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1 Le mercredi 21 mars 2012
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 08.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous dans cette
6 salle d'audience et autour de celle-ci.
7 Madame la Greffière, veuillez appeler l'affaire, je vous prie.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,
9 Mesdames les Juges.
10 Il s'agit de l'affaire IT-03-69-T, le Procureur contre Jovica
11 Stanisic et Franko Simatovic.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Madame la Greffière.
13 Avant de continuer l'audition de M. Browne, je souhaiterais passer très
14 brièvement à huis clos partiel.
15 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,
16 Monsieur le Président, Mesdames les Juges.
17 [Audience à huis clos partiel]
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3 [Audience publique]
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.
5 Hier, la pièce 1D5072 a été versée au dossier sous la cote D778. Mais il y
6 a eu une erreur car le même document avait déjà été versé au dossier sous
7 une cote provisoire qui se lisait comme suit : D443. Je ne parle pas ici
8 d'une comédie d'erreurs, mais ce que l'on avait demandé d'être versé au
9 dossier n'était pas le numéro que j'ai mentionné à l'instant, mais c'était
10 1D5472, et c'est le document qui aurait dû recevoir la cote D778, et c'est
11 ce document qui est versé au dossier sous cette cote. Et c'est en fait le
12 protocole qui a fait l'objet de discussion hier, c'est le protocole établi
13 par l'Institut "forensic" néerlandais et que le témoin devait suivre.
14 Cela dit, maintenant que tout ceci est au compte rendu d'audience, je
15 demanderais à ce que l'on fasse entrer le témoin dans le prétoire.
16 Monsieur Groome.
17 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je vais devoir demander
18 l'usage du rétroprojecteur, alors je voulais simplement aviser la greffière
19 d'audience et le directeur en cabine audiovisuelle. Je ne sais pas si ceci
20 pourrait être déjà préparé à l'avance.
21 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
22 [Le témoin vient à la barre]
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Browne. Veuillez vous
24 asseoir.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames les
26 Juges. Je vous remercie.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, je voudrais vous
28 rappeler que vous êtes encore tenu par la déclaration solennelle que vous
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1 avez prononcée hier au début de votre témoignage. Et M. Groome poursuivra
2 son contre-interrogatoire aujourd'hui.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
4 M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
5 LE TÉMOIN : DAVID BROWNE [Reprise]
6 [Le témoin répond par l'interprète]
7 Contre-interrogatoire par M. Groome : [Suite]
8 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Browne.
9 R. Bonjour, Monsieur.
10 Q. Hier, vous avez commencé à énumérer sur une liste des pages qui ne
11 correspondaient pas et qui étaient également complètement dissociées du
12 carnet numéro 16. Est-ce que vous avez eu l'occasion d'approfondir cette
13 liste ?
14 R. Oui, j'ai fait mes devoirs hier soir.
15 Q. Très bien. Je demanderais maintenant à M. l'Huissier de bien vouloir
16 nous préparer le rétroprojecteur afin que nous puissions voir le résultat
17 du travail de notre témoin.
18 Et pendant que ceci est fait, j'aimerais vous poser une question technique,
19 à savoir combien de feuilles est-ce que cette information comporte ?
20 R. Pardon ? En fait, je ne comprends pas très bien.
21 Q. La liste que vous avez rédigée, elle est sur combien de feuilles ?
22 R. Non, ce sont des notes que j'ai prises. Je vais vous montrer les notes
23 que j'ai prises et qui sont dans le MFI.
24 M. GROOME : [interprétation] On pourrait peut-être zoomer…
25 Q. Alors, là, vous voyez sur le rétroprojecteur deux feuilles de papier,
26 nous voyons des notes en encre noire et encre rouge.
27 R. Non. C'est du crayon à plomb avec l'encre rouge.
28 Q. Très bien. Alors, s'agissant des pages qui étaient détachées du carnet
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1 numéro 16, c'est toutes ces pages qui sont contenues sur ces deux feuilles
2 ?
3 R. Oui.
4 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je ne vais pas en
5 donner lecture, mais je demanderais que ces deux pages soient versées au
6 dossier afin que nous puissions en avoir tous accès plus tard.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'un point de vue technique, est-ce que
8 ceci sera copié du rétroprojecteur ou est-ce que nous allons demander au
9 témoin de nous fournir l'original ?
10 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, étant donné qu'il
11 s'agit du document original, je demanderais le versement au dossier de
12 l'original, en fait, si M. Browne est d'accord.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors j'aurais besoin d'une copie avant de
14 quitter le Tribunal.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Voilà. Justement, c'est le genre de
16 questions que je voulais soulever. Alors, est-ce que vous seriez d'accord
17 pour remettre ces deux feuilles à M. l'Huissier, il en fera une copie ? Et
18 étant donné que vous avez fait des annotations en couleur, j'imagine que
19 vous aimeriez avoir également une photocopie en couleur.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, préférablement.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je n'ai pas d'objection autrement.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est très bien. Et l'original sera
24 entre les mains du Greffe, si cela ne vous dérange pas. Et nous pourrions
25 aussi réfléchir sur l'utilité de l'original. On pourrait peut-être procéder
26 à un scan et rendre l'original à M. Browne, car l'original en soi n'est pas
27 réellement nécessaire. Une photocopie sera aussi utile.
28 M. GROOME : [interprétation] Oui, vous avez tout à fait raison, Monsieur le
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1 Président. Je voulais simplement vérifier -- enfin, c'était par mesure de
2 protection, parce que j'avais peur qu'en fait la copie scannée ne soit pas
3 suffisamment claire.
4 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
5 M. GROOME : [aucune interprétation]
6 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
7 M. GROOME : [interprétation]
8 Q. Juste pour que tout soit clair : est-ce qu'il y a quelque chose qui se
9 trouve à l'extérieur de ces pages et qui --
10 L'INTERPRÈTE : Inaudible.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
12 M. GROOME : [interprétation]
13 Q. Et pourriez-vous nous montrer l'endos. Très bien. Merci. Quelle est
14 l'importance du texte écrit au crayon à plomb et quelle est l'importance
15 des annotations en rouge ?
16 R. D'après le protocole -- attendez. Un instant, s'il vous plaît, je dois
17 me concentrer. Voilà, le protocole exigeait que ces règlements soient
18 suivis au cours de l'examen. Aucune objection, bien sûr, mais cela voulait
19 dire que je ne pouvais pas emmener mon propre carnet. Donc, si j'avais eu
20 accès à mes notes dans une autre pièce, cela aurait voulu dire qu'il aurait
21 fallu que je me déplace et que je change de lunettes, et cetera. Et donc,
22 le seul matériel que j'avais était un crayon à plomb qui était nettoyé de
23 façon stérile entre chaque. Donc nous avions une feuille stérile qui me
24 permettait d'écrire. Donc je prenais une feuille stérile à chaque fois que
25 je ressentais le besoin d'écrire des notes et je les écrivais au crayon à
26 plomb. Parce qu'en réalité, c'était réellement une grande feuille de
27 papier, et donc je les ai coupées afin que je puisse simplement les insérer
28 dans le dossier. C'est la raison de leur apparence.
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1 Q. Et le rouge ?
2 R. C'est simplement après avoir écrit au crayon à plomb, je suis passé
3 par-dessus pour voir si j'avais raison, donc c'est pour vérifier.
4 Q. Donc vous avez enregistré des notes sur des feuilles séparées que vous
5 avez ensuite insérées dans votre carnet de travail.
6 R. Oui, tout à fait.
7 Q. Un instant, s'il vous plaît. Ménagez des pauses.
8 Ce sont des questions très brèves. Il y a une expérience [comme interprété]
9 très logique pour expliquer la raison pour laquelle vous aviez des feuilles
10 séparées et par la suite vous les avez insérées dans votre carnet de note ?
11 R. Oui. Différentes fonctions. Je prenais une feuille propre et j'écrivais
12 des notes. Des fois, quand il y avait des pauses - parce que nous prenions
13 des pauses, bien sûr, comme le fait le Tribunal - juste avant de quitter la
14 pièce, nous devions tout nettoyer, remettre le tout dans leur boîte, nous
15 assurer que le tout est placé en sécurité là, et par la suite nous
16 revenions.
17 Q. Oui. Très bien, je comprends. Mais le fait qu'il y ait eu des feuilles
18 séparées ne veut pas dire qu'elles n'étaient pas authentiques, et il n'y a
19 aucun élément de preuve nous permettant de croire qu'il s'agissait d'une
20 fraude. Et, en fait, c'est la seule façon dont vous pouviez procéder eu
21 égard aux circonstances dans lesquelles vous vous êtes trouvé, n'est-ce pas
22 ?
23 R. Oui, tout à fait.
24 M. GROOME : [interprétation] Je n'ai plus besoin de ce document, Monsieur
25 le Président.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors j'aimerais inviter M.
27 Browne à fournir les documents à M. l'Huissier afin que ce dernier puisse
28 les remettre à Mme la Greffière qui, par la suite --
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1 Madame la Greffière, j'imagine que vous serez en mesure de faire des copies
2 couleur avant la fin de l'audition de M. Browne, n'est-ce pas ?
3 Une fois que ceci est fait, Monsieur Groome, vous êtes la personne
4 responsable de les charger dans le prétoire électronique, n'est-ce pas ?
5 M. GROOME : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, le numéro qui est
7 réservé n'est pas encore chargé dans le système électronique, et quel sera
8 le numéro de réserve ?
9 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira du numéro P3110, Monsieur le
10 Président, Mesdames les Juges. C'est un numéro qui a été réservé pour ce
11 document.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors, y a-t-il des
13 objections pour ce qui est de la -- à savoir si vous souhaitez --je vous
14 regarde, Monsieur Jordash, c'est à vous que je m'adresse. Est-ce que vous
15 aurez quelque problème ? Est-ce que vous y voyez un inconvénient à ce que
16 le contenu figure en exemplaire copie, que nous ne gardions pas les
17 originaux ?
18 M. JORDASH : [interprétation] Non, aucun problème, Monsieur le Président.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.
20 Alors, je propose, Monsieur Groome, que nous travaillons avec les
21 exemplaires copiés, et M. Browne pourra garder les originaux, et vous allez
22 pouvoir les conserver, Monsieur Browne.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Très bien. Merci. Bien sûr.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors, une fois que ces
25 documents seront chargés dans le prétoire électronique, ils seront versés
26 au dossier sous la cote P3110.
27 Vous pouvez poursuivre, Monsieur Groome.
28 M. GROOME : [interprétation] Merci.
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1 Q. J'aimerais que l'on revienne à ESDA, parce qu'on en a parlé hier, et
2 donc ma question est simplement la suivante : est-ce que les empreintes
3 qu'une machine ESDA enregistrait pouvaient se détériorer au fil du temps ?
4 En d'autres mots, si vous étiez en mesure d'utiliser la machine ESDA
5 maintenant, est-ce que vous seriez toujours en mesure d'enregistrer et de
6 voir les empreintes dans le livre qui vous intéresse ?
7 R. C'est une question réellement très large, mais c'est pas difficile de
8 répondre à cette question, bien sûr. Mais cela dépend, bien sûr, de la
9 façon dont les documents étaient conservés et le traitement qu'on leur a
10 accordé. Si, par exemple - et je parle de façon générale et pas de ce cas-
11 ci - si, par exemple, des pages ont passé sous l'eau, ont été mouillées, le
12 processus ESDA ne fonctionnerait pas. C'est donc pour cette raison que,
13 bien sûr, par exemple, les pages qui ont fait l'objet d'une analyse
14 d'empreintes digitales ne peuvent pas être traitées par ESDA parce que,
15 bien sûr, à ce moment-là --
16 Q. Si je vous disais que personne n'a touché ces carnets depuis que vous
17 les avez touchés, il n'y a pas eu de dégâts d'eau non plus et n'ont pas été
18 mouillés, et donc qu'est-ce que vous diriez à ce moment-là ?
19 R. S'il n'y a pas d'empreintes dans ces pages, à ce moment-là la machine
20 pourrait révéler ceci.
21 Q. Donc, c'était pour examiner s'il y avait des anomalies.
22 R. Oui, je voulais savoir si on était en mesure de révéler des anomalies.
23 Q. Combien de livres avez-vous passé en revue lors de ce premier examen ?
24 R. Un instant, s'il vous plaît. Je l'ai quelque part dans mon rapport.
25 J'ai passé en revue 14, 16, 19, 22 et 23, les 1er et 2 mars à l'Institut
26 néerlandais "forensic", en la présence de l'enquêteur Erin Gallagher.
27 Q. Et c'était quand ?
28 R. C'était le 22 [comme interprété] mars 2012 [comme interprété].
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1 Q. Et la conclusion que l'on y retrouve, à savoir qu'aucune fiabilité ne
2 peut être placée, qu'on ne peut accorder aucune fiabilité à ces livres,
3 hier vous avez dit qu'en réalité il s'agirait d'une fiabilité relative.
4 Alors, vous n'êtes pas parvenu à cette conclusion vous-même, après votre
5 examen au mois de mars 2011 ?
6 R. Non. Parce qu'en réalité les carnets semblaient comporter des
7 anomalies, car dans certains cas il y en avait plusieurs. Si vous vous
8 souvenez, Monsieur Groome, s'agissant de la lettre de M. Jones, de façon
9 isolée il n'est pas possible d'arriver à une conclusion car il nous faut
10 des éléments de référence. J'avais, toutefois, 20 autres carnets pour
11 pouvoir comparer. C'est la raison pour laquelle je demandais de comparer
12 les livres, d'examiner tous les livres, pour voir quelle est la norme,
13 d'une certaine façon.
14 Q. Monsieur Browne, il serait peut-être plus facile si vous pouviez
15 répondre à mes questions de façon très précise, et si nous avons besoin
16 d'autres éléments d'information, moi-même ou Me Jordash vous poserons plus
17 de questions pour obtenir plus de détails. Je n'essaie pas de vous couper,
18 de couper votre parole, mais j'essaie simplement d'obtenir le plus
19 d'information possible.
20 Alors, est-ce que vous vous êtes servi de la machine VSC 6000 ?
21 R. Non. Il y avait une lumière ultraviolette, mais le VSC n'était pas
22 disponible à l'époque.
23 Q. Et est-ce qu'à cette étape-ci --
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. M. Groome
25 vous a demandé de vous concentrer sur la question qu'il vous pose. Alors,
26 votre réponse est simplement "non", n'est-ce pas ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez commencé à fournir une
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1 explication. M. Groome vous demandera peut-être ultérieurement des
2 compléments d'information, mais veuillez, je vous prie, vous en tenir qu'à
3 des réponses courtes.
4 Veuillez poursuivre, Monsieur Groome.
5 M. GROOME : [interprétation]
6 Q. Après un examen initial, est-ce que vous êtes forgé une opinion sur si
7 les carnets étaient le produit d'une déception, d'un faux ?
8 R. Je n'ai pas pu parvenir à cette conclusion.
9 Q. Et vous êtes arrivé à cette conclusion seulement après avoir examiné
10 plus de carnets en octobre et en novembre 2011 ?
11 R. Oui.
12 Q. Monsieur Browne, je vais maintenant vous poser des questions sur vos
13 observations et les conclusions sur des carnets spécifiques, et par la
14 suite je vais vous poser des questions relatives à vos conclusions
15 générales. Est-ce que vous me suivez ?
16 R. Oui, tout à fait.
17 Q. Je vous ai demandé que l'on vous remette un exemplaire d'un tableau
18 hier qui a été chargé dans le prétoire électronique sous le numéro 65 ter
19 6438. Ce tableau résume les conclusions auxquelles vous êtes parvenu
20 concernant les carnets individuels que vous avez passés en revue. Est-ce
21 que vous avez eu l'occasion de passer en revue ce tableau ?
22 R. Oui.
23 Q. Et est-ce que ce tableau résume de façon précise vos conclusions
24 concernant les carnets que vous avez examinés ?
25 R. Oui. Je crois que oui.
26 Q. Et ce n'est qu'en anglais. Je vous demanderais de regarder l'écran qui
27 se trouve à votre gauche. Est-ce que vous voyez le tableau ?
28 R. Oui.
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1 Q. Lorsque j'ai étudié votre rapport, je pouvais voir que vos conclusions
2 portaient sur les carnets individuels, mais il y avait grosso modo cinq
3 catégories. Et j'aimerais passer en revue chacune de ces catégories.
4 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je
5 demanderais le versement au dossier du document 65 ter 6438 en tant que
6 pièce démonstrative, qui n'a pas du tout de valeur en soit, mais elle
7 résume, en fait, les propos.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, tout à fait. Je n'ai aucune
9 objection. Je ne vois pas d'objection non plus de la part des conseils de
10 la Défense.
11 Madame la Greffière.
12 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 6438 sera versé au dossier
13 sous la cote P3111, Monsieur le Président, Mesdames les Juges.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Versé au dossier. Poursuivez,
15 je vous prie.
16 M. GROOME : [interprétation]
17 Q. Il y a donc neuf livres que vous acceptez comme étant des documents
18 écrits par Mladic. Vous n'avez pas du tout décelé d'anomalies, n'est-ce pas
19 ?
20 R. Non.
21 Q. Dans votre rapport, vous vous référez à ces carnets comme étant des
22 carnets portant les numéros 2, 5, 9, 10, 11, 13, 14 et 23.
23 R. Vous avez oublié le 12.
24 Q. Je suis désolé. Et donc, à cette liste s'ajoute également le carnet
25 numéro 12.
26 R. Oui.
27 Q. Donc, pour ces neuf carnets, vous êtes d'accord pour affirmer qu'ils
28 ont bel et bien été rédigés par Mladic, et vous n'avez pas décelé
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1 d'anomalies du tout ?
2 R. Oui, c'est tout à fait juste.
3 Q. Monsieur Browne, vous êtes un témoin expert, et donc j'ai le droit de
4 vous poser les questions hypothétiques, et je voudrais maintenant me livrer
5 à cet exercice. Imaginez maintenant que les seuls carnets que l'on vous a
6 demandé d'examiner sont ces neuf carnets-là. Aucun autre carnet que ces
7 carnets-là. Donc, si l'on vous avait demandé d'examiner ces neuf carnets
8 sur la base de votre acceptation de l'écriture, en fait qu'il s'agit de
9 l'écriture de M. Mladic, et sur la base des anomalies, qu'elle aurait été
10 la conclusion que vous auriez écrite dans votre rapport ?
11 R. Je n'aurais pas du tout décelé d'anomalies. Donc, je n'aurais pas
12 indiqué qu'il y avait une mise en scène.
13 Q. S'agissant du carnet numéro 9, vous dites spécifiquement que vos
14 résultats et votre examen, en utilisation -- l'éclairage ultraviolet et
15 infrarouge était présent, et vous n'avez pas du tout décelé d'anomalies à
16 la suite de l'utilisation de ces techniques ?
17 R. Oui, c'est tout à fait juste.
18 Q. Très bien. Vous n'êtes pas tenu de donner d'autres compléments
19 d'information. Vous voulez vérifier quelque chose ?
20 R. Oui, oui. Je voulais simplement dire qu'il n'y avait aucune erreur
21 décelée, aucune anomalie qui me porterait à croire qu'il y avait eu un
22 problème.
23 Q. Maintenant, il y a une deuxième catégorie. Un recueil de dix carnets
24 qui, d'après vous, avait des pages qui avaient été arrachées, et outre les
25 pages manquantes de ce recueil de dix carnets, vous n'avez pas trouvé
26 d'autres anomalies significatives non plus ?
27 R. Oui, c'est tout à fait juste.
28 Q. Et il s'agissait des carnets 3, 4, 6, 7, 8, 18, 20, 21, 22 et 24; est-
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1 ce exact ?
2 R. Oui, c'est tout à fait exact.
3 Q. Dans certains cas, vous avez été en mesure de conclure que rien n'avait
4 été écrit sur ces pages.
5 R. Rien que l'on pouvait voir.
6 Q. Donc, par exemple, s'agissant du carnet 8, vous écrivez au paragraphe
7 38 de votre rapport, je cite :
8 "Il n'y a absolument aucun élément de preuve me permettant de voir qu'il y
9 avait des empreintes sur les pages manquantes, et l'on pourrait conclure
10 que ces pages avaient été retirées du livre alors qu'elles étaient des
11 pages blanches".
12 Est-ce que c'est exact ?
13 R. Oui.
14 Q. Donc, par exemple, que pensez-vous de cette situation hypothétique ? Il
15 y a une réunion, l'un des collègues de M. Mladic dit : "Est-ce que vous
16 pourriez me donner une page ? J'ai oublié mon carnet". Qu'en pensez-vous ?
17 R. Oui. Ou peut-être lui-même avait besoin d'écrire quelque chose sur une
18 feuille volante alors. Bien sûr, il ne s'agit que de conjectures, mais je
19 ne vois rien d'extraordinaire, de frauduleux, dans cette approche.
20 Q. S'agissant des carnets 4, 6, 7, 21, 22, vous avez relevé qu'une page
21 seule avait été déchirée; est-ce exact ?
