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1 Le jeudi 8 juillet 2004
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Je tiens à vous préciser que
7 la déclaration, que vous avez prononcée au début de votre déposition,
8 s'applique toujours. Il y a eu une objection, qui a été soulevée hier au
9 sujet de la déposition, au sujet des éléments de preuve et ce, concernant
10 un mortier. Nous avons décidé, en nous appuyant sur notre pouvoir
11 discrétionnaire, de recevoir ces éléments de preuve.
12 Maître Petrovic.
13 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 LE TÉMOIN: VLADO PEPIC [Reprise]
15 [Le témoin répond par l'interprète]
16 Interrogatoire principal par M. Petrovic : [Suite]
17 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Pepic.
18 R. Bonjour.
19 Q. Hier, vers la fin de l'audience, vous nous avez parlé des positions de
20 tir du côté croate que vous avez vues dans la vieille ville de Dubrovnik.
21 Pourriez-vous, maintenant, en vous servant de cette carte, nous montrer
22 très précisément les endroits où vous avez vu ces positions de tir, ceux de
23 Zarkovica, où vous vous trouviez. Je vous demanderais de placer cette carte
24 sur le rétroprojecteur et d'inscrire une petite croix à l'endroit où vous
25 avez remarqué des pièces d'artillerie du côté croate, d'inscrire un chiffre
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1 à côté de chacune de ces croix pour qu'on puisse, par la suite, préciser
2 tout cela. Je vous demanderais de procéder dans l'ordre, de manière très
3 attentive.
4 R. Je tournerai la carte, je l'orienterai de la manière dont je voyais les
5 choses, à l'époque, pour montrer quelle a été mon axe d'observation.
6 Q. Vous pouvez, tout à fait, prendre la carte et inscrire les choses.
7 R. C'est ici.
8 M. PETROVIC : [interprétation] Puis-je demander que l'on donne un feutre au
9 témoin, puisqu'on n'arrive pas à voir les motions.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela, c'est la position du mortier.
11 M. PETROVIC : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. A-t-on un
12 feutre ou autre chose ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] D'une autre couleur.
14 M. PETROVIC : [interprétation] On ne voit rien sur cette carte.
15 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, maintenant vous servir de ce feutre.
16 R. [Le témoin s'exécute]
17 Q. Si je ne m'abuse, hier, vous avez dit que vous avez vu des flashs ou
18 des éclats de lumière qui arrivaient de l'une des rues latérales de Stradun
19 ?
20 R. Oui.
21 Q. Pouvez-vous l'indiquer ?
22 R. Excusez-moi, je pensais que cela concernait uniquement la porte
23 d'entrée.
24 Q. A côté de chacune de ces positions, pouvez-vous inscrire un chiffre,
25 s'il vous plaît ?
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1 R. [Le témoin s'exécute]
2 Q. Monsieur Pepic ?
3 R. Oui ?
4 Q. Qu'avez-vous inscrit au point 1 ? Qu'avez-vous vu et où est-ce que cela
5 se trouve, au point 1 ?
6 R. Au point 1, on voit un mortier, un mortier qui s'est déplacé. On l'a
7 fait sortir et on l'a ramené à l'abri. Quant à savoir s'il est entré dans
8 la ville ou non, cela je n'ai pas pu le voir. Au point 2 –-
9 Q. Un instant, s'il vous plaît. Cela, c'est le numéro 1.
10 R. Oui.
11 Q. Avez-vous vu ouvrir le feu depuis cette arme ?
12 R. Non, je n'ai pas vu cette pièce agir car mon attention n'était pas
13 dirigée sur cette pièce, précisément.
14 Q. Très bien. Au point 2, qu'avez-vous indiqué ?
15 R. Au point 2, c'était un canon antiaérien de 20 millimètres. Pour autant
16 que j'ai pu le voir, on l'a fait monter sur la forteresse, et c'est de là
17 qu'il a ouvert le feu. Je n'ai pas vu son activité, d'autres me l'on dit.
18 Q. Qu'avez-vous inscrit au point 3 ?
19 R. Au point 3, c'est le feu, les éclats de lumière qui ont pu être
20 observés depuis les rues latérales. Je ne suis pas certain si c'est cette
21 rue-ci ou l'autre, celle-là. C'est l'une ou l'autre, mais il s'agit d'une
22 seule pièce, et non pas de deux. C'était à peu près au milieu, sur la
23 gauche.
24 Q. Vous dites que vous avez vu des éclats de lumière ?
25 R. Oui.
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1 Q. De quel genre ?
2 R. Ils étaient dus aux tirs d'obus de mortiers. C'était des éclats de
3 lumière provenant de la bouche du canon.
4 Q. Comment avez-vous pu identifier ces éclats de lumière ? Comment avez-
5 vous pu savoir qu'il s'agissait des obus de mortiers, que ce n'était pas un
6 autre ?
7 R. A ce moment-là, c'est ce que j'ai supposé. Cette supposition a pu se
8 confirmer par mes observations, et par ce que d'autres commandants ont pu
9 voir. C'est de là que ces obus ont pu toucher, par la suite, Strincjera et
10 Bosanka.
11 M. PETROVIC : [interprétation] S'il vous plaît, pouvez-vous signer la carte
12 ? Je voudrais la verser en tant que pièce à conviction de la Défense, je
13 vous prie d'inscrire la date d'aujourd'hui, également.
14 R. [Le témoin s'exécute]
15 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, la carte qui vient
16 d'être marquée par le témoin, je souhaite qu'elle soit admise en tant que
17 pièce à conviction de la Défense.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La carte sera versée au dossier.
19 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce D104.
20 M. PETROVIC : [interprétation]
21 Q. Monsieur Pepic, le jour en question, le 6 décembre, avez-vous pu
22 remarquer une activité sur les Unités de la JNA et ce, depuis des positions
23 qui ne se trouvent pas dans la vieille ville, mais qui se trouvent à
24 proximité ?
25 R. Oui, j'ai pu le voir.
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1 Q. Dites-nous ce que vous avez vu, et d'où.
2 R. Comme je l'ai déjà dit hier, c'était depuis les stades de tennis près
3 de l'hôtel Libertas. C'était là que se trouvaient les positions. La ligne
4 d'observation était Zarkovica, la vieille ville et Babin Kuk. C'est le long
5 de cet axe-là.
6 Q. Merci. Avez-vous pu remarquer une quelconque activité sur les pentes de
7 Srdj et ce, dans la zone qui va de la vieille ville vers les pentes de Srdj
8 ?
9 R. J'ai pu remarquer –- leurs activités, vous voulez dire ? Sur les pentes
10 de Srdj, non.
11 Q. A-t-on ouvert le feu de Zarkovica sur ces positions de tir que vous
12 venez de marquer sur la carte que vous aviez ?
13 R. Oui.
14 Q. A-t-on ouvert le feu, d'après ce que vous en savez, uniquement sur les
15 positions de tir de la partie adverse ?
16 R. Le feu a été ouvert exclusivement sur –-
17 M. WEINER : [interprétation] Objection.
18 L'INTERPRÈTE : Accusation au micro.
19 M. WEINER : [interprétation] [inaudible]
20 M. PETROVIC : [interprétation] Je retire.
21 M. WEINER : [interprétation] C'est le conseil de la Défense qui est en
22 train de témoigner à la place du témoin.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] De manière très explicite, vous
24 présentez les réponses que vous souhaitez entendre. Il s'agit-là de points
25 très importants. Je vous prie de faire attention à la manière dont vous
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1 formulez vos questions.
2 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
3 Q. Quels sont les cibles sur lesquelles on a tiré depuis Zarkovica ?
4 R. Comme j'ai commencé à le raconter, on a ouvert le feu, exclusivement,
5 sur des positions de tir qui venaient d'être remarquées de plusieurs
6 directions, que ce soit de mon poste d'observation ou des flancs de Srdj ou
7 de Strincjera. Le feu a été ouvert, pour autant que j'aie pu le voir, par
8 neuf K11, ou plutôt sur le Maljutka, sur le mortier que se trouvait sur la
9 gauche de l'entrée et sur le canon antiaérien qui se trouvait à la droite
10 de l'entrée, et on a ouvert le feu également sur ce mortier dont j'ai pu
11 voir l'activité dans une rue qui se trouve sur la gauche de Stradun.
12 Q. Merci. Qui a ordonné que l'on ouvre le feu, le feu dont vous venez de
13 parler ?
14 R. Je ne faisais partie de cette chaîne de commandement. C'est le
15 commandant de l'Unité anti-blindé qui a ordonné le feu. Il s'est vu donner
16 l'ordre de son supérieur certainement.
17 Q. Qui était son supérieur ?
18 R. C'était le commandant du bataillon, le capitaine Kovacevic.
19 Q. Dites-nous : qui a ouvert le feu de 9K 11 des Maljutka ?
20 R. C'était le commandant de peloton, un officier d'active.
21 Q. Quel est son nom ?
22 R. Je n'en suis pas sûr. Je pense qu'il s'appelait Hodza. Du moins, c'est
23 comme cela que l'on appelait.
24 Q. Les Maljutka, les 9 K 11, ont été utilisés par quelqu'un d'autre ce
25 jour-là ?
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1 R. Le capitaine Nesic a ouvert le feu depuis les mortiers, et lui m'a dit
2 qu'il a tiré lui aussi quelques roquettes, mais cela je ne l'ai pas vu. Il
3 a agi si je puis --
4 Q. Je vous en prie.
5 R. Le capitaine Nesic a ouvert le feu du mortier --
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, s'il vous plaît, Monsieur Weiner.
7 M. WEINER : [interprétation] Deux points : tout d'abord, il semblerait que
8 le témoin avait terminé de répondre. Un deuxième
9 point : il n'y a pas eu de communication faite de la part de la Défense à
10 l'intention de l'Accusation disant qu'il sera question des Maljutka. En
11 fait, hier, la Chambre a dit au conseil : allez-vous passer à d'autres
12 sujets ? Avons-nous terminé avec ces points qui ont été évoqués ? Le
13 conseil a dit qu'il en avait terminé. Maintenant, nous sommes allés au-delà
14 de tout champ, qui a été couvert par les communications de pièces de la
15 Défense. Je n'ai pas d'objection à ce qu'il dépose à ce sujet, mais il
16 faudra que l'Accusation soit averti.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, avez-vous prévenu la
18 partie adverse du fait que vous allez parler des
19 Maljutka ?
20 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous les avons
21 informés du fait que nous allons parler du feu qui a été ouvert, mais nous
22 savons tous ici, parfaitement, dans ce prétoire ce qui a été utilisé pour
23 tirer depuis Zarkovica. Ceci a été mentionné à plusieurs reprises, et le
24 témoin de l'Accusation a parlé de cela. Nous avons dit que nous allons
25 parler de tout ce qui a fait l'objet de déposition du Témoin B, du Témoin
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1 Jokic. Cela allait de soi, et il allait être question de l'ouverture du
2 feu. Je ne vois vraiment pas quels sont les éléments d'informations
3 complémentaires que j'aurais été censé communiquer. Quant à l'ouverture du
4 feu de Zarkovica, cela a été mentionné à la fois dans nos communications et
5 hier pendant la déposition du témoin.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suppose d'après ce que vous venez
7 de dire que vous admettez que vous n'avez pas prévenu que vous allez parler
8 des Maljutka qui ont ouvert le feu.
9 M. PETROVIC : [interprétation] Précisément les Maljutka, non. Pour ce qui
10 est de l'ouverture du feu de Zarkovica, si.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Petrovic, j'estime que vous
12 ne devriez pas poser davantage de questions sur les Maljutka.
13 M. PETROVIC : [interprétation] Bien entendu, Monsieur le Président, il faut
14 bien que je me conforme à votre décision.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez.
16 M. PETROVIC : [interprétation] Merci.
17 Q. Monsieur Pepic, je vous prie de ne plus mentionner les Maljutka. Nous
18 allons parler uniquement du feu qui était ouvert de Zarkovica. Est-ce qu'il
19 y a eu une compétition pour ce qui est de ces tirs qui ont été tirés de
20 Zarkovica, dans la matinée du 6 décembre 1991 ?
21 R. Que Dieu m'en préserve, non.
22 Q. Le feu aurait-il pu être ouvert par toute personne, n'importe qui au
23 gré de ses souhaits ce jour-là ?
24 R. Il faut que je vous précise cela. A ce moment-là, il y avait déjà au
25 moins trois morts.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non. Contentez-vous de répondre aux
2 questions qui vous sont posées par le conseil.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Il est impossible que ceci ait lieu. Nous
4 devions sauver des vies.
5 M. PETROVIC : [interprétation]
6 Q. Le capitaine de vaisseau Zec, était-il présent lorsqu'on a ouvert le
7 feu de Zarkovica sur les cibles que vous nous avez marquées sur la carte ?
8 R. Oui.
9 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas
10 d'autres questions.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner.
12 Contre-interrogatoire par M. Weiner :
13 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.
14 R. Bonjour.
15 Q. Je suis Juriste qui travaille pour le bureau du Procureur. Mon nom est
16 Weiner, et je vais vous poser quelques questions.
17 R. Je comprends.
18 Q. Vous étiez arrivé demeurer dans la vieille ville précédemment ?
19 R. Oui, à plusieurs reprises.
20 Q. Connaissiez-vous bien la vieille ville puisque vous vous y êtes rendu à
21 plusieurs reprises par avance ?
22 R. Oui.
23 Q. Connaissiez-vous l'importance historique, culturelle et religieuse des
24 édifices à l'intérieure de la vieille ville ?
25 R. Oui, tout à fait.
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1 Q. Savez-vous qu'à l'intérieur des remparts de la vieille ville, il y
2 avait des bâtiments ou des édifices qui étaient d'une grande ancienneté ?
3 R. Oui, je le savais.
4 Q. Savez-vous qu'il y avait plusieurs églises, une synagogue, une église
5 orthodoxe, une mosquée ?
6 R. Comme je vous l'ai déjà dit, je le sais.
7 Q. Saviez-vous que même si le Stradun est une artère large, il y avait
8 beaucoup de rues latérales qui étaient étroites ?
9 R. Oui. Les rues qui coupent le Stradun. Le Stradun est le plus large.
10 Q. Certaines de ces rues sont tellement étroites qu'on peut pratiquement
11 toucher les murs des maisons qui bordent ces rues ?
12 R. Oui. Cela est typique pour la manière dont on construit en Dalmatie.
13 Q. Vous savez aussi qu'il y avait des palais. Vous vous êtes référé à ces
14 bâtiments lorsque vous en avez parlé hier. Vous savez qu'il y avait de ces
15 bâtiments très élevés qui avaient de 16 à 18 mètres d'hauteur des deux
16 côtés de ces rues ?
17 R. Ces bâtiments avaient plusieurs étages. Quant à savoir combien, je n'en
18 suis pas sûr, mais je vous fais confiance pour ce que vous venez de dire.
19 Q. Ces bâtiments sont en effet très élevés. Vous savez aussi que c'est une
20 zone très compacte, la vieille ville, très densément bâtie à l'intérieur
21 des remparts ?
22 R. Oui. La vieille ville, et il y a des remparts autour.
23 Q. Vous saviez qu'il y avait des personnes qui vivaient. C'était la
24 population locale. Il y avait aussi des réfugiés en décembre 1991 ?
25 R. Oui, ce n'était pas vraiment la partie résidentielle de Dubrovnik.
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1 Effectivement, il y avait pas mal de gens qui vivaient là.
2 Q. Les gens vivaient le long de ces petites ruelles et aussi dans ces
3 palais?
4 R. Oui, il y avait pas mal de cafés, mais ils vivaient aux étages
5 supérieurs, en effet.
6 Q. Saviez-vous que la vieille ville était un site protégé, placé sous le
7 patrimoine de l'UNESCO ?
8 R. Oui, absolument.
9 Q. Saviez-vous, en tant qu'observateur, qu'il y a eu des ordres de donnés
10 pour que la vieille ville ne soit pas pilonnée ?
11 R. C'est exact. Tout comme on n'a pas le droit de tirer de celle-ci.
12 Q. Tout d'abord, savez-vous qui était à l'époque le général Blagoje Adzic.
13 Il était le chef du Grand état-major à Belgrade.
14 Q. Saviez-vous qu'il a donné des ordres pour que l'on ne pilonne pas le
15 patrimoine culturel et historique protégé, qu'il faut prendre des mesures
16 pour que ceci n'ait pas lieu ?
17 R. Même avant qu'il ne donne l'ordre, nous avions un ordre très clair nous
18 interdisant de tirer sur des zones habitées -- ou plutôt pour l'éviter au
19 maximum. A partir du moment où on tire depuis ce secteur-là, cela devient
20 une cible.
21 M. WEINER : [interprétation] Peut-on présenter au témoin la pièce P119 ?
22 Q. Monsieur, pouvez-vous, s'il vous plaît, l'examiner la page 3 en B/C/S,
23 la dernière page de la traduction en bosnien, croate, serbe, la dernière
24 phrase qui se situe au dessus de la signature où il est dit : "je
25 strictement –"; le voyez-vous ?
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1 R. Je le vois.
2 Q. Il y ait dit : "J'interdis rigoureusement des attaques sur Dubrovnik."
3 Est-ce exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Il n'y a pas de réserve ici. Il n'est pas dit qu'il y a une situation
6 où ceci serait autorisé, même si vous deveniez la cible du feu, n'est-ce
7 pas ?
8 R. La seule chose que l'on peut faire c'est de détruire des positions de
9 tir qui ont été clairement observées. Cela c'est la théorie de la guerre.
10 Q. La question que je vous pose concerne cet ordre qui provient du
11 commandant du 2e Groupe opérationnel du 24 octobre 1991, où il est dit :
12 "J'interdis strictement les attaques sur Dubrovnik." Ici il n'y a
13 absolument aucune condition qui vous permettrait de le faire quand même.
14 C'est un ordre, n'est-ce pas ? Est-ce exact ?
15 R. Oui, c'est clair.
16 M. WEINER : [interprétation] Peut-on présenter au témoin la pièce D47 ?
17 Q. Encore une fois, nous avons ici un document qui émane de votre
18 commandant, le commandant du 2e Groupe opérationnel. Je vous prie
19 d'examiner le paragraphe 4. Le voyez-vous ?
20 R. Oui.
21 Q. Encore une fois, il est dit ici : "N'ouvrez pas le feu sur la vieille
22 ville de Dubrovnik." Ici il y a une condition : "Les unités, qui sont
23 exposées au feu ennemi, doivent se mettre à l'abri." N'est-ce pas ce que
24 l'on lit dans ce document ?
25 R. Oui, au point 4.
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1 Q. Il est dit que, si l'ennemi ouvre le feu, les unités doivent se
2 replier. Ici, il n'y a pas de condition disant si le feu est ouvert depuis
3 la vieille ville, vous pouvez riposter vers la vieille ville. Ceci n'est
4 pas dit dans cet ordre, n'est-ce pas ?
5 R. C'est vrai.
6 Q. Vous, en tant que soldat, et vous êtes toujours soldat au jour
7 d'aujourd'hui, vous savez très bien que vous devez respecter les ordres de
8 vos supérieurs ?
9 R. Oui.
10 Q. Monsieur, pour que tout ceci soit bien clair au compte rendu
11 d'audience, car il y a une ligne qui figure qui n'est pas très claire, dans
12 cette lettre que je viens de vous montrer, il n'est pas dit dans cette
13 lettre que vous pouvez tirer sur la vieille ville si vous essuyez des tirs
14 venant de la vieille ville. N'est-ce pas que ceci ne figure pas dans cette
15 lettre ?
16 R. Oui, c'est exact.
17 M. WEINER : [interprétation] Enfin, je voudrais que l'on montre au témoin
18 la pièce P16 -- pardon P116.
19 Q. Monsieur, en examinant ce document, vous pouvez voir que c'est un ordre
20 émanant du chef d'état-major. Pourriez-vous examiner, s'il vous plaît, le
21 paragraphe 3 de cet ordre. Vous y verrez que :
22 "Toute attaque sur biens culturels ou d'autres bâtiments assimilés, à
23 savoir, des églises, des monuments historiques, des institutions médicales,
24 et cetera, est strictement interdite --" Le voyez-vous ? "-- sauf dans le
25 cas où les Unités de la JNA se font tirer dessus dès ces installations." Le
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1 voyez-vous écrit ici ?
2 Ensuite, on voit un plan. On nous dit de quelle façon il faut procéder, je
3 cite : "Dans de tel cas, l'officier responsable, avant d'ouvrir le feu, et
4 d'une façon acceptable, avertira la partie adverse d'arrêter le feu et de
5 quitter le bâtiment."
6 Ensuite, le document continue : "Immédiatement, envoyez un rapport détaillé
7 sur chaque incident où le feu a été ouvert depuis de tel bâtiment protégé
8 et qu'on n'a pas pu l'éviter. A chaque fois que cela est possible, de tels
9 cas doivent être documentés, photographiés, enregistrés par la vidéo ou
10 corroborés par des témoignages."
11 Est-ce que vous étiez présent au moment où on est rentré en contact avec
12 les Croates leur demandant d'arrêter les feux et d'enlever ces armes ?
13 R. Vous savez, je ne peux vous décrire que ce qui s'est produit et ce que
14 j'ai pu voir. Je ne peux pas vous donner de déclarations générales par
15 rapport à de tels documents. Je n'étais là qu'en tant qu'observateur. J'ai
16 pu vous raconter ce que j'ai vu. Je ne sais pas de quelle façon nous avons,
17 exactement, reçu ces ordres. Je vous dis ce que j'ai compris de ces ordres.
