Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Mardi 18 juin 2002.)

2 (L'audience est ouverte à 14 heures 18.)

3 (Le témoin, M. Mevludin Sejmenovic, est dans le prétoire.)

4 (Audience publique.)

5 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir.

6 Je vous demande de m'excuser pour le beau temps que nous avons dehors,

7 mais malheureusement nous devons directement commencer à travailler.

8 Mme Dahuron (interprétation): Bonjour, nous allons examiner l'Affaire IT-

9 97-24-T, le Procureur contre Milomir Stakic.

10 M. le Président (interprétation): Et pour l'OTP, veuillez vous présenter,

11 s'il vous plaît.

12 Mme Korner (interprétation): Joanna Korner avec Ann Sutherland, assistées

13 par Ruth Karper.

14 M. le Président (interprétation): Merci. La défense?

15 M. Lukic (interprétation): Bon après-midi, Messieurs les Juges.

16 Branko Lukic et John Ostojic pour la défense.

17 M. le Président (interprétation): Merci, nous pouvons continuer.

18 J'espère que nous pourrons terminer l'audition du témoin cet après-midi. Y

19 a-t-il une chance raisonnable?

20 Mme Korner (interprétation): Cela dépend de la manière dont nous allons

21 évoluer.

22 (Matières relatives aux éléments de preuve.)

23 Je voudrais revenir sur un document dont nous avons parlé hier, celui que

24 j'ai fait retirer du coffre à documents, c'est le document 65ter239.

25 Monsieur le Président, est-ce que vous pourriez d'abord le présenter à la

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1 défense?

2 En fait, je voudrais d'abord vous donner quelques explications. Nous avons

3 deux copies, si je peux utiliser le mot, deux copies d'un même télex.

4 La première copie porte le numéro 00478710 et est, en fait, une copie qui

5 nous vient de Sanski Most et nous avons annexé cette pièce parce qu'en

6 fait, c'est une copie. Cependant la copie que nous avons obtenue du poste

7 de police de Prijedor, Monsieur le Président, est le deuxième document

8 dans ce paquet qui constitue, en fait, un seul document, mais sur deux

9 pages.

10 Donc, je vais vous remettre ces documents pour qu'on puisse les

11 communiquer à la défense.

12 (Intervention de l'huissier.)

13 M. le Président (interprétation): A l'avenir, je vous dirai que ce serait

14 plus facile pour nous si nous recevions ces originaux à l'avance. Ceci

15 nous permettrait d'avancer plus rapidement. Je voudrais également dire que

16 la traduction ne peut jamais être utilisée à titre de preuve, nous

17 pourrons juste utiliser l'original et ensuite, nous le faisons traduire

18 pour notre dossier.

19 Mme Korner (interprétation): Oui, en fait, j'ai commis une erreur.

20 Je n'ai, d'abord, consulté que la traduction anglaise et je n'avais pas

21 vérifié l'original en BCS.

22 M. le Président (interprétation): Bien, essayons de ne pas perdre de

23 temps. Je pense que nous allons devoir attribuer un numéro provisoire à ce

24 document.

25 Alors je pense qu'hier, nous en étions arrivés à 149, le numéro provisoire

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1 serait donc 150B et la pièce la plus longue était la pièce 0063169.

2 Mme Korner (interprétation): Je ne demanderai pas que l'autre document

3 soit présenté ici, étant donné que le premier document a été découvert au

4 poste de police de Prijedor.

5 M. le Président (interprétation): Oui, et une fois de plus, ceci nous

6 permettrait de faciliter notre travail, étant donné que le document le

7 plus long, même si, dans une certaine mesure, il est assez difficile à

8 comprendre, nous avons sa traduction en anglais ici sous nos yeux.

9 Mme Korner (interprétation): Oui.

10 M. le Président (interprétation): Des objections de la part de la défense?

11 M. Ostojic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Tout comme nous

12 l'avons dit précédemment, ceci concerne la cellule de crise de la région

13 autonome de Krajina et non pas la cellule de crise de Prijedor.

14 C'est un fax qui n'indique pas s'il a été envoyé, ou s'il a été envoyé à

15 ou reçu par une personne de Prijedor spécifiquement et en particulier au

16 Dr Stakic.

17 Je vous demanderai d'incorporer nos objections à ce sujet, Monsieur le

18 Juge.

19 Mme Korner (interprétation): Monsieur le Président, je voudrais, en fait,

20 faire un retour en arrière et demander au témoin d'examiner ce document

21 parce que je voudrais lui poser des questions, concernant ce qui est écrit

22 dans ce document. Et ceci pourrait être en relation avec ce qu'il s'est

23 passé au poste de police de Prijedor.

24 M. Ostojic (interprétation): Oui, votre Honneur.

25 Excusez-moi, il y avait une personne qui a déjà témoigné ici -nous

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1 n'attaquons pas la véracité de ce que dit le Procureur-, mais le fondement

2 a déjà été expliqué en long et en large. Et ici, on est en train de dire

3 qu'il a été découvert à Prijedor parce qu'il porte un cachet.

4 Compte tenu du fait qu'il y a un certain nombre de commentaires du Bureau

5 du Procureur qui viennent d'être avancés aujourd'hui -et moi, j'ai parlé

6 tout à l'heure de M. Inayat-, ceci ne se fonde pas sur ce document et vu

7 donc ces commentaires qui ont été avancés, nous sommes d'avis que le

8 Procureur doit, par conséquent, sortir un certain nombre de conclusions

9 juridiques concernant les documents qu'il va présenter au témoin.

10 M. le Président (interprétation): Je pense que nous avons un problème,

11 mais je ne vois pas d'où vient ce problème. Et si les parties sont

12 d'accord, je pense que le mieux, c'est de citer de nouveau M. Inayat pour

13 témoigner de nouveau. Et ensuite, c'est le Bureau du Procureur qui va lui

14 poser des questions et c'est M. Inayat, le témoin, qui dira où la saisie a

15 eu lieu.

16 Je pense que nous nous sommes mis d'accord que M. Inayat va être re-cité

17 de nouveau ultérieurement et nous allons nous conformer à ce qui a été

18 déjà décidé auparavant.

19 Mais en ce qui concerne le fils dont le frère a travaillé sur le

20 développement du système européen des télécopies, j'aimerais attirer

21 l'attention des deux parties qu'il est indispensable d'expliquer de

22 manière détaillée d'où ils ont obtenu le document et qui l'avait envoyé et

23 de passer par un expert, témoin expert.

24 Maintenant, je vous le dis: il faut re-citer Inayat et c'est lui qui va

25 pouvoir nous dire comment la saisie a été effectuée.

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1 Ce document sera admis au dossier. Il portera la cote S150A en version

2 anglaise et pour ce qui concerne la version BCS, S150B.

3 Vous pouvez donc poursuivre votre interrogatoire principal.

4 (Interrogatoire principal du témoin, M. Mevludin Sejmenovic, par Mme

5 Korner.)

6 Mme Korner (interprétation): Je vais demander de remettre à M. Sejmenovic

7 la pièce à conviction n°239 qui, actuellement, porte la cote 150B.

8 (Intervention de l'huissier.)

9 Monsieur Sejmenovic, hier, nous avons commencé à étudier ce document. Si

10 je ne m'abuse, il s'agit d'une décision, d'une décision de la cellule de

11 crise de la région autonome et il s'agit d'une décision qui a été remise

12 au poste de police.

13 Je vais être tout à fait neutre en parlant du poste de police. Il est

14 marqué -je cite-: "Il n'y avait que des femmes, des enfants, qui peuvent

15 être demandés à quitter la région autonome de la Krajina et que les

16 organisations humanitaires vont s'occuper de cette activité". (Fin de

17 citation.)

18 Par la suite, il est marqué –je cite-: "Il est indispensable de mettre au

19 courant de la décision les membres du poste de police et d'assurer la

20 coopération avec les organisations humanitaires, en vue de mettre en

21 application dans votre territoire, de la décision en question." (Fin de

22 citation.)

23 Monsieur, vous nous avez déjà donné la description en ce qui concerne le

24 départ des femmes et des enfants. Pourriez-vous nous dire si cela a été

25 organisé en accord avec les organisations humanitaires?

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1 M. Sejmenovic (interprétation): Non.

2 Question: Et ceux qui n'étaient pas des enfants, ni des femmes, ni des

3 personnes âgées, qu'est-ce que la police a fait avec ces personnes-là?

4 Réponse: La police les a emmenés dans les camps ou bien, éventuellement,

5 les gardait dans le camps de Trnopolje?

6 Dans un premier temps, on avait évacué les femmes et les enfants,

7 exclusivement dans un premier temps, et ils ont été escortés par les

8 soldats. Il n'y avait pas d'intervention de police ni d'organisations

9 humanitaires.

10 C'était un processus qui n'a pas été en mis en cours parce que ce sont les

11 femmes et les enfants qui le souhaitaient. Tout simplement, on avait… les

12 représentants des organisations humanitaires se rendaient sur place, puis

13 ils montaient à bord des bus ou bien en chemin de fer des enfants et des

14 femmes.

15 Dans une deuxième étape, on a commencé à trafiquer en quelque sorte avec

16 les hommes. Ceux qui avaient de l'argent, ils pouvaient payer pour que les

17 soldats les laissent partir. Il y avait de tels cas.

18 Ce n'est que plus tard qu'il y a eu un certain nombre de spéculations. On

19 a commencé à parler que la Croix-Rouge, soi-disant, allait envoyer ses

20 représentants, que c'est la Croix-Rouge qui allait organiser l'évacuation

21 de tous ceux qui vivaient à Trnopolje, ou plutôt qui étaient dans le camp

22 de Trnopolje.

23 Là, je dois mettre l'accent sur le fait que les transports des femmes, des

24 enfants, des personnes âgées également, étaient venus de Rizvanovici, de

25 Hambarine, de Puharska. Il y avait, en quelque sorte, une sorte de

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1 rassemblement à Trnopolje et une partie de la population, une fois que des

2 villages avaient été incendiés, qui s'était cachée dans des maisons de

3 leurs cousins, de leur famille, dans un premier temps a été expulsée de

4 ces maisons et envoyée à Trnopolje.

5 Question: Merci, Monsieur Sejmenovic. Vous pouvez enlever le document en

6 question. J'aimerais revenir là où nous nous sommes arrêtés hier.

7 Monsieur Sejmenovic, hier, vous nous avez parlé du fait que vous étiez à

8 SUP à Prijedor, qu'on vous a passé à tabac et que vous étiez dans un

9 bureau. Ensuite, on vous a passé à tabac devant la cellule où on vous a

10 fait rentrer, n'est-ce pas?

11 Réponse: Non.

12 Question: Vous nous avez dit également que, en dehors de votre cellule -je

13 vous cite-: "On m'a passé à tabac à tel point que je ne pouvais pas me

14 lever pendant un certain temps". Vous avez rajouté que, par la suite, on

15 vous a fait rentrer dans la cellule. J'aimerais vous demander combien de

16 personnes vous ont battu, vous ont frappé?

17 Réponse: A un premier moment, moi, j'ai pu voir que, outre Dragan Saponja

18 dont j'ai parlé, il y avait trois ou quatre soldats qui s'approchaient de

19 moi. Ils sortaient d'une grande pièce où j'ai pu voir des lits de

20 militaires. En fait, il y avait une grande pièce et il y avait quelques

21 soldats qui se sont approchés de moi en courant. Il y en avait trois ou

22 quatre et je me souviens qu'il y avait quelques autres soldats qui sont

23 arrivés pour se joindre à eux.

24 C'était un espace qui était très restreint et chacun voulait me donner un

25 coup de main. Je me souviens qu'il y avait un soldat qui a, par hasard,

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1 donné un coup de pied à un autre soldat, alors que, moi, j'ai perdu

2 conscience et je ne sais plus maintenant s'il y avait d'autres soldats qui

3 se sont approchés de moi. Je sais qu'on m'avait soulevé. On a ouvert la

4 porte de la cellule et on m'a poussé, on m'a jeté pratiquement sur le sol

5 de la cellule. Moi, je peux, avec certitude, affirmer qu'il y avait trois

6 ou quatre, y compris Saponja; cinq au total étaient autour de moi.

7 Question: Qu'est-ce qu'ils avaient utilisé pour vous frapper?

8 Réponse: Ils m'ont donné des coups de pied, de poing, de main ensuite et,

9 pendant que j'étais encore debout, il y a un des soldats qui est sorti et

10 il m'a mis le couteau sous le cou. Il ne m'a pas fait du mal et ensuite,

11 il a commencé à me donner des coups de pied, une fois que j'étais déjà sur

12 le sol. Ceci aurait pu durer éventuellement 5 ou 6 minutes, pas plus.

13 Question: Ensuite, on vous a placé dans la cellule et vous y êtes resté

14 pour la nuit?

15 Réponse: Je ne suis pas retourné dans la cellule après cela. En fait, je

16 suis entré dans la cellule pour la première fois à ce moment-là. Après

17 avoir été interrogé par les autres officiers, j'ai reçu ces coups en

18 dehors de la cellule et, après le passage à tabac, ils m'ont jeté dans la

19 cellule. C'est la première fois que je suis entré dans cette cellule. J'y

20 ai passé la nuit suivante et la matinée suivante, jusqu'à midi.

21 Question: Je pense qu'il doit y avoir une erreur dans la traduction,

22 Monsieur Sejmenovic, puisque vous dites que vous n'y êtes pas retourné.

23 Donc vous dites… allons-y. Passons au lendemain à midi. On vous a fait

24 sortir de la cellule?

25 Réponse: Oui, on m'a fait sortir de la cellule et on m'a fait passer par

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1 un corridor dans les caves du bâtiment. On m'a fait sortir de l'immeuble

2 dans une cour ou un bus attendait. On m'a emmené en bus et, plus tard,

3 j'ai compris que nous étions en route vers Omarska.

4 Question: Avant de monter dans le bus, avez-vous vu des gens que vous

5 connaissiez?

6 Réponse: Il y avait plusieurs policiers que je connaissais d'avant la

7 guerre et qui étaient dans la cour ou à l'extérieur de l'immeuble, mais à

8 part eux, j'ai encore vu M. Simo Miskovic qui portait un uniforme. Il est

9 passé près de moi. J'espérais qu'il me verrait. Je l'ai regardé droit dans

10 les yeux. J'espérais que j'aurais l'occasion de lui expliquer mon cas et

11 qu'il me demanderait quelque chose, et que je pourrais lui dire que je

12 n'avais rien fait de mal. Mais il a simplement tourné la tête et il a

13 poursuivi son chemin vers l'immeuble.

14 Question: Ensuite, on vous a emmené à Omarska?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Et une fois que vous êtes arrivé à Omarska, on vous a emmené

17 dans ce qui semblait être un bâtiment administratif?

18 Réponse: Après être descendus du bus, j'ai été escorté le long d'un groupe

19 d'hommes qui étaient agenouillés. On m'a emmené dans l'immeuble

20 administratif. On m'a demandé mes données personnelles, lieu et date de

21 naissance, etc. Cela n'a pas pris beaucoup de temps.

22 Lorsque le soldat a terminé de prendre mes coordonnées, il m'a emmené dans

23 une petite maison. Nous avons traversé la route en asphalte le long de la

24 maison. Plus tard, j'ai appris que cette maison était généralement appelée

25 "la maison blanche" par les autres prisonniers.

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1 Question: Je voudrais vous montrer des photographies, mais avant tout, le

2 bus qui… avez-vous vu une inscription sur le bus?

3 Réponse: Non, c'était un bus civil, un bus que nous utilisions avant la

4 guerre. A l'intérieur du bus, j'ai vu des choses étranges cependant. La

5 moitié des passagers étaient des femmes, des jeunes femmes, en général

6 assez jolies. Il y avait quatre ou cinq soldats qui étaient assis dans le

7 bus sur différents sièges et il y avait une personne assez âgée, un homme

8 plus âgé qui regardait aux alentours et me regardait.

9 Tout d'abord, j'ai cru que c'était un bus local qui emmenait les employés

10 d'une entreprise faire le travail, mais en partant vers Omarska, en

11 partant par la route Banja Luka/Prijedor, j'ai compris que ces gens

12 étaient membres du personnel du camp. J'ai compris qu'ils travaillaient au

13 camp et que les hommes étaient des enquêteurs et des soldats.

14 Question: Ce que je voudrais savoir, Monsieur Sejmenovic, est-ce que vous

15 connaissez le nom de l'entreprise à laquelle le bus appartenait?

16 Réponse: Je pense que le nom était "Autotransport Prijedor". En fait, il

17 n'y avait qu'une seule entreprise de bus à Prijedor; on l'appelait une

18 entreprise de transport public.

19 Question: Je vais vous demander de regarder des photographies. Je pense

20 que cette photographie a déjà été versée au dossier sous la cote S15-16.

21 Elle porte le n°0100-2444.

22 Si nous pouvions la mettre sous le rétroprojecteur.

23 (Intervention de l'huissier.)

24 Est-ce que vous pouvez nous dire si vous voyez l'immeuble dans lequel on

25 vous en a emmené, tout d'abord, ce que vous avez appelé "l'immeuble

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1 administratif"?

2 Réponse: Je pense que ce bâtiment ici est l'immeuble administratif.

3 Question: Et ensuite, vous dites qu'on vous a emmené vers ce qu'on a

4 appelé "la maison blanche"; est-ce que vous pourriez nous l'indiquer sur

5 la photographie, s'il vous plaît?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Oui. C'est assez clair.

8 (Le témoin désigne avec le pointeur.)

9 Merci beaucoup.

10 Alors, une fois dans la "maison blanche", où est-ce qu'on vous a emmené?

11 Réponse: Après avoir été une nouvelle fois tabassé, on m'a à nouveau

12 emmené dans le bâtiment administratif.

13 Question: Après avoir été une nouvelle fois tabassé, donc une fois dans la

14 "maison blanche", on vous a passé à tabac?

15 Réponse: Oui, c'est exact.

16 Question: Par qui?

17 Réponse: Un civil est entré; il ne portait pas d'uniforme; il m'a insulté.

18 J'étais seul dans la pièce pendant cinq minutes et, au départ, il n'y

19 avait personne. Cinq minutes plus tard, donc ce civil est entré et, après

20 m'avoir insulté, ils a commencé à me frapper. Ça a duré peu de temps.

21 Ensuite, cette personne a quitté la "maison blanche" et un soldat est

22 entré. Après que ce soldat ait terminé, un autre soldat est entré. Et il y

23 a eu un échange de soldats et cette succession de soldats a duré un

24 certain temps. Et le cinquième et dernier soldat est entré et il m'a

25 également frappé. Je saignais, et ils ont appelé un vieil homme pour qu'il

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1 vienne m'essuyer le visage. Le vieil homme a fait cela et ensuite, les

2 soldats m'ont emmené hors de la "maison blanche", vers le bâtiment

3 administratif.

4 Question: Deux questions.

5 Cette première personne, le civil, est-ce que vous l'aviez déjà vue

6 auparavant?

7 Réponse: Non, jamais. Mais je l'ai revu immédiatement après, plus tard

8 dans la journée et les jours suivants. Je l'ai revu plusieurs fois. Il

9 dormait là, il était également un prisonnier, il dormait près de chez moi.

10 Il avait un surnom qui était "Besa" et son nom de famille était Becic. Il

11 était un prisonnier qui bénéficiait d'un traitement spécial avec les

12 gardes.

13 Question: Avez-vous compris plus tard pourquoi cet homme s'en était tout

14 d'un coup pris à vous alors qu'il était lui aussi un prisonnier?

15 Réponse: J'ai compris, indirectement. Radakovic m'a interrogé et il me l'a

16 dit au début de l'interrogatoire.

17 Question: Qu'est-ce qu'il vous a dit?

18 Réponse: La question, sa première question, il m'a posé une question

19 directement après m'avoir frappé. Il m'a demandé: "C'est quelqu'un de chez

20 toi qui t'a frappé." J'ai dit: "Bien, oui, je suis en train de saigner.

21 Qu'est-ce que je peux dire?"

22 En fait, après, il a ordonné de m'emmener dans un autre bâtiment qu'on

23 appelait la "maison en verre", c'était une serre. J'ai remarqué qu'il

24 voulait s'asseoir à côté de moi et j'ai pensé que de nouveau, il allait me

25 frapper. C'est la raison pour laquelle j'attendais, j'étais dans

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1 l'attente. Mais lui, il m'avait demandé: "Est-ce qu'on t'a frappé?" C'est

2 comme cela qu'il a commencé la conversation. Moi, je lui ai dit: "Oui,

3 effectivement, on m'a passé à tabac." Il m'a demandé qui, et j'ai dit que

4 je n'étais pas au courant et là-dessus, il a dit: "Bon, ça va."

