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1 Le jeudi 15 mars 2012
2 [Plaidoiries]
3 [Audience publique]
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de
7 l'affaire, s'il vous plaît.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour,
9 Madame et Messieurs les Juges. Affaire IT-03-67-T, le Procureur contre
10 Vojislav Seselj. Merci.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.
12 En ce jeudi, 15 mars 2012, je salue toutes les personnes présentes,
13 notamment les interprètes qui nous assistent. Je salue les membres du
14 bureau du Procureur et M. Seselj. Monsieur Seselj, je vous donne la parole
15 pour la suite de votre plaidoirie.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Dans toutes ces bêtises qui ont été présentées
17 par les représentants du bureau du Procureur, il y en a une qui est
18 particulièrement manifeste, cette aberration qui dit qu'au-delà de tout
19 doute raisonnable, on a prouvé mes crimes, des crimes dont j'assumerais la
20 responsabilité - et au-delà de tout doute raisonnable, dit-on. Alors,
21 comment cela se peut-il ? D'abord, on m'a dépossédé de mon droit à la
22 défense. On m'a dépossédé de mon droit de présenter des éléments à
23 décharge. J'ai été privé des prémisses les plus élémentaires, à savoir le
24 droit de disposer des mêmes armes que l'Accusation. Je n'ai jamais demandé
25 la même quantité d'argent qui a été utilisée par le bureau du Procureur
26 pour ses besoins dans mon affaire à moi.
27 Penchez-vous d'abord sur le nombre de personnes qui travaillent pour le
28 compte du bureau du Procureur et qui sont intervenues dans l'affaire me
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1 concernant. On a eu dans le prétoire six Procureurs pour ce qui est du
2 réquisitoire. Vous vous souviendrez des Procureurs qui avaient comparu
3 précédemment. Est-ce que vous vous souvenez de leurs noms ? Moi je n'arrive
4 pas à me rappeler tous ces noms-là. Il y avait Uertz-Retzlaff. Puis, il y a
5 eu - comment elle s'appelait ? - où j'ai écrit un livre à part avec sa
6 photo. Mundis, puis -- mais qui va retenir tous ces noms ?
7 Alors ils ont passé un temps de travail plein et entier qui était consacré
8 à l'affaire, or moi, je n'ai eu personne pour faire des heures de travail
9 complètes. J'ai disposé de quelques collaborateurs, j'ai eu un assez grand
10 nombre de collaborateurs, quelque 25 d'entre eux, mais ils ont travaillé
11 dans la mesure où leurs obligations régulières au travail le leur
12 permettaient. Je suis content de ce qu'ils ont fait. Parce que du fait de
13 leurs efforts en matière d'investigation sur le terrain, ils m'ont aidé à
14 régler les comptes de ces faux témoins qui ont comparu dans le prétoire. De
15 par leurs efforts en matière d'investigation, ils m'ont facilité aussi de
16 régler leurs comptes avec les faux témoins experts du bureau du Procureur.
17 Mais la présentation des éléments de preuve de la Défense, je n'ai pas pu
18 la faire et les Juges de la Chambre ont fait sourde oreille.
19 M. Antonetti a essayé de me convaincre, puisqu'il a été Juge de la
20 mise en état, de prendre un crédit dans une banque serbe pour financer ma
21 défense pour que ce soit compensé ultérieurement une fois qu'une décision
22 définitive serait prise pour ce qui est du financement de la Défense par le
23 Tribunal. Heureusement pour moi que je ne l'ai pas fait, sinon ceux qui se
24 seraient portés garants auraient à vendre leurs maisons, leurs
25 appartements, se suicider, ou que sais-je. Il y a bon nombre de Serbes qui
26 se sont trompés et qui ont accepté de se porter garants à d'autres
27 personnes lorsque ces personnes ont pris du crédit, puis ensuite ils n'ont
28 plus eu d'autre issue que de se suicider. Il y a des journaux qui ont écrit
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1 et qui ont fait couler de l'encre à ce sujet. Donc personne n'a eu à se
2 suicider parmi mes collaborateurs pour moi parce que je n'ai pas pris les
3 choses à la légère pour accepter une telle initiative.
4 Alors les Juges de la Chambre ont ensuite décidé de faire en sorte
5 que ma défense soit financée, mais à partir du moment où cette décision-là
6 a été prise, une fois que la présentation des éléments à charge a été
7 terminée déjà. Alors là, me financer à concurrence de 50 % les frais de la
8 Défense. Mais si ces 50 % étaient l'habituel pour une défense de troisième
9 catégorie à compter du début du procès, c'est-à-dire à compter de mon
10 arrivée à La Haye, ça aurait été bon. Mais le Tribunal a refusé de payer
11 quoi que ce soit à titre rétroactif. Et ceux du Greffe ont déclaré que
12 c'était parce que je n'avais pas présenté de documentation adéquate. Mais
13 la documentation complète se trouve déjà au Tribunal. Tout ce qu'il fallait
14 payer à mes collaborateurs c'est du travail concret, c'est sur papier, les
15 écritures, les dossiers, les documents, les études, et cetera. J'ai eu plus
16 de dix études pour ce qui est de la présentation des éléments à défense, et
17 les Juges de la Chambre n'ont pas compris la chose parce qu'il y a un
18 préjugé qui dit que si on se défend par alibi c'est une forme particulière
19 de défense et on se défend pour dire que, par exemple, on n'a mentalement
20 pas été en mesure de contrôler ses propres agissements.
21 Il y a bon nombre de formes particulières que peut prendre une
22 défense. Et l'une des formes en question c'est le fait d'indiquer les
23 circonstances historiques de certains événements qui sont sujets à examen.
24 Alors avec l'aide de mes collaborateurs pour avoir une forme particulière
25 de défense, j'ai étudié, grâce à la meilleure des littératures mondiales en
26 place, le rôle du Vatican et des papes romains pendant la perpétration du
27 génocide séculaire à l'égard du peuple serbe. J'ai fait une étude pour ce
28 qui est de mes discours politiques, des interviews politiques du point de
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1 vue des fragments qui permettent de voir que je me suis toujours employé en
2 faveur du respect du droit de guerre international, que j'ai convié les
3 volontaires à se comporter à l'égard de l'ennemi en tant qu'ennemis tant
4 que ces ennemis sont armés, mais à partir du moment où l'ennemi s'est
5 rendu, quand c'est une femme, quand c'est un enfant, quand c'est un
6 vieillard, il s'agissait pour eux de comporter de façon humaine tout en
7 respectant la dignité de l'homme.
8 Ici, le Procureur a présenté des fragments de vidéos, quand on fait
9 les adieux d'un groupe de volontaires au siège du Parti radical serbe dans
10 la rue Orjeliska [phon]. Et rien que ce petit fragment m'a été présenté du
11 discours que j'ai fait, mais on m'a délibérément coupé les parties de mon
12 discours où j'ai dit qu'à l'égard de l'ennemi il convient d'adopter une
13 attitude chevaleresque, il faut respecter le droit international lorsqu'il
14 s'agit des prisonniers de guerre, vous devez avoir une attitude noble et
15 respectueuse à l'égard des femmes, enfants et civils. La presse serbe en a
16 informé le public, quant à elle. Il y a un bon nombre de journalistes en
17 Serbie qui se souviennent de ces discours, y compris le discours qui a été
18 coupé et fragmenté par les soins de l'Accusation, comme je viens de le
19 dire.
20 Alors j'ai en effet mis en garde à plusieurs reprises contre le fait
21 qu'il est possible d'avoir des victimes civiles, d'avoir des victimes
22 innocentes en cas de conflit armé. Mais il n'y a aucune preuve disant que
23 je me suis employé en faveur de la perpétration de crimes à l'égard de
24 prisonniers ou de civils. Nulle part et jamais. Je n'ai pas dit : Il faut
25 les abattre, il faut les battre, il faut les malmener, il faut les blesser,
26 il faut les caser quelque part dans des conditions inhumaines.
27 A vrai dire, le bureau du Procureur a fait comparaître un grand
28 nombre de faux témoins où on a pu caser tout ce genre de choses et bon
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1 nombre de ce type de déclarations ont été versées au dossier. Mais vous
2 êtes certainement conscients du fait que c'est dénué de valeur. C'est dénué
3 de valeur, toutes ces choses-là qui ont été présentées par le bureau du
4 Procureur et qui ont été remises par ce dernier. Ça a un statut d'avenant à
5 l'acte d'accusation, sans plus. Il n'y a que ce qui a été dit dans le
6 prétoire qui peut avoir le poids approprié, si c'est passé, si ça a été, si
7 ça a fait l'objet d'un contre-interrogatoire, si ça n'a pas été contredit.
8 Alors maintenant, le bureau du Procureur est en train de manipuler
9 les témoins, je vais vous donner plusieurs exemples.
10 L'exemple de Ljubisa Petkovic, qui était le directeur de l'état-major
11 de guerre, vice-président du Parti radical serbe pendant un certain temps,
12 puis il a été exclu du parti du fait d'accusations tout à fait spécifiques
13 en 1993. Lui, le bureau du Procureur de La Haye, par le biais de son
14 bureau, l'a convié à un entretien et ils l'ont intimidé. Ils l'ont menacé
15 de le voir faire l'objet d'une procédure au pénal devant le Tribunal de La
16 Haye. Et ils l'ont tant et si bien intimidé qu'il a accepté bon nombre de
17 choses qui lui avaient été suggérées comme étant ce qu'il devait faire sien
18 comme déclaration. Mais si vous vous penchez sur la totalité de ses propos,
19 il ne saurait être trouvé aucune accusation me concernant où je me serais
20 employé pour la perpétration de crimes de guerre ou de violations du droit
21 international ou choses pareilles. Il a déclaré que j'étais un autocrate au
22 sein du parti, que j'étais le seul à décider de toutes choses, que j'étais
23 comme ci, comme cela.
24 Mais en Serbie, vous n'avez pas et vous n'en aviez pas non plus à
25 l'époque un parti politique où il y avait eu une organisation plus
26 démocratique du point de vue interne que celle du Parti radical serbe. Ni
27 auparavant ni de nos jours. Le Parti radical serbe dispose d'une structure
28 démocratique interne la plus réussie pour ce qui est du système de prise de
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1 décisions. Le fait que nous soyons radicaux, c'est-à-dire que nous prenons
2 les choses à la racine, nous ne sommes pas des gens portés sur le compromis
3 corrompu, nous sommes infiniment dévoués aux intérêts de notre peuple. Mais
4 au sein du parti il n'y a pas eu de comportement autocratique.
5 Alors on a fait venir Ljubisa pour qu'il confirme cela. Il l'a
6 confirmé. Et alors ? Est-ce que vous voulez que dans la procédure de
7 présentation des éléments à décharge il faille que je combatte ces
8 affirmations ? Mais Ljubisa Petkovic l'a contrecarré lui-même. Tout ce
9 qu'on lui a demandé de signer, il a signé jusqu'au moment du délai où le
10 Procureur de La Haye pouvait encore dresser des actes d'accusation. Une
11 fois ce délai écoulé, Ljubisa Petkovic a dit qu'il ne collaborerait plus et
12 il a dit qu'il n'obéirait plus. Et tout de suite il s'est adressé à mes
13 collaborateurs pour leur apporter une partie de cet enregistrement de ce
14 qu'il a dit devant les enquêteurs du Tribunal de La Haye, moi je l'ai
15 publié tout de suite dans un livre : "L'apprenti du diable : Le pape
16 criminel catholique romain Jean-Paul II."
17 Et j'ai vu que bien des choses ont été dites à titre partiel parce
18 que Ljubisa Petkovic a lui aussi dissimulé bien des choses. Ljubisa
19 Petkovic a modifié ses déclarations et il s'est proposé pour devenir
20 désormais témoin de la Défense. Il est revenu au Parti radical serbe, il
21 est redevenu actif en son sein. Il a participé à des activités liées à
22 celles du parti, et cetera. Et il a refusé de comparaître dans le prétoire
23 en tant que témoin de l'Accusation. Alors il y a eu une procédure au pénal
24 de diligentée contre lui pour outrage au Tribunal. Là aussi il a eu peur de
25 cette procédure. On lui a donné un avocat français d'origine serbe,
26 j'imagine, et il y a eu une peine de trois mois de prison qui a été
27 prononcée. Alors il a bel et bien été sur la liste du parti, mais il n'a
28 pas été député du parti et il n'avait aucune chance de devenir député parce
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1 que la liste du parti comporte 70 personnes et nous on a eu 79 mandats au
2 parlement. Mais le fait qu'il est tenu ici au Tribunal de La Haye et qu'il
3 n'a pas succombé pour ce qui est de sa décision de refus de témoigner quand
4 bien même il ferait sept ans de prison, il a eu trois mois mais il n'a pas
5 porté plainte; alors pour nous ça a été une raison suffisante pour
6 récompenser Ljubisa Petkovic.
7 Dès que nous avons eu un poste de vacant lorsqu'un député national
8 est décédé, un bon juriste d'ailleurs, Dragan Tasic, qui est diplômé à
9 Montpellier, qui parlait très bien le français et dont l'assistance m'a été
10 fort précieuse, ce mandant nous l'avons confié à Ljubisa Petkovic.
11 Alors vous avez trouvé la chose étrange. Vous avez été stupéfaits.
12 Mais pourquoi avez-vous été stupéfaits ? Ljubisa Petkovic est le premier
13 des Serbes qui s'est opposé aux intentions qui étaient celles de le
14 présenter comme faux témoin au Tribunal de La Haye. Vous l'avez vu ici. Il
15 n'avait pas 20 kilos avec ses vêtements. On voyait qu'il avait peur. Dans
16 la prison, il avait peur. Il avait peur dans le prétoire, après il a publié
17 un livre avec toutes ses déclarations et le procès sur 500 pages, c'est lui
18 qui a publié ce livre. Alors il a tenu bon, il a tenu bon à la différence
19 de Borislav Jovic, membre de la présidence de Yougoslavie, et pendant un
20 certain temps il avait même été président de la présidence de Yougoslavie,
21 et qui aurait participé à mes côtés à cette prétendue entreprise criminelle
22 commune. Borislav Jovic est venu témoigner contre Slobodan Milosevic. Alors
23 la question qui se pose tout de suite du point de vue moral : Pourquoi est-
24 il venu ? Pourquoi ne s'est-il pas suicidé ? Parce qu'un homme d'honneur se
25 serait suicidé plutôt que de se permettre telle chose. Lui qui avait été
26 président de la présidence de Yougoslavie, un prétendu participant à
27 l'entreprise criminelle commune, vient participer contre un autre prétendu
28 participant à l'entreprise criminelle commune.
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1 Ou alors, Zoran Lilic, président de la République fédérale de
2 Yougoslavie à l'époque, qui vient au prétoire du Tribunal de La Haye pour
3 témoigner contre Slobodan Milosevic, et à l'époque des crimes qu'on a
4 reprochés à Slobodan Milosevic, ce n'est pas Milosevic qui était le
5 commandant suprême de l'armée, c'était Zoran Lilic. Alors d'un côté on
6 avait des créatures immorales qui ont piétiné leur propre honneur et leur
7 propre dignité; et d'autre part, nous avions un tout petit bonhomme,
8 Ljubisa Petkovic, avec des études secondaires, ex-conducteur et chauffeur
9 de taxi qui s'est rebiffé. C'est pour cela qu'il a bien fallu le
10 récompenser, pas parce que ça m'avait gêné son témoignage ou ses
11 déclarations.
12 Sa déclaration, vous l'avez versée au dossier, mais elle ne vaut
13 rien. Le fait qu'il ait dit que j'étais un homme mauvais ou un autocrate,
14 ce genre de choses. Mais qu'est-ce que ça peut vouloir bien faire au niveau
15 de votre jugement ? Le fait d'avoir dit que c'est moi qui avais pris des
16 décisions, que lui on ne lui avait jamais rien demandé, mais oui. Moi je
17 suis encore à soutenir toute décision relative à l'envoi des volontaires
18 vers le front, je n'ai jamais essayé de me justifier. Et quand je savais
19 qu'un groupe de volontaires était parti, quand l'état-major en avait
20 envoyés et que je ne l'ai pas su, je maintiens tout ce que l'état-major de
21 guerre du Parti radical serbe a fait. Je l'appuis et je le soutiens.
22 Vous avez eu d'autres témoins à comparaître. Je ne veux pas
23 mentionner maintenant tous leurs noms. Je vais les répartir en catégories
24 déterminées. Vous avez eu d'autres témoins que le bureau du Procureur a
25 essayé de faire chanter pour qu'ils viennent témoigner et ils n'ont pas
26 réussi. Ce sont des gens qui ont refusé. Quand j'ai présenté une plainte au
27 pénal contre Carla del Ponte et ses collaborateurs, vous avez remis les
28 décisions à prendre à cet effet pour la fin du procès. Puis ensuite vous
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1 avez changé d'avis et vous avez décidé il y a à peu près un an et demi de
2 cela de demander au greffier de nommer un ami de la Chambre pour enquêter
3 en matière.
4 Et tiens, miracle, du jamais vu, le greffier désigne un Américain
5 pour en faire un ami de la Chambre. Pourquoi un Américain ? Pourquoi n'a-t-
6 il pas pris quelqu'un au Bangladesh ? Quelqu'un en Thaïlande ? Pourquoi
7 n'a-t-il pas trouvé quelqu'un en Tanzanie, au Nigeria, en Argentine ?
8 Pourquoi justement un Américain ? Et c'est un Américain qui va rester
9 anonyme à l'égard aux yeux du public. Pourquoi est-il encore anonyme, cet
10 homme ? A-t-il peur de quelque chose ? Est-ce qu'il est menacé d'un péril
11 quelconque ? Pourquoi est-il donc anonyme ? Pourquoi garde-t-on son nom
12 secret ? Pourquoi les parties de son rapport sont encore confidentielles à
13 mon égard aussi ? Je vous ai montré ici dans le prétoire de quoi a l'air la
14 version du rapport qu'on m'a donnée avec des pages entières de caviardées.
15 Pourquoi en a-t-il été ainsi ? Parce que cet homme a fait une sale besogne,
16 il voulait que personne dans l'opinion publique juridique au monde ne sache
17 que c'est lui qui l'a fait pour ne pas avoir à subir cette honte. C'est ça
18 la raison. Et vous avez accepté son rapport avec bon nombre de lacunes et
19 de défauts que M. Antonetti lui-même a indiqués dans son opinion
20 dissidente.
21 Moi j'ai essayé de trouver d'autres éléments qu'on pourrait reprocher
22 à ce rapport en sus de ce que M. Antonetti a dit. Et je dois reconnaître
23 que je n'ai rien trouvé d'autre, tout y était contenu. Il a même mentionné
24 des choses auxquelles je n'aurais pas songé, puis lui aussi il a voté pour
25 ce rapport. Et là, quelle est l'importance de ce rapport aujourd'hui ?
