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1 Le vendredi 9 juillet 2004
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Madame Somers, apparemment,
6 vous avez une question à soulever.
7 Mme SOMERS : [interprétation] Oui, effectivement, Monsieur le Président. Il
8 s'agit plutôt d'une question de procédure. Ceci influe sur la façon dont
9 nous procédons.
10 Au début de la présentation des moyens de preuve de la Défense. Le
11 Procureur a informé les Juges du fait que nous recevons des informations,
12 de façon excessivement tardive. Parfois, il s'agit des informations qui
13 nous parviennent à minuit la veille de l'audience. C'était justement le cas
14 hier. Je ne sais pas vraiment comment résoudre ce problème. Je sais que la
15 Défense aussi éprouve des problèmes et qu'ils ont beaucoup de travail. Ils
16 sont vraiment sous pression. Nous communiquons régulièrement avec la
17 Défense et, souvent, ils nous disent : voici les informations que nous
18 avons à présent. Nous n'avons pas encore discuté avec le témoin, mais nous
19 allons vous informer si des nouveaux points se présentent. A cause de cela,
20 il nous est extrêmement difficile de nous préparer pour le contre-
21 interrogatoire. J'ai déjà dit que, parfois, je pourrais éventuellement
22 demander que notre contre-interrogatoire se poursuive plus tard pour nous
23 permettre de nous préparer. C'était le cas, par exemple, avec les témoins
24 d'hier. Cela s'est présenté à de maintes reprises. C'est un problème qui,
25 de toute façon, nous gêne nous dans notre préparation de contre-
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1 interrogatoire.
2 Ensuite, le deuxième point. Si vous voulez, je peux faire une pause ou, si
3 vous voulez, je peux d'emblée vous le présenter.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y, dites-nous tout.
5 Mme SOMERS : [interprétation] Le témoin, qui témoigne à présent, la teneur
6 de sa déposition a fait l'objet en partie et de façon tout à fait marginale
7 de la déposition de l'amiral Jokic. On ne lui a pas posé de questions
8 précises au sujet de ce coup de fil dont il a parlé hier. Nous pensons que
9 là, à nouveau, il s'agit de la violation de l'Article 90(H). Ceci arrive de
10 façon régulière en l'espèce. Je pense que c'est extrêmement important de
11 respecter cette règle. Je voudrais savoir à quel moment a-t-on fait
12 référence à cet entretien téléphonique qui se serait produit avec le
13 général Kadijevic le 6 décembre puisque, apparemment, aujourd'hui, c'est
14 quelque chose qui est inscrit au compte rendu d'audience et qui fait partie
15 de sa déposition. Je voudrais savoir à quel moment on a confronté l'amiral
16 Jokic avec cette information. C'est l'objection que nous soulevons. Je
17 pense que les Juges devraient s'en enquérir. J'ai oublié de vous dire que
18 cela s'est produit le 14 avril. J'ai le document qui le corrobore.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En ce qui concerne la deuxième
20 question soulevée, peut-être est-ce que vous nous demandez de faire quelque
21 chose à ce sujet ou est-ce que vous faites une constatation ?
22 Mme SOMERS : [interprétation] Après la déposition du témoin à venir, pas le
23 témoin qui témoigne actuellement, mais le témoin à venir, je dois vous dire
24 que nous aurons probablement besoin de procéder à notre contre-
25 interrogatoire plus tard pour pouvoir nous préparer. Je dois vous dire que
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1 nous sommes extrêmement préoccupés par le fait que ceci s'est produit de
2 façon régulière. Ces informations, nous les recevons systématiquement de
3 façon tardive.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez dire quoi
5 que ce soit, Maître Petrovic ?
6 M. PETROVIC : [interprétation] Tout d'abord, Monsieur le Président, je dois
7 dire que ce que vient de dire mon éminente collègue est, malheureusement,
8 vrai. Je dois vous donner la raison pour cela. C'est à cause des
9 circonstances, dans lesquelles nous préparons nos témoins, qui font que
10 nous ne pouvons pas communiquer les informations à la partie adverse
11 différemment. Nous faisons tout ce qui est dans notre possible pour le
12 faire.
13 Nous comprenons parfaitement bien les problèmes du Procureur, mais,
14 malheureusement, nous avons des problèmes bien plus importants que cela.
15 Nous faisons tout ce que nous pouvons pour communiquer le plus
16 d'informations possible. Nous travaillons sans arrêt, et dès que nous
17 disposons d'un nouvel élément d'information, nous le communiquons
18 immédiatement au Procureur.
19 Hier, effectivement, nous l'avons fait à 9 heures. Vous savez, nous avons
20 discuté avec le témoin jusqu'à 1 heure du matin, alors que la préparation
21 du témoin a commencé à 4 heures de l'après-midi. Nous faisons tout ce que
22 nous pouvons. Là, il s'agit des obstacles objectifs. J'espère que nous
23 allons parvenir à les surmonter, mais je ne saurais vous le promettre.
24 Peut-être que les problèmes seront moindres à cause du simple fait que la
25 plupart des témoins de fait ont été déjà cités à la barre et qu'il n'y a
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1 pas eu vraiment de problème majeur qui se soit posé.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Petrovic.
3 L'INTERPRÈTE : L'interprète dit que la correction a commencé à 9 heures le
4 soir et a terminé à 1 heure du matin.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette dernière correction de
6 l'interprète qui a indiqué que ceci a commencé à 9 heures du soir, nous
7 démontre à quel point vous avez été en retard dans la préparation des
8 témoins. Vous ne pouvez pas commencer la préparation du témoin la nuit
9 avant. Là, ce n'est pas un problème avec un seul témoin. Apparemment, c'est
10 un modèle de conduite avec tous vos témoins. Nous allons devoir faire ce
11 que nous pouvons pour être juste avec les deux côtés.
12 A présent, je vous demande de bien vouloir faire entrer le témoin.
13 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir. Je voudrais
15 vous rappeler de la déclaration que vous avez faite hier et qui est
16 toujours de vigueur.
17 LE TÉMOIN: PETRE HANDZIJEV [Reprise]
18 [Le témoin répond par l'interprète]
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic.
20 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
21 Interrogatoire principal par M. Rodic : [Suite]
22 Q. [interprétation] Je vais demander que l'on présente au témoin la pièce
23 D96.
24 Bonjour, Monsieur Handzijev. Nous allons continuer l'interrogatoire que
25 nous avons commencé hier. Vous avez déjà vu ce document. Je vais vous
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1 demander d'examiner la page 70 de ce document. S'il vous plaît,
2 pourriez-vous regarder ce qui figure à 13 heures
3 49 ? La colonne du temps indique 13 heures 49. Regardez ce qui est écrit
4 par rapport à cette heure-là.
5 R. Oui.
6 Q. L'avez-vous lu ?
7 R. Oui.
8 Q. Pourriez-vous nous dire, puisqu'il est écrit ici qu'on a ordonné au
9 capitaine de frégate, Handzijev, d'appeler Bileca et Trebinje, et
10 d'ordonner au capitaine Kovacevic de se rendre immédiatement au poste de
11 commandement avancé du commandement du Secteur naval ?
12 Mme SOMERS : [interprétation] Je ne sais pas si le conseil a lu le
13 capitaine Kovacevic, mais ce qui est écrit ici, c'est le colonel Kovacevic.
14 M. RODIC : [interprétation] J'ai dit le colonel Kovacevic. Ceci a été mal
15 consigné au compte rendu d'audience.
16 Q. Monsieur Handzijev, pourriez-vous nous dire si cet ordre vous a été,
17 effectivement, donné ?
18 R. Sans doute que oui. Effectivement, je ne m'en souviens pas avec
19 précision, parce que pour moi, il s'agit d'un ordre mineur. C'est même fort
20 probable que mon adjoint s'en soit acquitté. Jamais l'ordre n'avait été
21 respecté; un autre ordre nous aurait été donné.
22 Q. Merci.
23 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de
24 questions à poser dans le cadre de mon interrogatoire principal.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Rodic.
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1 Madame Somers.
2 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
3 Contre-interrogatoire par Mme Somers :
4 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Handzijev.
5 R. Bonjour.
6 Q. Qui était le chef d'état-major au mois de septembre 1991 au sein du 9e
7 Secteur naval ?
8 R. Pour autant que je sache, l'amiral Zec.
9 Q. Jusqu'à peu près 20 septembre 1991, pourriez-vous nous dire qui était
10 le chef d'état-major du 9e Secteur naval ?
11 R. Si mes souvenirs sont bons, c'était l'amiral Zec.
12 Q. Qui était le prédécesseur de l'amiral Zec à ce poste ?
13 R. Pendant une certaine période, c'était le capitaine de vaisseau Milisic,
14 un gars venu de Split.
15 Q. Quel était le nom déjà puisque je n'ai pas reçu de traduction ?
16 Pourriez-vous le répéter, s'il vous plaît ?
17 R. Je pense que c'était Ivo Milisic.
18 Q. Pourriez-vous réfléchir à cela un instant. Vous avez travaillé au sein
19 du 9e VPS pendant combien de temps ? Ivo, c'est quoi, c'est prénom, son
20 nom, nom et prénom ? C'est qui déjà ? Qu'est-ce que vous avez dit déjà, Ivo
21 Milisic ? Pendant combien de temps il était chef d'état-major ?
22 R. Je ne me souviens pas.
23 Q. A quel moment Milan Zec a pris la relève sur Ivo Milisic au poste de
24 chef d'état-major ?
25 R. Sans doute au moment où on l'a placé en détention. Là, je parle du
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1 capitaine de vaisseau Milisic.
2 Q. Au moment où il a été placé en détention. Pourquoi a-t-il été placé en
3 détention ? Qu'est-ce que vous en savez ?
4 R. Puisque j'ai été témoin à son procès et présent. J'ai assisté au procès
5 tout entier. Il a été placé en détention pour ne pas avoir respecté l'ordre
6 portant mobilisation. C'est un ordre émanant de l'amiral Kandic. Je connais
7 très bien cette affaire.
8 Q. Est-ce que c'est l'affaire 211/91 du tribunal militaire de Nis qui a
9 débuté en 1991, et la procédure en appel s'est terminée en 1992 ? Est-ce
10 que c'est bien cette affaire-là dont nous parlons ?
11 R. Non, mais je ne connais pas le numéro d'affaire. Je ne saurais me
12 rappeler de ce numéro. Vous savez, cela s'est passé il y a longtemps.
13 Q. Le capitaine Milisic, voulait-il rester au sein de la JNA vu les
14 circonstances et l'époque que vous venez de décrire ?
15 R. Je viens de vous dire que je connais très bien toutes les facettes de
16 cette affaire. Nous avons été convoqué avant que les activités ne
17 commencent et avant qu'on ne nous fasse part de la décision concernant ces
18 activités de combat. Le capitaine de vaisseau Djurisic, décédé au jour
19 d'aujourd'hui, a dit de façon décidée : "A présent, nous entrons dans une
20 salle où une décision importante va nous être communiquée. Celui qui a des
21 doutes, il vaut mieux qu'il n'entre pas. Parce qu'après être entré dans
22 cette salle, vous ne pourriez plus faire de demi-tour, des pas en arrière."
23 Justement, le capitaine de vaisseau de Milisic est entré dans cette salle.
24 Il a accepté de rester au sein de la JNA, mais je ne sais pas quelles
25 étaient ses intentions. On pourrait en discuter en revanche.
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1 Q. Quelle était son appartenance ethnique ? Là, je parle du capitaine
2 Milisic.
3 R. Il était Croate.
4 Q. Que ressentait-il au sujet de la possibilité de mobilisation générale ?
5 Vous nous avez dit comment vous vous sentiez vous, par rapport à cela. Est-
6 ce que vous savez ce qu'il ressentait puisque vous le connaissiez ?
7 R. Je le connaissais parfaitement bien puisque nous sommes en famille.
8 Nous sommes de la même famille en quelque sorte, puisque la sœur de son
9 épouse est mariée à un cousin proche de mon épouse. Nous nous fréquentions.
10 Je connaissais sa position personnelle, mais peut-être qu'il l'a caché, il
11 ne voulait pas qu'on la connaisse.
12 Q. Pourriez-vous nous dire quel était son point de vue ?
13 R. Il a dit qu'il était yougoslave, c'est ce qu'il nous disait à moi,
14 peut-être qu'il mentait, mais, comme je lui faisais entièrement confiance,
15 je ne le pensais pas, je ne pouvais pas savoir ce qu'il ressentait dans son
16 for intérieur. Il me disait qu'il était Yougoslave.
17 Q. La procédure entamée contre le capitaine Milisic qui est Croate et qui
18 était, à l'époque, chef d'état-major, est-ce que vous savez quelles étaient
19 les allégations, quels étaient les chefs d'accusation de cet acte
20 d'accusation qui le concernait ?
21 R. Au moment où il a reçu cet ordre, j'étais à un mètre de distance de
22 lui. Il a reçu, ce matin-là, cet ordre de l'amiral Kandic. J'étais dans le
23 centre Opérationnel et j'ai entendu tout ce que Kandic lui ordonnait de
24 faire, quelles étaient les unités qu'il devait mobiliser.
25 Entre temps, il s'est rendu à Trebinje et la mobilisation de ces
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1 unités n'a pas été faite. C'était surtout des Unités d'artillerie. Notre
2 commandant, qui était, à l'époque, le commandant du 9e Secteur naval, était
3 à l'hôpital. Quand il est revenu de l'hôpital vers 2 heures 30 à peu près,
4 il a appelé Kandic.
5 Q. Je vous ai demandé quels étaient les chefs d'accusation contre le
6 capitaine Milisic ?
7 R. Je ne saurais vous répondre avec précision. Sans doute était-il accusé
8 de sabotage.
9 Q. Probablement de sabotage, vous dites. Est-ce qu'il y a d'autres chefs
10 d'accusation qui vous viennent à l'esprit ?
11 R. Non.
12 Q. C'était un bon ami presqu'un membre de votre famille, n'est-ce pas ?
13 R. Oui, oui. Nous nous voyions souvent, soit chez moi, soit chez les
14 cousins de ma femme. Oui, c'est exact, oui.
15 Q. Le 20 septembre 1991, avez-vous fourni des informations aux enquêteurs
16 du tribunal militaire, en disant que vous aviez écouté l'entretien
17 téléphonique entre l'amiral Kandic et le feu commandant Djurovic ?
18 R. Oui. J'ai, moi-même, confronté Kandic et ses déclarations étaient
19 contradictoires. Il a fait cela sous serment devant le tribunal.
20 Q. Vous avez aussi déposé devant le tribunal militaire de Nis. Est-ce que
21 vous avez prêté serment avant de déposer ?
22 R. La procédure est la même dans tous les tribunaux, dans celui-ci aussi.
23 Q. Vous avez déposé au sujet de cette conversation que vous auriez entendu
24 entre deux officiers d'haut niveau et vous avec déposé à ce sujet devant le
25 tribunal militaire de Nis, c'est de cela que vous avez parlé, n'est-ce pas
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1 ?
2 R. Oui.
3 Q. Est-ce que c'est –
4 R. Oui. Oui.
5 Q. Est-ce que c'est pour cela que vous avez été officier de permanence au
6 sein du 9e VPS pour écouter des conversations ?
7 R. Je ne peux pas clairement rappeler --
8 Q. Est-ce que c'est comme cela que vous avez pu écouter ces conversations
9 ?
10 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, objection. Mme Somers
11 ne laisse pas le témoin répondre. Je voudrais lui demander de le laisser
12 répondre.
13 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Handzijev.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le témoin ne répond pas. C'est cela le
15 problème et justement le conseil ne fait que lui rappeler la question qu'il
16 a posée.
17 Continuez, Madame Somers.
18 Mme SOMERS : [interprétation]
19 Q. Pendant que vous étiez officier de permanence au sein du 9e VPS, vous
20 écoutiez les conversations téléphoniques, notamment, celle qui a eu lieu
21 entre l'amiral Kandic et le commandant Djurovic ?
22 R. Vous parlez d'Ivo Milisic ?
23 Q. Avez-vous témoigné à propos d'une conversation entre Djurovic et Kandic
24 ou une conversation entre Milisic et Kandic ?
25 Est-ce que vous vous en souvenez ?
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1 R. J'ai témoigné et j'ai écrit une déclaration préalable, à propos de la
2 conversation entre l'amiral Kandic et Milisic, et j'ai, également, témoigné
3 à propos de ce que j'ai entendu. J'ai répondu à des questions à propos de
4 ce que j'avais entendu lors de cette conversation, qui a eu lieu plus tard,
5 pendant l'après-midi entre le capitaine de navire Djurovic et Tadic. J'ai
6 répondu à toutes ces questions au tribunal.
7 Q. Vous avez fourni des éléments de preuve contre le capitaine Milisic ?
8 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse
9 d'interrompre, mais il faut savoir qu'à la page 11, ligne 10, il a été
10 écrit dans le compte rendu d'audience Tadic, alors que le nom qui avait été
11 prononcé était le nom de Kandic.
12 Mme SOMERS : [interprétation]
13 Q. Vous avez témoigné contre le capitaine Milisic et ce sur la base de
14 mots qui ont été proférés par l'amiral Kandic. Vous avez indiqué que vous
15 aviez entendu parlé l'amiral Kandic; est-ce bien exact ?
16 R. Je ne sais pas ce qu'il a dit lorsqu'il a parlé du capitaine de navire
17 Milisic ou lorsqu'il parlait au capitaine Djurovic.
18 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que la
19 dernière question pourrait être répétée car la réponse ne correspond pas
20 exactement à ce que le témoin avait dit en B/C/S. J'aimerais que ma
21 consoeur puisse répéter la question.
22 Mme SOMERS : [interprétation] Je vais répéter la question qui se trouve à
23 la page 11, ligne 17.
24 Q. Vous avez témoigné contre le capitaine Milisic sur la base de mots qui
25 ont été prononcés par l'amiral Kandic. Vous avez indiqué que vous aviez
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1 entendu parler l'amiral Kandic; est-ce bien exact ?
2 R. C'est exact. J'ai entendu l'ordre de l'amiral Kandic donné au capitaine
3 de navire Milisic parce qu'en fait, j'étais à un mètre et demi du
4 téléphone. Il faut savoir que le haut parleur était branché, tout le monde
5 dans la pièce aurait pu l'entendre.
6 Q. Tout cela, alors que vous étiez officier de permanence au sein du 9e
7 VPS; est-ce bien exact ?
8 R. Oui, vous avez raison. Je ne me souviens pas si j'étais présent, en
9 tant que chef du centre Opérationnel, ou si j'étais sur le point d'assurer
10 la relève ou si quelqu'un était sur le point d'assurer ma relève, mais ce
11 n'est pas cela l'essentiel. J'étais présent lorsque Kandic a parlé au
12 capitaine de navire Milisic. J'étais présent également lorsque Kandic a
13 téléphoné au capitaine de navire Djurovic. Cela s'est passé vers 14 heures.
14 J'ai entendu la conversation. Je m'en souviens et je me souviens des mots
15 qui ont été prononcés à l'époque.
16 Q. J'aimerais, dans un premier temps, savoir si vous avez suivi une
17 formation et un entraînement, en tant qu'officier ou en tant qu'officier du
18 centre Opérationnel ?
19 R. Pendant ma formation à l'académie, j'ai dû passer par toute une série
20 de formations, d'entraînements et d'exercices destinés aux officiers. En
21 tant qu'officier aspirant, j'ai été garde pendant un certain temps.
22 Ensuite, j'ai été commandant des gardes, et j'ai été ce que l'on appelle
23 ZIZ. Ensuite, j'ai gravi les échelons. Personnellement, lorsque j'ai assumé
24 mes fonctions, il faut savoir que nous devions avoir étudié tous les
25 documents qui régulent le service. J'entends par cela les instructions, les
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1 grands principes directeurs, tout ci ce qui est associé à nos fonctions. En
2 fait, c'est un processus permanent. Lorsque nos officiers supérieurs
3 estiment que nous sommes, véritablement, à l'hauteur de la tâche, nous
4 pouvons assurer nos fonctions sans aucune supervision ou contrôle. Je suis
5 passé par toute la procédure.
6 Q. Dans le cadre de votre formation, n'avez-vous pas appris qu'il fallait
7 respecter la confidentialité et l'intégrité des communications entre
8 officiers, notamment, lorsqu'il s'agit d'officiers qui ont un grade
9 supérieur au vôtre ?
10 R. Je pense que, lorsque vous vous trouvez dans une situation de ce style
11 -- n'oubliez pas que j'étais le chef du centre Opérationnel -- lorsque j'ai
12 été convoqué au tribunal, je ne pouvais pas répondre autrement parce que,
13 sinon, je me serais écarté des principes du tribunal, je ne les aurais pas
14 respectés parce que j'ai entendu la conversation. Il s'agissait d'une
15 conversation publique et, si le capitaine Milisic considérait qu'il
16 s'agissait d'une conversation confidentielle ou particulièrement secrète,
17 il aurait dû trouver une méthode afin de parler sans que tout le monde
18 puisse entendre ce qu'il disait. Il aurait dû juste prendre le combiné et
19 ne pas faire en sorte que cela passe par les haut-parleurs.
