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1 Le jeudi 5 février 2009
2 [Audience publique]
3 --- L'audience est ouverte à 14 heures 15.
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de
6 l'affaire.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci. Bonjour à vous, Madame, Messieurs
8 les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-03-67-T, le Procureur contre Vojislav
9 Seselj.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : En ce jeudi, 5 février 2009, je salue toutes les
11 personnes présentes. Je salue les représentants de l'Accusation. Je salue
12 M. Seselj, ainsi que toutes les personnes qui nous assistent.
13 Je vais demander à M. le Greffier -- je vais lui donner la parole parce
14 qu'il a une correction à faire sur un numéro.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
16 Il s'agit d'une correction apportée au document qui a été versé au dossier
17 hier et qui à l'origine était le numéro P831, sous pli scellé. En fait il
18 devrait s'agir de la pièce P830, sous pli scellé. Merci.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.
20 Une question administrative à régler tout de suite. M. Seselj a donc deux
21 heures de contre-interrogatoire. Il y aura peut-être des questions
22 supplémentaires, donc tablant sur deux heures et demie, trois heures. Alors
23 de ce fait, comme nous terminons en principe à 18 heures 30, on ira jusqu'à
24 4 heures moins cinq; on fera une pause de 20 minutes. On reprendra à 4
25 heures 20 et on ira jusqu'à 18 heures. On ne fera donc qu'une pause, comme
26 ça on va gagner 20 minutes de plus. Voilà ce que je voulais dire. La pause,
27 il n'y aura qu'une seule pause.
28 Monsieur Seselj, vous allez avoir deux heures pour le contre-
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1 interrogatoire. On va introduire le témoin.
2 Alors je précise, je ne donne pas le nom du témoin. La semaine
3 prochaine il y a donc un témoin qui va venir et j'ai demandé à ce qu'il
4 soit là dès mercredi. Il n'y aura pas de problème.
5 Monsieur Mundis.
6 M. MUNDIS : [interprétation] Non, cela ne devrait pas poser problème,
7 Monsieur le Président. C'est le seul témoin que nous avons pour la semaine
8 prochaine.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Nous aurons une audience mercredi.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je dire quelque chose ?
11 Je souhaite simplement attirer l'attention sur le fait que l'Accusation n'a
12 qu'encore sept heures et quelques minutes à sa disposition. Et je vous
13 propose de suggérer à l'Accusation de faire en sorte de présenter des
14 témoins aussi pertinents que possible pendant ces sept heures et qui
15 concernent directement l'acte d'accusation, mais non pas qui concernent les
16 localités qui ne sont même pas contenues dans l'acte d'accusation. Car si
17 après tout cela la Chambre de première instance se retrouve dans la
18 situation à accorder du temps supplémentaire à l'Accusation, je pense que
19 ça va choquer l'opinion publique, y compris celle des experts, car ils ont
20 présenté tellement d'éléments de preuve sans pertinence.
21 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
22 M. LE JUGE ANTONETTI : C'est au transcript. Alors, nous sommes en audience
23 publique. Monsieur Seselj, je vous donne la parole. Veuillez à ne pas
24 donner d'indication permettant de lever la confidentialité du témoin, sinon
25 je serai obligé de faire des expurgations.
26 Donc je vous fais confiance, et je vous donne la parole.
27 LE TÉMOIN : TÉMOIN VS-2000 [Reprise]
28 [Le témoin répond par l'interprète]
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1 Contre-interrogatoire par M. Seselj :
2 Q. [interprétation] Monsieur VS-2000, ce qui m'intéresse le plus de votre
3 déposition, c'est le rassemblement qui a eu lieu dans Mali Zvornik, mais
4 c'est celui qui a été traité de façon directe dans l'acte d'accusation.
5 Tout le reste de votre déposition ne me concerne nullement alors que ce
6 rassemblement que vous avez mentionné directement cité dans l'acte
7 d'accusation, je vous le dis pour que vous compreniez la raison pour
8 laquelle j'insiste là-dessus.
9 Vous avez mentionné ce rassemblement, vous avez mentionné un certain nombre
10 de faits qui l'accompagnaient. Mais une chose me rend perplexe. Vous avez
11 dit que le rassemblement avait été prévu à l'extérieur et que lorsque nous
12 avions vu le nombre de personnes qui s'y étaient rassemblées, que nous
13 avons décidé d'aller à l'intérieur. C'est bien ce que vous avez dit ?
14 R. Oui, exactement.
15 Q. Mais je vous rappelle que quelques jours avant le rassemblement, il y a
16 eu des affiches à Mali Zvornik et quelques-unes aussi de l'autre côté, à
17 Veliki Zvornik, n'est-ce pas ?
18 R. Je ne me déplaçais pas beaucoup à travers Mali Zvornik, donc je n'ai
19 pas pu voir. J'ai vu quelques affiches de l'autre côté du pont, mais dans
20 Veliki Zvornik, il y avait beaucoup d'affiches. Tout le monde pouvait les
21 voir.
22 Q. Si mes souvenirs sont bons, nous avions prévu le rassemblement dans la
23 grande salle du centre culturel, et j'ai un élément de preuve pour
24 corroborer cela.
25 Tout d'abord, si nous avions prévu un rassemblement à l'extérieur, il
26 y aurait eu un podium, il y aurait eu des haut-parleurs. C'est toujours le
27 cas lorsqu'un rassemblement a lieu à l'extérieur.
28 Or, vous n'avez pas vu de podium avant le rassemblement ni entendu
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1 des choses diffusées par les haut-parleurs, n'est-ce pas ?
2 R. Puis-je répondre ?
3 Q. Allez-y.
4 R. Je suis venu avec un peu de retard, comme je l'ai dit hier, j'ai eu un
5 peu de retard et je n'ai pas vu de haut-parleurs ni de podium. Mais par
6 rapport aux personnes, les Serbes avec qui j'ai eu des contacts, les Serbes
7 avec qui j'avais parlé et leurs collègues, eux, ils m'ont dit que le
8 rassemblement allait avoir lieux à l'extérieur. Maintenant, je ne me suis
9 pas penché sur les détails pour savoir si c'était exact ou faux, mais je
10 vous ai raconté ce qui s'est passé. Je voulais assister.
11 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Pardonnez-moi si je vous interromps.
12 Mais d'après mon souvenir, c'est un petit peu différent. Je souhaite que
13 vous précisiez ceci avec le témoin, s'il vous plaît. Je crois avoir entendu
14 le témoin préciser hier que la raison pour laquelle le rassemblement devait
15 avoir lieu à l'intérieur, c'était pour des raisons de sécurité, parce qu'il
16 y avait une foule importante, et donc, il y a un certain nombre de gens qui
17 s'opposeraient à la guerre, et que ceci pourrait s'avérer dangereux pour
18 vous, si j'ai bien compris ce qu'a dit le témoin. Moi, j'ai compris cela
19 hier. Donc, est-ce que vous pouvez préciser ça avec le témoin ? C'est pour
20 ça que pour finir, il a été décidé d'organiser ceci à l'intérieur, pour des
21 raisons de sécurité.
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Juge Harhoff, nous allons traiter
23 de ce rassemblent pendant au moins une heure, et je vous assure que nous
24 allons clarifier tous les détails liés à ce rassemblent, car comme vous le
25 savez, cette phrase fameuse qu'on m'attribue et qui aurait été proférée
26 lors de ce rassemblement fait partie de l'acte d'accusation, et c'est la
27 raison pour laquelle il m'importe de clarifier absolument tous les détails.
28 M. SESELJ : [interprétation]
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1 Q. Donc, vous avez eu des connaissances comme quoi le rassemblement allait
2 avoir lieu à l'extérieur, mais ça été dit à vous indirectement, de la part
3 de ces personnes ?
4 R. Oui.
5 Q. Et vous n'avez pas vu ça sur les affiches ?
6 R. Non, je n'ai pas vu ça sur les affiches. Je n'ai pas eu le temps de les
7 étudier.
8 Q. Puisqu'il n'y a pas eu de haut-parleurs à l'extérieur, il est logique
9 de conclure que ce n'était même pas prévu à l'extérieur. Et puis, je vais
10 ajouter une chose, ce centre culturel se trouve immédiatement à côté de la
11 route nationale qui traverse Mali Zvornik et qui longe la Drina, n'est-ce
12 pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Et si le rassemblement avait eu lieu là, la route aurait été
15 pratiquement bloquée, n'est-ce pas ?
16 R. Non, ce n'est pas exact, car il existe une déviation devant le centre
17 culturel, et il y a un parking et un espace où plusieurs milliers de
18 personnes auraient pu être tenues. Mais moi, j'ai vu peut-être 1 000
19 personnes.
20 Q. Peut-être 2 000, aussi, car c'est ce que j'ai pu évaluer, ce qui est
21 beaucoup pour une petite ville, n'est-ce pas ?
22 R. Certainement plus de 1 000.
23 Q. Deuxièmement, si nous avions prévu d'avoir cela à l'extérieur et
24 soudainement changé d'avis pour aller à l'intérieur, il n'est pas possible
25 de décider cela aussi vite avec la direction du centre culturel, car si on
26 veut avoir une salle, il faut la réserver, il faut la payer, il faut mettre
27 à notre disposition tout ce qui est nécessaire pour un rassemblement ?
28 R. Je ne sais pas quelle est votre procédure pour prendre rendez-vous,
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1 mais vous aviez toujours des situations alternatives, en raison des
2 situations dont j'ai parlé, liées aux raisons de sécurité. Et justement,
3 c'est la raison pour laquelle vous avez changé d'avis et que vous avez
4 décidé de tenir cela dans la salle.
5 Q. Vous savez, la loi prévoyait une pratique en Serbie qui était
6 certainement la même en Bosnie-Herzégovine aussi, chaque parti politique
7 devait informer la police en avance du rassemblement qui aurait lieu,
8 n'est-ce pas ?
9 R. Je ne sais pas. Je ne le faisais pas.
10 Q. Je vous dis que c'est ce que la loi prévoyait. Lorsque l'on fixe un
11 rassemblement, il est nécessaire d'en informer la police au moins deux
12 jours à l'avance en disant exactement le lieu du rassemblement, l'heure, si
13 un service de sécurité est prévu, s'il y aura d'autres services, et ainsi
14 de suite. Si l'Accusation avait mené une enquête de façon sérieuse, ils
15 nous auraient déjà donné des documents indiquant où le rassemblement avait
16 été prévu et fixé. Et j'insiste pour dire que c'était à l'intérieur.
17 Et puis, vous avez énoncé plusieurs faits qui sont exacts. Un grand nombre
18 de personnes est venu, dont un grand nombre de personnes qui étaient
19 hostiles vis-à-vis de nous, plus que ceux qui nous soutenaient. Quelle est
20 votre explication de cela ?
21 R. Je n'ai jamais dit qu'il y a en avait plus qui étaient hostiles vis-à-
22 vis de vous. On peut supposer, à mon avis, que c'était moitié-moitié.
23 Pourquoi ? Car Zvornik a une majorité musulmane, et à Mali Zvornik, c'est
24 presque moitié-moitié, car il y a deux grandes agglomérations qui sont
25 entièrement musulmanes. Donc il faut supposer qu'il y avait les deux, ceux
26 qui soutenaient ce que vous prôniez, et ceux qui étaient contre cela. Mais
27 il est difficile d'évaluer qui est pour qui comme ça.
28 Q. D'accord. Et ceux qui étaient contre nous étaient surtout les
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1 Musulmans, mais il y avait aussi des Serbes communistes qui étaient contre
2 nous aux côtés des Musulmans ?
3 R. Comment voulez-vous que je sache si c'était des communistes et s'ils
4 sont pour ou contre si je vois la personne ?
5 Q. D'accord. Mais vous savez que de nombreux Serbes étaient aux côtés des
6 Musulmans qui étaient contre nous ?
7 R. Beaucoup de personnes honnêtes étaient contre la guerre et contre ce
8 que vous prôniez.
9 Q. Nous ne parlons pas de l'honnêteté maintenant. A la fin du contre-
10 interrogatoire, on verra qui est honnête et qui ne l'est pas. Pour le
11 moment, on va s'en tenir aux faits. Je ne vous dis pas que vous êtes
12 honnête ou pas; ça ne m'intéresse pas. Mais avec votre aide, je souhaite
13 simplement clarifier les faits. Est-ce qu'on se comprend bien ?
14 Donc, nous sommes arrivés là-bas et un certain nombre de personnes nous ont
15 applaudis, nous attendent avec les ovations, ça c'est une partie des
16 personnes; et d'autres personnes nous insultent et profèrent des jurons.
17 Avez-vous remarqué qu'ils avaient même les photos de Tito ?
18 R. Moi je suis arrivé dans la salle avant vous. Et je vous ai vu au moment
19 où vous entriez dans la salle. Pourquoi ? Car on m'a dit que le
20 rassemblement allait avoir lieu à l'intérieur et non pas à l'extérieur,
21 donc je n'ai pas vu les photos ni les applaudissements.
22 Q. Mais les photos ont été apportées avant notre arrivée.
23 R. Je ne vois pas le lien entre les photos et le reste.
24 Q. Vous savez, j'ai deux heures devant moi. Je dois les utiliser. Donc,
25 n'essayez pas de me faire accélérer.
26 R. Ça vous aide.
27 Q. Tant mieux si ça m'aide. D'après mes souvenirs, une partie des
28 personnes qui étaient contre nous portaient des photos de Tito, visiblement
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1 enlevées des murs, qui marquaient leur loyauté vis-à-vis de Tito. Vous ne
2 les avez pas vues, ces personnes ?
3 R. Je ne les ai pas vues car je suis entré juste avant vous.
4 Q. Mais vous avez parlé à certaines personnes après le rassemblement,
5 n'est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Ce meeting a fortement retenti dans le public ?
8 R. Oui.
9 Q. Et pendant des jours et des jours, les journaux écrivaient là-dessus ?
10 R. Et pourquoi ?
11 Q. En raison de l'incident.
12 R. Exactement.
13 Q. Et vous avez eu l'occasion de parler avec les gens de leurs impressions
14 de ce rassemblement, et ils ont pu vous dire, par exemple, lorsque l'on est
15 arrivés là-bas, qu'il y avait beaucoup de policiers. Vous les avez vus ?
16 R. Oui.
17 Q. Ces policiers avaient créé un cordon pour nous permettre d'entrer sans
18 entrave dans le bâtiment du centre culturel, moi et mes associés, on était
19 sept, huit, n'est-ce pas ? Est-ce que vous vous souvenez qu'il y avait un
20 cordon de la police devant l'entrée ?
21 R. Vous étiez le seul à entrer avec une autre personne à l'intérieur. Vous
22 avez pris la place qui était prévue pour vous, et j'ai vu les gardes du
23 corps qui sont restés à la porte. Mais j'ai vu simplement vous et un autre
24 homme, vous vous êtes assis à la table qui était désigné pour vous et les
25 deux gardes du corps sont restés à la porte derrière.
26 Q. D'accord. A l'intérieur le rassemblement se déroulait, est-ce que vous
27 vous souvenez que sans cesse à l'intérieur on entendait les bruits de ceux
28 qui étaient dehors en train de protester ?
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1 R. J'ai entendu.
2 Q. Vous avez entendu. Vous avez dit qu'à l'intérieur il y avait combien de
3 personnes ?
4 R. Vous savez la salle n'était pas très grande. D'après mon estimation il
5 y avait jusqu'à 80 personnes, pas plus à mon avis.
6 Q. Vous savez c'est la plus grande salle du centre culturel de Mali
7 Zvornik, n'est-ce pas ?
8 R. Je ne sais pas, je n'étais jamais entré dans cette salle auparavant.
9 Mais c'était environ 70, 80 personnes et c'était visible lorsque vous avez
10 dit, malheureusement vous ne pouviez pas être à l'extérieur pour que tout
11 le monde puisse entendre, c'est ce que j'ai dit hier, vous vous souvenez.
12 Vous avez dit, j'espère que vous représentez bien vos organisations et que
13 vous leur transmettrez exactement ce que je vais dire maintenant.
14 Q. Bien. Vous avez dit que vous étiez assis avec 15 à 20 Musulmans dans le
15 dernier rang, n'est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Si ce dernier rang a une vingtaine de places, je suppose que l'ensemble
18 de la salle n'a pas que quatre rangs. D'après mes souvenirs, cette salle
19 comportait au moins une vingtaine de rangs, je ne me souviens pas
20 exactement, n'est-ce pas ?
21 R. Je ne pouvais pas compter.
22 Q. [aucune interprétation]
23 R. Mais vous savez je me souviens de tous les détails, mais à mon avis il
24 n'y avait pas plus de 80 personnes dans la salle.
25 Q. Mais vous diminuez ce nombre, c'est ça qui m'insulte un peu intimement,
26 car vous diminuez le nombre de ces gens qui se sont rassemblés autour de
27 moi. J'essaie de calculer le nombre de places dans la salle et toutes les
28 places étaient remplies, n'est-ce pas ?
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1 R. Je ne me souviens pas si toutes les places étaient remplies, mais il y
2 avait 80 personnes.
3 Q. Nous sortons après le rassemblement, le cordon de la police est de
4 nouveau à l'extérieur, nous, nous nous dirigeons vers nos voitures qui
5 étaient garées un peu plus loin, et des pierres sont jetées sur nous et
6 d'autres objets, n'est-ce pas ? Vous vous souvenez de cela ?
7 R. Dans ma déposition hier, j'ai dit que sur le parking il y avait un
8 groupe de personnes et l'un d'eux avait ouvert le coffre de la voiture --
9 Q. Attendez. On n'est pas arrivés encore jusqu'au coffre. Allons-y
10 chronologiquement. Le coffre, c'était à la fin, n'est-ce pas ?
11 R. [aucune interprétation]
12 Q. Vous savez, il y avait un ordre logique et chronologique. Nous, nous
13 sommes sortis de la salle, les gens de la masse, de la foule jetaient des
14 pierres sur nous. Il y en a qui criaient, ceux qui étaient près de la
15 police essayaient de nous cracher dessus, n'est-ce pas ? C'était comme
16 cela, n'est-ce pas ?
17 R. Je n'étais pas près de vous, j'ai simplement vu le moment où ils vous
18 ont fait tomber par terre pour que les gardes du corps vous protègent.
19 Q. Et ils jettent des pierres sur nous. Nous, on est sortis sur le plateau
20 qui est un peu plus vaste et les pierres commencent à tomber sur des
21 personnes qui sont sur moi. Vous, vous déclarez que j'ai été touché moi-
22 même et qu'on a vu ça le lendemain sur des photos. Or, ce n'est pas exact.
23 Aucune pierre ne m'a touché mais des personnes de mon entourage ont été
24 touchées, dont Miladin Todosijevic, qui a été touché par pierre. Vineta
25 Marinovic, un journalise de Serbie a été touché lui aussi, et certaines
26 autres personnes. A ce moment-là, des personnes qui venaient de notre
27 conseil municipal de Mali Zvornik ont fait sortir des bâtons de 1 mètre à
28 peu près, n'est-ce pas ?
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1 R. Peut-être 1 mètre.
2 Q. On voyait que c'étaient des branches fraîchement coupées, n'est-ce pas,
3 et ils se ruent contre ceux qui jetaient des pierres sur nous ?
4 R. C'était une bagarre généralisée et je me suis retiré.
5 Q. Les gens ont commencé à fuir, les uns vers le pont et les autres en
6 prenant la route en amont, la route qui longe un café; est-ce que vous vous
7 souvenez ? Moi je me souviens de ces grands groupes de personnes qui
8 montaient en fuyant.
9 R. Je ne regardais pas où ces gens fuyaient, moi j'essayais de me sauver
10 moi-même pour que je ne sois pas introduit dans ce même jeu et bagarre,
11 donc je me suis sauvé moi-même.
12 Q. Donc il y avait une grande bagarre, il y avait des blessés, et après
13 cela, moi avec mes associés je suis allé à Banja Koviljaca. Nous y avons
14 dîné et nous sommes restés dormir à Banja Koviljaca. Je n'ai pas été blessé
15 et vous n'avez pas pu voir ma tête dans les pansements. Pas à ce moment-là.
16 R. Je n'ai pas dit hier que je vous ai vu ainsi à la télévision, mais dans
17 les journaux, il y avait une photo de vous avec un sparadrap, je pense que
18 c'était du côté gauche de votre visage, mais je ne suis sûr du côté, puis
19 la main pansée. Vous savez, personne ne vous a chassé jusqu'à Banja
20 Koviljaca.
21 Q. Mais là-bas non plus.
22 R. Et le sparadrap ?
23 Q. Mais il n'y avait pas de sparadrap, je n'en ai pas eu. C'est pour ça
24 que ça m'étonne que vous le mentionniez.
25 R. Nous allons trouver la preuve dans les journaux. Je suppose qu'au bout
26 de 17 ans ça se garde quelque part.
27 Q. Les journaux ont parlé beaucoup de cela.
28 R. Oui.
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1 Q. Ils ont fait couler beaucoup d'encre et ont parlé beaucoup de cela,
2 n'est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Est-ce que vous savez que le Parti radical serbe a son propre journal,
5 Velika Serbia, la Grande-Serbie ?
6 R. Je sais que ça existait, mais ça me dégoûtait de le lire.
7 Q. Ça existe encore aujourd'hui ?
8 R. Sans doute.
9 Q. Même si ça vous dégoûte, aujourd'hui nous devrons lire des articles de
10 ce journal.
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] S'il vous plaît, placez au rétroprojecteur cet
12 article qui porte sur la promotion de notre parti à Mali Zvornik. J'ai
13 demandé au greffe de préparer et distribuer les exemplaires, l'Accusation
14 dispose de cela, n'est-ce pas ? Vous avez l'ensemble de ce journal, n'est-
15 ce pas ? Le journal on le verra tout à l'heure.
16 Mais voyons l'article pour le moment. Est-ce que vous l'avez placé
17 sous le rétroprojecteur ?
