
25 dans les zones des opérations de guerre, mais hors de ces zones, Split,
26 Sibenik, Zadar, à l'intérieur de la Croatie. Est-ce que vous le savez ?
27 R. Ce que j'ai vu dans les environs de Pozega, les maisons étaient
28 détruites, mais maintenant elles sont réparées.
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1 Q. Mais il y a combien de maisons vides abandonnées par les Serbes en
2 Croatie, partout ?
3 R. Je ne sais pas.
4 Q. En Serbie, est-ce qu'il y a ne serait-ce qu'une seule maison croate de
5 détruite, est-ce qu'on aurait détruit des maisons croates ?
6 R. Je ne sais pas.
7 Q. Est-ce qu'on aurait déporté un Croate ? Est-ce que vous savez ce que ça
8 veut dire déportation ? Des autorités ou un groupe armé vous capturent et
9 vous déportent et vous êtes obligé d'abandonner tous vos biens. Est-ce que
10 cela est arrivé qu'un Croate soit expulsé de Serbie et qu'il soit obligé
11 d'abandonner ses biens ?
12 R. Ça s'est vu.
13 Q. Qui ? Qui ça ?
14 R. Jurcevic, par exemple.
15 Q. Il a été chassé d'où ?
16 R. De Hrtkovci.
17 Q. Qui l'a chassé ?
18 R. Je ne sais pas qui. Mais tôt ou tard, il a fallu qu'il parte. Il est
19 arrivé sans rien.
20 Q. Il est arrivé où ?
21 R. A Kula.
22 Q. Sans rien. Qui l'a chassé ?
23 R. Je ne sais pas. Je ne lui ai pas posé la question.
24 Q. Comment pouvez-vous vous dire qu'on l'a chassé ? Comment pouvez-vous
25 dire qu'on l'a chassé si vous ne savez pas comment il a été chassé, ni par
26 qui ?
27 R. Parce qu'il est entré dans un appartement et il est en train de se
28 construire une maison.
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1 Q. Attendez. Ce n'est pas une preuve démontrant qu'il a été chassé. Il
2 avait une maison à Hrtkovci ?
3 R. Oui.
4 Q. Qu'est-il advenu de cette maison ?
5 R. Il l'a quittée.
6 Q. Comment il l'a quittée, il l'a vendue ?
7 R. Non.
8 Q. Il a abandonné la maison et la maison est restée sur place ?
9 R. Je suppose que quelqu'un est rentré dedans. Je vous dis que ça c'est
10 passé après mon départ.
11 Q. Très bien. Pour que vous ne soyez pas obligé de dire des choses qui ne
12 sont pas tout à fait certaines. Vous avez eu cette maison de 110 mètres
13 carrés à Jaksic, vous avez eu une grange entre 60 et 70 mètres carrés pour
14 y placer des machines agricoles ou autres ?
15 R. Il y avait un débarras sur quatre piliers, pas de béton, juste les
16 quatre piliers, et il n'y avait pas de plancher. C'est exactement comme je
17 vous le dis.
18 Q. Peut-être. Aussi vous avez reçu une grande maison, ce que m'explique
19 Stanka Stjepanovic, une grande dépendance agricole où vous pouviez placer
20 de l'équipement agricole avec une immense entrée, un portail ?
21 R. Mais c'est l'entrée classique en Slavonie.
22 Q. Puis il y avait des étables, des porcheries, des fumeries, des places,
23 des endroits pour placer de la paille à sécher, et cetera ?
24 R. C'était une maison de campagne et toutes les maisons de campagne
25 nécessairement ont cela.
26 Q. Non, pas toutes. Là, de toute évidence, nous avons des biens très
27 équipés et développés sur le plan technologique au plus haut point ?
28 R. Monsieur Seselj, je ne dirais pas ça. Je ne le dirais pas tant que je
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1 n'ai pas bien vérifié dans quel état était la maison. Et ce que vous
2 oubliez de lire, c'est la situation à Hrtkovci, vous n'avez lu que la
3 maison.
4 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] S'il vous plaît, Monsieur Seselj et
5 Monsieur le Témoin, ne parlez pas en même temps, il est absolument
6 impossible pour les interprètes d'interpréter lorsque vous parlez en même
7 temps, c'est impossible, et nous, de ce fait, on ne peut pas comprendre ce
8 que vous dites.
9 M. SESELJ : [interprétation]
10 Q. Parmi ces champs, il y en a un qui est situé juste à côté de la route
11 asphaltée ?
12 R. Oui, c'est un champ à labourer.
13 Q. Qui peut être très utile pour y faire des terrains à construire ?
14 R. [aucune interprétation]
15 Q. Mais la valeur est de 100 000 Euros, Stanka le dit.
16 R. Oui, peut-être dans une dizaine d'années, lorsque toutes les
17 infrastructures seront prévues.
18 Q. Mais même aujourd'hui, on ne vendrait pas ça comme un champ à labourer,
19 n'est-ce pas ?
20 R. C'est comme ça que c'est vendu.
21 Q. Qui le vend ?
22 R. Mes voisins.
23 Q. Personne ne veut vendre. Ils attendent pour vendre pour des sommes très
24 élevées. Et vous avez également reçu un tracteur avec tout l'équipement qui
25 vient avec et ce tracteur a été acheté juste avant la guerre ?
26 R. Non.
27 Q. Ils vous ont laissé tous les meubles, tout ce qu'il y avait dans la
28 maison ?
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1 R. Non.
2 Q. Et vous, vous avez tout pris à Hrtkovci, la maison était vide après
3 votre départ ?
4 R. Ce n'est pas vrai.
5 Q. Où est la vérité, eux, ils ont tout pris, et vous, vous avez tout
6 laissé; c'est ça ?
7 R. Monsieur le Juge, encore une fois, est-ce que je peux répéter ? Ce
8 départ que nous avons fait -- notre retour de Jaksic à Hrtkovci, quand j'ai
9 signé ce contrat chez Mira Primorac, il fallait que je rentre et que je
10 donne à Stanka le contrat pour qu'il soit confirmé à Ruma. Et alors, je
11 suis revenu encore une fois, à Jaksic il y avait toujours Branko et Desanka
12 qui étaient restés là, et moi, je suis revenu, et dans ma maison il y avait
13 la fille, moi, je me déplaçais entre les deux maisons. Il y avait moi et
14 Ante Grizelj, quand nous sommes revenus avec une petite camionnette, nous
15 nous sommes partagés, nous avons tiré un trait et nous avons dit : Toi, tu
16 charges jusque-là, et moi, je chargerai à partir de là, et nous avons pris
17 juste le nécessaire, les vêtements et deux sofas. La maison était toujours
18 pleine, les deux maisons, les frigidaires, tout était plein. Et quand je
19 suis revenu en passant par la Hongrie à Jaksic, ces quelques objets que
20 j'avais apportés, je les ai déchargés. Desanka a chargé à raz bord ce
21 camion, elle est revenue à Hrtkovci. C'est ça la vraie vérité. On peut
22 faire confirmer cela. Il n'y a pas qu'une seule personne, il y a une
23 vingtaine de personnes qui peuvent confirmer cela. Je n'avais pas où dormir
24 tant que je n'ai pas apporté les objets parce que eux, ils avaient tout
25 ramassé, tout enlevé.
26 Q. Il est vrai qu'aucune machine agricole en état de fonctionner n'ait
27 resté à Hrtkovci ?
28 R. Non.
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1 Q. Alors que l'équipement agricole nécessaire était sur place à Jaksic
2 quand vous y êtes arrivé. Vous avez laissé un tracteur ancien qui ne
3 fonctionnait plus et c'est un nouveau tracteur que vous avez trouvé sur
4 place ?
5 R. Ce n'est pas vrai.
6 Q. Très bien. Je suis en train de vérifier. J'ai ici la déclaration de
7 Desanka Stjepanovic. Je vérifiais avec vous ce qui est vrai et ce qui n'est
8 pas vrai. Le fait que --
9 L'INTERPRÈTE : Les voix se chevauchent.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Le tracteur, quand vous êtes arrivé, il y avait un
11 tracteur ou pas ? Est-ce qu'il vous avait laissé un tracteur, eux ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y avait un tracteur, mais moi aussi j'ai
13 laissé un tracteur. Il y avait un tracteur contraire à notre tracteur.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : De quelle marque est leur tracteur ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] IMT, un petit tracteur de 35 chevaux. Il était
16 de 1969.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Il marchait bien ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Il marchait. Si on le maintient, il marche.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais Monsieur le Président, vous pouvez
20 imaginer comment fonctionne un tracteur de 23 ans.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est le tracteur que j'ai trouvé à Jaksic,
22 celui dont je viens de parler, ce tracteur.
23 M. SESELJ : [interprétation]
24 Q. Bien. Voilà ce que dit Mme Desanka Stjepanovic. A Hrtkovci, ils ont
25 trouvé une maison désaffectée, 200 et quelque mètres. Donc c'est une maison
26 de 110 que vous avez reçue, et vous en avez laissé une de 60, n'est-ce pas
27 ? Votre maison de Hrtkovci a combien de mètres carrés ?
28 R. Mais j'ai dit hier. Ma nouvelle maison qui avait un grenier aménagé,
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1 elle était de 11 mètres sur 12. C'était ça les dimensions. L'ancienne
2 maison, un instant s'il vous plaît, elle était de 8 sur 15.
3 Q. Un palais, 8 sur 15. 120 mètres carrés de superficie.
4 R. Oui, avec toutes les pièces adjacentes.
5 Q. Mais avez-vous un parquet dans cette maison ?
6 R. Non, il n'y avait pas de parquet. Mais il y avait le chauffage au sol.
7 Q. Mais il n'y avait pas de chauffage au sol, c'était bétonné le plancher
8 et puis sur ce béton, vous avez collé une espèce de moquette, et c'est ça
9 que vous appelez le chauffage au sol ?
10 R. Je vous dis qu'il n'y avait pas de parquet. Il y avait le chauffage par
11 le sol.
12 Q. Mais de quel chauffage parlez-vous au sol ?
13 R. Mais du chauffage au sol.
14 Q. Mais comment, électrique ?
15 R. Non, à l'eau.
16 Q. Mais, comment à l'eau ?
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Il vaut peut-être mieux passer à autre chose. On ne
18 saura jamais exactement, sauf si la Chambre se déplaçait pour aller
19 vérifier votre ancienne maison et puis la maison que vous aviez échangée.
20 Mais moi, je n'ai pas le temps parce que je suis dans deux procès chaque
21 jour. Donc je n'ai pas le temps d'aller me déplacer. Mais si j'avais le
22 temps, j'aurais invité mes collègues à aller vérifier tout cela sur place.
