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1 Le mardi 7 février 2012
2 [Audience publique]
3 [Audience administrative]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 31.
5 [La Chambre de première instance se concerte]
6 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est ouverte.
8 Monsieur le Greffier, appelez le numéro de l'affaire.
9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci. Bonjour à vous, Madame, Messieurs
10 les Juges.
11 Il s'agit de l'affaire IT-03-67-T, le Procureur contre Vojislav Seselj.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.
13 En ce mardi, 7 février 2012, je salue toutes les personnes présentes et, en
14 particulier, tous les représentants de l'Accusation présents, dont il y a
15 des nouvelles têtes, des personnes que je ne connais pas encore. Je salue
16 également M. Seselj, qui est parmi nous. Et je salue également M. le
17 Greffier, qui oeuvrait déjà ce matin et qui est encore avec nous cet après-
18 midi. Et je salue également toutes les personnes qui nous assistent.
19 Nous tenons aujourd'hui cette audience dite de questions administratives.
20 Et je vais donner la parole dans quelque temps à M. Seselj pour aborder le
21 premier sujet, qui est son état de santé.
22 Lors de notre dernière audience, qui était à la fin du mois d'août, le 23
23 août exactement, j'avais posé la question à M. Seselj en lui demandant s'il
24 allait très -- bien. Et j'avais, à ce moment-là, synthétisé le rapport des
25 experts que la Chambre avait commis. Et au terme du rapport des experts,
26 j'avais indiqué que ceux-ci recommandaient à M. Seselj de suivre un régime
27 diététique. Sur ce, nous avions terminé l'audience. M. Seselj nous avait
28 dit qu'il allait bien, mais que la nourriture qui lui était donnée à la
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1 prison n'était pas, selon ses dires, de bonne qualité.
2 Par la suite, j'ai suivi les audiences de M. Seselj lorsqu'il a comparu
3 devant les autres Juges saisis des affaires d'outrage à la Cour, et la
4 question de sa santé avait été abordée par les Juges qui lui avaient
5 demandé s'il n'y avait pas de problèmes au niveau de la santé, et M. Seselj
6 avait dit que la nourriture n'était pas bonne, et il avait même voulu
7 donner, lors de la dernière audience, au Juge Hall, le plateau-repas, pour
8 témoigner de la mauvaise qualité de la nourriture. Le Juge Hall n'avait pas
9 pris le -- le plateau-repas, on le comprend.
10 Et puis, la Chambre n'avait plus eu aucune nouvelle de la santé de M.
11 Seselj, lorsqu'à la mi-décembre, au Conseil de sécurité, le représentant de
12 la Russie avait évoqué les problèmes de santé de M. Seselj. Suite à la
13 réunion du Conseil de sécurité, il avait été demandé au Président du
14 Tribunal de faire un rapport la prochaine fois sur l'état de santé de M.
15 Seselj.
16 Sur ce, la Chambre n'a eu plus aucune information. Et le vendredi, 6
17 janvier, aux environs de 17 heures, j'ai été avisé, ainsi que mes
18 collègues, de l'hospitalisation de M. Seselj.
19 Mais nous n'avons eu aucun élément d'information médicale sur la santé de
20 M. Seselj. Nous savions qu'il était hospitalisé et par les médias, nous
21 avons appris qu'on lui avait posé un pacemaker et qu'il devait donc revenir
22 à la prison, ce qui a été fait.
23 Puis, nous avons appris, à deux reprises, qu'il avait été réhospitalisé
24 pour une courte période, semble-t-il, à titre de précaution.
25 Pendant ce temps-là, la Chambre a reçu de M. Boris Aleksic, collaborateur
26 de M. Seselj, un courrier alarmiste. Et dans les minutes qui ont suivi,
27 j'ai à titre personnel répondu à M. Boris Aleksic en lui disant que nous
28 n'avons aucune information sur l'état de santé de M. Seselj, que nous avons
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1 demandé au médecin de la prison de nous indiquer quelle est sa situation,
2 et j'ai indiqué à M. Boris Aleksic que j'allais demander à mes collègues
3 qu'on désigne de nouveaux experts afin d'examiner la situation de M.
4 Seselj, et j'avais préconisé que nous désignions un expert russe pour
5 éviter le problème que nous avons eu auparavant avec la désignation d'un
6 cardiologue britannique qui avait été refusé par M. Seselj.
7 Et nous avons appris récemment, et je crois que M. Seselj va nous donner
8 des informations, qu'il avait refusé de communiquer à la Chambre tout
9 renseignement sur son état de santé et refusant même que l'expert russe ait
10 connaissance de son dossier.
11 Ce qui fait, Monsieur Seselj, qu'à ce jour, à part le fait que vous allez
12 bien puisque vous êtes présent, que vous avez eu la pose d'un pacemaker,
13 nous n'avons aucune information sur votre état de santé d'aujourd'hui.
14 Alors, si vous voulez, vous pouvez nous dire ce que vous voulez nous dire,
15 mais ma collègue la Juge Lattanzi a quelque chose à rajouter.
16 Mme LE JUGE LATTANZI : Bon, je dois simplement -- je dois simplement dire
17 que je ne peux pas continuer à être dans la salle d'audience parce qu'il y
18 a l'air froid qui m'arrive sur la tête, et je ne peux pas permettre de me -
19 - de tomber malade. Et donc, je ne peux pas.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le --
21 Mme LE JUGE LATTANZI : J'avais déjà demandé avant, mais l'agent m'a donné
22 la -- a demandé mais -- ça continue. Je ne peux pas être assise là.
23 [La Chambre de première instance se concerte]
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. La Juge va se mettre ailleurs. Effectivement,
25 il y a le froid polaire qui nous tombe sur les oreilles.
26 Bien. Alors, Monsieur Seselj, j'ai synthétisé la situation telle que la
27 Chambre la connaît, et comme je vous l'ai dit, au jour d'aujourd'hui, nous
28 ne savons strictement rien de ce que vous avez, sauf à lire, et c'est ce
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1 que je fais tous les dimanches, à lire sur votre site Web les conférences
2 de presse données par vos collaborateurs qui -- mais ils ne sont pas
3 médecins, mais ils ont des renseignements, semble-t-il, de première main.
4 D'autant plus que quatre -- que plusieurs médecins serbes sont venus vous
5 rendre visite à la prison il y a quelque temps, et d'après ce que j'ai pu
6 lire dans la conférence de presse, vos collaborateurs sont assez inquiets
7 de votre état de santé. Et pas plus tard que dimanche, vos collaborateurs
8 disaient que vous êtes victime d'une tentative d'assassinat orchestrée par
9 des services secrets étrangers. Voilà, c'est ce qui est sur votre site Web.
10 Alors, Monsieur Seselj, que voulez-vous nous dire ?
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Antonetti, j'ai d'abord deux questions
12 en matière de procédure. Moi aussi, je reçois de l'air froid directement
13 sur ma tête, et peut-être vaudrait mieux que le Procureur et moi fassions
14 échange de place parce que chez eux, c'est mieux que chez moi, à chaque
15 fois.
16 Ensuite, en application du 65 bis, vous êtes tenu de tenir des Conférences
17 de mise en état dans un délai de 120 jours à compter de la Conférence de
18 mise en état précédente. Vous avez plus d'un mois et demi de retard.
19 La mission de ces Conférences de mise en état, c'est d'organiser des
20 consultations entre parties afin d'assurer les préparatifs rapides du
21 procès et de déterminer la situation où on est arrivé à l'affaire et voir
22 ce que l'accusé ressent du point de vue psychologique et physique.
23 Bien entendu, il y a aussi une règle, qui est l'article 127, en application
24 de quoi la Chambre peut écourter ou prolonger les délais prévus par le
25 présent Règlement ou fixés en vertu de celui-ci, mais dans le cas où il y
26 aurait des requêtes et des justificatifs fondés de présentés aux Juges de
27 la Chambre.
28 Pour autant que je le sache, ni l'Accusation ni moi-même n'avons adressé de
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1 requête quelle qu'elle soit aux Juges de la Chambre pour demander à
2 proroger les délais de la tenue de toute Conférence de mise en état, ce qui
3 fait qu'on peut voir qu'en votre qualité de Juges de la Chambre, vous avez
4 de façon brutale ignoré l'existence d'une disposition réglementaire qui
5 concerne vos propres obligations. Vous avez dépassé d'un mois et demi le
6 délai imparti. Or, en un mois et demi, il a été planifié de faire bon
7 nombre de choses.
8 Je sais que vous, Monsieur Antonetti, et vos collègues, vous préféreriez
9 vous moquer du régime ou du prétendu régime dont j'aurais besoin. Vous avez
10 le droit de le faire. Je ne vous en veux pas. Vous pouvez faire cela autant
11 que cela vous plaira. Mais il s'est avéré que je n'ai pas besoin d'un
12 régime. Je suis arrivé tout à fait maigre dans ce prétoire, aucun excédent
13 de kilos, étant donné qu'à l'hôpital de Leiden, on m'a sorti quelque dix
14 litres de liquide excédentaire. En deux mois et demi, aucun médecin n'a
15 remarqué que j'avais des excédents de liquide. Alors, on continue à se
16 moquer de moi pour dire que j'étais obèse. Alors, on peut plaisanter, on
17 peut blaguer sur mon compte, et je sais répliquer, je pense l'avoir fait de
18 façon fréquente, et je ne voudrais pas qu'on me prenne pour un naïf.
19 S'agissant de mon état de santé, depuis six ans déjà --
20 M. LE JUGE ANTONETTI : -- l'article 65 bis, vous l'avez bien indiqué,
21 Conférence de mise en état, cet article concerne la Comparution initiale.
22 Nous n'en sommes plus à ce stade-là; donc, normalement il ne s'applique
23 pas. Maintenant, bien entendu, la Chambre s'est posée la question, mais
24 nous nous étions vus le 23 août. Quatre mois, c'était le 23 décembre; le 23
25 décembre, le Tribunal était fermé. Donc, j'avais pensé à vous voir dès --
26 tout de suite début janvier. Malheureusement, vous avez été hospitalisé, et
27 donc, du coup, on se voit aujourd'hui, qui est la date la plus proche. Et
28 d'ailleurs, avant de trouver cette date, on a demandé au médecin si vous
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1 pouviez venir, et il nous a dit oui, vous pouviez venir à condition que ce
2 ne soit pas trop long, et cetera. Donc, voilà.
3 Donc, sur les 120 jours, voilà la réponse que je peux vous donner. Et vous
4 le savez, c'est toujours avec plaisir qu'on vous voit, mais il n'y avait
5 pas lieu pendant ces derniers temps à faire une mise en état car on a rendu
6 toute une série de décisions, et puis fallait-il qu'il y ait une utilité
7 quelconque. Donc, voilà ce que je peux vous dire sur les 120 jours.
8 Bien, alors sur votre santé.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Antonetti, la dernière des Conférences
10 de mise en état s'est tenue le 23 août, et non pas le 24, comme vous l'avez
11 dit.
12 La suivante était censée se tenir au plus tard le 21 décembre, et non pas
13 le 24. Quelques jours avant le 21 décembre, j'ai contacté par téléphone
14 l'officier de liaison faisant partie du service qui aide les accusés qui se
15 défendent eux-mêmes pour demander s'il y aurait une Conférence de mise en
16 état et en disant que j'avais des raisons pour lesquelles je souhaitais que
17 cette Conférence de mise en état se tienne. Votre Juriste de la Chambre m'a
18 répondu que vous n'envisagiez pas de Conférence de mise en état en votre
19 qualité de Chambre. Alors, c'est ainsi que les choses se présentent.
20 Pour ce qui est des Conférences de mise en état, on les fixe rarement à la
21 dernière minute. Vous savez qu'en votre qualité de Juge de la mise en état,
22 vous aviez fixé des Conférences de mise en état plus fréquentes, et ça doit
23 se tenir jusqu'au prononcé valide d'une peine, d'une sanction.
24 Et il ne faut jamais qu'il se passe plus de 120 jours pour ce qui est de
25 voir l'Accusation et la Défense se rencontrer dans le prétoire avec les
26 Juges de la Chambre. Mais quand il y a des appels d'interjetés pour ce qui
27 est d'un jugement en première instance, la Chambre a quand même la mission
28 de tenir des Conférences de mise en état au plus tard dans un délai de 120
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1 jours entre les Conférences de mise en état. Ça n'a rien à voir seulement
2 avec -- enfin, ça n'a pas à voir seulement avec la phase préalable au
3 procès.
