Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Mardi 17 septembre 2002.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 34.)

3 (Audience publique)

4 (Déposition relative à l'Article 71.)

5 (M. le Juge Fassi Fihri est absent.)

6 M. le Président (interprétation): Puisqu'il n'y a pas de doute qui reste,

7 je dois souligner dès le début que, encore une fois, notre procédure de ce

8 jour suit le Réglement concernant les Règles de preuve en vertu de

9 l'Article 71 du Règlement, en vertu de l'Article 15bis de l'ordonnance du

10 11 septembre 2002, compte tenu du fait que le Juge Fassi Fihri est

11 toujours souffrant.

12 Hier, nous étions arrivés à un point où le témoin avait bien voulu donner

13 lecture d'une partie des notes qu'il avait prises il y a longtemps.

14 Et maintenant, si vous voulez bien, Madame la Greffière d'audience, nous

15 appeler la cause.

16 Mme Dahuron (interprétation): Bonjour. C'est l'affaire IT-97-24-T, le

17 Procureur contre Milomir Stakic.

18 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. Les parties sont

19 représentées par?

20 M. Koumjian (interprétation): Pour l'accusation Nicholas Koumjian et Ruth

21 Karper pour le Bureau du Procureur.

22 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. Et pour la défense?

23 M. Lukic (interprétation): Bonjour Monsieur le Président. Branko Lukic,

24 John Ostojic et Danilo Cirkovic pour la défense.

25 M. le Président (interprétation): Avez-vous des objections à ce que l'on

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1 commence tout de suite? Non.

2 (Interrogatoire principal du témoin, M. Edward Vulliamy, par M.

3 Koumjian.)

4 M. Koumjian (interprétation): Je vous remercie beaucoup d'avoir lu ces

5 notes de votre entretien avec le Dr Kovacevic. Est-ce que vous avez achevé

6 la lecture de ces notes? Bien, je vous remercie.

7 Nous avons noté que plusieurs points que vous avez évoqués… Est-ce que

8 ceci veut dire que vous ne pouviez pas lire certains mots que vous avez

9 écrits il y a six ans?

10 M. Vulliamy (interprétation): Dans les circonstances d'hier, et le fait

11 même que j'ai bégayé -je vous prie de m'en excuser-, je n'étais pas en

12 mesure de reconnaître certains mots au rythme auquel je souhaitais lire

13 ces notes, parce que je n'ai pas vu mes notes depuis plusieurs années, et

14 je ne savais pas qu'elles seraient présentées à ce moment-là. Il y avait

15 également d'autres éléments qui me troublaient que je peux expliquer,

16 notamment sur les pages elles-mêmes.

17 Il y avait quelque chose de malheureux dans le documentaire tel qu'il se

18 présentait hier.

19 Question: Pourriez-vous expliquer?

20 Réponse: Oui, je vais le faire si je suis autorisé à le faire. Je vais

21 certainement être autorisé à répondre à toute question à ce sujet et tout

22 ce qui puisse aider la Chambre, mais je ne savais pas que je devais avoir

23 à lire. Certainement je m'y tiens, mais lorsqu'on m'a demandé par

24 téléphone il y a quelques temps de les faire déclasser par une Chambre

25 précédente, on m'avait garanti que toute adresse et numéro de téléphone

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1 seraient supprimés. C'est de ma faute de ne pas avoir remarqué et c'est de

2 ma faute de ne pas avoir dit immédiatement, lorsque j'ai regardé les

3 documents hier, qu'il y avait une adresse importante qui n'avait pas été

4 supprimée.

5 Question: Par la suite nous entrerons en huis clos.

6 Réponse: Il y a un certain nombre d'autres choses également qui m'ont gêné

7 pendant l'audience.

8 Question: Vous avez indiqué que vous n'avez pas écrit les questions. Est-

9 ce que vous avez essayé de faire une transcription de la conversation?

10 Est-ce que c'étaient des notes que vous preniez pendant une conversation

11 pour essayer de prendre l'essentiel?

12 Réponse: Ce n'est pas une transcription mot à mot de ce que j'ai entendu.

13 Vous savez, la sténo permet de prendre environ 150 mots à la minute, ce

14 qui est plus rapide que la vitesse de la plupart des gens. Une dizaine de

15 mots est une moyenne, je peux en écrire à peu près 90; donc ce n'est pas

16 une transcription mot à mot de ce qui est dit.

17 Question: Et ce que vous entendiez, c'était ce que l'interprète vous

18 disait? Vous ne compreniez pas vous-même la langue de celui qui vous

19 parlait?

20 Réponse: Oui, absolument. C'est effectivement des notes sur une

21 interprétation, et la pratique normale est de les revoir avec

22 l'interprète, ce que nous avons fait en cette circonstance. Il y avait

23 également un autre collègue qui prenait des notes.

24 Question: C'était M. Cohen du "Times"?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Plus tard, dans la journée, est-ce que vous avez interviewé le

2 Dr Stakic?

3 Réponse: Oui, je l'ai fait.

4 Question: Où est-ce que cette interview a eu lieu?

5 Réponse: J'ai compris que c'était dans le bureau, enfin son bureau d'un

6 centre de santé de jour à Prijedor.

7 Question: Qui était présent au moment de l'interview de M. Stakic?

8 Réponse: Mon collègue, M. Stakic, et puis l'interprète et un autre homme

9 qui nous a été présenté au cours de l'entretien comme étant M. Kondic, qui

10 a été présenté comme son adjoint du centre médical, et ensuite, par la

11 suite, comme son avocat, son conseil.

12 Question: Pourriez-vous nous dire d'après vos souvenirs,

13 approximativement, l'heure de la journée où cette interview a eu lieu?

14 Réponse: Le soir.

15 Question: Pourriez-vous nous donner une vague estimation de la durée de la

16 conversation avec le Dr Stakic dans son bureau?

17 Réponse: Cela n'a pas été aussi long qu'avec le Dr Kovacevic, je dirai que

18 cela a été entre une heure, une heure et demie maximum.

19 Question: Au cours de cette conversation, est-ce que le Dr Stakic a dit

20 quelles étaient ses fonctions actuelles? Ou est-ce que, lorsqu'il y a eu

21 une communication avant que vous le voyiez, vous avez pu savoir quel était

22 le poste qu'il occupait en 1996?

23 Réponse: Oui. Il avait été précédemment maire, cela je le savais. Mais

24 oui, il y a eu une conversation concernant sa candidature pour devenir

25 maire à nouveau pour le parti SDS.

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1 M. Koumjian (interprétation): Je vous remercie. Je voudrais maintenant

2 vous demander de bien vouloir lire les notes que vous avez prises lors de

3 votre entretien avec le Dr Stakic. Et si l'on pouvait les fournir

4 maintenant. Et, là encore, peut-être avant que nous ne commencions, peut-

5 être pourriez-vous jeter un coup d'œil à ces notes pour voir s'il y a quoi

6 que ce soit de confidentiel que vous ne voulez pas voir révéler

7 maintenant?

8 M. le Président (interprétation): Suivant la procédure établie hier, nous

9 allons continuer avec les documents, les cotes DP6, en commençant avec la

10 première page par DP6-1.

11 Est-ce que l'huissier pourrait, pendant la lecture des documents, indiquer

12 quelle est la page qui va être lue?

13 (Intervention de l'huissier.)

14 M. Vulliamy (interprétation): Bon, ces notes, cela va bien, on peut les

15 distribuer.

16 M. le Président (interprétation): Donc elles ne sont pas contestées.

17 Pourriez-vous indiquer à l'huissier si c'est le bon feuillet du bon côté

18 pour commencer?

19 M. Vulliamy (interprétation): Oui, c'est cela.

20 M. le Président (interprétation): Donc DP, on peut en donner lecture

21 maintenant, DP6-1.

22 M. Vulliamy (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

23 Tout en haut de la page, il y a "Stakic", quelques lignes qui, je crois,

24 ne lui sont pas attribuables. Elles sont au-dessus d'une ligne, son nom

25 figure en dessous, donc je crois que cela ne le concerne pas.

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1 M. Koumjian (interprétation): Excusez-moi d'interrompre. Est-ce que je

2 pourrais vous demander, lorsque vous donnez lecture comme vous venez de le

3 faire maintenant, d'indiquer s'il y a eu d'autres personnes qui ont pris

4 la parole que le Dr Stakic, de façon à ce qu'on puisse savoir qui prend la

5 parole? Il s'agit essentiellement de ce que le Dr Stakic a dit.

6 M. Vulliamy (interprétation): Oui, certainement. Evidemment, s'il y a un

7 problème quelconque, j'espère que les membres de la Chambre voudront bien

8 me le dire. Le nom "Stakic" tout en haut de la page, ensuite il y a

9 quelqu'un d'autre qui parle, semble-t-il.

10 Puis, il est parti d'ici en 19… on dirait 83; c'est une brève période.

11 Flèche avec un bref… notre candidat… quelque chose pour la famille croate.

12 Une ligne STK IC avec une flèche qui va vers le texte plus bas. Le Dr

13 Stakic parle maintenant: "J'espère que la paix durera. Je peux parler de

14 mon travail ici et du manque de médicaments. Entrer en politique en 1990,

15 essayer de trouver une solution pour les médecins ayant une pratique

16 privée. C'est le moment où j'ai commencé à faire de la politique dans

17 l'ex-Yougoslavie… excusez-moi. Dans l'ex-Yougoslavie, il n'y avait pas de

18 possibilité pour les médecins d'avoir une pratique privée. Ce qui s'est

19 passé par la suite, je n'ai rien eu à voir avec cela. C'est pour cela que

20 je suis revenu. Je suis toujours membre du parlement local; j'ai vu que je

21 ne pouvais pas travailler des deux côtés, donc j'ai démissionné. Je ne

22 pouvais pas faire mon travail et exercer ces fonctions".

23 Dans la marge "parfois comme bouledogue", ce n'est pas M. Stakic qui

24 parle.

25 Il y a une question qui se pose et je n'arrive pas à la lire, quelque

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1 chose comme "objection" ou "objectif"?

2 Lorsque quelque chose comme "directeur" ou "direction" reviendra ici…

3 reviendra sur le thème du manque de médicaments, organisations

4 humanitaires venant ici qui apporteront des médicaments. Je suis candidat

5 pour devenir maire de la ville. Ce territoire est très intéressant parce

6 que M. Roy Gutman a eu un prix Pulitzer. Il a été ici plusieurs fois. Nous

7 avons pris un verre ensemble et il est parti et a écrit beaucoup de

8 mensonges sur ce qui se passait ici. Il a été payé. Il était payé pour le

9 faire.

10 Note en marge: ce n'est pas M. Stakic qui parle. Il bouge dans sa… il se

11 retourne dans sa chaise, abîmé dans ses pensées.

12 Travaillait, recevait des médicaments. Flèche: une flèche implique

13 normalement… -ce n'est pas là le Dr Stakic qui parle, c'est moi-, une

14 flèche d'habitude concerne mon collègue qui était à ma droite.

15 Ne voulait pas… ne pourrait pas… (illisible)…, les médicaments… 150

16 kilomètres au lieu de cela 60.

17 Au cours de ce siècle, trois guerres ont eu lieu. Les deux guerres

18 mondiales, il y a eu deux guerres mondiales, mais il y avait en plus une

19 guerre civile qui s'est déroulée ici. Si l'Occident démocratique veut

20 réellement la paix dans ces territoires, il doit accepter cet état de

21 chose aujourd'hui. Une Bosnie en deux unités indépendantes… si les Serbes

22 avec 500.000 expulsés de Croatie, de nombreux Serbes de là…

23 (illisible)…qui ont perdu leur territoire, et ils ont accepté l'effort.

24 C'est la seule véritable solution: la Bosnie, la Tchécoslovaquie, Chypre.

25 Si nous… -verso de la page-, si nous ne pouvons pas vivre comme des

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1 frères, nous pouvons vivre en bons voisins. Si nous avons reconnu la

2 Bosnie avec des cantons en 1991, nous aurions manqué la guerre.

3 Maintenant, après la guerre, nous ne pouvons pas revenir en arrière.

4 Notation en marge "mal à l'aise".

5 En tant que médecin, j'ai vu de nombreux blessés. Des personnes qui ont

6 été tuées auxquelles manquaient des parties de leur corps, je ne peux pas

7 dire que des problèmes aient été résolus par la guerre. Nous avons vu à la

8 télévision la Fédération musulmane croate Alija Izetbegovic. Chaque

9 Musulman devrait avoir une arme à feu. Maintenant nous avons une paix qui

10 est signée et il dit: "Ceci est la première partie. Je n'ai pas peur, je

11 n'ai pas peur mais nous attendons une réaction de l'Occident démocratique.

12 Alija Izetbegovic n'a pas encore été déclaré criminel de guerre".

13 Si vous aviez Alija sur le même niveau que notre Président, il devrait

14 être accusé. Si notre Président est accusé (barré) Alija devrait être

15 accusé avant que le Président le soit car il était un président d'Etat.

16 Karadzic était le Président du parti SDS, il est beaucoup plus

17 responsable. Un million et demi de Serbes. Flèche vers la droite.

18 C'est le même sentiment que si les Etats-Unis s'étaient disloqués et s'il

19 avait fallu vivre dans un autre Etat.

20 J'ai vu, et je m'attends à ce que l'Occident réagisse, mais j'ai vu ce qui

21 s'est passé. J'ai vu ce qui se passait. C'était la même chose que pendant

22 la Deuxième Guerre mondiale: il y avait des bombes, ils avaient des

23 avions, ils ont obtenu des avions. Mon arrière-grand-père mobilisé par

24 l'empire austro-hongrois était envoyé en Serbie pour attaquer la Serbie

25 avec Tito… (illisible) avoir des Serbes ou avoir les Serbes, il y avait

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1 d'abord une opposition puis ils sont entrés en Serbie. Ils ont voulu s'y

2 opposer mais ils sont ensuite entrés en Serbie… (illisible)… du côté

3 anglais. Il a vécu et est venu vivre ici. Il est mort en 1981 et c'est

4 seulement en 1941 que mon grand-père faisait partie des partisans. Il n'a

5 pas été tué.

6 (Le témoin interrompt sa lecture.)

7 Ceci est la fin du document DP6-3, suit maintenant "-3".

8 (Le témoin reprend sa lecture.)

9 Maintenant, à nouveau dans la guerre, mon père était contre les Musulmans

10 et les Croates qui ont fait plus de mal aux Serbes que les Allemands avec

11 la protection du NDH. Lorsque les gens ont vu le drapeau croate en 1991,

12 le même drapeau était celui des Oustachi, et les discours de Franjo

13 Tudjman, ça a rappelé la Croatie de la Deuxième Guerre mondiale. Les

14 Serbes ont été expulsés dans leur constitution.

15 La police et les soldats ont été… (illisible)…, sur le territoire serbe.

16 La question pour nous est de savoir si les Serbes doivent rester à genoux

17 ou retourner une deuxième fois à Jasenovac. Si cela doit être, si cela

18 doit se passer, la communauté internationale a établi de nouvelles

19 frontières et c'est de cette façon que nous voulons avoir la paix.

20 Dayton est en train d'agir pour que la Bosnie, l’Amérique, la France

21 réfléchissent à la politique. La guerre a commencé en Croatie, la réaction

22 n'était pas trop forte, tout ce que nous voulions faire, c'était de vivre

23 de la façon dont nous avions toujours vécu. Flèche en direction de la

24 droite.

25 Il y a eu des photos de Serbes dans des camps musulmans.

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1 En tant que journaliste, vous devriez aller sur place. Elles n'ont jamais

2 été recueillies… Omarska…

3 M. Koumjian (interprétation): Si vous voulez bien qu'on arrête là… Cette

4 dernière phrase commençant avec "des photos de Serbes dans des camps

5 musulmans". Savez-vous à quoi il se référait, d'après le contexte, dans

6 l'ensemble de la conversation et des questions?

7 M. Vulliamy (interprétation): Oui, nous lui avons demandé de poser des

8 questions au sujet d'Omarska et concernant les photos, plus

9 particulièrement les images vues à la télévision.

10 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous voulez ajouter quelque

11 chose dans ce contexte? Vous pouvez le faire.

12 M. Vulliamy (interprétation): Oui, je vous remercie, Monsieur le Juge.

13 Donc, c'est à ce point qu'on lui a posé des questions à lui et son

14 collègue au sujet d'Omarska, et une conversation s'ensuit, en particulier

15 à propos des images des camps vues à la télévision.

16 M. le Président (interprétation): Vous avez plusieurs fois mentionné ses

17 amis et vous avez qualifié cela en étant neutre. Pourriez-vous essayer,

18 d'après vos souvenirs, de nous dire quelle était la fonction ou la qualité

19 de ces amis? Uniquement si vous en êtes parfaitement certain.

20 M. Vulliamy (interprétation): Eh bien, je suis heureux de répondre à votre

21 question. J'étais moi-même un peu dans le doute. Au début, on nous l'avait

22 présenté comme étant l'adjoint du Dr Stakic pour ce qui est du centre

23 médical. Mais comme je l'ai noté plus tard dans mes notes, je crois que,

24 plus tard, il a été présenté comme étant son avocat. Et après encore cela

25 -ceci est faire un saut en avant mais je voudrais répondre clairement à

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1 votre question- quelqu'un a dit qu'en fait ceci n'était vrai, ni l'un ni

2 l'autre n'était vrai, et que cet homme faisait partie des forces de police

3 ou de sécurité.

4 M. le Président (interprétation): Je pose la question maintenant parce

5 que, dans une certaine mesure, il est important de savoir, lorsque vous

6 avez pris ces notes à ce moment-là, à cette époque-là, quelle impression

7 aviez-vous: ami, avocat, adjoint?

8 M. Vulliamy (interprétation): A ce stade où j'ai pris les notes, il est

9 pour moi l'adjoint du centre médical.

10 M. le Président (interprétation): Je vous remercie de cet éclaircissement.

11 Monsieur Koumjian, vous pouvez poursuivre.

12 (Le témoin reprend sa lecture.)

13 M. Vulliamy (interprétation): Merci.

14 Il y a eu des images de Serbes dans les camps musulmans. En tant que

15 journaliste, il faut que vous alliez sur place. Elles n'ont jamais été

16 réunies. A Omarska, il y avait seulement des procédures d'interrogatoire

17 pour un certain nombre de Musulmans. Et lorsqu'ils ont créé une nouvelle

18 prison, c'était quand les Musulmans avaient des armes illégalement au

19 cours de la guerre dans cette région.

20 (Le témoin interrompt sa lecture.)

21 Est-ce que je peux m'interrompre ici, un instant?

22 Conformément à votre demande, Monsieur Koumjian, il y a eu une question

23 qui avait été posée

24 M. Ostojic (inteprétation): Excusez-moi, Monsieur le Président, j'objecte

25 en fait à la procédure. Si une question a été posée, il peut y répondre.

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1 On lui demande d'abord de lire ses notes et ensuite, le Bureau du

2 Procureur peut certainement demander s'il y a des incompatibilités ou des

3 incohérences ou des choses qui ne sont pas claires parce que, très

4 franchement, le dernier commentaire de M. Koumjian n'est pas cohérent avec

5 les notes dactylographiques que nous avons reçues. Et je crois qu'il

6 vaudrait mieux, pour que nous ayons un compte rendu très clair, dire que

7 nous avons eu la totalité des notes telles qu'il peut les appeler ou

8 telles qu'il peur les lire, et que nous puissions ensuite revenir sur la

9 question.

10 Je crois que cela permettrait d'avoir un compte rendu plus clair lorsqu'on

11 y reviendra, parce qu'il y a des points critiques, des points essentiels

12 qui se posent. On peut les lire et ensuite revenir dessus et poser des

13 questions pour voir s'il y avait ou non des incohérences.

14 M. le Président (interprétation): Certes, c'est la façon la plus

15 appropriée de procéder. Mais veuillez regarder, s'il vous plaît, la page

16 10, ligne 22, où il est dit: "Si je peux m'interrompre un instant…"; je

17 crois que c'est au témoin, lorsqu'il cite ses premières notes, ses notes

18 personnelles, qu'il puisse s'interrompre pour donner des explications

19 supplémentaires.

20 Veuillez poursuivre, s'il vous plaît, Monsieur le Témoin.

21 Je crois que nous devons nous abstenir d'interrompre le témoin quand il

22 lit ses notes. Néanmoins, chaque fois que vous aurez des commentaires

23 spontanés, des souvenirs qui vous reviennent spontanément, veuillez ne pas

24 hésiter à nous dire ce qui vous revient en mémoire lorsque vous lisez ces

25 documents.

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1 M. Vulliamy (interprétation): Je vais essayer de satisfaire tout le monde

2 et de mentionner clairement si j'ai des commentaires à faire. Et là, c'est

3 moi qui parle. Par exemple, autant que je m'en souvienne, il y a une

4 question concernant le sujet de Jasenovac, du camp de Jasenovac en

5 contraste avec le camp d'Omarska.

6 A présent, je vais reprendre la lecture du document.

7 (Le témoin reprend sa lecture.)

8 La comparaison n'est pas bonne. Les Musulmans à Omarska avaient de la

9 nourriture, des soins, il ne s'agissait pas d'un hôtel. Mais la

10 comparaison avec un camp de concentration n'est pas correcte. Ce n'était

11 pas un camp de concentration. Omarska n'était pas un camp de

12 concentration.

13 M. le Président (interprétation): DP6-4.

14 M. Vulliamy (interprétation): "Les Orthodoxes sont l'esprit du monde."

15 Il y a deux lignes écrites par quelqu'un d'autre "pravoslavlje".

16 M. Koumjian (interprétation): Est-ce que vous pourriez indiquer sur le

17 rétroprojecteur les deux lignes auxquelles vous faites référence qui

18 auraient été rédigées par quelqu'un d'autre?

19 (Le témoin s'exécute.)

20 M. Vulliamy (interprétation): Il s'agit des lignes suivantes.

21 Question: Vous voyez donc la partie qui est encadrée en haut, à gauche du

22 document?

23 Réponse: Autant que je m'en souvienne, il s'agit de M. Kondic.

24 (Le témoin reprend sa lecture.)

25 L'adjoint pour ce qui est du centre médical "pravoslavlje", "Kravo in

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1 Slavan" (phon).

2 Les Serbes ont recours aux extrêmes, seulement lorsque leur liberté est

3 menacée. Mais une cassette… il s'agit de la dernière cassette que j'ai

4 achetée lorsque j'étais étudiant. Et il joue avec une cassette… flèche

5 vers le bas… Nashville Skyline.

6 C'est moi qui parle, sur le côté en marge, une flèche qui pointe vers le

7 bas.

8 Le texte se poursuit en dehors de la page, donc ces notes ne sont peut-

9 être pas complètes, c'est moi qui parle.

10 Ce n'est pas présent… (illisible), les Serbes voulaient… (illisible),

11 libres. Malheureusement, ils ont appris à défendre… c'est hors de la page…

12 la liberté.

13 Même si… (hors de la page)… Jasenovac, vous, (hors de la page), ne pouvez

14 pas imaginer les Serbes… (hors de la page), la liberté est dans l'heure…

15 (hors de la page), psychologie. La liberté est sacrée pour les Serbes.

16 Egalement notre orthodoxe (barré)… les Serbes ne sont pas des extrémistes.

17 Question: Je vous interromps une seconde. Ce paragraphe que vous avez lu,

18 il s'agit de ce qui figure à droite de la page? Est-ce que vous savez qui

19 parlait à ce moment-là?

20 Réponse: Il s'agissait de M. Kondic et non pas de M. Stakic.

21 M. Koumjian (interprétation): Je vous remercie. Est-ce que vous pourriez

22 dire maintenant qui parle?

23 M. Vulliamy (interprétation): Je reviens à M. Stakic sur la page suivante,

24 sur la page principale.

25 Je poursuis la lecture.

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1 (Le témoin reprend sa lecture.)

2 290 patients, 15.107 nouveaux patients, les enfants n'ont pas… (illisible)

3 dans les écoles. Ils n'ont pas de livre après l'école, ils ne peuvent rien

4 faire d'autre. Que pouvons-nous faire avec les enfants en bas âge? Que

5 devrions-nous faire avec eux?

6 Si nous n'avons pas 70% de nos besoins des équipements médicaux couverts,

7 que se passera-t-il?

8 Les sanctions sont toujours là ou… (illisible)…. Notre économie ne

9 fonctionne pas correctement, 15 à 30%, et je peux citer le proverbe

10 chinois qui dit "ne jamais perdre espoir". Nous pouvons essayer de vivre

11 et de travailler. Le 21, mardi 21, la plupart ne travaille pas, nous

12 pouvons seulement nous défendre, personne ne peut nous empêcher de nous

13 défendre, si l'Occident autorise le fait que l'on soit attaqué… (flèche

14 pointée vers la droite).

15 En ce moment, le poste de maire de la ville est vacant. Le SDS a le droit

16 d'avoir un candidat, (barré). Nous avons appris à l'empire allemand

17 comment manger avec une cuillère et, à présent, nous devons apprendre et

18 ils doivent nous apprendre ce qui concerne la démocratie. Le parti

19 socialiste et la Republika Srpska (illisible) ce sont des partis

20 indépendants.

21 M. le Président (interprétation): DP6/5.

22 (Le témoin reprend sa lecture.)

23 M. Vulliamy (interprétation): Quelque chose… c'est illisible. C'était un

24 succès que d'être près de Sarajevo. Stakic: "Les Serbes n'ont pas peur,

25 Jasenovac est sacré pour nous, Tudjman veut mettre en place un monument

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1 pour les victimes croates, que ce soit les mêmes choses pour les victimes

2 et les assassins.

3 Un jour viendra où nous pourrons vaincre dans cette région.

4 (Le témoin interrompt sa lecture.)

5 C'est la fin du texte, j'en reviens en haut de la page.

6 (Le témoin reprend sa lecture.)

7 Dans la marge, un homme: il n'est pas possible de résoudre ce problème

8 sans les Serbes.

9 Nous serons plus lents, mais les Serbes peuvent attendre. Il est

10 nécessaire d'attendre pour la liberté et de se battre pour la liberté.

11 Nous avons utilisé tous les moyens démocratiques possibles pour préserver

12 cette liberté, mais c'était impossible. Si l'on passait un peu plus de

13 temps, si vous passiez un peu plus de temps avec nous, ce serait clair

14 pour vous que les Serbes n'ont pas commencé cette guerre et tous ces

15 massacres dans les camps.

16 M. Koumjian (interprétation): Je m'excuse de vous interrompre de nouveau.

17 Ce passage que vous avez lu dans la marge "il n'est pas possible de

18 résoudre ce problème", etc. Qui a prononcé ces paroles?

19 M. Vulliamy (interprétation): Il ne s'agissait pas du Dr Stakic mais de

20 Kondic.

21 M. Koumjian (interprétation): Veuillez poursuivre la lecture, s'il vous

22 plaît.