23 Par ailleurs, le Procureur aurait pu aussi lors de l'enquête prendre des
24 photos de votre ancienne maison et de --
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Il faudrait faire ça.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Il fallait le faire. Ils auraient pris des photos et
27 comme ça, on aurait pu comparer. Mais comme ça, on n'a rien. Donc on peut
28 rien en conclure de très déterminant.
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1 Continuez, Monsieur Seselj.
2 M. SESELJ : [interprétation]
3 Q. Cette ancienne maison, comme vous l'appelez, d'après Stanka
4 Stjepanovic, elle a été détruite tout de suite à leur arrivée parce qu'on
5 ne pourrait pas s'en servir. Il fallait aussi faire des travaux dans ce que
6 vous dites la nouvelle maison pour la rendre habitable.
7 R. Mais ce sont de purs mensonges.
8 Q. Bon, bon, c'est tout à fait évident qui ment et qui ne ment pas, ici.
9 C'est tout à fait évident puisque vous n'êtes même pas capable de me
10 regarder droit dans les yeux lorsque vous répondez à mes questions. Je suis
11 un psychologue expert --
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, n'intimidez pas le témoin. Vous
13 avez votre version, lui il a la sienne, et puis les Juges trancheront.
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien. Si vous pensez que c'est de
15 l'intimidation, je ne lui dirai plus ça. Mais quand il dit un mensonge, ça
16 passe et moi, je n'ai pas le droit de dire qu'une chose est un mensonge
17 même lorsque c'est tout à fait évident qu'il s'agit d'un mensonge. Mais
18 enfin, peu importe, tant pis pour moi.
19 M. SESELJ : [interprétation]
20 Q. Marko Kalic, vous le connaissez ?
21 R. Oui.
22 Q. Lui aussi est venu à Jaksic; c'est bien cela ?
23 R. Oui.
24 Q. Il a échangé sa maison avec Jovo Njemcevic. Vous savez qu'ils ont
25 échangé une maison ?
26 R. Je sais qu'il a échangé, mais je ne connais pas le nom de la personne
27 avec qui.
28 Q. Jovo Njemcevic, le nom. Il m'a donné une déclaration qui concerne son
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1 sort. Donc lui aussi il s'est trouvé exposé à des attaques. Un groupe de
2 Croates, avec Ilija Sutalo à leur tête, lui le confirme aussi, s'est mis à
3 incendier les maisons serbes, à créer la peur, l'inquiétude. Marko Kalic
4 est venu le voir après que cette intimidation ait déjà eu lieu, il lui a
5 offert un échange de maisons. Comme Jovo Njemcevic vivait seul, sa fille et
6 son beau-fils vivaient à Belgrade, ils s'inquiétaient de son sort et ils
7 ont décidé de faire cet échange avec Kalic. Jovo Njemcevic dit qu'avec
8 Kalic il s'est rendu au SUP de Pozega et qu'une déclaration d'identité de
9 réfugié lui a été délivrée, qu'il est sorti de Croatie mais qu'il ne
10 pouvait plus revenir en Croatie après cela.
11 R. Non, je ne sais pas.
12 Q. Mais vous, vous avez pu entrer en Croatie sans que le prêtre local
13 confirme que vous avez été baptisé à l'école catholique ?
14 R. J'ai pu entrer. C'était possible d'entrer mais je ne pouvais pas
15 réaliser mes droits.
16 Q. Mais quels droits ?
17 R. Par exemple le mariage, que mes enfants reçoivent la première
18 confession et puis ces sacrements.
19 Q. Mais avant votre départ de Hrtkovci, vous vous êtes fait délivrer par
20 Niko Kraljevic, le curé, une déclaration comme quoi vous étiez baptisé à
21 l'église catholique ?
22 R. Non, plus tard.
23 Q. Mais quand plus tard ?
24 R. Plus tard, ça m'a été apporté par un homme.
25 Q. Quel homme ?
26 R. Est-ce que je dois donner le nom ?
27 Q. Oui.
28 R. Stipo Roland.
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1 Q. Mais comment est-ce qu'il vous a apporté ça de Hrtkovci à Slavonska
2 Pozega ?
3 R. Oui.
4 Q. Mais avec quel passeport vous êtes entré en Croatie ?
5 R. Avec le passeport yougoslave.
6 Q. De la RSFY ?
7 R. Oui.
8 Q. On ne l'a pas encore changé en Serbie à ce moment-là ?
9 R. Oui.
10 Q. Ce passeport, les autorités croates ne le reconnaissaient plus. On ne
11 pouvait sortir de Croatie avec ce passeport mais on ne pouvait pas y entrer
12 avec ?
13 R. Ce n'est pas vrai. Le passeport était valable. On pouvait le porter
14 tant qu'il n'y avait pas la date d'expiration.
15 Q. Mais ici, nous avons eu des preuves présentées par l'Accusation comme
16 quoi on ne pouvait pas entrer en Croatie sans qu'un curé local catholique
17 ne délivre une déclaration d'appartenance à l'église catholique. Alors
18 qu'en pensiez-vous ?
19 R. J'y suis entré.
20 Q. Vous êtes entré. Bien. Il se plaint, il dit qu'il avait une grande
21 construction maison à Jaksic, des machines de valeur, des champs, des
22 terres et que c'est uniquement une veille maison de 60 mètres carrés qu'il
23 a trouvée à Hrtkovci. Vous connaissez la maison qu'il avait à Hrtkovci ?
24 Marko Kalic, c'était votre voisin, vous devriez le savoir.
25 R. Je pense que la meilleure réponse ce serait que vous vous adressiez à
26 Marko.
27 Q. Pourquoi voulez-vous que je lui demande à lui, je le demande à vous.
28 Vous savez où il vivait, Marko.
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1 R. J'ai vu la maison mais je ne suis jamais entré dedans.
2 Q. Vous avez vu la maison à Hrtkovci ?
3 R. Oui.
4 Q. Elle était comment ?
5 R. C'était une maison comme une maison. Il y avait une entrée, un portail,
6 un toit, du plâtre, c'était peint, de quoi elle était faite, ça, je ne sais
7 pas.
8 Q. Je vais vous faire confiance. Katica Paulic, c'est votre sœur, n'est-ce
9 pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Votre vraie sœur ?
12 R. Oui.
13 Q. Elle a déménagé de Hrtkovci à Zagreb ?
14 R. Oui.
15 Q. C'est vrai ?
16 R. Vrai.
17 Q. Vous savez quand elle a déménagée, vous vous en souvenez ?
18 R. Je sais que c'est après moi.
19 Q. C'était quand ?
20 R. Moi, c'était en mai, elle fin mai, début juin.
21 Q. Elle avait quel type de maison à Hrtkovci ?
22 R. Elle avait une maison, ça je sais bien, car il y avait moi et mon père
23 qui l'avons aidée à construire sa maison.
24 Q. Elle était comment sa maison ?
25 R. Il y avait un grenier. En bas, il y avait une cave. Les dimensions, 10
26 sur -- je pense 9 ou 10, peu importe. Et devant il y avait un commerce.
27 Q. A Zagreb, qu'est-ce qu'elle a eu comme maison ?
28 R. A Zagreb, elle a eu une maison dans le quartier de Zitnjak.
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1 C'est Ivanja [phon] -- non, pas Ivanja. C'était une petite maisonnette, et
2 cette année, il a fallu qu'elle refasse la toiture, qu'elle mette un
3 nouveau toit parce que c'était pourri et ça a failli s'écrouler.
4 Q. Ce n'est pas possible.
5 R. On peut vérifier.
6 Q. Mais Katica Paulic a échangé sa maison avec Dragutin Spiric, un Serbe
7 de Zagreb.
8 R. Je ne sais pas comment il s'appelait.
9 Q. Sa maison est à 4 kilomètres du centre de Zagreb, le quartier de
10 Zitnjak, c'est bien ça ?
11 R. Oui.
12 Q. C'est que Dragutin Spiric dit. Moi, je ne sais pas. Plusieurs fois, je
13 suis allé à Zagreb, mais je ne connais pas vraiment bien la ville. Peut-
14 être que vous la connaissez mieux que moi; alors ça c'est vrai ?
15 R. Oui, c'est à Zagreb, mais pas à 4 kilomètres du centre.
16 Q. Lui dit que c'est à 4 kilomètres du centre. Est-ce que c'est plus près
17 du centre que cela ?
18 R. Non, c'est plus loin.
19 Q. Il dit aussi que c'est une grande maison, qu'elle était bien aménagée
20 et qu'à Hrtkovci il n'y avait que du béton et que sa femme a pleuré quand
21 elle a vu cela, et qu'il est mort après cela, il a mal vécu tout ça. Il a
22 eu un coup, et par désespoir, il est mort.
23 R. Ecoutez, je ne sais pas s'il est mort, mais je sais que la maison était
24 bien aménagée.
25 Q. Et Katica Paulic, elle a été chassée de Hrtkovci ?
26 R. Je pense que oui.
27 Q. Vous pensez. Vous pensez que vous êtes un penseur ? Et Katica, c'est de
28 son propre chef qu'elle est allée à Zagreb, elle a fait l'échange de la
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1 maison, son mari et son fils sont restés pendant quelque temps en Serbie.
2 R. Non.
3 Q. Mais ce n'est pas vrai. Son fils était à Sremska Kamenica, à l'école
4 secondaire du ministère de l'Intérieur, et son mari est resté pour que le
5 fils ait le diplôme du secondaire de l'école de la police et pour qu'il
6 puisse arriver en Croatie avec le diplôme.
7 R. Mais c'est après qu'ils ont déménagé tous ensemble.
8 Q. Non, non, non. Pas tous ensemble. D'abord, il y a Katica, et c'est
9 après que le mari est le fils sont venus, n'est-ce pas ?
10 R. Non, ce n'est pas vrai.
11 L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète, il n'y a aucune pause entre questions
12 et réponses, et parfois des chevauchements.
13 M. SESELJ : [interprétation]
14 Q. Bon, si vous dites qu'il n'en est pas ainsi, alors pourquoi est-ce que
15 je vous poserais encore des questions ? Ça n'a aucun sens puisque je suis
16 certain que tout est clair grâce aux réponses que vous avez déjà apportées.
17 J'en ai terminé.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Est-ce que l'Accusation a des questions
19 supplémentaires ?
20 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Je n'ai qu'une petite question à poser au
21 témoin.
22 Nouvel interrogatoire par M. Mussemeyer :
23 Q. [interprétation] Monsieur Baricevic, hier M. Seselj vous a posé une
24 question à propos des Chetniks. Il s'agit de la page 10 666, ligne 11, il
25 est écrit : "Ils avaient des calots chetnik et ils hurlaient 'C'est la
26 Serbie, c'est la Serbie'." C'était votre réponse. M. Seselj vous a demandé
27 : "Pourquoi vous avez un problème avec ces calots chetnik, après tout,
28 c'est juste un couvre-chef traditionnel pour les vieux Serbes." Il faisait
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1 référence aussi à des chants des Chetniks. Il vous a demandé : "Pouvez-vous
2 nous dire ce que Chetnik signifiait pour vous à l'époque ? Connaissez-vous
3 l'histoire ? Est-ce que vous connaissez la réputation des Chetniks ?"