5 A ce moment-là, moi, j'avais complètement compris de quoi il s'agissait.

6 Je comprenais qu'il avait une mission qu'on lui avait demandé de faire.

7 Mais il voulait vérifier si je me souvenais que c'était lui qui me battait

8 et si j'allais le culpabiliser par la suite, mais moi, je lui ai fait

9 savoir qu'en effet, moi, je ne me souvenais pas et je le faisais exprès.

10 Car, je ne voulais pas qu'il pense que je me souvenais très bien que

11 c'était lui qui m'avait battu.

12 Question: Et encore une autre question.

13 Pendant qu'on vous battait, les soldats, pourriez-vous dire si

14 éventuellement il y avait quelqu'un qui vous disait quoi que ce soit?

15 Réponse: Mais ils parlaient en permanence et ils se moquaient de moi. Ils

16 avaient un certain nombre de commentaires. Ils me disaient que, soi-

17 disant, j'avais parlé contre les Serbes, l'armée serbe, l'assemblée serbe,

18 que j'étais extrémiste, fondamentaliste, que j'étais arrivé juste où

19 j'étais arrivé.

20 Et c'est dans ce sens-là qu'on s'est adressé à moi, on m'a parlé également

21 de la manière dont je me présentais, la situation dans laquelle j'étais.

22 Je me souviens qu'au moment où je suis sorti de la "maison blanche", il y

23 avait un certain nombre de soldats qui se sont approchés de moi. Ils

24 avaient l'intention de me battre, mais les policiers qui m'escortaient,

25 ils avaient dit -je cite: "On nous a dit de ne pas le toucher avant qu'il

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1 soit interrogé et ce n'est qu'après que ce sera à notre tour."

2 C'est ce que j'ai entendu et je reproduis cela textuellement.

3 Question: Vous nous avez dit qu'il y avait quelqu'un qui vous a interrogé

4 et qui répondait au nom de Radakovic. Est-ce que je vous ai compris? Est-

5 ce que vous avez eu l'occasion auparavant de croiser cet homme?

6 Réponse: Oui, je connaissais bien M. Radakovic, même avant la guerre. Il a

7 été directeur du parc national, à Kozara, il était maître de conférence en

8 psychologie. Et il était peintre. C'était un monsieur d'un certain âge.

9 J'ai appris par les détenus que ceux qui ont été interrogés par Radakovic

10 étaient dans la situation la pire possible, car il y en avait beaucoup qui

11 ont subi de très gros coups et qui ont même succombé à cause de cet

12 interrogatoire qui a eu lieu dans son bureau.

13 Question: Est-ce que vous pourriez très brièvement nous dire sur quoi on

14 vous a interrogé? Qu'est-ce qu'on vous a posé comme questions?

15 Réponse: Pour ce qui concerne l'interrogatoire, il a commencé comme cela.

16 Tout premièrement, quand l'interrogatoire a débuté, il m'avait dit:

17 "Sejmenovic, nous ne sommes pas intéressés par les armes. Nous savons que

18 vous n'aviez pas d'arme. Il y avait quelque peu d'armes… cette petite

19 chose –c'est ce qu'il avait dit-, mais ceci ne compte pas. Ce qui nous

20 intéresse, c'est Sarajevo, la manière dont fonctionne le gouvernement, les

21 relations au sein du gouvernement."

22 Et ces interrogatoires duraient pendant quelques jours. Il avait surtout

23 insisté sur le fait de savoir quelque chose au sujet de Miomir Simovic et

24 Vitomir Zepinic. Ce sont les deux Serbes qui sont restés loyaux en Bosnie-

25 Herzégovine et qui ont accepté de rester membres du gouvernement de Bosnie

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1 au cours de cette première période, une fois que les Serbes se sont

2 séparés de Bosnie-Herzégovine.

3 Par conséquent, ils m'ont posé des questions au sujet des détails, à

4 savoir à quel moment j'ai vu Simovic, Zepinic, si j'avais éventuellement

5 entendu parler de quelque chose à ce sujet-là. On m'a posé des questions

6 au sujet de Fikret Abdic, très peu. Ils se sont intéressés également au

7 sujet d'un certain nombre de fonctionnaires du SDA à Sarajevo.

8 Question: Vous venez de dire que cet interrogatoire a duré quelques jours.

9 Où vous a-t-on gardé entre les interrogatoires?

10 Réponse: J'étais en une pièce qu'on appelait la "serre". C'est une pièce

11 où les soldats ne rentraient pas pour frapper les détenus, tout au moins,

12 ce n'était pas la pratique pendant que j'y étais.

13 Question: J'aimerais une fois de plus vous demander de bien vouloir

14 regarder la photographie et de nous indiquer si vous voyez le bâtiment où

15 se trouve cette pièce que vous appelez une "véranda", ou une "serre"

16 plutôt, en français, et si vous pouviez bien prendre le pointeur.

17 Il s'agit de la pièce à conviction S15-16.

18 (Intervention de l'huissier.)

19 Réponse: Excusez-moi, je suis en train de montrer avec le pointeur la

20 serre. A l'intérieur de ce bâtiment, il y a une pièce qui est encerclée de

21 verre et c'est une pièce qui n'a pas de toit, qui n'est pas couverte,

22 c'est pour cela que je l'appelle "serre".

23 Question: Merci. Nous allons voir l'enregistrement vidéo et nous allons

24 comprendre probablement un peu mieux ce que vous voulez dire.

25 Vous pouvez prendre la photographie; on n'en a plus besoin Monsieur

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1 l'huissier.

2 Par conséquent, vous êtes resté dans cette serre et vous avez dit que les

3 soldats ne rentraient pas dans cette serre pour frapper les détenus

4 pendant que vous y étiez. Est-ce qu'il y avait éventuellement une

5 catégorie de détenus qui occupaient cette serre?

6 Réponse: Ce que je sais, c'est qu'être dans la serre voulait dire que ni

7 la nuit, ni au cours de la journée, on n'allait pas être frappés, car les

8 gardes étaient postés juste devant. Je me souviens qu'ils insultaient,

9 proféraient des injures au sujet de ma mère, des membres de ma famille, de

10 mes cousins. Ils m'ont dit qu'un jour ou l'autre, j'allais sortir de la

11 serre. Par conséquent, j'en ai tiré la conclusion, je me suis dit qu'ils

12 n'avaient pas le droit, que l'accès a été interdit à ces soldats.

13 D'un autre côté, j'ai vu un certain nombre de détenus dans cette serre

14 dont un certain nombre de personnes étaient membres de la 5e Brigade de

15 Kozarac qui ont répondu à l'appel à la mobilisation et qui étaient du côté

16 des Serbes, sur le territoire croate, dans les théâtres d'opération. Je me

17 souviens qu'ils étaient membres également de cette brigade, de la 5e

18 Brigade de Kozarac pendant un certain temps. Ils ont été, par conséquent,

19 loyaux. Ils ont été quand même arrêtés, emmenés à Omarska, mais, en

20 reconnaissance pour ce qu'ils ont fait, ils les ont gardés dans cette

21 pièce pour, justement, ne pas permettre qu'on les frappe.

22 J'ai pu remarquer un certain nombre de personnes qui ont été complètement

23 à plat parce qu'elles ont été battues avant d'être transférées dans la

24 serre.

25 J'ai eu l'occasion de voir un autre monsieur qui a été fonctionnaire du

Page 4762

1 poste de police au SUP de Prijedor. Et je me souviens que, lui, il a été

2 couvert de bleus depuis le front jusqu'à la ceinture. On a eu l'impression

3 qu'il y avait des tatouages partout sur son thorax parce qu'il a été

4 frappé à plusieurs reprises dans un des hangars.

5 Ce n'est que par la suite qu'on l'avait transféré, je ne sais pas qui

6 l'avait aidé pour le transférer dans la serre et c'est là que je l'ai

7 aperçu. Et je viens de donner la description de cet homme que j'ai aperçu.

8 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire si vous qui étiez dans la

9 serre, vous avez été, par conséquent, ménagé, on ne vous a pas battu?

10 Réponse: Ni au cours de l'interrogatoire, ni au moment où Radakovic avait

11 ordonné de me mettre dans la serre et il ne m'a jamais donné

12 d'explication. Je n'ai jamais su les raisons pour lesquelles on m'a mis…

13 Excusez-moi, mais il y a quelque chose qui est important et j'aimerais le

14 rajouter. J'ai appris également qu'il y avait un certain nombre de

15 personnes qui donnaient beaucoup d'argent pour pouvoir être transférées

16 dans la serre alors qu'elles sont restées dans d'autres hangars. Ça, je

17 l'ai appris et j'ai vu également M. Nukic qui habitait entre Trnopolje et

18 Hrnici. Je le connaissais avant la guerre et je me souviens qu'il avait

19 été également à l'armée serbe jusqu'en août 1992. Et j'ai pu le voir dans

20 la serre et je l'ai vu qu'il sortait de la poche un collier en or et il le

21 remettait à un garde serbe.

22 Question: Est-ce qu'à un moment ou à un autre, il y avait éventuellement

23 un journaliste étranger ou bien un journaliste serbe qui s'était rendu à

24 Omarska?

25 Réponse: Tout premièrement, il y avait des journalistes serbes.

Page 4763

1 Tout premièrement, il y avait Mutic. Je pense que le cinquième jour de

2 l'interrogatoire, Mutic s'est rendu chez moi et puis, je m'attendais que

3 le lendemain matin, les soldats viendraient me chercher pour m'accompagner

4 jusqu'au bureau de M. Radakovic, mais ils ne sont pas arrivés au moment où

5 normalement ils convoquaient les gens.

6 Question: Est-ce que vous pouvez vous arrêter juste un petit moment? Est-

7 ce que vous avez entendu la question que je vous ai posée, Monsieur

8 Sejmenovic? Je ne suis pas sûre que ceci a été bien traduit. Je vous ai

9 demandé au sujet des journalistes serbes et journalistes étrangers?

10 Réponse: Oui, mais j'ai dit que, tout d'abord, il y avait les journalistes

11 serbes.

12 Question: Je pense qu'il y a eu une erreur de traduction et c'est la

13 raison pour laquelle il y a eu quelques confusions. Mais vous pouvez

14 revenir, s'il vous plaît, à ce que vous avez déjà commencé à nous

15 expliquer. Tout premièrement, si on peut donc une fois de plus vous poser

16 la même question. Au début il y a eu M. Mutic qui est arrivé le cinquième

17 jour. Donc, il y avait des journalistes serbes et ensuite… Excusez-moi, je

18 devrais peut-être poser toute la question, excusez-moi, Monsieur

19 Sejmenovic. Le mieux, c'est que je reformule la question de nouveau.

20 Par conséquent, les journalistes serbes sont arrivés un jour dans le camp,

21 n'est-ce pas?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Et vous avez parlé du cinquième jour, n'est-ce pas?

24 Réponse: Oui, la première fois, ils sont arrivés le cinquième jour.

25 Ensuite, le septième jour. Mutic est arrivé le premier jour et puis il est

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1 revenu deux jours plus tard.

2 Question: Entendu, et qui est M. Mutic?

3 Réponse: C'était un journaliste qui travaillait à Kozarski Vjesnik et il

4 travaillait également à la radio de Prijedor. A cette époque-là, il est

5 arrivé avec une caméra, avec un texte qu'il fallait que je lise. Il

6 m'enregistrait pendant ce temps-là. Je connaissais bien ce monsieur et il

7 me connaissait également d'avant la guerre.

8 Question: Je vais vous demander de bien vouloir regarder un film tout à

9 l'heure, mais pourriez-vous nous dire à combien de reprises vous avez été

10 interviewé par les journalistes?

11 Réponse: Après Mutic, il y avait des journalistes. Trois fois au total, on

12 m'a visité. Donc, il y avait d'abord Mutic, ensuite les journalistes

13 étrangers qui sont arrivés.

14 A Omarska, on leur a refusé de me voir et ensuite c'est Dragan Bozanic de

15 la télévision serbe, Sana, qui s'est rendu chez moi. Il m'a posé quelques

16 questions et moi j'ai donné des réponses.

17 Question: Et de toute façon, nous allons voir tout à l'heure ce que vous

18 avez dit à cette interview enregistrée. Mais vous nous avez dit que M.

19 Mutic est arrivé avec une caméra et avec un texte que vous aviez eu à lire

20 devant les caméras. Est-ce que vous pouvez me dire de quoi il s'agissait?

21 Réponse: Il y avait un texte dont je devais donner lecture. Dans ce texte-

22 là, on disait qui était coupable pour la guerre qui s'est déclenchée, qui

23 était des extrémistes qui ont préparé l'attaque contre le peuple serbe. Il

24 y avait également un certain nombre de phrases selon lesquelles les hodzas

25 musulmans armaient leurs fidèles, que tout ceci a été organisé sous la

Page 4765

1 tutelle du SDA et que Alija Izetbegovic avait donc pour objectif

2 d'organiser un Etat islamique. Je me souviens également qu'on a parlé d'un

3 certain nombre de noms, des personnes qui étaient connues au niveau local.

4 Et je me souviens également qu'il m'avait dit que c'est de cela que

5 dépendait si j'allais rester ou pas en vie.

6 Il m'avait recommandé de donner lecture de ce texte qu'on m'avait mis sous

7 les mains et par la suite, il allait me poser des questions sur la base de

8 ce texte. Et il m'a dit tout simplement que c'est comme cela que j'allais

9 survivre, étant donné que cela allait être enregistré, que les

10 représentants de la Croix-Rouge pourront se rendre compte que moi, je suis

11 encore en vie et que je suis à Omarska, et que plus personne ne pourra

12 rien faire contre moi.

13 Cela, c'était la première fois. Et il m'a dit qu'il allait revenir.

14 La première fois, il m'a donné l'explication de tout ce qui allait se

15 passer.

16 Et la deuxième fois, il est revenu et il est arrivé avec sa caméra et m'a

17 apporté le texte. Et deux jours plus tard, j'ai remarqué qu'il y avait une

18 ambiance quelque peu étrange dans le camp. Deux heures plus tard, il

19 paraissait parfaitement clair que quelque chose se passait et puis tout

20 d'un coup, il y avait un non nombre de journalistes étrangers qui ont

21 pénétré dans l'enceinte du camp.

22 Pendant qu'ils étaient encore présents, ils occupaient encore le bâtiment

23 administratif. On m'a fait monter à l'étage et on a commencé à me poser

24 des questions dont j'ai parlé tout à l'heure.

25 Et puis, M. Bozanic m'avait également dit qu'il allait faire une émission

Page 4766

1 spéciale avec moi.

2 Mme Korner (interprétation): Merci, c'est ce que je voulais voir.

3 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, avant de voir

4 l'enregistrement, enfin la cassette vidéo, il y a une transcription en

5 anglais. Mais il y a la version également en BCS. Je ne sais pas ce qui

6 est le mieux de faire et comment s'y prendre. Est-ce que les interprètes

7 vont utiliser la transcription en BCS ou bien éventuellement prendre la

8 version en anglais, je ne sais pas comment s'organiser.

9 M. le Président (interprétation): Mais, tout premièrement, nous avons les

10 deux versions, en anglais et en BCS.

11 Mme Korner (interprétation): Oui.

12 M. le Président (interprétation): Peut-on avoir la version en anglais?

13 Mme Korner (interprétation): Oui, il y a la transcription an anglais, mais

14 je ne pense pas qu'il existe une version en BCS.

15 M. le Président (interprétation): Mais, nous allons écouter à ce moment-là

16 la traduction.

17 Mme Korner (interprétation): Il s'agit d'une équipe serbe qui a accompagné

18 l'équipe de la télévision ITN.

19 M. le Président (interprétation): Le mieux, c'est de voir la version en

20 anglais et ensuite, bien évidemment, la défense peut contester et dire si

21 c'est correct ou non, sur la base de l'ensemble de cette cassette vidéo.

22 Mme Korner (interprétation): Monsieur le Président, je vais vous demander,

23 par conséquent, de distribuer les copies de cette cassette vidéo.

24 (Intervention de l'huissier.)

25 Est-ce que quelqu'un peut éventuellement montrer à M. Sejmenovic comment

Page 4767

1 cela marche pour qu'il puisse suivre l'enregistrement?

2 Est-ce qu'on peut visionner, s'il vous plaît?

3 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

4 "Il y avait des opérations de combat qui étaient très rapides. Beaucoup de

5 villages ont été détruits dans cette municipalité. A l'époque du

6 recensement, il y avait à peu près le même nombre de Musulmans et de

7 Serbes après les opérations de combat.

8 Le contrôle, pratiquement dans l'ensemble de la minicipalité, est tenu par

9 le Serbe, le ministre de l'information, Velibor Ostojic, dans la Republika

10 Srpska. C'est tout à fait bref: 'Nous autres, à Prijedor, dans tous les

11 territoires de la Krajina de Bosnie-Herzégovine, personne ne cache rien.'

12 Et ensuite, il a demandé également de se rendre également dans les

13 territoires qui sont sous le contrôle de Musulmans et de Croates.

14 Milomir Stakic, dans la mine d'Omarska, nous a parlé également qu'il y a

15 4.500 personnes qui se trouvent à Trnopolje et à Omarska et qui demandent

16 de quitter les lieux en direction de la Slovénie, de la Croatie et des

17 pays occidentaux.

18 'Les Serbes sont prêts à vivre ici avec tous ceux qui n'ont pas de sang

19 sur les mains': dit le maire Stakic. Après cela, nous nous sommes rendus à

20 Omarska."

21 (Interruption de la diffusion de la cassette.)

22 M. le Président (interprétation): Excusez-moi, mais est-ce que nous

23 pouvons faire une pause, après un paragraphe, car j'ai l'impression que la

24 cabine française ne peut pas suivre. Le texte s'est dit rapidement.

25 Mme Korner (interprétation): Oui, on va essayer d'arrêter par moments

Page 4768

1 l'enregistrement.

2 M. le Président (interprétation): Si on peut demander également à la

3 cabine technique de garder la version anglaise et puis de s'arrêter

4 paragraphe par paragraphe pour faciliter la tâche aux interprètes.

5 Merci.

6 (Note des interprètes: Le principe des interprètes est de ne pas traduire

7 quand il n'y a pas de texte.)

8 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

9 175 personnes épuisées, les gardes. Ils acceptent de parler avec les

10 journalistes et demandent des cigarettes. Nous avons l'enregistrement

11 audio que nous allons diffuser. A travers ce centre, plus de 3.000

12 personnes sont passées. Il y a des listes, des preuves également. On peut

13 voir qu'ils ont été organisés. Actuellement, ils sont 175.

14 Maintenant, nous nous rendons à Trnopolje où il y a 4.500 personnes qui

15 peuvent sortir de cette enceinte, mais elles ne le font pas. Dans ce

16 centre de rassemblement, entre le 28 mai jusqu'à maintenant, il y avait

17 une seule personne âgée qui est décédée.

18 Les représentants de la Croix-Rouge disent qu'ils n'ont pas suffisamment

19 de nourriture. La majorité avec lesquels nous avons parlé librement

20 demandent de partir dans le nord-est et pas en direction de Sarajevo.

21 Le colonel Vladimir Arsic a mis l'accent sur le fait que l'armée, avec ce

22 centre à Trnopolje et le centre à Omarska, n'a rien à faire. Ils sont dans

23 les compétences des autorités civiles, alors que nous avons l'impression

24 que ces autorités ne peuvent pas répondre à leurs responsabilités et

25 également les autorités régionales de Bosanska Krajina n'ont pas pu non

Page 4769

1 plus prendre le contrôle."

2 (Interruption de la diffusion de la vidéo.)

3 Mme Korner (interprétation): Est-ce qu'on peut poursuivre, s'il vous

4 plaît?

5 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

6 (Le premier groupe de journalistes qui ont été autorisés par la présidence

7 de la Republika Srpska, sont les journalistes de deux télévisions

8 britanniques. Il y avait une autre télévision également qui s'est rendue

9 sur place. Tout ce que nous avons enregistré a été enregistré, comme nos

10 collègues étrangers, mais nous devons également dire que notre caméra a

11 enregistré un certain nombre de choses qui peut mettre la lumière sur,

12 soi-disant, le passage à tabac des civils, comme ils le disent, ou ce que

13 les autorités serbes prétendent."

14 (Interruption de la diffusion de la vidéo.)

15 M. le Président (interprétation): En ce qui concerne la traduction en

16 anglais, cela a commencé un peu plus tôt.

17 Mme Korner (interprétation): Mais je viens de parler avec Mme Sutherland.

18 Je me demande ce qu'il s'est passé avec le premier paragraphe?

19 M. le Président (interprétation): Est-ce qu'on peut demander, s'il vous

20 plaît, de recommencer la deuxième partie, depuis le tout début?

21 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

22 "Le premier groupe de reporters à qui on a donné cette permission par le

23 Président de la…"

24 (Interruption de la diffusion de la vidéo.)