22 R. Oui.
23 Q. Pour le carnet 24, vous avez relevé trois pages déchirées.
24 R. Oui.
25 Q. Lorsque vous vous êtes penché sur l'examen des pages arrachées, avez-
26 vous pu conclure qu'il y a eu un effort particulier qui avait été fait pour
27 être une déception ? Est-ce que quelqu'un aurait simplement déchiré une
28 page d'un livre parce que quelqu'un avait besoin d'une page volante, ou
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1 est-ce que ces pages auraient pu être déchirées pour cacher quelque chose ?
2 R. Les pages n'avaient pas été coupées. Elles avaient été simplement
3 déchirées, retirées. Il n'y avait pas non plus de tentative apparente de
4 cacher quelque chose, de dissimuler quelque chose.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, si vous me le
6 permettez, étant donné que l'on parle déjà de ce sujet que vous avez
7 abordé, le paragraphe 38 du rapport.
8 Vous avez réitéré dans votre déposition également et vous l'avez dit dans
9 votre rapport qu'il n'y avait aucun élément de preuve qu'il y avait quelque
10 empreinte que ce soit des pages manquantes et vous ajoutez pour dire que
11 "les pages avaient été retirées vierges, blanches". Qu'est-ce que vous
12 voulez dire par là ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà, Monsieur le Président. Si, par exemple
14 -- un instant. Je vais vous faire une démonstration. Si la première page de
15 ce carnet sur lequel j'ai écrit avait été enlevée, retirée, déchirée, et si
16 par la suite j'examine la page qui se trouve en dessous, si je trouve des
17 empreintes ici, à ce moment-là je pourrais conclure que quelque chose avait
18 été écrit sur la page qui avait été déchirée.
19 A moins que les empreintes aient pu venir d'ailleurs, si de façon
20 satisfaisante établir que les empreintes avaient été vues, que les
21 empreintes décelées pouvaient parvenir d'ailleurs parce qu'on a écrit
22 ailleurs dans le livre.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Voilà, justement cela m'amène à
24 vous poser la question suivante pour dire qu'il n'y a aucun élément
25 confirmant qu'il y avait une empreinte sur les pages manquantes, et donc
26 vous dites qu'il n'y a aucun élément de preuve me permettant de conclure
27 qu'il y avait quelque chose qui avait été écrit sur les pages manquantes.
28 Mais nous ne savons pas si les pages avaient été retirées vierges.
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1 Soit que quelqu'un a écrit quelque chose et qu'il n'y a pas eu
2 d'empreintes, vous nous avez expliquez hier que, par exemple, si l'on écrit
3 au plomb, cela ne laisse pas d'empreinte. Votre conclusion que cette page
4 avait été retirée vierge, cette conclusion est basée sur la présomption que
5 s'il y avait eu une écriture, l'écriture aurait été telle qu'elle aurait
6 laissé des empreintes, car nous ne le savons pas. Nous ne savons pas si les
7 pages avaient été retirées vierges ou pas. Est-ce que vous seriez d'accord
8 avec moi ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Mais vous savez, la majeure partie des
10 carnets ont été écrits au stylo. Et donc normalement le stylo laisse
11 toujours des empreintes. Et nous nous sommes servis seulement que de
12 l'éclairage oblique, si vous vous souvenez, et nous n'avons pas vu
13 d'empreintes sur les pages. Enfin, nous n'avons vu aucune empreinte
14 inexpliquée.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais en fait, vous n'avez pas pu non
16 plus constater le contraire, qu'on avait écrit quelque chose sur les pages
17 retirées.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc c'est la conclusion qu'il faut
20 tirer. On ne peut pas conclure que ces pages avaient été vierges tout
21 simplement parce qu'on n'a pas pu constater des empreintes sur les pages
22 complémentaires, comme vous l'avez fait. Donc, tout ce qu'on peut dire,
23 c'est qu'il est impossible de conclure si on avait écrit quelque chose sur
24 ces pages retirées ou si on n'avait rien écrit sur elles.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'accepte, je l'admets.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes d'accord avec moi, donc ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur Groome.
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1 M. GROOME : [interprétation]
2 Q. Ma question serait un peu différente : lors de votre examen de ce
3 carnet, avez-vous pu trouver des preuves démontrant que des papiers ont été
4 ajoutés au carnet, insérés dans les carnets ?
5 R. Non. Je n'ai pas pu trouver de traces semblables.
6 Q. Donc, d'après ce que vous avez pu établir, personne n'a jamais essayé
7 de rajouter des pages aux carnets originaux ?
8 R. Non, il n'y a pas eu de preuve à cet effet.
9 Q. Dans la conclusion de votre rapport, vous dites, et je cite :
10 "La quantité de carnets existants montre à quel point il serait facile de
11 réécrire des éléments dans un nouveau carnet, d'en déchirer des pages et
12 puis de les rajouter dans un autre carnet".
13 Puisque vous n'avez jamais pu relever des preuves démontrant que ceci s'est
14 effectivement passé, dans votre conclusion, vous dites simplement que cela
15 aurait pu se produire, mais vous ne dites pas que vous êtes en mesure de
16 démontrer que cela s'est effectivement produit ?
17 R. En effet.
18 Q. Les carnets 3, 21 et 24 font partie de cette même catégorie. Pour ces
19 carnets, vous n'avez pas indiqué si, lors de votre examen par méthode de
20 rayonnement infrarouge ou ultraviolet, vous avez pu constater quoi que ce
21 soit. Donc puisque vous n'avez rien relevé, faut-il en conclure que l'usage
22 de ces méthodes ne vous a pas permis de déceler des anomalies dans ces
23 carnets-là ?
24 R. Un instant, s'il vous plaît, avant de le confirmer.
25 Oui, vous avez raison.
26 Q. Par ailleurs, le dernier carnet que vous avez étudié, et c'est le
27 carnet que vous citez comme le carnet numéro 24, et que vous décrivez dans
28 les paragraphes 78 et 79 de votre livre, vous n'avez tout simplement avancé
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1 une conclusion quant à l'existence des anomalies dans ce carnet. Donc avez-
2 vous repéré des anomalies dans ce carnet particulier, le carnet numéro 24 ?
3 R. C'est un carnet à part puisqu'il se présente sous la forme d'un bloc-
4 notes, et c'est la seule anomalie que j'ai relevée. Il s'agit d'un bloc-
5 notes très mince. Apparemment, trois pages ont été arrachées de ce bloc-
6 notes. Une page l'a certainement été et c'est tout ce qui a à dire, en
7 fait. Dans ce bloc-notes, il n'y a qu'une seule entrée qui ne porte pas de
8 date. Donc ce qui est écrit dans ce bloc-notes a été rédigé à une seule
9 fois, et c'est tout.
10 Q. Passons à la catégorie 3 répertoriée dans ma liste, dans mon tableau.
11 Passons à la page suivante du tableau.
12 J'aimerais passer aux carnets dans lesquels vous avez relevé des
13 anomalies. De trois types, d'après ce que j'ai pu établir. Une première
14 catégorie est formée par un groupe de quatre carnets qui, d'après vous, ont
15 été faits au même moment que d'autres entrées ont été rédigées dans
16 d'autres carnets.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, s'il vous plaît, parce
18 que sinon il va falloir revenir sur la question des carnets particuliers et
19 ajouter une ou deux questions quant à cette dernière catégorie qui a été
20 citée, notamment le carnet 24.
21 Vous dites, Monsieur le Témoin, dans votre rapport :
22 "D'après moi, ce bloc-notes devait être composé d'une trentaine de
23 pages; par conséquent, trois pages ont été arrachées."
24 Mais qu'est-ce qui vous permet de conclure, Monsieur le Témoin, que
25 ce bloc-notes comptait 30 pages plutôt que 32 ou 28 ou 34 ? Donc, si vous
26 avez des raisons pour affirmer que le bloc-notes comptait 30 pages,
27 j'aimerais savoir ce qu'elles sont, puisque je ne vois pas comment vous
28 avez pu l'établir de façon scientifique.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agit
2 ici d'un bloc-notes utilisé généralement par les journalistes et qui
3 comporte une reliure en spirale métallique. En fait, la spirale est
4 rattachée par le biais d'une couture à petits points. Donc les
5 performations dans le papier sont très resserrées. De façon générale, il
6 est bizarre d'avoir 27 pages dans un bloc-notes de ce type. D'après mon
7 expérience, et j'ai vu énormément de bloc-notes de ce type, généralement
8 les chiffres sont plus réguliers.
9 Nous avons des preuves démontrant comment une page a été arrachée,
10 donc cela donne 28 pages au total. Ceci est également un nombre assez
11 inhabituel de pages. Donc je me serais attendu qu'un bloc-notes compte
12 plutôt un chiffre rond, par exemple, 30 pages. Je ne pense pas que la
13 reliure en spirale aurait permis de relier plus que 30 pages, et c'est
14 ainsi que je suis arrivé à la conclusion que le bloc-notes comptait 30
15 pages fort probablement.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous dites donc que vos
17 observations sont basées sur votre expérience générale. Vous n'avez pas de
18 données statistiques pour étayer votre hypothèse.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas de données
21 statistiques confirmant que de façon générale ce type de bloc-notes
22 comporte 30 pages plutôt que 32 ou 34. Donc, faut-il en conclure qu'en fait
23 votre conclusion n'est pas très ferme, même si vous êtes plus ou moins
24 certain que le bloc-notes ne pouvait pas compter beaucoup plus que 30 pages
25 ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pense pas que ceci ait été le cas.
27 Je n'ai jamais vu un bloc-notes avec une spirale aussi petite qui aurait
28 relié un nombre important de pages. Mais ce format particulier de ce bloc-
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1 notes est, pour moi, quelque chose de très nouveau.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc il est difficile pour vous de
3 procéder à des comparaisons --
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Ah, désolé, nos voix se chevauchent.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
6 Vous pouvez poursuivre.
7 M. GROOME : [interprétation]
8 Q. Monsieur Browne, j'ai examiné aussi ce que nous avons au niveau des
9 blocs-notes en venant au Tribunal.
10 R. Oui. D'autres types de blocs-notes peuvent exister. Mais cette spirale
11 est effectivement très, très petite.
12 Q. Donc vous avez pu voir des blocs-notes différents ?
13 R. Eh bien, différents par rapport au carnet 24.
14 Q. Et vous dites que les carnets, de façon générale, comportent un nombre
15 rond de pages, par exemple, une centaine de pages.
16 R. En effet.
17 Q. J'aimerais essayer de vous demander de déterminer combien de pages
18 comptait le carnet relié en spirale que vous avez examiné, est-ce que vous
19 avez demandé qu'on vous fournisse la traduction de ce qui était écrit sur
20 la couverture pour pouvoir établir quel était le nombre de pages au départ
21 ?
22 R. Non.
23 Q. Maintenant, j'aimerais que nous revenions à la troisième catégorie de
24 carnets, les carnets qui ont été utilisés parallèlement avec d'autres
25 carnets, et vous en avez cité quatre, n'est-ce pas ?
26 R. Oui.
27 Q. Ce sont les carnets 15, 17, 21, 22, n'est-ce pas ?
28 R. Oui.
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1 Q. Nous en avons parlé hier, ce n'est pas la peine de se pencher de
2 nouveau sur cette question aujourd'hui. J'aimerais toutefois que nous nous
3 penchions sur une page dans un carnet particulier.
4 M. GROOME : [interprétation] Il s'agit de la pièce P394. J'aimerais qu'elle
5 soit affichée à l'écran. Et si vous pouvez passer à la page 20 de
6 l'original, qui correspond à la page 15 en anglais.
7 Q. Monsieur Browne, je vais vous montrer une entrée dans ce carnet, le
8 carnet numéro 24 [comme interprété], du 30 juin 1995.
9 Alors, ce qui vous pose problème au niveau de ces livres, c'est le fait que
10 les entrées dans ce carnet ont été faites au même moment qu'on a fait des
11 entrées dans un autre carnet en parallèle. Alors j'aimerais que vous vous
12 concentriez sur la page 20 du carnet original. Et ma question sera tout
13 simplement la suivante : avez-vous remarqué quoi que ce soit de particulier
14 sur ces pages qui vous fait penser qu'il s'agit d'une contrefaçon ?
15 R. De quoi parlez-vous exactement ? Excusez-moi. Il s'agit du carnet 21.
16 J'étais en train d'examiner une autre entrée. Excusez-moi. Donc c'est de
17 cette page-là qu'il s'agit ?
18 Q. Oui. Donc j'aimerais que vous vous concentriez sur cette page en
19 particulier. Donc elle est tirée d'un carnet qui est utilisé en parallèle
20 avec un autre carnet.
21 R. Hm-hm.
22 Q. Est-ce que vous avez pu relever quoi que ce soit de particulier sur
23 cette page après avoir appliqué toutes les méthodes d'expertise
24 scientifique et tous les différents instruments dont vous vous êtes servi,
25 avez-vous pu relever quoi que ce soit qui vous fait penser qu'il y a eu
26 comportement frauduleux au niveau de ce carnet ?
27 R. Eh bien, il y a une page qui manque.
28 Q. Eh bien --
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1 R. Nous en avons déjà parlé hier. Cela, je l'ai déjà consigné dans mon
2 rapport. Mais cela n'a pas eu d'impact sur mon examen puisque c'était la
3 page d'après, en fait, qui m'intéressait tout particulièrement. Sur cette
4 page concrète que vous me présentez en ce moment, il existe une
5 modification qui a été apportée, que j'ai déjà relevée hier, mais en nous
6 servant du rayonnement infrarouge, je n'ai pas pu constater que ces
7 modifications aient été apportées en se servant d'un stylo à l'encre
8 différente. Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire.
9 Q. Donc, si quelqu'un a apporté des modifications à cette page, ce qui a
10 été rayé en bas de la page, si la chose avait été faite à un moment
11 différent par rapport au moment où l'entrée originale a été faite, la
12 personne qui a apporté la modification aurait dû se souvenir qu'il fallait
13 utiliser le même stylo qui avait été utilisé la première fois ?
14 R. Le même type de stylo ou le même type d'encre. C'est la composition
15 chimique de l'encre, en fait, qui compte.
16 Q. Très bien.
17 M. GROOME : [interprétation] Je n'aurai plus besoin de cette pièce à
18 conviction.
19 Q. Dans la quatrième catégorie de carnets étudiée dans votre rapport, on
20 relève les carnets où le texte a fait l'objet de modifications. Et dans
21 cette catégorie, nous retrouvons le carnet numéro 19. Vous avez constaté
22 qu'à la page 1 429, une entrée concerne la réunion du 7 octobre 1994, de 11
23 heures 20 à 13 heures 20, n'est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Avez-vous des raisons de croire -- est-ce que cette page pose problème,
26 mis à part le fait que les heures du rendez-vous ont été modifiées ?
27 R. Non. Ça ne pose pas problème puisqu'on s'est servi du même stylo.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous voulez dire, du même type d'encre ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait, vous avez raison. Excusez-moi.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.
3 M. GROOME : [interprétation]
4 Q. Alors, passons à la dernière catégorie qui concerne le carnet numéro
5 16, et c'est le carnet qui, d'après vous, a subi des dégradations
6 importantes, n'est-ce pas ?
7 R. Tout à fait.
8 Q. Alors, avant de passer au carnet numéro 16, je vais vous poser une
9 question hypothétique : si vous aviez tous ces livres sans examiner le
10 carnet numéro 16, quelle aurait été la conclusion avancée dans votre
11 rapport ?
12 R. Le rapport aurait été plutôt neutre, à vrai dire. Il y a des entrées
13 qui m'ont posé problème parce qu'elles étaient différentes par rapport à ce
14 qui représentait la norme dans les autres carnets qui ont fait l'objet de
15 mon examen mais dont je me servais pour procéder à des comparaisons, mais
16 je n'y ai trouvé que très peu d'anomalies.
17 Q. Hier, vous avez dit que votre conclusion, c'est qu'on ne peut se fier à
18 ce carnet que dans une mesure limitée. Alors, puis-je vous demander de
19 reformuler cette phrase. Aurait-elle été différente si vous aviez examiné
20 tous les carnets, mis à part le carnet numéro 16 ?
21 R. Si je n'avais pas examiné le carnet numéro 16, j'aurais quand même
22 relevé des problèmes de continuité au niveau de ces carnets différents. Il
23 y a quand même quelques anomalies possibles qui peuvent être relevées. Mais
24 en fait, il n'y a pas de preuve définitive de comportement frauduleux.
25 Q. J'aimerais maintenant attirer votre attention sur le carnet numéro 16.
26 Vous avez pu relever plusieurs traces d'endommagement subi par ce carnet,
27 et j'aimerais que nous les étudiions étape par étape. Donc le premier type
28 de dégradation subi par le livre, c'est que la couverture est complètement
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1 détachée du contenu du volume, n'est-ce pas ?
2 R. Tout à fait.
3 Q. Le deuxième type d'endommagement subi par ce livre, c'est qu'il y a 28
4 pages qui sont en état de feuilles volantes.
5 R. Exact.
6 Q. Et comme vous l'avez dit hier, "c'est à peine si elles sont rattachées
7 au reste du volume."
8 R. Tout à fait.
9 Q. Et le troisième type de dégradation, c'est que "54 pages ne se suivent
10 pas de façon consécutive."
11 R. Exact.
12 Q. Nous en avons déjà parlé hier. Souhaitez-vous ajouter quelque chose à
13 la déposition que vous avez faite hier - ce n'est pas la peine de vous
14 répéter - mais souhaitez-vous ajouter quelque chose, donc ?
15 R. Non, je ne le crois pas.
16 Q. D'après le débat que nous avons mené hier, il semblerait que le fait
17 que les pages ne se suivent pas de façon consécutive peut soit représenter
18 le résultat d'une fraude ou alors peut dire que les carnets n'ont pas été
19 fabriqués d'une façon tout à fait appropriée, n'est-ce pas ?
20 R. Ceci est possible.
21 Q. Et si j'ai bien compris votre déposition, la plupart de ces pages qui
22 ne se suivent pas de façon consécutive sont toujours rattachées au reste du
23 volume, n'est-ce pas ?
24 R. Oui, plus ou moins.
25 Q. Le quatrième type d'anomalie que vous avez relevé, c'est que ces
26 feuilles volantes ne tirent pas leur origine du carnet même, mais qu'elles
27 proviennent de sources différentes et qu'elles ont été placées entre les
28 pages de garde avant qu'on a commencé de se servir de ce carnet ?
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1 R. C'est une autre possibilité.
2 Q. Donc nous avons quelque 28 pages qui sont rattachées à peine au reste
3 du volume, et nous avons 54 pages qui semblent être des feuilles volantes.
4 Avez-vous relevé quoi que ce soit d'objectif et qui vous fait penser que
5 ceci a été fait exprès afin de contrefaire le carnet ?
6 R. Il est très difficile de faire des observations objectives et
7 définitives dans les conditions définies par le protocole d'examen. Parce
8 que si j'avais vraiment voulu examiner à fond ces carnets, mon comportement
9 aurait été considéré comme destructif. Il y a d'autres tests que j'aurais
10 pu faire, et je les ai déjà cités, donc je ne vais pas revenir sur la
11 question, je pense notamment à la méthode ESDA.
12 Q. Donc vous êtes en train de nous dire que vous n'êtes pas en mesure de
13 tirer des conclusions définitives qui seraient basées sur votre examen pour
14 dire s'il y a eu contrefaçon, qui expliquerait les dégâts subis par le
15 carnet numéro 16 ?
16 R. Je ne saurais me prononcer sur le sujet avec certitude. Le document n'a
17 pas été contrefait.
18 Q. Donc, sur la base des tests que vous avez pu faire, les dégradations
19 subies par ces carnets n'ont pas été infligées exprès, avec l'intention
20 d'induire en erreur le lecteur ?
21 R. C'est très difficile à établir en tout cas.
22 Q. Je ne vous demande pas de vous mettre à la place d'un lecteur éventuel.
23 Je vous demande de nous citer ce qu'on peut relever de façon objective.
24 R. Mais vous avez parlé justement de l'intention qu'on pourrait avoir
25 "d'induire le lecteur en erreur". C'était la façon dont vous avez formulé
26 la chose. En tout cas, différents stylos ont été utilisés, et ils n'étaient
27 pas utilisés d'une page à l'autre. On a pu trouver des preuves démontrant
28 qu'un stylo a été utilisé en haut de la page, et puis le stylo numéro 2 a
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1 été utilisé au bas de la page. Donc le même stylo n'a pas été utilisé tout
2 au long de l'écriture.
3 Mais il n'y a pas d'anomalie qui ait été relevée au niveau des encres
4 utilisées. Des modifications, apparemment, n'ont pas été apportées à ces
5 pages, mais je n'exclus pas la possibilité que des pages aient pu être
6 substituées à d'autres. Et ici c'est la quantité de colle qui commence à
7 relever de l'importance. Il n'y a que très peu de colle qui peut être
8 relevée. Mais bon, je n'ai pas pu vraiment soumettre la colle à des
9 analyses plus approfondies.
