Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 21 mars 2011

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 49.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous. J'espère

  6   que tous les problèmes techniques ont été résolus, et que nous n'aurons

  7   plus d'entraves techniques aujourd'hui.

  8   Pour commencer, en début de notre audience d'aujourd'hui, je souhaite

  9   rendre une décision orale. La Chambre a reçu la requête de l'Accusation aux

 10   fins d'autorisation de déposer un résumé modifié en application de

 11   l'article 65 ter pour le témoin Dusan Janc et l'annexe confidentielle A

 12   déposée le 9 mars 2011.

 13   Dans cette requête, l'Accusation demande l'autorisation de modifier le

 14   résumé du témoin Dusan Janc, le résumé en application de l'article 65 ter.

 15   L'argument de l'Accusation est que les éléments complémentaires offerts par

 16   le témoin Janc concernent l'origine et l'authenticité des enregistrements

 17   vidéo en l'espèce qui décrivent l'accusé et d'autres membres allégués de

 18   l'entreprise criminelle commune, ainsi que la fiabilité du reste des

 19   documents interceptés croates.

 20   La Chambre a entendu la position de l'accusé mercredi dernier. M. Gajic, au

 21   nom de M. Tolimir, affirme que la requête devrait être refusée par rapport

 22   à la déposition proposée au sujet des interceptions croates. Il ajoute que

 23   ces documents devraient être versés directement. Il affirme, par ailleurs,

 24   qu'il est inapproprié qu'un enquêteur du bureau du Procureur parle de la

 25   question de la fiabilité de ces documents et que ces documents ne devraient

 26   pas être versés au dossier par son intermédiaire.

 27   S'agissant maintenant du témoignage proposé eu égard aux enregistrements

 28   vidéo, M. Gajic affirme que ces documents pourraient être versés au dossier


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  1   par l'entremise d'autres témoins. La Chambre comprend que sa situation

  2   n'est en fait pas une position définitive à ce sujet.

  3   Suite à la réponse orale fournie par Me Gajic, la Chambre a entendu la

  4   position de l'Accusation. M. McCloskey affirme que cette déposition est

  5   importante pour pouvoir déterminer l'authenticité de ces documents en

  6   passant par le témoin Janc, et que le même examen a été avec d'autres

  7   témoins et d'autres enquêteurs du bureau du Procureur, tel que le témoin

  8   Frease. M. McCloskey ajoute que la déposition proposée ne constituerait pas

  9   un préjudice, et n'arrive pas trop tard.

 10   En répondant à cette position de l'Accusation, M. Gajic a avancé d'autres

 11   arguments qui n'ont pas porté au fond rien de neuf.

 12   La Chambre estime qu'il est tout à fait approprié que le témoin Janc parle

 13   de la question de la fiabilité des interceptions croates à ce stade.

 14   La déposition proposée, prima facie, constitue un élément pertinent et

 15   probant en l'espèce. Potentiellement, ce témoignage pourrait aider les

 16   Juges de la Chambre vu que le témoin a pris part aux enquêtes relatives à

 17   Srebrenica et à Zepa.

 18   En outre, il est dans l'intérêt de l'accusé que ces éléments soient

 19   présentés de cette manière-là, ce qui lui permettrait de contre-interroger

 20   le témoin et permettrait, par là même, à la Chambre de poser toutes

 21   questions supplémentaires utiles.

 22   Enfin, comme cela a été déjà précisé dans ses décisions orales et écrites,

 23   la Chambre souligne qu'elle se réserve le droit d'accorder le poids qui

 24   leur convient à ces éléments à un moment ultérieur, donc déterminera leur

 25   valeur probante et leur fiabilité.

 26   Pour les raisons ci-dessus mentionnées, la Chambre constate qu'il est

 27   dans l'intérêt de la justice d'accepter d'amender le résumé en application

 28   de l'article 65 ter du témoin Janc.


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  1   Il est fait droit à la requête.

  2   D'après ce que j'ai compris, il y a eu quelques téléchargements de

  3   traductions.

  4   Monsieur Thayer.

  5   M. THAYER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à

  6   toutes et à tous.

  7   Oui, nous en avons dix : P00996, P01469, P01538E, P01538F, P01538G,

  8   P01541C, P01543C, P01951, P01958, ainsi que P01959.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 10   M. THAYER : [interprétation] Pendant que j'ai votre oreille, Monsieur le

 11   Président, quelques questions à titre préliminaire.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je tenais simplement à préciser que

 13   ces documents sont à présent versés au dossier.

