Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 21 mars 2012

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 08.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous dans cette

  6   salle d'audience et autour de celle-ci.

  7   Madame la Greffière, veuillez appeler l'affaire, je vous prie.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

  9   Mesdames les Juges.

 10   Il s'agit de l'affaire IT-03-69-T, le Procureur contre Jovica

 11   Stanisic et Franko Simatovic.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Madame la Greffière.

 13   Avant de continuer l'audition de M. Browne, je souhaiterais passer très

 14   brièvement à huis clos partiel.

 15   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

 16   Monsieur le Président, Mesdames les Juges.

 17   [Audience à huis clos partiel]

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  3   [Audience publique]

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

  5   Hier, la pièce 1D5072 a été versée au dossier sous la cote D778. Mais il y

  6   a eu une erreur car le même document avait déjà été versé au dossier sous

  7   une cote provisoire qui se lisait comme suit : D443. Je ne parle pas ici

  8   d'une comédie d'erreurs, mais ce que l'on avait demandé d'être versé au

  9   dossier n'était pas le numéro que j'ai mentionné à l'instant, mais c'était

 10   1D5472, et c'est le document qui aurait dû recevoir la cote D778, et c'est

 11   ce document qui est versé au dossier sous cette cote. Et c'est en fait le

 12   protocole qui a fait l'objet de discussion hier, c'est le protocole établi

 13   par l'Institut "forensic" néerlandais et que le témoin devait suivre.

 14   Cela dit, maintenant que tout ceci est au compte rendu d'audience, je

 15   demanderais à ce que l'on fasse entrer le témoin dans le prétoire.

 16   Monsieur Groome.

 17   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je vais devoir demander

 18   l'usage du rétroprojecteur, alors je voulais simplement aviser la greffière

 19   d'audience et le directeur en cabine audiovisuelle. Je ne sais pas si ceci

 20   pourrait être déjà préparé à l'avance.

 21   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 22   [Le témoin vient à la barre]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Browne. Veuillez vous

 24   asseoir.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames les

 26   Juges. Je vous remercie.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, je voudrais vous

 28   rappeler que vous êtes encore tenu par la déclaration solennelle que vous

 


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  1   avez prononcée hier au début de votre témoignage. Et M. Groome poursuivra

  2   son contre-interrogatoire aujourd'hui.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

  4   M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  5   LE TÉMOIN : DAVID BROWNE [Reprise]

  6   [Le témoin répond par l'interprète]

  7   Contre-interrogatoire par M. Groome : [Suite]

  8   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Browne.

  9   R.  Bonjour, Monsieur.

 10   Q.  Hier, vous avez commencé à énumérer sur une liste des pages qui ne

 11   correspondaient pas et qui étaient également complètement dissociées du

 12   carnet numéro 16. Est-ce que vous avez eu l'occasion d'approfondir cette

 13   liste ?

 14   R.  Oui, j'ai fait mes devoirs hier soir.

 15   Q.  Très bien. Je demanderais maintenant à M. l'Huissier de bien vouloir

 16   nous préparer le rétroprojecteur afin que nous puissions voir le résultat

 17   du travail de notre témoin.

 18   Et pendant que ceci est fait, j'aimerais vous poser une question technique,

 19   à savoir combien de feuilles est-ce que cette information comporte ?

 20   R.  Pardon ? En fait, je ne comprends pas très bien.

 21   Q.  La liste que vous avez rédigée, elle est sur combien de feuilles ?

 22   R.  Non, ce sont des notes que j'ai prises. Je vais vous montrer les notes

 23   que j'ai prises et qui sont dans le MFI.

 24   M. GROOME : [interprétation] On pourrait peut-être zoomer…

 25   Q.  Alors, là, vous voyez sur le rétroprojecteur deux feuilles de papier,

 26   nous voyons des notes en encre noire et encre rouge.

 27   R.  Non. C'est du crayon à plomb avec l'encre rouge.

 28   Q.  Très bien. Alors, s'agissant des pages qui étaient détachées du carnet


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  1   numéro 16, c'est toutes ces pages qui sont contenues sur ces deux feuilles

  2   ?

  3   R.  Oui.

  4   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je ne vais pas en

  5   donner lecture, mais je demanderais que ces deux pages soient versées au

  6   dossier afin que nous puissions en avoir tous accès plus tard.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'un point de vue technique, est-ce que

  8   ceci sera copié du rétroprojecteur ou est-ce que nous allons demander au

  9   témoin de nous fournir l'original ?

 10   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, étant donné qu'il

 11   s'agit du document original, je demanderais le versement au dossier de

 12   l'original, en fait, si M. Browne est d'accord.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors j'aurais besoin d'une copie avant de

 14   quitter le Tribunal.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Voilà. Justement, c'est le genre de

 16   questions que je voulais soulever. Alors, est-ce que vous seriez d'accord

 17   pour remettre ces deux feuilles à M. l'Huissier, il en fera une copie ? Et

 18   étant donné que vous avez fait des annotations en couleur, j'imagine que

 19   vous aimeriez avoir également une photocopie en couleur.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, préférablement.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je n'ai pas d'objection autrement.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est très bien. Et l'original sera

 24   entre les mains du Greffe, si cela ne vous dérange pas. Et nous pourrions

 25   aussi réfléchir sur l'utilité de l'original. On pourrait peut-être procéder

 26   à un scan et rendre l'original à M. Browne, car l'original en soi n'est pas

 27   réellement nécessaire. Une photocopie sera aussi utile.

 28   M. GROOME : [interprétation] Oui, vous avez tout à fait raison, Monsieur le


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  1   Président. Je voulais simplement vérifier -- enfin, c'était par mesure de

  2   protection, parce que j'avais peur qu'en fait la copie scannée ne soit pas

  3   suffisamment claire.

  4   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  5   M. GROOME : [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  7   M. GROOME : [interprétation]

  8   Q.  Juste pour que tout soit clair : est-ce qu'il y a quelque chose qui se

  9   trouve à l'extérieur de ces pages et qui --

 10   L'INTERPRÈTE : Inaudible.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 12   M. GROOME : [interprétation]

 13   Q.  Et pourriez-vous nous montrer l'endos. Très bien. Merci. Quelle est

 14   l'importance du texte écrit au crayon à plomb et quelle est l'importance

 15   des annotations en rouge ?

 16   R.  D'après le protocole -- attendez. Un instant, s'il vous plaît, je dois

 17   me concentrer. Voilà, le protocole exigeait que ces règlements soient

 18   suivis au cours de l'examen. Aucune objection, bien sûr, mais cela voulait

 19   dire que je ne pouvais pas emmener mon propre carnet. Donc, si j'avais eu

 20   accès à mes notes dans une autre pièce, cela aurait voulu dire qu'il aurait

 21   fallu que je me déplace et que je change de lunettes, et cetera. Et donc,

 22   le seul matériel que j'avais était un crayon à plomb qui était nettoyé de

 23   façon stérile entre chaque. Donc nous avions une feuille stérile qui me

 24   permettait d'écrire. Donc je prenais une feuille stérile à chaque fois que

 25   je ressentais le besoin d'écrire des notes et je les écrivais au crayon à

 26   plomb. Parce qu'en réalité, c'était réellement une grande feuille de

 27   papier, et donc je les ai coupées afin que je puisse simplement les insérer

 28   dans le dossier. C'est la raison de leur apparence.


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  1   Q.  Et le rouge ?

  2   R.  C'est simplement après avoir écrit au crayon à plomb, je suis passé

  3   par-dessus pour voir si j'avais raison, donc c'est pour vérifier.

  4   Q.  Donc vous avez enregistré des notes sur des feuilles séparées que vous

  5   avez ensuite insérées dans votre carnet de travail.

  6   R.  Oui, tout à fait.

  7   Q.  Un instant, s'il vous plaît. Ménagez des pauses.

  8   Ce sont des questions très brèves. Il y a une expérience [comme interprété]

  9   très logique pour expliquer la raison pour laquelle vous aviez des feuilles

 10   séparées et par la suite vous les avez insérées dans votre carnet de note ?

 11   R.  Oui. Différentes fonctions. Je prenais une feuille propre et j'écrivais

 12   des notes. Des fois, quand il y avait des pauses - parce que nous prenions

 13   des pauses, bien sûr, comme le fait le Tribunal - juste avant de quitter la

 14   pièce, nous devions tout nettoyer, remettre le tout dans leur boîte, nous

 15   assurer que le tout est placé en sécurité là, et par la suite nous

 16   revenions.

 17   Q.  Oui. Très bien, je comprends. Mais le fait qu'il y ait eu des feuilles

 18   séparées ne veut pas dire qu'elles n'étaient pas authentiques, et il n'y a

 19   aucun élément de preuve nous permettant de croire qu'il s'agissait d'une

 20   fraude. Et, en fait, c'est la seule façon dont vous pouviez procéder eu

 21   égard aux circonstances dans lesquelles vous vous êtes trouvé, n'est-ce pas

 22   ?

 23   R.  Oui, tout à fait.

 24   M. GROOME : [interprétation] Je n'ai plus besoin de ce document, Monsieur

 25   le Président.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors j'aimerais inviter M.

 27   Browne à fournir les documents à M. l'Huissier afin que ce dernier puisse

 28   les remettre à Mme la Greffière qui, par la suite --


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  1   Madame la Greffière, j'imagine que vous serez en mesure de faire des copies

  2   couleur avant la fin de l'audition de M. Browne, n'est-ce pas ?

  3   Une fois que ceci est fait, Monsieur Groome, vous êtes la personne

  4   responsable de les charger dans le prétoire électronique, n'est-ce pas ?

  5   M. GROOME : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, le numéro qui est

  7   réservé n'est pas encore chargé dans le système électronique, et quel sera

  8   le numéro de réserve ?

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira du numéro P3110, Monsieur le

 10   Président, Mesdames les Juges. C'est un numéro qui a été réservé pour ce

 11   document.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors, y a-t-il des

 13   objections pour ce qui est de la -- à savoir si vous souhaitez --je vous

 14   regarde, Monsieur Jordash, c'est à vous que je m'adresse. Est-ce que vous

 15   aurez quelque problème ? Est-ce que vous y voyez un inconvénient à ce que

 16   le contenu figure en exemplaire copie, que nous ne gardions pas les

 17   originaux ?

 18   M. JORDASH : [interprétation] Non, aucun problème, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 20   Alors, je propose, Monsieur Groome, que nous travaillons avec les

 21   exemplaires copiés, et M. Browne pourra garder les originaux, et vous allez

 22   pouvoir les conserver, Monsieur Browne.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Très bien. Merci. Bien sûr.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors, une fois que ces

 25   documents seront chargés dans le prétoire électronique, ils seront versés

 26   au dossier sous la cote P3110.

 27   Vous pouvez poursuivre, Monsieur Groome.

 28   M. GROOME : [interprétation] Merci.


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  1   Q.  J'aimerais que l'on revienne à ESDA, parce qu'on en a parlé hier, et

  2   donc ma question est simplement la suivante : est-ce que les empreintes

  3   qu'une machine ESDA enregistrait pouvaient se détériorer au fil du temps ?

  4   En d'autres mots, si vous étiez en mesure d'utiliser la machine ESDA

  5   maintenant, est-ce que vous seriez toujours en mesure d'enregistrer et de

  6   voir les empreintes dans le livre qui vous intéresse ?

  7   R.  C'est une question réellement très large, mais c'est pas difficile de

  8   répondre à cette question, bien sûr. Mais cela dépend, bien sûr, de la

  9   façon dont les documents étaient conservés et le traitement qu'on leur a

 10   accordé. Si, par exemple - et je parle de façon générale et pas de ce cas-

 11   ci - si, par exemple, des pages ont passé sous l'eau, ont été mouillées, le

 12   processus ESDA ne fonctionnerait pas. C'est donc pour cette raison que,

 13   bien sûr, par exemple, les pages qui ont fait l'objet d'une analyse

 14   d'empreintes digitales ne peuvent pas être traitées par ESDA parce que,

 15   bien sûr, à ce moment-là --

 16   Q.  Si je vous disais que personne n'a touché ces carnets depuis que vous

 17   les avez touchés, il n'y a pas eu de dégâts d'eau non plus et n'ont pas été

 18   mouillés, et donc qu'est-ce que vous diriez à ce moment-là ?

 19   R.  S'il n'y a pas d'empreintes dans ces pages, à ce moment-là la machine

 20   pourrait révéler ceci.

 21   Q.  Donc, c'était pour examiner s'il y avait des anomalies.

 22   R.  Oui, je voulais savoir si on était en mesure de révéler des anomalies.

 23   Q.  Combien de livres avez-vous passé en revue lors de ce premier examen ?

 24   R.  Un instant, s'il vous plaît. Je l'ai quelque part dans mon rapport.

 25   J'ai passé en revue 14, 16, 19, 22 et 23, les 1er et 2 mars à l'Institut

 26   néerlandais "forensic", en la présence de l'enquêteur Erin Gallagher.

 27   Q.  Et c'était quand ?

 28   R.  C'était le 22 [comme interprété] mars 2012 [comme interprété].


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  1   Q.  Et la conclusion que l'on y retrouve, à savoir qu'aucune fiabilité ne

  2   peut être placée, qu'on ne peut accorder aucune fiabilité à ces livres,

  3   hier vous avez dit qu'en réalité il s'agirait d'une fiabilité relative.

  4   Alors, vous n'êtes pas parvenu à cette conclusion vous-même, après votre

  5   examen au mois de mars 2011 ?

  6   R.  Non. Parce qu'en réalité les carnets semblaient comporter des

  7   anomalies, car dans certains cas il y en avait plusieurs. Si vous vous

  8   souvenez, Monsieur Groome, s'agissant de la lettre de M. Jones, de façon

  9   isolée il n'est pas possible d'arriver à une conclusion car il nous faut

 10   des éléments de référence. J'avais, toutefois, 20 autres carnets pour

 11   pouvoir comparer. C'est la raison pour laquelle je demandais de comparer

 12   les livres, d'examiner tous les livres, pour voir quelle est la norme,

 13   d'une certaine façon.

 14   Q.  Monsieur Browne, il serait peut-être plus facile si vous pouviez

 15   répondre à mes questions de façon très précise, et si nous avons besoin

 16   d'autres éléments d'information, moi-même ou Me Jordash vous poserons plus

 17   de questions pour obtenir plus de détails. Je n'essaie pas de vous couper,

 18   de couper votre parole, mais j'essaie simplement d'obtenir le plus

 19   d'information possible.

 20   Alors, est-ce que vous vous êtes servi de la machine VSC 6000 ?

 21   R.  Non. Il y avait une lumière ultraviolette, mais le VSC n'était pas

 22   disponible à l'époque.

 23   Q.  Et est-ce qu'à cette étape-ci --

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. M. Groome

 25   vous a demandé de vous concentrer sur la question qu'il vous pose. Alors,

 26   votre réponse est simplement "non", n'est-ce pas ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez commencé à fournir une


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  1   explication. M. Groome vous demandera peut-être ultérieurement des

  2   compléments d'information, mais veuillez, je vous prie, vous en tenir qu'à

  3   des réponses courtes.

  4   Veuillez poursuivre, Monsieur Groome.

  5   M. GROOME : [interprétation]

  6   Q.  Après un examen initial, est-ce que vous êtes forgé une opinion sur si

  7   les carnets étaient le produit d'une déception, d'un faux ?

  8   R.  Je n'ai pas pu parvenir à cette conclusion.

  9   Q.  Et vous êtes arrivé à cette conclusion seulement après avoir examiné

 10   plus de carnets en octobre et en novembre 2011 ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Monsieur Browne, je vais maintenant vous poser des questions sur vos

 13   observations et les conclusions sur des carnets spécifiques, et par la

 14   suite je vais vous poser des questions relatives à vos conclusions

 15   générales. Est-ce que vous me suivez ?

 16   R.  Oui, tout à fait.

 17   Q.  Je vous ai demandé que l'on vous remette un exemplaire d'un tableau

 18   hier qui a été chargé dans le prétoire électronique sous le numéro 65 ter

 19   6438. Ce tableau résume les conclusions auxquelles vous êtes parvenu

 20   concernant les carnets individuels que vous avez passés en revue. Est-ce

 21   que vous avez eu l'occasion de passer en revue ce tableau ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et est-ce que ce tableau résume de façon précise vos conclusions

 24   concernant les carnets que vous avez examinés ?

 25   R.  Oui. Je crois que oui.

 26   Q.  Et ce n'est qu'en anglais. Je vous demanderais de regarder l'écran qui

 27   se trouve à votre gauche. Est-ce que vous voyez le tableau ?

 28   R.  Oui.


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  1   Q.  Lorsque j'ai étudié votre rapport, je pouvais voir que vos conclusions

  2   portaient sur les carnets individuels, mais il y avait grosso modo cinq

  3   catégories. Et j'aimerais passer en revue chacune de ces catégories.

  4   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je

  5   demanderais le versement au dossier du document 65 ter 6438 en tant que

  6   pièce démonstrative, qui n'a pas du tout de valeur en soit, mais elle

  7   résume, en fait, les propos.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, tout à fait. Je n'ai aucune

  9   objection. Je ne vois pas d'objection non plus de la part des conseils de

 10   la Défense.

 11   Madame la Greffière.

 12   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 6438 sera versé au dossier

 13   sous la cote P3111, Monsieur le Président, Mesdames les Juges.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Versé au dossier. Poursuivez,

 15   je vous prie.

 16   M. GROOME : [interprétation]

 17   Q.  Il y a donc neuf livres que vous acceptez comme étant des documents

 18   écrits par Mladic. Vous n'avez pas du tout décelé d'anomalies, n'est-ce pas

 19   ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Dans votre rapport, vous vous référez à ces carnets comme étant des

 22   carnets portant les numéros 2, 5, 9, 10, 11, 13, 14 et 23.

 23   R.  Vous avez oublié le 12.

 24   Q.  Je suis désolé. Et donc, à cette liste s'ajoute également le carnet

 25   numéro 12.

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Donc, pour ces neuf carnets, vous êtes d'accord pour affirmer qu'ils

 28   ont bel et bien été rédigés par Mladic, et vous n'avez pas décelé


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  1   d'anomalies du tout ?

  2   R.  Oui, c'est tout à fait juste.

  3   Q.  Monsieur Browne, vous êtes un témoin expert, et donc j'ai le droit de

  4   vous poser les questions hypothétiques, et je voudrais maintenant me livrer

  5   à cet exercice. Imaginez maintenant que les seuls carnets que l'on vous a

  6   demandé d'examiner sont ces neuf carnets-là. Aucun autre carnet que ces

  7   carnets-là. Donc, si l'on vous avait demandé d'examiner ces neuf carnets

  8   sur la base de votre acceptation de l'écriture, en fait qu'il s'agit de

  9   l'écriture de M. Mladic, et sur la base des anomalies, qu'elle aurait été

 10   la conclusion que vous auriez écrite dans votre rapport ?

 11   R.  Je n'aurais pas du tout décelé d'anomalies. Donc, je n'aurais pas

 12   indiqué qu'il y avait une mise en scène.

 13   Q.  S'agissant du carnet numéro 9, vous dites spécifiquement que vos

 14   résultats et votre examen, en utilisation -- l'éclairage ultraviolet et

 15   infrarouge était présent, et vous n'avez pas du tout décelé d'anomalies à

 16   la suite de l'utilisation de ces techniques ?

 17   R.  Oui, c'est tout à fait juste.

 18   Q.  Très bien. Vous n'êtes pas tenu de donner d'autres compléments

 19   d'information. Vous voulez vérifier quelque chose ?

 20   R.  Oui, oui. Je voulais simplement dire qu'il n'y avait aucune erreur

 21   décelée, aucune anomalie qui me porterait à croire qu'il y avait eu un

 22   problème.

 23   Q.  Maintenant, il y a une deuxième catégorie. Un recueil de dix carnets

 24   qui, d'après vous, avait des pages qui avaient été arrachées, et outre les

 25   pages manquantes de ce recueil de dix carnets, vous n'avez pas trouvé

 26   d'autres anomalies significatives non plus ?

 27   R.  Oui, c'est tout à fait juste.

 28   Q.  Et il s'agissait des carnets 3, 4, 6, 7, 8, 18, 20, 21, 22 et 24; est-


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  1   ce exact ?

  2   R.  Oui, c'est tout à fait exact.

  3   Q.  Dans certains cas, vous avez été en mesure de conclure que rien n'avait

  4   été écrit sur ces pages.

  5   R.  Rien que l'on pouvait voir.

  6   Q.  Donc, par exemple, s'agissant du carnet 8, vous écrivez au paragraphe

  7   38 de votre rapport, je cite :

  8   "Il n'y a absolument aucun élément de preuve me permettant de voir qu'il y

  9   avait des empreintes sur les pages manquantes, et l'on pourrait conclure

 10   que ces pages avaient été retirées du livre alors qu'elles étaient des

 11   pages blanches".

 12   Est-ce que c'est exact ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Donc, par exemple, que pensez-vous de cette situation hypothétique ? Il

 15   y a une réunion, l'un des collègues de M. Mladic dit : "Est-ce que vous

 16   pourriez me donner une page ? J'ai oublié mon carnet". Qu'en pensez-vous ?

 17   R.  Oui. Ou peut-être lui-même avait besoin d'écrire quelque chose sur une

 18   feuille volante alors. Bien sûr, il ne s'agit que de conjectures, mais je

 19   ne vois rien d'extraordinaire, de frauduleux, dans cette approche.

 20   Q.  S'agissant des carnets 4, 6, 7, 21, 22, vous avez relevé qu'une page

 21   seule avait été déchirée; est-ce exact ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Pour le carnet 24, vous avez relevé trois pages déchirées.