18 M. SESELJ : [interprétation]
19 Q. Veuillez voir tout d'abord le titre. Est-ce que vous voyez ce qui est
20 écrit ? Le Mouvement chetnik-serbe a tenu une promotion du parti à Mali
21 Zvornik. Donc nous avions tenu une promotion du Mouvement chetnik-serbe,
22 c'est ainsi que nous avions annoncé cela. Ça aurait pu être du Parti
23 radical serbe ou autre chose, mais là c'était vraiment ça le Mouvement
24 chetnik-serbe, n'est-ce pas ? Ça ressort de l'article ?
25 R. Ça ressort.
26 Q. On voit des photos de Draza Mihajlovic, des drapeaux chetniks dans la
27 salle du centre culturel, et ainsi de suite ?
28 R. Oui, c'est exact.
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1 Q. Nous avions tout cela.
2 M. SESELJ : [interprétation] Mais s'il vous plaît, Monsieur Marcussen, sois
3 un peu patient. Vous voyez c'est un débat très intéressant. Faites preuve
4 d'un peu de patience.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Marcussen.
6 M. MARCUSSEN : [interprétation] Effectivement cet échange est tout à fait
7 intéressant. Je me demande si l'accusé pouvait nous dire si oui ou non cet
8 article parle du rassemblement politique qui a eu lieu à Mali Zvornik en
9 mars 1992 ou est-ce que c'est quelque chose qu'il présente au témoin, est-
10 ce qu'il s'agit d'autre chose ?
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Marcussen, je ne vais pas vous
12 annoncer en avance à vous quel est mon but. Un peu de patience, car
13 maintenant vous vous immiscez directement au concept de mon contre-
14 interrogatoire. Ne le faites pas, s'il vous plaît.
15 Passez à la page suivante.
16 M. MARCUSSEN : [interprétation] Messieurs les Juges, si on fait croire au
17 témoin que cet article porte sur le rassemblement politique qu'il a décrit
18 dans sa déposition, c'est ainsi que ce document a été présenté au témoin,
19 je crois qu'il est important de connaître la position de l'accusé sur cette
20 question-là parce que, sinon, il est en train de mettre le témoin dans une
21 position difficile par rapport à cet article.
22 M. SESELJ : [interprétation]
23 Q. C'est ce rassemblement-là, c'est le seul où il y a eu une bagarre,
24 n'est-ce pas ?
25 R. Je vais noter quelque chose, il est écrit dans la première ligne, "Le 4
26 août de cette année, la délégation du Mouvement chetnik-serbe est venue à
27 Mali Zvornik." Pourquoi on mentionne le 4 août si c'était en mars ? C'est
28 quoi ?
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1 Q. C'est une faute d'orthographe peut-être, c'est possible.
2 R. Bon.
3 Q. Nous allons voir les photos. Nous voyons ici deux personnes dans la
4 salle qui tiennent la photo de Draza Mihajlovic, n'est-ce pas ?
5 R. Oui.
6 Q. Vous voyez ici le premier rang dans la salle ?
7 R. C'est une photo qui n'est pas très claire.
8 Q. Mais on voit dans le premier rang Branko Grujic, puis on voit la
9 police, un grand nombre de policiers dans l'autre photographie qui sont
10 derrière, on voit clairement un policier ?
11 R. Je ne vois pas très bien.
12 Q. En bas, vous voyez le couvre-chef d'un policier. Dans l'introduction de
13 l'article il est question de notre arrivée, et ici je fais une interview
14 pour la radio Glas de Podrinje et Radio Sabac. Maintenant veuillez passer à
15 la page suivante, s'il vous plaît. A la page suivante, on voit aussi
16 comment le podium où on était assis a été décoré, puis on voit le président
17 de notre conseil municipal de Mali Zvornik qui avait ouvert les débats,
18 puis on voit notre secrétaire général à l'époque, Vojin Vuletic, n'est-ce
19 pas ?
20 R. Je ne connais pas ces personnes.
21 Q. Vous ne les connaissez pas. Passez à la page suivante. A la page
22 suivante, on voit de nouveau Vojin Vuletic, au-dessous de lui la présidence
23 de travail, moi j'y suis assis. Milorad Vukosavljevic, un avocat, est à
24 côté, c'était notre vice-président à l'époque et il est mort peu de temps
25 après. Ensuite notre dirigeant de Mali Zvornik. Moi je suis au milieu, à
26 côté de moi, Aleksander Stefanovic, secrétaire général; et l'avocate
27 Olivera Jelkic. Je les reconnais. On voit ici dans la petite photo comment
28 Olivera Jelkic entre dans la salle et un peu plus loin l'entrée de Milorad
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1 Vukosavljevic est présentée sur une photo aussi.
2 Ici, on voit qu'il est écrit que Vineta Marinovic était l'auteur de
3 l'article, c'est elle qui a été touchée par une pierre lors du
4 rassemblement. Ici dans la partie centrale. Veuillez déplacer ça un petit
5 peu plus vers le haut.
6 Il est écrit : "Les membres du conseil municipal sont entrés, il y a
7 eu de forts applaudissements, et à ce moment-là notre président du conseil
8 municipal salue les intervenants. Le premier à prendre la parole c'était
9 Aleksander Stefanovic." Veuillez passer à la page suivante, s'il vous
10 plaît.
11 On voit ici une partie de la salle, une partie de la présidence et
12 moi en particulier. Vous voyez Aleksandar Stefanovic. Le texte qui est sur
13 le côté là parle de Draza Mihajlovic. Vous vous rappelez que le premier
14 orateur a été Aleksander Stefanovic et qu'il a parlé de Draja Mihajlovic ?
15 R. Je ne connais pas cet homme. Donc ne me posez pas la question. Je ne
16 connais aucun de ces hommes par leurs noms. J'ai parlé de votre discours,
17 de ce que vous avez fait, de votre intervention.
18 Q. On va sauter son intervention parce que là il raconte toute la vie de
19 Draza Mihajlovic.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelques secondes, si cette réunion se tient bien le
21 4 août, et on peut le comprendre parce qu'on voit que M. Seselj est en
22 chemise, donc il devait faire chaud, c'est possible que ce soit le 4 août.
23 Mais dans cette salle, on a vu les photos. Si j'ai compris, normalement
24 vous devez être, vous, au fond de la salle, donc on doit vous voir au fond
25 de la salle.
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] On ne voit pas le fond de la salle, Monsieur le
27 Président.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez. Là, là on voit le fond de la salle. Enfin,
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1 il y a certainement moins de 80 personnes mais on voit des gens qui sont
2 assis au fond; donc vous si vous êtes là, vous devez être dans le fond ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que la question m'est adressée à moi,
4 excusez-moi ?
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Si vous êtes à cette réunion le 4 août, vous
6 êtes au fond de la salle.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Au dernier rang, j'étais assis à côté des gens
8 dont j'ai parlé, des Musulmans, au dernier rang, tout en haut devant le
9 mur, et ici on ne voit pas bien les visages. On ne peut pas voir mon visage
10 au dernier rang. Si cette photo est bien une photo de ce meeting, parce que
11 dans le texte que je vois ici il est question d'un meeting tenu le 4 août,
12 et Seselj est en bras de chemise à la tribune. Au mois de mars en revanche,
13 en Bosnie il fait assez froid. On ne peut pas circuler en T-shirt ou en
14 bras de chemise.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors excusez-moi de reprendre la parole, mais
17 les gens que je vois assis ici ont des chemisettes à manches courtes. Donc
18 cette photo ne concerne pas la période dont je parle. C'est certain à 100
19 %.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je peux continuer ?
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Continuez, Monsieur Seselj. On verra plus en avant.
22 Bien. Continuez.
23 M. SESELJ : [interprétation]
24 Q. Passons à la page suivante, je vous prie. Alors, c'est ici qu'on voit
25 sur la photo le premier rang. A la page suivante, Aleksandar Stefanovic a
26 terminé son discours et c'est le président des jeunes qui parle. Au centre
27 de la photo, on voit le premier rang. Au premier rang, voilà le journaliste
28 Vineta Marinovic de Vileka Serbia, du journal "La Grande-Serbie", et on ne
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1 voit pas Branko Kljuic là. Srdjan --
2 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu son nom.
3 M. SESELJ : [interprétation]
4 Q. -- parle de la serbité, de l'héroïsme serbe, des traditions serbes, et
5 cetera. Passons à la page suivante. Là on voit une photo de la masse
6 rassemblée devant la maison de la culture, c'est la photo du bas de la
7 page. Montrons le bas de la page à l'écran. On voit donc cette masse de
8 gens rassemblés devant la maison de la culture et maintenant on passe à la
9 page suivante.
10 On voit là devant la maison de la culture le cordon policier qui assure la
11 sécurité pour notre sortie. Ce sont les deux premières photos de la page,
12 et sur la troisième c'est une photo qui a été prise pendant le meeting. On
13 voit un certain nombre des habitants devant la maison de la culture.
14 Passons maintenant à la page suivante. Page suivante, l'avocat Milorad
15 Vukosavljevic qui est vice-président de la direction de la patrie à
16 l'étranger prononce un long discours. Page suivante. Vous avez sauté une
17 page. Page 30 sur les écrans, je vous prie.
18 Il n'y a pas de photo sur cette page. Là il est intéressant de voir
19 ce qu'il dit au sujet des Musulmans. J'ai surligné une partie du texte.
20 Est-ce que vous pourriez en donner lecture, je vous prie ? Il faut montrer
21 à l'écran le bas de la page.
22 M. SESELJ : [interprétation] Peut-être que dans votre exemplaire ce n'est
23 pas surligné. Moi je l'ai surligné sur le mien. Q. Dans le bas de la page,
24 il est écrit, Tito Ustachi, la maison des fleurs, puis on voit le nom de
25 celui qui parle, Milorad Vukosavljevic. Est-ce que vous pouvez lire ? Moi
26 aussi j'ai du mal à lire parce que la reproduction n'est pas parfaite.
27 R. En dessous du titre, Tito Ustachi, maison des fleurs ?
28 Q. Oui.
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1 R. Je ne sais pas pourquoi vous me demandez de lire ça. Je cite : "Une
2 autre raison qui m'a beaucoup réjoui quand j'ai été invité à m'adresser à
3 vous réside dans le fait que vous --"
4 Q. C'est moi qui vais lire, peut-être que je lirai plus facilement.
5 R. C'est un peu difficile à lire.
6 Q. "…réside dans le fait que vous êtes la preuve, vous, le peuple, la
7 preuve vivante du fait que l'armée yougoslave a commis un génocide contre
8 les Musulmans dans la patrie." Je suppose que vous êtes au courant du fait
9 qu'on emploie le terme chetnik en rapport avec un certain nombre de récits
10 qui ont cours dans la population serbe. Draza Mihajlovic était ministre de
11 la Défense du gouvernement dans l'immigration, du gouvernement en exil à
12 Londres. Vous le savez, n'est-ce pas ? Vous êtes un homme éduqué.
13 R. Je ne sais pas pourquoi vous vous intéressez à cela.
14 Q. Vous n'avez pas besoin de le savoir. Vous êtes ici pour témoigner au
15 sujet des faits. Moi je le sais si vous ne le savez pas. Alors peut-être
16 que je suis devenu fou pendant la nuit. Mais en tout cas on voit là un
17 grand nombre de personnes qui pensent que de toute façon je suis fou et
18 vous êtes d'accord avec eux, n'est-ce pas ?
19 R. Vous pouvez dire ce que vous voulez.
20 Q. Il y en a qui ne sont pas d'accord, il y en a qui pensent même que les
21 Musulmans sont des Turcs, mais ce n'est pas ça le sujet dont nous allons
22 débattre durant ce meeting en cet instant. Il est très difficile de
23 déterminer ce que sont exactement vos concitoyens du point de vue du groupe
24 ethnique. Ce sont des Serbes qui ont perdu conscience, qui ont perdu la
25 mémoire. Il a été très facile de les amener à penser qu'en 1941, quand la
26 propriété de la serbité leur a été offerte, ils ont nié tout ce qu'ils
27 avaient pu défendre à côté de leurs voisins jusqu'à la journée d'hier.
28 Mme LE JUGE LATTANZI : Moi, je suis très confuse sur ce contre-
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1 interrogatoire. Avant de nous lancer à lire tout ce contenu, est-ce qu'on
2 pourrait s'arrêter un peu pour déterminer si c'est le meeting à propos
3 duquel le témoin a témoigné, ou si c'était un autre meeting. Non, attendez,
4 --
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame Lattanzi --
6 Mme LE JUGE LATTANZI : Non, ça signifie qu'on perd du temps et
7 habituellement vous demandez tout le temps quand le Procureur présente des
8 documents qu'ils soient mis dans le contexte. Qu'on lise la date, qu'on
9 vous -- et vous avez raison. On vous donne raison sur cela. Donc maintenant
10 aussi j'aimerais que ce soit textualisé --
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Pour tous ceux qui suivent, je vais lire ceci, aller
12 très vite et tout le monde va comprendre.
13 Dans le mémoire préalable du Procureur sur Zvornik, voilà ce que le
14 Procureur y dit : "En mars 1992, les forces serbes de Bosnie avaient créé
15 leur propre police à Zvornik, déclaré que cette ville était une
16 municipalité serbe et s'apprêtaient à y lancer un attaque avec l'appui de
17 la JNA. Le même mois, le même mois, c'est-à-dire mars, Vojislav Seselj a
18 prononcé un discours à Mali Zvornik, localité située en face de Zvornik sur
19 l'autre rive de la Drina. A cette occasion il a déclaré, je cite ce qu'il
20 aurait déclaré :
21 "Mes frères chetniks, et je m'adresse surtout à vous qui êtes sur
22 l'autre rive de la Drina, vous les plus braves d'entre tous, nous nous
23 apprêtons à nettoyer la Bosnie de ses infidèles et à leur montrer le chemin
24 qui les ramènera vers l'est, là où est leur véritable place."
25 Et les propos de M. Seselj qui sont entre guillemets ont une note de bas de
26 page, 281 et à la note de bas de page 281 il y a "VS-2000." Donc les propos
27 qui sont à la base sont tirés de ce que le témoin a entendu et entendu au
28 mois de mars. Et là, nous sommes au mois d'août, alors il y a un problème.
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1 Monsieur Marcussen.
2 M. MARCUSSEN : [interprétation] Si je puis poursuivre, l'accusé, avec tout
3 le respect que je vous dois, est en train d'essayer de tromper le témoin.
4 J'ai ici l'exemplaire total de Velika Serbia dont est tiré cet article. Il
5 s'agit d'un article, un numéro en date du 15 août 1990. C'est pour ça que
6 j'ai demandé à l'accusé précédemment si la réunion était bien le même
7 meeting dont le témoin avait parlé hier. Cet article n'a absolument rien à
8 voir avec le meeting dont nous a parlé le témoin hier. Donc là, on montre
9 des photos au témoin, on essaie de l'induire en erreur. C'est parfaitement
10 inacceptable, de plus, maintenant l'accusé est en train de rire. Il sait
11 parfaitement ce qu'il est en train de faire. J'ai la copie, je peux vous la
12 donner et la lui donner aussi.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, l'acte d'accusation, ce discours
14 c'est au mois de mars.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Comment l'Accusation pourrait savoir de quoi
16 elle parle ? Je suppose que je vous ai démontré que tous les témoins de
17 l'Accusation ont été jusqu'à présent des témoins qui ont menti. Vous n'avez
18 pas eu ici un seul témoin qui n'était pas un faux témoin. Je parle des
19 témoins amenés par l'Accusation qui devaient normalement confirmer l'acte
20 d'accusation. Il n'en a pas eu un qui était autre chose qu'un faux témoin.
21 Mme LE JUGE LATTANZI : Monsieur Seselj, ceci n'a rien à voir avec la
22 question qu'on vous pose, de déterminer à quoi ça se réfère. Après, on va
23 voir mais vous ne vous pouvez pas maintenant vous lancer dans un discours
24 tout à fait différent sur les témoins qu'on a entendus jusqu'à maintenant.
25 Vous vous moquez de la Chambre.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, le document qui est là, il est daté
27 du 15 août 1990. Alors, c'est peut-être un document qui reprend des
28 articles antérieurs. Peut-être que l'article que vous nous avez donné avec
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1 les photos c'est peut-être du mois d'août 1992. Peut-être, je n'en sais
2 rien. Alors essayez de nous éclaircir cela.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais là encore j'apparais comme étant
4 complètement idiot. Monsieur le Président, comment est-ce que vous ne voyez
5 pas clairement que ce meeting date du mois d'août alors que dans sa
6 déposition le témoin présente ce meeting comme un meeting datant du mois de
7 mars 1992 ? Est-ce que c'est moi qui suis un crétin, ou est-ce que c'est
8 l'Accusation ? Il faut qu'il y en ait un des deux qui soit un crétin. Le
9 témoin décrit une réunion de l'année 1990, un meeting de 1990, je vais vous
10 le démontrer.
11 Dernière page, s'il vous plaît, sur les écrans, page 36.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, nous n'accusons personne. On
13 ne vous accuse pas. On n'accuse pas le témoin. Il y a simplement un
14 problème c'est que le témoin a dit au Procureur que cette réunion avait eu
15 lieu en mars 1992, et vous, vous êtes en train de soutenir que la réunion a
16 eu lieu en août 1992 --
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, mais le témoin de
18 l'Accusation aurait pu dire que j'ai personnellement assassiner un million
19 de personnes. Je n'en ai rien à faire de ce que le témoin a dit, ce témoin
20 de l'Accusation. Moi, je détruis sa déposition. Et chaque fois, vous
21 essayez de démolir mon contre-interrogatoire. Plus je réfléchis à l'avance
22 d'une façon experte, plus vous essayez de le démolir et malgré tout, vous
23 ne parvenez pas à le faire en face à un faux témoin. Alors, je vous en
24 prie, tous les indicateurs -- pourquoi est-ce que vous ne m'écoutez ?
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, ne dites pas qu'on essaie de
26 démolir. Au contraire. Au contraire, on fait tout pour éclairer le
27 problème. Si j'ai pris du temps pour lire ce qui a dans le mémoire
28 préalable c'est bien pour mettre en évidence la thèse de l'Accusation, et
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1 la thèse de l'Accusation est fondée sur ce qu'a dit ce témoin, donc voilà.
2 Et maintenant, moi, j'ai toutes mes oreilles pour écouter votre
3 démonstration. Alors continuez.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, ce témoin est le
5 seul témoin sur lequel l'Accusation appuie sa thèse selon laquelle au mois
6 de mars 1992 j'aurais tenu un meeting à Mali Zvornik et dit ce qui est cité
7 dans l'acte d'accusation. "Chers frères serbes, il faut les chasser," et
8 cetera. C'est le seul témoin à l'appui de cette thèse. Il n'y en a pas
9 d'autre.
10 Moi, je tiens à vous démontrer que le meeting de Mali Zvornik n'a pas
11 eu lieu au mois de mars 1992 mais au mois d'août 1990. Et que le témoin
12 décrit le meeting en question en ajoutant des mensonges à ce sujet.
13 Nous avons un certain nombre d'éléments indicateurs au sujet de ce
14 meeting. Il y a eu une bagarre de masse, la police est intervenue. Les
15 membres de mon parti ont sorti des matraques d'un coffre de voiture et ont
16 fait circuler cette foule. Donc nous avons toutes sortes d'éléments de
17 détail. Toute la Bosnie-Herzégovine, toute la Serbie sait que c'est le seul
18 meeting de notre parti qui a donné lieu à une bagarre de masse de ce genre
19 et que cela s'est passé à Mali Zvornik en 1990.
20 En mars 1992, lisez la presse, il n'y a eu aucun meeting à Mali
21 Zvornik. Moi, ça m'est égal ce que dit l'Accusation. Ce n'est pas la seule
22 imbécillité que dit l'Accusation. Je vais encore vous donner une preuve.
23 Dernière page de cet article, nous allons lire tout l'article, en tout cas,
24 tout mon discours, parce que je ne ferai pas autre chose dans mon contre-
25 interrogatoire.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Une petite précision que vous avez donnée qui
27 est peut-être intéressante. C'est que ce fameux meeting ce serait tenu en
28 août 1990.
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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors --
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Et voilà une preuve supplémentaire. Dernière
4 page de l'article, page 36 de l'article, je demande que l'on affiche grâce
5 au rétroprojecteur.
6 Le meeting se termine - bas de la page sur les écrans, je vous prie. Il
7 faut faire remonter le texte. Non, non, excusez-moi. Je veux le haut du
8 texte sous la photo. Maintenant une mise au point. Bon. Voici ce que Vineta
9 Marinovic, journaliste à Velika Serbia, écrit dans cet article, le 3 août
10 1990, je cite : "Tout le monde se lève et quitte la salle pacifiquement.
11 Nous ne suspectons même pas ce qui nous attend dehors. La police est
12 arrivée entre-temps et a érigé une barrière humaine dans le but de nous
13 protéger de la masse enragée des fondamentalistes musulmans qui hurlent à
14 l'extérieur. Nous nous rendons rapidement compte qu'il serait préférable
15 que la police ne soit pas venue du tout. Cette protection de la police ne
16 fait que créer un danger supplémentaire pour nous.
17 "Les fondamentalistes agressifs se sont battus selon leurs méthodes
18 typiques, littéralement protégés par la police, ils ont jeté des cailloux
19 de grande taille sur nous, ils ont craché sur nous et ils ont hurlé à
20 pleins poumons en nous insultant, en nous traitant d'infidèles, en
21 insultant nos mères infidèles et welakins [phon].
22 "Ils ressemblaient à des bêtes sauvages enragées, mais nous ne nous
23 n'avons pas évité la confrontation, nous n'avons pas répliqué à leurs
24 aboiements. Nous ne voulions pas leur faire ce plaisir. Nous ne voulions
25 pas abandonner nos frères, les Serbes orthodoxes de Mali Zvornik. Nous ne
26 voulions pas nous enfuir de notre terre serbe. Tous ensemble, avec à notre
27 tête le Vojvoda, nous sommes restés sans protection en supportant
28 tranquillement les insultes, les jets de pierres et les humiliations comme
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1 seuls des Serbes orthodoxes peuvent le faire.
