Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 17 juin 2010

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour à tous dans ce prétoire.

  6   Pouvons-nous faire entrer dans le témoin dans le prétoire.

  7   [Le témoin vient à la barre]

  8   LE TÉMOIN: DANKO GOJKOVIC [Reprise]

  9   [Le témoin répond par l'interprète]

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je tiens à vous rappeler que la

 13   déclaration solennelle que vous avez faite hier au début de votre

 14   déposition est toujours en vigueur.

 15   M. McCloskey a quelques questions supplémentaires à vous poser.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci.

 17   Nous allons donc reprendre là où nous en étions. Nous avions la pièce 6347

 18   à l'écran, donc el témoin avait témoigné à propos de cette pièce. Il avait

 19   d'ailleurs l'original en main, et nous voulions examiner l'endroit où il a

 20   apposé sa signature. Vous vous souviendrez aussi que, selon lui, ce

 21   document était un document dactylographié et nous voulions savoir s'il

 22   était habituel que les documents de ce type arrivent sous forme

 23   dactylographiée ou pas.

 24   Donc nous avons une traduction anglaise, je vois, que nous pouvons verser

 25   le document au dossier, je demande le versement.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ce document sera admis.

 27   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

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  1   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Elle recevra la cote P157 [comme

  2   interprété].

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Poursuivez.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pouvons-nous maintenant passer à la pièce

  5   6348. Et je vais à nouveau donner la version originale de ce document au

  6   témoin pour qu'il ait en main.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

  8   Nouvel interrogatoire par M. McCloskey : [Suite]

  9   Q.  [interprétation] Toujours la même question, Monsieur le Témoin, sur ce

 10   document, on voit qu'il y a la mention "Ziza" en haut de ce document, en

 11   haut à droite, donc s'agit-il d'un document qui correspond à "Ziza," et non

 12   à vous-même ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Il faut regarder l'original, et pourriez-vous nous dire s'il s'agit

 15   d'une impression sortie du téléscripteur ou une impression sortie d'une

 16   machine à écrire ?

 17   R.  Ça c'est un document qui a été écrit à la machine à écrire.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci. J'aimerais demander le versement au

 19   dossier de cette pièce.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Cette pièce recevra la cote P158 [comme

 22   interprété].

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 24   Q.  Parlons maintenant de l'endroit où vous avez apposé votre signature sur

 25   les documents, soit, documents sortis de papier du téléscripteur ou les

 26   autres documents que vous avez envoyés du téléscripteur, donc pouvez-vous,

 27   s'il vous plaît, regarder quatre documents donc tout d'abord pourriez-vous

 28   identifier votre signature, et voir ensuite où vous l'avez apposée ?

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  1   Donc nous allons commencer par la pièce 6352. Je ne pense pas avoir de

  2   traduction pour ce document.

  3   Mais est-ce que vous voyez votre signature sur ce document à un endroit ou

  4   à un autre ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Où se trouve-t-elle en bas à gauche ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  C'est bien votre signature habituelle, et donc vous dites "predato"

  9   envoyé à une heure précisée à côté de la mention manuscrite, ensuite vous

 10   avez signé; c'est cela ?

 11   R.  Oui.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pouvons-nous maintenant avoir à l'écran la

 13   pièce 5914 ?

 14   Cette dernière pièce, bien sûr, recevra une cote provisoire étant donné

 15   qu'elle n'a pas de traduction à l'heure actuelle.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Elle recevra donc une cote

 17   MFI.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la cote P159 [comme interprété]

 19   MFI.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il s'agit de la pièce 5914 de notre liste

 21   65 ter, document qui, là non plus, n'est pas encore traduit. Donc nous

 22   demanderons un numéro MFI.

 23   Je suis désolé, je vois qu'il y en a fait une traduction pour ce document.

 24   Pourrions-nous aller à la page 2 de la version B/C/S, qui correspond à la

 25   page 3 de l'anglais.

 26   Q.  Reconnaissez-vous votre signature en bas à gauche, avec la mention

 27   "predato" en plus d'une heure spécifiée ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Tout cela est en bas à gauche, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Le témoin pourrait-il identifier

  4   l'écriture manuscrite qui se trouve en haut à droite ? Pourriez-vous nous

  5   dire, Monsieur le Témoin, ce qui est écrit là-haut ? Et peut-être que vous

  6   savez qui l'a écrit.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation]  Je ne sais pas de quel - qui a bien pu écrire

  8   cela. Je ne reconnais pas l'écriture, mais il est écrit "très urgent".

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'aimerais demander le versement au dossier

 11   de cette pièce.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ça recevra la cote P520.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrions-nous avoir la pièce 6350, qui n'a

 15   pas de traduction, à l'écran.

 16   Q.  Reconnaissez-vous la signature et la date en bas à gauche, dans ce

 17   document ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  De qui s'agit-il ?

 20   R.  C'est moi. C'est la mienne.

 21   Q.  Quant est-il de la partie manuscrite de ce document qui vient après la

 22   partie dactylographiée ? Il y a quatre lignes. Est-ce que vous reconnaissez

 23   l'écriture ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Très bien.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrions-nous avoir une cote provisoire en

 27   attendant la traduction ?

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Cette pièce recevra une

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  1   cote provisoire en attendant la traduction.

  2   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Elle recevra la cote MFI P521.

  3   L'INTERPRÈTE : L'interprète demande à ce que l'on corrige la pièce 5914 de

  4   la liste 65 ter. Elle reçoit la cote P519.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Donc ensuite, le dernier document, le 6351.

  6   Q.  S'agit-il bien de votre signature en bas à droite, avec la mention

  7   "predato" en B/C/S ?

  8   R.  Oui.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il n'y a pas de traduction, donc nous

 10   demanderons le versement plus tard.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Elle recevra une cote

 12   provisoire pour l'instant.

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Elle recevra la cote P522 MFI.

 14   L'INTERPRÈTE : L'interprète demande à ce que l'on corrige la pièce 6347 de

 15   la liste 65 ter. Elle reçoit la cote P517, et le 6348, le P518.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Maintenant, question suivante, qui a été

 17   abordée pour la première fois à la page 2820, ligne 15 au cours du contre-

 18   interrogatoire. Donc c'était la question à propos du ruban perforé créé par

 19   le téléscripteur afin de laisser une trace de ce qui était en train d'être

 20   envoyé par téléscripteur. Sachez que nous avons un téléscripteur quelques

 21   part. Je peux le faire venir, il n'est pas loin. Vous pouvez ainsi voir de

 22   vos yeux à quoi ressemble la machine, à quoi ressemble le ruban, à quoi

 23   sert le ruban. Je pense que vous pourrez ainsi mieux comprendre le but même

 24   de cette machine.

 25   Bien sûr, notre objectif n'est absolument pas d'apprendre à nous

 26   servir de cette machine. Mais comme nous avons beaucoup parlé du ruban

 27   perforé hier, il serait peut-être utile de voir à quoi ressemble la machine

 28   - ce n'est pas long - pour être efficace. J'ai aussi des photos de la

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  1   machine mais, malheureusement, dans les photos de ce téléscripteur, il n'y

  2   a pas de ruban.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est l'une des machines utilisées

  4   dans ce bureau en Bosnie ?

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non, non. C'est une machine qu'on a obtenue

  6   de Bosnie, en effet, quand même. Elle est presque - il me semble - enfin,

  7   nous pensons qu'elles est identique à celle sur laquelle travaillait ce

  8   témoin, bien sûr. Je ne lui ai pas encore montré cette machine. De toute

  9   façon, avec un téléscripteur, il y a toujours le ruban. Je pense que,

 10   lorsque l'on voit la machine et le ruban, on comprend mieux les questions

 11   du général lorsqu'il posait des questions sur ce ruban perforé au témoin.

 12   [La Chambre de première instance se concerte]

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Montrez-nous la machine.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît, tourner la

 15   machine pour qu'elle soit face aux Juges, afin que nous puissions bien la

 16   voir. J'ai aussi une photographie de la machine, la pièce 6557 [comme

 17   interprété].

 18   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que cette machine vous dit quelque chose ?

 19   Enfin, ce type de machine en tout cas.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Lorsque vous avez répondu au général Tolimir, vous avez dit que vous

 22   aviez deux types de machines à la Brigade de Rogatica lorsque vous y

 23   travailliez. Est-ce qu'il s'agit -- est-ce que cette machine est justement

 24   l'un des modèles que vous aviez ?

 25   R.  Oui.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je tiens à dire pour le compte rendu qu'il

 27   s'agit d'une machine ETL/1. On le voit d'ailleurs à l'écran.

 28   Q.  Bon, nous n'avons pas besoin d'apprendre à nous servir de cette

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  1   machine, mais bon, il y a deux boîtes qui sont à côté de la machine et qui

  2   l'accompagnent, visiblement. De quoi s'agit-il ?

  3   R.  Ça, je ne le sais pas vraiment, mais je pense que ce sont les boîtiers

  4   de transmission. Enfin, je suis pas certain. Je ne sais pas vraiment

  5   comment ça marche, mais je sais qu'il y avait toujours ces deux boîtiers

  6   qui accompagnaient le téléscripteur. Mais je ne sais pas comment ça marche

  7   vraiment.

  8   Q.  Maintenant que ces machines peuvent crypter les messages lorsqu'ils

  9   sont envoyés; c'est bien cela ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Je suis certain que vous vous souvenez avoir répondu à une question du

 12   général Tolimir, à propos de ce ruban perforé qui laissait une trace, si je

 13   puis dire de ce qui avait été envoyé. Vous vous souvenez de ces questions,

 14   j'en suis sûr. Pourriez-vous nous dire, d'après vous, de quoi il parlait

 15   lorsqu'il parlait de ce ruban ? Pourriez-vous nous le montrer ?

 16   R.  Mais c'est là le ruban perforé de 15 millimètres à peu près.

 17   [Le témoin s'exécute]

 18   Quand on frappe -- quand on saisit des lettres, les trous qui sont

 19   perforés apparaissent sur le ruban.

 20   Q.  Merci. Je ne suis pas certain que les Juges puissent voir cela, mais on

 21   voit du papier qui sort par le capot en plastic de la machine. Donc de quoi

 22   s'agit-il ? Quel est ce rouleau de papier ?

 23   R.  [aucune interprétation] -- vous dites --

 24   Q.  Oui, le papier qui sort du capot en plastic, de quoi s'agit-il ?

 25   R.  Ça, c'est l'impression papier qui sort du téléscripteur, pour voir ce

 26   que l'on est en train de frapper, de saisir. Quand on saisit des lettres,

 27   elles s'impriment sur ce papier, sur ce rouleau de papier.

 28   Q.  Vous avez dit qu'Il s'agissait d'une machine électrique. Ce modèle-ci,

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  1   est-il électrique ? S'agit-il d'un téléscripteur électrique ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce que vous vous souvenez comment se fait l'impression sur le

  4   papier. Y a-t-il des touches qui viennent frapper le papier pour l'imprimer

  5   ou s'agit-il d'une impression électronique qui se fait différemment ?

  6   R.  Je n'en ai aucune idée.

  7   Q.  Mais pouvez-vous peut-être regarder par le capot au travers du plastic

  8   pour voir s'il y a oui ou non ces touches mécaniques qui viendraient

  9   frapper le papier pour imprimer des lettres ?

 10   R.  [aucune interprétation]

 11   Q.  Veuillez répéter.

 12   R.  J'ai besoin que vous répétiez, vous aussi, vos propos.

 13   Q.  Regardez un petit peu la machine, regardez par le capot, essayez de

 14   nous dire comment les lettres sont imprimées sur le papier ? S'agit-il de

 15   lettres qui sont au bout de bras et qui viennent frapper le papier comme

 16   une ancienne machine à écrire, ou s'agit-il plutôt d'une impression qui se

 17   fait différemment ?

 18   R.  Il me semble que c'est mécanique, un système mécanique.

 19   Q.  Je suis désolé de vous demander cela, Monsieur le Témoin, mais est-ce

 20   que vous savez -- est-ce que vous vous rappelez comment on démonte le capot

 21   pour aller voir un petit peu ce qu'il y a à l'intérieur de cette machine ?

 22   J'ai vraiment besoin que nous allions au fond des choses sur cette

 23   question.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je tiens à dire, pour le compte rendu, que

 25   le témoin a frappé une touche et le capot s'est ensuite levé. Enfin, il a

 26   levé le capot.

 27   Q.  Sur quelle touche avez-vous appuyé, s'il vous plaît, pourrions-nous

 28   avoir cela sur vidéo pour bien voir les mouvements que fait le témoin ?

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrions-nous voir cette machine depuis le

  2   devant, s'il vous plaît ? Voilà, merci. Pourrions-nous soulever ces bras

  3   mécaniques, comme vous l'avez fait précédemment qui donc viennent frapper

  4   les lettres sur le papier ?

  5   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Témoin.

  7   Monsieur le Président, je demande le versement au dossier de la

  8   photographie 6357.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Avant de vous donner une cote pour ce

 10   document, si nous l'admettons, j'aimerais demander à Me Gajic de regarder

 11   la machine lui aussi, afin qu'il puisse la voir, plutôt que l'accusé.

 12   M. GAJIC : [interprétation] J'ai déjà vu cette machine, Monsieur le

 13   Président, donc je n'ai pas besoin de la regarder. Je vous remercie.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien.

 15   Donc la photographie recevra, sera admise et recevra une cote.

 16    M. LE GREFFIER : [interprétation] Elle recevra la cote P523.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai plus de questions à propos de cette

 18   machine. Je ne sais pas si vous avez des questions à poser à propos de

 19   cette machine, en tout cas, j'en ai terminé avec ce téléscripteur.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. On peut peut-être

 21   l'emmener hors du prétoire. Non, on fera cela plus tard.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pouvons-nous maintenant avoir à l'écran la

 23   pièce 6356 ?

 24   Q.  Comme vous avez dit au général Tolimir, Monsieur le Témoin, qu'il y

 25   avait deux types de machines. Il y avait deux machines quand vous y étiez,

 26   donc celle-ci que nous avons à l'écran; est-ce qu'elle vous dit quelque

 27   chose ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Ce modèle de machine, était-il employé à la Brigade de Rogatica ?

  2   R.  Oui.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

  4   téléscripteur Siemens T-100.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ce document sera admis.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il recevra la cote P524.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourrions-nous avoir à l'écran la pièce D49

  8   ? C'est le document du 13 juillet, portant sur les gens qui suggèrent que

  9   l'on envoie d'autres gens à Sjemec. Pourrions-nous avoir la version

 10   originale dactylographiée du document afin de la montrer au témoin ?

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 13   Q.   Je voudrais clarifier une petite chose.

 14   Le général Tolimir vous a posé des questions hier, à propos de ce document;

 15   il était à l'écran, je crois. Il vous a posé des questions à propos du

 16   numéro qui selon vous ressemblait à un "80." Maintenant vous avez

 17   l'original écrit, à la troisième ligne, "za 8" et ensuite un autre numéro.

 18   D'après vous, puisque vous avez l'original en main maintenant, pouvez-vous

 19   nous dire quel est le nombre précis ? Vous voyez de quoi je vous parle ?

 20   C'est en troisième ligne à partir du haut --

 21   R.  C'est un "0," "80."

 22   Q.  Combien de zéros voyez-vous sur l'original ? Je ne parle pas de ce que

 23   vous voyez afficher à l'écran. Je parle du document papier que vous avez

 24   entre les mains.

 25   R.  Je vois un 0, et peut-être un autre à côté, mais je n'en suis pas sûr.

 26   Q.  Merci.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, je sais que la

 28   Chambre a déjà examiné ce document hier. Je ne sais pas si vous voulez le

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  1   revoir.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, j'aimerais le revoir.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Remontrons ce document à

  5   l'accusé, si toutefois il souhaite en reprendre connaissance.

  6   Veuillez poursuivre, Monsieur McCloskey.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  8   Pourrait-on maintenant passer au document de la liste 65 ter 6349. Nous

  9   avons une version manuscrite et dactylographiée de ce seul et même

 10   document, je demanderais à ce que les deux originaux soient remis au

 11   témoin.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Ce document a trait à la question de savoir

 14   si la pratique consistait à ce que les auteurs de documents signaient la

 15   version retranscrite, ou bien la version manuscrite.

 16   J'aimerais qu'on les place côte à côte de façon à ce que la Chambre puisse

 17   voir les deux pages ensemble. Vous allez voir donc une version manuscrite.

 18   La voici à l'écran.

 19   Q.  Examinons donc, d'abord, la page manuscrite; apercevez-vous votre

 20   signature sur ce document, Monsieur ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Je vous demande maintenant d'examiner l'autre page, c'est-à-dire le

 23   document dactylographié ou tapé, voyez-vous votre signature sur ce

 24   document-là également ?

 25   R.  Oui.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je précise pour le compte rendu, que sur le

 27   document manuscrit, la seule signature que l'on voit se trouve en bas à

 28   droite.

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  1   Q.  C'est la vôtre ?

  2   R.  Oui, oui.

  3   Q.  Très bien. Je reviens maintenant à la version non manuscrite, où voyez-

  4   vous votre signature sur ce document ?

  5   R.  En haut à droite.

  6   Q.  L'on aperçoit les initiales "G.D." dans la partie gauche du document;

  7   ceci correspond-il à votre paraphe ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Nous n'avons pas de traduction de ce document, mais ces deux documents

 10   ont-ils un rapport l'un avec l'autre ? Examinez-les une minute, si vous en

 11   avez besoin.

 12   R.  Ils sont identiques.

 13   Q.  A priori, quel document avez-vous vu en premier ?

 14   R.  Celui-ci [Le témoin s'exécute], le document manuscrit.

 15   Q.  Qu'avez-vous fait ensuite ou de manière générale qu'auriez-vous fait en

 16   recevant ce genre de document manuscrit ? Je suppose que vous n'avez pas le

 17   souvenir précis s'agissant de ce document en particulier ?

 18   R.  Je le tapais et je l'envoyais au commandement du corps.

 19   Q.  Bien. Alors vous souvenez-vous de ce document-ci en particulier ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Bien. A quoi correspond le document de gauche, qui porte également

 22   votre signature, la version téléimprimée ? Quelle est sa place dans le

 23   processus général ?

