Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

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1 Le mercredi 24 mars 2004

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Sommes-nous prêts ? Pouvons-

6 nous faire entendre le prochain témoin ?

7 Je vous écoute, Monsieur Rodic.

8 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, pendant la journée

9 d'hier, nous avons travaillé intensément à revoir le matériel qui nous a

10 été communiqué et ce que nous, conseil de la Défense, nous pouvons dire,

11 c'est que nous avons pu passer en revue la majeure partie du matériel qui

12 nous a été communiquée, mais nous n'avons pas eu la chance néanmoins de

13 revoir tout le matériel. Nous pouvons commencer l'interrogatoire principal

14 du témoin Jokic. Nous n'avons aucune objection à formuler.

15 Par contre ce que nous souhaitons dire c'est qu'à l'examen de ce matériel

16 que nous avons reçu, nous devons dire que nous allons nous devoir servir de

17 ce matériel lors du contre-interrogatoire puisqu'il contient tout ce que

18 nous avons déjà évoqué pendant les journées précédentes concernant le

19 matériel en question. Comme nous n'avons pas eu de transcripts de ce

20 matériel vidéo, la Défense ne sera pas en mesure de mener un contre-

21 interrogatoire à la hauteur. C'est la raison pour laquelle je vous

22 prierais, Monsieur le Président, Messieurs, Mesdames les Juges, d'émettre

23 une ordonnance afin de venir en aide à la Défense pour que les transcripts

24 soient rédigés de ces cassettes audio et vidéo. C'est ce que nous avions à

25 dire pour l'instant. C'est à ce moment-là que nous demanderons que le

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1 contre-interrogatoire soit remis à plus tard.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic, il ne s'agit pas

3 simplement d'obtenir des copies du compte-rendu. Il n'y a pas de compte-

4 rendu. Voilà le problème. C'est une question autre. Il faut d'abord

5 procéder à la transcription du matériel que vous avez reçu, ce qui implique

6 deux choses. D'abord il faut changer le format électronique dans lequel ce

7 document se trouve pour pouvoir permettre la transcription de ce matériel.

8 Ensuite, il y a le processus de la transcription lui-même. On nous apprend

9 que cela prend deux fois plus de temps que le nombre d'heures que vous avez

10 déjà sur le matériel en question, deux fois le nombre d'heures qui

11 existent. Non seulement que c'est un processus assez long, mais nous

12 n'avons pas suffisamment de personnel pour procéder à la transcription de

13 ce matériel. Nos transcripteurs ont déjà beaucoup de travail à faire, et il

14 me semblerait que ce n'est pas réaliste de croire qu'il sera possible de

15 faire en sorte que ce document vous soit disponible au moment du contre-

16 interrogatoire.

17 La Chambre vous demande de préparer votre contre-interrogatoire du mieux

18 que vous le pouvez sans la transcription et de procéder au contre-

19 interrogatoire sans la transcription écrite. Vous pourriez peut-être vous

20 entretenir avec Mme Somers et voir si vous pouvez trouver une solution. Je

21 ne le sais pas, mais le cas échéant, cela prendrait beaucoup plus de temps.

22 Eu égard à la nature de ce procès, la Chambre vous demanderait de procéder

23 néanmoins de façon expéditive. Nous espérons que vous pourriez nous fournir

24 toute votre coopération, et j'espère que la coopération de l'Accusation

25 pourra vous être utile également.

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1 M. RODIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Voici,

2 je voulais évoquer cette question : afin qu'après l'interrogatoire

3 principal du témoin Jokic, on poursuive à la préparation du compte-rendu et

4 aux transcriptions plutôt de ces audio cassettes. Si cela n'est pas

5 possible, à ce moment-là, nous proposons qu'un autre témoin soit entendu

6 après le Témoin Jokic. A ce moment-là, nous pourrons procéder nous-même à

7 la transcription. Si on pose la question : où est l'endroit où le témoin a

8 dit quelque chose, je ne pourrai, à ce moment-là, répondre qu'il s'agit du

9 troisième CD, 30 minutes après le début du CD. Je dois vous dire que cela

10 nous prendra beaucoup de temps de prendre des notes à l'audition des CD.

11 Il y aura également d'autre matériel lié à ce Témoin Jokic. Il nous sera

12 assez difficile de procéder au contre-interrogatoire immédiatement après

13 l'interrogatoire principal. Je vous demanderais de nous accorder une pause

14 entre l'interrogatoire principal et le contre-interrogatoire. Je propose

15 peut-être de procéder à l'audition d'un autre témoin, et c'est ainsi que la

16 Défense pourra se préparer et revoir le matériel afin de pouvoir se

17 préparer pour le contre-interrogatoire. Je répète de nouveau : c'est avec

18 beaucoup d'effort que nous nous portons prêts à faire ce genre de chose.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vois que Mme Somers s'est levée.

20 Elle est peut-être en mesure de répondre et de nous fournir son assistance.

21 Je l'écoute alors.

22 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai rien à

23 dire concernant les cassettes ou les CD. Hier, l'Accusation a indiqué qu'à

24 la fin de l'interrogatoire principal, si la Défense souhaite faire une

25 demande afin d'obtenir un temps supplémentaire, nous ne formulerions, à ce

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1 moment-là, aucune objection.

2 Concernant la proposition de faire entendre un autre témoin, nous avons

3 déjà un autre témoin de prévu. Il serait possible de faire entendre un

4 autre témoin. Je crois que la Chambre a été très compréhensive, et je crois

5 qu'il faudra procéder de la façon dont nous avons prévu le déroulement du

6 procès de l'audition du témoin. Je dois dire que l'Accusation ne s'opposera

7 pas à la demande ou à la requête formulée si une requête semblable est

8 formulée par la Défense.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Madame Somers. Il y a certains

10 problèmes à ce que vous proposez. La Défense n'a qu'une partie du document

11 de disponible. La difficulté principale qui se pose c'est qu'il faudra

12 sûrement revoir le matériel une deuxième fois et cela n'est pas une

13 approche efficace ni désirable. La Chambre ne ferme pas la porte à cette

14 proposition si elle s'avère que c'est la seule façon de procéder, mais

15 j'espère que nous pouvons essayer de surmonter ces difficultés qui viennent

16 de se montrer à l'horizon. A la fin de l'interrogatoire principal, si je

17 comprends ce que vous nous avez dit, l'Accusation ne sera pas en mesure de

18 faire entendre un autre témoin. Est-ce que c'est bien ce que vous nous avez

19 dit ?

20 Mme SOMERS : [interprétation] Il nous sera difficile d'obtenir le témoin

21 que nous avions prévu après l'amiral Jokic. Nous pouvons faire la demande

22 nécessaire. Si la Chambre nous permet de le faire, essayez de le faire

23 venir, mais, sinon, je devrais dire qu'il nous sera assez difficile de

24 faire en sorte que ce témoin soit disponible immédiatement après l'audition

25 du Témoin Jokic. Nous essayons de faire du mieux que nous pouvons.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si vous pouvez le faire, à ce moment-

2 là, laissons cette question ouverte jusqu'à la fin de l'interrogatoire

3 principal. Mais, si vous pouvez faire de votre mieux pour faire venir un

4 autre témoin, si un témoin, qui est déjà prévu, pourrait venir après

5 l'audition du Témoin Jokic, à ce moment-là, il sera peut-être nécessaire de

6 faire une autre pause d'un jour ou deux afin de permettre la Défense de se

7 préparer pour leur contre-interrogatoire de façon adéquate.

8 Mme SOMERS : [interprétation] Si vous le désirez, Monsieur le Président.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois qu'à la longue, c'est une

10 façon de procéder beaucoup plus efficace que de procéder à un double

11 contre-interrogatoire.

12 J'invite les deux conseils, les conseils de la Défense, ainsi que

13 l'Accusation, de voir s'ils peuvent parvenir à un accord, et de voir quelle

14 est la façon la meilleure de procéder. Il me semble que l'une des

15 possibilités serait que la Défense soit en mesure de nous fournir -- ou de

16 fournir à l'Accusation, des notes ou des passages qu'ils intentent

17 examiner. A ce moment-là, l'Accusation pourra identifier ces passages à

18 l'avance, et c'est ainsi que le processus pourra être accéléré. Mais nous

19 espérons que vous allez pouvoir, suite à la discussion, parvenir à certains

20 accords, que vous y trouvez des solutions.

21 Maître Rodic, la Chambre s'attend et espère que vous allez pouvoir entamer

22 le contre-interrogatoire du témoin après une courte pause après la

23 déposition du témoin dans le cadre de l'interrogatoire principal.

24 Maintenant, à savoir si un autre témoin peut être entendu avant votre

25 contre-interrogatoire, c'est une question que nous allons examiner et nous

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1 pencher là-dessus. Je crois que, pour l'instant, vous devez essayer de vous

2 préparer du mieux que vous le pouvez pour procéder au contre-interrogatoire

3 du témoin, non pas seulement grâce à l'aide des deux déclarations

4 originales du témoin, mais également à la lumière de ce que vous avez

5 entendu sur les CDs. Si vous-même et Mme Somers, vous pouvez vous entendre

6 à ce que ce processus soit plus rapide et efficace, je vous en serais gré.

7 Je vous remercie.

8 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, y a-t-il des numéros

9 particuliers ? Je demanderais à la Défense si la Défense peut nous donner

10 certains passages particuliers, des références qui se trouvent sur les CDs.

11 A ce moment-là, nous allons sûrement pouvoir faire de notre mieux, si nous

12 pouvons leur venir en aide.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

14 Ceci étant dit, je demanderais qu'on fasse entendre le témoin Jokic.

15 Mme SOMERS : [interprétation] L'Accusation appelle l'amiral Miodrag Jokic.

16 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Je vous demanderais de faire

18 une déclaration solennelle, je vous prie. Vous lirez le texte qui se trouve

19 sur la carte que vous tenez entre les mains.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

21 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

22 LE TÉMOIN : MIODRAG JOKIC [Assermenté]

23 [Le témoin répond par l'interprète]

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Vous pouvez vous

25 asseoir.

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1 Je vous écoute, Madame Somers.

2 Interrogatoire principal par Mme Somers :

3 Q. [interprétation] Bonjour, amiral Jokic.

4 R. Bonjour.

5 Q. Pouvez-vous, je vous prie, déclinez votre identité.

6 R. Je m'appelle Miodrag Jokic.

7 Q. Quelle est votre date et votre lieu de naissance ?

8 R. Je suis né le 25 février 1935, à Mionica, tout près de Valjevo, en

9 Serbie.

10 Q. Quelle est votre appartenance ethnique ?

11 R. Ma nationalité est serbe.

12 Q. Je vous souhaiterais à vous de nous donner un bref survol de votre

13 cursus scolaire. Pouvez-vous, je vous prie, commencer avec l'année 1954 et

14 parcourir votre C.V., ce jusqu'à ce que vous n'ayez commencé vos études

15 militaires ?

16 R. J'ai terminé le gymnasium à Valjevo en 1954. Suite à cela, je suis allé

17 étudier à l'école militaire navale tout près de Split. C'est là qu'en 1957,

18 j'ai terminé mes études, après y avoir passé trois ans. Par la suite, je

19 suis monté à bord de divers vaisseaux. J'ai terminé deux spécialisations

20 dans le domaine d'artillerie. Entre 1965 et 1966, j'ai terminé les études

21 supérieures à l'académie navale. En 1976, j'ai terminé l'école de la

22 Défense nationale.

23 Q. Amiral, excusez-moi, nous sommes en 1966 ? Parlez-nous de l'année 1966,

24 je vous prie. Où êtes-vous allé ? Dans quelle école ?

25 R. J'ai terminé, en 1966, l'école supérieure navale, et j'y suis resté

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1 entre 1964 et 1966.

2 Q. Après avoir terminé vos études, Amiral, est-ce que vous avez commencé à

3 avoir des missions ?

4 R. Oui. Après l'académie militaire navale, on m'a affecté au vaisseau

5 Split. C'est là où je suis resté jusqu'en 1970. Par la suite, j'ai passé

6 trois ans en tant que commandant de division sur d'autres navires. Ensuite,

7 j'ai été commandant de la brigade.

8 En 1975, j'ai commencé mes études à l'école. J'ai été envoyé pour compléter

9 d'autres études à l'école à Belgrade. C'est l'école de la Défense

10 nationale. En 1976, j'ai été déployé au centre navale Boka, à Kumbor. C'est

11 là que j'ai été chef des opérations, suite j'étais chef de l'état majeur.

12 En 1980, on m'a envoyé à Belgrade, au QG, à l'état majeur principal en tant

13 que chef de la section au développement de la marine de guerre.

14 Ensuite, je suis de nouveau revenu à Boka -- le Secteur naval de Boka en

15 1983 et c'est là que je suis resté jusqu'en 1988. En 1988, on m'a envoyé de

16 nouveau à Belgrade afin de suivre des cours à l'école de la Défense

17 nationale, mais j'effectuais encore les tâches que j'avais avant à

18 l'exception du fait que je devais suivre des cours complémentaires. Après

19 avoir terminé cette école, je suis revenu de nouveau, secteur naval,

20 c'était en 1989 et, à la fin de l'année 1989, au mois de décembre, je suis

21 déployé de nouveau à Belgrade.

22 Q. Je suis désolé, Amiral, lorsque vous dites que vous êtes revenu dans

23 votre secteur. De quel secteur parlez-vous ?

24 R. Je parle du 9e Secteur de Boka. En 1989, au mois de décembre, j'ai été

25 envoyé à Belgrade au secrétariat de la Défense nationale de Serbie et j'y

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1 suis resté en tant que secrétaire, ce qui voulait dire que je faisais

2 partie du gouvernement de Serbie. J'ai passé un an à ce poste et, à la fin

3 du mois de juillet 1991, après la restructuration du gouvernement, j'ai

4 quitté le gouvernement et je suis demeuré sans mission.

5 Q. Amiral, vous dites que vous avez été secrétaire de la Défense nationale

6 de Serbie. Est-ce que cela est équivalent au titre du ministre de la

7 Défense ? Est-ce que vous étiez à ce niveau-là, niveau républicain ?

8 R. Oui. Pendant les premiers six mois, c'était le gouvernement du

9 président, Stanko Radmilovic. Il s'agissait d'un gouvernement de

10 transition. Ce ministère, à l'époque, s'appelait le secrétariat de la

11 Défense, mais, en fait, c'est un ministère républicain. Chaque république

12 avait un tel ministère dans la RSFY. Six mois plus tard, après les

13 élections, on a procédé à l'élection d'un nouveau gouvernement et, dans ce

14 nouveau gouvernement, ce secteur commence à faire partie du ministère de la

15 Défense et j'ai travaillé dans le gouvernement du ministre Zelenovic. Je

16 suis devenu ministre de la Défense.

17 Q. Amiral, est-ce que vous avez suivi un cours spécialisé dans le domaine

18 de l'artillerie ? Si oui, pourriez-vous nous décrire ces cours que vous

19 avez pris ?

20 R. J'ai suivi un cours d'artillerie à Pula et, en 1961 -- en fait, c'était

21 en 1961 et 1962 -- et avant de monter à bord des navires de torpilles, j'ai

22 suivi un cours spécialisé.

23 Q. Amiral Jokic, à quel moment avez-vous complété -- terminé votre service

24 au sein du ministère de la Défense de la république de Serbie ?

25 R. C'était le 31 juillet lorsqu'on a reconstruit le gouvernement du

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1 président Zelenovic, c'est le général Simovic qu'on a mis à place.

2 Q. Après que vous ayez quitté votre poste en tant que ministre de la

3 Défense, avez-vous travaillé au sein du gouvernement ou vous ne travaillez

4 peut-être pas dans le gouvernement de façon active, ni dans l'armée ?

5 R. Après avoir été exclu et remplacé puisqu'on m'a envoyé sans mission,

6 j'étais dans l'armée, mais, sans mission, je suis revenu dans le village --

7 dans mon village natal. J'ai été insatisfait avec le statut que j'avais et

8 j'ai fais un peu d'agriculture sur le terrain de mon père.

9 Q. A l'époque où vous avez pris votre retraite, quel était votre grade ?

10 R. J'étais vice-amiral. La promotion a eu lieu en 1990, le 22 décembre, ce

11 qui était la date de la fête de l'armée.

12 Q. Quand avez-vous pris votre retraite de la JNA ?

13 R. J'ai quitté la JNA en mai 1992. Je pense que c'était le 8 mai que j'ai

14 pris ma retraite.

15 Q. S'agissait-il d'une date uniquement mise sur -- couchée sur papier,

16 s'agissait-il d'une date fictive ou avez-vous réellement quitté votre

17 service ?

18 R. J'étais démis des fonctions du commandant du 9e Secteur naval. Pour ce

19 qui est du fait de quitter mes fonctions, de fait, cela a eu lieu en août,

20 mais le papier lui-même porte la date du mois de mai 1992.