2 "Encouragés par l'aide de la police, les Musulmans rassemblés sont
3 devenus encore plus furieux et ont commencé à jeter des cailloux sur les
4 voitures garées non loin, qui étaient des voitures appartenant à des
5 Serbes. Presque toutes les vitres des voitures ont été brisées et Miladin
6 Todosijevic, membre du département central de la patrie, a été touché à la
7 tête par une pierre qui a entaillé largement son front d'où le sang a
8 jailli.
9 "Lorsque les hommes du Mouvement chetnik-serbe de Mali Zvornik ont vu
10 cela, ils ont saisi des barres de bois et, en légitime défense, ils ont
11 chargé la foule qui, et ce n'est pas étonnant, a commencé à fuir aussi vite
12 que leurs jambes le permettaient. Ils ont montré encore une fois qu'ils
13 étaient capables de se battre uniquement avec des dagues, des marteaux ou
14 des canifs à la main, face à des Serbes entravés ou capturés, des femmes,
15 des enfants et des vieillards. Il était pathétique de les voir fuir, mais
16 c'est dans leur sang et cela ne changera pas, semble-t-il.
17 "Lorsque tout a repris son calme, nous nous sommes dirigés vers nos
18 voitures, et le convoi a pris la direction de Banja Koviljaca où était
19 préparée une petite fête à notre intention. Pendant cette fête, Vojislav
20 Seselj a trouvé le temps de parler à chacun des braves jeunes Serbes, le
21 temps d'écouter leurs problèmes, leurs difficultés et leurs émotions vécues
22 au quotidien, et leur donner des conseils. Le soulagement était visible sur
23 les visages et une note de gratitude était ressentie dans les mots
24 prononcés. En dépit de tout, les gens vont dormir plus tranquillement
25 maintenant car ils savent qu'ils ne sont pas seuls.
26 "Le peuple serbe et les Chetniks serbes sont à leur côté."
27 Alors, voilà ce que Vineta Marinovic, journaliste de Velika Serbia écrit,
28 et elle était très sincère malgré son amertume, puisqu'elle a été touchée
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1 elle-même par une pierre et qu'elle a dû bénéficier de soins médicaux,
2 étant donné qu'elle a été blessée. Donc, il n'y a rien d'autre à dire. Les
3 journaux ont tous publié des articles à ce sujet. Zvornik tout entier n'a
4 fait que parler de cela le lendemain. Mais en mars 1992, on ne trouvera pas
5 un seul article de presse contenant la moindre trace que nous aurions tenu
6 un meeting à Mali Zvornik.
7 Pourquoi est-ce que l'Accusation n'a pas pris le temps de vérifier et
8 de se pencher un peu plus en détail sur les choses, pour ne pas présenter
9 des éléments aussi peu valables ? Moi, pour l'instant, je démolis les
10 dépositions de tous les témoins présentés par l'Accusation. Il n'y en a pas
11 un seul dont la déposition est couronnée de succès, pas un seul. Et le fait
12 que vous déclariez des huis clos ou des huis clos partiels, cela n'est fait
13 que pour donner l'impression que quelque chose de particulier se passe. Il
14 faut que l'opinion -- et je tiens à ce que l'opinion sache que les témoins
15 qui s'expriment à huis clos sont encore plus contrés par moi que ceux qui
16 s'expriment en audience publique. Vous avez ici un meeting tenu en août
17 1990.
18 Je voulais exposer tout cela calmement, mais vous ne me l'avez pas
19 permis. Il n'y a pas eu d'autre meeting qui s'est achevé sur un incident de
20 ce genre.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : D'après ce journal et d'après des photos que l'on
22 voit où il y a eu des incidents qui corroborent tout ce que vous avez dit,
23 la date, c'est le mois d'août 1990. Comment se fait-il que vous avez dit au
24 Procureur que c'était en mars 1992 ? Est-ce que vous n'auriez pas fait une
25 confusion ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'ai rien confondu, absolument rien.
27 Après tout ce qui vient de se passer, je peux donner le nom d'au moins 10
28 personnes que vous pouvez convoquer pour discuter avec eux et leur demander
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1 de faire eux aussi une déposition. Le meeting a eu lieu exactement à la mi-
2 mars 1992. Il est possible qu'un autre meeting ait eu lieu au mois d'août,
3 ce qui figure dans cet article de presse, j'ai remarqué. Il est possible
4 qu'au mois d'août 1992, il y ait eu un autre meeting, mais à ce moment-là,
5 les événements qui se déroulaient sur le territoire de la municipalité de
6 Zvornik étaient des événements de guerre. Et tout venait de Serbie, la
7 Serbie qui tirait sur la Bosnie. Donc, tout ce qui vient d'être dit n'est
8 pas logique.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Je pars du principe que ce que vous dites est vrai,
10 qu'en mars 1992, il y a eu un meeting et qu'en mars 1992, il y a eu des
11 pierres qui ont été lancées, M. Seselj a été blessé, et cetera. Bien. Mais
12 à ce moment-là, si c'était vrai, à ce moment-là, ce serait le
13 recommencement de ce qui s'est passé en août 1990, puisque en août 1990, il
14 y a eu les mêmes problèmes. Et donc, la presse qui suivait pas à pas M.
15 Seselj aurait fait un article --
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] 1990.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, si ce que vous dites est vrai, si en mars
18 1992 il y a ce meeting, la presse qui suivait M. Seselj aurait dû faire des
19 article en disant comme en août 1990, à nouveau, les membres du Parti
20 radical serbe se sont faits agresser, et cetera. Or, il n'y a pas
21 d'article. Et c'est là où je me dis, est-ce que vous êtes bien sûr, vous ne
22 faites pas une confusion de date ? On peut comprendre, parce que avec
23 toutes ces années, tout ce qui est arrivé, ça peut arriver. Est-ce que vous
24 êtes sûr de vous ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux faire une constatation ?
26 Le 4 août 1992, il n'y avait plus de population musulmane à Zvornik,
27 plus du tout.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Qui est-ce qui parle d'août 1992 ? Là, on parle
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1 d'août 1990. 4 août 1990, deux ans avant la guerre.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] A ce moment-là, il y en avait des Musulmans,
3 mais si on parle du mois d'août 1992, il n'y avait plus de Musulmans.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Personne ne mentionne le mois d'août 1992. Là,
5 on parle d'un meeting tenu le 4 août 1990, deux ans avant la guerre.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Marcussen.
7 M. MARCUSSEN : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, je suis debout
8 parce que l'accusé, jusqu'à maintenant, témoigne. Il fait -- présente des
9 arguments --
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Marcussen, ne faites pas de la procédure
11 alors qu'on est sur un point capital qui est le fait de savoir est-ce que,
12 d'après le témoin, M. Seselj a tenu ces propos au mois de mars ou bien le
13 discours a eu lieu en août 1990. C'est très important.
14 M. MARCUSSEN : [interprétation] Je suis debout parce que lorsque l'accusé a
15 témoigné dans l'affaire Milosevic, on lui a posé des questions à propos de
16 cette réunion, le 15 septembre 2005, et M. Milosevic lui a demandé s'il y
17 avait eu une réunion à Mali Zvornik en mars où il aurait fait ces
18 déclarations, et il l'a confirmé, et il a corrigé l'interprète, d'ailleurs.
19 J'ai les copies du compte rendu de l'affaire Milosevic, page 43 724 et les
20 deux pages suivantes. Tout est là. Il a témoigné sous serment à ce propos
21 dans une autre affaire.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, M. Milosevic vous a posé la
23 question et vous avez dit que cette réunion avait eu lieu en mars.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, je demande à voir ce
25 compte rendu d'audience.
26 Mme LE JUGE LATTANZI : Monsieur le Témoin, j'ai besoin de vous demander une
27 chose après avoir --
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors dans le transcript que j'ai, la question est
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1 ceci :
2 "Est-il correct qu'en mars, et je pense que l'acte d'accusation contre vous
3 indique mars 1992, vous avez tenu un speech à Mali Zvornik. Est-ce que ceci
4 est vrai ? Est-ce que ça a été tenu ?" Et cetera. Et là, "Chers frères
5 chetniks, spécialement vous qui traversez," et cetera. A ce moment-là,
6 voilà votre réponse : "Ceci est une falsification partielle." Voilà votre
7 réponse.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, dans ma réponse -- je ne
9 connais absolument pas la langue anglaise, mais je vois que dans ma réponse
10 je m'occupe des questions de fond. Je laisse totalement de côté le problème
11 de la date. Je démontre à M. Milosevic qu'il est impossible que j'aie dit
12 quelque chose de ce genre, que j'appelle les païens ou les hommes sans foi
13 des Musulmans parce que je ne suis pas n'importe quel témoin, et j'explique
14 que le principal évêque serbe du XXe siècle, Nikolai Velimirovic, a
15 présenté l'islam comme la première variante radicale du protestantisme dans
16 le christianisme. Voilà ce que j'explique. Je m'occupe des questions de
17 fond, pas de la date.
18 Milosevic lit ce qui figure dans l'acte d'accusation dressé contre
19 lui, je suppose, moi je laisse de côté totalement la date. Ce que je
20 démontre à M. Milosevic c'est que moi avec mes conceptions et mes
21 connaissances, je dise quelque chose comme cela. Je ne confirme pas la
22 date, vous voyez bien que l'Accusation vous ment devant tout le monde ici,
23 devant le public.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : -- contrairement à ce que vous dites, M.
25 Seselj n'a pas lors de l'audience Milosevic dit qu'il était d'accord avec
26 le mois de mars parce que quand on lui pose la question, il ne répond pas
27 sur le mois de mars. D'abord il dit que c'est une falsification de ce qu'il
28 a pu dire; mais après il part sur d'autres thèmes. Il ne reconnaît pas que
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1 c'est au mois de mars. Donc vous vous êtes peut-être trompé, Monsieur
2 Marcussen.
3 M. MARCUSSEN : [interprétation] Nous avançons qu'étant donné que cette
4 question est importante et que cela fait l'objet de l'acte d'accusation
5 contre l'accusé, il est important de dire que ceci a été abordé en fait. Il
6 a parlé d'une erreur de traduction puisqu'en fait cela signifie excrément
7 ou déchet lorsqu'il parle des Musulmans.
8 D'après nous, il est clair que la seule chose qu'il doit corriger
9 c'est cette question de traduction.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, lorsque j'ai pris la
11 parole pour déposer dans l'affaire Milosevic, je répondais aux questions de
12 M. Milosevic. Je n'avais pas les documents et les papiers devant moi pour
13 corroborer tout. Qu'est-ce qui était le plus important pour moi à ce
14 moment, c'était de démentir qu'il soit possible que je sorte une telle
15 définition des Musulmans en tant qu'incroyants et païens. Pour moi c'est
16 impossible. Moi je ne faisais pas le lien à cette époque-là par rapport aux
17 dates.
18 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Seselj et M. Marcussen, pour
19 savoir si oui ou non il y avait un rassemblement politique le 7 mars 1992,
20 je crois que ceci devrait être assez simple à faire. J'invite l'Accusation
21 à nous fournir des éléments à l'appui parce que cela figure dans l'acte
22 d'accusation et dans le mémoire préalable au procès de l'Accusation; donc
23 lorsque vous disposez de cet élément de preuve, veuillez revenir vers nous,
24 s'il vous plaît. Maintenant je crois qu'il faut simplement poursuivre et
25 passer à autre chose.
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] Laissez-les trouver --
27 Mme LE JUGE LATTANZI : J'ai une question pour le témoin, comme je l'ai dit
28 avant.
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1 Monsieur l'Huissier, pourriez-vous, s'il vous plaît, faire mettre sur
2 l'ELMO la troisième page de cet article de journal.
3 Quatre-vingt-treize, 93. Oui. Alors, Monsieur le Témoin, il y a là --
4 plus à droite en bas, s'il vous plaît. Montez un peu la page. Oui.
5 Il y a là des personnes qui sont assises sur le podium. Est-ce que
6 ces personnes étaient présentes au meeting auquel vous vous référez du 4
7 mars 1992 ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois pas bien ici les visages, et je
9 n'ai pas essayé tellement de remarquer exactement qui étaient ces
10 personnes, à quoi elles ressemblaient. Je ne les connais pas
11 personnellement. Je suis venu, comme je l'ai dit hier, car j'étais curieux
12 de voir Seselj.
13 Mme LE JUGE LATTANZI : Je ne vous demande pas de reconnaître les personnes,
14 seulement est-ce que vous pourriez nous dire s'il y avait encore quatre
15 personnes assises autour de M. Seselj, et parmi ces personnes, s'il y avait
16 une femme. Cela vous pourriez vous rappeler peut-être. Est-ce que vous vous
17 rappelez ou non ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Lors de cette réunion, à côté de lui, de M.
19 Seselj, il n'y avait pas eu de femme, aucune femme n'y était. Donc
20 j'affirme que cette photo ne vient pas de ce rassemblement. Il y avait un
21 homme barbu comme celui qui porte une veste noire, ça je me souviens bien.
22 Mais il n'y avait certainement pas de femme, pas lors de la réunion à
23 laquelle j'ai assisté moi-même.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, le mieux ce serait
25 que l'Accusation fasse des recherches dans la presse serbe et bosniaque de
26 1992 pour trouver n'importe quelle trace d'un rassemblement du Parti
27 radical serbe à Mali Zvornik. Car s'il y a eu un tel rassemblement, il y
28 aura des traces dans la presse. Si vraiment il y a eu cet incident en mars
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1 1992, ça faisait l'objet de beaucoup de commentaires, certainement. Ça a
2 fait certainement couler beaucoup d'encre.
3 Le témoin vient de le dire qu'on écrivait beaucoup et parlait
4 beaucoup là-dessus, et c'était la seule fois où ça a eu lieu. C'est en août
5 1990, jamais plus. Après cela ils ont refusé de nous enregistrer, c'était
6 le ministère de la Justice de la Serbie qui l'a refusé. Arès cela, à la
7 fin, nous avions tout préparé, et après cet incident ils ont refusé; et
8 nous pensions même qu'ils avaient envoyé leurs propres gens pour provoquer
9 cet incident pour avoir une excuse pour refuser notre enregistrement. Car
10 plus jamais après ce rassemblement il n'y a pas eu de tels incidents comme
11 celui qui a eu lieu à Mali Zvornik.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Marcussen, comme le dit mon collègue le
13 Juge Harhoff, auquel je rejoins sa position, si l'Accusation estime que la
14 réunion s'est tenue au mois de mars 1992, il faut que vous nous apportiez
15 des éléments de preuve. Car là en l'état, il n'y en a pas. Des éléments de
16 preuve, ils peuvent être nombreux. Des articles de journaux comme vient de
17 l'indiquer M. Seselj. Des comptes rendus de la police parce que quand il y
18 a des incidents, il y a automatiquement des comptes rendus.
19 Donc vous pouvez trouver cela voilà. Sinon, on a une réunion qui
20 s'est tenue en mars 1990 -- en août 1990, excusez-moi, au mois d'août, où
21 il y a eu effectivement des incidents.
22 M. MARCUSSEN : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, bien sûr, nous
23 allons nous y pencher. Effectivement, il y a des éléments de preuve
24 consignés de la part de ce témoin, et je crois qu'il y a également un
25 rapport fourni par le service du Renseignement, mais nous allons revenir
26 vers vous.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, continuez.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, M. Marcussen invente de
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1 nouveau, et ceci n'est pas convenable pour un procureur international.
2 Regardez le dossier qu'on a reçu de la part de l'Accusation. Accusation
3 qui, à ma grande surprise, n'a pas utilisé cela lors de son interrogatoire
4 principal. C'est la pièce à conviction 1021. L'Accusation a un document de
5 la police en date du 20 avril 1992. J'espère que vous l'avez trouvé.
6 Au premier point, il est question des événements importants et ceci
7 porte sur une période relativement longue. Dans le premier paragraphe,
8 dernière phrase, il est écrit :
9 "Mali Zvornik, le 17 mars 1992, a fait l'objet d'une visite de M.
10 Vojislav Seselj, l'élu à l'assemblée, et après une petite discussion il a
11 poursuivi son chemin vers --"
12 L'INTERPRÈTE : Un endroit inaudible par l'interprète.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] A l'époque, je n'étais pas n'importe qui.
14 J'étais élu à l'assemblée. Donc la police, bien sûr qu'ils auraient
15 remarqué s'il y avait eu une foule qui essayait de lyncher un élu à
16 l'assemblée. La police qui surveillait mes déplacements a dit que j'ai
17 traversé Mali Zvornik et que brièvement j'ai rencontré quelqu'un, et
18 ensuite je suis parti à Ljubovja et Bajina Basta.
19 S'il y avait eu un incident, ça aurait été intégré dans ce rapport de
20 la police. L'Accusation a reçu de la part de la police serbe tous les
21 documents qui me mentionnent.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, quel est le numéro de ce document,
23 vous dites 1021.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je pense que c'était 1021. Ça aussi c'est une
25 preuve qu'il n'y a pas eu de meeting à Mali Zvornik.
26 Bien non, ce n'est pas bien pour l'Accusation. C'est très mauvais
27 pour l'Accusation.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Le document 1021, je l'ai. Oui.
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1 Alors, Monsieur Marcussen, dans ce document 1021, on voit que c'est
2 un rapport émanant du ministère de la Défense sur la journée du --
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] De l'intérieur. Ministère de l'Intérieur, de la
4 police.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors attendez parce que moi dans la première page,
6 c'est marqué ministère de la Défense.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excusez-moi, ministère de la Défense. Excusez-
8 moi, c'est moi qui me suis trompé.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Le ministère de la Défense.
10 Donc, Monsieur Marcussen, à l'époque M. Seselj est député. Donc quand
11 un député se déplace, les services de Renseignements relatent ce qui se
12 passe. C'est que s'il est venu le 4 mars à Mali Zvornik, automatiquement il
13 y a dû y avoir un rapport. Il ne peut pas en être autrement. Sinon, peut-
14 être qu'il y a une confusion dans l'esprit du témoin qui pense des années
15 après, oui c'était au mois de mars, puis en réalité c'est au mois d'août.
16 Parce que, Monsieur le Témoin, quand vous avez dit que ça s'est
17 déroulé au mois de mars 1992, vous l'avez dit en quelle année cela ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] En 1996, le 26, 27 août.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : 1996. A titre personnel, Monsieur le Témoin, moi
20 j'ai participé à des réunions dans ce Tribunal, et si vous me dites il y a
21 quatre ans quelle est la réunion à laquelle j'ai participé, je suis
22 incapable de vous le dire, incapable, sauf s'il y a eu un événement
23 extraordinaire; le Président du Tribunal qui a une crise cardiaque, alors
24 là oui, là je peux m'en rappeler. Mais autrement, très difficile.
25 Donc c'est en 1996 que vous dites l'événement du mois de mars 1992.
26 Mais vous êtes sûr de vous, oui. Très bien.
27 Monsieur Seselj, vous pouvez continuer. Oui.
28 M. MARCUSSEN : [interprétation] Etant donné que nous avons abordé la teneur
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1 du document de l'Accusation 1021 sur la liste 65 ter de l'Accusation, j'en
2 demande le versement au dossier de façon à ce que nous puissions le voir
3 lorsque ceci sera voulu.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Pas de problème. Un numéro pour 1027.
5 M. LE GREFFIER : Ce sera le numéro P831.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, continuez si vous avez d'autres
7 questions.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est maintenant la pièce à conviction de la
9 Défense ou de l'Accusation, car l'Accusation ne souhaitait pas utiliser ça
10 hier.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : C’est l’Accusation. Elle peut le demander maintenant
12 et c'est vous qui l'avez soulevé, alors … continuez.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce qui m'importe, Madame, Messieurs les Juges,
14 maintenant c'est que l'on se penche sur l'ensemble de mon allocution lors
15 de ce meeting pour vérifier si effectivement j'ai proféré la phrase que
16 l'Accusation dit et le témoin dit que j'ai proférée. Maintenant nous avons
17 établi qu'il n'y a pas eu d'autre meeting. Il y a eu une bagarre seulement
18 lors de ce rassemblement-là, et que c'est à ce moment-là que nos membres
19 ont chassé la foule qui jetait des pierres sur nous.
20 Donc est-ce que vous pourriez placer cela sur le rétroprojecteur.
21 Nous n'allons pas voir l'ensemble. Veuillez montrer la page suivante, s'il
22 vous plaît, il s'agit de la page 31.
23 M. SESELJ : [interprétation]
24 Q. Vous pouvez voir la première photo. On voit ici comment nous on est
25 sortis du centre culturel, on voit comment nous on se déplace dans la rue
26 avec les pierres qui tombent autour de nous. Puis on voit en bas que Vineta
27 Marinovic se tient à la poitrine là où elle a été touchée par pierre et
28 l'autre sur la tête parce que c'est là qu'il a été touché. Tous les deux on
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1 les a amenés immédiatement après le rassemblement d'urgence à Banja
2 Koviljaca, au centre médical d'urgence là-bas.
3 Donc on peut montrer la partie inférieure, on voit Vineta Marinovic
4 qui se tient à la poitrine et l'autre, Todosijevic, Vladimir, qui a la tête
5 qui saigne. Il tient une espèce de kleenex sur son front. Après, on les a
6 amenés à Banja Koviljaca.