18 A chaque fois, l'armée de l'Yougoslavie et du Monténégro évoquait les
19 problèmes du traitement des soldats, on recevait des cours en droit
20 humanitaire, et cetera. Je l'ai fait à chaque fois avec mes soldats. Je
21 sais qu'à plusieurs reprises, le général Strugar a ordonné que l'on ne tire
22 pas sur la ville de Dubrovnik, sous aucune circonstance. J'étais bien
23 conscient de cela.
24 Q. Vous saviez que le général Strugar a donné l'ordre de ne pas tirer sur
25 la vieille ville en aucune circonstance et vous avez vu des ordres
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1 similaires qui vous indiquaient ce qu'ils devaient faire avant d'ouvrir le
2 feu sur la vieille ville. C'est un ordre émanant du quartier général
3 principal de Belgrade. Vous l'avez vu déjà ?
4 R. Oui.
5 Q. Merci.
6 R. Vous savez, je l'ai lu même.
7 Q. Vous n'étiez pas présent au moment où on a averti les Croates d'arrêter
8 le feu. On leur a demandé d'enlever les armes de ces endroits protégés de
9 la vieille ville. Vous n'étiez pas présent à ce moment-là ?
10 R. Non. Je n'étais pas en position de l'entendre puisque je n'y étais pas.
11 Je ne pouvais pas l'entendre physiquement.
12 Q. Vous n'avez jamais entendu parler de cela ?
13 R. Je pense que je vous ai répondu très clairement. Je n'étais pas là.
14 Q. Très bien. Nous allons passer à un autre sujet. Vous étiez observateur
15 en artillerie. Au début, vous étiez commandant de batterie des pièces
16 d'artillerie de 130 millimètres, de canons de 130 millimètres ?
17 R. Vous savez, j'étais subordonné au capitaine Kovacevic pour fournir
18 l'appui en feu pour prendre la côte de Srdj. J'étais là sur une position
19 tactique. C'était ma mission.
20 Q. Dans le cadre de cette mission, vous étiez l'observateur d'artillerie,
21 n'est-ce pas, observateur artilleur?
22 R. Non, non. Je fournissais l'appui en artillerie.
23 Q. En le faisant, vous aidiez à viser, à diriger les tirs, n'est-ce pas ?
24 R. Oui, les tirs de mon unité. Oui, effectivement. J'étais responsable du
25 feu et de la direction des tirs de mes pièces d'artillerie.
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1 Q. Il s'agissait aussi d'identifier les cibles, n'est-ce pas, puisque vous
2 étiez en position de pouvoir les voir et les identifier ?
3 R. Evidemment, mais, vous savez, c'est mon capitaine, mon supérieur
4 hiérarchique qui définissait les cibles sur lesquelles je pouvais tirer. Je
5 ne pouvais tirer que sur ces cibles-là, exclusivement sur ces cibles-là.
6 Q. Vous deviez définir les coordonnées des tirs par rapport à ces cibles ?
7 R. Oui.
8 Q. Il vous appartenait aussi de vérifier que les obus tombent près de la
9 cible ou sur la cible, n'est-ce pas, puisqu'il s'agissait de vos armes ?
10 R. Mais bien sûr. Si on tirait de mes armes, qu'est-ce que vous voulez que
11 je fasse d'autre que de diriger les feux. C'était mon travail, ma
12 responsabilité, mes pièces d'artillerie. Il n'y a que moi qui puisse le
13 faire. J'étais là, j'étais au niveau de la côte de Srdj au niveau des
14 cibles.
15 M. PETROVIC : [interprétation] La traduction à la page 16, ligne 5, il est
16 écrit que l'on tirait depuis ces pièces d'artillerie, alors que le témoin
17 dit si l'on tirait depuis mes pièces d'artillerie.
18 Q. Si l'on tirait à partir de vos pièces d'artillerie, il était de votre
19 devoir -- de votre responsabilité d'ajuster ces tirs pour tirer, viser au
20 plus juste, n'est-ce pas ?
21 R. Oui, bien sûr, évidemment.
22 Q. Vous ajustiez ces tirs, justement, pour ne pas tirer à côté de la
23 cible, pour ne pas viser des églises, des bâtiments civils, les biens
24 culturels ou même vos propres troupes. Est-ce bien la raison pour ajuster
25 les tirs ?
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1 R. Je tire pour détruire l'objectif, évidemment, qu'il s'agit de bien
2 calculer tous les paramètres puisqu'il s'agit là d'une zone habitée où il y
3 avait beaucoup d'habitations, beaucoup d'immeubles d'habitation. Il
4 s'agissait de bien se préparer et de bien viser, de bien ajuster les tirs
5 et d'être toujours très près de la cible pour pouvoir les ajuster, ajuster
6 ces tirs de la façon la plus fine possible, une raison pour cela,
7 justement, vous venez de la donner dans votre question.
8 Q. Vous êtes, tout à fait, d'accord, n'est-ce pas ? Vous ne souhaitiez pas
9 tirer sur des cibles non souhaitées, c'est-à-dire, sur des installations
10 qui ne sont pas les cibles, vous souhaitiez toucher les cibles ?
11 R. Oui.
12 Q. Si vous tirez et vous ratez la cible, l'observateur doit agir. Il ne
13 peut pas rester là ainsi, il doit absolument agir, faire des ajustements
14 nécessaires, modifier les cotes pour rectifier cela, n'est-ce pas ?
15 L'observateur ne peut pas rester assis en train d'observer ce qui se passe
16 ?
17 R. Vous pensez à l'observateur qui dirige les tirs ?
18 Q. Oui, effectivement. Il doit agir, n'est-ce pas ?
19 R. Oui, absolument. Celui qui dirige les tirs doit agir.
20 Q. Vous savez qu'à cause de la dispersion des obus et des dégâts
21 secondaires qui peuvent résulter de ces tirs, vous souhaitiez toucher la
22 cible le plus rapidement possible, n'est-ce pas, neutraliser la cible ?
23 R. Oui, c'est logique.
24 Q. Vous ne souhaitiez pas continuer à tirer pendant six ou dix heures
25 puisqu'en le faisant vous provoqueriez beaucoup de dégâts. Vous souhaitiez
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1 toucher la cible et en terminer, n'est-ce pas ?
2 R. Vous savez, tout ce que vous me demandez c'est complètement
3 hypothétique. Vous me demandez de faire des suppositions. J'ai fait ce que
4 j'ai pu faire. Je pense que je l'ai dit très clairement. Vous auriez dû le
5 comprendre.
6 Dans une opération de combat, j'essaie de tirer au plus juste
7 -- de viser au plus juste en utilisant le moins d'obus possible. J'ai
8 utilisé mon canon comme un fusil à lunette. Je vais vous dire ce que je
9 dois vous dire. Si on m'avait donné au début de la guerre une cible
10 extrêmement précise, tout ceci ne se serait pas passé. Pour moi, cette
11 cible était en dehors des murs de la ville, juste à la gauche de l'hôtel
12 Libertas. Il y avait deux mortiers qui tiraient sur Srdj, et ceci a causé
13 beaucoup de dégâts au niveau du mont de Srdj.
14 Q. Vous dites que vous saviez à quel point cette situation était
15 compliquée, à quel point vous deviez être délicat, faire attention. Vous
16 l'avez déjà dit. Vous avez dit que ceci faisait partie de votre
17 préparation, de vos travaux préparatoires. Là, quand vous tirez sur une
18 région aussi habitée, aussi dense, vous tirez tout de même pendant six à
19 dix heures, en sachant pertinemment que ceci allait causer beaucoup de
20 dégâts.
21 R. Oui.
22 Q. Là, vous comprenez, justement à cause de tout cela, il va y avoir
23 beaucoup de dégâts ?
24 R. Oui.
25 Q. Si vous avez beaucoup de personnes qui habitent dans cette zone
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1 résidentielle, dans cet endroit très dense, où la population est très
2 dense, vous savez qu'il va y avoir des dégâts, et que les gens vont êtres
3 blessés.
4 R. Là, vous me racontez quelque chose qui n'a rien avoir avec moi. Je
5 comprends très bien que vous devez faire valoir votre argument, mais ceci
6 n'a rien avoir avec moi. Je vous ai dit que c'est, parfaitement, logique.
7 C'est, tout à fait, logique de dire qu'à partir du moment où vous tirez sur
8 un endroit densément habité, il va y avoir des dégâts.
9 Q. Des dégâts au niveau des civils ? Vous allez blesser des civils, n'est-
10 ce pas ?
11 R. Oui, sûrement.
12 Q. Très bien. Nous allons parler de ce que vous faisiez le 6 décembre.
13 Vous dites être arrivé à Zarkovica à peu près à 6 heures du matin, n'est-ce
14 pas ?
15 R. Oui. Oui, à peu près à six heures, juste avant 6 heures du matin.
16 Q. Vous vous rendez au poste d'observation ?
17 R. Oui, immédiatement, je me suis rendu au poste d'observation. Ensuite,
18 j'ai vérifié les communications avec mon unité et je me suis,
19 immédiatement, présenté à mon capitaine, au capitaine Kovacevic qui était,
20 à l'époque, mon supérieur hiérarchique.
21 Q. Ce poste d'observation se trouve en diagonale à la gauche du canon sans
22 recul ?
23 R. Le canon sans recul était à ma droite. Entre nous, il y avait une
24 cabane de chasseurs. Ensuite, il y avait ces canons.
25 Q. Vous étiez derrière ce canon sans recul, en diagonale par rapport au
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1 poste d'observation ?
2 R. Je dirais plutôt qu'il était à côté de notre poste d'observation, ce
3 n'était pas en diagonale. Nous étions vraiment côte à côte. Nous regardions
4 en même direction, vers Srdj, vers Dubrovnik. Telle était la vue depuis
5 notre point d'observation.
6 Q. Sur le dessin que vous avez écrit hier, vous vous êtes situé un petit
7 peu en recul par rapport à ce canon. Est-ce que vous étiez derrière ce
8 canon sans recul, ou côte à côte ? Maintenant, vous me dites que les canons
9 étaient à votre droite.
10 R. Oui, oui. Peut-être que mon dessin n'était pas parfaitement clair, mais
11 c'est comme cela que les choses se sont présentées. Juste à côté de notre
12 position, il y avait cette cabane, cette cabane de chasseurs. Nous, nous
13 étions juste derrière cette cabane. Il y avait un muret avec une ouverture.
14 Le canon sans recul était positionné sur la table, le canon du canon était
15 dirigé sur Srdj à travers cette ouverture dans le mur. Nous en avions
16 plusieurs, d'ailleurs, dans ce mur, trois ou quatre. Nous avions ce mur,
17 nous avions cette petite cabane, et il y avait ma position. Vous savez,
18 ceci se présente en séquence.
19 Q. Vous étiez à quelle distance par rapport au mur ? A combien de mètres ?
20 R. Le mur était à la fin d'ici, il s'enchaînait sur la cabane et, ensuite,
21 il y avait quelques pas entre notre position et cette cabane, ensuite, il y
22 avait un endroit un peu plus clair, où il n'y avait pas d'obstacles. Il
23 fallait faire un abri de fortune. Derrière cela, j'étais là avec mes
24 jumelles d'artilleur, avec le poste de radio, et cetera. Si vous me
25 demandez la distance exacte, c'était entre 25 et 30 mètres, entre moi et
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1 les canons sans recul, mais entre –-
2 Q. Est-ce que vous étiez dans un tour ? Est-ce que vous étiez à
3 l'intérieur d'un bâtiment ? Où se trouvait ce poste d'observation que vous
4 utilisiez pour observer la vieille ville ? Est-ce que vous étiez au niveau
5 de la terre ?
6 R. Mais, oui, bien sûr. J'étais à l'extérieur. J'ai été à l'air ouvert,
7 complètement exposé. C'est pour cela que je me suis fait blesser, c'est
8 pour cela que j'ai été blessé un mois auparavant.
9 Q. Vous étiez à l'extérieur, à peu près à 20 à 25 mètres par rapport au
10 mur, à l'extrémité de Zarkovica. Vous étiez à peu près à 25, 30 pieds –-
11 R. Non, pas pieds, mètres.
12 Q. Excusez-moi, mètres. Vous savez que la distance qui sépare Zarkovica et
13 la vielle ville est à peu près de 2 300 et 2 500
14 mètres ?
15 R. Oui, c'est à peu près cela.
16 Q. Hier, vous avez dit que sans regarder à travers des jumelles vous
17 étiez, tout à fait, capable de voir là-bas un canon antiaérien et un
18 mortier ?
19 R. Oui, certainement.
20 Q. Ce mortier, le mortier dont vous avez témoigné, était à l'extérieur de
21 la ville, derrière la muraille de la ville et l'eau ?
22 R. A l'extérieur de la vieille ville ? Les murs font partie de la vieille
23 ville, pour moi. La muraille de la vieille ville, c'est la vieille ville.
24 Quand on regardait depuis l'endroit où j'étais vous voyiez la muraille,
25 vous voyiez la porte d'entrée dans la vieille ville. J'ai cette mémoire
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1 photographique. Je vous raconte ce que j'ai vu, ce dont je me souviens. Ce
2 mortier était sur cette espèce de plateau, là où l'on attachait les
3 bateaux. C'est de là que l'on tirait.
4 Q. Vous n'avez jamais vu ce mortier tirer ?
5 R. Non. Il était dirigé sur un autre endroit.
6 Q. Vous pouviez voir à l'œil nu aussi ce canon antiaérien ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce qu'il était à l'entrée de la vieille ville ? Car hier, on ne
9 comprenait pas exactement où était situé ce canon. J'avais l'impression que
10 vous avez dit que c'était à l'entrée, en fait, à la droite de l'entrée de
11 la vieille ville.
12 R. Si vous regardez l'entrée de la vielle ville, juste à la droite, il y
13 avait des escaliers qu'il fallait monter pour se rendre à la tourelle.
14 C'est là qu'il se trouvait. Depuis cet endroit, on pouvait tirer. Je pense
15 que c'était à moins de 2 000 mètres. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense
16 que c'était à moins de 2 000 mètres. Depuis cet endroit, il pouvait tirer
17 aussi bien sur Bosanka que sur Srdj, depuis cette tourelle. C'était dans sa
18 portée. Il y avait cette ouverture dans la muraille. C'était sur la
19 tourelle, près de l'entrée, dans la vieille ville.
20 Q. Vous dites que, sans jumelles, à l'œil nu, vous pouviez voir ces deux
21 armes.
22 R. Oui.
23 M. WEINER : [interprétation] Avec la permission des juges de la Chambre, je
24 voudrais montrer au témoin la vidéo P66.
25 Je voudrais que l'on visionne cette vidéo, à partir de la 21e minute et 28e
Page 7520
1 seconde jusqu'à la 21e minute et 30e seconde. Vous vous arrêtez à la 30e
2 seconde, s'il vous plaît.
3 [Diffusion de cassette vidéo]
4 Q. Monsieur, reconnaissez-vous cette image ? La vue de la vieille ville
5 depuis Zarkovica ?
6 M. PETROVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
8 M. WEINER : [interprétation]
9 Q. C'est la vue que vous aviez à partir de ce canon sans recul placé à
10 Zarkovica quand vous regardiez le mur, l'extrémité du mur de la vieille
11 ville, enfin, du vieux port de la vieille ville ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous pouvez voir sur cette photo le port, mais vous ne le voyez pas
14 clairement.
15 R. Oui, la photo est de mauvaise qualité.
16 Q. Vous ne pouvez pas voir les bateaux, n'est-ce pas ? Vous ne les voyez
17 pas clairement sur la photo en étant sur cette
18 position-là ?
19 R. On ne voit même pas les maisons, on ne voit même pas Stradun. Vous
20 savez cet enregistrement est de très mauvaise qualité.
21 Q. De là, vous ne voyez même pas les gens, les silhouettes ?
22 R. Je ne vois même pas clairement la main de la personne qui est en train
23 d'observer. C'est, tout simplement, quelque chose que l'on ne peut pas
24 utiliser. C'est une mauvaise photo. La photo est de mauvaise qualité. On ne
25 voit pas même Srdj, alors que l'on le voyait clairement, à l'époque.
Page 7521
1 Q. Vous êtes à peu près à deux kilomètres et demi de distance. Evidemment,
2 vous ne pouvez rien voir clairement de cette distance.
3 R. Vous savez, c'est une photo qui est de très mauvaise qualité. Je voyais
4 beaucoup mieux que ce qui est décrit sur cette photo. Cette photo est
5 inutilisable. Vous ne pouvez rien prouver avec cette photo. Même la main
6 est floue sur la photo. On ne voit ni Babin Kuk, ni la vieille ville, alors
7 qu'on avait une vue parfaite. Bon, c'est vrai qu'en ce qui concerne le
8 terrain de tennis, j'ai utilisé mes jumelles d'artilleur, mais les maisons,
9 Stradun, les murailles, les bateaux, on les voyait parfaitement,
10 clairement. On pouvait les énumérer. On pouvait les compter, alors qu'ici,
11 on ne voit rien. On ne voit même pas la porte d'entrée. On ne voit pas la
12 muraille.
13 Q. Très bien. Nous allons regarder une autre prise de vue. Nous allons
14 avancer un peu.
15 R. La résolution de cette photo est carrément mauvaise.
16 [Diffusion de cassette vidéo]
17 M. WEINER : [interprétation] Treize minutes et 15 secondes, s'il vous
18 plaît. Faites un arrêt sur l'image à ce niveau-là.
19 [Diffusion de cassette vidéo]
20 M. WEINER : [interprétation] Bon. Arrêtez-vous. Faites un arrêt sur image.
21 Q. Monsieur, ici, vous pouvez identifier ce canon sans recul qui est placé
22 à Zarkovica, avec la vue sur la vieille ville ?
23 R. Oui.
24 Q. A nouveau, on ne voit rien clairement dans la vieille ville puisqu'elle
25 se trouve à deux kilomètres et demi de là ?
Page 7522
1 R. La résolution de cette caméra, de cette appareil est tellement mauvaise
2 que même une personne qui n'a aucune connaissance technique peut comprendre
3 que la résolution de cette photo est tellement mauvaise que ceci ne peut
4 rien prouver. Je pouvais le voir. Je pouvais voir très bien ce que je vous
5 ai dit que j'ai vu. Ceci ne dit rien. Ceci ne prouve rien.
6 Q. Vous savez, avec cette caméra on peut agrandir, on peut zoomer. On va
7 voir ce qu'on voit quand on zoome, quand on fait un agrandissement.
8 [Diffusion de cassette vidéo]
9 M. WEINER : [interprétation] Arrêtez-vous là, s'il vous plaît.
10 Q. Là, on a agrandi à l'aide de l'objectif. Est-ce que là, vous pouvez
11 voir clairement le port ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce que vous pouvez voir et identifier les bateaux ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que vous pouvez déterminer la taille des bateaux ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que vous pouvez voir s'il s'agit de bateaux de pêche ou d'autres
18 types de bateaux ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce que vous pouvez lire le nom du bateau ? Vous ne pouvez pas,
21 n'est-ce pas ?
22 R. Je n'ai pas dit que non. Evidemment, que là, je ne peux pas, mais je
23 peux les différencier. Je peux les compter.
24 Q. Avec le téléobjectif, vous pouvez les compter maintenant. Est-ce que
25 vous pouvez voir des personnes ? Est-ce que vous pouvez nous dire s'il y a
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1 des personnes ?
2 R. Non, je ne peux pas vous dire que je vois des personnes.
3 Q. Est-ce que vous pouvez identifier certaines des rues de la vieille
4 ville à part le Stradun ?
5 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce
6 contre-interrogatoire n'est pas mené, en bonne et due forme, car ces
7 documents sont de si mauvaise qualité, sont de qualité si médiocre que rien
8 ne peut être discerné. Je pense qu'il est, tout à fait, erroné de poser ces
9 questions à ce témoin.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.
11 M. PETROVIC : [interprétation] Le témoin a dit ce qu'il avait à nous dire.
12 Si vous avez une photographie claire et nette, montrez-la au témoin. Mais,
13 s'il s'agit d'une image informatisée dont la résolution est médiocre, cela
14 vient de la télévision du Monténégro. Si vous avez, bien entendu, ce genre
15 de matériel télévisé de bonne qualité, il est évident qu'on pourrait le
16 montrer au témoin; sinon, je pense que cela ne fait qu'induire en erreur le
17 témoin. Je ne pense pas que cela soit la bonne procédure.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre de première instance pourra
19 évaluer ces questions lorsqu'elle déterminera l'effet du contre-
20 interrogatoire.
21 Poursuivez, Monsieur Weiner.
22 M. WEINER : [interprétation] Merci.
23 Q. Vous ne pouvez pas discerner les différentes rues ou les différents
24 bâtiments de la vieille ville sur cette photographie, n'est-ce pas ?
