Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 8 février 2006

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Madame Uertz-Retzlaff.

7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

8 LE TÉMOIN: BRANKO KOSTIC [Reprise]

9 [Le témoin répond par l'interprète]

10 Contre-interrogatoire par Mme Uertz-Retzlaff : [Suite]

11 Q. [interprétation] Monsieur Kostic, avant de revenir là où nous nous

12 étions arrêtés hier, très rapidement une question à propos de Sarvas,

13 notamment, et de cet autre village dont nous avons parlé hier, il n'y avait

14 pas d'installation, ni de caserne de la JNA dans ces deux villages, n'est-

15 ce pas ?

16 R. Je ne sais pas.

17 Q. Vous ne --

18 R. Je vous l'ai dit hier je ne suis jamais allé à Aljmas ou à Sarvas ou

19 quel que soit le nom de ces endroits; ne posez pas des questions sur des

20 sujets dont je n'ai aucune connaissance. Je n'ai aucune connaissance sur

21 ces installations militaires, n'étaient-elles pas je ne sais pas, mais je

22 sais que les Unités paramilitaires de Croatie ont pris ces positions et

23 c'est de là qu'elles menaçaient des membres de la JNA.

24 Q. Hier, nous nous étions arrêtés au moment où nous parlions de la séance

25 de la présidence qui a duré trois jours, du 12 au 15 mars 1991, et nous

26 avions lu un extrait du livre écrit par M. Jovic, qui nous disait que mis à

27 part M. Jovic et Jugoslav Kostic, personne n'avait marqué son accord pour

28 déclarer un état d'urgence. Ma question était de savoir quel était l'objet

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1 du votre et la manière dont les membres s'étaient prononcés. Reprenons cet

2 extrait.

3 Nous avons fait une citation hier. C'est la rubrique du 12 mars 1991, et

4 toute à la fin, et il dit ceci : "Les personnes suivantes ont voté pour une

5 version remaniée, abrégée de la décision sans apposer l'état d'urgence et

6 sans rehausser l'état de préparation au combat ainsi que la mobilisation

7 supplémentaire," donc, c'est le votre, c'est là-dessus qu'il portait. Ce

8 n'était pas à propos de l'état d'urgence mais à propos du fait d'améliorer

9 l'état de préparation au combat ainsi que la mobilisation supplémentaire.

10 Bucin, Sapundzija et Jovic ont voté pour, Bogicevic, Mesic et Tupurkovski

11 contre. Je pense qu'ainsi nous avons tiré au clair la question qu'a posée

12 M. le Juge Kwon et aussi cela précise les souvenirs vagues que vous aviez.

13 R. Excusez-moi, je me dois de vous corriger. Hier, vous avez bien dit ce

14 que vous avez dit aujourd'hui mais je ne l'ai pas confirmé. Tout ce que

15 j'ai dit c'était que je n'avais pas participé à cette séance de travail et

16 que j'avais suivi le reportage qui en avait été fait à la télévision et

17 j'avais vu ces images à plusieurs reprises. La plus grande partie de mon

18 peuple et moi aussi nous croyons qu'à cette réunion de mars, Bogic

19 Bogicevic avait voté en faveur de la déclaration d'un état d'urgence --

20 Q. Je vous arrête. Nous avons parcouru cet extrait du livre et vous avez

21 déjà dit que vous n'étiez pas sur place, donc, nous allons en rester là.

22 R. Oui, mais vous avez essayé de présenter les choses comme si j'avais

23 confirmé ce que vous aviez dit.

24 Q. Pas du tout. Pas du tout. J'ai dit que cela se trouvait dans cet

25 ouvrage.

26 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Madame Uertz-Retzlaff, est-ce qu'on

27 n'a pas consigné officiellement l'issu de ce vote, le partage des voix ?

28 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] A ma connaissance ce n'est pas le

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1 cas, mais je le vérifierais pendant la pause. Je ne pense pas qu'on est une

2 trace quelconque de cela.

3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vous remercie.

4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

5 Q. Monsieur Kostic, hier vous parliez déjà avec M. Milosevic

6 -- je dis hier, c'était peut-être auparavant, vous avez discuté avec lui de

7 la pièce D333, intercalaire 51, là où on trouve dans un article de Politika

8 le discours fait par M. Milosevic le 16 mars 1991.

9 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je précise pour la Chambre que c'est

10 aussi la pièce 328, intercalaire 29. Nous en avions vu des images

11 enregistrées.

12 Q. J'aimerais faire une citation de ce discours, et vous pourrez en fait

13 vous servir, Monsieur Kostic, de l'intercalaire 51 que vous avez dans vos

14 classeurs.

15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur l'Huissier, nous avons

16 besoin de la page 2.

17 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

18 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] La traduction en anglais fait deux

19 pages, mais en serbe il n'y a qu'une page.

20 Page 2, disais-je, Messieurs les Juges, haut de la page.

21 Q. Monsieur Kostic, nous avons ici des propos tenus par

22 M. Milosevic, que je cite : "Vu la situation qui vient de se créer, je veux

23 annoncer que la République de Serbie ne va pas reconnaître la moindre

24 décision prise par la présidence de la RSFY parce qu'en raison des

25 circonstances ce genre de chose serait tout à fait dépourvu de légitimité.

26 Je n'accepterais pas de transfert d'autorité, conformément à la

27 constitution de Yougoslavie de Jovic à moi-même au cas où la présidence

28 démissionne parce que présidence qui a prôné le démantèlement, la

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1 désintégration de la Yougoslavie, je m'attends à ce que les Serbes -- les

2 Yougoslaves et la communauté internationale comprennent qu'aucun patriote

3 n'accepterait la légitimité d'un chef d'état collectif si celui-ci agit

4 contre l'intégrité du pays et une constitution en bonne et due forme.

5 J'exige de l'assemblée de la République de Serbie d'invoquer les documents

6 concernant la prise de fonction de l'assemblée du Kosovo à la prochaine

7 réunion et de prendre une décision à propos de la démission de Riza

8 Sapundzija de sa fonction de membre à la présidence de la RSFY."

9 C'est bien ce qui s'est passé, n'est-ce pas ? M. Riza Sapundzija été

10 démis de ces fonctions.

11 R. Oui.

12 Q. "Etant donné qu'on essaie de semer le trouble et des perturbations au

13 Kosovo-Metohija dans la région de Sandzak. J'ai ordonné la mobilisation des

14 forces de réserve parmi les forces de sécurité du ministère de l'Intérieur

15 de Serbie et la formation en toute urgence, de formations additionnelles de

16 la police, la République de Serbie. J'ai demandé au gouvernement de la

17 République de la Serbie de mettre en place toutes les mesures nécessaires à

18 la préparation des forces supplémentaires de façon à garantir la protection

19 des intérêts de la République de Serbie et du peuple serbe."

20 Ces forces de police ont bien été créées, établies, n'est-ce pas ?

21 R. A vrai dire, je ne peux pas vous donner de détails précis mais je pense

22 effectivement qu'il y a eu une augmentation des effectifs policiers. Ceci

23 était parfaitement du ressort du ministère de l'Intérieur et du président

24 de la République de Serbie. C'étaient les effectifs de police de la Serbie.

25 Ce n'était pas des éléments qui relevaient de la Fédération et c'est le

26 ministère de l'Intérieur de la Serbie en tant qu'Unités de la partie de la

27 Confédération qui en avait la responsabilité. Il n'y a pas de mal à cela.

28 Permettez-moi un commentaire. Vous voyez, tous les membres de la

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1 présidence de la RSFY après cette réunion de mars et comme il était

2 impossible d'accepter les décisions du Grand état-major, tout le monde a

3 démissionné. Il y a que Mesic, Bogicevic, Drnovsek et Tupursovic qui sont

4 restés.

5 Q. Je m'attendais à un commentaire de votre part sur ce que je vous avais

6 présenté mais vous avez parlé d'autres choses. Donc, je reviens à ma

7 question. Je dois vous le dire parce que vous avez déjà discuté avec M.

8 Milosevic sur ce qui s'est passé ce jour-là.

9 Ma question portait sur ces effectifs supplémentaires de la police et

10 je vous ai dit que ces effectifs supplémentaires ont été établis avec des

11 noms différents. Par exemple, d'abord, les

12 1er Knindzas et plus les Bérets rouges de Frenki, puis les Unités chargées

13 d'opérations spéciales, n'est-ce pas ? Vous êtes au courant ?

14 R. C'est ce que vous dites. Je ne suis pas du tout au courant de cela. Je

15 ne connais pas les noms non plus.

16 Q. Vous avez été élu à la présidence, mais cette procédure d'élection n'a

17 pas été soutenue par votre propre parti et votre propre parti ne vous a pas

18 soutenu, n'est-ce pas ?

19 R. Je ne sais pas d'où vous tenez cet élément d'informations. C'est mon

20 parti qui m'a nommé comme candidat à la présidence. A l'assemblée du

21 Monténégro, mon parti avait une majorité des deux tiers de l'assemblée et

22 c'est mon parti qui m'a choisi. Je ne sais pas d'où vous tenez que mon

23 parti ne m'a pas soutenu. Vous avez peut-être trouvé une partie, un passage

24 de mon ouvrage qui dit que lorsqu'on avait envisagé quels seraient les

25 candidats à la présidence, les hauts dirigeants ne m'ont pas proposé au

26 départ. Mais au sein de l'assemblée du Monténégro, mon parti avait

27 recueilli deux tiers des sièges et j'ai été élu.

28 Q. Je vous ai demandé si vous n'étiez pas soutenu par les dirigeants de

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1 votre parti et vous venez de le confirmez. C'est bien ce que vous avez

2 écrit dans votre livre, n'est-ce pas, et vous venez de le confirmer ?

3 R. Vous avez dit que mon parti ne m'avait pas soutenu. Je puis contenter

4 de dire que c'étaient les hauts dirigeants donc, le comité exécutif de mon

5 parti qui ne m'avait pas à l'époque choisi comme candidat. On m'avait

6 proposé un autre poste et mon parti m'a soutenu.

7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je demande le versement de cet

8 extrait du livre. Mme Dicklich va vous remettre ces exemplaires. Il s'agit

9 du livre écrit par M. Kostic pour qu'on n'oublie pas. Il s'agit de la page

10 ou des pages 267, 268, 269 et 270.

11 Q. Vous connaissez le contenu de votre livre. Donc, je peux poursuivre.

12 R. Oui, oui, allez-y.

13 Q. Les membres musulmans de l'assemblée ont également protesté, c'est ce

14 que vous dites dans votre livre. Ils s'opposaient à votre désignation.

15 Pourquoi, en raison des déclarations anti-musulmanes que vous auriez

16 faites. Cela se trouve dans votre livre aussi, n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. S'agissant du peuple musulman, que pensiez-vous ? Vous estimiez --

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] La réponse n'a pas été répercuté

20 dans le compte rendu d'audience.

21 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]

22 L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent que la réponse n'avait pas été

23 entendue.

24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Parlez bien dans le micro, Monsieur

25 le Témoin.

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela se trouve dans mon livre mais madame n'a

27 pas donné d'explications à savoir qu'il y a parfaites méprises de

28 l'attitude que j'avais envers les Musulmans. Je pense qu'elle devrait citer

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1 la totalité du passage parce qu'on dit bien dans le livre que les

2 représentants musulmans se sont opposés à ce que je sois élu.

3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

4 Q. Je n'ai pas fait toute la citation parce que vous vous souvenez

5 parfaitement de ce que vous avez écrit et les Juges pourront le lire.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais attendez, excusez-moi. Messieurs les

7 Juges, est-ce que je peux intervenir ? Si le Procureur dit ici en public

8 que j'ai une attitude, une position anti-musulmane, c'est une accusation

9 sérieuse et grave. C'est déformé la vérité. Si elle me citait une seule

10 phrase que j'aurais écrite ou si elle me cite une seule phrase sans donner

11 d'explications, à ce moment-là, cela prend une signification tout à fait

12 différente. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé --

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, M. Milosevic peut vous poser la

14 question dans le cadre des questions supplémentaires.

15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président --

16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je me suis contentée de mentionner

18 ces membres musulmans. Je n'ai pas dit nécessairement que c'était un fait.

19 Je me suis contentée de dire que les membres musulmans l'avaient affirmé.

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, M. Milosevic voudra peut-être

21 revenir sur la question plus tard.

22 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

23 Q. Monsieur Kostic, j'ai --

24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Attendez. Comprenez bien ce que je

25 vous ai dit. Je comprends bien et M. Milosevic aura la possibilité de vous

26 reposer la question au moment des questions supplémentaires. Inutile de

27 poursuivre.

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, mais écoutez. Mais --

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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous n'êtes pas censé interrompre

2 les débats.

3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

4 Q. Monsieur Kostic, en ce qui concerne la nation ou le peuple musulman,

5 vous pensez que les Musulmans n'étaient pas une nation du peuple comme

6 l'étaient les Serbes ou les Croates; est-ce bien ce que vous avez dit ?

7 R. Madame, vous faites preuve d'une ignorance parfaite en la matière si

8 vous dites ce genre de chose parce que vous faites une citation. Nous

9 étions dans un passage que j'ai écrit. Je suppose dès lors que vous aurez

10 lu ce que les Juges ne m'ont pas autorisé à lire. Si vous dites maintenant

11 que je ne reconnaissais pas les Musulmans en tant que peuple, qu'est-ce que

12 vous faites ? Vous avez de mauvaises intentions ou vous n'êtes pas bien

13 informé parce que vous ne parvenez pas à faire la différence entre "narod"

14 et "nacija", peuple et nation.

15 Les Juges m'ont demandé quels étaient les peuples constitutifs ou les

16 nations constitutives de la Yougoslavie, j'ai dit il y a quelques jours que

17 c'étaient les Slovènes, les Croates, les Serbes, les Macédoniens, les

18 Monténégrins, et cetera. Puis, j'ai ajouté qu'après 1962 ou 1965, je ne

19 sais plus, mon parti de la Ligue des Communistes -- vous savez qu'il y

20 avait un système monopartite à l'époque et à cette époque-là on a accordé

21 le statut de nation, de nation constitutive aux Musulmans uniquement en

22 raison de la religion qu'ils avaient. Si vous connaissez un peu la région,

23 vous devez faire forcément une distinction entre le terme "narod", peuple

24 et "nacija", plutôt nations ou nationalités.

25 Les Musulmans sont très nombreux au Monténégro. Tout petit déjà j'ai

26 fréquenté les Musulmans, mais il s'agit ici de deux concepts tout à fait

27 différents.

28 Q. Ce genre de détail n'était pas nécessaire. Vous avez été élu par le

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1 gouvernement du Monténégro en avril 1991 à ce poste, à la présidence, mais

2 vos fonctions n'ont été confirmées que vers le milieu du mois de mai. A

3 l'assemblée de la RSFY, il y a eu un problème parce que l'assemblée serbe,

4 elles avaient élu Sejdo Bajramovic et l'assemblée de la RSFY avait refusé

5 la ratification de ces nouveaux membres de ce fait; est-ce exact ?

6 R. Une première chose, ce n'est pas le gouvernement du Monténégro qui m'a

7 élu, c'est le parlement qui l'a fait. Je parle du poste que j'ai occupé à

8 la présidence. C'est vrai à l'assemblée de la RSFY il y a eu un problème.

9 Au niveau de la vérification de la ratification de Bajramovic et du

10 yougoslave Kostic parce qu'ils avaient tous deux été élus par l'assemblée

11 de Serbie. A ma connaissance, en vertu de la constitution serbe, cela avait

12 été respecté mais les dirigeants séparatistes slovènes et croates

13 essayaient déjà de semer la zizanie et de soutenir toute mesure prise dans

14 les provinces qui leur permettrait de mener à bien leur entreprise de

15 sélection plus rapidement.

16 Q. Bien, il y a un problème au niveau de M. Bajramovic parce qu'il ne

17 représente pas les intérêts de l'assemblée du Kosovo, mais plutôt les

18 intérêts de l'assemblée de Serbie. C'est bien ce qu'on a fait valoir à son

19 encontre, n'est-ce pas ?

20 R. Madame, M. Sejdo Bajramovic et M. Jugoslav Kostic étaient dans la même

21 situation; il n'y avait pas de raison.

22 Q. Je vous remercie, cela suffit.

23 A partir de la mi-mai et jusqu'au mois de juin 1992, vous avez participé

24 non seulement aux travaux de la présidence de la RSFY, mais aussi à des

25 rencontres avec les dirigeants serbes et monténégrins et des chefs de la

26 JNA en dehors des réunions de travail et des séances de la présidence,

27 n'est-ce pas ?

28 R. Oui. Oui, c'est certain et pas seulement avec eux, j'ai rencontré bon

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1 nombre de personnes qui partageaient ma volonté de préserver la

2 Yougoslavie.

3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je voudrais soumettre aux parties et

4 à M. Kostic un tableau que nous avons préparé qui va faciliter le travail.

5 Nous avons ici une vue d'ensemble des réunions qu'il y a eues au niveau de

6 la présidence complète ou en composition réduite de la RSFY et les

7 militaires entre mai 1991 et mai 1992. Ceci est mentionné dans le livre

8 écrit par M. Borislav Jovic les derniers jours de la RSFY.

9 Q. Nous avons appris ici que les événements mentionnés par

10 M. Jovic dans son livre -- je suppose qu'il y a eu beaucoup plus de

11 réunions que celles-ci, n'est-ce pas ?

12 R. Qu'est-ce que je suis censé faire de ce tableau ? Vous pensez que je me

13 souviens de la moindre des réunions --

14 Q. Non, on ne s'attend pas à ce genre de chose de votre part. Nous allons

15 en parcourir quelques-uns à peine, mais, si vous voyez le nombre total de

16 réunions, d'après le livre de M. Jovic, vous, vous avez participez à 21 de

17 ces réunions avec les chefs militaires. Pour M. Bulatovic, le décompte est

18 15. Je suppose que vous avez eu encore plus de réunions que ce qui est

19 mentionné par M. Jovic; est-ce exact ?

20 R. Franchement, j'en doute. Je suis plutôt enclin à croire que vous en

21 avez ajouté des réunions. Mais vous savez nous avions tous les jours des

22 réunions. La situation était tout à fait dramatique, le pays se

23 démantelait. Il y avait une guerre. Nous avions des réunions tout le long

24 de la journée. Ne vous attendez pas à ce que je sois en mesure de confirmer

25 effectivement pour chacune de ces réunions qu'elles ont bien eu lieu à ces

26 dates-là. Vous voyez que M. Jovic a participé à la plupart de ces réunions,

27 mais c'est normal puisqu'il se trouvait à la présidence avant que je ne

28 sois nommé membre de la présidence et avant que je ne sois élu vice-

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1 président de cette présidence.

2 Vous parlez de réunions avec Milosevic et Jovic, mais c'est certain. Je

3 vous l'ai déjà dit. Comment voulez-vous que je sache dans quelle mesure ces

4 deux hommes communiquaient. Je suppose que leur communication était

5 fréquente. C'est tout à fait normal puisqu'ils représentaient la Serbie au

6 niveau de la Fédération.

7 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ceci est censé apporté la preuve de

8 réunions avec les militaires, n'est-ce pas ?

9 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui.

10 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Alors, quelle signification faut-il

11 apporter à une réunion où aucun des représentants des chefs militaires

12 n'était présent ?

13 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Dans ce tableau, vous avez non

14 seulement des rencontres avec les chefs militaires, mais aussi et mes

15 questions suivantes vous le montreront avec un groupe de personnes qui se

16 réunissaient fréquemment.

17 Q. Monsieur Kostic, vous l'avez lu ce livre de M. Jovic. Vous savez que M.

18 Jovic parle d'un groupe de six hommes, dit-il, à savoir lui-même,

19 Milosevic, Bulatovic, Kadijevic, et Hadzic, les deux généraux, et vous-

20 même. Vous souvenez-vous du fait qu'il parle de ces six hommes ?

21 R. Ce terme "groupe," je ne l'ai pas remarqué. Mais à en juger d'après les

22 noms des hommes que vous venez de citer, c'étaient les hommes qui

23 constituent une équipe qui représentaient au plus haut niveau la Serbie au

24 niveau des instances fédérales et ce sont des hommes les plus hauts placés

25 au sein du Grand état-major. Mais le terme de "groupe," je ne l'ai pas

26 remarqué.

27 Je crois que je commence à comprendre maintenant pourquoi vous parlez sans

28 arrêt dans votre acte d'accusation de l'entreprise criminelle commune.

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1 Q. Monsieur Kostic, je viens de dire à l'instant que M. Jovic n'a pas

2 utilisé le terme "groupe" c'est moi qui l'ai utilisé. Il parle de six

3 hommes. Nous pouvons parler ainsi.

4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, ce tableau

5 concerne ces six hommes et montrent les réunions.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le titre induit en erreur, parce

7 qu'il n'est question ici que de réunions entre la présidence et les

8 militaires.

9 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, vous avez raison.

10 Q. Monsieur Kostic, l'une des réunions m'intéresse en particulier, une

11 seule. C'est la réunion qui s'est tenue le

12 14 juillet 1991 [comme interprété]. Elle figure à la pièce à conviction

13 596, intercalaire 1. C'est la déclaration de M. Jovic en application de

14 89(F).