10 Q. Permettez-moi de reformuler ma question. Hier, vous avez dit à la page
11 du compte rendu d'audience 31, et je cite :
12 "Ce ne sont pas exactement les carnets qui se trouvaient en haut."
13 Alors, n'est-il pas possible que toutes les dégradations que vous avez
14 relevées soient le résultat simplement de l'usage continu de ces carnets ou
15 des conditions dans lesquelles ils ont été
16 utilisés ?
17 R. Eh bien, le Président a hier fait des observations au sujet de la
18 possibilité que le premier carnet ait pu être utilisé dans des
19 circonstances différentes. Et, en fait, ceci est le seul autre exemple du
20 carnet où des pages ont été insérées. Le carnet a été énormément utilisé,
21 il faut le dire. Alors je ne sais pas combien de dégâts il a pu subir
22 pendant, aussi, le processus -- pendant qu'il a été scanné, parce que la
23 reliure n'est pas collée comme il faut. Ça c'est une autre explication
24 alternative. Ou alors, les pages se sont détachées parce que le carnet a
25 été utilisé. Mais je me saurais me prononcer sur le sujet.
26 Q. Donc les dégâts que vous avez pu constater, ils peuvent ne rien à voir
27 avec l'auteur du document. C'est peut-être tout simplement le résultat des
28 efforts faits pour examiner le carnet et enregistrer cette preuve une fois
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1 que la police en avait pris possession, ainsi que le bureau du Procureur.
2 Est-ce que c'est bien ce que vous êtes en train de nous dire maintenant ?
3 R. C'est une possibilité. D'autant plus que nous ne savons pas par où ces
4 carnets ont passé une fois saisis. Mais là je suis en train de me livrer à
5 des conjectures.
6 Q. Et ce carnet particulier, c'est le carnet qui a une reliure par collage
7 ?
8 R. Tout à fait.
9 Q. Si j'ai bien compris votre rapport, tous les livres que vous avez
10 examinés étaient reliés par trois méthodes : soit il s'agissait de cahiers
11 reliés ensemble par couture, donc de façon traditionnelle; soit il y avait
12 reliure en spirale métallique; ou alors reliure par collage ?
13 R. Tout à fait.
14 Q. Et si j'ai bien compris, le processus de reliure par collage, c'est une
15 méthode de fabrication où on se sert de la colle pour rassembler les
16 feuilles de papier individuelles ?
17 R. Exactement.
18 Q. Et, en fait, la colle devient active sous l'effet de la chaleur. Cela
19 fait partie du processus de la fabrication, et c'est ainsi que les feuilles
20 sont rattachées à la couverture ?
21 R. Exact.
22 Q. Par exemple, quand j'ai étudié les différents exemples de carnets, ou
23 ce carnet particulier que je suis en train d'examiner, par exemple, c'est
24 un carnet relié par collage, n'est-ce pas ?
25 R. Oui, tout à fait.
26 Q. Et nous avons déjà étudié la question des reliures en spirales
27 métalliques. Et puis, il y a une méthode qui est beaucoup plus ancienne.
28 Elle consiste à prendre une feuille de papier, de la plier une ou plusieurs
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1 fois et puis de la coudre, et de cette façon-là, on a des pages multiples.
2 Et puis ensuite, ces pages multiples forment un cahier, et ces cahiers sont
3 ensuite rattachés les uns aux autres par un fil, et à la fin on se sert de
4 la colle pour tout faire entrer dans la couverture, souvent une reliure en
5 cuir, n'est-ce pas ?
6 R. Oui. C'est souvent qu'on procède de cette façon à l'assemblage de
7 différents cahiers.
8 Q. Et dans ce carnet particulier que je suis en train d'avoir entre mes
9 mains, c'est un exemple d'un carnet de ce type. Pourriez-vous l'examiner,
10 s'il vous plaît.
11 R. Oui.
12 M. GROOME : [interprétation] Donc on vient de montrer au témoin un carnet
13 de notes vierge.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Oui, dans ce carnet particulier, nous
15 avons quatre cahiers différents, et la couverture est en toile.
16 M. GROOME : [interprétation]
17 Q. Alors, de façon générale, par exemple, un roman qu'on peut acheter, en
18 fait la méthode par collage est généralement utilisée pour les éditions de
19 poche, n'est-ce pas ?
20 R. Oui. Toutes les éditions de poche sont reliées par collage.
21 Q. Quant à cette autre méthode, méthode de couture, elle est beaucoup plus
22 durable.
23 R. Oui.
24 Q. Au paragraphe 35 [comme interprété] de votre rapport, vous relevez
25 qu'il y a une différence entre la quantité de colle qui peut être relevée
26 sur le dos du volume, et la quantité de colle qu'on peut relever sur des
27 pages individuelles, n'est-ce pas ?
28 R. Correct.
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1 Q. Et ceci peut montrer qu'en fait la fabrication du carnet n'a pas été
2 parfaite ?
3 R. Oui. Peut-être qu'en fait, la chaleur n'a pas été appliquée de façon
4 appropriée et que, par conséquent, la colle n'est pas passée sur les pages
5 comme elle aurait dû. Je ne sais pas si cela a été le cas. Mais si tel a
6 été le cas, je pense qu'il y aurait eu moins de traces sur le dos du
7 volume. Mais je n'en suis pas tout à fait certain. Il aurait fallu
8 réexaminer le carnet.
9 Q. Et les pages pour lesquelles vous avez constatez qu'elles ne se
10 suivaient pas de façon consécutive, qu'elles ont été rattachées à ce
11 carnet, si ces pages avaient été insérées a posteriori par quelqu'un qui
12 essaie en fait d'induire en erreur le lecteur du carnet, cette personne
13 aurait dû avoir accès à quelqu'un qui dispose d'un dispositif assurant la
14 reliure par collage, quelqu'un qui peut réchauffer la colle pour relier les
15 pages, n'est-ce pas ?
16 R. Non, pas nécessairement. Ce n'est pas la peine de se servir
17 d'exactement du même type de colle. Il aurait suffi de tenir en place la
18 colle pendant quelques instants.
19 Q. Et sur la base de votre expérience, et vous êtes un expert en écriture,
20 aurait-il été possible pour un expert d'examiner la colle pour déterminer
21 si la colle avait été réchauffée avant d'être utilisée dans un dispositif
22 pour relier par collage, ou si on s'est servi d'un autre type de colle ?
23 R. Ceci aurait été possible, en effet. Il aurait fallu procéder à une
24 analyse chimique.
25 Q. Donc quand on relie par collage, même si on essaie d'aligner les pages
26 avant de les coller, il est impossible de le faire d'une façon absolument
27 parfaite, et c'est la raison pour laquelle une fois la colle séchée, on
28 doit couper les bouts de pages qui dépassent, et on le fait grâce à un
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1 dispositif qui a un sécateur extrêmement précis et dangereux ?
2 R. Correct.
3 Q. Alors dans votre rapport, vous ne dites pas que vous avez relevé des
4 irrégularités au niveau du découpage de ces [inaudible] qui n'ont pas été
5 bien alignées. Et vous n'avez relevé rien de remarquable au sujet de ces
6 pages.
7 R. Exact.
8 Q. Donc si les pages ne se suivent pas de façon consécutive, et ce n'est
9 pas le résultat d'un processus de fabrication fautive, mais si quelqu'un
10 les avait placées de façon non consécutive après la fabrication, pour ce
11 faire, la personne concernée aurait dû avoir des connaissances
12 technologiques assez poussées pour pouvoir découper les bouts de pages pour
13 que tout soit bien aligné, bien concret.
14 R. Et pourquoi ?
15 Q. Bien alors, comment autrement aurait-il été possible d'avoir des pages
16 aussi bien découpées ? Est-ce que cela ne veut pas dire qu'il aurait fallu
17 avoir un sécateur pour les aligner après l'insertion de ces pages rajoutées
18 dans le carnet ? Il aurait fallu tout découper de nouveau.
19 R. Non, je suis désolé. Pas nécessairement. Peut-être que les feuilles ont
20 été rajoutées d'un autre carnet, mais qui avait le même format et qui était
21 fabriqué de la même façon. Donc, il aurait suffi de se servir d'un carnet
22 de la même taille et de la même forme pour ajouter des pages.
23 Q. Mais alors, lorsque le carnet original a été rédigé - hier vous avez
24 déjà invoqué cette question du découpage des feuilles --
25 R. Oui, tout à fait.
26 Q. -- et vous avez expliqué le processus de découpage - donc si ce que
27 vous êtes en train de nous dire est correct, et si le même type de feuille
28 est utilisé lors de la fabrication, alors pourquoi est-il nécessaire de
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1 découper les pages par la suite ?
2 R. Vous voulez dire au moment où le carnet est fabriqué ?
3 Q. Oui.
4 R. Au moment où le papier est fabriqué, les dos de feuilles ne seront pas
5 découpés d'une façon précise. Les feuilles sont collées, mais c'est
6 seulement après qu'elles ont été collées qu'on les découpe. On fait la même
7 chose, par exemple, pour les passeports. Ce n'est qu'après qu'on rajoute la
8 couverture du passeport qu'on découpe le tout pour s'assurer que les pages
9 sont bien alignées, qu'elles sont bien découpées. La même chose vaut pour
10 les carnets de ce type.
11 Q. Donc, vous êtes en train de nous dire qu'une personne peut prendre un
12 certain nombre de feuilles qui proviennent d'un autre carnet, les rajouter
13 dans un carnet relié par collage, et voilà, qu'on peut le faire d'une façon
14 impeccable ?
15 R. Si on est attentif, oui. Si vous prenez les pages d'un autre carnet
16 relié par collage, et qui a été fabriqué par la même entreprise et qui a la
17 même taille et le même format, je pense que c'est possible. La substitution
18 d'une page par une autre, c'est quelque chose qui arrive très fréquemment.
19 Q. Oui, mais le carnet 16 a été utilisé pendant plusieurs mois dans une
20 zone de guerre. N'est-il pas possible que la dégradation subie est le
21 résultat de la manipulation de carnets dans des conditions difficiles ?
22 R. C'est possible. Je ne sais pas où les carnets ont été utilisés, à quel
23 moment, mais en tout cas, il a été protégé par une couverture de
24 protection. Il ne faut pas l'oublier.
25 Q. Mais vous ne pouvez pas savoir s'il a été utilisé à plusieurs façons,
26 si, par exemple, il se trouvait à l'arrière d'un Jeep, dans une boîte, ou
27 alors si Mladic le portait sur lui. Vous ne pouvez pas le savoir, n'est-ce
28 pas ?
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1 R. Bien, en tout cas, la couverture de protection - je ne peux pas vous la
2 montrer en ce moment - on ne peut pas voir que, par exemple, le carnet a
3 brûlé ou alors qu'il a subi des dégradations majeures, par exemple, ou
4 qu'il a été jeté par terre.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je souhaite vous demander si, par
6 exemple, quelqu'un tient un carnet entre ses mains au moment où on lui tire
7 dessus, en quoi est-ce que cela peut se refléter sur le carnet ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, si vous avez un carnet relié par
9 collage et qui bénéficie d'une couverture de protection, et c'est bien le
10 cas ici, cette couverture de protection protège bien. C'est comme un étui,
11 en fait. Donc, il s'agit ici d'un carnet plutôt sophistiqué. Et alors, en
12 fait, cette couverture de protection en cuir, comme elle était de plus
13 grande taille que le carnet lui-même, le recouvrait complètement.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous avez déjà dit ceci :
15 "La couverture de protection de ce carnet ne montre pas qu'on a tiré
16 sur les personnes qui tenaient le carnet ou alors que le carnet a été jeté
17 par terre…"
18 Alors je me demande en quoi, par exemple, si on tire sur une personne
19 cela peut affecter le carnet ? Est-ce que ça fait une différence si les
20 pages du carnet sont recouvertes et protégées ? J'ai du mal à imaginer en
21 quoi le fait qu'on nous tire dessus peut avoir un impact sur le carnet
22 qu'on tient entre les mains. Je ne comprends pas.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, si le livre a été utilisé pendant
24 qu'on tire sur quelqu'un, c'est la suggestion, en fait, qui avait été faite
25 par le substitut du Procureur il y a quelques instants.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est lui qui l'avait suggéré -- ou il a dit,
28 voilà, ça, c'est un exemple. L'autre exemple c'est que le livre se trouvait
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1 dans une boîte. Donc c'est l'idée du substitut du Procureur.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien justement, c'est ce qui me pose
3 problème. M. Groome a dit -- il a dit :
4 "Le carnet 16 a été utilisé pendant plusieurs mois dans une zone de guerre.
5 N'est-il pas possible qu'il a été manipulé dans des conditions difficiles
6 et que cela permet d'expliquer la dégradation ?"
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je pensais qu'il parlait des situations,
8 par exemple, où on doit se jeter par terre pour éviter qu'on nous tire
9 dessus.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Laissez-moi le vérifier.
11 M. GROOME : [interprétation] En effet, c'est ce que j'ai suggéré par la
12 suite.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] "Vous ne pouvez pas savoir si, par
14 exemple, le carnet a été jeté par terre à plusieurs reprises ou s'il se
15 trouvait à l'arrière banc d'une jeep --"
16 M. GROOME : [interprétation] J'ai parlé aussi d'une boîte pour les
17 munitions.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- ou s'il se trouvait entre les mains
19 de Mladic au moment où il s'est jeté par terre pour s'abriter du feu. Donc
20 si j'ai bien compris la question, vous n'avez pas de connaissance
21 quelconque au sujet des circonstances dans lesquelles ce carnet a été
22 manipulé. Donc, mis à part la description générale des dégradations subies
23 ou des endommagements infligés à ce carnet, vous ne pouvez pas citer quoi
24 que ce soit qui me permet d'établir que le livre a fait l'objet de tirs.
25 Vous avez expliqué que le carnet était enfermé dans une couverture de
26 protection en cuir qui avait pu très bien protéger le tout. Mais pour
27 commencer, quelle que soit la reliure d'un carnet, il est très difficile de
28 décrire de façon générale ce qui s'est produit, d'autant plus que nous
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1 n'avons aucune idée quant aux circonstances dans lesquelles le carnet a été
2 manipulé, donc on ne peut pas tirer des conclusions définitives.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux expliquer mieux cela ?
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Le carnet que j'ai examiné, en fait, est une
6 partie insérée. Le carnet a une couverture en cuir. Il n'y a pas
7 d'égratignures particulières sur cette couverture en cuir, donc je
8 m'attends à ce que le carnet que j'ai examiné était suffisamment protégé
9 par cette couverture en cuir. Et dans ce cas-là, la couverture est plus
10 grande par rapport à la taille du carnet, et il y a une doublure, et je
11 pense que c'est une protection suffisante pour ce qui est du carnet.
12 Et je ne m'attendrais pas à ce qu'il y ait des endommagements dans de
13 telles circonstances, puisqu'il n'y a pas de traces d'endommagement sur la
14 couverture. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de manipulation autre
15 qu'une bonne manipulation. Par exemple, il n'y a pas de traces de boue ou
16 des tâches. Il n'y a pas de trace indiquant que ce carnet a été jeté par
17 terre ou se trouvait dans une sorte de mare, et cetera. Il n'y a pas de
18 crasse, il n'y a pas de trace de saleté sur les feuilles, et cetera. Donc
19 je ne vois pas - et là vous avez raison, Monsieur le Président, il faut que
20 je dise que je ne suis pas expert pour ce qui est des circonstances dans
21 lesquelles un carnet peu se trouver en guerre - donc il n'y a pas d'indice
22 démontrant qu'il y a eu une manipulation autre que la manipulation normale.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Jordash.
24 M. JORDASH : [interprétation] Je me demandais si on peut nous aider. Je
25 sais que mon éminent collègue a le droit de poser des questions
26 hypothétiques, mais s'il a un exemple particulier, par exemple, que le
27 commandant de la VRS aurait participé directement au combat, qu'il se
28 jetait à l'abri, et cetera, il pourrait peut-être aider le témoin en lui
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1 présentant une situation concrète.
2 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas voulu
3 souligner cela. J'ai voulu dire que nous ne savions pas ce qui s'est passé.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que, Maître Jordash, nous
5 devons accepter cela, puisqu'on ne peut pas demandé qu'on invente un
6 exemple où M. Groome dirait quelque chose de spécifique.
7 M. JORDASH : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, je ne lui
8 ai pas demandé d'inventer quoi que ce soit.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non.
10 M. JORDASH : [interprétation] J'ai demandé si le Procureur a dit --
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voilà comment j'ai compris M. Groome :
12 il a dit qu'il n'avait pas d'exemples spécifiques, qu'il ne savait pas
13 comment ce carnet a été manipulé, n'est-ce pas ?
14 M. GROOME : [interprétation] Oui, c'est vrai.
15 M. JORDASH : [interprétation] Merci. Est-ce qu'on peut faire la pause
16 maintenant ?
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes déjà un peu en retard.
18 Monsieur Groome, pouvez-vous nous dire de combien de temps vous allez
19 encore avoir besoin après la pause ?
20 M. GROOME : [interprétation] La cadence s'est un peu ralentie, par rapport
21 à mon estimation. Certaines questions et certaines réponses ont provoqué
22 des discussions assez longues. Donc, je vais essayer de faire en sorte que
23 le témoin se concentre sur mes questions.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez peut-être poser des
25 questions de façon un peu plus claire. En tout cas, je vais poser la
26 question à Mme la Greffière pour plus de détails par rapport à notre
27 programme.
28 Nous allons faire la pause maintenant et nous allons poursuivre à 10 heures
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2 --- L'audience est suspendue à 10 heures 22.
3 --- L'audience est reprise à 10 heures 54.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de poursuivre, il faut que je dise
5 qu'une copie en couleur a été faite des notes de M. Browne. Cela a été
6 distribué aux parties pendant la pause. Et si j'ai bien compris, les
7 parties sont contentes pour ce qui est de la qualité de ces photocopies;
8 par conséquent, j'aimerais que l'original soit remis à M. Browne et la
9 photocopie à M. Groome pour que cela soit téléchargé dans le système. Et
10 c'est le document qui est englobé dans la pièce à conviction de
11 l'Accusation P3110 et sera finalement versé au dossier.
12 M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous allons
13 faire comme vous avez dit.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, vous allez recevoir vos
15 notes écrites en encre rouge.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous suis reconnaissant.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez, Monsieur Groome. Je pense que
18 vous avez été informé du temps qui vous reste encore.
19 M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
20 Q. Monsieur Browne, revenons au carnet qui a donc cette reliure à la
21 colle. Donc je peux, par exemple, acheter cela dans une librairie, n'est-ce
22 pas, une papeterie ?
23 R. Oui. Ce cahier peut être ouvert comme un passeport. Mais je ne sais pas
24 quel est le format que vous pouvez acheter.
25 Q. Et comment pouvez-vous être certain que M. Mladic ait mis cette
26 couverture en cuir au début ? Cela aurait pu être fait au moment où le
27 carnet a commencé à être dégradé, pour le protéger, n'est-ce pas ?
28 R. Oui. Mais je pense que cela n'a aucun sens puisque le carnet numéro 12
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1 est un carnet similaire disposant d'une couverture en cuir, la couverture
2 identique. Et je pense que le carnet et la couverture en cuir ont été
3 produits en même temps. Mais je ne suis pas tout à fait certain.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faut s'abstenir d'émettre des
5 hypothèses. Donc on a le carnet 16 qui est dégradé, ensuite le carnet 12.
6 Tout cela, donc, ne peut être que des hypothèses. Il faut d'abord voir s'il
7 y a d'autres preuves pour corroborer cela avant de se lancer dans des
8 conjectures.
9 M. GROOME : [interprétation]
10 Q. Monsieur Browne, vous avez supposé que ces carnets avaient des
11 couvertures en cuir au début, au moment où ces carnets ont été retrouvés.
12 Qu'est-ce qu'on peut en conclure pour ce qui est de l'aspect physique de
13 ces carnets ?
14 R. On peut tirer des conclusions pour ce qui est de la condition dans
15 laquelle les carnets se trouvaient en s'appuyant sur l'aspect physique de
16 la couverture en cuir.
17 Q. Et vous avez supposé que "ce carnet se trouvait dans un porte-
18 documents."
19 C'est aussi une supposition pour évaluer l'aspect physique ou la
20 condition physique du carnet ?
21 R. Un général ne se serait pas rendu sur le front en tenant un carnet dans
22 la main, donc j'ai, comme cela, pu supposer que cela se trouvait dans un
23 porte-documents.
24 Q. Et vous supposez que M. Mladic se déplaçait lors de ses activités, et
25 il avait un porte-documents dans lequel se trouvaient ses carnets ?
26 R. Je ne le sais pas à quel point il se déplaçait.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, on a déjà clarifié
28 cela. Passez à un autre sujet.