21 Q. Le 21 mai 1992 signifie-t-il quelque chose ? Cette date vous dit-elle

22 quelque chose ?

23 R. Je ne le sais pas.

24 Q. Après avoir rempli les fonctions de ministre de la Défense de Serbie,

25 vous a-t-on confié un autre poste militaire ?

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1 R. Non. J'avais le statut d'officier mise à disposition, mais je n'avais

2 pas de mission particulière. Je n'étais pas satisfait de l'attitude qu'on

3 avait adoptée à mon égard. J'ai quitté Belgrade pour ces raisons et je me

4 suis retiré à la campagne. Je n'ai plus eu d'obligations militaires.

5 Q. Peut-être que -- ma question n'a pas été assez claire. A un moment

6 donné, vous a-t-on confié la mission de vous occuper du 9e Secteur naval en

7 1991 ?

8 R. Oui. Le 5 au soir, j'ai reçu un coup de fil. Je me trouvais à la

9 campagne.

10 Q. Vous parlez du 5 de quel mois ?

11 R. Le 5 octobre au soir, j'ai reçu un coup de fil de Belgrade. On m'a dit

12 de me présenter à l'état major, plus précisément, sous-chef d'état major,

13 le général Adzic. J'imagine que c'est son secrétaire qui m'a appelé. On m'a

14 dit de me présenter avant midi dans la journée du 6. Je me suis rendu à

15 Belgrade.

16 Q. Saviez-vous pourquoi on vous a demandé de vous rendre à l'état major ?

17 R. On m'a dit qu'on allait me confier des missions et que les détails me

18 seront communiqués par la personne du général Adzic et le général

19 Kadijevic. Cela s'est passé vers 11 heures du soir. Le secrétaire soit

20 n'était pas au courant des raisons, soit il ne voulait pas me les

21 communiquer par téléphone. Le lendemain je suis allé voir le général Adzic

22 vers midi. Il m'a demandé si j'étais équipé pour voyager. Il m'a dit que,

23 vers 17 heures, j'allais me rendre avec le général Kadijevic, que j'allais

24 entreprendre un voyage.

25 Q. Excusez-moi, Amiral. Que vous a-t-il dit, que vous alliez vous rendre

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1 où ?

2 R. Que j'allais me rendre à Boka, pour y prendre les fonctions du

3 commandant du 9e Secteur navale, puisque l'ancien commandant Djurevic avait

4 été tué lors d'un accident d'hélicoptère, et qu'on allait me confier le

5 poste du commandant du secteur.

6 Q. Savez-vous la date à laquelle amiral Djurevic a été tué -- a trouvé la

7 mort ?

8 R. Il a trouvé la mort le 5 -- dans l'après-midi, vers 15 heures, c'est ce

9 que j'ai appris plus tard. Les détails, où et quand, je les ai appris

10 lorsque je suis arrivé à Boka.

11 Q. Connaissiez-vous l'amiral Djurevic ?

12 R. Oui. Je le connaissais de la marine. Il était officier de la marine. Sa

13 spécialité était des transmissions. Il était tout le temps dans les sous-

14 marins alors que j'embarquais sur les vaisseaux pendant 18 ans. Il était

15 dans les sous-marins la plupart du temps pour passer au bout de quelques

16 années au Secteur navale de Split.

17 Q. Amiral, saviez-vous quelle était l'appartenance ethnique de l'amiral

18 Djurevic ?

19 R. Il était Monténégrin, originaire de Danilov Grad.

20 Q. A quel moment avez-vous pris ses fonctions en tant que commandant du 9e

21 Secteur navale ? Pouvez-vous nous dire la date à laquelle cela s'est

22 produit ?

23 R. Je suis arrivé dans la nuit du 7 -- ou plutôt, dans le nuit du 6, vers

24 2 heures du matin. Je suis arrivé à Kumbor, Herceg-Novi. Je me suis

25 présenté à l'état majeur à 9 heures du matin, et le chef d'état majeur,

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1 Zec, m'a accueilli, et m'a informé de la situation. Ensuite, j'ai fait la

2 connaissance de Ruzinovski, qui était le commandant du 2e groupe, et qui

3 était venu rejoindre le commandement de Kumbor pour assister à la passation

4 des pouvoirs. La situation m'était inconnue. Je ne savais pas quelle était

5 la situation sur le front, je ne savais rien sur le groupement des unités,

6 sur le situation sur le front. J'avais été à la campagne, et je ne recevais

7 des informations sur ces lignes que par les médias. Le 8, on m'a confié ce

8 poste. L'ordre a été émis le 8 octobre, l'ordre portant le nomination.

9 Le 8, dans l'après-midi, l'amiral Djurevic a été enterré dans la ville de

10 Kotor, et c'est moi qui ai parlé à cette occasion, ainsi que d'autres

11 personnes. Entre temps, j'ai visité la ligne de front pour ce qui est de la

12 prise de commandement effective. Je peux dire que les ordres portant ma

13 signature ont été émis à partir du 9. La situation était calme sur la ligne

14 de front, il n'était pas nécessaire de mettre des ordres concernant les

15 activités. Le 8 octobre, un cessez-le-feu a été proclamé.

16 Q. Merci. Je vais vous demander d'être un peu plus bref, plus concentré

17 dans vos réponses. Vous avez dit que vous n'appreniez que par les médias

18 les détailles concernant l'opération Dubrovnik. Est-ce que vous saviez que

19 votre arrivée au 9e Secteur navale était liée à l'opération Dubrovnik ?

20 R. Oui.

21 Q. Amiral, vous avez mentionné le nom du commandant Ruzinovski. Pouvez-

22 vous nous dire quelle était son appartenance ethnique, si vous le savez

23 bien sûr ?

24 R. Milad Ruzinovski était macédonien.

25 Q. Vous avez mentionné le nom de Ruzinovski en liaison avec le 2e Groupe

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1 opérationnel. Avez-vous fait rapport au général Ruzinovski ?

2 R. Lorsque j'ai pris le commandement, lorsque j'ai commencé à commander

3 les unités, j'ai été son subordonné. Je faisais rapport, évidemment, je

4 faisais tout ce qu'il me demandait de faire.

5 Q. Il était commandant de quoi, quelle était la formation à la tête de

6 laquelle il se trouvait ?

7 R. Il était le commandant du 2e Groupe opérationnel.

8 Q. Qu'est-ce qu'un groupe opérationnel, Amiral ?

9 R. Un groupe opérationnel est une formation de commandement du niveau de

10 l'armée. Il est composé des corps d'armée. Le 2e Groupe venait d'être créé,

11 il n'existait pas auparavant. La nécessité se fait sentir, vu l'ampleur de

12 l'opération Dubrovnik, ce groupe opérationnel est devenu nécessaire. Il

13 comprenait trois corps d'armées, le 9e Secteur et le 2e Groupe tactique, au

14 début.

15 Q. Pouvez-vous nous dire quelle était la fonction de ce type de formation

16 de groupe d'opérationnel ?

17 R. L'objectif était la mise en application d'une certaine opération. Si un

18 corps d'armée n'est pas en mesure, vu sa formation, de mener à bien une

19 opération sur une partie du front, ou sur le front en général, pour

20 atteindre les objectifs de cette opération, il est nécessaire de procéder à

21 la création d'une nouvelle formation, le 2e Groupe opérationnel, par

22 exemple. Les unités, qui sont censés mettre en application cette opération,

23 sont subordonnées. Dans l'espace yougoslave, nous disposions du 1e et du 2e

24 Groupes opérationnels, si mes souvenirs sont bons.

25 Q. Quand, le 2e Groupe opérationnel, a-t-il été créé ? Pouvez-vous me

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1 donner la date, si vous la connaissez ?

2 R. Le 2e Groupe opérationnel a été créé en septembre -- vers la mi-

3 septembre, en Herzégovine orientale, a proximité de la ville de Nevesinje,

4 à Kifino Selo, plus précisément. C'est là que se trouvait le siège des

5 ressources humaines de l'inspection principal de la JNA. Cela concernait

6 également les personnels de Belgrade et de Podgorica.

7 Q. Au sein du 2e Groupe opérationnel, y avait-il uniquement des forces

8 navales ou les forces terrestres, ou les deux ? Pouvez-vous nous décrire la

9 composition des forces ?

10 R. Au sein du 2e Groupe opérationnel, on trouvait les Unités terrestres,

11 les Unités de la JNA, de la TO. Au sein du 9e Secteur, nous avons un

12 commandement mixte, et on pouvait trouver également les Unités navales. Le

13 2e Groupe opérationnel ne disposait pas de force de l'armée de l'air, mais

14 il bénéficiait d'un soutien d'une Brigade de l'armée de l'air. Certaines

15 parties de cette brigade agissaient sur ordre ou sur demande du

16 commandement du 9e Secteur. Il s'agissait de la 97e Brigade de l'air.

17 Q. Amiral Jokic, à l'époque où vous avez pris vos fonctions, en octobre

18 1991, le blocus de Dubrovnik était-il déjà en place ?

19 Peut-être que nous avons un problème d'interprétation ?

20 R. Non, cela va. Oui. Avant le 1er octobre, le 30 septembre me semble-t-il,

21 le blocus naval a été ordonné, le blocus naval de Dubrovnik, afin

22 d'empêcher que la ville de Dubrovnik soit armé, suite à la résolution des

23 Nations Unies, pour éviter que des contrebandes, que d'armes soient et

24 ailleurs en Yougoslavie, dans la république yougoslave.

25 Q. Combien de temps avez-vous servi sous les ordres du commandant

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1 Ruzinovski ?

2 R. Jusqu'au 13 octobre -- du 8 au 13 octobre, j'ai rempli ces fonctions-

3 là.

4 Q. Que s'est-il passé ensuite ? Qu'est-il arrivé au commandant

5 Ruzinovski ?

6 R. Ruzinovski a été retiré de son poste. Il est allé à Belgrade et le

7 général Strugar l'a remplacé à ce poste.

8 Q. Lorsque vous dites "le général Strugar", pouvez-vous être plus précis ?

9 Quel est son prénom, si vous le savez ?

10 R. Le général Pavle Strugar.

11 Q. Le chef d'état major du 2e Groupe opérationnel était le capitaine Zec.

12 Avez-vous eu l'occasion auparavant de travailler avec le capitaine Zec

13 avant de reprendre vos fonctions, d'être réactivé en octobre 1991 ?

14 R. Non. Le capitaine Zec était dans mon secteur. Il ne faisait pas partie

15 du 2e Groupe opérationnel.

16 Q. Le connaissiez-vous auparavant ?

17 R. Oui. Je le connaissais. Je connaissais le capitaine Zec à l'époque où

18 j'étais le commandant du secteur. Il était le chef des opérations et il

19 avait eu d'autres fonctions également. Après la mort de l'amiral Djurevic,

20 il a assuré le commandement pendant quelques jours qui ont séparé la date

21 de la mort de l'amiral Djurevic et mon arrivée.

22 Q. Pouvez-vous décrire certaines fonctions et devoirs qui appartenaient au

23 général Strugar en tant que commandant du 2e Groupe opérationnel ?

24 R. Il s'agissait de devoirs prévus par notre règlement, le règlement de

25 services de la JNA ainsi que d'autre règles de combats qui réglementent les

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1 fonctions du commandant de l'armée pratiquement. Les missions lui étaient

2 assignées par l'état major principal. Il mettait en œuvre ces ordres par

3 l'intermédiaire des unités qui lui étaient subordonnées, qui composaient

4 son groupe.

5 Q. Quels étaient ses pouvoirs en vue de commander les opérations et

6 diriger les opérations ?

7 R. Il avait plein pouvoir par rapport à l'objectif de l'opération en

8 question. Les objectifs étaient réalisés en fonction des ordres qu'ils

9 recevaient de l'état major principal. Le premier document qui a marqué le

10 début de l'opération Dubrovnik était une directive qui a été dirigée peu

11 avant le début de l'opération, avant le 1er octobre. Cette directive

12 définissait les objectifs de l'opération et les missions des unités.

13 Q. D'après vous, au sein du 2e Groupe opérationnel de la zone de

14 responsabilité, qui était la personne qui avait le plus de pouvoir, qui

15 avait le plus d'autorité militaire ?

16 R. Le commandant du 2e Groupe opérationnel, le général Pavle Strugar avait

17 le plus de pouvoir. C'est lui qui commandait les unités, toutes les unités

18 composantes du 2e Groupe opérationnel.

19 Q. Lorsque vous évoquez le général Pavle Strugar, vous pensez à la

20 personne à l'encontre de l'accusé dans cette affaire ?

21 R. Oui, bien sûr.

22 Q. Amiral, je vous prie de voir le document qui figure à l'intercalaire --

23 Mme SOMERS : [interprétation] Au 1er intercalaire, l'intercalaire numéro 1

24 du classeur qui nous a été fourni.

25 Q. Reconnaissez-vous ce document ?

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1 R. Oui. Il s'agit d'un document qui montre la structure du 2e Groupe

2 opérationnel, à la date du 7 octobre 1991, date à laquelle dont j'ai pris

3 les fonctions du commandant de secteur.

4 Q. Avez-vous participé d'une manière quelconque à la rédaction de ce

5 document ?

6 R. Oui. C'est moi l'auteur. J'en suis l'auteur, et ce schéma correspond à

7 l'état des faits, à la structure du commandant du 2e Groupe opérationnel au

8 début de l'opération de Dubrovnik.

9 Q. Avez-vous fourni ce document aux représentants du bureau du Procureur ?

10 R. Oui.

11 Q. En haut de ce document, on voit la date du 7 octobre 1991. Nous avons

12 une sorte d'organigramme, 2OG, 2e Groupe opérationnel. Qui était à la tête

13 du 2e Groupe opérationnel à la date du 7 octobre ?

14 R. le général Ruzinovski.

15 Q. En dessous de la case 2OG, on voit cinq autres cases. Pouvez-vous nous

16 expliquer quelles étaient les relations existant entre ces unités

17 représentées par ces cases ? Quelles étaient ces unités ?

18 R. Oui. On voit les unités subordonnées au sein du 2e Groupe opérationnel.

19 Je peux lire de gauche à droite. Tout d'abord, nous avons le 37e Corps

20 d'armée; ensuite, le 2e Corps d'armée; le 9e Secteur naval, mon unité;

21 ensuite, la 472e Brigade motorisée; et enfin, le 2e Groupe tactique. C'était

22 les unités subordonnées au commandant du 2e Groupe opérationnel.

23 Q. A l'époque, ces unités étaient-elles directement subordonnées au 2e

24 Groupe opérationnel ?

25 R. Oui, elles étaient directement subordonnées.

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1 Q. Puis-je vous demander, Amiral, la chose suivante : les commandants des

2 corps de formations différentes sont énumérés. Pouvez-vous nous lire ce

3 qu'il y a écrit à partir du 37e Corps d'armée ?

4 R. Le commandant du 37e Corps d'armée, le Corps d'Uzice, comme on

5 l'appelait eu égard le siège de l'état major apparemment était le général

6 Milan Torbica.

7 Le commandant du 2e Corps d'armée était le général Dragutin Eremija.

8 Le commandant du 9e Secteur naval par intérim était le capitaine Milan Zec

9 et c'est de lui que j'ai pris les fonctions.

10 Ensuite la 472e Brigade motorisée -- ou la Brigade de Trebinje, puisque le

11 siège se trouvait à Trebinje, le commandant était Obrad Vicic.

12 Enfin, le 2e Groupe tactique, c'était une unité qui venait d'être créée et

13 dont les opérations se déroulaient à Konavle. Son commandant était le

14 général Branko Stankovic.

15 Q. Lorsque vous avez dit que le capitaine Zec était la personne qui a

16 commandé par intérim, s'agit-il de la personne qui assurait le commandement

17 dans la période qui a séparé la date de la mort de Djurevic et votre

18 arrivée ?

19 R. Oui. Pendant quelques jours.

20 Q. En tant que chef d'état major, quelles étaient les fonctions qui lui

21 étaient confiées au cas où le commandant n'était pas disponible, soit pour

22 cause de décès ou autres causes provoquant l'absence au sein de la JNA ?

23 R. Le chef d'état major est le remplaçant du commandant. Il le remplace à

24 chaque fois que le commandant ne peut pas exercer ses fonctions, ou quand

25 il n'est pas présent. Il est aussi responsable du QG du commandement. C'est

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1 sa fonction particulière.

2 Q. Amiral, j'ai remarqué que par mes différentes formations, y compris les

3 corps et les groupes tactiques, se trouve aussi une brigade qui est

4 subordonnée directement au commandement du 2e Groupe opérationnel.

5 Pourriez-vous nous dire quelque chose, au sujet de cette brigade, à savoir,

6 le 472e Brigade motorisée, avait-elle un autre nom ?