15 Est-ce que vous pouvez examiner le paragraphe 87, il est question ici

16 de : "La réunion qui aurait eu lieu chez Kadijevic, le 14 août 1991.

17 Kadijevic, Adzic, Milosevic, Bulatovic, Kostic et moi-même" - c'est M.

18 Jovic - étions présents. C'est M. Jovic. "Nous avons reçu des informations

19 sur la situation militaire sur le terrain, entre autres en Krajina et en

20 Slavonie. Kadijevic nous a dit qu'il y avait des désaccords entre les

21 Serbes de Krajina et Slavonie du point de vue politique et militaire, les

22 deux à la fois. Des individus tels que Kostic ou plutôt des -- parmi les

23 participants, Kostic, par exemple, a fait des déclarations sans

24 consultation en opposition aux positions adoptées par l'armée," et cetera.

25 "La coordination était nécessaire parmi les six. Kadijevic a proposé l'idée

26 de créer une équipe d'experts (plus importante que les six membres). Cette

27 idée a été acceptée, mais non par Kadijevic."

28 Vous vous en souvenez ?

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1 R. Je dois dire qu'il y a eu beaucoup de réunions semblables. Celle-

2 ci en particulier, chez Kadijevic, je ne m'en souviens pas. Ce que vous

3 venez de lire, je n'ai aucune raison de le remettre en question. Il est

4 possible que ce soit vrai. Je sais que j'ai eu l'occasion de m'exprimer par

5 la voix des médias et de faire des déclarations, et il y avait une

6 confusion totale dans la population, voyez-vous. C'est ce que j'ai dit

7 également dans mon livre. J'ai dit qu'à une occasion, lorsque j'ai parlé à

8 M. Milosevic au téléphone, il m'a dit : "Branko, tu apparais trop souvent

9 dans les médias." A ce moment-là, je lui ai dit : "Je vous remercie, mais

10 j'ai l'impression que vous, vous n'y apparaissez pas suffisamment souvent."

11 Dans ma déposition, jusqu'à présent, j'ai déjà dit que nous n'avions

12 pas des avis identiques sur tout. Précédemment, lors des journées

13 d'audiences précédentes, j'ai évoqué des différends que j'ai pu avoir avec

14 M. Jovic --

15 Q. Monsieur Jovic, permettez-moi de vous recentrer sur ce que nous étions

16 en train d'évoquer. C'est la réunion du 14 août 1991. Vous ne vous en

17 souvenez pas; cependant, d'après ce que dit M. Jovic, d'après ses souvenirs

18 à lui, il semblerait que -- d'ailleurs, il

19 dit : "Des hommes tels que Kostic ont fait des déclarations sans

20 consultation en opposition aux positions adoptées par l'armée."

21 C'est une critique. Est-ce que ceci à voir avec ce que vous avez dit avec

22 votre déplacement à Borovo Selo ? Vous vous souvenez les critiques qu'on a

23 entendues ?

24 R. Non. Pour autant que je le sache, aucune critique ne m'a été adressée,

25 de la part des plus hauts responsables militaires jusqu'au départ à la

26 retraite du deuxième groupe de généraux en mai 1992. Aucune critique, ni de

27 la part de M. Kadijevic, ni de la part de M. Adzic au sujet de mes prises

28 de position publiques, à savoir qu'elles différeraient éventuellement des

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1 positions adoptées par l'armée. C'est un premier point.

2 Deuxièmement, ma visite à Borovo Selo n'avait aucune raison d'être à

3 l'origine de cette critique, parce que je me suis rendu à Borovo Selo après

4 avoir recueilli l'avis des autres membres de la présidence de la RSFY.

5 J'estime qu'en tant que représentant du Monténégro au sein de la

6 présidence, j'étais mieux placé pour m'y rendre, à Borovo Selo, que d'y

7 envoyer un représentant de la Serbie, car nous n'estimions pas que c'était

8 un problème qui concernait la Serbie uniquement, nous pensions que c'était

9 un problème yougoslave. Quant aux autres différends que nous ayons pu

10 avoir, donc l'engagement de la JNA, la levée du siège des casernes en

11 Croatie, c'est différent, ils se sont produits plus tard --

12 Q. Pour ce qui est de Borovo Selo, vous y êtes allé. Vous vous êtes

13 adressé aux Serbes du cru et vous avez employé les termes "notre armée"

14 lorsque vous leur avez parlé. Vous avez demandé qu'il y ait "une armée,

15 notre armée."

16 R. Encore aujourd'hui, je dis "notre armée", c'est l'armée populaire

17 yougoslave. J'étais vice-président et j'étais membre du commandement

18 Suprême qui commandant cette armée. C'était notre armée, et je dois dire la

19 meilleure armée, la plus organisée --

20 Q. [interprétation] Monsieur Kostic, je vais vous interrompre. Nous

21 viendrons à cela un peu plus tard, à ce qui a été dit à Borovo Selo.

22 M. Bulatovic, lui aussi, a rédigé un livre et dans son livre, il parle de

23 la réunion du 14 août 1991. Est-ce que vous vous rappelez ce livre de M.

24 Bulatovic intitulé : "Les Règles du silence ?" Monsieur Kostic, connaissez-

25 vous ce livre ?

26 R. Je connais ce livre. J'ai lu les premières 114 pages du livre de Momir

27 Bulatovic, les pages qui concernent la période où nous avons occupé ces

28 postes politiques. Dans mon dernier livre, je présente une analyse de ce

Page 48204

1 livre de M. Bulatovic.

2 Q. Je voudrais ici citer ce qui est dit au sujet de la réunion du 14

3 octobre. Non. C'est la journée du 14 octobre, excusez-moi.

4 R. Oui, mais c'est déjà une toute autre chose.

5 Q. Oui. Il n'empêche que je souhaite citer quelque chose, parce qu'il

6 s'agit d'une réunion comparable à celle de laquelle parle M. Jovic.

7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je voudrais que des exemplaires

8 soient remis à toutes les parties présentes. Je pense qu'il serait

9 nécessaire de placer le document sur le rétroprojecteur, parce que nous

10 n'avons pas suffisamment d'exemplaires pour tout le monde. La version

11 anglaise, s'il vous plaît, peut-elle être placée sur le rétroprojecteur, et

12 en serbe pour M. Jovic ?

13 Q. Dans son livre, il évoque la réunion du 14 octobre. M. Milosevic est

14 présent, M. Jovic est présent, un membre de la présidence de la RSFY, du

15 côté monténégrin, Branko Kostic, Mile Djukanovic, et il dit la chose

16 suivante : "Tous nos entretiens, en particulier mes nombreuses rencontres

17 avec Slobodan Milosevic avant ceci et pendant les années qui allaient

18 venir, se sont déroulées dans une même ambiance. Les rencontres étaient

19 tout à fait franches et ouvertes. On utilisait le vocabulaire ordinaire et

20 on discutait de tous les problèmes, y compris des difficultés les plus

21 graves, en se référant aux différentes affaires et en faisant des blagues.

22 En d'autres termes, on pouvait avoir la sensation que nous étions tous

23 membres de la même équipe, qu'on partageait le même destin indépendamment

24 des différences…"

25 Un peu plus loin, il est dit : "Pratiquement jamais, il n'y avait de

26 procès-verbal de ces réunions, ou ce n'était pas fait d'une manière que je

27 puisse le remarquer. Les notes officielles étaient rarement prises. Il y

28 avait des déclarations au sujet de certaines réunions qui ont été données.

Page 48205

1 Les déclarations étaient préparées par le chef de cabinet de M. Milosevic

2 ou par Milosevic et moi-même, qui rédigions un texte."

3 Est-ce que vous vous rappelez cela ?

4 R. Je me rappelle très bien cette réunion. M. Bulatovic donne de manière

5 exacte la liste des participants.

6 Quant aux remarques de M. Bulatovic, je ne voudrais vraiment pas

7 faire de commentaires là-dessus. Vous avez pu voir mon commentaire dans mon

8 livre. Je suppose que vous l'avez et que vous en avez pris connaissance.

9 C'était une réunion informelle peu avant l'ouverture de la conférence de La

10 Haye, qui allait se tenir le 18 octobre. Là, on est le 14 octobre.

11 La question qui s'est posée était de savoir ce qu'il fallait qu'on fasse,

12 compte tenu de la situation. On n'était pas satisfaits en voyant la teneur

13 du document de La Haye. Madame, je ne voudrais pas dénoncer publiquement ni

14 M. Bulatovic ni qui ce soit d'autre originaire de mon pays. Vous avez la

15 possibilité de vous adresser à M. Bulatovic. J'ai fait une critique de son

16 livre dans mon dernier livre intitulé "Notes," et j'ai dit à la fin de

17 cette analyse critique que je l'ai rédigée pour une seule raison, à savoir,

18 pour signaler qu'il fallait lire ce livre avec une certaine réserve parce

19 qu'il y avait un certain nombre d'inexactitudes dans ses écrits.

20 Q. Monsieur Kostic, on parlera de cette réunion en particulier, de la

21 situation telle qu'elle a été en octobre et du plan Carrington plus tard.

22 Maintenant, il n'y a pas lieu de nous attarder sur cette réunion davantage.

23 Mais M. Bulatovic parle d'un groupe d'hommes qui partagent le même destin

24 indépendamment de leurs différences.

25 Lorsqu'il dit "partager le même destin," est-ce que ceci a à voir

26 avec le maintien politique des dirigeants serbes et monténégrins ?

27 R. Je ne peux pas commenter maintenant ni expliquer maintenant ce que M.

28 Bulatovic voulait dire par là. Je peux supposer seulement que M. Bulatovic

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1 voulait dire qu'on partageait les mêmes convictions, qu'on déployait les

2 mêmes efforts, qu'on avait ce même désir de préserver la Yougoslavie.

3 D'ailleurs, je l'ai déjà dit; certes, nous avions des différences, mais

4 notre dénominateur commun, c'était notre souhait de préserver la

5 Yougoslavie et de résoudre notre crise politique de manière pacifique.

6 Il mentionne ces six hommes, oui, mais je vous ai déjà dit, c'étaient

7 les plus hauts responsables de Serbie-et-Monténégro. Il y a un chef d'Etat

8 et un chef de gouvernement pour ce qui est de la Serbie, puis vous avez le

9 chef d'Etat et le chef de gouvernement monténégrin, puis Jovic et moi, en

10 tant que membres de la présidence de ces deux républiques, et puis

11 Kadijevic et Hadzic, les hommes les plus hauts placés dans l'armée.

12 L'armée, elle avait la plus forte détermination à préserver la Yougoslavie

13 parmi tous les protagonistes yougoslaves. Donc je pense que c'est à cela

14 qu'il pensait, et non pas au maintien, au pouvoir.

15 Q. Monsieur Kostic, à partir du mois de mars, le maintien au pouvoir des

16 dirigeants politiques de Serbie-et-Monténégro et aussi au sein de la JNA,

17 c'était très étroitement lié au destin des Serbes de Croatie, n'est-ce pas

18 ? En aidant les Serbes de Croatie, on allait permettre le maintien au

19 pouvoir de ces dirigeants, c'est exact ?

20 R. Je dois vous corriger sur un point. Tout cela concerne les Serbes de

21 Croatie. Cependant, dans toutes nos déclarations, dans toutes mes

22 déclarations, vous verrez que nous sommes déterminés et que nous sommes

23 engagés à nous conformer à nos devoirs constitutionnels et S'il le faut,

24 que nous sommes prêts à offrir une protection physique à tout peuple qui se

25 trouverait menacé, que ce soit des Serbes ou autres. Je l'ai dit à Borovo

26 Selo qu'avec les Unités de la JNA, j'étais prêt à fournir l'aide à nos

27 Musulmans, à nos Albanais et à nos Macédoniens s'ils se trouvaient menacés,

28 comme les Serbes de Croatie s'étaient trouvés menacés. Donc, c'était un

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1 concours de circonstances, le fait que ce sont les Serbes de Croatie qui se

2 sont trouvés physiquement menacés.

3 Q. [aucune interprétation]

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Professeur, j'allais vous demander

5 comment répondez-vous à la question, mais vous l'avez fait.

6 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

7 Q. Je voudrais à présent que l'on examine la déclaration préalable de M.

8 Jovic. Il s'agit de la pièce 596, intercalaire 1. Ce sont les paragraphes

9 74 et 75 que nous allons examiner. Il s'agit du mois d'avril 1991,

10 représenté dans son livre. Le paragraphe 75, je cite pour vous donner le

11 contexte, M. Milosevic, Kadijevic, Adzic, Jovic, qui parlent de la

12 situation qui prévaut en Croatie et de la participation de la JNA.

13 Il est dit ici, je suis en train de citer la fin du paragraphe 74 :

14 "Nous leur avons demandé si les militaires allaient autoriser la police

15 croate à occuper Knin et d'autres villes serbes qui sont actuellement

16 placées sous le contrôle serbe. La réponse a été très claire; non…"

17 Je continue, paragraphe 75 : "La décision a été prise comme suit. Si

18 les Croates les attaquaient, ils allaient avoir recours aux armes et ils

19 allaient m'en informer. J'allais réunir la présidence et tout simplement

20 les informer du fait. Je n'étais pas prêt à rechercher une décision ou le

21 consentement. Milosevic et moi avons attiré leur attention sur le fait que

22 tout autre approche reviendrait à une trahison et dans ce cas, trahison

23 signifierait la chute des dirigeants serbes et l'effondrement de la JNA."

24 C'est ce que dit M. Jovic. Il établit un lien entre les dirigeants de

25 la JNA et les actions à prendre pour aider les Serbes de Croatie; êtes-vous

26 d'accord ?

27 R. Ecoutez, Madame, cet entretien du mois d'avril, c'est un moment où je

28 n'étais membre de la présidence. Puis, un deuxième point; j'espère vraiment

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1 que vous n'identifiez pas mes avis à ceux des dirigeants serbes. J'étais un

2 représentant des dirigeants monténégrins.

3 Je vous ai répondu déjà, en répondant à votre question précédente.

4 C'était un devoir constitutionnel à mon sens pour l'armée populaire

5 yougoslave et par la présidence dans son ensemble, non pas uniquement pour

6 Jovic ou Branko Kostic, mais un devoir constitutionnel de tous les membres

7 de tenir compte de manière équitable de tous les citoyens de la RSFY. Nous

8 ne devions pas uniquement nous occuper de notre propre république, c'est

9 pourquoi nous avons reproché d'ailleurs la nomination de M. Mesic, c'était

10 parce que --

11 Q. Monsieur Kostic, vous avez répondu à ma question et c'était très

12 précis.

13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Excusez-moi Madame Uertz-Retzlaff.

14 Professeur Kostic, je souhaite vous poser une question sur le rôle joué par

15 le président de la Serbie-et-Monténégro, pour ce qui est des affaires

16 fédérales, concernant l'Etat fédéral. Vous avez parlé de ces six hommes, en

17 disant que c'était une équipe. Alors, pourquoi est-ce que M. Milosevic et

18 Bulatovic participaient-ils à ces entretiens ? Une fois vous avez dit que

19 M. Milosevic n'avait rien à voir avec M. Jovic, qu'il n'a exercé aucune

20 influence sur M. Jovic, tout comme M. Bulatovic n'en n'avait aucune sur

21 vous. Alors, pourquoi est-ce qu'ils étaient présents ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais ce n'est pas ce que j'ai dit.

23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pouvez-vous préciser ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, je dois d'abord vous

25 corriger. Je n'ai jamais dit -- et je ne l'ai pas dit ici non plus -- que

26 M. Jovic n'avait aucun contact avec M. Milosevic. La seule chose que j'ai

27 dit c'est que je ne savais pas quelle était la fréquence de ces contacts,

28 mais je dois supposer compte tenu du fait que Jovic occupait le poste le

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1 plus haut de l'Etat fédéral, et que

2 M. Milosevic était président de la Serbie, bien, je ne peux que supposer

3 qu'ils avaient des contacts fréquents. Je n'ai jamais dit qu'il n'y eut

4 aucun contact entre eux. Cela c'est une première chose.

5 Une deuxième chose, on pourrait poser de la même manière une autre

6 question, mais je reviendrai à la vôtre. Mais, Monsieur Kwon, ne pensez-

7 vous pas que M. Mesic, M. Tudjman, M. Kucan et M. Drnovsek et M.

8 Izetbegovic, bien qu'ils n'aient pas constitué une équipe ? Ne pensez-vous

9 pas qu'ils se mettaient d'accord sur la manière d'agir ? M. Mesic dit dans

10 son livre d'ailleurs qu'après la réunion de la présidence qui s'est tenue

11 le 1er octobre, la réunion nous avons constaté que le pays était plongé dans

12 une situation de danger imminent de guerre que Bogicevic et Tupurskovski

13 ont été interpellés, pourquoi étaient-ils présent à cette réunion a-t-il

14 dit ? Cela ne lui a pas suffit. Il a envoyé une lettre à Izetbegovic et à

15 Gligorov, et il a demandé que cela : Tupurskovski et Bogicevic ne

16 continuent pas à venir aux réunions de la présidence. Je vous en prie

17 Milosevic est encore président de la Serbie, Bulatovic en tant que

18 président de la présidence monténégrine, ils ne sont pas tombés du ciel à

19 ces postes, ils ont été élus par le peuple lors des élections légales,

20 légitimes, démocratiques. Ce peuple était représenté par la voie de ces

21 députés parlementaires, par la voie de ses chefs au niveau du gouvernement,

22 de l'Etat, donc, ce peuple demandait la préservation de la Yougoslavie.

23 Donc c'est clair qu'il se devait être dans leur intérêt de représenter les

24 options, les souhaits de leur peuple, ce peuple qui les a élus.

25 J'espère que j'ai été clair.

26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.

27 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

28 Q. Au début de votre déposition lorsqu'on a parlé de l'année 1988, et des

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1 changements au Monténégro, vous avez dit qu'on considérait que M. Milosevic

2 était la personne qui pouvait faire changer les choses.

3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Il s'agit du transcript 46614 et

4 46615 [comme interprété].

5 Q. M. Milosevic était un dirigeant charismatique, n'est-ce

6 pas ?

7 R. Oui, sans aucun doute.

8 Q. Les gens s'attendaient à ce qu'il leur montre la voie ?

9 R. Ecoutez, replaçons-nous dans la situation, dans le contexte. Je dois

10 dire que toutes les couches sociales a apporté leur soutien le plus large à

11 M. Milosevic à commencer par celui qui nettoie des rues, des travailleurs

12 jusqu'au plus haut niveau. Ses photographies, son image était brandie, vous

13 savez en tant que président de la présidence de Monténégro, j'ai dit

14 publiquement que je n'appréciais pas tellement cette iconographie, et

15 lorsqu'on m'a demandé ce que je pensais parce qu'on a enlevé la photo de M.

16 Milosevic des autocars publics qui vont vers Malesija, Tusala [phon] où il

17 y a la minorité albanaise près de Podgorica. A ce moment-là, j'ai expliqué

18 que je pensais qu'il ne fallait pas susciter un malaise dans cette

19 population auprès de ce peuple, en montrant, en affichant ces images.

20 Q. Monsieur Kostic, M. Milosevic était vu comme un protecteur des Serbes

21 au Kosovo et des Serbes à l'extérieur de la Serbie; c'est exact ?

22 R. Il n'y a pas que cela. Mais je vais vous dire ce que j'en pense

23 personnellement. Comment je juge moi tout cela. Ce que j'en pense. Nombreux

24 ont souhaité attaquer M. Milosevic en tant que nationaliste et ils

25 continuent de l'attaquer aujourd'hui. Je dois dire que c'est erroné.

26 Pendant longtemps, M. Milosevic a préservé un nombre de ses convictions

27 communistes, je pense. C'était dans les années 1990, une crise une

28 stagnation généralisée et puis une crise économique assez grave, j'en ai

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1 parlé au début de ma déposition ici. Donc il faut en tenir compte et je

2 pense qu'un nombre de personnes ont pensé que M. Milosevic était un jeune

3 homme politique dynamique qui avait apporté un vent d'air frais dans ce

4 processus qu'il allait engager -- amorcer des changements. C'est cela mon

5 opinion personnelle.

6 Q. Oui. Vous seulement --

7 R. Si vous m'autorisez à ajouter un point : il y avait un nombre énorme de

8 personnes qui ont accordé leur soutien inconditionnel à M. Milosevic ce

9 jour-là -- à l'époque dans un entretien à Borba -- j'ai déjà dit et je

10 suppose que vous l'avez, parce que vous avec montré des citations de mes

11 propos de l'époque, bien j'ai dit qu'il y avait une palette très large, un

12 inventaire très large de personnes qui accordaient leur soutien à M.

13 Milosevic, mais que rapidement au sein de ce corpus il allait commencer à y

14 avoir des différenciations.

15 Q. Comme vous l'avez déjà dit, les dirigeants militaires, si on parle de

16 convictions communistes, les dirigeants militaires donc voyaient en M.

17 Milosevic le garant du maintien du socialisme, la RSFY, n'est-ce pas ?

18 R. Madame, il faudrait interroger les dirigeants militaires sur ce point.

19 Je peux vous dire que malgré tout ce que nous avons traversé en tant

20 qu'intellectuel et professeur d'université, j'ai aussi gardé certaines de

21 mes convictions socialistes parce que j'estime que certains éléments de cet

22 enseignement sont bons pour l'humanité.