25 R. Comme l'a dit l'avocat de la Défense, il s'agit d'arrêts sur images
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1 télévisées. Ce que j'ai vu, je l'ai vu de mes propres yeux. Cela ne
2 signifie rien. Je peux, tout simplement, vous dire, avec une grande
3 fiabilité, que, si j'étais maintenant à Zarkovica, je peux vous dire ce que
4 j'ai vu ce jour-là, que je sois maintenant en mesure de discerner les rues
5 ou non, ou de discerner les bateaux ou non, mais ce n'était pas la vue que
6 j'avais ce jour-là. Ce n'est pas ce que j'ai vu ce jour-là. Je n'ai pas
7 dégagé de conclusions après avoir vu cela par cet appareil photo. J'ai
8 dégagé mes conclusions compte tenu de ce que j'ai vu. D'ailleurs, l'angle
9 du soleil était différent puisqu'il était 10 heures ou 11 heures ou même
10 peut-être un peu plus tard.
11 Q. Vous nous dites que votre vision oculaire est meilleure et plus précise
12 que le téléobjectif de cet appareil photo ?
13 M. PETROVIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, le
15 contre-interrogatoire est mené en bonne et due forme. Nous sommes, tout à
16 fait, conscients des questions que vous évoquez, nous pourrons évaluer
17 cela.
18 M. WEINER : [interprétation]
19 Q. Monsieur, j'aimerais vous poser une question. Vous nous dites que votre
20 vision oculaire est bien meilleure que le téléobjectif de cet appareil
21 photo ?
22 R. Oui, je pense que j'ai été assez clair. De toute façon, j'avais 12 ou
23 13 ans de moins.
24 Q. Vous vous trouviez également à quelque 25 ou 30 mètres derrière le
25 canon sans recul à partir de l'endroit à partir duquel les photos ont été
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1 prises.
2 Poursuivons pour quelques secondes de plus.
3 R. Je ne me trouvais pas derrière. Je n'étais pas derrière. Je vous
4 demanderais de le prendre en considération.
5 [Diffusion de cassette vidéo]
6 M. WEINER : [interprétation] Pouvez-vous faire un arrêt sur image à
7 nouveau.
8 Q. Monsieur, à partir de cette distance, est-ce que vous pouvez voir des
9 gens ? Est-ce que vous pouvez nous dire quelles sont les rues de la vieille
10 ville que vous voyez ?
11 R. Je pense vous avoir déjà fourni une réponse.
12 Q. Ma question est comme suit : pouvez-vous voir des gens ou est-ce que
13 vous pouvez déterminer ou discerner des rues de la vieille ville ?
14 R. A partir de la position où je me trouvais, je pouvais le voir. Cette
15 position vous montre les remparts. Vous ne pouvez pas voir le Stradun. Vous
16 ne pouvez voir l'entrée de la ville. Vous ne pouvez pas voir la position à
17 la gauche du mortier et sur la droite des dispositifs antiaériens.
18 M. WEINER : [interprétation] Poursuivez, je vous prie.
19 R. Je pouvais voir de façon beaucoup plus claire que ce qu'on voit sur
20 cette photo.
21 Q. A partir de cette position, Monsieur, est-ce que vous pouvez discerner
22 des rues de la vieille ville ?
23 R. Bien sûr, on ne peut rien voir sur cette photo. On ne peut pas voir de
24 bâtiments, encore moins les rues.
25 Q. Monsieur, cela est expliqué par le fait que Zarkovica se trouve environ
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1 à deux kilomètres et demi du port de la vieille ville; est-ce bien exact ?
2 C'est pour cela que vous ne pouvez pas le voir ?
3 R. Si c'est ce que vous dites, on ne peut pas le voir en regardant par le
4 téléobjectif de cet appareil, mais moi, je l'ai vu clairement.
5 Q. Merci.
6 R. Je pense que tout le monde a dit ce que j'ai également dit, à savoir
7 que j'ai vu clairement ce que j'ai avancé avoir vu.
8 Q. Merci, Monsieur. Nous allons poursuivre. Vous avez dit que vous aviez
9 vu un mortier ainsi qu'un canon antiarien. Vous l'avez vu à l'œil nu ? Vous
10 nous avez dit qu'il ne tirait pas, est-ce bien exact ?
11 R. Je n'ai observé aucun tir.
12 Q. Monsieur, vous nous avez dit qu'ils étaient tout à fait visibles, est-
13 ce bien exact ?
14 R. Bien sûr.
15 Q. Vous nous avez dit que le mortier avait été déplacé d'un endroit à
16 l'autre après que vous ne saviez plus où il s'était retrouvé. Combien de
17 temps est-ce que ce mortier est resté là ?
18 R. J'aimerais vous fournir une explication. Ils ne l'ont pas déplacé d'un
19 endroit à l'autre. Ils le mettaient dans un abri, et ensuite, ils le
20 sortaient jusqu'à l'endroit à partir duquel ils voulaient tirer. Tout était
21 planifié. Il est évident que pour ce mortier, ils avaient prévu un secteur
22 d'activité --
23 Q. Vous ne pouvez pas répondre en nous parlant de leurs plans. J'aimerais
24 répéter ma question : j'aimerais vous demander pendant combien de temps
25 est-ce que ce mortier était visible ? Pendant cinq minutes, pendant dix
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1 minutes, pendant quatre minutes, pendant 15 minutes ?
2 R. A partir du moment où il était remarqué, on tirait dessus, autant que
3 je me souviennes, mais ma priorité était -- et je le réitère -- était
4 l'endroit que le capitaine Nesic m'avait montré à travers ses jumelles, il
5 s'agissait des mortiers qui se trouvaient près de Libertas. C'est pour cela
6 que j'avais demandé d'ouvrir le feu, c'est pour cela que j'avais parlé à
7 mon commandement, un certain nombre de fois, et que j'ai obtenu des ordres
8 car cela se trouvait dans leur portée et, en fait, je n'y ai pas
9 véritablement prêté attention.
10 Q. Très bien. Vous ne savez pendant combien de temps il se trouvait là.
11 Est-ce que vous pourriez nous donner une idée approximative, cinq minutes,
12 dix minutes ?
13 R. Je le répète : cela n'était pas au cœur de mes préoccupations, mais il
14 n'a plus été utilisable après, il n'y était plus. Il se peut que cette
15 cible ait été éliminée. En fait, lorsque je dis "éliminée", tout
16 simplement, elle n'était plus active.
17 Q. Vous avez vu ce mortier.
18 R. Oui, je vous l'ai déjà dit.
19 Q. Vous l'avez vu à l'œil nu. Ce mortier était tout à fait visible. Est-ce
20 que le personnel qui s'en occupait était exposé ainsi ?
21 R. Bien sûr, puisqu'ils le poussaient là-bas.
22 Q. Est-ce que vous pouviez les discerner, il s'agit d'un groupe d'hommes ?
23 R. Il y avait un groupe plus important près de l'entrée de la vieille
24 ville. Enfin, peu importe, mais, de toute façon, il y avait les hommes qui
25 se trouvaient auprès du mortier.
Page 7528
1 Q. Vous nous dites qu'ils devaient être là et qu'ils y étaient, mais vous
2 ne les avez pas vus, ou vous ne vous souvenez peut-être pas de les avoir
3 vus ?
4 R. Mais, c'est logique. Si le mortier est là, ils ont dû le pousser. Il ne
5 m'appartenait pas d'établir s'il y avait des gens qui se trouvaient près du
6 mortier. De toute façon, le mortier avait été poussé jusqu'à cet endroit.
7 Pour ne pas induire davantage en erreur, le mortier avait été poussé
8 jusqu'à cet endroit-là. Cela, c'était le matin vers 8 heures du matin et,
9 en fait, je vous ai parlé des différents objectifs que j'avais observés et,
10 ensuite, je me suis concentré sur mon objectif. Ensuite, je n'ai plus prêté
11 attention à cela. Tout ce que je sais, c'est que le feu a été ouvert, et je
12 savais qu'il y avait de la fumée épaisse. Autant que je sache, après, cela
13 n'était plus une priorité pour le capitaine Kovacevic ou les autres. Le
14 Libertas c'était leur priorité. Cet objectif n'était plus actif.
15 Q. De surcroît, d'après votre déposition, il y avait ce mortier qui était
16 exposé, il y avait également un canon antiaérien qui était visible et
17 exposé; est-ce bien exact ?
18 R. Oui.
19 Q. Lorsque je dis "exposé," c'est parce que vous regardiez cela à partir
20 de Zarkovica ?
21 R. Oui, bien sûr. C'est ce que je vous dis, c'est tout ce que je vous dis.
22 Je me contente de vous dire ce que j'ai vu.
23 Q. Les Croates ont placé deux armes en pleine vue de leur ennemi ou de
24 l'armée opposée. C'est ce que vous nous dites, ou c'est ce que vous essayez
25 de nous dire ?
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1 R. En fait, il fallait qu'ils le sortent pour qu'ils puissent l'utiliser.
2 Ils ne pouvaient pas tirer à partir d'une salle. Ils n'auraient pas pu
3 tirer à partir de l'endroit où ils se trouvaient, c'est pour cela qu'ils
4 l'ont sorti, et qu'il était exposé à la vue de leur ennemi.
5 Q. Les Croates ont mis ces deux armes, ils les ont exposés à la vue des
6 autres soldats sur Zarkovica, et à la vue des soldats de la JNA ?
7 R. Il y en avait deux, et il y en avait deux près de Libertas. Cela fait
8 quatre et c'est ce que j'ai vu.
9 Q. Nous ne parlons pas du Libertas, pour le moment, qui se trouvait
10 beaucoup plus loin. Nous parlons de ces deux armes qui d'après vous ont été
11 placées juste directement en face de vous, juste en face de l'armée ennemi.
12 C'est ce que vous avez indiqué dans votre déposition.
13 R. Oui, en face de nos soldats, ils étaient là à 8 heures du matin.
14 Ensuite, mes collègues m'ont dit que le canon avait été actif, avait été
15 utilisé, mais je n'ai rien entendu à propos du mortier.
16 Q. Monsieur, saviez-vous que la vieille ville avait été pilonnée en
17 octobre 1991 ?
18 R. Non.
19 Q. Saviez-vous que la vieille ville avait été pilonnée en novembre 1991 ?
20 R. Non.
21 Q. Saviez-vous que le port de la vieille ville avait été pilonné en
22 novembre 1991 ?
23 R. Non.
24 Q. Les bateaux du port de la vieille ville et les murailles ou les murs
25 qui se trouvaient près du port ont été pilonnés en novembre 1991, le
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1 saviez-vous ?
2 R. Non. Autant que je m'en souvienne, tout cela s'est passé en décembre.
3 Q. Saviez-vous que des Maljutka ou des missiles téléguidés ont touché les
4 murs de la vieille en novembre 1991 ?
5 R. Non.
6 Q. Vous nous dites que les Croates ont positionné deux armes dans une zone
7 tout à fait exposée et ce, dans un secteur qui avait subi des pilonnages
8 auparavant ?
9 R. De toute évidence.
10 Q. Vous nous avez parlé de votre rôle. Lorsque vous étiez sur cette
11 position, votre mission consistait à observer et à diriger vos armes, si
12 ces armes étaient utilisées.
13 R. Oui.
14 Q. Vous nous avez dit que vous aviez des armes assez précises. C'est ce
15 que vous avez dit hier.
16 R. Tout à fait.
17 Q. Vous savez que certaines armes sont plus précises que d'autres.
18 R. Bien sûr. Bien sûr. Cela dépend de la longueur du canon, du poids de
19 l'obus, de la combinaison du canon et de l'emplacement.
20 Q. Vous saviez qu'il y a des tirs directs ou des armes à tir direct et des
21 armes à tir indirect.
22 R. Direct et indirect, oui, oui.
23 Q. Vous saviez également que la JNA avait différentes armes à Zarkovica,
24 et dans d'autres endroits d'ailleurs, le matin du 6 décembre 1991; est-ce
25 bien exact ?
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1 R. Oui, c'est exact. Mais qu'entendez-vous lorsque vous dites "plusieurs
2 armes" ?
3 Q. Ils avaient différents types d'armes au sein du 2e Groupe opérationnel,
4 par exemple, ils avaient des missiles Maljutka. Vous savez qu'ils avaient
5 un missile Maljutka sur Zarkovica ?
6 R. Oui, et je l'ai dit.
7 Q. Vous saviez qu'il y avait des canons sans recul sur Zarkovica ?
8 R. Oui. Je l'ai même dessiné.
9 Q. Vous avez pensé qu'il y aurait peut-être même un Zolja, ou plusieurs
10 Zolja sur Zarkovica ?
11 R. Un Zolja ne peut pas être utilisé à une telle distance. Il ne sert à
12 rien car la portée d'un Zolja est de 400 mètres.
13 Q. Vous saviez également qu'il y a eu des chars qui ont été utilisés
14 pendant l'action ?
15 R. Oui, dans des compagnies.
16 Q. Des deux côtés de Srdj ?
17 R. Oui.
18 Q. Vous saviez également qu'il y avait des mortiers de 120 millimètres qui
19 ont été utilisés et qui étaient disponibles ?
20 R. Je ne les ai pas vus dans le secteur de Zarkovica et de Brgat.
21 Q. Non pas à Zarkovica, mais ailleurs. Est-ce que la JNA avait cela ?
22 R. Bien entendu. Ils avaient des canons de 130 millimètres, des canons de
23 122 millimètres, des canons de 105 millimètres. Le 9e VPS possédait tout
24 cela. Pour ce qui est des autres, je ne le sais pas véritablement.
25 Q. Vous savez qu'il y avait également des fusils à lunette qui étaient
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1 disponibles. Le saviez-vous ?
2 R. Il y avait des armes de l'infanterie qui n'ont joué aucun rôle le 6
3 décembre.
4 Q. Mais ces armes étaient disponibles ?
5 R. Bien sûr.
6 Q. Si vous voyez un objectif, et que vous êtes à portée de cet objectif,
7 vous pouvez le neutraliser cet objectif ?
8 R. Oui.
9 Q. Si quelque chose est exposé, c'est encore beaucoup plus facile de le
10 neutraliser grâce à une arme à feu direct, ou à tir direct. S'il s'agit
11 d'un objet exposé, d'une cible militaire exposée par opposition à une cible
12 qui est dissimulée ou cachée, c'est beaucoup plus facile de le neutraliser
13 ?
14 R. Je m'excuse. Est-ce que l'interprète pourrait répéter cela parce que je
15 n'ai pas compris votre première phrase ? Vous avez dit si quelque chose est
16 exposé, est-ce que les interprètes pourraient reprendre.
17 Q. Si une cible est exposée, si elle est vue par tout le monde --
18 R. Très bien, j'ai compris maintenant.
19 Q. Le canon antiaérien n'a jamais été détruit; est-ce exact ?
20 R. Je n'en sais rien. Je sais tout simplement -- en fait, il a été touché
21 par un Maljutka, et je pense qu'il a été neutralisé, qu'il a été détruit.
22 Il a été touché par un Maljutka et je pense qu'il a été détruit parce que,
23 plus tard, j'ai vu de la fumée, c'est un Maljutka qui l'avait frappé.
24 Q. Mais vous n'en êtes pas certain, vous le pensez.
25 R. Si je me trouvais sur le terrain, c'est la seule façon que j'aurais eu
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1 de le savoir, si cela avait été éliminé ou non. Tout ce que je sais, c'est
2 que ce mortier n'a plus été actif par la suite, et qu'il n'a plus été au
3 cœur, et qui n'a plus fait objet de mon observation. Il n'a plus été
4 utilisé par la suite.
5 Q. Mais le mortier n'a jamais été détruit ?
6 R. En fait, il a été touché là où il se trouvait, et il a été neutralisé.
7 Il n'a plus été utilisé par la suite. C'était, en fait, l'effet escompté.
8 Ce n'est pas la peine de détruire quelque chose pour parvenir à vos
9 objectifs. Vous pouvez cesser de tirer sur votre objectif. L'essentiel,
10 c'est qu'il n'était plus actif par la suite, il n'était plus opérationnel.
11 Q. Monsieur, le fait qu'il n'a pas été détruit, que vous n'êtes pas sûr
12 que le canon antiaérien a été détruit, et que ces armes se trouvaient au vu
13 et aux yeux de tout le monde, c'est parce que ces armes n'ont jamais existé
14 ? Est-ce que ce n'est pas pour cela qu'elles n'ont pas été détruites ?
15 R. Non, ce n'est pas ainsi que les choses se sont passées. Ces armes ont
16 existé. C'est absolument sûr et certain. Elles ont été exposées à des tirs
17 et, ensuite, le canon a été actif et, d'après ce que mes collègues m'ont
18 dit, le mortier n'était plus actif, n'était plus opérationnel. C'est là que
19 toutes les activités ont cessé, et l'activité a cessé pour cette pièce
20 d'artillerie du 3e Bataillon.
21 Q. Mais vous, à l'œil nu, comme vous les aviez vus auparavant, vous ne les
22 avez jamais vu détruit de vos propres yeux; est-ce bien exact ?
23 R. J'ai déjà dit qu'il n'était plus opérationnel, après. Il n'était plus
24 actif. Il n'y avait plus de mortier, Ils ont été neutralisés. Voilà ce que
25 cela signifie.
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1 Q. En supposant qu'ils ont jamais existé ?
2 R. C'est ce que vous dites.
3 Q. Nous avons vu une photo de Zarkovica. Vous savez que Zarkovica est en
4 surplomb par rapport au secteur général de la vieille ville.
5 R. La vieille ville et Babin Kuk.
6 Q. La vue est tout à fait claire et dégagée. Il n'y a rien qui obstrue la
7 vue.
8 R. Comme nous l'avons vu sur la photographie.
9 Q. On peut voir les murailles ou les remparts de la vieille ville, on peut
10 voir la vieille ville au loin, on peut le voir à l'œil nu, mais on peut le
11 voir de façon plus précise avec des jumelles et un matériel de vision ?
12 R. Oui, on peut. Mais, un petit moment, parce que je ne vois plus le
13 texte, le compte rendu défiler sur mon écran.
14 Q. À plusieurs reprises pendant la journée, vous regardiez en direction de
15 la vieille ville ? A partir de Zarkovica, vous regardiez vers la vieille
16 ville ?
17 R. La vieille ville était en face de moi.
18 M. PETROVIC : [interprétation] Une observation, Monsieur le Président, elle
19 n'a peut-être pas une grande pertinence, mais j'aimerais dire à propos de
20 ce qui est dit à la page 36, lignes 16 et 17, le témoin n'a pas fait été de
21 compte rendu d'audience. Je ne sais pas d'où cela vient.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai plus le texte, je n'ai plus la
23 traduction.
24 M. WEINER : [interprétation]
25 Q. Est-ce que vous avez maintenant le compte rendu d'audience sur votre
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1 écran ?
2 R. Oui. Cela fonctionne maintenant.
3 Q. Pendant combien de temps êtes-vous resté à Zarkovica pendant cette
4 journée-là ? Vous étiez là juste avant 6 heures, et vous êtes resté jusqu'à
5 quelle heure ?
6 R. Jusqu'avant le crépuscule vers 16 heures, 16 heurs 30 peut-être.
7 Q. Pendant cette journée, est-ce que vous avez vu des panaches de fumée
8 s'élever de la ville ?
9 R. Oui.
10 Q. Vous avez vu des nuages de fumée au-dessus de la vieille ville ?
11 R. J'ai dit que j'en avais vu.
12 Q. Est-ce que vous avez vu de la fumée noire et épaisse qui sortait des
13 bateaux, et qui s'élevait au-dessus du port ?
14 R. Oui. Car c'est ce qui était ciblé, le mortier avec le Maljutka.
15 Q. Est-ce que vous avez vu de la fumée noire et épaisse s'élever au-dessus
16 des bateaux ?
17 R. J'ai vu de la fumée noire et épaisse. Oui, je l'ai vue.
18 Q. Toute cette fumée qui se trouvait au-dessus de la vieille ville devait
19 avoir une incidence sur la visibilité que vous aviez des rues de la vieille
20 ville ?
21 R. Oui. Cela, c'était l'effet du mortier qui se trouvait à l'endroit où il
22 avait été observé. Le mortier qui se trouvait au-dessus des toits des
23 maisons, et vous aviez la fumée qui sortait, qui se répandait autour des
24 rues où se trouvait situé le mortier.
25 Q. Vous nous dites que la fumée de la vieille ville venait de ces éclairs,
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1 qui d'après vous, correspondaient au mortier ? Toute la fumée de la vieille
2 ville venait de ce mortier, qui d'après vous, se trouvait dans la vieille
3 ville ? C'est ce que vous nous dites ? Tous ces nuages de fumée ?
4 R. Je ne pense pas que vous m'ayez bien compris. La fumée était le
5 résultat de la retombée des obus.
6 Q. Merci.
7 R. Puisque les obus tombent. Vous avez les éclairs de lumière juste avant
8 cela. Mais avant cela, vous voyez ces éclats de lumière, qui proviennent
9 des obus.
10 Q. Est-ce que vous avez vu des bâtiments brûler dans la vieille ville ?
11 R. J'ai vu de la fumée sortir des toits. La fumée était provoquée par des
12 flammes. Je n'ai pas vu de flammes, mais de toute évidence, les toits
13 étaient en feu parce qu'il y avait de la fumée qui en sortait.
14 Q. Est-ce que vous avez pu voir que les bateaux brûlaient ?
15 R. Oui.
16 Q. Est-ce que vous avez vu des flammes sortir des bateaux ?
17 R. Bien sûr. Il n'y a pas de fumée sans feu. On n'aurait pas pu avoir de
18 la fumée sans feu.
19 Q. Est-ce que vous avez vu les obus frapper et, ensuite, la fumée s'élevée
20 après qu'il y ait eu une frappe d'obus ?
