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1 Le mardi 24 février 2004
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Monsieur Rodic, c'est à vous.
7 Puis-je vous rappeler, Monsieur le Témoin, que vous êtes tenu
8 par la déclaration solennelle que vous avez déjà faite.
9 Maître Rodic, c'est à vous.
10 LE TÉMOIN: NIKOLA JOVIC [Reprise]
11 [Le témoin répond par l'interprète]
12 M. RODIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame la Juge,
13 Monsieur le Juge. Bonjour, aussi au témoin. Monsieur le Président, je vous
14 remercie de m'avoir accordé la parole.
15 Contre-interrogatoire par M. Rodic : [Suite]
16 Q. [interprétation] Monsieur Jovic, au cours de la journée d'hier, au
17 cours du contre-interrogatoire et au cours de l'interrogatoire principal,
18 vous avez fait la description des dégâts occasionnés dans la vieille ville,
19 et que vous avez pu observer. S'il vous plaît, si vous êtes en mesure, de
20 nous le dire, dites-nous, quels étaient les édifices dans la vieille ville
21 qui ont été en feu ou incendiés, et où sont localisés ces édifices-là ?
22 R. Je vous ai déjà indiqué cela sur la carte. Il s'agit de la maison de la
23 rue Miha Pracata.
24 Q. Savez-vous à quel numéro ?
25 R. Je ne sais pas à quel numéro. Peut-être au numéro 4 ou 5 de cette rue-
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1 là. Ensuite, il y avait le palais en face de l'église orthodoxe. Il s'agit
2 de la rue Od Kuca, ensuite, j'ai vu également une maison enflammée qui se
3 trouve dans la rue Siroka, et puis de même en était-il avec le palais qui
4 abrite le festival d'été de Dubrovnik.
5 Q. Il s'agit de quatre bâtiments que vous avez pu observer.
6 R. Oui, en effet, que j'ai pu observer et qui normalement ont été
7 incendiés dans la vieille ville.
8 Q. Tous ces quatre bâtiments ont été incendiés, brûlés entièrement.
9 R. Oui.
10 Q. L'église orthodoxe a-t-elle été endommagée ?
11 R. Je crois que oui. Il y a eu des vitres qui ont été soufflées, brisées
12 et puis après elle a dû recevoir également quelques éclats d'obus au niveau
13 de la façade.
14 Q. Pour parler de la rue Miha Pracata, quels étaient les édifices dont les
15 façades ont été endommagées ?
16 R. Justement au numéro 11, il y avait une maison dont la façade a été
17 endommagée et puis en face de cette maison-là.
18 Q. Quelle était cette maison-là en face du numéro 11 ?
19 R. Puisqu'il s'agit du 11 dont je parle, alors en face, ceci devait être 8
20 ou 10.
21 Q. De quels dégâts, est-ce que vous pouvez les décrire ?
22 R. Vous vous référez toujours à ces deux maisons-là ?
23 Q. Oui.
24 R. Pour parler de la rue Miha Pracata numéro 11, il s'agit d'une maison
25 dont la façade est en pierre de taille. Ensuite, les linteaux au-dessus des
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1 portes et des fenêtres qui sont en pierre, endommagées, ensuite, aux étages
2 supérieurs les persiennes ont été endommagées, bien entendu, les fenêtres,
3 les vitres. De l'autre côté, pour parler du bâtiment de l'autre côté de
4 cette maison-là, c'était de même, mais la façade était en béton.
5 Q. Excusez-moi, de vous interrompre. Lorsque vous dites la façade de la
6 maison d'en face était en béton, est-ce que vous voulez dire, il s'agit de
7 la maison qui se trouve en face de la maison au numéro 11 rue Miha
8 Pracata ?
9 R. Oui. Oui. Je disais qu'il s'agit d'une façade en béton, et je crois que
10 les impacts étaient beaucoup plus grands, éclats d'obus qui ont percutés la
11 façade, et puis les vitres soufflées, et cetera. Mais par ailleurs, il y
12 avait beaucoup des débris, c'est-à-dire, tout ce qui tombait de ces
13 maisons-là, mortiers, vitres, bris de vitres, et cetera.
14 Q. Lorsque vous parlez de débris, est-ce que vous parlez également de
15 tuiles, de morceaux de tuiles ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que vous pouvez faire une description beaucoup plus précise pour
18 parler -- quelles sont les autres endommagées ?
19 R. Non. Je vous ai parlé tout à l'heure des maisons qui ont brûlées. Pour
20 ce qui est du reste, je ne saurais vous dire plus en détail. D'après une
21 maquette que j'ai pu voir par la suite, je crois pouvoir dire maintenant
22 que rares sont les maisons dont les toits n'auraient été endommagés.
23 Q. Mais pour ce que sont de ces deux édifices qui se trouvent dans la rue
24 Miha Pracata ayant eu de tels impacts, est-ce qu'il s'agit de tirs directs,
25 qui auraient occasionnés ces endommagements ?
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1 R. Pour parler des tirs directs, je crois que la maison rue Miha Pracata
2 numéro 11, a reçu un tir direct lequel a touché le toit. Les autres ont été
3 endommagés par des tirs indirects, et il s'agit de ces obus qui sont tombés
4 dans la rue.
5 Q. Dans la rue et dans les rues que vous avez empruntées dans la vieille
6 ville, savez-vous quelles sont les rues ou les maisons qui ont été touchées
7 par des tirs directs, des coups directs ?
8 R. Vous vous référez à la rue ou à une rue ou à des édifices.
9 Q. A des édifices.
10 R. Il y avait des maisons qui ont été touchées par des coups directs. Il
11 s'agit de toits qui ont été surtout endommagés de ces maisons-là, mais il y
12 avait des éclats d'obus même dans le Stradun, rue principale et puis au
13 niveau de la fontaine publique, parce que le Stradun a été touché
14 également. On peut voir, d'un côté et de l'autre de la rue principale, que
15 les façades ont été endommagées.
16 Q. Est-ce que vous pouvez être un peu plus concret pour nous dire quels
17 étaient les édifices dont les façades ont été endommagées ?
18 R. Depuis rue Siroka jusqu'à la sortie de Ploce. Je m'excuse. Jusqu'à la
19 sortie de Pile, plutôt.
20 Q. Mais de quels édifices, il s'agit. Pouvez-vous nous les décrire ?
21 Notamment, lorsqu'on sort de la rue Siroka, et puis après, s'agit-il du
22 premier édifice à droite ou à gauche ? Soyez, un peu plus précis.
23 R. Par exemple, l'édifice qui se trouve tout près de la rue où se trouve
24 le palais des festivals, ensuite en face à l'édifice où, au rez-de-
25 chaussée, se trouve une librairie, ensuite près de Pile, parlons maintenant
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1 de monastère franciscain, des Petits Frères. Ensuite en face de ce
2 monastère se trouve un édifice qui abritait une fédération de tourisme.
3 Près de Pile et de la sortie de Pile, je dirais que la porte principale
4 d'entrée de la ville a été touchée.
5 Q. Est-ce que vous pouvez indiquer très précisément ce qui a été d'après
6 vous, et ce que vous avez pu observer endommagé au niveau de toutes ces
7 différentes maisons. Allez-y, d'une maison à l'autre.
8 R. Pour parler de Stradun, il s'agit de façade, il s'agit de linteaux en
9 pierre au-dessus des fenêtres, de l'embrasure des portes et des fenêtres en
10 pierre toujours.
11 Q. Est-ce que nous pouvons peut-être aller d'une maison à l'autre, pour en
12 faire une description concrète et détaillée ?
13 R. Oui.
14 Q. Par exemple, rue Siroka, est-ce que vous y êtes passé par là ?
15 R. Oui.
16 Q. De quel bâtiment, il s'agit dans cette rue-là, et qui aurait pu avoir
17 été endommagé ?
18 R. Comme je viens de vous dire, la maison pour laquelle j'ai dit qu'elle
19 était en flammes, et puis à côté de cette maison-là, il y avait une
20 joaillier, c'est-à-dire, un orfèvre. La façade a été gravement endommagée.
21 On voit les trous là où il y avait des points d'impact, des éclats d'obus.
22 Q. Est-ce que vous pouvez me dire quelle partie de la façade et de quelle
23 maison il s'agit ?
24 R. Il s'agit pour la plupart des parties inférieures des façades qui ont
25 reçu le plus d'éclats d'obus. Ce sont encore une fois les linteaux en
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1 pierre de façade qui ont été touchés. Comme je vous l'ai dit tout à
2 l'heure, toutes ces maisons-là sont en pierres taillées pour parler de la
3 façade.
4 Q. Lorsque vous parlez de linteaux en pierre, pouvez-vous me dire à quelle
5 partie il s'agit ?
6 R. Ces linteaux ou petites colonnes qui se trouvent quelquefois juste près
7 de la porte en bois et cela en longueur et en largeur sous forme de
8 linteaux. C'est comme cela que je les appelle. Il s'agit souvent de les
9 voir décorés moyennant des entrelacs ou blasons. Tout dépend d'une maison à
10 l'autre, cela change.
11 Q. Est-ce que de principe et par principe, vous voulez dire que tous ces
12 linteaux et toutes ces décorations se trouvaient endommagés au niveau de
13 toutes les maisons ?
14 R. Pour vous parlez des maisons que j'ai pu observer, il en fut justement
15 le cas.
16 Q. Par conséquent, il s'agit de toutes ces maisons que vous avez pu
17 observer le long des rues par lesquelles vous êtes passé avant de sortir de
18 la vieille ville ?
19 R. Oui. Depuis la rue Siroka, Od Puca, une partie de Stradun également.
20 Q. Est-ce que vous avez pu observer qu'il y avait des maisons qui étaient
21 restées indemnes ?
22 R. Rares sont les maisons qui n'auraient pas reçu ne serait-ce que
23 quelques coups d'éclats d'obus à leur façade, du moins, je n'en ai pas
24 vues.
25 Q. Dites-moi, en déposant vous avez dit que vous n'aviez pas remarqué
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1 avoir été blessé jusqu'au moment où Mato Skocko vous l'aurait indiqué ?
2 R. Oui.
3 Q. Puis vous dites que dans ce magasin de commerce, on a soigné cette
4 blessure d'une façon tout à fait improvisée -- fortune comme bandages et
5 après 11 heures 30 vous avez quitté le magasin, n'est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Un jour plus tard vous avec reçu des soins. Cette fois-ci, il
8 s'agissait vraiment de quelque chose de parfaitement routinier et vous
9 l'avez fait à Gruz, au centre médical de Gruz ?
10 R. Oui.
11 Q. Serait-il possible de vous avoir écorcher par ces débris de pierre ou
12 d'autres, lors des ces déflagrations ?
13 R. Ce serait possible. Je ne sais pas quel fut l'origine de ces blessures
14 mais à en juger d'après ces entailles qui n'étaient pas très profondes, ces
15 écorchures plutôt sont grandes de profondeur, il se peut que j'aie été
16 effleuré par un éclat d'obus, sans plus.
17 Q. Avez-vous parlé à des enquêteurs du bureau du Procureur ?
18 R. Oui, oui à Dubrovnik.
19 Q. Pas ailleurs ?
20 R. Non.
21 Q. Est-ce que vous leur avez remis une déclaration que vous avez faite par
22 écrit ?
23 R. Non, excepté ce que j'ai fait comme déclaration au mois de septembre ou
24 novembre lorsqu'ils s'étaient rendus à Dubrovnik, l'an dernier.
25 Q. Est-ce qu'une déclaration qui était la vôtre a été rédigée par écrit et
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1 laquelle déclaration vous l'avez signée ?
2 R. Oui.
3 Q. Etait-ce le 24 septembre 2003 ?
4 R. Vraisemblablement. Je ne sais pas quelle date c'était.
5 Q. Y a-t-il eu quelqu'un qui vous aurait contacté avant cette date-là ?
6 R. Ces mêmes messieurs du Tribunal.
7 Q. Quand ?
8 R. Peut-être une quinzaine ou vingtaine de jours avant cela, peut-être un
9 mois avant cela, je ne sais plus.
10 Q. Etait-ce pour préparer votre rencontre ou quelque chose d'autre ?
11 R. Non, c'était pour convenir à ce qu'ils ne viennent pas à Dubrovnik mais
12 pour que je vienne à La Haye. Après quoi, je m'étais préparé pour faire un
13 voyage en Australie. Je ne pouvais pas le faire. Après quoi, ils avaient
14 consenti à venir à Dubrovnik pour avoir une conversation et c'est comme
15 cela que cela s'est produit.
16 Q. Votre première conversation avec eux vous l'avez eue au mois d'août ou
17 au mois de juillet, peut-être 2003 ?
18 R. Oui, probablement en août.
19 Q. Avant 2003, vous n'avez jamais été contacté par personne ?
20 R. Non.
21 Q. Savez-vous par quel biais, ils sont venus en contact avec vous ?
22 Comment se fait-il que ce soit juste vous qu'ils aient trouvé ?
23 R. Je ne sais pas.
24 Q. Douze ans se sont écoulés depuis les événements et personne n'était
25 venu vous chercher. C'est seulement l'an dernier qu'ils l'ont fait ?
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1 R. Je ne sais pas, moi aussi, j'ai été un peu surpris. Peut-être est-ce dû
2 au fait que M. Skocko a fait une déclaration ou quelqu'un d'autre qui en
3 aurait parler. Je ne peux faire que des suppositions.
4 Q. M. Skocko, Mato, vous a-t-il parlé de cela comme quoi il aurait fait
5 une déclaration ?
6 R. Non, pas vraiment parce que depuis 1995 ou plutôt 1994, nous ne
7 travaillons plus ensemble.
8 Q. Vous avez dit que c'est vous-même qui transportiez Tonci Skocko pour le
9 mettre dans une voiture ?
10 R. Oui.
11 Q. Pouvez-vous être un peu plus précis et nous dire où c'était très
12 exactement que vous l'avez fait ?
13 R. Au fond même de la rue Miha Pracata jusqu'où M. Skocko a été capable de
14 venir en voiture.
15 Q. Etait-ce plus près de l'école de musique ?
16 R. Non. C'est juste à l'intersection de ces deux rues, c'est-à-dire la rue
17 de Miha Pracata et la rue Od Puca.
18 Q. Est-ce que vous pouvez être un peu plus précis ?
19 R. C'est justement pour ainsi dire dans l'entrée du carrefour de l'autre
20 côté de l'intersection de la rue Miha Pracata et de la rue Od Puca.
21 Q. A quelle distance se trouvait tout cela par rapport à votre magasin,
22 votre commerce ?
23 R. Peut-être à une centaine de mètres de notre magasin.
24 Q. Cela veut dire que vous et Mato Skocko vous avez transporté Tonci
25 jusqu'à la voiture ?
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1 R. Oui. Je vous ai dit il y avait Mato, moi, M. Skerlj et puis un autre
2 monsieur dont le nom m'est inconnu qui était un de nos clients et qui
3 s'était trouvé, par hasard, dans notre magasin.
4 Q. Lors du transport vous avez pu, dites-vous, observer où se localisait
5 la blessure de Tonci Skocko ?
6 R. Non. Pas tout à fait.
7 Q. Ne vous hâtez pas. Prenez tout votre temps.
8 R. Non. Ce n'est pas pendant que nous le transportions mais au moment où
9 j'ai dû le mettre dans la voiture, sur le siège arrière que j'ai pu voir
10 que son jersey s'était relevé et que j'ai pu me rendre compte d'un orifice
11 là, justement. C'est ce que j'ai pu observer.
12 Q. Dites-moi pourquoi vous n'avez pas mentionné cet épisode-là dans votre
13 déclaration, faite au mois de septembre. A savoir, vous ne parlez pas du
14 fait que vous avez transporté Tonci Skocko et vous ne parlez surtout pas du
15 fait que vous avez observé la localisation même de sa blessure.
16 R. C'est-à-dire que j'en ai parlé. Je ne sais pas si cela reflète ou ne
17 reflète pas où que ce soit dans ma déclaration par écrit. N'oubliez pas que
18 nous avons parlé pendant quatre heures entières, alors que ma déclaration
19 s'étale sur deux pages seulement.
20 Q. Nous n'en lisons rien, pas un seul mot de tout cela ?
21 R. Qu'est-ce que j'en sais moi, c'est à eux qu'il faut poser la question.
22 Q. Dans votre déclaration, nous lisons, comme suit : "Vous n'étiez pas en
23 mesure de voir ou d'observer où il a été touché, où il a été blessé. Nous
24 n'avons pas été en mesure de voir, de savoir où il avait été blessé."
25 R. C'est ce que j'ai dit parce que tant que nous étions dans le magasin de
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1 commerce, nous ne pouvions pas le savoir. Il n'y avait pas de sang, il n'y
2 avait rien. Nous avons essayé de le réanimer, alors qu'il était déjà mort.
3 Q. Est-ce qu'on vous a montré ici le point où il a été touché, où il a été
4 blessé, Tonci Skocko ?
5 R. Non.
6 Q. Est-ce que vous avez eu l'occasion de voir la photo de lui ?
7 R. Non.
8 Q. Nous lisons également dans votre déclaration faite par écrit que c'est
9 plus tard seulement une fois que Tonci a été transporté à l'hôpital que
10 vous avez pu voir qu'il a été blessé par un éclat d'obus, et cela droit
11 dans le cœur ?
12 R. Non. Je n'ai pas pu le dire comme cela. J'ai dit, plus tôt en déposant,
13 que j'ai appris de la part de M. Mato Skocko que Tonci était mort.
14 Q. Vous dites Mato l'a transporté immédiatement à l'hôpital. A l'hôpital,
15 le diagnostic a été comme quoi il a été touché par un éclat d'obus en plein
16 cœur. Tonci était mort.
17 R. Oui, oui, en effet, mot à mot.
18 Q. C'est ce que vous avez appris seulement après coup, plus tard ?
19 R. Quoi ?
20 Q. Mais, ce que vous avez pu observer ?
21 R. Non, non, non. J'ai vu comme je vous l'ai dit ce trou. Mato, qui de
22 retour de l'hôpital, nous en a parlé. Il a parlé de cet éclat d'obus comme
23 quoi, il n'y avait, absolument, pas de chance pour lui de survivre parce
24 que c'était droit dans le cœur qu'il avait été touché.
25 Q. C'est Mato Skocko qui vous l'a dit, en ces termes là lorsqu'il était de
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1 retour de l'hôpital dans votre magasin, votre commerce ?
2 R. Oui.
3 Q. Pourtant dans sa déclaration Mato Skocko dit : "Un de mes amis et moi
4 avons transporté Tonci pour le mettre dans ma voiture pour le mener à
5 l'hôpital." Il n'a, absolument, pas mentionné ni vous, ni quelqu'un
6 d'autre. Comment avez-vous pu aider à ce que Tonci soit transporté à
7 l'hôpital ?
8 R. Je ne sais pas. Quant à moi, c'est à lui qu'il faut poser la question
9 pour savoir ce que Mato a pu déclarer.
10 Q. En ce moment-là, où travaillait l'épouse de Mato Skocko ?
11 R. Je ne sais pas. Peut-être que j'ai oublié. Je ne sais pas si elle
12 travaillait du tout.
13 Q. Est-ce que vous avez peut-être entendu parler quelle était employée,
14 quelle travaillait à l'hôtel Argentine ?
15 R. Peut-être que cela se peut, mais je n'en suis pas vraiment certain.
16 Q. Pouvez-vous nous dire pourquoi Mato Skocko est revenu au magasin depuis
17 l'hôpital ? Pourquoi ?
18 R. Je ne sais pas. Je n'en sais rien. Il a pris la voiture et il est allé
19 là-bas parce que la voiture n'avait pas de pneus ou plus exactement, les
20 pneus étaient crevés. Il est revenu dans le magasin où nous autres nous
21 nous trouvions, ceux qui étaient restés en arrière. Il est probable qu'il
22 ne pouvait même pas rentrer chez lui de toute manière. Il n'y avait
23 personne pour l'accompagner parce qu'il était seul à l'hôpital.
24 Q. Combien de temps est-il resté au magasin ? Je vous dis que vous êtes
25 resté jusqu'à 11 heures 30. Est-ce qu'il est resté plus longtemps que
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1 vous ?
2 R. Je ne sais pas. Je ne connais pas ces détails. Je pense que nous sommes
3 tous partis plus ou moins à la même heure, peut-être un peu plus tôt, je ne
4 sais pas. M. Skerlj était, également, allé parce que sa femme ne savait pas
5 que son fils avait été tué.