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1 M. GROOME : [interprétation]
2 Q. Si on reparle du fait de rogner les bords du livre, donc cet appareil
3 sécateur est utilisé pour le faire, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Et en utilisant un microscope, il est possible de voir des
6 irrégularités sur les bords du carnet, pour voir que les impressions ou les
7 traces de l'utilisation de cette machine sont visibles également sur les
8 feuilles ?
9 R. Oui.
10 Q. Pour ce qui est de l'analyse microscopique et de l'utilisation de
11 l'appareil VSC 6000, pouvez-vous nous dire si vous avez jamais essayé de se
12 lancer à ce type d'examen en utilisant un microscope pour voir si la même
13 machine a été utilisée pour rogner les bords de ce carnet ou en utilisant
14 une autre machine ou un autre couteau ?
15 R. Non. Il est très difficile de rassembler à nouveau les feuilles une
16 fois séparées. Il est difficile de voir s'il y a eu des endommagements sur
17 les bords d'un carnet. Pour ce qui est de la forme originale du carnet, on
18 peut éventuellement voir des traces d'utilisation de cette machine à
19 rogner. Mais séparer les feuilles pour vérifier cela, cela est très
20 difficile.
21 Q. Et donc, si les pages sont insérées ensemble après cela, est-ce que
22 c'est possible également ?
23 R. Oui. Mais cet appareil ne peut pas agrandir à tel point les endroits où
24 on peut analyser d'éventuels endommagements --
25 Q. Et pour ce qui est de votre conclusion par rapport au carnet 16, vous
26 avez dit, je cite :
27 "Les endommagements du carnet 16 démontrent fermement qu'il s'agissait
28 d'une contrefaçon."
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1 R. Où cela se trouve ?
2 Q. A la page 4 de votre rapport.
3 R. Bien.
4 Q. Lorsque je vous ai demandé comment aurait été votre rapport si vous
5 aviez eu à votre disposition tous les carnets, vous avez dit aujourd'hui à
6 la page 25 du compte rendu, je cite :
7 "Il n'y pas eu de preuve ferme pour démontrer qu'il s'agissait d'une
8 contrefaçon."
9 Donc je peux en conclure que, puisque vous avez constaté qu'il y
10 avait des endommagements dans le carnet 16, cela a en quelque sorte
11 contaminé votre opinion, pour ainsi dire, pour ce qui est des conclusions
12 par rapport à d'autres carnets ?
13 R. Non. J'ai voulu dire que pour ce qui est du carnet 16, il y avait
14 des indices les plus fermes pour ce qui est de la contrefaçon. Mais cela ne
15 veut pas dire que cela s'applique à d'autres carnets. Pourtant, cela met en
16 doute l'authenticité des carnets.
17 Q. J'aimerais qu'on passe maintenant à la deuxième partie pour ce qui est
18 de mes questions, à savoir de parler de vos conclusions générales. Aux
19 paragraphes 89 et 90 de votre rapport, vous avez parlé des documents que
20 vous avez examinés, et vous dites :
21 "La lettre de M. Marinkovic dit que Mme Mladic a eu le droit
22 d'obtenir ces pièces pour pouvoir les examiner en présence de son avocat
23 avant que les carnets n'aient été emmenés de l'appartement. Si ce n'est pas
24 vrai, si c'est un mensonge, alors toutes les pièces à conviction concernant
25 ces carnets éveillent des doutes."
26 R. Oui.
27 Q. Cette conclusion est une conclusion qui saute aux yeux en partie parce
28 qu'elle est explicite, mais en même temps il est difficile de voir quelle
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1 était votre ligne de raisonnement lorsque vous êtes arrivé à cette
2 conclusion. Qu'est-ce que vous avez voulu dire par cette phrase ?
3 R. Quelle phrase ?
4 Q. La phrase que je viens de vous citer.
5 R. Ah, vous pensez à ces deux paragraphes.
6 Q. Il faut que je vérifie cela dans mes documents. Mais vous êtes témoin
7 ici, pas moi, malheureusement.
8 R. Exactement.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si je me souviens bien, cela a commencé
10 tôt dans la matinée.
11 M. JORDASH : [interprétation] A 7 heures 40 dans la matinée, et cela a duré
12 jusqu'à 14 heures de l'après-midi.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est ce que -- oui, je me souviens de
14 cela.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Chacun de ces carnets portait un numéro
16 inscrit au stylo à bille en haut de toutes les pages. Je n'ai pas compté
17 les pages au moment où cela a été fait. Je ne sais pas si quelqu'un d'autre
18 a fait cela. Je suppose qu'en utilisant les scanneurs, on peut voir le
19 nombre exact de pages. Et à un moment donné, avant que les carnets n'aient
20 été pris, Mme Mladic a dit : Attendez, il faut que je numérote les pages
21 dans tous les carnets.
22 M. GROOME : [interprétation]
23 Q. Est-ce que votre conclusion est que cela ne peut pas être vrai puisque
24 cela ne pouvait pas être fait dans un laps de six
25 heures ?
26 R. C'est peu probable, mais nous n'avons pas d'information détaillée pour
27 vous dire qui a découvert quoi et quand. Et vu toutes les circonstances et
28 en revenant à la lettre de Marinkovic, que j'ai ici quelque part --
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1 Q. Permettez-moi de vous poser la question suivante. Nous savons
2 maintenant pourquoi vous êtes arrivé à cette conclusion, à savoir que cela
3 ne peut pas être vrai et exact. Ensuite, vous dites, je cite : "Cela ne
4 peut pas être vrai. Donc, si cela n'est pas vrai, c'est un mensonge."
5 D'après vous, qui est celui qui essaie de présenter tout cela de façon
6 erronée ?
7 R. Il est difficile de dire cela, n'est-ce pas ? Puisque la lettre
8 Marinkovic, on ne voit que la description des circonstances dans lesquelles
9 cela a été fait. Il y avait une autre personne qui a fait cela. Marinkovic
10 n'était pas présent. Et lorsqu'on regarde le paragraphe qui décrit la
11 situation après que les carnets aient été montrés à Mme Mladic, elle n'a
12 pas nié que ces carnets appartenaient à son époux, M. Mladic, mais elle a
13 voulu les numéroter à la main. Et après la découverte de ces carnets lors
14 de la perquisition, ces carnets ont été retournés aux membres de ce foyer.
15 Q. Monsieur Browne, peut-être que cela n'aurait pas dû être fait de cette
16 façon. Mais qui est la personne qui a voulu donc faire passer ce mensonge
17 pour la vérité ? M. Marinkovic ou un officier de la police, ou quelqu'un
18 d'autre ?
19 R. Il semble que M. Marinkovic, dans cette lettre, ne fait que relater ce
20 qui s'est passé à ce moment-là. Il n'a pas été présent là-bas.
21 Q. Est-ce que vous dites dans votre témoignage que les personnes qui ont
22 participé à la perquisition ont fait passer ce mensonge pour la vérité ?
23 R. C'est très possible.
24 Q. Et maintenant, vous continuez en disant, je cite :
25 "Si c'est un mensonge, alors toutes les preuves et tous les
26 témoignages concernant la découverte des carnets éveillent des doutes."
27 Est-ce que, selon votre logique, si quelque chose est vrai, à savoir
28 que quelqu'un a participé à la perquisition - la perquisition qui a duré
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1 moins de temps que cela n'a été le cas en vérité - comment, sur la base de
2 cet élément, vous êtes arrivé à la conclusion concernant toutes les pièces
3 à conviction concernant ces carnets ?
4 R. Il s'agit de l'effet dit domino, n'est-ce pas ? Lorsque vous commencez
5 une fois à voir quel était le processus pour ce qui est de la production de
6 ces carnets, la découverte de ces carnets, tout cela, donc, devient
7 suspect. Nous avons des photographies qui ne sont pas des photographies
8 authentiques. Ensuite, la filière de conservation des moyens n'est pas tout
9 à fait correcte. Et si Mme Mladic a numéroté toutes les pages, tous les
10 carnets, alors je pense que cela n'a pas pu être fait physiquement --
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, encore une fois, vous
12 doutez de l'exactitude de ce rapport, alors que la question qui vous a été
13 posée par M. Groome était une question différente. Si quelqu'un essaie de
14 passer un mensonge pour la vérité, dans quelle mesure cela peut avoir une
15 incidence sur un témoignage ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse.
17 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Si c'est un mensonge, alors toutes les
19 circonstances concernant la découverte des carnets deviennent suspectes. Il
20 est possible qu'il s'agisse d'un malentendu, mais c'est une autre question.
21 Et ce paragraphe est inchangé dans mon rapport.
22 M. GROOME : [interprétation]
23 Q. Monsieur Browne, j'aimerais vous avancer ici qu'après que vous ayez
24 appliqué l'analyse que vous avez déjà utilisée au sein des services de
25 l'immigration, au sein de ce service, au moment où une erreur est relevée
26 dans un document, alors le document entier a le statut de faux, de document
27 falsifié. Est-ce que vous avez appliqué la même technique ici lorsque vous
28 avez relevé une faute pour ce qui est de la filière de conservation des
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1 carnets une fois saisis ? Selon la même logique, est-ce que vous êtes
2 arrivé à la même conclusion selon laquelle tout cela est suspect ?
3 R. Non. J'ai parlé des carnets. Je n'ai pas trouvé d'anomalies dans tous
4 les carnets. Mais pour ce qui est de la manipulation de ces carnets, je
5 dois réitérer que cette manipulation a provoqué de sérieuses anomalies. Je
6 ne sais pas s'il s'agit de rapports erronés. Je ne sais pas. Mais pour ce
7 qui est de la continuité de ces carnets, cela représente un cauchemar, en
8 fait, puisqu'il n'y a pas de continuité.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faut que je vous interrompe.
10 Est-ce que vous faites référence à la discontinuité de ces carnets ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ce sont les circonstances de la
12 perquisition. La découverte des carnets. Il n'y a pas de rapport là-dessus.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela ne m'a pas été clair. Merci pour
14 cette explication.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome.
17 M. GROOME : [interprétation]
18 Q. Je ne veux pas maintenant faire des digressions, mais aujourd'hui vous
19 avez dit, je cite :
20 "Nous n'avons pas de filière de conservation concernant la
21 conservation des documents une fois saisis."
22 Mais n'est-il pas vrai qu'on vous a dit quelle était la filière de
23 conservation des carnets à tout moment après leur saisie ? Vous avez
24 commenté cela, et Mme Tilly [phon] y était. Elle vous a dit cela. Elle a
25 confirmé cela.
26 R. C'était après que les carnets étaient arrivés ici. Je m'excuse, j'ai
27 pensé à la filière de conservation après la découverte de ces carnets. Mme
28 Tilly a ouvert tous les carnets, et cetera.
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1 Q. Ce n'était pas ma question.
2 R. [aucune interprétation]
3 Q. Vous avez dit aujourd'hui que la filière de conservation de ces
4 documents n'était pas correcte, bien qu'on vous ait dit comment ces carnets
5 ont été conservés à partir du moment où ils ont été découverts jusqu'au
6 moment où ils sont arrivés au bureau du Procureur.
7 R. Mais il n'y a pas eu de filière de conservation, en fait, pendant toute
8 cette période-là.
9 Q. J'aimerais qu'on revienne à la partie de votre rapport où il est
10 question des conclusions.
11 Si j'ai bien compris vos conclusions, bien que vous ayez admis que
12 ces carnets aient été écrits par M. Mladic, en examinant l'écriture de ces
13 carnets, il vous est clair que ces entrées n'ont pas été écrites au même
14 moment où les événements se sont produits mais par la suite, n'est-ce pas ?
15 R. Oui, c'est vrai.
16 Q. Mis à part votre observation concernant l'écriture, pour laquelle vous
17 avez dit qu'elle est nette et ordonnée, y a-t-il autre chose qui vous a
18 poussé à conclure qu'il y avait des éléments concernant l'encre et d'autres
19 observations scientifiques ?
20 R. Non, ce n'est pas quelque chose je pourrais commenter pour ce qui est
21 de ces carnets.
22 Q. Donc il n'y a rien pour ce qui est d'élément important pour ce qui est
23 de votre perception de l'écriture ?
24 R. Non.
25 Q. [aucune interprétation]
26 R. [aucune interprétation]
27 M. GROOME : [interprétation] Est-ce qu'on peut maintenant afficher 5016 sur
28 la liste 65 ter. Il s'agit d'une entrée du carnet 21. Et passons à la page
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1 227 dans le prétoire électronique pour ce qui est de l'original du carnet;
2 et en anglais, c'est la page 200.
3 Q. Et en attendant que le texte soit affiché à l'écran, permettez-moi de
4 vous expliquer qu'à l'écran qui est devant vous, vous pouvez apposer des
5 annotations sur cette pièce que vous voyez à l'écran, après quoi nous
6 pouvons sauvegarder cette version. Nous attendons que la pièce 227 soit
7 affichée.
8 M. GROOME : [interprétation] Il ne faut agrandir aucune partie de la page
9 affichée.
10 Q. Et j'aimerais que vous preniez le stylo électronique, avec l'aide de M.
11 le Huissier, pour nous indiquer les caractéristiques spécifiques auxquelles
12 vous avez fait référence au moment où vous avez dit qu'il s'agissait d'une
13 "écriture nette".
14 R. Il n'est pas nécessaire d'agrandir la page. Nous voyons une altération
15 de la date en haut de la page. Ensuite, une modification pour ce qui est du
16 bas de la page par rapport à l'utilisation du stylo. Ensuite -- eh bien,
17 c'est une écriture qui est nette.
18 Q. Donc, généralement parlant, c'est ordonné et net. Mais il n'y a pas
19 d'élément spécifique pour vous permettre de dire que c'est net ?
20 R. Oui, c'est l'aspect général de la page.
21 M. GROOME : [interprétation] Je ne veux pas poser la question au témoin
22 concernant les annotations basées sur cette réponse.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, est-ce que je peux vous
24 poser une question. A la fin du carnet, la taille des caractères est
25 différente par rapport aux caractères de la première partie.
26 Et vous avez dit également : si le texte est recopié sur la base des
27 notes brutes - et je ne sais pas si vous avez comparé ces deux versions -
28 dans ce cas-là, vous ne pourriez pas voir en bas ce qui est imprimé en
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1 rouge. Vous passez à la page suivante, où se trouvent les observations
2 générales. Et pour ce qui est de ces opérations générales, il nous faudrait
3 une explication pour ce qui est de votre argument selon lequel tout cela a
4 été recopié sur la base des notes brutes.
5 Pouvez-vous fournir vos commentaires par rapport à ce que je viens de
6 dire concernant cette page, concernant l'écriture, la taille des
7 caractères, et cetera ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suppose que vous avez fait référence aux
9 trois lignes qui sont en bas et qui ont été inscrites avec une couleur
10 différente.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. La couleur est différente.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce qu'on peut faire défiler la page vers
13 le haut ?
14 M. GROOME : [interprétation] Oui.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y a une autre ligne inscrite avec l'encre
16 similaire en bas. Mais je ne sais pas ce que cela veut dire. Et même s'il
17 s'agit des notes brutes, il pourrait être nécessaire d'ajouter quelque
18 chose en bas. Mais en tout cas, c'est toujours une écriture nette.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et pour ce qui est du commentaire à la
20 page précédente ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est relativement uniforme puisque les titres
22 sont toujours en caractères un peu plus grands et en lettres d'imprimerie.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Revenons au début de la page précédente.
24 Seriez-vous d'accord avec moi pour dire qu'en haut, on voit la date,
25 ensuite le lieu, c'est-à-dire Belgrade --
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- ensuite, on voit le titre souligné,
28 qui a été traduit. Ensuite, un autre titre qui est en caractères plus
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1 petits par rapport au premier titre, et il semble que les caractères qui
2 suivent sont les caractères qui sont aussi plus petits que les caractères
3 utilisés dans le texte qui se trouve sur le reste de la page.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ceci.
5 Parce que les deux intitulés qui semblent commencer par un P et par un C --
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, ces deux endroits-là, si vous voulez,
8 si c'est ce qui est écrit au-dessus de la date - il y a deux dates sur la
9 page - qui sont de taille similaire. En dessous, le texte semble être
10 également de la même taille.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Et par la suite, vous avez ce troisième type
13 d'intitulé avec une astérisque, et ceci n'est pas en lettres majuscules.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je souhaiterais appeler votre attention
15 sur le deuxième intitulé en dessous, souligné, où il semblerait que la
16 taille des lettres soit plutôt différente. Je ne sais pas si nous avons la
17 traduction ici. Apparemment pas.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis très heureux que vous ayez dit ceci.
19 Parce que je n'ai pas vu la traduction.
20 M. GROOME : [interprétation] La traduction de cette page se trouve à la
21 page 200 dans le prétoire électronique en anglais.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi.
24 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
25 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, c'est 200 dans le
26 prétoire électronique, je crois que c'est là l'erreur, et non pas 200 au
27 bas de la page.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors je vais dire les choses de façon
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1 très simple : pourrait-on avoir la page correspondante en anglais ?
2 M. GROOME : [interprétation] Je suis vraiment désolé. C'est la page 220,
3 Monsieur le Président, Mesdames les Juges.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Cela semble correspondre,
5 effectivement.
6 Alors, ce à quoi je fais référence, Monsieur Browne, c'est le texte qui est
7 traduit par les propos "M. Bildt", questions militaires. Est-ce que vous
8 voyez ceci ? Nous avons le titre en haut où c'est indiqué "talk", donc
9 "entretien avec Bildt et le général de Lapresle," et ensuite "M. Bildt" et
10 "questions militaires sont en train de devenir de plus en plus urgentes."
11 Ce texte-là, à mes yeux, semble être écrit en plus petits caractères que ce
12 que nous avons vu à la suite de l'endroit où c'est marqué "meeting", donc
13 "réunion". Et par la suite, on voit en dessous "lieutenant-colonel
14 Karremans".
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Tout le texte qui suit semble être écrit
17 de différente façon. En fait, la taille de l'écriture semble être
18 différente, n'est-ce pas, plus petite ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vois ici qu'il est indiqué "questions
20 militaires sont en train de devenir de plus en plus urgentes." Cette
21 phrase-là est écrite en caractères un petit peu plus petits mais pas
22 beaucoup plus petits, comparé au "général de Lapresle".
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais si l'on compare avec ce qui suit
24 après "meeting", "réunion" ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] "Réunion avec le commandant des Nations Unies
26 à Srebrenica et les représentants du camp musulman."
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Et par la suite, il semblerait que
28 la taille du texte est plus large.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Il semblerait que le "général de Lapresle" --
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais en fait, je l'ai comparé à
3 autre chose, Monsieur Browne. Je pensais que les choses avaient été plutôt
4 claires.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai comparé la phrase : "questions
7 militaires sont en train de devenir de plus en plus urgentes," j'ai comparé
8 cette phrase-là avec d'autres phrases -- avec le texte de la page et j'ai
9 voulu appeler votre attention sur les mots "réunion avec le commandant des
10 Nations Unies à Srebrenica et les représentants du camp musulman." J'ai
11 plutôt tendance à croire que la première ligne à laquelle j'ai attiré votre
12 attention est écrite en caractères plus petits que la deuxième ligne.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Physiquement, oui, c'est le cas. Mais je ne
14 sais pas, je ne vois pas de quelle façon est-ce qu'on peut comparer le
15 tout. C'est la perception, peut-être, de la page.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais de toute façon vous êtes très
17 enclin à faire des explications logiques. Vous nous parlez de la façon très
18 ordonnée de laquelle ce texte a été écrit, donc vous tirez des conclusions
19 plutôt générales. Et donc, j'aimerais savoir de quelle façon est-ce que
20 ceci est à l'appui de votre conclusion ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour ce qui est de l'écriture et de la taille
22 du texte sur cette page, il est possible - encore une fois, ce n'est que
23 des conjectures - c'est peut-être l'importance de la phrase qui était
24 écrite -- peut-être que l'importance, donc, de ce qui est écrit, le
25 contenu, pourrait peut-être donner la raison pour laquelle le texte est
26 écrit de façon différente. Peut-être un peu plus grand. Je ne le sais pas.
27 Mais je pense que cette page est écrite de façon ordonnée.
28 Et le fait que des entrées soient faites au bas avec une encre différente,
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1 c'est peut-être une idée qui est venue par la suite, après que l'on ait
2 écrit le texte sur cette page. Donc je ne crois pas, personnellement, qu'il
3 y ait une différence vraiment très importante par rapport à la façon dont
4 le texte est écrit sur cette page.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais j'essaie de suivre votre logique.
6 Si vous dites qu'on a écrit quelque chose au bas de la page avec une encre
7 différente, ceci pourrait peut-être correspondre au fait que l'on ait écrit
8 de façon rapide, que ce sont des notes. Est-ce que ceci pourrait
9 correspondre à l'idée de l'ajout de quelque chose, que le texte original
10 n'a pas été recopié de notes qui avaient été prises rapidement, mais que
11 ceci pouvait également correspondre à l'écriture originale ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais justement, ça m'amène une autre
14 question. J'essaie de suivre votre logique. Vous dites que la disponibilité
15 de ce type de carnets de notes, de cahiers, il est facile d'acheter ce type
16 de cahier. Ils étaient disponibles, et donc il est possible, vous dites, de
17 modifier certaines choses.