4 Alors, pour ce qui est de mon état de santé, ça fait au moins six ans que
5 mon état de santé est piloté par les services américains, britanniques et
6 français. Alors, j'ai eu, jusqu'en 2000, des problèmes de santé, y compris
7 la grève de faim. Mais après cela, en 2007, les rapports ont dit que
8 j'étais au final une personne en bonne santé. Si on exclut les allergies
9 auxquelles je suis sujet, j'étais donc plutôt en bonne santé. Cependant,
10 les services de Renseignements américains, britanniques et français ont
11 œuvré de façon intense pour ce qui est de détériorer mon état de santé, et
12 j'en ai la preuve. La preuve c'est WikiLeaks qui me l'a donnée, ce bon
13 WikiLeaks, et je vous ai envoyé des écritures à cet effet, je croyais que
14 vous alliez comprendre, vous les avez rejetées de façon abrupte sans
15 analyser les documents.
16 Le 6 décembre de l'an 2006, il y a eu, comme le fait savoir l'ambassade
17 américaine à Paris, il y a eu une réunion entre les représentants des
18 structures sécuritaires américaines et françaises au sommet; il y avait le
19 sous-secrétaire de la Défense du ministère de la Défense des Etats-Unis,
20 Erik Edelman; et il y avait un code DKP, probablement quelqu'un chargé de
21 la sécurité au niveau de l'ambassade; et le remplaçant de l'adjoint du
22 secrétaire à la Défense, Daniel Fata [phon].
23 Alors ce sont des intervenants en matière de sécurité des Etats-Unis.
24 Au palais de l'Elysée le 1er décembre, donc sept jours avant la fin de ma
25 grève de la faim, il y a eu une réunion avec le conseiller du président
26 français chargé de la sécurité, Maurice Gourdault-Montagne. Et il y avait
27 un certain Dominique Bouchet [phon] en sa compagnie, conseiller de Jacques
28 Chirac pour le Proche-Orient. L'amiral Edward Bouilliadet [phon] - peut-
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1 être n'ai-je pas bien prononcé, moi le français ce n'est pas mon fort
2 dernièrement - et il y avait un conseiller en matière d'affaires
3 stratégique, Lawrence Il y a [phon].
4 A l'occasion de cette réunion, comme nous le fait savoir l'ambassadeur
5 américain, Maurice Gourdault-Montagne dit qu'il fallait faire tout ce qu'on
6 pouvait pour empêcher le leader du Parti radical serbe et la mise en
7 accusation pour crimes de guerre, Vojislav Seselj, de remporter la victoire
8 aux élections en Serbie. Et c'est la raison pour laquelle il y a eu un acte
9 d'accusation de dressé contre moi. Et c'est la raison pour laquelle de
10 façon contraire au droit vous me garder ici depuis plus de neuf ans et
11 c'est aussi la raison pour laquelle mon état de santé se trouve être
12 intentionnellement détérioré par vous.
13 Alors quel est le rôle de tout un chacun, à vous de voir et d'en débattre,
14 qui est-ce qui est entré de façon délibérée dans ces affaires, qui est-ce
15 qui s'est mis au service de ces services des ténèbres. Ça, à vous de voir.
16 Ça ne m'intéresse pas. Moi ce qui m'intéresse c'est la substance du
17 problème.
18 Suite à tout ceci, il y a un autre rapport de l'ambassadeur américain à La
19 Haye qui fait savoir à Washington, au département de l'Etat là-bas. Et je
20 précise qu'il s'agit d'un rapport daté du 1er septembre -- non. Du 27 juin
21 2008.
22 L'ambassadeur américain explique votre stratégie à vous, Monsieur
23 Antonetti, et il dit :
24 "La stratégie d'Antonetti était de faire en sorte que Seselj coopère en
25 répondant favorablement à ses demandes, et en le louant."
26 Enfin je ne me souviens pas qu'il y ait eu des louanges de votre part à mon
27 égard, mais vous avez souvent parlé de façon élogieuse de mes aptitudes
28 intellectuelles. Alors il est dit aussi que ceci a favorisé l'avancement du
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1 procès. Mais il y a quand même un danger qui consiste à voir Seselj
2 interrompre sa participation au procès, comme il l'a fait lors de sa grève
3 de la faim en 2006.
4 Alors ces forces des ténèbres, forces du mal, complotent contre moi, et
5 j'ai des preuves matérielles qui disent que c'est véritablement d'un
6 complot qu'il s'agit. Raison pour laquelle ce procès n'est pas un procès
7 régulier. Et c'est un abus de procédures. Bien sûr, Monsieur Antonetti,
8 vous n'ignorez pas le fait que je ne vous ai jamais fait confiance, pas
9 plus que je n'ai fait confiance à vos collègues. Mais j'avais accepté de
10 jouer le jeu, parce que vous aviez considéré que si jamais procès il y
11 avait, je serais complètement bousillé par les témoins de l'Accusation; or
12 moi, j'ai souhaité bousiller de mon côté les témoins de l'Accusation en
13 prétoire. Donc nos intérêts coïncidaient, et c'est la raison pour laquelle
14 le procès a pu commencer.
15 Et je n'ai jamais entravé le déroulement du procès. Ça a été l'œuvre soit
16 de l'Accusation, soit des Juges de la Chambre. Toutes interruptions du
17 procès se sont faites contre ma volonté à moi. Quand j'ai démantelé les
18 dires de la totalité des témoins, il a fallu attendre encore deux ans pour
19 voir la finale, et la question qui se pose c'est de savoir si finale il y
20 aura du tout. Or, j'ai remarqué pour la première fois qu'il y avait quelque
21 chose d'étrange à se passer lorsque j'ai eu une infection au niveau du foie
22 pour rien. C'est venu de rien, tout à coup le foie marchait mal.
23 Et j'ai fait beaucoup de bruit. Vous savez, j'aime bien faire du bruit;
24 c'est dans ma nature. Et d'une certaine façon j'ai essayé d'écarter la
25 source potentielle de cette intoxication. J'ai pris un échantillon de la
26 nourriture; j'ai remis ça au service de santé de l'unité de détention. Le
27 Dr Falke a dit qu'ils n'ont pas été en mesure de procéder à des analyses,
28 donc ça ne les intéressait pas en somme. Ce Dr Falke vient d'être chassé de
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1 Scheveningen il n'y a pas longtemps. C'est un nouveau médecin qui est venu.
2 Il semble être consciencieux, du moins pour le moment, on verra comment les
3 choses vont évoluer par la suite.
4 Et à peine les problèmes du foie ont cessé, sans que je prenne quelque
5 médicament que ce soit, au bout de huit mois les symptômes ont disparu, mon
6 foie s'est rétabli. Et c'est là que commencent mes problèmes de cœur. Alors
7 on a dénigré la chose. On a dit : Il n'a rien. Et quand je suis tombé après
8 une promenade, un remplaçant à Falke, un médecin dont le nom m'échappe, il
9 est parti lui aussi entre-temps, a présenté un rapport pour dire que mon
10 état de santé était bon.
11 Et alors il y a un problème qui en rattrape un autre. A Leiden, une fois de
12 plus, ils ont procédé à des analyses des causes potentielles de ces
13 perturbations dans le fonctionnement de mon cœur et ils ont constaté qu'il
14 n'y avait aucune cause interne, organique, disant que mes artères étaient
15 en très bon état, mes vaisseaux sanguins en très bon état. Alors j'ai posé
16 la question aux médecins de Leiden si cela voulait dire que c'est de
17 l'extérieur qu'on cherchait à influer sur mon état de santé. On a répondu
18 qu'ils n'avaient pas le droit de procéder à des spéculations. Ils ne
19 pouvaient parler que de choses sûres, et il n'y avait pas de motifs
20 internes.
21 Alors quels sont les motifs potentiels venus de l'extérieur ? Est-ce que
22 c'étaient ces situations de stress systématiques qui étaient générées de
23 façon artificielle, et Dieu sait s'il y en a eu au fil des deux mois
24 écoulés de la part du Greffe, de l'administration de l'Unité de Détention,
25 et cetera, ou de cette Chambre qui a refusé de tenir une conférence de mise
26 en état; ou alors les services américains, britanniques ou français
27 disposent-ils d'une technologie qui permet par ondes radio ou autrement
28 d'influer sur les battements du cœur ? En théorie ce n'est pas impossible.
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1 Je n'y connais pas grand-chose en matière de technologie, je suis un
2 profane, mais je sais que théoriquement il est possible qu'ils aient abouti
3 à cela. Ont-il réussi ou pas ? On verra, on aura l'occasion de relire du
4 WikiLeaks ultérieurement ou les publications ou des fuites organisées par
5 quelqu'un d'autre.
6 Alors pour ce qui est de ces faux rapports, ces faux rapports sont compilés
7 par le Greffier et par Nermina Jelacic, qui est le porte-parole du
8 Tribunal. On dit : "La situation de Seselj est stable, il n'a rien en
9 somme." Cependant, le 6 janvier, j'ai failli mourir moi. Et les médecins à
10 Leiden s'accordent pour le dire ensemble, le personnel de l'infirmerie et
11 de l'ambulance a dit la même chose. Vous avez reçu un rapport du directeur
12 de l'Unité de Détention qui est faux et qui ne comporte pas la totalité des
13 éléments nécessaires.
14 Le 6 janvier, pendant une promenade entre 15 heures et 16 heures, je me
15 suis senti mal, j'ai demandé à ce qu'on me ramène dans ma cellule avec
16 l'ascenseur, les gardiens ont fait venir l'ascenseur. Pendant que je me
17 changeais, je suis tombé, j'ai perdu connaissance, et j'ai cogné ma tête
18 contre la table, et j'étais couvert de sang.
19 Au bout d'une demi-heure, j'ai commencé à reprendre mes esprits, et c'est
20 là qu'un gardien est arrivé, d'après ce que dit le directeur de la prison,
21 à 16 heures 30, il s'agissait aussi d'une infirmière qui faisait une
22 inspection routinière, mais ce n'est pas elle, c'est le gardien qui m'a
23 trouvé en premier couvert de sang et c'est lui qui a fait venir
24 l'infirmière. Elle a essayé avec mon appareil à moi de mesurer ma tension
25 artérielle, mais l'appareil n'a pas réagi du tout parce que c'était au-
26 dessus de ses potentiels que de montrer le résultat.
27 Et alors là elle a appelé les urgences; les urgences sont arrivées très
28 vite, d'après ce que dit le directeur, à 5 heures 02 minutes. Et dès que
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1 j'ai été examiné, on a redemandé une autre ambulance, et le directeur dit
2 qu'à 18 heures 20 l'ambulance m'a emmené de l'Unité de Détention jusqu'à
3 l'hôpital de Leiden parce que les services d'urgence ont estimé que c'était
4 la chose la plus appropriée à faire.
5 Alors la question qui se pose c'est de savoir que s'est-il passé entre-
6 temps pendant une heure et 14 minutes ? Puisqu'il a fallu qu'ils me sortent
7 allongé, ils n'ont pas pu me descendre en empruntant l'escalier parce que
8 le brancard ne pouvait pas y aller. Donc il a fallu qu'ils fassent appel
9 aux pompiers, et ça le directeur n'en parle pas, il passe outre. Et lui
10 donc ment, lui aussi. Donc les pompiers sont arrivés, il y a une fenêtre au
11 première étage où ils ont coupé les barres en acier, ils ont brisé les
12 carreaux, et c'est pour cette fenêtre-là qu'ils m'ont sorti pour
13 m'installer dans l'ambulance, et c'est la raison pour laquelle il a fallu
14 attendre une heure et 14 minutes. Et c'est ça le problème qui se pose au
15 quartier pénitentiaire. Si jamais, que Dieu vous en préserve, si jamais il
16 fallait transporter qui que ce soit d'autre par les mêmes moyens, ils ne
17 savent pas comment le faire, ils n'ont pas les moyens, il leur faut faire
18 appel aux pompiers pour casser les barreaux et pour passer par la fenêtre.
19 Donc deux ambulances sont là, plusieurs voitures de police et quatre
20 policiers à bord des motos m'emmènent à Leiden à toute vitesse, et c'est
21 probablement ce qui m'a sauvé la vie. Enfin provisoirement, pour l'instant.
22 Et pendant tout ce temps-là, je n'avais pas repris mes esprits. C'est par
23 la suite que l'on m'a raconté tout ce qui s'était passé. Donc je me
24 réveille uniquement à 21 heures, 9 heures du soir, et à ce moment-là ils
25 ont déjà réussi à obtenir ce qu'ils ont obtenu. C'était 240 ma tension. Un
26 être normalement constitué ne peut jamais avoir cette hypertension, quel
27 que soit le travail hyper dur ou quelle que soit la pratique sportive, on
28 n'arrive jamais à 240. Cela dépasse les capacités physiques de l'être
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1 humain, donc c'est ce qui a été mesuré dans l'ambulance. Puis Nermina
2 Jelacic, elle, se permet de déclarer que mon état est stable, que je n'ai
3 rien.
4 Là j'ai pris une décision, j'ai décidé de ne plus autoriser personne
5 avoir accès à mon fichier médical, que ce soit la Chambre de première
6 instance, le Greffe, qui que ce soit d'autre. Parce qu'il en a marre, ça
7 suffit ces jeux, les masques sont tombés il y a belle lurette.