25 Mme Korner (interprétation): Pause, s'il vous plaît.

Page 4770

1 Monsieur le Président, puis-je dire que cette transcription a été donnée

2 pour le procès Tadic? Excusez-moi, Mme Sutherland vient de me corriger, il

3 s'agit du procès Kovakovic. Il se pourrait qu'il y ait différentes

4 versions ou différents exemplaires de la même version. Donc je crois qu'on

5 devrait plutôt exclure ce paragraphe.

6 Oui, poursuivons.

7 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

8 "Donc, les chaînes de télévision ITN et les journalistes du "Guardian"

9 étaient accompagnés par nos propres journalistes. Tout le matériau que

10 nous avons filmé était resté dans le même endroit où nos collègues

11 étrangers ont allumé leurs caméras. Nous devons noter que nos

12 enregistrements de caméra ont enregistré des éléments qui illustreraient

13 mieux la vie des civils dans le camp, comme ils l'ont dit, ou dans les

14 centres d'investigation, tel que l'ont souligné les représentants des

15 autorités serbes.

16 Nous devons souligner immédiatement que nous avons réalisé tout de suite

17 que nos collègues britanniques avaient des ordres de filmer des camps de

18 concentration sur le territoire serbe.

19 On peut appeler une institution un "camp de concentration", seulement

20 selon la définition établie par le droit international. Les journalistes

21 étrangers n'ont démontré aucun intérêt pour les faits véritables et, par

22 exemple, qu'ils allaient…"

23 (Interruption de la diffusion de la vidéo.)

24 Mme Korner (interprétation): Retour en arrière, s'il vous plaît. Voulez-

25 vous avancer un tout petit peu pour que nous voyions exactement ce qui

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1 nous occupe.

2 Je crois que nous avons perdu la séquence.

3 Monsieur Sejmenovic, ceci n'est pas très, très clair, cette image, mais

4 pouvez-vous nous dire quelle route ont empruntée les reporteurs?

5 M. Sejmenovic (interprétation): Ils allaient de Prijedor vers Omarska et

6 cette portion de la route ici est la portion de Jakupovici ou Kamicani. Il

7 s'agit de cette portion-là de la route. On peut voir que les maisons, là,

8 alentour, ont été détruites et c'est là que la plupart des maisons ont été

9 détruites, d'ailleurs. La plupart des maisons avaient déjà été détruites

10 auparavant, celles qui étaient en bordure de route. Certaines de ces

11 maisons ont été détruites à ce moment-là et d'autres, par la suite,

12 lorsque des tanks ont été utilisés pour les raser.

13 Question: Pouvez-nous dire les villages que vous avez mentionnés, c'est-à-

14 dire Kamicani et Jakupovici?

15 Réponse: Oui, ceci ressemble à Donja Jakupovici ou peut-être une partie du

16 village de Zecovi ou bien le village de Hadzici. Mais plus probablement,

17 il s'agit du village de Donja Jakupovici qui se trouve à côté de la route

18 en question. Gornji Jakupovici se trouve de l'autre côté de cette même

19 route.

20 Question: Pouvez-vous confirmer l'endroit approximatif ou la municipalité

21 dont il s'agit?

22 Réponse: Il s'agit d'un village peuplé entièrement de non-Serbes.

23 Question: Puis-je vous poser une autre question concernant cette séquence?

24 Réponse: En fait, on aurait pu avoir exactement la même séquence si on

25 avait filmé de Kozarac à Prijedor, dans la municipalité de Trnopolje. Ces

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1 scènes pouvaient se voir partout, dans toutes les zones non serbes, sauf

2 dans une toute petite portion de la zone de Trnopolje où il y avait

3 quelques maisons qui n'avaient pas été incendiées ou détruites.

4 Question: Oui, merci, Monsieur Sejmenovic.

5 (Diffusion et interprétation de la cassette vidéo.)

6 "Le long du corridor récemment rétabli, qui est très important pour la

7 Republika Srpska. Même pendant ce voyage, cela a été bombardé par les

8 troupes ZNG. Ils ont demandé qui a incendié ceci et les villages que nous

9 avons passés; mais qui a attaqué le centre de Prijedor juste quelques

10 jours auparavant? Qui avait équipé d'armes Kozara? Ils ne nous ont pas

11 demandé pourquoi les femmes musulmanes pouvaient visiter leurs maris et

12 leurs fils. Nous les avons emmenés au centre de réception à Omarska et

13 Trnopolje/Prijedor.

14 Il y avait également des tirs que nous avons vus et tout ceci nous a

15 prouvé la présence des extrémistes musulmans et des groupes terroristes

16 dans cette zone autour de Ljubija."

17 (Interruption de la diffusion de la vidéo.)

18 Mme Korner (interprétation): Excusez-moi, mais est-ce qu'on peut s'arrêter

19 ici un petit moment?

20 Monsieur Sejmenovic, est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, nous dire ce

21 que nous avons vu à l'écran?

22 M. Sejmenovic (interprétation): Nous avons vu le bâtiment de restaurant, à

23 savoir le restaurant où les gens allaient se nourrir. Il y avait des

24 cantines là-bas et ils dormaient de temps en temps pendant la nuit.

25 Question: Et pour ce qui concerne le bâtiment que nous sommes en train de

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1 voir, c'est le restaurant, n'est-ce pas?

2 Réponse: Oui. Il s'agit du restaurant du bâtiment administratif et de la

3 serre dont j'ai parlé tout à l'heure. C'est le complexe de bâtiments.

4 Question: Entendu. Je pense que, Monsieur Sejmenovic, il serait mieux que,

5 si vous voyez quelque chose, si vous voulez éventuellement faire un

6 commentaire, vous dites "stop" et on va arrêter.

7 (Diffusion de la vidéo.)

8 Réponse: Stop. Nous voyons le journaliste Dragan Bozanic de la télévision

9 serbe dont j'ai parlé et qui m'a interviewé, dont j'ai parlé tout à

10 l'heure.

11 Question: Et c'est la personne qui est la plus proche de la caméra? Il est

12 en tee-shirt à manches courtes?

13 Réponse: Oui. Mais de toute façon, la qualité de la photographie n'est pas

14 très bonne, mais je pense que je viens de reconnaître M. Dragan Bozanic.

15 Quand c'est rapide, je ne vois pas, mais là, cela s'est arrêté, je vois.

16 Nous pouvons poursuivre, si vous le voulez bien, la suite de la cassette.

17 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

18 "Nous sommes arrivés à Omarska…"

19 (Interruption de la diffusion de la vidéo.)

20 Est-ce qu'on peut s'arrêter ici, s'il vous plaît?

21 Question: Oui.

22 Réponse: Nous voyons ici les détenus qui sont au restaurant. C'est une

23 cantine. Ils sont en train de manger. Ce qui serait éventuellement utile

24 pour la Chambre, pour que vous puissiez véritablement vous rendre compte

25 de la situation dans laquelle nous étions, il serait peut-être utile que

Page 4774

1 je vous donne quelques explications au sujet de l'ambiance qui régnait à

2 cette époque-là.

3 En d'autres termes, par différence aux jours précédents au cours desquels

4 les soldats étaient dans le camp et qu'ils portaient des uniformes sales

5 et portaient des armes, mais jamais pointées sur nous, ce matin-là, nous

6 avons remarqué que tous étaient en tenue neuve, propre. Beaucoup d'entre

7 eux étaient en propre et beaucoup portaient l'arme prête à tirer.

8 Nous avons entendu des tirs très intenses dans les environs du camp. Nous

9 ne savions pas ce qu'il se passait. Quand les premiers groupes sont entrés

10 pour se mettre à table et manger, on leur a demandé de manger lentement.

11 Mais en gros, tout le monde devait terminer en deux ou trois minutes son

12 repas. Et ceci dépendait de la bonne volonté des gardes de savoir quoi on

13 mangeait. On avait 30 à 60 secondes pour s'asseoir à table et si on

14 n'avait pas réussi à manger tout ce qu'il y avait, à ce moment-là, il

15 fallait courir et retourner dans les pièces où nous étions et on nous

16 frappait.

17 En revanche, cette fois-ci, on nous a demandé de nous asseoir

18 tranquillement et de manger tranquillement. C'est ce que les gardes nous

19 ont demandé. Vous voyez ici sur la cassette qu'on mange, disons,

20 normalement.

21 Nous pouvons poursuivre le visionnement de la cassette.

22 Question: Je m'adresse à la cabine technique pour poursuivre.

23 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

24 "Nous sommes arrivés à Omarska au moment du déjeuner. Depuis longtemps,

25 les mines ne fonctionnent pas, mais de toute façon nous avons pu constater

Page 4775

1 que les autorités civiles de Prijedor ne se rendent pas ici, ni les

2 représentants de la Croix-Rouge, et qu'il y avait un besoin énorme

3 d'approvisionner le camp en nourriture.

4 Au centre d'Omarska, se trouvaient les personnes qui participaient

5 activement aux opérations militaires à Trnopolje. Quelques kilomètres plus

6 tard, se trouvent les autres. Au total: 3.400 personnes.

7 Simo Drljaca qui le chef du poste de police à Prijedor nous explique: 'La

8 première catégorie, ce sont les personnes qui ont été infiltrées dans la

9 rébellion armée, organisée. Il s'agit des capitaines, des commandants.

10 C'est par conséquent la première catégorie. La deuxième catégorie…"

11 (Interruption de la diffusion de la vidéo.)

12 Mme Korner (interprétation): Est-ce que vous pouvez vous arrêter, s'il

13 vous plaît?

14 Vous avez entendu Simo Drljaca. Nous le voyons également. Il s'entretient

15 également avec les journalistes étrangers. Est-ce que vous avez eu

16 l'occasion de le voir dans le camp auparavant?

17 M. Sejmenovic (interprétation): Non, jamais auparavant.

18 Question: Est-ce que vous connaissiez Simo Drljaca?

19 Réponse: Moi, je savais qu'il travaillait dans la police, mais j'avais eu

20 l'occasion de le voir dans des occasions différentes, mais je n'avais

21 jamais de contact direct avec lui.

22 Question: Nous pouvons poursuivre, s'il vous plaît.

23 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

24 "Simo Drljaca: La seconde catégorie comprend ceux qui ont porté des armes

25 de temps à autre.

Page 4776

1 La troisième catégorie, ce sont les personnes qui ont un certain nombre de

2 difficultés et qui n'ont pas toujours été armées, les journalistes.

3 -Reporteur homme: Est-ce que vous pouvez nous dire ce qu'il se passe ici?

4 -Simo Drljaca: Mais rien n'est sûr ici. Il y avait un certain nombre

5 d'extrémistes qui se trouvaient un petit peu partout dans les villages

6 musulmans, car il s'agit des Musulmans.

7 -Journaliste: Est-ce que vous pouvez nous donner des explications un peu

8 plus?

9 -Simo Drljaca: C'est à quelques kilomètres en direction des villages

10 musulmans que vous pouvez trouver des extrémistes qui sont à l'abri et qui

11 sortent de ces abris. Par conséquent, si jamais on voit qu'ils s'enfuient,

12 à ce moment-là, on les attrape.

13 -Journaliste: Et si jamais il y a quelqu'un que vous avez rencontré,

14 qu'est ce que vous en faites?

15 -Simo Drljaca: Mais on les interpelle.

16 -Reporter homme: Les reporteurs britanniques n'ont pas été intéressés à

17 voir les dispensaires et un des prisonnier était Naludin Semenovic.

18 -Journaliste: Nous avons entendu dire que vous êtes ici en centre et que

19 vous vous êtes rendu tout seul à Omarska?

20 -R: Oui, effectivement c'est un fait.

21 -Q: Est-ce que vous pouvez nous expliquer les raisons pour lesquelles vous

22 vous êtes rendu à Omarska? Et pourquoi volontairement?

23 -R: Je me suis caché pendant un moment donné parce que je voulais

24 également que les acteurs principaux se fassent connaître, qu'on connaisse

25 également toute la vérité, tout ce qui s'était passé et tous ceux qui ont

Page 4777

1 produit ce mal. Et ensuite, on va faire confiance à ce que moi, j'ai fait

2 et à toutes les déclarations que j'aurai à dire.

3 -Q: Est-ce que vous pouvez dire qui est coupable? D'où cette erreur, d'où

4 ce mal?

5 -R: Je pense tout premièrement au leader du parti pour la Bosanska

6 Krajina, Mirsa Mujadzic, et ensuite membre également du conseil exécutif,

7 du parti de Bosnie-Herzégovine ainsi que ceux qui ont organisé des

8 combats.

9 -Q: Est-ce que ces collègues qui sont ensemble avec vous, est-ce qu'ils

10 savent quel est votre point de vue? Est-ce que vous osez dire publiquement

11 pourquoi ce mal?

12 -R: A plusieurs reprises, j'ai eu l'occasion d'en parler avec ces gens-là

13 qui sont autour de moi. J'ai eu également l'occasion de parler avec les

14 représentants de la télévision de la Krajina. J'ai donné une déclaration,

15 j'ai envoyé un messager également au peuple pour leur faire connaître

16 quelle est la situation. Moi, je connais la situation à Krajina, à

17 Prijedor. Je la suis sur place et pas par télescope comme ceux qui sont

18 des cuisiniers, principaux cuisiniers.

19 -Q: Est-ce que, en visitant ces centres, vous avez pu voir également qu'il

20 y a des journalistes étrangers, notamment de la Grande-Bretagne, qui se

21 sont rendus dans ce centre?

22 -R: Et c'est tout simplement parce ces derniers jours dans le monde, on

23 avait dit que la Republika Srpska, par conséquent dans la partie où vous

24 trouvez qu'il y a des camps de concentration pour les Musulmans et les

25 Croates.

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1 -Q: Etant donné que vous vous êtes rendu dans ce centre, vous dites que

2 vous vous y êtes rendu tout seul, est-ce que vous pourriez dire à ces

3 journalistes étrangers ce que c'est la vérité? Est-ce qu'il s'agit d'un

4 camp de concentration? Est-ce que c'est un centre de rassemblement?

5 Qu'est-ce que vous pourriez dire à ces journalistes?

6 -R: Moi, je pourrais leur dire que les opérations de combat ont causé de

7 tels effets, que c'était indispensable que les gens se regroupent pour des

8 questions de sécurité, ceci également pour pouvoir survivre tout

9 simplement. Et ce centre n'a aucune caractéristique d'un camp de

10 concentration, comme ceci est dit par la propagande politique. Je pense

11 qu'eux également, ils ont pu se rendre compte de ce qui se passe

12 aujourd'hui dans le monde.

13 -Q: Encore une toute petite question: mais avant que la guerre fasse rage,

14 est-ce qu'il y avait quelqu'un parmi la population musulmane qui se

15 préparait pour la guerre, d'après vous?

16 -R: Au cours des derniers mois, on a parlé, au cours des entretiens tout à

17 fait courants, qui n'ont rien à voir avec les partis politiques, y compris

18 le SDA, on a parlé de cette possibilité. En effet, il y avait une dose

19 d'insécurité et de peur et puis, les gens essayaient de trouver un appui,

20 tout au moins au cours des entretiens sur la sécurité personnelle. Mais

21 définitivement, il en ressort clairement que des oligarchies politiques

22 étaient impliquées dans des affaires floues derrière les membres de leur

23 parti, et derrière également le peuple. Probablement que leur objectif

24 était de pousser leur peuple, soi-disant, dans un combat. Mais c'était un

25 combat qui était le combat pour leurs propres intérêts et ne tenant pas

Page 4779

1 compte des impacts réels qui en sortiraient. Moi, je ne sais pas. De toute

2 façon, je ne peux pas vous dire plus.

3 -Q: Comme les étrangers également peuvent conclure que les

4 caractéristiques de cette guerre sont ceux d'une guerre religieuse. Est-ce

5 que vous avez entendu dire qu'un certain nombre de prêtes musulmans, des

6 hodzas, des imans, avaient des pistolets de chasse et des fusils de chasse

7 spéciale américaine, et même avant la guerre?

8 -R: En ce qui concerne l'armement, en ce qui concerne les armes, je ne

9 peux pas vous dire beaucoup parce que nous en avons beaucoup parlé -il y a

10 des preuves-, mais en ce qui concerne les entretiens qui ont eu lieu entre

11 les gens simples, nous pouvons dire qu'il y a un certain nombre de

12 prêtres, de hodzas et d'imans, qui ont été impliqués dans la contrebande

13 d'armes. Je ne peux pas vous dire de quelle façon mais je sais qu'ils ont

14 violé des règlements de la foi d'après lesquels il y a un certain nombre

15 de normes qu'il faut respecter sur le plan moral et humain. C'est la

16 raison pour laquelle, eux également, ils ont les "mérites" pour le mal qui

17 a frappé tous les peuples, pas uniquement le mien.

18 -Q: Le centre de Trnopolje se trouve quelques kilomètres plus loin. Les

19 gardes sont moins nombreux car à Omarska, se trouvent les gens qui se sont

20 opposés aux autorités serbes avec armes à la main. Il n'y avait pas de

21 réponse de Sarajevo ni de la Forpronu.

22 -Voix 1: Je pense qu'il faut vivre comme nous avons vécu auparavant parce

23 que je ne vois pas de solution. Nous sommes des civils. On n'est coupables

24 de rien. Ils veulent une Bosnie orientale, l'autre une Bosnie occidentale;

25 il y en a qui veulent un Etat ou un autre. De toute façon, c'est très

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1 difficile. On ne peut pas y aboutir.

2 -Voix 2: Je pense, de toute façon, que le mieux, c'est que tout le monde

3 vive ensemble.

4 -Voix diverses: Nous vivons depuis 25 ans ensemble et je pense

5 qu'aujourd'hui il est indispensable de nous mettre d'accord, comment on va

6 s'organiser. De toute façon, on pouvait vivre à l'époque. Pourquoi ne pas

7 pouvoir vivre maintenant? Nous souhaiterions vivre ensemble, ne pas

8 quitter nos foyers. C'est ce que nous souhaitons que vous puissiez

9 transmettre à l'opinion publique mondiale.

10 -Journaliste: Est-ce que vous pouvez vous plaindre auprès d'un

11 gouvernement?

12 -Voix: Mais de quel gouvernement parlez-vous? Il y a beaucoup de

13 gouvernements actuellement dans le gouvernement.

14 -Autre voix: Mais de toute façon, on ne sait pas qui est ce gouvernement."

15 (Interruption de la diffusion de la vidéo.)

16 M. le Président (interprétation): Il faut nous arrêter là. Il va sans dire

17 que les interprètes ont un problème et ceci est parfaitement

18 compréhensible. C'est impossible de traduire de cette façon-là. Nous

19 pouvons, bien évidemment, lire si nous avons le texte devant nos yeux.

20 Nous devons faire des pauses de temps à autre. Nous devons également nous

21 tenir à la version anglaise et, éventuellement, avoir la version en

22 français, si c'est possible, Madame Korner.

23 Mme Korner (interprétation): Monsieur le Président, je vais peut-être

24 pouvoir vous aider. Moi, j'ai laissé, donc, visionner la cassette, car le

25 plus important, c'est que M. Sejmenovic voie l'enregistrement.

Page 4781

1 Et si la défense souhaite qu'on voie dans l'ensemble la cassette, à ce

2 moment-là, on peut poursuivre; sinon, on peut l'arrêter ici.

3 M. Ostojic (interprétation): Nous pouvons éventuellement voir la cassette

4 au cours du contre-interrogatoire.

5 Mme Korner (interprétation): Mais à ce moment-là, il vaut mieux terminer.

6 M. le Président (interprétation): C'est mieux, effectivement, de suspendre

7 maintenant la séance et que les interprètes vont voir quelle est la façon

8 la meilleure pour s'organiser dans nos travaux à l'avenir.

9 Il me semble qu'il serait bien également d'avoir une version en anglais et

10 de faire des pauses, par-ci et par-là, pour pouvoir entendre la cabine

11 française.

12 Mme Korner (interprétation): Monsieur le Président, il y une autre option

13 également, c'est beaucoup plus simple. Il me semble, de toute façon, que

14 nous pouvons voir cela, comment organiser pendant la pause, mais tout ceci

15 peut être traduit en anglais. Moi, je suis sûre qu'il y a l'original

16 également qui existe en BCS. Pour la cabine française, il serait utile

17 d'avoir la version en BCS et pas en anglais.

18 M. le Président (interprétation): Je vais vous demander de bien vouloir

19 vous renseigner pendant la pause. Si vous avez la traduction en BCS, enfin

20 l'original en BCS, et de cette façon-là, de permettre à tous les

21 participants dans le prétoire de suivre la cassette.

22 Mme Korner (interprétation): Certainement.

23 M. le Président (interprétation): Nous poursuivrons à 16 heures 10.

24 (L'audience, suspendue à 15 heures 40, est reprise à 16 heures 17.)

25 Mme Korner (interprétation): Nous avons essayé de trouver une

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1 transcription en BCS, mais apparemment, nous ne pouvons pas la trouver.

