Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

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1 Le vendredi 9 juillet 2004

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Madame Somers, apparemment,

6 vous avez une question à soulever.

7 Mme SOMERS : [interprétation] Oui, effectivement, Monsieur le Président. Il

8 s'agit plutôt d'une question de procédure. Ceci influe sur la façon dont

9 nous procédons.

10 Au début de la présentation des moyens de preuve de la Défense. Le

11 Procureur a informé les Juges du fait que nous recevons des informations,

12 de façon excessivement tardive. Parfois, il s'agit des informations qui

13 nous parviennent à minuit la veille de l'audience. C'était justement le cas

14 hier. Je ne sais pas vraiment comment résoudre ce problème. Je sais que la

15 Défense aussi éprouve des problèmes et qu'ils ont beaucoup de travail. Ils

16 sont vraiment sous pression. Nous communiquons régulièrement avec la

17 Défense et, souvent, ils nous disent : voici les informations que nous

18 avons à présent. Nous n'avons pas encore discuté avec le témoin, mais nous

19 allons vous informer si des nouveaux points se présentent. A cause de cela,

20 il nous est extrêmement difficile de nous préparer pour le contre-

21 interrogatoire. J'ai déjà dit que, parfois, je pourrais éventuellement

22 demander que notre contre-interrogatoire se poursuive plus tard pour nous

23 permettre de nous préparer. C'était le cas, par exemple, avec les témoins

24 d'hier. Cela s'est présenté à de maintes reprises. C'est un problème qui,

25 de toute façon, nous gêne nous dans notre préparation de contre-

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1 interrogatoire.

2 Ensuite, le deuxième point. Si vous voulez, je peux faire une pause ou, si

3 vous voulez, je peux d'emblée vous le présenter.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y, dites-nous tout.

5 Mme SOMERS : [interprétation] Le témoin, qui témoigne à présent, la teneur

6 de sa déposition a fait l'objet en partie et de façon tout à fait marginale

7 de la déposition de l'amiral Jokic. On ne lui a pas posé de questions

8 précises au sujet de ce coup de fil dont il a parlé hier. Nous pensons que

9 là, à nouveau, il s'agit de la violation de l'Article 90(H). Ceci arrive de

10 façon régulière en l'espèce. Je pense que c'est extrêmement important de

11 respecter cette règle. Je voudrais savoir à quel moment a-t-on fait

12 référence à cet entretien téléphonique qui se serait produit avec le

13 général Kadijevic le 6 décembre puisque, apparemment, aujourd'hui, c'est

14 quelque chose qui est inscrit au compte rendu d'audience et qui fait partie

15 de sa déposition. Je voudrais savoir à quel moment on a confronté l'amiral

16 Jokic avec cette information. C'est l'objection que nous soulevons. Je

17 pense que les Juges devraient s'en enquérir. J'ai oublié de vous dire que

18 cela s'est produit le 14 avril. J'ai le document qui le corrobore.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En ce qui concerne la deuxième

20 question soulevée, peut-être est-ce que vous nous demandez de faire quelque

21 chose à ce sujet ou est-ce que vous faites une constatation ?

22 Mme SOMERS : [interprétation] Après la déposition du témoin à venir, pas le

23 témoin qui témoigne actuellement, mais le témoin à venir, je dois vous dire

24 que nous aurons probablement besoin de procéder à notre contre-

25 interrogatoire plus tard pour pouvoir nous préparer. Je dois vous dire que

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1 nous sommes extrêmement préoccupés par le fait que ceci s'est produit de

2 façon régulière. Ces informations, nous les recevons systématiquement de

3 façon tardive.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez dire quoi

5 que ce soit, Maître Petrovic ?

6 M. PETROVIC : [interprétation] Tout d'abord, Monsieur le Président, je dois

7 dire que ce que vient de dire mon éminente collègue est, malheureusement,

8 vrai. Je dois vous donner la raison pour cela. C'est à cause des

9 circonstances, dans lesquelles nous préparons nos témoins, qui font que

10 nous ne pouvons pas communiquer les informations à la partie adverse

11 différemment. Nous faisons tout ce qui est dans notre possible pour le

12 faire.

13 Nous comprenons parfaitement bien les problèmes du Procureur, mais,

14 malheureusement, nous avons des problèmes bien plus importants que cela.

15 Nous faisons tout ce que nous pouvons pour communiquer le plus

16 d'informations possible. Nous travaillons sans arrêt, et dès que nous

17 disposons d'un nouvel élément d'information, nous le communiquons

18 immédiatement au Procureur.

19 Hier, effectivement, nous l'avons fait à 9 heures. Vous savez, nous avons

20 discuté avec le témoin jusqu'à 1 heure du matin, alors que la préparation

21 du témoin a commencé à 4 heures de l'après-midi. Nous faisons tout ce que

22 nous pouvons. Là, il s'agit des obstacles objectifs. J'espère que nous

23 allons parvenir à les surmonter, mais je ne saurais vous le promettre.

24 Peut-être que les problèmes seront moindres à cause du simple fait que la

25 plupart des témoins de fait ont été déjà cités à la barre et qu'il n'y a

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1 pas eu vraiment de problème majeur qui se soit posé.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Petrovic.

3 L'INTERPRÈTE : L'interprète dit que la correction a commencé à 9 heures le

4 soir et a terminé à 1 heure du matin.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette dernière correction de

6 l'interprète qui a indiqué que ceci a commencé à 9 heures du soir, nous

7 démontre à quel point vous avez été en retard dans la préparation des

8 témoins. Vous ne pouvez pas commencer la préparation du témoin la nuit

9 avant. Là, ce n'est pas un problème avec un seul témoin. Apparemment, c'est

10 un modèle de conduite avec tous vos témoins. Nous allons devoir faire ce

11 que nous pouvons pour être juste avec les deux côtés.

12 A présent, je vous demande de bien vouloir faire entrer le témoin.

13 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir. Je voudrais

15 vous rappeler de la déclaration que vous avez faite hier et qui est

16 toujours de vigueur.

17 LE TÉMOIN: PETRE HANDZIJEV [Reprise]

18 [Le témoin répond par l'interprète]

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic.

20 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

21 Interrogatoire principal par M. Rodic : [Suite]

22 Q. [interprétation] Je vais demander que l'on présente au témoin la pièce

23 D96.

24 Bonjour, Monsieur Handzijev. Nous allons continuer l'interrogatoire que

25 nous avons commencé hier. Vous avez déjà vu ce document. Je vais vous

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1 demander d'examiner la page 70 de ce document. S'il vous plaît,

2 pourriez-vous regarder ce qui figure à 13 heures

3 49 ? La colonne du temps indique 13 heures 49. Regardez ce qui est écrit

4 par rapport à cette heure-là.

5 R. Oui.

6 Q. L'avez-vous lu ?

7 R. Oui.

8 Q. Pourriez-vous nous dire, puisqu'il est écrit ici qu'on a ordonné au

9 capitaine de frégate, Handzijev, d'appeler Bileca et Trebinje, et

10 d'ordonner au capitaine Kovacevic de se rendre immédiatement au poste de

11 commandement avancé du commandement du Secteur naval ?

12 Mme SOMERS : [interprétation] Je ne sais pas si le conseil a lu le

13 capitaine Kovacevic, mais ce qui est écrit ici, c'est le colonel Kovacevic.

14 M. RODIC : [interprétation] J'ai dit le colonel Kovacevic. Ceci a été mal

15 consigné au compte rendu d'audience.

16 Q. Monsieur Handzijev, pourriez-vous nous dire si cet ordre vous a été,

17 effectivement, donné ?

18 R. Sans doute que oui. Effectivement, je ne m'en souviens pas avec

19 précision, parce que pour moi, il s'agit d'un ordre mineur. C'est même fort

20 probable que mon adjoint s'en soit acquitté. Jamais l'ordre n'avait été

21 respecté; un autre ordre nous aurait été donné.

22 Q. Merci.

23 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de

24 questions à poser dans le cadre de mon interrogatoire principal.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Rodic.

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1 Madame Somers.

2 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

3 Contre-interrogatoire par Mme Somers :

4 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Handzijev.

5 R. Bonjour.

6 Q. Qui était le chef d'état-major au mois de septembre 1991 au sein du 9e

7 Secteur naval ?

8 R. Pour autant que je sache, l'amiral Zec.

9 Q. Jusqu'à peu près 20 septembre 1991, pourriez-vous nous dire qui était

10 le chef d'état-major du 9e Secteur naval ?

11 R. Si mes souvenirs sont bons, c'était l'amiral Zec.

12 Q. Qui était le prédécesseur de l'amiral Zec à ce poste ?

13 R. Pendant une certaine période, c'était le capitaine de vaisseau Milisic,

14 un gars venu de Split.

15 Q. Quel était le nom déjà puisque je n'ai pas reçu de traduction ?

16 Pourriez-vous le répéter, s'il vous plaît ?

17 R. Je pense que c'était Ivo Milisic.

18 Q. Pourriez-vous réfléchir à cela un instant. Vous avez travaillé au sein

19 du 9e VPS pendant combien de temps ? Ivo, c'est quoi, c'est prénom, son

20 nom, nom et prénom ? C'est qui déjà ? Qu'est-ce que vous avez dit déjà, Ivo

21 Milisic ? Pendant combien de temps il était chef d'état-major ?

22 R. Je ne me souviens pas.

23 Q. A quel moment Milan Zec a pris la relève sur Ivo Milisic au poste de

24 chef d'état-major ?

25 R. Sans doute au moment où on l'a placé en détention. Là, je parle du

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1 capitaine de vaisseau Milisic.

2 Q. Au moment où il a été placé en détention. Pourquoi a-t-il été placé en

3 détention ? Qu'est-ce que vous en savez ?

4 R. Puisque j'ai été témoin à son procès et présent. J'ai assisté au procès

5 tout entier. Il a été placé en détention pour ne pas avoir respecté l'ordre

6 portant mobilisation. C'est un ordre émanant de l'amiral Kandic. Je connais

7 très bien cette affaire.

8 Q. Est-ce que c'est l'affaire 211/91 du tribunal militaire de Nis qui a

9 débuté en 1991, et la procédure en appel s'est terminée en 1992 ? Est-ce

10 que c'est bien cette affaire-là dont nous parlons ?

11 R. Non, mais je ne connais pas le numéro d'affaire. Je ne saurais me

12 rappeler de ce numéro. Vous savez, cela s'est passé il y a longtemps.

13 Q. Le capitaine Milisic, voulait-il rester au sein de la JNA vu les

14 circonstances et l'époque que vous venez de décrire ?

15 R. Je viens de vous dire que je connais très bien toutes les facettes de

16 cette affaire. Nous avons été convoqué avant que les activités ne

17 commencent et avant qu'on ne nous fasse part de la décision concernant ces

18 activités de combat. Le capitaine de vaisseau Djurisic, décédé au jour

19 d'aujourd'hui, a dit de façon décidée : "A présent, nous entrons dans une

20 salle où une décision importante va nous être communiquée. Celui qui a des

21 doutes, il vaut mieux qu'il n'entre pas. Parce qu'après être entré dans

22 cette salle, vous ne pourriez plus faire de demi-tour, des pas en arrière."

23 Justement, le capitaine de vaisseau de Milisic est entré dans cette salle.

24 Il a accepté de rester au sein de la JNA, mais je ne sais pas quelles

25 étaient ses intentions. On pourrait en discuter en revanche.

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1 Q. Quelle était son appartenance ethnique ? Là, je parle du capitaine

2 Milisic.

3 R. Il était Croate.

4 Q. Que ressentait-il au sujet de la possibilité de mobilisation générale ?

5 Vous nous avez dit comment vous vous sentiez vous, par rapport à cela. Est-

6 ce que vous savez ce qu'il ressentait puisque vous le connaissiez ?

7 R. Je le connaissais parfaitement bien puisque nous sommes en famille.

8 Nous sommes de la même famille en quelque sorte, puisque la sœur de son

9 épouse est mariée à un cousin proche de mon épouse. Nous nous fréquentions.

10 Je connaissais sa position personnelle, mais peut-être qu'il l'a caché, il

11 ne voulait pas qu'on la connaisse.

12 Q. Pourriez-vous nous dire quel était son point de vue ?

13 R. Il a dit qu'il était yougoslave, c'est ce qu'il nous disait à moi,

14 peut-être qu'il mentait, mais, comme je lui faisais entièrement confiance,

15 je ne le pensais pas, je ne pouvais pas savoir ce qu'il ressentait dans son

16 for intérieur. Il me disait qu'il était Yougoslave.

17 Q. La procédure entamée contre le capitaine Milisic qui est Croate et qui

18 était, à l'époque, chef d'état-major, est-ce que vous savez quelles étaient

19 les allégations, quels étaient les chefs d'accusation de cet acte

20 d'accusation qui le concernait ?

21 R. Au moment où il a reçu cet ordre, j'étais à un mètre de distance de

22 lui. Il a reçu, ce matin-là, cet ordre de l'amiral Kandic. J'étais dans le

23 centre Opérationnel et j'ai entendu tout ce que Kandic lui ordonnait de

24 faire, quelles étaient les unités qu'il devait mobiliser.

25 Entre temps, il s'est rendu à Trebinje et la mobilisation de ces

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1 unités n'a pas été faite. C'était surtout des Unités d'artillerie. Notre

2 commandant, qui était, à l'époque, le commandant du 9e Secteur naval, était

3 à l'hôpital. Quand il est revenu de l'hôpital vers 2 heures 30 à peu près,

4 il a appelé Kandic.

5 Q. Je vous ai demandé quels étaient les chefs d'accusation contre le

6 capitaine Milisic ?

7 R. Je ne saurais vous répondre avec précision. Sans doute était-il accusé

8 de sabotage.

9 Q. Probablement de sabotage, vous dites. Est-ce qu'il y a d'autres chefs

10 d'accusation qui vous viennent à l'esprit ?

11 R. Non.

12 Q. C'était un bon ami presqu'un membre de votre famille, n'est-ce pas ?

13 R. Oui, oui. Nous nous voyions souvent, soit chez moi, soit chez les

14 cousins de ma femme. Oui, c'est exact, oui.

15 Q. Le 20 septembre 1991, avez-vous fourni des informations aux enquêteurs

16 du tribunal militaire, en disant que vous aviez écouté l'entretien

17 téléphonique entre l'amiral Kandic et le feu commandant Djurovic ?

18 R. Oui. J'ai, moi-même, confronté Kandic et ses déclarations étaient

19 contradictoires. Il a fait cela sous serment devant le tribunal.

20 Q. Vous avez aussi déposé devant le tribunal militaire de Nis. Est-ce que

21 vous avez prêté serment avant de déposer ?

22 R. La procédure est la même dans tous les tribunaux, dans celui-ci aussi.

23 Q. Vous avez déposé au sujet de cette conversation que vous auriez entendu

24 entre deux officiers d'haut niveau et vous avec déposé à ce sujet devant le

25 tribunal militaire de Nis, c'est de cela que vous avez parlé, n'est-ce pas

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1 ?

2 R. Oui.

3 Q. Est-ce que c'est –

4 R. Oui. Oui.

5 Q. Est-ce que c'est pour cela que vous avez été officier de permanence au

6 sein du 9e VPS pour écouter des conversations ?

7 R. Je ne peux pas clairement rappeler --

8 Q. Est-ce que c'est comme cela que vous avez pu écouter ces conversations

9 ?

10 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, objection. Mme Somers

11 ne laisse pas le témoin répondre. Je voudrais lui demander de le laisser

12 répondre.

13 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Handzijev.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le témoin ne répond pas. C'est cela le

15 problème et justement le conseil ne fait que lui rappeler la question qu'il

16 a posée.

17 Continuez, Madame Somers.

18 Mme SOMERS : [interprétation]

19 Q. Pendant que vous étiez officier de permanence au sein du 9e VPS, vous

20 écoutiez les conversations téléphoniques, notamment, celle qui a eu lieu

21 entre l'amiral Kandic et le commandant Djurovic ?

22 R. Vous parlez d'Ivo Milisic ?

23 Q. Avez-vous témoigné à propos d'une conversation entre Djurovic et Kandic

24 ou une conversation entre Milisic et Kandic ?

25 Est-ce que vous vous en souvenez ?

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1 R. J'ai témoigné et j'ai écrit une déclaration préalable, à propos de la

2 conversation entre l'amiral Kandic et Milisic, et j'ai, également, témoigné

3 à propos de ce que j'ai entendu. J'ai répondu à des questions à propos de

4 ce que j'avais entendu lors de cette conversation, qui a eu lieu plus tard,

5 pendant l'après-midi entre le capitaine de navire Djurovic et Tadic. J'ai

6 répondu à toutes ces questions au tribunal.

7 Q. Vous avez fourni des éléments de preuve contre le capitaine Milisic ?

8 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse

9 d'interrompre, mais il faut savoir qu'à la page 11, ligne 10, il a été

10 écrit dans le compte rendu d'audience Tadic, alors que le nom qui avait été

11 prononcé était le nom de Kandic.

12 Mme SOMERS : [interprétation]

13 Q. Vous avez témoigné contre le capitaine Milisic et ce sur la base de

14 mots qui ont été proférés par l'amiral Kandic. Vous avez indiqué que vous

15 aviez entendu parlé l'amiral Kandic; est-ce bien exact ?

16 R. Je ne sais pas ce qu'il a dit lorsqu'il a parlé du capitaine de navire

17 Milisic ou lorsqu'il parlait au capitaine Djurovic.

18 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que la

19 dernière question pourrait être répétée car la réponse ne correspond pas

20 exactement à ce que le témoin avait dit en B/C/S. J'aimerais que ma

21 consoeur puisse répéter la question.

22 Mme SOMERS : [interprétation] Je vais répéter la question qui se trouve à

23 la page 11, ligne 17.

24 Q. Vous avez témoigné contre le capitaine Milisic sur la base de mots qui

25 ont été prononcés par l'amiral Kandic. Vous avez indiqué que vous aviez

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1 entendu parler l'amiral Kandic; est-ce bien exact ?

2 R. C'est exact. J'ai entendu l'ordre de l'amiral Kandic donné au capitaine

3 de navire Milisic parce qu'en fait, j'étais à un mètre et demi du

4 téléphone. Il faut savoir que le haut parleur était branché, tout le monde

5 dans la pièce aurait pu l'entendre.

6 Q. Tout cela, alors que vous étiez officier de permanence au sein du 9e

7 VPS; est-ce bien exact ?

8 R. Oui, vous avez raison. Je ne me souviens pas si j'étais présent, en

9 tant que chef du centre Opérationnel, ou si j'étais sur le point d'assurer

10 la relève ou si quelqu'un était sur le point d'assurer ma relève, mais ce

11 n'est pas cela l'essentiel. J'étais présent lorsque Kandic a parlé au

12 capitaine de navire Milisic. J'étais présent également lorsque Kandic a

13 téléphoné au capitaine de navire Djurovic. Cela s'est passé vers 14 heures.

14 J'ai entendu la conversation. Je m'en souviens et je me souviens des mots

15 qui ont été prononcés à l'époque.

16 Q. J'aimerais, dans un premier temps, savoir si vous avez suivi une

17 formation et un entraînement, en tant qu'officier ou en tant qu'officier du

18 centre Opérationnel ?

19 R. Pendant ma formation à l'académie, j'ai dû passer par toute une série

20 de formations, d'entraînements et d'exercices destinés aux officiers. En

21 tant qu'officier aspirant, j'ai été garde pendant un certain temps.

22 Ensuite, j'ai été commandant des gardes, et j'ai été ce que l'on appelle

23 ZIZ. Ensuite, j'ai gravi les échelons. Personnellement, lorsque j'ai assumé

24 mes fonctions, il faut savoir que nous devions avoir étudié tous les

25 documents qui régulent le service. J'entends par cela les instructions, les

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1 grands principes directeurs, tout ci ce qui est associé à nos fonctions. En

2 fait, c'est un processus permanent. Lorsque nos officiers supérieurs

3 estiment que nous sommes, véritablement, à l'hauteur de la tâche, nous

4 pouvons assurer nos fonctions sans aucune supervision ou contrôle. Je suis

5 passé par toute la procédure.

6 Q. Dans le cadre de votre formation, n'avez-vous pas appris qu'il fallait

7 respecter la confidentialité et l'intégrité des communications entre

8 officiers, notamment, lorsqu'il s'agit d'officiers qui ont un grade

9 supérieur au vôtre ?

10 R. Je pense que, lorsque vous vous trouvez dans une situation de ce style

11 -- n'oubliez pas que j'étais le chef du centre Opérationnel -- lorsque j'ai

12 été convoqué au tribunal, je ne pouvais pas répondre autrement parce que,

13 sinon, je me serais écarté des principes du tribunal, je ne les aurais pas

14 respectés parce que j'ai entendu la conversation. Il s'agissait d'une

15 conversation publique et, si le capitaine Milisic considérait qu'il

16 s'agissait d'une conversation confidentielle ou particulièrement secrète,

17 il aurait dû trouver une méthode afin de parler sans que tout le monde

18 puisse entendre ce qu'il disait. Il aurait dû juste prendre le combiné et

19 ne pas faire en sorte que cela passe par les haut-parleurs.

