Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Vendredi 14 février 2003.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 15.)

3 (Audience publique.

4 (Le témoin est dans le prétoire.)

5 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Nice.

6 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

7 avant que l'accusé ne reprenne son contre-interrogatoire, je précise que

8 je suis aidé aujourd'hui par M. Theunens. Je voulais attirer votre

9 attention sur ce fait. Il est un des membres du Bureau du Procureur qui

10 s'occupe de ce témoin mais, en temps utile, on peut s'attendre à ce qu'il

11 soit témoin expert venant du service d'analyse militaire de ce tribunal.

12 C'est la raison pour laquelle je voulais consigner sa présence à

13 l'audience aujourd'hui.

14 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic, poursuivez.

15 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Aleksandar Vasiljevic, par l'accusé

16 M. Milosevic.)

17 M. Milosevic (interprétation): Donc Général, faisons le point de ce dont

18 nous discutions hier, s'agissant de la compétence de la Yougoslavie par

19 rapport à l'armée de la Republika Srpska et à l'armée de la Krajina serbe.

20 Est-il exact de dire que la Yougoslavie n'avait aucune compétence pour ce

21 qui est du commandement de ces armées ou sur le commandement de ces

22 armées?

23 M. Vasiljevic (interprétation): Au cours de cette période?

24 Question: Pendant toute cette période, l'époque des faits, ce sur quoi

25 vous témoignez. Si j'ai d'autres questions à poser, je les poserai.

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1 Réponse: Je vous ai expliqué que la Défense territoriale, sur territoire

2 de la Krajina de Knin, était subordonnée à la JNA, sous son commandement.

3 Question: Jusqu'au moment du repli, du retrait de la JNA, en application

4 du plan Vance-Owen?

5 Réponse: Oui, c'est ce que j'ai dit.

6 Question: Fort bien. Une fois le retrait de la JNA effectué du territoire

7 de la Bosnie-Herzégovine et du territoire de la Republika Srpska ou de la

8 Krajina, en application du plan Vance-Owen, une fois que ces armées de ces

9 deux entités avaient été formées, en tout cas l'armée de la Krajina serbe,

10 est-ce que la JNA avait une autorité apparente sur le commandement de ces

11 armées?

12 Réponse: Mais la JNA n'existait pas à ce moment-là.

13 M. Milosevic (interprétation): Est-ce que l'armée de Yougoslavie avait une

14 quelconque autorité sur ces armées-là?

15 M. Vasiljevic (interprétation): A l'époque, je n'étais pas d'active. Et

16 n'étant pas officier d'active, je ne saurais répondre à cette question

17 directement. Cependant, je peux vous donner certaines informations qui

18 avaient été portées à ma connaissance par des officiers supérieurs, qui

19 sont partis de l'armée de Yougoslavie pour rejoindre les rangs de l'armée

20 de Republika Srpska ou de la République de Krajina serbe, et ils sont

21 revenus dans l'armée de la JNA.

22 Je suis au courant de la présence des officiers hauts gradés qui faisaient

23 partie de la "Vojna Linija", de la ligne militaire pendant l'opération

24 "Pauk", "Araignée, pour ce qui est du commandement, du poste de

25 commandement, là où ils ont pu exercer ce commandement.

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1 M. Milosevic (interprétation): …

2 M. le Président (interprétation): N'interrompez pas le témoin. Il est en

3 train de répondre à votre question, ne l'interrompez pas. Il parlait des

4 informations dont il disposait. Laissez-lui le temps de finir.

5 Avez-vous quelque chose à ajouter, Général?

6 M. Vasiljevic (interprétation): Je veux simplement terminer la phrase que

7 j'avais commencée. Certains de ces officiers du sommet de la hiérarchie se

8 trouvaient dans les postes de commandement avancés dans le cadre de

9 l'opération "Pauk", "Araignée".

10 M. Milosevic (interprétation): Général, moi, je vous posais une question

11 très directe. Je la répète. Je vous ai demandé si l'armée de la

12 Yougoslavie avait, à l'époque, une responsabilité de commandement sur

13 l'armée de la Republika Srpska et de la République de Krajina serbe. Je ne

14 vous ai pas demandé si c'était un bon moment pour faire la récolte des

15 prunes ou si quelqu'un était venu faire une visite.

16 M. le Président (interprétation): C'est un commentaire tout à fait hors de

17 propos. Il a répondu à votre question.

18 M. Vasiljevic (interprétation): Si vous m'aviez posé une question à propos

19 des prunes, je vous aurai dit ce qu'il en était. Mais vous m'avez demandé

20 si la Yougoslavie…

21 M. le Président (interprétation): Ne répondez pas à ce genre de choses.

22 Monsieur Milosevic, posez d'autres questions, s'il vous plaît.

23 M. Milosevic (interprétation): Je vous ai demandé ceci: est-ce que l'armée

24 de Yougoslavie avait une quelconque compétence, une autorité de

25 commandement quelconque sur l'armée de la Republika Srpska et l'armée de

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1 la République de Krajina serbe?

2 M. Vasiljevic (interprétation): J'ai dit que je ne savais pas.

3 Question: Vous ne savez pas?

4 Réponse: Non, je ne sais pas. Je connais les détails que je vous ai

5 communiqués.

6 Question: Vous ne savez pas qu'ils avaient leurs QG, leurs états-majors,

7 leurs commandements suprêmes respectifs. Vous ne savez rien à ce propos?

8 Vous ne savez pas qu'ils nommaient, qu'ils désignaient les différents

9 commandants de l'armée de la Republika Srpska et de la République de la

10 Krajina serbe? Vous ne savez rien à ce propos?

11 Réponse: Je suis au courant de cela. Mais ce que je sais, c'est que les

12 grades qui avaient été donnés ont dû être vérifiés ou devaient être

13 vérifiés par la suite en Yougoslavie. Je me permets de répéter, une fois

14 de plus, ce que j'ai dit, et ceci n'a aucun rapport avec l'armée de

15 Yougoslavie: je savais que certains éléments du sommet de la hiérarchie

16 dans le MUP ont pris des positions de commandement dans l'opération

17 "Pauk".

18 Question: Général, vous semblez vous être concentré sur le MUP. Quelle que

19 soit la question qui vous est posée vous répondez: "MUP".

20 Réponse: C'est comme cela qu'était la situation.

21 Question: On arrivera à cette chose là plus tard, et nous aurons d'autres

22 questions à vous poser à ce propos d'ailleurs.

23 Mais vous avez déclaré ici -et j'ai noté ce que vous avez dit

24 précisément-, vous avez dit qu'il y avait une armée parallèle qui avait

25 été mise sur pied à partir des forces du MUP, et le MUP -vous l'avez dit-

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1 et est devenue "une espèce d'armada". C'est bien le terme utilisé?

2 Réponse: Je n'ai pas insisté sur cet élément, comme vous le faites

3 maintenant.

4 Question: D'accord, mais vous avez bien utilisé le terme de "armada"?

5 Réponse: Non, non, je n'ai pas utilisé ce terme de "armada". Ce n'est pas

6 un terme que j'ai utilisé.

7 Question: Fort bien. Eh bien, on regardera le compte rendu d'audience pour

8 vérifier par vous-même, puisque toute la population de Yougoslavie a vu

9 tout ceci à l'écran.

10 Mais quelle fut l'importance qu'a pris le MUP? Est-ce que c'est devenu

11 quelque chose de vraiment massif? Et cette armée parallèle, comment s'est-

12 elle formée? Jusqu'où s'est étendu le MUP? Parce que c'est ce que vous

13 dites; je voulais savoir combien d'effectifs comptait le MUP?

14 Réponse: Mais je voulais garder cet élément d'information comme élément

15 confidentiel secret, comme un secret officiel.

16 Question: Je suppose que vous pourriez me répondre à ceci.

17 Réponse: Mais vous avez fourni des données, nous avons vu qu'il y avait

18 des détachements, des brigades qui existaient, des brigades

19 d'intervention, que le MUP comptait des hélicoptères, qu'il y avait des

20 véhicules transporteurs de troupe, des véhicules blindés. Choses que le

21 MUP n'avait pas auparavant. Et vous l'avez vu à l'examen des requêtes

22 formulées, et vous-même vous avez dit que c'était quelque chose de

23 mégalomane que de demander au SUP de Banja Luka de fournir les moyens

24 techniques et le matériel nécessaire qui étaient le matériel équivalent à

25 celui d'une brigade d'intervention.

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1 Question: Et est-ce que c'est le MUP de Serbie qui a demandé cela?

2 Réponse: Moi, je ne parle pas du MUP de Serbie. Mais vous savez

3 pertinemment que le MUP de Serbie avait reçu ces éléments de l'armée.

4 Question: Un instant, s'il vous plaît. Mon Général, que tout soit clair,

5 je vous demande de répondre à ma question.

6 Réponse: Mais vous m'interrompez sans cesse! Je ne saurais répondre.

7 Question: Mais je ne peux pas vous demander quelque chose et recevoir une

8 réponse tout à fait différente de votre part. Moi, je vous demande ceci:

9 quelle était la taille, l'importance de ce MUP? Vous vous concentrez sans

10 cesse sur ce MUP, vous en faites une armada, ce genre de chose. Mais

11 quelle était la taille de ses forces de police?

12 Réponse: Je n'ai pas de données officielles, d'informations précises.

13 Question: Mais donnez simplement un exemple.

14 Réponse: Eh bien, il était notoire qu'il y avait environ 90.000 membres du

15 MUP.

16 Question: Allons! Allons!

17 Réponse: Mais c'est ce que je vous dis!

18 Question: Mais est-ce qu'il n'est pas malencontreux qu'un général qui se

19 trouve à la tête d'un service de renseignement doive se servir de données,

20 d'informations qu'il entend colporter dans les rues, dans les arrières-

21 cours, au coin des rues ou dans les cafés? Est-ce que c'est sérieux ici de

22 citer un chiffre de 90.000 effectifs?

23 Réponse: Mais je suis sûr que vous avez des faits, des chiffres qui vous

24 donnent une idée bien précise.

25 Question: Oui, je les ai.

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1 Réponse: Alors, fournissez-les.

2 Question: Et j'ai dit qu'il était honteux d'affirmer une telle chose.

3 Réponse: Mais moi, je ne travaille pas dans les services de renseignement

4 du MUP pour avoir les données que vous avez, vous, en tant que Président

5 de la République.

6 Question: Je vois que vos services de renseignement, en fait, passaient

7 par une filière d'un seul homme, alors que vous dites que vous ne

8 travailliez pas avec le MUP.

9 Réponse: C'étaient des informations que nous avions coutume de recevoir

10 périodiquement et qui venaient de personnes qui avaient été envoyées par

11 des gens de cette trempe. Je suis sûr que de vous étiez au courant.

12 M. Milosevic (interprétation): Et qui, d'après vous, aurait harcelé

13 quelqu'un et qui aurait envoyé ces gens ailleurs?

14 M. Vasiljevic (interprétation): Est-ce que nous sommes à huis clos partiel

15 ou en audience publique?

16 M. le Président (interprétation): Voulez-vous passer à huis clos partiel?

17 M. Vasiljevic (interprétation): Oui, je crois que ce serait une bonne

18 idée.

19 M. Milosevic (interprétation): Je m'y oppose! Je fais objection.

20 (Huis clos partiel 9 heures 26.)

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15 (Audience publique à 9 heures 40.)

16 Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en session publique.

17 M. Milosevic (interprétation): J'ai des renseignements pour l'année 1991

18 et j'ai des renseignements pour l'année 1995 également.

19 Alors, cette terrible police, cette armada et ainsi de suite, là où il y

20 en a eu le plus en 1995, ils étaient au nombre de 32.000, sans la sûreté

21 d'Etat. Et tout le secteur de la sûreté d'Etat dans le pays entier

22 comptait 3.500 employés.

23 S'agissant des 32.000 mentionnés, là-dessus, par exemple, il y a 3.000

24 sapeurs-pompiers qui sont aussi employés par le ministère de l'Intérieur,

25 il y a 6.000 personnes qui sont des employés administratifs. Vous

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1 n'ignorez pas qu'ils sont là pour vous délivrer des passeports, des permis

2 de conduire, des cartes grises, et il y a donc des dactylos, des

3 secrétaires, des techniciens, et ainsi de suite.

4 Pour ce qui est de la police générale ou à compétence d'ordre général,

5 donc ceux qui sont dans la police, à assurer l'ordre et la paix publique,

6 pour l'année 1991, ils étaient 10.000; en 1995, 14.000. Pour ce qui est de

7 la police de la circulation, 3.000. Pour ce qui est de la frontière, de la

8 police frontalière, 3.000.

9 M. le Président (interprétation): Ecoutez, le témoin doit avoir

10 l'opportunité de répondre aux chiffres que vous avancez.

11 Général, souhaitez-vous dire quoi que soit concernant ce qui vous a été

12 avancé jusqu'à présent?

13 M. Vasiljevic (interprétation): Cela a probablement trait à la composition

14 aux effectifs permanents de la police. Cela n'englobe pas les effectifs de

15 réserve de la police, ça c'est d'un. De deux, peut-être serait-il

16 intéressant de donner les chiffres de 1999.

17 M. Milosevic (interprétation): J'ai les chiffres de 1999 aussi. Ils sont

18 vraiment…, ils divergent vraiment de façon spectaculaire.

19 Au total 36.000. 6.000 dans l'administration. 3.500 sapeurs-pompiers; donc

20 leur chiffre a augmenté de 500. Police judiciaire: 3.000; 3.500 policiers

21 pour ce qui est des frontières -là aussi, 500 de plus. 4.000 pour ce qui

22 est de la circulation routière. Et la police d'ordre général, 16.000. A

23 l'intérieur de ces 16.000, vous avez ces unités spéciales de la police

24 dont vous avez parlé, en disant que c'était la des formations tout à fait

25 à part.

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1 Le savez-vous, Général, que ces unités-là étaient constituées de policiers

2 qui occupaient des postes. Et une fois que cette unité a été formée…

3 M. le Président (interprétation): Non, non, non; nous nous éloignons du

4 sujet. C'est un thème ou un sujet tout à fait à part.

5 Mon Général, vous devriez avoir l'occasion de répondre ou de commenter

6 s'agissant des chiffres qui vous ont été présentés. Est-ce que vous voulez

7 dire quelque chose avant de commencer à traiter des unités spéciales?

8 M. Vasiljevic (interprétation): Je ne disposais pas de ces renseignements

9 pour pouvoir énumérer comme cela est fait, pour ce qui est des sapeurs-

10 pompiers, des agents de la circulation. Je ne sais pas où se situait

11 l'unité que j'ai mentionnée: "les Scorpions".

12 M. Milosevic (interprétation): Je n'ai aucune idée de cette unité

13 "Scorpion".

14 Réponse: Mais ils vous ont fait un rapport et…

15 Question: Vous avez fait un rapport en disant que c'était une unité de

16 volontaires?

17 Réponse: Non, ce n'était pas une unité de volontaires, c'était une unité

18 du SAJ.

19 Question: Donc c'est une unité antiterroriste spéciale et ce n'est pas des

20 "Scorpions"?

21 Réponse: Oui, mais les "Scorpions" faisaient partie de cette unité.

22 Question: Je ne suis pas au courant du tout.

23 Réponse: Ecoutez, je n'y peux rien.

24 Question: On peut s'appeler comme on veut. Mais SAJ, c'est une unité

25 antiterroriste spéciale. Elle a ses effectifs et on sait comment cette

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1 unité s'appelle?

2 Réponse: Oui. Du reste, tout comme les unités de "Arkan", que l'on savait

3 comment elles s'appelaient et faisaient également partie…

4 Question: Mais savez-vous que "Arkan" n'a pas du tout été au Kosovo

5 pendant la guerre, en 1999?

6 Réponse: Je ne sais pas où "Arkan" se trouvait. Moi, j'ai parlé de gens de

7 ses effectifs.

8 Question: Mais pour autant que j'aie pu le comprendre, les gens qui

9 étaient avec lui dans ces unités de volontaires, s'étaient portés

10 volontaires.

11 Et, d'après les renseignements qui m'ont été communiqués, à l'époque, et

12 renseignements dont vous témoignez, moi je ne m'en souviens pas. Mais

13 c'est vous qui témoignez de la chose. Et prônons que cela soit vrai,

14 admettons que cela soit vrai. On a précisé qu'il y en avait 30 qui avaient

15 été acceptés comme volontaires, les autres ont été renvoyés en raison de

16 problèmes que les organes compétents avaient jugé pouvoir se manifester.

17 Réponse: Premièrement, je ne sais pas, mais moi on m'a dit que le jour

18 d'avant ils avaient tué des gens.

19 Deuxièmement, M. Sainovic ne savait soi-disant pas que les affectifs de

20 "Arkan" se trouvaient à Kosovo Polje.

21 Question: Pouvez-vous me répondre quelque chose, puisque vous parlez tout

22 le temps de Sainovic, vous n'ignorez pas que Sainovic était vice-Président

23 du gouvernement fédéral?

24 Réponse: Oui.

25 M. Milosevic (interprétation): S'agissant du gouvernement fédéral, en sa

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1 qualité de vice-Premier ministre, il était chargé du Kosovo et de la

2 Metohija à l'époque du séjour de la CSCE, et de notre commission avec la

3 coopération avec la CSCE au Kosovo et dans la Metohija. Il a négocié avec

4 Rugova, avec les autres hommes politiques, sur place. Il a entretenu toute

5 une série de réunions politiques.

6 M. le Président (interprétation): Non! Ce que vous devez faire, c'est

7 poser une question.

8 M. Milosevic (interprétation): Mais s'il a dit que, lui, il n'était pas au

9 courant de cette unité-là, pourquoi ne pas lui faire confiance? Pourquoi

10 ne pas croire qu'il n'était pas au courant? Pensez-vous qu'il a dit un

11 mensonge en disant qu'il ne connaissait pas?

12 M. Vasiljevic (interprétation): Non, je n'ai pas dit ça, j'ai dit que

13 c'était étrange qu'il ne le sache.

14 Question: Mais si lui ne savait pas, comment voulez-vous que je le sache?

15 Réponse: Mais Rade Markovic a dû lui fournir ces renseignements!

16 Question: Il a avancé ces renseignements, d'après ce que vous dites, à

17 cette réunion à laquelle Sainovic avait assisté pour la première fois, et

18 Sainovic, là, avait déjà dit qu'il ne le savait pas.

19 Réponse: Je n'ai pas compris ce que vous dites.

20 Question: C'est à ce moment-là que c'est arrivé, n'est-ce pas?

21 Réponse: Moi, je ne comprends pas du tout ce que vous dites.

22 Question: Vous avez décrit une réunion et nous allons avoir l'occasion de

23 parler de cette réunion. Cela s'est fait en session publique, donc vous

24 allez pouvoir répondre aux questions à ce sujet.

25 Réponse: Oui.

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1 M. Milosevic (interprétation): Vous avez décrit cette réunion, et vous

2 avez dit que Rade Markovic avait affirmé qu'une trentaine de volontaires

3 étaient là-bas, qu'ils avaient été acceptés dans le rang, que les autres

4 avaient été renvoyés. Et Sainovic, sur ce, quand je lui ai dit: "Qu'en

5 est-il?", a répondu qu'il n'en savait rien. Comment, si lui ne le savait

6 pas, pouvais-je le savoir moi-même? Et lui, a appris la chose de…

7 M. le Président (interprétation): Non, il n'appartient pas à ce témoin-ci

8 de répondre sur ce que vous saviez, ne saviez pas, pouviez savoir, pouviez

9 ne pas savoir. Je vous prie de nous donner une description de ce qui s'est

10 passé. Vous avez posé des questions auparavant. Je crois que nous en

11 étions arrivés à Sainovic.

12 M. Milosevic (interprétation): On en est arrivé à cette réunion. Etant

13 donné que le témoin a dilué l'ensemble, il faut qu'on se penche sur le

14 tout et qu'on voit un peu ce qu'il est advenu à cette réunion.

15 Mais revenons à la police, à présent. Comme vous pouvez le constater, les

16 renseignements que vous avez présentés concernant la police sont tout à

17 fait inexacts.

18 M. le Président (interprétation): Mais il vous a déjà répondu à cette

19 question, il a fourni sa réponse. Allons de l'avant!

20 M. Milosevic (interprétation): Ne savez-vous pas que le rapport relatif du

21 nombre des policiers en Serbie -en 1995 par exemple, pas en 1991- avait

22 été celui de 1 sur 434 citoyens? Je parle du total de ceux qui avaient

23 travaillé dans la police. Je ne sais pas si dans les autres pays on compte

24 parmi les policiers les sapeurs-pompiers et tout le reste. Ici, je parle

25 de l'ensemble, de l'administration et du reste. En France, il y a en 1 sur

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1 266 citoyens. En Italie, 1 sur 238. En Hollande, en Grande Bretagne…

2 M. le Président (interprétation): Non, non, non. Monsieur Milosevic, où

3 voulez-vous en venir?

4 M. Milosevic (interprétation): Parce qu'ici on est en train de laisser

5 entendre que la police était immense en Serbie, alors que la police là-bas

6 avait des effectifs moindres par rapport à la population totale.

7 M. le Président (interprétation): Mais, bon, vous aurez l'opportunité de

8 présenter vos éléments de preuve le moment venu. Vous ne mettez pas à

9 profit votre temps de façon efficace. Vous aurez l'opportunité de

10 présenter vos éléments de preuve.

11 Le témoin a affirmé tout à l'heure que cela ne comprenait pas les

12 effectifs de réserve. D'après son témoignage, les effectifs de réserve

13 étaient intervenus. S'ils l'ont fait ou pas, il nous appartiendra de le

14 déterminer nous-mêmes. Mais il n'est point utile de déterminer s'il y

15 avait beaucoup de policiers ou pas, d'affirmer qu'il y en avait beaucoup

16 ou pas.

17 M. Milosevic (interprétation): Les effectifs de réserve ne pouvaient être

18 engagés qu'en temps de guerre. Le témoin est en train de parler des années

19 1991 et 1992. Vous aussi, vous parlez de ces années-là. Par voie de

20 conséquence, Messieurs, ce sont là des choses que l'on ne compare pas.