20 Q. Oui, mais est-ce que vous n'avez pas, tout simplement, écouté ? Vous
21 avez écouté une conversation qui ne vous était pas destinée, après tout ?
22 En fait, vous avez, tout simplement, écouté cette conversation et, ensuite,
23 vous avez relayé à d'aucun ce qui avait été dit, d'après vous, lors de
24 ladite conversation.
25 R. J'ai entendu la conversation et je n'étais pas le seul à l'avoir
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1 entendu. Les autres qui étaient là l'ont entendu également. C'était une
2 conversation publique. Toutes les personnes, qui se trouvaient dans la
3 pièce du centre Opérationnel, l'ont entendu. Lorsqu'on m'a demandé au
4 tribunal : est-ce que vous étiez présent ? J'ai dit oui. Lorsqu'on m'a
5 demandé si j'avais entendu la conversation, j'ai répondu par l'affirmative.
6 Est-ce que j'aurais dû ne pas le dire au tribunal ? Que penseriez vous de
7 moi si je commençais à mentir ici devant cette Chambre ?
8 Q. Oui, mais l'un des chefs d'accusation, qui a été dressé contre le
9 capitaine Milisic, qui était, à l'époque, chef d'état-major, a été un chef
10 d'accusation de subversion des capacités militaires, et des capacités de
11 défense et ce, conformément à l'Article 21 [comme interprété], paragraphe
12 premier, du code pénal de la RSFY et cela, à la suite des éléments de
13 preuve que vous avez fournis. Ne pensez-vous pas qu'il s'agit d'un chef
14 d'accusation plutôt grave ?
15 R. C'est le chef d'accusation le plus grave. Je ne l'ai pas accusé, je me
16 suis juste contenté de dire ce que j'avais entendu. Bien entendu, que
17 j'aurais eu beaucoup de chance si je n'avais rien entendu. Ma conscience
18 aurait été beaucoup plus claire. Que pouvais-je faire ? J'ai entendu et je
19 ne pouvais pas tenir ce secret. Bien sûr, j'aurais voulu tenir cette
20 information secrète. Cela aurait été beaucoup plus facile pour moi, et
21 toute ma famille et tous mes amis n'auraient pas eu le mépris qu'ils ont,
22 maintenant, pour moi. Voilà le genre d'homme que je suis. Je suis incapable
23 de dissimuler quoi que ce soit. Je ne garde rien secret parce que mon
24 devoir m'obligeait à le dire. Comment est-ce que les tribunaux peuvent
25 fonctionner si les gens dissimulent des informations pertinentes ?
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1 Q. Vous vous souvenez de cet incident comme s'il s'était passé
2 aujourd'hui. Vous souvenez-vous que le chef d'accusation de subversion a
3 été abandonné ? Pour ce qui est de toute communication entre l'amiral
4 Kandic et le capitaine Milisic, vous souvenez-vous de ce que le tribunal a
5 dit à cet égard ? Vous souvenez-vous que le chef d'accusation de subversion
6 n'a pas été retenu par le tribunal ?
7 R. Je n'en sais rien. Il faudrait que vous posiez cette question au
8 tribunal. Je sais qu'il a été inculpé et qu'ensuite, qu'il a reçu une peine
9 de prison de cinq ans et qu'il a été remplacé. Il a été inculpé, ce n'est
10 pas moi qui l'ai inculpé. Ce n'est pas moi qui l'ai accusé. Je ne sais pas
11 ce que pensait le tribunal. Ce n'est pas de mon ressort.
12 Q. Est-ce qu'il n'a pas été, finalement, condamné parce qu'il a désobéi un
13 ordre donné par Djurovic, et pas Kandic ? Est-ce que vous pouvez nous dire
14 pourquoi il a désobéi un ordre de l'amiral Kandic, comme vous l'avez,
15 d'ailleurs, suggéré lorsque vous avez présenté votre témoignage à ce
16 tribunal ? Est-ce que vous pouvez nous dire aussi pourquoi il y a eu
17 activité de subversion militaire ?
18 R. Je ne savais pas qu'il a refusé d'exécuter les ordres de Djurovic. Je
19 peux vous dire, en toute certitude, que c'est Kandic qui lui a donné cet
20 ordre. Je n'aime pas mentir. Je n'aime pas inventer les choses. C'est
21 Kandic qui lui a dit. En fait, je m'en souviens comme si cela avait été dit
22 hier. Je m'en souviens très, très clairement. C'est Kandic qui lui a
23 transmis cet ordre. Ce n'est qu'après que Djurovic, lorsqu'il est arrivé, a
24 été informé de cette chose. Kandic l'a appelé, lui a dit : "Djuro, est-ce
25 que vous avez exécuté mon ordre ?" Il a dit : "Mais quel ordre ?" Il a dit
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1 : "L'ordre que j'ai donné à Ivo." Il a dit : "C'est la première fois que
2 j'en entends parler." Kandic a dit : "Ah, mais, Djuro, tu ne sais,
3 véritablement, pas ce qui se passe. Ta main droite ne sait pas ce que fait
4 ta main gauche." Voilà ce qu'il a dit exactement.
5 Q. Est-ce que vous avez respecté la décision des juges ? Est-ce que vous
6 aviez un sentiment de respect pour le système judiciaire de votre
7 institution militaire, à l'époque de la JNA ?
8 R. Bien sûr, que j'ai respecté les décisions des juges. Comment est-ce que
9 je n'aurais pas pu le faire ? C'est une question tout à fait saugrenue et
10 absurde.
11 Q. Je vais vous donner lecture et vous demander si vous vous souvenez,
12 comme je l'ai fait hier. Dans un premier temps, j'aimerais savoir : à quoi
13 correspondait le poste militaire de Kumbor 4 004 ? Qu'est-ce que cela
14 représentait comme réalité ? Où est-ce qu'il se trouvait, ce poste ?
15 R. Au commandement, avec nous. Je le pense. Je n'en suis pas sûr. Je
16 pense, en effet, que c'est cela, mais je ne me souviens pas du chiffre --
17 du numéro.
18 Q. Depuis combien de temps travailliez-vous à Kumbor, le 20 septembre 1991
19 ?
20 R. Depuis 1980.
21 Q. Vous ne vous souvenez pas que le numéro du poste fût 4 004, après y
22 avoir passé 11 ans de service ?
23 R. Ce sont, tout simplement, des chiffres, vous savez. J'ai eu des
24 nombreux postes militaires. Le numéro est, probablement, exact. Je ne suis
25 pas, véritablement, une personne qui arrive à mémoriser les numéros, vous
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1 savez, une fois que ce virus vous pénètre dans la tête, mais c'était
2 probablement ce poste. En fait, j'avais beaucoup plus de relations avec le
3 commandement plutôt qu'avec le poste militaire. Lorsque j'écrivais des
4 ordres ou des rapports, je suppose que je les intitulais : "Commandement du
5 9e VPS." C'était cela qui était important. Je suppose que c'était notre
6 poste militaire.
7 Q. Rapport du commandement du poste militaire 4004 de Kumbor, numéro 39-
8 55-2 du 25 mars 1992, il a été établi que, dans les dix commandements, il
9 n'y a aucune trace écrite ou aucune preuve de la teneur de la conversation
10 téléphonique engagée le 20 septembre 1991 entre le témoin Mile Kandic et
11 l'accusé, l'accusé étant Ivan ou Ivo Milisic.
12 A ce sujet, le commandant de l'unité supérieure, le poste militaire 5437 de
13 Split, le témoin, Mile Kandic, a indiqué au procès qu'il n'avait pas donné
14 l'ordre à l'accusé de mobiliser les unités. Par ailleurs, le témoin, Dusko
15 Knezevic, a indiqué qu'à la fin de la conversation téléphonique avec
16 l'accusé, le témoin, Mile Kandic, a indiqué à l'accusé de mobiliser
17 d'autres unités.
18 Le témoin, Petre Handzijev, a indiqué qu'il avait entendu la conversation
19 téléphonique entre le témoin, Mile Kandic, et le témoin, Krsto Djurovic,
20 l'après-midi du 20 septembre 1991, et que le témoin, Kandic, avait demandé
21 à Djurovic si la mobilisation avait été effectuée; ce à quoi, Djurovic a
22 indiqué qu'il avait pris des mesures, mais que son ordre ne lui avait pas
23 été transmis, et que le témoin, Mile Kandic, a répondu qu'il avait émis
24 l'ordre ou qu'il avait transmis cet ordre à Ivo, ce matin-là.
25 Finalement, le témoin, Krsto Djurovic, a indiqué que vers
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1 19 heures le 20 septembre 1991, il a téléphoné son commandant le témoin
2 Mile Kandic afin justement de voir s'il fallait véritablement mobiliser les
3 unités. Le témoin, Kandic, a répondu : "Est-ce que cet ordre ne vous a pas
4 déjà été transmis ? Est-ce qu'on ne vous a pas dit que j'avais émis l'ordre
5 de mobiliser tout le monde ?" Le témoin, Djurovic, a indiqué que, d'après
6 ce que le témoin, Mile Kandic, lui avait dit, l'accusé avait reçu un ordre
7 de mobilisation du témoin, Mile Kandic.
8 Pour ce qui est de la situation décrite par les éléments de preuve, il n'y
9 aucun élément de preuve. Le Tribunal a trouvé qu'il n'y avait pas
10 d'éléments de preuve fiables suivant lesquels le témoin, Mile Kandic, avait
11 demandé à l'accusé, Milisic, de mobiliser les unités parce que le témoin,
12 Kandic, avait indiqué, de façon absolument catégorique, qu'il n'avait pas
13 émis cet ordre à l'accusé et qu'il le savait mieux que qui quiconque. Pour
14 ce qui est du fait, il est le seul témoin direct et authentique, alors que
15 tous les autres témoins ne sont pas des témoins directs, et ont témoigné à
16 propos de ce qu'ils avaient entendu d'une conversation téléphonique entre
17 le témoin, Mile Kandic, et l'accusé. Knezevic, dans un premier temps, il
18 s'agit de la conversation téléphonique entre le témoin, Mile Kandic, et le
19 témoin, Krsto Djurovic, le témoin, Handzijev et Djurovic.
20 Au vu de la conclusion dégagée par le tribunal, à propos du fait qu'il n'y
21 a pas d'éléments de preuve suivant lesquels le témoin, Mile Kandic, a
22 ordonné à l'accusé de mobiliser les unités, il est évident que le tribunal
23 – et, ensuite, le texte continue et parle de différentes descriptions.
24 Ce qui est important, c'est qu'enfin compte, le chef d'accusation très,
25 très grave de subversion de la JNA n'a pas été retenu par le tribunal parce
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1 que les éléments de preuve n'ont pas été apportés.
2 Il se peut que Krsto Djurovic a émis un ordre le lendemain. Apparemment,
3 cela a été fait le lendemain et non pas le jour dont vous nous avez parlé.
4 Il se peut qu'il ait désobéi à un ordre de Djurovic qui a été puni. D'après
5 le Tribunal, il n'y a jamais eu d'ordre émis par Kandic. Kandic, lui-même,
6 a comparu au tribunal et a dit que cela ne s'était jamais passé.
7 Est-ce que vous n'avez jamais présenté des excuses à Milisic pour ce que
8 vous avez fait ou pour ce que vous avez dit ?
9 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai des objections
10 par rapport à cette procédure dans le cadre du contre-interrogatoire.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Peu m'importe.
12 M. PETROVIC : Monsieur le Président --
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Petrovic.
14 M. PETROVIC : [interprétation] Si ma consoeur, bien entendu, elle a tout à
15 fait le droit de remettre en question la crédibilité du témoin si elle
16 souhaite le réfuter, en indiquant la différence entre ce qu'il a dit ici et
17 ce qu'il a dit au tribunal militaire. Il me semble que la procédure normale
18 consisterait à lui présenter la déposition qu'il a faite au tribunal
19 militaire, agissant de la sorte, telle qu'elle le fait en réfutant -- ou
20 plutôt en juxtaposant les conclusions d'un tribunal qui a eu des éléments
21 de preuve et des pièces à conviction qui lui ont été présentés, d'ailleurs.
22 Je ne sais pas quels étaient ces documents. Je pense que l'on devrait
23 montrer au témoin -- ou elle devrait montrer au témoin le compte rendu
24 d'audience. Je pense que le contre-interrogatoire devrait être mené à bien
25 sur la base de ce compte rendu d'audience. La Chambre de première instance
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1 pourra ainsi tirer les conclusions nécessaires, alors que, si nous
2 entendons juste parler de jugement et que nous ne savons pas des raisons
3 qui ont été avancées, je ne pense pas que nous pouvons continuer de la
4 sorte.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Petrovic. En général,
6 c'est ainsi que les choses se passeraient. Dans ce cas d'espèce, le témoin
7 n'a eu aucune difficulté à indiquer quels éléments de preuve il avait
8 apportés. Il a parlé d'un chef d'accusation. Un des chefs d'accusation, le
9 chef d'accusation essentiel, se fondait sur cet élément de preuve. Je suis
10 absolument sûr que nous recevrons un exemplaire de la décision du Tribunal.
11 Cette décision a été lue au témoin. Il est absolument évident que la
12 personne, qui, d'après le témoin, a donné un ordre et a comparu devant ce
13 Tribunal pour dire qu'il n'avait pas donné cet ordre lors de cette
14 conversation. Le tribunal a accepté cet élément de preuve, et l'a préféré à
15 l'élément de preuve fourni par le témoin que nous avons ici. Je suis sûr
16 que tout cela a été établi sans aucune controverse et sans aucune
17 incertitude ou ambiguïté. Bien entendu, ce qu'en conclura ce tribunal,
18 c'est une autre question. Il me semble que les faits de base -- les faits
19 fondamentaux ne sont absolument pas en litige, ne sont absolument pas
20 réfutés. Par conséquent, il me semble qu'aucune objection valable ne puisse
21 être soulevée sous réserve, bien entendu, que nous recevions en temps voulu
22 la décision authentifiée.
23 Mme SOMERS : [interprétation]
24 Q. N'avez-vous jamais présenté vos excuses au capitaine
25 Milisic ?
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1 R. Puis-je fournir une explication ? Puisque vous avez lu tant de
2 documents --
3 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que le témoin
4 pourrait répondre --
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous m'avez posé un certain nombre de
6 questions. Donnez-moi la possibilité de vous fournir des explications.
7 Ecoutez-moi pour changer un peu.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous demanderais juste d'écouter
9 les questions et d'y répondre. Ultérieurement, le conseil de la Défense
10 pourra vous poser d'autres questions à ce sujet. Si vous souhaitez fournir
11 de plus amples explications, c'est à ce moment-là que vous pourrez le
12 faire. Ne pensez pas que l'on vous empêche d'exprimer votre point de vue.
13 Il me semble qu'il appartiendra au conseil de la Défense de poursuivre ces
14 questions avec vous. Je vous demanderais d'avoir l'amabilité d'écouter la
15 question -- ou les questions, qui vous sont posées, et d'essayer de
16 répondre à ces questions et à rien d'autre.
17 Je vous remercie.
18 Mme SOMERS : [interprétation]
19 Q. N'avez-vous jamais présenté vos excuses au capitaine
20 Milisic ?
21 R. Je suis heureux que vous m'ayez posé cette question. Je n'ai pas
22 présenté d'excuses. Vous voyez, la justice finit toujours par être rendue
23 et par transparaître. Il y a un mois ou peut-être deux mois de cela, le
24 cousin de ma femme de Kula est venu nous voir. Il est venu à Tivat. Il est
25 venu nous voir. Il n'est pas venu me voir, personnellement, parce que
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1 j'habite avec un de mes cousins. Il a vécu avec nous pendant trois jours.
2 Q. Pourriez-vous en venir au fait ? Je vous ai posé une question. Je vous
3 ai demandé si vous n'avez jamais présenté des excuses au capitaine Milisic.
4 C'est une question très, très simple qui demande une réponse affirmative ou
5 négative.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La réponse a été donnée, la réponse a
7 été négative. Si vous voulez poser d'autres questions, poursuivez.
8 Mme SOMERS : [interprétation] Je n'en ai pas.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous en prie, poursuivez.
10 Mme SOMERS : [interprétation]
11 Q. Est-ce que vous n'avez jamais --
12 R. Laissez-moi terminer.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] – question, non.
14 Mme SOMERS : [interprétation] Merci beaucoup.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera à --
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ce que je vais dire est
17 extrêmement important parce que Milisic nous a transmis ses salutations par
18 le biais de ce cousin, il a dit : "Dites-lui que je ne suis pas fâché avec
19 lui." Il est toujours en vie, d'ailleurs, cet homme. Vous pourriez lui
20 poser la question. Il lui a dit : "Dites-lui que je ne suis absolument pas
21 fâché avec lui." Voilà, j'ai répondu à votre question.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis ravi de voir que vous avez pu
23 enfin vous exprimer à ce sujet.
24 Mme SOMERS : [interprétation]
25 Q. Merci beaucoup, Monsieur Handzijev.
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1 R. Oui, et j'en suis extrêmement reconnaissant.
2 Q. Hier, on vous a posé des questions à propos de la subordination au
3 district militaire naval. J'aimerais demander à
4 Mme l'Huissière de vous montrer le document D44. Cette pièce à conviction
5 est une pièce à conviction que la Défense a présenté à la Chambre et
6 j'aimerais vous demander de pouvoir consulter l'information qui se trouve
7 dans ce document. J'aimerais vous demander de consulter la page 2 dans
8 votre langue. Ce n'est peut-être pas d'ailleurs votre langue, mais en
9 B/C/S. Page 2, alinéa "D".
10 R. Je l'ai trouvée. Je ne pensais pas l'avoir, mais je l'ai trouvée
11 maintenant.
12 Q. Très bien. Auriez-vous l'amabilité de nous en donner lecture, je vous
13 prie ?
14 R. L'alinéa "B" ?
15 Q. Non, l'alinéa "D".
16 R. Je vois. Le 9e VPS, avec le 4e Bataillon de la 472e Brigade motorisée,
17 utilisera les forces terrestres lors d'actions concertées avec la Brigade
18 de la Défense territoriale de Titograd, afin d'imposer une défaite aux
19 forces ennemies et de s'emparer de Prevlaka. Nous utilisons des forces
20 maritimes afin de contrôler l'entrée de la baie de Kotor. Cela empêchera à
21 l'ennemi de procéder à des manœuvres ou à des opérations. Cela fournira un
22 support d'artillerie naval aux forces terrestres, et cela nous permettra
23 d'être dans un état de préparatifs au combat pour pouvoir mener à bien
24 l'opération maritime si le besoin s'en fait sentir.
25 Q. Est-ce que vous pourriez voir la fin du document et nous indiquer
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1 quelle est la signature qui a été apposée à ce document, d'où vient-elle et
2 de quelle formation il s'agit.
3 R. Le 2e Groupe opérationnel, lieutenant-colonel général, Jevrem Cokic.
4 Q. Savez-vous qui était le colonel Cokic ?
5 R. Non, je ne pense pas n'avoir jamais eu à faire avec lui. Je me souviens
6 de lui, mais je ne me souviens pas avoir eu affaire à lui.
7 Q. Qu'est-il advenu du capitaine Djurovic ?
8 R. Le capitaine de navire Djurovic a été touché. Il était dans un
9 hélicoptère. Je me trouvais d'ailleurs tout près de ce secteur. J'étais
10 dans le village de Komi [sic] sur la route de Cilipi, et j'étais avec le
11 chef de l'artillerie et un autre homme réserviste. C'est là où nous nous
12 trouvions. J'étais libre, et j'ai décidé d'aller voir ce qui se passait
13 pour constater ce qui se passait.
14 Q. Vous nous dites, j'ai décidé d'aller voir ce qui se passait là-bas.
15 Vous parlez de l'incident avec l'hélicoptère ?
16 R. Je me suis trouvé sur cette position avant que l'hélicoptère n'arrive.
17 Nous avons aperçu l'hélicoptère lorsqu'il survolait et se dirigeait vers
18 Konaski Trebinje [phon]. C'est là que nous pouvions le voir faire un
19 virage. Nous écoutions pour entendre le bruit des hélices. Il a tourné au-
20 dessus de Cilipi. Il est revenu vers le village où il y avait des activités
21 de combat. Nous n'avons plus entendu de bruit de l'hélicoptère. C'est
22 ensuite que nous avons appris plus tard que l'hélicoptère a été atteint et
23 que notre commandant a trouvé la mort. C'est lorsque Cokic était également
24 là.
25 Q. Vous saviez que le colonel Cokic se trouvait dans l'hélicoptère et
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1 qu'il avait participé ? Simplement oui ou non.
2 R. Oui. Plus tard, j'ai su que le capitaine de navire Djurovic avait
3 accepté d'aller avec lui. C'est ce que j'ai su plus tard; après, j'ai su
4 qu'ils étaient là ensemble.