7 Page suivante --
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, partant de l'idée qu'au mois
9 d'août 1990 il y a ces événements, on voit la dame qui se tient la tête
10 parce qu'elle a reçu une pierre sur la tête, et cetera, et vu les
11 événements qui se sont déroulés, est-ce que vous pensez que deux ans plus
12 tard le même parti politique va tenir une réunion dans le même lieu sans
13 prendre des précautions pour garantir l'ordre public pour éviter le
14 renouvellement ? Est-ce que vous pensez que c'est envisageable que des gens
15 qui se font attaquer reviennent après tenir le même meeting pour se faire à
16 nouveau attaquer ? Est-ce que vous pensez que c'est logique ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, je dirais que certainement il
18 faudrait qu'il y ait des mesures de précaution, c'est la raison pour
19 laquelle si cette réunion avait eu lieu en 1990, qu'il y a eu des mesures
20 de protection et ces précautions, et c'est la raison pour laquelle cette
21 réunion a eu lieu à l'intérieur, dans une salle avec à peu près le même
22 nombre de personnes en raison de la possibilité d'avoir un incident. Donc
23 ce sont des mesures de prévention et à ce moment-là, on se retire à
24 l'intérieur.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Il y a au mois d'août ces incidents, où on voit bien
26 que ça a été assez grave parce que malgré le fait qu'il y a beaucoup de
27 policiers il y a des cailloux qui ont volé, il y a des personnes qui ont
28 été blessées. Est-ce que vous pensez que ceux qui organisent cette réunion
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1 la refont un an et demi après, et un an et demi après alors que vous, vous
2 êtes Musulman, vous rentrez dans la salle qui plus est, vous rentrez dans
3 la salle en mars 1992, si c'est vrai ce que vous dites ? Vous pensez que
4 c'est logique ? Là, il y a quelque chose qui mérite réflexion quand même.
5 Parce que vous nous avez dit : "J'étais dans la salle."
6 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai été dans la salle, c'est exact. Il est
7 exact que personne ne nous contrôlait, personne ne contrôlait nos pièces
8 d'identité. Il y avait 15 à 20 personnes.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, 20 jours avant le
10 conflit armé à Zvornik, il y avait tellement d'armes parmi la population
11 qu'avec un tel incident à Mali Zvornik, il y aurait eu plus d'une centaine
12 de morts. Vous n'imaginez quand même pas que les gens auraient jeté des
13 pierres et utilisé des bâtons. A cette époque-là, c'étaient les fusils
14 automatiques qu'on utilisait, que les gens utilisaient. Zvornik était déjà
15 rempli de volontaires, et ainsi de suite. Vous ne pensez pas que les
16 Musulmans de Zvornik seraient venus à Mali Zvornik pour jeter des pierres
17 sur nous. Il y aurait un véritable bain de sang si ceci avait ainsi éclaté
18 à ce moment-là. Vous pouvez le conclure logiquement.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Continuez.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'espère que maintenant vous m'avez entendu.
21 Donc si effectivement il y avait eu un tel incident en mars 1992, c'est-à-
22 dire 20 jours avant le soulèvement armé à Zvornik, il y avait tellement
23 d'armes à Zvornik, il y avait tellement de soldats, de volontaires, il y
24 aurait eu une centaine de morts. Là, à cette époque-là, il n'y aurait pas
25 eu d'incident avec des pierres et des bâtons. En mars 1991, l'ambiance
26 était électrique, on n'allait pas promouvoir le parti politique. Il y avait
27 déjà des incidents armés, c'était déjà pratiquement le conflit armé. C'est
28 pour cela que ceci est impossible. Mais du point de vue de l'Accusation,
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1 tout est possible.
2 Passons à autre chose, continuons.
3 M. SESELJ : [interprétation]
4 Q. Après, je pense que c'est après Olivera Jelkic, à la page suivante,
5 page 32. Soyez patient. Maintenant, il faut parcourir l'ensemble de mon
6 discours pour voir s'il contient cette phrase.
7 Dernier paragraphe au milieu, il est écrit, c'est le président du Mouvement
8 chetnik-serbe, Dr Vojislav Seselj qui prend la parole, et je dis : "Frères,
9 sœurs serbes, Dieu vous aide." C'est ce que vous avez entendu. Aidez-moi
10 maintenant, nous allons passer les paragraphes un par un. Veuillez placer
11 le texte un peu plus bas, s'il vous plaît. Déplacer encore un peu le texte
12 sur l'écran qu'on voie le haut de la page, dernier paragraphe, le haut de
13 la page, en fait dernière colonne. J'ai fait une erreur. Il faut la
14 troisième colonne, on ne la voit pas encore et le numéro de la page, ce
15 serait plus facile si c'était quelqu'un qui comprenait le serbe qui plaçait
16 les documents. Alors vous voyez ici.
17 "Frères et sœurs, hommes et femmes serbes que Dieu vous aide", et
18 ensuite la réponse "Que Dieu vous aide." Vous savez que c'est un meeting
19 traditionnel serbe et vous avez déjà entendu ce genre d'échange au début de
20 meeting, n'est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que vous pourriez lire maintenant le premier paragraphe ?
23 R. Je cite: "Nous sommes réunis ici aujourd'hui dans le Mali Zvornik serbe
24 à l'occasion de la promotion du parti qui est le Mouvement chetnik-serbe.
25 Il a fallu près d'un demi-siècle pour rétablir le sentiment chetnik-serbe
26 au sein de notre peuple. Le peuple serbe a vécu un demi-siècle dans un
27 esclavage comparable à celui qu'il avait vécu sous les Turcs, et le peuple
28 serbe a souffert pendant cet esclavage."
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1 Q. Je vais lire parce que je vois peut-être mieux.
2 "Pendant les dernières 50 années, le peuple serbe n'a pas eu l'allure
3 des héros serbes que nous connaissions des poèmes épiques serbes. Il n'a
4 pas eu l'allure des Serbes qui ont combattu durant les guerres contre les
5 Turcs et qui l'ont emporté dans deux guerres balkaniques durant la Première
6 Guerre mondiale." Là, je caractérise le peuple serbe sous le régime
7 communiste, n'est-ce pas, vous êtes d'accord avec moi, il n'y a rien qui
8 concerne les Musulmans ici ?
9 Alors poursuivons, je cite : "Le peuple serbe avait principalement
10 l'allure d'un peuple de croire et de lèche-botte. Pourquoi cela ? Parce que
11 tous ceux qui étaient grands dans le peuple serbe avaient été tués au cours
12 des deux guerres balkaniques et des deux Guerres mondiales ou avaient
13 trouvé refuge dans l'immigration après la Seconde Guerre mondiale à moins
14 d'avoir été tué dans les camps et les prisons de Tito.
15 Le peuple serbe a été sali idéologiquement et il a fallu plusieurs
16 décennies pour les nouvelles générations afin qu'elles grandissent et
17 commencent à se redresser et à rétablir l'ancienne gloire du peuple serbe,
18 l'orgueil et la dignité nationale serbe. En ce moment même, nous vivons une
19 période particulière de notre histoire, et pendant cette période de notre
20 histoire, la jeunesse serbe en particulier se remet sur ses pieds, se tient
21 droite contre la dictature communiste et tous les ennemis traditionnels des
22 Serbes."
23 Vous êtes d'accord qu'ici c'est un discours anticommuniste contre le
24 régime du communisme, n'est-ce pas, Monsieur 2000 ?
25 R. Je ne voudrais pas apprécier ou faire le moindre commentaire quant à la
26 nature de cette allocution.
27 Q. Mais vous voyez qu'il n'est pas fait mention des Musulmans ici ?
28 R. Monsieur Seselj, est-ce que vous pensez que quelqu'un serait assez
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1 intelligent pour commenter ce que vous dites, je l'ai déjà fait hier, la
2 Drina n'est pas une frontière entre la Serbie et la Bosnie.
3 Q. C'est ce que je pense aujourd'hui. Je ne pense pas que la Drina puisse
4 être une frontière.
5 R. Mais dans ce texte, est-ce qu'on trouve ce que j'ai dit quand j'ai dit
6 que vous vous étiez levé et que vous aviez fait un commentaire très
7 catégorique en parlant aux frères chetniks, et en particulier à ceux de
8 l'autre côté de la Drina et en disant que vous étiez les plus courageux.
9 Q. Mais prenons les choses dans l'ordre, nous y arriverons. Je poursuis la
10 lecture de mon intervention, je cite :
11 "Aujourd'hui, alors que nous mettons un terme final à la dictature
12 communiste anti-serbe, nous voyons qu'en tant que peuple il va nous falloir
13 reprendre le combat depuis le début. Le communisme a détruit pratiquement
14 toutes les valeurs traditionnelles serbes. Nous devons même restaurer notre
15 état serbe. Nous, les Chetniks serbes, ne voulons ni du système communiste
16 ni de la Yougoslavie. Nous n'en voulons plus. Nous nous rendons compte que
17 la Yougoslavie a été une marâtre du peuple serbe et que dans la Yougoslavie
18 communiste, le peuple serbe a perdu presque tout ce qu'il avait."
19 Est-ce qu'on voit ici que c'est un discours ultranationaliste et anti-
20 communiste; c'est bien ça ?
21 R. Oui.
22 Q. Je vous pose la question, répondez. On continue. Je cite :
23 "Le voyou et criminel Josip Broz Tito a fait tout ce qu'il pouvait pour
24 défigurer la Serbie en exécutant les ordres de l'international communisme
25 et du Vatican, et il a pratiquement réussi dans sa tâche. Trois ethnicités
26 artificielles ont été créées à partir de la nation serbe, les Monténégrins,
27 les Macédoniens et les Musulmans."Est-ce que j'ai toujours dit qu'il
28 s'agissait d'artifices ?
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1 R. Oui, vous l'avez toujours dit.
2 Q. Est-ce que je l'ai dit encore là ?
3 R. [aucune interprétation]
4 Q. Bon, poursuivons, je cite : "Les pays serbes ont été divisés et
5 déchirés. Un grand nombre d'unités fédérales distinctes ont été créées à
6 partir des pays serbes. Il a créé la zizanie entre les Serbes. Il a
7 introduit la discorde et le trouble au sein du peuple serbe. Pendant tout
8 le cours de leur histoire, les Serbes n'ont jamais été aussi déchirés
9 qu'ils le sont aujourd'hui. Toutefois, le peuple serbe dans tous les états
10 serbes est en train de se réveiller. Nous, les Chetniks serbes, avons
11 brandi nos anciennes bannières marquées par la gloire. Nous, les Chetniks
12 serbes, sommes en train de nous battre pour restaurer un état serbe
13 indépendant et libre dans les Balkans. Nous ne nous contenterons jamais de
14 la Serbie telle qu'elle est aujourd'hui, très étroite pratiquement réduite
15 à la seule Opasaluk [phon] de Belgrade. Nous, les Chetniks serbes ne
16 reconnaissons qu'une Serbie qui comprendra la Macédoine serbe, le
17 Monténégro serbe, la Bosnie serbe, l'Herzégovine serbe, Dubrovnik serbe, la
18 Dalmatie serbe, la Lika serbe, la Banja serbe, le Kordun serbe, la Slavonie
19 serbe, et la Baranja serbe."
20 Est-ce que j'ai dit cela ?
21 R. Bien, oui.
22 Q. Je cite : "Nous, les Chetniks serbes, ne nous arrêterons pas tant que -
23 -"
24 Vous avez la traduction anglaise de ce texte. On me dit qu'il faut que je
25 ralentisse pour les interprètes. Bon, j'ai compris que c'est pour la cabine
26 française. Je vais ralentir.
27 Je cite : "Nous, les Chetniks serbes, ne nous arrêterons pas tant que nous
28 n'aurons pas réalisé cet objectif qui est notre objection principal. Nous,
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1 les Chetniks serbes de toutes parts et dans tous les Etats serbes,
2 développons nos actions politiques.
3 "Il y a un instant nous avons vu dehors cette foule, cette masse
4 immense qui est venue nous empêcher d'atteindre notre objectif et de
5 réaliser nos intentions." Il y a des choses dans les parenthèses, c'est des
6 réponses de la foule, je ne les mentionne pas. Je cite :
7 "Nous, les Chetniks serbes et tout le peuple serbe, les Serbes orthodoxes,
8 tendons la main à nos frères serbes de religion musulmane."
9 Est-ce que vous vous rappelez que j'ai dit cela ?
10 R. Je ne m'en souviens pas.
11 Q. Vous ne vous en souvenez pas. Bon. Je cite :
12 "Pendant toute l'histoire serbe il y a toujours eu de grands hommes de
13 religion musulmane parmi notre peuple serbe. Rappelons-nous Mesa Selimovic
14 l'un de nos plus grands écrivains. Nous n'oublierons jamais le fait que le
15 vice-président du comité national, Draza Mihajlovic a été Mustafa Mulalic.
16 Nous n'oublierons jamais que l'un des dirigeants militaires chetniks de
17 Draza Mihajlovic a été Ismet Pupovac, qui a commandé 2000 Serbes de
18 religion musulmane. Toutefois, nous n'oublierons jamais la foule qui est
19 ici. Ce sont des gens comme ceux-ci qui ont assassiné les Serbes dans toute
20 la Bosnie, dans toute l'Herzégovine, aussi bien avant que pendant la
21 Première Guerre mondiale, ainsi que dans la Serbie réduite à ce qu'elle est
22 aujourd'hui.
23 "Nous n'oublierons jamais qu'une foule comme celle-ci a été la
24 première à revêtir l'uniforme oustachi en 1941 et à se lancer dans
25 l'assassinat des Serbes.
26 "Nous n'oublierons jamais que dans toute l'histoire serbe une foule
27 comme celle-ci a toujours été prête à servir tous les ennemis des Serbes
28 jusqu'au bout, qu'il soient Autrichiens ou Allemands et a toujours été
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1 prête à servir tous ceux qui voulaient attaquer la Serbie. Nous ne
2 négocierons jamais avec une foule comme celle-ci."
3 Est-ce que vous m'avez déjà entendu dire des choses comme celles-ci ?
4 R. Vous avez toujours parlé en disant des choses comme celles-ci dans tous
5 vos meetings. Quant au fait que vous avez mentionné Pupovac Mulalic et le
6 nombre de Serbes, et cetera, ce sont des propos que vous repreniez
7 pratiquement à chacun des meetings.
8 Q. Pas pratiquement à chacun de mes meetings parce que là c'était un
9 meeting fondamental puisque dans ce secteur vivaient des Musulmans. Dans
10 d'autres régions où ne vivaient pas de Musulmans, je ne disais pas de
11 choses comme celles-ci. Je ne répétais toujours la même chose partout. Il y
12 avait aussi un élément politique dans tout cela. Les choses ne sont pas
13 toujours identiques.
14 Alors je poursuis la lecture, je cite :
15 "Nous, Chetniks serbes, nous nous battons pour un état serbe qui sera un
16 état démocratique et épris de liberté. Un état appartenant aux citoyens,
17 des citoyens totalement égaux les uns aux autres, un état de tolérance
18 religieuse. Mais nous n'autoriserons à aucun prix que dans tous les pays
19 serbes, les intégristes islamistes circulent de part en part et rêvent
20 d'établir un état pan-islamiste qui se diffuserait même dans les Balkans.
21 Ils verront une nouvelle fois quel est l'héroïsme du peuple serbe et à quel
22 point il est prêt et ferme - ne m'interrompez pas - ferme dans son
23 intention de rétablir l'état serbe, la liberté, la démocratie et la gloire
24 ancienne."
25 Il faut passer à la page suivante :
26 "Nous, Chetniks serbes qui avons brandi cette année notre drapeau
27 chetnik serbe dans notre capitale Belgrade, ville éprise de liberté, nous
28 nous plaçons au service du peuple serbe et n'abandonnerons pas. Le
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1 Mouvement chetnik-serbe est un parti qui accepte dans ses rangs uniquement
2 les plus braves, les plus déterminés, et des gens qui sont loyaux à l'égard
3 du peuple serbe. Le Mouvement chetnik-serbe a été créé en tant que parti
4 dès le mois de janvier de cette année, date à laquelle a été créé le
5 Mouvement de la liberté serbe qui a changé de nom pour devenir Mouvement du
6 Renouveau serbe."
7 Maintenant je peux sauter quelques lignes, si vous êtes d'accord
8 parce que là je parle de la création. Je donne le nom des personnalités
9 importantes : Aleksandar Stefanovic, Srdjan Glamocanin, Olivera Jelkic - je
10 décris leur parcours, - Milorad Vukosavjevic. Maintenant je reprends la
11 lecture un peu plus loin. Je cite :
12 "Ils n'ont jamais eu peur des matraques de la police, ils n'ont
13 jamais eu peur des cordons de police et des interdits du régime, et c'est
14 avec des gens comme ceux-là déterminés, braves, et intelligents que nous
15 sommes parvenus à acquérir la légitimité de notre parti. Les communistes
16 nous ont interdit depuis le début. Récemment, ils ont voulu nous arrêter et
17 nous empêcher de tenir une cérémonie commémorative destinée à marquer
18 l'anniversaire de la mort du général Draza Mihajlovic. Ils n'y sont pas
19 parvenus car nous avons rassemblé 10 000 personnes devant le monument du
20 prince Mihailo Obrenovic au centre de Belgrade."
21 Vous vous rappelez cela, le 17 juin 1990, meeting de commémoration
22 célébrant Draza Mihajlovic et le nombre de personnes, qui étaient là ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous rappelez-vous que la police a interdit ce meeting mais que nous
25 avons réussi à le tenir en dépit de cette interdiction ?
26 Notre -- bon, alors je continue la lecture. Je cite :
27 "Notre parti a été officiellement enregistré le mardi" et est-ce que vous
28 vous rappelez que le régime a refusé d'enregistrer notre Mouvement chetnik-
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1 serbe à Belgrade en août 1990 ? Tous les journaux en ont parlé.
2 R. Oui, les journaux en ont parlé mais je ne suis pas sûr que je sois au
3 courant de ce qui s'est exactement passé.
4 Q. D'accord. Alors maintenant je parle du programme du parti. On peut
5 peut-être sauter ce passage, mais je poursuis la lecture en partant un peu
6 plus loin. C'est le début de la troisième colonne, deuxième paragraphe de
7 la troisième colonne. Je parlais de mémoire, n'est-ce pas, je ne lisais pas
8 un document. Et à de nombreux moments dans mon discours j'ai suscité des
9 applaudissements qui sont mentionnés dans l'article, pour être très
10 authentique. Je cite :
11 "En tant que tel, le Mouvement chetnik-serbe s'est placé à la disposition
12 du peuple. Le Mouvement chetnik-serbe défend la promotion de la
13 restauration d'un système politique démocratique, multipartite, la création
14 de l'Etat de droit, ce qui inclut la mise en place d'autorités légitimes et
15 le respect de la loi dans les décisions officielles, la création d'un
16 tribunal indépendant, et d'un système de procureur public, et
17 l'interdiction faite à tout parti politique de recruter des soldats ou des
18 policiers dans ses rangs."
19 R. [aucune interprétation]
20 Q. [aucune interprétation]
21 R. [aucune interprétation]
22 Q. [aucune interprétation]
23 R. [aucune interprétation]
24 Q. [aucune interprétation]
25 "Le Mouvement chetnik-serbe soutient l'abandon de la politique de
26 non-alignement et d'alliance avec des Etats et des nations sauvages et
27 barbares. Parmi les dirigeants de certains de ces Etats se trouvent même
28 des cannibales tels que les amis les plus proches de Tito autoproclamé
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1 président d'Uganda El Hadj [phon], le maréchal de logis Amin Dada [phon] et
2 l'empereur de Centrafrique autoproclamé Jean Bédel Bokassa I [phon].
3 Et là je commets encore une erreur parce qu'aujourd'hui j'ai mûri un peu
4 davantage. Mais je dis à l'époque, je cite : "Nous, Chetniks serbes, nous
5 sommes favorables au retour de notre parti dans le giron de l'Europe, une
6 communauté d'états et de nations civilisés et démocratiques."
7 Désormais, nous nous sommes rendu compte que tel n'était pas le cas. Voilà
8 le résultat de la sagesse que j'ai acquise entre-temps.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : -- tout ce discours qui fait des pages et des pages.
10 L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Mais j'ai une petite question à poser. Monsieur le
12 Témoin, est-ce que vous vous souvenez dans cette réunion qu'un Musulman est
13 intervenu ou pas ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Parce que, Monsieur Seselj, à la fin, il y a
16 quelqu'un qui intervient, Sakib Kahazovic, et qui dit : "Je suis Musulman."
17 C'est peut-être intéressant de savoir ce qu'il dit, celui-là.
18 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais, Monsieur le Président, découvrons d'abord
19 si dans mon allocution il figure la phrase qui est reprise dans l'acte
20 d'accusation. Si vous le permettez, j'ai le temps, j'avais prévu de le
21 faire. Si cette phrase ne figure pas dans mon allocution, alors toute cette
22 partie de l'acte d'accusation tombe et je n'ai plus d'autres questions à
23 poser au témoin.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : La phrase n'est pas dans le document qu'on a sous
25 les yeux. Ça c'est évident.
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais qu'est-ce que vous voulez ? Que tout ce
27 que j'avais l'intention de lire je ne le lise pas ?
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Si cette phrase a été tenue le 4 août, non, la
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1 phrase n'est pas dans votre intervention du 4 août, ça c'est sûr. Alors
2 c'est pas la peine de tout lire pour qu'on arrive à la conclusion que la
3 phrase n'y est pas.
4 M. SESELJ : [interprétation]
5 Q. Bon, bon. Quand j'ai terminé mon allocution, les citoyens présents ont
6 commencé à poser des questions, n'est-ce pas ?
7 R. Oui.
8 Q. Oui. La première question a été posée par un homme qui ne s'est pas
9 présenté et qui a parlé d'une mausolée de Tito à Dedinje. Cela figure en
10 page 35, l'avant-dernière page du document, et je lui réponds. Puis le
11 citoyen suivant c'est Ratko Cvetkovic qui s'est présenté comme membre du
12 Parti du Renouveau serbe de Milici. Milici c'est pas loin de Bratunac,
13 n'est-ce pas ? Aujourd'hui c'est une municipalité à part entière.
14 R. Oui.
15 Q. Il pose sa question et je lui réponds. Puis un autre homme qui ne donne
16 pas son nom dit qu'il va avoir des problèmes au travail parce qu'il a
17 assisté à notre meeting. Puis la quatrième question vient d'un habitant qui
18 demande ce que notre programme prévoit pour les paysans. Puis la cinquième
19 question vient de quelqu'un qui pose une question en commençant par le mot
20 "Camarade." Puis à la fin, alors que nous souhaitions déjà mettre un terme
21 au meeting, ceci figure en page 36, quatrième paragraphe à partir du haut.