7 R. Oui, en effet. Cette brigade s'appelait aussi la Brigade de Trebinje.

8 Auparavant, elle relevait du 9e Secteur militaire naval de Boka. Avant,

9 elle faisait partie du commandement; cependant, avant les débuts de

10 l'opération de Dubrovnik, quatre ou cinq jours auparavant, l'état major a

11 enlevé cette unité de la formation du secteur Boka pour la subordonner au

12 2e Groupe opérationnel et ceci directement.

13 Q. Amiral Jokic, d'après vous, pour quelle raison cette brigade a été

14 subordonnée au même niveau que le corps d'armée, et pourquoi cette brigade-

15 ci en particulier ?

16 R. Je ne peux pas vous répondre précisément. Je ne peux pas vous donner

17 les raisons précises, mais, vu ma position, je peux connaître les raisons

18 du quartier général principal. Il s'agit d'une force d'attaque, d'une

19 brigade extrêmement importante qui compte à peu près 6 000 personnes, et

20 qui était une force d'attaque, une force extrêmement importante pour cette

21 opération qui concernait à faire le blocus de la ville de Dubrovnik.

22 Même j'ai vu des documents de buts qui indiquaient que le

23 9e Corps d'armée n'allait pas participer à cette opération, qu'il y aura

24 uniquement la brigade qui allait participer à cela. Cependant, ceci a

25 changé par la suite puisqu'il s'agit d'une affaire maritime. Une formation

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1 de l'armée de terre est moins habilitée à agir dans de telles

2 circonstances.

3 Q. Amiral, vous avez dit qu'il s'agissait d'une "unité qui était

4 extrêmement forte". Quelle était cette unité à laquelle vous faites

5 référence ?

6 R. Je parle de cette Brigade motorisée de Trebinje.

7 Q. La 472e ?

8 R. Oui, en effet.

9 Q. Amiral, pourriez-vous nous dire ce que c'est qu'une force d'attaque ?

10 Comment comprenez-vous ce terme ?

11 R. Une force d'attaque, une unité d'attaque, c'est l'unité qui est porteur

12 de l'attaque ou de la défense, qui est porteur de mission dans le cadre

13 d'une opération. Cette unité clé dont va dépendre le succès de la mission

14 s'appelle une unité d'attaque. Quand on juge de cela, on ne juge pas des

15 moyens dont elle dispose, mais de ses capacités.

16 Q. Amiral Jokic, y avait-il une chaîne de commandement au sein du 2e

17 Groupe opérationnel ?

18 R. Oui. Le 2e Groupe opérationnel, enfin le commandement de ce groupe est

19 organisé selon les règles de l'organisation d'un quartier général. Elle

20 disposait des organes essentiels lui permettant de diriger les opérations

21 de combats de telles unités, des unités aussi importantes. Il s'agissait

22 d'une unité nouvellement formée, mais elle disposait, cependant, des chefs

23 des services et des branches qui étaient censés préparer les unités aux

24 opérations de combat. Ils ont aussi élaborés les documents des unités, et

25 c'est sur la base de ces documents que les unités subordonnées ont pu agir.

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1 Q. Quand vous parlez de ces "documents", de la "documentation", est-ce que

2 vous pensez aussi aux ordres ?

3 R. Oui.

4 Q. Amiral, je voudrais vous demander à présent d'examiner la pièce qui

5 figure à l'intercalaire 2 du classeur.

6 Mme SOMERS : [interprétation] Je suis désolé, mais mon collègue vient de me

7 dire que je devrais demander le versement au dossier du document qui figure

8 à l'intercalaire 1.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] De quelle façon vous souhaitez-vous

10 procéder par rapport à ce classeur ? Est-ce que vous allez demander le

11 versement au dossier du classeur tout entier ?

12 Mme SOMERS : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Nous allons

13 procéder document par document. Il y a un certain nombre qui figure déjà

14 parmi les pièces à conviction. Si nous vous avons présenté les classeurs en

15 entier, c'était pour vous être utile tout simplement.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Le document, qui figure à

17 l'intercalaire numéro 1, sera versé au dossier.

18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ceci sera la pièce du Procureur P99.

19 Mme SOMERS : [interprétation]

20 Q. Amiral, avez-vous sous vos yeux à présent le document qui porte le

21 numéro du bureau du Procureur 03520418 ? C'est son numéro de pièce. La date

22 de ce document est la date du 6 décembre 1991. Reconnaissez-vous ce

23 document ?

24 R. Oui, je le reconnais.

25 Q. Pourquoi ?

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1 R. J'en suis l'auteur. Il s'agit d'un document qui décrit la structure des

2 unités subordonnées au 2e Groupe opérationnel, le 6 décembre 1991.

3 Q. Est-ce que vous avez fourni ces documents aux représentants du bureau

4 du Procureur ?

5 R. Oui, en effet.

6 Q. Amiral, si l'on examine cet organigramme qui nous fournit la structure

7 du 2e Groupe opérationnel, à la date du 6 décembre 1991, en haut de

8 l'organigramme, on voit un nom, le nom du commandant du

9 2e Groupe opérationnel. Pouvez-vous me dire qui était ce commandant ?

10 R. Le commandant du groupe opérationnel était le général Pavle Strugar.

11 Q. Pourriez-vous, avec nous, s'il vous plaît, parcourir ces formations, et

12 qui à l'époque était directement subordonné au

13 2e Groupe opérationnel ?

14 R. A l'époque, les unités qui étaient subordonnées au

15 2e Groupe opérationnel étaient le 37e Corps d'armée, le 2e Corps d'armée, et

16 le 9e Secteur de la marine.

17 Q. Si vous regardez ce 9e Secteur de la marine, pourriez-vous nous dire

18 s'il y a d'autres d'unités qui lui sont subordonnées ? Pourriez-vous les

19 identifier pour nous ?

20 R. A l'époque, au niveau du 9e Secteur, les unités qui étaient

21 subordonnées à ce secteur étaient le 3e Bataillon de la 5e Brigade

22 motorisée, ensuite le 3e Bataillon de la 472e Brigade motorisée, ensuite la

23 3e Brigade légère de la 5e Brigade motorisée, et le

24 3e Bataillon de la 472e Brigade motorisée, ainsi que quelques compagnies de

25 chars.

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1 Mme SOMERS : [interprétation] Je voudrais demander à mon collègue de vous

2 présenter ce premier tableau pour qu'il soit juxtaposé au premier tableau,

3 au premier organigramme que vous nous avez présenté.

4 Q. Amiral, le voyez-vous sur l'écran à présent, tout les deux ?

5 R. Oui, en effet.

6 Q. Pourriez-vous nous résumer les changements qui figurent aux niveaux de

7 ces formations ? Quelles sont les unités qui sont restées ? Quelles sont

8 les unités qui sont parties ?

9 R. La différence entre ces deux organigrammes est comme suit : la 472e

10 Brigade motorisée est entrée dans le 2e Corps d'armée, et il ne dépend plus

11 directement du 2e Groupe opérationnel. Le 2e Groupe tactique a été

12 démantelé. Il n'existe plus en tant qu'unité. Ces unités, les unités qui

13 lui étaient subordonnées, deux brigades, ont été rattachées aux autres

14 unités. A partir de cette date-là, à partir du 2 octobre, cette unité

15 n'existait plus en tant qu'unité de commandement.

16 Q. Vous avez dit que la 472e Brigade -- ou la Brigade de Trebinje, fait

17 partie du 2e Corps d'armée; cependant, si l'on examine votre organigramme,

18 on peut voir qu'un bataillon appartenant à la 472e Brigade est resté

19 subordonné au 9e Secteur navale. Est-ce exact ?

20 R. Oui. Ce 3e Bataillon a été extrait de la brigade, et a été rattaché

21 directement au commandement du 9e Secteur navale, alors que la brigade,

22 toute seule, a abandonné les territoires de Dubrovnik pour être rattachée

23 au 2e Corps d'armée pour exécuter d'autre missions.

24 Q. Quel était ce 3e Bataillon de la 472e Brigade ? Quelle était sa valeur

25 pour rester rattaché au 9e Secteur navale, et ne pas suivre les autres

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1 bataillons de la brigade ?

2 R. Tous les bataillons de la Brigade de Trebinje sont exacts des niveaux

3 fonctionnels. Ce bataillon a été rattaché au 9e Secteur car ce secteur

4 avait besoin d'une telle unité pour être déployée autours de Dubrovnik,

5 justement pour procéder au blocus de la ville du côté sud et sud-est, en

6 direction de Trebinje.

7 Q. Le commandant, à la date du 6 décembre, du 3e Bataillon de la 472e

8 Brigade, était qui ?

9 R. Son commandant était le colonel Obrad Vicic.

10 Q. Je parle du 3e Bataillon appartenant à la Brigade de Trebinje.

11 R. C'était le capitaine Vladimir Kovacevic, qui a été nommé à ce poste

12 après que l'ex-commandant de ce bataillon a été grièvement blessé. C'était

13 le commandant Ekrem Delic.

14 Q. Est-ce qu'il avait un surnom ?

15 R. Oui, en effet. On l'appelait "Rambo".

16 Q. Pouviez-vous ne dire qui était le chef d'état major de la 472e Brigade

17 motorisée ?

18 R. C'était le commandant Miroslav Komar.

19 Q. Etait-il le chef d'état major au moment où vous rejoigniez le 9e

20 Secteur naval et au moins jusqu'au 6 décembre ?

21 R. Oui, oui. Il a été chef d'état major pendant toute cette période, ou

22 plutôt, il remplaçait le commandant de la brigade.

23 Mme SOMERS : [interprétation] Je vais passer à un autre document, et je

24 voudrais demander que l'on verse au dossier le document qui figure au

25 niveau de l'intercalaire 2.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ceci sera la pièce du Procureur P100.

3 Mme SOMERS : [interprétation] A présent, je voudrais attirer votre

4 attention sur le document qui figure au niveau de l'intercalaire numéro 3.

5 Q. Amiral Jokic, avez-vous ce document sous vos yeux ?

6 R. Oui, je le vois.

7 Q. Reconnaissez-vous ce document ?

8 R. Oui, je le reconnais. C'est un ordre de combat, numéro 6, qui est

9 adressé au commandement du 9e Secteur. Il a été élaboré au sein de mon

10 commandement.

11 Q. Est-ce que votre nom y figure ?

12 R. Oui.

13 Q. Quelle est la date de cet ordre ?

14 R. Le 20 novembre 1991, à 17 heures 00.

15 Q. A qui est adressé cet ordre ?

16 R. A mes unités. Aux unités qui me sont subordonnées.

17 Q. Est-ce qu'on y fait une référence au 2e Groupe opérationnel ?

18 R. Puisqu'il s'agit d'un ordre de combat, cet ordre est envoyé aux unités

19 qui me sont subordonnées et pour information au 2e Groupe opérationnel

20 puisque j'étais subordonné à ce groupe opérationnel.

21 Q. Dans le premier paragraphe, on s'adresse à la 472e Brigade motorisée

22 sans le 3e Bataillon. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?

23 R. Sans 3e Bataillon ?

24 Q. Pouvez-vous nous dire combien y avait-il de bataillons au sein de la

25 472e Brigade motorisée ?

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1 R. Il y a en avait 4.

2 Q. Les Bataillons numéros 1, 2 et 4, pourquoi le 3e Bataillon ne fait pas

3 partie de ce commandement ? Pourriez-vous nous dire quel était l'objectif

4 de cet ordre ?

5 R. L'objectif de cet ordre est indiqué au niveau du premier paragraphe :

6 "Sur la base de la décision pour des futurs activités émanant du commandant

7 du 2e Groupe opérationnel," ensuite, suivent les noms, et cetera. "La 472e

8 Brigade ne fait plus partie du 9e Secteur naval, alors que le 3e Bataillon

9 est subordonné temporairement au commandement du 9e Secteur naval."

10 C'est comme cela que j'interprète cela.

11 Q. Ensuite, on donne les détails concernant différents aspects des

12 responsabilités et missions de différentes unités qui sont subordonnées au

13 9e Secteur naval ?

14 R. Oui, en effet.

15 Q. Amiral, pourquoi a-t-on gardé le 3e Bataillon au sein du 9e Secteur

16 naval, alors même que les trois autres bataillons ont été rattachés à une

17 autre unité ?

18 R. Le but de cela était étroitement lié à la décision qui a été prise au

19 niveau du 2e Groupe opérationnel, à savoir que la 472e Brigade n'était plus

20 nécessaire pour mener à bien le blocus de Dubrovnik puisque le but

21 essentiel avait déjà été réalisé, et on avait besoin de cette brigade pour

22 d'autres territoires, d'autres régions pour Popovo Polje, et cetera. Pour

23 le 9e Secteur naval, il avait besoin d'un bataillon tel que le 3e Bataillon

24 pour continuer le blocus de la ville de Dubrovnik.

25 Q. Savez-vous quelle était la force du 3e Bataillon à l'époque ?

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1 R. Dans le cas d'un bataillon, vous trouvez à peu près 700 personnes. Là

2 je parle évidemment de bataillons motorisés. Ensuite, à l'intérieur vous

3 avez aussi quatre compagnies, dont trois sont motorisées, plutôt les

4 compagnies d'infanterie, et il y en a une qui est une compagnie anti-

5 blindée, anti-char plutôt. Il y a aussi un peloton de mortiers. En total,

6 ces bataillons comptent à peu près 700 hommes.

7 Q. Pourriez-vous nous donner les raisons qui ont fait que les autres

8 bataillons ont été éloignés du 9e Secteur naval ? Là je parle des autres

9 bataillons de la 472e Brigade qui étaient envoyés ailleurs ?

10 R. Après avoir réalisé les buts de blocus de Dubrovnik, cet objectif, vers

11 la fin du mois d'octobre, le commandant du 2e Groupe opérationnel a ordonné

12 qu'une réunion ait lieu le 2 novembre à Trebinje au niveau de son poste de

13 commandement. Lors de cette réunion, il fallait décider de quelle façon les

14 troupes et les forces allaient être regroupées, et de quelle façon elles

15 allaient agir. Vu que la Brigade de Trebinje est une unité importante qui

16 compte de nombreux éléments et qu'elle est très puissante, et qu'il n'était

17 absolument pas nécessaire de la garder autour de la ville, et surtout à

18 cause des provocations incessantes des tirs et des coups de feu, ils

19 étaient trop nombreux, ils avaient pas grand-chose à faire là-bas. C'est

20 pour cela que j'ai proposé que cette brigade soit retirée du territoire de

21 Dubrovnik, de Dubrovnik et ses environs, et le commandant du 2e Groupe

22 opérationnel -- du 2e Groupe de l'opération tactique l'a accepté. Ceci a

23 été fait le 2 novembre.

24 Q. Excusez-moi, Amiral, quand vous parlez du commandant du 2e Groupe

25 opérationnel, vous parlez de qui exactement ?

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1 R. Je fais référence au général Strugar.

2 Q. Pourriez-vous me dire, Amiral, à partir de quel moment vous disposez de

3 cette brigade toute entière faisant partie du 9e Secteur naval ?

4 R. Cette brigade était rattachée au secteur à partir du 26 octobre. Elle

5 devait y rester jusqu'au 6 novembre d'après tous les documents de combat;

6 cependant, vu les circonstances et les changements de la situation sur le

7 terrain, elle y est restée jusqu'au 21 novembre.

8 Q. Amiral, vous avez dit : "Que vous avez proposé que l'on procède comme

9 on l'a déjà fait, à savoir que cette brigade quitte la région de Dubrovnik

10 et le commandant du groupe, du groupe tactique a accepté cette

11 proposition." Ensuite, vous avez commencé à dire quelque chose, mais je

12 vous ai interrompu et vous n'avez pas terminé. Pourriez-vous me dire ce que

13 vous vouliez dire ?

14 R. Ceci devait être fait le 6 novembre. Toutes les unités, qui étaient

15 censées remplacer cette brigade, sont venues aux endroits qui leur étaient

16 attribués et là je parle du 3e Bataillon de la 5e Brigade motorisée, du

17 Bataillon de la Défense territoriale de Trebinje et le Détachement de la

18 Défense territoriale de Trebinje, qui devait normalement remplacer cette

19 brigade; cependant, cet ordre n'a pas été exécuté, cet ordre qui demandait

20 à retirer cette brigade de sorte que j'avais les unités en double sur le

21 terrain. J'avais, à la fois, les unités qui étaient censées être remplacées

22 et les unités qui sont venues les remplacer.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, pensez-vous que le

24 moment est importun pour prendre la pause ?

25 Mme SOMERS : [interprétation] Oui, effectivement.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons faire une pause

2 de 20 minutes à présent.

3 --- L'audience est suspendue à 10 heures 28.

4 --- L'audience est reprise à 10 heures 54.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute, Madame Somers.

6 Mme SOMERS : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président. Je

7 souhaiterais demander que l'on verse au dossier le dernier document que

8 nous avons vu il y a quelques instants. Il s'agit du document à

9 l'intercalaire 3.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Ce document sera versé au

11 dossier, et portera la cote P101.