8 Donc je l'ai refusé, j'ai eu des traitements à Leiden, ça s'est passé
9 normalement, je ne me peux pas me plaindre du tout, et c'est là que l'ICD
10 m'a été installé. On n'arrête pas de parler de pacemaker dans les
11 communiqués publics. C'est Nermina Jelacic qui le dit. Mais c'est un
12 mensonge, un de plus. Le pacemaker il stimule le rythme cardiaque. Mais le
13 ICD c'est un défibrillateur interne cardiaque. L'ICD c'est quelque chose
14 qui vous protège d'une mort soudaine, ne peut pas l'empêcher mais peut
15 éviter, à partir du moment où mon hypertension dépasserait 200, cela
16 pourrait m'éviter les chocs. Les chocs c'est un peu comme si vous étiez
17 heurté d'un tramway qui avance en pleine vitesse. Donc c'est ça en
18 substance. Mais le problème est loin d'être résolu. Mon cœur est toujours
19 faible. Et les médicaments ne peuvent pas améliorer cela.
20 Je souffre toujours de tachycardie et d'arythmie. Quant à mon
21 arythmie, elle est toujours en place, sans discontinuer. Donc au moment où
22 nous avons eu des problèmes, j'ai eu l'arythmie. Vous aviez le rapport de
23 M. Avdeev qui parlait de mes problèmes respiratoires la nuit. Puis ensuite
24 c'est ce que j'ai appris dans la presse, en fait à la télévision, ensuite
25 vous auriez rendu une ordonnance demandant qu'un médecin russe vienne
26 m'examiner, j'ai réagi. Un médecin russe peut venir m'examiner si c'est moi
27 qui suis à l'origine de la demande. Ou M. Avdeev, qui est pneumologue, donc
28 je ne sais pas pourquoi vous l'avez demandé lui, ou M. Argeyev [phon], son
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1 nom s'est trouvé sur ma liste de médecins choisis par moi.
2 Et le Greffe n'a pas voulu autoriser son arrivée, il m'a fait venir
3 un médecin de province britannique pour qu'il gagne quelques sous lors de
4 ce déplacement à La Haye. Mais ce n'est pas quelqu'un qui avait
5 véritablement une expertise en pneumologie. M. Avdeev, quant à lui, c'est
6 un grand expert, sans conteste. Et, Monsieur Antonetti quand ce sera vous
7 qui l'aurez invité à venir, ce sera pour vous, M. Harhoff, Mme Lattanzi.
8 C'est vous qu'il pourra examiner, mais pas moi. Si, il pourra m'examiner,
9 mais uniquement si c'est moi qui l'invite.
10 Cette fois-ci ce sont les médecins serbes que j'ai voulu recevoir.
11 Ils vont rédiger un rapport écrit, mais ce n'est pas à vous qu'ils vont le
12 remettre ni au ministère de la Santé à Belgrade, ce sera un rapport public
13 qui sera rendu public lors d'une conférence de presse et qui sera publié
14 sur ma page Web. Et le rapport comporte des données très importantes et
15 très graves, même à titre préliminaire. Cependant, je ne m'en plains pas.
16 Je savais quels étaient les dangers qui me guettaient ici. Je savais quelle
17 est la taille du dragon auquel j'allais être confronté. Mais c'est par voie
18 publique, par la publicité de ces débats que j'allais pouvoir démasquer
19 tout cela. C'est la seule chose option que j'avais.
20 Démasquer, donc pour ce qui me concerne, cela s'est passé plutôt
21 bien, j'ai remporté beaucoup de succès. Nermina Jelacic, porte-parole du
22 Tribunal de La Haye, une fois que l'ICD m'a été implanté lorsque
23 l'ambulance a dû m'emporter par deux fois, elle se permet de dire que c'est
24 à titre préventif que l'on m'a hospitalisé. Préventif ? Oui, oui, c'est à
25 titre préventif qu'on emmène tout un chacun à l'hôpital dans des ambulances
26 pour qu'il ne meure pas. Qu'est-ce que cela veut dire, préventif ? A chaque
27 fois que je me suis trouvé mal, l'infirmière ou les gardes en informaient
28 le nouveau médecin du quartier pénitentiaire, j'ai dit à son sujet qu'il
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1 travaillait toujours de manière consciencieuse, et c'est lui qui a demandé
2 que l'on fasse appel à l'ambulance. Et à chaque fois il a été manifeste que
3 c'était indispensable de faire appel à l'ambulance.
4 Aujourd'hui cette femme médecin de Leiden est venue, elle a vérifié
5 comment fonctionnait l'ICD, s'il fonctionnait correctement. Elle est
6 arrivée à la conclusion qu'il y avait une électrode qui était placée dans
7 la chambre droite cardiaque fonctionnait bien, mais l'autre ne fonctionnait
8 pas du tout. Et pour ne pas avoir à intervenir de nouveau, ouvrir mon cœur,
9 elle a décidé qu'il fallait la semaine prochaine que je subisse de nouveau
10 des électrochocs à l'hôpital pour qu'ils essaient de rétablir le
11 fonctionnement de cette deuxième électrode. C'était à 11 heures 15,
12 aujourd'hui, à partir de 11 heures 15 jusqu'à peu près 11 heures 45, j'ai
13 subi cet examen. Elle a apporté tous les appareils de Leiden et c'est
14 qu'elle m'a fait en unité pénitentiaire. Voilà.
15 Donc, c'est en exclusivité que je vous fais part de la situation
16 relative à mon état de santé. Je vous ai dit que mon état de santé ne
17 saurait être un secret, mais c'est de manière très jalouse que je veux
18 refuser toute publicité là-dessus, à moins que ce soit moi qui l'autorise,
19 et tout cela pourrait être vérifié.
20 Et puis, un deuxième point. Pour ce qui est de mon état de santé, eh
21 bien, je n'ai jamais essayé de gagner des avantages sur le plan de la
22 procédure en me servant de mon état de santé. Jamais je n'ai cherché de
23 report, de prolongation, jamais nous n'avons perdu ne serait-ce qu'une
24 seule journée d'audience à cause de cela. Et voyons maintenant où cela nous
25 a emmenés. Un jour, cela sera tiré au clair. Est-ce que nous vivrons
26 jusqu'à ce jour ? Ça, c'est une question qui reste en suspens.
27 Enfin, il me reste encore plusieurs questions relatives à la
28 procédure que je souhaite aborder. J'en ai terminé sur l'état de santé. Je
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1 ne sais pas si vous avez des questions, mais j'ai des questions plus graves
2 et des raisons plus graves encore à aborder d'autres questions.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : …de type défibrillateur, que l'une ne marche pas et
4 qu'on essaie de rétablir la deuxième électrode. Et ça, nous ne le savions
5 pas, nous venons de l'apprendre à l'instant. Nous avons appris également
6 que le Dr Falke n'est plus là, première nouvelle. On n'en a jamais été
7 informé. Donc, c'est la première -- je l'apprends par votre bouche.
8 Nous apprenons également tout le processus du malaise que vous avez
9 eu le 6 janvier, nous ne savions pas que vous étiez tombé sur la table, que
10 vous aviez la tête en sang que les pompiers étaient venus, qu'on avait
11 cassé les barreaux. C'est la première fois que j'entends cette relation.
12 Alors, la Chambre est très préoccupée par votre état de santé, c'est
13 pour ça que nous avions demandé à des experts de venir vous voir, et
14 notamment un expert russe. Aujourd'hui, dois-je comprendre que vous ne
15 voulez plus voir d'experts sauf ceux que vous voulez désigner ?
16 C'est bien ça ?
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien entendu. Je suis le seul qui peut nommer
18 les experts qui viendront m'examiner, personne d'autre.
19 Si je prends cette décision-là, Dr Avdeev peut en faire partie, il
20 est reconnu, connu un grand cardiologue russe; donc, je n'ai absolument
21 aucune raison d'avoir des doutes quant à lui, tout comme le Dr Avdeev qui
22 est le meilleur pneumologue de Moscou. Mais je ne vais plus suivre vos
23 ordonnances relatives à mon état de santé. Je vous ai privé de ce droit de
24 prendre des ordonnances relatives à mon état de santé. Cela ne fonctionnera
25 plus jamais. Je ne vous fais pas confiance, et je ne veux plus qu'on
26 manipule mon état de santé.
27 Cette audience administrative, vous l'avez commencée aujourd'hui
28 aussi par vos conseils concernant mon régime, comme quoi il faudrait que
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1 j'entame un régime. Pourquoi est-ce que je devrais le faire ? Mes vaisseaux
2 sanguins sont en excellent état. Voyons si les miens ou les vôtres sont en
3 meilleur état ou ceux de n'importe quel membre de la Chambre de première
4 instance. Si mon cerveau demande plus de sucre, cela veut dire qu'il
5 fonctionne de manière plus intense, et il ne pourrait pas faire cela si le
6 corps ne suivait pas. Mes vaisseaux sanguins sont en parfait état, et je
7 n'ai pas de raison de suivre vos exigences. En fait, leur objectif est de
8 se moquer de moi publiquement.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, vous le savez bien, la Chambre ne
10 tient absolument pas à se moquer de vous. Quand nous, nous avions désigné
11 les experts, on leur avait donné la mission complète de nous dire ce que
12 vous avez. Et les experts que nous ne connaissions pas - on n'a eu aucun
13 contact avec eux - ont dit à l'époque, avant le 23 août, que le problème
14 que vous avez était lié à un problème diététique. C'est noir sur blanc dans
15 leur rapport. Et c'est pour cela que le 23 août, je vous l'ai dit. Vous
16 contestez cette conclusion, et peut-être que vous avez raison, que les
17 médecins qui sont venus vous voir viendront infirmer ceci, très bien. Mais
18 à ce moment-là, nous aurons connaissance, comme vous l'avez dit sur votre
19 site Web, des conclusions médicales. Tout le monde consultera votre site
20 pour savoir ce que vous avez exactement.
21 Bien. Alors, nous allons passer maintenant aux questions procédurales qui
22 sont du point de vue de la Chambre les suivantes : vous nous avez envoyé
23 votre --
24 Oui, Monsieur Seselj.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Antonetti, il faudra de nouveau que je
26 démente ce que vous êtes en train d'affirmer. J'ai sous les yeux le rapport
27 médical du 15 juin 2011, signé par le professeur Sergey Avdeev, docteur ès
28 sciences, et Thomas Tjelstan [phon], professeur de l'Université de Lund, en
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1 Suède.
2 Et à la fin du rapport, ce qu'ils disent, quatre questions ont été
3 posées pour un nouvel examen mené par des spécialistes suite à l'ordonnance
4 de l'an 2010 rendue par la Chambre. Au point 1, donc, problème concret dont
5 souffre Seselj, syndrome respiratoire pendant qu'il dort, asthme, allergie,
6 rhinite, fibrillation, et suite à l'ablation cardiaque, hypertension,
7 œsophagite, et adipeux au niveau abdominal.
8 Donc, l'état de santé de M. Seselj n'empêche pas de suivre les débats
9 dans le prétoire.
10 Et cela, je ne l'ai jamais remis en question.
11 Au point 3, la pathologie dont il souffre nécessite une thérapie
12 supplémentaire, avant tout de nuit grâce à l'appareil CPAP vu le problème
13 respiratoire dont il souffre lorsqu'il dort.
14 Donc, si je faisais l'objet de cette thérapie, ils pensent que
15 l'évolution de mon état de santé pourrait être positive. Donc, ça c'est
16 leur avis médical, leur rapport.
17 Et puis à un endroit, le Suédois, donc c'est lui qui s'intéresse aux
18 questions de diététique, c'est lui qui évoque la question du poids. Et
19 lorsque vous prenez en compte la totalité du rapport, en fait, c'est un
20 point tout à fait insignifiant dans l'ensemble. Donc, cela non plus n'est
21 pas exact. Vous avez l'analyse dans sa totalité sur six pages entières.
22 Vous avez en détail l'ensemble des informations. Je n'ai pas le temps
23 maintenant de donner lecture de tout cela. Mais donc, je vous ai donné les
24 conclusions en bref, conclusions finales.
25 Donc, à partir du moment où l'ablation a eu lieu en octobre 2010, mon
26 état de santé, en fait, on ne s'en est plus occupé. Les médecins russes et
27 suédois qui m'ont examiné, qui ont eu l'occasion de me parler, ont eu accès
28 à un ensemble de documents, mais c'est tout, tout. Ils n'ont pas pu
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1 utiliser les appareils pour des mesures. Seul l'électrocardiogramme était
2 accessible dans le quartier pénitentiaire. Donc, pourquoi est-ce qu'on ne
3 s'est plus occupé de mon état de santé ? C'est le Dr Falke qui devrait en
4 être tenu responsable, lui dont toute trace se perd depuis la fin de
5 l'année dernière à peu près.