5 Q. Est-ce que vous aviez pris connaissance en tant qu'officier des
6 opérations de ce document qui porte le document D44 ? A l'époque, est-ce
7 que vous aviez pris connaissance du document ?
8 R. Je l'ai peut-être vu ou peut-être non. Ce ne sont pas mes documents à
9 moi; ce sont des documents du commandement.
10 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ce document ?
11 R. Non, je ne me souviens pas particulièrement de ce document-ci. Il
12 s'agit de documents qui appartiennent au commandement supérieur. C'est eux
13 qui disposaient de ces documents.
14 Mme SOMERS : [interprétation] Pourrait-on montrer au témoin la pièce P119
15 et P121 ? Maintenant, s'agissant de la date du 23 octobre, c'est le
16 document P121. Le document P119 porte la date du 24 octobre. Nous avons
17 deux documents à notre disposition. Il y a les documents P119 et P121.
18 Q. Pourriez-vous d'abord examiner le document P121. Ensuite, nous
19 examinerons le document P119.
20 Monsieur Handzijev, avez-vous sous les yeux le document P121 ? Il s'agit
21 d'un ordre qui est daté du 23 octobre 1991. Le document est destiné au
22 commandement du 9e VPS et à la 472e Brigade motorisée. Voyez-vous ce
23 document et ses indications ?
24 R. Oui, je vois tout cela parfaitement bien.
25 Q. Nous pouvons également lire qu'il s'agit d'un ordre de combat. Dites-
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1 nous : quel nom figure au bas de l'ordre, à la fin de l'ordre, au bas de la
2 page ?
3 R. C'est le général, lieutenant-colonel Pavle Strugar.
4 Q. A l'époque, est-ce que vous aviez pris connaissance de ce document, de
5 cet ordre, pendant que vous vous trouviez à Kumbor, le 23 octobre 1991 ?
6 Etiez-vous à Kumbor, en fait ?
7 R. J'étais à Kumbor. S'agissant de ces documents, je ne suis pas la
8 personne à qui ce document a été envoyé. On voit ici que le document a été
9 destiné au commandement du 9e VPS. J'étais dans le centre des Opérations.
10 Je ne recevais pas ces ordres-là. Il n'est pas nécessaire de me faire
11 parvenir de tels ordres.
12 Q. Vous étiez dans le centre des Opérations. Vous êtes un officier du
13 centre des Opérations; est-ce exact ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que, parmi vos fonctions, vous n'aviez pas à transmettre les
16 opérations importantes d'une importance vitale pour ce qui est de ce qui se
17 passait sur le théâtre des opérations ?
18 R. Si notre commandant supérieur désirait nous informer de certaines
19 choses, il le faisait, mais il n'était pas nécessaire d'en avoir
20 connaissance. Lorsque j'étais officier de permanence en temps de paix,
21 c'est autre chose, mais en temps de guerre, j'avais un supérieur immédiat.
22 Q. Le 23 octobre, l'activité dont nous avons parlé, il y a quelques
23 instants, n'était pas une activité qui a eu lieu en temps de paix. Je vous
24 demande si vous ne vous étiez pas enquéris ou vous n'aviez pas connaissance
25 de ce document ou de la teneur de ce document ?
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1 R. S'agissant de ce document, non. Je n'en avais pas pris connaissance.
2 Mme SOMERS : [interprétation] Pourriez-vous, je vous prie, Madame
3 l'Huissière, montrer au témoin le document P119 ? Il s'agit du deuxième
4 document qui porte la date du 24 octobre.
5 Q. C'est un document qui émane du commandement du 2e Groupe opérationnel,
6 adressé au 9e VPS, au 27e [comme interprété] Corps et à la 472e Brigade. Il
7 s'agit d'une décision pour entreprendre d'autres actions.
8 Maintenant pourriez-vous nous dire, au bas de la page, quel est le nom qui
9 y figure ou à la fin du document, à la toute fin du document ?
10 R. Encore une fois, c'est le général Pavle Strugar.
11 Q. A l'époque, en date du 24 octobre 1991, est-ce que vous aviez
12 connaissance de ce document qui était adressé à votre formation, au 9e VPS
13 ?
14 R. Non.
15 Q. Le conseil de la Défense vous a posé une question concernant une
16 question qui figure dans le journal de guerre qui porte la cote D86 [comme
17 interprété]. Il s'agit du journal de guerre pour Kupari. J'aimerais savoir
18 où était le registre pour ce journal de guerre dont vous nous avez parlé.
19 Vous nous avez dit qu'un journal de guerre était tenu pour votre centre
20 Opérationnel. Où était-il pour ce qui est de votre centre Opérationnel. Où
21 était-il gardé ?
22 R. Je n'ai pas tout à fait compris. Vous voulez savoir où il se trouvait à
23 l'époque ou il se trouve maintenant ?
24 Q. Où se trouve ce journal de guerre maintenant ?
25 R. Aucune idée. Je suis retraité depuis l'an 2000. Il devrait être quelque
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1 part dans les archives. C'est un document permanent, un document important
2 et il doit se trouver dans les archives du 9e VPS.
3 Q. Lorsque vous avez pris connaissance du fait que vous alliez venir
4 témoigner devant ce tribunal, est-ce que vous avez essayé de vous remémorer
5 des événements pour lesquels vous alliez témoigner ? En d'autres mots, est-
6 ce que vous avez essayé de revoir les documents pertinents concernant votre
7 témoignage ? Est-ce que vous avez essayé de voir et de retrouver les
8 documents qui portaient sur votre centre des Opérations à l'époque ?
9 R. J'ai reçu l'information que ce journal, ce registre avait disparu.
10 Q. Qui vous a informé de cela ?
11 R. Le juriste, Me Rodic.
12 Q. Qu'est-ce qui a disparu ? Qu'est-ce qu'on vous a dit ?
13 R. Lorsqu'on m'a offert de venir témoigner, j'ai pensé à ce registre parce
14 que, dans ce registre, tout est consigné. Chaque ordre, chaque contact qui
15 a été établi, tous les événements qui ont eu lieu sont consignés dans ce
16 registre.
17 C'est la raison pour laquelle, lorsque M. Rodic m'a demandé de venir
18 témoigner, il a dit : "Il n'y a pas de problèmes. Je vais aller dans les
19 archives et je vais essayer de chercher le registre." En fait, c'est moi
20 qui lui ai dit cela. Il m'a dit : "Non, non. Ce n'est pas la peine puisque
21 ce registre ne se trouve plus dans les archives." Voilà.
22 Q. Est-ce que vous avez essayé d'y aller quand même ?
23 R. Non. Je l'ai cru sur parole, mais pour vous dire la vérité, je n'ai pas
24 eu le temps, non plus, de m'y rendre.
25 Q. A quel moment vous a-t-on invité à venir témoigner devant ce tribunal ?
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1 Ou plutôt, je crois que vous avez dit : "Lorsqu'on m'a offert de venir
2 témoigner," à la page 27, ligne 5, du compte rendu d'audience. C'est bien
3 vos propos ?
4 R. Bien attendu, je ne le sais pas. C'est peut-être Me Rodic qui doit le
5 savoir avec précision. C'était soit 15 ou 20 jours avant que je ne vienne
6 ici. Je pense, mais je ne suis pas tout à fait certain.
7 Q. Il n'est pas nécessaire de nous donner les détails. J'aimerais savoir
8 dans quelle république vous habitez, dans quelle ville, je ne vous
9 demanderai pas de nous donner l'adresse de votre demeure ou rien de la
10 sorte.
11 R. J'habite dans la petite ville de Tivat au Monténégro.
12 Q. S'agissant de Kumbor, c'est là que se trouvait votre poste de
13 commandement pour ce qui est de la période pertinente. Dans quelle
14 république se trouve Kumbor ?
15 R. Au Monténégro également.
16 Q. Kupari se trouve dans quelle république ?
17 R. En Croatie.
18 Q. Pour ce qui est de Trebinje, où se trouve cette ville ?
19 R. Dans la Republika Srpska.
20 Q. Qui fait partie de la Bosnie-Herzégovine, est-ce exact ?
21 R. Oui, probablement que oui. Je crois que oui.
22 Q. Est-ce que vous avez travaillé par relève au centre des Opérations ?
23 Pourriez-vous nous donner une idée, à savoir, de quelle façon vous
24 partagiez vos heures de travail ? Y avait-il des officiers de permanence
25 pendant la nuit, et cetera ? Expliquez-nous cela.
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1 R. On travaillait en relais, effectivement, c'est vrai. Je travaillais
2 jusqu'à une heure en tant qu'officier des opérations, alors que mon
3 adjoint, il s'agissait pour la plupart des personnes qui travaillaient pour
4 les arrières, c'étaient des adjoints et les adjoints travaillaient de
5 minuit jusqu'au matin.
6 Q. Le 5 décembre 1991, dans quelle relève travailliez-vous ce jour-là ?
7 R. Je ne sais pas si le 5 décembre j'étais de permanence ou si j'étais de
8 permanence le 6. Etant donné que selon le journal de guerre, je suis allé à
9 Kosaric pour essayer de trouver le colonel Kovacevic, et c'était
10 probablement ce jour-là que j'ai été de permanence. Pour ce qui est du
11 journal de guerre, si le journal de guerre était ici, si on avait sous les
12 yeux le journal de guerre, on pourrait voir ce qui était consigné dans ce
13 registre. Si je pouvais consulter le journal de guerre, je pourrais vous
14 dire quand j'étais de permanence.
15 Q. Vous vous souvenez seulement que le 6, vous avez été consigné dans le
16 registre de guerre ?
17 R. Ce jour-là, pendant cette période-là, j'étais présent tous les jours.
18 J'étais toujours présent au centre des Opérations, mais cette permanence
19 n'était qu'une permanence formelle. Nous étions là presque tout le temps.
20 Il nous fallait nous entraider. Nous avions même des renforts. J'avais deux
21 officiers en plus. Cela importait peu si j'étais de permanence ou non,
22 j'étais là presque tout le temps. Il m'arrivait que je sorte des fois pour
23 aller voir quelque chose ou faire quelque chose ou faire d'autres tâches,
24 mais j'étais presque là tout le temps.
25 Q. Le 6 décembre, vous étiez dans la salle des opérations et vous
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1 entendiez ou vous écoutiez les conversations téléphoniques et vous faisiez
2 le travail qu'un officier des opérations effectue normalement ?
3 R. J'ai dit que nous étions là presque constamment et on s'entraidait.
4 J'étais là presque tous les jours pendant une période donnée. Nous étions
5 tout le temps, là, au centre. Nous quatre -- nous quatre cadres, officiers
6 professionnels, nous étions là tout le temps. Nous avions des centaines de
7 tâches. Personnellement, il y avait des mères qui me cherchaient, j'étais
8 connu. Elles me cherchaient parce que j'étais le plus tenace et essayais de
9 trouver leur fils et d'établir les lignes téléphoniques ou les contacts
10 téléphoniques. Je ne sais pas comment elles ont su que j'avais cette
11 réputation, mais c'est moi qu'on cherchait tout le temps.
12 Q. Le 5 décembre, quels appels avez-vous reçus ? Quelles informations
13 avez-vous reçues et transmises, consignées et notées ? Pourriez-vous nous
14 l'expliquer ou le dire, je vous prie ?
15 R. Je ne me souviens vraiment pas. Vous pourriez peut-être me remémorer
16 les faits, mais je n'en ai pas le souvenir.
17 Q. Qu'en est-il du 4 décembre ? Quelles étaient les informations ? Quels
18 messages avez-vous reçus ? Quels appels téléphoniques avez-vous reçus ?
19 R. Je ne me souviens vraiment pas. Je ne peux pas vous dire. Maintenant,
20 si vous pouviez me montrer un document, cela m'aiderait à rafraîchir ma
21 mémoire. Nous recevions de nombreux messages.
22 Q. Le 7 décembre 1991, quels messages, appels téléphoniques, informations,
23 avez-vous reçus et transmis ?
24 R. Je ne sais pas ce que vous pensez ou à quoi vous faites référence
25 concrètement. Il y avait des centaines d'appels téléphoniques et de
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1 conversations effectués dans le cadre d'une journée de travail. Je ne sais
2 pas ce qui vous intéresse particulièrement.
3 Q. Que s'est-il passé dans la région de Dubrovnik le 6 décembre ? Donnez-
4 nous votre compréhension des faits, des événements du 6 décembre.
5 R. Selon moi, observé sous mon angle à moi -- et, effectivement, vous
6 venez de me rafraîchir la mémoire puisque vous avez parlé de messages. Je
7 sais qu'il y avait des préparatifs pour mener des pourparlers. En tant
8 qu'homme, j'ai été bien heureux de voir ou d'entendre qu'il y aurait des
9 pourparlers parce que je n'étais pas particulièrement content de porter mes
10 bottes pendant un an sans les enlever. Il y avait des bateaux qui devaient
11 venir de Split, à bord desquels se trouvaient des ministres qui devaient
12 venir à Cavtat pour mener des pourparlers, et j'étais bien heureux.
13 Cependant, le 6, j'ai été surpris de voir ce que j'ai vu, et mon optimise a
14 changé, je suis devenu pessimiste.
15 Je m'attendais à ce que ces pourparlers réussissent. J'avais hâte que ces
16 pourparlers aboutissent à quelque chose de positif et, malheureusement, il
17 y a eu des morts des deux côtés. Je vous ai dit que j'avais écouté une
18 conversation. Je ne sais pas avec qui Rudolf s'entretenait. Cela allait
19 probablement par la communication radio Dubrovnik, radio Bar, en passant
20 par notre centre personnel. Je n'étais pas là. Je n'ai entendu qu'une
21 partie de la conversation, soit que je venais d'entrer dans la pièce et que
22 j'ai entendu quelque chose, mais en tout cas, j'ai entendu que Rudolf était
23 très paniqué. Il a dit : "La vieille ville brûle. C'est la panique totale.
24 Il y a des morts." J'étais très étonné. Je ne sais pas si c'est de cela que
25 vous parlez, si c'est à cela que vous faites référence, entre 9 heures
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1 jusqu'à midi. Je ne peux pas vous donner d'heure précise.
2 Q. Vous nous avez dit que le centre de la vieille ville était en feu. A
3 quoi faisait-il référence ?
4 R. J'ai bien compris qu'il parlait de la vieille ville. Des fois, c'était
5 pour des mesures de propagande. C'était par propagande qu'on disait ce
6 genre de choses-là et qu'on disait qu'il y avait de la panique ou non, mais
7 je n'étais pas sûr si c'était vrai ou non. Mais, si quelque chose est en
8 feu, on ne peut rien cacher. On ne peut pas inventer. La Mission européenne
9 était là, elle pouvait observer ce qu'il y avait. Il ne pouvait
10 certainement pas inventer des choses de toute pièce. Je peux vous dire que
11 je m'attendais à une solution pacifique et non pas à la guerre, car
12 jusqu'au 6 -- c'était le 6.
13 Q. Dites-moi, vous avez parlé de propagande, et cetera. Lorsque l'appel
14 arrive à votre centre de Transmission et que vous entendez que la ville de
15 Dubrovnik est en feu, si vous croyez subjectivement ou non, si c'est vrai
16 ou non, qu'est-ce que vous en faites dans le cas où cela s'avère être vrai
17 ? Quelles sont les mesures que vous allez entreprendre ?
18 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin n'a pas dit
19 que l'appel lui avait été adressé. Nous le savons très bien -- nous
20 entendons bien ce qu'il a dit, il a entendu la conversation téléphonique
21 entre Rudolf et quelqu'un d'autre. Je voudrais que l'on cite au témoin les
22 propos qu'il a dit et ne pas changer les choses. Le témoin n'a jamais dit
23 que c'est lui, personnellement, qui a reçu cet appel.
24 Mme SOMERS : [interprétation]
25 Q. Devrais-je dire que, dans la conversation que vous avez entendue, dans
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1 laquelle vous avez entendu que la vieille ville de Dubrovnik était en feu,
2 est-ce que vous aviez décidé de faire quelque chose, d'entendre une mesure
3 ou les mesures nécessaires même si l'appel ne vous avait pas été destiné ?
4 R. J'ai entendu la fin de cette conversation tout à fait par hasard. Je ne
5 peux pas vous dire s'il parlait avec Jokic ou s'il parlait avec Jeremic,
6 car Jeremic était l'officier des transmissions. Il établissait des liens
7 avec la Mission européenne. Je ne sais pas avec qui il parlait. Je ne sais
8 pas si j'étais dans le centre Opérationnel et que j'écoutais autre chose ou
9 si je venais de faire irruption dans la pièce et que j'ai entendu. Je ne
10 savais même pas qu'il s'agissait de Davorin Rudolf. En fait, ce n'est que
11 mon assistant qui était là, ce jour-là, qui m'a dit, après, quand j'ai su
12 qu'il m'a dit qu'il s'agissait de Rudolf -- de Davorin Rudolf. Il m'avait
13 dit qu'il y a eu des morts, qu'il y a eu des incendies. Il a vu une étoile
14 représentant la JNA. Il a vu des soldats sur le haut, là-bas, la colline.
15 En tant que soldat professionnel, il m'a fallu m'assurer que c'est vraiment
16 vrai. Ensuite, j'ai su qu'il y avait des activités de combat, que les
17 forces de la ZNG ont tiré depuis Dubrovnik, c'est ce que j'ai su, avec des
18 mortiers. Ils ont lancé des obus avec des ISPANA [phon] -- PAM GUNS. C'est
19 des canons à trois canons, à cinq canons de 20 millimètres de calibre, et
20 ils ont tiré sur nos troupes qui allaient vers Srdj.
21 Q. Qu'est-ce que vous en avez dit ? Qu'est-ce que vous avez fait après
22 avoir reçu ces informations ?
23 R. Que voulez-vous que je fasse ? Je ne suis absolument personne pour que
24 je puisse faire quoique ce soit. Je ne suis pas une personne importante, si
25 vous voulez, dans ce sens-là. Je ne sais pas combien de temps après,
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1 Kadijevic a appelé. Je ne sais pas si c'est une heure plus tard ou peu de
2 temps après. Je ne le sais pas. Ensuite, c'était --
3 Q. Je vous interromps. Est-ce qu'en tant qu'officier des opérations de
4 permanence, est-ce que vous avez informé vos supérieurs concernant la
5 teneur de la conversation que vous veniez d'entendre concernant ce que M.
6 Rudolf a dit des événements de Dubrovnik ? Oui ou non ?
7 R. Non, vraiment pas. C'était un appel de transit. A qui voulez-vous que
8 je transmette mes commentaires ? Ce n'est que notre commandement qui ait pu
9 recevoir cet appel. Je ne sais pas qui
10 M. Rudolf appelait. Je ne me souviens plus qui était mon adjoint, mais la
11 communication radio Dubrovnik, radio Bar, alors que, pour radio Bar --
12 Q. Est-ce que vous avez informé vos supérieurs de la conversation que vous
13 écoutiez, s'agissant de Dubrovnik qui était en feu ? Oui ou non ?
14 R. Mes supérieurs se trouvaient tous au poste de commandement avancé. Nous
15 n'étions là en tant que centre de Transition et, si cet appel a eu lieu,
16 cela voudrait dire que mes supérieurs au poste de commandement avancé
17 l'avaient entendu également.
18 Q. Est-ce que vous avez confirmé pour savoir si vos officiers supérieurs
19 se trouvaient, effectivement, au poste de commandement avancé ? Est-ce que
20 vous avez vérifié si, effectivement, ils se trouvaient là ? Est-ce vous
21 leur avez transmis l'information reçue ?
22 R. Voyez-vous, mes supérieurs étaient là. Ils ont su que tout le monde
23 était là, le chef d'état-major était là, Zec. Les commandants étaient dans
24 ce secteur. Il n'y avait absolument rien à confirmer. Nous étions
25 simplement un poste de transmission. Nous n'avons rien à transmettre plus
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1 loin. Si nous n'avions pas reçu d'ordre particulier de transmettre quoique
2 ce soit à quelqu'un, nous le faisions, pas autrement.
3 Q. S'agissant de ce registre qui a disparu, si jamais il réapparaissait,
4 est-ce qu'on verrait une remarque concernant l'information que vous venez
5 de nous dire, s'agissant de la conversation téléphonique qui a eu lieu
6 entre M. Rudolf concernant l'incendie dans Dubrovnik, ou les activités de
7 combat dans
8 Dubrovnik ? S'agissant de cette conversation qu'il a eue avec quelqu'un,
9 est-ce qu'on aurait trouvé cette entrée dans ce registre de guerre ?
10 R. Je ne le sais pas. Je ne peux pas être sûr. Je ne peux pas vous donner
11 de réponse plus précise.
12 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, le temps est-il
13 propice pour prendre une pause ?
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, certainement, Madame Somers.
15 --- L'audience est suspendue à 10 heures 28.
16 --- L'audience est reprise à 10 heures 55.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Somers.