21 M. Vasiljevic (interprétation): Puis-je apporter un commentaire

22 brièvement?

23 Partant des chiffres que vous avez avancés, en 1991 ils auraient été

24 quelque 10.000 dans la police.

25 M. Milosevic (interprétation): J'ai dit qu'en 1991 ils étaient 22.000 au

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1 total, sans la sûreté d'Etat qui a tout le temps un chiffre de 3.500

2 personnes; et la police générale était au nombre de 10.000, 2.000 pour les

3 frontières, 3.000 pour les sapeurs-pompiers...

4 M. le Président (interprétation): Ecoutez, on a entendu ces chiffres-là.

5 Laissez le témoin finir sa réponse.

6 M. Vasiljevic (interprétation): Mettons qu'ils aient été 20.000, le

7 chiffre a été quand même doublé. Mais là, ce n'est pas ce que je voulais

8 dire.

9 En 1992, au mois de mars, dans les effectifs permanents de la JNA de

10 l'époque, il y avait 36.000 permanents. Alors concluez vous-même pour ce

11 qui est du nombre d'intervenants au sein du MUP. Vous pouvez rire certes,

12 mais comparez le chiffre des policiers avec toute la JNA et les état-

13 majors.

14 M. Milosevic (interprétation): Mais comment pouvez-vous dire cela en votre

15 qualité de général? Un policier, c'est un employé, un soldat; ce n'est pas

16 un employé.

17 Réponse: Je n'ai pas parlé de soldats.

18 M. Milosevic (interprétation): Mais la police n'a pas de soldats, ce sont

19 des employés qui font leur service. Vous parlez de ceux qui ont travaillé

20 dans l'armée, vous parlez d'officiers, de sous-officiers. Ce sont des

21 cadres professionnels, des soldats professionnels qui sont des salariés.

22 Et dans la police, chaque policier est un professionnel, il touche un

23 salaire. Il n'y a pas de policiers qui font leur service de police, comme

24 on faisait son service militaire.

25 L'armée a un certain nombre d'officiers et une grande majorité de soldats,

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1 à moins que vous ne vouliez affirmer qu'il y a plus d'officiers que de

2 soldats.

3 Moi, je vous parle du nombre total au ministère de l'Intérieur, y compris

4 le personnel administratif, y compris le personnel technique, y compris

5 les sapeurs-pompiers et tout le reste. Vous avez affirmé qu'ils étaient au

6 nombre de 90.000?

7 M. le Président (interprétation): Non. Nous allons traiter de la chose de

8 la façon suivante. Monsieur Milosevic, comme d'habitude, vous êtes en

9 train de débattre, de polémiquer avec le témoin.

10 Et je voudrais demander au Général s'il a quelque chose à ajouter?

11 M. Vasiljevic (interprétation): Je l'ai déjà dit. Le nombre de ceux qui

12 ont eu un emploi à temps plein au MUP et ceux qui ont eu un emploi à temps

13 plein dans la JNA, eh bien, je dirai qu'ils étaient plus nombreux dans le

14 MUP que dans la JNA.

15 M. Milosevic (interprétation): Dites-nous quels sont ces chiffres, combien

16 y avait-il d'employés dans la JNA?

17 Réponse: Je l'ai déjà dit: 36.000.

18 Question: 36.000 n'est-ce pas? En quelle année?

19 Réponse: Le 27 mars 1992.

20 Question: Toute la JNA?

21 Réponse: Oui.

22 M. Milosevic (interprétation): Bon. Prenons donc ce chiffre comme étant

23 une assertion de votre part. Comme moi, je dois économiser mon temps avant

24 que de passer à des questions plus concrètes, dont vous deviez certes être

25 au courant, je voudrais que me confirmiez si la direction militaire avait

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1 cette apparence-là en 1992?

2 Je parle de la composition ethnique. Veljko Kadijevic, yougoslave. Blagoje

3 Adzic, chef de l'état-major serbe, originaire de Bosnie-Herzégovine, donc

4 cadre de Bosnie-Herzégovine. Josip Gregoric, adjoint et sous-secrétaire,

5 originaire de Croatie, croate. Stane Brovet, adjoint du secrétaire

6 fédéral, slovène. Mile Ruzinovski, chef de la 1ère Direction, c'est la

7 direction opérationnelle, la principale au sein de l'état-major; lui était

8 macédonien. Le commandant du nord-ouest, Konrad Kolsek, un Slovène.

9 M. le Président (interprétation): Non, je vais vous interrompre. Au lieu

10 de nous donner lecture de ce que vous avez, vous feriez de poser la

11 question.

12 Général, si à quelque moment que ce soit, vous n'êtes pas d'accord avec ce

13 qui est avancé, interrompez-le. C'est la seule façon de procéder à ce type

14 d'interrogatoire.

15 Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que l'accusé vient de lire?

16 M. Vasiljevic (interprétation): Ce qu'il a lu est exact. Cela concerne la

17 première moitié de l'année 1991 et non pas une période ultérieure. Pour

18 être plus concret, le général Gregoric a été mis à la retraite; et, à sa

19 place, il est arrivé un général Sljivic Vladan. Le général Kolsek, lui

20 aussi, a été révoqué de ses fonctions du commandant de la 5e Région

21 militaire; et, à sa place, on a placé le général Abramovic Zivota.

22 Ensuite, on a révoqué de ses fonctions le général Ruzinovski, lorsqu'il a

23 été envoyé pour être commandant du 2e Groupe opérationnel en Herzégovine

24 de l'Est; et ceci n'a été fait qu'au bout de quelques jours, en raison

25 d'une soi-disant réaction disant que là-bas il y avait des Monténégrins et

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1 d'autres qui ne pouvaient pas se permettre de se voir commander par un

2 Macédonien, ou donner des ordres par un Macédonien.

3 Je ne vais pas en dire davantage. Mais le fait est que le 4 décembre, en

4 1991 toujours, 41% des effectifs dans l'aviation de guerre seulement, ce

5 n'étaient pas des Serbes et des Monténégrins. C'étaient des gens des

6 autres groupes ethniques. Il y avait 2% de Hongrois, il y avait 1%

7 d'Albanais. Et sur le personnel volant, 52% étaient des Serbes et des

8 Monténégrins et 48% étaient des ressortissants d'autres groupes ethniques.

9 Mais l'image en question dans la période qui suit, à savoir la deuxième

10 moitié de 1992 et début 1993, vient à être modifiée de façon

11 substantielle; et ceci partant de fondements très variés. On a révoqué des

12 gens parce qu'ils n'avaient pas la nationalité appropriée, ils étaient

13 originaires d'Etats nouveaux. Certains sont restés.

14 M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, répondez d'abord à mes questions.

15 Et, ensuite, si vous avez quelque chose à ajouter, on l'ajoutera aisément.

16 Donc la liste que je vous ai lue, est-elle exacte?

17 Réponse: Je l'ai dit.

18 Question: En 1991, était-ce exact ou pas? Ne m'expliquez pas ce qui s'est

19 passé. Par la suite, on viendra aux raisons de ces changements.

20 Réponse: Oui, mais je vais vous donner une autre image. Ça c'est exact

21 pour 1991. Mais en fin de 1991…

22 Question: Mais laissez de côté l'image. Moi, je vous ai demandé si c'est

23 exact?

24 Réponse: Ce n'est pas exact, parce que vous l'interprétez de façon

25 erronée.

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1 Question: Donc, Aleksandar Spirkovski n'était pas un Macédonien et n'a pas

2 été commandant de ce champ de bataille central?

3 Réponse: Quand?

4 M. Milosevic (interprétation): A Belgrade. En 1991.

5 M. Vasiljevic (interprétation): Mais pas jusqu'à la fin de 1991.

6 M. le Président (interprétation): Je vais vous interrompre. Donnez lecture

7 de ce qui a été la situation en 1991. Nous allons entendre cela et nous

8 allons traiter de la chose.

9 M. Milosevic (interprétation): Je veux que l'on conteste, que le témoin

10 conteste quelque nom que ce soit de la liste que j'ai ici. Et je vais vous

11 donner lecture de 16 noms.

12 Premièrement, Veljko Kadijevic, secrétaire fédéral. Blagoje Adzic, chef de

13 l'état-major. Josip Gregoric, adjoint du secrétaire fédéral et sous-

14 secrétaire. Stane Blomet, adjoint du secrétaire fédéral et sous-

15 secrétaire. Mile Ruzinovski, chef du 1er Groupe de l'état-major…

16 (Les interprètes demandent de donner lecture plus lentement.)

17 Je vais ralentir.

18 Konran Kolsek, commandant du commandement à Zagreb, du nord-ouest.

19 Spirkovski, chef du secteur à Belgrade. Andrija Siljic, commandant du

20 secteur militaire central; Andrea Silic, croate. Puis, Zivota Avramovic,

21 chef du Secteur Sud-Est à Skopje. Bozidar Grubisic, commandant de la

22 marine de guerre. Anton Tus, chef de l'aviation de guerre. Zvonko

23 Jurjevic, adjoint du chef de l'aviation de guerre. Donc quand Tus a été

24 mis à la retraite, comme vous le dites, à sa place il y a eu un autre

25 Croate, le dénommé Jurjevic.

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1 Puis, Ivan Radanovic, chef du centre des hautes écoles militaires à

2 Belgrade. Ibrahim Alibegovic, chef de l'école de guerre. Tomislav Bjondic,

3 chef de l'académie militaire de l'état-major.

4 M. le Président (interprétation): A quel groupe ethnique appartenaient-

5 ils?

6 M. Milosevic (interprétation): Kadijevic, Yougoslave. Adzic, Serbe de

7 Bosnie-Herzégovine. Josip Gregoric Croate. Stane Brovet, Slovène. Milan

8 Ruzinovski, Macédonien. Konrad Kolsek, Slovène. Aleksandar Spirsovski,

9 Macédonien. Andrija Siljic, Croate. Zivota Abramovic, Serbe. Bozidar

10 Grubisic, Croate. Anton Tus, Croate. Zvonko Jurjevic, Croate. Ivan

11 Radanovic, Croate. Ibrahim Alibegovic, Musulman. Ante…

12 (Les interprètes signalent qu'ils ne peuvent pas suivre à cette vitesse-

13 là.)

14 Ante Petar, Croate. Donc 16 généraux les plus hauts gradés de la JNA, et 1

15 Yougoslave, 2 Serbes -2 Serbes, l'un de Bosnie et l'autre de Serbie; au

16 total deux donc- 2 Macédonien, 1 Musulman, et les Croates 2, les Slovènes

17 8.

18 Est-ce que j'avais pu influer de quelque façon que ce soit sur la

19 composition ethnique?

20 M. le Président (interprétation): Vous passez à autre chose. D'abord,

21 traitons de la liste dont vous venez de donner lecture, étant donné que

22 c'est le général qui témoigne, ce n'est pas vous qui témoignez.

23 Est-ce que la liste que l'accusé a lue est exacte pour l'année 1991,

24 Monsieur le Témoin, ou pas?

25 M. Vasiljevic (interprétation): C'est exact pour une période de l'année

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1 1991, pour la première moitié de l'année 1991 s'agissant de certaines

2 personnes. Et s'agissant d'autres personnes, cela est vrai seulement

3 jusqu'au mois de septembre 1991.

4 Bozidar Grubisic n'était pas commandant de la marine de guerre en 1991, il

5 était adjoint du secrétaire fédéral à la Défense nationale.

6 M. Milosevic (interprétation): Responsable de quoi?

7 Réponse: Les cadres, la politique, etc.

8 Question: Donc, il est inexact que Grubicic ait été commandant de la

9 marine de guerre en 1991?

10 Réponse: Non, c'était un autre amiral, un Serbe. Il faudrait que je me

11 souvienne de son patronyme, si c'est important. Et le chef d'état-major

12 était un Croate: Bozo Erceg.

13 Parmi les noms que vous avez cités, le général a été remplacé Ruzinovski a

14 été remplacé à son poste, quelques jours à peine après avoir été placé au

15 poste de commandant du 2e Groupe opérationnel, et ce sur la base d'une

16 demande venant du Monténégro. Si je ne m'abuse, on disait que les cadres

17 ne l'acceptaient pas car il était macédonien. Le général Spirkovski a été

18 remplacé par le général Panic. Andrija Silic a été remplacé à son poste

19 plus tard, il a été traduit en justice suite à une enquête, en 1993. Le

20 général Kolsek a été remplacé à son poste par le général Abramovic. Et je

21 pourrais vous donner d'autres exemples de remplacements.

22 Mais en tout cas, si nous parlons de 1991, ce qui vient d'être dit est

23 partiellement exact. Mais j'ai bien dit qu'il fallait parler de la période

24 allant jusqu'en juillet, ou au plus tard jusqu'en septembre 1991, date des

25 remplacements et des mises à la retraite.

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1 Le général Zvonko Jurjevic n'a pas été placé au poste d'adjoint du

2 commandant, d'adjoint du chef d'état-major des forces aériennes. Il était

3 commandant des forces aériennes.

4 Question: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Il était adjoint du chef des

5 forces aériennes. C'était son adjoint. Et puis, il y avait Tus qui est

6 parti et qui… et donc il a pris ce poste. Est-ce que c'est exact ou pas?

7 Réponse: Non, ce n'est pas exact. A l'armée, on appelle ça "un chef

8 d'état-major".

9 Question: Très bien. C'était le n°2 dans les forces aériennes, c'est bien

10 cela? Tus était commandant, Jurjevic était chef d'état-major. Tous les

11 deux étaient croates. Lorsque Tus a pris sa retraite, le chef d'état-major

12 de l'époque Jurjevic est devenu commandant, c'est bien cela?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Donc un Croate est parti, et c'est un autre Croate qui a pris le

15 poste de commandant des forces aériennes?

16 Réponse: Oui. Et le 25 septembre 1991, on a Bozidar Stevanovic, après le

17 départ de Zvonko Jurjevic qui prend donc sa place dans un effort pour…,

18 dans une tentative de coup d'Etat contre les forces aériennes.

19 Question: Oh, je vous en prie! Qu'est-ce que vous êtes en train de

20 contester dans la liste que j'ai lue? Seul Grubisic n'était pas commandant

21 de la marine, mais adjoint au chef de la marine, au secrétariat fédéral à

22 la Défense nationale. C'est bien cela?

23 Réponse: Non, j'ai déjà répondu. Si vous ne comprenez pas, je ne vais pas

24 répéter.

25 Question: Est-ce qu'il y a une autre erreur dans la liste? Vous prétendez

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1 que Grubisic n'occupait pas le poste que j'ai cité?

2 Réponse: Dans quelle période?

3 Question: 1991, Général.

4 Réponse: Quel mois? Une année comporte douze mois.

5 Question: Je vous interroge au sujet de 1991.

6 Réponse: Mais c'est une question qui n'est pas précise.

7 Question: Eh bien, je ne sais pas de quelle heure, de quelle minute, de

8 quelle seconde je parle. Mais jusqu'à cette minute, cette heure et ce

9 jour, les gens dont j'ai donné les noms étaient bien au poste que j'ai

10 cités. J'ai la liste devant moi. Je vous demande si elle est exacte?

11 Réponse: J'ai dit que, pour la période en question, cette liste était

12 exacte. Et j'ai dit à quel égard elle était exacte.

13 Question: Donc, vers la fin de 1991, Kadijevic n'était plus secrétaire

14 fédéral à la Défense nationale, Blagoje Adzic n'était plus chef d'état-

15 major. Et on peut continuer.

16 Réponse: Vous n'avez pas raison.

17 Question: Est-ce que c'était le cas ou ce n'était pas le cas?

18 Réponse: Jusqu'en janvier, Kadijevic était secrétaire à la Défense

19 nationale.

20 Question: Est-ce que Adzic l'a été pendant toute l'année 1991?

21 Réponse: Je n'ai pas contesté cela.

22 Question: Qu'est-ce que vous contestez?

23 Réponse: Allons-y. Allons-y. Passons à Spirkovski.

24 Question: Très bien. Je vous ai lu la liste pour l'année 1991?

25 Réponse: Bon, d'accord, mais vous m'interrogez au sujet de Blagoje Adzic.

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1 Pourquoi ne m'interrogez-vous pas au sujet de Spirkovski?

2 M. Milosevic (interprétation): Je n'ai pas suffisamment de temps. J'ai eu

3 lu un certain nombre de noms plusieurs fois. Je ne vais pas vous

4 interroger au sujet des périodes où les affrontements, les accrochages ont

5 commencé.

6 M. le Président (interprétation): Le témoin a répondu. Maintenant, en

7 toute équité, il faudrait le laisser répondre et lui soumettre

8 l'intégralité de la liste. Si vous vous lui poser d'autres questions au

9 sujet de cette liste, il faudrait qu'il ait l'original sous les yeux.

10 M. Milosevic (interprétation): C'est possible. Cela, ce n'est pas un

11 problème. Il n'y a pas contestation de la part du témoin. D'ailleurs,

12 simplement il aide, il essaie d'aider au mieux le Procureur d'ici en

13 mettant en cause des éléments qui sont indiscutables.

14 M. le Président (interprétation): Non, Monsieur Milosevic, les

15 commentaires n'aident personne. Veuillez poursuivre vos questions. Si le

16 témoin souhaite un exemplaire de la liste, il peut en disposer. Sinon,

17 vous passez à un autre sujet.

18 M. Milosevic (interprétation): Je lui fournirais un exemplaire lorsque

19 nous reviendrons sur cette liste. Et je demanderai qu'une photocopie en

20 soit faite.

21 M. Vasiljevic (interprétation): Si vous m'autorisez à le dire, je n'ai pas

22 besoin de cette liste, je sais tout cela par cœur.

23 M. le Président (interprétation): Il serait sans doute préférable que les

24 Juges disposent d'un exemplaire.

25 (Intervention de l'huissière.)

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1 M. Milosevic (interprétation): Mon Général, je vous demanderai, si cela

2 est possible, de répondre brièvement à mes questions car le temps dont je

3 dispose va être limité. Je vais vous poser de nombreuses questions

4 relatives à la période au sujet de laquelle vous déposez, au sujet

5 d'événements en rapport avec lesquels vous devriez avoir des informations.

6 Est-il exact qu'après la victoire du HDZ aux élections, en 1990, divers

7 experts militaires ont immédiatement été mis en place?

8 M. Vasiljevic (interprétation): Oui.

9 Question: Est-il exact qu'un projet des forces armées croates a été mis en

10 œuvre à ce moment-là, qui impliquait l'intervention de 44.000 personnes

11 dans les différentes armes et services, à savoir l'armée de terre, la

12 marine et l'armée aérienne, les forces aériennes?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Est-il exact que, sur la base de ce projet, un plan d'action

15 spécial vis-à-vis des officiers de la JNA a été mis en place, notamment à

16 l'égard de ceux qui étaient d'appartenance ethnique croate, et ce en vu de

17 briser la JNA?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Est-il exact que Boljkovac a déclaré, à cette époque, que 25.000

20 hommes étaient prêts à donner leur vie pour remplir cet objectif?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Est-il exact qu'à la mi-1990, une réunion a eu lieu entre des

23 délégués du HDZ et des membres du Demos pour établir la tactique et les

24 différentes mesures à prendre en vue de briser la JNA?

25 Réponse: Oui, il y a eu une rencontre à ce moment-là et il y en a eu une

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1 autre d'ailleurs en janvier 1991 sur l'île de Krka à Otocac.

2 Question: Est-il exact que sur la base de l'accord conclu, qui est

3 confirmé par la direction du HDZ et du Demos, le 9 juillet 1990, la

4 Slovénie a commencé à préparer son armée, et Jelko Kacin, adjoint du

5 ministre de la Défense de Slovénie, a dit que la Slovénie allait, dès le

6 mois de septembre, envoyer un ultimatum aux autorités fédérales car 60%

7 des conscrits devaient faire leur service militaire en Slovénie, 35% en

8 Croatie et 5% seulement dans le reste de la RSFY. Il était responsable du

9 centre d'entraînement militaire de la Défense territoriale près de

10 Ljubljana.

11 Et en septembre de cette même année, il fallait, d'après lui, que 90% des

12 conscrits demeurent en Slovénie, 10% en Croatie. Est-ce que vous vous

13 rappelez ces chiffres?

14 Réponse: Oui, en 1991.

15 Question: Oui, c'était en 1991. Est-il exact que la Slovénie devait

16 arrêter de verser sa contribution au budget fédéral et que tous les

17 officiers slovènes ont décidé de quitter la JNA afin que l'armée slovène

18 soit créée?

19 Réponse: C'est exact.

20 Question: Est-il exact que ceci a été coordonné avec la direction de la

21 Croatie?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Est-il exact qu'à cette époque-là il a été décidé que tous les

24 pouvoirs au niveau fédéral devraient être modifiés, notamment au niveau de

25 la défense, et que tout devait être placé sous un pouvoir différent, à

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1 savoir donc purge du personnel et des secrétaires, également au sein de la

2 Défense territoriale, au sein du ministère de l'Intérieur et dans tous les

3 bureaux de ces ministères où il y avait des Croates et des Slovènes? Ceci

4 est-il exact?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Est-il exact qu'en 1990 en Croatie -donc je dis bien en 1990, à

7 la mi-1990, des formations de volontaires ont été créées en grand nombre

8 pour remplacer la Défense territoriale qui, elle, était multiethnique, et

9 donc qu'à la mi-1990 ceci a été la base de la création de l'union de la

10 Garde nationale?

11 Réponse: Moi, je connais des éléments datant de la mi-juillet 1990,

12 lorsque des formations de volontaires ont été créées répondant au nom de

13 Gardes croates.

14 Question: Donc à la mi-1990?

15 Réponse: A la mi-juillet 1990.

16 Question: D'accord. Nous n'allons pas ergoter sur quinze jours.

17 Est-il exact qu'à la mi-juin 1990 -donc maintenant, je vous parle de la

18 mi-juin 1990-, une campagne a été lancée en Croatie pour remplacer à leur

19 poste les cadres de la Défense territoriale? Près de 60% des cadres ont

20 été remplacés à leur poste dans le cadre de cette campagne.