26 Qu'est-ce qu'il vous apporte ? Et le Procureur veut le verser au dossier.
27 Moi aussi, je veux qu'il soit versé au dossier. Je veux avoir l'intégralité
28 de ce rapport, même si la totalité de votre jugement devait se fonder là-
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1 dessus, puisque ce rapport compromet le Tribunal de La Haye, compromet les
2 grandes puissances dont ce Tribunal est un instrument.
3 La deuxième catégorie de témoins, là nous avons les témoins qui ont
4 succombé aux pressions et aux menaces qui se sont exercées sur eux, ils ont
5 accepté de fournir un faux témoignage, ils ont donné toutes sortes de
6 choses au Procureur de La Haye, des choses totalement infondées. Mais
7 surtout, ce qu'ils ont fait, c'était de signer ce qui leur a été suggéré
8 par les enquêteurs du bureau du Procureur, ce que vos enquêteurs ont estimé
9 propre à être inséré à l'acte -- enfin, qui correspondait à l'acte
10 d'accusation. Et les menaces et les pressions étaient qu'ils allaient eux-
11 mêmes faire l'objet d'accusations s'ils ne coopéraient pas. Et à partir du
12 moment où vous n'aviez plus le droit de dresser de nouveaux actes
13 d'accusation selon la décision du Conseil de sécurité, un très grand nombre
14 de ces gens-là se sont retournés contre vous. Ils sont venus voir mes
15 collaborateurs pour s'excuser et pour proposer de venir déposer en tant que
16 témoins de la Défense. Et que se passe-t-il maintenant ? Le Procureur, dans
17 son mémoire en clôture et dans son réquisitoire prononcé ici dans la salle
18 d'audience, que cite-t-il ? Il cite les déclarations préalables de ces
19 témoins. Il ne mentionne pratiquement pas les déclarations qui sont venues
20 par la suite. Donc, uniquement ce qui a été rédigé par le Procureur au nom
21 de ces témoins et ce qui a été signé par ces témoins, cela correspond à la
22 vérité, mais ce que les témoins viennent dire de leur propre gré par la
23 suite, non. Là, ils ont succombé aux pressions.
24 Mais quelles pressions ? Est-ce que j'ai exercé des pressions sur qui que
25 ce soit ? Est-ce que j'ai cherché à soudoyer qui que ce soit ? Pourquoi
26 est-ce qu'ils auraient changé leurs déclarations ?
27 Il ne s'agit pas uniquement de l'affaire intentée à moi. Dans aucune
28 affaire jugée par le Tribunal de La Haye il ne s'est produit qu'un témoin
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1 de l'Accusation soit tué par quelqu'un qui soit menacé, attaqué, que ses
2 biens soient aliénés, que l'on lui fasse quoi que ce soit. Il n'y a pas eu
3 de tels cas. Cela ne s'est jamais produit. Le régime de Belgrade s'empresse
4 à aider tout un chacun qui viendrait se plaindre d'avoir subi des pressions
5 et des menaces de moi ou de mes collaborateurs. Dejan Anastasijevic - un
6 faux témoin, vous avez renoncé à sa déposition - celui-là, il a affirmé
7 qu'en passant par mon épouse Jadranka, j'aurais commandité qu'une grenade à
8 main soit posée à sa fenêtre. Comment est-ce qu'on aurait fait cela ? Dieu
9 seul le sait. Mais c'est tellement ridicule, c'est complètement dérisoire.
10 Comment est-ce qu'on aurait pu placer une grenade à main sur sa fenêtre ?
11 Il faudrait que des experts se penchent sur cette question. Donc c'est ça
12 la deuxième catégorie de témoins.
13 Puis, une troisième catégorie, ce sont les témoins qui ont été soudoyés. Un
14 exemple : on a vu ici dans le prétoire Goran Stoparic. Goran Stoparic a
15 reçu des instructions dans un premier temps de la part de Natasa Kandic.
16 Ils sont devenus proches. Il a vécu chez elle dans son appartement. Il
17 avait les clés de son appartement. Et c'est lui qui a donné un faux
18 témoignage. On y trouve jusqu'à la chose suivante : lors du meeting de Sid
19 en 1991 - je précise en passant que ce meeting n'a pas eu lieu - que je
20 suis arrivé au stade de foot où s'était rassemblée une masse de citoyens et
21 que je les aurais salués d'un salut hitlérien. C'est rédigé par le
22 Procureur dans la déclaration signée par Goran Stoparic. Alors une des
23 premières questions que j'ai posées, c'était la question sur le salut nazi.
24 Et Goran Stoparic a dit ici dans le prétoire qu'il ne savait absolument pas
25 comment cela a pu se trouver dans sa déclaration. Bien d'autres choses ont
26 été niées par lui, des choses qui figuraient dans sa déclaration. Il n'a
27 gardé que les mensonges sur l'organisation militaire des Chetniks en unités
28 de combat, détachements, compagnies, et cetera, en fait, ce qui est un
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1 mensonge notoire. La Serbie entière le sait. Et il s'est avéré utile parce
2 qu'il m'a permis d'élucider un certain nombre d'événements en Herzégovine,
3 des événements qui se sont produits à Vukovar, et cetera.
4 Et puis, quid de tout cela. Si on était devant un tribunal véritable, la
5 Chambre de première instance aurait décidé d'engager des poursuites contre
6 les employés du bureau du Procureur qui ont fait figurer dans la
7 déclaration de Goran Stoparic que j'ai salué d'un salut à la Hitler la
8 masse de personnes qui s'étaient rassemblées dans un meeting à Sid. Goran
9 Stoparic, eh bien, il a été richement rémunéré pour ses services rendus au
10 Tribunal de La Haye. Il est venu déposer dans d'autres affaires, l'affaire
11 contre Slobodan Milosevic. Il a été relogé solidement dans un pays
12 occidental. Il s'est fait fournir suffisamment d'argent pour lancer son
13 affaire. Et en vendant son âme au diable, eh bien, il s'est sécurisé sur le
14 plan financier et matériel. D'autres cas existent comparables à celui de
15 Goran Stoparic.
16 Rappelez-vous le rapport, le rapport de la Section chargée de la Protection
17 des Témoins, c'était au lendemain de la première journée de déposition de
18 Goran Stoparic. Natasa Kandic lui a passé un coup de téléphone et lui a
19 fourni des suggestions, pas explicites, mais claires néanmoins. C'est la
20 section qui nous en a informés. Et puis, rien, aucune conséquence, aucune
21 suite.
22 Prenez le Témoin 026. Lui aussi, il a accepté de vendre son âme au diable.
23 Il a fourni un faux témoignage dans l'affaire Slobodan Milosevic. Et
24 pendant la période qui a précédé sa déposition, il a passé plusieurs mois
25 ici à La Haye. Et il s'est fait servir plus de 50 interventions médicales,
26 des opérations, la stomatologie, les prothèses, et cetera, y compris
27 plusieurs séances d'acuponcture, tout cela aux frais du Tribunal de La
28 Haye. Alors, tout ce qui lui est passé par la tête, se faire changer toutes
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1 les dents, se faire soigner pour tous ses maux, eh bien, tout lui a été
2 accordé. Il a fait son faux témoignage. Et par la suite, lui et son épouse
3 ont été relogés dans un pays occidental.
4 Mais cela ne lui suffisait pas. Il a trouvé que toutes les promesses n'ont
5 pas été tenues. On lui a mis à sa disposition un appartement et une
6 rémunération mensuelle relativement modeste. Ils n'ont pas fait comme ils
7 avaient agi dans le cas de Goran Stoparic. Donc, comme il a été mécontent,
8 il a pris son épouse par la main et ils sont revenus en Serbie. Et c'est en
9 cachette, en fait, qu'il s'est sauvé de ce pays occidental. Puisque vous
10 l'avez trompé, il a été révolté et il est venu s'adresser à mon équipe de
11 soutien à ma défense.
12 Ce qu'on trouve dans sa déclaration, c'est qu'à Subotica, j'aurais fait
13 sauter la cathédrale catholique, comme si les catholiques étaient des
14 navettes spatiales, comme si c'était tellement facile de les lancer dans
15 l'espace. Et le Procureur le met en exergue sans jamais le vérifier. Tout
16 ce que le témoin se permet de dire, tout est intégré à sa déclaration. Mais
17 quel Procureur au monde se permettrait d'agir ainsi sans vérification ?
18 Jamais une telle cathédrale n'a explosé.
19 Si, il y a eu des explosifs qui ont été placés à son entrée de très
20 faible puissance, et la police a peu élucidé ce cas. C'étaient des membres
21 d'une secte qui se sont rendus coupables de cela. Et dans son réquisitoire,
22 le Procureur nous dit que ce témoin aurait parlé d'une réunion tenue par
23 moi en 1992 dans le Srem, une réunion qui concernait des persécutions
24 engagées contre des Croates. Et aux yeux du Procureur, cela constitue une
25 preuve. Toute la déclaration préalable de ce témoin, aux yeux du Procureur,
26 constitue une preuve. Et là, vous leur apportez votre soutien, Messieurs
27 les Juges, parce que vous acceptez le versement de cela au dossier.
28 Dans un premier temps, vous n'acceptiez que le versement de documents
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1 pertinents, même moi j'ai pu verser des documents pertinents, absolument
2 pertinents au dossier, mais par la suite vous avez accepté que le Procureur
3 vous largue par bulldozer entier des volumes de documents. C'est ce que
4 vous avez accepté en 2010 et en partie en 2011, littéralement transportés
5 par la force de bulldozer, jamais en vérifiant quoi que ce soit et ne me
6 permettant pas d'en parler dans le prétoire. Bien sûr, j'aurais pu
7 m'exprimer par voie écrite. Mais est-ce que j'allais parler de ces
8 balivernes, de ces sottises par écrit ? Voyons maintenant comment vous
9 allez rédiger votre jugement sur la base de ces documents, comment est-ce
10 que vous allez rédiger votre jugement sur la base des déclarations
11 préalables démenties par la suite par ces mêmes témoins. J'aimerais bien
12 voir ça.
13 Il y a eu maintenant des témoins - je dirais que ce serait la quatrième
14 catégorie, si je ne me trompe pas - des témoins qui se sont fait promettre
15 beaucoup de choses par le bureau du Procureur et qui ont été entièrement
16 trompés. Ils n'ont jamais pu se rendre dans un pays étranger pour s'y
17 reloger, pour amener leurs proches, installer leurs familles, et cetera. Et
18 parmi eux, on en a vu un. Vous vous souviendrez peut-être de ce témoin.
19 Jusqu'à ce qu'il rentre dans la salle d'audience, il s'est disputé et
20 négociait avec le Procureur pour voir s'il allait lui accorder quelque
21 chose ou pas. Et le Procureur, par la suite, a renoncé à sa déposition vu
22 la quantité colossale de preuves démontrant qu'il s'agit d'un faux
23 témoignage, qu'il a raconté des choses entièrement nébuleuses. Vous avez un
24 autre témoin dans cette catégorie, un Musulman des environs de Zvornik. Le
25 Procureur lui-même a renoncé à le citer. Il a dit qu'il n'allait jamais
26 s'appuyer sur ses déclarations. Donc le Procureur lui-même a vu à quel
27 point c'était compromettant. Voilà, telles sont les preuves qui nous ont
28 été présentées par le Procureur, et tout cela avec l'approbation de la
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1 Chambre de première instance.
2 Nous avons nombre de faux témoins, Musulmans et Croates. Nous avons eu ici
3 dans ce prétoire des documents présentés par moi, des originaux des
4 documents croates que j'ai pu obtenir du Procureur, portant
5 l'enregistrement du Procureur, démontrant que le renseignement croate a
6 préparé des témoins croates pour témoigner contre les Serbes devant le
7 Tribunal de La Haye. Ils ont préparé même des témoins qui allaient venir
8 déposer contre moi, surtout contre Slobodan Milosevic, ensuite contre la
9 Troïka de Vukovar, et cetera. Dans le procès contre Mrksic et consorts, il
10 y a eu un débat sur ces témoins-là sur la base de ce document.
11 Nous avons nombre de preuves démontrant que l'AID, l'Agence du
12 renseignement musulman, a préparé des témoins musulmans, les a instruits à
13 témoigner non seulement contre moi, mais contre d'autres Serbes accusés
14 ici. Alors, comment cela se fait-il qu'il y a tant de différences entre les
15 premières déclarations des témoins ou victimes au sujet de tel ou tel
16 crime, mauvais traitement, harcèlement, meurtre ou assassinat, des
17 déclarations données plusieurs années plus tard au Tribunal de La Haye,
18 alors que dans les premières déclarations, on ne trouve nulle part Seselj,
19 ni les Seseljevci, ni le Parti radical serbe, ni nos volontaires ? Puis,
20 dix ans plus tard, étonnamment, tout cela apparaît dans les déclarations
21 qui, cette fois-ci, ont été rédigées par le bureau du Procureur lui-même.
22 Parce qu'il suffit que le Procureur, lorsqu'il s'agit d'un témoin qui a été
23 du côté ennemi ou adverse pendant cette guerre, qu'il lui fasse comprendre
24 clairement quelle déclaration serait souhaitable, et tout de suite le
25 témoin se conforme à cela. Il tisse son récit allant dans ce sens-là.
26 Vous avez eu ici un témoin, Dabic, qui a donné un faux témoignage au bureau
27 du Procureur, qui s'est tourné ensuite du côté de la Défense, pour obtenir
28 quelque chose s'il témoignait en disant le contraire de ce qu'il avait dit
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1 au Procureur. Mais il n'a rien eu. Alors, là, il s'est senti complètement
2 perdu. Il est venu au prétoire et il a dit qu'il s'était fait tabassé deux
3 ou trois jours auparavant et que c'étaient des pressions, d'après lui, qui
4 s'étaient exercées sur lui pour qu'il change sa déclaration. Mais en fait,
5 il était en train de déblayer la neige puis il a glissé et il s'est blessé.
6 En fait, il n'avait qu'un petit bleu suite à sa chute. Ici, on nous a dit
7 que c'était de La Haye qu'il a téléphoné à des gens leur demandant qu'ils
8 l'appellent pour lui dire soi-disant : Tu as été menacé par un tel ou par
9 un tel, pour que finalement le Procureur le déclare menacé, en péril, et
10 pour qu'il puisse obtenir un relogement dans un pays occidental.
11 Et quand je l'ai interrogé ici dans la salle d'audience, il ne savait rien,
12 il n'a rien vu. C'est ce qu'on m'a dit, c'est ce qu'on m'a dit, disait-il.
13 C'est tout ce qu'il a pu dire.
14 Voilà, ce sont les témoins que vous avez pu cités, vos témoins, vos témoins
15 à l'appui de l'acte d'accusation, de vos mémoires en clôture et de votre
16 réquisitoire. Votre réquisitoire, il est plein de ces déclarations
17 préalables de faux témoins. Ça fourmille là-dedans. Votre attitude, qu'est-
18 ce qu'elle revient à dire ? Que ces témoins ne sont jamais revenus sur
19 leurs déclarations ? Que ces témoins, qu'on n'a pas fait volé en éclats
20 leur déclaration ici dans le prétoire, comme si le contre-interrogatoire
21 n'aurait jamais eu lieu ? Le Procureur, dans le droit international pénal,
22 n'a pas le droit de se comporter ainsi. Par définition, vous êtes au
23 service de la justice internationale en tant que Procureur, votre objectif
24 est de faire connaître la vérité, et non pas d'agir coûte que coûte par la
25 force pour faire prouver les thèses de l'Accusation.
26 Ce n'est pas une réussite pour le Procureur si les thèses de
27 l'Accusation sont acceptées au détriment de la vérité ou si le jugement est
28 prononcé sur la base des thèses qui sont fausses. Cela ne constitue pas une
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1 réussite de la justice internationale, ni de la Chambre de première
2 instance, ni du Procureur. Quelle doit être l'attitude du Procureur ? Son
3 succès, sa réussite, c'est à partir du moment où la vérité a été démontrée,
4 même si cette vérité devait réfuter son acte d'accusation même.
5 Mais M. Marcussen et ses collaborateurs ne comprennent pas cela. Le
6 Procureur ne comprend pas cela. Ils se comportent comme des mercenaires qui
7 sont allés faire la guerre dans des pays africains. Leur mission est fixée.
8 Ils ne se demandent pas s'ils combattent aux côtés de la partie qui est
9 juste. C'est comme des terriers, ils se mettent en branle à partir du
10 moment où ils reniflent du sang. Ils ne se posent pas la question sur ce
11 qu'ils sont en train de faire. Alors non seulement pour ce qui est de
12 l'équipe du Procureur ici dans mon affaire mais dans d'autres affaires
13 également, où est le Procureur qui sent l'honneur, l'honnêteté, qui sait la
14 valeur de ces notions et qui agira du point de vue de la justice
15 internationale, et qui dira : "Mon objectif est que l'on sache la vérité,
16 et à partir du moment où on l'aura connue, la vérité, on verra quelles en
17 sont les conséquences."
18 Ce qui m'amuse surtout c'est l'attitude de M. Marcussen. Rappelez-vous un
19 faux témoin musulman des environs de Zvornik, qu'est-ce qu'il a affirmé ?
20 Il a affirmé qu'en mars 1992 je suis venu m'exprimer lors d'un meeting à
21 Mali Zvornik, que c'était un meeting anti-Musulman, que j'ai prononcé un
22 discours, que j'ai dit que les Musulmans étaient des païens, et cetera. Et
23 que nous allions les expulser jusqu'en Anatolie et des choses comparables.
24 Et que suite à ce meeting à la maison de la culture, il y a eu un conflit,
25 une rixe avec les Musulmans qui étaient en train de manifester à
26 l'extérieur.
27 Mais finalement, qu'est-ce qu'il en a été ? Ce meeting, il a eu lieu au
28 début du mois d'août de l'an 1990, deux ans plus tôt. Dans le journal
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1 "Grande Serbie" nous avons publié l'ensemble des discours de ce meeting
2 ainsi que les questions posées par les personnes rassemblées. Et
3 effectivement, il s'est avéré que nous avons été attaqués par la masse
4 rassemblée, par la suite qu'on nous a lancé des jets de pierres, que
5 plusieurs personnes membres de notre parti ont été blessées par ces jets de
6 pierres, et que nos gardes chargés de la sécurité ont pris des espèces de
7 bâtons, de barres pour chasser cette masse. Et cela s'est passé en 1990.