6 Q. Est-ce que vous ne croyez pas étrange qu'il apprenne à l'hôpital que
7 son fils a été tué, qu'il revienne au magasin et qu'il reste là comme cela
8 sans rien dire ?
9 R. Bien, c'est comme cela que cela s'est passé.
10 Q. Mato Skocko dit dans sa déclaration : "Qu'à l'hôpital, le médecin a
11 confirmé que mon fils était mort et qu'il était mort depuis un certain
12 temps. Le médecin m'a donné un tranquillisant, une piqûre en l'occurrence.
13 J'étais dans un état choc. Après cela, j'ai quitté rapidement l'hôpital
14 pour aller voir ma femme à l'hôtel pour lui dire que notre fils était
15 mort."
16 M. RODIC : [interprétation] Excusez-moi. Oui, Monsieur le Président.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Re.
18 M. RE : [interprétation] L'Accusation a des objections à ce que dit mon
19 éminent collègue, Me Rodic qui donne lecture d'extraits d'une déclaration
20 d'un témoin qui n'a pas déposé. Ces éléments de preuve ne sont pas soumis à
21 la Chambre et il demande, maintenant, au témoin de faire des commentaires à
22 ce sujet. Il ne devrait pas le faire.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Telle est la position, effectivement.
24 Maître Rodic si vous voulez évoquer ces questions, vous pouvez aller
25 jusqu'à dire : "N'est-il pas vrai que ce monsieur a quitté l'hôpital pour
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1 aller à l'hôtel pour voir sa femme ?" Le témoin, ou bien dira oui, ou bien
2 il dira non. Vous ne pouvez pas poursuivre en lui disant : "Ah bien voilà
3 ce qu'il dit dans sa déclaration." Je pense que vous connaissez cette
4 règle, n'est-ce pas ?
5 M. RODIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Oui, je
6 vais reformuler ma question.
7 Q. Monsieur Jovic, après avoir été à l'hôpital, est-ce que Mato n'est pas
8 allé directement voir sa femme pour lui parler du décès de leur fils ?
9 R. J'ai dit ce qui s'est passé. Quant à sa propre déclaration, c'est à M.
10 Skocko qu'il faut poser la question. Je sais ce que je sais. Je sais ce qui
11 s'est passé. Ce qu'il a dit, je ne le sais pas.
12 Q. Vous affirmez qu'il a attendu dans le magasin jusqu'à 11 heures 30 et
13 qu'ensemble le 6 décembre, vous avez quitté le magasin en passant par
14 Stradun pour aller chez vous, à vos domiciles respectifs ?
15 R. Je dis que M. Skocko est venu au magasin depuis l'hôpital. Je ne sais
16 pas exactement si nous sommes allés ensemble après cela et si c'était une
17 demi-heure plus tôt, une demi-heure plus tard. Mais nous avons quitté le
18 magasin plus ou moins à la même heure.
19 Q. Il y a quelques minutes vous avez dit que vous aviez quitté le magasin
20 ensemble.
21 R. J'ai dit que je ne pouvais pas me souvenir, peut-être que nous sommes
22 partis un peu plus tôt, peut-être que nous sommes partis ensemble.
23 Q. Dites-moi, avez-vous des documents médicaux qui ont trait aux
24 écorchures que vous avez eues au menton et à la jambe ?
25 R. J'en avais qui m'avaient été donnés par un médecin de cru, mais je ne
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1 sais pas où je les ai mis. Je n'en avais pas besoin. Peut-être que je les
2 ai égarés quelque part, peut-être que c'est encore à la maison, je ne sais
3 pas. Je n'en ai jamais eu besoin pour quoi que ce soit.
4 Q. Est-ce que vous avez une identité militaire, un livret militaire.
5 R. Oui.
6 Q. Dans votre livret militaire, est-ce que vous avez l'indication de la
7 durée de votre participation à la guerre depuis quand à quand ?
8 R. Oui.
9 Q. Est-ce que vous savez quelle est la période qui a été inscrite dans le
10 livret ?
11 R. Je crois que c'était du 23. Autour du 20 février 2002 et jusqu'à la
12 moitié de 2003. Je ne sais pas très exactement.
13 Q. C'était l'an dernier, l'année d'avant.
14 R. Excusez-moi, excusez-moi, je me suis trompé. Je voulais dire 1992.
15 Excusez-moi.
16 Q. Y a-t-il quelque chose d'écrit concernant 1991 dans votre livret
17 militaire ?
18 R. Non.
19 Q. Est-ce que vous avez votre livret avec vous, ici ?
20 R. Non, je ne l'ai pas.
21 Q. Est-ce que vous l'avez à Dubrovnik ?
22 R. Oui.
23 Q. Pourriez-vous fournir une copie aux membres de la Chambre de première
24 instance de votre livret militaire avec ces renseignements ?
25 R. Oui, pas de problème.
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1 Q. Enfin, je vais vous poser la question suivante : vous avez dit que vous
2 portiez des aliments dans des gamelles de mess.
3 R. Bon, on les portait sur le dos et également je ne sais pas exactement
4 quel est le terme qu'il faut employer pour ce genre de récipient
5 métallique.
6 Q. Mais vous l'avez vu, ce type de récipient ou de gamelle, lorsque vous
7 étiez dans l'armée, n'est-ce pas ?
8 R. Oui. Quelque chose comme cela ou quelque chose d'analogue, alors c'est
9 plus ou moins la même chose fondamentalement.
10 Q. Est-ce que vous savez combien de rations alimentaires vous étiez censé
11 transporter ?
12 R. Non.
13 Q. Qui vous a donné le nombre exact de rations qui étaient censées être
14 transportées à Srdj ?
15 R. Nous ne transportions pas de rations. Nous transportions trois ou
16 quatre de ces gamelles et deux ou trois sacs de pain, et c'est tout ce que
17 nous avions.
18 Q. Mais qui vous a donné ce chiffre exact que vous avez transporté ?
19 R. C'était la fourgonnette qui l'apportait.
20 Q. Est-ce que c'était une fourgonnette militaire ?
21 R. Non. Elle était civile, mais elle était conduite par un militaire.
22 Q. Qu'en est-il de ces soldats qui se trouvaient à Srdj ? Est-ce qu'on
23 leur avait dit que vous veniez, et que vous alliez arriver, et qu'il ne
24 fallait pas tirer dessus ?
25 R. Je n'en sais rien.
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1 Q. Est-ce qu'il n'aurait pas été dangereux, pour vous, de vous rendre là-
2 bas, plus particulièrement à pied, sans que les soldats de Srdj puissent
3 informer de qui venait ?
4 R. Probablement, mais je ne sais pas, s'ils étaient informés ou non.
5 Q. Est-ce que l'un quelconque d'entre vous, qui étiez là-bas, étiez
6 armés ?
7 R. Oui. Il y avait un soldat.
8 Q. Qu'est-ce qu'il avait comme arme ?
9 R. Il avait un fusil ordinaire.
10 Q. Est-ce qu'il portait un uniforme ?
11 R. Il portait des brodequins militaires et un blouson de l'armée de la
12 JNA. Blouson militaire. Une chemise et un blouson.
13 Q. Est-ce qu'il était là pour assurer votre sécurité ou pour vous escorter
14 là-bas ?
15 R. Bien, il marchait devant nous.
16 Q. Est-ce qu'il est également revenu avec vous ?
17 R. Je ne me souviens pas. Je ne le crois pas.
18 Q. Combien de temps, êtes-vous resté là-bas ?
19 R. Nous avons simplement laissé ce que nous avions apporté sur place, et
20 nous sommes repartis.
21 Q. Pourriez-vous me dire exactement où vous avez déposé votre chargement ?
22 R. A l'entrée du fort de Srdj sur la partie en aval.
23 Q. Est-ce que vous avez vu les soldats qui se trouvaient là à Srdj ?
24 R. Non, nous n'en avons pas vus parce que nous ne sommes pas entrés. Nous
25 ne sommes pas entrés à l'intérieur.
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1 Q. Est-ce qu'il y avait des soldats du tout à cet endroit-là ?
2 R. Bien, je ne sais pas. Probablement qu'il y en avait lorsque nous avons
3 apporté des vivres là-haut.
4 Q. Je vous remercie, Monsieur Jovic.
5 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame et Monsieur le
6 Juge, j'en ai terminé avec mon contre-interrogatoire.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Monsieur
8 Rodic.
9 Monsieur Re, y a-t-il des questions supplémentaires ?
10 M. RE : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président.
11 Nouvel interrogatoire par M. Re :
12 Q. [interprétation] Monsieur Jovic, Me Rodic vous a parlé de l'endroit où
13 vous vous trouviez lorsque M. Tonci Skocko vivait, vous avez dit que
14 c'était dans la Zlatni Potok. Où se trouve Zlatni Potok ? Est-ce que c'est
15 dans la vieille ville ?
16 R. Zlatni Potok se trouve à l'est ou au sud-est de la vieille ville en
17 direction de l'hôtel Belvédère, depuis la porte Ploce vers l'hôtel
18 Belvédère.
19 Q. Quelle en est la distance par rapport à la vieille ville ? A quelle
20 distance que cela se trouve ?
21 R. Peut-être deux kilomètres.
22 Q. Hier, Me Rodic vous avait posé une question concernant vos fonctions
23 dans la Défense territoriale. Ce qui figure à la page 35 du compte rendu
24 d'hier. La question était : "Et est-ce que vous aviez un poste de
25 mobilisation particulière dans la Défense territoriale ?" Et votre réponse
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1 a été : "C'était la même chose que pour la formation que j'avais reçue dans
2 l'armée, c'était d'être opérateur de Maljutkas." Question : "Dans la
3 période allant de 1983 à 1991, est-ce que vous avez participé à des
4 exercices militaires en tant que réserviste ?" Réponse : "Non, je n'ai pas
5 participé," et ainsi de suite.
6 La déposition, que vous avez faite hier, était que vous aviez c reçu une
7 formation dans la JNA au Kosovo en 1982 et 1983 et plus particulièrement
8 pour vous servir de Maljutkas dans l'artillerie. Quel était le niveau ou
9 quelles étaient les compétences qui étaient nécessaires pour une personne
10 pour utiliser un missile Maljutka ?
11 R. De ce qui était à l'époque la JNA, certains faisaient parties d'équipe
12 de servants et certains avaient été formés pour devenir des opérateurs
13 capable de guider des missiles vers leurs objectifs. C'était un missile
14 guidé. Cet entraînement, cette formation prenait environ cinq à six mois.
15 Nous utilisions des simulateurs pour cette formation.
16 Q. A quel point est-ce que cette formation a été spécialisée pour utiliser
17 des missiles Maljutkas filoguidés ?
18 R. Excusez-moi, mais je n'ai pas très bien compris votre question.
19 Q. La question concerne la spécialisation nécessaire pour faire
20 fonctionner les Maljutkas filoguidés. Quel était le niveau de
21 spécialisation nécessaire pour apprendre à en faire fonctionner un, à la
22 différence d'autres missiles ?
23 R. Bien, je ne sais pas. Moi, j'ai été formé à l'utilisation des
24 Maljutkas. Quel était le niveau de spécialisation, bien, c'est quelque
25 chose que les militaires avaient décidé par eux-mêmes, à savoir qu'il
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1 fallait savoir si une personne était capable d'être formée, en ce sens ou
2 non.
3 Q. Est-ce que vous savez quelle était la différence entre la formation
4 pour utiliser des Maljutkas par rapport à l'utilisation d'autres types de
5 missiles que vous avez rencontrés lors de votre formation dans la JNA ?
6 Lorsque vous dites "missiles," je veux dire également d'autres projectiles,
7 des obus, des projectiles de mortiers, ainsi de suite.
8 R. Oui. La Maljutka était un missile anti-char contre les blindés plus
9 exactement. C'était un missile qui était guidé, un missile qui était guidé
10 manuellement vers son objectif, de sorte que nous devions être formés pour
11 les guider, guider ces missiles en utilisant des simulateurs, qui nous
12 étaient fournis par l'armée.
13 Q. Quelle était la différence entre cette formation, par rapport à celles
14 qui étaient nécessaires pour utiliser d'autres types de projectiles de
15 mortiers ou de missiles, ou d'obus ?
16 R. Bien, c'est une formation tout à fait différente parce que les mortiers
17 impliquaient des exercices pratiques, je ne sais pas vraiment. Mais nous
18 utilisions exclusivement ces simulateurs électriques pour l'entraînement de
19 la formation.
20 Q. Est-ce que vous avez jamais utilisé des munitions véritables, lors de
21 votre formation dans la JNA ou lors des diverses exercices que vous avez pu
22 faire en tant que réserviste ?
23 R. Lorsque j'étais en service dans la JNA, nous n'avons fait qu'un seul
24 exercice avec de véritables munitions. Il y en avait une cinquantaine
25 d'entre nous qui avaient achevé cette formation. Les cinquante qui avaient
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1 terminé cette formation, seul deux d'entre eux ont en fait tiré ce missile,
2 cette roquette. Mais par la suite, lorsque j'ai fait partie de la Défense
3 territoriale, je n'ai même plus vu de missiles de ce genre. Nous utilisions
4 des simulateurs dans les installations militaires ou les casernes appelées
5 Trebinje.
6 Q. Qu'est-ce que vous avez appris, lors de votre formation, concernant le
7 coût relatif des Maljutkas par rapport à d'autres projectiles utilisés par
8 la JNA ?
9 R. En vérité, je ne sais pas quel était le coût véritable, mais ils ont
10 bien dit effectivement que les Maljutkas coûtaient beaucoup plus chers que
11 les projectiles, d'autres armes. C'est ce qu'ils nous ont dit à l'époque.
12 Q. Hier, vous avez décrit à Me Rodic au cours du contre-interrogatoire, le
13 fait que certains bâtiments avaient arboré des emblèmes, et votre réponse
14 avait été : "C'est comme cela que cela s'est passé, et il y avait des
15 monuments qui faisaient partie du patrimoine culturel au milieu." Et à un
16 moment donné, nous étions en train de faire un dessin avec -- montrer avec
17 les doigts quelque chose sur la table qui était devant vous. Et je vais
18 vous demander si vous voulez bien, s'il vous plaît, faire un dessin de ce
19 que vous avez vu sur les drapeaux, pavillons qui se trouvaient sur ces
20 bâtiments.
21 M. RE : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait, s'il vous plaît, donner au
22 témoin, un morceau de papier ?
23 LE TÉMOIN : [interpétation] C'était un drapeau blanc. Et à l'intérieur, il
24 y avait cette flèche et sur cette flèche, il y avait un figuré. On avait
25 écrit "Monument de la culture."
Page 3051
1 M. RE : [interprétation]
2 Q. Est-ce que vous vous rappelez de quelle couleur était la flèche et ce
3 qui était écrit dedans ?
4 R. C'était ou bleu ou noir. Je ne me souviens pas maintenant.
5 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, mettre la date d'aujourd'hui au bas de
6 ce dessin, c'est-à-dire, le 24 février 2004 sur ce papier et signer de
7 votre nom ?
8 M. RE : [interprétation] Je demande, s'il vous plaît, Monsieur le
9 Président, que ce document soit versé comme élément de preuve au dossier.
10 M. RODIC : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, Monsieur le
11 Président, voir ce dessin sur le rétroprojecteur, parce que nous n'avons
12 pas eu la possibilité de le voir.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Rodic.
14 M. RODIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
16 M. RE : [interprétation]
17 Q. Finalement, Monsieur Jovic, Me Rodic vous avait demandé ce matin --
18 M. RE : [interprétation] Excusez-moi. J'entends qu'on veuille bien me
19 donner un numéro de pièce à conviction. Je pense que j'ai peut-être sauté
20 cette étape.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'étais un peu lent, moi aussi,
22 Monsieur Re.
23 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce à conviction P76
24 de l'Accusation.
25 M. RE : [interprétation]
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1 Q. Me Rodic vous a demandé ce matin si vous aviez les documents médicaux
2 qui avaient trait aux blessures que vous aviez subies le 6 décembre 1991.
3 Et vous avez dit, que vous ne pouviez pas les trouver chez vous. Est-ce que
4 vous avez fait quelque chose pour essayer d'obtenir ces documents à la
5 clinique ou à l'hôpital où vous avez été traité à Dubrovnik ?
6 R. Quelques jours avant mon départ pour La Haye, lorsqu'une dame du
7 Tribunal m'a appelé, m'a demandé si j'avais des documents, c'était peut-
8 être deux jours avant mon voyage, j'ai commencé à les chercher, je n'ai pas
9 réussi à trouver quoi que ce soit à la maison. Je suis allé au centre
10 médical, ils n'ont pas pu trouver quoi que ce soit non plus. Je pourrais
11 essayer, lorsque je retournerai là-bas, de les trouver et de vous les
12 communiquer par télécopies.
13 M. RE : [interprétation] C'est tout pour les questions supplémentaires.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Monsieur
15 Jovic, du temps que vous avez bien voulu consacrer en venant ici nous
16 aider. J'ai le plaisir de vous dire que vous êtes maintenant libre de
17 repartir.
18 LE TÉMOIN : [interpétation] Merci, Monsieur le Président.
19 [Le témoin se retire]
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Re, est-ce que, par rapport à
21 vendredi dernier, on n'avait pas encore une question à régler concernant le
22 versement au dossier de certaines pièces à conviction ?
23 M. RE : [interprétation] Mme Somers, va vous en parler.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous n'allez pas vous retirer, n'est-
25 ce pas ?
Page 3053
1 Mme SOMERS : [interprétation] En fait, Monsieur le Président, il y avait
2 cette question concernant les photographies de l'autopsie et Me Rodic
3 avait, d'une façon très générale, dit qu'il n'allait plus élever
4 d'objection et que nous pouvions, maintenant, traiter de cette question au
5 début des séances ou des audiences de cette semaine.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que ce serait une bonne idée de
7 le faire maintenant.
8 M. RE : [interprétation] Oui, je remercie Mme Somers de me l'avoir rappelé.
9 C'est certainement un moment qui convient. Je voudrais demander
10 officiellement le versement au dossier des deux photographies des
11 autopsies, à savoir les corps de M. Tonci Skocko et de M. Pavo Urban.
12 Egalement la pièce MFI 70 qui est le rapport d'autopsie daté du 7 décembre
13 1991, en ce qui a trait à la déposition du Dr Ciganovic. Ce sont les trois
14 pièces à conviction que je voudrais faire verser au dossier.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que la photographie de M. Urban
16 est bien devenue la pièce à conviction P71 ?
17 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, les deux
18 photographies ont été marquées aux fins d'identification respectivement
19 avec les cotes P71 et P72, et le rapport a reçu comme cote aux fins
20 d'identification, MFI P70.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Compte tenu de ce qui a été dit
22 vendredi après-midi, ces trois documents qui sont actuellement marqués aux
23 fins d'identification deviendront des pièces à conviction portant les mêmes
24 cotes et les mêmes numéros.
25 C'est tout ?
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1 M. RE : [interprétation] Oui, ce sont les trois documents en question.
2 Monsieur le Président, je vous remercie.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. J'ai bien dit,
4 vendredi dernier dans l'après-midi, qu'il serait bon de traiter de
5 l'argumentation juridique à la fin de la déposition de ce témoin. Mais ce
6 témoin a pris pas mal plus de temps qu'on ne l'avait prévu. Je suis
7 conscient des retards qui sont intervenus du fait des témoins. Ne vaudrait-
8 il pas mieux entendre les témoins suivants avant de revenir à cette
9 question de l'argumentation juridique ?
10 M. KAUFMAN : [interprétation] Effectivement, Monsieur le Président, Madame,
11 Monsieur le Juge.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que c'est un problème pour
13 vous, Maître Petrovic ?
14 M. PETROVIC : [interprétation] Non, ce n'est pas un problème, Monsieur le
15 Président. Je vous remercie.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que nous pouvons suivre cette
17 voie, Maître Kaufman.
18 M. KAUFMAN : [interprétation] Je voudrais demander, à ce moment-là, à
19 Madame l'Huissière de faire entrer M. Djelo Jusic.
20 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je vous demande de
22 bien avoir l'amabilité de vous emparer du carton qu'on vous présente et de
23 lire la déclaration solennelle.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous souhaite le bonjour et je suis tout à
25 fait prêt à lire ce qui est inscrit ici.
Page 3055
1 Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien
2 que la vérité.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir, s'il
4 vous plaît.
5 LE TÉMOIN: DJELO JUSIC [Assermenté]
6 [Le témoin répond par l'interprète]
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kaufman, c'est à vous.
