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1 (Lundi 20 janvier 2003)
2 (Audience publique.)
3 (Questions relatives à la procédure.)
4 (L'audience est ouverte à 9 heures 03.)
5 M. le Président (interprétation): Bonjour à tout le monde dans le
6 prétoire.
7 Madame la Greffière, s'il vous plaît, citez le numéro de l'audience.
8 Mme Dahuron (interprétation): Bonjour. Il s'agit de l'affaire IT-97-24-T,
9 le Procureur contre Milomir Stakic.
10 M. le Président (interprétation): Je m'adresse maintenant à l'accusation
11 pour qu'elle se présente.
12 M. Koumjian (interprétation): Nicholas Koumjian, assisté de Ruth Karper.
13 M. Lukic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président.
14 Je m'appelle Branko Lukic, assisté de John Ostojic et Danilo Cirkovic pour
15 la défense.
16 M. le Président (interprétation): La Chambre considère la situation dans
17 laquelle est l'accusé: il a eu son anniversaire et nous avons appris que
18 c'est aussi pour lui une fête religieuse qu'il célèbre aujourd'hui.
19 Docteur Stakic, il faut que vous sachiez: c'est difficile pour la Chambre…
20 Ça pourrait sonner un peu cynique de vous dire: "Bon anniversaire" mais,
21 quand même de notre part, de la part de la Chambre, nous vous présentons
22 nos meilleurs vœux pour votre anniversaire, et nous souhaitons vraiment
23 que la justice soit rendue à votre égard et que, pour vous, nous espérons
24 que cette Chambre procède de manière équitable. Encore une fois, nous vous
25 présentons nos vœux pour votre anniversaire.
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1 Nous avons reçu la demande de la défense pour qu'on abrège notre travail
2 d'aujourd'hui. De l'autre côté, on a reçu la demande pour l'accusation
3 concernant la même chose, c'est-à-dire que l'audience soit aussi abrégée.
4 En principe, nous devons nous tenir à notre calendrier établi, et c'est la
5 raison pour laquelle nous n'avons pas la possibilité de raccourcir la
6 durée des audiences sans avoir une raison valable.
7 Je pense qu'il est nécessaire que le Dr Stakic ait assez de temps pour
8 consulter son conseil de la défense, pour qu'il se prépare pour l'audience
9 de demain. C'est pour cela que je vous prie de rentrer en contact avec le
10 quartier pénitentiaire pour voir s'il existe des obstacles pour vous
11 entretenir avec la défense. Et il faut nous informer là-dessus pour que
12 nous puissions procéder à des mesures nécessaires à cet égard.
13 Je dois dire que le témoin de demain demande toutes les mesures de
14 protection qui sont à sa disposition, et c'est pour cela que je voudrais
15 voir quels sont vos commentaires à propos des trois questions que j'ai
16 abordées.
17 D'abord la défense.
18 M. Lukic (interprétation): Nous ne sommes pas opposés à accorder des
19 mesures de protection à qui que ce soit.
20 M. le Président (interprétation): Mais je vous prie, s'il vous plaît, au
21 cas où les problèmes se présentent à propos des entretiens faits au
22 quartier pénitentiaire de m'informer là-dessus.
23 M. Lukic (interprétation): Nous, la défense, sommes prêts à convoquer le
24 deuxième témoin aujourd'hui aussi.
25 M. le Président (interprétation): L'accusation? Est-ce qu'elle s'oppose à
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1 ces mesures de protection? Qu'est-ce que qu'elle pense à propos de la
2 durée des audiences?
3 M. Koumjian (interprétation): Non, Monsieur le Président, mais le
4 témoignage de ce témoin ne sera pas si bref. Si le deuxième témoin
5 commence son témoignage, il faudrait l'interrompre parce que nous avons un
6 autre témoin, témoin de la Chambre.
7 M. le Président (interprétation): Nous pouvons en décider d'une manière
8 spontanée aujourd'hui.
9 L'annonce officielle, la dernière annonce officielle, c'est que cette
10 Chambre a décidé à propos de la question s'il faut procéder à des actions
11 conformément à l'Article 91 au sujet du témoin Dragic, c'est-à-dire pour
12 savoir s'il faut donner une instruction à l'accusation d'entamer une
13 enquête là-dessus.
14 La Chambre de première instance a conclu qu'il serait prématuré en ce
15 moment d'en décider, c'est-à-dire de décider sur le fait qu'il faut ou
16 qu'il ne faut pas procéder à ces mesures, et, avant d'examiner tous les
17 documents concernant les moyens de preuve, nous pourrions peut-être en
18 conclure différemment. C'est pour cela que nous ne déciderons pas sur ce
19 sujet avant la fin de ce procès.
20 Je ne vois pas d'obstacle maintenant pour entendre le témoin suivant. Nous
21 avons reçu un résumé quelque peu modifié concernant ce témoin. Ce qui
22 signifie que les deux parties ont beaucoup de travail. Même le dimanche
23 est réservé au travail pour les deux parties. Je pense qu'il faudrait même
24 introduire quelques réductions quand il s'agit du volume du travail. Comme
25 d'habitude, je vous pose la question suivante: est-ce que vous avez
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1 demandé quelques autres mesures de protection additionnelles?
2 M. Lukic (interprétation): Non, nous ne demandons aucune mesure de
3 protection pour ce témoin.
4 M. le Président (interprétation): Fort bien. Je prie M. l'huissier de
5 faire entrer le témoin dans le prétoire. Il s'agit de Milos Jankovic.
6 (Le témoin, M. Milos Jankovic, est introduit dans le prétoire.)
7 M. le Président (interprétation): Bonjour, Monsieur Milos Jankovic. Est-ce
8 que vous m'entendez dans une langue que vous comprenez?
9 M. Jankovic (interprétation): Il faut que je me présente maintenant. Vous
10 pouvez me traduire cela.
11 M. le Président (interprétation): Vous m'entendez? Est-ce que vous
12 m'entendez dans une langue que vous comprenez? Vous avez déjà témoigné
13 devant ce Tribunal. C'était au mois de mai 2001. Donc vous connaissez déjà
14 la procédure qui est en vigueur dans ce Tribunal et je vous prie
15 maintenant de prononcer la déclaration solennelle.
16 M. Jankovic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
17 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
18 M. le Président (interprétation): Merci. Veuillez-vous asseoir.
19 (Le témoin s'assoit.)
20 La défense a la parole.
21 (Interrogatoire principal du témoin, M. Milos Jankovic, par Me Lukic.)
22 M. Lukic (interprétation): Bonjour, Monsieur Jankovic.
23 Je m'appelle Branko Lukic et, avec M. John Ostojic, je défends, comme vous
24 le savez, les intérêts du Dr Stakic devant ce Tribunal.
25 Veuillez, s'il vous plaît, dire votre nom et votre prénom pour le compte
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1 rendu.
2 M. Jankovic (interprétation): Je m'appelle Milos Jankovic.
3 Question: Comment s'appelle votre père?
4 Réponse: Mon père s'appelle Jovo et ma mère s'appelle Petra.
5 Question: Quand êtes-vous né?
6 Réponse: Je suis né le 30 octobre 1948 dans le village de Gornji Zabar.
7 Ensuite ça a changé de nom, Pelagicevo. C'était la municipalité… Ça
8 appartenait à la municipalité de Gradacac. Aujourd'hui, cela appartient à
9 l'entité de la Republika Srpska.
10 Question: Je ne suis pas mécontent de votre réponse, mais tout ce que je
11 fais, c'est que j'attends que la traduction soit finie, et je vous prie
12 également, après avoir entendu ma question, d'attendre un instant pour que
13 la traduction soit faite.
14 Où habitez-vous aujourd'hui?
15 Réponse: Mon lieu de résidence est à Prijedor. J'ai un appartement qui
16 appartenait à mon entreprise et que j'ai racheté. C'est Metropolita Petra
17 Zimonjica, c'est l'immeuble n°3, l'appartement n°23. Je travaille à Banja
18 Luka. Et souvent à Banja Luka, je suis chez mes amis où je peux passer
19 quelques nuits, mais mon lieu de résidence permanent, c'est à Prijedor, à
20 l'adresse que j'ai évoquée.
21 Question: Pouvez-vous nous dire quelle est votre profession et quelles
22 études avez-vous finies?
23 Réponse: Je suis ingénieur en électronique et télécommunication. J'ai fini
24 mes études secondaires c'est-à-dire l'école technique, l'école primaire et
25 l'école technique. D'abord l'école primaire dans mon village, ensuite
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1 l'école technique à Brcko. Et par la suite, j'ai fini mes études en
2 électronique à Banja Luka. Et je suis ingénieur en électronique et en
3 télécommunication. C'est l'appellation officielle de ma profession.
4 Question: Où travaillez-vous aujourd'hui?
5 Réponse: Aujourd'hui, je travaille au centre de sécurité publique de Banja
6 Luka dans le secteur pour les communications; c'est le secteur pour les
7 communications. Je suis chef du groupe chargé de la maintenance de tous
8 les moyens de communication. Il y a six techniciens dont je suis chef, et
9 donc je m'occupe du montage de la maintenance des appareils de
10 communication, c'est-à-dire de tous les appareils utilisés par la police
11 dans le secteur des communications.
12 Question: Où travailliez-vous en 1992?
13 Réponse: Lorsque j'ai commencé à travailler dans la police en 1990, j'ai
14 travaillé jusqu'à aujourd'hui dans la police à Prijedor, et même en 1992.
15 Alors, ça s'appelait le poste de sécurité publique. J'étais également chef
16 de ce secteur pour les communications de la police.
17 Question: Je voudrais vous demander si vous étiez membre d'un parti
18 politique à un moment quelconque? Et est-ce qu'aujourd'hui vous êtes
19 membre d'un parti politique?
20 Réponse: Pendant le système socialiste, c'est-à-dire lorsqu'il s'agissait
21 de la SFRJ, j'étais membre du parti communiste de la Yougoslavie, parce
22 que mon poste exigeait que je sois membre du parti communiste. Après, le
23 système multipartite a été instauré, et je n'ai jamais été membre d'un
24 parti politique quelconque depuis. Donc je n'ai eu aucune relation avec un
25 parti politique quelconque.
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1 Question: Pouvez-vous nous expliquer: en 1992, quels étaient vos devoirs,
2 vos tâches en tant que chef du secteur des communications et pour…
3 Réponse: Mes devoirs étaient... D'abord, je devais connaître
4 l'organisation de mon secteur, de mon service. En général, les activités
5 du service, c'est-à-dire de la police en général, et conformément à cela,
6 organiser et adapter la disposition de ces moyens de télécommunication
7 pour retransmettre au mieux les informations dans ce service. Il
8 s'agissait des dépêches, des télécopies et des informations verbales,
9 c'est-à-dire des transmissions de radio, de téléphone, tout ce qui est
10 utilisé par la police.
11 Je devais m'occuper de l'organisation de ce secteur pour que ça fonctionne
12 au mieux. Il y avait aussi, parmi mes tâches, la protection de certaines
13 informations, le décodage des informations également.
14 Question: Maintenant, je vais vous montrer un tableau et je vous prie de
15 nous donner des commentaires. Même si est c'est en anglais, je pense que
16 nous avons réussi à nous débrouiller.
17 Je prie, Monsieur l'Huissier, de montrer ce document au témoin.
18 (Intervention de l'huissier.)
19 Réponse: On ne voit pas, ici, cela très bien, mais…
20 M. Lukic (interprétation): Est-ce que vous avez pu examiner un peu ce
21 document?
22 M. Jankovic (interprétation): Un instant, s'il vous plaît, pour que je
23 voie un peu mieux.
24 (Le témoin regarde le document en question.)
25 M. Koumjian (interprétation): Si vous voulez, je peux vous donner la copie
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1 de ce document en BCS, si vous considérez cela comme utile.
2 M. Jankovic (interprétation): Je peux comprendre cela, même sans
3 traduction. Cela me suffit. Je peux comprendre ce schéma même sans
4 traduction en BCS.
5 M. le Président (interprétation): Mais je dois vous interrompre quand
6 même.
7 Monsieur le Témoin, est-ce qu'il existe vraiment une version en BCS ou il
8 s'agit d'un document qui a été communiqué ultérieurement. Parce qu'il
9 existe une sorte d'annexe, c'est-à-dire à ce document, concernant les
10 nationalités des personnes dont les noms figurent sur ce document. Cela me
11 paraît un peu bizarre, mais je ne sais pas.
12 Quelle est la source de ce document que vous pouvez dire maintenant?
13 M. Lukic (interprétation): Ce document nous a été communiqué de
14 l'accusation. On peut voir le numéro qui y figure. C'est un document qui
15 faisait parti du témoignage de l'un des commandants du poste de la police
16 à Ljubija.
17 M. le Président (interprétation): Nous allons revenir à cette question
18 plus tard. Donc il n'y a pas d'objection de la part de l'accusation.
19 M. Koumjian (interprétation): Non, absolument non.
20 M. le Président (interprétation): Vous pouvez poursuivre.
21 M. Lukic (interprétation): Monsieur Jankovic, en utilisant ce tableau ce
22 schéma, est-ce que vous pouvez nous expliquer la chaîne de commandement
23 dans votre poste de sécurité publique pendant cette période, à partir du
24 MUP de Sarajevo?
25 M. Jankovic (interprétation): Je peux le faire. Je pense qu'il y a
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1 quelques erreurs qui y figurent. Je vais commencer par le MUP. Je pense
2 que je sais exactement quelle était cette hiérarchie à l'époque et je vais
3 essayer de donner quelques corrections à ce schéma.
4 Dans la police, nous étions subordonnés directement ou indirectement au
5 MUP de Bosnie-Herzégovine. Ici, c'est écrit: "MUP, Sarajevo, ministre
6 Delimustafic qui était à l'époque le ministre de l'Intérieur; ensuite
7 l'adjoint du ministre Avdo Hebib; à mon avis, Avdo Hebib était dans ce
8 MUP. Il y avait deux ressorts: c'était la sécurité publique et la sécurité
9 de l'Etat. Toute la police appartenait à la Sécurité publique et la
10 Sécurité de l'Etat, c'était complètement séparé de nous. C'était dans le
11 même bâtiment. Mais la sécurité de l'Etat est subordonnée au chef, au
12 ministre. Il n'y avait pas de subordination horizontale, donc du MUP. Il
13 faut qu'il y figure seulement cette ligne au milieu, c'est-à-dire: "centre
14 de sécurité Banja Luka". C'est exact. Mais il y a d'autres centres de
15 sécurité publique comme Doboj, Zenica, etc… Mostar, par exemple, mais il y
16 a une faute ici parce que le SUP Prijedor… cette ligne ici qui représente
17 le SUP Prijedor, cette ligne doit rejoindre le centre de sécurité publique
18 de Banja Luka. Parce qu'à l'époque, ce n'était pas le SUP de Prijedor
19 comme appellation officielle, c'est du système socialiste, c'est le
20 secrétariat de l'intérieur. Ici, c'est le MUP et, en bas, c'est le SUP,
21 c'est-à-dire ce n'est pas le SUP, c'est "SJB Prijedor", c'est correct. Le
22 poste de sécurité publique de Prijedor, c'était Hasan Talundzic, oui. Il
23 est Musulman, c'est correct. En 1992 c'était comme ça.
24 Ensuite, il s'agit ici de ce secteur de la sécurité de l'Etat et cette
25 partie a été subordonnée directement au centre, même s'il s'agissait du
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1 même bâtiment à Prijedor. Et donc, par le biais du centre de sécurité de
2 Banja Luka, ils étaient subordonnés au MUP.
3 Ensuite, à Banja Luka, il y avait d'autres postes de sécurité publique: à
4 Dubica, Gradica, etc. Donc il y avait d'autres municipalités dans
5 lesquelles se trouvaient ces postes de sécurité publique, c'est-à-dire de
6 police, qui se trouvaient dans les autres municipalités.
7 Ensuite, je parle maintenant du poste de sécurité publique de Prijedor. A
8 Prijedor, ce poste de sécurité publique avait plusieurs unités
9 organisationnelles. Vous voyez d'abord la police: la partie en bas, c'est
10 la police. Il s'agissait des personnes en uniformes. Ils représentent la
11 partie la plus principale de l'organisation de ce poste et de tout autre
12 poste.
13 Ensuite, cette autre unité organisationnelle -l'appellation officielle
14 était très longue-, c'était le service contre la criminalité, contre
15 l'incendie et concernant les étrangers. Ranko Mijic était chef de ce
16 secteur, il est Serbe. Ça, c'est correct.
17 Ensuite, il y avait un autre secteur, petit secteur ou petit département
18 pour les communications. Il y avait entre cinq et sept personnes qui y
19 travaillaient. Moi, j'étais chef de ce secteur. Cela, c'est exact.
20 Ensuite, Slavica, où il est écrit Slavica, dans cette partie de notre
21 organisation, il s'agissait du secteur aux affaires générales concernant
22 l'état civil des citoyens, les permis de conduire, les cartes d'identité,
23 les passeports. Donc il répondait aux demandes de ce genre des citoyens.
24 La personne ici mentionnée, c'est Slavica Manojlovic… Je pense que c'est
25 Slavica Manojlovic, je suis convaincu qu'il s'agit là de cette personne.
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1 C'était peut-être quelqu'un d'autre, mais à vrai dire, les personnes qui
2 travaillaient à ce poste changeaient souvent.
3 Et maintenant, je vais parler de la police. Ici, c'est marqué "Prijedor,
4 poste de police, Prijedor, Dusan Jankovic". Il s'agit là de la police
5 générale parce que nous avons aussi la police qui s'occupait uniquement de
6 la circulation. Au fait, à l'époque, ça s'appelait la milice et maintenant
7 ça s'appelle la police. Ce qui est correct, c'est marqué "Dusan Jankovic,
8 poste de police", c'est exact.
9 Ici, c'est marqué "Omarska, poste de police" parce qu'à l'époque, à
10 Omarska, de par sa formation, ce n'était pas là le poste de police;
11 c'était une section et ceci change un peu la donne parce que le
12 commandant, par exemple, n'a pas d'adjoint. Si mes souvenirs sont bons,
13 cela se passait de cette manière-là, mais cela remonte déjà à un certain
14 temps. Je suis donc convaincu que Milutin Bujic était là, mais il a été
15 aussi remplacé par quelqu'un d'autre.
16 Ici, c'est marqué aussi "poste de police, Kozarac". Kozarac était aussi
17 une section. Il y avait un commandant. Son nom était Osme Didovic; il
18 était Musulman et, bien sûr, il n'avait pas d'adjoint, puisqu'il
19 s'agissait là d'une section.
20 Ljubija, c'était un poste de police; ça, c'est exact. Branko Bjekic était
21 son commandant; c'était un Croate et je ne me souviens pas qui était son
22 adjoint. Peut-être que si quelqu'un mentionnait son nom, cela m'évoquerait
23 quelque chose, mais là je ne m'en souviens pas.
24 Et puis, nous avons aussi le poste de police pour la sécurité de la
25 circulation. Il s'agit là de la police qui contrôle la circulation sur les
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1 routes et il s'agit, bien sûr, de la circulation des véhicules et non pas,
2 par exemple, de la circulation des trains. Et à la tête, il y avait un
3 Musulman. Il s'agit aussi donc d'un poste de police qui était sur un pied
4 d'égalité avec d'autres postes de police. Il y a, bien sûr, un adjoint. Et
5 puis, il contrôlait la circulation sur les routes.
6 M. Lukic (interprétation): Je souhaite vous poser une question, Monsieur
7 Jankovic.
8 M. le Président (interprétation): Pour des raisons techniques, je vous
9 demanderai de procéder maintenant à une pause d'à peu près trois minutes.
10 (L'audience, suspendue à 9 heures 35, est reprise à 9 heures 37.)
11 M. le Président (interprétation): Veuillez continuer. Je voulais juste
12 savoir si nous savons de quelle période parlent ces documents?
13 M. Lukic (interprétation): Avez-vous entendu la question?
14 M. Jankovic (interprétation): Oui, mais je ne savais pas si la question
15 était adressée à moi ou à vous?
16 Question: Toutes ces questions s'adressent à vous parce que, moi, je ne
17 peux pas témoigner.
18 Réponse: Etant donné qu'il s'agit là de ces noms… par exemple, si je me
19 souviens bien, il y avait le ministre Alija Delimustafic, puis, du SUP de
20 Prijedor, Hasan Talundzic. Donc forcément, il s'agit de la période après
21 les élections multipartites, parce que ces personnes ont été nommées après
22 ces élections. Et jusqu'au moment où le pouvoir a été pris dans la
23 municipalité de Prijedor, ils n'étaient plus en poste. Donc ils n'étaient
24 plus en poste après le 30 avril 1992.
25 Ce qui est certain, c'est qu'ils ont été nommés quelque part au printemps
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1 de 1991 -je ne pourrais pas vous dire quand exactement- jusqu'au 30 avril
2 1992. Donc la période doit être celle-là.
3 La personne qui a rédigé le document, je ne sais pas à quel moment, de
4 quelle période exacte elle parlait, mais ça doit être entre ces deux
5 dates. Au moment où nous étions le poste de police, le poste de sécurité
6 publique, nous étions organisés de façon à ce que Omarska et Kozarac
7 n'étaient pas des stations, pas des postes de police, mais des sections.
8 Cela veut dire qu'il y avait moins de personnes qui y travaillaient et il
9 y avait moins de personnes qui avaient un poste de supérieur.
10 Question: Merci. Est-ce que, dans la chaîne de commandement, dans cette
11 chaîne de commandement, on peut voir apparaître, où que ce soit, un organe
12 municipal, donc un organe de l'assemblée municipale de Prijedor?
13 Réponse: De toute évidence, il ne figure ici. Et celui qui a rédigé ce
14 document savait qu'il n'y avait pas un tel… que cela n'était pas possible.
15 Moi aussi, je le savais.
16 Par exemple, j'étais un petit chef; j'avais un supérieur hiérarchique qui
17 était à la tête du poste de police. C'était donc Hasan Talundzic à
18 l'époque. Et Hasan Talundzic devait être… Mais au fait, cet organigramme
19 n'est pas très bien dessiné. Hasan Talundzic, je le répète, était à la
20 tête. Son supérieur hiérarchique était Stojan Zupljanin qui était à Banja
21 Luka, alors que le supérieur hiérarchique de celui-là se trouvait à
22 Sarajevo. Je ne sais pas si cela était respecté en réalité, mais en fait,
23 c'était cela le règlement.
24 Donc, moi, j'étais un petit chef, j'avais un supérieur hiérarchique, qui à
25 son tour avait un supérieur hiérarchique et ainsi de suite. C'est cela que
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1 je peux vous dire à ce sujet-là.
2 Question: Avant le mois d'avril 1992, est-ce que la situation était la
3 même?
4 Et aussi, après le mois de septembre 1992, est-ce que la situation était
5 la même qu'entre le mois d'avril et de septembre 1992?
6 Réponse: Mais non.
7 Question: Je ne pense pas ici aux noms des personnes qui occupaient les
8 postes, mais est-ce que, dans toutes les périodes, s'il vous plaît,… est-
9 ce que, dans toutes ces périodes, on peut dire que les organes de
10 l'assemblée municipale de Prijedor ne pouvaient pas avoir à se mêler des
11 affaires du poste de police, du poste de sécurité publique de Prijedor?
12 Réponse: Vous me demandez ici pour la première période?
13 Question: Disons depuis le début de 1991 et, par la suite, est-ce que, à
14 quelque moment que ce soit, un organe de l'assemblée municipale de
15 Prijedor pouvait vous donner des ordres à vous en tant que chef?
16 Réponse: Non, il ne pouvait pas me donner des ordres. Mais la seule chose
17 que je puisse dire, c'est que les partis politiques proposaient les
18 différentes personnes pour qu'elles soient nommées. Mais en fait, c'était
19 quand même le ministère qui nommait les personnes du chef de la police.
20 Ce que je sais, c'est qu'il y avait quand même les partis politiques qui
21 avaient une influence. On s'était mis d'accord au niveau de Bosnie-
22 Herzégovine que le parti politique qui avait obtenu le plus de voix lors
23 des élections pouvait nommer le chef de police, et le commandant était
24 nommé, après, par le parti politique qui était le deuxième aux élections.
25 Et puis, cela changeait et, après, cette personne-là devait passer un
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1 entretien, et c'était le ministère à Sarajevo qui les nommait.
2 Je ne pense pas que c'était l'assemblée municipale qui avait une
3 influence. Je pense que, de par la loi, il n'avait pas le droit
4 d'ingérence. Pour moi, il n'y avait que mon supérieur hiérarchique; celui-
5 là répondait à son supérieur hiérarchique et ainsi de suite.
6 Question: Est-ce qu'à vous, personnellement, qui que ce soit qui était
7 membre de l'assemblée municipale de Prijedor ou bien de son conseil
8 exécutif, eh bien, est-ce que quelqu'un vous avait ordonné quelque chose?
9 Réponse: Non, c'était tellement clair à tous ceux qui avaient peu
10 d'expérience ou qui étaient peu instruits parce qu'il y en avait… Même à
11 eux, c'était clair que les gens de la municipalité ne pouvaient pas me
12 donner des ordres. La seule personne qui pouvait me donner des ordres,
13 c'était mon supérieur hiérarchique.
14 M. Lukic (interprétation): Merci beaucoup. Nous n'avons plus besoin de
15 consulter le document que vous avez devant vous.
16 (Intervention de l'huissier.)
17 Est-ce que nous pouvons, est-ce que nous devrions maintenant référencer ce
18 document? Une cote provisoire?
19 M. le Président (interprétation): Il faudrait savoir s'il n'y a pas
20 d'objection de la part de l'accusation.
21 M. Koumjian (interprétation): Non.
22 M. le Président (interprétation): Pouvons-nous demander une cote?
23 Mme Dahuron (interprétation): Ce sera la pièce à conviction D46B.
24 M. le Président (interprétation): Nous allons verser au dossier la pièce à
25 conviction D46A.