20 Q. Oui, mais est-ce que vous n'avez pas, tout simplement, écouté ? Vous

21 avez écouté une conversation qui ne vous était pas destinée, après tout ?

22 En fait, vous avez, tout simplement, écouté cette conversation et, ensuite,

23 vous avez relayé à d'aucun ce qui avait été dit, d'après vous, lors de

24 ladite conversation.

25 R. J'ai entendu la conversation et je n'étais pas le seul à l'avoir

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1 entendu. Les autres qui étaient là l'ont entendu également. C'était une

2 conversation publique. Toutes les personnes, qui se trouvaient dans la

3 pièce du centre Opérationnel, l'ont entendu. Lorsqu'on m'a demandé au

4 tribunal : est-ce que vous étiez présent ? J'ai dit oui. Lorsqu'on m'a

5 demandé si j'avais entendu la conversation, j'ai répondu par l'affirmative.

6 Est-ce que j'aurais dû ne pas le dire au tribunal ? Que penseriez vous de

7 moi si je commençais à mentir ici devant cette Chambre ?

8 Q. Oui, mais l'un des chefs d'accusation, qui a été dressé contre le

9 capitaine Milisic, qui était, à l'époque, chef d'état-major, a été un chef

10 d'accusation de subversion des capacités militaires, et des capacités de

11 défense et ce, conformément à l'Article 21 [comme interprété], paragraphe

12 premier, du code pénal de la RSFY et cela, à la suite des éléments de

13 preuve que vous avez fournis. Ne pensez-vous pas qu'il s'agit d'un chef

14 d'accusation plutôt grave ?

15 R. C'est le chef d'accusation le plus grave. Je ne l'ai pas accusé, je me

16 suis juste contenté de dire ce que j'avais entendu. Bien entendu, que

17 j'aurais eu beaucoup de chance si je n'avais rien entendu. Ma conscience

18 aurait été beaucoup plus claire. Que pouvais-je faire ? J'ai entendu et je

19 ne pouvais pas tenir ce secret. Bien sûr, j'aurais voulu tenir cette

20 information secrète. Cela aurait été beaucoup plus facile pour moi, et

21 toute ma famille et tous mes amis n'auraient pas eu le mépris qu'ils ont,

22 maintenant, pour moi. Voilà le genre d'homme que je suis. Je suis incapable

23 de dissimuler quoi que ce soit. Je ne garde rien secret parce que mon

24 devoir m'obligeait à le dire. Comment est-ce que les tribunaux peuvent

25 fonctionner si les gens dissimulent des informations pertinentes ?

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1 Q. Vous vous souvenez de cet incident comme s'il s'était passé

2 aujourd'hui. Vous souvenez-vous que le chef d'accusation de subversion a

3 été abandonné ? Pour ce qui est de toute communication entre l'amiral

4 Kandic et le capitaine Milisic, vous souvenez-vous de ce que le tribunal a

5 dit à cet égard ? Vous souvenez-vous que le chef d'accusation de subversion

6 n'a pas été retenu par le tribunal ?

7 R. Je n'en sais rien. Il faudrait que vous posiez cette question au

8 tribunal. Je sais qu'il a été inculpé et qu'ensuite, qu'il a reçu une peine

9 de prison de cinq ans et qu'il a été remplacé. Il a été inculpé, ce n'est

10 pas moi qui l'ai inculpé. Ce n'est pas moi qui l'ai accusé. Je ne sais pas

11 ce que pensait le tribunal. Ce n'est pas de mon ressort.

12 Q. Est-ce qu'il n'a pas été, finalement, condamné parce qu'il a désobéi un

13 ordre donné par Djurovic, et pas Kandic ? Est-ce que vous pouvez nous dire

14 pourquoi il a désobéi un ordre de l'amiral Kandic, comme vous l'avez,

15 d'ailleurs, suggéré lorsque vous avez présenté votre témoignage à ce

16 tribunal ? Est-ce que vous pouvez nous dire aussi pourquoi il y a eu

17 activité de subversion militaire ?

18 R. Je ne savais pas qu'il a refusé d'exécuter les ordres de Djurovic. Je

19 peux vous dire, en toute certitude, que c'est Kandic qui lui a donné cet

20 ordre. Je n'aime pas mentir. Je n'aime pas inventer les choses. C'est

21 Kandic qui lui a dit. En fait, je m'en souviens comme si cela avait été dit

22 hier. Je m'en souviens très, très clairement. C'est Kandic qui lui a

23 transmis cet ordre. Ce n'est qu'après que Djurovic, lorsqu'il est arrivé, a

24 été informé de cette chose. Kandic l'a appelé, lui a dit : "Djuro, est-ce

25 que vous avez exécuté mon ordre ?" Il a dit : "Mais quel ordre ?" Il a dit

Page 7617

1 : "L'ordre que j'ai donné à Ivo." Il a dit : "C'est la première fois que

2 j'en entends parler." Kandic a dit : "Ah, mais, Djuro, tu ne sais,

3 véritablement, pas ce qui se passe. Ta main droite ne sait pas ce que fait

4 ta main gauche." Voilà ce qu'il a dit exactement.

5 Q. Est-ce que vous avez respecté la décision des juges ? Est-ce que vous

6 aviez un sentiment de respect pour le système judiciaire de votre

7 institution militaire, à l'époque de la JNA ?

8 R. Bien sûr, que j'ai respecté les décisions des juges. Comment est-ce que

9 je n'aurais pas pu le faire ? C'est une question tout à fait saugrenue et

10 absurde.

11 Q. Je vais vous donner lecture et vous demander si vous vous souvenez,

12 comme je l'ai fait hier. Dans un premier temps, j'aimerais savoir : à quoi

13 correspondait le poste militaire de Kumbor 4 004 ? Qu'est-ce que cela

14 représentait comme réalité ? Où est-ce qu'il se trouvait, ce poste ?

15 R. Au commandement, avec nous. Je le pense. Je n'en suis pas sûr. Je

16 pense, en effet, que c'est cela, mais je ne me souviens pas du chiffre --

17 du numéro.

18 Q. Depuis combien de temps travailliez-vous à Kumbor, le 20 septembre 1991

19 ?

20 R. Depuis 1980.

21 Q. Vous ne vous souvenez pas que le numéro du poste fût 4 004, après y

22 avoir passé 11 ans de service ?

23 R. Ce sont, tout simplement, des chiffres, vous savez. J'ai eu des

24 nombreux postes militaires. Le numéro est, probablement, exact. Je ne suis

25 pas, véritablement, une personne qui arrive à mémoriser les numéros, vous

Page 7618

1 savez, une fois que ce virus vous pénètre dans la tête, mais c'était

2 probablement ce poste. En fait, j'avais beaucoup plus de relations avec le

3 commandement plutôt qu'avec le poste militaire. Lorsque j'écrivais des

4 ordres ou des rapports, je suppose que je les intitulais : "Commandement du

5 9e VPS." C'était cela qui était important. Je suppose que c'était notre

6 poste militaire.

7 Q. Rapport du commandement du poste militaire 4004 de Kumbor, numéro 39-

8 55-2 du 25 mars 1992, il a été établi que, dans les dix commandements, il

9 n'y a aucune trace écrite ou aucune preuve de la teneur de la conversation

10 téléphonique engagée le 20 septembre 1991 entre le témoin Mile Kandic et

11 l'accusé, l'accusé étant Ivan ou Ivo Milisic.

12 A ce sujet, le commandant de l'unité supérieure, le poste militaire 5437 de

13 Split, le témoin, Mile Kandic, a indiqué au procès qu'il n'avait pas donné

14 l'ordre à l'accusé de mobiliser les unités. Par ailleurs, le témoin, Dusko

15 Knezevic, a indiqué qu'à la fin de la conversation téléphonique avec

16 l'accusé, le témoin, Mile Kandic, a indiqué à l'accusé de mobiliser

17 d'autres unités.

18 Le témoin, Petre Handzijev, a indiqué qu'il avait entendu la conversation

19 téléphonique entre le témoin, Mile Kandic, et le témoin, Krsto Djurovic,

20 l'après-midi du 20 septembre 1991, et que le témoin, Kandic, avait demandé

21 à Djurovic si la mobilisation avait été effectuée; ce à quoi, Djurovic a

22 indiqué qu'il avait pris des mesures, mais que son ordre ne lui avait pas

23 été transmis, et que le témoin, Mile Kandic, a répondu qu'il avait émis

24 l'ordre ou qu'il avait transmis cet ordre à Ivo, ce matin-là.

25 Finalement, le témoin, Krsto Djurovic, a indiqué que vers

Page 7619

1 19 heures le 20 septembre 1991, il a téléphoné son commandant le témoin

2 Mile Kandic afin justement de voir s'il fallait véritablement mobiliser les

3 unités. Le témoin, Kandic, a répondu : "Est-ce que cet ordre ne vous a pas

4 déjà été transmis ? Est-ce qu'on ne vous a pas dit que j'avais émis l'ordre

5 de mobiliser tout le monde ?" Le témoin, Djurovic, a indiqué que, d'après

6 ce que le témoin, Mile Kandic, lui avait dit, l'accusé avait reçu un ordre

7 de mobilisation du témoin, Mile Kandic.

8 Pour ce qui est de la situation décrite par les éléments de preuve, il n'y

9 aucun élément de preuve. Le Tribunal a trouvé qu'il n'y avait pas

10 d'éléments de preuve fiables suivant lesquels le témoin, Mile Kandic, avait

11 demandé à l'accusé, Milisic, de mobiliser les unités parce que le témoin,

12 Kandic, avait indiqué, de façon absolument catégorique, qu'il n'avait pas

13 émis cet ordre à l'accusé et qu'il le savait mieux que qui quiconque. Pour

14 ce qui est du fait, il est le seul témoin direct et authentique, alors que

15 tous les autres témoins ne sont pas des témoins directs, et ont témoigné à

16 propos de ce qu'ils avaient entendu d'une conversation téléphonique entre

17 le témoin, Mile Kandic, et l'accusé. Knezevic, dans un premier temps, il

18 s'agit de la conversation téléphonique entre le témoin, Mile Kandic, et le

19 témoin, Krsto Djurovic, le témoin, Handzijev et Djurovic.

20 Au vu de la conclusion dégagée par le tribunal, à propos du fait qu'il n'y

21 a pas d'éléments de preuve suivant lesquels le témoin, Mile Kandic, a

22 ordonné à l'accusé de mobiliser les unités, il est évident que le tribunal

23 – et, ensuite, le texte continue et parle de différentes descriptions.

24 Ce qui est important, c'est qu'enfin compte, le chef d'accusation très,

25 très grave de subversion de la JNA n'a pas été retenu par le tribunal parce

Page 7620

1 que les éléments de preuve n'ont pas été apportés.

2 Il se peut que Krsto Djurovic a émis un ordre le lendemain. Apparemment,

3 cela a été fait le lendemain et non pas le jour dont vous nous avez parlé.

4 Il se peut qu'il ait désobéi à un ordre de Djurovic qui a été puni. D'après

5 le Tribunal, il n'y a jamais eu d'ordre émis par Kandic. Kandic, lui-même,

6 a comparu au tribunal et a dit que cela ne s'était jamais passé.

7 Est-ce que vous n'avez jamais présenté des excuses à Milisic pour ce que

8 vous avez fait ou pour ce que vous avez dit ?

9 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai des objections

10 par rapport à cette procédure dans le cadre du contre-interrogatoire.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Peu m'importe.

12 M. PETROVIC : Monsieur le Président --

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Petrovic.

14 M. PETROVIC : [interprétation] Si ma consoeur, bien entendu, elle a tout à

15 fait le droit de remettre en question la crédibilité du témoin si elle

16 souhaite le réfuter, en indiquant la différence entre ce qu'il a dit ici et

17 ce qu'il a dit au tribunal militaire. Il me semble que la procédure normale

18 consisterait à lui présenter la déposition qu'il a faite au tribunal

19 militaire, agissant de la sorte, telle qu'elle le fait en réfutant -- ou

20 plutôt en juxtaposant les conclusions d'un tribunal qui a eu des éléments

21 de preuve et des pièces à conviction qui lui ont été présentés, d'ailleurs.

22 Je ne sais pas quels étaient ces documents. Je pense que l'on devrait

23 montrer au témoin -- ou elle devrait montrer au témoin le compte rendu

24 d'audience. Je pense que le contre-interrogatoire devrait être mené à bien

25 sur la base de ce compte rendu d'audience. La Chambre de première instance

Page 7621

1 pourra ainsi tirer les conclusions nécessaires, alors que, si nous

2 entendons juste parler de jugement et que nous ne savons pas des raisons

3 qui ont été avancées, je ne pense pas que nous pouvons continuer de la

4 sorte.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Petrovic. En général,

6 c'est ainsi que les choses se passeraient. Dans ce cas d'espèce, le témoin

7 n'a eu aucune difficulté à indiquer quels éléments de preuve il avait

8 apportés. Il a parlé d'un chef d'accusation. Un des chefs d'accusation, le

9 chef d'accusation essentiel, se fondait sur cet élément de preuve. Je suis

10 absolument sûr que nous recevrons un exemplaire de la décision du Tribunal.

11 Cette décision a été lue au témoin. Il est absolument évident que la

12 personne, qui, d'après le témoin, a donné un ordre et a comparu devant ce

13 Tribunal pour dire qu'il n'avait pas donné cet ordre lors de cette

14 conversation. Le tribunal a accepté cet élément de preuve, et l'a préféré à

15 l'élément de preuve fourni par le témoin que nous avons ici. Je suis sûr

16 que tout cela a été établi sans aucune controverse et sans aucune

17 incertitude ou ambiguïté. Bien entendu, ce qu'en conclura ce tribunal,

18 c'est une autre question. Il me semble que les faits de base -- les faits

19 fondamentaux ne sont absolument pas en litige, ne sont absolument pas

20 réfutés. Par conséquent, il me semble qu'aucune objection valable ne puisse

21 être soulevée sous réserve, bien entendu, que nous recevions en temps voulu

22 la décision authentifiée.

23 Mme SOMERS : [interprétation]

24 Q. N'avez-vous jamais présenté vos excuses au capitaine

25 Milisic ?

Page 7622

1 R. Puis-je fournir une explication ? Puisque vous avez lu tant de

2 documents --

3 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que le témoin

4 pourrait répondre --

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous m'avez posé un certain nombre de

6 questions. Donnez-moi la possibilité de vous fournir des explications.

7 Ecoutez-moi pour changer un peu.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous demanderais juste d'écouter

9 les questions et d'y répondre. Ultérieurement, le conseil de la Défense

10 pourra vous poser d'autres questions à ce sujet. Si vous souhaitez fournir

11 de plus amples explications, c'est à ce moment-là que vous pourrez le

12 faire. Ne pensez pas que l'on vous empêche d'exprimer votre point de vue.

13 Il me semble qu'il appartiendra au conseil de la Défense de poursuivre ces

14 questions avec vous. Je vous demanderais d'avoir l'amabilité d'écouter la

15 question -- ou les questions, qui vous sont posées, et d'essayer de

16 répondre à ces questions et à rien d'autre.

17 Je vous remercie.

18 Mme SOMERS : [interprétation]

19 Q. N'avez-vous jamais présenté vos excuses au capitaine

20 Milisic ?

21 R. Je suis heureux que vous m'ayez posé cette question. Je n'ai pas

22 présenté d'excuses. Vous voyez, la justice finit toujours par être rendue

23 et par transparaître. Il y a un mois ou peut-être deux mois de cela, le

24 cousin de ma femme de Kula est venu nous voir. Il est venu à Tivat. Il est

25 venu nous voir. Il n'est pas venu me voir, personnellement, parce que

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1 j'habite avec un de mes cousins. Il a vécu avec nous pendant trois jours.

2 Q. Pourriez-vous en venir au fait ? Je vous ai posé une question. Je vous

3 ai demandé si vous n'avez jamais présenté des excuses au capitaine Milisic.

4 C'est une question très, très simple qui demande une réponse affirmative ou

5 négative.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La réponse a été donnée, la réponse a

7 été négative. Si vous voulez poser d'autres questions, poursuivez.

8 Mme SOMERS : [interprétation] Je n'en ai pas.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous en prie, poursuivez.

10 Mme SOMERS : [interprétation]

11 Q. Est-ce que vous n'avez jamais --

12 R. Laissez-moi terminer.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] – question, non.

14 Mme SOMERS : [interprétation] Merci beaucoup.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera à --

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ce que je vais dire est

17 extrêmement important parce que Milisic nous a transmis ses salutations par

18 le biais de ce cousin, il a dit : "Dites-lui que je ne suis pas fâché avec

19 lui." Il est toujours en vie, d'ailleurs, cet homme. Vous pourriez lui

20 poser la question. Il lui a dit : "Dites-lui que je ne suis absolument pas

21 fâché avec lui." Voilà, j'ai répondu à votre question.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis ravi de voir que vous avez pu

23 enfin vous exprimer à ce sujet.

24 Mme SOMERS : [interprétation]

25 Q. Merci beaucoup, Monsieur Handzijev.

Page 7624

1 R. Oui, et j'en suis extrêmement reconnaissant.

2 Q. Hier, on vous a posé des questions à propos de la subordination au

3 district militaire naval. J'aimerais demander à

4 Mme l'Huissière de vous montrer le document D44. Cette pièce à conviction

5 est une pièce à conviction que la Défense a présenté à la Chambre et

6 j'aimerais vous demander de pouvoir consulter l'information qui se trouve

7 dans ce document. J'aimerais vous demander de consulter la page 2 dans

8 votre langue. Ce n'est peut-être pas d'ailleurs votre langue, mais en

9 B/C/S. Page 2, alinéa "D".

10 R. Je l'ai trouvée. Je ne pensais pas l'avoir, mais je l'ai trouvée

11 maintenant.

12 Q. Très bien. Auriez-vous l'amabilité de nous en donner lecture, je vous

13 prie ?

14 R. L'alinéa "B" ?

15 Q. Non, l'alinéa "D".

16 R. Je vois. Le 9e VPS, avec le 4e Bataillon de la 472e Brigade motorisée,

17 utilisera les forces terrestres lors d'actions concertées avec la Brigade

18 de la Défense territoriale de Titograd, afin d'imposer une défaite aux

19 forces ennemies et de s'emparer de Prevlaka. Nous utilisons des forces

20 maritimes afin de contrôler l'entrée de la baie de Kotor. Cela empêchera à

21 l'ennemi de procéder à des manœuvres ou à des opérations. Cela fournira un

22 support d'artillerie naval aux forces terrestres, et cela nous permettra

23 d'être dans un état de préparatifs au combat pour pouvoir mener à bien

24 l'opération maritime si le besoin s'en fait sentir.

25 Q. Est-ce que vous pourriez voir la fin du document et nous indiquer

Page 7625

1 quelle est la signature qui a été apposée à ce document, d'où vient-elle et

2 de quelle formation il s'agit.

3 R. Le 2e Groupe opérationnel, lieutenant-colonel général, Jevrem Cokic.

4 Q. Savez-vous qui était le colonel Cokic ?

5 R. Non, je ne pense pas n'avoir jamais eu à faire avec lui. Je me souviens

6 de lui, mais je ne me souviens pas avoir eu affaire à lui.

7 Q. Qu'est-il advenu du capitaine Djurovic ?

8 R. Le capitaine de navire Djurovic a été touché. Il était dans un

9 hélicoptère. Je me trouvais d'ailleurs tout près de ce secteur. J'étais

10 dans le village de Komi [sic] sur la route de Cilipi, et j'étais avec le

11 chef de l'artillerie et un autre homme réserviste. C'est là où nous nous

12 trouvions. J'étais libre, et j'ai décidé d'aller voir ce qui se passait

13 pour constater ce qui se passait.

14 Q. Vous nous dites, j'ai décidé d'aller voir ce qui se passait là-bas.

15 Vous parlez de l'incident avec l'hélicoptère ?

16 R. Je me suis trouvé sur cette position avant que l'hélicoptère n'arrive.

17 Nous avons aperçu l'hélicoptère lorsqu'il survolait et se dirigeait vers

18 Konaski Trebinje [phon]. C'est là que nous pouvions le voir faire un

19 virage. Nous écoutions pour entendre le bruit des hélices. Il a tourné au-

20 dessus de Cilipi. Il est revenu vers le village où il y avait des activités

21 de combat. Nous n'avons plus entendu de bruit de l'hélicoptère. C'est

22 ensuite que nous avons appris plus tard que l'hélicoptère a été atteint et

23 que notre commandant a trouvé la mort. C'est lorsque Cokic était également

24 là.

25 Q. Vous saviez que le colonel Cokic se trouvait dans l'hélicoptère et

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1 qu'il avait participé ? Simplement oui ou non.

2 R. Oui. Plus tard, j'ai su que le capitaine de navire Djurovic avait

3 accepté d'aller avec lui. C'est ce que j'ai su plus tard; après, j'ai su

4 qu'ils étaient là ensemble.