8 M. KAUFMAN : [interprétation] Merci.
9 Interrogatoire principal par M. Kaufman :
10 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. Pouvez-vous, s'il vous plaît,
11 décliner votre identité pour le compte rendu d'audience, nom et prénom.
12 R. Je m'appelle Djelo Jusic. Je sui né à Dubrovnik en 1939.
13 Q. Quelle est votre adresse actuelle, je vous prie ?
14 R. Lazarina 3, à Dubrovnik.
15 Q. Pouvez-vous nous dire quelle est votre confession, votre religion ?
16 R. Je suis Musulman.
17 Q. Actuellement, votre profession est celle de compositeur et de chef
18 d'orchestre comme le sait M. Rodic, parce que je sais qu'il attend avec
19 impatience de vous écouter. Pouvez-vous nous dire ce que vous faites
20 actuellement ?
21 R. Oui, c'est exact.
22 Q. Quel est votre poste actuel ?
23 R. Je suis officiellement le chef d'orchestre de l'orchestre symphonique
24 de Dubrovnik. Je compose de la musique tout le temps soit que ce soit pour
25 des enfants, soit pour l'orchestre symphonique. J'écris de la musique pop,
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1 des comédies musicales, des oratorios, et cetera.
2 Q. Est-ce que votre activité musicale se limite à la ville de Dubrovnik ou
3 est-ce que vous avez une activité plus internationale dirons-nous ?
4 R. J'ai publié plus de 5 000 minutes de musique. Ma musique est jouée à
5 New York, Vienne, Belgrade et au Monténégro. Je l'entends parfois à la
6 radio. En Croatie, Londres, Paris, Moscou, Milan, Rome, Dubrovnik, Zagreb.
7 Avant la guerre, j'étais un musicien très populaire en particulier avec mon
8 orchestre les Troubadours de Dubrovnik et surtout et particulièrement à
9 Belgrade.
10 Q. Nous en arriverons à Belgrade bientôt. Je crois que vous avez eu
11 l'honneur d'entendre vos compositions jouées au Vatican, n'est-ce pas ?
12 R. Oui, en 1992, au pire moment de l'offensive contre Dubrovnik. Il faut
13 que je vous dise qu'à Dubrovnik, j'ai un chœur d'enfants qui s'appelle les
14 Petits Chanteurs de Dubrovnik et nous avons été reçus par le saint-père au
15 Vatican en 1992 et j'ai dirigé le chœur pendant qu'ils chantaient.
16 Q. Est-ce que votre musique a jamais été interprété ou joué à Belgrade ?
17 R. Oui. Un nombre incalculable de fois. J'étais très populaire à Belgrade.
18 J'ai même gagné un certain nombre de prix lors des festivals à Belgrade.
19 Avec mon orchestre les Troubadours de Dubrovnik, j'ai fait des tournées au
20 Monténégro et en Serbie un nombre incalculable de fois. Nous étions
21 extrêmement populaire. J'ai enregistré des disques à Belgrade. J'ai fait
22 des concerts en solo dans la grande salle des syndicats à Belgrade aussi et
23 j'ai sorti cinq disques 33 tours, chez RTB une maison de disques de
24 Belgrade.
25 Q. En 1991, au début 1991, où habitiez-vous ?
Page 3057
1 R. Jusqu'en 1990, j'ai habité à Zagreb pendant environ une quinzaine
2 d'années parce que Zagreb est un grand centre culturel où on trouve des
3 studios, des salles de concert, et cetera. Ce que je ne trouvais pas à
4 Dubrovnik. J'ai, également, fait des enregistrements à Skopje, en
5 Macédoine, Zagreb, Ljubljana, Belgrade ainsi que dans de nombreuses villes
6 européennes.
7 Q. A un moment donné, vous avez quitté Zagreb. Où êtes-vous allé à ce
8 moment-là ? A quel moment cela s'est-il produit ?
9 R. Lorsque j'ai eu le sentiment qu'il y avait des troubles politiques dans
10 mon ancien pays, j'ai senti que le danger menaçait ma ville natale de
11 Dubrovnik. J'y suis retourné. Ma musique est une musique qui a des liens
12 très forts avec Dubrovnik. Je devais y retourner pour défendre cette ville.
13 J'avais beaucoup d'amis là-bas sur la totalité du territoire du pays aussi.
14 Je pensais que jamais ils ne toucheraient à Dubrovnik, peut-être ai-je été
15 un peu vaniteux. Je me disais, si je suis là-bas, ils n'oseront rien faire.
16 Q. C'est ce que vous entendiez par défendre la ville, vous parliez de
17 défense artistique.
18 R. Tout à fait, parce que les muses ne doivent jamais se taire.
19 Q. En 1991, à quel moment exactement êtes-vous arrivé à Dubrovnik ?
20 R. Au cours du printemps.
21 Q. Vous vous êtes installé à quelle adresse ?
22 R. Lazarina 3, comme je vous l'ai déjà dit. C'est là que j'ai un
23 appartement, je me suis installé dans cet appartement en 1973.
24 Q. Je vais demander à l'Huissière, de bien vouloir placer sur le
25 rétroprojecteur une carte. Je vais vous demander d'indiquer sur cette carte
Page 3058
1 où se trouve votre maison par rapport à la vieille ville. Ceci se révélera
2 important au fil de votre déposition. J'ai des copies de format plus réduit
3 pour le reste des participants.
4 R. Cela, c'est la vieille ville de Dubrovnik. Est-ce que je peux parler,
5 s'il vous plaît ? Je peux y aller.
6 Q. Oui. Est-ce qu'on pourrait monter un petit peu la carte, s'il vous
7 plaît, afin qu'on puisse voir la vieille ville. Peut-être aller un petit
8 peu en arrière.
9 R. Voici la vieille ville. Voici l'hôtel Excelsior. Au dessus de l'hôtel
10 Excelsior, on trouve mon appartement. Là, on a un panorama sur l'île de
11 Lokrum et sur la vieille ville depuis mon appartement, on voit tout cela.
12 Q. Veuillez, s'il vous plaît, vous munir d'un feutre bleu et d'indiquer au
13 moyen de la lettre A la position approximative de votre domicile.
14 R. C'est ici.
15 Q. Veuillez écrire un B là où se trouve Zarkovica.
16 R. [Le témoin s'exécute]
17 Q. Merci. Bien. Nous n'avons plus besoin de cette carte.
18 M. KAUFMAN : [interprétation] Je demande qu'elle soit versée au dossier.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Oui, effectivement, ce document
20 sera versé au dossier.
21 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction à
22 charge P77.
23 M. KAUFMAN : [interprétation]
24 Q. Vous nous dites que vous êtes installé à Dubrovnik. Est-ce que d'autres
25 personnes ou un autre groupe, une autre catégorie de personnes sont
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1 également venues s'installer à Dubrovnik en dehors de vous-même ?
2 R. Cela, je ne le sais pas. En fait, les gens étaient surpris de me voir
3 venir à Dubrovnik, parce que beaucoup de gens s'en allaient.
4 Q. Est-ce que des gens se sont venus s'installer dans la vieille ville de
5 Dubrovnik ?
6 R. Les gens ne venaient pas s'installer à Dubrovnik. Ils fuyaient pris de
7 panique. Au moment où on a vu l'attaque sur la Croatie commencer du côté de
8 Cavtat, Konavle, Molunat, et cetera, les gens fuyaient. Ils prenaient la
9 fuite. Ils allaient se réfugier dans les hôtels de Dubrovnik.
10 Q. Est-ce que les gens se sont réfugiés dans d'autres locaux ?
11 R. Ils sont allés se réfugier dans la forteresse du Dubrovnik à Minceta,
12 Saint-Ivan, au musée Rupe, Revelin. Certains sont même allés se réfugier
13 dans des églises ou dans des monastères.
14 Q. Ce que vous nous dites, c'est que les gens sont allés se réfugier dans
15 la vieille ville pour l'essentiel, ainsi que dans les hôtels que nous vous
16 avons, précédemment, mentionnés.
17 R. Oui, mais pas uniquement dans la vieille ville. Il y a une péninsule
18 qui s'appelle Babin Kuk qui se trouve à l'ouest là où il y a l'hôtel
19 Palace, Président, Argos Minceta. Voici les hôtels que l'on trouve à Babin
20 Kuk. C'est là que les gens sont allés se réfugier, ainsi qu'à l'hôtel Lero,
21 à l'hôtel Libertas et à l'hôtel Petka. Voici à peu près la totalité des
22 hôtels où les gens sont allés se réfugier.
23 Q. Est-ce que vous avez une idée approximative du nombre de personnes qui
24 sont allées se réfugier dans la vieille ville, dans les endroits que vous
25 venez de mentionner ? Si vous ne le savez pas, dites simplement, "Que vous
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1 ne le savez pas."
2 R. Je pense que toute la population de Konavle s'est enfuie et est venue
3 se réfugier là. Ils ont quitté leurs maisons et ils sont venus s'installer
4 dans les murs de la vieille ville ou bien dans les hôtels qui se trouvent à
5 l'extérieur de la vieille ville.
6 Q. Passons, s'il vous plaît, au mois octobre. De votre balcon et sur la
7 base de vos promenades, de vos incursions dans la vieille ville, pouvez-
8 vous nous dire ce qui s'est passé dans la vieille ville au cours du mois
9 d'octobre ?
10 R. Un matin, vers 5 heures du matin, mais il faut que je vous dise qu'à
11 Dubrovnik on a très peur des tremblements de terre parce que c'est une zone
12 qui connaît beaucoup de séismes. Ce qu'on a entendu à ce moment-là, c'était
13 quelque chose de très différent, un son différent. Si bien, que les gens
14 ont fui, pris de panique, de leurs maisons. C'est là, qu'on s'est rendu
15 compte que des obus commençaient à tomber. Ils provenaient du nord-est, pas
16 de l'est, mais du nord-est. Ils venaient d'un point situé au-delà des
17 collines à côté de ma maison, à côté de la vieille ville, et cetera. C'est
18 ce qu'on appelle des canonnières, je crois, qui ont ouvert le feu. Elles
19 étaient à côté de Dubrovnik. C'étaient des bateaux de guerre, des vaisseaux
20 de guerre qui étaient là, depuis un certain temps.
21 Q. Cela s'est produit au début du mois d'octobre, très tôt le matin,
22 n'est-ce pas ? Vous avez été réveillé ? Veuillez poursuivre.
23 R. Je crois que c'était à la mi-octobre. Je ne saurais vous donner la date
24 exacte, mais c'était à peu près à cette période. Les gens étaient
25 terrorisés, ils ont trouvé refuge ici ou là. On a pensé qu'au bout de cette
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1 matinée cela s'arrêterait, mais en fait, cela a continué.
2 Q. Maintenant, j'aimerais que nous parlions de la vieille ville au mois
3 d'octobre. Est-ce qu'au cours du mois d'octobre, il s'est passé quelque
4 chose de particulier dans la vieille ville, suite à ces pilonnages ?
5 R. Dans la vieille ville, les habitants de Dubrovnik ont pensé qu'étant
6 donné que Dubrovnik était une vieille ville, qu'elle était inscrite au
7 patrimoine de l'UNESCO, les gens animés de raisons ont pensé bien
8 naturellement qu'il n'y aurait pas de projectile qui tomberait sur la
9 vieille ville, qu'on ne tirerait pas sur la ville. Un jour, un obus est
10 tombé sur la rue Boskoviceva et a détruit un très, très vieux balcon. Cet
11 obus a touché une maison directement et je crois que c'est ce jour-là ou le
12 lendemain que 15 ambassadeurs sont venus. Ils sont venus depuis Cavtat en
13 bateau. Ils sont, sans doute, arrivés à Cavtat en avion. En tout cas, ils
14 sont venus pour voir s'il était vraiment possible que quelqu'un ait tiré
15 sur la vieille ville de Dubrovnik qui faisait partie du patrimoine de
16 l'UNESCO.
17 Q. Comment avez-vous eu connaissance de la visite de ce groupe
18 d'ambassadeurs ?
19 R. Certains d'entre nous, qui ont fait preuve d'imprudence, ont quitté
20 leurs domiciles, pour aller se promener en ville et ils étaient escortés
21 par la JNA. M. Kacic, un diplomate de Dubrovnik, était là et c'est lui qui
22 m'a dit qui étaient tous ces gens. J'ai également reconnu certains d'entre
23 eux. L'italien avait un couvre- chef très caractéristique avec une petite
24 plume. Il y avait également une dizaine d'autres personnes qui ont observé
25 cette scène et qui n'en croyait pas leurs yeux. Nous avons pensé que
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1 c'était non pas une balle perdue, mais un obus perdu.
2 Q. Avant que nous ne parlions d'autre chose que le mois d'octobre, je
3 voudrais que vous nous parliez de l'infrastructure, des services publics à
4 Dubrovnik, au cours de ce mois d'octobre. L'approvisionnement en
5 électricité, en eau, et cetera. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
6 R. Pendant des siècles, Dubrovnik a bénéficié d'un approvisionnement en
7 eau, assuré. L'approvisionnement en eau, en électricité à ce moment-là ne
8 posait pas de problèmes mais pendant cette attaque et ultérieurement, c'est
9 la centrale électrique qui assure l'approvisionnement en électricité.
10 Depuis que Dubrovnik a été détruit, de par ce fait, nous n'avions pas de
11 courant, ni bien entendu d'eau. Et comme l'eau était coupée, les gens ont
12 été pris de panique et ont commencé à faire des stocks de nourriture, si
13 bien que Dubrovnik s'est vidée. C'était une ville frappée par le malheur,
14 frappée par la honte et les gens ont commencé vraiment à adopter ce type
15 d'attitude.
16 Q. Nous allons maintenant montrer une vidéo que vous avez vous-même
17 réalisée. Mais avant la pause je voudrais que vous nous disiez comment vous
18 avez pu filmer, avec une caméra vidéo, ces événements de novembre et de
19 décembre à Dubrovnik. Vous avez une caméra, une vidéo, n'est-ce pas ?
20 R. Oui, mais avant cela je voudrais mentionner quelque chose que je trouve
21 intéressant et regrettable. Le premier obus, qui a été tiré à partir de
22 cette canonnière, a touché une maison qui se trouve dans mon quartier à 50
23 mètres de chez moi. Un grand poète de Dubrovnik a été tué à ce moment-là,
24 un ami à moi, Milan Milisic, un Serbe. Il était très apprécié, c'était un
25 auteur de renom. Je crois qu'à ce moment-là, il travaillait au théâtre
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1 Marin Drzic, à Dubrovnik. J'ai un caméscope Panasonic MD7. Je crois que
2 c'est la marque. Je l'ai acquis en 1990 parce que j'ai trois enfants, six
3 petits-enfants, donc j'avais besoin de ce caméscope. Et puis à Dubrovnik,
4 vous avez les plus bateaux du monde qui viennent accoster, si bien que
5 c'était un hobby.
6 J'ai commencé à me servir de ce caméscope pour des raisons tout à fait
7 naïves. En 1991 au cours de l'été, l'équipe Yutel est venue à Dubrovnik
8 même si elle était basée à Dubrovnik. Elle voulait faire un film sur moi,
9 sur mon travail, sur ma vie. Mais en octobre et en novembre, ils m'ont
10 appelé depuis Sarajevo et ils m'ont posé la question suivante, ils m'ont
11 dit : "On sait où vous habitez, est-ce que vous pouvez nous dire la vérité
12 parce qu'à Belgrade, on nous dit que vous mettez le feu à des pneus à
13 Dubrovnik pour prétendre qu'on vous attaque alors qu'à Zagreb, on affirme
14 qu'effectivement vous êtes attaqués." J'ai parlé avec un reporter de Yutel
15 à ce sujet et puis je me suis dit qu'il était intéressant de fixer cela
16 pour la postérité, parce que depuis mon balcon, on voit tout, on voit la
17 vieille ville de Dubrovnik, l'île en face, la mer, et cetera.
18 Q. Vous avez filmé, comme nous allons pouvoir le voir, les événements qui
19 ont eu lieu en novembre et en décembre.
20 R. Pour moi, c'était très important d'enregistrer, de fixer, de conserver
21 ces premiers moments parce que je voulais aussi, pour la postérité, que le
22 monde sache ce qui se passait. A l'hôtel Libertas à Dubrovnik, il y avait
23 un bureau de la télévision croate, la télévision de Zagreb, je leur ai
24 remis ces films. Et ensuite cela a été retransmis partout dans le monde sur
25 CNN, "Sky News" ainsi que sur d'autres grandes chaînes de télévision, qui
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1 ont diffusé ces images. C'était la première fois qu'on voyait les images de
2 ce qui se passait effectivement à Dubrovnik. Et ceci a été présenté partout
3 dans le monde.
4 Q. Vous souvenez-vous exactement du contenu du film, de la vidéo que nous
5 allons ultérieurement montrer aux Juges de la chambre ?
6 R. Par exemple, il y a un extrait qui a été accueilli avec de nombreux
7 compliments partout dans le monde. Comme ils avaient déjà commencé à tirer,
8 on a pensé qu'ils ne toucheraient jamais la vieille ville, par respect pour
9 cette vieille ville. Si bien qu'on a vu les gens emmener leurs voitures
10 dans la vieille ville de Dubrovnik. Un homme a emmené sa voiture, qui était
11 toute neuve, une Mazda me semble-t-il; il l'a garée au port de la vieille
12 ville. J'ai ces images qui sont très intéressantes.
13 On a soudain appris tous ces nouveaux mots pour Maljutka, obus, des mots
14 qui n'étaient pas usuels précédemment et cette Maljutka a touché la voiture
15 qui a explosé en l'air. Ce sont les premières images que j'ai tournées.
16 M. KAUFMAN : [interprétation] Peut-être le moment est-il bien choisi pour
17 faire la pause parce qu'ensuite nous allons voir la vidéo. Ce que j'ai
18 demandé au témoin, c'est de nous faire un commentaire au fur et à mesure
19 que nous visionnerons cette vidéo. Il pourra demander à ce qu'on interrompe
20 le visionnage, s'il estime devoir faire des commentaires plus avancés au
21 sujet de tel ou tel point.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans ces conditions, Monsieur Kaufman,
23 effectivement, nous allons faire la pause maintenant. Puis nous reviendrons
24 et entamerons le visionnage du film.
25 --- L'audience est suspendue à 10 heures 25.
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1 --- L'audience est reprise à 10 heures 50.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kaufman.
3 M. KAUFMAN : [interprétation]
4 Q. Monsieur Jusic, quelques questions afin de préciser des choses avant
5 que nous regardions la vidéo. Est-ce que c'est vous qui avez filmé ce que
6 nous allons voir ou est-ce qu'on vous a aidé ?
7 R. Tout ce que nous allons visionner, c'est moi qui l'ai filmé.
8 Q. Cette vidéo que nous allons visionner, vous l'avez remise aux
9 enquêteurs du bureau du Procureur, n'est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous dites que vous avez filmé au cours du mois de novembre. Commençons
12 le visionnage. Voyons ce qui s'est passé au cours du mois de novembre
13 [Diffusion de cassette vidéo]
14 M. KAUFMAN : [interprétation]
15 Q. Ici, nous voyons votre balcon, n'est-ce pas, Monsieur ?
16 R. Non. Le balcon, c'est sur le passage suivant. Ici, c'est au-dessus de
17 mon appartement. Arrêtez le film, s'il vous plaît. Ici, on voit le nombre
18 de bateaux qu'il y a dans notre port. Il y en a des centaines. Pendant les
19 dix jours qui ont suivi, 80 % des bateaux avaient brûlé après avoir reçu
20 des obus. Ce qui était une tragédie pour les habitants de Dubrovnik, parce
21 que les habitants de Dubrovnik sont très proches sentimentalement de la
22 mer. Je le sais parce que je l'ai ressenti aussi. C'est là, que se trouvait
23 mon bateau. Moi, à ce moment-là, j'ai prié Dieu, en disant, il peut arriver
24 n'importe quoi, mais surtout faites qui n'arrive rien à mon bateau.
25 Q. Bien. Poursuivons. Expliquez nous, ce que nous voyons.
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1 R. Je ne vois pas. Ah! Si je vois. Voici où se trouvait la voiture qui, au
2 cours des minutes suivantes, allait être touchée. A ce moment-là, les
3 débris allaient voler jusqu'en haut du beffroi, jusqu'en haut de la tour.
4 Ici, nous avons des bateaux qui ont été complètement incendiés au cours
5 d'attaques ultérieures. Il s'agit de bateaux de pêche ou de bateaux de
6 plaisance.