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Lorsque vous vous êtes penché sur l'examen des pages arrachées, avez-

 26   vous pu conclure qu'il y a eu un effort particulier qui avait été fait pour

 27   être une déception ? Est-ce que quelqu'un aurait simplement déchiré une

 28   page d'un livre parce que quelqu'un avait besoin d'une page volante, ou


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  1   est-ce que ces pages auraient pu être déchirées pour cacher quelque chose ?

  2   R.  Les pages n'avaient pas été coupées. Elles avaient été simplement

  3   déchirées, retirées. Il n'y avait pas non plus de tentative apparente de

  4   cacher quelque chose, de dissimuler quelque chose.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, si vous me le

  6   permettez, étant donné que l'on parle déjà de ce sujet que vous avez

  7   abordé, le paragraphe 38 du rapport.

  8   Vous avez réitéré dans votre déposition également et vous l'avez dit dans

  9   votre rapport qu'il n'y avait aucun élément de preuve qu'il y avait quelque

 10   empreinte que ce soit des pages manquantes et vous ajoutez pour dire que

 11   "les pages avaient été retirées vierges, blanches". Qu'est-ce que vous

 12   voulez dire par là ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà, Monsieur le Président. Si, par exemple

 14   -- un instant. Je vais vous faire une démonstration. Si la première page de

 15   ce carnet sur lequel j'ai écrit avait été enlevée, retirée, déchirée, et si

 16   par la suite j'examine la page qui se trouve en dessous, si je trouve des

 17   empreintes ici, à ce moment-là je pourrais conclure que quelque chose avait

 18   été écrit sur la page qui avait été déchirée.

 19   A moins que les empreintes aient pu venir d'ailleurs, si de façon

 20   satisfaisante établir que les empreintes avaient été vues, que les

 21   empreintes décelées pouvaient parvenir d'ailleurs parce qu'on a écrit

 22   ailleurs dans le livre.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Voilà, justement cela m'amène à

 24   vous poser la question suivante pour dire qu'il n'y a aucun élément

 25   confirmant qu'il y avait une empreinte sur les pages manquantes, et donc

 26   vous dites qu'il n'y a aucun élément de preuve me permettant de conclure

 27   qu'il y avait quelque chose qui avait été écrit sur les pages manquantes.

 28   Mais nous ne savons pas si les pages avaient été retirées vierges.


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  1   Soit que quelqu'un a écrit quelque chose et qu'il n'y a pas eu

  2   d'empreintes, vous nous avez expliquez hier que, par exemple, si l'on écrit

  3   au plomb, cela ne laisse pas d'empreinte. Votre conclusion que cette page

  4   avait été retirée vierge, cette conclusion est basée sur la présomption que

  5   s'il y avait eu une écriture, l'écriture aurait été telle qu'elle aurait

  6   laissé des empreintes, car nous ne le savons pas. Nous ne savons pas si les

  7   pages avaient été retirées vierges ou pas. Est-ce que vous seriez d'accord

  8   avec moi ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Mais vous savez, la majeure partie des

 10   carnets ont été écrits au stylo. Et donc normalement le stylo laisse

 11   toujours des empreintes. Et nous nous sommes servis seulement que de

 12   l'éclairage oblique, si vous vous souvenez, et nous n'avons pas vu

 13   d'empreintes sur les pages. Enfin, nous n'avons vu aucune empreinte

 14   inexpliquée.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais en fait, vous n'avez pas pu non

 16   plus constater le contraire, qu'on avait écrit quelque chose sur les pages

 17   retirées.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc c'est la conclusion qu'il faut

 20   tirer. On ne peut pas conclure que ces pages avaient été vierges tout

 21   simplement parce qu'on n'a pas pu constater des empreintes sur les pages

 22   complémentaires, comme vous l'avez fait. Donc, tout ce qu'on peut dire,

 23   c'est qu'il est impossible de conclure si on avait écrit quelque chose sur

 24   ces pages retirées ou si on n'avait rien écrit sur elles.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'accepte, je l'admets.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes d'accord avec moi, donc ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur Groome.


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  1   M. GROOME : [interprétation]

  2   Q.  Ma question serait un peu différente : lors de votre examen de ce

  3   carnet, avez-vous pu trouver des preuves démontrant que des papiers ont été

  4   ajoutés au carnet, insérés dans les carnets ?

  5   R.  Non. Je n'ai pas pu trouver de traces semblables.

  6   Q.  Donc, d'après ce que vous avez pu établir, personne n'a jamais essayé

  7   de rajouter des pages aux carnets originaux ?

  8   R.  Non, il n'y a pas eu de preuve à cet effet.

  9   Q.  Dans la conclusion de votre rapport, vous dites, et je cite :

 10   "La quantité de carnets existants montre à quel point il serait facile de

 11   réécrire des éléments dans un nouveau carnet, d'en déchirer des pages et

 12   puis de les rajouter dans un autre carnet".

 13   Puisque vous n'avez jamais pu relever des preuves démontrant que ceci s'est

 14   effectivement passé, dans votre conclusion, vous dites simplement que cela

 15   aurait pu se produire, mais vous ne dites pas que vous êtes en mesure de

 16   démontrer que cela s'est effectivement produit ?

 17   R.  En effet.

 18   Q.  Les carnets 3, 21 et 24 font partie de cette même catégorie. Pour ces

 19   carnets, vous n'avez pas indiqué si, lors de votre examen par méthode de

 20   rayonnement infrarouge ou ultraviolet, vous avez pu constater quoi que ce

 21   soit. Donc puisque vous n'avez rien relevé, faut-il en conclure que l'usage

 22   de ces méthodes ne vous a pas permis de déceler des anomalies dans ces

 23   carnets-là ?

 24   R.  Un instant, s'il vous plaît, avant de le confirmer.

 25   Oui, vous avez raison.

 26   Q.  Par ailleurs, le dernier carnet que vous avez étudié, et c'est le

 27   carnet que vous citez comme le carnet numéro 24, et que vous décrivez dans

 28   les paragraphes 78 et 79 de votre livre, vous n'avez tout simplement avancé


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  1   une conclusion quant à l'existence des anomalies dans ce carnet. Donc avez-

  2   vous repéré des anomalies dans ce carnet particulier, le carnet numéro 24 ?

  3   R.  C'est un carnet à part puisqu'il se présente sous la forme d'un bloc-

  4   notes, et c'est la seule anomalie que j'ai relevée. Il s'agit d'un bloc-

  5   notes très mince. Apparemment, trois pages ont été arrachées de ce bloc-

  6   notes. Une page l'a certainement été et c'est tout ce qui a à dire, en

  7   fait. Dans ce bloc-notes, il n'y a qu'une seule entrée qui ne porte pas de

  8   date. Donc ce qui est écrit dans ce bloc-notes a été rédigé à une seule

  9   fois, et c'est tout.

 10   Q.  Passons à la catégorie 3 répertoriée dans ma liste, dans mon tableau.

 11   Passons à la page suivante du tableau.

 12   J'aimerais passer aux carnets dans lesquels vous avez relevé des

 13   anomalies. De trois types, d'après ce que j'ai pu établir. Une première

 14   catégorie est formée par un groupe de quatre carnets qui, d'après vous, ont

 15   été faits au même moment que d'autres entrées ont été rédigées dans

 16   d'autres carnets.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, s'il vous plaît, parce

 18   que sinon il va falloir revenir sur la question des carnets particuliers et

 19   ajouter une ou deux questions quant à cette dernière catégorie qui a été

 20   citée, notamment le carnet 24.

 21   Vous dites, Monsieur le Témoin, dans votre rapport :

 22   "D'après moi, ce bloc-notes devait être composé d'une trentaine de

 23   pages; par conséquent, trois pages ont été arrachées."

 24   Mais qu'est-ce qui vous permet de conclure, Monsieur le Témoin, que

 25   ce bloc-notes comptait 30 pages plutôt que 32 ou 28 ou 34 ? Donc, si vous

 26   avez des raisons pour affirmer que le bloc-notes comptait 30 pages,

 27   j'aimerais savoir ce qu'elles sont, puisque je ne vois pas comment vous

 28   avez pu l'établir de façon scientifique.


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agit

  2   ici d'un bloc-notes utilisé généralement par les journalistes et qui

  3   comporte une reliure en spirale métallique. En fait, la spirale est

  4   rattachée par le biais d'une couture à petits points. Donc les

  5   performations dans le papier sont très resserrées. De façon générale, il

  6   est bizarre d'avoir 27 pages dans un bloc-notes de ce type. D'après mon

  7   expérience, et j'ai vu énormément de bloc-notes de ce type, généralement

  8   les chiffres sont plus réguliers.

  9   Nous avons des preuves démontrant comment une page a été arrachée,

 10   donc cela donne 28 pages au total. Ceci est également un nombre assez

 11   inhabituel de pages. Donc je me serais attendu qu'un bloc-notes compte

 12   plutôt un chiffre rond, par exemple, 30 pages. Je ne pense pas que la

 13   reliure en spirale aurait permis de relier plus que 30 pages, et c'est

 14   ainsi que je suis arrivé à la conclusion que le bloc-notes comptait 30

 15   pages fort probablement.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous dites donc que vos

 17   observations sont basées sur votre expérience générale. Vous n'avez pas de

 18   données statistiques pour étayer votre hypothèse. 

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas de données

 21   statistiques confirmant que de façon générale ce type de bloc-notes

 22   comporte 30 pages plutôt que 32 ou 34. Donc, faut-il en conclure qu'en fait

 23   votre conclusion n'est pas très ferme, même si vous êtes plus ou moins

 24   certain que le bloc-notes ne pouvait pas compter beaucoup plus que 30 pages

 25   ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pense pas que ceci ait été le cas.

 27   Je n'ai jamais vu un bloc-notes avec une spirale aussi petite qui aurait

 28   relié un nombre important de pages. Mais ce format particulier de ce bloc-


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  1   notes est, pour moi, quelque chose de très nouveau.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc il est difficile pour vous de

  3   procéder à des comparaisons --

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Ah, désolé, nos voix se chevauchent.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  6   Vous pouvez poursuivre.

  7   M. GROOME : [interprétation]

  8   Q.  Monsieur Browne, j'ai examiné aussi ce que nous avons au niveau des

  9   blocs-notes en venant au Tribunal.

 10   R.  Oui. D'autres types de blocs-notes peuvent exister. Mais cette spirale

 11   est effectivement très, très petite.

 12   Q.  Donc vous avez pu voir des blocs-notes différents ?

 13   R.  Eh bien, différents par rapport au carnet 24.

 14   Q.  Et vous dites que les carnets, de façon générale, comportent un nombre

 15   rond de pages, par exemple, une centaine de pages.

 16   R.  En effet.

 17   Q.  J'aimerais essayer de vous demander de déterminer combien de pages

 18   comptait le carnet relié en spirale que vous avez examiné, est-ce que vous

 19   avez demandé qu'on vous fournisse la traduction de ce qui était écrit sur

 20   la couverture pour pouvoir établir quel était le nombre de pages au départ

 21   ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Maintenant, j'aimerais que nous revenions à la troisième catégorie de

 24   carnets, les carnets qui ont été utilisés parallèlement avec d'autres

 25   carnets, et vous en avez cité quatre, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Ce sont les carnets 15, 17, 21, 22, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.


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  1   Q.  Nous en avons parlé hier, ce n'est pas la peine de se pencher de

  2   nouveau sur cette question aujourd'hui. J'aimerais toutefois que nous nous

  3   penchions sur une page dans un carnet particulier.

  4   M. GROOME : [interprétation] Il s'agit de la pièce P394. J'aimerais qu'elle

  5   soit affichée à l'écran. Et si vous pouvez passer à la page 20 de

  6   l'original, qui correspond à la page 15 en anglais.

  7   Q.  Monsieur Browne, je vais vous montrer une entrée dans ce carnet, le

  8   carnet numéro 24 [comme interprété], du 30 juin 1995.

  9   Alors, ce qui vous pose problème au niveau de ces livres, c'est le fait que

 10   les entrées dans ce carnet ont été faites au même moment qu'on a fait des

 11   entrées dans un autre carnet en parallèle. Alors j'aimerais que vous vous

 12   concentriez sur la page 20 du carnet original. Et ma question sera tout

 13   simplement la suivante : avez-vous remarqué quoi que ce soit de particulier

 14   sur ces pages qui vous fait penser qu'il s'agit d'une contrefaçon ?

 15   R.  De quoi parlez-vous exactement ? Excusez-moi. Il s'agit du carnet 21.

 16   J'étais en train d'examiner une autre entrée. Excusez-moi. Donc c'est de

 17   cette page-là qu'il s'agit ?

 18   Q.  Oui. Donc j'aimerais que vous vous concentriez sur cette page en

 19   particulier. Donc elle est tirée d'un carnet qui est utilisé en parallèle

 20   avec un autre carnet.

 21   R.  Hm-hm.

 22   Q.  Est-ce que vous avez pu relever quoi que ce soit de particulier sur

 23   cette page après avoir appliqué toutes les méthodes d'expertise

 24   scientifique et tous les différents instruments dont vous vous êtes servi,

 25   avez-vous pu relever quoi que ce soit qui vous fait penser qu'il y a eu

 26   comportement frauduleux au niveau de ce carnet ?

 27   R.  Eh bien, il y a une page qui manque.

 28   Q.  Eh bien --


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  1   R.  Nous en avons déjà parlé hier. Cela, je l'ai déjà consigné dans mon

  2   rapport. Mais cela n'a pas eu d'impact sur mon examen puisque c'était la

  3   page d'après, en fait, qui m'intéressait tout particulièrement. Sur cette

  4   page concrète que vous me présentez en ce moment, il existe une

  5   modification qui a été apportée, que j'ai déjà relevée hier, mais en nous

  6   servant du rayonnement infrarouge, je n'ai pas pu constater que ces

  7   modifications aient été apportées en se servant d'un stylo à l'encre

  8   différente. Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire.

  9   Q.  Donc, si quelqu'un a apporté des modifications à cette page, ce qui a

 10   été rayé en bas de la page, si la chose avait été faite à un moment

 11   différent par rapport au moment où l'entrée originale a été faite, la

 12   personne qui a apporté la modification aurait dû se souvenir qu'il fallait

 13   utiliser le même stylo qui avait été utilisé la première fois ?

 14   R.  Le même type de stylo ou le même type d'encre. C'est la composition

 15   chimique de l'encre, en fait, qui compte.

 16   Q.   Très bien.

 17   M. GROOME : [interprétation] Je n'aurai plus besoin de cette pièce à

 18   conviction.

 19   Q.  Dans la quatrième catégorie de carnets étudiée dans votre rapport, on

 20   relève les carnets où le texte a fait l'objet de modifications. Et dans

 21   cette catégorie, nous retrouvons le carnet numéro 19. Vous avez constaté

 22   qu'à la page 1 429, une entrée concerne la réunion du 7 octobre 1994, de 11

 23   heures 20 à 13 heures 20, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Avez-vous des raisons de croire -- est-ce que cette page pose problème,

 26   mis à part le fait que les heures du rendez-vous ont été modifiées ?

 27   R.  Non. Ça ne pose pas problème puisqu'on s'est servi du même stylo.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous voulez dire, du même type d'encre ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait, vous avez raison. Excusez-moi.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.

  3   M. GROOME : [interprétation]

  4   Q.  Alors, passons à la dernière catégorie qui concerne le carnet numéro

  5   16, et c'est le carnet qui, d'après vous, a subi des dégradations

  6   importantes, n'est-ce pas ?

  7   R.  Tout à fait.

  8   Q.  Alors, avant de passer au carnet numéro 16, je vais vous poser une

  9   question hypothétique : si vous aviez tous ces livres sans examiner le

 10   carnet numéro 16, quelle aurait été la conclusion avancée dans votre

 11   rapport ?

 12   R.  Le rapport aurait été plutôt neutre, à vrai dire. Il y a des entrées

 13   qui m'ont posé problème parce qu'elles étaient différentes par rapport à ce

 14   qui représentait la norme dans les autres carnets qui ont fait l'objet de

 15   mon examen mais dont je me servais pour procéder à des comparaisons, mais

 16   je n'y ai trouvé que très peu d'anomalies.

 17   Q.  Hier, vous avez dit que votre conclusion, c'est qu'on ne peut se fier à

 18   ce carnet que dans une mesure limitée. Alors, puis-je vous demander de

 19   reformuler cette phrase. Aurait-elle été différente si vous aviez examiné

 20   tous les carnets, mis à part le carnet numéro 16 ?

 21   R.  Si je n'avais pas examiné le carnet numéro 16, j'aurais quand même

 22   relevé des problèmes de continuité au niveau de ces carnets différents. Il

 23   y a quand même quelques anomalies possibles qui peuvent être relevées. Mais

 24   en fait, il n'y a pas de preuve définitive de comportement frauduleux.

 25   Q.  J'aimerais maintenant attirer votre attention sur le carnet numéro 16.

 26   Vous avez pu relever plusieurs traces d'endommagement subi par ce carnet,

 27   et j'aimerais que nous les étudiions étape par étape. Donc le premier type

 28   de dégradation subi par le livre, c'est que la couverture est complètement


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  1   détachée du contenu du volume, n'est-ce pas ?

  2   R.  Tout à fait.

  3   Q.  Le deuxième type d'endommagement subi par ce livre, c'est qu'il y a 28

  4   pages qui sont en état de feuilles volantes.

  5   R.  Exact.

  6   Q.  Et comme vous l'avez dit hier, "c'est à peine si elles sont rattachées

  7   au reste du volume."

  8   R.  Tout à fait.

  9   Q.  Et le troisième type de dégradation, c'est que "54 pages ne se suivent

 10   pas de façon consécutive."

 11   R.  Exact.

 12   Q.  Nous en avons déjà parlé hier. Souhaitez-vous ajouter quelque chose à

 13   la déposition que vous avez faite hier - ce n'est pas la peine de vous

 14   répéter - mais souhaitez-vous ajouter quelque chose, donc ?

 15   R.  Non, je ne le crois pas.

 16   Q.  D'après le débat que nous avons mené hier, il semblerait que le fait

 17   que les pages ne se suivent pas de façon consécutive peut soit représenter

 18   le résultat d'une fraude ou alors peut dire que les carnets n'ont pas été

 19   fabriqués d'une façon tout à fait appropriée, n'est-ce pas ?

 20   R.  Ceci est possible.

 21   Q.  Et si j'ai bien compris votre déposition, la plupart de ces pages qui

 22   ne se suivent pas de façon consécutive sont toujours rattachées au reste du

 23   volume, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, plus ou moins.

 25   Q.  Le quatrième type d'anomalie que vous avez relevé, c'est que ces

 26   feuilles volantes ne tirent pas leur origine du carnet même, mais qu'elles

 27   proviennent de sources différentes et qu'elles ont été placées entre les

 28   pages de garde avant qu'on a commencé de se servir de ce carnet ?


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  1   R.  C'est une autre possibilité.

  2   Q.  Donc nous avons quelque 28 pages qui sont rattachées à peine au reste

  3   du volume, et nous avons 54 pages qui semblent être des feuilles volantes.

  4   Avez-vous relevé quoi que ce soit d'objectif et qui vous fait penser que

  5   ceci a été fait exprès afin de contrefaire le carnet ?

  6   R.  Il est très difficile de faire des observations objectives et

  7   définitives dans les conditions définies par le protocole d'examen. Parce

  8   que si j'avais vraiment voulu examiner à fond ces carnets, mon comportement

  9   aurait été considéré comme destructif. Il y a d'autres tests que j'aurais

 10   pu faire, et je les ai déjà cités, donc je ne vais pas revenir sur la

 11   question, je pense notamment à la méthode ESDA.

 12   Q.  Donc vous êtes en train de nous dire que vous n'êtes pas en mesure de

 13   tirer des conclusions définitives qui seraient basées sur votre examen pour

 14   dire s'il y a eu contrefaçon, qui expliquerait les dégâts subis par le

 15   carnet numéro 16 ?

 16   R.  Je ne saurais me prononcer sur le sujet avec certitude. Le document n'a

 17   pas été contrefait.

 18   Q.  Donc, sur la base des tests que vous avez pu faire, les dégradations

 19   subies par ces carnets n'ont pas été infligées exprès, avec l'intention

 20   d'induire en erreur le lecteur ?

 21   R.  C'est très difficile à établir en tout cas.

 22   Q.  Je ne vous demande pas de vous mettre à la place d'un lecteur éventuel.

 23   Je vous demande de nous citer ce qu'on peut relever de façon objective.

 24   R.  Mais vous avez parlé justement de l'intention qu'on pourrait avoir

 25   "d'induire le lecteur en erreur". C'était la façon dont vous avez formulé

 26   la chose. En tout cas, différents stylos ont été utilisés, et ils n'étaient

 27   pas utilisés d'une page à l'autre. On a pu trouver des preuves démontrant

 28   qu'un stylo a été utilisé en haut de la page, et puis le stylo numéro 2 a


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  1   été utilisé au bas de la page. Donc le même stylo n'a pas été utilisé tout

  2   au long de l'écriture.

  3   Mais il n'y a pas d'anomalie qui ait été relevée au niveau des encres

  4   utilisées. Des modifications, apparemment, n'ont pas été apportées à ces

  5   pages, mais je n'exclus pas la possibilité que des pages aient pu être

  6   substituées à d'autres. Et ici c'est la quantité de colle qui commence à

  7   relever de l'importance. Il n'y a que très peu de colle qui peut être

  8   relevée. Mais bon, je n'ai pas pu vraiment soumettre la colle à des

  9   analyses plus approfondies.