4 Pourriez-vous nous expliquer un petit peu tout ceci à propos des Chetniks ?
5 R. Monsieur le Juge, quand j'étais à l'école primaire, quand on apprenait
6 l'histoire, les Chetniks, les Oustachis, c'étaient des ennemis du peuple
7 yougoslave. C'est comme ça que j'ai été élevé. Pour moi, c'était terrible,
8 affreux, quand j'ai vu cela. Hier, j'ai oublié de dire une chose, quand
9 j'ai vu sur le mur de Franjo Magoc l'inscription : oh, les Croates, c'est
10 une fosse profonde qui vous attend, et cetera. C'était affreux, je dois
11 vous le dire, pour un village où on ne pensait qu'au travail, où on vivait
12 calmement. C'était terrible, et sur l'église catholique il y avait les
13 quatre S, et sur des maisons on a vu l'inscription U. C'était un choc, pas
14 seulement pour moi, pour la population.
15 Q. Est-ce que vous ou d'autres villageois de Hrtkovci ont eu peur suite à
16 ce qui s'est passé ?
17 R. Bien sûr qu'on a eu peur. On se couchait apeuré, on ne savait pas qui
18 vivrait jusqu'au matin. Moi, particulièrement moi, tant que mes enfants
19 étaient chez moi, je ne dormais pas en bas mais j'allais au grenier pour
20 dormir là-bas et pour écarter mes enfants. Et c'est pourquoi que j'ai fait
21 sortir mes enfants de l'école avant la fin de l'école et les ai transportés
22 chez les parents de ma femme où ils étaient en sécurité. Je ne l'ai pas
23 fait par arrogance, mais en raison de la peur, peur pour leurs vies, la vie
24 de mon épouse, et finalement, ma vie aussi.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Je n'ai pas
26 souhaité la soulever avant la réponse du témoin, mais c'est une objection
27 générale. J'attire votre attention sur le fait que l'assemblée nationale de
28 la République de Serbie a entièrement réhabilité les Chetniks dirigés par
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1 le général Drazen Mihajlovic, en tant que formation antifasciste de la
2 Deuxième Guerre mondiale, donc l'image objective des Chetniks n'est pas la
3 même chose que l'image subjective et l'image que les communistes créent des
4 Chetniks.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]
6 M. MUSSEMEYER : [interprétation]
7 Q. Ce n'est pas une raison permettant d'expliquer pourquoi les villageois
8 auraient eu peur. Je n'ai plus de questions, Monsieur Baricevic.
9 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai plus de
10 questions.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai juste une petite question, votre réponse m'a
12 intéressé. Vous avez dit que vous avez été à l'école élémentaire et que
13 l'enseignement faisait que les ennemis de la Yougoslavie, en fait, du
14 peuple yougoslave, c'étaient les Chetniks et les Oustacha ou Oustachi, au
15 pluriel si on veut. C'est ça qu'on vous a enseigné à l'école. On disait que
16 les ennemis des Yougoslaves ce sont les Chetniks et les Oustacha ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Et vous avez été élevé dans cette idée ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Pendant que Tito était vivant, il n'y a eu ni
20 de Chetniks ni d'Oustacha. Il n'était pas possible de chanter ni les
21 chansons oustachi ni chetnik. C'est ainsi que j'apprenais à l'école et
22 c'est ainsi que je vivais.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Et vous chantiez quoi, vous ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y avait des chansons qu'on pouvait chanter
25 qui n'étaient pas des chansons nationales, mais il était interdit de
26 chanter des chansons nationales.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci beaucoup pour ce que vous nous avez dit.
28 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Témoin.
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1 J'ai deux petites questions à vous poser et je comprends bien que vous
2 allez nous dire que vous avez peut-être déjà répondu à la question, mais
3 soyez indulgent, s'il vous plaît.
4 Tout d'abord, j'ai une question à propos de ces hommes en uniforme noir qui
5 sont venus à bord d'un autocar juste avant que M. Seselj ne fasse son
6 discours le 6 mai 1992, à Hrtkovci. Vous avez parlé longtemps de ces
7 hommes, et vous nous avez dit que d'autres personnes vous avaient dit qu'il
8 s'agissait d'Aigles blancs. Donc c'est encore une question ouverte, on n'a
9 aucune preuve quant à savoir s'ils étaient bel et bien des Aigles blancs.
10 J'aimerais savoir si vous avez remarqué des insignes sur les uniformes ou
11 s'ils portaient des couvre-chefs, ou s'ils avaient des signes distinctifs
12 visibles qui pourraient étayer votre affirmation selon laquelle ils étaient
13 membres des Aigles blancs. Avez-vous vu quoi que ce soit sur leurs
14 uniformes ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Les couvre-chefs de ces gens ils ne les
16 portaient pas comme c'était le cas des soldats réguliers à l'époque, mais
17 ils avaient des couvre-chefs avec une cocarde, et l'armée de l'époque et la
18 police de l'époque portaient encore l'étoile rouge à cette époque-là, et
19 eux ils portaient des cocardes.
20 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Donc si je vous ai bien compris, les
21 soldats qui sont venus à Hrtkovci le 6 mai portaient des cocardes au niveau
22 de leurs couvre-chefs ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.
24 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Quel type de chapeaux ou de couvre-
25 chefs portaient-ils ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était un couvre-chef militaire noir, et à la
27 place de l'étoile rouge se trouvait la cocarde.
28 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vois. Donc ce n'étaient pas des
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1 couvre-chefs en fourrure. C'étaient des calots militaires, des couvre-chefs
2 militaires --
3 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
4 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Avez-vous remarqué des insignes au
5 niveau de leurs uniformes, indépendamment de ce qu'ils arboraient au niveau
6 de leur couvre-chef ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne l'ai pas vu.
8 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci. L'autre question que je
9 souhaitais vous poser, encore une fois je m'excuse si vous nous avez déjà
10 répondu, ceci m'a peut-être échappé, avez-vous eu l'occasion de voir la
11 maison de Jaksic avant d'avoir signé le contrat pour l'échange des maisons
12 ? Avez-vous eu l'occasion d'aller voir et évaluer le bien que vous alliez
13 échanger contre vos deux maisons à Hrtkovci, ou est-ce que vous avez fait
14 cela sans les avoir vues au préalable ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, j'ai dit une fois lorsque
16 Stanka Stjepanovic est venue dans ma maison, je suis parti pour la Croatie
17 et dans cette maison j'ai trouvé ses parents. La maison avait des planches
18 sur les fenêtres qui étaient clouées. L'étable avait brûlé, de même que le
19 toit de la maison. Malgré tout cela, j'ai signé le contrat car là-bas les
20 gens s'étaient déjà installés et ici c'était la seule possibilité, sinon je
21 risquais de tout perdre car c'était ça le système en place à Hrtkovci. Si
22 quelqu'un s'installait déjà dans une maison, il était difficile de faire
23 partir la personne. Et j'ai accepté cet échange.
24 Je savais bien que moi je donnais beaucoup plus, mais que pouvais-je faire
25 ? Mes enfants étaient déjà en Croatie, ma femme était en Croatie. Je
26 n'avais pas de maison. Mes enfants devaient continuer l'école, continuer
27 leur année scolaire. J'ai été contraint de signer ce contrat.
28 Les autres villageois, tous ceux qui sont venus chez moi, ils s'étonnaient
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1 tous, ils disaient, Franja, tu as vraiment fait un échange qui n'était pas
2 favorable pour toi. Mais c'était mon destin, j'ai dû procéder à un tel
3 échange, et j'ai aménagé cette maison. Je continue à l'aménager et je
4 finirai par l'aménager de telle façon à ce qu'elle soit exactement la même
5 que celle d'il y a quelque temps, ce sera le cas d'ici quelques années.
6 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Une fois que vous aviez déménagé dans
7 la nouvelle maison en Croatie, est-ce que vous auriez pu vous installer
8 dans une autre maison en Croatie ? Est-ce que c'était possible ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas compris la question.
10 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Pardonnez-moi. Voici ma question, je
11 vous ai demandé si une fois que vous vous étiez installé dans la maison à
12 Jaksic en Croatie, est-ce que vous pouviez vous installer après dans une
13 autre maison, une maison qui était mieux ? Etait-ce possible ou est-ce que
14 simplement vous deviez garder ce que vous aviez, cette première maison à
15 Jaksic ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Quelle possibilité ? Puisque j'ai signé le
17 contrat pour cette maison, et j'ai oublié de dire que cette même Stanka,
18 qui vit dans ma maison, elle a vendu la maison à Pozega, elle a mis
19 l'argent dans sa poche et elle est venue dans ma nouvelle maison, excusez-
20 moi, cette maison n'était pas nouvelle, celle que vous appelez nouvelle
21 maison. C'était une vieille maison bâtie dans les années '60.
22 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci beaucoup.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, pour terminer.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je dois attirer votre attention sur deux
26 points. L'étoile rouge a été enlevée des uniformes de police en 1991,
27 officiellement. Sur les couvre-chefs l'on a passé une cocarde avec le
28 drapeau serbe et l'étoile rouge a été enlevée des uniformes militaires au
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1 début de l'année 1992, immédiatement après la démission du général Veljko
2 Kadijevic, le général qui était au poste de ministre de la Défense
3 auparavant et qui s'y opposait. Et je souhaite noter aussi que Stanka
4 Stjepanovic, comme le témoin l'a dit lui-même, était juge à Slavonska
5 Pozega. En tant que juge, elle a dû quitter Slavonska Pozega et fuir en
6 Serbie. J'attire l'attention sur ces deux éléments importants.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Monsieur Mussemeyer.
8 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Je crois que le compte rendu n'est pas
9 exact. Je répondais à M. Seselj à la page 62, ligne 10, et ma réponse est
10 enregistrée que ceci n'est pas une raison pour laquelle les habitants
11 doivent avoir peur. Ce que je souhaitais dire, c'est qu'il n'y aucune
12 raison de ne pas avoir peur. Je crois qu'il faudrait corriger.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Merci, Monsieur.
14 Bien. Monsieur le Témoin, votre audition vient de se terminer. Je vous
15 remercie d'être venu répondre aux questions du Procureur, de M. Seselj et
16 des Juges. Je vous souhaite un bon retour dans votre pays. Je vais demander
17 à Mme l'Huissière de bien vouloir vous raccompagner.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
19 [Le témoin se retire]
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je vais également demander maintenant à M. le
21 Greffier de passer à huis clos et de baisser les rideaux pour le prochain
22 témoin.
23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, nous sommes
24 actuellement à huis clos partiel.
25 [Audience à huis clos partiel]
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4 [Audience publique]
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur le Greffier, un huis clos pour
6 commencer, d'abord.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos partiel.
