Tribunal Pénal International pour l'ex Yougoslavie

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1 Le lundi 12 juillet 2004

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 19.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, capitaine Drljan, je souhaite

7 vous rappeler du serment que vous avez prêté au début de votre déposition

8 qui est toujours de vigueur.

9 LE TÉMOIN: JOVAN DRLJAN [Reprise]

10 [Le témoin répond par l'interprète]

11 Maître Rodic, je vous donne la parole.

12 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

13 Interrogatoire principal par M. Rodic : [Suite]

14 Q. [interprétation] Monsieur Drljan, bonjour.

15 R. Bonjour.

16 Q. Nous allons continuer l'interrogatoire principal là où nous nous sommes

17 arrêtés vendredi dernier.

18 La dernière question que je vous ai posée concernait l'endroit où vous

19 étiez le 6 décembre.

20 R. Le 6 décembre, dans la matinée, j'étais au poste de commandement

21 avancé. Après, je me suis rendu à Zarkovica où se trouvait le poste de

22 commandement.

23 Q. Que faisiez-vous ce matin-là, le matin du 6 décembre 1991 ?

24 R. Je me suis levé avant d'être censé commencer à travailler. Ensuite, je

25 me suis rendu au poste de commandement avancé, au centre Opérationnel.

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1 Q. Est-ce que quoi que ce soit s'est passé au centre Opérationnel du poste

2 de commandement avancé ?

3 R. Non, je n'ai rien remarqué d'exceptionnel à part que le capitaine de

4 frégate Kozaric était en train de montrer quelque chose dans son journal de

5 guerre. A ce moment-là, le téléphone a sonné. J'ai répondu à ce coup de fil

6 puisque j'étais le plus près, c'était la pratique. Il convenait, ensuite,

7 de noter la teneur de ce coup de fil. C'est à ce moment-là que le capitaine

8 de vaisseau Zec m'a ordonné de me rendre à Zarkovica pour voir le capitaine

9 de première classe Vladimir Kovacevic pour lui passer un message de la part

10 de son commandant, l'amiral Jokic, en lui indiquant qu'il n'avait pas droit

11 de tirer sur la vieille ville.

12 Q. Est-ce que vous savez à quel moment cet appel a eu lieu ?

13 R. Entre 7 heures 10 et 7 heures 15.

14 Q. Je vous prie de bien vouloir faire une pause assez brève entre mes

15 questions et vos réponses, c'est pour faciliter le travail des interprètes.

16 Qu'est-ce que vous avez fait après avoir reçu ce coup de fil ?

17 R. Après avoir reçu ce coup de fil, je suis allé chez moi pour m'habiller

18 plus chaudement parce que, ce jour-là, il y avait beaucoup de vent et il

19 faisait assez froid. Après m'être habillé, je suis descendu. Je me suis

20 dépêché pour essayer de trouver un chauffeur, un véhicule qui devait

21 m'amener à Zarkovica, conformément à l'ordre que j'avais reçu.

22 Q. Ce matin-là, vous êtes-vous rendu à Zarkovica ?

23 R. Oui -- excusez-moi de répondre immédiatement. Je me suis rendu à

24 Zarkovica, j'y suis arrivé vers 8 heures du matin.

25 Q. Qu'avez-vous fait en arrivant à Zarkovica ?

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1 R. En arrivant à Zarkovica, j'ai laissé ma voiture au tout début puisque

2 j'ai vu qu'il y avait des activités. Ensuite, je me suis rendu dans le

3 bunker, c'est là que se trouvait le capitaine de première classe, à

4 l'époque, Vladimir Kovacevic. Il disposait de téléphones qui étaient sur

5 les écouteurs. Il passait des ordres à ses unités.

6 J'y suis entré et je lui ai fait part de l'ordre de Jokic. Je l'ai regardé

7 pour voir s'il avait bien compris cet ordre. Comme il m'a fait un signe

8 affirmatif, je me suis dit qu'il avait compris cet ordre. Ensuite, je suis

9 sorti du bunker justement pour ne pas déranger son commandement.

10 Q. Pourriez-vous nous dire de quelle façon il vous a fait ce signe

11 affirmatif ?

12 R. Je lui ai dit que : "Le commandant Jokic lui a ordonné de ne pas tirer

13 sur la vieille ville." Il m'a regardé droit dans les yeux pendant que je

14 lui ai dit ces mots. Il savait que j'étais un officier du commandement.

15 Chaque officier subordonné, à chaque fois qu'un commandant supérieur entre

16 dans les locaux où il se trouve, écoute attentivement ce qui lui est dit.

17 Q. Vous nous avez dit que vous êtes sorti pour ne pas le déranger pendant

18 qu'il donnait des ordres à ses troupes ?

19 R. Je suis sorti et je me suis dirigé vers un plateau peu élevé qui se

20 trouve à l'extrémité de la vieille ville de Dubrovnik. On avait une très

21 bonne vue depuis cet endroit-là qui nous permettait de suivre les

22 événements.

23 Q. En arrivant à Zarkovica, vous avez vu le capitaine Kovacevic en train

24 de commander. Est-ce que, depuis cet endroit, vous étiez en mesure de voir

25 ce qui se passait autour de vous ?

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1 R. Puisque le jour était extrêmement clair avec le vent du nord, ce sont

2 les jours, qui vous permettent de voir parfaitement bien, la visibilité est

3 parfaite. Je pouvais voir la vieille ville très bien et je pouvais, aussi,

4 très bien voir Srdj qui faisait l'objet d'une attaque.

5 Q. Pourriez-vous me dire combien de temps vous avez passé à Zarkovica ?

6 R. Je suis resté à peu près une heure. J'ai quitté Zarkovica vers 9 heures

7 et je me suis rendu au poste de commandement avancé.

8 Q. Est-ce que vous êtes revenu à Kupari ?

9 R. Oui.

10 Q. Pendant cette heure que vous y avez passé, est-ce que vous avez observé

11 Srdj et la vieille ville ?

12 R. Oui, effectivement. J'étais intéressé de voir ce qui se passait comme

13 tout autre homme serait intéressé de le voir. Les unités du capitaine

14 Kovacevic s'étaient dirigées vers Srdj puisque son objectif était la prise

15 du mont de Srdj. Ces unités sont arrivées à un endroit au dessous de Srdj,

16 juste avant Srdj. Elles se sont arrêtées là. C'est ce que j'ai pu voir à ce

17 moment-là au niveau de Srdj. J'ai, aussi, pu remarquer qu'il y avait des

18 obus qui tombaient autour de Srdj, des obus d'artillerie qui sont tombés

19 devant Srdj, avant d'atteindre le but ou même derrière, après l'objectif.

20 Je n'ai pas compté ces obus.

21 Q. Attendez un instant, s'il vous plaît. Dites-moi : ces obus qui sont

22 tombés à ce moment-là sur Srdj, au moment où vous étiez en train d'observer

23 cela, est-ce que vous avez pu déterminer la direction de l'arrivée de ces

24 obus ?

25 R. Vous savez, il est impossible de suivre le vol d'un obus. Vous ne

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1 pouvez pas voir cela. Il s'agissait là d'obus d'artillerie qui tombaient,

2 de façon perpendiculaire, sur l'objectif. C'est la façon dont on tire ces

3 obus, c'est pour cela que je n'étais pas en mesure de déterminer leur

4 provenance.

5 Q. Est-ce que vous avez observé Dubrovnik également ?

6 R. Oui, j'ai observé la vieille partie de la ville de Dubrovnik, la partie

7 que l'on voit le mieux depuis Zarkovica. J'ai pu apercevoir plusieurs

8 incendies dans la vieille ville. Un de ces incendies s'est produit à

9 Stradun. Stradun sépare la ville de Dubrovnik en deux parties, la partie

10 nord et la partie sud de la ville. Du côté nord de la ville, une fumée

11 toute noire s'échappait d'une maison. Je me suis servi de jumelles pour

12 vérifier si les toits de l'immeuble étaient endommagés. J'ai pu déterminer

13 que non. Je n'ai pas compris pour quelle raison la fumée sortait des

14 fenêtres. Je ne pouvais pas voir les fenêtres, tout ce que j'ai pu voir

15 c'est cette fumée noire qui s'échappait de l'immeuble vers Stradun.

16 Ensuite, un petit peu plus loin, j'ai vu un autre bâtiment en feu.

17 Q. Est-ce que vous avez vu quoi que ce soit d'autre dans la vieille ville,

18 hormis ces incendies que vous venez de décrire ?

19 R. A peu près 15 ou 20 minutes plus tard, à la moitié de Stradun, un homme

20 est sorti d'un grand porche accompagné d'un assistant. Cet homme était

21 assez grand, il avait presque votre corpulence, il était même, peut-être,

22 un petit plus corpulent que vous. Ils ont sorti un lance-roquettes et ils

23 ont tiré un obus depuis ce lance-roquettes. Je ne les ai vus tirer qu'un

24 obus. Ensuite --

25 Q. Qu'est-ce qu'ils ont fait après avoir tiré cet obus ?

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1 R. Apres avoir tiré cet obus, ils sont restés encore une minute à peu près

2 -–

3 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président --

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y.

5 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je souhaite soulever une objection.

6 Dans le résumé, en vertu de l'Article 65 ter, il n'est pas dit que ce

7 témoin a vu un mortier tiré depuis la vieille ville. Il y est indiqué, en

8 revanche, qu'il a aperçu un mortier dans la vieille ville. Sa déposition va

9 au-delà du résumé en vertu de l'Article 65 ter qui nous a été fourni.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic.

11 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

12 Juges, à deux reprises, nous avons communiqué les notes, qui ont servi à

13 préparer le témoin puisque cette préparation a eu lieu plus tard que prévu.

14 Dans la première préparation, nous n'avons pas été suffisamment précis;

15 c'est pour cela, justement, que nous en avons fait une deuxième. Nous y

16 avons incorporé les positions dans la vieille ville que ce témoin a pu

17 apercevoir. Nous avons envoyé ceci, vendredi après-midi, au Procureur.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que voulez-vous dire que vous

19 avez averti le Procureur du fait que l'on ait tiré ?

20 M. RODIC : [interprétation] Pour ne pas déposer à la place du témoin

21 concernant la vieille ville, puisque toutes les informations concernant ce

22 qu'il a pu apercevoir dans la vieille ville n'ont pas été dites. Dans cette

23 partie-là, on a parlé des activités dans la vieille ville. Mais, il

24 appartient au témoin d'en parler.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Là, je vous parle du communiqué que

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1 vous avez donné au Procureur.

2 M. RODIC : [interprétation] Oui, le Procureur a été informé de la position

3 de ce lance-roquettes qui vient d'être décrit par le témoin. Je ne sais pas

4 si le fait d'avoir ouvert le feu est mentionné aussi dans ce document. Je

5 sais que nous avons, bel et bien, déterminé l'endroit où se trouvait le

6 lance-roquettes.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Justement, ce qu'on dit -- ce que le

8 Procureur dit dans son objection, c'est que l'on ne l'a pas averti qu'on

9 parlera de tir, de tir de cette position, apparemment, dont vous parlez.

10 M. RODIC : [interprétation] Le Procureur a ce document. Il doit savoir ce

11 qui est écrit dans ce document. Je sais qu'on a parlé du lance-roquettes.

12 Je ne sais pas si, en revanche, on a dit qu'on a ouvert le feu depuis ce

13 lance-roquettes. Si mon éminente collègue veut bien lire l'information qui

14 figure, c'est l'information que l'on lui a donnée.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est ce qu'elle dit justement, elle

16 dit que l'on ne mentionne pas le fait qu'on ait ouvert le feu depuis ce

17 lance-roquettes, dans ce document.

18 M. RODIC : [interprétation] Cela doit être vrai, Monsieur le Président,

19 puisque nous l'avons écrit, nous l'avons écrit dans ce document.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous êtes conscient du fait que vous

21 courrez le risque que cette déposition soit rejetée, la déposition du

22 témoin qui est au cœur de l'affaire par rapport à la présentation des

23 moyens de preuve de la Défense.

24 M. RODIC : [interprétation] Je le comprends, Monsieur le Président. Si tel

25 est le cas, j'accepte toute la responsabilité pour cette erreur qui doit

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1 être la mienne puisque c'est moi qui ai écrit ce résumé. Il s'agit,

2 probablement, d'une erreur non intentionnelle puisque, dans ce résumé

3 corrigé, j'ai fourni l'information importante pour le Procureur qui ne

4 figurait pas dans le premier résumé que nous avions communiqué au sujet de

5 ce témoin. Là, je parle des activités dirigées contre la vieille ville.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Les Juges de la Chambre proposent que,

7 cette fois-ci, on accepte cette déposition en dépit de l'objection, en

8 prenant note du fait qu'on a, en effet, dans ce résumé mentionné l'arme,

9 mais pas le feu que l'on a ouvert depuis cette arme. Mais là, c'est un

10 problème récurrent qui nous préoccupe, de plus en plus, et c'est pour cela

11 que j'en profiterai pour vous avertir de faire plus attention à l'avenir et

12 d'être parfaitement conscient de ces erreurs à partir de maintenant.

13 Maître Rodic.

14 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais demander

15 à l'Huissier de placer devant le témoin la carte qui porte la cote P10. Je

16 voudrais que l'on place cette carte de la sorte à voir au milieu du

17 rétroprojecteur la partie où figure la vieille ville.

18 Q. Monsieur le Témoin, pourriez-vous aider l'Huissier à placer la carte au

19 milieu du rétroprojecteur pour qu'on puisse y voir la vieille ville et la

20 partie qui est juste à droite, à l'extérieur, à droite de la muraille de la

21 vieille ville ?

22 R. Cela y est, je l'ai fait.

23 Q. Sur cette carte, pourriez-vous nous montrer l'endroit où vous vous

24 trouviez ? Vous pourriez vous servir du pointeur pour montrer ceci sur la

25 carte, pas sur l'écran.

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1 R. Bosanka Zarkovica. J'ai été là à ce niveau-là.

2 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous montrer Zarkovica sur la carte ?

3 Pourriez-vous montrer l'endroit où est écrit "Zarkovica" ?

4 R. Au nord-est de Dubrovnik, je ne vois pas où est écrit Zarkovica. Je ne

5 le vois pas. Strincjera, Bosanka est ici, et Zarkovica doit être à peu près

6 par là.

7 M. RODIC : [interprétation] Je voudrais vous demander de fournir au témoin

8 l'autre carte, la carte P11.

9 R. Oui, oui, je le vois. Elle est ici, Zarkovica.

10 Q. C'est depuis cet endroit-là que vous regardiez la vieille ville ?

11 R. Oui.

12 M. RODIC : [interprétation] Je vous demande de bien vouloir placer devant

13 le témoin la carte P11.

14 Excusez-moi, en réalité, j'ai besoin de la carte P13. Je me suis trompé.

15 Excusez-moi. Je prête mes excuses aussi bien aux Juges qu'à l'Huissier.

16 Pourriez-vous, je vous prie, Monsieur l'Huissier, levez un peu la carte ?

17 Comme cela, merci.

18 Q. Monsieur Drljan, reconnaissez-vous ce qui figure sur cette carte ?

19 R. Oui, je le reconnais.

20 Q. Pourriez-vous nous dire quelle est la position que vous venez de

21 décrire ? D'abord, parlez-nous des maisons que vous avez vues. Pourriez-

22 vous nous les montrer ?

23 R. C'est à peu près cette maison-ci. Je ne peux pas l'affirmer avec

24 certitude.

25 Q. Qu'est-ce que vous êtes en train de montrer ?

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1 R. Je suis en train de montrer la maison de laquelle cette fumée moire et

2 dense s'échappait.

3 Q. Où est-ce que le mortier était, le mortier que vous venez de décrire ?

4 R. Approximativement ici.

5 Q. Très bien. Je vous demanderais, maintenant, de tourner la carte et nous

6 montrer la position que vous pouviez observer depuis Zarkovica.

7 R. Je regardais depuis cette position-ci. C'est là que le mortier se

8 trouvait. En fait, le mortier se trouvait dans cet immeuble-ci, et il

9 pointait vers Stradun.

10 Q. Qu'est-ce que vous voyez lorsque vous regardez depuis Zarkovica ?

11 Quelle est la première partie de la vieille ville que vous pouvez observer

12 ?

13 R. Je peux voir toute la ville depuis Zarkovica.

14 Q. Où est le port ?

15 R. En regardant depuis Zarkovica, le port est à gauche.

16 Q. Montrez-nous ces maisons, ces immeubles. Où les avez-vous vus, comme

17 vous nous avez dit ?

18 R. Ce bâtiment-ci ou cette maison-ci, là où l'on voit ce rectangle noir,

19 c'est de là que nous pouvions apercevoir cette fumée moire et dense. Cette

20 fumée se levait au-dessus des toits.

21 Q. La maison que vous montrez ou le bâtiment que vous montrer se trouve à

22 l'endroit sur la carte où se trouve ce rectangle noir, est-ce exact ?

23 R. Oui.

24 Q. Où se trouvait le deuxième immeuble qui était en feu ?

25 R. Il se trouvait environ ici.

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1 Q. Pourriez-vous me dire quel est le nom de la rue, si vous pouvez lire le

2 nom de la rue? Ou peut-être nous donner le numéro qui figure sur la carte ?

3 R. Je ne connais pas très bien les rues de Dubrovnik.

4 Q. Non, ce n'est pas nécessaire de nous donner les noms, mais pourriez-

5 vous nous orienter sur cette carte -- nous indiquer

6 l'endroit ?

7 R. C'est à peu près dans ce cercle-ci. Dans ce cercle-ci, c'est là qu'une

8 maison était incendiée.

9 Q. C'est le deuxième immeuble que vous avez vu qui était incendié ?

10 R. Oui, c'était une fumée qui était de couleur grisâtre, gris bleu. On

11 pouvait également voir des flammes. La couleur n'était pas aussi si noire

12 que pour ce qui est de la maison précédente.

13 Q. Pourriez-vous nous dire si vous avez vu d'autre chose dans la vielle

14 ville ?

15 R. Oui. Plus tard, après que le mortier ait tiré un obus, et après que

16 l'on ait tiré le mortier à l'intérieur du portail --

17 Q. Pourriez-vous nous montrer la position de ce mortier ?

18 R. Le deuxième que j'ai vu ?

19 Q. Vous avez parlé d'un mortier ?

20 R. Oui, c'était approximativement ici, à mi-chemin entre l'entrée de

21 Stradun, et Stradun, c'est-à-dire, vers le milieu de la rue.

22 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Il

23 n'y a qu'une référence concernant un mortier que ce témoin aurait vu, et

24 cela ne fait pas partie de notre information reçue, conformément à

25 l'Article 65 ter.

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1 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin s'est corrigé.

2 En fait, il a voulu nous montrer l'endroit où se trouvait ce mortier. Il

3 n'y a pas de deuxième mortier. Il n'y a jamais été question de la position

4 du deuxième mortier, mais simplement du premier, de ce seul mortier qu'il a

5 vu, et qu'il a aperçu sur Stradun, et dont il a témoigné il y a quelques

6 instants.

7 Q. Je vous demande de nous montrer où se trouve la position de ce mortier

8 que vous avez vu.

9 R. A droite de ce rectangle noir, il y a plusieurs maisons rattachées

10 l'une à l'autre, et il y a un grand portail. Il est sorti du grand portail

11 sur Stradun. Ce mortier a tiré un obus, et il est retourné.