7 [Diffusion de cassette vidéo]
8 M. KAUFMAN : [interprétation]
9 Q. Nous avons une transcription de tout ce qui est dit, ce qui sera
10 ensuite remis aux Juges. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé là ?
11 Qu'est-ce qu'on entend ?
12 R. La première voix que vous avez entendue, c'est la mienne. La deuxième,
13 c'est celle de M. Luksa, un de mes voisins, qui était quelqu'un de toujours
14 très enjoué et qui aimait bien boire un petit coup. Il a dit que l'ennemi
15 était ivre et que c'était peut-être pour cela qu'il tirait sur la ville. A
16 l'époque, c'était assez drôle comme répartie, mais plus tard, on a trouvé
17 cela beaucoup moins drôle.
18 Q. Avant la pause, Monsieur, vous nous avez parlé des nouveaux mots qu'on
19 apprenait à l'époque, Maljutkas. Vous êtes musicien, l'acoustique n'a aucun
20 secret pour vous. Pouvez-vous nous dire, pour vous, quels étaient les
21 projectiles qui étaient tirés sur la ville ?
22 R. C'était la première fois que j'avais entendu parler des Maljutkas, des
23 obus de 115, des mitraillettes de calibre 80, mais on a vu des traces, et
24 on nous a dit que ce Maljutka était téléguidé comme un jouet d'enfant sur
25 écran. Si bien qu'on pouvait guider le parcours de ce projectile, j'ai
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1 ainsi appris qu'il s'agissait d'un Maljutka.
2 Q. Merci. Passons maintenant à la suite du visionnage, nous en sommes à la
3 première minute de ce film réalisé en novembre. Veuillez, s'il vous plaît,
4 regarder l'écran.
5 [Diffusion de cassette vidéo]
6 R. Stop. Ici, c'est le moment où la voiture est touchée et elle explose.
7 Les débris volent dans les airs. Je suis presque fier comme un petit garçon
8 d'avoir réussi à fixer cet événement à l'image.
9 Q. Oui, effectivement, c'est très spectaculaire. Nous sommes en novembre.
10 Il y a deux jours pour lesquels vous avez réalisé un film. C'était quel
11 jour, s'il vous plaît ?
12 R. La situation était déjà trop bouleversante pour que je me donne la
13 peine de noter la date. La priorité pour moi, c'était de prendre mon
14 caméscope et de filmer, et puis aussi de m'enfuir aussi rapidement que
15 possible de l'endroit parce que dans la minute qui suivait, on entendait
16 les tirs qui venaient d'ailleurs. On entendait l'obus siffler, j'ai entendu
17 parfois l'obus siffler vers moi où vers la vieille ville.
18 Pendant que j'ai réalisé ces images, j'étais très calme. Mais après un an
19 quand je les ai visionnées à nouveau, j'étais terrorisé, complètement mort
20 de peur. Je me suis rendu compte à quel point j'avais été courageux à ce
21 moment-là.
22 Q. Nous allons maintenant poursuivre. Nous allons poursuivre le visionnage
23 de votre vidéo plus tard. Avant, nous allons passer au mois de décembre, et
24 parler du 5 décembre.
25 Pour vous en tant que musicien, en 1991, le 5 décembre c'était une journée
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1 très particulière, n'est-ce pas ?
2 R. Le 5 décembre 1991, tout le monde artistique de la culture célébrait le
3 200e anniversaire du décès de Mozart. Si bien que moi-même et mes amis,
4 nous avons organisé un concert pour lui rendre hommage et pour interpréter,
5 bien entendu, la musique de Mozart. Ceci se déroulait dans la cathédrale de
6 Dubrovnik vers 11 heures du matin. Pourquoi ? Parce qu'il n'était pas
7 possible que la représentation ait lieu le soir, le couvre-feu avait déjà
8 imposé, il n'y avait pas d'électricité, si bien qu'il fallait qu'on joue au
9 moment de la journée où on était en mesure de lire les partitions. On en a
10 entendu parlé, cela a été diffusé parce que radio Dubrovnik l'a dit, a dit
11 que les musiciens de Dubrovnik allaient célébrer l'anniversaire du décès de
12 Mozart. Cette radio on peut l'entendre à Trogir ainsi qu'à Dubrovnik, tout
13 le monde a pu être au courant. Vers 7 heures du matin, on voit la colline
14 de Bosanka et Zarkovica. On a installé des hauts parleurs, une sono
15 extrêmement puissante. Ils ont passé de la musique classique, de la musique
16 traditionnelle, des chants serbes avec l'instrument traditionnel gusle.
17 Cela résonnait, ce son résonnait partout aux alentours et dans les villes
18 aux alentours. Ceci a, complètement, gâché notre cérémonie d'anniversaire,
19 cette cérémonie de l'anniversaire de la mort de Mozart. C'était, peut-être
20 aussi, un autre message qu'on essayait de faire passer par là.
21 Q. Est-ce que cela a troublé le concert en l'hommage de Mozart ?
22 R. Oui, mais cela nous a fait dire que c'était là justement la différence
23 entre nous et ces gens-là. C'était là que l'on pouvait désigner et voir
24 clairement la différence entre eux et nous. Nous, on jouait du Mozart et
25 eux de gusle. Bien entendu, je n'ai rien contre le gusle, contre cet
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1 instrument, chacun choisi l'instrument qu'il veut, mais en tant que
2 musicien, je pense qu'on n'a pas à se mêler de ce que les autres font et
3 que chacun doit apprécier et jouer la musique qui lui plaît.
4 Q. Passons maintenant au 6 décembre, s'il vous plaît ?
5 R. Vers 5 heures et quart, 5 heures 20, c'était tonitruant dès le matin.
6 Nous avons cru que les explosions que nous avions entendues jusqu'à
7 maintenant étaient les plus fortes, mais maintenant c'était un fortissimo
8 vraiment de toutes ces pièces d'artillerie qui ont touché, non seulement,
9 la ville et les environs, mais le centre ville. C'était cette fameuse date
10 fatidique du 6 décembre lorsque Belgrade a été humiliée. Lorsque ces
11 palais, ces églises et ces archives qui duraient depuis plusieurs siècles
12 déjà, et voilà, que maintenant tout d'un coup, ils sont démolis, où entre
13 autre, se conservaient les archives des grands princes serbes, Nemenjic,
14 Dusan, et cetera. C'est pour cette raison là, du moins, que je ne suis pas
15 en mesure de comprendre la raison pour laquelle on a dû, tout de même,
16 raser ces archives qui duraient les siècles durant.
17 Q. En traduction, vous avez utilisé un terme pour "centre-ville." Est-ce
18 que vous voulez parler de la vieille ville ?
19 R. Je parle uniquement de ce qui se trouve intra muros, c'est-à-dire,
20 cette vieille ville. C'était ma communication à moi et ma communication
21 avec la ville. Je ne pouvais pas avoir d'information de ce qui se passait
22 en dehors des murailles. En tout cas, je peux dire avec certitude qu'à tant
23 de reprises, je me suis trouvé au bon moment, au vrai moment, il le fallait
24 dans la vieille ville.
25 Q. Vous avez fait mention d'un fortissimo de "ces instruments" qui sont
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1 les leurs. Vous musicien que vous êtes et compositeur, que voulez-vous dire
2 par là ?
3 R. Il y a différentes mentions pour nous, il y a forte, fortissimo, ff
4 forte et fortissimo, c'est ce qu'il a de plus fort, c'est ce qui est
5 pratiquement dépasse tout les seuils et les limites de l'ouie de l'homme.
6 Q. Parlant "d'instruments" et de leurs pièces comme vous dites. Vous vous
7 référez à quoi ?
8 R. Je me réfère à tous ces canons, ces mortiers, aux appareils dans les
9 air, je pense aux canonnières. Peu s'en fallait-il de voir quelque chose
10 faire irruption des entrailles de la terre, mais voilà cela n'est pas
11 arrivé.
12 Voyez-vous lorsque nous parlons d'un obus qui percute quelque part la
13 vieille ville, c'est qu'il y a au moins une quinzaine d'échos qui suivent à
14 un impact d'obus. Par conséquent, vous ne pouvez pas le localiser bien, et
15 voilà que s'établi à mes oreilles une véritable cacophonie. Vraiment, c'est
16 un miracle de ne pas nous voir tous complètement rendu fous, à moins de
17 dire que nous avons risqué aussi de nous voir frapper par ces shrapnels,
18 par ces éclats d'obus.
19 Tant des gens qui couraient ça et là. On ne pouvait pas savoir comment et
20 d'où on tirait, alors qu'on savait très bien tout de même, parce qu'on
21 tirait à partir de l'est, les tirs provenaient de l'est.
22 Q. Pouvez-vous nous dire un petit peu au sujet de l'intensité de ce
23 pilonnage en date du 6 décembre ?
24 R. Le pilonnage a commencé par ce ff, forte fortissimo. C'est-à-dire pour
25 autant que je peux en déduire, on devait tirer depuis Bosanka Zarkovica,
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1 c'est-à-dire, dans l'arrière de Dubrovnik. Ensuite depuis Cavtat, du côté
2 où se trouve l'aéroport de Dubrovnik, et puis il faut dire que les
3 canonnières, les navires ne mouillaient pas vraiment. Ces vaisseaux
4 circulaient sans cesse, opéraient sans cesse et en opérant ainsi dans leur
5 course, les vaisseaux n'arrêtaient pas de tirer.
6 Q. Je dois maintenant vous demander --
7 R. Excusez-moi de vous interrompre. La ville de Dubrovnik se trouvait sous
8 la protection de l'UNESCO. La ville de Dubrovnik abritait tant de
9 bibliothèques, d'édifices, de bâtiments, et d'immeubles importants, tels
10 bibliothèques, et cetera, disais-je, qui portaient l'emblème de l'UNESCO
11 comme étant des monuments de la culture. Il me semble que se sont justement
12 ces édifices-là qui ont le plus été touchés.
13 Q. Monsieur, je crois que le moment venu, plus tard, au bon moment, nous
14 allons voir tous ces drapeaux, insignes et emblèmes mais je voudrais que
15 vous me répondiez de façon aussi compendieuse que possible.
16 Vous nous avez parlé de fortissimo, est-ce que, pour emprunter le terme de
17 compositeur, peut-on parler d'un diminuendo à un moment donné, y a-t-il eu
18 une trêve quelconque ?
19 R. Parlant musique, personne n'a vraiment eu plaisir d'en jouir de cette
20 musique-là. On devait la fuir cette musique-là, pour avoir la vie sauve.
21 Mais je crois que ceci devait durer de 5 heures, 5 heures 30 du matin
22 jusqu'à la nuit tombante presque, vers le soir, 5 heures 30, et cetera.
23 Mais avec les va-et-vient, on peut parler de la dynamique de cette musique.
24 Il faut dire que j'ai été contraint de l'écouter et de l'entendre. Ce
25 n'est pas de dire que j'ai pu en prendre une jouissance quelconque.
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1 Q. Avez-vous été témoin oculaire des pilonnages par lesquels la vielle
2 ville a été touchée jusqu'à 5 heures et quart ? Cela, à observer le tout à
3 partir de votre maison, ou peut-être à partir d'un autre emplacement ?
4 R. Je crois que c'est maintenant que nous allons voir, nous allons voir le
5 visionnage enfin de cette cassette, qui concerne notamment le pilonnage de
6 5 heures et quart jusqu'à une heure, c'est-à-dire, jusqu'à l'heure où mes
7 piles tenaient encore, n'étaient pas à secs. Je veux peut-être, si je me
8 souviens bien, pouvoir définitivement expliquer pourquoi tout cela a duré
9 jusqu'à 5 heures, 5 heures et quart ou 6 heures, je ne saurais le faire.
10 Par conséquent, essayons de nous concentrer sur la cassette vidéo, sur le
11 film, qui lui me semble beaucoup plus élégant.
12 Q. Nous allons voir la cassette tout à l'heure. mais vous parlez de cette
13 attaque en date du 5, le jour ou vous avez justement dirigé ce concert de
14 Mozart, en l'honneur de Mozart, et ce que l'attaque a vraiment eu lieu le
15 5, ou une autre date, une autre jour ?
16 R. Non. Non. Non. La principale attaque a eu lieu le 6 décembre, mais nous
17 allons parler du 5 comme étant, en l'honneur de Mozart, ouverture à tout
18 cela ?
19 Q. Merci, monsieur. Je crois que nous avons tout de même vu cela dans le
20 transcript.
21 Maintenant nous allons revoir votre séquence vidéo. Nous allons voir ce
22 qui c'était passé en date du 6. In extenso, cette cassette vidéo sera
23 visionnée en l'honneur de et à l'intention de, la Chambre de première
24 instance. Maintenant, je voudrais que vous me disiez quelque chose sur ce
25 que vous avez fait, par exemple, en date du 7 décembre.
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1 R. Etant donné que les mois durant déjà, il y avait un couvre-feu décrété.
2 Par conséquent, on ne pouvait pas quitter la maison après 9 heures du soir.
3 En date du 6, on a levé le couvre-feu. Par conséquent, j'ai pu m'en aller à
4 travers la ville avec ma camera, mon caméscope en main pour filmer ce que
5 j'ai voulu. Tout simplement enregistrer ce que j'ai considéré comme étant
6 important pour être enregistré.
7 Q. Alors, revenons-en à ce que vous dites. Alors votre cassette vidéo,
8 c'est approximativement 13 minutes et 37 seconds. Je vais solliciter
9 l'assistance de ma consoeur, Mme McCreath, pour qu'elle retrouve les
10 fragments pertinents de cette cassette vidéo, à laquelle je viens de faire
11 référence.
12 [Diffusion de cassette vidéo]
13 R. Excusez-moi, mon écran n'a pas été branché. Cela va.
14 Arrêtez-vous maintenant, s'il vous plaît. Nous sommes maintenant dans la
15 vielle Ville, et nous sommes juste au pied du monastère des dominicains. Le
16 long de ce mur nous présente la partie centrale de l'église, l'autel, en
17 effet. Ici, ce que je montre maintenant, ceci doit être un obus, long d'un
18 mètre au moins. Je l'ai vu lorsqu'on l'a retiré. L'obus a percuté l'église
19 sans exploser. A vous d'imaginer ce qui aurait pu évidement advenir de
20 l'église si seulement l'obus avait explosé.
21 C'est de ce côté-là, côté est du monastère des dominicains.
22 Q. Avant de poursuivre le visionnage de cette casette vidéo, je voudrais
23 demander à l'Huissière de vous présenter cette carte, j'espère pouvoir vous
24 suivre dans votre parcours, ce matin là, en date du 7 décembre. Et quant à
25 vous, armé de ce marqueur bleu, que madame l'Huissière vous tendra
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1 maintenant, vous êtes prié de vous en servir pour indiquer le parcours qui
2 était le vôtre. D'abord, indiquez-nous le premier point, par une lettre
3 petit A, là où vous parliez de l'obus que vous avez retrouvé au pied du mur
4 est du monastère.
5 L'INTERPRÈTE : Nous n'entendons plus le témoin.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est ici.
7 M. KAUFMAN : [interprétation]
8 Q. Très bien. Est-ce que vous y avez apposé le petit A, monsieur ?
9 R. Oui, justement près de l'église, près d'un mur.
10 Q. Et puis, mettez encore le petit A près de l'emplacement de l'obus qui
11 n'a pas explosé.
12 R. [Le témoin s'exécute]
13 Q. Poursuivons, s'il vous plaît. Lorsque vous souhaiterez que l'on arrête
14 le défilement de la cassette vidéo, vous m'avez que me dire "stop". Quant à
15 moi, j'en ferai autant pour vous poser des questions. Montrez-nous le plus
16 d'édifices possibles, et cela a l'intention de la Chambre de première
17 instance, au fur et mesure, que nous regardons défiler la cassette vidéo.
18 [Diffusion de cassette vidéo]
19 R. Voilà maintenant, nous sommes à l'entrée de la vieille Ville. On voit
20 tous ces débris, à savoir, les pierres cassées, parties des toitures, cela
21 craque sous nos pas. Arrêtez-vous ici, stop, s'il vous plaît.
22 Lors des toutes premières attaques contre Dubrovnik, d'abord les gens qui
23 étaient chargés de la protection de Dubrovnik, ce sont servis de planches,
24 de grands madriers pour protéger tels ou tels monuments. Par exemple,
25 prenez l'exemple de cette église. Ce que je suis en train de montrer ici,
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1 voilà ce trou qui ondulait de cette église, laquelle église est en train
2 d'être réparé ces jours-ci, a été touché à cet endroit justement. Il
3 s'agit, comme je disais tout à l'heure, de l'église, du monastère, des
4 dominicains.
5 Je vous remercie, poursuivez, s'il vous plaît le visionnage.
6 [Diffusion de cassette vidéo]
7 R. Voilà un citoyen qui me dit qu'il faut que je me rende dans d'autres
8 rues, également pour voir toutes ces atrocités. Ce que vous voyez aussi ces
9 pierres taillées, ce sont les pierres qui se trouvent devant l'atelier d'un
10 artiste, mais ici, ce n'est plus le cas, ce sont des débris de pierres.
11 Arrêtez-vous ici, stop, s'il vous plaît.
12 L'édifice que je vous montre maintenant, abrite la bibliothèque, les
13 archives de Dubrovnik, qui datent de plusieurs centaines d'années, y sont
14 conservés les documents qui relatent à l'histoire de tous les pays des
15 Balkans. Je ne sais pas vraiment pour quelle raison on a dû tirer sur ce
16 bâtiment. Le toit a été touché, mais je crois que le tout a été l'œuvre de
17 ces obus qui ont tombé. Vous pouvez voir des traces d'impact.
18 Poursuivez, s'il vous plaît.
19 M. KAUFMAN : [interprétation]
20 Q. Monsieur, avant d'aller plus loin, pouvez-vous nous montrer sur la
21 carte, où se situe l'adresse de ces archives?
22 R. Oui, c'est ce bâtiment-ci en le montrant avec un pointeur.
23 Q. Est-ce que peut-être sur la carte vous pouvez apposer le petit B, un
24 petit B tout près du bâtiment des archives ?
25 R. Voilà.
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1 Q. Mon éminent collègue, Maître Re, nous propose de vous donner d'abord un
2 feutre un peu plus fin pour ne pas que la lettre soit trop grosse.
3 Poursuivons le visionnage, Monsieur, sur votre écran.
4 [Diffusion de cassette vidéo]
5 R. Voulez-vous vous arrêter, s'il vous plaît. Plus tard, disais-je, avant
6 de venir dans la rue principale, on pourra remarquer par exemple que ce mur
7 a été marqué de jaune, à la peinture jaune. Plus tard, nous verrons la même
8 couleur jaune sur une autre maison. Or j'ai pu me tourner vers quelqu'un
9 qui se trouvait là. Il y avait beaucoup de gens.
10 [Diffusion de cassette vidéo]
11 M. KAUFMAN : [interprétation]
12 Q. On y arrivera tout à l'heure, Monsieur, une question vous sera posée,
13 justement portant sur cela.
14 R. Oui, d'accord mais je voulais justement attirer votre attention sur
15 cette partie en jaune.
16 Q. Monsieur, où en sommes-nous maintenant ?
17 R. Nous sommes maintenant dans le Stradun, rue principale et la plus
18 importante. Voici maintenant le vieux port. Maintenant nous nous engageons
19 dans la rue principale.
20 Q. Très bien. Mais si vous pouviez peut-être suivre notre curseur, est-ce
21 qu'il n'y a pas là un tuyau, un tube ou quoi ?
22 R. Oui. En effet parce qu'il y avait beaucoup de vent et il y avait le feu
23 et comme le couvre-feu a été levé, le SOS international a été donné. Notre
24 maire, M. Rudolf, a obtenu une promesse de la part de -- que cela devait se
25 faire, qu'en ce jour-là, la ville de Dubrovnik ne devra pas être pilonnée,
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1 bombardée. Or le tube que vous voyez là, nous servait pour pomper de l'eau
2 à partir de la mer pour pouvoir maîtriser le feu dans Dubrovnik.
3 Q. Le visionnage se poursuit.
4 [Diffusion de cassette vidéo]
5 R. Voici maintenant au fond de Stradun, le monastère des franciscains, lui
6 aussi touché. Ensuite vous avez vu au passage, le palais qui abrite le
7 festival de Dubrovnik. Ensuite l'église Saint-Blaise. Voilà en dessous de
8 ce drapeau, vous pouvez voir qu'une vieille, très belle balustrade a été
9 touchée et démolie. Nous parlons toujours de l'église Saint Blaise. Cela ne
10 fait que corroborer la thèse qui est la mienne, c'est qu'on visait
11 notamment les emplacements des emblèmes et insignes tels qu'arborés ici.
