Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 14 mars 2012

  2   [Plaidoiries]

  3   [Audience publique]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 14.

  5   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, pouvez-vous appeler le numéro

  7   de l'affaire, s'il vous plaît.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

  9   L'affaire IT-03-67-T, le Procureur contre Vojislav Seselj.

 10   M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.

 11   En ce mercredi, 14 mars 2012, je salue toutes les personnes présentes,

 12   notamment les représentants du bureau du Procureur et M. Seselj.

 13   Je vous fais part d'abord du travail qu'a fait le service des interprètes

 14   suite au problème lié à la pièce P58. Cette pièce a été examinée par les

 15   interprètes, et il apparaît que les soldats qui chantent disent ceci :

 16   "Il y aura de la viande, il y aura de la viande, on égorgera du croate."

 17   C'est tout ce qui est entendu sur cette vidéo. Etant précisé que la chanson

 18   est beaucoup plus longue, mais dans la vidéo, il y a cette phrase.

 19   Et pendant ce chant, il y a quelqu'un qui commente en disant ceci :

 20   "Les éléments incontrôlés manifestent leur allégresse dans les rues qu'ils

 21   avaient conquises et avaient entonné un chant tribal anticroate."

 22   Voilà. Voilà ce qu'est la vidéo P58.

 23   Par ailleurs, compte tenu du fait que nous n'avons pas eu audience les

 24   jours précédents, nous tiendrons donc audience aujourd'hui et demain matin,

 25   puis la semaine prochaine, mardi, 20 mars à 14 heures 15, et le cas

 26   échéant, si nous n'avons pas terminé, nous pourrions terminer le 20 mars.

 27   Le cas échéant, le mercredi 21 mars à 9 heures.

 28   Voilà le planning.


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  1   Sur ce, tout ayant été dit, Monsieur Seselj, je vais vous céder la parole

  2   pour votre plaidoirie.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges --

  4   L'INTERPRÈTE : Le micro. Micro. Les interprètes n'entendent rien.

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je peux commencer ?

  6   M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, pendant trois

  8   jours entiers, nous avons entendu des choses contenant peu de choses

  9   censées, ou plutôt, des choses incensées de la part du bureau du Procureur,

 10   qui essaie de réaliser dans la phase finale sa sale mission, mission qui ne

 11   découle pas d'une façon normale de voir l'intérêt de la justice et de

 12   service à rendre à la justice. Mais c'est une mission qui est confiée par

 13   les services de renseignements occidentaux qui ont commandité les activités

 14   de ce Tribunal.

 15   Alors ce Tribunal, d'abord, n'est pas légal et n'est pas un tribunal

 16   régulier. Ce Tribunal a été créé par une instance non compétente des

 17   Nations Unies, à savoir le Conseil de sécurité. Ce Tribunal n'a pas été

 18   créé pour aboutir à la justice, pour préserver la justice. Ce Tribunal a

 19   été créé pour servir d'outil dans les mains de ce Conseil de sécurité, qui

 20   est une instance des Nations Unies, destiné à préserver la paix et à faire

 21   régner la paix.

 22   Dès le départ, on peut dire qu'il ne peut pas être question de justice.

 23   C'est un outil politique, ceci. C'est même un outil militaire. Ce Tribunal

 24   remplace la cavalerie américaine. Ça remplace la Sixième Flotte américaine.

 25   Au lieu d'envoyer la Sixième Flotte, l'Amérique, de nos jours en Serbie,

 26   nous fait capturer, nous emmène à Guantanamo et on est jugés devant des

 27   commissions militaires. Et au préalable, ils ont aidé à faire mettre en

 28   place un régime Quisling à Belgrade après le 5 octobre 2000. Et puis, ce


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  1   régime a commencé à arrêter les responsables militaires, politiques et

  2   autres pour mettre en place une hégémonie et domination politiques. Moi, il

  3   n'a pas fallu me poursuivre de la sorte.

  4   J'ai, à plusieurs reprises, exprimé le souhait de comparaître ici.

  5   Pendant dix ans, je me suis efforcé de finir par arriver au Tribunal de La

  6   Haye. C'était le désir de ma vie, je suis donc très content de ce que j'ai

  7   réussi à accomplir ici. Parce que ce qui restera ici, ce sont des

  8   transcriptions des procès. Ça ne va pas être vos points de vue personnels

  9   du procès ou des jugements en tant que tels. S'agissant des jugements, les

 10   gens vont probablement un jour en rire et vont probablement rire plus

 11   encore des propos de clôture tenus par le bureau du Procureur. Il y a cette

 12   transcription, ce compte rendu, cette chose terriblement honteuse qui a pu

 13   être entendue dans ce prétoire.

 14   Alors, bien sûr que j'ai souhaité comparaître ici, il n'en demeure

 15   pas moins que ce n'est pas mon désir qui l'a emporté. Ce qui l'a emporté,

 16   c'est la volonté des éléments et des facteurs politiques. Carla del Ponte,

 17   dans son livre, le reconnaît de façon tout à fait ouverte. Zoran Djindjic

 18   lui aurait dit à l'occasion de leur dernière rencontre : "Emmène donc

 19   Seselj et ne le ramène plus."

 20   Zoran Djindjic avait rencontré auparavant déjà Carla del Ponte,

 21   d'autres hommes politiques de ce régime traître pro-occidental à Belgrade

 22   l'ont fait aussi. Il ne voulait pas seulement m'éliminer de la vie

 23   politique; il n'a pas été le seul, mais c'est Djindjic qui a formulé la

 24   demande la plus marquante, et c'est la raison pour laquelle Carla del Ponte

 25   a pris cette demande de façon tout à fait particulière.

 26   Florence Hartmann, ex-porte-parole de Carla del Ponte, dans son livre

 27   à elle, explique à quel point les services de renseignements occidentaux se

 28   trouvent être impliqués dans les activités de ce Tribunal. Et il est en


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  1   particulier souligné les services de renseignements américains et

  2   britanniques. Et ils sont impliqués, c'est vrai. On le savait avant même

  3   qu'elle ne publie son livre, mais lorsque son livre a été publié, alors

  4   c'est devenu chose évidente et notoire.

  5   Le fait d'avoir dressé un acte d'accusation à mon encontre il y a

  6   plus de neuf ans de cela, ça a été motivé par les efforts déployés visant à

  7   m'éloigner de la vie politique serbe pour toujours et anéantir en même

  8   temps le Parti radical serbe, ou alors le déposséder de ceux qui l'avaient

  9   créé. C'est-à-dire, faire en sorte que ce parti ne soit plus le même afin

 10   qu'on le place sur des rails pro-occidentaux, qui sont contraires aux

 11   intérêts du peuple serbe, pour se placer au service de l'Amérique, de

 12   l'Angleterre, de l'Allemagne, de l'Union européenne et du Vatican. Il s'est

 13   avéré que tout allait dans cette direction-là.

 14   Pendant quatre années entières, ici nous avons eu un combat pour

 15   savoir si j'allais avoir le droit de me défendre ou pas. Parce qu'on avait

 16   conçu les choses de façon à m'imposer un avocat d'Angleterre ou de

 17   Hollande, peu importe le pays, qui fera mine de me défendre et avec l'aide

 18   de qui le bureau du Procureur mettrait dans le dossier des quantités

 19   énormes de prétendus éléments de preuve, et le procès n'aurait pas duré

 20   longtemps parce que le Procureur et le Défenseur se trouveraient être du

 21   même côté.

 22   C'est ainsi que le bureau du Procureur avait imaginé faire verser au

 23   dossier la totalité de ses documents de façon analogue à ce qui a été fait

 24   en 2010. Parce que, Madame, Messieurs les Juges, comme vous avez vu qu'il

 25   n'y avait aucun élément de preuve contre moi, de façon massive vous avez

 26   versé au dossier des documents qui auparavant avaient été rejetés par vos

 27   soins en tant qu'éléments de preuve. Par exemple, différentes déclarations

 28   de Milan Babic, des documents accompagnant ses déclarations; puis Miroslav


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  1   Deronjic; et qui sait encore qui. Il y en a qui sont protégés. Je ne vais

  2   donc pas commettre d'erreur pour ne pas me faire couper mes propos pour

  3   passer à huis clos ou en procédant à des expurgations de ce que j'ai dit.

  4   Alors, c'est cela la substance. J'ai dû risquer ma vie pour finir par

  5   l'emporter et faire prévaloir mon droit le plus élémentaire. Hermann

  6   Goering n'a pas eu ce type de problème. Rudolf Hess n'a pas eu ce type de

  7   problème non plus. Pas un seul des assistants de Hitler n'en a eu, des

  8   problèmes de ce genre. Ils ont donc pu se défendre eux-mêmes et engager

  9   n'importe quel avocat sur terre. Personne n'a imposé des conditions pour

 10   dire qu'il fallait qu'il soit sur la liste du Tribunal, qu'il parle

 11   anglais, qu'il parle français, qu'il sache ceci ou cela. Ce Tribunal-ci est

 12   pire que ce qu'on a eu comme tribunal à Nuremberg, parce que celui de

 13   Nuremberg, bien que n'ayant pas été un tribunal international au vrai sens

 14   du terme, mais puisque c'était plutôt un tribunal martial commun aux

 15   puissances victorieuses, auquel la Yougoslavie n'a pas pu accéder, bien

 16   qu'elle ait fait partie de la coalition antihitlérienne qui avait emporté

 17   la victoire, eh bien, ce Tribunal a connu la défaite.

 18   Parce que si ça avait été un véritable tribunal international, on

 19   aurait jugé les deux parties. On aurait jugé les responsables hitlériens

 20   pour ce qui est du génocide commis à l'égard des Juifs, pour ce qui est

 21   d'avoir lancé la guerre, pour les crimes contre l'humanité, pour violation

 22   du droit de guerre international, et cetera, mais on aurait jugé aussi les

 23   Américains et les Anglais pour le bombardement de Dresde, de Cologne, de

 24   toute une série de cités civiles en Allemagne où il n'y avait aucune

 25   nécessité militaire de bombarder. Les civils ont été tués par sauvagerie.

 26   On aurait jugé les Américains aussi pour avoir jeté une bombe atomique à

 27   Hiroshima et à Nagasaki.

 28   Alors, maintenant, pour rectifier cette erreur, erreur du tribunal de


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  1   Nuremberg, le Tribunal de La Haye, lui, met en accusation 80 % de Serbes et

  2   les poursuit en justice. Et les 20 % restants, c'est tous les autres, les

  3   Croates, les Musulmans, les Albanais, les Macédoniens, et cetera.

  4   Donc on voudrait faire montre d'impartialité, mais par avance on

  5   définit qui est le coupable principal dans cette guerre. Et lorsqu'il

  6   s'agit des Serbes, on juge les personnalités les plus éminentes au niveau

  7   de l'Etat, de l'armée et de la police. Pour ce qui est des autres, c'est

  8   pour l'essentiel des personnalités de deuxième et troisième ordres. Et ne

  9   parlons pas des sanctions prononcées. Parce que les Serbes sont

 10   instantanément condamnés à vie ou alors à plusieurs décennies de prison,

 11   alors que les Musulmans, par exemple, vous avez entre vous eu des débats

 12   très violents pour savoir si un général musulman allait être mis en prison

 13   pendant deux ans et demi ou pendant trois ans. Alors on lui colle trois

 14   ans, puis en appel on lui réduit la peine à deux ans et demi. Ça, c'est la

 15   nature de ce Tribunal-ci.

 16   Une fois que j'ai finalement conquis mon droit à me défendre moi-

 17   même, il y a eu un autre combat à conduire, à savoir satisfaire aux autres

 18   préalables en matière de procédure. Parce que le Procureur n'a rien fait.

 19   Ils s'attendaient à ce que tout se fasse sans que je me défende, et

 20   lorsqu'il fallait me communiquer la totalité des pièces à charge et à

 21   décharge en langue serbe et sur papier, rien n'a été fait avant le début du

 22   procès, ou plutôt, ça a été fait en partie. Le procès a commencé alors que

 23   le bureau du Procureur n'avait pas satisfait à ses obligations, pas même à

 24   l'obligation de divulgation des noms des témoins protégés qui avaient dû

 25   être communiqués un mois avant le début du procès.

 26   Et c'est vous, Madame, Messieurs les Juges, qui avez décidé que le

 27   début du procès ne soit pas considéré comme étant à la date du 7 novembre -

 28   le propos liminaire du bureau du Procureur aurait commencé à cette date -


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  1   mais à une date au mois de décembre lorsqu'un premier témoin est venu

  2   comparaître ici. Et dans les documents officiels du Tribunal, on dit que ça

  3   a commencé le 7 novembre, ce procès. Et pour faire plaisir à un petit

  4   avantage procédurier, vous avez décidé de ne pas considérer que le procès a

  5   commencé par le propos liminaire du bureau du Procureur, mais par la

  6   comparution du premier témoin, c'est-à-dire un témoin expert, Oberschall.

  7   Alors on a pu voir dans un document publié par WikiLeaks que les

  8   services de renseignements occidentaux tiennent compte - et comment - du

  9   procès diligenté à mon encontre. A une réunion datée de décembre 2006, où

 10   il y a eu participation du sous-secrétaire américain du ministère de la

 11   Défense, M. Eric Edelman, un agent du renseignement au sommet, très

 12   éminent, en compagnie d'un émissaire du ministère de la Défense, c'est-à-

 13   dire le suppléant du ministre adjoint, Daniel Fata, et un responsable

 14   politique, qui sont allés au palais de l'Élysée pour rencontrer MGM. C'est

 15   l'équivalent du conseiller national français à la sécurité nationale. Ce

 16   MGM était en compagnie de Dominique Boche, conseiller du président Chirac

 17   pour le Proche-Orient; l'amiral Edouard Guillaud, conseiller militaire du

 18   président; et le conseiller pour les affaires stratégiques, M. Laurent

 19   Bili. Je ne sais pas si j'ai bien prononcé le nom de famille. Je ne suis

 20   pas trop sûr.

 21   Mais qui est ce fameux MGM ? C'est Maurice Gourdault-Montagne. C'est

 22   l'homme-clé au niveau des services de sécurité français, conseiller du

 23   criminel de guerre Jacques Chirac. Vous ne nierez pas que Jacques Chirac,

 24   du fait de ses crimes de guerre, a été condamné à Belgrade à 20 ans de

 25   prison. C'est la peine maximum que le tribunal serbe pouvait prononcer

 26   s'agissant de ces crimes.

 27   Alors ce Maurice Gourdault-Montagne, d'après le compte rendu de la

 28   réunion qui a été communiqué à Washington, dit ce qui suit : Il faut faire


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  1   tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher ma victoire à l'occasion des

  2  élections en Serbie. Ça, c'est ce qui se passe au 1er décembre 2006. Moi, je

  3   suis encore en train de faire ma grève de la faim jusqu'au 8 décembre. Et

  4   j'étais même convaincu qu'on allait me laisser mourir. Et puis, il y a eu

  5   un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, un communiqué

  6   virulent, et suite à cela les choses ont changé. Toutes mes demandes ont

  7   été acceptées de façon très rapide. Je n'ai même pas eu à rédiger des

  8   écritures à cet effet. Le directeur de la prison est venu pour qu'en

  9   anglais, ses services rédigent les écritures. Alors il y a eu changement

 10   des Juges de la Chambre, il n'y a pas eu d'imposition d'avocat, ni d'avocat

 11   en souffrance, on m'a autorisé à avoir des conseillers, on a normalisé les

 12   visites de mon épouse Jadranka, on m'a communiqué la totalité des pièces en

 13   langue serbe et en version papier, et je ne sais plus ce que j'ai demandé

 14   encore. Je n'arrive plus à me souvenir de la totalité de ce que j'avais

 15   demandé.

 16   Ça, ça se passe en décembre 2006.

 17   Le procès ensuite commence, et mon impression c'est que les Juges de

 18   la Chambre aussi, et le Procureur également, avaient espéré que, du point

 19   de vue des intérêts de ceux qui ont instigué le procès, tout allait se

 20   passer comme il fallait. Toutefois, le premier expert de l'Accusation,

 21   Oberschall, est assommé carrément dans ce prétoire. L'autre témoin qui est

 22   employé par le bureau du Procureur est mis K.O. ici. Yves Tomic aussi, il

 23   est mis K.O. dans le prétoire. Plusieurs témoins cruciaux de l'Accusation

 24   ont témoigné de façon peu glorieuse dans ce prétoire.

 25   Et qu'arrive-t-il ensuite ? Eh bien, on fait traîner de façon

 26   systématique le procès en longueur. Jusqu'à la fin de l'année 2007, le

 27   bureau du Procureur aurait pu citer à comparaître la totalité de ses

 28   témoins. Mais par des efforts synchronisés du bureau du Procureur et des


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  1   Juges de la Chambre, on a fait traîner les choses à perte de vue. Alors, à

  2   quoi a encore pensé le bureau du Procureur ? Demander que le Juge Harhoff

  3   soit exempté parce qu'au Danemark -- parce qu'il avait été membre d'une

  4   organisation non gouvernementale et il avait interviewé un témoin de

  5   l'Accusation, et il se trouverait être partial. Mais on a fait traîner les

  6   choses délibérément.

  7   M. Mandic a demandé à ce qu'on fasse une pause afin que le bureau du

  8   Procureur puisse s'entretenir avec moi. J'ai appris ce qu'ils voulaient.

  9   Ils voulaient que nous nous entendions sur une peine de dix ans de prison

 10   et qu'aussitôt après, je sois relâché après cet accord afin de couper court

 11   au procès, et j'ai dit dans le prétoire que je n'avais pas à négocier du

 12   tout avec le bureau du Procureur. Je n'ai pas à vous rappeler la façon dont

 13   les choses ont traîné en longueur au prétoire, ici, jusqu'en l'an 2008.

 14   Lorsqu'ils ont vu qu'ils ne pourraient pas me battre aisément dans le

 15   prétoire, quand ils ont vu que la popularité du Parti radical serbe en

 16   Serbie ne faisait que croître, alors les services occidentaux de

 17   renseignements et les services de renseignements étrangers, de façon

 18   générale, ont commencé à essayer de briser le parti de l'intérieur.

 19   Et là aussi, un éminent agent du renseignement français a joué un

 20   rôle crucial, il y en a eu aussi venus d'Amérique, d'Angleterre,

 21   d'Allemagne, des agents du renseignement. On a vu dans les dépêches de

 22   WikiLeaks tout cela, pour ce qui est de savoir ce qu'ils pensaient de

 23   Tomislav Nikolic, c'est dans les esprits, enfin un des esprits du passé, il

 24   avait acheté son diplôme universitaire, mais une fois qu'il rend compte là-

 25   bas, on lui tape sur l'épaule, on lui dit que c'est un brave homme qui est

 26   intelligent, qu'il faut se débarrasser de Seselj, et il faut que tu ailles

 27   dans une autre direction.

 28   Pour ce qui est d'Aleksandar Vucic, il compte peut-être dessus pour


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  1   certaines tâches mais Tomislav Nikolic, on l'a déjà laissé tomber. Cet

  2   agent du renseignement français s'appelle Arnaud Danjean ou Dangent [phon],

  3   il se trouve être sur la liste de ce criminel de guerre Nicolas Sarkozy.

  4   Pourquoi criminel de guerre, eh bien, pour avoir bombardé la Libye. Alors

  5   ce Arnaud Danjean c'est l'un des principaux protecteurs du plus grand des

  6   boss mafieux dans les Balkans, Stanko Subotic surnommé Cane la Grenouille.

  7   C'est lui qu'il protège. Et il se dit qu'avec son aide il finirait par

  8   réaliser des résultats politiques à Belgrade, parce que le régime actuel,

  9   indépendamment du fait d'être pro-occidental à fond, indépendamment du fait

 10   d'accepter très souvent les demandes des autres puissances occidentales au

 11   détriment du peuple serbe, n'est pas, ce régime n'est pas tout à fait

 12   disposé à trahir à part entière. Et donc on cherche des alternatives pour

 13   que ces alternatives acceptent le tout. Vous ne pouvez pas accepter

 14   l'indépendance du Kosovo, bien Tomislav Nikolic, Aleksandar Vucic, le

 15   feront. Ils ne le feront pas, vous ne le ferez pas, eux d'eux le feront.

 16   Donc c'est le jeu qu'on est en train de jouer actuellement.

 17   Et ce Arnaud Danjean est connu pour ce qui est des sales besognes qu'il a

 18   accomplies dans les Balkans. Il est intervenu en tant qu'espion sur le

 19   territoire de la Bosnie-Herzégovine, de la Croatie, du Kosovo-Metohija, et

 20   du Monténégro. Puis en 2002, il a rejoint les rangs du personnel du

 21   ministère des Affaires étrangères français, puis il a été à un moment

 22   conseiller de Javier Solana. Puis en 2005, il est devenu en sa qualité

 23   d'agent du renseignement, conseiller pour l'Europe du sud-est auprès du

 24   ministre français des Affaires étrangères.