21 R. Non, je ne pense pas que j'ai vu tomber les obus sur les bateaux dans
22 le petit port où l'on avait observé ces deux objectifs, ces deux cibles.
23 C'était le résultat du Maljutka, alors que, dans la petite rue où nous
24 avons pu observer le feu du mortier, les toits ont été touchés. Bien
25 entendu, les toits ont été détruits et il y a eu incendie à la suite de
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1 cela. La fumée s'est élevée.
2 Q. Est-ce que vous avez utilisé vos jumelles et votre matériel de vision
3 lorsque vous avez observé ou regardé la vieille ville pendant le pilonnage
4 ?
5 R. Bien sûr.
6 Q. En utilisant vos jumelles, est-ce que vous avez pu voir les impacts ou
7 les trous dans les toits ?
8 R. Oui. Il ne s'agissait pas des trous dans les toits. C'était tout
9 simplement les toits entiers qui s'effondraient. Même s'il s'agissait des
10 nouveaux toits, ils avaient été détruits. Ce n'était pas des trous dans les
11 toits, c'étaient des parties entières des toits qui tombaient.
12 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que nous
13 pourrions faire une pause maintenant.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, si cela est un bon moment, nous
15 allons lever l'audience jusqu'à 11 heures moins 10.
16 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.
17 --- L'audience est reprise à 10 heures 54.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner.
19 M. WEINER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
20 Q. Encore une fois, bonjour, Monsieur Pepic.
21 R. Bonjour.
22 Q. Par ailleurs, vous êtes toujours un militaire d'active dans l'armée
23 yougoslave ?
24 R. Oui, comme je l'ai dit au début de ma déposition.
25 Q. Aujourd'hui, vous avez le grade de commandant ? C'est ce que vous avez
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1 dit ? Excusez-moi, quel est votre grade aujourd'hui ? Vous étiez un
2 capitaine ?
3 R. Je suis lieutenant-colonel. C'est le grade équivalent dans l'armée de
4 terre à mon grade de capitaine de frégate dans la marine.
5 Q. Très bien, merci.
6 Au moment de l'interruption, vous disiez que des pans entiers des toits se
7 sont effondrés et sur des bâtiments dans la vieille ville; c'est exact ?
8 R. Oui, des parties de toits parce que c'étaient des surfaces qui
9 n'étaient pas très, très grandes. C'étaient des toits en quatre pentes, et
10 ils tombaient. C'est cela, exactement.
11 Q. Vous avez pu le voir avec vos jumelles ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous pouviez aussi voir, dans le Stradun ou les autres rues de la
14 vieille ville -- vous pouviez voir des tuiles de toits et des débris dans
15 les rues ? Vous pouviez le voir, n'est-ce pas ?
16 R. C'est exact. Oui, j'ai pu le voir.
17 Q. Vous pouviez voir aussi des bâtiments endommagés ?
18 R. Oui, mais, avant tout, des toits.
19 Q. Très bien. Vous avez vu aussi qu'il y a eu des lieux de culte qui ont
20 été endommagés ?
21 R. Je ne savais pas très précisément -- oui, des églises. J'ai entendu
22 dire que l'église orthodoxe avait été endommagée. C'est de l'autre côté du
23 Stradun. Elle a été incendiée.
24 Q. Pouviez-vous voir des gens courir dans les rues à différents moments ?
25 R. A aucun moment, je n'ai vu de personnes, que ce soit à l'œil nu ou avec
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1 mes jumelles car, d'après ce que j'ai entendu dire, c'est vers 6 heures, si
2 ce n'est plus tôt. Environ vers six heures, on a donné l'alerte en
3 signalant qu'il y avait un danger généralisé. Je n'ai pas entendu moi-même,
4 mais c'est ce que les gens m'ont dit. Les gens se sont mis à l'abri. Il y a
5 eu des déplacements de pièces et de ces équipages de Lokrum, mais mis à
6 part cela, je n'ai pas vu de gens.
7 Q. Vous n'avez pas vu de cadavres gisant dans les rues ? Vous n'avez pas,
8 non plus, vu de personnes blessées dans les rues à des moments où vous avez
9 regardé la vieille ville ?
10 R. Le 6, non.
11 Q. Monsieur, à la tombée de la nuit, en fait, nous étions en train de
12 parler de ce moment-là. Est-ce que vous, vous étiez en mesure de voir des
13 maisons en feu dans la vieille ville ?
14 R. Oui.
15 Q. Voyiez-vous les flammes s'élever au-dessus des édifices ?
16 R. Comme je vous l'ai déjà dit, il n'y a pas de fumée sans feu. Il y avait
17 les charpentes des toits qui étaient en feu. Il y avait le matériel de
18 construction. On voyait des débris et des matériaux dans la rue, oui.
19 Q. Est-ce que vous étiez en mesure de voir que la fumée a recouvert une
20 bonne partie de la vieille ville, à ce moment-là, en fait, l'obscurité et
21 la fumée ?
22 R. Ce n'était pas vraiment la nuit. Il faisait nuit quand j'ai quitté mon
23 poste d'observation. Je vous ai dit qu'à 4, 4 heures et demie, à 5 heures
24 moins quart, on ne pouvait plus voir. Au moment de la tombée de la nuit, je
25 n'étais plus là. Je n'ai pas pu comparer les deux situations.
Page 7540
1 Q. Avant le 6 décembre, lorsque la JNA a pilonné la vieille ville, vous ne
2 l'avez jamais vue dans un état pareil. Il y a eu des feux, des débris dans
3 les rues, la fumée, des volées de fumée au-dessus de la ville. Vous n'avez
4 jamais vu la vieille ville dans cet état-là avant le 6 décembre 1991 ?
5 R. Rien ne me permet de dire que la vieille ville a été pilonnée. De toute
6 manière, quoi qu'il en soit, je ne l'ai pas vu. Cela, je ne l'ai pas vu.
7 Q. Vous n'avez pas vu le pilonnage de la vieille ville, le 6 décembre 1991
8 ? Nous parlons de la date du 6 décembre.
9 R. Bien sûr que si, je l'ai vu.
10 Q. Avant le 6 décembre, vous est-il jamais arrivé de voir la vieille ville
11 dans cet état avec des maisons en feu, des toits qui s'effondrent, des
12 bâtiments endommagés, des églises endommagées, des débris dans les rues ?
13 Avez-vous jamais vu la vieille ville dans cet état-là, avant le 6 décembre
14 1991 ?
15 R. J'ai été catégorique. Je ne l'ai pas vu et, pour autant que je le
16 sache, je ne sais pas qu'il y ait eu de pilonnage de la vieille ville avant
17 le 6 décembre. Je vous ai décrit ce que j'ai vu.
18 Q. C'est exactement ce que je suis en train de dire. Avant le 6 décembre,
19 vous n'avez jamais vu la vieille ville dans cet état ?
20 R. C'est cela.
21 Q. Je voudrais vous montrer, à présent, des extraits d'enregistrements
22 vidéo. C'est encore une fois la pièce P66, si la Chambre m'y autorise.
23 Juste quelques séquences qui concernent la date du 6 décembre 1991. Je vous
24 prie de nous montrer la bande à 31 minutes, 15 secondes, s'il vous plaît.
25 [Diffusion de cassette vidéo]
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1 M. WEINER : [interprétation] Arrêtez-là.
2 Q. Monsieur, reconnaissez-vous l'image que vous avez sous les yeux ? Est-
3 ce bien la vieille ville de Dubrovnik ?
4 R. Oui.
5 Q. A l'heure indiquée, vous pouvez voir qu'il y a déjà un nuage de fumée
6 au-dessus d'une partie de la vieille ville, n'est-ce pas ?
7 R. Tout cela, je vous l'ai déjà décrit. Je vous ai déjà décrit que j'ai vu
8 cela, précédemment.
9 Q. C'est bien à cela que cela rassemble à 7 heures 47 du matin, il y avait
10 déjà un nuage de fumée au-dessus de la ville, n'est-ce pas exact ?
11 R. A 7 heures 45 du matin ? Non.
12 Q. Vous venez de dire à 7 heures 47 dans la matinée. Vous voulez qu'on
13 revienne ? Est-ce qu'on peut rembobiner, s'il vous
14 plaît ? La question que je vous pose est de savoir si cela correspond à ce
15 que vous avez vu à l'aide de vos jumelles à peu près à 7 heures 47 du matin
16 ?
17 R. Cette activité-là, je l'ai vue, mais, pour autant que je le sache, ce
18 n'est qu'après 8 heures et demie, 9 heures. Ce que je vois, maintenant,
19 c'est quelque chose que j'ai vu, mais je ne l'ai pas vu avant 8 heures car
20 je me souviens exactement qu'à 8 heures, j'ai remarqué les cibles dont je
21 vous ai parlées. Leur activité a commencé vers les 6 heures, aussi tôt que
22 cela.
23 Q. Est-ce qu'on peut, s'il vous plaît, rembobiner pour nous montrer 31
24 minutes, 15 secondes, s'il vous plaît ?
25 [Diffusion de cassette vidéo]
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1 M. WEINER : [interprétation] Arrêtez.
2 Q. Vous voyez la fumée qui s'élève au-dessus de la vieille ville ?
3 R. Oui.
4 Q. On voit la date qui est celle du 6 décembre 1991 et l'heure.
5 M. PETROVIC : [interprétation] Objection.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, pour l'instant, il
7 n'y a pas lieu de soulever une objection. Je me préoccupe un petit peu du
8 fait que vos objections risquent de signaler des réponses tendues au
9 témoin. C'est la raison pour laquelle j'essaie de limiter vos
10 interventions.
11 M. PETROVIC : [interprétation] Je peux vous présenter mon objection en
12 l'absence du témoin. J'ai réellement une objection de fond sur la teneur de
13 cette image. Si vous ne m'y autorisé pas, je ne formulerai pas mon
14 objection. J'ai une objection qui est pertinente. Je ne sais pas comment le
15 faire.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est une pièce qui a été versée au
17 dossier en l'espèce.
18 M. PETROVIC : [interprétation] Bien entendu, ceci est exact, mais il n'y a
19 rien qui trace un lien entre l'heure ou le moment et la pièce à conviction.
20 Bien entendu, l'enregistrement a été versé au dossier, mais qu'est-ce qui
21 prouve la date ou l'heure.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est précisément ce que le témoin est
23 en train d'aborder en répondant aux questions.
24 M. WEINER : [interprétation]
25 Q. Monsieur, voyez-vous l'heure qui figure sur cette vidéo-là est de 7
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1 heures 47 dans la matinée ?
2 R. Oui, l'heure est inscrite. On peut la lire.
3 Q. A ce moment-là, vous voyez déjà la fumée au-dessus de la vieille ville
4 ainsi que des obus qui touchaient la vieille ville, d'après cette vidéo,
5 c'est bien cela, n'est-ce pas, et d'après l'heure que l'on voit ici ?
6 R. Procédons dans l'ordre chronologique. Je suis certain que c'était à 8
7 heures. A 8 heures, on m'a montré cette cible près de Lokrum d'où on a
8 tiré, près de l'hôtel Libertas. J'ai demandé qu'on ouvre le feu. On ne m'y
9 a pas autorisé. Après cela, il y a eu cette activité. C'est peu après 8
10 heures, comme je vous l'ai dit, après 8 heures. C'est la même chose que
11 l'on voit ici.
12 Q. Monsieur, vous voyez bien, n'est-ce pas, que l'on voit qu'avant 8
13 heures la vieille ville a déjà été pilonnée, que l'on voit la fumée se
14 levait, la fumée qui sort des vieux édifices avant 8 heures, n'est-ce pas
15 exact ? N'est-ce pas ce que l'on voit ?
16 R. Pas nécessairement. S'il est écrit ici 7 heures 47, ce n'est pas
17 nécessairement la vérité.
18 Q. Ce que je suis en train de dire, c'est simplement la chose suivante :
19 est-ce bien ce qui est inscrit sur cette vidéo, oui ou
20 non ?
21 R. Oui, c'est ce qu'on y voit, mais ce que je vous dis, c'est que, 13
22 minutes plus tard, après 8 heures, l'activité n'avait toujours pas
23 commencé. C'est après 8 heures que cela a commencé.
24 Q. Merci. Continuons de visionner la vidéo. Je vous prie de regarder
25 attentivement.
Page 7544
1 [Diffusion de cassette vidéo]
2 M. WEINER : [interprétation]
3 Q. Vous venez de lire à l'image qu'il s'agit de 9 heures 34 dans la
4 matinée et 9 heures 39. On voit les volées de fumée s'élever au-dessus de
5 la vieille ville, n'est-ce pas exact ?
6 R. C'est exact.
7 Q. Bien entendu, ceci obstrue votre vue de Zarkovica lorsque vous regardez
8 la vieille vielle, n'est-ce pas, même si vous pouvez vous aider des
9 jumelles ?
10 R. C'est clair.
11 M. WEINER : [interprétation] Peut-on avancer, s'il vous plaît.
12 [Diffusion de cassette vidéo]
13 M. WEINER : [interprétation]
14 Q. Vous avez évoqué les bateaux en feu dans le port, et aussi les flammes
15 qui sortaient de ces bateaux. Ceci correspond, n'est-ce pas, à votre
16 déposition ce que l'on voit maintenant ces bateaux en feu ?
17 R. De toute évidence.
18 Q. Vous voyez que ces flammes se lèvent et encore une fois, il y a la
19 fumée épaisse, noire qui sort de ces bateaux et ceci obstrue votre vue,
20 n'est-ce pas ?
21 R. C'est absolument exact.
22 M. WEINER : [interprétation] Veuillez continuer.
23 [Diffusion de cassette vidéo]
24 M. WEINER : [interprétation]
25 Q. Revenons en arrière : est-ce que vous voyez un projectile touché-là,
Page 7545
1 juste à droite au sud de la tourelle, et il y a la fumée ? Revenons à 31
2 minutes 50. Est-ce que vous voyez l'éclat de lumière et la fumée qui se
3 dégage ?
4 R. Oui.
5 Q. Voyez-vous l'éclat avant ?
6 R. Est-ce que vous pouvez répéter, s'il vous plaît ?
7 Q. Bien entendu.
8 [Diffusion de cassette vidéo]
9 M. WEINER : [interprétation]
10 Q. S'il vous plaît, regardez juste par-dessus cette tourelle.
11 R. Oui, maintenant, j'ai vu.
12 Q. C'était à peu près à 31:51. Passant à présent à 32:13, s'il vous plaît.
13 [Diffusion de cassette vidéo]
14 M. WEINER : [interprétation] Stop.
15 Q. Vous pouvez voir à quoi ressemble la vieille ville à 12 heures 44. Est-
16 ce que cela correspond à ce dont vous vous souvenez ? Est-ce que c'était
17 bien cela qu'on voyait des nuages de fumées en dessus de la vieille ville ?
18 R. Oui.
19 Q. A ce moment-là, la visibilité est très mauvaise même si l'observateur
20 qui regarde a des jumelles et des lunettes visées ?
21 R. Certainement.
22 M. WEINER : [interprétation] Continuez.
23 [Diffusion de cassette vidéo]
24 M. WEINER : [interprétation]
25 Q. Plus tard dans l'après-midi, la fumée noire finit par recouvrir le ciel
Page 7546
1 complètement ou en grande partie au-dessus de la vielle ville; c'est exact
2 ?
3 R. Oui.
4 Q. Passons, s'il vous plaît, à 33:05.
5 M. PETROVIC : [interprétation] Mon collègue, peut-il nous montrer de quand
6 date la dernière image que nous avons vue pour que je ne suggère rien pour
7 ma part ? Peut-il nous signaler la date ?
8 M. WEINER : [interprétation] Dans leur ensemble, ces images sont des images
9 du 6 décembre.
10 Je vous prie de continuer.
11 [Diffusion de cassette vidéo]
12 M. WEINER : [interprétation] Arrêtez.
13 Q. Monsieur, vous pouvez voir à 16 heures 33 de l'après-midi, on voit
14 toujours des nuages de fumée au-dessus de la vieille ville, et c'est à peu
15 près le moment où vous êtes parti, n'est-ce pas
16 exact ?
17 R. Si, si.
18 Q. Enfin, 33:20 à 33:28.
19 [Diffusion de cassette vidéo]
20 M. WEINER : [interprétation] A 38, s'il vous plaît.
21 [Diffusion de cassette vidéo]
22 M. WEINER : [interprétation]
23 Q. Lorsque vous dites qu'à la tombée de la nuit, ou au crépuscule, vous
24 étiez en mesure de voir la vieille ville en flamme, c'est bien ce que l'on
25 voit ici ? C'est à cela que cela ressemblait lorsque vous voyez les flammes
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1 et la fumée se dégagées des maisons de la vieille ville ?
2 R. C'était exactement cela.
3 Q. C'était une scène peu agréable, c'est le moins qu'on puisse dire ?
4 R. C'était une scène atroce.
5 Q. Je vous remercie. Nous n'aurons plus besoin de visionner des séquences
6 vidéo.
7 Une question seulement pour ce qui est des vues que l'on avait de certains
8 secteurs ou de certaines zones. Peut-on présenter, s'il vous plaît,
9 rapidement au témoin, la pièce P11.
10 Q. Monsieur, vous nous avez dit que vous vous êtes rendu à plusieurs
11 reprises dans la vieille ville. Voyez-vous ces hôtels qui donnent sur
12 l'Adriatique; Argentine, Excelsior. Vous vous rappelez ces hôtels ? Vous en
13 rappelez de vos visites ?
14 R. Oui. Belvédère c'est le premier, et Argentine, me semble t-il, en
15 contrebas par rapport à la route sur la gauche. A Babin Kuk, je ne m'y suis
16 pas rendu. Généralement, j'allais dans la vieille ville, mais j'ai vu bien
17 Argentine et Belvédère. Je connais aussi le village vacance de Babin Kuk et
18 l'hôtel Libertas.
19 Q. Vous savez que ces hôtels avaient des terrasses de café ou des bars qui
20 donnaient sur la mer. Il y avait aussi des chambres qui avaient des balcons
21 qui donnaient sur l'eau. C'était l'hôtel Argentine. Commençons par là.
22 R. Oui, Argentine, si c'est bien celui-là auquel je pense, il était un peu
23 en retrait. Il y avait une vue sur Zarkovica, si c'est bien celui auquel je
24 pensais. Il donnait sur la mer aussi. Il était en contrebas par rapport à
25 la route sur la pente vers la mer.
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1 Q. De l'hôtel Argentine, on pouvait voir la vieille ville aussi ?
2 R. Certainement.
3 Q. Merci. On n'aura plus besoin de la carte.
4 Juste rapidement une question avant de poursuivre. Le
5 06 décembre 1991, quel est le grade que vous aviez ?
6 R. J'étais capitaine.
7 Q. Je vous remercie. Hier, vous avez déposé en disant que vous avez vu des
8 éclairs de lumière, et ce matin vous avez montré deux rues sur un plan.
9 Vous n'étiez sûr de laquelle de ces rues il s'agissait, d'où vous avez vu
10 des flashs, c'est exact ?
11 R. Oui, je ne sais pas si c'est dans l'une ou dans l'autre de ces rues.
12 Cela c'est quelque chose que je suppose. Car de l'endroit où je regardais,
13 et je vous ai dit hier que ma ligne d'observation était parallèle avec
14 Stradun, ces deux rues, elles étaient plutôt, comment dire, je ne pouvais
15 pas apprécier la distance entre les deux. Je ne pouvais pas savoir dans
16 quelle partie de Stradun c'était. Etait-ce dans la première ou dans la
17 deuxième moitié, ou exactement au milieu.
18 Q. Je vois. Je vous entends.
19 R. Oui.
20 Q. Vous nous avez dit que vous avez vu ces éclats de lumière ?
21 R. Oui.
22 Q. Dans la matinée seulement ou tout au long de la journée, ou à
23 différents moments de la journée ? A quel moment les avez-vous vus, et à
24 quelle fréquence ?
25 R. Je les ai vus dans la matinée, leur activité a été remarquée dans la
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1 matinée.
2 Q. Vous l'avez vu, vous-même, à quel moment les activités ont commencé,
3 les activités du mortier sur --
4 R. Il était difficile de le voir. On tirait sur des endroits où
5 normalement on supposait qu'ils étaient. Il y a cette partie que l'on voit
6 de Strincjera, mais cela c'est la partie que je ne voyais. Je ne sais pas
7 ce qu'il y avait là. Je vous dis ce que j'ai vu, moi. Quant à savoir s'il y
8 a eu des activités croates de ce côté-là, je ne sais pas.
9 Q. Très bien. C'est précisément ce qui m'intéresse : ce que vous avez vu.
10 Vous avez vu des éclats de lumière sur cette rue qui est à côté du Stradun.
11 Lorsque vous avez vu ces éclats lumière, est-ce que vous avez vu le reflet
12 au niveau du sommet du bâtiment ? Vous avez dit que, de toute façon,
13 c'était entre deux édifices. A moins d'être Superman, vous ne pourrez pas
14 voir à travers les bâtiments. Vous les avez vus vers le haut ?
15 R. Oui.
16 Q. Vous savez --
17 R. Oui. Ces éclats de lumière partaient vers le haut. Il y a l'endroit
18 supposé, et vraiment je dois dire que je n'avais pas une vue très claire
19 là-dessus. Il était en retrait derrière l'angle à droite, et c'est du côté
20 opposé au coin où à l'angle gauche que j'ai vu l'éclat de lumière partir
21 vers le haut.
