Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

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1 Le lundi 10 mai 2004

2 [Audience publique]

3 --- L'audience est ouverte à 14 heures 34.

4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, à toutes et à tous. Nous vous

6 présentons nos excuses car il n'a pas été possible de commencer à l'heure

7 prévue, étant donné que l'occupation de cette salle d'audience a été un peu

8 plus longue que prévue. Nous sommes prêts, maintenant, à entamer l'audition

9 d'un nouveau témoin. Si j'ai bien compris, avant cela vous avez une requête

10 à nous présenter, Monsieur Petrovic.

11 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, en premier lieu, je

12 souhaiterais vous présenter le Dr Janko Vilicic qui est un expert de la

13 Défense, qui est un de nos collaborateurs dans le domaine que nous allons

14 évoquer aujourd'hui. Nous allons demander à ce que le Dr Vilicic puisse

15 être présent afin qu'il puisse nous apporter son concours, vu son

16 expérience dans ce domaine. Merci.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Monsieur Petrovic, est-ce que

18 l'avis du 10 mai a été déposé officiellement ?

19 M. PETROVIC : [interprétation] Oui, nous avons déposé ces écritures auprès

20 du Greffe. Si cela n'a pas été fait, cela sera fait très vite.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce qui importe ici, c'est que le Dr

22 Vilicic sache quelles sont les obligations qui lui incombent, concernant la

23 confidentialité des débats.

24 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, la Défense a donné

25 des explications détaillées au Dr Vilicic à ce sujet qui accepte toutes les

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1 obligations qui sont les siennes dans ce sens, et il se pliera à toutes les

2 instructions qui pourraient lui être données par les Juges de la Chambre.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Puisqu'il en est ainsi, il

4 pourra être à vos côtés dans le prétoire pendant la déposition du témoin de

5 l'Accusation.

6 Vous allez tous vous lever du côté de l'Accusation ?

7 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. De nous donner

8 la parole, c'est M. Weiner et Mme Mahindaratne qui vont interroger le

9 témoin, moi je ne serai pas dans le prétoire. Je suis sûre que tout va se

10 passer à merveille.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous allez nous manquer.

12 Mme SOMERS : [interprétation] C'est un sentiment mutuel.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous sommes habitués les uns aux

14 autres, on est pratiquement ensemble.

15 Monsieur Weiner.

16 M. WEINER : [interprétation] Le témoin suivant, témoin de l'Accusation est

17 le lieutenant-colonel Jozef Poje.

18 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour Monsieur. Veuillez, je vous

20 prie, vous munir de la carte qui se trouve devant vous et prononcer la

21 déclaration solennelle qui y figure.

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

23 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez vous asseoir.

25 LE TÉMOIN: JOZEF POJE [Assermenté]

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1 [Le témoin répond par l'interprète]

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner.

3 M. WEINER : [interprétation] Merci.

4 Interrogatoire principal par M. Weiner :

5 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous donner vos nom et

6 prénom ?

7 R. Jozef Poje.

8 Q. Où habitez-vous ?

9 R. A Ljubljana en République de Slovénie.

10 Q. Pouvez-vous nous dire quelle est votre occupation professionnelle ?

11 R. Je travaille au centre chargé des écoles militaires du ministère de la

12 Défense de la République de Slovénie.

13 Q. Nous avons pu consulter votre curriculum vitae, prendre connaissance de

14 votre parcours et il y a deux points simplement sur lesquels je voudrais

15 vous demander quelques précisions. Avez-vous enseigné la détermination des

16 cibles pour les tirs de mortiers ?

17 R. De 1978 jusqu'à 1991, j'ai été instructeur à l'école d'artillerie de

18 Zadar. C'est là que j'ai enseigné le contrôle et la direction des tirs de

19 feu aux cadets de l'école des officiers de réserve de l'académie militaire,

20 ainsi qu'aux élèves qui suivaient un cours d'artillerie militaire, un cours

21 destiné aux commandants de bataillon.

22 Q. Depuis 1991, avez-vous enseigné la détermination d'objectif pour tirs

23 de mortiers ?

24 R. En 1991, j'ai quitté l'armée populaire yougoslave et j'ai trouvé un

25 emploi au sein du ministère de la Défense de la République de Slovénie, de

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1 1992 jusqu'à ce jour je travaille au centre chargé des écoles militaires

2 auprès du ministère de la Défense et j'y enseigne les règles qui

3 s'appliquent en matière d'artillerie au combat, ainsi que toutes les règles

4 qui prévalent dans le cadre des tirs d'artillerie.

5 De plus, j'enseigne la topographie, la géodésie dans leur application dans

6 l'artillerie. Parce qu'il faut savoir que, pendant trois ans, j'ai enseigné

7 la topographie militaire ainsi que la géographie militaire.

8 Q. Merci. Mon Colonel quand vous étiez dans l'armée populaire yougoslave,

9 est-ce que vous avez participé à la rédaction d'ouvrages ayant trait à

10 l'artillerie ?

11 R. Comme tout autre enseignant, il m'appartenait, comme aux autres

12 d'ailleurs, de rédiger des manuels. En 1985 et 1986, il y a un décret, qui

13 venait du département de l'artillerie de l'état-major principal de l'armée

14 populaire yougoslave, concernant la préparation d'un nouveau manuel

15 concernant l'artillerie. Cette tâche a été confiée à l'école d'artillerie

16 et au service chargé de la théorie et du règlement qui s'applique en

17 matière de tirs. Je faisais partie de cette équipe. Nous avons mis la

18 dernière main à ce projet de manuel en 1988.

19 Q. Ce manuel a-t-il jamais été publié ?

20 R. Cet ouvrage, ce projet de manuel concernant les tirs d'artillerie a été

21 envoyé dans les unités pour qu'on vérifie le manuel sur le terrain, en

22 pratique. En 1991, le manuel nous est revenu des réviseurs mais j'ai quitté

23 l'armée populaire yougoslave avant que le manuel ne soit imprimé. Puisqu'il

24 était censé être imprimé et publié en 1991.

25 Q. Pouvez-vous expliquer à la Chambre ce que c'est qu'un mortier.

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1 R. Un mortier, c'est une pièce d'artillerie qui a pour objectif de

2 neutraliser et de détruire des personnels, ainsi que des armements et qui

3 entre en jeu sur la totalité du théâtre des opérations.

4 Q. Est-ce que, quand on procède à un tir de mortier, on tire à un certain

5 angle ?

6 R. La caractéristique essentielle du mortier, c'est qu'il tire à des

7 angles entre 45 et 85 degrés. C'est la différence essentielle entre un

8 mortier et les autres pièces d'artillerie.

9 Q. J'aimerais vous montrer deux photographies. Je vous demanderais de les

10 examiner. Est-ce que vous reconnaissez les armements que l'on voit ici ?

11 R. Sur cette photographie, on voit un mortier de 82 millimètres, ainsi

12 qu'un mortier de calibre 120, M75.

13 Q. Est-ce qu'il s'agit là de photographies qui nous donnent une image

14 exacte de ces mortiers de calibre 82 et 120 millimètres ?

15 R. Oui.

16 M. WEINER : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

17 dossier de ces deux pièces.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Elles seront versées au dossier.

19 M. WEINER : [interprétation]

20 Q. De combien de parties un mortier est-il constitué ?

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Un instant de patience Monsieur

22 Weiner, puisqu'il convient de savoir où nous en étions dans la numérotation

23 des pièces.

24 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document concernant le mortier de

25 120 millimètres portera le cote P179, et s'agissant du mortier de calibre

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1 82 millimètres cela sera la pièce P180.

2 M. WEINER : [interprétation]

3 Q. Merci. De combien de parties un mortier se constitue t-il, s'il vous

4 plaît, Monsieur ?

5 R. Les principales parties d'un mortier sont le tube, le bipied, ainsi que

6 l'appareil de pointage. Ce à quoi, il faut inclure des équipements de

7 réserve, des outils, et cetera, même si cela ne fait pas partie intégrante

8 de l'arme.

9 Q. Est-ce que la plaque de base fait partie intégrante du mortier ?

10 R. Oui. Le tube, le bipied, la base ainsi que l'appareil de pointage, les

11 organes de visée.

12 Q. Cet appareil de pointage de combien de parties est-il constitué ?

13 R. L'appareil de visée est constitué de deux parties, en gros.

14 Q. A quoi cela sert-il ?

15 R. Les équipements des organes de visée sont utilisés pour mesurer les

16 angles, pour mesurer l'angle au moment de pointer, et c'est, également,

17 utilisé pour déterminer l'élévation du tube.

18 Q. Est-ce que, quand on parle de l'angle de pointage, on fait référence à

19 la direction ?

20 R. L'angle de pointage est l'azimut du pointage, qui peut se calculer de

21 diverses manières. Grâce à l'emploi des mathématiques, et en procédant à

22 des tirs et en utilisant un certain type d'évaluation, la direction du tir,

23 c'est l'azimut. On mesure l'angle qui va être donné à l'arme par le chef de

24 pièce, pour atteindre un objectif donné.

25 On mesure cet angle et une fois que cet angle est mesuré et une fois

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1 que le tube est placé, on vise un point précis, ceci signifie que le tube

2 donne dans la direction de la cible. C'est l'azimut de la cible de ciblage.

3 Q. Quand on procède à ces réglages pour obtenir l'azimut, est-ce

4 qu'on déplace le tube de côté, ou est-ce qu'on le déplace du haut vers le

5 bas ?

6 R. Lorsqu'on détermine la direction, l'azimut et qu'on règle la

7 pièce en conséquence, on la déplace vers la gauche ou vers la droite sur

8 360 degrés, éventuellement.

9 Q. Comment détermine t-on l'endroit où se trouve une cible, et la

10 direction correspondant à cette cible ?

11 R. Quand on calcule l'angle correspondant à une cible, on trouve cet

12 angle grâce aux appareils de pointage. Ensuite, le tube et le mortier sont

13 réglés afin de pouvoir donner sur les piquets. Quand on procède au ciblage

14 et au règlement du mortier de cette manière, cela signifie que l'on a

15 trouvé l'angle d'azimut correspondant à la pièce d'artillerie.

16 Q. Procédons par ordre, puisque vous nous avez donné beaucoup

17 d'informations. Comment déterminer la direction d'une cible, qu'est-ce

18 qu'on fait, est-ce qu'on se sert d'une carte, est-ce qu'on regarde, est-ce

19 qu'on utilise des jumelles ?

20 R. L'azimut peut être déterminé de différentes manières, soit en

21 procédant à des calculs, soit graphiquement, soit à vue. On peut procéder à

22 des calculs mathématiques sur la base des coordonnées, du gisement de la

23 position de tir ainsi que de la cible, en utilisant les valeurs

24 trigonométriques et les fonctions trigonométriques. On peut se servir

25 également d'une petite calculette, pas forcément programmable. Par exemple

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1 nous, nous utilisons une HP85 Hewlett Packard. Cela, c'est une manière.

2 Une autre solution, c'est la solution graphique pour déterminer

3 l'azimut. On utilise un équipement qui s'appelle M56, qui est utilisé pour

4 contrôler, pour diriger le tir. Si c'est nécessaire, je peux vous expliquer

5 la chose brièvement.

6 On utilise cet équipement en se servant d'une feuille de papier, qui a une

7 échelle de 1 à 12 000 ou de 1 à 20 000. C'est avec cela que l'on détermine

8 la position de la cible. On indique, sur cette feuille, la cible, l'azimut.

9 On a, également, besoin d'un rapporteur pour déterminer l'angle concerné.

10 Une fois que la cible a été déterminée, on l'indique sur cette feuille de

11 papier millimétré avec une aiguille. Ceci permet de déterminer la portée du

12 tir, la distance du tir, ainsi que l'angle de tir.

13 Une fois qu'on a utilisé ceci, on part du poste de tir, de l'endroit où on

14 va tirer, on suit l'aiguille vers la cible. On peut, ensuite, procéder à

15 une lecture avec le rapporteur, pour voir quel est l'angle concernant cette

16 cible. Cela, c'est la deuxième manière de procéder, c'est la manière

17 graphique.

18 Il y a une autre solution, avec un autre système pour la distribution

19 des tirs. Avec deux éléments de base la plaque de base ainsi qu'un

20 rapporteur.

21 Q. Vous avez donné un terme dans votre langue, c'était planchette est-ce

22 que, en fait, c'est du papier millimétré ?

23 R. En fait, il s'agit d'une carte mais sur laquelle ne figure aucun

24 élément, aucun élément topographique ou géographique. C'est simplement une

25 feuille de papier, comme je l'ai déjà dit précédemment. Une feuille de

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1 papier sur laquelle sont indiquées les coordonnées.

2 Q. Vous avez indiqué que --

3 R. Je peux vous montrer ceci ici avec le rétroprojecteur.

4 Q. Merci.

5 R. C'est le dispositif que l'on utilise pour déterminer les différents

6 éléments du tir, et plus particulièrement lorsqu'il est question d'angle de

7 tir. Ce Snopar peut être utilisé en association avec une carte

8 géographique, ou sans carte. L'objectif consiste à déterminer les éléments

9 du tir. La façon dont on parvient à cette détermination est différente dans

10 les deux cas.

11 Lorsqu'on associe au Snopar l'utilisation d'une carte géographique, on

12 inscrit sur la carte l'emplacement de la position de combat et

13 l'emplacement de la cible. On trace une ligne entre les deux, de façon à ce

14 que la longueur concernée dépasse de deux ou trois centimètres le diamètre

15 du disque du Snopar. Vous voyez ici, je vous montre le cercle complet du

16 Snopar, avec son diamètre.

17 Lorsque nous utilisons la carte associée au Snopar, nous utilisons la

18 carte et le disque du Snopar et, bien entendu, au préalable, il faut

19 préparer le disque.

20 Maintenant, j'en reviens à la carte géographique. Sur la carte

21 géographique, on a l'emplacement de la position de tir, on a l'emplacement

22 de la cible, on a cette ligne qui relie l'emplacement de la position de tir

23 et l'emplacement de la cible. On prend le disque du Snopar dont on place le

24 centre sur le centre de l'emplacement de la position de tir. C'est à cette

25 position de tir, que se trouve l'obus, l'arme qui est utilisée.

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1 Quand au disque du Snopar, on l'oriente vers le nord.

2 M. WEINER : [interprétation] Monsieur, plutôt que de décrire ces

3 dispositifs pour le compte rendu d'audience, nous pourrons en faire une

4 photocopie pendant la pause, Monsieur le Président.

5 Q. Vous venez de parler de cette méthode qui consiste à utiliser un

6 Snopar, le résultat c'est l'obtention d'un angle. Vous avez parlé du fait

7 que le mortier était dirigé vers une espèce de poteau, de pilier. Est-ce

8 que vous parlez d'un poteau de visée, comme en utilise les géomètres quand

9 ils travaillent dans la rue. Est-ce que c'est ce genre de poteau ?

10 R. Nous appelons cela un piquet. Comment est-ce que je pourrais vous le

11 décrire ? C'est une espèce de barre faite en bois qui est peinte en rouge

12 et blanc et qui est placée à l'avant ou à l'arrière du mortier. Il indique

13 l'orientation, la direction générale que devra prendre l'obus qui sera tiré

14 par cette arme, par la suite. Ce matériel est très semblable à celui qui

15 est utilisé par les géomètres ou les topographes qui travaillent dans les

16 rues d'une ville.

17 Q. Vous ajustez le tir de mortier, par rapport à un angle déterminé qui

18 vous est fourni grâce à l'intervention de ce piquet. Comment déterminez-

19 vous la distance du tir ?

20 R. La distance du tir et l'angle de tir se déterminent, à peu près, en

21 même temps. Enfin, si l'on veut rentrer dans les détails, on dira que

22 l'angle est déterminé d'abord, et la distance ensuite. Finalement, c'est la

23 détermination de l'angle dont découle la détermination de la distance.