6 Pour certains, il paraît que Jovica Stanisic a été mal soigné par
7 lui, que Jovica Stanisic a failli en mourir. On entend toutes sortes de
8 choses, mais officiellement, on n'a jamais su quelle est la raison
9 principale et officielle du départ du Dr Falke. Il a fallu qu'il parte à un
10 moment donné, et pourquoi, à ce moment-là précis, ça, c'est une question
11 tout à fait intéressante, parce que tous les détenus du quartier
12 pénitentiaire ne tarissent pas de reproches quant à son attitude, les
13 traitements qu'il prescrivait, son approche aux problèmes médicaux.
14 Mais rappelez-vous ne serait-ce que le problème dentaire dont j'ai
15 parlé il y a deux ans, il est toujours là ce problème, pas résolu. On
16 aurait dit, c'est une banalité, et pourtant, pas banal du tout. Cela aurait
17 pu me rendre incapable de suivre les débats ici pendant dix ou 15 jours.
18 Enfin bon, peu importe. Passons. Je ne poserais pas la question de
19 problèmes de santé aujourd'hui si vous n'aviez pas insisté là-dessus.
20 J'ai une liste plutôt longue de toutes sortes de problèmes de
21 procédures dont je devrais parler.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : On va aborder cette liste. Mais nous avons interrogé
23 le médecin sur la question de savoir si vous pouvez témoigner sans
24 problème. Il a dit oui, mais il préconise que toutes les heures, nous
25 fassions une pause. Est-ce que vous voulez faire cette pause pour vous
26 permettre de vous reposer ?
27 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non. Je peux travailler de manière tout à fait
28 normale.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, on va continuer pendant une demi-heure,
2 et puis après, on fera la pause.
3 Alors, pour les problèmes de procédures, le problème que la Chambre a
4 actuellement est lié au fait que vous nous avez donné votre mémoire final
5 qui fait 501 pages en cyrillique, mais en format ONU, plus de 600 pages,
6 alors même que nous avions limité le nombre de pages pour l'Accusation. De
7 ce fait, par mail, nous vous avons indiqué que vous étiez autorisé à nous
8 donner 300 pages plus 100 pages d'annexes, ce qui fait au total 400 pages.
9 Avec les moyens de bord, nous avons étudié votre mémoire, qui est en
10 cyrillique, les 501 pages, et je me suis aperçu qu'il n'y a aucune note de
11 bas de page, et il y a beaucoup de pages qui sont des reprises de
12 transcripts de témoins. Alors, quelle est votre intention ?
13 Est-ce que vous allez maintenir vos 501 pages ou vous allez réduire
14 comme on vous a invité à le faire ?
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Antonetti, l'intention que j'ai, c'est
16 de provoquer une décision par laquelle vous allez renvoyer, rejeter mon
17 mémoire en clôture. Vous savez que je joue cartes sur table, toujours.
18 Alors, pourquoi est-ce que je le fais ? Je vais vous l'expliquer.
19 Il s'agit d'une première mouture de mon mémoire en clôture. C'est mon
20 conseiller Zoran Krasic surtout qui y a travaillé, et cette version a été
21 terminée le 1er septembre et m'a été communiquée par courrier confidentiel
22 par mes conseillers juridiques. J'avais l'intention de travailler dessus,
23 d'envoyer mes suggestions, et puis, suite à votre ordonnance sur la
24 quantité maximale de mots autorisée, eh bien, de l'adapter. Cependant, fin
25 octobre, le greffier m'a interdit toute communication confidentielle avec
26 l'ensemble de mes conseillers juridiques. En fait, ce qu'il m'a interdit,
27 c'est de continuer de travailler sur mon mémoire en clôture. Donc, j'ai
28 pris la décision de vous envoyer, fin janvier, ma première mouture, et
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1 puis, libre à vous de voir ce que vous alliez en faire.
2 Je ne vais plus travailler sur mon mémoire en clôture. J'ai perdu
3 beaucoup de temps à l'époque où je voulais y travailler, je planifiais y
4 travailler. On m'a empêché de le faire. Et puis, il y a une raison de plus
5 à cela, pourquoi je ne veux plus travailler.
6 A savoir, le Procureur, le 4 novembre, a présenté une requête, et par
7 cette requête, il demande pour ce qui est des parties au procès, donc que
8 ce soit moi ou eux, les deux, donc qu'on nous autorise à dépasser la limite
9 prévue initialement et qu'on nous autorise 325 pages pour les arguments, et
10 après, d'autres pages -- et puis, les pages pour les annexes. Donc,
11 naturellement, s'ils ont demandé cela pour eux, eh bien, on allait
12 m'autoriser la même chose. Cependant, à ce moment-là, le 24 novembre, vous
13 rendez une ordonnance, et par celle-là, le Procureur se voit autoriser 300
14 pages pour le mémoire et 100 pages pour les annexes. Mais quant à moi, on
15 dit que mon mémoire ne doit pas dépasser 200 pages et on m'accorde 50 pages
16 pour les annexes.
17 Mais je n'arrivais pas à en croire mes yeux, mais ce n'était pas
18 possible. Cela dépassait mes plus folles attentes par rapport à vous,
19 membres de la Chambre de première instance. Les masques sont tombés depuis
20 très longtemps. Je sais qui vous êtes, quelles sont vos tâches, vos
21 missions. Je sais quelle est la mienne, en revanche. Donc, que vous ayez
22 pris la décision que le Procureur avait droit à 300 pages et que moi, je
23 n'avais droit qu'à 200 pages, alors là, je voulais vous montrer que cela
24 n'allait pas se passer comme ça, et c'est pour cela que j'ai envoyé 500
25 pages. Voilà, vous pouvez décider de le lire ou de ne pas le lire. Jetez-
26 le, balancez-le à la poubelle, faites ce que vous voulez. Moi, le mémoire
27 en clôture ne m'intéresse plus.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, la description que vous faites est
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1 mathématiquement correcte. Le Procureur a demandé une augmentation de pages
2 et on la lui a accordée. Mais la Chambre répond aux demandes des parties.
3 Le Procureur demande, on lui accorde. Si vous, vous nous aviez demandé, on
4 vous aurait accordé. Vous n'aviez rien demandé. Donc -- voilà.
5 Qui plus est, il était évident qu'au titre de l'égalité des armes, il
6 n'était pas une seconde question dans l'esprit de mes collègues de faire
7 que vous ayez moins de pages que l'Accusation. C'est une évidence. Voilà.
8 Et par ailleurs, Monsieur Seselj, n'oubliez pas une chose également,
9 quand on s'était vus le 23 août, vous nous aviez dit que vous n'aviez pas
10 l'intention même de nous soumettre un écrit quelconque. Donc, nous, nous
11 étions dans le noir le plus absolu. Et quand la Chambre a décidé
12 d'autoriser le Procureur à avoir des pages supplémentaires, ça n'a pas été
13 fait contre vous, sachez-le. Vous savez, Monsieur Seselj.
14 Bien sûr, vous vous exprimez pour qu'à l'extérieur on apprenne
15 certaines choses, et parfois, vous dites des choses que nous aussi nous
16 apprenons. Mais il faut que l'extérieur sache une chose : dans votre
17 théorie du complot des services secrets, et cetera, nous, les Juges, on
18 n'est pas partie prenante, on n'est absolument pas concernés par cela.
19 Nous, on statuera sur votre innocence ou votre culpabilité en fonction des
20 éléments de preuve, uniquement avec cela. Voilà. Et ça, dès le départ, je
21 vous l'ai dit. Alors, n'essayez pas de nous attirer dans vos complots, et
22 cetera. Peut-être qu'il y a des choses bizarres qui sont arrivées et qui
23 peuvent poser problème. Et c'est vrai que moi j'en découvre. Que le médecin
24 de la prison s'en aille sans qu'on le sache, c'est bizarre. C'est bizarre.
25 Mais c'est pas la première fois que je découvre certains événements.
26 Donc ce nombre de pages n'a rien à voir avec une quelconque volonté de vous
27 porter tort en quoi que ce soit. [inaudible] dès que j'ai reçu les 501
28 pages, j'ai commencé à travailler votre document pour savoir ce qu'il y a
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1 dedans. Alors, évidemment vous avez dit, parce que vous êtes très
2 intelligent, vous n'attendez qu'une chose, que la Chambre rejette. Bien --
3 bon. Et qui plus est, comme le dit mon collègue, on vous a accordé le même
4 nombre de pages que le Procureur puisqu'on vous a signifié par mail que
5 vous aviez droit aussi, comme le Procureur, à 300 pages plus 100 pages, et
6 non pas 200 pages. Bien. Vous le savez. Bien.
7 Alors, quel autre sujet voulez-vous aborder, Monsieur Seselj ?
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Antonetti, vous connaissez fort bien
9 l'homme répondant au nom de Maurice Gourdault-Montagne.
10 L'INTERPRÈTE : L'interprète s'excuse de sa prononciation.
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai appris que vous étiez amis et qu'il avait
12 été conseiller chargé de la sécurité nationale, alors que vous, Monsieur
13 Antonetti, vous étiez conseiller juridique du tribunal de guerre Jacques
14 Chirac. Moi, je ne fais que présenter des faits, rien d'autre. Ces faits-là
15 me donnent le droit de formuler des hypothèses, d'émettre des conjectures,
16 et ceci me conforte dans certaines convictions. Mais je ne présente pas en
17 public toutes mes spéculations au sujet de certains faits. Je ne fais que
18 présenter des faits nus, dénudés.
19 Vous pouvez essayer de me convaincre de tout ce que vous voulez, mais
20 le Procureur, à la date du 4 novembre, a demandé à ce que les parties au
21 procès se voient augmenter le nombre de pages accordées pour les mémoires
22 en clôture. Et vous répondez : Oui, on va vous les augmenter; et il n'y a
23 rien à demander pour la Défense, laissez à la Défense le même nombre de
24 pages.
25 Le fait qu'au mois de janvier, vous ayez augmenté mon quota pour le
26 faire monter à 300 pages, ça ne me signifie rien. Les mémoires en clôture,
27 ça ne veut rien dire du tout pour moi. J'ai hésité pour ce qui était de le
28 présenter. L'été passé, je pensais que le mieux, ce serait de ne pas le
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1 présenter. Alors Zoran Krasic m'a convaincu de la nécessité de le faire
2 quand même.
3 Alors, ai-je le droit de changer mon opinion ? Oui. Diverger de
4 l'opinion de mon conseil juridique ? Oui. Vous ne pouvez pas me le
5 reprocher. Alors j'ai présenté ce que j'ai présenté. Maintenant, il reste à
6 voir qu'est-ce qui a plus de poids : mon droit à la présentation des
7 mémoires en clôture ou votre droit à limiter le nombre de pages. C'est,
8 pour moi, la question juridique la plus intéressante qui se pose. Il faudra
9 que vous vous en démêliez. Et est-ce que vous allez faire une erreur en
10 matière de procédure juridique si vous m'empêchez de présenter un mémoire
11 en clôture, comme vous avez empêché la présentation des éléments à décharge
12 par les soins de la Défense, ou alors allez-vous outrepasser ce que vous
13 avez prescrit, à savoir le nombre de pages de votre décision ? A vous de
14 trancher. Moi, je ne suis pas intéressé.
15 Je suis conscient d'une chose : si je reste vivant jusqu'à la date du
16 5 mars, je vais écrabouiller avec mes arguments juridiques les arguments de
17 l'Accusation. Je vais les écrabouiller à fond. A vous de décider après ce
18 que bon vous semblera. A vous de voir. Vous avez Maurice Gourdault-
19 Montagne, vous avez les Américains, les services américains, français,
20 britanniques. Voilà de quoi faire pour m'empêcher d'emporter ou de gagner
21 aux élections qui viennent. Et votre mission, vous allez l'accomplir, mais
22 vous ne pourrez pas le vaincre. Personne d'ici ne saura sortir propre, sans
23 souillure, de cette situation. Ça, c'est un fait. Vous ne pouvez pas sortir
24 d'ici les mains propres, parce que j'ai tant d'arguments qui feront que je
25 vous en empêcherai.
26 Les arguments se sont amoncelés surtout l'an passé, lorsque les
27 masques sont tombés. Lorsqu'en polémisant [phon] avec moi dans une opinion
28 dissociée que vous aviez formulée, vous aviez indiqué que Ljubisa Petkovic
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1 avait été condamné pour faux témoignage. Vous souvenez-vous de cette
2 opinion dissidente que vous aviez formulée ? Personne n'a jamais été
3 condamné ici pour faux témoignage ici. Ils sont condamnés parce qu'ils
4 refusent de témoigner ou parce qu'ils dévoilent des renseignements qui sont
5 protégés ou confidentiels. Personne n'a répondu pour un faux témoignage.