 14   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 15   Quatre pièces à conviction sur notre liste étaient prévues pour le

 16   témoignage de M. Rupert Smith, des documents pour lesquels la Défense a

 17   demandé les traductions. Je pense que tout cela était terminé, communiqué

 18   et téléchargé, et normalement j'ai la confirmation de notre commis à

 19   l'affaire que tous ces documents sont maintenant disponibles.

 20   Deux autres petits points s'agissant du général Smith.

 21   Premièrement, les Juges ont déjà eu l'occasion de remarquer que dans

 22   l'affaire Popovic, le général Smith a déposé à titre double, en ayant une

 23   double casquette de témoin ordinaire et témoin expert. J'ai fait le

 24   nécessaire pour bien distinguer les deux volets.

 25   Donc pour nous, l'interrogatoire principal aujourd'hui, je dois dire

 26   que je n'ai pas l'intention de poser des questions qui seraient des

 27   questions qui lui seraient adressées en sa qualité de témoin expert. Donc,

 28   je ne vais que me reposer sur ce qu'il a déjà dit en cette qualité pendant


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  1   l'affaire Popovic. Bien entendu, je préciserai un certain nombre de

  2   questions factuelles. Je lui donnerai la possibilité de nous faire part de

  3   ses opérations sur le fonctionnement de l'état-major principal de la VRS,

  4   sur la base de ce qu'il a vu sur le terrain. Mais s'agissant d'éléments

  5   supplémentaires en qualité d'expert, je n'en demanderai pas aujourd'hui.

  6   Un deuxième point, tout simplement à titre d'anticipation, j'ai

  7   préparé un résumé en application de l'article 65 ter. Vous imaginez bien

  8   que sa déposition est exhaustive, comprend énormément de points, sa

  9   position, le rôle qu'il a joué, son application personnelle, sa

 10   participation à de nombreux événements, c'est un témoin important. Donc,

 11   nous en sommes conscients vu quasiment 20 pages de pièces à conviction

 12   proposées par la Défense. Donc, j'ai fourni un résumé plutôt détaillé, et

 13   ce, pour deux raisons. J'ai pris connaissance de ses dépositions plusieurs

 14   fois depuis 2007, et je dois dire que j'essaie encore de voir exactement

 15   comment bien organiser, catégoriser les différents éléments, et je pense

 16   que pour tout un chacun, il serait utile d'avoir la transcription bien

 17   ramassée et bien organisée. Je pense que cela sera utile à tout un chacun

 18   lorsque nous entamerons quatre journées de contre-interrogatoire, et je

 19   suis certain que de mon côté, je n'aurai que deux heures d'interrogatoire

 20   principal, voire même moins, mais le contre-interrogatoire s'annonce long.

 21   Une autre raison pour laquelle le résumé assez long, c'est parce que

 22   nous aurons peut-être dans le public un intérêt pour suivre la déposition

 23   du général Smith, peut-être plus que d'habitude, et je me suis dit que cela

 24   pourrait aussi être utile à ce Tribunal.

 25   Je vais vous demander donc un petit peu de patience pour donner

 26   lecture d'un résumé légèrement plus long que d'habitude en application de

 27   l'article 92 ter.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Tout dépend de la manière dont vous


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  1   définissez les termes "légèrement plus long".

  2   Très bien. Commençons.

  3   Veuillez faire entrer le témoin.

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Restez debout,

  6   s'il vous plaît, un instant.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous présente nos excuses, pour

  9   commencer. Nous avons un retard dû aux problèmes techniques. C'était une

 10   citation du procès Popovic. Lorsque vous êtes venu déposer dans cette

 11   affaire, c'est ainsi que la journée a commencé. Nous avons eu un grand

 12   problème technique, et par conséquent, il y a eu un véritable délai. Je

 13   vous présente nos excuses.

 14   Veuillez nous donner lecture de la déclaration solennelle.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 16   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 17   LE TÉMOIN : RUPERT ANTHONY SMITH [Assermenté]

 18   [Le témoin répond par l'interprète]

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez prendre

 20   place.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est M. Thayer qui se chargera de

 23   l'interrogatoire principal au nom de l'Accusation. Il a la parole.

 24   M. THAYER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Interrogatoire principal par M. Thayer : 

 26   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 27   R.  Bonjour.

 28   Q.  Veuillez vous présenter.


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  1   R.  Je suis Rupert Anthony Smith.

  2   Q.  Monsieur, est-ce que vous vous souvenez d'être venu déposer devant ce

  3   Tribunal pendant cinq jours en novembre 2007 dans l'affaire Popovic ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Je fais une petite pause puisque nous parlons la même langue, et il

  6   nous faudra faire attention à ménager des pauses dans la suite.