23 Q. Conviendrez-vous que M. Milosevic était le personnage clé et l'acteur

24 principal en Serbie et parmi les Serbes en dehors de Serbie ?

25 R. Je peux dire que M. Milosevic représentait l'autorité politique la plus

26 forte, c'est lui qui avait le plus d'influence sur ce point, cela vaut pour

27 le territoire de la Serbie et une partie du territoire de Monténégro;

28 cependant, il serait totalement erroné de dire - et je l'affirme en toute

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1 conscience - il serait tout à fait erroné d'affirmer que M. Milosevic avait

2 une influence incontestée sur les dirigeants des Serbes en dehors de la

3 Serbie. Si vous souhaitez que je vous donne des exemples précis pour

4 illustrer mon propos, je peux vous en fournir.

5 Q. Nous passerons aux exemples un peu plus tard. D'abord quelques

6 questions au sujet de M. Milosevic. Conviendrez-vous qu'il lui est arrivé

7 de prendre des décisions sans consulter ceux qui normalement devaient

8 participer au processus de prise de décisions ?

9 R. Je n'ai jamais été dans une position telle que j'ai eu ce sentiment

10 parce que je n'ai jamais fait partie d'aucune instance directrice qui

11 impliquait M. Milosevic. Il était dirigeant de son parti en Serbie. Il

12 bénéficiait d'un soutien des deux tiers au parlement. Il était président de

13 Serbie et il a occupé les plus hautes fonctions, et je n'ai pas été en

14 mesure de ressentir cela directement. Mais si vous voulez mon opinion

15 franche et honnête, lors d'un débat à Pancevo qui a été organisé par les

16 partis d'opposition, Pancevo c'est une petite bourgade à côté de Belgrade.

17 J'ai donc été invité à participer à ce débat, et comme j'avais coutume de

18 le faire, j'ai répondu à cette invitation. J'acceptais ce type d'invitation

19 venant de tous les partis, cela c'est passé en mars 1992. On m'a interrogé

20 sur ce que je pensais de Milosevic. A ce moment-là, quand Milosevic

21 indubitablement était détenteur d'une autorité incontestable, j'ai dit sans

22 tourner autour du pot que tous les arbres avaient des branches et que

23 personne n'était sans tâche, sans défaut.

24 Il est vrai que certains ont été démis de leurs fonctions, ont été mis à

25 pied du jour au lendemain, cela c'est un des principaux reproches que j'ai

26 eu à faire à M. Milosevic. Maintenant s'agissant de ce qui s'est passé sur

27 la scène politique en Serbie, puis, voyant tout ce qui s'est passé depuis

28 que M. Milosevic n'occupe plus le poste de président, tout cela donc ne

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1 fait que renforcer ma conviction selon laquelle sur des territoires où il

2 n'y a pas eu de démocratie depuis longtemps, la démocratie ne saurait se

3 développer du jour au lendemain.

4 Q. -- Monsieur Kostic, laissez-moi vous interrompre.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Kostic, vous avez tendance

6 à faire des réponses extrêmement longue. Vous êtes le genre de témoin qu'il

7 faut contenir ce qui doit être fait soit par la personne qui vous interroge

8 soit par moi-même.

9 Si M. Milosevic n'était pas un personnage-clé parmi les Serbes qui

10 habitaient en dehors de la Serbie, pouvez-vous me dire s'agissant de chacun

11 des républiques, Bosnie-Herzégovine pour commencer, ce qu'il en était ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Si on traite de la question de manière

13 chronologique, il faut commencer par la Krajina de Knin, si vous souhaitez

14 que je commence par la Bosnie, "I'll do that." Je crois que c'est M.

15 Radovan Karadzic qui était le personnage-clé en Bosnie. Du point de vue

16 militaire, c'était le général Ratko Mladic qui était le numéro un. Ceci est

17 incontestable. Bien que je pense personnellement que les dirigeants des

18 Serbes de Bosnie, du point de vue idéologique que comme du point de vue

19 politique, ces dirigeants donc constituaient un groupe extrêmement varié,

20 mais ils mettaient en avant l'intérêt du peuple serbe et oubliaient pour un

21 instant leurs divergences. Ils travaillaient comme une véritable équipe, je

22 crois que Mme Plavsic a constitué l'exception parce qu'elle s'est toujours

23 montrée extrêmement extrémiste, en particulier lorsque l'on s'efforçait de

24 trouver des solutions pacifiques à la situation.

25 Dans la Krajina de Serbe, on trouvait deux personnages politiques-clés, et

26 c'est là qu'il convient de chercher la raison à ce qui a été la tragédie du

27 peuple serbe dans la Krajina. Les gens étaient divisés du point de vue

28 politique et idéologique à l'époque

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1 -- à l'époque où ils auraient dû ne faire qu'une chose c'est se défendre.

2 Monsieur Robinson, je suis désolé, mais on ne peut pas répondre en une

3 phrase à ce type de question. Si vous souhaitez vraiment une explication,

4 je vous serais reconnaissant --

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non, donnez nous une explication

6 concise après nous avoir donné les noms. En Krajina de Knin, vous parlez de

7 deux personnages importants.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Les deux personnages les plus importants dans

9 la Krajina de Knin pendant la période où j'étais à la présidence de la RSFY

10 étaient Milan Babic et Milan Martic. Je parle du premier semestre 1992, de

11 1991 également. Avant ils ont été précédés par le Dr Jovan Raskovic;

12 cependant, divergence entre Babic et Martic n'avait rien de personnel. Ce

13 qui les opposait c'étaient des notions idéologiques. Les partisans de

14 Babic, on peut dire qu'ils étaient les tenants du idéologique Chetnik.

15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] L'autre république ?

16 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Quelle autre république ? J'ai parlé de la

18 République de la Krajina serbe, j'ai parlé de la République serbe de

19 Bosnie. Quelle autre république ?

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. On a parlé de tout.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, moi, c'est un tout il me semble tout

22 cela.

23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Continuez, Madame le Procureur.

24 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

25 Q. Conviendriez-vous que c'est M. Milosevic lui-même qui a déterminé --

26 qui a pris des décisions de nommer telle ou telle personne à des postes

27 importants ? Est-ce qu'il n'a pas exercé dans ce domaine une influence

28 considérable ?

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1 R. Je ne le sais pas. Je ne peux le confirmer. Je peux supposer

2 qu'effectivement il a eu une influence, peut-être pas sur tout le monde

3 mais sur certaines personnes. Mais je ne peux pas vous apporter de

4 confirmation.

5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crains que Mme Uertz-Retzlaff ait omis

8 d'expliquer d'où -- de quoi elle parle exactement ? Oui, j'exerçais une

9 influence, et on ne sait pas où. M. Kostic répond en parlant de la Serbie,

10 alors qu'elle, il y a un certain temps qu'elle parle de la Krajina et de la

11 Bosnie, et dans ces conditions la réponse est différente.

12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. C'est, effectivement, c'est une

13 observation justifiée. De quoi parlez-vous ?

14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, je parlais de la Serbie.

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. C'est la Serbie.

16 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

17 Q. J'aimerais, Monsieur, vous présentez un extrait d'un livre écrit par M.

18 Jovic, c'est un livre qu'il a intitulé : "Livre relatif à Milosevic."

19 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] J'aimerais vous en présenter un

20 extrait, il s'agit de la pièce 596, intercalaire 3, page 29 en anglais.

21 Q. Je cite un extrait du livre de M. Jovic. Est-ce que vous connaissez ce

22 livre, Monsieur Kostic ?

23 R. Oui, je sais qu'il y a un livre qui a été écrit au sujet de Milosevic,

24 mais je ne l'ai pas lu.

25 Q. "Milosevic prétendait mener une politique absolutiste quant à la

26 nomination des postes importants et cela ne se limitait d'ailleurs pas ces

27 prétentions aux frontières -- aux territoires situés à l'intérieur des

28 frontières de la Serbie et de la République fédérale de Yougoslavie, en

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1 d'autres termes, à ses propres instances. Cela portait sur toute personne

2 qui n'était pas suffisamment obéissante et dont la destinée politique

3 pouvait être influencée par lui-même, de quelque manière que ce soit --"

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic.

5 L'ACCUSÉ : [interprétation] L'interprète a parlé de politique absolutiste.

6 Or, je pense qu'on a parlé de "police," et pas de "politique."

7 L'interprétation que nous avons entendue nous faisait croire que je

8 dirigeais une police absolutiste, en fait, il s'agit de politique

9 absolutiste.

10 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] En anglais, oui.

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est ce que j'ai entendu.

12 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, c'est ce que nous avons dit. On

13 parle; "D'une politique absolutiste s'agissant des cadres." J'ai cité cet

14 extrait.

15 Q. Je poursuis ma lecture, je cite : "Afin de se débarrasser de Milan

16 Babic, qui est alors président du gouvernement de la République de Serbie

17 de la Krajina qui était opposée à son point de vue, il a annoncé,

18 publiquement, qu'il avait décidé d'interrompre toute coopération avec la

19 République de la Krajina serbe jusqu'à ce que celle-ci élise d'autres

20 dirigeants. Ensuite, par toutes sortes de malversations politiques, il est

21 parvenu à ses fins."

22 Est-ce que ce que M. Jovic écrit ici est conforme à ce qui s'est

23 effectivement passé, parce que M. Babic se refusait à accepter le plan

24 Vance ?

25 R. Madame, je vous conseille de vous adresser à M. Jovic sur ce point

26 puisque vous citez ses propos. Mon point de vue est complètement différent.

27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il s'agit d'un fait dont on vous

28 parle. Pouvez-vous confirmer que M. Milosevic a annoncé publiquement qu'il

Page 48218

1 interrompait toute coopération avec la République serbe de la Krajina

2 jusqu'à ce que celle-ci élise d'autres dirigeants ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas sûr que ceci a été présenté de

4 cette façon, mais je sais que M. Milosevic a écrit une lettre ouverte à M.

5 Babic sur un ton très incisif qui a beaucoup surpris l'opinion publique;

6 cependant, j'interprète la chose de manière différente de M. Jovic. M.

7 Babic était un tenant d'une politique belliciste et il pensait que toutes

8 les régions de Yougoslavie devaient s'impliquer dans une guerre en Croatie,

9 devaient affronter l'armée croate qui, à l'époque, était beaucoup

10 nombreuse, beaucoup mieux équipée, beaucoup plus forte que l'armée

11 populaire yougoslave. Il préférait cette voie que la négociation avec

12 l'Europe alors que nous, nous étions en faveur de la solution de paix et

13 nous pensions que l'option de la paix, c'était le plan Vance. C'est la

14 raison des divergences qui existaient non seulement entre Babic et

15 Milosevic, mais aussi entre moi-même et Babic. Je n'étais pas d'accord non

16 plus avec Babic.

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

18 Q. Je n'étais pas en train de parler de lettres échangées entre M.

19 Milosevic et Babic, Monsieur le Témoin. Je vous demandais si vous saviez

20 qu'il avait annoncé publiquement qu'il avait décidé d'interrompre toute

21 coopération avec la RSK jusqu'à ce que celle-ci élise de nouveaux

22 dirigeants. Le savez-vous ? Parce qu'après tout, c'était en rapport avec le

23 plan Vance et vous avez participé activement à tout ce qui avait trait au

24 plan Vance, à l'époque.

25 R. A dire vrai, oui, effectivement. J'ai été impliqué dans tout cela et

26 notamment parce que M. Milosevic n'était pas en mesure de communiquer avec

27 eux. Il m'a demandé d'aller parler aux dirigeants de la Krajina. Mais pour

28 être tout à fait franc, je ne crois pas que M. Milosevic soit au courant de

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1 toutes les lettres que j'ai écrites ou les déclarations que j'ai faites, et

2 vice-versa.

3 Ainsi, par exemple, puisque vous me citez maintenant, quand j'ai

4 quitté la politique, j'ai coupé tous les liens avec la Republika Srpska à

5 cause de plans de paix. J'aurais peut-être fait quelque chose de semblable,

6 mais je ne sais rien de ce qu'aurait déclaré M. Milosevic au sujet de la

7 Krajina serbe et de son désir de couper toute coordination avec eux. Tout

8 ce que je sais, cela a trait aux dirigeants de Bosnie.

9 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Où ces déclarations ont-elles été

10 faites ? Est-ce que c'était dans le cadre d'un discours ?

11 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] J'y reviendrai quand on parlera du

12 plan Vance, parce qu'il est fait référence à M. Kostic dans le livre de

13 Jovic. Il y a un article également qui porte sur cela.

14 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui. Mais où est-ce que cela a été

15 dit ?

16 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] A Belgrade.

17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Lors d'une réunion, lors d'un meeting

18 et lors d'un discours ?

19 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Lors d'une allocution prononcée en

20 public.

21 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, mais cela ne veut rien dire. Cela

22 ne nous fait pas avancé, le témoin a parlé d'une lettre ouverte.

23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Il s'agissait d'un discours.

24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Un discours.

25 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] C'est du moins ce que j'ai compris de

26 la situation. J'y reviendrai plus tard quand je parlerai du plan Vance. Je

27 passerai en revue plusieurs documents qui ont trait à cela.

28 Q. Monsieur Kostic, vu la position très influente occupée par M. Milosevic

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1 en Serbie, au sein de ces six hommes, est-ce que

2 M. Milosevic n'était pas parmi ces six hommes celui qui avait le plus

3 d'influence ?

4 R. Enfin, vous n'allez pas quand même penser que moi, du Monténégro qui ne

5 compte que 600 000 habitants, j'avais plus d'influence que M. Milosevic,

6 qui représentait 10 millions personnes en Serbie.

7 Q. J'aimerais vous citer un extrait d'une interview que vous avez accordée

8 à un hebdomadaire monténégrin qui s'appelle Monitor. J'aimerais que l'on

9 procède à la distribution du document.

10 Vous souvenez-vous avoir accordé cette interview le 21 octobre 1994 ?

11 R. Je m'en souviens comme si c'était hier.

12 Q. Il s'agit d'un entretien assez long, donc je ne vais pas le passer en

13 revue dans son intégralité. Je vais me concentrer sur les passages qui nous

14 intéressent.

15 R. Cela a été publié en trois épisodes.

16 Q. D'abord, commençons par ce qui figure à la page 3, en anglais.

17 Q. On vous interroge au sujet de vos contacts avec

18 M. Milosevic, et vous dites : "Lorsque j'étais en poste, je peux dire qu'on

19 était en contact au quotidien."

20 C'est tout au début. Est-il exact que, lorsque vous étiez en poste à la

21 présidence, vous aviez des contacts quotidiens avec lui ?

22 R. Je ne dirais pas que c'étaient des contacts quotidiens. Je dirais

23 cependant que nous avions des contacts très fréquents, parce que la période

24 était très mouvementée et que lui, tout comme moi, passait des journées

25 entières dans son bureau, de l'aube jusqu'au soir. Parfois on déjeunait,

26 soit dans mon bureau soit dans le sien, mais jamais je ne suis allé chez

27 lui et jamais je n'ai rencontré les membres de sa famille. Non, nous avions

28 des contacts très normaux.

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1 Q. Un peu plus loin, d'ailleurs cela doit être indiqué dans votre

2 exemplaire.

3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je signale que cela figure à la page

4 4 de la version en anglais.

5 Q. Je cite : "Milosevic, qui d'ailleurs est plutôt méfiant, suspicieux,

6 faisait beaucoup plus de confiance à Bulatovic et aux jeunes dirigeants

7 monténégrins qu'à moi. Il en a été ensuite jusqu'à La Haye."

8 Donc, après La Haye, il vous a montré plus de confiance ?

9 R. Peut-être que les termes choisis ici sont un petit peu malheureux. Je

10 ne peux pas dire qu'il m'ait fait plus confiance après La Haye, mais

11 s'agissant des jeunes dirigeants monténégrins, que pour la plupart je ne

12 connaissais pas avant 1989, il faut savoir que Bulatovic et les autres, ils

13 avaient dans les 25 ans. On peut dire qu'il s'agit d'un groupe assez

14 nombreux, et ils sont parvenus à convaincre l'opinion publique monténégrine

15 qu'on m'avait infiltré parmi eux en tant que vieux briscard pour défendre

16 les intérêts de la vieille garde. Cette image m'a collé à la peau non

17 seulement aux yeux de M. Milosevic et des dirigeants serbes, mais aussi

18 parce qu'on considérait que les dirigeants monténégrins étaient d'une

19 obédience séparatiste. Ceux qui étaient au pouvoir pendant la guerre sont

20 maintenant les partisans les plus déterminés de la séparation du Monténégro

21 de la Serbie.

22 Q. Monsieur Kostic, veuillez vous contenter de répondre aux questions que

23 je vous pose. Ma question était simple.

24 Un peu plus loin, page 5 en anglais, on vous interroge aussi au sujet du

25 parti que M. Seselj --

26 R. De quel numéro s'agit-il ? Parce que vous savez, cette interview, elle

27 a été publiée en trois épisodes dans le magazine Monitor. C'était dans la

28 première partie de l'interview ou pas ?

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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crois que Seselj est mentionné dans la

2 deuxième partie. C'est amusant, cette interview. J'aimerais pouvoir la

3 lire.

4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

5 Q. J'aimerais vous interroger au sujet d'un élément précis qui figure dans

6 cette interview. Si vous regardez le numéro ERN, vous constaterez que c'est

7 le suivant, 0424-2790.

8 R. J'ai trouvé.

9 Q. Tout à la fin de cette page, vous dites la chose suivante. On vous pose

10 la question : "Les radicaux accusent les dirigeants monténégrins d'être des

11 criminels et ils se font de plus en plus agressifs." Vous dites : "Cela n'a

12 aucun rapport. Je ne nie pas qu'au sein de mon parti certains n'aient pas

13 propagé ces rumeurs." Ensuite, vous dites : "J'affirme aujourd'hui que

14 Seselj et ses partisans radicaux ont aidé Milosevic dans son combat avec

15 Draskovic et Micunovic." A quoi fait référence cette mention ?

16 R. 1991. J'étais à Belgrade. Je connaissais bien la situation. S'agissant

17 de Draskovic et des autres --

18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci beaucoup pour cette réponse.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] -- Draskovic et --

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Madame Uertz-Retzlaff.

21 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

22 Q. Un peu plus loin --

23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Page 6, en bas, dernier paragraphe en

24 anglais.

25 Q. Le passage concerné figure sur la page 0424-7290. Je cite : "A

26 l'époque, vous étiez négligé à la tête de l'Etat monténégrin," et votre

27 réponse, je cite : "C'est vrai. Le pouvoir était entre les mains du parti,

28 et pas des institutions."

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1 Est-ce qu'il en était de même, Monsieur Kostic, en Serbie ? Est-ce que le

2 pouvoir était entre les mains du parti et pas des institutions ?

3 R. Je ne saurais l'affirmer d'une manière certaine au sujet de la Serbie,

4 mais je peux le dire pour le Monténégro -- mais c'est peut-être d'ailleurs

5 en partie de ma faute, même si je ne pense pas avoir fait d'erreur, je

6 pense avoir simplement respecté la constitution. J'étais président de la

7 présidence du Monténégro, et aux termes de la constitution monténégrine, le

8 président de la présidence était -- bon, je n'irais pas jusqu'à dire que

9 c'était l'équivalent de la Reine d'Angleterre, mais bon --

10 Q. Je crois que vous avez répondu. Vous ne pouvez pas nous dire ce qu'il

11 en était en Serbie parce que vous l'ignorez.

12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Qu'est-ce qu'on veut dire par

13 "institutions ?" Le parlement, par exemple ?

14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Bon, je vais poser la question.

15 Q. Vous dites dans cette interview, c'est vrai, le pouvoir était entre les

16 mains du parti, et pas des institutions. Quand vous dites cela, à quelles

17 institutions faites-vous référence ? Est-ce qu'il s'agit du parlement ou

18 est-ce qu'il s'agit des ministères ?

19 R. A l'époque, au sein du parti au pouvoir, c'était mon parti -- bon au

20 jour d'aujourd'hui je ne suis membre d'aucun parti --

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Répondez, s'il vous plaît, à la

22 question.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais il va falloir que je --

24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous ne sommes pas ici dans un

25 amphithéâtre à l'université, inutile de préfacer vos réponses. Répondez

26 simplement aux questions.