 25   Et en 2012, pour finir, non, non, en 2011, il a été élu député au parlement

 26   européen. Bien des journaux ont écrit à ce sujet. Par exemple, le journal

 27   "Vreme", le 6 août 2009, a dit qu'Arnaud Danjean c'est l'ami préféré de

 28   Milo Djukanovic et de Stanko Subotic. Milo Djukanovic, vous savez, c'est un


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  1   grand boss mafieux qui est au pouvoir au Monténégro depuis plus de 20 ans,

  2   il y a des tribunaux italiens qui enquêtent sur bien des contrebandes de

  3   cigarettes. Ils ne peuvent encore rien faire à son égard, parce qu'il est

  4   protégé par son immunité présidentielle, ou le député au parlement, un

  5   Monténégrin.

  6   Mais ce Arnaud Danjean a rendu possible à Subotic de se déplacer librement

  7   en France, indépendamment de cet avis de recherche international, et le

  8   président français Nicolas Sarkozy a aidé beaucoup en bien des choses

  9   Sarkozy, donc il a organisé des rencontres visant à faire en sorte que le

 10   Parti radical serbe périclite. Il a organisé des réunions avec Cedo

 11   Jovanovic, Beba Popovic et Rasim Taci. Arnaud Danjean, en 1994 était le

 12   chef du service ou de l'agence française du renseignement à Sarajevo. Il

 13   est directement impliqué dans l'organisation du crime à Srebrenica. Et les

 14   principaux exécutants, Dominic Petrosic, comme Milorad Pelemis, commandant

 15   du 2e Régiment de Sabotage ne sont pas poursuivis du tout, mais on poursuit

 16   des gens qui sont soit en partie impliqués, soit ne sont pas impliqués du

 17   tout.

 18   Ce grand crime a été concocté comme on peut le voir dans les livres publiés

 19   par des intervenants musulmans dans ce drame de guerre. Il y a un grand

 20   crime qui a été donc mijoté dans l'organisation, en premier lieu, des

 21   Américains pour qu'il y ait des exécutions de Musulmans à Srebrenica. Il

 22   faudrait qu'il y en ait au moins 5 000, comme Clinton l'avait dit à

 23   Izetbegovic, afin que cela serve de prétexte à des bombardements de Serbes.

 24   Bien sûr, je ne justifie pas la participation de tous ceux qui ont

 25   participé à la commission du crime du côté serbe, mais c'est un crime qu'on

 26   nous a concocté et ceux qui ont -- l'un de ceux qui ont aidé à ce que cela

 27   se fasse c'était justement ce Arnaud Danjean. Il a participé aux

 28   négociations de Rambouillet, celui-là, puis il a été l'un des principaux


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  1   conseillers de Bernard Kouchner, on se souvient de ce criminel de Bernard

  2   Kouchner, on s'en souvient depuis cette organisation d'espionnage Médecins

  3   sans frontières, puis il a été gouverneur au Kosovo-Metohija, et puis il a

  4   été ministre des Affaires étrangères français.

  5   Donc un autre éminent agent du renseignement français, qui d'après

  6   tous les renseignements disponibles est intervenu contre moi et contre le

  7   Parti radical serbe, et en sa qualité de député au parlement européen, il

  8   s'est attaqué de façon virulente à Dick Marty à l'occasion de son rapport

  9   pour ce qui est du crime d'organisé au Kosovo-Metohija, et pour ce qui est

 10   des organes qu'on a prélevés sur les prisonniers serbes pour faire des

 11   greffes un peu partout dans le monde.

 12   Il y a une enquête qui est entamée par Carla Del Ponte, puis on lui a

 13   entravé les mains, et Dick Marty a présenté un rapport tout à fait

 14   particulier et Arnaud Danjean s'est attaqué à lui de façon très virulente

 15   au parlement européen. Alors ce dénommé Arnaud Danjean est un des

 16   principaux organisateurs d'une tentative de putsch au sein du Parti radical

 17   serbe. Mais bien que je sois ici depuis tant d'années, j'ai été bien plus

 18   compétent que Danjean, et que Maurice Gourdault-Montagne et j'ai réussi à

 19   déjouer leurs tentatives, et j'y suis parvenu grâce à l'alliance des forces

 20   téléphoniques.

 21   Puisque le procès a mal démarré sur les chapeaux de roue pour le

 22   Procureur et puisque les forces occidentales ont bien vu qu'elles ne

 23   pouvaient pas s'attendre à ce que ce procès leur apporte des résultats,

 24   c'est là que l'on a commencé à porter atteinte à ma santé. J'étais

 25   quelqu'un qui était relativement en bonne santé, je souffrais d'asthme,

 26   certes, et j'avais réussi à maîtriser mon hypertension sans recourir à une

 27   médication importante. Donc c'étaient des médicaments plutôt légers, pas

 28   très forts, souvent utilisés en Serbie.


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  1   Alors, tout d'abord, on s'en prend à mon foie. Dès que je me suis

  2   rendu compte de cela, j'ai réagi de manière très énergique. Je me suis dit

  3   face à des forces obscures, seulement si j'arrivais à faire suffisamment de

  4   bruit publiquement j'allais pouvoir me sauver, rien d'autre n'allait

  5   pouvoir m'aider. Et à partir de tout ce bruit que j'ai fait, on a abandonné

  6   ces attaques à mon foie, mon foie a réussi à récupérer tout ça. Puis

  7   ensuite, on lance des attaques contre mon cœur. Cela fait trois ans

  8   maintenant que l'on s'en prend à mon cœur. Il résiste pour le moment. On ne

  9   sait pas s'il pourra résister encore pendant longtemps mais pour le moment,

 10   on en est là, et je pense que mon cœur pourra tenir jusqu'à la fin de ma

 11   plaidoirie.

 12   Alors, comment est-ce qu'on parvient à cela ? Je ne sais pas. Je ne

 13   sais pas comment on le fait, mais des tentatives de certains médecins et de

 14   la Chambre de première instance cherchant à présenter cela comme soi-disant

 15   les effets de mon obésité sont tout à fait dérisoires et ridicules. J'ai

 16   des vaisseaux sanguins excellents. Lorsque j'étais jeune homme, par deux

 17   fois, j'ai subi une artériographie -- coronographie. Jamais je n'ai

 18   souffert de glucose, jamais de cholestérol, ni l'un ni l'autre, jamais de

 19   triglycérides en surnombre. Alors, quelle en est la cause ? L'électricité ?

 20   Comment est-ce qu'on produit cette électricité qui met en danger mon cœur ?

 21   Par des moyens électroniques. Et à un moment donné, je me suis dit que

 22   c'était tout à fait fantastique même si l'idée m'est venue tout de suite,

 23   d'emblée, et ce, jusqu'à la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 mars, la semaine

 24   dernière, en fait.

 25   Donc, ils m'ont implanté en janvier ce qu'on appelle ICD [phon], donc

 26   le défibrillateur, et il ne fonctionnait pas bien. On a pu s'en apercevoir

 27   tout de suite. Mais ce qui s'est passé dans la nuit du 8 au 9 mars, c'est

 28   que ce défibrillateur s'est emporté. Je me suis réveillé au milieu de la


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  1   nuit. J'ai regardé un film. Et à 4 heures 15, j'ai ressenti ce premier choc

  2   électrique. Tout de suite, j'ai pris ma tension - j'ai mon appareil - et la

  3   tension était 75, donc pratiquement normale. Le défibrillateur est

  4   programmé pour ne provoquer des chocs électroniques qu'à partir d'un

  5   certain seuil, le seuil de danger mortel. Donc, c'est à partir de ce

  6   moment-là qu'il doit, par électrochoc, empêcher une mort subite. Mais il

  7   n'y avait pas de raison pour que le défibrillateur agisse.

  8   A 5 heures 30, un nouvel électrochoc, encore plus puissant que le

  9   précédent, et à chaque fois c'était par paliers en se renforçant. Donc, à

 10   ce moment-là, j'appuie le bouton de l'alarme qu'ils m'ont installé à mon

 11   chevet. L'alarme ne fonctionnait pas. Je me suis levé, j'ai appuyé sur le

 12   bouton d'alarme à côté de la porte. C'est ce qu'on a dans chaque cellule.

 13   Celui-là ne fonctionnait pas non plus. Heureusement, grâce à M. Antonetti

 14   également, j'ai pu obtenir une cellule double, donc je suis parti dans

 15   l'autre partie de la cellule -- dans l'autre cellule, et celui-là marchait.

 16   Donc, celui qui a débranché les deux premiers n'a pas songé à débrancher le

 17   troisième.

 18   Donc, les gardes sont venus. En 15 minutes, entre 5 heures 30 et 5

 19   heures 45, j'ai subi quatre électrochocs. Est-ce que vous savez à quoi ça

 20   ressemble, cet électrochoc ? C'est comme lorsque vous traversez la rue là

 21   où il ne faut pas et vous êtes heurté par le tramway qui passe à toute

 22   vitesse, vous arrivez à peine à vous redresser -- à vous relever que vous

 23   êtes de nouveau heurté, et plusieurs fois de suite. C'est cela, ces chocs.

 24   Le dernier, je l'ai subi à 6 heures et quelques.

 25   Quarante minutes après avoir été appelé par les gardes, le médecin

 26   est arrivé. Dès qu'il a vu de quoi il retournait, il a appelé une ambulance

 27   et j'ai été transporté à Leiden. Je me suis dit : Enfin, on ne va pas me

 28   croire que j'ai subi ces électrochocs sans que ce soit provoqué. Un premier


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  1   cardiologue est venu me voir. Tout de suite, il trouve cela dans la mémoire

  2   de mon défibrillateur sous-cutané. Effectivement, il en a dénombré six.

  3   L'infirmière qui vérifie tous les rapports pour tous ceux qui sont porteurs

  4   d'un défibrillateur analyse à ce moment-là mon rapport, et il dit : Mais

  5   j'aurais appelé les urgences moi-même.

  6   Mais comment est-ce que cela se fait que ce défibrillateur n'était

  7   pas en bon état de fonctionner ? Donc, il a fallu que je subisse une

  8   intervention le même jour. Ils pensaient ne pas pouvoir s'occuper de moi

  9   tout de suite, puis ils ont prévu cela pour lundi, mardi, mais pour éviter

 10   de nouveaux électrochocs, ils ont fini quand même par me caser le jour

 11   même, pour m'opérer le même jour, donc vendredi. Et je me suis adressé à

 12   nombre de médecins pour leur poser cette question : Connaissaient-ils un

 13   autre cas où le défibrillateur se serait emballé de cette manière-là pour

 14   produire des électrochocs ? Et aucun des médecins n'en a jamais entendu

 15   parler. Donc, c'est de l'extérieur que l'on a provoqué cela. Ça a été une

 16   tentative d'assassinat. Parce qu'on ne peut pas expliquer cela autrement.

 17   Il n'y a aucune explication.

 18   J'en ai terminé sur le contexte de politique de ce procès, sur les

 19   intentions de ses auteurs principaux. Ils avaient conçu de me tuer entre le

 20   réquisitoire, les plaidoiries, et le prononcé de la sentence. Cette

 21   tentative que je viens de subir n'a pas réussi, mais nous verrons comment

 22   cela se passera à partir de maintenant, surtout au moment de la campagne

 23   électorale où l'on comprend -- où le public comprend que le Parti radical

 24   serbe devient de plus en plus populaire et qu'aux élections, ses résultats

 25   seront excellents.

 26   Alors, voyons maintenant ce qui a fait l'objet du réquisitoire du

 27   Procureur. Mon intention était de vous soumettre un certain nombre de

 28   documents, des livres, voire même des enregistrements vidéo, mais j'ai


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  1   renoncé à tout cela puisque je ne suis pas en mesure de travailler. Je n'ai

  2   pas d'aide. Par conséquent, dans ma plaidoirie, je me concentrerai

  3   uniquement sur ce qui a fait l'objet du réquisitoire du Procureur, et de ce

  4   fait-là, ce ne sera peut-être pas très intéressant.

  5   Alors, le Procureur Marcussen commence par une thèse. Il dit que cela

  6   fait exactement 20 ans, le 5 mars 1992, que j'ai juré que le Parti radical

  7   serbe était prêt par tous les moyens à s'opposer à l'indépendance de la

  8   Bosnie-Herzégovine et que j'ai menacé, en cas de la proclamation de

  9   l'indépendance, que des bains de sang allaient couler. A ses yeux, c'est

 10   une thèse-clé, c'est un argument-clé, une preuve-clé démontrant que je

 11   souhaitais les crimes de guerre, que je les ai aidés, encouragés à

 12   commettre, et finalement commis moi-même.

 13   Mais comment la sécession de la Bosnie-Herzégovine et l'indépendance de la

 14   Bosnie-Herzégovine ont-ils été possibles sans l'approbation du peuple serbe

 15   ? La Bosnie-Herzégovine, ainsi que la Croatie, ainsi que l'ensemble des

 16   entités constitutives de l'ex-fédération yougoslave, n'étaient pas fondées

 17   sur un principe démocratique. La première Yougoslavie était un Etat

 18   unitariste. Par un acte anticonstitutionnel, le gouvernement de l'époque,

 19   vers 1939, je pense, s'est mis d'accord avec les Croates pour qu'une partie

 20   du territoire soit exemptée et fasse partie de la Banovina croate, donc en

 21   autonomie croate. Donc, c'est le prince régent Pavle Karadjordjevic et le

 22   président de son gouvernement -- le chef de son gouvernement, Dragisa

 23   Cvetkovic, qui l'ont fait, d'accord avec Macek, le numéro un croate.

 24   C'était totalement contraire à la constitution et n'a jamais pu être

 25   accepté au Parlement.

 26   Donc cette Yougoslavie unitariste, par la volonté des Communistes

 27   pendant la Seconde Guerre mondiale, à l'issue de celle-ci, se trouve

 28   transformée pour constituer une Fédération. Et les Communistes, tout à fait


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  1   de manière arbitraire, définissent six entités fédérales, inventent de

  2   nouvelles nations. Les Macédoniens, passons, on pourrait dire que les

  3   Macédoniens nous ressemblent beaucoup à nous Serbes, sont très proches,

  4   mais ne sont peut-être pas exactement la même chose que les Serbes. Mais

  5   ils inventent la nation monténégrine. Vingt ans après la guerre, aussi ils

  6   inventent la nation musulmane.

  7   Figurez-vous, c'est comme si en France -- en France, vous avez pas

  8   mal de Musulmans. Imaginez qu'à un moment donné ils décident de ne plus

  9   être des Français mais de constituer une nation musulmane à part. Ou en

 10   Italie la même chose ou au Danemark. Vous le trouveriez ridicule. En

 11   Yougoslavie, ça a été tragique.

 12   L'entité fédérale croate, quant à elle, elle a été constituée par la

 13   volonté des Communistes sans qu'il y ait eu de procédure démocratique

 14   quelle qu'elle soit. Mais les Communistes ont fourni des garanties, à

 15   savoir que cette entité fédérale - comme ils l'ont déclarée - était l'Etat

 16   des peuples à la fois croate et serbe qui vivaient en Croatie. Parce qu'à

 17   partir du moment où la frontière militaire de l'Autriche-Hongrie, en 1781,

 18   a été rattachée à la Croatie et à la Slavonie, les Serbes ont reçu une

 19   garantie comme quoi ils étaient peuple constitutif sur un pied d'égalité

 20   avec les Croates. Qu'est-ce que cela signifiait ? Que, de par leur nombre,

 21   les Croates n'allaient jamais, sur des questions de principe, mettre en

 22   minorité les Serbes. La Croatie ne pouvait pas se déclarer indépendante

 23   sans que les représentants politiques du peuple qui y réside ne

 24   l'acceptent. En Bosnie-Herzégovine, c'était une situation encore plus

 25   claire. En Bosnie-Herzégovine, aucun de ces facteurs constitutifs n'avait

 26   une majorité absolue.

 27   Si, les Serbes, jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, jusqu'à ce

 28   qu'ils ne subissent le génocide; mais après la Seconde Guerre mondiale, ils


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  1   ne l'avaient plus. La Bosnie-Herzégovine a été constituée en tant qu'entité

  2   fédérale des Serbes, des Croates et des Musulmans. Et c'est uniquement avec

  3   leur consentement que le statut de la Bosnie-Herzégovine pouvait être

  4   modifié; autrement dit, les Musulmans et les Croates ne pouvaient pas se

  5   mettre d'accord pour mettre en minorité les Serbes, or c'est cela qui s'est

  6   produit.

  7   Et alors, quel peuple serions-nous, les Serbes, si nous l'avions

  8   accepté, si nous ne nous étions pas opposés à cela ? Et nous avions

  9   suffisamment d'honnêteté pour dire d'emblée : Vous n'avez pas le droit de

 10   mettre fin au statut de peuple constitutif pour les Serbes. Si vous le

 11   faites de manière unilatérale, vous allez provoquer une guerre, un bain de

 12   sang. Et c'est exactement ce qui s'est passé, et non pas parce que je suis

 13   particulièrement devin. Tout un chacun aurait pu voir cela. Vous voulez

 14   vous séparer ? Mais nous, nous ne voulons pas. Alors, qu'allez-vous faire ?

 15   Vous allez nous mettre en minorité. Vous n'avez pas le droit de nous mettre

 16   en minorité. Et à partir du moment où la Bosnie-Herzégovine a été créée en

 17   tant qu'unité fédérale, on nous a garanti que jamais nous n'allions nous

 18   mettre en minorité. Au moment où on a constitué la Croatie en entité

 19   fédérale, on nous a garanti que nous, les Serbes, jamais nous ne serions

 20   mis en minorité pour ce qui est du statut formel de la Croatie.

 21   Alors, maintenant, du jour au lendemain, la Communauté européenne -

 22   plus tard, l'Union européenne - eh bien, en décidera autrement. Parce que

 23   Badinter dira autrement. Lui et sa commission en auront décidé autrement.

 24   Mais non. Les Serbes étaient tenus de s'y opposer. Et lorsqu'on n'a pas pu

 25   faire autrement que de s'y opposer, l'arme à la main, nous y sommes

 26   parvenus. Nous avons résisté, nous nous sommes opposés à cela. Nous avons

 27   créé la République serbe de la Krajina et la Republika Srpska. Les Serbes

 28   ont dit : Si vous voulez la sécession, partez, laissez-nous sans nos


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  1   territoires.

  2   Alors, maintenant, à partir du moment où la guerre éclate, c'est tout

  3   à fait naturel que tout un chacun souhaite s'emparer de la partie la plus

  4   importante du territoire. C'est ce qui se passe à chaque fois qu'il y a une

  5   guerre. A partir de ce moment-là, on ne calcule plus. Là, nous sommes plus

  6   de 50 %. Là, nous sommes moins de 50 %. Non. On règle l'affaire l'arme à la

  7   main, et ensuite les négociations après la guerre peuvent peut-être adapter

  8   les choses. Et puis, les Américains ont décidé d'anéantir la République

  9   serbe de la Krajina, d'expulser la population serbe des parties

 10   occidentales. Tout ça, ça a été l'œuvre des Américains. Les Croates n'ont

 11   été que des exécutants de la volonté américaine. L'agence IMRI - je pense

 12   que j'ai bien dit - l'agence américaine bien connue, dont les membres sont

 13   les officiers supérieurs à la retraite, qui coopère directement avec le

 14   Ministère américain de la Défense, ce sont eux qui ont d'abord détruit les

 15   transmissions serbes, l'aviation serbe, ont causé la confusion, et après il

 16   n'a plus été difficile d'occuper la République serbe de la Krajina.

 17   Mais cela ne peut pas constituer une occupation à long terme. Un

 18   jour, la République serbe de la Krajina sera libre de nouveau. Et mon rôle,

 19   le rôle que je joue, est que ce message soit entendu, qu'un jour elle doit

 20   regagner sa liberté.

 21   En Bosnie-Herzégovine, ce sont les Musulmans certainement qui ont été

 22   les principales victimes, et c'est en temps utile que nous les avons mis en

 23   garde. Nous leur avons dit : Vous allez être utilisés comme la chair à

 24   canon par les puissances occidentales qui vont soutenir les Croates. Mais

 25   les Musulmans, ils ont accepté cette guerre, et des victimes sont tombées

 26   dans les trois parties belligérantes, et le plus du côté musulman.

 27   La Bosnie-Herzégovine - comme le dit M. Marcussen - a proclamé son

 28   indépendance, mais c'était totalement illégal. Et c'est la raison pour


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  1   laquelle ma menace n'était qu'un avertissement, une mise en garde, en

  2   réalité. Et hélas, cette mise en garde, elle était justifiée. En entité

  3   fédérale croate, malheureusement cela s'est également trouvé justifié.

  4   Alors, pour certains, cette réalité a été affreuse. Et pour qui ?

  5   Pour le commun des mortels, pour l'homme ordinaire qui s'est trouvé là où

  6   il ne fallait pas. Mais ce n'est pas de ma faute qu'ils ont péri. Ce n'est

  7   parce que j'ai dit qu'il allait y avoir un bain de sang. Mais celui qui

  8   savait qu'il y aura un bain de sang et qui, malgré cela, a décidé de

  9   déclarer l'indépendance, c'est lui qui en est responsable. Et à partir du

 10   moment où une partie du peuple serbe se trouve en péril quelle que soit la

 11   partie du peuple serbe qui est en péril, nous sommes tous, tous les Serbes,

 12   tenus d'aider.