8 La Chambre de première instance a chargé M. Marcussen d'enquêter là-dessus
9 sur la base des articles de presse et d'autres rapports publiés pour savoir
10 si cet événement a effectivement eu lieu en 1992 et, s'il a eu lieu,
11 comment il s'est déroulé. Et alors M. Marcussen s'est exprimé ici dans le
12 prétoire pour dire qu'aucune trace n'a été trouvée.
13 Qu'il existe un rapport de la sécurité militaire puisqu'il s'agit
14 d'une zone frontalière, qu'un jour je suis arrivé à bord d'une voiture à
15 Mali Zvornik parce que j'étais de passage là vers Ljubovija et Bajina
16 Basta, que deux ou trois membres de notre comité local m'ont accueilli, et
17 que j'ai eu un entretien avec eux et que par la suite j'ai poursuivi mon
18 chemin. Mais le meeting, où est-il ? Aucun meeting. Mais deux meetings avec
19 le même scénario n'ont pas pu se produire, qu'on soit attaqué par cette
20 masse rassemblée, qu'on les disperse à l'aide de bâtons, et cetera. Puis un
21 miracle encore plus important se produit là. M. Marcussen a continué à
22 insister pour dire que la déposition de ce témoin était véridique, alors
23 que moi je l'ai fait voler en éclats en m'appuyant sur encore d'autres
24 détails.
25 Alors, M. Marcussen ne cite même plus cette réunion ou ce meeting
26 dans sa réponse à ma requête en application de l'article 98 bis. Et il y a
27 une majorité des Juges de la Chambre qui ont appuyé la décision
28 correspondante. Cette dernière a été rédigée comme si ce meeting s'était
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1 vraiment tenu en mars 1992, et comme si cela avait véritablement été
2 prouvé. Mais comment des Juges raisonnables peuvent-ils prendre une telle
3 décision ou tirer pareille conclusion ? Cela défie le sens commun.
4 Laissons de côté le fait que certaines autres théories figurant dans votre
5 décision en application de l'article 98 bis sont également
6 incompréhensibles. Ceci que je viens d'avancer est le plus incompréhensible
7 et le moins raisonnable de tout. Alors, bien entendu, lorsque vous rendez
8 une telle décision en application de l'article 98 bis, il est impossible
9 d'attendre de vous un jugement raisonnable, et je ne l'attends pas. La
10 seule chose qui compte pour moi c'est d'en finir avec toute cette affaire
11 au moyen de cette plaidoirie pour ensuite m'en remettre au Tribunal de
12 l'histoire qui vous jugera tout autant vous qu'il me jugera, moi.
13 L'Accusation, au moyen de ses faux témoins, n'a absolument rien obtenu qui
14 serait de nature à démontrer ma culpabilité. Au moyen de ces faux témoins,
15 l'Accusation n'a fait que s'enfoncer plus bas encore que toute notion
16 d'intégrité et d'honnêteté morale politique et juridique de ce Tribunal
17 soit foulée au pied. Et le présent procès diffère de tous les autres devant
18 ce Tribunal en cela que c'est justement cet aspect de la manipulation des
19 faux témoins par l'autre partie qui a atteint son point culminant.
20 J'ai suivi de temps à autre comment se déroulaient certains autres procès,
21 la façon dont les avocats de la Défense se levaient pour se présenter à un
22 faux témoin manifeste pour faire ses louanges, pour essayer de l'amadouer,
23 au lieu de faire voler en éclats sa déposition dans le prétoire pour qu'il
24 ait tellement honte qu'il ne sache même plus par quelle porte il pourra
25 sortir. Or, ici nous avons eu de faux témoins de l'Accusation qui ont connu
26 ce sort-là.
27 La méthode utilisée par l'Accusation est formellement interdite, tant en
28 droit continental qu'en droit anglo-saxon. La méthode que j'ai utilisée,
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1 moi, est en revanche tout à fait autorisée. Vous m'avez d'ailleurs même
2 restreint à cet égard. Dans le droit anglo-saxon, le contre-interrogatoire
3 est beaucoup plus impitoyable que ce qu'on m'a autorisé à faire ici. Vous
4 n'avez cessé de m'interrompre, de défendre les faux témoins, de les
5 protéger, de leur chercher des justifications, de leur accorder des pauses
6 aux moments opportuns, et cetera. Alors, nous en arrivons maintenant à
7 cette autre catégorie de faux témoins, les témoins bien informés ou témoins
8 initiés.
9 Le plus grand traître de La Haye était très certainement Biljana Plavsic.
10 L'Accusation avait prévu de la citer à comparaître dans mon procès, puis y
11 a renoncé. L'Accusation dispose d'un document, alors je ne sais pas si
12 c'est M. Marcussen ou l'un de ses collaborateurs qui en a parlé dans le
13 réquisitoire, mais un document indiquant que Biljana Plavsic aurait invité
14 Zeljko Raznjatovic, Mirko Jovic et moi-même, et nous aurait demandé de
15 dépêcher les volontaires en Republika Srpska. Il s'agit d'une lettre que
16 j'ai moi aussi reçue, mais à laquelle je n'ai jamais répondu. Et jamais
17 nous autres, les radicaux serbes, n'avons envoyé des volontaires sur
18 invitation ou appel de Biljana Plavsic. Jamais je n'ai eu une opinion
19 positive de Biljana Plavsic. Je l'ai rencontrée plusieurs fois, j'ai
20 discuté plusieurs fois avec elle, mais c'est avec dégoût que je rejetais
21 ses conclusions et toutes ses élucubrations, les hypothèses et les
22 présuppositions qui étaient les siennes, ses affirmations, et cetera. Elle
23 était prête à aller jusqu'à dire que le patrimoine génétique des Musulmans
24 était endommagé, alors que moi je regrettais que le destin nous ait séparés
25 par confessions différentes et qu'il ait creusé ces tranchées entre les
26 Serbes musulmans, les Serbes orthodoxes, les Serbes catholiques, et cetera.
27 En 1996, j'ai été conduit au Tribunal en même temps que M. Karadzic. Dans
28 le véhicule, j'ai rappelé à M. Radovan Karadzic la façon dont j'ai passé
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1 toute une journée en 1996 a essayé de le convaincre dans son bureau de
2 Korane près de Pale pour qu'il ne présente pas Biljana Plavsic comme
3 candidate à la présidence de la République. Son parti, le SDS, a présenté
4 Biljana Plavsic comme candidate. Je lui ai démontré qu'elle n'était pas
5 fiable, que ce n'était pas une personne normale que l'on pouvait présenter
6 comme candidate, qu'on ne pouvait absolument pas lui accorder foi, mais lui
7 il pensait que Biljana Plavsic était la plus extrémiste, qu'elle était la
8 plus exposée dans le conflit avec Milosevic, et qu'elle allait être la
9 mieux adaptée pour occuper un tel poste. Mais quelqu'un de fou ne peut
10 jamais être considéré comme fiable, et cela s'est immédiatement avéré.
11 C'est même avec la participation du voïvode Momcilo Djuric qu'on lui
12 a envoyé des hommes d'Amérique, Ana Mitrovic, et d'autres encore. Et Djuric
13 a d'abord essayé d'infiltrer cet homme qui venait d'Amérique dès 1995
14 auprès de moi. Ce Milos Prica a discuté avec moi. Il a tout de suite mis
15 sur la table l'idée qu'il fallait sortir dans les rues, qu'il fallait faire
16 tomber Milosevic, qu'il fallait tirer dans toute la Krajina serbe, que les
17 gens donc allaient périr et, bien entendu, je l'ai mis à l'écart, et nous
18 n'avons plus jamais eu de contact. Ensuite, ils l'ont envoyé à Biljana
19 Plavsic, et il a pris les choses en main. Il a instrumentalisé Biljana
20 Plavsic pour provoquer un coup d'Etat en Republika Srpska pour mettre fin
21 aux organes légaux de l'autorité, et Biljana Plavsic a reçu là un certain
22 soutien, notamment celui des puissances occidentales, et ce plan a été
23 couronné de succès.
24 Lors des élections suivantes, Biljana Plavsic a été battue par le
25 candidat des Radicaux à la présidence de la République, et puisque Biljana
26 Plavsic en avait terminé de ses sales besognes, eh bien, c'est un acte
27 d'accusation qui l'attendait à ce stade, dressé devant le Tribunal de La
28 Haye. Elle est arrivée ici, cette soi-disant impératrice serbe, la femme
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1 qui encourageait les combattants de la Republika Srpska et était la plus
2 extrémiste. C'est elle ici qui a passé un accord de plaidoyer avec
3 l'Accusation. Le quartier pénitentiaire ne lui plaisait pas, alors elle a
4 reconnu les accusations de persécution pour être condamnée à une peine qui
5 ne serait pas trop lourde, et elle a accepté de déposer contre d'autres
6 accusés.
7 En tant qu'extrémiste à outrance, même de mon point de vue à moi, alors que
8 je suis considéré par de nombreuses personnes comme un extrémiste, alors
9 même que ma propre approche radicale je ne la considère pas comme une forme
10 d'extrémisme, eh bien, Biljana Plavsic en tant que la plus extrémiste de
11 tous est donc venue déposer à charge contre Momcilo Krajisnik, qui a
12 toujours été en faveur d'une politique de compromis, de négociations. Ils
13 l'ont également cité à la barre dans l'affaire Milosevic, et au dernier
14 moment l'Accusation y a renoncé, estimant que ce serait contreproductif, et
15 l'Accusation a également renoncé à son témoignage en l'espèce.
16 C'est donc un cas encore plus grave par rapport à Borislav Jovic et
17 Zoran Lilic.
18 Un autre exemple est celui de Milan Babic, le premier président de la
19 RSK. Il a tout d'abord été engagé par l'Accusation pour déposer à charge
20 dans l'affaire contre Slobodan Milosevic. L'Accusation l'a placé au pied du
21 mur : Soit tu déposeras contre Milosevic, soit tu seras toi-même mis en
22 accusation. Il a cédé parce qu'il avait un caractère faible, et il a
23 accepté de déposer contre Milosevic. Cependant, une fois qu'il en avait
24 fini de cette base besogne et que sa déposition était terminée, il a été
25 trompé par l'Accusation qui a dressé un acte d'accusation contre lui. De
26 nouveaux émissaires de l'Accusation sont alors arrivés pour lui dire :
27 Passe un accord de plaidoyer avec nous, et ta peine ne sera pas trop
28 lourde. Il a donc accepté cet accord de plaidoyer, reconnaissant sa
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1 participation à une entreprise criminelle commune, aux persécutions, et
2 l'Accusation s'est arrangé pour que sa peine ne dépasse pas 11 années
3 d'emprisonnement. Cependant, la Chambre de première instance a prononcé une
4 peine de 13 ans d'emprisonnement à son encontre. L'Accusation lui avait
5 promis une réinstallation de sa famille dans un Etat étranger, dans un Etat
6 occidental, celui où il purgerait sa peine. Sa famille a bien été conduite
7 dans cet Etat mais vivait dans des conditions identiques à celles de la
8 résidence surveillée, si bien que son épouse et son fils, ainsi que sa
9 fille, ont fini par demander à pouvoir rentrer en Serbie.
10 Et de nouvelles obligations ont alors incombé à Babic, il a dû
11 déposer contre Krajisnik, contre Milan Martic. Ensuite il a dû déposer
12 contre Jovica Stanisic et Franko Simatovic, et contre moi. Alors, peut-être
13 qu'ils auraient également cité Babic comme témoin contre Goran Hadzic.
14 Pendant le procès fait à Milan Martic, Milan Babic s'est suicidé. Que
15 signifie son suicide ? Ce suicide corrobore-t-il éventuellement la véracité
16 de ses dépositions ? Etaye-il les thèses de l'Accusation ou, au contraire,
17 les bat-il en brèche ? J'ai infiniment plus d'estime pour Milan Babic que
18 pour Biljana Plavsic, parce qu'au moins à un instant, en cet instant, il a
19 trouvé les forces de se juger lui-même après cette déroute morale à
20 laquelle il avait lui-même donné son accord.
21 Milan Babic avait été prévu comme témoin en l'espèce, mais puisqu'il
22 s'était déjà suicidé longtemps avant, avant même que moi je ne sache qu'il
23 était prévu comme témoin en l'espèce, l'Accusation a essayé de faire verser
24 ses déclarations préalables, les entretiens qu'il avait donnés, et toute
25 une série de documents. Madame et Messieurs les Juges, vous avez rejeté
26 cela car il n'y avait pas le moindre fondement juridique au versement de
27 ces documents. Mais ensuite à la troisième ou quatrième, ou je ne sais plus
28 laquelle des requêtes de l'Accusation que cette dernière a réitérée en 2010
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1 ou en 2011, vous avez fini, malgré tout, par accorder le versement de ce
2 document. C'était l'époque à laquelle l'Accusation déversait des tombereaux
3 entiers de documents pour les faire verser, et là vous avez accepté.
4 Alors en quoi ceci pouvait-il être pertinent ? Pour quelqu'un qui est
5 complètement désespéré, le fait de se suicider est un acte de protestation.
6 Cela ne peut donc pas être pertinent. Laissons de côté le fait qu'une
7 commission a été constituée avec le Juge Kevin Parker à sa tête pour
8 enquêter sur les conditions de ce suicide, et finir par mettre un faux
9 rapport, un rapport falsifié. Cette commission de Kevin Parker a communiqué
10 à l'opinion publique que Milan Babic n'avait pas laissé de lettre. Or, moi,
11 j'ai entendu de sources sûres - et je ne vous dirai pas quelles sont mes
12 sources - si elles remontent au Greffe ou à l'Accusation, qu'il existait
13 bien une lettre d'adieu. J'ai adressé au Président du Tribunal une requête
14 en protestation, et j'ai dit à mes collaborateurs de communiquer à
15 l'opinion publique qu'une telle lettre existait bien. Le Tribunal était
16 alors mis au pied du mur et a reconnu qu'une lettre d'adieu avait bien été
17 retrouvée.
18 Alors, celle-ci a-t-elle été intégralement citée à l'opinion
19 publique, je ne le sais pas, ceci dépasse mes possibilités de vérification.
20 Ce même Kevin Parker a dirigé les travaux de la commission chargée de
21 déterminer les conditions du décès de Slobodan Milosevic, et pour fournir
22 également un faux rapport. Slobodan Milosevic s'était déjà plaint des
23 traitements antibiotiques lourds, utilisés d'habitude contre la lèpre et la
24 tuberculose, qu'on avait retrouvés dans ses analyses de sang et qui
25 provoquaient des effets secondaires en association avec la médication pour
26 l'hypertension. Il a fourni ces informations à l'ambassadeur russe, et par
27 son intermédiaire, au ministère russe des Affaires étrangères. Il s'est
28 avéré que Milosevic était lui-même placé dans une situation dans laquelle
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1 il a connu une mort subite. Or, en réalité, il a été tué dans des
2 conditions mystérieuses, et l'une des causes, et pas la moindre, est qu'on
3 l'a privé d'un traitement médical adéquat. Cela faisait longtemps qu'il
4 disait dans le prétoire qu'il se sentait mal, qu'il avait du mal à se
5 concentrer et qu'il ne pouvait pas suivre. Mais les Juges de la Chambre n'y
6 ont prêté aucune attention, ils l'ont traité par le mépris, et je parle ici
7 dans la Chambre qui était présidée par le Juge Robinson et au sein de
8 laquelle se trouvaient également O-Gon Kwon et Iain Bonomy.
9 Et ces méthodes-là, ce sont les méthodes du Tribunal de La Haye, et
10 c'est à ce type de puissances auxquelles j'ai eu affaire ici.
11 Troisième type de faux témoins, Miroslav Deronjic. Je me suis trouvé au
12 même étage du quartier pénitentiaire la première année de ma présence à La
13 Haye, alors nous avons discuté. Il était professeur de littérature, c'était
14 quelqu'un d'éduqué. Nous passions du temps ensemble, et il m'a expliqué la
15 façon dont il avait été arrêté. Premièrement, des représentants du Tribunal
16 de La Haye l'ont appelé au téléphone à plusieurs reprises. Ils lui ont fait
17 savoir qu'il pourrait être mis en accusation, mais que cela n'était pas
18 encore sûr. Il leur a répondu pour leur dire : "Si vous me mettez en
19 accusation, dites-le-moi tout de suite, et je viendrai immédiatement."
20 Cependant, lorsque l'acte d'accusation est arrivé, il a été arrêté par la
21 SFOR. Il a été battu lors de son arrestation, torturé, et pendant ces
22 sévices qui lui ont été infligés, on lui a plongé la tête à plusieurs
23 reprises dans un tonneau rempli d'eau. Et tout ceci m'a été raconté par
24 Miroslav Deronjic. J'ai essayé de faire état de ceci dans le prétoire,
25 c'était Carmel Agius qui était Juge de la mise en état à ce moment-là, et
26 il m'en a empêché. Il a débranché mon micro.
27 Miroslav Deronjic affirmait n'avoir été mêlé à aucun crime à Srebrenica,
28 c'était sa position. Ensuite, il y a eu Momir Nikolic, qui a passé un
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1 accord de plaidoyer, et il était officier chargé de la sécurité au sein de
2 la Brigade de Bratunac. Dans sa déposition, il a avancé que Deronjic aurait
3 été présent lors d'une réunion où il a été convenu de fusiller des
4 prisonniers. Nikolic n'était pas du tout présent à cette réunion, mais la
5 porte était entrouverte si bien qu'il aurait entendu cela. Comme chez ce
6 malheureux qui affirme qu'à Vukovar, à côté d'une porte entrouverte, il
7 aurait entendu ce que moi je disais lors d'une réunion à des officiers de
8 la garde. C'est quelque chose dont on ne pouvait pas se défendre. Momir
9 Nikolic a signé cela. L'Accusation disposait là de sa première preuve
10 contre Deronjic et a dépêché, donc, ses représentants chargés de lui offrir
11 un accord de plaidoyer.
12 Et dans son cas, comme dans celui de Milan Babic, Vera Petrovic a
13 joué un rôle considérable, psychiatre officielle du Tribunal, vers cette
14 personne, a discuté pendant des journées entières avec lui et, appliquant
15 ses méthodes, elle a facilité la prise de cette décision consistant à
16 accepter un accord de plaidoyer. Miroslav Deronjic s'est révélé être prêt à
17 inventer tout et n'importe quoi contre tout le monde. Les volontaires du
18 SRS n'ont jamais été à Bratunac, or lui, il a fini par dire qu'ils étaient
19 également présents à Bratunac. Il a d'abord parlé des Aigles blancs, puis
20 ensuite ce sont devenus des volontaires, et qui sait quoi encore. Ce qu'il
21 a déclaré dans sa déposition, vous l'avez versé au dossier, mais pour moi
22 ceci n'a aucun caractère à charge puisque Bratunac ne figure même pas dans
23 mon acte d'accusation. Mais tout ceci ne fait que témoigner des méthodes de
24 travail du présent Tribunal.