  7   Monsieur, est-ce que vous avez eu récemment l'occasion de relire votre

  8   déposition ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Avez-vous remarqué une série d'erreurs orthographiques quant à la

 11   transcription des noms propres que l'on a pu constater dans votre

 12   déposition ?

 13   R.  Oui.

 14   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais juste

 15   parcourir cela avec le général Smith.

 16   Q.  Monsieur, page 17 467, lignes 10 à 11, il est question du mot

 17   "Carleton" qui est orthographié comme c-a-r-l-e-t-o-n, et il faudrait

 18   modifier l'orthographe pour que cela devienne Cholerton; est-ce que cela

 19   est exact ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Page suivante, 17 468, le nom Bashley, B-a-s-h-l-e-y, il convient de

 22   transcrire B-a-c-h-e-l-e-t, exact ?

 23   R.  Oui.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous devrions nous assurer que nous

 25   avons à présent bien orthographié, et vous pouvez le faire en vérifiant

 26   sous les yeux.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas le document, mais le document,

 28   effectivement, comportait cette erreur.


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  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que l'on peut ajuster l'écran

  2   devant le témoin pour qu'il puisse suivre le texte.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien. Excusez-moi. Alors, je l'avais, en

  4   fait, sous les yeux. Je peux le suivre sur l'écran de gauche et non pas à

  5   droite.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Si nous corrigeons des erreurs de

  7   frappe, il serait utile de savoir si cela est bien transcrit maintenant.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  9   M. THAYER : [interprétation]

 10   Q.  Page 17 469, ligne 22, Diane Mehoff, D-i-a-n-e M-e-h-o-f-f, devrait

 11   être transcrit par Deian Mihov, D-e-i-a-n M-i-h-o-v; correct ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et Antonio Pedauye devrait également être corrigé. C'est la même page.

 14   R.  Oui.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Attendez un instant, s'il vous plaît.

 16   Est-ce que la transcription est correcte ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, elle est correcte.

 18   M. THAYER : [interprétation] J'épelle une fois de plus.

 19   Q.  P-e-d-a-w-a-y, est-ce que cela est exact ?

 20   R.  Non. P-e-d-e-a-w-y. Je pense que c'est ça l'orthographe correcte.

 21   Q.  D'accord. Transcription, page 17 511, ligne 7, le général Bobar devrait

 22   se lire général Gobillard, G-o-b-i-l-l-a-r-d.

 23   R.  Exact.

 24   Q.  Puis, nous avons la page 17 511, ligne 9 où le texte se lit par :

 25   "Ne pouvait pas savoir --"

 26   Le texte anglais se lit comme suit :

 27   "K-n-e-w w-i-t, my office", "mon bureau", et en fait, il faudrait remplacer

 28   par "continuité avec mon bureau".


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  1   R.  Exact.

  2   Q.  Transcription 17 626, lignes 3 à 4, dans la phrase :

  3   "Ceux qui les tentent", t-e-m-p-t, devrait se lire "ceux qui l'ont envoyé".

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Page 17 631, ligne 4, M. Bilton devrait se lire par M. Bildt, B-i-l-d-

  6   t.

  7   R.  Exact.

  8   Q.  Et enfin, page 17 806, ligne 11 du compte rendu d'audience, le nom

  9   propre B-a-s-h-a-l-e-y devrait se lire B-a-c-h-e-l-e-t.

 10   R.  Exact.

 11   Q.  Très bien, Général --

 12   R.  Pour ce qui est de Pedauye, je pourrais peut-être encore une fois

 13   revenir sur l'orthographe que j'ai donnée. Je pense que c'est P-e-d-u-a-w-

 14   e-y.

 15   Q.  Est-ce que c'est correct ?

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Regardez l'écran.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est comme ça que cela s'écrivait, là où

 18   nous voyons les lettres séparées de tirets.

 19   M. THAYER : [interprétation]

 20   Q.  Très bien. Compte tenu de ces corrections orthographiques, est-ce que

 21   vous pourriez affirmer que la transcription que vous avez lue reflète

 22   correctement ce que vous avez déclaré dans l'affaire Popovic ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Si l'on vous posait aujourd'hui les mêmes questions que l'on vous a

 25   posées en 2007, est-ce que vos réponses seraient les mêmes ?

 26   R.  Elles seraient les mêmes.

 27   M. THAYER : [interprétation] 65 ter 7218 ainsi que 7219, la première pièce

 28   sous pli scellé, nous en demandons donc le versement.


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  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui.

  2   M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce 7218 devient la pièce P2085,

  3   sous pli scellé.