 13   Monsieur Antonetti, imaginez qu'à un moment donné les Français de

 14   Québec se trouvent mis en péril. Mais la France tout entière serait debout,

 15   n'accepterait pas cela. Comment nous autres, Serbes, comment pouvons-nous

 16   accepter à partir de ce moment-là que nos frères en Croatie ou dans l'unité

 17   fédérale de Bosnie-Herzégovine soient menacés ? Nous ne pouvions pas rester

 18   les bras croisés. Il fallait faire le nécessaire pour les aider. Est-ce que

 19   nous avons réussi dans ce combat, ça c'est une autre question.

 20   Alors, un autre problème qui est très important ici dans ce processus

 21   de la décomposition de la Yougoslavie : qui est le premier qui s'est mis à

 22   tuer et à expulser ? Dès que Tudjman est arrivé au pouvoir, son régime a

 23   commencé à persécuter les Serbes, à les licencier sur leurs lieux de

 24   travail, à les forcer à déclarer leur loyauté, à se faire procurer une

 25   attestation de citoyenneté, un document qui n'a jamais existé de par le

 26   passé, et de pratiquer tout autre mesure dégradante. Les Serbes, dès 1990,

 27   ont commencé à quitter, à prendre la fuite de l'entité fédérale croate des

 28   villes comme Zagreb ou Varazdin, les grandes villes, Split et d'autres. Et


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  1   les premiers meurtres, eh bien, les victimes de ces premiers meurtres ont

  2   été des Serbes, des Serbes qui faisaient partie de la population urbaine,

  3   les Serbes qui n'ont pris part à aucun combat, à aucune résistance.

  4   Deuxièmement, d'emblée, dès le départ, Tudjman a commencé à réactualiser

  5   les symboles oustachis du passé. Mais nous savions tout sur Tudjman, qu'il

  6   avait été général de Tito, que par la suite il s'était mis en contact avec

  7   l'immigration oustachi, voire même qu'il avait fait venir le numéro un de

  8   l'immigration croate oustachi, Gojko Susak, pour en faire un ministre de la

  9   Défense. Vous en avez entendu parler, j'imagine. Pendant des années, il a

 10   été le numéro un de l'immigration oustachi. Alors, à plusieurs reprises,

 11   Tudjman a pris la parole en public et a apporté son soutien de manière

 12   explicite à Maks Luburic, dans la ligne droite de Pavelic. Ante Pavelic a

 13   été tué par un Chetnik serbe en Argentine. Il a été d'abord blessé, et puis

 14   plusieurs mois plus tard, il est mort pendant qu'il se faisait soigner en

 15   Espagne. Et Luburic était le numéro 2.

 16   Alors Tudjman, qui explicitement revendique ses contacts avec

 17   l'immigration oustachi, ses liens avec l'Eglise catholique, et en

 18   particulier avec les Franciscains d'Herzégovine, dont le fief est Siroki

 19   Brijeg, le centre principal du mouvement oustachi pendant tant d'années.

 20   Alors, au Parlement serbe, on voit prendre la parole un député qui lève le

 21   bras pour faire un salut fasciste et qui 

 22   s'exclame : "Pro patria."

 23   Alors, à ce moment-là, est-ce que l'on peut dire qu'il s'agit d'une

 24   bête, d'un vampire oustachi ? Oui, si. Et j'avais raison de mettre en garde

 25   face à cela. Et à ce moment-là, le Procureur me reproche d'avoir mis tous

 26   les Croates sur un pied d'égalité avec les Oustachi, avec le régime de

 27   Tudjman, et cetera.

 28   Il est vrai que Tudjman n'a pas bénéficié du soutien de la majorité


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  1   des Croates. Je pense qu'il n'a eu que 48 % aux premières élections, mais

  2   grâce au système électoral, il a néanmoins pu arriver au pouvoir. Mais par

  3   la suite, il a bénéficié d'un soutien pratiquement de la totalité de la

  4   population jusqu'à ce que toutes les sales besognes ne soient terminées. A

  5   partir du moment où c'était fait, à partir du moment où les Américains et

  6   l'Union européenne ont apporté leurs garanties à la Croatie en confirmant

  7   que l'intégrité territoriale allait être préservée, la Croatie, à ce

  8   moment-là, commence à se tourner contre Tudjman. Tudjman n'est plus propre.

  9   Il est compromis. Il faut s'en débarrasser, il faut le chasser. Et il est

 10   décédé, ce qui a empêché tout cela. Même au sein de son parti, il y a des

 11   changements.

 12   On voit arriver à la tête de son parti Sanader, qui commence par un

 13   processus de "détudjmanisation", mais après il se trouve trempé dans des

 14   affaires louches et se protège de l'espion français. Tomislav Nikolic a

 15   accordé un entretien au début de l'année 2008 à l'hebdomadaire musulman de

 16   Sarajevo "Dani". Il déclare à ce moment-là qu'il souhaite être le Sanader

 17   serbe. Et il se disait que je n'allais jamais voir ce journal. Mais comme

 18   j'étais au même étage avec le général musulman, Rasim Delic, on entretenait

 19   des relations correctes. Lui, il aimait bien lire, tout comme moi. On

 20   s'échangeait des recommandations de livres, de lecture, de journaux. Et

 21   comme ça, il m'a donné cet hebdomadaire de Sarajevo et j'ai pu y lire cet

 22   entretien avec Tomislav Nikolic.

 23   Et c'est ainsi que j'ai pu comprendre finalement totalement le rôle

 24   politique qu'il a joué et quels sont les intérêts qu'il servait. Tudjman,

 25   il a montré explicitement quelles étaient ses positions de plusieurs autres

 26   manières. Mentionnons uniquement le livre sur l'histoire, sur les errements

 27   de l'histoire qu'il a publié. Dans mon livre "Projet criminel catholique

 28   romain de nation artificielle croate", que je vous ai donné à temps, vous y


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  1   verrez plusieurs citations que j'ai reprises dans le livre de Tudjman.

  2   Tudjman, de manière publique, de manière totalement ouverte, prône le

  3   génocide et il cite la Bible, l'Ancien testament, pour s'appuyer là-dessus,

  4   pour montrer que Dieu a anéanti des peuples entiers, des femmes et des

  5   enfants, s'ils empêchaient Isaïe d'arriver à ses fins.

  6   Tudjman justifie le génocide en tant qu'instrument qu'il convient

  7   d'utiliser au moment où il faut pour normaliser les choses par la suite. Et

  8   c'est de manière comparable que Tudjman a réglé le problème des Serbes en

  9   Croatie. S'ils étaient 12 % dans le recensement d'avant la guerre, eh bien,

 10   ils les a ramenés à moins de 5 %. Il a estimé qu'ainsi ils n'allaient plus

 11   bénéficier de droits collectifs particulièrement importants et qu'ils

 12   pouvaient désormais bénéficier d'un statut de minorité nationale.

 13   Par conséquent, dans mes propres discours, dans les mots que j'ai

 14   prononcés en 1990 et 1991, il n'y avait absolument aucune exagération. J'ai

 15   fait état de la vérité et j'ai adressé des avertissements.

 16   Cependant, il y a autre chose ici qui est ridicule, et je dois dire

 17   que vous aussi, Madame et Messieurs les Juges, dans votre décision en

 18   application de l'article 98 bis, ainsi que dans l'opinion séparée du Juge

 19   Antonetti, vous avez donné matière à l'Accusation pour un tel comportement.

 20   Vous vous êtes référés à mes discours concernant une période qui n'est pas

 21   visée par l'acte d'accusation, donc en 1990, 1991, ou après la période

 22   visée par l'acte d'accusation, c'est-à-dire en 1993. Ou bien vous vous êtes

 23   référés à des discours que j'ai prononcés et qui ne sont même pas

 24   mentionnés dans l'acte d'accusation. Il n'y a que trois de mes discours qui

 25   aient été mentionnés dans l'acte d'accusation. Il s'agit de ce discours

 26   complètement inventé à Vukovar, du discours complètement inventé de toutes

 27   pièces à Mali Zvornik et du discours de Hrtkovci, qui n'a pas été monté de

 28   toutes pièces, inventé, mais vous avez pu l'examiner dans son intégralité.


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  1   Ensuite, vous vous référez à d'autres discours encore. Vous me laissez

  2   pantois. Monsieur Antonetti, vous êtes connu en France comme un excellent

  3   juriste. Jacques Verges a fait vos louanges. Comment pouviez-vous seulement

  4   avoir cette idée que quelque chose qui n'est même pas retenu à charge dans

  5   l'acte d'accusation peut ensuite être avancé a posteriori ? Peut-être qu'un

  6   imbécile dans un jugement précédent du TPIR ou du TPIY a conclu dans une

  7   décision précédente -- donc, a conclu que cela était possible, que l'on

  8   pouvait se référer à quelque chose qui n'avait pas été cité initialement.

  9   Or, vous ne pouvez pas prononcer un jugement ou prendre une décision pour

 10   quelque chose qui n'a pas été cité dans l'acte d'accusation. L'essence même

 11   du comportement criminel reproché doit être énoncé clairement dans l'acte

 12   d'accusation, tout comme doit être décrit en détail l'accomplissement, la

 13   commission du comportement criminel reproché. Donc moi, on m'a reproché

 14   deux discours complètement inventés et un discours réel, et vous, ce que

 15   vous avez fait c'est que vous vous êtes référés à d'autres discours. Alors

 16   vous pouvez évidemment, le Procureur et les Juges de la Chambre, peuvent

 17   rédiger un nouvel acte d'accusation, et prévoir la tenue d'un nouveau

 18   procès mais ce que vous avez fait, c'est impossible, le fait d'avoir en

 19   2010 et en 2011 accumulé tout ce que vous avez ajouté dans le dossier de

 20   l'affaire, comme toute cette série de documents que vous avez cités et qui

 21   n'ont même pas été évoqués dans le prétoire. Il est possible de verser un

 22   document au dossier sans que cela soit fait par l'intermédiaire d'un témoin

 23   déposant de vive voix, mais il faut au moins que le document soit mentionné

 24   dans le prétoire pour que moi, je puisse répondre en disant que ce document

 25   ne permet absolument pas de prouver ceci ou cela, mais que je puisse

 26   préciser le sens véritable du document.

 27   C'est quelque chose d'élémentaire qu'on explique aux étudiants de première

 28   année, en droit. Mais au Tribunal de La Haye, vous avez pris l'habitude que


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  1   tout était possible, quelle que ce soit l'idée qui traverse l'esprit de

  2   quelqu'un, c'est toujours possible de la mettre en œuvre.

  3   Autre élément qui est extrêmement important à mentionner dans le cadre de

  4   la plaidoirie, je parle ici de votre référence à l'affaire Nahimana. Je ne

  5   me suis jamais vu communiquer le jugement en question. J'ai dû moi-même

  6   payer la traduction en serbe. Et dans cette affaire Nahimana - je crois

  7   qu'ils étaient trois à être jugés - en raison d'un appel direct et public à

  8   commettre le génocide. Ce n'est que dans le cas du crime de génocide, en

  9   appelant la question de la convention correspondante que l'appel direct et

 10   public à commettre le génocide est punissable, et lui seul, indépendamment

 11   de la question de savoir s'il a été commis.

 12   Donc l'appel à détruire tel ou tel groupe ethnique ou religieux, ce simple

 13   appel est déjà punissable en application de la convention sur le crime de

 14   génocide. Mais ceci concerne uniquement le crime de génocide en tant que

 15   crime à part. Ceci ne peut pas concerner les conventions de Genève, ni la

 16   violation des lois ou coutumes de la guerre, ni encore les crimes contre

 17   l'humanité. Dans toutes les autres formes d'incitation, l'incitation en

 18   question doit contribuer de façon significative à l'exécution de crime.

 19   L'incitation n'a pas besoin d'être indispensable, parce que le crime aurait

 20   peut-être été commis même sans elle. Cependant, si incitation il y a eu, il

 21   y a véritablement eu, elle doit être en tout état de cause un facteur

 22   contribuant de façon significative à la commission du crime. Or, concernant

 23   mon discours à Belgrade, dans le centre de Belgrade, le Procureur établit

 24   un lien entre ce discours et des événements à Kozluk ou dans tel ou tel

 25   autre village de la municipalité de Zvornik. C'est tout à fait impossible.

 26   Alors quelles sont les autres erreurs ou bêtises qu'ont commis les

 27   Juges dans l'affaire Nahimana ? Des peines de prison lourdes ont été

 28   prononcées pour appels directs et publics à commettre le génocide. Mais ils


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  1   disent ensuite que c'est à cause des mêmes actes, parce qu'il ne s'agissait

  2   pas uniquement d'un appel au génocide mais également d'un appel à

  3   l'extermination. Mais quelle est la différence de principe entre le

  4   génocide et l'extermination ? C'est le nombre de personnes ? Ce n'est que

  5   le nombre de personnes parce que tout le reste est identique.

  6   Parce que si on a déjà constaté qu'il y avait génocide, on ne peut

  7   pas constater que c'est en plus un autre crime, le qualifier par exemple de

  8   meurtre ou d'assassinat dans le cadre de persécution, et cetera. Si

  9   quelqu'un est condamné pour génocide, c'est suffisant. Il n'y a pas

 10   d'autres qualifications au pénal à apporter. Imaginez que quelqu'un se

 11   fasse tuer par trois coups de couteau, imaginer que l'auteur lui donne

 12   d'abord un coup de couteau à la victime, donc au bras, puis un deuxième

 13   coup de couteau au ventre, et touche son cœur d'un troisième coup de

 14   couteau. A quelle infraction pénale ou à quel crime avons-nous affaire ? Il

 15   s'agit d'un meurtre. Alors quel type de meurtre, c'est une question

 16   différente. Est-ce que c'est un meurtre avec préméditation, est-ce que

 17   c'est autre chose ? C'est une question différente.

 18   Mais imaginez maintenant que nous ayons une Chambre de première

 19   instance qui dirait la chose suivante : Il s'agit d'un meurtre, il s'agit

 20   également d'une infraction de coups et blessures, et de coups et blessures

 21   graves. Eh bien, je crois qu'une telle Chambre serait la risée du monde

 22   entier. Nahimana, et les autres ont été condamnés pour génocide et pour

 23   incitation directe et publique à commettre le génocide, à partir de là, il

 24   n'y a plus lieu de les juger pour quoi que ce soit d'autre. Malheureusement

 25   devant ce Tribunal, comme le TPIR, or la Chambre d'appel leur est commune,

 26   on trouve de nombreuses personnes ignorantes, que ce soit parmi les

 27   Procureurs ou les Juges, et tout ceci est accepté, et passe.

 28   Peut-être que le problème que j'aie c'est d'avoir lu pratiquement la


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  1   totalité des jugements du Tribunal de La Haye, et également le fait d'avoir

  2   lu quelques jugements du TPIR. Je ne ressemble en rien à ces avocats

  3   effrayés qui essaient de ne surtout pas agir autrement que ce qu'attend le

  4   Greffe. Mais votre jugement ne m'intéresse absolument pas, et je vous l'ai

  5   dit des centaines de fois. Parce que tout jugement de votre part, pour moi,

  6   ce sera toujours un jugement à vie. Alors, par conséquent, en quoi puis-je

  7   m'en soucier ?

  8   Le Procureur énonce les thèses qui sont les siennes, pêle-mêle en

  9   détaillant ce qu'elle considérait être différents lieux de commission du

 10   crime, et M. Marcussen commence d'emblée avec Zvornik. Je ne vais pas

 11   entrer dans ces détails. Nous en avons déjà largement débattu à l'occasion

 12   de la comparution des différents témoins, et je dois en revanche répéter ce

 13   qui est essentiel.

 14   Les volontaires du SRS ont participé à la libération de Zvornik. Pourquoi

 15   "libération" ? Parce qu'avant cela Zvornik avait été occupé par les forces

 16   paramilitaires musulmanes armées jusqu'aux dents, qui avaient distribué les

 17   armes de la TO et du poste de police local. Et parmi ces forces musulmanes,

 18   on trouvait un grand nombre de criminels locaux de Zvornik. Ils ont été les

 19   premiers à occuper à Zvornik, et les Serbes ont été contraints de fuir la

 20   ville. Ils ont fui, ils ont pris leur jambe à leur cou, et il ne s'agissait

 21   pas d'une fuite au cours de laquelle il était possible d'emporter ses

 22   biens. Au mieux, on pouvait emporter un enfant à bas âge, ils ont fui de

 23   l'autre côté de la Drina afin de sauver leur peau. Et c'est ensuite qu'est

 24   intervenue la contre-attaque serbe. Et je suis particulièrement fier de ce

 25   que les volontaires du SRS ont participé à cette contre-attaque menée et

 26   mise en branle par la JNA et le commandement du Groupe opérationnel Drina

 27   qui était basé à Vucevo.

 28   La brigade de chars de Jastrebarsko, près de Zagreb, est arrivée sur place


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  1   sous le commandement d'un colonel, et c'était le gros des effectifs.

  2   C'était la partie la plus importante de ces forces. La JNA, cependant,

  3   n'avait pas assez de soldats. C'est pourquoi on a mobilisé la Défense

  4   territoriale de la région de Zvornik, ainsi que celle de la rive droite de

  5   la Drina, donc en Serbie, à Mali Zvornik, et d'autres municipalités

  6   environnantes, et on a également fait appel aux réservistes de la police.

  7   Et une unité d'une centaine à peu près de volontaires du SRS les a rejoint

  8   sous le commandement de Dragan Cvetinovic, le juge de Loznica.

  9   Il y a eu également d'autres membres du SRS qui ont participé au

 10   combat, mais ce n'était pas dans le cadre de cette unité de volontaires.

 11   Certains s'y sont rendus de leur propre chef. Je parle de membres du SRS de

 12   Mali Zvornik, certains d'ailleurs ont déposé à ce sujet. Il y a eu

 13   également ceux qui ont été directement mobilisés au sein de la JNA, tels

 14   que Zoran Subotic qui, un temps, a été commandant de la TO dans la ville de

 15   Zvornik qui venait juste d'être libérée.

 16   Cette unité a participé au combat jusqu'à la chute de Kula Grad. Et

 17   vous pouvez y trouver des traces tout à fait officiellement des hommes de

 18   Seselj jusqu'à la chute de Kula Grad le 26 avril. A ce moment-là Dragan

 19   Cvetinovic fait marche arrière avec son unité, il rebrousse chemin, et il

 20   reprend son activité de juge à Loznica. Un an plus tard, d'ailleurs, je

 21   l'ai nommé voïvode chetnik serbe en raison du mérite qui était le sien dans

 22   la libération de Zvornik.

 23   Alors, peut-être y a-t-il eu quelques individus de cette unité qui étaient

 24   restés de leur propre chef. Slavkovic probablement qui a été jugé à

 25   Belgrade. Il était membre de cette unité et il est peut-être resté sur

 26   place. Après le 26 avril, ce sont des unités entièrement nouvelles qui sont

 27   constituées là-bas. Et sur place, il a Igor Markovic, et plus tard les

 28   Guêpes jaunes. L'unité de Pivarski, qui était très petite, moins d'une


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  1   dizaine d'hommes qui étaient liés à la police, l'unité de Niski, qui a

  2   déclaré lui-même être un homme d'Arkan, et le groupe de Gojic, qui était

  3   également affilié à Arkan, et cetera. Alors, peut-être que Gojic était au

  4   sein de cette unité au côté de Cvetinovic jusqu'au 26 avril. Mais

  5   Cvetinovic lui-même, il n'est plus là après le 26 avril.

  6   Alors à un moment je me suis dit que peut-être Miroslav Vukovic, Cele,

  7   avait été commandant là-bas. Mais ensuite j'ai vu sa déclaration, lui, en

  8   fait, était entré en conflit avec Ljubisa Petkovic, il n'est pas parti avec

  9   les volontaires, il est parti pour assurer la sécurité d'une usine. Et

 10   ensuite, il s'est trouvé à mes côtés à Podgorica lorsqu'il y a eu cette

 11   tentative d'attentat, et que nous avons été 62 à être blessés là-bas. Il a

 12   été l'un des plus gravement blessé, et aujourd'hui encore il en a des

 13   séquelles aux jambes et à la partie basse de l'abdomen. En tout cas, après

 14   la date du 25 mai, il est absolument impossible qu'il soit présent à

 15   Zvornik.

 16   Or, vous parlez d'un certain Cele qui se serait trouvé là-bas, que l'on

 17   appelait probablement voïvode, et vous dites que c'est Cele. Mais Cele et

 18   Celo, ce n'est pas la même chose. Ce Celo dont vous parlez, personne ne l'a

 19   identifié comme Miroslav Vukovic là-bas. Et en plus, des témoins vous

 20   disent qu'il portait le genre de chaussure que portent les vieilles femmes.