24 Q. Lorsque vous avez établi la distance, dans quelle direction est-ce que

25 vous déplacez le tube du mortier ?

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1 R. Pour déterminer la distance de tir, on utilise les tables de tirs, et

2 le commandant lit sur cette table la valeur de l'élévation. A ce moment-là,

3 on déplace en hauteur le tube du mortier. Autrement dit, en fonction de la

4 distance que l'on a établie à partir des tables de tirs où se trouvent les

5 valeurs d'élévation, une fois que cela est fait, on déplace le tube du

6 mortier en fonction de l'élévation recherchée pour obtenir la position

7 souhaitée.

8 Q. Une fois que vous avez déterminé la distance, est-ce qu'il vous faut

9 utiliser des tables pour déterminer le nombre de degrés qui constitueront

10 l'augmentation de l'angle, ou la diminution de l'angle du tube du mortier,

11 vers le haut ou vers le bas ?

12 R. La distance du tir se détermine exactement de la même façon que celle

13 dont on détermine l'angle de tir. On travaille avec des méthodes graphiques

14 et même parfois, visuellement. Parce qu'une fois que la distance est

15 déterminée, selon les trois façons qui viennent d'être décrites, on prend

16 les tables de tirs que je vous montre ici. C'est en fonction des tables de

17 tirs que l'on détermine la charge complémentaire du mortier. Après quoi,

18 toujours en se servant de ces tables de tirs, on détermine l'élévation ou

19 la distance qu'il faut imposer aux dispositifs de pointage.

20 Une fois qu'on a déterminé cette élévation ou cette distance, on soulève le

21 tube du mortier, on le déplace vers le haut aussi longtemps que les axes

22 verticaux et horizontaux ne se recouvrent pas exactement ?

23 Dès lors que l'horizontal et la verticale se recouvrent parfaitement,

24 on comprend qu'on a trouvé l'élévation souhaitée qui correspond, elle-même,

25 à une distance de tir déterminée.

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1 Q. J'aimerais, Monsieur, que nous parlions rapidement d'un élément

2 particulier. Vous avez parlé de l'utilisation de cartes géographiques pour

3 déterminer les distances. Je vous demande si en 1991, le laser était

4 utilisé pour la détermination des distances de tirs, au sein de la JNA ?

5 R. Les dispositifs à laser étaient déjà utilisés avant 1991, depuis 1980

6 peut-être ou même une ou deux années avant. Je suis arrivé à Zadar en 1978

7 et nous utilisions déjà des dispositifs à laser. A partir de 1978, le laser

8 est utilisé comme élément de base dans les dispositifs de détermination des

9 distances de tirs. C'est grâce à ces dispositifs que l'on déterminait ou

10 que l'on mesurait les distances de tirs.

11 Q. Merci. Encore un élément de tir dont j'aimerais parler avec vous. Est-

12 ce que le temps, le climat peut être un élément déterminant dans la

13 détermination des coordonnées de tirs ?

14 R. Comme chacun le sait, les tables de tirs sont établies en fonction d'un

15 certain nombre de conditions de base. Le tir effectif ne se réalise jamais

16 selon des conditions identiques à celles que l'on trouve dans les tables de

17 tirs.

18 Pour effectuer un tir, il faut procéder à un nombre d'ajustements qui

19 se font en fonction des facteurs météorologiques et des facteurs

20 balistiques avec apport d'un certain nombre de corrections. On tient compte

21 des conditions atmosphériques et, lorsque cela est possible, il faut

22 absolument les prendre en compte. Ensuite, il y a un certain nombre de

23 corrections liées à des éléments topographiques qui permettent de corriger

24 la direction du tir, ce facteur étant associé au facteur de correction

25 météorologique et balistique.

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1 Q. Quels sont les facteurs climatiques ou météorologiques que vous prenez

2 en compte ?

3 R. Pour des tirs de mortier, on tient surtout compte de l'azimut et de la

4 vitesse du vent ainsi que de la température de l'air et de la pression

5 atmosphérique. Dans des conditions balistiques, on doit, également et

6 obligatoirement, prendre en compte la vitesse de départ, la vitesse

7 initiale ainsi que la température de la poudre ou de la charge.

8 Q. Au sein de la JNA, est-ce que les officiers d'artillerie étaient

9 entraînés pour, correctement, prendre en compte les facteurs

10 météorologiques ou climatiques ?

11 R. Comme je l'ai déjà dit, j'ai enseigné pendant 13 ans toutes les

12 disciplines liées aux tirs, à commencer par la théorie du tir et également,

13 les règles du tir dans la pratique. Pendant toutes ces années, nous avions,

14 dans nos écoles militaires et à l'académie militaire, des cadets, des

15 officiers de réserve et, y compris, des commandants que nous formions à la

16 méthode du calcul des coordonnées de tirs, notamment en fonction des

17 facteurs météorologiques et balistiques. Je considère qu'à la fin de leurs

18 études à l'académie militaire, toutes ces personnes, tous ces hommes

19 étaient correctement formés sinon, ils n'auraient pas obtenu leurs

20 diplômes.

21 Q. En 1991, la JNA disposait-elle d'une section particulière qui

22 renseignait sur les conditions météorologiques ?

23 R. Afin de déterminer les conditions météorologiques d'un tir, nous

24 disposions de stations météorologiques dans nos unités d'artillerie. Une

25 station météorologique, c'est un ballon météorologique sur lequel on place

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1 une sonde et un radar qui, à eux deux, déterminent les conditions

2 météorologiques d'un tir et permettent de fournir, à toutes les unités, un

3 bulletin météorologique diffusé à une fréquence déterminée, sur un canal

4 déterminé, à une heure déterminée par le commandement, connu sous la forme

5 d'un ordre émanant du commandement.

6 Q. Merci. Est-ce que tout cela existait à l'automne 1991 ?

7 R. Certainement, cela existait.

8 Q. Très bien, Monsieur. Passons maintenant à la page 13 de votre rapport

9 où vous parlez de la répartition du tir. Qu'est-ce que c'est exactement que

10 la répartition du tir ? De quoi cela se compose-t-il ?

11 R. La distribution ou la diffusion du tir se compose de la profondeur du

12 tir, de la détermination de la direction du tir et de l'échelonnement des

13 coups ainsi que des faisceaux utilisés pour le tir.

14 Q. Vous avez utilisé le terme "faisceau", qu'est-ce que cela représente

15 exactement ?

16 R. Un "faisceau", dans le lexique militaire, représente la distribution,

17 la répartition des armes sur une position de tir qui permette une

18 répartition équilibrée des impacts sur la cible. C'est ainsi que se définie

19 le terme de faisceau.

20 Q. Est-ce que vous utilisez ce faisceau pour couvrir toute la largeur

21 d'une cible ?

22 R. La largeur d'une cible peut aller jusqu'à 100 mètres, ce qui signifie

23 que tous les tubes, toutes les armes qui tirent visent le même point, en

24 principe, le centre de la cible. Mais si la cible a une largeur supérieure

25 à 100 mètres, on détermine le faisceau de tir en fonction de la largeur en

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1 question. Lorsqu'on détermine le faisceau, on détermine également la

2 direction qui sera utilisée dans le tir, de façon à apporter, le plus

3 précisément possible, les corrections nécessaires pour obtenir le meilleur

4 faisceau possible. Ce qui permettra ensuite d'obtenir une répartition la

5 plus équilibrée possible du tir.

6 Q. Monsieur, pour faciliter les choses, j'aimerais vous faire remettre

7 quelques feuilles de papier et vous demander de nous montrer sous la forme

8 d'un schéma ce que vous entendez par ce terme de faisceau.

9 R. Voilà, nous partons de l'hypothèse que nous avons quatre mortiers que

10 je représente ici. Nous partons de l'hypothèse que la cible, que je

11 représente ici, a une largeur maximale de 100 mètres sur 100 mètres. Cette

12 cible est visée à l'aide d'un faisceau concentré. Ce qui signifie que

13 toutes les trajectoires des obus qui sortent de ces différents obus sont

14 orientées vers le même point.

15 Lorsque la largeur de la cible est supérieure à 100 mètres, et si

16 nous partons de l'hypothèse que cette cible fait un angle déterminé par

17 rapport à l'arme, on va visé cette cible à l'aide d'un faisceau qui sera en

18 fonction de la largeur de la cible en question, autrement dit, chacun des

19 mortiers visera un point différent sur la cible.

20 Ce qui est la définition de l'organisation du faisceau par rapport à

21 la cible. Cette organisation du faisceau, nous la déterminons en calculant

22 les corrections à apporter aux tirs, car bien sûr, il n'est pas question de

23 déplacer chacun des mortiers pour obtenir les valeurs de corrections

24 nécessaires.

25 Grâce au disque dont j'ai parlé tout à l'heure, nous corrigeons le

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1 tir pour chacun des mortiers concernés, et à partir de ce moment-là, grâce

2 au piquet dont j'ai parlé tout à l'heure, chaque mortier sait exactement

3 sur quel point de la cible, il peut tirer, et c'est de cette façon que nous

4 obtenons une répartition appropriée pour le tir en question.

5 Q. Monsieur, est-ce que vous pourriez inscrire la lettre A à côté de ce

6 que vous avez dessiné comme représentant un ciblage concentré ?

7 R. [Le témoin s'exécute]

8 Q. La lettre B, à côté du tir diffusé, du tir large, bien vous l'avez

9 fait. Très bien.

10 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le versement

11 au dossier de ce graphique.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document est admis.

13 M. WEINER : [interprétation] Merci.

14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction

15 P181.

16 M. WEINER : [interprétation]

17 Q. Monsieur, je vous demanderais de continuer à vous aider de cette

18 feuille de papier et de nous dire ce que signifie exactement une zone

19 effective de tir ?

20 R. Tout projectile a une zone d'action utile, qui dépend avant tout du

21 calibre du projectile, du type de projectile utilisé, y compris du fait de

22 savoir s'il s'agit d'un projectile d'un mortier ou d'artillerie. Cette zone

23 utile signifie que, dans l'espace en question, la cible sera, de toute

24 façon, neutralisée dans une certaine mesure. Plus le point d'impact est

25 proche plus la probabilité que la cible sera détruite est grande, et plus

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1 cette distance augmente, plus la probabilité en question diminue.

2 Pour un mortier de calibre de 120 millimètres, par exemple, la zone

3 utile est de 60 mètres ce qui signifie que dans les limites de ces 60

4 mètres, il y aura, en tout état de cause, une certaine neutralisation, en

5 tout cas, un certain endommagement. La cible sera peut-être touchée. Elle

6 sera peut-être détruite ou elle sera endommagée dans une moindre mesure.

7 Q. Très bien, merci. Le tir groupé, est-ce que vous pouvez nous

8 dire, en quelques mots, de quoi il s'agit ? Vous en parlez dans une phrase

9 ou deux de votre rapport. Pourriez-vous expliquer rapidement sur ce point,

10 je vous prie ?

11 R. Nous appelons cela le tir groupé dans notre langue. Le tir groupé est

12 la troisième phase du tir d'artillerie, au cours de laquelle, après la

13 préparation des éléments initiaux et une fois que les corrections sont

14 apportées, nous utilisons un nombre de projectiles déterminés en fonction

15 de ces opérations de préparation. Grâce à ce nombre de projectiles

16 déterminés, nous obtenons une certaine destruction ou un certain

17 endommagement de la cible. Je crois que c'est la façon la plus simple de

18 définir le tir groupé.

19 Q. Est-ce que cela signifie qu'une fois que vous avez déterminé la cible,

20 vous tirez plusieurs obus sur cette cible. Que tous les servants d'armes

21 tirent sur la même cible ensemble ?

22 R. Lorsque les actions de préparation sont terminées, l'axe central passe

23 par l'axe de la cible, et on utilise la quantité de projectiles déterminés

24 pour viser la cible dans le but d'obtenir un certain degré de

25 neutralisation, de destruction de la cible en question.

Page 6177

1 Q. Fort bien. Vous avez, également, utilisé l'expression "échelonnement du

2 tir," pouvez-vous, en quelques mots, nous dire de quoi il s'agit

3 exactement, "échelonnement du tir ?"

4 R. L'échelonnement du tir représente le fait de tirer sur une cible à une

5 profondeur plus importante, c'est-à-dire à une profondeur pouvant aller

6 jusqu'à 200 mètres, il y a des coordonnées de tirs différentes. La distance

7 de tirs sera diversifiée. On tire à trois distances différentes. En général

8 on recourt à ce type de tirs pour tirer à une profondeur située entre 100

9 et 200 mètres. Lorsque le tir vise une cible à une profondeur supérieure à

10 200 mètres, les probabilités de succès d'un tir échelonné sont moindres, on

11 recourt à deux ou trois tris pour viser une telle cible.

12 Q. Merci. Vous parlez également de normes de consommation. Qu'est-ce que

13 cela représente ?

14 R. Les normes de consommation représentent les quantités de munitions

15 qu'il faudra le plus probablement utiliser pour avoir un effet sur la

16 cible.

17 Q. Que signifie neutralisation par rapport à ces normes de consommation ?

18 R. Les règles du tir indiquent qu'elles sont les tables de consommation de

19 munitions à utiliser, ces tables de consommation de munitions sont établies

20 sur la base d'un certain nombre de paramètres et lorsque le niveau de

21 neutralisation est de 25 %, cela signifie que la table a été réalisée pour

22 viser une largeur de 100 mètres, autrement dit, une cible d'un hectare. Ces

23 tables sont établies pour des tirs qui, après la préparation de tirs

24 requis, vont pouvoir viser des cibles à une distance allant jusqu'à 10

25 kilomètres.

Page 6178

1 Je peux dire que lorsqu'il y a tirs d'artillerie, on peut atteindre

2 plusieurs cibles; une cible sera neutralisée, l'autre sera détruite, la

3 troisième sera gênée, c'est le mot que l'on utilise.

4 Gêné signifiant que l'endommagement est de 10% maximum. Lorsque nous

5 parlons de neutralisation, cela signifie que l'endommagement est situé

6 entre 10 et 50 %. La destruction de la cible, destruction est le mot que

7 l'on utilise lorsqu'une cible est endommagée à un pourcentage supérieur à

8 50 %. Evidemment le niveau d'endommagement que l'on souhaite obtenir dépend

9 de la tâche qui nous a été affectée et c'est le commandement supérieur qui

10 donne, aux responsables du tir d'artillerie, la définition exacte de cette

11 tâche.

12 Q. Quand nous parlons de neutralisation, je voudrais que vous vous

13 penchiez sur les tableaux qui figurent au bas de la page 15 et qui entament

14 la page 16 de votre rapport. Il est question ici d'objectif du tir, de

15 types et des caractéristiques de la cible et unité normative.

16 La première colonne, je parle de 2, 3, 4, 5 et 6, il est question de

17 neutralisation de cibles ?

18 R. Oui, aux points 2, 3, 4, 5 et 6, les tableaux se rapportent à une

19 neutralisation de cibles que l'on ne peut pas voir. Nous savons quel est le

20 type de cible mais nous ignorons sa taille véritable et nous ignorons sa

21 position véritable.

22 Q. Pour ce qui est des trois autres numéros, le 7, 8 et 9, cela se

23 rapporte à la neutralisation des 25 % des cibles observées.

24 R. Cette partie du tableau au 7, 8 et 9, parle de normes de consommation

25 de munitions visant à neutraliser une cible de la taille d'un hectare avec

Page 6179

1 un degré de neutralisation de l'ordre de 25 %. Ceci est là une cible que

2 l'on a pu observer, que l'on a pu voir à partir d'un point d'observation.

3 Q. A présent, si nous nous penchons sur le sommet de la page 16 au 4D, on

4 voit à droite le chiffre 90, est-ce que cela signifie que pour neutraliser

5 25 % d'un peloton, vous avez besoin de 90 projectiles, il faut tirer 90

6 obus pour neutraliser cette cible ?