 24   R.  Je n'ai pas compris.

 25   Q.  Bon, vous avez le document manuscrit vous saisissez le texte dans la

 26   machine; quel est le résultat de l'opération ?

 27   R.  C'est le même document, sauf qu'il est tapé sur le téléscripteur.

 28   Q.  Alors le document du téléscripteur correspond-il en fait au document

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  1   qui est sorti du téléscripteur après saisie du texte manuscrit ?

  2   R.  Oui, oui.

  3   Q.  Pourriez-vous nous dire, si vous savez, si vous avez envoyé ce document

  4   deux fois, parce que, sur les deux documents, on constate la présence de la

  5   mention "envoyé." Alors avez-vous envoyé ce document deux fois ou une fois

  6   seulement ?

  7   R.  Une fois, je pense. Pourquoi je l'ai signé deux fois, je ne m'en

  8   souviens plus.

  9   Q.  L'on ne voit pas de signature de M. Lelek sur le document manuscrit,

 10   n'est-ce pas ? Examinez-le bien. Voyez-vous la signature de M. Lelek ou de

 11   toute autre personne qui aurait pu rédiger le document ?

 12   R.  Non, je ne le vois pas.

 13   Q.  Ceci vaut également pour la sortie papier du téléscripteur, n'est-ce

 14   pas, personne n'a signé le document comme auteur, on ne trouve que votre

 15   signature, la personne qui a envoyé le document ?

 16   R.   C'est exact, on y voit que ma signature.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je demanderais à ce que ce document soit

 18   marqué pour identification, puisque nous n'avons pas encore de traduction.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, effectivement, ce document sera

 20   enregistré aux fins d'identification en attendant d'obtenir la traduction.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P525,

 22   enregistrée aux fins d'identification.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien.

 24   Q.  J'aimerais aborder avec vous une dernière chose. A la page 2877 du

 25   compte rendu d'hier, le général Tolimir vous a demandé ce qui suit :

 26   "Si le général Tolimir avait rencontré Torlak à 12 heures et avait assisté

 27   à cette réunion, était-il possible qu'il ait rédigé ce télégramme et qu'il

 28   vous l'ait envoyé de Boksanica par estafette, qu'il l'ait télé imprimé de

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  1   façon à ce que vous puissiez l'envoyer déjà dès 15 heures 10 ?"

  2   Vous avez répondu ce qui suit :

  3   "Je ne sais pas combien de temps a duré cette réunion. Boksanica, c'est

  4   loin, et de Rogatica, je ne sais pas."

  5   Alors je crois que vous nous avez dit que l'IKM, donc le poste de

  6   commandement avancé de Borike, se trouvait à environ 18 kilomètres du

  7   commandement de Rogatica. Savez-vous où se trouvait le poste de contrôle de

  8   Boksanica ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Bien. S'il y avait eu une liaison téléphonique filaire, à Boksanica que

 11   le général Tolimir ait pu utiliser -- aurait pu utiliser l'un de ses

 12   subordonnés aurait pu entrer directement en contact avec le commandement

 13   sans devoir recourir à une estafette, n'est-ce pas ?

 14   R.  Je ne sais pas s'ils avaient une liaison téléphonique à partir de

 15   Boksanica.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Examinons la pièce P129. Veuillez agrandir

 17   le paragraphe qui se trouve juste en dessous des chiffres. Merci.

 18   Q.  Alors c'est un document Ziza qui porte la date du 14 juillet 1995, du

 19   commandement de la Brigade de Rogatica.

 20   Si l'on examine la fin de ce document, on trouve le nom de Tolimir,

 21   "général Tolimir," même chose dans la version en B/C/S, bien sûr. Je

 22   demanderais à ce que l'on revienne maintenant aux chiffres, à la liste avec

 23   ces chiffres de 1 à 10.

 24   Q.  On voit qui sont mentionnés un certain nombre de lieux y compris

 25   l'état-major principal, le Corps de la Drina, le poste de commandement

 26   avancé du Corps de la Drina, et le commandement du 65e Régiment de

 27   Protection motorisée et le titre du document est : "Mise sous notre

 28   contrôle les postes de contrôle de la FORPRONU."

Page 2900

  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Pas de "notre contrôle" de contrôle,

  2   mise sous contrôle.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Excusez-moi, c'est un lapsus de ma part.

  4   Si l'on regarde la suite, on trouve une brève description des postes de

  5   contrôle.

  6   Q.  Le paragraphe, qui suit le point 10, dit la chose suivante:

  7   "Il y avait actuellement huit soldats et un transport de troupes blindé à

  8   chaque poste de contrôle. Pour l'instant, nous avons pris le contrôle total

  9   du poste de contrôle numéro 2, à Boksanica, où se trouve le commandement

 10   des forces de la FORPRONU. Nous disposons d'une connexion filaire sur

 11   place. Le poste de contrôle continuera de fonctionner comme s'il n'était

 12   pas bloqué et encerclé par nos forces."

 13   Ceci vous rafraîchit-il la mémoire de voir qu'il y avait une connexion

 14   filaire au poste de contrôle de Boksanica, auquel avait accès le général

 15   Tolimir, en juillet ?

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Il y a eu une erreur dans la lecture. Le terme

 18   lu a été "obradjen" -- "ogradjen" pardon, alors que c'est "obidjen" qui

 19   signifie "inspecter," inspection des forces armées; tandis que "ogradjen"

 20   signifie "encercler."

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Veuillez poursuivre.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Nous allons y jeter un œil dans

 23   un instant. Mais revenons à ma question à propos de la présence d'une

 24   connexion filaire.

 25   Q.  Ceci vous rafraîchit-il la mémoire, ceci vous donne-t-il une meilleure

 26   idée de la situation ?

 27   R.  Non, non, je ne me souviens absolument pas de l'existence de cette

 28   liaison filaire. Je ne sais pas.

Page 2901

  1   Q.  Vous avez dit vous trouvez dans la salle du téléscripteur, y avait-il

  2   une salle de transmission ou un bureau au sein de la brigade, où ils

  3   disposaient d'un standard et de postes radio sur lesquels ils recevaient

  4   les principaux appels entrants à la brigade, appels téléphoniques et appels

  5   radio ?

  6    R.  Oui, il y avait un standard, oui.

  7   Q.  Où se trouvait-il par rapport au bâtiment dans lequel se trouvait la

  8   salle de téléscripteur ?

  9   R.  Juste à côté de la salle de téléscripteur.

 10   Q.  Y avait-il une liaison filaire à ce moment-là; est-ce qu'ils pouvaient

 11   décrocher le téléphone dans la salle de transmission et vous appeler ? Est-

 12   ce que vous pouviez décrocher, leur parler directement ?

 13   R.  La plupart du temps, nous sortions pour nous rendre au standard.

 14   C'était juste à côté, les salles étaient adjacentes, ils n'avaient pas

 15   besoin de se servir du téléphone.

 16   Q.  Merci.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser, Monsieur

 18   le Président.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci, Monsieur McCloskey.

 20   Monsieur Gojkovic, j'aurais deux questions à vous poser. La première est

 21   très simple.

 22   Questions de la Cour : 

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous avons très souvent entendu

 24   parler "Ziza." Quel était le nom de Ziza, le nom de famille ?

 25   R.   Avant-hier le Procureur me l'a rappelé, parce que j'avais complètement

 26   oublié, son nom était Desimir Zizovic.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup.

 28   Une autre question. J'aimerais attirer au clair une partie du compte rendu

Page 2902

  1   d'hier, la page 72, lignes 9 à 20, à peu près. On vous a posé la question

  2   suivante :

  3   "Vous avez vu tous les télégrammes que nous avocats montrés jusqu'à

  4   présent, nous avons vu ce que vous écriviez en haut à droite, dans le coin

  5   lorsque vous envoyez, receviez des télégrammes; c'est bien exact ?"

  6   Vous avez répondu : "Oui."

  7   Alors voici la question qui m'intéresse en particulier. On vous a demandé :

  8   "Sur ce télégramme seulement, on voit que quelque chose est écrit dans le

  9   coin qui se trouve en bas du document, à gauche, et l'on voit : 'Remis à 15

 10   heures 10, le 13 juillet 1995,' et votre signature, et que c'est une

 11   photocopie de votre signature et des mots que vous avez écrits; c'est bien

 12   exact ?"

 13   Vous avez répondu : "Oui."

 14   Vous souvenez-vous de cette série de questions et réponses d'hier ?

 15   R.  Ce ne serait pas vrai de dire que je me souviens de tout, mais je peux

 16   essayer.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Peut-être pourriez-vous expliquer ce

 18   qu'il en est de cette photocopie ? Qu'est-ce que cela signifie ? Que

 19   vouliez-vous dire lorsque vous avez répondu ce que vous avez répondu ? Vous

 20   aviez répondu "oui" hier. Peut-être que l'on pourrait demander l'affichage

 21   à l'écran de cette partie du compte rendu.

 22   Je pense que c'était le document P125. Peut-être qu'on pourrait afficher à

 23   nouveau ce document à l'écran pour tirer au clair la réponse du témoin.

 24   C'était une question de M. Tolimir.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous avons l'original de ce document, bien

 26   entendu, et je pense qu'il l'avait sous les yeux lorsque cette question lui

 27   a été posée.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Je demanderais à ce que l'on

Page 2903

  1   remette une fois encore l'original du document au témoin. Ce serait utile.

  2   Hier, Monsieur, on vous a montré ce document et ensuite on vous a demandé

  3   si c'était là une photocopie de votre signature et de la mention que vous

  4   aviez apposée sur le document, si c'était bien le cas.

  5   R.  C'est ma signature. Je ne sais pas si j'ai dit que c'était une

  6   photocopie. Peut-être que je regardais à l'écran et que j'ai dit que ce que

  7   je voyais à l'écran c'était une photocopie, mais ce qu'on voit ici sur ce

  8   document, c'est bel et bien ma signature. Peut-être que je regardais

  9   l'écran, à ce moment-là, lorsque j'ai répondu cela. Je ne suis pas

 10   d'ailleurs tout à fait certain d'avoir eu le document en main, à ce moment-

 11   là.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup. Ceci tire les choses

 13   au clair.

 14   Monsieur Gojkovic, vous serez heureux d'apprendre que ceci met un terme à

 15   votre déposition et que vous êtes maintenant libre de reprendre vos

 16   activités quotidiennes et de rentrer chez vous. La Chambre tient à vous

 17   remercier de votre présence ici et d'être revenu encore une fois à La Haye.

 18   Merci, et tous nos vœux vous accompagnent.

 19   Le témoin peut maintenant quitter le prétoire.

 20   Merci beaucoup encore une fois.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 22   [Le témoin se retire]

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui.

 25   Mme Chittenden est prête à prendre en charge le témoin suivant. Je vais

 26   quitter le prétoire pendant quelques instants, faire enlever la machine,

 27   dire au revoir au témoin également.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous faites donc office de technicien

Page 2904

  1   pour quelques instants. Merci beaucoup de prendre le temps d'emporter la

  2   machine avec vous.

  3   Bonjour, Madame Chittenden.

  4   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

  5   Messieurs les Juges. Nous allons maintenant entendre le témoin 117, connu

  6   sous le pseudonyme PW-050, et il bénéficiera de mesures de protection

  7   consistant en une distorsion des traits de son visage.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Nous allons devoir donc baisser

  9   les stores, dans un premier temps.

 10   Mme CHITTENDEN : [interprétation] En effet.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Suite à quoi le témoin pourra être

 12   introduit dans le prétoire.

 13   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Attendez un

 15   instant, nous allons relever les stores.

 16   Bonjour, Monsieur. Bienvenue à ce Tribunal. Je vous demanderais de bien

 17   vouloir lire la déclaration solennelle qui vous est tendue.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 19   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 20   LE TÉMOIN: PW-050 [Assermenté]

 21   [Le témoin répond par l'interprète]

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup. Veuillez vous

 23   asseoir. C'est Mme Chittenden qui va procéder à votre interrogatoire

 24   principal. J'aimerais vous rappeler de parler lentement pour les

 25   interprètes et pour le compte rendu d'audience.

 26   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 27   Interrogatoire principal par Mme Chittenden : 

 28   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur.

Page 2905

  1   R.  Bonjour.

  2   Q.  Nous nous sommes rencontrés cette semaine. Je suis Caitlin Chittenden

  3   et je vais vous poser un certain nombre de questions aujourd'hui pour le

  4   bureau du Procureur.

  5   Mme CHITTENDEN : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche la pièce P504

  6   à l'écran.

  7   Q.  Témoin, vous allez voir s'afficher quelque chose à l'écran devant vous.

  8   Je vous demanderais de bien vouloir le lire sans que ce soit à haut voix et

  9   bien vouloir confirmer que votre nom se trouve apposé à côté de la mention

 10   "PW-050" ?

 11   R.  Oui.

 12   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais

 13   demander le versement au dossier de cette pièce sous pli scellé.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Cette pièce est versée sous pli

 15   scellé.

 16   Mme CHITTENDEN : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur, vous souvenez-vous avoir déposé dans l'affaire le Procureur

 18   contre Popovic le 7 mars 2007 ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  A l'époque, votre témoignage était-il véridique et exact en tout point

 21   ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Avez-vous eu la possibilité de réentendre votre déposition dans

 24   l'affaire Popovic avant de comparaître ici ce matin ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Si l'on vous posait les mêmes questions aujourd'hui dans ce prétoire, y

 27   répondriez-vous de la même manière ?

 28   R.  Oui.

Page 2906

  1   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais

  2   demander le versement au dossier de la déposition de ce témoin dans

  3   l'affaire Popovic. Il s'agit de la pièce P502, la version sous pli scellé,

  4   et P503, la version publique.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ces deux pièces seront versées au

  6   dossier.

  7   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais

  8   également le versement de trois pièces versées lors de la déposition de ce

  9   témoin dans l'affaire Popovic. La première pièce est la pièce P497, sous

 10   pli scellé, il s'agit de la déclaration du témoin au bureau du Procureur du

 11   27 février 2007. Cette déclaration a été reçue au dossier en tant que

 12   déclaration sous-jacente versée au titre de l'article 92 ter du Règlement

 13   dans l'affaire Popovic.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Elle est versée au dossier.

 15   Mme CHITTENDEN : [interprétation] La deuxième pièce correspond à la pièce

 16   P498, sous pli scellé, également. Il s'agit de la version imprimée d'une

 17   conversation privée interceptée à 17 heures [comme interprété] le 7 [comme

 18   interprété] janvier 2007.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Elle est versée au dossier.

 20   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Nous avons ensuite la pièce P499, sous

 21   pli scellé. Il s'agit d'une liste de présence de la page d'agenda personnel

 22   de PW-128 dans l'affaire Popovic.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ce document est versé également au

 24   dossier.

 25   Mme CHITTENDEN : [aucune interprétation]

 26   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mains nous ne disposons pas de

 28   traduction de cette lettre. Vous l'avez peut-être.

Page 2907

  1   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Non, nous n'avons pas de traduction,

  2   parce qu'il n'y a que des noms qui sont notés sur cette liste, mais si vous

  3   le souhaitez je demanderais une traduction.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Le document aura une cote.

  5   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Nous avons aussi P500, 501, 505, sous pli

  6   scellé. Nous avons inclus dans une liste afin que la Chambre puisse mieux

  7   se repérer dans le compte rendu de l'affaire Popovic. Mais nous ne

  8   demanderons pas leur versement au dossier.

  9   Alors maintenant je vais donner lecture d'un résumé de la déposition

 10   entendue.

 11   Q.  Témoin, après ceci, je poserais quelques questions au témoin.

 12   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Est-ce qu'on peut passer à huis clos

 13   partiel pendant quelques instants, s'il vous plaît ?

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Huis clos partiel, s'il vous plaît.

 15   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Huis clos partiel.

 16   [Audience à huis clos partiel]

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  1  (expurgé)

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  4  (expurgé)

  5   [Audience publique]

  6   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Le témoin a témoigné sur le site sud

  7   jusqu'en novembre 1995, à peu près, et après démantèlement de ce site, il a

  8   été muté au site nord, où il a travaillé jusqu'à sa démobilisation en avril

  9   1996.

 10   En tant que commandant du site sud, le témoin était en charge de la

 11   formation et de la supervision des hommes qui utilisaient les équipements

 12   radio et il devait leur renseigner les méthodes de travail.

 13   Il a décrit les procédures qu'utilisaient les opérateurs chargés des

 14   interceptions radio, surveillance des fréquences radio, enregistrement des

 15   conversations, transcription de ces conversations dans des cahiers, ensuite

 16   il devait les dactylographier et transmettre les rapports cryptés contenant

 17   ces conversations interceptées.

 18   Le témoin en personne dactylographiait et envoyait ces rapports. Les

 19   rapports étaient cryptés et transmis par le système de paquets -- de

 20   transmissions radio par paquets. Le témoin était le seul dactylographe dans

 21   son détachement en janvier 1995, et à peu près jusqu'au moment où son unité

 22   a été mutée au site nord.

 23   Le témoin a déclaré qu'en transcrivant les conversations interceptées, les

 24   opérateurs n'étaient pas autorisés à faire déduction ou conjecture. Si un

 25   opérateur n'était pas certain d'un mot, il fallait réécouter

 26   l'enregistrement avec ses collègues. Si aucun des opérateurs n'étaient

 27   certains de ce qu'ils ont entendu, dans ce cas-là il marquait à la place du

 28   mot la mention inaudible.

Page 2909

  1   Le témoin a déclaré que la fiabilité des messages interceptés que son unité

  2   a enregistré, transcrit, dactylographié et transmis dépendait de leur

  3   précision et de leur envoie à temps.

  4   Quand les registres, les cahiers, les papiers et les bandes étaient

  5   remplis, le témoin les remettait au commandant de la section ou au 2e Corps

  6   de l'ABiH.