22 Q. Il y a deux bâtiments. Ce serait le bâtiment arrière ?
23 R. Oui.
24 Q. Où vous étiez à Zarkovica, vous pouviez voir à quelle portion du
25 bâtiment allant depuis le toit ? La moitié, un mètre, un mètre et demi ? Il
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1 y a un bâtiment devant vous et vous pouviez voir le batiment qui était
2 derrière. Vous voyez un mètre, un mètre et demi, deux mètres à partir du
3 haut vers le bas ?
4 R. Depuis le toit vers en bas, je ne peux pas vous le dire avec certitude.
5 Je crois que tous les bâtiments étaient à peu près la même hauteur. Ce
6 n'est pas cela qui me semble important. Maintenant, ce que je voyais, comme
7 je suis en train de vous le montrer, c'était de côté je voyais cet autre
8 rapport entre les bâtiments, et non pas si un batiment est plus haut ou
9 plus bas. Je le voyais de ce côté-ci.
10 L'INTERPRÈTE : Le témoin est en train de montrer ces éclats de lumière.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Parce que mon axe d'observation était
12 parallèle avec le Stradun à peu près, c'est sous cet angle-là que j'ai vu
13 ces deux bâtiments.
14 Je pense que tous les bâtiments de Stradun étaient de la même hauteur. Je
15 n'ai pas vu qu'il y ait eu de différence appréciable entre, pas
16 suffisamment, en tout cas, pour que je puisse m'en souvenir.
17 Q. Ses éclats de lumière que vous avez vus, c'était au haut que vous les
18 avez vus, du sommet du bâtiment. Est-ce que vous direz que c'était un mètre
19 depuis le toit, ou peut-être deux mètres ?
20 R. Non.
21 Q. Vous dites que c'était vers le haut. Maintenant, vous voulez dire que
22 c'était plutôt sur le côté que vous avez vu l'éclat de lumière. Hier, vous
23 avez dit que vous l'avez vu vers le sommet du batiment.
24 R. Non, ce n'est pas ce que je dis hier. J'étais très clair. J'ai vu
25 l'éclat de lumière entre les bâtiments, et il se propageait d'en bas vers
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1 le haut.
2 Q. Monsieur, s'il y a un batiment entre ces bâtiments, il vous faut bien
3 supposer que cela se propage vers le haut. Où avez-vous vu ce flash ? Vous
4 l'avez vu en longueur ou ailleurs ?
5 R. Comme je l'ai dit, je l'ai vu en bas du batiment. C'était depuis le
6 niveau du Stradun. Cette pièce se trouvait en bas et c'est de là que venait
7 l'éclat. C'est dans l'ombre que je voyais comment cet éclat de lumière se
8 propageait. Vous m'avez montré plusieurs obus, vous avez vu comment cela se
9 propageait.
10 Là où tombaient des obus, c'est comparable à la lumière qu'on voyait de la
11 bouche du canon. Cela se propageait à la vitesse de la lumière. Ce n'est
12 pas du haut du batiment, mais du bas depuis la rue.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Petrovic.
14 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président. Au sujet de la
15 traduction, la traduction n'est pas appropriée. Le témoin a fait une
16 comparaison qui ne ressort pas dans la traduction. Je demanderais que l'on
17 repose la question au témoin pour qu'il puisse nous présenter sa
18 comparaison, qui ne ressort pas ici.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous voyez une erreur
20 quelle qu'elle soit dans la manière dont votre réponse a été enregistrée ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne connais pas suffisamment bien la langue.
22 Je la connais un petit peu, mais pas suffisamment, non.
23 M. WEINER : [interprétation] Y a-t-il une question ?
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si vous souhaitez préciser cela,
25 Monsieur Weiner ?
Page 7552
1 M. WEINER : [interprétation]
2 Q. Monsieur, vous avez dit qu'au moment de l'impact de l'obus, il y a un
3 éclat de lumière; est-ce exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Lorsqu'un projectile tombe, il y a un flash, n'est-ce pas exact ?
6 R. Si. Après, il y a la fumée, il y a des débris qui tombent et qui volent
7 dans tous les sens.
8 Q. C'est exact.
9 R. Le bruit, le son est beaucoup plus fort au moment de cette détonation
10 qu'au moment où le projectile part. Au moment où il y a l'impact, on voit
11 cet éclat de lumière.
12 Q. Sur la vidéo, nous avons vu cet éclat de lumière et ensuite, la fumée.
13 Nous parlons de ces éclairs. Il y a beaucoup d'objets différents qui
14 peuvent provoquer des tels éclats de lumière; est-ce exact ?
15 R. Je ne vois pas quoi d'autre peut provoquer un éclat de lumière, à part
16 un obus qui tombe. L'éclat de lumière que j'ai pu voir, hormis ce que je
17 viens de vous dire. D'ailleurs, en parlant avec mes collègues, nous avons
18 confirmé cela. C'est pour cela que je vous l'ai dit, puisque c'est une
19 information confirmée. Si j'avais vu cela tout seul, peut-être que je me
20 serais posé la question.
21 Q. Vous dites que, peut-être, que vous vous seriez posé la question si
22 vous avez vu cela tout seul ? Qu'est-ce que vous avez dit déjà ?
23 R. Voilà. Si j'avais vu cela tout seul, j'aurais l'impression que la seule
24 source de cette lumière ne pouvait venir que d'un obus. Pour moi, vous
25 savez deux autres personnes ont vérifié cela et ont dit, exactement, la
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1 même chose. Vous savez, il y a un dicton qui dit que deux personnes valent
2 mieux qu'une, puisque nous étions plusieurs à l'avoir vu, je pense que
3 c'est exact.
4 Q. Vous avez dit que vous avez vu un éclat de lumière, que vous l'avez vu
5 à plusieurs reprises et que vous vous êtes dit que c'était un tir de
6 mortier, n'est ce pas ?
7 R. Cela ne pouvait pas être autre chose.
8 Q. Vous voyez cet éclat de lumière et vous dites que c'est un mortier qui
9 tire, n'est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous n'avez jamais vu cet objet qui a provoqué cet éclat ?
12 R. Mais, oui, je l'ai dit pendant toute la durée de ma déposition. Je n'ai
13 vu que l'éclat de lumière. C'était le résultat de l'activité de mortier.
14 Q. Vous n'avez jamais vu cet objet ?
15 R. Oui.
16 Q. Vous avouez aussi, Monsieur, qu'il y a d'autres objets qui peuvent
17 produire de tels éclats de lumière.
18 R. Non, non, je ne l'admets pas. Je ne vois pas quoi d'autre aurait pu
19 provoquer un tel éclat de lumière, à part, d'une part un obus qui tombe et
20 ce n'était pas le cas, et d'autre part, le feu de mortier.
21 Q. Oui. C'est exact, d'autres objets peuvent provoquer des éclats de
22 lumière. Par exemple, un obus qui tombe, un projectile qui explose, un obus
23 qui touche sa cible.
24 R. C'est exact.
25 Q. Pendant cette journée, vous n'avez vu rien d'autre ? Rien d'autre que
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1 des éclats de lumière venant de cet endroit, même si l'on admet que la
2 visibilité n'était pas bonne ?
3 R. Non. Je vous avoue que j'ai vu plein de choses. J'ai vu des toits en
4 feu, j'ai vu des obus qui tombaient, j'ai vu plein de choses. Ce n'est pas
5 exact.
6 Q. Je vais vous poser une question précise. A cause de cette visibilité,
7 qui était mauvaise, tout ce que vous avez pu voir ce jour-là était des
8 éclats de lumière occasionnels, n'est-ce pas ?
9 R. Au moment où j'ai vu cet éclat de lumière, je pouvais le discerner
10 clairement. Au moment où je l'ai vu, je pouvais l'identifier clairement.
11 Mais après, effectivement, avec les Maljutka qui tombaient, les bateaux en
12 feu, je ne voyais plus tellement Stradun. Mais, au début, j'en ai vu
13 clairement. Je vous dis trois éclats de lumière, mais peut-être que c'était
14 au nombre de cinq, deux. Mais il n'y en avait pas un, il n'y avait pas un
15 éclat isolé.
16 Q. Vous avez vu entre deux et cinq éclairs, avant que la visibilité ne se
17 détériore, pour utiliser les chiffres que vous avez avancés.
18 R. J'ai dit plusieurs.
19 Q. Très bien, plusieurs. Vous savez qu'il y a eu plusieurs obus qui sont
20 tombés sur la vielle ville, n'est-ce pas, qui ont touché la vieille ville ?
21 R. Oui. Pas plusieurs, ils étaient nombreux.
22 Q. Un grand nombre d'obus sont tombés sur la vieille ville.
23 R. Oui, c'est exact.
24 Q. A partir du moment où ces obus tombaient, est-ce qu'ils provoquaient
25 des éclairs ?
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1 R. Oui. Pas seulement des éclairs, mais des dégâts, avec des débris
2 partout autour. Il y avait aussi le son que l'on entendait, qui est
3 complètement différent que le son que vous entendez quand vous lancez un
4 tir et il y avait aussi la fumée.
5 Q. Quand vous avez vu ces éclairs, en même temps vous pouviez voir des
6 éclairs au moment où les Maljutka tiraient, car ceux-ci aussi provoquaient
7 des explosions et des éclairs.
8 R. La seule chose qui est similaire entre un obus qui tombe et un obus qui
9 est tiré, c'est la lumière. Tout le reste est différent. Il est impossible
10 de faire l'amalgame entre les deux. Un Maljutka, par exemple, à partir du
11 moment où il est tiré, vous voyez la trace
12 -- la trace en feu, et il y a une grande température. Il est, complètement,
13 logique de s'attendre à ce que l'objectif brûle, à cause de la température
14 très élevée.
15 Q. Quand un obus explose derrière un bâtiment, vous ne voyez pas le
16 bâtiment. Vous ne voyez que l'éclair, n'est-ce pas, qui s'élance vers le
17 haut, ou sur les côtés ?
18 R. A partir du moment où l'obus tombe, vous voyez d'abord l'éclair,
19 ensuite, la fumée et les débris partout autour.
20 Q. Ce que vous avez vu ce jour-là, c'était aussi un éclair qui s'élançait
21 en haut, sur la droite, en diagonale, et cetera ?
22 R. Oui, au début. Vraiment très tôt le matin.
23 Q. Vous avez dit aussi qu'il y avait beaucoup d'objets différents qui
24 peuvent provoquer de tels éclairs. Un appareil photo peut provoquer un
25 flash, un éclair, une lumière d'urgence de même, un obus de mortier aussi,
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1 un Maljutka qui explose peut provoquer un éclair, bien d'autres obus
2 d'artillerie; est-ce exact ?
3 R. Là, c'était un éclair venant d'un canon qui tire, à partir du moment où
4 on tire un obus. J'en sais autant. Vous savez, je suis un officier
5 d'artillerie, et je sais faire la différence entre un flash d'appareil
6 photo, un flash de gyrophare et l'éclair d'un projectile tiré par un
7 mortier, par un canon.
8 Q. Mais vous n'avez jamais vu l'objet.
9 R. Ce n'est pas la même chose, la différence est énorme.
10 Q. La différence, vous me parlez de la différence, mais vous n'avez jamais
11 vu l'objet qui était à l'origine de cet éclair. Vous n'avez vu que l'éclair
12 ?
13 R. C'est exact.
14 Q. Parlons d'objets, de mortiers, par exemple. A partir du bout du canon
15 vers sa racine, pourriez-vous me dire quelle est la hauteur d'éclair à
16 partir du moment où un mortier de 82 millimètres tire ?
17 R. Cette pièce était entre ces deux murs-là, à l'époque.
18 Q. Je vous ai posé une question vraiment précise au sujet d'une pièce
19 d'artillerie. Si vous le savez, répondez-moi, s'il vous plaît. A partir du
20 moment où on tire avec un mortier de 82 millimètres, l'éclair qui s'élance
21 du bout du canon de ce mortier, de quelle façon s'élance cet éclair ? Est-
22 ce qu'il s'élance sur un mètre d'hauteur, deux mètres, trois mètres ?
23 R. J'étais en train de vous répondre justement. J'étais sur la bonne voie.
24 Cela dépend si le mortier se trouve dans un terrain vide ou s'il est
25 coincé, cela va faire des éclairs différents, vous allez apercevoir cet
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1 éclair de différentes façons.
2 Q. Je ne vous pose pas de question au sujet de cet incident précis. Je
3 vous pose une question sur le mortier en général. Un mortier de 82
4 millimètres de calibre, à partir du moment où on aperçoit un éclair au
5 moment du tir, pourriez-vous nous dire sur quelle distance, sur quelle
6 hauteur s'élance cet éclair, deux mètres d'haut ?
7 R. C'est impossible de le déterminer. Cela dépend de la journée, du moment
8 du jour, s'il fait jour, évidemment, la lumière ne va pas être la même
9 puisque cette lumière va être plus claire que la lumière du jour. Il s'agit
10 là d'un phénomène physique. Le soir, ou la nuit le phénomène va être, tout
11 à fait, différent. C'est un phénomène naturel, ce n'est pas la même chose.
12 Q. Pendant la journée de quoi parle-t-on de deux mètres, trois mètres, un
13 mètre ?
14 R. Là, c'était pratiquement six ou sept mètres d'hauteur. L'éclair montait
15 sur six ou sept mètres. Le bâtiment qui était au fond se voyait tout entier
16 à cause de l'éclair.
17 Q. Monsieur, si vous avez deux bâtiments face à face, et vous ne pouvez
18 voir que la partie supérieure du bâtiment au fond, vous ne pouvez pas voir
19 les bâtiments tout entiers s'illuminer, vous ne voyez qu'une petite portion
20 tout en haut, ou peut-être que vous le voyez s'illuminer sur les côtés.
21 Mais ces bâtiments ne sont pas de la même hauteur, et vous ne pouvez pas
22 voir les bâtiments tout entiers s'illuminer, n'est-ce pas ?
23 R. J'ai vu cette partie-là de l'immeuble. Est-ce que c'étaient trois,
24 quatre ou cinq mètres, je ne saurais vous le dire. J'ai vu les côtés de
25 l'immeuble, la façade latérale, et là l'éclair s'y est réfléchi, je n'ai
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1 jamais parlé du toit d'ailleurs.
2 Q. Si vous avez vu la partie latérale du bâtiment, il y avait un bâtiment
3 de la même hauteur juste en face, vous auriez pu voir la partie élevée de
4 ce bâtiment latéral ou de celui qui est à
5 l'arrière ? Si vous voulez, vous pouvez l'appeler comme cela, mais vous ne
6 pouviez pas voir les murs en entier puisque vous n'aviez pas la vue, vous
7 n'avez pas la vue d'un Superman, vous n'avez pas de tels pouvoirs
8 surhumains.
9 R. Oui, mais je vous ai déjà dit cela, je vous ai déjà dit que je n'avais
10 pas les yeux d'un Superman, définitivement non. Mais ces bâtiments ne se
11 chevauchaient pas, ne cachaient pas la vue l'un de l'autre, ils étaient,
12 suffisamment, éloignés l'un de l'autre. Pour ce bâtiment qui était un petit
13 peu plus éloigné, j'ai vu une lumière qui s'élançait sur deux, trois ou
14 quatre mètres, c'est ce que j'ai vu. Le bâtiment qui était plus proche n'a
15 pas complètement caché la vue de l'autre, cela ne m'a pas obstrué la vue,
16 tout simplement. Je vous ai dit que je pouvais, très bien, voir Stradun.
17 Q. Vous ne pouviez voir qu'un éclair, vous ne pouviez pas voir l'objet qui
18 était l'objet de cet éclair, n'est-ce pas ? Vous n'avez jamais vu cet
19 objet, n'est-ce pas ? Vous n'avez fait qu'une supposition là ? Vous ne
20 l'avez jamais vu ?
21 R. Vous venez de répondre à ma place.
22 Q. Est-ce exact que vous n'avez jamais vu l'objet qui a causé cet éclair ?
23 R. Je l'ai déjà dit.
24 Q. Je vais vous montrer un document émanant du quartier général principal,
25 émanant du général Adzic qui met en garde contre des tirs dirigés vers des
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1 biens culturels ou religieux, dirigés aux hôpitaux. Il y est écrit au
2 niveau du paragraphe 3 ou 4, qu'il conviendrait, dans la mesure de
3 possible, de prendre des photos, d'enregistrer par la vidéo chaque objet,
4 chaque cible avant de tirer. Est-ce que vous souvenez de cela ?
5 R. Non, je ne me souviens pas de cette partie-là. Je ne me souviens de
6 rien concernant des enregistrements. Je sais qu'on nous a dit qu'il fallait
7 qu'on s'abrite par rapport aux feux. Le général Strugar a ordonné que l'on
8 ne riposte pas, mais de nous abriter, de prendre abri. Je me souviens
9 qu'effectivement, le quartier général principal a mentionné
10 l'enregistrement, mais je ne vois pas qu'est-ce que cela change par rapport
11 au fait qu'on ne doit pas tirer sur la vieille ville tout simplement.
12 Q. Est-ce que vous savez que l'officier politique Mehajlo Zarkovic se
13 plaint d'une certaine propagande croate, la façon dont les Croates
14 utilisent la propagande ? Est-ce que vous étiez au courant de cela ?
15 R. Non.
16 Q. Peut-on montrer au témoin les documents P116 et D78. Je voudrais que
17 l'on examine tout d'abord le document P116, le paragraphe 3 de l'ordre.
18 R. Vous m'avez déjà montré ce document, je vous ai dit que j'ai déjà
19 examiné ce document, que je l'ai déjà vu.
20 Q. Voyez-vous la dernière phrase entre parenthèses : "A chaque fois que
21 cela est possible, de tels incidents et cas doivent être documentés (en
22 prenant des photos, en prenant des enregistrements vidéo, ou en recueillant
23 des dépositions de témoins.)" Est-ce que vous voyez cela ?
24 R. Pouviez-vous répéter cela, je ne vous ai pas très bien compris ?
25 Q. Voyez-vous la dernière phrase du paragraphe 3 de l'ordre, à savoir : "A
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1 chaque fois que cela est possible, de tels incidents doivent être
2 documentés (par la prise de photos, d'enregistrements vidéos, ou de
3 recueils de dépositions de témoins)."
4 R. Oui.
5 Q. A présent, je vous demande d'examiner rapidement la pièce D88.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous avez dit D78 ou 88 ?
7 M. WEINER : [interprétation] D88, excusez-moi.
8 Q. Voyez-vous le troisième paragraphe, à partir du bas où il est écrit :
9 "La mission de l'officier consiste à --", excusez-moi. Voyez-vous les trois
10 derniers paragraphes en bas : "La mission des officiers contient à se
11 servir des exemples précis pour informer les hommes et protéger contre les
12 mensonges de la propagande de l'ennemi et de s'assurer que ceci n'affecte
13 pas le moral des unités." Est-ce que vous avez vu cela ?
14 R. Oui.
15 Q. Le quartier général principal vous indique -- vous demande de prendre,
16 chaque fois que cela est possible, des photos ou enregistrer des vidéos, ou
17 de documenter, de quelle façon que ce soit, les armes de l'ennemi qui se
18 trouvent dans une région protégée. Nous avons vu cela dans le document
19 précédent; est-ce exact ?
20 R. Oui.
21 Q. Dans ce document, le commandant Zarkovic mentionne la mission qui
22 contient à se servir des exemples particuliers, concrets pour informer les
23 hommes de la propagande de l'ennemi, et pour l'identifier. Il faut apporter
24 la preuve que les Croates mentent et qu'ils se servent de la propagande.
25 R. Absolument.
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1 Q. Pendant que vous êtes à Zarkovica -- pendant que vous étiez à
2 Zarkovica, et vous avez dit avoir vu un mortier ou un canon antiaérien dans
3 la vieille ville, est-ce que vous avez pris une photo de cela ?
4 R. Mais vous voulez que je prenne une photo avec quoi ?
5 Q. Nous avons entendu des témoignages, nous indiquant qu'il y avait des
6 gens qui disposaient des appareils photos. Est-ce que vous avez
7 photographié une quelconque arme que vous dites avoir vue ?
8 R. S'il y avait des gens qui avaient des appareils photos. Vous savez,
9 j'étais là en tant que commandant, commandant de batterie, et j'étais là
10 pour observer des points avec l'équipement approprié. Cet ordre ne
11 s'applique à moi, il y a un service d'Information de l'unité, qui est
12 chargé de faire cela, pas moi-même. J'étais là, en tant que soldat, en tant
13 que commandant de batterie. J'étais, à l'époque, le commandant de batterie
14 et ce n'est pas de ma mission que de faire cela.
15 Q. Est-ce que vous avez vu -- ou est-ce que vous avez ordonné à qui que ce
16 soit vous, en tant que commandant de batterie, de prendre –
17 R. Non seulement n'ai-je pas vu qui que ce soit avec l'appareil photo,
18 mais, en plus, je n'étais pas capable -- je ne pouvais pas, je n'avais
19 aucun pouvoir de donner un tel ordre.
20 Q. Est-ce que vous avez vu qui que ce soit en train de prendre des photos
21 de ces armes, les armes que vous dites avoir vues ?