 10   Q.  Permettez-moi de reformuler ma question. Hier, vous avez dit à la page

 11   du compte rendu d'audience 31, et je cite :

 12   "Ce ne sont pas exactement les carnets qui se trouvaient en haut."

 13   Alors, n'est-il pas possible que toutes les dégradations que vous avez

 14   relevées soient le résultat simplement de l'usage continu de ces carnets ou

 15   des conditions dans lesquelles ils ont été 

 16   utilisés ?

 17   R.  Eh bien, le Président a hier fait des observations au sujet de la

 18   possibilité que le premier carnet ait pu être utilisé dans des

 19   circonstances différentes. Et, en fait, ceci est le seul autre exemple du

 20   carnet où des pages ont été insérées. Le carnet a été énormément utilisé,

 21   il faut le dire. Alors je ne sais pas combien de dégâts il a pu subir

 22   pendant, aussi, le processus -- pendant qu'il a été scanné, parce que la

 23   reliure n'est pas collée comme il faut. Ça c'est une autre explication

 24   alternative. Ou alors, les pages se sont détachées parce que le carnet a

 25   été utilisé. Mais je me saurais me prononcer sur le sujet.

 26   Q.  Donc les dégâts que vous avez pu constater, ils peuvent ne rien à voir

 27   avec l'auteur du document. C'est peut-être tout simplement le résultat des

 28   efforts faits pour examiner le carnet et enregistrer cette preuve une fois


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  1   que la police en avait pris possession, ainsi que le bureau du Procureur.

  2   Est-ce que c'est bien ce que vous êtes en train de nous dire maintenant ?

  3   R.  C'est une possibilité. D'autant plus que nous ne savons pas par où ces

  4   carnets ont passé une fois saisis. Mais là je suis en train de me livrer à

  5   des conjectures.

  6   Q.  Et ce carnet particulier, c'est le carnet qui a une reliure par collage

  7   ?

  8   R.  Tout à fait.

  9   Q.  Si j'ai bien compris votre rapport, tous les livres que vous avez

 10   examinés étaient reliés par trois méthodes : soit il s'agissait de cahiers

 11   reliés ensemble par couture, donc de façon traditionnelle; soit il y avait

 12   reliure en spirale métallique; ou alors reliure par collage ?

 13   R.  Tout à fait.

 14   Q.  Et si j'ai bien compris, le processus de reliure par collage, c'est une

 15   méthode de fabrication où on se sert de la colle pour rassembler les

 16   feuilles de papier individuelles ?

 17   R.  Exactement.

 18   Q.  Et, en fait, la colle devient active sous l'effet de la chaleur. Cela

 19   fait partie du processus de la fabrication, et c'est ainsi que les feuilles

 20   sont rattachées à la couverture ?

 21   R.  Exact.

 22   Q.  Par exemple, quand j'ai étudié les différents exemples de carnets, ou

 23   ce carnet particulier que je suis en train d'examiner, par exemple, c'est

 24   un carnet relié par collage, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, tout à fait.

 26   Q.  Et nous avons déjà étudié la question des reliures en spirales

 27   métalliques. Et puis, il y a une méthode qui est beaucoup plus ancienne.

 28   Elle consiste à prendre une feuille de papier, de la plier une ou plusieurs


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  1   fois et puis de la coudre, et de cette façon-là, on a des pages multiples.

  2   Et puis ensuite, ces pages multiples forment un cahier, et ces cahiers sont

  3   ensuite rattachés les uns aux autres par un fil, et à la fin on se sert de

  4   la colle pour tout faire entrer dans la couverture, souvent une reliure en

  5   cuir, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui. C'est souvent qu'on procède de cette façon à l'assemblage de

  7   différents cahiers.

  8   Q.  Et dans ce carnet particulier que je suis en train d'avoir entre mes

  9   mains, c'est un exemple d'un carnet de ce type. Pourriez-vous l'examiner,

 10   s'il vous plaît.

 11   R.  Oui.

 12   M. GROOME : [interprétation] Donc on vient de montrer au témoin un carnet

 13   de notes vierge.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Oui, dans ce carnet particulier, nous

 15   avons quatre cahiers différents, et la couverture est en toile.

 16   M. GROOME : [interprétation]

 17   Q.  Alors, de façon générale, par exemple, un roman qu'on peut acheter, en

 18   fait la méthode par collage est généralement utilisée pour les éditions de

 19   poche, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui. Toutes les éditions de poche sont reliées par collage.

 21   Q.  Quant à cette autre méthode, méthode de couture, elle est beaucoup plus

 22   durable.

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Au paragraphe 35 [comme interprété] de votre rapport, vous relevez

 25   qu'il y a une différence entre la quantité de colle qui peut être relevée

 26   sur le dos du volume, et la quantité de colle qu'on peut relever sur des

 27   pages individuelles, n'est-ce pas ?

 28   R.  Correct.


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  1   Q.  Et ceci peut montrer qu'en fait la fabrication du carnet n'a pas été

  2   parfaite ?

  3   R.  Oui. Peut-être qu'en fait, la chaleur n'a pas été appliquée de façon

  4   appropriée et que, par conséquent, la colle n'est pas passée sur les pages

  5   comme elle aurait dû. Je ne sais pas si cela a été le cas. Mais si tel a

  6   été le cas, je pense qu'il y aurait eu moins de traces sur le dos du

  7   volume. Mais je n'en suis pas tout à fait certain. Il aurait fallu

  8   réexaminer le carnet.

  9   Q.  Et les pages pour lesquelles vous avez constatez qu'elles ne se

 10   suivaient pas de façon consécutive, qu'elles ont été rattachées à ce

 11   carnet, si ces pages avaient été insérées a posteriori par quelqu'un qui

 12   essaie en fait d'induire en erreur le lecteur du carnet, cette personne

 13   aurait dû avoir accès à quelqu'un qui dispose d'un dispositif assurant la

 14   reliure par collage, quelqu'un qui peut réchauffer la colle pour relier les

 15   pages, n'est-ce pas ?

 16   R.  Non, pas nécessairement. Ce n'est pas la peine de se servir

 17   d'exactement du même type de colle. Il aurait suffi de tenir en place la

 18   colle pendant quelques instants.

 19   Q.  Et sur la base de votre expérience, et vous êtes un expert en écriture,

 20   aurait-il été possible pour un expert d'examiner la colle pour déterminer

 21   si la colle avait été réchauffée avant d'être utilisée dans un dispositif

 22   pour relier par collage, ou si on s'est servi d'un autre type de colle ?

 23   R.  Ceci aurait été possible, en effet. Il aurait fallu procéder à une

 24   analyse chimique.

 25   Q.  Donc quand on relie par collage, même si on essaie d'aligner les pages

 26   avant de les coller, il est impossible de le faire d'une façon absolument

 27   parfaite, et c'est la raison pour laquelle une fois la colle séchée, on

 28   doit couper les bouts de pages qui dépassent, et on le fait grâce à un


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  1   dispositif qui a un sécateur extrêmement précis et dangereux ?

  2   R.  Correct.

  3   Q.  Alors dans votre rapport, vous ne dites pas que vous avez relevé des

  4   irrégularités au niveau du découpage de ces [inaudible] qui n'ont pas été

  5   bien alignées. Et vous n'avez relevé rien de remarquable au sujet de ces

  6   pages.

  7   R.  Exact.

  8   Q.  Donc si les pages ne se suivent pas de façon consécutive, et ce n'est

  9   pas le résultat d'un processus de fabrication fautive, mais si quelqu'un

 10   les avait placées de façon non consécutive après la fabrication, pour ce

 11   faire, la personne concernée aurait dû avoir des connaissances

 12   technologiques assez poussées pour pouvoir découper les bouts de pages pour

 13   que tout soit bien aligné, bien concret.

 14   R.  Et pourquoi ?

 15   Q.  Bien alors, comment autrement aurait-il été possible d'avoir des pages

 16   aussi bien découpées ? Est-ce que cela ne veut pas dire qu'il aurait fallu

 17   avoir un sécateur pour les aligner après l'insertion de ces pages rajoutées

 18   dans le carnet ? Il aurait fallu tout découper de nouveau.

 19   R.  Non, je suis désolé. Pas nécessairement. Peut-être que les feuilles ont

 20   été rajoutées d'un autre carnet, mais qui avait le même format et qui était

 21   fabriqué de la même façon. Donc, il aurait suffi de se servir d'un carnet

 22   de la même taille et de la même forme pour ajouter des pages.

 23   Q.  Mais alors, lorsque le carnet original a été rédigé - hier vous avez

 24   déjà invoqué cette question du découpage des feuilles --

 25   R.  Oui, tout à fait.

 26   Q.  -- et vous avez expliqué le processus de découpage - donc si ce que

 27   vous êtes en train de nous dire est correct, et si le même type de feuille

 28   est utilisé lors de la fabrication, alors pourquoi est-il nécessaire de


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  1   découper les pages par la suite ?

  2   R.  Vous voulez dire au moment où le carnet est fabriqué ?

  3   Q.  Oui.

  4   R.  Au moment où le papier est fabriqué, les dos de feuilles ne seront pas

  5   découpés d'une façon précise. Les feuilles sont collées, mais c'est

  6   seulement après qu'elles ont été collées qu'on les découpe. On fait la même

  7   chose, par exemple, pour les passeports. Ce n'est qu'après qu'on rajoute la

  8   couverture du passeport qu'on découpe le tout pour s'assurer que les pages

  9   sont bien alignées, qu'elles sont bien découpées. La même chose vaut pour

 10   les carnets de ce type.

 11   Q.  Donc, vous êtes en train de nous dire qu'une personne peut prendre un

 12   certain nombre de feuilles qui proviennent d'un autre carnet, les rajouter

 13   dans un carnet relié par collage, et voilà, qu'on peut le faire d'une façon

 14   impeccable ?

 15   R.  Si on est attentif, oui. Si vous prenez les pages d'un autre carnet

 16   relié par collage, et qui a été fabriqué par la même entreprise et qui a la

 17   même taille et le même format, je pense que c'est possible. La substitution

 18   d'une page par une autre, c'est quelque chose qui arrive très fréquemment.

 19   Q.  Oui, mais le carnet 16 a été utilisé pendant plusieurs mois dans une

 20   zone de guerre. N'est-il pas possible que la dégradation subie est le

 21   résultat de la manipulation de carnets dans des conditions difficiles ?

 22   R.  C'est possible. Je ne sais pas où les carnets ont été utilisés, à quel

 23   moment, mais en tout cas, il a été protégé par une couverture de

 24   protection. Il ne faut pas l'oublier.

 25   Q.  Mais vous ne pouvez pas savoir s'il a été utilisé à plusieurs façons,

 26   si, par exemple, il se trouvait à l'arrière d'un Jeep, dans une boîte, ou

 27   alors si Mladic le portait sur lui. Vous ne pouvez pas le savoir, n'est-ce

 28   pas ?


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  1   R.  Bien, en tout cas, la couverture de protection - je ne peux pas vous la

  2   montrer en ce moment - on ne peut pas voir que, par exemple, le carnet a

  3   brûlé ou alors qu'il a subi des dégradations majeures, par exemple, ou

  4   qu'il a été jeté par terre.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je souhaite vous demander si, par

  6   exemple, quelqu'un tient un carnet entre ses mains au moment où on lui tire

  7   dessus, en quoi est-ce que cela peut se refléter sur le carnet ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, si vous avez un carnet relié par

  9   collage et qui bénéficie d'une couverture de protection, et c'est bien le

 10   cas ici, cette couverture de protection protège bien. C'est comme un étui,

 11   en fait. Donc, il s'agit ici d'un carnet plutôt sophistiqué. Et alors, en

 12   fait, cette couverture de protection en cuir, comme elle était de plus

 13   grande taille que le carnet lui-même, le recouvrait complètement.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous avez déjà dit ceci :

 15   "La couverture de protection de ce carnet ne montre pas qu'on a tiré

 16   sur les personnes qui tenaient le carnet ou alors que le carnet a été jeté

 17   par terre…"

 18   Alors je me demande en quoi, par exemple, si on tire sur une personne

 19   cela peut affecter le carnet ? Est-ce que ça fait une différence si les

 20   pages du carnet sont recouvertes et protégées ? J'ai du mal à imaginer en

 21   quoi le fait qu'on nous tire dessus peut avoir un impact sur le carnet

 22   qu'on tient entre les mains. Je ne comprends pas.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, si le livre a été utilisé pendant

 24   qu'on tire sur quelqu'un, c'est la suggestion, en fait, qui avait été faite

 25   par le substitut du Procureur il y a quelques instants.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est lui qui l'avait suggéré -- ou il a dit,

 28   voilà, ça, c'est un exemple. L'autre exemple c'est que le livre se trouvait


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  1   dans une boîte. Donc c'est l'idée du substitut du Procureur.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien justement, c'est ce qui me pose

  3   problème. M. Groome a dit -- il a dit :

  4   "Le carnet 16 a été utilisé pendant plusieurs mois dans une zone de guerre.

  5   N'est-il pas possible qu'il a été manipulé dans des conditions difficiles

  6   et que cela permet d'expliquer la dégradation ?"

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je pensais qu'il parlait des situations,

  8   par exemple, où on doit se jeter par terre pour éviter qu'on nous tire

  9   dessus.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Laissez-moi le vérifier.

 11   M. GROOME : [interprétation] En effet, c'est ce que j'ai suggéré par la

 12   suite.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] "Vous ne pouvez pas savoir si, par

 14   exemple, le carnet a été jeté par terre à plusieurs reprises ou s'il se

 15   trouvait à l'arrière banc d'une jeep --"

 16   M. GROOME : [interprétation] J'ai parlé aussi d'une boîte pour les

 17   munitions.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- ou s'il se trouvait entre les mains

 19   de Mladic au moment où il s'est jeté par terre pour s'abriter du feu. Donc

 20   si j'ai bien compris la question, vous n'avez pas de connaissance

 21   quelconque au sujet des circonstances dans lesquelles ce carnet a été

 22   manipulé. Donc, mis à part la description générale des dégradations subies

 23   ou des endommagements infligés à ce carnet, vous ne pouvez pas citer quoi

 24   que ce soit qui me permet d'établir que le livre a fait l'objet de tirs.

 25   Vous avez expliqué que le carnet était enfermé dans une couverture de

 26   protection en cuir qui avait pu très bien protéger le tout. Mais pour

 27   commencer, quelle que soit la reliure d'un carnet, il est très difficile de

 28   décrire de façon générale ce qui s'est produit, d'autant plus que nous


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  1   n'avons aucune idée quant aux circonstances dans lesquelles le carnet a été

  2   manipulé, donc on ne peut pas tirer des conclusions définitives.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux expliquer mieux cela ?

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Le carnet que j'ai examiné, en fait, est une

  6   partie insérée. Le carnet a une couverture en cuir. Il n'y a pas

  7   d'égratignures particulières sur cette couverture en cuir, donc je

  8   m'attends à ce que le carnet que j'ai examiné était suffisamment protégé

  9   par cette couverture en cuir. Et dans ce cas-là, la couverture est plus

 10   grande par rapport à la taille du carnet, et il y a une doublure, et je

 11   pense que c'est une protection suffisante pour ce qui est du carnet.

 12   Et je ne m'attendrais pas à ce qu'il y ait des endommagements dans de

 13   telles circonstances, puisqu'il n'y a pas de traces d'endommagement sur la

 14   couverture. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de manipulation autre

 15   qu'une bonne manipulation. Par exemple, il n'y a pas de traces de boue ou

 16   des tâches. Il n'y a pas de trace indiquant que ce carnet a été jeté par

 17   terre ou se trouvait dans une sorte de mare, et cetera. Il n'y a pas de

 18   crasse, il n'y a pas de trace de saleté sur les feuilles, et cetera. Donc

 19   je ne vois pas - et là vous avez raison, Monsieur le Président, il faut que

 20   je dise que je ne suis pas expert pour ce qui est des circonstances dans

 21   lesquelles un carnet peu se trouver en guerre - donc il n'y a pas d'indice

 22   démontrant qu'il y a eu une manipulation autre que la manipulation normale.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Jordash.

 24   M. JORDASH : [interprétation] Je me demandais si on peut nous aider. Je

 25   sais que mon éminent collègue a le droit de poser des questions

 26   hypothétiques, mais s'il a un exemple particulier, par exemple, que le

 27   commandant de la VRS aurait participé directement au combat, qu'il se

 28   jetait à l'abri, et cetera, il pourrait peut-être aider le témoin en lui


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  1   présentant une situation concrète.

  2   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas voulu

  3   souligner cela. J'ai voulu dire que nous ne savions pas ce qui s'est passé.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que, Maître Jordash, nous

  5   devons accepter cela, puisqu'on ne peut pas demandé qu'on invente un

  6   exemple où M. Groome dirait quelque chose de spécifique.

  7   M. JORDASH : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, je ne lui

  8   ai pas demandé d'inventer quoi que ce soit.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non.

 10   M. JORDASH : [interprétation] J'ai demandé si le Procureur a dit --

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voilà comment j'ai compris M. Groome :

 12   il a dit qu'il n'avait pas d'exemples spécifiques, qu'il ne savait pas

 13   comment ce carnet a été manipulé, n'est-ce pas ?

 14   M. GROOME : [interprétation] Oui, c'est vrai.

 15   M. JORDASH : [interprétation] Merci. Est-ce qu'on peut faire la pause

 16   maintenant ?

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes déjà un peu en retard.

 18   Monsieur Groome, pouvez-vous nous dire de combien de temps vous allez

 19   encore avoir besoin après la pause ?

 20   M. GROOME : [interprétation] La cadence s'est un peu ralentie, par rapport

 21   à mon estimation. Certaines questions et certaines réponses ont provoqué

 22   des discussions assez longues. Donc, je vais essayer de faire en sorte que

 23   le témoin se concentre sur mes questions. 

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez peut-être poser des

 25   questions de façon un peu plus claire. En tout cas, je vais poser la

 26   question à Mme la Greffière pour plus de détails par rapport à notre

 27   programme.

 28   Nous allons faire la pause maintenant et nous allons poursuivre à 10 heures


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  1   50.

  2   --- L'audience est suspendue à 10 heures 22.

  3   --- L'audience est reprise à 10 heures 54.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de poursuivre, il faut que je dise

  5   qu'une copie en couleur a été faite des notes de M. Browne. Cela a été

  6   distribué aux parties pendant la pause. Et si j'ai bien compris, les

  7   parties sont contentes pour ce qui est de la qualité de ces photocopies;

  8   par conséquent, j'aimerais que l'original soit remis à M. Browne et la

  9   photocopie à M. Groome pour que cela soit téléchargé dans le système. Et

 10   c'est le document qui est englobé dans la pièce à conviction de

 11   l'Accusation P3110 et sera finalement versé au dossier.

 12   M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous allons

 13   faire comme vous avez dit.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, vous allez recevoir vos

 15   notes écrites en encre rouge.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous suis reconnaissant.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez, Monsieur Groome. Je pense que

 18   vous avez été informé du temps qui vous reste encore.

 19   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 20   Q.  Monsieur Browne, revenons au carnet qui a donc cette reliure à la

 21   colle. Donc je peux, par exemple, acheter cela dans une librairie, n'est-ce

 22   pas, une papeterie ?

 23   R.  Oui. Ce cahier peut être ouvert comme un passeport. Mais je ne sais pas

 24   quel est le format que vous pouvez acheter.

 25   Q.  Et comment pouvez-vous être certain que M. Mladic ait mis cette

 26   couverture en cuir au début ? Cela aurait pu être fait au moment où le

 27   carnet a commencé à être dégradé, pour le protéger, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui. Mais je pense que cela n'a aucun sens puisque le carnet numéro 12


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  1   est un carnet similaire disposant d'une couverture en cuir, la couverture

  2   identique. Et je pense que le carnet et la couverture en cuir ont été

  3   produits en même temps. Mais je ne suis pas tout à fait certain.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faut s'abstenir d'émettre des

  5   hypothèses. Donc on a le carnet 16 qui est dégradé, ensuite le carnet 12.

  6   Tout cela, donc, ne peut être que des hypothèses. Il faut d'abord voir s'il

  7   y a d'autres preuves pour corroborer cela avant de se lancer dans des

  8   conjectures.

  9   M. GROOME : [interprétation]

 10   Q.  Monsieur Browne, vous avez supposé que ces carnets avaient des

 11   couvertures en cuir au début, au moment où ces carnets ont été retrouvés.

 12   Qu'est-ce qu'on peut en conclure pour ce qui est de l'aspect physique de

 13   ces carnets ?

 14   R.  On peut tirer des conclusions pour ce qui est de la condition dans

 15   laquelle les carnets se trouvaient en s'appuyant sur l'aspect physique de

 16   la couverture en cuir.

 17   Q.  Et vous avez supposé que "ce carnet se trouvait dans un porte-

 18   documents."

 19   C'est aussi une supposition pour évaluer l'aspect physique ou la

 20   condition physique du carnet ?

 21   R.  Un général ne se serait pas rendu sur le front en tenant un carnet dans

 22   la main, donc j'ai, comme cela, pu supposer que cela se trouvait dans un

 23   porte-documents.

 24   Q.  Et vous supposez que M. Mladic se déplaçait lors de ses activités, et

 25   il avait un porte-documents dans lequel se trouvaient ses carnets ?

 26   R.  Je ne le sais pas à quel point il se déplaçait.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, on a déjà clarifié

 28   cela. Passez à un autre sujet.