27 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai été très clair, j'ai

28 dit : entre les mains du parti, plutôt que les institutions, les

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1 institutions du système. Je voulais expliquer que mon parti avait alors une

2 majorité des deux tiers au parlement. Tout ce que décidait le sérail du

3 parti en matière de politique était mis en œuvre partout ailleurs, y

4 compris dans les institutions.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Donc quand vous parlez

6 "d'institutions," vous parlez de toutes les institutions, soit les

7 institutions parlementaires ou autres.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Les institutions propres au système; le

9 parlement, le gouvernement, divers ministères. D'ailleurs, cela a créé une

10 grande déception chez moi, parce qu'en raison de toutes les transformations

11 qui ont eu lieu à l'époque --

12 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]

13 LE TÉMOIN : [interprétation] -- je pensais qu'on allait prendre la voie de

14 la démocratie --

15 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]

16 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

17 Q. Encore un extrait de cette interview, page 10, en anglais. Pour vous

18 Monsieur Kostic, page 0424-7293, en haut. Le journaliste de Monitor vous

19 demande : "Qui était en faveur de la paix à l'époque ?" Vous répondez : "Il

20 est vrai qu'aussi bien Milosevic que Bulatovic affirmaient : 'Le Monténégro

21 n'est pas en guerre,' la 'Serbie n'est pas en guerre.' Moi, je n'ai jamais

22 dit cela. J'avais coutume de

23 dire : 'La Serbie aussi bien que le Monténégro était en guerre, ainsi que

24 cette partie de la Yougoslavie.' Elles étaient en guerre par le truchement

25 de la JNA. Cette armée ne s'est jamais désintégrée, et j'affirme que tout

26 autre armée se serait désintégrée dans de telles circonstances. Avec le

27 départ de Mesic et avec la mise en place de son fonctionnement en situation

28 de menace de guerre imminente, en tant que vice-président de la présidence

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1 du pays, je me suis pratiquement dit le chef d'Etat. A l'époque, tout comme

2 aujourd'hui, j'estimais que la responsabilité la plus grande, c'était

3 Milosevic qui la détenait, Milosevic en tant que président de Serbie, en

4 tant qu'homme qui exerçait l'influence la plus forte, en tant que -- comme

5 d'Etat de plus haut plan -- de plus au niveau qui existe dans le pays et en

6 fonction également de ses décisions et de son comportement."

7 Voilà ce que vous dites en 1994 de ses responsabilités.

8 R. Vous voulez une réponse ?

9 Q. Oui. C'est ce que vous avez dit, n'est-ce pas ?

10 R. Bien entendu. Milosevic était celui qui avait plus d'autorité et

11 d'influence.

12 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Le moment est venu de faire la pause.

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. C'est le temps --

14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Un instant, je voudrais demander le

15 versement de cet article.

16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien.

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je voudrais également demandé le

18 versement de l'extrait du livre de Bulatovic.

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien.

20 M. LE GREFFIER : [interprétation] L'extrait du livre de Bulatovic portera

21 la côte 942, l'extrait de l'interview de Branko Kostic la cote 943.

22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pause de 20 minutes.

23 --- L'audience est suspendue à 10 heures 33.

24 --- L'audience est reprise à 10 heures 57.

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez Madame Uertz-Retzlaff.

26 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

27 Q. Monsieur Kostic, au cours de l'interrogatoire principal, vous avez

28 parlé de la chute ou du déclin du gouvernement monténégrin de M.

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1 Vukadinovic, en 1988. Inutile d'aborder ceci dans le détail. Je vais

2 uniquement vous poser une question. Ceux qui protestaient et demandaient au

3 cours de ce rassemblement, de ces rassemblements, la démission de certains

4 membres du gouvernement. Il ne voulait pas que vous, vous démissionniez,

5 n'est-ce pas ? Ce qui était revendiqué, c'était la démission d'autres

6 personnes ?

7 R. Exact.

8 Q. A l'inverse, les autres membres du gouvernement de

9 M. Vukadinovic, vous, vous avez survécu à la chute de ces dirigeants

10 d'alors, n'est-ce pas ?

11 R. Oui. Je suis le membre du gouvernement qui a poursuivi sa vie

12 politique. Il y en a d'autres qui occupaient d'autres postes politiques.

13 Q. Vous avez réussi à survivre dans la vie politique en 1988 parce qu'à

14 l'époque vous partagiez les opinions de M. Milosevic et les revendications

15 manifestées par ceux qui protestaient.

16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Soyez le plus bref possible,

17 Monsieur le Témoin.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas ce qu'attendait

19 M. Milosevic, mais je vous ai dit moi, ce que j'attendais de ces

20 changements. Je l'ai dit au cours de l'interrogatoire principal.

21 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

22 Q. Les nouveaux dirigeants monténégrins, Bulatovic et Djukanovic, ils sont

23 arrivés au pouvoir dans la même mouvance dans cette même vague de

24 changements à la tête de laquelle se trouvait

25 M. Milosevic, n'est-ce pas ?

26 R. Oui.

27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je pense que vous devriez insistez

28 pour obtenir une réponse à votre question précédente. Est-ce qu'il a

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1 survécu parce qu'à l'époque, il partageait la vie politique qu'avait le

2 témoin.

3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Il a répondu par l'affirmative.

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Je ne l'ai pas vu.

5 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Excusez-moi, il faudra que je répète

6 la question parce que j'ai entendu qu'il répondait en disant : "Da." Je

7 n'ai pas regardé le compte rendu d'audience.

8 Q. Monsieur Kostic, avant de parler de Bulatovic et de Djukanovic, je vous

9 ai demandé si vous partagiez les avis de

10 M. Milosevic et cette vague de revendications de la part des Serbes et des

11 Monténégrins à la tête de laquelle il se trouvait. C'est bien le cas,

12 n'est-ce pas ?

13 R. Je vous ai dit que je ne savais pas quelles étaient les attentes ou les

14 avis de M. Milosevic. Pas tous en tout cas parce que je ne l'avais pas

15 rencontré depuis qu'on avait été étudiant. Mais ce que j'ai dit jusqu'à

16 présent dans ma déposition, je vous ai expliqué quelles étaient mes

17 attentes. Si vous voulez plus de détails, je vous les donnerai. Je ne sais

18 pas ce qui a contribué à ma survie politique à l'époque. Mais ce que je

19 sais c'est que j'ai été proposé par la conférence à l'échelon républicain

20 de la Ligue socialiste des Travailleurs du Monténégro qui avait la même

21 composition qu'avant les événements. C'est peut-être parce que j'avais

22 participé à calmer ce qui se passait à Plavno, à Niksic, et à d'autres

23 endroits du Monténégro. C'est peut-être parce que j'étais intervenu dans

24 ces rassemblements populaires pour apaiser un peu la passion de foule,

25 c'est peut-être en raison de cela que j'ai survécu.

26 Q. Soyons plus précis, vous estimiez à l'époque que le Monténégro et la

27 Serbie étaient désavantagés et en Yougoslavie par rapport à aux autres

28 républiques et c'était là aussi l'avis de

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1 M. Milosevic, n'est-ce pas ?

2 R. Je n'ai jamais dans mes avis parlé de la Serbie, parce qu'il y en avait

3 d'autres que moi, qui s'occupaient de la Serbie. Mais à l'époque j'estimais

4 que le Monténégro était très négligé économiquement parlant, tout d'abord.

5 Mais aussi, j'appuyais les motivations qui étaient celles des foules qui

6 s'étaient rassemblées, et j'avais exigé que la police d'expulsion des

7 Serbes et des Monténégrins du Kosovo soit terminée, qu'on y mette fin. Cela

8 s'était passé pendant des décennies. Je demandais aussi la protection des

9 Serbes en Croatie.

10 Q. Tout comme M. Milosevic, vous étiez frustré par les mesures prises par

11 M. Markovic en ce qui concerne la Yougoslavie, n'est-ce pas ?

12 R. Au départ j'ai même offert un soutien public au programme politique de

13 M. Ante Markovic. Cependant lorsque, en sa qualité de premier ministre

14 fédéral, il a refusé pendant toute une année de se pencher sur la question

15 des différences au niveau du cours des devises au Monténégro, lorsqu'il a

16 marqué son accord pour former un parti politique au rassemblement de

17 Kozare, je me suis détourné de lui à cause des problèmes économiques que

18 subissaient le Monténégro, problèmes qu'il ne voulait pas voir.

19 Q. Vous, tout comme M. Milosevic, vous vouliez une modification de la

20 constitution serbe concernant la Vojvodine et le Kosovo. Vous étiez

21 d'accord avec cela, n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Q. Sur ce dernier point, au cours de l'interrogatoire principal, page du

24 compte rendu d'audience T-47612, vous avez dit ceci : "Les dirigeants du

25 Kosovo-Metohija, d'une part, et ceux de la Vojvodine, d'autre part, avaient

26 des inclinaisons sécessionniste, ou plutôt, autonomes -- autonomistes et

27 seul un mouvement populaire pouvait amener des changements a sein de ces

28 dirigeants."

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1 Vous saviez que les autorités et la population de la Vojvodine n'avaient

2 jamais eu d'ambition sécessionniste. Vous savez qu'il n'y avait pas de

3 mouvement en Vojvodine qui voulait séparer la Vojvodine de la Serbie,

4 n'est-ce pas ?

5 R. Vous le savez peut-être mieux que moi, Madame.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Répondez à la question.

7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

8 Q. C'est bien ce que vous avez dit ici, expressément. C'est dans ce

9 contexte que vous avez mentionné la Vojvodine, et je vous dis qu'il n'y

10 avait pas de mouvement sécessionniste en Vojvodine. Qu'en dites-vous ?

11 R. C'est parce que -- c'est quelque chose que vous ne cessez d'affirmer.

12 C'est pour cela que je vous ai dit que vous saviez peut-être mieux que moi,

13 mais je ne suis pas d'accord avec vous. Ne me faites pas dire ce que vous

14 pensez. Que du contraire --

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] La question vous était bien posée,

16 c'est une question en bonne et due forme à laquelle vous devez répondre.

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

18 Q. Monsieur Kostic, la population --

19 R. J'ai répondu en disant que je n'étais pas d'accord avec ce que cette

20 dame dit. Les dirigeants du Kosovo et de la Vojvodine ont tous prônés --

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivons.

22 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

23 Q. Les gens, le peuple -- la population de Vojvodine ne représentait de

24 menace pour les Serbes ou la Serbie, et il n'y avait pas de raison qu'ils

25 donnaient pour que soit révoqué leur statut autonome, n'est-ce pas ?

26 R. Vous lisez quoi ?

27 Q. Je ne lis rien du tout. C'est une hypothèse que je vous soumets. Je

28 vous soumets cette idée. Affirmez-vous que la population de Vojvodine

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1 constituait une menace pour les Serbes ou la Serbie ?

2 R. Ecoutez, je ne sais pas d'où vous tenez ce genre d'affirmation. J'ai

3 parlé des dirigeants de Vojvodine et du Kosovo-Metohija. Je ne parlais pas

4 des gens qui y habitent mais des dirigeants. Ce sont les dirigeants qui ont

5 été remplacés suite au rassemblement populaire, pas la population.

6 Je ne peux pas vous dire ce que vous me demandez de dire. Il n'y

7 avait aucune menace pour les Serbes ni la Serbie de la part des habitants

8 de la Vojvodine, mais les dirigeants du Kosovo-Metohija et de la Vojvodine

9 avaient des aspirations -- des proportions séparatistes, alors que les

10 masses voulaient remplacer les dirigeants.

11 Q. Quand vous parlez de la Vojvodine. Donnez nous des noms de quels

12 mouvements ou quels sont les gens qui voulaient se séparer de la Serbie ?

13 R. Il y a 15 ans de cela, maintenant vous me demandez une liste de noms,

14 j'aurais beaucoup de peine à vous les donner même pour ce qui concerne le

15 Monténégro a fortiori pour la Vojvodine. Or, je suis du Monténégro. Mais je

16 me souviens fort bien qu'il y avait des dirigeants du Kosovo-Metohija et de

17 la Vojvodine qui étaient davantage prêts à soutenir les Slovènes et les

18 Croates que leur propre république.

19 Q. Lorsque le gouvernement de la Vojvodine a été expulsé en 89 et en 90,

20 on a supprimé au Kosovo et à la Vojvodine leur statut de province autonome.

21 R. Ce n'est pas exact.

22 Q. Ce n'est pas exacte, dites-vous ?

23 R. Non, non, non, ce n'est pas exact. Seules les dispositions disant que

24 les provinces autonomes avaient le droit d'adopter des lois sans avoir

25 l'aval de l'assemblée de Serbie, ont été contestées, mais l'assemblée de

26 Serbie ne pouvait pas non plus adopter de loi sans l'aval des provinces

27 autonomes. C'est cette disposition-là qui a été abolie. A mon avis, ceci

28 défavorisait la Serbie par rapport aux autres provinces yougoslaves.

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1 Q. Il y a quelques instants à peine nous avons dit que l'assemblée serbe a

2 en fait remplacé des membres ou le membre du Kosovo qui représentait le

3 Kosovo à la présidence fédérale. Donc cela est un changement assez

4 important. Vu les changements intervenus en 1988 et en 1990, l'assemblée de

5 Serbie pouvait tout simplement remplacer les représentants du Kosovo-

6 Metohija -- ou le représentant au sein de la présidence fédérale. Donc, là,

7 c'est un changement tout à fait différent de celui que vous voulez

8 présenter.

9 R. Je ne sais pas si j'en ai parlé dans le cadre de ma déposition, mais

10 d'après la constitution de 1974 il y avait beaucoup d'éléments confédéraux,

11 on a même donné un caractère constitutif aux provinces autonomes au sein de

12 la Fédération yougoslave. Je ne connais pas les détails en ce qui concerne

13 les modifications intervenues dans la constitution de Serbie, mais je puis

14 vous dire avec certitude qu'on n'a pas aboli l'autonomie de ces provinces,

15 on a simplement aboli certaines dispositions qui ne permettaient plus

16 l'égalité entre la Serbie et les autres composantes de la Fédération étant

17 donné le caractère confédéral de ces dispositions.

18 Q. Vous venez de dire que d'après la constitution yougoslave de 1974 la

19 Vojvodine et le Kosovo-Metohija étaient des éléments constitutifs de cette

20 Fédération avec des représentants au sein de la Fédération, n'est-ce pas ?

21 Au sein de la présidence plus exactement, la présidence fédérale. Il y

22 avait des représentants de ces deux provinces au niveau du parlement

23 fédéral, n'est-ce pas ?

24 R. Oui.

25 Q. Par conséquent, les modifications apportées au statut constitutionnel

26 de ces provinces ont eu un impact, une incidence immédiate sur l'équilibre,

27 le rapport de force qu'il y avait au niveau fédéral ?

28 R. Non. Parce que même si la Serbie a apporté des changements à sa

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1 constitution, les provinces ont continué à être représentées dans la

2 présidence yougoslave et au parlement européen; leurs représentants sont

3 demeurés au sein du parlement.

4 Q. Peut-être que j'ai été un peu trop hâtive. Mais ce que nous avons vu,

5 c'est que l'assemblée serbe en application des modifications apportées en

6 1990, cette assemblée serbe pouvait fort bien désigner les représentants du

7 Kosovo-Metohija à la présidence et aussi pouvait désigner le membre de la

8 Vojvodine au sein de la présidence. Est-ce que ce n'est pas là une

9 modification de rapport de force, si l'assemblée de Serbie peut au fond

10 décider qui va représenter la Vojvodine et qui peut représenter le Kosovo-

11 Metohija, c'est une position de force bien plus grande que celle qu'avaient

12 les Slovènes, les Macédoniens, les Croates, les Bosniaques. Vous devez en

13 convenir, n'est-ce pas ?

14 R. Mais, Madame, cela n'a pas été des changements au niveau du

15 gouvernement, c'était des modifications apportées au niveau des

16 compétences. S'il y a eu ces modifications au niveau des compétences, c'est

17 parce qu'il y avait certains sujets qui étaient du ressort des provinces

18 autonomes au titre de la constitution précédente et ces compétences ont été

19 transférées à la république. Mais les provinces autonomes ont continué

20 d'exister et je peux vous dire que, si vous vous trouviez à la tête d'un

21 Etat ou d'un territoire, vous, qui êtes la personne responsable de tout le

22 territoire de cet Etat, vous veilleriez sans nulle doute à voir ce qui ce

23 passe. Mais jusqu'à ces changements, la Serbie n'avait pas le pouvoir de le

24 faire.

25 Q. Je vous remercie. Nous avons reçu beaucoup d'éléments d'information de

26 Mme Budding, historienne, de Petar Kriste, page du compte rendu d'audience

27 T-14 891; M. Nikola Samardzic en a parlé aussi, page du compte rendu

28 d'audience T-11 165; ainsi que Milan Kucan, et je ne vais pas reprendre ce

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1 que ces témoins ont dit, mais je voudrais vous référer à une personne dont

2 vous estimez que c'est un homme digne de confiance, et il s'agit

3 d'Aleksandar Vasiljevic. Lui aussi a évoqué cette situation et il en a

4 parlé en disant ceci, aux pages du compte rendu d'audience 15 859 et 15

5 860. Voici ce qu'il a dit : "Le pouvoir véritable était entre les mains des

6 chefs de la république, des dirigeants républicains, alors que les membres

7 de la présidence, si je peux utiliser une métaphore était des ambassadeurs

8 représentant leur république et province au sein de la présidence."

9 Puis, un peu plus tard, il dit, en parlant de Milosevic : "Que sa

10 position n'était pas différente de celle de président des autres

11 républiques, mais ne fait pas l'ombre d'un doute, c'était un dirigeant

12 politique très puissant, très autoritaire et que de ce fait en réalité il a

13 pu influencer quatre membres de la présidence." Qu'il mentionne.

14 C'était un simple rappel à votre attention de ce qu'avait dit M.

15 Vasiljevic.

16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quelle est votre question ?

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

18 Q. Je dis que M. Milosevic -- ou plutôt, les dirigeants serbes

19 contrôlaient les votes de quatre membres de la présidence fédérale.

20 R. Je voudrais d'abord apporter une correction à vos dires. Je n'ai pas

21 dit auparavant que M. Vasiljevic était un témoin digne de foi. Je ne veux

22 pas prendre cette responsabilité d'apprécier un individu quel qu'il soit, y

23 compris M. Vasiljevic. Tout ce que j'ai dit c'est que ce que M. Vasiljevic

24 avait dit à propos de certaines communications qu'il était sans doute plus

25 au courant que moi, vu le poste qu'il occupait maintenant.

26 Je reviens à votre question, cela ne fait pas de doute lorsque j'étais

27 membre de la présidence de la RSFY les présidents des républiques avaient

28 décidé de trouver une solution à la crise yougoslave. Si j'avais eu des

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1 objections à faire eu égard à ce que faisaient M. Bulatovic ou M.

2 Milosevic, je leur aurais reproché effectivement d'avoir assumé ce rôle.

3 Vous, vous affirmez que M. Milosevic avait exercé une influence

4 directe ou un contrôle direct sur moi et c'est tout à fait incorrect que de

5 le dire. Je suis un homme adulte dont la personnalité est mure. Je prends

6 mes décisions à partir de mes idées personnelles et je l'ai déjà dit qu'il

7 y avait beaucoup de points sur lesquels

8 nous n'étions pas d'accord, M. Milosevic et M. Jovic et moi. Mais,

9 effectivement, M. Milosevic était un homme influent avec une grande

10 autorité politique.

11 Q. Revenons à ce tableau que nous avons préparé d'après le livre écrit par

12 M. Jovic. Vous le verrez aisément si vous comparez les colonnes où on

13 mentionne M. Milosevic, M. Kadijevic ou M. Jovic. Vous verrez très vite que

14 même si M. Milosevic n'était pas membre de la présidence de la RSFY, M.

15 Jovic et lui ont rencontré les chefs militaires plus souvent que vous au

16 cours de cette période qui nous intéresse. Cela se voit. C'est manifeste.

17 On le voit surtout à la première page et c'est vrai aussi jusqu'à la fin du

18 mois d'octobre 1991.

19 Malgré la lecture, cela veut dire que vous ou plutôt que lui de facto

20 en tant que président de Serbie, il était beaucoup plus important pour les

21 chefs militaires de la JNA, beaucoup plus important que vous en dépit du

22 poste que vous étiez en train d'occuper. C'est du moins de ce que ce

23 tableau montre.

24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic, vous voulez

26 intervenir.

27 L'ACCUSÉ : [interprétation] En fait cette question se fonde sur quelque

28 chose de faux, à savoir que ce sont ici des réunions de la présidence de la

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1 RSFY. Ce n'est pas vrai parce que ceci est établi à partir de divers

2 endroits mentionnés dans -- ou de notes mentionnées dans le livre. Ces

3 réunions ne sont pas toutes de la même nature.

4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Qu'en dites-vous ?

6 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] J'ai bien dit qu'il s'agissait de

7 réunions. Le Juge Bonomy a lui-même corrigé l'intitulé, le titre. On peut

8 mettre le titre de côté. A propos de ce tableau, j'ai dit qu'il faisait

9 référence à des réunions qui se sont tenues au sein de la présidence, mais

10 aussi en dehors de celle-ci. C'est ce qu'avait relevé le Juge Bonomy.

11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Qu'est-ce que vous voulez dire par "au

12 sein de la présidence ?" Parce que vous dites en note de bas de page que ce

13 survol n'inclut pas des réunions de la présidence, en tout cas, des

14 réunions régulières de la présidence de la RSFY.

15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Excusez-moi pour le moment, j'ai un

16 blanc. Il me semble que ce sont des réunions qu'a eues la présidence dans

17 sa composition réduite et les chefs militaires. Ce sont ces autres

18 personnes qui font partie du groupe des six. C'est comme cela que je vois

19 les choses.

20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc, ce sont des réunions qu'a eues ce

21 groupe de six personnes d'un côté avec les militaires.

22 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Ce sont les réunions de ce groupe de

23 six personnes et des militaires. Un employé du bureau du Procureur a

24 parcouru le livre de M. Jovic et a fait un relevé des réunions et des

25 personnes qui les ont eues, ces réunions, eu égard à la déposition de M.

26 Kostic. C'est la période pendant laquelle

27 M. Kostic était actif et nous avons répertorié toutes les mentions qui ont

28 été faites de ces réunions.