22 Il y a un homme qui arrive, arrivé jusqu'à la tribune il commence à parler,
23 mais à cause des applaudissements les gens ne l'entendent pas. Je cite :
24 "Le Vojvoda, je suis le seul vojvoda présent n'est-ce pas ?"
25 R. Je ne sais pas.
26 Q. Je vous le dis. Alors c'est moi qui parle, je dis : "Ecoutez mes
27 frères, permettez à cet homme de dire ce qu'il a à dire pour que nous
28 l'entendions, et ensuite nous verrons dehors ce qui constitue un danger ou
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1 pas pour nous." La masse répond, C'est bien ça, puis cet homme prend la
2 parole et il dit : "Avec l'aide de Dieu, frères et soeurs de Serbie." La
3 masse lui répond : "Que Dieu te vienne en aide."
4 Il reprend : "Je suis le Musulman Kavazovic Sakib de Semberija. En
5 1951, j'ai été contraint d'aller en Serbie et je vie en Serbie depuis 1951.
6 J'avais construit une maison là-bas mais je n'ai pas pu y rester. Je suis
7 allé parmi mes frères serbes. J'ai vécu à Novo Selo dans la Macva pendant
8 cinq ans, ensuite cinq ans à Lesnica. Je vis ici depuis 25 ans et je n'ai
9 peur de personne. J'ai mes enfants ici, mon fils s'est marié à Valjevo, je
10 vis avec les gens de Valjevo, et je me bats pour la Serbie et je mourrai
11 pour la Serbie."
12 A ce moment-là, les gens réagissent : "Tout le monde se lève avec
13 ferveur pour saluer ce frère musulman grâce à des applaudissements. Le
14 Vojvoda s'approche et les embrasse. La foule salue ce geste avec une
15 ferveur encore accrue." Le président du comité local de Mali Zvornik du
16 Mouvement chetnik-serbe s'adresse à la foule une nouvelle fois, je cite :
17 "S'il n'y a plus de questions, j'aimerais vous demander de sortir tous
18 ensemble dans la dignité et sans provocation."
19 Alors est-ce que j'ai bien dit cela ? Est-ce que vous vous rappelez
20 le Musulman qui est sorti ?
21 R. Monsieur Seselj, je suis parti avant que ceci ne se passe parce que
22 j'ai été emmené par les hommes assurant votre sécurité. Je voulais prendre
23 la parole et il y a des gens qui ont réagi et qui se sont jetés sur moi en
24 m'empêchant de dire ce que je voulais dire. Deux personnes m'ont pris par
25 les bras et m'ont emmené sans le moindre incident, sans me faire de mal.
26 Q. Vous n'avez pas pris la parole à ce meeting, vous ne l'auriez pas fait
27 quoi qu'il en soit parce que ce que vous dites est une invention. J'ai pu
28 tenir des meetings devant des groupes très nombreux où il n'y avait pas une
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1 seule personne contre moi mais seulement des sympathisants. Même s'il n'y
2 avait aucun sympathisant, ce qui est arrivé aussi, je n'ai eu aucun
3 problème.
4 Donc ce que vous vouliez dire à ce meeting, quoi que vous ayez dit,
5 personne ne vous aurait fait sortir de la salle pour cette raison. Ça c'est
6 une invention.
7 Donc nous en avons terminé de ceci. Est-ce que vous prétendez
8 toujours que ce meeting de Mali Zvornik s'est tenu au mois de mars 1992 ?
9 R. Vous avez tenu ce meeting à la date que j'ai dite.
10 Q. J'espère que l'Accusation va découvrir tous les articles de presse
11 relatifs à la date en question et que la preuve sera apportée que ce n'est
12 pas le cas. Parce que comme vous le savez je n'ai pas accès aux archives de
13 presse. Je ne peux utiliser que les documents qui me sont communiqués par
14 l'Accusation.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, avant de faire la pause, la Chambre
16 a juste une question.
17 Est-ce qu'il y a une bande audio du discours que vous avez prononcé le 4
18 août 1990 ? Il y a une bande audio ou pas ? Vous ne le savez pas ?
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Il faudrait poser cette question à la
20 journaliste Vineta Marinovic, moi je n'ai aucun contact avec elle. Si
21 l'Accusation est capable de la retrouver, mais vous savez il y a près de 20
22 ans qui se sont passés depuis.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, vous avez bien identifié que cette
24 partie de l'acte d'accusation était importante et vous vous êtes posé la
25 question de savoir si vraiment quelqu'un avait entendu les propos
26 rapportés. Partant de là, vous avez su qu'il y avait eu un article. Bon.
27 Donc la journaliste qui a retranscrit votre discours elle l'a peut-
28 être fait parce qu'elle avait un petit magnétophone. A ce moment-là, vos
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1 collaborateurs qui étaient nombreux auraient très bien pu aller voir cette
2 journaliste, lui demander la bande audio et comme ça pour vous c'était un
3 élément de preuve qui permettait de dire de A à Z pendant ce discours
4 jamais la phrase n'a été tenue. Mais ça vous n'y avez pas pensé ?
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, tout comme
6 quelqu'un peut, alors que l'on publie un article, quelqu'un peut omettre
7 quelque chose délibérément, la personne peut couper cette partie de la
8 bande aussi. Moi je ne l'ai pas fait car ceci ne m'importait pas. Ce qui
9 importe le plus c'est la date du rassemblement, et ensuite ce qui a été dit
10 lors du meeting. Car j'aurais pu dire les pires choses lors du
11 rassemblement en 1990. Ça c'est deux ans avant la guerre en Bosnie.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Monsieur Seselj. Mais vous reconnaîtrez
13 avec moi que si cette bande audio existe, peut-être que cette journaliste
14 l'a gardée ou les archives de ce journal, moi je ne sais pas. Pour vous ça
15 serait quand même un événement fantastique.
16 Qui plus est, Monsieur Seselj, avec vos nombreux collaborateurs,
17 qu'est-ce qu'ils auraient dû faire vos collaborateurs c'est prendre tous
18 les journaux de l'époque de ce journal pour voir que le 4 mars 1992, il n'y
19 avait rien.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, mes œuvres complètes
21 contiennent déjà environ 105 volumes au total, environ 1 000 pages chacun
22 avec tous mes textes concernant moi-même, le Parti radical serbe et le
23 Mouvement chetnik-serbe. L'Accusation de La Haye a reçu une édition
24 précédente de ces œuvres, donc ils ont 80 volumes. Par conséquent, chaque
25 discours prononcé au sein du Parti radical existe dans cette collection,
26 notamment dans les tomes 41 à 50. Tout ce qui est écrit est contenu.
27 Maintenant, vous vous comportez comme si la charge de la preuve reposait
28 sur moi, mais elle repose sur l'Accusation. Le fait que le meeting a eu
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1 lieu en mars -- pas en mars 1992, mais en août 1990, suffit.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Tout le monde le sait. Mais vous, vous êtes accusé,
3 donc vous devez vous défendre et vous devez vous dire tiens, à partir d'un
4 discours on me met en cause et je vais démontrer que ce n'est pas le bon
5 discours, et que dans le discours que j'ai tenu il n'y a jamais eu ces
6 propos. A ce moment-là, si vous avez une bande audio qui permet de s'en
7 rendre compte, c'est un élément décisif. Parce que vous dites : "Mon
8 discours est dans mon livre," très bien, mais qui nous dit que votre
9 discours n'a pas été amputé des passages délicats ? On n'en sait
10 strictement rien. Or, la bande audio elle peut refléter la réalité parce
11 que par des moyens techniques on peut savoir s'il y a eu coupure ou pas.
12 Voilà.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, c'est le journal Grande-
14 Serbie, Velika Srbija, numéro 3 du 15 août 1990, à un moment où personne
15 dans les Balkans ne savait qu'une guerre était imminente, c'est août 1990.
16 On ne savait certainement pas que l'on préparait la création du Tribunal
17 illégal de La Haye devant lequel quelqu'un allait devoir se défendre contre
18 je ne sais quoi.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : -- Tribunal illégal, vous auriez pu vous en
20 dispenser. Nous allons -- et une meilleure preuve qu'il n'est pas si
21 illégal que ça, c'est que vous voyez, nous, les Juges, on essaie de faire
22 au mieux notre travail, en toute indépendance.
23 Alors nous allons faire une pause de 20 minutes, et nous reviendrons dans
24 20 minutes.
25 --- L'audience est suspendue à 16 heures 06.
26 --- L'audience est reprise à 16 heures 34.
27 L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète : Première citation de l'article,
28 après le titre "Tito, Oustachi," "Tito Oustachi, à bas la maison des
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1 fleurs. La deuxième raison pour laquelle je suis particulièrement heureux
2 d'avoir été invité à parler devant vous, c'est le fait que le peuple est la
3 preuve vivante du fait que c'est un mensonge flagrant de dire que l'armée
4 yougoslave a commis un génocide contre les Musulmans dans la mère patrie.
5 Je pense qu'en votre sein, il y a plus de la moitié des Musulmans qui
6 pourraient être d'origine serbe. Certains se rappellent les récits de leurs
7 ancêtres selon lesquels, par le passé, ils faisaient partie du peuple
8 serbe. Certains ne s'en souviennent pas alors que d'autres pensent même
9 qu'ils sont des Turcs. Toutefois, en ce moment ce n'est pas le sujet. Il
10 est très difficile de définir la nationalité de vos concitoyens. Ce sont
11 des Serbes qui ont perdu la conscience et la mémoire. Il était facile en
12 1941 de les pousser sans pitié, en particulier les "fukara" dans une guerre
13 fratricide où ils ont joué le rôle de substituts en assassinant leurs
14 voisins innocents, amis de la veille, quand on leur a offert des propriétés
15 serbes."
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Tout le monde entend.
17 Monsieur Seselj, allez-y.
18 M. SESELJ : [interprétation]
19 Q. Monsieur VS-2000, est-ce que vous considérez que je suis un homme
20 inculte, pas éduqué ?
21 R. Non, pourquoi ?
22 Q. Est-ce que vous considérez que je n'ai pas de connaissance de base en
23 matière de théologie pour ce qui est des religions modernes, que je ne m'y
24 connais pas du tout en la matière ?
25 R. Je ne veux pas me lancer dans un débat là-dessus mais je n'ai jamais
26 dit que vous étiez une personne peu instruite. Je l'ai dit déjà hier, et
27 vous l'avez entendu, que vous étiez le docteur en droit le plus jeune en
28 ex-Yougoslavie, et certainement vous avez dû apprendre quelque chose au
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1 cours de vos études.
2 Q. Vous savez, dans mon acte d'accusation, il est écrit que j'aurais nommé
3 les Musulmans "paja" et dans le mémoire préalable il est dit que je les
4 avais appelé impies. Est-ce qu'un homme instruit peut dire pour les
5 Musulmans que ce sont des impies ?
6 R. C'est à vous de voir.
7 Q. Mais, par exemple, si je sais que Mohamed avait créé une nouvelle
8 religion sur la base du judaïsme et de la chrétienté et qu'il a repris
9 toutes leurs doctrines en leur donnant une autre forme, comment est-ce que
10 je pourrais dire que ce sont des impies ? Vous savez que les Musulmans
11 reconnaissent Jésus-Christ comme Messie, comme Prophète. Vous le savez,
12 comment est-ce qu'ils l'appellent les Musulmans ?
13 R. Isa.
14 Q. Isa le Messie ou Isa le Prophète, n'est-ce pas ? Vous savez que dans le
15 Coran il est écrit que le jour du dernier jugement, Isa le Prophète allait
16 juger Marie et les hommes, n'est-ce pas ?
17 R. Oui, c'est ce qui est écrit.
18 Q. Les Musulmans ne reconnaissent seulement pas le fait que Jésus aurait
19 été Dieu mais le reste ils reconnaissent qu'il est fils de Dieu. Mais est-
20 ce que vous savez qu'il existe une mosquée consacrée à Jésus, consacrée à
21 Isa le Prophète ? Est-ce que vous le savez ?
22 R. Je ne sais pas. Je ne m'y connais pas tellement à la matière.
23 Q. Moi, je m'y connais en la matière. Et je vous dis tout cela parce qu'il
24 est tout à fait impossible que j'utilise une telle expression, car même si
25 mes discours sont fermes, radicaux parfois, même extrêmes, mais je ne dis
26 pas ce genre de bêtise dans mes discours. Mes discours sont quand même
27 cohérents sur le plan de la logique, n'est-ce pas ? Vous n'êtes pas
28 d'accord avec une telle logique, peut-être, mais vous ne pouvez pas dire
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1 qu'il n'y a pas de système logique à l'intérieur, n'est-ce pas ?
2 Vous vous taisez, est-ce que vous avez fait vos études de droit à Sarajevo
3 ?
4 R. Oui, mais je ne sais pas ce que vous voulez que je réponde, oui ou non,
5 seulement.
6 Q. Mais dites oui ou non ?
7 R. C'est votre théorie. Je ne vais pas m'immiscer là-dedans. Il s'agit de
8 vos opinions sur vos théories et vos discours.
9 Q. Bon. Nous allons passer à une autre question et j'espère que l'ambiance
10 va être un peu plus calme. Ce qui me conviendrait -- ça vous convient
11 plutôt une ambiance un peu plus calme ou plutôt un peu plus virulente ?
12 R. Plutôt virulente.
13 Q. Plutôt virulente, et moi, j'aurais préféré plus calme. Vous avez fait
14 deux déclarations auprès de l'Accusation en 1996 --
15 M. LE JUGE ANTONETTI : -- faire une audience plus calme. Ça c'est sûr. Vous
16 n'avez pas compris. Quand vous demandez au témoin s'il préfère une ambiance
17 plus calme, je me joins à votre interrogation en me disant que la Chambre
18 aussi préfère que les audiences soient calmes.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien. De mon côté, je vais faire de mon
20 mieux, mais vous avez vu tout à l'heure ce qui s'est passé. Moi, j'avais un
21 concept de contre-interrogatoire et l'Accusation dès le début a essayé de
22 démolir cela. Les choses se seraient déroulées de façon plus tranquille et
23 calme si j'avais pu présenter les choses comme je le souhaite. Mais
24 l'Accusation a commencé immédiatement en citant Pelanek [phon], et meeting,
25 et cetera, et les choses ont pris un autre cours. Donc le manque de
26 patience de la part de l'Accusation et le fait qu'elle est trop ambitieuse
27 ont gâché cela. Mais on va réparer les choses.
28 M. SESELJ : [interprétation]
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1 Q. Votre première déclaration date du 1996, n'est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Puis la deuxième 2002, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. La première déclaration vous l'avez fournie au sujet des circonstances
6 qui ont fait l'objet de votre interrogatoire principal hier. La deuxième
7 faisait partie des préparations de l'Accusation pour le procès contre Naser
8 Oric, je pense, et puis ils ont renoncé à votre déposition, n'est-ce pas ?
9 R. Oui.
10 Q. Je vois qu'ils vous posaient des questions concernant votre
11 collaboration en temps de guerre avec Naser Oric et concernant les
12 événements qui se sont déroulés en 1993. Mais peu nous importe. Cette
13 deuxième déclaration ne concerne nullement cette affaire, n'est-ce pas ?
14 Vous vous en souvenez de cette deuxième déclaration ?
15 R. Oui, je me souviens mais il n'était pas question d'un procès de Naser
16 Oric ou autre, mais il a été question du fait que je devais présenter tous
17 les faits qui me concernent pour que ce soit cohérent.
18 Q. Mais vous avez parlé des choses tout à fait différentes. Peut-être ils
19 ne vous ont pas dit la raison pour laquelle ils vous demandaient cette
20 deuxième déclaration, mais d'après le contenu c'est ce que j'ai conclu. Et
21 je vois que vous avez cité ici des noms de différents commandants
22 militaires ou chefs de guerre militaires, mais peu nous importe. Revenons à
23 la première déclaration, vous y parlez de la manière dont vous aviez placé
24 un point de contrôle près de la carrière et que vous avez arrêté quatre
25 policiers serbes et vous avez saisi leur voiture, n'est-ce pas ?
26 R. Oui.
27 Q. C'était quelle date, c'était le 8 ?
28 R. C'était le 8 avril, dans la matinée, 1992.
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1 Q. Dans la matinée, le 8 avril; donc c'était avant le conflit armé qui
2 s'en est suivi plus tard dans la journée ?
3 R. Dans la journée.
4 Q. A un moment donné de la matinée.
5 R. C'était peu avait l'attaque contre Zvornik, la vraie attaque.
6 Q. Bien. Quelles étaient vos autorisations vous permettant tout d'abord
7 d'arrêter la voiture de police, ensuite d'arrêter quatre policiers et
8 confisquer leur voiture ?
9 R. Monsieur Seselj, vous savez très bien que peu avant la guerre les
10 barrages routiers ont été placés à tous les points de séparation entre les
11 agglomérations serbes et musulmanes. Et tout le monde contrôlait partout là
12 où les gens trouvaient que ceci leur convenait, qui passait par les routes,
13 pourquoi, et ce que les gens transportaient.
14 Q. Bien. Et à Vlasenica il n'y a pas eu de conflit armé à l'époque ?
15 R. Pour autant que je le sache, les gens étaient préparés mais on n'avait
16 pas commencé à tirer.
17 Q. Les tirs ont commencé bien plus tard. C'était les policiers de
18 Vlasenica, ils portaient des uniformes pareils que ceux de tous les
19 policiers de la Bosnie-Herzégovine.
20 R. Ils étaient en civil. J'ai dit qu'un seulement un d'entre eux avait un
21 uniforme multicolore.
22 Q. Ce n'est pas écrit dans la déclaration. Il est écrit simplement que ce
23 sont des policiers, que vous les aviez arrêtés et que vous aviez confisqué
24 leur voiture ?
25 R. Le fait que c'était des policiers, nous l'avons vu sur la base des
26 documents. Trois d'entre eux étaient en vêtement civil.
27 Q. Vous, en tant que groupe de citoyens armés, vous avez fait arrêter un
28 véhicule de la police, et vous avez arrêté quatre policiers, qui vous ont
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1 montré les documents montrant qu'ils sont des policiers, mais sur la base
2 des documents, vous avez vu que c'était des personnes d'appartenance
3 ethnique serbe. Mais ce n'était pas les policiers de la police serbe, car à
4 Vlasenica il n'y avait pas la police serbe. Elle était unie, encore.
5 R. Je ne sais pas. A Vlasenica, c'était la même chose que pour le reste de
6 la Bosnie-Herzégovine, et ils avaient un autre point de contrôle à
7 Vlasenica. Pourquoi on les a arrêtés ? Ils avaient des armes, ils avaient
8 des explosifs, ils avaient du plâtre dans la voiture.
9 Q. A ce moment-là, vous avez appelé la police à Zvornik ?
10 R. Oui, c'est exact.
11 Q. Et un policier musulman de Zvornik vous a dit de les lâcher ?
12 R. Il a dit qu'il avait vérifié les noms des personnes, les noms dictés,
13 et il a dit qu'il fallait les renvoyer en passant par le barrage routier de
14 Konjevic Polje vers Vlasenica, et c'est ce qui a été fait.
15 Q. Vous aviez confisqué leur voiture ? Comment est-ce que vous les avez
16 renvoyés, alors ?
17 R. Une personne les a transportés en utilisant cette même voiture, et
18 ensuite, ils les ont laissés au point de contrôle de Vlasenica, et la
19 voiture a été reprise.
20 Q. Reprise comment ? Sur la base de quel droit ou loi ? Loi de la guerre ?
21 Vous ne savez pas ?
22 R. Non.
23 Q. Bien. Donc, vous prenez cette voiture et vous allez au poste de police
24 de Zvornik, et vous dites au premier étage du poste de police, j'ai vu
25 trois hommes qui étaient menottés et ainsi attachés l'un à l'autre. Est-ce
26 que vous en avez vu trois ou quatre ?
27 R. Trois.
28 Q. Mais il y a en avait quatre.
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1 R. Il y a en avait quatre.
2 Q. Le quatrième, vous ne l'avez pas vu ?
3 R. Plus tard, ils étaient assis dans le bureau, ils parlaient avec
4 l'adjoint du chef de la police chargée du crime.
5 Q. Nous allons parler de cela un peu plus en détail, car ça m'intéresse
6 particulièrement, ces quatre personnes qui avaient été arrêtées au barrage
7 routier, à l'entrée de Zvornik.
8 R. A l'entrée nord de Zvornik, dans un canal de la rivière Zlatica [phon].
9 Q. Vous dites que l'un d'eux portait un uniforme de camouflage, et les
10 deux autres portaient des vêtements civils, n'est-ce pas ?
11 R. Non. Ceux dont j'ai parlé, ceux qui étaient en uniforme, c'était des
12 policiers. Les autres, ils portaient tous des uniformes. Ils étaient quatre
13 qui portaient tous un uniforme.
14 Q. Ici, à la page 5 de votre déclaration, dernier paragraphe, vous les
15 décrivez, ces trois hommes, et vous dites : L'un d'eux portait un uniforme
16 de camouflage et les deux autres portaient des vêtements civils. C'est ce
17 qui est écrit dans la déclaration.
18 Est-ce qu'ils étaient tous en uniforme ?
19 R. Je ne sais pas exactement ce que je dis dans la déclaration, mais l'un
20 d'eux portait un uniforme bigarré ou uniforme de camouflage, et l'autre,
21 régulier.
22 Q. Ici, c'est écrit civil.
23 R. Peut-être c'est une question de traduction.
24 Q. Oui, c'est l'Accusation qui n'est pas sérieuse. Poursuivons.
25 "Leur quatrième collègue, appelé Repic, je l'ai vu dans le bureau de
26 Fadil Mujic."
27 R. Oui.
28 Q. Fadil Mujic était chef de la criminologie dans la police de Zvornik.
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1 R. Oui.