12 Mme SOMERS : [interprétation]

13 Q. Amiral, je souhaiterais que l'on revienne quelques instants sur quelque

14 chose que vous avez dit à la page 28, ligne 13 du compte rendu d'audience.

15 Vous avez dit, je cite : "Ayant eu en tête que la Brigade de Trebinje était

16 une unité très grande de taille avec beaucoup d'hommes, il n'était plus

17 nécessaire de la garder dans les environs de la ville spécialement eu égard

18 aux tirs fréquents."

19 Je souhaiterais vous demander : quelle était votre préoccupation principale

20 concernant la Brigade de Trebinje ? Vous avez dit que précédemment vous

21 aviez dit que vous aviez proposé que cette brigade soit retirée. Quelle

22 était votre préoccupation principale ?

23 R. J'avais tenu compte du fait que la nécessité militaire ne s'y trouvait

24 plus et il n'était plus nécessaire qu'une unité aussi forte demeure autour

25 de la ville. Puisqu'il était très difficile de gérer tant d'unités, tant

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1 d'hommes, si les unités ne sont pas actives, si elles ne reçoivent pas de

2 mission et de tâches, il est tout à fait normal que l'armée fasse un

3 certain nombre de problèmes.

4 Q. Amiral, lorsque vous dites : "Qu'il n'était plus nécessaire de garder

5 une telle unité, une unité si forte plutôt autour de la ville," de quelle

6 ville parlez-vous ?

7 R. Je parle de Dubrovnik.

8 Q. Vous venez de dire que s'il ne reçoive pas de mission, il est tout à

9 fait normal pour les troupes de créer ou de causer des problèmes. De quel

10 genre de problèmes parliez-vous ?

11 R. Je pensais au fait d'ouvrir le feu, lorsque cela n'était pas nécessaire

12 puisque le fait était que la discipline ne se trouvait pas au niveau. Les

13 unités étaient faites pour la plupart des cas pour ce qui est de 50 % des

14 réservistes. De l'autre côté, les unités paramilitaires faisaient des

15 provocations puisqu'il y avait également parmi eux des hommes qui avaient

16 des points de vue assez extrémistes et qui provoquaient également. C'est

17 ainsi qu'il se créait une situation qui était bien difficile de gérer et

18 que les commandants ne pouvaient pas gérer facilement.

19 Q. Amiral Jokic, lorsque vous avez parlé de "formations paramilitaires

20 croates", est-ce que vous pensez aux forces de la défense du côté croate,

21 c'est-à-dire, la partie adverse.

22 R. Oui, c'est à eux que je pense.

23 Q. Je crois que vous nous avez dit qu'il s'agissait d'une brigade très

24 forte avec un grand nombre d'hommes. Pourriez-vous, je vous prie, nous

25 décrire le type d'armes que les diverses bataillons de la brigade avaient ?

Page 3843

1 R. Les bataillons étaient tous composés de la même façon. Ils avaient

2 trois compagnies motorisées d'infanterie, ils avaient également une

3 compagnie anti-char qui avait des mortiers de 82 millimètres, et ils

4 avaient des canons et des canons à mains et des Maljutkas. Chaque bataillon

5 avait une artillerie de mortiers de 120 millimètres.

6 Q. Maintenant, Amiral, je vous demanderais de nous donner les détails

7 quant au nombre d'armes, mais pour l'instant je voulais simplement savoir

8 le type d'armes que ces bataillons avaient. Vous nous avez dit que la

9 discipline ne se trouvait pas à un niveau dont on s'attendait d'une

10 brigade. Pourriez-vous, je vous prie, nous en dire plus là-dessus ?

11 R. Cette brigade était une brigade autrefois, une unité la mieux formée.

12 C'était la Brigade navale de défense qui avait été mobilisée sur le

13 territoire de l'Herzégovine et Monténégro et de Dubrovnik, également de la

14 côte monténégrine et de Dubrovnik. Par contre, après la situation qui s'est

15 présentée, après la création du conflit interne entre les unités

16 paramilitaires croates et les unités de la JNA, la brigade a très

17 rapidement été mobilisée que des hommes de l'Herzégovine et en partie du

18 Monténégro. Il ne s'agissait pas d'un profil de mobilisation, de soldats

19 qui avaient fait partie de formations permanentes. Il y avait beaucoup de

20 nouvelles personnes et des hommes qui n'avaient pas été assez formés. Il y

21 avait certaines personnes dans les unités qui se rapportaient de façon

22 volontaire et qui venaient dans la brigade de façon volontaire, de sorte

23 qu'une partie de ces hommes n'étaient pas assez formés, étaient

24 indisciplinés. Ils n'avaient pas la formation nécessaire pour participer à

25 de tel genre de combat.

Page 3844

1 Q. Est-ce que c'est une situation qui existait également dans la brigade

2 lorsque vous êtes revenu pour la première fois au commandement du 9e VPS ?

3 Est-ce que c'était la situation que vous avez trouvée lorsque vous y êtes

4 retourné ?

5 R. Oui, effectivement. C'était exactement ainsi.

6 Q. Vous aviez dit que vous aviez proposé le retrait de la brigade à un

7 moment ultérieur. Est-ce que vous pouvez nous donner les raisons pour

8 lesquelles vous aviez fait ce genre de proposition ? Pourquoi vous aviez

9 proposé le retrait de la brigade ?

10 R. Non. J'avais en tête une autre unité. Lorsque je suis arrivé sur le

11 théâtre de conflits de Dubrovnik le 7 octobre, et lorsque je me suis rendu

12 sur les unités de Konavle dans la région de Dubravka, Cilipi, en allant

13 jusqu'à Cavtat, j'ai vu beaucoup d'hommes appartenant à une autre unité

14 d'un autre groupe tactique qui avait beaucoup d'hommes sur un territoire

15 assez étroit et qui ressemblait à cette autre brigade également. Mais il

16 n'y avait pas de vrais buts. Il n'y avait pas une nécessité militaire pour

17 tant d'hommes, et il n'était pas nécessaire d'avoir une artillerie aussi

18 forte. J'avais proposé au commandement du 2e Groupe opérationnel, au

19 général Strugar, de tirer de ce 2e Groupe tactique une brigade car il

20 n'était plus nécessaire de la laisser là pour les combats qui devaient

21 suivre. C'était le général Branko Stankovic qui commandait cette unité.

22 C'est à ce moment-là que la première brigade avait été retirée. Il

23 s'agissait de la Brigade des Partisans de la Défense territoriale. C'était

24 son nom officiel. Il y avait un certain nombre de problèmes quant à la

25 discipline. On ouvrait le feu lorsque ce n'était pas nécessaire. Il y avait

Page 3845

1 un certain nombre de problèmes avec le pillage, et on incendiait certaines

2 régions également.

3 Q. Amiral, à quelle Défense territoriale faites-vous référence ?

4 R. Je pensais à ce groupe tactique, le 2e Groupe tactique qui avait été

5 nouvellement formé et qui était déployé à Konavle, et ce, depuis le début

6 de l'opération de Dubrovnik. Elle composait deux brigades de la Défense

7 territoriale.

8 Q. Vous parlez de la Défense territoriale de quelle république, Amiral

9 Jokic?

10 R. C'est la République du Monténégro.

11 Q. Je crois que vous avez dit : "Qu'il n'était pas nécessaire d'avoir une

12 artillerie aussi forte." Pourriez-vous nous dire ce que vous vouliez dire

13 par cela ? Comment avez-vous perçu la composition de l'artillerie dans les

14 unités dont vous faites détailles ? Est-ce que vous avez peut-être

15 considéré qu'il s'agissait de quelque chose d'un peu excessif, dans le sens

16 que leurs nombres étaient trop élevés ?

17 R. Oui, je crois que je dois d'abord donner une évaluation générale, à

18 savoir que nos unités de la JNA avaient été organisées de telle façon

19 qu'elles pouvaient agir contre un ennemi, un agresseur. Les unités avaient

20 une artillerie assez forte, et c'est ainsi qu'elles avaient été conçues.

21 Mais maintenant, l'ennemi en question, ou la partie adverse, n'était pas

22 tellement équipé. Il n'était pas nécessaire, puisqu'une telle artillerie

23 dérangeait la plupart des cas, plus particulièrement en Konavle, et dans

24 les endroits assez peuplés, il n'était pas nécessaire d'avoir cela.

25 L'artillerie, c'était des canons de support de 130 millimètres, des canons

Page 3846

1 Howitzer de 120 millimètres, des mortiers de 120 millimètres, et cetera.

2 Q. Amiral, qui avaient les canons de 130 millimètres ? Vous référez à vos

3 unités de la JNA ?

4 R. Oui, ce sont les unités d'un vieux secteur naval. Ils avaient deux

5 batteries; une de 130, et une de 175. Le 2e Groupe tactique avait des

6 batteries qui lui avaient été subordonnés. Elle avait en son sein une

7 batterie de 120 millimètres, des canons Howitzer, alors que la 472e Brigade

8 avait l'artillerie la plus forte. Elle avait ces deux divisions.

9 Q. Simplement pour être plus claire, lorsque vous dites : "Qu'elle

10 agissait contre les forces paramilitaires," pensez-vous aux forces

11 croates ?

12 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je suis navré, je

13 voulais interrompre.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je vous écoute.

15 M. PETROVIC : [interprétation] L'amiral Jokic, en répondant, a très

16 clairement dit à quelles unités appartenaient les unités d'artillerie.

17 Malheureusement, au compte rendu de l'audience, je ne vois pas cette

18 précision. Je demanderais que l'on repose la question à l'amiral, afin

19 qu'il puisse clarifier à quelles unités appartenaient quels secteurs.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, désirez-vous préciser

21 ce point avec le témoin ?

22 Mme SOMERS : [interprétation] Oui.

23 Q. Alors que vous avez dit qu'il s'agissait de "forces paramilitaires qui

24 n'étaient pas particulièrement bien armées", pensez-vous aux forces croates

25 paramilitaires ?

Page 3847

1 R. Oui, c'est à eux que je pense.

2 Q. Amiral, M. Petrovic a dit tout à l'heure que vous avez dit quelque

3 chose qui ne se retrouve pas au compte rendu de l'audience. Ma question

4 était -- et je vais essayer de retrouver la question. Vous avez dit : "Je

5 vais préciser exactement où se trouvait chaque unité." Vous avez dit :

6 "Voici, c'était nos unités qui étaient composées de deux batteries de 130,"

7 et cetera.

8 Pourriez-vous, je vous prie, répéter votre réponse et préciser les

9 endroits ?

10 R. Le 9e Secteur était composé de deux unités d'artilleries, une batterie

11 de 130 millimètres, et une batterie de 85 millimètres. Les deux étaient

12 immobiles. Au début de l'opération de Dubrovnik, ces unités se trouvaient à

13 l'extérieur de la zone d'opération, de l'autre côté de Boka, sur la

14 presqu'île de Ljustica. Au tout début de l'opération, ces batteries avaient

15 été rélocalisées. Elles ont traversé la péninsule, et je crois que, vers le

16 3 octobre ou le 5 octobre, où ces unités étaient subordonnées au 2e Groupe

17 tactique, qui à ce moment-là était le porteur de toutes les opérations

18 principales à Konavle, Lanski Polje [phon].

19 Autre eux, ce 2e Groupe tactique avait sa propre artillerie. Il s'agissait

20 d'une batterie de 122 millimètres, et elle était également composée des

21 mortiers. Chaque brigade avait des mortiers de 120 millimètres. Il

22 s'agissait d'une force d'artillerie dont je vous venais de parler. Le tout,

23 bien sur, se passait avant que le général Strugar ne vienne au 2e Groupe

24 opérationnel.

25 Q. Merci pour cette précision. Pour ce qui est du 6 décembre, Amiral, nous

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1 avons regardé une liste organisationnelle, et vous nous avez également

2 parlé de la subordination d'autres bataillons. Nous avons parlé du 3e du 5e

3 Bataillon. Pourriez-vous nous dire, je vous prie, qui était le commandant

4 du 3e Bataillon et du 5e Bataillon. Je vous prie, d'abord, parlez-nous du 5e

5 Bataillon.

6 R. Non, il ne s'agit pas du 5e Bataillon, mais c'est le 3e Bataillon de la

7 5e Brigade. Je crois que vous devez sans doute penser à cela.

8 Q. Oui, je vous remercie d'avoir porté précision, Amiral.

9 R. Le 3e Bataillon de la 5e Brigade était au tout début des opérations

10 militaires qui se trouvait dans la composition de la 2e Groupe tactique.

11 Mais c'est le bataillon qui provienne du 5e Bataillon motorisée de

12 Podgorica. Ce bataillon a été retiré de ce Bataillon de Podgorica, et il a

13 été subordonné au 2e Groupe tactique. Lorsque le 2e Groupe tactique a été

14 démantelé le 21 octobre, ce bataillon m'est devenu subordonné. Il

15 fonctionnait jusqu'à la fin du mois de décembre dans le cadre du 9e Secteur

16 comme étant une unité qui était temporairement subordonnée.

17 Q. Amiral, qui était le commandant de cette unité ?

18 R. Le commandant de cette unité était le commandant Zdravkovic Srboljub.

19 Q. Veuillez-vous nous en dire plus, je vous prie, sur lui.

20 R. Dans la composition de ce bataillon de la 5e Brigade, cette composition

21 ressemblait au Bataillon de Trebinje. Pour ce qui est du tout début, il

22 avait une compagnie de vieux chars de la Deuxième guerre mondiale. Il était

23 également muni d'une Compagnie de transporteurs blindés. Plus tard,

24 lorsqu'ils m'ont été subordonnés, ces transporteurs blindés ont été retirés

25 de cette composition, et ont été transférés à une autre unité qui ne se

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1 trouvait plus dans ma zone opérationnelle.

2 Q. Amiral, nous avons placé de nouveau la formation du

3 6 décembre. Je crois que c'est quelque chose que vous pourrez voir sur le

4 moniteur. Je vous demanderais de nous décrire brièvement les autres unités.

5 Nous pouvons lire les abréviations ici. Il serait sans doute utile de

6 savoir à quoi se réfèrent ces abréviations. Je vous prierais de nous dire

7 un peu plus longuement sur les unités.

8 R. J'ai déjà dit que le 3e bataillon de la Brigade de Trebinje, dont le

9 commandant était le capitaine Vladimir Kovacevic. Je vous ai déjà parlé de

10 ce bataillon -- je vous ai parlé de la composition de ce bataillon

11 également.

12 Q. Oui, excusez-moi. Il y a d'autres abréviations : "TC", qu'est-ce que

13 cela veut dire exactement ?

14 R. Oui, oui, je comprends bien. La 3e Brigade légère était une unité assez

15 légère qui avait été formée très rapidement. Elle était composée de cinq

16 compagnies. Elle comptait entre 1 200 et 1 300 hommes en partie avec des

17 volontaires et n'avait pas plusieurs pièces d'artillerie. Cette unité

18 n'avait pas une valeur de combat. Elle servait plutôt pour établir,

19 effectuer des tâches de soutien et pouvait effectuer également le contrôle

20 des territoires.

21 Pour ce qui est maintenant du détachement de la Défense territoriale de

22 Trebinje et du Bataillon de la Défense territoriale de Trebinje, il

23 s'agissait, à ce moment-là, d'unités territoriales au sens classique du

24 terme qui ne participaient pas aux opérations de combat mais qui servaient

25 de contrôle de territoires afin d'assurer la sécurité de certaines

Page 3850

1 installations et d'assurer également la permanence des gardes. Ces

2 Compagnies territoriales étaient des unités toutes petites, composées

3 d'infanterie et armées d'armes légères et c'était la partie le long de la

4 côte d'Herceg-Novi, Tivat, Budrat [phon], Bar. Elles étaient composées

5 également de membres d'autres municipalités telles Mojkevac, Bijelo Polje,

6 et cetera. Il s'agissait d'unités qui, encore une fois, ne participaient

7 pas à l'attaque mais elles servaient pour assurer la sécurité et le

8 contrôle du territoire ainsi que certaines installations, bâtiments, et

9 cetera.

10 Q. Dans quelle république se trouve Trebinje, Amiral ?

11 R. Trebinje se trouve en Bosnie-Herzégovine, dans la partie de la Bosnie-

12 Herzégovine appelée Herzegovina.

13 Q. S'agissant du 3e Bataillon de la 472e Brigade, jusqu'à quand ont-il été

14 sous le commandement du 9e VPS ?

15 R. Ce bataillon a commencé à faire partie du 9e VPS, le 10 novembre 1991,

16 et il est resté dans la composition du secteur jusqu'à la fin, jusqu'au 31

17 décembre et même plus tard, pendant que j'étais commandant.

18 Q. Pourriez-vous, je vous prie, nous préciser lorsque vous avez un point,

19 lorsque vous avez parlé de la Brigade de Trebinje qui faisait partie de la

20 472e Brigade, vous avez commencé à en être le commandant vers la fin du

21 mois d'octobre ?