12 Q. C'était un peu à droite de ce rectangle que nous venons d'apercevoir ?

13 R. Oui.

14 Q. En face, vous avez la rue Izmedjo Polaca. Est-ce que c'est exact ?

15 C'est la rue qui est parallèle à Stradun, n'est-ce pas ?

16 R. Oui. Oui, derrière cette maison, vous avez la rue Iza Polaca.

17 Q. Est-ce que vous avez vu autre chose dans la vielle ville ?

18 R. Plus tard, j'ai vu des éclairs derrière la colonne d'Orlando.

19 Q. Pourriez-vous nous montrer où se trouve cette colonne ?

20 R. Derrière cette colonne, voyez-vous, j'ai aperçu des étincelles. Cela

21 voulait dire qu'on a ouvert le feu depuis une arme.

22 Q. Avez-vous vu cette arme ?

23 R. Non, je n'ai pas vu cette arme lourde, car l'arme lourde en question

24 était cachée derrière la colonne d'Orlando, mais j'ai pu apercevoir les

25 étincelles d'une arme qui tirait des obus.

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1 Q. Vous avez vu des étincelles derrière la colonne d'Orlando ?

2 R. Oui.

3 Q. Outre ce que vous venez de nous dire, avez-vous aperçu autre chose dans

4 la vielle ville ?

5 R. Oui, encore quelques obus. En fait, tout près de l'endroit où se

6 trouvait le mortier, j'ai aperçu un projectile.

7 Q. Attendez un instant, je vous prie. Vous dites avoir vu quelques obus ?

8 R. Oui.

9 Q. Où est tombé, par exemple, le premier obus ?

10 R. Sur Stradun.

11 Q. Montrez-nous la position.

12 R. Juste ici, dans la rue, tout près de l'endroit où ce mortier était

13 visible. Ensuite, c'est retiré.

14 Q. Très bien. Maintenant, montrez-nous sur la carte -- c'est à droite du

15 rectangle noir, n'est-ce pas ? Juste là, vous avez la rue Od Puca, n'est-ce

16 pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Merci. Dites-moi : est-ce que c'est tout ce que vous avez vu dans la

19 vielle ville ce jour-là ? Est-ce que c'est tout ce que vous avez remarqué ?

20 R. C'est tout ce que j'ai remarqué, outre un autre incident avec de la

21 fumée. Je n'ai pas vu d'où provenait le feu, ou la source même du feu. J'ai

22 pu apercevoir qu'il avait de la fumée. Il m'est bien difficile d'apercevoir

23 d'où provient le feu. Si le vent est très fort, et qu'il transporte la

24 fumée, il m'est impossible de trouver l'endroit duquel la fumée part.

25 Q. Lorsque vous avez décrit les étincelles que vous avez vues à proximité

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1 de la colonne d'Orlando, vous avez dit qu'il s'agissait d'une étincelle qui

2 provenait d'une arme lourde, n'est-ce pas ?

3 R. Oui.

4 Q. Comment savez-vous que c'est le cas ?

5 R. Je suis soldat. Je sais à quoi ressemble un mortier. C'était une

6 étincelle que l'on peut apercevoir lorsqu'un obus est tiré. C'est une

7 flamme qui sort du canon, et on peut, normalement, voir cette étincelle ou

8 cette trace enflammée sur une distance d'un mètre. Elle fait un mètre de

9 long, mais je pouvais également conclure qu'il s'agissait d'un mortier,

10 grâce à d'autres éléments, comme, par exemple, la trajectoire était

11 courbée, alors qu'une autre arme peut avoir une trajectoire droite. S'ils

12 avaient voulu cibler nos positions, ils auraient seulement pu le faire avec

13 un mortier ou avec une obusier.

14 Q. C'est tout ce que vous avez vu depuis votre position sur Zarkovica ?

15 R. Oui, puisqu'après cela, j'ai quitté ma position.

16 Q. Qu'est-ce que vous avez fait après cela ?

17 R. Je suis retourné à Kupari. Car je n'avais pas pris le petit déjeuner,

18 j'ai mangé quelque chose. Ensuite, je suis allé au centre Opérationnel où

19 j'ai séjourné jusqu'au moment où je suis de nouveau parti pour Zarkovica.

20 Q. Dites-moi, s'il vous plaît, pendant que vous étiez à Zarkovica, pendant

21 l'heure en question, vous avez fait allusion au capitaine Kovacevic. Avez-

22 vous vu d'autres officiers supérieurs à Zarkovica ? Y en avait-il ?

23 R. Au bunker, depuis lequel Kovacevic commandait, j'avais aperçu que ces

24 hommes chargés de communications, et il y avait encore quelques personnes

25 que je n'avais pas identifiées puisque je ne les connaissais pas. Je

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1 n'avais vu que Kovacevic, et je n'ai pas vu d'autres personnes-là.

2 L'extérieur de la casemate, il y avait encore quelques personnes. C'était

3 des personnes que je ne connaissais pas. Jusqu'à cette date-là, il y avait

4 plusieurs officiers de réserve, et ainsi de suite.

5 Q. Dites-moi, lorsque vous êtes revenu à Kupari, vous dites avoir été au

6 centre des Opérations, jusqu'à ce que vous ne repartiez pour Zarkovica. A

7 quel moment êtes-vous reparti pour Zarkovica ?

8 R. Je suis reparti sur Zarkovica peu de temps avant 14 heures, et j'étais

9 là vers 14 heures.

10 Q. Pendant que vous étiez à Kupari, vous êtes-vous trouvé pendant toute la

11 durée de votre séjour à cet endroit dans le centre Opérationnel ?

12 R. Oui.

13 M. RODIC : [interprétation] Je demanderais que l'on montre au témoin la

14 pièce D96.

15 Q. Monsieur, à la page 67 de ce journal, nous pouvons voir des entrées

16 pour la date du 6 décembre 1991; est-ce exact ?

17 R. Oui.

18 Q. Reconnaissez-vous, sur cette page, le nom de la personne qui a fait

19 cette entrée ?

20 R. Oui.

21 Q. Pourriez-vous nous dire de qui il s'agit ?

22 R. La première entrée à 5 heures a été faite par Vlado Sikimic, et à 5

23 heures 30, c'est son entrée également.

24 Q. Comment savez-vous que c'était lui ?

25 R. Selon l'écriture, mais je peux, également, voir ses initiales "VS".

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1 Q. Est-ce que vous savez qui a fait les autres entrées ?

2 R. A 6 heures 50, 7 heures 05, 7 heures 15, 7 heures 30, ces entrées-là

3 ont été faites par le capitaine de frégate Kozaric, ainsi que pour l'entrée

4 de 7 heures 40, sauf qu'il n'a pas signé. C'est, également, le cas pour 7

5 heures 45 et 7 heures 47.

6 Q. Comment savez-vous que c'était Kozaric ?

7 R. C'est la même écriture que pour les entrées à côté desquelles il a

8 signées. Je reconnais son écriture.

9 Q. Est-ce que vous reconnaissez votre propre écriture dans ce journal ? Si

10 oui, donnez-nous les endroits ? Dites-nous à quelles pages elles

11 apparaissent ? Par exemple, à la page 68, est-ce que vous avez fait

12 quelques entrées ?

13 R. Un instant, je vous prie. A la page 68, non il n'y a pas d'entrées

14 faites par moi-même.

15 Q. A la page 69 ?

16 R. A la page 69, il y a une indication, une entrée faite à 12 heures 25.

17 Q. Cela voudrait dire que c'est vous qui avez fait cette inscription-là à

18 votre retour de Zarkovica ?

19 R. Oui. J'étais là et c'est moi qui ai fait cette entrée. On peut voir que

20 Kozaric faisait toutes les entrées normalement, mais, comme il était

21 occupé, à ce moment-là, c'est moi qui ai fait cette entrée-ci.

22 Q. Dites-moi, maintenant, cela voudrait dire que vous avez reçu ce message

23 de la Mission européenne destiné au VPS de Boka à 12 heures 25; est-ce que

24 c'est exact ?

25 R. Oui.

Page 7716

1 Q. Pourriez-vous, je vous prie, examiner le message ? On peut voir que le

2 message est composé de trois paragraphes. Pourriez-vous, je vous prie, lire

3 la dernière phrase du premier paragraphe, qui se lit comme suit : "Nous

4 démentons, en même temps, toute provocation concernant les attaques de Srdj

5 et de Lapad, qui serait une raison pour violer le cessez-le-feu et l'accord

6 de paix," si j'ai bien lu. Ensuite, la phrase suivante se lit comme suit :

7 "Nous affirmons, avec certitude, que toutes les allégations, concernant

8 l'action de nos forces, ne sont que pures constructions ou pures inventions

9 pour donner une raison pour essayer de conquérir Srdj." Est-ce que c'est

10 exact ?

11 R. Oui.

12 Q. Qu'en est-il du poste de commandement avancé, y a-t-il eu des messages

13 envoyés du VPS Boka à Dubrovnik avec un tel contenu stipulant que les

14 forces croates tiraient depuis Srdj et Lapad ?

15 R. Pendant que j'étais là, il n'y a pas eu de message envoyé. J'étais

16 arrivé même un peu plus tôt. Ce n'est pas quelque chose qui figure dans ce

17 journal.

18 Q. Si un tel message existait, est-ce qu'il aurait pu être envoyé

19 d'ailleurs ?

20 R. Oui, il aurait pu être envoyé du poste de commandement par la radio ou

21 par le commandement de Mokosica, de l'endroit où nous avions une

22 communication directe avec Dubrovnik et sa cellule de Crise.

23 Q. Dites-moi : à la page 69, est-ce que c'est la seule entrée que vous

24 ayez faite ?

25 R. Oui, à la page 69, c'est moi qui ai fait cette entrée.

Page 7717

1 Q. Qu'en est-il des entrées faites à la page 70 ?

2 R. Oui, c'est moi qui ai fait cette entrée-là. Il y en a une à 13 heures

3 05.

4 Q. Oui. Puisqu'il y a deux entrées à 13 heures 05, pourriez-vous nous lire

5 les indications que vous avez faites, vous-même ?

6 R. "L'ordre du commandant du 9e VPS, le capitaine Kovacevic a été reçu

7 nous demandant de ne pas tirer sur la vieille ville et de ne tirer que dans

8 le voisinage immédiat de Srdj." C'était le capitaine de vaisseau de guerre

9 Zec.

10 Q. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela veut dire ?

11 R. Le capitaine de vaisseau de guerre Zec a donné l'ordre que Kovacevic

12 devrait être mis en garde pour ne pas tirer dans la vieille ville, et on

13 lui demande de ne tirer que dans les environs de Srdj. C'est la teneur de

14 ce commentaire. Ce commentaire est un ordre qui provient du capitaine du

15 navire de guerre Zec. C'est la source de cet ordre.

16 Q. Vous dites que vers 14 heures vous êtes arrivé à Zarkovica, vers 14

17 heures, n'est-ce pas ?

18 R. Oui.

19 Q. Qu'est-ce que vous avez fait là ?

20 R. Je suis allé à Zarkovica pour voir de quelle façon la situation se

21 développait. J'ai jeté un coup d'œil sur la vieille partie de la ville de

22 Dubrovnik. C'est là que j'ai vu quelques sources de fumée. Par contre,

23 j'étais plus intéressé par Srdj car j'ai vu que Kovacevic se préparait à

24 retirer les troupes de Srdj, et en passant à côté de sa casemate, j'ai

25 entendu dire également qu'il donnait des ordres de préparer les chars afin

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1 qu'ils puissent arriver tout près de Srdj, pour pouvoir défendre, en fait,

2 plusieurs chars. C'est-à-dire que c'est avec l'assistance de chars qu'il

3 avait l'intention de retirer les soldats afin que ces derniers ne soient

4 pas blessés lors de la retraite.

5 Q. A ce moment-là, y avait-il des attaques faites sur Srdj ?

6 R. Oui, mais les obus étaient assez dispersés et assez rares. C'est-à-dire

7 que l'intensité n'était pas très importante. Il y a eu quelques obus

8 sporadiques.

9 Q. Dites-moi si, outre Kovacevic, il y avait d'autres officiers supérieurs

10 à Zarkovica.

11 R. Je n'ai rien vu des officiers supérieurs du commandement, mais ce n'est

12 qu'eux que je connaissais. C'était la même composition que j'avais trouvée

13 le matin.

14 Q. Est-ce que vous êtes resté quelque temps à Zarkovica ?

15 R. Oui. Je suis resté sur Zarkovica jusqu'à la tombée de la nuit. En fait,

16 il faisait encore jour. J'ai vu le retrait des forces de Kovacevic qui se

17 retiraient de Srdj par les chars. Ils étaient protégés par les chars et,

18 lorsqu'il a retiré son dernier soldat, j'avais entendu dire qu'il y avait

19 des blessés et j'avais décidé d'aller à Bosanka, là où l'une de ses

20 compagnies était cantonnée, et j'ai voulu m'entretenir avec lui.

21 Q. Effectivement, est-ce que vous vous êtes rendu à Bosanka ?

22 R. Oui, je suis allé à Bosanka. Je suis entré dans le bâtiment dans lequel

23 étaient cantonnés la plupart de ses soldats. J'ai parlé avec tout le monde.

24 Q. Est-ce que vous avez parlé avec les soldats qui se trouvaient également

25 sur Srdj ?

Page 7719

1 R. Ils étaient tous, en fait, sur Srdj ce jour-là. Ils avaient tous pris

2 part à l'action visant à conquérir Srdj. Je me suis entretenu avec eux

3 ainsi qu'avec un des officiers supérieurs. Je ne sais plus quel était son

4 nom.

5 Q. Les soldats vous ont-ils dit quelque chose ?

6 R. Je suis arrivé là. Je les ai salués. Ils m'ont, d'abord, dit que

7 j'étais le seul officier supérieur du commandement qui était venu les voir.

8 Ils ont commencé à se plaindre. Ils avaient un ton assez fâché. Ils ont dit

9 qu'ils avaient eu besoin d'artillerie, de canons de 130 millimètres, qu'ils

10 étaient censés obtenir un appui mais qu'ils ne l'avaient pas reçu et que,

11 selon eux, Jokic ne leur a pas donné d'appui même si, la journée

12 précédente, Jokic avait donné son aval concernant cet appui.

13 Ils étaient, particulièrement, fâchés. Ils considéraient que s'ils avaient

14 eu l'appui de cette artillerie, ils n'auraient pas perdu leurs camarades

15 comme ils l'avaient fait ce jour-là.

16 Q. Jusqu'à quand êtes-vous resté sur Bosanka ?

17 R. Jusqu'à la tombée de la nuit. Je dirais que c'était après 16 heures.

18 C'est après 16 heures que je suis parti de Bosanka pour me rendre à Kupari.

19 Q. Etes-vous retourné au centre Opérationnel ?

20 R. Oui.

21 Q. Dites-moi, je vous prie : si ce jour-là, la dernière entrée que nous

22 avons examinée, c'était à la page 72 du journal de guerre, est-ce que ce

23 jour-là, vous avez fait d'autres entrées, celles faites à la page 72 ?

24 R. C'est justement à la page 72, lorsque je suis revenu de Srdj, je n'ai

25 pas inscrit l'heure, mais c'est arrivé entre 16 heures 30 et 18 heures 10.

Page 7720

1 Il s'agissait d'un radiogramme, un télégramme si vous voulez.

2 Q. De quel message s'agit-il ? Quel est ce message que vous avez consigné

3 dans le journal ?

4 R. Je vais vous en donner lecture si vous le désirez.

5 Q. Après quel message ?

6 R. Après le message de 16 heures 27.

7 Q. Est-ce que c'est l'entrée qui se lit : "Cellule de Crise Dubrovnik

8 envoyé au commandement du VPS de Boka" ?

9 R. Oui. C'est mon écriture.

10 Q. Dites-moi s'il y a d'autres entrées faites avant la fin de la journée.

11 Je vous demanderais de lire attentivement cette partie. Pourriez-vous, je

12 vous prie, examiner le journal de guerre jusqu'à la fin du 6 décembre ?

13 R. Oui. Je suis, justement, en train d'examiner toutes les dates. Non. Il

14 n'y a plus d'autres entrées qui soient faites de ma main, outre l'entrée de

15 la cellule de Crise qui a envoyé un télégramme au 9e VPS.

16 Q. Dites-moi : pendant que vous vous trouviez au centre des Opérations ce

17 jour-là, pendant le temps que vous vous y êtes trouvé, est-ce que vous êtes

18 entré en contact avec le 2e Groupe opérationnel ?

19 R. Non.

20 Q. Le matin, vous avez dit que Zec vous a appelé, qu'il vous a donné

21 l'ordre de vous rendre à Zarkovica pour donner le message à Kovacevic ?

22 R. Vous parlez d'un ordre ?

23 Q. Oui. Je parle d'un ordre de Kovacevic. A 13 heures 05, vous avez,

24 également, fait une entrée, disant qu'un ordre devait être envoyé au

25 capitaine Kovacevic demandant de ne pas tirer sur la vieille ville, mais

Page 7721

1 seulement aux alentours de Srdj, et cela a été donné par ordre du capitaine

2 Zec ?

3 R. Le capitaine Zec.

4 Q. Attendez, je vous prie, que je termine ma question avant que vous nous

5 donniez réponse.

6 R. Cet ordre, que j'ai inscrit, en fait, a été fait par le capitaine du

7 vaisseau de guerre Zec.

8 Q. Dans les deux cas, est-ce que vous avez contacté quelqu'un du vaisseau

9 Zec par téléphone ?

10 R. Oui, seulement par téléphone.

11 Q. Le 6 décembre, est-ce que vous avez vu le capitaine de vaisseau Zec du

12 tout ?

13 R. Je ne me souviens pas, du tout, de l'avoir vu.

14 Q. Est-ce qu'à un moment quelconque, quelqu'un du commandement du Secteur

15 maritime vous a demandé quoi que ce soit concernant ce qui s'était passé,

16 le 6 décembre, soit verbalement, ou est-ce que vous avez écrit des choses à

17 ce sujet ?

18 R. Pour lui rappeler que ce soit fini ?

19 Q. Oui, c'est ce jour-là, le 6 décembre, et après le 6 décembre.

20 R. Personne ne m'a posé de questions sur ce qui s'était passé et je n'ai

21 pas fait de déclaration ni par écrit, ni verbalement sur cet événement

22 particulier.

23 Q. Je vous remercie.

24 M. RODIC : [interprétation] J'ai terminé l'interrogatoire principal,

25 Monsieur le Président. Je vous remercie.

Page 7722

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Rodic.

2 Madame Mahindaratne, c'est à vous.

3 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le

4 Président.

5 Contre-interrogatoire par Mme Mahindaratne :

6 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Drljan.

7 R. Bonjour.

8 Q. Vous avez dit, dans votre déposition d'aujourd'hui, que, le 6 au matin,

9 vous avez reçu l'ordre du capitaine Zec de vous rendre à Zarkovica. Quelle

10 heure était-il ?

11 R. Entre 7 heures 10 et 7 heures 15 dans la matinée.

12 Q. Est-ce que vous avez pris des mesures pour enregistrer ou écrire

13 l'ordre que vous deviez transmettre au capitaine Kovacevic dans le journal

14 de guerre ?

15 R. Non. Je n'ai pas noté cela dans le journal de guerre en ce qui concerne

16 ce point précis parce que je me suis dépêché d'aller à Zarkovica, pour

17 trouver le chauffeur pour qu'il puisse m'y emmener et, également, pour

18 mettre des vêtements chauds parce que j'avais froid. Je me rappelle très

19 bien de l'ordre parce que je n'avais aucune raison d'aller à Zarkovica à

20 moins de recevoir l'ordre de le faire.