8 [Audience à huis clos partiel]
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23 [Audience publique]
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Madame le Procureur, vous avez la parole.
25 Mme PRASAD : [interprétation] Je vous remercie, Madame, Messieurs les
26 Juges. Je vais donc commencer par lire le résumé du témoin. Le témoin est
27 un Croate qui habitait avec ses parents dans le village de Hrtkovci jusqu'à
28 ce qu'ils soient forcés de quitter ce village en août 1992. Les relations
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1 entre les différentes communautés ethniques à Hrtkovci étaient
2 harmonieuses. Les mariages mixtes étaient considérés comme tout à fait
3 normaux. Les problèmes ont commencé après le 6 mai 1992. Le témoin décrit
4 les activités des membres du SRS avant et après le 6 mai 1992. Il décrit
5 tout particulièrement l'implication des membres du SRS dans l'expulsion des
6 Croates du village de Hrtkovci. Au cours de l'automne 1991 et du printemps
7 1992, un grand nombre de réfugiés serbes sont arrivés à Hrtkovci. L'arrivée
8 de ces réfugiés serbes était organisée par le SRS. La branche locale du SRS
9 avait très certainement obtenu de l'aide de personnes à des postes élevés à
10 Belgrade.
11 Ostoja Sibincic a organisé le soi-disant échange de maisons à Hrtkovci. Les
12 réfugiés serbes qui arrivaient dans le village allaient voir Sibincic pour
13 obtenir les adresses de maisons croates qu'ils allaient occuper ensuite.
14 Sibincic donnait à ces réfugiés les informations nécessaires afin de leur
15 permettre de trouver ces maisons et d'expulser les occupants croates.
16 Au début 1992, le témoin a vu des groupes de Chetniks armés se réunir dans
17 un bar au centre de Hrtkovci. Ces Chetniks portaient des armes
18 automatiques, des couteaux et arboraient des calots pointus qui avaient une
19 cocarde sur le devant. Les Croates du cru se sentaient très intimidés par
20 la présence de ces volontaires chetniks dans leur village.
21 Seselj est arrivé à Hrtkovci le 6 mai 1992. Dans son discours, Seselj a lu
22 une liste de noms en public et a déclaré que les Croates devraient partir
23 et ne pourraient emmener que des sacs en plastique dans leurs mains.
24 Certaines personnes ont dit au témoin que Seselj avait lu une liste de
25 personnalités croates qui devaient être chassées du village. Seselj a aussi
26 dit que les enfants nés de mariages mixtes devaient être tués.
27 A partir du 6 mai 1992, l'ambiance est devenue hostile envers les Croates à
28 Hrtkovci. On menaçait les Croates d'être tués s'ils ne quittaient pas leurs
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1 maisons. Certains Croates ont reçu des menaces par téléphone. Des groupes
2 d'hommes harcelaient les villageois afin de les convaincre de partir du
3 village et d'échanger leurs maisons. Le témoin a parlé de groupes d'une
4 vingtaine de Serbes qui se déplaçaient et qui chassaient les Croates de
5 leurs maisons.
6 La police ne protégeait que les auteurs de ces faits et non pas les
7 propriétaires des maisons. Les menaces d'attentat à la bombe étaient aussi
8 extrêmement fréquentes. Les réfugiés serbes se rendaient directement dans
9 les maisons où habitaient les Croates et leur disaient de quitter leurs
10 maisons et de les abandonner.
11 En juin 1992, un parent du témoin a été tué. Suite à la mort de ce parent
12 et suite à l'échange de maisons auquel avaient procédé ses voisins
13 immédiats, le témoin a décidé de quitter Hrtkovci. Le témoin et ses parents
14 ont donc fait leurs valises et sont partis en Croatie. Ils se sont
15 finalement installés à Jaksic, où le témoin s'est occupé d'un échange de
16 maisons entre sa maison et un Serbe qui habite encore à Hrtkovci.
17 Ceci, Madame et Messieurs les Juges, conclut le résumé du témoin.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Procédez maintenant aux questions
19 traditionnelles.
20 Mme PRASAD : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
21 Avant de parler de la pièce 5044 de la liste 65 ter.
22 Interrogatoire principal par Mme Prasad :
23 Q. [interprétation] J'aimerais savoir, Monsieur le Témoin, si vous avez
24 bel et bien fait une déclaration en 2002 aux représentants du bureau du
25 Procureur ?
26 R. Oui, je l'ai fait.
27 Q. Merci. En 2005, avez-vous certifié cette déclaration devant des
28 représentants du greffe de ce Tribunal ?
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1 R. Oui.
2 Q. Je vous remercie. Avez-vous pu relire votre déclaration écrite dans
3 votre propre langue ?
4 R. Oui.
5 Q. Je vous remercie.
6 Mme PRASAD : [interprétation] Madame l'Huissière, pourriez-vous, s'il vous
7 plaît, donner au témoin la pièce 5044 de la liste 65 ter.
8 Q. Pouvez-vous regarder la troisième page, qui porte la cote 0465-6591,
9 qui correspond à la page en anglais 0189-8834.
10 Voyez-vous votre signature ?
11 R. Oui.
12 Q. [aucune interprétation]
13 R. Oui, je vois.
14 Q. Vous voyez que vos initiales figurent sur toutes les pages de cette
15 déclaration; n'est-ce pas ?
16 R. Oui, c'est ça.
17 Q. Pourriez-vous regarder la page 7, s'il vous plaît, qui porte la cote
18 0465-6595 --
19 R. Oui.
20 Q. -- en anglais, cela correspond à la page 01819-8839. Voyez-vous cette
21 signature sur cette page ?
22 R. Je vois ma signature.
23 Q. Cette déclaration, reflète-t-elle précisément ce dont vous vous
24 souvenez ?
25 R. Oui.
26 Q. Si on vous posait les mêmes questions aujourd'hui, y répondriez-vous de
27 la même façon ?
28 R. Oui.
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1 Mme PRASAD : [interprétation] Nous demandons maintenant l'admission sous
2 scellé de ce document, le 5044 de la liste 65 ter.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre se prononcera après qu'on ait posé
4 quelques questions au témoin. Avez-vous des questions à lui poser, Madame ?
5 Mme PRASAD : [interprétation] Pas de questions.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Monsieur, voilà les questions que j'ai à vous
7 poser à partir de la déclaration.
8 Tout d'abord, concernant la période avant le 6 mai 1992, avant le
9 discours de M. Seselj, dans votre village y avait-il des partis politiques
10 que vous connaissiez, vous, ou vous n'aviez aucune idée des partis
11 politiques ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Comme je l'ai dit dans ma déclaration, je ne
13 connaissais pas vraiment bien tout ça, mais je savais qu'il y avait le SDP,
14 le Parti social démocrate, qui était le plus fort, puis il y a le SPO, puis
15 - un instant - le parti croate avec Bela Tonkovic et le Parti radical
16 serbe.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : J'en viens, moi, au Parti radical serbe. Comment
18 saviez-vous qu'il y avait le Parti radical serbe avant le 6 mai 1992 ?
19 Comment vous le saviez ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une localité qui est toute petite. Tout
21 le monde était au courant. Sibincic se vantait de cela, lui et Aco Ejic, je
22 suppose, ont créé --
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Il doit y avoir un problème dans les micros,
24 Monsieur le Greffier, parce qu'on entend difficilement là. Oui, Madame
25 Biersay, c'est bien ça ?
26 Mme BIERSAY : [interprétation] L'interprétation ne passe pas bien, en tout
27 cas ne passe pas bien en ce qui me concerne.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon, je reprends. Concernant le Parti radical serbe,
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1 qui d'après vous était membre du Parti radical serbe ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Membre du SRS ? Il y avait des gens nouveaux
3 qui avaient déjà échangé les maisons. Il y avait Ostoja Sibincic et ce
4 groupe rassemblé autour de lui. Je ne savais pas exactement qui était les
5 membres, mais c'était ses amis, des gens qui partageaient les mêmes
6 opinions. Je n'ai jamais vu la liste ou quelque chose pour savoir
7 exactement qui était membre du Parti radical serbe.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Sibincic, vous le connaissiez ? Vous avez discuté
9 avec lui ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, jamais. Je n'ai jamais parlé avec lui,
11 mais je le connaissais.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous le connaissez, mais vous ne lui aviez jamais
13 parlé. Et qui vous a dit Sibincic est membre du Parti radical serbe ? C'est
14 quelqu'un qui vous l'a dit ou c'est la rumeur populaire ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ce n'était pas que des rumeurs. D'après
16 ce qu'il disait dans des cafés, des lieux publics, il montrait ça, il
17 s'affichait. Ce n'était pas directement en contact avec moi mais à travers
18 ce qu'on entendait. Par exemple, on se mettait un peu plus loin de
19 l'endroit où il parlait, on l'entendait parler.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Donc il disait ça. Le 6 mai 1992, M.
21 Seselj vient faire un discours. Vous, où étiez-vous le 6 mai 1992 ? Parce
22 qu'apparemment vous n'étiez pas au discours.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce jour-là j'étais dans les champs, je
24 replantais les pastèques et les melons.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Vous préféreriez replanter les pastèques et les
26 melons qu'écouter M. Seselj. Bien. Très bien. Ce discours, vous en aviez
27 entendu parler avant ou on vous en a parlé après ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce discours, j'en ai entendu parler après,
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1 après qu'il ait eu lieu.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Qu'est-ce qu'on vous a dit au juste ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] On a dit qu'on a lu des noms des Croates en
4 vue dans le village, qu'il fallait qu'ils déménagent, qu'ils partent, et
5 qu'on a dit à ce rassemblement qu'il fallait divorcer les mariages mixtes,
6 tuer les enfants de ces mariages. Et ce sont surtout les gens qui étaient
7 dans les mariages mixtes qui disaient cela. Ce sont eux surtout qui avaient
8 peur à cause de ça. Ils se plaignaient en disant, mais enfin, est-ce que
9 leurs enfants n'étaient pas bien pour que l'on les tue ?