23 M. Vulliamy (interprétation): Très bien. Nous allons en revenir au corps

24 du texte. C'est le Dr Stakic qui parle.

25 (Le témoin reprend sa lecture.)

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1 L'effort (illisible) quelque chose dans ce territoire ou dans ces

2 territoires, c'est (illisible) nous (illisible) lorsque les Serbes ont

3 combattu pendant quatre ans et qu'il n'y a pas (illisible), il n'y a pas

4 de Serbes de Krajina, il n'y a pas de Serbes de Bosnie ou de Serbes de

5 Serbie, seulement des Serbes. Karadzic pense seulement aux Serbes.

6 Spécialisation en physiothérapie interrompue à cause de la guerre. Je vais

7 terminer maintenant pendant la guerre. J'ai eu une offre en

8 neuropsychiatrie non pas comme Karadzic, parce que les gens ont commencé à

9 faire de la politique.

10 M. le Président (interprétation): DP6/6.

11 (Le témoin reprend sa lecture.)

12 (Lecture du haut du document.)

13 M. Vulliamy (interprétation): Nouvelle page. Il a dit que les Serbes

14 étaient des fous. Ce n'est pas une bonne idée. Syndrome du Vietnam. C'est

15 son avocat, flèche vers la droite, si l'effort (illisible) nous ne voulons

16 pas aller à Sarajevo. Sarajevo ne me manque pas.

17 Si nous devons ou si nous avons la place, laissons-les revenir, mais nous

18 devons d'abord installer les Serbes.

19 Lorsqu'un homme fait du feu… -la photocopie n'est pas bonne, je n'arrive

20 pas à lire, c'est illisible-. Ce n'est pas pour les gens, c'est… cela

21 signifie autre chose. Nous ne pensons pas que Prijedor soit différente des

22 autres villes, parce qu'Izetbegovic fait… Vinko Kondic, flèche tournée

23 vers une partie encadrée, Kondic parle: "Vous devez demander à Izetbegovic

24 pourquoi. Izetbegovic donne une image négative de Prijedor, c'est pour

25 cela qu'il veut gagner. Il a reçu des conseils de la part de quelqu'un".

Page 8025

1 (Le témoin interrompt sa lecture.)

2 C'est moi qui parle, j'en reviens au corps du texte, c'est le Dr Stakic

3 qui parle.

4 (Le témoin reprend sa lecture.)

5 C'est illisible. La même permission pour crédit de l'Occident. Nous allons

6 faire un nouveau Petrovac, "a new Drvar". Il y a neuf centres de

7 réception, 2.000 réfugiés. Ils n'avaient pas de foyer, de maison, avec un

8 toit sur leur tête… les Serbes d'Omarska lorsque les bombardements de

9 l'OTAN… (illisible)… l'OTAN… flèche… a bombardé cette région, 15 à 18

10 réfugiés dans une maison.

11 M. le Président (interprétation): DP6-7.

12 (Le témoin reprend sa lecture.)

13 M. Vulliamy (interprétation): Pensez-vous que nous ne souffrons pas dans

14 ce village de Kozarac? Nous avons trouvé 3.500 armes automatiques: à qui

15 étaient-elles destinées? C'est très clair, il est manifeste que ces

16 pistolets étaient destinés aux Serbes et non pas pour chasser les Serbes,

17 ni pour chasser des animaux.

18 Il y avait une liste du parti SDA, une liste de ceux qui ont reçu des

19 permis de port d'armes (illisible) nombre d'unités militaires. DB, police

20 de la sécurité d'Etat.

21 M. le Président (interprétation): Je vous remercie de nous avoir lu ces

22 notes.

23 M. Vulliamy (interprétation): Je vous en prie.

24 (La lecture du document par le témoin est terminée.)

25 M. Koumjian (interprétation): Un instant, je vous prie.

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1 Permettez-moi de vous demander, Monsieur Vulliamy, est-ce que vous avez

2 demandé à M. Stakic ce qui s'était passé pour les maisons que vous avez vu

3 incendier le long de la route de Kozarac?

4 M. Vulliamy (interprétation): Je ne lui ai pas demandé, mais je pense que

5 mes collègues lui ont demandé ce qui s'était passé s'agissant de ces

6 maisons le long de la route de Kozarac et dans la ville de Kozarac.

7 Question: Lorsque vous avez dit à un moment donné, 100312, est-ce que,

8 lorsque vous avez parlé des bombardements de l'OTAN, est-ce que vous savez

9 dans quel contexte le Dr Stakic a dit cela?

10 Réponse: Je ne m'en souviens pas. Je pense que nous parlions des

11 bombardements de septembre 1995.

12 Question: Est-ce que, à l'époque, vous lui avez posé des questions

13 concernant le bombardement des maisons le long de la route menant à

14 Kozarac?

15 Réponse: Oui, peut-être, mais je ne m'en souviens pas.

16 Question: Est-ce que vous pourriez examiner de nouveau vos notes?

17 Je pense que cela figure sur le document marqué DP6-6, les trois dernières

18 lignes.

19 Réponse: Le texte n'est pas complet. La phrase n'est pas complète. Il

20 s'agit simplement de notes prises au cours de la conversation. Cela

21 précède le passage concernant Kozarac. Il y a une question qui a été

22 posée, peut-être que la question était: est-ce que vous ressentez de la

23 souffrance? Mais cela ne figure pas sur les notes que j'ai devant moi.

24 Mais la conversation concernant Kozarac suit immédiatement la discussion

25 que nous avons eue concernant les bombardements de l'OTAN.

Page 8027

1 Question: Il y a donc un lien entre ces deux questions dans la

2 conversation?

3 Vous avez indiqué que le Dr Stakic avait dit à un moment que la télévision

4 montrait des images de prisonniers serbes dans les camps musulmans, et que

5 c'est dans ce contexte que s'est passée votre visite à Omarska?

6 Réponse: Oui. Il n'y a aucun doute à ce sujet, nous parlions des images

7 qui ont été prises au camp d'Omarska au cours de ma visite.

8 Question: Est-ce que vous vous êtes présenté au Dr Stakic en 1996 en tant

9 que l'un des journalistes présents dans le camp d'Omarska en 1992?

10 Réponse: Non.

11 Question: Vous avez dit que vous aviez rendu visite au Dr Stakic dans la

12 soirée. Est-ce que vous vous souvenez si le Dr Stakic a fait des remarques

13 concernant ce moment de la journée?

14 Réponse: Oui. Mon collègue et moi-même en avons parlé après, lorsque nous

15 sommes partis, parce qu'il nous a dit quelque chose du genre: "Oui c'est

16 très courageux de votre part de venir à cette heure de la journée".

17 Question: Et qui a fait cette remarque?

18 Réponse: Le Dr Stakic. Je pense que Monsieur Kondic a fait une remarque

19 également mais je pense que les deux hommes nous ont dit qu'il était temps

20 pour nous de partir.

21 M. Koumjian (interprétation): Je vous remercie.

22 Je souhaiterais à présent que nous passions un extrait, une séquence vidéo

23 qui remonte à 1992 et à votre visite; nous avons parlé des femmes qui

24 faisaient la queue. Et je souhaiterais que vous regardiez l'extrait

25 suivant qui dure environ une minute et demie.

Page 8028

1 Est-ce que vous pourriez nous dire si vous reconnaissez… il s'agit d'une

2 nouvelle vidéo qui porte le numéro ERN0006602.

3 M. le Président (interprétation): Cela pourrait peut-être nous aider

4 d'avoir sous les yeux les documents S2 et S3, lesquels pourraient peut-

5 être aider le témoin?

6 Peut-être que vous pourriez placer ces documents sur le rétroprojecteur

7 ultérieurement, après que nous aurons visionné la séquence vidéo?

8 Entre-temps, je souhaiterais demander au représentant du Bureau du

9 Procureur de bien vouloir, afin d'éviter la confusion, pourrions-nous

10 rembobiner la cassette vidéo d'hier de façon à pouvoir retrouver l'image

11 ou l'on voit ces femmes qui font la queue?

12 M. Koumjian (interprétation): Oui, bien sûr.

13 M. le Président (interprétation): Cela pourrait nous être utile et je

14 pense qu'il serait bien que cette cassette soit disponible juste après

15 l'extrait vidéo. Je vous remercie.

16 Je vous prie donc de bien vouloir passer cet extrait vidéo.

17 (Diffusion de l'extrait vidéo.)

18 M. Koumjian (interprétation): Arrêtez, je vous prie.

19 Monsieur Vulliamy, reconnaissez-vous la femme qui se trouve en avant, à

20 l'avant-plan de la vidéo?

21 M.Vulliamy (interprétation): Je ne le crois pas, à moins qu'il ne s'agisse

22 d'une infirmière de l'ITN, d’une employée de l’ITN, mais je ne le sais

23 pas.

24 Question: Y avait-il également quelqu’un qui suivait des membres de l’ITN?

25 Réponse: Je crois que c'était une dame qui portait des lunettes, elle

Page 8029

1 travaillait pour l’ITN. Si c’est elle, je ne suis pas tout à fait certain

2 qu'il s'agisse d'elle. Je ne la reconnais pas tout à fait mais cela

3 pourrait être elle.

4 M. Koumjian (interprétation): Merci.

5 (Diffusion de l'extrait vidéo.)

6 M.Vulliamy (interprétation): Oui, effectivement c’est elle.

7 M. le Président (interprétation): Veuillez arrêter, je vous prie.

8 Pourriez-vous identifier le bâtiment du meilleur de votre souvenir?

9 M.Vulliamy (interprétation): Oui, certainement. Il s'agit du quartier

10 général de police si je me souviens bien, si je reconnais le bâtiment;

11 c'est à Prijedor, c'est le poste de police de Prijedor.

12 M. le Président (interprétation): Du meilleur de votre souvenir, est-ce

13 qu'il s'agit d'un bâtiment qui était non loin du bâtiment de l'Assemblée

14 municipale?

15 M. Vulliamy (interprétation): Oui c'est juste en face.

16 M. le Président (interprétation): Merci.

17 (Diffusion de l'extrait vidéo.)

18 M. Koumjian (interprétation): C’est la fin de la cassette. Est-ce que vous

19 avez reconnu la femme pour laquelle je vous ai demandé de nous dire qui

20 elle était un peu plus tôt?

21 M.Vulliamy (interprétation): Oui, c'est la femme qui travaillait pour ITN.

22 Je vois qu'elle n'a pas ses lunettes ici. J'essaie de vous aider; mais il

23 se pourrait que ce soit le centre civique lui-même, l'entrée du centre

24 civique et non pas le bâtiment dont je vous ai parlé un peu plus tôt, car

25 il s'agit d'un square et tous ces bâtiments étaient autour de ce square.

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1 Question: Une autre question: pour en revenir à 1992, vous nous avez parlé

2 d'une bataille; vous aviez l'impression qu'elle avait été organisée pour

3 que vous puissiez la prendre ou l'enregistrer, juste à peu près à 20

4 minutes de l'endroit où vous vous trouviez à la cellule de crise. Est-ce

5 que vous pourriez nous dire où cela se trouvait?

6 Réponse: Eh bien, c'était après l'endroit où l'on tourne pour aller au

7 camp d'Omarska parce que, voyez-vous, la route principale quitte Prijedor

8 et la route qui mène vers Omarska se trouve environ de 4 à 5 miles un peu

9 plus loin. Nous l'avions donc passé, nous nous étions dirigés vers la

10 droite. Il y a toute une série, il y a plusieurs routes, petites routes si

11 vous voulez, et c'est là que c'est cet échange de feu a eu lieu -ce que

12 j'appelle une fausse bataille-, c'est là que cela a eu lieu.

13 Question: En 1986, vous avez visité le camp d'Omarska. Est-ce que vous

14 avez pris la même route que vous aviez prise en 1992?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Est-ce qu'il s'agissait de la même route?

17 Réponse: Oui, c'était une route qui avait maintenant été goudronnée et il

18 y avait une sorte de petit pont avant d'y arriver. C'était très clair, on

19 pouvait lire "limites d'Omarska"; nous n'étions pas passé par ce portail

20 en 1992.

21 M. Koumjian (interprétation): Je n'ai plus de questions pour ce témoin.

22 Cela met fin à l'interrogatoire principal.

23 M. le Président (interprétation): Est-ce que la défense est prête pour

24 entamer le contre-interrogatoire?

25 M. Ostojic (interprétation): Oui, Monsieur le Juge.

Page 8031

1 M. le Président (interprétation): Je vous prie de commencer alors, et vous

2 aurez jusqu'à 11 heures 05 avant la pause.

3 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Edward Vulliamy, par Me Ostojic.)

4 M. Ostojic (interprétation): Bonjour. Je m'appelle John Ostojic. Je suis

5 accompagné de Branko Lukic et nous représentons les intérêts du Dr Stakic.

6 M. Vulliamy (interprétation): Bonjour.

7 Question: Nous allons poser des questions concernant votre mission en 1991

8 jusqu'à 1996 en Bosnie.

9 Je suis vraiment désolé.

10 Nous avons eu la possibilité de nous entretenir sur les questions

11 concernant Prijedor il y a environ quatre ans, est-ce exact?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Les mêmes règles s'y appliquent. Je vais vous poser des

14 questions, et si vous pouvez attendre avant de répondre, de ménager des

15 pauses et de nous répondre de la façon la plus honnête et la plus directe.

16 Réponse: Oui.

17 Question: Si vous ne comprenez pas ma question, vous pouvez me demander de

18 clarifier la question. Je ferai de mon mieux pour faire en sorte que vous

19 puissiez tout à fait comprendre ma question afin de pouvoir me donner une

20 réponse tout à fait complète.

21 Réponse: Oui, je vous remercie de ces instructions.

22 Question: Parlons un peu de vos antécédents. Je sais que vous avez une

23 licence "PPP" en politique philosophique et économique?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Est-il vrai, Monsieur, que vous n'avez pas de formation

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1 militaire? Vous n'êtes pas un expert militaire?

2 Réponse: Non, pas tout à fait. Je n'ai jamais fait mon service militaire,

3 effectivement.

4 Question: Est-il exact de dire que vous n'avez pas non plus d'antécédents

5 concernant le travail dans la police?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Est-il exact de dire également que vous n'avez pas non plus

8 d'expérience dans le domaine politique?

9 Réponse: Eh bien, j'ai toujours été très intéressé par la politique mais

10 je n'ai jamais été très impliqué. En fait, en tant qu'étudiant, j'étais

11 membre du Labour Party en Grande Bretagne mais je n'ai jamais activement

12 participé à la vie politique.

13 Question: Vous n'êtes pas non plus juriste?

14 Réponse: Non. Je ne suis pas juriste.

15 Question: Etes-vous un démographe?

16 Réponse: Démographie? Non, je ne suis pas un démographe.

17 Question: Dans le but de vous préparer pour rendre votre témoignage ici,

18 avez-vous eu à revoir les données démographiques de Prijedor, pour ce qui

19 est de la municipalité de cette ville au cours de l'année 1992?

20 Réponse: Non, pas particulièrement pour me préparer dans le cadre du

21 témoignage dans cette affaire, non, mais pour comprendre un peu la zone

22 dans la quelle je me suis trouvé. Il est vrai que j'ai lu et j'ai examiné

23 les données démographiques.

24 Question: Pourriez-vous nous aider et nous dire quels sont les documents

25 que vous avez lus? Quels sont les documents que vous avez lus concernant

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1 notre affaire qui nous occupe, le Bureau du Procureur contre Milomir

2 Stakic?

3 Réponse: Eh bien, j'ai relu les notes en sténo que j'ai lu ce matin. J'ai

4 également relu… Quand je dis "relu", j'ai lu très rapidement, en

5 diagonale, certaines notes dactylographiées que j'ai préparées avec mes

6 collègues. J'ai relu les notes que j'ai préparées avec un collègue

7 accompagné d'un interprète ou d'un traducteur, et j'ai également relu des

8 notes qui ont trait au Dr Kovacevic.

9 Mais, en réalité, pour ce qui est de ma préparation pour venir témoigner

10 -je ne sais pas si c'est pertinent mais je vais le dire-, c'était une

11 semaine très occupée à New York et je n'ai pas eu énormément de temps à me

12 préparer pour venir témoigner.

13 Pour ce qui est de Prijedor et de la démographie, j'ai étudié ces

14 questions un peu plus tôt.

15 Question: Je veux simplement savoir de quelle façon vous vous êtes préparé

16 pour venir témoigner ici. Avez-vous eu la possibilité de relire le

17 témoignage que vous aviez donné dans l'affaire de Dusan Tadic, lorsque

18 vous avez rendu témoignage en 1996, le 7 et le 6 juin?

19 Réponse: Oui, effectivement, j'ai feuilleté un peu mais je n'ai pas eu la

20 possibilité de tout lire.

21 Question: Je présume que vos réponses sont tout à fait honnêtes et

22 qu'elles sont véridiques?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Est-ce que vous avez relu les notes données au cours de votre…

25 prises au cours de votre témoignage, dans l'affaire du Bureau du Procureur

Page 8034

1 contre le général Blaskic, notes qui ont été prises au cours de votre

2 témoignage le 24 avril 1998?

3 Réponse: Non.

4 Question: Qu'en est-il des notes qui ont été prises au cours de votre

5 témoignage que vous avez rendu le 15 juillet jusqu'au 18 juillet 1998,

6 dans l'affaire le Bureau du Procureur contre le Dr Kovacevic?

7 Monsieur, est-ce que vous avez eu la possibilité de relire le témoignage

8 que vous avez donné l'année dernière, le 1er juin 2001, dans l'affaire

9 appelée "Bureau du Procureur contre… le Tribunal contre Sikirica"?

10 Réponse: Non, je n'ai pas pu relire ces notes en profondeur.

11 Question: Avez-vous eu la possibilité de relire la déclaration que vous

12 avez fournie au Bureau du Procureur, le 25 mars ou le 28 mars 1997?

13 Réponse: Est-ce que vous pourriez rafraîchir ma mémoire? De quoi s'agit-

14 il? La date ne me dit vraiment rien. Est-ce que vous pourriez me dire de

15 quelle déclaration il s'agit? S'agit-il de déclarations dans l'affaire

16 Blaskic?

17 Question: Monsieur, est-ce que vous vous souvenez d'avoir fourni une

18 déclaration aux membres du Bureau du Procureur, déclaration reliée aux

19 procès qui pourraient avoir lieu, qui pourraient être entendus par ce

20 Tribunal?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Quand?

23 Réponse: A l'automne 1995, j'ai donné une déclaration concernant l'affaire

24 Tadic. J'ai également fait une déclaration à un moment donné -je ne me

25 souviens plus de la date exacte-, c'était un témoignage dans l'affaire du

Page 8035

1 général Blaskic. J'ai également été appelé à venir témoigner dans

2 l'affaire du Dr Kovacevic, mais je ne suis pas tout à fait certain à quoi

3 vous faites référence présentement. Mais, pour ce qui est du camp de

4 Keraterm, j'ai en fait été un témoin de la défense.

5 M. Ostojic (interprétation): Je ne suis pas d'accord avec vous. J'étais

6 dans cette affaire-là et vous avez été appelé par le Procureur. Et

7 l'accusé a eu la possibilité de vous contre-interroger; c'était en date du

8 1er juin 2001. Mais vous n'avez pas été appelé par la défense.

9 M. Koumjian (interprétation): Le témoin a été appelé à venir témoigner à

10 la barre en vertu de l'Article 92bis. Et il a été simplement appelé pour

11 des questions supplémentaires. Donc il n'a pas été un témoin de

12 l'accusation.

13 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vous connaissez M. Robert Donia?

14 M. Vulliamy (interprétation): Non.

15 Question: Est-ce que vous pourriez me dire, en tant que correspondant

16 étranger, quelles étaient vos fonctions en 1992?

17 Réponse: Oui, certainement. En 1992, la guerre en Croatie venait tout

18 juste de finir et je suis revenu après l'accord qui a mis fin à cette

19 guerre. Et je suis donc retourné en Italie pour travailler sur la mafia en

20 fait, et les scandales liés à la corruption qui avaient lieu à l'époque en

21 Italie. Et c'est à ce moment-là que le conflit en Bosnie a éclaté. J'ai

22 passé une période assez courte à Sarajevo, mais j'ai vraiment commencé à

23 travailler de façon un peu plus active avec la mission avec… J'ai commencé

24 à travailler plus activement lorsque le conflit en Bosnie-Herzégovine a

25 vraiment éclaté. Je vous en ai parlé hier.

Page 8036

1 A partir de ce moment-là, je devais faire partie d'un groupe de

2 journalistes qui couvraient le conflit, qui, plus tard, s'est développé

3 dans ce qu'on pourrait appeler un conflit qui a eu lieu entre le

4 gouvernement et l'armée et les forces croates de Bosnie. Je devais donc

5 faire partie d'une équipe qui devait envoyer les articles à mon journal,

6 et je n'ai pas pu couvrir les événements en Italie à ce moment-là.

7 Question: Donc vos tâches, en tant que journaliste, sont de parler des

8 événements indépendamment des tâches qu'on vous a données? Vous devez être

9 tout à fait impartial?

10 Réponse: Oui. Tout à fait.

11 Question: Vous ne croyez pas qu'il s'agirait, en tant que journaliste, de

12 violer l'éthique?

13 Réponse: Oui, c'est justement cela.

14 Question: En tant que journaliste, vous devez être très impartial?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Pourquoi?

17 Réponse: Parce que les faits parlent pour eux-mêmes, il ne faut pas

18 changer les faits, il n'est pas nécessaire de changer; ce n'est pas une

19 bonne pratique que de changer les faits.

20 Question: Permettez-moi de vous poser une autre question concernant les

21 éthiques: est-il approprié de prendre des mots qui ont été prononcés par

22 une personne et de les attribuer à une autre personne?

23 Réponse: Non, ce n'est pas quelque chose que l'on peut faire, ce n'est pas

24 correct de faire ce genre de chose.

25 Question: Est-ce que c'est une violation de tout ce qu'on vous a enseigné

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1 en tant que journaliste, en tant que reporter étranger?

2 Réponse: Oui, cela constituerait une violation de tout ce que j'ai appris,

3 de tout notre code d'éthique.

4 Question: Avez-vous des devoirs, des obligations envers les personnes que

5 vous êtes en train d'interviewer?

6 Réponse: Oui. Il y a certainement des obligations. Si l'on vous dit

7 quelque chose et si l'on vous dit de ne pas le stipuler, simplement si

8 l'on vous informe de quelque chose et de ne pas le dévoiler, vous devez

9 garder cela secret. Mais, pour ce qui est des autres règles, il n'y a pas

10 de règle pure et dure, si vous voulez.

11 Bien sûr, c'est de notre obligation d'écrire du meilleur de notre

12 connaissance ce que l'on a entendu, bien sûr, et ce que l'on sait. Mais

13 lorsque vous interviewez une personne… qu'est-ce que vous voulez dire

14 exactement? Vous dites: "Quelles sont les obligations lorsque vous

15 interviewez quelqu'un?"; eh bien, d'enregistrer de façon claire ce qu'ils

16 disent et de publier du meilleur de votre connaissance ce que ces derniers

17 ont dit de façon juste et précise, et également essayer de ne pas dire ce

18 que l'interviewer vous a demandé de garder secret.

19 Question: Est-ce qu'un journaliste a l'obligation de s'identifier aux

20 témoins, aux criminels potentiels dans un tribunal de guerre? Par exemple,

21 vous-même lorsque vous avez interviewé le commandant Milutinovic, le

22 professeur Koljevic, le Dr Stakic et le Dr Kovacevic en février 1996?

23 Réponse: Non. Si vous pensez qu'en le faisant vous mettez votre vie en

24 danger, non, il n'est pas nécessaire de s'identifier de cette façon-là

25 Question: Est-ce que vous vous souvenez d'avoir pris cette décision de

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1 façon délibérée?

2 Réponse: Oui, je me souviens avoir pensé que ce n'était peut-être pas une

3 bonne idée puisque je me trouvais sur ce territoire sans en avoir la

4 permission. J'avais eu quelques mauvaises expériences auparavant et je ne

5 me sentais pas tout à fait à l'aise, j'avais l'impression que j'étais une

6 personne non gratta à Prijedor.

7 Question: Et tout cela lié aux journalistes lorsque vous faites une

8 interview, est-ce que vous prenez des notes n'est-ce pas, des notes sur

9 place?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Et ces notes sont plus tard transformées en ce que l'on appelle

12 un "aide-mémoire"?

13 Réponse: Non, pas toujours. Si c'est quelque chose d'important, oui, mais

14 si d'autres reporters sont présents, eh bien, on peut également essayer de

15 faire correspondre les notes. Car j'expliqué un peu plus tôt que ce que

16 vous avez sur la page n'est pas un transcript, n'est pas un compte rendu

17 précis de ce que les gens ont dit.

18 Question: Ensuite l'aide-mémoire fait partie de l'article que vous

19 publiez, n'est-ce pas?

20 Réponse: Oui cela m'aide, pas toujours, mais cela dépend bien sûr des

21 circonstances. Cela dépend également s'il s'agit d'une conférence de

22 presse. Si j'ai par exemple vingt notes, vingt livrets de notes remplis de

23 notes, des fois oui, la plupart du temps oui.

24 Question: Simplement pour être sûr, Monsieur Vulliamy, des fois je fais

25 des pauses pour que l'on puisse permettre aux interprètes d'interpréter,

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1 c'est la raison pour laquelle je fais une pause. Je voulais tout

2 simplement vous indiquer de quoi il s'agit, ce n'est pas parce que

3 j'attends que vous complétiez votre réponse.

4 Réponse: Oui, oui, ça va, j'ai compris.

5 Question: Parlons maintenant des aide-mémoire, des notes prises sur place

6 et d'autres documents.

7 Lorsqu'il s'agit du mois d'août 1992, et plus particulièrement parlons du

8 5 août, lorsque vous vous êtes rendu aux camps d'Omarska et Trnopolje,

9 vous nous avez dit que le lendemain, après avoir quitté Trnopolje, vous

10 vous êtes rendu à Belgrade le lendemain. Et que, le jour suivant, vous

11 avez écrit un article, article qui a été publié le 7 août 1992, n'est-ce

12 pas?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Lorsqu'on parle des notes prises sur place, les aide-mémoire et

15 les articles, est-ce que vous considérez l'un des documents plus fiable?

16 Réponse: Cela fait un bon moment que j'ai vu mon article, je pourrais dire

17 que les notes sont le document le plus fiable, si vous voulez. Mais pour

18 ce qui est de l'article, l'article peut contenir certains éléments qui

19 auraient pu ne pas faire partie de mes notes à moi, mais auraient pu être

20 des informations qui ont été partagées par mes collègues que vous avez vus

21 à la télévision hier, sur la vidéo d'hier. Donc c'est la raison pour

22 laquelle ce que vous mettez dans votre livre à vous, c'est ce que vous

23 écrivez personnellement. S'il y a deux ou trois personnes et s'il y a un

24 interprète également, il est possible également -ce que l'on fait, la

25 façon de procéder-, e relire, de mettre ensemble nos notes; , et c'est la

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1 raison pour laquelle l'article est très près de ce que l'on voulait dire.