22 R. Oui.

23 Q. Amiral, les changements dont vous avez fait état pour ce qui est des

24 unités de subordination, il s'agit de formations dont vous nous avez parlé,

25 vous avez parlé dans l'un des documents, vous parlez du 7 octobre et sur un

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1 autre document, vous parlez du 6 décembre. Qui sont les personnes

2 responsables de ces changements ? Qui a donné l'ordre pour procéder à ces

3 changements ?

4 R. C'était le commandant du 2e Groupe opérationnel. Dans ce système de

5 commandement, il avait demandé que ses subordonnés lui donnent des

6 propositions, que les commandants de ces unités subordonnées lui fassent

7 des propositions et selon les propositions qui lui avaient été faites

8 concernant le meilleur usage des unités, c'est à ce moment-là qu'il rendait

9 une décision quant à la restructuration, la resubordination et ainsi de

10 suite.

11 Q. Après le 12 et le 13 octobre, lorsque vous parlez du commandant du 2e

12 Groupe opérationnel, à qui faites-vous référence ?

13 R. Je parle du général Strugar.

14 Q. Je vous demanderais d'examiner le document qui se trouve à

15 l'intercalaire 4.

16 Mme SOMERS : [interprétation] L'Accusation est d'accord pour dire que la

17 date du document est le début de l'année 1992. Ce document est daté du 5

18 février 1992, il s'agit d'une période qui n'est pas couverte par l'acte

19 d'accusation.

20 Q. Je souhaiterais vous demander une question. Qui est la personne dont le

21 nom figure en bas de page. J'ai sans doute ce document ?

22 R. C'est le commandant du 2e Groupe opérationnel, le général Pavle

23 Strugar.

24 Q. Ce document était destiné à qui particulièrement ?

25 R. Ce document est adressé au QG, à la première administration de l'état

Page 3852

1 major général.

2 Q. Quelle est la nature de ce document ? Que contient ce document ?

3 Mme SOMERS : [interprétation] Nous sommes navrés de ne pas avoir pu fournir

4 la traduction. Nous avons fait une demande et ce document sera traduit dans

5 le plus bref délai. C'est la raison pour laquelle je demanderais à l'Amiral

6 de nous parler de ce document.

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce document fait état du fait qu'à la demande

8 de la première direction de l'état major principal. On parle de la

9 composition des Unités du 2e Groupe opérationnel par rapport à la JNA, aux

10 Unités de la JNA et aux Unités de la Défense territoriale et aux Unités de

11 volontaires.

12 Mme SOMERS : [interprétation]

13 Q. Simplement pour venir en aide aux Juges car ils n'ont pas la traduction

14 en langue anglaise, cela pourrait peut-être leur aider si vous pouviez

15 donner lecture de ce dont il s'agit. A l'endroit où on peut lire, en fait,

16 je voulais vous demander de nous le lire à haute voix.

17 R. On voit apparaître les Unités du 2e Groupe opérationnel. Il est

18 question d'abord du 2e Corps d'armée, on y lit : "Les Unités de la JNA,"

19 dans le cas du 2e Corps et on énumère.

20 Puisqu'il s'agit du 5 avril [comme interprété] 1992, on voit la 472e

21 Brigade de Trebinje, les Unités d'obusiers 122, les Batteries de lance-

22 roquettes multiples, Division d'obusiers à canons multiples 326, ensuite

23 les Unités de la TO, la Brigade de Partisans du TO Sava Kovacevic et des

24 Unités de volontaires, la 1er Brigade légère et la 2e Brigade légère.

25 Q. Amiral, veuillez indiquer -- à la deuxième page, on voit apparaître VPS

Page 3853

1 Boka.

2 R. Oui.

3 Q. S'agit-il de vos unités ?

4 R. Oui, ce sont mes unités. On y voit sa composition, à savoir de quelles

5 unités il s'agit, toutes les unités fonctionnelles du 9e Secteur, qui n'ont

6 pas participé, de fait, activement à l'opération de Dubrovnik. Il y a

7 d'autres unités qui ont été rattachées provisoirement, le 3e Bataillon de

8 la 472e Brigade. Là on voit une erreur. Il ne s'agit pas du 1er Bataillon de

9 la 5e Brigade, mais du 3e Bataillon de la 5e Brigade motorisée. Ce sont les

10 Unités de la JNA. Ces deux bataillons faisaient parties de mes unités

11 provisoirement.

12 Les Unités de la TO, on voit apparaître le Bataillon de Trebinje. Ensuite,

13 les unités de volontaires, 3e Brigade Légère que j'ai déjà évoquée tout à

14 l'heure.

15 Q. Amiral, êtes-vous resté, à cette époque, subordonné au commandement du

16 2e Groupe opérationnel ?

17 R. Oui.

18 Q. Toutes les unités mentionnées dans ce document ont-elles été

19 subordonnées au 2e Groupe opérationnel à l'époque ?

20 R. Oui.

21 Q. Le commandant du 2e Groupe opérationnel à l'époque était toujours le

22 général Strugar ?

23 R. Oui.

24 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous prie de verser ce document au

25 dossier.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il s'agit d'un document qui sera admis

2 au dossier.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela portera la cote P102.

4 Mme SOMERS : [interprétation]

5 Q. Revenons à présent, Amiral, à la question de discipline, plutôt

6 l'absence de celle-ci, au sein de la 472e Brigade motorisée. Quelle était

7 la nature de l'absence de discipline ? Est-ce que ceci était évident

8 lorsque vous avez pris le commandement ?

9 R. C'était évident pour chaque commandant militaire d'active qui

10 commandait des hommes. Ce phénomène d'absence de discipline se traduisait

11 par l'absence d'application des ordres, les animosités personnelles, des

12 comportements extrêmes, l'utilisation non contrôlée des armes, les

13 blessures apportées par les uns et par les autres, la consommation abusive

14 d'alcool, des exemples individuels de vols, de pillages, d'incendies. Il y

15 avait également des exemples de provocation par armes légères vis-à-vis

16 l'adversaire, ou ripostes par rapport aux tirs des adversaires.

17 M. PETROVIC : [interprétation] Nous avons un problème de traduction. On

18 voit apparaître les provocations d'artillerie alors qu'il me semble que

19 l'amiral a dit des provocations par armes légères.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Maître

22 Petrovic. Ceci sera corrigé.

23 Mme SOMERS : [interprétation]

24 Q. En réponse à ce que vous avez décrit comme étant l'absence de

25 discipline apparente, quelles étaient les propositions que vous avez faites

Page 3855

1 auprès du commandant du 2e Groupe opérationnel ? Qu'avez-vous proposé à ce

2 sujet ?

3 R. Le commandant du 2e Groupe opérationnel donnait des ordres, en

4 application desquels il aurait fallu prendre toutes les mesures nécessaires

5 pour mettre fin à ces comportements. Certains groupes ont tentés de le

6 faire avec plus ou moins de succès. Il était difficile d'empêcher ou

7 d'arrêter, de mettre fin à de tels phénomènes. Les problèmes étaient de

8 taille, et les conditions d'opérations n'étaient pas idéales pour le

9 commandement. Par exemple, les unités étaient en exercices, et un décret a

10 été publié, en vertu duquel au bout de 45 jours, tous les hommes avaient

11 droit au congé. Ceci concernait toutes les unités sur tout le territoire

12 national. Les unités ont demandé de bénéficier de ce congé au bout de 45

13 jours mais le commandement n'a pas pu satisfaire ces demandes. L'état de

14 guerre n'a pas été proclamé. Ceci a entraîné des problèmes, des problèmes

15 d'application des règles de guerre, qui normalement permettaient de

16 sanctionner de tels comportements. Il y avait très peu de policiers

17 militaires, ou pas du tout, et ceci ne permettait pas que l'on sanctionne,

18 de manière appropriée, ces comportements. C'est pour cela que ce phénomène

19 est devenu récurrent.

20 Q. Les tentatives ou les ordres en vue de respecter la discipline étaient-

21 ils respectés ou les problèmes de discipline, ont-ils persistés ?

22 R. Pour ce qui est du commandement, il a tenté de résoudre ces problèmes.

23 Nous avons organisé un ou deux séminaires. Nous avions des réunions

24 quotidiennes, des groupes de militaires se réunissaient. Tous ces efforts

25 n'aboutissaient qu'à des résultats mitigés. Les raisons profondes, on n'a

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1 pas pu y remédier. Pour ce qui est du moral, de la connaissance des hommes,

2 la composition du commandement, et cetera, tous ces facteurs ont rendu

3 difficiles les tentatives de remédier à ce problème.

4 Q. Malgré tout cela, tout ce que vous venez de citer, Amiral, ces hommes

5 sont restés dans le théâtre des opérations et ils étaient armés ?

6 R. Peut-être que je n'ai pas bien expliqué. Il y eu des nombreux exemples

7 de plaintes portées contre les instigateurs aux actes d'absence de

8 discipline. Les policiers militaires procédaient à des arrestations et de

9 nombreuses affaires, plusieurs centaines, si mes souvenirs sont bons, ont

10 été portées devant les tribunaux. La plus grande partie de ces affaires

11 impliquait vols, incendies mais également l'utilisation incontrôlée d'armes

12 à feux.

13 Q. Nous y reviendrons, Amiral. Mais, je vous prie de tirer au clair

14 quelque chose que vous avez dit -- vous rappelez vos propos. Vous avez dit

15 -- je vous ai posé des questions concernant le manque de discipline au sein

16 de la 372e Brigade. Vous avez dit : "Il y avait des exemples d'acte de

17 provocation par voie d'artillerie ou d'armes à feu à l'encontre de

18 l'adversaire."

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce passage que vous venez de lire a

20 été corrigé tout à l'heure, Madame Somers.

21 Mme SOMERS : [interprétation] Je prie mon confrère Petrovic de me rappeler

22 de quoi il s'agissait.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] "L'artillerie" a été remplacé par

24 "l'infanterie."

25 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi.

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1 Q. Pouvez-vous nous expliquer de quel cas particulier s'agissait-il ?

2 R. Pour ce qui est des actes de provocation, les faits sont les suivants :

3 les individus indisciplinés étaient à l'avant et ils utilisaient des armes

4 légères sans en avoir reçu l'ordre, de manière incontrôlée. Ils ripostaient

5 de manière énergique au feu venant de la partie adverse qui avait commencée

6 à tirer.

7 Q. Lorsque vous dites "individus", de quels individus s'agit-il ? Ils

8 faisaient partie de quelles formations ? De la JNA ou d'autres forces ?

9 R. Je fais référence à nos forces avant tout, mais je dis aussi que les

10 actes de provocation venaient des deux côtés. Dans la plupart des cas, il

11 était très difficile d'établir qui a commencé jusqu'à ce que l'on arrive au

12 plus près de la ville. Lorsque l'on enquêtait auprès des commandants et des

13 dirigeants, on ne pouvait pas effectuer des enquêtes approfondies. C'est

14 pour cela qu'on n'arrivait pas à établir qui était l'auteur de ces actes.

15 Nous recevions des lettres de protestation de l'autre partie, et nous leur

16 adressions également des lettres de protestation. J'ai quelques exemples en

17 tête et je peux vous les citer, si vous le désirez.

18 Q. Je souhaiterais vous poser des questions concernant le 3e Bataillon. Y

19 a-t-il eu des exemples particuliers relevant de ce domaine d'absence de

20 discipline du 8 octobre au 6 décembre. Ce n'est pas uniquement à cette

21 période-là. Vous souvenez-vous des exemples d'absence de discipline ou de

22 violations de règles de discipline de la part du 3e Bataillon de la 472e

23 Brigade. Je vous prie de vous concentrer là-dessus.

24 R. Je me souviens, et il me semble il y a un document qui fait état

25 d'actes d'absence de discipline impliquant des tirs le 23 ou le 24 octobre.

Page 3858

1 Il s'agit d'un document adressé au 2e Groupe opérationnel et c'est au 2e

2 Groupe opérationnel qui a distribué cela à toutes les unités subordonnées.

3 Il y a plusieurs morts et blessés. Le commandant notamment du 3e Bataillon

4 a été grièvement blessé à cette occasion-là. Mais il ne s'agissait pas

5 d'une unité qui m'a été subordonnée à l'époque. Je ne suis pas tout à fait

6 au courant de toutes les raisons, et je ne suis pas non plus au courant des

7 résultats de l'enquête.

8 Q. Peut-être que nous pouvons passer à d'autres sujets.

9 Vous souvenez d'autres incidents. Nous reviendrons au 3e Bataillon

10 ultérieurement. J'aimerais vous poser la question suivante : d'après vous,

11 le 3e Bataillon de la 472 Brigade était-il un bataillon semeur de troubles

12 ou source de soucies ?

13 R. Je ne pourrais pas dire cela, mais il s'agissait d'une unité

14 particulière eu égard son commandement. C'est ce que nous en avons en fait

15 conclu par la suite. Au début, on ne pouvait pas le savoir. A l'époque où

16 l'unité était commandée par Ekrem Devlic, c'est peut-être qu'il y a eu des

17 exemples, des cas de ce type même pendant son commandement. Mais depuis que

18 Kovacevic a pris le commandement, ces cas sont devenus très fréquents et le

19 bataillon se trouvait fréquemment dans des situations très difficiles.

20 L'absence de discipline est devenue flagrante, et tous les problèmes sont

21 apparus, tous les problèmes que tous commandements souhaiteraient éviter et

22 enrayer. Tout cela est devenu beaucoup plus flagrant pendant le

23 commandement, le mandat de Kovacevic.

24 Q. Vous êtes en train de nous dire que c'est comme cela que les problèmes

25 sont apparus ?

Page 3859

1 R. Oui.

2 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi une minute.

3 Q. Qui vous donnait des ordres et auprès de qui vous faisiez rapport ?

4 R. Je recevais les ordres de mon supérieur le commandant du 2e Groupe

5 opérationnel, le général Strugar. Quant à moi, je donnais des ordres à mes

6 unités subordonnées, les deux bataillons, le

7 3e Bataillon de Trebinje et le 3e Bataillon de la Brigade de Podgorica.

8 Q. Passons à la date du 7 novembre qui est un peu éloignée du mois

9 d'octobre que nous avons mentionné tout à l'heure. Vous souvenez-vous d'un

10 ordre émanant du chef d'état major des forces de la RSFY, du général Adzic,

11 et où il était question de blocus total de Dubrovnik et des environs ?

12 R. Oui, je me souviens d'un tel document. Cela figure dans les archives.

13 Q. Pouvez-vous nous expliquer les circonstances dans lesquelles est apparu

14 ce document rédigé par le général Adzic ?

15 R. Je ne sais pas. Je ne suis pas tout à fait au courant de toutes les

16 circonstances, mais je me souviens que pour le 7 novembre, il a été écrit

17 qu'il fallait mettre en place le blocus total de Dubrovnik. Peut-être qu'il

18 y a eu également des facteurs externes, externes par rapport à notre zone

19 de responsabilité. Peut-être qu'il y a eu des pertes dans d'autres

20 garnisons en Croatie. Peut-être aussi qu'il y a eu des facteurs internes,

21 puisque du 7 au 12 novembre, il y a eu de nombreux événements. De nombreux

22 événements se sont produits qui ont pu engendrer une telle attitude rigide.

23 Mais je ne peux pas affirmer avec certitude quelles étaient les raisons qui

24 l'ont poussé à agir de la sorte.

25 Q. D'après ce que vous nous avez dit au sujet des ordres, j'attire votre

Page 3860

1 attention sur l'intercalaire 5.

2 Je souhaiterais avant de passer à ce document vous poser une question,

3 Amiral. Je vous ai demandé qui émettait les ordres ? Vous avez dit que

4 c'était le général Strugar, que vous obéissiez à ses ordres. A qui faisiez-

5 vous rapport, Amiral ?

6 R. Au général Strugar.

7 Q. Passons au document maintenant qui se trouve sous vos yeux. Il s'agit

8 d'un document rédigé dans votre langue et porte la date du 16 octobre

9 1991 ?

10 R. Oui.

11 Q. A qui ce document est-il adressé ?

12 R. Au 2e Groupe opérationnel. Il s'agit d'un rapport concernant la mort

13 d'un policier militaire qui était membre de l'une de mes unités à Cavtat.

14 Ce document était envoyé à Belgrade puisque le décès des policiers devait

15 être informé à l'administration.

16 Q. Vous dites que même le décès d'un seul soldat, d'un seul membre de vos

17 forces était rapporté au commandant du 2e Groupe opérationnel ?

18 R. Oui, bien sûr.

19 Q. Ce document porte votre nom, n'est-ce pas ?

20 R. Oui, oui. Il s'agit d'un document émanant de mon commandement.

21 Mme SOMERS : [interprétation] Je souhaiterais que cette pièce soit versée

22 au dossier.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La pièce sera admise au dossier.