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1 M. Lukic (interprétation): Avant la prise du pouvoir à Prijedor, que
2 s'était-il passé avec l'émetteur de Kozara?
3 M. Jankovic (interprétation): Cet émetteur de Kozara servait pour la
4 transmission de deux chaînes de la télévision de Sarajevo. Je ne me
5 souviens pas exactement quand cela est arrivé. Je crois que c'était au
6 début de 1991. Cet émetteur à Kozara, en fait, a été reprogrammé. On
7 pouvait toujours voir l'une des deux chaînes de Sarajevo, mais on pouvait
8 voir… la deuxième chaîne que l'on pouvait voir, la deuxième chaîne qu'on
9 pouvait voir était l'une des chaînes de la télévision de Belgrade. Si ma
10 mémoire est bonne, je crois qu'on pouvait toujours voir un programme en
11 provenance de Sarajevo et l'autre de Belgrade.
12 Question: Comment cela s'est-il passé? Pourquoi cet émetteur a été
13 reprogrammé pour voir la Télé Belgrade?
14 Réponse: Les personnes qui s'en occupent, en fait, les techniciens sont
15 stationnés à Banja Luka. Pourquoi? Parce que la Télé de Sarajevo avait une
16 annexe à Banja Luka, et nous à Prijedor, on a tout simplement changé la
17 chaîne que l'on pouvait voir.
18 Il y a des gens qui l'aimaient bien et d'autres qui l'aimaient moins. Moi,
19 je ne regardais pas beaucoup la télévision, mais j'ai remarqué ce
20 changement.
21 Question: Pourriez-vous nous expliquer quelle a été, quelle possibilité y
22 avait-il de voir des chaînes en provenance de Croatie, une fois que
23 l'émetteur de Kozara a été reprogrammé?
24 Réponse: Oui, en fait, je suis électronicien par formation. Et très
25 souvent, mes amis et mes connaissances me demandent de les aider quand ils
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1 veulent regarder la télévision en provenance de Zagreb. Et je pense que je
2 connais suffisamment bien la situation étant donné que je suis
3 professionnel en la matière. A Prijedor même, donc dans la ville et dans
4 les environs, la répartition des émetteurs est la suivante: nous sommes à
5 peu près à la limite du territoire couvert par les émetteurs de la
6 télévision de Croatie.
7 Question: Ces émetteurs sont situés ou?
8 Réponse: Ils sont situés à différents endroits en Croatie, mais
9 un qui est particulièrement puissant est situé à Pljesivica, donc pas loin
10 de la ville de Bihac. Il s'agit d'un émetteur qui se trouve non loin de la
11 frontière entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, sur la montagne
12 Pljesivica.
13 Il y a d'autres émetteurs qui sont plus près au nord de la Croatie, mais à
14 cause de la montagne Kozara ces émetteurs ne sont pas aussi puissants dans
15 notre région. Donc, pour toutes ces raisons-là, nous autres, habitants de
16 la ville de Prijedor, nous avons une qualité de réception suffisamment
17 bonne, je ne peux pas dire excellente mais suffisamment bonne pour pouvoir
18 suivre ces programmes. Alors que d'autres habitants en revanche ne peuvent
19 pas suivre la télévision de Croatie.
20 Pour différentes raisons du genre physique, électromagnétique et ainsi de
21 suite, il y a des zones où l'on peut voir et d'autres où on ne peut pas
22 voir. Par exemple un ami à moi, Croate, souhaite voir la télévision croate
23 mais il ne peut pas la voir parce qu'il habite dans une zone où c'est
24 complètement impossible, et, malgré mes efforts, je ne peux pas l'aider.
25 Alors que son voisin qui habite à quelques dizaines de mètres de chez lui
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1 peut très bien voir la télé de Croatie. Cela dépend de l'endroit où
2 quelqu'un habite.
3 Question: Est-ce que la même situation prévalait dans le courant de 1992?
4 Réponse: Oui, certainement. Il y a des zones puisque c'est un terrain avec
5 des collines. Je peux vous donner comme exemple le village de Valovo où se
6 trouve la maison de mes beaux-parents. Leur maison et leur antenne étaient
7 dans une telle position qu'ils ne pouvaient pas du tout voir les chaînes
8 qui étaient transmises par l'émetteur de Kozara, non loin de chez eux,
9 alors qu'ils captaient très, très bien, les chaînes croates. Alors que
10 l'émetteur de Pljesivica est à une centaine de kilomètres. Voilà, ça c'est
11 un exemple flagrant, mais cela existe.
12 Question: Je souhaite maintenant laisser de côté ces aspects techniques et
13 passer au 9 avril.
14 Je demanderai à l'huissier de vous remettre un document. Je ne sais pas
15 si...
16 (Intervention de l'huissier.)
17 Mais vous avez pris avec vous aujourd'hui l'original de ce document.
18 Pourriez-vous nous expliquer de quoi s'agit-il? Avez-vous l'original du
19 document avec vous aujourd'hui?
20 Réponse: Est-ce que je peux commencer?
21 Il s'agit ici de la photocopie d'un papier que j'ai encore aujourd'hui…
22 dont j'ai l'original encore, que j'ai aujourd'hui. Je ne sais pas pourquoi
23 j'ai gardé ce papier… En réalité, je suis comme ça, je collectionne des
24 papiers. Et, de temps en temps, je fais un tri et je jette ce dont je n'ai
25 plus besoin.
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1 Donc ici nous avons… c'est écrit le 9 avril. Et un événement. Et je sais
2 que, grâce à cela, je peux me souvenir de l'événement puisqu'il s'agit là
3 de mon agenda. En fait, ce papier vient de mon agenda. Donc, le 9 avril,
4 je devais réparer un certain nombre d'objets pour la police au poste de
5 police, au poste de sécurité publique à Novigrad, aujourd'hui Bosanski
6 Novi. J'étais là-bas avec quelqu'un et j'ai entendu dire -ce n'était pas
7 très important à l'époque-, mais toujours est-il que j'ai entendu dire que
8 le chef du poste de sécurité publique, Stojan Zupljanin, poste de sécurité
9 de Banja Luka, eh bien, que, lui, il devait se rendre à la municipalité de
10 Prijedor pour qu'ils se mettent d'accord.
11 Je dois faire une parenthèse ici: nous dépendions de la police de Banja
12 Luka et il y avait des personnes qui souhaitaient que l'on devienne
13 indépendants, mais personne ne m'en avait parlé, en réalité. Mais c'était
14 actuel à l'époque et, en fait, cela ne me regardait pas, en réalité. Mais
15 ils en avaient parlé, quelqu'un est venu pour se mettre d'accord avec les
16 autorités, avec Mirza Mujadzic et ses hommes. Et Mirza Mujadzic était en
17 réalité le président du parti politique "SDA".
18 J'en ai conclu qu'il fallait se mettre d'accord avec les partis
19 politiques. Ceci n'était donc pas très important et toujours est-il
20 -c'était ma conclusion- et j'avais entendu dire qu'il devait venir là.
21 Pour moi, c'était important uniquement dans la mesure qu'il s'agissait là
22 de mon ancien supérieur hiérarchique et j'espérais qu'il ne se rende pas
23 compte, par exemple, qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas du tout
24 avec le travail que je devais faire sur les appareils de communication.
25 Donc, un technicien et moi-même -et c'était vers 14 heures, alors que nous
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1 travaillions normalement jusqu'à 15 heures-, nous sommes arrivés jusqu'au
2 SUP, nous nous sommes garés à l'intérieur de la cour. Je parle ici du SUP,
3 c'est mon habitude. Mais en réalité, il s'agissait du poste de sécurité
4 publique. En fait, ce que j'ai pu remarquer, comme ça, en regardant le
5 bâtiment du SUP, le bâtiment de la municipalité, et dans le parc, j'ai
6 remarqué donc différentes personnes, des jeunes gens, qui portaient des
7 vestes et qui avaient les mains dans les poches. Il y avait des groupes de
8 trois à cinq personnes qui se trouvaient parfois à 10 ou 20 mètres les uns
9 des autres. En fait, ce n'étaient pas des distances régulières entre eux
10 et je n'ai pas pu ne pas le remarquer.
11 J'ai travaillé au centre de communication qui se trouvait en haut du
12 bâtiment, qui comporte un rez-de-chaussée, un premier étage et un deuxième
13 étage. Nous étions au deuxième étage et mon bureau était au bout du
14 couloir. Je suis donc rentré dans le bâtiment et il y avait très, très peu
15 de personnes dans le couloir, pas de personnes qui y travaillaient, pas de
16 personnes qui venaient, des habitants qui venaient faire quelque chose. En
17 fait, il y avait juste des personnes qui travaillaient dans notre section
18 de communication. A droite, quelques mètres à droite du bureau,
19 travaillait Muharem Seric, qui était la personne chargée des réservistes
20 de la police qui, à l'époque, s'appelait la milice.
21 En fait, cette porte-là de son bureau s'ouvrait et trois ou quatre hommes
22 d'un âge mur sortent, ne disent rien et il les raccompagne. Il y avait un
23 qui était un peu plus âgé, qui avait peut-être mon âge, qui a dit:
24 "Faites-le lentement, un par un." Pour moi, c'était quelque chose de
25 bizarre, d'inhabituel. Je suis allé dans mon bureau et, là, j'ai pu
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1 observer l'espace devant le bâtiment à travers la fenêtre et j'ai remarqué
2 qu'il y avait pas mal de gens qui étaient dehors. Certains parlaient entre
3 eux et il y avait donc ces quatre ou cinq personnes qui venaient de sortir
4 du bureau et là ils venaient de sortir du bâtiment, et, là, ils se sont
5 séparés. Chacun s'est dirigé vers l'un de ces groupes et cela m'a semblé
6 un peu douteux et suspicieux. Et je suis allé de l'autre côté du bâtiment
7 où travaillait mon épouse au sein de la police judiciaire. A l'époque,
8 cela s'appelait le "département pour la prévention de la criminalité".
9 Elle ne savait rien, elle n'avait rien remarqué, mais en fait, elle est
10 comme ça, c'est quelqu'un de très calme qui fait son travail et ne pose
11 jamais de questions. Je lui ai demandé de m'accompagner parce que j'étais
12 préoccupé. Pourquoi? Parce que tous les jours la tension augmentait et moi
13 j'espérais de plus en plus que la tension se calme. Mais non, en revanche,
14 cela a augmenté. Je lui ai demandé de me suivre. Nous sommes sortis du
15 bâtiment de SUP, nous sommes sortis, nous sommes allés vers la
16 municipalité, vers le Korso, puis vers le parc. Nous avons fait un tour
17 d'une centaine de mètres. J'ai essayé de voir combien de personnes il y
18 avait. J'ai compté, sans être tout à fait précis, et j'ai découvert qu'il
19 y avait une cinquantaine ou une soixantaine de personnes. En fait, il y
20 avait beaucoup de monde.
21 Question: Pourriez-vous être un peu plus concis au niveau des explications
22 que vous fournissez? Est-ce que vous vous souvenez de cette réunion au
23 moment où Zupljanin est arrivé au poste de sécurité publique?
24 Réponse: D'accord. D'après mes estimations, il y avait environ 300
25 personnes dans cet espace assez vaste. Ces personnes étaient en groupe,
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1 formaient des groupes.
2 A mon retour, je suis allé voir le secrétaire ou la secrétaire de notre
3 chef, Hasan Talundzic. A sa droite, se trouvait le bureau de Branko Mijic.
4 C'est lui qui était le chef du service de prévention de la criminalité.
5 J'ai eu une conversation avec lui, mais, lui, n'était pas au courant non
6 plus. Mira, la secrétaire du chef s'est adressée à nous deux; elle nous a
7 dit ceci: "N'allez pas très loin, si vous voulez aller quelque part. Le
8 chef a dit qu'il y aurait une réunion dans son bureau. Et nous devrions
9 convoquer tous les autres pour cette réunion. Dans une vingtaine de
10 minutes, a-t-elle ajouté, la réunion ne va pas commencer tout de suite".
11 Nous sommes allés à cette réunion et c'est bien ce que j'ai écrit, ici,
12 dans mes notes. J'ai écrit: "Stojan Zupljanin et avec lui, il y avait
13 l'assistant chargé de la sécurité publique, Bajazit". Je crois que ce
14 n'est pas très lisible, mais je pense que cet homme s'appelait Jahic ou
15 Jehic, je ne suis pas trop sûr. Il a occupé ce poste pendant très peu de
16 temps. Je n'ai plus un souvenir exact de son nom. Il s'appelait Bajazit
17 Jahic, me semble-t-il.
18 Il devrait donc y avoir une réunion avec ces personnes. Nous sommes entrés
19 dans la salle. J'ai parlé par la suite avec d'autres personnes et j'ai
20 appris qu'il ne pouvait pas prendre cette réunion qui était censée avoir
21 lieu à la municipalité parce que Mujadzic, le président du SDA ne voulait
22 pas le voir. Il faisait des objections à propos des armes. Le chauffeur
23 portait un uniforme et une arme. Stojan Zupljanin et son assistant chargé
24 de la sécurité publique n'étaient pas armés, plus exactement ne portaient
25 pas d'uniforme; je ne sais pas s'ils étaient armés.
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1 Question: Est-ce que je peux vous interrompe? L'assistant de Zupljanin,
2 comment s'appelait-il? Quelle était sa nationalité, son appartenance
3 ethnique? Le savez-vous?
4 Réponse: Il s'appelait Bajazit, c'était son prénom, çà j'en suis sûr.
5 Aussi j'ai un peu pris ces notes à la hâte, je pense qu'il s'appelait
6 Jahic, c'était son nom de famille.
7 Question: Quelle était son appartenance ethnique?
8 Réponse: Eh bien, son nom le dit: c'était un Musulman. Après les
9 élections, il y avait des Serbes, des Musulmans, des Croates. C'est un
10 poste qui fait partie de l'organisation interne du service. Il y avait
11 deux assistants, l'un s'occupant de la sûreté de l'Etat, l'autre de la
12 sécurité publique. Il y avait le chef et deux adjoints. Et Jahic, lui, il
13 était l'adjoint pour la sécurité publique, c'était donc notre supérieur
14 immédiat. Au-dessus de lui, il y avait Zupljanin.
15 Question: Dites-nous qui a assisté à cette réunion?
16 Réponse: Eh bien, je l'ai écrit ici. Tout le monde peut le voir
17 clairement. J'ai utilisé des abréviations mais vous voyez "Stole", c'était
18 un surnom donné à Zupljanin. Et vous voyez Hasan, c'est Hasan Talundzic,
19 "Stole", c'est Dusan Jankovic, le commandant de notre poste. Kecan,
20 c'était Radovan Kecan, l'adjoint du commandant. "Ziko", c'est un autre
21 adjoint au commandant. Il s'appelait Zijad Basic. Fikret, il s'agissait de
22 Fikret Kadiric, c'était lui qui était le chef de la police de la
23 circulation.
24 Djuro, lui aussi, était un membre de la police, Djuro Prpos. Mijic, Ranko
25 Mijic, il était le chef du service de lutte contre la criminalité et moi-
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1 même, j'étais le responsable de la communication et du chiffre. Et le chef
2 du poste de sécurité publique, c'était Bajazit Jahic. C'est ce que j'ai
3 écrit au moment où je me trouvais dans la salle, au moment où la réunion a
4 commencé.
5 Question: Pourriez-vous nous dire en quelques mots ce qui a été dit à
6 cette réunion et ce qui a été particulièrement frappant?
7 Réponse: Sinon pendant toute cette période, il y avait des tendances qui
8 s'étaient manifestées. Il y avait, parmi ces tendances assez nombreuses,
9 une tendance particulière. Vous savez que le poste de sécurité publique
10 faisait partie du centre de sécurité public à Banja Luka qui, lui,
11 relevait du MUP de Sarajevo. Et certains voulaient garder cette structure
12 telle qu'elle existait alors que d'autres voulaient que nous devenions un
13 centre indépendant disposant des mêmes droits que le centre de Banja Luka.
14 Ils voulaient donc que nous fassions scission par rapport au centre de
15 Banja Luka. Voilà les municipalités que nous avions lorsque nous étions au
16 centre de Prijedor ou pas. Ces quatre municipalités étaient censées se
17 séparer: Sanski Most, Bosanski Novi, Bosanska Dubica. Le siège devait se
18 trouver à Prijedor et nous étions censés être subordonnés directement à
19 Sarajevo comme l'était Banja Luka. Voilà en quelques mois, l'idée qui
20 prévalait.
21 Certains ont essayé ou les deux groupes ont essayé de réaliser leurs
22 objectifs. Il a donc fallu essayer de trouver un compromis pour satisfaire
23 tout le monde.
24 Et puis, j'ai écrit quelque chose qui est assez illisible. C'est mon
25 écriture qui n'est pas très lisible.
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1 "Stole" a dit: "Pour la JRM, Hasan me dit que tout se passe au mieux".
2 JRM, ce sont les unités de la police de réserve des villages, chaque
3 village ayant son unité. "Stole" a dit que ceci était censé être notre
4 plan pour faire des préparatifs et pour sécuriser notre service.
5 Hasan nous a dit: "La situation est calme.". Hasan parle des forces de
6 réserve, il veut des armes. Et puis, je vois "militarisation". C'est ce
7 que j'ai écrit comme note, ce sont mes notes personnelles, je vous
8 rappelle, elles ne sont pas particulièrement exactes.
9 Mais je me souviens exactement de ce dont ils ont parlé. Hasan a dit ceci:
10 "Nous sommes bien organisés, nous sommes suffisamment organisés. Nos
11 hommes sont excellents, mais nous n'avons pas suffisamment d'armes.".
12 J'avais assisté à plusieurs de ces réunions auparavant. En effet, je
13 faisais partie de ce comité. Les chefs se réunissaient et, à plusieurs
14 reprises, je les ai entendus parler de ceci. Si je me souviens bien, les
15 forces de réserve, pour ce qui est de la municipalité de Prijedor, étaient
16 constituées de 700 policiers de réserve. Et pour ces forces de réserve,
17 nous n'avions pas suffisamment d'armes puisque nous n'avions que 450
18 fusils.
19 Hasan a dit: "Il nous faut davantage d'armes.". Stojan Zupljanin, lui,
20 disait: "Ça ne sert à rien, la situation n'est pas bonne. Si nous
21 concentrons toutes nos activités sur l'armement de ces hommes, cela
22 présente une militarisation. Cela veut dire que, pratiquement, nous allons
23 prendre le pouvoir et les fonctions de l'armée. Or, ce n'est pas notre
24 fonction. Nous sommes censés assurer l'ordre public sur notre territoire,
25 et c'est cela qui doit être notre travail. Il ne faut pas nous concentrer
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1 sur le fait d'obtenir ou de fournir des armes. Les fusils dont nous
2 disposons suffisent, me semble-t-il, pour le travail qu'il faut faire.".
3 En d'autres termes, Hasan voulait plus d'armes, il voulait transformer
4 tout cela en armée; c'est du moins ce que j'ai entendu dire à l'occasion
5 de cette réunion. Lui, il voulait se concentrer sur le travail militaire,
6 sur le travail de l'armée plutôt que de la police. Et puis, je vois ici,
7 j'ai écrit: "La transformation du MUP qui se transformerait en centre de
8 sécurité publique…".
9 Hasan et Fikret parlaient quelquefois de la nécessité de transformer le
10 MUP. Ils entendaient par là que nous, à savoir la municipalité de Prijedor
11 et les trois autres municipalités dont j'ai parlé, ne serions plus des
12 postes de sécurité publique relevant de Banja Luka, mais que nous devrions
13 constituer un centre indépendant qui relèverait directement du MUP de
14 Sarajevo. Nous recevrions directement nos ordres de Sarajevo plutôt que de
15 passer par Banja Luka.
16 Ici, j'ai écrit "Transformation du MUP", et il a ajouté ceci: "Moi, je ne
17 veux pas ici qu'on divise le service.". Ça, c'est ce que disait à peu près
18 Zupljanin. Il voulait dire qu'il était inutile de diviser, de séparer le
19 service, que ce n'était pas là quelque chose d'essentiel.
20 Nous, en tant que police, si nous faisions partie du centre, nous devions
21 faire simplement notre travail de policiers. Hasan et Fikret, par contre…
22 Lui ne voulait pas les badges, et Fikret et Hasan ont répondu à ce qu'il a
23 dit, qu'ils ne pouvaient pas s'occuper ou avoir des relations avec Banja
24 Luka.
25 En fait, à Banja Luka, certains policiers… enfin, je n'étais pas là pour
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1 le dire, mais ils ont commencé à… ils portaient toujours l'insigne de
2 l'étoile à cinq branches de l'époque du socialisme, qu'on utilisait plus à
3 ce moment-là. Il y avait une force d'inertie qui faisait qu'on utilisait
4 encore les mêmes insignes que dans l'ex-Yougoslavie. Mais à Banja Luka,
5 ils ont commencé à porter d'autres emblèmes, d'autres insignes, notamment
6 cet écusson ou cet insigne avec la forme du drapeau serbe: rouge, blanc et
7 bleu. Ils avaient un petit béret avec cet insigne dessus.
8 Hasan et Fikret ont dit qu'ils n'étaient pas d'accord pour arborer cet
9 insigne. Moi, j'ai dit qu'il fallait que l'on se mette d'accord. Je
10 m'étais tu jusqu'à ce moment-là mais, après, j'ai pris la parole. En
11 premier lieu, j'ai dit qu'il fallait être unis, parvenir à un accord, un
12 accord qu'il nous fallait respecter. Il fallait être unis, s'unifier en
13 tant que forces de police. C'est comme ça que c'était avant et c'est comme
14 cela qu'il fallait rester.
15 Pendant l'époque socialiste, on ne s'occupait pas de l'appartenance
16 ethnique des gens. Il fallait rester ensemble pour diminuer les tensions.
17 Il fallait, par tous les moyens possibles, éviter la guerre, éviter tous
18 les dangers. Moi, c'est ce que j'ai dit, j'ai dit: "Mettons-nous d'accord
19 et respectons cet accord.". Voilà ce que j'ai dit.
20 Question: Monsieur Jankovic, est-ce que M. Talundzic a donné l'ordre à la
21 secrétaire de ne laisser entrer personne pendant la réunion? Est-ce que,
22 malgré tout, elle a laissé entrer quelqu'un?
23 Réponse: Au moment où nous sommes entrés dans cette pièce où devait se
24 tenir la réunion -c'était le bureau de Talundzic-, la secrétaire, elle,
25 était restée à l'extérieur. Elle s'appelait Mira Topic. Et Talundzic lui a
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1 dit: "Veillez à ce que personne ne vienne nous interrompre.".
2 Cette discussion que je viens de vous relater a peut-être duré une heure,
3 je ne me souviens plus exactement. Cela s'est passé il y a tellement
4 longtemps-, peut-être une heure ou un peu plus.
5 Mira est arrivée. Elle a dit: "Chef, Osme est à votre recherche.". Il n'y
6 a qu'une personne qui s'appelle Osme, c'est Osme Didovic: c'était le
7 commandant de la police, du service de police de Kozarac.
8 Hasan s'est levé, a quitté la pièce, s'est entretenu avec Osme. Mais, moi,
9 je n'ai pas vu Osme. Ils ont parlé à l'extérieur du bureau. Il est revenu
10 quelques minutes plus tard, mais il n'était pas accompagné d'Osme. Il
11 s'est adressé à nous et j'ai vu à son apparence, à ses traits, qu'il était
12 préoccupé. Il nous a dit ceci: "Ecoutez, les choses commencent à devenir
13 sérieuses. Il se pourrait que la guerre éclate à tout moment.". Nous lui
14 avons demandé ce qui se passait. Il a répondu qu'il avait appris cela de
15 la bouche d'Osme.
16 A Kozarac -nous parlons ici de la police-, il n'y avait pas beaucoup de
17 policiers. Il y en avait 10 ou 15, je ne sais plus exactement; ils
18 n'étaient pas très nombreux. De toute façon, il n'y en avait pas beaucoup
19 et je ne sais pas s'ils avaient été mobilisés. Ils essayaient d'obtenir
20 beaucoup de personnes et ils risquaient de se diriger sur Prijedor. La
21 rumeur courait qu'ils voulaient constituer leur propre gouvernement à
22 Kozarac à l'époque.
23 Hasan a dit: "Il faut agir tout de suite. Il faut empêcher que ceci ne se
24 produise. Il ne faut pas que des troubles éclatent.".
25 Très rapidement, ils ont décidé d'appeler deux journalistes. Ils sont
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1 arrivés 10 ou 15 minutes plus tard. Il y avait un journaliste du journal
2 local "Kozarski Vjesnik" et l'autre, il était de la station radio locale:
3 Radio Prijedor. Je connaissais l'un d'entre eux, nous étions voisins. Il
4 s'appelait Nezirevic. Je ne me souviens plus de son prénom. C'était un
5 Musulman. Quant à l'autre journaliste, je ne le connaissais pas du tout.
6 Mais je me souviens qu'il était Serbe. Je me souviens, à son propos, qu'il
7 avait une grosse tête et des cheveux bouclés; c'est tout ce dont je me
8 souviens.
9 En tout cas, cela avait été fait à dessein, puisqu'ils avaient invité deux
10 journalistes d'origine ethnique différente. Ils ont parlé de la situation
11 et ils ont dit qu'ils devaient faire quelque chose, faire une annonce
12 destinée à soulager un peu cette tension.
13 Les journalistes ont très vite compris ce qui se passait. Ils sont
14 repartis à leur poste de travail. La réunion s'est terminée. Je n'ai pas
15 écouté la radio, je n'ai pas lu les journaux, mais ma femme et quelques
16 voisins m'ont dit qu'à partir de 18 heures, Radio Prijedor a constamment
17 fait des annonces incitant les personnes, exhortant les personnes à garder
18 leur calme, disant que la police maîtrisait la situation, qu'il n'y avait
19 pas d'émeute de quelque côté que ce soit, de la part de quelque groupe
20 ethnique que ce soit. Ils ont dit que tout était bien maîtrisé et de la
21 musique douce a été diffusée. Voilà pour ce qui est de cette réunion.