21 Le 25 juin 1990, Spegelj a envoyé une dépêche à tous les membres de la

22 Défense territoriale pour traiter de ces remplacements de personnes au

23 sein de la Défense territoriale. Et donc, dans cette dépêche, il fait état

24 de la purge des cadres de la Défense territoriale et demande qu'il y ait

25 coordination avec les autorités municipales; parce qu'à l'époque, il y

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1 avait une certaine résistance à cette politique.

2 Réponse: Je suis au courant de ce télégramme. Je ne sais pas exactement si

3 c'était le mois et le jour que vous avez cités, mais je suis au courant du

4 fait que le général Spegelj a pris son poste à un certain moment, et que

5 le ministère de la Défense de Croatie a subi des purges importantes, avec

6 licenciements immédiats de 20 personnes qui étaient d'appartenance

7 ethnique serbe. Mais je ne sais pas si c'est exactement ce mois-là.

8 Question: Est-il exact que, par le biais du HDZ et de l'Eglise catholique,

9 ces unités de volontaires ont bénéficié, ont reçu un grand nombre de

10 nouveaux conscrits?

11 Réponse: Je sais que des dispositions ont été prises pour les unités de

12 volontaires. Je ne sais pas si c'est l'Eglise catholique ou les comités

13 locaux du HDZ qui vérifiaient les effectifs et recommandaient des noms. Je

14 ne sais pas si le recrutement a effectivement été fait de cette façon,

15 mais l'Eglise catholique a eu une participation.

16 Question: La Croatie, à l'époque, considérait déjà que l'Herzégovine

17 occidentale faisait partie de son territoire. Donc est-il exact que 200

18 personnes ont été reçues, originaires de cette région?

19 Réponse: Nous avons reçu ce genre d'information.

20 Question: Donc c'est exact?

21 Réponse: Oui, c'est exact.

22 Question: Est-il exact que, parmi les personnes qui ont été condamnées à

23 des peines de nombreuses années de prison pour différents délits, ainsi

24 que des hommes qui n'avaient pas fait leur service militaire, ont été

25 recrutées de cette façon-là, ainsi que des gens qui à Lucka, Zagreb, à

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1 Rakic et ailleurs, avaient refusé de se présenter au service militaire…

2 donc toutes ces personnes -criminels, sorties de prison ou poursuivies-

3 ont été recrutées?

4 Réponse: Non, cela ne s'est pas passé exactement comme ça.

5 Question: Dites-moi comment cela s'est passé?

6 Réponse: Il s'agit d'une prison qui se trouve près de Pula, et pas à

7 l'endroit que vous avez cité. Quant aux autres lieux que vous avez

8 mentionnés, il ne s'agit pas de prisons mais de camps d'entraînement, de

9 camps créés pour loger les unités que vous avez citées.

10 A Lucka, c'était une base du MUP, ce n'était pas une prison. Mais ce qui

11 est exact c'est qu'à Valbadon, près de Pula, il y avait effectivement une

12 prison, donc sur la côte.

13 Question: Bon, il y a peut-être une erreur de dénomination. Mais est-il

14 exact que des hommes condamnés pour délits, donc des criminels, et autres

15 du même genre, ont été recrutés? Je parle du concept.

16 Réponse: C'est exact. De même que, dans certaines formations

17 paramilitaires en Serbie, on trouvait des criminels aussi.

18 Question: Je me rends bien compte du besoin que vous éprouvez d'expliquer

19 immédiatement qu'une chose similaire existait en Serbie. Cela existe sans

20 doute également en France et en Angleterre mais, pour l'instant, je vous

21 interroge au sujet de la Croatie.

22 Réponse: C'est exact.

23 Question: Est-il exact que, pour être très précis, le 27 juillet 1990, un

24 concours a été organisé pour intégration de ce qu'ils appelaient du

25 "personnel simple" au sein du MUP, avec quelques conditions: il fallait

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1 que les candidats soient irréprochables sur le plan moral et politique,

2 etc. Donc ces hommes ont été transformés en membres de la Garde nationale

3 par la suite et stationnés dans un centre scolaire de Zagreb. Etes-vous au

4 courant de cela?

5 Réponse: Oui, mais de façon un peu différente. La situation n'est pas

6 exactement celle-ci. Donc des éléments ont paru dans la presse de Belgrade

7 au sujet de la création d'une Garde nationale en Croatie.

8 Cela a été la première étape; je crois que cela a eu lieu le 25 juillet

9 1990. Et puis ensuite, cela a provoqué une réaction. Et le MUP, qui avait

10 admis un certain nombre d'hommes au sein de formation illégale de

11 volontaires, a décidé de les régulariser à l'aide de ce concours. Ce

12 concours impliquait d'être irréprochable sur le plan moral et politique,

13 impliquait des vérifications; ceci a été publié en Croatie, mais également

14 partout ailleurs. Et une des conditions, c'était d'avoir fait son service

15 militaire.

16 Par le biais de ce concours, ils ont essayé en fait de légaliser quelque

17 chose qui avait été fait précédemment de façon illégale; donc c'est une

18 correction que je voulais apporter. et puis le centre scolaire en question

19 n'hébergeait pas uniquement ces hommes-là qui étaient logés également dans

20 les endroits que vous avez évoqués comme étant des prisons et qui

21 n'étaient pas en fait des prisons.

22 Question: Bon, dans plusieurs centres?

23 Réponse: Oui, dans plusieurs centres.

24 Question: Mais ce que la presse a publié à Belgrade au sujet de la

25 création de formation illégale, était exact, n'est-ce pas?

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1 Réponse: Exact.

2 Question: Et puis, ils ont vu que tout ce qui avait été rendu public et

3 publié donc dans la presse a provoqué des mesures prises à la hâte pour

4 légaliser une situation qui n'était pas entièrement légale, n'est-ce pas?

5 Réponse: Exact.

6 Question: Est-il exact que ces formations possédaient déjà à l'époque des

7 armes automatiques?

8 Réponse: De quelle période parlez-vous?

9 Question: Je parle de la mi-1990, le mois de juillet. Si vous préférez:

10 juillet 1990.

11 Réponse: Je sais ce qui s'est passé à partir de fin septembre, début

12 octobre. Ça, je sais qu'à ce moment-là, ces formations possédaient des

13 armes automatiques. Quel était leur armement dans la période antérieure,

14 je ne sais pas, mais en tout cas, à partir de la fin du mois de septembre

15 du début du mois d'octobre, des armes sont arrivées de Hongrie et ces

16 formations ont donc été armées. Quel était leur armement antérieur, je ne

17 sais pas.

18 Question: Est-il exact qu'à ce moment-là déjà, la Défense territoriale de

19 Croatie était sélectionnée sur base nationale? Déjà à ce moment-là, donc à

20 la mi-1990?

21 Réponse: La Défense territoriale non. En tout cas, pas le QG de la

22 République de la Défense territoriale, mais les secrétariats à la défense

23 nationale qui relevaient du ministère de la Défense, en leur sein une

24 purge importante a eu lieu au niveau des cadres. Maintenant, est-ce que

25 dans un QG municipal de la Défense territoriale, ici ou là, il y a eu des

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1 purges, ça je ne saurais pas vous le dire. Les secrétariats à la Défense

2 nationale, oui, ils ont subi une purge.

3 Question: Est-il exact qu'à partir de juin 1990, la Croatie a œuvré à la

4 création de sa propre armée avec beaucoup d'énergie, et qu'un entraînement

5 de ces formations a eu lieu, notamment sur un certain nombre de champs de

6 tir?

7 Réponse: Leur entraînement a commencé, si je ne m'abuse, par des exercices

8 de tir. Et il était dit qu'il s'agissait d'hommes de la police, alors qu'à

9 ma connaissance, la formation des policiers se fait d'abord par des

10 classes, et ensuite par des exercices pratiques. Dans le cas qui nous

11 intéresse, les choses se sont passées à l'inverse, ça c'est exact.

12 Question: Est-il exact, mon Général, qu'en août 1990, Vladimir Seks, Ivan

13 Vekic, Branimir Glavas… Connaissez-vous ces trois noms? Il s'agit de hauts

14 fonctionnaires du HDZ, n'est-ce pas?

15 Réponse: Oui.

16 Question: …de ce nouveau gouvernement croate. Est-il exact qu'au mois

17 d'août 1990, ces hommes ont décidé de former des unités armées, des

18 départements armés sur le territoire de Sremska Baranja et décidé de créer

19 des groupes chargés d'exécuter des liquidations discrètes?

20 Réponse: Ce que je sais personnellement, c'est quelle était la situation

21 de Glavas, secrétaire à la Défense nationale à Osijek. Je sais qu'il a

22 distribué une centaine de fusils au Groupe de Mercep, ainsi que 300 kilos

23 d'explosifs. Je sais également ce que sait toute la Yougoslavie,

24 puisqu'une émission a été vue la télévision; je sais que Glavas… ou plutôt

25 non, Mercep avait un groupe d'hommes qui exécutaient des liquidations

Page 16125

1 discrètes, et qu'après l'émission de télévision en question, l'homme qui a

2 parlé de tout cela a été tué, Zvonko Ostovic.

3 Question: Oui, j'ai parlé du fait qu'après cette émission de télévision

4 cet homme a été tué. J'avais déjà dit que ce témoin serait très utile.

5 Mon Général, les cibles de ce groupe chargé de liquidations discrètes

6 étaient avant tout, n'est-ce pas, des dirigeants serbes et communistes,

7 c'est bien cela?

8 (Signe affirmatif de la tête du témoin.)

9 Puisque vous dites que vous savez ce qu'il en est de Glavas, est-il exact

10 qu'il avait lui-même un groupe de ce genre composé de 17 membres dont tous

11 ont été identifiés, et que Mercep avait, lui, un autre groupe dans lequel

12 4 membres seulement ont été identifiés comme membres du groupe de Glavas,

13 et -selon les informations dont je dispose- ces groupes ont reçu 1.000

14 fusils et 300 kilos d'explosifs?

15 Réponse: Non pas 1.000 fusils, mais 100 fusils, selon nos informations.

16 Question: Et combien d'explosifs?

17 Réponse: Le chiffre était exact, 300 kilos. Vous disposez sans doute de

18 certains détails, je dirai, que pour l'essentiel, ils sont sans doute

19 exacts. Je ne sais pas s'il y avait 17 hommes chez Glavas ou chez Mercep,

20 mais le chiffre me semble conforme à la réalité.

21 Question: A cette époque-là, à la mi-1990 quand les groupes ont été créés,

22 quand ces liquidations discrètes ont commencé, quand la terreur a commencé

23 à se répandre, tout était tranquille en Yougoslavie, il n'y avait aucun

24 affrontement. Est-ce qu'à cette époque-là, les Serbes persécutaient ou

25 nuisaient à qui que ce soit?

Page 16126

1 Réponse: Si vous parlez de cette période, donc jusqu'à la mi-1990, je ne

2 suis pas au courant d'excès de ce genre.

3 Question: Est-il exact également qu'un groupe de terroristes croates a été

4 créé à ce moment-là, la "Hrvatska Uzdanica", 40 de ses hommes étant à

5 Osijek sous le commandement de Damir Horvat? Eeci est-il exact?

6 Réponse: Oui, c'est ce que Damir a déclaré aux organes de sécurité.

7 Question: Est-il exact qu'au cours de l'été 1990, donc à l'époque où la

8 paix régnait, des provocations massives ont commencé, des attaques ont eu

9 lieu contre la JNA, des pressions ont été exercées sur elle, sur ses

10 membres et sur les familles des officiers de la JNA?

11 Réponse: Ces pressions se sont accrues avec le temps. Mais à peu près à

12 partir du mois d'août ou septembre 1990, des provocations effectives ont

13 été constatées et enregistrées, avec y compris des privations de liberté.

14 Je me souviens de cela, j'ai d'ailleurs soumis ces renseignements

15 lorsqu'on m'a interrogé. Donc je me souviens notamment d'une chose: à

16 partir de 1988 et jusqu'à la fin 1991 nous avons enregistré en

17 Yougoslavie, dans l'ensemble, 459 attaques sur des membres de la JNA, dont

18 200 se sont produites en 1991; et sur ces 200, 106 agressions de ce type

19 ont eu lieu en Croatie. Ce sont les chiffres correspondants à 1991, si

20 vous voulez des détails.

21 Maintenant, quand cela a commencé? Je pense que c'est à partir du mois

22 d'août, et ensuite en septembre et par la suite que tout cela a commencé.

23 Question: 1990?

24 Réponse: Oui.

25 M. Milosevic (interprétation): Fort bien.

Page 16127

1 M. le Président (interprétation): Est-ce un moment opportun pour la

2 suspension?

3 20 minutes de suspension.

4 (L'audience, suspendue à 10 heures 32, est reprise à 10 heures 55.)

5 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, poursuivez.

6 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, avant de poursuivre, étant

7 donné qu'aujourd'hui nous sommes vendredi et qu'on approche du milieu de

8 la journée, je voudrais avoir la liste des témoins pour la semaine

9 prochaine. Veuillez la leur demander parce qu'il est vraiment temps que je

10 l'obtienne.

11 M. Nice (interprétation): On est en train de faire des copies de cette

12 liste écrite. La liste, avec ces noms, devrait être en train d'être

13 copiée. Et je pense qu'il en avait été informé auparavant pour ce qui est

14 des listes précédentes.

15 M. le Président (interprétation): Oui, fort bien.

16 M. Milosevic (interprétation): Général, est-il vrai que le 22 août 1990,

17 dès 1990 par conséquent, à Velikovac, il y avait eu une patrouille du MUP

18 de Croatie qui avait intercepté un véhicule en mission, mission régulière

19 de temps de paix, et que ce véhicule avait été perquisitionnée, que ces

20 hommes avaient maltraité les soldats, les officiers, leur avaient

21 confisqué leurs armes, et ainsi de suite?

22 M. Vasiljevic (interprétation): Vous avez une date précise, un événement

23 précis, comme je peux le constater. Ce que je sais, je le sais sur la base

24 des informations dont j'ai déjà parlé, à savoir les attaques qui ont

25 commencé aux alentours du mois d'août et de septembre.

Page 16128

1 Quant à cet incident précis, je ne m'en souviens pas pour le moment, sur

2 le coup. Mais, je le répète, j'ai précisé que les attaques avaient

3 commencé à partir du mois d'août. Etait-ce là le premier incident ou le

4 second incident? Je ne peux pas vous le dire.

5 Question: Est-ce que, par hasard, vous vous souvenez d'un autre événement,

6 incident qui s'est produit les 19 et 20 septembre 1990? Cela s'est produit

7 vers 22 heures au moment où le MUP a attaqué un véhicule de l'armée,

8 maltraité les officiers, les a placés en détention dans le bâtiment du

9 MUP. Est-ce que vous vous en souvenez, parce que je suppose que vous, vous

10 avez dû recevoir des rapports à ce propos, vu les fonctions officielles

11 que vous occupiez?

12 Réponse: Oui, je sais ce qui s'est passé. Cela ne s'est pas passé à Racici

13 mais à Rakici.

14 Question: Moi, j'ai dit Rakici, me semble-t-il.

15 Réponse; Mais cela a été traduit par Racici. Quoi qu'il en soit, je suis

16 au courant de cette chose-là. Et ce qui est certain, c'est que cela

17 impliquait deux officiers qui rentraient chez eux de l'aéroport. Ils

18 suivaient un camion qui ne portait pas les emblèmes du MUP, indiquant donc

19 quelle était l'origine de ce camion. Avant que le camion ne tourne vers

20 Rakici où était basé le MUP, ces deux officiers ont été interceptés,

21 attaqués. Ils ont été placés en détention au MUP parce qu'on les

22 soupçonnait d'avoir suivi le véhicule. Boljkovac est intervenu pour

23 obtenir leur libération, libération qui était assortie d'excuses.

24 Question: Est-il exact que le 2 décembre 1990 dans le village de

25 Mikanovci, près de Vinkovci -c'est un village qui a une population à

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1 majorité serbe-, on a essayé de liquider des soldats et des officiers de

2 la JNA en plaçant un barrage clouté sur la route afin de détruire ou de

3 mettre hors service les véhicules qui passaient, qu'ils se renversent et

4 que les personnes qui les occupaient soient blessées ou tuées? Vous

5 souvenez-vous de cet incident-là?

6 Réponse: Je ne me souviens pas du nom du village.

7 Question: Cela s'est passé au mois de décembre 1990, dans le village de

8 Mikanovci, près de Vinkovci?

9 Réponse: Moi, je connais Vinkovci. Et d'après mon rapport, ceci s'est

10 passé à proximité de Vinkovci, non loin de la caserne; je ne me souvenais

11 pas du nom du village mais bien de l'incident en question effectivement.

12 Question: Mais l'incident s'est-il produit comme je l'ai décrit?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Mi-juillet ou le 17 juillet 1990, donc c'était encore plus tôt,

15 les organes de sécurité de la JNA avaient découvert qu'on parlait

16 d'établir des groupes illégaux du ZNG ou du rassemblement de la Garde

17 nationale. Ceux-ci étaient considérés comme des organisations classées

18 secrètes. Et la sûreté de l'Etat de la Croatie a eu une participation

19 active à ce propos.

20 Réponse: J'ai déjà répondu à cela. J'ai dit que ceci était à mettre en

21 rapport avec le fait qu'il y avait des annonces de vacances de postes sur

22 concours.

23 Question: Est-il exact de dire que les services de sécurité, sur

24 initiative de la Présidence de la RSFY, avaient découvert des documents

25 sur le territoire de la Croatie à propos de ces forces paramilitaires qui

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1 se préparaient à engager des actions et que ces paramilitaires avaient été

2 désarmés en Croatie?

3 Réponse: Ce n'était pas sur une mission donnée par la Présidence de la

4 RSFY mais par le secrétariat à la Défense nationale.

5 Question: Pour moi, cela ne fait pas une grosse différence, vous savez!

6 Réponse: Mais la différence, elle existe; elle réside dans le fait que la

7 présidence de l'Etat comptait des membres venant des différentes

8 Républiques qui se livraient précisément à ces activités secrètes. Par

9 conséquent, la Présidence n'était pas informée.

10 Question: Vous souvenez-vous que le 20 août 1990 Branislav Petricevic,

11 secrétaire de la Défense à Sinj à partir d'un contingent d'armes

12 appartenant à la Défense territoriale, a en fait acheté ces armes d'une

13 entreprise de sport à Split et a distribué ces armes aux membres du HDZ,

14 notamment dans le village d'Otok. Ces armes ont été distribuées, et puis

15 ce sont les prêtres de la localité qui s'en sont servis. Je parle ici du

16 20 août 1990, vous souvenez-vous de cela?

17 Réponse: Je ne me souviens pas de la date précise, mais je pense

18 qu'effectivement c'est à ce moment-là que cela s'est passé, c'est exact.

19 Cependant, auparavant, à Knin des gardes locales avaient été organisées.

20 Les Serbes avaient organisé des patrouilles locales, car deux jours

21 auparavant on avait tenté de désarmer le poste de police à Obrovac et à

22 Benkovac. Ce sont les forces spéciales de la police du MUP de Zagreb qui

23 s'en étaient chargées.

24 Question: Alors, pourquoi les forces spéciales du MUP de Zagreb se sont-

25 elles mises à désarmer les effectifs de police, les forces de l'ordre

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1 régulières à Obrovac et Benkovac?

2 Réponse: C'est sans doute parce que ceci faisait partie du plan qui

3 existait en Croatie, cela fait partie de ce plan. Et d'ailleurs, cela n'a

4 pas été le seul poste de police ou les seuls postes de police où ceci a

5 été réalisé. Ils ont sans doute estimé que c'était pour des raisons de

6 sécurité. Ils se sont dits que ces armes pourraient, sinon, être

7 distribuées aux Serbes.

8 Cependant, puisque vous venez de parler de la façon dont on s'est procuré

9 ces armes en passant par l'intermédiaire de cette organisation de travail

10 sportif à Split, les Serbes, eux aussi, ont reçu des armes à travers une

11 société s'occupant de sport à Belgrade.

12 Question: Oui, mais elle était installée à Belgrade, alors qu'ici

13 c'étaient des succursales, des magasins, des commerces. Je sais qu'à Knin

14 aussi il y avait un de ces magasins, un de ces points de vente, et il

15 s'agissait de vendre des armes notamment pour la chasse, de façon légale.

16 C'est bien exact?

17 Réponse: Il n'était pas possible de tenir ces armes sans port d'arme en

18 bonne et due forme.

19 Question: Moi, je vous parle d'un armement illégal et illicite.

20 M. Vasiljevic (interprétation): Les modalités de tout cela, les quantités

21 d'armes dont il s'est agi étaient effectivement illégales.

22 M. Milosevic (interprétation): Est-il vrai que deux jours auparavant, et

23 là je vous pose une question à propos du 20 août, donc deux jours

24 auparavant, à savoir le 18 août...

25 M. le Président (interprétation): Un instant, s'il vous plaît. Un instant,

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1 s'il vous plaît. Nous devons régler un problème technique.

2 M. Milosevic (interprétation): Est-ce que je peux continuer?

3 M. le Président (interprétation): Est-ce que tout marche maintenant?

4 Oui, allez-y.

5 M. Milosevic (interprétation): Le 18 août 1990, le Président du conseil

6 exécutif de l'assemblée municipale de Split, Goran Pavlov, oeuvrait à la

7 formation d'unité paramilitaire composée de cadres dignes de foi du HDZ.

8 Ils étaient plus de 400 hommes, et on les appelait "gardes" ou "membres

9 croates de la Garde nationale". Et, d'après les informations dont je sais

10 qu'elles étaient à votre disposition, cet homme disposait d'une liste des

11 officiers de la JNA à Split et des garnisons environnantes qui devaient

12 être liquidées.

13 L'unité, chargée de ces liquidations secrètes ou discrètes, avait à sa

14 tête Marko Dzaja. C'était un membre du HDZ, c'était un restaurateur, est-

15 ce exact?

16 Réponse: Je ne connais pas la date exacte, mais cette information est

17 exacte effectivement.

18 Question: Est-il vrai de dire que dans la mi-août 1990 dans la zone de

19 Kastela, près de Split, de nouveau une unité de volontaires a été

20 constituée par le HDZ local? Son commandant était le secrétaire à la

21 Défense nationale de Kastela, Kresimir Vuljak qui a distribué 20 fusils

22 automatiques et plusieurs centaines de pistolets?