18 Mme SOMERS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
19 Q. Monsieur Handzijev, vous nous avez dit juste avant la pause, en
20 répondant à une question que je vous ai posé quand je vous ai demandé si
21 vous avez vérifié avec le poste de commandement avancé si les officiers
22 supérieurs étaient présents. Vous avez dit qu'ils ont entendu cela. A ce
23 moment-là, vous entendez qu'il y a eu des combats à Srdj, et vous dites que
24 vous avez appris que vos hommes étaient là-bas, Zec et le commandant, et
25 que vous n'avez rien à confirmer, puisque vous étiez là juste pour envoyer
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1 des messages. Par rapport à ce que vous venez de dire, vous avez parlé de
2 Zec et du commandant. Qui est ce commandant ?
3 R. Le commandant qui était là-bas au poste de commandement avancé du 9e
4 VPS. C'était l'amiral Jokic. C'est là-bas qu'il y avait des combats.
5 L'amiral Jokic et Zec étaient là-bas. On nous a informé.
6 Q. Jokic était où ? Je n'ai pas très bien compris.
7 R. Jokic, d'après ce que je savais, était dans la région du poste de
8 commandement avancé. Est-ce qu'il était à Cavtat ou vraiment sur le poste
9 de commandement ? Je ne me souviens pas. Il était là-bas, dans la région.
10 Pour moi, c'est la même chose. Cavtat où IKM [phon], c'est pareil. C'est du
11 pareil au même. C'est la même région, si vous voulez.
12 Q. D'après ce que nous avons vu, à ce moment-là, vous apprenez qu'il y a
13 des combats, que les unités du 9e VPS participent au combat. Ensuite, au
14 moment où vous parlez des combats à Srdj, vous apprenez que les unités à
15 Srdj participent aussi à ce combat. Est-ce que nous nous comprenons bien ?
16 R. Je n'ai pas compris votre question.
17 Q. Très bien. Vous avez dit qu'il y avait des combats à Srdj, et vous avez
18 dit que vos supérieurs hiérarchiques ont entendu cela, et au moment où nous
19 avons entendu qu'il y avait des combats à Srdj, nous avons appris qu'il y
20 avait nos hommes là-haut, Zec et le commandant.
21 Vous venez de nous dire, autrement dit, qu'il y avait des combats à Srdj,
22 que des personnes faisant partie du 9e VPS étaient à Srdj, y compris Zec et
23 le commandant; est-ce exact ?
24 R. Non, je n'ai pas dit que les officiers sont allés à Srdj. Moi, je ne
25 savais pas s'ils étaient à Srdj. Je ne savais pas où ils étaient. Ils
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1 étaient dans le secteur de Srdj, mais je ne savais pas où ils étaient
2 exactement, l'amiral Zec, et cetera. Peut-être étaient-ils sur les chemins
3 de rejoindre l'IKM. Vous savez, vous ne disposiez pas d'information si
4 précise à l'époque; est-ce que vous me comprenez ?
5 Q. Je vais m'y efforcer. Qui est Gavro Kovacevic -- le colonel Gavro
6 Kovacevic ? Qui est-ce ?
7 R. C'est l'adjoint du commandant, chargé de l'infanterie. Il est colonel,
8 et il devrait y être lui aussi au poste de commandement avancé. D'après la
9 dépêche que j'ai reçue, où il fallait que je l'appelle, il n'était pas là,
10 alors qu'il aurait dû être là parce qu'il fallait qu'il y soit. Ils l'ont
11 demandé de toute urgence. Sans doute à cause de l'équipement. Sans doute
12 que nous l'ayons trouvé par la suite. Je ne serais vous le confirmer. Mais
13 si c'était une demande urgente et si on avait besoin de les trouver, je
14 suis presque sûr que nous l'avons, effectivement, trouvé.
15 Q. L'ordre -– plutôt, la transmission dont vous avez parlée, qui vous a
16 été lu à la page 70, à 13 heures 49, où il est indiqué
17 que : "Le capitaine de frégate Handzijev doit appelé Trebinje et
18 immédiatement ordonner au colonel Kovacevic de s'y rendre au poste de
19 commandement avancé. On vous demande d'appeler Bileca et Trebinje pour
20 essayer de trouver le colonel Kovacevic."
21 Si on vous demande de le chercher là-bas, c'est qu'il savait qu'il était
22 là-bas ?
23 R. Quand ils m'ont appelé, ils savaient où il était. Ils devaient le
24 savoir puisqu'ils m'ont demandé d'aller lui chercher, soit à Trebinje, soit
25 à Bileca. Ils devaient le savoir. C'est leur homme, et c'est avec eux
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1 qu'ils travaillaient au sein du poste de commandement avancé. Ils devaient
2 savoir où il est à chaque instant.
3 Q. Qu'est-ce qui se trouve à Trebinje et à Bileca ? Vous communiquez avec
4 qui à Trebinje et à Bileca ? Est-ce qu'il y avait un centre de
5 Communications là-bas -- des Opérations ?
6 R. Pour Trebinje, je peux vous dire c'était le commandant du 2e Groupe
7 opérationnel qui se trouvait à Trebinje. Pour Bileca, je ne sais pas.
8 Q. Trebinje, bien. A partir du moment où vous avez reçu cet ordre, est-ce
9 que vous avez appelé le commandement, du centre des Opérations du 2e Groupe
10 opérationnel, pour essayer de retrouver le colonel Kovacevic, pour lui dire
11 qu'il fallait qu'il se rende au poste de commandement avancé de Kupari ?
12 Essayez de réfléchir, de vous en rappeler.
13 R. Je n'arrive pas à me rappeler de cela car j'ai délégué cette mission à
14 mon adjoint. Ensuite, je suis allé quelque part. Vous savez, pour moi,
15 c'est un ordre mineur, sans importance, un ordre de routine. Sans doute que
16 mon adjoint l'ait trouvé. Il y ait envoyé. Vous savez, avec Trebinje, nous
17 avions une communication directe. Il suffisait d'appuyer sur un bouton.
18 Nous étions sur un canal libre et nous étions en communications. Est-ce que
19 vous voulez que je vous explique comment cela fonctionne, les standards que
20 nous avions ?
21 Q. Oui, fait-le. Racontez-nous cela. Dites-nous comment vous communiquez
22 de façon régulière avec le 2e Groupe opérationnel.
23 R. Sur cette table, nous avions un petit standard. Ce petit standard nous
24 permettait d'établir dix communications directes, soit sur un canal
25 protégé, ou sur un canal normal.
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1 Nous avions les chefs d'état-major, les cabinets des chefs d'état-major
2 aussi bien en communication directe que protégée. Ensuite, nous avions le
3 centre Opérationnel de l'état-major. Ensuite, nous avions la direction de
4 la marine de guerre. Ensuite, nous avions les unités principales, et en ce
5 qui concerne les structures civiles, les contrôleurs aériens de Tivat.
6 Ensuite, la radio Bar. S'il fallait rentrer en communication avec la radio
7 Bar, il convenait d'appuyer sur un bouton. C'est une liaison directe. Pour
8 entrer en contact avec la radio Bar, il suffisait d'appuyer sur un bouton.
9 Avec les commandants, aussi avec Jokic, nous avions une liaison directe.
10 Avec le poste de commandement avancé, j'avais aussi une liaison directe, et
11 ce, par le biais du canal protégé. Je pouvais même les mettre en
12 communication entre eux. Le numéro civil, il pouvait aussi m'appeler à mon
13 numéro civil, je pouvais les mettre en contact avec tous les autres
14 participants. Est-ce que vous me comprenez ? Voilà, c'est comme cela que se
15 présentait notre standard. C'était une petite centrale téléphonique, il
16 suffisait d'appuyer sur un bouton et j'établissais un contact téléphonique.
17 Q. Est-ce que vous avez communiqué, de façon régulière, avec le 2e Groupe
18 opérationnel pour les mettre au courant des évènements pertinents ou des
19 questions qui les concernaient ? J'imagine que vous l'avez fait puisque
20 vous étiez un bon officier des opérations.
21 R. Vous savez quand il s'agissait des informations à propos pour eux, oui,
22 effectivement. A vrai dire, mon centre Opérationnel n'avait pas vraiment
23 besoin de rentrer en contact avec eux. Nous ne le faisions que rarement. De
24 temps en temps, quand il s'agissait de leur passer des communications
25 importantes, mais, précisément, avec eux, non, non, je ne dirais pas que
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1 nous étions en contact permanent, mais avec le poste de commandement
2 avancé, oui.
3 Q. D'après ce que j'ai compris du standard sophistiqué que vous venez de
4 nous décrire, vous étiez en mesure de leur communiquer les questions que
5 vous jugiez importantes. Vous pouviez, ensuite, faire suivre ces
6 informations aussi bien à l'état-major principal qu'au 2e Groupe
7 opérationnel et même au poste de commandement avancé de Kupari. Est-ce que
8 je vous ai bien compris ?
9 R. Comment vous dire ? Nous n'avions aucune importance là, nous étions des
10 facilitateurs pour faire passer l'information. C'est ce que j'ai écrit dans
11 mon journal. Vous savez, s'il ne s'agissait que de faire passer
12 l'information, je n'inscrivais rien dans mon journal de bord. C'est
13 l'utilisateur, la partie intéressée, qui inscrivait ces informations
14 pertinentes dans leur journal de travail, le journal de bord. Nous, on ne
15 faisait que faciliter la transmission des informations. On était là pour
16 les mettre en contact, comme une centrale.
17 Q. En ce qui concerne ces informations que vous jugiez importantes, par
18 exemple, Dieu nous en préserve, on va à partir de l'hypothèse que l'amiral
19 Jokic a été impliqué dans un accident de voiture et quelqu'un vous appelle
20 et vous demande une ambulance pour l'aider, est-ce que, dans ce cas-là,
21 vous informeriez de cela vos commandants supérieurs, vos supérieurs
22 hiérarchiques ? Est-ce que vous diriez que c'était une information
23 importante que vous deviez communiquer et faire suivre ? C'est un exemple,
24 évidemment, que je vous donne.
25 R. Oui. Je l'enverrais au commandant du Secteur naval et à l'état-major
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1 principal -- au centre Opérationnel de l'état-major principal car notre
2 commandement direct était au commandement du Secteur naval, mais on en
3 informerait, sans doute, aussi l'état-major principal. Nous, nous ne
4 faisions pas de rapports à ce sujet. Nous ne faisions que transmettre
5 l'information. Nous étions plutôt là pour les questions qui sont
6 d'actualité en temps de paix.
7 Q. S'il y avait des activités de combat à Srdj et qu'on vous ordonne
8 d'aller chercher le colonel Kovacevic et de l'envoyer au poste de
9 commandement avancé de Kupari -- attendez, je vais reformuler la question.
10 Le colonel Kovacevic, d'après ce que vous savez, a aussi, ce jour-là,
11 participé aux activités qui se déroulaient à Srdj, n'est-ce pas ? Est-ce
12 que vous le saviez, d'ailleurs ?
13 R. Non, je ne le savais pas. Je n'étais pas, du tout, au courant de ces
14 activités. Je ne l'ai appris que par hasard, au moment où j'ai entendu
15 cette conversation et au moment aussi où le chef d'état-major a appelé;
16 jusqu'à 10 heures, 11 heures du matin, je ne savais rien. Je savais que
17 quelque chose se passait là-bas. Ce n'est que là que j'ai appris qu'une
18 unité nous appartenant se dirigeait sur Srdj. Vous savez, nous l'avons
19 appris qu'après coup, puisque les gens du poste de commandement avancé sont
20 venus nous voir et, ensuite, ils nous racontaient ce qui se passait là-bas.
21 Nous étions, plus au moins, au courant. Oui, nous savions qu'il y avait un
22 peu de victimes partout, aussi bien dans la ville que parmi nos troupes
23 qu'il y avait un feu.
24 Q. Monsieur, vous dites que cet appel vient du chef d'état-major principal
25 vers 10 heures ou 11 heures. Est-ce que vous êtes sûr de l'heure que vous
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1 nous annoncée là ?
2 R. Non. Non. J'ai dit avant-midi. Je ne sais à quelle heure exactement
3 car, vous savez, il y a eu tellement d'évènements à l'époque que je ne me
4 souviens pas de tout cela.
5 Q. Très bien. Si ce registre de combat fait surface un jour, est-ce que
6 nous allons trouver une information à ce sujet dans ce livre ?
7 R. Peut-être que oui, peut-être que non puisque, vous savez, c'était un
8 appel qu'il s'agissait de transmettre aussi. Peut-être leur ai-je leur dit
9 que le chef d'état-major principal a appelé Jokic, mais pas forcément car
10 il ne s'agissait que de transmettre cette information. Je n'étais pas là
11 tout le temps.
12 A partir du moment où l'état-major principal nous appelle, non seulement
13 vous entendez un son -- une sonnerie, mais vous voyez aussi une lumière qui
14 clignote. Si vous voyez cette lumière clignoter, qui correspond à l'état-
15 major principal, c'est l'officier le plus haut gradé qui va répondre. J'ai,
16 immédiatement, appuyé sur le bouton pour répondre.
17 Q. Parce que vous pensiez qu'à l'autre bout du fil se trouvait une
18 personne importante, c'est pour cela que vous vous dépêchiez de répondre ?
19 R. A partir du moment où c'est l'état-major principal qui m'appelait, je
20 me disais que c'était important. D'ailleurs, le plus souvent c'était
21 l'amiral Brovet qui m'appelait. Il appelait assez souvent, d'ailleurs.
22 Parfois, il appelait pour nous informer de quelque chose ou pour nous
23 avertir de quelque chose.
24 Q. Vous vous êtes jeté sur ce bouton qui clignotait parce que vous vous
25 êtes dit que la personne qui était à l'autre bout du fil était une
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1 personnalité importante, n'est-ce pas ?
2 R. Je ne me souviens pas comment cela s'est présenté. A partir du moment
3 où vous voyiez la lumière de l'état-major principal clignoter, vous
4 répondiez. Cela ne s'est pas produit hier. En général, quand je voyais
5 cette lumière clignoter, je répondais, personnellement. Je prenais,
6 personnellement, le téléphone pour répondre. Je me souviens, dans ce cas
7 particulier, que je l'ai fait. C'est sûr.
8 Q. Un appel émanant de l'état-major principal, vous avez dit que cet
9 ordre, en vous demandant d'aller chercher le colonel Kovacevic, était un
10 ordre mineur à vos yeux et vous l'avez, pourtant, consigné dans votre
11 journal. Est-ce que vous avez eu la possibilité de revoir ce journal dans
12 son intégralité ? Est-ce qu'on vous a demandé de faire cela, le journal
13 concernant la section de Kupari ?
14 R. Oui. J'ai regardé les points des dates pertinentes, mais, vous savez,
15 c'est un ordre. Il faut faire la différence entre les informations que l'on
16 transmet -- que l'on fait que transmettre, et les ordres que l'on reçoit.
17 Peut-être que je ne l'ai pas noté puisqu'il ne s'agissait que de
18 transmettre cette information.
19 Q. Pour vous, c'était un fait sans importance et un ordre mineur, comme
20 vous avez dit, quand on vous a demandé d'aller chercher le colonel
21 Kovacevic, mais vous l'avez quand même écrit dans votre journal de bord. Si
22 l'on regarde la date du 6, est-ce que vous pouvez voir si, à la date du 6,
23 vous avez noté cet appel de l'état-major principal où l'on cherchait
24 l'amiral Jokic ?
25 R. Il n'y est pas.
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1 Q. Il n'y est pas quoi ?
2 R. Je pense que je ne l'ai pas noté dans mon journal de bord. Je pense que
3 cet appel doit figurer dans leur journal de bord. Pour autant que je m'en
4 souvienne, d'après l'examen que j'ai pu faire de ce journal de guerre,
5 cette information ne figure pas. Je parle du journal de guerre du poste de
6 commandement avancé, mais cela ne veut pas forcément dire -- vous voulez
7 dire quoi exactement ?
8 Q. Pourriez-vous regarder ce qui est écrit à la date du 6 décembre et
9 essayer de trouver si vous y trouvez l'information, indiquant que le
10 général Kadijevic cherche l'amiral Jokic par le biais de Kumbor ? Est-ce
11 que cet appel a été enregistré ?
12 R. Ce journal n'a rien à voir avec cela. Cet appel est passé par nous. Où
13 est-ce que j'ai trouvé Jokic ? Il était à un numéro de téléphone, mais je
14 ne sais pas quel était ce numéro de téléphone. De toute façon, ce n'était
15 pas important. Ce qui est important, c'est que cela s'est produit et je
16 vous le jure, je vous le jure. Je mettrais ma main à couper pour vous
17 certifier que c'est vrai. Peut-être que l'amiral Jokic s'en rappelle. Peut-
18 être qu'il peut vous le confirmer.
19 Q. Peut-être que vous pourriez nous aider. Hier, vous avez dit que vous
20 avez appelé Kupari à la recherche de l'amiral Jokic. Sous vos yeux, vous
21 avez ce journal de guerre de Kupari. Est-ce qu'on y dit que vous étiez à la
22 recherche de l'amiral Jokic puisqu'il était au bout de compte votre
23 commandant quand même ?
24 R. Mais, non, ce n'est pas dans ce journal de bord. Jokic n'était pas le
25 commandant. S'il avait été notre commandant, il aurait une liaison directe
Page 7647
1 avec Kadijevic, avec l'état-major principal. Kadijevic l'aurait appelé
2 directement. Cela étant dit, je ne me souviens pas où je l'ai trouvé. Je
3 l'ai appelé des centaines de fois pour le mettre en contact avec quelqu'un.
4 Il fallait que je le cherche et je l'ai trouvé, à maintes reprises.
5 M. PETROVIC : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre, mais ce qui
6 figure à la page 45, à partir de la ligne 8 jusqu'à la ligne 16, je ne
7 saurais tout vérifier au niveau de la traduction, mais je peux vous dire
8 qu'il conviendrait de retranscrire cette partie-là de la traduction puisque
9 je conteste l'interprétation et ce qui figure au compte rendu d'audience.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Nous avons pris note de votre
11 demande.
12 Mme SOMERS : [interprétation]
13 Q. Pourriez-vous nous dire ce que vous savez au sujet des liaisons qui
14 existaient entre Cavtat et Dubrovnik ? Qu'est-ce que vous savez à ce sujet
15 ?
16 R. Entre Cavtat et Dubrovnik ? Je pourrais vous en dire long. Il y avait
17 cette liaison avec la radio de Dubrovnik et c'est une liaison que l'on
18 utilisait le plus souvent. Il y en avait une autre liaison Dubrovnik, avec
19 le poste de commandement de Mokosica. Le commandement pouvait les appeler,
20 mais, parfois, cette liaison ne fonctionnait pas. Elle était soit
21 surchargée, soit interrompue.
22 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président,
23 j'aimerais juste vérifier le compte rendu.
24 Q. Pourriez-vous, en fait, nous dire si vous, dans le courant de vos
25 activités professionnelles, vous receviez ou vous envoyiez des télécopies,
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1 en tant qu'officier opérationnel à Kumbor ? Est-ce que vous connaissiez le
2 processus des télécopieurs ?
3 R. Oui. Nous pouvions, par l'entremise de notre officier responsable de
4 l'encodage, envoyer des télécopies.
5 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire quelle est la distance qui sépare
6 Cavtat de Kupari ?
7 R. Cavtat/Kupari, je n'en sais rien. Je ne sais pas combien de kilomètres
8 séparent ces endroits. De toute façon, pas plus que cinq kilomètres.
9 Q. Ils sont proches l'un de l'autre ?
10 R. Oui. Ils ne sont pas très loin.
11 Q. Ces deux localités sont-elles en Croatie ?
12 R. Oui. Les deux se trouvent en Croatie.
13 Q. Elles avaient des communications téléphoniques directes du fait de leur
14 proximité géographique ? C'était possible entre ces deux localités ?
15 R. Probablement, oui. Je ne le sais pas exactement. Je ne suis pas en
16 mesure de vous le dire. Il est probable et logique d'ailleurs qu'elles
17 aient eu cette communication.
18 Q. Très bien. Lorsque vous avez consulté le journal de guerre de Kupari ou
19 ce que je préférerais appeler le compte rendu des communications, que
20 recherchiez-vous précisément ? Quelle entrée, dans ce compte rendu des
21 communications, recherchiez-vous avant que vous ne veniez ici témoigner,
22 lorsque vous êtes arrivé à La Haye, que vous avez eu la possibilité de le
23 consulter ?
24 R. Pour vous dire la vérité, je ne cherchais rien de précis. Je ne
25 cherchais, véritablement, rien de précis.
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1 Q. Avez-vous ledit document. Je vous prierais de prendre la page 66, s'il
2 vous plaît. Avez-vous trouvé la page ? Pourriez-vous regarder ce qui
3 correspond à 21 heures 55 ?