21 Q. Comme vous l'avez dit, vendredi, tous les ordres, toutes les activités,

22 toutes les questions, qui avaient trait à vos forces, des activités des

23 forces ennemies, tout ceci était noté dans le journal de guerre, n'est-ce

24 pas ? C'est bien exact ?

25 R. C'est exact. Il est exact que j'ai dit que tous les évènements

Page 7723

1 importants, tels qu'une blessure, personnes tuées, mouvement de troupes,

2 devaient être enregistrés dans ce registre. Mais je n'ai pas dit que les

3 mouvements d'un capitaine de frégate, tel ou tel avaient reçu tel ordre qui

4 devait être enregistré dans le journal, bien qu'il soit possible également

5 de noter un ordre de ce genre. Ce n'est pas une erreur de ne pas noter

6 cela.

7 Q. Ce que vous avez noté après de 13 heures 05, vous dites

8 que : "L'ordre du commandement du 9e VPS, adressé au capitaine Kovacevic,

9 de cesser le tir sur la ville, et d'agir immédiatement dans le voisinage de

10 Srdj, était transmis." On voit cela à la page 70 du journal de guerre. A

11 quel moment est-ce que vous avez reçu cet ordre du capitaine Zec ?

12 R. Oui.

13 Q. Ma question était : à quel heure avez-vous reçu ce deuxième ordre ? Ou

14 est-ce que c'était une référence qui était fait à votre ordre précédent que

15 vous avez enregistré à 13 heures 05 ?

16 R. Non, ce n'est pas une répétition. Ce n'est pas les mêmes ordres. Le

17 premier ordre que j'ai reçu dans la matinée était d'aller directement là-

18 bas et de transmettre l'ordre à Kovacevic et, également, de le faire par

19 téléphone, par les modes de communication. C'est ce que j'ai fait. Je l'ai

20 noté par écrit lorsque je l'ai transmis.

21 Q. Cette deuxième fois, vous avez téléphoné au capitaine Kovacevic à

22 Zarkovica et vous lui avez transmis cet ordre personnellement ?

23 R. Oui.

24 Q. Après votre déposition, vous avez maintenant transmis au capitaine

25 Kovacevic deux ordres pour lui interdire de tirer sur la vielle ville ?

Page 7724

1 R. Le premier ordre lui interdisait explicitement de tirer sur la vielle

2 ville. Le deuxième ordre lui disait seulement la ville, ce qui voulait dire

3 l'ensemble de la ville de Dubrovnik, y compris Gruz et d'autres parties de

4 la ville. Il ne pouvait tirer que sur Srdj. A mon avis, il s'agissait d'un

5 ordre qui avait pour but d'assurer un cessez-le-feu, uniquement par rapport

6 à Srdj, aussi longtemps qu'il faudrait pour que ces forces puissent se

7 retirer. J'ai transmis ce que j'ai compris. Ce que j'ai compris, c'était

8 que l'action devait être stoppée.

9 Q. D'après le deuxième ordre, ce n'est pas seulement par rapport à la

10 vieille ville, mais ce qui a été ordonné a été de cesser de tirer sur

11 l'ensemble de Dubrovnik, sauf Srdj ? C'est bien ce que disait le deuxième

12 ordre ?

13 R. Oui. Vous avez cela par écrit. Je pense que c'était cela que cela

14 voulait dire.

15 Q. Ces deux ordres vous ont été donnés aux fins d'être transmis au

16 capitaine Kovacevic ? Ils vous ont été donnés par le capitaine Zec ?

17 R. Le premier ordre de la matinée m'a été envoyé directement, et j'étais

18 chargé d'aller à Zarkovica. Le deuxième ordre était adressé à n'importe

19 quel officier qui se trouvait au poste avancé de commandement, et qui se

20 trouvait d'être près du téléphone à ce moment-là. Cela aurait aussi bien pu

21 être Kozaric ou Sikimic ou quelqu'un d'autre. Quiconque qui répondait au

22 téléphone apprenait quel était l'ordre en question.

23 Q. Ma question est de savoir quelle était la source de cet ordre à

24 l'origine, dans la matinée ? Etait-ce le capitaine Zec ?

25 R. Oui.

Page 7725

1 Q. Maintenant, dans la matinée, est-ce que lorsqu'on vous a demandé

2 précisément d'aller à Zarkovica de transmettre le message au capitaine

3 Kovacevic, on vous a demandé cela, en fait, parce que vous étiez un

4 officier supérieur du 9e VPS, en fait, d'un grade de lieutenant colonel ?

5 R. Oui. D'abord, un chef de bataillon, puis colonel et un lieutenant

6 colonel. Il y avait deux officiers supérieurs qui se trouvaient là, et il y

7 avait un officier subalterne, Sikimic, qui était un capitaine de première

8 classe.

9 Q. Je ne vous ai pas demande votre grade.

10 Ma question a été : vous avez été envoyé à Zarkovica, de façon à donner

11 l'ordre au capitaine Kovacevic de ne pas tirer sur la vieille ville, à

12 cause du fait que vous étiez de rang supérieur. Vous étiez lieutenant-

13 colonel ?

14 R. Oui.

15 Q. Le capitaine Kovacevic était nécessairement subordonné par rapport à

16 vous ?

17 R. Non.

18 Q. Je ne suis pas en train de vous parler de subordination directe, mais

19 je veux parler du point de vue des grades. Vous étiez plus gradé, du point

20 de vue de grade, que le capitaine Kovacevic ?

21 R. Oui, j'avais un grade plus élevé, et ceci aurait constitué une raison

22 pour qu'un officier supérieur s'y rende afin d'ordonner ce qui avait

23 ordonné l'amiral Jokic. Mais il y avait une autre raison pour laquelle je

24 suis celui qui a dû y aller, et personne d'autre, à savoir que, dans le

25 Secteur du commandement naval de Boka, en temps de paix, je travaillais sur

Page 7726

1 place, tandis que Sikimic, par exemple, est venu.

2 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, limiter votre réponse à ma question

3 parce que nous avons des contraints de temps ? Ma question porte sur les

4 grades. Du point de vue des grades, vous étiez bien un officier d'un grade

5 plus élevé, et votre grade était plus élevé que celui du capitaine

6 Kovacevic, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Lorsque vous êtes allé à Zarkovica, outre le fait que vous aviez un

9 grade supérieur, vous étiez également porteur d'un ordre du commandement du

10 9e VPS, qui donnait pour instruction au capitaine Kovacevic de ne pas tirer

11 sur la vieille ville ?

12 R. Oui.

13 Q. Vous avez transmis cet ordre au capitaine Kovacevic, à Zarkovica ?

14 R. Oui, je lui ai transmis.

15 Q. Il vous a dit clairement qu'il avait compris vos instructions ?

16 R. Sans équivoque et de façon très claire.

17 Q. Dans l'heure qui a suivi, alors que vous étiez à observer ce que se

18 passait, vous dites que vous avez vu deux obus tomber sur la vieille ville,

19 ce qui était, évidemment, une violation claire et nette des ordres que vous

20 veniez de transmettre au capitaine Kovacevic une heure plus tôt ?

21 R. Je n'ai vu qu'un seul obus, comme j'avais dit à quelque temps. Je n'ai

22 vu qu'un seul obus. Il y a eu un obus qui provenait de là-bas et, ensuite,

23 un obus qui venait dans notre direction. Dans les deux cas, nous parlons

24 d'un seul obus.

25 Q. Monsieur Drljan, ce que vous avez dit précédemment a été enregistré sur

Page 7727

1 le compte rendu d'audience, et ce que vous avez dit c'est que vous avez

2 observé que deux obus étaient tombés sur la vieille ville, alors que vous

3 étiez assis sur un muretin et que vous observiez ce qui se passait.

4 De deux choses ou d'une, ma question est la suivante : vous avez transmis

5 au capitaine Kovacevic un ordre émanant du commandement, de ne pas tirer

6 sur la vieille ville, et pendant que vous-même vous trouviez à Zarkovica,

7 littéralement en votre présence, cet ordre a été violé. C'est exact, n'est-

8 ce pas ?

9 R. C'est exact.

10 Q. Néanmoins, vous êtes resté là à observer. Vous avez regardé quelles

11 étaient les activités qu'il y avait, pendant un certain temps, et après

12 cela vous vous êtes retourné à Kupari, vous avez pris votre petit déjeuner

13 devant ce cas d'insubordination très clair.

14 R. J'ai dit qu'un obus était tombé après qu'ils eussent tiré l'obus. Si

15 vous vouliez, s'il vous plaît, me trouver une personne quelconque sur la

16 planète qui fermerait les yeux sur une telle attaque dans laquelle ces

17 propres hommes risqueraient d'être tués. C'était une position sur laquelle

18 on avait tiré et cet homme voulait résister en tirant à son tour. Si vous

19 pouvez trouver un homme qui ne bougerait pas, ne ferait rien, et c'est la

20 raison pour laquelle je n'ai pas fait attention, en particulier, parce que

21 nous regardions le fait qu'un seul obus avait été tiré, un obus unique.

22 Q. Ne discutons pas du nombre d'obus, Monsieur Drljan, vu que nous

23 manquons de temps pour le faire. Est-ce que vous êtes conscient du fait

24 qu'attaquer la vieille ville était considéré comme un acte criminel ?

25 R. Oui, j'en suis convaincu, mais il est également criminel que les forces

Page 7728

1 qui se trouvent dans la vieille ville se mettent à tirer.

2 Q. Veuillez limiter votre réponse à ma question. Ma question était de

3 savoir si vous étiez conscient du fait que –-

4 R. Oui, je suis conscient de cela.

5 Q. En votre présence, alors qu'un ordre qui interdisait d'attaquer la

6 vieille ville avait été donné, parce que tirer sur la vieille ville a été

7 considéré comme un acte criminel, cet ordre a été violé, pourquoi vous

8 n'avez-vous pas pris des mesures pour rendre compte de cet acte

9 d'insubordination à un officier supérieur ou au commandement supérieur ?

10 R. Je l'ai dit lorsque je suis revenu à Kupari; toutefois, ni le

11 commandant, ni Zec ne se trouvaient là, et je ne savais pas où ils se

12 trouvaient. J'ai demandé au poste de commandement avancé où se trouvait

13 Zec, mais je n'ai pas pu le trouver parce qu'il était quelque part sur le

14 terrain.

15 Q. A qui avez-vous rendu compte ?

16 R. Je n'ai rendu compte à personne. Je n'avais pas d'obligation de rendre

17 compte de cela à qui que ce soit, à l'exception de Zec ou de l'amiral

18 Jokic. Toutefois, ni l'un, ni l'autre ne se trouvait sur place. J'ai

19 demandé où ils se trouvaient et, lorsque l'on m'a dit que personne ne

20 savait où ils se trouvaient, j'ai tout simplement renoncé. Je n'ai pas dit

21 à n'importe qui que -–

22 Q. Lorsque vous voyez qu'un acte criminel est en train d'être commis en

23 violation d'ordre que vous avez, personnellement, transmis à un officier

24 subalterne, vous ne prenez pas de mesures quelle qu'elle soit au moins pour

25 faire noter cela dans un journal. Est-ce que c'est cela que vous nous dites

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1 ?

2 R. J'ai essayé d'informer Zec ou Jokic, mais je ne les ai pas trouvés. Il

3 n'y avait personne qui avait l'autorité ou une habilité pour donner des

4 ordres. Je n'avais pas moi-même l'autorité suffisante pour donner à

5 Kovacevic de cesser le feu. Il n'y a pas eu de tir après cela. Un seul obus

6 a été tiré. Cet obus est tombé et il n'y a pas eu de tir après cela, tout

7 au moins pas pendant que j'étais présent. Un obus a été tiré à un seul

8 moment dans le temps et, ensuite, il n'y a plus eu d'obus après cela, donc

9 je n'avais rien à faire de plus. Jokic et Zec, par la suite, ont appris ce

10 qui s'était passé. Cela ne dépendait de moi. Je n'avais pas l'autorité

11 suffisante pour empêcher cela.

12 Q. Est-ce que vous savez que plus qu'un obus a été tiré sur la vieille

13 ville le 6 décembre, à partir de position tenue par le 3e Bataillon ? Est-

14 ce que vous avez appris cela au moins plus tard, si ce n'est pas dans

15 l'heure où vous vous trouviez à Zarkovica ?

16 R. Je l'ai appris plus tard.

17 Q. Dans ce contexte, est-ce que vous avez pris des mesures pour remettre

18 un rapport, ou faire un rapport oral à un officier supérieur selon lequel,

19 vous-même, vous étiez au courant du fait que le 3e Bataillon bombardait la

20 vieille ville et du fait qu'il y avait eu cet obus que vous avez observé,

21 même s'il en était qu'un seul ?

22 R. Je l'ai dit à Kozaric, qui a écrit un rapport pour Jokic, rendant

23 compte des activités qui avaient été entreprises ce jour-là.

24 Q. Vous êtes conscient du fait qu'un rapport avait été soumis à l'amiral

25 Jokic concernant les activités du 3e Bataillon, activités qui avaient eu

Page 7730

1 lieu, le 6 décembre, sur la base des renseignements qui avaient été fournis

2 au centre des Opération.

3 R. Tous les jours, au centre des Opération, on présentait un rapport au

4 commandant supérieur. Ce jour-là, Kozaric était celui qui a rédigé le

5 rapport.

6 Q. Maintenant, prenant en considération le fait que vous étiez le grade

7 supérieur, lorsque vous êtes revenu au central d'opération de Zarkovica,

8 est-ce que vous avez pris des mesures pour informer les forces croates ou

9 d'autres observateurs internationaux du fait que vous avez dit que vous

10 avez vu un mortier qui se trouvait dans la vieille ville ?

11 R. Non. Je n'ai pas pris de mesures parce que je n'avais pas l'autorité

12 pour prendre des mesures, quelles qu'elles fussent, avant de discuter de la

13 question avec quelqu'un du central d'opération; avec le commandant ou avec

14 le chef d'état-major.

15 Q. Est-ce que vous avez toujours suivi ou attendu d'avoir l'autorisation

16 du commandant en chef ou de l'état-major avant de faire quoique ce soit que

17 vous auriez pu juger prudent ?

18 R. Ceci dépend de savoir à quel point une tâche est difficile. La tâche à

19 laquelle on a à faire face en temps de paix, les conditions de temps de

20 paix, il y a beaucoup de choses que je peux faire seul, de mon propre

21 mouvement. Toutefois, dans les conditions de guerre, lorsque des vies

22 humaines sont en jeu, de part et d'autre, ce n'était pas à moi de prendre

23 des mesures en question.

24 Q. Est-ce que vous avez consulté le commandant en chef ou l'état-major

25 lorsque vous avez décidé d'aller à Bosanka dans l'après-midi ?

Page 7731

1 R. Non.

2 Q. Est-ce que vous avez consulté les commandants ou les chefs d'état-major

3 lorsque vous avez décidé là encore d'aller à Zarkovica dans l'après-midi ?

4 R. Non.

5 Q. Pourquoi est-ce que vous êtes resté pendant une heure à Zarkovica,

6 après avoir transmis l'ordre du capitaine Zec à

7 Kovacevic ? Est-ce que vous étiez curieux d'observer ou voir ce qui se

8 passait en ce concernait la vieille ville ? Est-ce que c'est la raison pour

9 laquelle vous soyez perché à cet endroit précis qui surplombait la vieille

10 ville ?

11 R. Bien sûr, lorsque j'y suis venu, on ne m'a pas donné d'ordre de

12 revenir, et on ne m'a pas non plus donné date butoir à laquelle j'aurais dû

13 être de retour de Zarkovica. Puisqu'aucune date butoir n'avait été fixée,

14 je suis resté sur place et j'ai observé un certain nombre de choses qui se

15 passaient.

16 Q. Vous avez vu les Maljutka qui tiraient dessus de la vieille ville de

17 Zarkovica, n'est-ce pas ?

18 R. Je n'ai pas vu de Maljutka. Je ne peux pas dire s'il y en avait sur

19 place. Tout ce que je peux dire, c'est que je n'en ai vu aucun.

20 Q. Vous avez eu connaissance du fait qu'il y avait des Maljutka, des

21 lanceurs de Maljutka à Zarkovica ?

22 R. J'étais au courant du fait que des Maljutka faisaient partie de

23 l'armement que possédaient nos forces, mais pas à Zarkovica. En fait, je ne

24 sais vraiment pas s'ils avaient des Maljutka à Zarkovica ou pas.

25 Q. Vous ne savez pas s'ils avaient des Maljutka sur Zarkovica. Vous n'avez

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1 pas vu, par exemple, lorsque vous êtes allé à Zarkovica, des lanceurs de

2 Maljutka ?

3 R. Non.

4 Q. Mis à part cet unique obus dont vous affirmez, enfin, vous avez dit

5 plutôt qu'il y en avait deux, vous n'avez pas vu d'autres obus de mortier

6 tombés sur la vieille ville et provenant des positions de la JNA ?

7 R. Non, à l'exception de cet unique obus. J'ai vu l'un de leurs obus, et

8 je vous ai dit aussi que j'avais vu des éclairs derrière la colonne

9 Orlando. Je n'ai jamais parlé de deux obus. Je ne suis pas sûr de la raison

10 pour laquelle ceci a été enregistré parce que ceci n'est tout simplement

11 pas vrai. Ils n'ont tiré qu'un seul obus. Ils ont fait sortir un mortier

12 et, peu de temps après, notre propre obus est tombé sur le Stradun. Après

13 cela, j'ai vu des éclairs derrière la colonne Orlando. Je vous parle

14 d'éclairs de lumière parce que je ne suis pas sûr qu'il s'agissait d'obus

15 ou ni de l'endroit où ils seraient tombés. Cela, c'était ma déclaration.

16 C'était ma déclaration et c'est précisément ce que j'ai dit. Je ne suis pas

17 sûr de la manière dont cela a été intégré ou transcrit dans le compte

18 rendu.

19 Q. Où exactement se trouvait ce mortier sur le Stradun ? Vous dites que

20 vous avez désigné certains endroits. Pourriez-vous identifier l'endroit par

21 son nom, à partir de là où vous vous trouviez ou d'où vous pouviez voir

22 quelque part sur le Stradun ?

23 R. Je ne connais pas bien les noms de rue de Dubrovnik. Je la connais

24 simplement en tant que ville. Même ma propre ville, je ne connais pas les

25 noms de toutes les rues. Je sais que le Stradun, un coup de mortier a été

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1 tiré, que c'était un seul obus. Après cela, tout près, approximativement,

2 au même endroit, notre obus à nous est tombé. Je ne peux pas vous donner

3 les mensurations exactes, et je ne connais pas bien les rues. Mais la seule

4 rue que je connais un peu c'est le Stradun parce que c'est la rue

5 principale, et je sais que la colonne Orlando, je suis au courant de cela

6 parce que c'est un monument célèbre sur place.

7 Q. Lorsque -- vous avez vu cela de Zarkovica, ce qui veut dire que c'était

8 approximativement 2 500 à 3 000 mètres de distance de la vieille ville.

9 R. J'ai dit, j'ai fait remarqué, si vous vous en souvenez, qu'il y avait

10 un vent très fort ce jour-là et que le temps était clair, la visibilité

11 excellente. Même à 4 000 mètres, on pouvait dire qu'un mortier était en

12 train de tirer et, évidemment, aussi, s'il s'agissait de 2 000 mètres.

13 C'est très facile.

14 Q. Est-ce que vous avez réussi à déterminer quel était le calibre du

15 mortier qu'ils tiraient de l'intérieur de la vieille ville ?