 21   L'ensemble du peuple serbe sait ce que sont ces chaussures de toile, les

 22   "Zepe" que portent les vieilles femmes, les "Zepa", on les porte parce

 23   qu'elles sont chaudes. On les porte à l'intérieur parfois dans la cour de

 24   sa maison. Et parfois on voit des femmes âgées les porter également à

 25   l'extérieur. Et vous, ce Celo, vous le déclarez voïvode chetnik, et vous

 26   vous imaginez qu'un voïvode chetnik peut circuler dans ce type de

 27   chaussure, dans des "Zepa". Mais en tout cas avant le mois de mai 1993 il

 28   n'avait pas de voïvode chetnik en dehors de moi-même.


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  1   Alors, vous dites avoir prouvé hors de tout doute raisonnable les crimes

  2   allégués dans l'acte d'accusation. Ce n'est pas du tout le cas parce qu'en

  3   réalité ces crimes n'ont pas été sérieusement remis en question. On ne m'a

  4   pas vraiment donné la possibilité de me lancer dans cette entreprise

  5   consistant à déterminer si ces crimes s'étaient réellement produits ou non.

  6   La Chambre de première instance m'a privé de financement pour ma défense.

  7   L'aide que j'ai reçue était particulièrement limitée, et je n'ai pas pu me

  8   pencher sur ces questions. J'ai pu le faire dans la mesure dans laquelle

  9   l'Accusation m'avait fourni certains documents, que ce soit volontairement

 10   ou non. Parfois c'était par erreur. Cela m'a permis de voir ce qui s'était

 11   éventuellement passé et de quelle façon.

 12   A Zvornik, Arkan avait été présent. C'est quelque chose qui a été élucidé

 13   entièrement. Nous avons eu ce témoin qui a dit que c'était Biljana Plavsic

 14   qui avait réussi à persuader que l'on donne de l'argent à Arkan pour la

 15   libération de Zvornik, qu'il était venu avec 20 ou 30 hommes. C'était tout.

 16   Qu'il était venu pour participer au combat en provenance de l'axe de

 17   Karakaj, qu'il avait eu quelques hommes de la TO qui avaient été tués et

 18   qu'on l'avait réprimandé pour cela, et qu'il avait dû ensuite se retirer.

 19   Ce n'était qu'ensuite que la JNA s'était lancée dans son opération de

 20   combat conjointement avec les volontaires du SRS.

 21   Les crimes qui ont eu lieu à Zvornik ont été attribués à Arkan, les crimes

 22   commis jusqu'à la date du 26 avril. Rien n'indique qu'un volontaire du SRS

 23   ait commis le moindre crime. La JNA a dépêché ses propres médecins légistes

 24   de l'Académie de médecine militaire afin qu'ils s'acquittent des tâches

 25   d'enquêtes préliminaires suite à ces crimes. Vous avez entendu l'expert

 26   Zoran Stankovic, qui vous a décrit ce processus. La JNA souhaitait

 27   diligenter des procédures concernant ces crimes; cependant, le 19 mai,

 28   suite à un ultimatum, elle a dû se retirer de la Bosnie-Herzégovine, et ces


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  1   crimes n'ont pas pu être jugés.

  2   A qui pouvez-vous attribuer ceci, à qui pouvez-vous le reprocher ? A

  3   moi ? Vous dites que ceci entre dans la troisième catégorie de l'entreprise

  4   criminelle commune. Mais dans ce cas-là, vous-même, aussi bien le Procureur

  5   que la Chambre de première instance, vous pouvez être mis en accusation

  6   pour tentative de meurtre à mon endroit, en tant qu'entreprise criminelle

  7   de troisième catégorie. Par exemple, vous avez accepté volontairement de

  8   participer à une entreprise criminelle commune dont l'objectif est de

  9   m'éliminer de la vie politique serbe. Cependant, vous avez considéré que

 10   ceci était possible par l'intermédiaire d'un procès, sans verser de sang,

 11   et que c'était ainsi que vous alliez obtenir les meilleurs résultats

 12   possibles. Et pourtant certains des participants à cette entreprise

 13   criminelle commune qui est la vôtre, à savoir les services de renseignement

 14   des Etats-Unis et de la France ou du Royaume-Uni, ont tenté de me tuer dans

 15   la nuit du 8 au 9 mars de cette année. Et cette tentative aurait très bien

 16   pu réussir. Vous ne saviez pas qu'il préparait un tel meurtre, mais vous

 17   saviez qui ils étaient, et vous saviez comment ils agissaient. Vous auriez

 18   pu prévoir que cette tentative de meurtre de leur part était une

 19   conséquence logique et prévisible dont vous auriez dû tenir compte. Et

 20   c'est la raison pour laquelle vous devez être tenu responsable au terme de

 21   cette troisième catégorie de l'entreprise criminelle.

 22   J'aime raisonner par l'absurde parce que dans ce cas-là les choses

 23   sont absolument limpides, il n'y a plus le moindre doute. Ce serait moi qui

 24   serais coupable parce qu'Arkan aurait commis quelque part un crime. Voilà

 25   j'ai commencé par Zvornik, j'aurais pu faire autrement, mais j'ai procédé

 26   ainsi uniquement parce que c'est M. Marcussen lui-même qui a commencé avec

 27   Zvornik. Je préférerais, cependant, commencer par Vukovar.

 28   Je crois que nous aurons bientôt une pause. Mais je voudrais juste dire


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  1   encore quelques mots concernant Zvornik, puis après la pause je passerai à

  2   Vukovar.

  3   Des crimes ont été commis à Zvornik à la fin du mois de mai et au cours du

  4   mois de juin, mais à Zvornik, on a assisté à un effondrement total de

  5   toutes autorités. C'était le chaos total. Brano Grujic a été arrêté par les

  6   Guêpes jaunes à un moment donné et il a été attaché à des installations.

  7   Quand le chaos s'est-il installé ? Le 15 mai, lorsque les Musulmans ont

  8   attaqué une colonne de soldats de la JNA à Tuzla, attaque lors de laquelle

  9   environ 150 soldats ont été tués, selon les informations données par les

 10   médias. Lorsque ces soldats ont été tués, on a assisté à une irruption de

 11   haine du côté des Serbes également, et c'était notamment vrai lorsqu'un

 12   très grand afflux de réfugiés s'est présenté, des réfugiés serbes

 13   originaires de ces parties du territoire qui n'avaient nulle part où aller

 14   en dehors de Zvornik. Ces réfugiés eux-mêmes ont fait pression sur les

 15   autorités. Il n'était même pas nécessaire de menacer qui que ce soit. Le

 16   simple fait que ces réfugiés soient arrivés en nombre si grand après avoir

 17   été chassés de leurs maisons était déjà suffisamment inquiétant pour les

 18   Musulmans du cru. Ils sont partis, ils ne souhaitaient pas se battre, ils

 19   ont pris le chemin de la Serbie pour atteindre la Hongrie. Ils étaient

 20   dirigés par Fadil Banjanovic [phon], que nous avons entendu dans le

 21   prétoire. Et j'ai appris son décès il y a quelques jours, d'ailleurs.

 22   Donc ils sont passés de l'autre côté parce qu'ils trouvaient cela

 23   déjà suffisamment inquiétant et n'ont pas souhaité rester pour se battre.

 24   Alors, le fait que Zvornik soit restée sans la moindre autorité et qu'il

 25   n'y avait plus personne pour contrôler la situation, qui en est responsable

 26   ? Qui est coupable de cela, lorsqu'on assiste tout d'un coup à une

 27   situation anarchique qui se met en place et dans laquelle des crimes sont

 28   commis ? Des crimes parfois absolument monstrueux et à caractère totalement


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  1   pathologique.

  2   Ce qui s'est souvent produit, c'est que vous avez suggéré bien

  3   souvent aux témoins a posteriori que les hommes de Seselj avaient participé

  4   à ces crimes, or nous voyons bien que dans les déclarations données aux

  5   autorités musulmanes par ces réfugiés musulmans, on ne trouve nulle part la

  6   moindre mention ni de moi-même, ni du SRS, ni des volontaires du SRS. Et

  7   c'est a posteriori que vous ajoutez les hommes de Seselj dans ces

  8   déclarations que vous avez rédigées vous-mêmes pour eux, parce que toutes

  9   les déclarations qui ont été présentées ici par l'Accusation ne sont pas

 10   des déclarations rédigées par les témoins, mais par le Procureur qui a

 11   adapté ces déclarations à ses propres besoins; alors que les témoins eux-

 12   mêmes, souvent, n'avaient pas la moindre idée de ce sur quoi ils apposaient

 13   leur signature. Souvent, il s'agissait de personnes qui avaient à peine

 14   terminé l'école primaire. Ceci dit, même s'il s'était agi de personnes qui

 15   avaient fait des études universitaires, elles n'auraient pas pu comprendre

 16   quelle était la finalité de chacune de ces phrases qui ont été ajoutées

 17   dans leurs déclarations. Les personnes en question pouvaient très bien

 18   avoir l'impression qu'il s'agissait de quelque chose d'assez bénin et donc

 19   apposaient finalement leur signature, pour ne se rendre compte qu'après

 20   qu'il s'agissait de quelque chose que ces témoins souhaitaient en fait

 21   renier, qu'ils souhaitaient s'en dédire.

 22   Donc vous avez essayé de me mettre sur le dos quelque chose qui

 23   s'était passé à Zvornik. Or, aucun volontaire du SRS n'a jamais été

 24   suspecté de quoi que ce soit, ni mis en accusation, pour la période

 25   s'étendant jusqu'au 26 avril. Si Slavko Grujic [phon] s'est trouvé parmi

 26   les volontaires et est resté jusqu'à leur départ, je ne suis pas sa mère ni

 27   son père, il est majeur et vacciné, il a pu très bien le faire de son

 28   propre chef. Si Stojan Pivarski [phon] a pu être précédemment volontaire du


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  1   SRS, puis ensuite s'est rendu de son propre chef à Zvornik avec un petit

  2   groupe d'hommes en partant de l'Una, je ne peux pas, moi, tenir compte de

  3   sa position, me demander où il se trouve et ce qu'il fait. Parce que moi je

  4   ne savais même pas qu'il était à Zvornik jusqu'au moment où j'ai pu le voir

  5   dans les documents que j'ai consultés.

  6   Et le plus important - je vais en finir dans cette partie à ce sujet

  7   - vous m'avez fourni toute une série de documents originaux concernant la

  8   structure des forces armées serbes à Zvornik après le 26 avril, et ce,

  9   jusqu'à la fin du mois de juin ou début du mois de juillet. Il s'agit de

 10   listes dans lesquelles on trouve les noms de tous ces soldats et policiers.

 11   A aucun endroit on ne trouve la moindre indication qu'il s'agirait de

 12   volontaires du SRS, d'hommes de Seselj, et cetera. Chaque unité a son

 13   libellé propre, et aucune d'entre elles n'est assortie du moindre

 14   qualificatif indiquant qu'il s'agirait d'hommes de Seselj. Il s'agit de

 15   listes que vous m'avez fournies, qui ont été versées au dossier.

 16   Est-ce que j'étais censé me poser la question concernant chacun de

 17   ces individus figurant dans ces listes pour me demander où il était et ce

 18   qu'il faisait ? Sans parler de l'arrestation du groupe de Zuca. Moi, j'ai

 19   soutenu ceci lors de la conférence de presse à Belgrade. Et même cela, vous

 20   me le reprochez. Parce que vous dites que j'ai souhaité me distancier de

 21   tout cela. Et vous proférez un mensonge perfide, en plus, lorsque vous

 22   dites que j'ai fait déménager Zuca de Zvornik à Skelani. Or, il n'a jamais

 23   été à Skelani. Nous avons longtemps eu de fortes unités de volontaires du

 24   SRS à Skelani parce qu'il y avait là le front qui passait, le front vers

 25   Srebrenica.

 26   Vous faites référence également à mon meeting préélectoral du 28 mai,

 27   le dernier, lors duquel j'ai dit qu'il restait encore à nettoyer la rive

 28   gauche de la Drina et qu'il fallait ménager un corridor en direction de


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  1   Banja Luka, et qu'à partir de ce moment-là les choses les plus importantes

  2   auraient été accomplies.

  3   Mais qu'est-ce que cela veut dire "nettoyer" du point de vue de la

  4   terminologie militaire ? Qu'est-ce que cela signifie dans ces discours que

  5   nous avons prononcés ? Ce terme n'a jamais voulu dire nettoyer les civils.

  6   Les Musulmans avaient encore deux bastions très puissants : Srebrenica et

  7   Zepa, et également Gorazde sur la rive gauche de la Drina. Ce que je

  8   disais, c'est qu'il fallait régler la situation de ces trois bastions pour

  9   qu'ils ne puissent plus porter préjudice, ni menacer la centrale

 10   hydroélectrique sur la Drina, ni menacer le barrage qui retenait ces

 11   déchets toxiques d'alumine rouge dont la rupture aurait été une

 12   catastrophe.

 13   Et si cela avait été fait, nous n'aurions pas eu autant de difficulté

 14   après avec les puissances occidentales et le Conseil de sécurité n'aurait

 15   même pas eu le temps de déclarer ces zones zones de sécurité. Et à chaque

 16   fois qu'on ne m'a pas écouté, il s'est avéré que c'était une erreur. Moi je

 17   peux seulement regretter jusqu'à la fin de ma vie de ne pas avoir occupé de

 18   telles fonctions qu'ils auraient été obligés de m'écouter. C'est ce qui m'a

 19   manqué, une position et des fonctions telles qu'ils auraient dû m'écouter.

 20   Et si cela avait été le cas, eh bien, beaucoup de choses se seraient

 21   terminées différemment et nous n'aurions pas essuyé une telle défaite.

 22   Nous allons faire une pause maintenant ?

 23   M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons reprendre dans 20 minutes.

 24   --- L'audience est suspendue à 15 heures 46.

 25   --- L'audience est reprise à 16 heures 14.

 26   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise. Nous avons fait une

 27   petite prolongation parce que le médecin nous a fait savoir qu'il fallait

 28   faire des pauses de 30 minutes toutes les heures et quart. Donc on s'est


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  1   conformés. Ce qui fait que nous avons fait 30 minutes de pause. Voilà.

  2   Monsieur Seselj, vous avez la parole.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai annoncé le fait que j'allais à présent

  4   parler de Vukovar. Le Procureur, dans cette espèce de galimatias,

  5   d'imbroglio de thèses, d'antithèses et énoncés contradictoires, veut faire

  6   entendre que j'étais le commandant en chef du Mouvement chetnik-serbe et du

  7   Parti radical serbe, et que c'est ainsi que je me présentais, et ainsi de

  8   suite, et ainsi de suite. Alors, ici nous avons prouvé qu'il y avait deux

  9   phases au moins pour ce qui est de l'envoi de volontaires du Parti radical

 10   serbe vers les théâtres de combat.

 11   La première phase, c'était avant l'entrée de la JNA ou la

 12   participation de la JNA au conflit armé. C'était une phase où nous

 13   envoyions des volontaires du Parti radical serbe pour protéger des villages

 14   serbes en Slavonie. Et j'étais à ce moment-là véritablement le commandant.

 15   Il n'y avait pas d'autorités plus éminentes que moi-même. Nous avons dû le

 16   faire de façon illégale vis-à-vis de ce qui avait été le régime à Belgrade,

 17   en nous cachant, et on a dit que nos volontaires recevaient des armes avec

 18   l'aide du général à la retraite Dusan Pekic. C'était un commandant

 19   légendaire de la Deuxième Guerre, originaire de Kordun, qui était à la tête

 20   de l'Association des anciens combattants, des vétérans, et qui avait une

 21   très grande influence au niveau de l'état-major principal de la JNA. Et il

 22   y avait Radojica Nenezic, un autre général qui était à ses côtés pour ce

 23   qui est de la Slavonie, et plusieurs autres généraux ou haut gradés. Ils

 24   étaient tous des retraités, mais ils étaient tous à même de contribuer aux

 25   efforts organisationnels et de trouver des armes.

 26   Pour dissimuler la vraie source de l'armement, nous, on mystifiait

 27   les choses. On disait que ça venait de là, de tel autre endroit. Une fois,

 28   j'ai même dit pour le public qu'on s'était procurés des armes via la


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  1   Hongrie, puis il y a eu une enquête de diligentée en Hongrie, tout un

  2   remue-ménage là-bas. Mais que voulez-vous que j'en fasse ? Je laissais

  3   courir le bruit, et puis j'ai laissé les Hongrois se dépatouiller. C'était

  4   une façon de dissimuler les sources à partir desquelles on se procurait des

  5   armes.

  6   Or, les armes, on se les procurait, mais c'étaient des armes que la

  7   JNA avait déclarées caduques et qui étaient censées être détruites.

  8   C'étaient des Thompson américains de la Deuxième Guerre mondiale, c'étaient

  9   des fusils M-48, c'étaient des fusils automatiques Spagin russes qui

 10   dataient de la Deuxième Guerre mondiale aussi, et c'étaient des armes

 11   automatiques M-56. Pour l'essentiel, c'est des armes qu'on réussissait à se

 12   procurer pour nos volontaires. Et c'est stupide d'énoncer d'autres sources,

 13   par exemple, le MUP. Mais pour moi, c'était une vraie confiserie que de

 14   porter du tort au ministère de l'Intérieur. Mais d'où se procuraient-ils

 15   cela ? Ils n'avaient pas ces armes. C'était la JNA qui avait possédé cela,

 16   ayant repris ces armes au niveau des Défenses territoriales des républiques

 17   et des provinces, et elle s'apprêtait à détruire ces armes. Et au lieu de

 18   les faire détruire, le général Dusan Pekic avait réussi à nous les faire

 19   livrer. Dans les registres, on a déclaré ces armes comme ayant été

 20   détruites déjà. Et c'est avec ça qu'on a défendu les villages en Slavonie.

 21   Et dans votre acte d'accusation, il n'y a aucune incrimination quelle

 22   qu'elle soit qu'il y aurait eu des crimes de commis. Alors, que voulez-vous

 23  faire de cela ? Ça s'est passé avant le 1er août, après le 1er août, et vous

 24   avez pu voir qu'il y a eu une circulaire qui disait qu'il fallait faire se

 25   retirer tous ces groupes autonomes de volontaires qui avaient été envoyés

 26   vers des villages serbes. Ça se passe août, début septembre, parce qu'en

 27   septembre on avait déjà convenu que nos volontaires n'aillent uniquement

 28   que vers des unités de la JNA et que c'était la JNA qui les affecterait là


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  1   où on avait le plus besoin d'eux. Et c'est cela la substance des choses.

  2   Le bureau du Procureur, lui, affirme que les volontaires du Parti

  3   radical serbe à Borovo Selo, le 2 mai, ont tendu une embuscade pour les

  4   policiers croates pour en tuer pas mal, une douzaine, me semble-t-il. Alors

  5   on affirme que nous les avons tués. Mais non, nous ne les avons pas tués.

  6   Nous les avons vaincus. Nous avons vaincu les volontaires. Je les ai en

  7   personne envoyés à Borovo Selo suite à une demande de Vukasin Soskocanin,

  8   commandant de la TO de Borovo Selo, parce qu'ils avaient estimé qu'ils

  9   étaient trop exposés aux attaques croates et qu'ils avaient besoin d'aide

 10   pour se défendre. Les volontaires ont été installés à la maison de la

 11   culture au centre de Borovo Selo.

 12   Il y a eu des incidents autour du village, puis il y a eu des

 13   négociations avec les autorités croates, et il a été convenu une cessation

 14   des hostilités, et on a convenu aussi de lever les barrages routiers au

 15   niveau des routes. Les Serbes ont levé la totalité des barrages routiers.

 16   Et les volontaires, le 2 mai, en termes simples, étaient sans armes. Ils

 17   étaient relâchés. Il y en a qui dormaient, alors que les Croates sont venus

 18   à bord d'autocars pleins de policiers ordinaires et de réserve qui ont fait

 19   leur intrusion dans Borovo Selo. Ils ont sauté les autocars et se sont mis

 20   tout de suite à tirer. La première des victimes au combat, c'était un

 21   Serbe, non pas un Croate. On l'a tué. On a tué Vojislav Milic à l'entrée de

 22   la maison de la culture alors qu'il était assis sur l'escalier et n'avait

 23   aucune arme sur lui.

 24   Alors, drôle de coïncidence. Il était le seul à ne pas avoir été

 25   volontaire du Parti radical serbe mais de Dusan Silni, une unité créée par

 26   le Mouvement du Renouveau serbe, qui après s'est nommé Aigles blancs. Il

 27   était le seul. Mirko Jovic a fait des déclarations pour dire qu'il y avait

 28   700 volontaires à lui à Borovo Selo, et cetera. Mais ça c'est des bêtises.


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  1   Il y en avait 16 et ils étaient des volontaires du Parti radical serbe. Et

  2   dès qu'ils ont entendu qu'il y a eu des coups de feu de tirés, ils ont pris

  3   leurs armes, ils ont riposté et ils les ont battus.