4 R. Oui.
5 Q. Il est dit : "Surveillance radio. Des munitions sont arrivées à Ston,
6 ainsi qu'une autre chose et vont aller à Dubrovnik, capitaine de frégate
7 Handzijev." Est-ce que vous pourriez nous dire ce que cela signifie et quel
8 fut le rôle que vous avez joué pour cette transmission ? De quoi s'agit-il
9 exactement ?
10 R. C'est pour assurer la surveillance.
11 Q. Que surveilliez-vous ?
12 R. Est-ce que je pourrais juste consulter cela un petit moment.
13 Q. Bien sûr.
14 R. Je ne sais pas véritablement ce que cette information a à voir avec la
15 surveillance radio. Puisque la question portait sur la surveillance radio,
16 bien entendu, ils écoutaient les conversations. Vraiment, je ne suis pas
17 véritablement sûr de ce que représente cette information. Elle m'a été
18 transmise. J'étais après tout au centre Opérationnel. C'est quelque chose
19 que je ne devais pas oublier.
20 Q. Lorsque vous dites, "ils écoutaient la conversation," est-ce que vous
21 parlez d'interceptions de communications radio ?
22 R. Oui, bien sûr.
23 Q. Je m'excuse.
24 R. Bien sûr.
25 Q. Que faisiez-vous des informations que vous obteniez ? Si vous écoutiez
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1 ou si obteniez des informations qui pouvaient avoir une incidence sur vos
2 unités, qui se trouvaient dans votre zone de responsabilité, dans la zone
3 de responsabilité du 2e Groupe opérationnel ou du 9e VPS, que faisiez-vous ?
4 R. Si ce genre d'information était important, nous la transmettions à
5 notre poste de commandement avancé.
6 Q. Qui décidait de l'importance de l'information ?
7 R. Qui décidait ? J'ai décidé, par exemple, si j'étais d'astreinte pendant
8 une journée. Si c'était quelqu'un d'autre, c'était l'autre personne, qui
9 était de permanence ou d'astreinte, qui prenait la décision. C'était notre
10 unité qui prenait la décision. Cela dépendait de l'importance de
11 l'information. Il y avait différents types d'information. En règle
12 générale, nous transmettions toutes les informations que nous recevions. Je
13 ne sais pas ce qui se cache derrière tout cela, mais c'est ainsi que les
14 choses se passaient.
15 Q. Pour ce qui est de renseignements obtenus à la suite d'écoutes ou de
16 conversations interceptées, puisque cela a été une partie de votre
17 fonction, si j'ai bien compris ce que vous venez de dire, est-ce qu'il vous
18 revenait d'évaluer les renseignements, de les transmettre ou de ne pas les
19 transmettre, le cas échéant ?
20 R. Je ne sais pas si cette question est importante, mais nous
21 transmettions quasiment toutes les informations. C'est pour cela que nous
22 étions là parce que nous faisions office en quelque sorte de poste de
23 transit. Nous ne pouvions pas transmettre directement toutes les
24 informations; elles ne pouvaient pas être transmises directement. Il
25 fallait que cela passe par nous. Ce n'était pas à moi de dire si
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1 l'information était importante. Il se peut que cela fût un élément
2 d'information tout à fait inoffensif. Il se peut également qu'il y ait des
3 appels subjectifs pour nous que nous transmettions ou non; mais quelque
4 chose de véritablement inoffensif.
5 Q. Lorsque vous interceptiez des communications de l'autre camp et que ces
6 informations avaient un potentiel de renseignement, pour vous, en tant
7 qu'officier des opérations, est-ce que ceci faisait également partie de vos
8 fonctions ? Est-ce qu'il y avait également une fonction relative au
9 renseignement ? Puisque c'est ce que vous venez de décrire, ou est-ce que
10 je me trompe ?
11 R. Je pense que vous vous trompez. Comme je vous l'ai dit, notre rôle
12 était un rôle de surveillance, de supervision de la situation dans notre
13 zone de responsabilité : sur le terrain, dans les airs. La formation
14 faisait également partie de cela. Il y avait des opérations de guerre. Peu
15 importe comment vous obtenez les informations, que cela soit grâce à la
16 surveillance radio, la surveillance radar, toujours est-il que nous, nous
17 transmettions l'information; c'était absolument évident.
18 Q. Où vous trouviez-vous à l'aube du 6 décembre ? Est-ce que vous pourriez
19 nous dire exactement où vous vous trouviez ?
20 R. Je ne le sais pas exactement. J'étais au commandement; au commandement
21 du 9e VPS. J'étais dans le centre Opérationnel, dans mon bureau, peut-être
22 à la cantine. Je me suis également rendu aux toilettes. Voilà comment je me
23 suis déplacé.
24 Q. Lorsque vous parlez du commandement du 9e VPS, vous faites allusion à
25 Kumbor ?
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1 R. Oui, à Kumbor, tout à fait.
2 Q. Est-ce que vous n'avez pas reçu plusieurs communications du capitaine
3 Slobodan Kozaric à l'aube du 6 décembre ?
4 R. D'après ce que j'ai pu en juger dans le journal de guerre, je n'y étais
5 pas. Je n'étais pas là. Je n'ai pas eu cette communication. Je ne m'en
6 souviens pas. Je pourrais peut-être consulter à nouveau le journal de
7 guerre.
8 Q. Vous ne souvenez pas ?
9 R. Non, je ne m'en souviens pas.
10 Q. Pour ce qui est des activités à l'aube du 6 décembre, vous ne vous
11 souviendrez de ce que vous avez fait qu'en consultant le journal de guerre;
12 c'est ce que vous essayez de me dire. Vous n'avez pas de souvenir
13 indépendant en quelque sorte ?
14 R. Je ne me souviens pas. C'est comme cela. Il y a des choses dont on se
15 souvient pendant très longtemps, et il y a des choses que l'on oublie très
16 rapidement. Après tout, 12 ans se sont écoulés. Cela dépend de l'importance
17 de l'information et des événements. Il y a des choses qui, après 12 ans, je
18 ne sais pas, même une information détenue par un ordinateur, il y a un
19 virus qui affecte l'ordinateur et l'information elle est perdue.
20 Q. Excusez-moi, en d'autres termes, vous nous dites que de nombreux
21 événements se sont déroulés et que vous ne souvenez pas de tous ces
22 événements.
23 R. C'est exact.
24 Q. Comment est-ce que vous sauriez qu'un appel qui aurait pu émaner du
25 général Kadijevic, a été passé le 6 décembre ?
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1 R. Le général Kadijevic n'appelait pas très fréquemment. Il n'appelait que
2 s'il avait véritablement une raison importante. Nous avons connu la paix
3 pendant un très long moment, et l'événement le plus important qui s'est
4 passé, ou plutôt lorsqu'il y avait des événements importants, il fallait
5 véritablement que ce soit important pour qu'il intervienne,
6 personnellement. Cela fut l'événement le plus important. Après une très
7 longue période de temps, cela s'est passé, ces opérations se sont passées
8 et c'est, à ce moment-là, que Kadijevic est intervenu, personnellement.
9 Q. De quelles opérations vous nous parlez ?
10 R. Le mouvement des forces vers Srdj. Voilà ce que je fais allusion. Il y
11 avait des mouvements généraux, des mouvements inutiles d'ailleurs.
12 Q. Est-ce que --
13 R. Seul un fou --
14 Q. Je m'excuse de vous interrompre. Je m'excuse. Vous trouviez-vous
15 également au centre des Opérations de Kumbor entre le 23 et le 25 octobre
16 1991, et le 8 et 13 novembre 1991 ?
17 R. Je ne m'en souviens pas. Pourriez-vous peut-être me parler d'un
18 événement pour me rafraîchir la mémoire ?
19 Q. Vous avez fait d'état d'opérations. Vous souvenez-vous d'opérations qui
20 se sont passées et qui auraient eu une incidence sur le 2e Groupe
21 opérationnel ou la zone autour de Dubrovnik ou sur le 9e VPS pendant cette
22 période de temps ?
23 R. Oui. Je suis au courant d'une opération particulière. Je peux vous la
24 décrire si vous le souhaitez. Je peux vous fournir des explications à ce
25 sujet. Voilà comment les choses se sont déroulées. Il s'agissait de ce qui
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1 s'est passé à Kupari.
2 Q. Quand est-ce que cela s'est passé ? Pouvez-vous nous le raconter ?
3 R. Je ne connais pas la date. Je ne peux véritablement pas vous donner la
4 date de cet atterrissage. Je me souviens très bien de l'événement, mais je
5 ne me souviens pas de la date à laquelle cela s'est passé.
6 Q. Je vais vous poser une autre question. A la suite de cet atterrissage à
7 Kupari, puisque jusqu'à ce moment-là le centre Opérationnel du 9e VPS avait
8 été exclusivement à Kumbor, n'est-ce pas ?
9 R. Non, non.
10 Q. Où se trouvait-il ?
11 R. Lorsque l'atterrissage s'est passé, peut-être une heure après, nous
12 avons eu un appel du général Strugar, de Pavle Strugar. Il a demandé à
13 pouvoir parler à l'amiral Jokic. Jokic a pris le téléphone. Je cite
14 maintenant. Il a dit : "Est-ce qu'il a dit 'moi' ou qu'est-ce que vous
15 faites ? Qu'est-ce que vous faites ? Ce n'est pas une bonne chose. Ce que
16 vous faites n'est pas une bonne chose. Est-ce que vous savez où se trouvent
17 mes forces ?" Il a voulu répondre, ou peut-être qu'il a dit quelque chose,
18 mais il a dit : "Ne me dites rien maintenant, je vais venir vous voir."
19 Lorsque j'ai entendu cela, je peux dire que j'étais un peu mal à l'aise
20 parce que j'ai eu le sentiment qu'il n'y avait aucune subordination entre
21 le général Strugar, le commandant du 2e Groupe opérationnel, et Jokic. Je
22 me suis rendu compte que Jokic faisait cavalier seul. Il nous a dit que
23 cette opération s'était déroulée de la sorte. Cela, je m'en souviens très,
24 très bien. Je ne peux pas vous donner une date.
25 Q. Comment est-ce que vous pouvez vous en souvenir, si précisément,
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1 comment vous vous souvenez-vous de ces mots, des mots qui ont été
2 prononcés, si précisément, après toutes ces années ?
3 R. Je vous ai dit qu'il y a des choses qui restent gravées dans votre
4 mémoire et d'autres pour lesquelles ce n'est pas le cas. En tout cas, c'est
5 ainsi que fonctionne mon cerveau.
6 Q. Après cet atterrissage à Kupari, est-ce que quelque chose a changé pour
7 ce qui est de l'emplacement du centre de Communications ? A quel moment
8 est-ce que cela est devenu un centre Opérationnel, l'IKM ? Quand est-ce que
9 cela s'est passé ?
10 R. Vraisemblablement après cela, mais je ne m'en souviens pas. Je n'ai pas
11 véritablement prêté beaucoup d'attention à cela. Je sais que l'un de nos
12 groupes s'y est rendu. Nous nous étions divisés en plusieurs groupes.
13 Probablement, après cela, après que Kupari ait été pris, naturellement, il
14 serait allé au poste de commandement. C'est d'ailleurs assez normal. Le
15 front se déplace avant. C'est, d'ailleurs, pour cela qu'on parle de poste
16 de commandement avancé.
17 Q. Je ne vais pas vous redire tout ce que vous avez dit, ou relire tout ce
18 que vous avez dit. Vous avez dit : "Mijo" -- quelque chose, quelque chose,
19 quelque chose -- "le général Strugar." Je ne sais pas très bien ce que vous
20 avez dit. Pourquoi est-ce que ces mots vous ont permis de conclure à propos
21 de cette question de la subordination ? Lorsque vous vous êtes souvenu de
22 ces mots aujourd'hui en 2004, qu'est-ce qui vous a fait penser à cette
23 question de la subordination ?
24 R. Il faut que je le répète à nouveau. Il y a certaines choses dont je me
25 souviens très, très bien et d'autres non. Parfois, je me souviens même du
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1 ton de la voix, du timbre de la voix et du ton de la voix qui a été utilisé
2 lorsque tel ou tel mot a été prononcé. J'ai compris et je me suis rendu
3 compte que le général Strugar avait été un peu pris au dépourvu, et qu'il
4 était assez surpris par ce que faisait cet homme. J'ai dit que j'étais
5 entre le marteau et l'enclume, parce que j'attendais la paix. Je pensais
6 que la subordination correspondait à une chaîne de commandement stable et
7 que la subordination se faisait depuis l'état-major vers le bas. C'est ce
8 que je pensais en mon for intérieur; j'en étais intimement convaincu.
9 Tout d'un coup, je me suis rendu compte que Jokic prenait contrôle des
10 opérations et que l'homme qui, pour moi, était son supérieur, à savoir, le
11 général Strugar, n'en savait rien. Il s'agissait de subordination ou
12 d'insubordination plutôt. Il y a eu toute une suite d'événements assez peu
13 naturels qui se sont enchaînés. Il a fait cavalier seul. Il a lancé une
14 opération pour laquelle il n'avait reçu aucun ordre. Il y avait un ordre,
15 cet ordre d'attaque. Ce sont des ordres qui auraient dû émaner du général
16 Strugar.
17 Q. Est-ce que cela vous a préoccupé ? Est-ce que cela vous préoccupe
18 encore aujourd'hui ? Est-ce que cela vous a préoccupé jusqu'à présent ?
19 R. Aujourd'hui, que pourrait-on faire aujourd'hui ? Vous savez, cela fait
20 63 ans que je brûle, à petit feu dans le chaudron des Balkans, assumer
21 cette responsabilité pour moi tout seul, vous savez, ou pour lui tout seul,
22 vous savez, une attaque, c'est une opération très complexe. Il n'en a parlé
23 à personne. Vous avez besoin de coordination, vous devez pouvoir compter
24 sur des forces, des forces de soutien, un renforcement -- un renfort de la
25 part de vos voisins, alors qu'il se comportait comme s'il allait à un
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1 mariage.
2 Q. J'aimerais essayer de comprendre. Vous pensiez, et vous continuez peut-
3 être à le penser aujourd'hui, que le général Strugar ne savait pas que
4 Kupari allait être prise et que l'amiral Jokic allait être une partie
5 prenante dans cela. Est-ce que cela est encore la préoccupation que vous
6 aviez ?
7 R. Je suis certain que Strugar ne le savait pas. J'en mettrais
8 véritablement ma main à couper. Je suis absolument sûr que Strugar ne le
9 savait pas. En ce qui me concerne, Strugar, c'était un chevalier. Dubrovnik
10 devrait véritablement lui ériger un monument pour le remercier d'exister
11 encore.
12 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi.
13 [Le conseil de l'Accusation se concerte]
14 Mme SOMERS : [interprétation]
15 Q. A la suite de cela, est-ce que, selon vous, l'amiral Jokic n'était pas
16 tout à fait un chevalier, étiez-vous un peu déçu ?
17 R. Oui, vous avez bien dit cela. Effectivement, c'était le cas.
18 Q. Pourriez-vous nous dire qu'est-ce qui vous dérangeait concernant
19 l'amiral Jokic ?
20 R. Que voulez-vous que je vous dise ? J'espérais que tout se résolve de
21 façon pacifique. Je voulais qu'on parvienne à un accord sans qu'il y ait
22 des victimes, alors que Jokic n'était pas un tel genre d'homme. Il était
23 simplement obsédé. Il voulait que les frustrations qu'il avait eues à
24 Belgrade, lorsque les mères et les femmes l'ont attaqué avec des parapluies
25 à la sortie de l'assemblée nationale, il ne voulait pas que cela se passe
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1 encore une fois à Dubrovnik. J'avais l'impression qu'il avait perdu
2 l'esprit.
3 Q. Vous n'aimez pas l'amiral Jokic, si j'ai bien compris. Vous ne l'aimez
4 pas.
5 R. Vous pouvez tout à fait bien conclure que c'est le cas. Ce n'est pas un
6 homme humain, ce n'est pas un soldat professionnel. Un soldat professionnel
7 ne se soumet au pillage.
8 Q. Il semblerait que vous étiez assez préoccupé par quelque chose qui
9 s'est passé à Kupari. Je ne voudrais pas que vous sortiez de ce prétoire
10 sans en avoir parlé car j'ai l'impression que vous voulez nous en parler un
11 petit peu plus. Il s'agit d'un incident concernant Strugar.
12 Mme SOMERS : [interprétation] Je souhaiterais que l'on montre au témoin la
13 pièce P121.
14 Q. Je voudrais savoir si vous avez ce document sous les yeux, Monsieur
15 Handzijev…
16 R. Moi, non.
17 Q. Très bien. J'attends quelques instants que l'on vous remette le
18 document. Avez-vous le document sous les yeux, Monsieur Handzijev ? Je vois
19 que oui.
20 Vous avez examiné ce document un peu plus tôt aujourd'hui. C'est un
21 document qui porte la date du 23 octobre, et porte la signature du général
22 de division, Pavle Strugar. C'était un document destiné au 9e VPS, et c'est
23 un ordre de combat. Au tout premier paragraphe de cet ordre, vous pouvez
24 voir qu'il est destiné au commandement du 9e VPS, et on demande de prendre
25 des parties du territoire, y compris Kupari. Est-ce que vous voyez ce
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1 paragraphe ?
2 R. Oui.
3 Q. Votre conclusion concernant les évènements qui sont déroulés entre le
4 général Strugar et l'amiral Jokic, vous êtes parvenu à une conclusion sans
5 en avoir eu préalablement l'information complète. Est-ce que vous êtes
6 d'accord avec moi pour dire que votre conclusion était quelque peu erronée,
7 maintenant que vous savez ce qui c'est réellement passé ?
8 R. Je ne comprends pas exactement si cette attaque a eu lieu concernant
9 cet ordre. Cet ordre ne fait pas état de l'attaque. Dans un ordre, il faut
10 toujours indiquer les mots précis. Si l'on parle de "débarquement", on
11 aurait vu le mot débarquement, "besant" [phon], en B/C/S. Je ne sais pas si
12 l'on peut considérer un mouvement de troupes comme étant un débarquement.
13 Q. Je souhaiterais attirer votre attention sur la partie dans laquelle on
14 voit : "Vous devriez prendre quatre sections, et vous devriez les décrire."
15 L'une d'elles est Kupari et, plus tard, vous devriez aller à Cavtat. Est-ce
16 que vous voyez cette indication-là ?
17 R. Oui.
18 Q. Je vous remercie.
19 Mme SOMERS : [interprétation] Très bien. Merci, Madame l'Huissière. Nous
20 avons terminé avec ce document.
21 Q. Vous avez dit qu'une des fonctions du centre des Opérations était de
22 suivre ce qui se passait dans les airs, et ce qui se passait sur la terre.
23 Est-ce que vous vous deviez suivre les conditions météorologiques, par
24 exemple ? Est-ce que c'était l'un des objectifs de votre centre
25 Opérationnel ? Deviez-vous informer les unités quant à la prévision
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1 météorologique ?
2 R. Non. Nous suivions les routes par radar. Cela est TISTINA [phon]. C'est
3 un système de radar lié à l'ordinateur. Il s'agissait d'un radar maritime
4 Falcon, et nous suivions les mouvements de façon automatique. Nous avions
5 également deux radars Decca, grâce auxquels nous pouvions suivre les
6 mouvements, mais ils étaient détruits. Pour ce qui est de la situation dans
7 les airs, nous suivions par radar les mouvements, et cela s'inscrivait sur
8 ordinateur.
9 Q. Il y avait un système qui avait été établi, afin de permettre aux
10 unités de s'informer sur les conditions atmosphériques, et tout cela.
11 R. Mais non, pas à des situations météorologiques. Vous devez comprendre
12 que la mer est un territoire assez vaste. Il y avait nos eaux
13 territoriales, et nous devions regarder, observer et suivre le mouvement
14 des vaisseaux.
15 Q. Vous aviez l'information. Cela faisait partie de votre système, si je
16 comprends bien. Vous aviez un système très sophistiqué.
17 R. Oui, effectivement. C'est le cas.
18 Q. Le 6 décembre, est-ce que vous avez appris qu'il y a eu des
19 conversations faites entre le capitaine Slobodan Kozaric et le capitaine
20 Vladimir Kovacevic à Brgat et, ensuite, plus tard, à Zarkovica ?
21 R. Non, je n'ai aucune connaissance de ces appels téléphoniques. Quoi ?
22 Vous parlez du capitaine Kovacevic ? Non, non, je ne me souviens vraiment
23 pas de ces détails. Je n'ai pas cela en mémoire.
24 Q. Est-ce que vous savez s'il y a eu des appels téléphoniques faits entre
25 le capitaine Slobodan Kozaric et le capitaine de vaisseau Milan Zec, qui
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1 était également le capitaine de l'état-major, une conversation qui a eu
2 lieu le 6 décembre ?
3 R. Je ne me souviens vraiment plus.
4 Q. Outre les entrées à la page 70, est-ce que vous aviez connaissance
5 d'appels téléphoniques qui ont eu lieu entre le capitaine Kozaric et le
6 colonel Gavro Kovacevic, outre les conversations qui ont eu lieux le 6
7 décembre. Je veux savoir s'il y a eu d'autres appels.