6 Or, vous avez dit que Ljubisa Petkovic était désavoué par vous parce que
7 c'était quelqu'un qui avait travaillé sur des requêtes infondées ou fausses
8 de ma part. Pourquoi voulez-vous qu'il le fasse ? C'est le seul Serbe qui a
9 eu le courage de venir et dire : Je ne veux pas témoigner. Avec ses 20
10 kilos de poids en tout et pour tout, ça a été une surprise pour tous et
11 pour toutes. C'est le seul jusqu'à présent.
12 Il y en a eu d'autres, mais lorsqu'on les a menacés d'un procès à
13 nouveau, ils ont changé d'avis. Il y a eu récemment un cas de figure de ce
14 genre. Et c'est la raison pour laquelle Ljubisa Petkovic, il mérite d'être
15 respecté par la totalité de la Serbie. Parce qu'il est venu ici en tant que
16 membre de -- enfin, un témoin de l'Accusation. D'ex-membres de la RSFY, des
17 présidents, des ministres, des commandants policiers, des commandants
18 militaires, qui sais-je encore, dès qu'on les a menacés qu'il pourrait y
19 avoir un procès à leur encontre s'ils refusaient de coopérer avec
20 l'Accusation. Or, il s'en est trouvé un dont je pensais tout ce qu'il y
21 avait de mal, mais il s'est opposé à ce que vous vouliez. Il a attendu que
22 décembre 2005 se passe, en effet, lorsque le Procureur n'avait plus le
23 droit de rédiger de nouveaux actes d'accusation. Ça a peut-être contribué à
24 son courage nouvellement manifesté. Mais on ne peut quand même pas le
25 désavouer de la sorte. Alors le fait est qu'il a œuvré à la rédaction de
26 ces écritures de ma part pour contester la fiabilité de ce qui s'y
27 trouvait.
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Quel autre sujet voulez-vous aborder ?
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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ah, oui. A la date du 28 octobre, le Greffe m'a
2 interdit toute communication confidentielle avec mes conseillers
3 juridiques. A titre préliminaire, je vous ai envoyé une requête pour vous
4 mettre en garde de la possibilité que cela se soit fait. Vous avez, en
5 termes simples, rejeté la chose. Le Greffier a rendu sa décision. Moi, je
6 me suis plains au Président du Tribunal. Entre-temps, c'est un nouveau
7 Président -- peut-être M. Robinson réagirait-il autrement, parce qu'il
8 tenait plus à des principes juridiques, lui, que Theodor Meron, parce que
9 Theodor Meron, il n'attendait qu'une chose, c'est rejeter mes écritures ou
10 mes requêtes.
11 Puis le 26 septembre, puis le 22 décembre, puis le 20 et quelques
12 janvier, et il y a quelques jours, une dizaine de jours à peine, le
13 Greffier a suspendu sa propre décision, a annulé sa propre décision.
14 Pourquoi ? Rien n'avait changé. Je n'ai rien enlevé du tout de mon site
15 internet. Le Greffier a décidé qu'il fallait m'interdire toute
16 communication privilégiée avec mes collaborateurs partant d'une suspicion
17 qui disait que je me servais de cette communication confidentielle pour
18 gérer le site internet qui est le mien. Mais il n'y a aucune preuve à cet
19 effet, il n'y a que des suspicions. Mais partant de suspicions, le Greffier
20 entreprend ces mesures. Or, vous, vous faites mine de rien.
21 Lorsqu'on en est à la finale du procès, lorsque je me prépare pour
22 mon mémoire en clôture, on m'interdit toute communication avec mes
23 conseillers juridiques. Ou plutôt, on met sur écoute mes communications
24 pour que le Procureur sache par avance quels sont les moindres détails de
25 ce que je dirais en mémoire de clôture. Mais personne ne peut le dire, ne
26 peut le savoir. Même mes conseillers juridiques n'en savent rien. Ils sont
27 là pour exécuter mes directives juridiques. Et ils ne m'imposent pas mes
28 positions juridiques, et ils ne peuvent pas non plus contrôler ce que je
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1 dirai dans le courant de ma plaidoirie.
2 Alors l'administration du quartier pénitentiaire m'a empêché de
3 présenter des requêtes pendant neuf ans. Puisque je les rédige moi-même à
4 la main, il suffisait de remettre cela au gardien de permanence pour qu'on
5 me fasse faire une photocopie, et l'original est envoyé au Tribunal. Moi,
6 je gardais la photocopie comme élément de preuve pour dire que j'ai bel et
7 bien envoyé une écriture. Si j'envoie des écritures ou des requêtes aux
8 Juges de la Chambre ou au Président, au bout d'un certain nombre de jours,
9 des fois c'est au bout d'un mois qu'on me communique une traduction de
10 cette requête en anglais et une copie de l'original en serbe. Si j'envoie
11 ceci au Greffier, rien de tout cela ne m'est communiqué, ne m'est renvoyé.
12 Or, tout de suite après le nouvel an, d'abord le 3 janvier, sur une
13 page, j'ai écrit une requête à l'intention du Président du Tribunal
14 international pour me plaindre des agissements du Greffe qui a interdit les
15 visites effectuées par mes amis. J'ai demandé au gardien de me photocopier
16 cela. Le gardien est allé vers la photocopieuse, vers le bureau où cela se
17 trouvait, et l'employé l'a renvoyé. Il fallait que je fasse une demande à
18 part pour qu'une page soit photocopiée. Donc il faut que j'écrive une
19 deuxième page de requête pour qu'une page soit photocopiée.
20 Et il faut aussi que je complète un imprimé qui nous est donné à
21 nous, accusés qui nous défendons tout seuls, pour que ce formulaire
22 accompagne nos requêtes. J'ai essayé une autre fois suite à une demande du
23 Président du Tribunal d'envoyer quelque chose sur trois pages, une requête
24 sur trois pages. La situation s'est réitérée. Moi, on ne me laisse pas
25 envoyer de requêtes. En fait, tout ce que je peux faire, c'est rédiger des
26 requêtes présentées par mes collaborateurs par fax, et une fois que je
27 signe, ils les réexpédient. Mais quand moi je dois réagir d'urgence par une
28 requête, on m'entrave toute expédition d'écritures.
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1 Alors, début janvier, j'ai demandé à ce que viennent me rendre visite
2 trois amis personnels. J'ai obtenu un calendrier pour la visite, puis je
3 reçois un courrier de la part du Greffe me disant que depuis toujours
4 j'avais l'autorisation de recevoir deux représentants enregistrés du Parti
5 radical serbe, et les autres ne pouvaient pas venir me rendre visite. Mais
6 moi, je n'ai pas dit que c'étaient des gens qui me rendaient visite en leur
7 qualité de membres du Parti radical serbe mais en qualité d'amis
8 personnels. Ça fait neuf ans que je ne peux pas recevoir de visite de mes
9 amis personnels parce que le Greffier dit : Ah, c'est un fonctionnaire, un
10 représentant du Parti radical serbe, c'est un député. Il y en a deux qui
11 sont sur la liste, les autres, non.
12 Mais tous mes amis sont des membres du Parti radical serbe. Je n'ai
13 pas un seul ami hormis ceux qui font partie des rangs du Parti radical
14 serbe. Alors que d'autres reçoivent la visite de commandants de guerre, de
15 subordonnés, de supérieurs, de ceci, cela, moi je ne peux recevoir
16 personne, si ce n'est les membres de ma famille au sens le plus strict de
17 ce terme. Alors, est-ce que c'est me chicaner de façon systématique ? Est-
18 ce que c'est là une création d'une situation de stress et tout ce qui se
19 passe en sus ?
20 Alors, par surcroît, il y a un problème essentiel dont j'ai voulu
21 parler aujourd'hui, c'est celui du rapport de l'Amicus Curiae, de l'ami de
22 la Chambre --
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, avant de parler du rapport de l'ami
24 de la Chambre, pour terminer la question des communications avec vos
25 collaborateurs, effectivement, nous avons appris que le Greffier avait mis
26 sous écoute vos communications avec vos collaborateurs, et j'en savais pas
27 la raison. Et puis, ces derniers temps, j'ai découvert que son action était
28 motivée par le fait que sur votre site Web, le Greffier a allégué qu'il y
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1 avait donc la révélation de noms de témoins protégés. Et en application du
2 Règlement sur la détention, il a décidé de vous mettre sous écoute car il
3 était possible que vos communications soient le moyen d'interférer dans
4 l'intimidation des témoins.
5 Et vous en avez été saisi par lettre officielle du 12 octobre 2011.
6 J'ai découvert cette lettre qu'il y a quelques jours. A l'époque, le
7 Greffier ne nous en avait pas communiqué la teneur. Bien. Nous avons, bien
8 entendu, vu l'impact sur votre système de Défense, évidemment; mais d'un
9 autre côté, nous savions que le fait que vous étiez sous écoute ne vous
10 empêchait quand même pas de téléphoner avec vos collaborateurs, surtout
11 pour préparer des mémoires, et cetera, et cetera. Bien.
12 Mais la Chambre a fait part au Greffier de sa position, et c'est dans
13 ces conditions qu'il y a quelques jours vous avez maintenant la possibilité
14 de téléphoner avec vos collaborateurs sans être écouté. Voilà. Donc, dans
15 le mois qu'il vous reste avant le 5 mars, vous aurez l'occasion de vous
16 entretenir avec vos proches sur votre défense. Donc ce n'est pas arrivé
17 comme ça par miracle. La Chambre a fait part de sa position, et le Greffier
18 a décidé de modifier sa décision. Voilà ce que je voulais vous dire.
19 Alors, vous vouliez aborder le rapport de l'ami de la Cour.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. Je ne vais pas mentionner d'éléments
21 confidentiels afin que nous restions en audience publique.
22 On m'a communiqué une version expurgée de ce rapport. Je n'ai jamais
23 reçu le rapport complet. Et il n'y a pas de signature non plus de cet
24 Amicus Curiae. Alors, pourquoi garde-t-on confidentiel ou clandestin le nom
25 de cet ami de la Chambre ? Tout ce que je sais, c'est que c'est un
26 Américain. Alors, qui est-ce qui le menace, lui, pour que son nom soit
27 gardé confidentiel ? Vous ne faites qu'empêcher les investigations pour
28 savoir de qui il s'agit afin de retrouver dans sa biographie des données
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1 compromettantes.
2 Alors vous voyez un peu de quoi ça a l'air, ce rapport. Regardez
3 combien de parties caviardées il y a. Des fois, c'est des pages entières
4 qui sont caviardées. C'est ce qu'on m'a communiqué en qualité de rapport.
5 Et il faut que je me prononce à ce sujet. Mais de quoi ça a l'air ?
6 Regardez, des pages entières de caviardées. Regardez combien elles sont
7 nombreuses, ces pages. Alors ça, c'est quelque chose de compromettant au
8 maximum pour le Tribunal de La Haye. Monsieur Antonetti, vous avez prononcé
9 une opinion dissidente et vous avez critiqué ce rapport, mais vous avez
10 quand même voté en faveur de son adoption. Ça, je n'arrive pas à le
11 comprendre. Je n'ai pas du tout à formuler d'observations critiques au
12 niveau de ce rapport puisque j'ai déjà les vôtres. Et au bout de toutes ces
13 observations critiques que vous avez formulées lorsque vous avez
14 disqualifié de façon radicale le rapport entier, vous avez fini par voter
15 en faveur de son acceptation. Alors moi, dans ma vie, des choses pareilles,
16 ça ne m'est jamais arrivé.
17 Et quand j'ai une objection, ne serait-ce qu'un tant soit peu sérieuse pour
18 un document, je ne voterais pas en sa faveur même si ma vie était en péril.
19 Alors, comment on en vient à cela, je ne sais pas, mais il n'en demeure pas
20 moins que c'est un élément de preuve, parce que ce nombre de pages
21 caviardées, un tel nombre, ça veut dire qu'il y a là une sale manigance.
22 L'Amicus Curiae n'avait pas pour mission d'examiner les faits ou les
23 fondements juridiques de la demande qui a été adressée pour ce qui est de
24 déterminer s'il y a eu outrage au Tribunal de Carla Del Ponte ou de ses
25 collaborateurs. Il avait pour mission de tout tasser, de faire tasser les
26 choses et de les mettre sous le tapis. C'est ça, la substance des choses.