  4   Les habitants de Borovo Selo se trouvaient dans les champs. C'était

  5   la saison des travaux pour la récolte du maïs. Je crois que c'était même

  6   des semences. C'était le 2 mai. Alors, quand ils ont entendu qu'il y avait

  7   des coups de feu de tirés, ils ont couru vers leurs armes eux aussi. Et

  8   c'est ainsi que les Croates ont été battus. Ils se sont trouvés encerclés,

  9   puis ils ont prié la JNA de venir les sauver de cet étau. Et une unité de

 10   blindés de la JNA est venue, les a protégés pour les faire sortir de Borovo

 11   Selo. Dès que l'unité de la JNA est arrivée, les Serbes ont cessé de tirer.

 12   D'après nos registres, il y a eu beaucoup plus de policiers croates

 13   de tués, et non pas 12; mais après, il s'est avéré que c'étaient des

 14   mercenaires kurdes, et les Croates ne les ont pas du tout présentés dans

 15   les effectifs perdus pendant les combats. Ils les ont enterrés à un endroit

 16   inconnu et ils n'ont déclaré la chose à personne. A Ovcara aussi, on a eu

 17   sept mercenaires étrangers, c'étaient probablement des Kurdes, qui n'ont

 18   jamais été identifiés pour leur part. Vous avez pu le voir lorsque l'expert

 19   croate est venu ici - comment s'appelait-il déjà ? Peu importe - il a

 20   confirmé qu'il y a eu sept victimes qui n'ont jamais été identifiées. Davor

 21   Strinovic qu'il s'appelait, oui.

 22   Alors, à Vukovar, nous avons eu une grande victoire et nous en sommes

 23   fiers de nos jours encore.

 24   Nos combattants n'ont pas attaqué un village croate pour aller y tuer

 25   des Croates. Mais c'est des volontaires à nous qui ont défendu un village

 26   serbe, et dans des combats - je souligne bien dans des combats - ils ont

 27   tué 12 policiers croates.

 28   Vous voyez bien que les Serbes, de toute façon, n'ont pas attaqué de


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  1   villages croates. Les Serbes ne tenaient compte que d'une chose, à savoir

  2   défendre leurs villages serbes. Ils ne reconnaissaient pas le départ de la

  3   Croatie de la Yougoslavie. Ils ne voulaient pas être dépossédés de ce

  4   statut de peuple constitutif, et ils n'ont pas accepté de voir que le

  5   damier croate qui leur rappelait le régime oustachi de Pavelic soit arboré

  6   sur les uniformes des policiers croates. Ils ne voulaient pas l'accepter.

  7   Que voulez-vous en faire ? Et maintenant, c'est les Serbes qui sont des

  8   criminels parce qu'ils s'étaient défendus.

  9   Et lorsque, avec la JNA, il a été convenu qu'elle prenne part au

 10   combat, lorsque la JNA a participé au combat - et c'est là que l'acte

 11   d'accusation me concerne, à savoir à compter du 1er août - tout ce qui m'a

 12   été attribué avant le 1er août, ça c'est à jeter à l'eau. Toute

 13   incrimination antérieure à la date du 1er août ne saurait être englobée par

 14   l'acte d'accusation et on ne peut pas fonder le jugement là-dessus.

 15   On peut tirer des conclusions concernant le fait que je suis un

 16   mauvais homme. Je ne sais pas si vous pensez que je suis l'une des pires

 17   personnes au monde. Vous pouvez le penser. Que voulez-vous que j'en fasse ?

 18   J'en suis même fier. A Dieu ne plaise que vous me vantiez, que vous me

 19   prononciez des éloges. Parce que ce serait un problème pour moi.

 20   Alors, en 1984 déjà, j'ai été condamné à huit ans de prison pour les

 21   mêmes idées qui sont les miennes. Parce que j'avais demandé à ce que l'on

 22   supprime cette nation artificielle musulmane, j'avais demandé à ce qu'on

 23   supprime cette artificielle nation monténégrine, et j'ai demandé la

 24   diminution du nombre des unités fédérales en Yougoslavie, et j'ai demandé

 25   aussi à ce que l'on supprime ce culte de la personnalité du dictateur

 26   communiste Tito. Ça c'est la substance du texte qui a été saisi, et c'est

 27   la raison pour laquelle j'ai fait huit ans de prison. Est-ce que vous

 28   pensez que cette sanction a pu me faire changer d'avis ? Mais Zenica, la


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  1   prison de Zenica c'était bien pire que la prison de Scheveningen. Ça ne m'a

  2   pas fait changer d'avis, au contraire ça m'a fortifié dans mes opinions.

  3   Et là aussi il y a une continuité, et vous en votre qualité de Juge

  4   de la Chambre et le Procureur de son côté, lorsque vous demandez des

  5   discours que j'ai faits précédemment pour avoir des fondements de jugement,

  6   vous n'avez qu'à commencer en 1984 ou en 1981, lorsque je me suis révolté

  7   de façon ouverte contre le régime communiste. Vous pouvez commencer même

  8   avant l'année 1981 parce que j'ai été une espèce de dissident local. Ça

  9   c'est ma vie. C'est une continuité. Et je ne pense pas que cela puisse être

 10   interrompu par un jugement que vous rendriez. J'en suis fier. Et si je

 11   venais à renaître, je pense que je suivrais le même cheminement.

 12   Lorsque nous avions conclu avec la JNA pour ce qui est d'intégrer les

 13   volontaires dans notre unité parce que les unités de la TO qui faisaient

 14   partie intégrante de la JNA, parce que chaque fois que la JNA participait à

 15   des combats elle exerçait le commandement vis-à-vis des effectifs de la TO.

 16   C'était conforme à la législation en vigueur à l'époque. Donc nous avons

 17   agi conformément au sens de mission ou devoir moral qui était le nôtre.

 18   Nous n'avons pas créé d'entreprise criminelle commune pour empêcher la

 19   sécession de la Croatie ou de la Slovénie. C'est la direction croate et la

 20   direction musulmano-croate en Bosnie-Herzégovine qui a commis ou qui a

 21   organisé une entreprise criminelle commune afin que ces deux entités

 22   fassent sécession vis-à-vis de la Yougoslavie en dépit des efforts déployés

 23   par les Serbes, et ils savaient pertinemment bien que ça allait générer des

 24   conflits armés ou une guerre civile, et que cette guerre civile, la guerre

 25   civile de toute façon c'est la pire des guerres. Et c'est là qu'il y a le

 26   plus de victimes parmi les civils. Ils le savaient cela. Et ils savaient

 27   aussi qu'il y aurait les démons du passé qui resurgiraient, ils le savaient

 28   aussi. Et je l'ai indiqué. Je l'ai signalé. J'ai menacé. J'ai mis en garde.


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  1   J'ai supplié.

  2   Il y a tout un éventail d'efforts que j'ai déployées, et vous pouvez

  3   en parler à cet effet. Mais je voulais que nous évitions cette guerre. A un

  4   grand meeting à Banja Luka, en novembre 1991, pendant une intervention qui

  5   a duré deux heures, deux heures je dis bien, j'ai sans cesse mis en garde

  6   les Musulmans de la nécessité de ne pas s'aventurer à un règlement de

  7   compte avec les Serbes, de ne pas faire sécession de la Bosnie-Herzégovine,

  8   et de ne pas faire de planning sécessionniste, et j'ai pratiquement

  9   illustré ce qui allait se passer dans le cas contraire. Or, c'est

 10   précisément ce qui s'est passé. Alors que voulez-vous que j'y fasse ? Je

 11   suis coupable parce que je l'avais prévu, parce que j'ai mis en garde de ce

 12   qui allait se passer. Je suis coupable parce que j'ai convié les Serbes à

 13   aller défendre leurs droits, mais j'en suis fier. Je suis coupable mais à

 14   vos yeux, parce que vous êtes des ennemis des Serbes. Vos pays ont bombardé

 15   la Serbie et le peuple serbe. Mais nous autres, nous n'avons pas eu la

 16   possibilité de riposter. Peut-être allons-nous avoir un jour la possibilité

 17   de le faire. Et on se souviendra ce que nous vous avez fait en 1995 et en

 18   1999, et on vous rendra la pareille. Ce n'est pas impossible. Toutes sortes

 19   de choses sont possibles dans l'histoire. Et nous n'allons jamais

 20   l'oublier.

 21   En Slavonie, nous avions un grand nombre de volontaires, pas

 22   seulement dans le Groupe opérationnel sud. L'acte d'accusation n'englobe

 23   que le territoire tenu par le Groupe opérationnel sud, où l'axe principal

 24   était tenu par la Brigade motorisée de la Garde. Mais nous avons disposé de

 25   plusieurs groupes de volontaires dans le Groupe opérationnel nord, où la

 26   force principale, c'était le corps d'armée de Novi Sad. Nous avions un

 27   groupe de volontaires à Trebinska Teska [phon], nous en avions un à Tenja,

 28   et dans d'autres localités encore. Et l'acte d'accusation n'englobe quant à


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  1   lui que le secteur sud. Mais on n'arrête pas de souligner le fait qu'on

  2   était à Erdut, qu'on avait envoyé des gens au centre organisé par Arkan

  3   pour la formation des volontaires, et cetera.

  4   Mais en septembre, octobre, novembre, Arkan n'avait rien à Erdut, pas

  5   de centre d'entraînement du tout. A Erdut, il y avait un centre

  6   d'entraînement de la Défense territoriale de la Région autonome serbe de la

  7   Slavonie, Baranja, et Srem occidental. Le commandant de la TO, c'était

  8   Radovan Stojicic, Badza, qui par la suite est devenu un général de la

  9   police en Serbie. Il était parti là-bas en tant que volontaire en Slavonie.

 10   Il a été nommé commandant de la Défense territoriale.

 11   S'agissant de sa nomination ou de la nomination des commandants de la

 12   Défense territoriale, c'était la JNA qui donnait son avis. Et Radovan

 13   Stojicic, Badza, était placé sous le commandement du Corps de la JNA situé

 14   à Novi Sad. Il a été le premier commandant de ce Corps de Novi Sad, et

 15   c'était le général Bratic, il a été tué au combat, lui. Il a été touché par

 16   un obus croate et est devenu commandant de ce corps d'armée Andrija

 17   Biorcevic. Andrija Biorcevic est décédé il y a plusieurs années de cela, et

 18   je peux ouvertement parler de noms.

 19   Mon principe continue d'être à chaque fois que vous pouvez porter du

 20   tort à quelqu'un ou de le dénoncer auprès des autorités actuelles en Serbie

 21   pour qu'il soit persécuté, eh bien, là, moi, les noms, je ne les donne pas

 22   parce qu'il s'agissait -- enfin qu'il s'agisse de personnes qui avaient du

 23   mérite ou de personnes qui avaient fait de mauvaises choses ou des méfaits.

 24   Alors, moi, j'ai été à Erdut, j'ai été reçu par Radovan Stojicic,

 25   Badza, il m'a bien reçu. Nous avions plusieurs groupes de volontaires qui

 26   étaient passés par son centre d'entraînement, mais ce n'était pas le centre

 27   d'entraînement d'Arkan. Arkan a pris en charge Erdut que lorsque la JNA

 28   s'est retirée du territoire de la République de la Krajina serbe. Et c'est


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  1   à ce moment-là à Erdut, qui créé une base à lui, qui commence à faire du

  2   business, a exporté du chêne, à ouvrir des exploitations viticoles, ouvrir

  3   des stations d'essence, enfin tout un tas de chose, mais peu importe c'est

  4   un autre sujet. Alors, vous n'avez pas trouvé de délit au pénal qui aurait

  5   été commis par des volontaires du Parti radical serbe sur le territoire de

  6   la zone d'intervention du Corps de Novi Sad, c'est-à-dire dans le domaine

  7   du Groupe opérationnel nord. Et on essaie, de ce fait, de trouver quelque

  8   chose au niveau du secteur opérationnel sud.

  9   Le 1er octobre 1991, il y a eu proclamation d'une situation de

 10   danger de guerre imminent. Et cette situation de danger de guerre imminent

 11   implique ou entraîne des obligations pour tous les intervenants au niveau

 12   du système politique, tant pour que les organisations que pour de ce qui

 13   est des individus. En application des lois de la RSFY qui ont été héritées

 14   et qui étaient toujours en vigueur, toute organisation sociale toute

 15   organisation politique avait sa place et son rôle pour ce qui est de la

 16   défense du pays. Et il y avait une obligation constitutionnelle pour tous

 17   les citoyens et toutes les entreprises de combattre avec tous les moyens à

 18   leur disposition pour préserver l'intégrité territoriale de la Yougoslavie.

 19   Aussi avons-nous participé au combat aux fins de préserver cette

 20   intégralité, non pas parce que personnellement j'avais souhaité préserver

 21   la Yougoslavie. J'étais depuis longtemps convaincu du fait que la création

 22   de la Yougoslavie avait été une erreur énorme pour le peuple serbe. Mais la

 23   Yougoslavie ne nous a apporté que du malheur. Mais je savais qu'à ce

 24   moment-là la constellation  des rapports de force internationaux était

 25   mauvaise, et que ce n'est que par la lutte pour la préservation de la

 26   Yougoslavie que nous pouvions protéger, défendre les intérêts nationaux

 27   serbes. Et c'était la seule chose qui pouvait servir de levier juridique et

 28   politique pour y aboutir. Et nous avons commencé à faire participer les


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  1   volontaires aux effectifs de la Brigade de la Garde.

  2   Et cette Brigade de la Garde a trouvé à Vukovar trois unités de la

  3   Défense territoriale. Il y avait une unité qui était commandée par Stanko

  4   Vujanovic, et ils ont subi d'énormes pertes dans des combats, il y en avait

  5   un sur dix de mort. Il est resté une unité commandée par Vujovic et il y

  6   avait un début de création de cette unité de Leva Supoderica, et on a nommé

  7   un capitaine de réserve à sa tête, Milan Lancuzanin, Kameni. Il est tout de

  8   suite proclamé voïvode, mais il n'était pas voïvode à ce moment-là. Ce

  9   n'est qu'en 1993 qu'il a reçu ce discernement de voïvode. Et je l'ai connu

 10   pour la première fois en octobre 1991, lorsque je me suis déplacé une

 11   première fois à Vukovar pour rendre visite à ce Groupe opérationnel sud.

 12   Moi, je ne l'avais pas vu auparavant, cet homme. Et il n'était pas membre

 13   di Parti radical serbe. Pendant la guerre, il a été l'un des fondateurs du

 14   Mouvement Chetnik-serbe à Vukovar, aux côtés de Slobodan Katic. Et puis

 15   après la guerre, il est devenu membre du Parti radical serbe aussi.

 16   La Brigade motorisée de la Garde, son QG, décide que les volontaires du

 17   Parti radical serbe soient dépêchés pour être enrôlés en détachement de

 18   Leva Supoderica, qui a compté un moment donné plus de 400 combattants, même

 19   500, je ne suis pas tout à fait certain. Le gros des volontaires était

 20   constitué de volontaires du Parti radical serbe; cependant, ils n'étaient

 21   pas tous du Parti radical serbe, même si vous essayez de le présenter

 22   ainsi.

 23   Non, quelqu'un qui a arboré l'étoile rouge sur son couvre-chef

 24   militaire pendant toute la guerre, comment pourrait-il être un volontaire

 25   du Parti radical serbe; cela est totalement impossible. Moi, le premier

 26   dissident anticommuniste publiquement déclaré, Djilas lui-même n'a osé se

 27   déclarer anticommunisme publiquement. Je l'ai fait dans l'ex-Yougoslavie,

 28   alors comment pensez-vous que j'aurais accepté que parmi les volontaires du


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  1   Parti radical serbe, en tant que notre volontaire il y ait quelqu'un qui

  2   arbore une étoile rouge sur son couvre-chef ? Mais cela est tout à fait

  3   impossible. Et cette étoile rouge à cinq branches, Predrag Milojevic,

  4   Kinez, il l'a portée pendant tout le temps. Mais Kinez après la guerre, il

  5   a renié cette étoile rouge, il est devenu membre du Parti radical serbe.

  6   Mais tant qu'il l'avait, il ne pouvait pas devenir membre du SRS.

  7   Vous avez mis en exergue le fait qu'un certain Topola a été membre de

  8   cette unité Leva Supoderica. Votre premier témoin de l'Accusation, Goran

  9   Stoparic, ici dans la salle d'audience, vous vous souviendrez de lui, parce

 10   que Natasa Kandic lui a donné directement des instructions. Il avait la clé

 11   de son appartement, c'est chez lui qu'il a habité pendant qu'il se

 12   préparait à venir déposer, que ce soit dans mon affaire ou dans d'autres,

 13   et il a été relogé dans un pays occidental. Il a une affaire qu'il gère, il

 14   a été bien récompensé pour sa contribution. Mais vous n'avez pas traité

 15   tous de la même manière, pour certains témoins de l'Accusation, ils ont été

 16   bien récompensés, d'autres ont été pris, et puis ils se sont détournés de

 17   vous après, retournés contre vous.

 18   Alors, Goran Stoparic, il a confirmé ici que Topola était membre

 19   d'une unité, qu'il a fait preuve d'indiscipline, et que Kameni l'a écarté

 20   de l'unité, que par la suite il a erré dans Vukovar et qu'il échappait à

 21   tout contrôle. On a eu un faux Témoin 051, ici. Ce témoin a affirmé qu'à ce

 22   moment, lui et Topola étaient déjà voïvode à Vukovar, et ce faux témoin a

 23   inventé un conflit qu'il aurait eu avec Topola, et comme quoi il aurait

 24   toujours appelé voïvode, et que Topola aurait tué, et ce 051 aurait voulu

 25   empêcher que l'on tue. Alors, à partir du moment où nous avons montré la

 26   photographie de Topola, ce faux Témoin 051, il a confirmé que c'était

 27   Topola; Topola en uniforme de la police militaire avec une étoile rouge à

 28   cinq branches. Voïvode chetnik en uniforme de la police militaire avec une


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  1   étoile à cinq branches ? Quelle absurdité.

  2   Et la première fois où je suis venu à Vukovar, j'ai été reçu par le

  3   général Mrksic, colonel à l'époque. Alors, je suis allé le voir à son QG à

  4   Negoslavci pour commencer, puis je me suis rendu au front et le soir je

  5   suis revenu à Negoslavci, et c'est là que Mrksic m'a invité à partager un

  6   dîner avec d'autres militaires, le général Panic était là, et un groupe

  7   d'officiers. Donc un dîner militaire, on a mangé des pois secs avec une

  8   saucisse pour ne pas imaginer que nous avons eu un banquet. Et nous nous

  9   sommes attardés à parler pendant deux ou trois heures, et tard la nuit, je

 10   suis revenu. 

 11   Une deuxième fois, je suis allé à Vukovar, je pense le 8 novembre,

 12   cinq jours plus tard, peu importe, je pense que c'était le 8 novembre. A ce

 13   moment-là je ne suis pas du tout allé voir Mrksic. Je suis juste allé voir

 14   les premières lignes de front. C'est là que je passais la nuit, j'ai passé

 15   la nuit dans la maison de Milan Lancuzanin, Kameni, et un avion de

 16   l'aviation agricole croate a largué sur cette maison-là des explosives. En

 17   fait, un chauffe-eau  entier d'explosives. Il a anéanti la maison, et ça a

 18   explosé dans la cour. Le président d'une organisation serbe du Kosovo-

 19   Metohija était avec moi, de Pristina, Misa Bijanic [phon]. Il n'a plus

 20   fermé l'œil de la nuit, et moi, je ne me suis remis à dormir à poing fermé

 21   jusqu'au lendemain matin. Et le lendemain matin, j'étais en train de me

 22   laver dans la cour, et c'est Tomislav Peternek, un photographe très connu

 23   serbe, qui m'a pris en photo, et cette photographie a été publiée à

 24   Belgrade.

 25   Donc pendant toute cette durée-là, j'ai été au front. Or, ce que vous

 26   avez inventé c'est que tout d'abord j'aurais tenu une réunion avec les

 27   officiers dans la maison de Stanko Vujanovic. Vous avez fait venir ici 026

 28   ou 027, un faux témoin pour confirmer. Et lui, de mémoire, et en fait


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  1   surtout en s'appuyant sur son cahier, il a dit qu'effectivement j'étais

  2   venu à cette réunion et que j'aurais dit, entre autres, que pas un seul

  3   Oustachi ne devait sortir de Vukovar vivant et que, par là, j'ai donné

  4   l'instruction de faire tuer tous les Oustachi. Mais cette réunion-là n'a

  5   pas eu lieu. Et on a pu comprendre que c'est par un autre crayon que ce

  6   témoin a ajouté cette partie-là me concernant. Sur quelle instruction ? Du

  7   général Vasiljevic, mais on sait très bien sur quelle consigne. Et ce faux

  8   témoin a été disqualifié dans l'affaire Mrksic et consorts, parce qu'ils

  9   ont pu s'apercevoir qu'il n'était pas fiable.