5 Q. Est-ce que vous aviez pris connaissance en tant qu'officier des

6 opérations de ce document qui porte le document D44 ? A l'époque, est-ce

7 que vous aviez pris connaissance du document ?

8 R. Je l'ai peut-être vu ou peut-être non. Ce ne sont pas mes documents à

9 moi; ce sont des documents du commandement.

10 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ce document ?

11 R. Non, je ne me souviens pas particulièrement de ce document-ci. Il

12 s'agit de documents qui appartiennent au commandement supérieur. C'est eux

13 qui disposaient de ces documents.

14 Mme SOMERS : [interprétation] Pourrait-on montrer au témoin la pièce P119

15 et P121 ? Maintenant, s'agissant de la date du 23 octobre, c'est le

16 document P121. Le document P119 porte la date du 24 octobre. Nous avons

17 deux documents à notre disposition. Il y a les documents P119 et P121.

18 Q. Pourriez-vous d'abord examiner le document P121. Ensuite, nous

19 examinerons le document P119.

20 Monsieur Handzijev, avez-vous sous les yeux le document P121 ? Il s'agit

21 d'un ordre qui est daté du 23 octobre 1991. Le document est destiné au

22 commandement du 9e VPS et à la 472e Brigade motorisée. Voyez-vous ce

23 document et ses indications ?

24 R. Oui, je vois tout cela parfaitement bien.

25 Q. Nous pouvons également lire qu'il s'agit d'un ordre de combat. Dites-

Page 7627

1 nous : quel nom figure au bas de l'ordre, à la fin de l'ordre, au bas de la

2 page ?

3 R. C'est le général, lieutenant-colonel Pavle Strugar.

4 Q. A l'époque, est-ce que vous aviez pris connaissance de ce document, de

5 cet ordre, pendant que vous vous trouviez à Kumbor, le 23 octobre 1991 ?

6 Etiez-vous à Kumbor, en fait ?

7 R. J'étais à Kumbor. S'agissant de ces documents, je ne suis pas la

8 personne à qui ce document a été envoyé. On voit ici que le document a été

9 destiné au commandement du 9e VPS. J'étais dans le centre des Opérations.

10 Je ne recevais pas ces ordres-là. Il n'est pas nécessaire de me faire

11 parvenir de tels ordres.

12 Q. Vous étiez dans le centre des Opérations. Vous êtes un officier du

13 centre des Opérations; est-ce exact ?

14 R. Oui.

15 Q. Est-ce que, parmi vos fonctions, vous n'aviez pas à transmettre les

16 opérations importantes d'une importance vitale pour ce qui est de ce qui se

17 passait sur le théâtre des opérations ?

18 R. Si notre commandant supérieur désirait nous informer de certaines

19 choses, il le faisait, mais il n'était pas nécessaire d'en avoir

20 connaissance. Lorsque j'étais officier de permanence en temps de paix,

21 c'est autre chose, mais en temps de guerre, j'avais un supérieur immédiat.

22 Q. Le 23 octobre, l'activité dont nous avons parlé, il y a quelques

23 instants, n'était pas une activité qui a eu lieu en temps de paix. Je vous

24 demande si vous ne vous étiez pas enquéris ou vous n'aviez pas connaissance

25 de ce document ou de la teneur de ce document ?

Page 7628

1 R. S'agissant de ce document, non. Je n'en avais pas pris connaissance.

2 Mme SOMERS : [interprétation] Pourriez-vous, je vous prie, Madame

3 l'Huissière, montrer au témoin le document P119 ? Il s'agit du deuxième

4 document qui porte la date du 24 octobre.

5 Q. C'est un document qui émane du commandement du 2e Groupe opérationnel,

6 adressé au 9e VPS, au 27e [comme interprété] Corps et à la 472e Brigade. Il

7 s'agit d'une décision pour entreprendre d'autres actions.

8 Maintenant pourriez-vous nous dire, au bas de la page, quel est le nom qui

9 y figure ou à la fin du document, à la toute fin du document ?

10 R. Encore une fois, c'est le général Pavle Strugar.

11 Q. A l'époque, en date du 24 octobre 1991, est-ce que vous aviez

12 connaissance de ce document qui était adressé à votre formation, au 9e VPS

13 ?

14 R. Non.

15 Q. Le conseil de la Défense vous a posé une question concernant une

16 question qui figure dans le journal de guerre qui porte la cote D86 [comme

17 interprété]. Il s'agit du journal de guerre pour Kupari. J'aimerais savoir

18 où était le registre pour ce journal de guerre dont vous nous avez parlé.

19 Vous nous avez dit qu'un journal de guerre était tenu pour votre centre

20 Opérationnel. Où était-il pour ce qui est de votre centre Opérationnel. Où

21 était-il gardé ?

22 R. Je n'ai pas tout à fait compris. Vous voulez savoir où il se trouvait à

23 l'époque ou il se trouve maintenant ?

24 Q. Où se trouve ce journal de guerre maintenant ?

25 R. Aucune idée. Je suis retraité depuis l'an 2000. Il devrait être quelque

Page 7629

1 part dans les archives. C'est un document permanent, un document important

2 et il doit se trouver dans les archives du 9e VPS.

3 Q. Lorsque vous avez pris connaissance du fait que vous alliez venir

4 témoigner devant ce tribunal, est-ce que vous avez essayé de vous remémorer

5 des événements pour lesquels vous alliez témoigner ? En d'autres mots, est-

6 ce que vous avez essayé de revoir les documents pertinents concernant votre

7 témoignage ? Est-ce que vous avez essayé de voir et de retrouver les

8 documents qui portaient sur votre centre des Opérations à l'époque ?

9 R. J'ai reçu l'information que ce journal, ce registre avait disparu.

10 Q. Qui vous a informé de cela ?

11 R. Le juriste, Me Rodic.

12 Q. Qu'est-ce qui a disparu ? Qu'est-ce qu'on vous a dit ?

13 R. Lorsqu'on m'a offert de venir témoigner, j'ai pensé à ce registre parce

14 que, dans ce registre, tout est consigné. Chaque ordre, chaque contact qui

15 a été établi, tous les événements qui ont eu lieu sont consignés dans ce

16 registre.

17 C'est la raison pour laquelle, lorsque M. Rodic m'a demandé de venir

18 témoigner, il a dit : "Il n'y a pas de problèmes. Je vais aller dans les

19 archives et je vais essayer de chercher le registre." En fait, c'est moi

20 qui lui ai dit cela. Il m'a dit : "Non, non. Ce n'est pas la peine puisque

21 ce registre ne se trouve plus dans les archives." Voilà.

22 Q. Est-ce que vous avez essayé d'y aller quand même ?

23 R. Non. Je l'ai cru sur parole, mais pour vous dire la vérité, je n'ai pas

24 eu le temps, non plus, de m'y rendre.

25 Q. A quel moment vous a-t-on invité à venir témoigner devant ce tribunal ?

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1 Ou plutôt, je crois que vous avez dit : "Lorsqu'on m'a offert de venir

2 témoigner," à la page 27, ligne 5, du compte rendu d'audience. C'est bien

3 vos propos ?

4 R. Bien attendu, je ne le sais pas. C'est peut-être Me Rodic qui doit le

5 savoir avec précision. C'était soit 15 ou 20 jours avant que je ne vienne

6 ici. Je pense, mais je ne suis pas tout à fait certain.

7 Q. Il n'est pas nécessaire de nous donner les détails. J'aimerais savoir

8 dans quelle république vous habitez, dans quelle ville, je ne vous

9 demanderai pas de nous donner l'adresse de votre demeure ou rien de la

10 sorte.

11 R. J'habite dans la petite ville de Tivat au Monténégro.

12 Q. S'agissant de Kumbor, c'est là que se trouvait votre poste de

13 commandement pour ce qui est de la période pertinente. Dans quelle

14 république se trouve Kumbor ?

15 R. Au Monténégro également.

16 Q. Kupari se trouve dans quelle république ?

17 R. En Croatie.

18 Q. Pour ce qui est de Trebinje, où se trouve cette ville ?

19 R. Dans la Republika Srpska.

20 Q. Qui fait partie de la Bosnie-Herzégovine, est-ce exact ?

21 R. Oui, probablement que oui. Je crois que oui.

22 Q. Est-ce que vous avez travaillé par relève au centre des Opérations ?

23 Pourriez-vous nous donner une idée, à savoir, de quelle façon vous

24 partagiez vos heures de travail ? Y avait-il des officiers de permanence

25 pendant la nuit, et cetera ? Expliquez-nous cela.

Page 7631

1 R. On travaillait en relais, effectivement, c'est vrai. Je travaillais

2 jusqu'à une heure en tant qu'officier des opérations, alors que mon

3 adjoint, il s'agissait pour la plupart des personnes qui travaillaient pour

4 les arrières, c'étaient des adjoints et les adjoints travaillaient de

5 minuit jusqu'au matin.

6 Q. Le 5 décembre 1991, dans quelle relève travailliez-vous ce jour-là ?

7 R. Je ne sais pas si le 5 décembre j'étais de permanence ou si j'étais de

8 permanence le 6. Etant donné que selon le journal de guerre, je suis allé à

9 Kosaric pour essayer de trouver le colonel Kovacevic, et c'était

10 probablement ce jour-là que j'ai été de permanence. Pour ce qui est du

11 journal de guerre, si le journal de guerre était ici, si on avait sous les

12 yeux le journal de guerre, on pourrait voir ce qui était consigné dans ce

13 registre. Si je pouvais consulter le journal de guerre, je pourrais vous

14 dire quand j'étais de permanence.

15 Q. Vous vous souvenez seulement que le 6, vous avez été consigné dans le

16 registre de guerre ?

17 R. Ce jour-là, pendant cette période-là, j'étais présent tous les jours.

18 J'étais toujours présent au centre des Opérations, mais cette permanence

19 n'était qu'une permanence formelle. Nous étions là presque tout le temps.

20 Il nous fallait nous entraider. Nous avions même des renforts. J'avais deux

21 officiers en plus. Cela importait peu si j'étais de permanence ou non,

22 j'étais là presque tout le temps. Il m'arrivait que je sorte des fois pour

23 aller voir quelque chose ou faire quelque chose ou faire d'autres tâches,

24 mais j'étais presque là tout le temps.

25 Q. Le 6 décembre, vous étiez dans la salle des opérations et vous

Page 7632

1 entendiez ou vous écoutiez les conversations téléphoniques et vous faisiez

2 le travail qu'un officier des opérations effectue normalement ?

3 R. J'ai dit que nous étions là presque constamment et on s'entraidait.

4 J'étais là presque tous les jours pendant une période donnée. Nous étions

5 tout le temps, là, au centre. Nous quatre -- nous quatre cadres, officiers

6 professionnels, nous étions là tout le temps. Nous avions des centaines de

7 tâches. Personnellement, il y avait des mères qui me cherchaient, j'étais

8 connu. Elles me cherchaient parce que j'étais le plus tenace et essayais de

9 trouver leur fils et d'établir les lignes téléphoniques ou les contacts

10 téléphoniques. Je ne sais pas comment elles ont su que j'avais cette

11 réputation, mais c'est moi qu'on cherchait tout le temps.

12 Q. Le 5 décembre, quels appels avez-vous reçus ? Quelles informations

13 avez-vous reçues et transmises, consignées et notées ? Pourriez-vous nous

14 l'expliquer ou le dire, je vous prie ?

15 R. Je ne me souviens vraiment pas. Vous pourriez peut-être me remémorer

16 les faits, mais je n'en ai pas le souvenir.

17 Q. Qu'en est-il du 4 décembre ? Quelles étaient les informations ? Quels

18 messages avez-vous reçus ? Quels appels téléphoniques avez-vous reçus ?

19 R. Je ne me souviens vraiment pas. Je ne peux pas vous dire. Maintenant,

20 si vous pouviez me montrer un document, cela m'aiderait à rafraîchir ma

21 mémoire. Nous recevions de nombreux messages.

22 Q. Le 7 décembre 1991, quels messages, appels téléphoniques, informations,

23 avez-vous reçus et transmis ?

24 R. Je ne sais pas ce que vous pensez ou à quoi vous faites référence

25 concrètement. Il y avait des centaines d'appels téléphoniques et de

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1 conversations effectués dans le cadre d'une journée de travail. Je ne sais

2 pas ce qui vous intéresse particulièrement.

3 Q. Que s'est-il passé dans la région de Dubrovnik le 6 décembre ? Donnez-

4 nous votre compréhension des faits, des événements du 6 décembre.

5 R. Selon moi, observé sous mon angle à moi -- et, effectivement, vous

6 venez de me rafraîchir la mémoire puisque vous avez parlé de messages. Je

7 sais qu'il y avait des préparatifs pour mener des pourparlers. En tant

8 qu'homme, j'ai été bien heureux de voir ou d'entendre qu'il y aurait des

9 pourparlers parce que je n'étais pas particulièrement content de porter mes

10 bottes pendant un an sans les enlever. Il y avait des bateaux qui devaient

11 venir de Split, à bord desquels se trouvaient des ministres qui devaient

12 venir à Cavtat pour mener des pourparlers, et j'étais bien heureux.

13 Cependant, le 6, j'ai été surpris de voir ce que j'ai vu, et mon optimise a

14 changé, je suis devenu pessimiste.

15 Je m'attendais à ce que ces pourparlers réussissent. J'avais hâte que ces

16 pourparlers aboutissent à quelque chose de positif et, malheureusement, il

17 y a eu des morts des deux côtés. Je vous ai dit que j'avais écouté une

18 conversation. Je ne sais pas avec qui Rudolf s'entretenait. Cela allait

19 probablement par la communication radio Dubrovnik, radio Bar, en passant

20 par notre centre personnel. Je n'étais pas là. Je n'ai entendu qu'une

21 partie de la conversation, soit que je venais d'entrer dans la pièce et que

22 j'ai entendu quelque chose, mais en tout cas, j'ai entendu que Rudolf était

23 très paniqué. Il a dit : "La vieille ville brûle. C'est la panique totale.

24 Il y a des morts." J'étais très étonné. Je ne sais pas si c'est de cela que

25 vous parlez, si c'est à cela que vous faites référence, entre 9 heures

Page 7634

1 jusqu'à midi. Je ne peux pas vous donner d'heure précise.

2 Q. Vous nous avez dit que le centre de la vieille ville était en feu. A

3 quoi faisait-il référence ?

4 R. J'ai bien compris qu'il parlait de la vieille ville. Des fois, c'était

5 pour des mesures de propagande. C'était par propagande qu'on disait ce

6 genre de choses-là et qu'on disait qu'il y avait de la panique ou non, mais

7 je n'étais pas sûr si c'était vrai ou non. Mais, si quelque chose est en

8 feu, on ne peut rien cacher. On ne peut pas inventer. La Mission européenne

9 était là, elle pouvait observer ce qu'il y avait. Il ne pouvait

10 certainement pas inventer des choses de toute pièce. Je peux vous dire que

11 je m'attendais à une solution pacifique et non pas à la guerre, car

12 jusqu'au 6 -- c'était le 6.

13 Q. Dites-moi, vous avez parlé de propagande, et cetera. Lorsque l'appel

14 arrive à votre centre de Transmission et que vous entendez que la ville de

15 Dubrovnik est en feu, si vous croyez subjectivement ou non, si c'est vrai

16 ou non, qu'est-ce que vous en faites dans le cas où cela s'avère être vrai

17 ? Quelles sont les mesures que vous allez entreprendre ?

18 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin n'a pas dit

19 que l'appel lui avait été adressé. Nous le savons très bien -- nous

20 entendons bien ce qu'il a dit, il a entendu la conversation téléphonique

21 entre Rudolf et quelqu'un d'autre. Je voudrais que l'on cite au témoin les

22 propos qu'il a dit et ne pas changer les choses. Le témoin n'a jamais dit

23 que c'est lui, personnellement, qui a reçu cet appel.

24 Mme SOMERS : [interprétation]

25 Q. Devrais-je dire que, dans la conversation que vous avez entendue, dans

Page 7635

1 laquelle vous avez entendu que la vieille ville de Dubrovnik était en feu,

2 est-ce que vous aviez décidé de faire quelque chose, d'entendre une mesure

3 ou les mesures nécessaires même si l'appel ne vous avait pas été destiné ?

4 R. J'ai entendu la fin de cette conversation tout à fait par hasard. Je ne

5 peux pas vous dire s'il parlait avec Jokic ou s'il parlait avec Jeremic,

6 car Jeremic était l'officier des transmissions. Il établissait des liens

7 avec la Mission européenne. Je ne sais pas avec qui il parlait. Je ne sais

8 pas si j'étais dans le centre Opérationnel et que j'écoutais autre chose ou

9 si je venais de faire irruption dans la pièce et que j'ai entendu. Je ne

10 savais même pas qu'il s'agissait de Davorin Rudolf. En fait, ce n'est que

11 mon assistant qui était là, ce jour-là, qui m'a dit, après, quand j'ai su

12 qu'il m'a dit qu'il s'agissait de Rudolf -- de Davorin Rudolf. Il m'avait

13 dit qu'il y a eu des morts, qu'il y a eu des incendies. Il a vu une étoile

14 représentant la JNA. Il a vu des soldats sur le haut, là-bas, la colline.

15 En tant que soldat professionnel, il m'a fallu m'assurer que c'est vraiment

16 vrai. Ensuite, j'ai su qu'il y avait des activités de combat, que les

17 forces de la ZNG ont tiré depuis Dubrovnik, c'est ce que j'ai su, avec des

18 mortiers. Ils ont lancé des obus avec des ISPANA [phon] -- PAM GUNS. C'est

19 des canons à trois canons, à cinq canons de 20 millimètres de calibre, et

20 ils ont tiré sur nos troupes qui allaient vers Srdj.

21 Q. Qu'est-ce que vous en avez dit ? Qu'est-ce que vous avez fait après

22 avoir reçu ces informations ?

23 R. Que voulez-vous que je fasse ? Je ne suis absolument personne pour que

24 je puisse faire quoique ce soit. Je ne suis pas une personne importante, si

25 vous voulez, dans ce sens-là. Je ne sais pas combien de temps après,

Page 7636

1 Kadijevic a appelé. Je ne sais pas si c'est une heure plus tard ou peu de

2 temps après. Je ne le sais pas. Ensuite, c'était --

3 Q. Je vous interromps. Est-ce qu'en tant qu'officier des opérations de

4 permanence, est-ce que vous avez informé vos supérieurs concernant la

5 teneur de la conversation que vous veniez d'entendre concernant ce que M.

6 Rudolf a dit des événements de Dubrovnik ? Oui ou non ?

7 R. Non, vraiment pas. C'était un appel de transit. A qui voulez-vous que

8 je transmette mes commentaires ? Ce n'est que notre commandement qui ait pu

9 recevoir cet appel. Je ne sais pas qui

10 M. Rudolf appelait. Je ne me souviens plus qui était mon adjoint, mais la

11 communication radio Dubrovnik, radio Bar, alors que, pour radio Bar --

12 Q. Est-ce que vous avez informé vos supérieurs de la conversation que vous

13 écoutiez, s'agissant de Dubrovnik qui était en feu ? Oui ou non ?

14 R. Mes supérieurs se trouvaient tous au poste de commandement avancé. Nous

15 n'étions là en tant que centre de Transition et, si cet appel a eu lieu,

16 cela voudrait dire que mes supérieurs au poste de commandement avancé

17 l'avaient entendu également.

18 Q. Est-ce que vous avez confirmé pour savoir si vos officiers supérieurs

19 se trouvaient, effectivement, au poste de commandement avancé ? Est-ce que

20 vous avez vérifié si, effectivement, ils se trouvaient là ? Est-ce vous

21 leur avez transmis l'information reçue ?

22 R. Voyez-vous, mes supérieurs étaient là. Ils ont su que tout le monde

23 était là, le chef d'état-major était là, Zec. Les commandants étaient dans

24 ce secteur. Il n'y avait absolument rien à confirmer. Nous étions

25 simplement un poste de transmission. Nous n'avons rien à transmettre plus

Page 7637

1 loin. Si nous n'avions pas reçu d'ordre particulier de transmettre quoique

2 ce soit à quelqu'un, nous le faisions, pas autrement.

3 Q. S'agissant de ce registre qui a disparu, si jamais il réapparaissait,

4 est-ce qu'on verrait une remarque concernant l'information que vous venez

5 de nous dire, s'agissant de la conversation téléphonique qui a eu lieu

6 entre M. Rudolf concernant l'incendie dans Dubrovnik, ou les activités de

7 combat dans

8 Dubrovnik ? S'agissant de cette conversation qu'il a eue avec quelqu'un,

9 est-ce qu'on aurait trouvé cette entrée dans ce registre de guerre ?

10 R. Je ne le sais pas. Je ne peux pas être sûr. Je ne peux pas vous donner

11 de réponse plus précise.

12 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, le temps est-il

13 propice pour prendre une pause ?

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, certainement, Madame Somers.

15 --- L'audience est suspendue à 10 heures 28.