18 Par exemple, je vais vous donner une conclusion. Si je vous dis que
19 l'essence est disponible partout aux Pays-Bas, tout le monde est
20 certainement d'accord pour dire que ceci permet ou aide le vol d'essence,
21 n'est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, on pourrait dire cela.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais la question qui se pose, en fait,
24 est de savoir où est la logique dans tout ceci. Je ne sais pas si vous me
25 suivez ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Pas réellement.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eh bien, si vous dites que ce genre de
28 cahier est disponible, facilement accessible, il est tout à fait facile de
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1 les remplacer. Donc je puis conclure ceci. Donc, si je vous ai dit que
2 l'essence est disponible partout aux Pays-Bas, il est beaucoup plus facile
3 de le voler, mais cela ne nous indique pas si, effectivement, on se livre
4 au vol d'essence et à quelle fréquence on se livre à ce genre de vol. Donc,
5 de la même manière, s'agissant de la possibilité ou la probabilité que les
6 pages soient remplacées, ceci ne nous donne pas non plus une indication
7 précise.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, ceci demeure une possibilité. C'est tout
9 à fait juste.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. On ne peut pas exclure cette
11 possibilité. Si c'est votre conclusion, n'est-ce pas, donc j'adopterais
12 alors cette conclusion comme conclusion. Je dois également consulter mes
13 collègues, bien sûr, Juges de la Chambre. Mais très bien.
14 Alors, Monsieur Groome, poursuivez, je vous prie.
15 M. GROOME : [interprétation]
16 Q. Monsieur Browne, en anglais, nous écrivions en caractères latins. Ce
17 texte est écrit, toutefois, dans un alphabet tout à fait différent ?
18 R. Oui. C'est en cyrillique.
19 Q. Vous n'avez pas vraiment beaucoup d'expérience pour ce qui est de
20 l'écriture en cyrillique ?
21 R. Oui, vous avez raison. Je l'ai déjà dit.
22 Q. Mais ne pensez-vous pas que vous devriez savoir à quoi devrait
23 ressembler une belle lettre A, par exemple, et une lettre A écrite à la
24 hâte ? Ne pensez-vous pas que vous devriez avoir une connaissance sur la
25 façon dont le cyrillique est écrit avant de vous livrer à des conjectures
26 scientifiques pour conclure qu'un A été écrit à la hâte et un autre A a été
27 écrit de façon calme ?
28 R. Non, je ne prétends pas pouvoir lire l'écriture, mais je ne crois pas
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1 que ce soit nécessaire non plus. Les carnets semblent être de façon
2 ordonnée. Les dates, des fois, sont altérées. Vous pouvez même voir la date
3 qui a été altérée ici rapidement.
4 Q. Mais est-ce que vous estimez que vous avez la compétence nécessaire
5 pour donner votre opinion, pour dire que, par exemple, un texte en coréen a
6 été écrit quand même de façon ordonnée ?
7 R. J'ai en fait un peu d'expérience pour ce qui est de l'écriture coréenne
8 --
9 Q. D'accord. Je vais vous donner un autre exemple. Alors que pensez-vous,
10 par exemple, du thaïlandais ?
11 R. [aucune interprétation]
12 Q. Pour évaluer la propreté, la façon ordonnée d'écrire --
13 R. Non. Vous savez, vous n'êtes pas obligé d'avoir une bonne connaissance
14 de la langue pour dire si on a écrit quelque chose de façon ordonnée. Nous
15 avons beaucoup de pages que nous avons pu examiner. J'ai examiné un très
16 grand nombre de pages, donc c'est ce qui me permet d'arriver à ces
17 conclusions.
18 Q. En fait, j'ai une séquence vidéo que je pourrais montrer, et c'est M.
19 Mladic qui est en train d'écrire dans ces carnets --
20 R. Ces pages-ci ?
21 Q. Oui, tout à fait. Alors je vais vous montrer maintenant une séquence
22 vidéo.
23 R. D'accord.
24 Q. Je demande à M. Javier de distribuer les pages. Et je vais demander que
25 l'on passe l'extrait vidéo 65 ter 6437. Il s'agit d'un extrait vidéo tourné
26 à l'hôtel Fontana le 11 juillet 1995.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais avant de ce faire, Monsieur Groome.
28 J'aimerais vous poser une question. Est-ce qu'on vous a donné des éléments
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1 de preuve, est-ce qu'on vous a informé du contexte, outre la source et la
2 documentation qui vous a été remise, est-ce que vous connaissez des
3 éléments de preuve ? Avez-vous des vidéos, avez-vous eu connaissance de
4 témoignages, avant que vous n'examiniez ceci ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
6 Je savais que des bandes vidéo avaient également été prises dans le cadre
7 de la perquisition. Mais je n'ai pas vu de vidéo.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci. Je n'avais pas non
9 plus souvenir de cela.
10 M. GROOME : [interprétation] Pour gagner du temps, je demanderais que l'on
11 nous montre un extrait qui commence à une heure 23 minutes, 7 [comme
12 interprété] secondes, et qui se termine à 54, 25 --
13 L'INTERPRÈTE : Inaudible.
14 M. GROOME : [interprétation] En fait, je vais demander le versement au
15 dossier de cet extrait vidéo. et je demanderais à la Chambre de suivre ce
16 que dit la personne dans la vidéo et de quelle façon c'est entré. Alors
17 nous soutenons que vous allez pouvoir voir que ces notes avaient été prises
18 de façon simultanée. Donc je demanderais que l'on présente cet extrait
19 vidéo.
20 [Diffusion de la cassette vidéo]
21 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
22 "Nous n'avons presque plus de médicaments. La seule chose que je peux
23 faire, c'est de prendre deux équipes de médecins. Ils l'ont fait ce matin
24 et cet après-midi."
25 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]
26 M. GROOME : [interprétation] Nous allons voir que M. Mladic est en train
27 d'écrire ce texte.
28 [Diffusion de la cassette vidéo]
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1 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
2 "Ils ont effectué quelques opérations plus sérieuses. Si je puis dire,
3 Monsieur, je crois que l'évacuation des blessés pourrait être organisée."
4 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, il nous faut d'abord
6 examiner le compte rendu d'audience. Attendez, parce des propos sont dits -
7 - enfin, je ne sais pas si c'est consigné, mais j'ai entendu une
8 interprétation française. Et vous avez commencé à parler au milieu de la
9 vidéo. Donc je voudrais simplement voir si tout a été consigné.
10 Je ne sais pas si on a perdu quelque chose. Mais j'imagine que vous
11 n'êtes pas réellement intéressé par les propos prononcés par les personnes,
12 parce que je vois que vous avez interrompu la transcription, où vous dites
13 : "Vous allez voir la main de M. Mladic dans le coin inférieur gauche." En
14 fait, le nom de "M. Knoops" apparaît également ici, donc je crois qu'il
15 faudrait certainement revoir le compte rendu d'audience.
16 Donc, à moins que les parties n'aient des préoccupations quant au
17 texte prononcé par les parties à l'hôtel Fontana, nous pouvons continuer.
18 Alors vous n'avez pas de problème.
19 Poursuivez.
20 M. GROOME : [interprétation] J'aimerais demander maintenant que l'on montre
21 un arrêt sur image de l'extrait vidéo 6437.1.
22 Q. Et, Monsieur Browne, vous allez voir un arrêt sur image sous peu.
23 M. GROOME : [interprétation] Il s'agit de l'arrêt sur image 6437.1.
24 Pourrait-on agrandir et montrer le carnet.
25 Q. Vous pouvez voir ici le même emblème, ou le sceau, au coin supérieur
26 droit de la page. Vous avez vu M. Mladic écrire les notes. Il semblait
27 écrire, prendre des notes alors que les parties étaient en train de parler.
28 Est-ce que ceci change votre opinion quant au fait qu'au moins certains
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1 carnets peuvent ou contiennent une écriture simultanée ?
2 R. C'est l'un des carnets les plus communs. Je ne suis pas sûr, toutefois,
3 de l'avoir vu écrire au bas de la page. Et s'agissant de l'écriture qui se
4 trouve au bas de la page et qui fait référence au nombre de personnes, 20
5 000 hommes à Potocari, donc 15 à 20 000 hommes à Potocari, c'est ce qui est
6 écrit ici dans une encre différent. Moi j'avais l'impression que dans la
7 vidéo, il était en train d'écrire jusqu'en bas.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendez juste un instant. Essayons
9 d'éviter toute confusion. Alors je crois qu'il y a deux questions. D'abord,
10 la première question que M. Groome vous a posée, Monsieur le Témoin, c'est
11 une question qui porte sur le fait d'avoir vu M. Mladic écrire dans le
12 carnet. Est-ce que ceci vous fait revoir votre position selon laquelle ceci
13 a été fait de façon simultanée et qu'on n'a pas réécrit quelque chose après
14 ?
15 Et deuxièmement, le texte qui se trouve sur cette page, y compris la
16 dernière partie, aurait pu être écrit au même moment. Donc je crois qu'il
17 s'agit de deux questions différentes. Et M. Groome, d'abord, se concentrait
18 sur l'une des questions, alors que vous avez commencé à apporter des
19 commentaires sur la deuxième question.
20 Alors je vais d'abord vérifier.
21 Monsieur Groome, vous ai-je bien compris, est-ce que vous avez posé
22 cette question à deux volets comme ça au témoin ?
23 M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, est-ce que vous êtes
25 d'accord pour dire que vous avez commencé par répondre à la deuxième
26 question plutôt que de répondre à la première question ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Permettez-moi de revoir ce que j'ai dit ici au
28 compte rendu d'audience. Un instant, s'il vous plaît. Oui, peut-être, mais
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1 je ne suis pas convaincu qu'il ne s'agit pas d'un carnet dans lequel on a
2 pris des notes initiales.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites que vous n'êtes pas convaincu
4 qu'il ne s'agit pas de l'original. En fait, il ne s'agit pas du mémoire où
5 on a pris des notes.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais j'ai essayé d'expliquer pourquoi je me
7 suis fait cette opinion. Nous savons ce qui est écrit au bas de la page. Si
8 c'est ce qui est écrit ici, il est en train d'apporter une annotation à la
9 page 552. Est-ce que c'est la page que vous me demandez de commenter ? Est-
10 ce que c'est la page -- est-ce que c'est sur cette page-là que l'on voit la
11 personne écrire dans la vidéo ?
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous savez, s'agissant de la première
13 question -- il faut distinguer clairement les deux questions. Donc la
14 première question était de savoir si cet extrait vidéo vous permet de
15 revoir votre conclusion qui est très ferme, à savoir qu'il s'agissait qu'il
16 y avait des notes qui avaient été écrites simultanément à ce moment-là.
17 Donc il semblerait que vous avez établi de façon plutôt concluante qu'il
18 existait des notes prises dans un premier jet, simultanément alors qu'on
19 parlait. Et donc, je voudrais vous demander si ceci vous porte à revoir
20 votre opinion ? Est-ce que ceci a appuyé votre conclusion ? Est-ce que vous
21 vous êtes peut-être -- est-ce que ça change votre opinion ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, cela ne change absolument rien à ma façon
23 de percevoir les choses.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.
25 Monsieur Groome, je ne sais pas si vous voulez reposer votre deuxième
26 question.
27 Vous ne l'avez pas encore posée, mais bon, comme vous le souhaitez.
28 M. GROOME : [interprétation]
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1 Q. Permettez-moi de vous poser cette question : cette Chambre a entendu le
2 témoignage du général Manojlo Milovanovic, un collègue du général Mladic
3 depuis 1981. Le général Milovanovic était le chef d'état-major du général
4 Mladic et a eu plusieurs occasions de voir l'écriture de M. Mladic.
5 D'ailleurs, il a témoigné le 23 avril 2010, au compte rendu d'audience 4
6 430 à 4 431, où il a répondu ceci :
7 "Question : Est-ce que vous pouvez nous donner une évaluation de la
8 fréquence avec laquelle vous avez vu l'écriture de M. Mladic ?
9 "Réponse : Je l'ai vu écrire depuis la première fois que je l'ai rencontré,
10 et ensuite tous les jours, et plus particulièrement pendant la guerre.
11 "Question : Vous est-il jamais arrivé d'être présent à une réunion et de
12 voir le général Mladic prendre des notes dans un journal pendant cette
13 réunion ?
14 "Réponse : Oui. Nous faisions tous ceci, et de façon régulière. Nous
15 prenions tous des notes régulièrement.
16 "Question : Est-ce que vous saviez s'il avait l'habitude de prendre des
17 notes alors que différents interlocuteurs parlaient, ou bien attendait-il
18 que la réunion se termine ?
19 "Réponse : Lorsqu'il ne parlait pas, il écrivait tout constamment, il
20 écrivait ce que les gens disaient."
21 Le général Milovanovic, ensuite, a vérifié si l'écriture dans les carnets
22 correspond à celle du général Mladic, et il nous a dit qu'il avait
23 l'occasion de le voir écrire pendant qu'ils assistaient aux réunions
24 ensemble.
25 Alors, est-ce que vous aviez cette information-là lorsque vous avez
26 tiré vos conclusions ?
27 R. Non.
28 Q. Si vous aviez eu cette information, est-ce que ceci aurait changé
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1 quelque chose ?
2 R. Non.
3 M. GROOME : [interprétation] Je demanderais que l'on affiche maintenant 65
4 ter 6439.
5 Q. Il s'agit là d'une copie de votre CV que nous avons trouvée sur
6 internet.
7 R. Hm-hm.
8 Q. Il semblerait que ce CV est écrit à la première personne du singulier.
9 Je vous demanderais de bien vouloir le regarder, et dites-nous si vous le
10 reconnaissez et dites-nous si c'est vous qui avez rédigé ce CV.
11 R. Il semblerait que ce soit, comme vous dites, un vieux CV, un vieux
12 curriculum vitae.
13 Q. Il y a plusieurs pages.
14 R. Oui, je sais, il y en a plusieurs, effectivement.
15 Q. Et il y a également des affaires dans lesquelles vous avez déposé.
16 R. Il faudrait que l'on passe à la dernière page afin que je puisse vous
17 dire à quel moment j'ai mis à jour ce CV.
18 M. GROOME : [aucune interprétation]
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien, je vois. C'est en 2010.
20 M. GROOME : [interprétation]
21 Q. Donc en fait, ce CV est vieux de deux ans.
22 R. Oui.
23 M. GROOME : [interprétation] Je demanderais que ce CV soit également versé
24 au dossier en tant que pièce de l'Accusation.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection de pertinence, s'il vous
26 plaît. Est-ce que vous pensez que nous devrions tirer des conclusions du
27 fait que le témoin ait déposé dans l'affaire Régina contre "Crown Court" ?
28 M. GROOME : [interprétation] En fait, je crois que ceci sera plutôt
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1 évident, plus clair.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. En l'absence d'objections,
3 quelle sera la cote de ce document, Madame la Greffière ?
4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document P1132 [comme interprété]
5 sera versé au dossier.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.
7 Je suis vraiment désolé. Même si je n'ai pas très bien compris la
8 pertinence, au moins c'est clair pour vous. Très bien.
9 M. GROOME : [interprétation] Je crois que je vais -- vous allez pouvoir
10 comprendre à la suite de ma prochaine question.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, faites, je vous prie.
12 M. GROOME : [interprétation]
13 Q. Monsieur Browne, pourriez-vous nous dire et nous montrer l'endroit dans
14 votre CV qui indique que vous avez une expertise et une formation dans le
15 domaine de l'analyse de l'écriture ?
16 R. J'ai été formé alors que je travaillais au service de l'immigration.
17 Ensuite, j'ai reçu une autre formation en 1994, lorsque j'ai quitté les
18 services de l'information [comme interprété].
19 Q. Je vous pose la question suivante : sur votre curriculum vitae, que
20 vous avez écrit vous-même et qui est disponible sur internet, est-ce que
21 vous pourriez nous dire où dans votre CV, où est-ce que vous nous parlez,
22 où est-ce que vous résumez le fait d'avoir suivi une formation et où est-ce
23 que l'on voit votre expertise en tant qu'analyste en écritures ?
24 R. Dans ce CV-là. Pourrait-on passer à la page 2, s'il vous plaît. Merci.
25 Quelque chose qui cloche ici. J'ai reçu une formation --
26 Q. Non, mais en fait, j'aimerais savoir : sur ce CV --
27 R. Etant donné que je vois ici "training and education", formation,
28 éducation --
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1 Q. Mais j'aimerais savoir si vous avez suivi un cours, une formation
2 spécialisée dans le domaine de l'écriture ?
3 R. Oui, mais j'ai reçu une formation de la section du renseignement pour
4 les "fo" -- et cetera, et cetera.
5 Q. Quelle est la raison pour laquelle vous ne l'avez pas inclus dans votre
6 CV?
7 R. En fait, c'est sous-entendu. Je n'ai pas énuméré mes formations -- ma
8 formation une par une. J'ai également d'autres formations pour ce qui est
9 de l'imprimerie, de la reliure, et cetera, mais je ne l'ai pas mentionnée
10 ici.
11 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, avant d'aller plus
12 loin, j'aimerais également vous demander le versement au dossier de
13 l'extrait vidéo 6437 et de l'arrêt sur image 6437.1.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si je ne m'abuse, 65 ter 6437 n'est pas
15 en la possession du Greffe.
16 M. GROOME : [interprétation] Je l'ai ici, Monsieur le Président. Je
17 pourrais la remettre, remettre cette vidéo à l'huissier.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Très bien.
19 Madame la Greffière, l'extrait sur image et la vidéo, quelles seront
20 leurs cotes ?
21 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] L'extrait vidéo 6437 recevra la cote
22 P3113.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Ils seront versés au dossier.
24 Et l'arrêt sur image ?
25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] L'arrêt sur image qui porte la cote
26 6437 [comme interprété] recevra la cote P3114.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le document est admis au dossier.
28 Vous pouvez poursuivre, Monsieur Groome.
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1 M. GROOME : [interprétation]
2 Q. Monsieur Browne, je voudrais remettre en question votre déposition sur
3 le caractère ordonné de l'écriture. Hier, vous avez fait des déclarations
4 très fermes au sujet de ce caractère très ordonné de l'écriture. Par
5 exemple, à la page du compte rendu d'audience 46, vous avez dit :
6 "L'écriture est très, très ordonnée tout au long."
7 Et puis à la page 47, vous avez dit :
8 "C'est le caractère ordonné. Les traits pesés qui ont été tracés, qui me le
9 font penser. Quelqu'un a bien réfléchi et puis a couché ses pensées sur le
10 papier. Tout est très ordonné, page après page, après page, après page".
11 M. GROOME : [interprétation] Et puis, Monsieur le Président, je vous
12 signale que le témoin a souligné à cinq autres reprises le caractère
13 ordonné des notes prises.Alors j'aimerais maintenant que nous nous
14 penchions sur le carnet numéro 4.
15 C'est le document 5597 de la liste 65 ter.
16 Q. Pendant que nous attendons l'affichage du document, pour ce qui est de
17 ce carnet particulier que vous appelez le carnet numéro 4 dans votre
18 rapport, vous en dites, au paragraphe 26 :
19 "Mis à part une seule page qui a été arrachée, je n'ai pas pu relever
20 d'autres anomalies dans ce carnet particulier".
21 M. GROOME : [interprétation] Alors j'aimerais qu'on affiche dans le système
22 du prétoire électronique la page 7 de l'original.
23 Et si les Juges de la Chambre pensent que c'est utile, je peux
24 également vous montrer la traduction anglaise, puisque ce qui nous
25 intéresse ici le plus, c'est le caractère ordonné de l'écriture. Il vaut
26 peut-être mieux présenter l'original.
27 Q. Donc est-ce là un exemple de ce que vous décrivez comme une écriture
28 ordonnée ?
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1 R. Non, ceci est une liste. Est-ce qu'on y répertorie des numéros de
2 téléphone ? Oui, c'est une liste où on répertorie les différents numéros de
3 téléphone. Ceci n'est pas un exemple typique, et, par conséquent, ce n'est
4 pas un extrait du carnet qui aurait attiré mon attention, puisque ce n'est
5 pas vraiment une entrée suivie où on aurait couché ses pensées. C'est une
6 liste de numéros de téléphone qui a probablement été compilée pendant une
7 période de temps prolongée.
8 Q. Alors, nous allons voir une autre page.
9 M. GROOME : [interprétation] La page 16 de l'original du système du
10 prétoire électronique, page 15 en traduction.