2 Donc nous allons à nouveau faire tourner la vidéo parce qu'on nous a fait

3 remarquer qu'il y avait des erreurs dans la traduction vers l'anglais.

4 Donc, la seule manière de s'en sortir est de faire repasser la vidéo et

5 j'espère que les interprètes arriveront à s'en sortir.

6 M. le Président (interprétation): Bien, si nous pouvons reprendre alors

7 portion par portion, segment par segment. Est-ce que les interprètes

8 auraient la gentillesse de nous indiquer si la vidéo est trop rapide ou

9 s'ils auront besoin d'une pause. Veuillez commencer.

10 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

11 "-Reporter masculin: Qui est à blâmer?

12 -Cinquième homme: Non, certainement pas nous. Nous ne sommes pas

13 responsables de cet état de chose.

14 -Sixième homme: Nous avons des femmes, des enfants et nous ne voulons pas

15 faire la guerre. C'est quelque chose qui nous a été imposé.

16 -Reporter off: Nous avons également filmé des choses qui ont été conduites

17 par les Britanniques. Un homme a été poussé par ses compagnons et il a

18 répondu en anglais.

19 -Mehmed: Je crois que c'est très calme. Il n'y a rien de mal.

20 -Orateur off: Il dit que tout va bien.

21 -Penny Marshall: Est-ce que tu dors dehors?

22 - Mehmed: Non, à l'intérieur.

23 -Orateur off: Il dit qu'il fait chaud mais nous dormons dans le bâtiment

24 des écoles, pas à l'air libre.

25 -Orateur: Est-ce que vous avez été maltraités?

Page 4783

1 -Mehmed: Non, ils ont été très gentils.

2 -Penny Marshall: Etes-vous des combattants?

3 -Mehmed: Non, je ne suis pas un combattant.

4 -Penny Marshall: Est-ce que vous vous sentez en sécurité ici?

5 -Orateur off: Il dit également qu'il se sent relativement en sécurité ici

6 et qu'à part la chaleur, tout va bien.

7 -Penny Marshal: Cet homme est très mince?

8 -Orateur: La reporteur a insisté que l'homme était très maigre et Mehmed a

9 expliqué que tous les hommes ne sont pas aussi maigres, ne sont pas comme

10 ça. Il a donc ajouté qu'il ne s'agissait pas d'une prison.

11 -Reporter: Si vous vouliez monter dans un bus pour Banja Luka, est-ce que

12 vous pourriez faire cela?

13 -Mehmed: Je crois que cela dépend du gouvernement civil.

14 -Orateur: Nous n'avons aucune idée du rapport qui a été présenté aux

15 auditeurs britanniques et à la télévision pour le reste du monde. Nous

16 savons que l'équipe de journalisme n'a pas visité la cuisine, ni

17 l'infirmerie de la Croix-Rouge, ni le groupe des détenus qu'il ne faudrait

18 pas appeler détenus puisqu'ils sont venus ici de leur propre gré en

19 cherchant à être protégé et à obtenir de la nourriture, ce qu'on leur a

20 d'ailleurs donné.

21 -Mehmed: Je crois que ceci n'est pas une prison, c'est un camp de

22 réfugiés. C'est simple.

23 -Reporter off: Vous êtes médecin dans ce centre d'accueil. Qu'est-ce qu'on

24 l'appelle officiellement?

25 -Médecin: Le centre d'accueil de Trnopolje.

Page 4784

1 -Reporter: Etes-vous un Musulman?

2 -Médecin: Oui, et je suis une personne comme les autres dans ce camp.

3 -Reporter: Est-ce que vous pouvez nous dire comment vous vous sentez dans

4 ce centre, comment est la vie?

5 -Médecin: Comment peut-on se sentir dans un camp? Ce n'est pas très

6 plaisant.

7 -Reporter: Vous avez une chance de faire un travail pour lequel vous avez

8 été formé. Est-ce que vous avez les conditions nécessaires pour ce faire?

9 -Médecin: Non.

10 -Reporteur: Y a-t-il un manque de médicaments?

11 -Médecin: Nous avons ce que nous avons apporté, nous n'avons reçu rien

12 d'autre.

13 -Reporter: Est-ce que c'est suffisant pour traiter les gens qui sont ici?

14 -Médecin: Non, des médecines de base, des médicaments de base comme les

15 antibiotiques de base sont nécessaires, mais il y en a très peu.

16 -Reporter: Alors qu'en est-il des autres médicaments?

17 -Médecin: Nous avons cela.

18 -Reporter: Nous avons vu une longue queue de gens qui attendent pour vous

19 consulter. Est-ce que vous avez des renseignements sur le nombre

20 d'individus qui ont été traités ici?

21 -Médecin: Depuis que nous sommes ici, c'est-à-dire le 26 mai, depuis cette

22 date, nous avons enregistré 5.169 personnes, mais pas toutes ont été

23 enregistrées.

24 -Reporter: Toute cette partie de la République de Serbie était soumise à

25 un blocus économique et un manque de nourriture. Est-ce que vous pensez

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1 que vous avez tous souffert également de ce manque de nourriture ou que

2 vous avez souffert d'une discrimination?

3 -Médecin: Non, nous avons souffert de manière relativement équivalente en

4 ce qui concerne le blocus, évidemment.

5 -Reporter: Est-ce que vous avez eu des morts?

6 -Médecin: Oui.

7 -Reporter: Quelle en a été la cause? La maladie?

8 -Médecin: Eh bien, nous avons eu un cas de mort tout au début, c'était un

9 vieil homme qui était âgé et qui est mort de maladie.

10 -Reporter: Est-ce qu'il n'est pas mort à cause du manque de médicaments?

11 -Médecin: Non.

12 -Reporter: Je crois que je vous demande ceci parce qu'une grande partie de

13 l'Europe voulait avoir des informations sur l'enfant qui est mort à la

14 maternité de Banja Luka quand il y avait un manque d'oxygène.

15 -Médecin: Il y a une infirmerie ici à l'hôpital qui a des problèmes

16 considérables à cause du manque d'antibiotiques et de médicaments contre

17 la diarrhée. C'est un problème dans toute la région et pas seulement ici.

18 -Reporter: Pas seulement dans le centre d'accueil?

19 -Médecin: Non, ce n'est pas seulement nous qui avons ce problème.

20 -Reporter: Pouvez-vous nous dire votre nom?

21 -Médecin: Merscanin Cipriz.

22 -Reporter: Vous n'êtes pas ici depuis longtemps et vous travaillez pour la

23 Croix-Rouge. Est-ce que vous pouvez nous décrire la situation? Est-ce que

24 vous avez assez de fournitures pour vous permettre de vous adonner à vos

25 activités principales, c'est-à-dire aider ceux qui ont besoin d'aide?

Page 4786

1 -Femme: Malheureusement, nous sommes une aide disponible, mais nous

2 pouvons faire très peu de choses. Nous sommes là depuis le premier jour et

3 les gens autour de nous dans la zone ici, la plupart d'entre eux viennent

4 délibérément, la plupart parce qu'ils ont besoin de nourriture et très

5 souvent parce qu'ils ont décidé d'évacuer la région ou ont espéré

6 continuer vers le centre de la Bosnie.

7 -Reporter: Donc pratiquement, pour fuir la zone dans laquelle les combats

8 faisaient rage?

9 -Femme: Exactement. Pour fuir la guerre. Il y a eu plusieurs évaluations.

10 Les premières étaient plus sensibles, si je puis dire, de notre côté aussi

11 bien que de l'autre, mais ensuite la situation s'est développée et ils

12 sont venus ici de manière volontaire. Et la situation était beaucoup moins

13 triste.

14 -Reporter: Pouvez-vous nous dire si vous avez reçu des aides du siège

15 ainsi que des branches de l'ex-Yougoslavie ou de l'Europe?

16 -Femme: Non, nous n'avons rien reçu de leur part. Nous avons seulement

17 reçu de l'aide des réfugiés de Croatie. Jusqu'à présent, pour ce qui

18 concerne la situation ici, l'aide qui est arrivée est arrivée

19 essentiellement de Serbie. Je ne peux pas vous dire que l'aide

20 internationale est arrivée jusqu'à nous.

21 -Reporter: Donc, ce que nous appelons "aide" est quelque chose qui est

22 telle qu'elle est donnée par la Croix-Rouge internationale dans les zones

23 de guerre; est-ce que cela n'est pas arrivé ici?

24 -Femme: Non, seulement Banja Luka donnait de l'aide à Prijedor, aide qui a

25 été envoyée par les organisations internationales, mais généralement,

Page 4787

1 celle-ci était destinée aux réfugiés d'un autre type.

2 Depuis que Prijedor est devenue une zone de combat, ces personnes n'ont

3 pas le statut de réfugiés, mais plutôt le statut de personnes déplacées.

4 C'est le traitement qu'elles reçoivent.

5 -Reporter: Nous pouvons dire que l'on serait ravi d'avoir plus d'aides.

6 -Femme: Certainement, nous en avons besoin et actuellement, nous n'avons

7 absolument pas de possibilité d'intervenir, aucune. Nous avons des

8 ressources extrêmement modestes.

9 Le secrétaire de la Croix-Rouge internationale à Prijedor est parti pour

10 Belgrade aujourd'hui pour demander de l'aide.

11 -Reporter: Alors, qu'attendez-vous de la Serbie ou de la Yougoslavie?

12 -Femme: Surtout, nous attendons de l'aide de la Yougoslavie.

13 -Reporter: Est-ce que vous pouvez nous parler de votre statut ici? Avez-

14 vous la liberté de circuler comme vous l'entendez? Pouvez-vous partir si

15 vous le souhaitez?

16 (Voix inintelligibles.)

17 -Premier homme: Ils nous laissent circuler dans le village et nous

18 ramenons ce que nous pouvons trouver.

19 -Reporter: Vous voulez dire donc que cette clôture ne vous sépare pas du

20 village?

21 -Premier homme: Non, ils nous ont laissés sortir hier. Nous laissons nos

22 papiers d'identité. Nous pouvons circuler à quelques kilomètres de

23 distance jusqu'au village.

24 -Deuxième homme: Tu n'as pas expliqué. Il n'y a personne dans le village

25 maintenant. Nous pouvons circuler dans les jardins potagers et ramener ce

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1 que nous y trouvons.

2 -Reporter: Donc tu peux amener une binette et ramener ce que tu trouves?

3 -Premier homme: Oui, une pomme de terre.

4 -Deuxième homme: Mais il y a peu de choses à cueillir ou à ramener.

5 -Premier homme: Oui, il n'y a pratiquement plus de nourriture dans le

6 village.

7 -Reporter: Quand êtes-vous venu ici?

8 -Premier homme: Le 27 mai.

9 -Reporter: Pourquoi êtes-vous venu?

10 -Premier homme: Je suis venu quand les bombardements ont commencé. Où

11 pouvais-je aller ailleurs?

12 -Reporter: Avez-vous participé à des opérations militaires?

13 -Deuxième homme: Non.

14 -Reporter: Vous êtes venu ici pour essayer de trouver une protection?

15 -Deuxième homme: Oui, vous pouvez voir par vous-même que la situation

16 n'est pas aussi mauvaise.

17 -Reporter: Est-ce qu'il y a eu des problèmes? Est-ce qu'on vous a

18 maltraité?

19 -Deuxième homme: Non, personne ne m'a maltraité.

20 -Reporter: Est-ce que quelqu'un a été maltraité ici dans le camp? On a

21 visité le camp il y a peu de temps. Est-ce que ceci est un centre

22 d'accueil où les gens sont harcelés?

23 -Deuxième homme: Ceci est un centre d'accueil, ce ne peut pas être autre

24 chose qu'un centre d'accueil. Ici, tous ceux qui sont venus n'ont pas pris

25 part dans les combats. Pourquoi voudraient-ils combattre? Ceux qui ont vu

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1 des bombardements sont arrivés ici.

2 -Reporter: Qu'espérez-vous maintenant?

3 -Deuxième homme: Si quelqu'un voulait bien aligner ces gros bonnets devant

4 un peloton d'exécution, on arriverait à vivre ensemble de nouveau. C'est

5 ce qu'il faudrait faire.

6 -Troisième homme: Moi, je viens d'un village près d'ici, Kamicani.

7 -Reporter: Pourquoi êtes-vous venu ici?

8 -Troisième homme: Parce qu'il y a eu des fusillades, la guerre a éclaté.

9 -Reporter: Est-ce que quelqu'un vous a chassé de votre maison sous la

10 menace des armes?

11 -Troisième homme: Oui, j'ai eu de la chance, je suis venu ici avec des

12 petits enfants. Je suis venu des champs. Personne ne nous a harcelés. Ils

13 ne nous ont pas fait de mal. Je suis resté dans le village pendant deux

14 semaines.

15 Ensuite, on les a envoyés… Ils ont dit… Je ne sais pas où… Certains sont

16 allés déjà à Zagreb, d'autres sont allés à Sisak. Quelques-uns avaient des

17 parents et ils sont allés chez eux, essentiellement vers la Croatie.

18 Ce sont les politiciens qui ont causé cette situation, peut-être qu'ils

19 avaient une vie trop facile et rien d'autre.

20 -Reporter: Ceci est une zone riche, des terres fertiles?

21 -Troisième homme: Ce n'est pas tellement fertile, mais les gens

22 travaillent dur. La richesse, c'est ce qu'on en fait.

23 -Reporter: Mais vous avez une bonne vie ici!

24 -Troisième homme: Oui, on pourrait, on pourrait.

25 -Reporter: Pour autant que vous en sachiez, est-ce qu'ils essaieraient de

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1 rejoindre Alija Izetbegovic, les troupes d'Izetbegovic, s'ils voulaient

2 bien les relâcher?

3 -Simo Drljaca: Je suis certain que ceux qui appartiennent à la première et

4 à la deuxième catégorie rejoindraient immédiatement les troupes de Alija

5 Izetbegovic. Néanmoins, je suis certain que la troisième catégorie ne

6 rejoindrait pas Alija Izetbegovic.

7 -Reporter: On leur donnera la possibilité de trouver un endroit à vivre ou

8 d'aller ailleurs à l'étranger.

9 -Simo Drljaca: Pour être honnête, je voudrais faire partie de ceux de la

10 troisième catégorie pour pouvoir rester et vivre ici.

11 -Reporter: Ceci était une interview des camps de prisonniers en Serbie,

12 contrôlée par la Krajina et filmée par notre équipe.

13 Des reporteurs étrangers vont encore à Omarska et à Trnopolje. Est-ce

14 qu'ils vont visiter les prisons qui sont dirigées par Izetbegovic? Est-ce

15 que les autorités démocratiques d'Izetbegovic vont leur donner la

16 permission comme ils l'ont obtenue de la république de Serbie?

17 Malheureusement, il est question que la télévision de la République de

18 Serbie ne pourra pas répondre. Sur la route principale qui représente

19 l'artère principale entre la Bosnie et Knin Krajina, il y avait de

20 nombreuses maisons en ruine. Est-ce que celles-ci étaient des maisons de

21 Musulmans, de Croates ou peut-être de Serbes?"

22 (Fin de la vidéo.)

23 Mme Korner (interprétation): Merci. Merci beaucoup.

24 Cette vidéo contient plusieurs prises à la suite de celle-ci, mais qui ne

25 sont pas nécessairement pertinentes pour ce qui me concerne.

Page 4791

1 Puis-je demander à la défense s'ils veulent que la vidéo soit montrée dans

2 son entièreté?

3 M. Ostojic (interprétation): Non, pas en ce moment, Monsieur le Président.

4 Mme Korner (interprétation): Monsieur Sejmenovic, tout d'abord, quand la

5 caméra tourne pendant que vous avez été interviewé, nous avons pu vous

6 voir assis, assis dans ce qui ressemblait à un corridor en verre. Est-ce

7 que c'est ce que vous appeliez la maison de verre ou la serre?

8 M. Sejmenovic (interprétation): Oui.

9 Question: Je veux revenir et veux poser des questions plus détaillées sur

10 cette interview en particulier.

11 Vous nous avez dit que M. Bozanic est arrivé et vous a dit que vous alliez

12 subir une interview.

13 Réponse: Je vais vous décrire la chronologie des événements de ce jour-là.

14 Immédiatement avant l'interview, quand les journalistes étrangers ont

15 enregistré cette vidéo dans le restaurant, ils ont quitté le restaurant.

16 Une demi-heure plus tard, deux guides sont venus vers la maison de verre,

17 m'ont appelé, m'ont dit de me lever et de les suivre immédiatement.

18 Un des guides a dit aux autres personnes qui étaient dans la maison de

19 verre: " Donnez-lui une chemise blanche." Et il a ordonné à un homme plus

20 âgé qui portait une chemise blanche de l'ôter et de me la donner.

21 La chemise était trop grande pour moi et j'hésitais à la porter. Le garde

22 m'a alors dit: "Dépêche-toi, nous avons peu de temps".

23 Finalement, il m'a dit de les suivre et je portais la chemise que je

24 portais déjà avant. Ils m'ont fait entrer dans la maison de verre, au

25 premier étage.

Page 4792

1 Alors que je montais, j'ai vu un groupe de journalistes étrangers,

2 d'officiers serbes et une femme blonde que j'ai reconnue sur cette vidéo.

3 C'était une interprète.

4 Nous nous sommes arrêtés face à eux et un des journalistes étrangers a

5 posé la question à cette femme qui a traduit pour moi.

6 Ils ont refusé de me parler. Après ça, les gardes m'ont emmené plus loin,

7 le long du corridor. Ils m'ont emmené dans une grande pièce où ils m'ont

8 installé et ils m'ont laissé là seul pendant plusieurs minutes.

9 Après quelques minutes, Dragan Bozanic est entré dans la pièce avec le

10 caméraman et plusieurs gardes en même temps.

11 Il a dit: "Monsieur Sejmenovic, nous allons maintenant conduire

12 l'interview. Allumez une cigarette si vous le souhaitez, avant de

13 commencer."

14 J'ai refusé, mais ils ont dit que j'avais le droit d'en allumer une si je

15 le voulais et qu'ils n'allaient pas commencer l'enregistrement tout de

16 suite. Et comme je n'avais pas vraiment le droit de refuser, j'ai allumé

17 une cigarette. Il a pris le micro, la caméra était allumée et il a

18 commencé à me poser des questions comme nous l'avons vu sur la vidéo.

19 Question: Est-ce qu'avant l'interview, on vous a donné un texte, sous

20 quelque forme que ce soit, ou des instructions sur ce que vous deviez

21 dire?

22 Réponse: Avant cette interview, immédiatement avant l'interview, non, mais

23 on m'avait préparé au cours des journées avant l'interview, quand j'ai

24 parlé à Mutic, l'autre journaliste. Et j'ai compris que le même principe

25 s'appliquerait à nouveau pour les autres interviews, que mon comportement

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1 allait soit augmenter ou réduire mes chances de survie. En gros, je savais

2 ce qu'ils voulaient entendre.

3 Question: Les journalistes vous ont demandé, Monsieur le Président, nous

4 sommes à la troisième page de la transcription, quatrième page, donc il

5 s'agit d'une question posée par le journaliste. Donc la question vous a

6 été posée par le journaliste et la question disait: "Vous êtes venu à

7 Omarska seul et délibérément?"

8 Et vous avez répondu: "Oui."

9 Réponse: C'est correct.

10 Mme Korner (interprétation): Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez dit

11 cela? Et vous avez dit: "Je suis venu ici après m'être caché et avoir

12 attendu quelque temps."

13 Donc, vous nous avez dit qu'on vous avait amené à Omarska à partir du

14 poste de police. Pourquoi est-ce que vous avez dit ceci, que vous étiez

15 venu seul au reporteur?

16 Réponse: Je devais dire cela étant donné les circonstances, parce que

17 c'était une question de vie ou de mort.

18 Question: Est-ce que vous avez le sentiment que vous pouviez dire à ces

19 journalistes serbes de Bosnie que vous aviez, en fait, été arrêté et passé

20 à tabac au poste de police?

21 Réponse: Non. Je n'étais nullement en position de pouvoir dire cela.

22 Question: Ensuite, le reporteur vous a demandé: "Qui est responsable pour

23 les horreurs et les atrocités qui ont été commises dans cette zone?"

24 Et vous avez répondu: "J'ai à l'esprit le directeur du parti de la Krajina

25 bosniaque et le président de la branche du parti à Prijedor, Mirzo

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1 Mujadzic."

2 Pourquoi remettiez-vous la responsabilité des horreurs qui ont eu lieu

3 dans la zone de Prijedor sur M. Mujadzic?

4 Réponse: Je devais le faire. Bozanic et les journalistes avant lui

5 voulaient avoir exactement ce genre de déclaration. Ce que j'avais essayé

6 d'éviter à tout prix, c'était de mentionner les noms de gens qui étaient

7 dans le camp ou qui pourraient se trouver dans le camp.