24 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P103.

25 Mme SOMERS : [interprétation]

Page 3861

1 Q. Où se trouvait le QG du 9e VPS lorsque vous êtes arrivé en octobre

2 1991 ?

3 R. Le QG se trouvait à Kumbor. C'était le siège en temps de paix et nous

4 n'avons rien changé.

5 Q. Kumbor se situe où ? Dans quelle république ?

6 R. Au Monténégro.

7 Q. Est-ce que le QG a changé de place ?

8 R. Oui. Lorsque nous sommes entrés à Kupari, il s'agissait d'un centre

9 militaire et c'est là que nous avons organisé un poste de commandement

10 avancé afin de raccourcir la distance existant entre nos unités et notre

11 poste de commandement avancé. C'est pour cela que nous avons mis en place

12 un poste de commandement extérieur, en dehors de Kumbor à Kupari.

13 Q. Lorsque vous dites "à proximité de Dubrovnik", êtes-vous en train de

14 nous dire que Kupari se situe en Croatie et qu'il s'agit du territoire qui

15 a été pris par les forces de la JNA, en particulier par le 2e Groupe

16 opérationnel ?

17 R. Oui.

18 Q. J'ai oublié de vous poser une question concernant le rapport sur le

19 décès d'un soldat.

20 Mme SOMERS : [interprétation] Madame McCreath, je vous prie de placer ce

21 document à l'écran.

22 Q. Il s'agit de nouveau du document manuscrit. Je vais vous demander à qui

23 ce document était adressé. Il y a un autre destinataire, le commandement du

24 Vis VPO. De quel commandement il s'agit ?

25 R. Il s'agit du commandement du secteur naval qui a été évacué de Split

Page 3862

1 sur Vis -- l'île de Vis. Il s'agissait du commandement de marine auquel

2 j'appartenais avant. Même si ce commandement n'était plus responsable du 9e

3 Secteur, afin de les tenir au courant, nous envoyions des rapports à ce

4 commandement aussi.

5 Q. Est-ce qu'il s'agit là d'une pratique commune que de tenir une unité

6 informée de la sorte ?

7 R. C'était une pratique qui n'était pas réglementée. On l'appliquait

8 puisqu'on ne savait pas, par exemple, si j'allais rejoindre ce commandement

9 de nouveau. C'était pour tenir au courant le commandant. Mais il n'avait

10 aucun pouvoir sur moi. Il ne faisait que suivre l'évolution des événements.

11 Q. Le poste de commandement du 2e Groupe opérationnel était où ? Où se

12 situait-il ?

13 R. Dans la ville de Trebinje.

14 Q. La municipalité de Trebinje en Bosnie-Herzégovine comme vous l'avez dit

15 tout à l'heure ?

16 R. Oui.

17 Q. Je vais vous poser quelques questions au sujet des officiers supérieurs

18 du 2e Groupe opérationnel placé sous le commandement du général Strugar.

19 Pourriez-vous nous donner les noms des officiers supérieurs au sein du

20 commandement, du QG, qui étaient présents ou en poste au sein du 2e Groupe

21 opérationnel à l'époque ?

22 R. Le chef d'état major du 2e Groupe opérationnel était le général Branko

23 Stankovic. C'est au début de l'opération de Dubrovnik; cependant, puisque

24 immédiatement après le 2e Groupe tactique a été formé, il est devenu son

25 commandant, alors que le chef d'état major, et le commandant du 2e Groupe

Page 3863

1 opérationnel en second est devenu Radovan Damjanovic. A partir du moment où

2 le 2e Groupe tactique a été démantelé, le 21 octobre, pendant un certain

3 moment, le général Stankovic était à nouveau au poste du chef d'état major

4 du 2e Groupe opérationnel. Par la suite, il a été muté au sein du

5 13e Corps, le Corps de Bileca qui venait d'être créé. Je pense qu'il en

6 était le commandant, alors que le chef d'état major était le général

7 Damjanovic, de sorte, qu'il s'est remplacé à ce poste.

8 Q. Le 5 et le 6 décembre 1991, pourriez-vous nous dire qui était le chef

9 d'état major du 2e Groupe opérationnel ?

10 R. Je pense que c'était le général Stankovic.

11 Q. Qui était l'officier chargé des opérations ?

12 R. Le chef du secteur des Opérations était le colonel Miroslav Filipovic.

13 Plus tard, il a été promu au grade de général, mais je ne sais pas à quel

14 moment exactement.

15 Q. Etant donné les changements qui ont eu lieu au niveau du personnel de

16 l'état major, je ne veux plus vous poser des questions à ce sujet.

17 Concernant votre propre état major, pourriez-vous nous dire qui était votre

18 officier des opérations ?

19 R. C'était le capitaine de la brigade, Slobodan Kozaric.

20 Q. Où se trouvait-il ?

21 R. Il était toujours au poste de commandement à Kumbor, dans le centre des

22 Opérations. Quand ce poste de commandement a été déplacé à Kupari, il y

23 était en permanence dans ce poste de commandement de Kupari.

24 Q. Qui était votre chef d'état major ?

25 R. C'était le capitaine Milan Zec.

Page 3864

1 Q. Qui était votre assistant des forces de terre ?

2 R. C'était le colonel Gravilo Kovacevic.

3 Q. Pourriez-vous peut-être me donner quelques d'autres noms de vos

4 officiers supérieurs ? Ensuite, nous allons passer à autres sujets.

5 R. En ce qui concerne des assistants, j'avais aussi un assistant chargé du

6 moral des troupes, le capitaine de frégate, Mihajlo Zarkovic, l'assistant

7 pour les arrières, le colonel Petar Dragicevic, ensuite, un officier des

8 renseignements, Sofronije Jeremic, et il y en avait d'autres.

9 Q. Pourriez-vous me définir quelle était votre zone de responsabilité, du

10 point de vue géographique ?

11 R. Ma zone de responsabilité a changé au gré du développent de la

12 situation sur le terrain, de l'opération Dubrovnik. Quand je suis arrivé

13 sur le théâtre des opérations, cette zone était vraiment très restreinte.

14 Elle englobait l'espace allant depuis la frontière croato-monténégrine en

15 suivant la mer, s'étalant sur 2 ou 4 kilomètres. Je dirais que c'était

16 entre Krivaja et Cavtat. A partir du moment où ce groupe a été démantelé,

17 le 21 octobre, à ce moment-là, ma zone allait de Kupari jusqu'à Ivanica,

18 qui est à la frontière entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. Plus

19 tard, quand on m'a rattaché la 472e Brigade, cette zone allait de Dubrovnik

20 jusqu'à Zaton - Zaton Veli, Zaton Mali, jusqu'au sud de Dubrovnik, enfin,

21 les banlieues sud de Dubrovnik, aussi bien celles qui sont placées à

22 l'ouest que celles qui sont placées à l'est.

23 Q. Vu la description que vous venez de nous faire de votre zone de

24 responsabilité, pourrait-on dire qu'il y avait aussi bien un blocus

25 maritime qu'un blocus depuis la terre autour de la ville de Dubrovnik ?

Page 3865

1 R. Oui, absolument.

2 Q. Pour quelques instants, je vais revenir sur la structure du 3e

3 Bataillon de la 472e Brigade. Vous avez dit tout à l'heure, corrigez-moi si

4 j'ai tort, qu'il y avait à peu près 700 hommes -- excusez-moi. J'ai parlé

5 d'un autre chiffre, je me suis trompé. Pouvez-vous nous dire quelle était

6 la force de ce 3e Bataillon ?

7 R. Il y avait à peu près 700 hommes.

8 Q. Est-ce que vous pouvez dire que la majorité de ces soldats étaient des

9 soldats professionnels, des réservistes, ou comment décririez-vous ces

10 soldats, les soldats de ce bataillon ?

11 R. A peu près 50 % ou peut-être même moins d'entre eux, étaient les

12 soldats qui faisaient leur service militaire. Le restant était composé des

13 réservistes qui étaient mobilisés. Les officiers subalternes au niveau des

14 compagnies, c'étaient les chefs des pelotons. Ils appartenaient aux

15 réserves, aux forces de la réserve. Il n'y avait que les commandants des

16 compagnies qui étaient les officiers d'active, ainsi que le commandant de

17 bataillon.

18 Q. Il y avait combien d'unités au sein du 3e Bataillon ? Pouvez-vous les

19 décrire ?

20 R. Il y avait trois Compagnies motorisées au sein de ce bataillon, la 1er,

21 la 2e et la 3e. La 4e, c'était une Compagnie anti-char. Ensuite, il y avait

22 aussi un Peloton de mortier de 120 millimètres, ainsi qu'un commandement --

23 le commandement du bataillon avec une composition assez restreinte

24 comprenant le logistique, les arrières, et cetera.

25 Q. Pourriez-vous nous dire quel était le niveau d'entraînement de ces

Page 3866

1 soldats ou de ces réservistes du 3e Bataillon ?

2 R. En ce qui concerne les soldats qui faisaient leur service militaire,

3 les recrues, il n'y avait pas de problèmes en ce qui concerne leur

4 discipline, leur formation, leur entraînement; cependant, la deuxième

5 partie des hommes, les réservistes, qui ont été mobilisés à la va-vite,

6 pour ainsi dire qui ne faisaient pas partie du bataillon d'après le

7 "planning" de la mobilisation, c'est cela qui posait le plus gros des

8 problèmes. Il y avait des volontaires qui quittaient leurs unités pour

9 rentrer chez eux. Il fallait les remplacer. Parfois, il y avait des

10 volontaires. Ce n'était pas réglementaire. C'est cela qui nous posait des

11 problèmes, à l'époque. Ensuite, il y avait aussi les officiers des

12 réserves, qui étaient problématiques. Il y en avait une dizaine.

13 Q. Pourriez-vous nous dire quel était le niveau de l'entraînement des

14 réservistes et des volontaires aussi bien en ce qui concerne les manœuvres

15 militaires que les maniements des armes ?

16 R. Il n'était pas à la hauteur de nos besoins, des besoins pour le combat.

17 Ils n'étaient pas entraînés pour faire face à cette situation de combats

18 dans le cadre desquels ils étaient utilisés. Ce n'était pas les bons hommes

19 qui avaient été choisis pour ces postes. Nous n'avions peut-être pas

20 suffisamment de temps. Peut-être qu'il n'y avait pas suffisamment de

21 volontaires non plus. Les raisons d'en être arrivé là étaient multiples.

22 Q. Vous avez dit : "Qu'on n'a pas choisi les bonnes personnes." Quand vous

23 parlez de la "sélection," pouvez-vous nous dire qui a fait cette

24 sélection ?

25 R. Pour être honnête, la composition de ce bataillon, mais seulement de ce

Page 3867

1 bataillon-là, n'était pas la même que celui qui existait auparavant. Tout

2 simplement, on a fait venir des gens qui, auparavant, ne faisaient pas

3 partie de cette unité. Je vous ai dit que la région de Dubrovnik

4 fournissait 30 à 40 % d'éléments de cette unité. Ils n'étaient plus là. Il

5 fallait en former d'autres. Ils n'avaient pas le temps le faire. C'est pour

6 cela qu'ils n'étaient pas vraiment très bien formés pour participer aux

7 combats.

8 Q. Quand vous dites, "qu'on a fait venir d'autres personnes dans ce

9 bataillon." Pourriez-vous nous dire qui a fait cela pour ce bataillon-là et

10 pendant toute cette période-là ?

11 R. Je ne connais pas les détails. Je n'étais pas présent sur le théâtre

12 des opérations, à l'époque, pas sur celui-ci. Cette brigade a été formée

13 quelques mois auparavant où on a organisé cette brigade, où on les a

14 formés. Je n'étais pas présent pendant toute cette période. J'étais loin de

15 là. Toujours est-il, je considère que ceci n'a pas été bien fait, pas

16 suffisamment bien fait. Tout ceci a été fait par le 9e Secteur et par les

17 hommes faisant partie du commandement de la brigade. C'est eux qui ont

18 organisé et créé cette unité.

19 Q. Vous parlez du commandement du 9e Secteur, je ne suis pas sûr de bien

20 vous comprendre.

21 R. Le commandement du 9e Secteur, puisque la brigade relevait du 9e

22 Secteur, c'était l'organe chargé de l'organisation de la mobilisation de la

23 brigade au sein de la brigade, qui s'est chargé de tout cela, en faisant

24 appel aux gens venant des municipalités d'Herzégovine et de Monténégro. Le

25 commandement de la brigade nomme les personnes chargées de la mobilisation,

Page 3868

1 et ensuite, ils essaient de trouver les gens, de faire venir des nouveaux

2 éléments dans la brigade. C'est un processus qui a duré plusieurs mois. Je

3 ne sais pas à quel moment exactement cette mobilisation a eu lieu, mais il

4 est vrai que tout ceci n'était pas fait dans la règle de l'art. Le

5 commandant, évidemment, avait son mot à dire quand il s'agissait

6 d'organiser la mobilisation de la brigade, le niveau de l'entraînement, et

7 cetera.

8 Q. Vous parlez de quel commandant, le commandant de la brigade ?

9 R. Non. Je pensais au commandant du bataillon, le commandant du bataillon,

10 bien sûr. C'est lui qui est responsable de l'entraînement, de

11 l'entraînement au combat, du niveau d'entraînement de ces hommes. C'est une

12 tâche élémentaire.

13 Q. Le général Strugar a permis aux volontaires dont vous venez de parler

14 de rester sur le théâtre des opérations ?

15 R. A l'époque, il n'était même pas à ce poste-là. Il était, à l'époque, le

16 commandant de la Défense territoriale du Monténégro, et il n'a pas

17 participé à cela.

18 Q. Nous parlons de la période d'avant le 12 octobre ?

19 R. Oui.

20 Q. A partir du moment où le bataillon est créé et que l'on constate que le

21 niveau de l'entraînement des troupes n'est pas suffisant, est-ce qu'on a

22 quand même gardé ces gens au sein de l'unité sous le commandement général

23 du 2e Groupe opérationnel ?

24 R. Bien sûr que oui. Nous n'avions pas d'unités qui pouvaient les

25 remplacer. La situation était plus ou moins la même partout ailleurs, à

Page 3869

1 l'exception faite des commandants et dans les commandements strictement

2 parlant. En ce qui concerne les hommes, leur composition, leur profil était

3 semblable partout.

4 Q. Plus tôt, vous avez dit qu'après la blessure du commandant de

5 bataillon, Devlic, au mois d'octobre, le capitaine Kovacevic est devenu le

6 commandant. Pouvez-vous nous décrire cet homme ? Quelle était sa

7 personnalité ? Comment l'avez-vous perçu à l'époque, pas physiquement, son

8 caractère plutôt, en tant que commandant ?

9 R. A l'époque, je ne le savais pas, bien sûr, ce que je vais vous dire. Je

10 ne l'ai réalisé plus tard en commandant et en exerçant mes fonctions de

11 commandant. J'ai entendu parler de lui, effectivement. On l'appelait Rambo

12 pendant qu'il enseignait dans l'école des officiers de réserve de Bileca,

13 où il était l'instructeur de tir. C'était un officier professionnel de

14 carrière, très capable, très, très courageux et très ambitieux. S'agissant

15 de son surnom "Rambo", dans le monde entier, on sait ce que cela veut dire.

16 Nous ne pouvions pas savoir à l'époque, quelles conséquences cela allait

17 entraîner dans ces situations difficiles. Je pense que tout simplement, il

18 n'était pas suffisamment mûr, suffisamment expérimenté pour commander une

19 unité de cette taille-là.

20 C'était un capitaine, un simple capitaine qui avait 29, 30 ans au moment où

21 on lui a confié cette unité très importante.

22 Mme SOMERS : [interprétation]

23 Q. Où était le poste de commandement du capitaine Kovacevic ?

24 R. Son poste de commandement était à Gornji Brgat pendant toute cette

25 période-là dont nous parlons. De temps en temps, c'était uniquement pendant

Page 3870

1 une période précise que ce bataillon était au repos. C'était après les

2 blessures qui ont eu lieu, et c'était entre le 24 octobre et le 10

3 novembre, sinon, ils étaient actifs tout le temps. En ce qui concerne le

4 poste d'observation avancé, il était placé sur une côte qui s'appelle

5 Zarkovica, au-dessus de Dubrovnik.

6 Q. A partir du moment où le capitaine Kovacevic devient le commandant du

7 3e Bataillon, suite à la blessure infligée au commandant Devlic, est-ce que

8 sa nomination a été confirmée ? Est-ce qu'il a été nommé officiellement, de

9 façon officielle ? Est-ce que cette nomination a été confirmée ?