25 Des volontaires du SRS ont été présents à Srebrenica en 1992, parce
26 qu'en 1992 les Serbes ont libéré Srebrenica. Les forces musulmanes ont été
27 repoussées en direction de Konjic Polje et en direction des forêts
28 environnantes. Ensuite, Goran Zekic a été tué, c'était un dirigeant serbe
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1 local, et on racontait que Miroslav Deronjic était mêlé à son assassinat.
2 Et la ligne de front serbe a commencé à voler en éclats après cet
3 assassinat. Dans leur contre-attaque, les Musulmans ont pris Srebrenica
4 pour la tenir sous leur contrôle jusqu'en 1995, et ce, avec l'aide de
5 puissances occidentales. En 1992, donc, il y a eu un seul événement décisif
6 et ce seul assassinat de Zekic qui a fini par se solder par la perte de
7 Srebrenica.
8 Nous avons encore plusieurs cas de faux témoins auxquels vous vous
9 référez, il s'agit de personnes décédées. Zoran Tot. J'imagine qu'aucune de
10 ces personnes décédées ne figure plus dans la liste des témoins protégés.
11 Je ne citerai que Zoran Tot et Stevan Todorovic.
12 Mais pour qui ceci peut-il avoir la moindre pertinence ? L'un de ces
13 témoins protégés affirme que j'aurais été présent à Ilijas, Celija [phon]
14 et Vogosca en 1992, or je n'y ai jamais mis les pieds avant 1994. Ceux qui
15 sont décédés avant de pouvoir déposer, c'est par votre faute qu'ils n'ont
16 pas déposé. Si moi j'avais été jugé plus tôt, au moins un an avant mon
17 arrivée à La Haye, et si mon procès avait été rapide, or Carla del Ponte
18 annonçait cela. Elle disait : Tout est prêt pour un procès. En février
19 2003, à Belgrade, c'est ce qu'elle disait, elle disait que tout était prêt.
20 Moi, en 1994, j'ai adressé une requête pour que l'on mette fin à ma
21 détention, et l'objection principale de l'Accusation a consisté à dire que
22 mon procès devant commencer à l'automne et que, par conséquent, il ne
23 fallait pas faire droit à ma demande. Il y avait d'autres arguments parce
24 que je ne souhaitais pas demander de garanties auprès du gouvernement pro-
25 occidental à Belgrade, mais l'argument-clé était que mon procès devait
26 commencer à l'automne et que, par conséquent, il ne convenait pas de mettre
27 fin à ma détention.
28 Il y a d'autres personnes décédées parmi les témoins. J'en ai
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1 retrouvé dix en tout. Un officier pour la Slavonie. Puis, une personne
2 d'Ilijas qui était au sein de l'unité de Vaske Vidovic, un Musulman qui
3 pendant toute la durée de la guerre a été membre de cette unité. Lorsque
4 les Serbes ont du se retirer d'Ilijas et quitter Ilijas après les accords
5 de Dayton, il a décidé de rester. Il n'avait pas envie de quitter sa
6 maison, sa propriété. Et il a dû se justifier devant les autorités
7 musulmanes en affirmant qu'il avait été mobilisé de force, qu'on l'avait
8 forcé à devenir membre de cette unité, et cetera. Lui aussi, il a fait un
9 faux témoignage.
10 Si vous aviez commencé à temps ce procès, vous auriez été en mesure
11 de citer à la barre tous ces témoins qui sont ensuite décédés. Mais est-ce
12 moi qui suis responsable que vous avez fait ouvert le procès plus tard ? Il
13 n'a pas eu le moindre jour de retard dans ce procès de mon fait. Même ce
14 que vous avez convenu pour mardi et mercredi prochains, ce n'était pas
15 nécessaire, parce que moi je suis prêt à revenir lundi. J'ai insisté pour
16 que l'opération ait lieu immédiatement vendredi pour que je puisse venir
17 dès lundi dans la salle d'audience. Donc nous n'avons perdu aucune journée
18 d'audience de mon fait. Et maintenant, vous voudriez utiliser comme élément
19 de preuve leurs déclarations préalables. Qui peut utiliser ceci comme
20 élément de preuve ? Personne. Des déclarations qui ont été rédigées par
21 vous et qu'eux se sont contentés de signer. Si vous aviez ouvert le procès
22 à temps, ces témoins auraient été cités à la barre, ils ont été soumis à un
23 contre-interrogatoire, et nous aurions vu ce qui de cela était exact et ce
24 qui ne l'était pas. Dans le contexte qui est le nôtre, il est absurde d'en
25 débattre, et je ne veux pas débattre de cela.
26 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, le médecin nous a dit de faire des
27 pauses toutes les heures et quart. Alors ça va faire une heure 18 minutes
28 que vous intervenez. Donc on va faire une pause de 30 minutes puisqu'on
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1 suit strictement les prescriptions médicales. Et nous reprendrons dans 30
2 minutes exactement.
3 --- L'audience est suspendue à 10 heures 17.
4 --- L'audience est reprise à 10 heures 48.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise.
6 Monsieur Seselj, vous avez la parole.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais à présent parler de la partie de l'acte
8 d'accusation et du mémoire en clôture et du réquisitoire de l'Accusation
9 qui se rapportent à Hrtkovci.
10 Dès que Franjo Tudjman est arrivé au pouvoir en Croatie, dès que le HDZ a
11 pris le biais du pouvoir, il y a eu poursuites organisées de diligentées --
12 harcèlement de la population et persécution de la population serbe en
13 Croatie. Alors, quelles sont les sources pour dire une chose pareille ? Le
14 Pr Livada a publié un livre volumineux à cet effet. Svetozar Livada est
15 l'auteur de ce livre. Et le Procureur a coopéré avec le Pr Livada. Le
16 Procureur m'a communiqué des documents extraits d'une revue où l'on a
17 thématiquement abordé bon nombre de persécutions de Serbes en Croatie, et
18 le rédacteur de ces publications, c'était le Pr Svetozar Livada. Puis, en a
19 parlé le biographe en chef Darko Hudelist, qui a été le biographe de
20 Tudjman. Il a parlé des aspects "oustachoïdes" du régime à Tudjman et des
21 liens de Tudjman que je cite d'ailleurs souvent dans mon livre "Entreprise
22 criminelle catholique romaine de la nation artificielle croate." Il a parlé
23 de la coopération avec l'émigration oustachie, avec les Franciscains, puis
24 l'Eglise catholique romaine en Croatie qui a facilité sa prise du pouvoir
25 ou son acquisition au pouvoir. Comme cela, elle a facilité l'arrivée au
26 pouvoir d'Ante Pavelic à l'époque. Ante Pavelic était arrivé d'Italie avec
27 deux ou trois camions bondés d'Oustachi, il y avait moins d'une centaine
28 d'Oustachi, et il a réussi à s'emparer du pouvoir parce qu'il a été aidé à
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1 cet effet par l'Eglise catholique romaine, par ses différents évêchés, et
2 cela a remis les structures en place du Parti paysan croate avec les
3 différentes ramifications urbaines et non urbaines des gardes civiles.
4 Et la troisième source pour ce qui est des persécutions des Serbes, c'est
5 Stipe Suvar, qui a étudié de façon tout à fait approfondie la question dans
6 son livre intitulé : "Le carrousel croate." Et dans mon livre à moi, j'ai
7 fourni plusieurs citations assez longues tirées du livre à Suvar. Moi je me
8 proposerais d'en donner lecture si j'ai suffisamment de temps pour le
9 faire, mais je me demande déjà si j'aurais le temps de faire tout ce que
10 j'avais pensé faire étant donné que j'ai pratiquement utilisé la moitié du
11 temps qui m'est imparti. Je ne sais pas si je peux compter sur les quatre
12 heures supplémentaires que j'avais demandées étant donné que les Juges de
13 la Chambre ne m'ont pas répondu à cet effet.
14 Alors, on plastique les maisons des Serbes. On pose là des explosifs. On
15 tue des Serbes ça et là. Très souvent, ils sont tabassés. Les enfants
16 serbes sont persécutés de façon organisée dans les écoles primaires et
17 secondaires. On incite leurs camarades croates à aller leur créer des
18 difficultés. Les Serbes sont licenciés, notamment dans les institutions de
19 l'Etat.
20 En 1990 déjà, il se produit un grand exode des Serbes depuis cette
21 unité fédérale croate. En début 1991, ça prend des dimensions que l'on
22 n'avait pas supposées à avoir été possibles. Et on créé une cellule de
23 Crise du Parti radical serbe avec pour mission de faire en sorte que ces
24 Serbes réfugiés se trouvent un logement quel qu'il soit, pour trouver donc
25 un endroit pour les installer, organiser leur alimentation et la
26 distribution des vivres. C'était le premier des rôles de notre cellule de
27 Crise avant que la guerre ne commence, avant qu'il n'y ait échange de tirs.
28 Et cette cellule de Crise est devenue un état-major de guerre lorsqu'il y a
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1 eu proclamation d'un état de guerre éminent.
2 Alors, vous savez, Belgrade c'est une ville de 1 600 000 habitants.
3 Il y avait pas mal de logements vides, notamment des logements en propriété
4 de l'Etat fédéral qui était en train de se décomposer. Nous recherchions
5 ces appartements, et de façon semi légale on a installé là des familles
6 serbes de réfugiés. Quand je dis "semi légalement", c'est que nous n'avions
7 pas de fondement juridique pour le faire, mais les autorités ne se sont pas
8 opposées à la chose parce que c'était une solution provisoire absolument
9 indispensable.
10 Lorsque les conflits armés ont commencé, là commencent des
11 persécutions non dissimulées des Serbes. Les Serbes ont été massivement
12 expulsés de Grobisno Polje, ce sont les versants ouest de la Slavonie. Les
13 Serbes sont expulsés massivement des villes de Dalmatie, de différentes
14 villes en Slavonie aussi, puis de Zagreb, Sisak, Varazdin, et autres
15 localités. Et les vagues de réfugiés n'arrêtent pas d'arriver en Serbie. En
16 début 1992, il y avait déjà entre 200 et 300 000 Serbes expulsés. Je ne
17 compte pas les Serbes qui sont partis en Bosnie-Herzégovine et qui sont
18 partis dans les villes de l'Europe de l'ouest ou dans les pays d'outre-mer.
19 Je n'ai compté que les Serbes qui soient arrivés en Serbie parce que
20 expulsés.
21 Dans de telles conditions, lorsque la Serbie a été frappée par un véritable
22 raz-de-marée de réfugiés, nous, on a nos premières élections pour le
23 parlement fédéral de la République fédérale de Yougoslavie, le 27 avril
24 1992. C'est là que l'on a proclamé une nouvelle constitution et les
25 élections ont été prévues pour la fin du mois de mai. Nous avions à peine
26 un mois de campagne électorale devant nous. A l'occasion de cette campagne
27 électorale, j'ai tenu au quotidien des fois même trois meetings ou trois
28 rassemblements en une seule journée. Très souvent deux. Mais au moins un
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1 meeting. Et j'ai organisé ce meeting à Hrtkovci. Hrtkovci, c'est une
2 localité assez grande qui se trouve être entourée de bon nombre de
3 villages, et à l'occasion de ce discours j'expose le programme électoral du
4 Parti radical serbe, et vous avez vu le texte entier de mon discours.
5 M. Marcussen ou l'un de ses collaborateurs, étant donné que pour moi
6 c'est tous les mêmes, je ne fais plus la différence entre les uns et les
7 autres, a dit qu'a posteriori j'ai publié le texte du discours une fois que
8 l'acte d'accusation a été dressé à mon encontre. Non, ce n'est pas vrai. Je
9 l'ai publié pour la deuxième ou troisième fois une fois qu'il y a eu acte
10 d'accusation à mon encontre, et ça se trouve dans l'un des livres que j'ai
11 montré dans le prétoire, ça été publié bien des années avant. Je me suis
12 efforcé de publier la totalité de mes discours politiques qui ont été
13 enregistrés, dont les enregistrements sont parvenus jusqu'ici. Je n'ai pas
14 réussi à le faire, bien sûr, parce qu'il y a eu énormément de discours,
15 mais j'ai réussi pratiquement à reproduire la totalité des émissions de
16 télévision, de radio, et toutes les interviews au niveau de la presse, donc
17 les rassembler et les publier. Parce que rien de tout ce que j'ai déclaré
18 en public je ne l'ai dissimulé. Je n'ai pas de quoi avoir honte. Ce que
19 j'ai déclaré à l'époque, je le déclarerais de nos jours encore. Peut-être
20 le modifierais-je quelque peu. Peut-être cela se trouverait-il être plus
21 convainquant qu'à l'époque, et ce, du fait de l'expérience qui s'est
22 accumulée et du mûrissement des choses. Mais il n'y aurait probablement pas
23 -- enfin ça n'aurait peut-être pas été aussi intelligent qu'à l'époque
24 parce que avec l'âge l'intelligence baisse chez l'homme.
25 Alors ce meeting n'avait pas un caractère militant. Le Procureur,
26 lui, affirme qu'à l'occasion de ce meeting il y avait des Chetniks arborant
27 des uniformes noirs. Mais jamais nulle part les Chetniks n'ont porté
28 d'uniformes noirs, ni dans le courant de la Deuxième Guerre mondiale ni
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1 pendant les dernières guerres. Jamais. Les volontaires du Parti radical
2 serbe portaient des uniformes de camouflage, très rarement ils portaient
3 d'anciens uniformes militaires de couleur vert-olive. Et étant donné que
4 nous étions intéressés par la possibilité d'avoir le plus grand nombre
5 possible de volontaires du Parti radical serbe, et l'armée était intéressée
6 parce que c'étaient les gens les plus disciplinés, l'armée donnait depuis
7 ces entrepôts les meilleurs des uniformes qu'elle avait en stock. Alors il
8 y a pu avoir des gens à ces meetings qui seraient habillés d'éléments ou de
9 parties d'uniformes militaires. Et maintenant quand je regarde la
10 télévision serbe et lorsqu'on montre des émissions en provenance ou
11 tournées dans des villages serbes, on montre des bûcherons, des
12 agriculteurs, et très souvent on les voit porter une partie d'uniforme de
13 camouflage, soit le haut, soit le bas. Mais vous savez, le couvre-chef
14 serbe qu'on appelle "sajkaca" fait partie - et c'est un élément
15 incontournable de la tenue vestimentaire populaire - ça vient de la
16 deuxième moitié du XIXe siècle et c'était un couvre-chef militaire à
17 l'origine. Les Serbes ont tellement -– tant si bien appréciés la chose,
18 qu'ils ont commencé à porter ce couvre-chef dans la vie quotidienne. Et ce
19 couvre-chef "sajkaca" est devenu un symbole serbe, quelque chose permettant
20 d'identifier le Serbe.
21 Donc il se peut que certains de ces participants aux meetings aient
22 porté des éléments d'uniforme de camouflage militaire, mais personne
23 n'était vêtu de noir et personne n'avait porté d'arme automatique. Il y a
24 eu des hommes du parti chargés de la sécurité qui portaient des pistolets,
25 mais ces pistolets on ne les voyait pas. Ils n'étaient pas apparents. Alors
26 on passait des chants du Parti radical ou des chants chetniks pendant une
27 heure ou deux heures avant la tenue du meeting. C'était ce qu'on faisait
28 toujours. C'était une façon d'attirer les gens pour qu'ils viennent aux
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1 meetings.
2 Vous avez déjà vu qu'il n'y a pas eu du tout de listes de Croates à
3 expulser dont on aurait donné lecture. On a donné lecture rien que d'une
4 liste de Croates qui s'étaient déjà éloignés de Hrtkovci, qui étaient
5 partis pour faire partie des ZNG, c'est-à-dire cette organisation
6 paramilitaire croate créée par Tudjman. Leurs noms ont été lus. Je n'ai
7 personnellement pas lu cette liste, mais je soutiens la liste comme si je
8 l'avais lue. Et à une occasion, je pense avoir dit de l'avoir lue. Si un
9 militant de notre parti l'a lue, je peux considérer comme si je l'avais
10 lue. Pourquoi voulez-vous que je ne la lise pas ?
11 Mais alors, tout à coup, on fait venir de faux témoins qui, ici dans
12 le prétoire, viennent affirmer - et l'un d'entre eux l'a fait - pour dire
13 que dans un discours j'ai demandé à ce que l'on fasse divorcer tous les
14 couples mixtes. Un autre témoin est venu affirmer que j'avais demandé
15 d'abattre les enfants issus des couples mixtes. Vous l'avez tous entendu
16 affirmer ici dans le prétoire. Et quand j'ai déposé une plainte au pénal
17 contre ces faux témoins, vous l'avez rejetée en disant que ces témoins
18 n'étaient pas conscients du fait qu'ils mentaient peut-être.
19 Et ça ce sont des choses qui se sont passées auprès de vous. Or, tout
20 ce qui m'est reproché par le bureau du Procureur, c'est aussi vrai que
21 l'affirmation au terme de laquelle j'aurais en public demander à ce que
22 l'on abatte la totalité des enfants issus de couples mixtes.
23 A Hrtkovci il y a eu d'importants échanges de propriétés entre les
24 Serbes expulsés et les Croates locaux. Les Serbes qui ont été expulsés de
25 Croatie n'ont pas pu récupérer plus que leurs valises ou leurs sacs de
26 voyage. Si tant est qu'ils ont pu les prendre. Et les Croates de Hrtkovci
27 ont pu à plusieurs reprises voyager vers la Croatie pour regarder les
28 propriétés à des fins d'échanges avec les Serbes une fois qu'ils auront
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1 jaugé la valeur des biens de ces Serbes-là. Alors pourquoi le bureau du
2 Procureur du Tribunal de La Haye n'a pas sanctionné les autorités croates
3 pour ces grandes persécutions de Serbes ? Il s'agit de centaines de
4 milliers de personnes.
5 Il ne m'appartient pas à moi de me justifier si j'ai commis un délit au
6 pénal pour dire : Lui aussi il a commis un délit au pénal, il faut que vous
7 le poursuiviez également. L'auteur d'un délit au pénal ne peut se défendre
8 de la sorte. Mais de la sorte, je peux compromettre le bureau du Procureur,
9 le Procureur de La Haye et le Tribunal de La Haye dans son ensemble. Parce
10 qu'il est plus important à mes yeux de vous compromettre que d'assurer ma
11 défense à moi, et je le fais de façon assez réussie depuis plus neuf ans.