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que vous vous souvenez que quelqu'un de
11 mariages mixtes vous ait dit cela ? Est-ce que dans votre souvenir vous
12 avez un nom à nous donner, ou bien il est impossible de dire quoi que ce
13 soit ? Parce que ça remonte à tellement longtemps que je comprends très
14 bien que vous ne pouvez pas vous rappelez exactement de qui vous a dit
15 quoi.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas me rappeler exactement les
17 noms. Et je ne voudrais pas mentionner les noms car ce sont des gens de
18 mariages mixtes, parfois ils vont à Hrtkovci et j'ai peur pour leur
19 sécurité.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Donc vous n'étiez pas au discours. Et
21 tout ce que vous pouvez dire, c'est ce que les gens répètent.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Moi maintenant, je vais aller à l'élément de votre
24 déclaration écrite qui est l'échange de votre maison. Pouvez-vous nous dire
25 comment ça s'est passé ? D'abord, pouvez-vous nous dire comment était votre
26 maison à Hrtkovci ? Quel était le nombre de pièces, la grandeur ? Pouvez-
27 vous nous dire comment était votre maison ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était une maison comparable à celle que j'ai
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1 eue en échange. C'est normal qu'on ne peut pas trouver à l'identique. Mais
2 c'était également une maison avec trois pièces, une cuisine, un garde-
3 manger, une salle de bain, des bâtiments agricoles. On ne peut pas toujours
4 trouver un échange parfait. J'ai échangé ma maison, mon tracteur, tous les
5 engins agricoles et mes terres.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : C'est une maison, trois pièces, salle de bain,
7 cabinet de toilettes, je présume, cuisine, et puis des terrains agricoles,
8 tracteur. Les terrains agricoles, combien d'hectares ou mètres carrés où
9 vous plantiez vos melons et pastèques ? Quelle est la surface du terrain
10 agricole ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y avait pas que les pastèques et les
12 melons. Il y avait toutes les autres cultures. La surface de mon terrain,
13 plus de sept hectares à peu près, et j'ai reçu six à peu près.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Sept hectares. Très bien. On voit l'exploitation
15 agricole que vous avez. Comment ça va se passer l'échange ? Qui va vous
16 dire qu'il faut échanger ? Dites-nous comment ça se passe ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Premièrement, comment ça s'est fait l'échange.
18 On n'arrêtait pas de voir des gens arriver dans le village et nous proposer
19 des adresses de maisons en Croatie pour qu'on aille voir leurs maisons. Il
20 y avait même un panneau d'affichage où on disait qu'à Kula près de Pozega
21 il y avait, je ne sais plus, 30 ou 40 maisons, je ne veux pas faire
22 d'erreur, qu'on allait échanger. J'ai pris la voiture et j'ai noté quelques
23 adresses, mais je n'ai pas tellement aimé ces propriétés. Puis je me suis
24 trouvé à Jaksic par hasard et je suis tombé sur cet homme, je lui ai
25 demandé s'il voulait faire l'échange, il m'a dit que oui. On s'est plus ou
26 moins mis d'accord, aussi un petit peu --
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous arrête là. Vous venez de dire qu'il y avait
28 des gens qui étaient venus et ces gens-là c'était des réfugiés serbes qui
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1 voulaient échanger leurs maisons.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez dit qu'il y avait également des pancartes
4 où il y avait des annonces sur les changements de maisons, et vous avez dit
5 qu'à ce moment-là vous avez vous-même cherché à trouver une maison, et vous
6 êtes arrivé à Jaksic. Avant d'aborder l'échange avec le propriétaire de
7 Jaksic, pourquoi vous vouliez partir, vous ? Quelle était la raison ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Quelle en a été la raison. Mon oncle a été
9 tué, il y avait des menaces tous les jours. On voyait des groupes de cinq,
10 six, sept personnes arriver dans la cour, ils attaquaient, disaient qu'il
11 fallait que j'échange, que je parte. C'était des menaces tous les jours. On
12 ne peut pas travailler normalement. On ne peut pas vivre normalement. On ne
13 peut pas trouver la tranquillité, la sérénité la nuit pour se reposer si
14 tous les jours il y a des pressions, vous savez.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Un détail. Vous venez de dire il y avait des groupes
16 qui venaient tous les jours pour faire des menaces. Les groupes, c'étaient
17 les réfugiés serbes qui avaient quitté la Croatie, ou bien c'était les gens
18 de Sibincic ? C'était qui ces groupes ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y avait des réfugiés serbes, il y avait des
20 groupes armés également. Je ne sais pas à qui ils appartenaient, mais ils
21 avaient toujours sur eux des pistolets à la ceinture, voir même des
22 grenades à main, c'étaient des uniformes de camouflage militaires parfois.
23 Là, la pression psychologique est encore plus importante. Ils se
24 déboutonnent, te montrent le pistolet et les grenades à la ceinture.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc vous décidez de partir, vous allez dans cette
26 localité de Jaksic. Vous allez rencontrer qui ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] En passant en voiture par Jaksic, on a arrêté
28 celui qui était sur un tracteur, celui avec qui j'ai fait l'échange, et je
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1 lui ai demandé s'il connaissait quelqu'un qui voulait échanger sa maison.
2 Il a répondu en disant que, lui, il voulait faire cet échange de maison.
3 Donc on est allé dans sa maison, à l'intérieur, on a tout vu, et après ses
4 deux beaux-fils et ses deux fils sont venus voir notre maison, parce qu'eux
5 vivaient à Belgrade. Et c'est comme ça qu'on s'est mis d'accord sur
6 l'échange.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Comment il s'appelait celui avec qui vous avez
8 échangé votre maison ?
9 (expurgé)
10 Mme BIERSAY : [interprétation] Pourrions-nous expurger le nom s'il vous
11 plaît ?
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez tout à fait raison. Bien. Monsieur le
13 Greffier, il faut enlever le nom à la ligne 17 de la page 82, parce que ça
14 permettrait, le cas échéant, de vous identifier. Comme on a un décalage de
15 30 minutes, on va réparer facilement l'erreur.
16 Pouvez-vous me décrire quelle était la consistance de sa maison, combien de
17 pièces, avait-il un tracteur, des champs, comment se présentait sa maison à
18 lui ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Sa maison, elle aussi elle avait trois pièces,
20 une cuisine, une salle de bain, des toilettes. C'était comparable à la
21 nôtre, il y avait juste que la construction n'était pas tout à fait de la
22 même façon. Et il y avait les bâtiments de la ferme qui étaient peut-être
23 un peu différents, mais on ne peut pas toujours trouver à 100 % la même
24 chose pour échanger. Donc nous avons accepté. Juste les engins agricoles,
25 c'était moins grand, le tracteur; il y avait moins de remorques, on s'est
26 mis d'accord qu'ils nous versent 2 000 deutsche marks à l'époque, parce que
27 leurs engins n'avaient pas la même valeur que les nôtres.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors vous vous mettez d'accord et en plus de
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1 l'échange, il va vous verser 2 000 deutsche marks.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Y a-t-il eu un contrat qui a été signé ? Par qui,
4 devant qui ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous avons signé un contrat concernant
6 l'échange des biens immobiliers et des engins agricoles. Le contrat a été
7 signé à Pozega. Il a été rédigé chez l'avocat, et à Ruma, ça a été signé
8 auprès d'un tribunal.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc ça a été enregistré auprès d'un tribunal à
10 Ruma.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Dans cet échange, est-ce que vous avez été perdant
13 ou gagnant ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Si on fait le calcul, peut-être que j'ai perdu
15 un peu au niveau des terrains. Mais si l'on doit faire un choix, choisir la
16 vie en sécurité, il vaut mieux perdre un peu et être sûr que la vie sera
17 sauvée, plutôt que de garder la terre et de risquer sa vie, car si on est
18 mort on n'a pas besoin des terrains.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Il y a une thèse qui circule de la part de la
20 Défense de M. Seselj qui est la suivante. Je vais vous l'exposer et vous me
21 direz ce que vous en pensez. Parce que le métier de Juge, c'est justement
22 de comparer la thèse de l'Accusation et la thèse de la Défense pour essayer
23 d'y voir clair.
24 La thèse exposée par la Défense est la suivante : les Croates vont chasser
25 les Serbes qui habitent en Croatie et il y aura deux vagues de Serbes qui
26 vont venir en -- enfin, deux vagues de Serbes qui vont venir en Serbie, qui
27 habitaient, eux, avant la Croatie. Une première vague où il y aurait 200
28 000 Serbes qui arriveraient dans les années 1992, puis une deuxième vague
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1 de 200 000 Serbes en 1995. Au total 400 000 Serbes qui quittent la Croatie
2 pour venir en Serbie.
3 La thèse de la Défense est de dire que tous ces Serbes qui ont quitté
4 la Croatie ont été forcés, expulsés et certains ont subi des mauvais
5 traitements, et cetera, je n'entre pas dans les détails. D'un autre côté,
6 des Croates comme vous, qui habitaient dans votre localité et dans d'autres
7 localités, sont partis pour aller en Croatie. Et ce nombre de Croates
8 serait de quelques milliers, on n'a pas le chiffre exact, on y verra peut-
9 être plus clair dans les prochains jours, mais pour le moment il y aurait
10 quelques milliers de Croates comme vous qui sont partis vivre en Croatie.
11 Première question : est-ce que vous êtes d'accord sur les chiffres ? Est-ce
12 qu'il y a eu beaucoup de Serbes qui sont arrivés de Croatie et également un
13 certain nombre de Croates qui sont partis en Croatie ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne m'y connais pas en statistique et je ne
15 connais pas le nombre des personnes qui sont passées d'un côté ou de
16 l'autre. Mais je suis certain qu'il y avait plus de Serbes de Croatie qui
17 sont venus en Vojvodine et en Serbie que de Croates qui sont partis en
18 Croatie. Car au niveau de la population aussi, les Serbes en Croatie
19 étaient plus nombreux que les Croates en Vojvodine.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Une autre thèse avancée par la Défense lors d'un
21 contre-interrogatoire il y a quelque temps, c'est de dire ceci, c'est que
22 les Croates, qui comme vous ont quitté la Croatie, ont été rencontrés des
23 Serbes pour échanger les maisons, et en quelque sorte, profitant du fait
24 que ces Serbes étaient sous pression, étaient intimidés, victimes, et
25 cetera, ça obligeait en quelque sorte les Serbes à quitter la Croatie et à
26 échanger leur appartement avec des personnes comme vous qui étaient venues
27 les voir. Et vous nous avez dit que c'est vous-même qui avez été en Croatie
28 voir celui avec qui vous allez échanger votre appartement. Qu'est-ce que
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1 vous pensez de cela ? C'est vrai, c'est faux ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact que je suis allé seul voir la
3 maison croate que j'allais prendre en échange de la mienne, et il est exact
4 aussi que les Serbes pouvaient faire la même chose. Ils pouvaient voir les
5 maisons que l'on a échangées contre les leurs. Il n'est pas exact de dire
6 que, eux, ils ne pouvaient pas voir les maisons et les terrains.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Un autre argument qui a été avancé par la Défense et
8 que les Juges soumette à l'examen serait le suivant : parmi les Croates qui
9 ont quitté la localité de Hrtkovci, ce sont plutôt des Croates pas riches
10 ou moyennement riches qui seraient partis parce qu'ils avaient des petites
11 maisons ou des petites surfaces d'exploitation, et par contre les Croates
12 riches, qui avaient de belles maisons ou des hectares importants, eux,
13 seraient restés. Et qu'en fait, il y aurait eu une migration des Croates
14 défavorisés vers la Croatie. Par contre, les Croates, eux, riches, seraient
15 restés. Qu'est-ce que vous en pensez ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais vous le dire. Il y a quelque chose,
17 comment dire, il y a des Croates riches qui sont restés et qui étaient en
18 mesure de donner de l'argent à Sibincic pour qu'il ne les touche pas, pour
19 qu'il les protège. Mais je sais avec certitude qu'il y a aussi des Croates
20 riches qui sont partis pour la Croatie. Vous pouvez le vérifier encore
21 aujourd'hui. Il est possible de voir les maisons que les Croates ont
22 laissées à Hrtkovci, et cet endroit qui est en Vojvodine, et de voir les
23 maisons contre lesquelles ils ont échangé les leurs.