16 R. Non.

17 Q. Est-ce que vous avez pu repérer exactement la position sur la carte,

18 point P13, qui vous a été montré par l'éminent conseil ? Est-ce qu'en fait,

19 vous avez placé le pointeur et vous avez montré la position exacte où ledit

20 mortier se trouvait ? Est-ce que c'était, en fait, votre seul point de

21 référence, c'était quelque part à mi-chemin sur le Stradun ? Dans un tel

22 contexte, comment avez-vous réussi à repérer avec exactitude le point sur

23 cette carte ?

24 R. Je ne suis pas sûr que ceci ait été interprété au moment où je

25 répondais à une question du conseil de la Défense. C'était à mi-chemin dans

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1 cette artère. Je ne suis pas sûr que ceci ait été traduit. J'espère que

2 cela l'a été. J'ai dit que, pour la première fois, c'était à mi-chemin dans

3 la rue et qu'ensuite, un cercle avait été tracé et qu'on voulait situer

4 l'endroit exact, mais je ne peux pas désigné l'endroit exact. C'est une

5 approximation. Je n'ai pas les outils nécessaires pour déterminer

6 exactement la longueur de la rue. Tout ce que je peux faire, c'est vous

7 donner l'approximative de l'endroit où il y a eu cet impact.

8 Q. En gros, vous avez deviné quel était l'endroit, et c'est comme cela que

9 vous avez placé le pointeur et que vous avez indiqué ce point ? Vous ne

10 pourriez pas dire quel était l'endroit exact, avec certitude ?

11 R. Non, personne ne pourrait le faire. Mais il y avait un mortier sur le

12 Stradun, Cela, c'est certain, à savoir si c'était à dix mètres à gauche ou

13 à dix mètres à droite, je ne pense pas que cela soit vraiment important.

14 Q. Est-ce que c'est de la même manière que vous avez identifié les

15 emplacements dont vous dites que vous avez vu de la fumée qui montait ?

16 Vous avez indiqué avec le pointeur sur la carte et identifié certaines

17 positions. D'après ce que ce vous êtes en train dire maintenant, ceci

18 présuppose qu'en ce qui concerne ces deux endroits, vous avez également,

19 probablement, fait une hypothèse. Vous avez deviné.

20 R. Je vous ai donné une idée en gros de l'endroit, du point d'impact,

21 parce que cela fait 13 ans maintenant depuis que j'ai regardé ces

22 questions. Toutefois, je peux me rappeler très clairement qu'il y avait de

23 la fumée à cet endroit-là et qu'il y avait un autre bâtiment qui se

24 trouvait également à mi-chemin dans le Stradun, et qu'il y avait de la

25 fumée qui sortait de la fenêtre de ce bâtiment et qui montait au-dessus du

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1 toit. Cela, c'est quelque chose que je ne pourrais jamais oublié. Il se

2 peut que je me trompe d'une douzaine de mètres à droite ou à gauche, mais

3 il y avait bien de la fumée qui sortait là. J'en suis sûr, ainsi que du

4 fait que l'autre maison était en train de brûler, l'endroit où la couleur

5 de la fumée était différente. Ce bâtiment se trouvait dans une partie

6 différente de la ville.

7 Q. Maintenant --

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous abordez un autre

9 sujet-là ?

10 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Non. Mais si le moment est convenable

11 pour prendre une pause --

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En effet. Nous allons prendre une

13 pause à présent et nous allons reprendre nos travaux à 4 heures 15 minutes.

14 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président.

15 --- L'audience est suspendue à 15 heures 46.

16 --- L'audience est reprise à 16 heures 11.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Mahindaratne, je vous redonne

18 la parole.

19 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci.

20 Q. Monsieur le Témoin, quand on vous a envoyé à Zarkovica avec un ordre

21 précis interdisant au capitaine Kovacevic de tirer sur la vieille ville,

22 vous avez été envoyé là-bas parce qu'à ce moment-là le 3e Bataillon tirait

23 déjà sur la vieille ville. C'est pour cela, n'est-ce pas, qu'on vous a

24 envoyé avec cet ordre précis lui interdisant de tirer sur la vieille ville

25 ?

Page 7736

1 R. Oui, je suppose que c'était exact puisque, moi, j'ai reçu cet ordre à

2 Kupari. Je n'ai pas pu établir si on était en train de pilonner ou non.

3 Mais il est logique de supposer qu'ils m'ont envoyé là-bas -- qu'ils m'ont

4 dépêché là-bas parce que, justement, les obus tombaient au moment où on m'a

5 donné l'ordre d'y aller.

6 Q. Au moment où vous commencez à observer la vieille ville depuis cette

7 surélévation, la vieille ville est déjà pilonnée, n'est-ce pas ? Au milieu

8 de cette activité, vous dites que les gens de la vieille ville sortent un

9 mortier pour riposter, pour se battre. Là, vous voyez ce mortier de

10 Zarkovica et vous voyez que l'on tire de ce mortier. C'est ce que vous

11 dites ?

12 R. Oui. J'ai dit qu'ils ont sorti le mortier et qu'ils ont tiré un obus

13 avec ce mortier.

14 Q. Mais on a tiré d'où ?

15 R. Du portail. C'est un portail, une grande entrée, la grande porte en

16 bois située entre deux immeubles, et cela vous permettait d'y entrer. C'est

17 un hall, au fait, un hall d'entrée. C'est comme cela que nous appelons

18 cela.

19 Q. Vous pouvez la voir, cette porte, n'est-ce pas, ce porche ?

20 R. Oui.

21 Q. Ce porche était situé au nord ou au sud de Stradun ?

22 R. Du côté sud de Stradun, juste en face de l'endroit où j'étais. On

23 pouvait voir clairement cet endroit. Vous ne pouviez pas voir les porches

24 de l'autre côté puisque les toits nous obstruaient la vue.

25 Q. Il aura fallu combien de temps pour tirer ce mortier, pour le sortir,

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1 pour le charger, pour tirer ? Ceci a duré combien de temps ?

2 R. A peu près une minute.

3 Q. Est-ce que vous dites qu'on a réussi à sortir le mortier, le placer sur

4 le Stradun, qu'on a réussi à charger un obus là-dedans, et ensuite on a

5 tiré, et tout ceci en l'espace d'une minute ?

6 R. Oui. Mais vous n'aviez pas besoin de charger l'obus. Vous ne faites que

7 le laisser partir. A partir du moment où l'obus tombe, il explose. Ceci

8 prend cinq secondes, pas plus.

9 Q. Monsieur Drljan, savez-vous qu'on ne peut pas tirer un mortier sur une

10 terre dure ? Vous devez le savoir, vu votre grade. A cause du recul, vous

11 êtes obligé de tirer depuis un endroit amorti -- pour amortir les tirs ?

12 R. Non. Dans certains cas particuliers, on peut tirer d'une surface dure.

13 Il est mieux de tirer d'une surface qui amortie le tire. Je ne suis pas

14 artilleur, mais je le sais.

15 Q. Un expert est venu témoigner ici et il a dit qu'on ne peut pas tirer un

16 mortier d'une surface dure et que, si vous souhaitez le faire, vous êtes

17 obligé de préparer la surface avec des matériaux mous pour absorber le

18 choc. Apparemment -- un officier de votre grade, apparemment, n'est pas au

19 courant de ce fait.

20 R. On n'aurait pu placer une gomme, par exemple, sous le mortier pour

21 amortir le choc au lieu de le placer directement sur la pierre.

22 Q. Je ne réponds pas à votre question. Mais vous dites qu'on a tiré le

23 mortier de ce porche. Ensuite, on l'a placé sur Stradun et on a tiré. Cela

24 ne leur aura pas laissé de temps pour préparer la surface.

25 R. Est-ce que je peux répondre ?

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1 Q. Oui. Justement, je vous pose la question.

2 R. Dans ce cas, le lance-roquettes, nous l'avons entendu et nous l'avons

3 vu d'ailleurs, il y avait des positions marquées pour les lance-roquettes.

4 Les éléments pour tirer sur certains objectifs de la partie adverse ont été

5 déjà calculés à partir de ces endroits-là. Ce que l'on faisait, c'était de

6 les placer sur cet endroit marqué à l'avance. Ensuite, on tire une fois et

7 on le retire immédiatement. Je continue à vous affirmer que vous pouvez

8 tirer un tir isolé sans endommager l'engin. Cela étant dit, je pense qu'ils

9 ont sans doute isolé le mortier en plaçant quelque chose de mou au-dessous

10 du mortier.

11 Q. Vous ne l'avez pas vu ?

12 R. Non, je ne pourrais pas voir cela. J'ai pu très bien voir qu'on a tiré

13 avec ce mortier. Je l'affirme aussi en toute responsabilité.

14 Q. Le mortier a tiré en direction de --

15 R. En direction du nord, en direction de Srdj.

16 Q. Savez-vous que les bâtiments qui se trouvent au nord de Stradun sont

17 très hauts ?

18 R. Non, ces bâtiments ne sont pas si hauts que cela. En tout cas, pas

19 suffisamment pour qu'un obus ne peut pas les contourner pour tomber de

20 l'autre côté. J'en suis sûr.

21 Q. Vous nous dites que cet obus a été tiré sur Srdj et pas sur Zarkovica,

22 l'obus en question ?

23 R. Oui, sur Srdj, puisque pendant que j'y étais, on a tiré aucun obus sur

24 Zarkovica.

25 Q. Ce processus tout entier, vous pouviez l'observer vous et les unités

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1 qui se trouvaient à Zarkovica ?

2 R. Oui, en effet, si l'on prêtait attention à cela, si l'on regardait dans

3 cette direction-là. Si vous détournez le regard si vous regardez à la

4 droite ou à la gauche, vous pouviez plus le voir.

5 Q. Savez-vous de quelle façon on manie un Maljutka ? C'est un projectile

6 guidé par l'opérateur qui le guide vers l'objectif.

7 R. Oui, je le sais.

8 Q. Si on pouvait voir un mortier sur Stradun pendant cette période-là, ce

9 mortier aurait pu très facilement être neutralisé par un tir de Maljutka

10 depuis Zarkovica, n'est-ce pas ?

11 R. Oui, c'était possible, mais ils avaient tiré immédiatement.

12 Q. Monsieur Drljan, ne pensez-vous pas qu'il aurait été assez risqué de

13 placer un mortier sur Stradun qui est très bien vu de Zarkovica, surtout si

14 l'on sait qu'il y a des Maljutka à Zarkovica ? Vous ne pensez pas que ceci

15 correspondrait à un suicide, un acte suicidaire ?

16 R. Leur logique était d'agir et prendre abri immédiatement après. Dans ce

17 cas-là, c'est tout à fait possible.

18 Q. Vous avez dit que vous avez aperçu des obus qui ont été tirés des

19 positions du 3e Bataillon sur la vieille ville. Ne pensiez-vous pas que

20 votre présence à cet endroit ou votre visite, ne pensez-vous pas que cette

21 visite et votre présence aurait pu être considérées comme un encouragement,

22 signe d'encouragement pour qu'ils continuent, d'autant plus que vous n'avez

23 pas pris les mesures nécessaires pour voir que l'on se conforme aux ordres

24 leur interdisant de tirer sur la vieille ville ?

25 R. Je leur ai dit précisément que j'ai été envoyé pour faire part de

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1 l'ordre émanant de l'amiral Jokic et du capitaine des vaisseaux Zec pour

2 leur faire passer cet ordre. Je n'étais pas là pour veiller à ce que cet

3 ordre soit respecté. Je n'étais pas compétent pour me mêler au combat,

4 d'autant plus que je n'étais pas compétent de le faire. Je me suis contenté

5 de faire ce que l'on m'a ordonné de faire. Je ne voulais pas par la suite

6 répondre d'une action qui n'a pas été ordonnée.

7 Q. Quand vous êtes revenu au centre des Opérations, est-ce que vous avez

8 dit ce que vous avez vu dans la vieille ville, à savoir, le mortier en

9 question ou les éclats de lumière, et cetera ? Est-ce que vous avez fait

10 part de tout cela à votre centre des Opérations et à votre commandement ?

11 R. Non, je n'étais pas de permanence. Je n'étais pas chargé de faire des

12 rapports. Les rapports sont élaborés à la fin de la journée.

13 Q. Monsieur le Témoin, je ne parle pas des rapports écrits. Est-ce que

14 vous avez dit de façon informelle à qui que ce soit que vous avez vu un

15 mortier tirer depuis la vieille ville et que vous avez vu ces éclats de

16 lumière ?

17 R. Oui, je l'ai dit à Sikimic et à Kozaric, en entrant pour information.

18 Kozaric a dit : "Bien." Il était déjà très occupé. Il était au téléphone.

19 Il prenait des ordres. Est-ce qu'il a vraiment entendu ce que j'ai dit, je

20 pense que oui. Je pense qu'il m'a entendu dire que j'ai vu un mortier et

21 que les nôtres avaient tiré un seul obus sur Stradun.

22 Q. Cet obus a fait quoi exactement ? Est-ce que cet obus a provoqué des

23 dégâts au niveau de Stradun, au niveau des immeubles sur Stradun ? Quels

24 étaient les dégâts causés par cet obus ?

25 R. Après cela, j'ai pris des jumelles. Je n'ai pas déterminé des dégâts

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1 particuliers, car c'est un sol extrêmement dur, fait de la pierre.

2 Puisqu'il y a eu des verres brisés autour, mais je ne les ai pas vus. Ceci

3 ne pouvait pas se voir.

4 Q. Un obus tombe. Vous, à un endroit donné, vous ne remarquez pas de dégât

5 particulier ? C'est ce que vous nous dites là ?

6 R. Oui, c'est ce que je suis en train de vous dire. Je n'ai pas pu

7 constater de dégât, puisque l'obus est tombé sur une surface dure, au beau

8 milieu de la rue, et n'a pas touché d'immeubles autour. Je me suis dis,

9 pour moi-même, que c'était un très bon tir, puisque juste là, à cet

10 endroit-là, se trouvait le lance-roquettes de l'armée croate. D'ailleurs,

11 le lance-roquettes n'y ait plus venu.

12 Q. Vous étiez favorable à cette attaque sur la vieille ville ?

13 R. Je l'ai dit en tant que personne qui observe la précision du tir. Même

14 les Croates auraient pu le dire. Cela ne veut pas dire que je suis

15 favorable à l'action elle-même.

16 Q. Quand vous êtes revenu au centre des Opérations, est-ce que vous avez

17 vérifié que l'information que vous avez passée à Kozaric et à l'autre

18 personne, a été consignée au journal de guerre ?

19 R. On a noté les activités de certaines unités dans les journaux de

20 guerre, mais je ne jugeais pas nécessaire d'y noter la chute d'un obus

21 particulier.

22 Q. Je vous ai posé une question concernant le mortier que vous avez

23 remarqué dans la vieille ville. Est-ce que vous avez fait en sorte que

24 cette intervention se retrouve dans le journal de guerre ?

25 R. Je l'ai bien dit à Kozaric. Normalement, il aurait dû le noter le soir

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1 même dans son rapport; le rapport envoyé à son commandement. Je n'ai jamais

2 vérifié le travail de quelqu'un, qui de par sa fonction, m'est supérieur.

3 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je voudrais que l'on montre au témoin

4 la pièce D96.

5 Q. En faisant cela, parce que là il s'agit du journal de guerre que vous

6 avez déjà regardé, je vais vous demander de regarder ce qui figure à la

7 date du 6 décembre, et de nous dire si vous pouvez y trouver une seule

8 information indiquant la présence du mortier dans la vieille ville le 6

9 décembre. Vous avez dit que les activités de l'ennemi, normalement,

10 figurent dans un journal de guerre. Cette information, normalement, aurait

11 dû y être.

12 R. Cette information est véridique. Cela étant dit, je ne saurais vous

13 dire pour quelle raison ceci ne figure pas dans le journal de guerre,

14 puisqu'au moment où j'ai pu apercevoir cela, je n'avais pas le journal de

15 guerre sur moi.

16 Q. Monsieur Drljan, en tant qu'officier des opérations et en tant que

17 personne qui a lui-même inscrit les informations dans ce journal et en tant

18 que personne qui a vu elle-même, personnellement, ce mortier, ne serait-il

19 pas logique que vous inscriviez vous-même cette information dans ce journal

20 de guerre, si, toutefois, cette information était véridique ?

21 R. J'ai vu cela au cours de la matinée. Quand je suis revenu, le journal

22 de guerre était déjà rempli. J'ai dis cela à Kozaric, il aurait pu le

23 monter, il ne l'a pas fait. Je ne pensais qu'il était convenable d'inscrire

24 dans le journal de guerre quelque chose qui s'est produit quelques heures

25 plus tôt. Le journal de guerre contient à peu près toutes les informations

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1 qui se sont produites ce jour-là. Peut-être pas tous les détails, mais à un

2 moment donné, dans ce journal, on dit même quel est le nombre d'obus tirés

3 depuis nos positions.

4 Q. Vous dites que toutes les informations y sont inscrites dans l'ordre

5 chronologique. C'est pour cela que vous n'avez pas voulu ajouter quoique ce

6 soit. Pourriez-vous, s'il vous plaît, vérifier ce qui est écrit à la date

7 du 6 décembre ? J'attire votre attention sur l'information qui figure à la

8 page 67 à 7 heures 15. Pensez-vous qu'à 7 heures 15, une heure et quart

9 plus tard, je parle de la page 67 -- à la page 67 à 7 heures 15, il est

10 écrit : "Les positions à Strincjera ont été touchées depuis Srdj vers 6

11 heures du matin avec des Zolja et les MB-82." Ici, vous voyez une

12 information qui a été notée à 7 heures 15, qui parle d'un événement qui

13 s'est produit à 6 heures du matin. Ceci a été inscrit dans le journal après

14 trois autres informations qui concernent les éléments qui se sont produits

15 plus tard. On peut voir qu'on ne respectait pas dans ce journal forcément

16 l'ordre chronologique, n'est-ce pas ? Autrement dit, il ne vous était pas

17 interdit d'inscrire de telles informations à quelque que moment que ce soit

18 s'il s'agissait des informations véridiques ?

19 R. Non, rien ne m'empêchait d'inscrire ces informations plus tard. Je me

20 suis dit qu'il n'était pas pertinent d'écrire une information concernant un

21 seul tir. Comme vous pouvez le voir, je n'ai pas parlé de leur tir, je n'ai

22 pas parlé du nôtre. Car beaucoup d'obus ont été échangés entre nos forces

23 et les forces croates ce jour-là. Cet obus-là, ce tir-là, ne faisait pas

24 tellement de différence. C'est pour cela que je n'ai pas voulu l'inscrire

25 plus tard. Je me suis contenté de leur dire ce que j'ai vu.

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1 Q. Monsieur Drljan, je vous prie de bien vouloir examiner la page 61. Il

2 s'agit d'une information qui a trait au 4 décembre 1991. A 18 heures 33,

3 vous avez écrit qu'on a remarqué un transporteur de troupes, un blindé de

4 transport de troupes à Srdj. "Pas de contact." Vous avez écrit cela,

5 n'est-ce pas ?

6 R. Oui, c'est Zdravkovic qui m'a communiqué cela. J'ai écrit ce qu'il m'a

7 dit.

8 Q. Est-ce que cette information est importante, suffisamment importante

9 pour être consignée dans ce journal ? Le fait que l'on a remarqué les

10 passages d'un blindé de transport de troupes, est suffisamment important

11 pour figurer dans le journal, alors qu'un obus tiré sur la vieille ville

12 n'est pas suffisamment important à vos yeux pour être inscrit dans le

13 journal de guerre ?

14 R. J'ai reçu cette information. J'étais obligé de l'inscrire dans le

15 journal car ceci pouvait être une information préparatoire. Chaque

16 information qui nous est communiquée par téléphone, nous sommes obligés de

17 l'inscrire dans le journal.