22 Question: Vous n'avez pas mentionné l'année. Vous avez dit qu'il
23 s'agissait du 9 avril, mais de quelle année?
24 Réponse: 9 avril 1992.
25 M. Lukic (interprétation): Est-ce qu'il faut verser ce document au
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1 dossier?
2 M. le Président (interprétation): Y a-t-il des objections?
3 M. Koumjian (interprétation): Je pense qu'il serait utile pour tout le
4 monde de demander au témoin de faire une lecture intégrale de ce document
5 car nous ne voyons pas exactement ce qui est écrit. Et je pense que, même
6 si nous envoyons ce document au service de traduction, les traducteurs
7 auront du mal à comprendre cette écriture.
8 M. le Président (interprétation): C'est une bonne idée.
9 Monsieur le Témoin, ayez l'obligeance de nous lire ce document afin que
10 nous sachions exactement ce que vous avez écrit à l'époque, à savoir le 9
11 avril 1992. Je vous demande de donner lecture de ce texte. De cette façon,
12 nous pourrons verser ce document au dossier avec la cote D47B et il ne
13 sera pas nécessaire de faire la traduction en anglais. Donc, ceci part de
14 la page 22 jusqu'à la page 30, s'agissant du contenu de ce document.
15 Pourriez-vous en donner lecture?
16 M. Jankovic (interprétation): Volontiers. "Date: 9 avril 1992.". Ça, c'est
17 clair.
18 "Chef du centre et le reste"...
19 M. Lukic (interprétation): Je vous demande de ne pas donner d'explication
20 mais de simplement lire le contenu de ce document.
21 M. Jankovic (interprétation): "Chef du centre et le reste. Souligné. GL
22 accord". Je parle ici de l'accord principal. Je pense que c'est de cela
23 que je parlais parce que c'est une forme d'écriture que j'utilisais pour
24 moi.
25 "Stole, Hasan, Dule, Kecan, Ziko, Fikret, Djuro, vous ne le voyez pas,
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1 mais ça devrait s'y trouver: Mijic, moi-même et le chef de la sécurité
2 publique: Bajazit Jahic.". Je suis sûr que c'est Jahic, vous pouvez
3 l'écrire "Jahic".
4 "Primo, Stole a dit: '4JAM' -c'est l'unité de la police de réserve-, et
5 Hase, Hasan donc, dit que notre situation est la meilleure. Hase parle de
6 la réserve -il s'agit ici des forces de police de réserve-, (virgule) il
7 veut des armes, (virgule) c'est Zupljanin qui dit que ça représente ou ça
8 équivaut à une militarisation.
9 Deuxièmement -c'est le point 2 de l'ordre du jour-: transformation du MUP
10 - (tiret) établissement du CSB. -c'est le deuxième point. "Stole" parle de
11 la transformation du MUP - (tiret) je ne suis pas en faveur d'une division
12 des services -c'est lui qui parle, pas moi-. Et puis, un autre tiret: Hase
13 et Fikret ne veulent pas les badges.".
14 Puis il y a simplement un gribouillis. J'ai indiqué mon nom et quelques
15 lignes. Vous voyez une flèche, ça veut dire que c'est moi qui interviens.
16 Je parle d'un accord spécifique consistant à rester unifiés. Je veux dire
17 par là que tous les employés de la police, indépendamment de leur origine
18 ethnique, devraient rester ensemble.
19 Ce sont mes notes personnelles et c'est la première fois qu'elles sont
20 utilisées.
21 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. Je le répète, ce
22 document est versé au dossier sous la cote D47B.
23 M. Lukic (interprétation): Est-ce que ce moment se prête à la pause,
24 Monsieur le Président?
25 M. le Président (interprétation): Oui, nous allons reprendre à 11 heures
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1 moins 10.
2 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
3 (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à 10 heures 55.)
4 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
5 M. le Président (interprétation): Veuillez poursuivre, Maître Lukic.
6 M. Lukic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je vais demander
7 à M. l'huissier de remettre au témoin le document portant la cote D46 et
8 de présenter au témoin la version en BCS.
9 (Intervention de l'huissier.)
10 Monsieur l'Huissier, veuillez donner la version BCS au témoin.
11 M. le Président (interprétation): Est-ce que nous devons tous disposer de
12 la version BCS? Est-ce que c'est cela votre idée? Nous nous améliorons,
13 mais, de là à lire directement, il y a encore un pas à franchir.
14 M. Lukic (interprétation): Monsieur l'Huissier, veuillez poser la version
15 en anglais sur le rétroprojecteur et donner au témoin la version en BCS.
16 (Intervention de l'huissier.)
17 M. le Président (interprétation): Merci.
18 (Le témoin lit le document.)
19 M. Lukic (interprétation): Monsieur Jankovic, vous nous avez dit qu'en
20 1992 et aussi en avril 1992, vous travailliez au poste de sécurité
21 publique de Prijedor?
22 M. Jankovic (interprétation): Oui, c'est exact.
23 Question: A quel moment, à quelle date vers la fin du mois d'avril, a-t-on
24 organisé une réunion dans le bâtiment du poste de sécurité publique de
25 Prijedor?
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1 Réponse: Il y a eu une réunion qui a été organisée effectivement, mais il
2 n'y a pas eu de convocation écrite, pas d'avis donné à l'avance.
3 A ma connaissance, c'est seulement quelques heures avant la réunion que
4 nous avons été informés. Moi, je n'étais pas dans le bureau ce jour-là, je
5 travaillais à l'extérieur. Quand je suis rentré, un de mes employés m'a
6 informé de la tenue de cette réunion à 14 heures.
7 Apparemment, toutes les personnes devaient y participer. J'ai pris la
8 question très au sérieux, je me suis rendu à cette réunion ainsi que tous
9 les autres employés qui se trouvaient sur mes ordres dans le service. Je
10 n'ai pas eu le temps d'informer tout le monde, mais je pense que la
11 plupart des personnes étaient présentes, et, moi, j'ai assisté en personne
12 à cette réunion.
13 Question: Est-ce que vous avez été informé à l'avance de l'ordre du jour?
14 Réponse: Non. A mon arrivée à la réunion, je ne savais pas sur quoi celle-
15 ci allait porter.
16 Question: Dites-nous, s'il vous plaît, ce que vous avez vu? Qui assura la
17 présidence de la réunion?
18 Réponse: La réunion s'est tenue dans notre salle de conférence, c'est ce
19 que je dis, je veux parler, là, de la salle de réunion du poste de
20 sécurité publique où se font généralement les réunions. C'est là que se
21 font les réunions de la municipalité auxquelles assistent tous les
22 employés.
23 La salle était comble, toutes les chaises étaient occupées; il y avait
24 même des gens debout, même à la porte. Et il y avait des gens qui étaient
25 dans les couloirs et qui suivaient ce qui se disait dans la salle de
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1 conférence.
2 Il y avait la table réservée au président de la réunion. Ce n'est peut-
3 être pas comme ça qu'il faut appeler la personne qui présidait la réunion.
4 En tout cas, il y avait cette table. Moi, je n'étais pas assis, j'étais
5 adossé à une des colonnes de cette salle de conférence à quelque trois ou
6 quatre mètres de ces personnes.
7 Il y avait des personnes que je connaissais déjà de la gauche à la droite
8 de cette table. Je commence par la gauche: il y avait le président
9 Cehajic, président de la municipalité… il y avait Muhamed ou Muharem, je
10 ne suis pas sûr de son prénom; c'était un homme assez âgé qui s'appelait
11 Cehajic et qui était le président de la municipalité. A ses côtés se
12 trouvait Mirza Mujadzic, président du SDA. Ils étaient cinq. Au milieu, la
13 personne se trouvant au milieu, c'était Hasan Talundzic, notre chef, le
14 chef de notre poste. Et à côté de lui, à sa gauche plus exactement, Fikret
15 Kadiric. A l'époque, il était commandant de la police de la circulation.
16 Puis il est devenu chef de la police. Enfin, il y avait Simo Miskovic, si
17 je ne m'abuse. A l'époque, il était président du SDS.
18 Il y avait des membres du parti. Un peu plus loin, il y avait le procès
19 verbaliste, Radovan Kecan, l'adjoint au commandant du poste de sécurité
20 publique.
21 Question: Est-ce qu'il y a eu des intervenants à cette réunion?
22 Réponse: Oui. D'abord, c'est Hasan Talundzic qui a ouvert la réunion)
23 Ensuite, d'autres personnes sont intervenues, mais c'est lui qui a parlé
24 la plupart du temps, mais d'autres personnes ont pris la parole. Et vers
25 la fin de la réunion, il y a eu un débat, une discussion au cours de
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1 laquelle des questions ont été posées. Des personnes ont exprimé leur avis
2 et le président a répondu aux questions.
3 Question: Sur quoi a porté cette discussion?
4 Réponse: Au moment où la réunion a commencé, il a été dit quelque chose.
5 Je ne peux pas vous donner une citation exacte, mais ces termes ont montré
6 clairement qu'on demandait aux employés de soutenir la police.
7 Je vous l'ai dit il y a un instant, nous représentions le poste de
8 sécurité publique et nous étions censés nous séparer du centre de sécurité
9 publique de Banja Luka. Apparemment aussi, il fallait rejoindre
10 directement Sarajevo. Quant à vous dire si c'était le MUP de Sarajevo ou
11 sinon, nous devions être le centre comme… ou relever directement de
12 Sarajevo, je ne sais pas.
13 Mais ceci a été expliqué de la façon suivante: on a dit que nous
14 gagnerions à relever directement de Sarajevo parce que, en effet, on
15 n'était pas payés régulièrement. Déjà on était en retard de deux paiements
16 de salaire. On nous avait dit que les salaires allaient nous être payés
17 dans quelques jours -je parle ici du premier paiement- et que, pour le
18 deuxième mois, le paiement devait se faire quelques jours plus tard.
19 Quelques personnes étaient en faveur de cette idée, d'autres s'y
20 opposaient. Je ne peux pas vous donner le nom de ceux qui avaient demandé
21 à intervenir dans la discussion. Je ne peux pas vous dire de façon
22 certaine qui a dit quoi, mais en gros certains étaient pour, d'autres
23 contre, et le président de la réunion a donné un complément d'information
24 pour essayer de persuader les gens afin qu'ils acceptent la proposition,
25 afin que le poste de sécurité publique de Prijedor soit séparé de Banja
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1 Luka.
2 La réunion s'est poursuivie et, peu à peu, ils ont réussi à persuader les
3 employés à faire du poste de sécurité publique un centre, et l'argument
4 massue, ça a été le paiement des salaires. Et ceci a permis de rallier une
5 majorité de personnes à cette idée.
6 Question: Est-ce que quelqu'un a cité les noms, a fait un appel des noms
7 pendant la discussion?
8 Réponse: Rétrospectivement, je pense que cette discussion a duré une heure
9 environ. Beaucoup de personnes sont intervenues. Tout le monde était là,
10 tous les employés, du moins tous ceux qui se trouvaient à ce moment-là
11 dans le bâtiment du poste de sécurité publique de Prijedor.
12 Il n'y avait que les officiers de garde, de service, qui se trouvaient à
13 la porte, ainsi que le responsable des communications qui était de service
14 à ce moment-là. Mais il m'a appelé, il m'a dit que mon employé, l'officier
15 de service, voulait me voir. Il n'était pas en mesure de m'appeler
16 directement car il n'y avait pas de téléphone dans la salle de conférence.
17 Donc, quand mon nom a été appelé, je savais qu'il y avait un problème
18 technique, j'ai quitté la réunion. Le responsable de la communication des
19 services s'appelait Dusko Sarac. Il m'a dit qu'il avait reçu une dépêche
20 et il y avait apparemment urgence. Il devait la transmettre en toute
21 urgence. Il était censé la transmettre à Hasan Talundzic, à notre chef,
22 mais aussi à trois postes de sécurité police: Sanski Most, Bosanska Dubica
23 et Bonsanski Novi. Il y a eu des problèmes techniques, ce qui explique
24 qu'il n'a pas pu envoyer, transmettre cette dépêche avec toute l'urgence
25 voulue, et il voulait me demander mon avis pour savoir ce qu'il fallait
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1 faire.
2 Question: Permettez-moi de vous interrompre un instant. Vous vous êtes
3 demandé pourquoi votre officier de service devait envoyer cette dépêche
4 aux trois municipalités que vous avez mentionnées?
5 Réponse: Parce que le responsable des communications des services doit
6 d'abord comprendre l'intitulé de cette dépêche, et ici vous voyez qu'elle
7 est adressée à tout le monde.
8 En d'autres termes, il doit transmettre cette dépêche à tous les postes de
9 sécurité publique de Bosnie-Herzégovine et à leur chef respectif. Et puis
10 aussi à tous les SJB, donc à tous les centres et tous les postes de
11 sécurité de la Bosnie-Herzégovine. Nous avions une organisation technique
12 telle que les dépêches arrivaient à Prijedor; celles de Sarajevo sont
13 envoyées au centre qui, à leur tour, les envoie au poste de sécurité
14 publique. Donc, d'après la dépêche, ceci devait être transmis à tous les
15 SJB, donc à tous les postes, notamment à ceux de Bosanski Novi, Bosanska
16 Dubica et Sanski Most. C'est là qu'est intervenu le problème technique.
17 Question: Poursuivez votre explication, reprenez là où vous vous êtes
18 arrêté, s'il vous plaît.
19 Réponse: J'ai vu où était le problème et j'ai compris qu'on aurait pu
20 résoudre ce problème de diverses façons. On aurait pu transmettre de
21 différentes façons, il y a la note "très urgent", mais quelquefois il y a
22 aussi la lettre "S" parce que la dépêche était codée, chiffrée. En
23 d'autres termes, il fallait encoder celle-ci avant de l'envoyer. Mais cet
24 homme ne pouvait pas utiliser ce même système, donc il devait utiliser un
25 système différent pour envoyer cette dépêche avec des degrés divers de
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1 fiabilité et, selon la tâche, il faut un temps particulier pour la
2 réaliser.
3 Cet homme avait peur de faire une erreur, c'est pourquoi il m'avait appelé
4 puisque j'étais son supérieur hiérarchique. Je devais comprendre si cette
5 dépêche était vraiment urgente. Pour ce faire, je devais examiner, passer
6 en revue cette dépêche. Nous avons, moi et tous mes autres employés, le
7 droit de lire une dépêche, si c'est nécessaire, mais nous n'avons pas le
8 droit de transmettre son contenu à qui que ce soit.
9 J'ai examiné cette dépêche pour voir quel système de cryptage j'allais
10 utiliser. J'ai passé en revue très rapidement, j'ai lu en diagonale cette
11 dépêche, j'ai vu son contenu. J'ai vu tous ces points qui étaient
12 mentionnés, qui étaient vraiment un choc pour moi, le dernier point étant
13 "début des activités de combat". On mentionne l'armée.
14 Pour moi, c'était quelque chose de terrible, pour moi ça signifiait le
15 début de la guerre. C'étaient nous contre des gens du même cru,
16 quelquefois c'étaient des frères, des membres de la police, c'étaient des
17 camarades, des collègues. Nous étions en bien trop petit nombre pour être
18 considérés comme étant une armée, nous n'avions pas beaucoup d'effectifs à
19 la police.
20 J'étais vraiment ébranlé, mais je connaissais les règles. Nous avions des
21 règles spécifiant les tâches à exécuter. Cela veut dire qu'il fallait
22 transmettre cette dépêche en toute urgence. Quelquefois il y a d'autres
23 appellations, par exemple pour envoyer une dépêche normale ça prend 8
24 heures. Mais en toute urgence, c'est une durée qui est indiquée. Par
25 exemple: quand on dit "SJB, à tous", ici, ça voulait dire en l'occurrence
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1 que c'était destiné à Hasan Talundzic. Il y avait une grande urgence.
2 Je devais retourner à la réunion et mon officier chargé des communications
3 de service ne pouvait pas quitter son poste. Je lui ai dit quel système
4 utiliser pour transmettre cette dépêche, et vu l'urgence, j'ai pris le
5 registre des envois où sont répercutés tous les télégrammes reçus et
6 transmis, assortis de tous les détails: destinataires, expéditeurs, etc.
7 Je n'ai pas eu le temps d'inscrire cette dépêche. Je n'étais pas en mesure
8 de le faire, puisque c'était un officier de service qui devait le faire.
9 Moi, j'ai pris ce registre de service et je suis allé avec ce registre à
10 la réunion. Il y avait un de mes employés qui était dans la première
11 rangée, je l'ai appelé -Mirsad Sahuric, c'était celui qui était le plus
12 près de moi- et je lui ai dit d'inscrire cet envoi dans le registre et de
13 l'envoyer au chef. Ça peut se faire, si on est compétent, en deux minutes.
14 Question: Excusez-moi. Permettez-moi de vous interrompre un instant.
15 Quelle est l'appartenance ethnique de l'employé à qui vous avez remis ou
16 dit… auquel vous avez dit d'envoyer ou de donner cette dépêche au chef?
17 Réponse: A ce moment-là, peu m'importait de savoir quelle était
18 l'appartenance ethnique de cet homme. C'était l'homme qui se trouvait le
19 plus près de moi. C'est la raison pour laquelle je lui ai donné cette
20 dépêche. J'aurais pu la donner à n'importe qui d'autre, mais c'était lui
21 qui était le plus près de moi. De toute façon, il était Musulman.
22 M. Lukic (interprétation): Poursuivez.
23 M. Jankovic (interprétation): C'est ce que Sahuric a dit, cela lui a pris
24 deux ou trois minutes. Il a remis cette dépêche au chef qui a signé
25 l'accusé de réception. Mais je constatais, je sentais que la réunion se
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1 terminait. Je comprenais aussi qu'on était arrivé à une conclusion. Les
2 gens étaient contents d'enfin recevoir leur salaire; c'est à cela que ça
3 se résumait.
4 Mais moi, j'étais sous le coup de cette dépêche. J'étais une des personnes
5 agréées. Il n'y avait pas de citoyens ordinaires puisque c'était une
6 réunion interne au cours de laquelle il était possible de discuter de
7 toutes les questions internes. Je me suis dit que j'avais le droit de
8 demander la parole -je ne l'avais pas fait auparavant, je m'étais contenté
9 jusqu'alors d'écouter- et voici ce que j'ai dit. Je ne peux pas vous
10 reprendre chacun de mes termes, mais j'ai dit à peu près ceci. Le
11 président avait parlé des salaires qu'il promettait de faire payer, et
12 toutes ces bonnes choses qui étaient promises étaient en contradiction
13 avec d'autres choses, puisque ce même Sarajevo qui, avait-on dit, allait
14 nous envoyer nos salaires nous donnait maintenant des missions qui
15 représentaient, qui ressemblaient à une véritable guerre, une guerre avec
16 l'armée, une guerre entre nous. Quand je dis "entre nous", je parle des
17 gens de la municipalité de Prijedor. Moi, je ne suis jamais allé plus loin
18 que Prijedor, c'est tout ce que je connais. Et, à la lecture de cette
19 dépêche, j'ai compris qu'on devrait soit lutter entre nous ou avec l'armée
20 à Prijedor. Et j'ai trouvé que c'était quelque chose d'atroce,
21 d'inacceptable.
22 Ce qui nous est promis, ai-je dit, est tout à fait dénué de fondement
23 parce que la situation n'est pas celle qu'il représente, dont il parle.
24 C'est alors qu'on a commencé à me demander d'où je tenais cette idée,
25 comment je pouvais affirmer une telle chose. Ce à quoi j'ai rétorqué:
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1 "Bien. Voilà. Le chef vient de recevoir cette dépêche qui le dit
2 clairement".
3 Les policiers étaient présents, dont des policiers de la police
4 judiciaire. Ils ont commencé à crier: "Mais lis cette dépêche, lis ce
5 qu'il y a dedans". A ce moment-là, quelqu'un a pris cette dépêche, l'a
6 lue. Et je sais qu'il y a eu une discussion entre eux, silencieuse. Moi,
7 j'étais à quelques mètres de distance, mais finalement on a décidé qu'il
8 fallait lire la dépêche.
9 Monsieur Kecan, le procès verbaliste, a alors reçu la dépêche qu'il a lue.
10 Pour ce faire, il s'est levé. Et au fur et à mesure qu'il lisait, le bruit
11 qu'il y avait dans la salle a commencé à augmenter. Il n'y a pas eu
12 d'incident physique, mais il y a eu un mouvement de foule. Après lecture
13 de la dépêche, les gens ont commencé à quitter cette salle. Le président
14 de la municipalité s'est levé -nous parlons ici de M. Cehajic-, il a dit:
15 "Mais ceci est cousu de fil blanc, ce n'est pas possible. Je pars". Il est
16 parti.
17 Mais Mirza Mujadzic a dit quelque chose de tout à fait différent. Il a
18 dit: "Un instant. Vous n'avez pas bien compris. Ce n'est pas ce que ceci
19 semble être, c'est quelque chose de tout à fait différent". Donc Mujadzic
20 a eu une réaction tout à fait différente et il a essayé de garder les
21 personnes dans la salle pour poursuivre le débat. Mais il n'y est pas
22 parvenu: les gens sont partis, se sont dispersés. Moi, j'ai fait de même
23 et je suis rentré chez moi.
24 Je n'ai plus entendu parler de cette dépêche ou de choses qui auraient été
25 en rapport avec celle-ci par la suite. Je sais que, ce soir-là, on m'a
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1 demandé… quelqu'un m'a demandé, je ne sais plus qui, m'a demandé de
2 revenir parce qu'apparemment mes employés avaient besoin d'aide. Et
3 lorsqu'on avait besoin de mon aide, l'officier de service était censé
4 m'appeler et je devais être, en fait, en disponibilité pendant 24 heures.
5 Je devais informer mon officier de service du lieu où je me trouvais afin
6 qu'il puisse me trouver.
7 Ils m'ont donc demandé de venir. Je l'ai fait. Le lendemain matin… Au
8 cours de la nuit, des gens s'étaient rassemblés et, le lendemain matin, il
9 y a eu prise de pouvoir sans qu'une seule balle soit tirée apparemment.
10 Quelque deux jours plus tard, dirais-je, Prijedor avait déjà été prise.
11 Drljaca a remplacé Talundzic, il était devenu le chef. Simo Drljaca m'a
12 demandé d'aller le voir dans son bureau. S'y trouvaient déjà deux ou trois
13 personnes que je ne connaissais pas. Drljaca m'a dit que c'étaient des
14 journalistes du "Kozarski Vjesnik", journal local.
15 Je ne sais pas ce dont ils avaient parlé auparavant, mais ils m'ont
16 demandé si j'avais une copie de cette dépêche. J'ai dit que non parce que
17 je n'avais fait qu'une copie que j'avais transmise au destinataire. Mais
18 il y a un enregistrement sonore pour la réception de ces dépêches; cela
19 fait partie du système de chiffrage. En général, tout ceci est placé dans
20 un sac et, lorsque celui-ci est rempli, après sept ou dix jours, il est
21 brûlé par mes employés.
22 Donc je lui ai dit que, comme ceci s'était passé il y a peine deux ou
23 trois jours, cet enregistrement devait encore se trouver dans ce sac qui
24 n'avait pas encore été brûlé. Il m'a dit: "D'accord. Va voir s'il s'y
25 trouve encore et, si c'est le cas, fais-moi une copie que tu m'amèneras.".
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1 J'ai relayé cette demande à mon employé qui a trouvé cet enregistrement,
2 et j'ai remis la copie à Simo.
3 Permettez-moi de faire une constatation. Il y a une caractéristique
4 technique à cet appareil.
5 Si une dépêche est reçue de quelqu'un, les lettres sont verticales.
6 Lorsqu'il y a envoi de dépêche à quelqu'un d'autre, à ce moment-là, les
7 lettres sont obliques, comme en italique. Et si moi, j'essaie de faire une
8 nouvelle copie de cet enregistrement, les lettres penchent vers la gauche.
9 Ici, j'ai devant moi une copie où les lettres penchent vers la gauche. Par
10 conséquent, je ne sais pas comment vous avez obtenu cette copie, mais je
11 pense que c'est la copie que j'ai faite et que j'ai remise à Simo Drljaca.
12 Cependant, je vois sur le rétroprojecteur un document et je constate que
13 ses lettres sont verticales. Ce ne sont donc pas deux copies identiques.
14 Enfin, c'est simplement une remarque technique que je voulais faire, mais
15 il se peut que ce ne soit pas du tout important.
16 Cette dépêche, après je l'ai vue…
17 (Les Juges se concertent sur le siège.)
18 M. Koumjian (interprétation): Monsieur le Président, peut-être pour le
19 compte rendu, il faut dire que le document qui se trouve sur le
20 rétroprojecteur, c'est une traduction en anglais et c'est le document que
21 le témoin a évoqué, vient d'évoquer.
22 M. le Président (interprétation): Pour que cela soit clair, ce que nous
23 voyons sur le rétroprojecteur, c'est le document… c'est une partie du
24 document. Il y a des paragraphes, 1, 2 et 3, et ça, c'est en BCS. Dans la
25 version anglaise, c'est la page 2. Ensuite, il y a le paragraphe n°4. Mais
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1 pour être sincère, je n'ai pas compris tout à fait comment il est
2 possible… lorsque vous nous avez dit au début, donc au moment où la
3 dépêche est envoyée, que les lettres sont penchées vers la droite et,
4 quand une copie est faite, c'est vers la gauche, est-ce que ce système est
5 intégré dans la machine même?
6 M. Jankovic (interprétation): Il s'agit d'une machine TX200. C'est produit
7 par Electroindustrija Nis, c'est TX200, c'est le type de la machine et
8 c'est produit par l'industrie électronique de Nis. Il s'agit d'un type
9 français de cette machine.