24 Il est facile de dire j'ai échangé une mauvaise maison contre une
25 meilleure. Ça dépend de l'endroit, du village, de la ville en question, car
26 la valeur d'une maison n'est pas partout pareille. Je vais faire une
27 comparaison, ce n'est pas pareil si c'est dans le centre-ville ici à La
28 Haye ou dans la banlieue. Là aussi, il y a de grandes différences. Et si,
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1 par exemple, quelqu'un qui a échangé une maison pas tellement bien de
2 Hrtkovci, là je vais vous donner un exemple pour Ciglenik, près de Pozega,
3 ou Porec, près de Pozega, c'est vraiment très, très éloigné, ça n'a plus
4 aucune valeur cette maison, et peu importe combien d'étages elle peut
5 avoir.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Parmi les agriculteurs, puisque vous étiez
7 agriculteur, vous apparteniez aux agriculteurs pauvres, moyennement riches
8 ou riches, s'il fallait vous classer à l'époque on vous aurait mis dans
9 quelle catégorie, vous ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Catégorie moyenne.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Dans la catégorie moyenne. Bien. Vous avez dit
12 quelque chose que nous n'avions pas entendu jusqu'à maintenant. Comme rien
13 ne m'échappe, dès que je vois quelque chose d'intéressant, je l'utilise
14 immédiatement en demandant au témoin des précisions. Vous avez dit que des
15 Croates riches avaient payé Sibincic pour rester, pour ne pas avoir de
16 problèmes, je suppose. Est-ce que Sibincic faisait un racket sur les gens
17 en leur disant, je vous protège, mais payez-moi, et à ce moment-là vous
18 n'aurez pas de problèmes ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] A peu près. C'est ce que j'ai entendu dire.
20 Certains Croates me l'ont dit, mais je n'ose pas dire leurs noms. Mais il
21 ne s'agit pas seulement du fait que les Croates partaient, il y a eu des
22 Hongrois qui sont partis et qui étaient bien lotis et qui sont allés vivre
23 en Croatie. Donc ils ne voulaient pas payer le racket à Sibincic et ils ont
24 dû partir.
25 Un autre exemple, mon oncle, lui aussi, est parti vivre en Croatie,
26 et sa situation financière était bonne. Il avait beaucoup de terrains et
27 d'engins agricoles, donc on ne peut pas dire que le principe était tel que
28 seulement les classes moyennes et moins bien loties partaient pour la
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1 Croatie.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous citiez l'exemple de votre oncle, quelle était
3 sa surface d'exploitation ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour autant que je le sache, il avait plus de
5 15 hectares de ses propres terres, puis il avait le tracteur avec tous les
6 appareils annexes. Ensuite, il cultivait la betterave, notre région est
7 connue pour cela, donc il a échangé tout ça et il est parti pour la
8 Croatie. Et je vais mentionner le médecin du village qui avait lui aussi 15
9 à 20 acres de terre, à peu près, et il a quitté tout cela et il est en
10 Croatie maintenant où il ne travaille pas, encore aujourd'hui.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc pour vous, il y a un certain nombre de Croates
12 qui sont partis en Croatie et qui n'ont pas été gagnants à l'échange, ils
13 ont perdu.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Exactement, ils ont perdu. Tout d'abord, la
15 terre dans le Srem est d'une bien meilleure qualité, elle est plus fertile
16 par rapport à la terre surtout dans cette partie-là de la Slavonie, Pozega,
17 Nasice, Slatina, Bijelova [phon], et ainsi de suite. La terre est de bien
18 moindre qualité là-bas que chez nous, à Srem. Si M. Seselj ou quelqu'un
19 d'autre n'y croit pas, qu'il engage les experts agricoles pour qu'ils
20 procèdent à une analyse de la qualité de la terre.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Peut-être que si la Chambre a du temps elle ira sur
22 place pour regarder les maisons et la terre, mais pour le moment, nous
23 sommes tellement pris qu'on n'a pas le temps d'aller se déplacer, mais
24 peut-être qu'on le fera.
25 J'en viens maintenant, car c'est dans votre déclaration, vous avez dit que
26 votre oncle avait été -- il s'est passé quelque chose. Alors, pouvez-vous
27 nous dire ce qui s'est passé vis-à-vis de votre oncle ? Mais ne dites pas
28 son nom. Bon, mais on va passer à huis clos partiel, parce que -- Monsieur
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1 le Greffier.
2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Juge, nous sommes à huis clos
3 partiel.
4 [Audience à huis clos partiel]
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22 [Audience publique]
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez dit dans votre déclaration que vous avez
24 vu des personnes qui pillaient des maisons, il semblerait que de vos
25 propres yeux vous avez vu ça en personne. Vous pouvez me dire qu'est-ce que
26 vous avez vu au juste sur les pillages des maisons ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais vous dire ce que j'ai vu. La troisième
28 maison par rapport à la mienne, plus loin, un groupe a fait irruption chez
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1 mon voisin qui vivait et il avait été en Croatie pour chercher une maison à
2 échanger et son beau-frère veillait à la maison, et tout simplement ils ont
3 chassé ce beau-frère. Le groupe de 15 à 20 personnes l'ont chassé
4 simplement et ensuite un Serbe de Croatie a occupé cette maison. Entre-
5 temps, mon voisin a pu échanger sa maison contre la maison d'un Serbe de
6 Rijeka et lorsque celui-ci est venu, il n'a pas pu entrer dans sa maison
7 tant qu'il n'a pas permis à celui qui l'occupait de prendre tout ce qu'il
8 voulait dans la maison.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Un témoin nous a dit que les Serbes qui avaient été
10 expulsés de Croatie étaient assez excités, pas contents, ils reprochaient
11 au gouvernement serbe de ne rien faire, et on nous a même dit que beaucoup
12 d'entre eux étaient armés, circulaient avec des armes. Est-ce que vous avez
13 vu vous-même ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je l'ai vu. J'ai vu qu'ils portaient
15 des armes lorsqu'ils se déplaçaient car ils sont venus même dans ma cour,
16 ils me menaçaient avec leurs armes, avec leurs pistolets. Certains d'entre
17 eux portaient un fusil automatique aussi, mais pour la plupart, c'était la
18 police qui les protégeait lorsqu'ils se déplaçaient.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous dites que c'est la police qui les protégeait.
20 Ultime question : on a donc des Serbes qui sont en quantité qui
21 viennent dans votre village et qui cherchent aussi des maisons parce qu'il
22 faut bien qu'ils dorment quelque part. Beaucoup sont, semble-t-il, armés,
23 donc ils font irruption dans les maisons dans les conditions que vous avez
24 décrites. On comprend très bien ce qui a pu se passer. Mais que faisait
25 l'Etat, que fait la police, ils assistent impuissants à tout cela, tout le
26 monde laisse faire, parce que tout le monde est débordé ? Pourquoi l'armée,
27 la JNA ne vient pas pour rétablir l'ordre ? Est-ce que vous avez une
28 explication à donner ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai une explication. La police n'entreprenait
2 rien, comme je l'ai dit dans ma déclaration, jusqu'au moment où j'ai parlé
3 avec la présidente de la municipalité de Ruma après le meurtre de mon
4 oncle. Elle a dit je dois venir pour faire régner l'ordre à Hrtkovci mais
5 pas avec cette police-là mais avec les autres.
6 Après elle est venue avec les membres de la police spéciale et depuis
7 la situation s'est calmée. Les Croates ont pu partir calmement, les gens ne
8 faisaient plus irruption dans les maisons, des barrages routiers ont été
9 placés à l'entrée et à la sortie, donc on pouvait contrôler les entrées et
10 les sorties. C'était une espèce de cessez-le-feu qui s'était installé. Je
11 pense qu'il s'agissait là de la police qui était placée sous un autre
12 commandement, et cette présidente de la municipalité de Ruma a reçu un
13 accord de Slobodan Milosevic ou quelqu'un d'autre du sommet pour calmer la
14 situation à Hrtkovci.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Quand les Juges posent des questions, il y a
16 toujours des éléments nouveaux qui apparaissent. Là, vous venez de donner
17 un élément que nous n'avions jamais entendu jusqu'à présent. Vous dites que
18 la présidente ou le président de la municipalité de Ruma qui avait été donc
19 informé du crime, et je ne l'évoque pas, aurait fait quelque chose, et qu'à
20 ce moment-là il y aurait des forces de police spéciale qui seraient venues
21 et à ce moment-là l'ordre aurait été rétabli parce qu'on aurait mis des
22 contrôles sur les routes et à ce moment-là la paix serait revenue. A quel
23 moment c'est arrivé ça, quel mois ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était au mois de juillet.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : En juillet. Bon. Donc les désordres, entre
26 guillemets, c'est en 1992, avant le mois de mai, après le mois de mai,
27 juin, et puis en juillet on rétablit l'ordre. C'est comme ça que ça s'est
28 passé ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, à peu près. Les troubles ont surtout
2 commencé après l'arrivée de M. Seselj dans le village. Après, lorsque les
3 membres des forces spéciales sont entrés dans le village, la situation
4 s'est calmée, même si les provocations ont continué mais il n'y avait plus
5 tellement d'attaques contre les maisons. On ne chassait plus les gens de
6 leurs maisons et ce genre de chose.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelque chose d'intéressant. Les forces spéciales
8 viennent au mois de juillet et l'ordre est rétabli. Mais après le mois de
9 juillet, il y a des Croates, alors que l'ordre était rétabli, qui ont
10 décidé de partir, parce qu'ils auraient pu rester là tranquillement, est-ce
11 qu'il y a des Croates qui sont partis après le mois de juillet ?
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Il faut expurger, Madame le juriste de la Chambre,
15 voyez avec le Greffier, la ligne 21, page 92. Il faut que je fasse 36
16 choses en même temps.