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  1   M. GROOME : [interprétation]

  2   Q.  Si on reparle du fait de rogner les bords du livre, donc cet appareil

  3   sécateur est utilisé pour le faire, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Et en utilisant un microscope, il est possible de voir des

  6   irrégularités sur les bords du carnet, pour voir que les impressions ou les

  7   traces de l'utilisation de cette machine sont visibles également sur les

  8   feuilles ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Pour ce qui est de l'analyse microscopique et de l'utilisation de

 11   l'appareil VSC 6000, pouvez-vous nous dire si vous avez jamais essayé de se

 12   lancer à ce type d'examen en utilisant un microscope pour voir si la même

 13   machine a été utilisée pour rogner les bords de ce carnet ou en utilisant

 14   une autre machine ou un autre couteau ?

 15   R.  Non. Il est très difficile de rassembler à nouveau les feuilles une

 16   fois séparées. Il est difficile de voir s'il y a eu des endommagements sur

 17   les bords d'un carnet. Pour ce qui est de la forme originale du carnet, on

 18   peut éventuellement voir des traces d'utilisation de cette machine à

 19   rogner. Mais séparer les feuilles pour vérifier cela, cela est très

 20   difficile.

 21   Q.  Et donc, si les pages sont insérées ensemble après cela, est-ce que

 22   c'est possible également ?

 23   R.  Oui. Mais cet appareil ne peut pas agrandir à tel point les endroits où

 24   on peut analyser d'éventuels endommagements --

 25   Q.  Et pour ce qui est de votre conclusion par rapport au carnet 16, vous

 26   avez dit, je cite :

 27   "Les endommagements du carnet 16 démontrent fermement qu'il s'agissait

 28   d'une contrefaçon."


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  1   R.  Où cela se trouve ?

  2   Q.  A la page 4 de votre rapport.

  3   R.  Bien.

  4   Q.  Lorsque je vous ai demandé comment aurait été votre rapport si vous

  5   aviez eu à votre disposition tous les carnets, vous avez dit aujourd'hui à

  6   la page 25 du compte rendu, je cite :

  7   "Il n'y pas eu de preuve ferme pour démontrer qu'il s'agissait d'une

  8   contrefaçon."

  9   Donc je peux en conclure que, puisque vous avez constaté qu'il y

 10   avait des endommagements dans le carnet 16, cela a en quelque sorte

 11   contaminé votre opinion, pour ainsi dire, pour ce qui est des conclusions

 12   par rapport à d'autres carnets ?

 13   R.  Non. J'ai voulu dire que pour ce qui est du carnet 16, il y avait

 14   des indices les plus fermes pour ce qui est de la contrefaçon. Mais cela ne

 15   veut pas dire que cela s'applique à d'autres carnets. Pourtant, cela met en

 16   doute l'authenticité des carnets.

 17   Q.  J'aimerais qu'on passe maintenant à la deuxième partie pour ce qui est

 18   de mes questions, à savoir de parler de vos conclusions générales. Aux

 19   paragraphes 89 et 90 de votre rapport, vous avez parlé des documents que

 20   vous avez examinés, et vous dites :

 21   "La lettre de M. Marinkovic dit que Mme Mladic a eu le droit

 22   d'obtenir ces pièces pour pouvoir les examiner en présence de son avocat

 23   avant que les carnets n'aient été emmenés de l'appartement. Si ce n'est pas

 24   vrai, si c'est un mensonge, alors toutes les pièces à conviction concernant

 25   ces carnets éveillent des doutes."

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Cette conclusion est une conclusion qui saute aux yeux en partie parce

 28   qu'elle est explicite, mais en même temps il est difficile de voir quelle


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  1   était votre ligne de raisonnement lorsque vous êtes arrivé à cette

  2   conclusion. Qu'est-ce que vous avez voulu dire par cette phrase ?

  3   R.  Quelle phrase ?

  4   Q.  La phrase que je viens de vous citer.

  5   R.  Ah, vous pensez à ces deux paragraphes.

  6   Q.  Il faut que je vérifie cela dans mes documents. Mais vous êtes témoin

  7   ici, pas moi, malheureusement.

  8   R.  Exactement.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si je me souviens bien, cela a commencé

 10   tôt dans la matinée.

 11   M. JORDASH : [interprétation] A 7 heures 40 dans la matinée, et cela a duré

 12   jusqu'à 14 heures de l'après-midi.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est ce que -- oui, je me souviens de

 14   cela.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Chacun de ces carnets portait un numéro

 16   inscrit au stylo à bille en haut de toutes les pages. Je n'ai pas compté

 17   les pages au moment où cela a été fait. Je ne sais pas si quelqu'un d'autre

 18   a fait cela. Je suppose qu'en utilisant les scanneurs, on peut voir le

 19   nombre exact de pages. Et à un moment donné, avant que les carnets n'aient

 20   été pris, Mme Mladic a dit : Attendez, il faut que je numérote les pages

 21   dans tous les carnets.

 22   M. GROOME : [interprétation]

 23   Q.  Est-ce que votre conclusion est que cela ne peut pas être vrai puisque

 24   cela ne pouvait pas être fait dans un laps de six 

 25   heures ?

 26   R.  C'est peu probable, mais nous n'avons pas d'information détaillée pour

 27   vous dire qui a découvert quoi et quand. Et vu toutes les circonstances et

 28   en revenant à la lettre de Marinkovic, que j'ai ici quelque part --


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  1   Q.  Permettez-moi de vous poser la question suivante. Nous savons

  2   maintenant pourquoi vous êtes arrivé à cette conclusion, à savoir que cela

  3   ne peut pas être vrai et exact. Ensuite, vous dites, je cite : "Cela ne

  4   peut pas être vrai. Donc, si cela n'est pas vrai, c'est un mensonge."

  5   D'après vous, qui est celui qui essaie de présenter tout cela de façon

  6   erronée ?

  7   R.  Il est difficile de dire cela, n'est-ce pas ? Puisque la lettre

  8   Marinkovic, on ne voit que la description des circonstances dans lesquelles

  9   cela a été fait. Il y avait une autre personne qui a fait cela. Marinkovic

 10   n'était pas présent. Et lorsqu'on regarde le paragraphe qui décrit la

 11   situation après que les carnets aient été montrés à Mme Mladic, elle n'a

 12   pas nié que ces carnets appartenaient à son époux, M. Mladic, mais elle a

 13   voulu les numéroter à la main. Et après la découverte de ces carnets lors

 14   de la perquisition, ces carnets ont été retournés aux membres de ce foyer.

 15   Q.  Monsieur Browne, peut-être que cela n'aurait pas dû être fait de cette

 16   façon. Mais qui est la personne qui a voulu donc faire passer ce mensonge

 17   pour la vérité ? M. Marinkovic ou un officier de la police, ou quelqu'un

 18   d'autre ?

 19   R.  Il semble que M. Marinkovic, dans cette lettre, ne fait que relater ce

 20   qui s'est passé à ce moment-là. Il n'a pas été présent là-bas.

 21   Q.  Est-ce que vous dites dans votre témoignage que les personnes qui ont

 22   participé à la perquisition ont fait passer ce mensonge pour la vérité ?

 23   R.  C'est très possible.

 24   Q.  Et maintenant, vous continuez en disant, je cite :

 25   "Si c'est un mensonge, alors toutes les preuves et tous les

 26   témoignages concernant la découverte des carnets éveillent des doutes."

 27   Est-ce que, selon votre logique, si quelque chose est vrai, à savoir

 28   que quelqu'un a participé à la perquisition - la perquisition qui a duré


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  1   moins de temps que cela n'a été le cas en vérité - comment, sur la base de

  2   cet élément, vous êtes arrivé à la conclusion concernant toutes les pièces

  3   à conviction concernant ces carnets ?

  4   R.  Il s'agit de l'effet dit domino, n'est-ce pas ? Lorsque vous commencez

  5   une fois à voir quel était le processus pour ce qui est de la production de

  6   ces carnets, la découverte de ces carnets, tout cela, donc, devient

  7   suspect. Nous avons des photographies qui ne sont pas des photographies

  8   authentiques. Ensuite, la filière de conservation des moyens n'est pas tout

  9   à fait correcte. Et si Mme Mladic a numéroté toutes les pages, tous les

 10   carnets, alors je pense que cela n'a pas pu être fait physiquement --

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, encore une fois, vous

 12   doutez de l'exactitude de ce rapport, alors que la question qui vous a été

 13   posée par M. Groome était une question différente. Si quelqu'un essaie de

 14   passer un mensonge pour la vérité, dans quelle mesure cela peut avoir une

 15   incidence sur un témoignage ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse.

 17   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation] 

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Si c'est un mensonge, alors toutes les

 19   circonstances concernant la découverte des carnets deviennent suspectes. Il

 20   est possible qu'il s'agisse d'un malentendu, mais c'est une autre question.

 21   Et ce paragraphe est inchangé dans mon rapport.

 22   M. GROOME : [interprétation]

 23   Q.  Monsieur Browne, j'aimerais vous avancer ici qu'après que vous ayez

 24   appliqué l'analyse que vous avez déjà utilisée au sein des services de

 25   l'immigration, au sein de ce service, au moment où une erreur est relevée

 26   dans un document, alors le document entier a le statut de faux, de document

 27   falsifié. Est-ce que vous avez appliqué la même technique ici lorsque vous

 28   avez relevé une faute pour ce qui est de la filière de conservation des


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  1   carnets une fois saisis ? Selon la même logique, est-ce que vous êtes

  2   arrivé à la même conclusion selon laquelle tout cela est suspect ?

  3   R.  Non. J'ai parlé des carnets. Je n'ai pas trouvé d'anomalies dans tous

  4   les carnets. Mais pour ce qui est de la manipulation de ces carnets, je

  5   dois réitérer que cette manipulation a provoqué de sérieuses anomalies. Je

  6   ne sais pas s'il s'agit de rapports erronés. Je ne sais pas. Mais pour ce

  7   qui est de la continuité de ces carnets, cela représente un cauchemar, en

  8   fait, puisqu'il n'y a pas de continuité.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faut que je vous interrompe.

 10   Est-ce que vous faites référence à la discontinuité de ces carnets ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ce sont les circonstances de la

 12   perquisition. La découverte des carnets. Il n'y a pas de rapport là-dessus.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela ne m'a pas été clair. Merci pour

 14   cette explication.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome.

 17   M. GROOME : [interprétation]

 18   Q.  Je ne veux pas maintenant faire des digressions, mais aujourd'hui vous

 19   avez dit, je cite :

 20   "Nous n'avons pas de filière de conservation concernant la

 21   conservation des documents une fois saisis."

 22   Mais n'est-il pas vrai qu'on vous a dit quelle était la filière de

 23   conservation des carnets à tout moment après leur saisie ? Vous avez

 24   commenté cela, et Mme Tilly [phon] y était. Elle vous a dit cela. Elle a

 25   confirmé cela.

 26   R.  C'était après que les carnets étaient arrivés ici. Je m'excuse, j'ai

 27   pensé à la filière de conservation après la découverte de ces carnets. Mme

 28   Tilly a ouvert tous les carnets, et cetera.


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  1   Q.  Ce n'était pas ma question.

  2   R.  [aucune interprétation]

  3   Q.  Vous avez dit aujourd'hui que la filière de conservation de ces

  4   documents n'était pas correcte, bien qu'on vous ait dit comment ces carnets

  5   ont été conservés à partir du moment où ils ont été découverts jusqu'au

  6   moment où ils sont arrivés au bureau du Procureur.

  7   R.  Mais il n'y a pas eu de filière de conservation, en fait, pendant toute

  8   cette période-là.

  9   Q.  J'aimerais qu'on revienne à la partie de votre rapport où il est

 10   question des conclusions.

 11   Si j'ai bien compris vos conclusions, bien que vous ayez admis que

 12   ces carnets aient été écrits par M. Mladic, en examinant l'écriture de ces

 13   carnets, il vous est clair que ces entrées n'ont pas été écrites au même

 14   moment où les événements se sont produits mais par la suite, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui, c'est vrai.

 16   Q.  Mis à part votre observation concernant l'écriture, pour laquelle vous

 17   avez dit qu'elle est nette et ordonnée, y a-t-il autre chose qui vous a

 18   poussé à conclure qu'il y avait des éléments concernant l'encre et d'autres

 19   observations scientifiques ?

 20   R.  Non, ce n'est pas quelque chose je pourrais commenter pour ce qui est

 21   de ces carnets.

 22   Q.  Donc il n'y a rien pour ce qui est d'élément important pour ce qui est

 23   de votre perception de l'écriture ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  [aucune interprétation]

 26   R.  [aucune interprétation]

 27   M. GROOME : [interprétation] Est-ce qu'on peut maintenant afficher 5016 sur

 28   la liste 65 ter. Il s'agit d'une entrée du carnet 21. Et passons à la page


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  1   227 dans le prétoire électronique pour ce qui est de l'original du carnet;

  2   et en anglais, c'est la page 200.

  3   Q.  Et en attendant que le texte soit affiché à l'écran, permettez-moi de

  4   vous expliquer qu'à l'écran qui est devant vous, vous pouvez apposer des

  5   annotations sur cette pièce que vous voyez à l'écran, après quoi nous

  6   pouvons sauvegarder cette version. Nous attendons que la pièce 227 soit

  7   affichée.

  8   M. GROOME : [interprétation] Il ne faut agrandir aucune partie de la page

  9   affichée.

 10   Q.  Et j'aimerais que vous preniez le stylo électronique, avec l'aide de M.

 11   le Huissier, pour nous indiquer les caractéristiques spécifiques auxquelles

 12   vous avez fait référence au moment où vous avez dit qu'il s'agissait d'une

 13   "écriture nette".

 14   R.  Il n'est pas nécessaire d'agrandir la page. Nous voyons une altération

 15   de la date en haut de la page. Ensuite, une modification pour ce qui est du

 16   bas de la page par rapport à l'utilisation du stylo. Ensuite -- eh bien,

 17   c'est une écriture qui est nette.

 18   Q.  Donc, généralement parlant, c'est ordonné et net. Mais il n'y a pas

 19   d'élément spécifique pour vous permettre de dire que c'est net ?

 20   R.  Oui, c'est l'aspect général de la page.

 21   M. GROOME : [interprétation] Je ne veux pas poser la question au témoin

 22   concernant les annotations basées sur cette réponse.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, est-ce que je peux vous

 24   poser une question. A la fin du carnet, la taille des caractères est

 25   différente par rapport aux caractères de la première partie.

 26   Et vous avez dit également : si le texte est recopié sur la base des

 27   notes brutes - et je ne sais pas si vous avez comparé ces deux versions -

 28   dans ce cas-là, vous ne pourriez pas voir en bas ce qui est imprimé en


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  1   rouge. Vous passez à la page suivante, où se trouvent les observations

  2   générales. Et pour ce qui est de ces opérations générales, il nous faudrait

  3   une explication pour ce qui est de votre argument selon lequel tout cela a

  4   été recopié sur la base des notes brutes.

  5   Pouvez-vous fournir vos commentaires par rapport à ce que je viens de

  6   dire concernant cette page, concernant l'écriture, la taille des

  7   caractères, et cetera ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suppose que vous avez fait référence aux

  9   trois lignes qui sont en bas et qui ont été inscrites avec une couleur

 10   différente.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. La couleur est différente.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce qu'on peut faire défiler la page vers

 13   le haut ?

 14   M. GROOME : [interprétation] Oui.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Il y a une autre ligne inscrite avec l'encre

 16   similaire en bas. Mais je ne sais pas ce que cela veut dire. Et même s'il

 17   s'agit des notes brutes, il pourrait être nécessaire d'ajouter quelque

 18   chose en bas. Mais en tout cas, c'est toujours une écriture nette.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et pour ce qui est du commentaire à la

 20   page précédente ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est relativement uniforme puisque les titres

 22   sont toujours en caractères un peu plus grands et en lettres d'imprimerie.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Revenons au début de la page précédente.

 24   Seriez-vous d'accord avec moi pour dire qu'en haut, on voit la date,

 25   ensuite le lieu, c'est-à-dire Belgrade --

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- ensuite, on voit le titre souligné,

 28   qui a été traduit. Ensuite, un autre titre qui est en caractères plus


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  1   petits par rapport au premier titre, et il semble que les caractères qui

  2   suivent sont les caractères qui sont aussi plus petits que les caractères

  3   utilisés dans le texte qui se trouve sur le reste de la page.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ceci.

  5   Parce que les deux intitulés qui semblent commencer par un P et par un C --

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, ces deux endroits-là, si vous voulez,

  8   si c'est ce qui est écrit au-dessus de la date - il y a deux dates sur la

  9   page - qui sont de taille similaire. En dessous, le texte semble être

 10   également de la même taille.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Et par la suite, vous avez ce troisième type

 13   d'intitulé avec une astérisque, et ceci n'est pas en lettres majuscules.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je souhaiterais appeler votre attention

 15   sur le deuxième intitulé en dessous, souligné, où il semblerait que la

 16   taille des lettres soit plutôt différente. Je ne sais pas si nous avons la

 17   traduction ici. Apparemment pas.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis très heureux que vous ayez dit ceci.

 19   Parce que je n'ai pas vu la traduction.

 20   M. GROOME : [interprétation] La traduction de cette page se trouve à la

 21   page 200 dans le prétoire électronique en anglais.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi.

 24   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 25   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, c'est 200 dans le

 26   prétoire électronique, je crois que c'est là l'erreur, et non pas 200 au

 27   bas de la page.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors je vais dire les choses de façon


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  1   très simple : pourrait-on avoir la page correspondante en anglais ?

  2   M. GROOME : [interprétation] Je suis vraiment désolé. C'est la page 220,

  3   Monsieur le Président, Mesdames les Juges.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Cela semble correspondre,

  5   effectivement.

  6   Alors, ce à quoi je fais référence, Monsieur Browne, c'est le texte qui est

  7   traduit par les propos "M. Bildt", questions militaires. Est-ce que vous

  8   voyez ceci ? Nous avons le titre en haut où c'est indiqué "talk", donc

  9   "entretien avec Bildt et le général de Lapresle," et ensuite "M. Bildt" et

 10   "questions militaires sont en train de devenir de plus en plus urgentes."

 11   Ce texte-là, à mes yeux, semble être écrit en plus petits caractères que ce

 12   que nous avons vu à la suite de l'endroit où c'est marqué "meeting", donc

 13   "réunion". Et par la suite, on voit en dessous "lieutenant-colonel

 14   Karremans".

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Tout le texte qui suit semble être écrit

 17   de différente façon. En fait, la taille de l'écriture semble être

 18   différente, n'est-ce pas, plus petite ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vois ici qu'il est indiqué "questions

 20   militaires sont en train de devenir de plus en plus urgentes." Cette

 21   phrase-là est écrite en caractères un petit peu plus petits mais pas

 22   beaucoup plus petits, comparé au "général de Lapresle".

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais si l'on compare avec ce qui suit

 24   après "meeting", "réunion" ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] "Réunion avec le commandant des Nations Unies

 26   à Srebrenica et les représentants du camp musulman."

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Et par la suite, il semblerait que

 28   la taille du texte est plus large.


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Il semblerait que le "général de Lapresle" --

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais en fait, je l'ai comparé à

  3   autre chose, Monsieur Browne. Je pensais que les choses avaient été plutôt

  4   claires.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai comparé la phrase : "questions

  7   militaires sont en train de devenir de plus en plus urgentes," j'ai comparé

  8   cette phrase-là avec d'autres phrases -- avec le texte de la page et j'ai

  9   voulu appeler votre attention sur les mots "réunion avec le commandant des

 10   Nations Unies à Srebrenica et les représentants du camp musulman." J'ai

 11   plutôt tendance à croire que la première ligne à laquelle j'ai attiré votre

 12   attention est écrite en caractères plus petits que la deuxième ligne.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Physiquement, oui, c'est le cas. Mais je ne

 14   sais pas, je ne vois pas de quelle façon est-ce qu'on peut comparer le

 15   tout. C'est la perception, peut-être, de la page.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais de toute façon vous êtes très

 17   enclin à faire des explications logiques. Vous nous parlez de la façon très

 18   ordonnée de laquelle ce texte a été écrit, donc vous tirez des conclusions

 19   plutôt générales. Et donc, j'aimerais savoir de quelle façon est-ce que

 20   ceci est à l'appui de votre conclusion ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Pour ce qui est de l'écriture et de la taille

 22   du texte sur cette page, il est possible - encore une fois, ce n'est que

 23   des conjectures - c'est peut-être l'importance de la phrase qui était

 24   écrite -- peut-être que l'importance, donc, de ce qui est écrit, le

 25   contenu, pourrait peut-être donner la raison pour laquelle le texte est

 26   écrit de façon différente. Peut-être un peu plus grand. Je ne le sais pas.

 27   Mais je pense que cette page est écrite de façon ordonnée.

 28   Et le fait que des entrées soient faites au bas avec une encre différente,


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  1   c'est peut-être une idée qui est venue par la suite, après que l'on ait

  2   écrit le texte sur cette page. Donc je ne crois pas, personnellement, qu'il

  3   y ait une différence vraiment très importante par rapport à la façon dont

  4   le texte est écrit sur cette page.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais j'essaie de suivre votre logique.

  6   Si vous dites qu'on a écrit quelque chose au bas de la page avec une encre

  7   différente, ceci pourrait peut-être correspondre au fait que l'on ait écrit

  8   de façon rapide, que ce sont des notes. Est-ce que ceci pourrait

  9   correspondre à l'idée de l'ajout de quelque chose, que le texte original

 10   n'a pas été recopié de notes qui avaient été prises rapidement, mais que

 11   ceci pouvait également correspondre à l'écriture originale ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais justement, ça m'amène une autre

 14   question. J'essaie de suivre votre logique. Vous dites que la disponibilité

 15   de ce type de carnets de notes, de cahiers, il est facile d'acheter ce type

 16   de cahier. Ils étaient disponibles, et donc il est possible, vous dites, de

 17   modifier certaines choses.