23 M. Vasiljevic (interprétation): C'est exact.

24 M. Milosevic (interprétation): Est-il exact qu'au début du mois d'octobre

25 1990, des activités ont débuté qui avaient pour objectif d'armer, de façon

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1 intensive et illégale, la Croatie à partir de l'étranger; et plus

2 précisément, à partir de la Hongrie, de l'Autriche, en collaboration avec

3 la Slovénie, à partir de la Bulgarie, des ports de Bulgas et de Varna, à

4 partir des vaisseaux "Lipa" et "Karolina", à partir d'avions? Et on a

5 établi à l'époque, qu'à deux reprises, des équipements électroniques ont

6 été importés, ainsi que plusieurs pistolets uniquement à partir de la

7 Tchécoslovaquie, pistolets de marque "Zbrojovka"?

8 M. le Président (interprétation): Cernons les problèmes. Première

9 suggestion qui vous a été faite, début octobre, il y a eu des activités

10 tendant à assurer l'armement illégal -a-t-on dit- de la Croatie à partir

11 de l'étranger, et qu'apparemment, là, plusieurs pays étaient impliqués.

12 Répondez à la première question. Est-ce qu'il y a eu de telles activités,

13 à votre connaissance ou pas?

14 M. Vasiljevic (interprétation): Oui. Oui, ce fut le cas. Mais les

15 préparatifs préalables sont intervenus avant le mois d'octobre. Déjà… dès

16 le mois d'août déjà, ces préparatifs étaient en cours et le premier

17 contingent important d'armes a été découvert au cours de la période allant

18 du 10 au 11 octobre 1990. Des dates ont été données, elles sont exactes en

19 ce qui concerne les bateaux "Lipa" et "Karolina", mais ceci cela s'est

20 passé en janvier 1991.

21 M. Milosevic (interprétation): Est-il également vrai qu'à partir de la

22 seule Tchécoslovaquie, plusieurs milliers de pistolets "Zbrojovka" ont été

23 importés? Et puis, s'il y a eu un transport en provenance de l'Ouganda

24 -vous connaissez ce nom de Kikas, n'est-ce pas?

25 Réponse: On a importé 5.000 pistolets en deux livraisons, en passant par

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1 l'aéroport de Zagreb, et l'avion de Kikas est arrivé au cours du mois de

2 juillet ou d'août 1990?

3 Question: Et qu'y avait-il dans cet avion?

4 Réponse: Eh bien, il y avait comme cargaison, si je me souviens bien, 620

5 fusils automatiques de marque "Sar", de grosses quantités d'explosifs et

6 d'autres matériels.

7 Question: Est-il exact qu'au cours de cette période la JNA, ou plus

8 exactement vos organes ont découvert, en tout, neuf filières différentes

9 d'armement illégal de la Croatie, de la Slovénie, de la Bosnie-Herzégovine

10 et du Kosovo et Metohija? D'après les informations dont je dispose, il y

11 avait six filières pour la Croatie, une pour la Slovénie, une pour la

12 Bosnie et une pour le Kosovo et Metohija. Est-ce exact?

13 M. Vasiljevic (interprétation): Oui, c'est exact.

14 M. Milosevic (interprétation): Est-il exact de dire que, dès cette époque-

15 là, les séparatistes du Kosovo et Metohija étaient en train d'être armés

16 de façon intensive via la Croatie et la Slovénie, et que si l'on pense au

17 centre de la Défense territoriale de Slovénie, il y avait des membres des

18 groupes terroristes de l'UCK qui étaient en train d'être formés dans ces

19 centres. Et pas qu'eux d'ailleurs; d'autres aussi. Et c'est à cette

20 époque-là, celui qui était alors secrétaire, Janez Cancar a joué un rôle

21 éminent, un rôle de premier plan.

22 M. le Président (interprétation): Cernons les questions. On parle d'abord

23 de la formation de l'entraînement de groupes de séparatistes du Kosovo. Il

24 est dit qu'ils ont été armés et formés en Croatie et en Slovénie. Pouvez-

25 vous nous aider sur ce point?

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1 M. Vasiljevic (interprétation): Oui. Il faut apporter quelques corrections

2 à ces éléments d'information.

3 Le service de sécurité a découvert une de ces filières, une filière

4 d'approvisionnement en armes venant de la compagnie "Kintex", compagnie

5 bulgare, et qui était dirigée vers les Albanais du Kosovo; on fournissait

6 des pistolets. A l'époque, l'UCK n'existait pas. Il existait au Kosovo des

7 organisations illégales qui disposaient de leur propre quartier général

8 qui avait été constitué sous la forme de cellules de crise illégales

9 d'ailleurs destinées à faire l'organisation militaire.

10 Il y a une partie des Albanais de Zagreb qui venait surtout de ce club

11 culturel appelé "Shkendia". En vertu d'un accord passé au préalable avec

12 les dirigeants du HDZ, ce centre culturel enrôlait des Albanais, des

13 volontaires albanais, qui vivaient sur le territoire de la Croatie. Je ne

14 sais pas s'ils sont partis en tant que groupe, en tant que tel, un groupe

15 compact, mais effectivement ces hommes ont été envoyés par certains, dont

16 je connais les noms. D'après ces renseignements, ils étaient au nombre

17 d'environ 2.000. Il y avait, parmi ces hommes, un certain nombre

18 d'officiers de la JNA à la retraite ou qui avaient été démobilisés, et qui

19 étaient d'appartenance ethnique albanaise.

20 Je ne sais pas si ces activités ont eu lieu en Slovénie. Je sais qu'il y

21 avait deux officiers, il y avait Maljoku Naim, qui a été traduit en

22 justice devant un tribunal militaire. L'autre s'appelle Ymeri Fadil; lui

23 aussi a été jugé par un tribunal militaire en 1986. Ces hommes vivaient à

24 Ljubljana. Ce que je sais, c'est que, plus tard, ils se sont retrouvés

25 dans des unités de l'UCK.

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1 M. Milosevic (interprétation): Je me suis servi de l'expression suivante,

2 j'ai dit qu'il fallait "devenir des membres des groupes du groupe

3 terroriste de l'UCK". Et vous venez d'en apporter la confirmation. Il est

4 exact de dire qu'à l'époque l'UCK, en tant que telle, n'existait pas.

5 Cependant, il s'agissait d'hommes qui, par la suite, ont resurgi et qu'on

6 a retrouvés dans le cadre des groupes terroristes de l'UCK. Est-ce exact?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Et vous en avez dit davantage: vous avez dit qu'ils étaient au

9 nombre de 2.000, je parle de ces hommes qui ont été entraînés, formés et

10 armés dans ces lieux.

11 Réponse: C'est exact.

12 Question: Et la connexion avec l'étranger est-elle très claire quand on

13 pense à l'armement de la Croatie, de la Slovénie, de la Bosnie-Herzégovine

14 et du Kosovo et Metohija? Est-ce que ceci faisait partie des préparatifs

15 destinés à assurer le démantèlement et la destruction de la Yougoslavie?

16 Réponse: Là, c'est une conclusion très sérieuse que vous tirez.

17 Tout ce que je peux dire, c'est ce que je sais de façon précise: je suis

18 au courant de l'implication des organes de l'Etat de la Hongrie pour ce

19 qui est de la fourniture d'armes en Croatie dans le courant de l'année

20 1990. Je suis également au courant de la position prise tacitement par les

21 autorités bulgares en ces jours; il avait été décidé tacitement de tolérer

22 l'exportation d'armes par l'entreprise "Kintex", de Bulgarie vers le

23 territoire de la Yougoslavie.

24 Je me souviens qu'un haut dignitaire du ministère des Affaires étrangères

25 britanniques avait mis en garde les représentants diplomatiques de la

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1 Bulgarie, à Londres, au vu des informations dont il disposait à propos de

2 ce bâtiment, le "Lipa", qui devait partir. Ce bateau est parti, en dépit

3 des commentaires apportés par le représentant des Affaires étrangères. Je

4 ne peux pas dire ici qu'il s'agissait d'une conspiration internationale

5 puisque l'Angleterre et le ministère des Affaires étrangères britanniques

6 avaient mis en garde la Bulgarie pour ce qui est de cet envoi d'armes vers

7 la Croatie disant que ceci pouvait provoquer la guerre.

8 Question: Oui, j'ai ces informations.

9 Réponse: Ici, il ne serait pas exact de dire que cela pourrait concerner

10 le monde entier mais tout l'Occident en tout cas.

11 Question: Oui, précisément. Est-il vrai qu'il a été établi qu'au cours de

12 cette période, nous parlons là du milieu de l'année 1990, 192 millions de

13 dollars ont été consacrés à l'armement illégal de la Croatie?

14 Réponse: Je ne sais pas si on a dépensé cet argent, mais toutes ces

15 filières ont été utilisées et c'est bien le montant dont ces filières

16 disposaient, des fonds illégaux.

17 Question: Vous avez des informations à ce propos?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Est-il exact de dire qu'à la fin 1990, début 1991, et

20 précisément pendant cette période où il y a armement intensif illégal par

21 les filières du MUP et du HDZ, le MUP a ouvert 18 nouveaux postes de

22 police, surtout dans des zones habitées par des Serbes, là où il y a une

23 population ethniquement mixte?

24 Réponse: Oui, effectivement on a ouvert ces postes de police. Et je crois

25 que le chiffre cité est exact.

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1 Question: Est-il exact que simultanément, ils sont entrés par infraction

2 au secrétariat des Affaires étrangères où se trouvaient des Serbes, que

3 ces Serbes ont été désarmés, que des armes ont été saisies parmi les

4 forces de réserve des Serbes et que des Serbes ont été limogés, licenciés?

5 Réponse: Je pense qu'il y a eu d'abord cela, et que ceci a été suivi par

6 la formation de ces nouveaux postes de police. Je pense que cela ne s'est

7 pas passé simultanément. D'abord, il y a eu la purge au niveau du

8 personnel effectivement, le limogeage de personnel.

9 Mais vous avez posé plusieurs questions. Je ne sais pas dans quelle mesure

10 ceci intervient dans le contexte de ma déposition.

11 M. Milosevic (interprétation): C'est dans le cadre de la déposition qui

12 porte sur les événements dont vous témoignez.

13 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Nice?

14 M. Nice (interprétation): Je me demandais quand j'allais intervenir parce

15 que beaucoup de ces questions sont en dehors du cadre de l'Acte

16 d'accusation. Plusieurs questions ont été évoquées dans le résumé, j'ai

17 déjà donné les raisons à ce propos. Mais je ne vois pas l'intérêt qui me

18 semble très limité, peut-être que ceci intervient pour placer l'accusé

19 dans un éclairage favorable mais je pense que c'est important.

20 M. le Président (interprétation): Je ne suis pas d'accord avec vous. A mon

21 avis, ce qui s'est passé en Croatie, avant ces événements qui nous

22 concernent, risque d'avoir un intérêt certain, peut être pertinent

23 puisqu'on parle de l'armement des Serbes, et peut-être que l'armement des

24 Croates est aussi important.

25 M. Nice (interprétation): A vous de juger jusqu'où on peut aller. Mais le

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1 témoin fait des observations tout à fait correctes.

2 M. le Président (interprétation): Effectivement, ceci va plus loin que ce

3 qu'il a dit dans l'interrogatoire principal, mais nous autorisons que

4 soient évoquées des questions pertinentes dans le cadre du contre-

5 interrogatoire et, à mon avis, ce sont des questions pertinentes.

6 Aidez-nous sur une chose, mon Général. Il a été dit que les Croates ont eu

7 190 millions de dollars consacrés à acheter des armes, c'est bien la

8 question qui a été posée. On a dit 193 millions. Etaient-ce des millions

9 de dollars, pourriez-vous nous aider quant à la devise?

10 M. Vasiljevic (interprétation): Je ne sais pas, il y a peut-être eu un

11 problème d'interprétation, le chiffre était 192 millions de dollars. Quant

12 à savoir si la totalité de ce montant a été consacré à cela, je ne sais

13 pas. Je sais qu'il y a eu une certaine somme qui a été payée aux Croates

14 pour ces armes, car les filières d'acheminement ont été interrompues,

15 coupées, et que cet argent est resté quelque part en Hongrie, puis qu'il a

16 été reversé à la Croatie. Et il y a un procès en cours en vue de la

17 restitution de cet argent à la Croatie.

18 M. Milosevic (interprétation): Moi, j'ai mentionné un chiffre de 192

19 millions. Peut-être qu'il y a une erreur au niveau du compte rendu et

20 qu'on a inscrit 193, mais ce n'est pas très important.

21 Est-il exact de dire que dans la Krajina de Knin d'alors, là nous sommes

22 vers le milieu de l'année 1990, un nombre important d'extrémistes armés

23 menaçaient les Serbes et ceux-ci avaient peur? Les Serbes ont commencé à

24 s'armer pour se protéger, pour protéger leur existence même?

25 M. Vasiljevic (interprétation): D'après les informations dont nous

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1 disposions à l'époque, il y a eu une utilisation incontrôlée d'armes

2 distribuées. Ces armes ont été distribuées ou plutôt le premier contingent

3 d'armes automatiques importées de Hongrie est arrivé.

4 Dans les dépôts d'armes de Mostine, près de Split, -et ces armes ont

5 ensuite été distribuées surtout dans des régions de la Krajina, autour de

6 la Krajina- ces armes ont été découvertes parce qu'elles ont été utilisées

7 de façon incontrôlée; c'est ainsi que l'on a appris qu'il y avait des

8 Croates armés.

9 Je ne pourrais pas nier non plus que les Serbes, pris de peur, ont

10 commencé à s'emparer des fusils de chasse que j'ai mentionnés. Mais je ne

11 pense pas que cela était là simplement une activité individuelle. A mon

12 avis, c'étaient des activités organisées, c'est-à-dire que l'on essayait

13 de s'organiser en vue de la défense en cas d'attaque. Et je le répète: je

14 n'affirme pas que nous disposions de toutes les informations disponibles,

15 mais à l'époque, nous suivions dans quelle mesure les Serbes s'armaient;

16 et d'après ces informations, il y avait effectivement 1.300 armes. Mais il

17 est vrai qu'il faut ajouter que ces armes ont été restituées après que la

18 Présidence a délivré un ordre, le 9 janvier 1991, que les Serbes ont

19 restitué la plupart de ces armes et ont démantelé les barrages.

20 Puisque je parle de cette période, je me permets d'ajouter ceci. Il est

21 établi, c'est un fait établi, que les Croates eux n'ont pas rendu leurs

22 armes. Si je suis trop long, n'hésitez pas à m'interrompre.

23 Mais jusqu'au 19 janvier, qui était la date de l'ultimatum pour le

24 désarmement général en Croatie, les Croates ont restitué 147 armes dont

25 seulement 11 étaient des Kalachnikov venant de Hongrie. Le reste des

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1 armes, des fusils, c'étaient des fusils de chasse, d'apparat, des fusils

2 d'apparat.

3 M. Milosevic (interprétation): Revenons à ce que vous avez dit, vous avez

4 dit que des armes ont été acheminées à destination des extrémistes croates

5 en passant par Split, ceci sur le territoire qui entourait des localités

6 serbes, surtout autour de la Krajina.

7 Et, vous l'avez dit, cette façon irresponsable que ces armes ont été

8 utilisées -sinon, on parle d'un autre terme, "Senluk", quand les gens

9 tirent pour le plaisir, pour montrer, pour la parade-, est-ce que ceci

10 était justifié? Est-ce que la peur des Serbes était justifiée, lorsque ces

11 Serbes voyaient que les gens s'armaient tout autour d'eux, qu'ils tiraient

12 dans la région? Est-ce que s'était justifié?

13 M. le Président (interprétation): Je pense que c'est la Chambre qui va

14 devoir statuer sur ce point, qui devra déterminer si les gens agissaient

15 en situation de légitime défense ou pas. Il ne revient pas au témoin de se

16 prononcer sur ce point.

17 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, c'est ce témoin qui doit dire

18 ce qui est intervenu en premier lieu. Est-ce que c'est d'abord l'armement

19 qui est intervenu?

20 M. le Président (interprétation): Oui, mais les conclusions éventuellement

21 à tirer, seront tirées par les Juges, pas par le témoin.

22 M. Milosevic (interprétation): Bon. Général, est-ce bien ce qui s'est

23 passé en premier lieu, est-ce que les Croates se sont armés, ont commencé

24 à tirer pour ce "Senluk", pour le plaisir de tirer? Est-ce que c'est

25 seulement après que les Serbes ont essayé de trouver des armes? Qui a

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1 commencé?

2 M. Vasiljevic (interprétation): Difficile de vous donner une réponse

3 claire et définitive. Ce que je sais cependant, de façon sûre, c'est que

4 le premier approvisionnement organisé d'armes automatiques est arrivé pour

5 les Croates, a été distribué par les Croates à partir de ce qui venait de

6 Hongrie.

7 Si on essaie de voir la séquence dans le temps, ces armes obtenues de

8 l'organisation de travail "Sport" de Belgrade, elles sont arrivées plus

9 tard, après cette période.

10 Question: Merci beaucoup. Je veux gagner du temps. Passons à autre chose

11 puisque je voulais établir précisément ce qui vient d'être établi.

12 Savez-vous que parallèlement, simultanément, il y avait un armement

13 illégal… donc après cette importation illégale du 11 octobre en provenance

14 de la Hongrie, il y a un des premiers arrivages à Mostine, à l'entrepôt de

15 Mostine, avec des fusils automatiques MGV? Ceci s'est passé le 22 octobre.

16 Cela venait de Slovénie d'une entreprise appelée "Gorenje", et que c'est

17 un certain Dzaja qui s'est chargé de réceptionner la livraison de ces

18 armes, ainsi que du matériel de diversion et de sabotage. Vous avez des

19 renseignements à ce propos, n'est-ce pas?

20 Réponse: Je suis au courant de cette quantité de MGV venant de Maribor.

21 Cette information est exacte quand vous parlez du fait que cet homme a

22 réceptionné une partie des armes et du matériel, que c'était ce Dzaja qui

23 s'en était chargé.

24 Question: Est-il exact de dire qu'à la session de la Présidence de la RSFY

25 qui a reçu ces renseignements -je parle ici de preuve de l'armement

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1 illégal de Croatie, ces informations venaient de votre service ou plutôt

2 du secrétariat fédéral à la Défense nationale- eh bien, cette session n'a

3 pas eu lieu car Vasil Tupurkovski était absent. Cependant, Mesic a emporté

4 ces renseignements en Croatie, et il y a eu un certain choc parmi eux pour

5 savoir que ces armes arrivaient en Croatie?

6 Réponse: C'est chose notoire. Cependant, il s'agit d'une situation où le

7 Président de la présidence était le Président Borislav Jovic en ce temps-

8 là. Etant donné que l'information était de caractère sélectif et n'a pas

9 été distribuée aux membres de la Présidence avant la session de la

10 Présidence mais au moment de la session, M. Jovic a communiqué cette

11 information aux autres membres de la Présidence et la question ou le point

12 à l'ordre du jour n'a pas été débattu. On a fixé une autre session pour le

13 9 janvier seulement. Les conséquences pouvaient être catastrophiques, car

14 l'homme qui avait travaillé dans cette filière, ou à la découverte de

15 cette filière, était déjà mis en péril.

16 La deuxième partie intéressante du récit, c'est lorsque l'information a

17 été communiquée. Et ils se sont procurés cette information par le biais de

18 M. Mesic, qui est immédiatement parti à Zagreb. Ils ont essayé de retirer

19 les armes distribuées suivant les filières du HDZ, mais personne ne

20 voulait restituer les armes obtenues.

21 Au niveau de la direction de la sécurité, nous avons dit qu'il s'agissait

22 là de manoeuvres faites pour ce qui est de ces armes. Parce qu'ils ont

23 imprimé plus de 50.000 cartes d'identité de membres du MUP de réserve, et

24 ils ont distribué ces cartes d'identité aux membres du HDZ pour justifier

25 le fait d'avoir distribué ces armes ou le fait que ces gens-là aient des

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1 armes sur eux ou chez eux.

2 Je dois dire que le MUP fédéral a procédé par la suite à des contrôles et

3 à des inspections pour constater toute une série d'irrégularités, et le

4 secrétaire fédéral à l'intérieur a été informé de la chose, M. Gracanin,

5 mais ce type de renseignements n'a pas été communiqué vers l'opinion

6 publique.

7 Question: Par conséquent, la séquelle de la découverte en question, de la

8 divulgation des renseignements concernant ces filières illégales a été la

9 chose qui a engendré l'impression de 50.000, 54.000 cartes d'identité de

10 membres de la police de réserve en Croatie? Est-ce exact?

11 Réponse: Moi, j'ai dit 50.000 mais il se peut qu'il y ait eu 54.000 en

12 effet.

13 Question: C'était donc une modalité par laquelle on faisait en sorte de ne

14 pas restituer les armes, mais les garder?

15 Réponse: Il n'y a pas que cela, c'était aussi une modalité pour dissimuler

16 le fait que par la ligne du HDZ l'on établissait une para-armée.

17 Question: Donc c'est indéniable que l'on avait établi des unités

18 paramilitaires au niveau du HDZ?

19 Réponse: C'est exact.

20 Question: N'est-il pas exact de dire alors que la présidence a pris une

21 décision qui est celle de désarmer toutes les formations paramilitaires,

22 et les unités paramilitaires ont restitué quelque 150 armes et 11

23 kalachnikovs?

24 Réponse: J'ai dit: 147 fusils.

25 Question: Bien, 147. Et le tout, c'étaient de vieilles armes qui ne

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1 pouvaient plus servir à rien, si l'on excepte les 11 kalachnikovs?

2 Réponse: C'est cela. Et M. Mesic a demandé à la présidence de prolonger,

3 de proroger le délai de restitution des armes pour 48 heures, cela s'est

4 fait le 19 janvier.

5 Et le même soir, on a obtenu un renseignement, vérifié, tout à fait

6 documenté, qui a été commenté à la télévision, disant que le ministre

7 Spegelj a pris la décision de pas restituer ces armes-là mais que tous les

8 effectifs devaient être placés à un niveau d'alerte et qu'il convenait de

9 mettre sur pied des sièges des casernes. Et je le sais concrètement parce

10 qu'il s'agissait de la caserne de Virovitica, qui a été d'abord placée

11 sous état de siège. Les soldats qui ont essayé d'aller à Zagreb pour des

12 visites médicales se sont fait arrêter au niveau de ces points de

13 contrôle.