12 Q. Nous allons voir cela tout à l'heure, plus tard. Etes-vous sûr,
13 Monsieur, qu'il s'agit du drapeau de l'UNESCO ? Si vous n'êtes pas certain,
14 dites-nous, "Je ne suis pas certain."
15 R. S'il s'agit de toute façon d'un drapeau de l'UNESCO ou pas mais en tout
16 cas il s'agit de l'insigne qui disait comme quoi il s'agit d'un lieu
17 protégé, à ne pas dévaster surtout. Je crois qu'on a toujours intitulé cela
18 comme étant le drapeau de l'UNESCO.
19 Q. Bon, peut-être qu'il s'agit d'un point de droit que nous allons laisser
20 tout à l'heure aux avocats pour le trancher. Le visionnage se poursuit.
21 [Diffusion de cassette vidéo]
22 R. Voilà c'est ici que l'obus a atterri. Peut-être à un mètre ou à un
23 mètre ou deux seulement de l'emplacement où se trouvait arboré le drapeau
24 pour indiquer la protection nécessaire de ce bâtiment. Il s'agit d'ailleurs
25 d'une église, il s'agit d'un palais également qui abrite disais-je, le
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1 festival d'été, les jeux d'été de Dubrovnik. A gauche se trouve la mairie,
2 là où je me trouvais moi pour filmer. C'est à 50 mètres seulement de là où
3 se trouvaient les archives. C'est au numéro 13, ici sur la carte.
4 [Diffusion de cassette vidéo]
5 R. Voilà, nous sommes toujours au même endroit. Pour voir notamment à
6 droite par rapport à l'église un trou, lieu d'impact d'un autre obus. Il en
7 est un autre pour parler de trou. Voilà cet obus a coûté la vie à un jeune
8 photo reporteur de Dubrovnik. Je ne sais plus comment il s'appelait. Si, il
9 s'appelait Pavo Urban. Il ne devait pas avoir plus de 19 ou 20 ans,
10 étudiant au conservatoire, la photographie notamment. Malheureusement, cela
11 aurait dû être ses toutes dernières photos prises de Dubrovnik et dans
12 Dubrovnik.
13 M. KAUFMAN : [interprétation]
14 Q. Monsieur, avez-vous en effet vu vous-même, avez-vous été le témoin
15 oculaire de tout cela ? De la mort de Pavo Urban ?
16 R. Non. Je ne l'ai pas vu. Je n'ai pas vu cela mais c'est d'après ce que
17 sa mère m'a dit. C'est-à-dire lui habitait non loin de là et à un moment
18 donné, lui est tombé sous les coups de cet impact. Quelqu'un était parti à
19 sa rescousse pour le retirer de là-bas mais malheureusement, il n'y avait
20 plus rien à faire pour lui venir en aide.
21 Q. Monsieur, ce que vous dites maintenant à la Chambre de première
22 instance, vous en parlez d'après ce que vous avez entendu par d'autres,
23 vous ne l'avez pas vu vous-même ?
24 R. Ce que j'ai dit, ce n'est pas que je l'ai vu, non pas filmé. C'est sa
25 mère, la mère de Pavo qui m'en a parlé. C'est quelqu'un qui a travaillé
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1 pendant tant d'années pour les programmes de radio et de télévision, c'est
2 quelqu'un que l'on peut croire.
3 Q. Bon. Allons de l'avant. Est-ce que vous pouvez, peut-être auprès de cet
4 emplacement là, apposer en le marquant cet endroit par un petit C, c'est-à-
5 dire près de l'église où l'obus a atterri.
6 R. [Le témoin s'exécute]
7 Q. Merci beaucoup. Voyons, poursuivons le visionnage. Voyons ce qui se
8 passe à l'écran.
9 [Diffusion de cassette vidéo]
10 R. Regardez les visages paniqués. L'air complètement perdu de ces gens-là.
11 Et puis regardez ici ces magasins qui ont été touchés. Ici aussi ce que je
12 montre maintenant, on voit le drapeau de l'UNESCO arboré. Il s'agit des
13 archives de Dubrovnik.
14 C'est là que je vais descendre avec ma caméra pour filmer la tour de
15 l'horloge où on devrait lire midi moins vingt.
16 M. KAUFMAN : [interprétation]
17 Q. Et en quoi consistait l'importance, la signification de cette heure-là,
18 à laquelle vous faites référence ?
19 R. Je voulais dire, vous allez le voir vous-même qu'en ce moment-là, la
20 ville est vide, les gens sont dans leurs abris, le signal d'alerte a été
21 donné, seuls des gens braves et courageux sont là pour aider ou réparer
22 ceci ou cela. Alors un autre instantané typique pour la ville de Dubrovnik.
23 Vous allez voir pas mal de magasins. Vous allez voir le bureau de la banque
24 de Dubrovnik. Ensuite vous allez voir les magasins de chaussures ou
25 d'œuvres d'art où rien n'a été pris, rien n'a été pillé, par conséquent, le
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1 tout témoigne de cette culture et des normes culturelles de vie des gens
2 qui habitent la ville de Dubrovnik.
3 [Diffusion de cassette vidéo]
4 R. Voilà, arborait au plus haut de la forteresse de Minceta, le drapeau de
5 l'ONU.
6 M. KAUFMAN : [interprétation]
7 Q. Le jour précédent, on pouvait voir le drapeau flotté là-bas.
8 R. Certainement, certainement, pendant plusieurs jours précédents, on
9 pouvait voir le même drapeau flotté, là-bas.
10 [Diffusion de cassette vidéo]
11 R. On peut voir toutes ces voitures. Il s'agit de voitures qui sont la
12 propriété des habitants de Dubrovnik. Comme je n'ai pas enregistré la date
13 de mes tournages, maintenant quelqu'un viendra à ma rencontre et je lui
14 demanderai justement la date de ce jour-là ?
15 D'ordinaire avant la guerre et après la guerre, c'est bondé de monde dans
16 cette rue principale. Voilà que maintenant, rares sont les hommes qui tels
17 des silhouettes passent tout près des murs pour ne pas se faire toucher par
18 un projectile. Voici le beffroi, le clocher du monastère des franciscains,
19 lui aussi touché. Je crois que le tir devait avoir la provenance de
20 Zarkovica, en ligne directe, en tir direct. D'aucune autre position,
21 d'aucun autre emplacement, on ne pourrait en faire autant. Là, aussi, sur
22 le clocher, vous pouvez voir l'emblème de la Croix rouge, quelque chose à
23 protéger. Domus Christus, c'est la maison du Christ. C'est là où les gens
24 venaient pour recevoir de l'aide, des médicaments et des soins. Chemin
25 faisant disons que ce bâtiment abrite à l'une des apothèques les plus
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1 anciennes enfin dans la région.
2 Excusez-moi. Je crois que là, aussi, un obus de Maljutka ou un missile a
3 percuté le mur. Si vous pouvez peut-être faire défiler un peu plus à droite
4 pour que je vous montre mieux. Voilà.
5 A droite, le missile a percuté les murs d'où semblait, comme cela, sortir
6 une espèce de fil de l'engin non explosé.
7 M. KAUFMAN : [interprétation]
8 Q. Monsieur, cette cassette vidéo ne nous permet pas de voir clairement
9 tous ces films, mais voilà nous vous croyons sur parole.
10 Pouvez-vous nous dire pour nous situer du point de vue géographique, quels
11 seraient les emplacements qui se trouvent directement à l'opposé du lieu de
12 l'impact ?
13 R. Il s'agit de parler de l'est.
14 Q. Qu'avons-nous à l'est, géographiquement parlant, à regarder la carte ?
15 R. Nous sommes près de la lettre A, c'est-à-dire, ce que nous avons vu
16 tout à l'heure comme étant ce que nous avons interprété comme étant
17 Zarkovica.
18 Q. Merci Monsieur. Tout à l'heure, je vais vous faire voir une photo de ce
19 dôme, de cette coupole, de ce clocher, enfin, on ne peut pas le voir
20 maintenant, mais plus tard, on le verra bien.
21 [Diffusion de cassette vidéo]
22 M. KAUFMAN : [interprétation]
23 Q. Est-ce que vous pouvez poursuivre votre commentaire ?
24 R. Je vais vous le dire lorsqu'il a quelque chose d'important à signaler.
25 J'attends de voir l'horloge qui devrait apparaître. Oui, là voici. Il est
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1 11 heures 40 du matin. C'est la vieille horloge de la vieille ville qui
2 fonctionne depuis des siècles. Elle marche encore aujourd'hui. Elle dit
3 l'heure exacte.
4 Alors vous avez écoutez le texte. Question : "Quelle est la date ?" Réponse
5 : "Le 7 décembre." Vous avez entendu une personne qui m'a dit quelle était
6 la date, le 7 décembre 1991.
7 La seule personne qui pouvait aller et venir, écoutez la bande sonore. Vous
8 voyez tout est en miettes. Cela, c'est un café bien connu avec une
9 pharmacie qui est juste à côté.
10 Les gens essayent de sauver ou de récupérer ce qui peut être sauvé. Cela,
11 c'est la rue Zudioska, la rue des Juifs. Vous pouvez arrêter l'image un
12 instant, s'il vous plaît. A ma droite, vous avez la rue appelée Zudioska,
13 où se trouve une des plus anciennes synagogues d'Europe. Elle a, également,
14 été touchée malheureusement. Je n'ai pas pu filmer cela, mais je sais par
15 la documentation officielle qu'elle a été, également, touchée. Nous pouvons
16 poursuivre.
17 Q. Bien. Avant, que nous ne fassions cela, vous avez parlé des gens qui
18 essayaient de protéger tout ce qu'ils pouvaient. Nous avons connaissance
19 des nouvelles de ce qui a eu lieu, des événements, des tragédies qui ont eu
20 lieu, et cetera et notamment, les problèmes de pillage. Est-ce qu'il y a eu
21 du pillage à Dubrovnik ?
22 R. C'est de cela que je parlais, il y a un instant. Vous voyez à ma gauche
23 là, un jeune homme qui est un vendeur de ce magasin et qui est en train de
24 mettre des planches. Ici, à ma droite, il y a un autre habitant. Il n'y a
25 pas eu un seul cas de pillage ni de destruction. C'était caractéristique
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1 des habitants de Dubrovnik, ils n'ont pas voulu voler quoi que ce soit, à
2 qui que ce soit.
3 [Diffusion de cassette vidéo]
4 R. Quand Dubrovnik, par la suite, a eu des réparations, toutes les voûtes
5 ont été remplacées par de nouvelles voûtes parce qu'elles avaient été
6 détruites. On voit, un peu plus loin, une façade en pierre, qui a
7 littéralement fondu à cause de l'extrême chaleur. Il a fallu la refaire.
8 Voici, une rue où un jeune homme a été tué. Ce jeune homme a été tué. Il y
9 avait un magasin qui se trouvait là, qui s'appelle Mediator. Il a été tué
10 par un éclat d'obus qui l'a touché juste en plein cœur. Je crois qu'il
11 avait 18 à 19 ans. C'était dans cette rue-ci.
12 M. KAUFMAN : [interprétation]
13 Q. Encore une fois, s'il vous plaît, Monsieur le Témoin, pourriez-vous
14 donner le nom de la rue ? Si vous ne pouvez pas --
15 R. C'est la rue de Miha Pracata, je crois, et le nom de ce jeune homme
16 était Skocko, je crois.
17 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, avec votre feutre bleu, marquer la
18 lettre D sur la rue à partir du moment où on quitte Stradun. Juste marquer
19 une lettre D au point du Stradun et de cette rue.
20 R. Voici, l'endroit où il a été tué dans cette rue.
21 Q. Bien. Merci. Poursuivons.
22 [Diffusion de cassette vidéo]
23 R. Bon. C'est toujours la même histoire partout. Les gens sont en train de
24 clouer ces planches. Voici, la rue Palmoticeva. J'ai vécu personnellement
25 dans cette rue pendant le passé. Juste au coin, il y a une banque, personne
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1 n'a touché la banque. Personne ne se trouve à la banque. Comme dans toute
2 de banque, il y a, probablement, beaucoup d'argent qui s'y trouvait.C'est
3 toujours la même histoire qui se répète indéfiniment. Nous allons
4 maintenant arriver au bâtiment du festival, du festival de Dubrovnik, vous
5 voyez, on n'y voit personne. Zarkovica se trouve là-haut, on peut le voir
6 d'ici. Vous voyez ici que, non seulement, la rue principale mais également,
7 toutes les rues avaient été prises pour cible et avaient subi des
8 destructions.
9 Là, il y avait une boutique de produits de beauté. Là, une rue où il y
10 avait des cafés bien connus de Dubrovnik. C'est la rue dans laquelle je
11 suis né, en l'occurrence.
12 Cette rue-ci s'appelle Siroka. Il y a un immeuble extrêmement important au
13 point de vue de sa valeur qui a été touché ici. Ce n'était pas simplement
14 un immeuble, c'était un palais. Lorsqu'on se rapproche, vous verrez ce dont
15 il s'agit, et vous pourrez apprécier la valeur et le caractère ancien de
16 cette construction. Vous verrez tous les gravas et les débris et l'ampleur
17 des dommages.
18 M. KAUFMAN : [interprétation]
19 Q. Vous parlez d'un palais, un palais tout à fait spécial qui a été touché
20 ce jour-là dans cette rue précisément. Est-ce que vous savez l'adresse
21 exacte qui correspond à ce palais ? Ou peut-être que si vous pouviez
22 marquer sur la carte avec la lettre suivante de l'alphabet qui si je me
23 trompe, est la lettre E.
24 R. Très bien. Voici exactement où cela se trouve. Je vais maintenant
25 porter la caméra dans l'autre côté que vous allez voir.
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1 Un artiste de Dubrovnik, Ivo Grbic, ou plus exactement son atelier était
2 là. Du jour au lendemain, il a tout perdu; ses toiles, ses peintures, son
3 matériel, sa maison, tout. Lui et sa sœur sont restés, du jour au
4 lendemain, ils n'avaient plus de domicile, ils n'avaient plus de maison.
5 [Diffusion cassette vidéo]
6 R. Dans cette maison-ci, le célèbre poète de Dubrovnik, Ivo Vojinovic, qui
7 a longtemps vécu à Dubrovnik, mais qui a, également, vécu à Belgrade, se
8 trouve ici. Ses œuvres ont été représentées. C'est un grand écrivain, et on
9 continuera d'ailleurs à le représenter dans le monde entier.
10 M. KAUFMAN : [interprétation]
11 Q. Est-ce que sa maison a été touchée le 6 décembre, Monsieur le Témoin ?
12 R. Oui, oui, c'est le 6, effectivement. Tout ce que nous regardons a été
13 touché le jour précédent.
14 Q. Quelle est l'adresse exacte de cette maison ?
15 R. A partir de cette intersection ici.
16 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît inscrire la lettre F, de façon à ce que
17 l'on puisse garder la trace de tout ceci, une toute petite lettre F.
18 R. Que voulez-vous dire par "une toute petite lettre F ?" En minuscule ou
19 en majuscule ?
20 Q. Oui, parce que nous ne voulons pas faire de confusion par la suite,
21 quand on les reverra plus tard. Je crois que j'ai sauté une lettre, et si
22 je l'ai fait --
23 R. Je me rappelle très clairement, la mémoire me revient, tous les
24 souvenirs me reviennent. Je ne peux pas me tromper même si je devais
25 répéter le même récit cent fois.
Page 3086
1 M. KAUFMAN : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que j'ai
2 peut-être sauté une lettre de l'alphabet. Le compte rendu d'audience de
3 toute façon l'indiquera de sorte que si nous mettons pour ce bâtiment la
4 lettre F, à ce moment-là, on le verra bien au compte rendu d'audience.
5 Poursuivons.
6 [Diffusion de cassette vidéo]
7 R. Arrêt sur image. Il y a juste un instant, je me trouvais aux archives.
8 J'ai déplacé la caméra vers cette partie qu'on voit là en jaune. J'ai
9 demandé à un des observateurs, je crois qu'il était Belge ou Français, je
10 lui ai demandé ce que c'était ces traces jaunes. Il a dit que c'était
11 probablement des lampes incendiaires ou au phosphore. Il a employé le mot
12 "phosphore." Je me rappelle ceci avec précision. L'intention était
13 d'incendier l'endroit où le projectile arriverait.
14 M. KAUFMAN : [interprétation]
15 Q. Alors, là encore, s'il vous plaît veuillez apposer une lettre, la
16 lettre G à l'endroit ainsi désigné.
17 R. [Le témoin s'exécute]
18 Q. Je vous remercie.
19 [Diffusion de cassette vidéo]
20 R. Maintenant, je traverse la rue de façon à pouvoir filmer le palais du
21 festival. Voici le palais du festival.
22 M. KAUFMAN : [interprétation]
23 Q. Pourriez-vous donner l'adresse exacte, s'il vous plaît, Monsieur le
24 Témoin ?
25 R. Le nom de la rue est Od Sigurate. Quelle lettre voulez-vous que
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1 j'inscrive ici ?
2 Q. La lettre H.
3 R. Le festival d'été se tenait ici, il s'y est tenu depuis 54 ans. En fait,
4 ceci est en quelque sorte un résumé de tout l'esprit et de tout l'art que
5 Dubrovnik a connu jusqu'à maintenant. Ceci inclut Sir Lawrence Olivier,
6 Herbert von Karajan, et Perticaroli, les plus grands artistes de notre
7 époque au cours des 54 dernières années en l'occurrence. C'est là que se
8 trouvaient les bureaux, les pièces officielles ici, il y avait certaines
9 unités administratives, et les combles contenaient les archives. En ce qui
10 concerne Dubrovnik, ceci est tout à fait incompréhensible. Personne à
11 Dubrovnik ne pouvait être convaincu que ce n'avait pas été délibéré, que ce
12 n'était pas intentionnel. C'était précisément avec une intention que ce
13 bâtiment a été pris pour cible afin de détruire l'histoire d'un festival.
14 Ici, à gauche, vous pouvez voir le cloître franciscain. Comme vous pouvez
15 le voir, ce bâtiment a, également, des archives très importantes. Il a,
16 également, été touché à cette occasion.
17 Q. Pourriez-vous me dire exactement ce qui était arrivé aux
18 archives proprement dites ?
19 R. Les archives ont été entièrement détruites. C'est dommage que nous
20 n'ayons pas pu avoir l'ensemble de ces archives sous forme de microfilm,
21 c'étaient des archives uniques au monde. Par la suite, le directeur du
22 festival a demandé aux habitants qui avaient quoi que ce soit, qui étaient
23 allés aux concerts, aux représentations, et qui avaient gardé, par exemple,
24 le programme de ce concert, de bien vouloir les apporter. C'est de cette
25 manière que nous avons réussi à sauver une partie de la documentation. En
Page 3088
1 fait, c'était pitoyable, c'était vraiment, extrêmement triste pour ces
2 archives.
3 C'était la destruction d'une période magnifique de l'histoire du festival
4 de Dubrovnik.
5 Q. Monsieur le Témoin, il semble que vous connaissez bien ce bâtiment. Y
6 a-t-il une raison particulière pour que cela soit le cas ? Est-ce que vous
7 pourriez nous éclairer quant aux caractéristiques historiques et
8 architecturals de ce bâtiment.
9 R. C'était un palais. A l'évidence tout avec à l'intérieur des peintures
10 et des fresques. Tous les parquets étaient magnifiques. Il y avait
11 également des tomettes magnifiques italiennes qui avaient des centaines
12 d'années. En fait, même quand j'étais enfant et également par la suite en
13 tant qu'artiste reconnu et de renom, j'ai moi-même donné des
14 représentations au festival de Dubrovnik et j'ai eu des concerts, j'ai eu
15 un de mes concerts importants qui a eu lieu au palais. Cette comédie
16 musicale a également été représentée dans l'un des plus grands théâtres de
17 Belgrade, à Belgrade. C'est également un spectacle qui a fait le tour du
18 monde : A Moscou, à Leningrad, à Split, comme je l'ai dit à Belgrade. A
19 cette époque-là, il a également été représenté à Dubrovnik pendant le
20 festival d'été. Je crois que c'était en 1988 de sorte que j'ai vraiment eu
21 des sentiments très profonds concernant ce bâtiment. Je le connais très
22 bien comme je l'ai dit. L'architecture est magnifique d'une façon générale
23 et est magnifique.