10 R. Je ne saurais vous répondre. Je ne peux pas savoir cela, mais je pense

11 que c'était bien le cas puisque, de toute façon, il a été le commandant en

12 second et, à partir du moment où le commandant ne peut plus exercer ses

13 fonctions, c'est le commandant en second qui prend la relève, à moins que

14 le commandant supérieur n'en décide autrement. Comme tel n'était pas le

15 cas, Kovacevic a pris ses fonctions immédiatement et, sans doute, que cette

16 nomination a été confirmée de la part du commandant de la brigade plus tard

17 et ceci de façon officielle. C'est, sans doute aussi, le commandant du 2e

18 Groupe opérationnel qui a confirmé cela. Je n'en suis pas sûr, mais je

19 pense que c'était -- cela s'est passé ainsi puisque c'était la procédure

20 réglementaire.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, le moment est-il

22 opportun pour prendre la pause ?

23 Mme SOMERS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons prendre une pause de 20

25 minutes.

Page 3871

1 --- L'audience est suspendue à 12 heures 17.

2 --- L'audience est reprise à 12 heures 45.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers, vous pouvez poursuivre.

4 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

5 Q. Amiral Jokic, nous avons parlé du 3e Bataillon de la 472e Brigade,

6 s'agissant de discipline. Comment décririez-vous l'utilisation des armes du

7 3e Bataillon de la 472e Brigade ?

8 R. Si vous voulez que je vous donne une évaluation, il y a eu plusieurs

9 situations assez difficiles dans lesquelles ce bataillon avait été déployé

10 dans son ensemble. Je pourrais vous dire que lors de ces situations-là,

11 l'utilisation des armes s'est faite souvent sans la nécessité militaire

12 explicite, plus particulièrement lorsqu'il s'agit de plus petites sections

13 du bataillon. Pour ce qui est de l'ensemble du bataillon également. Il y a

14 eu deux situations au moins que je connais assez bien dans lesquelles cela

15 s'est produit.

16 Q. Pourriez-vous nous décrire cette situation, je vous prie ?

17 R. Lorsqu'il s'agissait des opérations de combat menées entre le 10 et 12

18 novembre et les opérations de combat menées le 6 décembre, je parle de ces

19 deux incidents. Mais il y a eu d'autres situations concernant la violation

20 de l'utilisation des armes et ce, plus particulièrement lorsqu'il

21 s'agissait de certains soldats et de certains groupes de soldats.

22 Q. Vous faites une différence entre le mois de novembre et le mois de

23 décembre, en fait vous les appelez deux incidents ou plutôt vous parlez

24 maintenant des incidents mineurs si je vous comprends bien.

25 R. Oui.

Page 3872

1 Q. Je souhaiterais à présent vous poser certaines questions concernant la

2 compréhension du général Strugar et de sa façon de voir les unités du 2e

3 Groupe opérationnel et je souhaiterais attirer votre attention à

4 l'intercalaire 37 du classeur.

5 Amiral Jokic, ce document est daté du 4 novembre 1991, il est adressé, en

6 fait il provient du commandement du 2e Groupe opérationnel et il est

7 adressé à quelqu'un. Pourriez-vous nous dire à qui ce document est-il

8 adressé et qui est l'amiral Stane Brovet ?

9 R. Il s'agit d'un document qui a été rédigé au sein du commandement du 2e

10 Groupe opérationnel datant du 4 novembre 1991. Il est destiné à l'amiral

11 Stane Brovet, à être remis en mains propres au commandant des forces armées

12 de la RSFY. Il était le ministre, l'adjoint du ministre chargé des Affaires

13 nationales et de la Défense nationale. C'était l'assistant du ministre

14 Veljko Kadijevic.

15 Q. Le nom que nous voyons en bas de page appartient à qui ?

16 R. C'est le nom du commandant du 2e Groupe, du commandant du 2e Groupe

17 opérationnel, il s'agit de Pavle Strugar, du général Pavle Strugar.

18 Q. Ce document évoque un certain nombre de plaintes ou de griefs et des

19 questions qui ont été soulevées soit auprès d'eux ou en présence des

20 représentants de la Communauté internationale. Je souhaiterais maintenant

21 attirer votre attention sur le paragraphe 5, il s'agit de la deuxième page

22 pour ce qui est du document en langue anglaise.

23 R. Oui.

24 Q. Le paragraphe en question parle de l'information qui a été communiquée

25 disant que l'armée fédérale se sert d'armes de 120 millimètres et qui

Page 3873

1 tirait sur les hôtels de Babin Kuk.

2 Pourriez-vous me dire je vous prie, où est situé Babin Kuk ?

3 R. Babin Kuk se trouve tout près de la côte, au bord de la mer, tout près

4 de la mer ouverte assez loin de la vieille ville. C'est un complexe qui est

5 situé de trois à quatre kilomètres de la vieille ville.

6 Q. Fait-il partie de la municipalité de Dubrovnik ou fait-il partie de la

7 ville de Dubrovnik ?

8 R. Il fait partie de la ville même de Dubrovnik. Il s'agit d'une partie

9 fréquentée par les touristes du côté, à l'opposé de la vieille ville et au

10 bord de la mer.

11 Q. Plus loin dans le paragraphe, nous pouvons lire que des protestations

12 avaient été faites contre l'usage d'armes chimiques prétendant que ces

13 dernières avaient été envoyées depuis les sous-marins en direction de la

14 ville.

15 Pplus loin, on peut lire : "Que l'absurdité de cette prétention est tout à

16 fait absurde. Qu'il s'agit d'une absurdité et que c'est une prétention qui

17 ne fait aucun sens et c'est ce que nous pouvons lire, c'est ce qui a été

18 dit lors de la réunion du 4 novembre, qui a été tenue par les représentants

19 de l'ECMM."

20 Pourriez-vous nous indiquer de quoi s'agit-il ? Nous avons parlé d'une

21 absurdité de cette prétention sur la base de quoi peut-on conclure ou a-t-

22 on conclu qu'il s'agissait d'une prétention absurde ?

23 R. Je n'ai jamais vu ce document auparavant, mais je sais pertinemment de

24 quoi il s'agit. Je connais les événements qui ont eu lieu lorsqu'on parle

25 de l'oxygène de fusel et des attaques lancées depuis les sous-marins. Le

Page 3874

1 commandant du 2e Groupe opérationnel m'a demandé s'il y avait un quelque

2 fondement que ce soit. Pouvait-on parler d'un sous-marin qui se trouverait

3 tout juste, tout près de la côte de Dubrovnik. Pour dire franchement, pour

4 vous parler franchement, c'était tout à fait une erreur. Il n'y avait

5 absolument aucun sous-marin, aucun sous-marin n'aurait pu se rendre jusque

6 là, c'est une chose que je sais pertinemment. Maintenant le fait qu'il n'y

7 a pas eu d'armes chimiques, c'était tout à fait absurde puisque la partie

8 croate de Dubrovnik n'a jamais évoqué ce fait de nouveau; ils ont renoncé à

9 l'affirmation qu'il pouvait s'agir de quelque chose de concret, de vrai.

10 Concernant l'attaque menée sur les hôtels ou l'hôtel de Babin Kuk, il est

11 un fait que les mortiers de 120 millimètres étaient lancés en direction des

12 points, des cibles qui se trouvaient à Babin Kuk. Il faut dire que ces

13 armes se trouvaient très souvent tout près des hôtels dans lesquels se

14 trouvaient les réfugiés. C'est un fait.

15 Q. Une question, Amiral, pourrait-on passer au paragraphe 2, je vous prie.

16 Mme SOMERS : [interprétation] C'est le deuxième paragraphe de la première

17 page pour ce qui est du document en langue anglaise.

18 Q. "Quelques représentations avaient été faites en présence des

19 représentants de l'ECMM et les représentants de la ville de Dubrovnik

20 accusant la JNA d'avoir blessé cinq civils, décrivant les blessures, disant

21 que l'explosion avait causé des blessures et que ces personnes avaient été

22 blessées par éclats d'obus. Il était devenu insoutenable que des civils

23 soient atteints."

24 Je vous pose ma question suivante : est-ce qu'il y a une riposte rapide

25 envoyée par l'amiral Brovet. Est-ce que vous pourriez nous le dire ?

Page 3875

1 R. Je ne saurais vous répondre à cette question puisque je n'ai pas pris

2 part à cela outre ma connaissance concernant ce sous-marin.

3 Q. Vous avez connaissance du fait que les incidents avaient été apportés à

4 l'attention du commandement élevé à Belgrade à l'intention du général

5 Strugar ?

6 R. Oui, oui, tout à fait.

7 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous remercie. Je demanderais à ce que ce

8 document soit versé au dossier. Je vais passer à autre chose.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.

10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P104.

11 Mme SOMERS : [interprétation]

12 Q. Je vous demanderais d'examiner l'intercalaire 6 de votre classeur.

13 Mme SOMERS : [interprétation] Je suis désolée, j'avais allumé mon micro.

14 L'INTERPRÈTE : Les interprètes ont demandé à ce que Mme Somers allume son

15 micro.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Poursuivez, nous verrons.

17 Mme SOMERS : [interprétation]

18 Q. Amiral, s'agissant de ce document qui est daté du 8 octobre 1991. Est-

19 ce que vous pouvez m'entendre, Amiral ?

20 R. Oui, je vous entends.

21 Q. Pourriez-vous nous dire, je vous prie, le document est rédigé par qui ?

22 R. Ce document a été rédigé dans mon commandement à moi, il s'agit du 9e

23 Secteur, du 9e VPS. Il a été signé par le commandant du QG, Milan Zec, par

24 l'état major.

25 Q. Maintenant, ce document est adressé au commandement de Trebinje et de

Page 3876

1 la caserne de Radovici et l'on dit que : "Nos unités sont en train de mener

2 à bien la tâche avec beaucoup de succès. Les soldats montrent beaucoup de

3 bravoure. Par contre, il y a eu certains soldats qui se sont comportés de

4 façon inadéquate. C'est ce qui nous a été rapporté par le commandant du 2e

5 Groupe opérationnel, dans une lettre strictement confidentielle 149-1,

6 datée du 7 octobre 1991. On peut lire comme suit : causer, mettre le feu

7 de façon délibérée, détruire les installations, pillages, comportements

8 violents, excès d'alcool et refus de mener à bien les ordres. On lit plus

9 loin, avec l'intention d'arrêter ce genre de comportements, je donne

10 l'ordre suivant et ainsi de suite."

11 Est-ce que vous êtes au courant de ce genre de comportements, Amiral ?

12 Est-ce que cela fait état de la façon dont les choses se sont déroulées ?

13 R. Oui, tout à fait puisque cela a été rédigé le même jour où j'ai

14 commencé à commander. Le premier jour de la passation du pouvoir qui m'a

15 été donné et c'est à ce moment-là que nous avons parlé du manque de

16 discipline et de la façon dont on voyait ce genre de manque de discipline

17 se dérouler. C'est la raison pour laquelle le commandant du 2e Groupe

18 opérationnel a demandé pour que les commandants subordonnés prennent des

19 mesures importantes pour punir les auteurs de tels comportements, qui se

20 comportaient de façon non disciplinée et qui étaient susceptibles à se

21 faire poursuivre au pénal.

22 Mme SOMERS : [interprétation] Je souhaiterais que ce document soit versé au

23 dossier.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.

25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P105, une pièce de

Page 3877

1 l'Accusation.

2 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous remercie.

3 Q. Je souhaiterais maintenant attirer votre attention sur l'intercalaire 7

4 du classeur, du même classeur. Amiral, est-ce que vous connaissez ce

5 document ?

6 R. Oui. Ce document a été rédigé dans mon commandement en date du 15

7 octobre 1991 et c'est moi qui ai signé ce document en tant que commandant

8 du 9e VPS.

9 Q. Amiral, dans ce document, on peut lire à A, "commandant". Pourriez-

10 vous, je vous prie, me dire à qui ces documents avaient été envoyés si vous

11 le pouvez ?

12 R. Lorsqu'un document est envoyé à tous les commandements subordonnés, il

13 faut écrire AA, cela veut dire que les actes sont envoyés à tous les

14 commandements subordonnés pour que ces derniers y prennent connaissance et

15 exécutent l'ordre. Ce document parle d'un état, d'un état de fatigue et de

16 mécontentement ressentis par les soldats demandant la permission de

17 quitter, d'aller voir leurs familles ainsi de suite. C'est la raison pour

18 laquelle nous étions bien d'accord qu'il fallait respecter ces demandes, de

19 permettre aux soldats de se rendre dans leurs familles de façon organisée à

20 bord de véhicules motorisés et non pas de leur accorder des permissions

21 individuelles et ce, quand bon leur semble.

22 Q. Je peux également lire que nous pouvons voir en bas de page : "Informer

23 la garnison pertinente du 2e Groupe opérationnel pour chaque passage,

24 c'est-à-dire, le secteur de Trebinje, Bileca et Kumbor."

25 R. Oui.

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1 Q. En d'autres mots, ils étaient également au courant du contenu de ce

2 document et des raisons de ce passage ?

3 R. Oui. Puisque nous pouvons lire ici qu'il s'agissait de transports

4 organisés et que cela sera effectué à bord de véhicules motorisés et que

5 ces garnisons devaient être informées du fait que ce sont des permissions

6 qui ont été autorisées, qu'il ne s'agit pas de personnes qui essaient de

7 fuir.

8 Q. Dans l'ordre, dans ce document, vous dites "restlessness" en anglais.

9 Pouvez-vous nous dire pourquoi les soldats n'étaient pas tranquilles ?

10 R. Les soldats étaient fatigués, leurs familles étaient sans ressources,

11 tout particulièrement les familles de ceux dont les salaires étaient

12 modestes, ou même qui ne recevaient pas de salaires. L'hiver était sur le

13 point d'arriver et il n'avait pas suffisamment de bois pour se réchauffer.

14 C'était la situation sociale dans le pays, à l'époque, et ceci, bien sûr,

15 ce reflétait sur l'armée également.

16 Q. Est-ce que ceci a eu un effet quelconque sur la discipline et la morale

17 des troupes ?

18 R. Oui, bien évidemment.

19 Mme SOMERS : [interprétation] Je souhaiterais que ce document soit versé.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il est admis au dossier.

21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cette pièce portera désormais la cote

22 P106.

23 Mme SOMERS : [interprétation]

24 Q. Je vous prie, à présent, de vous concentrer sur le document qui figure

25 à l'intercalaire 8.

Page 3879

1 Mme SOMERS : [interprétation] Je suis désolé de la mauvaise qualité de

2 cette copie.

3 Q. Amiral, pouvez-vous me dire si vous avez déjà vu ce document qui porte

4 la date du 31 octobre 1991 ?

5 R. Oui, je connais ce document.

6 Q. Attendez un instant. Qui est l'expéditeur et le destinataire de ce

7 document ?

8 R. Le document a été élaboré au sein de mon commandement, et il était

9 adressé à toutes les unités subordonnées ainsi qu'à tous les organes

10 constituant mon commandement.

11 Q. Je vous prie de poursuivre.

12 R. Ceci concerne les organes dont s'y relève de la responsabilité. Cette

13 indiscipline relève de leur responsabilité. Il s'agit là d'empêcher des

14 actes d'indiscipline, la consommation de l'alcool, le pillage, et tous

15 autres actes d'indiscipline. On voit énuméré les mesures à prendre. Il faut

16 faire l'appel la matin et le soir. Il faut contrôler les armes et les

17 munitions. Il faut empêcher les tirs des fusils, des armes légères. La

18 coopération doit être assurée avec les commandements des garnisons, les

19 commandements des districts, et les commandements locaux. Il s'agit de

20 toute une énumération exhaustive de toutes les mesures qui ont été mises en

21 place afin d'améliorer la discipline, et de renforcer la préparation au

22 combat ainsi que la morale des troupes.

23 Q. A la première page de cet ordre, on voit apparaître un problème. En

24 fait, il est question du problème qui concerne l'application des ordres.

25 Est-ce que cet ordre en particulier, rédigé par vous, comprenait des

Page 3880

1 vérifications des applications des ordres ?

2 R. On contrôlait les supérieurs. On leur rendait des visites surprises. Ce

3 sont les méthodes que nous appliquions afin de voir si les ordres étaient

4 exécutés.

5 Q. Vous faites référence à la nécessité de s'assurer de l'ordre général.

6 Est-ce que, lorsque vous dites cela, vous faites référence à la situation

7 en générale du commandement ?

8 R. Oui. Il est question de comportement de tout le monde, non seulement

9 des soldats, mais également des officiers, de tout le monde. Il s'agit de

10 l'ordre qui concerne tout le monde. Ceci comprend le comportement, la

11 discipline, l'exécution des ordres, et cetera.

12 Q. Peut-être qu'il ne s'agit que d'une coquille, d'une faute de frappe,

13 mais je vous poserais la question suivante. Attendez un instant, je vous

14 prie.

15 Paragraphe 3 de la traduction anglaise : "Tous les organes, commandements,

16 chefs des filières et des services présenteront des rapports détaillés sur

17 les frais du matériels du munitions, ainsi que les actions et de

18 l'expérience découlant de l'action."