2 Q. Aujourd'hui, il travaille dans le MUP de Tuzla. Puis, vous dites :
3 "J'ai vu un tas de morceaux de fil de fer, qui sont utilisés pour
4 étrangler quelqu'un, puis des injections, et ceci a été trouvé auprès de
5 ces quatre hommes par la police pendant l'interrogatoire. Le fil de fer, je
6 l'ai vu sur le bureau, devant la pièce dans laquelle ces trois hommes
7 étaient détenus."
8 R. Il y avait 72 morceaux de fil de fer. Ceci avait été compté.
9 Q. Fadil Mujic, qu'est-ce qu'il vous a dit lorsque vous avez vu ces hommes
10 ? Est-ce qu'il vous a dit quelque chose ?
11 R. Il était en train de les interroger. Je souhaitais simplement
12 m'adresser à lui, et j'ai dit : Fadil, on a commencé déjà à tirer depuis la
13 partie nord vers la municipalité de Zvornik, et c'est de là que les
14 Chetniks ont commencé à s'emparer du territoire. On tire, la guerre a
15 commencé officiellement, et toi, tu es assis ici en train de les
16 interroger. Si tu considères qu'il faut les libérer, fais-le, qu'ils
17 traversent le pont, qu'on ne provoque pas d'incidents pour calmer la
18 situation. Et c'est ce qu'il a fait.
19 Q. Votre première idée, c'était qu'on libère ces gens ?
20 R. Oui, effectivement, ils ont été libérés.
21 Q. Est-ce qu'ils ont été battus pendant l'interrogatoire ?
22 R. Personne ne les a même pas touchés.
23 Q. Vous n'avez pas vu de traces de blessures sur eux ?
24 R. Non, pas du tout. J'ai parlé avec l'un d'eux. J'étais à une distance de
25 deux mètres, peut-être.
26 Q. Est-ce que vous connaissez les noms de ces personnes aujourd'hui ?
27 R. Non, je sais simplement que celui avec qui Fadil parlait était surnommé
28 Repic.
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1 Q. Est-ce que vous savez aujourd'hui que c'était Dusko Vuckovic, surnommé
2 Repic, l'un des plus grands criminels dans la région de Zvornik ?
3 R. Je suppose.
4 Q. Est-ce que vous avez entendu dire qu'il a été condamné en Serbie pour
5 des crimes commis dans la municipalité de Zvornik et qu'il s'est suicidé en
6 prison ?
7 R. Je ne sais pas. Je ne me suis pas renseigné là-dessus.
8 Q. Voici ce que vous dites ici :
9 "La première fois que j'ai vu Repic, il était assis sur une chaise,
10 le dos tourné à moi. Il avait de larges épaules et un cou large." C'était à
11 la page 6. Il portait une queue de cheval et il était âgé de peut-être 25
12 ou 26 ans. Même s'il était assis, je dirais qu'il était grand d'environ 180
13 centimètres. Il avait les cheveux châtain clair, et lorsqu'il s'est
14 retourné vers moi, j'ai pu voir qu'il avait les cheveux en train de se
15 retirer devant. Il s'est retourné vers moi, et il a demandé à Fadil :
16 pourquoi est-ce qu'ils m'ont dit de libérer les policiers de Vlasenica, et
17 Fadil a dit que le chef de la police, Osman, qui vit aujourd'hui en
18 Allemagne, connaissait les quatre personnes, et c'est la raison pour
19 laquelle il m'avait dit de les libérer.
20 Ça se réfère aux policiers serbes de Vlasenica que vous aviez
21 libérés. Et votre description de Repic correspond en grande mesure à cet
22 homme. Effectivement, c'est une description fiable de Dusko Vuckovic,
23 surnommé Repic. Vos souvenirs sont exacts en ce qui concerne cela.
24 Puis, il y a un autre paragraphe que je vais citer :
25 "J'ai retourné dans la pièce dans laquelle les trois hommes étaient
26 détenus. Je me suis assis à côté de l'un d'eux qui était maigre. Je me suis
27 tourné vers lui, et j'ai dit : 'Racaille, qui t'a envoyé ici, qu'est-ce que
28 tu fais ici ?'"
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1 R. C'est exact.
2 Q. "Il s'est présenté. Je ne sais plus comment il s'appelait. Il a dit
3 qu'il était de Pancevo et que dans les médias, que c'est la faute des
4 médias car il avait passé un mois et demi avec de nombreux autres dans la
5 quarantaine, où les gens n'arrêtaient pas de dire que les Musulmans à
6 Zvornik étaient en train d'égorger les Serbes et qu'ils mettaient du sel
7 dans leurs blessures. C'était dit dans la quarantaine."
8 Est-ce que vous avez d'autres informations concernant la manière dont
9 ces personnes se sont identifiées et qui ils étaient ?
10 R. Je n'ai pas d'autre information sur papier, mais des gens m'ont dit que
11 ces personnes étaient des Chetniks et qu'on avait trouvé des fils de fer
12 sur eux et d'autres objets, mais je n'ai pas demandé de pièces
13 d'identification.
14 Q. Est-ce que vous savez si des documents ont été trouvés ?
15 R. Il y avait des documents, mais je ne les ai pas vus.
16 Q. Est-ce que vous savez s'il y avait des pièces d'identité, quelque chose
17 comme ça ?
18 R. Non.
19 Q. Je vais vous dire de quelles personnes il s'agissait. Il y avait
20 Milorad Ulemek, surnommé Legija; Vojin Vuckovic, Zuca; Dusan Vuckovic,
21 surnommé Repic -- ou plutôt, Dusko Vuckovic; et Miroslav Bogdanovic.
22 Est-ce que vous savez aujourd'hui qui sont ces personnes ?
23 R. Je ne sais pas, s'agissant de certains.
24 Q. Vojin Vuckovic, après la chute de Kula Grad, dans le cadre de la
25 Défense territoriale, il a créé un détachement, Igor Markovic, je crois,
26 qui a été nommé les Guêpes jaunes par la suite. Vous en avez entendu parler
27 ?
28 R. Oui.
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1 Q. Son frère Repic, il a été connu en raison des crimes atroces qu'il a
2 reconnus et il a commis. Il a fait l'objet d'un procès en raison de cela.
3 Milorad Ulemek, Legija, par la suite est devenu homme d'Arkan, ensuite il a
4 intégré les rangs de la police de Serbie. Ensuite, il a été dans la police
5 spéciale de la Serbie, il a eu un grade de colonel, et ensuite il a été
6 arrêté et il a été jugé pour sa participation au meurtre de Zoran Djindjic.
7 Est-ce que vous avez lu quelque chose dans la presse au sujet de ces
8 personnes ? Est-ce que vous avez pu établir un lien entre eux et ce qu'ils
9 sont devenus par la suite ?
10 R. J'ai lu des textes différents concernant ces hommes que tu mentionnes
11 et leur basse besogne, mais je ne suis pas entré dans les détails.
12 Q. Miroslav Bogdanovic a trouvé la mort en 1993. Maintenant, mes
13 collaborateurs, en juillet de l'année dernière, ils ont rendu visite à
14 Milorad Lukovic, Legija, dans la prison centrale de Belgrade. Ils ont pris
15 sa déclaration. C'était en juin 2008.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demanderais à ce que l'on distribue un
17 exemplaire aux membres de la Chambre et que l'on place un autre sur le
18 rétroprojecteur.
19 M. SESELJ : [interprétation]
20 Q. Il s'agit d'une déclaration écrite sur cinq pages, et je vous invite à
21 lire avec moi cette déclaration pour voir ce qui était contenu, car Milorad
22 Ulemek, Legija, avait le nom de famille de Lukovic pendant un certain
23 temps. Il explique comment il s'est retrouvé à Zvornik, et ce à quoi ça
24 ressemblait. Donc voyons comment il a décrit ces événements, les événements
25 au sujet desquels vous déposez vous aussi.
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on peut voir ceci à l'écran principal
27 aussi. Oui, je pense que c'est lisible maintenant.
28 M. SESELJ : [interprétation]
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1 Q. C'est ce que j'ai reçu de Belgrade. C'est ce qui m'a été envoyé par fax
2 le 23 janvier de cette année.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Procureur.
4 M. MARCUSSEN : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, vous
5 remarquerez qu'hier pendant l'interrogatoire principal, je n'ai posé aucune
6 question sur le sujet. Je ne sais pas pourquoi l'accusé va maintenant lire
7 une déclaration très longue de quelqu'un et nous n'avons pas d'élément là-
8 dessus et ceci n'est pas pertinent par rapport à ce qui a été dit jusqu'à
9 présent.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, le contre-interrogatoire, ce n'est
11 pas un droit qui est utilisé à tort et à travers. Normalement, c'est à
12 partir des questions posées lors de l'interrogatoire principal que vous
13 devez contre-interroger. Vous abordez quel sujet là ?
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin a déposé au
15 sujet des événements à la guerre à Zvornik de son point de vue, tel qu'il
16 les a vécus. D'après sa déclaration, je vois qu'il a rencontré ces quatre
17 hommes et qu'il avait même parlé avec ces hommes.
18 Puis, il y a eu d'autres témoins qui avaient déjà précédemment
19 mentionné ces personnes. Il en a été question lors de nos débats. L'un
20 d'eux disait que deux d'entre eux avaient eu des cartes de membre du Parti
21 radical serbe. Je vous rappelle. A l'époque, je n'avais pas la déclaration
22 de Milorad, Legija, seulement de Vojin Vuckovic, Zuco, sa déclaration à lui
23 que j'ai citée. Pour moi, c'est important et je vous demande de traiter de
24 cela maintenant.
25 Le contenu de la déposition du témoin --
26 Mme LE JUGE LATTANZI : Je voudrais préciser que je n'ai pas de problème
27 qu'on parle aussi pendant le contre-interrogatoire des choses qu'on n'a pas
28 abordées dans l'interrogatoire principal, parce que le contre-
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1 interrogatoire peut regarder toutes les questions qui ont trait à la
2 Défense de l'accusé. Mais en ce qui concerne cette déclaration, je répète
3 les réserves que j'ai déjà exprimées beaucoup de fois en audience quand
4 l'accusé nous a présenté des déclarations pareilles. Je répète, je n'ai pas
5 besoin de répéter ces réserves, je dis seulement que je ne suis pas
6 d'accord avec des déclarations qui n'ont pas aucune valeur probante, prima
7 facie même pas, donc je ne peux pas l'accepter.
8 Mais c'est mon opinion personnelle, vous savez bien, Monsieur Seselj.
9 Je l'ai répété beaucoup de fois. C'est seulement que j'ai besoin de la
10 répéter aujourd'hui aussi.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Marcussen.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame le Juge Lattanzi, je ne vous propose pas
13 de déclarations ici en tant qu'éléments de preuve; je les utilise
14 simplement comme base pour me permettre de poser mes questions dans le
15 cadre du contre-interrogatoire. Car je veux demander au témoin s'il a ses
16 propres connaissances au sujet de ce dont parle Milorad Ulemek, Legija,
17 dans sa déclaration, c'est tout.
18 Mme LE JUGE LATTANZI : D'accord, mais comme je vous ai déjà dit beaucoup de
19 fois, selon moi, selon mon opinion, vous pouvez bien poser ces questions
20 mais pas lire cette déclaration et la mettre sous l'ELMO.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, vous dites au témoin, voilà, il y a
22 une déclaration. Dans cette déclaration, le sieur Legija a dit ceci, puis
23 vous demandez qu'est-ce qu'il en pense.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bon. Est-ce que je peux parler ou est-ce que M.
25 Marcussen va parler ?
26 M. SESELJ : [interprétation]
27 Q. Dans ce texte, dans cette déclaration, Milorad Ulemek - je demande
28 qu'on place le texte sur le rétroprojecteur - surnommé Legija, donne les
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1 éléments l'identifiant, sa date de naissance, les prénoms de ses parents.
2 La déclaration est certifiée par les autorités de la prison, et finalement
3 elle est signée en bas.
4 Cette déclaration m'a été communiquée par fax. Elle est donc assez
5 peu lisible, parce que la prison a l'habitude, quand je reçois un fax, de
6 faire une photocopie, et moi, on me donne la photocopie, et l'original du
7 fax est placé dans mon dossier d'incarcération. Mais on va essayer de s'en
8 sortir, enfin j'espère.
9 Dans le premier paragraphe, il dit qu'il était dans la légion étrangère au
10 Tchad et que quand il a vu ce qu'il passait en Yougoslavie, il s'est enfui
11 de la légion étrangère, et qu'en 1992 il est arrivé en Yougoslavie pour
12 apporter son aide à son peuple. Il dit qu'il a décidé de se rendre en
13 Bosnie pour aider les Serbes et les protéger autant qu'il peut pour qu'ils
14 se défendent contre les terroristes musulmans.
15 Monsieur le Témoin, savez-vous si les quatre hommes dont nous avons parlé,
16 pendant leur interrogatoire qui a duré longtemps, parce qu'ils ont été
17 appréhendés le 7 au barrage, ils ont passé toute la nuit à la police, et
18 c'est le lendemain qu'ils ont été interrogés.
19 R. Le 8 au matin, à 4 heures et demie, ils ont été appréhendés, et
20 immédiatement après, on est allé à la police.
21 Q. Est-ce qu'ils ont dit quels étaient leur destination et leur objectif ?
22 R. C'est plus tard, en parlant avec ceux qui les ont accueillis et
23 interrogés, que j'ai appris qu'ils avaient l'intention de s'introduire dans
24 la ville pour être des espèces d'estafette dans l'intérêt de ceux qui
25 étaient encore dans les montagnes.
26 Q. C'est eux qui l'ont dit ?
27 R. Ils l'ont dit. En tout cas, c'est ce qu'on m'a rapporté.
28 Q. Bon. Dans ce texte, Legija dit qu'il avait d'abord l'intention de
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1 rejoindre la Garde de Vuk Draskovic, commandée par le défunt Giska, mais
2 que finalement il a changé d'avis parce que Vuk n'est pas quelqu'un fiable
3 et qu'on ne peut pas compter sur lui. Il dit qu'avant de partir dans la
4 légion étrangère, il connaissait Nedjo Boskovic. Savez-vous qui était à
5 l'époque Nedjo Boskovic ?
6 R. J'en ai entendu parler, mais je ne le connais pas vraiment bien.
7 Q. Vous ne le connaissez pas vraiment bien, c'est normal que vous ne le
8 connaissiez pas, mais en tout cas il était le chef de la sécurité militaire
9 de la JNA, n'est-ce pas ?
10 R. Je sais, mais je ne le connais pas.
11 Q. Il a passé quelques mois au poste de chef de la sécurité militaire de
12 l'armée yougoslave. C'était ses fonctions. Vous les connaissez, n'est-ce
13 pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Bon. Il dit qu'il le connaissait déjà avant de partir pour la légion
16 étrangère, parce qu'il était le père d'une de ses amis de l'école primaire.
17 Et il dit que quand il est rentré en 1992, Nedjo Boskovic a immédiatement
18 pris contact avec lui.
19 Est-ce que pendant que les quatre hommes dont nous parlons se trouvaient au
20 poste de police de Zvornik, Nedjo Boskovic a passé un coup de fil depuis
21 Belgrade pour s'enquérir de leur sort ? Vous êtes au courant ?
22 R. Je ne suis pas au courant.
23 Q. Vous n'êtes pas au courant, bon. Un témoin a parlé de cela dans sa
24 déposition.
25 R. Je n'étais pas présent sur les lieux.
26 Q. Saviez-vous qui était Milan Petrovic, surnommé Pusula ? Il est de votre
27 région.
28 R. Le surnom Pusula, je le connaissais. Un membre de sa famille était
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1 transporteur. J'en ai entendu parler.
2 Q. Il était transporteur lui-même, et vous savez qu'il faisait du trafic
3 d'armes ?
4 R. Un d'entre eux était trafiquant d'armes, mais ça pourrait être lui --
5 Q. C'était lui. Donc vous saviez qu'il était trafiquant d'armes et qu'il
6 faisait de la contrebande d'armes ?
7 R. Peut-être.
8 Q. Ce Legija déclare que Nedjo Boskovic, surnommé Pusula, avait introduit
9 des armes clandestinement à Zvornik et qu'il aurait dû être arrêté, et
10 qu'il avait pour mission une tâche qui lui avait été confiée par le général
11 Nedjo Boskovic, qu'il connaissait, chef de la sécurité militaire, qui lui
12 aurait dit d'aller à Zvornik et d'arrêter Milan Petrovic, surnommé Pusula à
13 Zvornik.
14 R. Est-ce qu'il avait l'adresse du lieu de résidence de Pusula ?
15 Q. Ça, je ne sais pas.
16 R. Pusula n'habitait pas dans la ville de Zvornik.
17 Q. Il était dans un hameau autour de la ville de Zvornik ?
18 R. Exact. Mais il n'était pas dans la ville de Zvornik, là où les
19 criminels en question ont été appréhendés.
20 Q. Il dit qu'après ils se sont un peu perdus. Vous ne saviez pas, à
21 l'époque, que c'était des criminels, et ils ne l'étaient pas, d'ailleurs, à
22 l'époque.
23 R. Bien, vous voyez ce qui est écrit.
24 Q. Je dis que ce Repic est devenu criminel par la suite, que Vojin
25 Vuckovic a créé les Guêpes jaunes, que Miroslav Bogdanovic est mort en 1993
26 sans avoir la moindre action criminelle, et que Milorad Ulemek a d'abord
27 fait partie d'une unité d'Arkan avant d'entrer dans la police serbe et
28 d'obtenir le grade de colonel. Voilà ce que j'affirme.
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1 R. Si vous me permettez de vous le dire, Monsieur Seselj, je suis depuis
2 pas mal de temps ce que vous dites, mais vous ne cessez de dire que
3 d'autres partis, d'autres unités, d'autres groupes, les Guêpes jaunes, les
4 Loups, qu'ils auraient tous été présents parmi les Chetniks sur le
5 territoire de la municipalité de Zvornik. Après ils ont essayé d'acquérir
6 des noms attrayants, comme les Guêpes jaunes, les Loups gris, et cetera,
7 pour être mieux identifiés, mais ils étaient tous des Chetniks.
8 Q. Tous les combattants serbes étaient des Chetniks.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : -- le document qui pour nous n'a aucune valeur. Mais
10 indépendamment de cela, on constate, d'après ce qu'on a compris, c'est ce
11 Legija qui a écrit ce document alors qu'il est en prison. Or, on voit que
12 sur le papier, il y a marqué une inscription en italien "Rijano Garganic"
13 [phon] et il y a "23 janvier 2009, 11 heures 10". Expliquez-nous comment
14 vous avez reçu ce document.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, ce document a été reçu
16 par la direction du quartier pénitentiaire, sur le fax du quartier
17 pénitentiaire, et cette mention que vous voyez là, c'est celle qui figure
18 depuis quelque temps sur tous les fax reçus par le quartier pénitentiaire
19 de La Haye. Je ne sais pas ce que ça veut dire "Rijano Garganic", et la
20 date, 23 janvier 2009, c'est la date d'arrivée du fax, à 11 heures 16.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Tous les fax que vous recevez portent actuellement
22 la mention "Rijano Garganic" ?
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. C'est l'en-tête qui s'inscrit sur les fax
24 qui sortent de la machine du fax du quartier pénitentiaire.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Continuez.
26 M. SESELJ : [interprétation]
27 Q. Il dit dans cette déclaration qu'il a pris la direction de Zvornik avec
28 Miroslav Bogdanovic, avec les deux frères Vuckovic, Zuco et Repic; et que
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1 les deux Vuckovic, c'est la première fois qu'il les voyait à ce moment-là.
2 Il est probable qu'il connaissait Miroslav Bogdanovic d'avant, mais il ne
3 le dit pas là.
4 "Dans la nuit du 7 au 8 avril 1992, nous nous sommes un peu perdus
5 après le passage du pont à l'entrée de Zvornik." Et il dit qu'il ne
6 connaissait pas cette zone et qu'à un certain endroit, au lieu de tourner à
7 droite, ils ont tourné à gauche. "Nous avons tombés sur un groupe de
8 Musulmans armés qui nous ont tendu une embuscade. Ils nous ont appréhendés
9 et capturés." Est-il exact que des Musulmans avaient dressé des barrages
10 routiers autour de Zvornik et qu'ils tenaient ces barrages en portant les
11 armes ?
12 R. Après le pont, ce n'est pas possible qu'ils aient tourné à gauche, ils
13 ne pouvaient aller qu'à droite, parce qu'à partir du pont, à un kilomètre
14 du pont environ, s'ils ont franchi le pont auquel je pense, parce qu'il y a
15 deux ponts à Zvornik, le pont de Karakaj, qui est en bas, et ça, ils ne
16 l'ont pas franchi. Donc s'ils ont franchi le pont qui se trouve au centre
17 de Zvornik, ils ne pouvaient qu'aller sur la droite. Et on les a trouvés
18 cachés dans le petit ruisseau, Zlatica [phon].
19 Q. Mais à Karakaj, ils pouvaient passer le pont et ensuite aller à gauche
20 ?
21 R. Si c'est ce pont qu'ils ont franchi, mais je ne crois pas. Dans ce cas-
22 là, ils auraient dû passer à côté du barrage qui avait été érigé beaucoup
23 plus bas que l'endroit où ils ont été appréhendés. Donc ils n'ont pas pu
24 passer à côté de ce barrage.
25 Q. Un barrage tenu par les Serbes ?
26 R. Non, un barrage tenu par les Musulmans à l'entrée de la ville.
27 Q. S'ils ont franchi le pont de Karakaj et tourné à gauche, à ce moment-là
28 ils entrent directement dans la ville ?
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1 R. Exact.
2 Q. C'est bien ça, n'est-ce pas ? Et s'ils avaient tourné à droite, ils
3 seraient tombés sur un barrage tenu par les Serbes.
4 R. Ils n'auraient pas pu aller à droite, parce qu'ils seraient allés dans
5 le hameau industriel de Karakaj, et là il n'y aurait sûrement pas de
6 barrage.