11 Q. Penchons-nous sur le numéro 1. Nous avons le numéro 3, qui semble avoir
12 été d'abord, en fait, le numéro 2, puis on apporte une correction. On l'a
13 transformé en numéro 3, puis nous voyons qu'il y a eu deux rayures qui
14 peuvent être révélées sur cette page. Et puis ces notes prises à la main
15 semblent descendre vers la droite, le long de la page. Peut-être parce
16 qu'il n'y a pas de ligne qui serait tracée sur le papier. Etes-vous
17 d'accord avec mes observations ?
18 R. Tout à fait.
19 M. GROOME : [interprétation] Examinons une autre page, page 26 de
20 l'original, page 25 de la version anglaise.
21 Q. Là encore, nous voyons des petits dessins ou des choses écrites sans
22 importance en haut de la page, et en bas de la page il est clair qu'en fait
23 le deuxième paragraphe est censé être le premier, et nous avons une flèche
24 qui montre où on devrait insérer le paragraphe qui suit. Etes-vous d'accord
25 ma description ?
26 R. Oui.
27 Q. Et est-ce que nous avons ici une confirmation de ce que vous avez dit
28 hier, à savoir que "tout est rédigé de façon très ordonnée, page après
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1 page, après page, après page, après page" ?
2 R. Eh bien, de façon générale, l'écriture est très nette et très ordonnée
3 ici. On a changé l'ordre des paragraphes, on a apporté des modifications
4 aux numéros des paragraphes 1, 2, 3, mais l'écriture est toujours très
5 ordonnée, n'est-ce pas ?
6 Q. Je ne dirais pas qu'il s'agit ici d'une écriture nette et ordonnée. Ce
7 n'est pas la question qui se pose. En fait, ce qui m'intéresse ici, ce que
8 je mets en question c'est votre hypothèse suivant laquelle l'écriture n'en
9 est nette que si l'on écrit après coup, a posteriori ?
10 Or, nous avons ici ces différentes modifications qui ont été apportées.
11 Nous savons que le paragraphe numéro 2 est censé prendre la place du
12 paragraphe numéro 1. Est-ce que nous avons ici un exemple de ce que vous
13 décrivez comme une transformation des notes écrites à la va-vite par des
14 notes ordonnées et réécrites ?
15 R. Mon point de vue n'a pas nécessairement changé après avoir vu cette
16 page.
17 Q. Examinons alors une autre page. C'est le document 5596 à la liste 65
18 ter. Un autre carnet que vous avez examiné.
19 M. GROOME : [interprétation] Il faut la page 35 dans le système du prétoire
20 électronique.
21 M. JORDASH : [interprétation] Excusez-moi, je suis désolé d'interrompre le
22 cours du contre-interrogatoire, mais M. Stanisic aimerait que nous fassions
23 une pause.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pause sera faite un peu à l'avance.
25 Est-ce que c'est M. Stanisic qui se sent mal, ou est-ce que nous sommes
26 censés faire une pause maintenant ?
27 M. JORDASH : [interprétation] Non, c'est à cause de M. Stanisic. Il ressent
28 de la nausée et il ne se sent pas trop bien.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous voulez que nous fassions une pause
2 d'une demi-heure ?
3 M. JORDASH : [interprétation] Il me semble que ce serait prudent.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce serait la chose la plus intelligente
5 à faire. Très bien.
6 M. JORDASH : [interprétation] Oui.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, je me demande de
8 combien de temps avez-vous besoin encore ?
9 M. GROOME : [interprétation] Je touche à la fin. Il me reste une
10 vingtaine de questions après celle-ci.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une vingtaine de questions, très bien.
12 Alors, nous allons faire une pause. Disons que vous n'avez pas besoin de
13 plus d'une minute par question, donc 20 minutes devraient être suffisantes
14 pour vos questions, et il nous reste une heure, donc cela devrait suffire
15 pour la fin du contre-interrogatoire, les questions supplémentaires et les
16 questions des Juges de la Chambre.
17 M. JORDASH : [interprétation] J'aurais une argumentation à présenter. Je ne
18 pense pas que j'aurais des questions à poser au témoin, mais j'aimerais
19 présenter une argumentation.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, pas de questions à poser au
21 témoin.
22 M. JORDASH : [interprétation] Non, mais j'aurais besoin de dix à 15 minutes
23 pour présenter mon argumentation, et c'est à peu près le temps qui, d'après
24 mon évaluation première, il m'aurait fallu pour poser mes questions
25 supplémentaires.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, très bien.
27 Nous allons faire une pause maintenant. Nous allons reprendre nos travaux à
28 12 heures 30. Mais avant de le faire, j'aimerais dire quelque chose pour le
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1 compte rendu d'audience à huis clos partiel.
2 Monsieur l'Huissier, veuillez raccompagner le témoin de la salle
3 d'audience, s'il vous plaît.
4 [Le témoin quitte la barre]
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à huis clos partiel, s'il vous
6 plaît.
7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
8 [Audience à huis clos partiel]
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 [Audience publique]
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Nous faisons une pause
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1 maintenant, et nous reprenons nos travaux à midi 30.
2 --- L'audience est suspendue à 12 heures 00.
3 [Le témoin vient à la barre]
4 --- L'audience est reprise à 12 heures 34.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome. Vingt questions, s'il
6 vous plaît.
7 M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
8 Q. Monsieur Browne, aux paragraphes 83 à 92 de votre rapport, section
9 dédiée à la "continuité", vous y présentez vos critiques quant à la manière
10 dont les carnets ont été récupérés, et vous dites qu'il n'y a pas eu
11 suffisamment de rapports sur la manière dont les carnets ont été récupérés.
12 Vous dites que, d'abord, la description des lieux où les carnets ont été
13 retrouvés n'est pas suffisamment précise; deuxièmement, les photographies
14 des lieux n'ont pas été prises de façon à pouvoir se faire une idée de ces
15 locaux; et troisièmement, il y a des photographies qui représentent une
16 commode et qui ont éveillé auprès de vous des soupçons; quatrièmement, il y
17 a une photo qui, d'après vous, représente une mise en scène, parce que les
18 carnets eux-mêmes sont très propres alors que le panneau derrière est
19 recouvert de crasse.
20 Est-ce que j'ai bien résumé vos critiques principales que vous avez
21 exprimées du point de vue de la continuité ou de l'archivage de ces carnets
22 ?
23 R. Oui.
24 Q. Alors vous le savez de par votre expérience, ou parce que vous l'avez
25 vu à la télé, qu'il existe des procédures très spéciales qui sont adoptées
26 par la police lorsqu'on traite une scène de crime, n'est-ce pas ?
27 R. Tout à fait.
28 Q. Et vous n'êtes pas spécialisé en la matière ?
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1 R. J'ai prêté main-forte à la police dans de nombreuses occasions.
2 Lorsqu'il s'agissait de pénétrer dans les lieux, d'examiner des
3 contrefaçons et d'effectuer des perquisitions, par exemple, dans les lieux
4 où on imprimait ou on fabriquait des contrefaçons.
5 Q. Donc vous vous considérez comme un expert en matière de sciences, en
6 matière des questions reliées aux travaux de police scientifique ?
7 R. Je dirais que j'ai une certaine expérience en la matière. Mais je ne
8 dirais pas que je suis un expert. Ce n'est pas quelque chose que je fais
9 tous les jours, donc je ne dirais pas que je suis "spécialisé en la
10 matière". Mais j'avais une certaine expérience.
11 Q. Et des tribunaux britanniques vous ont-ils reconnu comme un expert en
12 matière d'expertise scientifique de la scène du crime ?
13 R. Non.
14 Q. Donc, en fait, toute cette partie de votre rapport n'est pas le
15 résultat de votre expertise; vous avez tout simplement exprimé des
16 préoccupations que vous avez formulées sur la base de vos expériences
17 générales dans la vie et dans l'exercice de votre profession ?
18 R. Mes observations sont basées sur mon expérience professionnelle. En
19 Angleterre, il m'arrive de me pencher sur les questions d'archivage de
20 temps en temps.
21 Q. Mais jamais en tant qu'expert.
22 R. Non.
23 Q. Et si nous revenons sur votre CV, nous allons voir que vous n'avez pas
24 été formé en cette manière spécifiquement ?
25 R. Non.
26 Q. Et comment, d'après vous, les défauts de procédure lors de la saisie de
27 carnets montrent-ils que les carnets sont une contrefaçon ?
28 R. Eh bien, ce n'est pas une preuve de contrefaçon. Tout simplement, nous
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1 n'en savons pas suffisamment. Dans quelles conditions ces carnets ont été
2 récupérés, où ils ont été trouvés, à quel moment. Et c'est ce que j'indique
3 au paragraphe 84. Donc c'est, de façon générale, les conditions dans
4 lesquelles les livres ont été récupérés qui me posent problème.
5 Q. J'ai déjà résumé vos conclusions, leur essence. Donc vous n'avez pas
6 trouvé de preuve concrète et définitive de falsification; simplement vous
7 avez relevé un certain nombre de problèmes ?
8 R. Oui, c'est une description juste de mes conclusions.
9 Q. Et votre conclusion finale c'est que "sans avoir trouvé de réponses
10 satisfaisantes à une série de questions, je pense qu'on ne peut accorder
11 que peu de crédibilité à ces carnets, individuellement ou dans leur
12 ensemble." Mais cette conclusion n'est pas une réponse à la question qui
13 vous a été posée, à savoir d'évaluer à quel point il est très probable
14 qu'on ait falsifié ces carnets sur la base de votre examen physique de
15 carnets, et en utilisant des méthodes d'expertise scientifiques.
16 Donc j'aimerais que vous répondiez à cette question maintenant. Sur
17 la base des examens que vous avez effectués en recourrant aux méthodes
18 scientifiques, y a-t-il des preuves définitives de falsification des
19 carnets ?
20 R. Je pense qu'un certain nombre de carnets comportent des anomalies que
21 je n'ai pas pu expliquées.
22 Q. Je ne vous demande pas si vous êtes en mesure d'expliquer les anomalies
23 que vous avez relevées. Mais avez-vous trouvé des preuves, avez-vous
24 constaté de façon définitive que ces carnets sont une contrefaçon ?
25 R. Non.
26 Q. Monsieur Browne, vous nous avez dit que vous êtes arrivé à votre
27 conclusion qu'on ne peut pas se fier à ces carnets seulement après les
28 avoir examinés en profondeur à l'Institut néerlandais au mois de novembre
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1 2011. Quatre mois auparavant, le 15 juin 2011, M. Jordash a dit suite à ses
2 propos liminaires dans cette affaire, je cite :
3 "La tentative trop évidente de M. Mladic d'impliquer M. Stanisic par une
4 série de journaux maquillés sera mise à jour."
5 Monsieur Browne, à votre avis, ces carnets ont-ils été maquillés ?
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, à vous.
7 M. JORDASH : [interprétation] Excusez-moi, mais je dois soulever une
8 objection.
9 Pour commencer, ce n'est pas la conclusion qui se pose inévitablement.
10 Puisque pour étayer mon hypothèse, j'avais présenté toute une série de
11 raisons différentes. Et, par ailleurs, je pense qu'il n'est pas juste de
12 présenter au témoin ce qui peut être une argumentation de la Défense
13 présentée à huis clos partiel.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eh bien, je ne sais pas si c'est vrai ou
15 non, je ne sais pas si vraiment ceci a été présenté à huis clos partiel --
16 bon, je vais relire ce que nous venons de dire.
17 Les opinions de Me Jordash exprimées dans la salle d'audience à un moment
18 donné ne sont pas l'objet de l'expertise de ce témoin, à moins que le
19 témoin lui-même ne décide de s'exprimer sur le sujet. Donc, par conséquent,
20 ce n'est pas un sujet qui me semble utile d'approfondir, les conversations
21 qui ont pu avoir lieu entre l'Accusation -- ou plutôt, entre la Défense
22 Stanisic et M. Browne. A moins que le témoin n'insiste là-dessus : "Bon, je
23 ne donne que mon opinion et je la donne peut-être d'une façon prématurée,
24 avant d'avoir examiné le document concerné," mais en tout cas il me semble
25 que le témoin ne doit pas être concerné par ce que Me Jordash a pu dire
26 dans la salle d'audience à un moment donné.
27 Donc, si je vous ai bien compris, dans le rapport on n'évoque pas
28 l'hypothèse de Me Jordash, Monsieur Groome ?
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1 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, on n'évoque pas
2 explicitement les opinions de Me Jordash, mais sur la base de la déposition
3 ou de l'examen, il est quand même clair --
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais tout de même --
5 M. GROOME : [interprétation] -- il a été dit que les journaux sont
6 maquillés.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais Me Jordash aurait pu consulter dix
8 experts différents pour arriver à cette conclusion, ou alors sa conclusion
9 a pu être basée sur une mauvaise interprétation de ce qu'on lui a fait
10 savoir, ou alors il a pu la formuler de son propre chef. Par conséquent, je
11 ne pense pas qu'il soit utile de poser des questions au témoin là-dessus,
12 ce qu'il pense des choses qui ont été dites au sujet de ces carnets
13 maquillés avant que le témoin procède à leur examen. Donc je pense qu'il
14 faut laisser ce sujet de côté.
15 M. JORDASH : [interprétation] Et, par ailleurs, en l'absence du témoin, je
16 vous présenterais volontiers mon argumentation sur le point.
17 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
18 M. GROOME : [aucune interprétation]
19 M. JORDASH : [interprétation] Mais il me semble que cela serait superflu vu
20 la décision qui vient d'être prise par le Président.
21 M. GROOME : [interprétation] Je comprends la décision prise par les Juges
22 de la Chambre et je vais m'y conformer. Je tiens cependant à souligner que
23 certains de ces carnets se sont trouvés à un moment donné entre les mains
24 du bureau du Procureur. Et M. Browne est la seule personne qui a eu
25 l'occasion d'y avoir accès.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais je parlais de conversations.
27 Ce qui ne signifie pas nécessairement que Me Jordash ait pu consulter les
28 carnets ou bien qu'un autre ait eu accès à ces carnets.
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1 M. GROOME : [interprétation] Bon, je vais reformuler ma question.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Laissons ce sujet de côté. Ce n'est pas
3 la peine de l'approfondir. Ce que Me Jordash dit, il le dit pour lui-même.
4 M. GROOME : [interprétation]
5 Q. Monsieur Browne, n'est-il pas vrai que vous êtes arrivé à la conclusion
6 que les carnets ont été maquillés avant de les avoir examinés de façon
7 approfondie et en vous servant de l'équipement scientifique nécessaire ?
8 R. Non.
9 Q. Après avoir examiné les carnets sans avoir trouvé de preuve tangible de
10 fraude ou de comportement frauduleux, vous vous êtes appuyé sur des choses
11 qui n'ont rien à voir avec votre expertise - à savoir le caractère ordonné
12 de l'écriture, la régularité de la procédure de saisie - pour soutenir
13 votre conclusion que vous aviez déjà formulée avant d'examiner les livres ?
14 N'est-ce pas ce qui se passe ici ?
15 R. Non.
16 M. GROOME : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Groome.
18 Maître Petrovic.
19 M. PETROVIC : [interprétation] Nous n'avons pas de questions à poser à ce
20 témoin. Merci.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas de questions à poser.
22 Très bien.
23 Maître Jordash, pas de questions supplémentaires ?
24 M. JORDASH : [interprétation] Donnez-moi 30 secondes seulement, s'il vous
25 plaît.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous vous en accorderons 45 si vous le
27 souhaitez.
28 M. GROOME : [interprétation] Excusez-moi.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome.
2 M. GROOME : [interprétation] C'est une question que j'ai posée avant la
3 pause, mais le témoin ne m'a jamais répondu. Alors j'aimerais qu'il réponde
4 à ma question. La question est liée au document qui est affiché à l'écran.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je m'en souviens. Sur une
6 intervention de Me Jordash, nous avons fait une pause anticipée.
7 Maître Jordash, j'imagine que vous n'avez pas d'objection à ce que M.
8 Groome repose la question qu'il avait posée à la veille de la pause ?
9 M. JORDASH : [interprétation] Non, bien évidemment.
10 M. GROOME : [interprétation] Peut-on afficher, s'il vous plaît, de nouveau
11 la page 25 dans le système du prétoire électronique. Il s'agit du document
12 5596 de la liste 65 ter.
13 Q. Monsieur Browne, voyez-vous le document affiché à l'écran ?
14 R. De quel carnet s'agit-il ? Suivant les références que j'ai utilisées
15 dans mon rapport.
16 Q. C'est le carnet numéro 3.
17 R. Ah. Merci.
18 Q. Avez-vous examiné la page qui vient d'être affichée, et pensez-vous que
19 c'est une page qui se présente d'une façon ordonnée ?
20 R. Non, certainement pas. L'écriture est ordonnée, mais la page ne l'est
21 pas. Il y a beaucoup de modifications qui y sont apportées.
22 Q. Et pensez-vous que c'est quelque chose qui a été rédigé au moment où
23 les événements eux-mêmes se produisaient ou qu'il s'agit d'une
24 reconstruction de la réunion qui est décrite ici ?
25 R. Il semblerait que des modifications aient été apportées après que la
26 page ait été rédigée. Manifestement, tout ceci a été écrit après coup. Je
27 ne peux pas dire combien de temps a posteriori. Mais en tout cas, ce qui
28 avait été écrit au même moment où les deux éléments se déroulaient a été
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1 modifié par la suite.
2 Q. Et donc, votre déclaration très générale que vous avez faite dans le
3 cadre de votre déposition suivant laquelle toutes les écritures avaient été
4 faites a posteriori n'est pas correcte ? Donc certaines notes ont dû être
5 prises au fil des événements ?
6 R. Oui. Ce que vous me présentez a un certain impact sur le jugement que
7 j'ai porté tout à l'heure, même si j'ai parlé de façon générale de la façon
8 dont les carnets avaient été écrits dans leur totalité.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais ce n'est pas ce qui est écrit dans
10 le rapport.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Bon.
12 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela ne vaut certainement pas pour cette page,
14 cela est vrai.
15 M. JORDASH : [interprétation] Mais le témoin avait déjà modifié ses
16 conclusions dès hier.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Et maintenant son point de vue
18 vient d'être cité, mais il n'était pas tout à fait clair pour moi si la
19 conclusion avait déjà été annotée dans son rapport ou non.
20 Monsieur Groome, à vous.
21 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, pour que tout
22 soit très clair et limpide : hier, à la page du compte rendu d'audience 79,
23 j'ai essayé de préciser un point, et donc je vous ai posé la question
24 suivante :
25 "Question : Donc vous êtes en train de nous dire que tous ces
26 carnets, d'après vous, ont été écrits a posteriori ?"
27 Et vous avez réponse : "Oui."
28 Q. Vous souvenez-vous de cette question et de la réponse que vous avez
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1 fournie ?
2 R. Je ne me souviens pas de tout en détail, mais je ne doute pas de la
3 parole du Procureur. Ce que j'ai déclaré hier alors ne s'applique pas à
4 cette page concrète. Et si vous me présentez d'autres pages de ce type, je
5 peux modifier ma conclusion. Il y a peut-être d'autres pages qui ont été
6 rédigées au fil des événements, c'est possible.
7 Q. Mais vous pensez qu'il ne s'agit que d'une ou deux pages qui sont comme
8 ça, n'est-ce pas ?
9 R. Oui, tout à fait.
10 Q. Et vous pensez que ce carnet 3 très concrètement, le reste du carnet 3,
11 a été réécrit, mais que cette page seule, isolée, a été écrite au fil des
12 événements ?
13 R. Non. Je veux dire qu'il est clair que peut-être le carnet dans sa
14 totalité a été écrit au fil des événements. Et j'admets que je m'étais
15 trompé auparavant.
16 Q. Donc vous admettez que le carnet 3, tout au moins, contient des
17 écritures qui ont été faites au fil des événements ?
18 R. Oui.
19 Q. Et qu'il peut exister d'autres carnets pour lesquels vaut la même
20 conclusion ?
21 R. Mais je ne m'en souviens pas.
22 M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'aimerais poser une question qui
24 porte sur ce carnet numéro 3.