8 R. Je ne me souviens vraiment pas.
9 Q. Est-ce que vous vous souvenez d'appels téléphoniques qui ont eu lieu,
10 le 6 décembre, entre l'amiral Jokic, et je crois que le nom est le colonel
11 Gojko Djurasic de Mokosica ?
12 R. Non. Il pouvait également avoir des lignes directes avec Mokosica. Cela
13 veut dire qu'il ne passait pas par nous.
14 Q. Vous souvenez-vous ou est-ce que vous savez s'il y a eu des appels
15 téléphoniques établis entre l'amiral Jokic, qui était à Kumbor, et le
16 général Strugar le 6 décembre ?
17 R. Non.
18 Q. Vous ne vous souvenez pas ?
19 R. Non, je ne me souviens pas. Je ne sais pas par où cet appel aurait
20 passé.
21 Q. Le 6 décembre, est-ce que des appels téléphoniques ou des
22 communications sont parvenus à votre centre Opérationnel provenant du
23 général Strugar ? Est-ce que vous souvenez d'appels, de communications
24 faites par le général Strugar ?
25 R. Je crois que non. Je ne me souviens vraiment pas du tout à savoir s'il
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1 y en a eu. C'était peut-être des appels téléphoniques peu importants, qui
2 ne se sont pas gravé dans ma mémoire.
3 Q. Vous voulez dire des appels qui traitaient des sujets qui n'étaient pas
4 aussi importants ?
5 R. Je ne fais que supposer qu'il y a eu des appels. Si ce n'est pas
6 quelque chose de très important, je ne garde pas cela en mémoire. Je ne les
7 sauvegarde pas comme un ordinateur tous les détails dans ma mémoire. Je les
8 efface.
9 Q. Monsieur Handzijev, je souhaiterais que l'on examine le registre de
10 Kupari, je vous prie. Pourriez-vous, je vous prie, prendre la page 73. Est-
11 ce que vous avez trouvé la partie
12 pertinente ?
13 R. Oui.
14 Q. Très bien. Je vous prierais de jeter un coup d'œil à l'entrée 1922.
15 C'est pour le lieutenant général Strugar à Dubrovnik.
16 On peut voir : "Rudolf. Puisque le feu brûle dans le centre de la vieille
17 ville de Dubrovnik, et comme il n'y a pas d'eau, on ne peut pas éteindre le
18 feu. Nous avons demandé que des canons à eau provenant de Korcula et Ploca
19 soient acheminés au vieux port de Dubrovnik. Il est nécessaire et
20 primordial que ce genre de bateaux nous soient acheminés. Signé, ministre
21 Davorin Rudolf."
22 L'entrée suivante, 19 heures 30, c'est pour la Cellule de crise de
23 Dubrovnik : "Le lieutenant général Pavle Strugar donne son assentiment
24 initial concernant les navires avec des canons à eau dans le vieux port de
25 Dubrovnik afin de pouvoir éteindre les feux. Je vous prie de nous informer
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1 du nombre de navires afin de pouvoir permettre un passage à ces navires.
2 Signé, général Pavle Strugar."
3 Ne saviez-vous pas qu'il y avait eu cette communication le
4 6 décembre ?
5 R. Non. Je vais vous expliquer pourquoi. J'ai déjà dit qu'il était
6 possible qu'il y ait eu une communication entre la cellule de Crise et le
7 poste de commandement avancé et ces appels passés par Mokosica, c'est-à-
8 dire, par le poste de commandement de Mokosica. Le colonel Gojkovic, je
9 crois que c'était cela, comment s'appelait-il ? Non, je ne sais plus.
10 Qu'est-ce que vous avez dit un peu plus tôt J'essaie de lire. Cela n'est
11 pas grave. Toujours est-il que, pour vous répondre précisément et pour ne
12 pas perdre trop de temps, c'est mon témoin suivant qui répondra à votre
13 réponse, puisque c'est son écriture. Vous allez pouvoir vous entretenir
14 avec lui. C'est lui qui a reçu l'appel.
15 Q. Est-ce que vous avez parlé au témoin qui témoignera après vous
16 concernant ces entrées dans le registre ? Est-ce que vous étiez allé
17 ensemble ? Est-ce que vous vous êtes entretenus sur ces questions ?
18 R. Le témoin qui viendra après moi travaillait au poste de commandement
19 avancé. Il était de permanence à ce poste et c'est à lui que vous allez
20 pouvoir poser toutes ces questions puisque c'est eux qui recevaient les
21 appels directement.
22 Mon centre Opérationnel ne recevait pas ces appels. Voyez-vous, mon centre
23 Opérationnel, s'il avait reçu, en passant par radio Bar, ce genre
24 d'information, oui, vous arrivez avant de recevoir ce genre d'appels, avant
25 que le réseau ne soit établi, j'aurais dit qu'en passant par Handzijev, que
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1 c'est Handzijev qui a transmis ce message à Strugar, selon le registre.
2 Nous pouvons voir, selon ce registre, que cela a été fait par voie directe
3 et que c'est une information qui est parvenue au poste de commandement
4 avancé. Posez-lui la question et il vous expliquera le tout.
5 Q. Ma question, en fait, était la suivante : est-ce que vous avez parlé à
6 la personne qui viendra témoigner après vous concernant votre témoignage,
7 concernant son témoignage et d'autres témoignages ? Est-ce que vous vous en
8 êtes vus ? Est-ce que vous en avez parlés ?
9 R. Bien sûr que oui. Je ne vais pas vous mentir. Je ne vais pas dire que
10 non. C'est normal que l'on se soit entretenu, que l'on ait parlé de
11 certaines choses, que l'on ait essayé de se remémorer de certains
12 événements, que l'on ait rafraîchi notre mémoire en parlant des événements.
13 Q. Est-ce que vous vous souvenez s'il y a eu des messages d'importance
14 particulière ou s'il y a eu des communications le 4 ou le 5 décembre 1991,
15 qui auraient vous indiquer que quelque chose devait avoir lieu le 6
16 décembre ?
17 R. Oui. Quelque chose allait survenir le 6. J'étais heureux. J'ai été mis
18 au courant que Rudolf allait venir, qu'à Cavtat, il y aurait une réunion et
19 qu'il parviendrait à un accord de paix. J'étais tellement heureux parce que
20 je suis un homme de paix.
21 Q. Est-ce que, personnellement, vous avez su s'il y a eu des conversations
22 ou des communications qui sont parvenues au centre des Opérations, le 4 ou
23 le 5 décembre, qui vous informaient que l'action ou l'attaque qui a eu lieu
24 à Srdj allait avoir lieu ?
25 R. Non, absolument pas du tout. Je n'ai aucune information. J'ai
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1 simplement su que les ministres allaient se présenter à la réunion pour
2 mener des pourparlers et c'est tout. Comment est-ce que j'aurais pu avoir
3 connaissance d'opération d'action là-bas ? Ce n'est qu'un fou qui ferait
4 quelque chose de ce genre.
5 Q. Très bien. Je souhaiterais revenir sur quelque chose que vous avez dit
6 hier, en parlant de ce que vous avez appelé une conversation qui a eu lieu
7 entre le général Kadijevic, et j'essaie de trouver la référence.
8 Hier, dans le compte rendu d'audience, à la page 13:30:50, vous avez dit
9 que Kadijevic a demandé à Jokic -- je ne sais pas s'ils s'entendaient bien
10 ou non : qu'est-ce que vous faites là ? Vous ne savez pas s'il vous
11 vouvoyait ou il le tutoyait ?
12 Pourquoi est-ce que vous vous êtes demandé si le général Kadijevic aurait
13 utilisé soit le singulier ou le pluriel, c'est-à-dire, dans chaque entrée
14 que vous faites dans votre registre, est-ce que vous notez si la personne
15 parlait au singulier ou au pluriel ? Treize ans, 14 ans plus tard, pourquoi
16 avez-vous dit ce que vous avez dit hier concernant le singulier et le
17 pluriel ?
18 R. Vous savez, c'est à Belgrade. J'avais l'impression qu'il se tutoyait.
19 C'est l'impression que j'aie aujourd'hui. Je ne pourrais pas vous garantir
20 cela. Je peux tout simplement vous certifier que cet entretien a eu lieu.
21 Je ne suis pas venu ici pour mentir. Je suis venu ici pour que la vérité
22 éclate. C'est la vérité car, sur les Balkans, cette vérité est
23 insaisissable. Je suis venu ici pour vous aider et je suis sûr que cette
24 conversation a eu lieu, qu'elle était telle que je vous la décris.
25 Q. Quelle est votre langue maternelle ?
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1 R. Le grecque, ensuite, le macédonien et, ensuite, je parle le bulgare
2 aussi. Je ne sais pas quelle est ma langue maternelle. Je vous ai dit que
3 j'ai vécu la guerre civile en Grèce. A l'âge de 15 ans, j'ai quitté la
4 Grèce. Je suis arrivé en Yougoslavie pour vivre en Yougoslavie. Maintenant,
5 l'Yougoslavie n'existe plus. Elle a été tuée. Je n'ai pas de langue
6 maternelle. Je suis un apatrié. Je n'ai pas de pays.
7 Q. Est-ce que vraiment cela vous préoccupait tant de savoir si, à
8 l'époque, quelqu'un avait tutoyé quelqu'un ou le vouvoyait dans une langue
9 qui n'est pas finalement votre langue maternelle et cela vous a choqué à
10 point que vous puissiez le dire aujourd'hui, 12 ans plus tard ?
11 R. Vous savez lui il était le ministre de la Défense, Jokic, et l'autre
12 était le chef d'état-major principal. D'une espèce de proximité, je pense
13 qu'il se tutoyait, mais ce n'est pas important. Ce n'est absolument pas
14 important. Je ne vois pas pourquoi vous me posez des questions à ce sujet.
15 Je vous dis ce qu'ils se sont dits.
16 Q. Si nous trouvons ce journal de bord de Kumbor, est-ce que nous allons
17 trouver un endroit où il va être écrit, le général Kadijevic a parlé à
18 Jokic en le tutoyant ?
19 R. Oui. Peut-être que oui, peut-être que non. Comment vous dire cela ?
20 Nous étions là pour transmettre l'information. Ce n'était pas un ordre.
21 D'ailleurs, je n'étais pas censé écouter cela, ce n'était même pas moral
22 que de l'écouter. J'aurais dû peut-être appuyer sur le bouton et ne pas
23 écouter cette conversation. Mais j'ai été intéressé. Je voulais connaître
24 la situation. J'ai été tenté, la tentation était trop grande, et j'ai
25 écouté la conversation pour voir ce qui se passe, pour voir ce qu'il veut,
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1 car cela me concernait. Ma famille aussi était concernée. Où voulez-vous
2 que je parte en Macédoine ? J'espère que vous me comprenez.
3 Je sais que ce n'est pas professionnel, que ce n'est pas moral, qu'un
4 officier ne devrait pas le faire, mais j'ai écouté cette conversation et je
5 suis venu vous le dire pour vous aider pour que vous puissiez établir la
6 vérité.
7 Q. Monsieur le Témoin, la vérité est qu'il n'y a pas eu de telle
8 conversation au cours de la matinée entre le général Kadijevic et l'amiral
9 Jokic. Cette conversation n'a pas eu lieu, et c'est cela la vérité.
10 R. Si ce sont les informations dont vous disposez, c'est votre problème.
11 Je vous raconte ce dont je me souviens. Si vos renseignements vous
12 fournissent d'autres informations, soit, mais on peut en discuter, vous
13 savez, car je n'ai aucun besoin d'attaquer qui que ce soit. Je ne suis pas
14 venu ici pour défendre Strugar ou Jokic. Je suis venu ici pour vous aider à
15 établir la vérité. Je suis sûr d'avoir entendu. Je mettrais ma main au feu
16 pour cela. Je ne l'ai pas rêvé. Pourquoi voulez-vous que j'invente cela ?
17 Q. Si jamais, si l'on retrouve ce journal de bord qui manque -- mais la
18 raison pour laquelle dans ce livre, dans ce registre, on ne trouvera pas
19 d'information concernant cette conversation, c'est parce que cette
20 conversation n'a pas eu lieu.
21 M. PETROVIC : [interprétation] Objection.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Asseyez-vous, Maître Petrovic.
23 Mme SOMERS : [interprétation]
24 Q. Pourriez-vous confirmer ou réfuter mes propos ? Je vous dis que cela ne
25 figurait pas dans ce journal de bord parce que cette conversation n'a
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1 jamais eu lieu; est-ce exact ?
2 R. Non. Peut-être que nous ne l'avons pas noté, mais je ne l'affirme pas,
3 d'ailleurs, parce qu'il s'agissait là de transmettre une information, rien
4 de plus. Je n'avais aucun besoin de noter cela. Peut-être que nous ne
5 l'avons pas noté.
6 Si vous m'avez demandé de témoigner, je vais vous raconter ce dont je me
7 souviens. Est-ce que ceci a été noté ou non ? Bien, écoutez, il y a plein
8 de choses qu'on ne note pas, et plein de choses importantes qu'on ne note
9 pas parce qu'on ne fait pas attention parce qu'on n'est pas très rigoureux.
10 Nous avons beaucoup d'obligations et, parfois, nous ne le respectons pas.
11 Non, peut-être qu'on n'accordait pas tellement d'importance à ce registre,
12 à ce livre. Je ne sais pas si vous me comprenez.
13 Mme SOMERS : [interprétation] Le Procureur a terminé son contre-
14 interrogatoire.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, je ne vous ai pas
16 permis de soulever une objection, à ce moment précis, parce qu'il
17 s'agissait là d'un moment extrêmement critique du contre-interrogatoire.
18 Est-ce qu'il y a, à présent, quelque chose que vous souhaitez dire ?
19 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, d'après le ton de ce
20 que vient de dire mon confrère du bureau du Procureur, on peut supposer que
21 la Défense du général Strugar était impliquée dans le fait que ces
22 documents existent ou non. Je proteste fermement contre toute insinuation
23 éventuelle à ce sujet. C'est pour cela que je me suis levé.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je peux tout simplement vous dire que
25 je n'ai pas aperçu cela, mais je pense que, maintenant, l'affaire est
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1 close.
2 M. PETROVIC : [interprétation] Oui.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'il y a des questions
4 supplémentaires, Maître Rodic ?
5 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
6 Je vais demander que l'on présente au témoin le document P121.
7 Nouvel interrogatoire par M. Rodic :
8 Q. [interprétation] Monsieur Handzijev, est-ce que vous avez pu lire ce
9 document ?
10 R. Non.
11 Q. Je vous prie de bien vouloir le lire. Est-ce que vous êtes en train de
12 lire ?
13 R. Je suis en train de lire le premier paragraphe.
14 Q. L'ordre concernant les actions à entreprendre par le commandement du 9e
15 Secteur naval de la 472e Brigade motorisée en date du 23 octobre 1991 ?
16 R. Oui, je l'ai lu.
17 Q. Merci. Pourriez-vous me dire, maintenant, puisque vous avez lu ce
18 document, dans ce document concernant les actions à entreprendre, par la
19 suite, est-ce qu'on parle d'une attaque sur Kupari, la descente sur Kupari
20 en tant qu'opération militaire ?
21 R. A chaque fois que l'on parle du débarquement, ce débarquement est
22 mentionné dans un paragraphe particulier.
23 Q. Si vous regardez le premier paragraphe, dans la dernière phrase, il est
24 écrit : "Vous devriez prendre quatre sections, un sur 1:25:000 de cette
25 région avec vous (Dubrovnik, Dubac, Kupari-Cavtat."
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1 Ces sections de la carte, est-ce que d'après ces sections, on peut arriver
2 à la conclusion qu'il va y avoir un débarquement sur Kupari ?
3 R. Non. Ce sont les sections de la carte tout à fait régulières qui
4 concernent toute cette région.
5 Q. Très bien. Je n'ai plus besoin de cela.
6 Au cours de la première partie du contre-interrogatoire, ma collègue, mon
7 éminente collègue vous a posé des questions au sujet d'Ivan Milisic qui
8 était le chef d'état-major du 9e Secteur naval; est-ce exact ?
9 R. Oui.
10 Q. On vous a posé plusieurs questions concernant la procédure qui a eu
11 lieu devant le tribunal militaire de Nis concernant, justement, les
12 accusations contre Ivan Milisic.
13 R. Oui.
14 Q. Quel était votre rôle dans cette procédure ?
15 R. J'étais là en tant que témoin.
16 Q. Est-ce que vous avez déposé, témoigné dans le cadre de cette procédure
17 ?
18 R. Oui.
19 Q. En tant que témoin, est-ce que vous avez dit la vérité ?
20 R. Oui. La vérité toute entière, la vérité nue.
21 Q. Essayez de répondre brièvement à mes questions, s'il vous plaît. A part
22 votre déposition, en l'espèce, est-ce que vous avez été confronté à
23 d'autres témoins en l'espèce ?
24 R. Oui, avec l'amiral Kandic.
25 Q. Pourquoi ? Sur quelle circonstance ?
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1 R. Parce qu'il a dit qu'il y avait tellement d'incidents et d'événements,
2 à l'époque, qu'il ne se souvenait pas avoir ordonné à Ivo -- et là, on
3 parle du capitaine de navire Milisic, qu'il ne souvient pas avoir donné un
4 tel ordre à cette personne.
5 On nous a confronté, et j'ai dit que ce n'était pas vrai, et j'ai dit la
6 vérité telle qu'elle était. Il n'a rien dit. Mais après, quand nous sommes
7 sortis, quand nous attendions le retour, nous sommes restés tout seul, tête
8 à tête, et si vous ne me faites pas confiance, appelez Kandic. Il m'a dit :
9 "Pere, tu sais, j'ai un petit enfant à Split." C'est que j'ai tout compris.
10 Q. Qu'est-ce que vous avez compris ?
11 R. J'ai compris qu'il ne pouvait pas dire toute la vérité, voilà, je l'ai
12 compris. J'étais désolé d'avoir dû le faire parce que tous mes amis étaient
13 Croates. Milisic était mon meilleur ami, mais je ne pouvais pas mentir
14 devant le tribunal.
15 Q. Cette explication, que vous a fournie l'amiral Kandic, qui a aussi été
16 témoin dans le procès contre Ivan Milisic, qui, après le procès, vous a dit
17 : "Pere, tu sais, j'ai un petit enfant à Split." Mais pourquoi il a dit
18 cela ? Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Cela faisait suite à quoi
19 exactement ?
20 Mme SOMERS : [interprétation] C'est une question qui appelle à la
21 spéculation. Comment le témoin peut-il savoir ce que Kandic voulait dire ?
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous voyez de quoi il
23 s'agit, Maître Rodic ? Il s'agit là d'une question qui appelle à la
24 spéculation.
25 M. RODIC : [interprétation] Très bien. Je vais reformuler ma question.
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1 Q. Pourquoi l'amiral Kandic vous a-t-il dit : "Pere, tu sais, j'ai une
2 fille --"
3 R. Non, ce n'était pas sa fille, c'était son petit enfant, sa petite
4 fille.
5 Mme SOMERS : [interprétation] Objection pour la même raison.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je l'ai entendu et vous avez entendu
7 qu'on a répondu. Je pense que nous pourrions tout simplement passer à un
8 autre sujet. Je pense que vous avez probablement reçu la réponse que vous
9 vouliez obtenir, obtenir ce que vous vouliez obtenir par cette question.
10 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
11 Q. Monsieur Handzijev, est-ce que vous avez été témoin de la chute de
12 l'hélicoptère où se trouvait le général Cokic et le capitaine de navire
13 Djurovic ?
14 R. Oui, au moment où l'hélicoptère est tombé, il est tombé pas loin de
15 l'endroit où nous étions. Nous étions sur la route principale qui mène vers
16 Cilipi. Quand l'hélicoptère est tombé, nous devions nous échapper puisque
17 les forces croates qui se retiraient du village de Komaja s'enfuyaient
18 Cilipi et venaient dans notre direction. Là, nous étions dans un Fiat 500,
19 et il fallait que l'on prenne la fuite en direction de Kupari.
20 Q. Merci.
21 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, on lui a demandé s'il a été le
22 témoin de la chute de l'hélicoptère. Si je me souviens bien de sa
23 déposition, il a dit qu'il a été dans la région, et qu'il a entendu parler
24 de cela.
25 M. RODIC : [interprétation] Je passe à un autre sujet, même s'il est exact
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1 que le témoin en a parlé de façon détaillée au moment de son contre-
2 interrogatoire.
3 Je vais demander que l'on présente au témoin la pièce P119.
4 Q. Vous n'avez pas à lire tout ce document. Essayez juste de l'examiner
5 rapidement et de nous dire de quoi il s'agit.
6 R. C'est une décision portant sur les actions à venir émanant du 2e Groupe
7 opérationnel.
8 Q. Cette décision a été écrite le 24 octobre, n'est-ce pas ?
9 R. Oui.
10 Q. Elle concerne quelle période ? Est-ce qu'elle concerne ce jour-là ou un
11 autre jour ?