17 Ils sont partis après, mais ils n'étaient pas obligés de partir puisque
18 l'ordre était rétabli. Pourquoi ils partent ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] A quoi ressemble une vie si vous avez sans
20 cesse besoin d'être surveillé par la police ? Nous n'étions pas habitués à
21 cela. Nous étions habitués à nous déplacer librement. Ils peuvent nous
22 protéger chez nous, mais dans les champs ils détruisaient nos pastèques,
23 nos pommes de terre. Vous arrivez dans votre propre champ et puis quelqu'un
24 d'autre prend tes pastèques ou tes pommes de terre, quoi faire ? Vous ne
25 savez pas s'il est armé ou pas, et nous on n'avait pas d'arme, on ne
26 pouvait pas se défendre.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous-même, vous avez fait votre échange quel mois
28 exactement, à quelle date ? Parce que je ne vous ai pas posé la question
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1 tout à l'heure, je voulais la garder pour la fin, à quelle date ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 18 août, si mes souvenirs sont bons, je
3 suis allé vivre en Croatie.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc le 18 août, c'est-à-dire que vous êtes parti
5 alors que l'ordre était rétabli ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Maintenant dernière question. A chaque fois je dis
8 c'est la dernière question mais vos réponses m'amènent à vous reposer une
9 question. Ça sera vraiment la dernière et je vous le promets.
10 Quand vous êtes allé en Croatie après 1992, 1993, 1994, vous avez
11 travaillé, et cetera, et vous avez donné une déclaration au bureau du
12 Procureur en 2002. Est-ce qu'à un moment donné les services secrets croates
13 ou le bureau du procureur croate ou des policiers croates sont venus vous
14 voir dans votre maison ou dans votre ferme pour vous demander si vous
15 alliez témoigner pour ce Tribunal ? Est-ce que vous avez eu ce type de
16 contact ou vous n'avez vu personne à part les représentants du bureau du
17 Procureur qui en l'espèce était l'enquêteur que nous connaissons tous, M.
18 Paolo Pastore-Stocchi. Est-ce que vous aviez vu d'autres personnes ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ce jour-là, lorsque j'ai fait cette
20 déclaration, j'ai vu le représentant de la police croate qui portait des
21 vêtements civils et qui est venu chez moi. Il m'a demandé si je souhaitais
22 fournir cette déclaration, j'ai dit que oui, et je suis allé afin de le
23 faire. Mais c'était seulement le jour où j'ai fait cette déclaration à M.
24 Stocchi qu'ils sont venus poser cette question.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Le policier croate ne vous avait pas dit qu'il
26 fallait dire cela, ne pas dire cela ? Personne ne vous a influencé ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Personne ne m'a influencé et je suis
28 venu. Je vais vous expliquer. Je suis rentré chez moi du travail, je
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1 n'avais même pas déjeuné, et ce monsieur est venu. Il m'a dit : Il faut
2 aller à tel endroit immédiatement, ils vous attendent. J'ai immédiatement
3 pris ma propre voiture, je ne suis même pas allé dans sa voiture. J'y suis
4 allé, et c'est là que j'ai attendu une heure ou deux mon tour et j'ai fait
5 ma déclaration.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]
7 Mme LE JUGE LATTANZI : Vous n'étiez pas présent quand M. Seselj a tenu son
8 discours, mais est-ce que vous avez entendu parler qu'il y avait des
9 mesures de sécurité et par qui ces mesures de sécurité étaient assurées ?
10 Il y avait la police locale ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Ça, je ne le sais pas. Vraiment, je ne me
12 souviens pas très bien. Je ne saurais vous le dire. Je ne me souviens pas
13 très bien de cette sécurité à ce rassemblement. Vraiment, je ne sais rien à
14 ce sujet.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais demander à mon collègue. Non, pas de
16 questions.Madame le Procureur, quelques questions supplémentaires ou pas ?
17 Mme PRASAD : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, passer à
18 huis clos partiel, Monsieur le Président.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Nous allons passer à huis clos partiel.
20 Monsieur le Greffier.
21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos
22 partiel.
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11 [Audience publique]
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. En audience publique, la déclaration écrite du
13 témoin est enregistrée sous le numéro P564, sous pli scellé. Bien. Monsieur
14 le Témoin, je vais vous remercier au nom de mes collègues.
15 Bien. Mais, Monsieur Seselj, vous confirmez bien, pas de questions, pas de
16 contre-interrogatoire.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je ne contre-interrogerai pas.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Monsieur, je vous indique au nom de mes
19 collègues, je vous remercie d'être venu apporter votre témoignage à la
20 demande du bureau du Procureur. Et je vais formuler mes meilleurs vœux pour
21 que vous effectuiez dans les meilleures conditions possibles votre retour
22 dans votre pays. Avant que vous quittiez la salle, on va baisser les
23 rideaux.
24 C'est bon.
25 [Le témoin se retire]
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Toujours en audience publique. Monsieur
27 Seselj, je vais aborder le calendrier de la semaine prochaine. Et je vous
28 informe que la Chambre a rendu une décision qui a été enregistrée
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1 aujourd'hui. Mais le temps qu'elle soit traduite dans votre langue, vous
2 risquez de ne pas l'avoir en temps utile. Ça concerne Mme Ewa Tabeau qui,
3 comme vous le savez, est témoin expert de l'Accusation et va venir déposer
4 mardi et vendredi. La Chambre a donc décidé que l'expert Tabeau viendra ces
5 deux jours-là. Elle fera l'objet d'un interrogatoire principal de
6 l'Accusation d'une durée de 30 minutes à partir du rapport. Après quoi
7 vous, Monsieur Seselj, vous aurez deux heures, je dis bien deux heures,
8 pour la contre-interroger. Après quoi, en cas de nécessité, le bureau du
9 Procureur pourra poser des questions supplémentaires pour une durée d'une
10 heure. Bien entendu, dans ce décompte, les Juges poseront des questions,
11 mais le temps n'est pas prévu pour les Juges.
12 Je fais une petite correction, j'avais dit mardi et mercredi, et au
13 transcript, on a marqué vendredi comme dernier jour. Non, c'est mardi et
14 mercredi. Et jeudi, on a un autre témoin. Donc "Friday" doit être corrigé.
15 Voilà comment va se dérouler l'audition de Mme Tabeau. Et la Chambre
16 statuera, après tout cela - après vous avoir entendu et après avoir entendu
17 les questions - sur l'admission du rapport dudit expert. Voilà.
18 Je tenais à vous informer parce que vous n'aurez certainement pas à
19 temps notre décision qui fait plusieurs pages, et le temps que tout ça soit
20 traduit, il fallait que je vous en informe. Oui, Monsieur Seselj.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'attends une minute que cela se termine.
22 Monsieur le Président, je m'étonne de voir que c'est par avance que vous
23 avez prévu une heure pour le contre-interrogatoire du Procureur. Mais je
24 voudrais que mes droits soient protégés, je ne m'y oppose pas, je viens
25 d'un système judiciaire où c'est la Défense qui a toujours le dernier mot
26 par rapport au Procureur. Donc c'est toujours par principe que la Défense a
27 le droit de répondre aux propos du Procureur.
28 Là, vous donnez une heure au Procureur pour l'interrogatoire principal, et
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1 pour le contre-interrogatoire, c'est une demi-heure. Mais généralement, on
2 a besoin de plus de temps, parce que c'est le rapport d'expert qui
3 accompagne le témoignage. Si on a besoin de deux fois plus de temps pour
4 les questions supplémentaires que pour l'interrogatoire principal, il y a
5 toute une série de dangers là qui se présentent pour moi, à savoir que je
6 n'ai pas prêté suffisamment attention pendant le contre-interrogatoire à
7 certaines questions qui vont maintenant être abordées par le Procureur.
8 Donc je demande qu'après ces questions supplémentaires, s'il y a de
9 nouvelles questions qui émergent, qu'on me donne le droit de reposer
10 quelques nouvelles questions. Je pense que ce serait bien, par correction.
11 Ça c'est un premier point.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez, je vous réponds tout de suite. Tout
13 d'abord, la Chambre aurait pu décider d'elle-même que le rapport était
14 directement admis et ne vous permettre que le contre-interrogatoire. Ça se
15 passe dans certaines Chambres. Nous, nous avons préféré, afin de garantir
16 le mieux possible vos droits, de permettre à l'Accusation pendant une demi-
17 heure de poser quelques questions à partir du rapport. Parce que je pense
18 que le temps est largement suffisant pour cela. Après quoi, vous avez deux
19 heures, ce qui est beaucoup, pour contre-interroger, et comme dans la
20 décision nous l'avons dit, en cas de besoin, l'Accusation a le droit de
21 questions supplémentaires, c'est dans le Règlement.
22 Nous avons pensé que compte tenu peut-être du champ que vous allez
23 explorer dans votre contre-interrogatoire, le Procureur aura peut-être
24 besoin, je dis bien en cas de nécessité, une heure. Bien entendu, s'il faut
25 que vous repreniez la parole sur quelques éléments, vous aurez, bien
26 entendu, liberté de reprendre la parole. Voilà ce que je voulais vous dire.
27 Mme Tabeau est un expert démographe. C'est sur des questions
28 statistiques, des questions de répartition des populations, donc c'est sur
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1 des tableaux, voilà. Donc si après que le Procureur pose des questions
2 supplémentaires, mais peut-être qu'il n'y en aura même pas, à ce moment-là
3 vous aurez la possibilité de réintervenir.
4 Oui, que voulez-vous dire ?
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai deux points en plus. Pour ce qui est d'Ewa
6 Tabeau, vous avez prévu deux heures pour moi. J'estime qu'il se peut qu'il
7 arrive, je ne sais pas par avance, mais qu'il me faille un peu plus de
8 temps. J'attire votre attention là-dessus, j'ai fait gagner pas mal de
9 temps pendant le contre-interrogatoire de ces quelques derniers témoins que
10 nous avons entendus.
11 La semaine prochaine, Ewa Tabeau est le seul témoin. Nous avons un 92
12 ter, ça ne prendra que très peu de temps et nous avons trois jours à notre
13 disposition. Donc j'aimerais que vous ayez ça à l'esprit, si j'ai besoin
14 d'un peu plus de deux heures, que vous m'accordiez ce supplément. Je ne
15 demande pas souvent, je demande souvent pour les experts.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous avons ça à l'esprit, pas de problème.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Et un troisième point que je souhaite aborder.
18 Un nouveau calendrier m'a été remis aujourd'hui pour la comparution des
19 témoins de l'Accusation, octobre, novembre et décembre sont couverts par ce
20 calendrier. Il y a eu des modifications très profondes par rapport au
21 calendrier précédent qui portait sur octobre, novembre. Trois problèmes
22 découlent de ces modifications.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Si vous évoquez des noms de témoins protégés, il
24 vaut mieux à ce moment-là passer à huis clos.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Non.
27 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je ne vais donner que des chiffres. Dans
28 ce calendrier, nous avons huit témoins qui sont des témoins de la Défense.
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1 En tant que Chambre, vous n'avez toujours pas pris de décision suite à ma
2 requête très volumineuse demandant que l'on protège les témoins de la
3 Défense. Deuxièmement, là encore, je trouve une information --
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous avons rendu une décision qui doit être à la
5 traduction, je présume. Je regarde la juriste de la Chambre qui me dit oui.