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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Suite à la question posée par le

2 Président de la Chambre, vous avez apporté une précision. Vous avez dit que

3 c'étaient les réunions entre le groupe des six et les militaires. Est-ce

4 que vous pourriez vérifier ?

5 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui. Je le ferai. Merci.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pourriez-vous répéter la question à

7 l'intention du témoin ?

8 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

9 Q. Oui. Voici ce que je veux vous poser comme question. Même si M.

10 Milosevic n'était pas membre de la présidence fédérale,

11 M. Jovic et lui ont rencontré les militaires en dehors des réunions de la

12 présidence, plus souvent que vous au cours de cette période.

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Attendez. Donnez-lui le temps de

14 répondre.

15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] D'après ce tableau, c'est

16 l'impression qu'on a. Cela apparaît très clairement.

17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce genre de bêtises ne devrait pas être

18 autorisé. Mme Uertz-Retzlaff elle-même l'a dit. Elle a dit que cela s'était

19 constitué à partir du livre écrit par M. Jovic à partir de ses notes. La

20 question donne l'impression qu'elle a des documents montrant le nombre de

21 réunions qu'a eues le témoin avec les chefs militaires. Même dans son

22 livre, Jovic ne parle pas des réunions de M. Kostic. Ce n'est pas même

23 juste si cela vient du livre. Ce n'est pas juste. Il est impossible qu'il y

24 ait eu ici réunions en mai, six ou sept en juin. On n'aurait rien fait

25 d'autre, si c'était vrai. Je ne sais pas s'il y a eu ces réunions, mais il

26 n'est pas question de réunions qu'aurait eues le Témoin avec les chefs

27 militaires.

28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Peu importe la source. Qu'est-ce qui

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1 empêche le Procureur de soumettre l'idée que vous avez eu plus de

2 rencontres avec les chefs militaires que le témoin. Peu importe la source,

3 je pense qu'on peut poser la question et il revient au Témoin de se

4 prononcer.

5 Reposez la question, Madame.

6 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

7 Q. Oui, Monsieur Kostic, d'après ce tableau --

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Peu importe ce tableau.

9 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

10 Q. D'après le livre de M. Jovic, il semblerait que Jovic et Milosevic ont

11 rencontré les chefs militaires plus souvent que vous, vous ne l'avez fait.

12 Est-ce exact ou pas ? Est-ce qu'ils ont eu plus de réunions que vous ?

13 R. Encore dans l'interrogatoire principal, je l'ai dit catégoriquement et

14 je l'ai dit très clairement, je n'ai pas fait le décompte des

15 interlocuteurs de M. Milosevic ou de M. Jovic. Il m'est impossible de le

16 dire, et surtout à partir de ces informations qui, d'après vous, viennent

17 du livre écrit par Jovic. Au cours de l'interrogatoire principal, j'ai dit

18 qu'il ne faudrait pas prendre pour argent comptant certaines des

19 déclarations de Jovic dans son livre.

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le témoin dit qu'il ne peut pas

21 répondre.

22 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui. Je reviens à la note de bas de

23 page. Oui. Ce tableau ne comprend pas les réunions régulières de cette

24 présidence. Ceci ne reprend que les réunions qui se sont tenues en dehors

25 du cadre officiel de la présidence. Cette note de bas de page est donc

26 exacte.

27 Q. Plus tard, nous allons parler de façon beaucoup plus détaillée des

28 conflits politiques entre M. Milosevic et le président monténégrin, M.

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1 Bulatovic. Lorsque ces conflits ont surgi, et je pense surtout au plan

2 Carrington et au retrait des soldats monténégrins des lignes de front en

3 Croatie, notamment. J'en parlerai davantage plus tard. Vous aviez coutume

4 de vous ranger derrière M. Milosevic et de ne pas soutenir M. Bulatovic,

5 n'est-ce pas ?

6 R. Je n'ai pas apporté mon soutien à Milosevic en faisant cela. Mais de la

7 manière dont j'ai apprécié la situation à l'époque, je pense que le temps

8 m'a donné raison. J'ai estimé qu'à partir du mois d'octobre 1991, les

9 dirigeants monténégrins au sens le plus strict du terme --

10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin --

11 LE TÉMOIN : [interprétation] -- de l'Etat.

12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Professeur, vous êtes en mesure de

13 répondre à cette question d'une manière plus directe que ce que vous êtes

14 en train de faire. La question est relativement simple. La question est

15 donc de savoir si au sujet des conflits, le plan Carrington, le retrait des

16 soldats monténégrins des lignes de front en Croatie, est-ce que de manière

17 générale, vous aviez tendance à apporter votre soutien à M. Milosevic, à

18 son avis, par opposition à M. Bulatovic ? Que répondez-vous à cela ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout simplement, je ne vais pas répondre à ce

20 genre de question. Je vais vous dire la chose suivante. Pour ce qui est du

21 document de La Haye --

22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non, il ne vous appartient pas de

23 déterminer de la nature de la question, à savoir si elle est acceptable ou

24 non. La Chambre doit en décider.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, je peux vous donner une

26 réponse concrète. Pour ce qui est du document de La Haye, M. Milosevic et

27 moi-même, nous étions du même avis, à la différence de M. Bulatovic. Pour

28 ce qui est du retrait d'une partie de l'armée monténégrine de Banija, je

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1 l'ai dit très clairement dans mon livre, et le Procureur doit l'avoir, j'en

2 suis certain.

3 M. Bulatovic était le président de la présidence monténégrine. Il m'a

4 convié à Podgorica pour assister à la réunion de la présidence

5 monténégrine, et ils m'ont proposé de signer un appel aux combattants qui

6 se trouvaient à Banija. J'ai refusé de signer cela. J'ai dit que même si je

7 n'avais pas été de l'avis opposé, je n'aurais pas pu le faire, parce que

8 cela ne relevait de mes compétences en ma qualité de vice-président de la

9 présidence de la RSFY. Seul le Grand état-major ou le commandement Suprême

10 pouvait le faire. Je lui ai dit que lui, il était encore moins habilité que

11 moi à signer cet appel aux combattants de revenir du front parce que, lui,

12 il n'était que le président de la république et cela relevait des

13 compétences fédérales. Je pense que là, je vous ai apporté une réponse

14 complète.

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Je vous prie, Madame Uertz-

16 Retzlaff.

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

18 Q. En février 1992, il y a eu un conflit entre M. Milosevic et Bulatovic

19 au sujet du commandement de la nouvelle armée de la nouvelle Yougoslavie,

20 pour le dire simplement. Est-ce que vous vous rappelez cela ?

21 R. Il faudra être un peu plus concret. Vous voulez savoir lorsqu'il

22 s'agissait de définir les bases constitutionnelles pour la mise sur pied de

23 la nouvelle armée yougoslave.

24 Q. Je vais vous citer un passage du livre de M. Bulatovic, "Les Règles du

25 silence." Je vais vous soumettre cela.

26 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Est-ce que l'on peut avoir une

27 exemplaire, s'il vous plaît ?

28 Q. Comme vous venez de le dire, en effet, il s'agit de la nouvelle

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1 Yougoslavie. Vous en avez parlé. Vous avez discuté de cela en février et

2 également dès le mois de janvier 1992, au sujet de l'instance qui

3 commanderait l'armée.

4 R. Oui. Ce sont les dispositions constitutionnelles de base.

5 Q. Oui. Je vais vous citer la page 2. C'est ce qui figure ici, c'est

6 encadré sur votre page.

7 "De notre point de vue, les choses étaient comme suit : Branko Kostic

8 se montrait beaucoup plus ouvert aux propositions de Slobodan Milosevic

9 qu'à mes arguments à l'opposé, et il a justifié cela en invoquant sa

10 fonction fédérale."

11 Je vais sauter une partie qui n'est pas aussi importante.

12 Je continue. "Pendant le débat au sujet du Conseil suprême de la Défense et

13 le commandement sur l'armée yougoslave, Milosevic et moi ne pouvions pas

14 trouver de solution, nullement. Il demandait que le président de l'Etat

15 exerce le commandement, et je voulais que ce soit une décision collective

16 des trois membres du conseil, à savoir, les présidents des républiques, et

17 que ce soit adopté par consensus."

18 Je saute encore une partie, je poursuis : "Pour ce qui me concernait, on

19 aurait pu le faire en 24 heures, puisque je ne voulais pas céder, vu les

20 expériences récentes. Je ne voulais pas qu'un président du Monténégro ou de

21 la Serbie se retrouve à l'avenir dans la situation dans laquelle je m'étais

22 trouvé lorsque, de manière impuissante, je voyais les soldats monténégrins

23 envoyés en Banija. Responsabilité pour leur vie était de mon devoir, et mon

24 influence sur cette décision revenait à zéro. J'estimais qu'il était

25 nécessaire que ces deux choses soient coordonnées. La responsabilité ne

26 pouvait pas s'appliquer uniquement après les faits, mais également avant

27 qu'on adopte la décision."

28 Est-ce que vous vous rappelez cela, et si oui, est-ce qu'il est vrai que

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1 vous avez adopté le point de vue de M. Milosevic ?

2 R. Je pense que vous n'avez pas bien formulé votre question. Je n'ai pas

3 adopté le point de vue de M. Milosevic, plutôt, dans le cas de ce débat,

4 j'ai montré que de manière substantielle je n'approuvais pas la position de

5 M. Bulatovic. C'est là que commence précisément nos différends, enfin,

6 légèrement avant cela, car

7 M. Momir Bulatovic à l'époque lorsqu'il dit qu'on en a débattu quatre

8 heures, il voulait encore une fois introduire des éléments confédéraux et

9 une diligence collective de l'Etat, de l'armée, une sorte de consensus

10 général, et ainsi de suite.

11 Pour ma part, je défendais une autre option. Cette nouvelle République

12 fédérative yougoslave devait être une Fédération fonctionnelle, moderne, et

13 là, un conflit violent nous a opposés, même au sein de nos organes du

14 parti, parce que j'étais encore un membre du parti dont M. Bulatovic était

15 le président. On s'est opposés là-dessus à l'assemblée. Devant l'assemblée

16 monténégrine, j'ai défendu ma position, à savoir, le Monténégro dans le

17 cadre de cette nouvelle Yougoslavie ne pouvait pas exiger 50 % de

18 participation dans l'armée populaire yougoslave. Si tel était le cas, il

19 fallait qu'elle subvienne à 50 % de dépenses dans les services

20 diplomatiques de même, donc il fallait qu'elle couvre 50 % des frais si

21 elle voulait être représentée pour 50 %. Là, Madame, il s'agit des

22 dispositions constitutionnelles de base, donc on ne pouvait pas, nous, au

23 Monténégro faire preuve de rigidité, qui par la suite inciterait la Serbie

24 à refuser ce genre de principes ou de bases pour un Etat commun.

25 Q. Monsieur --

26 R. Je dois dire -- permettez-moi une seule phrase. Je dois dire aussi qu'à

27 ce sujet, il y a eu des manipulations graves au sein des instances

28 diligentes de mon parti donc le Parti démocratique des socialistes. Nous en

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1 avons débattu en long et en large, mais

2 M. Bulatovic ne le mentionne pas dans son livre. Donc afin de --

3 Q. [aucune interprétation]

4 R. -- réconcilier les différentes tendances --

5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Que pensiez-vous, comment

6 fallait-il organiser le commandement de l'armée ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que je pensais, c'est que le

8 commandement de l'armée au sein de cet Etat devait revenir non pas aux

9 présidents des républiques, mais à l'institution basée au niveau de l'Etat

10 fédéral. Ce que j'estimais, Monsieur Bonomy --

11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Quelle était la différence entre votre

12 point de vue et celui Milosevic ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas dit que je me suis opposé à son

14 point de vue, j'ai dit que ce n'était pas son point de vue, que c'était mon

15 point de vue. J'ai dit que je me suis opposé à l'avis de M. Bulatovic.

16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais, voyez-vous, ceci ne nous aide

17 pas vraiment. A chaque fois qu'on vous pose une question, vous ne répondez

18 pratiquement pas d'une manière utile. Il me semble que la réponse véritable

19 à la question est que vous et M. Milosevic étiez d'accord entre vous et

20 n'étiez pas d'accord avec M. Bulatovic. Donc c'est simple. Si j'ai mal

21 compris, dites-le moi.

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense que vous avez mal compris. J'ai une

23 intégrité, j'ai mon point de vue, j'ai mes avis, mes opinions.

24 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est enfantin, Monsieur Kostic. Tout

25 doit venir de votre point de vue : moi, moi, moi. Pourquoi ne réfléchissez-

26 vous pas à la question qui vous est posée et ne répondez-vous pas

27 directement à la question ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Bonomy, je n'aurais jamais accepté ce

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1 que M. Milosevic a accepté dans les entretiens que nous avons eus.

2 J'estimais que notre Etat devait être une Fédération moderne,

3 contemporaine, et que la défense, les douanes, le système monétaire, et

4 cetera, devaient faire partie de ces quatre ou cinq compétences fédérales.

5 Il fallait qu'il y ait des instances capables d'endosser ces compétences.

6 Cela, c'était mon point de vue.

7 M. Milosevic a accepté quelque chose que je n'aurais jamais accepté, peut-

8 être pour faire preuve d'un esprit de compromis, et cetera, je ne sais pas.

9 C'est lui qui va pouvoir répondre là-dessus.

10 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais

11 verser au dossier cet extrait du livre de M. Bulatovic en tant que partie

12 de la pièce à conviction 942.

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, nous verserons cela au dossier.

14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] On pourrait garder la même cote que pour

15 la pièce que nous avons déjà versée. Tout ceci comme parties du livre de M.

16 Bulatovic "Règles du Silence."

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]

18 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Juste pour préciser un point : "En

19 février 1992 il y avait un conflit entre M. Milosevic et M. Bulatovic au

20 sujet du commandement de la nouvelle armée de la nouvelle Yougoslavie."

21 C'était une question qui a été posée il y a quelque temps.

22 Monsieur Kostic, c'était cela sur quoi on vous a interrogé, et non pas la

23 structure globale et générale des institutions du nouvel Etat.

24 Je vous en prie, poursuivez, Madame Uertz-Retzlaff.

25 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui.

26 Q. Mais, Monsieur Kostic --

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux expliquer, Monsieur

28 Bonomy ?

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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non. Le Procureur vous posera des

2 questions qu'il souhaite vous poser et M. Milosevic pourra poser des

3 questions supplémentaires, s'il le souhaite.

4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

5 Q. Monsieur Kostic, au sein de la présidence fédérale, vous étiez la

6 personne qui devait défendre les intérêts monténégrins au niveau fédéral,

7 mais, en fait, vous n'avez pas appuyé votre propre président, M. Bulatovic

8 sur ce point important où il s'agit vraiment de l'influence que les

9 dirigeants monténégrins pourront avoir au niveau fédéral. Ne trouvez-vous

10 pas cela étrange que vous n'ayez pas défendu ou représenté les intérêts

11 monténégrins ?

12 R. Précisément, je voulais défendre jusqu'au bout les intérêts

13 monténégrins, et c'est pourquoi j'ai défendu fermement mon avis que je

14 viens d'exposer. Je pense que le temps m'a donné raison. Ces éléments

15 confédéraux, le commandement collectif, un sens dirigeant collectif, ceci

16 n'ouvre pas des perspectives saines à l'Etat commun, et c'est ce que je

17 voulais, je voulais qu'on préserve l'Etat commun. Donc, ce qu'on a trouvé

18 comme solution c'était forces armées communes et commandements communs;

19 c'est cela qui figure dans les dispositions constitutionnelles. Mais mes

20 camarades au niveau de la République monténégrine, vous savez comment ils

21 ont expliqué cela. Vous savez comment ils ont traduit cela pour formuler la

22 question au référendum ces "communes," ils les ont appelé "communes, ces

23 instances."

24 Q. Laissez-moi vous interrompre --

25 R. Mais vous me posez une question et vous ne me laissez pas répondre.

26 Q. Oui, vous avez apporté une réponse très longue qui ne répondait pas

27 vraiment à ma question.

28 R. Mais laissez-moi terminer.

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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous en prie, poursuivez.

2 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

3 Q. Au printemps 1992, Monsieur Kostic, on s'est mis d'accord que le

4 premier président de la nouvelle Yougoslavie sera nommé par le Monténégro.

5 C'est exact, n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. Votre parti, le Parti démocrate socialiste, a proposé comme candidat,

8 M. Svetozar Marovic. Vous vous souvenez de cela ?

9 R. Oui, je m'en souviens parfaitement.

10 Q. C'est votre parti qui voulait qu'il occupe ce poste.

11 R. Oui.

12 Q. Toutefois, vous-même à l'époque vous vous êtes porté candidat, n'est-ce

13 pas ?

14 R. Non.

15 Q. Disons cela autrement. On vous a demandé de vous présenter comme

16 candidat pour ce poste ?

17 R. Oui.

18 Q. Qui vous a proposé cela ?

19 R. Cinq minutes avant la session de l'assemblée fédérale très

20 concrètement, M. Seselj m'a demandé de le voir et il m'a dit que son groupe

21 de députés au parlement, qui avaient un nombre considérable de membres,

22 souhaitait que je me présente comme candidat. J'ai dit que mon propre parti

23 avait présenté en son nom, donc, au nom du Parti démocrate socialiste du

24 Monténégro un homme et que je ne pouvais pas accepté cela.

25 Nous avons -- sans consulter mon parti, donc nous avons eu des

26 consultations, mon parti n'a pas appuyé cela et finalement je ne me suis

27 pas présenté comme candidat.

28 Q. M. Milosevic a proposé -- que vous vous présentiez comme candidat à la

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1 présidence pour être -- occuper le poste du président de la nouvelle

2 Yougoslavie ?

3 R. C'est la première fois que j'entends cela. Excusez-moi, je crois que

4 j'ai vu cela quelque part dans le livre de Borislav Jovic. Je crois que

5 c'est quelque chose qui provient de ses notes et qu'il affirme que lui et

6 Milosevic ont eu un entretien avec moi. En fait, c'est juste le poste du

7 ministre de la Défense que Milosevic m'a proposé lors d'un entretien et là

8 je lui ai dit : "Si M. Bulatovic, donc, le président du Monténégro, et en

9 tant que président du parti qui est au pouvoir au Monténégro; et, vous,

10 Monsieur Milosevic, en tant que président de la Serbie et président du

11 parti qui est au pouvoir en Serbie; si vous assumez les deux postes de

12 responsabilité les plus importants au sein du nouvel Etat, dans ce cas-là,

13 je suis prêt à continuer d'être actif et d'occuper des postes politiques."

14 Mais comme ceci ne c'est pas réalisé, je suis revenu à l'université

15 parce que je pensais que les deux protagonistes clés devaient jouer ces

16 deux rôles clés. Donc les fonctions au niveau de l'Etat fédéral d'autant

17 que tous les députés populaires déjà de par le passé avaient eu des

18 contacts et des rapports avec eux en leur qualité de président des

19 républiques.

20 Q. C'est la pièce 596, intercalaire 3 que je vais citer à présent. C'est

21 le livre de M. Jovic sur Milosevic et ce sont les pages 87 et 88 que je

22 vous invite à examiner. Nous pouvons placer cela sur le rétroprojecteur,

23 mais en fait -- question -- je vais tout d'abord citer des page 87, 88 :

24 Il parle d'abord de M. Marovic du fait qu'il n'était pas connu au niveau

25 fédéral et que M. Milosevic ne le connaissait pas, et il dit ici : "Il est

26 évident que ceci a influencé Milosevic qui tirait toutes les ficelles et

27 qui prenait des décisions portant sur le personnel, les cadres et autres

28 dans cette situation en essayant d'imposer son propre candidat pour le

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1 Monténégro, un homme de confiance pour lui. Milosevic souhaitait que Branko

2 Kostic se présente pour le poste du président de la RFY. Il faisait preuve

3 d'une extrême coopération. Il était très loyal pendant la période des

4 efforts déployés pour préserver la Yougoslavie et pour défendre les

5 intérêts du peuple serbe. Au moment critique, il a plutôt défendu les

6 intérêts serbes que le Monténégro lui-même."

7 Puis, plus loin : "L'idée de Slobodan Milosevic était que, si M. Kostic

8 n'était pas appuyé par son propre parti, bien qu'il allait la proposer

9 indépendamment de cela." Il dit -- il a dit : "Qu'il a déjà l'approbation

10 de Vojislav Seselj et pense que les autres partis préféreront voter pour

11 Branko Kostic que pour Marovic. Il suggère que j'organise une réunion avec

12 Branko Kostic et que je le persuade d'accepter cette proposition qui vient

13 de lui."