2 M. Ostojic (interprétation): Maintenant, je vais parler de la réunion que

3 vous avez eue avec le Dr Kovacevic, Milutinovic, Stakic, Koljevic, c'était

4 en février 1996.

5 M. Vulliamy (interprétation): Oui, effectivement. Je me souviens de cette

6 réunion.

7 M. Koumjian (interprétation): Le témoin pourrait également ménager une

8 pause avant qu'il réponde, puisque les interprètes doivent pouvoir

9 également terminer leur interprétation, et afin de ne pas créer de

10 chevauchements. Alors Monsieur Vulliamy, je vous demanderai de ménager des

11 pauses entre les questions et les réponses.

12 M. Vulliamy (interprétation): Oui, très bien.

13 M. Ostojic (interprétation): Si j'ai bien compris, vous avez dit, dans le

14 cadre de votre témoignage hier, que vous êtes retourné dans la zone de

15 Prijedor pour faire un suivi d'histoire, pour compléter l'article que vous

16 aviez écrit, et vous êtes retourné au mois d'août 1992?

17 M. Vulliamy (interprétation): Oui, justement, c'est ce que j'ai expliqué.

18 Après la fin de la guerre, après les Accords de Dayton, nous voulions

19 revenir sur place, voir un peu comment les choses se déroulaient et faire

20 un suivi des événements. Je suis donc retourné à Prijedor. Et je crois que

21 moi-même et les autres personnes croyaient que c'était une date

22 importante, le 5 août 1992.

23 Question: Bien, merci. Vous avez décrit un peu plus tôt, dans le cadre de

24 votre témoignage, qu'il s'agissait de raisons en partie professionnelle et

25 de raisons personnelles. C'est la raison pour laquelle vous vous êtes

Page 8041

1 rendu sur place au mois de février 1996?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Bien. Donnez-nous le contexte. Est-il exact de dire qu'avant

4 cette réunion vous vous étiez rencontrés avec M. Keegan, qui était

5 l'enquêteur en chef qui travaille au Bureau du Procureur dans l'affaire

6 qui nous occupe?

7 Réponse: Oui, j'avais été appelé pour être témoin.

8 Question: Oui, avant le mois de février 1996, pour témoigner contre le Dr

9 Kovacevic?

10 Réponse: On m'avait dit que je serais appelé pour venir témoigner.

11 D'abord, j'ai été interviewé au mois d'avril 1995, donc bien longtemps

12 avant, c'était une autre vue de façon générale. Un peu plus tard, au cours

13 de cette année, on m'a dit que je serai témoin dans le cadre de procès.

14 Donc, il est vrai, je m’étais entretenu avec les membres du Bureau du

15 Procureur.

16 M. Ostojic (interprétation): Saviez-vous qu'en 1995 ou 1996 l'Acte

17 d'accusation n'avait pas encore été rendu publique contre le Dr Kovacevic?

18 M. le Président (interprétation): Il est vraiment important de vous

19 rappeler de ralentir et d'attendre avant la fin d'une question, et de

20 ménager des pauses entre les questions et les réponses.

21 M. Koumjian (interprétation): Objection! L’objection vise le fait que la

22 question, on pose la question suivante au témoin, on dit que l'Acte

23 d'accusation n'avait pas été rendu public alors que l'Acte d'accusation

24 n'avait pas encore été rédigé. Donc de dire que l'Acte d'accusation

25 n'avait pas encore été rendu public est faux.

Page 8042

1 M. Ostojic (interprétation): Si l'on regarde la défense qu’a donné le

2 témoin, je crois que c’est clair: le témoin témoigne sous serment et le

3 témoin savait très bien ce que le Bureau du Procureur était en train de

4 préparer à l'époque et quels étaient les documents qu'ils avaient préparé

5 soit de façon publique ou privée. Il savait très bien qu'on avait commencé

6 à rédiger l'Acte d'accusation contre Simo Drljaca et Milomir Stakic et le

7 Dr Kovacevic.

8 M. le Président (interprétation): Je sais qu'il n'est peut-être pas

9 nécessaire d'entrer dans le détail. Vous avez parlé d'un Acte d'accusation

10 contre le Dr Kovacevic et nous savons très bien qu’à ce moment-là, à

11 l'époque, il n'y avait pas d'Acte d’accusation officiel contre le Dr

12 Kovacevic. Je vous demanderai d'être un peu plus concret, un peu plus

13 détaillé lorsque vous posez vos questions. Merci.

14 M. Ostojic (interprétation): Monsieur Vulliamy, n'est-il pas exact de dire

15 qu'au mois d'avril 1995 vous étiez à Washington DC et que M. Keegan vous a

16 rendu visite, dans vos bureaux?

17 M.Vulliamy (interprétation): Oui.

18 Question: Dites-nous, Monsieur, quel était le but de cette visite?

19 Réponse: A l'époque, il avait dit qu’il était enquêteur et qu’il était en

20 train d’enquêter dans l'affaire Dusko Tadic. Il voulait entendre certaines

21 choses car il voulait que je lui dise certaines choses, mais je n'avais

22 jamais entendu parler de Dusko Tadic à l'époque. Il voulait que je lui

23 parle d’Omarska et de Trnopolje. Il voulait plus particulièrement me poser

24 des questions sur Trnopolje. C’est la raison pour laquelle il voulait

25 s'entretenir avec moi.

Page 8043

1 Question: Est-ce qu’il vous a demandé de venir témoigner comme témoin

2 expert?

3 Réponse: Je ne me souviens pas s’il m’a demandé, à l’époque, cela. Il est

4 possible qu’il l’ait fait, mais ce n'était pas confirmé de toute façon.

5 M. Ostojic (interprétation): Quelle est la raison pour laquelle, du

6 meilleur de votre souvenir, croyez-vous que M. Keegan voulait que vous

7 veniez témoigner en tant que témoin expert?

8 M. Koumjian (interprétation): Objection! Le témoin n'a pas dit que M.

9 Keegan lui a demandé de venir témoigner en tant que témoin expert. Ce sont

10 les propos de l'avocat de la défense.

11 M. le Président (interprétation): Maintenu.

12 M. Ostojic (interprétation): Monsieur Vulliamy, vous souvenez-vous que M.

13 Keegan vous a demandé d'être un témoin expert concernant Prijedor et la

14 zone de Prijedor en 1982? Il voulait que vous parliez du schéma

15 systématique?

16 M. Vulliamy (interprétation): Je me souviens très bien qu'on ait parlé de

17 ces deux termes.

18 Question: Qui vous a parlé de cela?

19 Réponse: Eh bien, c'était lui, le Bureau du Procureur. Ce n'étaient pas

20 des termes avec lesquels j'étais… je ne connaissait pas ces termes-là. En

21 fait, je connaissais ces termes de façon abstraite, mais ce n'était pas

22 quelque chose que j'appliquais dans l’affaire en question.

23 Question: Très bien. Maintenant, parlons du laps de temps qui va du mois

24 d'avril jusqu'au moment où vous avez interviewé le Dr Stakic. A combien de

25 reprises, au cours de cette période, est-ce que vous vous étiez rencontré

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1 avec les membres du Bureau du Procureur pendant cette période-là?

2 Réponse: Une fois, cela est tout à fait certain. J'étais venu m'entretenir

3 concernant une consultation si vous voulez dans l'affaire Dusko Tadic; je

4 crois que c'était soit au début de l'hiver 1995 ou fin automne. Je me

5 souviens que j'ai été appelé pour venir m'entretenir là-dessus. Je ne sais

6 pas si l'on m'avait informé que je serais témoin dans l'affaire Tadic

7 avant, mais je sais simplement qu'on m'a informé à ce moment-là.

8 Question: Bien. Depuis cette période-là jusqu'au mois de février 1996,

9 avez-vous revu des membres du Bureau du Procureur concernant la région de

10 Prijedor?

11 Réponse: Eh bien, la réunion dont je fais référence qui a eu lieu à

12 l'automne 1995 parlait justement de la zone, de la région de Prijedor

13 puisque l'affaire Tadic était plutôt liée au camp. Il était vrai que nous

14 avions parlé de la région de Prijedor.

15 Question: Pour ce qui est de l'automne 1995 après cette réunion, et en

16 allant jusqu'au mois de février 1996, est-ce que vous avez eu des

17 contacts, est-ce que vous avez échangé une correspondance ou avez-vous eu

18 quelque contact que ce soit avec des membres du Bureau du Procureur

19 concernant la région de Prijedor?

20 Réponse: Oui, je me suis entretenu avec eux. Je ne sais pas à quel moment

21 précisément. Je sais que j'avais parlé au téléphone avec M. Keegan mais je

22 ne me souviens pas être venu à La Haye. Je ne crois pas être venu à La

23 Haye de toute façon. Concernant l'affaire Dusko Tadic maintenant, et

24 également concernant d'autres accusations qui avaient été faites dans le

25 cadre du camp de Trnopolje.

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1 Question: La décision pour que l'on vous envoie de nouveau dans la zone de

2 Prijedor en Bosnie… en fait, à quand remonte cette décision que votre

3 rédacteur en chef a pris?

4 Réponse: C'était autour du mois de décembre 1996, peu de temps après les

5 Accords de Dayton.

6 Question: Cette décision n'aurait pas pu être prise avant, n'est-ce pas?

7 Réponse: Non, c'est vrai. C'était au mois de décembre 1995, juste après

8 que les Accords de Dayton aient été signés, vers la mi-décembre 1995.

9 Question: Est-ce que vous avez demandé aux membres du Bureau du Procureur…

10 est-ce qu'on vous a demandé de poser quelques questions particulières au

11 Dr Stakic ou Kovacevic?

12 Réponse: Non, ils ne savaient même pas que j'allais les voir.

13 Question: A ce moment-là, M. Keegan, un autre membre du Bureau du

14 Procureur, savait-il que, malgré le fait que vous aviez eu une réunion

15 avec eux au mois d'avril 1995 et avant le mois de février 1996, est-ce

16 qu'il savait… est-ce que vous n'aviez pas dit à M. Keegan que vous alliez

17 interviewer ces hommes?

18 Réponse: Non, je n'ai pas dit à M. Keegan que j'allais interviewer ces

19 hommes. Il ne savait pas que j'allais interviewer ces hommes. Et moi non

20 plus je ne le savais pas.

21 Question: Immédiatement après l'entrevue que vous avez eue au mois de

22 février 1997, ce que vous avez fait, Monsieur, c'est que vous avez pris la

23 disquette dans votre ordinateur avec une page couverture et vous l'avez

24 envoyée à M. Keegan?

25 Réponse: J'ai envoyé une disquette à M. Keegan, il est vrai, car je

Page 8046

1 croyais que ce que nous avions trouvé, enfin, l'information qui découlait

2 de cette interview qui était pertinente pour l'affaire pour laquelle

3 j'avais été appelé à témoigner. Je trouvais qu'on parlait d'Omarska, de

4 Trnopolje… de tout ce qui s'était passé dans la région de Trnopolje. Je

5 croyais que ces informations seraient très importantes.

6 Question: Avez-vous retenu une copie de cette lettre qui accompagnait la

7 disquette que vous avez envoyée à M. Keegan, tout juste après la rencontre

8 que vous avez eue au mois de février 1995 avec certaines personnes, y

9 compris le Dr Stakic?

10 Réponse: Je ne me souviens pas. Qu'est-ce que c'était exactement? C'était

11 peut-être une carte?

12 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vous avez quelque expertise que ce

13 soit concernant les schémas généralisés systématiques qui sont survenus

14 dans la zone de Prijedor entre avril et mai, entre mai et septembre 1992?

15 M. Koumjian (interprétation): Ce n'est pas pertinent.

16 M. le Président (interprétation): Le témoin n'est pas un avocat. Maintenu.

17 M. Ostojic (interprétation): Vous souvenez-vous si, dans l'article que

18 vous avez écrit le 7 avril 1992, est-ce que vous avez donné quelque

19 opinion, quelques commentaires concernant les questions du camp,

20 concernant la question que le schéma qui existait, généralisé et

21 systématique au camp d'Omarska et de Trnopolje, il ne s'agissait pas d'un

22 comportement généralisé ou systématique?

23 M. Vulliamy (interprétation): Je n'ai pas compris.

24 M. Ostojic (interprétation): L'article que vous avez écrit à Belgrade, le

25 7…

Page 8047

1 Monsieur Vulliamy, les interprètes viennent de m'informer: on me demande

2 de répéter la question.

3 Monsieur le Juge, si vous le permettez, je vais répéter la question.

4 Monsieur Vulliamy, vous souvenez-vous si, oui ou non, dans l'article que

5 vous avez rédigé le 7 août 1992, si vous avez fourni une opinion ou une

6 pression particulière visant ou disant qu'il ne s'agissait pas d'une

7 attaque généralisée et systématique, pour ce qui est de la région de

8 Prijedor en allant du mois d'avril jusqu'au mois de septembre 1992?

9 M. Vulliamy (interprétation): J'aurais pu vous donner une réponse si

10 j'avais pu relire l'article dernièrement. Je ne me souviens pas tout à

11 fait mais, du meilleur de mon souvenir, je crois que dans l'article je

12 parle du fait qu'il y a eu une destruction dans cette région.

13 Si vous me montriez l'article, je pourrais le relire maintenant. Je sais

14 très bien que j'ai parlé du fait qu'il y a eu un mouvement tragique de

15 réfugiés des deux côtés.

16 Je ne me souviens pas tout à fait de cet article mais je suis tout à fait

17 certain que, pour ce qui est de cet article -et des autres articles qui

18 ont été publiés dans les semaines qui ont suivi-, il aurait certainement

19 donné l'impression d'une attaque généralisée et systématique -pour

20 utiliser votre terme à vous-, qu'il s'agissait d'une persécution

21 systématique et généralisée.

22 M. le Président (interprétation): Cela prendra un certain temps avant que

23 la défense puisse nous produire cet article.

24 Il serait utile, si vous pouviez faire circuler cet article, cela

25 permettrait aux Juges et aux autres parties de prendre connaissance de

Page 8048

1 l'article. Et immédiatement après que l'huissier ait distribué cet

2 article, nous prendrons la pause.

3 Je vous prie de procéder à la distribution de l'article en question.

4 (Intervention de l'huissier.)

5 Merci.

6 Je crois qu'il est bon de procéder de la sorte pour pouvoir permettre au

7 témoin de travailler. Effectivement il s'agit de "travail".

8 Nous avons maintenant ce document, il nous est disponible. Nous prendrons

9 une pause à ce moment-ci et reprendrons nos travaux à 11 heures 35.

10 M. Koumjian (interprétation): Il serait peut-être juste de remettre

11 l'article au témoin.

12 M. Ostojic (interprétation): Ce témoin, si vous le permettez, a témoigné

13 sous serment de certains événements dont il se souvient, qui sont

14 absolument incroyables. Il a parlé du Prix Pulitzer, il a dit que cet

15 article a reçu le Prix Pulitzer et il a reçu le Prix Pulitzer à cause de

16 ses activités qui se sont déroulées autour du 5 août 1992.

17 Je crois que nous pourrions procéder de deux façons, ce sont des façons

18 qui ont déjà été acceptées.

19 Premièrement, récuser le témoin s'il nous dit autrement.

20 Et deuxièmement, il pourrait peut-être rafraîchir sa mémoire pour ce qui

21 est des événements dont il ne se souvient pas à ce moment-ci. Son

22 témoignage, hier, Monsieur le Juge, sans passer par-dessus, il vous a

23 rappelé tous les événements, il se souvient très bien de l'article. Je

24 crois qu'il ne serait pas juste de rafraîchir la mémoire de cette façon-ci

25 au témoin. S'il se souvient, c'est bien, sinon je crois qu'il n'est pas

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1 acceptable que l'on remette ce document au témoin.

2 M. le Président (interprétation): Je crois que le témoin nous a dit qu'il

3 est vrai qu'il est très difficile de se souvenir des questions qui sont

4 survenues en 1992. Et je crois qu'il n'est qu'il n'est que juste d'essayer

5 de demander à M. Vulliamy, du meilleur de son souvenir, de nous dire ce

6 qu'il a écrit dans cet article. Et je crois qu'il serait juste envers le

7 témoin de lui montrer le document; je crois que c'est dans l'intérêt des

8 deux parties. Le Bureau du Procureur a procédé de la sorte et je crois que

9 la défense devrait acquiescer et accepter cette façon de procéder. Mais,

10 néanmoins, il est absolument obligatoire de prendre une pause à ce moment-

11 ci et nous reprendrons nos travaux à 11 heures 35.

12 (L'audience, suspendue à 11 heures 10, est reprise à 11 heures 37.)

13 Veuillez procéder au contre-interrogatoire, Maître Ostojic.

14 M. Ostojic (interprétation): Avez-vous eu l'occasion de lire l'article

15 pendant la suspension de la séance?

16 M. Vulliamy (interprétation): Je ne l'ai pas lu. Je l'ai devant moi

17 maintenant et évidemment…

18 Question: Il y a beaucoup de choses que vous avez écrites dans cet article

19 du 7 août 1992. Je voudrais simplement marquer certains points en ce qui

20 concerne le fait qu'il y aurait eu des plans généralisés et étendus. Nous

21 parlerons des détails de cet article lorsque nous reviendrons sur la

22 question de savoir qui contrôlait ou non. Qui était là lors de la séance

23 du 5 avril 1992 et ce que vous avez observé et appris au cours de vos

24 visites à la fois d'Omarska et de Trnopolje le 5 août 1992.

25 Pour le moment, je vais vous demander de regarder la page 3 de l'article,

Page 8050

1 tout en haut de la page à droite où il est dit, page 3 sur 7. Il y a un

2 paragraphe sur cette page, le dernier paragraphe, deuxième phrase, il est

3 dit -je cite-: "Et bien qu'il n'y ait eu aucune preuve visible de graves

4 sévices, sans parler d'extermination systématique, à l'intérieur du hangar

5 d'aluminium, il y avait quelque chose qui m'irritait: qu'il ne brise pas

6 la promesse faire par le Dr Karadzic et qu'il ne vous l'ait pas montré".

7 C'est bien ce que vous avez écrit?

8 Réponse: Oui, c'est bien cela.

9 Question: Quand vous utilisez le mot "systématique" entre guillemets, à

10 quoi vous référez-vous?

11 Réponse: Je dis que nous n'avons pas vu d'extermination systématique. Par

12 cela, je veux dire des tueries en masse de personnes dans le camp ce jour-

13 là, sous nos yeux.

14 Question: Est-ce que, sous vos yeux, vous avez dit que vous n'aviez pas

15 d'éléments de preuve de sévices?

16 Réponse: Pendant notre visite très brève et très limitée à Omarska ce

17 jour-là -comme je crois l'avoir déjà dit, et c'était sur les images de

18 télévision-, nous n'avons pas pu voir de nous-mêmes; j'ai parlé d'une

19 blessure mais je ne parlerai pas là d'extermination systématique, je n'en

20 n'ai pas vue. Et c'est là ce que je dis ici. Mais je crois que je nuance

21 en disant ensuite que nous avions nos soupçons concernant ce qui se

22 passait à l'intérieur de la cabane où ils ne voulaient pas nous laisser

23 rentrer.

24 Question: Je passe à la question qui est évoquée à la page 6 de l'article,

25 au paragraphe 2. Hier, vous avez bien voulu partager votre point de vue

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1 sur certaines maisons qui avaient été bombardées ou brûlées. Regardez ce

2 paragraphe et dites-moi si c'est exact. Vous dites: "Mais au bout de la

3 rue où d'autres villages musulmans qui étaient intacts, où il y avait des

4 paysans qui venaient calmement apporter du foin...". Vous n'avez pas dit

5 hier que, pendant votre voyage de Pale à Banja Luka ou Prijedor, vous

6 aviez vu des villages musulmans qui étaient intacts, n'est-ce pas?

7 Réponse: Non. Ceci se réfère aux maisons que je crois avoir mentionnées en

8 dehors desquelles il y avait des draps blancs ou des drapeaux blancs qui

9 avaient été exposés qui… cela ne nous a pas été expliqué à l'époque, mais

10 je sais maintenant que cela voulait dire qu'ils attendaient d'être

11 déportés.

12 Question: Est-il vrai, quand vous dites dans votre article qu'il y avait

13 non seulement des maisons mais même des villages -au cours de votre

14 tournée- qui étaient entièrement intacts avant votre arrivée à Prijedor le

15 5 août 1992?

16 Réponse: Peut-être sera-t-il plus utile que j'aille de ville en ville, je

17 parle d'une ville après l'autre. A Bijeljina, qui est une assez grosse

18 localité, les maisons étaient dans l'ensemble intactes. Celles que nous

19 avons vues à un endroit qui s'appelle Brcko, la partie de la ville que

20 nous avons vue était pour la plus grande partie détruite. Et un endroit

21 qui s'appelait Derventa, d'après mes souvenirs, était endommagé mais pas

22 totalement détruit. Ainsi que Kozarac que j'ai déjà décrit.

23 Question: Quand vous avez visité Trnopolje, est-il vrai qu'il y avait des

24 femmes et des enfants?

25 Réponse: Dans le camp de Trnopolje, oui.

Page 8052

1 Question: En fait, votre article dit qu'il y avait des femmes et des

2 enfants là?

3 Réponse: Je suis sûr que c'est le cas. Incidemment… Je n'ai pas obtenu cet

4 article pendant la suspension de séance, mais si vous voulez bien me

5 donner un peu le temps de trouver les paragraphes auxquels vous vous

6 référez.

7 Oui, il y avait des femmes et des enfants à Trnopolje, çà c'est sûr!

8 Question: Est-ce que vous vous rappelez avoir interviewé des femmes et des

9 enfants et des hommes pour déterminer qu'il n'y avait de violence -comme

10 vous dites au bas de la page 4-, qu'il n'y avait pas de violence ou de

11 sévices? Il y avait une réponse qui était faite… Est-ce que vous avez

12 écrit dans votre article que vous ne croyiez pas la personne qui vous

13 disait cela?

14 Réponse: Non, je ne crois pas.

15 Question: Un autre passage de votre article. A la page 2, vous dites qu'un

16 homme du nom de Elezovic… Vous retrouvez le passage?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Est-ce que cet homme vous a dit à un moment quelconque si, oui

19 ou non, il y avait des violences ou des sévices qu'il aurait subies au

20 cours de sa détention dans le camp d'Omarska ou dans le camp de Trnopolje?

21 Réponse: Il le dit lui-même: "Personnellement, personne ne m'a touché."

22 Mais certainement je ne pense pas que cet homme était dans un état

23 physique satisfaisant, en ce qui concerne son poids par exemple. Mais

24 c'est ce qu'il a dit et c'est ce que j'ai écrit.

25 Question: Vous vous rappelez de cela dix ans plus tard, qu'il n'était pas

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1 en bon état. Mais dans votre article, au 6e paragraphe, vous donnez votre

2 impression, votre propre observation et vous dites: "Il ne montre aucun

3 signe d'avoir subi des sévices", n'est-ce pas?

4 Réponse: Oui. Laissez-moi retrouver le passage… oui, c'est bien cela.

5 Question: C'est bien le cas?

6 Réponse: Oui, si je l'ai écrit, c'est bien cela.

7 M. Ostojic (interprétation): Lorsque vous avez donné les interviews qui

8 vous ont valu une certaine célébrité -si je puis dire-, est-ce que vous

9 avez inclus cela dans certaines interviews que vous avez données au public

10 ou dans des discours que vous auriez pu faire en ce qui concernait Omarska

11 ou Trnopolje, en août 1992?

12 M. Vulliamy (interprétation): Non, je n'ai pas cité cet homme, d'après mes

13 souvenirs, ni par son nom ni en le citant. Lorsque j'ai commencé à parler

14 en public de la façon que vous dites, j'avais appris bien d'autres choses,

15 rapidement, en ce qui concerne Omarska et ce qui s'y passait à Omarska. Et

16 ceci, de personnes qui avaient parcouru la route que j'ai décrite hier. Et

17 certainement cet homme ne portait pas de signes de sévices, et la plupart

18 de ceux qui se trouvaient dans la cantine. Mais je n'étais certainement

19 pas prêt à dire en public qu'Omarska était un endroit où on laissait les

20 gens tranquilles, d'après ce que j'ai appris par la suite.

21 M. le Président (interprétation): Est-ce que je pourrais encore une fois

22 vous demander de ralentir, s'il vous plaît?

23 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vous avez appelé à un moment donné

24 Penny Marshall ou d'autres journalistes pour qu'ils aient des interviews

25 pour l'ITN indépendamment d'autres, en ce qui concernait le camp d'Omarska

Page 8054

1 le 5 août 1992 et qu'aucun des 80 détenus que vous avez vus ne portaient

2 de signes de sévices ou de passage à tabac?

3 M. Vulliamy (interprétation): Je ne me rappelle pas de détails

4 particuliers et de conversations avec Penny Marshall.

5 Si je comprends votre question, je ne pense pas, d'après mes souvenirs,

6 que nous aurions omis le fait qu'aucune des personnes que nous avons vues

7 ne présentait de signes de passages à tabac ou de coups parce que, pour

8 autant que je me souvienne, ce n'était pas le cas. Mais en ce qui concerne

9 les commentaires faits en public depuis lors, j'ai fait des recherches

10 concernant Omarska, plus que je n'ai pu le faire évidemment ce jour-là. Et

11 j'ai découvert que c'était un endroit où de nombreuses personnes ont subi

12 des sévices très graves.

13 Question: Je voudrais savoir quelles étaient vos impressions le 5 août

14 1992. Et puisque nous avons cet article que vous avez écrit deux jours

15 plus tard et qui est, en quelque sorte, contemporain de cette période,

16 est-ce que les événements que vous avez vus ce jour-là… vous écrivez à la

17 page 2 du même article, il y a cette conclusion basée sur vous

18 observations, vos impressions: vous n'avez pas pu voir, vous n'avez pas pu

19 déterminer si des détenus, en fait, subissaient des sévices ou des coups

20 ou étaient traités avec violence, n'est-ce pas?

21 Réponse: Oui, je crois que nous avons vu hier que l'accès au camp était

22 extrêmement limité et restreint. Pn nous a montré la zone de la cantine,

23 du réfectoire. C'est à ce moment-là qu'on nous a fait monter dans un

24 bureau au premier étage, qu'on nous a donné un briefing. Lorsque nous

25 avons essayé d'aller dans d'autres parties du camp, on nous a en quelque

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1 sorte repoussés dehors. Et il est vrai que les personnes que l'on nous a

2 montrées ne montraient pas de signes de sévices.