12 Parce que vous y prêtez vous-même. Très souvent vous vous placez de façon à
13 ce que j'aimerais vous voir vous placer pour pouvoir vous taper dessus de
14 toutes mes forces. C'est vous qui êtes compromis parce que vous n'avez
15 jamais poursuivi personne de la Croatie de ceux qui avaient participé aux
16 persécutions des Serbes, or ces persécutions, elles, ont duré pendant
17 plusieurs années à compter de l'arrivée de Tudjman au pouvoir. Et vous
18 voudriez me condamner moi parce que je m'étais employé en faveur d'un
19 échange de population, ne serait-ce que partiel.
20 Alors, moi j'ai été favorable à la rétorsion. C'est un principe qui
21 existe au niveau du droit international. Certains Etats le mettent en œuvre
22 ou ne le mettent pas en œuvre, mais vous ne pouvez pas nier l'existence de
23 cet élément. La rétorsion, ça veut souvent dire aussi représailles. Il ne
24 s'agit pas seulement de répliquer par la pareille, mais des fois on rend la
25 monnaie de la pièce, mais dans une mesure plus grande encore. Où sont donc
26 les Allemands qui avaient vécu en Tchéquie ? Où sont les Allemands qui
27 avaient vécu en
28 Pologne ? Combien y en avait-il à vivre, à résider sur le territoire de la
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1 Pologne actuelle ? Où sont les Italiens qui avaient résidé sur les rives
2 est de l'Adriatique ? Il y en a eu 300 000 à avoir été expulsés. Où sont
3 les Allemands qui avaient résidé sur le territoire de l'ex-Yougoslavie ?
4 Il s'agit donc d'un principe qu'on peut justifier ou qu'on peut
5 condamner du point de vue moral qui existe. Au meeting, j'ai promis ce que
6 nous allions faire au cas où nous arriverions au pouvoir, et on le voit
7 clairement dans les propos que j'ai tenus. Et vous, vous essayez de faire
8 en sorte que ce discours soit présenté comme étant une attaque pour mettre
9 en œuvre l'article 5 du Statut. Il faut qu'il y ait une attaque organisée
10 ou systématique en temps de guerre.
11 Les Juges de la Chambre de première instance, dont M. Antonetti avait
12 été membre en 2004 encore, en statuant sur une objection que j'ai faite
13 concernant l'acte d'accusation, a décidé d'exclure de l'acte d'accusation
14 tous les sites qui se rapportent à la Vojvodine si le bureau du Procureur
15 n'a pas d'élément de preuve pour démontrer qu'en Vojvodine il y a eu des
16 conflits armés. Le Procureur a interjeté un appel, et puis on a remis cela
17 dans l'acte d'accusation, disant à peu près - parce que je n'ai pas le
18 papier sous les yeux - pour dire que le procès se doit de prouver s'il y a
19 eu ou pas un conflit armé là-bas. Le Procureur a dit : Si, il y avait un
20 conflit armé à l'époque en Croatie et en Bosnie-Herzégovine et qu'il y
21 avait un nexus, un lien, entre les éléments à Hrtkovci et les conflits
22 armés là-bas. Mais ce n'est pas vrai.
23 Le plan Vance dit que le conflit armé en Croatie a pris fin. On avait
24 déjà déployé des membres de la FORPRONU en application de ce plan Vance, et
25 ce, sur le territoire de la Republika Srpska Krajina. S'agissant maintenant
26 des réfugiés serbes et des personnes expulsées d'origine ethnique serbe, à
27 l'exception de la Slavonie occidentale où il y a eu un grand exode de
28 Serbes en novembre et en décembre 1991, tous les autres Serbes expulsés
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1 venaient de territoires où il n'y a pas eu de conflit armé du tout. A
2 Zagreb, il n'y a pas eu de conflit armé, à Varazdin non plus, à Sisak non
3 plus, et dans bon nombre d'autres localités aussi. En Vojvodine, il n'y a
4 pas eu de conflit armé. Votre expert Theunens a dit qu'il n'y a pas eu
5 d'attaques de lancées contre la population civile à Hrtkovci. Et non
6 seulement il devait y avoir présence d'une attaque d'une intensité égale à
7 l'intensité des délits au pénal prévus par l'article 5 du Statut, mais il
8 fallait que l'attaque soit de grande envergure et systématique. Or, il n'y
9 a pas eu d'attaques du tout.
10 Alors, en l'absence de quelque attaque que ce soit, mon discours à
11 moi est considéré comme ayant été une attaque. Or, cela ne peut se faire.
12 C'est tombé à l'eau, ça. Déjà dans le jugement rendu à l'intention de Dario
13 Kordic, le délit verbal, ça ne peut pas être considéré comme étant une
14 attaque. Or, maintenant vous dites que oui. Mais vous pouvez dire ce que
15 bon vous semble. Pour vous, il n'existe pas de lois morales ni de principes
16 moraux. Ce qui vient à l'esprit, vous le sortez. Vous êtes venus ici en
17 tant que des individus anonymes, et après ce procès vous retournerez dans
18 votre anonymat. Vous vous êtes fait versés de bons salaires ici. Il me
19 semble que vous allez à avoir déjà droit à une retraite au bout de quatre
20 ans de service pour le compte des Nations Unies, et vous vous en fichez.
21 Votre sale besogne, vous l'avez faite, vous vous êtes faits pas mal
22 d'argent et vous allez partir. Personne ne vous connaissait avant ce procès
23 et personne ne saura qui vous êtes après ce procès. Et étant donné qu'il
24 n'y a pas eu d'attaque en question, il ne peut y avoir non plus de délit au
25 pénal de persécution.
26 Vos témoins ont déclaré que certains réfugiés portaient des armes,
27 alors j'ai demandé à un témoin, un seul témoin - et je crois que c'était un
28 témoin qui a été manié par vidéoconférence - comment portaient-ils ces
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1 armes ? Alors il a dit : "On voyait des pistolets dans leur gaine à leur
2 ceinture." Moi, quand je suis à Belgrade ou que je sois en Serbie ou dans
3 des terres serbes, je porte un pistolet dans une gaine à ma ceinture, sans
4 avoir pour autant l'intention d'attaquer qui que ce soit. J'aime bien
5 apporter mon pistolet, et quand je suis dans un danger ou péril quelconque,
6 j'aime bien me défendre tout seul.
7 Vous vous référez à un rapport d'un expert, un faux expert, Ewa
8 Tabeau. Alors, pour commencer, partant de documents de l'évêché catholique
9 romain de Hrtkovci, elle a tiré des conclusions de grande portée. Plutôt
10 que d'aller rechercher dans la municipalité de Ruma des renseignements pour
11 ce qui est des personnes qui sont arrivées et qui sont parties de là, des
12 personnes qui se sont déclarées et qui ont déclaré leur départ, et de
13 comparer les données relatives aux biens immobiliers échangés. Tout cela a
14 été accessible, mais ça ne l'a pas intéressé, elle.
15 Tout ce qui l'intéressait, elle, c'est ce qu'un curé ivre à Hrtkovci
16 a consigné. Il y a là-bas bon nombre d'attestations de délivrées concernant
17 des baptêmes au niveau de l'Eglise catholique romaine. Tous ceux qui ont
18 voyagé vers la Croatie ou qui avaient compté sur l'éventualité d'un voyage
19 venaient prendre ce type d'attestation.
20 Et alors, Madame, Messieurs les Juges, est-ce quiconque parmi vous,
21 quand vous voyagez à l'étranger, vous prenez une attestation ou un extrait
22 de naissance ou de baptême ? J'imagine que M. Antonetti et Mme Lattanzi
23 sont des catholiques romains. Je suppose que M. Harhoff est protestant. Je
24 ne suis pas sûr. Je peux le supposer. Mais est-ce qu'on prend un extrait de
25 l'église où on a été baptisé pour pouvoir voyager à l'étranger ? Vous ne
26 l'avez jamais fait.
27 Alors, pourquoi les Croates de Hrtkovci avaient-ils pris ce type
28 d'attestation relative à leur baptême ? Parce qu'avec le passeport
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1 yougoslave, ils ne pouvaient pas du tout entrer en Croatie sans prouver au
2 préalable qu'ils étaient catholiques romains. Parce que la Croatie avait
3 pris des mesures discriminatoires à l'égard des Serbes orthodoxes pour leur
4 interdire le passage de la frontière s'ils étaient détenteurs d'un
5 passeport yougoslave, et c'est la raison pour laquelle on cherchait à se
6 faire délivrer ces attestations. Nous avons vu que pour certains d'entre
7 eux ils n'ont même pas voyagé à partir du moment où ils ont eu
8 l'attestation.
9 Alors, pour pouvoir me condamner pour persécution par voie d'expulsion ou
10 transfert forcé, il vous faut démontrer qu'il y a eu expulsion, qu'un
11 Croate au moins a été expulsé. Alors, qui est ce Croate qui a été expulsé
12 de Serbie ? Est-ce que vous savez ce que c'est une expulsion ? Est-ce que
13 vous savez comment on procède à effectuer cela, des expulsions ?
14 Est-ce qu'il s'agit d'une expulsion lorsqu'un Croate ne se sentait
15 pas très à l'aise en vivant entouré d'autant de réfugiés serbes - aussi je
16 me dis qu'effectivement, ils ont dû se sentir gênés - alors il se rend par
17 deux ou trois fois en Croatie pour trouver quelqu'un avec qui il pourrait
18 procéder à l'échange de biens. Et souvent, il en profite dans le cadre de
19 cet échange. On a vu ici plusieurs faux témoins qui ont dit que non, ça a
20 été mauvais pour eux. Imaginez ces centaines de milliers de Serbes de
21 Croatie qui ne peuvent plus revenir, et ici vous avez plusieurs centaines
22 de Croates qui cherchent un échange de biens et qui nous disent maintenant,
23 ces Croates, qu'ils ont perdu à l'échange. Mais comment est-ce qu'on
24 pourrait imaginer cela ? Cela défie le bon sens.
25 Les Croates partaient là plusieurs fois, ils appréciaient les
26 différents biens, et ensuite ils passaient leur contrat. Le plus souvent,
27 ce contrat était passé devant les autorités croates, parfois c'étaient des
28 autorités serbes d'ailleurs, peu importe, et sans qu'il y ait eu contrainte
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1 quelconque. C'est uniquement à partir du moment où leurs biens ont été
2 échangés, c'est là qu'ils partaient. Alors, est-ce qu'on peut parler
3 d'expulsions dans ce cas-là ?
4 Quel juriste pourrait nous affirmer qu'il s'agit d'expulsion ? De
5 quel pays viendrait-il, ce juriste ? Aucun juriste digne de ce nom ne
6 pourrait l'affirmer. Devant le Tribunal de La Haye, bien entendu, il ne
7 faut pas s'attendre à ce que les décisions soient raisonnables. Je ne m'y
8 attends pas d'ailleurs. Mais je suis tenu de dire au public que pas un seul
9 Croate n'a été expulsé.
10 Il est arrivé qu'un Croate soit tué quelque part pendant cette
11 période-là - je pense que c'était au mois de juin, si je ne me trompe pas -
12 Stefanec, il s'appelait. Mais qu'il ait été tué, oui, on a bien pu élucider
13 les circonstances de sa mort, il a été tué par des criminels dont
14 l'intention était criminelle, et ils ont fait l'objet de poursuites, ceux
15 qui l'ont commis. Alors la paroisse a été pillée, d'accord. Ici, nous avons
16 un témoin qui nous confirme que ça a été pillé par un Catholique qui a fait
17 l'objet de poursuites à cause de cela, et d'ailleurs ce vol se situe hors
18 du cadre temporel couvert par l'acte d'accusation dressé contre moi.
19 Donc, de quelle persécution parlons-nous ? S'agit-il de persécution -
20 - est-ce que mon discours déplaît à quelqu'un ? Aujourd'hui dans cette
21 salle d'audience, nombreux sont ceux qui n'aiment pas la teneur de mon
22 discours. Est-ce que je suis en train de vous persécuter ? Si j'étais
23 détenteur d'un pouvoir quelconque, je vous persécuterais peut-être. Mais
24 hélas, mes propos ne peuvent constituer aucune persécution. Peut-être que
25 cela a un mauvais effet sur vos consciences éventuellement, et
26 éventuellement que cela vous gâchera votre repas de midi. Mais en fait, en
27 fin de compte, mes propos sont sans conséquence. Le fait d'exposer son
28 opinion la pire qui soit ne peut pas constituer un crime.
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1 A la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, certaines
2 organisations internationales, par exemple, le Conseil de l'Europe, prônent
3 que l'on engage des poursuites contre le discours qui invite à la haine, ou
4 le discours de haine. Même à la maison des Lords, vers la fin des années
5 1980, au début des années 1990, il y a eu des débats qui ont porté là-
6 dessus. Mais à chaque fois, on insiste sur le fait que le discours de haine
7 ne saurait être sanctionné de peine de prison. Il y a d'autres peines
8 possibles.
9 La présente Chambre de première instance s'appuie sur le système
10 judiciaire de la Yougoslavie communiste qui connaissait le crime
11 d'incitation à la haine raciale et nationale, et une peine était prévue. Et
12 puis, sous pressions qui se sont exercées de l'extérieur, lorsque le délit
13 verbal, c'est-à-dire la propagande ennemie, a été annulé, le crime
14 d'incitation à la haine raciale ou nationale également s'est vu diviser par
15 deux la peine. Mais vous ne pouvez pas vous appuyer sur le système
16 judiciaire de l'ex-Yougoslavie, surtout pas de la Yougoslavie communiste.
17 Il vous faut vous appuyer sur le droit international pour sanctionner le
18 discours de haine, pour le qualifier de crime et pour qu'il rentre dans le
19 cadre de l'article 5 du Statut. Mais vous n'avez aucun appui pour arriver à
20 cette conclusion-là. Vous pouvez créer une nouvelle règle juridique et
21 faire démarrer une nouvelle traduction juridique. Autrement, cela n'est pas
22 possible.
23 Citer l'affaire Streicher est totalement erroné. Streicher, on le voit bien
24 dans le jugement, a incité au génocide contre les Juifs sans arrêt et il a
25 pris part personnellement à des actes génocidaires à partir de la Nuit de
26 cristal lorsqu'on a incendié les synagogues et dans la suite des
27 événements. A l'époque, le crime de génocide n'était pas encore défini.
28 Mais toutes les caractéristiques du crime qui ont été attribuées à Julius
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1 Streicher sont devenues par la suite des caractéristiques du crime de
2 génocide de par la convention interdisant le génocide. Et voilà.
3 Donc on ne peut sanctionner qu'en s'appuyant sur le droit international et
4 on ne peut sanctionner, dans ce cadre-là, qu'une incitation directe au
5 génocide. Si vous l'aviez trouvée, vous me l'auriez attribuée dans mes
6 actes. Donc, inciter publiquement et directement à la commission des
7 crimes, crimes contre l'humanité ou crimes qui constituent une violation du
8 droit et des coutumes de la guerre, cela ne peut pas constituer
9 l'incitation. Je prône le meurtre ou l'assassinat, je tiens un discours et
10 je dis publiquement directement que je prône que l'on tue, que l'on viole,
11 et cetera. Tant que vous n'aurez pas pu prouver que par ce discours-là je
12 prône le génocide, je ne peux pas être sanctionné pour cela. Vous pouvez me
13 haïr. Vous pouvez m'attaquer publiquement. Vous pouvez dire que je suis
14 mauvais. Mais vous ne pouvez pas me sanctionner. Le droit ne vous le permet
15 pas. Par l'arbitraire des Juges, par l'arbitraire du Tribunal de La Haye,
16 par l'arbitraire des protagonistes internationaux dont ce Tribunal
17 constitue un instrument, si, là vous pouvez le faire. Là, tout est
18 possible. Faites comme cela vous plaira.
19 Vous me jugez moi, le public vous juge vous, et on ne sait pas encore qui
20 s'en tirera mieux; ça reste à voir.
21 Vous n'avez pas accepté mes analyses avec des preuves sur le discours de
22 haine constatées en Croatie ou dans le public musulman. Ce sont des études
23 très approfondies que j'ai publiées par la suite dans mes livres. Vous
24 m'avez empêché de présenter des moyens à décharge à ce sujet. Encore une
25 fois, personne ne peut justifier son crime en insistant sur le fait que
26 quelqu'un d'autre aurait commis un crime.
27 Lorsqu'il s'agit de délits verbaux, il existe une ambiance dans le
28 public, une ambiance dans laquelle on fait un certain nombre de discours.
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1 Alors dans ce contexte, quelles ont été les déclarations qui ont été faites
2 et diffusées par les médias croates lors des meetings politiques contre des
3 Serbes ? Quelles sont les déclarations qui ont été diffusées par des médias
4 musulmans lors des meetings musulmans ? Et à ce moment-là, essayons de voir
5 qui a été plus extrémiste. Ou est-ce qu'il y a eu action et réaction ?
6 Bien sûr, vous avez évité tout cela puisque vous m'avez empêché de
7 présenter mes moyens à décharge, et vous avez refusé de traduire en anglais
8 ces deux études, et la Chambre de première instance vous a apporté son
9 soutien là-dessus. Seul ma première étude sur des moyens de défense
10 spéciaux a été traduite en anglais, et ces arguments ont causé un malaise
11 profond chez vous puisque cela faisait voler en éclats les arguments de
12 l'Accusation et de l'acte d'accusation.
13 A un moment donné, un représentant du bureau du Procureur essaie
14 d'établir un lien entre moi et Ostoja Sibincic. Ici nous avons prouvé
15 qu'Ostoja Sibincic était membre du Parti du Renouveau serbe, et lorsque la
16 campagne a été lancée dans les médias, une campagne lancée par des parties
17 pro-occidentaux et même par certaines organisations non gouvernementales
18 qui n'étaient que des antennes d'espionnage, eh bien, à ce moment-là, cette
19 campagne, elle a englobé également Ostoja Sibincic. Et il a été arrêté en
20 août 1992. Lors d'une conférence de presse que j'ai tenue, j'ai condamné
21 son arrestation. Pourquoi l'ai-je fait ? Si c'était sur un dépôt de plainte
22 au pénal, on avait arrêté Ostoja Sibincic immédiatement après sa commission
23 éventuelle d'un crime, cela aurait été correct, mais on est allé l'arrêter
24 uniquement après une campagne très virulente politique lancée par des
25 médias, et cela n'était pas correct.
26 Tout le bruit fait par ces antennes d'espionnage qui se disent
27 organisations non gouvernementales, et tous ces partis politiques pro-
28 occidentaux, donc tout ce bruit ne peut pas justifier que l'on engage des
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1 poursuites au pénal contre quelqu'un. A un moment donné, j'ai réagi de
2 manière analogue publiquement parce qu'Alija Izetbegovic a été arrêté en
3 1983, lui-même et un groupe de ses amis musulmans. Dès ce moment-là, Alija
4 Izetbegovic avait fini de rédiger la Déclaration islamique. Mais ce que
5 j'ai défendu, c'était son droit, son droit à penser des choses stupides et
6 à les publier. Mais à partir du moment où il a essayé de mettre cela en
7 œuvre en tant que projet politique au détriment de l'intérêt national
8 serbe, à ce moment-là je me suis opposé à cela, l'arme à la main.