7 R. Vous parlez du 4D.

8 Q. Oui, c'est à cela que je me référais. Pour que les choses soient bien

9 notées au compte rendu d'audience, dites-nous combien fait un hectare ?

10 R. Un hectare, c'est 100 mètres sur 100 mètres.

11 Q. Merci. Passons maintenant aux tirs directs, aux tirs à vue, et tirs

12 indirects et vous les avez décrits. Ma question est la suivante : quel est

13 le tir qui a le plus de résultats ? Le tir à vue ou le tir indirect ?

14 R. Dans chaque cas de figure, les tirs à vue sont beaucoup plus efficaces

15 que les tirs indirects.

16 Q. Pour quelle raison, Monsieur ?

17 R. Tout d'abord parce qu'il s'agit d'un tir à vue, les pertes d'obus sont

18 plus petites qu'au niveau des tirs indirects. Parce que depuis l'endroit

19 d'où vous tirez, vous voyez la cible, vous pouvez influer directement sur

20 vos tirs. Il n'y a pas d'intermédiaire, de points d'observation ou autre

21 chose de ce genre. Vous voyez directement à partir de votre point mire la

22 cible visée et ce type de tirs est beaucoup plus simple que le tir

23 indirect.

24 Q. Quels sont les types d'armes, qui selon vos rapports, ont été ceux

25 utilisés, dans le secteur de Dubrovnik avec tirs à vue et tirs indirect ?

Page 6180

1 R. Pour autant que je puisse avoir connaissance de la documentation qui

2 parle de ce qui s'est passé à proximité de Dubrovnik, j'ai constaté que

3 l'on a en principe utilisé d'obus antichars appelés Maljutka pour ce qui

4 est des tirs à vue. C'est un calibre 911 qu'on appelle Maljutka.

5 Q. Les canons sans recul, les chars et les armes antiaériennes sont-ce là

6 des pièces qui visent, qui tirent à vue ou indirectement ?

7 R. Ceux-ci sont des armes qui permettent de tirer à vue. J'ai parlé de ces

8 missiles antichars 911, Maljutka, parce que selon les rapports qui m'ont

9 été accessibles, la commission mise en place par l'armée yougoslave et la

10 mission de l'UNESCO et celle du gouvernement de la République de Croatie

11 parle des tirs qui ont été effectués en disant qu'il s'agissait,

12 essentiellement, de missiles.

13 M. WEINER : [interprétation] Deux petites rectifications, Monsieur le

14 Président, pour ce qui est du compte rendu d'audience, en page 20, ligne 3,

15 il doit être question "d'armes antiaériennes" et il s'agit de canons sans

16 recul. C'est ce qui doit y figurer. Merci.

17 Q. Dites-nous, quels sont les types d'artillerie utilisés par la JNA pour

18 procéder à des tirs indirects ?

19 R. [aucune interprétation]

20 M. PETROVIC : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre mon éminent

21 confrère et le témoin. Pour que les choses soient tout à fait claires,

22 j'aimerais que nous sachions de quels types de rapports on est en train de

23 parler. Le témoin, en effet, mentionne deux rapports. Je ne puis que

24 supposer de quoi il s'agit mais j'aimerais qu'on précise la chose, à savoir

25 qu'on nous dise de quels rapports le témoin a, à l'esprit, lorsqu'il tire

Page 6181

1 les conclusions qu'il est en train de tirer parce que cela ne nous apparaît

2 pas de façon claire. Merci.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner, pouvez-vous nous

4 apporter des éclaircissements ?

5 M. WEINER : [interprétation]

6 Q. Monsieur, vous nous avez parlé de rapports à plusieurs reprises. L'un

7 de ces rapports est celui de la commission de l'armée yougoslave, il y a le

8 rapport de la commission de l'UNESCO et du gouvernement de la République de

9 Croatie, sont-ce les rapports que vous avez à l'esprit ?

10 R. Le 8 décembre 1991, une commission de l'armée populaire yougoslave avec

11 des représentants, des élus de la ville de Dubrovnik, il a été procédé à la

12 rédaction d'un rapport. C'est l'un des rapports. Le deuxième rapport que

13 j'ai à l'esprit, c'est celui du 10 décembre, rédigé par les représentants

14 de l'UNESCO et les représentants du gouvernement de la République de

15 Croatie qui ont également rédigé un rapport concernant les tirs ou les

16 opérations contre Dubrovnik. Ce sont, la première et la deuxième fois, les

17 rapports que j'avais à l'esprit.

18 Q. Merci. Veuillez nous indiquer quels types d'armes ont été utilisés là-

19 bas et qui constituent le type d'armes qui permet de procéder à des tirs

20 indirects ?

21 R. On s'est servi de mortiers de 82 et de mortiers de 120 millimètres.

22 Q. Quel type de cibles vise-t-on par des tirs directs ?

23 R. Les tirs directs sont, en général, utilisés pour des cibles très

24 importantes, des cibles individuelles, à savoir les cibles qui sont

25 visibles à partir de l'endroit où se situe la pièce d'artillerie. Comme je

Page 6182

1 l'ai dit, les tirs directs sont beaucoup plus efficaces, sont plus

2 effectifs que les tirs indirects.

3 Q. Quels sont les cibles qui requièrent une utilisation de pièces

4 d'artillerie à tirs indirects ?

5 R. Pour les tirs indirects, il est certainement question de cibles qui

6 sont placées à l'abri, mais les pièces d'artillerie sont également placées

7 à l'abri. Les cibles et les pièces d'artillerie sont placées à l'abri l'un

8 de l'autre. Elles ne sont visibles ni par les uns, ni par les autres. Ce

9 sont, en général, des cibles qui se trouvent à même le sol, en surface.

10 Q. Autre chose, encore, concernant ces tirs directs. Lorsque vous tirez au

11 char ou au canon sans recul, d'habitude, vous visez, vous tirez. Mais si

12 vous tirez à la Maljutka, est-ce qu'après le tir, vous pouvez contrôler la

13 direction prise par le projectile ?

14 R. Ce missile 911 antichar, la Maljutka, est un missile télécommandé. Ce

15 missile, ce projectile est conduit vers sa cible et téléguidé vers sa

16 cible.

17 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, nous ne recevons plus

18 de traduction. Oui, maintenant cela va.

19 Q. Monsieur, pouvez-vous reprendre votre réponse. Cela n'a pas été traduit

20 en anglais. Je m'en excuse. Je vous avais demandé : Quand on tire au char

21 ou au canon de recul, vous visez et vous tirez. Mais avec une Maljutka,

22 est-ce que vous pouvez contrôler la direction de votre missile vers sa

23 cible ? Est-ce que vous pouvez répéter ?

24 R. Ce missile antichar 911, la Maljutka, est un projectile téléguidé. On

25 peut influer pendant toute la durée de son vol sur la direction à lui faire

Page 6183

1 prendre.

2 Q. Merci.

3 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si nous

4 allons faire la pause à l'heure habituelle parce que nous avons commencé

5 avec un retard. Peut-être convient-il de continuer au-delà de l'heure.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je n'ai pas de point de vue bien

7 précis mais je crois que nous pourrions continuer une dizaine de minutes,

8 encore quelques instants, Monsieur Weiner.

9 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il semblerait, Monsieur Weiner, que

11 nous devrions avoir la pause à l'heure normale. J'ai l'impression que nous

12 avons des difficultés avec l'équipement chargé du refroidissement du

13 système électronique, ce qui signifie qu'il nous faudra changer de

14 prétoire. Les équipements sont en train de surchauffer et nous ne pouvons

15 pas prendre de risques. Nous allons prendre la pause à l'heure habituelle.

16 M. WEINER : [interprétation] Cela me convient.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois qu'il nous faudra nous

18 déménager tous ensemble vers le prétoire numéro II. Est-ce que vous voulez

19 que l'on continue encore une minute ou deux ou est-ce que c'est une heure

20 convenable ?

21 M. WEINER : [interprétation] Je crois que j'allais entamer un nouveau

22 sujet, l'heure est tout à fait propice pour faire la pause.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

24 --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.

25 --- L'audience est reprise à 16 heures 14.

Page 6184

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je m'excuse pour les problèmes et

2 difficultés occasionnés du fait de ce déménagement, vous avez du moins reçu

3 tous vos papiers. Ce n'est le pas le cas des Juges de la Chambre, mais je

4 crois que cela va suivre. Nous pouvons continuer nonobstant ce fait.

5 Monsieur Weiner, allez-y.

6 M. WEINER : [interprétation] Nous avons des papiers pour permettre au

7 témoin de dessiner si besoin est.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Weiner.

9 M. WEINER : [interprétation]

10 Q. Colonel Poje, nous allons entamer un nouveau sujet. Ce sont les cartes

11 de QG. Les cartes d'état-major, êtes-vous au courant de ce type de cartes ?

12 R. Oui.

13 Q. A quoi cela sert-il ?

14 R. Ces cartes d'état-major sont des cartes qui reprennent les décisions

15 des commandants et des officiers supérieurs, et qui sont transmises pour

16 utilisation vers les unités subalternes.

17 Q. Ces cartes-là, comportent-elles les positions occupées par les armées ?

18 R. Les cartes reprennent la disposition des troupes et le déploiement de

19 celles-ci. Il est difficile de dire qu'une unité occupe tel point. Sur la

20 carte, on indique le secteur dans lequel une unité déterminée a déployé ces

21 pièces d'artillerie. Parce que ce n'est pratiquement d'après les

22 reconnaissances effectuées que l'on pourra situer le site de telle ou telle

23 unité. Pour les batteries d'artillerie, on doit préciser quel est le point

24 d'observation qui devra être, et cetera.

25 Q. Vous nous avez dit qu'il y a déploiement des unités. Est-ce que cela

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1 signifie que l'on répartit également les pièces d'artillerie ? Est-ce que

2 ces cartes d'état-major reprennent les positions de ces pièces ?

3 R. Sur les cartes d'état-major l'on présente le déploiement des unités et

4 la disposition des pièces d'artillerie qui sont importantes pour ce qui est

5 des activités à déployer par cette unité, ou ces unités. On présente ainsi

6 une batterie de mortier avec un peloton desservant cette batterie, on en

7 indique les positions occupées par différentes sections.

8 Q. Est-ce que ces cartes sont fiables ?

9 R. Oui, parce que ces cartes sont utilisées pour le commandement et le

10 contrôle, à l'égard des unités.

11 Q. Est-ce qu'il y a, sur ces cartes d'état-major, des positions qui se

12 trouvaient être omises ?

13 R. Il est probable qu'il n'y ait pas d'unité qui ne soit représentée

14 quelque part, mais il se peut que, par exemple, l'on ait positionné une

15 unité à tel endroit, et que, après avoir effectué des reconnaissances, l'on

16 repositionne telle unité à tel autre endroit, vu que cela découle de ce qui

17 a été observé, et ne soit pas repris sur la carte.

18 Q. Est-ce que sur ces cartes d'état-major, il est fait utilisation de

19 certains symboles particuliers ?

20 R. Chaque unité est inscrite et portée par utilisation de symboles

21 déterminés. Ces symboles sont repris dans les instructions en réglementant

22 la tenue à jour de ces cartes d'état-major.

23 Q. Est-ce que ces symboles ou ces cartes indiquent l'emplacement exact

24 d'une pièce d'artillerie, ou d'une unité ?

25 R. L'on présente, de la sorte, les secteurs de déploiement des unités. Ces

Page 6186

1 emplacements sont approximatifs. Il convient de savoir quel est le plan

2 d'activité au niveau des opérations, et c'est partant de là, que l'on

3 établie ces cartes d'état-major au commandement. Il y a toujours

4 possibilité de procéder à des modifications mineures ou majeures pour ce

5 qui est des positions. Les cartes, elles, indiquent quel est le secteur

6 dans lequel se trouve telle ou telle autre unité. Cela est représenté

7 moyennant coordonnées, moyennant usage d'un X et d'un Y.

8 Q. À présent, Monsieur, j'aimerais vous montrer trois cartes; le P132, le

9 P159 et le P160. Je vous demanderais de vous pencher sur ces cartes et de

10 nous dire si vous les reconnaissez ?

11 R. Je reconnais ces cartes.

12 Q. Avez-vous vu déjà vu ces cartes auparavant ?

13 R. Oui.

14 Q. Vous êtes-vous servi de ces cartes lors de la rédaction de votre

15 rapport pour cette affaire ?

16 R. En écrivant mon rapport, je me suis servi de ces cartes, en effet.

17 Q. Commençons par la carte qui porte la cote P159. Monsieur -- ou plutôt,

18 Colonel, je demanderais de vous pencher sur cette carte. Il a été porté

19 trois modifications sur cette carte, ceci partant des témoignages de

20 témoins. La position de l'artillerie des lance-roquettes, dans le carré A,

21 se trouve à la position il y a ce petit cercle avec un A. Le voyez-vous ?

22 R. [Inaudible]

23 Q. Pourriez-vous parler un peu plus fort, Monsieur.

24 R. Oui.

25 Q. La deuxième modification porte sur une position de mortier dans un

Page 6187

1 carré qui est annoté d'un B, et qui ne se trouvait pas être déployé là, le

2 6 décembre 1991, conformément au témoignage de M. Negodic. Pour finir que

3 le canon ZIS qui était désigné, occupait le carré avec la mention C, se

4 trouve dépasser vers la position où se trouve un cercle avec un C. Le

5 voyez-vous ?

6 R. Oui.

7 Q. Si nous tenons compte, à présent, de ces trois modifications, veuillez

8 nous indiquer si ces modifications influent sur votre position, pour ce qui

9 est de savoir quelle est la partie qui avait tiré ou qui n'avait pas tiré

10 en direction de la vieille ville, en date du 6 décembre 1991 ?

11 R. Non.

12 Q. Pourquoi ?

13 R. Cette situation, nouvellement créée, en réalité ne change pas l'état

14 des choses. Il y a eu déplacement de certaines unités, mais ce ne sont pas

15 des déplacements majeurs qui seraient susceptibles d'influer sur la

16 conduite des activités de combat.

17 Q. Bien, Colonel. Nous allons revenir à cette carte 159 un peu plus tard.

18 Je voudrais que nous passions à présent à la pièce 160.

19 Nous sommes en train d'examiner cette carte numéro P160. Elle comporte

20 les trois modifications qui figuraient déjà à la carte P159 et que vous

21 avez vues, tout à l'heure. En plus, il a été inscrit une position de

22 Maljutka avec la lettre D dans un cercle. Le voyez-vous ?

23 R. Oui.

24 Q. Vous voyez les trois autres modifications : A, B, et C ?

25 R. Oui. Je les vois.

Page 6188

1 Q. Dites-moi à présent, ces quatre changements, ces quatre modifications

2 repris par cette carte-là, modifient-ils sur vos opinions le fait de savoir

3 de laquelle des parties avait ouvert ou n'avait pas ouvert le feu en

4 direction de la vieille ville de Dubrovnik, en date du 6 décembre, 1991.

5 R. Tous ces changements ne modifient rien au rapport que j'ai présenté.

6 Q. Partant de quoi êtes-vous en même de l'affirmer, Monsieur ?

7 R. Comme tout à l'heure, je réponds que ceci n'influe pas de façon

8 substantielle sur l'état de fait pour ce qui est des opérations de combat à

9 proximité de Dubrovnik.

10 Q. Merci. Nous reviendrons, un peu plus tard, sur ces cartes.

11 Une question à partir du compte rendu d'audience. Je vous ai demandé si

12 vous aviez observé les changements pour A, B, et C, et vous avez répondu,

13 "Oui, B, et C." Est-ce que vous avez vu la modification concernant le point

14 A ?

15 R. Il n'y a pas, sur cette carte, de changement pour ce qui est de A. En

16 tout cas, je ne le vois pas. B, C.