 18   Par exemple, je vais vous donner une conclusion. Si je vous dis que

 19   l'essence est disponible partout aux Pays-Bas, tout le monde est

 20   certainement d'accord pour dire que ceci permet ou aide le vol d'essence,

 21   n'est-ce pas ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, on pourrait dire cela.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais la question qui se pose, en fait,

 24   est de savoir où est la logique dans tout ceci. Je ne sais pas si vous me

 25   suivez ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Pas réellement.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eh bien, si vous dites que ce genre de

 28   cahier est disponible, facilement accessible, il est tout à fait facile de


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  1   les remplacer. Donc je puis conclure ceci. Donc, si je vous ai dit que

  2   l'essence est disponible partout aux Pays-Bas, il est beaucoup plus facile

  3   de le voler, mais cela ne nous indique pas si, effectivement, on se livre

  4   au vol d'essence et à quelle fréquence on se livre à ce genre de vol. Donc,

  5   de la même manière, s'agissant de la possibilité ou la probabilité que les

  6   pages soient remplacées, ceci ne nous donne pas non plus une indication

  7   précise.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, ceci demeure une possibilité. C'est tout

  9   à fait juste.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. On ne peut pas exclure cette

 11   possibilité. Si c'est votre conclusion, n'est-ce pas, donc j'adopterais

 12   alors cette conclusion comme conclusion. Je dois également consulter mes

 13   collègues, bien sûr, Juges de la Chambre. Mais très bien.

 14   Alors, Monsieur Groome, poursuivez, je vous prie.

 15   M. GROOME : [interprétation]

 16   Q.  Monsieur Browne, en anglais, nous écrivions en caractères latins. Ce

 17   texte est écrit, toutefois, dans un alphabet tout à fait différent ?

 18   R.  Oui. C'est en cyrillique.

 19   Q.  Vous n'avez pas vraiment beaucoup d'expérience pour ce qui est de

 20   l'écriture en cyrillique ?

 21   R.  Oui, vous avez raison. Je l'ai déjà dit.

 22   Q.  Mais ne pensez-vous pas que vous devriez savoir à quoi devrait

 23   ressembler une belle lettre A, par exemple, et une lettre A écrite à la

 24   hâte ? Ne pensez-vous pas que vous devriez avoir une connaissance sur la

 25   façon dont le cyrillique est écrit avant de vous livrer à des conjectures

 26   scientifiques pour conclure qu'un A été écrit à la hâte et un autre A a été

 27   écrit de façon calme ?

 28   R.  Non, je ne prétends pas pouvoir lire l'écriture, mais je ne crois pas


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  1   que ce soit nécessaire non plus. Les carnets semblent être de façon

  2   ordonnée. Les dates, des fois, sont altérées. Vous pouvez même voir la date

  3   qui a été altérée ici rapidement.

  4   Q.  Mais est-ce que vous estimez que vous avez la compétence nécessaire

  5   pour donner votre opinion, pour dire que, par exemple, un texte en coréen a

  6   été écrit quand même de façon ordonnée ?

  7   R.  J'ai en fait un peu d'expérience pour ce qui est de l'écriture coréenne

  8   --

  9   Q.  D'accord. Je vais vous donner un autre exemple. Alors que pensez-vous,

 10   par exemple, du thaïlandais ?

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  Pour évaluer la propreté, la façon ordonnée d'écrire --

 13   R.  Non. Vous savez, vous n'êtes pas obligé d'avoir une bonne connaissance

 14   de la langue pour dire si on a écrit quelque chose de façon ordonnée. Nous

 15   avons beaucoup de pages que nous avons pu examiner. J'ai examiné un très

 16   grand nombre de pages, donc c'est ce qui me permet d'arriver à ces

 17   conclusions.

 18   Q.  En fait, j'ai une séquence vidéo que je pourrais montrer, et c'est M.

 19   Mladic qui est en train d'écrire dans ces carnets --

 20   R.  Ces pages-ci ?

 21   Q.  Oui, tout à fait. Alors je vais vous montrer maintenant une séquence

 22   vidéo.

 23   R.  D'accord.

 24   Q.  Je demande à M. Javier de distribuer les pages. Et je vais demander que

 25   l'on passe l'extrait vidéo 65 ter 6437. Il s'agit d'un extrait vidéo tourné

 26   à l'hôtel Fontana le 11 juillet 1995.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais avant de ce faire, Monsieur Groome.

 28   J'aimerais vous poser une question. Est-ce qu'on vous a donné des éléments


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  1   de preuve, est-ce qu'on vous a informé du contexte, outre la source et la

  2   documentation qui vous a été remise, est-ce que vous connaissez des

  3   éléments de preuve ? Avez-vous des vidéos, avez-vous eu connaissance de

  4   témoignages, avant que vous n'examiniez ceci ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  6   Je savais que des bandes vidéo avaient également été prises dans le cadre

  7   de la perquisition. Mais je n'ai pas vu de vidéo.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci. Je n'avais pas non

  9   plus souvenir de cela.

 10   M. GROOME : [interprétation] Pour gagner du temps, je demanderais que l'on

 11   nous montre un extrait qui commence à une heure 23 minutes, 7 [comme

 12   interprété] secondes, et qui se termine à 54, 25 --

 13   L'INTERPRÈTE : Inaudible.

 14   M. GROOME : [interprétation] En fait, je vais demander le versement au

 15   dossier de cet extrait vidéo. et je demanderais à la Chambre de suivre ce

 16   que dit la personne dans la vidéo et de quelle façon c'est entré. Alors

 17   nous soutenons que vous allez pouvoir voir que ces notes avaient été prises

 18   de façon simultanée. Donc je demanderais que l'on présente cet extrait

 19   vidéo.

 20   [Diffusion de la cassette vidéo]

 21   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 22   "Nous n'avons presque plus de médicaments. La seule chose que je peux

 23   faire, c'est de prendre deux équipes de médecins. Ils l'ont fait ce matin

 24   et cet après-midi."

 25   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 26   M. GROOME : [interprétation] Nous allons voir que M. Mladic est en train

 27   d'écrire ce texte.

 28   [Diffusion de la cassette vidéo]


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  1   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  2   "Ils ont effectué quelques opérations plus sérieuses. Si je puis dire,

  3   Monsieur, je crois que l'évacuation des blessés pourrait être organisée."

  4   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, il nous faut d'abord

  6   examiner le compte rendu d'audience. Attendez, parce des propos sont dits -

  7   - enfin, je ne sais pas si c'est consigné, mais j'ai entendu une

  8   interprétation française. Et vous avez commencé à parler au milieu de la

  9   vidéo. Donc je voudrais simplement voir si tout a été consigné.

 10   Je ne sais pas si on a perdu quelque chose. Mais j'imagine que vous

 11   n'êtes pas réellement intéressé par les propos prononcés par les personnes,

 12   parce que je vois que vous avez interrompu la transcription, où vous dites

 13   : "Vous allez voir la main de M. Mladic dans le coin inférieur gauche." En

 14   fait, le nom de "M. Knoops" apparaît également ici, donc je crois qu'il

 15   faudrait certainement revoir le compte rendu d'audience.

 16   Donc, à moins que les parties n'aient des préoccupations quant au

 17   texte prononcé par les parties à l'hôtel Fontana, nous pouvons continuer.

 18   Alors vous n'avez pas de problème.

 19   Poursuivez.

 20   M. GROOME : [interprétation] J'aimerais demander maintenant que l'on montre

 21   un arrêt sur image de l'extrait vidéo 6437.1.

 22   Q.  Et, Monsieur Browne, vous allez voir un arrêt sur image sous peu.

 23   M. GROOME : [interprétation] Il s'agit de l'arrêt sur image 6437.1.

 24   Pourrait-on agrandir et montrer le carnet.

 25   Q.  Vous pouvez voir ici le même emblème, ou le sceau, au coin supérieur

 26   droit de la page. Vous avez vu M. Mladic écrire les notes. Il semblait

 27   écrire, prendre des notes alors que les parties étaient en train de parler.

 28   Est-ce que ceci change votre opinion quant au fait qu'au moins certains


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  1   carnets peuvent ou contiennent une écriture simultanée ?

  2   R.  C'est l'un des carnets les plus communs. Je ne suis pas sûr, toutefois,

  3   de l'avoir vu écrire au bas de la page. Et s'agissant de l'écriture qui se

  4   trouve au bas de la page et qui fait référence au nombre de personnes, 20

  5   000 hommes à Potocari, donc 15 à 20 000 hommes à Potocari, c'est ce qui est

  6   écrit ici dans une encre différent. Moi j'avais l'impression que dans la

  7   vidéo, il était en train d'écrire jusqu'en bas.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendez juste un instant. Essayons

  9   d'éviter toute confusion. Alors je crois qu'il y a deux questions. D'abord,

 10   la première question que M. Groome vous a posée, Monsieur le Témoin, c'est

 11   une question qui porte sur le fait d'avoir vu M. Mladic écrire dans le

 12   carnet. Est-ce que ceci vous fait revoir votre position selon laquelle ceci

 13   a été fait de façon simultanée et qu'on n'a pas réécrit quelque chose après

 14   ?

 15   Et deuxièmement, le texte qui se trouve sur cette page, y compris la

 16   dernière partie, aurait pu être écrit au même moment. Donc je crois qu'il

 17   s'agit de deux questions différentes. Et M. Groome, d'abord, se concentrait

 18   sur l'une des questions, alors que vous avez commencé à apporter des

 19   commentaires sur la deuxième question.

 20   Alors je vais d'abord vérifier.

 21   Monsieur Groome, vous ai-je bien compris, est-ce que vous avez posé

 22   cette question à deux volets comme ça au témoin ?

 23   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Browne, est-ce que vous êtes

 25   d'accord pour dire que vous avez commencé par répondre à la deuxième

 26   question plutôt que de répondre à la première question ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Permettez-moi de revoir ce que j'ai dit ici au

 28   compte rendu d'audience. Un instant, s'il vous plaît.  Oui, peut-être, mais


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  1   je ne suis pas convaincu qu'il ne s'agit pas d'un carnet dans lequel on a

  2   pris des notes initiales.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites que vous n'êtes pas convaincu

  4   qu'il ne s'agit pas de l'original. En fait, il ne s'agit pas du mémoire où

  5   on a pris des notes.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais j'ai essayé d'expliquer pourquoi je me

  7   suis fait cette opinion. Nous savons ce qui est écrit au bas de la page. Si

  8   c'est ce qui est écrit ici, il est en train d'apporter une annotation à la

  9   page 552. Est-ce que c'est la page que vous me demandez de commenter ? Est-

 10   ce que c'est la page -- est-ce que c'est sur cette page-là que l'on voit la

 11   personne écrire dans la vidéo ?

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous savez, s'agissant de la première

 13   question -- il faut distinguer clairement les deux questions. Donc la

 14   première question était de savoir si cet extrait vidéo vous permet de

 15   revoir votre conclusion qui est très ferme, à savoir qu'il s'agissait qu'il

 16   y avait des notes qui avaient été écrites simultanément à ce moment-là.

 17   Donc il semblerait que vous avez établi de façon plutôt concluante qu'il

 18   existait des notes prises dans un premier jet, simultanément alors qu'on

 19   parlait. Et donc, je voudrais vous demander si ceci vous porte à revoir

 20   votre opinion ? Est-ce que ceci a appuyé votre conclusion ? Est-ce que vous

 21   vous êtes peut-être -- est-ce que ça change votre opinion ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, cela ne change absolument rien à ma façon

 23   de percevoir les choses.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 25   Monsieur Groome, je ne sais pas si vous voulez reposer votre deuxième

 26   question.

 27   Vous ne l'avez pas encore posée, mais bon, comme vous le souhaitez.

 28   M. GROOME : [interprétation]


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  1   Q.  Permettez-moi de vous poser cette question : cette Chambre a entendu le

  2   témoignage du général Manojlo Milovanovic, un collègue du général Mladic

  3   depuis 1981. Le général Milovanovic était le chef d'état-major du général

  4   Mladic et a eu plusieurs occasions de voir l'écriture de M. Mladic.

  5   D'ailleurs, il a témoigné le 23 avril 2010, au compte rendu d'audience 4

  6   430 à 4 431, où il a répondu ceci :

  7   "Question : Est-ce que vous pouvez nous donner une évaluation de la

  8   fréquence avec laquelle vous avez vu l'écriture de M. Mladic ?

  9   "Réponse : Je l'ai vu écrire depuis la première fois que je l'ai rencontré,

 10   et ensuite tous les jours, et plus particulièrement pendant la guerre.

 11   "Question : Vous est-il jamais arrivé d'être présent à une réunion et de

 12   voir le général Mladic prendre des notes dans un journal pendant cette

 13   réunion ?

 14   "Réponse : Oui. Nous faisions tous ceci, et de façon régulière. Nous

 15   prenions tous des notes régulièrement.

 16   "Question : Est-ce que vous saviez s'il avait l'habitude de prendre des

 17   notes alors que différents interlocuteurs parlaient, ou bien attendait-il

 18   que la réunion se termine ?

 19   "Réponse : Lorsqu'il ne parlait pas, il écrivait tout constamment, il

 20   écrivait ce que les gens disaient."

 21   Le général Milovanovic, ensuite, a vérifié si l'écriture dans les carnets

 22   correspond à celle du général Mladic, et il nous a dit qu'il avait

 23   l'occasion de le voir écrire pendant qu'ils assistaient aux réunions

 24   ensemble.

 25   Alors, est-ce que vous aviez cette information-là lorsque vous avez

 26   tiré vos conclusions ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Si vous aviez eu cette information, est-ce que ceci aurait changé


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  1   quelque chose ?

  2   R.  Non.

  3   M. GROOME : [interprétation] Je demanderais que l'on affiche maintenant 65

  4   ter 6439.

  5   Q.  Il s'agit là d'une copie de votre CV que nous avons trouvée sur

  6   internet.

  7   R.  Hm-hm.

  8   Q.  Il semblerait que ce CV est écrit à la première personne du singulier.

  9   Je vous demanderais de bien vouloir le regarder, et dites-nous si vous le

 10   reconnaissez et dites-nous si c'est vous qui avez rédigé ce CV.

 11   R.  Il semblerait que ce soit, comme vous dites, un vieux CV, un vieux

 12   curriculum vitae.

 13   Q.  Il y a plusieurs pages.

 14   R.  Oui, je sais, il y en a plusieurs, effectivement.

 15   Q.  Et il y a également des affaires dans lesquelles vous avez déposé.

 16   R.  Il faudrait que l'on passe à la dernière page afin que je puisse vous

 17   dire à quel moment j'ai mis à jour ce CV.

 18   M. GROOME : [aucune interprétation]

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien, je vois. C'est en 2010.

 20   M. GROOME : [interprétation]

 21   Q.  Donc en fait, ce CV est vieux de deux ans.

 22   R.  Oui.

 23   M. GROOME : [interprétation] Je demanderais que ce CV soit également versé

 24   au dossier en tant que pièce de l'Accusation.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection de pertinence, s'il vous

 26   plaît. Est-ce que vous pensez que nous devrions tirer des conclusions du

 27   fait que le témoin ait déposé dans l'affaire Régina contre "Crown Court" ?

 28   M. GROOME : [interprétation] En fait, je crois que ceci sera plutôt


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  1   évident, plus clair.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. En l'absence d'objections,

  3   quelle sera la cote de ce document, Madame la Greffière ?

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document P1132 [comme interprété]

  5   sera versé au dossier.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

  7   Je suis vraiment désolé. Même si je n'ai pas très bien compris la

  8   pertinence, au moins c'est clair pour vous. Très bien.

  9   M. GROOME : [interprétation] Je crois que je vais -- vous allez pouvoir

 10   comprendre à la suite de ma prochaine question.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, faites, je vous prie.

 12   M. GROOME : [interprétation]

 13   Q.  Monsieur Browne, pourriez-vous nous dire et nous montrer l'endroit dans

 14   votre CV qui indique que vous avez une expertise et une formation dans le

 15   domaine de l'analyse de l'écriture ?

 16   R.  J'ai été formé alors que je travaillais au service de l'immigration.

 17   Ensuite, j'ai reçu une autre formation en 1994, lorsque j'ai quitté les

 18   services de l'information [comme interprété].

 19   Q.  Je vous pose la question suivante : sur votre curriculum vitae, que

 20   vous avez écrit vous-même et qui est disponible sur internet, est-ce que

 21   vous pourriez nous dire où dans votre CV, où est-ce que vous nous parlez,

 22   où est-ce que vous résumez le fait d'avoir suivi une formation et où est-ce

 23   que l'on voit votre expertise en tant qu'analyste en écritures ?

 24   R.  Dans ce CV-là. Pourrait-on passer à la page 2, s'il vous plaît. Merci.

 25   Quelque chose qui cloche ici. J'ai reçu une formation --

 26   Q.  Non, mais en fait, j'aimerais savoir : sur ce CV --

 27   R.  Etant donné que je vois ici "training and education", formation,

 28   éducation --


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  1   Q.  Mais j'aimerais savoir si vous avez suivi un cours, une formation

  2   spécialisée dans le domaine de l'écriture ?

  3   R.  Oui, mais j'ai reçu une formation de la section du renseignement pour

  4   les "fo" -- et cetera, et cetera.

  5   Q.  Quelle est la raison pour laquelle vous ne l'avez pas inclus dans votre

  6   CV?

  7   R.  En fait, c'est sous-entendu. Je n'ai pas énuméré mes formations -- ma

  8   formation une par une. J'ai également d'autres formations pour ce qui est

  9   de l'imprimerie, de la reliure, et cetera, mais je ne l'ai pas mentionnée

 10   ici.

 11   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, avant d'aller plus

 12   loin, j'aimerais également vous demander le versement au dossier de

 13   l'extrait vidéo 6437 et de l'arrêt sur image 6437.1.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si je ne m'abuse, 65 ter 6437 n'est pas

 15   en la possession du Greffe.

 16   M. GROOME : [interprétation] Je l'ai ici, Monsieur le Président. Je

 17   pourrais la remettre, remettre cette vidéo à l'huissier.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Très bien.

 19   Madame la Greffière, l'extrait sur image et la vidéo, quelles seront

 20   leurs cotes ?

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] L'extrait vidéo 6437 recevra la cote

 22   P3113.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Ils seront versés au dossier.

 24   Et l'arrêt sur image ?

 25   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] L'arrêt sur image qui porte la cote

 26   6437 [comme interprété] recevra la cote P3114.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le document est admis au dossier.

 28   Vous pouvez poursuivre, Monsieur Groome.


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  1   M. GROOME : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur Browne, je voudrais remettre en question votre déposition sur

  3   le caractère ordonné de l'écriture. Hier, vous avez fait des déclarations

  4   très fermes au sujet de ce caractère très ordonné de l'écriture. Par

  5   exemple, à la page du compte rendu d'audience 46, vous avez dit :

  6   "L'écriture est très, très ordonnée tout au long."

  7   Et puis à la page 47, vous avez dit :

  8   "C'est le caractère ordonné. Les traits pesés qui ont été tracés, qui me le

  9   font penser. Quelqu'un a bien réfléchi et puis a couché ses pensées sur le

 10   papier. Tout est très ordonné, page après page, après page, après page".

 11   M. GROOME : [interprétation] Et puis, Monsieur le Président, je vous

 12   signale que le témoin a souligné à cinq autres reprises le caractère

 13   ordonné des notes prises.Alors j'aimerais maintenant que nous nous

 14   penchions sur le carnet numéro 4.

 15   C'est le document 5597 de la liste 65 ter.

 16   Q.  Pendant que nous attendons l'affichage du document, pour ce qui est de

 17   ce carnet particulier que vous appelez le carnet numéro 4 dans votre

 18   rapport, vous en dites, au paragraphe 26 :

 19   "Mis à part une seule page qui a été arrachée, je n'ai pas pu relever

 20   d'autres anomalies dans ce carnet particulier".

 21   M. GROOME : [interprétation] Alors j'aimerais qu'on affiche dans le système

 22   du prétoire électronique la page 7 de l'original.

 23   Et si les Juges de la Chambre pensent que c'est utile, je peux

 24   également vous montrer la traduction anglaise, puisque ce qui nous

 25   intéresse ici le plus, c'est le caractère ordonné de l'écriture. Il vaut

 26   peut-être mieux présenter l'original.

 27   Q.  Donc est-ce là un exemple de ce que vous décrivez comme une écriture

 28   ordonnée ?


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  1   R.  Non, ceci est une liste. Est-ce qu'on y répertorie des numéros de

  2   téléphone ? Oui, c'est une liste où on répertorie les différents numéros de

  3   téléphone. Ceci n'est pas un exemple typique, et, par conséquent, ce n'est

  4   pas un extrait du carnet qui aurait attiré mon attention, puisque ce n'est

  5   pas vraiment une entrée suivie où on aurait couché ses pensées. C'est une

  6   liste de numéros de téléphone qui a probablement été compilée pendant une

  7   période de temps prolongée.

  8   Q.  Alors, nous allons voir une autre page.

  9   M. GROOME : [interprétation] La page 16 de l'original du système du

 10   prétoire électronique, page 15 en traduction.

 11   Q.  Penchons-nous sur le numéro 1. Nous avons le numéro 3, qui semble avoir

 12   été d'abord, en fait, le numéro 2, puis on apporte une correction. On l'a

 13   transformé en numéro 3, puis nous voyons qu'il y a eu deux rayures qui

 14   peuvent être révélées sur cette page. Et puis ces notes prises à la main

 15   semblent descendre vers la droite, le long de la page. Peut-être parce

 16   qu'il n'y a pas de ligne qui serait tracée sur le papier. Etes-vous

 17   d'accord avec mes observations ?