9 La guerre peut être faite aux idées uniquement à l'aide d'autres
10 idées meilleures, meilleures que celles-là, pas autrement. Sur la base de
11 cela, du fait que j'ai condamné l'arrestation de Sibincic parce qu'il
12 s'agissait d'un lynchage politique, vous établissez un lien entre moi et
13 Sibincic comme si nous avions été de concert, des complices dans des
14 activités contraires à la loi.
15 A titre d'exemple, la pratique serbe actuelle pour voir que l'on ne
16 peut pas tirer ce type de conclusion, un comédien de troisième ordre, Zarko
17 Lausevic, vivait en Serbie, originaire du Monténégro, et un moment donné il
18 y a plusieurs années de cela, il est allé à Podgorica, il était à
19 Podgorica, Monténégro, dans un café où deux ou trois jeunes hommes
20 discutaient de manière un peu animée, il a commencé à leur crier dessus en
21 disant qu'il fallait qu'ils se taisent, enfin qu'ils arrêtent. Ces jeunes
22 hommes ont réagi violemment. Il y a eu un échange d'insultes de part et
23 d'autre, et à un moment donné Zarko Lausevic, il tire son pistolet. Il tue
24 deux jeunes hommes, deux Serbes. Il en blesse un troisième, et il tire 15
25 balles en tout, Zarko Lausevic, connu comme nationaliste monténégrin. Il
26 était un des fondateurs de l'Alliance libérale monténégrine.
27 Bien là, il est jugé parce qu'il a dépassé la légitime défense, et
28 différentes instances du pouvoir, que ce soit au Serbie ou au Monténégro,
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1 essaient de minimiser le fait qu'il a tué deux jeunes hommes non armés.
2 Mais de quelle légitime défense parle-t-on lorsqu'il s'agit de 15 balles
3 tirées sur deux personnes qui ne portaient pas d'armes ? Cela n'est pas
4 possible. Même Vera Petrovic, psychiatre officielle du Tribunal, même elle
5 a pris part à cette fausse déclaration disant qu'il n'était pas en toute la
6 possession de ses moyens. Mais en fait, de quoi s'agit-il ? Il était ivre,
7 ivre, sous l'emprise de l'alcool, mais cela ne l'exonère pas de sa
8 culpabilité.
9 Et Zarko Lausevic, je pense qu'il a été condamné à 12 années de
10 prison. A un moment donné, ils ont dit qu'il pouvait se défendre en
11 bénéficiant de liberté provisoire parce que le procès a dû être repris, et
12 puis il a pris la fuite. Il est parti en Amérique.
13 Il y a quelques jours -- donc c'est un fugitif - l'avis de recherche
14 rouge d'Interpol a été diffusé à son encontre. Il y a quelques jours, le
15 président de la République de Serbie, Boris Tadic, décide de gracier Zarko
16 Lausevic.
17 Messieurs les Juges, dans vos pays, le président, ou le roi pour ce
18 qui s'agirait du Danemark, pourrait-il gracier un fugitif devant la loi ?
19 Je ne pense pas. Je suppose que tout d'abord il devrait être disponible à
20 la justice, et ce n'est que par la suite, une fois qu'on en aura décidé de
21 le gracier, qu'il pourrait être gracié ici. Vous avez un fugitif qui a été
22 gracié, puis le ministre des Affaires intérieures de Serbie, Ivica Dacic,
23 se rend à New York et il apporte en main propre un passeport serbe à Zarko
24 Lausevic.
25 C'est ce qui s'est bel et bien passé. Alors, quelle conclusion puis-
26 je tirer de ça ? Je peux condamner politiquement et moralement le président
27 de la République, ainsi que le ministre des Affaires intérieures. Mais est-
28 ce que sur la base de leur attitude vis-à-vis de Zarko Lausevic, sur la
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1 base du fait qu'ils minimisent son crime, qu'il lui remette le passeport,
2 et cetera, est-ce que je suis en droit d'arriver à la conclusion que Boris
3 Tadic a été son complice dans l'assassinat de ces deux jeunes hommes ? Non,
4 je ne peux pas. Est-ce que je peux arriver à la conclusion qu'Ivica Dacic a
5 été complice lors de cet assassinat ? Non. Alors, comment est-ce que le
6 Procureur, sur la base du fait que j'ai défendu Ostoja Sibincic pour cette
7 arrestation sur la base d'une propagande médiatique, est-ce qu'il peut
8 arriver à la conclusion que j'ai coopéré avec Ostoja Sibincic dans le cadre
9 des mêmes activités criminelles ? Oui, bien entendu, le Procureur de La
10 Haye peut se permettre plein de choses que le commun des mortels ne saurait
11 pas se permettre, mais cela est permis au Procureur de La Haye.
12 Quant à Hrtkovci, j'ai publié un livre sur 1 200 pages, vous le savez
13 bien. Vous savez que j'ai fait l'objet de poursuites pour outrage au
14 Tribunal à cause de ce livre. Le livre, on peut le consulter sur ma page
15 Web. Pratiquement 10 000 exemplaires de ce livre ont été téléchargés
16 entièrement. A Hrtkovci, le crime de persécution n'a pas eu lieu. Le crime
17 d'expulsion n'a pas eu lieu. Le crime de transfert forcé n'a pas eu lieu.
18 Mon discours, eh bien, nombreux sont ceux à qui il a déplu. Alors,
19 lorsque les employés du bureau du Procureur s'expriment ici, je ne suis pas
20 très à l'aise, et lorsqu'on cite un Croate qui aurait dit nique ta mère à
21 mon encontre, et cela est répété ici dans ce prétoire par Mme Biersay. Et
22 si je disais -- ah, oui, ça a été enregistré par une caméra de la
23 télévision, qu'un chauffeur de taxi, son surnom est Combe, il est très
24 connu, en sortant d'un café, il a dit à un homme qui allait entrer - et ça
25 a été enregistré par une caméra - il a dit : Et voilà de nouveau cette
26 Biersay, nique sa mère. Mais bien sûr, ce serait très gênant, et vous me
27 condamneriez pour cela. Lorsque Mme Biersay a dit ça, personne n'a réagi.
28 Voilà, c'est la raison pour laquelle je le mentionne aujourd'hui de manière
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1 appropriée comme quelque chose d'inapproprié. Parce que ce n'était pas une
2 preuve à mon encontre. Aucune preuve qu'un Croate, il y a 20 ans, dans le
3 cadre d'une conversation avec une personne tierce, ait dit : Je lui nique
4 sa mère à Seselj. Mais lorsque cela est répété ici de cette manière,
5 qu'est-ce que cela prouve ?
6 Cela ne fait que prouver l'insolence du bureau du Procureur. Il n'y
7 avait pas d'autre raison pour citer cela. Cela n'est pas à ma charge. Cela
8 ne facilite pas la tâche du bureau du Procureur. C'était uniquement pour me
9 blesser, et j'espère que Mme Biersay, elle aussi, se trouvera blessée
10 maintenant qu'elle aura appris que j'ai cité ce fait.
11 Ce n'était pas la seule perle de ce genre dans votre réquisitoire, vous en
12 avez eu d'autres. Vous dites que les volontaires du Parti radical serbe
13 sont de triste notoriété à cause de leurs crimes et leur brutalité. Mais
14 vous n'avez pas à ce jour réussi à identifier ne serait-ce qu'un seul crime
15 étayé par des preuves qui pourrait être imputé à un volontaire du Parti
16 radical serbe et dire donc qu'untel qui était volontaire a commis cela.
17 Voyez-vous, Madame, Messieurs les Juges, dans quelle contradiction
18 s'empêtre le bureau du Procureur de ce Tribunal ? Ils n'ont de cesse de
19 démontrer que nous avons dépêché nos volontaires déjà organisés en unités
20 armées dont la taille était à peu près d'une compagnie, donc une centaine
21 de volontaires. Pour eux, c'est une preuve que nous sommes une organisation
22 paramilitaire. Et, par ailleurs, ils s'emploient à démontrer que dans
23 différentes localités les forces serbes étaient présentes, ainsi que
24 quelques Seseljevci, donc y compris des Seseljevci. Mais comment est-ce
25 possible ? Nous dépêchons des volontaires organisés sous la forme de
26 l'équivalent d'une compagnie, et ensuite, sur place, ils se disperseraient
27 dans tous les sens pour être présents partout ? Qu'est-ce que cela a à voir
28 avec le bon sens ou l'intelligence ? Comment est-ce possible ?
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1 Pour ce qui est de l'entreprise criminelle commune alléguée, l'Accusation
2 affirme que notre objectif commun aurait été de réunir tous les Serbes au
3 sein d'une Grande-Serbie, mais ce n'est que mon objectif à moi et celui du
4 SRS, du Parti radical serbe. Personne d'autre n'a exprimé ou affirmé cet
5 objectif, alors que nous, nous l'avons exprimé et expliqué en détail dans
6 nos documents officiels, disant ce que cela signifiait.
7 L'Accusation affirme que je me serais livré à une campagne de
8 propagande impitoyable dirigée contre les Musulmans, les Croates et les
9 Albanais. Mais pourquoi parlez-vous ici des Albanais ? Pourquoi avez-vous
10 besoin de cela ? Vous manquez de preuves, donc vous avez besoin de rajouter
11 quelque chose, rajouter un peu de piment ? Même si j'avais tué un million
12 d'Albanais, vous ne pourriez rien y faire. Vous allez vous répandre en
13 larmes pour cela ? Pourquoi ne m'avez-vous pas accusé à temps pour les
14 Albanais également ?
15 Donc une campagne de propagande impitoyable et continue dirigée contre les
16 Croates et les Musulmans, effectivement, je m'y suis livré inlassablement.
17 Et j'ai pris pour cible de façon impitoyable tous ceux qui compromettaient,
18 qui menaçaient l'intérêt national serbe, mais ici on ne peut éviter de se
19 poser la question de savoir qui est responsable de cette guerre.
20 S'agissait-il de ceux qui, par la force, ont fait voler en éclats la
21 Yougoslavie ou ceux qui ont essayé de maintenir et de préserver la
22 Yougoslavie par la force ? On ne peut pas les mettre sur un pied d'égalité.
23 La destruction par la force de la Yougoslavie est en tant que telle un
24 crime au pénal et c'est quelque chose qui ne saurait être justifié par
25 quiconque en droit international, alors que la tentative de préserver la
26 Yougoslavie par la force n'est pas un crime. C'est une obligation découlant
27 de la constitution.
28 Il est ensuite question de changement ou de modification de l'ensemble de
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1 la structure ethnique de la population, que j'aurais pollué les esprits
2 tant des Serbes que des non-Serbes par ma campagne de propagation de la
3 haine, et notamment que j'aurais prôné une Grande-Serbie. Mais j'ai élucidé
4 tout cela, et je n'ai pollué ou empoisonné l'esprit de personne. Tout ce
5 que je disais publiquement était fondé sur des faits, des faits parfois
6 historiques. Alors, si vous dites qu'il y a eu des exagérations, j'affirme
7 que ce n'était pas le cas. Parce que ma réaction aux événements a toujours
8 été appropriée et proportionnelle, et il s'est très souvent agi
9 d'avertissements.
10 Alors j'ai commencé à traiter ces questions d'ordre général parce que je
11 préférerais que l'on fasse une pause peut-être maintenant, plutôt que de
12 commencer à parler de Mostar et Nevesinje. Si c'est possible. Je crois que
13 nous sommes déjà au-delà d'une heure.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : On va faire la pause. Il est midi moins quart. Donc,
15 jusqu'à midi et quart, 30 minutes, et puis ensuite on reprendra non-stop
16 jusqu'à la fin pendant une heure et quart. Donc nous nous retrouverons à
17 midi et quart.
18 --- L'audience est suspendue à 11 heures 45.
19 --- L'audience est reprise à 12 heures 15.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.
21 Vous avez la parole.
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] Nous en arrivons maintenant à Sarajevo. Au tout
23 début de la guerre, nous avions eu un grand groupe de volontaires du Parti
24 radical serbe à Sarajevo. Ils ont participé au combat pour Grbavica 2 et
25 pour Hrasno. Ce groupe de volontaires était dirigé par Branislav
26 Gavrilovic, Brne, et Srdjan Glamocanin. Et j'ai véritablement assuré un
27 hélicoptère à l'intention de Branislav Gavrilovic pour que celui-ci soit
28 transporté depuis la Slavonie jusqu'à Sarajevo --
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, pouvez-vous répéter les noms, parce
2 qu'ils n'ont pas pris les noms.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Branislav Gavrilovic, surnommé Brne. C'est un
4 nom qui est souvent mentionné. Il s'agit d'un voïvode chetnik. Et Srdjan
5 Glamocanin, un homme qui a beaucoup de mérite de guerre, mais je ne l'ai
6 pas promu voïvode parce que son père était vice-président du Parti radical
7 serbe. C'est l'ex-témoin de l'Accusation qui ultérieurement est passé du
8 côté de la Défense, Jovan Glamocanin. Il vous a dit comment Zoran Djindjic
9 l'avait instruit pour qu'il témoigne faussement.
10 L'Accusation accorde beaucoup d'attention à l'une de mes conversations
11 téléphoniques de cette époque-là. Un groupe de volontaires, environ 18
12 d'entre eux, s'est trouvé encerclé à un moment donné. Ils étaient à
13 l'avant, en avant-poste, par rapport au reste des forces serbes, et eux ont
14 été encerclés à Hrasno. Mais il n'y avait pas assez de coordination entre
15 les différents effectifs, et ils se sont trouvés en danger d'être tous
16 massacrés. Branislav Gavrilovic a été blessé. Il m'a appelé au téléphone,
17 et vous disposez de cette conversation téléphonique sous forme
18 d'enregistrement. Lors de cette conversation, moi je lui explique que j'ai
19 cherché à joindre Radovan Karadzic et que je n'y suis pas arrivé, mais que
20 j'ai indiqué à la direction de la RSK qu'il fallait d'urgence venir en aide
21 à ces volontaires et que j'ai même menacé de procéder au retrait de tous
22 les volontaires du territoire de la Bosnie-Herzégovine si jamais on ne
23 venait pas en aide à ceux-là. Peut-être que la menace était un peu
24 excessive. Peut-être leur seraient-ils venus en aide même sans que je les
25 menace. En tout état de cause, l'aide s'est avérée être efficace.
26 Et vous ne disposez que de l'enregistrement de cette conversation
27 téléphonique. Peut-être avez-vous également cette conversation lors de
28 laquelle j'ai appelé Katarina Ducic, Katka [phon], qui était employée au
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1 sein de l'agence SRNA et qui était une de mes camarades de la faculté de
2 sciences politiques à Sarajevo et qui connaissait bien Radovan Karadzic. Si
3 bien que c'est par son intermédiaire que j'adressais mes messages par
4 téléphone et mon exigence que l'on procède à l'extraction de ces
5 volontaires du SRS.
6 Mais vous autres du bureau du Procureur, vous êtes-vous demandé
7 pourquoi vous ne disposiez pas d'autres conversations téléphoniques
8 enregistrées ? Vous n'avez que cet enregistrement où il est indiqué qu'il
9 faut appeler d'urgence. Savez-vous pourquoi ? Eh bien, parce que je suis un
10 vieux dissident anticommuniste, un vétéran de cette lutte qui savait
11 pertinemment comment prendre contact avec les gens et qui n'avait pas
12 confiance en les conversations téléphoniques.
13 En revanche, vous avez toute une série de conversations téléphoniques
14 impliquant d'autres personnes que vous m'avez fournies, y compris Branislav
15 Gobrilovic, Maja Gojkovic, la vice-présidente d'alors du SRS, qui se
16 lâchent véritablement au téléphone et qui racontent tout ce qui leur passe
17 par la tête. Bien entendu, il n'y a rien qui puisse me concerner et qui
18 soit à charge dans ces conversations. Et vous ne pouvez pas trouver la
19 moindre conversation téléphonique que vous pourriez utiliser ne serait-ce
20 que comme une illustration des événements qui se sont produits, et encore
21 moins comme élément à charge.
22 Je suis donc un vétéran expérimenté de la lutte anticommuniste, et en
23 tant que tel, j'ai compris à temps ce que signifiait la mise sur écoute des
24 conversations téléphoniques et toutes les conséquences que cela pouvait
25 avoir. Cependant, ceci n'est pas vraiment important, parce que nous avions
26 d'autres volontaires du SRS dans la région de Sarajevo. Je me rappelle le
27 groupe commandé par Jovo Ostojic, le groupe de volontaires qui a participé
28 au combat à Poljine. Mais vous avez complètement laissé ceci de côté. Vous
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1 vous êtes concentrés sur trois voïvodes chetniks, membres éminents du SRS,
2 aux côtés desquels nous n'avons envoyé aucun volontaire. Alors, moi je
3 rendais visite à l'unité Slavko Aleksic lorsque je me rendais sur place.
4 Cette unité était composée de volontaires originaires de différents Etats
5 du monde. Il y avait surtout des Russes, mais également des Ukrainiens, des
6 Bulgares, des Français, des Italiens, un Allemand, un Japonais et encore
7 des ressortissants d'autres Etats. Et à chaque fois, je lui rendais visite.
8 Slavko Aleksic était un combattant particulièrement courageux et un
9 excellent commandant. Malheureusement, sous l'influence de Djujic, après la
10 guerre, il s'est rangé aux côtés de Biljana Plavsic et c'est alors que
11 notre amitié a pris fin. Il est resté voïvode chetnik. Personne n'a remis
12 en question son titre. Mais depuis, nous n'avons plus eu aucun échange, et
13 moi j'ai reconnu à temps la trahison de Biljana Plavsic. Beaucoup de Serbes
14 honorables ne l'ont pas fait, si bien qu'ils ont été déçus par la suite, et
15 certains s'en arrachaient les cheveux par la suite. Mais nous n'avons
16 envoyé aucun volontaire dans l'unité de Slavko Aleksic.
17 Deuxièmement, au début de la guerre, Slavko Aleksic était membre du
18 conseil municipal du SDS. Puis ensuite, il est passé au Parti radical
19 serbe, au SRS. Il a d'abord été mobilisé comme policier puis il a constitué
20 une unité à part. Le nom de Slavko Aleksic ne peut être lié à aucun crime
21 de guerre.