24 En bas, il y avait un café où beaucoup d'artistes se retrouvaient et où les
25 artistes du monde entier, les plus grands artistes pouvaient passer et
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1 prendre une tasse de thé ou du café.
2 [Diffusion de cassette vidéo]
3 R. Vous pouvez le voir ici que cette femme n'arrive pas à se décider pour
4 savoir si elle va traverser la rue en courant, passer de l'autre côté.
5 Ici on peut voir les pierres qui ont littéralement fondues. Et voici une
6 maison appartenant à une famille. On peut en voir le blason. C'est une
7 maison appartenant à une famille qui a peut-être 500 à 600 ans et qui a des
8 armoiries. Un peu plus loin, là vous voyez que la température extrême a
9 fait littéralement fondre la pierre.
10 M. KAUFMAN : [interprétation]
11 Q. Est-ce que vous pourriez donner l'adresse précise de ce bâtiment avec
12 ce blason, est-ce que vous la connaissez ?
13 R. C'est également la rue Od Sigurate mais vu de l'autre côté, voilà le
14 palais des Festivals et voici le bâtiment en question. Est-ce que je mets
15 une lettre pour le désigner ?
16 Q. Oui, s'il vous plaît. C'est la lettre I maintenant. Si vous pouvez
17 écrire une toute petite lettre I.
18 R. [Le témoin s'exécute]
19 Q. Je vous remercie.
20 [Diffusion de cassette vidéo]
21 R. Vous pouvez voir aussi que tout a été vidé, que tout est brûlé. On peut
22 voir les pierres qui ont fondues. Si je puis, [imperceptible] vous pouvez
23 voir les gens qui courent, qui ne se sentent pas du tout en sécurité, qui
24 traversent les rues en courant, ce sont des gens que j'ai rencontrés, des
25 amis à Dubrovnik. Nous nous connaissons tous plus ou moins les uns, les
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1 autres. Il s'agit de gens qui ont une vingtaine d'années environ de sorte
2 qu'il serait logique qu'il soit dans l'armée mais en fait c'est des
3 personnes qui normalement vivaient en ville.
4 M. KAUFMAN : [interprétation]
5 Q. S'il vous plaît voudriez-vous regarder la coupole, le dôme qui se
6 trouve là, Monsieur le Témoin, sur ce bâtiment, ce monument, qu'est-ce que
7 c'est exactement ?
8 R. Bien, c'est le dôme que l'on a vu il y a un moment. C'est le clocher du
9 cloître franciscain et on voit que l'obus venait de la direction de
10 Zarkovica.
11 Q. Monsieur le Témoin, est-il normal que ce secteur que je vous montre là,
12 avec la flèche, est-ce normal ce que l'on voit ? Où est-ce que c'est une
13 caractéristique pas normale sur ce dôme ? Est-ce que le dôme est endommagé
14 autrement dit ?
15 R. Bon, le dôme est endommage. On y voit un trou. Peut-être que vous le
16 verrez mieux sur les images suivantes et bien sûr ce n'est pas normal. On
17 peut voir également que le clocher est endommagé.
18 Q. Bien, et alors -- vous voulez parler également du paratonnerre ?
19 R. Oui.
20 [Diffusion de cassette vidéo]
21 M. KAUFMAN : [interprétation]
22 Q. Nous sommes toujours sur la rue appelée Stradun, Monsieur le Témoin,
23 lorsque nous regardons cela ?
24 R. Comme vous pouvez le voir il y a certains aspects curieux à cela aussi.
25 Voici un gars très fier de lui qui en quelque sorte est assis sur son vélo
Page 3091
1 moteur et qui passe par la grande rue de Dubrovnik mais sinon ce n'était
2 pas une rue autorisée pour les véhicules à moteur, les véhicules en
3 général.
4 Q. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire le nom de cette rue-ci,
5 Monsieur le Témoin ?
6 R. Le nom de cette rue est --
7 Q. Pourriez-vous s'il vous plaît inscrire la lettre J, minuscule, s'il
8 vous plaît.
9 R. [Le témoin s'exécute]
10 Q. Je vous remercie. Poursuivons.
11 [Diffusion de cassette vidéo]
12 M. KAUFMAN : [interprétation]
13 Q. Bien. Alors maintenant nous suivons cette rue que vous venez de
14 mentionner.
15 R. Oui. Nous allons maintenant atteindre la rue Od Puca. Regardez toutes
16 les destructions, tout ce qui a été endommagé.
17 Voici le palais, la maison dans laquelle cet artiste Grbic vivait. Il a été
18 réparé mais il ne pourra jamais être restauré hormis dans les termes où il
19 était à l'origine. Vous pouvez voir les balcons et voir à quel point cela
20 avait été magnifique. Je dis ceci parce que vraiment je ne vois aucune
21 raison pour laquelle on a ouvert le feu en direction de ce bâtiment parce
22 que c'était là, que se trouvait ce peintre, cet artiste qui y vivait. Il
23 n'y avait aucune raison quel quelle soit de le démolir et que cet homme
24 soit tué.
25 [Diffusion de cassette vidéo]
Page 3092
1 R. Regardez là, ce balcon. On voit qu'il y a du fer forgé avec des
2 ornements en fer forgé. Vous voyez cette partie où on voit encore un feu,
3 enfin on voit encore, qu'il y a de la fumée. Nous verrons le feu dans un
4 instant. Mais pour le moment on voit encore qu'il y a des braises qui
5 fument, en fait une partie est en flamme. Le balcon se trouve de l'autre
6 côté de la rue.
7 Il s'agit de la rue Siroka.
8 M. KAUFMAN : [interprétation]
9 Q. Maintenant, Monsieur le Témoin, je ne crois pas que nous ayons en fait
10 marqué l'emplacement de l'appartement du palais de
11 M. Grbic, peut-être que vous pourriez inscrire la lettre K pour montrer où
12 il se trouvait.
13 R. Si vous me permettez de le faire remarquer, j'avais déjà inscrit la
14 lettre E.
15 Q. Ah.
16 R. Il y a un instant.
17 Q. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.
18 [Diffusion de cassette vidéo]
19 R. Ceci prouve à quel point les gens ont été humiliés, se sont sentis
20 touchés. On ne pouvait rien acheter. Il n'y avait pas de vivres, il n'y
21 avait pas d'eau, on aurait pu avoir des millions de dollars dans la poche
22 mais tous ces magasins avaient été éventrés, dévastés. On ne pouvait rien
23 se procurer. Poursuivons, si vous le voulez bien. Il y a une scène très
24 intéressante qu'on va voir bientôt.
25 Q. Cette adresse là, où nous étions arrêtés. Est-ce que vous connaissez
Page 3093
1 l'adresse de cet endroit ?
2 R. C'est la rue Od Puca.
3 Q. Est-ce que vous auriez un numéro à nous donner ?
4 R. Je vais vous montrer cela sur la carte. Si, on pouvait me fournir la
5 carte, s'il vous plaît. Je vais ajouter une lettre.
6 Q. Peut-être que c'est la lettre K où nous sommes arrivés maintenant. Est-
7 ce que c'est K ou J ? Utilisez, s'il vous plaît, la lettre K, Monsieur le
8 Témoin.
9 R. K, Oui.
10 [Diffusion de cassette vidéo]
11 R. Stop, s'il vous plaît. Vous pouvez voir ici à l'étage, il y avait un
12 piano de concert. Tout ce qu'il en reste, c'est la carcasse, la carcasse
13 métallique d'un grand piano de concert.
14 Voici, l'église de Saint-Joseph.
15 M. KAUFMAN : [interprétation]
16 Q. Est-ce que l'église de Saint-Joseph a été touchée à votre
17 connaissance ?
18 R. Oui. Ici, au-dessus de la porte, peut-être un demi mètre au-dessus, on
19 voit qu'il y a une sculpture et qu'une statue dont la tête a été en fait
20 arrachée, et on voit ici, une inscription qui dit Saint-Joseph vous le
21 rendra cent fois ou puisse-t-il -- puisse Saint-Joseph vous le rendra cent
22 fois.
23 [Diffusion de cassette vidéo]
24 R. [aucune interprétation]
25 M. KAUFMAN : [interprétation]
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1 Q. Est-ce que le palais se trouve à quelle adresse, le savez-vous
2 Monsieur ?
3 R. Il s'agit de la vieille rue Od Puca. A la rue adjacente, quelle lettre
4 faut-il que j'inscrive ici ?
5 Q. L.
6 R. C'est ce que j'ai fait.
7 Q. Est-ce que vous connaissez le nom -- le numéro de la rue concernée, de
8 la rue que vous venez d'indiquer ?
9 R. Je connais ce coin où se trouvait cette maison, c'est maison a brûlé,
10 les murs se sont écroulés, il n'y avait probablement pas de numéro sur la
11 maison parce que je m'en souviendrais, mais en tout cas, j'ai placé, j'ai
12 inscrit le L à l'endroit exact où se trouvait cette maison.
13 Q. Bien. Poursuivons, le visionnage.
14 [Diffusion de cassette vidéo]
15 M. KAUFMAN : [interprétation]
16 Q. Il s'agit du même palais, n'est-ce pas ?
17 R. Oui, le même. C'est le même. C'est pour cela que je n'ajoute rien.
18 Cette femme s'est réfugiée dans l'autre partie de la maison, c'est ce qu'il
19 l'a sauvée.
20 De l'autre côté, il y a également une grande église, qui elle aussi a été
21 touchée, et qui se trouve au centre ville. C'est une église qui n'avait
22 jamais été endommagée précédemment. Mes amis allaient pratiquer leur
23 religion à cet endroit. Tout ce qui se trouve en face de cette maison a été
24 complètement détruit par les flammes.
25 Q. Ce monument, quel est son nom ? Le savez-vous ? Vous dites que c'est
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1 une église.
2 R. Il s'agit de l'église orthodoxe. C'est comme cela que l'on appelle.
3 L'église orthodoxe.
4 Q. Nous avons vu beaucoup de dégâts, et on remarque, que sur le nombre des
5 images que nous avons vues, les toits ont disparu. Est-ce que vous avez une
6 explication à cela ?
7 R. C'est parce que les obus sont tombés sur les toits, et ensuite tout a
8 pris feu. Les obus venaient de l'air, non pas du sol.[Diffusion de cassette
9 vidéo]
10 R. Ici, nous voyons la croix en haut vers Srdj, il a fallu la remplacer
11 par une nouvelle croix. On voit aussi les piliers du funiculaire qui
12 existait avant et qui -- du téléphérique qui a été détruit pendant cette
13 période. Vous avez la base, le pilier de la croix qui domine Dubrovnik et
14 protège Dubrovnik.
15 M. KAUFMAN : [interprétation]
16 Q. Il s'agit du pilier de la base de la croix, mais la croix elle-même,
17 savez-vous ce qui lui est arrivée ? Si vous ne le savez pas, dites-le nous.
18 R. Ils ont pilonné, ils ont bombardé la ville à partir des vaisseaux de
19 guerre, et ensuite, ils ont complètement détruit cette croix. Je crois que
20 c'était une sorte de compétition entre les vaisseaux pour savoir qui allait
21 réussir à détruire complètement la croix. En tout cas, ils ont tiré sur
22 cette croix à partir de la mer.Q. Est-ce que c'est quelque chose que vous
23 savez personnellement ou comment l'avez-vous appris ?
24 R. Plus tard, il y a eu une émission de télévision qui a été réalisé par
25 des journalistes beaucoup connus que je le suis moi-même et qui
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1 expliquaient que les obus venaient du sud sous la croix, et les seuls obus
2 qui pouvaient venir du sud, c'étaient bien entendu, ceux qui étaient tirés
3 par les vaisseaux.
4 Q. Cela, c'est la conclusion des journalistes. Poursuivons le visionnage.
5 [Diffusion de cassette vidéo]
6 M. KAUFMAN : [interprétation]
7 Q. Pouvez-vous nous dire quelle rue nous continuons à emprunter ?
8 R. Nous nous trouvons toujours dans la vieille rue Od Puca. En face de
9 l'église orthodoxe.
10 Q. Veuillez, s'il vous plaît, indiquer cela sur la lettre suivante. Il me
11 semble qu'il s'agit du "M", "M" comme maman. Pouvez-vous indiquer d'un "M"
12 sur la carte l'endroit où se trouvait l'église orthodoxe.
13 R. Oui. C'est ce que j'ai fait. Nous pouvons continuer.
14 [Diffusion de cassette vidéo]
15 R. Ici, c'est juste en face de l'église. Ici, on voit des palais, on
16 reconnaît à l'architecture. Il y avait ici, un blason, sans doute celui de
17 la famille qui possédait ce palais.
18 [Diffusion de cassette vidéo]
19 R. Veuillez arrêter un instant le défilement des images. Ici c'est un
20 endroit. Ce monsieur de Dubrovnik avait un magasin, c'était un Serbe. C'est
21 la boutique des Serbes, disant, ceci pour vous montrer qu'à Dubrovnik, il y
22 avait des gens de tous les milieux, de toutes les appartenances ethniques
23 qui se respectaient tous mutuellement quelque que soit leurs opinions
24 politiques, ou leurs religions. C'est pour cela que j'appelle cela la
25 Butega od Srbina, la boutique des Serbes.
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1 [Diffusion de cassette vidéo]
2 R. Il avait un magasin d'encadrement. Il encadrait des photographies, des
3 peintures. Il vendait cela dans ce magasin.
4 M. KAUFMAN : [interprétation]
5 Q. Vous entendez quelque chose, qu'est-ce que vous dites ?
6 R. Il s'agit de la rue Miha Pracata, mais on appelle généralement cette
7 rue, la rue de l'école de Musique, parce qu'il y a une école de musique
8 dans cette rue. C'est pour cela pour qu'on ait tendance à l'appeler comme
9 cela, la rue de l'école de Musique. Vous avez ici la mosquée de Dubrovnik,
10 c'est la porte que l'on voit ici.
11 Q. Veuillez, s'il vous plaît, au moyen d'un N, nous indiquer sur la carte
12 où se trouve la mosquée de Dubrovnik.
13 R. [Le témoin s'exécute]
14 [Diffusion de cassette vidéo]
15 R. Ici aussi c'est un palais. On va voir le blason de cette famille.
16 M. KAUFMAN : [interprétation]
17 Q. Ceci se trouve sur Miha Pracata ?
18 R. Miha Pracata, oui, c'est cela, c'est la rue Miha Pracata.
19 Q. Est-ce que vous connaissez l'adresse exacte, le numéro de la rue de ce
20 palais que nous allons voir ?
21 R. Il se trouve en face de la lettre N.
22 Q. D'accord.
23 [Diffusion cassette vidéo]
24 R. Vous voyez ici l'emblème de cette famille -- le blason de cette
25 famille. Je ne veux pas donner le nom de cette famille parce que je ne
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1 voudrais pas me tromper, mais c'est un palais qui appartenait à une vieille
2 famille de Dubrovnik. Cela ressemble beaucoup au bâtiment du festival,
3 c'était l'apparence du bâtiment du festival.
4 M. KAUFMAN : [interprétation]
5 Q. Vous voyez --
6 R. Veuillez arrêter un instant la vidéo. Ici, vous avez l'endroit où le
7 jeune homme a été tué. C'est le magasin où il y a la flèche. C'est là, la
8 porte. C'était l'enseigne du magasin, Discont Mediator. C'est là qu'il a
9 été tué. Les tirs l'ont atteint de ce côté-là, enfin, les tirs ont touché
10 cet endroit-là, mais il y a eu des ricochets, des balles perdues, et c'est
11 ainsi qu'il a été tué. Vous voyez, c'était aussi un palais.
12 Q. Vous dites de "ce côté," qu'est-ce que vous entendez exactement par là ?
13 R. Je veux dire cette partie-là que j'indique parce que les tirs venaient
14 de ma gauche, de l'est, c'est là où se trouve l'est. Les obus sont tombés à
15 cet endroit, mais il y a eu ricochets, il n'a pas été touché directement.
16 [Diffusion de cassette vidéo]
17 R. Ici, c'est l'église de Saint-Joseph. Saint-Joseph est décapité.
18 M. KAUFMAN : [interprétation]
19 Q. Vous avez déjà indiqué cet endroit sur la carte, n'est-ce pas, Monsieur
20 ?
21 R. Non.
22 Q. Il me semble que si quand vous avez parlé, mais peut-être pourriez-vous
23 indiquer cet endroit-ci d'un O.
24 R. Non, c'est la maison où se trouve le piano à la lettre K, et, ensuite,
25 le N, c'est le palais, l'église Saint-Joseph est entre les deux. Il faut le
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1 mettre ici.
2 Q. Nous en sommes à la lettre O, n'est-ce pas ? Petit O.
3 R. Oui, O.
4 Q. Il s'agit de l'église Saint-Joseph qui porte l'enfant Jésus ?
5 R. Oui, sûr, c'est cela, mais il est décapité.
6 Q. Il a été décapité ?
7 R. La veille, la veille, le 6.
8 [Diffusion de cassette vidéo]
9 M. KAUFMAN : [interprétation]
10 Q. La rue, c'est la rue Ulica --
11 R. Cubranoviceva.
12 Q. Cette rue-ci ?
13 R. Il me semble qu'il s'agit du bâtiment du festival en face. Ici, c'est
14 Cubranoviceva. Ici, c'est Cubranoviceva à côté du bâtiment du festival.
15 Q. Pouvez-vous nous indiquer ce que nous montre la flèche ?
16 R. On voit qu'il n'y a plus de toit. On voit un endroit où il y avait un
17 toit, mais il n'y a plus de toit. On voit aussi de la fumée qui s'échappe
18 de ce trou. On peut constater que ce bâtiment vient juste d'être endommagé.
19 Q. Est-ce que vous êtes en mesure de nous donner le nom de ce bâtiment ?
20 R. Il s'agit du bâtiment de festival de Dubrovnik.
21 [Diffusion cassette vidéo]
22 R. Ici, vous avez le bâtiment du festival, encore une fois à l'image. Ici,
23 c'est le cloître des franciscains.
24 Ici, c'est là qu'il y a les signes de la Croix rouge. Ici, vous avez la
25 plus vieille pharmacie d'Europe. La Croix rouge pour ceux qui avaient
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1 besoin de soin.
2 M. KAUFMAN : [interprétation]
3 Q. Nous en arrivons à la fin de votre vidéo. Est-ce que l'on peut voir sur
4 cette vidéo, les dégâts occasionnés ce jour-ci au cloître?
5 R. Vous allez pu voir certains palmiers, mais ici maintenant, on entre à
6 l'intérieur, on voit la salle à manger des moines franciscains. Mato
7 Polonio, le père Mato Polonio, il s'appelait comme ça, c'était un ami
8 personnel.
9 Maintenant, on va voir l'endroit où l'obus est tombé dans la salle à
10 manger, dans le réfectoire. Il y a là des archives considérables de
11 Gundulic, Marin Drzic, les grands poètes de Dubrovnik. Ici, c'est le père
12 Polonio.
13 Q. Qui est-il advenu des archives de ces grands poètes ?
14 R. Maintenant, on entend les sirènes qui signalent la fin de l'alerte.
15 Moi, j'ai filmé tout cela, alors que l'alerte était encore valable. Alors,
16 que la situation était encore assez dangereuse. Cet obus ne pouvait venir
17 que de Zarkovica et Bosanska.
18 Ici on a des vieux meubles, qui -- extrêmement anciens -- les dégâts
19 occasionnés.
20 Je voudrais également attirer votre attention sur autres choses. J'ai filmé
21 beaucoup plus longtemps, mais ici nous avons une version abrégée de mon
22 film, mais je voudrais savoir -- je voudrais faire savoir aux Juges que,
23 s'ils estiment nécessaire de le consulter, j'ai plus d'images que je
24 pourrais leur montrer, mais je pense que ceci est assez parlant pour nous
25 expliquer ce qui s'est passé ce jour de 7 décembre, 1991 a Dubrovnik.
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1 Q. Une fois encore, je vous demande de nous dire ce que nous indique la
2 flèche, que l'on voit à l'écran à ce moment.
3 R. Il s'agit d'une partie de ce bâtiment sans prix, qui a des centaines
4 d'années. Il n'y a plus aujourd'hui de tailleurs de pierre en mesure de
5 reconstruire une balustrade tel que celle-ci. C'est là également où se
6 trouve les archives et, également, les travaux d'un grand compositeur de
7 Dubrovnik, les textes de Marin Drzic, et cetera, Osman, Dubravka, et c'est
8 là où j'ai composé un de mes comédies musicales, et on m'a autorisé a
9 utilisé ces locaux. Tous cela s'était une source d'humiliation
10 considérable, tout ces dégages, je ne comprends pas encore a ce jour
11 pourquoi ils ont fait cela.