 10   Mais ce témoin pas fiable dans une autre affaire a été jugé fiable en

 11   l'espèce. Dans l'affaire Mrksic, Radic, il n'est pas question de cette

 12   réunion où j'aurais donné consigne aux officiers de tuer des prisonniers,

 13   sous prétexte de tuer des Oustachi. On ne trouve pas cela dans le jugement

 14   de cette affaire. J'aimerais bien que tous les Oustachi soient morts, et

 15   peut-être bien qu'à une occasion à Belgrade ou à Zajecar ou à Leskovac ou à

 16   Vranje, j'ai déclaré une telle chose, mais je n'ai jamais tenu de réunion à

 17   Vukovar.

 18   Et lorsque cela a été dit au sujet de cette réunion, lorsqu'on s'est

 19   rendu compte que ce n'était pas fiable, vous avez amené deux ou trois

 20   témoins pour inventer ce meeting de Vukovar où j'aurais dit que pas un seul

 21   Oustachi ne devait sortir en vie. Mais comment est-ce qu'on aurait pu avoir

 22   des meetings à Vukovar alors que l'artillerie croate n'arrêtait pas de

 23   pilonner depuis Mitnica, et l'artillerie croate, de Nustar ? Mitnica, c'est

 24   un quartier de Vukovar, c'était le bastion des forces croates. Et Nustar,

 25   c'est un village qui se situe à l'extérieur de Vukovar, près de Vinkovci,

 26   c'est là qu'était basée l'artillerie croate, et c'est de là qu'ils ont

 27   bombardé à l'aide des mortiers et des obusiers. Et alors, comment voulez-

 28   vous qu'en plein bombardement j'organise un meeting ? Je ne comprends pas


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  1   la stupidité du Procureur lorsqu'il affirme cela.

  2   Mais qu'est-ce que cela veut dire, des meetings en plein bombardement

  3   ? On ne pouvait même pas se rassembler à plus de cinq lorsqu'on se rendait

  4   en première ligne de front, or je me suis rendu sur toutes les lignes de

  5   front. Même qu'à un endroit, j'ai tiré depuis un fusil automatique sur des

  6   positions croates. Je ne sais pas si j'ai touché quelqu'un. J'aimerais bien

  7   l'avoir fait, mais en guerre on n'a pas généralement l'occasion de s'en

  8   apercevoir.

  9   Alors, maintenant, s'agissant des crimes commis à Velepromet, cela ne

 10   peut avoir aucun lien, ni avec le Parti radical serbe, ni avec Leva

 11   Supoderica puisque c'est la police militaire qui contrôlait Velepromet.

 12   C'était là qu'il y avait ce centre de rassemblement pour les prisonniers,

 13   l'entrepôt d'équipement, de munitions, et cetera. Aucun lien entre nos

 14   volontaires et cet endroit. Je ne sais même pas si des crimes y ont été

 15   commis puisque nous trouvons beaucoup de contradictions dans les

 16   déclarations des différents témoins qui sont venus déposer.

 17   Le crime qui s'est produit sans aucun doute, c'est le crime d'Ovcara.

 18   Or, vous, en tant que bureau du Procureur, au lieu d'élucider ce crime,

 19   vous n'avez eu de cesse d'essayer de l'occulter encore davantage, et c'est

 20   ça le problème. Vous avez représenté de manière erronée, non véridique, les

 21   organisateurs et les exécutants de ce crime.

 22   Premièrement, à quel moment est-ce que le crime s'est produit ?

 23   Vukovar, sa chute se situe au 18 novembre, et le crime s'est produit dans

 24   la nuit entre le 12 et le 13 novembre -- ou plutôt, entre le 20 et le 21

 25   novembre. Autrement dit, trois jours après la chute de Vukovar. Une masse

 26   de volontaires était déjà rentrée. Vous avez eu les déclarations des

 27   chauffeurs d'autocars qui ont ramené les volontaires. Le Détachement de

 28   Leva Supoderica ne compte plus que moins de 40 membres, des gens du cru.


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  1   Goran Stoparic, je suppose, et Slobodan Katic, et encore là il a trouvé sa

  2   femme à Vukovar, également il est devenu le commandant chetnik de la

  3   localité. Il a été proclamé. Marko Ljuboja est resté et plusieurs autres

  4   aussi. Mais Leva Supoderica, au moment où Mrksic donne l'ordre de le

  5   redéployer, compte moins de 40 membres. Ce sont vos témoins qui l'ont

  6   affirmé. Ce n'est pas une thèse qui vient de moi. C'est une information que

  7   j'ai apprise d'eux. Je l'ai entendue d'eux pour la première fois.

  8   Alors, que se passe-t-il dans la Vukovar libérée ? Tout d'abord, la

  9   sécurité militaire s'empare de sommes très considérables d'argent dans la

 10   banque de Vukovar, c'étaient surtout des devises étrangères, et cet argent

 11   a été remis au général Aleksandar Vasiljevic. Aleksandar Vasiljevic se

 12   trouvait à Vukovar dans la soirée du 20 novembre, et il y est resté

 13   quasiment toute la nuit avec son adjoint, le colonel Tumanov, qui, je

 14   suppose, qui est devenu général par la suite. Et ils ont fait venir le

 15   colonel Bogdan Vujic avec eux, le colonel Slobodan Tomic, et Bogoljub

 16   [phon] Kijanovic. Il s'agit de trois colonels bien à la retraite. On les a

 17   ramenés. Sans aucun document à l'appui, on les a sortis de la retraite. Ils

 18   ont enfilé l'uniforme, pris leurs pistolets et sont partis pour Vukovar. Et

 19   quelle a été leur mission ? De sélectionner les prisonniers. Mais pourquoi

 20   ? Pourquoi seraient-ils venus pour sélectionner les prisonniers ? Puisque

 21   c'est à Sremska Mitrovica, jusqu'à ce moment-là, qu'on a toujours

 22   sélectionné les prisonniers. Puisqu'on a organisé une prison réservée aux

 23   prisonniers dans une partie du centre pénitentiaire. En fait, ils sont

 24   venus pour organiser la fusillade de ces prisonniers sur ordre d'Aleksandar

 25   Vasiljevic.

 26   A l'hôpital de Vukovar, dans la soirée du 20, personne, aucun membre

 27   de la JNA n'est encore entré. L'hôpital était encerclé. Il y avait quelques

 28   Croates en armes à l'intérieur, quelques blessés, quelques simulateurs qui


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  1   se sont couverts de pansements pour prétendre qu'ils étaient blessés, et

  2   cetera. Et c'est à ce moment-là que Vesna Bosanac se rend au commandement

  3   qui est basé à Negoslavci. Avec les officiers de la sécurité, elle procède

  4   à la sélection, et c'est exactement à ce moment-là qu'ils se trouvent à

  5   l'hôpital de Vukovar. Une sélection a été faite pour mettre de côté les 200

  6   qui allaient être fusillés.

  7   Alors, avec qui Vasiljevic a-t-il passé cet accord pour procéder à la

  8   fusillade ? Avec des services de renseignements croates sans aucun doute,

  9   parce qu'après le crime de Gospic, les Croates avaient besoin d'un très

 10   grand crime commis par les Serbes sur leur population pour que cela

 11   accélère le processus de la reconnaissance de l'indépendance croate.

 12   Et la sélection a eu lieu. On a fait venir 207 prisonniers à Ovcara.

 13   A partir du moment où les listes ont été comparées et vérifiées encore une

 14   fois, on a vu qu'on en avait sept de trop. Ces sept ont été sélectionnés,

 15   mis de côté et libérés, Emil Cakalic, Dragutin Berghofer, Vilim Karlovic,

 16   et d'autres. Donc, 200 exactement ont été fusillés, le chiffre est très

 17   précis. Et les officiers étaient présents pendant toute la durée de cet

 18   acte. Or, vous, vous essayez d'attribuer cela à Goran Hadzic.

 19   Goran Hadzic, je suis en conflit avec lui, et j'ai été en conflit

 20   avec lui pendant plus de dix ans. J'ai dit toutes les critiques que j'avais

 21   à son égard. Ce n'est qu'à partir du moment où il est venu ici que nous

 22   avons pu améliorer nos relations, qui sont désormais correctes jusqu'à ce

 23   que l'administration du quartier pénitentiaire, sur ordre de l'Accusation,

 24   ne nous interrompe ces contacts. Le Procureur a eu peur que j'allais

 25   raconter tous les détails à Goran Hadzic sur l'opération de Vukovar, sur le

 26   crime d'Ovcara, parce qu'ils maintiennent l'ancienne version, à savoir que

 27   la JNA a remis les prisonniers aux autorités civiles. Ce qui est inventé de

 28   toutes pièces. Jamais les autorités civiles n'ont pris en main les


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  1   prisonniers. Cela a été demandé, c'est vrai, lors de la réunion du

  2   gouvernement à Velepromet dans la matinée du 20 novembre. Ils ont demandé

  3   que les prisonniers leurs soient remis pour qu'ils soient jugés à Vukovar.

  4   Et lors de cette réunion du gouvernement, il y a eu à la fois Bogdan Vujic,

  5   le lieutenant-colonel Panic, devenu général par la suite, Arkan, et cetera,

  6   que sais-je ?

  7   Mais jamais on n'a remis ces prisonniers.

  8   Alors, maintenant, le secrétariat donne pour consigne à l'avocat de

  9   Goran Hadzic de mettre en garde son client du fait qu'il n'a pas le droit

 10   d'être en contact avec moi. Et moi, personne ne me dit rien. Avant, on m'a

 11   interdit de contacter Slobodan Milosevic. Ça a été pendant ma première

 12   année ici. Et non seulement on a annulé cette décision, mais par la suite

 13   on m'a fait déménager à l'étage. Je me suis trouvé avec lui pendant l'année

 14   qui allait suivre. Peut-être qu'ils se sont dits qu'on allait se quereller

 15   et que le Procureur allait tirer un profit de cela, mais c'est ici que nous

 16   sommes devenus amis alors que nous ne l'avions jamais été de par le passé.

 17   Et puis, avec Radovan Karadzic, c'est par écrit qu'on m'a interdit

 18   des contacts. Et lorsque j'ai réagi violemment ici dans le prétoire, cette

 19   interdiction a été retirée.

 20   Jamais de manière officielle ne m'a-t-on informé du fait que je ne

 21   pouvais pas contacter Goran Hadzic, jusqu'à ce que mes conseillers

 22   juridiques n'arrivent ici fin février à peu près. On nous a installés dans

 23   une salle réservée aux visites. Goran Hadzic était dans la grande salle

 24   réuni avec sa famille. Je voulais lui dire bonjour et aux membres de sa

 25   famille, mais les gardes sont arrivés de toutes parts et m'ont empêché de

 26   pénétrer dans cette salle. Puis, moi et mes conseillers, pendant toute une

 27   journée, nous avons été gardés sous clé. Il a fallu appuyer sur un bouton

 28   spécial si on devait sortir aux toilettes ou au distributeur pour nous


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  1   acheter une boisson, un rafraîchissement, dans la salle de séjour. Et c'est

  2   uniquement à ce moment-là que, donc, j'ai appris que je faisais l'objet de

  3   ces restrictions de contacter Goran Hadzic.

  4   Vous voulez juger Goran Hadzic. Votre thèse est que son gouvernement

  5   a pris en main les prisonniers et que c'est son gouvernement qui les a

  6   fusillés, alors qu'il n'a rien à faire avec tout cela. Vous voulez protéger

  7   Aleksandar Vasiljevic.

  8   Vous dites : Les Seseljevci ont pris part à la fusillade. Mais là,

  9   vous mentez. A Belgrade, il y a eu un procès intenté à certains qui, pour

 10   de vrai ou pour de faux, auraient commis le crime d'Ovcara. Milan

 11   Lancuzanin, Kameni; Kinez; et Ceca - je ne n'arrive pas à retrouver son nom

 12   - ont été mis en accusation. Je n'ai pas pu préparer tout cela puisque

 13   depuis le début du mois de décembre, en fait, je ne suis plus en mesure de

 14   travailler du tout. Même regarder la télévision représente un effort. Mais

 15   c'est vous qui avez souhaité que je ne puisse pas me défendre.

 16   Marko Ljuboja a été jugé, Slobodan Katic également. Slobodan Katic et

 17   Marko Ljuboja, en tant que volontaires du Parti radical serbe, ont été

 18   acquittés immédiatement. Kameni et Ceca ont été condamnés, je suppose,

 19   chacun à 20 ans de prison. Mais il y a eu une reprise de procès, et ils ont

 20   été condamnés chacun à cinq ou six ans de prison puisqu'ils n'ont plus pu

 21   être condamnés pour meurtre.

 22   Et Kinez a été condamné de nouveau à 20 ans. C'est celui qui arborait

 23   une étoile à cinq branches et qui est devenu membre du Parti radical par la

 24   suite, pour que vous ne pensiez pas que je le renie. Ça a été un excellent

 25   combattant. Je n'ai pas approuvé son étoile rouge pendant la guerre. Bon,

 26   il a eu 20 ans parce qu'un faux témoin qui a pris part au crime, qui a

 27   reconnu et avoué avoir pris part au crime et qui est venu déposer ici

 28   également a dit qu'au bord du charnier, Kinez confirmait, vérifiait, comme


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  1   on le dit dans le jargon, le crime. En fait, il tirait une balle dans la

  2   tête de ceux qui bougeaient encore, qui n'étaient pas encore complètement

  3   inertes.

  4   Et Davor Strinovic nous a montré ici que pas une seule balle, pas une

  5   seule douille n'ont été trouvées de ce magnum que Kinez aurait utilisé. Or,

  6   ils ont identifié par chaque douille, par balle, quelles ont été les armes

  7   utilisées. Predrag Milojevic, Kinez, encore aujourd'hui, se trouve en

  8   prison aujourd'hui à cause des faux témoins qui ont donné de faux

  9   témoignages, qui ont été acquittés en Serbie. Et il y en a même un qui est

 10   payé sur le budget de l'Etat.

 11   Voilà. Voilà votre justice. Les pressions que vous exercez sur le

 12   régime actuel en Serbie.

 13   Aleksandar Vasiljevic, quant à lui, il ne s'en soucie guère, voyez-

 14   vous. Maintenant, vous vous rappellerez combien j'ai cherché à expliquer

 15   tout cela à chaque fois lorsque j'ai interrogé les différents témoins.

 16   Peut-être que vous ne vous en souvenez pas. Peu importe.

 17   Le 20 février dernier, donc il y a 20 jours, qu'ai-je reçu du

 18   Procureur ? Le récépissé 670, communication des documents en application de

 19   l'article 68(i). Et que me disent-ils dans ce document ? Les sources sont

 20   croates. Elles fournissent les données, les informations sur les principaux

 21   coupables des crimes d'Ovcara, donc la pyramide de responsabilité pour le

 22   crime d'Ovcara. Les Croates, que disent-ils ? Alors, premièrement,

 23   Aleksandar Vasiljevic, chef du KOS, le 19 novembre 1991, dans l'après-midi,

 24   il arrive à Negoslavci. La nuit du 19 au 20, on sélectionne -- à La Haye et

 25   à Belgrade, il a été témoin du bureau du Procureur pour Ovcara. Et puis, au

 26   point 2, que dit-on ? Bogdan Vujovic, ami de Vasiljevic, retraité et activé

 27   en septembre 1992, excellent agent du renseignement chargé d'établir les

 28   listes ennemies, arrive cet après-midi avec lui de Belgrade. Et ils donnent


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  1   par la suite plusieurs noms d'officiers à l'échelon inférieur.

  2   Donc ils savent tout eux aussi. Ils sont au courant du rôle joué par

  3   Vesna Bosanac. Elle est venue ici dans la salle d'audience, et vous ne

  4   m'avez pas autorisée à l'interroger parce que c'est le 92 bis que vous avez

  5   utilisé, et ceux-là je ne les interroge pas. Je n'ai interrogé que ceux qui

  6   sont venus déposer viva voce parce que cette déposition sur la base des

  7   déclarations rédigées par le bureau du Procureur ne peut pas passer dans le

  8   monde civilisé, nulle part. Ce n'est acceptable que devant votre Tribunal

  9   de La Haye, et c'est une preuve supplémentaire du fait qu'il ne s'agit pas

 10   d'un Tribunal régulier du tout. La seule chose qui soit reconnue dans le

 11   monde, c'est la déposition à l'audience de vive voix, et non pas via une

 12   déclaration préparée par l'Accusation.

 13   Alors, voyons la suite. L'Accusation affirme que je me suis réuni

 14   avec des officiers de la sécurité et que le commandant Veselin Sljivancanin

 15   y aurait été présent. Mais il n'y avait pas le moindre officier et il n'y a

 16   pas eu la moindre réunion dans la maison de Stanko Vujanovic. Concernant

 17   Sljivancanin, je l'ai rencontré à Vukovar, mais même ici au quartier

 18   pénitentiaire, nous ne nous supportions pas. Parce que Sljivancanin,

 19   aujourd'hui toujours, est un partisan indéfectible de Tito et de cette

 20   nation monténégrine complètement inventée. Or, pour moi, la plus grande

 21   trahison dans l'histoire du peuple serbe, c'est la constitution de cette

 22   nation complètement artificielle des Monténégrins.

 23   En cette année 1991, j'avais encore des souvenirs très frais de ce 4

 24   mai et du meeting du SRS devant le musée de Tito à Belgrade. Nous avons

 25   appelé ce meeting "L'assaut sur la maison aux fleurs". Et ces crétins ont

 26   pensé que nous allions véritablement le faire. Sljivancanin a placé des

 27   nids de mitrailleuses autour du mausolée de Tito pour nous tirer dessus si

 28   jamais nous nous lancions vraiment dans cet assaut. A l'époque déjà, je le


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  1   savais. Nous avions informé, le plus normalement du monde, la police de

  2   notre meeting. Nous avons dit qu'il s'agissait d'une réunion pacifique.

  3   Nous avons dit combien de personnes nous attendions. Nous avions organisé

  4   les secours, l'approvisionnement en eau, et cetera. Nous avions dit jusqu'à

  5   quelle heure nous en aurions terminé. Et eux, ce qu'ils font, c'est qu'ils

  6   mettent en place des nids de mitrailleuses, et ils ont même placé des

  7   tireurs embusqués, des tireurs d'élite, au sommet des immeubles

  8   environnants.

  9   Et quand j'ai rencontré Sljivancanin, j'étais parfaitement au courant

 10   de tout cela, et je lui ai, ceci dit, serré la main. Nous avons échangé

 11   quelques formules de pure forme, et puis nous nous sommes séparés. A

 12   l'époque, Sljivancanin portait un équipement radio Motorola et il

 13   échangeait avec le commandant croate Jastreb. Et c'était ma seule rencontre

 14   avec Sljivancanin à Vukovar, dans la rue, échange de deux ou trois mots, et

 15   c'est tout. Je ne pouvais pas l'attaquer en plein Vukovar parce qu'il avait

 16   ces nids de mitrailleuse autour de mausolée de Tito. Mais en revanche, je

 17   ne peux pas non plus complètement oublier cela. Vous, vous affirmez que moi

 18   j'aurais eu une réunion avec lui et un groupe d'officiers pour leur donner

 19   comme instruction de fusiller des prisonniers de guerre. Quelle folie.

 20   Lorsque Vukovar a été libérée, ce sont d'abord les autorités militaires qui

 21   ont été mises en place parce que le gouvernement de la SBSO n'était pas en

 22   mesure de prendre en charge Vukovar. Ils ne disposaient pas des cadres

 23   nécessaires ni la capacité d'organisation adaptée. Il y a toute une autre

 24   série, toute une série d'autres problèmes qui se sont présentés. Pour

 25   Vukovar, c'est le colonel Vojinovic qui a été nommé commandant et avant de

 26   venir à ce poste le colonel Vojinovic était commandant de la 80e Brigade

 27   motorisée. Il était également commandant de poste militaire, ce dernier

 28   couvrait trois villages dont Ovcara, et la zone couvrant également Jama et


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  1   Grabova. Avant le début de la fusillade, ces hommes de la police militaire

  2   assuraient la sécurité d'Ovcara. Et lui, il a procédé au retrait de cette

  3   police militaire suite à quoi la fusillade a commencé. Après que les

  4   officiers ont mis en bon ordre leur liste, ont retiré les sept personnes

  5   qui étaient entre trop, et là, la fusillade a démarré. Pendant la journée

  6   une très grande fosse a été creusée sur ordre de Vasiljevic au moyen d'une

  7   pelleteuse, une excavatrice de l'armée.

  8   Et au lieu d'accuser le colonel Vojinovic en tant que commandant de poste

  9   militaire, au lieu de l'accuser cette fusillade, vous le faites venir dans

 10   le prétoire pour qu'il dépose à charge contre moi. Et lui, il a pris la

 11   pause de celui qui ne savait rien, mais vous ne m'avez pas permis de

 12   l'interroger parce que lui aussi vous lui avez appliqué l'article 92 bis,

 13   intentionnellement, et ceci, en dépit du fait qu'il s'agissait d'un témoin-

 14   clé pour vous. Tout ceci pour qu'il échappe à ma méthode de contre-

 15   interrogatoire en application de laquelle tout se serait effondré. Et vous

 16   l'avez fait venir pour déposer à charge, lui qui est toujours considéré

 17   comme responsable pour Ovcara.