7 Q. Mais là, il y a les Serbes. Donc au lieu de tourner à droite, ils ont
8 tourné à gauche ?
9 R. Mais pourquoi ils seraient allés à droite, puisque Zvornik est à gauche
10 ?
11 Q. Parce que quelqu'un leur a dit qu'il fallait qu'ils tournent à droite
12 pour y trouver la police serbe.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Attendez quelques instants avant de répondre. Bien.
14 Continuez.
15 M. SESELJ : [interprétation]
16 Q. Ecoutez, ils vont quelque part pour accomplir une mission importante
17 pour la sécurité militaire de la JNA, et on leur donne sans doute des
18 indications, on leur dit : Quand vous passez le pont de Karakaj, vous
19 tournez à droite et vous tombez sur la police serbe. Mais au lieu de
20 tournez à droite, ils ont tourné à gauche, et ils sont tombés sur un
21 barrage tenu par les Musulmans. Pour moi, c'est logique, tout ça.
22 R. Pour moi, ce n'est pas logique, Monsieur Seselj, que le jour même de
23 l'attaque de Zvornik, ils aient commencé à s'acquitter d'une mission.
24 Pourquoi est-ce qu'ils ne l'auraient pas fait avant ? Parce que même s'il y
25 avait quelque chose qui a justifié la présence de ce Pusula, dont vous
26 parlez, en ville, il ne pouvait être en ville qu'avant l'attaque de
27 Zvornik.
28 Q. Et vous pensez que le conflit avait vraiment été prévu comme devant
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1 éclater ce jour-là ? Il aurait pu éclater le 9, le 11. Il était clair qu'un
2 conflit s'apprêtait à éclater, mais il n'était pas prévu qu'il éclate
3 précisément ce jour-là, n'est-ce pas ?
4 R. Il était planifié, et comment.
5 Q. Il est possible que le fait qu'ils aient été appréhendés ait accéléré
6 l'éclatement du conflit, parce qu'il y a bien quelqu'un qui a dit : soit on
7 va attaquer, soit on va les libérer.
8 R. Il n'y a pas eu de menaces de ce genre parce que personne ne savait
9 qu'ils étaient là.
10 Q. Mais Nedjo Boskovic a bien téléphoné pour s'enquérir de leur sort, et
11 il a envoyé des gens de la télévision, même, en leur demandant de
12 s'entretenir avec ces hommes, n'est-ce pas ?
13 R. Je ne sais pas.
14 Q. Est-ce qu'une équipe de la télévision serbe est arrivée ?
15 R. Je n'étais plus là, donc je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite.
16 Q. Bon. Lisons la suite du texte. Il déclare qu'ils ont été emmenés dans
17 les locaux du SUP et qu'au moment où on les a appréhendés, on leur avait
18 saisi leurs papiers d'identité, et il dit : "Ces trois hommes ont
19 immédiatement montré des cartes d'identité de la garde de volontaires
20 d'Arkan. Moi, j'avais sur moi mes papiers d'identité militaires, que j'ai
21 remis à un officier musulman à qui j'ai dit que j'étais en mission
22 spéciale." Il dit qu'il l'a déclaré. Est-ce que des papiers d'identité
23 militaires ont été trouvés sur lui ?
24 R. Je ne sais pas si des papiers d'identité militaires ont été trouvés sur
25 lui. Je vous dis que je suis entré dans le bâtiment et que j'y suis resté
26 au maximum trois minutes, le temps de dire à Fadil Mujic ce que je lui ai
27 dit, à savoir il faut libérer ces hommes-là pour éviter la guerre et le
28 pire. Et 16 secondes, peut-être, j'ai posé les questions que j'ai posées
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1 aux trois.
2 Q. Dans son texte, il dit par la suite : "Ils nous ont immédiatement
3 menottés. Un policier, si je me souviens bien, à qui ils s'adressaient en
4 l'appelant Asim, était celui qui s'est le plus engagé dans tout cela. Il
5 nous a frappés le plus depuis le moment où il est arrivé. A un certain
6 moment, il a même essayé de me couper l'oreille, et alors qu'il s'apprêtait
7 à le faire, il tenait d'une main mon oreille et de l'autre main le couteau,
8 dans la pièce où tout cela s'est passé est entré un officier qui l'a
9 interrompu dans ses intentions."
10 Est-ce que vous connaissez un policier qui serait entré à ce moment-là ? Un
11 certain Asim.
12 R. Je connais un homme qui s'appelle Asim, et il est vrai que c'était l'un
13 des plus hauts placés dans la police, mais il n'était pas présent sur les
14 lieux à ce moment-là.
15 Q. Quel est son nom de famille ?
16 R. Je ne sais pas.
17 Q. "Après deux heures de passage à tabac, ils nous ont isolés dans une
18 pièce. J'étais sanguinolent à cause des coups, et j'ai vu que les autres
19 étaient dans le même état. L'officier qui m'a sauvé et qui a permis qu'on
20 ne me coupe pas l'oreille m'a chuchoté à l'oreille à un certain moment
21 qu'il s'efforcerait de nous aider. Et par la suite, il s'est avéré que
22 c'était Fadil Mujic." Fadil Mujic vous le connaissez ?
23 R. Je le connais.
24 Q. Savez-vous qu'il est sorti de Zvornik avec l'aide de Serbes ce jour-là
25 ?
26 R. Il ne l'a pas fait.
27 Q. Il ne l'a pas fait ?
28 R. Ce qui est exact, c'est qu'il ne l'a pas fait.
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1 Q. Bon. Avançons.
2 R. C'est sûr à 100 %.
3 Q. Legija dit que des membres des Bérets verts sont ensuite arrivés au SUP
4 et qu'ils ont entendu dire que les policiers locaux avaient demandé qu'on
5 nous remette entre leurs mains pour qu'ils nous amènent à Kula Grad et que
6 là-bas ils allaient nous exécuter. Il a entendu ces propos au moment où les
7 Bérets verts étaient en train de discuter avec les policiers.
8 Est-ce qu'il y avait à ce moment-là des Bérets verts présents au
9 poste de police ?
10 R. Pas du tout, et je ne connaissais même pas l'existence cette formation
11 appelée les Bérets verts.
12 Q. Vous n'avez jamais entendu parler des Bérets verts ?
13 R. J'ai entendu parler des Bérets verts, mais il n'existait pas de
14 formation de ce genre du côté musulman.
15 Q. Avez-vous entendu parler de la Ligue patriotique ?
16 R. Je n'en ai entendu parler.
17 Q. Depuis quand elle existait-elle sur le territoire de la municipalité de
18 Zvornik ?
19 R. Elle existait depuis la fin de l'année 1991, peut-être un peu avant le
20 jour de l'an quand le conflit a éclaté en Croatie et qu'il y a eu des
21 tentatives de division, de séparation de la municipalité.
22 Q. Etes-vous au courant du fait que les Bérets verts sont une formation
23 militaire émanant de la Ligue patriotique ?
24 R. Je n'ai fait qu'en entendre parler, mais je n'ai jamais vu une unité
25 militaire de ce genre, et je n'ai jamais vu de papiers officiels selon
26 lesquels ils seraient enregistrés sous le nom de Bérets verts.
27 Q. Nous y reviendrons par la suite, il sera intéressant d'en débattre plus
28 tard. Legija déclare : "Pendant que leurs officiers étaient en train de
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1 discuter les uns avec les autres, les autres ont recommencé à nous battre.
2 Ça a duré à peu près une demi-heure et à cause de ces coups je me suis
3 évanoui. Quand j'ai repris conscience j'ai appris qu'une équipe de
4 télévision venant de Serbie était arrivée."
5 Est-ce que vous savez qu'à ce moment-là devant le poste de police de
6 Zvornik est arrivée une équipe de télévision provenant de Serbie ? Nous
7 sommes toujours le matin du 8, alors que le conflit n'a pas encore éclaté ?
8 R. Le conflit a éclaté aux premières heures de la matinée, pilonnage de
9 Zvornik, et de la zone industrielle à partir de laquelle on pouvait
10 s'attendre à une résistance.
11 Q. Est-ce que c'était des tirs d'artillerie vers Kula Grad ?
12 R. Des tirs d'artillerie vers la ville, vers l'entrée de la ville à partir
13 de Kula Grad. C'est là que le pilonnage a eu lieu, après quoi l'attaque
14 d'infanterie a commencé dès les premières heures du matin. Je ne suis pas
15 au courant de l'arrivée de cette équipe de télévision, mais je suppose
16 qu'en aucun cas ces gens-là n'auraient pu arriver parce que la guerre avait
17 déjà commencé à ce moment-là.
18 Q. Mais nous avons entendu des témoins ici qui ont parlé de cela, de
19 l'arrivée de ces gens de la télévision. Legija dit : Je sais que c'est
20 Nedjo Boskovic qui les a envoyés pour qu'ils nous protègent et qu'on voie
21 ensuite les images à la télévision. Peut-être sur la télévision de Belgrade
22 ou de Novi Sad, mais en tout cas qu'on voie les images de la conversation
23 avec Fadil Mujic qu'il connaissait. Donc Megija affirme que Nedjo Boskovic
24 a parlé au téléphone avec Fadil Mujic; est-ce que vous êtes au courant de
25 cela ?
26 R. Non, je ne sais pas. De quel moment vous parlez, vous parlez de
27 l'interrogatoire de ces hommes ?
28 Q. Oui.
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1 R. Je ne sais pas. Je n'ai pas parlé de cela à ce moment-là.
2 Q. Legija déclare qu'on lui a dit que l'attaque de Zvornik a commencé aux
3 environs de midi et qu'un certain nombre de policiers et de membres des
4 Bérets verts se trouvaient dans le bâtiment du SUP, qu'ils ont entendu des
5 coups de feu pas loin du bâtiment en question, et qu'il y avait des gardes
6 qui les gardaient, qui ont décidé de déverrouiller ses menottes. "J'ai dit
7 à ce policier que j'avais des douleurs insupportables et que je ne pouvais
8 plus supporter parce que mes mains étaient menottées dans le dos, et qu'il
9 pouvait peut-être me permettre d'avoir des menottes sur l'avant du corps.
10 Il a fait cela et il fait remarquer que le comportement des gardes était
11 correct et qu'il n'y ait pas eu d'exactions.
12 "A ce moment-là nous étions quatre dans le bureau, peu après, nous
13 avons encore une fois été séparés à un certain moment, l'occasion m'est
14 apparue et j'ai réussi à saisir le fusil d'un des gardiens. Grâce à mon
15 fusil, les visant, j'ai désarmé les gardiens" --
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, je ne vois pas l'utilité, on perd
17 du temps. A quoi ça sert ?
18 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que depuis un
19 an et demi vous avez constaté que tout ce que je faisais avait un sens.
20 L'Accusation affirme que Vojin Vuckovic, surnommé Zuca, est arrivé en
21 compagnie de son frère en tant que volontaire du Parti radical serbe à
22 Zvornik, et moi, je passe mon temps à le nier. Je nie qu'en 1992 cet homme
23 ait pu avoir le moindre rapport avec le Parti radical serbe. Et je vous ai
24 montré des preuves indiquant qu'Igor Markovic a créé cette unité uniquement
25 après la chute de Kula Grad, après le mois d'avril 1992. Bien sûr, que ça a
26 un sens.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : -- au commissariat. Il était au commissariat et il a
28 vu les quatre. Posez-lui la question.
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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin que vous avez
2 ici a tendance à augmenter le rôle qu'il a joué dans la guerre et il dit
3 que c'était à lui qu'appartenait le rôle de libérer ces quatre hommes. Vous
4 l'avez entendu le dire lui-même.
5 Alors voyons ce que dit Legija au sujet des conditions dans
6 lesquelles ces quatre hommes ont été libérés. Fadil Mujic les a libérés de
7 sa propre initiative, et lui, ensuite, il a permis à Fadil Mujic de
8 traverser la Serbie pour aller à l'étranger.
9 Pourquoi est-ce que vous m'empêchez de vous démontrer cela ? Je n'ai
10 aucune raison de discuter des conflits qui ont eu lieu dans son village
11 natal et dans les villages environnants, car cela ne figure pas dans mon
12 acte d'accusation. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui s'est passé dans
13 cette région. Je ne sais pas s'il existe là-bas une maison dans laquelle
14 des femmes ont été enfermées pour satisfaction des besoins sexuels de
15 certains hommes. Cela ne figure pas dans l'acte d'accusation me concernant.
16 Je n'ai pas la moindre idée là-dessus. Je ne m'en occupe pas, moi, je
17 m'occupe de ce qui est écrit contre moi dans l'acte d'accusation.
18 Notamment, maintenant parce que je suis seul, je n'ai plus d'aides.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : -- savoir si les quatre étaient des volontaires du
20 Parti radical serbe ? C'est ça tout le problème. Alors posez-lui
21 directement la question et il va dire, Non, c'était des gens d'Arkan,
22 c'était X, Y ou Z.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, je pourrais le faire si
24 le témoin avait une valeur, c'est-à-dire s'il était neutre par rapport au
25 procès, et s'il tenait à témoigner uniquement sur les faits. Vous avez vu
26 que le témoin s'adresse de façon hostile à moi depuis le début du contre-
27 interrogatoire, donc je ne peux pas lui poser ce genre de questions cela ne
28 servirait à rien. Je suis dans l'obligation de contourner un peu les choses
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1 pour l'interroger afin d'extirper du témoin ce qui peut être pertinent, à
2 mon avis, si la chose est possible. Si ce n'est pas possible, tant pis.
3 Vous m'avez accordé deux heures, permettez-moi d'utiliser ces deux heures.
4 Je ne suis pas un homme sans éducation pour ne pas savoir ce que je fais.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.
6 M. SESELJ : [interprétation]
7 Q. Legija déclare par conséquent qu'il a désarmé deux gardiens et qu'à ce
8 moment-là Fadil Mujic a pénétré dans la pièce. Fadil Mujic qui a pris peur
9 quand il l'a vu avec un fusil à la main. Et Legija déclare que Fadil Mujic
10 lui a dit à ce moment-là que c'est lui qui les avait aidés l'autre nuit, la
11 nuit pendant laquelle un certain policier Asim, je suppose, voulait lui
12 couper l'oreille.
13 Et c'est Fadil Mujic qui l'avait empêché. Et Legija déclare qu'il a
14 dit à Fadil Mujic qu'avec son aide il pourra fuir vers la Serbie et Legija
15 déclare qu'il l'a fait. Finalement, il parvient à sortir du poste de police
16 de Zvornik, du SUP, et de se rendre vers le barrage routier de Zvornik tenu
17 à l'époque par les Serbes. Et à ce moment-là, Fadil Mujic a demandé à
18 Legija de l'aider pour lui permettre de fuir vers la Serbie. C'est ce que
19 dit Legija.
20 R. Mais moi je vais vous dire --
21 Q. Je vous ai cité tout ça pour obtenir votre commentaire ?
22 R. Bien entendu, il n'est pas exact, d'ailleurs il n'y aurait aucune
23 raison que je m'adresse à vous de façon hostile, Monsieur Seselj. Pourquoi
24 je le ferais ? Parce que c'est le procès qui vous est intenté, moi, je suis
25 ici en tant que témoin et je tiens à me conduire de la façon la plus
26 honnête qui soit pour dire ce que je sais.
27 Ici vous me soumettez des détails, et dans ma déclaration
28 préliminaire, pour ma part, j'ai déjà dit que je n'étais pas au courant des
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1 détails, mais j'ai expliqué tout ce que j'avais vu quand j'ai pénétré dans
2 le bâtiment de la police. J'ai dit quelles sont les questions que j'ai
3 posées à l'un des quatre hommes qui était prisonnier et j'ai indiqué que
4 j'avais dit personnellement à Fadil Mujic qu'il lui fallait libérer ces
5 hommes s'il n'avait aucune preuve. Mais je lui ai proposé de prendre
6 contact avec Asim Delic un homme qui était à Kula Grad et qui était
7 coordinateur de la résistance à Kula Grad. Je lui ai conseillé de prendre
8 contact avec cet homme, et plus tard, j'ai parlé avec Asim Hadzic qui m'a
9 dit personnellement qu'il avait appelé Fadil Mujic au téléphone pour lui
10 dire de libérer les quatre hommes.
11 Fadil Mujic a effectivement libéré les quatre hommes au niveau de la
12 centrale hydraulique, pas loin du poste de police. Fadil Mujic n'est pas
13 parti en traversant la Serbie. Personne ne lui a permis de traverser la
14 Serbie. Il a traversé mon village. C'est mon village qu'il a traversé pour
15 prendre la direction de Kalesija, Tuzla, grâce à l'aide de ce qu'on appelle
16 les forces. Donc il n'est pas exact qu'il ait traversé Zvornik.
17 Q. Vous voyez, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, nous
18 avons appris que Asim Hadzic depuis Kula Grad est intervenu auprès de Fadil
19 Mujic pour la libération de ces quatre hommes. Les fortifications
20 musulmanes étaient au dessus de Zvornik et les combats là-bas ont duré les
21 18 jours suivants, parce que les Musulmans à cet endroit-là étaient en
22 position assez favorable et qu'ils étaient prêts là-bas à engager le
23 combat.
24 R. Mais Monsieur Seselj, c'était très consciencieux de la part de cet
25 homme d'avoir fait cette proposition. C'était une très bonne chose.
26 Q. Monsieur VS-2000, on ne donne pas des notes ici. Seul le fait importe.
27 R. Le fait est qu'Asim a proposé qu'on les libère, et à mon avis c'est
28 bon.
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1 Q. Bon. Donc a entendu maintenant qu'en dehors de votre intervention, il y
2 en a eu une autre celle de Asim Hadzic qui a dit à Fadil Mujic qu'il
3 fallait libérer ces quatre hommes. Ça, nous ne le savions pas encore,
4 personne encore ne l'avait pas dit. Jusqu'à présent on avait entendu dire
5 que Fadil Mujic avait libéré ces hommes mais on n'avait pas entendu parler
6 d'une intervention de Asim dans cette libération. Et, on ne connaissait pas
7 non plus votre rôle dans tout cela.
8 Pour moi, c'est une question très importante.
9 Alors Legija déclare de Asim lui a dit ou plutôt que Fadil Mujic lui a dit
10 que sa famille se trouvait déjà en Serbie parce que quand on sentait
11 l'imminence du conflit à Zvornik, il les avait déjà envoyés en Serbie et
12 Legija déclare que Fadil se comportait d'une façon très correcte à leur
13 égard. Je cite, "je lui apportais mon aide et quand on est arrivé en
14 Serbie, je suis parvenu à lui garantir un véhicule lui permettant de se
15 rendre jusqu'à l'endroit où se trouvait sa famille. Par la suite, je n'ai
16 plus jamais entendu parler de lui. Très sincèrement j'espère que encore
17 aujourd'hui il est en bonne santé et qu'il va bien et qu'il a pu rejoindre
18 sa famille."
19 Alors c'est important pour moi tout ça pour des raisons que je n'ai pas
20 envie de vous expliquer. Comment est-ce que Fadil Mujic a quitté Zvornik ?
21 J'aimerais entendre votre version des faits mais ne citez pas le nom de
22 votre village, de façon à ne pas être reconnu.
23 R. Merci de votre avertissement. Ce que je viens d'entendre est 100 %
24 exact. Fadil Mujic se trouvait dans mon village, est arrivé jusqu'à mon
25 village où il a passé plusieurs nuits.
26 Q. Quelle date ?
27 R. Je ne suis pas très sûr de la date, mais c'était après la libération
28 des quatre hommes. Il a passé trois ou quatre nuits dans mon village. Je
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1 connais cet homme personnellement, lui me connaît aussi. On a discuté
2 ensemble et ensuite par le truchement des forces, il est allé jusqu'à
3 Kalesija en passant par Snagovo dans la direction de Kalesija et de Tuzla.
4 Q. Très bien.
5 R. C'est 100 % certain.
6 Q. C'est tout ce que je voulais préciser. C'est important pour moi pour
7 des raisons qui me sont personnelles d'expliquer dans quelle condition
8 Fadil Mujic a quitté Zvornik.
9 Alors Legija, continue en disant que le groupe des quatre dont il faisait
10 partie s'est retrouvé dans un hôtel à Zvornik. Vous savez quel hôtel ?
11 R. Peut-être à 300 mètres en contrebas de la centrale hydraulique dont
12 vous avez déjà parlé.
13 Q. [aucune interprétation]
14 R. [aucune interprétation]
15 Q. Est-ce que vous savez que ces hommes ont été mentionnés à la JNA comme
16 étant en vie, et que malgré les coups qu'ils avaient reçus ils se sont
17 annoncés à la JNA en disant qu'ils voulaient faire partie des combats de la
18 lutte, et ils expliquent qu'ils étaient venus se battre pour le peuple
19 serbe et qu'ils sont allés à l'état-major de la Défense territoriale dans
20 l'hôtel, et qu'ensuite, ils ont été envoyés à l'usine de Karakaj ?
21 Est-ce que vous êtes au courant ?
22 R. Je n'étais pas sur place moi-même.
23 Q. Mais vous avez entendu parler de cela ?
24 R. Bien entendu, dans le secteur à partir de Karakaj le secteur était
25 habité par une majorité serbe et tous ces gens-là faisaient partie de
26 formation chetnik. Ils avaient un QG, une direction là-bas.
27 Q. Précisons bien les choses. Les Musulmans appelaient tous les
28 combattants serbes des Chetniks, n'est-ce pas ? Et les combattants serbes
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1 se qualifiaient eux-mêmes de Chetniks, très souvent. Ça, ce n'est pas
2 contesté. Vous ne cessez de répéter qu'ils étaient tous des Chetniks. Je
3 n'ai rien contre ce fait. Vous comprenez bien mais je tiens à être précis.