12 Q. Si vous retenez où, face au mur ou le dos au mur, où se trouvent les
13 dégâts, et si vous regardez en face de vous, et vous regardez vers quelle
14 direction géographique, qu'est-ce que vous voyez ?
15 R. Envers Zarkovica où Bosanska, à 100 %, c'est vers l'est.
16 Q. Nous venons de voir les dégâts occasionnés à la ville de Dubrovnik.
17 Est-ce que le 5 décembre, Dubrovnik présentait la même apparence ?
18 R. Non.
19 Q. Passons à la suite.
20 [Diffusion de cassette vidéo]
21 R. Ici, vous avez le gardien du monastère, et cela c'est le drapeau qui
22 était là. Pendant la nuit, il était tombé.
23 Vous voyez ce qui manque, tous qui a été détruits.
24 Maintenant, nous sommes à l'intérieure du monastère, où les obus sont
25 tombés, les murons était en partie détruits. Ici, nous avons au mur les
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1 images qui représentent les grands hommes de Dubrovnik -- des gens de très
2 grand renoms, qui appartiennent a l'histoire de Dubrovnik, c'est sans doute
3 un ancien conseiller de Dubrovnik, il y a Rudjer Boskovic, Getaldic, ainsi
4 que de grands artistes de la ville.
5 M. KAUFMAN : [interprétation]
6 Q. Merci beaucoup. Nous en sommes arrivés, il me semble-t-il, à la fin du
7 visionnage de votre vidéo. Nous allons demander le versement de ces --
8 R. Le sept. Puis-je vous demander, si nous allons voir les images qui
9 rapportent au six, est-ce que nous allons voir la cause de tout cela ?
10 Q. On peut le faire, si vous voulez, mais, pour l'instant, je vais
11 demander la version de cette pièce. J'ai également des images à vous
12 montrer plus tard, mais, pour l'instant, j'ai d'autres questions à vous
13 poser.
14 JUGE PARKER : [interprétation] Nous devrons nous arrêter à cause de la
15 cassette qui enregistre nos débats. Ce film sera versé en dossier.
16 M. PETROVIC : [interprétation] J'ai quelque chose extrêmement important que
17 j'ai a dire au sujet de ce film, mais, si vous m'en donnez l'autorisation,
18 je pourrai parler de cela toute suite après la pause.
19 JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
20 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
21 --- L'audience est suspendue à 12 heures 24.
22 --- L'audience est reprise à 12 heures 55.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kaufman.
24 M. KAUFMAN : [interprétation] Oui, avant la pause, Me Petrovic, a évoqué
25 une question dont nous avons, ensuite, discutée. Je vais y revenir moi-même
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1 parce que nous sommes en train de visionner une autre partie du film du
2 témoin. Si Me Petrovic estime encore nécessaire de soulever cette question,
3 il pourrait le faire à la fin du visionnage. Comme je viens de le dire,
4 j'ai l'intention de présenter trois minutes de film supplémentaires.
5 Q. Monsieur Jusic, veuillez examiner l'écran qui se trouve devant vous.
6 Vous voyez ici, une scène que l'on peut voir --
7 R. Oui. Cela a été filmé à partir de mon balcon.
8 Q. Quel jour ?
9 R. Il me semble que c'était le 6. C'était le 6.
10 Q. Dans quelques secondes, nous allons voir d'autres images à votre
11 demande et à la nôtre également pour montrer aux Juges ce qui s'est passé
12 le 6 décembre.
13 En regardant la vidéo que vous avez réalisée, que nous sommes en train de
14 visualiser, j'ai remarqué trois dates importantes, trois dates distinctes.
15 D'abord le mois de novembre, nous avons vu c'est pendant que ce mois qu'une
16 voiture a été détruite. Le 7 décembre, on vous a vu déambuler dans la
17 vieille ville, et maintenant le 6 décembre. Qui a rassemblé ces images ?
18 Qui a monté ces images ? Qui a monté ce film ?
19 R. C'est moi qui ai filmé tout cela depuis mon balcon, depuis le balcon de
20 mon appartement. C'est moi qui ai monté le film, si vous voulez employer ce
21 terme, c'est moi qui ai choisi les images les plus importantes.
22 Q. Si on présente les choses de la même manière, c'est vous qui avez monté
23 le film que nous avons visionné aujourd'hui.
24 R. Bon, pendant que j'attendais que les choses évoluent, il y avait de
25 longues pauses, afin d'éviter que le spectateur ne doive attendre, j'ai
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1 procédé à des coupes, j'ai coupé un certain nombre de choses.
2 Q. Ce n'est pas ce que je veux dire. Il s'agit d'un point plutôt purement
3 juridique qui m'incite à vous poser cette question.
4 Je voudrais savoir si vous êtes le seul à avoir monté ce film ou si
5 quelqu'un d'autre est, également, intervenu dans cet exercice.
6 R. Non. Je suis le seul à l'avoir fait.
7 Q. Merci. Je pense que cela précise ce point. Si Me Petrovic, souhaite
8 intervenir à ce sujet, il pourra le faire, en temps utile.
9 Je vais demander à ce que nous visionnions cette partie de la vidéo. Si
10 vous avez envie que nous arrêtions le film, dites-le nous. Si vous avez
11 envie de faire des commentaires, n'hésitez pas.
12 [Diffusion de cassette vidéo]
13 R. Maintenant, on va voir le pilonnage de la vieille ville. Il y avait
14 beaucoup de vent. On peut l'entendre, c'est le vent qu'on appelle le
15 "bura", c'est un vent qui est très connu à Dubrovnik.
16 On peut poursuivre.
17 M. KAUFMAN : [interprétation]
18 Q. Oui. Nous allons entendre, maintenant, des sons bien particuliers, je
19 voudrais éviter que vous ne parliez en même temps. Souvent ce "bura", de
20 quelle direction provient-il ?
21 R. Il souffle de l'intérieur des terres vers la mer. On l'entend
22 d'ailleurs, on l'entend parce que le film a été réalisé en stéréo. On
23 entend le vent souffler mais on entend, également, le sifflement des obus
24 qui passent devant mon nez.
25 Q. Vous parlez de projectiles ou vous parlez d'obus, ceux qui sifflent ?
Page 3105
1 R. Des projectiles, des "obus", j'emploie cela de manière générale. Je ne
2 connais pas très bien cette terminologie. Tout ceci pour vous prouver que
3 les tirs provenaient de l'est et qu'ils étaient dirigés sur la ville, ils
4 étaient dirigés vers l'ouest.
5 Q. Les tirs venaient d'un endroit qui était situé derrière vous, n'est-ce
6 pas ?
7 R. Oui, à ma gauche.
8 Q. Nous allons voir maintenant une partie du film qui a été filmée à quel
9 moment de la journée ?
10 R. Le matin.
11 Q. A quelle heure ou quel jour ?
12 R. Le matin du 6. Vers 8 heures ou 9 heures, disons. Cela on peut le voir
13 parce que le soleil se lève, c'est visible à l'image.
14 Q. Poursuivons.
15 [Diffusion de cassette vidéo]
16 R. Vous avez entendu l'obus ? Vous avez entendu ? Vous avez entendu le
17 sifflement de cet obus ?
18 M. KAUFMAN : [interprétation]
19 Q. Nous pouvons rembobiner si c'est nécessaire, mais peut-être devrais-je
20 demander d'abord aux Juges s'ils ont entendu ce sifflement ?
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
22 M. KAUFMAN : [interprétation] Je souhaiterais que soit consigné au compte
23 rendu d'audience le fait qu'on a entendu un sifflement lors du visionnage
24 de cet enregistrement vidéo à cinq minutes et six secondes précisément.
25 [Diffusion de cassette vidéo]
Page 3106
1 R. Voici maintenant à l'écran le bâtiment de l'école de musique qui vient
2 d'être touché.
3 M. KAUFMAN : [interprétation]
4 Q. Dites-moi, s'il vous plaît, guidez-moi comment faire avec le curseur,
5 avec la flèche ?
6 R. Allez-y un petit peu plus à droite. Voilà, ça y est. Là où vous avez la
7 flèche, c'est exactement l'emplacement de la maison de l'école de musique.
8 Q. Nous allons voir cela plus tard. Nous allons voir la fumée se dégager.
9 [Diffusion de cassette vidéo]
10 R. Si je bouge un peu avec ma caméra, c'est qu'il doit y avoir une
11 pression de l'air, du souffle que je sens moi aussi et qui me fait faire,
12 un peu en quelque sorte, marche arrière, à reculer. Probablement que cela
13 est dû à la peur que je ressens également.
14 M. KAUFMAN : [interprétation]
15 Q. Monsieur, voyez-vous maintenant ce que je suis en train de montrer en
16 l'entourant avec ce geste de la flèche. Il s'agit de cinq minutes et sept
17 secondes [comme interprété]. Que voyons-nous maintenant ?
18 R. C'est exactement le moment, l'instantané même du coup qui a touché la
19 maison de l'école de musique.
20 [Diffusion de cassette vidéo]
21 M. KAUFMAN : [interprétation]
22 Q. Monsieur, je crois que cela semble être fort démonstratif et éloquent
23 de ce que vous avez vu du haut de votre balcon, en date du 6 décembre.
24 M. KAUFMAN : [interprétation] En ce moment-ci, je voudrais que l'on
25 propose, pour être versée au dossier, cette cassette vidéo.
Page 3107
1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic.
2 M. PETROVIC : [interprétation] Avant d'être en mesure, en qualité du
3 conseil de la Défense, de présenter l'attitude qui est la nôtre au sujet de
4 la proposition faite par mon éminent collègue, M. Kaufman, il est un fait
5 qui semble peu clair. C'est-à-dire, M. le Témoin, M. Jusic voulait apporter
6 quelques éclaircissements à ce fait. La question est la suivante, combien
7 de films avons-nous ? Quelle en est la durée ? A quel moment ces films ont-
8 ils été tournés ? Y a-t-il une version intégrale de ce film ? Cette version
9 intégrale, si oui, a-t-elle été remise à Messieurs les représentants du
10 Procureur, et pour parler de la toute dernière question posée par M.
11 Kaufman à M. Djelo Jusic, quand et à quel moment et selon quels critères,
12 M. Jusic a-t-il procédé à une mise en scène, à un montage ?
13 Voilà, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, quelles sont les
14 questions que nous soulevons maintenant et qui me semblent nécessaire. Nous
15 parlons au sujet de quelque chose qui semble être une œuvre de compilation.
16 Nous n'aurions aucune raison de douter de l'œuvre et de l'acte de M. Jusic.
17 Mais nous croyons que pour pouvoir, de façon appropriée, présenter
18 l'attitude qui est la nôtre, nous devons bien avoir accès à ce dont je
19 viens de vous entretenir, Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Juge.
20 Nous devons en être informés et je vous remercie.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kaufman.
22 M. KAUFMAN : [interprétation] Si je peux répondre très brièvement. Si je ne
23 me trompe pas. M. Petrovic pose deux questions. Primo, cette documentation
24 n'a pas été révélée, n'a pas été remise. En ce qui concerne l'authenticité,
25 pour m'occuper de la dernière question, de ce document. Quant à moi, je
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1 soutiens que les questions que vient de soulever Me Petrovic est quelque
2 chose qui devra trouver un aboutissement lors du contre-interrogatoire du
3 témoin. Quand il y a eu par exemple de telles ou telles coupes de montage
4 pour écourter telle ou telle version, et cetera, c'est quelque chose qui
5 peut être trancher moyennant le contre-interrogatoire du témoin.
6 Secondo, ceci ne devrait pas contester le versement au dossier de cet
7 élément de preuve. S'il y a suffisamment ou s'il y en a pas, de version du
8 matériel tourné par M. Jusic, et bien, au sujet de cela, je peux lui poser
9 la question. En état, c'est la seule cassette vidéo que nous avons en notre
10 possession et qui nous vient par l'intermédiaire de ce témoin.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Par conséquent, il ne s'agit pas de
12 parler de la non révélation, Monsieur Kaufman.
13 M. KAUFMAN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, mais permettez-
14 moi de consulter à ce sujet ma consoeur Somers, qui aimerait me dire
15 quelque chose.
16 [Le conseil de l'Accusation se concerte]
17 M. KAUFMAN : [interprétation] Monsieur le Président, si je puis répéter.
18 Lorsqu'il s'agit de non révélation du document, disons que de la part de ce
19 témoin, nous n'avons reçu que cette cassette vidéo, ce que nous avons
20 communiqué déjà et révélé à notre éminent collègue, Me Petrovic. Une fois
21 de plus, dois-je dire que le Procureur n'est pas tenu de communiquer, de
22 remettre à l'autre partie quelque chose dont il n'est pas encore en mesure
23 de l'avoir en possession.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Jusic, pourriez-vous nous
25 assister en cela, s'il vous plaît ? Ce film, est-ce le seul et l'unique
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1 film qui vous a servi, dont vous avez peut-être tiré quelques extraits.
2 S'agit-il d'une œuvre de compilation, plutôt ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour parler de ce film-là, j'ai déjà expliqué
4 comment j'ai fait le tournage, mais comme je l'ai déjà dit, je suis peut-
5 être un peu trop patriote, en me tournant à quelqu'un du bureau du
6 Procureur, en disant : j'ai en ma possession des films. Ces gens ont été
7 pris de cours pour me demander "de quels film il s'agissait." Moi, en
8 réponse, j'ai dit qu'il s'agissait des films tournés en date et
9 respectivement du 6 et du 7. Et voilà, dans quelles circonstances, j'ai vu
10 remettre à cette éminente Cour tous ces documents-là, tous ces éléments de
11 preuve. J'ai une autre version un peu plus longue de ce film laquelle peut
12 également être disponible pour le besoin du Tribunal et c'est tout.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais il me semble que vous n'avez pas
14 très bien répondu à ce que je vous ai posé tout à l'heure comme question à
15 ce que je souhaitais savoir et avoir. Je voulais savoir si vous n'aviez
16 qu'une cassette vidéo, dont a été armée votre caméra, pour tourner
17 plusieurs choses différentes, une fois en octobre, en novembre et puis
18 après les 6 et 7 décembre ? Ou bien est-ce vous avez pu mettre dans votre
19 caméra plusieurs et différentes cassettes ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que j'avais deux cassettes. Je
21 n'étais pas prêt à ce tournage. J'ai dû le faire en quelques sortes en
22 improvisant. J'ai dû faire autre chose aussi avec ces -- Ce n'est pas ce
23 que je voulais tourner un film de guerre et sur la guerre. Voilà, de quoi
24 il s'agit. Je l'ai tourné moi-même ce film-là, du haut de mon balcon. En
25 premier lieu, il s'agissait des prises de vue en date du 7 décembre, et
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1 puis après, ce que nous venons de voir, c'était en date du 6 décembre 1991.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous venez de décrire le processus qui
3 nous a permis de faire le montage de ce film, en offrant une version plus
4 courte, en disant que vous avez éliminé les instantanés et les séquences où
5 il y avait de pauses importantes, pour vous, lors du tournage. Est-ce que
6 vous avez peut-être éliminé ou rejeté d'autres matériels.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Tout d'abord, je n'ai pas eu vraiment de
8 matériel ni d'instrument pour faire un montage quelconque à la maison. J'ai
9 tout simplement essayé d'écouter les pauses pour qu'il y ait rapprochement
10 de ces différentes séquences. Tout ce qu'on voit ici, par exemple, et ce
11 que nous avons à l'écran, tout cela représente un seul cadrage, c'est-à-
12 dire, il n'y a rien de changé pour parler de la date du 6 décembre. Il
13 s'agit de ce que j'ai fait ce matin-là.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Vous ai-je bien
15 compris, d'avoir dit que vous aviez sur vous aussi une extension, pour ne
16 pas dire longue.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne l'ai pas sur moi, mais cette version se
18 trouve chez mes avocats. Au moins, m'a-t-on dit, comme cela.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] S'agit-il de dire que vous l'avez ici
20 à La Haye ? Que cela se trouve à La Haye.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ici à La Haye.
22 M. KAUFMAN : [interprétation] Pourrais-je peut-être expliquer, à
23 l'intention de la Chambre de première instance, le pourquoi de cette
24 confusion. Lorsqu'il y a, à peu près deux semaines, M. Jusic était venu à
25 La Haye parce qu'il devait être cité à la barre, nous avons procédé à une
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1 préparation de sa déposition et à de telles fins, nous lui avons fait voir
2 la version un peu plus courte de ce que nous avons vue tout à l'heure.
3 Certainement, comme je dois expliquer tout cela par l'intermédiaire du
4 témoin, peut-être qu'il a confondu la version plus longue avec la version
5 moins longue, telles que nous les avons vu visionnées ici dans le prétoire.
6 Peut-être que M. Jusic croit qu'il s'agit d'une version in extenso de ce
7 qui nous a été remis par lui, croyant maintenant qu'il s'agit d'une version
8 moins longue.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Peut-être vous devez expliquer cela
10 avec M. Jusic.
11 M. KAUFMAN : [interprétation]
12 Q. Monsieur Jusic, était-ce bien la raison pour laquelle vous vous êtes
13 rendu, il y a deux semaines à La Haye, pour nous rencontrer, Mme Somers et
14 moi ?
15 R. Oui.
16 Q. C'est ainsi que nous avons voulu vous préparer pour votre déposition.
17 R. Oui, en effet, nous avons dû en quelques sortes faire notre petit
18 devoir et au sujet des éléments de la déposition telles que je les avais
19 conçues déjà lors de notre première rencontre à Dubrovnik.
20 Q. Je vous ai fait voir votre cassette vidéo, ce film. Vous vous en
21 souvenez ?
22 R. Oui, je m'en souviens.
23 Q. Pratiquement, nous avons pas fait autre chose que ce que nous avons
24 fait aujourd'hui. Nous avons organisé les visionnages de la cassette vidéo,
25 pour arrêter là où il fallait, pour demander vos commentaires pour chacun
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1 de ces arrêts.
2 R. Oui. En effet, exact. Je vous ai toujours dit que c'est moyennant ma
3 caméra à moi, que j'ai pris en vue tout cela du haut de mon balcon. Je
4 n'avais pas un chronomètre pour arrêter et pour bien signaler où il fallait
5 ensuite reprendre le travail en vue d'un montage. Tout simplement, j'ai
6 voulu vous faire voir les instantanés et les séquences qui me semblaient
7 essentielles.
8 Q. Est-ce que peut-être, impressionné par ce que nous vous avons fait
9 voir, il y a deux semaines, vous avez pu croire qu'il s'agissait de la même
10 cassette vidéo, qui a fait l'objet de notre recherche et notre débat
11 aujourd'hui. Est-ce que vous pouvez dire que vous vous en souvenez ou pas ?
12 R. Oui, mais sans me préciser vraiment sur la durée, je crois qu'il s'agit
13 de ce même film-là. Oui, bien entendu.
14 M. KAUFMAN : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur le
15 Juge, je crois que c'est au Procureur de procéder à la recherche de
16 d'autres éclaircissements à cette fin-là pas au témoin. Je crois que,
17 lorsqu'il était venu il y a deux semaines, là, Monsieur le Témoin, a pu
18 voir une version moins longue que cette version que nous avons vue dans le
19 prétoire.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, avez-vous d'autres
21 points à soulever pour ce qui est de la recevabilité de cet élément de
22 preuve ?
23 M. PETROVIC : [interprétation] Une seconde, s'il vous plaît, Monsieur le
24 Président, que je m'entretienne avec mon collègue.
25 [Le Conseil de la Défense se concerte]
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1 M. PETROVIC : [interprétation] Lors de l'interrogatoire principal de ce
2 témoin, M. Jusic, et si je me souviens biens, il y a deux ou trois minutes,
3 il a dit, et il l'a dit à plusieurs reprises que plusieurs films existent.
4 C'est une première situation.
5 Seconde situation : Chacune de ces cassettes vidéo dépassent de loin les
6 trentaine de minutes que nous avons contenues par et dans cette cassette
7 vidéo. Où se trouve cette documentation ? Tout ce matériel ? Et comment
8 tout cela a été monté ? Comment tout cela a été articulé ? Voilà le sujet
9 et l'objet à la fois sérieux de notre préoccupation.