8 En répondant à ces questions, j'étais d'une certaine manière en train

9 d'essayer de faire passer le temps ou de ralentir. J'essayais de prolonger

10 ma réponse et j'essayais d'éviter de mentionner d'autres noms. J'ai

11 d'ailleurs laissé tomber son nom d'abord, parce que j'avais appris qu'il

12 était vivant et qu'il était déjà arrivé en territoire libre dans la zone

13 de Bihac.

14 Question: Est-ce qu'en fait, vous aviez blâmé M. Mujadzic pour ce qui

15 était arrivé dans la zone de Prijedor?

16 Réponse: Non, non, aucunement. Ce n'était d'ailleurs jamais mon opinion.

17 Et les faits ont démontré le contraire.

18 Mais il est très important que Bozanic est venu à Omarska, m'a interviewé

19 et voulait produire une pièce de propagande pour étayer sa propre

20 politique. Ceci était en fait un élément de propagande militaire ou

21 politique. Et j'en étais d'ailleurs très conscient.

22 Dès lors, j'ai essayé de me comporter d'une certaine manière qui ne

23 mettrait en danger la vie de personne avec mes déclarations. Mais de la

24 même manière, je devais satisfaire les attentes de M. Bozanic et essayer

25 d'avoir un ou deux jours de plus. C'était difficile de trouver une réponse

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1 appropriée qui, en même temps, serait un bon compromis entre rester en vie

2 et satisfaire leurs attentes.

3 Donc j'essayais de donner des réponses abstraites de la manière que je

4 pouvais et je crois que j'ai réussi à le faire.

5 Question: On va examiner quelques-unes de vos réponses. Vous avez expliqué

6 que vous aviez déjà été interviewé auparavant et le reporteur vous a

7 ensuite demandé si ceci était un camp de concentration ou un centre

8 d'accueil.

9 Et vous avez parlé d'opérations militaires, c'est-à-dire que les gens

10 étaient concentrés pour des raisons de sécurité et de survie.

11 Et ensuite, vous avez dit ceci: "Ce centre n'est pas un camp de

12 concentration dans le sens de la propagande politique."

13 Durant votre séjour relativement limité à Omarska, est-ce que vous

14 pourriez décrire cet endroit comme un centre d'accueil?

15 Réponse: Non, absolument pas. Il s'agissait absolument d'un camp de

16 concentration, sans aucune règle, sans aucune justice où les gens étaient

17 tués de manière arbitraire, où les gens étaient accusés et parfois jugés

18 pour des choses avec lesquelles ils n'avaient rien à voir.

19 Il y avait également des mineurs, j'ai moi-même vu quelqu'un, un jeune de

20 16 ans qui a eu ses deux bras fracassés au-dessus du cou et ils l'ont

21 obligé à chanter des chants serbes pendant deux jours. Il a été torturé

22 dans un bureau qui était juste en face du bureau où moi, j'étais

23 interrogé. J'ai ensuite regardé cet adolescent. Il n'arrivait pas à

24 manger. Deux hommes plus âgés l'ont sorti de la pièce dans laquelle il

25 était et ont essayé de le nourrir à la cuillère.

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1 Ils ont continué pendant un moment et je ne suis pas sûr que ce jeune ait

2 survécu.

3 Il n'y avait aucun élément qui permette de penser que ceci ressemblait de

4 près ou de loin à un centre d'accueil. Et les gens qui y étaient, savaient

5 ceci très clairement. Dans l'interview, j'ai essayé de donner des réponses

6 abstraites, mais les journalistes étrangers voyaient tout, de leurs

7 propres yeux. Ce que je pensais, c'était, si je survis, les témoins

8 oculaires étaient là et ma position était claire. Moi, j'étais un des

9 détenus. Ils voulaient m'utiliser politiquement pour leur propre

10 propagande. Et moi, je savais que ma vie dépendait de mes actions.

11 Cette possibilité m'avait été suggérée par un soldat quelques jours

12 auparavant, soldat qui m'avait escorté au poste de police à Prijedor et il

13 s'appelait Banovic. Et à un certain moment, comme je l'ai dit dans mon

14 témoignage, il m'a demandé une question relativement intime. Et j'ai vu

15 que j'avais une chance là parce qu'il me posait une question qui n'avait

16 rien à voir avec la guerre. C'était une opportunité pour moi de lui poser

17 une question sur mon destin à venir. Je lui ai posé la question et il m'a

18 donné une réponse qui m'a été très utile pour la suite des événements. Je

19 lui ai demandé s'ils allaient me tuer immédiatement ou plus tard, quelle

20 serait la procédure. Et lui m'a répondu: "Cela ne veut pas nécessairement

21 dire qu'ils vont te tuer -je cite M. Banivic ici-, ça dépend quel genre de

22 réponse tu donnes."

23 Alors, je lui ai dit: "Quelle serait la meilleure chose à leur dire?"

24 Il m'a dit: "Je n'ai aucune idée. Puisse Dieu être avec toi."

25 Et ceci était la fin de notre conversation. C'est une phrase que je

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1 gardais à l'esprit tout le temps. Par conséquent, ce que le journaliste

2 Mudic m'avait dit, c'est que, effectivement, c'est de mes déclarations

3 dont dépendait également ma vie.

4 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, si je viens vous relater tout

5 cela, c'est pour vous aider, pour que vous compreniez le contexte dans

6 lequel j'ai donné ces déclarations, de comprendre également pourquoi j'ai

7 répondu comme j'ai répondu lors de l'interview. A certains moments, des

8 questions m'ont été posées. C'est la raison pour laquelle j'ai dit que je

9 m'étais rendu délibérément et volontairement à Omarska; c'est la raison

10 pour laquelle on m'a présenté comme quelqu'un qui était venu visiter ce

11 centre. Certes, à ce moment-là, je n'ai pas pu répondre et dire: "Non, je

12 ne me suis pas rendu pour visiter le centre, mais on m'y a amené..."

13 Question: Puis-je vous poser une autre question maintenant?

14 Vous avez dit qu'on vous a posé la question ou plutôt qu'on voulait savoir

15 si, éventuellement, parmi les Musulmans, il y avait des gens qui se

16 préparaient pour la guerre et vous avez répondu -je vous cite-:

17 "Actuellement, il est parfaitement clair que, pour ce qui concerne des

18 structures politiques, ces structures politiques sont impliquées dans des

19 affaires floues et sordides dont les membres du parti n'étaient pas au

20 courant; le peuple non plus. Leur objectif était de combattre à leur place

21 pour leur propre intérêt, sans tenir compte des effets réels de telles

22 inévitables actions." (Fin de citation.)

23 Est-ce que vous étiez au courant que cette oligarchie politique

24 entreprenait un certain nombre de choses, alors que les membres du parti

25 ainsi que le peuple n'étaient pas au courant que les Musulmans avaient en

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1 vue de commencer la guerre?

2 Réponse: Mais, au cours de cette interview, j'avais utilisé un terme très

3 précis: "les oligarchies politiques", par conséquent, pas une oligarchie

4 qui aurait pu éventuellement être mise en corrélation avec le SDA. Mais

5 j'ai parlé des "oligarchies politiques" et, si je l'ai dit, c'est parce

6 que moi, je me suis dit, qu'un jour ou l'autre, éventuellement, cette

7 interview pourrait être diffusée dans le monde, dans le territoire libre

8 également.

9 Je parle de l'ex-Yougoslavie dans le cas du territoire libre. Par

10 conséquent, je ne voulais pas prononcer un certain nombre de phrases qui,

11 éventuellement, auraient pu donner l'impression que j'étais un

12 collaborateur des Serbes. C'est la raison pour laquelle j'ai essayé de

13 choisir les mots et les termes que j'utilisais, en peu de temps; j'ai

14 essayé d'utiliser un langage abstrait. Moi, je me souviens. J'ai parlé -je

15 le répète- des "oligarchies politiques", mais c'était abstrait, tout à

16 fait. Et si, par exemple, il m'avait demandé si j'avais des arguments à ce

17 moment-là, je n'aurais pas pu donner une réponse.

18 Question: Merci. Maintenant, on parle de la page suivante de la

19 transcription, Monsieur.

20 On vous a demandé si vous aviez entendu parler, éventuellement, que des

21 prêtres musulmans, ou plutôt des hodzas, des imams, portaient des fusils

22 de chasse américains. Et vous, vous avez répondu à cette question-là qu'il

23 y a des preuves selon lesquelles un certain nombre de hodzas a été

24 effectivement impliqué dans la contrebande des armes.

25 Est-ce que vous avez véritablement entendu qu'il y avait quelques hodzas

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1 et imans qui avaient participé à la contrebande d'armes?

2 Réponse: Je n'ai pas de telles preuves. Mais je sais que la propagande

3 serbe, même avant la guerre, consistait dans le fait de dire que les

4 prêtres musulmans participaient à l'armement du peuple, qu'ils se

5 préparaient pour mener une guerre religieuse contre les Serbes, etc.

6 Dans ce sens-là, il y avait beaucoup de constructions de propagandes qu'on

7 a pu entendre. Et alors, même au cours de l'interview que j'ai donnée à M.

8 Mutic, moi, j'étais au clair. Eux, ils voulaient également s'appuyer sur

9 ce qu'ils avaient soi-disant entendu dire au sujet des prêtres. Donc ils

10 voulaient pratiquement entendre dire par les témoins, par les détenus,

11 dire des choses sur les prêtres. Et c'est la raison pour laquelle j'ai

12 choisi, lors de ma déclaration, de donner une réponse vague, sans vraiment

13 concrétiser quoi que ce soit. Je pense que cela a satisfait M. Bozanic:

14 c'est ce qu'il voulait tirer de moi.

15 Mme Korner (interprétation): Merci, Monsieur Sejmenovic.

16 C'est ce que je voulais vous poser comme questions.

17 Monsieur le Président, je vais demander le versement au dossier de la

18 transcription et de la cassette vidéo.

19 M. le Président (interprétation): Mais j'aimerais vous demander

20 premièrement s'il s'agit de la liste 65ter.

21 Mme Korner (interprétation): Non.

22 M. le Président (interprétation): Est-ce que la Chambre d'instance a une

23 copie de la vidéo?

24 Mme Korner (interprétation): Oui, je pense que nous pouvons obtenir

25 également une copie pour vous-même.

Page 4800

1 M. le Président (interprétation): Est-ce que la défense dispose d'une

2 copie?

3 M. Ostojic (interprétation): Oui, tout à fait.

4 M. le Président (interprétation): Merci.

5 Si je vous ai bien compris, vous avez l'intention d'abord de demander le

6 versement au dossier de la cassette vidéo, ainsi que de la version en

7 anglais. Je parle de la cassette vidéo avec la séquence 1, séquence 2,

8 exception faite du premier paragraphe, page 2.

9 Mme Korner (interprétation): Oui.

10 M. le Président (interprétation): Y a-t-il des objections?

11 M. Ostojic (interprétation): Pour que ce soit clair, Monsieur le

12 Président, Mesdames, Messieurs les Juges, si j'ai bien compris, la version

13 en anglais de ces séquences est une traduction officieuse. Mon éminent

14 confrère a dit qu'il allait envoyer au traducteur le texte parce qu'il y a

15 eu beaucoup d'erreurs dans le texte; donc il faut que le texte soit

16 révisé. Nous avons pu également le constater grâce à l'interprétation des

17 cabines. Nous n'avons aucune objection, à part cela.

18 Mme Korner (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je confirme,

19 effectivement, que nous allons réviser la traduction. Il ne s'agit que

20 d'une traduction officieuse.

21 M. le Président (interprétation): Dans ce cas-là, nous allons verser au

22 dossier la cassette vidéo, sous la cote S151, alors que la version

23 officieuse de la traduction anglaise, séquence 1, séquence 2, exception

24 faite du premier paragraphe, page 2, est également admise comme pièce à

25 conviction S151A. Il faut ajouter cette pièce sur la liste des pièces à

Page 4801

1 conviction et la traduction officieuse peut également être cherchée dans

2 la transcription d'aujourd'hui.

3 Mme Korner (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

4 Monsieur Sejmenovic, j'aimerais revenir maintenant à une autre question, à

5 la question qui concerne votre départ d'Omarska. Vous nous avez dit que,

6 le lendemain matin, il y avait une équipe de télévision qui s'est rendue,

7 ou non, sur les lieux? Est-ce que vous pouvez nous l'expliquer?

8 M. Sejmenovic (interprétation): Non, pas le lendemain matin. Tout au

9 moins, moi, je n'ai vu aucune équipe de télévision le lendemain matin.

10 Question: Merci.

11 Est-ce que vous vous souvenez, Monsieur Sejmenovic, combien de temps après

12 cette première interview que nous avons visionnée, combien de temps s'est

13 écoulé avant que vous quittiez Omarska?

14 Réponse: Douze heures se sont écoulées… Excusez-moi, 24 heures; le

15 lendemain matin. Les fonctionnaires de la région autonome de Krajina se

16 sont rendus au camp. Il y avait un entretien que j'ai eu avec eux.

17 Ensuite, on m'a ordonné de partir avec M. Kupresanin en direction de Banja

18 Luka.

19 Question: Bon, maintenant, nous allons évoluer pas par pas. Vous avez dit

20 qu'il y avait des fonctionnaires de la région autonome de Krajina. Ils

21 étaient combien? Un ou plusieurs?

22 Réponse: Je pense qu'il y avait deux véhicules, deux voitures et puis il y

23 avait la police. Ils étaient garés à côté du restaurant que nous avons pu

24 voir sur les photographies que vous m'avez montrées. Il y avait plusieurs

25 personnes. Il y avait également une escorte de police, deux voitures au

Page 4802

1 total, mais je n'ai pas pu voir les personnes qui étaient là-dedans. Il y

2 avait les gardes qui sont venus me chercher, ils m'ont accompagné jusqu'au

3 bâtiment administratif, à l'étage, et à ce moment-là, je n'ai vu qu'une

4 seule personne, M. Kupresanin. Et au moment où nous nous sommes dirigés

5 vers Banja Luka, il y avait uniquement la voiture de M. Kupresanin qui est

6 partie. L'autre voiture est restée. Moi, je ne peux vous dire qui était à

7 bord de cette deuxième voiture.

8 Question: Et maintenant, bon, vous êtes emmené jusqu'au bâtiment

9 administratif. C'est là que vous avez rencontré M. Kupresanin. Est-ce que

10 vous aviez eu l'occasion de le rencontrer auparavant?

11 Réponse: Il a été membre du parlement de Bosnie-Herzégovine, tout comme

12 moi. De temps à autre, on a eu l'occasion de s'entretenir. On a pris un

13 café à un moment ou à un autre, pendant les pauses entre les séances au

14 parlement.

15 Je le connais assez bien, mais je me dois de vous dire quand même quelque

16 chose. A ce moment-là, quand il est entré dans la pièce où, moi,

17 j'attendais, j'avais l'impression que c'était une autre personne et pas

18 lui. Il m'a tout de suite demandé si je me souvenais de lui, alors que

19 moi, j'ai dit oui.

20 Je pensais qu'il était membre de l'assemblée municipale car, pour moi, il

21 était inimaginable que qui que ce soit soit présent à cet endroit-là parce

22 que les autres personnes venaient de Prijedor. Alors lui, il m'a dit:

23 "Oui".

24 Et puis il m'a dit: "Moi, je m'appelle Vojo Kupresanin. Je suis président

25 de la région autonome de Krajina. Moi, je me souviens très bien de toi, de

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1 l'assemblée de Bosnie-Herzégovine." C'est ce qu'il m'avait dit.

2 Question: Est-ce qu'il vous a expliqué quelle était la raison pour

3 laquelle il se trouvait sur ces lieux?

4 Réponse: Non, il ne m'a rien dit directement. Il ne m'a pas dit quelles

5 étaient les raisons pour lesquelles il se trouvait sur place, mais au

6 moment où il est rentré, quand il a commencé à discuter avec moi, il a

7 commencé à sortir un certain nombre de théories politiques. En ce qui me

8 concerne, moi, j'écoutais, je ne disais rien.

9 A un moment donné, on l'a appelé dans une autre pièce et il y a un soldat

10 qui est venu le chercher. Il a dit qu'il y a le président qui l'avait

11 appelé au téléphone. Moi, j'ai entendu un certain nombre de parties de

12 cette conversation. Il avait répété qu'il était indispensable d'obtenir

13 300 lits, beaucoup de lessive, etc.

14 Moi, j'ai compris -parce que j'ai entendu, comme ça, les bribes de sa

15 conversation- qu'il s'était rendu sur place, qu'il préparait quelque chose

16 et qu'il voulait apporter des lits dans le camp. Je ne pouvais pas, bien

17 évidemment, sortir bien plus de cette conversation dont j'ai entendu,

18 comme je l'ai dit, des bribes.

19 Mais, par la suite, il m'avait demandé de l'accompagner jusqu'à Banja Luka

20 et j'ai pu avoir une meilleure impression de ce qui allait se passer ou,

21 plus ou moins, d'obtenir un certain nombre d'informations.

22 J'ai compris tout à fait ce qui allait se passer au moment où je me suis

23 rendu dans le bâtiment de l'assemblée municipale. C'est un bâtiment qui

24 habitait également leur gouvernement. C'est à ce moment-là qu'il parlait

25 avec Karadzic.

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1 Question: Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, vous arrêter un petit

2 peu à cet endroit-là parce que je vais revenir à cette question. Vous

3 m'avez dit qu'il y avait un soldat pendant qu'il était dans une pièce avec

4 vous à Omarska. Il vous a dit que le président souhaite lui parler. Est-ce

5 qu'il avait dit "président" ou bien il a utilisé le nom de la personne en

6 question?

7 Réponse: Je ne peux pas être sûr en ce moment même. Je ne sais pas s'il a

8 dit "Président Karadzic" ou s'il a dit tout court "président". Je ne me

9 souviens pas. Je ne peux pas vous l'affirmer. Je sais qu'il avait dit une

10 chose qui était amusante. Il avait dit: "Je n'ai trouvé qu'un seul". Et

11 ça, je l'ai entendu de manière assez clair.

12 Question: Excusez-moi, qui a dit: "J'ai trouvé un seul"?

13 Réponse: C'est Kupresanin qui a parlé. Il a décroché le téléphone et a

14 parlé avec un "président". Et il a dit: "J'ai trouvé un seul". Il a parlé

15 des lits, il a parlé des draps, il a parlé de la lessive et ensuite, il a

16 dit: "Je n'ai trouvé qu'un seul". Et moi, je me suis dit qu'il pensait à

17 moi-même. Je n'en étais pas sûr tout de suite mais, par la suite, j'ai

18 compris effectivement qu'il parlait de moi.

19 Question: Entendu. Par conséquent, il a parlé au téléphone avec le

20 président et ensuite, il est retourné dans la pièce. A quel moment avez-

21 vous compris qu'il allait vous prendre pour vous sortir d'Omarska?

22 Réponse: A partir du moment où il a terminé cette conversation. Il est

23 retourné dans la pièce où j'étais assis et il a dit: "Toi, tu dois venir

24 avec moi". Je ne savais pas où il fallait que je parte, il ne me l'a pas

25 précisé. Etant donné qu'à ce moment-là, je me disais que c'est là où ma

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1 vie allait se terminer, j'avais envie de me rendre jusqu'à la serre, dire

2 quelques mots aux gens avec lesquels j'ai partagé un certain nombre de

3 jours dans cette serre et dire qu'ils allaient me conduire. Moi, j'ai

4 trouvé un prétexte. J'ai demandé à Kupresanin si je pouvais me rendre dans

5 la serre pour prendre des vêtements. Il m'a dit: "Tu n'en auras plus

6 besoin".

7 Ensuite, il a rajouté: "C'est sale et tu n'a pas besoin de cela!"

8 J'ai demandé une fois de plus qu'il me laisse quand même prendre mes

9 vêtements et il m'a dit: "Bon, bien, vas-y". Et quand on descendait

10 l'escalier du bâtiment administratif, il a dit: "Dépêche-toi parce qu'on

11 va se rendre à Banja Luka".

12 Moi, je suis entré dans la serre, j'ai pris ma veste, j'ai dit aux gens

13 qu'on allait me conduire en direction de Banja Luka et à cette époque-là,

14 j'étais pratiquement sûr qu'on allait me conduire jusqu'à la prison à

15 Tunjice; c'est une prison qui est dans la région autour de Banja Luka,

16 mais dans la voiture, il m'a déjà donné quelques explications. Il n'a pas

17 parlé de la prison, mais il m'a dit que j'allais me reposer. Il a dit: "Tu

18 vas te reposer maintenant!"

19 Question: Est-ce qu'il vous a dit où il allait vous amener?

20 Réponse: Eh bien, il a dit: "Maintenant, nous allons trouver Mirzo

21 Muhadzic, Rasema Cero et il m'a demandé si j'étais au courant où il se

22 trouvait.