  4   La pièce 65 ter 7219 devient la pièce P2086.

  5   Merci.

  6   M. THAYER : [interprétation] Les Juges ont sans aucun doute vu la liste

  7   plutôt longue de pièces associées qui a été versée par le témoignage du

  8   général Smith. J'imagine qu'il vaudrait mieux que le Greffe attribue les

  9   cotes à ces documents plutôt que de les énoncer une par une.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, mais il nous faudra savoir

 11   exactement pour quel document vous avez déjà la traduction et pour lesquels

 12   vous ne l'avez pas encore, nous leur attribuerons une cote par voie de

 13   mémorandum interne, mais pour les traductions qui sont en cours, nous

 14   n'attribuerons que des cotes MFI.

 15   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 16   J'essaie de voir si Mme Stewart est au courant.

 17   Donc pour la pièce 7230 [comme interprété], nous n'avons pas encore

 18   la traduction.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il n'est pas nécessaire que vous le

 20   fassiez maintenant. Fournissez au Greffe cette liste, puisque cela nous

 21   prendrait trop de temps.

 22   M. THAYER : [interprétation] Oui, très bien.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais effectivement, le premier

 24   document est le document 7220, et l'avant-dernier document est la pièce

 25   7240 sur la liste 65 ter. Donc si nous sommes bien d'accord, nous pouvons

 26   continuer.

 27   M. THAYER : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.


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  1   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, bonjour à toutes et à

  2   tous.

  3   J'attire votre attention sur deux pièces à conviction sur la liste du

  4   Procureur, à savoir les pièces 65 ter 7233 et 7234. Il s'agit de deux

  5   enregistrements vidéo qui sont parfaitement identiques à la pièce D72,

  6   pièce de la Défense qui a été marquée aux fins d'identification, et nous

  7   l'avons utilisée avec Nikolai Cornelis.

  8   Donc cela pose un petit problème. Non seulement le contenu est le même,

  9   mais ce qui se passera c'est que nous aurons une pièce marquée aux fins

 10   d'identification et deux pièces versées au dossier. Puisqu'il s'agit de

 11   pièces identiques, pour que techniquement on respecte les règles, il

 12   suffirait peut-être d'enlever la cote MFI de la pièce D72 et que cette

 13   pièce devienne une pièce à part entière.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Les parties pourraient se rapprocher

 15   et décider.

 16   Allez-y, Monsieur Thayer.

 17   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, une de ces pièces sur

 18   lesquelles je souhaite attirer votre attention, la pièce 2896A, il s'agit

 19   d'une conversation interceptée sur la liste des pièces associées.

 20   Il s'agit là d'une interception qui est devenue dans le dossier

 21   pièces 731A et 826B. Il s'agit en fait d'une même conversation qui a été

 22   enregistrée sur deux sites différents. Donc techniquement, il s'agit de

 23   deux pièces à conviction différentes parce qu'elles ont été interceptées

 24   par des opérateurs différents. Mais pour ne pas perdre de temps en

 25   présentant au général l'interception qui a déjà été vue sous une forme

 26   différente, je voulais simplement préciser pour le compte rendu d'audience

 27   qu'il s'agit d'une seule et même conversation.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Expliquez, s'il vous plaît, pourquoi


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  1   alors verser sous un numéro différent sur votre liste ?

  2   M. THAYER : [interprétation] L'interception qui a été montrée au général

  3   Smith dans l'affaire Popovic a été enregistrée sur un site différent, peut-

  4   être le site nord ou le site sud. Lorsque nous avons cité l'ensemble des

  5   opérateurs des interceptions, la version de cette conversation que nous

  6   avons versée au dossier provenait d'un autre site, donc c'est la version

  7   que nous avons au dossier. Puisque nous avons montré au général Smith une

  8   autre version de la même pièce dans l'affaire Popovic, elle ne se trouve

  9   pas sur notre liste.

 10   Donc nous allons juste changer donc ces pièces.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] A la fin, il nous faudra avoir une

 12   pagination, une numérotation bien claire, sans ambiguïté.

 13   M. THAYER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Le général verra

 14   qu'il s'agit d'une conversation complètement différente qui a un numéro

 15   complètement différent.

 16   Donc je me propose de lire le résumé en application de l'article 65 ter

 17   pour le général Smith.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Qui sera légèrement plus différent

 19   que d'habitude.

 20   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, vous avez justement dit

 21   la bonne chose, effectivement c'est un peu plus long que d'habitude, vous

 22   avez raison.