  7   Lors de l'entretien avec le bureau du Procureur en 2007, le témoin a

  8   examiné deux pages de son agenda -- de l'agenda du commandant du 2e

  9   Détachement du site sud.

 10   Dans cet agenda, il était indiqué que le 2e Détachement a opéré jusqu'en

 11   janvier 1995 ensuite repris le travail le 26 janvier 1995, et entre-temps,

 12   donc dans la période entre le 16 et 26 janvier 1995, le témoin déclare

 13   qu'étant le seul détachement se trouvant au site sud, il devait

 14   automatiquement être de permanence.

 15   Le témoin a également examiné un groupe de documents, de rapports

 16   dactylographiés et envoyé depuis le site sud, parmi lesquels plusieurs

 17   rapports du 19 janvier 1995, et confirmé qu'il était de permanence ce jour-

 18   là. Ensuite le témoin a identifié un rapport dactylographié portant

 19   l'indication "03/1901" une conversation interceptée de 10 heures 57 minutes

 20   le 19 janvier 1995 du site sud portant le numéro de poste. Le témoin a

 21   reconnu le document dit que c'était lui qui l'avait dactylographié et

 22   envoyé. Ce sera la pièce 498, sous pli scellé.

 23   Ceci met un terme à mon résumé.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Merci.

 25   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Bien. Alors le témoin était le premier

 26   commandant de site sud, ce que nous avons vu, et nous allons aborder avec

 27   lui plusieurs thèmes avant d'entamer le contre-interrogatoire par la

 28   Défense.

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  1   Q.  Monsieur le Témoin, dans l'affaire Popovic, vous avez dit avoir été le

  2   commandant du site sud, que vous avez supervisé les hommes composant votre

  3   détachement, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Pourriez-vous nous dire que faisiez-vous dans le cadre de cette mission

  6   ? Comment supervisiez-vous vos hommes?

  7   R.  Au début, je devais les former pour qu'ils puissent opérer de manière

  8   indépendante, utiliser l'équipement nécessaire pour écouter les

  9   communications du parti adverse. Plus loin, on s'est éloignés de ces

 10   connaissances de base, qui est tout simplement l'opération manuelle de ces

 11   équipements. En tant que personnes qui avaient déjà fait ceci au sein de la

 12   JNA lors de mon service militaire, j'ai décidé de les former plus loin pour

 13   qu'ils comprennent mieux les concepts dans le domaine des transmissions.

 14   Nous avons organisé notre travail en plusieurs relèves. Quand je dis

 15   "relève," je veux dire que j'essayais de faire attention à ce qu'ils ne

 16   travaillent jamais plus que pendant une relève, qu'ils aient une heure pour

 17   manger, se reposer. Je surveillais leur comportement au poste de travail.

 18   Je faisais attention à ce qu'ils ne manquent aucune conversation, par

 19   exemple, parce que certaines conversations, qui semblent sans aucune

 20   importance à premier abord, en fait, par exemple, comme une conversation

 21   d'un officier avec sa famille, ça peut se révéler une source d'information

 22   importante. Donc il ne fallait manquer aucune conversation, qu'elle soit de

 23   nature militaire ou privée. Ensuite, je devais surveiller à ce que

 24   l'opération de transcription des enregistrements audio et la surveillance -

 25   - la supervision des militaires, qui le faisaient, pouvait se faire

 26   seulement directement en étant présent sur place, pour être en mesure de

 27   précisément retranscrire les conversations de la VRS.

 28   Par exemple, si j'avais des doutes, si je voyais que l'opérateur

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  1   avait, par exemple, marqué un point d'exclamation après une phrase, je

  2   réécoutais alors l'enregistrement audio pour voir si le point d'exclamation

  3   était justifié. Vous savez, il pouvait arriver, par exemple, de dire des

  4   injures, mais en plaisantant. Mais en même temps, la même chose pouvait

  5   être dite à haute voix pour exprimer l'insatisfaction et, dans ce cas-là,

  6   on devait marquer un point d'exclamation. Donc il fallait toujours bien

  7   réécouter pour être sûr, par exemple, si une insulte signifiait plutôt une

  8   plaisanterie ou un signe de mécontentement. Parfois aussi on voyait les

  9   trois points, les points de suspension. Est-ce que ça signifie que la

 10   personne, qui parlait, s'était arrêtée à ce moment-là, qu'elle a fait une

 11   pause avant de reprendre. On ne sait pas toujours. Donc je vérifiais les

 12   éléments de cette nature-là.

 13   Q.  Merci, Monsieur le Témoin, pour cette explication. Est-ce que je peux

 14   déduire de votre réponse que vous examiniez toujours les transcriptions

 15   faites par vos hommes ? Le fait que vous examiniez les transcriptions à

 16   chaque fois qui comportaient un point d'exclamation ou les points de

 17   suspension, est-ce que cela signifie que vous suiviez de près leur travail

 18   ?

 19   R.  Oui. Moi, je n'avais pas d'horaire. Je n'avais pas un temps précis

 20   pendant lequel j'étais de permanence. En ce qui concerne la transmission

 21   des rapports cryptés, on ne savait jamais à quel moment on pourrait avoir

 22   besoin de le faire. Donc je n'avais pas de temps libre. Je passais la

 23   plupart de mon temps dans une pièce commune où nous nous trouvions tous.

 24   C'est une pièce où il y avait toujours au moins une personne, et pas celui

 25   qui était opérateur de permanence. Il y avait celui qui était de permanence

 26   et un autre en plus, qui se trouvait toujours là-bas pour que l'opérateur

 27   puisse aller par exemple aux toilettes, s'absenter quelques instants. Donc

 28   il y avait un autre qui était là en stand-by, qui avait une magnéto -- une

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  1   deuxième magnéto qui était également préparé pour enregistrer, le cas

  2   échéant.

  3   Donc je passais mon temps là-bas. Je restais sur place tout le temps.

  4   Si je devais dormir, je dormais à proximité. J'essayais de leur apprendre

  5   un maximum de choses pour qu'ils puissent savoir comment faire ce travail,

  6   par exemple, comment surveiller les fréquences, comment utiliser le scanner

  7   pour surveiller ces fréquences, comme on utilisait les antennes qu'on

  8   appelait "antennes arrêtes de poisson". Je peux vous explique ce que c'est,

  9   comment on passait d'une antenne à l'autre. J'essayais aussi de faire en

 10   sorte qu'ils ne se détendent pas trop, qu'ils n'oublient pas qu'ils sont de

 11   permanence, parce que ce travail consistait aussi à être là, à être présent

 12   à attendre une conversation, à guetter.

 13   Q.  Bien. Vous étiez responsable de la formation de ces hommes.

 14   Dites-nous : à ce sujet, est-ce que vous leur avez appris comment utiliser

 15   l'équipement ?

 16   R.  Oui. Je vous l'ai déjà dit. Tout d'abord, je leur ai appris

 17   comment utiliser manuellement cet équipement qui est utilisé pour écouter

 18   les communications, comment surveiller les fréquences --

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ecoutez, ralentissez, s'il vous

 20   plaît. Attendez avant de commencer votre réponse. Ni les sténotypistes ni

 21   les interprètes ne parviennent à vous suivre à cette vitesse. On ne peut

 22   pas travailler comme ça.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Juge. Mes

 24   excuses aussi aux interprètes.

 25   L'INTERPRÈTE : L'interprète se reprend : l'antenne de type rato [comme

 26   interprété] a été mentionné il y a quelques minutes à la place de arrête de

 27   poisson.

 28   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Bien.

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  1   Q.  Alors, vous avez parlé de la procédure de l'enregistrement, de la

  2   transcription. En fait, comment vous les dactylographiez ? Comment vous les

  3   envoyez en tant que rapports, ces conversations. Alors dites-nous : est-ce

  4   que vos hommes suivaient une procédure établie dans ce domaine de leur

  5   travail ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous décrire rapidement quelle était la

  8   procédure, pour que les Juges comprennent comment cela se passait ?

  9   R.  Le soldat devait rester là-bas à son poste. Il devait avoir les

 10   écouteurs sur les oreilles. Il devait avoir une feuille et un stylo à peu

 11   près, et si jamais il entendait un son, il devait enclencher le

 12   magnétophone. Il s'agissait en général des appareils qu'on appelait UHER,

 13   et ces UHER étaient connectés au poste, au récepteur radio, alors que la

 14   conversation était en cours, il l'écoutait. Il arrivait parfois durant une

 15   conversation que les interlocuteurs mentionnaient leurs noms, qu'ils se

 16   présentaient. C'était le cas, l'opération notait l'identité des

 17   interlocuteurs.

 18   A la fin de cette conversation, l'opérateur arrêtait l'enregistrement,

 19   faisait appel à l'officier de permanence qui se trouvait à son poste, pour

 20   qu'il puisse le remplacer, le temps nécessaire pour retranscrire cette

 21   conversation enregistrée. Donc il quittait le poste, en se faisant

 22   remplacer, il rembobinait la bande audio et ensuite, mot par mot,

 23   retranscrivait en appuyant sur la pause, quand cela était nécessaire, la

 24   totalité de la conversation dans un cahier ou sur un bout de papier.

 25   Ce qui était important, était que la transcription corresponde à 100

 26   % à ce qui est enregistré. Parfois, il arrivait que certains mots étaient

 27   inaudibles, que, par exemple, celui qui parlait a prononcé quelque chose

 28   trop doucement, ou que c'était mal prononcé, inaudible, inintelligible. Si

Page 2915

  1   l'opérateur n'arrivait pas à comprendre un mot, alors il appelait un ou

  2   deux autres opérateurs afin de réécouter ensemble ce passage, essayer de

  3   déchiffrer le mot en question ensemble.

  4   Si malgré ceci et en répétant cette opération à plusieurs reprises,

  5   il n'arrivaient à comprendre le mot en question, alors il mettait entre

  6   parenthèses, la mention "inintelligible," ou par exemple, s'il comprenait

  7   les deux premières lettres du mot, il  marquait les deux premières lettres,

  8   et pour le reste, il mettait des points de suspension, et cetera. Il y

  9   avait une note, par exemple, "deux mots incompréhensibles, inintelligibles

 10   ont été prononcés." Aucune supposition n'était avancée, on n'émettait pas

 11   d'hypothèse parce que vous savez, toute information erronée émanant de ce

 12   type de sources pouvait induire ceux qui analysent ensuite ces données en

 13   erreur.

 14   Après la transcription de la conversation, on devait réécouter la

 15   conversation encore une fois pour vérifier que tout était bien noté. Cette

 16   conversation manuscrite, retranscrite à la main, on me la remettait et je

 17   dactylographiais ensuite. Je l'écrivais à la machine. Par exemple, notre

 18   langue, vous savez, n'est pas toujours très pure.

 19   Par exemple, je pouvais voir. Il m'arrivait de voir dans ces notes

 20   qu'il manquait deux syllabes ou un son dans un mot ou qu'on utilisait une

 21   forme populaire, familière plutôt qu'une forme standard d'un mot. Alors que

 22   je voyais des choses comme cela, je réécoutais souvent les enregistrements

 23   pour être sûr, pour savoir si c'est mon opérateur qui a mal retranscrit ou

 24   si c'est comme ça, sur l'enregistrement original. Je devais vérifier. Mais,

 25   bon, vous savez c'est la langue, la langue est comme ça.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Je dois vous rappeler encore

 27   une fois de ralentir, et deuxièmement, quand on vous demande de répondre

 28   brièvement, essayez vraiment d'être bref. Cette fois-ci, ce n'était pas le

Page 2916

  1   cas.

  2   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Très bien.

  3   Q.  Monsieur le Témoin, j'ai trois questions très courtes pour vous.

  4   J'aimerais qu'on le fasse vite avant la pause.

  5   Dites-nous : l'opérateur vous apportait - vous l'avez dit tout à

  6   l'heure - une transcription manuscrite; ensuite vous la dactylographiez,

  7   n'est-ce pas ? Que faisiez-vous après ?

  8   R.  Bien. Ce document manuscrit, on l'écrivait avec l'ordinateur, en

  9   utilisant l'éditeur, on utilisait le DOS à l'époque. Après, on vérifiait si

 10   le manuscrit était bien dactylographié. Ensuite on utilisait le logiciel

 11   qui devait crypter le texte, donc on faisait le codage, et puis une fois le

 12   document codé, j'utilisais le logiciel SP 610 qui permettait l'envoi des

 13   informations par paquet.

 14   Q.  Bien. Encore deux questions.

 15   Quel était le temps maximum qui s'écoulait entre le moment où

 16   l'opérateur avait terminé la transcription du message écouté dans le cahier

 17   et le moment où vous l'avez dactylographié et traité avec votre logiciel ?

 18   R.  Il me faut quelques instants pour répondre à votre question.

 19   Tout cela dépend évidemment de la longueur d'une conversation, de la

 20   complexité de la conversation écoutée. Donc déjà ceci influence la durée

 21   nécessaire pour traiter cette conversation. Peut-être il s'agissait d'une

 22   conversation correspondant à cinq ou six lignes de transcription

 23   manuscrite, avec donc la transcription manuscrite puis dactylographiée,

 24   puis codage et transmission. Cela nécessitait environ un minimum de cinq à

 25   six minutes. Donc tout cela était conditionné par la longueur de la

 26   conversation, le temps nécessaire à l'opérateur pour transcrire la

 27   conversation.

 28   Je dois aussi noter que, parfois, des informations très importantes,

Page 2917

  1   et vous savez une information utile seulement si elle parvienne à la bonne

  2   destination, au bon moment, rapidement. Donc vous savez parfois je

  3   n'attendais, je ne cherchais pas à avoir une conversation retranscrite à la

  4   perfection, pour transmettre l'information. Par exemple, si j'entendais

  5   qu'un endroit allait être pilonné, je n'attendais pas de compléter cette

  6   procédure de transcription et d'envoi de rapport, de message sur une

  7   conversation écoutée, je téléphone pour leur dire ce qui se passait, ce qui

  8   se préparait, et ensuite je procédais à cet aspect disons technique de

  9   cette procédure. Le prioritaire était d'en informer le commandement et

 10   ensuite je faisais le reste tranquillement.

 11   Q.  Merci, Monsieur le Témoin. Encore une dernière question.

 12   Je vous demanderais de nous décrire très rapidement la procédure à partir

 13   du moment où une conversation écoutée est enregistrée jusqu'à sa

 14   transcription dans le cahier, puis en passant par vous au moment où

 15   l'opérateur vous l'apportait pour l'écrire, le taper à la machine, coder et

 16   envoyer. Pourriez-vous nous dire quel était le degré d'exactitude, de

 17   précision dans votre travail ?

 18   R.  C'était très important, extrêmement important. Je pense que je vous ai

 19   déjà dit qu'il était très important pour nous -- en fait, pour

 20   l'information qu'on devait envoyer, il était extrêmement important qu'elle

 21   soit précise, exacte et envoyée rapidement. Une information, même si elle

 22   est importante, si elle arrive trop tard, elle n'a plus aucune valeur.

 23   Aussi, si elle est erronée, elle n'a aucune valeur. Il y avait une équipe

 24   qui s'occupait, qui était chargée de créer une base de données, base

 25   d'information qu'on devait ensuite analyser. Un groupe chargé d'analyser

 26   les données, si on leur envoyait une information erronée, cela pouvait

 27   mettre en danger tout leur travail.

 28   Q.  Merci beaucoup.

Page 2918

  1   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci, Madame Chittenden. Nous allons

  3   faire maintenant une première pause et, après la pause, c'est M. Tolimir

  4   qui vous interrogera, Monsieur le Témoin. Nous allons reprendre à 11

  5   heures.

  6   --- L'audience est suspendue à 10 heures 32.

  7   --- L'audience est reprise à 11 heures 03.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, avant que vous ne

  9   commenciez votre contre-interrogatoire, j'ai une question à poser à Mme

 10   Chittenden.

 11   Nous avons reçu une énorme liste de pièces qui ont des cotes P, mais des

 12   cotes provisoires, mais vous n'avez pas demandé de versement de ces pièces

 13   aujourd'hui. Comment allez-vous procéder ?

 14   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Les numéros P que j'avais l'intention de

 15   verser au dossier, sont ceux que j'ai lus, le P502, 503, 504, 498, 497,

 16   499, et comme j'ai dit dans mon résumé aussi, le P500, 501 et 505.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, elles sont maintenant au compte

 18   rendu, celles-là, mais il y en a d'autres sur la liste volumineuse que vous

 19   nous avez envoyée.

 20   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Non, sur ma liste, ils ne figurent que

 21   ceux que je vous ai mentionnés. J'en suis désolée.

 22   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 23   Mme CHITTENDEN : [interprétation] On vient de me dire que c'est sans doute,

 24   en fait, une liste prévue pour un autre témoin. Il y a eu une petite

 25   confusion au niveau du témoin.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, en effet, des questions à propos

 27   des pièces qui n'ont pas encore été versées au dossier, mais je me suis

 28   sans doute, j'avais confondu et mélangé les deux témoins. Je vous remercie.

Page 2919

  1   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Ici, je vous ai -- ce dont j'ai -- ceux

  2   que j'ai mentionnés au début de cette séance, sont les cotes P qui

  3   correspondent au témoin 117.

  4   Mais puis-je clarifier quelque chose du compte rendu ?

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui.

  6   Mme CHITTENDEN : [interprétation] C'est le compte rendu en anglais, page

  7   24, ligne 11. Il y a un mot où il est écrit c'est "intelligible," alors que

  8   ça devrait être "inintelligible."

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Cela fait partie en fait du

 10   résumé que vous avez lu, n'est-ce pas, à propos de ce témoin?

 11   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Oui, je pense que je fais un lapsus en

 12   lisant, j'ai dit "intelligible" alors que je voulais dire,

 13   "inintelligible," et donc c'est au compte rendu en anglais.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien, je vous remercie.

 15   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Merci.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, c'est à vous.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je salue toutes les personnes dans ce

 18   prétoire, et j'espère que cette audience se déroulera selon le souhait de

 19   Dieu et non pas selon le mien. Je vous souhaite à tous, une bonne journée.

 20   Contre-interrogatoire par M. Tolimir :  

 21   Q.  [interprétation] Monsieur le Témoin, étant donné que nous parlons la

 22   même langue, vous et moi, pourriez-vous, s'il vous plaît, ménager une pause

 23   entre mes questions et vos réponses ?