3 Question: Votre visite au camp de Trnopolje était évidemment moins

4 restreinte, vous avez pu parcourir le camp. Et, en fait, il y a un détenu

5 qui vous a pris de côté et vous a montré l'intérieur de l'un des bâtiments

6 dans le camp de Trnopolje, à l'intérieur du camp, n'est-ce pas?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Donc vous avez pu formuler à l'époque vos impressions du camp de

9 Trnopolje, n'est-ce pas?

10 Réponse: Oui. Pas de façon illimitée, j'ai formulé une impression du camp

11 de Trnopolje.

12 Question: Est-ce que, en écrivant cet article le 7 août 1992, vous n'avez

13 pas formulé votre opinion et impression qu'en fait Trnopolje, en tant que

14 camp, n'était pas un "camp de concentration"?

15 Réponse: Eh bien, je ne sais pas ce que la Chambre veut que l'on discute

16 sur la question de savoir ce que veut dire "concentration". A l'époque, je

17 ne voulais pas utiliser le terme -et je l'ai déjà écrit-, parce que, le

18 jour suivant, des liens étaient établis et je pensais que les connotations

19 feraient que l'on pourrait mésuser de ces termes. Mais, en en parlant par

20 la suite, je suis revenu sur tout l'historique de la question. En revenant

21 par exemple à ce qui s'était passé en Afrique du Sud au début du siècle,

22 et j'ai compris que c'était un endroit où les gens étaient rassemblés pour

23 être expulsés de force. Mais c'est un terme qu'on peut utiliser si ce

24 n'est pas le terme qui convient.

25 Question: Est-ce que vous ne concluez pas que l'utilisation même du "camp

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1 de concentration", de façon à définir la situation, c'est bien le

2 rassemblement de personnes dans un endroit particulier? Et que

3 l'utilisation de ce terme "camp de concentration" n'est en rien lié à ce

4 que l'Histoire nous a montré de la Deuxième Guerre mondiale, à savoir

5 Auschwitz notamment et autre camp de ce genre, n'est-ce pas?

6 Réponse: Oui, si nous voulons parler de l'historique du mot, la raison

7 pour laquelle j'étais réticent à utiliser ce terme à l'époque, en ce qui

8 concerne Trnopolje, c'est parce que je pense que dans l'Histoire récente,

9 en tous les cas du dernier demi-siècle, ce terme veut maintenant dire

10 -peut-être à tort- "camp de mort", "camp d’extermination". J'ai donc

11 essayé de choisir mes termes avec soin. J'ai donc examiné l'historique du

12 terme "camp de concentration" qui s'accorde avec la définition que vous

13 donnez; c'est-à-dire telle qu'elle a été d'abord utilisée par les

14 Britanniques en Afrique du sud pendant la guerre des Boers. Là, c’était le

15 rassemblement forcé de personnes en un lieu avant d'être expulsées ou leur

16 internement permanent dans le cas d'expulsions forcées.

17 Question: Est-ce que vous avez une définition pour "expulsion" ou

18 "déportation"?

19 Réponse: Oui, c’est ce que j'ai décrit hier d'une expérience de première

20 main que j'avais, une expérience directe. C'étaient des personnes mises en

21 convoi, étant obligées de quitter leur domicile et obligées de traverser

22 les montagnes sous la menace des armes.

23 Question: Cous dites qu'il s'agit du passage que vous avez fait le 17 août

24 1992 jusqu'à Travnik, n'est-ce pas?

25 Réponse: Oui, c'était mon expérience directe. Evidemment, j’ai parlé d’un

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1 grand nombre de personnes qui ont eu des expériences différentes et qui

2 ont été déportées de Prijedor et d'autres zones de l’ex-Yougoslavie en

3 Bosnie, en Bosnie orientale et ainsi de suite.

4 Question: Je voudrais bien comprendre votre définition de déportation. Il

5 y avait un voyage volontaire que vous avez fait, vous vous êtes joint au

6 convoi, vous vous êtes infiltré dans le convoi, n'est-ce pas?

7 Réponse: Le passage, le parcours que j'ai fait effectivement le 17 août,

8 c'était moi-même et mes collègues. Mais ce n'était pas volontaire pour les

9 quelques centaines d'autres personnes qui faisaient partie du convoi.

10 Question: Donc votre définition pour déportation, est-ce que cela voudrait

11 dire que vous auriez été déporté?

12 Réponse: Non, je n'étais pas déporté, j'étais en train d'essayer de rendre

13 compte d'une déportation.

14 Question: Ceci était un acte volontaire de vous et de vos collègues. Et

15 vous présumez que les autres faisaient quelque chose d'involontaire?

16 Réponse: C'était une enquête volontaire professionnelle qui était en

17 cours.

18 Question: Je n'ai jamais entendu ce terme mais je l'accepterai.

19 Réponse: C'était dans l'exécution de mes fonctions de me renseigner,

20 d’enquêter sur ce qui se passait dans le secteur. J'en ai déduit ou, en

21 tous les cas, j’ai compris très clairement d'après les personnes à qui

22 nous avons parlé jour et nuit qu'en ce qui les concernait c'était une

23 déportation et qu'elle était tout à fait involontaire, elle était forcée.

24 Question: Combien de personnes avez-vous interviewées, qui vous

25 accompagnaient dans ce convoi?

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1 Réponse: Je ne sais pas vraiment. Mais pendant le jour et la nuit, enfin,

2 le jour un moins grand nombre de personnes lorsque nous étions dans des

3 voitures, peut-être 20 ou 25 personnes.

4 Question: Sur combien de personnes?

5 Réponse: Je crois sur environ 1.600 dans le convoi. Nous les avons

6 rejoints à un moment où ils cherchaient à pouvoir s'asseoir, ils

7 cherchaient à trouver de l'espace dans des gymnases ou des locaux

8 d’écoles, par exemple à Travnik où il y avait déjà énormément de monde.

9 D'autres continuaient d'arriver. Nous avons passé la nuit à en interviewer

10 un certain nombre, peut-être une trentaine, 20, 25, 30, et nous avons

11 bavardé toute la nuit en échangeant des souvenirs sur ce qui s'était passé

12 au cours des 24 ou 48 heures qui venaient de s’écouler, et le fait que

13 l'on était à nouveau réunis en convoi et les raisons pour lesquelles ils

14 étaient partis.

15 Question: Je reviens au camp de Trnopolje. Vous vous souvenez de votre

16 visite du 5 août au camp de Trnopolje: vous avez donné votre opinion et

17 impression sur la façon de décrire ce camp. Vous dites dans votre article,

18 le 7 août 1992, que ce camp peut être décrit comme quelque chose qui est

19 intermédiaire entre une prison civile et un camp de transit, n'est-ce pas?

20 Réponse: Si vous le dites. Je n'ai pas eu le temps, excusez-moi, je n'ai

21 pas eu le temps de relire cet article. Je l'accepte d’après ce que vous

22 dites.

23 Question: Je vous remercie. A la page 4 par exemple, le même paragraphe

24 dont nous parlions, vous dites que Trnopolje ne peut pas être appelé un

25 "camp de concentration". Et immédiatement après cela, vous identifiez,

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1 vous quantifiez, vous nuancez, vous qualifiez la façon dont il peut être

2 décrit.

3 Réponse: Est-ce que vous pourriez m'aider en me disant de quel paragraphe

4 vous parlez?

5 Question: Cinquième paragraphe de cette page.

6 Réponse: En ce qui concerne la première phrase, je crois avoir répondu. On

7 peut y revenir, si vous voulez. Ceci a été écrit un jour où l'on m'avait

8 donné des interviews; c'étaient des personnes qui, je crois, essayaient de

9 dire que "camp de concentration" voulait dire "camp de mort ou

10 d'extermination". Il y avait donc un titre d'article qui, je pense,

11 illustrait cela et je pensais que c'était assez bête en disant Belsen

12 1992. Donc ceci illustre le type de remarque que je voudrais faire et

13 c'est pour cela que j'ai écrit cela.

14 Alors, quand je dis "prison civile", je parle du fait qu'il y avait un

15 secteur qui était clôturé, où des prisonniers -que nous avons vus hier sur

16 la vidéo-, venaient d'Omarska et de Trnopolje. C'est là qu'ils étaient

17 détenus, donc, dans un secteur clôturé. Un camp de transit se référait aux

18 autres parties du camp -que nous avons vues également en partie sur la

19 vidéo hier-, où certaines personnes étaient venues soit parce qu'elles

20 s'enfuyaient, fuyaient des attaques contre leur maison ou parce qu'elles

21 avaient été forcées à constituer des colonnes et venir jusque là en

22 attendant leur expulsion.

23 Question: Dans d'autres parties de ce camp, avez-vous noté, par rapport à

24 votre expérience de 1991 à 1996… y avait-il dans d'autres secteurs, avez-

25 vous noté des camps de transit de ce genre?

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1 Réponse: J'ai mentionné le camp des Croates pour des prisonniers serbes à

2 l'époque de Capljina; je m'y suis rendu deux fois, et, bien sûr, Keraterm

3 est mentionné ici. J'ai entendu, j'ai eu des récits concernant d'autres

4 camps, mais je ne les ai pas visités moi-même.

5 Question: Quand j'ai commencé le contre-interrogatoire aujourd'hui, je

6 vous demandais le fait que les faits pouvaient être déformés ou embellis

7 par rapport à vos obligations de rapporter les faits, uniquement les

8 faits. Monsieur Vulliamy, cet article écrit deux jours plus tard, est-ce

9 que vous considérez que c'est une source fiable, digne de confiance par

10 rapport aux impressions que vous avez eues et des observations que vous

11 avez faites autour du 5 août 1992?

12 Réponse: C'est le mieux que je pouvais faire sur la base des impressions

13 que j'avais recueillies ce jour-là.

14 Question: Par la suite, telle que votre déposition dans l'affaire Tadic où

15 vous avez déposé dans l'affaire Blaskic, ou dans l'affaire Kovacevic, ou

16 votre déposition dans l'affaire Sikiric, tout ceci après cette date, est-

17 ce que c'étaient des choses qui ne se trouvaient pas dans cet article,

18 auraient été des choses que vous avez apprises d'autres sources par la

19 suite? Ou est-ce que ce sont des embellissements ou des distorsions des

20 faits tels qu'ils existaient le 5 août ou autour de cette date, le 5 août

21 1992?

22 Réponse: Je ne crois pas qu'on puisse parler "d'embellissements" ou de

23 "distorsions". J'ai appris énormément de choses en ce qui concerne

24 Trnopolje et Omarska après avoir écrit cet article, certainement.

25 Question: Mais ici, nous nous centrons sur le fait de vos impressions le 5

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1 août. Est-ce que vous avez appris par la suite, lors de vos discussions

2 avec le Bureau du Procureur ou d'autres personnes, est-ce que vous avez su

3 ce que les parties faisaient à ce moment-là? Etes-vous d'accord que cet

4 article et cette source, qui est la source la plus fiable et la plus digne

5 de confiance à ce sujet, puisqu'elle était écrite au même moment, comme

6 vous dites, des événements qui avaient eu lieu deux jours plus tôt…?

7 Réponse: Oui. Les sources que j'ai consultées n'étaient pas et des livres

8 ou des documents du Bureau du Procureur, c'étaient des gens qui se

9 trouvaient dans les camps, ou leurs parents.

10 Question: Dans cet article où vous avez interviewé deux personnes, M.

11 Elezovic et une autre personne, vous n'avez jamais mentionné ni cette

12 conversation avec ces personnes ni les cinq procès dans lesquels vous avez

13 déposé; n'est-ce pas vrai?

14 Réponse: Je ne sais pas. Mais si vous avez vous-même examiné ces documents

15 le plus près que moi, je ne sais pas. Vous m'avez posé deux questions en

16 une fois. Je ne sais plus quelle était la première question.

17 Question: J'attends simplement que les interprètes poursuivent leur

18 travail.

19 S'agissant donc… êtes vous prêt? Très bien.

20 Dans cet article, vous avez identifié des personnes dont vous aviez, à

21 l'époque, l'impression qu'elles exerçaient des fonctions ou qu'elles

22 exerçaient un certain pouvoir vous permettant d'avoir accès au camp

23 d'Omarska. Est-ce exact?

24 Réponse: Oui. Et je souhaiterais d'abord répondre à votre question

25 précédente. En toute franchise, dans les remarques que j'ai faites par la

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1 suite concernant Omarska et Trnopolje, je pensais qu'on nous avait donné

2 un accès très, très restreint à Omarska. Et cette opinion a été confirmée

3 par la suite. Je pensais également qu'on nous avait montré une image ou

4 plutôt, un groupe de prisonniers qui n'étaient pas représentatifs.

5 Et si je n'ai pas mentionné M. Elezovic depuis, je pense que c'est parce

6 que je n'étais pas de l'opinion que ces remarques étaient représentatives

7 de ce qui se passait à Omarska, comme je l'ai appris par la suite, et tout

8 ce qui nous a été caché à l'époque.

9 Question: Nous allons revenir au périple que vous avez effectué à la fin

10 du mois de juillet 1992 et jusqu'au 5 août 1992.

11 Vous êtes arrivé à Belgrade, est-ce exact?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Vous nous avez également dit que, juste avant cela, vous étiez

14 également à Sarajevo?

15 Réponse: Oui. Très brièvement. Je m'excuse. Nous avons été conduits à la

16 partie serbe de Sarajevo depuis Pale vers les collines qui entouraient la

17 ville.

18 Question: Merci. A quelle époque? Vous en souvenez-vous?

19 Réponse: Oui, nous sommes allés de Belgrade à Pale par hélicoptère le

20 matin. J'essaie de me souvenir de la chronologie. Je pense que c'était la

21 matinée du 3. Nous sommes donc allés à Sarajevo côté serbe; nous avons

22 visité la prison de Kula et certaines positions qui se trouvaient au-

23 dessus de la ville ainsi qu'un hôpital militaire, l'après-midi et jusqu'au

24 début de la soirée.

25 Question: Votre visite à Kula a eu lieu avant votre visite à Omarska et à

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1 Trnopolje? Si j'ai bien compris, votre déposition d'hier était un peu

2 différente. Je vais essayer de retrouver la page exacte dans le compte

3 rendu d'audience.

4 J'avais compris -et corrigez-moi si je me trompe, Monsieur Vulliamy-

5 qu'après votre visite à Omarska et Trnopolje, vous avez essayé de vérifier

6 s'il était exact que des Serbes étaient maintenus en détention dans des

7 camps dirigés par des Musulmans. Est-ce exact?

8 Réponse: Oui, je suis désolé s'il y a eu une certaine confusion à cet

9 égard.

10 Question: Je vais peut-être reformuler la question.

11 Donc vers le 28 juillet, 29 juillet, vous étiez à Belgrade. Vous avez

12 ensuite pris un hélicoptère de Belgrade à Pale; après vous êtes passé par

13 Banja Luka et vous êtes arrivé dans la municipalité de Prijedor. Avant

14 cela, est-il exact que vous vous trouviez à Sarajevo?

15 Réponse: Avant quelle date?

16 Question: Avant le 28 juillet 1992?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Pourquoi?

19 Réponse: Je voulais faire un reportage sur le siège de la ville.

20 Question: Est-ce que vous faisiez un reportage sur des réfugiés serbes ou

21 des Serbes détenus dans des camps de détention dirigés par des Musulmans?

22 Réponse: Non. J'aimerais simplement qu'on revienne à la chronologie des

23 événements.

24 Nous sommes arrivés de Belgrade le 2 juillet, nous sommes restés jusqu'au

25 29; je pense que c'était du 29 juillet au 3 août. Nous avons visité

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1 plusieurs endroits comme Loznica dont j'ai parlé hier. Nous avons voyagé

2 de Belgrade à Pale le 3 et nous sommes allés à Kula. Je pense que

3 l'endroit s'appelait Kula. C'était le soir. Et dans cet endroit, il y

4 avait des Serbes qui détenaient des prisonniers musulmans, mais cet

5 endroit ne me concernait pas directement. C'est après être allé au camp

6 d'Omarska et de Trnopolje que j'ai pensé qu'il était approprié de mener

7 une enquête.

8 Dans les allégations du vice-Président Koljevic concernant les camps dans

9 lesquels des Serbes étaient détenus, son conseil était que le pire de ces

10 camps se trouvait dans un endroit appelé Capljina; et c'est dans ce camp

11 que je me suis rendu.

12 Question: Est-ce que vous vous souvenez où se trouvait ce camp?

13 S'agissait-il d'un camp dirigé par des Croates ou des Musulmans?

14 Réponse: Ce camp était dirigé par une milice appelée "OS". C'était en

15 Herzégovine, dans le sud du pays. Et la mise en place… En fait, le OS

16 était une unité mixte qui était en partie croate et en partie musulmane.

17 Pour des raisons politiques, il s'agissait d'une unité hybride dirigée

18 essentiellement par des Croates, sous le contrôle des Croates.

19 Les conditions qui régnaient dans ce camp, comme je l'ai dit, étaient

20 mauvaises et nous avons écrit un article à ce sujet.

21 Question: Est-ce qu'à un moment donné, après le 5 août 1992, vous avez

22 visité des camps dans lesquels des Musulmans avaient emprisonné des

23 Serbes?

24 Réponse: Non. Je ne me suis rendu dans aucun autre camp après cela, hormis

25 la deuxième visite à Capljna.

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1 Question: Dans votre déposition, vous dites, le 7 août: "Je voulais

2 prendre au pied de la lettre les allégations du vice-Président Koljevic".

3 Est-il vrai qu'à l'époque la presse internationale a mené des enquêtes sur

4 des centres de détention contrôlés par des Musulmans afin de déterminer

5 combien de prisonniers serbes se trouvaient dans ces camps?

6 Réponse: Je ne me souviens pas s'il s'agissait de la formulation exacte.

7 J'essaie de me souvenir de ces camps. Je me souviens qu'il y avait un

8 tunnel -je ne me souviens pas du nom exact-, il s'agissait d'un tunnel

9 ferroviaire, et je crois qu'il s'appelait Tarcin, quelque chose comme

10 cela.

11 Question: Est-ce que, afin de vérifier ces allégations, vous êtes vous

12 rendu au camp de Celebici par exemple?

13 Réponse: Non.

14 Question: Saviez-vous que le vice-président Koljevic avait mentionné ce

15 camp de Celebici comme étant l'un des camps où étaient détenus des Serbes?

16 Réponse: Je connais l'existence de Celebici maintenant. Si ce camp se

17 trouvait sur la liste je pense que j'aurais lu le nom, mais je ne me

18 souviens pas avoir vu ce nom.

19 Les noms qui ont été mentionnés étaient Capljina, ce tunnel ferroviaire

20 qui, je pense, s'appelait Tarcin. Mais je souhaiterais vérifier cela sur

21 une carte afin de donner le nom exact. Mais je me suis rendu dans ce

22 tunnel, il n'y avait personne.

23 Question: Est-ce que vous avez visité des centres de détention dirigés par

24 des Musulmans et dans lesquels se trouvaient des citoyens serbes dans la

25 région de Bihac?

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1 Réponse: Je n'étais pas en Bosnie avant avril 1992. Je n'ai pas passé

2 énormément de temps en Bosnie, seulement au mois d'août. Je m'excuse.

3 J'étais à l'aéroport de Sarajevo pendant 36 heures et les événements que

4 nous avons décrits hier figurent dans le premier véritable reportage que

5 j'ai fait en Bosnie.

6 Question: Est-ce que c'est après que le vice-président Koljevic vous ait

7 donné ce conseil que vous êtes allé vérifier ce qui se passait dans les

8 centres de détention dirigés par des Musulmans? Est-ce qu'il s'agissait de

9 visites très restreintes ou est-ce que vous vous êtes véritablement rendu

10 dans ces camps?

11 Réponse: Je me suis rendu dans ces camps et j'ai mené une enquête. Je n'ai

12 pas rejoint ce que j'appellerai le cirque des médias qui se rendait à

13 Trnopolje et à Omarska. Je suis allé en voiture à travers la Hongrie et

14 j'ai passé toute la journée et une partie de la nuit à voyager jusqu'à

15 l'autre côté. Et le camp qui posait le plus de problèmes, apparemment,

16 était celui de Capljina; les conditions qui régnaient là-bas étaient

17 terribles.

18 Question: En tant que journaliste étranger co-correspondant, quand est-ce

19 que l'on vous a parlé de l'existence du camp de Trnopolje et du camp de

20 Keraterm? Est-ce que vous avez mené des enquêtes à ce sujet?

21 Réponse: Non, nous nous sommes rendus à Belgrade aussi rapidement que

22 possible. Il y avait des allégations selon lesquelles un massacre avait eu

23 lieu dans ce camp, c'est ce que j'ai entendu ce jour-là, mais je n'ai pas

24 pu le vérifier, je n'ai pas pu le prouver; c'est pour cela que nous

25 n'avons pas écrit d'articles immédiatement à ce sujet. Peut-être que s'il

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1 s'était agi de cinq personnes, nous l'aurions fait. Mais nous pensions à

2 l'époque, le 5 août, que, oui, il était temps pour nous de partir. C'est

3 ce que l'on nous a clairement fait comprendre.

4 Question: En fait, davantage de personnes sont arrivées, est-ce exact?

5 Réponse: Oui, c'est exact. Et les choses ont changé entre-temps. Je ne

6 parle pas de mon expérience personnelle, mais des reportages que j'ai lus

7 à ce sujet. Et il n'y avait plus de clôtures, etc. Je pense qu'Omarska a

8 fermé peu de temps après.

9 Question: Quelques années après votre visite à Omarska et Trnopolje, vous

10 avez créé un livre?

11 Réponse: Oui, au cours de l'été 1993.

12 Question: Il a été publié en 1994, n'est-ce pas?

13 Réponse: Oui, il a été achevé juste avant 1994. Il a été écrit en cinq

14 semaines et publié au début de l'année 1994.

15 Question: Dons, dans ce livre, vos souvenirs des événements du 5 août 1992

16 étaient donc beaucoup plus frais qu'aujourd'hui; est-ce exact?

17 Réponse: Oui, parce que les événements étaient encore récents. Je me

18 souvenais de davantage de choses parce que je l'ai écrit un an après les

19 visites que j'ai effectuées là-bas.

20 Question: Ce qui m'intéresse particulièrement, ce sont les personnes que

21 vous avez mentionnées et qui, selon vous, auraient détenu une position

22 importante et que vous auriez rencontrées dans le cadre de réunions, le 5

23 août 1992.

24 Pouvons-nous convenir que dans ce livre que vous avez écrit quelques

25 années donc après ces événements il s'agirait d'une source beaucoup plus

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1 fiable que vos souvenirs aujourd'hui, s'agissant des personnes

2 responsables dans les camps d'Omarska et de Trnopolje?

3 Réponse: Oui, certainement.

4 Question: Ce que vous mentionnez dans votre livre est donc beaucoup plus

5 fiable que vos souvenirs d'aujourd'hui?

6 Réponse: Oui, puisque ce livre a été écrit peu de temps après les

7 événements. Mais j'ai davantage d'informations concernant la situation

8 aujourd'hui que je n'en avais à l'époque.

9 Question: S'agissant de l'article que vous avez écrit le 7 août 1992, donc

10 deux jours après les événements au sujet desquels vous avez déposé le 5

11 août 1992, les informations qui y figurent sont donc plus fiables?

12 Réponse: Oui. L'article daté du 5 août 1992… Je n'avais pas encore parlé

13 avec Penny Marshall et Ian Williams, mais nous parlons de ma déposition

14 d'aujourd'hui. Je ne sais pas ce que vous attendez de moi exactement.

15 Question: Vous avez déjà déposé au sujet du 5 août 1992 de la réunion à

16 laquelle vous avez participé ce jour-là et des personnes qui avaient

17 organisé cette réunion, n'est-ce pas?

18 Réponse: Oui, c'est exact.

19 Question: Vous avez déposé à ce sujet dans plusieurs affaires, n'est-ce

20 pas?

21 Réponse: Oui, plus d'une fois, et notamment dans le procès de M.

22 Kovacevic.

23 Je me souviens que l'on m'a demandé de prendre des notes au cours de cette

24 réunion qui a eu lieu en 1992.

25 Question: Je voudrais attirer votre attention -si je puis- sur le compte

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1 rendu d'audience qui a été pris au procès Tadic. Mais avant de ce faire,

2 j'ai une demande à vous poser à la ligne 8.

3 Nous voyons un mot entre guillemets, je crois que cela faisait partie de

4 ma question. Et puisque j'ai parlé un peu trop rapidement, le mot qui

5 figure ici devrait se lire "nominalement", donc pour le compte rendu

6 d'audience en langue anglaise. Simplement, je crois que le terme repris,

7 c'est "nominalement", "de façon nominale" et non pas "normalement". Donc

8 en anglais "normally" et "nominally".

9 J'aimerais maintenant attirer votre attention sur le témoignage que vous

10 avez fourni dans le cadre du procès Tadic -c'était le 6 juin 1996-, à la

11 page 1460.

12 En décrivant les événements qui avaient trait au Dr Stakic et les

13 évènements du 5 août 1992, vous dites que vous vouliez retourner pour voir

14 les personnes, pour que vous puissiez interviewer les participants, les

15 personnes que vous n'aviez pas pu interviewer quatre ans plus tard. C'est

16 la raison que vous donnez pour justifier la raison pour laquelle vous êtes

17 revenu plus tard au mois de février 1996. Est-ce exact?

18 Réponse: Oui, on m'a donné cela comme mission. On m'a demandé d'y aller.

19 M. Ostojic (interprétation): A la ligne 6, à la page 4060, vous dites:

20 "J'ai cru qu'il était intéressant de se rendre sur place et de le revoir

21 de nouveau. J'ai également voulu retrouver M. Stakic, la personne qui n'a

22 plus de cheveux, qui est maintenant chargée de l'opération. J'ai essayé de

23 les trouver tous les trois…".

24 M. le Président (interprétation): Je serais très heureux de pouvoir suivre

25 votre citation, mais vous citez la page 4060, un événement qui a eu lieu

Page 8070

1 le 7 juillet?

2 M. Ostojic (interprétation): Non. Vous faites erreur, Monsieur le Juge. Il

3 s'agit de la page 1460 et non pas la page 1416.

4 M. le Président (interprétation): J'avais compris la page 1416.

5 M. Ostojic (interprétation): Je suis désolé, Monsieur le Président.

6 M. le Président (interprétation): Oui, merci. Veuillez poursuivre.

7 M. Ostojic (interprétation): Aidez-moi à comprendre ce que vous voulez

8 dire lorsque vous parlez du mot "nominalement"?

9 M. Vulliamy (interprétation): C'était le n°1, "l'homme chargé de".

10 Question: Donc "nominalement", pour vous, représente qu'il est le n°1?

11 Réponse: Oui, c'était le représentant qui est à "la tête de".

12 Question: Maintenant, aidez-moi à comprendre ceci: au cours du procès

13 Kovacevic, Monsieur, vous souvenez-vous avoir dit à l'époque que,

14 concernant le 5 août 1992, la réunion qui a eu lieu à cette date-là, que

15 le Dr Kovacevic était le président et qu'il était "l'homme chargé de"?