 18   R.  Tout à fait.

 19   M. GROOME : [interprétation] Examinons une autre page, page 26 de

 20   l'original, page 25 de la version anglaise.

 21   Q.  Là encore, nous voyons des petits dessins ou des choses écrites sans

 22   importance en haut de la page, et en bas de la page il est clair qu'en fait

 23   le deuxième paragraphe est censé être le premier, et nous avons une flèche

 24   qui montre où on devrait insérer le paragraphe qui suit. Etes-vous d'accord

 25   ma description ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Et est-ce que nous avons ici une confirmation de ce que vous avez dit

 28   hier, à savoir que "tout est rédigé de façon très ordonnée, page après


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  1   page, après page, après page, après page" ?

  2   R.  Eh bien, de façon générale, l'écriture est très nette et très ordonnée

  3   ici. On a changé l'ordre des paragraphes, on a apporté des modifications

  4   aux numéros des paragraphes 1, 2, 3, mais l'écriture est toujours très

  5   ordonnée, n'est-ce pas ?

  6   Q.  Je ne dirais pas qu'il s'agit ici d'une écriture nette et ordonnée. Ce

  7   n'est pas la question qui se pose. En fait, ce qui m'intéresse ici, ce que

  8   je mets en question c'est votre hypothèse suivant laquelle l'écriture n'en

  9   est nette que si l'on écrit après coup, a posteriori ?

 10   Or, nous avons ici ces différentes modifications qui ont été apportées.

 11   Nous savons que le paragraphe numéro 2 est censé prendre la place du

 12   paragraphe numéro 1. Est-ce que nous avons ici un exemple de ce que vous

 13   décrivez comme une transformation des notes écrites à la va-vite par des

 14   notes ordonnées et réécrites ?

 15   R.  Mon point de vue n'a pas nécessairement changé après avoir vu cette

 16   page.

 17   Q.  Examinons alors une autre page. C'est le document 5596 à la liste 65

 18   ter. Un autre carnet que vous avez examiné.

 19   M. GROOME : [interprétation] Il faut la page 35 dans le système du prétoire

 20   électronique.

 21   M. JORDASH : [interprétation] Excusez-moi, je suis désolé d'interrompre le

 22   cours du contre-interrogatoire, mais M. Stanisic aimerait que nous fassions

 23   une pause.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pause sera faite un peu à l'avance.

 25   Est-ce que c'est M. Stanisic qui se sent mal, ou est-ce que nous sommes

 26   censés faire une pause maintenant ?

 27   M. JORDASH : [interprétation] Non, c'est à cause de M. Stanisic. Il ressent

 28   de la nausée et il ne se sent pas trop bien.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous voulez que nous fassions une pause

  2   d'une demi-heure ?

  3   M. JORDASH : [interprétation] Il me semble que ce serait prudent.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce serait la chose la plus intelligente

  5   à faire. Très bien.

  6   M. JORDASH : [interprétation] Oui.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, je me demande de

  8   combien de temps avez-vous besoin encore ?

  9   M. GROOME : [interprétation] Je touche à la fin. Il me reste une

 10   vingtaine de questions après celle-ci.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une vingtaine de questions, très bien.

 12   Alors, nous allons faire une pause. Disons que vous n'avez pas besoin de

 13   plus d'une minute par question, donc 20 minutes devraient être suffisantes

 14   pour vos questions, et il nous reste une heure, donc cela devrait suffire

 15   pour la fin du contre-interrogatoire, les questions supplémentaires et les

 16   questions des Juges de la Chambre.

 17   M. JORDASH : [interprétation] J'aurais une argumentation à présenter. Je ne

 18   pense pas que j'aurais des questions à poser au témoin, mais j'aimerais

 19   présenter une argumentation.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, pas de questions à poser au

 21   témoin.

 22   M. JORDASH : [interprétation] Non, mais j'aurais besoin de dix à 15 minutes

 23   pour présenter mon argumentation, et c'est à peu près le temps qui, d'après

 24   mon évaluation première, il m'aurait fallu pour poser mes questions

 25   supplémentaires.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, très bien.

 27   Nous allons faire une pause maintenant. Nous allons reprendre nos travaux à

 28   12 heures 30. Mais avant de le faire, j'aimerais dire quelque chose pour le

 


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  1   compte rendu d'audience à huis clos partiel.

  2   Monsieur l'Huissier, veuillez raccompagner le témoin de la salle

  3   d'audience, s'il vous plaît.

  4   [Le témoin quitte la barre]

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à huis clos partiel, s'il vous

  6   plaît.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  8   [Audience à huis clos partiel]

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 25  (expurgé)

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 27   [Audience publique]

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Nous faisons une pause

 


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  1   maintenant, et nous reprenons nos travaux à midi 30.

  2   --- L'audience est suspendue à 12 heures 00.

  3   [Le témoin vient à la barre]

  4   --- L'audience est reprise à 12 heures 34.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome. Vingt questions, s'il

  6   vous plaît.

  7   M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  8   Q.  Monsieur Browne, aux paragraphes 83 à 92 de votre rapport, section

  9   dédiée à la "continuité", vous y présentez vos critiques quant à la manière

 10   dont les carnets ont été récupérés, et vous dites qu'il n'y a pas eu

 11   suffisamment de rapports sur la manière dont les carnets ont été récupérés.

 12   Vous dites que, d'abord, la description des lieux où les carnets ont été

 13   retrouvés n'est pas suffisamment précise; deuxièmement, les photographies

 14   des lieux n'ont pas été prises de façon à pouvoir se faire une idée de ces

 15   locaux; et troisièmement, il y a des photographies qui représentent une

 16   commode et qui ont éveillé auprès de vous des soupçons; quatrièmement, il y

 17   a une photo qui, d'après vous, représente une mise en scène, parce que les

 18   carnets eux-mêmes sont très propres alors que le panneau derrière est

 19   recouvert de crasse.

 20   Est-ce que j'ai bien résumé vos critiques principales que vous avez

 21   exprimées du point de vue de la continuité ou de l'archivage de ces carnets

 22   ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Alors vous le savez de par votre expérience, ou parce que vous l'avez

 25   vu à la télé, qu'il existe des procédures très spéciales qui sont adoptées

 26   par la police lorsqu'on traite une scène de crime, n'est-ce pas ?

 27   R.  Tout à fait.

 28   Q.  Et vous n'êtes pas spécialisé en la matière ?


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  1   R.  J'ai prêté main-forte à la police dans de nombreuses occasions.

  2   Lorsqu'il s'agissait de pénétrer dans les lieux, d'examiner des

  3   contrefaçons et d'effectuer des perquisitions, par exemple, dans les lieux

  4   où on imprimait ou on fabriquait des contrefaçons.

  5   Q.  Donc vous vous considérez comme un expert en matière de sciences, en

  6   matière des questions reliées aux travaux de police scientifique ?

  7   R.  Je dirais que j'ai une certaine expérience en la matière. Mais je ne

  8   dirais pas que je suis un expert. Ce n'est pas quelque chose que je fais

  9   tous les jours, donc je ne dirais pas que je suis "spécialisé en la

 10   matière". Mais j'avais une certaine expérience.

 11   Q.  Et des tribunaux britanniques vous ont-ils reconnu comme un expert en

 12   matière d'expertise scientifique de la scène du crime ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Donc, en fait, toute cette partie de votre rapport n'est pas le

 15   résultat de votre expertise; vous avez tout simplement exprimé des

 16   préoccupations que vous avez formulées sur la base de vos expériences

 17   générales dans la vie et dans l'exercice de votre profession ?

 18   R.  Mes observations sont basées sur mon expérience professionnelle. En

 19   Angleterre, il m'arrive de me pencher sur les questions d'archivage de

 20   temps en temps.

 21   Q.  Mais jamais en tant qu'expert.

 22   R.  Non.

 23   Q.  Et si nous revenons sur votre CV, nous allons voir que vous n'avez pas

 24   été formé en cette manière spécifiquement ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Et comment, d'après vous, les défauts de procédure lors de la saisie de

 27   carnets montrent-ils que les carnets sont une contrefaçon ?

 28   R.  Eh bien, ce n'est pas une preuve de contrefaçon. Tout simplement, nous


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  1   n'en savons pas suffisamment. Dans quelles conditions ces carnets ont été

  2   récupérés, où ils ont été trouvés, à quel moment. Et c'est ce que j'indique

  3   au paragraphe 84. Donc c'est, de façon générale, les conditions dans

  4   lesquelles les livres ont été récupérés qui me posent problème.

  5   Q.  J'ai déjà résumé vos conclusions, leur essence. Donc vous n'avez pas

  6   trouvé de preuve concrète et définitive de falsification; simplement vous

  7   avez relevé un certain nombre de problèmes ?

  8   R.  Oui, c'est une description juste de mes conclusions.

  9   Q.  Et votre conclusion finale c'est que "sans avoir trouvé de réponses

 10   satisfaisantes à une série de questions, je pense qu'on ne peut accorder

 11   que peu de crédibilité à ces carnets, individuellement ou dans leur

 12   ensemble." Mais cette conclusion n'est pas une réponse à la question qui

 13   vous a été posée, à savoir d'évaluer à quel point il est très probable

 14   qu'on ait falsifié ces carnets sur la base de votre examen physique de

 15   carnets, et en utilisant des méthodes d'expertise scientifiques.

 16   Donc j'aimerais que vous répondiez à cette question maintenant. Sur

 17   la base des examens que vous avez effectués en recourrant aux méthodes

 18   scientifiques, y a-t-il des preuves définitives de falsification des

 19   carnets ?

 20   R.  Je pense qu'un certain nombre de carnets comportent des anomalies que

 21   je n'ai pas pu expliquées.

 22   Q.  Je ne vous demande pas si vous êtes en mesure d'expliquer les anomalies

 23   que vous avez relevées. Mais avez-vous trouvé des preuves, avez-vous

 24   constaté de façon définitive que ces carnets sont une contrefaçon ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Monsieur Browne, vous nous avez dit que vous êtes arrivé à votre

 27   conclusion qu'on ne peut pas se fier à ces carnets seulement après les

 28   avoir examinés en profondeur à l'Institut néerlandais au mois de novembre


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  1   2011. Quatre mois auparavant, le 15 juin 2011, M. Jordash a dit suite à ses

  2   propos liminaires dans cette affaire, je cite :

  3   "La tentative trop évidente de M. Mladic d'impliquer M. Stanisic par une

  4   série de journaux maquillés sera mise à jour."

  5   Monsieur Browne, à votre avis, ces carnets ont-ils été maquillés ?

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, à vous.

  7   M. JORDASH : [interprétation] Excusez-moi, mais je dois soulever une

  8   objection.

  9   Pour commencer, ce n'est pas la conclusion qui se pose inévitablement.

 10   Puisque pour étayer mon hypothèse, j'avais présenté toute une série de

 11   raisons différentes. Et, par ailleurs, je pense qu'il n'est pas juste de

 12   présenter au témoin ce qui peut être une argumentation de la Défense

 13   présentée à huis clos partiel.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eh bien, je ne sais pas si c'est vrai ou

 15   non, je ne sais pas si vraiment ceci a été présenté à huis clos partiel --

 16   bon, je vais relire ce que nous venons de dire.

 17   Les opinions de Me Jordash exprimées dans la salle d'audience à un moment

 18   donné ne sont pas l'objet de l'expertise de ce témoin, à moins que le

 19   témoin lui-même ne décide de s'exprimer sur le sujet. Donc, par conséquent,

 20   ce n'est pas un sujet qui me semble utile d'approfondir, les conversations

 21   qui ont pu avoir lieu entre l'Accusation -- ou plutôt, entre la Défense

 22   Stanisic et M. Browne. A moins que le témoin n'insiste là-dessus : "Bon, je

 23   ne donne que mon opinion et je la donne peut-être d'une façon prématurée,

 24   avant d'avoir examiné le document concerné," mais en tout cas il me semble

 25   que le témoin ne doit pas être concerné par ce que Me Jordash a pu dire

 26   dans la salle d'audience à un moment donné.

 27   Donc, si je vous ai bien compris, dans le rapport on n'évoque pas

 28   l'hypothèse de Me Jordash, Monsieur Groome ?


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  1   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, on n'évoque pas

  2   explicitement les opinions de Me Jordash, mais sur la base de la déposition

  3   ou de l'examen, il est quand même clair --

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais tout de même --

  5   M. GROOME : [interprétation] -- il a été dit que les journaux sont

  6   maquillés.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais Me Jordash aurait pu consulter dix

  8   experts différents pour arriver à cette conclusion, ou alors sa conclusion

  9   a pu être basée sur une mauvaise interprétation de ce qu'on lui a fait

 10   savoir, ou alors il a pu la formuler de son propre chef. Par conséquent, je

 11   ne pense pas qu'il soit utile de poser des questions au témoin là-dessus,

 12   ce qu'il pense des choses qui ont été dites au sujet de ces carnets

 13   maquillés avant que le témoin procède à leur examen. Donc je pense qu'il

 14   faut laisser ce sujet de côté.

 15   M. JORDASH : [interprétation] Et, par ailleurs, en l'absence du témoin, je

 16   vous présenterais volontiers mon argumentation sur le point.

 17   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 18   M. GROOME : [aucune interprétation]

 19   M. JORDASH : [interprétation] Mais il me semble que cela serait superflu vu

 20   la décision qui vient d'être prise par le Président.

 21   M. GROOME : [interprétation] Je comprends la décision prise par les Juges

 22   de la Chambre et je vais m'y conformer. Je tiens cependant à souligner que

 23   certains de ces carnets se sont trouvés à un moment donné entre les mains

 24   du bureau du Procureur. Et M. Browne est la seule personne qui a eu

 25   l'occasion d'y avoir accès.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais je parlais de conversations.

 27   Ce qui ne signifie pas nécessairement que Me Jordash ait pu consulter les

 28   carnets ou bien qu'un autre ait eu accès à ces carnets.


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  1   M. GROOME : [interprétation] Bon, je vais reformuler ma question.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Laissons ce sujet de côté. Ce n'est pas

  3   la peine de l'approfondir. Ce que Me Jordash dit, il le dit pour lui-même.

  4   M. GROOME : [interprétation]

  5   Q.  Monsieur Browne, n'est-il pas vrai que vous êtes arrivé à la conclusion

  6   que les carnets ont été maquillés avant de les avoir examinés de façon

  7   approfondie et en vous servant de l'équipement scientifique nécessaire ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Après avoir examiné les carnets sans avoir trouvé de preuve tangible de

 10   fraude ou de comportement frauduleux, vous vous êtes appuyé sur des choses

 11   qui n'ont rien à voir avec votre expertise - à savoir le caractère ordonné

 12   de l'écriture, la régularité de la procédure de saisie - pour soutenir

 13   votre conclusion que vous aviez déjà formulée avant d'examiner les livres ?

 14   N'est-ce pas ce qui se passe ici ?

 15   R.  Non.

 16   M. GROOME : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Groome.

 18   Maître Petrovic.

 19   M. PETROVIC : [interprétation] Nous n'avons pas de questions à poser à ce

 20   témoin. Merci.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas de questions à poser.

 22   Très bien.

 23   Maître Jordash, pas de questions supplémentaires ?

 24   M. JORDASH : [interprétation] Donnez-moi 30 secondes seulement, s'il vous

 25   plaît.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous vous en accorderons 45 si vous le

 27   souhaitez.

 28   M. GROOME : [interprétation] Excusez-moi.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome.

  2   M. GROOME : [interprétation] C'est une question que j'ai posée avant la

  3   pause, mais le témoin ne m'a jamais répondu. Alors j'aimerais qu'il réponde

  4   à ma question. La question est liée au document qui est affiché à l'écran.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je m'en souviens. Sur une

  6   intervention de Me Jordash, nous avons fait une pause anticipée.

  7   Maître Jordash, j'imagine que vous n'avez pas d'objection à ce que M.

  8   Groome repose la question qu'il avait posée à la veille de la pause ?

  9   M. JORDASH : [interprétation] Non, bien évidemment.

 10   M. GROOME : [interprétation] Peut-on afficher, s'il vous plaît, de nouveau

 11   la page 25 dans le système du prétoire électronique. Il s'agit du document

 12   5596 de la liste 65 ter.

 13   Q.  Monsieur Browne, voyez-vous le document affiché à l'écran ?

 14   R.  De quel carnet s'agit-il ? Suivant les références que j'ai utilisées

 15   dans mon rapport.

 16   Q.  C'est le carnet numéro 3.

 17   R.  Ah. Merci.

 18   Q.  Avez-vous examiné la page qui vient d'être affichée, et pensez-vous que

 19   c'est une page qui se présente d'une façon ordonnée ?

 20   R.  Non, certainement pas. L'écriture est ordonnée, mais la page ne l'est

 21   pas. Il y a beaucoup de modifications qui y sont apportées.

 22   Q.  Et pensez-vous que c'est quelque chose qui a été rédigé au moment où

 23   les événements eux-mêmes se produisaient ou qu'il s'agit d'une

 24   reconstruction de la réunion qui est décrite ici ?

 25   R.  Il semblerait que des modifications aient été apportées après que la

 26   page ait été rédigée. Manifestement, tout ceci a été écrit après coup. Je

 27   ne peux pas dire combien de temps a posteriori. Mais en tout cas, ce qui

 28   avait été écrit au même moment où les deux éléments se déroulaient a été


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  1   modifié par la suite.

  2   Q.  Et donc, votre déclaration très générale que vous avez faite dans le

  3   cadre de votre déposition suivant laquelle toutes les écritures avaient été

  4   faites a posteriori n'est pas correcte ? Donc certaines notes ont dû être

  5   prises au fil des événements ?

  6   R.  Oui. Ce que vous me présentez a un certain impact sur le jugement que

  7   j'ai porté tout à l'heure, même si j'ai parlé de façon générale de la façon

  8   dont les carnets avaient été écrits dans leur totalité.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais ce n'est pas ce qui est écrit dans

 10   le rapport.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Bon.

 12   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Cela ne vaut certainement pas pour cette page,

 14   cela est vrai.

 15   M. JORDASH : [interprétation] Mais le témoin avait déjà modifié ses

 16   conclusions dès hier.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Et maintenant son point de vue

 18   vient d'être cité, mais il n'était pas tout à fait clair pour moi si la

 19   conclusion avait déjà été annotée dans son rapport ou non.

 20   Monsieur Groome, à vous.

 21   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, pour que tout

 22   soit très clair et limpide : hier, à la page du compte rendu d'audience 79,

 23   j'ai essayé de préciser un point, et donc je vous ai posé la question

 24   suivante :

 25   "Question : Donc vous êtes en train de nous dire que tous ces

 26   carnets, d'après vous, ont été écrits a posteriori ?"

 27   Et vous avez réponse : "Oui."

 28   Q.  Vous souvenez-vous de cette question et de la réponse que vous avez


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  1   fournie ?

  2   R.  Je ne me souviens pas de tout en détail, mais je ne doute pas de la

  3   parole du Procureur. Ce que j'ai déclaré hier alors ne s'applique pas à

  4   cette page concrète. Et si vous me présentez d'autres pages de ce type, je

  5   peux modifier ma conclusion. Il y a peut-être d'autres pages qui ont été

  6   rédigées au fil des événements, c'est possible.

  7   Q.  Mais vous pensez qu'il ne s'agit que d'une ou deux pages qui sont comme

  8   ça, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui, tout à fait.

 10   Q.  Et vous pensez que ce carnet 3 très concrètement, le reste du carnet 3,

 11   a été réécrit, mais que cette page seule, isolée, a été écrite au fil des

 12   événements ?

 13   R.  Non. Je veux dire qu'il est clair que peut-être le carnet dans sa

 14   totalité a été écrit au fil des événements. Et j'admets que je m'étais

 15   trompé auparavant.

 16   Q.  Donc vous admettez que le carnet 3, tout au moins, contient des

 17   écritures qui ont été faites au fil des événements ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Et qu'il peut exister d'autres carnets pour lesquels vaut la même

 20   conclusion ?

 21   R.  Mais je ne m'en souviens pas.

 22   M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'aimerais poser une question qui

 24   porte sur ce carnet numéro 3.