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Passons maintenant à P497, s'il vous plaît;

 25   pourrions-nous voir la page 1, de la pièce P497 à l'écran, en B/C/S ?

 26   M. TOLIMIR : [interprétation]

 27   Q.  Il s'agit de la déclaration que vous avez faite les 22 et 26 février

 28   2007.

Page 2920

  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ceci ne devrait pas être diffusé à

  2   l'extérieur du prétoire.

  3   M. TOLIMIR : [interprétation]

  4   Q.  Où avez-vous fait cette déclaration, s'il vous plaît, et l'avez-vous

  5   signée ?

  6   R.  Sur la version en anglais, je vois que ma signature figure. J'ai fait

  7   cette déclaration les 22 et 26 février 2007, mais Madame et Messieurs les

  8   Juges, je ne me souviens pas vraiment de l'endroit où j'ai fait cette

  9   déclaration. Me suis-je rendu au Tribunal, ou est-ce que la déclaration a

 10   été recueillie ailleurs ? Il me semble que c'était ici au Tribunal.

 11   Q.  Merci. Avant de venir ici, avez-vous eu des contacts préalables avec

 12   les représentants du bureau du Procureur ?

 13   R.  Oui; sinon, comment aurais-je pu être cité comme témoin ? Il fallait

 14   qu'ils organisent un peu le voyage, qu'ils me demandent si j'étais en

 15   mesure de venir, trouver les billets, mon visa, et cetera.

 16   Q.  Pouvez-vous nous dire avec qui vous êtes-vous entretenu avant de venir

 17   ici, en février 2007 pour témoigner. Connaissez-vous les noms des personnes

 18   du Tribunal avec lesquelles vous vous êtes entretenu ?

 19   R.  J'aurais du mal à vous donner les noms. Tomasz quelque chose.

 20   Q.  Où a eu lieu l'entretien -- cet entretien ? Est-ce qu'il a été

 21   enregistré ?

 22   R.  Vous voulez dire les entretiens que j'ai eus avant ma venue ?

 23   Q.  Merci.

 24   R.  La première conversation a eu lieu chez moi, et je ne vais surtout pas

 25   mentionner l'endroit où j'habite. Il s'agissait d'une conversation courte

 26   qui a duré 10 à 15 minutes.

 27   Q.  Y a-t-il un enregistrement audio vidéo, de la conversation que vous

 28   avez eue avec le représentant du bureau du Procureur, ce dénommé Tomasz ?

Page 2921

  1   R.  Je n'ai pas remarqué de personne enclenchant un magnétophone quelconque

  2   ou caméscope.

  3   Q.  Merci. Connaissez-vous suffisamment d'anglais pour signer une

  4   déclaration dans cette langue ?

  5   R.  Non, je ne suis pas très fort en anglais. Mais en ce qui faisait partie

  6   de votre question, vous me demandez si j'ai signé une déclaration en

  7   anglais. J'ai confiance dans les gens qui ont rédigé cette déclaration pour

  8   que je la signe, et je n'ai jamais soupçonné qu'on fasse des erreurs de

  9   traduction dans ma déclaration, à un moment ou à un autre.

 10   Q.  Avez-vous vérifié et comparé la déclaration dans les deux versions,

 11   votre langue maternelle et l'anglais, parce que j'aimerais vous poser des

 12   questions me basant sur la version en B/C/S ?

 13   R.  Je ne vois pas de différence sur la première page.

 14   Q.  Oui, sur la première page, d'accord.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais est-ce qu'on pourrait voir la page 2 du

 16   document, par exemple, dans les deux langues, paragraphe 5 ?

 17   M. TOLIMIR : [interprétation]

 18   Q.  Je vais vous lire la première phrase :

 19   "Lorsque j'ai été mobilisé au départ, j'ai reçu la mission d'établir une

 20   station radio ici dans un endroit bien précis afin de diffuser des

 21   informations au public."

 22   Ceci reflète-t-il bien vos propos ? Est-ce qu'on vous cite correctement ?

 23   R.  Ma première mission, une fois mobilisé, étant donné que je suis

 24   radioamateur et que je m'y connais en électronique, est la suivante : J'ai

 25   été contacté par une personne qui habitait là où j'habite et qui m'a dit -

 26   comment dire - il est venu me voir pour me demander si je pouvais aider à

 27   mettre sur pied une station radio chez moi -- enfin, dans l'endroit où

 28   j'habite. Quand je parle de "station radio," je ne parle pas d'une station

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  1   radio permettant de communiquer, de recevoir et d'émettre, mais uniquement

  2   une station qui permettrait de diffuser. En effet, à ce moment-là, là où

  3   j'habitais, il y avait un blocus total sur l'information. Il y avait

  4   énormément de réfugiés qui arrivaient. Il fallait donc une station radio --

  5   enfin, une chaîne de radio, afin de diffuser les informations, les

  6   nouvelles.

  7   Q.  Qui a imposé ce blocus sur les informations là où vous habitiez et là

  8   où vous avez ensuite mis sur pied une station de diffusion, une station

  9   radio permettant de diffuser les informations ?

 10   R.  Je ne sais pas qui a imposé ce blocus sur les informations. Tout ce que

 11   je peux vous dire, c'est que là où j'habitais, on ne recevait plus aucune

 12   information. On ne recevait aucune information, ni par la télévision, ni

 13   par la radio. La configuration géographique du terrain est telle qu'elle

 14   est en contrebas de colline. C'est une colline sur laquelle il y avait un

 15   relais de radiodiffusion, radio télédiffusion. Alors quant à savoir qui l'a

 16   arrêté, qui a empêché que les informations puissent être diffusées depuis

 17   l'autre répéteur sur celui-là, je ne sais pas.

 18   Q.  Dites-nous : si ce relais de radiodiffusion, radio télédiffusion était

 19   sous le contrôle de la VRS ou de l'armée de la BiH, et en quelle année ?

 20   R.  A l'époque, cet endroit qui est entre l'endroit où j'habite et cet

 21   relais de radio télédiffusion, c'est un village qui était tenu -- bon, je

 22   ne voudrais insulter personne en employant des termes péjoratifs -- enfin,

 23   disons que c'était un village tenu par des membres de la communauté serbe,

 24   et nous n'avions qu'un accès au relais de radio télédiffusion. Donc assez

 25   rapidement, je ne peux pas vous dire exactement combien de temps, mais

 26   assez rapidement, ce relais de radio télédiffusion est tombé aux mains de

 27   l'armée de la BiH.

 28   Q.  Donnez-moi le nom du village. Est-ce qu'il y a encore des Serbes qui y

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  1   habitent ?

  2   R.  Si je donne le nom du village où se trouve ce fameux relais de radio

  3   télédiffusion - et je remercie l'accusé de ne pas avoir déjà dit le nom de

  4   mon village, parce que je préfère que l'on emploi le nom "mon village" ou

  5   "chez moi" - sinon, si je donne le nom, je vais automatiquement dévoiler

  6   mon identité.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous pouvons passer à huis clos

  8   partiel, si vous le voulez.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pas besoin de passer à huis clos partiel. Je

 10   retire ma question. J'aimerais juste que le témoin me dise si des Serbes

 11   habitent encore dans ce village dont il a parlé.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. A l'heure actuelle, il y a des Serbes qui

 13   sont revenus. Les maisons ont été réparées.

 14   M. TOLIMIR : [interprétation]

 15   Q.  Au cours de la guerre, lorsque ce relais était donc sous le contrôle de

 16   l'armée de la BiH, y a-t-il des Serbes dans ce village à ce moment-là ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  A la page 8357 du compte rendu de l'affaire Popovic, lignes 11 et 12,

 19   vous dites que vous avez formé des opérateurs radio; c'est bien le cas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Mais qui avez-vous formé à l'utilisation d'équipement radio ? Et à quel

 22   moment avez-vous formé ces personnes ?

 23   R.  J'ai formé des soldats qui faisaient partie de mon peloton.

 24   Q.  A la page 8359, lignes 14 et 15 de ce même compte rendu, vous dites :

 25   "Je n'avais pas d'heures de travail bien précises. J'étais toujours en

 26   train de surveiller mes équipes."

 27   Donc lors de l'interrogatoire principal, en répondant au Procureur, vous

 28   dites en effet que vous étiez là pour superviser le travail des soldats qui

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  1   vous étaient subordonnés. Vous étiez là aussi pour les former. Pouvez-vous

  2   nous en parler ?

  3   R.  Si je me souviens bien, j'ai dit que je supervisais le travail effectué

  4   par mes soldats et que je n'avais pas d'heures de travail bien précises. En

  5   fait, je passais l'essentiel de mes journées -- de mon temps dans la salle

  6   de travail; on l'appelait ainsi la salle de travail où se trouvaient à la

  7   fois le personnel et les équipements. Evidemment, je dormais peu de temps.

  8   Je ne dormais pas là, et lorsque je dormais, bien sûr, je ne supervisais

  9   personne.

 10   Q.  Merci. Vous avez répondu à ma question. Lors de vos jours de repos,

 11   lorsque vous n'étiez pas là, qui s'était chargé d'envoyer les rapports,

 12   puisque vous dites que vous étiez le seul qui dactylographiait, qui codait

 13   et qui préparait les messages pour qu'ils soient transmis ?

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Madame Chittenden.

 15   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Je tiens à dire que je pense que le

 16   témoin n'a jamais dit qu'il y avait des jours où il n'était pas là. C'est

 17   une déformation de ses propos.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, en fait, il a quand même dit

 19   qu'il dormait de temps en temps, et je pense que son sommeil ce n'est pas

 20   tout à fait la même chose que les jours de repos. Bon, enfin, bon.

 21   Mme CHITTENDEN : [interprétation] En effet.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous pouvez quand même répondre à la

 23   question, je pense, Monsieur le Témoin.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse auprès de ce monsieur, je ne

 25   souhaite absolument pas l'offenser, mais il a dit les "jours de repos." Il

 26   a bel et bien -- c'est lui qui a parlé des jours de repos; ce n'est pas

 27   moi. Lorsque j'étais de service sur la colline sud, je n'ai jamais eu le

 28   moindre jour de repos. Lorsque nous étions en permission, toute l'équipe

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  1   allait avec moi se reposer chez moi, dans un endroit bien précis. "Repos --

  2   "

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ecoutez, je suis désolé e vous

  4   interrompre.

  5   M. Tolimir vous a posé une question bien précise, il voudrait savoir qui

  6   était chargé d'envoyer les rapports lorsque vous dormiez.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque je dormais, personne n'envoyait de

  8   rapports. Si une conversation était interceptée, un soldat venait me

  9   réveiller, et j'envoyais le rapport. Mais c'était rare.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président, de

 12   nous aider à communiquer.

 13   M. TOLIMIR : [interprétation]

 14   Q.  Pour être parfaitement juste envers vous-même, Monsieur le Témoin, et

 15   Mme Chittenden, je vais relire le septième paragraphe de la déclaration du

 16   témoin, où il est écrit, et je cite :

 17   "J'étais le seul qui dactylographiait les rapports. Les rapports étaient

 18   ensuite codés et envoyés sous forme encryptée."

 19   C'était ma question, vous dites là que vous étiez la seule personne qui

 20   dactylographiait les rapports et je voulais savoir qui pouvait s'en occupe

 21   lorsque vous n'étiez pas disponible.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 23   Sachez, que je n'essaie de leurrer le témoin ou d'induire qui que ce soit

 24   en erreur. J'essaie d'être clair et d'aider les Juges.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai jamais essayer d'insinuer que vous

 26   vouliez m'induire en erreur ou de me tromper, mais, bon, il faut quand même

 27   être -- il ne faut pas jouer sur les mots.

 28   Il est bien évident que je ne pouvais pas à la fois dormir et

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  1   dactylographier. Donc comme je disais, c'était rare que l'on m'interrompe

  2   la nuit, vous le savez, il y avait peu de trafic sur les ondes pendant la

  3   nuit. C'était plutôt dans la journée. Et si quelque chose était intercepté

  4   au cours de la nuit, on me réveillait et j'envoyais le rapport.

  5   M. TOLIMIR : [interprétation]

  6   Q.  Très bien. Je vous remercie. Nous allons passer à autre chose.

  7   A la page donc 8 368, lignes 5 et 8 de l'affaire Popovic, vous avez dit :

  8   "Je n'ai quitté mon poste qu'en septembre 1994. Je suis parti en formation,

  9   ainsi j'ai aussi quitté poste pour Nouvel An 1995."

 10   C'est bien ce que vous avez dit ?

 11   R.  Lorsque j'étais sur le site sud, je n'ai été absent que deux fois

 12   lorsque mon groupe était en -- mon groupe travaillait, était de garde sur

 13   le site sud, je suis absenté donc deux fois, comme je l'ai déjà dit, en

 14   1994, pour une formation, et puis aussi pour la Saint-Silvestre, 1995, bon,

 15   j'avais des problèmes familiaux et je voulais rentrer chez moi, donc c'est

 16   pour cela que j'ai passé le Nouvel An, en 1995 à 1996, chez moi.

 17   Q.  Très bien. Aviez-vous un grade; est-ce que vous étiez à la tête de ce

 18   service ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Pendant la guerre, avez-vous été allé recevoir une instruction

 21   spécifique en dehors des installations de l'ABiH ?

 22   R.  Non, pendant la guerre, je n'étais formé qu'au sein de l'ABiH.

 23   Q.  Merci. Vous êtes-vous rendu à l'étranger, à l'extérieur de la Bosnie-

 24   Herzégovine, pour y recevoir des instructions et une formation sur le

 25   domaine qui nous intéresse, c'est-à-dire la surveillance des communications

 26   radio ?

 27   R.  Non, je n'ai jamais été formé ailleurs qu'en Bosnie-Herzégovine en ce

 28   qui concerne donc ces écoutes. Lorsque j'étais -- lorsque je servais dans

Page 2928

  1   les rangs de la JNA, là, j'ai été -- j'ai suivi ce type de formation, mais

  2   pas pour la surveillance de communications, mais j'étais formé à la radio

  3   de commandants. Mais c'était aussi en Bosnie-Herzégovine.

  4   Q.  Qu'en était-il de votre grade ?

  5   R.  Ça, je ne m'en souviens pas bien. Commandant de peloton est le grade le

  6   plus bas. Je ne sais pas si c'était chef d'escadron ou je ne sais pas bien,

  7   chef de peloton, je pense. Enfin du fait de mon grade je ne pouvais pas

  8   commander autre chose qu'un peloton.

  9   Q.  Très bien. Vous avez suivi une formation à Sarajevo vous en avez déjà

 10   parlé précédemment. C'était une formation sur les écoutes ?

 11   R.  Oui, oui, c'est ça c'était sur les écoutes, la surveillance des ondes,

 12   et cetera. Puis enfin, une formation de base, la formation management de

 13   base, donc comment gérer les gens, un management, gestion de personnels,

 14   infanterie Pas forcément uniquement des spécialistes des communications.

 15   Q.  Merci. Qui dispensait la formation ? Y avait-il uniquement des membres

 16   de l'ABiH, ou y avait-il des membres d'une autre armée ?

 17   R.  J'ai peur qu'on comprenne mal ce que je vais dire, est-ce que vous me

 18   permettez de fournir une explication un peu plus détaillée ?

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, je ne connais pas les noms des

 21   personnes qui ont organisé la formation. Je ne sais pas du tout si cette

 22   formation, cette instruction était faite par des membres de l'ABiH, parce

 23   qu'ils portaient des vêtements civils. Une des personnes nous disposant

 24   cette formation, donc je ne connais pas le nom véritable. Un certain Mujica

 25   [phon], qui était amateur radio très expérimenté, qui a passé toute sa vie

 26   à faire des expériences avec les antennes, c'est lui, par exemple, qui nous

 27   a formé, qui nous a donné toutes les informations sur les antennes, sur la

 28   diffusion, sur la portée des antennes, et cetera, et cetera, et comme il

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  1   venait nous voir habillé en vêtements civils, je suppose qu'il n'était pas

  2   membre de l'armée. Il était originaire de Sarajevo, et il résidait à

  3   Sarajevo. Entre-temps, il est mort.

  4   M. TOLIMIR : [interprétation] Bien, cela suffit comme réponse à ma

  5   question. Je vous prie maintenant, à la question suivante, de répondre

  6   directement : est-ce que les membres de l'OTAN ou de FORPRONU vous ont

  7   dispensé une formation ou instruction dans ce domaine ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Bien. Dans l'affaire Popovic, vous avez parlé des Unités chargées de

 10   Traitement de données au sein du corps de l'armée. Maintenant répondant aux

 11   questions, vous avez parlé des transmissions des données vers la Section

 12   chargée du Traitement ou d'Analyse de données, transmissions par paquets.

 13   R.  Oui, c'est exact. mais on ne dit pas d'information paquets, mais

 14   c'était un logiciel qui permettait d'envoyer les données chiffrées, les

 15   données codées par paquet vers l'Unité chargée du Traitement automatique de

 16   données située au 2e Corps de l'armée.

 17   Q.  Bien. Est-ce que vous pouvez maintenant nous dire quelque chose de

 18   plus, au sujet de cette Unité chargée de l'Analyse automatique des données,

 19   ou service de Traitement des données, qui utilisait dans le cadre de son

 20   travail les données réunies par vous dans le cadre des écoutes des

 21   communications, des transmissions ?

 22   R.  Je peux essayer de vous dire ce que j'en sais, mais vous savez comme

 23   dans chaque autre armée, au sein de l'ABiH, il y avait des sections, des

 24   unités qui gardaient leurs activités assez secrètes. Je pense que cette

 25   unité fonctionnait, qu'elle faisait partie des organes chargés des

 26   Renseignements, qu'ils réunissaient donc, accueillaient les renseignements,

 27   et nos dépêches, nos rapports réunis au sein de l'Unité chargée de Contre-

 28   mesures électroniques leur étaient envoyés du site nord ou d'autres sites.

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  1   Donc cette unité réunissait les données, les traitait automatiquement.