22 R. Je vous ai déjà répondu par la négative.
23 Q. Est-ce que vous avez fait des enregistrements vidéo ? Est-ce que vous,
24 ou qui que ce soit qui se trouvait à Zarkovica, avez vu des vidéos --
25 quelqu'un qui que ce soit prendre des photos ou enregistré par la vidéo ces
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1 armes, et que vous déclarez avoir vu, conformément à la demande émanant du
2 chef d'état-major principal de la JNA ?
3 R. On ne m'a pas demandé de faire cela et je ne comprends pas vraiment cet
4 ordre.
5 Q. Je vous pose une question simple. Je ne vous demande pas si ce qu'on
6 vous a demandé. Est-ce que, vous-même, vous l'avez fait, ou est-ce que vous
7 avez vu qui que ce soit faire ce qui figure dans la demande -- dans l'ordre
8 du chef d'état-major principal de la JNA ?
9 R. A nouveau, dois-je dire que ces instructions ne s'appliquent pas à moi,
10 et je ne l'ai pas fait. En ce qui concerne l'information, la documentation,
11 vous pouvez appeler cela comme vous vous voulez. Je n'avais rien à faire
12 avec tout cela, et vous n'avez pas besoin de me poser des questions à ce
13 sujet, vous n'avez pas besoin de me poser d'autres questions à ce sujet
14 puisque ma réponse va être toujours la même. Non.
15 M. WEINER : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir, Madame l'Huissière.
16 Vous pouvez aussi laisser le document D88 à l'endroit où il est. Merci.
17 Q. Monsieur, vous dites avoir vu des éclats de lumière qui, d'après vous,
18 provenaient des mortiers situés dans la vieille ville. Vous dites avoir vu
19 un canon antiaérien quelque part sur les murailles de la vieille ville, ou
20 tout près de la muraille de la vieille ville. Est-ce que vous avez, en
21 ayant vu cela, immédiatement contacté vos supérieurs hiérarchiques, pour
22 qu'ils prennent contact avec les Croates pour qu'ils leur demandent de
23 déplacer ou enlever ces armes ? Est-ce que vous avez fait cela ?
24 R. J'ai été subordonné au capitaine Kovacevic, qui l'a vu certainement. Je
25 suis sûr qu'il l'ait fait. Je n'étais pas près de lui, mais je suis sûr
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1 qu'il l'ait fait. Il lui appartenait de le faire et je pense qu'il l'ait
2 fait.
3 Q. Est-ce que vous avez dit au capitaine Kovacevic que vous avez vu des
4 éclats de lumière venant de la vieille ville ? Est-ce que vous lui avez dit
5 aussi que vous avez vu un canon antiaérien près de la muraille de la
6 vieille ville ? Est-ce que vous en avez informé le capitaine Kovacevic ?
7 R. Il le savait avant moi. Je n'avais pas besoin de le lui dire puisqu'il
8 le savait avant moi.
9 Q. Est-ce que vous avez été présent au moment où le capitaine Kovacevic a
10 pris le contact avec qui que ce soit pour demander qu'on enlève ces armes ?
11 R. Mais il était sans arrêt en communication avec quelqu'un. Il appelait
12 sans arrêt soit par téléphone, soit par le poste radio, le transmetteur. Je
13 ne sais exactement avec quel moyen il a communiqué, mais c'était lui qui
14 était au poste de commandement ce jour-là, c'était lui qui assurait le
15 commandement.
16 Q. Vous dites qu'il était en contact sans arrêt. Il était en contact avec
17 le 9e VPS ?
18 R. Comme vous l'avez dit à juste titre, je ne suis pas un superman, donc
19 je ne saurai vous répondre.
20 Q. Vous n'avez pas été présent à aucun moment pour témoigner de telles
21 conversations, soit qu'il s'agisse des contacts réalisés par la radio, par
22 la liaison radio ou pour téléphone ?
23 R. Tout ce que je peux dire, c'est que je n'étais pas présent et je ne
24 l'ai pas entendu. Pour autant que je connaisse le capitaine Kovacevic, je
25 peux vous dire qu'il ne parlerait pas à haute voix pour que tout le monde
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1 puisse l'entendre. Je sais qu'au moment où il m'a demandé de tirer, j'ai
2 demandé au commandant Zec, je lui ai montré le commandant Zec, et je sais
3 qu'il lui a demandé la permission de tirer. Je sais que le capitaine Zec ne
4 lui a pas donné une telle permission. Pour le reste, je ne sais pas à qui
5 il parlait, et de quoi.
6 Q. Vous ne savez pas si on a établi un contact quelconque ce jour-là avec
7 les Croates, leur demandant d'enlever des armes potentielles placées dans
8 la vieille ville avant que la vieille ville ne soit pilonnée. Vous n'étiez
9 pas présent au moment de ces entretiens, n'est-ce pas ?
10 R. J'étais présent, mais je n'écoutais pas. De toute façon, je ne pouvais
11 pas l'entendre. Il y a des gens qui sont responsables de cela, et vous
12 pouvez leur poser des questions à ce sujet. Ils pourraient vous répondre à
13 juste titre. Je n'ai pas été témoin de telle conversation.
14 Q. Vous n'avez jamais entendu ce genre de conversation vers le côté
15 croate, n'est-ce pas ?
16 R. Non, non. Je confirme ce que vous dites et de toute façon je n'aurais
17 pas pu entendre de genre de conversation.
18 Q. Est-ce que vous savez que, pendant la journée, la vieille ville a subi
19 un pilonnage intense.
20 R. Nous en avons parlé.
21 Q. Vous étiez sur Zarkovica, pour le plus clair de la journée.
22 R. Oui.
23 Q. On pourrait dire que vous étiez aux premières loges pour voir les
24 évènements qui se déroulaient. Vous dites que vous avez vu le pilonnage de
25 la vieille ville par la JNA. Vous dites que vous avez vu le pilonnage et
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1 l'attaque sur Srdj; est-ce que bien exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Du fait de l'endroit, où vous vous trouvez positionner, j'aimerais
4 savoir si quelqu'un vous a appelé et vous a demandé d'indiquer au 2e Groupe
5 opérationnel ce que vous voyez ? Est-ce qu'on vous a convoqué au 2e Groupe
6 opérationnel, pour que vous indiquiez au commandement du 2e Groupe
7 opérationnel ce que vous aviez vu pendant la journée ?
8 R. Je ne comprends pas véritablement le sens de cette question car je vous
9 ai dit d'emblée, d'entrée de jeux, que j'étais un officier subordonné au
10 capitaine Kovacevic. Ma tâche était très claire. Je devais tenir compte de
11 mon officier supérieur.
12 Q. Mais vous saviez qu'il y avait un 2e Groupe opérationnel, dont le
13 général Strugar était le commandant ?
14 R. Tout à fait.
15 Q. Avez-vous été appelé pour que vous vous présentiez au commandement du
16 2e Groupe opérationnel et ce, après le 6 décembre, pour pouvoir fournir des
17 explications à propos de ce que vous aviez observé à partir de Zarkovica,
18 pour le 6 décembre ? Est-ce que vous avez jamais été convoqué au
19 commandement du 2e Groupe opérationnel afin de fournir des explications sur
20 ce que vous avez vu le 6 décembre, ce que vous aviez vu à partir de
21 Zarkovica ?
22 R. Non.
23 Q. N'avez-vous jamais eu une réunion ou un entretien avec une personne qui
24 appartient au commandement du 2e Groupe opérationnel, afin de leur indiquer
25 ce que vous aviez vu le 6 décembre 1991 à partir de Zarkovica ?
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1 R. Non.
2 Q. Est-ce quelqu'un vous a jamais posé des questions, quelqu'un qui
3 appartiendrait au 2e Groupe opérationnel ? Est-ce quelqu'un vous a jamais
4 posé des questions à propos du rôle que vous avez joué à Zarkovica le 6
5 décembre 1991 ?
6 R. Il serait tout à fait illogique qu'un représentant du commandement du
7 2e Groupe opérationnel me demande ce que j'y faisais. Je ne faisais que
8 m'acquitter de mes tâches professionnelles, qui sont tout à fait clair. Je
9 ne suis pas venu de mon plein gré. Ce n'est pas que j'y suis arrivé
10 fortuitement là. J'ai été envoyé dans le cadre d'une mission et, d'après
11 les règles -- les règlements relatifs à l'utilisation d'une batterie, il
12 est tout à fait connu ce que j'y ai fait.
13 Q. Merci. Ce que je vous pose comme question est la suivante : est-ce que
14 quelqu'un du 2e Groupe opérationnel vous a jamais demandé ce que vos aviez
15 fait ce jour-là ? Est-ce quelqu'un est venu vous voir, ou est-ce quelqu'un
16 vous a demandé d'expliquer, par exemple, par écrit, ce que vous aviez fait
17 ce jour-là ? C'est une question à laquelle vous pouviez répondre par
18 affirmative ou par la négative.
19 R. Non.
20 Q. Dans le cadre de l'enquête, est-ce que quelqu'un –- peu importe quelle
21 est cette personne, elle n'a même pas besoin de venir du 2e Groupe
22 opérationnel –- est-ce quelqu'un vous a jamais parlé à propos du 6 décembre
23 1991 ? Est-ce quelqu'un a pris contact avec
24 vous ? Est-ce que vous avez eu des entretiens à ce sujet ?
25 R. Oui.
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1 Q. Qui vous a interrogé ?
2 R. L'amiral Jokic, il y a un an. Je suis sûr qu'il vous a fourni un
3 exemplaire de ce que j'ai indiqué. Je ne peux pas en être sûr, mais je
4 pense qu'il l'a fait parce qu'en fait, j'étais censé être un témoin pour sa
5 Défense. J'étais censé témoigner sur ce que je vous explique aujourd'hui.
6 Q. Hormis l'amiral Jokic, il y a environ un an, est-ce que quelqu'un a
7 pris contact -- non pas dans le cadre de l'enquête, non pas dans le cas à
8 propos d'un procès, mais est-ce quelqu'un vous a jamais demandé ce qui
9 c'était passé le 6 décembre 1991 ?
10 R. Non, personne.
11 Q. Monsieur, le 5 décembre, votre commandant a pris contact avec vous et
12 vous a demandé de vous rendre, le 6 décembre, à Zarkovica et, d'ailleurs,
13 vous vous êtes exécuté; est-ce bien exact ?
14 R. Oui. Il ne m'a pas dit qu'il fallait que je me rende à Zarkovica. Il
15 m'a indiqué quelle était ma tâche, qui indiquait très clairement ce que
16 j'étais censé faire. Il ne s'agissait pas simplement de se présenter à un
17 endroit.
18 Q. Il vous a été expliqué qu'il y avait une bataille qui avait été
19 planifiée et que les fusils seraient près; est-ce bien exact ?
20 R. Il m'a été dit que je devais assurer un soutien de feu si la colline –-
21 ou si Srdj était –- s'il s'emparait de Srdj.
22 Q. Est-ce que quelqu'un vous a dit que les négociations, en vue d'un
23 cessez-le-feu, étaient sur le point d'être conclues, le 6 décembre ?
24 R. Non, je ne le savais pas et, pour ce qui est du cessez-le-feu, il y en
25 a eu un certain nombre, et les différents cessez-le-feu ont toujours été
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1 respectés par moi-même et par l'unité à laquelle j'étais subordonné.
2 Q. Est-ce que quelqu'un ne vous a jamais indiqué que l'amiral Jokic
3 négociait avec les ministres du gouvernement croate -- les instances où les
4 autorités supérieurs du gouvernement croate, et qu'un cessez-le-feu serait
5 probablement conclu, à midi le 6 décembre 1991 ? Le saviez-vous ?
6 R. Je sais que l'amiral Jokic, de part la nature de sa mission, avait des
7 contacts avec les représentants des autorités locales, et avec le
8 gouvernement de la Croatie, mais je ne sais pas si cela s'est fait ce jour-
9 là. Pour ce qui est de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, je n'en sais
10 rien, mais je sais qu'il y a des négociations qui étaient menées à bien en
11 vue d'un cessez-le-feu.
12 Q. Vous ne saviez pas qu'un cessez-le-feu était prévu le lendemain, à
13 savoir, le 6 décembre, le même jour qui avait été prévu pour l'attaque de
14 la part de la JNA du Mont Srdj ?
15 R. Non.
16 Q. J'aimerais vous montrer un dernier document. Il s'agit du document D65.
17 Monsieur, ce document est un document dressé au commandement du 9e VPS, en
18 date du 7 décembre 1991, à 13 heures; est-ce bien exact ?
19 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, mon collègue a bien
20 formulé sa question, mais elle n'a pas été bien interprété en B/C/S. Est-ce
21 que mon collègue pourrait répéter la question ?
22 M. WEINER : [interprétation] Merci.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
24 M. WEINER : [interprétation] Merci.
25 Q. Monsieur, il s'agit d'une lettre, destinée au commandement du 9e VPS,
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1 lettre qui porte la date du 7 décembre 1991, à 13 heures.
2 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président –-
3 M. WEINER : [interprétation]
4 Q. Il s'agit d'une lettre qui émane du commandement du 9e VPS, destinée au
5 général Simunovic, de la direction générale; est-ce
6 exact ?
7 R. [aucune interprétation]
8 Q. Vous voyez le paragraphe qui se trouve sur la deuxième page en anglais,
9 et qui stipule : "Considérant que le commandant du 3e Bataillon de la 472e
10 Brigade motorisée a évalué que l'ennemi avait franchi, ou avait dépassé la
11 ligne de tolérance." Vous voyez ce paragraphe, qui se trouve à la deuxième
12 page de la version anglaise ?
13 R. Je m'excuse, je n'ai pas entendu votre question parce que j'étais en
14 train de lire le document.
15 Q. Si vous voyez le début du document, vous avez un 1, un 1(A), un 1(B)
16 et, ensuite, il y a un autre 1(B). Vous avez deux paragraphes, plus tard,
17 un paragraphe qui commence par suit : "Considérant que le commandant du
18 3e/472e BMTR -- ou de la 472e Brigade motorisée a évalué que l'ennemi avait
19 franchi la ligne de tolérance." Vous le voyez ?
20 R. Oui, oui, oui.
21 Q. Est-ce que vous pourriez lire ce paragraphe, Monsieur, un paragraphe
22 qui est long ?
23 R. Oui, maintenant, je l'ai trouvé.
24 Q. Je vous prie de lire le document en votre fort intérieur.
25 Avez-vous lu le paragraphe, Monsieur ?
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1 R. Oui.
2 Q. Convenez-vous avec moi qu'il s'agit d'une description de tir sur les
3 soldats de la JNA le matin ?
4 R. Oui.
5 Q. Convenez-vous avec moi que, dans ce paragraphe, il n'est jamais indiqué
6 qu'il y avait des tirs qui venaient de la vieille ville; est-ce bien exact
7 ? Cela n'est mentionné nulle part dans ce paragraphe.
8 R. Non, je m'excuse. Avant que l'attaque n'ait commencé à 6 heures, nos
9 forces ont essuyé des tirs provenant de la ville de Dubrovnik. Ce n'est pas
10 vrai de dire qu'il n'y a pas de référence qui est faite à cela ici.
11 Q. Oui, il est dit : "Des tirs importants ont été ouverts sur nos forces à
12 partir de mortier de 82 millimètres, à partir de la ville de Dubrovnik qui
13 ont duré jusqu'à 14 heures 30."
14 R. Oui, à partir de la ville de Dubrovnik, oui.
15 Q. La ville ?
16 R. Oui, la ville.
17 Q. Oui, mais il y a une différence entre la ville de Dubrovnik et la
18 vieille ville de Dubrovnik. La ville de Dubrovnik est une municipalité qui
19 comporte plusieurs quartiers. Mais, dans ce document, il n'est jamais
20 question de la vieille ville de Dubrovnik, n'est-ce pas ?
21 R. La ville -- ou la ville de Dubrovnik est un concept très large qui
22 inclut le concept beaucoup plus restreint de la vieille ville de Dubrovnik.
23 L'un n'exclut pas l'autre.
24 Q. Oui, mais, dans ce document il n'est jamais mentionné qu'il y avait des
25 tirs qui émanaient de la vieille ville, et je précise la vieille ville;
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1 est-ce exact ?
2 R. Cela n'est pas dit, de façon très précise. Il est dit : depuis la ville
3 de Dubrovnik. Je ne peux pas le dire.
4 Q. Oui, mais, dans le document, il n'est jamais indiqué que dans la
5 vieille ville, il y avait des tirs qui provenaient de la vieille ville,
6 cela n'est pas indiqué. Je ne suis pas intéressé par votre point de vue et
7 votre opinion, c'est ce document qui m'intéresse. Dans ce document, il
8 n'est jamais question de la vieille ville; est-ce exact ?
9 R. L'endroit d'où venaient les tirs n'est pas indiqué, il n'est indiqué
10 nulle part d'ailleurs.
11 Q. Oui, mais, dans le document, il n'est jamais fait état de la "vieille
12 ville"; est-ce bien exact ? Il n'est jamais indiqué qu'il y avait des tirs
13 qui provenaient de la vieille ville ?
14 R. Oui, mais, vous voyez, si je devais dire cela, je réfuterais ce
15 document parce que je ne suis pas d'accord avec ce qui est indiqué dans ce
16 document, qui n'est pas précis.
17 Q. Mais cela s'est votre point de vue. Je ne vous demande pas vos
18 observations ?
19 R. Que me demandez-vous si vous ne me demandez pas quel est mon point de
20 vue ?
21 Q. Je ne vous demande pas ce que vous avez observé, je vous pose une
22 question à propos de ce document. Je vous indique que, dans ce document, il
23 n'est indiqué nulle part qu'il y a des tirs qui provenaient de la vieille
24 ville. C'est une question très simple, vous pouvez y répondre par oui ou
25 par non. Il n'est indiqué nulle part dans ce document que des tirs
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1 provenaient de la vieille ville ?
2 R. Vous me posez une question et vous voulez que je réponde, de façon
3 ambiguë, à une question illogique. Le feu a été ouvert à partir de la ville
4 de Dubrovnik. Je ne peux pas répondre par oui ou par non. La question n'est
5 pas bien posée. Je ne peux pas vous répondre et n'insistez pas.
6 Q. Si votre conseil souhaite soulever des objections, il peut le faire et
7 la Cour tranchera.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre va intervenir tout au fois
9 car, si vous demandez simplement au témoin : est-ce que les mots de "la
10 vieille ville" se trouve dans ce paragraphe ? Vous n'avez pas besoin d'une
11 réponse puisqu'ils n'y sont pas. Il vous dit que la ville de Dubrovnik
12 inclut -- englobe la vieille ville. Il n'est pas disposé à dire si ce
13 document ne fait pas référence à la vieille ville. Je ne pense pas que nous
14 puissions poursuivre cela.
15 M. WEINER : [interprétation] Il pourrait dire qu'il n'est pas question de
16 la vieille ville dans ce document.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, mais il se peut que cela soit
18 inclus dans la référence qui est faite à la ville de Dubrovnik. Il a dit il
19 y a quelques minutes de cela.
20 M. WEINER : [interprétation]
21 Q. Monsieur, j'aimerais vous demander de prendre la phrase qui commence :
22 "A partir -- ou entre 7 heures 45 et 8 heures 30 et, plus tard, entre 9
23 heures 10 et 11 heures 15, [comme interprété]." Il y a eu, à partir de
24 positions de tir de mortiers, des tirs qui ont été opérés et quoi ont été
25 opérés sur l'hôtel Libertas, sur Babin Kuk, sur Petka, sur Sustjepan. Il
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1 s'agit de cibles qui se trouvent dans la vieille ville. Il y avait
2 également l'hôtel Neptun, Nuncijat, l'hôtel Petka et Lazaret [phon]. Ce
3 sont des cibles qui sont : "A l'extérieur de la vieille ville."
4 R. Oui.
5 Q. Merci. Pas d'autres questions. Merci.
6 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que l'on
7 pourrait donner au témoin le document D62 dans un premier temps, je vous
8 prie.
9 Nouvel interrogatoire par M. Petrovic :
10 Q. [interprétation] Monsieur Pepic, pourriez-vous consulter ce document et
11 nous dire dans un premier temps qui a émis ce document et de quel type de
12 document il s'agit ?
13 R. C'est un rapport du commandant du 9e VPS envoyé au commandant du 2e
14 Groupe opérationnel. Il s'agit d'un rapport de combat régulier qui porte la
15 date du 6 décembre 1991.
16 Q. Est-ce que vous pourriez voir qui a compilé le document ? Vous
17 trouverez son nom en page 2 ?
18 R. Le capitaine de bateau de guerre, le capitaine Milan Zec.
19 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire s'il s'agit du même capitaine Zec
20 qui se trouvait à Zarkovica ?
21 R. Oui.
22 Q. Qui était à Zarkovica le 6 décembre 1991 ?
23 R. Oui, je viens de l'indiquer.
24 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demanderait que les orateurs marquent un
25 temps d'arrêt entre les questions et les réponses.
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1 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, au cours des dix
2 dernières minutes du contre-interrogatoire de mon confrère, nous avons fait
3 des références directs à ce que j'avais montré au témoin. Je vous
4 demanderais de pouvoir poursuivre. Je pense, en fait, que toutes les
5 raisons se trouvent dans ce document. Vous avez le paragraphe premier, et
6 je peux vous en donner lecture, si vous le souhaitez. Cela comporte
7 justement les réponses aux questions qui ont été posées par l'Accusation.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il s'agit du document D65, qui a été
9 montré au témoin.