4 Alors voilà ce que dit Legija : "Quand je suis arrivé à Karakaj, j'ai
5 remarqué des hommes en arme dans l'usine, et je leur ai demandé qui était
6 leur commandant. J'ai appris qu'ils étaient membres de notre garde
7 patriotique et qu'ils étaient membres de la Défense territoriale de Zvornik
8 également. Est-ce que vous étiez au courant que des hommes d'Arkan se
9 trouvaient à Karakaj ?
10 R. Dans ma déposition ici, j'ai dit que des hommes d'Arkan ou des gens que
11 j'appelais des hommes de Seselj, étaient un peu partout à Karakaj et qu'ils
12 venaient de Serbie.
13 Q. Ecoutez, vous mélangez un peu tout. Il s'agissait de volontaires du
14 Parti radical serbe qui étaient sur place et que vous appelez les hommes de
15 Seselj. Mais ils ont traversé le pont de Zvornik ou bien est-ce que ce sont
16 les hommes d'Arkan qui ont d'abord pris la direction de Karakaj. Vous êtes
17 au courant, dites-le ?
18 R. Vous semblez mieux informé que moi.
19 Q. Oui, je suis informé. Il y avait là à peu près une centaine de
20 volontaires du Parti radical serbe. J'ai des éléments d'information venant
21 des Musulmans. On voit que selon les Musulmans il y avait à peu près 2 000
22 soldats du côté serbe. D'après vous, quels étaient les effectifs serbes
23 engagés sur le territoire de Zvornik au total, le total des soldats serbes
24 présents dans ce secteur, d'après vous ?
25 R. Je ne saurais vous donner une estimation, mais si l'on sait qu'il y
26 avait 34 % de la population dans la région de la municipalité, qu'ils
27 étaient tous engagés ou plutôt la majorité --
28 Q. Ne supposez pas, si vous ne le savez pas avec exactitude. J'ai un livre
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1 de Mirsad Hamzic, je l'ai reçu de la part de l'Accusation. Vous avez
2 entendu parler ?
3 R. Oui.
4 Q. Il a écrit un livre, "Zvornik: des élections jusqu'au Dayton" et il y
5 est écrit que les forces serbes toutes ensemble, c'est-à-dire la police, la
6 Défense territoriale, la JNA, les volontaires du Parti radical serbe, les
7 hommes d'Arkan, les Aigles blancs, et cetera, il dit que tous ensemble ils
8 étaient 2 000. Il donne d'autres détails dans le livre.
9 Mais terminons d'abord avec la déclaration de Legija. Donc vous ne
10 contestez pas le fait qu'il est possible que c'était des hommes d'Arkan qui
11 étaient à Karakaj et les volontaires du Parti radical serbe dans la ville
12 même et qu'ils ont traversé le pont pour aller dans l'action. Vous ne
13 contestez pas cela mais vous n'êtes pas sûr ?
14 R. Je ne sais pas comment ils étaient déployés.
15 Q. Bien. Il dit, Arkan, je ne l'ai pas connu personnellement mais je
16 l'apprécie en tant que combattant et patriote. Le soir même, je l'ai
17 rencontré, Arkan, je lui ai expliqué qui j'étais, ce qui nous était arrivé
18 et que je souhaitais faire partie de son unité pour poursuivre le combat.
19 Le lendemain matin, j'ai vu Miki, c'est le surnom de Miroslav
20 Bogdanovic, pour la dernière fois, Zuco et Repic. Je ne les ai plus jamais
21 revus. Tout simplement ils se sont perdus quelque part.
22 Puis Legija dit : Par la suite j'ai entendu dire que Zuco avait créé une
23 unité qui agissait en tant que formation paramilitaire. Avec la Garde des
24 Volontaires serbes, j'ai participé à la libération de Zvornik et par la
25 suite de Kula Grad; après la garde s'est retirée car le commandant Zika a
26 trouvé la mort à Kula Grad. C'était un officier, un combattant de la garde
27 particulièrement apprécié par Arkan.
28 Est-ce que vous avez entendu parler des Guêpes jaunes ?
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1 R. Oui.
2 Q. Est-ce que vous savez quand elles ont été formées ?
3 R. Non.
4 Q. Est-ce que vous avez entendu parler de la création du détachement Niko
5 Markovic qui était attaché à la Défense territoriale à Zvornik ?
6 R. Non, c'est la première fois que j'en entends parler.
7 Q. Bien. C'est la fin de la déclaration de Legija. Il explique comment il
8 est allé avec les hommes d'Arkan à Sarajevo et il dit qu'il est d'accord
9 que sa déclaration soit utilisée devant le Tribunal de La Haye, qu'il est
10 prêt à être le témoin de la Défense mais non pas par le biais d'un lien
11 vidéoconférence mais qu'il souhaite venir en personne afin de déposer en
12 public.
13 Bien.
14 Maintenant, nous allons nous pencher sur certains détails intéressants de
15 ce livre. Et tout d'abord, dites-nous, lorsque vous avez énuméré les partis
16 politiques actifs à Zvornik, vous avez dit le SDA, le Parti d'action
17 démocratique. C'était le premier parti ?
18 R. Je ne sais pas s'il était celui qui a été le premier à être formé.
19 Q. C'était un peu avant la création du Parti démocratique serbe.
20 R. Peut-être une demi-heure avant.
21 Q. Nous avons énuméré les deux ici, donc ne dites pas les choses comme ça.
22 Est-ce que vous avez mentionné le Parti SDP, Parti des changements
23 démocratiques -- les anciens communistes ?
24 R. Oui, les anciens communistes.
25 Q. Ils ont participé aux élections ?
26 R. Oui.
27 Q. Et puis, ils avaient un certain nombre d'élus dans l'assemblée
28 municipale, n'est-ce pas ?
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1 R. Deux ou trois.
2 Q. Oui, nous avons la liste de ces élus dans ce livre, mais peu importe.
3 Vous avez dit que le Parti radical serbe existait aussi. Vous êtes le
4 premier témoin ici qui dit que le Parti radical serbe existait à Zvornik
5 même avant le conflit. D'où vient cette information que vous avez avancée ?
6 R. Vous avez créé le Parti radical serbe bien plus tôt, et vous-même, vous
7 avez parlé des rassemblements, des meetings, et la guerre à Zvornik a
8 commencé le 8 avril.
9 Q. Oui.
10 R. Et alors, le Parti radical serbe existait partout en ex-Yougoslavie
11 bien avant.
12 Q. Mais non, c'est justement là le problème. Le parti était en cours
13 d'organisation encore en Serbie, vous savez. Peut-être que nous étions le
14 dernier parti sérieux à être enregistré en Serbie. Nous avons voulu
15 fusionner le Mouvement chetnik-serbe et la plus grande partie du Parti
16 radical. Ça a eu lieu seulement le 23 février 1991, à Kragujevac. Et à ce
17 moment-là, on a commencé à établir les bureaux différents du parti en
18 Serbie.
19 Et nous avions seulement trois comités en Bosnie-Herzégovine :
20 Biljana, Banja Luka et Sarajevo, mais rien à Zvornik. Vous ne pouvez pas
21 citer le nom d'un seul membre du Parti radical serbe de Zvornik avant la
22 guerre, je vous le garantis.
23 R. Mais les élus étaient des Serbes, et ils allaient pour avoir des
24 consultations, les députés du SDS et du Parti radical serbe.
25 Q. Le Parti radical serbe n'avait aucun élu. Donc ils ne pouvaient pas
26 aller pour avoir des consultations. J'ai ici la liste des partis qui ont
27 participé aux élections. Comment voulez-vous que ce soit le cas ?
28 R. Mais les Serbes parmi eux, ils n'étaient pas d'accord entre eux, il y
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1 avait des désaccord entre les hommes de Seselj et ceux du SDS
2 fois, ils assistaient aux débats sans avoir une position unique.
3 Q. Bon, peut-être leur position n'était pas unique, mais il y avait
4 beaucoup plus de désaccords chez les Musulmans.
5 R. Mais ils s'appelaient SDS ou Parti radical serbe.
6 Q. Mais écoutez, le Parti radical serbe n'existait pas et n'avait pas de
7 siège à Zvornik, ne participait pas, n'avait pas participé aux élections et
8 n'avait aucun élu comme député. Le parti a été créé à Zvornik seulement
9 plus tard, en 1993-1994, et les premiers députés dans l'assemblée
10 municipale de Zvornik, c'était seulement après les accords de Dayton. C'est
11 à ce moment-là que le Parti radical serbe était le parti principal au
12 pouvoir à Zvornik. Est-ce que vous avez entendu parler de cela ? Non
13 seulement à Zvornik, mais à bien d'autres endroits. Est-ce que vous en avez
14 entendu parler ?
15 R. Oui.
16 Q. Cependant, avant 1992, le parti n'existait pas là-bas. Donc comment
17 voulez-vous que l'ensemble de Snagovo soit entre les mains du Parti radical
18 serbe alors que nous n'avions pas un seul membre là-bas à l'époque ?
19 R. Ils se déclaraient tous comme des Chetniks.
20 Q. Ecoutez, si quelqu'un se déclare comme Chetnik, ça ne veut pas dire
21 qu'il appartient au Parti radical serbe. J'aurais aimé que ce soit le cas,
22 mais tel n'était pas le cas. Les Chetniks, c'était à la fois des hommes de
23 Draskovic, des membres du SDS, des hommes de Jovic. Et vous, tous les
24 soldats serbes, vous, les Musulmans, vous les appelez Chetniks, alors que
25 95 %, effectivement, des soldats serbes, s'appelaient eux-mêmes Chetniks,
26 n'est-ce pas ?
27 R. C'est exact.
28 Q. Donc, c'est assez arbitraire. S'ils disent qu'ils sont des Chetniks, ça
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1 veut dire qu'ils sont des hommes de Seselj, n'est-ce pas ?
2 R. Je ne sais pas. Je ne suis jamais entré dans les détails de la question
3 de savoir qui étaient les Chetniks, qui étaient les hommes de Seselj. Je ne
4 faisais pas de distinction. C'est vrai que pour moi, ils étaient tous des
5 hommes de Seselj et tous des Chetniks, par rapport aux Première, Deuxième
6 Guerres mondiales où les Chetniks ont fait exactement la même chose que
7 vous pendant cette dernière guerre. C'est ça, les Chetniks.
8 Q. Vous savez, un bon historien vous aurait clarifié ce que les Chetniks
9 ont fait pendant la Deuxième Guerre mondiale. Moi, je n'ai pas le temps.
10 Vous, vous avez été assujetti à la propagande communiste, mais nous n'avons
11 pas le temps pour traiter de cela.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous signale, il vous reste --
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Seulement cinq minutes ?
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Et cette question, je l'ai déjà abordée hier. Vous
15 revenez là-dessus quand vous le voulez, mais le sujet avait déjà été
16 abordé. Donc, il vous reste cinq minutes.
17 M. SESELJ : [interprétation]
18 Q. Est-ce que les Musulmans s'armaient avant le conflit à Zvornik ?
19 R. Je n'ai pas de données indiquant que les Musulmans se seraient armés,
20 car jusqu'au dernier jour, ils luttaient pour éviter la guerre et le
21 conflit.
22 Q. Est-ce qu'un plan de défense de l'ensemble de Zvornik et des Musulmans
23 avait été créé ?
24 R. C'était seulement le général Pasic et le chef de l'état-major de la
25 Défense territoriale, Kapidzic, qui, lors de la réunion du 7, ont créé un
26 tel plan lorsque, officiellement, il avait été dit qu'il n'y aurait pas de
27 négociations ni de partage et qu'il faut trouver une solution militaire. A
28 ce moment-là, on a créé la cellule de Crise.
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1 Q. Est-ce qu'il y a eu un conflit au sein de la cellule de Crise ?
2 R. Non.
3 Q. Est-ce qu'il y a eu des désaccords, des conflits au sein du Parti
4 d'action démocratique, SDA ?
5 R. Pas à ce moment-là, mais un an avant, il y a eu des désaccords, comme
6 vous l'avez dit, comme c'était le cas au sein des partis serbes. Mais à ce
7 moment-là, il n'y a pas eu de conflit du tout.
8 Q. Est-ce qu'il y a eu des désaccords par rapport à la manière dont les
9 Musulmans devaient être armés ?
10 R. Je ne sais pas de quelle manière c'était prévu. L'on a dit simplement
11 au sein de la cellule de Crise que ceux qui avaient des armes de chasse ou
12 d'autres --
13 Q. Bien. Je vais vous lire une citation du livre de Misat Ismic. Il dit :
14 "La Ligue patriotique a été créée le 26 juillet 1991 à Kula Grad, dans la
15 librairie de la jeunesse. Nous avons créé la cellule de Crise," et il ne
16 donne pas le nom du commandant, "et Hadzic a demandé, lors des discussions,
17 qu'Uzbasic doit fournir un commandant. Et lors de la réunion, il a été
18 décidé qu'Uzbasic devienne le commandant.
19 "L'organisation existait à l'époque, le plan de la défense avait été
20 élaboré, le réseau de fournitures en armes était mis en place, les armes
21 avaient été achetées à Vienne et apportées. Il y avait un réseau pour la
22 Ligue patriotique. Des personnes faisaient de la contrebande pour apporter
23 des armes et les vendre." Ensuite, il donne les noms de ceux qui étaient
24 dans la contrebande. "Les trafiquants pouvaient faire un bénéfice de 100
25 marks allemands par pièce.
26 "Ils ont essayé de négocier au sujet du prix et négociaient avec les
27 compagnies pour acheter des armes. Il y a eu une réunion lorsque les
28 Chetniks ont commencé à Karakaj et Celopek, et l'on a demandé des
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1 ressources et on offrait de l'argent pour les armes afin de protéger la
2 population d'eux-mêmes.
3 "L'on a essayé de retirer nos jeunes hommes qui faisaient partie de
4 la JNA et afin d'empêcher qu'ils soient mobilisés au sein des forces de
5 réserve." C'est la page 72. Ensuite, une autre brève citation. Il dit aussi
6 que "La direction musulmane, par le biais du réseau de la Ligue
7 patriotique, a réussi à faire venir plus de 4 000 armes dans la
8 municipalité de Zvornik. Et lors d'une assemblée municipale, les députés
9 ont présenté le fait que les Bosniaques étaient en train de s'armer, ce qui
10 a donné lieu à beaucoup de débats." Est-ce que vous niez cela ?
11 R. Je ne suis pas au courant de cela. Il y a beaucoup de contrevérités
12 dans ce livre concernant la contrebande, les filières, les armes et les
13 filières par lesquelles les armes passaient. Je ne sais rien à ce sujet-là.
14 Je n'ai pas parlé avec qui que ce soit à ce sujet.
15 Q. Ecoutez, est-ce que les Musulmans étaient ainsi armées pour que, dans
16 la municipalité, il y avait 4 000 fusils dont ils disposaient ?
17 R. Si les Musulmans avaient eu effectivement ces 4 000 fusils alors que
18 vous, vous dites que les Chetniks n'avaient que 2 000 personnes armées.
19 Mais quelle est la logique d'attaquer avec 2 000 fusils les personnes qui
20 ont 4 000 fusils pour provoquer en revanche leur défaite, ça n'a pas de
21 logique.
22 R. La défaite découle des désaccords au sein de leur direction et c'est
23 dans le livre, vous avez vu le livre de Tulic.
24 Q. Ce Tulic, il a écrit un autre livre. Nous allons le voir, cet auteur
25 musulman dit que s'agissant de la lutte pour Zvornik du côté serbe, il y
26 avait des forces paramilitaire d'Arkan et de Seselj, les unités de la JNA,
27 il y avait une division d'infanterie légère de la JNA, de Bijeljina, et
28 contrôlée par le colonel Miletic, renforcée surtout par des Serbes locaux
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1 et le commandant Jovanovic Zoran qui commandait. Puis il y avait un
2 bataillon armé qui avait le même nom, commandé par le colonel Tacic et le
3 capitaine Dragan Obrenovic était le commandant de cette même unité, et une
4 autre municipalité mobilisée à Mali Zvornik, municipalité de Loznica. Ils
5 ont créé une force armée qui attaquait Zvornik, et cetera. C'est à la page
6 87, de cet auteur musulman, Hamdzic. Il décrit cela et il donne les détails
7 à la page 92.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je poser une autre question ?
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Dernière question et c'est fini après.
10 M. SESELJ : [interprétation]
11 Q. Voici ce que cet auteur dit au sujet de la question de savoir qui avait
12 commencé l'attaque. D'après cet auteur musulman, qui avait commencé
13 l'attaque le 8 avril. Il s'agit de la page 92 :
14 "Les unités de la JNA, du Corps de Tuzla et de Novi Sad et d'Uzice,
15 agissant de concert avec les hommes de Seselj, les hommes d'Arkan, les
16 membres des Aigles blancs, de la Défense territoriale de la République de
17 Serbie, de Mali Zvornik et de Loznica, et des formations paramilitaires du
18 Parti démocratique serbe de Zvornik."
19 Est-ce que vous compreniez que vous étiez en conflit avec la JNA et que
20 toutes ces forces étaient subordonnées à la JNA ?
21 R. Je ne sais pas qui les commandait, mais vous avez bien énuméré quelles
22 étaient les forces qui ont participé, dont vos forces. Ici il est question
23 de vous, de vos idées.
24 Q. Que savez-vous au sujet de l'objet de nos débats ici ? Ne nous donnez
25 pas de conférence. Est-ce que vous savez que les forces serbes étaient
26 contrôlées par la JNA ?
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.
28 Monsieur Marcussen, vous avez des questions supplémentaires ?
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1 M. MARCUSSEN : [interprétation] Oui, deux questions très brèves, Madame,
2 Messieurs les Juges.
3 Mais avons cela --
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Allez-y.
5 M. MARCUSSEN : [interprétation] Mais avant cela, je souhaite dire que
6 l'accusé n'a pas fait comme il était censé le faire, à savoir nous notifier
7 du fait qu'il avait l'intention d'utiliser le livre de M. Tulic. Il fait
8 référence à cet ouvrage, je n'ai pas soulevé d'objection, mais je souhaite
9 le dire et que ce soit consigné au compte rendu. VS-2000 --
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je veux réagir face à ça. J'ai reçu ce livre de
11 la part de l'Accusation conformément à l'article 68(1), l'Accusation a
12 donné son propre numéro à cela. Chaque page a un numéro, pourquoi est-ce
13 que je dois informer --
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Le Procureur a le droit de demander lors du contre-
15 interrogatoire qu'on lui indique à l'avance les documents. Bon. C'est un
16 débat qui est très connu.
17 Alors, Monsieur Marcussen, posez vos questions.
18 Nouvel interrogatoire par M. Marcussen :
19 Q. [interprétation] Je souhaite vous poser une question à propos de la
20 réunion au centre culturel à Mali Zvornik au mois de mars 1992.
21 Ma premier question est celle-ci : quel temps s'est écoulé entre le
22 moment où l'accusé, le Pr Seselj, est entré dans la pièce et le moment où,
23 vous, vous êtes sorti, combien de temps s'est écoulé ?
24 R. Pas plus de dix minutes, mais entre cinq et dix minutes, pas plus.
25 Q. Quel temps s'est écoulé entre le moment où vous êtes sorti, où on vous
26 a fait sortir de cette pièce et le moment où vous avez vu Seselj sortir de
27 cette salle ?
28 R. Justement, dix minutes, pas plus, dix minutes maximum. Probablement
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1 moins, peut-être huit minutes maximum, pas plus selon mon estimation.
2 Q. Donc l'accusé a assisté à la réunion pendant 20 minutes environ; c'est
3 cela ?
4 R. Très peu de temps, une vingtaine de minutes, c'était avant que je sorte
5 et après sept, huit minutes, comme je l'ai dit, donc très peu de temps.
6 Tout ce qu'il l'a lu tout à l'heure, il ne pouvait pas le dire, ici il
7 aurait eu besoin de deux heures pour ce faire.
8 M. MARCUSSEN : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le
9 Président.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, je vous remercie, d'être venu
11 apporter votre témoignage à la demande de l'Accusation. Je formule, bien
12 entendu, mes meilleurs vœux pour votre retour.
13 Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, nous aurons mercredi à 8 heures 30 le
14 témoin qui est prévu. Il est prévu deux heures pour l'Accusation, et deux
15 heures pour M. Seselj.
16 Oui, Monsieur Seselj.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai deux questions administratives à soulever.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : La bande va s'arrêter, alors allez-y.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais être très rapide. Tout d'abord, j'ai
20 compris que vous aviez donné une ordonnance officielle à l'Accusation, vous
21 lui avez demandé d'obtenir les documents indiquant à quelle date le
22 rassemblement du Parti radical serbe a eu lieu à Mali Zvornik. Est-ce que
23 vous pourriez lui donner un délai, ça pourrait être d'ici mercredi
24 prochain. Ça c'est une chose.
25 Deuxièmement, parmi les requêtes de l'Accusation, il a été dit qu'il
26 souhaite que les déclarations de témoins décédés soient versées en vertu du
27 92 quater, celle de Matija Boskovic, on me demande que ça soit versé en
28 vertu du 92 quater, et je m'y oppose entièrement et totalement, ça ne peut
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1 pas faire partie du système de la "common law" même dans sa forme
2 différente qui est appliquée ici. A moins que vous violiez les droits dans
3 le cadre de la procédure, comme ceci a été fait parfois par d'autres
4 Chambres qui l'ont effectivement fait.
5 Je pense que ceci est absolument impossible si l'accusé s'y oppose.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Votre remarque est inscrite.
7 Alors l'Accusation, à la demande de la Chambre, mercredi à 8 heures 30, si
8 vous êtes en mesure de nous indiquer qu'après vos recherches vous avez
9 telle, telle, telle et telle pièces concernant la tenue de cette réunion du
10 4 mars 1992, ça serait une bonne chose. Donc vous avez du temps pour
11 rechercher, et comme ça vous nous indiquerez mercredi le résultat de vos
12 recherches. Voilà.
13 Je vous remercie, et nous nous retrouverons mercredi, 8 heures 30.
14 --- L'audience est levée à 17 heures 52 et reprendra le mercredi 11 février
15 2009, à 8 heures 30.
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