17 Q. Est-ce que vous voyez le cercle A, plutôt la croix A ?

18 R. Oui.

19 Q. Pour le dossier et pour le compte rendu d'audience, je voudrais si ces

20 modifications entraînent une modification de vos conclusions ?

21 R. Non.

22 Q. Merci. Maintenant, j'aimerais que nous parlions de précision, et une

23 fois, que nous aurons fini de parler de la précision, nous reviendrons aux

24 cartes.

25 Quand on procède au tir d'un grand nombre de projectiles dans les mêmes

Page 6189

1 conditions pour tous ces projectiles, est-ce que tous ces projectiles vont

2 atterrir, arriver au même endroit ?

3 R. A cause d'erreurs accidentelles, même si on dit qu'un grand nombre de

4 projectiles tirés dans les mêmes conditions, même dans ces conditions, ils

5 ne toucheront pas tous le même point.

6 M. PETROVIC : [interprétation] J'ai une remarque pour le compte rendu

7 d'audience. Le témoin a dit:ils ne vont pas toucher un même point mais ils

8 vont toucher une même zone. Ceci, il convient de l'ajouter au compte rendu

9 d'audience parce que cela n'y figurait pas. Page 5, ligne 20.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

11 M. WEINER : [interprétation]

12 Q. Quand on procède aux tirs de deux projectiles dans exactement les mêmes

13 conditions, est-ce que ces deux projectiles vont arriver au même endroit,

14 au même point ?

15 R. Non.

16 Q. Pourquoi est-ce qu'ils ne vont pas arriver au même point, au même

17 endroit ?

18 R. Même si à nous, il nous semble que les conditions de tirs sont

19 exactement les mêmes, les deux projectiles, en fait, ne sont pas tirés dans

20 les mêmes conditions. Pourquoi ? A cause des erreurs qui accompagnent

21 chaque tir. Il s'agit d'erreurs que l'on ne peut corriger, et qui font

22 partie intégrante de chaque tir et de chaque processus de mesure. C'est

23 pourquoi, même si on tire deux projectiles dans "les mêmes conditions", ces

24 deux projectiles, malgré tout, ne vont pas atterrir au même endroit. Ils

25 vont atterrir à deux endroits différents.

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1 Q. Dans le même ordre d'idée, si on tire un grand nombre de projectiles,

2 toujours dans les mêmes conditions, est-ce que tous ces projectiles vont

3 arriver au même endroit ?

4 R. Si on procède au tir d'un grand nombre de projectiles, ces projectiles

5 n'auront pas tous la même trajectoire. Il y aura un faisceau de

6 trajectoire, et si ce faisceau, on le coupe au moyen d'une droite

7 verticale, et si l'on observe l'endroit que les projectiles vont toucher,

8 on se rend compte que ces projectiles touchent une zone, et on va pouvoir

9 voir leur trajectoire également.

10 Q. Cette zone dans laquelle les projectiles vont se disperser, est-ce que

11 cette zone, on lui donne un nom particulier ?

12 R. On parle du phénomène de dispersion qui prend la forme d'une ellipse.

13 Q. Merci. J'aimerais qu'on vous remette quelques feuilles de papier. On

14 va, également, déplacer les cartes, et j'aimerais que vous dessiniez, pour

15 nous, quelques croquis.

16 M. WEINER : [interprétation] Est-ce que vous pouvez mettre ces feuilles sur

17 le rétroprojecteur pour que les Juges puissent voir ?

18 Q. Colonel, pouvez-vous dessiner une ellipse pour nous ?

19 R. D'abord, j'aimerais dire que la dispersion est caractérisée par une

20 ellipse. L'axe, le demi axe de cette ellipse, on le détermine au moyen de

21 ces deux coordonnées, Vd et Vp. Il s'agit des écarts, écarts de longueur ou

22 de distance et de direction. Il s'agit de demi-axes de l'ellipse de

23 dispersion.

24 Théoriquement, la dispersion occupe une zone infinie. Cela peut aller de

25 plus ou moins 4 Vd multipliés par plus ou moins 4 Vp. Ceci nous indique la

Page 6191

1 dispersion à l'impact qui résulte d'erreurs involontaires qui se produisent

2 au moment du tir. Ces erreurs involontaires, on y peut rien. Il est

3 possible, par exemple, qu'en prenant compte l'imperfection de la perception

4 de la personne qui procède aux mesures ou il y a l'intervalle entre le tir

5 de deux obus, et cetera. Tout ceci entre en ligne de compte.

6 Il y a la tolérance de l'équipement, la tolérance intrinsèque de

7 l'équipement que l'on utilise. Ceci représente une dispersion que je viens

8 de vous définir, plus ou moins 4 Vd par plus ou moins Vp. Le centre de

9 dispersion est l'intersection entre ces deux axes de dispersion. Le point

10 d'impact moyen est obtenu ainsi.

11 Voici comment se présente la dispersion à l'impact avec la probabilité de

12 dispersion dans une direction ou dans une autre, s'éloigne plus ou moins du

13 centre de l'axe de dispersion, soit vers le haut ou le bas, soit vers la

14 droite ou vers la gauche et c'est pratiquement égal.

15 Plus on se rapproche de la moyenne, de l'impact moyen, au centre, plus la

16 probabilité de toucher la cible est forte parce que toute la zone d'impact

17 va de l'extérieur du cercle au centre du cercle et la densité de l'impact

18 est plus forte au centre.

19 Q. J'aimerais vous poser quelques questions au fur et à mesure. Cet axe

20 vertical, est-ce qu'il représente la valeur Vd ?

21 R. Oui. Il s'agit de Vd, c'est la direction. C'est l'axe de dispersion

22 pour ce qui est de la direction du tir. Ici, nous avons Vp.

23 Q. Vp, c'est la ligne horizontale, n'est-ce pas ?

24 R. Ici, c'est la direction, effectivement.

25 Q. Vous avez déterminé quatre zones. Est-ce qu'on établi des ellipses

Page 6192

1 concentriques, quand on détermine l'erreur, le facteur d'erreur de

2 dispersion ?

3 R. Il y a quatre ellipses et la probabilité qu'un projectile tombe dans

4 une de ces ellipses est différente. On peut également présenter la

5 dispersion à l'impact de la manière suivante, de la manière dont je le

6 fais. Nous avons un point d'impact moyen. On va prendre uniquement la

7 valeur Vd pour ce qui est de la distance. La probabilité qu'un projectile

8 se dévie vers la gauche ou vers la droite d'un Vd est de 25, d'un côté et

9 de l'autre. De 1 Vd à 2 Vd, la probabilité est de 16 %. De 2 à 3 Vd, la

10 probabilité est de 7 %, et de 3 à 4, la probabilité est de 2 %, ce qui

11 signifie que si l'on examine la moitié de l'ellipse, en pourcentage on

12 obtient 50 %. Il en va de même de l'autre côté de la moyenne, à droite, on

13 obtient également un total de 50 %.

14 Si bien, que la probabilité totale que le projectile tombe dans ce

15 périmètre, ainsi définie, a la probabilité de 100 %.

16 Q. Colonel, ces pourcentages, 25, 16, 7, et 2 %, est-ce que vous pouvez

17 nous les figurer dans les ellipses concentriques ? Est-ce que l'on peut le

18 faire, ces probabilités ? Est-ce qu'on peut les faire figurer dans le

19 diagramme précédent ?

20 R. Oui. Le diagramme que j'ai réalisé, sur une droite, correspond en fait

21 à une ellipse parce que la partie intérieure de l'ellipse correspond à 50 %

22 à droite et à gauche. A droite, ici, vous avez 25 %, ensuite 16, 7 % et 2 %

23 de ce côté du centre de l'ellipse, et à l'intérieur de l'ellipse, il en va

24 de même de l'autre côté.

25 Q. Est-ce que vous pouvez inscrire la valeur de 25 % à l'endroit à

Page 6193

1 laquelle elle correspond dans la demi-ellipse ?

2 R. Voilà, 25 %, c'est ici. De quelque côté que l'on se place, il s'agit de

3 25 % pour ce qui est de la direction. Mais si on regarde chacun des

4 cadrans, le pourcentage est de 6,25 %. La probabilité qu'un projectile

5 tombe ou atterrisse dans une ces zones est de 6,25 % de ce quadrant.

6 Q. Plus on se rapproche du centre, parce que là, vous êtes en train de

7 nous parler des pourcentages les plus élevés, je voudrais savoir si au

8 centre du cercle, plus on rapproche du centre, plus la densité des impacts

9 est importante ?

10 R. Oui. Il me semble que je l'ai déjà dit mais je vais le répéter. Quand

11 on parle de l'extérieur de l'ellipse et que l'on se dirige vers le centre

12 de l'ellipse, la densité des impacts augmente.

13 Q. Je veux, encore une fois, préciser la chose. La droite verticale, l'axe

14 vertical, est-ce que c'est l'axe Vd dans l'ellipse, l'axe que vous avez

15 tracé qui va du bas vers le haut, l'axe vertical ?

16 R. Cette droite, qui figure sur ce diagramme, qui est également la ligne

17 de tir, c'est Vd. Le demi-axe qui lui est perpendiculaire est Vp.

18 Q. L'axe horizontal que vous avez tracé de la gauche vers la droite, c'est

19 Vp, n'est-ce pas ?

20 R. Oui.

21 Q. Vd, cette valeur fait référence à la distance, n'est-ce pas ? Ou à la

22 portée ?

23 R. Vd, oui, c'est la ligne de tir.

24 Q. Vp, c'est la déviation, n'est-ce pas ?

25 R. Oui. Oui, la déviation dans la direction du tir.

Page 6194

1 Q. Si on prend l'intérieur de ce premier cercle concentrique, est-ce qu'on

2 peut dire que c'est une zone où il y a 50 % de chance qu'atterrissent les

3 projectiles, si on prend la totalité de la superficie du premier cercle et

4 pas seulement une demie ellipse ?

5 R. Oui, 50 % vont arriver à cet endroit.

6 Q. Pour ce qui est --

7 R. De la deuxième ellipse ou la deuxième zone, le pourcentage sera de 16 %

8 d'impact. Pour la troisième ellipse, le pourcentage sera de 7 % et pour la

9 dernière zone déterminée par la dernière ellipse, le pourcentage des

10 impacts sera de 2 %.

11 Q. Si on prend la totalité de l'ellipse, 16 % cela correspond seulement à

12 la moitié, pour la totalité de l'ellipse, cela nous donne 32, n'est-ce pas

13 ?

14 R. Si on prend la zone couverte par toutes les ellipses, le pourcentage

15 total est de 100 %. Tous les projectiles atterriront dans cette zone.

16 Q. Pour ce qui est du cercle au centre, le pourcentage est de 50 %, pour

17 le deuxième, c'est de 32 %, 16 plus 16 ?

18 R. Oui.

19 Q. Pour la troisième ellipse, cela nous donnerait 14, 7 plus 7 ?

20 R. Oui, 14. Pour le dernier, cela nous donne 4 %.

21 Q. Quand on détermine ces ellipses, est-ce qu'on constate que la distance

22 a un impact sur la zone de dispersion ?

23 R. La modification de la distance de tirs entraîne une modification de la

24 nature de la dispersion, suivant la direction et suivant la distance. Plus

25 la distance de tirs est importante plus la zone de dispersion est

Page 6195

1 importante, également.

2 Q. Qu'en est-il de la charge employée ? Si on modifie la charge employée

3 par une arme, est-ce que cela affecte également ce phénomène de dispersion,

4 si on utilise plusieurs charges, par exemple ?

5 R. Si on a la même distance de tirs mais si on modifie la charge où si on

6 ajoute des charges supplémentaires au moment du tir du mortier, à ce

7 moment-là, la dispersion se fera également de manière différente. Elle sera

8 modifiée.

9 Q. Quand on essaie de déterminer combien de charges il convient employer,

10 quel est l'objectif recherché pour ce qui est de la dispersion ?

11 R. Le premier élément qui affecte le choix de la charge, c'est la distance

12 de tir. Le deuxième facteur, c'est la dispersion. En fait, on choisit la

13 charge qui, vu les conditions de tirs et la distance de tirs choisies, on

14 choisit la charge qui va entraîner la dispersion la plus faible.

15 Q. Vous voulez nous dire par là que, en fait, on veut choisir la charge

16 qui va permettre d'envoyer un maximum de projectiles sur la zone cible ?

17 R. Oui, qui va permettre aux projectiles d'atterrir le plus près possible

18 de la cible puisqu'on sait déjà que tous les projectiles ne vont pas

19 arriver sur cible. Si on estime que la cible et la moyenne représente la

20 valeur moyenne, on va choisir des charges qui vont entraîner une dispersion

21 aussi limitée que possible, afin d'obtenir une concentration plus

22 importante des impacts sur une zone limitée.

23 Q. Ces ellipses que vous avez fournies dans le rapport additionnel et ces

24 ellipses dont vous venez de nous parler, est-ce qu'elles tiennent compte

25 des facteurs d'erreur autres que les facteurs d'erreur concernant la

Page 6196

1 dispersion telle que, par exemple, les erreurs de calcul, le mauvais

2 fonctionnement de l'équipement ?

3 R. Je vous ai déjà dit que le phénomène de dispersion résulte d'erreurs

4 accidentelles que j'ai essayé d'énumérer. L'imperfection de nos sens, les

5 calculs imprécis qui affectent les obus dans les mortiers, même le

6 changement des conditions de tir d'un projectile à l'autre, tout ceci

7 affecte la dispersion.

8 Par exemple, la mise en place de systèmes de guidage et de contrôle plus

9 sophistiqués réduisent les périmètres de dispersion. Il n'est pas possible

10 d'éviter complètement le phénomène de dispersion, mais il est possible de

11 le réduire. Par exemple, on utilisait un viseur stéréoscopique et la marge

12 d'erreurs, dans ces conditions, était importante. Ensuite, on a commencé à

13 se servir d'un système de guidage au laser, ce qui a permis de diminuer les

14 erreurs. Il y a également des erreurs qui dépendent du calibrage des

15 instruments mais tout ceci dépend également de la personne qui procède aux

16 mesures et qui utilise ces équipements de mesure. Il est possible de jouer

17 sur tous ces facteurs et d'arriver à une dispersion aussi limitée que

18 possible.

19 Q. Nous allons abandonner le sujet de la dispersion pendant quelques

20 instants avant d'y revenir. J'aimerais parler des tableaux de dispersion

21 que vous avez fournis dans le rapport additionnel. Vous avez fait référence

22 et vous avez utilisé des obus de type M74, M75, et M62P3. Pourquoi avez-

23 vous utilisé ces obus-là ?

24 R. Quand je procédais à ces calculs pour déterminer la dispersion, dans

25 différents cas de figure, suivant la position de tir, suivant la position

Page 6197

1 de la cible, j'ai pris en compte les munitions les plus communément

2 utilisées. Si j'avais pris en compte d'autres types de munitions, mes

3 résultats n'auraient pas été grandement modifiés.

4 En deuxième lieu, quand j'ai procédé à tous ces calculs, je vous ai, déjà,

5 dit qu'il est possible de choisir, de jouer sur les charges. Pour certaines

6 distances de tir, on peut utiliser plusieurs charges, une deuxième charge,

7 une troisième charge, une quatrième charge. J'ai essayé de déterminer la

8 dispersion avec la troisième, la quatrième ou la cinquième charge. Je ne

9 sais pas exactement en l'occurrence, dans les exemples qui nous ont été

10 donnés et qui nous intéressent particulièrement, je ne sais pas quelle

11 était la nature exacte des charges utilisées, j'ai essayé de donner une

12 vision le plus large possible. J'ai essayé d'illustrer les théories selon

13 lesquelles le changement d'une charge, pour une même distance de tir,

14 modifierait la dispersion et la zone de dispersion.