16 Réponse: Je ne me souviens pas. Je crois que le Dr Kovacevic était l'homme

17 qui était assis au centre de la table et c'était lui qui parlait le plus.

18 Lorsque je dis "chargé de", il était la personne principale; cela dépend

19 comment on interprète la chose. Je crois que c'était le chef, le président

20 de cette réunion, c'est lui qui parlait le plus.

21 M. Ostojic (interprétation): Selon vous, qui croyez-vous était la personne

22 président de cette réunion ou tel que vous l'avez dit précédemment sous

23 serment, dans l'affaire Kovacevic? Qui était le président de cette

24 réunion?

25 M. Vulliamy (interprétation): Je ne sais pas si j'ai utilisé le mot

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1 "chairman", président de cette réunion… Eh bien, cela pourrait être

2 appliqué aux deux ou ni à l'un ni à l'autre. L'un des hommes était le plus

3 haut gradé et celui qui parlait le plus.

4 M. le Président (interprétation): Pourriez-vous avoir la gentillesse de

5 nous dire de quel passage il s'agit? Quelle est la page en question?

6 M. Ostojic (interprétation): La page 780 et 781 du compte rendu

7 d'audience, dans l'affaire Kovacevic.

8 M. le Président (interprétation): Veuillez poursuivre.

9 M. Ostojic (interprétation): Vous dites, en réponse à une question, au

10 cours de la réunion du 5 août 1992… "Est-ce que vous vous êtes forgé une

11 opinion?", c'était la question que l'on vous avait posée il y a quatre

12 ans.

13 Est-ce que vous vous étiez forgé une opinion, à savoir: qui était chargé

14 de cette réunion? Qui était le responsable? Le président de cette réunion?

15 Et la réponse que vous avez donnée après avoir fourni une réponse assez

16 longue, vous concluez sans contestation que c'était le Dr Kovacevic.

17 M. Vulliamy (interprétation): Est-ce que c'était une question?

18 Question: Oui.

19 Réponse: Je ne sais pas quelle était cette réponse très longue que j'ai

20 fournie à l'époque, je ne me souviens pas, mais il est vrai que c'est lui

21 qui parlait le plus au cours de cette réunion.

22 Question: Vous dites maintenant que la personne, le président de cette

23 réunion, la personne chargée des réunions était M. Stakic et non pas le Dr

24 Kovacevic ou bien, est-ce que cela fait vraiment une différence? Est-ce

25 que votre opinion change selon les procès? Est-ce que votre opinion change

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1 d'un jour à l'autre?

2 Réponse: Non, bien sûr que non. Mon témoignage est le suivant: c'est que

3 le feu Dr Kovacevic était certainement la personne qui parlait le plus; il

4 dominait, c'est lui qui parlait le plus. Et les questions et les réponses

5 étaient plutôt dirigées vers lui, alors que M. Stakic a parlé moins. Et

6 j'ai dit et je redis simplement que c'était le numéro un, le numéro deux,

7 l'homme numéro 1, l'homme numéro 2 au cours de cette réunion. Je ne change

8 pas mon témoignage conformément au procès; j'essaie simplement de vous

9 aider à comprendre. Mais c'est la façon dont on me les avait présentés à

10 l'époque.

11 M. Ostojic (interprétation): Bien. En 1998, sous serment -et vous ne vous

12 parjurez pas-, vous dites à la page 780 que c'était le Dr Kovacevic et le

13 Dr Stakic qui étaient ensemble. Vous dites sans aucun doute que c'était le

14 Dr Kovacevic. Comment pouvez-vous maintenant expliquer cette différence?

15 M. Koumjian (interprétation): Objection! Monsieur le Juge, la Chambre a

16 demandé précédemment dans cette affaire qu'à chaque fois que l'on soumet

17 une réponse au témoin, il faudrait lui lire la question ou la réponse

18 complète. Le conseil ne fait que mentionner une partie de la phrase, mais

19 il n'a pas relu au témoin toute la réponse qu'il avait donnée il y a

20 plusieurs années. Je crois qu'il ne serait que juste de fournir la réponse

21 du témoin au complet.

22 M. le Président (interprétation): Oui, merci. Plus particulièrement

23 lorsque, malheureusement, je dois dire que nous n'avons pas une copie de

24 cette déposition.

25 M. Ostojic (interprétation): A la page 780 dans l'affaire Kovacevic, le 15

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1 juillet 1998, votre ami, M. Keegan, vous pose la question suivante à la

2 ligne 19 -je cite-:"Monsieur Vulliamy, au cours de cette réunion, est-ce

3 que vous vous étiez forgé une opinion quant à savoir qui était la personne

4 chargée de cette réunion, qui était le président de la réunion?". (Fin de

5 citation.)

6 La réponse qui commence à la ligne 22 de la page 780 est la prochaine,

7 j'ouvre les guillemets: "Eh bien, il semblait que l'homme qui parlait le

8 plus jusqu'à ce moment-là était le président, le "chairman", le président

9 de la réunion où, en fait, c'était lui qui faisait les commentaires les

10 plus pertinents. J'ai trouvé que ses commentaires étaient très

11 intéressants puisque -même avant que l'on ait posé une question, puisqu'on

12 parlait de camp de concentration, et maintenant il était en train de

13 définir ce que nous allions voir-, et il disait que ce n'étaient pas des

14 camps de concentration mais de camps de transit. Il parlait du Service de

15 Renseignements Britanniques qui n'avait pas, dans les années 40, identifié

16 et trouvé les camps nazis. Je trouvais donc que l'on parlait d'une chose

17 bien pertinente. Et vous dites, excusez-moi, pour répondre à votre

18 question…" (Fin de citation.)

19 Monsieur Kovacevic, "et la réponse". Vous-même, vous mettez des guillemets

20 partout. Lorsque vous fournissez une réponse, vous fournissez votre

21 réponse il y a quatre ans et vous la mettez entre guillemets. Donc c'est

22 de façon non équivoque que vous donnez cette réponse, en réponse à une

23 question de M. Keegan quant à savoir que vous vous étiez forgé une opinion

24 bien claire et concrète, à savoir que la personne pour laquelle, vous

25 croyez, était le Président de cette réunion, était le Dr Kovacevic, n'est-

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1 ce pas?

2 M. Vulliamy (interprétation): Non, je n'ai pas dit sans équivoque comme

3 vous dites que j'ai dit. Je n'ai jamais utilisé ces mots. Vous appelez M.

4 Keegan "mon ami"; je ne fréquente pas cet homme, ce n'est pas un ami.

5 Question: Excusez-moi, mais tout le monde sait… et vous avez écrit là-

6 dessus, vous aviez même emprunté l'un de ses costumes pour témoigner; vous

7 n'avez pas écrit cela?

8 Réponse: Non, absolument pas. Il me fallait absolument emprunter un

9 costume pour témoigner; je portais simplement un jean à l'époque. L'ordre

10 des témoins avait été inversé. En fait, j'ai dû emprunter le costume de

11 quelqu'un d'autre, simplement pour pouvoir témoigner.

12 Question: Bien. Appelez-le comme vous voulez, votre ami ou non, comme vous

13 voulez. Je n'ai pas voulu vous insulter.

14 Réponse: Eh bien, il ne donnait pas l'impression que c'est un ami; vous

15 n'avez pas décrit la situation de façon conforme à la réalité.

16 Question: Bien. Alors aidez-moi à comprendre. Qui était la personne en

17 charge le 5 août 1992, lors de cette réunion dont on a vu un clip vidéo de

18 7 minutes?

19 Réponse: Je maintiens et je redis ce que j'ai dit, j'appuie mes dires.

20 Nous avons vu sur la cassette vidéo le Dr Kovacevic; il a ouvert les

21 commentaires, il parle au tout début de la séquence vidéo, il parle en

22 long. Je ne sais pas si on l'a vu sur le clip vidéo, mais je sais qu'il

23 parlait des camps de concentration. C'était l'homme qui était assis au

24 centre de la table et c'était lui qui parlait le plus. Il était la

25 personne dominante de cette réunion.

Page 8075

1 Question: Lorsque j'essaie de vous poser des questions, il faut absolument

2 que je la relise. Lors de quelle partie de la réunion avez-vous pu avoir

3 l'impression, outre le fait qu'il ait fait des commentaires d'ouverture,

4 des commentaires en introduction, que c'était lui qui contrôlait la

5 réunion?

6 Réponse: Une partie de la réunion, c'est lui qui était en charge pour une

7 partie de la réunion. Comme j'ai dit, il a parlé plus que n'importe qui

8 d'autre pendant toute la durée de la réunion.

9 Question: Permettez-moi maintenant de vous dire ce que vous avez dit en

10 réponse à une question de M. Keegan, il y a quatre ans, lors du procès du

11 Dr Kovacevic. On vous a posé la même question à la page 781, à la ligne

12 10.

13 J'ouvre les guillemets. Je vous cite: "Lors de quelle partie de la réunion

14 est-ce que vous avez pu avoir l'impression, sans équivoque, outre le fait

15 qu'il ait fait des commentaires en introduction, que c'était la personne

16 qui était responsable de la réunion?".

17 Réponse: Je peux comprendre le geste.

18 Question: Bien vous aviez répondu à la ligne 14 de cette même page, à

19 l'époque –et j'ouvre les guillemets-: "La personne qui contrôlait, qui

20 parlait le plus certainement, oui, j'avais l'impression que c'était

21 l'homme qui avait fait, qui avait ouvert le débat, qui avait ouvert la

22 réunion, et que c'est lui qui présidait la réunion".

23 Réponse: Oui.

24 Question: Est-ce que vous le connaissiez? Par exemple, sur le film, est-ce

25 qu'il avait un contrôle? Est-ce que c’était lui qui dominait? Est-ce qu'il

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1 avait le contrôle sur les autres participants?

2 Réponse: Oui, à la ligne 20.

3 Question: Vous dites oui. A un certain moment donné, son patron, le maire

4 Stakic, a essayé de faire une contribution verbale. Et lui, le Dr

5 Kovacevic, l'a interrompu. Oui, il faisait un monologue. Et, à ce moment-

6 là, M. Keegan vous a interrompu.

7 Réponse: Si je me souviens du geste, je crois que M. Kovacevic parlait. Je

8 ne me souviens pas exactement le tout très bien, mais, du meilleur de mon

9 souvenir, je crois qu'on le voit également dans la séquence vidéo. Donc il

10 est vrai que je suis maintenant influencé par la cassette vidéo que j'ai

11 vue. Je me souviens plus de la cassette vidéo que de l'événement en

12 question, mais je crois que Kovacevic était en train de parler et Stakic

13 essaie de l'interrompre. Il a simplement fait un geste de la main. Et

14 M.Stakic arrête de parler, oui. Et, effectivement, il l'a interrompu, il

15 l'a fait taire.

16 Question: Mais, en 1998, vous aviez eu l'impression que, absolument sans

17 aucun doute le Dr Kovacevic était l'homme chargé, l'homme en charge, le

18 principal.

19 Réponse: Je ne sais pas si j'ai moi-même utilisé les mots "in charge" ou

20 "chargé de". C'est peut-être quelque part dans une des questions d'un

21 autre procès. J'essaie simplement de revenir et je redis ce que je dis.

22 Oui, il a ouvert le débat, il était assis au centre de la table. Si vous

23 désirez, comme il était assis au centre il donnait l'impression d'être le

24 Président de l'assemblée, il était au centre. Mais M. Stakic se trouvait

25 complètement à l'autre bout de la table.

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1 Alors, oui, je maintiens pour dire que c'était la voix qui a dominé le

2 plus la réunion.

3 Question: Il était tellement dominant que, dans votre réponse, vous dites

4 qu'il avait le contrôle de la réunion?

5 Réponse: Je dirai que c'est tout à fait proche de ce que vous dites.

6 Question: En fait, à un moment donné, vous dites qu'il était le Président

7 de cette réunion?

8 Réponse: Non, je le dis de nouveau: il y avait quatre personnes. C’était

9 l’un des deux qui étaient assis au centre, c'est lui qui fait les

10 commentaires d'ouverture après avoir présenté plus ou moins

11 l’argumentation, ce que j'ai dit avec le colonel Arsic. C'est lui qui fait

12 les commentaires d’introduction, en fait, il ne nous accueille pas

13 tellement agréablement. Et le Dr Stakic après contribue, et M. Stakic en

14 fait est son patron. C’est tout ce que je peux vous dire.

15 M. Ostojic (interprétation): Deux jours après, vous avez écrit votre

16 article le 7 août 1992 et, de nouveau, vous ne faites qu'identifier le Dr

17 Kovacevic comme étant la personne qui était le Président du conseil

18 exécutif de Prijedor. Il est "le responsable technique d’Omarska et de

19 Trnopolje", n'est-ce pas? Je ferme les guillemets à la page 6 du septième

20 paragraphe.

21 M. le Président (interprétation): Pour le compte rendu d'audience, je vous

22 demanderai de lire le paragraphe complet.

23 M. Ostojic (interprétation): J’ouvre la citation: "D'abord, c'était

24 Kovacevic qui était en tant que Président du conseil exécutif de Prijedor.

25 Il est responsable de façon technique pour Omarska et Trnopolje. Il est né

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1 à Jasenovac, un camp d'Oustachi croates où 750 Serbes et Juifs ont été

2 tués entre 1941 et 1945". (Fin de citation.)

3 M. Vulliamy (interprétation): Eh bien, je vois que j'avais fait une

4 erreur, parce que M. Kovacevic n'était pas le Président du conseil

5 exécutif de Prijedor. Je n'ai pas en réalité mes notes en sténo sous les

6 yeux mais, du meilleur de mon souvenir, j'avais écrit "Stakic Prés.",

7 "Président", et à côté de Stakic j'avais écrit "vice-Président".

8 Mais vous pouvez me corriger si je ne m'abuse, mais j'avais compris que M.

9 Kovacevic était le vice-Président. Je ne sais pas pourquoi on ne lit pas

10 cela ici. Je crois que j'aurais répondu cela, c’est ce que j'aurais dit à

11 l'époque.

12 Question: Eh bien, je ne sais pas, mais même après ça vous avez dit que le

13 Dr Kovecevic est né au camp de Jasenovac. Et en fait, plus tard, vous avez

14 appris, n'est-ce pas, Monsieur, que cela n'était pas juste. En fait, dans

15 les notes que vous nous avez lues hier datant du mois de février 1996,

16 très clairement vous dites qu'il n'était pas né à Jasenovac, n'est-ce pas,

17 mais qu'il a simplement passé quelque temps à Jasenovac en tant que mineur

18 quand il était en bas âge?

19 Réponse: Je ne sais pas, mais, le 5 août, je me souviens qu'il nous avait

20 dit qu'il est né dans ce terrible endroit. Et quand je suis retourné le

21 voir la deuxième fois, il avait dit qu'il avait passé un certain nombre

22 d'années à cet endroit en tant que garçon. Je ne sais pas quelle est la

23 version qui est la bonne, mais, quoi qu'il en soit, j'ai trouvé que

24 c'était émouvant, c'est un détail émouvant et intéressant. C'est la raison

25 pour laquelle je l'ai mentionné dans cet article comme j'appelle cela le

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1 "contre-argument serbe à ces allégations".

2 Question: N'avez-vous pas appris, en réalité, que les faits que vous avez

3 écrits dans un article ne sont pas justes et sont tout à fait incorrects?

4 Est-ce que vous aviez publié un autre article pour identifier quelles sont

5 ces erreurs que vous aviez commises lors de votre premier article?

6 Réponse: Si j'avais eu un problème de communication avec M. Kovacevic et

7 si, par exemple, il avait fallu que je corrige quelque chose -ces

8 citations- ou si, lorsque je l'ai cité plus tard et que j'ai fait des

9 erreurs, s'il y a des contacts ou des corrections à faire, par exemple

10 lorsqu'il a écrit, enfin, s'il m'avait dit par exemple "je ne suis pas né

11 à Jasenovac, mais plus tard. J'ai passé un certain nombre d'années là, en

12 tant que garçon, c'est ma tante qui m'a ramené à la maison", j'aurais bien

13 sûr écrit une correction.

14 Question: Est-ce que vous lui avez envoyé l'article dans une langue qu'il

15 comprend, ou est-ce que vous avez simplement pris pour acquis qu'il

16 pouvait parler et lire l'anglais?

17 Réponse: Non.

18 M. Ostojic (interprétation): Alors, comment pensiez-vous qu'il pouvait

19 corriger les erreurs ou les inconsistances?

20 M. le Président (interprétation): Eh bien, puisque dans votre question

21 vous posez deux questions, c'est une question à deux volets; nous n'avons

22 qu'un non.

23 La question était la suivante: est-il vrai que vous lui avez envoyé

24 l'article?

25 M. Vulliamy (interprétation): Non, ce n'est pas la pratique courante, nous

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1 ne le faisons normalement pas.

2 M. Ostojic (interprétation): Donc simplement pour apporter quelques

3 précisions, donc il est vrai, Monsieur Vulliamy, que vous n'avez pas

4 envoyé l'article au Dr Kovacevic, cet article que vous avez rédigé le 7

5 août 1992? Est-ce que c'est exact?

6 M. Vulliamy (interprétation): Oui, c'est tout à fait exact.

7 M. Ostojic (interprétation): En tant que journaliste, en tant que

8 reporter, en tant qu'homme enquêtant sur des questions aussi importantes

9 que des camps, vous avez identifié des personnes pour lesquelles vous

10 dites qu'ils sont responsables techniquement pour certains camps. Est-ce

11 que vous n'aviez pas une obligation après avoir déterminé, confirmé les

12 faits que vous avez publiés, sont fiables et véridiques?

13 M. le Président (interprétation): C'est une question très longue, je

14 n'accepte pas cette question à cause du type de question.

15 M. Ostojic (interprétation): Bien, aidez-moi, Monsieur, à comprendre la

16 chose suivante: lors de la réunion qui a eu lieu le 5 août 1992, combien

17 de personnes étaient présentes, combien de personnes se trouvaient dans

18 cette pièce?

19 M. Vulliamy (interprétation): Il est très difficile de répondre à cela,

20 Monsieur le Juge, mais je dois y réfléchir. D'abord, il y avait un nombre

21 de personnes qui venaient et sortaient de la pièce car la réunion était

22 assez longue. Donc, à divers moments de la réunion, des gens entraient et

23 sortaient. Il y avait des personnes qui étaient à côté contre le radiateur

24 par exemple; des personnes qui venaient, qui entraient, qui vérifiaient de

25 quoi il s'agissait. Certaines personnes portaient des uniformes.

Page 8081

1 Mais pour ce qui est des participants principaux, je dirais qu'il y avait

2 M. Stakic, M. Kovacevic, le colonnel Arsic, M. Drjlaca, Mme Balaba,

3 l'interprète de l'ITN, moi-même, Penny Marshall, Ian Williams. Il y avait

4 également les membres de l'équipe de télévision serbe de Bosnie: il y

5 avait un caméraman de l'ITN, un homme qui prenait également le son de

6 l'ITN, il y avait également le producteur de l'ITN, une dame responsable

7 de la production, l'assistante en production; je crois qu'il y avait

8 quelqu'un d'autre qui prenait des photos ou qui tournait le film, mais je

9 ne me souviens pas qui c'était. Mais c'étaient les participants

10 principaux. Je suis désolé si j'ai donné une longue réponse.

11 Question: A peu près une vingtaine de personnes?

12 Réponse: Je ne sais pas combien de personnes j'ai énumérées, mais si je

13 compte les personnes que je viens d'énumérer, je dirais qu'il y avait

14 peut-être de douze à quinze personnes.

15 Question: Bien, de douze à quinze personnes. Vous aviez obtenu le permis…

16 ITN avait obtenu un permis d'aller rendre visite au camp d'Omarska, le 5

17 août 1992, et ensuite vous vous êtes rendu à Belgrade. Quel genre de

18 documents est-ce que vous deviez obtenir pour avoir accès à la région en

19 question?

20 Réponse: Eh bien, pour ce qui est de l'ITN et de moi-même, nous avions

21 reçu des garanties nous disant que nous pouvions aller à Omarska. Lorsque

22 nous sommes arrivés à Belgrade, nous avons reçu une accréditation

23 provenant de la presse, une agence de presse serbe de Bosnie, ils avaient

24 un bureau à Belgrade. Je ne me souviens pas du nom exact, je ne me

25 souviens pas tout à fait quel était le nom de cette agence, et il nous

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1 fallait nous rendre à leur agence, dans leurs bureaux, pour obtenir une

2 accréditation. Ensuite, de là, je crois que nous avons reçu une

3 accréditation émanant des autorités fédérales.

4 Question: Est-ce que c'était par écrit?

5 Réponse: Oui, c'était un tampon et des papiers et des documents.

6 Question: Est-ce que vous avez gardé des documents, ces documents qui ont

7 permis à vous et à votre équipe de l'ITN d'aller au camp d'Omarska?

8 Réponse: Non. Nous avons simplement montré ces documents aux autorités à

9 divers points de contrôle, mais je ne les ai pas avec moi.

10 Question: Aidez-moi à comprendre qui a décidé que vous deviez rencontrer

11 les représentants locaux de la municipalité de Prijedor, avant que l'on ne

12 vous emmène au camp d'Omarska?

13 Réponse: Je ne sais pas.

14 Question: Vous avez identifié hier, dans le cadre de votre témoignage,

15 qu'on vous a dit que vous aviez rencontré des personnes pour lesquelles

16 vous dites qu'ils sont des membres du comité de crise. Je vous ai demandé

17 à ce moment-là qui était la personne qui a identifié ces membres que vous

18 alliez visiter comme étant des "membres de la cellule de crise"?

19 Réponse: Je crois que c'était le chef de police, M. Drljaca. C'est lorsque

20 nous montions les escaliers, c'est lui qui a d'abord utilisé ce terme

21 "cellule de crise" ou "comité de crise". Je crois qu'il est vrai… Je ne me

22 souviens pas si c'était "cellule de crise" ou "comité de crise", mais je

23 sais que c'était crise quelque chose, le terme qu'il a utilisé. Je crois

24 que, pour la première fois, j'ai entendu ce terme sortir de la bouche de

25 M. Drljaca.

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1 Mais, en réponse à votre question précédente, je devrais dire que je ne le

2 sais pas, je ne sais pas qui avait décidé que nous devions les rencontrer,

3 mais il semblait que Karadzic avait donné un ordre à Koljevic et ainsi de

4 suite. C'était donc par ordre hiérarchique et ensuite, c'était le

5 commandant Milutinovic de Banja Luka; il savait très bien où nous allions,

6 mais je ne sais pas si c'était lui qui avait décidé que nous allions nous

7 rendre à cet endroit.

8 Question: Est-ce que vous savez si, dans les notes que vous aviez prises

9 le 5 août 1992, pour ce qui est de cette réunion, est-ce que l'on a pris

10 des extraits vidéo, est-ce qu'on a pris sur vidéo cette réunion? Savez-

11 vous si, sur cette cassette vidéo, nous pouvons voir les hommes de la

12 cellule de crise ou du comité de crise? Est-ce que nous pouvons lire cela

13 sur vos notes?

14 Réponse: Je ne me souviens pas.

15 Question: Et qu'en est-il sur les vidéos? Est-ce qu'ils paraissent sur les

16 extraits que nous avons vus hier?

17 Réponse: Je ne sais pas si on le voit sur la vidéo. On nous aurait

18 présenté à un moment où je n'aurais pas encore commencé à prendre des

19 notes.

20 Question: J'ai lu votre témoignage précédent et je suis surpris de

21 trouver… je viens de voir sur ce témoignage que le feu Simo Drljaca ou les

22 personnes pour lesquelles vous avez dit qu'elles étaient membres du comité

23 de crise…. ma question est la suivante: "Vous me dites que, 10 ans plus

24 tard, vous vous souvenez très bien du feu Simo Drljaca et vous vous

25 souvenez lorsqu'il vous a dit qu'il s'agissait d'un comité de crise". Je

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1 ferme les guillemets.

2 Réponse: Je vous répète ce que j'ai déjà dit. Je pense que c'était lui

3 lorsque nous allions à l'étage, et c'est lui qui a utilisé ce terme. Mais

4 je ne sais pas s'il s'agissait d'un comité de crise ou d'une cellule de

5 crise. Je ne me souviens pas du terme exact qui a été utilisé à l'époque,

6 et, comme je l'ai dit, cela pourrait être l'un ou l'autre.

7 Question: Je sais que vous avez mené de nombreuses recherches après le 5

8 août 1992. Est-ce que vous savez si le 5 août 1992, ou vers cette date, il

9 n'y y avait pas de véritable cellule de crise à Prijedor?

10 Réponse: Je pense que c'est surprenant. Cela m'étonne parce qu'une

11 expression a été utilisée ce jour-là qui comportait le mot "crise".

12 M. Ostojic (interprétation): Dans l'affaire Tadic, dans l'affaire Blaskic,

13 dans l'affaire Kovacevic, dans l'affaire Sikirica, vous n'avez jamais dit

14 que Simo Drljaca avait identifié ces personnes au cours de cette réunion

15 comme étant membres d'une -je cite-: "Cellule de crise ou d'un comité de

16 crise"?

17 M. Koumjian (interprétation): Je ne suis pas sûr qu'il s'agissait de la

18 question qui était posée. Je ne pense pas qu'il soit juste de reprocher au

19 témoin de ne pas avoir donné des informations en réponse à des questions

20 qui ne lui ont pas été posées.

21 M. Ostojic (interprétation): Au cours de votre déposition dans ces

22 affaires, par exemple dans l'affaire Dusko Tadic, vous avez parlé

23 spécifiquement du 5 août 1992, de cette réunion qui avait eu lieu le 5

24 août 1992.

25 M. Vulliamy (interprétation): Oui.

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1 Question: De façon ouverte et honnête, vous avez essayé de donner tous les

2 détails que vous aviez à votre connaissance?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Est-ce que vous vous souvenez avoir dit à la Chambre sous

5 serment que Simo Drljaca avait identifié les participants de cette réunion

6 comme étant membres d'un comité de crise?

7 Réponse: Non, je ne m'en souviens pas et je ne me souviens pas qu'on m'ait

8 posé la question.

9 Question: Peut-être que vous pourriez m'aider? Hier, dans votre

10 déposition, vous avez parlé du colonel Arsic qui aurait fait un geste de

11 la main et qui aurait dit: "Si vous voulez aller au camp d'Omarska, parlez

12 à ces personnes-là! Il a juste levé la main." Est-ce bien exact?

13 Réponse: Oui.

14 Question: A l'époque, vous en avez déduit que les personnes qui pourraient

15 vous autoriser à vous rendre au camp étaient les deux personnes qui se

16 trouvaient à droite du colonel Arsic: Kovacevic et Stakic?

17 Réponse: Oui. Et il parlait de ces trois hommes, y compris de M. Drljaca

18 et des représentants des autorités civiles.

19 Question: Est-ce qu'il a simplement… Est-ce que c'était impliqué ou l'a-t-

20 il dit spécifiquement?