10 Ce texte qui est sous mes yeux -peut-être que je ne vois pas bien, mais
11 vous pouvez voir-, il me semble que les lettres sont penchées vers la
12 droite; il semble que ce papier provient de la personne qui a envoyé la
13 dépêche. Et l'autre papier, qui est sur la table, ici, dans ce texte, les
14 lettres penchent vers la gauche.
15 M. le Président (interprétation): Je voudrais prier le conseil de la
16 défense pour nous aider, pour nous expliquer ce que le témoin vient de
17 dire.
18 M. Lukic (interprétation): Nous avons sur notre liste différents numéros.
19 D6, c'est un document provenant du poste de sécurité publique, et sur le
20 rétroprojecteur, l'autre document est le document qui provient de la
21 Défense territoriale de Sarajevo.
22 M. Ostojic (interprétation): Je voudrais ajouter quelque chose, c'est-à-
23 dire que le document qui est en possession du témoin, c'est un autre
24 document. Nous demandons quelques instants de pause, si c'est possible,
25 pour voir de quoi le témoin parle, quel est le document qui est sous les
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1 yeux du témoin? Peut-être que cela pourrait nous aider de clarifier cette
2 question, c'est-à-dire de quoi il s'agit quand il s'agit en fait de ces
3 deux documents.
4 M. le Président (interprétation): Je pense que nous devons donner une
5 nouvelle cote D6C1, C2, etc., à ce document. Mais il faut procéder pas à
6 pas. Nous voyons maintenant le document sur le rétroprojecteur et ma
7 première question porte sur le fait si vous pensez… s'il s'agit du
8 document sur lequel les lettres penchent vers la gauche ou vers la droite?
9 M. Jankovic (interprétation): Vous posez cette question à moi ou…?
10 M. le Président (interprétation): Le document qui est sur le
11 rétroprojecteur, à côté de vous, ce document-là.
12 M. Jankovic (interprétation): Il me semble qu'ici les lettres penchent
13 vers la droite.
14 M. le Président (interprétation): Cela veut dire que… Est-ce que cela veut
15 dire que ce document était reçu par vous ou c'est vous qui avez envoyé ce
16 document?
17 M. Jankovic (interprétation): Cette copie qui est sur le rétroprojecteur
18 n'était sûrement pas envoyée nulle part. Je pense qu'il s'agit de
19 l'original qui est arrivé lorsque le chef Hasan est parti de ce bureau, et
20 il l'a classé comme les autres documents arrivés. Je pense qu'il s'agit
21 ici d'un original et pas d'une copie. Et celui-ci, l'autre, je pense qu'il
22 s'agit d'une copie pas d'une photocopie, mais d'une copie d'un
23 enregistrement.
24 M. le Président (interprétation): Monsieur l'Huissier, je vous prie de
25 remettre le document précédent.
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1 En haut de ce document, est-ce qu'il était habituel ou inhabituel de voir,
2 sur le document en BCS, en haut, de voir une ligne en anglais, c'est-à-
3 dire deux mots "très urgent" en anglais?
4 M. Jankovic (interprétation): Oui. Selon les règles de notre
5 fonctionnement, tous les transmetteurs passent un examen. Et je vais être
6 encore plus précis. Chaque dépêche doit avoir dans cette partie, en haut,
7 un peu plus à droite, mais ça peut être au milieu, deux mots, c'est-à-dire
8 deux mentions: "confidentiel" et "urgent". Et le transmetteur ne fait que
9 vérifier si c'est comme cela. Si c'est confidentiel, cela peut être: O, B,
10 DD, DX, et "très urgent" en anglais. Ce sont les opérations habituelles et
11 le transmetteur doit, lorsqu'il reçoit cette dépêche, la transmettre dans
12 un délai de 8 heures à son destinataire.
13 Donc DX, il s'agit des opérations très urgentes quand il s'agit des
14 criminels, quand il s'agit d'interrogatoires de criminels, etc. Il s'agit
15 de ces opérations de la police.
16 Et "très urgent", il s'agit d'une dépêche très urgente. C'est ce terme qui
17 est utilisé, c'est "very urgent" en anglais. Il s'agit des dépêches d'une
18 grande importance pour l'Etat. Et si c'est en dehors des heures de travail
19 que ces dépêches arrivent, le policier doit trouver un coursier pour qu'il
20 cherche le chef du poste de sécurité publique. C'est cette mention "très
21 urgent" qui est alors sur le document.
22 Si c'est "O" ou "CH", ça veut dire "codé "ou "chiffré". Ici, on ne voit
23 pas cela, même si c'était chiffré. Mais les transmetteurs peuvent
24 commettre des erreurs quelquefois.
25 M. le Président (interprétation): Encore une fois, il faut répéter, il
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1 faut résumer votre témoignage.
2 J'ai compris qu'il était habituel que le document en BCS ait, en tête, une
3 partie du texte en anglais qui désigne le degré d'urgence de transmission
4 de ce document. Donc il est habituel de pouvoir trouver deux mots en
5 anglais au début du texte en BCS. Est-ce correct, est-ce exact?
6 M. Jankovic (interprétation): C'est exact. Beaucoup de transmetteurs qui
7 ne connaissent pas l'anglais ne savent pas la signification de ces deux
8 mots, mais ils savent très bien que ces deux mots signifient que cette
9 dépêche doit être transmise en urgence au chef du poste de sécurité
10 publique. Si le chef ne se trouve pas au poste, c'est le coursier qui doit
11 le chercher et lui transmettre cette dépêche.
12 M. Lukic (interprétation): Monsieur Jankovic, il faut poursuivre l'analyse
13 de ce document. C'est pour cela que je vous prie de montrer avec le
14 pointeur sur le rétroprojecteur ce que signifie la première ligne où il
15 est écrit: MUP RBH?
16 M. Jankovic (interprétation): Dans la police, il y a une règle qui doit
17 être respectée par tous les policiers, c'est-à-dire la façon de rédiger
18 une dépêche, c'est-à-dire un télégramme. Il faut avoir en tête d'abord le
19 nom de la personne qui envoie. Chez nous, cela diffère de l'en-tête des
20 lettres officielles qui sont envoyées en courrier ordinaire et pas par les
21 moyens de retransmission.
22 Donc il faut que cela figure sur le document, les informations portant sur
23 la personne qui envoie et après qui reçoit la dépêche.
24 Ensuite, seulement, c'est déterminé par les règles de ce service. D'abord,
25 la personne qui envoie, ici c'est le MUP -on ne voit pas très bien-, le
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1 MUP de la République de Bosnie-Herzégovine: "MUP RBiH".
2 Ensuite, le numéro 10-70. Ce numéro est quelquefois plus long. Et ce
3 numéro signifie le numéro de la personne qui envoie. Si c'est le ministre,
4 c'est seulement le 10. Si c'est un chef du poste de sécurité publique,
5 cela serait 10-1 ou -2. Ensuite, le numéro 70, c'est le numéro ordinal
6 dans le registre de dépêche envoyé par le ministre, par exemple.
7 Ensuite, ici, il manque quelque chose, c'est-à-dire tiret; ensuite 92,
8 parce qu'il s'agissait de l'année 1992, par exemple.
9 Ensuite, il y a la date au-dessous. Ici, c'est le 29 avril 1994 et il est
10 clair, donc, qui est la personne qui envoie cette dépêche. C'est clair
11 pour tout le monde de quel… donc qui envoie cette dépêche du MUP parce que
12 chaque numéro est accordé à chaque institution, par exemple au poste de
13 sécurité publique de Banja Luka, au ministère. De ce numéro, on peut voir
14 l'unité de travail qui envoie cette dépêche.
15 Ensuite, il y a la mention de la personne à qui est envoyée la dépêche.
16 Ici, c'est "CSB, à tout le monde, au chef". Cela veut dire au centre de
17 sécurité publique et à tous les centres de sécurité publique en Bosnie-
18 Herzégovine. Cela signifie cela, s'il s'agissait de Prijedor, Banja Luka,
19 Doboj. Il y en avait 10, de ces centres de sécurité publique.
20 Ensuite, SUP de la ville de Sarajevo. C'était donc à part.
21 Ensuite, SJB. Il s'agit du poste de sécurité publique et cela dépendait à
22 quel poste de sécurité publique appartenait cela. Mais si c'est le MUP qui
23 envoie une dépêche, il envoie cette dépêche seulement au centre de
24 sécurité publique et le centre, après, les envoie aux postes de sécurité
25 publique. Le transmetteur sait tout de suite qu'il doit transmettre cette
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1 dépêche par exemple à trois postes de sécurité publique, à Dubica, à Novi
2 ou à Sanski Most. Cela dépend du contenu de la dépêche. Il voit donc ces
3 mentions "très urgent". Ensuite, les transmetteurs négligent souvent cela
4 et les chefs, donc, leur demandent de respecter toutes ces mentions et le
5 transmetteur sait aussi par voie de quel appareil la dépêche est envoyée,
6 ensuite le contenu de la dépêche et en bas...
7 M. le Président (interprétation): Je m'excuse. Je n'ai pas compris le
8 contexte de ce que vous venez de dire, en haut à droite où c'est la date,
9 le 11 mai 1992, ce que signifie cette date? Est-ce qu'il s'agit d'une
10 mention apposée ultérieurement ou…?
11 M. Jankovic (interprétation): Cette écriture m'est connue. Je suis presque
12 sûr que c'était la secrétaire du chef du poste de sécurité publique qui a
13 fait cela. C'était Mira Topic, il s'agit de son écriture. Mais, lorsque la
14 dépêche est reçue par le chef, sa secrétaire enregistre cette dépêche dans
15 un registre spécial de dépêches reçues par le chef pour qu'il puisse
16 suivre l'ordre de réception de dépêches, d'envoi d'autres dépêches, etc.
17 Et c'est la tâche de sa secrétaire qui enregistre cela et l'informe là-
18 dessus.
19 Et je vois donc cette date. Ce numéro est exact, c'est le numéro qui
20 provient de son registre à lui. Je ne sais pas si ce registre existe
21 toujours. C'est le 11 mai 1992. Je suppose que, selon la pratique, mais je
22 ne peux pas le confirmer, je ne peux que supposer que Hasan Talundzic,
23 chef du poste, a pris cette dépêche. Il est parti après dans son bureau.
24 Il l'a laissée dans son bureau. Et, par la suite, je ne sais pas où cette
25 dépêche s'est trouvée parce que sa secrétaire, Mira, n'était pas ce jour-
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1 là dans son bureau et, comme cela, cette dépêche n'a pas été enregistrée.
2 Et cette dépêche est restée probablement avec d'autres papiers, d'autres
3 documents qui se trouvaient dans son bureau.
4 Et cette dépêche, lorsque… Simo, le nouveau chef du poste de sécurité
5 publique, a dit à Mira, dix jours plus tard, d'enregistrer cette dépêche,
6 de la classer. Et je vois ici la signature de Mira Topic, secrétaire du
7 chef du poste, qui était la secrétaire à Hasan et à Simo aussi, parce que
8 cette écriture, on ne peut pas l'oublier, même dix ans après. Je connais
9 cette écriture et je suis presque sûr qu'il s'agit de sa signature. Mais
10 peut-être que j'ai confondu cette signature avec une autre, mais je pense
11 qu'il s'agit de cela. Il s'agit ici de la copie de la dépêche originale et
12 l'autre, c'est l'original.
13 M. Lukic (interprétation): Dans le compte rendu, il est… donc il y a une
14 traduction incorrecte parce qu'il a été traduit que cette dépêche a été
15 rédigée par vos employés. Est-ce que cette dépêche a été rédigée par vos
16 employés, cette dépêche qui est sous vos yeux avec la lettre penchée sur
17 la gauche, ou bien c'étaient vos employés qui l'ont seulement enregistrée?
18 M. Jankovic (interprétation): Non, ils n'ont pas rédigé cette dépêche,
19 mais ils ont trouvé ce récépissé de la réception dans le sac dans lequel
20 se trouvait ce récépissé et qui a été par la suite brûlé. C'est seulement
21 un employé compétent qui s'occupe du décodage qui peut brûler ce sac et
22 personne d'autre ne peut s'en occuper; c'était une règle du service.
23 Mais compte tenu du fait que cela est arrivé par hasard, il n'y avait pas
24 beaucoup de récépissés dans ce sac. Il s'agit d'un ruban jaune sur lequel
25 se trouve le code. Ils l'ont trouvé -il y avait beaucoup de rubans comme
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1 cela-, ils ont enregistré par la suite cela.
2 Est-ce que mes propos ont été clairs?
3 M. Lukic (interprétation): Je pense que oui.
4 Pouvez-vous maintenant… L'exemplaire qui se trouve devant vous, par-dessus
5 cette autre copie…
6 M. le Président (interprétation): J'ai peur que l'interprète n'ait pas
7 entendu la dernière partie de la dernière phrase dite par le témoin.
8 M. Lukic (interprétation): Le témoin a seulement dit: est-ce que j'ai été
9 clair? C'est ce qui figure dans le compte rendu.
10 M. le Président (interprétation): Je vois que les interprètes sont
11 d'accord.
12 Vous pouvez poursuivre.
13 M. Lukic (interprétation): Sur le rétroprojecteur, maintenant, nous avons
14 le document dont les lettres sont penchées vers la gauche.
15 Est-ce que c'est la dépêche qui a été retrouvée ultérieurement dans le sac
16 par vos employés?
17 M. Jankovic (interprétation): Oui, il s'agit de cela.
18 Question: Est-ce que c'est la raison pour laquelle sur la partie droite
19 nous ne voyons rien, tel le numéro d'enregistrement manuscrit?
20 Réponse: Non, non, cela a été donné à un journaliste pour être photocopié.
21 Je ne sais pas quel a été par la suite le destin de ce document, et ce
22 n'est pas important pour moi parce que cette personne qui a fait ça a le
23 droit d'utiliser ce document à toutes fins qui lui semblent utiles, parce
24 qu'il est plus âgé que moi.
25 M. Lukic (interprétation): Bien, vous pouvez maintenant prendre le
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1 document.
2 M. Koumjian (interprétation): Il faut que tous les documents aient une
3 cote. C'est D6 et n°ERN0063. C'est quelque chose qu'on a utilisé dans
4 l'autre affaire. L'autre document avec les lettres penchées vers la gauche
5 doit avoir une autre cote: D6B-1, et en tant que tel ce document est versé
6 au dossier.
7 M. Lukic (interprétation): Merci.
8 Monsieur le Président, est-ce que je peux poursuivre?
9 M. le Président (interprétation): Oui.
10 M. Lukic (interprétation): Monsieur Jankovic, s'il vous plaît, prenez le
11 document du rétroprojecteur. Ou bien pouvez-vous lire le document qui
12 apparaît sur l'écran? Ou même pouvez-vous lire le contenu du document qui
13 est sur le rétroprojecteur? Pouvez-vous vous souvenir s'il s'agit d'un
14 document dont nous avons parlé aujourd'hui, lorsque nous avons parlé de la
15 réunion dans le bâtiment du poste de sécurité publique à Prijedor qui a eu
16 lieu le 24 avril 1992?
17 M. Jankovic (interprétation): Je peux lire à haute voix?
18 Question: Oui.
19 Réponse: "Il est nécessaire que tous les centres de sécurité publique, les
20 postes de sécurité publique et le SUP de Sarajevo… Donc il est nécessaire
21 que tous les centres de sécurité publique, postes de sécurité publique et
22 le SUP de Sarajevo procèdent à toutes les mesures nécessaires et toutes
23 les opérations nécessaires relevant de leur compétence pour exécuter
24 l'ordre du commandant du QG de la Défense territoriale de la République de
25 Bosnie-Herzégovine… pour assurer l'exécution de l'ordre du commandant du
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1 QG de la Défense territoriale de la République de Bosnie-Herzégovine
2 N°02/145-1 du 29 avril 1992 et qui vous est transmis en original.
3 L'ordre d'exécution de la décision de la présidence de la République de
4 Bosnie-Herzégovine n°02-11-327/92. Conformément à la décision de la
5 présidence de la République de Bosnie-Herzégovine n°02-11-327/92 du 27
6 avril 1992 concernant le retrait des unités de la JNA du territoire de la
7 République de Bosnie-Herzégovine, et cela, à cause de la violation de
8 l'exécution de cette décision de la présidence et du commencement du
9 pillage et de confiscation des biens de la République de Bosnie-
10 Herzégovine de la part de l'ancienne JNA, j'ordonne:
11 Premièrement: il faut ériger les barrières sur toutes les voies de
12 communication du territoire de la République de Bosnie-Herzégovine sur
13 lesquelles les unités de l'ex-JNA commencent à prendre les moyens
14 techniques et matériels en coordination avec… en coordination directe avec
15 le MUP.
16 Page 2, n°2: il faut procéder au blocage d'une région plus large, plus
17 vaste où se trouvent des bâtiments militaires."
18 Des établissements militaires. Je pense qu'il s'agit d'une erreur ici. Il
19 faut qu'il figure "des bâtiments militaires". Sur la machine, "b" et "v",
20 ces deux lettres se trouvent l'une à côté de l'autre et c'est peut-être
21 pour cela que cette erreur a été faite parce qu'il faut qu'il figure
22 "vojnih objekata" et pas "bojnih".
23 "Desquels… donc les moyens techniques et matériels sont enlevés par… il
24 faut ériger des obstacles… des obstacles, toutes sortes d'obstacles et il
25 faut les assurer ou il faut les donner, les procurer aux unités de la
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1 Défense territoriale de la République de Bosnie-Herzégovine et aux unités
2 du MUP.
3 Numéro 3: quand il s'agit des colonnes dont le passage n'est pas annoncé,
4 les colonnes des unités de l'ex-JNA et qui ne sont pas accompagnées par le
5 MUP, il faut empêcher leur sortie des casernes et les communications entre
6 ces unités sur le territoire de la République de Bosnie-Herzégovine.
7 Numéro 4: il faut planifier très rapidement et il faut procéder aux
8 opérations de combat sur tout le territoire de la République de Bosnie-
9 Herzégovine et établir une coordination entre ces unités… entre ces unités
10 et les quartiers généraux du territoire qui est défendu par la région, par
11 le district et par la République de Bosnie-Herzégovine. Dans le cadre de
12 cette planification, de ces opérations de combat, il faut procéder aux
13 mesures de la protection de la population et des biens appartenant aux
14 citoyens de la République de Bosnie-Herzégovine.
15 Signé par le ministre de l'Intérieur: Alija Delimustafic." (Fin de
16 citation.)
17 Ici, on voit aussi les initiales du transmetteur à Sarajevo. Je le
18 connaissais en personne, il s'appelle Dzanko Mirsad. C'est pour cela que
19 je connais ce code: c'est "DZZ". Ça veut dire "Z" parce qu'il y a une
20 règle spéciale. Quand il s'agit des machines de retransmission, il n'y a
21 pas de "Z", il n'y pas cette lettre, mais il y a un alphabet classique
22 international et la lettre "Z" est écrite comme "ZZ", deux fois Z. Ici,
23 "DZZ" cela veut dire… et "M" après, Mirsad Dzanko.
24 On se demande pourquoi la dépêche n'a pas de cachet. C'est une règle aussi
25 parce que le transmetteur est compétent pour cela, c'est lui qui donne les
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1 garanties pour que le document soit original, c'est-à-dire pour prouver la
2 valeur de ce document.
3 Question: Je vous remercie.
4 Monsieur l'Huissier, s'il vous plaît, veuillez montrer encore un autre
5 document au témoin.
6 (Intervention de l'huissier.)
7 Ce document n'est pas, il ne s'agit pas d'un document provenant de votre
8 service. Et sur ce document, nous pouvons voir cette mention "très urgent"
9 en BCS au lieu de "very urgent" en anglais, comme vous l'avez dit.
10 Pouvez-vous nous dire s'il est possible de voir la source de ce document
11 sur le document lui-même?
12 Réponse: Oui, bien sûr, je vois.
13 Selon mon expérience -assez longue dans ce service de communication-, j'ai
14 eu l'occasion de voir les documents envoyés par la Défense nationale, et
15 je ne connaissais pas ces règles, mais je peux reconnaître ces documents.
16 Par exemple, ils n'utilisent pas cette mention "very urgent" mais
17 "urgent", "très urgent" en BCS. Je pense que chez eux, selon le règlement
18 de travail, ils apposent cette mention en BCS "très urgent".
19 Question: Pouvez-vous maintenant nous lire le numéro et la date?
20 Réponse: C'est la République de Bosnie-Herzégovine, c'est le ministère de
21 la Défense nationale qui envoie cela. C'est la Défense territoriale de
22 Sarajevo. Il s'agit du numéro 02/146-1, Sarajevo, daté du 29 avril 1992.
23 M. Lukic (interprétation): Dans le document précédent que vous avez lu en
24 entier, en tête, il est dit: "Il est nécessaire que tous les centres de
25 sécurité publique, tous les postes de sécurité publique et le SUP de
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1 Sarajevo procèdent à des mesures nécessaires et à des activités
2 nécessaires levant de leur compétence pour assurer l'exécution de l'ordre
3 du commandant du quartier général de la Défense territoriale de la
4 République de Bosnie-Herzégovine, n°02/145-1 du 29 avril 1992, qui vous
5 est transmis en original." (Fin de citation.)
6 Donc est-ce qu'il s'agit de la décision?
7 M. le Président (interprétation): Je m'excuse, mais est-ce qu'il est
8 possible que nous disposions de différents documents parce que sur le
9 mien, moi, j'ai le numéro 02-11-327-92 et pas le numéro 145 que vous avez
10 dit.
11 M. Lukic (interprétation): Le numéro que je viens de lire, c'est le numéro
12 de la personne qui envoie le document.
13 M. le Président (interprétation): Oui. Donc vous voulez maintenant que le
14 document soit relu encore une fois parce que le témoin a déjà expliqué ce
15 qui se trouve en haut à gauche de ce document.
16 M. Lukic (interprétation): Il a expliqué le document qui a trait à ce
17 document que j'ai montré au témoin.
18 M. le Président (interprétation): C'est exact. Nous souhaitons seulement
19 savoir si ce document existe en anglais, en traduction en anglais, si cela
20 n'est pas le cas…
21 M. Lukic (interprétation): Nous avons demandé la traduction de ce
22 document, mais cela n'est pas encore fait.
23 M. le Président (interprétation): Pourrions-nous maintenant demander au
24 témoin qu'il nous relise en entier ce document?
25 M. Jankovic (interprétation): Sans problème.
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1 Avant la lecture de ce document, tout est clair ici quand il s'agit des
2 numéros. Ce numéro que je viens de montrer et l'autre numéro que M. le
3 Président a mentionné, il s'agit du numéro de l'acte par lequel la
4 présidence de Bosnie-Herzégovine s'adresse au ministère de la Défense
5 nationale et au ministère de l'Intérieur. Et, par la suite, le ministère
6 de l'Intérieur, en utilisant l'autre numéro, s'adresse au poste inférieur
7 et le ministère, par ce numéro-là, s'adresse au poste. C'est le numéro du
8 ministère de la Défense nationale. L'autre numéro, c'est le numéro du
9 ministère de l'Intérieur, c'est le numéro auquel ils se réfèrent pour
10 confirmer la réception de l'ordre.
11 Question: (Sans interprétation.)
12 Réponse: Donc dans l'en-tête: "Sur la base de la décision de la présidence
13 de Bosnie-Herzégovine n°02-11-27/92 du 27 avril 1992 sur le retrait des
14 unités de la JNA du territoire de la Bosnie-Herzégovine.
15 A cause de la violation de cette décision et à cause du début du pillage
16 et de la confiscation de la propriété de la République de Bosnie-
17 Herzégovine par l'ex-JNA, j'ordonne:
18 Premièrement: ériger des barrières partout et en grande quantité, donc sur
19 toutes les routes de Bosnie-Herzégovine sur lesquelles les unités de la
20 JNA débutent le retrait de tout leur matériel et équipement, en étroite
21 collaboration avec le MUP.
22 Deuxièmement: bloquer les installations militaires sur un diamètre assez
23 large. Il s'agit des installations militaires dont on essaye de prendre
24 tout le matériel et l'équipement, et il faut assurer l'accès à ces
25 installations aux unités de la Défense territoriale de Bosnie-Herzégovine
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1 et du MUP.
2 Troisièmement: les colonnes et les unités de l'ancienne JNA qui n'ont pas
3 été annoncées et qui ne sont pas sous escorte du MUP, il faut interdire la
4 sortie des casernes et leur circulation sur le territoire de la République
5 de Bosnie-Herzégovine.
6 Quatrièmement: planifier et commencer de façon immédiate avec les
7 opérations militaires sur tous les territoires de la République de Bosnie-
8 Herzégovine. Il faut coordonner lesdites opérations avec la Défense
9 territoriale de la région, du district et de la République de Bosnie-
10 Herzégovine. Dans le cadre de la planification des opérations militaires,
11 prévoir des mesures de taille de protection des habitants et des
12 installations de la République de Bosnie-Herzégovine.
13 Signé: le commandant… le colonel Hasan Efendic." (Fin de citation.)
14 Puis, après, il y a aussi les initiales du transmetteur, mais j'ignore qui
15 était le transmetteur.
16 M. le Président (interprétation): Nous allons maintenant lever la séance
17 et nous reprendrons à 13 heures 30.
18 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
19 (L'audience, suspendue à 12 heures 08, est reprise à 13 heures 34.)
20 M. le Président (interprétation): Veuillez-vous asseoir.
21 Entre-temps, est-ce que vous pouvez faire entrer le témoin, s'il vous
22 plaît?
23 Entre-temps, nous avons reçu le document portant la cote D46 en BCS; si
24 vous avez des objections.