23 Moi, j'ai dit que que M. Cero était à Sarajevo et que Muhadzic était à

24 Bihac.

25 Et là, il a dit: "Nous devons trouver les membres de ta famille et en

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1 entendant, tu seras dans un village, un village serbe, tu seras en

2 sécurité. Tu n'auras aucun problème, tu vas te reposer, tu vas prendre

3 quelques kilos. Et ensuite, nous allons préparer des tables rondes. Donc

4 toi tu vas prendre part au nom du peuple musulman à ces tables rondes".

5 C'est ce qu'il avait dit.

6 Question: Est-ce que vous pouvez vous arrêter ici un moment donné, s'il

7 vous plaît. Il vous a, par conséquent, demandé où se trouvait Mirza

8 Muhadzic et Racima Cero. Qui est cette deuxième personne? C'est une dame

9 ou un monsieur?

10 Réponse: C'est une dame. Elle était membre du parlement de Bosnie-

11 Herzégovine et elle venait de Sanski Most. Elle s'appelait Racima Cero.

12 Question: Et il vous a dit également qu'il allait vous installer dans un

13 village serbe. Est-ce que vous êtes allé quand même à Banja Luka d'abord?

14 Réponse: Oui, il m'a amené dans le bâtiment de l'assemblée ou du

15 gouvernement. Je ne suis pas sûr exactement. Mais c'est un bâtiment où se

16 trouvaient des autorités de la région autonome et peut-être également

17 d'autres organes, je ne sais pas, mais c'étaient les autorités de la

18 région autonome qui y siégeaient.

19 Question: Et au moment où vous étiez sur place, peu importe si elle

20 abritait le gouvernement ou le parlement, mais est-ce que vous avez

21 entendu qu'il y avait une conversation entre Kupresanin et quelqu'un

22 d'autre?

23 Réponse: Oui, il y avait une conversation que M. Kupresanin avait avec le

24 président Karadzic. C'est là où il avait répété pratiquement la même chose

25 qu'il avait dit à Omarska pendant qu'il était au téléphone et que j'ai

Page 4807

1 entendu. Il a dit qu'il m'avait amené et qu'il n'avait trouvé que moi-

2 même. Il a dit qu'il allait trouver des vêtements pour moi, qu'il allait

3 me trouver du travail, qu'il me donnerait de l'argent également.

4 Question: Et comment saviez-vous que, de l'autre côté, était M. Karadzic?

5 Réponse: Mais c'est Kupresanin qui a dit qu'il était en train de parler

6 avec Karadzic. De toute façon, on pouvait entendre cette voix de l'autre

7 côté.

8 Et il a dit d'ailleurs qu'il parlait avec le président mais cette voix

9 aiguë, je l'ai reconnue. Et il m'a dit également qu'éventuellement,

10 j'allais prendre des kilos. Il ne m'a pas dit la raison pour laquelle,

11 d'ailleurs, il fallait que je me sente un peu mieux. Il n'a pas voulu me

12 donner tous les détails et parler avec moi. Il m'a tout simplement parlé

13 d'une table ronde qui allait être organisée. C'est tout ce qu'il m'avait

14 dit.

15 Question: Et qu'est-ce que vous avez compris à partir de la conversation

16 qui a eu lieu entre les deux, quand il vous a dit qu'il n'avait trouvé

17 qu'un seul et que vous alliez participer à la table ronde? Qu'est-ce que

18 vous avez compris? Quel était le but de vous prendre d'Omarska?

19 Réponse: En ce qui me concerne, pour moi, il était évident qu'une fois que

20 les journalistes étrangers étaient rentrés à Omarska, Kupresanin était

21 venu après eux. Je ne sais pas quels étaient ses entretiens avec les

22 représentants de la direction du camp. Il m'a trouvé tout seul, il a

23 cherché d'autres personnes probablement. Il a demandé où se trouvaient

24 Mujadzic et Racema, par conséquent les personnes qui étaient membres du

25 Parlement de Bosnie-Herzégovine et qui provenaient de cette région.

Page 4808

1 Pour moi, il était logique qu'ils avaient un plan, un plan politique,

2 qu'ils voulaient profiter des personnes qui ont survécu et qui avaient

3 joué un rôle politique.

4 J'ai obtenu une information directe dans ce sens-là du chauffeur de

5 l'automobile auquel on avait ordonné de m'amener jusqu'à la maison de ma

6 sœur à Vrbanja. Et ce soldat s'est retourné vers moi et il m'a dit: "Mais

7 tu as raison d'avoir pris la décision d'être membre du Parlement serbe.

8 Mais ceci est dangereux, car les extrémistes musulmans peuvent

9 t'exécuter." (Fin de citation.)

10 Et moi, par conséquent, j'avais déjà supposé que ça se passerait un peu

11 comme ça, mais par la suite, il me l'a confirmé. Par conséquent, j'ai tiré

12 la conclusion que Kupresanin avait un ordre de rassembler les

13 fonctionnaires musulmans qui ont survécu, d'essayer de les utiliser sur le

14 plan politique, de les représenter comme membres du Parlement serbe qui

15 défendent les intérêts d'autres nationalités, donc au sein du Parlement

16 serbe, un certain nombre d'hommes politiques et qui, soi-disant,

17 représentent d'autres ethnies non serbes.

18 Question: Entendu. Est-ce que vous avez été emmené à Vrbanja? Est-ce que

19 c'est là que vous vous êtes installé?

20 Réponse: Oui, j'étais dans la maison de ma sœur et de mon beau-frère.

21 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire où se trouve Vrbanja? Est-ce

22 que sur le plan ethnique, c'était la population mixte qui y habitait?

23 Réponse: La partie centrale de Vrbanja, ou l'ensemble de Vrbanja on peut

24 dire, est une région qui était habitée par la population musulmane et en

25 partie par les Croates. Il n'y avait que les bords qui étaient habités par

Page 4809

1 les Serbes. Il s'agit de la banlieue de Banja Luka du côté est, si on se

2 réfère à la géographie.

3 Mme Korner (interprétation): Et à la lumière de ce que vous venez de

4 déposer devant cette Chambre, au sujet de Trnopolje et d'Omarska,

5 j'aimerais vous demander de bien vouloir jeter un coup d'oeil sur le

6 document 65ter322.

7 (Intervention de l'huissier.)

8 Cela a été rajouté après dans le classeur. Mademoiselle Karper m'a dit que

9 ce n'est pas dans le classeur qu'il a été rangé, mais précédemment.

10 M. le Président (interprétation): Est-ce qu'on peut mettre sur le

11 rétroprojecteur le document en question?

12 Mme Korner (interprétation): Certainement, on peut fournir une copie en

13 BCS et nous allons mettre sur le rétroprojecteur la version en anglais.

14 M. le Président (interprétation): Est-ce que la défense a une copie?

15 Nous avons tous le même problème parce que nous avons plusieurs jeux de

16 documents et nous ne pouvons pas prendre toute cette liasse de documents.

17 Est-ce que la défense accepte de poursuivre si elle ne dispose pas du

18 document?

19 M. Ostojic (interprétation): Mais, Monsieur le Président, nous aimerions

20 bien avoir le document?

21 (Les interprètes précisent qu'ils n'ont pas non plus le document.)

22 Mme Korner (interprétation): Je ne sais pas quand on va suspendre la

23 séance.

24 M. le Président (interprétation): On peut suspendre la séance.

25 Mme Korner (interprétation): Pendant la pause, je vais obtenir des

Page 4810

1 photocopies et je vais les distribuer à tous ceux qui en ont besoin.

2 M. le Président (interprétation): Nous allons reprendre à 17 heures 40.

3 (L'audience, suspendue à 17 heures 15, est reprise à 17 heures 44.)

4 M. le Président (interprétation): Bien. Je sais que le Procureur est

5 inquiet de ce que les documents ne soient pas perdus. Je pense que la

6 défense va pouvoir examiner ce classeur qui est intitulé: "Originaux pour

7 la Cour". Il contient des documents avec des signatures, pour utiliser un

8 terme neutre. La Chambre va demander au Procureur de veiller à ce que des

9 copies des documents, recto-verso, en couleurs, soient effectuées de telle

10 sorte que nous puissions les utiliser directement.

11 Les Juges ont décidé de ne pas entrer dans les détails de ce document

12 avant le 1er juillet pour des raisons évidentes.

13 Par conséquent, cela ne veut pas dire que les Juges n'insistent pas pour

14 faire appel à des témoins experts, à des graphologues, en particulier en

15 ce qui concerne les documents suivants: 64, 66, 68, 69, 71, 72, 75, 77,

16 78, 46, 81, 82, 85.

17 Si des observations supplémentaires doivent être faites par les parties,

18 nous espérons recevoir ces observations d'ici le début du mois de juillet.

19 S'il n'y a pas de clarification, il me semble indispensable pour la Cour

20 de faire appel à des experts.

21 Je vous demanderai donc de nous fournir des copies couleurs pour toutes

22 les parties.

23 Merci beaucoup.

24 Mme Korner (interprétation): Au cas où nous en arriverions à devoir faire

25 appel à des experts, je demanderais d'abord à ce que la défense nous

Page 4811

1 fournisse des exemples de documents olographes.

2 M. le Président (interprétation): Je propose d'en discuter plus tard.

3 Mme Korner (interprétation) Très rapidement, Monsieur Sejmenovic. Avant

4 d'en venir au document, je voudrais encore poser une question de

5 clarification.

6 Monsieur le Président, en ce qui concerne le témoin et le "videolink",

7 nous semblons nous souvenir que nous avions fixé une date.

8 M. le Président (interprétation): Non, il ne s'agissait pas de fixer une

9 date. Nous avons dit que ce serait bien si nous pouvions le faire à cette

10 date.

11 Bien sûr, nous allons devoir attendre jusqu'au mois de juillet avant de

12 fixer la date.

13 Mme Korner (interprétation): En fait, je pose la question parce qu'il faut

14 prévoir trois semaines, en gros, pour organiser cela. C'est pourquoi je

15 propose de fixer une date par défaut.

16 En fait, nous allons devoir discuter de la manière dont nous allons

17 pouvoir inclure ce témoin dans le procès Talic. C'est pourquoi nous

18 voudrions avoir une date.

19 M. le Président (interprétation): Merci pour cet éclaircissement.

20 Y a-t-il des observations de la part de la défense?

21 M. Ostojic (interprétation): Non, pas pour l'instant, mais concernant

22 d'autres remarques faites par la Cour, nous pourrions éventuellement avoir

23 des remarques à faire à l'avenir.

24 M. le Président (interprétation): Est-il nécessaire de prendre une

25 décision immédiate concernant le témoin, présent devant nous?

Page 4812

1 M. Ostojic (interprétation): Non, ce n'est pas le cas.

2 M. le Président (interprétation): Dans ce cas, je propose de continuer

3 avec l'interrogatoire.

4 Mme Korner (interprétation): Je pense que les Juges ont maintenant des

5 copies du document. Ce serait peut-être mieux si nous pouvions montrer la

6 version anglaise sur le rétroprojecteur. C'est un document assez long et

7 c'est pourquoi je vais en lire certains extraits.

8 C'est un document que nous devions lire en entier à un moment qui

9 conviendra à la Cour.

10 M. le Président (interprétation): Dans ce cas, je vous propose de tenir

11 compte du fait que nous avons deux langues officielles au Tribunal et

12 qu'il faudra également prévoir une traduction en français.

13 Mme Korner (interprétation): Oui, bien sûr, nous ferons une traduction en

14 français aussi rapidement que possible.

15 De plus, je voudrais dire que j'ai parlé avec le conseil du général Talic,

16 qui fera traduire certains documents et vérifiera la traduction.

17 M. le Président (interprétation): Voilà encore un autre exemple de

18 collaboration mutuelle en matière pénale.

19 Mme Korner (interprétation): Monsieur Sejmenovic, je voudrais que vous

20 examiniez ce document parce qu'ensuite, je vais vous poser des questions

21 sur la base de votre expérience.

22 C'est un document qui a été rédigé par le centre de sécurité des services

23 de sécurité à Banja Luka. Pardon, je me reprends. Il a été rédigé à la

24 demande du service du centre de sécurité. A sa demande, le poste de police

25 de Prijedor a émis ce document, ce rapport. La date du rapport est le 14

Page 4813

1 août 1992.

2 Le rapport commence avec une information générale sur le contexte et on

3 dit qu'il est nécessaire de dire que les 29 et 30 avril 1990, le SDS a

4 pris le contrôle de la municipalité et des alentours.

5 Et c'est à ce moment-là que la municipalité de Prijedor a été formellement

6 annexée à la région de Krajina, c'est-à-dire à la République serbe. Et ce

7 document nomme les régions qui étaient habitées par des Musulmans ainsi

8 que celles qui étaient habitées par des Musulmans et par des Croates.

9 Ensuite, il parle de la décision dans le paragraphe 2, à savoir que le

10 gouvernement de la région autonome de Krajina et le ministère de la

11 Défense de la République Serbe ont adopté une décision concernant les

12 unités paramilitaires, les groupes et les individus, et que ces groupes

13 sont appelés à désarmer les citoyens d'une manière pacifique et civilisée,

14 sans avoir recours à des mesures de représailles contre les personnes qui

15 remettent des armes.

16 Ensuite,…

17 Bon, je vais avancer.

18 On discute des négociations en cours et, au milieu du deuxième paragraphe,

19 ils donnent leur version de l'attaque, l'incident sur Hambarine. On parle

20 d'un groupe de soldats qui a été arrêté sans raison. A cette occasion, il

21 a fallu utiliser des armes, tuant trois personnes et blessant grièvement

22 deux soldats.

23 Après l'attaque, les extrémistes ont fui leurs maisons avec leurs armes.

24 Les résidents de Hambarine ont refusé de collaborer avec les autorités

25 civiles et militaires pour arrêter ces extrémistes.

Page 4814

1 Le rapport continue: "Etant donné que les habitants du village de

2 Hambarine ne respectent pas la décision du ministère de la Sécurité, et

3 refusent de collaborer avec les autorités légales de la République serbe,

4 refusent de remettre leurs armes, refusent de coopérer avec les autorités

5 légales concernant l'attaque contre les soldats et ont rejeté les demandes

6 de l'armée, la cellule de crise de la municipalité de Prijedor a décidé

7 d'intervenir militairement dans le village afin de désarmer ses habitants

8 et d'arrêter ceux qui avaient commis ce crime contre les soldats.

9 L'armée est intervenue, mais n'a pas trouvé d'attaquants. Elle a alors

10 pris le contrôle de la route Prijedor/Ljubija et a placé le village de

11 Hambarine sous son contrôle. Les extrémistes musulmans ont résisté, mais

12 l'armée n'a pas subi de perte.

13 Cependant, le 24 mai 1992, les extrémistes musulmans dans le village de

14 Jakupovici ont utilisé leurs armes pour attaquer une patrouille militaire

15 et ont blessé un soldat. Les soldats de Prijedor ont assisté la

16 patrouille, mais les extrémistes musulmans armés ont essayé de les arrêter

17 aux premières maisons musulmanes, à la limite de Prijedor. A cette

18 occasion, il y a eu un accrochage très sérieux entre l'armée et les

19 extrémistes musulmans dans la région de Kozarac. Les Musulmans ont refusé

20 de rendre leurs armes et, par conséquent, il est clair qu'ils se sont

21 préparés au conflit armé. Il apparaît clairement qu'ils se sont longtemps

22 préparés à un conflit armé.

23 Pendant les combats, l'armée a laissé un corridor libre pour tous les

24 civils qui voulaient se réfugier et s'enfuir et quitter la zone de conflit

25 armé, c'est-à-dire qu'ils ont laissé un passage pour tous ceux qui ne

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1 voulaient pas participer au combat contre l'armée de République serbe.

2 L'armée a organisé des abris pour ces citoyens, dans le village de

3 Trnopolje -dans l'école primaire, au centre social, dans un entrepôt, dans

4 les maisons des alentours-, afin de garantir leur sécurité. C'est ainsi

5 que le centre d'accueil de Trnopolje a été créé et c'est ainsi également

6 qu'il continue de travailler à ce jour.

7 Le nom même du centre explique sa nature. Le centre n'est pas entouré de

8 barbelés. Aucune enquête de la Croix-Rouge n'a été menée autour de

9 l'activité de ce centre."

10 Je voudrais m'arrêter ici. Tout d'abord, le centre n'est pas entouré de

11 barbelés: est-ce exact ou est-ce faux?

12 M. Sejmenovic (interprétation): Le centre était partiellement entouré de

13 barbelés. Une partie de… Il y avait en partie une barrière en métal et une

14 partie en barbelés. La clôture était métallique.

15 Question: Dans le film, nous avons vu que des gens étaient debout derrière

16 des barbelés. Est-ce que c'était la partie de la clôture qui était en

17 barbelés?

18 Réponse: Oui, c'est la partie de la clôture qui avait effectivement des

19 barbelés.

20 Auparavant, je ne sais pas si ces barbelés existaient déjà en telle

21 quantité avant la guerre, mais je sais qu'une partie des entrepôts

22 agricoles étaient entourée de barbelés. Il est possible que cette clôture

23 ait été rattachée à l'autre après. Mais je ne peux pas vous donner plus de

24 détails à ce sujet, tout simplement parce que je ne me suis jamais

25 vraiment approché de cette clôture, pas pendant la période dont je parle

Page 4816

1 maintenant.

2 Question: Aucune enquête n'a été effectuée par la Croix-Rouge?

3 Réponse: Pour autant que je sache, ce n'est pas vrai parce que moi, j'ai

4 été interrogé personnellement. Il y avait une petite salle qui était

5 attenante au bâtiment principal où les hommes étaient régulièrement

6 interrogés; certains y sont morts des suites des coups qu'ils avaient

7 subis.

8 Question: Et les gens qui étaient dans le camp en même temps que vous,

9 vous en ont-ils parlé directement de ces passages à tabac?

10 Réponse: Oui.

11 Question: L'armée protège le centre contre les attaques des extrémistes.

12 Comment est-ce que vous vous voyez le rôle de l'armée? Parce qu'on nous

13 parle de nids de mitrailleuses?

14 Réponse: L'armée montait la garde autour du camp et des nids de

15 mitrailleuses. Le camp était géré par les militaires. Ainsi que je l'ai

16 déjà dit, parfois je voyais des policiers qui venaient au camp dans leurs

17 uniformes bleus, mais ce n'était que rare.

18 En ce qui concerne ceux qui étaient là en permanence, qui emmenaient les

19 gens aux interrogatoires et qui gardaient le camp, tous ces gens-là

20 étaient des soldats.

21 Mme Korner (interprétation): Ce rapport semble dire que l'armée protégeait

22 les habitants du camp contre les attaques des extrémistes. Est-ce que cela

23 correspond bien à votre impression? Est-ce que...

24 M. Ostojic (interprétation): Objection, Votre Honneur.

25 Le témoin a déjà dit qu'il s'agissait d'un camp. Il a déjà dit ce qu'il

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1 pensait à ce sujet et la question est à la fois inappropriée et

2 incorrecte.

3 M. le Président (interprétation): Objection retenue.

4 Précédemment, j'ai déjà dit que ce type de questions devait être répondu

5 par le témoin… que le témoin ne pouvait pas répondre à ces questions parce

6 qu'il ne sait pas ce qui se passe dans la tête des gens qui ont écrit ces

7 documents.

8 Mme Korner (interprétation): Oui, en fait, je voulais juste poser la

9 question.

10 Est-ce que je peux poser la question? Est-ce que vous avez eu cette

11 impression, en oubliant ce que dit le rapport?

12 M. le Président (interprétation): Bien. Oui, c'est correct.

13 M. Ostojic (interprétation): Excusez-moi, mais il est un petit peu tard de

14 refermer la clôture une fois que le cheval s'est enfui. En fait, c'est une

15 farce de poser une question pareille. Le conseil a eu l'occasion de

16 demander ce qu'il pensait de ce qui se passait dans le camp de Trnopolje

17 et nous sommes déjà passés par là.

18 Nous avons maintenant un nouveau document, nous avons lu ce document et

19 comment est-ce que lui ou la Cour peut faire la différence entre ce qu'il

20 pensait à l'époque, après avoir lu le document?

21 Mme Korner (interprétation): Je ne voudrais pas perdre de temps, je vais

22 poursuivre.

23 M. le Président (interprétation): Oui, pour éviter cette discussion à

24 l'avenir, il faut que les deux parties comprennent que nous ne sommes pas

25 un jury. Il y a trois Juges ici. Et je me demande si vous ne seriez pas

Page 4818

1 intéressés de savoir quel est le résumé de ce que nous pouvons obtenir

2 comme éléments de preuve; je pense que vous pouvez compter sur nous pour

3 faire la différence pour bien faire attention aux détails.