  2   Les données portaient sur choses différentes, les effectifs, les

  3   unités, et cetera, et cetera. Ils avaient des carnets, par exemple, il n'y

  4   avait personne XX. On voit, sur la base d'une dépêche, qu'il s'était

  5   entretenu avec telle et telle personne, avec sa femme, par exemple, qui

  6   s'appelle comme cela, puis ensuite XY, commandant de bataillon tel et tel,

  7   ensuite une autre personne qui s'appelle comme cela qui est commandant

  8   d'une autre unité, puis ensuite on crée une nouvelle de données. Ils

  9   essaient en fait, sur la base des informations fournies, de faire une

 10   mosaïque, de compléter les informations, les données portant sur tout le

 11   monde, de l'autre côté.

 12   Q.  Bien. Est-ce que vos rapports étaient transmis seulement à cette

 13   unité-là, à ce service chargé de Traitement des données, ou les

 14   transmettiez-vous à d'autres unités ?

 15   R.  Les conversations enregistrées étaient envoyées au service de

 16   traitement des données, le traitement automatique des données, d'autres

 17   partaient ailleurs aussi. Par exemple, si on laissait l'information sur le

 18   pilonnage d'une zone alors on utilisait nos transmissions par paquets pour

 19   informer l'unité qui se trouvait à cet endroit-là, par exemple, si on

 20   disposait des moyens de communication avec cette unité. Mais en ce qui

 21   concerne les rapports codés et chiffrés, ces rapports-là étaient envoyés au

 22   service de Traitement automatique des données par paquets. S'il n'y avait

 23   pas une dimension prioritaire à attacher à un rapport, alors on respectait

 24   entièrement la procédure, on envoyait les rapports à ce service après avoir

 25   effectué tout ce qu'on doit normalement faire, alors autrement

 26   effectivement s'il s'agissait d'un rapport de teneur urgente, alors dans ce

 27   cas-là, on contactait les unités concernées directement.

 28   Q.  Bien. Vous avez déclaré, page 8379, lignes 23 et 24 de l'affaire

Page 2931

  1   Popovic :

  2   "On dactylographiait un rapport, après l'avoir dactylographié, je

  3   l'envoyais immédiatement au service de traitement automatique de données et

  4   ce qui restait chez moi dans mon archive, était ensuite analysé. J'essayais

  5   de faire des déductions sur la base de ces documents."

  6   Ma question est la suivante : Quelles sont les conclusions que vous essayez

  7   de tirer à partir de ces documents, pour vos besoins ou pour les besoins de

  8   quelqu'un d'autre ? Merci.

  9   R.  Ecoutez, j'étais avant soldat dans les rangs de la JNA, et on faisait

 10   la même chose dans la JNA. Par exemple, je pouvais avoir, moi-même,

 11   certaines données, données utiles à mon unité, par exemple.

 12   Je peux donner un exemple pour que ce soit clair, pour éviter toute

 13   confusion.

 14   Par exemple, si XX répond sur la fréquence 230 mégahertz, le

 15   lendemain, par exemple, cette fréquence n'existe plus. Il n'y a plus de

 16   transmission sur cette fréquence, alors je le cherche et je le retrouve en

 17   train de communiquer sur la fréquence 240 mégahertz. Donc c'est une

 18   information qui est utile. Donc je note ceci, je tiens un registre parce

 19   qu'il faut aussi beaucoup d'éléments, par exemple, la fréquence régulière,

 20   la fréquence de stand-by, la base d'écoute, l'indicatif. Toutes ces données

 21   sont nécessaires. Nous devons les recueillir pour pouvoir savoir où on peut

 22   retrouver sur les fréquences une personne donnée, pour ne pas le chercher à

 23   chaque fois à zéro, donc on mémorisait les fréquences de réserve.

 24   On notait toutes les données qui pouvaient nous aider à mieux

 25   fonctionner.

 26   Q.  Bien. Essayez d'être plus bref, s'il vous plaît. Le traitement de

 27   données que vous effectuez, le faisiez-vous de votre propre gré ou

 28   conformément à un ordre de vos supérieurs, et est-ce que vos supérieurs en

Page 2932

  1   étaient informés ? Merci.

  2   R.  Ecoutez, mon devoir en tant que commandant était de traiter ces données

  3   au moins en partie. Plus tard, comme j'ai suivi une formation à Sarajevo en

  4   1994, on nous a enseignés comment traiter les données partiellement. Je ne

  5   me souviens pas d'avoir disposé d'un ordre écrit et signé par mon

  6   supérieur, mais oralement dans mes conversations je n'ai jamais caché ce

  7   fait-là, et je pensais que tout simplement que c'était quelque chose que

  8   nous devions faire. De toute manière, nous devions du moins partiellement

  9   traiter les données recueillies, mais je ne me souviens pas d'existence

 10   d'un ordre écrit et signé à cet effet.

 11   Q.  Merci. Alors puisque vous étiez commandant d'une unité indépendante qui

 12   se trouvait sur ce site, et puisque vous effectuez les missions que vous

 13   avez décrites tout à l'heure, dites-nous : est-ce que vous avez traité les

 14   données relatives à toute autre institution, autre que le 2e Corps et son

 15   service de Traitement automatique de données ? Est-ce que vous avez coopéré

 16   avec un autre service, avec une autre unité faisant partie d'une autre

 17   formation à l'intérieur ou à l'extérieur de Bosnie-Herzégovine ? Merci.

 18   R.  Non, avec aucune unité ou organisation ou établissement en dehors de

 19   Bosnie-Herzégovine. Ça, c'est sûr. Donc en dehors de mon environnement de

 20   travail et de mes collaborateurs les plus proches, je n'ai pas fait rien de

 21   tel. Bon, nous avons, avec les collaborateurs, et cetera, cherché des

 22   informations. Par exemple, il nous arrivait de demander l'assistance d'une

 23   autre base d'écoute. Par exemple, celle qui était la plus proche de la

 24   nôtre. Par exemple, si je perdais le signal d'un coup ou si je n'arrivais

 25   plus à surveiller aucune fréquence et si je voyais qu'il n'y avait aucune

 26   raison par exemple de nature météorologique qui pouvait nuire à la

 27   surveillance des fréquences, alors je me disais qu'il devait y avoir une

 28   autre raison et je m'adressais alors à une autre base d'écoute pour qu'ils

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  1   m'assistent, qu'ils essaient eux de voir s'ils peuvent surveiller les

  2   fréquences en question ou pas.

  3   Q.  Bien. Cette unité, votre unité chargée de contre-mesures électroniques,

  4   est-ce qu'elle était en mesure de surveiller ou d'écouter toutes les forces

  5   armées en présence en Bosnie-Herzégovine, donc celles de la VRS, mais aussi

  6   d'autres parties en présence ?

  7   R.  Je dois essayer de vous expliquer ceci. Notre équipement, RRU-1, par

  8   exemple, ou RRU-800, nous permettait de placer sous écoute les

  9   communications de la VRS. Evidemment, cela signifie qu'on pouvait écouter

 10   également les communications de l'armée de la BiH, qui se faisaient sur le

 11   même type d'appareil. Mais, bon, on n'avait qu'un nombre très limité de ce

 12   type d'appareil et nous n'effectuions pas les écoutes des communications,

 13   des transmissions effectuées par nos unités. Peut-être. Peut-être que

 14   quelqu'un l'a fait, mais je ne sais pas. Peut-être dans un autre contexte.

 15   Peut-être dans le cadre des activités de combat. C'est vrai que parfois on

 16   recevait l'ordre, par exemple, de surveiller nos communications mais, vous

 17   savez, la JNA aussi le faisait. La VRS le faisait aussi, tout simplement

 18   pour être en mesure d'indiquer aux responsables militaires de l'ABiH que

 19   nos opérateurs, par exemple, effectuaient leur travail de manière

 20   appropriée ou pas. Par exemple, s'ils ne se comportaient pas de manière

 21   adéquate, leur négligence exposait les activités de l'armée aux risques, en

 22   permettant aux parties adverses de, par exemple, surveiller nos

 23   communications à nous, et cetera.

 24   Q.  Merci. Bien. Vous avez répondu. Dites-nous, est-ce que vous avez essayé

 25   de brouiller les communications du parti opposé, mais également les

 26   communications entre les unités de l'ABiH, si vous remarquiez par exemple

 27   qu'il y avait des fuites émanant de cette unité-là, par exemple ?

 28   R.  Ecoutez, non, je ne me souviens pas d'avoir fait ça, d'avoir brouillé

Page 2934

  1   les communications de nos unités à nous. Nous avons essayé de brouiller les

  2   communications, les signaux envoyés par les opérateurs de la VRS, mais pas

  3   les nôtres.

  4   Q.  Bien. Est-ce que vous avez jamais reçu un ordre ? Est-ce que -- pour

  5   chaque fois où vous décidiez de brouiller un signal, est-ce que c'était

  6   conformément à un ordre particulier concernant cette émission-là, ou vous

  7   le faisiez -- ou c'est vous qui décidiez vous-même de le faire ?

  8   R.  Ecoutez, au site sud, nous ne disposions pas d'équipement de

  9   brouillage. On nous les envoyait de temps en temps. Notre commandement

 10   supérieur nous l'envoyait et demandait, par exemple, de brouiller les

 11   communications pendant une période donnée dans le cadre des activités de

 12   combat donnée. Mais, à ce moment-là, on nous envoyait cet équipement, par

 13   exemple, les équipements dont nous disposions, les RRU-1 et RRU-800. Par

 14   exemple, s'il y avait, de l'autre côté, l'équipement qui nous permettait

 15   d'écouter les communications passant par cet équipement, il n'y avait

 16   aucune raison de brouiller ces communications, parce que tout opérateur

 17   normalement constitué s'en serait rendu compte très rapidement, et donc il

 18   aurait arrêté les transmissions, les communications sur les fréquences que

 19   nous avions auparavant défectées [phon]. Donc il aurait décrété silence

 20   radio et nous n'aurions pas pu ensuite obtenir des informations sur ces

 21   fréquences. C'est pour ça que nous ne le faisons pas. Le brouillage, en

 22   fait, était effectué seulement ou, en général, en ce qui concerne les

 23   communications faites par les radios portatives, les Motorala qui étaient

 24   utilisés sur le terrain. Mais nous étions toujours -- nous préférions

 25   toujours ne pas brouiller les communications, mais plutôt essayer de les

 26   écouter, de les enregistrer pour recueillir des informations.

 27   Q.  Bien. Très bien. Merci.

 28   M. LE JUGE MINDUA : [interprétation] Maintenant, la pièce P500. C'est un

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  1   rapport du 20 mars 1995, où il est dit dans la première phrase -- le

  2   document n'est toujours pas affiché à l'écran. Maintenant il y est. Peut-on

  3   agrandir le document, la première phrase ?

  4   M. TOLIMIR : [interprétation]

  5   Q.  Est-ce que vous voyez le document ? Arrivez-vous à lire ce document ?

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande qu'on agrandisse la version dans la

  7   langue du témoin.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur Tolimir.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je donnerai lecture de ce texte après

 10   l'intervention de Mme Chittenden.

 11   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Je voulais juste noter qu'il ne fallait

 12   pas diffuser ce document parce qu'il est sous pli scellé.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien.

 14   M. TOLIMIR : [interprétation]

 15   Q.  La première phrase :

 16   "Je vous informe que Mini-Kobac est installé et que je peux effectuer le

 17   brouillage des RTTY.

 18   "Tout à l'heure, on m'a demandé de tester ou de voir s'il était possible de

 19   brouiller la fréquence 258.275. Immédiatement après, pendant quelques cinq

 20   minutes, tout signal sur cette fréquence est disparu et il n'y en a

 21   toujours pas.

 22   "J'ai scanné les fréquences de 230 à 270 mégahertz et j'ai trouvé une

 23   nouvelle fréquence, 247.075 mégahertz qui, hier soir, lors du scan des

 24   fréquences, n'a pas été enregistrée. L'intensité du signal sur cette

 25   fréquence est du 5 à 9 plus 20 DB, ce qui correspond à l'intensité de

 26   signal qui existait sur la fréquence de 258.275 mégahertz."

 27   Est-ce que vous avez écrit ceci ?

 28   C'est signé par vous.

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Alors est-ce que c'est vous qui avez installé cet appareil appelé

  3   Mini-Kobac, appareil de brouillage ?

  4   R.  Oui, Monsieur le Président, ce document porte ma signature, afin

  5   d'éviter que la situation échappe à notre contrôle complètement nous

  6   essayons de temps en temps à utiliser cet appareil Mini-Kobac pour

  7   brouiller certaines fréquences. C'est un appareil qui venait, je crois, de

  8   la JNA. En même temps, il émettait les signaux et il pouvait couvrir cette

  9   gamme de fréquence, de 230 à 277 mégahertz.

 10   Quand je dis ici, "Quand on m'a demandé il y a quelque temps de

 11   d'essayer de brouiller la fréquence télétex," cela signifie qu'on ne

 12   m'avait pas demandé de brouiller de manière permanente ces fréquences-là.

 13   On m'a demandé tout simplement d'installer l'équipement, de le tester et

 14   donc j'informe maintenant des résultats de test de brouillage sous la

 15   fréquence en question.

 16   Q.  Merci.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, vous approchez de

 18   la fin du temps qui vous est imparti pour le contre-interrogatoire. Parce

 19   que, comme vous le savez bien, le témoin suivant devrait aussi terminer sa

 20   déposition aujourd'hui afin de rentrer chez eux. Je vous prie - et vous et

 21   surtout le témoin - d'essayer d'être bref.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.

 23   M. TOLIMIR : [interprétation]

 24   Q.  Monsieur le Témoin, je vous prie d'essayer de répondre un peu plus

 25   brièvement de manière plus succincte à mes questions, en prenant compte les

 26   instructions données par le Président de la Chambre.

 27   Dites-nous : est-ce que vous scanniez les fréquences utilisées vous-même

 28   manuellement, ou aviez-vous un scanner automatique qui le faisait ?

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  1   R.  C'est le poste radio qui scannait les fréquences lui-même. Donc on

  2   appuyait sur un bouton, l'appareil commençait à scanner et s'arrêtait

  3   seulement s'il tombait sur un signal.

  4   Q.  Bien.

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche maintenant le

  6   document, pièce P497.

  7   M. TOLIMIR : [interprétation]

  8   Q.  C'est votre déclaration, Monsieur le Témoin. Il nous faut la page 3 de

  9   ce document. En attendant, je vous poserai une question qui n'a rien à voir

 10   avec cette déclaration.

 11   Bon. Vous avez fait référence aux cahiers, registres, papiers, bandes, et

 12   cetera, que vous avez remis aux officiers du 2e Corps de l'armée, n'est-ce

 13   pas ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Bien. Dites-nous : est-ce que vous avez jamais procédé de vous-même à

 16   la destruction de ce que je viens d'énumérer, donc des cahiers, des bandes,

 17   des papiers, et cetera, tout ce que vous utilisiez dans le cadre de

 18   traitement des conversations écoutées ? Merci.

 19   R.  Monsieur, oui, moi-même, il m'est arrivé d'effacer les bandes, mais

 20   après consultation avec quelqu'un du commandement supérieur, en général.

 21   Vous savez, nous n'avions pas un nombre illimité de bandes à notre

 22   disposition, leur nombre était très limité, et nous étions parfois amenés à

 23   effacer des bandes. Par exemple, les conversations de nature privée avec un

 24   officier et sa femme ou un ami, ou il n'y avait pas de donnée, aucun

 25   renseignement utile pour nous.

 26   Q.  Merci beaucoup. Mais pour détruire le contenu de ces bandes, vous

 27   deviez d'abord demander l'autorisation du commandement supérieur ?

 28   R.  D'une manière générale, oui.

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  1   Q.  Bien. Veuillez maintenant examiner la page 8 de votre déclaration,

  2   ligne 6, alors je cite :

  3   "Bien que je n'ai jamais vu une version imprimée de ces rapports."

  4   Donc ma question est la suivante : Est-ce que vous avez vraiment déclaré

  5   ceci, et pourquoi vous dites que vous n'avez jamais eu l'occasion de voir

  6   une version imprimée de ces rapports ceux qu'on peut voir ici que nous

  7   présente le Procureur parce que vous avez dit les avoir vus pour la

  8   première fois ici lors de vos entretiens avec les représentants du bureau

  9   du Procureur ?

 10   R.  Ecoutez, il faut d'abord que je voie où cela est indiqué pour

 11   comprendre le contexte.

 12   Q.  Ecoutez, regardez, sixième ligne, où il est indiqué :

 13   "Bien, si je n'ai jamais vu ces rapports imprimés en papier, je les

 14   reconnais parce que je les ai dactylographiés moi-même et parce que je les

 15   envoyais quotidiennement au service de traitement automatique de donnée."

 16   Alors est-ce que vous pouvez m'expliquer ceci ?

 17   R.  Je pense qu'il y a un problème ici, une confusion. Il y a des rapports

 18   qui portaient sur l'état d'équipement de notre base d'écoute au quotidien,

 19   et ces rapports-là, je ne les ai jamais imprimés pour voir ce que ça

 20   donnait sur papier. Vous voyez, je les envoyais tout simplement. Puis quand

 21   je me rendais au commandement, je m'adressais aux personnes présentes

 22   oralement, et je n'avais jamais demandé qu'on me présente un de mes

 23   rapports préalables. Donc je n'ai jamais eu avant l'occasion de voir ces

 24   rapports imprimés sur papier parce que je n'avais pas besoin de les

 25   imprimer, je n'avais pas besoin de les archiver, ou quoi que ce soit. Donc

 26   c'est dans ce contexte-là que j'ai fait cette déclaration-là.

 27   Q.  Bien. Dans ce contexte même --

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Madame le Procureur.

Page 2939

  1   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Il s'agit de la pièce P505 qui est un jeu

  2   de documents divers. Peut-être que le témoin a envie de les regarder avant

  3   de répondre aux questions de l'accusé, mais peut-être que ce n'est pas

  4   nécessaire non plus.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Merci.