12 R. Je dirais que cela concerne ce jour-là.
13 Q. Qu'est-ce que cela veut-il dire, décision concernant les actions à
14 venir ? A quel moment va-t-on prendre ces actions à venir ?
15 R. C'est après avoir accompli un certain nombre d'actions ou quand on
16 envisage des actions.
17 Q. Les ordres de combat et des décisions concernant les activités à venir
18 venant du 2e Groupe opérationnel, du commandement du 2e Groupe opérationnel,
19 est-ce que vous pourriez nous dire à qui envoyait-on ces ordres, ces
20 décisions ?
21 R. Au 2e Corps, au 9e VPS et à la 472e Brigade motorisée.
22 Q. Est-ce que le 9e Secteur naval, dans son intégralité, a participé aux
23 opérations militaires sur le territoire de Dubrovnik et Herzégovine ?
24 R. Je vous ai déjà dit que nous étions un commandement en temps de paix.
25 Nous n'avons pas participé à tout cela, et nous n'étions pas obligés d'être
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1 au courant de tous ces documents et toutes ces activités.
2 Q. Merci.
3 M. RODIC : [interprétation] Je n'ai plus besoin de ce document.
4 Q. Vous avez décrit, au cours de votre déposition, le fonctionnement du
5 centre Opérationnel du 9e Secteur naval de Kumbor. Vous avez énuméré de
6 nombreuses activités qui se sont déroulées au cours de cette période-là
7 vers la fin de l'année 1991 ?
8 R. Oui.
9 Q. Je ne vous pose pas une question précise, mais, en tenant compte de ces
10 activités qui étaient nombreuses, est-ce que vous pourriez nous dire à peu
11 près quelle était la quantité d'information qui vous parvenait de façon
12 quotidienne ?
13 R. Il y en avait énormément. Par exemple, quand on avait des demandes
14 concernant des nouveaux éléments du personnel, nous avions des officiers
15 qui centralisaient ces demandes.
16 Q. Monsieur Handzijev, vous avez déjà décrit ces activités, vous avez
17 parlé de la relocation, le transfert, les déménagements, la communication
18 et cetera. Mais la question que je vous ai posée et toute autre, est-ce que
19 vous pouviez essayer de quantifier la quantité d'information que vous
20 receviez par jour ?
21 R. Des centaines.
22 Q. Au cours de votre déposition, vous nous avez décrit le contenu du
23 bureau du centre Opérationnel, entre autres vous nous avez dit que vous
24 aviez les appareils de transmission et le standard téléphonique.
25 R. Oui, c'est exact.
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1 Q. Ce standard téléphonique, est-ce qu'il y a des écouteurs ? Est-ce que
2 la personne qui utilise ce standard doit parler avec les écouteurs ?
3 R. Non, parce que vous avez les haut-parleurs, un micro aussi. On peut
4 aussi utiliser les écouteurs, en tant que téléphone, mais aussi avec un
5 haut-parleur. Cela peut fonctionner avec un haut-parleur.
6 Q. Est-ce qu'il est arrivé que, justement, on réalise ces communications,
7 ces conversations, par le biais de ces haut-parleurs ?
8 R. Oui. Parfois, on ne l'éteignait même pas. Cela dépendait de la personne
9 qui travaillait parce que cette personne pouvait, en même temps, être
10 occupée sur une autre ligne et écouter, en même temps, ce qui sortait de
11 l'haut-parleur.
12 Q. Est-ce qu'il y avait plusieurs personnes qui travaillaient dans le
13 centre Opérationnel ?
14 R. Oui, c'est arrivé. Parfois, les chefs de service venaient chez nous
15 pour passer des coups de fil, et cetera.
16 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, le moment est-il
17 opportun pour prendre notre deuxième pause ?
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, en effet. Nous allons reprendre
19 nos travaux juste après une heure moins le quart.
20 --- L'audience est suspendue à 12 heures 27.
21 --- L'audience est reprise à 12 heures 49.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic.
23 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
24 Q. Monsieur Handzijev, depuis Kumbor, depuis le centre Opérationnel à
25 Kumbor, est-ce que vous pouviez établir une ligne de communication
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1 militaire avec Mokosica et Cavtat ?
2 R. Oui, nous pouvions le faire.
3 Q. Par l'entremise du centre Opérationnel de Kumbor, est-ce que vous
4 pouviez établir la communication entre des participants à Cavtat et à
5 Mokosica et d'autres participants ?
6 R. Oui, nous pouvions le faire par le centre de Communications avancé. Ils
7 avaient une petite centrale téléphonique telle que nous en avions une. Nous
8 pouvions, effectivement, passer la communication.
9 Mme SOMERS : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse.
10 J'aimerais demander une précision. Lorsque le témoin parle de centre de
11 Communications avancé, est-ce qu'il pourrait nous indiquer ce qu'il entend
12 par là, s'il vous plaît ?
13 M. RODIC : [interprétation]
14 Q. Monsieur Handzijev, pourriez-vous nous dire ce que cela signifie ?
15 R. J'avais dit le poste de commandement avancé, le poste de commandement
16 avancé, IKM.
17 Q. Au commandement du 9e VPS à Kumbor, est-ce qu'il existait un système
18 qui permettait d'établir une surveillance radio, qui permettait d'écouter
19 les communications radio plus précisément ?
20 R. Cela ne se faisait pas à Kumbor. Dans le bâtiment, il y avait un organe
21 spécial qui nous était rattaché et qui venait du commandement du PPO [sic].
22 C'est le rôle qu'ils jouaient. Ils écoutaient les conversations et c'est là
23 où ils se trouvaient.
24 Q. Le compte rendu d'audience ne parle pas du commandement auquel vous
25 avez fait référence. De quel commandement s'agissait-il ? De quel
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1 commandement vous receviez cela, si vous pourriez nous en donner le nom
2 dans son intégralité.
3 R. Le commandement du VPO. C'était une section, en fait, et --
4 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu le nom qui vient d'être
5 mentionné.
6 M. RODIC : [interprétation]
7 Q. Ces activités n'étaient pas menées à bien à partir du centre
8 Opérationnel de Kumbor ?
9 R. Non. Le centre Opérationnel n'avait rien à voir avec cela. S'ils
10 avaient une ligne directe avec eux, ils ne nous auraient pas contacté.
11 Mais, de toute façon, nous faisions office de transit. Ce n'était pas notre
12 organe, c'était un organe qui existait au préalable. Ils s'occupaient des
13 opérations de coordination, d'entraînement et, en fait, ils étaient établis
14 à Obosnik. S'ils avaient un lien de communication direct avec eux, ils leur
15 auraient envoyé les messages, mais ils le faisaient par notre intermédiaire
16 parce que nous étions la centrale téléphonique.
17 Q. Ils vous ont, également, posé des questions à propos des systèmes de
18 surveillance du centre Opérationnel du 9e VPS à Kumbor. Est-ce que vous
19 pourriez nous dire, s'il vous plaît, ce que vous pouviez superviser et
20 surveiller à partir du centre Opérationnel de Kumbor ?
21 R. Toute la situation maritime, par exemple. Lorsqu'un navire partait ou
22 quittait la côte italienne, nous pouvions suivre tout son itinéraire. Par
23 exemple, avec la vitesse du bateau, ce que faisait l'équipage, l'itinéraire
24 précis que prenait le bateau. Cela, c'était la situation maritime. C'est
25 ainsi que nous y faisions référence, pour les navires et pour les avions
Page 7678
1 également.
2 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que représente Voji ?
3 R. Cela, c'était le système de surveillance aérienne, le système de
4 surveillance du trafic aérien. Ils avaient leur propre radar. Ils avaient
5 un système de communication. Ils recevaient leur information de ces radars.
6 Ils les transféraient sur un ordinateur. Ainsi, vous aviez une idée assez
7 précise de la situation sur le terrain, la vitesse d'un avion, par exemple,
8 l'itinéraire d'un avion. C'était un système sophistiqué, très sophistiqué.
9 Q. Très bien. Afin d'éviter que la confusion ne règne, lorsque vous avez
10 parlé de la conversation établie entre le général Kadijevic et l'amiral
11 Jokic, vous avez utilisé une expression; vous avez utilisé le singulier et
12 le pluriel, n'est-ce pas ?
13 R. Oui. Ce que j'entendais, c'est qu'ils se tutoyaient.
14 Q. Vous avez dit ne pas vous souvenir de la façon dont le général
15 Kadijevic s'adressait à l'amiral Jokic. Vous ne savez pas s'il s'adressait
16 de façon familière ou de façon beaucoup plus formelle en B/C/S.
17 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, Monsieur le Président, je pense
18 qu'il a dit qu'ils se tutoyaient dans le cadre de l'interrogatoire
19 principal.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous êtes en train de présenter vous-
21 même les éléments de preuve, Maître Rodic.
22 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit d'une question
23 de grammaire, de grammaire de B/C/S.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pourriez peut-être demander au
25 témoin ce qu'il entendait plutôt que de lui dire ce qu'il entendait
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1 justement.
2 M. RODIC : [interprétation]
3 Q. Monsieur Handzijev, votre certitude, à propos de la façon dont le
4 général Kadijevic s'adressait à l'amiral Jokic, je me demande pourquoi vous
5 êtes incertain ? Est-ce que c'est parce que le général Kadijevic le
6 vouvoyait ou le tutoyait ?
7 R. Autant que je m'en souvienne, je suis sûr qu'il le tutoyait. C'était
8 une façon de communiquer beaucoup plus intime. C'est ainsi que cela était
9 gravé dans ma mémoire. Maintenant, étant donné que beaucoup de temps s'est
10 écoulé depuis, je ne sais plus très bien et j'ai un dilemme parce que cela
11 me semble assez illogique. Je serais plutôt enclin à penser qu'ils se
12 tutoyaient. Ceci étant dit, j'ai quand même ce dilemme.
13 Q. Est-ce que vous pourriez peut-être, en utilisant vos propres mots, nous
14 décrire une relation entre deux personnes, ne pensons pas précisément pas
15 d'ailleurs à Kadijevic et à Jokic. Lorsque vous parlez à quelqu'un, quand
16 vouvoyez-vous la personne, et quand est-ce que vous tutoyez la personne ?
17 Est-ce que vous pourriez nous dire quelles sont les différentes
18 connotations ?
19 Mme SOMERS : [interprétation] C'est une question qui exige soit une
20 explication grammaticale ou cela va nous faire aborder des domaines qui ne
21 peuvent pas forcément être expliqués par le témoin. En tout cas, nous ne
22 l'avions établi.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous pouvez poursuivre,
24 Maître Rodic ?
25 M. RODIC : [interprétation]
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1 Q. Monsieur Handzijev, comprenez-vous ma question ?
2 R. Est-ce que vous pourriez répéter votre question ?
3 Q. Lorsque vous vous adressez à quelqu'un, pour ce qui est de s'adresser à
4 cette personne en la vouvoyant ou en la tutoyant, de quoi dépend cette
5 décision de tutoiement ou de vouvoiement ?
6 R. Si c'est quelqu'un qui m'est proche, si c'est quelqu'un que je connais
7 très bien, même si c'est quelqu'un que je connais très bien, s'il s'agit
8 d'une conversation officielle, j'utiliserais le vouvoiement. Toutefois, si
9 nous sommes seuls, j'utiliserais le tutoiement, par exemple, dans le cas de
10 Zec, lorsque nous sommes seuls, nous nous tutoyons. Mais, s'il y a une
11 tierce personne présente, j'utilise le vouvoiement qui est une forme
12 beaucoup plus officielle ou formelle, si vous comprenez ce que je veux
13 dire.
14 Q. Oui, je comprends tout à fait. A un moment donné, lorsque vous
15 fournissiez des explications sur la situation à Kupari et lorsque vous
16 parliez justement du général Strugar et de l'amiral Jokic, vous avez
17 mentionné un sentiment de frustration. Vous avez parlé de la frustration de
18 l'amiral Jokic. A quoi pensiez-vous exactement ?
19 Mme SOMERS : [interprétation] Objection, Monsieur le Président, car cela
20 incite à la spéculation.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non. Il l'a exprimée, il a exprimé
22 cette idée. Vous n'avez pas posé de questions à propos de ce qu'il
23 entendait par cela. Je vais autoriser cette question dans le cadre des
24 questions supplémentaires.
25 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
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1 R. Jokic était la personne qui était le secrétaire de la Défense
2 nationale. Lorsque l'opération a commencé, ou plutôt lorsque la situation a
3 commencé à évoluer en Yougoslavie, il y a eu des émeutes, des femmes, des
4 mères dont les fils se trouvaient encore en Slovénie où il y avait des
5 opérations, elles sont allées à un rassemblement. Elles ont demandé à Jokic
6 de répondre à leurs questions, parce qu'elles voulaient savoir quand est-ce
7 que leurs fils leur reviendraient. Je ne suis pas sûr de ce que Jokic leur
8 a dit et comment il a expliqué la situation, mais elles l'ont attaqué avec
9 force parapluie. Elles ont voulu qu'il soit licencié de son poste. C'est
10 ainsi qu'il a été transféré et qu'il est venu chez nous. C'est pour cela
11 que je pense qu'il avait ce sentiment de frustration. Maintenant, bien
12 entendu, c'est pris hors du contexte. Je pense que cela correspond à
13 l'explication.
14 Q. Est-ce que l'amiral Jokic a dit ce qu'il voulait, ce qu'il souhaitait
15 avoir lorsqu'il est arrivé à Kumbor ?
16 R. Vous savez, il y a eu plusieurs conversations informelles, des
17 contacts. De temps à autre dans une atmosphère détendue, parfois de temps
18 en temps, il disait : "Je pense que je pourrais boire un café sur le
19 Stradun." Je suis certain de l'avoir entendu dire cela un certain nombre de
20 fois.
21 Q. Merci. Est-ce que c'est la première fois que vous avez eu comme
22 commandant Jokic en octobre 1991 lorsqu'il est arrivé à
23 Kumbor ?
24 R. Il avait déjà été mon commandant avant qu'il ne parte pour Belgrade.
25 Q. Depuis combien de temps connaissiez-vous l'amiral Jokic ?
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1 R. Depuis assez longtemps. Depuis que je suis arrivé dans le secteur.
2 C'est là que je l'avais rencontré, me semble-t-il. Il était chef des
3 opérations pour la division de l'entraînement pendant un certain temps. Il
4 était chef d'état-major. En fait, il était commandant et je le connaissais
5 depuis un certain temps.
6 Q. Monsieur Handzijev, je vous remercie.
7 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
8 Juges, j'en ai terminé avec mes questions supplémentaires.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Rodic. Je pense que
10 vous serez heureux d'entendre que vous en avez terminé avec votre
11 comparution. Vous êtes libre de partir maintenant et de rentrer dans votre
12 foyer. Je vous remercie d'être venu, de nous avoir aidé.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Merci
14 de m'avoir autorisé à apporter ma contribution au travail de ce Tribunal.
15 [Le témoin se retire]
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic.
17 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, maintenant, que ce
18 témoignage est terminé, j'aimerais faire deux remarques brièvement.
19 Premièrement, j'aimerais pouvoir vérifier l'enregistrement de ce témoignage
20 et le vérifier très soigneusement. Je pense à l'établissement du compte
21 rendu définitif d'hier et d'aujourd'hui,
22 parce que je suis intervenu un certain nombre de fois. Puisque nous n'avons
23 pas ou du fait que nous n'avions pas beaucoup de temps, j'ai omis
24 d'intervenir. C'est pour cela que je souhaiterais que cette cassette puisse
25 faire l'objet de vérification.
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1 Deuxièmement, avec la permission de la Chambre, j'aimerais fournir une
2 explication à propos de la confusion grammaticale qui s'est glissée dans
3 les dernières minutes du témoignage du témoin. J'aimerais expliquer la
4 règle grammaticale en B/C/S.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que ce n'est pas nécessaire.
6 Nous avons suffisamment saisi pour comprendre. C'est une caractéristique
7 grammaticale que l'on retrouve dans d'autres langues.
8 M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Même en français, me dit-on.
10 Oui, Maître Rodic.
11 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous pouvons poursuivre,
12 si vous le souhaitez. Nous pouvons appeler à la barre notre prochain
13 témoin.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. De qui s'agit-il ?
15 M. RODIC : [interprétation] Il s'agit de M. Jovan Drljan.
16 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Monsieur le Témoin, je vous
18 prie de prendre la carte qui vous sera donnée sous peu et faire une
19 affirmation solennelle.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
22 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez vous asseoir.
24 LE TÉMOIN: JOVAN DRLJAN [Assermenté]
25 [Le témoin répond par l'interprète]
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic, je vous écoute.
2 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
3 Interrogatoire principal par M. Rodic :
4 Q. [interprétation] Monsieur, je vous prierais de bien vouloir décliner
5 votre identité.
6 R. Je m'appelle Jovan Drljan. Je suis capitaine de frégate à la retraite.
7 Q. Dites-moi, je vous prie : où êtes-vous né et quand ?
8 R. Je suis né, le 9 décembre 1938, dans le village de Luscani,
9 municipalité de Petrinja, dans la République de Croatie.
10 Q. Merci. Vous avez dit avoir été capitaine de frégate et que vous êtes,
11 maintenant, à la retraite. Je vous demanderais de bien vouloir comparer ce
12 grade avec un grade que l'on a normalement dans l'infanterie.
13 R. Lieutenant-colonel.
14 Q. Merci. Monsieur Drljan, dites-nous, je vous prie : quels diplômes avez-
15 vous obtenus ?
16 R. J'ai un diplôme d'école primaire. Ensuite, j'ai étudié au lycée à Sisak
17 et je suis allé à l'école militaire navale à Split, à Divulje. C'est là que
18 j'ai eu une formation formelle pour l'armée.
19 Q. Est-ce que vous avez une spécialité, ou est-ce que vous avez reçu une
20 formation générale ?
21 R. Plus tard, je me suis spécialisé dans les obus et les torpilles.
22 Q. Je vous demanderais de ménager des pauses entre les questions et les
23 réponses puisque nous parlons la même langue. Dites-moi : de quelle date à
24 quelle date avez-vous été dans l'armée ?
25 R. En tant qu'officier d'active, j'ai obtenu le grade de lieutenant-
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1 colonel. J'ai été dans l'armée entre 1961 jusqu'à 1995.
2 Q. Pourriez-vous nous dire dans quelle garnison vous étiez affecté pendant
3 toute cette période ?
4 R. J'ai été affecté à la garnison de Split. Par contre, le destructeur sur
5 lequel j'ai fait mon stage a été démonté à Rijeka. J'ai passé près d'un an
6 à Rijeka. J'ai passé un temps un peu plus court à Split. Par la suite, je
7 suis allé à Sibenik. C'est là que j'ai vécu pendant 13 ans. Ensuite, je
8 suis allé servir à Boka.
9 Q. Quand êtes-vous arrivé à Boka, pouvez-vous nous le dire ?
10 R. Je suis arrivé à Boka le 1er septembre 1976.
11 Q. Est-ce que vous avez été affecté au 9e VPS ?
12 R. Oui. J'ai d'abord été le commandant du Détachement des chasseurs d'obus
13 à Lepetane. C'est là que j'ai passé 4 ans. En 1980, j'ai rejoint le centre
14 Opérationnel du Secteur naval de Boka. Entre-temps, entre 1984 et 1986,
15 j'ai été envoyé en Libye où j'ai enseigné à l'académie de marine militaire
16 de Libye. Ensuite, je suis retourné au Secteur naval de Boka.
17 Q. Merci. Pourriez-vous nous dire, vers la mi-1991, où vous trouviez-vous
18 et où étiez-vous affecté ?
19 R. Dans la deuxième partie de 1991, j'ai été affecté au centre Maritime
20 militaire de Boka. J'ai été affecté au Département des opérations et de
21 formation. J'y ai été en qualité d'officier des opérations. J'étais chargé
22 de la planification. Tous les projets de secteur devaient passer par notre
23 unité. J'ai également été instructeur de gymnastique, pour ce qui est de
24 notre secteur.
25 Q. Merci. En 1991, est-ce que vous travailliez au centre Opérationnel du
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1 9e VPS en tant qu'officier de permanence ?
2 R. J'étais sur la liste des officiers qui travaillaient en tant
3 qu'officiers de permanence pour le centre. Mon nom figurait sur cette
4 liste.
5 Q. Maintenant, dites-nous : vers la fin de 1991, avez-vous participé à des
6 activités militaires à l'extérieur de Kumbor ?
7 R. Le 27 septembre, j'ai reçu l'ordre du feu capitaine de frégate, Krstic,
8 plutôt Krsto Djurovic qui, à l'époque, était le commandant du secteur. Il
9 m'a donné pour ordre de me rendre à Pula et de faire sortir trois bateaux
10 de patrouille qui étaient stationnés à Pula.
11 Q. Dites-nous, puisque vous avez travaillé au 9e Secteur naval, qui était
12 votre commandement supérieur à l'époque ?