25 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
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1 Y a-t-il des objections quant au versement de ce document au dossier, le
2 D46B?
3 M. Lukic (interprétation): Aucune objection, Monsieur le Président.
4 M. le Président (interprétation): Monsieur Koumijan?
5 M. Koumjian (interprétation): Non, Monsieur le Président.
6 M. le Président (interprétation): Donc nous acceptons et nous versons ce
7 document au dossier, le document portant la cote D46B.
8 Est-ce que je peux demander à la défense de poursuivre, s'il vous plaît?
9 M. Lukic (interprétation): Monsieur Jankovic, êtes-vous prêt à reprendre?
10 M. Jankovic (interprétation): Oui, je le suis.
11 Question: Maintenant, j'aimerais vous demander, s'il vous plaît: puisque
12 nous avons quelques questions à vous poser, pouvez-vous, s'il vous plaît,
13 raccourcir vos réponses et aller un peu plus vite?
14 Réponse: Je comprends fort bien.
15 Question: Y a-t-il une prison à Prijedor?
16 Réponse: Non. Avant la guerre, il y avait un poste de sécurité publique.
17 Il y avait une pièce qui était une pièce qui correspond aux exigences sur
18 le plan juridique. C'était une pièce particulière qui servait de lieu de
19 détention; et en général, c'est 3 mètres par 4, ça peut-être un peu plus
20 grand, un peu plus petit, je ne sais pas exactement.
21 Question: Y a-t-il eu une prison construite par la suite? Et y a-t-il une
22 prison actuellement à Prijedor?
23 Réponse: Non.
24 Question: Après la prise par la force de Prijedor et l'attaque sur
25 Hambarine, les personnes que l'on a amenées à ce centre de sécurité
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1 publique à Prijedor, est-ce qu'elles y sont restées?
2 Réponse: Oui, il y avait un certain nombre avant le 30 avril 1992. Le
3 nombre était quelque peu plus élevé entre le 30 avril et le 30 mai, qui
4 est la date de l'attaque sur Prijedor, et ensuite ce chiffre a augmenté.
5 Pendant cette période intermédiaire, le chiffre a augmenté, mais pas de
6 façon significative.
7 Question: Et après l'attaque de Hambarine, est-ce que ce chiffre a
8 augmenté?
9 Réponse: Oui, ce chiffre a augmenté de façon considérable, parce que ceux
10 qui étaient détenus étaient principalement ceux qui avaient participé à
11 l'attaque.
12 Question: Une enquête a-t-elle été ouverte eu égard au nombre important de
13 détenus dans Omarska, dans les camps d'Omarska et Keraterm?
14 Réponse: Oui, je sais que des enquêtes ont été ouvertes. Je n'y ai pas
15 moi-même participé, et je ne savais pas quelle était la raison derrière la
16 mise en place de ces centres d'enquêtes.
17 Question: Pardonnez-moi. Après la prise de Prijedor, vous avez participé à
18 des réunions collégiales avec différents services et chefs de police; et
19 Simo Drljaca était alors nommé chef de ce poste de police de sécurité
20 publique.
21 Est-ce que les choses ont changé par la suite?
22 Réponse: Oui, elles ont beaucoup changé par la suite. J'ai commencé à
23 travailler pour la police en 1980, c'est la date à laquelle Simo Drljaca
24 est venu. Il y avait des réunions hebdomadaires présidées par le chef du
25 poste de police. Il y avait également l'ancien secrétaire de ce poste de
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1 sécurité publique, et nous retrouvions les membres et les chefs de
2 différents départements. Moi, j'étais à la tête du service de
3 communication. Et lorsque Simo est arrivé, nous ne nous sommes plus réunis
4 de façon aussi régulière qu'autrefois.
5 Par exemple, il m'appelait s'il y avait une tâche à accomplir ou s'il
6 souhaitait que je rédige un rapport ou quelque chose. Et quelquefois, il
7 rassemblait les différents chefs de service s'il y avait une action
8 particulière à entreprendre qui nous concernait tous. Par conséquent, ceci
9 n'était pas des réunions régulières et il n'y avait pas un organe ou une
10 organisation derrière qui se retrouvait régulièrement.
11 Question: Combien de fois par jour entriez-vous dans le bureau de Simo
12 Drljaca, en moyenne?
13 Réponse: Simo Drljaca était mon supérieur hiérarchique direct, il
14 m'assignait un certain nombre de tâches; je dépendais de lui et je devais
15 remplir mes différentes fonctions et missions. Et toutes les fois que je
16 devais le voir, j'entrais dans son bureau, j'y restais aussi longtemps que
17 nécessaire, de façon à pouvoir débattre des différents points qui étaient
18 à débattre. Quelquefois, je ne le voyais pas du tout de la journée; et
19 quelquefois, je le voyais très souvent, que ce soit à sa demande ou à la
20 mienne.
21 Question: Vous a-t-on jamais envoyé faire quelque chose dans les centres
22 d'enquête d'Omarska et Keraterm? Pouvez-vous nous dire brièvement ce que
23 l'on vous a demandé de faire?
24 Réponse: Avant cette date-là, au début, lorsque ces événements venaient de
25 se produire, je n'ai fait que les choses dont j'avais la charge, à savoir
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1 la maintenance des installations de communication et l'utilisation
2 régulière des systèmes de transmission, de transmission de l'information)
3 C'est à dire qu'au cours de toute cette période, pendant toute l'année
4 1992, je me suis rendu à Omarska trois fois et une fois, je me suis trouvé
5 dans le centre d'enquête de Keraterm. Je ne me suis jamais rendu à
6 Trnopolje à cette époque-là. J'y suis allé pour mon propre compte, j'ai
7 accompagné une femme qui voulait rendre visite à sa sœur; mais j'y suis
8 allé dans ma propre voiture, je l'y ai accompagnée en voiture moi-même, je
9 n'ai pas vraiment fait attention à ce qui s'y passait.
10 Question: Qui s'occupait de la sécurité de ces centres d'enquête? Est-ce
11 que vous avez pu voir cela?
12 Réponse: Permettez-moi, s'il vous plaît, de parler un petit peu d'Omarska
13 . Je pense que la sécurité physique était organisée ou était entre les
14 mains de la police, la police active à Omarska. Et ils étaient rattachés
15 au poste de police d'Omarska.
16 Il y avait beaucoup de gens que je ne connaissais pas. Je connaissais ceux
17 qui étaient là précédemment mais je ne les connaissais pas tous. Et les
18 policiers de réserve nouvellement arrivés portaient l'uniforme de la
19 police de réserve. Mais je ne les connaissais pas ces hommes-là.
20 Quelquefois, ils portaient des uniformes bleus ou, quelquefois, ils
21 portaient des uniformes de camouflage. Donc je ne savais pas véritablement
22 s'ils faisaient partie d'un détachement militaire ou s'ils faisaient
23 partie de la police. Cela se situait donc dans le camp d'Omarska.
24 Je ne me suis rendu à Keraterm qu'à une seule reprise. Le centre d'enquête
25 de Keraterm, le bâtiment lui-même est conçu de telle manière que les
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1 détenus et les gardes sont séparés l'un de l'autre. Parce que l'inspecteur
2 qui les a interrogés et qui avait en sa possession le système de
3 communication se trouvait dans ces pièces. C'était autrefois des bureaux,
4 cela représentait autrefois les bureaux d'une entreprise; donc je ne
5 voyais pas grand chose. Il y avait des membres de la police, je
6 reconnaissais certains d'entre eux personnellement; certains portaient des
7 uniformes et d'autres non, d'autres étaient des salariés et ils prenaient
8 des déclarations dans ces bureaux. Mais comme je traversais les couloirs,
9 je ne suis pas entré dans les bureaux, hormis celui où se situait le
10 téléphone que j'ai réparé. Ensuite j'ai quitté cette pièce et j'ai entendu
11 dire que ce jour-là une commission internationale ou plutôt un groupe
12 international de représentants internationaux étaient censés arriver ce
13 jour-là et c'est la raison pour laquelle tout un chacun était bien habillé
14 et sur son "trente et un".
15 Donc chacun attendait cette délégation. Ils avaient un petit peu nettoyé
16 les lieux et je ne peux pas vraiment vous dire ce à quoi cela ressemblait
17 auparavant car je ne suis allé à cet endroit-là qu'à une seule reprise, à
18 cette occasion-là. Mais il y avait quelque chose qui donnait l'impression
19 qu'ils attendaient quelqu'un ou quelque chose. Mais c'est la seule fois où
20 je m'y suis rendu.
21 Question: Qui a mené l'enquête, qui menait les enquêtes dans ces centres
22 d'enquête? Le savez-vous?
23 Réponse: Je vous ai déjà dit: encore une fois, je ne parle ici que
24 d'Omarska. J'ai vu à Omarska nos propres inspecteurs et lorsque je dis
25 nous, j'entends les salariés du centre de sécurité publique de Prijedor.
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1 Et il est vrai que je ne me suis pas rendu dans tous les bureaux dans
2 lesquels ils travaillaient, mais pour ce qui est de ce que j'ai vu,
3 c'étaient des salariés, des inspecteurs qui travaillaient pour le poste de
4 police ou le poste de sécurité.
5 Certains d'entre eux étaient des policiers qui travaillaient pour l'Etat.
6 Il y avait le détachement de Banja Luka et il y avait d'autres personnes
7 que je ne connaissais pas, des personnes dont je ne connaissais pas
8 l'identité. C'était peut-être la sécurité militaire ou des forces de
9 réserve, ou la sécurité d'Etat ou des gens chargés de la sécurité d'Etat.
10 Quoiqu'il en soit, c'étaient des gens que je ne connaissais pas à Omarska.
11 En revanche, à Keraterm, il y avait… le cas était identique mais il y en
12 avait moins. A Trnopolje, je ne sais pas.
13 Question: Est-ce que je peux vous demander, s'il vous plaît, de qui
14 dépendaient les inspecteurs, les inspecteurs qui menaient les enquêtes
15 dans ces centres d'enquête? De qui dépendait-ils?
16 Réponse: Encore une fois, je peux vous parler d'Omarska. Je ne sais pas
17 grand chose sur Trnopolje, je ne m'y suis rendu que pendant une demi-
18 heure, je suis rentré par un couloir, je suis ressorti par une autre
19 pièce. Mais pour ce qui est d'Omarska, j'y suis resté une heure.
20 Question: Vous avez dit que vous avez traversé un couloir à Trnopolje?
21 Est-ce que vous parlez de Trnopolje ou Keraterm?
22 Réponse: Pardonnez-moi, c'est mon erreur. Je ne me suis jamais rendu à
23 Trnopolje, je voulais dire Keraterm. Pardonnez-moi.
24 Donc à Keraterm, c'était autrefois une fabrique de céramique. Par
25 conséquent, tout l'équipement était au rez-de-chaussée et les enquêteurs
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1 étaient dans les bureaux au premier étage. C'est là que je suis rentré.
2 Question: A votre sens et à votre connaissance, étant donné que vous étiez
3 un employé du poste de sécurité publique à Prijedor, autrement dit les
4 inspecteurs du même poste de sécurité, de qui dépendaient-ils?
5 Et même question: de qui dépendaient les inspecteurs de la sécurité
6 militaire et les inspecteurs de la sécurité d'Etat? Si vous ne le savez
7 pas, dites-le-nous.
8 Réponse: Je pense et je suppose que c'était le cas parce que c'était la
9 situation qui prévalait avant ces événements. Un inspecteur… Un supérieur
10 hiérarchique insigne une mission à son inspecteur, et l'inspecteur doit
11 rendre des comptes. Donc le supérieur hiérarchique de tous ces
12 inspecteurs, à savoir de la police criminelle, était Ranko Mijic. Je
13 suppose qu'ils dépendaient tous de lui, qu'ils devaient rendre compte à ce
14 monsieur. Et c'est lui qui dépendait du chef de la police, Simo Drljaca.
15 Je n'ai jamais eu une connaissance particulière des liens hiérarchiques,
16 je n'en avais pas besoin. Mais, à plusieurs reprises, j'ai eu l'occasion,
17 j'ai vu Ranko Mijic entrant dans le bureau Simo. Quelquefois je ne pouvais
18 pas entrer dans le bureau de Simo parce que Ranko s'y trouvait déjà. Et je
19 devais donc l'y retrouver après si je souhaitais lui parler.
20 Pour ce qui est de la sécurité d'Etat, ils avaient leurs supérieurs
21 hiérarchiques et, d'après les règles, je crois qu'évidemment ils
22 dépendaient de leurs supérieurs hiérarchiques, qui étaient sans doute à
23 Banja Luka. Mais pour ce qui est des autres, je ne sais pas du tout, je ne
24 sais pas qui étaient leurs supérieurs hiérarchiques et je ne savais par
25 non plus d'où ils venaient. Je n'ai jamais prêté attention à leurs
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1 travaux, ils m'étaient totalement inconnus.
2 Question: Merci.
3 Avez-vous entendu parler de conversations à Kozarac avant l'éclatement du
4 conflit, à savoir: qui a mené ou qui était à l'origine de ces
5 conversations par le biais de votre système de communication?
6 Réponse: Oui, c'est difficile en fait de vous donner une date, car je ne
7 m'en souviens pas. Mais je pense que c'était peut-être la troisième
8 semaine du mois de mai.
9 Notre service de police s'est joint aux activités des gens de Kozarac et
10 le service était dirigé par l'ancien chef du service, Osme Didovic, à
11 savoir les communications téléphoniques étaient en mauvais état et bon
12 nombre de poteaux étaient à terre. Par conséquent, ils utilisaient les
13 ondes hertziennes de la police et le centre de communication où je
14 travaillais, on pouvait en fait écouter les conversations téléphoniques.
15 Il est vrai que je n'étais pas présent tout le temps, je n'écoutais pas en
16 permanence. Mais il est vrai que j'ai entendu un nombre de conversations
17 parce que je me trouvais là.
18 Et la période à laquelle j'ai fait référence, à savoir entre le 20 et 30
19 mai, il y avait des tentatives de l'armée. J'ai entendu… Il y avait des
20 tentatives de l'armée. J'ai entendu quelqu'un, je ne pouvais pas
21 reconnaître son nom. C'était le capitaine Zeljaja qui tentait de trouver
22 un accord avec l'autre partie, à savoir un accord non violent, sans
23 combat, sans blessés, de façon à pouvoir arriver à un accord pacifique et
24 éviter le conflit.
25 Osme Didovic lui répondait. C'était le commandant du service. Et toutes
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1 les fois que Zeljaja demandait quelque chose, Didovic lui disait toujours:
2 "Je vous parle d'un véhicule et je ferai passer ce message à nos
3 supérieurs.". Je pense que le supérieur hiérarchique le plus important
4 était sans doute le chef du secteur militaire, Medunjanin et il disait
5 toujours à Zeljaja qu'il verrait cet homme, Medunjanin, et qu'il le
6 contacterait.
7 Dans notre centre de communication, à ma table de commande, j'avais un
8 dispositif particulier qui permettait d'identifier le numéro appelant et
9 je savais qu'il n'appelait pas d'un véhicule en mouvement mais depuis un
10 poste. Et je crois qu'il mentait parce qu'il essayait de gagner du temps.
11 Après un certain temps, il appelait en disant: "Voilà ce que nous avons
12 évoqué, ça n'était pas ce qui avait été dit, je n'étais pas d'accord…".
13 Bon, cela faisait partie des communications militaires et je n'avais aucun
14 rapport avec cela. Je rapporte simplement les propos du commandant et que
15 ça n'était pas correct.
16 Ensuite, pour ce qui est des combats dans cette zone, je n'étais pas
17 présent pendant cette période et je n'ai pas de détails à vous
18 communiquer. Mais vous verrez par la suite.
19 Question: Avez-vous eu l'occasion de rencontrer le Dr Stakic? Et si oui,
20 pouvez-vous nous dire quand, à quel moment et en quelles circonstances?
21 Réponse: Oui, je l'ai rencontré mais je ne l'ai pas bien connu. Je me
22 souviens de notre première entrevue. Je n'avais pas besoin de traverser le
23 bâtiment, le bâtiment de l'assemblée municipale, très souvent et je
24 n'étais pas membre d'un parti, comme je l'ai déjà dit. Et je me souviens
25 très distinctement. C'était devant le bâtiment de l'assemblée municipale
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1 et il voulait que je répare le poste de télévision de Mico Kovacevic,
2 puisque j'étais ingénieur en électronique.
3 Donc j'ai rencontré "Mico" Kovacevic devant le bâtiment de l'assemblée
4 municipale. Il marchait avec le Dr Stakic. C'est la première fois que je
5 l'ai vu. "Mico" et moi, nous avons commencé à parler et je lui ai dit que
6 je pouvais réparer son poste. Le Dr Stakic n'a pas dit un seul mot.
7 J'étais simplement là, à côté d'eux. Nous n'avons jamais été présentés de
8 façon officielle, mais j'ai remarqué que le Dr Stakic était présent à
9 cette occasion. Il est vrai que je ne m'en serais pas souvenu à ce moment-
10 là, hormis le fait qu'il était assez jeune et chauve à la fois. Il m'a
11 regardé, il a regardé "Mico", mais il n'a rien dit.
12 Pour ce qui est de son nom de famille… il est vrai que je n'ai pas une
13 bonne mémoire en ce qui concerne les noms de famille. La seule raison pour
14 laquelle je me suis souvenu, en fait, de son nom, c'est que le nom de
15 jeune fille de ma mère est Stakic également, bien que ce ne soit pas de la
16 même famille puisqu'elle vient de Bosnie. Et il portait, je me souviens,
17 une veste jaune avec de la fourrure blanche. C'est tout ce que dont je me
18 souviens. Je l'ai peut-être vu à deux ou trois autres reprises après, mais
19 pour moi, ce n'était pas quelqu'un d'important. C'est la seule fois où je
20 l'ai vu. Nous ne nous sommes jamais rencontrés officiellement; je ne lui
21 ai rien demandé et il ne m'a rien demandé non plus.
22 Question: Pouvez-vous vous souvenir si vous l'avez rencontré avant la
23 prise de pouvoir, lorsque vous l'avez vu avec le Dr Kovacevic?
24 Réponse: Je pense que cela s'est produit avant la prise de pouvoir.
25 Question: Est-ce que vous avez jamais vu le Dr Stakic dans le bureau de
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1 Simo Drljaca, dans le bureau duquel vous êtes allé quotidiennement?
2 Réponse: Jamais. Je ne l'ai jamais vu dans son bureau parce que je ne suis
3 jamais resté assez longtemps dans le bureau de Simo Drljaca. J'entrais et
4 je sortais dans le bâtiment de la police, mais je ne l'ai jamais
5 rencontré.
6 Question: Vous ne l'avez jamais rencontré dans le bâtiment du poste de
7 sécurité publique de Prijedor?
8 Réponse: Non, je ne l'ai jamais rencontré dans ce bâtiment.
9 Question: Est-ce que vous avez jamais entendu parler de la cellule de
10 crise de l'assemblée municipale de Prijedor?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Est-ce que vous avez connu les membres de cette cellule de
13 crise?
14 Réponse: Non. Dans la police, nous avons observé uniquement nos règles.
15 Nous connaissons la hiérarchie, très bien, parce que… il n'est pas donc
16 préférable de regarder, de se mêler des travaux des autres et je n'ai
17 jamais eu le besoin ni l'intérêt de savoir quelles étaient les activités
18 de cette cellule de crise. Et dans le système, dans l'ancien système,
19 quand il s'agissait d'une action quelconque, même s'il s'agissait
20 d'organiser une foire, il y avait une cellule de telle sorte qui a été
21 formée. Mais, moi, je n'ai jamais porté une grande importance à ces
22 cellules ou à cette sorte d'organe et je n'ai jamais appris qui était
23 membre de cette cellule de crise parce que je ne m'y intéressais pas du
24 tout de savoir quels étaient les membres de cette cellule de crise.
25 Question: Je vous ai déjà demandé et vous m'avez répondu que vous n'avez
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1 jamais reçu d'ordre de l'assemblée municipale ni de ses organes exécutifs
2 comme conseil exécutif.
3 Est-ce que vous avez jamais reçu des ordres de la cellule de crise de
4 l'assemblée municipale de Prijedor, entre avril et septembre 1992?
5 Réponse: Non.
6 Question: En 1993, au début de cette année, Simo Drljaca est parti du
7 poste de sécurité publique de Prijedor; est-ce exact?
8 Réponse: Il est parti à Bijeljina et, par la suite, il est retourné. Je
9 sais qu'il est parti, mais je ne sais pas à quelle date cela s'est
10 produit.
11 Question: Pouvez-vous vous souvenir quelle était la personne qui l'a
12 remplacé?
13 Réponse: C'était Delic, c'était Bogdan Delic (phon) qui, après son départ,
14 est devenu chef du poste de sécurité publique.
15 Question: Est-ce qu'à cette occasion Simo Drljaca a été promu ou bien
16 limogé?
17 Réponse: Il était à Bijeljina et le MUP se trouvait, à l'époque, à
18 Bijeljina. Et ce qu'il faisait à Bijeljina, je n'en sais rien.
19 Question: Lorsque vous dites "MUP", "le MUP", vous pensez au siège du
20 ministère de l'Intérieur?
21 Réponse: Oui, le siège du ministère se trouvait à l'époque à Bijeljina
22 pour la Republika Srpska.
23 Je ne me souviens pas du ministre parce qu'il y avait beaucoup de
24 changements dans cette fonction. Mais dans quel groupe… enfin quelle était
25 sa fonction, je ne sais pas. Et pour moi, cela n'était pas très important
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1 de savoir ce qu'il faisait là-bas.
2 Question: Jusqu'à quand avez-vous travaillé au poste de sécurité publique
3 de Prijedor? En 1993, et ce qui s'est passé par la suite?
4 Réponse: Je m'intéressais de moins en moins à cela parce que je suis tombé
5 malade dans la deuxième moitié de l'année 1983 et, au début 1984, ma
6 maladie s'est aggravée.
7 Question: Vous pensez à 1992 et 1993?
8 M. Jankovic (interprétation): Oui, oui, c'était dans la deuxième moitié de
9 1993 et au début de 1994, le mois de mars 1994, je suis parti à l'hôpital
10 de Belgrade au service de neurologie. J'y suis resté une quarantaine de
11 jours. Et au mois de juin, j'ai dû subir une opération de l'œil, et
12 jusqu'à la fin de la guerre j'étais en congé maladie. C'est seulement à la
13 fin de 1997 que je suis retourné travailler.
14 M. Lukic (interprétation): Maintenant, je prie M. l'huissier de montrer au
15 témoin encore un document. Il n'y a pas encore de numéro accordé à ce
16 numéro. Il s'agit de la carte détaillée de la ville de Prijedor sur
17 laquelle on peut voir le bâtiment du MUP et le bâtiment de l'assemblée
18 municipale.
19 (Intervention de l'huissier.)
20 M. le Président (interprétation): Je voudrais revenir au dernier document
21 que vous avez proposé au versement au dossier. Il s'agissait du document
22 portant la cote 145, signé par M. Efendic. Donc, c'est D48B.
23 Est-ce que l'accusation a des objections à soulever?
24 M. Koumjian (interprétation): Non.
25 M. le Président (interprétation): Alors le document est versé au dossier
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1 et référez-vous au compte rendu pour lequel nous avons la traduction.
2 Le document suivant est D49: c'est la cote de ce document. Il n'y a pas
3 d'objection non plus à propos de ce document. Il est versé au dossier.
4 Vous pouvez poursuivre.
5 M. Lukic (interprétation): Sur cette carte de la ville de Prijedor, qui
6 est augmentée, les deux bâtiments indiqués par le vert: pouvez-vous nous
7 dire de quel bâtiment il s'agit et nous montrer où se trouvent les entrées
8 de ces deux bâtiments?
9 M. Jankovic (interprétation): D'abord, il faut que je vous dise que cela
10 fait partie d'une carte officielle établie par l'Institut en géodésie de
11 la ville de Prijedor et c'est une carte très précise.
12 Ce bâtiment que je montre en ce moment est le bâtiment de la municipalité.
13 Ici, nous pouvons voir l'escalier, l'entrée et la sortie de la
14 municipalité; c'est la partie antérieure de ce bâtiment. Il y a un parc
15 aussi. Ici, c'est la rue entre le poste de sécurité publique et le
16 bâtiment de la municipalité et, là, c'est une partie -on ne voit pas tout-
17 du bâtiment du poste de sécurité publique.
18 Maintenant… Donc c'est une partie du bâtiment que l'on peut voir ici. Ici,
19 se trouvent les garages appartenant au poste et l'entrée du poste est ici.
20 Ici, devant, se trouve un parc, ensuite le trottoir, ensuite la rue, une
21 autre rue, l'autre trottoir. Et, ça, c'est le bâtiment de la municipalité.
22 Il y a un parc devant et il y a une autre rue qui passe devant.
23 M. Lukic (interprétation): Merci, Monsieur Jankovic.
24 M. le Président (interprétation): Avant d'en finir avec ce document, puis-
25 je vous poser une question?
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1 Est-ce que jamais existaient des cellules pour les détenus, pour les
2 détenus pour une détention provisoire derrière ou pas loin du bâtiment du
3 poste de sécurité publique?
4 M. Jankovic (interprétation): Vous me posez la question à moi?
5 M. le Président (interprétation): Oui.
6 M. Jankovic (interprétation): Dans le bâtiment que nous pouvons voir sur
7 cette carte, nous ne pouvons pas voir l'autre partie parce qu'il y a le
8 bord du plan. Le bâtiment du poste de sécurité publique est là. Derrière
9 se trouvent les garages. Ici, à peu près, ce sont les garages
10 parallèlement aux bâtiments du poste de sécurité publique.
11 Il y a une cour où se trouvent les véhicules appartenant au poste de
12 sécurité publique et la seule pièce qui se trouvait derrière, ce n'était
13 pas à l'étage, c'était une pièce pour les réunions et c'était utilisé
14 provisoirement pour la détention provisoire. Donc il s'agissait d'une
15 pièce de détention provisoire qui était conforme aux règles adoptées
16 avant. Sinon, il n'y avait aucune autre pièce pour la détention
17 provisoire. Peut-être que quelqu'un a mis quelqu'un d'autre dans une autre
18 pièce, mais c'était illégal.