  6   Poursuivez.

  7   M. TOLIMIR : [interprétation]

  8   Q.  Bon, je n'implique rien du tout. Vous avez tout simplement déclaré là

  9   dans la déclaration, et puis dans le cadre de l'interrogatoire principal en

 10   répondant aux questions de Mme Chittenden, vous avez dit que si on vous

 11   posait les mêmes questions aujourd'hui que vous donneriez les mêmes

 12   réponses, donc je vous ai cité une partie de votre déclaration qui est

 13   versée au dossier cette déclaration avait été utilisé dans l'affaire

 14   Popovic et utilisée ici, donc vous avez dit que : "Vous diriez la même

 15   chose."

 16   Alors je vous demande de nouveau : Est-ce que vous n'avez jamais vu un

 17   rapport dactylographié avant vos entretiens avec le Procureur ? Est-ce que

 18   j'ai bien lu ce qui est indiqué ici ? Est-ce que ceci reflète la réalité ?

 19   C'est tout. Oui, ou non ?

 20   R.  Je n'ai pas vu ces rapports dactylographiés dans nos archives.

 21   Q.  Merci. Y a-t-il dans les archives de l'ABiH l'un ou l'autre de vos

 22   rapports ? Pourrait-on les y trouver ? Les avez-vous vous, vous-même, avant

 23   qu'on vous les montre par vos propres hommes du renseignement par le bureau

 24   du Procureur ?

 25   R.  Je suppose qu'ils ont été archivés, ils devraient s'y trouver. On est

 26   censé conserver les archives pendant un certain temps. Parfois - et je ne

 27   sais pas si vous avez un exemplaire des rapports que vient de mentionner

 28   Mme Chittenden - mais parfois donc dans ces rapports, on trouve une liste

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  1   de matériel, les équipements où je disais dans le rapport que j'avais

  2   besoin par exemple de nouvelles batteries parce que les autres ne

  3   fonctionnaient plus. Lorsque je me rendais au commandement après avoir

  4   envoyé ces rapports, je m'adressais à un officier et je disais peut-être :

  5   "Eh bien, pourriez-vous me remettre le rapport que je vous ai

  6   communiqué de sorte à ce que je puisse me prévaloir de ce document pour

  7   obtenir ce que j'avais demandé".

  8   Q.  Je ne vous pose pas de question sur votre contact avec le commandement

  9   et votre correspondance avec celui-ci. Je vous interroge sur ces

 10   interceptions et ces conversations interceptées dont vous avez parlé. Si

 11   c'est votre réponse, très bien, nous n'allons plus perdre de temps.

 12   Il est vrai que vous les avez vus pour la première fois au bureau du

 13   Procureur ?

 14   R.  Je ne sais pas, je ne sais pas. Sur mille papiers, mille documents, il

 15   y en a un que j'ai vu vraiment pour la première fois au bureau du

 16   Procureur, mais il y a énormément de papiers que j'ai écrits et envoyés au

 17   commandement réclamant certaines choses.

 18   Q.  Je n'ai pas de mauvaises intentions à votre égard. Vous étiez officier,

 19   vous exerciez votre commandement. Je voulais simplement obtenir des

 20   informations de votre part, informations que je pourrais utiliser par la

 21   suite lorsque vos subordonnés viendront témoigner. Je voulais simplement

 22   savoir comment fonctionnait votre groupe sur le site sud.

 23   Je vous remercie d'avoir répondu à mes questions. Au nom de la Défense,

 24   merci de toutes ces réponses. Merci de l'équité avec laquelle vous avez

 25   répondu à ces questions.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai terminé ce contre-

 27   interrogatoire. Merci également de l'aide que vous m'avez donnée.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Merci à vous aussi d'avoir été juste

Page 2942

  1   dans votre interrogatoire. Merci également de toutes ces bénédictions. Je

  2   ne suis pas offensé, même si je suis de religion différente.

  3   Cet homme qui vient de me contre-interroger sait qu'il n'y a qu'un seul

  4   Dieu. Je ne suis donc absolument pas offensé par ce qu'il m'a dit.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci de cette conversation très

  6   appréciée.

  7   Madame Chittenden, avez-vous des questions supplémentaires ?

  8   Mme CHITTENDEN : [interprétation] Non. Merci.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur, vous serez heureux

 10   d'apprendre que ceci met un terme à votre déposition aujourd'hui. Vous êtes

 11   maintenant libre de retrouver votre pays, votre lieu de résidence. Merci

 12   d'avoir été présent. Vous pouvez maintenant quitter La Haye, mais veuillez

 13   attendre un peu avant de vous lever, de sorte à ce que votre identité soit

 14   protégée grâce aux stores qui sont en train de se baisser, avant de quitter

 15   le prétoire. Merci encore une fois.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 17   [Le témoin se retire]

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, le témoin suivant

 19   est-il prêt ?

 20   M. THAYER : [interprétation] Je crois, oui. Je crois qu'il est un peu

 21   bousculé, si je puis dire. Il a un vol bien sûr à prendre, mais je crois

 22   qu'il a aussi un rendez-vous avec le médecin à 14 heures 15. Il est un peu

 23   malade et sa santé ne s'est pas améliorée, mais il est néanmoins capable de

 24   déposer, si je comprends bien.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Je demanderais donc aux

 26   deux parties d'être le plus bref possible dans leurs interrogatoires,

 27   particulièrement l'Accusation, compte tenu du fait qu'il s'agit d'un témoin

 28   présenté au titre de l'article 92 ter.

Page 2943

  1   M. THAYER : [interprétation] C'est entendu.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Avant que le témoin entre dans le

  3   prétoire, je souhaiterais soulever une question que j'avais soulevée à tort

  4   avec le témoin précédent.

  5   Si je comprends bien l'information que vous avez communiquée au greffe,

  6   vous n'avez pas utilisé tous les documents que vous aviez indiqués dans le

  7   cadre de la déposition de ce témoin, n'est-ce pas ?

  8   M. THAYER : [interprétation] Je ne montrerai pas toutes ces pièces, si

  9   c'est votre question, Monsieur le Président, c'est bien exact. Il y a

 10   toutefois un ou deux documents que je demanderai à afficher, mais pour le

 11   reste, j'en demanderai le versement soit en tant que partie de la

 12   déposition antérieure du témoin, soit comme document susceptible d'aider la

 13   Chambre de première instance à s'y retrouver dans le compte rendu Popovic

 14   ou dans le compte rendu sous-jacent de l'affaire Blagojevic.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais tous ces documents ont déjà fait

 16   l'objet d'une demande de versement au dossier, me semble-t-il, par écrit

 17   l'an dernier, n'est-ce pas ?

 18   M. THAYER : [interprétation] En effet, Monsieur le Président, à

 19   l'exception, me semble-t-il, de deux cahiers originaux dont des extraits

 20   ont été montrés au témoin dans l'affaire Blagojevic. Mais j'aimerais lui

 21   montrer l'un des originaux. En fait, les deux cahiers originaux, et

 22   demander le versement au dossier de ces deux cahiers également.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 24   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Attendez un

 26   instant que les stores se lèvent.

 27   Bienvenu au Tribunal, et rebonjour. Je vous demanderais de bien vouloir

 28   lire à haute voix la déclaration solennelle qui vous est tendue par

Page 2944

  1   l'huissier.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  3   Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

  4   rien que la vérité.

  5   LE TÉMOIN: PW-035 [Assermenté]

  6   [Le témoin répond par l'interprète]

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup. Je vous demanderais

  8   de bien vouloir vous asseoir.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous bénéficiez de mesures de

 11   protection dans le cadre de votre déposition. Votre nom ne sera pas

 12   mentionné ici. Un pseudonyme vous a été attribué. Par ailleurs, on ne

 13   pourra distinguer les traits de votre visage.

 14   Je pense que M. Thayer a un certain nombre de questions à vous poser.

 15   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Interrogatoire principal par M. Thayer: 

 17   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur.

 18   R.  Bonjour.

 19   Q.  Je vous demanderais de bien vouloir examiner la pièce P513 à l'écran.

 20   M. THAYER : [interprétation] Il s'agit de la feuille contenant le

 21   pseudonyme du témoin.

 22   Q.  Je voudrais que vous confirmiez à la Chambre que vous apercevez bien

 23   votre nom sur l'écran devant vous, sous le code PW-035.

 24   R.  Oui.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est bien votre nom ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est mon nom.

 27   M. THAYER : [interprétation]

 28   Q.  Vous souvenez-vous avoir déposé pendant deux jours dans ce même

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  1   bâtiment en décembre 2006 ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Avez-vous récemment réécouté l'ensemble de votre déposition dans

  4   l'affaire Popovic ainsi que la déposition que vous avez faite dans

  5   l'affaire Blagojevic ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Pouvez-vous affirmer devant cette Chambre que toutes ces dépositions

  8   reflètent de manière précise et juste ce que vous avez dit pendant les deux

  9   procès, et notamment dan le cadre de l'affaire Popovic ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Enfin, Monsieur, pouvez-vous confirmer à cette Chambre que si l'on vous

 12   posait les mêmes questions aujourd'hui, les questions que l'on vous a

 13   posées en 2006, dans l'affaire Popovic, confirmer donc que vos réponses

 14   seraient aujourd'hui les mêmes ?

 15   R.  Oui.

 16   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation demande le

 17   versement au dossier de la pièce P512 et P511, la déposition du témoin dans

 18   l'affaire Popovic pour pli scellé pour la première pièce, et pour la pièce

 19   P512, la même déposition, mais sa version publique cette fois.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ces deux pièces sont versées au

 21   dossier.

 22   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais maintenant

 23   lire le résumé 92 ter de la déposition de ce témoin. Je pense que ceci peut

 24   se faire en audience publique, pour l'intégralité de ce résumé.

 25   Dans l'affaire Popovic, la déposition du témoin du procès Blagojevic a été

 26   versée au dossier en tant que déclaration 92 ter. Un résumé des passages

 27   pertinents de la déposition du témoin dans l'affaire Blagojevic se trouve

 28   aux pages 5 455 à 5 459 du compte rendu d'audience de l'affaire Popovic.

Page 2946

  1   Les parties les plus pertinentes de sa déposition dans l'affaire

  2   Blagojevic, résumées dans l'affaire Popovic sont les suivantes :

  3   Avant 1994, le témoin a travaillé comme opérateur chargé d'intercepter les

  4   communications sur le site nord, et au printemps 1994, il a été transféré

  5   vers le site sud, où il est resté jusqu'à la fin de la guerre. Le témoin a

  6   fait la même chose au site sud que ce qu'il faisait au site nord. Les deux

  7   endroits utilisaient un matériel semblable ou identique. Le site sud se

  8   situait plus en altitude que le site nord, le signal reçu était donc plus

  9   clair.

 10   Alors pour gagner un peu de temps, Monsieur le Président, Madame, Messieurs

 11   les Juges, je vais passer le résumé qui porte sur les processus et

 12   procédures suivis par le témoin pour intercepter, retranscrire, et

 13   transmettre les conversations. Sur le site sud, ces procédures sont

 14   résumées aux pages 5 455 à 5 459 du compte rendu Popovic. Je vais laisser

 15   cela de côté, donc pour gagner du temps, mais vous y trouverez tout ceci

 16   dans les pages que je viens de donner.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, je dois dire que

 18   nous vous saurons gré de ce que vous faites et du type de résumé que vous

 19   avez choisi de faire, consistant donc à laisser de côté la description du

 20   processus.

 21   M. THAYER : [interprétation] Très bien. J'ai bien compris l'appel du pied,

 22   Monsieur le Président.

 23   Le témoin a reconnu une conversation interceptée retranscrite dans son

 24   écriture dans le cahier 22, des conversations interceptées ainsi que une

 25   impression papier de cette retranscription. Il a identifié deux autres

 26   retranscriptions de la même conversation interceptée par deux autres

 27   opérateurs en un autre lieu.

 28   Le témoin ensuite a reconnu une autre conversation interceptée prise en

Page 2947

  1   note par sa main, dans le cahier des conversations interceptées 103, ainsi

  2   que une version imprimée de cette retranscription. Dans l'affaire Popovic,

  3   le témoin a indiqué que deux lignes de son cahier -- de la transcription,

  4   pardon, qui figurait dans son cahier manquaient dans la version

  5   dactylographiée. Lorsque la cassette de la conversation interceptée a été

  6   passée dans le prétoire, le témoin a entendu les deux lignes qui manquaient

  7   sur la version imprimée mais qu'il avait bien retranscrites dans le cahier.

  8   Le témoin a également fait observer qu'afin de gagner du temps, il n'avait

  9   pas retranscrit une certaine partie de la conversation préliminaire entre

 10   Obrenovic et l'opérateur, et les premières salutations échangées entre

 11   Obrenovic et Krstic, ni certaines lignes répétées par les orateurs. Aucune

 12   de ces omissions n'a eu d'incidence sur la signification de la

 13   retranscription, cela étant. 

 14   Dans l'affaire Popovic, le témoin a par ailleurs indiqué que parfois, il

 15   indiquait la date dans le cahier et que parfois, ils ne le faisaient pas et

 16   que ceci ne le gênait pas de constater qu'il n'avait pas indiqué la date

 17   dans le cahier puisqu'il pensait que la date avait été saisie dans

 18   l'ordinateur.

 19   Le témoin s'était également vu montrer l'original du cahier 22, et

 20   lorsqu'on lui a demandé si, oui ou non, l'annotation "1 GEN 2001," se

 21   trouvait sur la couverture de ce cahier, lorsqu'il a été rédigé ou si cette

 22   annotation a été placée par la suite, le témoin a répondu que cette

 23   annotation avait été apposée sur le cahier au moment de sa fabrication et

 24   que les opérateurs des conversations interceptées n'auraient pas pu être à

 25   l'origine de cette annotation.

 26   Ceci conclut mon résumé.

 27   Q.  Monsieur, j'ai examiné votre dans l'affaire Popovic, hier, et j'ai

 28   remarqué quelque chose à propos duquel je n'ai pas eu le temps de vous

Page 2948

  1   interroger. J'aimerais donc le faire maintenant. Il y a là quelque chose

  2   qui ne me paraît pas clair, il s'agit des pages du compte rendu 5464 à

  3   5465, donc compte rendu d'audience de l'affaire Popovic.

  4   On vous a interrogé à cette occasion ou plutôt on vous a demandé à cette

  5   occasion de comparer la version manuscrite, donc la version cahier et la

  6   version imprimée. Votre réponse a été la suivante :

  7   "Ma conclusion est que la version manuscrite par moi, de ce document,

  8   ressemble à l'autre et que les informations sont les mêmes, celles que j'ai

  9   rédigées moi-même. Et puis il y a aussi le titre que l'on utilisait

 10   toujours lorsque l'on saisissait les informations à l'ordinateur, donc ce

 11   document correspond bien à ce format, et je peux vous dire qu'il est tout à

 12   fait probable que ceci viennent d'eux…"

 13   Vous identifiez le site sud, et vous ajoutez :

 14   "Je ne peux pas l'affirmer à 100 % mais ça ressemble bien à ce format-là."

 15   Le Juge Agius vous a ensuite posé une question, il vous a demandé :

 16   "Vous utilisiez ou, en tout cas, c'est l'interprétation que l'on reçoit, le

 17   terme 'ressemble, ressembler,' pourquoi utilisez-vous ce terme, et pourquoi

 18   ne dites-vous pas que les deux versions sont identiques ?"

 19   Vous avez répondu ceci, et c'est là que je dois dire que le compte rendu ne

 20   me paraît pas tout à fait clair. Vous avez répondu, en tout cas, c'est ce

 21   que dit le compte rendu :

 22   "Je peux vous dire que mon écriture et ce document sont identiques, à

 23   quelques petites erreurs près, dans le document imprimé ou dactylographié."

 24   J'aimerais que vous précisiez votre réponse ici de façon à ce que le compte

 25   rendu soit tout à fait clair.

 26   R.  Bien. Si j'ai le temps, j'aimerais examiner le document moi-même.

 27   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent au témoin de bien vouloir parler

 28   un peu plus fort. Ils ont du mal à l'entendre.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est sans doute pas la même chose parce

  2   que j'ai laissé tomber quelques mots dans le télégramme, et la personne qui

  3   saisissait le texte, qui le dactylographiait, en général m'appelait, et il

  4   finissait par taper ce dont je donnais lecture. Il se peut que là, je n'ai

  5   pas donné lecture du texte en question ou que je n'ai pas pu le faire, que

  6   je n'ai pas pu lui dire, en fait c'était à lui de m'appeler si quelque

  7   chose ne lui paraissait pas clair. C'est ensemble que nous nous mettions

  8   d'accord ou nous réécoutions la cassette et ensuite nous tapions la

  9   conversation le plus fidèlement possible de façon à ce qu'il puisse ensuite

 10   l'envoyer.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur, pouvez-vous vous rapprocher

 12   un petit des micros, s'il vous plaît ? Merci.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà.

 14   M. THAYER : [interprétation]

 15   Q.  Je vous demanderais ceci, Monsieur. Vous souvenez-vous, au site sud,

 16   vous avez eu la possibilité d'imprimer sur papier les documents que l'on

 17   vous a montré au cours de procès antérieurs ?

 18   R.  Je ne crois pas avoir dactylographié ces documents pendant toute la

 19   période que j'ai passée sur place. J'ai parfois remplacé la personne qui

 20   tapait parce qu'il n'était pas là, mais en général mes documents étaient

 21   tapés par quelqu'un d'autre.

 22   Q.  Mais ma question était la suivante et je la reformule : Avez-vous

 23   jamais vu une copie papier des documents qui vous ont été montrés au cours

 24   des procès dans lesquels vous avez déposé ? En d'autres termes, à l'époque,

 25   avez-vous vu des versions copie papier de ces textes qui étaient tapés sur

 26   les ordinateurs portables ?

 27   R.  Je ne les ai jamais vus, parce que nous n'avions pas d'imprimante là où

 28   nous nous trouvions, et il n'était pas non plus nécessaire de le faire,

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  1   parce que tous les documents dactylographiés étaient envoyés directement de

  2   l'ordinateur vers le commandement.