6 Nous avons rendu une décision en la matière. Malheureusement, il y a
7 toujours un décalage entre nos décisions et la traduction. Comme vous le
8 savez, nous travaillons très vite, on essaie de travailler rapidement pour
9 que vous ne soyez pas dans l'attente et l'expectative, donc la décision est
10 rendue.
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'en déduis que le Procureur m'a informé que
12 vous avez rejeté ma requête, autrement le Procureur, je suppose, n'aurait
13 pas inscrit (expurgé)
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Il vaut mieux ne pas donner les numéros de
15 pseudonymes parce qu'on pourrait à partir des numéros identifier les
16 personnes. On va, nous, expurger les numéros, mais effectivement je vous
17 confirme que sur le planning, il y a des personnes qui sont des témoins que
18 vous, vous réclamiez comme témoin de la Défense, que le Procureur veut
19 faire venir et la procédure pour qu'ils viennent est entamée.
20 Maintenant, ils viendront ou ils ne viendront pas, s'ils ne viennent
21 pas, la Chambre prendra les mesures adéquates. Mais pour le moment, c'est
22 au programme, et il fallait vous en informer puisque vous deviez savoir qui
23 doit venir jusqu'au 12 décembre.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Maintenant, un nouveau nom apparaît ici qui
25 n'est pas sur la liste des témoins de l'Accusation. VS-065, c'est de lui
26 qu'il s'agit. Le Procureur m'a communiqué la déclaration de ce témoin mais
27 son nom officiellement n'a jamais été inscrit sur la liste. Je n'ai pas la
28 décision de la Chambre accordant qu'on élargisse la liste.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Ce témoin, je ne l'ai pas sur cette liste. Je ne
2 sais pas, Madame Dahl, vous êtes debout.
3 Mme DAHL : [interprétation] Oui, tout à fait. Il s'agit, cela dit, d'une
4 écriture qui est confidentielle, pourrions-nous, s'il vous plaît, passer à
5 huis clos partiel.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Huis clos partiel.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à huis
8 clos partiel.
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10 [Audience publique]
11 Mme DAHL : [interprétation] Oui, l'accusé a déposé une écriture 403
12 demandant que l'on revienne sur la décision de la Chambre de première
13 instance pour ce qui est de l'admission des déclarations du témoin
14 Stojanovic. L'Accusation ne va pas déposer de réponse écrite étant donné
15 que l'accusé n'a pas soulevé de nouveaux faits ou ne s'est pas appuyé non
16 plus sur la jurisprudence du Tribunal qui permettrait de continuer la
17 discussion. Cela dit, étant donné que nous considérons que M. Seselj n'a
18 pas réussi à prouver que cette décision lui est préjudiciable, nous
19 considérons qu'il n'y a pas grand-chose à dire de plus, et nous considérons
20 que la requête est prête à donner lieu à une décision de la Chambre.
21 Ensuite, pour ce qui est de la question qui a été soulevée la semaine
22 dernière en ce qui concerne David Tolbert, la Chambre se souviendra que le
23 9 octobre, M. Seselj a fait une déclaration selon laquelle M. Tolbert avait
24 rencontré Tomislav Nikolic juste quelques jours précédemment, dans cette
25 même semaine. Il a demandé à ce que l'on vérifie cette information auprès
26 de M. Tolbert. Donc l'Accusation a contacté M. Tolbert, et M. Tolbert nous
27 a répondu que ce qu'avait dit M. Seselj, c'est-à-dire qu'il avait rencontré
28 M. Nikolic quelques jours précédemment, est absolument sans fondement. Il
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1 ne se souvient pas avoir rencontré M. Nikolic. Peut-être devrions-nous
2 maintenant parler de la communication des DVD.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je dois prendre la parole. Premièrement, ce
4 n'est pas vrai que j'ai dit que Tomislav Nikolic et David Tolbert se sont
5 rencontrés quelques jours auparavant. J'ai dit, et il faut que ce soit
6 consigné au compte rendu d'audience, c'était il y a deux ans cette
7 rencontre avec Tomislav Nikolic, et je l'affirme aujourd'hui, et je demande
8 que David Tolbert présente une déclaration par écrit pour dire s'il y a à
9 peu près deux ans, il a rencontré Tomislav Nikolic. Je ne voudrais pas que
10 Christine Dahl nous en informe oralement ici.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc Madame Dahl, M. Seselj confirme que M. Tolbert
12 aurait rencontré M. Nikolic il y a deux ans. Comme on est en 2008, il l'a
13 peut-être rencontré en 2006, 2005, je ne sais pas.
14 Mme DAHL : [interprétation] Monsieur le Président, ce que j'ai compris du
15 compte rendu, page 10 580, c'était il y a quelques jours, c'était ce qui
16 était écrit dans le compte rendu. Mais M. Tolbert a dit qu'il ne se
17 souvenait pas avoir rencontré M. Nikolic, jamais, à aucun moment. C'est ce
18 qu'il nous a dit dans sa réponse.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je veux ajouter quelque chose. Cela nous montre
20 qu'il y a des problèmes avec le compte rendu d'audience. J'ai dit il y a à
21 peu près deux ans, on peut vérifier l'enregistrement l'audio.
22 Mme LE JUGE LATTANZI : Je me rappelle que vous avez parlé d'années et pas
23 de jours.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Deuxièmement, Tomislav Nikolic m'a reconnu, à
25 moi, personnellement, en la présence de Dragan Todorovic, qu'il a rencontré
26 David Tolbert et cette rencontre a eu lieu dans le cadre d'une réunion des
27 organes de l'OSCE ou du Conseil de l'Europe. Je suppose qu'il y a des
28 organes du Conseil de l'Europe. D'après mes souvenirs, il s'agissait de
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1 Budapest. J'ai un témoin et Tomislav Nikolic m'a reconnu qu'il l'a
2 rencontré d'ailleurs. C'est vrai qu'il m'a expliqué qu'il l'a rencontré
3 pour prôner le respect de mes droits en tant qu'accusé, mais je sais pour
4 quelle raison il l'a rencontré. Je ne vois pas pourquoi il rencontrerait le
5 substitut du Procureur.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Bien. Madame Biersay, pour terminer.
7 Mme BIERSAY : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
8 Etant donné que le Dr Tabeau va témoigner la semaine prochaine, je voulais
9 vous tenir au courant des communications dont j'ai parlé la semaine
10 dernière. Je crois que c'était le 9 octobre que j'en ai parlé en prétoire.
11 Je crois que jusqu'à présent, nous avons donné les rapports à M. Seselj,
12 les rapports qu'il nous avait demandés, et nous lui avons aussi demandé
13 tous les comptes rendus, les transcripts des dépositions précédentes de Mme
14 Tabeau dans ce Tribunal.
15 Il me semble qu'il y avait aussi un problème pour ce qui est de
16 quelques DVD, j'avais cru comprendre qu'il y avait un problème, il y avait
17 des DVD que nous avons essayé de communiquer à M. Seselj, mais il n'en a
18 pas voulu. Nous n'avions pas terminé le compte rendu de son témoignage dans
19 l'affaire Popovic, or, c'est ce qui l'intéressait particulièrement, nous
20 lui avons donné la version audio puisqu'on était en train de
21 dactylographier la transcription. Si j'ai bien compris, il a rejeté ce DVD
22 qui contenait sa déposition viva voce en anglais mais nous avons ensuite
23 donné la transcription en B/C/S.
24 On vient de me corriger. Le DVD que nous avons communiqué en fin de compte
25 à M. Seselj portait aussi la bande audio en B/C/S, donc il a rejeté ça,
26 mais nous lui avons ensuite donné le compte rendu en copie papier en B/C/S.
27 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne comprends pas. Le Procureur est tellement
28 confus ou bien l'interprète est incompétent dans sa traduction. Je n'ai
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1 absolument pas compris la dernière phrase de Mme Biersay.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Mme Biersay dit que d'abord on vous avait envoyé un
3 DVD concernant le témoignage de Mme Tabeau dans l'affaire Popovic, si je ne
4 me trompe, vous n'aviez pas accepté ce DVD parce qu'il était en anglais et
5 le Procureur vous a transmis en "hard copy" la version en B/C/S. Moi, c'est
6 ce que j'ai compris. C'est bien ça, Madame Biersay ?
7 Mme BIERSAY : [interprétation] Je vais recommencer. Je vais essayer de
8 m'expliquer. Nous avons essayé de donner à M. Seselj un DVD. Je crois qu'il
9 a décidé, en se basant sur nos communications précédentes, que c'était en
10 anglais donc il n'a pas voulu mais pourtant c'était B/C/S. C'était sa
11 déposition en B/C/S. Ce n'était pas sa voix, c'était l'interprétation en
12 B/C/S de sa déposition dans l'affaire Popovic. Le même jour, nous lui avons
13 aussi donné la copie papier en B/C/S, donc par écrit. A notre avis, nous
14 lui avons donné tout ce qui était nécessaire, copie papier dans sa langue
15 de toutes les dépositions du Dr Tabeau.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc Monsieur Seselj, vous avez en copie papier les
17 déclarations de Mme Tabeau.
18 L'ACCUSÉ : [interprétation] Premièrement, je n'ai pas refusé le CD parce
19 qu'il était en anglais, je l'ai refusé parce que le Procureur a
20 l'obligation de me communiquer tout en copie papier. Si le Procureur m'a
21 communiqué toutes les transcriptions de Popovic sous forme de copie papier,
22 alors il n'y a plus de problème. Ça va. J'ai reçu ces transcriptions, mais
23 hélas je n'ai pas eu le temps de les lire. Mais j'ai vu qu'il n'y a qu'une
24 quarantaine de pages. Ça m'étonne, je suis stupéfait, comment est-ce que
25 c'est possible que ça a été aussi bref, parce que chez moi, dans mon
26 affaire, ça ne prendra pas aussi peu de temps. Je suppose que cette affaire
27 est un petit peu, ne serait-ce qu'un tout petit peu plus compliquée que la
28 mienne. Donc s'il y a cette quarantaine de pages, c'est très bien, il n'y a
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1 plus de problème.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Pour en terminer, Monsieur Seselj, moi,
3 je suis totalement transparent. Je dois vous dire, mais j'aurais dû le
4 dire, que Mme Tabeau a déjà témoigné devant moi dans l'affaire Prlic. Donc
5 c'est un expert que j'ai déjà vu dans l'affaire Prlic, elle a témoigné.
6 Voilà, pour que tout soit très clair, cette dame, je l'ai déjà vue dans un
7 autre dossier.
8 Il est donc 19 heures, je vais lever l'audience et nous nous retrouverons
9 mardi prochain à 8 heures et demie. Merci.
10 --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le mardi 21 octobre
11 2008, à 8 heures 30.
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