27 Quand j'ai déposé une plainte au pénal contre 40 témoins pour faux
28 témoignage, là, on m'est tombé dessus par une argumentation la plus étrange
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1 et la plus, dirais-je, terrifiante.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Juste pour vous répondre à titre personnel, puisque
3 vous m'avez interpellé, peut-être avez-vous mal lu mon opinion. Et à ce
4 moment-là, il faut que je précise ceci :
5 Quand la Chambre a désigné un ami de la Cour, c'était pour lui
6 demander s'il y avait des raisons de croire qu'il y avait eu des pressions
7 par le bureau du Procureur sur les témoins. C'était la mission de l'ami de
8 la Cour. L'ami de la Cour fait son travail et répond non. Comme la Chambre
9 lui avait posé la question, la Chambre a été tenue par sa réponse. Donc il
10 a dit non. Pour moi, c'est non. Mais néanmoins, j'ai jugé utile de
11 remarquer que j'aurais pu peut-être aboutir à la même conclusion que l'ami
12 de la Cour, mais encore aurais-t-il fallu qu'il y ait un certain nombre de
13 formalités accomplies. Voilà. Donc, il n'y a pas de contradiction. L'ami de
14 la Cour, la Chambre lui pose une question, il répond non, il n'y a pas eu
15 de pression. C'est terminé. Donc à partir de là, la Chambre a rendu sa
16 décision rejetant votre plainte.
17 [La Chambre de première instance se concerte]
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Et par ailleurs, ça ne me venait pas à l'esprit,
19 mais mon collègue me le rappelle. Nous n'avons pas non plus admis le
20 rapport de l'ami de la Cour comme élément de preuve. Ça n'avait pas lieu
21 d'être. On lui a demandé y a-t-il de raison de croire, il dit non, il n'y
22 en a pas. Donc, c'est terminé. Ce n'est pas un élément de preuve. Alors,
23 vous avez dit qu'effectivement il y a des pages qui ont été caviardées;
24 effectivement. Mais pour des raisons de protection des témoins ou des
25 personnes jouissant d'une forme d'immunité, et ce qui a été caviardé ne
26 vous porte préjudice en rien. Croyez-moi, on a réfléchi à tout cela. Et la
27 majorité du rapport, vous l'avez en public, et le résultat, tout a été
28 public. Voilà ce que je voulais vous dire.
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1 Monsieur Seselj, il nous reste cinq minutes avant la pause.
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Antonetti, c'est justement ça qui pose
3 problème, c'est parce que je suis convaincu que toutes les parties
4 caviardées me seraient profitables d'emblée. J'en suis convaincu. Je ne
5 pense pas qu'on aurait caviardé si cela me portait préjudice, n'est-ce pas.
6 Et une autre chose qui vous concerne directement, Monsieur Antonetti,
7 puisque vous avez décidé de réagir suite à ces points-là, il s'agit d'une
8 décision qui a été prise suite à la promotion que vous avez reçue de la
9 part du Procureur disant que Zoran Drazilovic et le Témoin 026 se
10 trouvaient à La Haye, qu'ils sont venus déposer dans une affaire pour
11 outrage, et qu'ils auraient pu être cités pour l'affaire au fond, parce que
12 précédemment, pour cause de maladie, ils n'étaient pas disponibles.
13 Et la Chambre de première instance a rejeté cela. Je ne veux pas
14 rentrer dans le fond de la décision. Elle est confidentielle. Je ne vais
15 exposer aucun des arguments. Une seule chose qui vous concerne
16 personnellement, si vous n'y opposez pas, il s'agit de votre opinion
17 individuelle, où vous ne parlez que de moi.
18 Et vous dites, page 9, de votre opinion individuelle. Ces deux
19 témoins. Premièrement, vous dites que les deux souffrent de maladie grave.
20 Donc ces deux témoins sont néanmoins venus sur demande de l'accusé Seselj,
21 qui a tenu compte uniquement de son intérêt personnel. Et cela est
22 souligné, intérêt personnel. Il n'a pas tenu compte, me semble-t-il, du
23 risque que cela a constitué pour la santé de ces témoins, même si sur le
24 plan de la procédure il avait à sa disposition les moyens qui lui auraient
25 permis de se procurer les déclarations de ces témoins par le truchement de
26 la Chambre en application de l'article 92. Donc leur déclaration aurait pu
27 être versée au dossier. Donc il n'était pas utile de les faire venir en
28 compromettant leur état de santé par cela.
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1 De cette manière-là, de manière brutale, vous lancez une attaque
2 contre ma moralité, mon caractère. Vous estimez que je suis prêt à faire
3 cela pour servir mon intérêt personnel. Mais en fait, je conteste l'examen
4 de vos médecins qui ont dit qu'ils ne pouvaient pas se déplacer. Ils ont
5 pris l'avion, ils sont venus. L'un d'entre eux s'est fait accompagner de
6 son épouse. Ils ont passé de moments très agréables à La Haye. Le soir, on
7 peut sortir ici. Ils sont venus dans le prétoire, ils ont déposé. L'un
8 d'entre eux a voulu me dire bonjour. Nous nous sommes embrassés en plein
9 prétoire. Ils sont revenus à Belgrade, sans aucun problème médical, aucun.
10 Alors pourquoi est-ce que je les ai fait venir ? Parce que je savais,
11 grâce à leurs médecins personnels, qu'ils pouvaient venir sans courir un
12 risque, or vos experts de La Haye ont dit, non, non, non, ils ne peuvent
13 pas se déplacer, parce que le Tribunal de La Haye ne souhaitait pas les
14 voir ici.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Témoin 26 - et je ne dis pas le nom - Témoin
16 26, il avait été question qu'il vienne déposer. Ça, c'est vrai, vous avez
17 tout à fait raison. La Chambre voulait qu'il vienne. Moi-même, j'ai voulu
18 qu'il vienne. On avait ordonné une expertise, et l'expert nous a dit non,
19 il ne peut pas parce qu'il est malade, et cetera. Bon.
20 Donc, on ne l'a pas fait venir.
21 Sur ce, voilà qu'on découvre dans une autre procédure, il vient. Bon.
22 Il vient, ça s'est bien passé. Tant mieux pour lui. Alors dès deux choses :
23 l'une, ou l'expert qui nous a dit qu'il ne pouvait pas, s'est trompé, c'est
24 possible; ou, son état est précaire, mais il est venu témoigner en votre
25 faveur. Voilà, c'est ça que j'ai dit.
26 Monsieur Marcussen, je n'ai pas donné de noms. J'ai dit Témoin 26.
27 M. MARCUSSEN : [interprétation] Monsieur le Président, je suis debout pour
28 une autre raison et pour une précision.
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1 Cette audience administrative se tient maintenant depuis une heure et
2 demie, et l'accusé a pris la parole pour quasiment tout ce temps d'une
3 heure et demie. Il y a différents points que je souhaite aborder, et je
4 souhaite demander des précisions. Est-ce que nous allons faire une pause ?
5 Est-ce que c'est la fin de cette audience administrative ou est-ce qu'il y
6 aura une autre audience ?
7 M. LE JUGE ANTONETTI : On va faire une pause, et puis on va continuer
8 après.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je saisis l'occasion. Il me reste deux
10 minutes pour qu'on règle cette question.
11 Monsieur Antonetti --
12 [La Chambre de première instance se concerte]
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que vous savez ce qui pose problème ici,
14 Monsieur Antonetti ? L'état de santé de ces deux témoins n'a pas connu de
15 changement, que ce soit au moment de l'expertise par votre expert, où il a
16 dit non, ils ne peuvent pas se déplacer, et lorsqu'ils se sont déplacés, il
17 n'y a pas eu de changement. Le problème c'est que le Greffe a nommé le
18 médecin qui allait se prononcer contre leur déplacement, qui allait même
19 dire qu'ils ne pouvaient pas supporter une visioconférence. Vous vous
20 souviendrez, pour le 026, je dis au moins qu'il témoigne par
21 visioconférence. Et votre expert, nommé par le greffier, a dit non, non,
22 non, cela non plus n'est pas possible, puis je l'ai fait venir à La Haye,
23 et il a pu déposer sans aucun problème, tout à fait normalement.
24 Son état de santé, je ne pense pas qu'il soit plus mauvais que le
25 mien. Certes, il a des problèmes de santé, c'est clair. Mais il peut se
26 déplacer, il mène une vie plus ou moins normale. Donc, je ne vois pas ce
27 qui aurait pu poser problème. Pour moi, qu'est-ce qui aurait pu constituer
28 un problème, ce témoin a reconnu publiquement que le Procureur a exercé des
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1 pressions sur lui pour qu'il fasse un faux témoignage dans l'affaire
2 Milosevic. C'est ça qui pose problème. C'est la raison pour laquelle le
3 Greffe a décidé de trouver un médecin qui allait se prononcer contre tout
4 déplacement de ce témoin, que ce soit physiquement ou par visioconférence.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : On va faire la pause de 20 minutes et on reprend à 4
6 heures 20.
7 --- L'audience est suspendue à 16 heures 00.
8 --- L'audience est reprise à 16 heures 21.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise.
10 Alors, les interprètes nous ont dit que normalement il était prévu qu'on
11 arrête à 4 heures de l'après-midi. Ils peuvent faire 30 minutes de plus,
12 donc j'invite M. Seselj à faire court maintenant. Et puis, j'espère que le
13 Procureur n'aurait pas trop non plus de questions à soulever.
14 Alors, Monsieur Seselj, vous avez compris, on a 30 minutes tout compris.
15 Alors, allez à l'essentiel.
16 Etant précisé qu'il faudra que M. le Procureur réponde sur la question des
17 600 pages pour nous dire s'il est d'accord pour qu'on autorise ou s'il est
18 contre. Et la Chambre rendra une décision.
19 Monsieur Seselj.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je souhaitais aborder encore plusieurs
21 remarques qui seraient plus courtes.
22 Vous vous souviendrez, à un moment donné une procédure disciplinaire a été
23 amorcée contre Boris Aleksic, mon conseiller juridique. Cette procédure a
24 été lancée par le Greffe devant la Chambre des avocats. Et ça a été perdu
25 par le Greffe. Boris Aleksic a été entièrement acquitté pour ce qui est de
26 sa responsabilité disciplinaire.
27 Donc tout cela n'a eu pour objectif que de me rendre la tâche
28 difficile pour, en fait, occuper mon conseiller juridique par cela, et
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1 comme ça il n'était pas disponible pour m'aider.
2 Mais finalement, aucune conséquence pour le Greffe. Ne devrait-il pas
3 subir des conséquences ? Est-ce qu'il est libre de faire tout ce qui lui
4 chante et qu'après il n'y ait aucune sanction ? Ici, le Greffe est plus
5 puissant que n'importe laquelle de vos Chambres de première instance. Est-
6 ce qu'en France une telle chose pourrait se produire ? En Italie, au
7 Danemark ? Je suis certain que non. Je suis certain que nulle par ailleurs
8 au monde le Greffe ne dispose de telles attributions, de telles ingérences.
9 Ici, il est absolument sans pareil. Je ne sais pas jusqu'à quand cela
10 pourra durer comme ça.
11 Alors, l'année dernière, vous avez pris un très grand nombre de décisions
12 qui n'étaient pas raisonnables. A mon sens, elles n'étaient pas
13 raisonnables, et je vais le démontrer. Eh bien, par ces décisions, vous
14 avez accepté toutes les requêtes de l'Accusation demandant le versement au
15 dossier d'un certain nombre de documents que vous aviez rejetés de par le
16 passé, en 2007, 2008, 2009, 2010, puis quasiment tout cela a été versé au
17 dossier en 2011 par votre décision. Alors c'est une preuve de plus à mon
18 sens que le Procureur a vu s'effondrer sa cause, que le procès contre moi
19 s'est effondré, et maintenant vous essayez de faire feu de tout bois. Même
20 que Babic a promu quelqu'un, je ne sais pas où, cela constitue une preuve
21 pertinente à vos yeux désormais contre moi. Eh bien, c'est proprement
22 invraisemblable. Et il a fallu que j'en parle pour que le public l'entende
23 et que ce soit consigné au compte rendu d'audience.
24 Monsieur Antonetti, parmi les choses qui concernent aussi votre attitude
25 vis-à-vis de moi, je souhaite ajouter quelque chose.
26 En tant que conseiller d'un criminel de guerre, à savoir de Jacques
27 Chirac, au moment du bombardement de la Serbie, donc non seulement vous
28 vous êtes permis de faire un commentaire au sujet de mon intérêt personnel,
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1 l'intérêt que j'avais à sacrifier des gens, donc les témoins, vous dites
2 que l'accusé qui est un professeur de droit, lorsqu'il dispose d'un certain
3 nombre de moyens, eh bien, j'aurais pu verser l'expertise qui a été faite à
4 mes frais pour contrecarrer la première expertise. Mais je ne vois pas de
5 quels moyens vous parlez. Vous me conseillez un autre endroit de mendier ?
6 Parce que mon parti politique compte un grand nombre de sympathisants, que
7 j'aille rassemblé des sous, que chacun me donne un sou pour que je puisse
8 me financer ? Ecoutez, je n'ai pas besoin d'experts internationaux quels
9 qu'ils soient.