10 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, on lui a montré le
11 D65. C'est tout à fait exact. C'est le D62 qu'a le témoin maintenant, et
12 cela a une incidence directe sur les questions qui ont été posées par M.
13 Weiner à propos du D65, car cela permet de préciser les questions qui ont
14 été soulevées par mon confrère. Je voudrais savoir si vous m'autorisez à
15 poser quelques questions à propos de la vieille ville, et à propos des tirs
16 en provenance de la vieille ville, dans les rapports du 9e VPS, car il y a
17 deux rapports du 9e VPS. Il y a un rapport qui est le document D65, et le
18 deuxième qui est un rapport de combat régulier, qui porte le numéro D62. Il
19 porte sur les mêmes évènements, les mêmes circonstances, et l'explication
20 se trouve dans ce document précis, le D62. Je peux vous en donner lecture
21 si vous le souhaitez, et vous verrez la pertinence de ce que j'avance.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'ai le document D62 maintenant, et ce
23 n'est pas un rapport destiné à la direction générale, et au générale
24 Simunovic. C'est un rapport qui est destiné au 2e Groupe opérationnel.
25 M. PETROVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agit d'un
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1 rapport de combat régulier du 9e VPS au 2e Groupe opérationnel pour la
2 journée du 6 décembre, qui indique les données qui coïncident avec la
3 déposition du témoin, et j'aimerais que la Chambre m'autorise à montrer ce
4 document au témoin. Je fais référence à la dernière phrase du premier
5 paragraphe de ce document.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que c'est une question qui a
7 été soulevée par la dernière partie du contre-interrogatoire, d'autant plus
8 si vous vous en tenez à la dernière phrase du premier paragraphe.
9 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Oui, je ne
10 ferais référence qu'à la dernière phrase.
11 Q. Monsieur Pepic, dans le document que vous avez, qui est le document
12 D62, pourriez-vous nous donner lecture de ce qui est dit à propos –- avez-
13 vous lu plutôt ce qui est dit à propos de l'ennemi au paragraphe premier ?
14 R. Oui.
15 Q. Dans ce rapport de combat régulier du 9e VPS, est-ce qu'il y a des
16 informations portant sur les opérations des ennemis dans la région de la
17 vieille ville ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que vous pourriez nous donner lecture de ce qui est écrit, de la
20 dernière phrase ?
21 R. Il dit» : "L'ennemi change la position du mortier, ce qui fait que le
22 feu a été ouvert depuis la secteur de Stradun, ainsi que depuis le port de
23 la vieille ville."
24 Q. Monsieur Pepic, cette information, qui est fournie par le commandant du
25 9e VPS au 2e Groupe opérationnel, est-ce que cette information correspond à
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1 ce que vous avez vu, et à ce que vous avez indiqué à la Chambre de première
2 instance ?
3 R. Oui, tout à fait.
4 M. WEINER : [interprétation] Il s'agit d'une question tout à fait
5 directive. Il ne s'agit pas du contre-interrogatoire.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous comprenez cela, Maître Petrovic.
7 M. PETROVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce n'est pas la peine de l'avoir ce
9 genre d'objection parce que je pense que vous devriez être en mesure de
10 poser vos questions en bonne et due forme.
11 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie. Ce
12 n'est plus la peine de consulter ce document, d'ailleurs, qui surpasse
13 d'explication.
14 Q. Monsieur Pepic, vous nous avez dit que vous avez parlé à l'amiral Jokic
15 dans le cadre de sa préparation pour sa défense ?
16 R. C'est exact.
17 Q. Vous avez dit à l'amiral Jokic tout ce que vous avez dit à la Chambre
18 ici aujourd'hui ?
19 R. C'est exact.
20 M. WEINER : [interprétation] Cela n'a rien avoir avec l'affaire que nous
21 traitons maintenant. Ce qui a été dit entre lui et l'amiral Jokic
22 appartient à la relation avocat client, et ce qu'il a dit aux enquêteurs
23 dans l'affaire pour l'amiral Jokic n'a aucune pertinence dans cette
24 affaire.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, ce que vous avez dit en dernier
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1 lieu est tout à fait évident. Il n'y a aucune pertinence avec notre
2 affaire, Maître Petrovic, peu importe ce qu'il a dit à l'amiral Jokic, je
3 vous demanderais de ne plus aborder cette question.
4 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
5 Q. Monsieur Pepic, est-ce que vous avez informé votre commandant supérieur
6 du 107e OAG de ce que vous aviez observé le jour où vous étiez à Zarkovica,
7 le 6 décembre 1991 ?
8 R. Oui. C'est-à-dire que j'ai obtenu mon premier commandement pour ouvrir
9 le feu à 8 heures.
10 Q. Est-ce que vous pourriez vous concentrer sur les questions que je vous
11 pose ? Je vais répéter. Est-ce que vous avez informé votre commandant
12 supérieur des évènements de Zarkovica, à savoir, est-ce que vous en avez
13 informé le commandement de la 107e OAG ?
14 R. Pour ce qui est de nos positions de tir, oui, tout à fait.
15 Q. Est-ce que le commandant du 107e OAG a présenté un rapport à son
16 commandant supérieur à propos de ce que vous lui aviez dit ?
17 R. Je suppose qu'ils l'ont fait. Ils l'ont certainement fait parce que
18 nous le voyons par la suite des évènements.
19 M. WEINER : [interprétation] Il s'agit d'une spéculation. Je suppose qu'il
20 a dit, il a certainement dit, voilà ce qui est indiqué par le témoin.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, c'est en effet une spéculation.
22 Vous pouvez lui demander s'il le sait et, de toute façon, nous avons la
23 réponse à cette question, et vous ne pouvez pas lui poser d'autres
24 questions à ce sujet.
25 Q. Avez-vous jamais informé le 2e Groupe opérationnel, ou présenté un
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1 rapport au 2e Groupe opérationnel, quelque soit d'ailleurs le sujet de
2 votre rapport ?
3 R. Non.
4 Q. Mon collègue –- mon confrère, plutôt, vous a posé une question à propos
5 des tirs qui ont été ouverts entre 6 heures et 10 heures sur la vieille
6 ville, le 6 décembre. Est-ce qu'il y a véritablement eu tirs et coups de
7 feux entre 6 heures et 10 heures sur les positions de la JNA dans la
8 région, dans le secteur dont vous parlez ?
9 R. Il semblerait qu'il y a eu des tirs tout le temps, mais cela n'a pas
10 duré aussi longtemps.
11 L'INTERPRÈTE : Les interprètes font remarquer que l'heure n'est pas très
12 précise. On ne sait pas s'il s'agit de 6 à 10 heures, ou du nombre
13 d'heures, ou de la durée.
14 M. PETROVIC : [interprétation]
15 Q. Est-ce que quelqu'un du 9e VPS vous a jamais appelé pour que vous
16 puissiez faire une déclaration, ou préciser les évènements qui se sont
17 déroulés, le 6 décembre 1991 ?
18 R. Non.
19 Q. Est-ce que vous pourriez nous répéter brièvement comment vous faites la
20 différence entre un éclair provoqué par l'explosion d'un mortier, et un
21 éclair qui sorte de la gueule d'un canon ?
22 R. L'éclair -- ou l'éclat de lumière qui sort de la gueule d'un canon
23 arrive immédiatement, lorsque l'obus a quitté le canon, alors que –- et
24 lorsque vous avez rayonnement de la lumière, le son de l'obus qui tombe est
25 beaucoup plus faible. Vous voyez seulement un éclair sans fragmentation, et
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1 sans fumée. Lorsque vous avez l'éclair qui sort d'un mortier, vous entendez
2 la fragmentation. Vous entendez la dispersion de tout ce qui compose, en
3 fait, le projectile, Ensuite, vous voyez la fumée qui suit. C'est une
4 énorme différence.
5 Q. Quelle est la pratique que vous avez pour faire la différence entre ces
6 explosions et ces détonations ou des fragmentations ?
7 R. J'étais commandant d'une batterie pendant sept ans. Pendant six ans, en
8 fait, j'étais le commandant d'une section – d'une batterie, et tous les ans
9 nous avions au moins deux exercices de tir avec une armée active. Il y
10 avait des exercices de formation, et cela incluait une batterie de 82
11 millimètres. Pendant les exercices auxquels j'ai participé lorsque j'étais
12 en mesure de commander ou d'observer, il n'y a aucun calibre que je n'ai
13 pas utilisé dans ces exercices de tir. Je sais absolument tout ce qui doit
14 être connu à ce sujet.
15 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que le
16 moment est venu de faire une pause. J'en ai encore pour cinq à dix minutes
17 de questions supplémentaires. Bien entendu, je pense que nous pouvons avoir
18 notre deuxième pause de la journée.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons reprendre à 12 heures 45.
20 --- L'audience est suspendue à 12 heures 26.
21 --- L'audience est reprise à 12 heures 48.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic.
23 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Il me rester
24 que quelques questions. Ce sera rapide.
25 Q. Monsieur Pepic, dans votre déposition au cours de ce jour, vous avez
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1 dit que le 6 décembre votre tâche consistait à fournir un soutien au
2 capitaine Kovacevic.
3 R. C'est exact.
4 Q. Il fallait que vous garantissiez un soutien d'artillerie au capitaine
5 Kovacevic avec vos canons de 130 millimètres ?
6 R. C'est exact.
7 Q. Vous deviez le rejoindre ? C'est bien cela ? C'est à lui que vous étiez
8 subordonné ?
9 R. C'est exact.
10 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à ce qu'il y ait une pause entre
11 la question et la réponse.
12 M. PETROVIC : [interprétation]
13 Q. C'est lui qui vous a confié votre mission ?
14 R. Oui.
15 Q. Vous deviez ouvrir le feu sur ordre du commandant du 3e Bataillon ?
16 R. C'est exact.
17 Q. Y a-t-il une marge de manœuvre pour votre initiative ?
18 R. Non.
19 Q. Le document D65, s'il vous plaît.
20 Monsieur Pepic, il y a un instant, vous avez vu ce document. Mon collègue
21 vous l'a montré.
22 R. C'est exact.
23 Q. Vers la fin de la première page de ce document, dans sa version en
24 B/C/S, il est dit que le commandant de cette unité du 3e Bataillon de la
25 472e Brigade a pris la décision d'attaquer Srdj pour y éliminer le danger
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1 et que personne ne l'a autorisé à mener cette action. Ce qui figure dans ce
2 rapport, est-ce que cela est conforme à ce que vous savez au sujet de cette
3 action sur Srdj ?
4 R. De toute évidence, non.
5 Q. Je vous remercie.
6 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres
7 questions.
8 Questions de la Cour :
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous nous avez dit hier dans votre
10 déposition, vous nous avez dit que vous avez reçu l'ordre de la part du
11 capitaine Kovacevic d'ouvrir le feu, et il me semble que vous avez dit la
12 première fois que c'était à 0800 heures, parce qu'on a pu identifier des
13 mortiers qui ouvraient le feu à proximité de l'hôtel Libertas et les
14 terrains de tennis à cet endroit. Vous avez dit que vous avez donné l'ordre
15 à votre batterie. Est-ce que cela veut dire que vous vous êtes servi de
16 communication par radio pour entrer en contact avec le commandant de votre
17 batterie, votre commandant adjoint qui s'y trouvait ?
18 R. C'est exact.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A partir du moment où vous avez donné
20 cet ordre ou plutôt au moment où vous l'avez fait, il n'y avait pas de feu
21 ?
22 R. C'est exact.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Appartenait-il au commandant adjoint
24 de se voir conférer le pouvoir d'ouvrir le feu de la part de son commandant
25 supérieur ?
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1 R. Il n'avait pas besoin de recevoir cette autorisation. Moi, j'étais
2 subordonné au capitaine Kovacevic. Cependant, le commandant de la batterie
3 a fait jouer son droit. Le lieutenant-colonel Stamenov a empêché que l'on
4 ouvre le feu.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Où était-il situé ?
6 R. Il se trouvait près de la position de tir.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A Cilipi, en bas. Dans le secteur de
8 Cilipi ?
9 R. C'est exact. Ma batterie se trouvait entre deux pistes, et lui, il se
10 trouvait dans le bâtiment de l'aéroport. C'est à une cinquantaine de mètres
11 à vol d'oiseau.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est le commandant de la batterie qui
13 a refusé d'accorder l'autorisation d'ouvrir le feu à chaque fois que vous
14 avez donné l'ordre de tirer, c'est bien cela ?
15 R. Non. Ce n'était pas le commandant de la batterie, c'était le commandant
16 du groupe entier. Il était à un échelon plus élevé que moi. C'était lui qui
17 a empêché que l'on ouvre le feu.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
19 R. Bienvenue.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Etes-vous en mesure de nous dire
21 combien de fois vous avez donné l'ordre de feu ce jour-là ?
22 R. Mon ordre, à 8 heures. J'ai donné l'ordre que j'ai répété au moins deux
23 fois. Par la suite, c'était tout de suite vers 9 heures, et entre 9 heures
24 et 9 heures 30, encore une fois. Cela, j'en suis certain. J'étais en
25 communication par radio avec le commandant adjoint, et je lui ai expliqué
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1 la situation. Je lui ai expliqué les pertes que nous avons essuyées. Si je
2 puis ajouter le fait aussi que j'ai bien perçu la cible de manière claire,
3 et qu'il me suffisait de deux obus pour cela.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A chaque fois, la cible c'était bien
5 cette position de mortier près de l'hôtel Libertas. C'est ce que vous êtes
6 en train de dire ?
7 R. C'est exact.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est uniquement à ces trois
9 occasions-là que vous avez donné l'ordre d'ouvrir le feu ce jour-là ?
10 R. J'en suis sûr pour ces trois là. Pour le reste, il s'agissait de
11 convaincre le commandant adjoint, c'est-à-dire, le commandement supérieur
12 pour qu'il me donne l'autorisation de le faire parce que si on m'avait
13 donné l'autorisation d'ouvrir ce feu-là, je peux affirmer, en toute
14 responsabilité, que tout ceci ne se serait pas produit. Il n'y aurait pas
15 eu de pilonnage de Dubrovnik.
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez appris, à un moment donné,
18 pour quelle raison le commandant de votre artillerie ne donnait pas
19 l'autorisation d'ouvrir le feu ?
20 R. Dans une conversation officieuse, j'ai appris que l'ordre ne venait pas
21 de lui, que c'était le commandement du 9e Secteur naval qui a donné cet
22 ordre, qu'il se tenait au courant de la situation pendant tout le temps. La
23 raison en a été qu'il craignait qu'un obus perdu ne touche la vieille
24 ville, par erreur. Tout ceci, de toute façon, n'aurait pas se produire.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le commandant du bataillon était en
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1 contact avec le commandement du 9e Secteur naval, c'est
2 cela ?
3 R. Absolument.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A chaque fois que vous avez demandé
5 l'autorisation d'ouvrir le feu, lui il entrait en contact avec le 9e
6 Secteur naval, c'est cela ?
7 R. Absolument, absolument.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Comment le faisait-il, par radio ou
9 par téléphone ? Quel moyen de transmission avait-il ?
10 R. Il avait, au moins, deux moyens. Il y avait des communications par
11 téléphone, par téléphone fixe et une communication par radio. Comme il
12 s'agissait de postes de commandement qui étaient fixes, qui étaient là
13 depuis longtemps, il y avait des communications par téléphone et c'est cela
14 qu'on utilisait en priorité. Par suite, il y avait la radio et il y avait
15 des coursiers, des hommes.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.
17 Je vous remercie d'être venu, je vous remercie de nous avoir apporté votre
18 assistance. Vous serez heureux d'apprendre que c'est la fin de votre
19 déposition. Vous êtes libre de rentrer. Je vous remercie.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Messieurs les Juges.
21 [Le témoin se retire]
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le témoin suivant.
23 M. RODIC : [interprétation] Oui.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La Défense cite son prochain témoin.
25 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, je vous prie de bien vouloir
2 lire ce qui figure sur le document qui va vous être présenté.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
4 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien, merci vous pouvez vous
6 asseoir.
7 LE TÉMOIN: PETRE HANDZIJEV [Assermenté]
8 [Le témoin répond par l'interprète]
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic.
10 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
11 Interrogatoire principal par M. Rodic :
12 Q. [interprétation] Monsieur, je vous prie de bien vouloir vous présenter,
13 nous donner votre nom et votre prénom ?
14 R. Je m'appelle Petre Handzijev.
15 Q. Pourriez-vous nous indiquer votre date et lieu de
16 naissance ?
17 R. Je suis né le 10 mars 1943 dans le village de Rakite en Grèce. C'est un
18 village que les Grecs appellent Olimpias.
19 Q. Quelle est votre appartenance ethnique ?
20 R. Je suis un Macédonien de la mer d'Egée.
21 Q. Qu'est-ce que vous avez fait comme étude ?
22 R. Tout d'abord, j'ai terminé mes études secondaires à Skopje. Ensuite, je
23 suis allé à l'académie navale, militaro-navale de Split. Ensuite, je me
24 suis spécialisé après avoir terminé mes études. J'ai encore fait une
25 spécialisation d'un niveau plus élevé des combats sous-marins, et je l'ai
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1 fait dans les années 1980.
2 Q. Etiez-vous un membre actif de la JNA ?
3 R. Oui, j'étais membre actif de la JNA, et ceci entre 1966 jusqu'à l'an
4 2000.
5 Q. A présent, quelle est votre situation professionnelle ?
6 R. À présent, je suis retraité.
7 Q. Vous avez été retraité avec quel grade ?
8 R. Avec le grade de capitaine de vaisseau.
9 Q. Puisqu'il s'agissait d'un grade de la marine, pourriez-vous nous donner
10 l'équivalent dans l'armée de terre ou l'infanterie ?
11 R. Ce serait le grade qui correspondrait au grade de colonel.
12 Q. Pendant votre carrière au sein de la JNA, pourriez-vous nous dire au
13 sein de quelles garnisons vous avez servi ?
14 R. Entre 1966 et 1980, j'étais de service dans les divisions des
15 canonnières à Lora, en Split. C'est une unité spéciale qui assurait la
16 sécurité du maréchal Tito à Brioni.
17 Q. Après cela, qu'est-ce que vous avez fait, quelle était votre
18 affectation ?
19 R. Après 1978, j'ai été muté au sein du 9e Secteur naval de Boka Kotorska.
20 Q. Est-ce que vous y êtes resté jusqu'à votre retraite ?
21 R. Oui.
22 Q. Pourriez-vous nous dire quelles étaient vos responsabilités au cours de
23 votre service au sein du 9e Secteur naval ?
24 R. J'étais chargé d'enseignement et pendant toute cette période-là, j'ai
25 servi dans l'enseignement.
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1 Q. De quelle unité dépend ce département ?
2 R. Du commandement du 9e VPS.
3 Q. Où se trouvait le poste de commandement du 9e Secteur
4 naval ?
5 R. Dans le bâtiment du commandement, au 2e étage.
6 Q. De quelle ville ?
7 R. Kumbor.
8 Q. En 1991, quelle était votre fonction, s'il vous plaît ?
9 R. En 1991, j'étais le chef du centre Opérationnel du commandement en
10 temps de paix. Je faisais aussi partie de l'équipe chargée de permanence
11 professionnelle.
12 Q. Cette permanence, l'exécutait-on au sein du centre Opérationnel du
13 commandement du 9e Secteur naval de Kumbor ?
14 R. Oui.
15 Q. Pourriez-vous nous dire ce qui se trouve au centre Opérationnel du 9e
16 VPS de Kumbor ? Le centre Opérationnel consiste en quoi exactement ?
17 R. Vous y avez une salle des opérations, ensuite une salle des
18 transmissions où l'on chiffre les messages, ensuite un poste d'observation,
19 c'est à partir de cet endroit-là que l'on observe la situation. Ensuite,
20 vous avez aussi un poste d'observation aérienne de guidage et
21 d'information.
22 Q. Pourriez-vous nous dire quels étaient les officiers qui travaillaient
23 au sein de ce centre Opérationnel, en 1991 ?
24 R. En 1991, le tour de garde était renforcé au niveau du centre
25 Opérationnel, ceci à cause des missions militaires et des tâches qui nous
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1 ont été confiées. Il y avait deux autres éléments administratifs qui
2 travaillaient, un qui était chargé des opérations, et l'autre qui était
3 chargé des arrières.
4 Q. Pouvez-vous nous dire ce que l'on peut trouver dans les locaux du
5 centre Opérationnel du 9e VPS de Kumbor ?
6 R. Dans ces locaux, on peut trouver le bureau de permanence, c'est un
7 standard, ensuite le système informatique STINA qui a un lien direct avec
8 les radars, ensuite vous avez le Falcon qui suit les radars et ensuite, des
9 engins qui servent à observer la situation sur la surface et les cibles
10 aériennes.
11 Q. Dans les centres Opérationnels vous avez un bureau avec le standard,
12 n'est-ce pas, avec différents numéros, différentes liaisons téléphoniques ?
13 R. Oui. A cause de la situation, c'était le seul standard dont nous
14 disposions, puisque les communications par fils terrestres avec la Croatie
15 étaient coupées, c'était le seul standard par le biais duquel on pouvait
16 entrer en communication avec les unités en Croatie.
17 Q. Est-ce qu'il y avait aussi un département dans le centre Opérationnel
18 où il y avait une liaison par la radio ?