14 Vous avez accepté cette proposition, n'est-ce pas, Monsieur Kostic ?

15 R. Ce que vous avez lu est effectivement écrit ici. Mais tout ce que M.

16 Borisav Jovic affirme ici n'est pas exact. J'ai déjà dit qu'il faut prendre

17 avec certaines réserves ce qu'il a écrit. Il dit que c'est le 14 juillet

18 que nous avons pris la décision de retirer l'armée de Slovénie, or c'était

19 le 18 juillet que nous avons pris cette décision. C'est inexact ce que dit

20 M. Jovic ici, tout comme il y a beaucoup d'autres inexactitudes dans

21 d'autres livres et j'en ai déjà parlé. Il est inexact également que j'ai

22 dit que j'allais me porter candidat. M. Jovic se préoccupe de mon destin et

23 du rapport -- des rapports à mon égard au sujet de M. Cosic, et cetera. Or,

24 ce qui est vrai c'est que nous avons eu trois entretiens consultatifs au

25 sujet du poste à pourvoir pour le président de l'assemblée fédérale. J'ai

26 été le seul à mentionner qui que ce soit lors de ces trois entretiens et,

27 par trois fois, lors de ces trois réunions, je n'avais de cesse d'insister

28 que les deux personnes les plus responsables

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1 -- indispensables devaient occuper les postes clés, donc,

2 M. Milosevic et M. Bulatovic, indépendamment de savoir qui sera le chef

3 d'Etat et qui est le chef du gouvernement. Donc, c'était --

4 Q. Je vais vous interrompre ici. M. Jovic n'avait aucune raison d'inventer

5 cela, n'est-ce pas ? Il n'avait aucune raison de fabriquer cela.

6 R. Madame, je vais vous dire que M. Jovic a dit dans son

7 livre : "Qu'on a pris un café à l'aéroport de Batajnica avant de prendre

8 l'avion," C'est totalement inexact. Donc, ceci est totalement inexact. La

9 seule chose que je puisse vous dire que c'est tout à fait inexact. Puis, je

10 peux ajouter cela. Nous avons trouvé un accord avec les dirigeants

11 monténégrins lors de ces entretiens à savoir que

12 M. Bulatovic sera présenté en tant que candidat et c'est au niveau le plus

13 étroit de l'instance dirigeante du parti que nous nous sommes mis d'accord.

14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant de demander au témoin s'il a

15 accepté la suggestion de Milosevic et de Jovic, pourquoi ne lui avez-vous

16 pas cité l'extrait ou la réunion qui s'est tenue dans la villa de Dedinje

17 et il a décrit. C'est le dernier paragraphe de la page 88.

18 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui. Je vous remercie, Monsieur.

19 Q. "Nous nous sommes réunis dans la villa de Dedinje où Branko Kostic

20 résidait. Slobodan évitait d'amorcer la conversation parce qu'un domestique

21 était partout. Il servait le café. Nous trois, nous étions là. Nous sommes

22 sortis pour continuer la conversation -- ou pour commencer la conclusion

23 dans le jardin. Slobodan expliquait à Branko toute l'idée et les manières

24 de la traduite dans les faits.

25 "Branko était d'accord. Il était convaincu que c'était un bon geste pour

26 l'avenir de la Yougoslavie parce que tout comme nous, il était très

27 critique au sujet du comportement des dirigeants monténégrins pendant la

28 période de la décomposition yougoslave."

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1 Donc, il est très précis au sujet du sujet de la conversation et du lieu.

2 Je poursuis : "Très bientôt, il a annoncé qu'il allait se présenter pour ce

3 poste et ceci a provoqué encore plus de méfiance et de suspicion parmi les

4 dirigeants de la république et en particulier, une levée de bouclier au

5 sein du groupe des dirigeants monténégrins."

6 R. Je dois dire que c'est très convainquant. Effectivement, peut-être que

7 M. Jovic a rêvé de cela ou que cela a été qu'il a eu ce rêve. Mais cette

8 incertitude a duré deux jours, pendant un week-end et lorsque M. Seselj m'a

9 proposé que son groupe me présente en tant que candidat et, lorsque j'ai

10 demandé d'avoir l'avis de mon parti là-dessus, on a reporté de deux jours

11 ou je pense que c'était soit pour lundi ou le mercredi prochain qu'on a

12 reporté l'élection.

13 Donc, il n'y avait vraiment beaucoup de débats là-dessus. Enfin,

14 pourquoi aurais-je accepté pendant cette conversation-là. Mais cela n'a pas

15 de sens que M. Seselj indépendamment des dirigeants de mon parti et

16 indépendamment de la volonté de mon parti. D'ailleurs, M. Milosevic et

17 Jovic n'auraient pas proposé cette candidature.

18 Q. Laissez-moi vous interrompre, Monsieur Kostic.

19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Kostic,

20 M. Milosevic et Jovic, est-ce qu'ils se sont rendus dans votre villa ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vivais dans deux villas. A rue Uzicka 16

22 surtout et, dans le dernier mois, dans ce qu'on a appelé la villa de

23 Vojvodine, pour autant que je m'en souvienne, jamais Milosevic, ni Jovic ne

24 sont venus me voir dans cette villa. Vraiment, je n'en ai aucun souvenir

25 qu'il ne soit jamais venu là-bas.

26 M. Milosevic est venu me voir une fois. Je ne sais pas si c'était en avril

27 ou en mai. Il est venu me voir dans la villa située rue Uzicka 16. Mais à

28 l'époque, il fallait qu'on y fasse des travaux d'adaptation. Donc, la

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1 question était --

2 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais je n'ai pas besoin de tous ces

3 détails. Je savais que ce ne serait pas simple. Pourquoi y a-t-il plus

4 qu'une villa ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais ce sont des logements de fonction,

6 Monsieur Bonomy. J'avais un appartement dans une de ces villas pendant un

7 temps et puis dans l'autre, lorsque j'ai déménagé.

8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bon, pour ce qui est de la villa dont

9 on parle dans ce livre, M. Milosevic et Jovic sont-ils venus vous voir là-

10 bas.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai déjà dit : "Non." Je ne m'en

12 souviens vraiment pas.

13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous ne vous en souvenez pas ou ils ne

14 sont pas venus.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

16 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vous remercie.

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

18 Q. Monsieur Kostic, pourquoi M. Jovic aurait-il intérêt à faire un tel

19 mensonge ?

20 R. Cela, il faudrait le lui demander à lui. Je ne peux pas répondre à

21 cette question pourquoi ferait-il cela ? Pourquoi est-ce qu'on trouve des

22 mensonges éhontés dans d'autres livre ? Cela aussi, on peut se demander.

23 Q. Monsieur Kostic --

24 R. Il y a tellement ce contrevérités dans le livre de M. Mesic déjà.

25 Q. Vous éludez la question. Je vous ai demandé quel serait l'intérêt pour

26 M. Jovic ? Mais, en fait, que vous devriez répondre, c'est qu'il n'y gagne

27 absolument rien.

28 M. KAY : [interprétation] Mais il a répondu à la question. Il a dit :

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1 "Qu'il fallait demander ce qu'il en était à M. Jovic."

2 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Il n'a pas répondu.

3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivons, Madame Uertz-Retzlaff.

4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

5 Q. Je voulais donner lecture de ce qui figure à la page 89, au bas de la

6 page.

7 "Slobodan Milosevic m'a appelé pour m'informer de la composition définitive

8 pour le président de la RFY comme si de rien n'était, comme si on n'avait

9 pas parlé à Branko Kostic. Il m'a dit qu'il irait voir ou qu'il serait en

10 faveur de Dobrica Cosic, mais qu'il voterait probablement pour lui. Il a

11 dit qu'il parlerait avec Dobrica."

12 M. Kostic, c'est la raison pour laquelle, vous avez retiré votre

13 candidature à la présidence ?

14 R. Non. Non Madame. Cela, c'est vous qui le dites. Ne me demandez pas de

15 confirmer votre interprétation. C'est inventé de toute pièce. Il y a

16 beaucoup de choses qui sont inventées de toute pièce là-dedans dans ce

17 livre et dans d'autres.

18 Q. Au début de votre déposition, vous avez expliqué qu'en juin 1992, vous

19 aviez quitté la vie politique. En fait, M. Kostic vous avait été, n'est-ce

20 pas là, la réalité, vous avez été expulsé de votre propre parti ?

21 R. A la fin 1992, mais à la mi-1992, je me suis retiré de la vie

22 politique. Une décision personnelle. A la fin de l'année 1992, les

23 dirigeants m'ont expulsé.

24 Q. Vous dites que vous vous êtes retiré de la vie politique mais ce n'est

25 pas tout à fait exact parce que vous avez campagne contre Momir Bulatovic

26 pour devenir président du Monténégro en décembre 1992, n'est-ce pas ?

27 R. Madame, le 15 juin, j'ai cessé être président de la présidence de la

28 RSFY, et en décembre, déjà, je m'étais complètement retiré de la vie

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1 politique. En décembre, il y a eu des élections présidentielles au

2 Monténégro, et l'un des candidats à la présidence était Momir Bulatovic. Il

3 avait été désigné par le Parti socialiste au pouvoir --

4 Q. Monsieur Kostic --

5 R. -- on comptait sept ou huit autres candidats en liste. Il y avait

6 également un groupe de citoyens --

7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]

8 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pourquoi est-ce que

9 vous --

10 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je vous ai demandé --

11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] -- ne voulez pas tout simplement nous

12 expliquer pourquoi vous avez fait campagne contre

13 M. Bulatovic dans des élections présidentielles ? Est-ce que c'est le cas ?

14 C'est une question finalement simple. Oui ou non ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur Bonomy, effectivement, mais cinq

16 ou six mois --

17 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci beaucoup.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] -- après mon retrait de la vie politique. Si

19 vous me permettez de vous l'expliquer, je peux le faire très rapidement --

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non. Passons à autre chose, pas

21 d'explication.

22 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

23 Q. Au cours de la campagne en décembre 1992 au Monténégro, les dirigeants

24 monténégrins se sont prononcés pour plus d'indépendance par rapport à la

25 Serbie. Vous n'alliez pas dans leur sens, n'est-ce pas ?

26 R. Non, ce n'est pas exact.

27 Q. M. Milosevic vous a soutenu dans le cadre de votre campagne, est-ce que

28 cela c'est exact ?

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1 R. Non, ce n'est pas vrai.

2 Q. J'aimerais vous citer à nouveau un extrait de l'ouvrage de M. Bulatovic

3 "Les Règles du Silence." J'aimerais qu'on distribue ce document à tout le

4 monde, parce que nous souhaiterions ensuite demander le versement au

5 dossier du document.

6 On peut également placer le document sur le rétroprojecteur. On

7 pourra procéder à la distribution ultérieurement.

8 Q. Monsieur Kostic, il s'agit là d'une réunion contre

9 M. Milosevic et M. Bulatovic, et ceci après les élections, bien évidemment.

10 M. Bulatovic dit la chose suivante, je cite : "Je l'ai écouté jusqu'au bout

11 et ensuite, en essayant de retrouver une constance, je lui ai serré la main

12 et je lui ai dit : 'Voici la main de la véritable coopération entre les

13 présidents du Monténégro et de la Serbie. Je sais que votre candidat

14 c'était Branko Kostic. Son QG électoral à Belgrade se trouvait dans votre

15 bureau. Votre homme de confiance, Mihalj Kertes, lui amenait des

16 informations par vol spécial, qui étaient censées me compromettre dans le

17 cadre d'un débat télévisé…'"

18 Poursuite de la citation : "Ensuite, le téléphone a sonné. J'ai entendu

19 plusieurs choses. Il refusait de céder. Il était impossible d'accepter une

20 telle désinformation. Mes informations étaient fausses, selon lui. Jamais

21 il n'aurait fait ça à qui que ce soit. Il voulait simplement me féliciter

22 de mon succès aux élections."

23 Voici ce que dit Bulatovic dans son livre, n'est-ce pas, il dit la vérité ?

24 R. Ce n'est pas vrai, Monsieur Robinson. Ce qui a été lu, à l'instant,

25 cela figure dans un livre où M. Bulatovic affirme que j'étais candidat du

26 Parti radical serbe; ce n'est pas vrai. Il y a beaucoup de choses là-dedans

27 qui ne sont pas vraies. Il n'est pas vrai non plus qu'on ait bu le café à

28 Batajnica, rien de tout cela n'est vrai.

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1 Q. Monsieur Kostic, je vous parlais d'un événement des plus clairs, vous

2 me dites que ce n'est pas vrai c'est tout.

3 R. Il a parlé à M. Milosevic. M. Milosevic peut dire si c'est vrai ou pas.

4 Je vous dis simplement que vous êtes en train de faire référence à une

5 source qui s'est souvent avérée truffée de contre-vérité. Pour moi, ce ne

6 sont pas des détails.

7 Je vous signale, par ailleurs, que j'ai écrit une critique fort

8 circonstanciée de ce livre, et tout cela on peut le vérifier en consultant

9 la documentation originale.

10 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement

11 au dossier du document.

12 [La Chambre de première instance se concerte]

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Madame Uertz-Retzlaff, nous nous

14 sommes interrogés la chose suivante. Conformément à ce qui a été la

15 pratique par le passé, il est possible qu'il n'ait pas versement puisque le

16 témoin ne reconnaît pas l'exactitude de ce qui est cité, mais M. Milosevic

17 n'a peut-être pas d'objection.

18 L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est grotesque de verser au dossier des livres

19 écrits par des tiers au sujet de Kostic, qui nie cela. Qu'est-ce que cela

20 prouve de verser cela au dossier ? Cela prouve simplement que cet homme a

21 écrit ce livre. Je pense que c'est vraiment n'importe quoi, ce qu'il y a

22 dans ce livre.

23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, effectivement, cela va dans le

24 sens de nos décisions précédentes. La seule chose ici, c'est que l'auteur

25 de ce livre doit déposer ultérieurement. A ce moment-là, la situation sera

26 peut-être modifiée.

27 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui.

28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pas de versement. On peut accorder

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1 une cote provisoire aux fins d'identification à ce document en attendant la

2 déposition de M. Bulatovic.

3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] J'ai oublié de demander le versement

4 d'un des extraits du livre de M. Kostic, pages 267 à 270. On en a parlé,

5 mais j'ai oublié de demander le versement.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Cet extrait sera versé au dossier.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] La cote aux fins d'identification de la

8 page concernée sera 944 MFI.

9 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

10 Q. Dans l'interrogatoire principal, vous avez parlé que

11 M. Milosevic de la pièce D333/1, qui concerne Nathan Shamuyarira, et une

12 rencontre avec ce monsieur. J'aimerais revenir avec vous sur d'autres

13 passages du document.

14 Q. En premier lieu, reportons-nous je vous prie à la page 4 en anglais. On

15 y la manière dont vous qualifiez et dont vous décrivez ceux avec qui vous

16 étiez en train de négocier, avec qui vous étiez censé parvenir à un accord

17 sur la paix en 1991, et vous dites, je cite : "Je dois dire que

18 malheureusement, au début de ce siècle et dans la deuxième partie du

19 siècle, la politique de l'Eglise catholique et du Vatican ont coïncidé de

20 manière assez convaincante avec l'idéologie nazie d'Hitler, et ils

21 oeuvraient dans le même sens."

22 Vous comparez le nouveau gouvernement de Croatie avec le régime d'Hitler

23 qui existait à l'époque en Croatie. Ensuite vous dites : "Lorsque Tudjman

24 est arrivé au pouvoir en Croatie, l'idéologie qui prévalait pendant la

25 Deuxième guerre mondiale a redressé la tête. Tudjman a ouvert les

26 frontières aux Oustachi qui avaient émigré et qui avaient fui après la

27 Deuxième guerre mondiale."

28 Monsieur Kostic, quand on parle ainsi des gens avec qui on est censé

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1 discuter pour trouver une solution, cela ne permet pas d'espérer et de

2 trouver un accord, n'est-ce pas ?

3 R. Cela c'est votre conclusion. Le fait qu'on ne soit pas arrivé à trouver

4 une solution. C'est pourquoi on n'a pas trouvé de langage commun ou

5 d'accord. C'est la raison pour laquelle M. Mesic, dans un passage cité ici,

6 en dirigeant de l'opposition, lorsqu'il a quitté Tudjman, a déclaré de

7 manière très claire que beaucoup d'événements qui avaient eu lieu en

8 Croatie à l'époque lui rappelaient l'époque de l'Etat indépendant de

9 Croatie. On sait également très bien que l'Eglise catholique a joué un rôle

10 extrêmement important --

11 Q. Monsieur Kostic, on n'est pas en train de parler de la Deuxième guerre

12 mondiale. Je suis simplement en train de vous dire la chose suivante :

13 quand on utilise ce genre de langage au sujet de ceux avec lesquels on est

14 censé négocier, comment parvenir à un accord, comment parvenir à une

15 solution de paix lorsqu'on décrit ces gens comme représentant l'ancienne

16 idéologie nazie ?

17 R. Madame, si on avait attendu une issue positive de ces négociations, on

18 n'aurait pas fait intervenir la communauté internationale, l'Europe, en

19 l'occurrence. Cela, on ne peut le contester. Si ces gens n'avaient pas été

20 comme je l'ai dit, M. Mesic n'aurait pas, quant à lui, tenu les propos

21 qu'il a tenus à leur sujet plus tard.

22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pause de 20 minutes.

23 --- L'audience est suspendue à 12 heures 18.

24 --- L'audience est reprise à 12 heures 41.

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Continuez, Madame Uertz-Retzlaff.

26 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Merci.

27 Q. Monsieur Kostic, vous avez comparé les dirigeants croates à un Etat

28 croate qui existait dans les années 1940, et ce faisant, vous impliquez --

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1 vous disiez implicitement plutôt, en fait, vous l'avez même dit

2 publiquement que les Serbes en Croatie allaient être victimes d'un autre

3 génocide, qu'ils étaient menacés d'un autre génocide. Ce sont des propos

4 que vous avez tenus à l'époque, n'est-ce pas ?

5 R. Oui, c'est exact.

6 Q. Le fait de perdre le statut officiel de nation constituante ne menace

7 pas la survie des Serbes, n'est-ce pas ?

8 R. Je n'ai pas compris votre question. Veuillez, je vous prie, la répéter.

9 Q. En parlant du génocide, on évoque souvent le fait que les Serbes, le

10 peuple serbe avait perdu ou perdait leur statut de nation constituante. La

11 question que je vous pose c'est, le fait de perdre le statut de nation

12 constituante, ne signifie pas pour autant automatiquement pour les Serbes

13 une menace pour leur survie.

14 R. Cela aurait pu leur faire courir un péril. La perte du statut de nation

15 constituante pour les Serbes dans la nouvelle constitution croate qui

16 établissait un Etat, nation de Croates et qui reléguait les Serbes au

17 statut de minorité avec tous les autres éléments, tout ce qu'on constatait

18 sur la scène politique croate. A l'époque, tout cela constituait un danger

19 et le peuple serbe, d'ailleurs, vous avez donné des chiffres sur ce point

20 est devenu une minorité, véritablement une minorité en Croatie, ne

21 représentant plus que 4 % de la population totale.

22 Q. Monsieur Kostic, les Serbes figurent au préambule de la constitution de

23 Croatie en tant que minorité et on garantit à cet endroit aux Serbes tous

24 leurs droits en tant que minorité. Vous le savez, n'est-ce pas ?

25 R. Oui. Je le sais.

26 Q. Le fait d'être une nation constituante n'aurait pour autant résolu les

27 problèmes rencontrés par les Serbes en Croatie. Les difficultés rencontrés

28 par les Serbes sur ce territoire qui est ensuite devenu la SRK. Ces

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1 difficultés n'auraient pas trouvé de solutions si les Serbes avaient reçu

2 le statut de nation constituante aux termes de la constitution croate.

3 C'est, peut-être, pas vraiment là que résidait le problème, n'est-ce pas ?

4 R. Pour les Serbes, si on leur avait permis de garder le statut de nation

5 constituante. Certes, cela n'aurait pas résolu tous les problèmes. Mais

6 cela aurait au moins fourni des garanties de sécurité si on pense à toute

7 l'expérience historique et à tout ce qui s'était passé au cours de la

8 Deuxième guerre mondiale.

9 Q. Monsieur Kostic, toutes les exagérations qui ont été formulées dans ce

10 contexte en parlant de ce statut officiel, tout cela a été utilisé comme

11 prétexte et à alimenter la propagande selon laquelle les Serbes étaient

12 menacés de génocide. Est-ce que ce n'est pas vraiment cela qui s'est

13 passé ?

14 R. Cela, c'est votre opinion à vous, pas la mienne.

15 Q. En répondant au Juge Kwon au sujet de la différence entre les droits

16 d'une nation constituante et d'une minorité, vous avez dit lorsqu'il y

17 avait un différent important, toutes les décisions devaient être prises

18 avec l'accord de toutes les nations constituantes sans que l'une quelconque

19 d'entre elles puissent mettre en minorité les autres, vice-versa. Est-ce

20 que j'ai bien compris votre argument ?

21 R. Si je m'en souviens bien de ce dialogue que j'ai eu avec M. Kwon, nous

22 étions en train de parler de l'initiative de Belgrade et des dispositions

23 constitutionnelles selon lesquelles toutes les nations, toutes les

24 républiques participaient de manière complètement égales et sans que

25 quiconque puisse être mis en minorité. Puis ensuite, nous en avons parlé.

26 Je ne sais pas si c'était dans le cadre d'un échange avec M. Kwon au sujet

27 du statut de nation constituante en Bosnie-Herzégovine où il est précisé

28 que deux nations ne peuvent prendre de décisions contre la troisième s'il

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1 s'agit de questions cruciales. Or, il n'existait aucune disposition

2 semblable dans la constitution croate, disposition exigeant le consensus

3 dès qu'il s'agissait de questions extrêmement importantes. Mais le statut

4 de nation constituante pour les Serbes en Croatie leur aurait fourni plus

5 de garanties de sécurité.