14 Il y a eu un apaisement des tensions à l'intervention de la Présidence et

15 des organes fédéraux, parce que l'armée, suite à cela, s'est également

16 placée en état d'alerte; c'est ce que je sais en dire.

17 Question: Donc cette montée des tensions constitue la conséquence

18 exclusive de la non-exécution des décisions de la présidence, la

19 conservation des armes qui devaient être restituées, n'est-ce pas?

20 Réponse: Je ne peux pas tirer de conclusion. Je suis ici pour présenter

21 les faits.

22 Question: Certes!

23 Vous avez dit également que les Serbes qui s'étaient acheté des fusils de

24 chasse et des pistolets par le biais de l'entreprise "Sport" et ont

25 restitué ces armes, n'est-ce pas?

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1 Réponse: J'ai dit qu'ils ont partiellement restitué ces armes. Cependant,

2 les Serbes disposaient d'une partie d'armes automatiques parce que M.

3 Martic déjà dès le 18, je pense, voire le 19 août de l'année 1990, après

4 la tentative d'irruption du MUP au poste de police d'Obrovac et de

5 Benkovac, a distribué les armes destinées aux forces de réserve du MUP, à

6 ces effectifs de la réserve et à certaines autres personnes qui s'étaient

7 présentées là-bas en tant que volontaires. D'après ce que j'en sais, il

8 s'agissait d'une centaine d'armes automatiques et de fusils-mitrailleurs

9 -je ne sais pas au juste- mais donc eux aussi disposaient d'une quantité

10 d'armes automatiques.

11 Question: Certes! Mais lorsque la Présidence a donné l'ordre de désarmer

12 tout un chacun, eux, ils se sont désarmés.

13 Réponse: Je sais que les armes de chasse n'ont pas été restituées et que

14 les armes de chasse n'ont pas été restituées dans leur totalité.

15 Question: Mais moi, je n'ai pas posé la question pour les armes de chasse!

16 Vous souvenez-vous de la demande formulée par Mesic pour ce qui est de

17 prolonger de deux jours le délai de restitution des armes parce qu'on les

18 avait prévenus que l'armée allait intervenir pour la non-exécution de la

19 décision de cette Présidence? Serait-il exact de dire qu'à la place du

20 désarmement ou de la restitution des armes, il y a eu mobilisation?

21 Réponse: Je l'ai dit également.

22 Question: Donc c'est exact?

23 Réponse: C'est exact.

24 Question: Est-il exact de dire que les Serbes étaient persuadés,

25 puisqu'ils avaient restitué leurs armes, que les Croates aussi allaient

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1 restituer leurs armes, et qu'on allait se conformer à la décision prise

2 par la Présidence?

3 Réponse: Je ne sais pas de quoi ils étaient persuadés ou quelles étaient

4 leurs convictions, mais ce que je sais, c'est qu'ils s'étaient conformés à

5 cet ordre-là.

6 Question: Serait-il exact de dire qu'à ce moment-là, partant de ce que

7 l'on savait et partant des contrôles effectués dans la Krajina de Knin, il

8 n'y avait que très peu d'armes, une centaine de fusils et trois

9 mitrailleuses qui ont été restituées? Et les Serbes, croyant que les

10 autres allaient restituer leurs armes, ont restitué les leurs?

11 Réponse: Moi, j'ai parlé des armes automatiques qui ont été prises au

12 poste de police et elles ont été restituées, ces armes-là.

13 M. Milosevic (interprétation): Certes. On peut constituer que, suite à

14 l'ordre de la Présidence, les Serbes ont restitué leurs armes. En fonction

15 du plan Vance, les Serbes ont restitué les armes. Donc, à deux reprises,

16 les Serbes ont restitué leurs armes. Et c'est seulement, comme l'a dit

17 Kirudja, après l'attaque de Maslenica en janvier, qu'ils ont repris les

18 armes parce que la Forpronu ne les a pas protégés. Donc c'est à deux

19 reprises qu'ils ont restitué les armes. C'est ce que vous savez, n'est-ce

20 pas?

21 M. le Président (interprétation): Ce témoin ne sait pas ce qu'ont dit

22 d'autres témoins. Inutile de lui poser des questions à ce propos.

23 M. Milosevic (interprétation): Mais savez-vous qu'ils ont restitué leurs

24 armes la deuxième fois, lorsque la Forpronu est arrivée?

25 M. Vasiljevic (interprétation): Ce que je sais, c'est que ces armes-là ont

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1 été placées sous surveillance internationale. Ces armes ont été placées

2 dans des arsenaux et sous contrôle international.

3 Pour ce qui est des autres commentaires, je ne n'en sais rien. Je vous ai

4 communiqué les renseignements dont je disposais, je ne vais pas me

5 répéter.

6 Question: Vous souvenez-vous du renseignement disant que les Serbes de la

7 Krajina vendaient, par exemple, une vache pour s'acheter un fusil parce

8 qu'ils se sentaient en péril justement?

9 Réponse: Oui, il y a eu des cas analogues. Il fallait vendre deux vaches

10 pour s'acheter un fusil.

11 Question: Serait-il exact de dire, et vous avez mentionné un navire, un

12 bâtiment "Lipa", et vous avez parlé de l'année 1990, ce bateau n'a-t-il

13 pas transporté 17 tonnes d'armes par le biais du port Varna, ces 8

14 containers d'armes qui ont été livrés de la sorte?

15 Réponse: Je me souviens du renseignement concernant les 8 containers, mais

16 je ne suis pas au courant du poids en tonnes. Je me souviens de la société

17 qui avait été chargée du transport, c'était "Zagreb-Trans".

18 Question: Et ne vous souvenez-vous pas du fait qu'on ait déclaré

19 l'ensemble comme étant du whisky et des cigarettes en direction de Krka,

20 et, d'après les listes de chargement, la cargaison était censée aller vers

21 le port de Bizerte (phon.)?

22 Réponse: Ce sont les renseignements opérationnels qui ont été ceux que

23 nous nous étions procurés.

24 Question: Et serait-il exact de dire que le Président de la Croatie à

25 l'époque, Tudjman, après la présentation du film afférent à Spegelj et à

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1 l'armement illégal, a fait une promesse ferme à l'intention de la

2 Présidence de la RSFY disant que les formations paramilitaires allaient

3 être désarmées et que les responsables allaient être punis?

4 Réponse: Je me trouvais à ce moment-là à Zagreb, et c'est ce que l'on m'a

5 transmis au niveau donc de la direction chargée de la sécurité.

6 Question: Mais on n'a pas procédé de la sorte, n'est-ce pas?

7 Réponse: Il me semble que c'est le 26 janvier qu'il a fait une déclaration

8 analogue à ce que vous venez de dire. Il a fait une déclaration à

9 l'intention du public.

10 Mais pour autant que je le sache, le jour d'après, il est allé pour

11 consultation en Autriche. Et c'est à son retour, suite à cela, qu'il a

12 changé d'avis. Il a dit que ce n'est pas le HDZ que l'on a armé, mais le

13 MUP de Croatie, et que la Croatie avait le droit de le faire et que

14 l'armée yougo n'allait pas pouvoir mettre aux arrêts des citoyens croates.

15 Et le procureur départemental de Bjelovar a entamé des poursuites contre

16 moi, parce que j'avais, de façon non autorisée, arrêté des civils en

17 Croatie; et il a même été lancé un avis de recherche à mon égard.

18 Question: Et qui Tudjman a-t-il rencontré en Autriche?

19 Réponse: Je n'arrive pas à m'en souvenir. C'était quelqu'un du sommet de

20 l'Etat autrichien.

21 Question: Serait-il exact de dire que vers cette époque-là, après la

22 promesse faite et après le changement de position, une fois qu'il a obtenu

23 des instructions en Autriche, que Zarko Domljan, haut responsable du HDZ

24 -je crois même qu'il avait été Président du Parlement pendant un certain

25 temps- à la session du comité principal du HDZ qu'ils appellent "le comité

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1 central du HDZ", qu'il a désigné, qu'il a qualifié cette tentative de

2 désarmement de la Croatie comme étant la dernière des tentatives de

3 frapper, de porter un coup à l'indépendance de la Croatie?

4 Réponse: Je me souviens, et il n'a pas été le seul à le dire après cette

5 campagne à savoir le 27 janvier, bon nombre de personnes ont répercuté la

6 même chose dans une campagne qui s'est conduite, ou alors cela s'est fait

7 dans le même esprit.

8 Question: Mais vous souvenez-vous qu'il a été question d'intensifier les

9 relations avec la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine, à

10 savoir les leaders des Albanais au Kosovo aux fins d'exercer des pressions

11 à l'égard de la Serbie, et d'exercer des pressions en vue de démanteler la

12 Yougoslavie? Vous en souvenez-vous?

13 Réponse: Cela s'est fait même avant, avant ce dont nous sommes en train de

14 parler. Je sais qu'il y a eu des contacts avec M. Rugova. Je sais aussi

15 que Spegelj a eu des contacts avec Fikret Abdic, suite à l'importation des

16 armes en provenance de Hongrie. Il lui a proposé une certaine quantité

17 d'armes pour armer les Musulmans de la région. Et à l'occasion des

18 contacts avec Rugova, il a été fait la même chose pour ce qui est du

19 Kosovo.

20 Question: Et serait-il exact de dire que le conseiller de Tudjman, Marko

21 Nobilo, après la présentation, la diffusion du film sur Spegelj le 31

22 janvier, a déclaré que la Croatie, la direction croate a réalisé qu'il n'y

23 avait pas de perspective pour la Croatie à l'intérieur de la RSFY et que

24 Tudjman avait contacté bon nombre de dirigeants occidentaux qui lui

25 avaient apporté leurs soutiens respectifs pour ce qui est de la sécession

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1 de la Croatie? Vous souvenez-vous de cela?

2 M. Vasiljevic (interprétation): Oui, il y a eu des renseignements

3 opérationnels en ce sens.

4 M. Milosevic (interprétation): Et comme c'est vous la personne la plus

5 compétente pour répondre à la question que je vais vous poser tout de

6 suite, je tiens d'abord à vous dire qu'il y a eu ici, précisément au siège

7 que vous occupez actuellement, des contestations, des contestations du

8 film de Spegelj.

9 M. le Président (interprétation): Non, je vous l'ai déjà dit, il ne sert à

10 rien de soumettre à ce témoin les dires d'autres témoins qui l'ont

11 précédé. Il ne peut parler que de ce qu'il sait dans sa propre déposition.

12 Je suis sûr que vous avez l'intention de l'inviter à apporter des

13 commentaires sur les déclarations d'autres témoins, mais cette question

14 n'a pas lieu d'être.

15 M. Milosevic (interprétation): Bien. Je vais alors lui poser la question

16 directement sur ce qu'il sait, lui, concernant le film relatif à Spegelj.

17 Ce film-là a-t-il été monté de toutes pièces, était-il falsifié, était-ce

18 là un faux? Ou alors, était-ce là un film authentique, quelque chose

19 d'exact?

20 M. Vasiljevic (interprétation): Tout ce qui a été diffusé dans ce film, et

21 là je parle de ce qui a été filmé dans le secret par les services de

22 sécurité militaire, j'affirme catégoriquement que cela est tout à fait

23 authentique.

24 Maintenant, pour ce qui est de la découverte des importations illégales

25 d'armes, il a été fait 19 heures et demie de séquences télévisées à la

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1 vidéo. Et quelques séquences seulement ont fait partie du film diffusé à

2 la télévision. Il y a eu quelque 120 heures de tournage vidéo ou audio.

3 Donc j'affirme que ce qui a été diffusé est authentique.

4 Maintenant pour ce qui est du montage, concernant les modalités de prise

5 de déclarations officielles ou publiques et leur superposition avec les

6 bouts de films filmés dans le secret que quelqu'un a désigné comme étant

7 des montages, ce ne sont pas des montages faux, ce sont des assemblages de

8 choses véridiques. C'est ce que j'en sais.

9 Et il y a eu des déclarations variées qui ont été faites en janvier 1991

10 lorsque, pour la première fois, ce film-là a été diffusé dans le public,

11 concernant Spegelj qui a, à ce moment-là, complètement nié l'authenticité

12 de quoi que ce soit, de cela.

13 Puis, un troisième homme qui a participé à cette émission, Barisic,

14 appartenant au MUP de Croatie a dit qu'à sa connaissance, les documents

15 diffusés étaient authentiques. Donc depuis la négation catégorique de

16 janvier, par la suite, le ministre Spegelj a reconnu qu'il n'avait pas été

17 assez défiant à l'égard d'un homme et qu'il a permis la prise de ces vues.

18 Et pour ce qui est du film appelé "La mort de la Yougoslavie", je crois

19 que Perica Juric a fait suffisamment de commentaires à ce sujet.

20 M. le Président (interprétation): Un instant, j'aimerais tirer cette

21 réponse au clair si vous me le permettez, mon Général.

22 Vous dites que les séquences que l'on voit dans ce film sont authentiques,

23 et vous êtes en mesure d'affirmer cela, puisque ceux-ci viennent des

24 services de sécurité militaire. Il y a une chose que je n'ai pas tout à

25 fait comprise, c'est ce que vous disiez à propos du montage de ces

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1 séquences. Vous avez indiqué le lieu où ceux-ci avaient été assemblés, le

2 montage du film, ou vous avez dit d'où venaient les déclarations faites en

3 public à propos d'un commentaire que je n'ai pas suivi? Voulez-vous

4 apporter un complément d'information à propos de l'assemblage de ces

5 séquences? Pourriez-vous être plus clair pour parler de la façon dont le

6 film avait été monté?

7 M. Vasiljevic (interprétation): Grand merci. Peut-être ai-je été incomplet

8 dans ma réponse, et ceci pour des raisons de temps pour ne pas priver

9 l'accusé du temps qui lui est imparti.

10 Je répète donc. La documentation présentée dans ce film comme étant des

11 vues secrètes prises par les organes de sécurité, ce sont des vues qui

12 sont absolument authentiques. Et j'ai directement pris part aux actions de

13 tournage dans le secret. Je n'ai pas obtenu cela de la main de quelqu'un

14 d'autre, de quelque autre organe de sécurité autres. J'ai organisé moi-

15 même ces actions et j'ai pris part personnellement au tournage de ces

16 vues.

17 Le matériel cru, filmé de la sorte, je l'apportais personnellement à

18 Belgrade au secrétariat fédéral à la Défense nationale, et ce matériel,

19 après présentation, a été restitué par la suite dans mes bureaux à Zagreb.

20 Donc personne n'a pu fabriquer la chose, monter la chose de toute pièce.

21 S'agissant donc de l'authenticité de ce matériel-là, je suis responsable,

22 j'affirme mes responsabilités, qu'il est authentique, et cela a été

23 longtemps conservé dans l'administration de la sécurité. Par la suite,

24 bonne quantité a été détruite.

25 Maintenant, s'agissant de l'assemblage, le montage; quand on dit montage,

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1 on dit assemblage; c'est un terme technique quand on superpose des

2 séquences variées d'un film. Et la régie du film consiste à monter, à

3 assembler des segments de certains films pour montrer quelque chose. La

4 régie, c'est la réalisation. Dans le sens technique du terme, il s'agit de

5 combiner ce que certaines personnes ont publiquement déclaré au Parlement

6 croate ou à la télévision croate; et j'entends là des dirigeants au

7 sommet, en allant de Tudjman, en passant par Spegelj et d'autres. Ils

8 affirmaient: "Nous n'avons pas armé le HDZ".

9 Puis, on a diffusé des bouts de vidéo prises secrètement, où l'on voit

10 Spegelj dire que le HDZ était en train de s'armer. Ensuite, le ministre

11 Boljkovac le prévient du fait qu'il ne fallait pas que cela se fasse par

12 le HDZ, mais qu'il fallait tout placer sous l'eau autorité du MUP. Puis,

13 on rediffuse une séquence venant d'une déclaration officielle. Et, par la

14 suite, on diffuse ce qui a été filmé dans le secret, ce que ces mêmes

15 personnes se disaient en tête-à-tête lorsqu'ils se trouvaient entre eux.

16 Donc il ne s'agit pas d'un montage dans le sens de la fabrication d'une

17 contrevérité, mais il s'agit d'une façon d'assembler, de réaliser pour

18 confronter ce que ces gens-là disaient dans le public et ce qu'ils

19 faisaient dans le secret.

20 Je ne sais pas si j'ai été suffisamment clair à présent.

21 M. le Président (interprétation): Je vous remercie, vous l'avez été.

22 Poursuivez, Monsieur Milosevic.

23 M. Milosevic (interprétation): Pour simplifier la question générale, vous

24 avez dit vous-même que vous n'avez pas obtenu cela de la main d'autrui,

25 mais que vous avez organisé cela vous-même, ayant occupé les fonctions que

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1 vous occupiez et ayant vu le film qui a été présenté et diffusé dans le

2 public. Est-ce que vous pouvez dire si ce film est conforme à la vérité?

3 M. Vasiljevic (interprétation): Oui.

4 Question: Grand merci. Serait-il exact de dire que Spegelj disait à ce

5 moment-là: "Notre conception absolue, si besoin, est de tuer tous les

6 officiers dès le seuil de leur porte, parce que pour le conflit avec la

7 JNA nous n'avons pas encore la force nécessaire"? Est-ce que c'était là, à

8 peu près, l'approche qui avait été la leur à ce moment-là?

9 Réponse: Je ne peux pas confirmer à présent si ces propos sont tous

10 absolument exacts.

11 Question: Disons que c'est paraphrasé.

12 Réponse: C'est ce que j'allais dire.

13 Question: Ne considérez pas cela comme étant une citation exacte.

14 Réponse: Je sais qu'il a organisé ces préparatifs par le biais des

15 officiers qui m'ont communiqué ces informations, et qui étaient croates

16 soit dit en passant.

17 Il avait dit qu'il s'agissait d'empêcher l'arrivée des officiers aux

18 casernes et que, si besoin était, il fallait les liquider sur le seuil de

19 leur porte, sur le palier de leur porte. Pour ce qui est des hommes à tuer

20 devant chez eux, il a dit qu'il ne fallait pas faire de quartier, qu'il

21 fallait tout raser, qu'il ne fallait pas se poser de question si on allait

22 tuer un homme ou une femme; il fallait tout raser, tout faire chuter,

23 c'est-à-dire tomber à terre. Ce sont ses termes à lui.

24 Et, deuxième partie, l'un des sous-officiers qui a été arrêté et qui a été

25 jugé a dit qu'il s'agissait de créer un groupe au sein de la caserne

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1 chargé de liquider les officiers de permanence, de désarmer la garde,

2 d'enfermer tous les Serbes dans les caves, de leur donner un verre d'eau;

3 les Albanais et les Musulmans devaient recevoir cinq balles chacun et

4 repartir chez eux s'ils le voulaient.

5 Un autre sous-officier, qui a été jugé, a dit qu'ils s'étaient préparés à

6 désarmer une caserne frontalière où ils travaillaient pour y prendre les

7 armes et les distribuer aux Croates des environs, des villages

8 environnants.

9 Ce sont là des enregistrements ou des renseignements obtenus par écoutes

10 audio en date du 14 octobre. Le ministre Boljkovac était présent, c'était

11 d'ailleurs dans sa voiture qu'ils circulaient.

12 Et moi, j'ai eu pour mission, si possible, de filmer cela en vidéo. En

13 gros, c'est ce qui a été fait.

14 Pour que la vérité soit complète, je me sens dans l'obligation de dire

15 que, dès le 22/23 octobre de cette année 1990, les premières vues

16 télévisées ont été vues par M. Jovic dans le cabinet du général Kadijevic.

17 Il était donc au courant dès la deuxième moitié du mois d'octobre de ce

18 qui a été filmé.

19 Si je ne m'étire pas en longueur, je dirais que j'ai eu l'opportunité de

20 demander à M. Jovic pourquoi Spegelj n'avait pas été mis aux arrêts, parce

21 que c'est moi qu'on avait accusé pour le fait qu'il n'avait pas été

22 arrêté. En fait, c'était une décision de la Présidence. La Présidence

23 avait décidé que le procès de Spegelj allait se faire de façon tout à fait

24 régulière, qu'on allait lui envoyer une convocation, qu'il devait donc

25 être cité à comparaître devant un tribunal et que, s'il ne le faisait pas,

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1 on lancerait des poursuites. Quand je lui ai demandé: "Mais pourquoi

2 n'avez-vous pas arrêté Spegelj?"; il m'a répondu: "Qu'est-ce que cela

3 aurait changé si on l'avait arrêté?". C'est tout ce qu'il m'a dit.

4 Question: Comment expliquez-vous -parce que d'évidence, il est là des

5 événements et des détails des plus intéressants- puisque vous aviez

6 disposé de tout cela, et si le secrétaire fédéral à la Défense, Kadijevic,

7 avait disposé de tout cela, et le Président de la Présidence, M. Borislav

8 Jovic, dès le mois d'octobre, que le problème du désarmement et que

9 l'information justifiant la proposition de décider du désarmement ne sont-

10 ils portés à l'ordre du jour de la Présidence qu'au mois de décembre, il

11 s'est pratiquement écoulé deux mois?

12 Réponse: Eh bien, c'est une chose que d'avoir des renseignements initiaux,

13 des renseignements de départ. Et c'est autre chose que de traiter de la

14 totalité du problème. Il est probable que l'armement ne se soit pas fait

15 seulement dans la région de Virovitica et de la Podravina. J'ai parlé de

16 distribution d'armes via les entrepôts et les arsenaux de Mostine

17 nécessaire.

18 Maintenant, pour ce qui est de l'arrestation des personnes responsables

19 pour tout ceci, il y avait presque 40 personnes prévues, depuis le Vuljak

20 que vous avez mentionné vous-même, en passant par d'autres personnes, par

21 le président du conseil exécutif de la municipalité de Split. Cette

22 intervention a été prévue pour la nuit du 3 au 4 décembre de l'année 1990,

23 et puis tout a été reporté à une date ultérieure.