15 Q. Vous avez utilisé les mêmes détonateurs, n'est-ce pas ?

16 R. Un détonateur n'entraîne pas une modification de la dispersion.

17 Toutes les modifications, bien entendu, entraînent un changement de la

18 dispersion, mais les détonateurs ne jouent pas un grand rôle, parce qu'ils

19 ne sont pas très différents les uns des autres. On ne peut pas dire qu'ils

20 ont un impact très important sur la dispersion.

21 Q. Il y a deux petits obus que vous ne mentionnez pas, je voulais vous

22 interroger rapidement à ce sujet. S'agissant de ces types d'obus, est-ce

23 que les obus éclairants, ou les obus qui produisent de la fumée, peuvent

24 être tirés par des mortiers ?

25 R. Les mortiers qu'on emploie afin de créer des écrans de fumée tirent des

Page 6198

1 obus de ce type, des obus qui produisent de la fumée.

2 Q. Ces obus qui produisent de la fumée, est-ce qu'ils sont utilisés de

3 manière habituelle par les unités d'artillerie de mortier ?

4 R. Ces types d'obus, ils sont utilisés par les unités qui disposent de ces

5 types de munitions. Ce sont des obus qui, comme leur nom l'indique, sont

6 utilisés pour créer des écrans de fumée. Ceci afin d'empêcher l'ennemi

7 d'observer ce qui se passe et d'empêcher l'observation du théâtre des

8 opérations. Ces écrans de fumée sont, également, utilisés pour retirer du

9 théâtre des opérations une de ces unités. Ce sont également des obus qui

10 sont utilisés pour illuminer une cible, pour indiquer où se trouve une

11 cible. Voici à peu près les conditions dans lesquelles on utilise ce type

12 d'obus; pour gêner l'ennemi, pour l'empêcher d'opérer de manière normale,

13 et pour permettre à son unité, à l'unité à laquelle on apporte un appui

14 d'artillerie, de se retirer de la position qu'elle occupe. Voilà à peu près

15 les principaux cas de figure dans lesquels on utilise ces écrans de fumée,

16 ces obus.

17 Q. Est-ce que ce type d'obus, on les trouve généralement dans les

18 munitions, ou dans les paquetages ?

19 R. Dans les paquetages de combat, effectivement, on trouve ce type de

20 fusée, ou ce type d'obus ainsi que les fusées éclairantes.

21 Q. Vous nous dites que ces obus qui produisent de la fumée peuvent être

22 utilisés pour éliminer des lieux, est-ce qu'ils contiennent des produits

23 tels que le phosphore ? Est-ce que vous savez si, dans ces obus, on trouve

24 du phosphore ?

25 R. Ces obus qui produisent de la fumée ne sont pas utilisés pour éliminer

Page 6199

1 une cible, mais utilisés pour produire et créer des écrans de fumée. On

2 trouve, dans ce genre d'obus, du phosphore blanc.

3 Q. Est-il arrivé que ces dispositifs utilisés pour créer des écrans de

4 fumée aient causé un incendie en raison du phosphore qu'ils contiennent ?

5 R. Des matériaux inflammables peuvent s'enflammer de cette façon. Nous en

6 avons vu un grand nombre d'exemples. A l'air libre, par exemple, lorsque

7 des dispositifs censés créer des écrans de fumée ont entraîné l'apparition

8 d'un feu. En premier lieu, ceci est dû au fait que l'herbe peut être sèche,

9 par exemple. Un tel obus explose même sous l'eau, dans l'eau. Lorsqu'on est

10 en présence de matériaux facilement inflammables, le feu est une

11 conséquence inévitable, en effet.

12 Q. Est-ce que vous incluez le bois au nombre des matériaux facilement

13 inflammables ?

14 R. Oui.

15 Q. Fort bien, Monsieur. J'aimerais maintenant que nous parlions de

16 l'addendum de votre rapport, page 4 plus précisément. On y trouve un

17 tableau, et au niveau de la question 11 c), nous voyons qu'il est question

18 d'un mortier de 120 millimètres de calibre qui tire à partir de Zarkovica.

19 A la page 4, de la version anglaise du texte. Il est question d'un mortier

20 de calibre 120 millimètres ainsi qu'un d'un mortier de calibre 82

21 millimètres qui tirent, à partir de Zarkovica, sur Ploce. Je vous

22 demanderais de vous pencher d'abord sur ce mortier de calibre 120

23 millimètres pour nous donner des explications à ce sujet, je vous prie.

24 Je vous demanderais de bien vouloir expliquer aux Juges quelle est la

25 signification de ce tableau ?

Page 6200

1 R. Ce premier exemple, que l'on décrit ici, est un mortier de calibre 120

2 qui tire sur une cible située dans le secteur de Ploce à partir de

3 Zarkovica. Sur la carte la distance de tir mesurée est de 2 300 mètres.

4 Dans l'exemple que j'ai pris, cette cible a été visée à l'aide d'une

5 troisième, d'une quatrième, ou d'une cinquième charge.

6 S'agissant de la troisième charge, par exemple, dans la table de tirs

7 concernant la troisième charge. Aux colonnes 11 et 12 du tableau, nous

8 voyons qu'il est question, à ce niveau là, de la troisième charge, c'est

9 pourquoi on voit le chiffre 3. Nous voyons que la portée du tir est de 2

10 300 mètres. Au niveau des colonnes 11 et 12, en face de la distance de tir,

11 on voit la probabilité de déviation du tir. --

12 Q. Pouvez-vous me dire ce que signifient et ce que représentent les

13 colonnes 11 et 12, je vous prie, en plaçant le pointeur sur le

14 rétroprojecteur au niveau de ces colonnes ?

15 R. Les colonnes 11 et 12, elles se trouvent dans toutes les tables de

16 tirs qu'utilisait, en tout cas, l'armée populaire yougoslave dans ses

17 unités d'artillerie et de mortier. On y trouve ces coordonnées Vd, Vp pour

18 éviter toute erreur. Si l'on change d'une arme, par exemple, si je passe

19 d'un canon de 105 à un mortier, et les coordonnées Vd, Vp se trouveront

20 toujours au niveau des colonnes numéro 11 et numéro 12. La même chose

21 d'ailleurs pour les autres coordonnées et les colonnes dans lesquelles

22 elles se trouvent. Les coordonnées de tir respectif sont toujours les

23 mêmes, portent toujours le même numéro. Je viens de vous expliquer pour

24 quelle raison, notamment pour que, lorsqu'on change d'arme, on ne se

25 trompe pas. De toute façon, pour éviter toutes sortes d'erreurs.

Page 6201

1 Q. Colonel, un instant, je vous prie. Vous parliez de tables de tirs

2 destinées au mortier, pourriez-vous, d'abord, dire aux Juges de la Chambre

3 quel est l'ouvrage que vous êtes en train d'utiliser ? Comment s'intitule

4 cet ouvrage ? Pourriez-vous lire le titre que l'on voit sur la couverture

5 de cet ouvrage ?

6 R. "Tables de tirs, destinées au Mortier léger M75, calibre de 120

7 millimètres, édition de 1985."

8 Q. Fort bien. Est-ce cette édition qui a été utilisée par l'Armée

9 populaire yougoslave en 1991 ?

10 R. Oui.

11 Q. Pourriez-vous d'abord nous montrer les tableaux et nous dire colonne

12 par la colonne ce que l'on trouve dans ce tableau ?

13 R. Je reviens à cette troisième charge dont nous parlions tout à l'heure.

14 Nous voyons dans la première colonne, colonne numéro 1, qu'on y trouve la

15 distance du tir. La distance qui sépare la position de tir et la cible

16 Dans la colonne numéro 2, on trouve l'échelle des distances qui va de

17 1 à 6 000 et que l'on définit par un cercle divisé en 6 000 parties.

18 Colonne numéro 3, l'angle d'élévation. Toujours dans ce rapport de 1

19 à 6 000.

20 Colonne numéro 4, toujours l'élévation ou l'angle de

21 l'élévation qui correspond à la distance exprimée en degré ou minutes, et

22 secondes.

23 La colonne numéro 6, on y trouve l'élévation maximale que l'on peut

24 associer à ce projectile, compte tenu de sa trajectoire.

25 La colonne numéro 7, nous montre la durée de vol du projectile. Il

Page 6202

1 n'est pas nécessaire de passer tout son temps, l'œil rivé au dispositif de

2 visée en attendant quelquefois 35 à 40 secondes si ce n'est pas 60 jusqu'à

3 la chute de l'obus.

4 A la colonne numéro 9, on trouve l'angle de chute de l'obus. Dans les

5 colonnes dont j'ai parlées tout à l'heure, c'est-à-dire les colonnes 11 et

6 12, on trouve la probabilité d'impact du projectile d'une part selon l'axe

7 Vd, et d'autre part, selon l'axe Vp.

8 Q. Le numéro 3 que l'on trouve sur cette page. Là, je ne parle pas du

9 numéro de colonne, mais du numéro 3 que l'on trouve au milieu de la page,

10 indique-t-il quelle est la charge utilisée ?

11 R. Ce chiffre 3 représente le nombre de charges supplémentaires. C'est-à-

12 dire que dans ce cas précis, il est question de la troisième charge.

13 Q. Ces tableaux, que vous venez de nous décrire, ont-ils été communément

14 utilisés par vous au cours de votre formation et pendant le millier de tirs

15 de mortiers que vous avez réalisés ?

16 R. Oui.

17 Q. Ces tableaux sont-ils indispensables ? Sont-ils nécessaires en tout cas

18 pour tirer les mortiers ?

19 R. Depuis les années 1980, certains changements sont intervenus dans les

20 tables de tirs. Jusqu'à cette date, nous pouvions utiliser largement ces

21 tables pour obtenir des renseignements de nature balistique. Nous avions à

22 notre disposition des tables de tirs qui ont été présentées de façon très

23 graphique et qui pouvaient nous donner très rapidement et très facilement

24 l'angle de l'élévation du tir par rapport à la distance. Ces tables nous

25 donnaient également très facilement la durée du vol. Mais dans les années

Page 6203

1 1980, de nouvelles tables de tirs ont fait leur apparition et pendant tout

2 le temps que j'ai encore passé dans les rangs de cette armée, nous ne

3 disposions plus d'éléments balistiques.

4 Nous utilisions les tables que je viens de décrire pour déterminer la

5 durée du vol et d'autres éléments de même nature. Comme par exemple, la

6 trajectoire.

7 Q. Fort bien. On trouve d'autres colonnes sur la droite de la page dont

8 nous discutions, il y a un instant. Est-ce que ces colonnes sont également

9 importantes pour les calculs que vous décrivez ?

10 R. Dans ces colonnes, on trouve des corrections de tirs. Nous parlions

11 tout à l'heure des méthodes balistiques utilisées pour déterminer un tir.

12 Nous avons parlé également des conditions météorologiques et de la

13 nécessité de faire intervenir ces données balistiques et météorologiques

14 pour établir les corrections de vol. Dans ces dernières colonnes, celles

15 que l'on trouve sur la page d'en face, j'espère que vous voyez ce dont je

16 parle. Ce n'est pas la page où on trouve la colonne numéro 1, mais c'est la

17 page qui commence par la colonne numéro 18, et on y trouve également les

18 colonnes 21, 23, 24, 25, 26. Ce sont les colonnes qui comportent les

19 éléments nécessaires à la correction de tirs de façon à se trouver dans les

20 conditions réelles du tir. A partir par exemple, de la déviation du tir

21 calculé initialement.

22 Q. Merci. Pourriez-vous nous dire quelles sont les pages dont vous avez

23 parlé dans cet ouvrage de façon à ce que nous puissions les photocopier ?

24 Car vous mentionnez cet ouvrage dans les notes en bas de votre rapport.

25 R. Page 106 et 107.

Page 6204

1 Q. Merci. Monsieur, j'aimerais maintenant que nous revenions à la page 4

2 de l'addendum de votre rapport où on voit d'autres tableaux. Vous nous avez

3 déjà parlé des coordonnées Vd et Vp mais pourriez-vous terminer votre

4 description de ce tableau ?

5 R. Cette table de tirs a une distance de 2 300 mètres puisque c'est

6 ce dont nous parlions tout à l'heure. Elle nous a permis de déterminer la

7 valeur Vd, 14 mètres, et la déviation probable égale à 10 mètres. Cela nous

8 donne le demi-axe de l'ellipse de dispersion du tir.

9 Nous avons déjà dit que nous devions prendre en compte plus ou moins

10 8 Vd au total, plus ou moins huit Vp au total.

11 Dans la table que j'ai établie à cet endroit-là, on peut

12 lire les mots "demi-axe de l'ellipse de dispersion, 4 fois 14, étant donné

13 ce plus et moins dont j'ai parlé tout à l'heure. Ce qui nous donne le

14 résultat de plus ou moins 56 mètres. Voilà quelle est la valeur du demi-axe

15 de l'ellipse de dispersion du point de vue de la direction du tir,

16 puisqu'on a la valeur de 10 comme valeur de départ.

17 Pour le calcul du demi-axe, on obtient un résultat final de 40

18 mètres. Demi-axe égale à 40 mètres. Cela nous donne avec ces deux éléments

19 réunis, l'image complète de la dispersion du tir.

20 Si vous regardez ici, je vous le montre à l'instant. Nous voyons la

21 portée de 112 mètres et la dispersion qui est

22 égale à 80 mètres. Bien sûr, il s'agit de valeurs probables, les plus

23 probables. Cela était calculé pour la quatrième charge, et on peut avoir

24 des valeurs équivalentes pour la cinquième charge. Vous pouvez lire ici,

25 quatrième et cinquième.

Page 6205

1 Q. Monsieur, quelques précisions, s'il vous plaît. Vous avez commencé en

2 parlant de 14 Vd, et vous nous avez montré quatre secteurs, l'ellipse et

3 quatre parties de l'ellipse. On a 14 mètres de longueur pour chacune des

4 parties de l'ellipse, au total 56 mètres, n'est-ce pas ?

5 R. Oui.

6 Q. Oui, selon l'axe horizontal, chacune de ces longueurs est égale à 10

7 mètres; c'est bien cela ?

8 R. Oui.

9 Q. La moitié de l'ellipse égale 56 X 40 et la totalité de l'ellipse est

10 égale au double, c'est-à-dire 112 mètres X 80 mètres ?

11 R. Oui.

12 Q. Si nous prenons en considération le dernier axe de dispersion, la

13 partie supérieure de l'ellipse, qui concerne la partie la plus éloignée de

14 ce qui tire et la plus proche de la vieille ville. C'est la valeur 56 X 40,

15 partie supérieure de l'ellipse. Est-ce qu'il y a une partie de cette

16 ellipse qui empiète sur la vieille ville ?

17 R. Pour autant que je le sache, s'agissant de cibles qui étaient visées,

18 aucune des ellipses ainsi calculées, n'empiète sur la vieille ville.

19 Q. Très bien. Je vous ai posé la question au sujet de la troisième charge,

20 mais vous avez dit que le mortier de 120 millimètres de calibre, ainsi que

21 le mortier de 82 millimètres, était chargé trois, quatre, cinq fois. Vous

22 avez ajouté qu'aucune des semi ellipses qui sont évoquées en page 4 de

23 l'addendum à votre rapport ne chevaucherait le secteur de la vieille ville

24 dans ces conditions, n'est-ce pas ?

25 R. Oui, en effet.

Page 6206

1 Q. Aux pages 5 à 9 de l'addendum à votre rapport, on trouve d'autres

2 hypothèses, le tir s'est fait à partir de Zarkovica et prend pour cible le

3 parc de Bogosica en page 5. Au bas de la page 5 qui se poursuit en page 6,

4 dans la situation où on tire depuis Zarkovica sur Srdj; ensuite, on prend

5 une position de tir située à Bosanka, qui tire sur Ploce, cela c'est

6 l'exemple de Lazareti. En dessous plus loin, on a le parc de Bogosica qui

7 est pris pour cible. Il y a d'autres exemples encore. A partir de Bosanka,

8 on vise Srdj, en page 7 et 8. En page 8 et 9, à partir de Srdj, on vise

9 Ploce et le parc Bogosica.

10 Vous fondant sur les calculs que vous avez effectués pour des mortiers de

11 la JNA tirant à partir de cette position de tir, pouvez-vous dire si l'un

12 quelconque des demi axes de ces ellipses de dispersion, dans le cadre de

13 vos calculs, empiète sur la vieille ville de Dubrovnik ?