19 R. Oui. Depuis ce département, on était en contact permanent par la radio,
20 cette liaison servait à secourir les navires dans la mer et à intervenir
21 dans des situations d'urgence.
22 Q. De quelle façon pouvait-on établir un contact avec les unités en
23 Croatie, avec les postes de commandement avancés de Kupari, et avec
24 Trebinje ?
25 R. Il fallait passer par nous, c'était la seule façon. Il fallait qu'ils
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1 nous appellent et nous, en tant que centrale téléphonique, on établissait
2 le contact.
3 Q. Quand vous dites "par nous", vous parlez de qui
4 exactement ?
5 R. Par ce standard qui servait de centrale téléphonique, à partir du
6 moment où on nous appelait, par exemple, une unité se trouvant sur un poste
7 de commandement avancé, qui voulait rentrer en contact avec une autre unité
8 ailleurs, il fallait qu'il passe par nous pour que l'on le mette en
9 contact.
10 Q. Ceci n'était possible qu'en passant par votre centre Opérationnel ?
11 R. Oui.
12 Q. Dans le sens inverse, est-ce que le poste de commandement avancé de
13 Kupari pouvait rentrer en contact direct avec les unités en Croatie ou,
14 plus précisément, avec Trebinje ?
15 R. Non, non. Il fallait qu'il passe par nous.
16 Q. Pourriez-vous nous dire de quelle façon pouvait-on établir le contact
17 entre le poste de commandement avancé de Kupari et le commandement du
18 Groupe opérationnel de Trebinje ? Comment faisait-on cela ?
19 R. Il nous appelait et on les mettait en attente. Ensuite, nous, on
20 appelait le centre des Opérations de Trebinje, et on les mettait en
21 communication.
22 Q. Est-ce que, de la même façon, on pouvait établir cette communication si
23 c'était Trebinje qui appelait et qui voulait s'entretenir avec le poste de
24 commandement avancé de Kupari ?
25 R. Oui.
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1 Q. Est-ce que depuis Kupari on pouvait appeler directement Belgrade ?
2 R. Non, il fallait qu'il passe par nous.
3 Q. J'imagine que, dans le sens inverse, la procédure était la même ?
4 R. Oui.
5 Q. Avant tout, je suis intéressé par la période du mois d'octobre,
6 novembre et décembre 1991. Est-ce que, pendant toute cette période-là, vous
7 étiez à Kumbor ?
8 R. Oui, pendant toute cette période-là, en effet.
9 Q. Pourriez-vous me dire quelles étaient les activités qui existaient au
10 centre du Commandement du VPS à Kumbor, puisqu'à l'époque, vous aviez un
11 poste de commandement avancé à Kupari ?
12 R. Hormis ces missions de fonds, où il s'agissait d'observer la situation
13 dans l'air et sur la surface et de suivre et observer les activités des
14 Unités de la zone de responsabilité du VPS, qui n'agissait pas directement
15 dans les combats -- qui ne participaient pas directement aux combats, nous
16 avions toute une série de missions qui sont devenues des missions de fonds
17 avec le temps, à savoir, d'accueillir les unités venant de Croatie que l'on
18 était en train de transférer les unités, les éléments, les hommes,
19 l'équipement et l'armement, ainsi que leurs familles et leurs biens
20 personnels.
21 C'était une mission fondamentale qui était accompagnée d'une autre mission,
22 secondaire en quelque sorte, puisque ce centre des Opérations est devenu un
23 centre des Informations car il y avait beaucoup de soldats dans les
24 casernes en Croatie. Vous avez des centaines d'appel par jour. Les mères de
25 ces soldats nous appelaient pour recevoir des informations, pour avoir des
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1 nouvelles. Ceci peut vous sembler une tâche banale, mais j'y accordais
2 beaucoup d'importance. J'ai pratiquement réussi à rentrer en contact avec
3 chaque soldat et établir ces contacts téléphoniques avec leurs familles.
4 Q. Les transferts des unités, appartenant au Secteur naval qui était
5 stationné en Croatie et qu'il s'agissait de transférer, est-ce que cette
6 mission était une mission permanente qui s'inscrivait dans la durée ?
7 R. Oui. C'était une mission qui s'inscrivait dans la durée, et nous étions
8 les coordinateurs de cette mission. Il s'agissait de suivre la situation,
9 de trouver les bateaux, de les localiser, et de les accueillir.
10 Q. Est-ce que des problèmes d'hébergement de ces unités se sont posés, ces
11 unités, leurs équipements, armes, familles, officiers ?
12 R. Oui, ceci posait d'énormes problèmes. C'était une situation de chaos
13 généralisé.
14 Q. Comment ressentiez-vous tout cela ? Comment viviez-vous personnellement
15 cette situation au cours de l'année 1991 pendant que tout cela s'est passé,
16 s'est produit ?
17 R. Pour moi, personnellement, c'était une situation extrêmement difficile.
18 En tant qu'homme, j'étais complètement coincé; je devais respecter d'une
19 part le serment que j'ai prêté. J'étais un officier de carrière, mais il
20 fallait que j'accomplisse ma mission en respectant la constitution, mais,
21 en même temps, j'avais une famille en Macédoine. Ils se plaignaient. Ils me
22 demandaient de rentrer chez moi, de retourner chez moi. Même j'avais des
23 amis qui étaient croates, puisque ma femme est d'origine croate, ils me
24 conseillaient aussi de quitter l'armée et de me rendre dans un lieu sûr.
25 Ils m'ont dit qu'ils allaient me trouver une place sur un navire de
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1 commerce. Personnellement, j'étais dans une situation plus que délicate.
2 Q. Dans le centre Opérationnel du VPS de Kumbor, tenait-on un journal de
3 bord ?
4 R. Oui, nous avions un journal des opérations et aussi un plan de travail
5 quotidien ou une carte quotidienne, une carte de travail. On y inscrivait
6 toutes les activités, tous les mouvements des troupes, et cetera.
7 Q. Pourriez-vous nous dire ce que l'on inscrivait dans ce journal de
8 guerre, journal des opérations sur ce poste de commandement en tant de paix
9 se trouvant à Kumbor ?
10 R. Je vous ai dit que toutes les activités du jour, tous les ordres reçus,
11 des protestations, on prenait acte des protestations. C'est à peu près
12 cela. Tout ce qui se produisait au cours d'une journée était consigné dans
13 ce journal.
14 Q. Dites-moi : savez-vous si, au niveau du centre des Opérations du 9e VPS
15 à Kupari, a-t-on tenu un journal des opérations semblable à celui que vous
16 aviez ?
17 R. Oui, de la même façon que nous. Vous savez, c'est une règle qui est
18 inscrite dans le règlement de l'armée et dans notre façon de travailler. Il
19 est d'usage de tenir un journal de bord et une carte de travail.
20 Q. Merci. Savez-vous quels étaient les officiers opérationnels qui
21 travaillaient au niveau du poste de commandement avancé du 9e VPS à Kupari
22 ?
23 R. Je ne sais pas. Il y avait le capitaine de navire, Kozaric. Il y avait
24 également le capitaine de navire, Dzelebdjic. Je pense qu'il était
25 capitaine de corvette. Je ne me souviens pas du grade qu'il avait. Il y
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1 avait également des officiers qui venaient de Belgrade, mais je ne les
2 connaissais pas.
3 Q. Très bien. Pourriez-vous me dire si vous n'avez jamais travaillé au
4 centre Opérationnel du poste de commandement avancé de Kupari ?
5 R. Oui, j'y suis allé en 1992, à partir 1992. Je ne sais pas si c'était en
6 février ou un autre mois, mais c'est l'année à laquelle j'y suis allé.
7 Q. Très bien. Connaissiez-vous les activités du 9e VPS, activités menées à
8 bien le 6 décembre 1991 ? Connaissez-vous ces activités dans la région de
9 Dubrovnik ?
10 R. Oui, je sais ce qui s'est passé. Je ne sais pas si c'était à 9 heures
11 ou à 10 heurs; de toute façon c'était le matin. Nous savons qu'il y avait
12 des activités qui se déroulaient là et nos forces avaient essuyé des
13 pertes, des pertes assez considérables. C'est ce qu'on nous a dit à ce
14 moment-là.
15 Q. Ce jour-là, le 6 décembre 1991, étiez-vous de permanence au centre
16 Opérationnel de Kumbor ?
17 R. Oui, j'y étais tout le temps.
18 Q. Ce jour-là, le 6 décembre 1991 à Kumbor, avez-vous eu des contacts avec
19 Dubrovnik à propos de cette situation ?
20 R. Autant que je m'en souvienne, à un moment donné, j'ai entendu une
21 partie d'une conversation suivant laquelle le ministre Rudolf avait, en
22 fait, c'est une conversation qu'il avait, mais je ne sais pas avec qui il
23 avait exactement cette conversation. J'ai juste entendu cette partie de la
24 conversation. Il était en train de se plaindre. Il présentait des
25 protestations à propos de forces qui se trouvaient sur Srdj. Ils avaient vu
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1 un drapeau avec une étoile à cinq branches. Il avait dit qu'il y avait des
2 fusils qui étaient pointés contre eux, dirigés contre eux. Il a dit : "J'ai
3 vu, personnellement, des fusils qui étaient braqués contre nous et la
4 panique s'est emparée de la population." C'est ce qu'il a dit. Je pense
5 qu'il y avait d'autres feux, qu'il y avait également d'autres victimes
6 parmi eux. C'est ce que j'ai entendu. Je me souviens de cette partie de la
7 conversation. C'est resté gravé dans ma mémoire.
8 Q. Vous vous souvenez peut-être de l'heure à laquelle vous avez entendu
9 ces fragments de conversation ?
10 R. Comme je vous l'ai dit, 9 heures, 10 heures ou peut-être même jusqu'à
11 midi. Je ne peux pas vous dire exactement. C'était en tout cas pendant
12 cette période de temps, jusqu'à midi grosso modo.
13 Q. Ce jour-là, est-ce que d'autres appels ont été reçus au centre
14 Opérationnel de Kumbor, d'autres appels qui auraient eu trait à la
15 situation à Dubrovnik ?
16 R. Oui. Il y a un appel qui m'a surpris, qui m'a véritablement beaucoup
17 surpris et qui m'intriguait également. Car le général Kadijevic a appelé et
18 a demandé à parler à l'amiral Jokic. Je l'ai trouvé. Je ne sais plus
19 exactement, mais quoi qu'il en soit je l'ai trouvé. Je l'ai trouvé par le
20 poste de commandement avancé. Je lui ai donné l'appel. A ce moment-là, j'ai
21 entendu une partie de la conversation avec Kadijevic.
22 Q. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez entendu ?
23 R. Je ne peux pas citer. Je peux vous transmettre le sens de ce que j'ai
24 entendu. Je ne peux pas me souvenir des mots exacts. Kadijevic a demandé à
25 Jokic, je ne sais pas quelle était la relation entre ces deux personnes,
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1 mais il a dit : "Qu'est-ce que vous
2 faites ?" soit au singulier, soit au pluriel, d'ailleurs, "Qu'est-ce que
3 vous faites ? Est-ce que vous savez ce que vous m'avez promis lorsque vous
4 m'avez demandé à être envoyé là ?" Autant que je m'en souvienne, Jokic a
5 dit, de façon d'ailleurs un peu embrouillée, qu'il se contentait
6 d'organiser un mouvement tactique des unités afin de rectifier le
7 déploiement tactique du 9e VPS. Voilà ce dont il s'agissait. A ce moment-
8 là, Kadijevic a répondu et a dit : "Ici, nous sommes en train de faire tous
9 les efforts possibles pour renverser Tudjman. Vous êtes en train de mener à
10 bien ou d'effectuer un mouvement tactique d'ordre secondaire." Voilà la
11 partie de la conversation que j'ai entendue. Ce n'est pas une citation
12 directe, mais c'était en tout cas le sens de leur conversation.
13 Q. Est-ce que vous l'avez entendu vous-même ?
14 R. Oui, je l'ai entendu moi-même. Je tenais le combiné. J'ai entendu la
15 conversation. En tout cas, j'ai entendu cette partie de la conversation, je
16 ne sais pas pourquoi.
17 Q. Vous souvenez-vous à quelle heure cette conversation a eu lieu le 6
18 décembre 1991 ?
19 R. Le matin également avant midi, je ne sais pas si c'était à 10 heures ou
20 à 11 heures ou un peu plus tard. De toute façon, cela s'est passé avant
21 midi.
22 Q. Savez-vous où se trouvait votre commandant, l'amiral Jokic, le 6
23 décembre 1991 ?
24 R. Je sais qu'il a été tout le temps à Kupari ou à Cavtat. Après, je sais
25 qu'il était censé se rendre à Belgrade. Ce même jour-là, l'après-midi, je
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1 ne sais pas à quelle heure exactement, il a pris un hélicoptère de Cilipi
2 pour se rendre à Belgrade.
3 Q. Vous souvenez-vous si quelqu'un du 2e Groupe opérationnel a appelé le
4 centre Opérationnel à Kumbor, ce jour-là ?
5 R. Autant que je m'en souvienne, non je ne le pense pas. Bien que de temps
6 à autre je sortais pendant quelques minutes, parce que ce jour là, et cela
7 je m'en souviens parfaitement bien, c'était très caractéristique, il y
8 avait de nombreuses familles qui venaient et qui posaient des questions à
9 propos de leurs biens, parce que la veille, un navire avait sombré. Je sais
10 que certaines des femmes se sont évanouies parce qu'elles avaient tous
11 leurs biens sur ce navire, notamment, leur voiture et tout, tous leurs
12 biens. Elles m'appelaient, elles m'appelaient près de la porte principale
13 pour que je puisse expliquer à ces personnes ce qu'il était advenu au
14 navire et à leurs biens.
15 Q. Est-ce que vous pourriez me dire si le centre Opérationnel du 9e VPS à
16 Kumbor a eu des contacts pendant cette période avec le commandant du
17 district naval militaire ?
18 R. Vous voulez dire ce jour-là précisément, quel jour pendant cette
19 période de temps ?
20 R. Oui, ils ont eu des contacts fréquents.
21 M. RODIC : [interprétation] Je m'excuse. Je n'ai pas branché mon micro.
22 Q. Ce que je voulais vous demander, c'est si, pendant la période comprise
23 entre octobre et décembre 1991, il y a eu des contacts pris entre le centre
24 Opérationnel du 9e VPS à Kumbor, et le commandement du district naval
25 militaire ?
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1 R. Oui. Ils ont eu des contacts. Il y a eu des communications, des
2 transmissions.
3 Q. Quelle était, en termes militaires, en termes navals, la relation entre
4 le 9e VPS et le district naval militaire ?
5 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Ce n'est
6 pas une question à propos de laquelle le témoin peut témoigner.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous verrons bien.
8 M. RODIC : [interprétation]
9 Q. Vous m'avez entendu ?
10 R. Oui, je vous ai entendu. Nous étions subordonnés au district naval
11 militaire.
12 Q. Est-ce qu'il y avait d'autres commandements subordonnés au commandement
13 du district naval militaire ?
14 R. Je ne comprends pas votre question. Je m'excuse.
15 Q. Hormis le commandement du 9e Secteur naval militaire, est-ce que le
16 district naval militaire avait d'autres commandements qui leur étaient
17 subordonnés ?
18 R. Il avait la flotte.
19 Q. Très bien. Est-ce qu'il y avait d'autres commandements ?
20 R. Non, je ne pense pas, pas pendant cette période de temps. C'était nous
21 et la flotte, en fait.
22 Q. Est-ce qu'il y avait d'autres secteurs militaires navals au sein du
23 district naval militaire ?
24 R. Oui. Il y avait le 8e, et le secteur de Pula. Il se peut qu'il fût
25 encore là, mais il avait déjà, en fait, été abandonné. Je ne l'ai
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1 comptabilisé pas comme étant placé sous le commandement du district naval
2 militaire. Ces deux secteurs militaires ne nous appartenaient plus, en
3 fait.
4 Q. Très bien. Pendant cette période de temps - et j'entends par cela la
5 période comprise entre octobre et décembre 1991 - est-ce que vous avez reçu
6 des ordres du commandant du district naval militaire ?
7 R. Vous voulez dire jusqu'au mois de décembre ? Je pense que nous avons
8 reçu un ordre à propos du réemplacement [sic] attribué aux unités, si je ne
9 m'abuse.
10 Q. Est-ce que vous avez eu des communications régulières, quotidiennes,
11 avec le commandement du district naval militaire ?
12 R. Oui, quasiment quotidiennement. Il y avait un hélicoptère qui se
13 rendait à Vis fréquemment. Je pense que c'est là que se trouvait le
14 commandement. Il se trouvait sur l'île de Vis.
15 Q. Où se trouvait si non le commandement du district naval militaire ?
16 R. Normalement, c'était à Split, mais là, cela avait été déplacé sur l'île
17 de Vis.
18 Q. Pour ce qui est de l'exécution des ordres, est-ce que vous envoyez des
19 informations régulières à votre commandant supérieur du 9e district naval
20 militaire ? En fait, je me reprends –- j'entends, au commandement supérieur
21 du district naval militaire ?
22 R. Oui, c'était le poste de commandement avancé. Nous étions là en
23 transit. Nous ne traitions pas ce genre de chose. Le commandement principal
24 se trouvait au poste de commandement avancé.
25 Q. Est-ce que vous pourriez nous indiquer où se trouvait ce poste de
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1 commandement avancé ?
2 R. Le poste de commandement avancé se trouvait à Kupari.
3 M. RODIC : [interprétation] Merci. Je souhaiterais que l'on puisse montrer
4 au témoin la pièce D96.
5 Q. Monsieur Handzijev, est-ce que vous pourriez consulter le document ?
6 Est-ce que vous voyez ce dont il s'agit ?
7 R. Il s'agit du journal de guerre du centre Opérationnel du
8 9e VPS, au poste de commandement avancé.
9 Q. Est-ce que vous pourriez prendre, s'il vous plaît, la page 66 ? Dans le
10 coin supérieur à droite, vous trouverez la numérotation des pages. Est-ce
11 que vous avez trouvé ladite page ?
12 R. Oui.
13 Q. Si vous considérez la colonne de gauche, vous voyez que vous avez les
14 heures. Ce qui m'intéresse plus particulièrement, c'est ce qui correspond à
15 l'horaire de 19 heures 40.
16 R. Oui.
17 Q. C'est un message de la cellule de Crise de Dubrovnik, destiné au
18 commandant du VPS Boka. Il lui demande de confirmer le passage, sans
19 encombre, du navire Argos II, et ce, pour les pourparlers qui étaient
20 prévus le lendemain à 10 heures à Cavtat. C'est signé, la cellule de Crise
21 de Dubrovnik.
22 R. Oui.
23 Q. Voyez ce qui correspond à 19 heures 42, à savoir, deux minutes plus
24 tard. Là, vous avez le commandement du Secteur naval militaire de Boka qui
25 envoie un message à la cellule de Crise à Dubrovnik, nous permettant et
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1 garantissant le passage, sans encombre, du navire Argos II le 6 décembre
2 1991, pour l'itinéraire port de Dubrovnik, port de Cavtat, port de
3 Dubrovnik, et ce, à partir de 9 heures jusqu'au moment où le navire
4 arrivera au port de Dubrovnik. Vous le voyez ?
5 R. Oui.
6 Q. Maintenant, prenez la colonne de droite, qui est intitulé "Remarques".
7 Là, vous voyez qu'il est indiqué : "Transmis au capitaine de frégate,
8 Handzijev." Vous souvenez-vous, bien que je sache que beaucoup de temps
9 s'est écoulé depuis, mais vous souvenez-vous d'avoir reçu ce message ?
10 R. Il s'agit d'un message standard. Je ne peux pas véritablement vous dire
11 que je me souvienne précisément de ce message, mais en règle général, je me
12 souviens de ce qui s'est passé. Il s'agit d'une procédure standard. Nous
13 avons peut-être eu des centaines de messages de ce type.
14 Q. Très bien. Ce qui m'intéresse, c'est cela : lorsque vous prenez la
15 teneur du message de 19 heures 42, et vous voyez que cela vient du secteur
16 militaire de Boka, ce message qui est envoyé à la cellule de Crise de
17 Dubrovnik, et cela était envoyé par le poste de commandement avancé de
18 Kupari, est-ce que ce message vous a été transmis, ou plutôt, au centre
19 Opérationnel de Kumbor, pour que vous transmettiez ce message ?
20 Mme SOMERS : [interprétation] –- ne pourrait pas rappeler.
21 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai compris qu'il avait
22 dit qu'il ne se souvenait pas de ce message précis, mais c'est une question
23 de technique d'envoi de message et de procédure. Je voulais juste savoir
24 comment est-ce que le message aurait été transmis le long de la filière ?
25 S'il est en mesure de le dire, bien sûr.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il a dit qu'il ne s'en souvenait pas,
2 qu'il n'avait aucun souvenir de cela.
3 M. RODIC : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président.
4 Je vais poursuivre.
5 Je ne sais pas, en fait, si le moment est venu de lever l'audience
6 d'aujourd'hui, mais quoi qu'il en soit, je terminerais peu de temps après
7 le début de l'audience demain.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons maintenant
9 lever l'audience, et nous reprendrons demain à 9 heures.
10 J'aimerais vous demander de revenir demain matin, nous reprendrons
11 l'audience demain à 9 heures.
12 Je vous remercie.
13 --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le vendredi 9 juillet
14 2004, à 9 heures 00.
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