24 Question: Pourquoi n'ont-il pas été arrêtés?

25 Réponse: Vous pouvez poser la question à M. Jovic mais pas à moi.

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1 Question: Mais n'était-ce pas le travail de Jovic et son devoir d'ordonner

2 l'arrestation des présidents des conseils exécutifs ou… De quoi

3 s'agissait-il? Quel était le nom de cet homme, l'homme que vous avez cité,

4 ou que j'ai cité moi-même, je ne me rappelle plus? Vous avez simplement

5 dit que j'avais mentionné son nom.

6 N'était-ce pas le devoir du Président de la Présidence, de l'Etat

7 yougoslave ou des organes de sécurité qui avaient établi que des gens

8 s'étaient armés illégalement, donc étant donné que ces armes étaient

9 distribuées et qu'elles étaient prises contre les intérêts du pays,

10 n'était-ce pas leur devoir d'ordonner, dans le respect de la Constitution,

11 une action pour empêcher que la Constitution soit mise en danger et

12 appliquer la loi. Fallait-il pour cela une décision de la présidence de

13 l'Etat?

14 Réponse: Oui.

15 M. Milosevic (interprétation): Je dois dire que je ne vous suis pas très

16 bien. Je n'ai pas compris très bien pourquoi. Mais revenons, si vous le

17 voulez bien, un peu en arrière. Je crois l'avoir consigné par écrit, en

18 tout cas, l'avoir remarqué dans votre déposition, lorsque vous avez laissé

19 tomber les généralités pour rentrer davantage dans les détails. Je vous ai

20 posé de très nombreuses questions, et vous avez chaque fois donné des

21 réponses affirmatives à pratiquement toutes ces questions. Vous avez dit

22 qu'il s'agissait de réactions et qu'il y avait un lien direct entre les

23 différents éléments cités par moi.

24 Alors, si nous ne perdons pas de vue tout ce qui se passait à ce moment-

25 là, nous avons parlé de Glavas, des unités chargées de liquidations

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1 discrètes, des assassinats de Serbes, des coups de feu tirés à Kninska

2 Krajina, de l'armement qui s'est produit avant que les Serbes ne prennent

3 les armes, du fait qu'il y avait un danger général qui était ressenti par

4 les gens. Est-ce que tout cela n'était pas le signe très clair d'une

5 sécession violente de la part de la Croatie qui voulait se séparer de la

6 Yougoslavie au mépris de la Constitution, elle était armée, et c'était un

7 acte de sécession violent qui a été préparé?

8 M. le Président (interprétation): Je pense qu'il appartient à la Chambre

9 de première instance de déterminer cela plus tard. Apparemment, il y a une

10 série de faits qui sont cités ici et les questions de la loi également,

11 donc des points juridiques. Est-ce que vous pourriez demander au témoin ce

12 qui est son avis sur la situation et ce qu'il a fait dans cette situation,

13 d'après son opinion? Vous pouvez l'interroger dans ce cas-là et lui poser

14 les questions que vous voulez.

15 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, je demande au général

16 Aleksandar Vasiljevic, je lui pose des questions générales, et je

17 m'attends à ce qu'il me donne sa position et pas celle d'un tiers.

18 M. le Président (interprétation): Je vous ai dit que la dernière question

19 n'était pas acceptable. Il y avait un mélange de faits et de droit, donc

20 il appartenait aux Juges d'y répondre. Passez à autre chose.

21 M. Milosevic (interprétation): Mon Général, est-ce qu'en tant que général

22 de la JNA, il ne vous est pas apparu de la façon la plus claire qu'il

23 soit, qu'il s'agissait là d'une sécession armée et violente de la part de

24 la Croatie qui voulait se séparer de la Yougoslavie en l'attaquant, elle

25 et ses institutions?

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1 M. le Président (interprétation): Non, j'ai décidé que cette question

2 n'était pas acceptable.

3 Mon Général, vous pouvez y répondre dans le cadre suivant: en vous fondant

4 sur votre expérience personnelle et sur ce que vous saviez

5 personnellement, pouvez-vous dire comment la JNA a réagi à la situation de

6 l'époque?

7 M. Vasiljevic (interprétation): Je dirai d'abord que toutes les personnes

8 qui ont été arrêtées et traduites en justice par le Tribunal militaire de

9 Zagreb, durant les six premiers mois de 1991, étaient poursuivies pour un

10 délit précis qui était un acte de rébellion armée contre l'ordre

11 constitutionnel, et que ces personnes ont été condamnées.

12 Quant à l'impression que je me suis faite et compte tenu du travail que je

13 faisais à l'époque, au prix d'un grand risque comme toutes les autres

14 personnes qui font ce travail-, je dois dire que nous avons eu le

15 sentiment qu'une séparation violente de la Yougoslavie était en cours de

16 préparation de la part de la Croatie; et de nombreux indices existaient

17 pour démontrer cela.

18 Les éléments dont nous avons déjà parlé bien sûr, mais également le fait

19 qu'en Slovénie le conflit a éclaté. A ce moment-là, Tudjman a convoqué

20 Alija Izetbegovic pour qu'un appel soit lancé à tous les soldats bosniens

21 afin qu'ils quittent la JNA. Et son objectif à ce moment-là, en agissant

22 ainsi, était de faire en sorte que ce conflit armé qui se préparait contre

23 la JNA en Croatie s'étende un peu partout, c'est-à-dire aussi bien en

24 Bosnie qu'en Macédoine. Nous avons donc baptisé cela "l'ouverture du front

25 méridional". Et deux de ses conseillers ont été envoyés, un à Sarajevo,

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1 l'autre à Skopje. Si cela est nécessaire, je peux vous fournir davantage

2 de détails.

3 Nous étions convaincus que nous pouvions défendre et protéger la

4 Yougoslavie si tous ces hommes armés étaient désarmés, indépendamment de

5 leur appartenance ethnique ou de leur nationalité. Mais, lors de la séance

6 tenue au mois de mars, séance de la Présidence, cette décision de

7 désarmement n'a pas été prise; et ensuite, cela a permis qu'aient lieu les

8 agressions contre la JNA. Et je sais également que, par le biais du MUP de

9 Croatie, des courriers officiels ont été envoyés pour qu'à l'avenir la JNA

10 ne soit pas mentionnée en tant qu'Armée populaire yougoslave mais sous le

11 nom de "Armée d'occupation".

12 Et puisque l'occasion m'est donnée d'en parler, je crois pouvoir vous

13 faire connaître un élément particulier. Il y a eu, au sein de la JNA en

14 Croatie, plus de 2.700 personnes, 2.700 hommes arrêtés, et sur ce total,

15 85% ont été arrêtés dans les casernes alors que 15% seulement étaient

16 arrêtés chez eux à leur domicile. Mais aucun de ces hommes n'a été arrêté

17 à découvert.

18 Donc ce qui se racontait à l'époque, c'était que le but était que les

19 soldats restent dans leur caserne, donc les casernes ont été encerclées,

20 et ensuite des hommes ont été tués à l'intérieur des casernes.

21 A Bjelovar, mon officier chargé de la sécurité, le capitaine Jovanovic a

22 été tué; il travaillait également à cette enquête chargée de découvrir des

23 armes. Lui et son commandant, le colonel Kovacevic, ainsi que le

24 lieutenant-colonel chargé du moral des troupes, le lieutenant-colonel

25 Vasic ont dû se mettre torse nu devant leurs soldats et ont été fusillés

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1 devant eux. Je dispose d'images filmées de cet événement.

2 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

3 M. Milosevic (interprétation): En cet instant, la chose ne semble peut-

4 être pas capitale, mais elle pourrait le devenir plus tard. J'aimerais

5 donc vous parler de ce fait.

6 Vous rappelez-vous que s'agissant de ces acquisitions illégales d'armes,

7 l'excuse avancée consistait à dire que le SSNO n'avait pas autorisé le MUP

8 de Croatie à acquérir des armes dans notre usine nationale, à savoir

9 l'usine "Crvena Zastava", "le drapeau rouge"? Alors, la question que je

10 vous pose est la suivante: est-il exact que le ministre fédéral de la

11 Défense n'a pas refusé d'autoriser le MUP de Croatie à obtenir des armes

12 dans l'entreprise "Crvena Zastava", comme le prétend Spegelj, mais que le

13 5 octobre, Spegelj a acheté sur contrat en Hongrie un certain nombre

14 d'armes avant même d'avoir reçu une réponse du secrétariat fédéral au

15 sujet de sa demande d'acquisition d'armes à "Crvena Zastava", et que le

16 ministère fédéral ne s'est pas opposé à la requête croate, mais a répondu

17 qu'il fallait que la chose se passe de façon étudiée et que certaines

18 armes pouvaient être achetées immédiatement. D'autres devant être

19 fabriquées l'année suivante, parce que le secrétariat fédéral à cette

20 époque estimait que la police devait effectivement renouveler son

21 armement, etc. Donc est-ce que vous vous rappelez cette excuse qui a été

22 invoquée, et est-elle exacte?

23 Réponse: Il est vrai que la réponse envoyée à la Croatie est arrivée dans

24 les délais prévus, à savoir dans le délai d'un mois qui avait été établi

25 au départ. Et la réponse contenait bien les propos que vous venez de

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1 citer. Elle a été envoyée le 10 octobre. Et selon les documents dont nous

2 disposons, Spegelj avait effectivement le 5 octobre, donc cinq jours

3 avant, déjà contacté Zdravko Mrksic, ministre des Affaires étrangères de

4 Croatie en Hongrie.

5 Question: Est-il vrai que, dès que Spegelj a pris ses fonctions en tant

6 que ministre, des mesures radicales ont été prises concernant la

7 liquidation d'officiers de membres de leur famille, de la part de groupe

8 de terroristes qui s'introduisaient dans des installations militaires pour

9 liquider des gardes et des responsables de la sécurité et que Tudjman lui-

10 même n'était pas d'accord avec cela et qu'il a protesté d'ailleurs contre

11 les atermoiements de Tudjman?

12 Réponse: Ceci est vrai, il a écrit cela dans son ouvrage "Les mémoires

13 d'un soldat".

14 Question: Vous avez parlé des armes obtenues par Fikret Abdic, dont vous

15 avez dit qu'il était pétrifié et qu'il a refusé ce qui se passait. Et je

16 crois que c'est exact, parce qu'Abdic était un homme mesuré qui

17 n'appréciait certainement pas un quelconque bain de sang.

18 Et puis, des armes ont été proposées à Rugova. Il a demandé aux Albanais

19 du Kosovo de se lancer dans une rébellion immédiate. Vous rappelez-vous

20 cela et avoir des renseignements à ce sujet?

21 M. Vasiljevic (interprétation): Oui, j'ai déjà dit cela dans ma

22 déposition.

23 M. le Président (interprétation): Si le moment est opportun, nous allons

24 maintenant suspendre. L'heure est arrivée. Suspension de 20 minutes.

25 (L'audience, suspendue à 12 heures 15 est reprise à 12 heures 40.)

Page 16164

1 (Le témoin est dans le prétoire.)

2 (Matières relatives aux éléments de preuve.)

3 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice?

4 M. Nice (interprétation): J'ai parlé au témoin…

5 Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

6 M. Nice (interprétation): Je demande un huis clos partiel.

7 (Huis clos partiel à 12 heures 41.)

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9 (Audience publique à 12 heures 43.)

10 M. le Président (interprétation): J'ai encore un autre point administratif

11 à traiter, il est sans doute bon que je le fasse immédiatement avant la

12 suite du contre-interrogatoire.

13 Un peu plus tôt au cours de cette semaine, j'ai parlé de la demande

14 présentée pour admission des 64 déclarations obtenues en application de

15 l'Article 92bis. Nous nous étions demandés quelle était la meilleure

16 manière de procéder.

17 Donc nous proposons de nous occuper d'abord des déclarations qui ont fait

18 l'objet de certaines observations de la part des amici curiae,

19 puisqu'elles constituent une catégorie particulière de ce fait. Il s'agit

20 donc des déclarations B-1732, C-1201, C-1231, C-1150, C-1090.

21 Nous nous donnerons un moment au cours de la semaine prochaine pour

22 entendre les arguments au sujet de ces déclarations. Après quoi, nous nous

23 occuperons des autres déclarations, en plusieurs séries. Peut-être serait-

24 il bon de les classer par lieu. Mais ce n'est pas le moment d'en parler

25 maintenant.

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1 M. Nice (interprétation): Merci beaucoup.

2 Je confirme, pour répondre à la question posée au sujet de documents qui

3 n'auraient pas été communiqués, qu'ils le sont désormais.

4 M. Kay (interprétation): Pourrions-nous parler de cela un autre jour que

5 lundi, car lundi je ne pourrais pas...

6 M. le Président (interprétation): Nous éviterons le lundi.

7 Poursuivons le contre-interrogatoire du témoin.

8 M. Kay (interprétation): Bien, merci beaucoup.

9 M. le Président (interprétation): Très bien.

10 Mon Général, excusez-nous pour ce que retard.

11 Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

12 (Suite du contre-interrogatoire du témoin, M. Aleksansar Vasiljevic, par

13 l'accusé M. Milosevic.)

14 M. Milosevic (interprétation): Mon Général, vous avez parlé de la réunion

15 de la Présidence de la RSFY en mars 1991. Vous rappelez-vous qu'une

16 proposition a été faite, lors de cette réunion, pour la mise en place de

17 mesures d'urgence, précisément en raison de ce que vous avez déjà dit; à

18 savoir le non-respect par la Croatie des décisions de désarmement et de

19 démembrement des unités paramilitaires, n'est-ce pas?

20 M. Vasiljevic (interprétation): Oui.

21 Question: Vous rappelez-vous que, lors d'une réunion de la Présidence, un

22 vote de 4 contre 3 a permis d'approuver les mesures d'urgence, mais

23 qu'elles n'ont pas été adoptées parce que Drnovcek n'était pas présent à

24 la réunion?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Est-il exact que l'armement des Serbes en Croatie s'est

2 intensifié, en fait, uniquement après cette réunion de la Présidence de la

3 RSFY, donc après le 3 mars 1991, après refus des mesures d'urgence

4 proposées par le secrétariat fédéral à la Défense nationale, et après

5 refus donc de cette décision de la Présidence de démanteler les unités

6 paramilitaires au sein de la RSFY?

7 Réponse: Je n'ai pas de connaissance particulière au sujet de la quantité

8 d'armements concernée. Je n'ai donc pas de chiffres précis mais en tant

9 que conclusion générale je dirais qu'il est exact que c'est après cette

10 date que cette organisation s'est mise sur pied avec érection de nouveaux

11 barrages.

12 Question: Après échec de ces tentatives pour désarmer ceux qui se

13 montraient menaçants?

14 Réponse: Oui, après la séance du mois de mars.

15 Question: Très bien. Est-il vrai que Tudjman a discuté alors avec

16 Izetbegovic, afin d'ouvrir un corridor qui pourrait être utilisé par les

17 déserteurs pour échapper d'abord à la JNA et également pour réussir la

18 tentative d'envoi de représentants en Bosnie-Herzégovine et de rencontre

19 avec Rugova?

20 Réponse: Je sais seulement qu'il a envoyé des représentants en Macédoine

21 et à Sarajevo. Ceci, d'abord pour coordonner les activités qui se menaient

22 dans ces deux Républiques et, selon la même technique, il était prévu de

23 s'engager dans un processus de sécession.

24 Question: Très bien. Est-il permis de dire que, dans ces conditions, il y

25 a eu accord mutuel de ces deux hommes sur la coopération militaire en vue

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1 d'une sécession?

2 Réponse: Tudjman a effectivement tenté cela, tenté l'obtention d'un tel

3 accord. Mais en Macédoine, les choses n'avaient pas encore commencé; entre

4 autres, parce que nous avions réussi auprès du ministre de l'Intérieur de

5 Macédoine à faire admettre l'autorité du MUP fédéral.

6 Et en Bosnie-Herzégovine, ces tentatives ont également été empêchées à un

7 certain moment grâce aussi à la coopération du ministre de l'Intérieur de

8 l'époque, Alija Delimustafic.

9 Cependant, un peu plus tard, ce processus s'est engagé sur une voie un peu

10 différente, car la Ligue populaire qui était une formation paramilitaire

11 du Parti d'action démocratique a commencé son travail.

12 Question: Le Parti d'action démocratique c'est le parti d'Alija

13 Izetbegovic, n'est-ce pas? Et la formation dont vous parlez, la Ligue

14 patriotique du peuple, était en fait une organisation terroriste?

15 Réponse: Je ne sais pas si je l'appellerais "une organisation terroriste",

16 mais c'était une organisation paramilitaire qui nourrissait un certain

17 nombre de projets au nombre desquels ce genre d'activités?

18 Question: Quand vous dites "ce genre d'activités", vous voulez dire

19 activités terroristes?

20 Réponse: Je pense à des unités de sabotage qui se sont créées en vue de

21 telles activités et dont l'emploi devait être vérifié par la cellule de

22 crise militaire de la Ligue patriotique à Sarajevo.

23 Question: Vous rappelez-vous un fait particulier, à savoir qu'il existait

24 quatre ou cinq groupes de sabotage qui, entre 1991 et le début janvier

25 1992, ont été découverts? Ceci est-il exact?

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1 Réponse: Oui, sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine, je me souviens

2 d'un fait très caractéristique, à savoir une tentative de miner des

3 installations militaires à Brcko.

4 Question: Et d'où venait ce groupe qui s'est retrouvé à Brcko? Est-il

5 exact qu'il provenait de Croatie, en vue d'abord d'attaquer des

6 installations militaires à la gare ferroviaire de Brcko?

7 Réponse: Oui, ils sont entrés par le pont qui enjambe la Sava.

8 Question: Est-il exact que le deuxième groupe s'est trouvé sur le

9 territoire de la Vojvodine en provenance de la Croatie et qu'il était

10 composé de 17 hommes qui ont essayé de pénétrer dans la caserne de Sombor?

11 Réponse: C'est exact. Cela s'est passé plus tard, lorsque des opérations

12 de plus grande envergure avaient déjà commencé en Croatie.

13 Question: Est-il exact qu'un troisième groupe a été arrêté qui voulait

14 détruire le pont de Scepan Polje entre le Monténégro et la Bosnie-

15 Herzégovine?

16 Réponse: Ce groupe n'a pas été arrêté. Des informations obtenues ont

17 permis de révéler cela. Ces informations ont été remises au ministère de

18 l'Intérieur du Monténégro et de la Bosnie-Herzégovine et la sécurité a été

19 renforcée sur ce pont.

20 Question: Est-il exact que deux frères membres d'un groupe de sabotage ont

21 été arrêtés à Bosanski Samac alors qu'ils transportaient des armes et du

22 matériel destiné à une centaine d'hommes à Listica? Ceci est-il exact?

23 Réponse: C'est exact. Il s'agissait des frères Kovac, mais ce n'était pas

24 un groupe de sabotage. Il s'agissait donc de deux hommes qui

25 transportaient des équipements très complets destinés à une centaine

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1 d'hommes, ils ont été capturés à Bosanski Samac, si je ne m'abuse à

2 Bosanski Brod et au barrage routier qui se trouvait là, ils ont été

3 arrêtés par le MUP de Bosnie-Herzégovine et par la JNA.

4 Question: A ce moment-là, est-il permis de dire qu'il y avait coopération

5 entre la JNA et le MUP de Bosnie-Herzégovine pour empêcher tout trafic

6 d'armes?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Est-il exact que, dans la même période, diverses voies

9 d'introduction illégale d'armes dans le village…, d'entrée illégale

10 d'armes en Croatie en provenance du monde entier, existaient? Et savez-

11 vous qui était responsable de ces trafics d'armes, importations illégales

12 d'armes venant de Hongrie et passant par la Grande-Bretagne également?

13 Réponse: Il a été question d'un canal particulier que l'on a appelé, qu'on

14 mentionnait par le code, le nom de code "Kanal".

15 C'était un moyen pour faire venir des quantités importantes d'armes dans

16 le port de Constanza en Roumanie. Ces armes avaient appartenu au PLO,

17 alors que Ceaucescu était encore au pouvoir; et il exact que des

18 émissaires de Croatie ont essayé de faire entrer illégalement ces armes

19 sur leur territoire.

20 Ceci se passait à partir du 6 août 1991 et donc à partir de ces positions

21 opérationnelles, il a été décidé d'éviter la voie terrestre car le passage

22 par la Croatie, la frontière entre la Croatie et la Hongrie n'était pas

23 sous le contrôle de la JNA, donc il a été décidé que des armes devaient

24 être transportées par bateau pour des raisons de sécurité et deux

25 cargaisons ont été organisées.

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1 Je sais que ces cargaisons contenaient plus de 50.000 kalachnikovs mais

2 également des armes lourdes, canons d'artillerie et autres pièces

3 d'artillerie. Il y a d'abord eu tentative pour trouver une autre voie de

4 transport et ensuite déchargements de ces armes en raison de problèmes

5 liés au paiement d'assurance et aux difficultés de sécurité. Mais pour

6 l'essentiel, je veux être bref, ces armes se sont retrouvées dans le port

7 de Constanza dans le but d'être transportées en Croatie.

8 Mais ces bateaux n'ont jamais quitté Constanza, alors que l'argent avait

9 déjà été versé.

10 Question: Avez-vous appris quoi que ce soit au sujet de trafic d'armes en

11 provenance de Grande-Bretagne?

12 Réponse: Je sais que des armes sont provenues d'Italie, j'en suis sûr;

13 j'ai été en contact avec le chef des services de renseignements italiens,

14 le général Ramponni, et à Gêne, la police italienne a, un peu plus tard,

15 arrêté cinq trafiquants d'armes croates.

16 Question: Et pour ce qui est de la Grande-Bretagne, vous ne savez rien?

17 Réponse: Je n'arrive pas à m'en rappeler.

18 J'ai déjà dit, s'agissant de la Grande-Bretagne, que le ministère des

19 Affaires étrangères britanniques avait réagi pour ce qui est de

20 l'information au niveau du navire "Lipa". Ils ont contacté l'ambassade de

21 Bulgarie à Londres pour dire que ces armes risquaient de mettre en péril

22 la paix en Yougoslavie.