16 --- L'audience est reprise à 10 heures 55.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers.

18 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

19 Q. Monsieur Handzijev, vous nous avez dit juste avant la pause, en

20 répondant à une question que je vous ai posé quand je vous ai demandé si

21 vous avez vérifié avec le poste de commandement avancé si les officiers

22 supérieurs étaient présents. Vous avez dit qu'ils ont entendu cela. A ce

23 moment-là, vous entendez qu'il y a eu des combats à Srdj, et vous dites que

24 vous avez appris que vos hommes étaient là-bas, Zec et le commandant, et

25 que vous n'avez rien à confirmer, puisque vous étiez là juste pour envoyer

Page 7638

1 des messages. Par rapport à ce que vous venez de dire, vous avez parlé de

2 Zec et du commandant. Qui est ce commandant ?

3 R. Le commandant qui était là-bas au poste de commandement avancé du 9e

4 VPS. C'était l'amiral Jokic. C'est là-bas qu'il y avait des combats.

5 L'amiral Jokic et Zec étaient là-bas. On nous a informé.

6 Q. Jokic était où ? Je n'ai pas très bien compris.

7 R. Jokic, d'après ce que je savais, était dans la région du poste de

8 commandement avancé. Est-ce qu'il était à Cavtat ou vraiment sur le poste

9 de commandement ? Je ne me souviens pas. Il était là-bas, dans la région.

10 Pour moi, c'est la même chose. Cavtat où IKM [phon], c'est pareil. C'est du

11 pareil au même. C'est la même région, si vous voulez.

12 Q. D'après ce que nous avons vu, à ce moment-là, vous apprenez qu'il y a

13 des combats, que les unités du 9e VPS participent au combat. Ensuite, au

14 moment où vous parlez des combats à Srdj, vous apprenez que les unités à

15 Srdj participent aussi à ce combat. Est-ce que nous nous comprenons bien ?

16 R. Je n'ai pas compris votre question.

17 Q. Très bien. Vous avez dit qu'il y avait des combats à Srdj, et vous avez

18 dit que vos supérieurs hiérarchiques ont entendu cela, et au moment où nous

19 avons entendu qu'il y avait des combats à Srdj, nous avons appris qu'il y

20 avait nos hommes là-haut, Zec et le commandant.

21 Vous venez de nous dire, autrement dit, qu'il y avait des combats à Srdj,

22 que des personnes faisant partie du 9e VPS étaient à Srdj, y compris Zec et

23 le commandant; est-ce exact ?

24 R. Non, je n'ai pas dit que les officiers sont allés à Srdj. Moi, je ne

25 savais pas s'ils étaient à Srdj. Je ne savais pas où ils étaient. Ils

Page 7639

1 étaient dans le secteur de Srdj, mais je ne savais pas où ils étaient

2 exactement, l'amiral Zec, et cetera. Peut-être étaient-ils sur les chemins

3 de rejoindre l'IKM. Vous savez, vous ne disposiez pas d'information si

4 précise à l'époque; est-ce que vous me comprenez ?

5 Q. Je vais m'y efforcer. Qui est Gavro Kovacevic -- le colonel Gavro

6 Kovacevic ? Qui est-ce ?

7 R. C'est l'adjoint du commandant, chargé de l'infanterie. Il est colonel,

8 et il devrait y être lui aussi au poste de commandement avancé. D'après la

9 dépêche que j'ai reçue, où il fallait que je l'appelle, il n'était pas là,

10 alors qu'il aurait dû être là parce qu'il fallait qu'il y soit. Ils l'ont

11 demandé de toute urgence. Sans doute à cause de l'équipement. Sans doute

12 que nous l'ayons trouvé par la suite. Je ne serais vous le confirmer. Mais

13 si c'était une demande urgente et si on avait besoin de les trouver, je

14 suis presque sûr que nous l'avons, effectivement, trouvé.

15 Q. L'ordre -– plutôt, la transmission dont vous avez parlée, qui vous a

16 été lu à la page 70, à 13 heures 49, où il est indiqué

17 que : "Le capitaine de frégate Handzijev doit appelé Trebinje et

18 immédiatement ordonner au colonel Kovacevic de s'y rendre au poste de

19 commandement avancé. On vous demande d'appeler Bileca et Trebinje pour

20 essayer de trouver le colonel Kovacevic."

21 Si on vous demande de le chercher là-bas, c'est qu'il savait qu'il était

22 là-bas ?

23 R. Quand ils m'ont appelé, ils savaient où il était. Ils devaient le

24 savoir puisqu'ils m'ont demandé d'aller lui chercher, soit à Trebinje, soit

25 à Bileca. Ils devaient le savoir. C'est leur homme, et c'est avec eux

Page 7640

1 qu'ils travaillaient au sein du poste de commandement avancé. Ils devaient

2 savoir où il est à chaque instant.

3 Q. Qu'est-ce qui se trouve à Trebinje et à Bileca ? Vous communiquez avec

4 qui à Trebinje et à Bileca ? Est-ce qu'il y avait un centre de

5 Communications là-bas -- des Opérations ?

6 R. Pour Trebinje, je peux vous dire c'était le commandant du 2e Groupe

7 opérationnel qui se trouvait à Trebinje. Pour Bileca, je ne sais pas.

8 Q. Trebinje, bien. A partir du moment où vous avez reçu cet ordre, est-ce

9 que vous avez appelé le commandement, du centre des Opérations du 2e Groupe

10 opérationnel, pour essayer de retrouver le colonel Kovacevic, pour lui dire

11 qu'il fallait qu'il se rende au poste de commandement avancé de Kupari ?

12 Essayez de réfléchir, de vous en rappeler.

13 R. Je n'arrive pas à me rappeler de cela car j'ai délégué cette mission à

14 mon adjoint. Ensuite, je suis allé quelque part. Vous savez, pour moi,

15 c'est un ordre mineur, sans importance, un ordre de routine. Sans doute que

16 mon adjoint l'ait trouvé. Il y ait envoyé. Vous savez, avec Trebinje, nous

17 avions une communication directe. Il suffisait d'appuyer sur un bouton.

18 Nous étions sur un canal libre et nous étions en communications. Est-ce que

19 vous voulez que je vous explique comment cela fonctionne, les standards que

20 nous avions ?

21 Q. Oui, fait-le. Racontez-nous cela. Dites-nous comment vous communiquez

22 de façon régulière avec le 2e Groupe opérationnel.

23 R. Sur cette table, nous avions un petit standard. Ce petit standard nous

24 permettait d'établir dix communications directes, soit sur un canal

25 protégé, ou sur un canal normal.

Page 7641

1 Nous avions les chefs d'état-major, les cabinets des chefs d'état-major

2 aussi bien en communication directe que protégée. Ensuite, nous avions le

3 centre Opérationnel de l'état-major. Ensuite, nous avions la direction de

4 la marine de guerre. Ensuite, nous avions les unités principales, et en ce

5 qui concerne les structures civiles, les contrôleurs aériens de Tivat.

6 Ensuite, la radio Bar. S'il fallait rentrer en communication avec la radio

7 Bar, il convenait d'appuyer sur un bouton. C'est une liaison directe. Pour

8 entrer en contact avec la radio Bar, il suffisait d'appuyer sur un bouton.

9 Avec les commandants, aussi avec Jokic, nous avions une liaison directe.

10 Avec le poste de commandement avancé, j'avais aussi une liaison directe, et

11 ce, par le biais du canal protégé. Je pouvais même les mettre en

12 communication entre eux. Le numéro civil, il pouvait aussi m'appeler à mon

13 numéro civil, je pouvais les mettre en contact avec tous les autres

14 participants. Est-ce que vous me comprenez ? Voilà, c'est comme cela que se

15 présentait notre standard. C'était une petite centrale téléphonique, il

16 suffisait d'appuyer sur un bouton et j'établissais un contact téléphonique.

17 Q. Est-ce que vous avez communiqué, de façon régulière, avec le 2e Groupe

18 opérationnel pour les mettre au courant des évènements pertinents ou des

19 questions qui les concernaient ? J'imagine que vous l'avez fait puisque

20 vous étiez un bon officier des opérations.

21 R. Vous savez quand il s'agissait des informations à propos pour eux, oui,

22 effectivement. A vrai dire, mon centre Opérationnel n'avait pas vraiment

23 besoin de rentrer en contact avec eux. Nous ne le faisions que rarement. De

24 temps en temps, quand il s'agissait de leur passer des communications

25 importantes, mais, précisément, avec eux, non, non, je ne dirais pas que

Page 7642

1 nous étions en contact permanent, mais avec le poste de commandement

2 avancé, oui.

3 Q. D'après ce que j'ai compris du standard sophistiqué que vous venez de

4 nous décrire, vous étiez en mesure de leur communiquer les questions que

5 vous jugiez importantes. Vous pouviez, ensuite, faire suivre ces

6 informations aussi bien à l'état-major principal qu'au 2e Groupe

7 opérationnel et même au poste de commandement avancé de Kupari. Est-ce que

8 je vous ai bien compris ?

9 R. Comment vous dire ? Nous n'avions aucune importance là, nous étions des

10 facilitateurs pour faire passer l'information. C'est ce que j'ai écrit dans

11 mon journal. Vous savez, s'il ne s'agissait que de faire passer

12 l'information, je n'inscrivais rien dans mon journal de bord. C'est

13 l'utilisateur, la partie intéressée, qui inscrivait ces informations

14 pertinentes dans leur journal de travail, le journal de bord. Nous, on ne

15 faisait que faciliter la transmission des informations. On était là pour

16 les mettre en contact, comme une centrale.

17 Q. En ce qui concerne ces informations que vous jugiez importantes, par

18 exemple, Dieu nous en préserve, on va à partir de l'hypothèse que l'amiral

19 Jokic a été impliqué dans un accident de voiture et quelqu'un vous appelle

20 et vous demande une ambulance pour l'aider, est-ce que, dans ce cas-là,

21 vous informeriez de cela vos commandants supérieurs, vos supérieurs

22 hiérarchiques ? Est-ce que vous diriez que c'était une information

23 importante que vous deviez communiquer et faire suivre ? C'est un exemple,

24 évidemment, que je vous donne.

25 R. Oui. Je l'enverrais au commandant du Secteur naval et à l'état-major

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1 principal -- au centre Opérationnel de l'état-major principal car notre

2 commandement direct était au commandement du Secteur naval, mais on en

3 informerait, sans doute, aussi l'état-major principal. Nous, nous ne

4 faisions pas de rapports à ce sujet. Nous ne faisions que transmettre

5 l'information. Nous étions plutôt là pour les questions qui sont

6 d'actualité en temps de paix.

7 Q. S'il y avait des activités de combat à Srdj et qu'on vous ordonne

8 d'aller chercher le colonel Kovacevic et de l'envoyer au poste de

9 commandement avancé de Kupari -- attendez, je vais reformuler la question.

10 Le colonel Kovacevic, d'après ce que vous savez, a aussi, ce jour-là,

11 participé aux activités qui se déroulaient à Srdj, n'est-ce pas ? Est-ce

12 que vous le saviez, d'ailleurs ?

13 R. Non, je ne le savais pas. Je n'étais pas, du tout, au courant de ces

14 activités. Je ne l'ai appris que par hasard, au moment où j'ai entendu

15 cette conversation et au moment aussi où le chef d'état-major a appelé;

16 jusqu'à 10 heures, 11 heures du matin, je ne savais rien. Je savais que

17 quelque chose se passait là-bas. Ce n'est que là que j'ai appris qu'une

18 unité nous appartenant se dirigeait sur Srdj. Vous savez, nous l'avons

19 appris qu'après coup, puisque les gens du poste de commandement avancé sont

20 venus nous voir et, ensuite, ils nous racontaient ce qui se passait là-bas.

21 Nous étions, plus au moins, au courant. Oui, nous savions qu'il y avait un

22 peu de victimes partout, aussi bien dans la ville que parmi nos troupes

23 qu'il y avait un feu.

24 Q. Monsieur, vous dites que cet appel vient du chef d'état-major principal

25 vers 10 heures ou 11 heures. Est-ce que vous êtes sûr de l'heure que vous

Page 7644

1 nous annoncée là ?

2 R. Non. Non. J'ai dit avant-midi. Je ne sais à quelle heure exactement

3 car, vous savez, il y a eu tellement d'évènements à l'époque que je ne me

4 souviens pas de tout cela.

5 Q. Très bien. Si ce registre de combat fait surface un jour, est-ce que

6 nous allons trouver une information à ce sujet dans ce livre ?

7 R. Peut-être que oui, peut-être que non puisque, vous savez, c'était un

8 appel qu'il s'agissait de transmettre aussi. Peut-être leur ai-je leur dit

9 que le chef d'état-major principal a appelé Jokic, mais pas forcément car

10 il ne s'agissait que de transmettre cette information. Je n'étais pas là

11 tout le temps.

12 A partir du moment où l'état-major principal nous appelle, non seulement

13 vous entendez un son -- une sonnerie, mais vous voyez aussi une lumière qui

14 clignote. Si vous voyez cette lumière clignoter, qui correspond à l'état-

15 major principal, c'est l'officier le plus haut gradé qui va répondre. J'ai,

16 immédiatement, appuyé sur le bouton pour répondre.

17 Q. Parce que vous pensiez qu'à l'autre bout du fil se trouvait une

18 personne importante, c'est pour cela que vous vous dépêchiez de répondre ?

19 R. A partir du moment où c'est l'état-major principal qui m'appelait, je

20 me disais que c'était important. D'ailleurs, le plus souvent c'était

21 l'amiral Brovet qui m'appelait. Il appelait assez souvent, d'ailleurs.

22 Parfois, il appelait pour nous informer de quelque chose ou pour nous

23 avertir de quelque chose.

24 Q. Vous vous êtes jeté sur ce bouton qui clignotait parce que vous vous

25 êtes dit que la personne qui était à l'autre bout du fil était une

Page 7645

1 personnalité importante, n'est-ce pas ?

2 R. Je ne me souviens pas comment cela s'est présenté. A partir du moment

3 où vous voyiez la lumière de l'état-major principal clignoter, vous

4 répondiez. Cela ne s'est pas produit hier. En général, quand je voyais

5 cette lumière clignoter, je répondais, personnellement. Je prenais,

6 personnellement, le téléphone pour répondre. Je me souviens, dans ce cas

7 particulier, que je l'ai fait. C'est sûr.

8 Q. Un appel émanant de l'état-major principal, vous avez dit que cet

9 ordre, en vous demandant d'aller chercher le colonel Kovacevic, était un

10 ordre mineur à vos yeux et vous l'avez, pourtant, consigné dans votre

11 journal. Est-ce que vous avez eu la possibilité de revoir ce journal dans

12 son intégralité ? Est-ce qu'on vous a demandé de faire cela, le journal

13 concernant la section de Kupari ?

14 R. Oui. J'ai regardé les points des dates pertinentes, mais, vous savez,

15 c'est un ordre. Il faut faire la différence entre les informations que l'on

16 transmet -- que l'on fait que transmettre, et les ordres que l'on reçoit.

17 Peut-être que je ne l'ai pas noté puisqu'il ne s'agissait que de

18 transmettre cette information.

19 Q. Pour vous, c'était un fait sans importance et un ordre mineur, comme

20 vous avez dit, quand on vous a demandé d'aller chercher le colonel

21 Kovacevic, mais vous l'avez quand même écrit dans votre journal de bord. Si

22 l'on regarde la date du 6, est-ce que vous pouvez voir si, à la date du 6,

23 vous avez noté cet appel de l'état-major principal où l'on cherchait

24 l'amiral Jokic ?

25 R. Il n'y est pas.

Page 7646

1 Q. Il n'y est pas quoi ?

2 R. Je pense que je ne l'ai pas noté dans mon journal de bord. Je pense que

3 cet appel doit figurer dans leur journal de bord. Pour autant que je m'en

4 souvienne, d'après l'examen que j'ai pu faire de ce journal de guerre,

5 cette information ne figure pas. Je parle du journal de guerre du poste de

6 commandement avancé, mais cela ne veut pas forcément dire -- vous voulez

7 dire quoi exactement ?

8 Q. Pourriez-vous regarder ce qui est écrit à la date du 6 décembre et

9 essayer de trouver si vous y trouvez l'information, indiquant que le

10 général Kadijevic cherche l'amiral Jokic par le biais de Kumbor ? Est-ce

11 que cet appel a été enregistré ?

12 R. Ce journal n'a rien à voir avec cela. Cet appel est passé par nous. Où

13 est-ce que j'ai trouvé Jokic ? Il était à un numéro de téléphone, mais je

14 ne sais pas quel était ce numéro de téléphone. De toute façon, ce n'était

15 pas important. Ce qui est important, c'est que cela s'est produit et je

16 vous le jure, je vous le jure. Je mettrais ma main à couper pour vous

17 certifier que c'est vrai. Peut-être que l'amiral Jokic s'en rappelle. Peut-

18 être qu'il peut vous le confirmer.

19 Q. Peut-être que vous pourriez nous aider. Hier, vous avez dit que vous

20 avez appelé Kupari à la recherche de l'amiral Jokic. Sous vos yeux, vous

21 avez ce journal de guerre de Kupari. Est-ce qu'on y dit que vous étiez à la

22 recherche de l'amiral Jokic puisqu'il était au bout de compte votre

23 commandant quand même ?

24 R. Mais, non, ce n'est pas dans ce journal de bord. Jokic n'était pas le

25 commandant. S'il avait été notre commandant, il aurait une liaison directe

Page 7647

1 avec Kadijevic, avec l'état-major principal. Kadijevic l'aurait appelé

2 directement. Cela étant dit, je ne me souviens pas où je l'ai trouvé. Je

3 l'ai appelé des centaines de fois pour le mettre en contact avec quelqu'un.

4 Il fallait que je le cherche et je l'ai trouvé, à maintes reprises.

5 M. PETROVIC : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre, mais ce qui

6 figure à la page 45, à partir de la ligne 8 jusqu'à la ligne 16, je ne

7 saurais tout vérifier au niveau de la traduction, mais je peux vous dire

8 qu'il conviendrait de retranscrire cette partie-là de la traduction puisque

9 je conteste l'interprétation et ce qui figure au compte rendu d'audience.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Nous avons pris note de votre

11 demande.

12 Mme SOMERS : [interprétation]

13 Q. Pourriez-vous nous dire ce que vous savez au sujet des liaisons qui

14 existaient entre Cavtat et Dubrovnik ? Qu'est-ce que vous savez à ce sujet

15 ?

16 R. Entre Cavtat et Dubrovnik ? Je pourrais vous en dire long. Il y avait

17 cette liaison avec la radio de Dubrovnik et c'est une liaison que l'on

18 utilisait le plus souvent. Il y en avait une autre liaison Dubrovnik, avec

19 le poste de commandement de Mokosica. Le commandement pouvait les appeler,

20 mais, parfois, cette liaison ne fonctionnait pas. Elle était soit

21 surchargée, soit interrompue.

22 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président,

23 j'aimerais juste vérifier le compte rendu.

24 Q. Pourriez-vous, en fait, nous dire si vous, dans le courant de vos

25 activités professionnelles, vous receviez ou vous envoyiez des télécopies,

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1 en tant qu'officier opérationnel à Kumbor ? Est-ce que vous connaissiez le

2 processus des télécopieurs ?

3 R. Oui. Nous pouvions, par l'entremise de notre officier responsable de

4 l'encodage, envoyer des télécopies.

5 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire quelle est la distance qui sépare

6 Cavtat de Kupari ?

7 R. Cavtat/Kupari, je n'en sais rien. Je ne sais pas combien de kilomètres

8 séparent ces endroits. De toute façon, pas plus que cinq kilomètres.

9 Q. Ils sont proches l'un de l'autre ?

10 R. Oui. Ils ne sont pas très loin.

11 Q. Ces deux localités sont-elles en Croatie ?

12 R. Oui. Les deux se trouvent en Croatie.

13 Q. Elles avaient des communications téléphoniques directes du fait de leur

14 proximité géographique ? C'était possible entre ces deux localités ?

15 R. Probablement, oui. Je ne le sais pas exactement. Je ne suis pas en

16 mesure de vous le dire. Il est probable et logique d'ailleurs qu'elles

17 aient eu cette communication.

18 Q. Très bien. Lorsque vous avez consulté le journal de guerre de Kupari ou

19 ce que je préférerais appeler le compte rendu des communications, que

20 recherchiez-vous précisément ? Quelle entrée, dans ce compte rendu des

21 communications, recherchiez-vous avant que vous ne veniez ici témoigner,

22 lorsque vous êtes arrivé à La Haye, que vous avez eu la possibilité de le

23 consulter ?

24 R. Pour vous dire la vérité, je ne cherchais rien de précis. Je ne

25 cherchais, véritablement, rien de précis.

Page 7649

1 Q. Avez-vous ledit document. Je vous prierais de prendre la page 66, s'il

2 vous plaît. Avez-vous trouvé la page ? Pourriez-vous regarder ce qui

3 correspond à 21 heures 55 ?