25 Il y a beaucoup de pages qui sont rédigées d'une façon très ordonnée
26 dans le carnet 3, n'est-ce pas ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela veut dire que le caractère ordonné
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1 de l'écriture ne nous dit pas forcément si les notes ont été prises au fil
2 des événements ou non. Peut-être que nous avons une page qui a été écrite
3 au fil des événements, et puis d'autres qui ont été recopiées sur la base
4 des notes faites à la va-vite… parce que si nous trouvons un autre carnet
5 qui se présente d'une façon similaire, très ordonnée, pour la plupart des
6 pages, on ne peut pas dire : Eh bien, sur la base de deux ou trois pages,
7 il faut nécessairement conclure que toutes les pages ont été rédigées au
8 fil des événements. En tout cas, il semblerait que le caractère ordonné de
9 l'écriture n'est pas un facteur décisif pour déterminer si un carnet a été
10 rédigé au fil des événements ou a posteriori.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, j'essaie de comprendre votre
12 question, Monsieur le Président.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eh bien, si nous avons un carnet et si
14 nous avons quelques pages dans un carnet qui semblent démontrer qu'elles
15 ont été écrites au fil des événements et qu'elles apparaissent en plein
16 milieu d'un carnet, alors cela semble suggérer que le carnet dans sa
17 totalité a été écrit au fil des événements et qu'il n'a pas été recopié a
18 posteriori. Mais disons qu'il ne s'agit que de trois pages sur 50 - je ne
19 sais pas quel est le nombre exact de pages dans ce volume - cela veut dire
20 que nous avons en même temps 38 [comme interprété] pages écrites d'une
21 façon très ordonnée. Et, par conséquent, si quelque chose est rédigé d'une
22 façon ordonnée ou non ne nous dit rien sur le fait de savoir si les notes
23 ont été rédigées au fil des événements ou non.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je comprends ce que vous voulez dire,
25 Monsieur le Président. Mais je dirais aussi que nous ne savons pas à quel
26 moment les modifications ont été apportées.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De quelles modifications parlez-vous ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, il y a des modifications qui sont
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1 apportées, par exemple, à la page 2 405 [comme interprété]. Elles ont pu
2 être apportées a posteriori. Un an plus tard, par exemple.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais il n'est pas question des
4 modifications apportées, là.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Les carnets semblent avoir été rédigés d'une
6 façon ordonnée. Et puis, on a rajouté des modifications. Mais bon, très
7 bien. Je ne vais pas débattre ce sujet avec le Président.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Nous n'allons pas débattre de quoi
9 que ce soit.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis de façon générale d'accord avec ce que
11 vous venez de dire.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, permettez-moi de vous poser une
13 question, Monsieur Groome.
14 Tout à l'heure, vous avez demandé au témoin comment il était arrivé à la
15 conclusion sur la base des éléments A, B et C que ces carnets constituaient
16 une contrefaçon. Je n'ai jamais compris que ce témoin expert disait dans
17 ses conclusions que les livres étaient contrefaits, même s'il n'exclut pas
18 la possibilité, sur la base des anomalies qu'il a pu relever, n'exclut pas
19 la possibilité qu'il y ait eu des falsifications dans l'aspect final de ces
20 carnets.
21 Monsieur Groome, êtes-vous sûr que vous vouliez formuler votre question de
22 la façon dont vous l'avez faite ? Parce que ça me pose des problèmes. Vous
23 souvenez-vous, par ailleurs, de la façon exacte dont vous avez posé la
24 question ? Bon, vous vous êtes servi du terme "comportement frauduleux" et
25 c'est tout ce que je garde à l'esprit. Permettez-moi de vérifier ce point.
26 Vous avez dit à la page 75 du compte rendu, je cite :
27 "Comment vous percevez les irrégularités de la perquisition, et
28 comment cela démontre que les carnets ont été falsifiés ?"
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1 Si j'ai bien compris, le témoin expert nous a dit cela, à savoir comment on
2 peut conclure qu'il s'agit des carnets falsifiés. Je pense que c'est dans
3 son rapport --
4 M. GROOME : [interprétation] Je pense que la ligne que j'ai mentionnée à la
5 page 12, où il a dit que pour ce qui est des endommagements dans le carnet
6 16, cela représente une preuve, la meilleure preuve pour ce qui est des
7 falsifications.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
9 M. GROOME : [interprétation] Si je me souviens bien.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et pour ce qui est des indices de
11 falsification, cela ne représente pas la même chose que des preuves
12 apportées pour corroborer le fait qu'il y a eu la falsification. Je ne suis
13 pas d'accord avec vous pour dire que ces indices sont des éléments qui sont
14 ambigus quelque peu, mais j'ai voulu que ce soit clair que le témoin expert
15 n'est jamais arrivé à la conclusion selon laquelle les carnets ont été
16 falsifiés, bien qu'il y a des indices disant que c'est toujours possible
17 que certains éléments ont été falsifiés pour ce qui est de ces carnets.
18 C'est comme ça que j'ai compris son témoignage.
19 Et votre question impliquait plus ou moins que, d'après l'opinion de
20 l'expert, ces carnets ont été falsifiés, alors qu'il y avait des indices --
21 M. GROOME : [interprétation] Puisque le témoin est là, on pourrait peut-
22 être lui poser la question.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
24 Monsieur Browne, j'ai commenté un point qui figure dans la question qui
25 vous a été posée de façon implicite. J'ai expliqué comment j'ai compris
26 votre témoignage. Et lorsque vous dites qu'il y avait des indices
27 concernant la falsification, j'ai compris qu'il s'agissait des éléments qui
28 -- donc des signes qui pouvaient nous amener à la conclusion qu'il y ait eu
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1 des falsifications pour ce qui est de ces carnets, bien que cela ne soit
2 pas suffisant pour conclure avec certitude qu'il s'agissait des
3 falsifications. Est-ce que j'ai bien compris vos propos ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
6 Questions de la Cour :
7 Mme LE JUGE PICARD : Monsieur Browne, j'ai une question à vous poser, et je
8 voudrais revenir en arrière. Il s'agit du carnet numéro 21, qui est le
9 carnet que Mladic écrivait pendant la réunion à l'hôtel Fontana.
10 Parallèlement à la vidéo que nous avons vue, on nous a montré la page --
11 les deux pages du carnet que Mladic était censé avoir écrit pendant cette
12 réunion, et vous nous avez dit qu'il y avait manifestement deux encres
13 différentes, apparemment, d'après vous. En bas de page, sur deux pages, et
14 chevauchons des lignes imprimées des carnets, il y avait deux encres
15 différentes. Est-ce que vous voyez ce que je veux dire ? Si vous voulez, je
16 peux vous donner la référence pour qu'on l'ait à l'écran, si on la trouve.
17 Alors il s'agissait du document 65 ter 5016. Page 227 de la e-court.
18 Alors, ma question est simple. C'est que sur la photocopie que nous
19 avons de ces deux pages, je ne vois pas de différence d'encre. Et je n'ai
20 pas vu dans votre rapport qu'il y avait un problème d'encre non plus,
21 différente sur les mêmes pages -- sur la même page, que deux encres
22 différentes avaient été utilisées sur la même page. Selon vous, la
23 différence d'encre démontre que les notes prises au bas de chaque page ont
24 été rajoutées après, postérieurement, et je ne vois pas la différence
25 d'encre. Alors, je pense que vous avez dû faire des tests d'infrarouge,
26 mais ça n'apparaît pas dans votre rapport.
27 R. [aucune interprétation]
28 Mme LE JUGE PICARD : [inaudible]
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1 R. Ces deux lignes ont été inscrites avec une encre différente.
2 Mme LE JUGE PICARD : -- évident. Nous avons une écriture bleue sur fond
3 rouge qui paraît plus foncée que celle qui est sur fond blanc, mais on
4 dirait les mêmes encres. Donc, la question que je voulais vous poser c'est
5 : est-ce que vous avez relevé la différence d'encre en utilisant une
6 technique d'infrarouge ou est-ce que c'est à l'œil nu ?
7 R. Oui, mais pour ce qui est de ce document entier, je ne pensais pas que
8 cela pouvait avoir une valeur du point de vue de l'expertise. Je ne pensais
9 pas qu'il y ait des anomalies, puisque l'encre différente a été utilisée.
10 La même encre a été utilisée en bas de la page suivante. Donc on a ces
11 trois lignes inscrites en utilisant une encre différente, et en dessous
12 deux autres lignes en utilisant une autre encre. Je ne peux pas les lire
13 puisque c'est en cyrillique, et je ne pensais pas qu'il y ait une anomalie
14 significative, mis à part le fait que certaines pages manquaient, ce que
15 j'ai décrit dans mon rapport.
16 Mme LE JUGE PICARD : -- vous indiquez qu'il y avait eu l'utilisation
17 d'encre différente sur la même page, et vous avez considéré que c'était
18 peut-être une anomalie. Mais pas dans ce carnet 21, non ?
19 R. Bien, il y a un certain nombre de carnets dans lesquels les entrées ont
20 été inscrites en utilisant une encre différente, et cela apparaissait plus
21 une anomalie que par rapport à ce cas.
22 Mme LE JUGE PICARD : -- si on utilise des encres différentes, selon les
23 pages, c'est une explication évidente. Si sur la même page, et deux fois de
24 suite il y a des encres différentes, ça pourrait être une anomalie, mais
25 vous ne l'avez pas relevée ?
26 R. Pas nécessairement. Pas nécessairement. Je me penchais sur des
27 anomalies pour ce qui est de l'utilisation des stylos. Je me suis penché
28 sur les anomalies dans les entrées où il y avait des stylos différents
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1 utilisés. Dans certains carnets, je n'ai pas considéré cela comme étant une
2 anomalie. Par conséquent, je n'ai pas donc présenté cela en détail dans mon
3 rapport, puisqu'on m'a demandé de me pencher sur les anomalies. Et je n'ai
4 pas considéré cela comme étant une anomalie. L'utilisation de différents
5 stylos, je n'ai pas considéré cela comme étant une anomalie.
6 Mme LE JUGE PICARD : Ecoutez, ma question c'était uniquement de savoir si
7 vous aviez fait des tests infrarouges qui révélaient qu'il y avait eu des
8 encres différentes sur ces deux pages.
9 R. Oui, je l'ai fait. Et il a été confirmé qu'il s'agissait des encres
10 différentes, mais je n'ai toujours pas pensé qu'il s'agissait des
11 anomalies.
12 Mme LE JUGE PICARD : -- vous appartient. Je vous remercie.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai encore quelques questions pour
14 vous, Monsieur Browne. Regardons le paragraphe 81 de votre rapport. C'est
15 le rapport où vous parlez des observations générales. Vous dites : Il
16 semble qu'il s'agisse de l'utilisation du papier qui a été déjà utilisé
17 auparavant pour une raison ou pour une autre. Il y a peu de preuve pour
18 dire que les pages qui ont été écrites à cette époque ont été arrachées, et
19 cela pouvait être confirmé uniquement par technique ESDA. Vous dites qu'il
20 y a peu de moyens de preuve. Est-ce qu'il y en a eu ou pas du tout ?
21 R. Parfois oui, il y en a eu. Si vous vous rappelez, ici on a utilisé la
22 technique de lumière rasante ou éclairage oblique. Et pour ce qui est de
23 certaines pages, nous pouvions les examiner en utilisant cette technique,
24 les pages qui se trouvaient après la page manquante. Donc la seule façon de
25 voir si les pages manquaient, si le texte était écrit sur une partie de la
26 page --
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est pour voir si quelque chose était
28 inscrit sur la page manquante.
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1 R. Oui. C'est ce qu'on a essayé d'établir, s'il y a eu du texte sur la
2 page manquante. Si on retrouve les empreintes sur d'autres pages, nous
3 pouvons donc conclure que ces impressions figurent puisqu'il y a eu de
4 l'écriture, mais on ne sait pas où ces écritures ont été faites. Lorsque je
5 dis qu'il y a eu peu de preuve pour ce qui est du texte existant sur la
6 page manquante, je le dis puisque c'est seulement la technique ESDA qui
7 pourrait confirmer cela. C'est ce qui figure dans ce paragraphe.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voilà ma question suivante : c'est
9 seulement en utilisant la méthode ESDA qu'on pourrait confirmer ce fait, et
10 nous pouvons, dans ce cas-là, comparer les empreintes, parce que nous
11 avons, d'un côté, les empreintes qui nous permettent de conclure qu'il y a
12 eu une feuille de papier ou peut-être plusieurs feuilles de papier avec le
13 texte écrit.
14 Donc ESDA, cette technique, si vous ne pouvez corroborer cela en
15 utilisant cette technique, dans ce cas-là, on ne peut pas nier non plus
16 cela. On ne peut que d'avoir des preuves positives en utilisant cette
17 technique. Mais même après avoir utilisé cette technique, vous pourriez
18 toujours dire que vous n'êtes pas certain concernant l'existence du texte
19 sur la page manquante.
20 R. Nous pouvons voir s'il y avait des empreintes sur cette page manquante,
21 mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de texte là-dessus.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Merci. Ma question suivante
23 concerne les expressions que vous avez utilisées pour ce qui est des
24 paragraphes 89 et 90.
25 Vous dites dans ces paragraphes que les pages de tous les carnets
26 n'ont pas pu être numérotées dans le cadre de cette période de temps. S'il
27 y a eu un rapport là-dessus, cela ne peut pas être vrai. "Si ce n'est pas
28 vrai, donc c'est faux, c'est un mensonge". Et au paragraphe 90, il est dit
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1 : "Si c'est un mensonge…" Je ne comprends pas l'utilisation de "si" dans
2 ce paragraphe. Si, vous dites au paragraphe 89, si ceci n'est pas vrai,
3 c'est un mensonge. Pourquoi dire "si c'est un mensonge" puisque vous avez
4 déjà conclu que ce n'est pas vrai ? Pourquoi vous avez utilisé cette
5 expression complexe au lieu de dire : Ce n'est pas vrai, c'est un mensonge,
6 c'est faux, et par conséquent tous les moyens de preuve soient vrais,
7 soient faux ? Pourquoi vous avez utilisé cette expression compliquée ?
8 R. Il s'agit d'éléments réitérés pour ce qui est de cette phrase.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous avez conclu qu'il s'agissait
10 d'un mensonge ou de quelque chose qui est faux, au paragraphe 89 ?
11 R. Il s'agit d'une tournure, tout simplement. Dans la lettre de
12 Marinkovic, il est question de quelque chose qui n'est pas formulé de façon
13 parfaite. Et c'est là où j'ai le problème. Nous savons que Mme Mladic a
14 signé toutes les pages de tous les carnets, et cela a nécessité beaucoup
15 moins de temps que apposer des numéros sur toutes les pages.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour ce qui est de la numérotation de
17 toutes les pages, et là je regarde la copie --
18 M. GROOME : [interprétation] Pour qu'il n'y ait pas de confusion, Monsieur
19 le Président, le carnet dont vous disposez, la copie qui a été saisie en
20 2008 n'est pas le carnet sur lequel Mme Mladic a apposé des numéros de
21 page.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, ce n'est pas cela. Donc cela
23 apportait la solution à la question. Et vous avez dit que la numérotation a
24 été faite en utilisant un stylo-bille.
25 R. Oui.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Hier, on a reçu une partie du carnet, et
27 la page 44 --
28 R. Oui, Monsieur le Président.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- et la numérotation a été faite avec
2 le stylo-bille et non pas avec le crayon.
3 R. Oui.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Je pense que c'étaient toutes les
5 questions que j'ai voulu vous poser. Est-ce que les questions posées par
6 les Juges de la Chambre peuvent vous amener à poser d'autres questions.
7 M. JORDASH : [interprétation] J'ai voulu poser quelques questions
8 supplémentaires découlant des questions de M. Groome, et je pense que j'ai
9 besoin de deux ou trois minutes pour cela.
10 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
11 M. GROOME : [aucune interprétation]
12 M. JORDASH : [interprétation] M. Groome peut poser d'abord ses questions,
13 s'il le veut.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci.
15 M. GROOME : [interprétation] Merci.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc seulement deux ou trois questions,
17 Monsieur Groome.
18 M. GROOME : [aucune interprétation]
19 Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Groome :
20 Q. [interprétation] Mme le Juge Picard vous a demandé si vous avez examiné
21 les encres utilisées dans ces carnets, et vous avez dit que oui, que les
22 encres différentes ont été utilisées.
23 R. Oui.
24 Q. C'est le carnet 21, la page finit par numéro 0552. Pouvez-vous apposer
25 une note à l'endroit où vous avez indiqué cela sur le rétroprojecteur, pour
26 nous expliquer ce que vous avez retrouvé.
27 R. Il faut que je retrouve cette page. Je vais d'abord placer cette page-
28 là sur le rétroprojecteur. Elle porte sur la réunion. C'est donc les
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1 questions principales qui m'aient été posées.
2 Q. Monsieur, pourriez-vous nous indiquer où sur cette page vous avez
3 enregistré votre analyse selon laquelle deux encres différentes avaient été
4 utilisées, et je parle bien de la page 0552.
5 R. Excusez-moi, non, en réalité ce n'est pas la bonne page.
6 Q. Non, je voulais simplement avoir la page concernée.
7 R. Voilà, il n'y a pas d'anomalie concernant l'encre. Donc, ceci veut dire
8 que tout est correct. Ceci veut dire également que j'ai examiné, mais je
9 n'ai pas décelé d'anomalie. Je n'estime pas qu'il y ait, en fait, une
10 anomalie par le fait même qu'il y a une autre couleur d'encre.
11 Q. Non, mais en fait, vous n'avez pas la bonne page. Veuillez, je vous
12 prie, placer sur le rétroprojecteur la page qui porte le numéro 0552 --
13 R. Je n'ai pas de référence spécifique quant à cette page.
14 Q. Alors, lorsque vous avez répondu au Juge Picard à savoir que vous avez
15 fait ce test, et après avoir trouvé une anomalie positive concernant deux
16 encres différentes, vous avez répondu à sa question sur la base de vos
17 souvenirs ou de notes ?
18 R. Non. En fait, j'ai vérifié. Je sais que j'ai vérifié s'il y avait des
19 encres différentes. Si j'avais estimé qu'il s'agissait d'une anomalie,
20 j'aurais fait une note. J'aurais fait une note précise là-dessus.
21 Q. Mais vous avez répondu au Juge Picard qu'il y avait deux encres
22 différentes sur cette page ?
23 R. Oui, effectivement. Il y a deux différentes encres en bas de la page
24 également.
25 Q. Et vous répondez ceci parce que vous vous en souvenez, vous vous
26 souvenez de la page en question ? Ou bien, est-ce que vous avez une note où
27 vous pouvez nous montrer l'endroit où vous avez enregistré que la page 0552
28 comportait deux encres différentes ?
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1 R. Non, parce que je n'ai pas estimé que les entrées étaient -- qu'il
2 s'agissait d'une anomalie. Donc je n'ai pas réellement nommé 552 ou 553.
3 Q. [aucune interprétation]
4 R. S'il y avait eu une anomalie, j'aurais fait une note précise là-dessus.
5 M. GROOME : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai une question supplémentaire à vous
7 poser, s'agissant toujours de cette même question. Encore une fois, nous
8 nous penchons sur les deux pages qui ont été copiées.
9 Vous dites que les deux dernières lignes ont été écrites dans deux
10 différentes encres.
11 Donc j'aimerais savoir si nous sommes maintenant de retour vers
12 l'encre normale.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous sommes de retour à l'encre normale.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais si je prends ma traduction, la
15 dernière ligne dit qu'il y a de 15 à 20 000 hommes à Potocari; 88 personnes
16 blessées, dont certaines grièvement … et huit autres personnes sont restées
17 à Srebrenica. Il semblerait que les deux ou trois dernières lignes de cette
18 première page s'insèrent logiquement dans le même contexte que le texte qui
19 est en haut de la page.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce qui nous permet de croire que
22 quelqu'un a peut-être changé d'encre, peut-être en changeant de stylo, deux
23 lignes après, et au milieu d'une phrase -- ou au milieu d'une pensée
24 logique, est revenu à l'encre originale, qui, d'après moi, sur la base du
25 contexte, serait une anomalie, dans mon évaluation à moi.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, effectivement, c'est tout à fait vrai.
27 Mais moi je ne savais pas quel était le contenu.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais si vous voyez, par exemple,
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1 qu'en bas de la page, ce qu'on écrit est différent, qu'on change d'encre et
2 que l'on revienne à l'encre originale, à ce moment-là le contenu s'y
3 trouve. Au bas de la page, vous avez un point. Donc il y a un point au bas
4 de la page.
5 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ensuite, nous avons un autre tiret ou un
7 autre point en haut de la page --
8 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Même si vous ne connaissez pas le serbe,
10 pour moi, je trouve qu'il est très étrange qu'au milieu il semblerait qu'il
11 y ait une annotation, et tout d'un coup on change d'encre. Je vous pose
12 cette question parce que je serais étonné moi-même si je -- en fait, cela
13 m'étonne. Même si je ne connaissais pas le texte, à prime abord on voit la
14 structure. D'abord, on se sert de points, et par la suite on change
15 d'encre.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] En réalité, je n'ai pas vraiment décelé ceci
17 comme étant une entrée comportant des anomalies lorsque je me suis penché
18 sur l'examen de ce document, ni celui qui se trouve au bas de la page.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je n'ai malheureusement pas la page
20 qui suit, donc je ne peux pas vous la montrer.
21 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez d'autres
23 commentaires à la suite de mes observations portant sur cette page bien
24 spécifique ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président, je ne peux pas
26 vous donner d'autres commentaires.