4 Par conséquent, ainsi qu'il a déjà été fait par le passé, je pense que

5 tout le monde a droit à une deuxième chance et nous avons donné cette

6 deuxième chance.

7 Vous pouvez continuer, Madame Korner.

8 Mme Korner (interprétation): Je vais poursuivre, Monsieur le Président.

9 Voyons la phrase suivante: "Le nombre de citoyens dans le camp varie parce

10 que ceux qui veulent quitter le centre, à quelque moment que ce soit,

11 peuvent le faire, étant donné qu'il y a une voie ferrée juste à côté."

12 Est-ce que des gens ont véritablement quitté le camp en utilisant la voie

13 ferrée?

14 M. Sejmenovic (interprétation): Pas de leur plein gré, parce que c'est ce

15 qui est écrit ici et ce n'est pas vrai. Il y avait une procédure bien

16 spécifique pour l'établissement, l'organisation de trains.

17 En principe, ce n'étaient que les femmes et les enfants, mais, parfois,

18 des wagons vides étaient envoyés à la gare, parfois c'étaient des bus.

19 Mais, quoi qu'il en soit, les hommes ne pouvaient pas traverser la clôture

20 du camp de leur plein gré ou ne pouvaient pas satisfaire leurs besoins. Ce

21 n'est qu'à une étape ultérieure, après approbation des gardes et du

22 commandant du camp, que cela leur a été possible.

23 Question: Le rapport plus loin parle de 1.500 citoyens musulmans.

24 "Ils se sont organisés pour le logement et la nourriture, et ils

25 bénéficient de l'assistance de l'armée et de la Croix-Rouge".

Page 4819

1 Vous, pendant que vous étiez là, et d'après ce que vous avez compris en

2 étant sur place, comment est-ce que la nourriture et les logements étaient

3 organisés?

4 Réponse: Il n'y avait pas d'organisation du logement et de la nourriture.

5 Les gens étaient autorisés à dormir à l'intérieur du bâtiment de l'école,

6 du gymnase, de l'ancien cinéma et dans le pré autour du complexe. Cela,

7 c'était autorisé.

8 Plus tard, les gens ont été autorisés à organiser eux-mêmes leur

9 approvisionnement en nourriture. Des feux ont été allumés et utilisés pour

10 cuisiner. Et nous avions des chaudrons communs. Mais cette nourriture

11 n'était pas fournie par les autorités serbes, mais par des prisonniers qui

12 avaient eu l'autorisation de quitter le camp afin d'aller trouver du

13 bétail ou de la farine dans les maisons autour du camp et de ramener cette

14 nourriture autour du camp pour organiser la distribution de la nourriture.

15 Donc rien n'était organisé par le camp, si ce n'est des autorisations

16 temporaires de quitter le camp et d'aller chercher la nourriture dans les

17 maisons.

18 En ce qui concerne les soins médicaux, pendant que j'étais dans le camp,

19 je ne suis jamais allé à l'unité médicale parce que c'était dangereux pour

20 moi d'aller dans cette partie du camp, mais j'ai entendu dire que le

21 docteur que nous avons vu dans le film, et un autre vétérinaire, et puis

22 il y avait également le Dr Josip Pasic, qui essayaient de donner une aide

23 médicale aux gens. Dans quelle mesure et comment exactement? Je n'ai pas

24 pu le voir moi-même, mais je sais que cela existait.

25 Plus tard, la Croix-Rouge serbe a commencé à visiter le camp au départ de

Page 4820

1 Prijedor. A l'époque, je ne savais pas que la Croix-Rouge donnait de la

2 nourriture pour le camp. Pendant que j'étais là, les gens recevaient

3 toujours des permis pour aller dans leurs propres maisons, si ces maisons

4 se trouvaient à moins de 500 mètres du camp. Ainsi, ils pouvaient ramener

5 de la farine. J'ai vu cela, de mes yeux vu; j'ai vu que les gens étaient

6 autorisés à s'éloigner du camp de quelques centaines de mètres pour y

7 cueillir des légumes et ensuite les ramener au camp.

8 Mme Korner (interprétation): …

9 M. le Président (interprétation): Je dois dire que le témoin nous a déjà

10 donné une longue description de son expérience propre au camp. Les Juges

11 ne pensent pas que ce serait une valeur ajoutée d'entendre cela une fois

12 de plus. Nous ne pensons pas que cela ajoute quoi que ce soit à ce que

13 nous pouvons déjà lire dans ce document.

14 Selon nous, la comparaison peut être faite entre le document, d'une part,

15 et ce que nous avons déjà entendu de la bouche du témoin.

16 Mme Korner (interprétation): Votre Honneur, je vous comprends. J'allais

17 demander au témoin de poursuivre; je voulais juste lui poser une question.

18 Nous avons vu dans le film vidéo une personne qui semblait représenter la

19 Croix-Rouge, une infirmière qui était interviewée. Etait-elle membre de la

20 Croix-Rouge serbe ou de la Croix-Rouge internationale?

21 M. Sejmenovic (interprétation): Je pense qu'elle appartenait à la Croix-

22 Rouge de Serbie, de Prijedor, et qu'elle était d'ethnie serbe.

23 Question: Poursuivons. Il y a d'autres questions que je voudrais vous

24 poser. En fait, on a déjà dit qu'il y avait, dans l'unité médicale, une

25 équipe qui travaillait 24 heures sur 24 pour fournir des soins médicaux et

Page 4821

1 que les malades les plus graves étaient transportés vers le centre médical

2 de Prijedor ou vers Banja Luka. Et ensuite, il est dit que le centre

3 resterait encore ouvert pendant un certain temps.

4 Etant donné que le conflit armé a interrompu l'approvisionnement en

5 nourriture à cause des attaques des extrémistes, vous nous avez déjà dit

6 qu'il y en avait déjà 4.000 qui sont restés sur place. Est-ce que vous

7 pouvez nous dire quel était le nombre maximal dans le camp?

8 Réponse: C'est tout à fait absurde de parler de 4.000 hommes. Ici, on

9 parle de 4.000 hommes armés. Du point de vue militaire, il y avait

10 quelques centaines d'hommes qui étaient armés. Même si nous comptons ce

11 qui a été fait comme armes de fortune, armes de chasse, je ne crois

12 absolument pas qu'il y en avait plus d'un quart par rapport à ce que l'on

13 mentionne ici. Sur les 4.000, il y en avait donc quelques centaines. Moi,

14 je n'ai évidemment pas compté les armes.

15 Ce qui est logique, c'est de dire qu'il y avait très peu d'armes. Et moi,

16 j'ai une expérience sur le terrain où j'ai même été directeur à Omarska;

17 j'ai constaté que nous avions très peu d'armes et que cela ne faisait pas

18 l'objet de ses intérêts. (expurgé)

19 (expurgé)

20 (expurgé)

21 Mme Korner (interprétation): Alors examinons ce qui est dit par ailleurs.

22 "On a parlé donc d'environ 4.000 personnes et l'armée de la République

23 serbe… Un grand nombre de personnes ont été capturées au combat, c'est-à-

24 dire sur le territoire sur lequel des opérations de combat ont eu lieu,

25 malgré le fait que les extrémistes musulmans ont opposé une résistance

Page 4822

1 armée très forte. En fait, ces membres du groupe ethnique ont refusé de

2 lutter contre les forces serbes."

3 Est-ce que vous êtes au courant du fait que les Musulmans ont réglé des

4 comptes de manière relativement féroce avec d'autres Musulmans qui

5 refusaient de combattre?

6 M. Sejmenovic (interprétation): Bien au contraire, Monsieur le Président.

7 Comme je l'ai expliqué auparavant, nous avons proposé que toutes les

8 personnes en âge de faire leur service ou de servir militairement

9 rejoignent les forces armées; et des gens l'ont fait de manière

10 complètement volontaire et ont signé leurs noms délibérément. Ceux qui

11 n'ont pas signé n'étaient pas considérés comme faisant partie de la TO. Je

12 ne suis pas par ailleurs au courant que qui que ce soit ait exercé une

13 pression quelconque pour forcer d'autres personnes, pour forcer d'autres

14 personnes à rejoindre la TO, ou autre chose de la sorte.

15 M. le Président (interprétation): Je vais juste vous interrompre pour vous

16 demander de regarder la page 68, à la ligne 20, qui commence par le mot

17 "I"donc "je", jusqu'à la ligne 23: ceci, il faut l'ôter de la

18 transcription.

19 Mme Korner (interprétation): Je ne comprends pas ce que vous voulez dire?

20 M. le Président (interprétation): Je regardais la mauvaise partie du

21 document, excusez-moi.

22 M. Ostojic (interprétation): J'aimerais parler sur ce point, mais cela va

23 prendre quelque temps. Donc je voudrais qu'avant que nous ne continuions,

24 nous pourrions revenir à ceci, avant le début de nos discussions demain

25 matin, parce que cela prendra quelque temps pour que je puisse expliquer à

Page 4823

1 la Cour mon point de vue. Je crois qu'il vaut mieux que ceci soit fait en

2 dehors de la présence des témoins, si vous me le permettez, Monsieur le

3 Président.

4 M. le Président (interprétation): Etant donné vos requêtes précédentes,

5 nous pensons qu'il est nécessaire d'intervenir maintenant.

6 M. Ostojic (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

7 M. le Président (interprétation): Je crois que ceci peut être exigé.

8 Mme Korner (interprétation): Je suis intéressée de savoir, Monsieur le

9 Président, si en fait vous pouvez faire la même chose sous votre système

10 juridique. Je sais que c'est permis aux Etats-Unis, mais nous, nous ne

11 pouvons pas. Donc ce point de procédure m'intéresse.

12 Excusez-moi, Monsieur Sejmenovic. Donc on parlait du refus de lutter

13 contre les forces serbes -donc les représentants de l'armée et de la

14 police n'étaient pas prêts pour l'évolution de ces choses-, ainsi que le

15 problème d'offrir la sécurité et de les protéger: ce n'était pas le cas.

16 Donc l'unité de crise de la municipalité de Prijedor a décidé d'utiliser

17 les bâtiments de l'organisation de travail Keraterm pour y installer ceux

18 qui avaient été capturés, sous la surveillance des employés du poste de

19 sécurité de police de Prijedor et de la police militaire de Prijedor.

20 Donc ce poste de sécurité publique, ou poste de police de Prijedor, qui

21 était conscient des possibilités du personnel qu'ils avaient à offrir et

22 de la gravité du problème naissant a informé le centre de service de Banja

23 Luka ainsi que la commande du Corps de Banja Luka et a demandé d'obtenir

24 de l'aide de personnels spécialisés pour pouvoir gérer ceux qui avaient

25 été capturés. Donc le centre de service de Banja Luka ainsi que la

Page 4824

1 commande du Corps de Banja Luka sont devenus partie prenante, active dans

2 la résolution de cette situation. Ils ont envoyé un grand nombre de

3 professionnels qui avaient de l'expérience à Prijedor. Il y avait des

4 équipes mixtes, avec des membres des services de sécurité nationaux,

5 publics et militaires. Tout ceci a été établi en vue de réaliser la

6 gestion "opérative" des gens qui avaient été capturés.

7 Néanmoins, il y a eu les conflits armés qui se sont répandus dans d'autres

8 domaines de la municipalité et le nombre de personnes à capturer a

9 augmenté de manière inattendue. Il était évident qu'étant donné les

10 capacités limitées de ce bâtiment, ainsi que pour des raisons de sécurité,

11 il n'était pas opportun de continuer à garder des prisonniers dans ce

12 bâtiment.

13 C'est la raison pour laquelle l'unité de crise de la municipalité de

14 Prijedor a décidé que tous les détenus, de Keraterm à Prijedor, allaient

15 être transférés sur les lieux du bâtiment administratif et de l'atelier de

16 minerais de fer à Omarska. Il y avait des équipes mixtes de personnels

17 opérationnels qui continueraient le processus. C'est la raison pour

18 laquelle cette facilité a reçu le titre de Centre d'investigation

19 d'Omarska pour les prisonniers. Le bâtiment a été placé sous la

20 surveillance de la police et de l'armée.

21 Monsieur Sejmenovic, je m'interromps ici un instant.

22 Pendant votre séjour à Omarska, pendant que vous étiez dans la maison de

23 verre et ailleurs, est-ce que vous avez rencontré des gens qui avaient été

24 capturés? Est-ce que vous avez rencontré des gens qui avaient été capturés

25 au combat, c'est-à-dire pendant un conflit armé?

Page 4825

1 M. Sejmenovic (interprétation): Non.

2 Question: Sur la base de cette même décision, la (inaudible) a été mise

3 sous surveillance de la police et de l'armée. Donc les policiers étaient

4 dès lors responsables de la tâche d'assurer la sécurité, alors que l'armée

5 était responsable de la sécurité générale, en délimitant deux cercles,

6 ainsi qu'en plaçant des mines le long des routes de fuite potentielle des

7 prisonniers. Certaines pièces à Omarska avaient des facilités, avaient de

8 l'eau et avaient des toilettes, ainsi que des lavabos ainsi qu'un mess, et

9 une grande pièce où les détenus pouvaient dormir, ainsi qu'un nombre de

10 pièces où ceux-ci étaient traités.

11 Monsieur Sejmenovic, est-ce que la maison de verre avait de l'eau?

12 Réponse: Non. La maison de verre ou la serre n'était pas équipée avec de

13 l'eau. Donc ce qu'on appelle le centre d'eau, qui était à la jonction

14 entre le restaurant et la maison de verre, et les bâtiments administratifs

15 avaient de l'eau, avaient des robinets au rez-de-chaussée; c'est un

16 endroit utilisé par les ouvriers pour se laver les mains et pour boire.

17 Cette pièce était adjacente au restaurant et c'était d'ailleurs comme ça

18 que c'était avant la guerre.

19 En ce qui concerne la disposition des bâtiments à côté, il n'y avait rien

20 de la sorte. Il n'y avait que des hangars dans lesquels ils réparaient les

21 gros camions, mais il n'y avait pas d'eau potable.

22 Question: Alors, ensuite, on parle du mess, ainsi que de grandes pièces

23 dans lesquelles les détenus pouvaient dormir.

24 Alors, mis à part l'organisation du logement et du placement de

25 sentinelles ou de gardes, aucune modification n'a été apportée aux lieux

Page 4826

1 tels qu'ils étaient. Donc il n'y avait pas de fils barbelés ou de

2 changement dans l'organisation des pièces.

3 Donc il y avait des soins médicaux qui étaient assurés, de la nourriture

4 qui était préparée donc dans la mine de minerais de fer d'Omarska et

5 distribuée au restaurant à travers un système de self-service, par du

6 personnel qui était là, par des mineurs qui restaient pour entretenir ou

7 faire marcher les lieux. Donc la même décision de l'unité de crise déclare

8 que la facilité du bâtiment Prijedor serait utilisé exclusivement comme un

9 camp de transit et seulement pour protéger ceux qui étaient là, puisque

10 ceci ne pouvait être fait pour assurer la sécurité publique à Prijedor et

11 à cause du nombre limité de (inaudible).

12 Maintenant, sur la base de la décision à laquelle on a fait référence au-

13 dessus, sur le 27 mai 1992, tous les prisonniers de guerre ont été

14 transférés à Omarska et de nouveaux y ont été amenés, qu'ils aient été

15 capturés au combat ou qu'ils aient été gardés sur base des résultats de la

16 gestion de ces prisonniers, du traitement de ces prisonniers.

17 Après ceci, le personnel "opératif" a séparé toutes les personnes qui

18 arrivaient à Omarska en trois catégories, selon le degré de responsabilité

19 personnelle dans la rébellion armée.

20 Première catégorie: les personnes suspectées d'avoir commis les crimes les

21 plus graves et qui ont directement organisé ou participé à la rébellion

22 armée.

23 Deuxième catégorie: les personnes soupçonnées d'organiser ou de financer

24 la rébellion armée.

25 Troisième catégorie: les personnes qui n'étaient pas intéressantes du

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1 point de vue sécurité, mais qui ont été capturées parce que celles-ci se

2 trouvaient dans des zones de combat, bien qu'au cours de l'investigation,

3 il ait été établi que ces personnes étaient obligées de rester dans la

4 zone par des extrémistes. Pareillement, cette catégorie comprend ceux pour

5 lesquels il n'y avait pas de preuves substantielles qu'ils aient participé

6 à la rébellion armée, de quelque manière que ce soit.

7 Monsieur Sejmenovic, dans quelles catégories ont été classées les

8 personnes que vous avez rencontrées?

9 Réponse: Voulez-vous dire les personnes dans la maison de verre ou

10 n'importe qui dans le camp?

11 Question: Non, je parlais des personnes dans la maison de verre.

12 Réponse: Je ne sais pas qui était dans quelle catégorie.

13 Je ne l'ai d'ailleurs pas appris de mes contacts avec ces personnes: si

14 eux savaient dans quelles catégories ils se trouvaient, ce n'étaient que

15 les autorités du camp et les inspecteurs qui ont interrogé ces personnes

16 qui décidaient dans quelle catégorie les mettre et qui savaient. Si tant

17 est qu'il y avait de telles catégories.

18 Question: La question n'était pas assez claire; c'est ma faute. Je la

19 reformule.

20 Est-ce que, parmi les personnes que vous avez rencontrées, quiconque a

21 admis qu'ils avaient quelle que chose que ce soit à voir avec une

22 rébellion armée?

23 Réponse: Non, non.

24 Question: Avez-vous rencontré quelqu'un qui ait admis qu'il avait

25 organisé, assisté ou financé l'armement de non-Serbes?

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1 Réponse: J'ai vu des individus qui étaient membres de la Défense

2 territoriale, que je connaissais de visu; j'ai vu plusieurs de ces

3 personnes.

4 Question: La troisième catégorie, selon les Serbes, étaient ceux qui

5 étaient capturés parce qu'ils se trouvaient dans une zone de combat, telle

6 qu'il l'appelle.

7 Combien de personnes que vous avez rencontrées tombaient dans cette

8 catégorie?

9 Réponse: Je peux seulement dire encore une fois que nous ne pouvions pas

10 identifier qui appartenait à quelle catégorie. Mais je peux vous dire que

11 j'ai reconnu plusieurs personnes à différents endroits de la municipalité,

12 y compris des jeunes et des personnes âgées. Je vous parle de la région de

13 Kozarac et de Marini. Il n'y avait plus personne qui restait là; ils

14 étaient soit à Omarska, Trnopolje ou Keraterm; dans l'un de ces trois

15 camps. Donc tous les représentants de la population mâle était dans l'un

16 de ces trois endroits.

17 Question: Est-ce que qui que ce soit a été obligé, pendant que vous étiez

18 là, à rester là, alors qu'il voulait partir, par des Musulmans?

19 Réponse: Non, Non.

20 Il n'y avait personne qui aurait pu les forcer à partir, même s'ils

21 l'avaient voulu: les militaires serbes entraient dans la zone, arrêtaient

22 des gens ou disaient à des gens qu'il fallait aller à Trnopolje ou qu'on

23 allait les tuer.

24 Question: Je vous interromps encore une fois. Excusez-moi, je me suis

25 trompée.

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1 Ce que je vous demande, ce n'est pas si les gens voulaient partir, mais

2 s'ils étaient forcés de rester dans la zone de Kozarac, par exemple, par

3 des membres des TO musulmans, donc des citoyens ordinaires, à l'époque de

4 l'attaque?

5 Réponse: Non, absolument pas. Les gens étaient forcés de quitter la zone

6 par les militaires serbes.

7 Mme Korner (interprétation): Je termine: "Et d'après les documents

8 disponibles, les dossiers qui ont été gardés à Omarska du 27 mai au 16

9 août 1992, un total de 3.334 personnes ont été amenées au centre

10 d'investigation, parmi lesquelles il y avait 3.187 Musulmans, 125 Croates,

11 11 Serbes, 1 autre, 28 personnes de moins de 18 ans, 68 personnes de plus

12 de 60 ans, 2.920 personnes entre 18 et 60 ans, 3.297 personnes de sexe

13 masculin et 37 personnes de sexe féminin.

14 Durant leur séjour au centre d'investigation, 2 personnes musulmanes sont

15 mortes de cause naturelle et, durant la période du 27 mai au 16 août 1992,

16 un total de 49 personnes a quitté le centre de manière inconnue et dans

17 une direction inconnue.

18 Au cours du 27 mai 1992 jusqu'au 16 août 1992 au centre, on avait traité

19 au total 3.334 personnes dont 1.773 ont été transférées à Trnopolje, alors

20 que 1.331 ont été transférées à Manjaca, et ceci, avec les documents qui

21 les ont accompagnés sur le niveau de la responsabilité parce qu'ils

22 avaient participé à la rébellion armée."

23 Ensuite, donc, on continue de parler des enquêtes qui ont été poursuivies.

24 Et puis sous le II, vous avez: "Déplacement de citoyens de la région de la

25 municipalité de Prijedor".