4 R. Oui.

5 Q. Il est dit : "Surveillance radio. Des munitions sont arrivées à Ston,

6 ainsi qu'une autre chose et vont aller à Dubrovnik, capitaine de frégate

7 Handzijev." Est-ce que vous pourriez nous dire ce que cela signifie et quel

8 fut le rôle que vous avez joué pour cette transmission ? De quoi s'agit-il

9 exactement ?

10 R. C'est pour assurer la surveillance.

11 Q. Que surveilliez-vous ?

12 R. Est-ce que je pourrais juste consulter cela un petit moment.

13 Q. Bien sûr.

14 R. Je ne sais pas véritablement ce que cette information a à voir avec la

15 surveillance radio. Puisque la question portait sur la surveillance radio,

16 bien entendu, ils écoutaient les conversations. Vraiment, je ne suis pas

17 véritablement sûr de ce que représente cette information. Elle m'a été

18 transmise. J'étais après tout au centre Opérationnel. C'est quelque chose

19 que je ne devais pas oublier.

20 Q. Lorsque vous dites, "ils écoutaient la conversation," est-ce que vous

21 parlez d'interceptions de communications radio ?

22 R. Oui, bien sûr.

23 Q. Je m'excuse.

24 R. Bien sûr.

25 Q. Que faisiez-vous des informations que vous obteniez ? Si vous écoutiez

Page 7650

1 ou si obteniez des informations qui pouvaient avoir une incidence sur vos

2 unités, qui se trouvaient dans votre zone de responsabilité, dans la zone

3 de responsabilité du 2e Groupe opérationnel ou du 9e VPS, que faisiez-vous ?

4 R. Si ce genre d'information était important, nous la transmettions à

5 notre poste de commandement avancé.

6 Q. Qui décidait de l'importance de l'information ?

7 R. Qui décidait ? J'ai décidé, par exemple, si j'étais d'astreinte pendant

8 une journée. Si c'était quelqu'un d'autre, c'était l'autre personne, qui

9 était de permanence ou d'astreinte, qui prenait la décision. C'était notre

10 unité qui prenait la décision. Cela dépendait de l'importance de

11 l'information. Il y avait différents types d'information. En règle

12 générale, nous transmettions toutes les informations que nous recevions. Je

13 ne sais pas ce qui se cache derrière tout cela, mais c'est ainsi que les

14 choses se passaient.

15 Q. Pour ce qui est de renseignements obtenus à la suite d'écoutes ou de

16 conversations interceptées, puisque cela a été une partie de votre

17 fonction, si j'ai bien compris ce que vous venez de dire, est-ce qu'il vous

18 revenait d'évaluer les renseignements, de les transmettre ou de ne pas les

19 transmettre, le cas échéant ?

20 R. Je ne sais pas si cette question est importante, mais nous

21 transmettions quasiment toutes les informations. C'est pour cela que nous

22 étions là parce que nous faisions office en quelque sorte de poste de

23 transit. Nous ne pouvions pas transmettre directement toutes les

24 informations; elles ne pouvaient pas être transmises directement. Il

25 fallait que cela passe par nous. Ce n'était pas à moi de dire si

Page 7651

1 l'information était importante. Il se peut que cela fût un élément

2 d'information tout à fait inoffensif. Il se peut également qu'il y ait des

3 appels subjectifs pour nous que nous transmettions ou non; mais quelque

4 chose de véritablement inoffensif.

5 Q. Lorsque vous interceptiez des communications de l'autre camp et que ces

6 informations avaient un potentiel de renseignement, pour vous, en tant

7 qu'officier des opérations, est-ce que ceci faisait également partie de vos

8 fonctions ? Est-ce qu'il y avait également une fonction relative au

9 renseignement ? Puisque c'est ce que vous venez de décrire, ou est-ce que

10 je me trompe ?

11 R. Je pense que vous vous trompez. Comme je vous l'ai dit, notre rôle

12 était un rôle de surveillance, de supervision de la situation dans notre

13 zone de responsabilité : sur le terrain, dans les airs. La formation

14 faisait également partie de cela. Il y avait des opérations de guerre. Peu

15 importe comment vous obtenez les informations, que cela soit grâce à la

16 surveillance radio, la surveillance radar, toujours est-il que nous, nous

17 transmettions l'information; c'était absolument évident.

18 Q. Où vous trouviez-vous à l'aube du 6 décembre ? Est-ce que vous pourriez

19 nous dire exactement où vous vous trouviez ?

20 R. Je ne le sais pas exactement. J'étais au commandement; au commandement

21 du 9e VPS. J'étais dans le centre Opérationnel, dans mon bureau, peut-être

22 à la cantine. Je me suis également rendu aux toilettes. Voilà comment je me

23 suis déplacé.

24 Q. Lorsque vous parlez du commandement du 9e VPS, vous faites allusion à

25 Kumbor ?

Page 7652

1 R. Oui, à Kumbor, tout à fait.

2 Q. Est-ce que vous n'avez pas reçu plusieurs communications du capitaine

3 Slobodan Kozaric à l'aube du 6 décembre ?

4 R. D'après ce que j'ai pu en juger dans le journal de guerre, je n'y étais

5 pas. Je n'étais pas là. Je n'ai pas eu cette communication. Je ne m'en

6 souviens pas. Je pourrais peut-être consulter à nouveau le journal de

7 guerre.

8 Q. Vous ne souvenez pas ?

9 R. Non, je ne m'en souviens pas.

10 Q. Pour ce qui est des activités à l'aube du 6 décembre, vous ne vous

11 souviendrez de ce que vous avez fait qu'en consultant le journal de guerre;

12 c'est ce que vous essayez de me dire. Vous n'avez pas de souvenir

13 indépendant en quelque sorte ?

14 R. Je ne me souviens pas. C'est comme cela. Il y a des choses dont on se

15 souvient pendant très longtemps, et il y a des choses que l'on oublie très

16 rapidement. Après tout, 12 ans se sont écoulés. Cela dépend de l'importance

17 de l'information et des événements. Il y a des choses qui, après 12 ans, je

18 ne sais pas, même une information détenue par un ordinateur, il y a un

19 virus qui affecte l'ordinateur et l'information elle est perdue.

20 Q. Excusez-moi, en d'autres termes, vous nous dites que de nombreux

21 événements se sont déroulés et que vous ne souvenez pas de tous ces

22 événements.

23 R. C'est exact.

24 Q. Comment est-ce que vous sauriez qu'un appel qui aurait pu émaner du

25 général Kadijevic, a été passé le 6 décembre ?

Page 7653

1 R. Le général Kadijevic n'appelait pas très fréquemment. Il n'appelait que

2 s'il avait véritablement une raison importante. Nous avons connu la paix

3 pendant un très long moment, et l'événement le plus important qui s'est

4 passé, ou plutôt lorsqu'il y avait des événements importants, il fallait

5 véritablement que ce soit important pour qu'il intervienne,

6 personnellement. Cela fut l'événement le plus important. Après une très

7 longue période de temps, cela s'est passé, ces opérations se sont passées

8 et c'est, à ce moment-là, que Kadijevic est intervenu, personnellement.

9 Q. De quelles opérations vous nous parlez ?

10 R. Le mouvement des forces vers Srdj. Voilà ce que je fais allusion. Il y

11 avait des mouvements généraux, des mouvements inutiles d'ailleurs.

12 Q. Est-ce que --

13 R. Seul un fou --

14 Q. Je m'excuse de vous interrompre. Je m'excuse. Vous trouviez-vous

15 également au centre des Opérations de Kumbor entre le 23 et le 25 octobre

16 1991, et le 8 et 13 novembre 1991 ?

17 R. Je ne m'en souviens pas. Pourriez-vous peut-être me parler d'un

18 événement pour me rafraîchir la mémoire ?

19 Q. Vous avez fait d'état d'opérations. Vous souvenez-vous d'opérations qui

20 se sont passées et qui auraient eu une incidence sur le 2e Groupe

21 opérationnel ou la zone autour de Dubrovnik ou sur le 9e VPS pendant cette

22 période de temps ?

23 R. Oui. Je suis au courant d'une opération particulière. Je peux vous la

24 décrire si vous le souhaitez. Je peux vous fournir des explications à ce

25 sujet. Voilà comment les choses se sont déroulées. Il s'agissait de ce qui

Page 7654

1 s'est passé à Kupari.

2 Q. Quand est-ce que cela s'est passé ? Pouvez-vous nous le raconter ?

3 R. Je ne connais pas la date. Je ne peux véritablement pas vous donner la

4 date de cet atterrissage. Je me souviens très bien de l'événement, mais je

5 ne me souviens pas de la date à laquelle cela s'est passé.

6 Q. Je vais vous poser une autre question. A la suite de cet atterrissage à

7 Kupari, puisque jusqu'à ce moment-là le centre Opérationnel du 9e VPS avait

8 été exclusivement à Kumbor, n'est-ce pas ?

9 R. Non, non.

10 Q. Où se trouvait-il ?

11 R. Lorsque l'atterrissage s'est passé, peut-être une heure après, nous

12 avons eu un appel du général Strugar, de Pavle Strugar. Il a demandé à

13 pouvoir parler à l'amiral Jokic. Jokic a pris le téléphone. Je cite

14 maintenant. Il a dit : "Est-ce qu'il a dit 'moi' ou qu'est-ce que vous

15 faites ? Qu'est-ce que vous faites ? Ce n'est pas une bonne chose. Ce que

16 vous faites n'est pas une bonne chose. Est-ce que vous savez où se trouvent

17 mes forces ?" Il a voulu répondre, ou peut-être qu'il a dit quelque chose,

18 mais il a dit : "Ne me dites rien maintenant, je vais venir vous voir."

19 Lorsque j'ai entendu cela, je peux dire que j'étais un peu mal à l'aise

20 parce que j'ai eu le sentiment qu'il n'y avait aucune subordination entre

21 le général Strugar, le commandant du 2e Groupe opérationnel, et Jokic. Je

22 me suis rendu compte que Jokic faisait cavalier seul. Il nous a dit que

23 cette opération s'était déroulée de la sorte. Cela, je m'en souviens très,

24 très bien. Je ne peux pas vous donner une date.

25 Q. Comment est-ce que vous pouvez vous en souvenir, si précisément,

Page 7655

1 comment vous vous souvenez-vous de ces mots, des mots qui ont été

2 prononcés, si précisément, après toutes ces années ?

3 R. Je vous ai dit qu'il y a des choses qui restent gravées dans votre

4 mémoire et d'autres pour lesquelles ce n'est pas le cas. En tout cas, c'est

5 ainsi que fonctionne mon cerveau.

6 Q. Après cet atterrissage à Kupari, est-ce que quelque chose a changé pour

7 ce qui est de l'emplacement du centre de Communications ? A quel moment

8 est-ce que cela est devenu un centre Opérationnel, l'IKM ? Quand est-ce que

9 cela s'est passé ?

10 R. Vraisemblablement après cela, mais je ne m'en souviens pas. Je n'ai pas

11 véritablement prêté beaucoup d'attention à cela. Je sais que l'un de nos

12 groupes s'y est rendu. Nous nous étions divisés en plusieurs groupes.

13 Probablement, après cela, après que Kupari ait été pris, naturellement, il

14 serait allé au poste de commandement. C'est d'ailleurs assez normal. Le

15 front se déplace avant. C'est, d'ailleurs, pour cela qu'on parle de poste

16 de commandement avancé.

17 Q. Je ne vais pas vous redire tout ce que vous avez dit, ou relire tout ce

18 que vous avez dit. Vous avez dit : "Mijo" -- quelque chose, quelque chose,

19 quelque chose -- "le général Strugar." Je ne sais pas très bien ce que vous

20 avez dit. Pourquoi est-ce que ces mots vous ont permis de conclure à propos

21 de cette question de la subordination ? Lorsque vous vous êtes souvenu de

22 ces mots aujourd'hui en 2004, qu'est-ce qui vous a fait penser à cette

23 question de la subordination ?

24 R. Il faut que je le répète à nouveau. Il y a certaines choses dont je me

25 souviens très, très bien et d'autres non. Parfois, je me souviens même du

Page 7656

1 ton de la voix, du timbre de la voix et du ton de la voix qui a été utilisé

2 lorsque tel ou tel mot a été prononcé. J'ai compris et je me suis rendu

3 compte que le général Strugar avait été un peu pris au dépourvu, et qu'il

4 était assez surpris par ce que faisait cet homme. J'ai dit que j'étais

5 entre le marteau et l'enclume, parce que j'attendais la paix. Je pensais

6 que la subordination correspondait à une chaîne de commandement stable et

7 que la subordination se faisait depuis l'état-major vers le bas. C'est ce

8 que je pensais en mon for intérieur; j'en étais intimement convaincu.

9 Tout d'un coup, je me suis rendu compte que Jokic prenait contrôle des

10 opérations et que l'homme qui, pour moi, était son supérieur, à savoir, le

11 général Strugar, n'en savait rien. Il s'agissait de subordination ou

12 d'insubordination plutôt. Il y a eu toute une suite d'événements assez peu

13 naturels qui se sont enchaînés. Il a fait cavalier seul. Il a lancé une

14 opération pour laquelle il n'avait reçu aucun ordre. Il y avait un ordre,

15 cet ordre d'attaque. Ce sont des ordres qui auraient dû émaner du général

16 Strugar.

17 Q. Est-ce que cela vous a préoccupé ? Est-ce que cela vous préoccupe

18 encore aujourd'hui ? Est-ce que cela vous a préoccupé jusqu'à présent ?

19 R. Aujourd'hui, que pourrait-on faire aujourd'hui ? Vous savez, cela fait

20 63 ans que je brûle, à petit feu dans le chaudron des Balkans, assumer

21 cette responsabilité pour moi tout seul, vous savez, ou pour lui tout seul,

22 vous savez, une attaque, c'est une opération très complexe. Il n'en a parlé

23 à personne. Vous avez besoin de coordination, vous devez pouvoir compter

24 sur des forces, des forces de soutien, un renforcement -- un renfort de la

25 part de vos voisins, alors qu'il se comportait comme s'il allait à un

Page 7657

1 mariage.

2 Q. J'aimerais essayer de comprendre. Vous pensiez, et vous continuez peut-

3 être à le penser aujourd'hui, que le général Strugar ne savait pas que

4 Kupari allait être prise et que l'amiral Jokic allait être une partie

5 prenante dans cela. Est-ce que cela est encore la préoccupation que vous

6 aviez ?

7 R. Je suis certain que Strugar ne le savait pas. J'en mettrais

8 véritablement ma main à couper. Je suis absolument sûr que Strugar ne le

9 savait pas. En ce qui me concerne, Strugar, c'était un chevalier. Dubrovnik

10 devrait véritablement lui ériger un monument pour le remercier d'exister

11 encore.

12 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi.

13 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

14 Mme SOMERS : [interprétation]

15 Q. A la suite de cela, est-ce que, selon vous, l'amiral Jokic n'était pas

16 tout à fait un chevalier, étiez-vous un peu déçu ?

17 R. Oui, vous avez bien dit cela. Effectivement, c'était le cas.

18 Q. Pourriez-vous nous dire qu'est-ce qui vous dérangeait concernant

19 l'amiral Jokic ?

20 R. Que voulez-vous que je vous dise ? J'espérais que tout se résolve de

21 façon pacifique. Je voulais qu'on parvienne à un accord sans qu'il y ait

22 des victimes, alors que Jokic n'était pas un tel genre d'homme. Il était

23 simplement obsédé. Il voulait que les frustrations qu'il avait eues à

24 Belgrade, lorsque les mères et les femmes l'ont attaqué avec des parapluies

25 à la sortie de l'assemblée nationale, il ne voulait pas que cela se passe

Page 7658

1 encore une fois à Dubrovnik. J'avais l'impression qu'il avait perdu

2 l'esprit.

3 Q. Vous n'aimez pas l'amiral Jokic, si j'ai bien compris. Vous ne l'aimez

4 pas.

5 R. Vous pouvez tout à fait bien conclure que c'est le cas. Ce n'est pas un

6 homme humain, ce n'est pas un soldat professionnel. Un soldat professionnel

7 ne se soumet au pillage.

8 Q. Il semblerait que vous étiez assez préoccupé par quelque chose qui

9 s'est passé à Kupari. Je ne voudrais pas que vous sortiez de ce prétoire

10 sans en avoir parlé car j'ai l'impression que vous voulez nous en parler un

11 petit peu plus. Il s'agit d'un incident concernant Strugar.

12 Mme SOMERS : [interprétation] Je souhaiterais que l'on montre au témoin la

13 pièce P121.

14 Q. Je voudrais savoir si vous avez ce document sous les yeux, Monsieur

15 Handzijev…

16 R. Moi, non.

17 Q. Très bien. J'attends quelques instants que l'on vous remette le

18 document. Avez-vous le document sous les yeux, Monsieur Handzijev ? Je vois

19 que oui.

20 Vous avez examiné ce document un peu plus tôt aujourd'hui. C'est un

21 document qui porte la date du 23 octobre, et porte la signature du général

22 de division, Pavle Strugar. C'était un document destiné au 9e VPS, et c'est

23 un ordre de combat. Au tout premier paragraphe de cet ordre, vous pouvez

24 voir qu'il est destiné au commandement du 9e VPS, et on demande de prendre

25 des parties du territoire, y compris Kupari. Est-ce que vous voyez ce

Page 7659

1 paragraphe ?

2 R. Oui.

3 Q. Votre conclusion concernant les évènements qui sont déroulés entre le

4 général Strugar et l'amiral Jokic, vous êtes parvenu à une conclusion sans

5 en avoir eu préalablement l'information complète. Est-ce que vous êtes

6 d'accord avec moi pour dire que votre conclusion était quelque peu erronée,

7 maintenant que vous savez ce qui c'est réellement passé ?

8 R. Je ne comprends pas exactement si cette attaque a eu lieu concernant

9 cet ordre. Cet ordre ne fait pas état de l'attaque. Dans un ordre, il faut

10 toujours indiquer les mots précis. Si l'on parle de "débarquement", on

11 aurait vu le mot débarquement, "besant" [phon], en B/C/S. Je ne sais pas si

12 l'on peut considérer un mouvement de troupes comme étant un débarquement.

13 Q. Je souhaiterais attirer votre attention sur la partie dans laquelle on

14 voit : "Vous devriez prendre quatre sections, et vous devriez les décrire."

15 L'une d'elles est Kupari et, plus tard, vous devriez aller à Cavtat. Est-ce

16 que vous voyez cette indication-là ?

17 R. Oui.

18 Q. Je vous remercie.

19 Mme SOMERS : [interprétation] Très bien. Merci, Madame l'Huissière. Nous

20 avons terminé avec ce document.

21 Q. Vous avez dit qu'une des fonctions du centre des Opérations était de

22 suivre ce qui se passait dans les airs, et ce qui se passait sur la terre.

23 Est-ce que vous vous deviez suivre les conditions météorologiques, par

24 exemple ? Est-ce que c'était l'un des objectifs de votre centre

25 Opérationnel ? Deviez-vous informer les unités quant à la prévision

Page 7660

1 météorologique ?

2 R. Non. Nous suivions les routes par radar. Cela est TISTINA [phon]. C'est

3 un système de radar lié à l'ordinateur. Il s'agissait d'un radar maritime

4 Falcon, et nous suivions les mouvements de façon automatique. Nous avions

5 également deux radars Decca, grâce auxquels nous pouvions suivre les

6 mouvements, mais ils étaient détruits. Pour ce qui est de la situation dans

7 les airs, nous suivions par radar les mouvements, et cela s'inscrivait sur

8 ordinateur.

9 Q. Il y avait un système qui avait été établi, afin de permettre aux

10 unités de s'informer sur les conditions atmosphériques, et tout cela.

11 R. Mais non, pas à des situations météorologiques. Vous devez comprendre

12 que la mer est un territoire assez vaste. Il y avait nos eaux

13 territoriales, et nous devions regarder, observer et suivre le mouvement

14 des vaisseaux.

15 Q. Vous aviez l'information. Cela faisait partie de votre système, si je

16 comprends bien. Vous aviez un système très sophistiqué.

17 R. Oui, effectivement. C'est le cas.

18 Q. Le 6 décembre, est-ce que vous avez appris qu'il y a eu des

19 conversations faites entre le capitaine Slobodan Kozaric et le capitaine

20 Vladimir Kovacevic à Brgat et, ensuite, plus tard, à Zarkovica ?

21 R. Non, je n'ai aucune connaissance de ces appels téléphoniques. Quoi ?

22 Vous parlez du capitaine Kovacevic ? Non, non, je ne me souviens vraiment

23 pas de ces détails. Je n'ai pas cela en mémoire.

24 Q. Est-ce que vous savez s'il y a eu des appels téléphoniques faits entre

25 le capitaine Slobodan Kozaric et le capitaine de vaisseau Milan Zec, qui

Page 7661

1 était également le capitaine de l'état-major, une conversation qui a eu

2 lieu le 6 décembre ?