19 De quoi s'agit-il, amiral ?

20 R. Le souci principal concernait l'abus de l'utilisation de munitions et

21 d'armes. Il fallait que tout soit enregistré. Les combattants ne doivent

22 pas dépasser les munitions qui leur ont été allouées. Il faut exercer un

23 contrôle strict auprès des entrepôts pour voir si tout a été enregistré. Il

24 fallait voir également si les effets escomptés de combat sont réalisés avec

25 l'usage de cette munition telle qu'allouée à certaines unités.

Page 3881

1 Q. Est-ce que ceci en particulier indique qu'il n'y a pas eu de telles

2 procédures de vérification, et qu'on abusait des munitions ?

3 R. Oui, bien sur.

4 Q. Ne s'agit-il pas de l'un des éléments du commandement, que de procéder

5 à de telles vérifications, et à la rédaction de tels rapports ?

6 R. Oui.

7 Q. Je suis conscient de la mauvaise qualité de la copie. Je vous prie de

8 regarder la première page, cependant on peut y lire que, je cite, "les

9 chefs des services du commandement du 2e VPS."

10 De quoi s'agit-il, lorsqu'on lit "2e VPS" ?

11 R. En fait, on devrait voir le "9e VPS", le 9e Secteur naval.

12 Q. Je vous remercie.

13 Mme SOMERS : [interprétation] Il faudra peut-être souligner que la version

14 anglaise faut également prendre cette correction; le "9e VPS".

15 Je souhaiterais que cette pièce soit versée au dossier.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce est admise au dossier.

17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P107.

18 Mme SOMERS : [interprétation]

19 Q. A présent, veuillez, je vous prie, examiner la pièce qui figure à

20 l'intercalaire 9.

21 Connaissez-vous ce document ?

22 R. Oui. Il a été élaboré dans mon commandement. La date y figurant est

23 celle du 31 octobre 1991, et on y voit apparaître la signature du chef

24 d'état, major Zec.

25 Q. De quoi est-il question ?

Page 3882

1 R. Justement, des problèmes d'indiscipline et de soumissions au sein de la

2 472e Brigade motorisée. Ce document évoque les tirs de mitrailleuses qui

3 ont été dirigés sans qu'un ordre au préalable ait été émis d'une position.

4 Ensuite, on énumère également le départ d'un soldat en vue de déplacer le

5 drapeau croate. Il est également question de pillage à Osojnik et Ivanica.

6 A la fin, on voit la conclusion que tout ceci résulte de sérieuses missions

7 relevant du contrôle et du commandement.

8 Q. On voit également la phrase suivante : "Enquêter sur les événements

9 précités et faire rapport immédiatement par écrit au commandement sur les

10 mesures prises."

11 Vous souvenez-vous des mesures prises à cette occasion ?

12 R. Probablement que l'ordre écrit était arrivé, mais tout ce que je

13 retiens de tout cela est l'épisode du soldat. Il a pris une mobylette et se

14 dirigeait très vite vers Srdj. Il était en état d'ébriété. Il n'a pas été

15 tué. Il a été échangé par la suite. On a tiré dessus, mais il s'en est

16 retiré quand même. Je ne saurais rien dire à propos des autres détails. Je

17 ne sais pas quelles sont les mesures prises. Est-ce qu'une enquête

18 judiciaire ou pénale a été lancée, je l'ignore.

19 Q. Au paragraphe au-dessus de l'emplacement destiné à la signature, on lit

20 : "améliorer les disciplines et l'ordre militaire afin que celle-ci

21 atteigne le niveau requis au sein des Unités de la 472e Brigade motorisée,

22 et ce, dans les meilleurs délais."

23 Cela ne veut-il pas dire que le niveau n'était pas satisfaisant, et pouvez-

24 vous nous dire si ultérieurement on a procédé à des vérifications de ce

25 niveau de discipline ?

Page 3883

1 R. Je suis d'accord avec vous. Il est très difficile lorsque les combats

2 sont en cours avec les Croates de trouver des solutions à ce problème dans

3 un délai aussi court. Le commandement faisait de son mieux pour améliorer

4 la situation, mais nous aurions dû, bien sûr, entreprendre beaucoup plus de

5 mesures pour résoudre le problème dans son intégralité.

6 Mme SOMERS : [interprétation] Je vous prie d'accepter cette pièce.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La pièce est admise.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P108.

9 Mme SOMERS : [interprétation]

10 Q. Vous avez dit tout à l'heure que beaucoup plus de mesures auraient dû

11 être prises. Est-ce que vous entendez par là que quelles que soient les

12 mesures que vous avez de fait prises, elles n'étaient pas suffisantes ?

13 R. Oui, exactement.

14 Q. A présent, je souhaiterais que l'on examine le document à

15 l'intercalaire 9(A).

16 Amiral, connaissez-vous ce document du 1er novembre 1991 ?

17 R. Oui. Ce document porte ma signature. Il a été élaboré dans mon état

18 major et il est adressé aux commandants de toutes les unités.

19 Q. Pouvez-vous nous dire quels sont les sujets traités ? Quelle est

20 l'essence de votre ordre et pourquoi l'avez-vous émis ?

21 R. Sur la base d'un événement qui est décrit ici, qui s'est produit en

22 Slavonie où plusieurs Oustachi se sont infiltrés parmi nos forces, ce qui a

23 provoqué de lourdes pertes, des morts et des blessés, 13 morts et 17

24 blessés. Tout cela s'est produit puisque l'on n'a pas pris les mesures de

25 sécurité nécessaires au sein de cette unité.

Page 3884

1 Se fondant sur cet exemple, le 2e Groupe opérationnel émet cet ordre afin

2 que des mesures concrètes et efficaces soient prises au sein de toutes les

3 unités. Il faudrait d'abord procéder à une certaine organisation de combat

4 afin que les éléments de ce type ne s'infiltrent pas. On énumère également

5 les mesures qui sont à prendre.

6 Q. A la première page, vous dites : "Que les soldats, les officiers du 9e

7 VPS circulent sur le territoire sans contrôle et sans l'aval des officiers

8 supérieurs, et que ceci est devenu une pratique courante."

9 R. C'était effectivement un grand problème. Des soldats circulaient sans

10 permission et des actes de provocation se produisaient fréquemment. On

11 avait l'impression qu'il s'agissait de préparatifs aux combats et non pas

12 de circulation autonome. S'il y a eu, par exemple, un cessez-le-feu,

13 l'unité de service ne fonctionnait pas. Il n'y avait pas de mesures de

14 sécurité qui étaient respectées et ces parties qui étaient en contact avec

15 les unités paramilitaires croates.

16 Q. Lorsque vous avez discuté de ce problème avec un certain groupe de

17 soldats, est-ce que vous en avez parlé également avec des officiers ?

18 R. Oui. Des chefs de sections. Des commandants au niveau inférieur.

19 Q. A la page 3 de la traduction anglaise, paragraphe 3, vous donnez

20 l'ordre outre d'assurer l'exécution des ordres afin d'assurer la protection

21 du matériel et des troupes, de l'équipement technique et des unités par un

22 niveau supérieur d'ordre de discipline."

23 Est-ce que vous avez conclu que ces aspects étaient insuffisants, ces

24 aspects de la discipline militaire ?

25 R. Oui, bien sûr. C'est pour cela que cet ordre a été effectivement

Page 3885

1 rédigé.

2 Mme SOMERS : [interprétation] Je souhaiterais que cette pièce soit versée

3 au dossier.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La pièce est admise.

5 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P109.

6 Mme SOMERS : [interprétation]

7 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner l'intercalaire 10.

8 Il y a une partie du document qui n'est pas lisible et un peu noircie, je

9 m'en excuse -- c'est une photocopie -- la date du document est le 4

10 décembre 1991. Est-ce que vous connaissez ce document ?

11 R. Ce document a été élaboré au sein de mon commandement. En tant que

12 commandant, j'ai reçu "Les plans des mesures et des activités visant le

13 maintien de l'ordre, de la discipline et du moral des troupes pour la

14 période à venir"; c'est le titre même du document.

15 Ensuite, dans ce document, énumère-t-on les activités visant à mettre en

16 œuvre et à réaliser ces plans. On nomme aussi les personnes responsables de

17 chaque activité, les collaborateurs, les délais, et tout ceci concerne tous

18 les problèmes survenus au niveau des unités à l'époque. Ceci a été précisé

19 pour chaque activité en question, pour chaque contenu, point par point.

20 Q. Je voudrais discuter avec vous d'un certain nombre des activités qui

21 figurent dans ce plan de mesures et des activités. Tout d'abord, nous

22 allons regarder "l'analyse de l'ordre, de la discipline des éléments, les

23 mesures proposées."

24 Vous avez plusieurs colonnes dans votre tableau et vous dites qui doit

25 mener à bien cette action, qui sont les autres collaborateurs qui

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1 participent à l'activité. Pourriez-vous nous dire à qui est adressé --

2 excusez-moi -- qui serait responsable de quelles activités ? Quand vous

3 dites "le commandement supérieur", vous faites référence à qui exactement ?

4 R. Quand il s'agit des unités qui me sont subordonnées, la plupart du

5 temps, ce sont les commandants desdites unités qui sont responsables de ces

6 activités. Evidemment, un certain nombre d'organes relevant de mon

7 commandement coopèrent avec eux, par exemple, les commandants de différents

8 services, l'assistant chargé du moral des troupes, de l'organisation, et

9 cetera. Cependant, quand il s'agit de problèmes plus importants et quand il

10 s'agit d'aider mon commandement, c'est le commandement du 2e Groupe

11 opérationnel qui va être impliqué; cependant, il s'agit tout de même ici

12 des activités qui sont demandées aux unités subordonnées, et c'est mon

13 commandement qui doit venir en aide à ces unités, à ces unités qui lui sont

14 subordonnées.

15 Q. Si vous regardez le paragraphe numéro 7 -- le point

16 numéro 7 : "Discuter de l'information essentiel reçue du 9e Secteur naval,

17 du 2e Groupe opérationnel, de commandements de police et de

18 l'administration du SSNO, concernant l'endroit, la réglementation et

19 l'objectif de la guerre," et cetera, et cetera.

20 R. Oui.

21 Q. Quel était le moyen habituel de communiquer des informations ?

22 R. Il s'agit là d'un grand problème, d'un problème très large, qui ne peut

23 pas être résolu par les unités subordonnées. Ici, on voit un mécontentement

24 des combattants, et ils ne sont pas contents avec la durée de l'opération,

25 ils ne voient pas l'objectif de l'opération, ils ne voient pas le fond de

Page 3887

1 l'opération. On demande que l'on travaille toutes les informations reçues

2 par le commandement supérieur, par le 2e Groupe opérationnel et reçues de

3 l'état major principal et du secrétariat à la Défense fédérale, pour

4 discuter justement des objectifs de cette guerre, de cette guerre que nous

5 subissons, quelle est la raison de cette guerre, de quoi s'agit-il, de

6 maintenir l'Yougoslavie, de résoudre la crise de la façon pacifique, la

7 crise dans la région de Dubrovnik, et cetera. Il y a eu un certain nombre

8 de négociations qui ont été menées, et il s'agissait d'informer les troupes

9 de tout cela. Excusez-moi j'ai été un peu long.

10 Q. Merci, merci. Vous avez parlé de négociations qui étaient en cours

11 n'est-ce pas ?

12 R. Oui. J'ai parlé des négociations au sens large du terme; les

13 négociations impliquant l'Yougoslavie, La Haye, Bruxelles, et cetera, où il

14 s'agissait de résoudre la crise en Yougoslavie. Mais aussi j'ai fais

15 référence aux négociations qui ont eu lieu à Dubrovnik concernant une

16 résolution pacifique de la crise à Dubrovnik et la fin de l'opération

17 Dubrovnik. Evidemment, j'ai pensé aussi à ces négociations-là.

18 Q. Ces informations devaient normalement être communiquées en suivant la

19 chaîne du commandement aux unités subordonnées ?

20 R. Oui, en effet.

21 Q. Amiral, est-ce à cause du manque de discipline au niveau du 2e Groupe

22 opérationnel que vous avez préparé un plan aussi détaillé ?

23 R. La cause de tout cela était ces problèmes dont nous avons parlés.

24 Toutes les mesures palliatives qui ont été prises auparavant, prises à

25 titre individuel, n'ont pas porté des résultats. C'est pour cela que nous

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1 avons élaboré ce plan qui devait comprendre toutes les activités et qui

2 devait résoudre et améliorer la situation de façon générale, puisque nous

3 n'étions pas contents avec la situation. Nous avons évalué la situation

4 comme étant insatisfaisante.

5 Q. Savez-vous si un plan similaire a été proposé et suggéré par le

6 commandement du 2e Groupe opérationnel ?

7 R. Je pense que oui. Je suppose que oui. Nous avons élaboré ceci suite à

8 un ordre que nous avons reçu de leur part sans doute. Je pense que toutes

9 les autres unités ont dû agir de la même façon puisque nous étions tous

10 placés sous la même enseigne. La situation était similaire partout. Nous

11 avions à peu près les mêmes problèmes, tous.

12 Q. Excusez-moi de vous interrompre. Vous le pensez, mais vous n'en êtes

13 pas sûr ?

14 R. Oui, effectivement.

15 Q. Ce mécontentement qui existait dans ces unités qui vous était

16 subordonnées, est-ce que vous savez de quelle façon apercevait-on le ton du

17 commandement, le climat au niveau du commandement, au sein du commandement

18 supérieur ? De quelle façon ces unités qui étaient subordonnées

19 apercevaient leurs dirigeants, leurs supérieurs hiérarchiques ?

20 R. De façon générale, les unités subordonnées, surtout les officiers

21 venant de la réserve, n'étaient pas contents avec la façon dont on exerçait

22 le contrôle et le commandement. Ils n'étaient pas contents avec

23 l'efficacité et le résultat du combat. Ils considéraient que le combat

24 n'était pas mené de façon suffisamment énergétique, qu'il y avait beaucoup

25 d'hésitation et que le commandement supérieur n'était pas capable de faire

Page 3889

1 leur travail tout simplement. Même, je peux dire qu'on a essayé de

2 remplacer les officiers de carrière par les commandements où le poste

3 serait tenu avant tout par les officiers de réserve. Mais c'étaient des

4 points de vue extrêmes qui, à cause de cette euphorie de nationalisme,

5 voulaient résoudre le problème de Dubrovnik par la force, et le plus

6 rapidement possible, et pas par le biais des négociations et par la voie

7 pacifique, ce qui était l'objectif des commandements en place.

8 Q. Amiral, quand vous parlez des unités subordonnées -- vous faites

9 référence à un grand nombre d'unités -- vous dites que ces unités n'étaient

10 pas contentes. Est-ce que le général Strugar pouvait faire quoi que ce soit

11 concernant cette indiscipline, ce manque de discipline et cette

12 insatisfaction ?

13 R. Lui, en tant que le commandant responsable de l'opération à Dubrovnik,

14 a pris les mesures dont nous sommes en train de discuter ici. Il savait, en

15 tant que supérieur hiérarchique, quelle était l'armée dont il disposait,

16 quels étaient les commandements qui lui étaient subordonnés. Il recevait

17 des rapports de façon régulière et, suite à ces rapports, il a été emmené à

18 prendre des mesures, à donner des missions, justement, pour éradiquer ces

19 problèmes. Je pense que nous étions tout à fait d'accord concernant la

20 situation qui existait entre les commandements supérieurs et les

21 commandements subordonnés.

22 Q. Tout de même, vous avez dit que ces mesures n'étaient pas suffisantes.

23 Est-ce que vous faites référence aussi aux mesures prises par le général

24 Strugar ?

25 R. Je ne peux pas dire quoi que ce soit en son nom, mais je sais que lui

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1 non plus n'était content avec la situation qui prévalait au sein des

2 commandements subordonnés. Il n'était pas content justement parce qu'il a

3 sans cesse essayé d'améliorer la situation, sans résultat.

4 Q. Mais les problèmes ont continué à exister ?

5 R. Oui, en effet. Absolument.

6 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais aborder un

7 autre thème. Est-ce que vous me permettez de m'arrêter à présent ou dois-je

8 continuer ?

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si je vous ai bien compris, ce nouveau

10 thème va être assez long, assez important. Nous allons lever la séance à

11 présent.

12 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi. Juste avant la fin, je voudrais

13 vous demander le versement au dossier de ce dossier.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

15 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction du

17 Procureur P110.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Amiral, je dois vous demander de

19 revenir demain puisque nous allons lever la séance aujourd'hui et nous

20 allons continuer à entendre votre déposition demain matin. Excusez-moi,

21 j'ai fait une erreur. Nous allons continuer l'audience demain après-midi et

22 pas le matin. Nous allons commencer à 14 heures et quart.

23 --- L'audience est levée à 13 heures 42 et reprendra le jeudi 25 mars 2004,

24 à 14 heures 15.

25