 18   Ensuite il a une équipe de médecins légistes de Belgrade qui sont venus

 19   après la libération de Vukovar, ils ont procédé sur plusieurs sites à des

 20   exhumations. En effet, au cours de la guerre, tant la partie serbe que la

 21   partie croate enterraient ses morts là où c'était possible. Il n'était pas

 22   possible d'incinérer les morts, contrairement à ce qu'un de vos faux

 23   témoins a déclaré, comme quoi j'aurais prôné que l'on brûle sept corps de

 24   Croates. Vous savez très bien à quel point est fétide l'odeur des corps que

 25   l'on brûle, qu'il s'agisse d'hommes ou d'animaux, et on ne sait pas qui de

 26   la partie croate ou de la partie serbe en serait plus ou davantage lésée en

 27   fonction du vent.

 28   Les corps ont été temporairement inhumés. Le plus souvent, on a porté des


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  1   indications sur les corps, mais parfois ce n'était pas le cas. Mais cette

  2   équipe de médecins légistes a procédé à toutes les exhumations. Tous les

  3   corps exhumés, qu'il s'agisse de Croates ou de Serbes, ont été réinhumés au

  4   cimetière de Vukovar. Et certains d'entre eux n'ont pas pu être identifiés.

  5   Ils ont été marqués d'un numéro. Et ici, on m'accuse d'avoir organisé la

  6   fusillade d'Ovcara, alors que le colonel Vojinovic, lui, n'aurait même pas

  7   été au courant des événements d'Ovcara, alors même que tous les officiers à

  8   l'époque étaient au courant de cette fusillade.

  9   Qui a pris la moindre mesure d'enquête ? Les officiers ont pris en charge

 10   des prisonniers de l'hôpital à partir de ces listes, et tout d'un coup ils

 11   ne sont pas au courant, 200 cent prisonniers auraient tout simplement

 12   disparus.

 13   Le général Mrksic ensuite a déposé dans le procès contre Ante

 14   Gotovina, un général croate, sous injonction de comparaître, et il n'a pas

 15   voulu déposer dans son propre procès. Savez-vous pourquoi ? Avant sa

 16   reddition au TPIY, il a passé presque un mois dans la résidence militaire

 17   d'Obanovci [phon] près de Belgrade, et pendant deux ou trois heures pour

 18   jour il recevait des instructions quant à la ligne de conduite qui devait

 19   être la sienne ici. Il passait des vacances en quelque sorte, c'était comme

 20   un centre de repos. Et Mrksic ici a été muet comme une carpe. Il a écopé de

 21   20 ans de prison, et il attend maintenant que sa peine soit commuée pour

 22   pouvoir entrer chez lui.

 23   Il n'avait pas le droit de prononcer un seul mot. Pourquoi ? Le

 24   savez-vous ? Parce que le général Vasiljevic a menacé qu'il allait faire

 25   tuer toute sa famille si jamais il disait quoi que ce soit de ce qu'il

 26   savait au sujet des événements d'Ovcara. C'est la raison pour laquelle

 27   Mrksic s'est tu.

 28   Et vous ici, vous avez fait venir Vasiljevic dans différents procès


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  1   pour qu'il se livre à de faux témoignage. Même en l'espèce, vous avez

  2   essayé de faire verser au dossier un document sans aucune indication de

  3   date, de numéro, de son auteur, sans la moindre signature ou cachet. Et

  4   lorsque j'ai élevé une objection, les Juges de la Chambre n'ont pas fait

  5   droit à votre requête, et moi j'ai immédiatement reconnu qu'il s'agissait

  6   d'un document rédigé par Aleksandar Vasiljevic.

  7   Et là vous avez avoué, était-ce M. Mandic ou quelqu'un, peu importe,

  8   que ceci figure au compte rendu, le fait que ceci a été en fait rédigé par

  9   Vasiljevic.

 10   Alors vous avez rondement mené cette affaire. Mais nous avons un

 11   proverbe. Tous les secrets finiront par être révélés. Et il faut ici

 12   élucider quel a été le rôle de la Sûreté militaire dans les événements

 13   d'Ovcara. Il faut également faire toute la lumière sur la coopération avec

 14   les services de renseignement croates ainsi que le rôle de Vesna Bosanac et

 15   celui de quelques autres personnes.

 16   Parce que dans la nuit du 19 au 20 novembre, qu'aurait affaire Vesna

 17   Bosanac à l'état-major de la 80e Brigade motorisée. Qu'aurait-elle affaire

 18   avec Vaseljevic, avec Slijvancanin, et les autres ? Laissons de côté le

 19   fait qu'elle a dû dormir dans le lit du commandant Pavkovic. Et je dois

 20   vous dire encore une fois que Pavkovic n'était pas là-bas - parce que la

 21   dernière fois vous vouliez expurger cela - en fait, elle a dormi dans un

 22   lit vide.

 23   Mais pourquoi s'est-elle rendue à Negoslavci ? Pourquoi n'était-elle

 24   pas restée auprès de ses blessés et de ses malades à l'hôpital ? Pourquoi

 25   n'a-t-elle pas attendue le lendemain et la venue des autorités militaires ?

 26   Pourquoi a-t-on seulement attendu trois jours avant de procéder à

 27   l'évacuation des blessés et des prisonniers qui s'étaient retrouvés à

 28   l'hôpital ? Vukovar et sa chute remontait déjà au 18. Pourquoi aurait-on


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  1   attendu ? Eh bien, on aurait effectivement attendu pour bien préparer et

  2   exécuter un crime, une exécution de masse qu'on allait ensuite mettre sur

  3   le dos du peuple serbe. Or, le peuple serbe n'a rien à voir avec ce crime.

  4   Il n'a pas été difficile de trouver quelques auteurs directs. C'est

  5   toujours facile. Que ce soit dans le cas d'Ovcara ou dans celui de

  6   Srebrenica. On trouve toujours quelqu'un dont toute la famille a péri, dont

  7   les enfants sont morts, et qui sera prêt à tuer pour se venger. Ce n'est

  8   jamais un problème. Mais qui sont les instigateurs, les organisateurs, vous

  9   n'avez jamais voulu déterminer cela. Le régime actuel à Belgrade ne le

 10   souhaite pas non plus se lancer dans cette entreprise. La ministre de la

 11   Justice, récemment, Snjezana Malovic, a déclaré à un représentant de haut

 12   niveau du SRS, je cite : "Vous avez raison en tout point concernant

 13   Aleksandar Vasiljevic, mais nous ne sommes pas capables d'engager ce qu'il

 14   faut."

 15   Et voilà comment les choses se passent. Deux des filles de Vasiljevic ont

 16   été confortablement installées au Canada. Ceci dit, les autorités du Canada

 17   lui ont refusé une réinstallation à lui-même, parce qu'il n'en a pas encore

 18   terminé de son travail à Belgrade. Les autorités du Canada ont donc pris la

 19   position qui consiste à dire : Très bien, nous allons installer tes deux

 20   filles, mais toi, reste encore un petit peu là-bas pour espionner, pour

 21   écouter, tu as encore les mains trop sales, et ne pouvons pas t'accueillir.

 22   Nous t'utiliserons de nouveau.

 23   Alors est-ce que nous avons déjà dépassé le temps ?

 24   M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je pensais -- il vous reste encore 12 minutes,

 25   on va aller jusqu'à 5 heures 30, à moins que vous dites qu'on arrête, comme

 26   --

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Eh bien, je me sens un peu fatigué, donc il

 28   serait peut-être préférable de faire la pause maintenant, et puis je


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  1   parlerais pendant plus d'une heure après.

  2   M. LE JUGE ANTONETTI : On fait la pause. Donc 30 minutes.

  3   --- L'audience est suspendue à 17 heures 19.

  4   --- L'audience est reprise à 17 heures 48.

  5   M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.

  6   Monsieur Seselj, vous avez donc la parole.

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Quand, sur décision de la Chambre de première

  8   instance, certaines localités ont été retirées de l'acte d'accusation, le

  9   Procureur a reçu l'autorisation concernant ces mêmes localités de présenter

 10   des éléments de preuve concernant soit l'entreprise criminelle commune

 11   éventuellement, soit la ligne de conduite délibérée. Cependant,

 12   l'Accusation, concernant ces localités, s'est contentée de présenter des

 13   éléments de preuve ayant trait aux faits incriminés, or, en application de

 14   la décision de la Chambre, ceci n'était pas autorisé. Et sur la base de ces

 15   éléments de preuve ayant trait aux faits incriminés, ce qu'essaie de faire

 16   l'Accusation, c'est de tirer des conclusions a posteriori. Cependant, le

 17   recours à ces localités ne permet ni d'établir l'existence d'une entreprise

 18   criminelle commune, pas plus qu'il ne permet de confirmer qu'il y ait eu

 19   systématiquement des crimes commis par les forces serbes dans différentes

 20   localités.

 21   Voyons la Slavonie occidentale et ce qui s'est passé. Il y a eu une

 22   rébellion du peuple serbe contre les autorités de Tudjman en raison des

 23   droits des Serbes qui avaient été foulés au pied. Ceci s'est passé tout à

 24   fait spontanément. Ce soulèvement, il était également causé par les menaces

 25   pesant sur les Serbes en raison de l'insécurité, de l'atmosphère de peur

 26   qui régnait, et cetera. Cette révolte serbe durait déjà depuis deux mois et

 27   un peu plus même avant que n'arrivent sur place les premiers volontaires

 28   serbes. La JNA ne disposait pas d'effectifs qui lui auraient permis de


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  1   couvrir l'ensemble de ce territoire, c'est pourquoi on y a dépêché des

  2   volontaires. Les volontaires ont été dépêchés depuis la caserne de la JNA

  3   située à Bubanj Potok. Ils avaient déjà été fournis en uniforme et en

  4   armes, et les autocars qui les transportaient avançaient en convoi et

  5   étaient escortés par la police. Les volontaires du SRS ont là-bas combattu

  6   courageusement, et il n'y a pas le moindre élément de preuve indiquant que

  7   l'un quelconque d'entre eux aurait commis le moindre crime.

  8   Le Procureur a cité à la barre de faux témoins, y compris des témoins qui

  9   étaient employés par les autorités de la Région autonome serbe de SBSO, et

 10   vous avez pu voir de quelle façon j'ai discrédité ces témoins et la façon

 11   également dont j'ai établi des liens entre certains témoins et certains

 12   crimes. Puisqu'il s'agissait de témoins protégés et que je ne peux pas

 13   maintenant citer leurs noms, je ne vais pas le faire, mais j'espère que

 14   vous vous rappelez de qui il s'agit. Donc, moi je ne me rappelle pas les

 15   noms de code, parce que d'habitude les gens qui retiennent facilement les

 16   chiffres sont des gens bêtes.

 17   Les crimes se sont produits de façon spontanée après la grande offensive

 18   des Croates pendant laquelle la JNA était restée les bras croisés. Le crime

 19   de Vocin, eh bien, vous avez pu voir que les Croates eux-mêmes ont

 20   identifié les auteurs de ce crime. Le Procureur lui-même a fait visionner

 21   un enregistrement vidéo dans ce prétoire où l'on entend un officier croate

 22   dire que ce sont les Aigles blancs qui ont commis le crime de Vocin. Cela

 23   n'empêche pas le Procureur d'affirmer ensuite que les auteurs de ce crime

 24   étaient les hommes de Seselj, les Seseljevci ou des volontaires du SRS.

 25   Comment est-ce possible ?

 26   Le Procureur avance comme un fait que j'aurais été présent sur place, et il

 27   parle également d'un enregistrement vidéo. Il a expliqué de quelle façon

 28   nos volontaires à Vukovar auraient porté des casques et qu'ils auraient


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  1   collé des insignes de l'aigle blanc à la place de l'étoile rouge à cinq

  2   branches. Alors, est-ce à dessein ou par hasard et par ignorance, le

  3   Procureur mélange tout. Il mélange le symbole de l'aigle blanc d'une part,

  4   et d'autre part, l'organisation paramilitaire des Aigles blancs.

  5   L'aigle blanc est le symbole de l'Etat serbe depuis le Moyen-âge

  6   déjà. Tel qu'il a été repris de la traduction byzantine. L'aigle blanc à

  7   deux têtes était l'insigne qui figurait sur les uniformes serbes dès le

  8   XIXe siècle lors des guerres balkaniques, lors des deux guerres mondiales.

  9   C'était l'insigne de l'armée royale sous Drazen Mihajlovic. Et aujourd'hui

 10   même, l'aigle blanc à deux têtes est l'emblème de l'Etat serbe, il figure

 11   sur le drapeau officiel de la Serbie. Alors, est-ce qu'on a affaire là à

 12   l'organisation paramilitaire des Aigles blancs ?

 13   A Benkovac, ce que je fais, c'est que j'explique à nos volontaires et

 14   aux autres combattants présents ce qu'il en est. Je disais que les gens

 15   m'écoutaient lorsque je parlais et que les autres se taisaient. Alors le

 16   Procureur essaie de dire que cela atteste de mon autorité de dirigeant.

 17   Mais moi, depuis tout petit, j'ai une certaine autorité. Depuis les jeux

 18   d'enfant jusqu'à l'âge adulte, en passant par l'école primaire. Et moi, ce

 19   que je fais à Benkovac, c'est d'expliquer aux combattants qu'il était

 20   indispensable pour eux de porter des casques. Parce qu'en Dalmatie, tout

 21   particulièrement à Benkovac, dans toutes les régions du [inaudible], il y a

 22   de nombreux combattants qui ont péri et ont été gravement blessés par le

 23   fait que l'explosion d'un obus avait provoqué des éclats de roche qui les

 24   avaient ensuite blessés. Alors ils ne voulaient pas porter de casques en

 25   raison de l'étoile à cinq branches, et je leur ai dit : Eh bien, collez

 26   l'insigne de l'aigle blanc à deux têtes sur les casques et porter un

 27   casque. Moi, je portais un tel casque dès le début -- enfin, dès le moment

 28   où des officiers m'ont expliqué quelles étaient les conséquences négatives


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  1   que pouvaient avoir parmi les soldats le fait de ne pas porter un casque.

  2   Et à présent, le Procureur essaie de se fonder là-dessus pour faire un

  3   amalgame entre les volontaires du SRS et les Aigles blancs. Il y a eu des

  4   Aigles blancs sous le commandement de la JNA aux côtés de nos volontaires

  5   dans la libération de Zvornik. Eux aussi étaient des Aigles blancs, ils

  6   sont arrivés de Kraljevo et ils ont poursuivi jusqu'à la chute de Kula

  7   Grad. Ensuite, ils se sont dispersés. Certains sont rentrés chez eux,

  8   d'autres sont allés rejoindre les rangs de différentes unités. Et à partir

  9   du 26 juillet, il n'existe plus aucune unité à Zvornik, portant le nom des

 10   Aigles blancs. Alors, excusez-moi, mais -- non, c'est bien Zvornik.

 11   A Vocin, il y a eu explosion de l'église catholique, mais elle a

 12   explosé parce qu'elle abritait un entrepôt de munitions. Elle était

 13   abandonnée. Quelqu'un a décidé qu'il fallait y mettre à l'abri une grande

 14   quantité de munitions. Et au moment de l'offensive croate, peut-être un

 15   obus a-t-il touché cette église ou peut-être quelqu'un a-t-il fait sauter à

 16   dessein cette église. En tout cas, elle a explosé. Alors était-il autorisé

 17   d'entreposer des munitions dans un édifice de culte, c'est une question

 18   différente. Mais en tout cas, c'est là la raison pour laquelle cette église

 19   a explosé.

 20   Les volontaires du SRS n'étaient même pas présents à cet endroit. Ils

 21   ont opposé une résistance absolument décisive dans un village qui a une

 22   importance stratégique, le village de Masicka Sagovina. Et en assurant la

 23   défense là-bas, les volontaires ont permis l'extraction de tous les civils

 24   serbes. A Masicka Sagovina, en une seule journée, 11 volontaires du SRS ont

 25   trouvé la mort, plusieurs ont été blessés et faits prisonniers. Ceux qui

 26   ont été faits prisonniers, bien qu'ils aient subi toutes sortes de sévices

 27   dans les cachots croates, ont été ensuite libérés, et pas un seul d'entre

 28   eux n'a fait l'objet de poursuites.


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  1   Donc il n'y a pas de ligne de conduite délibérée à partir de laquelle

  2   il vous serait possible de conclure que les volontaires ont été dépêchés

  3   pour commettre des crimes, qu'ils ont commis des crimes, que moi je les

  4   incitais à commettre ces crimes, que j'aurais apporté mon assistance à la

  5   commission de ces crimes, rien de tout cela. Il n'y a absolument aucun

  6   point de contact entre les volontaires et les crimes.

  7   La question de Samac. Il est arrivé à Samac un groupe de soldats qui

  8   étaient venus d'un centre d'entraînement à Pajzos. Ils sont venus à bord

  9   d'hélicoptères de la JNA. Parmi eux, il y avait Srecko Radovanovic,

 10   surnommé Debeli. Il y en avait deux ou trois autres de ces volontaires à

 11   nous qui avaient fait leurs preuves dans les combats en Slavonie. Mais ils

 12   ne sont pas venus comme unité de la JNA, ils ne sont pas venus comme unité

 13   du Parti radical serbe non plus. Ils sont arrivés en tant qu'unité de la

 14   JNA faisant partie du 17e Groupe tactique, et c'est en tant que tel qu'ils

 15   se sont battus à Samac.

 16   Et Srecko Radovanovic, on ne peut pas lui reprocher la perpétration

 17   de quelque crime que ce soit. Ce qu'on attribue à Lugar est probablement

 18   exact. Mais Lugar, il est mort depuis longtemps. On ne peut pas

 19   l'interroger. Mais à l'époque, Lugar n'était pas membre du Parti radical

 20   serbe. Il ne l'est devenu que plus tard. Et très peu de temps après, en

 21   1993, on l'a exclu parce qu'il a collé une gifle au président du comité

 22   municipal du Parti radical serbe à Kragujevac, M. Jovo Savic. Et toute la

 23   ville sait que Jovo Savic était président de ce SRS à Kragujevac, que Mirko

 24   lui avait collé une gifle et que c'est la raison pour laquelle on l'a

 25   éloigné. Alors on va écrire autre chose, mais que voulez-vous que j'en

 26   fasse ? Moi, ce qui importe à mes yeux, c'est ce qu'en pense Kragujevac, ce

 27   que pensent d'autres villes en Serbie où les gens sont au courant des

 28   événements qui se sont produits.


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  1   Pour ce qui est de Brcko, nous n'avons pas du tout envoyé de

  2   volontaires de Belgrade à Brcko. Il y avait Mirko Blagojevic qui était là-

  3   bas avec des volontaires du Parti radical serbe de Bijeljina une fois que

  4   Bijeljina ait été libérée, mais on ne peut attribuer aucun crime à Mirko

  5   Blagojevic. Qui plus est, il est venu au campement où il y avait eu des

  6   prisonniers de guerre, il a demandé un certain nombre de prisonniers pour

  7   les échanger contre des combattants à lui, même des combattants qui avaient

  8   été tués. Et il y a un bordereau de signé à cet effet. Et il a même apporté

  9   des biscuits aux soldats musulmans. Il les a bien traités. Et quelqu'un, le

 10   soir, est venu pour malmener ces Musulmans, et on tire la conclusion qui

 11   est celle de dire que Mirko Blagojevic, ça, a dû le faire. Le jour, il leur

 12   distribuait des biscuits et des chocolats, et le soir, il envoyait

 13   quelqu'un pour les malmener. Mais où est la logique, la logique la plus

 14   élémentaire dans tout cela ?

 15   Dans le secteur de Brcko, nous avons eu des volontaires, mais du

 16   temps de la percée du corridor, il y avait là-bas Branislav Vakic et il y

 17   avait d'autres individus encore. Je ne peux pas me souvenir de tous les

 18   noms. Leur mission avait consisté à opérer une percée et créer un corridor

 19   pour rattacher la partie occidentale de la Republika Srpska et la partie

 20   est de la Republika Srpska et la Serbie plus loin. Et donc, ce corridor, ça

 21   avait été l'artère de survie pour le peuple serbe. Il y avait eu l'armée de

 22   la Republika Srpska et l'armée de la République de la Krajina serbe sous le

 23   commandement de Milan Martic, et cetera, à être impliquées.

 24   Bijeljina. Alors, Bijeljina, c'est là qu'il y a le plus de

 25   déclarations absurdes qu'on nous a fait entendre au sujet de Bijeljina. Le

 26   Procureur a tenu des discours comme si jamais rien n'avait été montré au

 27   cours du procès, comme si la totalité des témoins de l'Accusation n'avaient

 28   été mis en éclat et n'avaient vécu ou connu un fiasco. On dit que j'étais


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  1   dans une cafèt' avec Mirko Blagojevic et que j'avais dit qu'il fallait

  2   nettoyer les Musulmans de Bijeljina juste avant la guerre, et il y aurait

  3   eu un Musulman qui se serait trouvé assis à côté et qui écoutait le tout.