3 R. Je ne me souviens vraiment plus.

4 Q. Outre les entrées à la page 70, est-ce que vous aviez connaissance

5 d'appels téléphoniques qui ont eu lieu entre le capitaine Kozaric et le

6 colonel Gavro Kovacevic, outre les conversations qui ont eu lieux le 6

7 décembre. Je veux savoir s'il y a eu d'autres appels.

8 R. Je ne me souviens vraiment pas.

9 Q. Est-ce que vous vous souvenez d'appels téléphoniques qui ont eu lieu,

10 le 6 décembre, entre l'amiral Jokic, et je crois que le nom est le colonel

11 Gojko Djurasic de Mokosica ?

12 R. Non. Il pouvait également avoir des lignes directes avec Mokosica. Cela

13 veut dire qu'il ne passait pas par nous.

14 Q. Vous souvenez-vous ou est-ce que vous savez s'il y a eu des appels

15 téléphoniques établis entre l'amiral Jokic, qui était à Kumbor, et le

16 général Strugar le 6 décembre ?

17 R. Non.

18 Q. Vous ne vous souvenez pas ?

19 R. Non, je ne me souviens pas. Je ne sais pas par où cet appel aurait

20 passé.

21 Q. Le 6 décembre, est-ce que des appels téléphoniques ou des

22 communications sont parvenus à votre centre Opérationnel provenant du

23 général Strugar ? Est-ce que vous souvenez d'appels, de communications

24 faites par le général Strugar ?

25 R. Je crois que non. Je ne me souviens vraiment pas du tout à savoir s'il

Page 7662

1 y en a eu. C'était peut-être des appels téléphoniques peu importants, qui

2 ne se sont pas gravé dans ma mémoire.

3 Q. Vous voulez dire des appels qui traitaient des sujets qui n'étaient pas

4 aussi importants ?

5 R. Je ne fais que supposer qu'il y a eu des appels. Si ce n'est pas

6 quelque chose de très important, je ne garde pas cela en mémoire. Je ne les

7 sauvegarde pas comme un ordinateur tous les détails dans ma mémoire. Je les

8 efface.

9 Q. Monsieur Handzijev, je souhaiterais que l'on examine le registre de

10 Kupari, je vous prie. Pourriez-vous, je vous prie, prendre la page 73. Est-

11 ce que vous avez trouvé la partie

12 pertinente ?

13 R. Oui.

14 Q. Très bien. Je vous prierais de jeter un coup d'œil à l'entrée 1922.

15 C'est pour le lieutenant général Strugar à Dubrovnik.

16 On peut voir : "Rudolf. Puisque le feu brûle dans le centre de la vieille

17 ville de Dubrovnik, et comme il n'y a pas d'eau, on ne peut pas éteindre le

18 feu. Nous avons demandé que des canons à eau provenant de Korcula et Ploca

19 soient acheminés au vieux port de Dubrovnik. Il est nécessaire et

20 primordial que ce genre de bateaux nous soient acheminés. Signé, ministre

21 Davorin Rudolf."

22 L'entrée suivante, 19 heures 30, c'est pour la Cellule de crise de

23 Dubrovnik : "Le lieutenant général Pavle Strugar donne son assentiment

24 initial concernant les navires avec des canons à eau dans le vieux port de

25 Dubrovnik afin de pouvoir éteindre les feux. Je vous prie de nous informer

Page 7663

1 du nombre de navires afin de pouvoir permettre un passage à ces navires.

2 Signé, général Pavle Strugar."

3 Ne saviez-vous pas qu'il y avait eu cette communication le

4 6 décembre ?

5 R. Non. Je vais vous expliquer pourquoi. J'ai déjà dit qu'il était

6 possible qu'il y ait eu une communication entre la cellule de Crise et le

7 poste de commandement avancé et ces appels passés par Mokosica, c'est-à-

8 dire, par le poste de commandement de Mokosica. Le colonel Gojkovic, je

9 crois que c'était cela, comment s'appelait-il ? Non, je ne sais plus.

10 Qu'est-ce que vous avez dit un peu plus tôt J'essaie de lire. Cela n'est

11 pas grave. Toujours est-il que, pour vous répondre précisément et pour ne

12 pas perdre trop de temps, c'est mon témoin suivant qui répondra à votre

13 réponse, puisque c'est son écriture. Vous allez pouvoir vous entretenir

14 avec lui. C'est lui qui a reçu l'appel.

15 Q. Est-ce que vous avez parlé au témoin qui témoignera après vous

16 concernant ces entrées dans le registre ? Est-ce que vous étiez allé

17 ensemble ? Est-ce que vous vous êtes entretenus sur ces questions ?

18 R. Le témoin qui viendra après moi travaillait au poste de commandement

19 avancé. Il était de permanence à ce poste et c'est à lui que vous allez

20 pouvoir poser toutes ces questions puisque c'est eux qui recevaient les

21 appels directement.

22 Mon centre Opérationnel ne recevait pas ces appels. Voyez-vous, mon centre

23 Opérationnel, s'il avait reçu, en passant par radio Bar, ce genre

24 d'information, oui, vous arrivez avant de recevoir ce genre d'appels, avant

25 que le réseau ne soit établi, j'aurais dit qu'en passant par Handzijev, que

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1 c'est Handzijev qui a transmis ce message à Strugar, selon le registre.

2 Nous pouvons voir, selon ce registre, que cela a été fait par voie directe

3 et que c'est une information qui est parvenue au poste de commandement

4 avancé. Posez-lui la question et il vous expliquera le tout.

5 Q. Ma question, en fait, était la suivante : est-ce que vous avez parlé à

6 la personne qui viendra témoigner après vous concernant votre témoignage,

7 concernant son témoignage et d'autres témoignages ? Est-ce que vous vous en

8 êtes vus ? Est-ce que vous en avez parlés ?

9 R. Bien sûr que oui. Je ne vais pas vous mentir. Je ne vais pas dire que

10 non. C'est normal que l'on se soit entretenu, que l'on ait parlé de

11 certaines choses, que l'on ait essayé de se remémorer de certains

12 événements, que l'on ait rafraîchi notre mémoire en parlant des événements.

13 Q. Est-ce que vous vous souvenez s'il y a eu des messages d'importance

14 particulière ou s'il y a eu des communications le 4 ou le 5 décembre 1991,

15 qui auraient vous indiquer que quelque chose devait avoir lieu le 6

16 décembre ?

17 R. Oui. Quelque chose allait survenir le 6. J'étais heureux. J'ai été mis

18 au courant que Rudolf allait venir, qu'à Cavtat, il y aurait une réunion et

19 qu'il parviendrait à un accord de paix. J'étais tellement heureux parce que

20 je suis un homme de paix.

21 Q. Est-ce que, personnellement, vous avez su s'il y a eu des conversations

22 ou des communications qui sont parvenues au centre des Opérations, le 4 ou

23 le 5 décembre, qui vous informaient que l'action ou l'attaque qui a eu lieu

24 à Srdj allait avoir lieu ?

25 R. Non, absolument pas du tout. Je n'ai aucune information. J'ai

Page 7665

1 simplement su que les ministres allaient se présenter à la réunion pour

2 mener des pourparlers et c'est tout. Comment est-ce que j'aurais pu avoir

3 connaissance d'opération d'action là-bas ? Ce n'est qu'un fou qui ferait

4 quelque chose de ce genre.

5 Q. Très bien. Je souhaiterais revenir sur quelque chose que vous avez dit

6 hier, en parlant de ce que vous avez appelé une conversation qui a eu lieu

7 entre le général Kadijevic, et j'essaie de trouver la référence.

8 Hier, dans le compte rendu d'audience, à la page 13:30:50, vous avez dit

9 que Kadijevic a demandé à Jokic -- je ne sais pas s'ils s'entendaient bien

10 ou non : qu'est-ce que vous faites là ? Vous ne savez pas s'il vous

11 vouvoyait ou il le tutoyait ?

12 Pourquoi est-ce que vous vous êtes demandé si le général Kadijevic aurait

13 utilisé soit le singulier ou le pluriel, c'est-à-dire, dans chaque entrée

14 que vous faites dans votre registre, est-ce que vous notez si la personne

15 parlait au singulier ou au pluriel ? Treize ans, 14 ans plus tard, pourquoi

16 avez-vous dit ce que vous avez dit hier concernant le singulier et le

17 pluriel ?

18 R. Vous savez, c'est à Belgrade. J'avais l'impression qu'il se tutoyait.

19 C'est l'impression que j'aie aujourd'hui. Je ne pourrais pas vous garantir

20 cela. Je peux tout simplement vous certifier que cet entretien a eu lieu.

21 Je ne suis pas venu ici pour mentir. Je suis venu ici pour que la vérité

22 éclate. C'est la vérité car, sur les Balkans, cette vérité est

23 insaisissable. Je suis venu ici pour vous aider et je suis sûr que cette

24 conversation a eu lieu, qu'elle était telle que je vous la décris.

25 Q. Quelle est votre langue maternelle ?

Page 7666

1 R. Le grecque, ensuite, le macédonien et, ensuite, je parle le bulgare

2 aussi. Je ne sais pas quelle est ma langue maternelle. Je vous ai dit que

3 j'ai vécu la guerre civile en Grèce. A l'âge de 15 ans, j'ai quitté la

4 Grèce. Je suis arrivé en Yougoslavie pour vivre en Yougoslavie. Maintenant,

5 l'Yougoslavie n'existe plus. Elle a été tuée. Je n'ai pas de langue

6 maternelle. Je suis un apatrié. Je n'ai pas de pays.

7 Q. Est-ce que vraiment cela vous préoccupait tant de savoir si, à

8 l'époque, quelqu'un avait tutoyé quelqu'un ou le vouvoyait dans une langue

9 qui n'est pas finalement votre langue maternelle et cela vous a choqué à

10 point que vous puissiez le dire aujourd'hui, 12 ans plus tard ?

11 R. Vous savez lui il était le ministre de la Défense, Jokic, et l'autre

12 était le chef d'état-major principal. D'une espèce de proximité, je pense

13 qu'il se tutoyait, mais ce n'est pas important. Ce n'est absolument pas

14 important. Je ne vois pas pourquoi vous me posez des questions à ce sujet.

15 Je vous dis ce qu'ils se sont dits.

16 Q. Si nous trouvons ce journal de bord de Kumbor, est-ce que nous allons

17 trouver un endroit où il va être écrit, le général Kadijevic a parlé à

18 Jokic en le tutoyant ?

19 R. Oui. Peut-être que oui, peut-être que non. Comment vous dire cela ?

20 Nous étions là pour transmettre l'information. Ce n'était pas un ordre.

21 D'ailleurs, je n'étais pas censé écouter cela, ce n'était même pas moral

22 que de l'écouter. J'aurais dû peut-être appuyer sur le bouton et ne pas

23 écouter cette conversation. Mais j'ai été intéressé. Je voulais connaître

24 la situation. J'ai été tenté, la tentation était trop grande, et j'ai

25 écouté la conversation pour voir ce qui se passe, pour voir ce qu'il veut,

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1 car cela me concernait. Ma famille aussi était concernée. Où voulez-vous

2 que je parte en Macédoine ? J'espère que vous me comprenez.

3 Je sais que ce n'est pas professionnel, que ce n'est pas moral, qu'un

4 officier ne devrait pas le faire, mais j'ai écouté cette conversation et je

5 suis venu vous le dire pour vous aider pour que vous puissiez établir la

6 vérité.

7 Q. Monsieur le Témoin, la vérité est qu'il n'y a pas eu de telle

8 conversation au cours de la matinée entre le général Kadijevic et l'amiral

9 Jokic. Cette conversation n'a pas eu lieu, et c'est cela la vérité.

10 R. Si ce sont les informations dont vous disposez, c'est votre problème.

11 Je vous raconte ce dont je me souviens. Si vos renseignements vous

12 fournissent d'autres informations, soit, mais on peut en discuter, vous

13 savez, car je n'ai aucun besoin d'attaquer qui que ce soit. Je ne suis pas

14 venu ici pour défendre Strugar ou Jokic. Je suis venu ici pour vous aider à

15 établir la vérité. Je suis sûr d'avoir entendu. Je mettrais ma main au feu

16 pour cela. Je ne l'ai pas rêvé. Pourquoi voulez-vous que j'invente cela ?

17 Q. Si jamais, si l'on retrouve ce journal de bord qui manque -- mais la

18 raison pour laquelle dans ce livre, dans ce registre, on ne trouvera pas

19 d'information concernant cette conversation, c'est parce que cette

20 conversation n'a pas eu lieu.

21 M. PETROVIC : [interprétation] Objection.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Asseyez-vous, Maître Petrovic.

23 Mme SOMERS : [interprétation]

24 Q. Pourriez-vous confirmer ou réfuter mes propos ? Je vous dis que cela ne

25 figurait pas dans ce journal de bord parce que cette conversation n'a

Page 7668

1 jamais eu lieu; est-ce exact ?

2 R. Non. Peut-être que nous ne l'avons pas noté, mais je ne l'affirme pas,

3 d'ailleurs, parce qu'il s'agissait là de transmettre une information, rien

4 de plus. Je n'avais aucun besoin de noter cela. Peut-être que nous ne

5 l'avons pas noté.

6 Si vous m'avez demandé de témoigner, je vais vous raconter ce dont je me

7 souviens. Est-ce que ceci a été noté ou non ? Bien, écoutez, il y a plein

8 de choses qu'on ne note pas, et plein de choses importantes qu'on ne note

9 pas parce qu'on ne fait pas attention parce qu'on n'est pas très rigoureux.

10 Nous avons beaucoup d'obligations et, parfois, nous ne le respectons pas.

11 Non, peut-être qu'on n'accordait pas tellement d'importance à ce registre,

12 à ce livre. Je ne sais pas si vous me comprenez.

13 Mme SOMERS : [interprétation] Le Procureur a terminé son contre-

14 interrogatoire.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, je ne vous ai pas

16 permis de soulever une objection, à ce moment précis, parce qu'il

17 s'agissait là d'un moment extrêmement critique du contre-interrogatoire.

18 Est-ce qu'il y a, à présent, quelque chose que vous souhaitez dire ?

19 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, d'après le ton de ce

20 que vient de dire mon confrère du bureau du Procureur, on peut supposer que

21 la Défense du général Strugar était impliquée dans le fait que ces

22 documents existent ou non. Je proteste fermement contre toute insinuation

23 éventuelle à ce sujet. C'est pour cela que je me suis levé.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je peux tout simplement vous dire que

25 je n'ai pas aperçu cela, mais je pense que, maintenant, l'affaire est

Page 7669

1 close.

2 M. PETROVIC : [interprétation] Oui.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'il y a des questions

4 supplémentaires, Maître Rodic ?

5 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

6 Je vais demander que l'on présente au témoin le document P121.

7 Nouvel interrogatoire par M. Rodic :

8 Q. [interprétation] Monsieur Handzijev, est-ce que vous avez pu lire ce

9 document ?

10 R. Non.

11 Q. Je vous prie de bien vouloir le lire. Est-ce que vous êtes en train de

12 lire ?

13 R. Je suis en train de lire le premier paragraphe.

14 Q. L'ordre concernant les actions à entreprendre par le commandement du 9e

15 Secteur naval de la 472e Brigade motorisée en date du 23 octobre 1991 ?

16 R. Oui, je l'ai lu.

17 Q. Merci. Pourriez-vous me dire, maintenant, puisque vous avez lu ce

18 document, dans ce document concernant les actions à entreprendre, par la

19 suite, est-ce qu'on parle d'une attaque sur Kupari, la descente sur Kupari

20 en tant qu'opération militaire ?

21 R. A chaque fois que l'on parle du débarquement, ce débarquement est

22 mentionné dans un paragraphe particulier.

23 Q. Si vous regardez le premier paragraphe, dans la dernière phrase, il est

24 écrit : "Vous devriez prendre quatre sections, un sur 1:25:000 de cette

25 région avec vous (Dubrovnik, Dubac, Kupari-Cavtat."

Page 7670

1 Ces sections de la carte, est-ce que d'après ces sections, on peut arriver

2 à la conclusion qu'il va y avoir un débarquement sur Kupari ?

3 R. Non. Ce sont les sections de la carte tout à fait régulières qui

4 concernent toute cette région.

5 Q. Très bien. Je n'ai plus besoin de cela.

6 Au cours de la première partie du contre-interrogatoire, ma collègue, mon

7 éminente collègue vous a posé des questions au sujet d'Ivan Milisic qui

8 était le chef d'état-major du 9e Secteur naval; est-ce exact ?

9 R. Oui.

10 Q. On vous a posé plusieurs questions concernant la procédure qui a eu

11 lieu devant le tribunal militaire de Nis concernant, justement, les

12 accusations contre Ivan Milisic.

13 R. Oui.

14 Q. Quel était votre rôle dans cette procédure ?

15 R. J'étais là en tant que témoin.

16 Q. Est-ce que vous avez déposé, témoigné dans le cadre de cette procédure

17 ?

18 R. Oui.

19 Q. En tant que témoin, est-ce que vous avez dit la vérité ?

20 R. Oui. La vérité toute entière, la vérité nue.

21 Q. Essayez de répondre brièvement à mes questions, s'il vous plaît. A part

22 votre déposition, en l'espèce, est-ce que vous avez été confronté à

23 d'autres témoins en l'espèce ?

24 R. Oui, avec l'amiral Kandic.

25 Q. Pourquoi ? Sur quelle circonstance ?

Page 7671

1 R. Parce qu'il a dit qu'il y avait tellement d'incidents et d'événements,

2 à l'époque, qu'il ne se souvenait pas avoir ordonné à Ivo -- et là, on

3 parle du capitaine de navire Milisic, qu'il ne souvient pas avoir donné un

4 tel ordre à cette personne.

5 On nous a confronté, et j'ai dit que ce n'était pas vrai, et j'ai dit la

6 vérité telle qu'elle était. Il n'a rien dit. Mais après, quand nous sommes

7 sortis, quand nous attendions le retour, nous sommes restés tout seul, tête

8 à tête, et si vous ne me faites pas confiance, appelez Kandic. Il m'a dit :

9 "Pere, tu sais, j'ai un petit enfant à Split." C'est que j'ai tout compris.

10 Q. Qu'est-ce que vous avez compris ?

11 R. J'ai compris qu'il ne pouvait pas dire toute la vérité, voilà, je l'ai

12 compris. J'étais désolé d'avoir dû le faire parce que tous mes amis étaient

13 Croates. Milisic était mon meilleur ami, mais je ne pouvais pas mentir

14 devant le tribunal.

15 Q. Cette explication, que vous a fournie l'amiral Kandic, qui a aussi été

16 témoin dans le procès contre Ivan Milisic, qui, après le procès, vous a dit

17 : "Pere, tu sais, j'ai un petit enfant à Split." Mais pourquoi il a dit

18 cela ? Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Cela faisait suite à quoi

19 exactement ?

20 Mme SOMERS : [interprétation] C'est une question qui appelle à la

21 spéculation. Comment le témoin peut-il savoir ce que Kandic voulait dire ?

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous voyez de quoi il

23 s'agit, Maître Rodic ? Il s'agit là d'une question qui appelle à la

24 spéculation.

25 M. RODIC : [interprétation] Très bien. Je vais reformuler ma question.

Page 7672

1 Q. Pourquoi l'amiral Kandic vous a-t-il dit : "Pere, tu sais, j'ai une

2 fille --"

3 R. Non, ce n'était pas sa fille, c'était son petit enfant, sa petite

4 fille.

5 Mme SOMERS : [interprétation] Objection pour la même raison.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je l'ai entendu et vous avez entendu

7 qu'on a répondu. Je pense que nous pourrions tout simplement passer à un

8 autre sujet. Je pense que vous avez probablement reçu la réponse que vous

9 vouliez obtenir, obtenir ce que vous vouliez obtenir par cette question.

10 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Q. Monsieur Handzijev, est-ce que vous avez été témoin de la chute de

12 l'hélicoptère où se trouvait le général Cokic et le capitaine de navire

13 Djurovic ?

14 R. Oui, au moment où l'hélicoptère est tombé, il est tombé pas loin de

15 l'endroit où nous étions. Nous étions sur la route principale qui mène vers

16 Cilipi. Quand l'hélicoptère est tombé, nous devions nous échapper puisque

17 les forces croates qui se retiraient du village de Komaja s'enfuyaient

18 Cilipi et venaient dans notre direction. Là, nous étions dans un Fiat 500,

19 et il fallait que l'on prenne la fuite en direction de Kupari.

20 Q. Merci.

21 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, on lui a demandé s'il a été le

22 témoin de la chute de l'hélicoptère. Si je me souviens bien de sa

23 déposition, il a dit qu'il a été dans la région, et qu'il a entendu parler

24 de cela.

25 M. RODIC : [interprétation] Je passe à un autre sujet, même s'il est exact

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1 que le témoin en a parlé de façon détaillée au moment de son contre-

2 interrogatoire.

3 Je vais demander que l'on présente au témoin la pièce P119.

4 Q. Vous n'avez pas à lire tout ce document. Essayez juste de l'examiner

5 rapidement et de nous dire de quoi il s'agit.

6 R. C'est une décision portant sur les actions à venir émanant du 2e Groupe

7 opérationnel.