10 Les médecins de ces deux témoins m'ont dit ce qu'ils m'ont dit,
11 qu'ils pouvaient se déplacer sans en courir un risque important. Et c'est
12 ce qu'ils ont fait, et il n'y a pas eu de risque. Mais vous, vous étiez
13 tellement envieux et vous m'avez attaqué, et puis vous dites : J'interprète
14 cela comme un truc médiatique lancé par l'Accusation parce qu'ils ont donné
15 beaucoup d'entretiens, ils se sont déjà produits à la télévision, et
16 cetera. Donc, pourquoi est-ce qu'on chercherait à diffuser leur image à la
17 télévision puisque cela a déjà été fait ?
18 Mais quelle haine, quel concentré de haine ne serait-ce que dans
19 cette seule phrase. Et je me réjouis que vous ayez rédigé cette phrase. Et
20 je m'en réjouis pour le public serbe qui vous appréciait à un moment donné.
21 Il y a eu un journaliste qui a déclaré --
22 Monsieur Antonetti, je veux juste terminer, juste terminer, si vous
23 avez un peu de patience. Sinon, je n'ai plus rien à dire.
24 Un journaliste en Serbie a dit que si vous aviez déposé votre
25 candidature aux élections serbes, vous auriez dépassé le census [phon] pour
26 sûr après votre opinion dissidente en application du 98 bis. Cependant,
27 après ceci, non seulement vous n'auriez pas dépassé le census, mais ce type
28 de respect de la part de l'opinion publique serbe n'existera certainement
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1 plus. Le Parti radical serbe, sans ma présence aux élections, va obtenir de
2 bons résultats. Et ce qu'a imaginé votre ami, Maurice Gourdault-Montagne,
3 et ses collaborateurs américains et britanniques, ne pourra pas être
4 réalisé, ne pourra pas ce faire. Et lorsque je mourrai ici, je continuerai
5 quand même à vous combattre.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, vous évoquez une opinion. Je ne me
7 rappelle plus, j'en ai tellement fait. Je ne m'en rappelle plus. Vous
8 pouvez citer exactement la phrase que vous me reprochez ?
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est votre opinion dissidente du 4 août 2011.
10 La dernière phrase, 4 août 2011, page 10. Votre dernière
11 phrase :
12 J'interprète l'arrivée de ces deux témoins comme étant un truc médiatique,
13 une astuce médiatique de l'accusé, parce que d'après ses propos et d'après
14 les propos de l'Accusation, ils ont accordé bon nombre d'interviews et
15 elles ont été diffusées sur les petits écrans. Pourquoi les ferait-on
16 passer à la télévision puisque ça a été déjà fait ?
17 Donc vous êtes en train de polémiser [phon] avec moi sur le plan politique.
18 C'est la dernière des phrases que vous ayez énoncées dans votre opinion
19 dissidente.
20 Et même Mme Lattanzi, dont je ne m'attendais pas du tout à ce type de
21 chose, s'y est opposée et a été favorable au déplacement de ces deux
22 témoins. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle dise cela, étant donné qu'elle
23 est constamment hostile à moi pendant tout ce procès.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je relirai mon opinion, parce que j'ai pas un
25 souvenir marquant de cet épisode.
26 Monsieur Marcussen, vous vouliez prendre la parole. Je vous la donne.
27 M. MARCUSSEN : [interprétation] Merci, Messieurs et Madame les Juges.
28 J'aimerais commencer par présenter trois membres de l'Accusation que vous
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1 ne connaissez peut-être pas. Mme Rachel Hochhauser, Mme Vega Iodice, et M.
2 Arthur Traldi.
3 Madame et Messieurs les Juges, je voudrais qu'il soit consigné au procès-
4 verbal, parmi autres choses : l'accusé dit qu'il ne sait pas qui est
5 l'Amicus Curiae, et donc il en a subi un préjudice. J'aimerais que ce soit
6 consigné au procès-verbal. Il a en fait été informé du nom de cette
7 personne. Cela est dans une décision confidentielle en date du 2 décembre
8 2010. Donc il a eu la possibilité de se renseigner davantage s'il le
9 souhaitait.
10 Autre chose que je voulais soulever par souci d'économie de temps --
11 M. LE JUGE ANTONETTI : On a fait des recherches. On a même rendu public le
12 nom.
13 M. MARCUSSEN : [interprétation] C'était ainsi mon souvenir, mais on n'a pas
14 pu le retrouver.
15 Sur la question que vous avez adressée à l'Accusation, à savoir la question
16 concernant la longueur de la soumission de l'accusé, nous nous sommes
17 prononcés contre. Et vous avez rendu une décision, et cette décision doit
18 être confirmée. Et à la lumière de l'examen que vous avez fait de cette
19 soumission et au fait qu'il n'y a pas de notes en bas de page, je pense
20 qu'il est nécessaire de maintenir les normes en la matière, et nous ne
21 pouvons pas accepter une soumission sans notes en bas de page.
22 Donc, si une soumission est défectueuse, il faut en tirer les
23 conséquences.
24 Il n'y a pas de raison -- premièrement, l'accusé n'a pas demandé que
25 votre décision soit renversée et a reconnu qu'il a soumis ce mémoire par
26 provocation. Vous ne devez pas revoir votre décision proprio motu.
27 La direction sur la déposition des mémoires de clôture montre bien
28 que ces mémoires ne doivent pas comporter plus de 200 pages. Si l'accusé
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1 avec ses associés ont produit au mois de septembre un mémoire de 500 pages,
2 ils savaient très clairement que ceci dépasserait les normes, et ils n'ont
3 fait aucune tentative pour se conformer à la limite quant au nombre de
4 pages.
5 L'accusé a pu communiquer avec ses conseils ou avec ses conseillers
6 juridiques afin de mettre les touches finales à ce mémoire. Ses
7 communications étaient sur écoute, mais comme le Président l'a bien dit,
8 cela ne l'a pas empêché de parler de son mémoire. Et l'Accusation est
9 contre toute accusation comme quoi l'Accusation reçoit des informations de
10 toute partie au sein du Tribunal quant aux informations -- informations,
11 donc, sur le contenu de ses communications qui font l'objet d'écoute. Donc
12 l'accusé peut librement parler de tout sujet avec ses associés sans que
13 l'Accusation n'ait accès à ces informations, quelles qu'elles soient.
14 Nous pensons qu'il faut qu'il y ait égalité d'armes et que l'accusé
15 ne doit pas avoir la possibilité de présenter un mémoire qui fait deux fois
16 la longueur du mémoire de l'Accusation et qui est défectueux quant à la
17 forme, ce qui fait qu'il est très difficile de répondre à ce mémoire quand
18 il n'y a pas de citations. Il y a eu d'autres soumissions de cette nature
19 qui ont été effectuées par l'accusé. Nous avons sa motion au titre de la
20 Règle 91 qui était une motion de 230 pages, donc beaucoup trop longue. Et
21 pareillement, comme le mémoire qui vient d'être présenté, sans références,
22 sans notes en bas de page, donc pas dans la bonne forme. Et donc, il ne
23 doit pas être retenu.
24 Je vous remercie.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je voulais appeler l'attention de M. Marcussen
26 et de M. Seselj. Le 5 mars, dans un mois, il y aura donc réquisitoire et
27 plaidoirie. Lorsqu'il y a un réquisitoire, l'accusé laisse se dérouler le
28 réquisitoire sans intervenir. Et lorsque l'accusé plaide, le Procureur se
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1 tait également et laisse la plaidoirie. Simplement, les parties ne doivent
2 pas, dans leur réquisitoire ou dans leur plaidoirie, citer des noms de
3 témoins protégés. Si c'est le cas, nous serons dans l'obligation de
4 procéder à des expurgations.
5 Donc, dans le réquisitoire ou dans les plaidoiries, s'il y a des
6 témoins à citer, vous indiquerez les numéros et vous éviterez de donner des
7 facteurs d'identification. Voilà, ce sont des règles bien comprises dans
8 les tribunaux. On doit écouter le réquisitoire dans le strict silence et la
9 plaidoirie dans le strict silence, étant précisé que dans un procès pénal
10 c'est l'accusé qui a toujours la parole en dernier.
11 Si je comprends bien, donc, Monsieur Marcussen, vous êtes contre une
12 extension du nombre de pages pour M. Seselj.
13 Alors je vais consulter mes collègues.
14 [La Chambre de première instance se concerte]
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors la Chambre va rendre une décision écrite très
16 rapidement là-dessus.
17 M. MARCUSSEN : [interprétation] Il y a juste une brève remarque que
18 j'aimerais faire, pour être tout à fait clair, Madame, Messieurs les Juges.
19 L'Accusation s'oppose en raison du vice de forme du mémoire en
20 clôture parce qu'il n'y a pas de citations comme il se doit. D'après ce que
21 j'ai compris, Madame, Messieurs les Juges, vous avez examiné cela, et
22 d'après ce que j'ai compris, vous avez dit qu'il s'agit donc du mémoire et
23 qu'il comporte un vice de forme notable, et hormis cela, le nombre de pages
24 est beaucoup trop important. Il n'y a pas d'égalité des armes lorsque
25 l'accusé peut rédiger un nombre aussi important de pages par opposition aux
26 pages que peut rédiger l'Accusation.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Pour les quelques minutes qu'il nous reste, Monsieur
28 Seselj, voulez-vous reprendre la parole ?
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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, bien sûr.
2 En fait, je ne suis guère intéressé par tout ce que M. Marcussen
3 vient de nous dire. Il a mentionné le fait qu'en décembre 2010, on ait
4 dévoilé le nom de l'ami de la Chambre -- de l'ami de la Cour. Où est-ce que
5 ceci se trouve être dit et où est-ce que ce document le reprend ? Pourquoi
6 le document est caviardé de la sorte ? A quoi cela sert, cette observation
7 ? Vous voulez que je me souvienne de ce qui a été dit en 2010 ? Pourquoi
8 voulez-vous que je le retienne ? Il faut que j'aie sur papier noir sur
9 blanc les nom et prénom. Et tous les rapports d'expert qu'on a vus avaient
10 des curriculum vitae de ces experts, tous. Vous vous souviendrez du Slovène
11 qui est venu ici pour interpréter les journaux ou les carnets de Mladic, et
12 tous les autres. Pourquoi celui constituerait-il une exception ?
13 Deuxièmement, je voudrais saisir cette opportunité, les quelques minutes
14 qui nous restent, pour parler encore un peu des agissements de M.
15 Antonetti.
16 Monsieur Antonetti, vous avez cette année-ci -- ou plutôt, en 2011,
17 vous avez été fort actif. Vous avez écrit beaucoup de choses. Et vous avez
18 prononcé ou rédigé beaucoup d'opinions dissidentes. Il n'a pas suffi ce
19 qu'a fait la Chambre contre moi, mais il a fallu que vous en rajoutiez.
20 Alors je vais vous donner un exemple tiré d'un document public. Vous avez
21 prononcé une opinion dissidente avec une décision pour ce qui est de
22 l'opinion de l'accusé concernant la présentation de ses éléments à
23 décharge.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Je sais à l'avance ce que vous allez dire, que ceci
25 n'a pas lieu à rentrer dans les questions administratives.
26 M. MARCUSSEN : [aucune interprétation]
27 L'ACCUSÉ : [interprétation] Si, c'est une question administrative.
28 M. MARCUSSEN : [interprétation] L'accusé a dit qu'il allait utiliser le
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1 temps qui lui restait pour faire différentes allégations. A mon sens, les
2 Juges de la Chambre ne lui ont pas donné du temps pour ce faire. Il doit,
3 me semble-t-il, traiter des questions purement administratives, et il
4 continue à avoir cet échange ou ce débat avec le Président de la Chambre
5 sur son opinion distincte.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, vous me connaissez, j'aurais pu
7 couper la parole. Bon.
8 Donc, terminez en évoquant une opinion individuelle.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Certes. Mais tout ça, ce sont des questions
10 administratives qui puissent se couronner par une demande d'exception
11 préjudicielle. Mais je ne vais pas la présenter, j'estime que sur -- enfin,
12 si ce n'est pas les trois Juges que j'ai en face de moi, il n'y a pas mieux
13 dans le Tribunal. Ils ne peuvent être que pire. Je pourrais donc demander
14 que vous soyez remplacés, mais je ne vais pas le faire.
15 Alors, suite à cette opinion dissidente, après toutes mes requêtes
16 formulées pour la présentation des éléments à décharge, en page 9, vous
17 avez dit :
18 "Pour ce qui est du meeting de Zvornik en mars 1992 et de Hrtkovci en
19 mai 1992, l'accusé a reconnu avoir été présent à l'occasion de ces
20 meetings, mais il a contesté avoir prononcé les propos qui lui sont
21 reprochés par l'Accusation."
22 Or, vous, vous devancez le jugement rendu. Je n'ai jamais reconnu que
23 j'avais pris la parole au meeting de Mali Zvornik en mars 1992. Je vous ai
24 prouvé ici que ce meeting a eu lieu en 1990.