14 R. Aucune ellipse de dispersion, aucun demi axe des ellipses de dispersion

15 calculé de cette façon n'atteint la vieille ville.

16 Q. Si la JNA tirait d'une quelconque de ces positions, sur l'une

17 quelconque des cibles que je viens d'énumérer, aucun des obus tirés dans

18 ces conditions n'atteindrait la vieille ville par dispersion, n'est-ce pas

19 ?

20 R. Pour les exemples, qui ont fait l'objet de mes calculs, et que vous

21 venez d'énumérer les demi axes des ellipses de dispersion sont tous

22 inférieurs à 110 mètres. Ce qui signifie dans la pratique, qu'aucun des

23 schémas de dispersion n'avait la moindre possibilité d'atteindre la vieille

24 ville, qu'il s'agisse, d'ailleurs, de demi ellipse ou d'ellipse complète.

25 Q. Colonel Poje, si on utilise ces calculs et cette table est-ce que l'un

Page 6207

1 quelconque des demi axes des ellipses de dispersion pourraient toucher,

2 pourraient atteindre les remparts de la vieille ville ? Là, je ne parle

3 plus de la vieille ville dans toute sa superficie, mais uniquement des

4 remparts. Je vous renvoie aux pages 5 à 9, ainsi qu'à la page 4 de

5 l'addendum à votre rapport.

6 R. Selon tous ces calculs, à partir de ces trois positions de tir, et

7 considérant les trois cibles énumérées il y a un instant, je réponds que

8 pas une des ellipses de dispersion ne peut atteindre la vieille ville, et

9 encore moins trouver son origine au niveau de la vieille ville.

10 Q. Merci. Monsieur, est-ce que vous avez pris pour hypothèse une situation

11 dans laquelle un mortier de la JNA tirait sur des canons anti-aériens

12 croates. Est-ce que, si vous avez effectué un tel calcul et dans une telle

13 hypothèse, les schémas de dispersion auraient le moindre rapport avec la

14 vieille ville ? Est-ce que vous avez effectué des calculs dans le cadre

15 d'une telle hypothèse ?

16 R. A partir des mêmes positions de tir, que celles dont il a été question

17 jusqu'à présent, à savoir Zarkovica, Bosanka, et Srdj, j'ai calculé le

18 schéma de dispersion sur d'autres cibles : par exemple, un canon anti-

19 aérien qui tirerait à une distance de 150 à 200 mètres au nord des remparts

20 de la vieille ville. Ensuite, une autre situation, un canon anti-aérien qui

21 se trouverait au point de départ du funiculaire. Finalement, un canon anti-

22 aérien qui se trouverait à 200 mètres à peu près à l'est de Ploce.

23 Q. Avant que vous ne poursuiviez, Monsieur, j'aimerais que la carte qui

24 constitue la pièce P160 vous soit remise une nouvelle fois, et je vous

25 demanderais d'indiquer aux Juges de la Chambre de quel canon anti-aérien

Page 6208

1 vous êtes en train de parler, je vous prie.

2 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse de vous

3 interrompre. Je vois ici seulement l'un des calculs dont a parlé mon

4 éminent confrère M. Weiner. Il s'agit des calculs portant sur le canon

5 PA107 dans la vieille ville, je ne vois aucun des trois sites qui est

6 mentionné en page 22, ligne 25. Je ne vois qu'une seule des positions de

7 celles qui sont citées. Merci.

8 M. WEINER : [interprétation] On va sortir l'addendum et le témoin pourra se

9 pencher sur celui-ci aux fins de l'expliquer et nous montrer en parallèle

10 sur la carte de quoi il parle.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner, à votre avis, combien

12 de temps cela pourrait-il prendre ?

13 M. WEINER : [interprétation] Au plus cinq minutes.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien.

15 M. WEINER : [interprétation] Quand est-ce que vous souhaitez prendre la

16 pause suivante ?

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A n'importe quelle heure dans les cinq

18 à six minutes qui viennent.

19 M. WEINER : [interprétation] Peut-être, pourrions-nous le faire après la

20 pause. Nous présenterons tout au témoin et je consulterai avec les conseils

21 de la Défense afin que nous parlions bel et bien de la même page.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'allais justement le dire. Peut-être

23 pourrions-nous nous pencher sur ces questions, une fois revenus dans le

24 prétoire.

25 M. WEINER : [interprétation] Merci.

Page 6209

1 --- L'audience est suspendue à 17 heures 30.

2 --- L'audience est reprise à 17 heures 52.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner.

4 M. WEINER : [interprétation] Nous étions tous à la même page, sauf que nous

5 regardions le mauvais document.

6 Q. Colonel Poje, est-ce là les tableaux dont vous vous êtes servis il y a,

7 à peu près une demi-heure, lorsque nous étions à parler de la première des

8 hypothèses qui figure à l'addendum en page 4 ? Vous nous avez montré ou

9 expliqué le Vd de 14 et le Vp de 10 ?

10 R. Oui, ce sont ces tableaux.

11 Q. Merci.

12 M. WEINER : [interprétation] Je voudrais que ceci soit versé au dossier.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce est versée au

14 dossier.

15 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La pièce à conviction portera la cote

16 P182.

17 M. WEINER : [interprétation] Monsieur l'Huissier, ayez l'obligeance de

18 distribuer au témoin et aux autres parties en présence dans ce prétoire,

19 l'addendum numéro 1.

20 Q. Colonel Poje, si nous nous penchons sur cet addendum numéro 1,

21 j'aimerais que vous nous disiez ce qui suit : est-ce que vous avez fait les

22 calculs de situations hypothétiques où les mortiers de la JNA seraient en

23 train de tirer en direction des canons antiaériens croates, et d'après

24 votre calcul, est-ce qu'il y aurait pu y avoir dispersion de ces

25 projectiles jusqu'à la vieille ville ? Avez-vous fait ces calculs-là ?

Page 6210

1 R. Oui, j'ai fait ces calculs concernant les trois cas cités ici, pour ce

2 qui est de ces canons antiaériens qui se trouvent au nord de la ville au

3 début du funiculaire et en direction de Ploce.

4 Q. En réalité, il s'agit d'un canon qui se trouvait à deux emplacements

5 différents au nord de la vieille ville, n'est-ce pas ?

6 R. Oui. L'un se trouvait à 150, 200 mètres des remparts de la vieille

7 ville. C'est probablement le même canon qui a été emmené ou transporté

8 jusqu'au début du funiculaire.

9 Q. Avant que nous nous penchions sur cette carte, j'aimerais que nous

10 tirions un autre élément au clair. Dans cette situation hypothétique, les

11 mortiers ouvrent le feu à partir de quelle position, s'agissant des calculs

12 qui figurent à l'addendum numéro 1 ?

13 R. J'ai fait des calculs pour ce qui est des positions de tirs variées. La

14 première des positions serait celle de Zarkovica, la deuxième position

15 serait Bosanka, et j'ai pris un troisième cas, également, à savoir si cet

16 emplacement se situerait à Srdj.

17 Q. Si vous vous servez maintenant de la carte qui figure à votre droite, à

18 savoir la pièce à conviction P160, j'aimerais que vous me montriez où se

19 trouve les cibles, les deux positions du canon antiaérien au nord de la

20 vieille ville ainsi que les positions de tir qui se trouveraient à l'est de

21 la vieille ville.

22 R. Ici, ce serait l'une des positions. La position au nord de la vieille

23 ville, en partant de la supposition au terme de laquelle le même canon

24 pourrait être transféré vers le funiculaire. La troisième des positions se

25 trouverait ici.

Page 6211

1 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, pour les besoins du

2 compte rendu d'audience, je précise que le témoin a montré un symbole se

3 trouvant au-dessus de la vieille ville et il a montré la partie supérieure

4 du symbole. Il m'a indiqué une autre position qui se trouverait à un demi-

5 pouce et je crois bien qu'il faudrait calculer en centimètres.

6 M. PETROVIC : [interprétation] J'aimerais que mon confrère explique avec

7 plus de précisions ce qui a été fait. Le symbole montré par le témoin est

8 un symbole qui se trouve au niveau des remparts de la vieille ville, chose

9 que l'on peut clairement voir sur la carte. Il a montré un emplacement à

10 deux ou trois pouces, et je ne suis pas très fort en pouces, mais à

11 quelques centimètres au-dessus de la vieille ville en direction du

12 funiculaire. Il faut être plus précis pour ce qui est des emplacements

13 indiqués sur la carte.

14 Je m'excuse d'avoir interrompu.

15 M. WEINER : [interprétation] Au lieu de convertir les pouces en

16 centimètres, le mieux serait peut-être de demander au témoin de porter des

17 numéros à ces trois endroits-là et je demanderais la permission de la

18 Chambre pour que ceci soit fait.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que cette carte constitue une

20 pièce à conviction ?

21 M. WEINER : [interprétation] Oui.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Alors, cela vous créé problème, me

23 dit-on.

24 M. WEINER : [interprétation] Nous pouvons voir les symboles. Nous

25 n'apporterons aucune inscription.

Page 6212

1 Q. Nous voyons ce symbole au-dessus de la vieille ville. C'est un symbole

2 signifiant canon antiaérien au-dessus de la vieille ville. A quelle

3 distance cela se trouve-t-il en centimètres depuis le funiculaire ?

4 M. PETROVIC : [interprétation] J'aimerais, pour le compte rendu d'audience,

5 que mon confrère m'explique comment ce symbole se trouverait au-dessus de

6 la vieille ville. Comment voit-il ce symbole à l'extérieur de la vieille

7 ville, alors qu'il se trouve sur les remparts ? J'aimerais que mon confrère

8 m'explique comment il fait pour voir ce qu'il voit ou ce qu'il dit, voir ?

9 M. WEINER : [interprétation] Fort bien.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner, avez-vous quelque

11 chose à dire à ce sujet-là ou auriez-vous changé de direction, ou allons-

12 nous passer au contrebas de l'emplacement du funiculaire ?

13 M. WEINER : [interprétation] Nous allons passer au funiculaire.

14 Q. Monsieur, indiquez-nous à quelle distance de la vieille ville se trouve

15 le point de départ du funiculaire ?

16 R. A quelque 300, 350 mètres.

17 Q. Quand vous avez fait vos calculs, à quelle distance de la vieille ville

18 se trouvait ce canon antiaérien ? Je parle du deuxième, c'est-à-dire, de la

19 deuxième position qui était plus proche de la vieille ville. A quelle

20 distance cela se trouvait-il de la vieille ville ?

21 R. Quand j'ai fait mes calculs, j'ai pris comme emplacement de ce canon,

22 le sommet de la flèche.

23 Q. Pourquoi avez-vous fait ainsi, Monsieur ?

24 R. Pour autant que je m'en souvienne, la pointe de la flèche indiquait

25 l'emplacement précis d'une pièce d'artillerie.

Page 6213

1 Q. Nous n'avons pas bien compris. La pointe de la flèche indique ou

2 n'indique pas l'emplacement de la pièce d'artillerie ?

3 R. Cela l'indique.

4 Q. En réalité, ce canon antiaérien, derrière lequel se trouverait un mur,

5 occupe-t-il une bonne position, un emplacement favorable pour ce canon

6 antiaérien ?

7 R. Ce n'est pas probablement pas très bon parce qu'il n'y a pas de

8 surface. Il ne peut pas couvrir la surface entière étant donné qu'un canon

9 antiaérien, par définition, doit tirer sur des avions, une position en

10 proximité d'un rempart ne saurait être qualifiée de bonne position.

11 Q. En pratique de confection de cartes et utilisation de symboles, pour ce

12 qui est d'un canon antiaérien, lorsqu'on appose un symbole, où la pièce

13 d'artillerie se trouve-t-elle ?

14 R. Au sommet même de la flèche qui indique son emplacement.

15 Q. Où se trouve le troisième site que vous avez mentionné ?

16 R. A l'est, à quelques 200 mètres de cette position de mortier dans la

17 zone de Ploce.

18 Q. A présent, dites-nous si vous avez fait des calculs figurant à

19 l'addendum numéro 1 et qui s'étirent sur cette page. Est-ce que c'est vous

20 qui les avez faits ?

21 R. Oui.

22 Q. Pouvez-vous expliquer, brièvement, de quoi il s'agit, étant donné qu'à

23 la source et ce n'est pas une version anglaise, c'est en cours de

24 traduction.

25 R. Pour le calcul de cette image de dispersion, les calculs sont analogues

Page 6214

1 à ce que j'ai expliqué déjà. Il y a, en outre, d'autres modalités de calcul

2 partant de la distance, partant de la charge, et c'est par là que l'on

3 définit les coordonnés ou les possibilités d'erreurs. En longueur et

4 largeur, on calcule les demi-ellipses pour définir quelle est l'image de

5 dispersion au final.

6 Q. Vous êtes-vous servi des tableaux que vous nous avez déjà montrés, à

7 savoir ce sont les tableaux qui figurent sur les pages 106 et 107. Vous

8 êtes-vous servi des mêmes tableaux lorsque vous avez calculé cette ellipse

9 de dispersion ?

10 R. Je me suis servi de ces tableaux et des pages qui portent sur la charge

11 et sur la distance de tir.

12 Q. Merci. S'agit-il des mêmes tableaux qui nous ont été montrés dans votre

13 livre publié en 1985 ? Est-ce que ces mêmes tableaux ont été utilisés par

14 la JNA en automne 1991 ?

15 R. Oui.

16 Q. Considération faite de tous ces calculs et de toutes ces évaluations,

17 est-ce que l'une quelconque des semi-ellipses atteigne la vieille ville ?

18 R. Les ellipses de dispersion que j'ai calculées se trouvent dans un

19 éventail allant de 40 à 160 mètres. La demi-ellipse de dispersion se situe

20 dans les frontières allant de 20 à 80 mètres. Aucune image de dispersion ou

21 aucune demi-image, de demi-ellipse de dispersion ne s'approche, en aucune

22 façon, de la vieille ville.

23 Q. Merci. Colonel, avez-vous, à quelque moment que ce soit, procédé à la

24 confection de calculs afférents à une situation hypothétique où des

25 mortiers de la JNA qui tireraient à partir d'Uskoplje, pourrait-il y avoir,

Page 6215

1 en ce cas-là, dispersion des éclats d'obus si l'on avait tiré vers la

2 vieille ville à partir du même site ?

3 R. J'ai déjà indiqué que j'ai procédé à des calculs de tir et j'ai indiqué

4 qu'à partir de la position d'Uskoplje, si l'on se servait d'un mortier de

5 120 millimètres, la demi-ellipse de diffusion pour cet exemple, à savoir

6 5 600 mètres de distance de tir, nous donnerait de 140 par 186 mètres. L'on

7 pourrait dire qu'à 1 à 2 % des impacts pourraient se situer au niveau des

8 remparts de la vieille ville.

9 M. WEINER : [interprétation] J'aimerais que l'on montre au témoin

10 l'addendum numéro 2, s'il vous plaît.

11 J'aimerais que l'on montre au témoin la carte qui porte la cote 132

12 afin qu'il puisse nous indiquer dessus certains emplacements.

13 Q. Pourriez-vous nous montrer Uskoplje et votre cible, Colonel ?

14 R. Voici la position de tir du groupe de tir numéro 3. Nous avons dit que

15 la cible était à 150 mètres des remparts, au nord des remparts, j'entends.

16 Q. Quel type de mortiers avez-vous utilisé ?

17 R. Du 120 millimètres.

18 Q. Avez-vous fait des calculs pour ce qui est de mortiers de 82

19 millimètres aussi ?