8 Q. Cette décision a été écrite le 24 octobre, n'est-ce pas ?

9 R. Oui.

10 Q. Elle concerne quelle période ? Est-ce qu'elle concerne ce jour-là ou un

11 autre jour ?

12 R. Je dirais que cela concerne ce jour-là.

13 Q. Qu'est-ce que cela veut-il dire, décision concernant les actions à

14 venir ? A quel moment va-t-on prendre ces actions à venir ?

15 R. C'est après avoir accompli un certain nombre d'actions ou quand on

16 envisage des actions.

17 Q. Les ordres de combat et des décisions concernant les activités à venir

18 venant du 2e Groupe opérationnel, du commandement du 2e Groupe opérationnel,

19 est-ce que vous pourriez nous dire à qui envoyait-on ces ordres, ces

20 décisions ?

21 R. Au 2e Corps, au 9e VPS et à la 472e Brigade motorisée.

22 Q. Est-ce que le 9e Secteur naval, dans son intégralité, a participé aux

23 opérations militaires sur le territoire de Dubrovnik et Herzégovine ?

24 R. Je vous ai déjà dit que nous étions un commandement en temps de paix.

25 Nous n'avons pas participé à tout cela, et nous n'étions pas obligés d'être

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1 au courant de tous ces documents et toutes ces activités.

2 Q. Merci.

3 M. RODIC : [interprétation] Je n'ai plus besoin de ce document.

4 Q. Vous avez décrit, au cours de votre déposition, le fonctionnement du

5 centre Opérationnel du 9e Secteur naval de Kumbor. Vous avez énuméré de

6 nombreuses activités qui se sont déroulées au cours de cette période-là

7 vers la fin de l'année 1991 ?

8 R. Oui.

9 Q. Je ne vous pose pas une question précise, mais, en tenant compte de ces

10 activités qui étaient nombreuses, est-ce que vous pourriez nous dire à peu

11 près quelle était la quantité d'information qui vous parvenait de façon

12 quotidienne ?

13 R. Il y en avait énormément. Par exemple, quand on avait des demandes

14 concernant des nouveaux éléments du personnel, nous avions des officiers

15 qui centralisaient ces demandes.

16 Q. Monsieur Handzijev, vous avez déjà décrit ces activités, vous avez

17 parlé de la relocation, le transfert, les déménagements, la communication

18 et cetera. Mais la question que je vous ai posée et toute autre, est-ce que

19 vous pouviez essayer de quantifier la quantité d'information que vous

20 receviez par jour ?

21 R. Des centaines.

22 Q. Au cours de votre déposition, vous nous avez décrit le contenu du

23 bureau du centre Opérationnel, entre autres vous nous avez dit que vous

24 aviez les appareils de transmission et le standard téléphonique.

25 R. Oui, c'est exact.

Page 7675

1 Q. Ce standard téléphonique, est-ce qu'il y a des écouteurs ? Est-ce que

2 la personne qui utilise ce standard doit parler avec les écouteurs ?

3 R. Non, parce que vous avez les haut-parleurs, un micro aussi. On peut

4 aussi utiliser les écouteurs, en tant que téléphone, mais aussi avec un

5 haut-parleur. Cela peut fonctionner avec un haut-parleur.

6 Q. Est-ce qu'il est arrivé que, justement, on réalise ces communications,

7 ces conversations, par le biais de ces haut-parleurs ?

8 R. Oui. Parfois, on ne l'éteignait même pas. Cela dépendait de la personne

9 qui travaillait parce que cette personne pouvait, en même temps, être

10 occupée sur une autre ligne et écouter, en même temps, ce qui sortait de

11 l'haut-parleur.

12 Q. Est-ce qu'il y avait plusieurs personnes qui travaillaient dans le

13 centre Opérationnel ?

14 R. Oui, c'est arrivé. Parfois, les chefs de service venaient chez nous

15 pour passer des coups de fil, et cetera.

16 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, le moment est-il

17 opportun pour prendre notre deuxième pause ?

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, en effet. Nous allons reprendre

19 nos travaux juste après une heure moins le quart.

20 --- L'audience est suspendue à 12 heures 27.

21 --- L'audience est reprise à 12 heures 49.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic.

23 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

24 Q. Monsieur Handzijev, depuis Kumbor, depuis le centre Opérationnel à

25 Kumbor, est-ce que vous pouviez établir une ligne de communication

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1 militaire avec Mokosica et Cavtat ?

2 R. Oui, nous pouvions le faire.

3 Q. Par l'entremise du centre Opérationnel de Kumbor, est-ce que vous

4 pouviez établir la communication entre des participants à Cavtat et à

5 Mokosica et d'autres participants ?

6 R. Oui, nous pouvions le faire par le centre de Communications avancé. Ils

7 avaient une petite centrale téléphonique telle que nous en avions une. Nous

8 pouvions, effectivement, passer la communication.

9 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse.

10 J'aimerais demander une précision. Lorsque le témoin parle de centre de

11 Communications avancé, est-ce qu'il pourrait nous indiquer ce qu'il entend

12 par là, s'il vous plaît ?

13 M. RODIC : [interprétation]

14 Q. Monsieur Handzijev, pourriez-vous nous dire ce que cela signifie ?

15 R. J'avais dit le poste de commandement avancé, le poste de commandement

16 avancé, IKM.

17 Q. Au commandement du 9e VPS à Kumbor, est-ce qu'il existait un système

18 qui permettait d'établir une surveillance radio, qui permettait d'écouter

19 les communications radio plus précisément ?

20 R. Cela ne se faisait pas à Kumbor. Dans le bâtiment, il y avait un organe

21 spécial qui nous était rattaché et qui venait du commandement du PPO [sic].

22 C'est le rôle qu'ils jouaient. Ils écoutaient les conversations et c'est là

23 où ils se trouvaient.

24 Q. Le compte rendu d'audience ne parle pas du commandement auquel vous

25 avez fait référence. De quel commandement s'agissait-il ? De quel

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1 commandement vous receviez cela, si vous pourriez nous en donner le nom

2 dans son intégralité.

3 R. Le commandement du VPO. C'était une section, en fait, et --

4 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu le nom qui vient d'être

5 mentionné.

6 M. RODIC : [interprétation]

7 Q. Ces activités n'étaient pas menées à bien à partir du centre

8 Opérationnel de Kumbor ?

9 R. Non. Le centre Opérationnel n'avait rien à voir avec cela. S'ils

10 avaient une ligne directe avec eux, ils ne nous auraient pas contacté.

11 Mais, de toute façon, nous faisions office de transit. Ce n'était pas notre

12 organe, c'était un organe qui existait au préalable. Ils s'occupaient des

13 opérations de coordination, d'entraînement et, en fait, ils étaient établis

14 à Obosnik. S'ils avaient un lien de communication direct avec eux, ils leur

15 auraient envoyé les messages, mais ils le faisaient par notre intermédiaire

16 parce que nous étions la centrale téléphonique.

17 Q. Ils vous ont, également, posé des questions à propos des systèmes de

18 surveillance du centre Opérationnel du 9e VPS à Kumbor. Est-ce que vous

19 pourriez nous dire, s'il vous plaît, ce que vous pouviez superviser et

20 surveiller à partir du centre Opérationnel de Kumbor ?

21 R. Toute la situation maritime, par exemple. Lorsqu'un navire partait ou

22 quittait la côte italienne, nous pouvions suivre tout son itinéraire. Par

23 exemple, avec la vitesse du bateau, ce que faisait l'équipage, l'itinéraire

24 précis que prenait le bateau. Cela, c'était la situation maritime. C'est

25 ainsi que nous y faisions référence, pour les navires et pour les avions

Page 7678

1 également.

2 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que représente Voji ?

3 R. Cela, c'était le système de surveillance aérienne, le système de

4 surveillance du trafic aérien. Ils avaient leur propre radar. Ils avaient

5 un système de communication. Ils recevaient leur information de ces radars.

6 Ils les transféraient sur un ordinateur. Ainsi, vous aviez une idée assez

7 précise de la situation sur le terrain, la vitesse d'un avion, par exemple,

8 l'itinéraire d'un avion. C'était un système sophistiqué, très sophistiqué.

9 Q. Très bien. Afin d'éviter que la confusion ne règne, lorsque vous avez

10 parlé de la conversation établie entre le général Kadijevic et l'amiral

11 Jokic, vous avez utilisé une expression; vous avez utilisé le singulier et

12 le pluriel, n'est-ce pas ?

13 R. Oui. Ce que j'entendais, c'est qu'ils se tutoyaient.

14 Q. Vous avez dit ne pas vous souvenir de la façon dont le général

15 Kadijevic s'adressait à l'amiral Jokic. Vous ne savez pas s'il s'adressait

16 de façon familière ou de façon beaucoup plus formelle en B/C/S.

17 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, Monsieur le Président, je pense

18 qu'il a dit qu'ils se tutoyaient dans le cadre de l'interrogatoire

19 principal.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous êtes en train de présenter vous-

21 même les éléments de preuve, Maître Rodic.

22 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit d'une question

23 de grammaire, de grammaire de B/C/S.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pourriez peut-être demander au

25 témoin ce qu'il entendait plutôt que de lui dire ce qu'il entendait

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1 justement.

2 M. RODIC : [interprétation]

3 Q. Monsieur Handzijev, votre certitude, à propos de la façon dont le

4 général Kadijevic s'adressait à l'amiral Jokic, je me demande pourquoi vous

5 êtes incertain ? Est-ce que c'est parce que le général Kadijevic le

6 vouvoyait ou le tutoyait ?

7 R. Autant que je m'en souvienne, je suis sûr qu'il le tutoyait. C'était

8 une façon de communiquer beaucoup plus intime. C'est ainsi que cela était

9 gravé dans ma mémoire. Maintenant, étant donné que beaucoup de temps s'est

10 écoulé depuis, je ne sais plus très bien et j'ai un dilemme parce que cela

11 me semble assez illogique. Je serais plutôt enclin à penser qu'ils se

12 tutoyaient. Ceci étant dit, j'ai quand même ce dilemme.

13 Q. Est-ce que vous pourriez peut-être, en utilisant vos propres mots, nous

14 décrire une relation entre deux personnes, ne pensons pas précisément pas

15 d'ailleurs à Kadijevic et à Jokic. Lorsque vous parlez à quelqu'un, quand

16 vouvoyez-vous la personne, et quand est-ce que vous tutoyez la personne ?

17 Est-ce que vous pourriez nous dire quelles sont les différentes

18 connotations ?

19 Mme SOMERS : [interprétation] C'est une question qui exige soit une

20 explication grammaticale ou cela va nous faire aborder des domaines qui ne

21 peuvent pas forcément être expliqués par le témoin. En tout cas, nous ne

22 l'avions établi.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous pouvez poursuivre,

24 Maître Rodic ?

25 M. RODIC : [interprétation]

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1 Q. Monsieur Handzijev, comprenez-vous ma question ?

2 R. Est-ce que vous pourriez répéter votre question ?

3 Q. Lorsque vous vous adressez à quelqu'un, pour ce qui est de s'adresser à

4 cette personne en la vouvoyant ou en la tutoyant, de quoi dépend cette

5 décision de tutoiement ou de vouvoiement ?

6 R. Si c'est quelqu'un qui m'est proche, si c'est quelqu'un que je connais

7 très bien, même si c'est quelqu'un que je connais très bien, s'il s'agit

8 d'une conversation officielle, j'utiliserais le vouvoiement. Toutefois, si

9 nous sommes seuls, j'utiliserais le tutoiement, par exemple, dans le cas de

10 Zec, lorsque nous sommes seuls, nous nous tutoyons. Mais, s'il y a une

11 tierce personne présente, j'utilise le vouvoiement qui est une forme

12 beaucoup plus officielle ou formelle, si vous comprenez ce que je veux

13 dire.

14 Q. Oui, je comprends tout à fait. A un moment donné, lorsque vous

15 fournissiez des explications sur la situation à Kupari et lorsque vous

16 parliez justement du général Strugar et de l'amiral Jokic, vous avez

17 mentionné un sentiment de frustration. Vous avez parlé de la frustration de

18 l'amiral Jokic. A quoi pensiez-vous exactement ?

19 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, Monsieur le Président, car cela

20 incite à la spéculation.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non. Il l'a exprimée, il a exprimé

22 cette idée. Vous n'avez pas posé de questions à propos de ce qu'il

23 entendait par cela. Je vais autoriser cette question dans le cadre des

24 questions supplémentaires.

25 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

Page 7681

1 R. Jokic était la personne qui était le secrétaire de la Défense

2 nationale. Lorsque l'opération a commencé, ou plutôt lorsque la situation a

3 commencé à évoluer en Yougoslavie, il y a eu des émeutes, des femmes, des

4 mères dont les fils se trouvaient encore en Slovénie où il y avait des

5 opérations, elles sont allées à un rassemblement. Elles ont demandé à Jokic

6 de répondre à leurs questions, parce qu'elles voulaient savoir quand est-ce

7 que leurs fils leur reviendraient. Je ne suis pas sûr de ce que Jokic leur

8 a dit et comment il a expliqué la situation, mais elles l'ont attaqué avec

9 force parapluie. Elles ont voulu qu'il soit licencié de son poste. C'est

10 ainsi qu'il a été transféré et qu'il est venu chez nous. C'est pour cela

11 que je pense qu'il avait ce sentiment de frustration. Maintenant, bien

12 entendu, c'est pris hors du contexte. Je pense que cela correspond à

13 l'explication.

14 Q. Est-ce que l'amiral Jokic a dit ce qu'il voulait, ce qu'il souhaitait

15 avoir lorsqu'il est arrivé à Kumbor ?

16 R. Vous savez, il y a eu plusieurs conversations informelles, des

17 contacts. De temps à autre dans une atmosphère détendue, parfois de temps

18 en temps, il disait : "Je pense que je pourrais boire un café sur le

19 Stradun." Je suis certain de l'avoir entendu dire cela un certain nombre de

20 fois.

21 Q. Merci. Est-ce que c'est la première fois que vous avez eu comme

22 commandant Jokic en octobre 1991 lorsqu'il est arrivé à

23 Kumbor ?

24 R. Il avait déjà été mon commandant avant qu'il ne parte pour Belgrade.

25 Q. Depuis combien de temps connaissiez-vous l'amiral Jokic ?

Page 7682

1 R. Depuis assez longtemps. Depuis que je suis arrivé dans le secteur.

2 C'est là que je l'avais rencontré, me semble-t-il. Il était chef des

3 opérations pour la division de l'entraînement pendant un certain temps. Il

4 était chef d'état-major. En fait, il était commandant et je le connaissais

5 depuis un certain temps.

6 Q. Monsieur Handzijev, je vous remercie.

7 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

8 Juges, j'en ai terminé avec mes questions supplémentaires.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Rodic. Je pense que

10 vous serez heureux d'entendre que vous en avez terminé avec votre

11 comparution. Vous êtes libre de partir maintenant et de rentrer dans votre

12 foyer. Je vous remercie d'être venu, de nous avoir aidé.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Merci

14 de m'avoir autorisé à apporter ma contribution au travail de ce Tribunal.

15 [Le témoin se retire]

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic.

17 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, maintenant, que ce

18 témoignage est terminé, j'aimerais faire deux remarques brièvement.

19 Premièrement, j'aimerais pouvoir vérifier l'enregistrement de ce témoignage

20 et le vérifier très soigneusement. Je pense à l'établissement du compte

21 rendu définitif d'hier et d'aujourd'hui,

22 parce que je suis intervenu un certain nombre de fois. Puisque nous n'avons

23 pas ou du fait que nous n'avions pas beaucoup de temps, j'ai omis

24 d'intervenir. C'est pour cela que je souhaiterais que cette cassette puisse

25 faire l'objet de vérification.

Page 7683

1 Deuxièmement, avec la permission de la Chambre, j'aimerais fournir une

2 explication à propos de la confusion grammaticale qui s'est glissée dans

3 les dernières minutes du témoignage du témoin. J'aimerais expliquer la

4 règle grammaticale en B/C/S.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que ce n'est pas nécessaire.

6 Nous avons suffisamment saisi pour comprendre. C'est une caractéristique

7 grammaticale que l'on retrouve dans d'autres langues.

8 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Même en français, me dit-on.

10 Oui, Maître Rodic.

11 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous pouvons poursuivre,

12 si vous le souhaitez. Nous pouvons appeler à la barre notre prochain

13 témoin.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. De qui s'agit-il ?

15 M. RODIC : [interprétation] Il s'agit de M. Jovan Drljan.

16 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Monsieur le Témoin, je vous

18 prie de prendre la carte qui vous sera donnée sous peu et faire une

19 affirmation solennelle.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

22 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez vous asseoir.

24 LE TÉMOIN: JOVAN DRLJAN [Assermenté]

25 [Le témoin répond par l'interprète]

Page 7684

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic, je vous écoute.

2 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

3 Interrogatoire principal par M. Rodic :

4 Q. [interprétation] Monsieur, je vous prierais de bien vouloir décliner

5 votre identité.

6 R. Je m'appelle Jovan Drljan. Je suis capitaine de frégate à la retraite.

7 Q. Dites-moi, je vous prie : où êtes-vous né et quand ?

8 R. Je suis né, le 9 décembre 1938, dans le village de Luscani,

9 municipalité de Petrinja, dans la République de Croatie.

10 Q. Merci. Vous avez dit avoir été capitaine de frégate et que vous êtes,

11 maintenant, à la retraite. Je vous demanderais de bien vouloir comparer ce

12 grade avec un grade que l'on a normalement dans l'infanterie.

13 R. Lieutenant-colonel.

14 Q. Merci. Monsieur Drljan, dites-nous, je vous prie : quels diplômes avez-

15 vous obtenus ?

16 R. J'ai un diplôme d'école primaire. Ensuite, j'ai étudié au lycée à Sisak

17 et je suis allé à l'école militaire navale à Split, à Divulje. C'est là que

18 j'ai eu une formation formelle pour l'armée.

19 Q. Est-ce que vous avez une spécialité, ou est-ce que vous avez reçu une

20 formation générale ?

21 R. Plus tard, je me suis spécialisé dans les obus et les torpilles.

22 Q. Je vous demanderais de ménager des pauses entre les questions et les

23 réponses puisque nous parlons la même langue. Dites-moi : de quelle date à

24 quelle date avez-vous été dans l'armée ?

25 R. En tant qu'officier d'active, j'ai obtenu le grade de lieutenant-

Page 7685

1 colonel. J'ai été dans l'armée entre 1961 jusqu'à 1995.

2 Q. Pourriez-vous nous dire dans quelle garnison vous étiez affecté pendant

3 toute cette période ?

4 R. J'ai été affecté à la garnison de Split. Par contre, le destructeur sur

5 lequel j'ai fait mon stage a été démonté à Rijeka. J'ai passé près d'un an

6 à Rijeka. J'ai passé un temps un peu plus court à Split. Par la suite, je

7 suis allé à Sibenik. C'est là que j'ai vécu pendant 13 ans. Ensuite, je

8 suis allé servir à Boka.

9 Q. Quand êtes-vous arrivé à Boka, pouvez-vous nous le dire ?

10 R. Je suis arrivé à Boka le 1er septembre 1976.

11 Q. Est-ce que vous avez été affecté au 9e VPS ?

12 R. Oui. J'ai d'abord été le commandant du Détachement des chasseurs d'obus

13 à Lepetane. C'est là que j'ai passé 4 ans. En 1980, j'ai rejoint le centre

14 Opérationnel du Secteur naval de Boka. Entre-temps, entre 1984 et 1986,

15 j'ai été envoyé en Libye où j'ai enseigné à l'académie de marine militaire

16 de Libye. Ensuite, je suis retourné au Secteur naval de Boka.

17 Q. Merci. Pourriez-vous nous dire, vers la mi-1991, où vous trouviez-vous

18 et où étiez-vous affecté ?

19 R. Dans la deuxième partie de 1991, j'ai été affecté au centre Maritime

20 militaire de Boka. J'ai été affecté au Département des opérations et de

21 formation. J'y ai été en qualité d'officier des opérations. J'étais chargé

22 de la planification. Tous les projets de secteur devaient passer par notre

23 unité. J'ai également été instructeur de gymnastique, pour ce qui est de

24 notre secteur.

25 Q. Merci. En 1991, est-ce que vous travailliez au centre Opérationnel du

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1 9e VPS en tant qu'officier de permanence ?

2 R. J'étais sur la liste des officiers qui travaillaient en tant

3 qu'officiers de permanence pour le centre. Mon nom figurait sur cette

4 liste.

5 Q. Maintenant, dites-nous : vers la fin de 1991, avez-vous participé à des

6 activités militaires à l'extérieur de Kumbor ?

7 R. Le 27 septembre, j'ai reçu l'ordre du feu capitaine de frégate, Krstic,

8 plutôt Krsto Djurovic qui, à l'époque, était le commandant du secteur. Il

9 m'a donné pour ordre de me rendre à Pula et de faire sortir trois bateaux

10 de patrouille qui étaient stationnés à Pula.