18 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la pièce D65,

19 D65, s'il vous plaît ?

20 Q. Monsieur Drljan, vous avez dit qu'il était possible que cette

21 information se retrouve dans le rapport du jour. Pourriez-vous, s'il vous

22 plaît, examiner le document placé sous vos yeux ? Peut-être ne l'avez-vous

23 pas vu auparavant. Ce document a été envoyé ?

24 R. Oui, c'est vrai que je ne l'ai pas vu. J'ai dit qu'il était possible

25 qu'on ait inscrit cette information dans le rapport. Ceci ne veut pas

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1 forcément dire que ceci a été fait.

2 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, prendre note du fait que ce document et

3 le rapport envoyé du poste de commandement avancé de Kupari, à la première

4 administration, à l'attention du général Simonovic avec le titre "Le

5 rapport sur les activités du

6 3e Bataillon concernant Srdj, le 6 décembre 1991. Dans ce document qui est

7 un document de la Défense, on ne retrouve aucune information concernant la

8 présence d'armes dans la vieille ville à la date du 6 décembre 1991. Est-ce

9 que vous le voyez ?

10 R. Une fois terminée la lecture du document, je vous répondrai.

11 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

13 M. PETROVIC : [interprétation] Permettez-moi, nous avons déjà discuté

14 concernant le titre de ce document, et nous avons constaté qu'il s'agissait

15 d'une erreur de traduction. Je pensais, au sujet de cette erreur, que tout

16 le monde l'avait prise en compte, mais peut-être que mon éminente collègue

17 ne l'a pas notée sur le document lui-même. J'en profite, encore une fois,

18 pour attirer son attention sur ce rapport.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

20 Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

21 Q. Monsieur Drljan, pourriez-vous, s'il vous plait lire le titre de ce

22 rapport pour le compte rendu d'audience ?

23 R. "Rapport sur l'action menée par le 3e Bataillon de la 472e Brigade

24 navale de débarquement…" C'est une erreur car il ne s'agit pas là d'une

25 brigade motorisée, c'est une brigade de la marine. "…contre Srdj, le 6

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1 décembre 1991."

2 Q. Le rapport sur l'action du 3e Bataillon de la 472e Brigade motorisée,

3 est-ce qu'on pourrait le dire comme cela plutôt que de parler de la brigade

4 de la marine ?

5 R. C'est une brigade de la marine, une brigade de débarquement, ce n'est

6 pas une brigade motorisée. Je connais bien cette brigade.

7 Q. Nous n'allons pas nous disputer à ce sujet, Monsieur le Témoin. Vous

8 dites avoir vu un mortier dans la vieille ville le 6 décembre, ceci n'a pas

9 été enregistré ni dans l'ordre D96, ni dans ce rapport ?

10 M. RODIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Rodic.

12 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, mon éminente collègue

13 présente des faits non véridiques au témoin. Je voudrais, aussi, attirer

14 votre attention sur le fait qu'à la page 2 de ce rapport au niveau de la

15 septième ligne en partant d'en haut en B/C/S, on peut lire : "Jusqu'au

16 début de l'attaque qui a eu lieu à 6 heures, on a tiré avec des lance-

17 roquettes 82 millimètres depuis la ville de Dubrovnik, l'attaque qui a duré

18 jusqu'à 14 heures 30, l'attaque dirigée contre nos forces."

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

20 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, ce que j'essaie

21 de vous dire, c'est que l'on n'y voit pas de référence sur la vieille

22 ville.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez comme bon vous semble, Madame

24 Mahindaratne.

25 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

Page 7747

1 Q. Quand vous dites que vous avez vu un mortier dans la vieille ville le 6

2 décembre 1991, cette affirmation n'a pas été enregistrée ni dans le journal

3 de guerre, la pièce D96, ni dans l'ordre du 6 décembre ou plutôt dans le

4 rapport des activités du 3e Bataillon à la date du 6 décembre, et c'est

5 parce que vous n'avez pas vu de mortier le 6 décembre.

6 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] S'agit-il d'une objection à la

8 question posée ?

9 M. PETROVIC : [interprétation] Oui.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous ai déjà dit que si vous

11 souhaitiez soulever une objection quant à la déposition, vous devriez

12 intervenir un à la fois, car là on vous a permis d'intervenir plusieurs

13 fois. Comme il s'agit là du témoin de M. Rodic, c'est M. Rodic qui devrait

14 intervenir puisque c'est son témoin.

15 M. PETROVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

16 Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

17 Q. Pourriez-vous répondre à ma question ? Est-ce que vous m'avez comprise

18 ?

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il y a une objection en cours, Madame

20 le Procureur, attendez un petit peu.

21 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Très bien.

22 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, mon objection vise à

23 demander à mon éminente consoeur de démontrer qu'il existe une preuve qui

24 pourrait démontrer les allégations visant à dire qu'il y a eu des activités

25 depuis la vieille ville de Dubrovnik dans les rapports qui ont été faits.

Page 7748

1 Mon éminente consoeur peut examiner la pièce D62, il s'agit d'un document

2 lié aux événements du 6 décembre.

3 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

5 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Il n'est pas approprié que le conseil

6 fasse référence à certaines choses devant le témoin.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'objection vise à souligner le fait

8 que vous êtes en train de citer de façon erronée les propos du témoin.

9 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Non. En fait, ma question avait trait à

10 D96 et D65. Je voulais dire que l'information n'est pas consignée dans le

11 journal de guerre car le témoin nous a dit qu'un mortier existait dans la

12 vieille ville le 6 décembre, que cette affirmation était correcte.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, mais il y a d'autres documents

14 qui font état de l'existence d'un mortier.

15 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président, je ne

16 souhaite pas perdre de temps là-dessus, je vais retirer ma question.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

18 Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

19 Q. Monsieur Drljan, vous avez dit avoir vu une étincelle derrière la

20 colonne. Pourriez-vous dire de quelle colonne il s'agissait exactement, la

21 colonne derrière laquelle vous dites avoir vu cette flammèche ?

22 R. C'est la colonne d'Orlando^^.

23 Q. Quelle est la hauteur de cette colonne ?

24 R. Une dizaine de mètres, peut-être six mètres. La colonne est peut-être

25 plus petite que six mètres, je ne le sais pas, mais je sais que la colonne

Page 7749

1 est, suffisamment, large pour que quelques personnes se dissimulent

2 derrière et que, par conséquent, on ne les voit pas.

3 Q. Quelle est la largeur de cette colonne ?

4 R. Je ne pourrais vraiment pas vous le dire.

5 Q. Combien de personnes pouvaient se cacher derrière la colonne ? Est-ce

6 que vous diriez que cinq personnes pouvaient être derrière la colonne côte

7 à côte sans que l'on parvienne à les voir ?

8 R. Non, pas cinq à six, mais deux hommes certainement, si deux hommes

9 étaient côte à côte, on ne les verrait pas.

10 Q. Vous avez vu un éclair ou une flammèche derrière cette colonne ?

11 R. Oui, j'ai vu quelques éclairs à des intervalles précis.

12 Q. Cet éclair ou cette flammèche, quel était la largueur de cette dernière

13 ?

14 R. On pouvait la voir derrière la colonne. C'était quand même assez long.

15 Je pouvais voir entre 50 centimètres jusqu'à 60 centimètres. Tout cela

16 derrière la colonne. On pouvait voir très clairement cette flammèche ou cet

17 éclair.

18 Q. Vous pouviez vous voir, derrière la colonne, une flammèche de 50 à 70

19 centimètres, s'étirant derrière la colonne ?

20 R. Non, je ne parle pas de la largeur de la flammèche. Je parle de la

21 longueur de cet éclair, de cette flammèche. Environ 50 centimètres derrière

22 la colonne, on pouvait voir comme un éclair, et ensuite, l'éclair

23 disparaissait.

24 Q. Vous n'avez pas vu d'arme en tant que telle ?

25 R. Non. Mais, il a fallu que cet éclair ou cette flammèche provienne d'une

Page 7750

1 arme.

2 Q. Quelle heure était-il lorsque vous avez vu cet éclair ?

3 R. Il était environ 8 heures 30. Je ne pourrais pas le citer

4 textuellement. Je n'ai pas consulté de montre, je portais attention à autre

5 chose.

6 Q. A 8 heures 30 du matin ? Il faisait jour ?

7 R. Oui, oui, il faisait jour, oui.

8 Q. En réalité, vous avez dit que c'était une journée assez claire ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-ce que vous vous savez, plutôt je retire cette question. Comment

11 savez-vous que cet éclair était un éclair qui n'émanait pas d'une explosion

12 ? C'est-à-dire, est-ce que lorsque vous avez vu que lorsqu'un obus tombe

13 sur une surface, une explosion se fait et que l'on voit, à ce moment-là,

14 des étincelles ou un éclair ? Comment savez-vous qu'il ne s'agissait pas de

15 cela ?

16 R. J'aurais, certainement, reconnu, puisque quand un obus percute une

17 surface, non seulement cet obus cause un éclatement, mais il y a,

18 également, une poussière qui se soulève, alors qu'à côté de cet éclair, il

19 n'y avait, absolument, pas de poussière. On pouvait voir qu'il s'agissait

20 d'un projectile qui était tiré depuis une arme. Il n'y a, absolument, aucun

21 dilemme. Cela ne pouvait pas être un obus qui tombe et percute le sol.

22 Quand notre obus à nous est tombé sur Stradun, je l'ai reconnu

23 immédiatement, et j'ai vu de la poussière lorsqu'il a éclaté.

24 Q. Vous êtes un soldat d'expérience. N'est-il pas exact de dire qu'un

25 éclair provenant d'une arme ne peut pas être vu pendant qu'il fait jour ?

Page 7751

1 R. Est-ce vous pouvez voir une petite allumette que quelqu'un allume à 20

2 mètres de l'endroit où vous vous trouvez, pendant le jour ? Oui, je peux

3 vous affirmer avec certitude que l'on peut voir un éclair, une étincelle,

4 ou une flammèche, si vous voulez, pendant le jour très facilement.

5 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Pourrait-on montrer au témoin deux

6 pièces ? Monsieur Drljan, je veux vous montrer deux photos de mortiers,

7 deux photos de mortiers, alors qu'on les tire. J'aimerais vous montrer,

8 également, une photo représentant le moment où l'obus quitte le canon.

9 Cette photographie nous montre cette flammèche, ou cet éclair qui est

10 visible pendant le jour.

11 Monsieur Drljan, vous avez dit, il y a quelques instants, que vous

12 avez vu une lueur, un éclair que vous pouviez voir une flammèche sortir

13 d'un canon --

14 M. RODIC : [interprétation] Objection.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, quelle est votre

16 objection ?

17 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, mon éminente consoeur

18 est en train de donner une affirmation. Je considère que ces photos --

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, je dois vous

20 interrompre. Le contre-interrogatoire est, tout à fait, correct. Je ne veux

21 pas que vos objections soient telles qu'elles fournissent des réponses pour

22 le témoin.

23 Veuillez poursuivre, Madame Mahindaratne.

24 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela ne veut pas dire, Maître Rodic,

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1 que vous ne pourrez pas poser de questions dans le cadre de

2 l'interrogatoire supplémentaire. Mais à cette étape-ci, je vous demanderais

3 de ne pas interrompe de cette manière.

4 Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

5 Q. Monsieur Drljan, ces photographies nous montrent-elles pas la flammèche

6 que l'on peut observer lorsqu'un mortier est tiré depuis une arme

7 d'artillerie, contrairement à ce que vous avez dit ?

8 R. Je vois ici une flammèche derrière l'obus. Est-ce que vous voyez la

9 flammèche derrière ceci ? Je n'ai pas vu de canon, mais j'ai vu la

10 flammèche, la flamme. Nous voyons très bien une trace de feu qui

11 disparaîtra très bientôt et, derrière ici, on peut très bien voir cette

12 flamme qui sort du canon ?

13 Q. Ce que vous avez dit, à cette Chambre, c'est que, sur cette photo, vous

14 pouvez voir la flamme et que cela ressemblait à l'éclair, à l'étincelle, ou

15 à la flammèche que vous avez vu le 6 décembre ?

16 R. Oui, bien sûr. Vous pouvez voir derrière l'obus la flammèche qui est en

17 train de disparaître, puisque cette flamme disparaît très rapidement.

18 Q. Monsieur Drljan, je ne vois pas la flamme. Ce que vous pouvez voir sur

19 ces photographies, est-ce bien la même chose que vous avez vue le 6

20 décembre ?

21 R. Oui, tout à fait. C'est exactement ce que j'ai vu. C'est, tout à fait,

22 le cas.

23 Q. Ce que vous avez vu se trouvait à une distance de 3 000 mètres de

24 l'élévation et c'était derrière une colonne ?

25 R. Ceci se déroulait derrière la colonne. Nous pouvons voir très bien la

Page 7753

1 flamme. J'ai été marin, capitaine pendant 17 ans. J'ai ajusté mes yeux. En

2 conséquence, je peux très bien voir ce qui se trouve à l'horizon, et je ne

3 me trompe pas. Mes yeux ne peuvent pas me tromper. Je peux voir très bien

4 au loin.

5 Q. Eu égard à votre expérience, est-ce que vous reconnaissez la pièce

6 d'artillerie qui se trouve sur la photo, le projectile que l'on voit ici ?

7 R. Il s'agit d'un mortier.

8 Q. C'est la photo d'un mortier en train de tirer un projectile, est-ce

9 exact ?

10 R. Oui.

11 Q. Veuillez parler un peu plus fort, je vous prie. Les interprètes

12 n'arrivent pas à saisir votre réponse.

13 R. Il s'agit d'un mortier. Nous pouvons apercevoir un projectile en train

14 d'être tiré de ce mortier, au moment où il est tiré.

15 Q. Sur l'autre photo, la photo qui est verdâtre, que représente-elle ?

16 R. Il s'agit de nouveau d'un mortier.

17 Q. C'est un mortier qui tire un obus ?

18 R. Même si ce n'est pas très visible, je crois qu'il s'agit d'un mortier

19 en train de tirer un projectile. La photo est un peu floue, mais je crois

20 bien que c'est un mortier, effectivement.

21 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Pourrais-t-on procéder au versement au

22 dossier de ces deux photographies au dossier, Monsieur le Président ?

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Les documents seront versés au dossier

24 comme une pièce.

25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ces deux pièces porteront la cote P219.

Page 7754

1 Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

2 Q. Monsieur Drljan, vous avez parlé du journal de guerre et vous avez dit

3 que toutes les activités importantes, toutes les questions concernant vos

4 forces et les activités ennemies, que tous ces événements importants sont

5 tous consignés dans le journal de guerre. C'est ce que vous nous avez dit,

6 vendredi.

7 R. Oui, effectivement, oui.

8 Q. Vous avez également dit dans le cadre de votre témoignage que ces

9 entrées sont faites pour pouvoir préparer des rapports de combat ?

10 R. Oui, c'est exact.

11 Q. L'officier qui procède à la rédaction des combats quotidiens résume les

12 entrées et soumet un rapport sur la base des entrées qui figurent dans le

13 journal de guerre; est-ce que c'est exact ?

14 R. Oui, mais non pas seulement selon les informations qui figurent dans le

15 journal de guerre. La personne qui prépare un rapport de combat peut

16 également inscrire des informations dont il a connaissance, c'est-à-dire,

17 qu'il y a des commandants qui viennent donner des séances d'information et

18 c'est eux qui nous donnent ces informations qui nous étaient inconnues.

19 C'est les commandants qui nous les donnent. Ces commandants viennent donner

20 des séances de renseignements et ils parlent des événements de la journée.

21 C'est toujours très succinct. Un rapport de combat ne contient pas tout ce

22 qui s'est passé dans la journée. Ce n'est que les renseignements les plus

23 importants qui y sont consignés.

24 Q. En fait, je voulais savoir si le journal de guerre peut contenir toutes

25 les informations importantes dont vous informez le commandant, et cetera.

Page 7755

1 En d'autres mots, les informations dans un journal de guerre servent à

2 rédiger des rapports de combat, est-ce que c'est exact ?

3 R. Oui.

4 Q. L'information contenue dans les rapports de combat devrait correspondre

5 aux informations qui figurent dans le journal de guerre; est-ce que c'est

6 exact ?

7 R. Les informations qui sont retranscrites dans le rapport et qui figurent

8 dans le journal de guerre doivent être consignées, mais cela ne veut pas

9 dire que tout ce qui figure dans le journal de guerre est systématiquement

10 retranscrit dans les rapports de combat quotidiens.

11 Q. Quels sont les autres sources qui sont là pour soutenir les rapports de

12 combat, c'est-à-dire, sur quoi se base-t-on pour les rédiger si ce n'est

13 pas seulement le journal de guerre ? Il doit certainement exister d'autres

14 documents qui font état des activités et qui se trouvent au centre des

15 Opérations ?

16 R. Je vous ai dit un peu plus tôt que dans la soirée, les commandants des

17 unités subordonnées se présentent aux réunions. C'est des sessions

18 d'informations et ils parlent des événements qui se sont déroulés ce jour-

19 là. Les informations qu'ils donnent, le rapport, qui ne sont pas

20 nécessairement toujours consignées dans le journal de guerre, peuvent être

21 prises et c'est ainsi que l'on rédige des rapports de combat. On peut

22 également consigné dans le rapport de combat des ordres qui ont été reçus,

23 et cetera.

24 Q. Les commandants rédigent ces rapports au centre des Opérations ?

25 R. Ils viennent au centre des Opérations. Il y a une pièce particulière et

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1 ils viennent et ils font état des activités de la journée, chacun pour soi.

2 Q. Si un officier de permanence reçoit une information importante, cette

3 information est nécessairement consignée au journal de guerre, n'est-ce pas

4 ? Je ne fais plus allusion à votre visite à Zarkovica, je parle de votre

5 travail au centre Opérationnel.

6 R. Si je suis de permanence au centre Opérationnel et je souligne que je

7 reçois une information importante, il est certain que je vais la consigner

8 dans le journal de guerre.

9 Q. Si, par exemple, lorsque vous êtes de permanence et que vous recevez un

10 appel téléphonique de l'état-major, qui est important, vous consigneriez

11 cet appel dans le journal de guerre, n'est-ce pas ?

12 R. Oui, bien sûr.

13 Q. Si, par exemple, le général Kadijevic de Belgrade vous appelle et vous

14 demande de contacter immédiatement le commandant du 9e VPS, il est

15 absolument nécessaire que vous consignez cette information ?

16 R. Oui, je l'aurais consignée et j'aurais établi le contact.

17 Q. C'est pour ce qui est de tous les centres Opérationnels si je présume.

18 Ce n'est pas que votre centre des Opérations à Kupari qui procède de la

19 sorte, mais c'est ainsi que procèdent tous les centres Opérationnels ?

20 R. Oui, bien sûr. C'est ainsi qu'il faudrait que les choses se passent.

21 Q. Si des ordres de combat sont reçus, et si on vous demande de les

22 transmettre aux unités subordonnées, alors que vous êtes officier de

23 permanence, vous consignez ces informations-là aussi dans le journal de

24 guerre ?

25 R. Oui, mais succinctement. J'aurais dit, ordre numéro tel et tel, et

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1 j'aurais consigné cet ordre de façon très succincte.

2 Q. Je vous demanderais de prendre connaissance, encore une fois, du

3 journal de guerre.

4 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

5 Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

6 Q. Je vous prie de prendre la page 59. Il s'agit des entrées pour le 5

7 [comme interprété]. A 7 heures 50, à la page 60, il y a une entrée ou 16

8 heures plutôt. Il y a des entrées concernant les conditions atmosphériques.