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1 Je cite: "En vertu des connaissances opérationnelles au niveau du poste de

2 police de Prijedor et sur la base de ce que l'on a pu apprendre

3 publiquement, on suppose que la région de la municipalité de Prijedor a

4 été abandonnée par 4.000 à 5.000 personnes, en général de nationalité

5 musulmane.

6 Le poste de police ne dispose pas de toutes les données, mais on considère

7 qu'il s'agissait des groupes qui faisaient partie des membres de familles

8 des extrémistes qui ont participé dans les combats armés avec les Serbes.

9 C'est la raison pour laquelle ils ont évacué leurs membres en dehors du

10 territoire où la guerre faisait rage."

11 Et c'est là que nous allons nous arrêter.

12 Monsieur Sejmenovic, est-ce que vous étiez au courant de ces gens-là qui

13 quittaient l'endroit, qui quittaient également les familles parce que la

14 guerre était en préparation et qu'il s'agissait des familles non serbes?

15 Réponse: Non, pas du tout.

16 Question: Merci. Et ensuite -je cite-: "Depuis le début des conflits armés

17 dans la région de la municipalité jusqu'à aujourd'hui, la région de la

18 municipalité, selon les données qui n'ont pas été confirmées, a été

19 abandonnée par environ 20.000 citoyens de tous âges, hommes, femmes, de

20 nationalité musulmane, croate, mais également serbe, et autres peuples."

21 Et je vais continuer: "Pour ce groupe de personnes, on ne dispose pas de

22 documents, étant donné qu'ils utilisaient souvent les voitures ou les

23 chemins de fer pour se rendre en direction de Doboj.

24 En date du 16 août 1992, le poste de police de Prijedor, sur la demande

25 des citoyens, on avait porté sur les registres que 13.180 personnes ont

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1 quitté le territoire, et ceci en vertu de la réglementation en vigueur.

2 Il s'agit d'un groupe de personnes qui ont quitté la région de la

3 municipalité en demandant donc de porter sur les registres qu'ils avaient

4 changé de domicile, et avec l'aide des organisations religieuses et

5 militaires, ont demandé à quitter les lieux en direction de la Slovénie et

6 d'autres pays occidentaux.

7 Le poste de police ne sait pas ce que ces personnes feront avec leurs

8 biens mobiliers et immobiliers et, dans ce sens-là, il faut préciser que

9 le poste de police va tout faire pour mettre en application toute demande

10 qui serait issue des autorités compétentes de la Republika Srpska, et en

11 vertu de ses droits, de ses obligations et dans le cadre de ses

12 compétences.

13 Dans la région de la municipalité de Prijedor, ou plus particulièrement

14 dans le village de Trnopolje, il y a 280 familles de municipalités serbes

15 qui sont arrivées dans la région de Cazin Krajina et actuellement, on est

16 en train de voir la possibilité d'héberger 400 familles de nationalité

17 serbe qui sont arrivées de Zenica."

18 Et enfin, le III: "Activités du poste de police".

19 "Les ouvriers du poste de police de Prijedor, de nationalité serbe, ont

20 pris le contrôle les 29 et 30 avril 1992 et ont pris le contrôle sur les

21 bâtiments vitaux dans la région et dans la municipalité.

22 Une fois que le conflit armé s'est déclenché, les employés du poste de

23 police qui se sont trouvés sur place, ont poursuivi leurs activités. Il

24 faut constater également que les 11 employés d'active et de réserve ont

25 perdu leur vie; 38 ont été blessés.

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1 Par la suite, il ne faut pas oublier non plus que le poste de police a eu

2 un certain nombre de personnels qui ont participé au ratissage du terrain.

3 L'ennemi opère encore dans le cadre de la municipalité." (Fin de

4 citation.)

5 Je vais m'arrêter ici. Je ne pense pas qu'il soit indispensable de

6 poursuivre la lecture du texte. Ce que je tiens à préciser tout

7 simplement, c'est que c'est Simo Drljaca qui a signé le rapport en

8 question.

9 Monsieur le Président, je vais vous demander de verser au dossier ce

10 rapport. Y a-t-il des objections?

11 M. Ostojic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

12 très franchement parlant, sur la base de ce que le témoin a témoigné et ce

13 qui a été expurgé en partie, moi, je considère que toutes ces expurgations

14 me paraissent importantes, étant donné que le témoin a dit que tout ce qui

15 a été expurgé n'est pas du tout pertinent.

16 C'est la raison pour laquelle je ne pense pas qu'il soit indispensable de

17 verser au dossier l'intégralité du texte.

18 M. le Président (interprétation): A condition que le Procureur nous

19 remette l'original et la copie en couleurs de la page 9 en BCS, à ce

20 moment-là, nous allons accepter ce document comme versé au dossier,

21 version anglaise S152, version en BCS S152B, donc 152A en anglais et 152B

22 en BCS.

23 Mme Korner (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

24 Monsieur le Président, je vais demander de montrer le document, un autre

25 document au témoin. Il s'agit du document 365, toujours dans le cadre de

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1 65ter.

2 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous pouvez nous dire dans

3 quel classeur on peut trouver ce document?

4 Mme Korner (interprétation): Dans le grand classeur.

5 M. le Président (interprétation): Il s'agit de 365, 363, 367.

6 Mme Korner (interprétation): Entendu.

7 M. le Président (interprétation): On peut éventuellement passer à une

8 autre question.

9 Mais on vient de me dire que le document que nous avons déjà vu est S90.

10 Par conséquent, il s'agit de la liste n°2, S90.

11 Veuillez poursuivre.

12 Mme Korner (interprétation): Monsieur Sejmenovic, quand vous regardez ce

13 document, il s'agit d'un rapport, d'un rapport du conseil de la défense de

14 Prijedor et de l'assemblée municipale, la réunion du 29 septembre, signé

15 par Milomir Stakic. De toute façon, c'est un document que nous avons déjà

16 lu.

17 Et ce qui m'intéresse, c'est le point n°2 de l'ordre du jour.

18 Je cite: "Le conseil de défense nationale se charge de toutes les

19 obligations concernant l'arrivée des personnes de Trnopolje, et ceci en

20 vertu de la liste qui nous a été remise par la Croix-Rouge.

21 On charge le poste de police d'escorter le convoi alors que le secrétariat

22 chargé de l'économie et du service social assurera le combustible.

23 On suggère également à la Croix-Rouge de clôturer Trnopolje, étant donné

24 que ce centre n'aura plus besoin d'exister." (Fin de citation.)

25 Monsieur Sejmenovic, vous n'étiez pas à Omarska à cette époque-là, si je

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1 ne m'abuse. Est-ce que vous avez entendu parler du fait que le camp à

2 Trnopolje, à Omarska, allait être fermé, démantelé?

3 M. le Président (interprétation): Excusez-moi, mais je n'ai pas vu ce que

4 vous avez lu.

5 Mme Korner (interprétation): Il s'agissait de Trnopolje, n'est-ce pas?

6 M. le Président (interprétation): Oui, effectivement. Il est indispensable

7 de mettre au clair un certain point.

8 Mme Korner (interprétation): Je vais revenir en arrière. Je vais tout

9 simplement préciser ce que j'ai déjà dit auparavant, que le président

10 était le Dr Stakic et que M. Savanovic et le Dr Kovacevic ont assisté à

11 cette réunion. Il y avait également Radmilo Zeljaja, Slavko Budimir, Bosko

12 Mandic, Ranko Travar, Simo Drljaca et Milenko Rajlic.

13 Pour ce qui concerne l'ordre du jour, il y avait donc l'information sur

14 les activités à l'avenir et également les conclusions concernant le centre

15 d'accueil de Trnopolje.

16 Monsieur Sejmenovic, est-ce que vous avez entendu parler que Trnopolje

17 allait être démantelée? Je vais reformuler ma question: est-ce que vous

18 saviez qu'un très grand nombre de personnes devaient quitter le camp?

19 M. Sejmenovic (interprétation): Pour ce qui concerne la période qui a été

20 signalée, le 29 septembre 1992, je n'avais pas de telles informations.

21 Pendant que j'étais à Trnopolje, comme je l'ai déjà précisé, il y avait un

22 certain nombre d'explications sur la base desquelles on aurait pu

23 comprendre que Trnopolje aurait pu être démantelée, mais une fois que je

24 suis arrivé à Banja Luka, je n'avais aucune information. Je ne savais même

25 pas ce qui se passait à Trnopolje.

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1 Question: Je vais demander demain à revenir sur un certain nombre de

2 documents. Mais ce que j'aimerais maintenant vous poser comme question,

3 c'est de savoir ce qui s'est passé avec vous une fois que vous avez quitté

4 Omarska. Vous nous avez dit que vous vous étiez rendu à Vrbanja et, si je

5 ne m'abuse, vous avez dit également que vous étiez dans la maison de votre

6 sœur. Est-ce que je vous ai bien compris?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Et je pense que vous avez passé à cet endroit-là quelques jours.

9 Est-ce que vous y avez revu M. Kupresanin?

10 Réponse: Oui, j'ai été emmené par M. Kupresanin à Vrbanja, un officier et

11 un soldat qui était chauffeur et moi-même. Ils ont d'abord voulu

12 s'entretenir avec ma sœur et mon beau-frère; ensuite, ils m'ont laissé

13 dans leur maison. Ils ont donc interrogé ma sœur et mon beau-frère.

14 Ensuite, ils sont partis et moi, je suis resté chez ma sœur. Et, à ma

15 connaissance, ils sont revenus à trois reprises pour m'amener jusqu'à

16 Banja Luka.

17 Question: Et pourriez-vous nous dire quand vous avez vu M. Kupresanin

18 après? Combien de temps après?

19 Réponse: Il y a d'abord les soldats qui sont venus me voir. Ils m'ont

20 emmené jusqu'à Kupresanin, dans le bâtiment du gouvernement. C'est là que

21 j'ai eu encore une fois un entretien avec Kupresanin. Et puis, il y avait

22 à quelques autres reprises également que ça s'est répété: ils sont venus

23 me chercher, puis m'ont ramené encore de nouveau dans la maison de ma

24 sœur.

25 Question: Moi, je vous voudrais vous poser la question au sujet d'une

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1 question particulière.

2 Excusez-moi, je vais recommencer. Quel était l'objectif? Pourquoi vous

3 ont-ils emmené chez M. Kupresanin à plusieurs reprises, dans le bâtiment

4 de la mairie?

5 Réponse: La première fois, Kupresanin a demandé que je me mette en contact

6 par téléphone avec les représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à

7 savoir avec les autorités à Sarajevo et, notamment, avec les représentants

8 de l'autorité à Tuzla. Il a essayé de me persuader -et là, je dois dire

9 qu'il ne m'a véritablement maltraité sur le plan physique-, mais il m'a

10 demandé d'appeler les représentants des autorités à Tuzla et il m'a

11 expliqué qu'ils essayaient de se mettre en contact avec ces autorités,

12 mais que, de l'autre côté, on raccroche, on ne voulait pas leur parler.

13 C'est la raison pour laquelle il m'a demandé de leur parler.

14 Il voulait se mettre d'accord avec eux pour un approvisionnement en

15 électricité, en passant par Tuzla. Ça, c'est la première fois. Une

16 deuxième fois, ils m'ont emmené pour me donner de l'aide sous forme de

17 nourriture, de vivres. La troisième fois, on était venu me chercher parce

18 qu'il fallait que je rencontre le Dr Radovan Karadzic qui, ce jour-là,

19 s'était rendu à Banja Luka; on m'avait expliqué qu'il était indispensable

20 également que je rencontre Cyrus Vance et Lord Carrington.

21 Question: Entendu, mais c'est justement cela qui m'intéresse: cette

22 occasion-là.

23 Ils vous ont emmené. Est-ce qu'ils vous ont dit que vous deviez rencontrer

24 Karadzic, Vance et Carrington?

25 Réponse: Oui, Kupresanin et quelques officiers se sont rendus à Bosanska

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1 Vrbanja. Kupresanin m'a dit que j'avais peu de temps pour me préparer. Il

2 m'a dit qu'il faudrait que je me rase, que je change les vêtements que

3 j'avais sur moi. Et il m'a dit -je cite-: "Tu vas rencontrer le Président

4 Karadzic, tu va avoir l'occasion de discuter avec lui et, après cela, tu

5 vas peut-être rencontrer quelques autres personnes." (Fin de citation.)

6 Je ne me souviens pas qu'il avait dit à cette époque-là que j'allais

7 rencontrer Vance et Carrington, mais je sais qu'à la radio, j'ai pu

8 entendre qu'il y avait une mission de très haut niveau qui s'était rendue

9 à cette époque-là à Banja Luka.

10 Question: Entendu. Et au moment où vous êtes arrivé dans le bâtiment de

11 l'assemblée municipale, ou dans la mairie, il y avait beaucoup d'hommes

12 qui se trouvaient dans le bâtiment, n'est-ce pas?

13 Réponse: Oui, il y en avait beaucoup parce que je me souviens que j'étais

14 dans le hall. Je pense que j'étais au deuxième ou au premier étage; je ne

15 suis pas tout à fait sûr. A un moment donné, on est resté dans le hall. Et

16 puis, tout à coup, il y avait des gens qui arrivaient; puis, au bout de

17 vingt minutes, peut-être un peu moins, il y avait un grand nombre de

18 personnes qui se trouvaient dans cette partie du bâtiment. Il y avait les

19 officiers, des civils, j'ai vu également des hommes politiques que je

20 connaissais du parlement, j'ai vu un certain nombre de députés également.

21 Moi, j'étais à côté de Kupresanin et puis, j'ai attendu de voir comment

22 cela allait se terminer, comment cela allait évoluer.

23 Question: Vous avez dit qu'il y avait un certain nombre d'hommes

24 politiques et que vous avez reconnu des députés également, que vous

25 connaissiez auparavant du parlement. Est-ce que vous avez rencontré un

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1 certain nombre d'hommes politiques de la région de Prijedor?

2 Réponse: Oui, j'ai vu un monsieur qui répondait au nom de Srdo Srdic,

3 député au Parlement de Bosnie-Herzégovine pendant que ce parlement

4 fonctionnait encore.

5 Par la suite, j'ai vu le Dr Stakic qui est arrivé après Srdic, une dizaine

6 de minutes plus tard.

7 Question: Et où est-ce que vous avez vu le Dr Stakic?

8 Réponse: Il est monté, il était venu dans le hall. Il a monté les

9 escaliers et il est venu vers moi; il s'est approché de moi. Il a vu

10 également M. Srdic. Je pense qu'il n'a pas échangé beaucoup de mots avec

11 lui, mais de toute façon, il l'a salué. Ensuite, il est parti un peu plus

12 loin dans le couloir. Il est resté un certain temps et puis il est parti.

13 Question: Vous venez de dire qu'il avait aperçu M. Srdic? Y avait-il des

14 conversations entre M. Stakic et Srdic à ce moment-là?

15 Réponse: Non. Stakic et Srdic n'ont pas parlé à ce moment-là. Ils se sont

16 salués, puis M. Stakic s'est éloigné. Srdic est resté sur place. De temps

17 à autre, Srdic s'approchait d'un groupe ou de l'autre et puis, à un moment

18 donné, il est parti.

19 Je dois dire qu'à ce moment-là, il y avait une discussion très animée pour

20 ne pas dire qu'il y avait une dispute. Il y avait un certain nombre de

21 personnes qui insultaient et proféraient des injures au sujet de Karadzic,

22 et Srdic était parmi eux parce qu'il avait considéré qu'il avait donné le

23 pouvoir aux présidents des assemblées. Il avait dissolu la région autonome

24 et s'est plaint auprès de Kupresanin de la situation qui régnait à

25 Prijedor. Il a dit que des hommes de Stakic ont fait un certain nombre de

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1 choses pour lesquelles il n'y a pas eu d'accord. Il a parlé d'un certain

2 nombre de bus et il a dit qu'il n'en était pas responsable.

3 Et à un moment donné, il s'est approché de moi, il m'a tiré par la main,

4 il m'a demandé: "Mevludin, est-ce que tu peux confirmer que je m'étais

5 rendu à un moment ou un autre à Omarska ou à Trnopolje?".

6 Ensuite, il a rajouté: "Je ne veux pas être responsable de quoi que ce

7 soit, je n'ai strictement rien à voir avec ces bus".

8 Question: Est-ce que vous pouvez vous arrêter ici? Est-ce que vous savez

9 de quel genre et pourquoi il a parlé de bus? Qu'est-ce que c'est que cette

10 histoire de bus?

11 Réponse: A cette époque-là, je ne savais pas. Je pense qu'il avait parlé

12 de Vlasic à ce moment-là, mais à ce moment-là, je ne savais pas de quoi il

13 parlait. Mais étant donné qu'il s'agissait de Prijedor et que de moi-même,

14 de mes propres yeux, j'ai vu un certain nombre d'évacuations, je sentais

15 qu'il y avait quelque chose qui se passait avec ces convois, avec ces

16 transports.

17 Je n'ai appris que le lendemain matin, ou quelques jours plus tard, ce qui

18 s'était passé. C'est la presse internationale qui avait déjà publié qu'il

19 y avait des massacres qui ont eu lieu dans la zone de Vlasic et j'ai mis

20 la corrélation entre ce que Srdic avait dit et ce que j'ai lu. C'est la

21 raison pour laquelle j'ai compris pourquoi il avait réagi comme il avait

22 réagi.

23 Question: Vous avez dit qu'il avait critiqué, qu'il a donc avancé des

24 critiques à l'égard de Karadzic ou qu'il y en avait plusieurs également

25 qui ont critiqué Karadzic, mais que Srdic était parmi ceux dont on

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1 entendait le plus la voix. Mais pourquoi il reprochait à Karadzic… Qu'est-

2 ce qu'il avait dit Karadzic?

3 Réponse: Srdic a proféré des injures sur la mère de Karadzic. Il a dit que

4 Karadzic a donné tout le pouvoir aux maires. Et eux font ce qu'ils

5 veulent.

6 Ensuite, il avait dit que Karadzic a dissolu les régions et que le seul

7 pouvoir sur le terrain était concentré dans les mains des maires, des

8 présidents des assemblées municipales. Il a parlé également des maisons

9 qui ont été incendiées à Cela et il a dit que ça n'a pas été connu

10 auparavant.

11 Il a parlé des maisons qui ont été incendiées à Ljubija, il a parlé de

12 Ravci et de Zune. Je pense que c'étaient des villages croates. Et puis, il

13 se plaignait de Stakic et d'un certain nombre de ses hommes. C'est ce

14 qu'il disait. Il n'était pas content non plus parce qu'il paraît que des

15 hommes de Stakic ont incendié sa maison qu'il avait à côté de la mairie.

16 Mme Korner (interprétation): Oui, entendu.

17 Monsieur le Président, je viens de voir quelle heure il est. Je pense

18 qu'il faut peut-être suspendre la séance.

19 M. le Président (interprétation): Mais nous ne pouvons pas conclure encore

20 le débat sans vous dire quelle est la décision de la Chambre d'instance.

21 Nous avons devant nous le témoin qui est dans le prétoire depuis quatre

22 jours. C'est son quatrième jour. On avait dit au témoin qu'il n'allait pas

23 dépasser les quatre heures. C'est la raison pour laquelle il me semble

24 qu'il faut axer notre attention sur ce qui est le principal dans cette

25 affaire. Les délais sont importants et le temps compte.

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1 C'est la raison pour laquelle je vais vous demander de mener à terme

2 l'interrogatoire principal. Je vous accorde au plus 90 minutes encore au

3 cours de la journée de demain.

4 Et ensuite, Me Ostojic a demandé également de commencer son contre-

5 interrogatoire.

6 De toute façon, nous n'allons pas commencer avec les discussions, nous

7 avons 90 minutes qui sont à notre disposition. Je pense que, du point de

8 vue du témoin également, lui, ne peut continuer à témoigner pendant des

9 jours entiers comme ça. Il est indispensable également de ne pas

10 introduire tous ces documents en passant par les documents, mais plutôt

11 d'entendre de la bouche du témoin ce qu'il a vécu lui-même.

12 Mme Korner (interprétation): Monsieur le Président, je vous ai posé la

13 question, juste pour savoir si je pouvais éventuellement discuter sur un

14 certain nombre de points, comme Me Ostojic l'avait demandé, avant que le

15 témoin se rende dans le prétoire. Je pense que ceci est indispensable pour

16 qu'on puisse discuter avec vous. Le témoin pourrait peut-être quitter le

17 prétoire et ensuite, nous pourrons poursuivre notre conversation.

18 M. le Président (interprétation): De toute façon, nous venons de prendre

19 une décision. Nous devons terminer le plus tôt possible et on ne peut plus

20 parler de ce qui a déjà été discuté et décidé par la Chambre d'instance.

21 Reprise demain à 14 heures 15.

22 (L'audience est levée à 18 heures 59.)

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