20 R. Les mortiers de 82 millimètres depuis Uskoplje ne pourraient pas avoir

21 une portée suffisante, je n'ai pas fait de calculs. Cela n'était pas

22 nécessaire.

23 Q. Que voulez-vous dire en disant que c'était dans la portée ?

24 R. Dans le secteur d'Uskoplje, ils n'avaient pas d'une portée suffisante

25 pour atteindre des cibles à Dubrovnik.

Page 6216

1 Q. Colonel, nous avons des problèmes de traduction. Vous avez parlé de

2 mortiers de 82 millimètres. Ont-ils une portée suffisante pour atteindre la

3 vieille ville ou non ?

4 R. Les mortiers de 82 millimètres ne peuvent pas avoir une portée

5 suffisante pour atteindre la vieille ville.

6 Q. Supposons que des mortiers de 120 millimètres aillent viser un canon

7 antiaérien hypothétiquement situé à 150 mètres au nord de la vieille ville,

8 quelle serait la conclusion pour ce qui est de la dispersion du

9 projectile ? Quelles seraient vos conclusions au terme de cet addendum

10 numéro 2 ?

11 R. Comme je l'ai dit, cette image de diffusion ferait 280 par 152 mètres.

12 La demi-ellipse serait de 140 par 76 mètres. Ce qui nous intéresse, c'est

13 cette image de la diffusion entre l'axe médian vers ce qui se trouve à

14 proximité ou le plus près possible de la vieille ville. Nous pourrions dire

15 que 1 ou 2 % des impacts pourraient, effectivement, se situer au niveau des

16 remparts de la vieille ville.

17 Q. Quand vous dites que cela "pourrait", est-ce que cela signifie qu'il y

18 a possibilité ou est-ce que l'on peut affirmer la chose avec certitude ?

19 R. Si nous avons dit que la cible se trouve à 150 mètres des remparts et

20 si la dispersion de la semi-ellipse est à 140, on peut aller entre 150 et

21 130, il y a une possibilité quelconque de voir une petite partie de

22 projectile frapper les remparts. Il y a quelque 12 mètres entre cette

23 distance et le calcul.

24 Si l'on prend des erreurs de l'ordre de 10 ou 20 mètres, il se pourrait que

25 1 ou 2 % de la totalité des projectiles tirés, hypothétiquement tirés en

Page 6217

1 direction de cette cible, il pouvait, effectivement, avoir des points

2 d'impact au niveau des murailles de la vieille ville.

3 Q. Est-ce que cela est dû à l'effet de la distance pour ce qui est de

4 cette ellipse ? Parce que vous êtes en train d'étendre l'ellipse en raison

5 de la distance.

6 R. L'ellipse, elle est telle que calculée, 280 par 152 mètres, la moitié

7 fait 140 par 76 mètres. L'augmentation de la distance de 50 mètres, en plus

8 ou en moins, ne modifie pas l'image de la dispersion. Il se peut qu'il y

9 ait modification de l'ordre de 1 mètre ou 2, pas plus.

10 Q. J'aimerais que vous vous penchiez sur la carte --

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Avant que de passer à autre chose,

12 Monsieur Weiner, s'agissant de cet addendum numéro 2, j'ai remarqué, en

13 premier lieu, qu'en version B/C/S, l'ellipse est présentée comme faisant

14 280 par 152 mètres, or, dans la ligne suivante, on dit 280 par 156. Il y a,

15 là, 4 mètres d'écart.

16 Dans la version anglaise des tableaux, les dimensions au niveau du tableau

17 se trouvent être illisibles mais le 156 est repris dans le paragraphe qui

18 suit. Sommes-nous sûr s'il s'agit de 152 ou de 156 ?

19 M. WEINER : [interprétation]

20 Q. Colonel Poje, je vous demande de vous pencher sur l'addendum numéro 2

21 en version B/C/S. Au bas ce tableau, vous parlez de 280 par 152. Or, dans

22 la phrase qui suit, il est dit 280 par 156.

23 R. C'est une erreur de frappe, deux fois 76 font 152 mètres. A la

24 rédaction de la conclusion, il est certain que le 156 a été tapé ainsi par

25 erreur.

Page 6218

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Autre chose. Ce qu'il convient de

2 noter est que dans le compte rendu en page 30 ligne 11, la dispersion de la

3 semi-ellipse est présentée comme faisant

4 140 par 86. Au compte rendu, en réalité, c'est 140 par 76, tel qu'indiqué

5 au tableau.

6 M. WEINER : [interprétation]

7 Q. Est-ce que c'est exact, Monsieur ? Il faudrait l'on ait 140 par 76 ?

8 R. Les semi-ellipses de dispersion font 140 par 76, en effet.

9 Q. Merci. En version B/C/S pour ce qui est de l'addendum numéro 2,

10 j'aimerais que vous procédiez à un rectificatif et que vous placier au lieu

11 du 156, un 152, et que vous paraphiez à côté

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Maintenant, Monsieur --

14 M. WEINER : [interprétation] J'allais demander le versement au dossier de

15 tous les documents à la fin, est-ce que cela vous convient, ou est-ce que

16 vous préféreriez que l'on procède document par document. Il n'y a que trois

17 ou quatre documents.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Continuez.

19 M. WEINER : [interprétation] Bien.

20 Q. Monsieur, j'aimerais que vous examiniez la pièce P160; il s'agit d'une

21 carte. Est-ce que vous voyez le parc de Gradac sur cette carte ?

22 R. Est-ce que vous pourriez me donner quelques indications ?

23 Q. Cela se trouve à l'est de la vieille ville, à gauche de la vieille

24 ville, à environ 300 mètres à l'ouest.

25 R. [Le témoin s'exécute]

Page 6219

1 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, si le témoin sait s'y

2 retrouver sur une carte, il pourra trouver cet endroit. La manière dont

3 procède mon éminent confrère consiste à guider les réponses du témoin. On

4 procède de manière directrice, car la question qui se pose, c'est comment

5 le témoin a-t-il pu rédiger son rapport s'il n'est pas capable de s'y

6 retrouver sur une carte. En tout cas, je pense que la manière de poser la

7 question n'est pas acceptable.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je ne suis pas d'accord avec vous,

9 Monsieur Petrovic. On indique du côté de l'Accusation un point au témoin.

10 Nous savons pertinemment que si on laissait le témoin se débrouiller tout

11 seul, on devra peut-être attendre jusqu'à 19 heures. Ceci peut arriver à

12 n'importe quel témoin. Il peut toujours arriver qu'on regarde une carte

13 désespérément sans trouver l'endroit recherché.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ne soyons pas trop pointilleux sur la

15 chose.

16 M. WEINER : [interprétation]

17 Q. Sur la base de vos calculs de tir, à partir des positions occupées par

18 la JNA à Zarkovica, s'ils avaient tiré à partir de Zarkovica vers la

19 vieille ville ou vers Gradac parc, est-ce que le demi-axe de l'ellipse de

20 dispersion, est-ce qu'il recouvrerait la zone de la vieille ville pour un

21 tir ? Je vous le rappelle pour un tir venant de Zarkovica et dirigé sur le

22 parc de Gradac ?

23 R. Si on tire depuis Zarkovica sur le parc Gradac, l'ellipse de dispersion

24 ne couvre pas la zone de la vieille ville; elle ne correspond pas.

25 M. WEINER : [interprétation]

Page 6220

1 Q. Quels sont les éléments qui vous permettent d'apporter cette réponse ?

2 R. Tous les calculs que j'ai réalisés pour différentes cibles dans la

3 ville et autour de la ville. Jamais dans aucun calcul je n'ai obtenu une

4 ellipse de dispersion si importante qu'elle aurait recouvert une partie de

5 la ville, ou qu'elle aurait traversé la ville.

6 M. PETROVIC : [interprétation] Je m'excuse d'interrompre mon collègue. Je

7 n'ai pas de calcul pour le parc de Gradac. Peut-être y a-t-il une fois

8 encore une erreur. Où est le calcul concernant le parc de Gradac qu'évoque

9 le témoin ?

10 M. WEINER : [interprétation] Je l'interrogeais sur ce fait à partir de ces

11 calculs précédents. Il n'y a pas eu de pièces de ce style communiquées à la

12 Défense. Une fois encore, mon collègue de la Défense se plaint. La dernière

13 fois on avait fourni toutes les pièces, mais il n'arrivait pas à trouver la

14 bonne page. Ce n'est pas le deuxième problème.

15 Est-ce que je peux poursuivre ? Bien.

16 Q. Parlons encore des ellipses, des erreurs de dispersion lorsqu'on

17 s'éloigne d'une cible. Est-ce que le pourcentage d'erreur augmente ? Est-ce

18 que la distance de tir avec l'augmentation de la distance de tir va

19 augmenter l'erreur, le facteur de dispersion ?

20 R. Lorsqu'on utilise une charge, que la distance augmente, le cône de

21 dispersion ou la zone de dispersion, elle aussi devient plus importante.

22 Q. Merci. J'ai encore quelques questions à vous poser au sujet de certains

23 éléments contenus dans votre rapport. Vous n'avez pas parlé dans vos

24 conclusions de canons sans recul ou de chars. Si ce type d'armement était

25 intervenu le 6 décembre, est-ce que cela aurait modifié vos conclusions,

Page 6221

1 votre opinion ?

2 R. Non. Cela ne les aurait pas modifiées. J'ai déjà dit que je m'étais

3 servi du rapport de l'armée yougoslave, du rapport de l'UNESCO, que dans

4 aucun de ces rapports on ne mentionne des tirs effectués avec des canons

5 sans recul et des chars. Je ne peux pas le confirmer avec certitude, à 100

6 %. Je ne peux pas confirmer que l'on n'a pas utilisé ce type d'armement.

7 Q. Si on partait de l'hypothèse qu'on avait effectivement utilisé ce type

8 d'armement, est-ce que cela modifierait en quoique que ce soit vos

9 conclusions ?

10 R. Un canon sans recul ou un char, ce sont des types d'armement qui tirent

11 à vue. Ce sont des types d'armement plus précis que les mortiers, qui sont

12 des types d'armement pour un tir indirect.

13 Q. Est-ce que c'est les possibilités d'erreurs, des armes qui tirent à vue

14 sont plus importantes ou moins importantes que celles de mortiers ?

15 R. La zone de dispersion est beaucoup moins importante en cas de tir à vue

16 qu'en cas de tir indirect.

17 Q. Colonel, est-ce que vous vous êtes déjà rendu dans la vieille ville de

18 Dubrovnik ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que vous avez marché dans les rues de la ville ? Est-ce que vous

21 avez examiné la zone ?

22 R. J'ai examiné la ville, j'ai pris des photographies.

23 Q. Sur la base de cet examen, est-ce que vous estimez que la vieille ville

24 est un site qui est propre à accueillir des pièces d'artillerie et des

25 mortiers ?

Page 6222

1 R. Vu la densité de la population, vu l'étroitesse des rues, vu la hauteur

2 relativement importante des bâtiments, on peut dire que la ville de

3 Dubrovnik n'est pas un site qui est très propice à l'installation de

4 positions d'artillerie ou de positions de mortier.

5 Q. Est-ce que le sol, le type de sol, est-ce que cela aussi entre en jeu

6 dans vos conclusions à ce sujet ?

7 R. Oui. Quand la surface est dure, quand on a une surface de pierre,

8 l'armement tremble au moment du tir, il sursaute. C'est la raison pour

9 laquelle ce type de surface n'est pas approprié pour installer une position

10 d'artillerie.

11 Q. Est-ce que si l'on utilisait des sacs de sable, cela aurait pu remédier

12 à ce problème si on s'était installé dans la vieille ville ?

13 R. Pour ce qui est de la surface, la surface où installer les armements,

14 effectivement, l'utilisation de sacs de sable pourrait résoudre le

15 problème. Il y a aussi un autre problème. Le fait que les bâtiments soient

16 hauts, l'étroitesse des rues, on se demande bien où on pourrait trouver une

17 position pour installer de tels armements.

18 Q. Avec l'utilisation de sacs de sable, est-ce qu'on aurait toujours ces

19 problèmes de sursaut de l'armement ?

20 R. Sans doute.

21 Q. Est-ce que cela fait courir un danger aux servants de la pièce si la

22 pièce tremble ainsi, sursaute de cette manière ?

23 R. Oui, effectivement. Cela peut être dangereux. Ce n'est pas un danger

24 extrême, mais on peut imaginer que le mortier s'écroule, tombe.

25 Q. Colonel, est-ce que vous connaissez l'armement antiaérien ?

Page 6223

1 R. Un petit peu. Je ne suis pas un spécialiste en la matière pour ce qui

2 est de l'artillerie antiaérienne. Jusqu'à un certain point, je connais ce

3 type d'armement.

4 Q. Est-ce qu'il y a différents types de pièces employées dans le cas de

5 l'artillerie antiaérienne ?

6 R. Oui. Il y a des systèmes antiaériens qui sont des canons, et d'autres

7 qui sont des roquettes, des fusées.

8 Q. A quoi cela sert ?

9 R. Comme l'indique la dénomination, il s'agit de système à tubes d'une

10 part et des systèmes de fusées qui sont utilisés pour battre des cibles

11 telles que les hélicoptères, les avions ou d'autres cibles qui se déplacent

12 dans les airs.

13 Q. Est-ce que ce type d'armement peut également être utilisé pour des

14 cibles situées sur terre, pour des cibles terrestres ?

15 R. Les systèmes de canon, par exemple, les canons tritubes ou les canons

16 monotubes antiaériens, peuvent effectivement être employés pour viser des

17 cibles terrestres. Cependant, ce n'est pas le cas des fusées, les fusées

18 qui sont des armes téléguidées.

19 Q. Est-ce que nous parlons, là, de systèmes d'armement à tir à vue ou à

20 tir direct ?

21 R. Il s'agit de tir à vue. Il s'agit de systèmes qui fonctionnent en tir à

22 vue.

23 Q. Sur la base de votre analyse de la vieille ville, est-ce que vous

24 diriez que le Stradun était un endroit idoine pour y installer des systèmes

25 d'armement antiaérien ?

Page 6224

1 R. Etant donné que sur le Stradun, aussi bien à gauche qu'à droite, en

2 avant, en arrière, il y a des bâtiments relativement, je l'insiste,

3 relativement hauts, cela signifie qu'un système d'armement antiaérien, par

4 exemple, un canon, ne serait à même de couvrir une zone, finalement, assez

5 limitée dans les airs. C'est-à-dire que cette position ne serait pas

6 franchement très propre à l'installation de systèmes d'armement antiaérien.

7 Q. Est-ce que votre réponse serait différente s'il s'agirait d'un système

8 d'armement antiaérien monté sur un véhicule à la différence d'un système

9 unique, d'un système installé au sol ? Est-ce qu'il y aurait une

10 différence ?

11 R. Très franchement, pour les canons tritubes ou les canons monotube de 20

12 millimètres. Enfin, je n'ai rien vu de tel. Je ne peux pas vraiment vous

13 dire si oui ou non, il est possible de placer ou de monter ce type

14 d'armement sur un véhicule pour en faire un système d'armement antiaérien à

15 partir d'une telle position. Même si cela devait être monté sur un

16 véhicule, même en partant de cette hypothèse, je dois dire que je n'ai

17 jamais rien vu de tel. Je n'ai jamais vu cela. Il faudrait sans doute

18 équiper ce véhicule de stabilisateurs, parce qu'il serait difficile

19 d'imaginer un tel véhicule stable avec ses roues. Il faudrait le

20 stabiliser.

21 Q. Que pensez-vous de la possibilité d'utiliser une arme antiaérienne

22 installée sur les remparts ?