19 Ici, se trouve le bâtiment du musée. Ici, se trouve le bâtiment du
20 tribunal, ensuite le bâtiment du SUP, ensuite le bâtiment de la direction
21 des mines. C'étaient tous les bâtiments.
22 C'était donc dans ce bâtiment, qui était de l'autre côté de cette cour, où
23 se trouvait cette pièce que j'ai déjà mentionnée, utilisée pour la
24 détention provisoire. C'était 3 à 4 mètres carrés de taille.
25 M. le Président (interprétation): Donc vous dites qu'il n'y avait aucune
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1 pièce dans le bâtiment qui servait de détention provisoire. Est-ce qu'il
2 s'agissait d'une… Est-ce que, au cours de l'année 1992, vous dites qu'il
3 n'y avait qu'une seule pièce qui a servi de détention provisoire?
4 M. Jankovic (interprétation): J'ai dit que c'était une pièce officielle…
5 officiellement utilisée pour cela parce que j'essaye de me concentrer
6 seulement à la partie… à des faits qui étaient… Enfin, cette pièce avait
7 servi pour de la détention provisoire, mais il y avait une autre salle de
8 réunion dans laquelle, à plusieurs reprises, des personnes ont été
9 détenues. Mais dans d'autres pièces, il n'y avait pas de possibilité de
10 détenir quelqu'un en détention provisoire parce que cette autre salle
11 n'était pas appropriée non plus pour la détention provisoire parce qu'il y
12 avait beaucoup de vitres et ce n'était pas approprié, par précaution, de
13 mettre quelqu'un en détention provisoire dans cette pièce. Mais il n'y
14 avait pas officiellement de pièces qui ont servi pour de la détention
15 provisoire. Mais peut-être que c'était une pratique privée, je ne sais
16 pas.
17 M. le Président (interprétation): Vous pouvez poursuivre votre
18 interrogatoire principal.
19 M. Lukic (interprétation): Nous n'avons plus de question, Monsieur le
20 Président.
21 Monsieur le Témoin, c'est mon collègue de l'accusation qui va vous
22 interroger et, par la suite, ce sont les Juges qui vont vous poser des
23 questions.
24 M. le Président (interprétation): Compte tenu du fait que nous avons… que
25 pendant la période de deux heures d'audience, il faut interrompre
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1 l'interrogatoire pour changer des cassettes vidéo, je pense qu'il ne faut
2 pas interrompre le contre-interrogatoire et les questions supplémentaires.
3 Maintenant, à cause de cela, nous allons faire une pause de seulement cinq
4 minutes pour que les techniciens puissent changer de cassettes vidéo
5 maintenant. S'il n'y a pas d'autres instructions des techniciens, on peut
6 le faire.
7 M. Koumjian (interprétation): Il me faut à peu près deux heures pour finir
8 mon contre-interrogatoire. C'est mon estimation.
9 M. le Président (interprétation): En tout cas, il faut faire une pause
10 maintenant.
11 (L'audience, suspendue à 14 heures 14, est reprise à 14 heures 17.)
12 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir.
13 L'accusation peut commencer par son contre-interrogatoire et je vous prie
14 d'être le plus bref possible pour que nous puissions établir une sorte
15 d'équilibre entre l'interrogatoire principal et le contre-interrogatoire.
16 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Milos Jankovic, par M. Koumjian.)
17 M. Koumjian (interprétation): Bonjour, Monsieur.
18 Vous avez dit, lorsque vous avez parlé de la police, que la chaîne de
19 commandement a été respectée dans votre service. Ce que j'ai pu conclure
20 de votre témoignage, c'est que le 29 avril, vous avez vu Hasan Talundzic
21 en tant que votre chef. Le 30 avril 1992, donc le lendemain, votre chef
22 était Simo Drljaca. Vous avez considéré comme votre chef M. Simo Drljaca
23 et vous n'avez plus respecté, obéi à des ordres de M. Talundzic, n'est-ce
24 pas?
25 M. Jankovic (interprétation): Oui.
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1 M. Koumjian (interprétation): Puisque M. Talundzic était chef de la police
2 élu par l'assemblée municipale de Prijedor, et comme il était élu aux
3 élections de 1990, aux élections multinationales, à quels ordres avez-vous
4 obéi?
5 M. Lukic (interprétation): Je soulève l'objection. Monsieur Talundzic
6 n'était pas élu par l'assemblée municipale de Prijedor.
7 M. le Président (interprétation): Je vous prie de reformuler votre
8 question.
9 M. Koumjian (interprétation): Merci.
10 Monsieur Talundzic a été désigné par le parti qui a eu la majorité de
11 sièges dans l'assemblée municipale -merci, Maître Lukic, il s'agissait du
12 parti SDS- et, selon l'accord entre les partis politiques, son nom a été
13 transmis au ministère de l'Intérieur et, par la suite, il a été nommé chef
14 de la police de Prijedor; est-ce exact, Monsieur? Vous devez répondre à
15 haute voix.
16 M. Jankovic (interprétation): Je vous ai compris. Oui. Tous les leaders,
17 tous les hauts fonctionnaires ont été nommés par le ministère et c'était
18 le cas de M. Talundzic aussi, mais je ne sais pas qui l'a proposé à ce
19 poste. Pour moi, ce n'était pas important, mais moi, je devais obéir à mon
20 supérieur. C'était M. Talundzic jusqu'au jour où cette dépêche est
21 arrivée. J'ai transmis cette dépêche à M. Talundzic en tant que mon
22 supérieur.
23 Le lendemain, à 7 heures, s'est produite la prise de pouvoir. Moi, je ne
24 m'intéresse pas à la politique. Je n'ai même pas participé à la prise de
25 pouvoir, mais Talundzic n'était plus présent à ce poste; il y avait un
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1 autre homme qui est apparu, que j'ai vu pour la première fois la veille
2 et, à la deuxième reprise, le lendemain matin. Et moi, je devais, comme
3 les autres, obéir aux ordres de ce nouveau chef, comme tout le monde,
4 parce que je ne devais pas, en tant qu'ingénieur en électronique, me mêler
5 de la politique.
6 Question: Merci, Monsieur. Vous n'êtes pas ici en position d'accusé, je ne
7 vous accuse de rien.
8 Donc le monsieur qui s'est présenté comme nouveau chef de la police,
9 c'était Simo Drljaca, n'est-ce pas?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Vous étiez au courant que Simo Drljaca n'était pas policier
12 professionnel. Il travaillait dans l'enseignement, dans une école?
13 Réponse: J'ai dit: la veille de la prise de pouvoir, je l'ai vu pour la
14 première fois, mais je ne savais pas de qui il s'agissait. Il m'a dit
15 simplement: "Je m'appelle Simo Drljaca". Mais plus tard, j'ai appris qu'il
16 était juriste dans une école primaire. Mais pour moi, ce n'était pas
17 essentiel parce que ce n'était pas nécessaire de m'y mêler.
18 Question: Mais, pour vous, il s'agissait d'un événement qui était gravé
19 dans votre mémoire. C'est-à-dire qu'un jour, vous arrivez à votre travail
20 et il y a un nouveau chef qui est votre supérieur.
21 Est-ce que vous en avez parlé avec vos collaborateurs, du fait qui a
22 ordonné cette prise de pouvoir (sic)?
23 Réponse: La première partie de votre question est exacte. C'est-à-dire que
24 la date du changement au poste de mon supérieur est importante, mais la
25 municipalité, physiquement, n'était pas très loin. Mais quand il s'agit de
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1 ces ordres, ce n'était pas très près de nous parce que nous ne savions pas
2 de qui émanaient ces ordres. Moi, je ne pouvais pas savoir mais il y avait
3 certainement une organisation parce que cette personne est apparue
4 soudainement dans la police. Je n'étais qu'un des quelque 200 employés de
5 la police.
6 M. Koumjian (interprétation): Merci. Je ne veux pas gaspiller votre temps
7 ni le mien en vous posant des questions sur lesquelles vous n'avez pas de
8 réponse.
9 Donc vous ne savez pas de qui Simo Drljaca recevait des ordres? Vous
10 n'avez jamais assisté à des réunions de la cellule de crise ni aux
11 réunions auxquelles étaient présents les représentants de l'armée? Vous ne
12 savez pas non plus qui a formé les camps de détention d'Omarska, de
13 Keraterm et de Trnopolje?
14 M. Jankovic (interprétation): Vous m'avez posé beaucoup de questions.
15 D'abord…
16 M. le Président (interprétation): (Pas d'interprétation.)
17 M. Koumjian (interprétation): Est-ce que vous n'avez jamais assisté à des
18 réunions de Prijedor?
19 M. Jankovic (interprétation): Non.
20 Question: Est-ce que vous savez qui donnait des ordres? Est-ce que vous
21 avez lu ou vous étiez présent aux réunions auxquelles certains ordres ont
22 été émis à l'égard de Simo Drljaca?
23 Réponse: A l'époque et déjà auparavant, les ordres ne se faisaient pas par
24 écrit, par les dépêches écrites pour la plupart du temps, du moins pour
25 les petites d'entre elles. Mais je n'ai jamais été là, je n'ai jamais vu
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1 un ordre qui a été envoyé à Simo. Je croyais bien que c'était son
2 supérieur qui donnait des ordres à Simo. C'était donc le chef du centre
3 puisque nous étions le poste de sécurité publique. J'aurais été tout à
4 fait soupçonné si j'avais eu à poser des questions comme ça.
5 Question: Il y a des choses que vous avez vues et auxquelles vous avez
6 assisté?
7 Réponse: Je n'ai pas vu… Je ne l'ai pas vécu, je ne l'ai pas vu.
8 Question: N'avez-vous jamais vu des rapports que Simo Drljaca avait
9 établis et adressés à l'assemblée municipale ou à la cellule de crise?
10 Réponse: Non.
11 Question: Avez-vous jamais assisté à une réunion au cours de laquelle M.
12 Drljaca rencontrait ses homologues militaires?
13 Réponse: Non.
14 Question: Et je pense que vous nous avez dit que vous n'étiez jamais… En
15 fait, je vais reformuler ma question: vous n'êtes jamais allé au bureau du
16 Dr Stakic et vous n'étiez jamais à aucune réunion à laquelle il y avait le
17 Dr Stakic?
18 Réponse: Je souhaite ne pas faire d'erreur et ne pas me tromper.
19 Je vous ai dit que je ne savais pas quel était le bureau du Dr Stakic, je
20 ne connaissais pas sa fonction. Mais je suis allé un jour dans une pièce.
21 C'était il y a longtemps, au moment des élections multipartites.
22 C'est le Dr Mico Kovacevic qui m'avait convié et il y avait d'autres
23 personnes là-bas. C'étaient des personnes que je ne connaissais pas pour
24 la plupart. Je ne sais pas, il s'agissait là d'une pièce où j'étais et je
25 ne sais pas si c'était une réunion officielle ou non. On m'avait demandé
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1 d'y rentrer et, par la suite, je suis sorti alors que les autres y sont
2 restés.
3 En fait, le parti SDS devait proposer trois candidats qui devaient être
4 commandants du poste de police, alors que le SDA avait proposé le chef. Je
5 ne connaissais pas ces gens-là, on m'avait tout simplement demandé mon
6 opinion: "Qui est-ce que je pouvais proposer?"
7 Il n'y avait que trois candidats. Il y avait une personne qui travaillait
8 dans le centre médical. Je ne sais pas s'il buvait ou pas, mais il
9 m'avait… D'après moi, il avait l'air d'un ivrogne. Il y en avait un autre
10 qui était Simo Drljaca. Et puis il y avait aussi Dusan Jankovic qui était
11 l'adjoint du commandant de notre poste de police.
12 J'ai proposé Dusan Jankovic puisque c'était dans l'intérêt de notre
13 profession. C'était un professionnel, le seul professionnel parmi eux, et
14 je pensais qu'il serait le plus à même de faire ce travail. Il était
15 professionnel, alors que les deux autres n'avaient jamais travaillé dans
16 les services policiers.
17 Donc je ne sais pas s'il était à cette réunion ou non. Je ne peux ni
18 l'affirmer ni le nier, puisque je ne l'avais pas vu à la réunion.
19 Et, pendant toute la période, c'était la seule fois où je suis rentré dans
20 le bâtiment de l'assemblée municipale.
21 Question: Savez-vous qui a pris le pouvoir le 30 avril? Le pouvoir était
22 dans les mains de qui ce jour-là à Prijedor?
23 Réponse: Je sais ce que j'ai vu, mais je peux aussi bien me tromper sur
24 certaines choses. Donc j'ai déjà parlé du 29, le jour où la dépêche a été
25 envoyée. Après, je suis rentré chez moi et c'est… les personnes qui
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1 travaillaient avec moi dans le centre de communication m'avaient appelé le
2 soir.
3 En fait, moi, j'étais chef du service de communication et la personne qui
4 effectuait le tour de garde devait toujours savoir où je me trouvais. Mes
5 employés devaient connaître où je me trouvais, alors que la personne qui
6 voulait envoyer la dépêche, mon supérieur, ne m'appelait pas directement.
7 Ils appelaient (sic) quelqu'un de mon centre, de mon service.
8 Je suis donc arrivé au centre de communication et que… il y avait un ordre
9 -je ne sais pas qui l'avait envoyé- pour qu'on aille dans un village qui
10 s'appelle Cirkin Polje. C'est un village aux alentours de Prijedor et il
11 fallait se rendre dans un centre communautaire là-bas. J'ai donc laissé
12 deux personnes de mon service sur place, alors que tous les autres sont
13 partis dans ce village, moi en tête. Deux personnes sont restées dans nos
14 bureaux parce qu'il fallait qu'il y ait quelqu'un là-bas.
15 Et donc le lendemain, cette nuit-là, il y a eu la prise du pouvoir au SUP.
16 Question: La question que je vous ai posée était une question simple:
17 savez-vous qui avait pris le pouvoir le 30 avril? Pourriez-vous nous
18 donner le nom des organisations ou des personnes qui avaient pris le
19 pouvoir?
20 Réponse: Non, je ne peux pas vous donner les noms des organisations parce
21 qu'un grand nombre de personnes s'y étaient rassemblées. Et toutes les
22 personnes qui s'y étaient rassemblées, c'étaient des employés du poste de
23 sécurité publique, mais il y avait aussi des policiers de réserve que je
24 ne connaissais pas. Il y avait beaucoup de personnes que je ne connaissais
25 pas. Il faisait nuit. Je n'avais rien de particulier à faire, enfin aucune
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1 tâche particulière. Il y avait réellement beaucoup, beaucoup de personnes.
2 Donc je ne sais pas quelle organisation pouvait le faire, je ne peux pas
3 vous le dire.
4 J'ai vu que tous les chefs étaient là-bas, donc il était tout à fait
5 normal que je me mêle à eux.
6 Question: Mais en réalité, vous n'avez pas vu tous vos patrons qui étaient
7 là-bas. Vous n'avez pas vu M. Talundzic, par exemple. Vous n'avez vu que
8 vos supérieurs serbes. Est-ce exact?
9 Réponse: Oui, c'est exact.
10 Question: Et à Cirkin Polje, il y avait aussi une maison dans laquelle se
11 trouvaient les chefs de file.
12 Est-ce qu'on vous y avait invité?
13 Réponse: Les chefs de file de quoi? Vous pensez là aux postes de police ou
14 en général?
15 Question: A Cirkin Polje, avez-vous vu Slobodan Kuruzovic cette nuit-là ou
16 au petit matin du 30 avril?
17 Réponse: Je ne suis pas sûr, même pas aujourd'hui, de pouvoir reconnaître
18 Slobodan Kuruzovic. Je ne sais pas s'il se trouvait là-bas. Il y avait du
19 monde, il y avait des gens qui portaient des uniformes et, sur ces
20 uniformes, on voyait qu'ils avaient des rangs en tant qu'officiers. Il y
21 avait un officier qui s'est adressée à moi, qui m'a demandé de lui donner
22 l'émetteur radio et, moi, j'ai refusé de le faire puisqu'il n'était pas
23 sur la liste des policiers. Je ne sais pas de qui il s'agissait. Il avait
24 le rang de commandant.
25 Question: Avez-vous vu cette nuit-là, à Cirkin Polje, le Dr Stakic?
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1 Réponse: Non.
2 Question: Vous a-t-on demandé de rester à l'extérieur, dehors, ou bien on
3 vous a demandé de rentrer dans un bâtiment?
4 Réponse: Je suis entré dans un bâtiment, mais en tant que personne qui
5 s'occupait de la communication, je n'avais aucune tâche particulière à ce
6 moment-là. Quelqu'un parmi mes supérieurs -quand je dis le mot
7 "supérieur", je pense toujours aux personnes qui travaillaient au poste de
8 sécurité publique, donc des gens qui, en réalité, étaient mes collègues-,
9 et quelqu'un m'avait donné un paquet, un colis, un colis comme ça.
10 Il y avait là des formulaires pour des nouveaux livrets d'identification,
11 des livrets. Là, des formulaires pour des nouveaux livrets
12 d'identification, des livrets tels qu'utilisent les policiers pour
13 s'identifier. Et on m'a dit: "Etant donné que tu ne fais rien, tu peux
14 essayer de remplir ces formulaires.". Il y avait donc des nouveaux et
15 anciens policiers qui venaient. Cela se passait de manière qui n'était pas
16 professionnelle du tout, sans photographie par exemple. Et donc moi, j'ai
17 passé la nuit comme cela. Les gens venaient, s'en allaient et, moi, je
18 remplissais ces formulaires.
19 Question: Je vous remercie, Monsieur. Je dois vous dire que tout ce que
20 vous dites est fort intéressant, mais malheureusement notre temps est
21 limité et c'est pour cela que je dois vous demander de répondre à nos
22 questions de façon précise et brève.
23 Vous êtes donc entré dans le bâtiment. En fait, je vous ai posé la
24 question si vous êtes entré dans le bâtiment, vous m'avez dit: "Oui, très
25 brièvement, pour remplir ces formulaires.".
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1 Réponse: Oui, et c'est un bâtiment où il y a beaucoup de pièces et j'étais
2 assis dans l'une de ces pièces; je ne savais pas ce qui se passait dans
3 les autres pièces. J'ai passé beaucoup de temps à remplir ces
4 formulaires,. Effectivement, pendant tout ce temps-là, j'étais à
5 l'intérieur du bâtiment.
6 Question: Oui, cela explique tout à fait votre situation.
7 Etant donné que le temps qui nous est imparti est limité, je n'entrerais
8 pas dans les détails.
9 Je souhaiterais maintenant évoquer la visite de Stojan Zupljanin au mois
10 d'avril. Est-ce que à l'époque, vous saviez que dans la région autonome de
11 la Krajina avec le siège à Banja Luka, et avant l'arrivée de Stojan
12 Zupljanin à Prijedor, donc, saviez-vous que cette région autonome de la
13 Krajina avait été établie?
14 Réponse: Toutes ces notions politiques -par exemple, les régions autonomes
15 ou non autonomes-, ceci ne m'intéressait pas du tout, je ne lisais jamais
16 les journaux. Comme si de tels événements n'avaient pas eu lieu. Cela ne
17 m'intéressait pas à l'époque et, en réalité, la politique quotidienne ne
18 m'intéresse pas du tout.
19 Je connaissais Stojan Zupljanin du temps où j'étais étudiant. Pour moi, il
20 était chef de police du poste de sécurité publique de Banja Luka. Je le
21 connaissais dans ce cadre-là, c'est bien cela que je sais sur lui et rien
22 d'autre.
23 Question: Quand M. Zupljanin est venu à Prijedor, il voulait que les
24 policiers changent d'insigne sur leurs uniformes pour démontrer la loyauté
25 à la police de la Republika Srpska. Etes-vous au courant de cela?
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1 Réponse: Peut-être qu'on pourrait le dire dans un sens métaphorique,
2 puisque le centre de Banja Luka devait couvrir je ne sais pas combien de
3 municipalités. Et à ma connaissance, sur tout le territoire qui était géré
4 par le centre de Banja Luka, le SDS avait remporté les élections et il
5 pouvait nommer leur chef de police. Il n'y a eu que quatre municipalités
6 où c'était le SDA qui avait remporté les élections et on voulait que le
7 centre de commandement soit unifié. Donc ces quatre municipalités qui
8 n'appartenaient pas tous à Prijedor avaient… Là-bas, la situation était
9 différente et on voulait uniformiser tout le centre.
10 Question: Pourriez-vous nous décrire brièvement les insignes que ces
11 policiers étaient censés porter?
12 Réponse: Il s'agissait là d'un drapeau tricolore rouge, blanc et bleu.
13 Rouge, bleu et blanc. En fait, ce n'était pas un drapeau où les trois
14 couleurs étaient dessinées de façon tout à fait droite. C'était comme si
15 le drapeau était agité par le vent, donc légèrement ondulé.
16 Question: Vous avez parlé d'une réunion qui avait eu lieu le 29 avril.
17 Est-ce qu'à l'époque on s'est demandé si Prijedor ne devait répondre qu'à
18 Banja Luka qui était contrôlé par le parti SDA ou bien est-ce que Prijedor
19 allait être sous le contrôle de Sarajevo, donc le parti politique SDA.
20 De quelle façon avait-on résolu ce dilemme: comment recevoir les ordres de
21 deux partis politiques différents?
22 Réponse: Je n'ai pas tout à fait compris votre question. Vous avez parlé
23 du 29 mai, je pense que vous pensiez au 29 avril.
24 Question: Oui, vous avez raison.
25 Réponse: Bon, continuons.
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1 Je pense qu'à l'époque il y avait encore des débats et il fallait toujours
2 lire entre les lignes. On s'est posé la question: pourquoi être sous le
3 commandement de Banja Luka, puisque ce n'est pas Banja Luka qui verse nos
4 salaires? Il vaut mieux être sous Sarajevo, puisque si nous acceptons
5 d'être sous Sarajevo, nous allons recevoir notre salaire dès demain. On
6 voit que les gens n'étaient pas vraiment motivés par les salaires, je
7 parle ici des personnes qui avaient des fonctions. En fait, les gens
8 disaient une chose alors qu'ils en pensaient une autre, et il fallait
9 savoir lire entre les lignes.
10 Question: En plein milieu de la réunion, vous nous avez dit qu'il avait
11 reçu un télégramme, une dépêche que nous avons regardée aujourd'hui. Il
12 s'agissait là d'une dépêche envoyée à tous les centres de sécurité
13 publique et tous les postes de sécurité publique sur tout le territoire de
14 Bosnie-Herzégovine. Est-ce exact?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Vous nous avez dit que, quand vous avez lu la dépêche en
17 question, même si d'habitude vous ne lisiez pas des dépêches, vous aviez
18 compris qu'il s'agissait là d'un contenu fort important et vous aviez
19 compris que cela indiquait qu'une guerre allait éclater?
20 Réponse: En tant que personne qui travaille dans le service de
21 communication, j'avais le droit de lire la dépêche; ceci ne m'est pas
22 interdit. Mais je ne dois pas abuser de mes connaissances, des choses que
23 je pourrais apprendre en lisant une dépêche. Je connais le système de
24 codage et de décodage. Il fallait donc que je ne dévoile à personne le
25 contenu.
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1 Pourriez-vous répéter la fin de votre question?
2 Question: Vous avez donc lu cette dépêche et vous saviez que son contenu
3 était très important. Et vous pensiez qu'il fallait en parler aux autres,
4 puisque cela voulait dire que la guerre allait éclater.
5 Réponse: Etant donné qu'il s'agissait d'une période fort courte de
6 quelques minutes, je n'avais pas le temps de réfléchir aux conséquences
7 éventuelles. J'ai essayé de me faire guider par ma raison, mais, à ce
8 moment-là, ce sont mes sentiments qui ont prévalu.
9 Je ne pense pas avoir réellement fait une faute professionnelle, mais
10 toujours est-il que les sentiments qui ont prévalu étaient… donc c'étaient
11 les sentiments qui avaient prévalu, et j'ai ressenti le besoin d'en parler
12 aux policiers qui étaient autour de moi. Je n'en ai pas parlé en public.
13 Question: Vous avez mentionné, et je vous demande si c'est bien exact: il
14 y a deux façons selon lesquelles les télégrammes étaient classés. D'un
15 côté, il y avait les télégrammes urgents et d'autres qui étaient
16 confidentiels. Et celui-là n'était pas confidentiel.
17 Réponse: Oui, cette dépêche-là n'était pas confidentielle. Très souvent
18 depuis… Moi qui travaille dans ce centre-là, je sais que souvent on oublie
19 que de mettre que c'est confidentiel, très souvent c'est omis. Et moi, en
20 tant que chef, et d'autres chefs, nous essayons de dire à nos salariés
21 qu'il ne faut pas l'omettre.
22 On peut voir la même chose aujourd'hui, vous pouvez le voir au centre de
23 Banja Luka de nos jours. Il s'agit là d'une faute professionnelle, la
24 faute professionnelle qui est la plus courante.
25 Question: Pourriez-vous tout simplement répondre à ma question pour que
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1 nous puissions terminer à temps aujourd'hui.
2 Donc la dépêche en question ne portait pas la mention "confidentielle"?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Vous avez mentionné que, dans la région de Banja Luka, qu'il y
5 avait des municipalités qui n'étaient pas sous le contrôle du SDA mais du
6 SDS. En réalité, la plupart des municipalités n'étaient pas sous le
7 contrôle des Musulmans. Les chefs de police dans cette région étaient
8 surtout Serbes?
9 Réponse: Oui. Je ne vais pas vous énumérer toutes ces municipalités,
10 puisque notre temps est limité, mais je connais ces municipalités, je
11 travaille même aujourd'hui avec eux.