 23   Le général Smith a servi au sein de l'armée britannique pendant 40 ans, il

 24   a pris sa retraite en 2002. A la fin du mois de janvier 1995, il a commencé

 25   son service en tant que commandant de la FORPRONU en Bosnie-Herzégovine,

 26   basé à la résidence de Sarajevo. Sa mission consistait à soutenir la

 27   livraison de l'aide humanitaire et de mener à bien les instructions du

 28   Conseil de sécurité portant sur les zones d'exclusion et les zones


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  1   protégées et de faire ce travail au beau milieu d'une guerre. Son supérieur

  2   immédiat était le général Janvier, qui était basé à Zagreb. Egalement à

  3   Zagreb se trouvait Yasushi Akashi, qui était le représentant spécial du

  4   secrétaire général des Nations Unies, le général Boutros-Ghali, il était

  5   également le supérieur politique de Smith. Dans le quartier général au

  6   cours de cette période, Smith avait un chef d'état-major, le général

  7   Nikolai, et un assistant militaire, le colonel Jim Baxter. A Sarajevo se

  8   trouvait également le secteur Sarajevo, un commandement subordonné à la

  9   FORPRONU basé dans les bâtiments du PTT, et commandé par le général

 10   Gobillard.

 11   Lorsqu'il a pris le commandement en janvier 1995, un cessez-le-feu

 12   entre les Musulmans et les Serbes venait juste d'être déclaré, et la

 13   "Cessation des hostilités" avait été signée. En tant que partie de l'accord

 14   sur la cessation des hostilités, des commissions conjointes ont été

 15   établies par le biais desquelles les deux parties devaient participer à cet

 16   accord. Le prédécesseur du général Smith, le général Rose, a établi une

 17   commission conjointe d'observateurs, connue sous le nom de JCO, en tant que

 18   mécanisme des observateurs pour observer la mise en œuvre de l'accord

 19   relatif à la cessation des hostilités, et ce, particulièrement à Sarajevo.

 20   Lorsque l'accord a été démantelé sur la cessation des hostilités, les JCO

 21   sont devenus beaucoup plus utiles en tant que moyens de communication entre

 22   les enclaves de Srebrenica et de Gorazde, puisqu'il est devenu de plus en

 23   plus difficile de communiquer ou d'établir une communication entre ces deux

 24   enclaves, et c'était également difficile pour le contrôleur aérien avancé.

 25   Smith a rencontré Izetbegovic, Muratovic, Silajdzic et Delic du côté

 26   musulman, et Karadzic, Koljevic, Krajisnik et Mladic du côté serbe. Smith

 27   était normalement accompagné par les officiers des affaires civiles lors de

 28   ces réunions. Il a également participé aux réunions avec ces représentants


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  1   avec Akashi. L'objectif de Smith dans ces réunions était d'obtenir une

  2   compréhension et de savoir quelles étaient leurs positions et leurs

  3   intentions, ainsi que de soutenir Akashi pour mener à bien la cessation de

  4   l'accord sur les hostilités. Au cours de ces semaines-là, Smith a développé

  5   une thèse pour permettre de comprendre la situation, qu'il était en train

  6   de constater et de recueillir les informations de ces réunions lors de ces

  7   rapports quotidiens et de les recueillir de ses propres officiers et du

  8   côté civil, les Nations Unies, pour prouver que les hypothèses étaient soit

  9   bonnes ou mauvaises. Il lui était très difficile d'obtenir le contexte

 10   politique, puisque la position dans laquelle il se trouvait était d'agir en

 11   tant que lien entre le côté militaire et politique.

 12   Et il a compris très rapidement qu'aucune partie au conflit ne

 13   voulait en arriver à une paix à cette étape-là, et lorsque l'accord de

 14   cessation a été brisé, le côté musulman a commencé à avoir un avantage, et

 15   si on leur donnait les armes, c'est eux qui obtiendrait un avantage. Du

 16   côté serbe, ils avaient obtenu tellement de territoire et ils avaient si

 17   peu d'hommes, qu'ils avaient beaucoup trop de territoire et ne pouvaient

 18   pas assurer tout le contrôle de ce territoire. La seule façon de garder le

 19   territoire était d'envoyer plus de soldats sur les territoires. Les

 20   enclaves, plus particulièrement les enclaves orientales de Srebrenica, Zepa

 21   et Gorazde, se trouvaient dans leurs arrières ou aux arrières de ces

 22   effectifs et demandaient un très grand nombre de ressources et d'effectifs

 23   pour effectuer la garde. Smith a conclu que non seulement que le cessez-le-

 24   feu n'a pas été respecté, mais pour tenir le territoire qu'ils avaient

 25   obtenu, les Serbes devaient coincer les enclaves orientales pour réduire

 26   leur importance et les coincer de cette façon.

 27   Smith a discuté un très grand nombre de réunions qu'il a eues avec

 28   les représentants militaires et civils des deux côtés entre mars et


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  1   septembre 1995. Un PV des réunions avait été tenu par Baxter, et Mladic

  2   était toujours accompagné par l'un des officiers supérieurs de la VRS, qui

  3   était l'accusé, très souvent.