 25   Il y a beaucoup de pages qui sont rédigées d'une façon très ordonnée

 26   dans le carnet 3, n'est-ce pas ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela veut dire que le caractère ordonné

 


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  1   de l'écriture ne nous dit pas forcément si les notes ont été prises au fil

  2   des événements ou non. Peut-être que nous avons une page qui a été écrite

  3   au fil des événements, et puis d'autres qui ont été recopiées sur la base

  4   des notes faites à la va-vite… parce que si nous trouvons un autre carnet

  5   qui se présente d'une façon similaire, très ordonnée, pour la plupart des

  6   pages, on ne peut pas dire : Eh bien, sur la base de deux ou trois pages,

  7   il faut nécessairement conclure que toutes les pages ont été rédigées au

  8   fil des événements. En tout cas, il semblerait que le caractère ordonné de

  9   l'écriture n'est pas un facteur décisif pour déterminer si un carnet a été

 10   rédigé au fil des événements ou a posteriori.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, j'essaie de comprendre votre

 12   question, Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eh bien, si nous avons un carnet et si

 14   nous avons quelques pages dans un carnet qui semblent démontrer qu'elles

 15   ont été écrites au fil des événements et qu'elles apparaissent en plein

 16   milieu d'un carnet, alors cela semble suggérer que le carnet dans sa

 17   totalité a été écrit au fil des événements et qu'il n'a pas été recopié a

 18   posteriori. Mais disons qu'il ne s'agit que de trois pages sur 50 - je ne

 19   sais pas quel est le nombre exact de pages dans ce volume - cela veut dire

 20   que nous avons en même temps 38 [comme interprété] pages écrites d'une

 21   façon très ordonnée. Et, par conséquent, si quelque chose est rédigé d'une

 22   façon ordonnée ou non ne nous dit rien sur le fait de savoir si les notes

 23   ont été rédigées au fil des événements ou non.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je comprends ce que vous voulez dire,

 25   Monsieur le Président. Mais je dirais aussi que nous ne savons pas à quel

 26   moment les modifications ont été apportées.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De quelles modifications parlez-vous ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, il y a des modifications qui sont


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  1   apportées, par exemple, à la page 2 405 [comme interprété]. Elles ont pu

  2   être apportées a posteriori. Un an plus tard, par exemple.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais il n'est pas question des

  4   modifications apportées, là.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Les carnets semblent avoir été rédigés d'une

  6   façon ordonnée. Et puis, on a rajouté des modifications. Mais bon, très

  7   bien. Je ne vais pas débattre ce sujet avec le Président.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Nous n'allons pas débattre de quoi

  9   que ce soit.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis de façon générale d'accord avec ce que

 11   vous venez de dire.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, permettez-moi de vous poser une

 13   question, Monsieur Groome.

 14   Tout à l'heure, vous avez demandé au témoin comment il était arrivé à la

 15   conclusion sur la base des éléments A, B et C que ces carnets constituaient

 16   une contrefaçon. Je n'ai jamais compris que ce témoin expert disait dans

 17   ses conclusions que les livres étaient contrefaits, même s'il n'exclut pas

 18   la possibilité, sur la base des anomalies qu'il a pu relever, n'exclut pas

 19   la possibilité qu'il y ait eu des falsifications dans l'aspect final de ces

 20   carnets.

 21   Monsieur Groome, êtes-vous sûr que vous vouliez formuler votre question de

 22   la façon dont vous l'avez faite ? Parce que ça me pose des problèmes. Vous

 23   souvenez-vous, par ailleurs, de la façon exacte dont vous avez posé la

 24   question ? Bon, vous vous êtes servi du terme "comportement frauduleux" et

 25   c'est tout ce que je garde à l'esprit. Permettez-moi de vérifier ce point.

 26   Vous avez dit à la page 75 du compte rendu, je cite :

 27   "Comment vous percevez les irrégularités de la perquisition, et

 28   comment cela démontre que les carnets ont été falsifiés ?"


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  1   Si j'ai bien compris, le témoin expert nous a dit cela, à savoir comment on

  2   peut conclure qu'il s'agit des carnets falsifiés. Je pense que c'est dans

  3   son rapport --

  4   M. GROOME : [interprétation] Je pense que la ligne que j'ai mentionnée à la

  5   page 12, où il a dit que pour ce qui est des endommagements dans le carnet

  6   16, cela représente une preuve, la meilleure preuve pour ce qui est des

  7   falsifications.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  9   M. GROOME : [interprétation] Si je me souviens bien.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et pour ce qui est des indices de

 11   falsification, cela ne représente pas la même chose que des preuves

 12   apportées pour corroborer le fait qu'il y a eu la falsification. Je ne suis

 13   pas d'accord avec vous pour dire que ces indices sont des éléments qui sont

 14   ambigus quelque peu, mais j'ai voulu que ce soit clair que le témoin expert

 15   n'est jamais arrivé à la conclusion selon laquelle les carnets ont été

 16   falsifiés, bien qu'il y a des indices disant que c'est toujours possible

 17   que certains éléments ont été falsifiés pour ce qui est de ces carnets.

 18   C'est comme ça que j'ai compris son témoignage.

 19   Et votre question impliquait plus ou moins que, d'après l'opinion de

 20   l'expert, ces carnets ont été falsifiés, alors qu'il y avait des indices --

 21   M. GROOME : [interprétation] Puisque le témoin est là, on pourrait peut-

 22   être lui poser la question.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 24   Monsieur Browne, j'ai commenté un point qui figure dans la question qui

 25   vous a été posée de façon implicite. J'ai expliqué comment j'ai compris

 26   votre témoignage. Et lorsque vous dites qu'il y avait des indices

 27   concernant la falsification, j'ai compris qu'il s'agissait des éléments qui

 28   -- donc des signes qui pouvaient nous amener à la conclusion qu'il y ait eu

 


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  1   des falsifications pour ce qui est de ces carnets, bien que cela ne soit

  2   pas suffisant pour conclure avec certitude qu'il s'agissait des

  3   falsifications. Est-ce que j'ai bien compris vos propos ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  6   Questions de la Cour : 

  7   Mme LE JUGE PICARD : Monsieur Browne, j'ai une question à vous poser, et je

  8   voudrais revenir en arrière. Il s'agit du carnet numéro 21, qui est le

  9   carnet que Mladic écrivait pendant la réunion à l'hôtel Fontana.

 10   Parallèlement à la vidéo que nous avons vue, on nous a montré la page --

 11   les deux pages du carnet que Mladic était censé avoir écrit pendant cette

 12   réunion, et vous nous avez dit qu'il y avait manifestement deux encres

 13   différentes, apparemment, d'après vous. En bas de page, sur deux pages, et

 14   chevauchons des lignes imprimées des carnets, il y avait deux encres

 15   différentes. Est-ce que vous voyez ce que je veux dire ? Si vous voulez, je

 16   peux vous donner la référence pour qu'on l'ait à l'écran, si on la trouve.

 17   Alors il s'agissait du document 65 ter 5016. Page 227 de la e-court.

 18   Alors, ma question est simple. C'est que sur la photocopie que nous

 19   avons de ces deux pages, je ne vois pas de différence d'encre. Et je n'ai

 20   pas vu dans votre rapport qu'il y avait un problème d'encre non plus,

 21   différente sur les mêmes pages -- sur la même page, que deux encres

 22   différentes avaient été utilisées sur la même page. Selon vous, la

 23   différence d'encre démontre que les notes prises au bas de chaque page ont

 24   été rajoutées après, postérieurement, et je ne vois pas la différence

 25   d'encre. Alors, je pense que vous avez dû faire des tests d'infrarouge,

 26   mais ça n'apparaît pas dans votre rapport.

 27   R.  [aucune interprétation] 

 28   Mme LE JUGE PICARD : [inaudible]


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  1   R.  Ces deux lignes ont été inscrites avec une encre différente.

  2   Mme LE JUGE PICARD : -- évident. Nous avons une écriture bleue sur fond

  3   rouge qui paraît plus foncée que celle qui est sur fond blanc, mais on

  4   dirait les mêmes encres. Donc, la question que je voulais vous poser c'est

  5   : est-ce que vous avez relevé la différence d'encre en utilisant une

  6   technique d'infrarouge ou est-ce que c'est à l'œil nu ?

  7   R.  Oui, mais pour ce qui est de ce document entier, je ne pensais pas que

  8   cela pouvait avoir une valeur du point de vue de l'expertise. Je ne pensais

  9   pas qu'il y ait des anomalies, puisque l'encre différente a été utilisée.

 10   La même encre a été utilisée en bas de la page suivante. Donc on a ces

 11   trois lignes inscrites en utilisant une encre différente, et en dessous

 12   deux autres lignes en utilisant une autre encre. Je ne peux pas les lire

 13   puisque c'est en cyrillique, et je ne pensais pas qu'il y ait une anomalie

 14   significative, mis à part le fait que certaines pages manquaient, ce que

 15   j'ai décrit dans mon rapport.

 16   Mme LE JUGE PICARD : -- vous indiquez qu'il y avait eu l'utilisation

 17   d'encre différente sur la même page, et vous avez considéré que c'était

 18   peut-être une anomalie. Mais pas dans ce carnet 21, non ?

 19   R.  Bien, il y a un certain nombre de carnets dans lesquels les entrées ont

 20   été inscrites en utilisant une encre différente, et cela apparaissait plus

 21   une anomalie que par rapport à ce cas.

 22   Mme LE JUGE PICARD : -- si on utilise des encres différentes, selon les

 23   pages, c'est une explication évidente. Si sur la même page, et deux fois de

 24   suite il y a des encres différentes, ça pourrait être une anomalie, mais

 25   vous ne l'avez pas relevée ?

 26   R.  Pas nécessairement. Pas nécessairement. Je me penchais sur des

 27   anomalies pour ce qui est de l'utilisation des stylos. Je me suis penché

 28   sur les anomalies dans les entrées où il y avait des stylos différents


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  1   utilisés. Dans certains carnets, je n'ai pas considéré cela comme étant une

  2   anomalie. Par conséquent, je n'ai pas donc présenté cela en détail dans mon

  3   rapport, puisqu'on m'a demandé de me pencher sur les anomalies. Et je n'ai

  4   pas considéré cela comme étant une anomalie. L'utilisation de différents

  5   stylos, je n'ai pas considéré cela comme étant une anomalie.

  6   Mme LE JUGE PICARD : Ecoutez, ma question c'était uniquement de savoir si

  7   vous aviez fait des tests infrarouges qui révélaient qu'il y avait eu des

  8   encres différentes sur ces deux pages.

  9    R.  Oui, je l'ai fait. Et il a été confirmé qu'il s'agissait des encres

 10   différentes, mais je n'ai toujours pas pensé qu'il s'agissait des

 11   anomalies.

 12   Mme LE JUGE PICARD : -- vous appartient. Je vous remercie.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai encore quelques questions pour

 14   vous, Monsieur Browne. Regardons le paragraphe 81 de votre rapport. C'est

 15   le rapport où vous parlez des observations générales. Vous dites : Il

 16   semble qu'il s'agisse de l'utilisation du papier qui a été déjà utilisé

 17   auparavant pour une raison ou pour une autre. Il y a peu de preuve pour

 18   dire que les pages qui ont été écrites à cette époque ont été arrachées, et

 19   cela pouvait être confirmé uniquement par technique ESDA. Vous dites qu'il

 20   y a peu de moyens de preuve. Est-ce qu'il y en a eu ou pas du tout ? 

 21   R.  Parfois oui, il y en a eu. Si vous vous rappelez, ici on a utilisé la

 22   technique de lumière rasante ou éclairage oblique. Et pour ce qui est de

 23   certaines pages, nous pouvions les examiner en utilisant cette technique,

 24   les pages qui se trouvaient après la page manquante. Donc la seule façon de

 25   voir si les pages manquaient, si le texte était écrit sur une partie de la

 26   page --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est pour voir si quelque chose était

 28   inscrit sur la page manquante.


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  1   R.  Oui. C'est ce qu'on a essayé d'établir, s'il y a eu du texte sur la

  2   page manquante. Si on retrouve les empreintes sur d'autres pages, nous

  3   pouvons donc conclure que ces impressions figurent puisqu'il y a eu de

  4   l'écriture, mais on ne sait pas où ces écritures ont été faites. Lorsque je

  5   dis qu'il y a eu peu de preuve pour ce qui est du texte existant sur la

  6   page manquante, je le dis puisque c'est seulement la technique ESDA qui

  7   pourrait confirmer cela. C'est ce qui figure dans ce paragraphe.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voilà ma question suivante : c'est

  9   seulement en utilisant la méthode ESDA qu'on pourrait confirmer ce fait, et

 10   nous pouvons, dans ce cas-là, comparer les empreintes, parce que nous

 11   avons, d'un côté, les empreintes qui nous permettent de conclure qu'il y a

 12   eu une feuille de papier ou peut-être plusieurs feuilles de papier avec le

 13   texte écrit.

 14   Donc ESDA, cette technique, si vous ne pouvez corroborer cela en

 15   utilisant cette technique, dans ce cas-là, on ne peut pas nier non plus

 16   cela. On ne peut que d'avoir des preuves positives en utilisant cette

 17   technique. Mais même après avoir utilisé cette technique, vous pourriez

 18   toujours dire que vous n'êtes pas certain concernant l'existence du texte

 19   sur la page manquante.

 20   R.  Nous pouvons voir s'il y avait des empreintes sur cette page manquante,

 21   mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de texte là-dessus.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Merci. Ma question suivante

 23   concerne les expressions que vous avez utilisées pour ce qui est des

 24   paragraphes 89 et 90.

 25   Vous dites dans ces paragraphes que les pages de tous les carnets

 26   n'ont pas pu être numérotées dans le cadre de cette période de temps. S'il

 27   y a eu un rapport là-dessus, cela ne peut pas être vrai. "Si ce n'est pas

 28   vrai, donc c'est faux, c'est un mensonge". Et au paragraphe 90, il est dit


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  1   : "Si c'est un mensonge…" Je ne comprends pas l'utilisation de "si" dans 

  2   ce paragraphe. Si, vous dites au paragraphe 89, si ceci n'est pas vrai,

  3   c'est un mensonge. Pourquoi dire "si c'est un mensonge" puisque vous avez

  4   déjà conclu que ce n'est pas vrai ? Pourquoi vous avez utilisé cette

  5   expression complexe au lieu de dire : Ce n'est pas vrai, c'est un mensonge,

  6   c'est faux, et par conséquent tous les moyens de preuve soient vrais,

  7   soient faux ? Pourquoi vous avez utilisé cette expression compliquée ?

  8   R.  Il s'agit d'éléments réitérés pour ce qui est de cette phrase.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous avez conclu qu'il s'agissait

 10   d'un mensonge ou de quelque chose qui est faux, au paragraphe 89 ?

 11   R.  Il s'agit d'une tournure, tout simplement. Dans la lettre de

 12   Marinkovic, il est question de quelque chose qui n'est pas formulé de façon

 13   parfaite. Et c'est là où j'ai le problème. Nous savons que Mme Mladic a

 14   signé toutes les pages de tous les carnets, et cela a nécessité beaucoup

 15   moins de temps que apposer des numéros sur toutes les pages.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour ce qui est de la numérotation de

 17   toutes les pages, et là je regarde la copie --

 18   M. GROOME : [interprétation] Pour qu'il n'y ait pas de confusion, Monsieur

 19   le Président, le carnet dont vous disposez, la copie qui a été saisie en

 20   2008 n'est pas le carnet sur lequel Mme Mladic a apposé des numéros de

 21   page.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, ce n'est pas cela. Donc cela

 23   apportait la solution à la question. Et vous avez dit que la numérotation a

 24   été faite en utilisant un stylo-bille.

 25   R.  Oui.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Hier, on a reçu une partie du carnet, et

 27   la page 44 --

 28   R.  Oui, Monsieur le Président.

 


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- et la numérotation a été faite avec

  2   le stylo-bille et non pas avec le crayon.

  3   R.  Oui.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Je pense que c'étaient toutes les

  5   questions que j'ai voulu vous poser. Est-ce que les questions posées par

  6   les Juges de la Chambre peuvent vous amener à poser d'autres questions.

  7   M. JORDASH : [interprétation] J'ai voulu poser quelques questions

  8   supplémentaires découlant des questions de M. Groome, et je pense que j'ai

  9   besoin de deux ou trois minutes pour cela.

 10   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]   

 11   M. GROOME : [aucune interprétation]

 12   M. JORDASH : [interprétation] M. Groome peut poser d'abord ses questions,

 13   s'il le veut.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci.

 15   M. GROOME : [interprétation] Merci.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc seulement deux ou trois questions,

 17   Monsieur Groome.

 18   M. GROOME : [aucune interprétation]

 19   Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Groome :

 20   Q.  [interprétation] Mme le Juge Picard vous a demandé si vous avez examiné

 21   les encres utilisées dans ces carnets, et vous avez dit que oui, que les

 22   encres différentes ont été utilisées.

 23   R.  Oui.

 24   Q.  C'est le carnet 21, la page finit par numéro 0552. Pouvez-vous apposer

 25   une note à l'endroit où vous avez indiqué cela sur le rétroprojecteur, pour

 26   nous expliquer ce que vous avez retrouvé.

 27   R.  Il faut que je retrouve cette page. Je vais d'abord placer cette page-

 28   là sur le rétroprojecteur. Elle porte sur la réunion. C'est donc les


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  1   questions principales qui m'aient été posées.

  2   Q.  Monsieur, pourriez-vous nous indiquer où sur cette page vous avez

  3   enregistré votre analyse selon laquelle deux encres différentes avaient été

  4   utilisées, et je parle bien de la page 0552.

  5   R.  Excusez-moi, non, en réalité ce n'est pas la bonne page.

  6   Q.  Non, je voulais simplement avoir la page concernée.

  7   R.  Voilà, il n'y a pas d'anomalie concernant l'encre. Donc, ceci veut dire

  8   que tout est correct. Ceci veut dire également que j'ai examiné, mais je

  9   n'ai pas décelé d'anomalie. Je n'estime pas qu'il y ait, en fait, une

 10   anomalie par le fait même qu'il y a une autre couleur d'encre.

 11   Q.  Non, mais en fait, vous n'avez pas la bonne page. Veuillez, je vous

 12   prie, placer sur le rétroprojecteur la page qui porte le numéro 0552 --

 13   R.  Je n'ai pas de référence spécifique quant à cette page.

 14   Q.  Alors, lorsque vous avez répondu au Juge Picard à savoir que vous avez

 15   fait ce test, et après avoir trouvé une anomalie positive concernant deux

 16   encres différentes, vous avez répondu à sa question sur la base de vos

 17   souvenirs ou de notes ?

 18   R.  Non. En fait, j'ai vérifié. Je sais que j'ai vérifié s'il y avait des

 19   encres différentes. Si j'avais estimé qu'il s'agissait d'une anomalie,

 20   j'aurais fait une note. J'aurais fait une note précise là-dessus.

 21   Q.  Mais vous avez répondu au Juge Picard qu'il y avait deux encres

 22   différentes sur cette page ?

 23   R.  Oui, effectivement. Il y a deux différentes encres en bas de la page

 24   également.

 25   Q.  Et vous répondez ceci parce que vous vous en souvenez, vous vous

 26   souvenez de la page en question ? Ou bien, est-ce que vous avez une note où

 27   vous pouvez nous montrer l'endroit où vous avez enregistré que la page 0552

 28   comportait deux encres différentes ?

 


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  1   R.  Non, parce que je n'ai pas estimé que les entrées étaient -- qu'il

  2   s'agissait d'une anomalie. Donc je n'ai pas réellement nommé 552 ou 553.

  3   Q.  [aucune interprétation]

  4   R.  S'il y avait eu une anomalie, j'aurais fait une note précise là-dessus.

  5   M. GROOME : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai une question supplémentaire à vous

  7   poser, s'agissant toujours de cette même question. Encore une fois, nous

  8   nous penchons sur les deux pages qui ont été copiées.

  9   Vous dites que les deux dernières lignes ont été écrites dans deux

 10   différentes encres.

 11   Donc j'aimerais savoir si nous sommes maintenant de retour vers

 12   l'encre normale.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous sommes de retour à l'encre normale.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais si je prends ma traduction, la

 15   dernière ligne dit qu'il y a de 15 à 20 000 hommes à Potocari; 88 personnes

 16   blessées, dont certaines grièvement … et huit autres personnes sont restées

 17   à Srebrenica. Il semblerait que les deux ou trois dernières lignes de cette

 18   première page s'insèrent logiquement dans le même contexte que le texte qui

 19   est en haut de la page.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce qui nous permet de croire que

 22   quelqu'un a peut-être changé d'encre, peut-être en changeant de stylo, deux

 23   lignes après, et au milieu d'une phrase -- ou au milieu d'une pensée

 24   logique, est revenu à l'encre originale, qui, d'après moi, sur la base du

 25   contexte, serait une anomalie, dans mon évaluation à moi.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, effectivement, c'est tout à fait vrai.

 27   Mais moi je ne savais pas quel était le contenu.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais si vous voyez, par exemple,


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  1   qu'en bas de la page, ce qu'on écrit est différent, qu'on change d'encre et

  2   que l'on revienne à l'encre originale, à ce moment-là le contenu s'y

  3   trouve. Au bas de la page, vous avez un point. Donc il y a un point au bas

  4   de la page.

  5   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ensuite, nous avons un autre tiret ou un

  7   autre point en haut de la page --

  8   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Même si vous ne connaissez pas le serbe,

 10   pour moi, je trouve qu'il est très étrange qu'au milieu il semblerait qu'il

 11   y ait une annotation, et tout d'un coup on change d'encre. Je vous pose

 12   cette question parce que je serais étonné moi-même si je -- en fait, cela

 13   m'étonne. Même si je ne connaissais pas le texte, à prime abord on voit la

 14   structure. D'abord, on se sert de points, et par la suite on change

 15   d'encre.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] En réalité, je n'ai pas vraiment décelé ceci

 17   comme étant une entrée comportant des anomalies lorsque je me suis penché

 18   sur l'examen de ce document, ni celui qui se trouve au bas de la page.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je n'ai malheureusement pas la page

 20   qui suit, donc je ne peux pas vous la montrer.

 21   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez d'autres

 23   commentaires à la suite de mes observations portant sur cette page bien

 24   spécifique ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président, je ne peux pas

 26   vous donner d'autres commentaires.