25 Et ça, je vous ai présenté toutes les preuves qu'il y avait à
26 l'appui, et il n'y a pas eu de meeting là-bas du tout en mars 1992. Et
27 suite à ces éléments de preuve, vous rédigez quelque chose aussi
28 arbitraire. Et il m'a fallu évoquer ceci comme étant une question
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1 administrative.
2 Il y en a encore, une opinion dissidente de votre part, et c'est un
3 document public une fois de plus, au sujet de ma demande d'interruption du
4 procès.
5 Vous avez considéré que j'étais en partie responsable de la durée de
6 ce procès pendant huit ans. Avant c'était huit ans, maintenant c'est neuf
7 ans. Le 24 février, ça fera neuf ans. Alors vous vous demandez pourquoi, et
8 vous dites :
9 "L'accusé qui est de par sa profession professeur de droit, homme
10 politique en vue dans son pays, à l'occasion de son arrivée à La Haye,
11 avait disposé de plusieurs années pour se préparer au procès. Bien entendu,
12 il s'est préparé, et je me dois de constater qu'il a gaspillé son temps
13 parce qu'en continuant à vaquer à des activités politiques dans son pays et
14 en rédigeant plus d'une centaine de livres avec plus de 100 000 pages au
15 total."
16 Alors, voilà là où le bât blesse. Vous ne contestez pas le fait que
17 je me sois préparé. Or, moi, j'aurais ajouté un superlatif, je me suis
18 mieux préparé que l'Accusation. Bien mieux. J'ai écrabouillé ses arguments,
19 j'ai écrabouillé ses faux témoins et son acte d'accusation erroné. Mais ce
20 qui vous dérange, c'est le fait que j'aie gaspillé mon temps en vaquant à
21 des activités politiques de façon active. Parce qu'en dépit de tout ce que
22 les services occidentaux ont fait contre le Parti radical serbe, et je vous
23 ai donné le nom une fois d'un homme du Renseignement français qui avait
24 essayé d'enrouler Tomislav Nikolic [phon] et Aleksandar Vucic. C'est
25 consigné. Je n'ai plus en mémoire les références, mais vous vous en
26 souviendrez. Le problème c'est que j'ai réussi à préserver le Parti radical
27 serbe au bout de neuf ans de détention. Et tout avait été fait pour que ce
28 parti change de camp. Il y a eu de traîtres dans nos rangs, en effet, mais
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1 nous les avons mis à l'écart. Et vous allez voir aux élections quelle est
2 la force du Parti radical serbe.
3 Pour ce qui est de cette centaine de livres rédigés, mais personne ne
4 pourrait le rédiger en si peu de temps. Et personne ne pourrait rédiger
5 plus de 100 000 pages. Je n'ai fait que publier des recueils de documents,
6 des documents de La Haye. Et j'ai publié tout un dossier de police. Ce qui
7 est publié de la sorte reste pour l'histoire. C'est un témoignage pour la
8 postérité. J'ai donné des idées, j'ai donné des instructions, et mes
9 collaborateurs ont fait le reste. Alors, qu'est-ce que j'ai gaspillé ? Rien
10 du tout. Vous dites que :
11 "De mon avis, le temps qu'il a consacré à ces deux activités aurait,
12 si ça avait été consacré à 100 % au procès, il est certain ou presque
13 certain qu'on aurait terminé jusqu'à présent."
14 Mais comment avez-vous pu rédiger chose pareille ? Qu'aurais-je pu
15 encore consacrer à ce procès, alors que je ne l'ai pas fait ? Quel est le
16 temps dont vous parlez ? Alors que j'ai au maximum été engagé dans ce
17 procès, j'ai été toujours en position de supériorité dans ce prétoire et, à
18 cause de moi, jamais il n'y ait eu de retard au niveau du procès, pas une
19 seule journée. Alors, comment pouvez-vous dire que j'aurais pu accélérer le
20 procès ? A moins d'avoir accepté les avocats imposés pour qu'ils fassent du
21 cinéma en prétendant me défendre, comme on avait d'ailleurs imaginé et
22 conçu la chose.
23 Vous n'avez pas été d'accord non plus pour ce qui est de ma
24 déclaration concernant le manque de moyens financiers, et vous dites
25 qu'étant donné que je me trouve à la tête d'un parti politique de taille
26 dans le pays, il y a certainement des assistants qui, sur la base du
27 bénévolat, pourraient l'aider, comme le montre l'enregistrement vidéo qu'on
28 peut voir sur son site vidéo. Il peut s'assurer qu'il bénéficie du soutien
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1 populaire et qu'il y a de la bonne volonté du côté de la Russie, chose qui
2 est susceptible de l'aider.
3 Mais qu'est-ce que ceci peut vouloir dire ? Au lieu de voir le statut
4 qui, en application de son propre statut, devrait trouver les moyens
5 financiers pour financer ma défense et respecter l'égalité des armes, faire
6 de moi un mendiant qui mendierait en Serbie et en Russie pour avoir des
7 deniers pour sa défense, ou alors mes collaborateurs doivent-ils à l'infini
8 m'aider gratuitement. Pourquoi ? Ils l'ont fait, ils l'ont fait de façon
9 tout à fait gratuite, et je vais être débiteur de ces gens tout le reste de
10 ma vie, à moins que les Nations Unies ne me payent une indemnisation. Mais
11 pourquoi voulez-vous qu'ils travaillent gratuitement ? Pourquoi ceux qui
12 sont venus ici pour l'Accusation ont travaillé pour l'Accusation, les
13 nouveaux venus, pourquoi ne travailleraient-ils pas gratuitement ?
14 Demandez-leur s'ils veulent travailler gratuitement ? Non, ils ne veulent
15 pas. Donc il n'y a que mes collaborateurs à moi qui sont censés travailler
16 gratuitement, et tous les autres doivent être bien rémunérés.
17 Autre chose encore, vous affirmez s'agissant de votre décision --
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Si vous passez en revue toutes mes phrases, j'en ai
19 fait des centaines de pages, alors on risque d'être là toute la nuit. Donc
20 --
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Moi, j'aurais encore un paragraphe et je
22 m'arrêterais là. Mais je peux rester toute la nuit, moi. Je n'ai jamais été
23 pressé, moi.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Il vous reste cinq minutes.
25 M. MARCUSSEN : [interprétation] Pardonnez-moi. Si vous me le permettez,
26 Monsieur le Président.
27 Je suis debout depuis parce qu'il reste cinq minutes. L'Accusation n'a pas
28 l'habitude d'interrompre l'accusé. C'est aux Juges de la Chambre d'arrêter
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1 l'accusé, mais compte tenu de ce qui a été dit concernant le fait qu'il ne
2 doit pas y avoir d'interruption pendant la plaidoirie et réquisitoire de
3 l'une ou l'autre partie et des préoccupations soulevées par la Chambre, je
4 crois qu'il est important de parler de la citation de témoins protégés et
5 de la mention de témoins protégés.
6 Je souhaite déposer une requête à l'intention de l'accusé en
7 particulier et destinée aux parties, et je souhaite clairement indiquer que
8 si des mentions sont faites pendant les plaidoiries ou réquisitoires à un
9 témoin protégé, le reste de l'argument sera entendu à huis clos partiel.
10 Parce que lorsque les réquisitoires et plaidoiries seront diffusés à
11 l'extérieur, il y aura certainement des gens dans la galerie du public. Si
12 l'accusé n'a pas l'intention de protéger le statut des témoins protégés,
13 des mesures doivent être prises. Et c'est au témoin [comme interprété] d'en
14 décider comment il va présenter sa plaidoirie. Mais s'il n'est pas disposé
15 à respecter les informations confidentielles, nous faisons valoir dans ce
16 cas qu'il faudra poursuivre à huis clos partiel.
17 Et ce sera le choix de l'accusé, à savoir s'il souhaite avoir une
18 audience publique ou une audience à huis clos partiel. Et l'Accusation
19 demande à ce que vous déposiez une ordonnance dans ce sens.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Ce que dit M. Marcussen est très important. Quand
21 vous allez plaider, vous avez la liberté de la parole. Il est évident qu'il
22 ne faudra pas l'user pour révéler le nom d'un témoin protégé, parce que,
23 comme le dit M. Marcussen, il y aura des personnes en salle d'audience.
24 Voilà. Et à ce moment-là, bien sûr, on peut expurger, mais les personnes
25 qui sont là vont vous entendre. Alors, j'ose espérer que vous avez pas
26 l'intention de révéler les noms de témoins protégés. Sinon, à notre
27 désespoir, et ce sera le mien, on sera obligés de passer à huis clos.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Antonetti, mais quand est-ce que j'ai,
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1 en prétoire, donné le nom d'un témoin protégé ? Jamais. Partant des
2 hypothèses formulées par l'Accusation, vous me mettez d'ores et déjà en
3 garde. Ça, ça n'a de sens que si c'est adressé aux deux parties en même
4 temps. Il ne faut pas considérer par avance quelle est la partie qui est
5 susceptible de porter atteinte à ceci.
6 Ce qui figure sur mon site, vous n'avez rien à en faire, parce que
7 vous n'avez aucune preuve que je l'aurais fait auparavant. Et partant de
8 ces sournoises suppositions, il ne vous est pas donné la possibilité de
9 tirer des conclusions. Une fois, j'ai mentionné le nom d'un témoin, le
10 colonel Vojnovic. Le Procureur est intervenu. Et tout a été transféré vers
11 un huis clos. Et je ne me souvenais pas du fait que ce témoin avait été un
12 témoin protégé. Au bout de plusieurs mois, il est arrivé au Procureur de
13 mentionner le nom de ce témoin ou peut-être le Juge de la Chambre, alors je
14 suis intervenu pour dire : Vous mentionnez le nom d'un témoin protégé, et
15 puis vous constatez que ça n'a pas été un témoin protégé.
16 Vous souvenez-vous de cette situation-là ?
17 Ce colonel Vojnovic a témoigné en public. Moi, je vous ai cru sur
18 parole pour croire que c'était un témoin protégé. Je ne pouvais pas tout
19 garder en mémoire. Je n'avais pas ça noir sur blanc sous les yeux. Donc je
20 vous ai fait confiance pour dire qu'il avait été -- enfin, pour penser
21 qu'il avait témoigné avec des mesures de protection.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : -- acte du fait que vous nous dites que vous ne
23 révélerez pas le nom de témoins protégés. C'est tout ce qu'on demande,
24 hein. On n'en veut pas plus. Ça doit suffire. Bon.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Alors, si je ne l'ai pas fait jusqu'à présent,
26 pourquoi voulez-vous que je le fasse dorénavant ? Moi, ce qui m'arrange,
27 c'est d'avoir des plaidoiries publiques, et un procès public en général.
28 Alors, si vous me le permettez, je voudrais parler encore de ce
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1 dernier paragraphe.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors il faut qu'on termine parce que mes collègues
3 me disent que c'est fini. Alors, en deux minutes, terminez.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Une argumentation présentée par vous pour
5 rejeter une demande que j'avais formulée pour des financements. En page 8
6 de votre opinion dissidente, vous dites que vous pensez qu'il s'agit d'un
7 faux problème parce que l'accusé, à bien des reprises, avait eu l'occasion
8 à l'occasion des contre-interrogatoires des témoins de l'Accusation, à
9 démontrer qu'il avait des connaissances encyclopédiques au sujet
10 d'événements et de faits. Et que, sans l'aide de qui que ce soit, il est
11 capable -- ou sans préparer -- d'avoir des notes préparées par ses
12 collaborateurs pour se prononcer et de donner ses opinions sur tel ou tel
13 sujet de façon fort précise.
14 Donc je voulais dire par là que l'accusé qui prenait des prétextes
15 pour ce qui est des obstacles à sa défense avait présenté un argument qui
16 ne me semblait pas sérieux. Mais moi, je pourrais dire que M. Marcussen
17 peut aussi disposer de connaissances encyclopédiques. Et vous allez
18 probablement rire en votre for intérieur, je pourrais dire que lui, sans
19 notes, pourrait conduire son affaire et défendre sa cause sans l'assistance
20 de personne. Mais il a défilé ici du côté de l'Accusation au moins 20
21 individus, et vous avez toléré le fait que j'aie été seul du côté de
22 Défense tout le temps. A deux ou trois reprises, il y a eu deux ou trois
23 conseillers qui sont venus pour deux ou trois heures. Et pour vous, ça vous
24 semble normal. Et ça vous paraît normal que du fait de mes connaissances
25 encyclopédiques, il s'avère non nécessaire de financer ma défense. Et de
26 votre avis, le problème était un faux problème.
27 Je me devais de le dire, Monsieur Antonetti, parce que ça vous
28 concerne en personne et votre attitude personnelle à mon égard et à l'égard
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1 de l'affaire qui nous intéresse.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur Seselj.
3 Il est donc temps de conclure. Nous nous reverrons donc le 5 mars.
4 Merci.
5 --- L'audience est levée à 16 heures 58 et reprendra le lundi, 5 mars
6 2012, à 14 heures 15.
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