22 L'autre individu c'est Brne, Branislav Gavrilovic, Brne. Vous avez
23 entendu la façon dont il est arrivé dans la région de Sarajevo. Lorsque
24 l'opération impliquant nos volontaires à Grbavica s'est achevée et qu'ils
25 sont rentrés en Serbie, Branislav Gavrilovic, lui, est resté à Sarajevo
26 parce qu'il était de Sarajevo. Et vous avez toute une série de ses
27 conversations téléphoniques depuis Sarajevo. Avant le début de la guerre en
28 Bosnie-Herzégovine, il était amoureux de Maja Gojkovic à l'époque, si bien
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1 que ses conversations ont un caractère assez personnel. Vous m'en avez
2 fourni une pile entière de ces conversations.
3 Branislav Gavrilovic est resté à Sarajevo, qui était son lieu de
4 naissance, et il a rejoint les rangs de la Brigade d'Ilidza de la VRS. Il a
5 participé au combat sur le mont Igman. Il a rassemblé un certain nombre de
6 volontaires de cette région. Peut-être quelque volontaire est-il également
7 arrivé de Serbie, mais l'état-major du SRS ne lui envoyait personne. A un
8 moment donné, au mois de mai 1992, il était même furieux, lorsque Nicolas
9 Poplasen a été nommé président du SRS pour la Republika Srpska à titre
10 temporaire. Il a même quitté le SRS pour créer son propre mouvement et
11 l'enregistrer. Il a rassemblé 700 membres. Et je le sais parce qu'il m'a
12 ultérieurement remis les fiches de tous ces membres.
13 Moi je renie rien de tout cela et je ne souhaite pas m'en distancier.
14 Je ne me distancie d'aucun voïvode chetnik et d'aucun de mes
15 collaborateurs. Je souhaite simplement attirer votre attention sur les
16 faits et sur votre interprétation erronée afin de la corriger ici même.
17 Branislav Gavrilovic n'a commis aucun crime de guerre. Si l'on part
18 de la description de l'arrestation de Perica Koblar, la façon dont il a été
19 fait prisonnier, on voit à quel point il prenait soin des prisonniers de
20 guerre. Il lui a même passé un gilet pare-balles pour qu'il ne se fasse pas
21 tuer en chemin si jamais un membre des forces musulmanes venait à le
22 reconnaître. Mais le fait qu'ensuite Perisa Koblar ait menti pour se
23 présenter aux autorités musulmanes sous un jour entièrement différent,
24 c'est autre chose. Vous avez vu le sort qui a été celui de Perisa Koblar
25 ici dans le prétoire.
26 Troisième individu, Vasilije Vidovic, surnommé Vaske. Il était l'un des
27 fondateurs du Mouvement chetnik-serbe à Belgrade, l'un des 100 premiers
28 signataires lorsque nous avons essayé de faire enregistrer en tant que
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1 parti politique le Mouvement chetnik-serbe. Il avait alors le surnom de
2 Jaro. Nous ne l'appelions pas Vaske à l'époque. Et lui est parti avec l'un
3 des groupes de volontaires en direction de Benkovac en 1991. Lorsque je
4 voyageais en Republika Srpska en novembre 1991, j'ai également rendu visite
5 à cette unité à Benkovac. Et les membres de cette unité étaient assis dans
6 ce café où j'ai discuté avec des soldats serbes et où j'essayais de les
7 persuader de porter des casques. Vous avez présenté une partie de cet
8 enregistrement vidéo.
9 Ensuite, je n'ai plus eu aucun contact avec Vaske Vidovic. Lorsque le plan
10 Vance a été adopté, il est revenu à Ilijas. Et lorsque la guerre a éclaté
11 en Bosnie-Herzégovine, il a constitué une unité de volontaires,
12 représentant à peu près un peloton en terme d'effectifs. Enfin, il y avait
13 une cinquantaine d'hommes. Alors, Madame et Messieurs les Juges, j'ai fait
14 passer de force et fait verser au dossier, alors que vous étiez assez
15 réticents, le journal de guerre de ce voïvode chetnik, Vaske Vidovic.
16 C'était un cadeau à votre attention.
17 Et je n'ai eu aucun contact avec lui, en fait, jusqu'en 1994.
18 Jusqu'au moment où j'ai procédé à la nomination de voïvodes chetniks
19 au mois de mai 1993 à Romanija, je ne l'ai pas nommé lui. Je ne savais même
20 pas où il se trouvait. Jusqu'en 1994, je ne suis jamais allé à Vogosca, à
21 Ilijas, à Rajlovac, Ilidza et Hadzici. En 1994, lorsque je suis venu à
22 Sarajevo pour rendre visite aux unités sur les lignes de front, Vasilije
23 Vidovic est venu à Grbavica et m'a demandé que le lendemain nous allions à
24 Ilijas. J'ai rendu une visite à son unité pour la première fois en 1994. Ce
25 n'est qu'après cela, a posteriori, que je l'ai nommé voïvode chetnik, une
26 fois que j'avais vu son unité, que j'ai pu constaté qu'il s'agissait de
27 combattants courageux qui étaient devenus membres du SRS. Ils avaient passé
28 pratiquement la totalité de la guerre sur des positions à Cekrcici, un
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1 village sur l'axe Ilijas-Visoko. Un poste avancé, si vous voulez, situé une
2 élévation qui avait une signification stratégique toute particulière,
3 notamment compte tenu du fait que l'unité de Vaske Vidovic était là-bas
4 déployée. Les Musulmans n'ont jamais pu prendre cette position et ils n'ont
5 jamais pu opérer de percée depuis Visoko en direction d'Ilijas.
6 Nous n'avons jamais envoyé des volontaires de Belgrade pour qu'ils
7 rejoignent l'unité de Vaske Vidovic, et d'ailleurs il n'en avait jamais
8 fait la demande. Nous avons dépêché des volontaires ailleurs. Nous avons
9 envoyé en masse des volontaires sur le plateau de Niksic vers Olovo, parce
10 que là-bas il y avait des positions serbes assez sensibles dans une zone
11 assez peu peuplée. Si bien qu'il n'y avait pas assez de volontaires, et
12 certains de nos volontaires y sont donc allés. Beaucoup d'entre eux ont
13 péri. D'autres unités de la VRS s'y sont également rendues.
14 Et la fois suivante où je me suis rendu à Ilijas, c'était en 1995.
15 Vasilije Vidovic était alors déjà voïvode chetnik. J'ai de nouveau rendu
16 visite à toutes les positions serbes à Ilijas, Rajlovac, à Ilidza et à
17 Hadzici. Sur le chemin du retour vers Pale, à Poljine, j'étais à bord du
18 véhicule de Vasilije Vidovic. Il était au volant et moi j'étais à côté de
19 lui. Il s'agissait d'une jeep avec un crâne en plastique sur son capot.
20 Tomislav Nikolic était également à bord, le même Tomislav Nikolic qui est
21 maintenant un agent de l'Occident formé par les services français. Il y
22 avait également Nikola Poplasen et l'un de nos volontaires de Bijeljina qui
23 étaient à l'arrière.
24 A Poljine, nous avons été pris pour cible par les forces musulmanes.
25 Ils ont sans doute choisi le meilleur tireur en utilisant une Maljutka,
26 mais probablement sa main a-t-elle tremblé au dernier moment si bien qu'il
27 n'a pas touché notre véhicule. Il a touché, en fait, une partie de la route
28 qui se trouvait sous la roue avant droite de la jeep. Il y a une colonne de
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1 poussière et de terre qui s'est élevée. La jeep était endommagée. Un des
2 clignotants avait été endommagé. Vasilije Vidovic s'est arrêté pendant
3 quelques instants. Moi je lui ai crié : "Continue." Et nous sommes
4 rapidement sortis de la zone dans laquelle les Musulmans pouvaient nous
5 tirer dessus. Voilà de quoi il s'agit. Il s'agit donc de cet incident
6 heureux, malheureux pour tous les ennemis des Serbes puisque nous nous en
7 sommes sortis. D'un poil, certes, mais nous n'avons pas perdu la vie à
8 cette occasion.
9 Pourquoi suis-je en train de vous raconter tout cela ? C'est pour
10 vous montrer que je me souviens parfaitement de tous les détails, alors que
11 vous, vous avez fait preuve d'une absence totale de sérieux dans la façon
12 dont vous avez présenté certains faits. Il est impossible d'attribuer le
13 moindre crime de guerre à Vasilije Vidovic.
14 Vous avez parlé de certains crimes à Ljesevo et établi un lien entre
15 cela et le fait que son unité a participé au combat à Ljesevo, mais aucun
16 membre de son unité ne s'est trouvé sur le lieu de ce crime. Vous avez eu
17 ce témoin qui, par chance, a survécu à une exécution de Musulmans. Il n'a
18 pas évoqué Vidovic et son unité, pas même d'un seul mot. Vous avez eu
19 également ce faux témoin, Safet Sejdic, qui était un combattant serbe.
20 C'était un Rom. Il se servait une mitrailleuse M-84, la plus perfectionnée,
21 la faucheuse c'était son surnom. Et c'est ainsi qu'il est devenu populaire.
22 Mais après les accords de Dayton, il est resté vivre sur le territoire
23 d'Ilijas et il a connu une véritable torture de la part des autorités
24 musulmanes nouvellement formées et d'une partie de la population musulmane.
25 Ici, il est venu témoigner et être faux témoin.
26 On se souvient du plus grand des mensonges qu'il a proférés ici, à
27 savoir qu'il avait vu en direction du plateau de Niksic à une date
28 déterminée Radovan Karadzic, Ratko Mladic et moi-même. Alors je me suis ris
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1 de lui, j'ai dit que Radovan Karadzic ne pouvait pas y être puisqu'il était
2 à Belgrade, puisque le texte des journaux en informait aussi. Et Ratko
3 Mladic a fait savoir qu'il ne pouvait être là-bas parce que la VRS n'aurait
4 pas accepté que trois personnalités aussi éminentes se soient trouvées en
5 même temps au même endroit à portée des tirs de l'ennemi. Et vous avez
6 avalé l'hameçon comme si c'était bien vrai. Vous avez peut-être même
7 participé ou concocté ce mensonge, mais la chose était facilement
8 vérifiable. Quand je suis allé à ce plateau de Niksic, je ne suis pas allé
9 là-bas depuis Ilijas. J'y suis allé depuis Romanija. J'ai rendu visite à
10 toute la ligne de front sur l'axe d'Olovo. Et j'ai été dans la maison d'un
11 évêque serbe, Longin. Sa mère était encore vivante. Je l'y ai d'ailleurs
12 trouvée une fois là-bas.
13 Aucun de ces mensonges ne peut avoir quelque fondement que ce soit.
14 Pour ce qui est de Nikola Poplasen, mais c'est un collaborateur à
15 vous. C'est lui qui a fait une déclaration à titre confidentiel. Il n'a
16 informé personne au Parti radical serbe d'avoir eu un entretien avec vous
17 et d'avoir fait une déclaration. Il s'est exprimé de façon négative à mon
18 égard, mais il n'a fourni aucun fondement pour qu'il y ait incrimination
19 quelle qu'elle soit. Nous l'avons exclu par la suite de ce Parti radical
20 serbe. Nous l'avons exclu même avant que d'apprendre qu'il avait été l'un
21 de vos collaborateurs parce qu'il avait procédé à des accords dénués de
22 principe avec les autorités locales de Banja Luka pour que son témoin au
23 mariage devienne directeur d'une usine. Les intérêts du Parti radical serbe
24 ont été subordonnés à cet intérêt-là. Alors, pourquoi ne l'avez-vous pas
25 fait venir ici pour qu'il témoigne ? Il a témoigné dans l'affaire Krajisnik
26 pourtant. Alors, qu'est-ce qu'on veut m'imputer pour ce qui est de ce qu'il
27 a fait lui-même ?
28 Il n'avait pas été un volontaire du Parti radical serbe. Il a été
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1 déclaré voïvode chetnik, oui, mais seulement en 1995. Et vous savez
2 pourquoi ? Partant du fait qu'il avait déjà été professeur à l'université
3 de Banja Luka, à un moment donné lorsque les Musulmans originaires de
4 Bihac, fin 1994, début 1995, avaient opéré une percée dans les positions
5 serbes et s'étaient emparés d'une grande partie du territoire, et à partir
6 d'un détachement composé d'étudiants, il est allé intervenir et ce
7 détachement a eu beaucoup de mérite pour ce qui est des combats qui ont eu
8 lieu là-bas. C'est la raison pour laquelle il a été déclaré voïvode chetnik
9 serbe. Bien sûr, il y avait des motivations politiques de mon côté pour ce
10 faire, parce qu'il était président du parti pour la Republika Srpska.
11 Et il a eu des motifs politiques aussi pour que Tomislav Nikolic, de
12 même, soit déclaré voïvode chetnik, bien qu'il n'ait pas fait beaucoup de
13 preuves en matière de combat. Il avait été volontaire pendant un mois ou
14 deux en Slavonie de l'est, oui, mais il n'a pas eu de grand mérite au
15 combat pour dire qu'il l'avait mérité de ce fait. C'est surtout pour des
16 raisons politiques qu'il l'ait devenu. Et nous avions eu des antécédents
17 pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le voïvode Jevdzevic n'a jamais été un
18 commandant. C'était un homme politique. Mais on l'a proclamé voïvode
19 chetnik serbe, et ça m'a motivé pour procéder de la sorte dans ce cas de
20 figure. Donc, par analogie avec Vojislav Jevdzevic.
21 On me reproche aussi le fait de publier un journal intitulé : "Serbie
22 de l'Ouest." Pourquoi n'avez-vous pas posé de questions à Nikola Poplasen
23 au sujet de ce journal ? C'était lui qui contrôlait la publication. Ce
24 n'était pas moi. Il y a eu 11 numéros de publiés. Après, le journal a été
25 supprimé. Alors, pourquoi ne comparez-vous pas le journal "Serbie
26 occidentale" avec le journal ou la revue "La Grande-Serbie" ? Les
27 différences sont énormes. Parce qu'on a pu voir des caricatures qui étaient
28 susceptibles de générer de l'intolérance religieuse. Ça n'a jamais pu être
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1 trouvé dans la revue "Grande-Serbie." Quel est le lien que j'ai avec la
2 "Serbie occidentale" ? Alors vous dites qu'on affirme que c'est une revue
3 placée sous mon contrôle. Mais c'est de l'insolence, c'est de
4 l'impertinence de votre part que d'affirmer chose pareille.
5 A Sarajevo, il n'y a pas un seul crime de commis qui pourrait être
6 imputé à des volontaires du Parti radical serbe, et vous n'avez réussi à
7 rien prouver du tout. Tout a été brisé en éclats. Il y a eu des crimes de
8 commis ça et là, mais pourquoi n'avez-vous pas enquêté à leur sujet ? Ce
9 n'est pas les volontaires du Parti radical serbe qui pouvaient emmener des
10 prisonniers de guerre aux premières lignes de front pour qu'ils creusent
11 des tranchées. Pourquoi n'avez-vous pas déterminé qui est-ce qui l'a fait ?
12 Qui est-ce qui avait des compétences pour le faire ? Mais vous nous
13 attribuez Planina Kuca ou - comment ça s'appelle déjà ? J'ai déjà oublié.
14 Mais ça n'a rien à voir avec nous.
15 Alors, penchons-nous un peu sur Mostar et Nevesinje.
16 Au mémoire en clôture, il est dit que le général Perisic a détruit
17 Mostar et que les volontaires du Parti radical serbe, c'est-à-dire qu'une
18 unité de volontaires sous le commandement d'Oliver Denis Baret avait été
19 placée sous le commandement de Momcilo Perisic. D'abord, Mostar n'a pas du
20 tout été détruite à ce moment-là. Quoi qui ait bien pu être ciblé par
21 Momcilo Perisic et son artillerie, il y a bon nombre de témoignages et
22 d'éléments de preuve qui disent qu'il prévenait d'abord par radio la partie
23 croate du fait qu'il allait cibler telle installation militaire et il
24 informait la population civile pour qu'elle puisse se mettre à l'abri en
25 temps utile et quitter ce secteur. Donc, ça c'est un fait. Tant que Perisic
26 était là-bas, il gardait fermement sous son contrôle une partie de Mostar,
27 c'est-à-dire la rive gauche de la Neretva. Lorsque la JNA s'est retirée, il
28 y a eu chute de la ligne du front. Et pour ce qui est d'un groupe de
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1 volontaires qui était conduit par le dénommé Oliver, personne ne saurait
2 dire quoi que ce soit de mal, et même vos faux témoins n'ont pas pu se
3 souvenir de quelque méfait que ce soit. Alors on a trouvé des Seseljevci
4 prétendument -- ou des hommes de Seselj, qui aiguisaient leurs baïonnettes
5 qu'on mettait sur le fusil automatique, des sornettes de ce genre.
6 Oliver Denis, ce 25 mai, était en ma compagnie à Podgorica, et c'est
7 là qu'il a été blessé quand on m'a jeté dessus une grenade à main. Il était
8 à proximité immédiate et il a été blessé dans les jambes et au bas-ventre.
9 Je vous ai apporté le livre intitulé "L'attentat de Podgorica." Vous avez
10 pu lire la totalité de ce qui s'est dit au procès, les déclarations de tous
11 les blessés, de tous les témoins oculaires et le jugement rendu à
12 l'attention d'un certain Adem [phon] Sabotic, un Musulman qui a été
13 condamné à 15 ans de prison pour cet attentat et qui a purgé sa peine. Tout
14 ça, vous l'avez obtenu. Donc cette unité de volontaires, on peut rien dire
15 de mal d'elle.
16 Que s'est-il passé ensuite ? Fin mai, la JNA se retire de Mostar. Il
17 reste des unités de l'armée de la Republika Srpska nouvellement créée.
18 Puis, il y a une insurrection musulmane dans les arrières au bas du mont
19 Velez. Ces Musulmans étaient loyaux à l'égard des autorités serbes et ont
20 obtenu de la part de la JNA des quantités d'armes considérables pour leur
21 sécurité personnelle. La JNA leur faisait confiance. Et lorsque la JNA
22 s'est retirée, ils se sont attaqués par surprise aux Serbes de dos. Ils ont
23 tué un officier serbe, et c'est là qu'il y a rupture de toutes les lignes
24 de front sur la Neretva. De grands villages, Klepci, Tasovcici, Pribilovci,
25 des villages serbes, tombent. Ce sont des villages qui ont subi de
26 terribles crimes de guerre croates pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ils
27 ont survécu à la guerre, mais il ne reste plus désormais de Serbes là-bas.