23 Question: Serait-il exact de dire que le 5 mai 1991, à Trogir, Tudjman a

24 eu une réunion avec les responsables du HDZ, avec les autorités ou les

25 instances du pouvoir dans la Dalmatie, pour affirmer que la JNA mettait en

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1 péril la démocratie croate et qu'on aurait déjà dû organiser des

2 rassemblements de protestation, mais que la chose pouvait se faire, qu'il

3 n'était pas trop tard, et ce aux fins de procéder à des blocages du

4 commandement de la région militaire et maritime; et qu'il fallait à Split

5 rassembler au moins 5.000 personnes pour bloquer le commandement du

6 district naval de la JNA? Vous souvenez-vous de cette information?

7 Réponse: Oui. Nous n'étions pas au courant du chiffre que vous avez

8 mentionné, à savoir les 5.000 personnes. Mais, en réalité, on avait posé

9 la question de savoir pourquoi la direction de la Croatie n'avait rien

10 entrepris pour discipliner la JNA, c'était le terme qu'ils avaient

11 utilisé. Il leur a dit: "Ne me demandez pas la chose à moi. Mais sortez

12 dans les rues dehors, bloquez le commandement de cette région militaire

13 maritime; demandez leur la chose". Et c'est par le biais des syndicats

14 indépendants à Split et par le président de ces syndicats, Jure Sundov,

15 qu'il a été organisé un grand rassemblement populaire. On a bloqué le

16 commandement.

17 C'est à ce moment-là qu'il y a eu une attaque armée lancée contre le

18 commandement et contre la police militaire qui se trouvait sécuriser les

19 lieux sur un blindé de transport de troupes. Et c'est là que le soldat

20 Gasovski a été tué et qu'on a blessé le lieutenant de l'époque M. Egeric.

21 On avait étranglé un soldat sur un blindé de transport de troupes, on a eu

22 grand mal à rentrer dans le blindé et à fermer le couvercle.

23 Question: Donc c'est à Trogir que s'est tenue la réunion où Tudjman a

24 donné une suggestion, suggestion de se rassembler, et cela c'est fait le 5

25 mai. Dès le 6 mai, il y a eu un rassemblement de cette envergure et on a

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1 tué des membres de la JNA devant le commandement de ce district, de cette

2 région militaire navale.

3 Réponse: C'est cela. On a enlevé aussi le drapeau yougoslave du mât qui se

4 trouvait devant et on a fait monter l'échiquier croate.

5 Question: En effet. Est-il exact de dire aussi que c'est le MUP de Croatie

6 qui a protégé Jure Sundov qui a été l'organisateur de ce rassemblement et

7 les auteurs de ces deux crimes, ainsi que d'autres personnes qui étaient

8 déjà connus pour l'armement illisible et illégal de ces formations?

9 Réponse: Je sais pour Jure Sundov et deux policiers qui ont tué ou blessé

10 des membres de l'armée.

11 Question: Dites-moi, serait-il exact de dire -et c'est le renseignement

12 dont je dispose- que vous, ainsi que la direction de la sécurité au sein

13 de l'armée, avez servi d'intermédiaire pour procéder à l'échange d'Ivan

14 Duspara, Mate Sabljic, Branko Glavinic et Ronald Zvonaric; ce sont des

15 gens de Split, qui ont étranglé un soldat à Split? C'est vrai ou faux?

16 Réponse: Je n'ai pas servi d'intermédiaire dans l'échange en question.

17 L'échange a été effectué suite à une décision du secrétaire fédéral. A

18 l'occasion de l'échange, on a échangé Kikas, un ressortissant canadien qui

19 a pris part à l'importation des armes par avion, un Boeing, en provenance

20 d'Ouganda. On a procédé à ce moment-là à l'échange du général Aksentijevic

21 qui avait été arrêté par les membres du MUP de Croatie à l'entrée de

22 Zagreb, avec sept autres officiers.

23 Il a alors été procédé à l'échange de 19 officiers de la sécurité arrêtés

24 en Croatie, et 7 pilotes dont on a abattu les avions. En tout et pour

25 tout, 34 membres de l'armée, à la tête desquels se trouvait le général

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1 Aksentijevic contre le groupe de ceux que l'on a désigné par "les

2 étrangleurs de Split", qui avaient déjà été jugés et envoyés pour purger

3 leur peine à la prison de Foca.

4 Question: Dans quelle prison?

5 Réponse: Foca.

6 Question: Ah oui, Foca! S'agit-il là de personnes que l'on pouvait

7 considérer comme étant prisonniers de guerre? Répondez-moi seulement par

8 oui ou non.

9 Réponse: Non.

10 Question: C'est bien ce que je pense. Etant donné qu'ils n'étaient pas

11 prisonniers de guerre, comment pouvait-il y avoir échange de ces derniers

12 contre des membres de la JNA faits prisonnier sur le territoire de la

13 Croatie?

14 Réponse: Nous avions une position qui était celle du secrétaire fédéral à

15 la Défense nationale, disant que tous les prisonniers faits par le

16 rassemblement de la Garde nationale croate pouvaient être échangés si

17 besoin était contre un seul, ne serait-ce qu'un seul, membre de la JNA

18 emprisonné par ces derniers.

19 Question: Si j'ai bien compris, on a placé en première position le soin

20 afférent à la sécurité des membres de la JNA, et c'était là la raison de

21 procéder ainsi?

22 Réponse: C'est cela.

23 Question: Est-ce qu'à l'occasion de l'échange, il y a eu une délégation ou

24 un membre de la Croix-Rouge, comme cela était convenu et prescrit

25 notamment lorsque cela s'est fait à Zagreb, une fois que vous avez livré

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1 Kikas chez les autres?

2 Réponse: Il y avait un représentant des autorités croates qui était

3 présent, puis, pour autant que je le sache, le représentant de la

4 municipalité juive. Je ne sais pas s'il y avait eu des représentants de la

5 Croix-Rouge.

6 Je sais qu'il y a eu des problèmes dans la réalisation de l'échange. Un

7 officier, un lieutenant appartenant au service de sécurité, originaire de

8 Gospic, il s'appelait Ivan Duspera, ils ne l'ont pas amené à l'échange. Et

9 moi, je n'ai pas voulu accepter que l'échange se fasse sans lui. La raison

10 pour laquelle il n'avait pas été amené, c'est que d'abord, après qu'il ait

11 été sorti de prison de Gospic, les gens qui l'ont fait sortir ont fait

12 mine de le fusiller à deux reprises. Et comme il est resté vivant, il n'a

13 pas eu d'infarctus, il a été tabassé dans un restaurant quelconque à

14 proximité de Zagreb. Comme il était complètement couvert d'ecchymoses, il

15 ne voulait pas l'échanger en attendant qu'il se remette un peu. Quelques

16 jours plus tard, on nous l'a livré, mais il portait toujours des traces

17 apparentes des coups qu'il avait reçus.

18 Question: Eh bien, écartons-nous de ces événements de Split et du contexte

19 dans lequel ils se sont produits pour passer à autre chose. Je pense que

20 nous avons maintenant établi avec précision ce dont il s'agissait à Split.

21 Est-il exact de dire que les 24 et 25 juillet 1991, prés de Suho Polje,

22 qui se trouve sur la route allant de Podravska Slatina et Virovitica, un

23 véhicule militaire a été arrêté par le rassemblement de la Garde

24 nationale. On a ouvert le feu sur ce véhicule, et Radoslav Vuckovic qui

25 était un commandant, et deux autres soldats ont été sérieusement et

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1 grièvement blessés. Vous vous souvenez de cela?

2 Réponse: Oui, parce que je le connaissais, ce Vuckovic personnellement, du

3 temps où je travaillais à Virovitica; il était en patrouille avec des

4 hommes et il avait enlevé des avis de recherche qui étaient délivrés

5 contre moi, et je pense que c'est une des raisons pour laquelle il avait

6 été attaqué. Il avait été grièvement blessé, il a été emmené à l'académie

7 médicale de la JNA et, quand il s'est remis, il a été affecté au Corps

8 d'Uzice. Comme il était commandant, il a été tué par un réserviste en état

9 d'ivresse devant d'autres soldats.

10 Question: Est-il exact de dire que ce même jour, vers 22 heures, à 300

11 mètres de la caserne de Vinkovci, un poste de contrôle a été établi par

12 des membres du MUP de Croatie; sans aucune raison, sans aucune cause

13 quelconque, Goran Mihajlovic a été tué. Ainsi que Bolan Kalimancevic.

14 C'étaient tout deux des sergents. Et même si on a identifié les auteurs de

15 ces méfaits, ils sont restés impunis n'ont subi aucune conséquence de ces

16 actes?

17 Réponse: C'est vrai, ces deux sous-officiers ont été tués. Il est exact

18 également que de ces jours-là, à Vinkovci, il y avait une espèce d'effigie

19 de cire qui avait été faite de la tête du commandant alors qu'il était

20 encore vivant, et cette effigie, elle a été figée, empalée et elle a été

21 transportée autour de la caserne pour créer une psychose d'incertitude,

22 d'insécurité. Et ce nom, le nom de ce sergent c'était Kalimancevic.

23 Question: C'est exact. Mais vous ne m'avez pas dit d'où vous tenez que les

24 auteurs avaient été identifiés, mais pas sanctionnés?

25 Réponse: Je ne m'en souviens pas.

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1 Question: Est-il exact de dire que le 25 juillet, à minuit et demi, il y a

2 eu une attaque armée qui a été le fait du MUP de Croatie et qui était

3 menée contre l'unité de sécurité qui assurait la sécurité du pont à

4 Bogojevo?

5 M. Vasiljevic (interprétation): Oui je suis au courant.

6 M. Milosevic (interprétation): Est-il exact que, le 18 septembre, un

7 groupe terroriste de l'armée de Croatie a attaqué une colonne militaire à

8 Studeni Vrela près de Listica, au moment où Vojko Seh, un sergent, a été

9 tué en même temps qu'un soldat alors que du côté des assaillants, Ludvig

10 Pavlovic a été tué. C'était un membre d'une organisation oustachi

11 terroriste et membre d'un groupe terroriste, qui en 1972 avait été

12 infiltré et exécuté à Radusa en Bosnie-Herzégovine; mais il avait survécu

13 à cette exécution et une carte d'identité a été trouvée sur lui.

14 M. le Président (interprétation): Nous nous écartons avec force détail de

15 notre sujet, parce que nous, nous traitons d'événements qui se produisent

16 en 1991.

17 Mon Général, est-ce qu'il y a eu un tel incident au cours duquel un

18 sergent a été tué, plus exactement le 18 septembre? Pouvez-vous nous aider

19 sur ce point?

20 M. Vasiljevic (interprétation): Oui. C'était un sous-officier de la police

21 militaire, d'origine slovène. Ludvig Pavlovic a été relâché, il a

22 bénéficié d'une amnistie de la part de M. Mesic au moment où celui-ci est

23 devenu Président de la Présidence. Il a été libéré et, aussitôt après

24 cette libération, il a rejoint les rangs des forces armées croates en

25 Herzégovine occidentale, et c'est là qu'il a été tué. Il est exact de dire

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1 qu'on a trouvé une carte d'identité officielle du MUP de Croatie sur lui.

2 C'est là un exemple dont j'ai parlé avec M. Alija Izetbegovic, le 5

3 février 1992.

4 Il y a eu d'autres incidents par la suite. Un autre officier a été

5 kidnappé, c'était le capitaine pilote Dragan Stojcinovic à Mostar. Alija

6 Izetbegovic m'a dit, à cette occasion, que je devais laisser tranquille

7 "l'Herzégovine occidentale qui n'avait jamais fait partie -a-t-il dit- de

8 la Bosnie".

9 Il était donc, ma foi, assez indifférent à tout ceci, car nombreux étaient

10 les excès qui se produisaient en Herzégovine occidentale. Et, si vous me

11 permettez de vous faire part de mon avis, c'était considéré comme étant

12 une partie intégrale de la Croatie, et ceci ne semblait pas trop

13 importuner le Président qui était au pouvoir à l'époque.

14 M. Milosevic (interprétation): Est-ce que ceci s'est passé au moment où il

15 y avait un accord entre Tudjman et Izetbegovic et les dirigeants slovènes

16 et tous ces autres que nous avons mentionnés, ces émissaires qui se sont

17 rendus en Macédoine, au Kosovo et ainsi de suite? Accord selon lequel ces

18 cadres, leurs cadres devraient abandonner les rangs de la JNA?

19 Réponse: Le premier appel lancé par Tudjman à Izetbegovic de faire appel

20 aux membres de la Bosnie d'abandonner la JNA, cet appel a été fait le 30

21 juin 1991. C'est-à-dire trois ou quatre jours après le début du conflit en

22 Slovénie.

23 Je ne peux pas vous dire s'il a accepté. En d'autres termes, je ne sais

24 pas s'il y a eu un accord quelconque quant à une alliance qui aurait pris

25 pour modèle ce qui s'est passé entre la Slovénie et la Croatie. Cependant,

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1 je sais une chose, c'est qu'à l'occasion d'une réunion du conseil fédéral

2 de la protection de l'ordre constitutionnel, après que nous avons soumis

3 toutes ces informations sur ce qui se passait en Herzégovine occidentale,

4 M. Izetbegovic a été… on lui a donné le conseil d'envoyer une protestation

5 à Tudjman en réaction à ceci, et aussi en réaction au fait que le

6 territoire de la municipalité de Neum -qui fait partie de la Bosnie-

7 Herzégovine- était utilisé afin de transférer des forces du rassemblement

8 de Garde nationale de Metkovic, c'est-à-dire d'Herzégovine occidentale, en

9 direction de Dubrovnik. Et je savais qu'il n'était pas prêt à lancer cette

10 protestation même si ceci avait été conseillé par le conseil fédéral pour

11 la protection de l'ordre constitutionnel.

12 Question: Si cette proposition avait été acceptée, est-ce que ceci aurait

13 permis de diminuer les tensions et d'enlever le danger où la menace de

14 conflit qui pesait sur la région?

15 Réponse: Non, pas à mon avis. Je pense que les choses étaient allées trop

16 loin à ce moment-là.

17 Question: Vous dites que cela s'est passé vers le milieu de l'année 1991,

18 au moment où sans aucun doute, les quatre Slovènes suivaient les

19 instructions de leur dirigeant et au moment où les cadres croates sur les

20 instructions de leur dirigeant quittaient la JNA, nous sommes là vers le

21 milieu de l'année 1991?

22 Réponse: Il y a eu une énorme campagne qui a été lancée en vue du

23 démantèlement de la JNA suivant les lignes, les lignes de failles

24 ethniques. C'est l'expression utilisée. Et je pense que ce n'était pas

25 vrai. Je vous ai parlé des forces de l'air en particulier, je vous ai

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1 montré le pourcentage important d'officiers qui n'étaient pas serbes et

2 qui n'étaient pas non plus monténégrins.

3 Cette campagne a été propagée délibérément. La JNA n'a pas été abandonnée

4 en Bosnie-Herzégovine au moment où les Musulmans se sont retirés de la

5 JNA. Bon nombre de ces gens croyaient encore en l'idée de la Yougoslavie.

6 C'est seulement vers la fin, vers la fin de tout ce processus, au moment

7 où la République fédérale de Yougoslavie a été constituée, au moment où

8 l'on a reconnu l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, c'est seulement à

9 ce moment-là qu'il y a quelques personnes, rares d'ailleurs, qui ont

10 déserté de la JNA. A ce moment-là, elles se sont rendu compte d'où venait

11 le vent et elles ont présenté des requêtes légales et ont quitté l'armée.

12 Mais disons que ceci vaut surtout pour la période de mars ou d'avril 1992.

13 Bon nombre d'entre eux sont restés des officiers tout à fait honorables.

14 Question: Vous savez, je suppose -même si à ce moment-là vous étiez déjà à

15 la retraite- qu'un nombre important de Musulmans, parlons donc maintenant

16 de la zone de Bijeljina ou de Derventa, vous savez que, parmi les rangs de

17 l'armée de la Republika Srpska, il y avait des Musulmans qui défendaient

18 avec les Serbes contre les extrémistes musulmans; ils défendaient leurs

19 villes, leurs villages?

20 Réponse: Je pense que là vous présentez une version assez idyllique des

21 événements, idéalisée. Malheureusement, il faut bien le dire, il y a eu

22 des scènes désagréables, des événements qui le furent aussi.

23 Moi, j'avais un officier, c'était un colonel musulman. Il était le chef de

24 la sécurité à Ljubljana. Il s'était retiré avec ses effectifs en direction

25 de la Bosnie. Son épouse, elle était slovène; elle s'est suicidée en

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1 s'incendiant. Lui, il a eu un arrêt cardiaque de ce fait, et il n'a même

2 pas pu assister à ses obsèques. Au moment où la guerre a commencé en

3 Bosnie, il était toujours en congé maladie là où il était né, près de

4 Bosanski Novi. Je ne suis plus trop sûr de l'endroit.

5 Les Serbes l'ont pratiquement assiégé. Il faisait l'objet d'une espèce de

6 couvre-feu. On l'autorisait à quitter sa maison pour faire des achats, on

7 n'a pas détruit sa maison. Il a réussi à parvenir en Allemagne. Il s'est

8 retrouvé dans un camp de réfugiés en Allemagne, et c'est là qu'il est

9 mort. Voilà un exemple atroce du sort que peut subir un officier tout à

10 fait honorable.

11 Ceci vous donne une idée du climat qui régnait et qui avait ravagé toute

12 la région, et les Serbes qui auraient dû l'aider. Et moi, j'ai demandé à

13 certains officiers que je connaissais de l'aider, cet homme. Bien sûr

14 qu'il avait survécu; cependant, il avait été pratiquement assigné à

15 résidence.

16 Question: Oui, il y a beaucoup d'exemples individuels tragiques. Mais

17 établissons une chose, essayons tout du moins. Vous avez parlé de

18 l'armement illégal, de la distribution des armes, surtout dans des régions

19 qui entouraient les Serbes. Vous avez parlé d'incidents survenus dans des

20 endroits où il y avait une population ethniquement mixte.

21 Est-il vrai de dire que, par ailleurs, des unités de la TO formées par les

22 Serbes locaux comptaient aussi des Croates qui voulaient défendre la RSFY?

23 Réponse: Je sais que le mouvement de la Ligue des communistes de l'ex-

24 Yougoslavie avait vraiment animé ces membres et qu'il y avait, dans sa

25 partie, des personnes de plusieurs appartenances ethniques. Ils

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1 encourageaient les gens à rejoindre la JNA. Ils ne se sont pas insérés

2 dans la JNA en tant que groupes organisés, pas plus qu'ils ne portaient

3 des insignes du parti, des marques idéologiques.

4 Et je peux vous dire, dans ce sens, qu'il y avait et des Croates et des

5 Musulmans, surtout des communistes, qui avaient rejoint la JNA. Ce qu'il

6 est advenu de ces personnes par la suite, lorsque l'armée de la Republika

7 Srpska a été formée, ça je ne le sais pas. Je suis au courant de ce qui

8 s'est passé pendant la JNA existait encore.

9 Question: Etes-vous au courant d'une brigade qui avait à sa tête des

10 Musulmans dans l'armée de la Republika Srpska?

11 Réponse: Non, je ne sais pas.

12 Question: On y reviendra. Vous souvenez-vous que des avions MIG de notre

13 armée de l'air -je parle ici de la JNA- ont repoussé des hélicoptères du

14 MUP de Croatie, dans lesquels se trouvaient des membres du ZNG qui

15 voulaient atterrir à Obrovac et à Knin?

16 Réponse: Oui, je me souviens de ça.

17 Question: Est-il vrai qu'en fait cette armée avait pour but d'empêcher que

18 n'éclate un conflit plus important, avec les raids lancés par ces forces

19 spéciales dans la région qui voulaient faire intrusion sur un territoire

20 où vivaient les Serbes?

21 Réponse: La première et principale des raisons de la réaction de

22 l'aviation de guerre était de nature pratique et purement formelle.

23 L'arrivée de ces hélicoptères n'a pas été annoncée de façon régulière au

24 contrôle, aux aiguilleurs du ciel. Lorsqu'ils sont entrés en contact avec

25 eux, ces derniers ont donné des données erronées. C'était la raison

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1 formelle pour laquelle, indépendamment de la nature de l'aéroplane en

2 question, les avions ont décollé pour ordonner à ceux-ci de retourner à

3 leur point de départ. C'était donc objectivement la raison principale de

4 leur intervention.

5 Mais, d'après les renseignements dont je disposais s'agissant de ce cas,

6 dans ces hélicoptères on a chanté des chansons oustachis et on menaçait

7 ceux qui ne voulaient pas venir avec eux. Il était évident que l'on

8 préparait le transfert de ces troupes d'unités spéciales vers des postes

9 de police -ou je ne sais quoi- pour procéder à un désarmement. On s'est

10 servi des avions pour faire revenir sur leurs pas les hélicoptères en

11 question. Il y avait un fondement légal pour se faire.

12 Question: Oui, mais on ne saurait affirmer que l'intervention des forces

13 aériennes pour stopper les hélicoptères ne cherchait pas du tout à

14 empêcher le fonctionnement de l'Etat de droit croate?

15 Réponse: Non. L'Etat croate a violé les normes juridiques pour ce qui est

16 des survols.

17 Question: Je vous pose la question parce que le témoin Milan Babic a dit

18 qu'on les a stoppés pour rendre impossible le fonctionnement de l'Etat de

19 droit croate.

20 Réponse: Je ne pense pas qu'il ait connu les faits réels ou peut-être

21 qu'il y a une autre raison.

22 Question: Bien. Que savez-vous me dire au sujet de Pakrac? Je vais être

23 plus précis encore parce qu'il nous faut économiser notre temps.

24 Serait-il exact de dire que le 2 mars 1991, à Pakrac, 600 membres des

25 unités spéciales du MUP de Croatie ont effectué un raid sur des maisons

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1 serbes, ont perquisitionné ces maisons, ont maltraité les Serbes, et les

2 Serbes ont alors fui dans la campagne ou vers les montagnes à ce moment-

3 là?