23 R. Les remparts sont assez étroits. Il serait assez difficile d'y placer

24 un tel canon. C'est possible. Enfin, l'hypothèse est envisageable de

25 positionner ces armes sur une partie un petit plus large des remparts. A ce

Page 6225

1 moment-là, la question et le problème, c'est de savoir comment on amène le

2 camion à cet endroit. Se pose également la question de la stabilité des

3 remparts au moment des tirs. Je ne connais pas le degré de stabilité de ces

4 remparts. La question, c'est de savoir si les remparts seraient à même de

5 supporter ce type de tir, par exemple, d'un canon antiaérien tritube.

6 Q. Nous reviendrons un petit plus tard à l'armement antiaérien. Est-ce que

7 vous connaissez les canons antiaériens Strela ou Igla ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce qu'on peut procéder à un tir à partir de ces canons depuis

10 l'intérieur d'un bâtiment ?

11 R. Tous les systèmes de roquette, de lance-roquette sont tels qu'on ne

12 tire pas, on n'utilise pas ce type de système à partir de l'intérieur d'un

13 bâtiment. Tout le monde sait comment cela fonctionne les lance-roquettes.

14 Les moteurs des roquettes doivent être situés à l'extérieur; sinon, cela

15 entraîne des dégâts.

16 Q. Vous parlez de "dégâts", quel type de dégâts pouvait envisager si on

17 procédait à un tir à l'intérieur ?

18 R. Un incendie. On pourrait provoquer un incendie parce que quand on

19 procède au lancement d'une rocket, la flamme est considérable. Voilà le

20 danger.

21 Q. Ces Strelas et ces Iglas, est-ce que ce sont des armes qui sont

22 attirées par la chaleur?

23 R. Oui.

24 Q. Est-ce qu'on utilise ce type de projectiles contre les troupes

25 d'infanterie ?

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1 R. Pour de tels projectiles, il faut une source très très forte de chaleur

2 ou d'énergie. Ce genre de source de chaleur ou d'énergie est très difficile

3 à trouver.

4 Q. Là vous parlez de troupes de l'infanterie, mais qu'en est-il d'autres

5 éléments terrestres ?

6 R. Non, pas en principe, parce qu'en fait il s'agit de systèmes qui sont

7 utilisés uniquement pour viser les avions.

8 Q. Vous nous avez dit qu'il était envisageable, même si c'était difficile

9 à envisager, qu'il était envisageable d'employer un canon antiaérien à

10 partir des remparts et de procéder à des tirs à partir des remparts. Si on

11 procédait de la sorte à partir des remparts, est-ce que cela serait

12 visible ?

13 R. Les munitions de calibre 20 millimètres qui sont employées pour les

14 canons antiaériens sont très visibles, puisque ce type d'arme a un système

15 traçant. Ceci facilite la tâche du servant de la pièce lorsqu'il vise un

16 avion dans les airs parce que de cette manière, il peut suivre la

17 trajectoire du projectile, parce que le projectile a une vélocité très

18 grande et s'il n'y avait pas de marqueurs, le servant de la pièce ne serait

19 pas en mesure de voir le projectile, ne pourrait pas le suivre et ne

20 pourrait même pas suivre la direction dans laquelle il est parti.

21 Q. Ces types de marqueurs, est-ce qu'ils sont visibles dans le ciel ?

22 R. Oui, c'est leur raison d'être.

23 Q. Quand on procède à un tir avec ces canons avec des obus ou des

24 projectiles traçants, est-ce que l'on n'est pas finalement une cible

25 facile ?

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1 R. Oui, j'ai déjà dit que, pour l'essentiel, il s'agit de canons qui sont

2 employés pour la lutte antiaérienne.

3 Q. Si on tire à partir des remparts, étant donné cet obus traçant, est-ce

4 qu'on ne devient pas soi-même une cible facile, du simple fait que ces obus

5 traçants peuvent être facilement observés ?

6 R. Oui, tout à fait. Si on imaginait l'hypothèse d'un tir à partir des

7 remparts ou à partir de n'importe où avec ce type de canons, il est sûr que

8 très rapidement on pourrait découvrir où le canon en question est placé. A

9 ce moment-là, on pourrait prendre pour cible l'arme.

10 Q. Imaginons un film ou une vidéo de la vieille ville pendant un pilonnage

11 et pendant des tirs de ces canons antiaériens. Est-ce qu'à ce moment-là,

12 s'il y avait eu un tel film, est-ce que les obus traçants seraient visibles

13 sur le film ?

14 R. Oui, ils devraient l'être.

15 Q. Une question qui n'a pas été consignée correctement au compte rendu

16 d'audience.

17 Quand on procède à un tir de ces rockets qui sont attirées par des sources

18 de chaleur, est-ce que, pour qu'il y trouve sa cible, il est nécessaire que

19 celle-ci dégage une grande quantité de chaleur ?

20 R. Je ne sais pas exactement quelle est la quantité nécessaire mais

21 j'imagine que cette chaleur doit être considérable. Mais je ne peux pas

22 vous donner de chiffres.

23 Q. Est-ce qu'en fait on est en train de parler d'un projectile qui se

24 déplace vers un objet qui dégage de la chaleur, c'est cela ?

25 R. Oui, c'est cela.

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1 Q. Merci. J'aimerais que vous vous reportiez à votre rapport parce qu'il y

2 a un certain nombre de choses que j'aimerais revoir avec vous, certaines de

3 vos réponses. A commencer par la réponse 18 b). Est-ce que vous pouvez

4 lire, s'il vous plaît ?

5 R. "Armes employées pour l'attaque de Dubrovnik."

6 Q. Est-ce que vous pouvez en faire la lecture à voix basse, s'il vous

7 plaît.

8 Est-ce que vous pouvez nous donner vos explications, puisque votre réponse

9 s'articule en deux ou trois points. Est-ce que vous pouvez nous donner des

10 explications sur ce que vous voulez dire ?

11 R. Est-ce qu'on est bien en train de parler de la même question, 18 b) ?

12 Q. Oui.

13 R. Dans la première partie, j'affirme que l'armée yougoslave n'avait pas

14 l'intention de prendre la ville, parce que, conformément à la décision du 2

15 décembre, le déploiement du 3e Bataillon est un déploiement à caractère

16 défensif. Les troupes adoptent des positions défensives. Ceci est visible

17 sur la carte.

18 En deuxième lieu, j'affirme que tous les objectifs, toutes les cibles que

19 l'on peut identifier seraient directement visées. Je parle des cibles qui

20 étaient visibles depuis les positions occupées par l'Armée populaire

21 yougoslave à Dubrovnik et autour.

22 Ces cibles allaient faire l'objet de tirs à vue.

23 Quant aux autres cibles, elles seraient battues par des tirs de mortiers.

24 La dernière chose que je dis, c'est que seuls les bâtiments à partir

25 desquels on tirait allaient être visés, enfin en principe. Si ces tirs ne

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1 pouvaient pas être empêchés d'aucune autre manière. Si on ne pouvait pas

2 mettre fin aux tirs d'une autre manière.

3 Q. Vous parlez de la vieille ville. Est-ce que vous pensiez à des cibles

4 situées au sein de la vieille ville ?

5 R. A ma connaissance, il n'y avait pas cibles dans la vieille ville.

6 Q. Qu'entendez-vous par la doctrine de la JNA ? "Dans les zones habitées,

7 on ne tire que sur les bâtiments à partir desquels procèdent à des tirs.

8 Qu'est-ce que vous entendez par là ?

9 R. Cela signifiait que si l'on tirait à partir de certains bâtiments, à ce

10 moment-là, ces bâtiments là pouvaient être pris pour cible, s'il n'y avait

11 pas d'autre façon d'empêcher et de mettre un terme aux tirs qui provenaient

12 des bâtiments en question.

13 Q. Vous nous dites que les troupes qui entouraient Dubrovnik, occupaient

14 des positions défensives. Est-ce que c'est la même chose qu'une position de

15 blocus ?

16 R. Oui, on peut le dire jusqu'à un certain point.

17 Q. A 18 (d), est-ce que vous pourriez examiner cette réponse ? Le numéro

18 ERN que vous nous donnez avec un certain nombre d'informations, 6 heures :

19 les forces croates, les forces de la JNA, du 3e Bataillon motorisé, et

20 cetera. L'heure de 11 heures 15 : le cessez-le-feu proposé par le général

21 Strugar, toutes ces informations d'où les tirez-vous ?

22 R. Dans les documents que j'ai examinés, en particulier, dans les

23 communications radio, j'ai pu puiser les informations qui sont reproduites

24 ici.

25 Q. Cette communication dont vous nous parlez qui en était à l'origine ?

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1 R. A ma connaissance, il s'agit d'un document qui avait été envoyé par le

2 général Strugar.

3 M. PETROVIC : [interprétation] De quoi parle t-on ? Est-ce qu'il s'agit

4 d'une pièce à conviction ? Est-ce que ce document a déjà été versé au

5 dossier ? De quel document s'agit-il ? Est-ce qu'on pourrait savoir

6 exactement de quel document on parle ?

7 M. WEINER : [interprétation] Il comporte un numéro ERN et il s'agit du

8 radiogramme d'une conversation entre le général Strugar et M. Rudolf, je

9 crois. M. Rudolf en a parlé et M. Hvalkof aussi. On le voit dans le compte

10 rendu d'audience de M. Rudolf.

11 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, oui, il y a des

12 radiogrammes où M. Rudolf intervient mais il ne s'agit pas du général

13 Strugar. Dans les radiogrammes de M. Rudolf, il est question du général

14 Jokic. Cela fait partie des pièces à conviction dans la présente affaire.

15 S'il existe une autre pièce à conviction, j'aimerais qu'on me l'indique.

16 M. WEINER : [interprétation] Il s'agit d'une pièce à conviction dans

17 laquelle il est indiquée que le général Strugar a demandé un cessez-le-feu

18 à 11 heures 15. J'aurais grand plaisir à apporter ce document demain matin

19 si les Juges souhaitent le voir.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Peut-être pourriez-vous tirer cela au

21 clair avec Me Petrovic.

22 M. WEINER : [interprétation] Merci.

23 Q. Monsieur le Témoin, y a-t-il une autre technique d'utilisation des

24 mortiers. Si on souhaite tirer sur un édifice qui se trouve tout près d'un

25 édifice protégé ?

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1 R. Si la cible est tout près d'un édifice protégé, ou si elle est tout

2 près d'une unité à laquelle on appartient, la correction commencera dès le

3 départ du tir, du côté le plus éloigné de l'édifice protégé, en partant du

4 principe que le premier projectile ne frappera pas l'édifice protégé.

5 Q. Mais que se passe t-il lors du tir des projectiles suivants ?

6 R. Lorsqu'on a effectué le tir initial, on se rapproche petit à petit de

7 la cible jusqu'à atteindre le centre de la cible.

8 Q. Vous avancez par petit pas.

9 R. Oui, c'est un exemple que je donne de ce qui se fait pour éviter

10 d'endommager ou de détruire un édifice protégé, ou tout près de sa propre

11 unité.

12 Q. Monsieur, dans votre rapport vous avez dit qu'il était possible que les

13 Croates aient tiré sur la vieille ville, mais en page 27 de ce rapport vous

14 dites qu'il y a eu peu de chance pour que cela ait eu lieu. Je cite vos

15 propres termes, je cite : "De très faibles chances et surtout des

16 possibilités uniquement théoriques." Pourquoi estimez-vous qu'il n'y avait

17 pratiquement aucune possibilité, ou de très faibles possibilités pour que

18 les Croates aient pilonné la vieille ville ?

19 R. Si nous tenons compte du déploiement des forces de la JNA, à savoir de

20 leur position, Zarkovica, Bosanka, et profondeur du territoire, seule une

21 très grosse erreur de tir aurait pu aboutir à ce que la vieille ville soit

22 touchée. Cette probabilité est très faible, parce que les trajectoires

23 possibles à partir des positions tenues par les forces croates, et que j'ai

24 mentionnées tout à l'heure, à savoir Zarkovica, Bosanka, et cetera, et ces

25 trajectoires ne passent pas par la vieille ville. Elles passent à gauche de

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1 la vieille ville.

2 Comme je l'ai déjà dit et je le répète, seule une erreur grossière aurait

3 pu aboutir à ce qu'un projectile ou plusieurs projectiles tombent sur la

4 vieille ville.

5 Q. Vous venez de parler de tirs sur les forces de JNA en provenance de

6 Bosanka et Zarkovica. Vous avez prononcé le nom de ces deux lieux, mais que

7 pensez-vous de tirs provenant du mont Srdj ?

8 R. Je ne sais pas s'il y a eu des tirs en provenance de Srdj, et je ne

9 sais pas si quelqu'un a tiré sur Srdj, parce que, si on regarde Srdj par

10 rapport à la vieille ville, Srdj se trouve encore plus à gauche. Il est,

11 pratiquement, impossible si l'on tire à l'aide d'un mortier qu'un obus de

12 mortier, tirant de cette position, tombe sur la vieille ville.

13 Q. Puisque nous parlons de pilonnage, pourrions-nous parler du rôle de ce

14 que l'on appelle les contrôleurs de tir, ou les exécutants de tir. Est-ce

15 que vous connaissez ces expressions ?

16 R. Nous, en général, nous appelons cela des exécutants de tir. Ce sont des

17 personnes qui, en principe, appartiennent à un poste d'observation,

18 déterminent l'emplacement de la cible, le lieu d'où le tir sera commandé,

19 ce sont des gens qui regardent comment se passe le début du tir, et qui

20 déterminent quelles sont les corrections à apporter aux coordonnées de tir,

21 qui d'ailleurs, dans une certaine mesure, exécutent ces corrections de tir

22 pour obtenir, finalement, une moyenne de tir de projectile qui atteindra le

23 centre de la cible. A ce moment-là, le tir groupé peut commencer.

24 Q. Ces personnes, ces contrôleurs ou exécutants de tir sont-ils ceux qui

25 ordonnent les corrections, les modifications à apporter aux coordonnées de

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1 tir ? Est-ce que ce sont eux qui donnent l'ordre de tirer ?

2 R. Les exécutants de tir sont uniquement des personnes, qui déterminent,

3 indirectement, le début des tirs parce que eux, pour que les tirs débutent,

4 il faut qu'ils reçoivent un ordre de démarrage du tir. Ce ne sont pas ces

5 personnes-là qui décident de commencer à tirer.

6 Q. Vous dites que quelqu'un doit décider à quel moment le tir va

7 commencer, et sur quoi ils vont tirer. Ce ne sont pas eux qui déterminent

8 le début du tir. Est-ce que vous pensez aux personnes qui servent le

9 mortier en disant cela ? Est-ce que vous dites que quelqu'un doit décider

10 pour les servants des mortiers ?

11 R. Oui. L'unité de mortiers ne décide pas seule, ne décide pas d'elle-

12 même, à quel moment elle va tirer et sur quoi elle va tirer. Elle doit

13 recevoir un ordre pour tirer.

14 Q. Ces exécutants ou contrôleurs de tirs utilisent-ils un matériel spécial

15 pour accomplir leur travail ?

16 R. L'exécutant de tir, pour que le tir puisse avoir lieu, utilise les

17 moyens de transmission, les instruments de reconnaissance le dynamomètre au

18 laser, la boussole d'artillerie. Il peut aussi utiliser les instruments du

19 cartographe, comme par exemple, le compas, les lunettes, la carte

20 géographique et les moyens de transmission qui permettent de recevoir les

21 ordres et de les transmettre à ceux qui se trouvent sur les positions.

22 Q. Merci.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner, il est possible que

24 j'aie à vous demander de procéder au versement des documents demain matin,

25 compte tenu de l'heure.

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1 M. WEINER : [interprétation] Merci.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Suspension d'audience pour ce soir.

3 Monsieur Poje, je vous demanderais si cela vous est possible, de vous

4 trouver dans le prétoire demain matin à 9 heures.

5 LE TÉMOIN : [Le témoin opine]

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

7 --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le mardi 11 mai 2004,

8 à 9 heures 00.

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