28 Il y en a eu beaucoup de tués, et les autres ont dû fuir.
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1 A l'époque en Herzégovine, nous avions plusieurs centaines de
2 volontaires sous le commandement de Branislav Vakic dans le secteur de
3 Bobanj. C'est un secteur assez important qui se trouve non loin de Trebinje
4 et à proximité de Dubrovnik. Il y a un grand nombre de villages serbes dans
5 ce coin-là, des villages orthodoxes. Il y a deux villages catholiques et un
6 autre village à majorité orthodoxe où il y avait trois tribus catholiques,
7 à Kijev Do. Mais les villages étaient plutôt assez peu peuplés, parce que
8 les Communistes, dans les années 1970, ont supprimé la voie ferrée qui
9 allait de Capljina à Dubrovnik, et les gens n'ont plus vu de perspective
10 donc ils ont quitté la région. Soit pour aller vers Dubrovnik, soit pour
11 aller vers Trebinje, et d'autres sont partis bien plus loin. Alors c'est un
12 secteur assez grand de par sa superficie, mais avec peu de population, et
13 cette population, il fallait la défendre. Et c'est la raison pour laquelle
14 Bozidar Vucurevic avait demandé des volontaires originaires de Serbie, et
15 c'est la raison pour laquelle il y a eu plusieurs centaines de volontaires
16 du Parti radical serbe à se rendre là-bas.
17 Ayant appris que les lignes de front étaient en train de s'écrouler
18 au niveau de la Neretva, Branislav Vakic, avec 19 volontaires, part pour
19 Nevesinje. Il se présente au colonel Novica Gusic, qui est commandant de la
20 Brigade de Nevesinje, et lui propose son aide. Gusic dit : "Je ne peux pas
21 attendre que vous reveniez pour ramener tous ces volontaires. Vous qui êtes
22 venus, allez vous battre si véritablement vous voulez nous aider." Et Vakic
23 est allé au combat. Et sur les 20, il y en a quatre à avoir été tués. Tout
24 ça, ça a été raconté au prétoire par le témoin-clé, le témoin crucial de
25 l'Accusation, Goran Stoparic, qui a été blessé. Il y avait bon nombre de
26 détails que j'ai entendus pour la première fois ici même, dont je ne
27 n'avais pas été au courant.
28 Alors, que se passe-t-il ? Un volontaire du groupe à Vakic, qui était
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1 commandant d'une section ou d'un peloton, avait eu une dispute avec Vakic
2 et a quitté l'unité. Il est allé à Boracko Jezero, où il a été tué. Alors,
3 partant de cet homme-là, vous tirez une conclusion qui est celle d'affirmer
4 que nous avions eu des volontaires du Parti radical serbe à Boracko Jezero,
5 au lac de Boracko. Ce n'est pas vrai. Vous avez menti. Il n'y a eu que ces
6 20 volontaires commandés par Vakic sur le territoire de Nevesinje. Et sur
7 ces 20, il y en a quatre à avoir été tués et deux ou trois qui ont été
8 blessés.
9 Alors on me reproche des crimes à Zalik, ou plutôt, Vrapcici. Sutina
10 et Zalik, c'est à côté de Vrapcici. Mais nous n'avons jamais eu de
11 volontaires là-bas. Et le Procureur lui-même me donne des documents du
12 tribunal cantonal de Mostar, avec un acte d'accusation, un jugement rendu.
13 Mais on les a vus, l'acte d'accusation et le reste, ici dans le prétoire,
14 où l'on voit qu'il y a 20 ou 30 personnes qui ont fait l'objet d'une
15 procédure au pénal et il n'y a personne à être venu de Serbie. C'étaient
16 tous des gens du cru. Et tout à coup, l'un des faux témoins a déclaré : Ah,
17 mais il y a dû avoir sûrement des Seseljevci. Et le Procureur dit : Voilà,
18 il y a eu des Seseljevci. Mais alors, qu'on en identifie un seul, qu'on
19 nous identifie cet homme de Vranje qu'on dit avoir plastiqué l'église
20 catholique à Nevesinje. Mais retrouvez-le. Comment se fait-il que personne
21 d'entre nous ne soit au courant de cet homme venu de
22 Vranje ? Vakic lui-même n'est pas au courant.
23 Alors, moi je n'ai pas l'intention de me distancier de qui que ce
24 soit. Je ne fais que présenter des faits. A l'occasion des premières
25 élections suite à la chute de la dictature communiste à Nevesinje, c'est le
26 Mouvement du Renouveau serbe qui l'a emporté aux élections. Quand je suis
27 arrivé à Nevesinje en 1991, je ne suis pas allé rendre visite à la
28 municipalité parce que je savais qu'il y avait là-bas des membres du SPO,
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1 du Mouvement du Renouveau serbe. Je suis passé par Nevesinje et je me suis
2 baladé dans la ville. Je suis allé jusqu'aux premières lignes du front,
3 parce qu'en 1991 il y avait déjà une ligne de front parce que les Croates
4 s'étaient insurgés en Herzégovine de l'ouest. Il y avait déjà des activités
5 militaires là-bas en 1991.
6 Alors on me reproche Arsen Grahovac. Avec tout le respect que j'ai
7 pour cet homme, parce qu'il a été tué au combat, lui, et sans pour autant
8 savoir s'il a eu une culpabilité quelconque ou pas. Je ne veux pas
9 m'aventurer à porter un jugement. Mais je vous ai présenté des documents
10 pour dire que le dénommé Grahovac était un député municipal du Mouvement du
11 Renouveau serbe. Donc le débat en ce qui me concerne pour cet homme-là est
12 clos.
13 Alors on trouve un clip vidéo de la télévision qui dit, du temps des
14 barrages routiers dans la rue en 1991, quelqu'un avait déclaré qu'il ne
15 reconnaissait que le commandement de Milan Martic et de moi-même. C'est
16 ridicule mais c'est plutôt assez triste aussi. Mais il avait pu déclarer
17 n'importe quoi. Mais bon, il l'a déclaré. Et alors, on retire une
18 conclusion qui est celle de dire : Oui, il avait été commandant. Mais êtes-
19 vous normaux ? Non.
20 Arsen Grahovac était à la tête du détachement appelé Karadjordje. Je
21 ne peux rien dire de mal au sujet de ce détachement. Mais ce détachement
22 s'est battu dans les effectifs de la Brigade légère de Konjic sous le
23 commandement de Boro Antelj. Et dans cette brigade, le SPO de Serbie avait
24 envoyé ce qui était appelé à l'époque la Garde serbe. Vous avez eu ici le
25 président du comité local du SPO de Hrtkovci, Aleksa Ejic, qui a confirmé
26 qu'il avait été là-bas en sa qualité de membre de la Garde serbe. Là-bas,
27 il y a eu des crimes de commis. Nous avons entendu des jeunes femmes
28 musulmanes dont les enfants ont été tués, dont les maris ont été tués, et
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1 qui ont été détenues à Boracko Jezero. Et ces femmes, entre autres, ont été
2 abusées à titre sexuel pendant assez longtemps, pendant un an.
3 Elles ont fait leur apparition dans le prétoire ici et elles ont aidé
4 à ma défense, elles ont aidé à tirer au clair certaines choses. Et même si
5 certaines d'entre elles avaient pensé qu'il y avait des hommes à Seselj et
6 des Bérets rouges à Boracko Jezero, il s'est avéré que les Bérets rouges
7 étaient une unité de reconnaissance de la Brigade d'infanterie légère venue
8 de Konjic, sans plus.
9 Vous avez eu un document qui a été signé par Krsto Savic, chef de la
10 police à Nevesinje. Et lui, il essaie maintenant de faire porter le chapeau
11 à des hommes à Seselj. Mais ce Krsto Savic, dans le public c'est quelqu'un
12 de connu surtout parce que, de dos, il a tué Radovan Radovic, un voïvode
13 chetnik, en janvier 1998. Il a fui ensuite à Banja Luka et il n'a pas été
14 accessible pour ce qui est de la justice du pays, puis il a été capturé et
15 jugé à Sarajevo. Je ne sais pas quelle est la peine prononcée, mais c'est
16 un tribunal de la Bosnie-Herzégovine qui s'en est occupé.
17 Et ce document émanant de lui, vous le versez au dossier comme si c'était
18 chose prouvée. Mais pourquoi ne l'a-t-on pas cité à comparaître ? Ça aurait
19 été le meilleur des témoins de l'Accusation puisqu'il était chef de la
20 police à Nevesinje pour tirer toute chose au clair, pour savoir comment ça
21 s'est passé. Vous ne l'avez pas fait parce que ça ne vous arrangeait pas,
22 parce que vous ne voulez pas faire connaître la vérité. Vous voulez que les
23 choses soient rendues les plus floues possible parce que c'est dans le flou
24 qu'on réussit à attraper telle ou telle chose. Et là, pour cette fois-ci,
25 vous n'avez rien attrapé du tout, et c'est la raison pour laquelle ce
26 procès est en train de se retourner contre vous. C'est une raison de plus
27 pour dire que ce procès en justice c'est une grande compromutation [phon]
28 de ce Tribunal de La Haye. Vous avez fait comparaître des témoins à vous,
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1 qui ont en fait aidé la Défense. Vous avez cité un témoin qui a fait
2 l'objet de grand espoir de votre part, et qui a confirmé que cette unité
3 d'Oliver Baret était disciplinée là-bas et qu'il n'y avait aucun crime à
4 lui reprocher. L'unité de Radovan Radovic était disciplinée, aucun crime à
5 lui reprocher non plus.
6 Alors comment Radovan Radovic est-il devenu voïvode chetnik ? Vers 1993 ou
7 1994, je suis allé rendre visite en Herzégovine, Radovan Radovic qui avait
8 déjà une unité de la force de plus d'une compagnie, presque un bataillon,
9 une unité qui s'appelait les Volontaires de Radovic, ou la Garde de
10 Radovic, il est venu et il a accédé au Parti radical serbe. Et comme tous
11 en Herzégovine avaient dit pour lui que c'était un grand combattant, un
12 grand combattant et quelqu'un de très capable, j'ai fait de lui un voïvode
13 chetnik serbe, et c'est à ses côtés que j'ai inspecté les positions de son
14 unité à Trebevic. Et on a noté que j'ai mme tiré à la mitrailleuse lourde.
15 Et l'un de vos faux témoins a dit que j'avais tiré sur Mostar, mais il
16 s'est avéré qu'entre cet endroit et Mostar, il y avait plus de 30
17 kilomètres, et qu'entre les deux, il y avait une grande colline.
18 Et hélas, je n'ai pas pu avoir une portée jusqu'à Mostar avec mes
19 mitrailleuses lourdes, mais j'ai peut-être réussi à toucher certaines
20 positions musulmanes, du moins je l'espère.
21 Voilà, tel serait pratiquement toute la vérité sur les événements
22 d'Herzégovine. Nous avons eu plusieurs autres groupes de volontaires là-
23 bas, à Kalinovik, un groupe assez important de volontaires, Oliver Denis
24 Baret était le commandant, et je pense que c'était en 1994, en l'espace
25 d'une seule journée, nous avons perdu dix volontaires dans un assaut, une
26 perte très importante. Et ils ont perdu la vie parce que les différentes
27 unités serbes ont mal synchronisé leurs activités. Les volontaires du Parti
28 radical serbe allaient à l'avant, donc ce sont eux qui ont pris position
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1 pour devancer l'attaque avant les autres unités, et finalement on a eu dix
2 volontaires de tués.
3 Or vous, vous n'avez même pas remarqué que nous avons eu des volontaires à
4 Kalinovik. Et ce n'est pas le seul endroit nous en avons eu, mais nulle
5 part les volontaires du Parti radical serbe n'ont pu être mis en relation
6 avec un seul crime. Peut-être qu'il y a eu une certaine peur dans la
7 population croate et musulmane. Les volontaires du Parti radical serbe et
8 les Chetniks serbes leur faisaient peur, mais cette peur, elle se fonde sur
9 des préjugés, des préjugés nourris pendant des décennies par des
10 communistes, parce que les Chetniks auraient été des criminels de la
11 Seconde Guerre mondiale. Le Procureur nous dit que les Chetniks sont des
12 extrémistes, et que j'ai protégé, moi, les extrémistes et une organisation
13 militaire extrémiste ou quasi militaire, ou des traditions extrémistes.
14 Mais on ne peut pas dire que les Chetniks de la Seconde Guerre mondiale ont
15 été des extrémistes. Ce sont les communistes qui ont été des extrémistes,
16 hélas du fait de la volonté des grandes puissances, ce sont eux, ces
17 extrémistes communistes qui sont arrivés au pouvoir après avoir tué environ
18 200 000 personnes. Je ne peux pas défendre l'ensemble des Chetniks de la
19 Seconde Guerre mondiale.
20 Je suis au courant d'un crime qui a été commis par des unités chetniks de
21 voïvode Pavlo Djuric à Foca, mais je sais aussi que ce crime a été précédé
22 par un crime de très grande ampleur commis par des unités oustachi
23 musulmanes, commis contre des civils serbes. Je suis au courant d'un seul
24 crime, et jamais personne n'a pu m'en citer un deuxième commis contre les
25 Croates. Il s'agit de Dugo Polje, c'est là qu'une unité d'une centaine
26 d'hommes de Mane Rokvic, a tué environ une centaine de Croates catholiques.
27 Et ce sont les deux seuls crimes tant soit graves, commis par des Chetniks
28 contre les Croates pendant la Seconde Guerre mondiale. Je n'en ai jamais
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1 entendu parler d'un troisième, et personne ne peut m'en trouver, même ceux
2 qui haïssent le plus les Chetniks.
3 Quant aux crimes communistes, ils sont sans nombre. Seuls les crimes
4 oustachi sont comparables à cela. Parce qu'en fait, les crimes oustachi
5 sont de cinq fois plus importants que les crimes commis, puisque les
6 Oustachi en tout ont tué un million de personnes dont 700 000 uniquement au
7 camp de Jasenovac, et d'après les chiffres de Vladimir Dedijer, grand
8 historien yougoslave, 200 000 personnes ont péri de la main communiste.
9 Donc en comptant ceux qui ont été tués pendant la guerre, elle même, et
10 pendant les deux années à l'issue de la guerre, où ils ont massivement
11 fusillé surtout les Serbes de villes en villes, ils ont fusillé tous ceux
12 qui ne plaisaient pas au régime communiste. Tels sont les faits
13 historiques.
14 Alors ce qui vous pose problème, ce sont justement les faits, car vous
15 essayez de combattre les faits, vous essayez de faire remplacer les faits
16 par des mensonges, des mensonges qui servent vos intérêts, des mensonges
17 qui sont portés à ma charge, et à chaque fois ces mensonges éclatent,
18 telles des bulles de savon. Vous dites que par mes déclarations, j'ai
19 matraqué, j'ai utilisé des mots pour frapper, comme à l'aide d'un obusier,
20 et que lors de mes conférences et de mes meetings on a tué des non-Serbes.
21 Ecoutez, j'organise à Belgrade un rassemblement du Parti radical serbe et
22 pendant ces jours-là quelqu'un a commis un crime quelque part dans les
23 environs de Zvornik. Et vous, vous établissiez un lien entre ces deux
24 choses-là, c'est ce que vous avez fait de manière tout à fait directe
25 pendant votre réquisitoire. Mais cela défie le bon sens.
26 Vous dites qu'il y a eu différents groupes de Seseljevci, qu'il y a eu des
27 partisans de Seselj qui auraient commis telle ou telle chose à différents
28 endroits, mais vous ne les identifiez pas. Je vous dis qu'après le 26
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1 avril, jamais il n'y a eu de volontaires du Parti radical serbe dans la
2 région de Zvornik. Et vous, vous me trouvez tel ou tel homme de Seselj à
3 différents endroits où des crimes véritables ou inventés auraient été
4 commis.
5 On ne peut pas vous faire confiance sur les affirmations que vous faites,
6 disant que tel ou tel crime a été commis quelque part, peut-être bien que
7 oui, peut-être que non, puisque vous êtes tout à fait capables d'inventer
8 toutes sortes de choses car, à vos yeux, il n'y a pas d'équivalence entre
9 le moral et le droit. Dans le monde civilisé, les deux ne sont pas
10 inséparables. Depuis la Grèce, depuis l'Antiquité, depuis Rome, on insiste
11 sur le lien indissociable de la morale et du droit. Or, dans votre
12 interprétation, ce sont plutôt des tendances divergentes. Le droit et la
13 morale s'écartent de plus en plus.
14 Car, à vos yeux, seules les choses immorales relèvent du droit. Seules les
15 choses qui relèvent du quasi-droit sont légales. C'est une quasi-justice
16 internationale que vous défendez dans la pratique. Vous démontrez en fait
17 la justice internationale telle qu'elle ne devrait pas être. Et dans la
18 pratique, vous démontrez que vous n'êtes qu'un instrument d'une politique
19 obscure, de forces obscures, que votre tâche, votre mission est sournoise,
20 celle de porter préjudice au peuple serbe, et en ce qui me concerne, très
21 particulièrement, de m'éliminer de la scène politique par quelque moyen que
22 ce soit, que ce soit par un acquittement ou par un meurtre. Vos patrons à
23 leurs yeux, peu importe comment cela sera fait.
24 Peut-être que vous ignorez même leurs projets. Vous n'êtes que leur
25 instrument, instrument de globalisme, de cette mondialisation qui est le
26 nouvel ordre international. Et ce nouvel ordre a démontré sa nature
27 totalitariste ici devant ce Tribunal de La Haye, et ce, par le biais d'un
28 très grand nombre de procès, sa nature totalitaire. Car l'idéologie sur
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1 laquelle vous vous appuyez est une idéologie totalitaire. Nous la
2 connaissons de l'époque hitlérienne, de l'époque de Staline. Vous ne faites
3 que la perfectionner en fait. Hitler et Staline ont été plus honnêtes que
4 les Américains et d'autres promoteurs de cette globalisation. Ils ont agi
5 de manière plus ouverte. Chez vous, tout cela est un peu plus dissimilé.
6 Mais cela n'empêche que vos objectifs sont les mêmes.
7 Et je me félicite d'avoir eu cette occasion me permettant de démasquer
8 votre nature, vos objectifs, les coulisses de votre activité, et avant tout
9 vos patrons et ceux qui inspirent votre action.
10 Et je pense que nous pourrions en terminer pour aujourd'hui parce que je me
11 sens assez fatigué.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Je crois que vous avez dû utiliser six heures
13 et 30 minutes, quelque chose comme ça -- non, six heures 20 minutes. Donc
14 il vous restera la semaine prochaine trois heures et 40 minutes.
15 Nous nous retrouverons, comme vous le savez, mardi, à 14 heures 15, et
16 mercredi nous nous retrouverons à 9 heures du matin. D'ici là je souhaite à
17 tout le monde une bonne fin de semaine et à mardi.
18 --- L'audience est levée à 13 heures 10 et reprendra le mardi, 20 mars
19 2012, à 14 heures 15.
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