  4   Le réapprovisionnement de la FORPRONU et les convois d'aide

  5   humanitaire étaient essentiellement contrôlés par Mladic et par son QG, et

  6   on ne leur permettait pas accès. Et parmi les sujets qui avaient été

  7   soulevés par Smith en avril et en mars 1995, c'était le nombre d'attaques

  8   de la VRS qui augmentait sur les zones protégées, le fait de cibler

  9   directement le personnel de la FORPRONU et l'interdiction du passage aux

 10   convois humanitaires. Tout au long de ces réunions, les dirigeants

 11   politiques et militaires serbes ont accusé la FORPRONU d'approvisionner les

 12   défendants de l'enclave, plus particulièrement de les approvisionner en

 13   carburant.

 14   Chacune des parties essayait de se servir des Nations Unies et des

 15   effectifs des Nations Unies à leur avantage; Smith a appelé ceci une

 16   situation d'otages et de boucliers. Les Serbes de Bosnie voyaient les

 17   Nations Unies en tant qu'otages par le biais desquels ils pouvaient

 18   effectuer le contrôle, l'influence sur la communauté internationale. Alors

 19   que d'autre part, le côté musulman cherchait d'obtenir une interprétation

 20   plus robuste du mandat de la FORPRONU et l'emploi de l'OTAN pour les

 21   soutenir ou les appuyer en tant que bouclier.

 22   Lorsque l'attaque de la VRS sur Srebrenica a commencé, Smith était en

 23   congé de deux semaines, mais il avait des contacts radio quotidiens avec

 24   Baxter. Gobillard avait pris le commandement en l'absence de Smith. Smith a

 25   été rappelé depuis ses vacances pour participer à une réunion à Genève pour

 26   parler d'un rapport du Conseil de sécurité concernant la FORPRONU. A la

 27   réunion, il a été dit qu'un soldat néerlandais avait été tué, un autre

 28   observateur était disparu. A l'époque, on pensait que ce qui se passait à


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  1   Srebrenica était le fait d'effectuer un resserrement de l'enclave et la

  2   lutte pour obtenir la route est-ouest qui se trouvait à l'est de l'enclave,

  3   là où la VRS avait lancé une attaque sur le Bataillon néerlandais au mois

  4   de juin avec un char. Les conséquences des dénis de la VRS à la FORPRONU

  5   pendant les attaques, à savoir que la VRS disait qu'elle n'effectuait pas

  6   d'attaques sur la population civile, ceci n'a fait que d'engendrer un délai

  7   quant au processus Nations Unies-OTAN concernant l'emploi des forces

  8   aériennes, puisque les deux parties avaient pris l'habitude de jeter le

  9   blâme les uns sur les autres pour différentes actions, et les Nations Unies

 10   devaient toujours vérifier l'information.

 11   Smith est de nouveau reparti, mais un jour plus tard il a été rappelé

 12   à Sarajevo puisqu'une attaque s'était développée de façon beaucoup plus

 13   forte. La défense s'était effondrée et l'enclave était tombée. Il est

 14   arrivé à Sarajevo le 13 juillet. A la suite de son retour de Sarajevo, ses

 15   priorités étaient de s'occuper du problème des réfugiés qui était énorme à

 16   l'aéroport de Tuzla, et les otages néerlandais, alors que les otages

 17   néerlandais et le bataillon se trouvaient encore à Srebrenica. Le

 18   commandant du Bataillon néerlandais n'était pas en mesure d'effectuer le

 19   contrôle de ses propres effectifs et de sa situation et parlait depuis sa

 20   "prison". Donc, il avait absolument la nécessité d'être soutenu par

 21   quelqu'un qui se trouvait à un niveau plus élevé que celui de Smith qui,

 22   lui aussi, se trouvait dans cette même prison, tout comme le commandant

 23   néerlandais. Conformément, Smith a participé à une réunion à Belgrade le 15

 24   juillet. Au cours de cette réunion, une réunion de suivi avait été prévue

 25   pour le 19 juillet pour confirmer l'accord qui a été conclu à Belgrade, et

 26   lors de cette réunion du 19 juillet, cette réunion a eu lieu au restaurant

 27   Jela, Mladic y a participé, l'accusé y était également, ainsi qu'Indjic.

 28   Mladic a dit à Smith qu'il allait avoir une réunion plus tard à Zepa


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  1   ce jour-là. Il a envoyé -- à Smith plus tard dans la soirée pour lui dire

  2   que Zepa était tombée, qu'elle était tombée. Toutefois, Smith a traité

  3   cette information avec plus de suspicion puisque les personnes qui étaient

  4   là ne pouvaient pas lui confirmer le tout, et il voulait absolument

  5   négocier avec la VRS avant de parler aux militaires.