4 Réponse: Une partie de ce que vous venez de dire est exact, en effet.

5 C'est ce qui a précédé tout le reste; à savoir les Croates, membre de ce

6 poste de police à Pakrac, suivant le principe qui était celui que l'on a

7 utilisé à Knin, ont été chassés de ce poste. Ils avaient avancé comme

8 raison le refus de hisser le drapeau croate à damier.

9 Alors, il y a eu d'abord une résistance de la part des gens de ce poste de

10 police. Ils refusaient le drapeau que voulait imposer la nouvelle autorité

11 croate. Par la suite, il y a eu intervention de 615 membres de la police

12 spéciale sous le commandement… je ne me souviens plus du grade. C'était un

13 inspecteur quelconque, il s'appelait Stjepan Markac.

14 Quand je suis arrivé moi-même à Pakrac, j'ai retrouvé une grande masse de

15 policiers qui se déplaçaient par section de dix, comme l'armée le fait.

16 J'ai vu beaucoup de civils adossés au mur, qu'on était en train de

17 fouiller. Je ne sais pas s'ils avaient fait des perquisitions des maisons,

18 je n'ai pas pu le remarquer.

19 Mon envoi vers Pakrac a d'ailleurs été motivé par le fait que certains

20 Serbes avaient fui Pakrac, ils étaient passés du côté bosniaque.

21 Puis, l'un quelconque des secrétariats de la Défense nationale avait

22 appelé soit vous, soit quelqu'un d'autre à Belgrade, et ils ont dit qu'à

23 l'église de Pakrac 40 Serbes étaient d'emprisonnés, qui allaient être

24 égorgés et incendiés. C'est la raison pour laquelle le secrétariat fédéral

25 de la Défense nationale m'avait envoyé à Pakrac pour vérifier ce qui se

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1 passait. Il n'y avait pas de civils dans l'église, mais l'église avait été

2 prise comme installation militaire et au clocher de l'église il y avait un

3 fusil mitrailleur.

4 Question: Qui s'était emparé de l'église?

5 Réponse: Le MUP de Croatie.

6 Question: Donc le MUP de Croatie s'est emparé de l'église et avait placé

7 un fusil mitrailleur sur le clocher?

8 Réponse: Oui, parce que c'était le point le plus élevé pour observer les

9 alentours.

10 Les Serbes d'une colline à côté, qui s'appelle Kavarija, ont tiré en

11 direction du poste de police et c'est à ce moment-là que l'un des membres

12 du MUP a été grièvement blessé.

13 Par la suite, il y a eu échanges de tirs, ouverture de feu à partir d'un

14 blindé de transport de troupes du MUP croate. Ils ont dû tirer en

15 direction de deux soldats qui étaient là pour assurer la sécurité pour les

16 véhicules de combat qui étaient arrivés à Pakrac. Il y avait des blindés

17 de transport de troupes, des camions. Il n'y avait pas encore de chars,

18 ils ne sont pas entrés dans Pakrac; ils ont tiré vers cette petite maison

19 ou cette guérite où il y avait les deux gardiens. Et par la suite, l'armée

20 est entrée dans Pakrac, ces dix, douze camions et blindés de transport de

21 troupes sont entrés dans Pakrac pour séparer les effectifs serbes et

22 croates.

23 Cette nuit-là, M. Digoricija (phon.) est venu à Pakrac. C'est ce jour-là

24 qu'il avait été nommé ministre de l'Intérieur de la Croatie.

25 Nous avions déposé une plainte au pénal pour ce qui est des deux personnes

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1 qui avaient le feu en direction de l'armée mais il n'y a pas eu de

2 poursuite parce qu'on les a mises à l'abri, à l'écart.

3 Question: Qui les a mises à l'écart?

4 Réponse: C'est le MUP qui l'a fait. Puisque vous entrez dans ces détails,

5 je dirais qu'ils ont été mis à l'abri comme ceux, à Trstenik, qui se sont

6 attaqués à moi en 1999. Et le procès n'a jamais eu lieu. Donc comme je

7 viens de le dire, c'est le MUP qui est les a mises à l'abri.

8 Par la suite, il y a eu une réunion d'une partie de la Présidence sous la

9 conduite de M. Mesic. Il y avait M. Bucin. Il y avait, je crois, aussi M.

10 Bogicevic. Puis il y avait des supérieurs des officiers supérieurs du 5ème

11 District militaire. Et le litige est survenu sur ce qui suit: on a affirmé

12 qu'il n'y avait pas de réfugiés serbes dans les forêts aux alentours de

13 Pakrac, mais j'avais proposé à M. Mesic d'aller sur le terrain et de

14 vérifier. Il en a découlé un conflit entre moi et lui.

15 C'est tout ce que je pourrais vous dire au sujet de Pakrac. Par la suite,

16 la situation s'est apaisée, on a séparé les forces en présence. Et c'est

17 ce que je sais vous dire à ce sujet.

18 Question: Donc est-ce que l'on pourrait tirer une conclusion tout à fait

19 claire et nette: l'armée a procédé uniquement à une séparation des forces

20 en conflit?

21 Réponse: Absolument. Si elle ne l'avait pas fait, il y aurait eu un

22 conflit de grande envergure. Elle s'est retrouvée en sandwich entre les

23 effectifs du MUP et les effectifs serbes.

24 A partir du moment où l'armée est entrée dans Pakrac, les tirs ont cessé.

25 On a arrêté à ce moment-là 40 membres du MUP et quelques autres Serbes que

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1 l'on avait jugé appartenir au SDS, et on les a tous transférés vers

2 Bjelovar. La condition de remise en situation normale de ce poste de

3 police, c'était de faire en sorte que le MUP de Croatie ramène les 40

4 Serbes vers Pakrac. Ils ont été ramenés en effet, mais d'après ce que j'ai

5 pu voir, ils ont été tabassés.

6 Question: Ils ont tous été tabassés?

7 Réponse: Pas tous. Mais j'ai vu que certains d'entre eux portaient des

8 traces de coups.

9 Question: Serait-il exact de dire qu'après l'action réalisée par le MUP

10 croate à Pakrac, eh bien, il y a eu une action analogue appelée Plivitce?

11 Réponse: Oui, c'est exact. C'est l'impression qui était la mienne. J'en ai

12 déjà parlé à d'autres personnes. A savoir après Pakrac ils ont pris… ils

13 ont eu un regain de courage pour entamer des actions nouvelles. Donc c'est

14 après Pakrac que le MUP de Croatie a commencé à se comporter de fait comme

15 étant l'armée croate. Ils se sont dirigés en trois colonnes à partir de

16 Zagreb dans un ordre qui est purement militaire. Et à Pakrac, ils ont été

17 utilisés comme on utilise les effectifs de l'armée et non pas comme on

18 utilise les patrouilles du MUP, ils se dirigeaient là-bas en section et en

19 peloton. A mon avis, c'est une première manifestation de la légalisation

20 de ce qui deviendra par la suite "les forces armées de la Croatie".

21 Question: Dans quel sens vous entendez le terme "légalisation"?

22 Réponse: Ils sont allés là-bas avec 615 membres de la police qui ont

23 commencé à se comporter en tant qu'armée.

24 Question: C'est donc plutôt une démonstration d'activité en tant qu'armée,

25 ce n'est pas une légalisation, si je m'y connais bien en termes?

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1 Réponse: Appelez-le comme vous le voulez. Mais cela s'est fait au mois de

2 juin. On a aligné le rassemblement de la Garde nationale sur le stade, et

3 il y a eu un passage en revue de ces troupes qui a été fait par vous savez

4 qui.

5 Question: S'agissant maintenant du rôle de la JNA et de Plivitce, serait-

6 il exact de dire que le 10ème Corps de Zagreb, après le conflit survenu

7 entre le rassemblement de la Garde nationale d'une part et les citoyens de

8 la localité appartenant aux groupes ethniques serbes, il y a eu un petit

9 groupe des effectifs de sécurité pour suivre ce qui se passait sur le

10 terrain, et notamment pour collecter et recueillir des informations?

11 Réponse: Ce n'est pas tout à fait ainsi que cela s'est passé.

12 Question: Comment cela s'est-il passé?

13 Réponse: Il est un principe: lorsqu'une unité militaire se déplace vers le

14 terrain, alors cette unité est accompagnée par des organes de sécurité.

15 Ils sont d'abord allés là-bas parce qu'une grande partie de l'unité était

16 sortie sur le terrain pour dissocier les effectifs en présence.

17 Question: C'est ce que je voulais vous demander. Au moment où il y a eu le

18 conflit à Plivitce entre la ZNG et les citoyens d'autre part, la JNA est

19 allée là-bas rien que pour les dissocier et rétablir la paix?

20 Réponse: Absolument.

21 Question: Elle ne s'est pas mise du côté des uns ou des autres?

22 Réponse: Absolument

23 Question: Allons de l'avant.

24 Réponse: Le premier commandant de cette unité dépêchée à Plivitce était un

25 général du groupe ethnique croate. Et il y en a eu beaucoup de révoqués

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1 entre temps, mais l'un de ces généraux étaient le général Raseta.

2 Question: Serait-il exact de dire que, le 2 mai, les membres du MUP

3 voulaient réaliser une action analogue, une opération analogue à Borovo

4 Selo, en lançant une attaque sur Borovo Selo?

5 Réponse: Ce 2 mai, je n'étais plus à Belgrade, je n'étais plus dans la

6 direction de la sécurité. Et je ne dispose pas de détails précis pour ce

7 qui est des sites d'intervention.

8 Mais ce que je sais, c'est que c'est une unité -me semble-t-il- provenant

9 de Osijek qui est intervenue une fois de plus pour dissocier les forces en

10 présence, les membres des ZNG et les Serbes d'autre part. Et on a ouvert

11 le feu sur la colonne en direction de la colonne militaire dès qu'elle

12 était sortie d'Osijek.

13 Question: Vous souvenez-vous ou pouvez-vous confirmer le fait que, suite à

14 ces événements-là, le 29 juin Radio Vukovar a convié tous les hommes

15 croates à venir à un endroit prévu pour le rassemblement munis de leur

16 canon long?

17 Réponse: C'est passé par la radio, tout le monde est au courant de la

18 façon dont cela s'est passé.

19 Question: Vous souvenez-vous de la déclaration de Zvonko Ostojic,

20 originaire de Vukovar, disant que des listes de personnes étaient déjà

21 dressées pour liquider des Serbes en vue dans le secteur de la Slavonie

22 orientale?

23 Réponse: Cet événement a eu lieu bien avant, sept ou huit mois avant.

24 Question: C'est bien ce que j'entends.

25 Réponse: Oui, bien avant. Nous avons eu cette information, ce

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1 renseignement dès le mois de décembre 1990.

2 Question: Les événements concernant donc les listes de personnes à

3 liquider, à expulser, à licencier, donc ce sont des choses qui datent de

4 1990 et par la suite jusqu'au conflit?

5 Réponse: Moi, je suis au courant de ces deux cas-là que l'on a cités, à

6 savoir Ostojic Zvonko et le dénommé Damir qui faisait partie de

7 l'organisation Hrvatska Uzdanica pour ce qui est des listes d'exécution,

8 de personnes à exécuter.

9 Question: Serait-il exact de dire qu'en août 1991, deux soldats ont été

10 tués, un officier a été blessé en date du 25, et six soldats et officiers

11 à Vukovar ont été blessés.

12 Réponse: C'est exact.

13 M. Milosevic (interprétation): Est-il exact de dire qu'auparavant le ZNG a

14 bloqué la caserne et l'ont coupée du reste du monde; ce qui fait que les

15 soldats et officiers n'ont pas eu ni électricité ni eau ni

16 approvisionnement pendant plus de 20 jours? Alors, non seulement on a

17 bloqué la caserne mais on s'est attaqué à elle moyennant des armes

18 variées?

19 M. le Président (interprétation): Je vais vous interrompre, Monsieur

20 Milosevic.

21 N'avez-vous pas dit auparavant, Général, que vous n'étiez pas au courant

22 de Vukovar parce que vous n'étiez pas en service à ce moment-là? Mais il

23 se peut que je me trompe.

24 M. Vasiljevic (interprétation): Vous ne devriez pas vous tromper, mais il

25 se trouve que j'étais encore en service d'active lorsque cela s'est passé

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1 à Vukovar.

2 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, il s'agit de l'année 1991.

3 M. le Président (interprétation): Oui.

4 M. Milosevic (interprétation): Donc je vais reprendre ma question.

5 Serait-il exact de dire qu'auparavant on a bloqué la caserne à Vukovar, et

6 ce par les bons soins du rassemblement de la Garde nationale? Et, pendant

7 20 jours, les gens là-bas n'avaient ni eau ni électricité ni

8 approvisionnement en vivres, ils ont été attaqués avec toutes sortes

9 d'armes. Et le 14 septembre déjà, parmi les membres de la JNA, il y avait

10 des morts, des blessés; ils n'avaient ni eau ni vivres, tout simplement

11 ils étaient complètement bloqués là-bas. Exact ou pas?

12 M. Vasiljevic (interprétation): Il y a beaucoup de questions dans ce que

13 vous venez de dire.

14 M. Milosevic (interprétation): Dites-nous ce qu'il y a d'inexact?

15 M. le Président (interprétation): Laissez le temps au témoin de répondre,

16 d'aborder chacune des questions. Je pense qu'il est injuste d'accumuler

17 les questions de la façon dont vous le faites.

18 La première question était celle-ci. Mon Général, est-il exact de dire que

19 la caserne de Vukovar avait été assiégée ou encerclée par la ZNG, pendant

20 une période de 20 jours?

21 M. Milosevic (interprétation): Cela s'est fait pendant plus longtemps. Et,

22 avant l'événement en question, la caserne avait déjà été bloquée pendant

23 20 jours.

24 M. Vasiljevic (interprétation): Permettez-moi de répondre.

25 M. le Président (interprétation): Allez-y.

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1 M. Vasiljevic (interprétation): Deux soldats ont été tués, comme l'a

2 indiqué l'accusé. Ces deux soldats ont été tués alors qu'ils sortaient

3 pour aller en ville. La caserne n'était pas encore complètement bloquée ou

4 assiégée.

5 Le 14 septembre 1991, une dépêche est arrivée, elle a été apportée à une

6 réunion du collège de généraux chez Kadijevic, et j'étais présent. La

7 dépêche était dramatique; on y disait que la caserne de Vukovar était

8 bloquée depuis 20 jours déjà et qu'ils avaient dépensé leurs dernières

9 réserves de vivres et d'eau, réserves qu'ils avaient chez eux. Ils ont

10 précisé qu'ils avaient plusieurs blessés qu'ils n'étaient pas en mesure

11 d'aider convenablement et qu'il y avait plusieurs morts qu'ils ne

12 pouvaient pas enterrer parce qu'ils ne pouvaient pas sortir dans la cour

13 de la caserne. Mais ils gardaient les morts enveloppés dans des draps et

14 la puanteur des cadavres influait de façon très négative sur le reste des

15 effectifs. On demandait donc à l'état-major général de leur venir en aide.

16 Le général Kadijevic a donné l'ordre à l'amiral Brovet de sortir de la

17 réunion et d'appeler Wijnaendts, me semble-t-il, et de lui dire de

18 transmettre à Franjo Tudjman qu'au cas où tout de suite, donc en un délai

19 immédiat, la caserne de Vukovar n'était pas débloquée, il aurait à faire

20 face à une grande guerre. Et Brovet est revenu à la réunion et il a dit

21 qu'il a transmis cela à M. Wijnaendts. Je ne peux pas l'affirmer pour sûr.

22 Question: Je vous le rappellerai, faites-moi confiance.

23 Réponse: Et il a alors demandé la patience de l'état-major pour les 24

24 heures qui viennent. Puis, il a informé le général Raseta à Zagreb de

25 l'arrestation du général Aksentijevic avec sept officiers qui rentraient

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1 d'une mission officielle. Et il y aurait été dit, de la bouche de quelques

2 dirigeants de Croatie, que Tudjman avait déclaré qu'à Vukovar la Croatie

3 se défendait elle-même et qu'elle ne s'attaquait à personne.

4 C'est donc ainsi que le lendemain, le 15 septembre, des unités importantes

5 de la JNA ont fait mouvement, et c'est ainsi qu'on a débloqué la caserne.

6 C'est ce que je puis témoigner pour ma part; j'ai été participant, et

7 c'est ce qui est resté vif dans mon souvenir.

8 Question: Donc il n'est pas contesté que le 14 septembre, alors que la

9 caserne était depuis 20 jours bloquée sans vivres, sans eau, avec des

10 morts et des blessés, donc dans une situation sans issue, sans issue au

11 point de ne pas pouvoir sortir enterrer les morts, en raison de tirs qui

12 leur tombaient dessus de toute part. C'est exact?

13 Réponse: C'est exact. Et le lendemain, ce 15 septembre, on a entamé des

14 blocus de toutes les installations militaires en Croatie. Donc, le 15

15 septembre, on a commencé à bloquer toutes les installations de l'armée en

16 Croatie. On a bloqué également le commandement du Corps des forces

17 aéroportées à Zagreb, on a bloqué tout le Corps qui se trouvait à

18 l'aéroport, et celui-ci s'est rendu le 21 septembre, si mes souvenirs sont

19 bons.

20 La garnison à Bjelovar est restée et a continué à résister sept jours

21 encore. Il s'agit d'une garnison où le commandant Tepic a fait sauter un

22 arsenal, un dépôt d'armes parce qu'il ne voulait pas se rendre. Et c'est

23 la garnison où une fois que la ZNG est entrée dans la caserne et elle a

24 fusillé le commandant chargé des activités politiques et des activités

25 idéologiques. On a fusillé également le chef de la sécurité.

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1 Question: Donc on peut constater que le blocus de toutes les casernes en

2 Croatie a alors été effectué suite à une décision de la direction de la

3 Croatie?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Vous souvenez-vous du fait que Brovet, après l'entretien que

6 vous avez mentionné avec Lord Carrington et Kadijevic, lui avait demandé

7 de le faire à l'occasion de cette réunion? Il a dit que Carrington avait

8 envoyé un message à Kadijevic demandant à la JNA de s'abstenir de toute

9 intervention pour convenir, de son côté, avec Tudjman, le déblocage des

10 casernes.

11 Serait-il exact de dire que la JNA a respecté ce délai de 24 heures? A-t-

12 elle attendu, oui ou non, que Lord Carrington et Tudjman se mettent

13 d'accord pour le déblocage des casernes, et ce n'est qu'après qu'elle est

14 intervenue, une fois qu'il est devenu tout à fait clair que les casernes

15 ne seront pas débloquées, et les casernes se trouvaient dans la situation

16 que vous avez décrite? Donc, n'est-il pas exact de dire que la JNA a

17 respecté le délai?

18 Réponse: J'ai déjà répondu que les préparatifs pour la libération et le

19 déblocage des casernes, de la caserne à Vukovar ont commencé seulement le

20 15 septembre.

21 Question: Et cette intervention avait-elle quelque autre objectif que ce

22 soit, si ce n'est celui de débloquer, de libérer la caserne?

23 Réponse: L'objectif premier était celui que j'ai indiqué. C'est celui dont

24 j'avais connaissance.

25 Question: Avez-vous connaissance du fait… Comment avez-vous connaissance

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1 de la façon dont les soldats de Vukovar ont été tués? Comment les corps,

2 les cadavres de ces soldats ont été arrosés d'essence et incendiés, par

3 ces mêmes formations paramilitaires qui sont intervenues là-bas?

4 Réponse: Je suis au courant d'une partie de cela. Je suis au courant de ce

5 qui s'est passé avec les membres de la police militaire qui ont été tués à

6 l'occasion de la première attaque lancée. Je sais aussi ce qui s'est passé

7 avant cela. Je sais ce qui date de la période où nous avions œuvré…, où

8 nous avons travaillé à la découverte des importations illégales d'armes en

9 Croatie.

10 M. Milosevic (interprétation): Bon.

11 M. Vasiljevic (interprétation): Attendez! Attendez! Permettez-moi de

12 finir.

13 Avant cela, déjà, il y a eu une campagne de menée, de conduite à un

14 rassemblement du parti. Vuk Draskovic disait que "les terres serbes se

15 trouvent là où il y a des tombes serbes". Je ne sais pas si vous vous

16 souvenez de ce qu'il a dit.

17 Alors, la direction du HDZ à Osijek, avec à sa tête M. Seks, a adopté une

18 décision au terme de laquelle les membres de la JNA, morts sur le

19 territoire de la Croatie, ne devaient pas être enterrés, parce que les

20 Serbes allaient venir sur leur tombe. C'est ce que Vuk Draskovic avait

21 dit. Et c'est alors qu'il a été décidé de les incendier, de mettre le feu

22 à ces cadavres.

23 Et, ce que je suis en train de vous dire, cela se trouve en partie dans le

24 journal de Marin Vidic qui avait été commandant de la cellule de crise et

25 qui avait été l'homme chargé de commander la défense de Vukovar. Il a été

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1 emprisonné, et le journal a été confisqué.

2 Je ne sais pas combien de cadavres de soldats morts ont été incendiés,

3 mais je sais que l'on a retrouvé quelques 20 cadavres de membres de la

4 JNA.

5 M. le Président (interprétation): Il nous faut terminer l'audience. Nous

6 avons dépassé le temps prévu. Un autre procès doit tenir audience cet

7 après-midi.

8 Monsieur Milosevic, afin que vous puissiez vous préparer au cours du week-

9 end, je vous avertis du fait que vous avez encore quatre heures et quart

10 pour le contre-interrogatoire de ce témoin. Et ajustez celui-ci de façon à

11 terminer dans les temps.

12 M. Milosevic (interprétation): Bien, Monsieur May.

13 Moi, je vous ai posé la question de savoir si vous alliez m'accorder un

14 peu plus de temps, même pour mardi. Mais si j'ai bien compris, en termes

15 pratiques, ce que vous venez de dire, vous ne me laissez que lundi?

16 M. le Président (interprétation): C'est bien cela.

17 M. Milosevic (interprétation): Au total, cela fait moins de deux jours et

18 demi.

19 M. le Président (interprétation): Cela fait, en tout, huit heures; c'est-

20 à-dire un peu plus de temps que celui réservé à l'accusation.

21 Oui, nous allons lever l'audience.

22 (L'audience est levée à 13 heures 48.)

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