  4   Imaginez maintenant que quelqu'un vienne mesurer le coefficient

  5   d'intelligence de M. Marcus et le mien et détermine la différence. La

  6   différence est énorme et je ne vais pas dire au profit de qui. Peut-être

  7   est-ce au profit de M. Marcussen. Probablement est-ce à son avantage pour

  8   tirer les conclusions qui ont été tirée. Mais à quel point dois-je être

  9   stupide pour être avec Mirko Blagojevic dans un restaurant et dire à haute

 10   voix ce que nous aurions eu l'intention de faire avec les Musulmans ? Mais

 11   c'est des bêtises incroyables, tout cela.

 12   On a déterminé ici, partant de témoignages de témoins de l'Accusation

 13   -- puisque moi, on ne m'a pas autorisé à faire venir mes témoins à moi.

 14   Vous m'avez dénié mon droit statutaire au financement de la Défense, vous

 15   avez piétiné l'article 21 du Statut du Tribunal, et donc je n'ai pas pu

 16   citer à comparaître quelque témoin que ce soit. Partant, donc, de témoins

 17   de l'Accusation, nous avons expliqué dans le détail comment la guerre a

 18   éclaté à Bijeljina. Un Musulman à cheval est allé jeter une bombe sur un

 19   restaurant tenu par un Serbe. Devant le restaurant, il y avait Mirko

 20   Blagojevic, il a sorti son revolver, et lorsque le Musulman a jeté sa

 21   grenade, il a tiré et il a touché ce Musulman à la jambe. Ce Musulman est

 22   venu témoigner ici, et ce qui m'a intéressé, c'était de savoir comment ça

 23   s'est passé pour le cheval. Dieu merci, le cheval est resté entier et n'a

 24   pas été blessé. Et le Musulman, lui, il s'est gouré, il était excité et

 25   n'avait pas pensé à sortir le cran de sécurité. Donc la grenade, il l'a

 26   jetée, mais la grenade n'a pas explosé, et c'est là qu'il y a eu des tirs

 27   d'échangés entre la cafèt' appelée Srbija, avec des Serbes dedans, et une

 28   autre cafèt' avec des Musulmans dedans. Mais ça se passait dans le centre


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  1   de Bijeljina. Et dans ce règlement de comptes mutuels, les Serbes ont eu le

  2   dessus.

  3   Et pour ce qui est des combats, le rôle d'Arkan a été minime, presque

  4   nul. Mais pour ce qui est de ce qui s'est passé après les combats, ça c'est

  5   une autre paire de manches. Moi, je me suis attaqué dans l'opinion publique

  6   serbe pendant qu'il était vivant encore, alors que les autres n'osaient

  7   dire couac, parce que moi je me suis attaqué à ce qu'il avait fait. Il

  8   avait pillé Janja, il avait volé un véhicule de sapeurs-pompiers, il avait

  9   sorti des millions, il a vendu des tracteurs et je ne sais quelle machine-

 10   outil ou quel engin agricole. En Serbie, personne n'osait rien dire à

 11   Arkan. Même les autorités n'osaient rien faire contre lui parce qu'il était

 12   de cheville avec des structures policières criminalisées, il avait

 13   bénéficié de la protection de Radovan Stojicic, Badza. Et personne n'osait

 14   rien faire contre lui.

 15   A Bijeljina, les Serbes ont pris le dessus, mais ça aurait bien pu

 16   être les Musulmans aussi. Et à Bijeljina, mis à part les quelques Musulmans

 17   qu'Arkan a tués quand il est arrivé, il n'y a pas eu d'expulsion de

 18   Musulmans. Les Musulmans ont participé au combat dans les rangs de l'unité

 19   à Mirko Blagojevic. Il y a eu deux bataillons ou deux brigades de Musulmans

 20   qui ont été créés et qui ont été déployés face à Orasje. Orasje était

 21   habitée d'une population croate.

 22   Donc les expulsions de Musulmans, c'est suite à l'initiative de

 23   Mauzer que ça se produit et d'un commandant de l'unité à Arkan qui

 24   s'appelait Vojkan - comment, c'était quoi son nom de famille déjà ? - et

 25   c'est là que nous sommes entrés en conflit avec lui. Le Procureur a

 26   présenté des communiqués signés par Mirko Blagojevic au nom du Mouvement

 27   chetnik-serbe où on n'a condamné les mauvais traitements infligés qu'aux

 28   Musulmans. C'est le Procureur qui a communiqué cela. Moi, je n'aurais peut-


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  1   être pas trouvé les pièces en question ou aurais-je eu beaucoup de mal à

  2   les trouver. Toujours est-il que où est cette ligne de conduite délibérée ?

  3   Et où est l'entreprise criminelle commune ?

  4   Alors, maintenant, on me dit que je me distancie de certains membres

  5   du Parti radical serbe. Non, il n'y a aucune manière de se distancier. Moi,

  6   je suis fier de mon rôle en temps de guerre et je suis fier du rôle de

  7   guerre qu'ils ont joué eux, mais il faut que nous tirions certains faits au

  8   clair. Et les faits disent où est-ce qu'on a envoyé des volontaires depuis

  9   Belgrade et où est-ce qu'on n'en a pas envoyés.

 10   Et vous voyez que le Procureur est sournois pour ce qui est du

 11   cas de figure de Zvornik. Nous avons eu une vieille femme, une Musulmane,

 12   où les hommes à Arkan ont tué son mari et ses deux fils. Elle est venue,

 13   bien sûr, avec un fardeau d'émotions terrible et avec une haine effroyable

 14   à mon égard. Vous avez pu vous rendre compte. Mais elle a, toujours est-il,

 15   décrit les événements de façon tout à fait fidèle. Les hommes à Arkan dans

 16   cette cité ont sorti tous les civils dehors, ils ont séparé les hommes, ils

 17   ont chassé les femmes et les enfants de là-bas et ils ont exécuté les

 18   hommes. Ils ont exécuté quelque 20 hommes musulmans. Alors elle a bien

 19   décrit comment ils avaient quitté les lieux pour aller vers le centre de

 20   Zvornik. Et devant le siège de la municipalité, il y a eu des hommes à

 21   Seselj qui les ont accueillis. On les a fait entrer dans des locaux. On a

 22   cherché à les apaiser, à les calmer. On leur a dit : Ne craignez rien, nous

 23   ne sommes pas des hommes à Arkan. Nous sommes des hommes à Seselj. Vous

 24   n'avez rien à redouter. Et l'un des hommes à Seselj, l'un des Seseljevci, a

 25   cassé la vitrine - c'est un délit au pénal - et il a sorti de la vitrine

 26   des chocolats et des biscuits pour les distribuer aux enfants musulmans.

 27   Cette pauvre femme a dit : "Oui, ils ont essayé de nous convaincre qu'ils

 28   n'étaient pas les mêmes, mais on sait qu'ils sont tous les mêmes." Bon, de


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  1   là à savoir si elle a dit les choses comme il fallait ou pas, ça c'est une

  2   autre question. Mais moi je suis fier de ce type de détail qui illustre le

  3   fait de savoir comment étaient en réalité ces volontaires du Parti radical

  4   serbe.

  5   Le Procureur essaie aussi de m'offenser, on m'a dit que je suis un quasi-

  6   soldat, on m'a dit que j'étais un prétendu militaire. Mais ça c'est un

  7   prétendu bureau du Procureur, un prétendu Procureur. Moi, je ne suis pas un

  8   prétendu soldat. J'ai été soldat parce que j'ai fait mon service militaire

  9   ordinaire. A compter du premier jour de la guerre, je me suis mis au

 10   service de ma patrie. De nos jours encore, dans ce Tribunal de La Haye, je

 11   suis un soldat de ma patrie, qui est la Serbie, et je suis tout à fait prêt

 12   à donner ma vie pour ma patrie.

 13   Mais vous, vous ne comprenez pas ce que cela veut dire. Vous ne

 14   comprenez rien en fait, parce que vous avez un autre système de valeurs. Ce

 15   système de valeurs est décadent. Ce système de valeurs est déshumanisé, il

 16   se base sur rien que de l'individualisme. Nous, Serbes, nous avons une

 17   conscience individuelle et une conscience collective, et nous cherchons à

 18   préserver jalousement l'une et l'autre.

 19   Ici, le Procureur a parlé de la Grande-Serbie, et, bien entendu, je me bats

 20   pour la création de cette Grande-Serbie. C'est mon objectif individuel et

 21   c'est l'objectif poursuivi par le Parti radical serbe, mais ça n'a jamais

 22   été l'objectif de Slobodan Milosevic, ni de Veljko Kadijevic, ni de Blagoje

 23   Adzic, ni de Borislav Jovic, ni de Radovan Karadzic, ni de Milan Babic, ni

 24   de Milan Martic, ni de Jovica Stanisic, ni de Franko Simatovic. Bon nombre

 25   d'entre eux se perdent en jérémiades après la Yougoslavie de l'époque et la

 26   pleurent encore, alors on ne peut pas nous attribuer un objectif criminel

 27   commun. Ça, c'est une conception qui est la mienne et qui est celle du

 28   parti dont je suis membre et dont je suis le fondateur, et je tiens à


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  1   préserver ce fait-là de façon tout à fait jalouse.

  2   Et le bureau du Procureur insiste pour démontrer que nous voulions

  3   créer une Grande-Serbie homogénéisée, mais dans les documents il n'y a

  4   aucun fondement. Qui, et quand, aurait dit que nous voulions une Grande-

  5   Serbie homogénéisée ? On se réfère à Stevan Moljevic, mais Stevan Moljevic,

  6   lui, n'était pas un prédécesseur du mouvement de la Ravna Gora. Mais ses

  7   opinions n'engageaient personne. Draza Mihailovic s'était battu pour la

  8   réinstauration de la Yougoslavie, il l'a confirmé au congrès de Ravna Gora

  9   au village de Bat [phon] en 1944. Et Draza Mihailovic avait des voïvodes

 10   chetniks qui étaient des Musulmans et qui étaient aussi des catholiques.

 11   Niko Bartulovic [phon] était un voïvode catholique. Il a été fusillé par

 12   les Partisans vers la fin de la guerre. Dans les environs de Split, Djuro

 13   Vilovic, un catholique de Makarska, a été condamné au procès de Draza

 14   Mihailovic et il a purgé sa peine à Sremska Mitrovica. C'était un grand

 15   homme de lettres. Mustafa Mulalic, un Musulman serbe qu'on a jugé avec

 16   Draza Mihajlovic. Ismet Pupovac, un Musulman serbe, voïvode chetnik, et

 17   toute une série d'autres.

 18   Le bureau du Procureur se comporte comme si jamais ils n'avaient trouvé

 19   dans les documents qu'ils nous ont donnés dans le dossier, qu'ils nous ont

 20   fournis pour le dossier, le programme du Mouvement chetnik-serbe, programme

 21   du Parti radical serbe, qui disait que nous étions favorables à un Etat

 22   serbe unifié où seraient englobées la totalité des terres serbes et nous

 23   énumérions ces terres serbes. La Serbie de nos jours, la Macédoine, la

 24   Bosnie, l'Herzégovine - quand je dis la "Serbie d'aujourd'hui", avec la

 25   Vojvodine et le Kosovo-Metohija - le Monténégro, Dubrovnik, la Dalmatie,

 26   Lika, Banija, Kordun et Lika. Et nous parlons de cette unité fraternelle et

 27   de l'unité des Serbes, Musulmans, Orthodoxes et Catholiques, et des Serbes

 28   protestants, ainsi que des Serbes athées. Et nous n'arrêtons pas de répéter


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  1   cela. Et ces documents, vous les versez au dossier, puis ensuite vous

  2   racontez des bêtises, des sornettes.

  3   Quelle Grande-Serbie homogénéisée ? Nous insistons sur l'unité pan-serbe,

  4   indépendamment de la confession, et nous garantissons des droits aux

  5   minorités ethniques. Nous leur garantissons la totalité des droits, mais

  6   nous nous attendons à ce que de soit des citoyens loyaux vis-à-vis de

  7   l'Etat de Serbie.

  8   Et on a mentionné ici mes déclarations au sujet du Kosovo. M. Antonetti,

  9   dans opinion divergente en application du 98 bis, a dit cela. Mais pourquoi

 10   n'a-t-on pas englobé dans l'acte d'accusation ces propos-là ? Alors,

 11   qu'est-ce que ça veut dire si on avance des choses qui ne sont pas à l'acte

 12   d'accusation ? Bien que ça ait daté d'une période qui ne soit pas couverte

 13   par l'acte d'accusation et que cela se soit produit à un endroit qui n'est

 14   pas englobé par l'acte d'accusation. Alors, qui est-ce qui a fait fausse

 15   route ? Il aurait peut-être été plus facile pour vous de rendre un jugement

 16   si cela avait été englobé par l'acte d'accusation, mais c'est trop tard.

 17   Est-ce que vous pouvez l'élargir l'acte d'accusation ? Je ne pense pas.

 18   Mais selon les règles de La Haye, tout est possible.

 19   Nous autres, Serbes, nous n'avons jamais renoncé à la libération du

 20   Kosovo-Metohija. Pour nous, c'est une terre serbe sainte. Jamais.

 21   Et au Kosovo-Metohija pourront résider la totalité de ces Albanais

 22   qui sont loyaux à l'égard de l'Etat serbe. Et il n'y a pas que cela.

 23   L'Albanie du nord actuelle occupe des terres serbes. Le premier Etat serbe

 24   avait pour siège un site qui se trouve au nord de l'Albanie du jour.

 25   C'était l'Etat des rois serbes, de Caslav, de Mihajlo Bodin [phon], de

 26   Stefan Vojislav, de Jovan Vladimir. Est-ce que vous pensez que nous allons

 27   renoncer à cela ?

 28   Les Serbes ont libéré Skadar pendant les premières guerres


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  1   balkaniques. D'abord, il n'y a que les Serbes du Monténégro qui ont essayé

  2   à le faire. Il y en a eu beaucoup de tués. Ils n'ont pas réussi. Puis, la

  3   Serbie a envoyé une aide en matière d'artillerie, et Skadar est tombée.

  4   Puis, les grandes puissances nous ont obligés à nous retirer de Skadar et

  5   de l'Albanie du nord. Les grandes puissances ont créé l'Etat de l'Albanie,

  6   et ça va exister tant qu'existeront ces grandes puissances et tant qu'elles

  7   auront la puissance qui est la leur. Dès que cette puissance sera perdue,

  8   les choses reviendront à ce qu'elles avaient été.

  9   Voyez-vous, le commandant turc qui était le commandant de Skadar, il

 10   s'appelait Esad Pasha, un Albanais, mais il était général turc, et à

 11   l'occasion de ces combats, il y a eu plus de 30 000 Serbes de tués.

 12   C'étaient surtout des Serbes du Monténégro. Lorsque l'artillerie serbe est

 13   arrivée, lorsqu'elle a commencé à tirer, il y a eu des négociations pour

 14   que Skadar se rende, et il a été convenu que l'armée turque, avec la

 15   totalité des armes d'infanterie, quitte Skadar. L'artillerie lourde, si mes

 16   souvenirs sont bons, a été laissée sur place. Et à partir du moment où les

 17   Turcs ont commencé - et parmi eux, il y avait un grand pourcentage

 18   d'Albanais - quand ils ont commencé, donc, à quitter Skadar, les Serbes ont

 19   organisé une double file. Et c'était la musique militaire qui a joué

 20   pendant leur départ. C'est ça l'honneur militaire serbe.

 21   Alors, pendant cette guerre, il y avait aussi du mar [phon]

 22   communiste. Il y avait ces Serbes qui avaient perdu la notion de l'honneur

 23   militaire. Ça, ce n'est pas quelque chose dont nous nous félicitons. Mais

 24   le fait est que les autres se sont mis à violer le droit de la guerre en

 25   premier lieu, à commettre des crimes contre l'humanité les premiers. Ce

 26   sont d'autres que nous qui ont fait cela plus que nous et ils s'en sont

 27   tirés dans l'impunité.

 28   Parmi les Musulmans, combien il y en a que vous avez 


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  1   condamnés ? Finalement, lorsqu'on fait tous les calculs, personne. Et les

  2   200 000 Serbes de Sarajevo, où sont-ils passés ? Qui les a chassés de là ?

  3   C'est par caprice qu'ils ont quitté leurs appartements, leurs logements ?

  4   Quel est le nombre de Serbes qui ont été tués à Sarajevo, à Pofalici, à de

  5   nombreux autres endroits de Sarajevo, à Kazan de Sarajevo ? Et les Serbes

  6   de Tuzla ? Les Serbes de Zagreb, où sont-ils passés ?

  7   D'après les chiffres officiels, d'après le recensement, 600 000

  8   Serbes vivaient dans l'ex-Croatie, unité fédérale. Où sont-ils ? Il en

  9   reste combien ? Parmi les Croates et les Musulmans, il y en a combien qui

 10   ont été tenus responsables pour les persécutions contre les Serbes ?

 11   Personne. Ici, les Croates de Bosnie, dans une certaine mesure, ont été

 12   jugés, effectivement, pour qu'ils perdent toute velléité de concept

 13   d'Herceg-Bosna. Et des Croates de Croatie, il n'y a eu que Gotovina et

 14   Markac, deux seuls à être jugés. Les autorités croates de l'époque ont

 15   trouvé que le plus facile c'était de les sacrifier eux. Et les ministres,

 16   il y en a eu combien qui ont été jugés ? Aucun. Les commandants militaires

 17   de haut rang ? Aucun. Comment ça se fait que Tudjman n'a pas été mis en

 18   accusation, n'a pas été jugé ? Alija Izetbegovic ?

 19   Lorsqu'il eu cette attaque sur la partie occidentale de la Krajina qui a

 20   été lancée en 1995, 11 commandants croates y ont pris part. Ils ont attaqué

 21   le long de 11 axes, et vous, vous avez tout ramené à ces deux-là. Je ne

 22   veux pas les défendre, ces deux-là. Je ne veux défendre personne

 23   d'ailleurs, même si ce facteur de solidarité existe par rapport à toute

 24   personne mise en accusation d'où qu'elles viennent, du Congo, du Rwanda, du

 25   Libéria, peu importe. Je me range toujours au côté des accusés par rapport

 26   au Tribunal et au bureau du Procureur, si moi-même je suis quelqu'un qui

 27   est mis en accusation.

 28   Mais où est cette justice que vous établissez, vous ? Quelle est cette


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  1   justice, votre justice ? Vous voulez que l'on se réconcilie dans les

  2   Balkans par le truchement de ces processus ? Mais quelle réconciliation ?

  3   En fait, vous n'avez fait qu'attiser de nouvelles passions, des passions

  4   encore plus graves que celles du passé. Vous pensez que le peuple serbe

  5   acceptera un jour d'être jugé ici par vous, que ses représentants les plus

  6   élevés militaires et politiques soient jugés, tandis que d'autres s'en

  7   tirent impunément ? Non. Ce n'est pas de cette manière-ci que l'on aboutira

  8   à la réconciliation. De cette manière, on attise les animosités et on

  9   engendre de nouveaux conflits à venir. Depuis la fin de cette guerre, ce

 10   qui s'est créé, c'est une "Pax Americana" qui ne durera pas plus longtemps

 11   que l'Empire américain. Et vous voyez bien que c'est basé sur des

 12   fondements bien fragiles.

 13   Et ce Tribunal de La Haye, au lieu de jeter les bases d'un nouveau droit

 14   international pénal, en fait, sera une honte du système international

 15   judiciaire du futur. Personne ne la jurisprudence de ce Tribunal et

 16   personne ne s'appuiera sur les jugements qui ont été rendus ici. Parce que

 17   ce n'est pas le droit qui a servi de base ici. Ce sont les intérêts

 18   politiques qui ont guidé les procès ici.

 19   M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, c'est 5 heures -- c'est 6 heures et

 20   demie. Si vous voulez, vous pouvez vous arrêter pour vous reposer et

 21   reprendre demain matin. Ou, si vous le souhaitez, on peut continuer jusqu'à

 22   7 heures. Vous faites comme vous voulez.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je suppose que vous avez vu que je cherchais un

 24   petit peu mes mots. Or, je n'avais pas très envie de demander moi-même que

 25   l'on s'en tienne à cela pour aujourd'hui. Je suis effectivement un petit

 26   peu fatigué, mais ce serait une bonne chose. Ce serait une bonne chose de

 27   s'arrêter.

 28   M. LE JUGE ANTONETTI : Demain, nous nous retrouverons à 9 heures du matin,


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  1   puisque l'audience est demain matin. Je vous remercie, et bonne soirée.

  2   --- L'audience est levée à 18 heures 28 et reprendra le jeudi 15 mars 2012,

  3   à 9 heures 00.

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