 27   [La Chambre de première instance se concerte]

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais vous poser encore une autre


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  1   petite question, et ce, par rapport à cette même question. Est-ce qu'il y a

  2   une façon d'établir le contexte, comme vous n'avez pas de notes que vous

  3   avez examinées par le truchement de cette lumière, si, à prime abord, à

  4   l'examen à l'œil nu, vous voyez qu'on a écrit des lignes sur un fond plutôt

  5   rougeâtre et soudainement le reste n'est plus sur fond rougeâtre ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai réfléchi à ceci, mais eu égard à la

  7   façon dont la page est imprimée, l'encre pourrait sembler différente.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais plus particulièrement puisque

  9   vous avez remarqué vous-même une encre différente qui semblerait se trouver

 10   sur une feuille d'une autre couleur. Vous avez dit que vous n'aviez pas de

 11   notes --

 12   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas si c'est la lumière

 14   ultraviolette ou infrarouge.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la méthode infrarouge qui me permet de

 16   voir ceci.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous ne savez pas si c'est

 18   réellement -- si vous avez fait un test pour voir si l'encre était

 19   réellement différente ? Est-ce que c'est une impression personnelle sur la

 20   couleur de l'encre ou bien est-ce que vous avez mené des tests ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous demande pardon. Je vais essayer de

 22   vous l'expliquer. Alors ce qui pourrait avoir un impact sur les résultats à

 23   la suite de l'examen à infrarouge, c'est le papier.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Si le papier a une composition chimique

 26   différente, ceci pourrait avoir, bien sûr, une incidence sur la façon dont

 27   le texte est écrit, mais ceci apparaîtrait sur l'ensemble de la page.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais est-ce que vous vous êtes servi de

 


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  1   l'éclairage infrarouge pour examiner les trois dernières lignes ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je l'ai fait. J'ai effectué cet

  3   examen. Mais je n'ai pas estimé qu'il s'agissait d'une anomalie. Et je n'ai

  4   pas noté ceci nulle part.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc vous n'avez pas enregistré dans vos

  6   notes la méthode dont vous vous êtes servi pour tester; c'est simplement de

  7   mémoire ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est cela.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.

 10   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je voulais juste

 11   ajouter ceci : la dernière phrase écrite avec le premier stylo, ces mots

 12   s'alignent avec la nouvelle encre, donc je pense qu'on peut examiner les

 13   deux textes. On peut les mettre côte à côte, et je pourrais vous faire mes

 14   propres commentaires si vous le souhaitez. Je ne sais pas si ceci pourrait

 15   aider la Chambre.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Je n'ai plus d'autres questions.

 17   Je ne sais pas si les questions des Juges de la Chambre ont suscité des

 18   questions supplémentaires. Oui, Maître Jordash.

 19   M. JORDASH : [interprétation] Oui.

 20   Nouvel interrogatoire par M. Jordash :

 21   Q.  [interprétation] En fait, Monsieur Browne, la question que je voulais

 22   vous poser est une question relative à la méthodologie.

 23   D'une part, vous avez passé en revue les carnets. Et d'autre part, il

 24   semblerait que vous ayez tenu compte de certains facteurs externes, tels,

 25   par exemple, qu'il n'y avait pas de déclaration d'un policier qui avait été

 26   impliqué dans la perquisition disant qu'ils ont trouvé, par exemple, les

 27   documents là où on dit qu'ils avaient été trouvés. Ou vous notez également

 28   l'absence de photographies des documents s'agissant de l'endroit où l'on


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  1   dit qu'ils ont été trouvés. Ou une explication de Mme Mladic, et cetera.

  2   Et donc, la question qui se pose est de savoir quel est le poids que vous

  3   accordez à ces facteurs externes qui vous ont permis de conclure ou qui ont

  4   suscité certaines questions concernant la fiabilité de l'origine du

  5   document ?

  6   Je ne sais pas si vous arrivez à suivre ma question qui est plutôt

  7   longue.

  8   R.  Permettez-moi de la relire à l'écran. Lorsque l'examen avait été

  9   complété à l'Institut néerlandais "forensic", j'ai décelé un certain nombre

 10   de facteurs que j'ai notés dans mon rapport. Le troisième paragraphe de mes

 11   conclusions le résume. L'endommagement du cahier 16 indique qu'il y a une

 12   possibilité de fraude. Et pour ce qui est de l'ensemble de la série, il

 13   faut examiner les carnets adéquatement. J'ai donc du mal avec au moins un

 14   carnet, mais c'est une question de manipulation. Et donc, il aurait été

 15   utile de tenir compte de cette manipulation dans le contexte de ce qui est

 16   arrivé aux carnets, de quelle façon ils ont été trouvés, où ont-il été

 17   trouvés, de quelle façon ont-ils été conservés et ce qu'il leur est arrivé

 18   à la suite. Voilà, donc il est absolument impossible de vous donner une

 19   mesure absolue du résultat. Les conclusions scientifiques sont là. Donc

 20   c'est une somme de tous ces résultats. Il est bien difficile de dire quoi

 21   que ce soit au-delà de l'indicateur de fraude alors que l'on ne sait pas,

 22   en réalité, ce qui est arrivé aux carnets.

 23   Q.  [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voudrais juste poser une question.

 25   Vous avez parlé d'indice de fraude et indice d'utilisation de faux.

 26   Alors, est-ce que vous voulez dire qu'il y a une possibilité qu'une fraude

 27   ait pu exister ?

 28   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un indicateur de fraude, c'est-à-dire un

  2   indicateur qui permet de croire que possiblement il pourrait s'agir d'un

  3   document frauduleux ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est cela.

  5   M. JORDASH : [interprétation]

  6   Q.  Alors une question hypothétique. Si, par exemple, l'Accusation avait

  7   demandé le policier qui a trouvé les documents à la barre et s'il avait

  8   été, par exemple, contre-interrogé, et si vous aviez lu son témoignage et

  9   si vous vous étiez forgé une opinion sur la fiabilité de sa déposition,

 10   est-ce que ces conclusions auraient pu modifier les conclusions que vous

 11   avez présentées au Tribunal ? Est-ce que c'est quelque chose qui aurait pu

 12   survenir en tenant compte de votre méthodologie ?

 13   R.  Oui. Parce que ceci pourrait appuyer mes conclusions scientifiques. Par

 14   exemple, si nous avons une déclaration qui dit : Je suis venu, j'ai vu ceci

 15   et j'ai fait cela, nous avons trouvé ces éléments de preuve, et cetera, et

 16   cetera, il serait possible donc d'obtenir une explication. Mais nous sommes

 17   en train de nous livrer à des conjectures à savoir de ce qu'aurait pu dire,

 18   par exemple, l'agent de police. Et donc, j'aurais pu ajouter ceci à ces

 19   conclusions. Il se peut peut-être que l'endommagement des carnets ait eu

 20   lieu lorsqu'ils ont été trouvés ou peut-être avant, mais s'ils avaient été

 21   endommagés après la découverte, ceci aurait pu appuyer mes conclusions

 22   scientifiques.

 23   Q.  Vous faites une distinction, semble-t-il, entre des éléments de preuve

 24   qui pourraient expliquer l'endroit où les documents ont été trouvés et une

 25   déclaration qui pourrait expliquer les dégâts survenus. Donc, est-ce que

 26   vous êtes en train d'accorder plus de poids à la deuxième explication comme

 27   étant quelque chose de plus important ?

 28   R.  Oui, effectivement, l'information est importante, à savoir quel était


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  1   l'état des documents lorsqu'ils ont été découverts, ce qui leur est arrivé

  2   après. Et ceci, bien sûr, a un poids très important pour ce qui est de

  3   l'endroit précis, et cetera, et cetera.

  4   Q.  Y a-t-il d'autres facteurs externes que vous considérez comme

  5   importants et qui vous permettraient de rendre compte de la dégradation

  6   subie par les carnets ?

  7   R.  Oui. Nous savons tous que les documents ont été scannés en utilisant

  8   des scanneurs à haute qualité, à haute résolution. Donc on s'est servi du

  9   type de scanneur qu'on utilise ici au sein du Tribunal. Mais si j'ai bien

 10   compris, les documents ont été scannés pour une première fois à Belgrade.

 11   Je ne sais pas où j'ai trouvé cet élément d'information.

 12   Q.  Non, c'est quelque chose qui est déjà admis et fait partie du dossier.

 13   R.  Très bien. Donc les documents ont été scannés à deux reprises, et nous

 14   n'avons pas d'information autre que le pur fait qu'ils ont été scannés.

 15   Mais pendant ce processus, on aurait peut-être pu faire ceci ou cela, des

 16   pages ont pu être arrachées, et cetera. Mais c'est tout simplement un

 17   élément d'information que nous n'avons pas.

 18   Q.  Merci, Monsieur Browne. Je n'ai plus de questions à vous poser.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Jordash.

 20   Votre déposition touche à sa fin, Monsieur Browne. Merci d'être venu

 21   déposer à La Haye plusieurs fois déjà, pas une seule fois, même si c'est la

 22   première fois que nous vous entendons.

 23   J'aimerais vous remercier d'avoir répondu à toutes les questions

 24   posées par les parties au procès et par les Juges de la Chambre, et bon

 25   voyage.

 26   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 27   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 28   [Le témoin se retire]

 


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, vous avez demandé de

  2   vous exprimer sur un sujet.

  3   M. JORDASH : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agit d'une

  4   requête en vertu de l'article 89(b). Nous souhaitons que les Juges de la

  5   Chambre rendent une ordonnance destinée à l'Accusation pour que celle-ci

  6   réponde à un certain nombre de questions relatives à ces carnets.

  7   Les questions seraient les suivantes : primo, l'Accusation affirme-t-

  8   elle que ces carnets reflètent d'une façon complète toutes les notes prises

  9   par Mladic au cours des périodes pertinentes; deuxièmement, l'Accusation

 10   admet-elle que Mladic avait pu apporter des modifications à ses notes ou

 11   avait pu enlever certaines de ses notes avec l'intention d'induire les

 12   lecteurs en erreur; troisièmement, admettent-ils que les dégâts subis par

 13   les carnets auraient pu être apportés par Mladic lors des modifications

 14   qu'il a apportées à ses notes avec l'intention d'induire les lecteurs en

 15   erreur ou attribuent-ils tous les dommages subis par les carnets à la

 16   manipulation inattentive lors de la saisie par le MUP serbe.

 17   D'après nous, ces questions sont d'une importance cruciale pour que

 18   l'accusé puisse savoir qu'elle est la thèse qu'il doit subvertir. En

 19   particulier, c'est la question numéro un qui compte à nos yeux. M. Groome a

 20   organisé son contre-interrogatoire autour de l'hypothèse que tous ces

 21   carnets sont fiables et qu'ils représentent d'une façon complète tout ce

 22   qui a été vécu par M. Mladic. Entre autres, l'Accusation a insisté sur la

 23   déposition de M. Milovanovic, qui avait dit que d'après ce qu'il avait

 24   observé à l'époque, M. Mladic prenait toujours des notes au cours des

 25   réunions. Et l'Accusation se base sur cette déposition de M. Milovanovic

 26   pour dire que les notes doivent être complètes d'une façon ou d'une autre.

 27   En fait, c'était là l'essence du contre-interrogatoire de M. Groome,

 28   que ces carnets de notes sont fiables, qu'ils comportent des éléments

 


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  1   d'information exacts, que les notes ont été rédigées au fil des événements

  2   et que jamais des modifications n'ont été apportées à ces notes. Alors, si

  3   c'est ce qu'on implique par le contre-interrogatoire, à mon avis, il faut

  4   expliciter ce point de vue sous forme d'une thèse.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, je souhaite que nous précisions un

  6   point pour commencer. Vous dites que le pivot du contre-interrogatoire,

  7   c'était que les notes sont correctes, qu'elles sont fiables, qu'elles ont

  8   été rédigées au fil des événements et que des modifications n'ont pas été

  9   apportées. Excusez-moi, mais d'après moi, le pivot du contre-interrogatoire

 10   était de montrer que l'expert avait conclu que ces notes n'étaient pas

 11   rédigées au fil des événements, et que c'est une conclusion qui peut être

 12   mise en doute et que, en tout cas, il ne s'agit pas d'une conclusion

 13   définitive.

 14   M. JORDASH : [interprétation] Eh bien, ce n'est pas la manière dont j'ai

 15   compris le contre-interrogatoire.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, il faudra peut-être vérifier cette

 17   question.

 18   Monsieur Groome, l'essence de votre contre-interrogatoire consistait-elle à

 19   démontrer que les notes étaient rédigées au fil des événements ou que le

 20   témoin n'avait pas un fondement suffisant pour formuler ses conclusions ?

 21   M. GROOME : [interprétation] C'est la deuxième hypothèse qui est la bonne.

 22   Le témoin n'avait pas suffisamment de fondement pour formuler ses

 23   conclusions. Et, par ailleurs, je peux m'exprimer sur les points adressés

 24   par Me Jordash dès qu'il aura terminé.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Je souhaitais juste voir si nous

 26   comprenions la situation d'un même point de vue.

 27   Maître Jordash, à vous.

 28   M. JORDASH : [interprétation] Bon, très bien, j'accepte l'argumentation de


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  1   M. Groome, mais je souhaite qu'elle soit présentée d'une façon explicite.

  2   Mettre en doute les conclusions du témoin, c'est une chose. Le faire à

  3   partir d'un certain nombre de présupposés en est une autre.

  4   M. Groome a, hier, exercé une pression sur la Défense pour que celle-

  5   ci précise et explicite sa position. Il avait le droit de le faire. Et

  6   c'est ce que je demande aujourd'hui, que l'Accusation fasse exactement la

  7   même chose. Et au vu du fait que l'Accusation a le devoir de tout nous

  8   communiquer à l'avance, elle a le devoir de le faire, puisque tous ces

  9   documents de toute façon se trouvent sur leur liste 65 ter.

 10   Par ailleurs, à notre avis, il est très important qu'on ne peut pas exclure

 11   la possibilité que le MUP serbe avait endommagé des documents en les

 12   manipulant sans avoir l'intention de le faire. L'Accusation, par ailleurs,

 13   a pu faire la même chose. Et si tel est le cas, l'Accusation peut s'appuyer

 14   par la suite sur ses connaissances à ce sujet pour contrecarrer

 15   l'argumentation de la Défense basée sur l'idée que les dégâts avaient pu

 16   être produits par suite de contrefaçon ou de falsification. Donc, de

 17   manière à ce que nous puissions formuler notre argumentation, l'Accusation

 18   a le devoir de nous dire quelle est leur position et dès maintenant, avant

 19   d'en arriver aux mémoires finaux.

 20   Et, par ailleurs, je signale qu'un enquêteur du bureau du Procureur a

 21   présenté ces documents Milovanovic le 8 juillet 2009. Nous ne savons pas

 22   dans quelles conditions ceci a été fait ou quelles précautions ont été

 23   prises. Si, peut-être, les carnets ont subi des dégâts lors de cet examen-

 24   là.

 25   Donc l'Accusation ne peut pas être assise sur deux chaises à la fois.

 26   Il faut qu'ils se prononcent, il faut qu'ils se décident. Soit il faut que

 27   l'Accusation puisse écarter dès maintenant tout soupçon de comportement

 28   frauduleux en nous disant à quel moment les dégâts ont été subis par les


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  1   carnets, ou alors, si l'Accusation ne dit rien à ce moment, alors il ne

  2   faudra plus rien ajouter par la suite.

  3   Et quatrièmement, ces carnets comportent des omissions importantes, y

  4   compris sur le massacre de Srebrenica, sur le pilonnage de Sarajevo, qui

  5   représentent des crimes de base les plus importants dans tout le conflit.

  6   L'Accusation, par conséquent, ne peut pas se pencher sur les carnets et les

  7   considérer comme fiables sur ces points-là qui, pourtant, sont très

  8   importants, sinon cruciaux, dans cette affaire.

  9   Et puis, à la fin, nous dirons ceci : l'Accusation a le devoir d'expliquer

 10   pourquoi les documents qu'elles présentent sont fiables ou alors elle a le

 11   devoir de se prononcer si elle admet que les documents peuvent être mis en

 12   doute. En vertu de l'article 89(d), les Juges de la Chambre peuvent ne pas

 13   admettre des preuves, notamment si des éléments sont présentés beaucoup

 14   trop tard au cours du procès ou s'ils soulèvent des questions différentes.

 15   Par exemple, la question qui se pose ici est de savoir de quelle façon les

 16   documents se sont trouvés dans l'appartement de Mme Mladic.

 17   L'autre possibilité, c'est que nous en terminons dès maintenant avec

 18   la présentation des moyens, que tout le monde se mette à écrire les

 19   mémoires de clôture et qu'à la dernière minute, l'Accusation concrétise

 20   dans son mémoire de clôture la position qu'elle a au sujet de ces carnets

 21   sans que nous ayons l'occasion de riposter de façon adéquate. Par exemple,

 22   nous souhaitons nous appuyer dans le mémoire de clôture sur des éléments de

 23   preuve liés au MUP serbe ou liés à Mme Mladic, ou alors nous pouvons

 24   demander aux Juges de la Chambre d'entendre Mme Mladic ou les agents du MUP

 25   serbe en tant que témoins de la Chambre. Et pour toutes ces raisons, il

 26   faut que nous sachions quelle est la position de l'Accusation très

 27   clairement.

 28   Donc, est-ce que l'Accusation estime que les questions que nous avons


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  1   soulevées au sujet de ces carnets sont légitimes, ou l'Accusation compte-t-

  2   elle tout simplement garder silence jusqu'à la dernière minute et tendre

  3   une embuscade à la Défense dans la présentation de son mémoire de clôture

  4   ou de son réquisitoire ?

  5   Et nous pensons que toutes ces informations sont d'une importance

  6   cruciale.

  7   Si les informations ne nous sont pas fournies, si l'Accusation

  8   n'explique pas sa position, alors nous restons dans l'obscurité, nous ne

  9   savons pas quelle position adoptée de notre part. Nous aimerions que les

 10   Juges de la Chambre rendent une ordonnance à l'intention de l'Accusation

 11   pour que celle-ci réponde à nos questions, ou alors il va falloir se

 12   pencher sur la question au niveau des appels.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, je ne vous demande pas

 14   de fournir une réponse dès maintenant, mais la question posée par Me

 15   Jordash n'est pas simple. Il vous demande, par ailleurs, de rendre une

 16   décision par écrit. Donc, peut-être vous pourriez répondre vous-même par

 17   écrit, si vous le pouvez, ou alors vous pouvez dès maintenant répliquer

 18   oralement.

 19   M. GROOME : [interprétation] Eh bien, je garde silence, cela peut suggérer

 20   que cette argumentation est bien fondée, c'est pourquoi j'aimerais demander

 21   l'occasion de répondre par écrit. Tout ce que je peux dire maintenant est

 22   ce qui suit.

 23   Pour ce qui est de la première question, celle de savoir si ce sont des

 24   notes écrites au fil des événements et complètes : nous savons d'après le

 25   général Milovanovic qu'elles ne le sont pas. Et il a aussi un autre carnet

 26   désigné comme journal et que chaque officier était tenu de tenir.

 27   Alors, deuxième question, les notes ont-elles subi des modifications ou non

 28   : j'admets qu'elles ont pu subir des modifications, qu'elles ont pu être


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  1   endommagées. Nous ne le savons tout simplement pas.

  2   Pour ce qui est de la question si nous allons nous appuyer sur ces carnets

  3   ou sur certains de ces carnets : il est clair que nous n'avons qu'une

  4   portion des notes rédigées, et nous comptons nous appuyer sur celles-ci de

  5   pair avec tous les éléments de preuve présentés aux Juges de la Chambre.

  6   Pour ce qui est de la question des endommagements subis par les carnets :

  7   M. Jordash le sait, même si les Juges de la Chambre ne le savent pas, c'est

  8   que le problème avec ces anciens documents, c'est quand on les manipule et

  9   quand on s'en sert, ils ont tendance à se dégrader.

 10   Alors, pour ce qui est du fait que Sarajevo et Srebrenica ne sont pas

 11   abordés dans le carnet, nous l'admettons.

 12   Et pour ce qui est de l'article 89(d) : eh bien, il me pose problème parce

 13   que c'est une requête pour ne pas admettre des éléments de preuve dans le

 14   dossier, or Me Jordash a lui-même demandé que tous les carnets soient

 15   versés au dossier, et nous n'allons pas nous opposer à sa requête. Il

 16   voulait que les documents soient versés directement. Donc je ne comprends

 17   pas quelle est la position de la Défense exactement.

 18   Bon, je terminerai mon argumentation là, mais je veux ajouter un autre

 19   point. Je vais demander que le rapport de cet expert soit enregistré pour

 20   des fins d'identification pour que l'Accusation puisse procéder à des

 21   vérifications supplémentaires. Je ne vais pas en parler tout de suite, mais

 22   je le ferai en temps voulu.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Je croyais que le rapport avait

 24   déjà été admis au dossier, mais si vous souhaitez rédiger une requête, nous

 25   pouvons revenir sur notre décision éventuellement. Et peut-être avant de

 26   décider, nous allons bien évidemment attendre de voir votre argumentation

 27   par écrit.

 28   Et vous avez évoqué les endommagements provoqués par l'examen de M. Browne,


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  1   mais il s'agit d'une tasse de café ou d'une tasse de thé, je ne le sais

  2   plus exactement, mais je ne pense pas qu'il y a de malentendu sur ce point.

  3   M. JORDASH : [interprétation] Oui, tout à fait. Peut-être c'est quelque

  4   chose qui m'a échappé, mais je ne savais pas qu'il a été question de ces

  5   dégâts de façon précise.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. Je dis tout simplement que

  7   certains semblaient être étonnés dans cette salle d'audience, et donc cela

  8   veut dire que le moment est venu de se mettre ensemble pour élucider la

  9   question.

 10   Nous levons la séance, et nous reprenons nos travaux le 26 mars à 14 heures

 11   15 dans la même salle d'audience, la salle d'audience numéro II.

 12   --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le lundi 26 mars

 13   2012, à 12 heures 00.

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