  6   Smith a préparé la conférence de Londres entre le 20 et le 23 juillet

  7   et a rencontré Muratovic dans la soirée du 23 juillet. Muratovic était

  8   inquiet, il était préoccupé du fait que les Serbes n'auraient pas le même

  9   accès que les Musulmans de Zepa et pour ce qui est des hommes en âge de

 10   porter des armes. Smith a compris qu'il serait toujours un problème de

 11   faire une différence entre les combattants qui étaient plus ou moins armés,

 12   de les différencier des hommes en âge de porter les armes qui ne sont peut-

 13   être pas nécessairement des combattants, puisque ce ne sont pas tous les

 14   hommes en âge de porter les armes qui étaient membres des forces armées ou

 15   qui avaient la possibilité d'être un soldat.

 16   Le 25 juillet, Smith a rencontré Mladic et Gvero de nouveau au restaurant

 17   Jela pour parler de l'issue de la conférence de Londres pour de nouveau

 18   demander l'accès au CICR aux prisonniers de Srebrenica qui n'avait pas

 19   encore eu lieu et pour parler de la situation entourant Zepa. Après la

 20   réunion, Smith et Mladic se sont rendus à Zepa séparément. Smith a

 21   rencontré M. Torlak, c'était un homme qui était particulièrement inquiet,

 22   il était également médecin. L'impression que s'est forgée le témoin de

 23   Torlak, c'est qu'il s'était retrouvé coincé et que la solution était de

 24   signer l'accord le 24 juillet, accord qui avait été placé devant lui. Smith

 25   était rentré à Sarajevo tard dans la soirée du 25 juillet et a rencontré

 26   Izetbegovic, Muratovic, Masovic, et le Dr Kulovac de Zepa.

 27   Les priorités de Smith étaient de faire en sorte que les agents des

 28   Nations Unies ainsi que le personnel se rendent sur le terrain pour


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  1   effectuer un suivi de la situation et pour établir quel serait un accord

  2   qui pourrait être conclu pour permettre un échange de prisonniers. Smith a

  3   également permis à Mladic de permettre à une équipe de la CNN d'arriver sur

  4   place pour éviter des excès potentiels.

  5   Smith a rencontré de nouveau Mladic le 26 juillet au sommet d'une

  6   colline au point de contrôle ukrainien. Au cours de cette période,

  7   l'officier du VRS qui était le plus impliqué dans l'opération afin de

  8   déplacer la population civile, c'était l'accusé, qui était présent sur le

  9   terrain, ainsi que Mladic.

 10   Le 27 juillet, Smith a rencontré de nouveau Torlak, M. Hajric et M.

 11   Imamovic, qui étaient en train d'envisager de signer un autre accord de

 12   reddition avec Mladic. Ce dernier jour à la sortie de Zepa, il a rencontré

 13   Gvero à un point de contrôle, alors que Gvero se dirigeait vers l'enclave.

 14   Smith a ensuite rencontré Mladic à Mrkonjic Grad le 31 juillet, au

 15   cours d'une offensive menée par l'armée croate à l'ouest, qui a eu pour

 16   résultat le nettoyage ethnique des Serbes de Croatie. A cette époque-là,

 17   Mladic et son commandement supérieur s'étaient déplacés vers l'ouest.

 18   Le 22 août, Smith a rencontré Mladic à Borike, près de Zepa. Et je vais

 19   plus tard demander au général Smith, en fait, de nous parler de cette

 20   réunion, donc je vais passer rapidement à un autre point.

 21   Et pour conclure, Smith a parlé du rôle et de la fonction de l'état-

 22   major principal. Il a décrit la façon dont la structure et les fonctions

 23   étaient établies au sein de l'état-major principal. Il a également parlé

 24   d'autres éléments de la VRS puisqu'il s'agissait d'une interface entre

 25   l'armée et le gouvernement. Et il a également parlé, sur la base de ses

 26   observations personnelles sur l'état-major principal de la VRS, il a parlé

 27   de ce qu'il a vu concernant le commandement et le contrôle et quel en était

 28   le système. Il a vu qu'il s'agissait en fait d'un système centralisé qui se


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  1   trouvait au sein de la VRS. Ce qui l'a particulièrement frappé, c'est ce