21 Réponse: Il nous a dit que Manjaca était sous le contrôle des autorités

22 militaires et que c'était sous son contrôle que nous pourrions aller à

23 Omarska; que si nous voulions aller à Omarska, nous aurions besoin de

24 l'autorisation des autorités civiles. Les trois représentants des

25 autorités civiles qui étaient dans la pièce étaient Drljaca, Kovacevic et

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1 Stakic.

2 Question: Au cours de cette réunion, personne n'a parlé de Trnopolje?

3 Réponse: Non, je ne m'en souviens pas. Je pense que j'ai entendu Penny

4 Marshal mentionner cela sur la vidéo.

5 Question: Est-ce que le colonel Arsic a identifié Simo Drljaca comme étant

6 la personne responsable. A la page 785 du compte rendu d'audience du 15

7 juillet 1998, vous avez évoqué ce geste. Je ne sais pas si je dois lire

8 l'extrait en entier ou non.

9 Donc, à la ligne 13:

10 "-Q: Comment cela s'est terminé et sa participation…?"

11 Réponse à la ligne 15:

12 "-R: Le colonel Arsic a finalement abandonné l'idée de Manjaca et a dit

13 qu'il ne pouvait pas nous autoriser à aller à Omarska. Après, il a fait un

14 geste vers la droite et a dit: 'Vous devez parler à ces personnes car

15 c'est eux qui sont chargés d'Omarska et de Trnopolje'."

16 A la ligne 22:

17 -"Q: Qui se trouvait à sa droite?

18 -R: M. Kovacevic et M. Stakic."

19 Ensuite, Monsieur Vulliamy, vous dites: "Il a également dit que nous

20 devions parler à M. Drljaca mais ce geste était dans cette direction".

21 Réponse: Je ne m'en souviens pas, mais c'est logique.

22 Question: Est-ce que vous ou d'autres membres de l'équipe, -excusez-moi,

23 je vais un peu trop vite-, est-ce que vous ou d'autres membres de l'équipe

24 d'ITN qui étaient à Prijedor le 5 août 1992, est-ce que l'un d'entre vous

25 a demandé à Simo Drljaca d'avoir accès au camp?

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1 Réponse: Drljaca nous a emmené au camp.

2 Question: Oui, mais est-ce que vous lui avez demandé la permission d'aller

3 au camp?

4 Réponse: Je crois que nous avions demandé à tout le monde qui se trouvait

5 dans la salle la permission d'y aller.

6 Question: Hier, quand le Bureau du Procureur vous a demandé qui, en fait,

7 vous avait donné cet accès au camp, vous avez limité votre réponse au Dr

8 Kovacevic et au Dr Stakic.

9 Réponse: Non. Nous leur demandions en tant que groupe de personnes de

10 façon assez continue, pendant assez longtemps.

11 Question: Dans votre livre, il y a un certain nombre de points

12 intéressants, dans votre livre que vous avez écrit en 1993, à la page 8 de

13 ce livre, le premier paragraphe, vous identifiez Milan Kovacevic; vous

14 dites qu'il était l'homme responsable de la livraison des prisonniers

15 musulmans au camp de concentration d'Omarska?

16 Réponse: Oui. C'était juste une déduction.

17 Question: Je ne déduis rien, je suis en train de lire directement du livre

18 de ce que vous avez… vous n'identifiez pas Milomir Stakic comme étant la

19 personne responsable du fait de livrer les prisonniers au camp d'Omarska.

20 En fait, vous avez seulement identifié une personne et cette personne

21 était feu Milan Kovacevic.

22 Réponse: Ca, c'est un passage que je n'ai pas vu depuis un certain temps.

23 C'est un paragraphe qui commence par "pendant une partie de cette réunion,

24 plusieurs cartes nous avaient été montrées par le Dr Kovacevic". Et

25 effectivement, c'est bien une citation du livre, et je crois que c'est

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1 vrai. Mais je crois que M. Stakic apparaît ailleurs dans le livre.

2 Question: A la page 100, vous le nommez et vous dites qu'il est le maire

3 "civil". Ensuite, vous identifiez son adjoint, Milan Kovacevic, et vous

4 dites que "…dont la tâche était de surveiller le transfert vers les

5 centres de transit, y compris Omarska, et qui était lui-même né à

6 Jasenovac en 1941".

7 Et toujours sur cette page 92, page plus loin, vous identifiez à nouveau

8 le Dr Kovacevic comme étant la personne qui surveille les camps et la

9 personne qui est responsable des camps, n'est-ce pas?

10 Réponse: Je ne m'en souviens pas. Mais si vous le dites, eh bien, oui,

11 parce que le Dr Kovacevic était responsable des camps. Et, en tant

12 qu'adjoint de Stakic, c'était le cas.

13 Question: A aucun moment dans votre livre ou dans votre article du 7 août

14 1992 vous n'identifiez le Dr Stakic comme étant la personne qui est soit

15 au contrôle ou responsable des activités concernant les personnes qui

16 étaient détenues, que ce soit à Omarska ou Trnopolje? Est-ce exact?

17 Réponse: Oui, je suis sûr que c'est le cas. Il en a dit bien moins. Et je

18 crois qu'il était le maire civil, le fonctionnaire le plus élevé à cet

19 endroit.

20 M. Ostojic (interprétation): Je ne sais pas si c'est un bon moment pour

21 interrompre, Monsieur le Président?

22 (Matières relatives aux éléments de preuve.)

23 M. le Président (interprétation): Je pense que c'est le bon moment pour

24 lever la séance. Mais de façon à ce que nous ne perdions pas de vue les

25 pièces à conviction, je considère que la défense présente pour versement

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1 au dossier cet article; il s'agit de l'article du "Guardian" du vendredi…

2 août 1992.

3 M. Ostojic (interprétation): Oui, monsieur le Président.

4 M. le Président (interprétation): Ce serait donc DPD1, déposition 1. Et

5 qu'en est-il du livre? Est-ce que votre intention est également de faire

6 verser le livre au dossier?

7 M. Ostojic (interprétation): Il y a des lois de copyright, et je suis sûr

8 que je ne les viole pas pour ce qui est d'avoir photocopié un texte.

9 L'auteur est ici et il pourrait lui-même renoncer. Mais je pense que, pour

10 son témoignage, c'est inutile d'avoir l'intégralité du livre. Nous avons

11 deux exemplaires supplémentaires que nous pourrons présenter à la Chambre

12 ou le Bureau du Procureur pourrait en produire un exemplaire. Je ferais ce

13 que la Chambre souhaite.

14 M. le Président (interprétation): Bien. Je permets que l'on fasse des

15 copies, que l'on fasse de 20 à 25 copies. Il ne devrait pas y avoir

16 d'obstacle. Mais nous serions heureux de recevoir de la partie des copies

17 pertinentes de ce livre qui pourront ensuite être versées au dossier sous

18 la cote DPD2.

19 Il y avait un commentaire du Bureau du Procureur, je crois?

20 M. Koumjian (interprétation): Je ne crois pas que nous ayons marqué la

21 vidéo qui a été diffusée aujourd'hui et qui n'avait pas été présentée

22 avant. C'était un extrait d'une vidéo qui avait le n°ERN-V000-0662.

23 M. le Président (interprétation): Est-ce que ce sera le numéro DP suivant?

24 Mme Dahuron (interprétation) : Ce sera DP7, Monsieur le Président.

25 M. le Président (interprétation): DP7. Je vous remercie.

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13 pagination anglaise et la pagination française.

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1 Je suspends l'audience maintenant jusqu'à 14 heures 30.

2 (L'audience, suspendue à 13 heures 5, est reprise à 14 heures 32.)

3 (Suite du contre-interrogatoire du témoin, Edward Vulliamy par Me

4 Ostojic.)

5 M. le Président (interprétation): Le conseil de la défense peut poursuivre

6 sur-le-champ.

7 M. Ostojic (interprétation): Bon après-midi, Monsieur Vulliamy. Je n'aime

8 pas donner d'avertissement au témoin, mais je voudrais le faire pour deux

9 raisons: une pour me rappeler la règle que, j'espère, vous suivez aussi

10 Monsieur. Puisque tous les deux nous parlons anglais, nous avons tendance

11 à chevaucher et c'est certainement davantage ma faute que la vôtre. Si

12 vous pouviez attendre que j'ai fini de poser une question ou quand vous

13 pensez que j'ai fini de poser ma question. Et j'essaierai de faire de même

14 lorsque vous avez achevé votre réponse, parce que les interprètes ont dû

15 mal à me suivre ainsi que vous.

16 Est-ce que nous pouvons nous mettre d'accord là-dessus?

17 M. Vulliamy (interprétation): Bien entendu. La Chambre a également demandé

18 la même chose et je présente mes excuses pour tout problème qui aurait pu

19 se poser jusqu'à maintenant.

20 Question: Monsieur le Témoin, je suis perturbé par un certain nombre de

21 questions, je voudrais revenir à cette question du contrôle.

22 En ce qui concerne ce mot "nominal", j'ai regardé ce que voulait dire ce

23 mot dans un Thesaurus, dans un dictionnaire; vous êtes un journaliste,

24 journaliste britannique, c'est le Thesaurus qui dit que le sens du mot

25 "nominal" veut dire "censé", pour ainsi dire, uniquement, nommément, sans

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1 conséquence.

2 Est-ce que vous êtes d'accord sur le sens du mot "nominal", qu'il est ce

3 que je viens de dire? Ou est-ce que vous continuez, vous insistez pour

4 dire que cela veut dire "le fonctionnaire le plus important"?

5 Réponse: J'ai utilisé ce mot comme voulant dire le "titulaire" ou "en

6 titre".

7 M. Ostojic (interprétation): Vous n'êtes donc pas d'accord avec l'autre

8 commentaire concernant les autres définitions concernant le mot "nominal"?

9 M. Koumjian (interprétation): J'élève une objection. Le thesaurus ne donne

10 pas de définition mais des synonymes. Et s'il n'est pas d'accord avec des

11 synonymes ou différents sens des mots, cela peut se comprendre.

12 M. le Président (interprétation): Ceci se comprend. L'objection est

13 acceptée. Nous pouvons utiliser le thesaurus pour différentes sources,

14 c'est un mot difficile. Mais il n'est pas important de savoir ce que ce

15 livre nous dit, mais quelle était l'intention du témoin lorsqu'il a écrit,

16 lorsqu'il a voulu s'exprimer.

17 M. Ostojic (interprétation): Pourrais-je vous poser cette question?

18 En mai 2002, il y a juste quelques mois, est-ce que votre opinion en ce

19 qui concerne l'homme qui avait l'autorité, qui vous a permis d'entrer à

20 Omarska et à Trnopolje en août 1992 avec une équipe d'ITN, serait Milan

21 Kovacevic; est-ce vrai ou inexact?

22 M. Vulliamy (interprétation): Ce n'est pas seulement son autorité, mais il

23 faisait certainement partie de l'organe tel qu'il nous a été présenté, qui

24 nous donnait l'autorisation de nous y rendre. Je ne sais pas quel pouvoir

25 ou autorité ou quelle était la relation d'autorité ou de pouvoir entre les

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1 plus hauts fonctionnaires et son adjoint. J'avais cru comprendre qu'il

2 s'agissait d'un président et d'un vice-président. Si c'était M. Kovacevic,

3 comme je l'ai dit précédemment -et j'y reviens- qui parlait

4 essentiellement lors de cette réunion, c'est probablement ce que j'ai

5 voulu dire par là… mais je vais m'y tenir. On leur demandait à tous, en

6 tant qu'organe, à différents moments de la réunion, de tenir cela.

7 Question: Ma question est un peu plus précise que cela: est-il vrai qu'en

8 mai 2002 vous avez écrit un article qui avait trait à ce Tribunal et

9 revenait sur ce que vous aviez appelé "blue chair" sur lequel vous avez

10 déposé, vous avez fait un synopsis sur ce que vous aviez su du procès

11 Milosevic. Et vous avez donné à vos lecteurs un certains cadre concernant

12 votre expérience et vous vous identifiez vous-même… Je n'ai pas fini, je

13 m'arrête un instant pour les interprètes seulement, excusez-moi.

14 Et donc, en outre, vous vous nommez comme étant la personne qui a déposé

15 dans des affaires soumises au Tribunal par (inaudible) Milan Kovacevic. Et

16 vous dites: "Milan Kovacevic, l'homme sous l'autorité de laquelle je suis

17 rentré à Omarska et Trnopolje, des camps de concentration en août 1992

18 avec une équipe de ITN." (Fin de citation.)

19 Réponse: Oui. C'était l'homme sous l'autorité duquel nous sommes allés

20 dans ces camps, il était le président adjoint de l'organe qui avait

21 autorité, qui, à ce que j'ai compris, était chargé des camps.

22 Question: A aucun moment dans l'un quelconque des articles que vous avez

23 écrits, qu'il s'agisse de l'article du 7 août 1992 ou de février 1996 ou

24 l'article de mai 2002, est-ce que vous avez jamais identifié le Dr Milomir

25 Stakic comme étant le maire grâce à l'autorité duquel vous avez pu

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1 pénétrer dans Omarska, est-ce exact? Ou Trnopolje?

2 Réponse: Exact.

3 Question: Cet article que je cite, est-ce que vous écrivez régulièrement

4 des articles pour cette publication?

5 Réponse: Quelle publication?

6 Question: Ce qu'on appelle le "Bosnian Report", l'Institut de Bosnie.

7 Réponse: Je n'ai pas écrit d'article pour le "Bosnian Institute",

8 l'Institut bosnien.

9 M. Ostojic (interprétation): Avec la permission de la Chambre, est-ce que

10 je peux présenter un exemplaire d'un document que l'huissier pourra

11 distribuer?

12 M. le Président (interprétation): Oui, allez-y! Ce sera donc le document

13 DPD3.

14 M. Ostojic (interprétation): Nous avons également dit que le secteur dans

15 lequel nous nous concentrons… malheureusement, c'est marqué par un

16 astérisque, je n'ai pas d'exemplaire sans marques.

17 (Intervention de l'huissier.)

18 Dites-moi simplement quand vous aurez eu assez de temps pour voir cet

19 article.

20 M. Vulliamy (interprétation): Je vois cet article devant moi. Je m'en

21 souviens. J'étais un peu dans la confusion quand vous avez parlé de mai

22 2002 parce que, quand j'ai écrit cet article, c'était pas mal de temps

23 avant cela… je crois en février 2002.

24 M. le Président (interprétation): Vous pouvez voir sur la dernière page

25 que cet article a été publié dans l'"Observer" de février 2002.

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1 Evidemment, c'est une réimpression.

2 M. Ostojic (interprétation): Et pour que le compte rendu soit clair, tout

3 en haut à droite, le fait que cela fasse partie d'une série d'articles qui

4 paraissent dans le "Bosnian Report" de cet Institut bosnien, la série est

5 de janvier jusqu'à mai 2002. C'est exact?

6 M. Vulliamy (interprétation): Oui, j'ai écrit cet article pendant cette

7 période.

8 Question: Je voudrais vous demander: lorsque vous avez quitté cette

9 réunion du 5 août 1992, vous avez dit qu'il y avait eu un débat parmi les

10 membres. Est-ce que vous vous rappelez de cela?

11 Alors, vous toute, la presse internationale, on vous a demandé de partir

12 n'est-ce pas?

13 Réponse: Oui. On nous a demandé d'attendre à l'extérieur pendant qu'ils

14 discutaient entre eux.

15 Question: Est-ce que vous n'êtes pas revenu dans cette pièce du bâtiment

16 municipal pour avoir d'autres discussions avec le Dr Stakic ou d'autres

17 membres, n'est-ce pas?

18 Réponse: Non.

19 Question: En fait, qui était la personne qui, après ce débat, vous a dit

20 que l'on vous amènerait à Omarska?

21 Réponse: Monsieur Drljaca.

22 Question: Saviez-vous sur quoi portait la discussion?

23 Réponse: Non, mais M. Drljaca a dit à l'interprète de l'équipe de l'ITN,

24 qui discutait, de savoir ce qu'il fallait faire...

25 Question: Discutait ou débattant de ce qu'il fallait faire?

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1 Réponse: Je dirais que l'argument entre M. Arsic et d'autres étaient de

2 savoir si Manjaca était une destination qui convenait ou pas. Et savoir si

3 l'on pourrait ou l'on devrait aller ou ne pas aller à Manjaca s'est

4 poursuivi. Et à la page 35 du compte rendu d'hier, vous dites que vous

5 avez attendu à l'extérieur en discutant avec M. Simo Drljaca, qu'il avait

6 résulté de cette discussion qu'un reporter avait voulu se joindre à votre

7 groupe. Il venait, je crois, de Zagreb pour voir et découvrir Omarska.

8 Est-ce que c'est vrai?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Pourriez-vous me dire qui pourrait donner la permission à qui

11 d'aller au camp?

12 Je crois que vous avez dit "car il était demandé au reporter qui avait

13 demandé la permission au Dr Karadzic, ou à d'autres membres, la permission

14 d'aller à Omarska". Excusez-moi. Je crois que ma question est trop longue.

15 J'essayais de donner un cadre général.

16 Je crois que vous avez ensuite dit que Simo Drljaca a demandé: "Est-ce que

17 vous avez obtenu l'autorisation de le faire?", la réponse a été non, donc

18 il n'a pas eu l'autorisation de se joindre à vous ni à l'équipe d'ITN;

19 n'est-ce pas?

20 Réponse: On lui a demandé s'il faisait partie du groupe du Dr Karadzic ou

21 une expression de ce genre. Je ne suis pas sûr que le mot "permission" de

22 Karadzic était l'expression. Mais on lui a demandé s'il faisait partie du

23 groupe organisé, du voyage organisé.

24 Question: Donc votre impression est que le Dr Karadzic avait organisé

25 cette visite de la presse internationale, n'est-ce pas, et non pas qu'il

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1 les ait autorisés à se rendre à Omarska?

2 Réponse: Non. Mon impression était que M. Karadzic avait donné, envoyé une

3 sorte de défi -et je regrette de ne pas avoir dit cela assez clairement

4 hier- lorsqu'il était à Londres. En ce qui concerne les allégations

5 concernant Omarska, il a dit qu'elles n'étaient pas vraies et qu'il

6 prendrait les dispositions nécessaires pour que nous puissions y aller. Ce

7 n'était pas un voyage pour la presse internationale. En fait, l'éjection

8 de cet homme du convoi, je pense, montre exactement que ce n'était pas le

9 cas. C'était un exemple précis, il y avait des arrangements précis pour

10 l'équipe de ITN et nous-mêmes pour que nous puissions aller à Omarska et

11 voir ce qui se passait à ce sujet. Et c'était pour la réalisation de ces

12 arrangements en dépit de ces obstacles dont j'ai parlé hier.

13 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vous pensez, alors que vous êtes

14 ici, maintenant, que ce monsieur qui venait de Zagreb aurait été en mesure

15 d'appeler le Dr Kovacevic ou de parler à Simo Drljaca et d'obtenir la

16 permission d'aller à Omarska, n'est-ce pas?

17 M. Vulliamy (interprétation): Non, je ne pense pas qu'il aurait pu le

18 faire.

19 M. Koumjian (interprétation): Ceci est une spéculation. Le témoin peut

20 déposer sur la façon dont il a reçu une permission et ce qu'il a observé,

21 mais cela ne sert à rien qu'il fasse des spéculations sur ce qui aurait pu

22 se passer pour quelqu'un d'autre dans d'autres circonstances.

23 M. le Président (interprétation): Objection acceptée.

24 M. Ostojic (interprétation): Savez-vous, depuis que vous avez été là,

25 Monsieur Vulliamy, si vous avez donné un avis à ce reporter sur le fait

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1 qu'il devait appeler Drjalca ou Kovacevic de façon à avoir la permission

2 de voir Omarska?

3 M. Vulliamy (interprétation): Non, je n'ai pas donné cette opinion.

4 Question: Savez-vous si le reporter lui-même a demandé à Drjalcala la

5 permission d'aller voir le camp, d'aller à Omarska?

6 Réponse: Je ne sais pas.

7 Question: Juste pour des éclaircissements, on a parlé au début du contre-

8 interrogatoire de trois notions: vos notes prises à l'époque puis votre

9 aide-mémoire -comme vous l'appelez- et, en fin de compte, le résultat

10 final de votre interview. En compilant l'ensemble, vos notes, l'aide-

11 mémoire et votre souvenir des événements qui est le produit final de

12 l'article que vous avez écrit, n'est-ce pas?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Pour préparer cette affaire, est-ce qu'à un moment quelconque

15 vous avez eu l'occasion de préparer cet aide-mémoire ou de dactylographier

16 un sommaire ou un résumé des notes de la réunion du 5 août 1992?

17 Réponse: En vue de la présente affaire, non.

18 Question: Non, en préparation de n'importe quoi, pour quelque raison que

19 ce soit?

20 Réponse: Est-ce que j'ai préparé des notes dactylographiées? Oui. Je crois

21 que vous le savez, vous l'avez dans un dossier.

22 Question: Je ne sais pas et je voudrais être bien sûr que c'est clair. Je

23 ne parle pas des aide-mémoire dactylographiés de février 1996, je pose des

24 questions concernant le 5 août 1992.

25 Réponse: Non, pas à partir du 5 août. Il n'y avait aucune manière dont

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1 j'aurais pu dactylographier cela à ce moment-là. J'ai écrit cet article à

2 la main et je l'ai dicté. Je n'avais pas de matériel pour dactylographier.

3 Question: Pour l'article du 5 août 1992, vous vous êtes servi de vos notes

4 prises à ce moment-là pour l'article final, n'est-ce pas?

5 Réponse: Oui.

6 Question: A la différence de l'interview de février 1996, vous aviez, en

7 fait, le triple ensemble des notes, des aide-mémoire et de l'article

8 définitif, n'est-ce pas?

9 Réponse: Oui. Si je peux expliquer: en 1992, il n'y avait aucun moyen

10 technique de transmettre, pas de moyen technique tout au moins qui soit

11 disponible pour moi de transmettre quoi que ce soit à partir, par exemple,

12 d'un ordinateur ou de moyens électroniques. Il y avait des problèmes à

13 l'époque.

14 En 1996, je suis allé de Prijedor à Zagreb. J'ai effectivement préparé des

15 notes dactylographiées parce que j'ai eu accès à un ordinateur à Zagreb,

16 et j'ai préparé des notes dactylographiées sur la base de consultations

17 avec mon collègue et avec l'interprète; je crois que j'ai expliqué que les

18 notes de sténographie que j'avais prises ne sont pas un compte rendu au

19 mot à mot de ce qui a été dit, mais des citations pour citer directement

20 ces notes. On avait l'impression que les gens sont des imbéciles qui ne

21 savent pas s'exprimer, ce qui n'est pas le cas.

22 M. Ostojic (interprétation): Il y a cet article, "Une saison en enfer".

23 Nous avons discuté de ce livre par Edward Vulliamy, en particulier les

24 pages 8 et 9, les pages 100 et 101.

25 M. le Président (interprétation): Bien. Ceci serait DPD4?

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1 Mme Dahuron (interprétation): Il y avait déjà le n°DPD2.

2 M. le Président (interprétation): Je vous remercie de me l'avoir rappelé.

3 Ce que je voulais dire, c'était que le témoin pourrait nous montrer

4 certaines parties de son livre, s'il pense que certaines parties ne sont

5 pas hors de contexte bien sûr, mais s'il y a d'autres parties de son livre

6 pour savoir s'il serait utile pour aider la Chambre à se rapprocher de la

7 vérité.

8 Donc, n'hésitez pas, s'il vous plaît, à appeler notre attention sur

9 d'autres parties de votre livre si vous estimez que c'est nécessaire.

10 M. Vulliamy (interprétation): Je vous suis très reconnaissant, Monsieur le

11 Président, mais je n'ai pas vu ce livre depuis bien des années. Mais je

12 ferai de mon mieux d'après mes souvenirs. Je vous suis très reconnaissant

13 de m'en donner l'occasion.

14 M. le Président (interprétation): Oui, l'accusation?

15 M. Koumjian (interprétation): Je voudrais demander s'il n'y a pas

16 d'objection de la défense. Et, si vous voulez bien, Monsieur le Président,

17 je crois qu'en ce qui concerne la page 100 –je crois que le conseil a

18 parlé des pages 100 et 101-, la visite au camp d'Omarska telle que je l'ai

19 trouvée dans le livre commence à la page 98 et va jusqu'à la page 107.

20 J'ai ici des copies pour tout le monde de ces 10 pages, si vous le voulez

21 bien.

22 Mais c'est moi qui ai fait les photocopies et pas Mme Karper, et l'agrafe

23 est mal placée aux endroits de la page. Mais j'ai des photocopies.

24 M. le Président (interprétation): Bon, nous avons une double contribution.

25 Il ne devrait pas y avoir de problème, pas d'objection de la défense?

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1 On permet au Bureau du Procureur de présenter ce document pour versement

2 au dossier… de combien de pages? Dix pages.

3 M. Koumjian (interprétation): De la page 98 à la page 107, dix pages.

4 M. le Président (interprétation): Bon. Alors, nous allons également

5 entendre parler d'un autre parti, cela pourra nous aider. Par conséquent,

6 auriez-vous l'amabilité de faire distribuer également d'autres parties.

7 (Intervention de l'huissier.)

8 S'il y a des pages supplémentaires, indiquez-le, sinon nous allons

9 poursuivre. Donc, vous pouvez continuer.

10 M. Ostojic (interprétation): Je pense que la Chambre vous a posé une

11 question. Je ne suis pas sûr que vous ayez répondu à cette question. Si

12 vous n'avez pas répondu; je vous prie de le faire à présent.

13 M. Vulliamy (interprétation): Non, pas pour le moment, j'étais occupé avec

14 ces papiers. S'il y a d'autres questions que je souhaiterais soulever je

15 le ferai, mais je suis à votre disposition.

16 Question: Est-il exact, dans votre livre vous dites que c'est M. Kovacevic

17 qui était responsable des camps d'Omarska et de Trnopolje; est-ce exact?

18 Réponse: C'est ce qui apparaît ici.

19 Question: Est-ce faux?

20 Réponse: Non, c'est l'impression que nous avons eue pendant la réunion.

21 Question: Est-ce que, pendant cette réunion que vous avez eue le 5 août

22 1992, est-ce que le colonel Arsic a présenté à la presse internationale,

23 est-ce qu'il a dit que le Dr Stakic était responsable d'Omarska?

24 Réponse: Non. Il a indiqué que les autorités civiles étaient les autorités

25 sous l’autorité de laquelle -excusez-moi de la répétition-, nous pourrions

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1 éventuellement nous rendre au camp. Et, par cela, il voulait dire -et je

2 pense qu'il l’a dit expressément- qu'il s'agissait de trois personnes: M.