10 Il doit y avoir, Monsieur le Président, plusieurs heures de matériel filmé.
11 Quels seraient les critères retenus pour que l'on en voit maintenant une
12 seule version en, par exemple, en une heure 20 ou dans une autre version,
13 une quarantaine de minutes, alors que pour ce qui est de l'ensemble du
14 matériel tourné, il s'agit de plusieurs heures quant à leur durée. Voilà,
15 ce qui nous préoccupe. Maintenant, à l'écoute de ce que dit M. Jusic lors
16 de sa déposition, nous entendons dire qu'il y a une multitude de matériels.
17 Voilà, ce qui nous préoccupe. Voilà le problème pour nous de voir cet
18 élément de preuve admis, reçu, versé au dossier. Bien entendu, si nous
19 pouvions voir à l'ensemble de cet élément de preuve, de ce matériel brut
20 peut-être, pourrions-nous dire, Monsieur le Président, oui, cela est bien
21 cela, par conséquent, cet élément de preuve soit, tel quel, versé au
22 dossier. Voilà que ceci n'étant pas le cas, voilà la raison pour laquelle,
23 nous ne considérons pas que cet élément de preuve puisse être recevable en
24 l'état.
25 Monsieur le Président, je vous en remercie.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kaufman.
2 M. KAUFMAN : [interprétation] Avec votre permission, Monsieur le Président,
3 puis-je dire que le Procureur ne possède que deux cassettes vidéo remises
4 par ce témoin. L'une d'elle contient la version moins longue, écourtée, et
5 c'était l'œuvre du Procureur. Les deux cassettes vidéo en CD-ROM ont été
6 communiquées, révélées en temps utile aux avocats de la Défense.
7 La première version plus longue de la cassette vidéo telle que nous l'avons
8 fait visionnée aujourd'hui dans le prétoire a été communiquée il y a bien
9 longtemps, or la version courte a été communiqué avant que M. Jusic
10 n'entame sa déposition.
11 Voilà, tout ce que je peux dire pour être utile, Monsieur le Président.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, ce que je propose en
13 l'état, c'est que la version en CD-ROM de ce film soit versée au dossier.
14 Il n'y a aucun point soulevé, contestable quant à sa recevabilité, son
15 versement au dossier. Le tout consiste à dire que ce que nous avons pu voir
16 dans cette cassette vidéo a été tourné par le témoin en date signée et
17 signalée par lui. Quant au poids qu'il convient de conférer à ces éléments
18 de preuve, et cela appartient bien entendu à la Chambre de première
19 instance.
20 Une autre question est de voir s'il faut proférer tel ou tel doute quant au
21 contenu de ce film parce que telle ou telle partie du matériel aurait été
22 éditée, et se poser la question de savoir combien du tel document aurait
23 été édité, il vous appartient à vous, Maître, de faire une recherche avec
24 le témoin pour voir ce qu'il en fût. Bien entendu, le rendement qui serait
25 le vôtre, ne devrait pas ou devrait peut-être altérer le poids que nous
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1 croyons pouvoir conférer à cet élément de preuve. De toute façon, ce point-
2 là ne concerne pas la recevabilité de cet élément de preuve qui est la
3 cassette vidéo en l'état.
4 Cette situation me semble être assez similaire à une situation par exemple
5 où on nous offrait pour être versé au dossier tel ou tel tournage qui
6 aurait été l'œuvre d'une chaîne de télévision. Sans aucun doute, ce que
7 nous avons vu ici représente un matériel qui est beaucoup plus ample que
8 tout ce qu'une chaîne de télévision nous aurait offert sous forme d'un
9 reportage télévisé ou d'un journal, télé journal. Etant donné que nous
10 avons devant nous à la fois, le photographe, c'est-à-dire le cameraman et
11 le témoin. Ce qui a été proposé pour être versé au dossier, cela représente
12 un élément de preuve admissible et recevable. Quant au poids qu'il convient
13 de conférer à cet élément de preuve, cela c'est une autre affaire.
14 Par conséquent, cet élément de preuve sera versé au dossier.
15 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce à charge P78.
16 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me permettez
17 juste une phrase pour essayer d'apporter un éclaircissement à ce que mon
18 éminent collègue a essayé de dire tout à l'heure pour qu'il n'y ait pas de
19 dilemme, ni de chose en suspens. Il est vrai que deux versions de tout cela
20 nous ont été communiquées, mais il ne s'agit pas de parler pour dire que
21 ces deux versions représentent l'ensemble des cassettes, ce dont venait de
22 parler M. Jusic. Bien entendu, cette question, nous allons l'approfondir au
23 cours du contre-interrogatoire du témoin. Cela dit, je vous remercie,
24 Monsieur le Président.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Avez-vous conclu
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1 l'interrogatoire principal, Monsieur Kaufman ?
2 M. KAUFMAN : [hors micro]
3 L'INTERPRÈTE : Un microphone pour M. Kaufman.
4 M. KAUFMAN : [interprétation] Oui, cela m'emmène à la conclusion de
5 l'interrogatoire principal du témoin.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous ai vu assis, je me suis dit
7 que vous aviez terminé.
8 M. KAUFMAN : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je voulais, tout
9 simplement, conférer une seconde avec mes confrères et consoeurs quant aux
10 questions suivantes à poser au témoin.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y.
12 M. KAUFMAN : [interprétation]
13 Q. Monsieur Jusic, je vais vous faire voir, maintenant, quelques photos.
14 Une première photo, il s'agit d'une photo qui a été versée au dossier, il
15 s'agit de la pièce à conviction à charge P31. Je voudrais que Mme
16 l'Huissière présente au témoin cette photo. Si vous avez des problèmes pour
17 la retrouver cette photo, je pourrais vous en fournir un exemplaire.
18 Monsieur Jusic, soyez aimable et reportez-vous à l'écran plutôt. Nous
19 n'avons guère besoin de placer cette photo sur le rétroprojecteur.
20 R. Il s'agit de --
21 Q. Monsieur Jusic, avant de répondre à ma question. Permettez-moi de vous
22 montrer quelques monuments de grand intérêt et de très hauts édifices,
23 entre autre de la vieille ville de Dubrovnik. A vous de nous dire de quoi
24 il s'agit sur la photo. Nous allons emprunter le même procédé que tout à
25 l'heure lorsque vous avez eu à répondre aux questions que je vous avais
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1 posées.
2 Dites-moi, tout d'abord, sur quoi donne le trou que nous avons sur ce
3 bâtiment ? Il s'agit de la photo P31, de quoi il s'agit ?
4 R. Il s'agit de l'horloge de la ville, de l'horloge de la ville qui nous
5 présente les heures et les demi-heures. Le trou que nous voyons a été
6 occasionné par un projectile venant de l'est, soit de Zarkovica, soit
7 Cavtat.
8 Q. Par conséquent, ce trou-là que nous voyons sur la photo, donne sur le
9 mont Zarkovica, n'est-ce pas ?
10 R. Exact.
11 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai une objection
12 que je soulève, notamment.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y.
14 M. PETROVIC : [interprétation] J'aimerais bien que mon éminent collègue
15 pose la question de la date, de dire d'abord depuis quand date cette photo.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Cette photo a été prise---
17 M. PETROVIC : [interprétation] Je vous en prie, ce n'est pas à moi de
18 répondre [comme interprété], c'est au Procureur. C'est lui qui s'occupera
19 de ce volet des questions.
20 M. KAUFMAN : [interprétation] Monsieur Petrovic, je n'ai certainement pas
21 voulu omettre de poser cette question-là, mais j'aurais aimé le faire par
22 la suite.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si vous pouvez nous donner la date,
24 peut-être pourrions-nous trancher la question.
25 M. KAUFMAN : [interprétation] Voilà la raison pour laquelle j'avais entamé,
Page 3118
1 enfin le traitement de cette photo.
2 Q. Dites-moi, Monsieur, à quel moment ce trou a-t-il a été occasionné
3 suivant l'ordre chronologique de l'événement ?
4 R. Vers 15 heures, je rentrais chez moi, j'avais entendu le sifflement,
5 c'est en ce moment-là que le trou a été occasionné. C'est-à-dire après les
6 dates du 6 et 7. Je ne saurais plus précis quant à la date.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En quel mois sommes-nous ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Ceci aurait pu même être occasionné en début
9 1992.
10 M. KAUFMAN : [interprétation]
11 Q. Passons à la photographie suivante, s'il vous plaît. Monsieur Jusic, si
12 vous voulez bien regarder l'image sur votre écran.
13 R. C'est la cathédrale. Ce que nous voyons ici, c'est la coupole de la
14 cathédrale de Dubrovnik. C'est le même obus où enfin, c'est comme pour
15 l'obus précédent, cet obus-ci a touché le clocher d'un côté.
16 L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît.
17 M. KAUFMAN : [interprétation]
18 Q. La date qui apparaît sur cet extrait de vidéo est le 7 décembre 1991.
19 Est-ce que vous pourriez nous dire quand ce dommage a été causé ? Si vous
20 ne pouvez pas nous le dire, si vous n'êtes pas sur, dites-nous que "vous
21 n'êtes pas sûr" ou "que vous ne savez pas."
22 R. Si cela a été causé le 7 décembre 1991, le 7 décembre nous étions en
23 train de nettoyer les gravats en ville, et à ce moment là, cela a
24 recommencé et il se peut que cela ce soit produit entre le 7 et le 8,
25 pendant le nuit. Cette photo, c'est pris le jour, c'était dans l'après-midi
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1 du 7.
2 Q. Je voudrais vous demander, Monsieur le Témoin, de ne pas essayer de
3 faire des hypothèses ou de spéculer. Si vous ne connaissez pas la date à
4 laquelle ce dommage a été causé, dites simplement "je ne sais pas", mais ne
5 faites pas d'hypothèses. Là encore, je vous pose la question, cette image a
6 été photographiée --
7 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin a déjà
8 répondu à la question, j'aimerais savoir pourquoi il faut lui poser la même
9 question deux fois de suite.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Petkovic. Veuillez
11 poursuivre, Maître Kaufman.
12 M. KAUFMAN : [interprétation]
13 Q. Encore une fois, vous avez personnellement filmé ou noté quand cet
14 impact s'est produit ? Si vous ne savez pas, dites que vous ne savez pas.
15 R. Je ne sais pas. Peut-être que j'ai été inspiré par la date que l'on
16 voit sur la photographie, à savoir, le 7 décembre.
17 Q. Je voudrais maintenant revenir à la pièce P31, s'il vous plaît. Une
18 fois encore pourrait-on présenter la pièce P31 à l'écran. La date de ce
19 dommage, là aussi je vais vous demander, encore une fois, Monsieur, de ne
20 pas essayer de deviner. Est-ce que vous savez quand ce dommage a été causé,
21 ou n'êtes vous pas sûr ?
22 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je proteste à
23 nouveau. Je ne comprends pas pourquoi mon éminent collègue revient deux
24 fois de suite sur des faits qui ont déjà été précisés, ou qu'il continue à
25 revenir à des choses jusqu'à ce qu'il obtienne la réponse qu'il souhaite
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1 obtenir. Je voulais vous demander, s'il vous plaît, d'empêcher ce type de
2 questions, Monsieur le Président.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La réponse pour le moment, Maître
4 Petrovic, est une réponse du témoin où il indique qu'il n'est pas sûr, il
5 exprime de l'incertitude. La question qui a été posée, était de savoir ou
6 s'il ne savait pas. Je peux permettre cette question.
7 M. KAUFMAN : [interprétation]
8 Q. Une fois de plus, Monsieur le Témoin, si vous n'êtes pas sûr, dites que
9 vous n'êtes pas sûr. Si vous le savez, dites que vous le savez. Mais s'il
10 vous plaît, n'essayez pas de deviner. C'est important que nous comprenions
11 exactement ce que vous savez.
12 Est-ce que vous savez quand ce trou a été en fait causé ? Est-ce que vous
13 avez vu cela de vos yeux ?
14 R. Je suis une personne très soigneuse de caractère. J'ai une association
15 d'idées ou d'événements dans l'esprit à cet égard, de sorte que, de façon
16 de ne pas faire d'hypothèses, en ce qui concerne ces événements, tout ce
17 que je peux dire, c'est que je ne peux certainement pas dire si ceci s'est
18 produit à telle ou telle date.
19 Q. Je vous remercie. Maintenant, passons à autre chose. Je vous ai montré
20 une photographie, je voudrais maintenant demander son versement au dossier.
21 Il s'agit de la cathédrale dont vous avez parlé.
22 M. KAUFMAN : [interprétation] Je n'avais pas demandé officiellement qu'elle
23 soit versé au dossier, et qu'on lui attribue un numéro, je le fais
24 maintenant.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que j'ai bien compris, d'après
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1 ce qu'a dit M. Jusic, que ce dommage en fait s'est produit le 7 décembre ?
2 M. KAUFMAN : [interprétation] J'ai compris dans sa dernière réponse, il ne
3 pouvait pas faire des spéculations, d'hypothèses à ce sujet.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La photographie est acceptée.
5 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce à conviction P79
6 de l'Accusation.
7 L'INTERPRÈTE : L'interprète précise qu'il s'agit de la coupole.
8 M. KAUFMAN : [interprétation]
9 Q. Maintenant, Monsieur Jusic, une photographie. Une nouvelle
10 photographie, quel est ce monument ?
11 R. C'est le clocher du cloître franciscain. C'est à la même position, à
12 savoir qu'il a été touché, venant de la même direction que la photo
13 précédente, du côté est, à partir de Zarkovica, c'est-à-dire.
14 Q. Dans quelle direction est placé le trou que l'on voit ? Je ne veux pas
15 vous demander de tirer des conclusions. Je vous demande simplement dans
16 quelle direction est orienté ce trou ?
17 R. C'est orienté dans la direction de l'est, dans la direction, vers la
18 colline de Zarkovica.
19 Q. Une fois encore, est-ce que vous savez quand ce dommage a été causé,
20 oui ou non ? Une fois plus, je vous dis que si vous n'êtes pas sûr, ne
21 faites pas d'hypothèses, et dites simplement que vous n'êtes pas sûr.
22 R. Je ne sais pas, je ne suis pas sûr.
23 Q. Je vous remercie.
24 M. KAUFMAN : [interprétation] Je demande que cette photographie soit versée
25 au dossier, et qu'on lui attribue un numéro de pièce de conviction.
Page 3122
1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La pièce est acceptée.
2 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de pièce à conviction P80 de
3 l'Accusation.
4 M. KAUFMAN : [interprétation]
5 Q. Monsieur Jusic, vous serez satisfait de savoir qu'en l'occurrence, il
6 s'agit de la dernière photographie que je vais vous faire montrer, et je
7 voudrais encore vous poser le même type de questions.
8 Le trou que vous voyez, de quelle direction est orienté ce trou ?
9 R. Il s'agit de la fontaine Onofrio et elle est orientée en direction de
10 Zarkovica, la même direction que pour le clocher.
11 Q. Le trou est orienté dans cette direction de Zarkovica ?
12 R. Oui, c'est bien cela.
13 Q. Là encore, est-ce que vous connaissez la date à laquelle le dommage a
14 été causé ? Si vous le savez, dites-le; si vous ne le savez pas, dites que
15 vous ne le savez pas.
16 R. Je ne veux pas faire d'hypothèses, je ne sais pas.
17 Q. Merci. Maintenant, il y avait une carte qui serait devant vous, avec
18 des lettres en minuscules qui avaient été inscrites. Est-ce qu'on pourrait
19 me la rendre. Juste un point administratif, si vous pouviez simplement
20 mettre un X, puisque nous n'avons pas utilisé cette lettre. C'est la
21 dernière chose que je vais vous demander, c'est de marquer sur cette carte,
22 si vous pouviez mettre un X à l'endroit où se trouve la fontaine Onofrio.
23 R. Zarkovica est ici.
24 Q. Est-ce que vous pourriez, s'il vous plaît, oui c'est cela, poser ce X
25 de façon plus marquée, s'il vous plaît.
Page 3123
1 [Le témoin s'exécute]
2 Q. Je vous remercie.
3 M. KAUFMAN : [interprétation] Je voudrais demander que cette carte soit
4 versée au dossier comme pièce à conviction, ainsi que la photographie de la
5 fontaine d'Onofrio.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La pièce est admise.
7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction P81
8 de l'Accusation.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Avec cela, il s'agissait du plan de la
10 ville, et la photographie ?
11 M. KAUFMAN : [interprétation] Effectivement, Monsieur le Président, juste
12 pour être parfaitement clair, peut-être que quelqu'un pourrait mettre cela
13 sur la carte proprement dit.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Que voulez-vous dire ? Vous voulez
15 dire la photographie ?
16 M. KAUFMAN : [interprétation] Non, la carte. La carte qui vient juste
17 d'être remise. Je vous remercie. Je crois qu'il est très clair que cette
18 carte a été présentée comme versement au dossier au cours de la déposition
19 de M. Jusic, et qu'on lui a attribué un numéro de pièce à conviction.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
21 M. KAUFMAN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président, pour
22 cela. Oui, C'est bien la photographie. Est-ce que qu'on pourrait également
23 lui attribuer un numéro de pièce ?
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce est admise.
25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce à conviction P82.
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1 M. KAUFMAN : [interprétation] Je vous remercie.
2 Q. Nous sommes sur le point d'en terminer avec votre déposition, Monsieur
3 Jusic. Nous avons parlé d'obus, de projectiles, et autres, dans la vieille
4 ville. Maintenant, je voudrais vous poser une question concernant ce que
5 vous avez vu de vos propres yeux. Est-ce que vous n'avez jamais vu de
6 projectiles de vos propres yeux, indépendamment des projectiles de la JNA ?
7 Est-ce que vous n'avez jamais vu d'armes de quelque nature qu'elles soient,
8 indépendamment de ce que vous nous montrez et qui a été filmées sur votre
9 vidéo ?
10 R. Du point de vue concret, j'ai seulement vu les colonies ou
11 patrouilleurs qui croisaient dans Dubrovnik, qui ouvraient le feu, et j'ai
12 vu l'obus qui se trouvait au bas de cloître franciscain.
13 Q. Il s'agit d'un obus qui avait atterri.
14 R. Oui, c'est l'obus qui avait atterri, mais sans exploser.
15 Q. A l'intérieur de la vieille ville proprement dite, est-ce que vous
16 n'avez jamais vu de matériel militaire, d'armes, de fusils ou de canons de
17 quelque nature que ce soit dans la vieille ville ?
18 R. Non, impossible. Je n'en ai pas vu du tout.
19 Q. Est-ce que vous n'avez jamais vu des Croates dans le voisinage de la
20 vieille ville ou dans la vieille ville proprement dite avec du matériel
21 militaire, des canons, des fusils, des armes de quelque nature que ce
22 soit ?
23 R. J'allais en ville tous les jours, et j'entrais dans la ville par le
24 côté est. De ce côté-là, il n'y avait pas d'armes du tout. Quant à l'autre
25 côté, je n'ai pas eu l'occasion de voir, mais je ne sais pas. S'il y avait
Page 3125
1 eu des armes, j'en aurais entendu parler. Je n'en ai pas entendu parler.
2 Q. Je vous remercie, Monsieur le Témoin. Monsieur Jusic, j'ai terminé mon
3 interrogatoire principal. Je voudrais simplement vous demander de bien
4 vouloir signer cette carte. Si vous voulez bien la signer là dans la marge
5 en mettant la date.
6 R. [Le témoin s'exécute]
7 Q. Passons la date sous la signature.
8 R. Quelle est la date d'aujourd'hui ?
9 Q. C'est le 24 février.
10 Q. Monsieur Jusic, je vous remercie beaucoup de la façon dont vous avez
11 répondu à l'interrogatoire principal. Vous allez maintenant faire l'objet
12 d'un contre-interrogatoire. Je ne suis pas sûr qu'on va commencer cela
13 aujourd'hui. Je n'ai pas de nouvelles questions à vous poser pour le
14 moment.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Kaufman.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je voudrais commencer demain, n'est-ce
18 pas, Maître Petrovic ?
19 M. PETROVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, avec votre
20 permission.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous n'allons pas utiliser les trois
22 minutes qui nous restent, et vous pourriez commencer demain.
23 Monsieur Jusic, je vous remercie de votre présence aujourd'hui. Je vous
24 demande de bien vouloir revenir demain matin pour poursuivre votre
25 déposition. Je vous remercie.
Page 3126
1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux à peine attendre, Monsieur le
2 Président.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La séance est levée.
4 --- L'audience est levée à 13 heures 43 et reprendra le mercredi 25 février
5 2004, à 9 heures 00.
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