12 Question: Nous allons tout simplement raccourcir cette liste, puisque je
13 pense qu'il y a 17 municipalités en question. Il y avait trois
14 municipalités: Sanski Most, Bosanski Novi et Bosanska Dubica. Donc dans
15 ces trois municipalités, le 29 avril 1992, dans ces trois municipalités
16 donc, les chefs de police étaient Serbes?
17 Réponse: Novi Grad et Bosanska Dubica, je crois qu'il y avait bien des
18 Serbes qui étaient à ce poste-là, mais pour Sanski Most, je n'en suis pas
19 sûr.
20 Question: Dans votre dépêche, le point 4 parle des activités, des
21 opérations de combat. N'étiez-vous pas surpris de voir que ceci est envoyé
22 aux chefs de police de manière si ouverte? La plupart d'entre eux étaient
23 Serbes et membres du parti SDS.
24 Réponse: J'ai réfléchi à cela. Je pense que l'envoi de ces informations
25 n'était pas fait de manière suffisamment professionnelle. C'était Sarajevo
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1 qui avait à envoyer cela et je pense, ici, au MUP. En fait, la façon dont
2 ces informations ont été transmises… Parce que, du MUP de Sarajevo, on a
3 envoyé la dépêche à dix destinataires et, par la suite, chacun de ces dix
4 centres devait envoyer des dépêches aux stations de sécurité publique.
5 Chez nous, à Prijedor, c'est un petit centre; nous n'avions que trois
6 stations auxquelles il fallait qu'on envoie la dépêche. Et Banja Luka
7 devait l'envoyer à 11 adresses.
8 A Prijedor, ils savaient très bien qu'il y avait le SDA qui était en tête
9 et ils l'ont quand même envoyé là-bas. Je ne sais pas pourquoi ils ont
10 fait attention et pourquoi ils l'ont envoyé à ces trois municipalités
11 aussi. Parce que, en réalité, le poste de quelqu'un qui travaille dans le
12 service de communication est un travail relativement borné. C'est-à-dire
13 qu'on regarde tout simplement l'en-tête et le destinataire et ils envoient
14 à ces destinataires-là, à ces destinations-là. En fait, cela peut créer
15 une confusion par la suite; et c'est en réalité ce qui s'est passé.
16 Question: Je vais vous poser une question tout à fait concrète. Le premier
17 destinataire, ce sont les chefs de sécurité de tous les centres de
18 sécurité publique. Pour la région de Banja Luka, c'était bien Stojan
19 Zupljanin, n'est-ce pas?
20 Réponse: Oui.
21 Question: Quand vous regardez les destinataires, donc les adresses, et le
22 système de numérotation, vous avez dit qu'il y avait quelque chose qui
23 était omis dans les adresses?
24 Réponse: Le numéro de la dépêche était omis. En fait, le MUP de Bosnie-
25 Herzégovine, c'était 10-70 et, par la suite, rien. "10": ça voulait dire
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1 que c'était le ministre. "70": c'était le numéro de référence. Et après,
2 il fallait mettre "/92", donc l'année.
3 Et au fait, c'est ce dernier chiffre, ce dernier numéro qui est omis.
4 Question: Dans cet ordre, on demande aux destinataires d'empêcher que la
5 JNA sorte le matériel militaire de Bosnie-Herzégovine. Je sais que vous ne
6 suiviez pas la politique, mais l'Union européenne et les Etats-Unis qui…
7 avaient bien reconnu la Bosnie-Herzégovine, et si je me trompe pas, c'est
8 le SDS qui ne voulait pas que la JNA retire son matériel de Bosnie-
9 Herzégovine, alors que c'étaient bien les Croates et les Musulmans qui
10 voulaient que la JNA s'en aille?
11 Réponse: C'est votre collègue qui m'avait demandé à quel moment la Bosnie-
12 Herzégovine était devenue indépendante et je ne le savais pas. Après, je
13 me suis renseigné et j'ai appris que c'était quelque chose comme le 6
14 avril. Mais, vous savez, je suis technicien et je ne sais très peu de
15 choses là-dessus. Je sais tout simplement qu'il y a eu des événements,
16 qu'il y a eu beaucoup de tension. En réalité, je ne me souviens que des
17 choses techniques. Mon disque dur est complètement rempli.
18 Question: Très bien. Je comprends ce que vous me dites. Donc vous avez
19 reçu ce télégramme. Est-ce qu'il aurait été possible que ce que vous avez
20 reçu, à savoir votre télégramme, aurait pu être entre les mains de
21 Vladimir Arsic la nuit du 29 avril?
22 Réponse: Je pense que le télégramme n'aurait pas pu être remis, mais
23 quelqu'un était présent et peut-être quelqu'un a entendu quelque chose et
24 a transmis cette information; ce qui me semble possible. Pourquoi? Parce
25 que Hasan était le chef, et je suppose qu'il l'a pris. Mais je ne pense
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1 pas qu'il l'ait transmis à qui que ce soit, qu'il l'ait donné à Arsic. Je
2 ne sais pas ce qu'il en a fait. Ce jour-là, je sais qu'il était là, mais
3 très honnêtement, je ne sais pas parce qu'il a pris le document et… il a
4 pris le document devant 500 personnes présentes. Je crois qu'il y avait à
5 peu près 500 personnes présentes.
6 Question: Très bien, merci.
7 Un peu plus tard, M. Drljaca vous a demandé un exemplaire de ceci et vous
8 l'avez vu. Est-il correct de dire que cela a été publié dans le "Kozarski
9 Vjesnik"? Est-ce exact?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Monsieur, avez-vous entendu parler de la remise des armes de la
12 communauté musulmane, des lieux comme Brdo, Hambarine ou Kozarac ou les
13 régions avoisinantes? Avez-vous entendu parler de cette demande publique
14 de remise d'armes?
15 Réponse: Je pense que oui. Quand je dis que je pense que oui, c'est que
16 récemment, j'ai entendu beaucoup d'histoires à ce propos, des choses qui
17 se sont produites à ce moment-là. Et en retournant en arrière, il me
18 semble qu'il s'est passé quelque chose de la sorte, mais il y avait
19 tellement de choses qui se produisaient simultanément. Entre les remises
20 d'armes et les problèmes de communication, je ne me souviens pas
21 exactement, mais je pense qu'il y avait quelque chose de la sorte.
22 Récemment, j'ai entendu parler quelqu'un en parler, et cela m'a rappelé
23 quelque chose, mais je ne peux pas en être certain.
24 Question: Monsieur, avez-vous entendu les annonces faites à Prijedor sur
25 quelque sujet que ce soit au nom de la cellule de crise de la municipalité
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1 de Prijedor?
2 Réponse: Non. A cette époque-là, j'ai passé le plus clair de mon temps, y
3 compris mon temps libre… je faisais mon travail et, lorsque je ne le
4 faisais pas, j'essayais de trouver de la nourriture pour ma famille et
5 moi-même. Ce qui était, en fait, ma préoccupation numéro un.
6 Mais, très honnêtement, je n'étais pas mêlé aux activités de la ville ni
7 aux activités dites publiques. Je n'ai pas eu connaissance d'une telle
8 annonce: je ne peux pas dire qu'il n'y en a pas eue, mais simplement je
9 n'en avais pas connaissance hormis ce que j'ais entendu à la radio, ce que
10 j'ai déjà évoqué. Autrement dit, il y avait une demande et on avait… A la
11 radio, on avait demandé à ce que la guerre n'ait pas lieu.
12 Question: Quand vous dites "la radio", vous parlez de la communication
13 radio ou la radio publique qui diffusait de la musique, ce type de station
14 radio? Qu'est-ce que vous entendez par là?
15 Réponse: Non. Lorsqu'on a annoncé que tout était sous contrôle et qu'il
16 n'y aurait pas de guerre, c'est ce type d'annonces à la radio que
17 j'entendais.
18 Question: Vous avez également parlé de communication avec le chef du poste
19 de sécurité à Kozarac. Vous dites qu'il y avait 10 à 15 officiers de
20 police. Il s'appelait Osme Didovic. Il y avait 10 à 15 officiers de police
21 qui étaient stationnés là?
22 Réponse: Osme Didovic n'était pas chef mais commandant de service; le chef
23 de service aurait été un peu plus élevé au niveau hiérarchique. Ce
24 service, en temps de paix, avait quelque chose comme 10 à 12 officiers de
25 police en exercice. Et comme les choses allaient de mal en pis, on
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1 mobilisait des policiers de réserve, et ces policiers de réserve se sont
2 joints à ces forces de police.
3 Comme vous le savez, c'est un travail posté. Autrement dit, quand je m'y
4 rends, je ne peux pas avoir tout le monde en même temps. Je ne lui ai pas
5 demandé, je ne lui ai pas demandé combien de personnes il y avait là. Mais
6 je pense qu'à ce moment-là, étant donné que la situation devenait de plus
7 compliquée, je pense que le nombre de policiers de réserve augmentait de
8 jour en jour. Mais je ne peux pas vous donner le chiffre exact à ce stade-
9 ci.
10 Question: Ce qui m'intéresse particulièrement -et j'aimerais que vous
11 concentriez votre attention sur le 24 mai 1992, l'attaque sur Kozarac-,
12 avez-vous entendu parler des communications radio entre M. Didovic et les
13 autorités de Prijedor, où étiez-vous au poste de commande à ce moment-là?
14 Réponse: Oui, j'ai dit cela. Ça n'était pas la radio publique, c'était la
15 radio du poste de police, le même type de radios qu'on utilise lorsqu'on
16 est de garde dans la rue.
17 Question: Vous avez dit avoir entendu M. Didovic, non pas le 24, mais il
18 me semble le lendemain, le 25 ou le 26. Proposition qu'il allait se
19 rendre.
20 Réponse: Ne me demandez pas les dates, je ne sais pas si c'est le 25 ou le
21 26. Je sais que j'ai fait ma déposition mais je ne me souviens pas
22 exactement des dates et je ne peux pas être tenu par ces dates. Il me
23 semble que c'était au cours des 10 derniers jours du mois de mai. Je ne
24 sais pas si le 25 ou le 26. Très honnêtement, je ne sais pas et, très
25 honnêtement, je ne sais pas. Et je ne peux pas dire que je me souvienne
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1 d'aucune phrase. Mais je me souviens, en fait, de la situation d'ensemble.
2 Je me souviens du contexte général et je me souviens que Zeljaja tentait
3 d'éviter le conflit à tout prix et de faire en sorte que ceci soit géré de
4 façon pacifique et qu'il n'y ait pas de conflit.
5 Et ensuite, ils revenaient vers lui et parlaient de leurs conditions. Et
6 vous savez, cela faisait partie de mon travail. A un moment donné, j'étais
7 dans la pièce et à un autre moment, j'étais en dehors; je n'écoutais pas
8 particulièrement attentivement. Et… Bon, l'officier de communication, à un
9 moment donné, est venu vers moi et a dit: "Bon, ils ne sont pas encore
10 arrivés à un accord. Ils y travaillent toujours.". Et je ne peux pas dire
11 que j'ai entendu quoi que ce soit personnellement sur cette radio, mais je
12 ne peux pas l'exclure complètement non plus.
13 Question: Savez-vous ce qu'il est advenu de votre collègue, M. Didovic?
14 Réponse: J'ai entendu dire qu'il avait été tué. La personne qui m'a
15 communiqué cette information n'était sans doute pas une source
16 d'information fiable. Je me souviens très bien de son visage, mais je ne
17 sais pas d'où il venait. Il portait un très grand chapeau, il était
18 habillé en civil, mais, en fait, il portait des étoiles mais des étoiles,
19 en fait, en bandoulière sur quelque chose. Mais il ne venait pas de notre
20 village et il n'appartenait à aucune des unités. Il était simplement en
21 civil. Il portait un très grand chapeau noir. Il avait donc les étoiles et
22 les épaulettes. Enfin, à mon sens, il devait être un petit peu fou et il a
23 dit qu'il avait vu un certain nombre de choses. Bon. C'est vrai que je ne
24 considère pas que ce soit une source d'information fiable émanant d'une
25 personne de ce genre.
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1 M. Koumjian (interprétation): Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, ce
2 que cette personne vous a dit et ce qu'il est advenu de M. Didovic?
3 M. Jankovic (interprétation): Je me souviens un petit peu, comme dans un
4 rêve, car il se dirigeait vers un endroit et ensuite, il y avait un pont
5 et ensuite, la police est venue. Et certains détachements de police de
6 Kozarac étaient en route quelque part. Je ne me souviens pas des détails
7 exactement, mais il y a eu un conflit et ils ont été tués. Et ils sont
8 restés là, couchés sur le sol, à côté de la rivière et près de ce pont. Et
9 c'est tout ce dont je me souviens. Mais je dois vous dire que je suis mal
10 à l'aise quand je vois un cadavre; je suis horrifié. Donc, très
11 honnêtement, je ne me souviens pas très bien de l'histoire dans le détail.
12 M. le Président (interprétation): Je dois faire une pause parce qu'il va
13 falloir, en fait, changer les cassettes d'enregistrement encore une fois.
14 Donc nous allons faire une petite… brève pause et nous allons reprendre à
15 15 heures 30.
16 Pardonnez-moi, nous allons… Oui, c'est ça: 15 heures 30.
17 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
18 (L'audience, suspendue à 15 heures 08, est reprise à 15 heures 31.)
19 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir. Est-ce que je
20 puis vous demander, Monsieur Koumjian, s'il vous plaît, de poursuivre.
21 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
22 M. Koumjian (interprétation): L'huissier peut-il déplacer un petit peu le
23 rétroprojecteur?
24 Monsieur, vous avez dit que M. Didovic à Kozarac s'est entretenu avec un
25 certain Medunjanin. Est-ce exact de dire que c'était Becir Medunjanin qui
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1 était professeur de métier?
2 M. Jankovic (interprétation): Si mes souvenirs sont exacts à cette époque-
3 là… vous dites Medunjanin? J'ai oublié son nom, mais je sais à qui vous
4 faites référence. Est-ce la personne qui était président ou secrétaire, je
5 ne me souviens plus de la fonction publique du secrétariat de la Défense
6 nationale. C'est qu'il était entre les mains de la SDA après les élections
7 multipartites. Donc ils ont nommé leur propre homme. C'était lui, son nom
8 m'échappe. C'est un nom peu usuel, donc j'ai du mal à m'en souvenir,
9 Osmedi…Osme Didevic, ça c'est son nom, je le sais parce qu'il travaillait
10 avec moi dans la même entreprise, si je puis dire.
11 Question: Nous parlons du même individu. Est-ce que vous saviez que M.
12 Medunjanin était enseignant à l'école?
13 Réponse: C'étaient des gens du SDA, et je ne l'avais jamais vu avant sa
14 nomination. Et lorsqu'il fut nommé, j'ai entendu parler de lui à cause des
15 événements qui s'étaient produits. Mais je n'avais aucun contact avec son
16 service et je n'avais pas besoin d'avoir un contact sur le plan officiel
17 avec lui. Je n'ai jamais eu de nouvelles de lui, je ne l'ai jamais vu, je
18 sais que la personne que vous évoquez est peut-être lui, mais je ne me
19 souviens même pas de son visage car je ne l'ai jamais vu.
20 Question: Vous avez témoigné et dit que vous avez visité Omarska à trois
21 reprises, et vous avez vu vos collègues du poste de police de Prijedor, et
22 des postes de sécurité publique de Prijedor et personne n'était dans le
23 même bâtiment. Avez-vous évoqué avec eux les événements qui avaient lieu à
24 Omarska et le fait que des gens comme Becir Medunjanin et M. Cehajic y ont
25 été tués?
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1 Réponse: Très longtemps avant la guerre, bon, si je décide de l'appeler
2 guerre, à savoir ces événements. Une des caractéristiques de mon travail
3 était la chose suivante: je ne demandais jamais à mon collègue ce qu'il
4 faisait, parce que cela aurait semé le doute sur les raisons de ma
5 question. Il est vrai que je passais du temps avec mes collègues de
6 travail et très longtemps avant les événements ma femme était inspecteur
7 dans le même poste de sécurité publique.
8 Mais elle ne parlait jamais de son travail avec moi, elle ne parlait
9 jamais de ces affaires et ces dossiers sur lesquels elle travaillait. Nous
10 parlions de nos salaires, de sport. Nous nous entretenions du temps par
11 exemple. Si par exemple, je demandais à mon meilleur ami : "Qu'est-il
12 advenu d'un tel un tel?" Parce que dans mon travail je n'avais aucune
13 raison de poser ce genre de question, et à ce moment-là je donnais
14 l'impression que j'avais une raison cachée de poser ce genre de choses.
15 Alors que véritablement rien ne motivait ce genre de questions. Et c'était
16 tout à fait superflu, je faisais simplement mon travail, et je m'en tenais
17 à mon travail uniquement. Je ne posais jamais à mes collègues ce genre de
18 question.
19 Et ces jeunes femmes qui nous aidaient, une des jeunes femmes, ici au
20 Tribunal, a demandé aux témoins quels étaient leurs noms, et c'était très
21 désagréable, parce qu'elle faisait toujours son travail et elle n'était
22 pas censée en faire davantage. Et cela a toujours été ma façon de penser
23 et c'est ainsi que je traitais mes collègues également.
24 Un jour, j'ai rencontré l'inspecteur, il m'a demandé: "Est-ce que tu as
25 déjà déjeuné?" Je n'ai pas encore déjeuné. "Allons déjeuner ensemble.".
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1 Nous nous retrouvions dans le restaurant, nous parlions de choses et
2 d'autres; je ne savais pas ce qu'il avait fait ce jour-là, et je ne savais
3 pas ce qu'il ferait le lendemain. C'était ma propre politique dans mon
4 métier, je ne voulais jamais donner à quelqu'un l'impression que j'ai
5 communiqué quelque chose que je n'étais pas censé communiquer.
6 Question: Autrement dit, est-ce que votre réponse est la suivante: vous
7 n'avez jamais sur votre lieu de travail discuté des tueries qui ont eu
8 lieu dans le camp d'Omarska, y compris des tueries de gens assez connus,
9 et en vue à Prijedor?
10 Réponse: Il y avait certains cas où je remarquais sur le visage de mes
11 collègues… Comment puis-je m'exprimer? Que ce collègue portait un fardeau,
12 que quelque chose le préoccupait, qu'il se passait quelque chose. Mais
13 surtout en ce qui concerne les deux personnes à propos desquelles vous
14 m'avez posé des questions, c'étaient des personnes qui ne m'étaient pas
15 très proches, d'une génération différente, et leurs fonctions étaient
16 différentes des miennes. Le président de la municipalité, Cehajic, par
17 exemple, je le connaissais à peine et je n'avais aucune raison de lui
18 poser quelques questions que ce soit, même pas à mes collègues, même pas à
19 des gens dans la rue. Pourtant j'entendais un certain nombre de choses sur
20 le fait que des gens ont été tués. Ce sont des choses que j'entendais de
21 l'homme de la rue et cela avait peu d'importance. Certaines personnes
22 parlaient de cela, d'aucuns avaient été tués. Et j'avais entendu dire que
23 ces personnes avaient été tuées, quelquefois je les rencontrais en ville.
24 Donc je n'étais pas très sûr de la fiabilité de toutes ces informations.
25 Question: Vous avez dit à un moment donné que vous avez visité le camp de
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1 Keraterm. Vous en souvenez-vous?
2 Réponse: Non, je ne me souviens pas, même pas vaguement. Non, pardonnez-
3 moi, pas du tout. Je me souviens simplement de l'image, d'une certaine
4 image, mais je n'ai vu aucun détenu parce que je ne suis pas entré dans le
5 camp lui-même.
6 Ceux qui ont eu l'occasion de visiter ce lieu savent de quoi je parle
7 parce qu'il y avait des trous à l'endroit où se situaient autrefois des
8 usines de production. Il y avait des bureaux administratifs et c'est là
9 que se situaient les inspecteurs, c'est là où il y avait les téléphones et
10 c'est là où je me suis rendu parce qu'il y avait une entrée séparée pour
11 cela.
12 Question: D'accord. Vous avez dit que le personnel vous semblait se
13 préparer, vous avez dit, en fait, que le personnel présent se préparait à
14 la visite de représentants officiels, de représentants étrangers. Est-ce
15 exact? La visite devait avoir lieu ce jour-là?
16 Réponse: Oui, tout à fait. Je crois que c'est Zivko Jovic qui était
17 inspecteur et qui a dit: "Nous avons des visiteurs aujourd'hui. Donc
18 dépêchez-vous, je ne veux pas perdre mon temps parce qu'ils arrivent.".
19 Donc j'ai fait ce que j'avais à faire et je suis parti. J'ai remarqué
20 qu'ils avaient cette attitude en fait, ils semblaient attendre quelqu'un,
21 ils semblaient attendre des visiteurs.
22 Question: Donc il est exact de dire que ce n'est pas forcément des
23 personnes ou des représentants internationaux, mais qu'il s'agissait d'une
24 délégation ou de personnes influentes qui allaient venir rendre visite à
25 cet endroit, d'après vos informations?
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1 Réponse: Je ne sais pas qui devait venir, mais, à cette époque-là, ça
2 devait être soit des journalistes étrangers soit des représentants
3 d'organisations humanitaires dans des véhicules blancs. C'est ce que l'on
4 voyait et je suppose qu'ils s'attendaient ou qu'ils attendaient plusieurs
5 -peut-être- organisations humanitaires, des journalistes peut-être, mais
6 je ne me souviens pas d'unités militaires. Je pense que c'étaient des
7 journalistes et des représentants d'organisations humanitaires.
8 Question: Je vais vous demander, si vous ne connaissez pas la réponse,
9 dites-le-moi: est-il vrai que Keraterm était fermé avant la date où les
10 journalistes étrangers se sont rendus dans ce camp? Autrement dit que le
11 camp de Keraterm était fermé et qu'aucun journaliste étranger n'aurait pu
12 visiter ce camp?
13 Réponse: Très honnêtement, je ne sais pas parce que je n'y suis pas allé.
14 Je ne sais pas. Je n'ai, en fait, pas d'information là-dessus même par le
15 biais d'amis. Je n'y suis pas allé simplement. Je ne sais rien à ce
16 propos, je sais simplement que quelqu'un devrait venir.
17 Question: Vous souvenez-vous que M. Zupljanin, en été 1992, revenait,
18 accompagné de Radoslav Brdjanin, pour visiter Prijedor?
19 Réponse: Je ne sais rien de cette visite. Je vous ai simplement dit ce que
20 j'ai dit à propos du 29 avril: qu'il est venu et qu'il ne pouvait pas
21 reprendre la route principale de Banja Luka, et qu'il avait dû passer par
22 Kozarac et ensuite à Bosanska Dubica et Bosanska Gradiska. Je crois qu'il
23 s'agit d'environ 110 à 120 kilomètres; il s'agit d'une distance,
24 pardonnez-moi, de 110 à 120 kilomètres.
25 Question: Est-il exact de dire que M. Drljaca a été remplacé au mois de
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1 janvier 1992? Si vous ne connaissez pas la date exacte, dites-le-nous.
2 Qu'il est ensuite revenu à Prijedor vers à la fin de la guerre, encore une
3 fois en tant que chef de police?
4 Réponse: Une chose est certaine, c'est que je ne me souviens pas de la
5 date. Mais je sais que Drljaca était mon chef pendant un court laps de
6 temps en mars 1994. J'ai eu un congé maladie et il a peut-être occupé ce
7 poste pendant 3, 4, 5 mois. C'est sans doute autour de cette date, mais je
8 ne peux pas vous donner une date exacte.
9 Question: Quand êtes-vous revenu travailler au poste de police de
10 Prijedor, après votre congé maladie?
11 Réponse: Quasiment quatre ans. J'ai subi une opération en juillet 1994 et
12 c'était une intervention ophtalmologique; c'était assez grave.
13 Question: Donc vous êtes revenu en 1998. Est-il exact de dire: après
14 l'arrestation de M. Drljaca, l'arrestation ou la tentative d'arrestation
15 de M. Drljaca?
16 Réponse: Drljaca n'a jamais été mon supérieur hiérarchique. Encore au plan
17 juridique et officiellement, oui, mais il ne m'a signé aucune mission
18 parce que, lorsque j'étais là… lorsque lui était en fonction, moi j'étais
19 en congé maladie.
20 Question: Qui était chef de la police lorsque vous êtes revenu?
21 Réponse: Ranko Mijic qui, précédemment, était le chef de l'escadron
22 criminel.
23 Question: Est-ce qu'il a repris son poste, d'après vos informations? Est-
24 ce qu'il a repris le poste de Simo Drljaca après que M. Drljaca a été tué?
25 Réponse: Je ne pense pas que cela ait été au moment où Simo Drljaca a été
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1 tué. Je crois que Simo Drljaca a été limogé -je n'en connais pas la
2 raison. Il était encore là dans les parages, mais il ne travaillait pas.
3 Et je pense qu'il n'a été tué qu'à une date ultérieure.
4 Question: Bien. Merci.
5 Avant de poursuivre, j'aimerais vous poser une courte question.
6 Vous avez beaucoup d'expérience de l'époque communiste. Etait-ce normal, à
7 cette époque-là, lorsque des dirigeants locaux étaient déplacés très
8 souvent, qu'on leur trouvait quelquefois quelque chose, un métier, au sein
9 d'un ministère ou on les envoyait dans la capitale remplir un autre poste,
10 en général assez confortable?
11 Réponse: Malheureusement, oui. C'était toujours le cas dans notre pays, et
12 il y a beaucoup de corruption, beaucoup de pots-de-vin, et ceux qui
13 auraient dû être punis… Par exemple, un officier de police se trompe et
14 fait une erreur, il doit être démis de ces fonctions dans ce cas-là.