  3   Q.  Avez-vous jamais eu la possibilité de voir donc ces copies papier ou ce

  4   document dactylographié à l'écran des ordinateurs sur le site sud ?

  5   R.  Oui, souvent. J'ai même tapé le document moi-même à deux ou trois

  6   reprises lorsque celui qui était chargé de le faire n'était pas là. Donc

  7   j'étais habilité à le faire, et je l'ai fait d'ailleurs plein de fois.

  8   Q.  Très bien. A la lumière de ces multiples expériences, que pouvez-vous

  9   dire à la Chambre de première instance sur ces documents papier que vous

 10   avez vus dans le cadre des différents procès auxquels vous avez participé,

 11   et à propos de ce que vous avez vu à l'écran affiché à l'écran de

 12   l'ordinateur, se ressemblaient-ils, ou bien étaient-ils différents,

 13   présentaient-ils les mêmes caractéristiques ou non ?

 14   R.  Je peux dire avec certitude que les versions que nous imprimions sont

 15   les versions que j'ai vues par la suite lorsque je suis venu ici pour me

 16   préparer à ma déposition. Nous avions des formatiques, des gabarits en

 17   quelque sorte dans l'ordinateur que nous utilisions. Il suffisait de

 18   changer la date et nous y saisissions les informations du télégramme, et

 19   ces versions-là sont identiques à celles que j'ai vues.

 20   Q.  Très bien.

 21   M. THAYER : [interprétation] Avec l'aide de l'huissier, j'aimerais que l'on

 22   vous remettre un certain nombre de choses.

 23   Q.  La première chose que j'aimerais que vous regardiez c'est ce petit

 24   carnet bleu de plastic bleu. J'ai mis des petits onglets jaunes pour que

 25   vous vous y retrouviez et que vous n'ayez pas à examiner les traductions en

 26   anglais de ce document. J'aimerais que vous examiniez l'onglet 1 et

 27   l'onglet 2, et que vous disiez aux Juges de la Chambre ce qui s'y trouve.

 28   R.  Les documents indiqués par les onglets jaunes sont des copies du

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  1   télégramme, copies du cahier que nous remplissions au site sud. Et c'est ma

  2   propre écriture. Je la reconnais.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, quelle est la cote

  4   de ce document ?

  5   M. THAYER : [interprétation] Oui, bien sûr

  6   L'intercalaire 1 correspond à la pièce P506, et l'intercalaire 2 correspond

  7   à la cote P507.

  8   Q.  Examinez maintenant l'onglet 2, Monsieur, s'il vous plaît.

  9   R.  C'est aussi une copie du télégramme du cahier que nous utilisions où là

 10   où je me trouvais. Je reconnais mon écriture là aussi.

 11   Q.  Il devrait y avoir un numéro de huit chiffres en haut de la page écrit

 12   par vos soins. J'aimerais que vous en donniez lecture pour qu'il figure au

 13   compte rendu.

 14   R.  Excusez-moi, mais pouvez-vous vous expliquer davantage de quel nombre

 15   parlez-vous ?

 16   Q.  Si vous examinez le document donc sous l'onglet 2, ce document rédigé

 17   de votre main --

 18   R.  Oui. Numéro 084430, si c'est le nombre dont vous parlez.

 19   Q.  00804430. Pour que le compte rendu soit tout à fait clair, je vous

 20   demanderais de bien vouloir revenir au premier onglet, c'est-à-dire donc la

 21   première conversation interceptée avec votre écriture. Vous l'avez dit.

 22   Pourriez-vous, s'il vous plaît, donner lecture du numéro à huit chiffres

 23   qui s'y trouve ?

 24   R.  00804535.

 25   Q.  J'aimerais maintenant que vous examiniez le cahier, l'original, le

 26   cahier donc contenant un certain nombre de transcriptions de conversations

 27   interceptées. Document qui vous a été remis, il y en a deux, et il y en a

 28   un qui est le "cahier 22." C'est la pièce P00440, je le précise pour le

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  1   compte rendu.

  2   M. THAYER : [interprétation] Cela étant, je demanderais à ce que l'on

  3   affiche brièvement à l'écran la pièce P506.

  4   Q.  Avant d'étudier cette pièce P506, veuillez, s'il vous plaît, regarder

  5   le cahier que vous avez en main, qui est donc le cahier d'origine.

  6   M. THAYER : [interprétation] Pendant que le témoin compulse ce cahier, nous

  7   pouvons afficher la pièce P00440, et on se penchera ensuite sur la P506.

  8   Q.  Est-ce que vous reconnaissez ce qui est à l'écran ?

  9   R.  C'est le cahier dans lequel nous inscrivions à la main les

 10   conversations enregistrées.

 11   Q.  Penchons-nous sur les comptes rendus manuscrits de ces écoutes, ainsi

 12   que les impressions papier. Donc pouvez-vous nous donner un petit ordre

 13   d'idée en ce qui concerne le temps que tout ceci prenait après avoir

 14   intercepté une conversation, comme, par exemple, celle qui est à

 15   l'intercalaire 1 ? Pouvez-vous nous dire combien de temps il fallait pour

 16   qu'une fois cette conversation téléphonique interceptée elle soit

 17   transcrite à la main ? C'est ma dernière question avant la pause.

 18   R.  Tout dépendait de l'importance que l'on avait accordée à la

 19   conversation. Si, selon nous, c'était important s'il y avait des noms

 20   d'officiers qui étaient mentionnés, ou s'il y avait aussi des ordres qui

 21   étaient mentionnés, ou si on parlait d'actions de l'ennemi, action en

 22   cours, dans ce cas-là, cette dépêche devenait prioritaire, donc tout

 23   dépendait, bien sûr, de la longueur de la conversation. Ils avaient cinq,

 24   dix, 15 minutes, à peu près, pour écouter la conversation. Ensuite il leur

 25   fallait à peu près 15 minutes pour transcrire tout à la main depuis la

 26   bande enregistrée pour tout remettre, recopier dans le cahier que je tiens

 27   en main. Ensuite, si j'en avais conclu qu'il s'agissait d'une conversation

 28   très importante, j'appelais la personne qui devait frapper. Il devait

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  1   saisir le document, s'il n'était pas dans la pièce, puisque c'est lui qui

  2   saisissait ce qui avait été écrit à la main dans l'ordinateur. Je dictais,

  3   lui, il tapait. Ça nous prenait à peu près 15 minutes. Ensuite quand

  4   c'était terminé, il l'envoyait, après codage, au commandement. Donc en tout

  5   à partir le temps que prenait donc la -- depuis l'écoute jusqu'à la

  6   transcription d'un message.

  7   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

  9   Il serait maintenant de faire la deuxième pause, et nous reprendrons à une

 10   heure 05.

 11   --- L'audience est suspendue à 12 heures 35.

 12   --- L'audience est reprise à 13 heures 10.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous avez la parole, Monsieur Thayer.

 14   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie.

 15   Q.  Monsieur le Témoin, je vais réduire encore mon interrogatoire principal

 16   pour être sûr que vous puissiez partir à temps.

 17   M. THAYER : [interprétation] Donc, j'aimerais avoir à l'écran la pièce

 18   P00440. C'est l'original du cahier 22.

 19   Q.  J'aimerais que vous regardiez le cahier que vous avez, dans les mains,

 20   en fait, donc l'original de ce document numéro 22, et que nous nous

 21   penchions sur l'écoute dont vous nous avez déjà parlée à l'onglet 1. C'est

 22   le colonel Beara qui se plaint au général Krstic parce que Furtula n'a pas

 23   exécuté les ordres du patron.

 24   Veuillez, s'il vous plaît, déjà regarder la couverture du cahier, la

 25   couverture.

 26   R.  Tout à fait.

 27   Q.  Dans l'affaire Popovic, le conseil du colonel Beara vous a posé des

 28   questions à propos des annotations que l'on trouve sur cette couverture du

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  1   cahier. Ces mots -- ce groupe de mots qui est répété "1 GEN 2001," on les

  2   voit horizontalement et verticalement à l'écran. Donc le conseil du colonel

  3   Beara, dans l'affaire Popovic, vous a demandé si c'était vous-même ou vos

  4   collègues chargés des écoutes qui avaient annoté ce cahier de la sorte ou

  5   si le cahier était tout simplement, quand il avait été acheté, comportait

  6   déjà ces annotations.

  7   Vous souvenez-vous de vos réponses à l'époque dans l'affaire Popovic ?

  8   R.  Oui, oui, je me souviens de la question qui m'a été posée à ce propos,

  9   et je me souviens de ma réponse.

 10   Donc je regarde à nouveau ces annotations et je pense que c'est un groupe

 11   universitaire qui se rencontrait pour un anniversaire, pour leurs 10 ans,

 12   par exemple. Donc les personnes qui ont utilisé le cahier ont rajouté cette

 13   annotation "1ère génération 2001." Je pense que ça a à voir avec cet

 14   anniversaire. Ce n'est pas nous qui aurions apposé ce type de d'annotation.

 15   Non, je pense vraiment que cela fait partie du cahier en tant que tel,

 16   lorsqu'il a été fabriqué au départ.

 17   Q.  Vous parlez d'un groupe d'étudiants, d'un groupe d'université. Je pense

 18   que vous faites référence à cet animal en rose. Alors, je suis tout à fait

 19   désolé, mais mon collègue, M. Vanderpuye, est persuadé que c'est un

 20   écureuil d'Amérique, mais, moi, je trouve que ça ressemble beaucoup plus à

 21   un ours. Donc en tout cas, c'est bien à cela que vous faites allusion

 22   lorsque vous parlez de ce groupe universitaire, cet animal vêtu de rose ?

 23   R.  Oui, oui. Cette image est un ourson rose.

 24   Q.  Merci. Certains ont affirmé que ces annotations indiqueraient que ce

 25   qui est consigné dans ce cahier n'a pas été consigné à l'époque où les

 26   écoutes ont été interceptées, en juillet 1995, mais que ces cahiers et les

 27   autres ont été fabriqués de toutes pièces bien après les événements de

 28   1995. Donc, qu'avez-vous à dire à propos de l'affirmation de ces personnes

Page 2956

  1   en ce qui concerne donc l'éventuelle falsification de ce document ?

  2   R.  Tout ce que je peux dire, c'est que c'est ridicule.

  3   Q.  Donc si quelqu'un venait ici dans le prétoire et vous montrait un

  4   rapport d'expert qui aurait conclu que ce cahier, que vous avez entre vos

  5   mains, est une falsification, qu'il a été entièrement fabriqué de toutes

  6   pièces et qu'on y a consigné de fausses écoutes manuscrites qui auraient

  7   été faites après 1995, est-ce que cela vous influencerait si on vous

  8   montrait un rapport d'expert qui arrive à cette conclusion ?

  9   R.  Non, absolument pas.

 10   Q.  Merci. Donc avec l'aide de l'huissier, je vais vous montrer encore deux

 11   documents.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] La Chambre pourrait-elle voir le

 13   cahier que le témoin avait entre les mains ?

 14   M. THAYER : [interprétation] Je pense que vous avez déjà vu ce cahier avec

 15   cet ourson rose sur la première page, et je le montrerai bien sûr aussi à

 16   l'accusé.

 17   Q.  Mais, Monsieur le Témoin, vous vous souvenez avoir témoigné dans

 18   l'affaire Blagojevic à propos de deux autres opérateurs d'écoute qui, eux,

 19   ont aussi saisi la conversation et entendu la conversation que vous avez

 20   consignée et qui porte sur les propos du colonel Beara au colonel Krstic où

 21   il se plaint de ne pas avoir assez d'effectifs ? Vous vous souvenez sans

 22   doute qu'on vous a montré des extraits de deux autres cahiers dans

 23   l'affaire Blagojevic, mais venant de deux autres opérateurs chargés

 24   d'écoute qui avaient écouté en fait la même conversation que vous, et

 25   qu'ils avaient notés, mais en consignant une heure légèrement différente;

 26   vous vous en souvenez ?

 27   R.  Oui, oui.

 28   Q.  Veuillez, s'il vous plaît -- donc, veuillez regarder, s'il vous plaît,

Page 2957

  1   le cahier marqué "91". Donc il y a un onglet, un post-it vert qui a été

  2   ajouté sur les pages.

  3   M. THAYER : [interprétation] Je tiens à dire qu'il s'agit de la pièce 506,

  4   P506-E dans le prétoire électronique.

  5   Q.  Pourriez-vous nous dire ce que nous voyons à l'écran ? On voit un

  6   horodatage 0957. De quoi s'agit-il exactement ?

  7   R.  C'est le moment où le magnétophone a été enclenché, où on a commencé

  8   l'enregistrement de la conversation.

  9   Q.  Vous reconnaissez la teneur de la conversation ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  D'après vous, de quoi est-il question ?

 12   R.  C'est la même conversation interceptée et écoutée, celle que j'ai

 13   écoutée et notée dans le cahier, au site sud.

 14   Q.  Mais ici on voit qu'il n'y a qu'un interlocuteur dans la conversation

 15   qui est enregistrée. Donc en vous basant sur votre expérience, pouvez-vous

 16   nous expliquer la différence entre ce que vous avez entendu et ce que

 17   l'autre opérateur aurait entendu ?

 18   R.  Oui, je peux l'expliquer. Ce n'est pas arrivé une seule fois. Cela

 19   arrivait plutôt souvent. Un autre site était à une altitude plus élevée. Il

 20   y avait 400 mètres de différence, ce qui nous permettait d'entendre les

 21   deux interlocuteurs beaucoup mieux que l'autre équipe, et le télégramme que

 22   nous voyons ici a été préparé par une équipe qui était située à une moindre

 23   altitude. Donc à 400 mètres de moins de nous, ce qui fait que peut-être les

 24   antennes et les récepteurs qu'ils utilisaient n'étaient pas suffisamment

 25   puissants pour avoir la clarté d'écoute nécessaire, parce que si la base

 26   d'écoute n'est pas dans l'axe des antennes, et si l'altitude n'est pas

 27   suffisante, alors la qualité d'écoute n'est pas suffisante.

 28   Q.  Je vous remercie. Maintenant, mettons ce cahier de côté.

Page 2958

  1   Vous avez travaillé dans les deux sites : le nord et le sud. Donc le

  2   carnet 91 que vous avez là, et celui qui est juste en dessous le carnet 24,

  3   j'aimerais savoir s'il s'agit du type de cahier que vous utilisiez sur les

  4   deux sites.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Très bien. Pourriez-vous, s'il vous plaît, prendre en main le carnet,

  7   le cahier numéroté 24 ?

  8   Pouvons-nous avoir à l'écran la pièce P506-G ?

  9   J'attire votre attention sur une page qui a été repérée -- un onglet.

 10   R.  Très bien.

 11   Q.  Voyez-vous donc à l'onglet D la conversation interceptée qui aurait été

 12   interceptée à 9 heures 55 ?

 13   R.  Je vois.

 14   Q.  De quoi s'agit-il, d'après vous ?

 15   R.  J'ai l'impression qu'il s'agit de la même conversation, celle que j'ai

 16   écoutée, mais il y a quelques différences. Mais les interlocuteurs sont les

 17   mêmes, l'heure est à peu près la même, il n'y a qu'une différence de

 18   quelques minutes, à peu près la même fréquence, donc il pourrait très bien

 19   s'agir de la même conversation que celle notée dans mon carnet.

 20   Q.  Cet opérateur a-t-il pu écouter la totalité de la conversation ?

 21   R.  Quasiment la totalité. Mais on voit ici un X et plusieurs points de

 22   suspension, ce qui signifie qu'il n'a pas pu recevoir, capter le signal,

 23   mais on voit qu'il a noté les propos des deux interlocuteurs.

 24   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie. Je n'ai plus de questions,

 25   Monsieur le Témoin.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci, Monsieur Thayer.

 27   M. THAYER : [interprétation] Pour gagner du temps, peut-être pourrions-nous

 28   verser les pièces au dossier ou demander leur versement un peu plus tard ?

Page 2959

  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] En effet, c'est une bonne idée.

  2   Je m'excuse auprès de M. Tolimir, en effet. Nous avons commencé avec cinq

  3   minutes de retard du fait d'un engagement qui m'a pris un peu de temps.

  4   Mais nous pourrons siéger jusqu'à 2 heures moins 10.

  5   Monsieur Tolimir, avez-vous des questions ?

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  7   Bonjour, Monsieur le Témoin.

  8   Contre-interrogatoire par M. Tolimir : 

  9   Q.  [interprétation] J'ai entendu dire que vous êtes allé voir un médecin.

 10   Si vous ne sentez pas bien, je suis tout à fait prêt à renoncer au contre-

 11   interrogatoire. Si vous n'êtes pas en mesure de répondre à mes questions,

 12   si vous ne vous sentez pas suffisamment bien, n'hésitez pas, dites-le,

 13   librement, parce qu'on peut obtenir des réponses de la part de vos

 14   collègues aussi.

 15   R.  Je suis tout à fait d'accord pour que vous poursuiviez maintenant avec

 16   votre interrogatoire.

 17   Q.  Bien. Je vais enchaîner sur ce même document, P506 pour abréger

 18   l'interrogatoire.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] P 506. Merci. Merci. Peut-être que je n'étais

 20   pas clair. P 506G, c'est lui qui était affiché tout à l'heure à l'écran. Je

 21   le vois.

 22   Alors j'aimerais qu'on affiche cette même conversation écoutée par un autre

 23   opérateur, c'est P506B. Merci. Merci.

 24   M. TOLIMIR : [interprétation]

 25   Q.  Bien, maintenant, on voit les deux conversations à l'écran, et ma

 26   question est la suivante : Est-ce que vous avez enclenché le magnétophone à

 27   9 heures 55, en même temps que l'autre ?

 28   R.  J'ai enclenché le magnétophone à l'heure que j'ai indiquée sur le

Page 2960

  1   document, sur le rapport.

  2   Q.  Veuillez le dire à haute voix, s'il vous plaît, pour le compte rendu.

  3   R.  Si je me souviens bien, c'était à 9 heures 57.

  4   Q.  Mais qu'est-ce qu'il est indiqué sur le document ? Merci de votre

  5   réponse. Merci de répondre, s'il vous plaît.