6 Q. Monsieur Kostic, l'équipe du Procureur s'est penchée sur la

7 constitution de Croatie ainsi que sur la constitution de Bosnie-Herzégovine

8 avant que n'y soit porté un certain nombre de modifications. Premièrement,

9 à aucun moment dans aucun passage des ces constitution, on ne voit

10 l'expression, "peuples constituants." Ces constitutions n'étaient pas les

11 constitutions de républiques qui se définissaient par des critères

12 ethniques. On mettait l'accent sur le pouvoir des travailleurs, des

13 citoyens, des nations, et cetera. Est-ce que vous êtes conscient de ce

14 fait ?

15 R. Je vous ai déjà dit que je n'étais pas juriste. Je suis économiste,

16 donc, je ne peux faire aucune observation, qu'un commentaire sur les

17 constitutions de quelques pays que ce soit y compris le mien. Mais je ne

18 sais pas si cela est précisé quelque part dans la constitution mais si on

19 regarde le Règlement de différentes instances, de différentes institutions,

20 on voit que c'était dit clairement.

21 Q. Nous avons également fait un examen, réalisé un examen des

22 constitutions de la Croatie et de l'Herzégovine pour voir si on fait la

23 différence entre une nation constituante et une minorité. C'est ce que vous

24 avez affirmez au Juge Kwon où vous disiez que lorsqu'il s'agissait de

25 questions ayant des conséquences sur le destin de la nation constitué, il

26 fallait que les décisions soient prises d'une certaine manière. Or, il

27 n'existe aucune disposition de ce type, ni dans la constitution croate, ni

28 dans la constitution de Bosnie-Herzégovine. Qu'avez-vous à dire à cela ?

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1 R. D'abord, vous parlez de peuple constituant. Je n'ai pas tout à fait

2 utilisé ce terme. Enfin, peu importe. Peut-être que c'est finalement la

3 même chose. Je vous dis ce que je sais. Je ne suis pas un expert en la

4 matière si je me trompe, ne le retenez pas contre moi. Mais je pense

5 toujours qu'en Bosnie-Herzégovine, lorsqu'il s'agissait de décisions

6 extrêmement importantes, il était prévu que les décisions soient prises

7 avec l'accord de toutes les nations constituantes. Une fois que les

8 décisions prises en mettant une des nations en minorité, on a vu les

9 représentants serbes claqués la porte du parlement. Les décisions prises au

10 parlement bosniaque sans représentation serbe.

11 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Nous ne disposons pas de la

12 traduction de ces constitutions. Elles n'ont pas encore été versées au

13 dossier. Ce que je veux simplement dire c'est ce que dit le témoin ne

14 correspond pas à ce que nous, nous avons constaté. Ce que je vous

15 proposerais c'est de remettre les versions en B/C/S de ces constitutions à

16 M. Kostic afin qu'il puisse s'en imprégner pendant le week-end et si jamais

17 il trouve les passages qu'il nous a mentionnés, il pourra nous indiquer où

18 ils se trouvent. Il est difficile de prouver une négation quand on ne

19 dispose pas de l'intégralité du texte.

20 [La Chambre de première instance se concerte]

21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.

22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Milosevic.

23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Permettez-moi de vous demander

24 d'intervenir afin que moi aussi je puisse avoir un exemplaire des

25 constitutions de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine, car j'en aurai

26 peut-être besoin dans le cadre ou de mes questions supplémentaires.

27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est ce que j'allais vous suggérer

28 -- que ces documents soient également remis à

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1 M. Milosevic pour qu'il puisse s'en servir lors des questions

2 supplémentaires.

3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Effectivement, ce sera fait.

4 Q. L'échange auquel j'ai fait référence il s'est déroulé lors de

5 l'audience du 2 février, je le signale pour que tout le monde puisse

6 vérifier au compte rendu d'audience.

7 Maintenant, examinons la première pièce de la Défense, page 8, vous

8 parlez avec M. Shamuyarira avec des Musulmans, et vous dites la chose

9 suivante, je cite : "La grande majorité des Musulmans dont 95 ou 98 %

10 d'entre eux sont des Serbes islamisés, des Serbes qui ont accepté l'Islam.

11 Cependant, il y a 30 ans les autorités yougoslaves ont donné aux Musulmans

12 le statut de peuple -- de nation. C'est le seul exemple dans le monde d'une

13 population, d'un groupe dont les droits de nation soient reconnus sur une

14 base strictement religieuse."

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic.

16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Cela se trouve à la page 15 en Serbe. Je le dis

17 pour le témoin.

18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Attendons que le témoin ait trouvé

19 le passage concerné.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai trouvé.

21 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

22 Q. Ce terme de "serbes islamisés" cette expression serbes islamisés, c'est

23 un terme que nous avons entendu sortir de la bouche de M. Seselj dans ce

24 Tribunal, or comment se fait-il que vous aussi vous utilisez cette

25 expression ? Est-ce que vous partagez les vues de M. Seselj sur ce point ?

26 R. Il y a beaucoup de questions sur lesquelles nos vues sont

27 diamétralement opposées à M. Seselj et à moi; cependant, il y a certaines

28 expressions dans la langue serbe que l'on ne peut pas remplacer par

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1 d'autres. En l'occurrence, il s'agissait effectivement de serbes qui

2 auparavant étaient orthodoxes, chrétiens et qui pour une raison X ou Y,

3 soient pour se venger dans le cas d'une vendetta, soit pour améliorer leur

4 chance à l'avenir, ont décidé de se convertir à l'Islam.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que, oui ou non, vous

6 partagez le point de vue de M. Seselj sur ce point ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas quel est le point de vue de M.

8 Seselj sur ce point. Mais j'ai déjà expliqué ce qu'il en était. Mme a cité

9 -- a utilisé le nom de -- le verbe de "population." Ce n'est pas une

10 population, ce n'est pas un peuple, c'est une nation. J'ai toujours dit que

11 le Parti communiste yougoslave, lorsqu'il s'agissait de la nation

12 yougoslave qui faisait partie de la population, le Parti communiste a

13 décidé que cette population devait avoir un statut de nation.

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Continuons.

15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

16 Q. Un peu plus loin vous dites : "Le grand problème c'est qu'en Bosnie,

17 les Serbes et les Musulmans sont mélangés. Dans 105 municipalités sur 110,

18 ils vivent ensemble. Dans certaines municipalités, les Musulmans

19 représentent la majorité ethnique, dans certaines municipalités ce sont les

20 Serbes. Les Croates présentent une population homogène assez homogène en

21 Bosnie-Herzégovine ils représentent environ 95 % de la population en

22 Herzégovine occidentale."

23 C'est ce que vous avez dit à l'ambassadeur et c'est ainsi que les choses se

24 présentaient effectivement ?

25 R. Oui, c'est effectivement ce que j'ai dit.

26 Q. Maintenant, j'aimerais que nous passions à la page 9 dont je

27 souhaiterais lire un extrait, page 9 en anglais, pour vous c'est la page

28 suivante ou la même page.

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1 Il y est dit, je cite : "La Communauté européenne et

2 M. Badinter, en tant que président de la Commission d'arbitrage, ont,

3 malheureusement, proposé qu'un référendum soit organisé auprès des citoyens

4 de Bosnie-Herzégovine. Ce qui revient à appliquer le principe de la

5 prédominance et à réduire à néant le principe du droit égal dont jouisse

6 chacun des trois peuples, comme cela est prévu par la constitution de

7 Bosnie-Herzégovine pourtant en vigueur."

8 Comment pouvez-vous -- pouvez-vous m'expliquer comment un référendum qui

9 est l'outil par excellence utilisé par un régime démocratique peut être

10 présenté comme obéissant au principe de la domination ? Ou comment peut-on

11 qualifier ainsi un référendum ?

12 R. Madame, au cours de mon intervention précédente et de ma déposition,

13 j'ai dit que M. Alija Izetbegovic avait déclaré que tout ce qui se passait

14 en Bosnie-Herzégovine se passait 30 ans trop tôt car dans -- 30 ans plus

15 tard, les Musulmans auraient représenté la majorité absolue de la

16 population. Dans des conditions de tension très vive en Bosnie, la seule

17 véritable solution cela aurait été de mener un référendum parmi chacune des

18 nations constituantes, et si les trois majorités dans les trois cas se

19 prononçaient en faveur d'un Etat indépendant, à ce moment-là une telle

20 décision aurait été justifiée. De cette façon, si les Serbes boycottaient

21 le référendum, et organisaient leur propre référendum, et s'ils votaient

22 dans leur majorité en faveur de leur maintien au sein de l'Etat existante

23 de l'Etat commun, cela constituerait une Bosnie dans lequel les principes

24 démocratiques seraient respectés.

25 Q. Je vous interromps, mais vous dites, vous-même, que les Serbes et les

26 Musulmans sont mélangés dans 105 de ces municipalités. Comment un

27 référendum -- comme pour chacun des groupes à part pourrait-il permettre de

28 trouver une solution ? Pourquoi pas un référendum destiné à des gens qui

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1 vivaient ensemble ? J'aimerais bien que vous nous expliquiez pourquoi trois

2 référendums auraient résolu le problème ?

3 R. Oui, je comprends, Madame, qu'il vous est vraiment difficile de

4 comprendre ceci. Cela montre tout simplement à quel point vous êtes

5 ignorante de la situation qui prévaut dans les Balkans. Je ne vous en veux

6 pas franchement parce qu'il est vraiment impossible que vous compreniez

7 cette situation.

8 Q. Ecoutez -- enfin je ne veux pas discuter avec vous. Je vais poursuivre.

9 Expliquez moi, si je ne comprends pas, expliquez-le aussi aux Juges

10 surtout.

11 R. Si vous insistez, je vais essayer. Voyez-vous les Musulmans, les

12 Croates et les Serbes, mais surtout les Musulmans et les Serbes, ils

13 étaient tous mélangés dans 105 municipalités. Je parle des Musulmans et des

14 Serbes maintenant pratiquement dans chacune des municipalités, la

15 population était mixte. Ces Musulmans, ces Serbes bénéficiaient d'un droit

16 qui leur était donné par la constitution de la RSFY. A un moment donné,

17 qu'est-ce qui s'est passé ? La grande majorité de la population musulmane

18 lors des premières élections pluripartites, cette majorité a voté pour le

19 SDA, c'était leur parti national, religieux --

20 Q. La question était fort simple, je vous demandais : comment trois

21 référendums, un par nation constitutive, pourraient constituer la solution.

22 R. Je suis fermement convaincu que cela aurait été de loin préférable, que

23 la solution aurait été bien plus pacifique que celle que nous avons connue.

24 Finalement, il n'y a eu qu'un référendum des Musulmans et des Croates

25 puisque les Serbes ont boycotté le référendum. Je vous le dis, je ne vous

26 en veux pas si vous ne comprenez pas, je le comprends.

27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je n'ai pas l'impression que vous

28 ayez vraiment fourni l'explication demandée par le Procureur.

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1 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je passe à autre chose. Je continue

2 l'étude de ce texte, quelques lignes plus loin.

3 Q. Ici vous dites : "Personnellement, je pense que la meilleure solution,

4 ce serait une résolution pacifique de la crise, si la Bosnie-Herzégovine en

5 tant qu'ensemble faisait partie de la Yougoslavie, au sein des frontières -

6 -"

7 Toujours à la page 9.

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, j'ai trouvé.

9 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

10 Q. -- "…au sein des frontières qu'elle a aujourd'hui avec les trois

11 peuples. A ce moment-là, nous ne nierions pas au peuple croate le droit de

12 quitter la Yougoslavie et la Bosnie, et les Croates pourraient rejoindre la

13 Croatie, si c'était là l'issue d'un référendum."

14 Alors que proposez-vous ici, est-ce que vous proposez une division de la

15 Bosnie-Herzégovine ? Avec une partie où vivraient les Croates, et où ces

16 Croates rejoindraient la Croatie ? C'est cela votre proposition ?

17 R. Non. D'abord, il ne s'agit pas ici d'une proposition. Comment voulez-

18 vous que je fasse une proposition à un ministre d'un pays ami, d'un pays

19 africain, en matière de division ? Je me contente de répéter l'avis unanime

20 de la Présidence fédérale qui, le 7 septembre 1991, avait présenté cet avis

21 par le truchement de

22 M. Mesic à la Conférence inaugurale de La Haye, c'est-à-dire qu'on

23 reconnaissait à chacun des peuples constitutifs le droit à

24 l'autodétermination, y compris à la sécession. C'était le premier des

25 quatre principes présentés par M. Mesic, au nom de la totalité de la

26 présidence, et même de tous les présidents des républiques. A cela

27 s'ajoutait le principe de n'imposer à personne une solution par la force,

28 le troisième principe étant que toutes les options et toutes les solutions

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1 seraient traitées sur pied d'égalité.

2 Là, vous voyez, ici je n'ai rien inventé. Ce fondement avait été accepté,

3 déjà.

4 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Qu'est-ce qui devait se passer si les

5 Croates, par voix de référendum, se prononçaient en faveur de quitter la

6 Yougoslavie et la Bosnie ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Bonomy, je ne peux pas vous dire ce

8 qui se serait passé si ce genre de chose s'était produit. J'ai dit que la

9 meilleure solution serait que la totalité de la Bosnie-Herzégovine reste au

10 sein de la Yougoslavie.

11 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je comprends, mais vous poursuivez en

12 disant : "Dans un tel cas, nous ne nierions pas aux Croates le droit de

13 quitter la Yougoslavie et la Bosnie, et d'éventuellement rejoindre la

14 Croatie, si c'était ce qu'ils voulaient et ce qu'ils exprimaient dans un

15 référendum."

16 Alors, quelle serait l'hypothèse, comment cela se passerait à votre avis si

17 c'est ce qu'avaient décidé les Croates par voix de référendum ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je me dois de vous dire ceci. Même si je ne

19 suis pas tout à fait sûr, je suis sûr que cela aurait été difficile

20 d'appliquer une telle chose. Je suis tout aussi sûr que s'il y avait un

21 référendum au Monténégro, cela pourrait se passer paisiblement et sans

22 problème. Mais le principe reste le même pour tous, c'est pour cela que je

23 préconisais le maintien de la Yougoslavie et le maintien de la Bosnie-

24 Herzégovine en tant qu'entité globale au sein de la Yougoslavie.

25 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ecoutez, vous essayez de ne pas

26 répondre à la question et ceci montre qu'il vous est impossible d'être

27 clair, quel que soit le sujet.

28 Vous dites ici que vous ne nieriez pas aux Croates ce droit. Maintenant,

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1 vous me dites que c'est un peu théorique et qu'il y aurait des difficultés

2 pratiques. Ceci explique peut-être en tout ou en partie les problèmes dont

3 nous sommes saisis, mais voici ce que j'aimerais que vous me disiez.

4 Comment, en pratique, pouvait-on appliquer une décision prise par les

5 Croates de Bosnie, dans le cadre d'un référendum, s'ils décidaient de

6 quitter la Yougoslavie et la Bosnie ? D'après vous, d'après ce que vous

7 aviez envisagé, comment est-ce que cette décision allait s'appliquer ? Non,

8 pas en théorie, mais en pratique, dans les faits.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, je ne peux pas répondre à une

10 question aussi hypothétique. Comment voulez-vous que j'y réponde

11 précisément ? Je savais ce que je prônais.

12 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ce n'est pas moi qui parle de ce

13 sujet, c'est vous qui l'abordez dans cette conversation que vous avez avec

14 l'ambassadeur.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne nie pas l'avoir dit; cependant, je me

16 suis contenté de le présenter comme possibilité, comme principes

17 généralement acceptés en Yougoslavie, principes que nous avons présentés à

18 la conférence de La Haye. Nous ne nions à personne le droit de décider de

19 façon démocratique de son lieu de vie. Nous nous opposions simplement à ce

20 que ce soit fait par la force, comme l'ont fait la Croatie et la Slovénie.

21 M. LE JUGE BONOMY : [aucune interprétation]

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Ne vous emportez pas, je vous le demande.

23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je note tout simplement que vous ne

24 voulez pas répondre à la question.

25 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

26 Q. Un peu plus loin, toujours à la même page, page 9, c'est comme cela que

27 l'avait compris M. Shamuyarira, lorsqu'il dit : "En d'autres termes, il

28 s'agit de la division de la Bosnie-Herzégovine." Voici ce que vous répondez

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1 : "A mon avis, en l'occurrence la meilleure solution serait sans doute que

2 ces gens qui habitent en Krajina serbe et qui veulent rester au sein de la

3 Yougoslavie, reçoivent le droit à l'autodétermination, et que les Croates

4 puissent faire partie de la Croatie avec leurs territoires. Ce serait sans

5 doute la solution la moins douloureuse."

6 Vous êtes encore plus clair ici, on voit encore plus clairement ce que vous

7 aviez à l'esprit. J'aimerais citer un autre passage,un peu plus loin :

8 "Nous pensons qu'une solution peut s'obtenir par la négociation politique

9 et que le principe de la majorité ethnique pourrait s'appliquer par voix

10 d'accords, et que ceci pourrait s'obtenir grâce à des négociations

11 patientes."

12 M. Shamuyarira dit ceci : "Mais revenons à cette idée de la division;

13 comment est-ce qu'on diviserait Sarajevo ?"

14 Vous répondez ceci : "Je n'ai pas une idée précise de la distribution

15 démographique, mais tout autour de Sarajevo habitent des Serbes. Cependant,

16 à Sarajevo même, nous avons les trois populations. On ne pourrait vraiment

17 pas tenir compte des Croates à Sarajevo, cela, c'est certain.

18 "Mais s'il y avait cantonisation, les Serbes et les Musulmans pourraient

19 sans doute déterminer comment devrait se faire cette division de Sarajevo.

20 En effet, le point de départ de la cantonisation, c'est le principe d'une

21 majorité ethnique dans une zone donnée. La cantonisation, cela veut dire

22 une division de la Bosnie-Herzégovine qui permettrait aux Croates et aux

23 Serbes d'avoir des communications et des liens avec leur mère patrie, en

24 d'autres termes, avec la Croatie et la Serbie, en d'autres termes avec la

25 Yougoslavie."

26 Il semblerait que vous pensiez à une division, ce qui voudrait dire aussi

27 qu'il devrait y avoir un échange de populations, une réinstallation de

28 personnes dans d'autres territoires, n'est-ce pas ?

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1 R. Mais non. La conclusion que vous tirez de tout ceci est tout à fait

2 erronée. D'emblée, j'ai dit que je n'avais comme volonté que celle de

3 préserver la Bosnie et la Yougoslavie. Si nous avions pu voir certains

4 extraits de ce CD que je vous ai proposé hier, vous avez, en fait, Mme

5 Dubravka Kenic qui m'a posé exactement la même question le 24 décembre et a

6 tiré la même conclusion; est-ce que cela voulait dire qu'il y aurait une

7 division de la Bosnie selon un clivage ethnique. J'ai dit que ce n'était

8 pas la solution, que pour moi la solution c'était que la Bosnie reste au

9 sein d'un même Etat. L'autre possibilité que j'ai mentionnée, c'était le

10 plan Cutileiro, le plan de cantonisation de la Bosnie, dès qu'ils se sont

11 retrouvés, notamment, entre autres, dans l'accord de Dayton.

12 Donc, ce n'était pas une idée de division de la Bosnie. Ne m'accusez

13 pas d'une telle chose.

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je ne sais pas si j'ai bien

15 compris. Pourquoi est-ce que cela voudrait dire qu'il y aurait transfert de

16 populations, réinstallation ?

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]

18 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]

19 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] -- Vous avez dit que cela aurait

21 pour conséquence des transferts de populations. Est-ce que vous pourriez

22 reformuler votre idée ?

23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui.

24 Q. Monsieur Kostic, vous avez dit à l'ambassadeur que dans 105 des

25 municipalités de Bosnie-Herzégovine, il y avait une population mixte,

26 Serbes et Musulmans, et que le principe de la majorité ethnique dont vous

27 parlez ici ne fonctionnerait pas s'il y avait égalité pour ce qui est de la

28 force numérique de chacun de ces groupes de populations ?

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1 R. Non. Mais dans ces 105 municipalités, il y a des endroits où ce sont

2 les Musulmans qui sont majoritaires. Dans d'autres, ce sont les Serbes.

3 C'est selon le principe de ces majorités que la cantonisation aurait eu

4 lieu. La cantonisation prévue par Cutileiro. On a montré la carte, ici.

5 Donc, il n'y aurait pas eu de déplacements ni de réinstallation de

6 populations. Il est tout à fait possible qu'une grande partie de la

7 population reste là où elle se trouve indépendamment de la nature du

8 canton; est-ce qu'il est Serbe, Croate ou Musulman. Vous savez que beaucoup

9 dans Serbes sont restés à Sarajevo et aujourd'hui dans la Republika Srpska,

10 ni dans la fédération de Bosnie-Herzégovine, nous n'avons pas, une

11 situation ethnique pure. Dans la fédération croate ou musulmane, il y a des

12 Serbes, tout comme il y a des Croates et des Musulmans dans la Republika

13 Srpska. Il s'agit d'une réflexion qui suit effectivement les lignes qui ont

14 été la base de la solution de paix en Bosnie.