3 Stakic, M. Kovacevic et le chef de la police Simo Drljaca. Il parlait de

4 ces trois personnes en particulier. Et, comme je l’ai dit précédemment, il

5 y a ces documents ici qui le montrent et les documents dont j'ai parlé

6 hier. C’est Kovacevic qui parlait la plupart du temps. Et c'est lui qui

7 semblait être le plus en prise avec ce qui se passait, de toutes les

8 personnes qui étaient dans la pièce.

9 Question: Donc à aucun moment vous n'avez dit que le Dr Stakic, en 1992,

10 vous a été présenté comme étant le maire responsable d'Omarska? C'est ce

11 qu'a dit le colonel Vladimir Arsic. Est-ce que vous pensez qu'il s'agit

12 d'un embellissement de la vérité, d'une déformation de la vérité ou d'un

13 mensonge?

14 Réponse: Je ne pense pas que Vladimir Arsic ait jamais dit que M. Stakic

15 était responsable d'Omarska. Je ne pense pas avoir dit cela.

16 M. Ostojic (interprétation): Je suis d'accord avec vous, mais si vous

17 aviez dit cela, comment est-ce que vous qualifieriez cette expression:

18 d’embellissement, de déformation de la vérité ou de mensonge?

19 M. Koumjian (interprétation): Ceci est ambigu. Il vient de dire que M.

20 Arsic n'a jamais dit que M. Stakic avait dit qu'il s'agissait du maire

21 responsable d'Omarska. Et le conseil de la défense a ensuite posé une

22 autre question et tout cela est un peu confus.

23 M. Ostojic (interprétation): Oui. Peut-être que je pourrais un peu

24 clarifier tout cela.

25 M. le Président (interprétation): Oui. Pourriez-vous répéter la question,

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1 s'il vous plaît?

2 M. Ostojic (interprétation): Monsieur Vulliamy est-ce que vous avez écrit

3 qu'en 1992 "le Dr Stakic vous a été présenté comme étant le maire

4 responsable d'Omarska. C'est ce qu’a dit le colonel Vladimir Arsic."?

5 S'agissant de ces deux phrases que je viens de citer, est-ce que vous avez

6 fait de telles déclarations?

7 M. Vulliamy (interprétation): Non, je ne m'en souviens pas.

8 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vos aide-mémoire que vous avez

9 transmis au Bureau du Procureur, notamment à M. Keegan, est-ce que cela

10 apparaît dans les notes que vous avez transmises concernant M. Stakic?

11 M. Vulliamy (interprétation): Je pense qu'on peut dire qu'il était un

12 fonctionnaire important.

13 M. le Président (interprétation): Oui, le témoin pourrait-il répondre s'il

14 vous plaît?

15 M. Vulliamy (interprétation): Monsieur Stakic était l’un des

16 fonctionnaires les plus importants dans le groupe sous l'autorité duquel

17 nous sommes allés à Omarska et dont nous nécessitions l'autorisation

18 -comme l’avait dit le colonel Arsic-, afin de nous rendre à Omarska. La

19 position de M. Kovacevic, s'agissant de la gestion des camps, est due à ce

20 qui s'est passé après cette réunion. Lorsque la presse, ce que j'appelle

21 le "cercle des médias", tous ces gens se sont rendus à Omarska et à

22 Trnopolje dans les jours qui ont suivi. Et M. Kovacevic, dans de nouvelles

23 nombreuses interviews qu’il a accordées à la télévision et aux journaux, a

24 été présenté comme l'homme, le porte-parole en quelque sorte, des

25 autorités qui donnait des commentaires concernant ces camps.

Page 8104

1 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vous savez quelle était la

2 position du Dr Milomir Stakic par rapport aux décisions qui étaient prises

3 à cette époque?

4 M. Vulliamy (interprétation): Ce que je sais, c'est que les trois

5 personnes qui étaient présentes là ont changé d'avis -ou on leur a demandé

6 de changer d'avis. Et ils ont finalement décidé que nous pourrions nous

7 rendre à Omarska pour y voir ce que nous y avons vu et que nous pourrions

8 ensuite aller à Trnopolje.

9 Question: Est-ce que vous avez demandé à M. Stakic, lorsque vous l'avez

10 rencontré en février 1992, la permission de vous rendre à Omarska ou à

11 Trnopolje?

12 M. Koumjian (interprétation): Monsieur Vulliamy, est-ce que vous pourriez

13 attendre quelques secondes? Je pense que le conseil s'est trompé, je pense

14 qu'il parlait de février 1996.

15 M. Ostojic (interprétation): Oui, je vais procéder différemment.

16 Monsieur Vulliamy, à partir des notes que vous avez prises en février

17 1996…

18 M. Vulliamy (interprétation): Oui, très bien, si nous ne nous basons pas

19 uniquement sur les notes prise en 1996, un de mes collègues a également

20 pris des notes et nous avons également consulté les interprètes.

21 M. Ostojic (interprétation): Ce collègue dont vous parlez, s'agissait-il

22 de Roger du "New York Times"?

23 M. Vulliamy (interprétation): Il s'agit de Roger Cohen du "New York

24 Times".

25 M. le Président (interprétation): DPD4.

Page 8105

1 M. Ostojic (interprétation): Si vous le voyez bien, en haut de la pièce

2 DPD4 il y a votre nom. Vous affirmez dans ce document: "En 1992 M. Stakic

3 nous a été présentée comme étant le maire responsable d'Omarska. C'est ce

4 qu'a affirmé le colonel Vladimir Arsic qui était le commandant de l'armée

5 locale", etc.

6 S'agit-il des notes que vous avez prises en février 1996?

7 M. Vulliamy (interprétation): Oui, c'est exact. Et ces notes n'ont pas été

8 publiées, et cela fait référence au fait qu'il était en charge des

9 autorités sous l'autorité de laquelle nous sommes allés à Omarska; c'est-

10 à-dire l'autorité de Prijedor.

11 Question: Cela me fatigue un petit peu, mais, en rapport avec ce que vous

12 avez dit, il s'agit bien des notes que vous avez communiquées au Bureau du

13 Procureur, n'est-ce pas?

14 Réponse: Oui, j'ai envoyé une disquette contenant ces informations au

15 Tribunal.

16 M. Ostojic (interprétation): Ce que je vous demande, c'est cette phrase où

17 vous dites que le Dr Stakic était l'homme en charge d'Omarska: est-ce que

18 cela correspond bien à ce que vous avez écrit en août 1992? Et dans votre

19 livre, en 1994 donc, alors que vous déposez aujourd'hui dans ce prétoire,

20 est-ce que vous pouvez affirmer que… Nous savons maintenant que le colonel

21 Arsic n'a pas dit que le Dr Stakic était responsable d'Omarska. Donc est-

22 ce que vous considérez que cette phrase est un embellissement, un mensonge

23 ou une déformation de la réalité?

24 M. Koumjian (interprétation): Excusez-moi, je fais objection. Non,

25 excusez-moi, je retire cette objection. Il s'agissait de la phrase

Page 8106

1 suivante.

2 M. Vulliamy (interprétation): Il ne s'agit pas d'une citation et je m'en

3 tiens à ce que j'ai dit. Il était responsable, il représentait les

4 autorités sous l'autorité de laquelle nous nous sommes rendus à Omarska.

5 M. Ostojic (interprétation): Donc il ne s'agit ni d'un embellissement ni

6 d'une déformation de la vérité, ni d'un mensonge?

7 M. Vulliamy (interprétation): Non.

8 Question: Je pense que lorsque vous lisez ces notes que vous avez prises à

9 l'époque, lorsque vous avez rencontré le Dr Stakic en 1992, je pense que

10 le Bureau du Procureur a couvert le fait que vous n'aviez pas de question

11 à ce sujet?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Vous avez lu celles-ci ce matin à partir de 9 heures et demie.

14 Je n'ai rien noté nulle part… Je ne suis pas d'accord avec vous. Si vous

15 consultez la page de la pièce DPD4, si vous consultez la troisième page du

16 document en question… ou plutôt la deuxième page… deuxième page, oui,

17 merci.

18 Donc est-ce que vous avez trouvé dans une partie, dans un passage du

19 texte, à la page 2, vous avez dit au Dr Stakic que vous êtes un peu

20 inquiet concernant La Haye. Par la suite, vous faites le résumé de ce

21 qu'il a dit.

22 Maintenant, si je compare cela aux notes que vous avez prises, il semble y

23 avoir plusieurs écarts entre ce que cette partie-là de vos notes dit et ce

24 qui est reflété dans vos notes prises par écrit, manuscrites.

25 Donc je vous demande, en 1998, vous avez également affirmé et admis qu'il

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1 y avait beaucoup d'écarts et de différences qui existent entre les

2 mémoires et les notes contemporaines concernant le Dr Kovacevic? Est-ce

3 que vous vous souvenez de cela?

4 Réponse: Oui, vous appelez cela un transcript, ceci n'est pas un

5 transcript. Je peux simplement dire, si je puis, je peux répondre aux deux

6 questions car je n'ai pas eu la chance de répondre à la première question.

7 Donc je réponds aux deux questions en remarquant ceci: oui, il est

8 effectivement vrai que je vois qu'il s'agit d'une question concernant La

9 Haye. Je ne crois pas avoir posé ces questions concernant La Haye. C'est

10 peut-être M. Cohen qui a demandé une question concernant La Haye, mais je

11 n'avais pas parlé de cela ce matin simplement parce que, comme vous pouvez

12 le voir, la réponse et les notes que j'ai prises moi-même ne parlent pas

13 beaucoup de La Haye. Attendez, laissez-moi terminer!

14 M. Ostojic (interprétation): Oui, mais cette réponse contient le mot "La

15 Haye" à l'intérieur, et vous dites que c'est le Dr Stakic qui a dit cela.

16 Regardez la deuxième ligne, il a dit: "Quiconque a commis cela, a fait

17 cela, devrait s'inquiéter pour ce qui est de La Haye". Comment est-ce que

18 vous pouvez dire alors aujourd'hui que le Dr Stakic n'a jamais utilisé les

19 paroles "La Haye"?

20 M. le Président (interprétation): Est-ce que je peux demander, je vous

21 prie, au conseil de la défense -et je suis très sérieux maintenant- je

22 vous prierai de permettre au témoin de donner une réponse et de ne pas, en

23 fait, interrompre le témoin.

24 M. Vulliamy (interprétation): Ce que je dis est la chose suivante: je dis

25 que si c'est ici, ces notes ont été rédigées par moi-même et mon collègue

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1 après nous être consultés avec l'interprète ou le traducteur. Et, en

2 réalité, lorsqu'il parle de cela, il a raison: il parle des expulsions qui

3 ont eu lieu des Serbes de Krajina. Et effectivement, il est vrai que l'on

4 doit s'inquiéter pour La Haye à ce moment-là.

5 Mais cela ne figure pas dans mes notes. Il est vrai, je n'ai pas mes notes

6 avec moi ici. Mais, si je me souviens bien, il me semble avoir écrit "1.5

7 million de Serbes" avec une flèche qui est dirigée vers M. Cohen, vers la

8 question en fait de M. Cohen.

9 M. le Président (interprétation): Madame l'huissier pourrait-elle montrer

10 au témoin, je vous prie, de nouveau le document qui est en fait ses notes

11 personnelles?

12 (Intervention de l'huissier.)

13 M. Ostojic (interprétation): Puis-je poursuivre, Monsieur le Juge?

14 M. le Président (interprétation): Oui, certainement.

15 M. Vulliamy (interprétation): A la deuxième page qui porte la cote DP6-2,

16 vers le milieu de la page, nous pouvons lire "1.5 million de Serbes", avec

17 une flèche en pointant vers la gauche, ou plutôt vers la droite, excusez-

18 moi. C'est là où était assis mon collègue. Et c'était peut-être une

19 question à laquelle il voulait réponse. Je n'avais pas de données et, en

20 fait, je ne me souvenais pas d'avoir écrit cela dans mes notes.

21 M. Ostojic (interprétation): C'est donc quelque chose que vous avez mis

22 dans votre aide-mémoire et dans ce que vous avez dit au Bureau du

23 Procureur?

24 Réponse: Eh bien, je ne me souviens pas d'avoir dit cela, mais je crois

25 que c'est une chose qui aurait dû sûrement figurer dans les notes de mon

Page 8109

1 collègue. Quoique dans mes notes à moi, nous pouvons dire qu'il y a une

2 erreur, je ne parlais pas d'un arrière-grand-père mais d'un grand-père.

3 Mais mes notes à moi parlent de son histoire familiale et je croyais que

4 c'était assez intéressant; c'est la raison pour laquelle j'en fais état

5 dans mes notes.

6 Question: Bien. Nous allons revenir à la réunion de février 1996. Je

7 voudrais simplement parler du 5 avril 1992. Pourrait-on parler de cette

8 réunion-là?

9 Maintenant, concernant la permission d'obtenir l'autorisation de vous

10 rendre au camp d'Omarska et de Trnopolje, vous et les membres de l'équipe

11 d'ITN…

12 Réponse: Il s'agit du 5 août?

13 Question: Oui, effectivement, tout le monde me corrige là-dessus. Merci.

14 Bon, nous parlons du 5 août 1992 effectivement. Est-ce que vous avez

15 obtenu une permission écrite? Est-ce que quelqu'un vous a donc donné en

16 mains propres une permission écrite pour vous permettre de vous rendre à

17 Omarska et à Trnopolje?

18 Réponse: Eh bien, j'aurais souhaité en avoir une, mais non. Hier, comme je

19 disais, c'était très difficile d'y arriver, d'y venir.

20 Question: Etiez-vous dans la réunion du bâtiment municipal? Vous dites que

21 vous vous y êtes retrouvé pendant une heure et demie à deux heures.

22 Réponse: Oui, quelque chose comme cela. Je ne me souviens pas du nombre

23 d'heures exactes.

24 Question: Dites-moi, je ne veux pas référer?

25 Réponse: Oui, une heure et demi à deux heures.

Page 8110

1 Question: Bien. Jusqu'au centre d'Omarska, combien a duré le voyage de cet

2 endroit-là au centre d'Omarska? Est-ce qu'il s'agissait de cinq minutes?

3 Réponse: Non, beaucoup plus. Je crois que c'était 45 minutes.

4 Question: Combien de temps êtes-vous resté au centre de détention

5 d'Omarska?

6 Réponse: Je dirai une heure ou un petit peu plus. Pour la plupart de cette

7 heure, nous nous trouvions dans ce bureau.

8 Question: Et c'est là que vous avez également rencontré parmi d’autres

9 personnes Simo Drljaca, colonel Arsic, M. Mejakic également, n'est-ce pas?

10 Réponse: Je ne me souviens pas que le colonel Arsic s’y trouvait à la

11 réunion en question. Il est certain que M. Drljaca s’y trouvait, Mejakic

12 était également présent. Le commandant ainsi que le commandant Milutinovic

13 de Banja Luka était également avec nous, mais il y avait néanmoins une

14 réunion.

15 Question: Est-ce que M. Milutinovic était avec vous?

16 Réponse: Non. Ni le Président ni ses adjoints n'ont fait partie du convoi.

17 Question: Et vous avez parlé une heure ou plus au centre de détention

18 d'Omarska et après cette visite vous êtes allé à Trnopolje?

19 Réponse: Oui, c'est exact, comme je l'ai dit hier. Mais, en fait, c'était

20 contre notre volonté; nous voulions rester à Omarska mais il était

21 impossible, il ne nous était pas permis, nous avons été expédiés vers

22 Trnopolje.

23 Question: Combien de temps êtes-vous resté à Trnopolje?

24 Réponse: Une heure et demie peut être. Probablement.

25 Question: Est-ce que le Dr Stakic vous a accompagné à quelque moment que

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1 ce soit à Trnomolje, vous et d’autres membres de l’équipe de l’ITN?

2 Réponse: Non, c'était le même convoi qui était parti de Prijedor, donc la

3 même composition, avec peut-être à l’exception du commandant Milutinovic

4 qui, à un moment donné, ne faisait plus partie du groupe, mais je ne sais

5 plus à quel moment exactement.

6 Question: Vous n'avez pas un diplôme ou vous n'êtes pas diplômé d'une

7 école de police, vous n'avez pas de connaissances particulières concernant

8 le travail policier. Mais est-ce que vous savez quelle était la hiérarchie

9 au sein de la police, au MUP à Prijedor, dans la municipalité de Prijedor,

10 au mois d’août 1992?

11 M. Koumjian (interprétation): Objection! Cela appelle à la spéculation, il

12 n'y a pas de base pour cela.

13 M. le Président (interprétation): Rejetée.

14 M. Ostojic (interprétation): D'accord.

15 M. Vulliamy (interprétation): Je ne connais pas la hiérarchie exacte.

16 Mais, étant donné la situation extrême qui existait dans la région, je

17 crois que ce comité ou ce groupe a sûrement été formé ad hoc. Et je crois

18 que, selon ce que me disait le colonel Arsic, il était le représentant

19 militaire alors que les trois autres hommes étaient en réalité des

20 représentants civils. Et je crois que le MUP n'entrait pas dans la

21 compétence du commandement civil. Mais je ne sais pas vraiment. Je crois

22 que c'était un corps complètement indépendant. En fait, la réponse est la

23 suivante: je ne connais pas tout à fait bien la hiérarchie.

24 M. le Président (interprétation): Lorsque vous parlez de groupe de comité,

25 de cellule de membres, vous avez toujours bien sûr à l'esprit le comité de

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1 crise ou le groupe de crise, n'est-ce pas?

2 M. Vulliamy (interprétation): Oui, justement c'est cela. Je parle de

3 Stakic, Kovacevic, Drljaca et Arsic. Je parle de ce groupe-là.

4 M. Ostojic ( interprétation): Quand avez-vous appris pour la première

5 fois, s'agissant du 7 août 1992 et de l'article que vous avez publié à

6 cette date-là, et s'agissant des notes du 6 février 1996 et vos notes que

7 l'on appelle "aide-mémoire", à quel moment est-ce que vous avez commencé à

8 identifier ces quatre personnes comme étant membres du comité de crise,

9 groupe de crise ou cellule de crise?

10 M. Vulliamy (interprétation): Je ne sais pas.

11 Question: Pourriez-vous me dire pourquoi, s’il est vrai qu’en fait ces

12 hommes avaient été présentés comme étant des membres du comité de crise,

13 quelle est la raison pour laquelle ces mots-là n'apparaissent ni dans

14 votre article écrit en 1992, ni dans vos notes, ni dans votre aide-

15 mémoire, ni dans les articles que vous avez publiés subséquemment en 1996?

16 Réponse: Je crois que ces mots apparaissent mais je les appelle "comité de

17 crise", et je ne sais pas s'il s'agit de la cellule de crise. S'il est

18 vrai que c'est le mot, que l'on me corrige, mais je crois avoir mentionné

19 "comité de crise".

20 Question: Si je lis vos notes et vos articles de 1992 et 1996, est-ce que

21 vous vous souvenez, si vous lisez vos articles, est-ce que vous vous

22 souvenez avoir utilisé ces mots?

23 Réponse: Non, pas dans les notes, mais on me les avait présentés comme

24 étant le Colonel, le Président et le vice-Président.

25 Question: Votre article daté du 7 août 1992 que vous avez eu la

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1 possibilité de relire dans vos notes, vous identifiez ce comité, ce groupe

2 ou cette cellule, vous identifiez ces gens comme étant des membres de

3 cette dernière?

4 Réponse: Je ne le crois pas, non.

5 Question: Pourriez-vous me donner la réponse à cela? Pourquoi?

6 Réponse: Eh bien, je ne peux pas vraiment vous l’expliquer, je ne le sais

7 pas vraiment, mais après cette date là, peut-être d'autres choses semblent

8 être plus pertinentes que de les libellées. Ainsi, je viens de remarquer

9 également que, lors du processus, lorsqu'on a pris les notes, on a appelé

10 M. Kovacevic en tant que Président. Mais je crois que non, je n'ai pas

11 utilisé ces termes. Je vous demanderai à vous ainsi qu'aux juges de

12 comprendre qu'après avoir vu ce que j'ai vu, je vous demanderai de me

13 pardonner si je n'ai pas libellé les choses de cette façon.

14 Question: Vous souvenez-vous avoir témoigné et d'avoir dit qu'après

15 Omarska et Trnopolje vous vous êtes rendu directement à Belgrade?

16 Réponse: Oui, nous nous sommes peut-être arrêtés en route pour manger un

17 morceau mais je ne me souviens pas tout à fait à quel moment, mais je sais

18 que nous sommes arrivés directement à Belgrade, soit un peu plus tard ou

19 le lendemain matin.

20 Question: Vous êtes maintenant à Belgrade. Avez-vous eu la possibilité de

21 prendre le thé avec le Pr Koljevic. En fait, c'est ce que vous nous avez

22 dit?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Vous êtes-vous entretenu avec le général Mladic?

25 Réponse: Non. Mais…

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1 Question: Oui, je vous écoute.

2 Réponse: Oui, mais à Pale, il avait passé juste devant nous alors que nous

3 prenions notre déjeuner.

4 Question: Vous ne lui avez pas parlé à Belgrade, mais vous lui avez parlé

5 à Pale?

6 Réponse: Non, je ne lui ai pas parlé du tout; je l'ai simplement entrevu

7 mais il n'y a pas eu de conversation.

8 Question: Il n'y a pas eu de conversation? Est-ce que vous vous souvenez

9 s'il a dit quelque chose?

10 Réponse: Non, je ne me souviens pas de ce qu'il aurait pu dire.

11 M. Ostojic (interprétation): J'aimerais attirer votre attention sur le

12 témoignage sous serment que vous avez donné le 7 juin 1996. Vous avez

13 témoigné dans l'affaire Tadic. Vous dites à la page 1455 du compte rendu

14 d'audience aux lignes 31 et 32, et votre réponse se poursuit à la page

15 1456 dans les lignes de 1 à 4. Je vais donner lecture de ces passages et

16 je vais poser une question au témoin.

17 M. le Président (interprétation): Oui.

18 M. Ostojic (interprétation): Je cite: "Quelle était la réaction des

19 dirigeants serbes de Bosnie concernant les rapports que vous avez publiés,

20 concernant la couverture télévisée que vous avez faite?

21 -R: Eh bien, la réaction était pas mal explosive partout. Les Serbes de

22 Bosnie, les dirigeants ont dit plusieurs choses mais le général Mladic, si

23 je me souviens bien, a dit que les images ont été transmises, ont été

24 soumises à des montages photos, et il y a eu des images qui montrent des

25 prisonniers serbes dans des camps musulmans".

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1 Est-ce que vous vous souvenez de cela?

2 M. le Président (interprétation): Poursuivez.

3 M. Vulliamy (interprétation): Je ne me souviens pas des propos exacts du

4 Dr Karadzic. Je crois qu'il avait plutôt dit qu'il y avait eu quelques

5 exagérations. Je crois qu'il a dit qu'il a été surpris de ce qui avait été

6 découvert.

7 M. Ostojic (interprétation): C'était, en fait, le Président yougoslave,

8 Milan Panic, qui a dit que n'importe quelle personne qui serait à la tête

9 de ce genre de camp… Ce camp devrait être fermé et la personne qui est à

10 la charge de ce camp devrait être punie. Vous souvenez-vous de cela?

11 M. Vulliamy (interprétation): Je ne me souviens pas d'avoir dit

12 précisément ces propos. Mais, il semble que cela aurait pu être ce que

13 j'ai dit. Je suis certain qu'on m'a demandé quelle était la réaction.

14 Question: Vous dites également vous souvenir que le général Mladic a dit

15 que les images étaient des montages photographiques et qu'elles ne

16 représentaient pas la vérité, que ces images montrent qu'il y avait des

17 prisonniers serbes dans des camps musulmans?

18 Réponse: Oui, c'est vrai, je me souviens qu'il a dit cela mais lorsque

19 vous m'avez demandé si je l'ai rencontré, je n'ai pas répondu cela car il

20 n'a pas dit ces propos-là directement à moi. Il ne s'est pas adressé à

21 moi.

22 Question: Vous souvenez-vous que le commandant Milutinovic a dit: "Comment

23 est-ce que quelque chose aurait pu se passer? Comment est-ce qu'il aurait

24 pu y avoir des problèmes à Omarska au mois d'août 1992? Les journalistes

25 se sont rendus à Omarska en 1992 et ils n'ont rien trouvé. Je mords ma

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1 langue." (Fin de citation.)

2 Vous souvenez-vous de cela?

3 Question: Qui d'autre, outre le général Mladic, selon vos souvenirs, et le

4 commandant-colonel Milutinovic, ont dit qu'il n'y avait absolument rien

5 d'étrange à Omarska et que les photos étaient des photos truquées qui ont

6 subi un montage et qui démontrent qu'il s'agissait de Serbes dans des

7 camps musulmans?

8 Réponse: C'était le Dr Stakic et plusieurs autres personnes également.

9 J'ai entendu ce genre de propos plusieurs fois.

10 Question: Au cours du procès de Dusko Tadic, vous dites que personne,

11 outre les personnes que vous avez identifiées dans ces transcripts, que

12 personne n'aurait fait ce genre de déclaration, qu'il s'agissait de photos

13 truquées ou de montages photographiques ou qu’il s'agissait plutôt de

14 prisonniers serbes dans des camps musulmans, n'est-ce pas?

15 M. Koumjian (interprétation): Objection, Monsieur le Président. Je crois

16 que la question n'est pas juste. On cite quelque chose du procès Tadic, on

17 demande quelle était la réaction du leadership de Bosnie. Je crois qu'il

18 n'est pas juste d'inclure le maire d'une ville comme étant le représentant

19 serbe de Bosnie.

20 M. le Président (interprétation): Oui, tout à fait.

21 Il est vrai que cette conclusion est un peu tirée par les cheveux.

22 L'objection est maintenue.

23 M. Ostojic (interprétation): Si vous consultez DPD4, vos notes aide-

24 mémoire, à la page 2, vous semblez attribuer cette même citation au Dr

25 Stakic, n'est-ce pas? Et en fait, vous ajoutez même: "Que je morde ma

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1 langue". (Fin de citation.) C'est presque les mêmes propos que vous

2 attribuez à ce que le commandant Milutinovic a dit lors de votre… Et vous

3 avez dit cela lors de votre témoignage de l'affaire Tadic –témoignage, je

4 le répète à nouveau, fait sous serment à la page 1464.

5 M. Vulliamy (interprétation): Oui, effectivement. Oui, je vois quand les

6 gens disent quelque chose dans le genre qu'il n'y avait absolument pas de

7 problème à Omarska au mois d'août 1992 et que les journalistes n'ont rien

8 trouvé d'étrange, de bizarre et que, dans ce cas-ci, ils disaient que

9 c'étaient des images représentant des Serbes dans des camps musulmans.

10 C'est plus qu'une expression, c'est plus d'une expression "se mordre la

11 langue", c'est quelque chose que j'utilise souvent. J'ai entendu, entre

12 cette date-là et le mois de février 1996, j'avais vu pas mal de choses qui

13 s'étaient passées et l'on m'a dit souvent: "Vous auriez dû être là, etc."