9 Est-ce que c'était une unité qui suivait les conditions atmosphériques qui

10 fournissait cette information au centre des Opérations ?

11 R. Non. La météo était reçue par les radios côtières. Pour nous, c'était

12 la radio Bar. Il était tout à fait possible d'entendre la météo, soit à la

13 radio, ou à la télé.

14 Q. Quelles sont les mesures que vous preniez pour informer les unités

15 concernant les conditions atmosphériques ? Quelle était la procédure

16 habituelle ? Comment informe-t-on les unités de la météo ?

17 R. Le Secteur naval de Boka transmettait cette information aux navires qui

18 étaient là, soit au navires qui doivent prendre la mer ou aux navires qui

19 se trouvaient déjà au large ou qui ont reçu l'ordre de prendre la mer.

20 Cette information était normalement consignée pour les navires qui sont sur

21 le point de partir. Ce n'était une information pertinente pour les unités

22 terrestre.

23 Q. Je vous prierais de prendre la page suivante, la page 61, et de jeter

24 un coup d'œil à l'entrée faite à 18 heures 15. C'est une entrée qui a été

25 faite par vous ?

Page 7758

1 R. Oui.

2 Q. On peut lire que l'information vous a été fournie par le capitaine

3 Jeremic, le capitaine de frégate Jeremic ?

4 R. Oui.

5 Q. On peut lire ici qu'il n'a pas voulu attaquer aujourd'hui. De qui

6 parle-t-on ? Est-ce que vous savez de quoi il s'agit lorsqu'on a consigné

7 cette information ? A quelle attaque se réfère cette information, et qui a

8 inscrit cette information ?

9 R. Permettez-moi de relire le contenu de ce texte avant de vous répondre.

10 Il s'agissait de message pour l'armée croate. C'était une information

11 interne, qui était interceptée par le capitaine de frégate Jeremic, à

12 l'aide d'une station qui était la nôtre. Il s'agissait de front qui se

13 trouvait dans les environs de Ston. C'est assez éloigné. Cela se trouve à

14 une certaine distance de Dubrovnik. Cette ligne de front était éloignée à

15 plus de 40 kilomètres de là, et nos forces à nous et les forces croates se

16 sont trouvées à cet endroit-là.

17 Dubrovnik était encerclée, et nous, nous avions procédé un peu plus haut

18 le long de l'autoroute. Je crois qu'ils voulaient attaquer nos forces et

19 ils voulaient, sans doute, se rapprocher pour venir jusqu'à Dubrovnik, pour

20 ce qui est de leurs forces qui se trouvaient sur l'autoroute. En fait,

21 c'était assez loin de Dubrovnik et de nous. Il a été remplacé, ce dernier,

22 parce qu'il n'a pas voulu mener une attaque. On l'a remplacé. Enfin, les

23 deux personnes étaient des membres de l'armée croate.

24 Q. Est-ce que vous saviez qu'il y avait un cessez-le-feu qui devait être

25 conclu le 6 décembre ?

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1 R. Je n'en avais pas connaissance. J'ai entendu parler d'un accord de

2 cessez-le-feu le 6 décembre au soir, et c'est seulement lorsque je suis

3 revenu le soir que j'ai reçu l'information qu'il était censé parvenir à un

4 accord de paix.

5 Q. Le 5 décembre, vous ne saviez pas que le 6 décembre on devait parvenir

6 à un accord de cessez-le-feu ? C'est ce que vous nous affirmez ?

7 R. Oui, c'est ce que je vous affirme. C'était le capitaine de frégate

8 Jeremic qui était chargé de cela. Il était l'officier des renseignements.

9 On n'était pas toujours informé à chaque fois qu'il y avait des

10 pourparlers. Seulement s'il nous fallait assurer quelque chose, il nous

11 disait assurer telle ou telle chose pour les pourparlers. Cette fois-là, il

12 n'avait pas besoin de nous assuré quoi que ce soit, et --

13 Q. Monsieur Drljan, veuillez, je vous prie, prendre la page 66. C'est les

14 informations entrées le 5 décembre. Je parle des entrées faites à 19 heures

15 40 et à 19 heures 42. Il s'agit des entrées faites par vous-même, n'est-ce

16 pas ?

17 R. Non.

18 Q. L'entrée faite à 19 heures 40, juste en dessous de l'entrée que vous

19 aviez faite vous-même, votre nom figure dans la colonne intitulée

20 "Commentaires" pour ce qui est de l'entrée précédente ?

21 R. Oui, c'est exact.

22 Q. Qui a fait l'entrée à 19 heures 40 ?

23 R. A 19 heures 40, je présume que l'entrée a été faite par le capitaine de

24 corvette Dzelebdzic car il ne s'agit pas de l'écriture de Kozaric, ni de

25 Sikimic, ni de moi-même. Il était encore là et c'est lui qui a pu consigner

Page 7760

1 ces deux entrées à 19 heures 40 et 19 heures 42.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Petrovic.

3 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, concernant

4 l'interprétation, ici on peut lire le capitaine Kovacevic à la page 57,

5 ligne 2, alors que le témoin a parlé du capitaine de corvette Dzelbdzic,

6 alors qu'ici au compte rendu d'audience on peut lire un autre nom, le nom

7 du capitaine Kovacevic.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

9 Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

10 Q. Monsieur Drljan, est-ce que vous voyez juste en dessous les notes que

11 vous avez prises, les deux notes de 19 heures 40 et 19 heures 42, indiquent

12 clairement qu'un accord de cessez-le-feu doit être conclu le lendemain ? Un

13 certain officier de votre grade, le 5 décembre, n'étiez-vous pas au courant

14 d'un événement important tel qu'un accord de cessez-le-feu qui devait être

15 conclu le lendemain, et qui, en fait, a été consigné dans le journal de

16 guerre que vous-même teniez dans lequel vous preniez des notes vous-même ?

17 R. Ces notes-ci ont été prises par le capitaine Dzelbdzic et cela

18 provenait du capitaine de frégate Handzijev de sorte que cela venait du

19 poste de commandement principal uniquement pour notre information. D'une

20 façon générale, aucun officier de poste de commandement avancé ne prenait

21 part à ce genre de négociations. Par conséquent, je n'avais rien à voir

22 avec ces notes qui sont prises là. Cette mention ne m'intéressait pas en

23 attendant que l'accord soit conclu. Un accord de paix se préparait.

24 Q. Cela ne vous intéressait pas d'apprendre qu'il y aurait un cessez-le-

25 feu général. Vous dites que vous n'étiez pas intéressé à cela. Est-ce que

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1 c'est cela que vous nous dites ? Un officier de votre grade n'était pas

2 intéressé dans un cessez-le-feu complet qui devait être réalisé le

3 lendemain ?

4 R. C'est une question risible, avec tout le respect que je vous dois, mais

5 je la trouve ridicule. Nous sommes tous intéressés par un cessez-le-feu,

6 mais si je devais décider, je n'aurais pas attaqué Dubrovnik non plus, et

7 je ne serais pas allé au-delà. Je n'étais pas intéressé par les notes qui

8 étaient prises là parce que ceci précédait les négociations. J'étais

9 davantage intéressé par le résultat des négociations et de m'assurer que

10 l'Argos pourrait quitter le port et que c'était sûr il a appareillé. Nos

11 bateaux ne vont pas attaquer. C'était cela le point essentiel pour nous.

12 Ce que Jeremic et les autres étaient en train de faire, c'est de négocier.

13 Nous allions savoir plus tard ce qui se passerait. Bien sûr, j'étais

14 intéressé. Je suis intéressé par la question de la paix et d'autre chose,

15 mais je trouve votre question, à un côté provoquant.

16 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, passer à la page 62, et je vais vous

17 demander de regarder les notes qui sont prises à la date du 5 décembre 1991

18 ? Il y en a une entrée à 9 heures 50, et elle fait référence au fait que le

19 commandement du 9e VPS transmet un acte ou un ordre à l'état-major général,

20 et qui indique que le navire Cap Africa devrait être autorisé à entrer dans

21 le port de Dubrovnik et y rester du 5 décembre au 8 décembre; c'est bien

22 cela ?

23 R. Le bateau.

24 Q. C'est exact, n'est-ce pas ?

25 R. Oui, c'est exact.

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1 Q. Il s'agit d'un navire étranger, n'est-ce pas, un navire étranger de

2 commerce ?

3 R. C'était un cargo français, en l'occurrence, c'était un ferry.

4 Q. En plus, à la page 65, il y a une entrée qui est portée à 17 heures 45,

5 et il est question d'un dialogue entre le 9e VPS et l'équipe de CICR qui

6 doit se réunir le 6 décembre pour s'occuper de certains travaux

7 d'installation.

8 R. Oui.

9 Q. Maintenant, il était possible de laisser entrer un navire de commerce

10 étranger dans le port de Dubrovnik et de préparer une réunion avec le CICR,

11 une équipe du CICR, le 6 décembre, parce qu'à ce stade, il y avait un

12 cessez-le-feu qui a été mis en place, et qu'il n'y avait aucune activité de

13 combat qui était prévue pour le 6 décembre, n'est-ce pas le cas ?

14 R. Oui. Mais je ne savais rien des activités qui devaient se dérouler le 6

15 décembre. Ce navire-ci, qui s'appelle Cap Africa, n'était pas encore entré

16 dans le port de Dubrovnik.

17 Q. Pourriez-vous passer, s'il vous plaît, à la page 64, les notes, qui

18 sont prises, correspondantes à 14 heures 41. Il est question de faire en

19 sorte qu'un 1LM et 1TC soient placés sous les ordres d'un autre

20 commandement. Pourriez-vous nous expliquer ce que c'est "1LM" et "1TC" ?

21 R. Je ne sais pas ce que c'est qu'un "LM" et je crois que "TC" veut dire

22 "compagnie territoriale".

23 Q. Certaines unités sont en train d'être placées sous un ordre

24 commandement, certaines unités techniques, et elles sont passées sous un

25 autre commandement depuis la flotte et placer pour le 9e VPS, n'est-ce pas,

Page 7763

1 pour certaines tâches particulières ?

2 R. S'il s'agit d'une unité de la marine, il s'agit d'un dragueur de mines

3 probablement, un "LM" et, dans ce cas-là, le "TC" veut dire une vedette

4 lance-torpilles. Maintenant, j'ai lu l'ensemble du passage. Il semble qu'il

5 se réfère à des bâtiments de la marine.

6 Q. Clairement, le fait que ces installations particulières ou ces éléments

7 particuliers, qui se trouvaient sous le commandement de la flotte sont

8 placés sous le commandement du 9e VPS, indique que la flotte n'est pas

9 subordonnée au 9e VPS, n'est-ce pas ?

10 R. Oui, c'est exact. La flotte a été replacée sous le commandement du 9e

11 District naval.

12 Q. Non. Ce que je voulais dire c'étaient ces notes, qui sont prises là,

13 indiquent clairement que la flotte n'est pas sous les ordres du 9e Secteur

14 naval. La question de placer sous des ordres différents des unités de la

15 flotte sous les ordres du 9e Secteur naval ne se pose pas, en fait, puisque

16 la flotte se trouvait dans le 9e Secteur naval ?

17 R. Mais ce n'est pas le cas, ce ne serait pas le cas.

18 Q. Voulez-vous maintenant, s'il vous plaît, lire les notes qui sont prises

19 juste en bas. Il y est dit qu'il y a une déclaration du commandant de la

20 flotte : "Je n'ai pas connaissance du consentement du KVPO que vous avez

21 obtenu pour ce qui est de l'utilisation des navires de la flotte, 14 heures

22 25." Ceci est un message du commandant de la flotte adressé au capitaine

23 Zec, n'est-ce pas ?

24 R. Non.

25 Q. Est-ce que ceci n'est pas un message adressé au capitaine Zec ?

Page 7764

1 R. Il faut que je lise. Oui, oui, si. Il est adressé au capitane Zec, il

2 était le chef d'état-major du Secteur naval. Le commandant de la flotte, je

3 ne peux plus vous dire qui était le commandant à l'époque.

4 Q. Le commandant est en train de dire au capitaine Zec qu'il n'a pas

5 connaissance d'un consentement qui aurait été donné par le district

6 militaire naval aux fins de certaines activités. Est-ce que ce n'est pas ce

7 que le commandant de la flotte dit ici ?

8 R. Laissez-moi d'abord lire avant de répondre. Ce document a été envoyé au

9 capitaine Zec parce qu'il est probable que préalablement quelqu'un avait

10 demandé le remplacement des navires qui avaient été en mer pendant un

11 certain temps, longtemps. Il est question ici de 80 jours. Il fallait les

12 remplacer ces navires et donner du temps aux équipages pour se reposer. La

13 demande portait sur un dragueur de mines et un lance-torpilles pour

14 remplacer les vaisseaux qui leur avaient été attribués, jusqu'à ce moment-

15 là. Leurs devoirs étaient d'escorter des convois et d'effectuer d'autres

16 tâches selon que le besoin.

17 Q. Ce qui est dit du KVPO, si c'est bien le district naval, n'est-ce pas ?

18 R. Oui. Il y a approbation du fait que ces deux navires sont placés sous

19 un autre commandement.

20 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire : dans le journal de guerre

21 que vous avez devant vous, indépendamment des notes qui ont été inscrites

22 de temps en temps, il y avait quand même un résumé des évènements de la

23 journée, qui indiquait -- qui marquait ce résumé des évènements de la

24 journée dans le journal de guerre ?

25 R. Le résumé des évènements du jour, dans le journal de guerre, c'est à

Page 7765

1 cela que vous voulez vous référer, le résumé quotidien ? C'est,

2 essentiellement, un résumé quotidien.

3 Q. Mais les personnes, qui font ces résumés des évènements de la journée,

4 regardent l'ensemble des notes déjà prises et résument les évènements ou

5 les différentes mentions pour en faire un résumé, c'est nécessaire pour un

6 résumé des évènements, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Pourriez-vous maintenant passer au résumé concernant le 6 décembre qui

9 se trouve à la page juste avant la page 67. Là, on trouve, c'est juste

10 avant la page 67.

11 R. Résumé des évènements du 6 décembre 1991.

12 Q. Dans ce résumé, on commence par indiquer, on voit : 0010 à 06 heures.

13 L'ennemi a ouvert le feu à la mitrailleuse et ainsi que des tirs isolés

14 contre l'opposition de Strincjera. De 6 heures à 7 heures 45, des tirs de

15 82 millimètres ont été essuyés depuis Srdj, Lazaret, et H. Neptun à

16 Strincjera. Jusqu'à ce moment-là, il y a des obus. Des tirs ininterrompus

17 de mortier proviennent des hôtels Libertas, Babin Kuk et de Velika Petka. A

18 11 heures 20, des tirs de 120 millimètres continuent sur Srdj.

19 Pourriez-vous, s'il vous plait, maintenant tourner la page et examiner les

20 entrées qui figurent au 6 décembre 1991. N'est-il pas vrai qu'il n'y a pas

21 une seule entrée ou mention pour le 6 décembre qui permet d'étayer ce

22 passage particulier ?

23 R. Est-ce que je peux répondre.

24 Q. Oui, s'il vous plaît.

25 R. Ce résumé des événements a été rédigé par Kozaric, mais seulement après

Page 7766

1 avoir reçu les rapports des commandants qui se trouvaient au poste de

2 commandement avancé. Dans cette longue série d'évènements qui ont eu lieu à

3 cette date, les commandants et les chefs de compagnies n'ont pas été en

4 mesure de rendre compte de tous les évènements afin qu'ils puissent être

5 enregistrés dans le journal de guerre. Ils les ont simplement écrits dans

6 leurs carnets de notes, et lorsqu'ils se sont réunis dans la soirée, ils

7 ont rendu compte du nombre d'obus qui avait été tiré, qui les avait tirés,

8 et cetera. Dans la soirée, ils ont fourni des données plus précises, et

9 c'est la raison pour laquelle Kozaric a, à ce moment-là, rédigé ce résumé,

10 sinon, ce type de résumé n'est pas rédigé pendant une journée normale.

11 Q. Comment est-ce que vous savez cela, Monsieur le Témoin ? Qu'en savez-

12 vous ?

13 R. Je sais parce qu'on n'avait pas fait de résumé pour d'autre jour.

14 C'était le seul évènement vraiment important au cours de cette période, et

15 c'est pour cela ce résumé a été rédigé, parce que pas tous les évènements

16 et incidents qui se produisent ne pouvaient être enregistrés dans le

17 journal de guerre. Les commandants étaient occupés par leurs positions,

18 leurs positions respectives. Ils notaient simplement ce qui les concernait

19 dans leurs carnets de notes. Ils ne voulaient pas perdre du temps en nous

20 téléphonant à l'époque parce que leur préoccupation essentielle était de

21 s'acquitter des devoirs de leur commandement, tous ceux qui, évidemment,

22 étaient impliqués dans cette lutte. Dans la soirée, ils ont été en mesure

23 de donner des informations plus précises.

24 Q. De sorte que quand ces commandants sont venus et ont rendu compte à

25 Kozaric, est-ce que vous étiez présent ? Est-ce que c'est comme cela que

Page 7767

1 vous savez tout cela ?

2 R. Je suis au courant du fait de ces informations en tant qu'officier, en

3 tant qu'officier de carrière.

4 Q. Monsieur Drljan –-

5 R. En ce –-

6 Q. S'il vous plaît, je vous ai posé une question précise. La question que

7 je vous pose c'est : étiez-vous présent lorsque ces commandants sont venus

8 et ont rendu compte à Kozaric ?

9 R. -- vous donnez une réponse.

10 Q. Vous commencez par répondre oui ou non, vous expliquerez ensuite.

11 R. Je n'étais pas présent parce que, quand un homme est censé être chargé

12 du briefing, il est la seule personne présente et les commandants sont

13 présents. Les autres ne sont pas nécessaires et leur présence n'est pas

14 nécessaire. Par conséquent, à moins de recevoir un ordre précis, dans le

15 sens contraire, on n'est pas là.

16 Q. Est-ce que, vous savez, auprès d'une autre source que, dans la soirée

17 du 6 décembre, des commandants et, lorsque vous dites "des commandants",

18 vous voulez dire commandants du 3e Bataillon. Est-ce que c'est à cela que

19 vous vous référez lorsque vous dites qu'ils étaient présents pour rendre

20 compte à Kozaric et sur ce qui s'est passé au cours de la journée ?

21 R. Certainement, mais je n'étais présent, et je ne peux pas soutenir quoi

22 que ce soit sur ce qui a été rapporté.

23 Q. Est-ce que vous savez si les commandants de compagnies sont également

24 venus avec le commandant du 3e Bataillon ? Est-ce qu'ils ont rendu compte à

25 Kozaric dans la soirée du 6 décembre ? Est-ce que c'est ainsi que ces

Page 7768

1 renseignements ont été obtenus ?

2 M. RODIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

4 M. RODIC : [interprétation] Au cours de sa déposition, le témoin n'a pas

5 dit nulle part que le 6 décembre --

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic, je vous remercie. Je

7 comprends la portée de votre objection. La question qui a été posée est

8 très claire et elle peut y être répondue indépendamment de ce qui peut

9 avoir été dit précédemment dans la déposition.

10 Poursuivez, Madame Mahindaratne.

11 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le

12 Président.

13 Q. Voudriez-vous s'il vous plaît répondre, Monsieur Drljan. Est-ce que

14 vous savez si, en plus du commandant du 3e Bataillon, les chefs de

15 compagnies du 3e Bataillon étaient présents à un endroit quelconque où on a

16 rendu compte à Kozaric des événements qui s'étaient produits pendant la

17 journée ? Est-ce que vous le savez ?