15 Cela, a été ma plus grande illusion, en fait. Les Musulmans sont le

16 peuple le plus nombreux de Bosnie-Herzégovine. Dans l'ensemble --

17 permettez-moi de terminer. Dans l'ex-Yougoslavie, la grande, les Musulmans

18 étaient le deuxième peuple, d'après son nombre après les Serbes, et ils

19 étaient très dispersés sur la totalité du territoire dans les différentes

20 républiques. Cela a été la plus grande illusion. Dès le départ, j'ai pensé

21 que les Musulmans allaient prôner le maintien de l'unité du territoire et

22 de l'Etat. Hélas, je me suis trompé là-dessus.

23 Q. Monsieur Kostic, disons, les Musulmans qui ne souhaitaient rester vivre

24 sur les territoires serbes, là où les Serbes avaient la majorité -- mais il

25 y avait des villages aussi, là-bas, avec des majorités musulmanes. Donc,

26 ces personnes-là, si elles ne voulaient pas vivre sur ce territoire, est-ce

27 que ces personnes devraient quitter leurs foyers et partir vivre ailleurs ?

28 R. Écoutez, cela dépend. Tout un chacun pouvait choisir. Vous avez des

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1 cas, disons par exemple en Croatie, il y avait des échanges de biens, de

2 maisons entre les Croates et les Serbes, ceux qui ne voulaient pas rester,

3 qui ne voulaient pas continuer de vivre sur de territoire. Mais c'était de

4 leur plein gré qu'ils ont choisi cela.

5 Q. Monsieur Kostic, si la population est entièrement mixte dans 105

6 municipalités, et là, vous avez par exemple, les rapports 50/50 ou 55/45.

7 S'il y a des gens qui ne veulent pas vivre, disons, sur un territoire serbe

8 ou dans d'autres cas sur un territoire musulman, ces gens-là, ils seraient

9 obligés de partir, n'est-ce pas ? Votre proposition aurait entraîné un

10 échange de populations ?

11 R. Mais de quelle proposition parlez-vous, Madame ? Qu'est-ce qui vous

12 arrive, là ? Ma proposition, c'était de préserver la Yougoslavie, mais

13 quelles sont ces hypothèses que vous me soumettez ? C'est le plan de

14 Cutileiro qui se basait sur cette idée de partage.

15 Moi, dès le départ, j'étais un partisan du maintien de la Yougoslavie

16 et encore aujourd'hui, j'estime que le mieux, cela aurait été que la

17 Bosnie-Herzégovine reste au sein de la Yougoslavie.

18 Q. Oui. C'est clair Monsieur Kostic, mais j'étais en train simplement de

19 citer vos propres mots. C'est vous qui avez imaginé ce partage et je vous

20 disais que pour ceux qui ne souhaitaient pas vivre sur un territoire serbe,

21 par exemple, et bien que pour eux ceci signifierait qu'ils devaient partir.

22 C'est ce qui s'est passé réellement, n'est-ce pas ?

23 R. Il n'est pas vrai que j'ai prévu ce genre de partage. C'est votre avis.

24 Vous y avez droit, mais mon droit est de m'y opposer.

25 Dès le départ, je voulais que la Bosnie-Herzégovine reste au sein de

26 la Yougoslavie. Quant à ces propositions que vous avancez, c'est le plan

27 Cutileiro qui les a appliquées, mais ce n'était pas ma proposition à moi.

28 Ne vous attendez à ce que je cède après tout cet interrogatoire et que

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1 j'adopte votre point de vue.

2 Q. Je vais passer à autre chose. C'est très bref. M. Mesic n'a pas été élu

3 au poste de président de la présidence, cela a échoué. A ce moment-là, la

4 présidence était divisée. Le 15 mai 1991, les tensions étaient très vives.

5 C'est à ce moment-là qu'il devait y avoir une relève, tel que prévu d'après

6 le règlement au sein de la présidence, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Dans le passé, c'est toujours par acclamation que cette nomination se

9 passait au sein de la présidence de la RSFY. Mais cette fois-ci, dans le

10 cas de M. Mesic, ceci ne s'est passé comme de par le passé, n'est-ce pas ?

11 R. Non. Ce n'est pas exact. Encore une fois, cette fois-ci, le vote s'est

12 passé par acclamation. Ce n'était pas un vote secret. C'est en réunion

13 qu'on exprimait notre point de vue pour ou contre, si on interprète le

14 terme acclamation de la même façon. Donc, vous avez le vote secret ou le

15 vote par acclamation donc, à la parole publique. Ici, on se prononçait

16 publiquement lors de la réunion de la présidence. On exprimait son point de

17 vue.

18 Q. Je vais alors reformuler ma question. A chaque fois, de par le passé,

19 lorsqu'il s'agissait de voter pour le poste de président de la présidence,

20 en fait, ce n'était pas un vrai vote. C'était simplement une manière d'être

21 d'accord avec ce qui était convenu. Pour la première fois ici, vous alliez

22 voter réellement.

23 R. Écoutez. Le 15 mai, à chaque -- je ne crois pas qu'on élisait un

24 nouveau président de la présidence, c'était un vote qui avait lieu. Mais la

25 seule différence cette fois-ci c'est la chose suivante c'est pour la

26 première fois qu'il fallait voter au sujet de l'élection du président de la

27 présidence dans des circonstances où il y avait déjà eu des élections

28 pluripartites dans les républiques.

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1 M. Mesic a été élu lors des élections législatives pluripartites en

2 Croatie.

3 Lorsque vous avez un système uni partite, par exemple dans l'ex-

4 Yougoslavie, vous avez un corpus très vaste politique. Chez nous c'était

5 l'Association socialiste du peuple travailleur de Yougoslavie. A vrai dire,

6 parmi les dirigeants de cette ligue ou association socialiste --

7 Q. J'ai l'impression que l'on s'égare. Je vais vous reposer ma question :

8 ce jour-là en 1991, les Croates devaient proposer leur candidat au poste du

9 président, et ils l'ont fait et par la suite les dirigeants serbes -- ainsi

10 que les Monténégrins -- enfin oublions cela pour l'instant -- enfin ils ont

11 empêché cette nomination, et c'est la première fois que cela c'est passé;

12 c'est exact ?

13 R. J'ai dit que c'est la première fois parce que M. Mesic qui était le

14 candidat, bien il avait été élu aux élections multipartites et non pas

15 nommé par la Ligue communiste. Vous aviez dans l'ex-système l'Association

16 socialiste du peuple travailleur à Belgrade basée sur un principe de

17 parité. Toute république avait le même nombre de membres de la présidence,

18 et tout membre devait passer préalablement par toutes ces vérifications

19 pour recevoir un mandat, et pour que l'assemblée puisse se prononcer à son

20 sujet. Tout président -- tout membre de la présidence n'exerce pas son rôle

21 uniquement en tant que représentant de sa république, mais, en fait, il

22 doit représenter toutes les républiques. C'était cela le cas de l'ex-

23 Yougoslavie.

24 Mais M. Mesic il n'a pas pu être vérifié de cette manière-là, puisque

25 entre-temps cet organe, cette instance, c'était éteint. Donc pour la

26 première fois la présidence a eu à s'exprimer, a dû décider, si elle allait

27 donner sa voix à quelqu'un qui n'allait pas prôner le maintien de la

28 Yougoslavie. C'est cela la différence essentielle.

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1 Q. Mais ce que vous avez fait a été perçu comme une provocation aux yeux

2 des Croates et des dirigeants croates, n'est-ce pas ?

3 R. Mais tout dépend de qui vous parlez. Qui entendez-vous par les

4 dirigeants croates ? Dans le cas de ce processus d'élection, bien nous

5 avons proposé aux Croates de présenter un autre candidat, candidat qui

6 serait partisan de la Yougoslavie et non pas d'une Croatie indépendante.

7 Par exemple, j'ai proposé M. Ante Markovic tout comme j'ai proposé -- vu

8 que la situation était très délicate que la Croatie et le Monténégro

9 renoncent pendant cette année-là à leur poste de président et vice-

10 président et que ce soit la Bosnie et la Macédoine qui exercent cela. Je ne

11 vois pas ce que vous cherchez par là. C'était une recherche d'un compromis.

12 Q. Je ne voudrais pas que l'on s'y attarde. Je vais passer à un sujet

13 différent.

14 Nous avons déjà parlé de la pièce de la Défense qui se trouve à

15 l'intercalaire 11. Il s'agit d'une déclaration à l'issue de la réunion de

16 la présidence de la RSFY au sujet des événements en Croatie, déclaration en

17 date du 4 mai 1991.

18 R. Le 4 mai.

19 Q. Oui, le 4 mai. C'est ce que j'ai dit ?

20 R. Mais vous ne perdez pas de vue que je n'étais pas membre de la

21 présidence à ce moment-là.

22 Q. Non, non, mais vous avez parlé de l'intercalaire 11 avec

23 M. Milosevic ?

24 R. Oui, oui, je vous en prie.

25 Q. Donc brièvement je voudrais que l'on examine ensemble. Au deuxième

26 paragraphe, il est dit ici : "La présidence de la RSFY a estimé que les

27 événements les plus récents dans la Krajina et la Slavonie orientale, et en

28 particulier les événements tragiques de Borovo Selo, on révélé toute la

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1 complexité de la situation sur le plan politique et sécuritaire dans le

2 pays qui menace de dégénérer en chaos et conflit." Ceci a amené le pays au

3 bord de la guerre civile et plus particulièrement "La présidence de la RSFY

4 a exprimé ses regrets à cause d'un grand nombre de victimes."

5 Monsieur Kostic, il y a eu des victimes de tous les côtés, n'est-ce pas, en

6 particulier 12 policiers croates ont été tués. Vous en souvenez-vous ?

7 R. Oui, je m'en souviens.

8 Q. Vous souvenez-vous que 12 policiers croates aient été tués ?

9 R. Je ne connais pas ce détail, mais je sais que plusieurs policiers

10 croates ont été tués, mais je ne sais pas s'ils étaient 12.

11 Q. Nous avons beaucoup entendu parler des événements de Borovo Selo à

12 partir de mai 1991, et nous avons entendu des témoins comme

13 M. Babic, Jovan Dulovic, le Témoin B-129, le Témoin C-13, et d'autres qui

14 ont déposé sur ces questions.

15 Le Témoin C-013, par exemple, a dit que les affrontements entre la police

16 croate et les serbes armés, y compris des volontaires qui venaient du parti

17 de la -- du Parti SRS. Donc ils nous ont dit qu'il y avait eu de tels

18 affrontements. Est-ce que cela vous le savez que les hommes de Seselj ont

19 été impliqués ?

20 R. Franchement je ne sais pas.

21 Q. M. Babic, Milan Babic, nous a dit que deux des volontaires de Seselj

22 ont été tués. Avez-vous connaissance de ce fait ?

23 R. Non. Ce que je sais c'est qu'à cause des événements de Borovo Selo,

24 nous avons reçu 8 000 réfugiés. C'est la raison pour laquelle je suis allé

25 à cet endroit.

26 Q. M. Babic a également dit que Frenki Simatovic ainsi que ses hommes

27 étaient intervenus à Borovo Selo, est-ce que vous le savez ?

28 R. Vraiment, je ne sais rien de cela. Je n'étais pas à la présidence à ce

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1 moment-là, si bien que l'on n'a pas fait appel à moi en tant que membre de

2 la présidence du commandement Suprême. Ce n'est que plus tard quand j'ai

3 été élu à la présidence que j'ai estimé qu'il était de ma responsabilité

4 d'aller voir en tout premier lieu les réfugiés, les réfugiés qui étaient

5 devenus réfugiés suite aux événements de Borovo Selo. J'ai fait une

6 déclaration publique à ce moment-là et j'ai dit que cela ne devait pas être

7 uniquement le problème de la Serbie et de la Croatie, mais il fallait qu'on

8 considère ce problème comme étant le problème de toute la communauté

9 yougoslave, donc du gouvernement fédéral et de la présidence.

10 Q. Monsieur Kostic, êtes-vous allé à Borovo Selo en mai 1991, au moment de

11 ces événements tragiques, ou est-ce que vous n'y êtes allé qu'en juillet ?

12 R. Non, je ne suis pas allé à ce moment-là. C'est en juillet que j'y suis

13 allé.

14 Q. Vous vous souvenez du moment exact de votre visite ?

15 R. Je dispose d'une vidéo qui a été réalisée au moment de cette visite. Je

16 ne peux pas vous donner de date précise. C'était quand même il y a 15 ans.

17 Donc, je ne voudrais pas ici faire des hypothèses hasardeuses. Mais je sais

18 que c'était juste avant les élections que l'élection du président de la

19 Commission d'Etat pour le cessez-le-feu, et M. Mesic à la présidence

20 s'était opposé à mon élection parce que j'étais allé à Borovo Selo et quand

21 j'ai été élu président de la Commission d'Etat avec l'accord des autres

22 membres de la présidence, M. Mesic est parti par manière de protestation.

23 Si la date est vraiment importante, je peux faire des recherches et vous la

24 dire ensuite.

25 Q. Non. Cela suffit. Nous savons maintenant que c'était juste avant la

26 séance que vous venez de mentionner.

27 R. Avant la réunion.

28 Q. Oui, juste avant la réunion.

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1 R. Oui.

2 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on

3 utilise le logiciel Sanction pour passer trois séquences montrant votre

4 visite à Borovo Selo, et nous avons ici la transcription de ce que vous

5 avez dit à ce moment-là.

6 [Diffusion de la cassette vidéo]

7 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

8 "Branko Kostic est allé à Borovo Selo et a parlé aux habitants.

9 Kostic a dit que ceux qui défendaient cet endroit ne pouvaient être

10 qualifiés de terroristes. 'Le fait qu'il vous qualifie de Chetniks et de

11 terroristes est sans fondement.' déclare Kostic. 'Nous sommes une force

12 armée organisée.' D'après Branko Kostic, la politique sécessionniste de la

13 Croatie et de la Slovénie ne serait être tolérée car si cela -- ces actes

14 unilatéraux étaient acceptés en Europe, on risquerait de voir l'apparition

15 de 17 nouveaux états."

16 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Bien. Séquence suivante.

18 [Diffusion de la cassette vidéo]

19 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

20 "Comme vous pouvez le voir, Branko Kostic, le vice-président de la

21 présidence a visité Borovo Selo et plusieurs milliers d'habitants."

22 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

23 L'INTERPRÈTE : Les interprètes signalent qu'elles n'ont pas le texte.

24 [Diffusion de la cassette vidéo]

25 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

26 "Hier j'ai été à Vucji Dol, un endroit sacré pour notre histoire, et

27 je vous considère vous tous ici autant que vous êtes comme marchant dans

28 les traces de ces héros qui tout au long de notre histoire se sont toujours

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1 prêts à défendre leur liberté et leurs territoires ou le seuil de leurs

2 maisons. Continuez, soyez courageux.

3 "Certains de ceux avec qui je travaille, vous voyez bien qui je fais

4 référence vous qualifiez de renégates, de Chetniks, de terroristes, alors

5 que je ne cesse de leur dire que les renégates ce sont ceux qui ont violé

6 la constitution yougoslave et pris des initiatives inutiles unilatérales et

7 pas vous ici qui luttez en faveur de la constitution et pour la

8 Yougoslavie.

9 "M. Kostic a dit les mots importants. Le plus important c'est ce qu'il a

10 dit à la fin quand il a dit : vous pouvez vous assurer que vous n'êtes pas

11 seul, et si vous êtes des bandits, comme on ledit, bien, d'autres bandits

12 viendront pour vous aider à vous défendre et pour vous protéger."

13 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]

15 Q. Interrompons-nous ici. Monsieur Kostic, il y a quelques instants vous

16 nous avez dit que vous n'étiez pas au fait de la présence des volontaires

17 de Seselj, membre du Parti SRS sur place, or, dans ces deux séquences vous

18 parlez des Chetniks, on vous qualifie de Chetniks, mais les Chetniks ce

19 sont les hommes de Seselj, n'est-ce pas ?

20 R. Madame, vous faites preuve d'une ignorance totale, une ignorance

21 s'agissant des termes, s'agissant des noms. Les Croates appelaient tous

22 ceux qui avaient un rapport avec le S de Serbes ou de Serbitude [phon] ou

23 de tout ce que vous voulez, ils les qualifiaient de Chetniks. L'armée

24 populaire yougoslave était qualifiée de Chetniks, ainsi que la Défense

25 territoriale, les volontaires, les unités paramilitaires. Tous ces gens

26 étaient qualifiés de Chetniks. On voit bien que vous ignoriez totalement le

27 sens de ces termes.

28 Le terme de "Chetnik" a été utilisé par M. Mesic en tant que président de

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1 la présidence lors de réunions officielles. Je l'ai entendu le dire deux,

2 trois, quatre, cinq fois, et au bout d'un moment j'ai dit : "Ecoutez, M.

3 Mesic, vous êtes le président de la Yougoslavie et vous ne pouvez pas

4 désigner ces personnes en parlant de bandits, de terroristes, de Chetniks,

5 parce que vous êtes vous-même des terroristes, des bandits, et des Chetniks

6 si vous foulez au pied la constitution yougoslave et si vous voulez créer

7 un état indépendant par vos propres -- par les moyens qui vous

8 conviennent." Voilà la vérité, Madame.

9 Seselj n'a rien à faire avec tout cela.

10 Q. Monsieur Kostic, Brane Crncevic intervient après vous ici, quelles sont

11 ses fonctions et pourquoi était-il à avec vous ?

12 R. Brane Crncevic était un écrivain serbe renommé, respecté, mais il ne

13 m'a pas accompagné en tant qu'écrivain, sauf une erreur de ma part, il m'a

14 accompagné parce qu'il était chargé des réfugiés au sein du gouvernement

15 serbe. Je pense -- enfin, je ne sais pas si c'était un ministère ou un

16 comité chargé des personnes déplacées, des réfugiés, en tout cas, c'est

17 pour cette raison qu'il était avec moi. Mais si vous m'interrogez à son

18 sujet personnellement, je dois dire que mes prises de positions politiques

19 étaient très éloignées des siennes.

20 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Passons maintenant à la troisième

21 séquence.

22 [Diffusion de la cassette vidéo]

23 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

24 "Après avoir été chaleureusement accueille à Borovo Selo, le vice-

25 président, Branko Kostic, s'est entretenu au sujet des dirigeants des

26 provinces autonomes serbes de la zone du Srem occidentale et de la

27 Slavonie. Hadzic a été informé de la situation dans la zone.

28 Je cite : "Les gens ici ce sont pas des terroristes Chetniks et des

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1 bandits. Ils font partie du peuple croate aussi parce qu'il a des Croates

2 ici qui ne se reconnaissent pas dans l'autorité oustacha qui existait ici

3 il y a 50 ans.

4 "Branko Kostic a dit qu'on voyait renaître l'idéologie qui existait

5 il y a 50 ans.

6 "Le monde et l'Europe se souvienne très bien de ce genre de

7 politique, et je suis convaincu que l'Europe et le monde dans son ensemble

8 vont enfin comprendre aujourd'hui la signification de cette politique et

9 les conséquences terribles que ce genre de politique peut avoir, non

10 seulement pour les Serbes qui vivent dans cette zone de Croatie, et qui

11 sont les plus directement menacés, mais également les conséquences que

12 pourraient avoir cette politique ailleurs en Europe. Notre organe fédéral,

13 en particulier le conseil exécutif n'a pas été à la hauteur du travail qui

14 est le sien parce que nous sommes confrontés à une zone où les Serbes

15 souffrent. Le Conseil exécutif fédéral doit fonctionner et doit travailler

16 quelle que soit la proposition ethnique de la population qui est en train

17 de subir ces épreuves. Nous allons faire tout pour que l'armée populaire

18 yougoslave, une armée puissante, une armée bien équipée, donne assistance -

19 -" et cetera.

20 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il ne nous reste que quelques

22 minutes, Madame le Procureur.

23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] En fait, on pratiquement fini.

24 [Diffusion de la cassette vidéo]

25 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

26 "Toutes les parties de la population qui sont menacées où qu'elles se

27 trouvent aujourd'hui, c'est le peuple serbe en Croatie qui est menacé. Mais

28 si la situation évolue dans un sens que nous ne souhaitons -- qu'aucun de

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1 nous ne souhaite. Il n'est pas à exclure que -- "

2 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] En fait, on est allé un peu trop

3 loin.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, merci, d'avoir passé cette séquence.

5 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Cette pièce a déjà été versé au

6 dossier avec la vidéo qui porte la cote 352, intercalaire 88.

7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Malheureusement, il va falloir

8 attendre non pas l'audience de demain --

9 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]

10 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation] -- mais l'audience de lundi

11 pour poser la question que vous souhaitiez poser.

12 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Mais M. Kostic connaît cet extrait,

13 donc il sera inutile de lui diffuser à nouveau pour lui poser des questions

14 --

15 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]

16 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, oui, oui.

18 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] -- et j'aimerais que l'on distribue

19 au témoin des exemplaires de la constitution de Croatie et de Bosnie-

20 Herzégovine.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, et cela a déjà été remis à

22 l'accusé.

23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui.

24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, suspension de l'audience

25 jusqu'à lundi 9 heures.

26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Peut-être dans la salle d'audience

27 numéro 1.

28 --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le lundi 13 février

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1 2006, à 9 heures 00.

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