27 [La Chambre de première instance se concerte]
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais vous poser encore une autre
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1 petite question, et ce, par rapport à cette même question. Est-ce qu'il y a
2 une façon d'établir le contexte, comme vous n'avez pas de notes que vous
3 avez examinées par le truchement de cette lumière, si, à prime abord, à
4 l'examen à l'œil nu, vous voyez qu'on a écrit des lignes sur un fond plutôt
5 rougeâtre et soudainement le reste n'est plus sur fond rougeâtre ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai réfléchi à ceci, mais eu égard à la
7 façon dont la page est imprimée, l'encre pourrait sembler différente.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais plus particulièrement puisque
9 vous avez remarqué vous-même une encre différente qui semblerait se trouver
10 sur une feuille d'une autre couleur. Vous avez dit que vous n'aviez pas de
11 notes --
12 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas si c'est la lumière
14 ultraviolette ou infrarouge.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la méthode infrarouge qui me permet de
16 voir ceci.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous ne savez pas si c'est
18 réellement -- si vous avez fait un test pour voir si l'encre était
19 réellement différente ? Est-ce que c'est une impression personnelle sur la
20 couleur de l'encre ou bien est-ce que vous avez mené des tests ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous demande pardon. Je vais essayer de
22 vous l'expliquer. Alors ce qui pourrait avoir un impact sur les résultats à
23 la suite de l'examen à infrarouge, c'est le papier.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Si le papier a une composition chimique
26 différente, ceci pourrait avoir, bien sûr, une incidence sur la façon dont
27 le texte est écrit, mais ceci apparaîtrait sur l'ensemble de la page.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais est-ce que vous vous êtes servi de
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1 l'éclairage infrarouge pour examiner les trois dernières lignes ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je l'ai fait. J'ai effectué cet
3 examen. Mais je n'ai pas estimé qu'il s'agissait d'une anomalie. Et je n'ai
4 pas noté ceci nulle part.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc vous n'avez pas enregistré dans vos
6 notes la méthode dont vous vous êtes servi pour tester; c'est simplement de
7 mémoire ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est cela.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.
10 M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je voulais juste
11 ajouter ceci : la dernière phrase écrite avec le premier stylo, ces mots
12 s'alignent avec la nouvelle encre, donc je pense qu'on peut examiner les
13 deux textes. On peut les mettre côte à côte, et je pourrais vous faire mes
14 propres commentaires si vous le souhaitez. Je ne sais pas si ceci pourrait
15 aider la Chambre.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Je n'ai plus d'autres questions.
17 Je ne sais pas si les questions des Juges de la Chambre ont suscité des
18 questions supplémentaires. Oui, Maître Jordash.
19 M. JORDASH : [interprétation] Oui.
20 Nouvel interrogatoire par M. Jordash :
21 Q. [interprétation] En fait, Monsieur Browne, la question que je voulais
22 vous poser est une question relative à la méthodologie.
23 D'une part, vous avez passé en revue les carnets. Et d'autre part, il
24 semblerait que vous ayez tenu compte de certains facteurs externes, tels,
25 par exemple, qu'il n'y avait pas de déclaration d'un policier qui avait été
26 impliqué dans la perquisition disant qu'ils ont trouvé, par exemple, les
27 documents là où on dit qu'ils avaient été trouvés. Ou vous notez également
28 l'absence de photographies des documents s'agissant de l'endroit où l'on
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1 dit qu'ils ont été trouvés. Ou une explication de Mme Mladic, et cetera.
2 Et donc, la question qui se pose est de savoir quel est le poids que vous
3 accordez à ces facteurs externes qui vous ont permis de conclure ou qui ont
4 suscité certaines questions concernant la fiabilité de l'origine du
5 document ?
6 Je ne sais pas si vous arrivez à suivre ma question qui est plutôt
7 longue.
8 R. Permettez-moi de la relire à l'écran. Lorsque l'examen avait été
9 complété à l'Institut néerlandais "forensic", j'ai décelé un certain nombre
10 de facteurs que j'ai notés dans mon rapport. Le troisième paragraphe de mes
11 conclusions le résume. L'endommagement du cahier 16 indique qu'il y a une
12 possibilité de fraude. Et pour ce qui est de l'ensemble de la série, il
13 faut examiner les carnets adéquatement. J'ai donc du mal avec au moins un
14 carnet, mais c'est une question de manipulation. Et donc, il aurait été
15 utile de tenir compte de cette manipulation dans le contexte de ce qui est
16 arrivé aux carnets, de quelle façon ils ont été trouvés, où ont-il été
17 trouvés, de quelle façon ont-ils été conservés et ce qu'il leur est arrivé
18 à la suite. Voilà, donc il est absolument impossible de vous donner une
19 mesure absolue du résultat. Les conclusions scientifiques sont là. Donc
20 c'est une somme de tous ces résultats. Il est bien difficile de dire quoi
21 que ce soit au-delà de l'indicateur de fraude alors que l'on ne sait pas,
22 en réalité, ce qui est arrivé aux carnets.
23 Q. [aucune interprétation]
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voudrais juste poser une question.
25 Vous avez parlé d'indice de fraude et indice d'utilisation de faux.
26 Alors, est-ce que vous voulez dire qu'il y a une possibilité qu'une fraude
27 ait pu exister ?
28 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un indicateur de fraude, c'est-à-dire un
2 indicateur qui permet de croire que possiblement il pourrait s'agir d'un
3 document frauduleux ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est cela.
5 M. JORDASH : [interprétation]
6 Q. Alors une question hypothétique. Si, par exemple, l'Accusation avait
7 demandé le policier qui a trouvé les documents à la barre et s'il avait
8 été, par exemple, contre-interrogé, et si vous aviez lu son témoignage et
9 si vous vous étiez forgé une opinion sur la fiabilité de sa déposition,
10 est-ce que ces conclusions auraient pu modifier les conclusions que vous
11 avez présentées au Tribunal ? Est-ce que c'est quelque chose qui aurait pu
12 survenir en tenant compte de votre méthodologie ?
13 R. Oui. Parce que ceci pourrait appuyer mes conclusions scientifiques. Par
14 exemple, si nous avons une déclaration qui dit : Je suis venu, j'ai vu ceci
15 et j'ai fait cela, nous avons trouvé ces éléments de preuve, et cetera, et
16 cetera, il serait possible donc d'obtenir une explication. Mais nous sommes
17 en train de nous livrer à des conjectures à savoir de ce qu'aurait pu dire,
18 par exemple, l'agent de police. Et donc, j'aurais pu ajouter ceci à ces
19 conclusions. Il se peut peut-être que l'endommagement des carnets ait eu
20 lieu lorsqu'ils ont été trouvés ou peut-être avant, mais s'ils avaient été
21 endommagés après la découverte, ceci aurait pu appuyer mes conclusions
22 scientifiques.
23 Q. Vous faites une distinction, semble-t-il, entre des éléments de preuve
24 qui pourraient expliquer l'endroit où les documents ont été trouvés et une
25 déclaration qui pourrait expliquer les dégâts survenus. Donc, est-ce que
26 vous êtes en train d'accorder plus de poids à la deuxième explication comme
27 étant quelque chose de plus important ?
28 R. Oui, effectivement, l'information est importante, à savoir quel était
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1 l'état des documents lorsqu'ils ont été découverts, ce qui leur est arrivé
2 après. Et ceci, bien sûr, a un poids très important pour ce qui est de
3 l'endroit précis, et cetera, et cetera.
4 Q. Y a-t-il d'autres facteurs externes que vous considérez comme
5 importants et qui vous permettraient de rendre compte de la dégradation
6 subie par les carnets ?
7 R. Oui. Nous savons tous que les documents ont été scannés en utilisant
8 des scanneurs à haute qualité, à haute résolution. Donc on s'est servi du
9 type de scanneur qu'on utilise ici au sein du Tribunal. Mais si j'ai bien
10 compris, les documents ont été scannés pour une première fois à Belgrade.
11 Je ne sais pas où j'ai trouvé cet élément d'information.
12 Q. Non, c'est quelque chose qui est déjà admis et fait partie du dossier.
13 R. Très bien. Donc les documents ont été scannés à deux reprises, et nous
14 n'avons pas d'information autre que le pur fait qu'ils ont été scannés.
15 Mais pendant ce processus, on aurait peut-être pu faire ceci ou cela, des
16 pages ont pu être arrachées, et cetera. Mais c'est tout simplement un
17 élément d'information que nous n'avons pas.
18 Q. Merci, Monsieur Browne. Je n'ai plus de questions à vous poser.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Jordash.
20 Votre déposition touche à sa fin, Monsieur Browne. Merci d'être venu
21 déposer à La Haye plusieurs fois déjà, pas une seule fois, même si c'est la
22 première fois que nous vous entendons.
23 J'aimerais vous remercier d'avoir répondu à toutes les questions
24 posées par les parties au procès et par les Juges de la Chambre, et bon
25 voyage.
26 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
27 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
28 [Le témoin se retire]
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, vous avez demandé de
2 vous exprimer sur un sujet.
3 M. JORDASH : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agit d'une
4 requête en vertu de l'article 89(b). Nous souhaitons que les Juges de la
5 Chambre rendent une ordonnance destinée à l'Accusation pour que celle-ci
6 réponde à un certain nombre de questions relatives à ces carnets.
7 Les questions seraient les suivantes : primo, l'Accusation affirme-t-
8 elle que ces carnets reflètent d'une façon complète toutes les notes prises
9 par Mladic au cours des périodes pertinentes; deuxièmement, l'Accusation
10 admet-elle que Mladic avait pu apporter des modifications à ses notes ou
11 avait pu enlever certaines de ses notes avec l'intention d'induire les
12 lecteurs en erreur; troisièmement, admettent-ils que les dégâts subis par
13 les carnets auraient pu être apportés par Mladic lors des modifications
14 qu'il a apportées à ses notes avec l'intention d'induire les lecteurs en
15 erreur ou attribuent-ils tous les dommages subis par les carnets à la
16 manipulation inattentive lors de la saisie par le MUP serbe.
17 D'après nous, ces questions sont d'une importance cruciale pour que
18 l'accusé puisse savoir qu'elle est la thèse qu'il doit subvertir. En
19 particulier, c'est la question numéro un qui compte à nos yeux. M. Groome a
20 organisé son contre-interrogatoire autour de l'hypothèse que tous ces
21 carnets sont fiables et qu'ils représentent d'une façon complète tout ce
22 qui a été vécu par M. Mladic. Entre autres, l'Accusation a insisté sur la
23 déposition de M. Milovanovic, qui avait dit que d'après ce qu'il avait
24 observé à l'époque, M. Mladic prenait toujours des notes au cours des
25 réunions. Et l'Accusation se base sur cette déposition de M. Milovanovic
26 pour dire que les notes doivent être complètes d'une façon ou d'une autre.
27 En fait, c'était là l'essence du contre-interrogatoire de M. Groome,
28 que ces carnets de notes sont fiables, qu'ils comportent des éléments
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1 d'information exacts, que les notes ont été rédigées au fil des événements
2 et que jamais des modifications n'ont été apportées à ces notes. Alors, si
3 c'est ce qu'on implique par le contre-interrogatoire, à mon avis, il faut
4 expliciter ce point de vue sous forme d'une thèse.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, je souhaite que nous précisions un
6 point pour commencer. Vous dites que le pivot du contre-interrogatoire,
7 c'était que les notes sont correctes, qu'elles sont fiables, qu'elles ont
8 été rédigées au fil des événements et que des modifications n'ont pas été
9 apportées. Excusez-moi, mais d'après moi, le pivot du contre-interrogatoire
10 était de montrer que l'expert avait conclu que ces notes n'étaient pas
11 rédigées au fil des événements, et que c'est une conclusion qui peut être
12 mise en doute et que, en tout cas, il ne s'agit pas d'une conclusion
13 définitive.
14 M. JORDASH : [interprétation] Eh bien, ce n'est pas la manière dont j'ai
15 compris le contre-interrogatoire.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, il faudra peut-être vérifier cette
17 question.
18 Monsieur Groome, l'essence de votre contre-interrogatoire consistait-elle à
19 démontrer que les notes étaient rédigées au fil des événements ou que le
20 témoin n'avait pas un fondement suffisant pour formuler ses conclusions ?
21 M. GROOME : [interprétation] C'est la deuxième hypothèse qui est la bonne.
22 Le témoin n'avait pas suffisamment de fondement pour formuler ses
23 conclusions. Et, par ailleurs, je peux m'exprimer sur les points adressés
24 par Me Jordash dès qu'il aura terminé.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Je souhaitais juste voir si nous
26 comprenions la situation d'un même point de vue.
27 Maître Jordash, à vous.
28 M. JORDASH : [interprétation] Bon, très bien, j'accepte l'argumentation de
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1 M. Groome, mais je souhaite qu'elle soit présentée d'une façon explicite.
2 Mettre en doute les conclusions du témoin, c'est une chose. Le faire à
3 partir d'un certain nombre de présupposés en est une autre.
4 M. Groome a, hier, exercé une pression sur la Défense pour que celle-
5 ci précise et explicite sa position. Il avait le droit de le faire. Et
6 c'est ce que je demande aujourd'hui, que l'Accusation fasse exactement la
7 même chose. Et au vu du fait que l'Accusation a le devoir de tout nous
8 communiquer à l'avance, elle a le devoir de le faire, puisque tous ces
9 documents de toute façon se trouvent sur leur liste 65 ter.
10 Par ailleurs, à notre avis, il est très important qu'on ne peut pas exclure
11 la possibilité que le MUP serbe avait endommagé des documents en les
12 manipulant sans avoir l'intention de le faire. L'Accusation, par ailleurs,
13 a pu faire la même chose. Et si tel est le cas, l'Accusation peut s'appuyer
14 par la suite sur ses connaissances à ce sujet pour contrecarrer
15 l'argumentation de la Défense basée sur l'idée que les dégâts avaient pu
16 être produits par suite de contrefaçon ou de falsification. Donc, de
17 manière à ce que nous puissions formuler notre argumentation, l'Accusation
18 a le devoir de nous dire quelle est leur position et dès maintenant, avant
19 d'en arriver aux mémoires finaux.
20 Et, par ailleurs, je signale qu'un enquêteur du bureau du Procureur a
21 présenté ces documents Milovanovic le 8 juillet 2009. Nous ne savons pas
22 dans quelles conditions ceci a été fait ou quelles précautions ont été
23 prises. Si, peut-être, les carnets ont subi des dégâts lors de cet examen-
24 là.
25 Donc l'Accusation ne peut pas être assise sur deux chaises à la fois.
26 Il faut qu'ils se prononcent, il faut qu'ils se décident. Soit il faut que
27 l'Accusation puisse écarter dès maintenant tout soupçon de comportement
28 frauduleux en nous disant à quel moment les dégâts ont été subis par les
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1 carnets, ou alors, si l'Accusation ne dit rien à ce moment, alors il ne
2 faudra plus rien ajouter par la suite.
3 Et quatrièmement, ces carnets comportent des omissions importantes, y
4 compris sur le massacre de Srebrenica, sur le pilonnage de Sarajevo, qui
5 représentent des crimes de base les plus importants dans tout le conflit.
6 L'Accusation, par conséquent, ne peut pas se pencher sur les carnets et les
7 considérer comme fiables sur ces points-là qui, pourtant, sont très
8 importants, sinon cruciaux, dans cette affaire.
9 Et puis, à la fin, nous dirons ceci : l'Accusation a le devoir d'expliquer
10 pourquoi les documents qu'elles présentent sont fiables ou alors elle a le
11 devoir de se prononcer si elle admet que les documents peuvent être mis en
12 doute. En vertu de l'article 89(d), les Juges de la Chambre peuvent ne pas
13 admettre des preuves, notamment si des éléments sont présentés beaucoup
14 trop tard au cours du procès ou s'ils soulèvent des questions différentes.
15 Par exemple, la question qui se pose ici est de savoir de quelle façon les
16 documents se sont trouvés dans l'appartement de Mme Mladic.
17 L'autre possibilité, c'est que nous en terminons dès maintenant avec
18 la présentation des moyens, que tout le monde se mette à écrire les
19 mémoires de clôture et qu'à la dernière minute, l'Accusation concrétise
20 dans son mémoire de clôture la position qu'elle a au sujet de ces carnets
21 sans que nous ayons l'occasion de riposter de façon adéquate. Par exemple,
22 nous souhaitons nous appuyer dans le mémoire de clôture sur des éléments de
23 preuve liés au MUP serbe ou liés à Mme Mladic, ou alors nous pouvons
24 demander aux Juges de la Chambre d'entendre Mme Mladic ou les agents du MUP
25 serbe en tant que témoins de la Chambre. Et pour toutes ces raisons, il
26 faut que nous sachions quelle est la position de l'Accusation très
27 clairement.
28 Donc, est-ce que l'Accusation estime que les questions que nous avons
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1 soulevées au sujet de ces carnets sont légitimes, ou l'Accusation compte-t-
2 elle tout simplement garder silence jusqu'à la dernière minute et tendre
3 une embuscade à la Défense dans la présentation de son mémoire de clôture
4 ou de son réquisitoire ?
5 Et nous pensons que toutes ces informations sont d'une importance
6 cruciale.
7 Si les informations ne nous sont pas fournies, si l'Accusation
8 n'explique pas sa position, alors nous restons dans l'obscurité, nous ne
9 savons pas quelle position adoptée de notre part. Nous aimerions que les
10 Juges de la Chambre rendent une ordonnance à l'intention de l'Accusation
11 pour que celle-ci réponde à nos questions, ou alors il va falloir se
12 pencher sur la question au niveau des appels.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, je ne vous demande pas
14 de fournir une réponse dès maintenant, mais la question posée par Me
15 Jordash n'est pas simple. Il vous demande, par ailleurs, de rendre une
16 décision par écrit. Donc, peut-être vous pourriez répondre vous-même par
17 écrit, si vous le pouvez, ou alors vous pouvez dès maintenant répliquer
18 oralement.
19 M. GROOME : [interprétation] Eh bien, je garde silence, cela peut suggérer
20 que cette argumentation est bien fondée, c'est pourquoi j'aimerais demander
21 l'occasion de répondre par écrit. Tout ce que je peux dire maintenant est
22 ce qui suit.
23 Pour ce qui est de la première question, celle de savoir si ce sont des
24 notes écrites au fil des événements et complètes : nous savons d'après le
25 général Milovanovic qu'elles ne le sont pas. Et il a aussi un autre carnet
26 désigné comme journal et que chaque officier était tenu de tenir.
27 Alors, deuxième question, les notes ont-elles subi des modifications ou non
28 : j'admets qu'elles ont pu subir des modifications, qu'elles ont pu être
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1 endommagées. Nous ne le savons tout simplement pas.
2 Pour ce qui est de la question si nous allons nous appuyer sur ces carnets
3 ou sur certains de ces carnets : il est clair que nous n'avons qu'une
4 portion des notes rédigées, et nous comptons nous appuyer sur celles-ci de
5 pair avec tous les éléments de preuve présentés aux Juges de la Chambre.
6 Pour ce qui est de la question des endommagements subis par les carnets :
7 M. Jordash le sait, même si les Juges de la Chambre ne le savent pas, c'est
8 que le problème avec ces anciens documents, c'est quand on les manipule et
9 quand on s'en sert, ils ont tendance à se dégrader.
10 Alors, pour ce qui est du fait que Sarajevo et Srebrenica ne sont pas
11 abordés dans le carnet, nous l'admettons.
12 Et pour ce qui est de l'article 89(d) : eh bien, il me pose problème parce
13 que c'est une requête pour ne pas admettre des éléments de preuve dans le
14 dossier, or Me Jordash a lui-même demandé que tous les carnets soient
15 versés au dossier, et nous n'allons pas nous opposer à sa requête. Il
16 voulait que les documents soient versés directement. Donc je ne comprends
17 pas quelle est la position de la Défense exactement.
18 Bon, je terminerai mon argumentation là, mais je veux ajouter un autre
19 point. Je vais demander que le rapport de cet expert soit enregistré pour
20 des fins d'identification pour que l'Accusation puisse procéder à des
21 vérifications supplémentaires. Je ne vais pas en parler tout de suite, mais
22 je le ferai en temps voulu.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Je croyais que le rapport avait
24 déjà été admis au dossier, mais si vous souhaitez rédiger une requête, nous
25 pouvons revenir sur notre décision éventuellement. Et peut-être avant de
26 décider, nous allons bien évidemment attendre de voir votre argumentation
27 par écrit.
28 Et vous avez évoqué les endommagements provoqués par l'examen de M. Browne,
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1 mais il s'agit d'une tasse de café ou d'une tasse de thé, je ne le sais
2 plus exactement, mais je ne pense pas qu'il y a de malentendu sur ce point.
3 M. JORDASH : [interprétation] Oui, tout à fait. Peut-être c'est quelque
4 chose qui m'a échappé, mais je ne savais pas qu'il a été question de ces
5 dégâts de façon précise.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. Je dis tout simplement que
7 certains semblaient être étonnés dans cette salle d'audience, et donc cela
8 veut dire que le moment est venu de se mettre ensemble pour élucider la
9 question.
10 Nous levons la séance, et nous reprenons nos travaux le 26 mars à 14 heures
11 15 dans la même salle d'audience, la salle d'audience numéro II.
12 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le lundi 26 mars
13 2012, à 12 heures 00.
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