18 R. Je ne sais pas cela. Je ne me souviens pas. D'habitude, les chefs de

19 compagnies font rapport au commandant du bataillon qui, à son tour, nous

20 fait rapport.

21 Q. Mais qui sont les chefs ou commandants ? Vous parlez au pluriel. Qui

22 sont les officiers chargés d'un commandement qui ont rendu compte à Kozaric

23 et que vous avez mentionnés plus tôt, en plus du commandant du 3e Bataillon

24 ?

25 R. Mais à quel commandant ou chef vous référez-vous ? Ce ne sont pas des

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1 commandants au sens de chef de section ou chef de bataillon des unités. Ce

2 sont des commandants. C'était très différent ceux lui ont rendu compte. Il

3 y a une différence essentielle, ce sont ceux qui exercent un commandement.

4 Q. A qui faisiez-vous allusion lorsque vous avez dit que quelqu'un avait

5 fait rapport à Kozaric, ce qui a amené à rédiger ce résumé dans le journal

6 de guerre ? Vous avez dit que le commandant du 3e Bataillon. En plus de

7 cela, qui d'autre a rendu compte à Kozaric ? Est-ce que vous le savez ?

8 Parce que vous avez dit cela avec certitude. C'est pour cela que je vous

9 pose la question ?

10 R. J'ai dit, avec toute certitude, qui était censé être là pour rendre

11 compte. Je ne l'ai pas vu puisque je n'étais pas présent. Je suis allé à ma

12 chambre, parce que je n'étais pas invité à assister à ce briefing.

13 C'étaient les commandants de bataillon ou les commandants de détachement

14 qui sont censés faire rapport.

15 Q. Indépendamment du commandant du 3e Bataillon, qui d'autre était censé

16 s'y trouver ?

17 R. Personne, personne de son unité.

18 Q. Comment le savez-vous ? Qui vous a dit cela ? Qui vous a dit que

19 quelqu'un avait fait rapport à Kozaric ce soir-là, et que ceci a conduit à

20 ce que ce résumé soit établi ?

21 R. Je vous l'ai dit. Je vous ai dit que le capitaine Kovacevic était censé

22 réunir tous les renseignements de ces chefs de compagnies de façon à les

23 écrire dans son carnet de notes, puis, d'aller en personne au poste de

24 commandement avancé et de faire rapport à Kozaric.

25 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait présenter au

Page 7770

1 témoin les pièces D64 et D61 ?

2 Q. Monsieur Drljan, pour gagner du temps, je vais vous poser des questions

3 concernant ces documents tout de suite. Voudriez-vous, s'il vous plaît, y

4 jeter un coup d'œil ? Ce sont des rapports de combat qui ont été présentés

5 par le capitaine Zec. Est-ce que vous remarquez que des affirmations, que

6 l'on trouve dans le document D64, concernant des tirs d'armes à feu dans la

7 région ou dans le secteur de la vieille ville, ne figurent pas au journal

8 de guerre ? Il n'y a aucune mention à ce sujet.

9 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, Monsieur le

10 Président, la Défense ne nous a pas fourni de traduction anglaise de ce

11 document. C'est un document qui avait été présenté à l'amiral Jokic. Nous

12 nous efforçons évidemment d'obtenir ce qu'il faut. Je parle du document

13 D64. Pourrais-je avoir un instant de plus, s'il vous plaît, Monsieur le

14 Président ?

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous avez d'autres

16 questions après celle-ci ?

17 L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît

18 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Excusez-moi. Juste trois ou quatre

19 questions à poser. Si le moment est venu de suspendre la séance, après

20 cela, il me faudra qu'environ cinq minutes tout au plus, Monsieur le

21 Président.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que ce serait mieux de faire

23 comme cela. Ceci permettrait d'ailleurs au témoin de finir de lire les deux

24 documents.

25 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président.

Page 7771

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ensuite, vous pourrez rassembler vos

2 pensées pour en terminer rapidement.

3 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le

4 Président.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis en train de

6 devenir très préoccupé par les questions de temps, du temps qui est

7 nécessaire pour chaque témoin, tant du côté de la Défense que du côté des

8 conseils d'Accusation. Nous sommes en train de prendre du retard avec

9 chaque témoin pour le moment.

10 L'audience est suspendue. Nous reprendrons à 18 heures 00.

11 --- L'audience est suspendue à 17 heures 41.

12 --- L'audience est reprise à 18 heures 05.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Mahindaratne.

14 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Monsieur

15 le Président, j'ai fait une erreur lorsque j'ai parlé de la pièce à

16 conviction D64. En fait, il s'agissait de D62. Au cours de la suspension de

17 séance, avec l'aide du Greffier d'audience, nous avons réussi à obtenir la

18 pièce voulue pour le témoin.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D62 et D61. C'est à cela que l'on fait

20 référence ?

21 L'INTERPRÈTE : Microphone, Monsieur le Président, s'il vous plaît.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mon microphone n'était pas allumé.

23 Excusez-moi. Il s'agit de D62 et D61. C'est bien de cela que vous voulez

24 parler ?

25 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

Page 7772

1 Q. Monsieur Drljan, est-ce que vous avez eu la possibilité d'examiner ces

2 documents ?

3 R. Oui.

4 Q. Dans le document qui est daté du 5 décembre 1991, le D61, le premier

5 paragraphe a trait à des tirs provenant de positions ennemies. Est-ce que

6 vous trouvez dans le journal de guerre, le D96, pour les notes que vous

7 avez prises en ce qui concerne le

8 5 décembre 1991, une entrée qui corresponde à ce rapport-ci, à savoir, un

9 rapport concernant des tirs provenant des forces ennemies le 5 décembre

10 1991 ?

11 R. Donnez-moi un instant, s'il vous plaît.

12 Q. Il n'y a aucune note correspondante à ce rapport, n'est-ce pas ? Rien

13 n'a été inscrit ?

14 R. 23 heures 55. Veuillez me donner un moment, s'il vous plaît, pour

15 examiner cela. 23 trois heures 55, le 5, il -- on voit que Koracevic a dit

16 qu'il avait essuyé les tirs, et la réponse a été qu'il devait s'abstenir de

17 riposter. C'est 23 heures 55. Au cours de la journée, le feu n'a pas été

18 ouvert d'après le registre, d'après le journal tout au moins, mais on a

19 ouvert le feu plus tard dans la soirée, page 66, 23 heures 55.

20 Q. Monsieur Drljan, le rapport D66 a été déposé à 17 heures le 5 décembre

21 1991. N'est-ce pas le cas, n'est-ce pas vrai ?

22 R. Oui. Pourriez-vous, s'il vous plaît, ne pas me donner le numéro du

23 document, parce que ce numéro n'est pas indiqué sur mon exemplaire du

24 document. Donnez-moi simplement, s'il vous plaît, la date et l'heure.

25 Q. Le rapport daté du 5 décembre 1991, émanant du capitaine Zec, qui a

Page 7773

1 trait au fait que les forces ennemies ont ouvert le feu, il a été rédigé à

2 17 heures, non ?

3 R. C'est exact.

4 Q. Il n'y a pas d'autre entrée dans le journal de guerre qui puisse étayer

5 ce qui est mis dans ce rapport. C'est ce que j'ai voulu dire. Pourriez-

6 vous, s'il vous plaît, répondre par un oui ou par un non.

7 R. Pas en ce qui concerne l'heure qui est enregistrée, là. Probablement,

8 c'est Kozaric qui a écrit ce rapport, et ce rapport est signé par Zec,

9 parce que --

10 Q. Monsieur Drljan, ma question était de dire qu'il n'y avait pas

11 d'entrées correspondantes au journal de guerre. Veuillez, s'il vous plaît,

12 limiter votre réponse à ma question.

13 R. Il n'y a pas d'entrées correspondantes, mais --

14 Q. Je vous remercie. Maintenant --

15 R. Le rapport du soir, veuillez, s'il vous plaît, me permettre de finir ma

16 réponse. Ce jour-là, les commandants sont venus au rapport pour rendre

17 compte de ce qui c'était passé la veille. Probablement, ils l'ont fait

18 avant que ce rapport n'ait été rédigé. Ils ne l'ont pas fait par téléphone

19 au cours de la journée, parce qu'on tirait, mais plutôt, ils ont fait leur

20 rapport dans la soirée lorsqu'ils sont venus en personne. Par conséquent,

21 il s'agissait d'un rapport présenté oralement.

22 Q. Voudriez-vous, s'il vous plaît, jeter un coup d'œil au document, daté

23 du 6 décembre 1991, qui a été présenté par le capitaine Milan Zec. Dans ce

24 rapport, au premier paragraphe, il est question de tirs provenant de la

25 région de Stradun ainsi que du port de la vieille ville.

Page 7774

1 R. C'est ce que vous avez déjà dit tout à l'heure, c'est que vous

2 soutenez. Je ne l'ai pas dit, mais vous avez soutenu que j'ai dit cela.

3 Cela a été enregistré. J'ai dit à Kozaric cela verbalement dès que je suis

4 arrivé.

5 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me laisser terminer ma question ? J'ai

6 des problèmes -- des contraintes de temps. Ce document D62, qui contient

7 l'affirmation ayant trait au fait qu'on a tiré depuis la vieille ville ou

8 de la région de la vieille ville et du port de la vieille ville, n'est pas

9 étayé par une mention quelconque dans le journal de guerre, à la date du 6

10 décembre 1991, oui ou non ?

11 R. Il n'y a pas de mention à ce sujet, mais j'ai déjà dit verbalement,

12 j'ai dit verbalement à Kozaric dès que j'ai pu le faire que j'avais vu un

13 mortier qui était positionné sur le Stradun, et que j'avais vu des tirs, ou

14 plus exactement une flamme derrière la colonne orlando qui se trouve près

15 du port de la vieille ville. C'est comme cela qu'il a inscrit quelque chose

16 dans le registre. Il n'a pas enregistré cela dans le journal de guerre,

17 mais il l'a inclus dans le rapport.

18 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait montrer au témoin

19 la pièce D105, s'il vous plaît ?

20 Q. Monsieur Drljan, est-ce que vous remarquez que cet ordre qui est de ne

21 pas utiliser les armes, a été émis ou est conforme à la résolution qui a

22 été adoptée par le conseil de Sécurité des Nations Unies ? Ceci est dit au

23 paragraphe dudit document. Avez-vous remarqué cela ?

24 R. Oui, j'ai remarqué cela; je l'ai vu.

25 Q. Je vous remercie.

Page 7775

1 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Ceci conclut le contre-interrogatoire,

2 Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Madame Mahindaratne.

4 Maître Rodic.

5 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

6 Nouvel interrogatoire par M. Rodic :

7 Q. [interprétation] Monsieur Drljan, puisque nous en sommes toujours au

8 document D62, je pense que c'est un rapport régulier de combat, d'une

9 manière d'opération daté du 6 décembre 1991, n'est-ce pas ?

10 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Objection, Monsieur le Président,

11 puisqu'il n'y a pas de référence indiquant qu'il s'agit là d'un document

12 qui est un rapport de combat régulier.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Avec tout le respect que je vous dois,

14 je pense que ceci figure à l'en-tête du document. Vous pouvez continuer,

15 Maître Rodic.

16 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur l100e Président.

17 Q. Monsieur Drljan, vous avez ce rapport sous vos yeux. Je vous prie de

18 bien vouloir vous référer à présent au journal de guerre, et d'examiner ce

19 qui est écrit entre la page 66 du journal de guerre et la page 67. Il

20 s'agit là de la première page écrite à la main; le récapitulatif des

21 événements.

22 R. Oui.

23 Q. Dans la partie encadrée et écrite à la main, où il est écrit du feu ou

24 vers des positions depuis les mortiers à Lazareti, en tirant sur l'hôtel

25 Neptune. Ensuite, les tirs sur Sustjepan, et cetera. Pourriez-vous à

Page 7776

1 présent regarder le point 2 du rapport de combat régulier et me dire si ces

2 informations y figurent ?

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce qu'on parle exactement du nombre d'obus tirés ?

5 R. Oui.

6 Q. Dans le journal de guerre, dans la pièce D96, les rubriques qui y

7 figurent, puisque c'est un tableau, c'est un grand tableau qu'on vient

8 d'inscrire ces informations. Est-ce que ces informations figurent à la

9 colonne droite ?

10 R. Pourriez-vous, s'il vous plaît, répéter votre question ?

11 Q. A chaque page on voit un tableau, des lignes, des colonnes où l'on peut

12 y inscrire l'heure, le contenu, les remarques. Est-ce que ceci est inscrit

13 sur la page droite du journal de guerre ?

14 R. Oui.

15 Q. La page du milieu, celle qui est photocopiée, ou plutôt le

16 récapitulatif des événements. Est-ce bien la page blanche qui est à côté de

17 la page droite, où sont justement inscrites des remarques en marge ?

18 R. Oui.

19 Q. Très bien.

20 R. Oui, puisque ce récapitulatif concerne la journée toute entière.

21 Q. Au point 1, l'ennemi, le rapport de combat régulier. Dans vos journaux,

22 les journaux de guerre, la pièce D96, à 7 heures 15, fait-on mention à 6

23 heures, à peu près à 6 heures, des tirs de Srdj vers Strincjera avec des

24 Zolja et des mortiers de 82 millimètres ?

25 R. Si dans le journal, si on retrouve ces informations concernant le feu

Page 7777

1 ouvert --

2 Q. Oui, sur les positions de Strincjera.

3 R. Sur les positions de Strincjera.

4 Q. A 7 heures 15.

5 R. Oui, on tire depuis Srdj sur les positions de Strincjera vers 6 heures

6 du matin avec des Zolja et des mortiers de

7 82 millimètres. Oui, en effet. Je vois cette inscription ici.

8 Q. Entre la page 69 du journal et la page 70, c'est une photocopie de la

9 page vierge. On voit quelque chose d'inscrit, à savoir, le 6 décembre 1992,

10 tués.

11 R. Oui, je vois cela.

12 Q. Est-ce que dans le rapport de combat régulier, on inscrivait le nom des

13 tués et des blessés ?

14 R. Non.

15 Q. A présent, je vais vous demander de regarder le rapport de combat

16 régulier D61 en date du 5 décembre. Je vous prie de garder à même temps le

17 journal de guerre.

18 Q. Est-ce que vous avez ce rapport D61 sous vous yeux ?

19 R. Oui.

20 Q. A présent, pourriez-vous regarder ce qui figure au journal de guerre

21 entre la page 63 et 64 où, à nouveau, on voit cette page blanche, page

22 vierge qui est la page de gauche du journal de guerre ? A nouveau, dans la

23 partie encadrée au crayon papier, on parle de la période allant entre 15

24 heures et 15 heures 30, Podrezje, le feu, le Solitudo, le feu. Ensuite --

25 R. Oui, c'est exact.

Page 7778

1 Q. Entre 15 heures 30 et 16, Zarkovica, Strincjera, Bosanka.

2 R. Oui.

3 Q. Ensuite, entre 11 heures et 1 heure, Bosanka, Dubrovnik ?

4 R. Oui.

5 Q. Est-il possible d'écrire quelque chose sur la partie

6 gauche ?

7 R. Oui.

8 Q. Pourriez-vous examiner le point 1, du rapport de combat régulier, la

9 pièce D61 ? Une mention qu'ont de vaisseau français Cap Africa.

10 R. Oui, en effet.

11 Q. A présent, regardez, s'il vous plaît, ce qui figure dans le journal de

12 guerre au niveau du 5 décembre. Est-ce que ce qui figure à 8 heures 13 ou 8

13 heures 40, à 9 heures 55 ? Est-ce que ceci peut correspondre justement à ce

14 bateau, Cap Africa ?

15 R. Oui, au début. A 8 heures 30, on voit la position, la position du

16 bateau.

17 Q. Ensuite, à 8 heures 40, on l'identifie ?

18 R. Oui.

19 Q. A 10 heures 25 ?

20 R. Stojadinovic, Cap Africa. Après avoir reçu l'appel --

21 Q. Vous n'avez pas besoin de lire tout cela. Dites-moi, si on parle du

22 bateau là.

23 R. Oui.

24 Q. Ensuite, à la page 63, à 11 heures 45 ?

25 R. Oui.

Page 7779

1 Q. A la page 65, à 16 heures ?

2 R. Oui, à nouveau.

3 Q. Je n'ai plus besoin de cette pièce. A présent, je voudrais demander que

4 l'on place devant le témoin la pièce du Procureur P219. Vous pouvez garder

5 le journal devant vous.

6 Si vous comparez ces deux images, Monsieur Drljan, est-ce que vous avez

7 l'impression que les conditions météo, les conditions géographiques des

8 deux photos sont identiques, à première vue ? Est-ce que vous avez cette

9 impression-là ?

10 R. Je dirais que oui, sauf qu'il y a une photo qui est un peu plus floue.

11 Q. Pourriez vous nous dire qu'elle est la photo qui est plus floue ?

12 R. La photo de gauche.

13 Q. Là où il y a plus de vert ?

14 R. Oui.

15 Q. La photo qui est plus floue, dans quelle partie de la photo par rapport

16 au canon du mortier la photo n'est pas claire, elle est floue ?

17 R. C'est juste au-dessus de cet homme penché à côté de l'obus.

18 Q. Est-ce que ceci commence justement par la bûche du canon du mortier ?

19 R. Non, je ne pense pas, car on ne le voit pas sur l'autre côté.

20 Q. Les soldats qui sont à côté de ces mortiers, est-ce qu'ils sont tous

21 abrités par rapport à l'extrémité du canon ?

22 R. Oui, à peu près.

23 Q. Si l'on examine les photos, est-ce que la distance des obus par rapport

24 à l'extrémité du canon est la même ?

25 R. Sur la photo droite, je peux voir à quelle distance se trouve l'obus,

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1 mais sur l'autre non, puisque je ne vois pas le canon.

2 Q. Je vais vous aider. Le soldat, pas celui qui vous tourne le dos, mais

3 celui qui vous voyez de face, à côté du casque, entre les deux casques,

4 est-ce que vous voyez un canon ?

5 R. Sur la photo gauche ? Oui, j'y vois un canon.

6 Q. Est-ce que vous êtes en mesure de reconnaître ce canon ?

7 R. Non, normalement, un canon devrait être derrière ces soldats, les

8 soldats que je vois de face en suivant le tracé de l'obus, mais je ne vois

9 pas ce canon.

10 Q. Savez-vous pendant combien de temps on voit l'éclair de lumière après

11 avoir tiré avec un mortier ?

12 R. C'est une fraction de seconde, mais c'est une supposition que je fais.

13 Q. Très bien, je n'ai plus besoin de cette photo.

14 Pourriez-vous me dire si vous savez, de façon approximative, quelle

15 est la distance qui sépare à vol d'oiseau Zarkovica de Stari Grad ?

16 R. A peu près 2 000 mètres.

17 Q. Merci. Monsieur Drljan, pourriez-vous nous dire qu'est-ce que c'est

18 qu'un rapport de combat régulier ? Quel genre de document cela représente ?

19 R. C'est un document de base concernant une journée. On y inscrit toutes

20 les activités et les informations pertinentes pour toutes les unités sur le

21 terrain ainsi que tous les rapports reçus, les ordres reçus, ou les ordres

22 donnés ou transmis, ainsi que tous les mouvements, dans notre cas, de

23 vaisseaux, et tous les éléments, tout simplement, qu'il convient de noter :

24 les blessés, les pertes, les tués, et cetera.