11 Q. Dites-nous, puisque vous avez travaillé au 9e Secteur naval, qui était

12 votre commandement supérieur à l'époque ?

13 R. A l'époque, mon commandement supérieur était le commandement du VPO,

14 donc du district militaire naval.

15 Q. Pour ce qui est du Secteur naval, est-ce que vous receviez des ordres

16 du commandement du VPO, de ce Secteur naval militaire ?

17 R. Oui, nous recevions des ordres du commandement du VPO. C'est ainsi que

18 cet ordre qui me disait d'aller à Pula, je l'ai reçu du VPO. C'est eux qui

19 ont envoyé le commandement au commandement du Secteur naval dans lequel

20 j'étais affecté.

21 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Pula, est-ce que vous avez, effectivement,

22 mené à bien cet ordre, c'est-à-dire, est-ce que vous avez pu transférer ces

23 bateaux ?

24 R. Oui, avec un groupe d'officiers et de sous-officiers, nous avons

25 procédé au transfert de ces navires à Boka. Nous sommes restés à Boka un

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1 certain temps puisqu'ils nous fallaient réparer les bateaux, et procéder à

2 certaines réparations importantes pour pouvoir permettre au navire de

3 prendre la mer.

4 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : si vous vous souvenez, quand êtes-vous

5 arrivés à Boka Kotorska dans la baie de Kotor?

6 R. Oui. Je me souviens très bien. Nous sommes arrivés dans la baie de

7 Kotor le 5 octobre à une heure de l'après-midi.

8 Q. Dites-moi : à l'époque, la mer adriatique était-elle sous blocus ?

9 R. Selon mes connaissances s'agissant du blocus de la mer adriatique, le

10 capitaine du navire Rakic, qui remplaçait le commandant du secteur de Pula,

11 quand je suis parti le soir vers une heure du matin, m'a averti. Je n'ai

12 pas vu cet ordre, mais il m'a averti. Il m'a dit que le commandement du VPO

13 avait bloqué toute la partie de nos eaux territoriales pour ce qui est de

14 la mer adriatique. Il m'a dit de faire attention. Il m'a dit de bien faire

15 attention de m'identifier au vaisseau de guerre qui se trouvait sur la mer

16 afin de pouvoir me permettre de passer et afin qu'on n'ouvre pas le feu sur

17 nous.

18 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Kumbor, est-ce que ce blocus marin était

19 encore en vigueur ?

20 R. Oui.

21 Q. Le blocus est resté en vigueur jusqu'à quand ?

22 R. Jusqu'au 11. Je crois que l'ordre a été émis du commandement du VPS, et

23 que l'ordre était en vigueur jusqu'au 11 octobre.

24 Q. Selon cet ordre du VPO, que vous demandait-on de faire ?

25 R. L'ordre visait à procéder un déblocus des navires, à permettre aux

Page 7688

1 navires de se déplacer librement sur la mer adriatique, et que toute la

2 côte au large de Dubrovnik soit débloquée.

3 M. RODIC : [interprétation] Je demanderais à Mme l'Huissière de montrer au

4 témoin un document.

5 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je vous écoute.

7 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Nous avons reçu ce document que le

8 conseil souhaite montrer au témoin il y a peu de temps. C'est un document

9 pour lequel il est allégué qu'il a été signé par l'amiral Jokic. Nous avons

10 certaines indications nous permettant de croire que la Défense a disposé de

11 ce document pendant le témoignage de l'amiral Jokic, nous estimons qu'il y

12 a eu violation de l'Article 90(H).

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela ne veut pas, nécessairement, dire

14 qu'ils avaient ce document à leur possession. Cela dépend de la nature du

15 document. Je souhaiterais voir ce document, je vous prie.

16 Maître Rodic, veuillez, je vous prie, me remettre ce document.

17 Je ne vois aucun fondement pour croire que le document n'a pas été montré à

18 l'amiral. Je ne vois pas qu'est-ce que ce document a avoir avec l'affaire.

19 Si vous le souhaitez, vous pouvez certainement montrer ce document au

20 témoin, Maître Rodic.

21 M. RODIC : [interprétation]

22 Q. Monsieur Drljan, pourriez-vous me dire d'où émane ce document ?

23 R. C'est un document du secteur Boka -- du Secteur naval de Boka, et c'est

24 un document du vice-amiral Jokic.

25 Q. A quoi se réfère ce document ?

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1 R. Ce document se réfère au déblocus, c'est-à-dire le déblocus de

2 Dubrovnik. C'est-à-dire que le VPO a envoyé un commandement, un ordre. Cet

3 ordre couvrait sa zone de responsabilité et, effectivement, on a procédé à

4 un déblocus des eaux autour de Dubrovnik avec la mention que les forces du

5 1er et du 2e Secteur naval soient mises à contribution, et qu'ils doivent

6 continuer à contrôler les vaisseaux, et cetera, et cetera, des vaisseaux

7 qui arriveraient au port.

8 Q. Dites-moi si je comprends bien. On parle de documents et, dans le

9 document en question que vous avez sous les yeux, on peut voir :

10 "Conformément à l'ordre du commandement du district militaire naval," et,

11 ensuite, nous pouvons voir qu'il s'agit : "Du 11 octobre 1991, j'ordonne --

12 " Est-ce que cela veut dire que ce genre de documents, ce genre d'ordre a

13 été émis par le commandement du secteur militaire Naval à la baie de Boka ?

14 R. Oui. Exactement, c'est cela. Ce sont eux qui ont rédigé cet ordre.

15 Q. Dites-moi, je vous prie : cet ordre a été destiné à qui ?

16 R. A la 16e GMO, c'est lui qui exécutait le blocus directement, et à la

17 canonnière qui était dans la même mission, et à nous, qui nous trouvions au

18 poste de commandement avancé de Kupari.

19 Q. Je vais vous interrompre. Vous n'avez pas besoin de me raconter des

20 choses sans regarder le document. Justement, je vous ai présenté ce

21 document pour que vous puissiez voir ce document. Qu'est-ce que le 16e GMO

22 ?

23 R. C'est le 16e Section de Patrouilles des frontières.

24 Q. A qui s'adresse ce document ? A quel commandement ?

25 R. Au GMO. Le centre Opérationnel et le groupe Opérationnel.

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1 M. RODIC : [interprétation] Je voudrais demander le versement au dossier de

2 ce document.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.

4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document comportera la cote D105.

5 M. RODIC : [interprétation]

6 Q. Au cours de cette période-là, vers la fin de l'été 1991 et jusqu'à la

7 fin de l'année 1991, est-ce que le VPO et le VPS poursuivaient d'autres

8 activités importantes pendant cette

9 période-là ?

10 R. Nous étions en état d'alerte. Tous les officiers, toutes les unités

11 étaient à leur poste dans les casernes, et ceci jusqu'au moment où on a

12 chassé les forces croates de la zone Prevlaka. A l'époque, j'étais à Pula.

13 J'ai entendu le début des opérations.

14 Q. En ce qui concerne cette période allant de la fin de la guerre jusqu'à

15 la fin de l'année 1991, y a-t-il eu des activités qui concernaient les

16 unités du VPS sur la côte adriatique dans la République de Croatie et

17 jusqu'à Pula.

18 R. Il y avait des activités dans le sens d'appui en logistique, des

19 arrières, pour les unités qui venaient de Pula, de Split, de Sibenik, et

20 cetera. Il fallait prendre en charge des vaisseaux, des bateaux, des

21 unités, cela assurait leur sécurité, l'hébergement et toutes les autres

22 opérations annexes qui consistaient à transférer ces unités en d'autres

23 endroits.

24 Q. Quels étaient ces lieux ou ces localités où vous avez transféré ces

25 unités ?

Page 7691

1 R. Kumbor, Tivat.

2 Q. Est-ce que là il s'agit de la baie de Kotor, le Secteur naval ?

3 R. Oui.

4 Q. Au cours de la période d'octobre, novembre et décembre 1991, avez-vous

5 été à Kumbor tout ce temps-là ?

6 R. J'ai été à Kumbor au moment où on a pris Kupari, le poste de

7 commandement avancé y a été créé. C'est à ce moment-là que je suis venu à

8 Kupari et j'y suis resté.

9 Q. Au moment où on a créé ce poste de commandement avancé de Kupari, et

10 quand vous y êtes arrivé, pourriez-vous nous dire quelle était votre

11 fonction là-bas ?

12 R. J'ai été un opérationnel tout comme à Kumbor où je faisais des

13 permanences dans le centre des Opérations; on faisait cela par équipe.

14 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : connaissez-vous certains officiers qui

15 travaillaient avec vous à ce centre -- dans ce centre des Opérations au

16 poste de commandement avancé de Kupari ?

17 R. Le capitaine de frégate, à l'époque, Kozaric travaillait là-bas avec

18 moi; ensuite, le capitaine de frégate Uljarevic, qui est parti, enfin il

19 s'est absenté à cause de maladie; ensuite, le capitaine de première classe

20 Sikimic; et le capitaine de corvette, retraité aujourd'hui, Mika Celebcic

21 [phon] .

22 Q. Dans le centre des Opérations au poste de commandement avancé de

23 Kupari, est-ce qu'il existait un journal ? Est-ce qu'on a tenu un journal ?

24 R. Tout naturellement un journal de guerre, on tenait un journal de

25 guerre. C'est un document obligatoire.

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1 Q. Pourriez-vous nous dire ce qu'on a inscrit dans ce

2 document ?

3 R. Tous les événements qui se produisaient au cours d'une journée pour,

4 justement, pouvoir écrire un rapport de combat par la suite. On y

5 inscrivait tous les événements majeurs qui se produisaient au sein des

6 unités placées sous notre responsabilité et ailleurs s'il s'agissait

7 d'incidents ou d'événements qui influaient sur nos activités à nous. Tout

8 ce qui concernait nos forces, l'ennemi, les pertes éventuelles, et cetera,

9 tous les ordres reçus, tous les dépêches reçues, doivent figurer dans ce

10 journal de guerre.

11 M. RODIC : [interprétation] Je vais demander à Mme l'Huissière de fournir,

12 au témoin, le document D96.

13 Q. Monsieur le Témoin, reconnaissez-vous ce document ? Je vous prie de

14 bien vouloir l'examiner, la pièce D96.

15 R. Oui, je le reconnais.

16 Q. Est-ce bien le journal de guerre du centre Opérationnel du 9e Secteur

17 naval tenu au niveau du poste de commandement avancé de Kupari ?

18 R. Oui. Même, je dois dire que je reconnais mon écriture ici.

19 Q. Quand vous regardez ce journal et vous le feuilletez depuis le début,

20 depuis la 59e page, pourriez-vous nous dire à quel moment vous y

21 reconnaissez votre écriture, pour la première fois ?

22 R. A 16 heures 15.

23 Q. Quelle page ?

24 R. A la 59e page, à 16 heures 15, c'est là que j'ai inscrit, pour la

25 première fois, quelque chose. Cela figure sur cette page-là et ceci

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1 concerne le 13 décembre.

2 Q. Pourriez-vous, à présent, examiner la date du 4 décembre. Pour ce jour-

3 là, est-ce que ce jour-là vous y avez inscrit quoi que ce soit ?

4 Mme SOMERS : [interprétation] Est-ce qu'on demande au témoin vraiment de

5 regarder la page 59 car je n'y vois pas quoi que ce soit concernant 16

6 heures 15, pas sûrement page 59, peut-être qu'il y a un problème au niveau

7 des différentes versions.

8 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, si j'ose répondre, nous

9 avons donné au témoin des extraits de ce journal de guerre, à partir de la

10 date du 4 décembre, donc le 4, 5, 6 et 7 décembre 1991. Nous lui avons

11 fourni l'original, la journée du 4 décembre commence à la moitié de la

12 page. Avant cela, on n'y voit plusieurs paragraphes concernant le 3

13 décembre. La page 59 est la page 59 de l'original.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Le premier paragraphe.

15 M. RODIC : [interprétation] Oui. Le premier paragraphe.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Est-ce que cela vous aide, Madame

17 Somers ?

18 Mme SOMERS : [interprétation] De façon très limitée, Monsieur le Président.

19 Il serait, extrêmement, utile que la Défense nous communique le document en

20 entier, tout au moins pour la période pertinente à l'acte d'accusation,

21 pour que nous puissions vraiment suivre tout ce qui y figure.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que vous l'avez et vous avez

23 même deux jours avant cela.

24 Mme SOMERS : [interprétation] Non, j'ai uniquement le jour pertinent. Je

25 n'ai pas --

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'acte d'accusation concerne la

2 journée du 6 décembre.

3 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi. J'avais pensé au mois d'octobre

4 et jusqu'à la fin du mois de décembre. Ceci serait extrêmement utile mais

5 je pourrais en parler une autre fois. Ce que Me Rodic nous a donné ne nous

6 aide que de façon extrêmement limitée.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous savons qu'en anglais cette partie

8 commence tout à la fin de la page 59 et là on y voit le premier paragraphe

9 concernant la date du 4 décembre.

10 M. RODIC : [interprétation] Oui, effectivement. A partir du 4 décembre, je

11 me référais à cela puisque je vais interroger ce témoin pour la période

12 commençant par le 4 décembre.

13 Q. Monsieur le Témoin, je vous prie de bien vouloir examiner la date du 4

14 décembre et de me dire, en ce qui concerne cette date, si vous y avez

15 inscrit quoi que ce soit ?

16 R. La première inscription que j'y ai faite concerne 18 heures 15, à la

17 page 61.

18 Q. Pourriez-vous nous dire ce qui est écrit là-dedans, de façon très

19 succincte ?

20 R. C'est une conversation interceptée sur la radio, sur le poste radio, il

21 est écrit Ante Catlak est remplacé par Aljosa Olujic, et cetera, et cetera.

22 Q. Dans la colonne de droite où l'on inscrit les remarques, qu'est-ce qui

23 est inscrit à côté de cette inscription ?

24 R. "Le capitaine de frégate Jeremic."

25 Q. Pourriez-vous nous expliquer cela ?

Page 7695

1 R. Cette remarque veut dire que Jeremic nous a transmis cette information.

2 Nous l'avons obtenu par le biais de ses services. Il nous a informé de

3 cela, tout simplement.

4 Q. Quel est ce service, le service de Jeremic ?

5 R. C'est un service de Renseignements chargé de suivre les activités de

6 l'ennemi et d'acquérir des informations.

7 Q. Est-ce que vous deviez signer à côté de ces paragraphes ?

8 R. Non, je ne l'ai pas fait. Ce qui m'importait surtout c'était de savoir

9 qui était à l'origine de l'information.

10 Q. Je vous prie de bien vouloir regarder si vous y avez inscrit quoi que

11 ce soit d'autre à la date du 4 décembre.

12 R. Oui, juste au-dessus, il est écrit : "Srdj, au niveau de la côte 412,

13 on a remarqué un véhicule blindé du transport des troupes."

14 Q. Ensuite ?

15 R. Ensuite, on y voit, Zdrakovic. C'est lui qui est l'origine de cette

16 information.

17 Q. Qui est enregistré à 18 heures 33, n'est-ce pas ?

18 R. Oui.

19 Q. Pouviez-vous regarder la date du 5 décembre et nous dire si vous y avez

20 inscrit quoi que ce soit ce jour-là ?

21 R. Oui.

22 Q. A quelle page ?

23 R. A la page 65.

24 Q. Quand est-ce que vous y avez inscrit, pour la première fois, quelque

25 chose à la page 65 ?

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1 R. C'était à 17 heures 25.

2 Q. Qu'est-ce que vous y avez écrit ?

3 R. "Nous avons reçu l'ordre oral du centre des Opérations de l'état-major

4 principal. La troisième admission envoie un rapport : garder les

5 contingents du mois de janvier jusqu'à avis contraire de la part de la JNA.

6 Combien de temps faudra-t-il à la présidence de la RSFY pour régler cela ?"

7 Cela voulait dire qu'il ne savait pas combien de temps il fallait garder

8 ces hommes.

9 Q. Qu'est-ce qui est écrit dans la colonne de "remarques" ?

10 R. C'est mon nom puisque c'est moi qui ai reçu cette information

11 directement d'OKM. C'est le poste de commandement de base à Kumbor. Je ne

12 l'ai pas reçu directement de l'état-major principal, mais de Kumbor

13 puisqu'ils l'ont reçu en premier.

14 Q. C'est un ordre direct venant du centre des Opérations de l'état-major

15 principal ? Est-ce qu'il est arrivé directement au VPS ?

16 R. Je ne saurais vous le dire. Ce n'est pas écrit ici.

17 Q. Très bien.

18 R. Je sais que ceci a été reçu par téléphone.

19 Q. Très bien. Maintenant, dites-moi : qu'est-ce que vous y avez écrit

20 d'autre ?

21 R. A 17 heures 45.

22 Q. De quoi parle-t-on ?

23 R. C'est Jeremic qui nous a envoyé cela. C'est un message radio pour le

24 VPS Boka, suite à notre conversation au sujet du 2 décembre 1991 à Cavtat,

25 en vertu des procédures en vigueur.

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1 Q. Est-ce qu'on parle du "modèles" ici ?

2 R. Oui. "-- d'après les procédures en vigueur et les modèles de travail

3 concernant le mouvement de troupes en dehors de la ville de Dubrovnik, nous

4 proposons ce qui suit."

5 Q. Très bien. Nous n'allons pas lire tout cela. Est-ce un message radio

6 envoyé au VPS Boka, au capitaine de frégate Jeremic ? Est-ce que c'est bien

7 le message que vous avez reçu ?

8 R. Oui, sans doute, parce qu'à l'époque, la communication entre la cellule

9 de Crise de Dubrovnik et les commandements à Kumbor se faisaient par la

10 radio Bar.

11 Q. Est-ce que vous avez écrit quoi que ce soit d'autre ?

12 R. Oui. Ensuite, quelque chose que j'ai écrit moi aussi.

13 Q. A quelle heure ?

14 R. A 18 heures 32.

15 Q. Est-ce que ceci se continue après sur la page 66 ?

16 R. Oui, et il se termine aussi à la page 66. C'est une impression qui nous

17 a été envoyée par la cellule municipale de la Croix rouge de Dubrovnik.

18 Q. Puisque nous n'avons pas beaucoup de temps, je vais lire ce qu'y figure

19 : "D'après l'accord que nous avons obtenu aujourd'hui avec le représentant

20 du gouvernement croate, nous proposons que demain, à 9 heures, quitte le

21 port de Gruz, le bateau Arka avec un bateau de la Croix rouge en portant

22 l'aide humanitaire vers l'île de Sipan, avec un escale à Sudjuradj. Nous

23 demandons aussi que l'on permette à ces bateaux de transporter Mme Kate

24 Stancic pour visiter un parent malade, avec les représentants de la Croix

25 rouge : Tripo Rundo, Berislav Vacic [phon], Maruska Dobud --"

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1 C'est un message venant du quartier général municipal de la Croix rouge de

2 Dubrovnik.

3 R. Oui.

4 Q. En ce qui concerne les "remarques" ?

5 R. J'ai signé cela puisque c'est moi qui ai reçu le message. En bas, j'ai

6 écrit : le quartier général municipal de la Croix rouge de Dubrovnik. Cela

7 veut dire qu'ils sont signataires de ce message.

8 Q. Est-ce qu'il y a quoi que ce soit d'autre que vous y avez inscrit ?

9 R. Oui, à 19 heures 25. "La compagnie Osoj [phon] nous informe que le

10 radar Ostra a fonctionné et n'avait plus de contact avec la radio Cap

11 Afrique [phon]. C'est la situation sur la mer, tout simplement. On perçoit,

12 à présent, quatre objets sur l'écran. Le plus proche est en direction de Kp

13 263 d'Obasnik, 27,3 mètres.

14 Q. Est-ce que vous y avez fini cela ?

15 R. Oui.

16 Q. Jusqu'au 5 décembre, est-ce que vous y avez inscrit quoi que ce soit

17 d'autre ?

18 R. Non. Non. Je n'y ai plus rien écrit pas avant la fin de la journée du 5

19 décembre et la journée du 7 décembre.

20 Q. Savez-vous où vous étiez le 6 décembre 1991 ?

21 R. Oui.

22 Q. Où étiez-vous alors ?

23 R. Le 6 décembre, au matin --

24 Q. Où étiez-vous ?

25 R. Au poste de commandement avancé, dans la matinée. Après, on m'a envoyé

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1 en mission ailleurs.

2 Q. Est-ce que vous étiez à IKM de Kupari ?

3 R. Oui.

4 Q. Au centre des Opérations IKM Kupari ?

5 R. Après m'être reposé au cours de la nuit, j'ai repris mes fonctions à

6 peu près à 7 heures du matin, et ceci, dans le centre des opérations.

7 Q. Merci.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le moment est-il opportun pour lever

9 la séance ?

10 M. RODIC : [interprétation] Justement, je voulais vous le demander.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons lever la séance

12 à présent, jusqu'à lundi après-midi à 14 heures 15.

13 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le lundi 12 juillet

14 2004, à 14 heures 15.

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