15 Ensuite, c'est vrai qu'il y a une certaine latitude en la matière et
16 l'officier de police peut partir à la retraite et la retraite était
17 parfois plus importante que le salaire lui-même. Autrement dit, il
18 recevait plus d'argent et quittait son poste; c'était le cas. Ce qui est,
19 en fait, un "traitement humanitaire", entre guillemets, ceci s'appliquait
20 à tous les niveaux. Il y avait énormément de corruption, il y avait des
21 pots-de-vin, il y avait du favoritisme.
22 Question: Merci beaucoup. En fait, c'est une introduction à ma question
23 suivante.
24 Autrement dit, en 1992, entre la prise de pouvoir et la fin du mois de
25 septembre, saviez-vous qu'à l'époque il y avait des enquêtes ou des
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1 arrestations de la police serbe des officiers de l'armée accusés de crimes
2 contre les Musulmans ou les Croates à Prijedor?
3 Réponse: S'il vous plaît, pouvez-vous abréger votre question? Parce que
4 votre question est trop complexe pour moi. Parce que j'ai peur de ne pas
5 répondre à votre question comme il faut.
6 Question: Bien sûr. Est-ce que vous avez entendu parler qu'il y avait des
7 membres de la police serbe ou de l'armée serbe qui ont été arrêtés pour
8 avoir tué les Musulmans ou les Croates au cours de l'année 1992?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Pouvez-vous nous dire quelque chose de plus à ce sujet?
11 Réponse: Par exemple, parmi nos forces, je pense qu'il a été arrêté, je
12 pense qu'il est là, ici, au Tribunal: c'est Zoran Zigic qui a été arrêté.
13 Je ne l'ai pas vue, cette arrestation, mais je pense qu'il a tué et c'est
14 pour cela qu'il a été arrêté, mais je ne sais pas quel était l'acte
15 d'accusation établi par le tribunal de Banja Luka, mais je sais qu'il
16 était en prison à Banja Luka.
17 J'en suis sûr parce qu'une fois, je revenais de Banja Luka avec ma voiture
18 et le point de contrôle policier m'a arrêté pour un contrôle de routine.
19 Le policier m'a demandé de mettre dans ma voiture une femme et ses deux
20 enfants jusqu'à Prijedor. Elle m'a dit qu'elle était épouse de Zoran Zigic
21 et qu'elle revenait de la visite faite à son époux. Je ne me souviens pas
22 si c'était avant ou après les Accords de Dayton, mais je suis sûr qu'il
23 s'agissait de lui et il y avait… donc il y avait un autre qui a tué
24 quelques personnes à Trnopolje. Il est en prison aussi. C'est ce que je
25 peux entendre de la bouche des autres. Mais dans le cadre de mon service,
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1 je n'ai rien entendu de tel.
2 Question: Permettez-moi de vous poser cette question: n'est-il pas vrai
3 que M. Zigic a été arrêté parce qu'il a tué une fille de nationalité serbe
4 et que son arrestation ne s'était pas produite entre avril et septembre
5 1992?
6 Réponse: Je vous ai dit déjà que je ne connais pas l'Acte d'accusation à
7 l'encontre de Zigic. Je ne sais pas sur quoi portait cet Acte
8 d'accusation.
9 Tout ce que je sais, c'est qu'il tuait les gens et il a été emprisonné. Je
10 ne sais sur quoi portait cet Acte d'accusation. Est-ce que c'était pour
11 l'assassinat de cette jeune fille serbe ou pour d'autres choses? Je ne
12 sais pas. Vous pouvez vérifier cela au tribunal de Banja Luka.
13 Question: Merci.
14 Monsieur, il était notoire qu'à Prijedor, au mois de juillet, il y a eu un
15 massacre qui s'est produit au camp de Keraterm, n'est-ce pas?
16 Réponse: Moi, j'ai entendu parler de ce massacre, je ne l'ai pas vu parce
17 qu'à l'époque je ne me rendais pas là-bas. J'ai entendu parler de cela, je
18 ne sais pas de quelle personne. A l'intérieur de notre service, nous ne
19 pouvions pas apprendre ces choses. Tout le monde se taisait, mais si
20 quelqu'un mentionnait cela, il parlait très brièvement de cet événement,
21 mais il ne montrait pas son sentiment: s'il était indifférent par rapport
22 à cet événement ou s'il ressentait quelque chose. J'ai entendu parler de
23 ce massacre, mais je ne peux pas en vous dire plus sur ce massacre.
24 Question: Est-ce que vous vous souvenez si, en été 1992, le fait que des
25 femmes attendaient devant le bâtiment du poste de police de Prijedor au
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1 cours de la matinée?
2 M. Jankovic (interprétation): C'était au cours de la journée, très tôt le
3 matin, ça commençait.
4 M. Koumjian (interprétation): Est-ce que nous pouvons… Est-ce que M.
5 l'huissier peut mettre sur le rétroprojecteur la carte de la ville?
6 M. le Président (interprétation): Il s'agit de la carte portant la cote
7 D49.
8 (Intervention de l'huissier.)
9 M. Koumjian (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
10 Monsieur, pouvez-vous nous montrer, nous indiquer où ces femmes se sont
11 rassemblées? Est-ce que cette partie de la ville se trouve sur cette
12 carte?
13 M. Jankovic (interprétation): Vous parlez des femmes qui demandaient donc
14 une sorte de laissez-passer pour pouvoir quitter le territoire? Il faut
15 que ce soit clair.
16 Question: Non. Je parle concrètement des queues de femmes. Mais vous
17 pouvez nous expliquer pourquoi ces femmes-là se trouvaient là-bas. Mais
18 les queues de ces femmes, vous avez déjà dit que ces femmes étaient
19 pendant toute la journée devant ce bâtiment?
20 Réponse: C'est le bâtiment de la police, c'est l'entrée principale du
21 bâtiment et, ici, c'est une pelouse; ça, c'est de la chaussée, c'est peut-
22 être d'une largeur de 7 à 8 mètres. Et là, c'est le trottoir à peu près à
23 4 mètres de distance. Il y a des arbres, il y a une pelouse. Ici donc, la
24 longueur était… Ici, à cause de l'entrée, elles ne pouvaient pas se tenir
25 mais, déjà à partir de ce trottoir, il y avait des queues jusqu'à ce
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1 point-là. Il y avait des peupliers, quelques peupliers qui étaient à cet
2 endroit-là. Donc, c'est le bâtiment du musée. A peu près, ces queues
3 s'étendaient jusqu'au bâtiment du musée.
4 Question: Bien merci. Je vous prie… Non, pour le compte rendu, je vais
5 essayer de décrire ce que le témoin a montré.
6 D'abord, il a montré que cette ligne s'étendait en vertical vers le
7 bâtiment du SUP. Ensuite, cette ligne parcourait en suivant les trottoirs
8 et, en regardant sur la carte à gauche, se prolongeait vers le musée,
9 n'est-ce pas?
10 Réponse: Ça, c'est une partie plus étroite parce qu'on ne peut pas
11 empêcher l'entrée du bâtiment.
12 Question: Merci. Vous parlez donc de la partie plus petite qui s'étend
13 verticalement et ensuite du prolongement qui va parallèlement au bâtiment.
14 Monsieur, pouvez-vous nous dire quelque chose sur l'unité d'intervention?
15 Qui était commandant de cette unité d'intervention à Prijedor en été 1992?
16 Réponse: Nous n'avions jamais eu de préparatifs en temps de paix, des
17 préparatifs et ces unités d'intervention organisées. Mais c'est alors, à
18 cette époque-là, que cette unité d'intervention a été formée. Je ne sais
19 pas qui a organisé cette unité, je ne le sais pas. Mais elle existait,
20 cette unité d'intervention. Mais il n'y avait pas de discipline militaire
21 qui était imposée à cette unité d'intervention par leur commandant. Il
22 s'agissait plutôt de mouvements de nature chaotique. Il n'y avait pas… Ils
23 n'étaient pas présents tous à tout moment, mais s'il s'agissait d'une
24 réunion de fonctionnaires, il n'y avait jamais de commandant d'unité
25 d'intervention qui venait à cette réunion.
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1 Je connaissais le chef du poste de sécurité publique ou de la section pour
2 la lutte contre la criminalité, mais je ne connaissais pas le commandant
3 de cette unité d'intervention. Tout simplement, pour moi, il s'agissait
4 d'une unité qui n'était pas organisée, ce n'était pas une formation
5 organisée. Moi, je ne peux que supposer les choses, donc je ne suis pas
6 sûr.
7 Question: N'est-il pas exact que les personnes détenues ont été amenées
8 dans le bâtiment du SUP?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Vous pouvez rajouter quelque chose parce que je dois maintenant
11 passer à un autre sujet.
12 M. Jankovic (interprétation): Je serais bref. Comme la plus grande partie
13 des activités a été faite par les inspecteurs, les policiers
14 professionnels, leur comportement ressemblait à des activités qui se sont
15 développées avant la guerre. C'est-à-dire: pour chaque personne pour
16 lesquelles il existait des suspicions par rapport à un crime qui aurait
17 été commis, cette personne était interpellée et après il y avait une
18 enquête qui était ouverte, s'il y avait lieu.
19 Nous n'avions pas beaucoup de juges d'instruction. C'est pour cela qu'une
20 partie de ces enquêtes se sont déroulées conformément aux règles de la
21 législation. Une autre partie d'enquêtes n'était pas conforme à la loi.
22 Donc il y avait beaucoup de personnes interpellées mais très peu de juges
23 d'instruction. C'est pour cela que la qualité de ces enquêtes n'était pas
24 satisfaisante.
25 M. Koumjian (interprétation): Maintenant je vais aborder un autre sujet.
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1 S'il n'y a pas d'objection, il faut que je fasse cela à huis clos partiel
2 pour protéger le témoin.
3 M. Lukic (interprétation): Nous n'avons pas d'objection à soulever,
4 Monsieur le Président.
5 M. le Président (interprétation): Bien, nous allons passer à huis clos
6 partiel.
7 (Audience à huis clos partiel à 16 heures 01.)
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22 (Audience publique à 16 heures 21.)
23 M. Jankovic (interprétation): Avant que le centre d'enquête à Omarska ne
24 soit établi, il y avait à Omarska un poste de police; c'était un poste de
25 police qui depuis très longtemps, avant que je ne commence à travailler
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1 dans le secteur, avait un émetteur radio fixe. Il y avait un téléphone
2 direct, deux téléphones en réalité. Un téléphone public fourni par les PTT
3 et puis nous avons un téléphone avec une ligne interne, utilisé uniquement
4 par la police. Ceci était comme cela en tant de paix.
5 Au moment où les hostilités avaient commencé, ces lignes avaient été
6 endommagées et donc, pendant un certain temps, nous n'avions pas de lignes
7 téléphoniques. A ce moment-là, on ne pouvait se servir que de lignes radio
8 en FM. Et puis, à un moment, un jour, juste au moment du coucher de
9 soleil, j'ai été appelé par Simo Drljaca. Il me demandait si j'avais un
10 poste en réserve et je lui ai dit que oui. Il m'a dit qu'il fallait que je
11 me rende à Omarska tout de suite pour le mettre en service et qu'on allait
12 me dire où. J'ai pris un de mes techniciens, nous avons pris un de nos
13 véhicules et nous sommes allés installer cet appareil.
14 Il faut toujours avoir des appareils en réserve. Il y avait donc le poste
15 lui-même, l'antenne qui allait avec et ainsi de suite. J'ai rencontré des
16 gens, c'étaient des policiers que je connaissais. Ils travaillaient dans
17 notre poste de police, mais je ne me souviens plus qui c'étaient. Ils
18 m'ont dit de monter au premier étage et qu'il fallait prendre le couloir à
19 droite. C'était soit le premier ou le deuxième bureau où il fallait que
20 l'on se rende.
21 Donc, nous deux, nous avons mis en service cet émetteur radio. Au bout de
22 quelques jours, j'ai réussi aussi à engager quelques techniciens des PTT
23 qui donc relevaient de leur compétence, et on a remis en service la ligne
24 directe entre Omarska et notre poste de police; donc c'était une ligne
25 régulière des PTT. Je ne sais pas de quelle date nous parlons.
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1 Question: Y avait-il aussi une ligne télégraphique entre Omarska et
2 Prijedor?
3 Réponse: Non.
4 Question: Et la liaison entre le poste de police de Prijedor et Keraterm?
5 Etait-il nécessaire aussi d'établir une liaison similaire à celle que vous
6 venez de nous décrire?
7 Réponse: Oui, il n'y avait pas un appareil à modulation de fréquences. En
8 fait, la modulation de fréquences n'est pas tellement pratique puisque
9 tout le monde peut l'entendre. Mais étant donné que c'était une ville,
10 l'infrastructure était beaucoup plus développée, il y avait beaucoup plus
11 de lignes et nous avons pu mettre en place une ligne téléphonique. Je
12 pense que c'était bien la seule ligne qui ait existé là-bas.
13 Mais ils pouvaient se servir de petits émetteurs radio. Il s'agit des
14 émetteurs radio de petite taille qu'utilisent les policiers. Ils n'avaient
15 donc pas de postes radio fixes, d'émetteurs radio fixes.
16 Question: Et y avait-il une ligne similaire qui reliait le poste de police
17 de Prijedor au stade de football à Ljubija?
18 Réponse: Le stade à Ljubija? Je ne connais pas cet endroit-là. C'est un
19 terme qui m'est inconnu. En fait, s'il s'agissait bien d'un stade, qu'est-
20 ce que cela devait avoir à faire avec nous?
21 Question: Il s'agissait peut-être d'une unité tout à fait à part. Mais
22 est-ce qu'il y avait des collègues à vous qui étaient au poste au stade de
23 Ljubija?
24 Réponse: Il s'agit d'un domaine… Eh bien, nous avions une liaison que nous
25 avons héritée de l'époque précédente et il s'agissait d'une liaison
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1 téléphonique et d'une liaison radio situées au poste de police de Ljubija.
2 Je sais que, par la suite, des collègues à nous en avaient pris
3 possession… Après il s'agissait des collègues musulmans. Donc ils avaient
4 pris cela, puis les autres leur avaient repris, ce matériel. Mais je ne
5 vois pas dans quel contexte je pourrais situer ce stade, je n'en sais rien
6 en réalité. Je peux vous dire qu'il n'y avait pas d'autre liaison au poste
7 de police à Ljubija.
8 Question: Je vous remercie de cette réponse. Nous avons appris que le soir
9 du 29 avril 1992, vous remplissiez des documents pour écrire, pour émettre
10 de nouvelles pièces d'identité?
11 Réponse: C'est exact.
12 Question: Vous avez mentionné plusieurs noms et vous nous avez dit que
13 vous n'étiez pas en mesure d'observer ce qui se passait dans tout le
14 bâtiment. Mais, à un autre moment, à Cirkin Polje, et le même soir, avez-
15 vous rencontré l'une des personnes suivantes: Dusan Baltic?
16 Réponse: Je ne connais pas cette personne, ce n'était pas quelqu'un qui
17 travaillait au SUP. Ou bien, oui. Oui, ainsi, mais ce nom ne me dit rien.
18 Je connaissais presque tous mes collègues, du moins parmi… sauf ceux qui
19 étaient très jeunes. Mais Dusan Baltic n'y était pas en qualité
20 officielle.
21 Question: Et Nada Makovska?
22 Réponse: C'est quelqu'un que je connais bien. Elle était dactylographe au
23 sein de la police judiciaire. Il est vrai que je ne me suis pas déplacé
24 beaucoup ce soir-là, mais je ne me souviens pas d'avoir vu une seule
25 femme. Et je ne me souviens pas d'une seule femme, du moins pas parmi les
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1 personnes qui travaillaient au SUP. En tout cas, il est certain qu'elle ne
2 se trouvait pas dans la même pièce que moi.
3 Question: Donc il n'est pas nécessaire de vous poser la question si vous
4 avez vu une dame dénommée Nada Balaban?
5 Réponse: Vous pensez à la dame qui était professeur d'anglais, Mme
6 Balaban? Je ne sais pas si c'est à elle que vous pensez.
7 Question: Il s'agissait d'une personne qui, de temps à autre, servait
8 d'interprète. Peut-être que le prénom Nadja vous parle plus?
9 Réponse: Non, Nada. Je connais cette dame parce qu'elle donnait des cours
10 d'anglais à l'école maternelle où allait mon fils; c'était avant la
11 guerre. Mais je ne l'ai jamais vue, du moins dans notre service. Mais je
12 l'ai vue dans une cassette vidéo de la télévision allemande. Je l'ai vue
13 interpréter. Il y avait Simo Drljaca et des étrangers. J'ai vu cela donc
14 filmé mais pas en direct.
15 Question: Il y a encore un nom. Avez-vous rencontré à Cirkin Polje, M.
16 Milovan Dragic?
17 Réponse: Si j'ai vu Milovan Dragic? Si vous pensez à la personne qui était
18 ici avec moi… Mais, en fait, je dois vous dire que c'est la personne que
19 j'ai rencontrée pour la première fois ici à La Haye. Et j'étais très
20 embarrassé parce qu'il me semblait le connaître alors que je ne le
21 connaissais pas.
22 Question: Je vous remercie. Vous êtes très concret dans votre manière de
23 répondre à mes questions.
24 Je souhaite néanmoins revenir au soir du 29 avril. Si j'ai bien compris,
25 vous avez travaillé dans une seule pièce. Ce que je n'ai pas compris, en
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1 revanche, peut-être parce que je n'y ai pas prêté attention, mais vous
2 avez parlé de quelque 500 personnes.
3 Est-ce que c'était en même temps, avant ou après votre travail dans cette
4 pièce? Que s'est-il passé dans le bâtiment? A l'extérieur du bâtiment?
5 Réponse: J'en ai déjà parlé mais j'ai peut-être été trop long. J'ai
6 mentionné donc la réunion. Il y avait à peu près 500 personnes. Et cette
7 réunion a eu lieu dans notre salle de réunion. Il faut passer par le
8 bâtiment du SUP et traverser la cour.
9 Eh bien, j'ai parlé donc de cette réunion-là. La réunion a dû se terminer
10 vers 15 heures 30. Après, je suis rentré chez moi et, vers 8 heures du
11 soir, on m'a appelé. Donc il a fallu que je me rende à Cirkin Polje et
12 c'est à une distance de 3 kilomètres. Il était déjà 8 heures et demie ou 9
13 heures.
14 Au moment où j'y suis arrivé, il faisait déjà nuit. Et il n'y avait pas
15 beaucoup… enfin, le courant électrique était relativement faible. Donc on
16 ne pouvait pas voir très bien. Il y avait beaucoup de petites pièces dans
17 ce bâtiment et je me trouvais dans l'une de ces pièces. Il y avait
18 beaucoup de monde dans toutes les pièces et il y avait beaucoup de monde
19 autour du bâtiment même.
20 Question: Je m'excuse de vous interrompre, mais nous devons être très
21 brefs maintenant, puisque notre temps est limité. Puis-je vous demander
22 qui a présidé cette réunion de 500 personnes?
23 Réponse: Je vais vous répéter cela parce que je l'ai déjà dit. De gauche à
24 droite, il y avait Muhamed ou Muharem Cehajic. Ce dont je suis sûr, c'est
25 que c'était le président de la municipalité. Il était professeur et son
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1 nom de famille était Cehajic; ça je suis sûr.
2 Puis le Président du parti SDA: Mirza Mujadzic.
3 Puis au milieu, il y avait le chef de police: Hasan Talundzic.
4 A côté de lui, il y avait un prénommé Fikret qui était le commandant de la
5 police routière.
6 Puis il y avait Simo Miskovic.
7 Et, à la fin, Radovan Kecan qui était le procès verbaliste.
8 Question: Je vous remercie. Vous avez répondu de façon tout à fait précise
9 et cela nous aide beaucoup pour savoir comment les choses s'étaient
10 déroulées.
11 Encore une question qui concerne le document D6/1. Il s'agissait là d'un
12 télégramme urgent, très urgent. Est-il exact que, quand un télégramme
13 était très urgent, il fallait l'envoyer dans une période de quatre heures
14 et quand il s'agissait d'une dépêche urgente, il fallait l'envoyer dans un
15 temps de quatre heures?
16 Réponse: Quand il s'agissait d'une situation très urgente, il ne
17 s'agissait pas d'une période de quatre heures, urgent. C'était une période
18 de huit heures, quand il y avait quelque chose qui n'était pas très
19 urgent. Quand il y avait quelque chose de très urgent, un ordre impératif,
20 il faut l'émettre au bout de deux heures. Mais "très urgent", "very
21 urgent", c'étaient des questions qui relevaient d'une importance au niveau
22 de l'Etat et il fallait envoyer la dépêche, de quelque manière que ce
23 soit, immédiatement.
24 Question: Vous n'avez donc pas pu identifier le moment exact, voire la
25 minute à laquelle un tel document était reçu?
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1 Réponse: Je ne garde pas cela dans ma mémoire, mais dans le registre,
2 l'heure et la minute doivent être mentionnées et la personne qui avait
3 reçu la dépêche en question aurait dû le faire.
4 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.
5 (Questions au témoin, M. Milos Jankovic, par M. le Juge Vassylenko.)
6 M. Vassylenko (interprétation): Monsieur, une ou deux questions pour vous.
7 Pourriez-vous nous dire à quel moment vous avez reçu l'ordre de vous
8 rendre à Cirkin Polje? Et de la part de qui?
9 M. Jankovic (interprétation): Je l'ai déjà dit et je vais vous le répéter.
10 Tous les ordres, tous les appels qui arrivaient au moment où je ne me
11 trouvais pas à mon poste de travail et en dehors de mes heures de travail…
12 Mettons, si quelqu'un avait besoin de moi -en cas de panne, admettons-, il
13 devait toujours informer la personne qui était de service, le transmetteur
14 par exemple, le service qui avait un tour de garde de 24 heures. Et il
15 fallait que cette personne m'informe. Il devait toujours savoir où je me
16 trouvais: par exemple, même si je prenais un café avec mon voisin. Donc
17 dans le cas de situations extraordinaires, il devait m'appeler.
18 Des urgences du genre, eh bien, cela arrivait trois ou quatre fois par
19 semaine, et cela, sur une période de dix ans, avant la période dont nous
20 parlons ici. Donc je ne pourrais pas exactement vous dire qui m'avait
21 appelé.
22 Question: Quel type de réunion avait lieu à Cirkin Polje et qui se
23 trouvait à la réunion?
24 Réponse: Eh bien, ce n'était pas une réunion classique où tout le monde
25 est assis et quelqu'un s'adresse à nous. Dans la réunion, il y avait des
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1 personnes qui étaient actives dans notre… au sein de la police. C'étaient,
2 par exemple, les personnes qui dirigeaient telle ou telle section. Il se
3 trouve que, si je suis assis dans une pièce, j'écris quelque chose, je ne
4 vois pas tout, mais je peux entendre des choses.
5 Et à ma connaissance, cinq groupes ont été créés. Chaque groupe contenait
6 20 personnes. Est-ce qu'il s'agissait là des réservistes? Il y avait peut-
7 être même des militaires, je ne sais pas. Peut-être qu'ils étaient plus
8 nombreux. Beaucoup de gens portaient des uniformes. Tout le monde ne
9 portait pas les uniformes de la police. Les uniformes ne vous permettaient
10 pas toujours de déterminer s'il s'agissait d'un policier ou d'un soldat.
11 Il y avait donc 25 groupes et, à la tête de chaque groupe, il y avait des
12 personnes qui n'étaient pas particulièrement importantes pour que je doive
13 me souvenir d'elles.
14 Il y avait un groupe qui s'est rendu au SUP pour prendre le pouvoir. Il y
15 avait un groupe qui est allé à l'assemblée municipale, un qui s'est rendu
16 à la banque et l'autre qui s'est rendu à la poste.
17 Et au moment où ils ont… ils avaient pris le pouvoir, ils nous ont appelés
18 et je me suis rendu dans un véhicule au bâtiment du SUP. Et je crois qu'il
19 était déjà 7 heures, à peu près. Et après, les Musulmans sont arrivés.
20 Certains avaient accepté, au tout début, de continuer à travailler au sein
21 du service. Ceux qui voulaient rester sont restés et puis, les autres
22 devait rendre leur arme officielle et leurs papiers qui prouvaient qu'ils
23 étaient policiers. Il y avait au début des Musulmans qui avaient accepté
24 cela, mais après, leurs co-nationaux avaient effectué une pression sur eux
25 et ils avaient quitté la police. Il y avait quelqu'un qui travaillait au
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1 centre de communication, dénommé Sahoric, qui est peut-être resté pendant
2 encore un mois ou deux.
3 M. Vassylenko (interprétation): Je vous remercie. Je n'ai plus d'autre
4 question pour vous.
5 M. le Président (interprétation): Y a-t-il des questions supplémentaires
6 de la part de la défense?
7 M. Lukic (interprétation): Pardonnez-moi. Je suis désolé de vous
8 interrompre.
9 Le Juge Vassylenko… Le témoin a dit en page 120, ligne 8: "Toutes les fois
10 que mon supérieur hiérarchique ou quelqu'un d'autre m'appelait et ça n'est
11 que lorsque mon supérieur hiérarchique m'appelait". Je crois qu'il ne
12 s'agit pas seulement du supérieur hiérarchique parce que le supérieur
13 avait changé la nuit. Donc ça peut être quelqu'un d'autre.
14 Est-ce que le témoin peut clarifier, s'il vous plaît, ce point?
15 M. le Président (interprétation): Oui, je crois que c'est bien. Nous
16 allons… Je ne vois pas qu'il y ait d'autre question. Donc c'est à moi de
17 vous remercier encore une fois d'être venu à ce Tribunal pour nous
18 éclairer sur les événements que vous avez vécus en 1992.
19 Je vous souhaite un bon voyage et j'espère que vous rentrerez chez vous
20 sans difficulté. Merci beaucoup de votre aide.
21 Nous allons suspendre la séance jusqu'à demain matin 9 heures. Merci.
22 (L'audience est levée à 16 heures 45.)
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