25 Q. Sur la base de quoi élabore-t-on ce rapport de combat régulier ?

Page 7781

1 R. Sur les rapports des unités, les rapports quotidiens et les rapports

2 des commandants des unités, les rapports qui sont faits le soir quand ils

3 viennent participer à cette réunion d'information régulière. Ce sont les

4 sources principales de ce genre de rapport. On utilise, également, ce

5 journal de bord et toutes les autres informations reçues ou envoyées. Je

6 peux vous dire que ce rapport contient, simplement, des points réguliers.

7 Q. Monsieur Drljan, peut-on dire que les deux sources principales pour

8 élaborer un tel rapport consistent à un rapport des commandants de

9 différentes unités et à une transcription des informations reçues des

10 centres Opérationnels ?

11 R. Oui, les informations venant aussi bien des centres Opérationnels que

12 des commandements, et cetera.

13 Q. Est-ce qu'on peut, ici, inclure des renseignements ?

14 R. Oui.

15 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous prie de bien vouloir

16 communiquer au témoin la pièce D96.

17 Q. Monsieur Drljan, pourriez-vous examiner la page 66 du journal de guerre

18 ?

19 R. Oui.

20 Q. Mon confrère du bureau du Procureur vous a posé un certain nombre de

21 questions concernant les instructions qui figurent au niveau de 19 heures

22 40 et 19 heures 42.

23 R. Oui.

24 Q. Pourriez-vous le lire ? Vous pouvez le lire pour vous-même, vous n'avez

25 pas besoin de le lire à haute voix.

Page 7782

1 Est-ce que vous avez lu le passage ?

2 R. Oui.

3 Q. Dites-moi, maintenant : concernant les entrées faites à 19 heures 40 et

4 à 19 heures 42, est-ce que vous voyez les mots : "Cessez-le-feu, ou arrêtez

5 le feu" ?

6 R. Non.

7 Q. Est-ce que vous voyez les paroles : "Accord de cessez-le-feu ou accord

8 de paix" ?

9 R. Non.

10 Q. Qu'en est-il pour l'entrée faite à 20 heures 12 dans le journal qui

11 suit, immédiatement, les deux entrées précédentes ?

12 R. Oui, je viens de prendre connaissance du passage.

13 Q. Est-ce que là, on ne répond pas aux demandes de la cellule de Crise de

14 Dubrovnik qui demandait à ce que la ligne maritime Dubrovnik et

15 [imperceptible] doit être établie et que l'on puisse permettre aux pompes à

16 eau de commencer leur travail le 12 décembre ?

17 R. Non.

18 Q. Le commandement du 9e VPS exprime, ici, la volonté de se plier aux

19 demandes.

20 Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, le conseil pose

21 des questions directrices.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le commentaire est très juste, Maître

23 Rodic. Objection retenue.

24 M. RODIC : [interprétation] Merci, j'essayais, simplement, d'aller plus

25 rapidement.

Page 7783

1 Q. Veuillez, je vous prie, lire la dernière phrase.

2 R. Celle indiquée à côté de l'entrée 20 heures 12 ?

3 Q. Oui.

4 R. "Nous nous sommes prêts à résoudre la situation sous peu, qui dépendra,

5 principalement, sur les résultats des négociations qui doivent avoir lieu à

6 Cavtat, le 6 décembre 1991."

7 Q. Est-ce que cela indique un accord sur le cessez-le-feu ?

8 R. Non.

9 Q. Est-ce que cela indique que les négociations avaient toujours lieu ?

10 R. Oui.

11 L'INTERPRÈTE : Il s'agit sans doute d'une entrée erronée.

12 Q. Le 5 décembre, est-ce que quelqu'un du commandement du 9e VPS a

13 mentionné un cessez-le-feu définitif ?

14 R. Non.

15 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

16 [Le conseil de la Défense se concerte]

17 M. RODIC : [interprétation] J'en ai terminé avec les questions

18 supplémentaires.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Rodic.

20 Monsieur Drljan, nous aimerions vous remercier de vous être déplacé. Nous

21 vous remercions de l'aide que vous avez apporté au Tribunal. Je suis

22 heureux de vous apprendre que vous êtes, maintenant, libre de regagner

23 votre demeure. Je vous remercie de vous être déplacé, bon voyage.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est moi qui vous remercie et au revoir.

25 [Le témoin se retire]

Page 7784

1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic.

2 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais citer

3 notre prochain témoin à la barre, par contre si vous estimez qu'il vaut

4 mieux commencer demain, nous le ferons. Si vous souhaitez commencer

5 aujourd'hui, nous pouvons, certainement, profiter des 20 minutes qui nous

6 restent avant la fin de l'audience d'aujourd'hui. Cela dépend de votre

7 volonté, Monsieur le Président. C'est la raison pour laquelle, avec votre

8 permission, nous appellerons à la barre, Slavoljub Stojanovic.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

10 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute, Maître Weiner.

12 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, puisque nous avons

13 quelques instants devant nous avant l'entrée du témoin, j'aimerais parler

14 des problèmes que nous avons concernant des documents ou des notes de

15 recollement concernant le prochain témoin. Nous devrions recevoir des notes

16 pour un autre témoin qui témoigne demain. Je voulais, simplement, passer en

17 revue la liste des témoins afin que nous sachions ce qui nous attend pour

18 la semaine.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En fait, vous voulez savoir quels sont

20 les témoins à venir pour la semaine ?

21 M. WEINER : [interprétation] En fait, nous attendons que les notes de

22 recollement nous parviennent. Cela nous parviendra, probablement, ce soir

23 entre 9 heures 30 et 11 heures du soir. Ce sont les notes finales de

24 recollement. Nous traiterons de cette question demain, et nous les lirons

25 demain. Je voulais, simplement, confirmer qu'il n'y avait pas d'autre

Page 7785

1 témoins après le témoin de demain. Je voulais, simplement, que l'on

2 confirme ceci.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En fait, cela dépendra de votre

4 contre-interrogatoire. Si vous êtes très rapide, nous allons pouvoir

5 terminer à ce moment-là. Cela dépendra de vous.

6 M. WEINER : [interprétation] En fait, il semblerait qu'ils n'ont qu'un

7 autre témoin de prévu après le témoin de demain.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela dépendra. Après la fin du témoin

9 suivant, il y en aura un autre.

10 M. WEINER : [interprétation] En fait, on nous a dit que l'on terminera

11 l'audition de ce témoin demain, ensuite, il y aura un autre témoin. Nous

12 aimerions savoir si un autre témoin viendra témoigner demain et si oui,

13 nous souhaiterions avoir des notes de recollement ce soir, afin de pouvoir

14 nous préparer.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je comprends ce que vous voulez dire.

16 Vous voulez savoir si on vous communiquera les notes de recollement afin

17 que vous puissiez vous préparer en temps et lieu.

18 M. WEINER : [interprétation] Oui, j'avais l'impression que ce témoin

19 terminera sa déposition demain et qu'il y aura un autre témoin encore pour

20 la journée de demain. Deux témoins pour mercredi, et deux autres témoins,

21 jeudi.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En fait, cela dépendra de la durée de

23 la déposition de chaque témoin. Nous ne voulons pas décourager les parties

24 de procéder plus rapidement lors de l'audition du témoin. Nous sommes,

25 quelque peu, préoccupés par la lenteur de la déposition des témoins.

Page 7786

1 M. WEINER : [interprétation] En fait, je n'avais pas encore reçu de notes

2 de recollement. La Défense nous a dit qu'il n'y aura pas de troisième

3 témoin pour la journée de demain. C'est la raison pour laquelle, je

4 souhaitais évoquer ce fait.

5 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, avant de poursuivre,

7 il est peut-être mieux de demander au témoin de s'asseoir.

8 Je vous remercie de votre patience, Monsieur le Témoin. Je vous écoute,

9 Maître Petrovic.

10 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre

11 permission, je souhaiterais expliquer les choses. Voici, après M.

12 Stojanovic, nous avons prévu de faire entendre un prochain témoin, qui

13 s'appelle M. Kurdulija, ce témoin est déjà prêt. Concernant la teneur de sa

14 déposition, nous avons informé, de façon orale, nos éminents confrères. Dix

15 à 15 minutes après la fin de la session d'aujourd'hui, dans la demi-heure

16 qui suivra cette audience, ils recevront, par écrit, les notes de

17 recollement. Nous avons, déjà, informé oralement de la teneur du témoignage

18 de M. Kurdulija. Cela sera fait, certainement, par écrit.

19 Avec votre permission, Monsieur le Président, je demanderais que M.

20 Stojanovic témoigne encore demain. M. Stojanovic prendra la majeure partie

21 de la journée de demain. Nous espérions pouvoir terminer l'interrogatoire

22 principal et le contre-interrogatoire de M. Kurdulija. Malheureusement,

23 pour ce qui est du troisième témoin de prévu pour la journée de demain, je

24 ne suis pas certain, même si ce témoin est à la Haye, qu'il pourra venir

25 témoigner puisque je ne suis pas certain, qu'il soit prêt à sortir devant

Page 7787

1 cette honorable Chambre. C'est ce que nous allons faire, soit ce soir, ou

2 je ne sais plus trop à quel moment.

3 Les choses sont, simplement, telles qu'elles sont et, malheureusement, je

4 dois mentionner que cette situation s'avèrera encore pire, puisque nous

5 avons entendu et nous avons pris connaissance du calendrier de demain, ce

6 qui veut dire que nous serons ici entre 9 heures 30 et 16 heures 30, ce qui

7 veut dire que nous ne pouvons récoler les témoins qu'après leur dîner qui

8 est à 19 heures, c'est un peu compliqué.

9 Je souhaiterais vous dire, Monsieur le Président, que nous essayons de

10 profiter de chaque instant de disponible pour procéder au recollement de ce

11 témoin. Malheureusement, il y a force majeure dans certaines situations, et

12 nous ne pourrons pas, toujours, préparer tous les témoins en temps et lieu.

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Petrovic, nous commencerons à 9

14 heures 30 demain matin, et non pas 8 heures 30.

15 La Chambre voulait, simplement, observer le fait qu'il y a deux conseils de

16 Défense. Vous pouvez procéder au recollement du témoin dans le cadre de la

17 journée. Il n'est pas nécessaire que vous soyez dans le prétoire tous les

18 deux au même moment. Pour ce qui est du processus de recollement, vous

19 pouvez profiter des heures d'audience pour ce faire.

20 Je crois que nous avons, suffisamment, débattu de cette affaire. Je

21 demanderais, maintenant, au témoin de se lever.

22 Monsieur, je vous prie de vous lever, de prendre la carte que l'on vous

23 remet à l'instant et je vous demanderais de prononcer la déclaration

24 solennelle.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

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1 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie et je vous prie de

3 vous asseoir.

4 LE TÉMOIN: SLAVOLJUB STOJANOVIC [Assermenté]

5 [Le témoin répond par l'interprète]

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute, Maître Petrovic. La

7 parole est à vous, Maître Petrovic.

8 Interrogatoire principal par M. Petrovic :

9 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je vous demanderais de nous dire

10 votre nom et votre prénom.

11 R. Je m'appelle Slavoljub Stojanovic.

12 Q. Qu'est-ce que vous faites comme profession ?

13 R. Je suis un militaire professionnel et j'ai le grade de lieutenant-

14 colonel.

15 Q. Qu'est-ce que vous avez fait comme études ?

16 R. J'ai terminé l'académie militaire pour les forces terrestres.

17 Q. En quelle année ?

18 R. En 1983.

19 Q. Où avez-vous été affecté après la fin de vos études à l'académie

20 militaire ?

21 R. C'était l'école d'infanterie à Bileca.

22 Q. Pourriez-vous nous dire de quel genre d'école il s'agit à Bileca ?

23 R. C'est une école, c'est une institution d'études supérieures. Elle forme

24 les officiers dans les forces armées. C'était dans une école dans laquelle

25 l'ordre et la discipline étaient –

Page 7789

1 Q. Je vous interromps. Car je voudrais vous demander, Maître Stojanovic de

2 prendre votre temps de répondre lentement et de ménager des pauses entre

3 mes questions et les réponses, car les interprètes ont du mal à poursuivre.

4 Q. Dites-nous : quelle était la réputation de l'école dans laquelle vous

5 étiez, l'école des officiers de réserve de Bileca ?

6 R. Sa réputation était particulièrement bonne. La discipline était très

7 forte. Ce n'est pas tout le monde qui pouvait obtenir ce poste, qui pouvait

8 devenir commandant là. C'est une école qui avait une très bonne renommée à

9 l'est, à l'ouest pour ce qui est de la formation des officiers d'infanterie

10 formés à Bileca.

11 Q. Où vous êtes-vous trouvé en 1991 ?

12 R. En 1991 jusqu'au 21 septembre, j'étais à Bileca, où j'ai travaillé

13 jusqu'au 21 septembre. J'ai procédé à une passation de tâches, car je

14 devais aller à l'état-major.

15 Q. Pour abréger les choses, je vous demanderais de vous concentrer, de

16 répondre aux questions que je vous pose.

17 Est-ce qu'à un certain moment donné en 1991, vous avez reçu un ordre vous

18 demandant d'être déployé temporairement dans une unité ?

19 R. Oui.

20 Q. De quel niveau de commandement il s'agissait ? Quel est le niveau de

21 commandement qui a donné cet ordre ?

22 R. C'était le QG principal.

23 Q. Où est-ce que vous avez été déployé temporairement ?

24 R. J'ai été déployé temporairement dans la 472e Brigade de Trebinje qui

25 faisait partie du 9e VPS. Ce 9e VPS était dans la composition du Secteur

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1 militaire.

2 Q. A qui vous êtes-vous présenté lorsque vous êtes arrivé à Trebinje ?

3 R. C'était au commandant de brigade, au colonel Obrad Vicic.

4 Q. Est-ce que le colonel Vicic vous a placé dans une unité qui faisait

5 partie de la 472e Brigade motorisée ?

6 R. Oui.

7 Q. Où vous a-t-il demandé de vous présenter ?

8 R. 3e Compagnie motorisée du 3e Bataillon motorisé.

9 Q. Est-ce que vous avez reçu à un certain moment donné un ordre officiel

10 vous demandant de prendre une fonction particulière ?

11 R. C'était à la fin du mois de février et au début du mois de mars 1992.

12 Q. Quelle était la fonction que vous deviez prendre ?

13 R. J'étais le commandant de la 3e Compagnie motorisée du

14 3e Bataillon motorisé du 9e VPS du Secteur maritime naval.

15 Q. Dites-nous : où était cantonnée la compagnie, votre compagnie au moment

16 où vous avez reçu l'ordre oral du commandant stipulant que vous étiez

17 maintenant le commandant de cette

18 compagnie ?

19 R. C'était à Ivanjica. C'est un endroit qui se trouve sur la frontière

20 administrative de la République de Croatie d'antan et de la

21 Bosnie-Herzégovine. C'était la frontière administrative.

22 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, il y a une erreur au

23 compte rendu d'audience à la page 84, ligne 23. On peut lire : "3e Brigade

24 motorisée de la 472e Brigade motorisée," alors qu'il s'agit du 3e Bataillon

25 motorisé de la 472 Brigade motorisée. Je vous remercie, Monsieur le

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1 Président, de votre attention.

2 Q. Dites-nous : est-ce que vous savez que la raison pour laquelle on vous

3 a demandé de devenir le commandant de la

4 3e Compagnie du 3e Bataillon de la 472e Brigade motorisée ?

5 R. Oui.

6 Q. Pourquoi ?

7 R. Parce que je devais lever le niveau de discipline dans cette unité, car

8 le niveau de discipline n'était pas satisfaisant.

9 Q. Quels étaient les problèmes auxquels la 472e Brigade faisait face, ou

10 plus concrètement, quels étaient les problèmes auxquels faisaient face la

11 compagnie dont vous êtes devenu

12 commandant ?

13 R. Pour ce qui est de la brigade et de l'unité que je devais commander,

14 c'était qu'il n'y avait pas assez de spécialisations, d'officiers

15 spécialisés dans l'unité. C'étaient des officiers de réserve de la région

16 de Dubrovnik pour la plupart. Puisque les citoyens de Dubrovnik n'ont pas

17 répondu à l'appel à la mobilisation, on n'a pas pu remplir l'unité de

18 soldats spécialisés dans certains domaines d'autres régions. Lorsque je

19 suis arrivé dans cette unité, je devais procéder à une nouvelle formation

20 des effectifs dans l'unité afin qu'ils puissent répondre à la demande et

21 puissent mener à bien les tâches nécessaires.

22 Q. Est-ce que vous étiez en mesure d'améliorer l'état de votre compagnie ?

23 R. J'estime que oui.

24 Q. Quelle était l'attitude envers les officiers de réserve et officiers

25 qui étaient venus de la brigade Bileca ?

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1 R. Vous savez, même en temps de guerre, on avait beaucoup de respect

2 envers nous, sachant que nous avions des demandes très élevées concernant

3 le travail, la discipline et ainsi de suite. On nous respectait énormément.

4 Q. Pour ce qui est du moment où vous êtes devenu commandant de la 3e

5 Compagnie jusqu'à la fin du mois de décembre, dites-moi, quelle était votre

6 évaluation de l'état de la discipline de votre

7 compagnie ?

8 R. Je considère que la discipline était à un niveau adéquat pour ce qui

9 est de ma compagnie, c'est-à-dire, conformément aux tâches que nous

10 recevions.

11 Q. Quelle était la discipline concernant l'ouverture du feu au sein de

12 votre compagnie ?

13 R. Pour vous dire, nous sommes des professionnels, des militaires de

14 carrière, nous ouvrons le feu seulement lorsque nous en recevons l'ordre.

15 Nous ne pouvions pas ouvrir le feu si l'on ne nous demandait pas de le

16 faire.

17 Q. Les membres des officiers de réserve de votre compagnie, s'agissant de

18 la période octobre et décembre 1991, est-ce qu'on pouvait les envoyer au

19 repos ?

20 R. Oui.

21 Q. De quelle façon cela se faisait-il ?

22 R. On faisait la planification. C'est moi qui faisais la planification des

23 repos. C'est moi qui établissais une liste des compagnies subordonnées, et

24 on permettait aux personnes de partir

25 48 à 72 heures. Avant le départ, chaque soldat de réserve était obligé de

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1 laisser derrière lui sa munition, son arme dans le poste chargé de

2 l'approvisionnement. Ensuite, c'était fait sous le commandement d'un

3 supérieur, d'un officier supérieur. Ces soldats, ensuite, partaient vers

4 leurs maisons pour prendre leur bain et voir leurs familles.

5 Q. Est-ce qu'un soldat de votre compagnie pouvait prendre quoi que ce soit

6 lorsqu'il partait en repos ?

7 R. C'était seulement soit la blouse, la chemise ou s'il y avait quelque

8 chose, l'équipement qu'il fallait changer. Pour ce qui est du reste, il

9 fallait tout laisser à l'unité.

10 Q. Lorsqu'un soldat de réserve quittait le déploiement, le poste de

11 déploiement et partait de repos, est-ce que les soldats avaient la

12 possibilité d'ouvrir le feu depuis leur arme ?

13 R. Non, puisque lorsqu'ils étaient de repos. Ils partaient sans leurs

14 armes parce qu'ils devaient laisser leurs armes derrière.

15 M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je propose que l'on

16 s'arrête ici pour aujourd'hui et que l'on poursuive l'audience de ce témoin

17 à 9 heures 30 demain matin.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Petrovic.

19 Monsieur Stojanovic, je vous demanderais de revenir demain car nous

20 poursuivrons votre déposition à 9 heures 30 demain matin. Merci.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

22 --- L'audience est levée à 19 heures 00 et reprendra le mardi 13 juillet

23 2004, à 9 heures 30.

24

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