  6   R.  Ce qui est indiqué sur le document est "10 heures."

  7   Q.  Bien. Cette différence de temps, cette différence de cinq minutes, est-

  8   ce qu'elle peut être expliquée par l'attente ou par quelques phrases

  9   d'introduction, sans importance prononcées au début d'une conversation ?

 10   R.  Ecoutez, il peut y avoir plusieurs raisons expliquant cette différence,

 11   parfois, par exemple, l'opérateur travaillant au central pouvait peut-être

 12   attendre parfois cinq à dix minutes avant que la connexion soit établie,

 13   donc pour moi, c'est tout à fait possible.

 14   Q.  Oui, je vous comprends. Mais la conversation peut être conduite en cinq

 15   minutes et on peut la commencer et finir. Donc ce qui m'intéresse c'est

 16   comment se fait-il qu'avec les cinq minutes de différence, que vous ayez la

 17   même chose l'un et l'autre ?

 18   R.  Ecoutez, il se peut aussi qu'il y ait une erreur de temps, dans le sens

 19   où nous ne vérifions jamais nos horloges, peut-être que leur horloge était

 20   montrée 10 heures moins 5, alors qu'il était 10 heures. Peut-être que

 21   l'horloge était en retard ou avancée.

 22   Q.  Mais, comment vous expliquez ces différences ?

 23   R.  Non, non, cela devait se passer absolument au même instant. La

 24   conversation a eu lieu en même instant mais peut-être que nos horloges

 25   montraient une heure différente. Puis vous voyez ici que, par exemple, la

 26   conversation ne commence pas dès le début, n'est pas notée dès le début,

 27   mais quasiment du milieu. Ça aussi peut expliquer la différence.

 28   Q.  Oui, mais dites-nous : la différence de cinq minutes, entre le début

Page 2961

  1   d'enregistrement par cet opérateur-ci et par vous-même d'autre côté, est-ce

  2   qu'elle existe ?

  3   R.  Ce que je vois c'est qu'une heure qui diffère de cinq minutes indiquait

  4   effectivement dans ces deux documents.

  5   Q.  Veuillez le dire pour le compte rendu, est-ce que vous voyez qu'il y a

  6   là une différence de cinq minutes ?

  7   R.  Oui, ce qui est écrit ici indique qu'il y a une différence de cinq

  8   minutes.

  9   Q.  Bien. Merci.

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais maintenant qu'on affiche à l'écran

 11   1D142, s'il vous plaît.

 12   M. TOLIMIR : [interprétation]

 13   Q.  Mme Stefanie Frease, est-ce qu'elle s'est entretenue avec vous ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Merci. Est-ce que vous avez fait une déclaration et est-ce qu'elle a

 16   recueilli une déclaration faite par vous, est-ce que vous l'avez signée ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Ce papier-ci, est-ce que vous l'avez signé, ce document quel est un

 19   rapport suite à son entretien avec vous ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Bien.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on afficher le document de manière à ce

 23   qu'on voie la signature du témoin ?

 24   Il serait bon d'afficher en même temps la version en B/C/S, version

 25   que le témoin comprend.

 26   M. TOLIMIR : [interprétation]

 27   Q.  Voilà, on a remonté les deux versions, on a montré le bas des deux

 28   pages, et on ne voit nulle part de signature; où est-ce qu'elle est votre

Page 2962

  1   signature ?

  2   R.  Je ne le sais pas.

  3   Q.  Le Procureur ne vous a-t-il jamais proposé de signer une déclaration

  4   quelconque ?

  5   R.  Je ne m'en souviens pas, peut-être la première fois où je serai venu,

  6   mais ces dernières fois, non.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Y a-t-il peut-être une deuxième page

  8   ? Le document est peut-être composé d'une seule page, il y en a plusieurs

  9   ou pas ? Il ne faudra pas diffuser le document à l'extérieur.

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   M. TOLIMIR : [interprétation]

 12   Q.  Donc ce rapport comporte deux pages. Il n'y a pas votre signature dans

 13   ce document dans aucune des deux versions, et sur aucune des deux pages.

 14   Pourriez-vous nous expliquer si ceci, l'avez-vous signé ou pas ?

 15   R.  Ecoutez, alors s'il n'y a pas ma signature, ça veut dire que je ne l'ai

 16   pas signé, le document. Si je l'avais signé, on verrait bien ma signature.

 17   S'il n'y a pas de signature, si ceci est l'original, si ce document est le

 18   même document qui m'avait été présenté par Mme Frease, normalement il

 19   devait y avoir la signature. Mais bon ce n'est peut-être pas la même chose.

 20   Q.  Bien. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment étaient les

 21   antennes sur le site nord, et sur le site sud; y avait-il des différences ?

 22   R.  Les antennes étaient très similaires. Sur le site sud, ils avaient même

 23   des antennes un peu plus puissantes, alors que -- et des antennes

 24   fabriquées en usine. Alors qu'au site nord, nous les avons fabriquées nous-

 25   mêmes. Mais, bon, il s'agissait des antennes qui se ressemblaient beaucoup

 26   et qui permettaient l'interception des communications effectuées par les

 27   équipements dont disposait la VRS.

 28   Q.  Merci. Dans l'affaire Popovic, dans le résumé de votre déposition qui

Page 2963

  1   était plus détaillée que le résumé présenté dans cette affaire-ci, à la

  2   page 5457, donc c'est le Procureur qui, en lisant le résumé de votre

  3   déposition entendue, a déclaré, je cite, lignes 8 à 10, page 5457 :

  4   "On les laissait décider, déterminer s'ils considéraient une conversation

  5   pertinente ou pas."

  6   Dites-nous ici : maintenant, pour le compte rendu, qui est-ce qui décidait

  7   si une conversation était pertinente ou pas ?

  8   R.  Ecoutez, c'est nous, les opérateurs, qui décidions s'il s'agissait

  9   d'une conversation pertinente ou pas. Mais on nous a donné des indices. On

 10   nous a dit que par exemple, une conversation pouvait être considérée comme

 11   importante s'il y avait de nouveaux indicatifs par exemple, de nouveaux

 12   noms dans le réseau. S'il s'agit des ordres émanant des officiers, par

 13   exemple, ou s'il y avait quoi que ce soit qui nous paraissait important

 14   dans des conversations privées ou les salutations anodines, pour le reste

 15   on devait tout ça enregistrer. On devait enregistrer tout ça. Donc c'est

 16   nous qui décidions quelles étaient les priorités, qui enregistrions et

 17   transcrivions ces conversations.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Allez-y, Monsieur le Procureur.

 19   M. THAYER : [interprétation] Le témoin a compris la question, mais le

 20   passage cité, le passage du compte rendu n'a pas été correctement cité

 21   parce qu'ils ont parlé de la pertinence des conversations alors qu'on a dit

 22   ici, l'accusé a parlé de la pertinence d'un document. Mais, bon, le témoin

 23   a bien compris qu'il était question de la pertinence d'une conversation.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Il me semble que, dans la question, j'ai dit --

 26   j'ai parlé de la pertinence du compte rendu ou d'une retranscription

 27   donnée. Peut-être que cela n'a pas été interprété comme cela, mais on

 28   pourra toujours vérifier le compte rendu. Merci.

Page 2964

  1   M. TOLIMIR : [interprétation] 

  2   Q.  Pour en terminer de cette question qui finalement n'est pas si

  3   pertinente que cela, pourriez-vous nous dire ce qui suit ? Les critères qui

  4   vous servaient à déterminer si telle ou telle écoute était pertinente,

  5   étaient-ils surtout la conversation des participants ou quelqu'un d'autre ?

  6   R.  Ce n'était pas seulement la conversation qui était un critère décisif,

  7   la fréquence l'était également, le fait de savoir si une personne utilisait

  8   un téléphone qui appartenait à une personne connue, un officier, par

  9   exemple. Il n'y avait pas de règle mais si quelque chose de nouveau

 10   transpirait des conversations, nous transmettions l'information pour

 11   qu'elle figure dans notre base de données au centre.

 12   Q.  Merci. Aujourd'hui et pendant votre témoignage dans l'affaire Popovic,

 13   le Procureur a dit que parfois vous ne saisissiez pas les données vous ne

 14   les couchiez pas sur le papier dans le cahier, et que parfois vous

 15   précisiez la date, et d'autres fois, non, et ça ne posait pas de problème

 16   si la date n'y était pas, parce que vous pensiez que les choses étaient

 17   évidentes; c'est bien exact ?

 18   R.  Oui, c'est vrai que nous n'avons pas toujours précisé la date dans le

 19   cahier.

 20   Q.  Très bien. Pourquoi la date d'une écoute, d'une conversation n'aurait

 21   pas figuré dans le cahier, pourquoi ceci n'aurait pas été important ?

 22   R.  Les communications que nous estimions importantes étaient envoyées à la

 23   dactylographie immédiatement. La personne qui les dactylographiait devait

 24   préciser la date avant d'envoyer le document. Donc le fait que la date n'en

 25   figure pas dans le cahier -- dans mon propre cahier ne me gênait pas plus

 26   que cela. Ce qui était important, c'est que le document envoyé, précise la

 27   date.

 28   Q.  Est-ce que vous avez saisi sur l'ordinateur les textes dans l'ordre

Page 2965

  1   dans lequel ils étaient consignés dans le cahier ou tapiez-vous d'abord les

  2   conversations les plus importantes et ensuite les moins importantes ?

  3   R.  Oui, absolument. Nous commencions par les plus importantes. Elles

  4   étaient saisies immédiatement, tandis que les autres, celles qui étaient

  5   considérées comme moins importantes, n'étaient tapées qu'à la fin de la

  6   journée et envoyées dans le rapport global.

  7   Q.  Bien. Ceci avait-il une influence sur le moment où une conversation

  8   interceptée était enregistrée sur l'horodatage en quelque sorte de cette

  9   conversation ?

 10   R.  Je ne sais pas. Je ne sais pas si ceci avait une influence sur

 11   l'horodatage de telle ou telle conversation. Mais je peux vous dire

 12   simplement ce que nous tapions de ce qui figurait dans les cahiers

 13   simplement, nous nous en inquiétons peu.

 14   Q.  Très bien. Vous mentionnez les cahiers, ces cahiers étaient-ils

 15   certifiés d'une certaine manière ? Y apposait-on un cachet, un tampon ou un

 16   numéro de référence, une cote ? Cela se faisait-il avant que les cahiers

 17   soient remis aux opérateurs, ou bien était-ce fait par la personne qui

 18   remplissait le cahier ?

 19   R.  En fait, je ne sais plus très bien comment cela fonctionnait. Le

 20   commandant pouvait sans doute nous dire, le commandant de la section donc

 21   chargé des questions de protocole, chargé de recueillir également les

 22   cahiers qui avaient déjà été remplis, c'est sans doute lui qui nous disait

 23   ce qu'il fallait faire, et ensuite il les envoyait vers le centre.

 24   Q.  Très bien. Nous parlons donc des cahiers. Vous avez dit que l'on avait

 25   recueilli auprès de vous un échantillon de votre écriture pour voir si cet

 26   échantillon correspondait à l'écriture des cahiers. Cet échantillon n'a-t-

 27   il jamais été examiné par un expert en graphologie ? Y a-t-il eu

 28   authentification à un moment donné ou à un autre ?

Page 2966

  1   R.  Je sais que j'ai fourni effectivement un échantillon graphologique -

  2   quelle année, je ne sais plus très bien - et par la suite, personne ne m'a

  3   rien dit. Je suppose que d'autres se sont occupées de cela.

  4   Q.  Merci. Dans votre première réponse, au cours de ce contre-

  5   interrogatoire, aujourd'hui, vous avez dit que vous tapiez les documents et

  6   qu'une autre personne saisissait vos comptes rendus ?

  7   R.  Oui, oui, j'ai dit qu'à quelques reprises, j'ai saisi les conversations

  8   dans l'ordinateur parce que la personne qui en était chargée n'était pas

  9   là.

 10   Q.  Par conséquent, vous étiez plusieurs à saisir ces conversations dans

 11   l'ordinateur, au site sud ?

 12   R.  Oui, nous étions au moins deux.

 13   Q.  Merci.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Excusez-moi, peut-on examiner le cahier

 15   dans le prétoire électronique ? Il s'agit de la pièce -- merci.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Excusez-moi, nous n'avons pas la cote

 17   à l'écran, nous ne l'avons pas entendu, pour le compte rendu.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. P440. Merci.

 19   M. TOLIMIR : [interprétation]

 20   Q.  On voit donc le cahier à l'écran, je l'ai ici à la main. Vous avez dit

 21   qu'il était probable que c'était quelque chose de convenu avec eux, car

 22   nous avions convenu que nous nous réunirions en 2001. Je vous ai bien

 23   compris ?

 24   R.  Oui, c'est l'une des multiples possibilités, peut-être que ce n'est pas

 25   là la vérité.

 26   Q.  Merci. Mais peut-être que -- ou plutôt, est-il possible que la

 27   génération 2000 puisse décider quelque chose pour la génération 2001 ? Que

 28   l'année 2000 décide de réunir en 2005, 2006 ou à l'inverse 1994, 1995,

Page 2967

  1   1996, 1997, 1998, 1999, 2000 et 2001 ?

  2   R.  Je ne sais pas. Mais je sais que, par exemple, ma promotion - je parle

  3   du lycée ici - se réunit tous les dix ans. Donc c'est ainsi que j'ai

  4   formulé cette hypothèse.

  5   Q.  Mais de quelle promotion parlez-vous alors ?

  6   R.  Quelle promotion, au lycée ou dans une autre école ?

  7   R.  Peu importe, pouvez-vous nous donner un exemple de promotion ?

  8   R.  Par exemple, j'ai quitté l'école en 1978.

  9   Q.  Donc vous faites partie de la promotion 1978 ?

 10   R.  Oui, bac 1978.

 11   Q.  Bien. Alors serait-il possible que vous ayez imprimé quelque chose cinq

 12   ans auparavant, un appel ou un slogan que vous auriez essayé d'imprimer sur

 13   des brochures ou des cahiers, à ce moment-là, vous vous seriez trouvé à

 14   l'université sans doute ?

 15   R.  C'est une simple hypothèse que j'ai émise parmi une multitude d'autres.

 16   Alors vous me posez la question mais je ne suis même pas en mesure d'y

 17   répondre. Aurions-nous fait ceci, cela, cinq ans plutôt, cinq ans à

 18   l'avance - comment le dire ?

 19   Q.  Très bien, excusez-moi. Il s'agit bien du cahier 22, n'est-ce pas, ne

 20   dit-il pas sur sa couverture : "Première promotion 2001" ?

 21   R.  Ce que je vois c'est "1 GEN 2001" et on voit effectivement qu'il s'agit

 22   du cahier 22.

 23   Q.  Merci.

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne souhaite pas vous torturer davantage. Je

 25   tiens à vous remercier des réponses que vous m'avez fournies. Je vous

 26   remercie au nom de la Défense, et je vous remercie d'être venu en dépit de

 27   votre état de santé précaire. Merci d'être venu déposer ici, bon retour

 28   chez vous. Que Dieu vous bénisse. Au nom de la Défense, je souhaite

Page 2968

  1   simplement dire que nous n'avons plus de questions à vous adresser, Madame

  2   et Messieurs les Juges.

  3   Merci. La Défense en a terminé de son contre-interrogatoire. Merci, merci.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, merci.

  5   Monsieur Thayer, avez-vous quelques questions supplémentaires ?

  6   M. THAYER : [interprétation] Très brièvement, Monsieur le Président.

  7   Nouvel interrogatoire par M. Thayer :

  8   Q.  [interprétation] Monsieur, en réponse à l'une des premières questions

  9   que vous a posées le général, au moment où il a mis l'une à côté de

 10   l'autre, deux conversations dans lesquelles Beara se complaint au général

 11   Krstic de ne pas disposer de suffisamment d'hommes -- se plaint. L'une de

 12   vos réponses a été si vous vous en souvenez, en rapport avec l'horodatage

 13   de la conversation interceptée, correspondante à "09 heures 57."

 14   M. THAYER : [interprétation] Je demanderais que l'on affiche la pièce P506A

 15   à l'écran, de façon à ce qu'il n'y ait pas de confusion.

 16   Q.  Voyez-vous ce qui est affiché à l'écran, Monsieur, et si oui, pouvez-

 17   vous me dire ce dont il s'agit ?

 18   R.  Oui, je le vois. J'ai écrit ici "1000" donc 10 heures, 10 et deux

 19   petits zéros. Donc ce n'est pas comme l'autre personne l'a dit. En fait,

 20   maintenant que j'ai la conversation sur les yeux, je vois que c'est 10

 21   heures, et pas 9 heures 57.

 22   Q.  Très bien. Je voulais simplement tirer cela au clair.

 23   Parlez-vous un peu l'italien, Monsieur, très brièvement en deux mots ?

 24   R.  Non.

 25   M. THAYER : [interprétation] Je n'ai plus de questions à vous poser dans ce

 26   cas-là.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 28   Vous serez heureux d'entendre que ceci met un terme à votre déposition.

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  1   Vous êtes maintenant libre de rentrer chez vous, en temps et en heure.

  2   Merci de votre présence ici, merci de l'aide que vous avez pu apporter à la

  3   Chambre et aux parties. Vous pouvez maintenant reprendre vos activités

  4   normales.

  5   Monsieur Thayer, le temps nous manque; que faisons-nous des pièces et des

  6   cotes ? Peut-on le faire par courrier électronique en liaison avec le

  7   Greffier ?

  8   M. THAYER : [interprétation] Bien entendu, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je crois que ce sera là la meilleure

 10   manière de faire les choses, si nécessaire, bien sûr, nous y reviendrons

 11   lors de la prochaine audience.

 12   Merci beaucoup. Nous allons lever l'audience et nous reprendrons mardi

 13   prochain, dans l'après-midi.

 14   [Le témoin se retire]

 15   --- L'audience est levée à 13 heures 51 et reprendra le mardi 22 juin 2010,

 16   à 14 heures 15.

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