14 J'avais plutôt envie de dire: "Mais j'étais là, j'étais avec le groupe.

15 J'étais là lorsque ces gens, ces reporters ont pris ces images de

16 prisonniers. Je sais très bien que ce ne sont pas des Serbes dans des

17 camps musulmans, j'étais sur place". Mais eu égard aux circonstances et à

18 cause des circonstances, comme je l'ai expliqué un peu plus tôt, je n'ai

19 pas voulu risquer ma vie, je ne leur ai pas dit que j'étais présent et que

20 c'était tout à fait faux.

21 Question: Vous avez parlé de l'interview que vous avez eue avec le Dr

22 Stakic au mois de février 1996, lors du procès Tadic. On vous a posé une

23 question concernant ces réactions, concernant les images qui ont été

24 montrées à la télévision en 1992.

25 A l'époque, sous serment, vous avez déclaré, je cite, pages 1, 4, 6, 3,

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1 lignes 27 jusqu'à 33, et en fait cela se continue sur la page suivante. Et

2 vous dites, -je cite-: "Je ne me souviens pas en réalité. Je crois que

3 l'homme a été présenté comme étant un avocat, mais je crois qu'il a dit:

4 'Ce sont toutes des photomontages', et je crois que le Dr Stakic a dit

5 quelque chose dans le genre qu'il s'agissait de prisonniers serbes dans

6 des camps musulmans".

7 Réponse: Il est clair que tout cette conversation avait été enregistrée.

8 Il devenait plus clair que l'homme qui était le député est ensuite devenu

9 l'avocat et ensuite un policier. Ensuite, notre interprète l'avait reconnu

10 et il a essayé de nous le dire en nous faisant des signes en montrant la

11 cassette, ou plutôt l'enregistreur.

12 Et, plus tard, simplement pour donner le contexte complet, à la page

13 suivante la conversation s'est terminée. Nous posions des questions

14 concernant Omarska et la réponse était toujours, Jasenovac, on citait

15 toujours Jasenovac, Jasenovac. Et donc, c'était ainsi. Nous tournions

16 toujours en rond. A1 chaque fois que nous posions une question au sujet de

17 camps, de certains camps, on nous répondait toujours en nous donnant des

18 références à d'autres camps qui existaient auparavant. Et je trouvais que

19 c'était assez intéressant.

20 Question: Vous poursuivez en disant: "Nous avons terminé la réunion, le Dr

21 Stakic a dit 'il fait nuit à l'extérieur', et le Dr Stakic a dit -je

22 cite-: 'C'est très brave, vous êtes un brave homme d'être là si tard.' Et

23 j'ai considéré que c'était une bonne idée de retourner à Banja Luka". (Fin

24 de citation.)

25 En 1996, dans votre témoignage sous serment, vous vous souveniez du

Page 8119

1 témoignage du Dr Stakic. Aujourd'hui, sur la base de vos notes, il semble

2 que vous avez des souvenirs très clairs. Maintenant, si vous regardez la

3 page concernant vos notes (inaudible) je vais attirer votre attention sur

4 DP6-3. Je crois que la deuxième partie est en corrélation avec ce que vous

5 avez appelé vos "aide-mémoire", n'est-ce pas?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Vous avez lu cela aujourd'hui pour nous. Est-ce qu'il est

8 question de tout cela? Du Dr Stakic qui aurait marmonné quelque chose

9 concernant les camps des Serbes ou des Musulmans, des camps de Musulmans

10 dans lesquels il y aurait des Serbes?

11 Réponse: Oui, il y avait des photos de Serbes dans des camps musulmans,

12 des photographies.

13 Question: Est-ce que vous voulez lire un peu plus loin, s'il vous plaît,

14 sur les notes prises à ce moment-là pour identifier exactement ce dont il

15 s'agit dans ce contexte de vos notes?

16 Réponse: Lorsque vous dites "en tant que journaliste, vous devriez venir

17 sur place on n'a jamais réuni ces photos", il est clair que l'on parlait

18 d'Omarska. Et puis, il est dit: "Il y avait seulement un processus

19 d'interrogatoires pour un certain nombre de Musulmans et ainsi de suite."

20 Nous parlons -et c'est parfaitement clair pour moi, et cela l'était à

21 l'époque-, nous parlons d'Omarska et nous parlons des images prises par

22 l'ITN à Omarska.

23 Vous m'avez posé de très nombreuses questions, Monsieur, à moins que vous

24 soyez en train simplement de lire mes déclarations sur cette discussion,

25 cette interview. Dans d'autres affaires, c'est un des exemples, y compris

Page 8120

1 la question de se mordre la langue qui est, pour moi, parfaitement claire

2 comme c'était parfaitement clair à l'époque qu'on se réfère au Dr Stakic

3 et son ami. Et on parlait d'Omarska en 1992, on parlait du film sur

4 Omarska en 1992.

5 Et si on veut bien m'excuser de dire cela, il y a eu un très grand nombre

6 de ce type de remarques, y compris en ce qui concernait les chefs. Et dans

7 mon pays, le fait de nier l'existence de ces camps était en train de

8 devenir inacceptable et venait de partout, et je n'étais pas heureux d'en

9 entendre parler.

10 Question: Avec les notes prises à ce moment-là, le Dr Stakic discute du

11 type de personnes qui étaient détenues au camp d'Omarska. Pouvez-vous me

12 dire comment, d'un côté, il parle que, un, ils existaient mais que dans la

13 ligne qui suit immédiatement, la phrase qui suit immédiatement ses notes,

14 le Dr Stakic discute et essaye d'expliquer les types de personnes qui

15 étaient détenues à Omarska?

16 Réponse: Précisément, je crois qu'il était lui-même en train de nier, je

17 crois qu'il disait deux choses en même temps. Et ceci n'est pas la seule

18 fois que ceci s'est produit.

19 Je répète qu'il était parfaitement clair pour moi, à l'époque -et il est

20 parfaitement clair pour moi maintenant- que lorsqu'il dit: "c'étaient des

21 images de Serbes dans des camps musulmans", il parlait des images

22 d'Omarska dont nous parlions. Et il continue en disant qu'il y avait

23 certains types de détenus qui étaient venus à Omarska.

24 M. Ostojic (interprétation): Je note que vous dites que votre témoignage

25 est parfaitement clair aujourd'hui comme il l'était en 1992. Mais, en juin

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1 1996, vous dites que vous ne vous le rappeliez pas et que ce n'était pas

2 clair pour vous de savoir qui avait fait cette déclaration. Et, en fait, à

3 cette époque, sous serment, vous avez dit clairement que le Dr Stakic

4 avait été interrompu par cet autre homme que vous aviez identifié

5 précédemment et cet autre homme, selon votre déposition de juin 1996, vous

6 avez employé le mot "falsifié", le mot "faux".

7 M. Koumjian (interprétation): Objection. Ceci fait partie de

8 l'argumentation. Le témoin a donné des réponses à des questions déjà

9 faites. Le conseil est simplement en train de dire que son point de vue

10 est incohérent.

11 M. le Président (interprétation): Objection acceptée.

12 M. Ostojic (interprétation): Une autre question, Monsieur le Témoin. Au

13 cours du 5 août 1992, dans l'article qui est paru le 7 août 1992, est-ce

14 que vous avez poursuivi les interviews, eu des entretiens avec le Dr

15 Milomir Stakic, indépendamment de l'interview de 1996 dont nous venons de

16 parler?

17 M. Vulliamy (interprétation): Non.

18 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vous vous attendiez à ce que le Dr

19 Stakic allait lire votre article et aurait fait un commentaire comme vous

20 l'avez fait pour le Dr Kovacevic?

21 M. le Président (interprétation): Est-ce que ceci n'est pas une question

22 qui induit en erreur?

23 M. Ostojic (interprétation): Laissez-moi expliquer.

24 Monsieur Vulliamy a dit qu'il avait écrit un article et qu'il n'avait pas

25 reçu de lettre ou d'objection du Dr Kovacevic sur la teneur.

Page 8122

1 M. le Président (interprétation): Parce qu'il n'a pas envoyé cet article à

2 M. Kovacevic!

3 M. Ostojic (interprétation): Je demande simplement maintenant, en ce qui

4 concerne le Dr Stakic, si je peux...

5 M. le Président (interprétation): Il vaudrait mieux poser la question de

6 cette façon-là.

7 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vous avez correspondu d'une

8 manière quelconque avec M. Stakic en ce qui concerne les événements que

9 vous avez publiés le 7 août 1992?

10 M. Vulliamy (interprétation): Non. Incidemment, cet article a été diffusé

11 considérablement à l'époque; il a été traduit et il a même été montré sur

12 des écrans de télévision. Ce n'est donc pas quelque chose dont je sois

13 particulièrement fier mais il se trouve que cela s'est passé.

14 Question: Je voudrais revenir à cette question du 5 août 1992. Est-ce que

15 vous vous rappelez qu'au cours de cette réunion qui a duré une heure et

16 demi ou deux heures que vous étiez tellement tendu que vous avez, à un

17 moment donné, tourné le dos et vous avez, à un moment donné, complètement

18 ignoré cette bande vidéo que vos hôtes essayaient de vous présenter?

19 Réponse: Je ne me souviens pas d'avoir tourné le dos par rapport à ce

20 qu'il me montrait mais s'il y a un élément qui prouve que j'ai exprimé mon

21 déplaisir devant ces objections constantes, je ne serais pas surpris.

22 Je crois que ceci est dit très clairement dans mon livre.

23 M. Ostojic (interprétation): Qui a procuré la vidéo de façon à ce qu'elle

24 puisse être présentée à l'équipe ITN?

25 M. Vulliamy (interprétation): Je ne me souviens plus qui avait mis cette

Page 8123

1 vidéo sur le magnétoscope mais c'est le Dr Kovacevic qui avait fait un

2 commentaire de cette vidéo.

3 En ce qui concerne le livre, incidemment, je ne suis pas sûr que la

4 question du pouvoir de M. Stakic… Je crois qu'il y a un document que je

5 n'ai pas mais je pense que les conseils l'ont. Je ne suis pas absolument

6 sûr qu'il n'y ait pas d'autres références.

7 M. le Président (interprétation): Malheureusement, les Juges de la Chambre

8 sont dans la même position que vous; les Juges n'ont pas la possibilité de

9 voir les documents avant pour se préparer à l'audience d'après ce système.

10 Mais si vous pouvez identifier quelque chose dans votre livre, à ce sujet

11 pour votre déposition, il pourrait être utile que vous puissiez attirer

12 notre attention en envoyant une lettre au Bureau du Procureur.

13 M. Vulliamy (interprétation): Je vous en remercie. Excusez-moi de retarder

14 la procédure et de l'avoir interrompue pour cela.

15 M. le Président (interprétation): Ce n'est pas une interruption. Je vous

16 remercie.

17 M. Ostojic (interprétation): Maintenant que vous êtes là, est-ce que vous

18 vous rappelez un moment quelconque si, dans votre livre, vous mentionnez

19 le fait que le Dr Stakic ait eu d'autres fonctions que celles de maire de

20 la municipalité de Prijedor autour du 5 août 1992?

21 M. Vulliamy (interprétation): Non. Je ne m'en souviens pas, peut-être.

22 Je n'ai pas vu ce livre depuis très, très longtemps. Si vous le trouvez

23 dans l'exemplaire que vous avez pris, cela doit s'y trouver. C'est tout ce

24 que je veux dire.

25 M. Ostojic (interprétation): Je voudrais passer maintenant à un domaine

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1 différent. Mais avec l'aide de la Chambre, je voudrais discuter avec vous

2 de la réunion de février 1996 que vous avez eue avec le Dr Kovacevic et le

3 Dr Stakic. Peut-être que cela ne représente qu'une heure et demie. Je

4 pense qu'il serait peut-être prudent, afin d'être plus efficace, de lever

5 l'audience maintenant et que nous reprenions cette question en ce qui

6 concerne...

7 M. le Président (interprétation): Je ne pense pas que nous ayons de temps

8 à perdre. Je voudrais demander à la défense de poursuivre encore pendant

9 30 minutes.

10 M. Ostojic (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

11 En ce qui concerne votre réunion de février 1996 avec le Dr Kovacevic et

12 le Dr Stakic, vous écrivez à la fois dans vos notes et dans votre aide-

13 mémoire qu'il a sorti de l'eau-de-vie locale, qu'il avait partagé avec le

14 Dr Kovacevic une bouteille d'eau de vie "Slivovic", n'est-ce pas?

15 M. Vulliamy (interprétation): Pas toute la bouteille, mais la plus grande

16 partie a été consommée par lui.

17 M. Ostojic (interprétation): En lisant ces notes hier pour le compte

18 rendu, est-ce que vous avez quelque part le ...

19 M. le Président (interprétation): Ce n'était pas du whisky.

20 M. Vulliamy (interprétation): Je pense qu'il y a peut-être une

21 indentation(?)…

22 M. Ostojic (interprétation): Vous faites des références au moment où a eu

23 lieu la réunion et, finalement, vous nous parlez du fait que le Dr

24 Kovacevic a bu sept ou huit verres au cours de la réunion.

25 M. Vulliamy (interprétation): Oui, c'était à peu près cela sept ou huit

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1 verres. Je pense que le traducteur et moi-même et M. Cohen avons bu un

2 verre chacun.

3 Question: Est-il vrai, comme vous l'avez déposé pour le procès concernant

4 Keraterm en juin 2001 l'an dernier, que le Dr Kovacevic, au cours de cette

5 réunion, ayant consommé sept ou huit verres d'eau-de-vie locale, qu'il

6 n'était pas en état de conduire et que vous ne pouviez pas conclure qu'il

7 était sobre?

8 Réponse: Je ne sais pas si j'ai dit que c'étaient des verres de bonne

9 taille; ce n'étaient pas des verres pleins, mais oui c'étaient des verres.

10 Je me rappelle qu'on m'a posé la question et, selon certains critères,

11 certainement les critères de ce pays-ci, on ne serait pas en état de

12 conduire dans ce pays-ci par exemple, après avoir consommé du "Slivovic"

13 dans la matinée. Ce n'était pas aussi peu répandu pendant la guerre dans

14 cette partie du monde comme cela pourrait sembler pour des gens qui sont

15 ici.

16 En fait, quand vous êtes dans des tranchées, comme c'était mon cas, je

17 commençais la journée assez fréquemment avec quelque chose pour réchauffer

18 et donner du cœur au ventre, comme le faisait des soldats et comme le

19 faisaient de nombreux soldats. Mais certainement, sept verres, c'était

20 beaucoup. Je ne veux pas donner l'impression, enfin il n'était

21 certainement pas sobre. Mais je ne voudrais pas que ceci soit interprété

22 peut-être de façon puritaine. Dans les guerres, dans ces circonstances,

23 les gens ont tendance à prendre un verre.

24 Question: C'était en février 1996, exact?

25 Réponse: Oui, après la guerre.

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1 Question: Concernant vos obligations journalistiques, quelles seraient-

2 elles s'agissant d'interviewer un maire, après avoir rencontré Michael

3 Keegan et le Bureau du Procureur à deux reprises?

4 Réponse: Mes obligations concernent mon éditeur, mon rédacteur et le

5 journal pour lequel je travaille.

6 Et je devais leur relater le résultat de mon interview si possible. Et je

7 ne savais pas si je pourrais le faire et je ne sais pas si le Dr Kovacevic

8 avait choisi de boire plus que de raison; c'était son choix.

9 Question: A aucun moment, vous n'avez pensé que vous profitiez de la

10 situation en continuant de lui poser des questions, alors qu'il buvait?

11 Réponse: Non. Je ne pense pas qu'il était en état d'ébriété avancée, il

12 n'était pas sobre, c'est certain. Il parlait de façon cohérente et, pour

13 répondre à votre question, je dirai que non, étant donné la gravité des

14 sujets dont nous parlions. Il était clair qu'il voulait parler et il a

15 affirmé, à un moment donné, que cela était plus confortable pour lui de

16 parler de cela que de ces problèmes professionnels.

17 Nous parlions de questions d'une gravité extrême; nous parlions de la mort

18 d'un nombre considérable de personnes.

19 M. Ostojic (interprétation): Et combien de personnes, selon vous, ont

20 participé à votre discussion, celle que vous avez eue avec le Dr Kovacevic

21 concernant des massacres à Prijedor en Bosnie?

22 M. Koumjian (interprétation): Objection! Je ne pense pas que cela soit

23 pertinent.

24 M. le Président (interprétation): Objection retenue.

25 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que, dans l’article qui a suivi

Page 8127

1 l'interview que vous avez eue avec le Dr Kovacevic, est-ce que vous avez

2 noté dans votre article que le Dr Kovacevic n'était pas sobre?

3 M. Vulliamy (interprétation): Je ne sais pas quels sont les termes que

4 j'ai utilisés, peut-être que j'ai dit qu'il était en état d'ébriété, qu'il

5 était ivre.

6 Question: Est-ce que vous voulez dire qu'il était sobre, qu'il était ivre

7 ou qu’il était en état d'ébriété? Est-ce que les trois sont acceptables?

8 Réponse: Je pense que les trois termes pourraient convenir pour qualifier

9 son état.

10 Question: Lorsque vous avez rencontré le Dr Kovacevic, est-ce que vous lui

11 avez dit que vous étiez un témoin potentiel pouvant être amené à

12 comparaître dans les quatre mois à venir dans le cadre du procès Tadic qui

13 s'est passé au mois de juin 1996, et que vous meniez en réalité une

14 enquête en relation avec le Bureau du Procureur s'agissant des éléments

15 éventuels d'une attaque généralisée et systématique dans la région de

16 Prijedor?

17 Réponse: Non.

18 Question: Pensez-vous que d'un point de vue journalistique et d'un point

19 de vue éthique vous aviez l'obligation lorsque vous interviewez quelqu'un,

20 de mentionner l'objectif de votre interview?

21 Réponse: L'objectif, le but de cette interview était de publier un

22 article. Je me suis présenté comme étant membre de la presse, je n'ai pas

23 donné mon nom, parce que ce nom était assez connu dans la région et je ne

24 pensais pas que c'était approprié parce que cela pourrait mettre en danger

25 ma sécurité, ma vie dans cette région.

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1 Je me trouvais dans cette région sans aucune permission, mais je pense que

2 si vous prenez des notes et que vous dites que vous êtes journaliste, je

3 pense qu'on peut raisonnablement déduire que vous allez rédiger un article

4 sur ce qui va être dit. Et je ne pense pas que le Dr Kovacevic ait pensé

5 que je n'allais pas révéler la teneur de notre conservation.

6 Question: Est-ce que vous connaissez un rédacteur du "New York Times" qui

7 s’appelle David Binder?

8 Réponse: Oui.

9 M. Koumjian (interprétation): Est-ce que vous souhaitez poser votre

10 question avant que je soulève une objection?

11 M. Ostojic (interprétation): Voilà la question, je pense que j'ai une

12 réponse mais je vais vérifier sur le compte rendu d’audience.

13 M. Koumjan (interprétation): Je pense que c'est la question suivante que

14 j'attends.

15 M. Ostojic (interprétation): Vous avez dit que Roger Cohen vous avait

16 accompagné au cours de ces réunions et qu'il travaillait également pour le

17 New York Times, est-ce exact?

18 M. Vulliamy (interprétation): Oui.

19 M. Ostojic (interprétation): Avec la permission de la Chambre, est-ce que

20 vous seriez surpris de découvrir qu'un rédacteur du "New York Times"

21 serait déçu qu'un journaliste passe outre ses obligations du point de vue

22 éthique et moral, en menant des entretiens sans s'identifier et sans

23 dévoiler l'objectif véritable dudit entretien?

24 M. Koumjian (interprétation): Objection!

25 M. le Président (interprétation): Retenue.

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1 M. Ostojic (interprétation): Je souhaiterais simplement détailler

2 davantage ma question.

3 M. le Président (interprétation): Oui je vous en prie, veuillez

4 poursuivre.

5 M. Ostojic (interprétation): Au cours de l'interrogatoire, de nombreux

6 témoins dans le cadre de la présentation des moyens à charge en l'espèce,

7 nous avons été critiqués par le Bureau du Procureur pour ne pas être

8 toujours très clairs et je ne comprends pas l'objection soulevée par

9 l'accusation maintenant. Je ne comprends pas la décision de la Chambre.

10 M. Koumjian (interprétation): Le conseil ne peut pas donner l'opinion de

11 quelqu'un qui n'est pas cité en tant que témoin et poser la question de

12 façon aussi compliquée et lui demander: "Est-ce que vous seriez surpris

13 d'apprendre cela?"; il ne s'agit pas d’une question appropriée.

14 M. le Président (interprétation): Je pense que nous avons passé

15 suffisamment de temps sur cette question et nous avons entendu l'opinion

16 du témoin qui était très claire à ce sujet. Il nous a dit qu'il ne voyait

17 aucun problème du point de vue éthique, et je crains que vous ne soyez en

18 train d'essayer de semer la confusion dans nos esprits et vous parlez de

19 cette interview avec M. Kovacevic et vous parlez d'un entretien avec des

20 représentants du Bureau du Procureur. Le témoin a clairement affirmé qu'il

21 n'y avait pas de lien entre les deux.

22 Nous avons entendu l'opinion du témoin, et il ne voyait absolument aucun

23 problème à procéder de la manière dont il l'a fait. Peut-être qu'il existe

24 d'autres opinions à ce sujet. Qu'il s'agisse d'opinions d'avocats ou de

25 journalistes, chacun a sa propre opinion sur ce type de question et je

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1 pense que c'est tout à fait normal. Et je pense qu'il n'est pas utile que

2 le témoin réponde à cette question puisque nous n'admettons pas cette

3 question.

4 M. Ostojic (interprétation): Je souhaiterais simplement éclaircir cette

5 question concernant le lien entre M. Vulliamy et le Bureau du Procureur,

6 je souhaiterais simplement poser de nouveau cette question, si vous me le

7 permettez.

8 Monsieur Vulliamy, lorsque vous avez interviewé le Dr Stakic à l'époque,

9 vous saviez que vous alliez être témoin dans l'affaire Dusko Tadic, est-ce

10 exact?

11 M. Vulliamy (interprétation): Oui. Mais cela ne veut pas dire qu'il y

12 avait un lien entre moi et le Bureau du Procureur. De même qu'il n'y a pas

13 de lien entre le témoin, aucun témoin que ce soit et le Bureau du

14 Procureur, autant que je le sache.

15 Question: Tout ce que je vous demande, c'est si vous saviez lorsque vous

16 avez interviewé le Dr Kovacevic et le Dr Stakic, est-ce que vous saviez à

17 l'époque que vous seriez témoin dans l'affaire Tadic, quatre mois plus

18 tard?

19 Réponse: Oui, je n'avais pas encore reçu de citation à comparaître, mais

20 j'avais déjà eu un entretien et je savais que cela était très probable.

21 Question: Vous avez parlé avec M. Kovacevic de Dusko Tadic, n'est-ce pas?

22 Réponse: Oui, je pense que c'est lui qui a amené le sujet sur le tapis.

23 Mais il a certainement parlé de La Haye.

24 Question: A aucun moment vous ne l'avez informé que vous alliez bientôt

25 être cité à comparaître dans l'affaire Tadic?

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1 Réponse: Non. Je ne lui ai pas dit que j'allais témoigner dans cette

2 affaire et si je me souviens bien, c'est lui qui a parlé de Dusko Tadic en

3 établissant une distinction entre les personnes qui avaient tué et celles

4 qui n'avaient pas commis de meurtres.

5 M. Ostojic (interprétation): Est-ce que vous, et M. Cohen qui travaillait

6 au New York Times à l'époque, est-ce que vous avez discuté de la nécessité

7 d'informer les personnes que vous interviewiez de votre statut et de

8 l'objectif de votre interview?

9 M. le Président (interprétation): Je pense que nous avons passé

10 suffisamment de temps sur cette question.

11 Nous allons à présent passer à autre chose et il n'appartient pas au

12 conseil de la défense de faire des reproches au témoin sur cette question.

13 M. Ostojic (interprétation): Peut-être que je pourrais poser la question

14 différemment. Je ne reproche rien au témoin, mais je demande simplement au

15 témoin de répondre à la question suivante: est-ce que lui et M. Cohen ont

16 discuté de la nécessité éventuelle d'informer les personnes qu'ils

17 interviewaient de leur statut et de l'objectif de ces interviews?

18 Donc je ne comprends pas très bien votre décision. Je voudrais simplement

19 savoir s'ils en ont parlé ou pas.

20 M. le Président (interprétation): C'est la façon dont vous menez votre

21 contre-interrogatoire. Vous avez déjà parlé de cela ce matin, et le témoin

22 a déjà répondu à deux reprises à cette question et il n'est pas nécessaire

23 de répéter cela.

24 M. Ostojic (interprétation): S'agissant de cette interview, je pense qu'il

25 serait approprié de poursuivre demain matin à 9 heures et demie.

Page 8132

1 M. le Président (interprétation): Comme les parties le savent, j'ai

2 demandé…, oui, étant donné que le témoin a passé énormément de temps à

3 lire ses notes lors de l'interrogatoire principal, je pense que le contre-

4 interrogatoire ne devrait pas durer plus de soixante minutes demain matin,

5 et donc, nous aurons alors suffisamment de temps pour l'interrogatoire

6 supplémentaire, les questions des Juges et d'autres questions découlant

7 des questions précédentes pendant encore trente minutes. Nous pourrions

8 donc en terminer avec ce témoignage au bout de quatre vingt dix minutes.

9 Donc demain quatre vingt dix minutes pour ce témoignage. Je demanderai au

10 Greffe de bien vouloir informer le témoin de ces mesures.

11 C'est tout pour l'audience d'aujourd'hui s'il n'y a pas d'autre question

12 que vous souhaiteriez soulever.

13 M. Koumjian (interprétation): Oui, il y a une question. Au début de la

14 déposition d'aujourd'hui, le témoin a demandé ou plutôt a exprimé ses

15 craintes concernant certaines informations confidentielles figurant dans

16 ses notes. Je pense qu'il sera approprié, si la défense ne s'y oppose pas,

17 à ce que nous discutions de cela avec le témoin pendant cinq à dix

18 minutes.

19 M. le Président (interprétation): Nous pourrions passer à huis clos

20 partiel, je pense que cela serait approprié.

21 M. Koumjian (interprétation): Oui, nous pourrions passer à huis clos

22 partiel ou discuter de cela en privé.

23 M. le Président (interprétation): Vous avez déjà mentionné ceci plus tôt

24 et vous avez déjà demandé un huis clos. Je pense que cela n'est pas

25 nécessaire. Vous savez tous les efforts que nécessite une audience à huis

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1 clos dans ce prétoire.

2 M. Koumjian (interprétation): C'est exact.

3 M. le Président (interprétation): Pourrions-nous passer à présent à huis

4 clos partiel?

5 (Huis clos partiel à 16 heures 08.)

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1 (Reprise de l'audience à 16 heures 14.)

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15 (L'audience est suspendue à 16 heures 15.)

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