13 R. A l'époque, mon commandement supérieur était le commandement du VPO,
14 donc du district militaire naval.
15 Q. Pour ce qui est du Secteur naval, est-ce que vous receviez des ordres
16 du commandement du VPO, de ce Secteur naval militaire ?
17 R. Oui, nous recevions des ordres du commandement du VPO. C'est ainsi que
18 cet ordre qui me disait d'aller à Pula, je l'ai reçu du VPO. C'est eux qui
19 ont envoyé le commandement au commandement du Secteur naval dans lequel
20 j'étais affecté.
21 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Pula, est-ce que vous avez, effectivement,
22 mené à bien cet ordre, c'est-à-dire, est-ce que vous avez pu transférer ces
23 bateaux ?
24 R. Oui, avec un groupe d'officiers et de sous-officiers, nous avons
25 procédé au transfert de ces navires à Boka. Nous sommes restés à Boka un
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1 certain temps puisqu'ils nous fallaient réparer les bateaux, et procéder à
2 certaines réparations importantes pour pouvoir permettre au navire de
3 prendre la mer.
4 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : si vous vous souvenez, quand êtes-vous
5 arrivés à Boka Kotorska dans la baie de Kotor?
6 R. Oui. Je me souviens très bien. Nous sommes arrivés dans la baie de
7 Kotor le 5 octobre à une heure de l'après-midi.
8 Q. Dites-moi : à l'époque, la mer adriatique était-elle sous blocus ?
9 R. Selon mes connaissances s'agissant du blocus de la mer adriatique, le
10 capitaine du navire Rakic, qui remplaçait le commandant du secteur de Pula,
11 quand je suis parti le soir vers une heure du matin, m'a averti. Je n'ai
12 pas vu cet ordre, mais il m'a averti. Il m'a dit que le commandement du VPO
13 avait bloqué toute la partie de nos eaux territoriales pour ce qui est de
14 la mer adriatique. Il m'a dit de faire attention. Il m'a dit de bien faire
15 attention de m'identifier au vaisseau de guerre qui se trouvait sur la mer
16 afin de pouvoir me permettre de passer et afin qu'on n'ouvre pas le feu sur
17 nous.
18 Q. Lorsque vous êtes arrivé à Kumbor, est-ce que ce blocus marin était
19 encore en vigueur ?
20 R. Oui.
21 Q. Le blocus est resté en vigueur jusqu'à quand ?
22 R. Jusqu'au 11. Je crois que l'ordre a été émis du commandement du VPS, et
23 que l'ordre était en vigueur jusqu'au 11 octobre.
24 Q. Selon cet ordre du VPO, que vous demandait-on de faire ?
25 R. L'ordre visait à procéder un déblocus des navires, à permettre aux
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1 navires de se déplacer librement sur la mer adriatique, et que toute la
2 côte au large de Dubrovnik soit débloquée.
3 M. RODIC : [interprétation] Je demanderais à Mme l'Huissière de montrer au
4 témoin un document.
5 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je vous écoute.
7 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Nous avons reçu ce document que le
8 conseil souhaite montrer au témoin il y a peu de temps. C'est un document
9 pour lequel il est allégué qu'il a été signé par l'amiral Jokic. Nous avons
10 certaines indications nous permettant de croire que la Défense a disposé de
11 ce document pendant le témoignage de l'amiral Jokic, nous estimons qu'il y
12 a eu violation de l'Article 90(H).
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela ne veut pas, nécessairement, dire
14 qu'ils avaient ce document à leur possession. Cela dépend de la nature du
15 document. Je souhaiterais voir ce document, je vous prie.
16 Maître Rodic, veuillez, je vous prie, me remettre ce document.
17 Je ne vois aucun fondement pour croire que le document n'a pas été montré à
18 l'amiral. Je ne vois pas qu'est-ce que ce document a avoir avec l'affaire.
19 Si vous le souhaitez, vous pouvez certainement montrer ce document au
20 témoin, Maître Rodic.
21 M. RODIC : [interprétation]
22 Q. Monsieur Drljan, pourriez-vous me dire d'où émane ce document ?
23 R. C'est un document du secteur Boka -- du Secteur naval de Boka, et c'est
24 un document du vice-amiral Jokic.
25 Q. A quoi se réfère ce document ?
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1 R. Ce document se réfère au déblocus, c'est-à-dire le déblocus de
2 Dubrovnik. C'est-à-dire que le VPO a envoyé un commandement, un ordre. Cet
3 ordre couvrait sa zone de responsabilité et, effectivement, on a procédé à
4 un déblocus des eaux autour de Dubrovnik avec la mention que les forces du
5 1er et du 2e Secteur naval soient mises à contribution, et qu'ils doivent
6 continuer à contrôler les vaisseaux, et cetera, et cetera, des vaisseaux
7 qui arriveraient au port.
8 Q. Dites-moi si je comprends bien. On parle de documents et, dans le
9 document en question que vous avez sous les yeux, on peut voir :
10 "Conformément à l'ordre du commandement du district militaire naval," et,
11 ensuite, nous pouvons voir qu'il s'agit : "Du 11 octobre 1991, j'ordonne --
12 " Est-ce que cela veut dire que ce genre de documents, ce genre d'ordre a
13 été émis par le commandement du secteur militaire Naval à la baie de Boka ?
14 R. Oui. Exactement, c'est cela. Ce sont eux qui ont rédigé cet ordre.
15 Q. Dites-moi, je vous prie : cet ordre a été destiné à qui ?
16 R. A la 16e GMO, c'est lui qui exécutait le blocus directement, et à la
17 canonnière qui était dans la même mission, et à nous, qui nous trouvions au
18 poste de commandement avancé de Kupari.
19 Q. Je vais vous interrompre. Vous n'avez pas besoin de me raconter des
20 choses sans regarder le document. Justement, je vous ai présenté ce
21 document pour que vous puissiez voir ce document. Qu'est-ce que le 16e GMO
22 ?
23 R. C'est le 16e Section de Patrouilles des frontières.
24 Q. A qui s'adresse ce document ? A quel commandement ?
25 R. Au GMO. Le centre Opérationnel et le groupe Opérationnel.
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1 M. RODIC : [interprétation] Je voudrais demander le versement au dossier de
2 ce document.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.
4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document comportera la cote D105.
5 M. RODIC : [interprétation]
6 Q. Au cours de cette période-là, vers la fin de l'été 1991 et jusqu'à la
7 fin de l'année 1991, est-ce que le VPO et le VPS poursuivaient d'autres
8 activités importantes pendant cette
9 période-là ?
10 R. Nous étions en état d'alerte. Tous les officiers, toutes les unités
11 étaient à leur poste dans les casernes, et ceci jusqu'au moment où on a
12 chassé les forces croates de la zone Prevlaka. A l'époque, j'étais à Pula.
13 J'ai entendu le début des opérations.
14 Q. En ce qui concerne cette période allant de la fin de la guerre jusqu'à
15 la fin de l'année 1991, y a-t-il eu des activités qui concernaient les
16 unités du VPS sur la côte adriatique dans la République de Croatie et
17 jusqu'à Pula.
18 R. Il y avait des activités dans le sens d'appui en logistique, des
19 arrières, pour les unités qui venaient de Pula, de Split, de Sibenik, et
20 cetera. Il fallait prendre en charge des vaisseaux, des bateaux, des
21 unités, cela assurait leur sécurité, l'hébergement et toutes les autres
22 opérations annexes qui consistaient à transférer ces unités en d'autres
23 endroits.
24 Q. Quels étaient ces lieux ou ces localités où vous avez transféré ces
25 unités ?
Page 7691
1 R. Kumbor, Tivat.
2 Q. Est-ce que là il s'agit de la baie de Kotor, le Secteur naval ?
3 R. Oui.
4 Q. Au cours de la période d'octobre, novembre et décembre 1991, avez-vous
5 été à Kumbor tout ce temps-là ?
6 R. J'ai été à Kumbor au moment où on a pris Kupari, le poste de
7 commandement avancé y a été créé. C'est à ce moment-là que je suis venu à
8 Kupari et j'y suis resté.
9 Q. Au moment où on a créé ce poste de commandement avancé de Kupari, et
10 quand vous y êtes arrivé, pourriez-vous nous dire quelle était votre
11 fonction là-bas ?
12 R. J'ai été un opérationnel tout comme à Kumbor où je faisais des
13 permanences dans le centre des Opérations; on faisait cela par équipe.
14 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : connaissez-vous certains officiers qui
15 travaillaient avec vous à ce centre -- dans ce centre des Opérations au
16 poste de commandement avancé de Kupari ?
17 R. Le capitaine de frégate, à l'époque, Kozaric travaillait là-bas avec
18 moi; ensuite, le capitaine de frégate Uljarevic, qui est parti, enfin il
19 s'est absenté à cause de maladie; ensuite, le capitaine de première classe
20 Sikimic; et le capitaine de corvette, retraité aujourd'hui, Mika Celebcic
21 [phon] .
22 Q. Dans le centre des Opérations au poste de commandement avancé de
23 Kupari, est-ce qu'il existait un journal ? Est-ce qu'on a tenu un journal ?
24 R. Tout naturellement un journal de guerre, on tenait un journal de
25 guerre. C'est un document obligatoire.
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1 Q. Pourriez-vous nous dire ce qu'on a inscrit dans ce
2 document ?
3 R. Tous les événements qui se produisaient au cours d'une journée pour,
4 justement, pouvoir écrire un rapport de combat par la suite. On y
5 inscrivait tous les événements majeurs qui se produisaient au sein des
6 unités placées sous notre responsabilité et ailleurs s'il s'agissait
7 d'incidents ou d'événements qui influaient sur nos activités à nous. Tout
8 ce qui concernait nos forces, l'ennemi, les pertes éventuelles, et cetera,
9 tous les ordres reçus, tous les dépêches reçues, doivent figurer dans ce
10 journal de guerre.
11 M. RODIC : [interprétation] Je vais demander à Mme l'Huissière de fournir,
12 au témoin, le document D96.
13 Q. Monsieur le Témoin, reconnaissez-vous ce document ? Je vous prie de
14 bien vouloir l'examiner, la pièce D96.
15 R. Oui, je le reconnais.
16 Q. Est-ce bien le journal de guerre du centre Opérationnel du 9e Secteur
17 naval tenu au niveau du poste de commandement avancé de Kupari ?
18 R. Oui. Même, je dois dire que je reconnais mon écriture ici.
19 Q. Quand vous regardez ce journal et vous le feuilletez depuis le début,
20 depuis la 59e page, pourriez-vous nous dire à quel moment vous y
21 reconnaissez votre écriture, pour la première fois ?
22 R. A 16 heures 15.
23 Q. Quelle page ?
24 R. A la 59e page, à 16 heures 15, c'est là que j'ai inscrit, pour la
25 première fois, quelque chose. Cela figure sur cette page-là et ceci
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1 concerne le 13 décembre.
2 Q. Pourriez-vous, à présent, examiner la date du 4 décembre. Pour ce jour-
3 là, est-ce que ce jour-là vous y avez inscrit quoi que ce soit ?
4 Mme SOMERS : [interprétation] Est-ce qu'on demande au témoin vraiment de
5 regarder la page 59 car je n'y vois pas quoi que ce soit concernant 16
6 heures 15, pas sûrement page 59, peut-être qu'il y a un problème au niveau
7 des différentes versions.
8 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, si j'ose répondre, nous
9 avons donné au témoin des extraits de ce journal de guerre, à partir de la
10 date du 4 décembre, donc le 4, 5, 6 et 7 décembre 1991. Nous lui avons
11 fourni l'original, la journée du 4 décembre commence à la moitié de la
12 page. Avant cela, on n'y voit plusieurs paragraphes concernant le 3
13 décembre. La page 59 est la page 59 de l'original.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Le premier paragraphe.
15 M. RODIC : [interprétation] Oui. Le premier paragraphe.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Est-ce que cela vous aide, Madame
17 Somers ?
18 Mme SOMERS : [interprétation] De façon très limitée, Monsieur le Président.
19 Il serait, extrêmement, utile que la Défense nous communique le document en
20 entier, tout au moins pour la période pertinente à l'acte d'accusation,
21 pour que nous puissions vraiment suivre tout ce qui y figure.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que vous l'avez et vous avez
23 même deux jours avant cela.
24 Mme SOMERS : [interprétation] Non, j'ai uniquement le jour pertinent. Je
25 n'ai pas --
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'acte d'accusation concerne la
2 journée du 6 décembre.
3 Mme SOMERS : [interprétation] Excusez-moi. J'avais pensé au mois d'octobre
4 et jusqu'à la fin du mois de décembre. Ceci serait extrêmement utile mais
5 je pourrais en parler une autre fois. Ce que Me Rodic nous a donné ne nous
6 aide que de façon extrêmement limitée.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous savons qu'en anglais cette partie
8 commence tout à la fin de la page 59 et là on y voit le premier paragraphe
9 concernant la date du 4 décembre.
10 M. RODIC : [interprétation] Oui, effectivement. A partir du 4 décembre, je
11 me référais à cela puisque je vais interroger ce témoin pour la période
12 commençant par le 4 décembre.
13 Q. Monsieur le Témoin, je vous prie de bien vouloir examiner la date du 4
14 décembre et de me dire, en ce qui concerne cette date, si vous y avez
15 inscrit quoi que ce soit ?
16 R. La première inscription que j'y ai faite concerne 18 heures 15, à la
17 page 61.
18 Q. Pourriez-vous nous dire ce qui est écrit là-dedans, de façon très
19 succincte ?
20 R. C'est une conversation interceptée sur la radio, sur le poste radio, il
21 est écrit Ante Catlak est remplacé par Aljosa Olujic, et cetera, et cetera.
22 Q. Dans la colonne de droite où l'on inscrit les remarques, qu'est-ce qui
23 est inscrit à côté de cette inscription ?
24 R. "Le capitaine de frégate Jeremic."
25 Q. Pourriez-vous nous expliquer cela ?
Page 7695
1 R. Cette remarque veut dire que Jeremic nous a transmis cette information.
2 Nous l'avons obtenu par le biais de ses services. Il nous a informé de
3 cela, tout simplement.
4 Q. Quel est ce service, le service de Jeremic ?
5 R. C'est un service de Renseignements chargé de suivre les activités de
6 l'ennemi et d'acquérir des informations.
7 Q. Est-ce que vous deviez signer à côté de ces paragraphes ?
8 R. Non, je ne l'ai pas fait. Ce qui m'importait surtout c'était de savoir
9 qui était à l'origine de l'information.
10 Q. Je vous prie de bien vouloir regarder si vous y avez inscrit quoi que
11 ce soit d'autre à la date du 4 décembre.
12 R. Oui, juste au-dessus, il est écrit : "Srdj, au niveau de la côte 412,
13 on a remarqué un véhicule blindé du transport des troupes."
14 Q. Ensuite ?
15 R. Ensuite, on y voit, Zdrakovic. C'est lui qui est l'origine de cette
16 information.
17 Q. Qui est enregistré à 18 heures 33, n'est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Pouviez-vous regarder la date du 5 décembre et nous dire si vous y avez
20 inscrit quoi que ce soit ce jour-là ?
21 R. Oui.
22 Q. A quelle page ?
23 R. A la page 65.
24 Q. Quand est-ce que vous y avez inscrit, pour la première fois, quelque
25 chose à la page 65 ?
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1 R. C'était à 17 heures 25.
2 Q. Qu'est-ce que vous y avez écrit ?
3 R. "Nous avons reçu l'ordre oral du centre des Opérations de l'état-major
4 principal. La troisième admission envoie un rapport : garder les
5 contingents du mois de janvier jusqu'à avis contraire de la part de la JNA.
6 Combien de temps faudra-t-il à la présidence de la RSFY pour régler cela ?"
7 Cela voulait dire qu'il ne savait pas combien de temps il fallait garder
8 ces hommes.
9 Q. Qu'est-ce qui est écrit dans la colonne de "remarques" ?
10 R. C'est mon nom puisque c'est moi qui ai reçu cette information
11 directement d'OKM. C'est le poste de commandement de base à Kumbor. Je ne
12 l'ai pas reçu directement de l'état-major principal, mais de Kumbor
13 puisqu'ils l'ont reçu en premier.
14 Q. C'est un ordre direct venant du centre des Opérations de l'état-major
15 principal ? Est-ce qu'il est arrivé directement au VPS ?
16 R. Je ne saurais vous le dire. Ce n'est pas écrit ici.
17 Q. Très bien.
18 R. Je sais que ceci a été reçu par téléphone.
19 Q. Très bien. Maintenant, dites-moi : qu'est-ce que vous y avez écrit
20 d'autre ?
21 R. A 17 heures 45.
22 Q. De quoi parle-t-on ?
23 R. C'est Jeremic qui nous a envoyé cela. C'est un message radio pour le
24 VPS Boka, suite à notre conversation au sujet du 2 décembre 1991 à Cavtat,
25 en vertu des procédures en vigueur.
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1 Q. Est-ce qu'on parle du "modèles" ici ?
2 R. Oui. "-- d'après les procédures en vigueur et les modèles de travail
3 concernant le mouvement de troupes en dehors de la ville de Dubrovnik, nous
4 proposons ce qui suit."
5 Q. Très bien. Nous n'allons pas lire tout cela. Est-ce un message radio
6 envoyé au VPS Boka, au capitaine de frégate Jeremic ? Est-ce que c'est bien
7 le message que vous avez reçu ?
8 R. Oui, sans doute, parce qu'à l'époque, la communication entre la cellule
9 de Crise de Dubrovnik et les commandements à Kumbor se faisaient par la
10 radio Bar.
11 Q. Est-ce que vous avez écrit quoi que ce soit d'autre ?
12 R. Oui. Ensuite, quelque chose que j'ai écrit moi aussi.
13 Q. A quelle heure ?
14 R. A 18 heures 32.
15 Q. Est-ce que ceci se continue après sur la page 66 ?
16 R. Oui, et il se termine aussi à la page 66. C'est une impression qui nous
17 a été envoyée par la cellule municipale de la Croix rouge de Dubrovnik.
18 Q. Puisque nous n'avons pas beaucoup de temps, je vais lire ce qu'y figure
19 : "D'après l'accord que nous avons obtenu aujourd'hui avec le représentant
20 du gouvernement croate, nous proposons que demain, à 9 heures, quitte le
21 port de Gruz, le bateau Arka avec un bateau de la Croix rouge en portant
22 l'aide humanitaire vers l'île de Sipan, avec un escale à Sudjuradj. Nous
23 demandons aussi que l'on permette à ces bateaux de transporter Mme Kate
24 Stancic pour visiter un parent malade, avec les représentants de la Croix
25 rouge : Tripo Rundo, Berislav Vacic [phon], Maruska Dobud --"
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1 C'est un message venant du quartier général municipal de la Croix rouge de
2 Dubrovnik.
3 R. Oui.
4 Q. En ce qui concerne les "remarques" ?
5 R. J'ai signé cela puisque c'est moi qui ai reçu le message. En bas, j'ai
6 écrit : le quartier général municipal de la Croix rouge de Dubrovnik. Cela
7 veut dire qu'ils sont signataires de ce message.
8 Q. Est-ce qu'il y a quoi que ce soit d'autre que vous y avez inscrit ?
9 R. Oui, à 19 heures 25. "La compagnie Osoj [phon] nous informe que le
10 radar Ostra a fonctionné et n'avait plus de contact avec la radio Cap
11 Afrique [phon]. C'est la situation sur la mer, tout simplement. On perçoit,
12 à présent, quatre objets sur l'écran. Le plus proche est en direction de Kp
13 263 d'Obasnik, 27,3 mètres.
14 Q. Est-ce que vous y avez fini cela ?
15 R. Oui.
16 Q. Jusqu'au 5 décembre, est-ce que vous y avez inscrit quoi que ce soit
17 d'autre ?
18 R. Non. Non. Je n'y ai plus rien écrit pas avant la fin de la journée du 5
19 décembre et la journée du 7 décembre.
20 Q. Savez-vous où vous étiez le 6 décembre 1991 ?
21 R. Oui.
22 Q. Où étiez-vous alors ?
23 R. Le 6 décembre, au matin --
24 Q. Où étiez-vous ?
25 R. Au poste de commandement avancé, dans la matinée. Après, on m'a envoyé
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1 en mission ailleurs.
2 Q. Est-ce que vous étiez à IKM de Kupari ?
3 R. Oui.
4 Q. Au centre des Opérations IKM Kupari ?
5 R. Après m'être reposé au cours de la nuit, j'ai repris mes fonctions à
6 peu près à 7 heures du matin, et ceci, dans le centre des opérations.
7 Q. Merci.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le moment est-il opportun pour lever
9 la séance ?
10 M. RODIC : [interprétation] Justement, je voulais vous le demander.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons lever la séance
12 à présent, jusqu'à lundi après-midi à 14 heures 15.
13 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le lundi 12 juillet
14 2004, à 14 heures 15.
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