  2   qu'il a vu au sein de l'état-major de la VRS, c'est qu'un nombre

  3   relativement restreint de personnes prenaient toutes les décisions, et

  4   c'est eux qui envoyaient cette information plus loin le long des QG

  5   subordonnés qui se trouvaient sur le terrain. Donc c'est ainsi que ces

  6   derniers pouvaient maintenir un contrôle sur les événements. Et c'est ceci

  7   qui se passait à Zepa. En plaçant ses commandants adjoints dans ces QG avec

  8   lesquels il pouvait établir des liens de communication, Mladic pouvait

  9   faire en sorte que ses commandants adjoints commandent en son nom sur un

 10   très grand nombre de questions pour lesquelles ils ont été nommés. Alors

 11   que les commandants adjoints avaient des fonctions au sein du QG très

 12   précises, lorsque Smith a dû avoir des contacts avec l'accusé ou avec

 13   Gvero, il avait compris qu'ils étaient soit des commandants ou des

 14   commandants adjoints qui s'occupaient directement des questions qui se

 15   trouvaient sur le terrain, des questions qui étaient brûlantes, et c'est

 16   ainsi que nous allons maintenant entamer l'interrogatoire.

 17   Donc j'aurais maintenant quelques questions à poser au général Smith.

 18   J'en ai fini avec la lecture de mon résumé.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Poursuivez, je vous prie. M. THAYER :

 20   [interprétation]

 21   Q.  Mon Général, vous avez parlé de votre thèse, nous en avons entendu

 22   parler dans ce résumé, et votre thèse consistait à dire, en fait, que vous

 23   aviez l'impression que les deux côtés, les deux parties belligérantes

 24   étaient préparés à se lancer dans des activités de combat. Mais y avait-il

 25   une période pendant laquelle vous aviez estimé que les parties au conflit

 26   voulaient que la guerre cesse pour leurs objectifs à eux ?

 27   R.  Oui, effectivement. J'ai cru à cela, j'ai cru que les deux parties,

 28   pour des raisons bien séparées, bien sûr, bien propres à elles, voulaient


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  1   que toute la question se termine, bien sûr, à leur avantage, et ce, à la

  2   fin de cette année-là, donc 1995. C'était donc pour des raisons de

  3   disponibilité de ressources, plutôt qu'autre chose.

  4   Q.  La Chambre de première instance a entendu à plusieurs reprises

  5   certaines références à l'accord Carter. Pourriez-vous nous dire de quoi il

  6   en est ?

  7   R.  En fait, très rapidement, c'était un résumé rapide qui donnait en

  8   quelques lignes la façon dont la cessation des hostilités pouvait se

  9   dérouler, et le président Carter était venu pour participer à cette étape

 10   finale du processus. Je ne me rappelle pas quelle était la date exacte,

 11   mais je pense que c'était entre Noël et le jour de l'An de 1994. C'est à ce

 12   moment-là qu'il est arrivé, qu'il a pris part à ceci lorsque l'accord a été

 13   finalisé et lorsqu'il a été finalisé, lorsqu'il a été rédigé.

 14   Q.  Vous avez également déposé dans l'affaire Popovic, vous avez parlé de

 15   votre thèse, et vous avez dit que vous vous étiez mis dans les chaussures

 16   de Mladic, pour utiliser votre terme à vous, et vous aviez dit qu'il

 17   voulait "coincer les enclaves, les prendre en tenailles".

 18   Et par la suite, vous avez dit, pour ce qui est des restrictions de

 19   la VRS sur le réapprovisionnement de la FORPRONU et les convois d'aide

 20   humanitaire de la FORPRONU, vous aviez dit que Mladic était celui qui était

 21   vraiment chargé de tout et que les ordres et les restrictions étaient

 22   vraiment contrôlés par lui, c'était lui qui s'occupait de tout.

 23   Est-ce que vous vous souvenez de cela ? Vous souvenez-vous d'avoir

 24   dit cela dans l'affaire Popovic, Général ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Pourriez-vous donc expliquer aux Juges de la Chambre si ces

 27   restrictions en matière de convois font partie de votre thèse également ?

 28   R.  Tout à fait. Voyez-vous, bien sûr qu'il y a bien des années que j'ai


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  1   commencé à utiliser ce terme de "coincer", "squeeze", ou "prendre en

  2   tenailles". C'était un mot que je m'étais moi-même donné pour décrire un

  3   processus selon lequel on essaie de neutraliser l'enclave le plus possible,

  4   afin qu'un nombre minimum de vos propres hommes doivent être disponibles

  5   pour vous garder, pour garder le contrôle de l'enclave afin que vous

  6   puissiez déployer vos nombres maximum de forces ailleurs puisque vous êtes

  7   en train de mener une guerre. Alors c'est ainsi que de cette façon-là, en

  8   établissant le contrôle de l'arrivée des sources dans l'enclave, cette

  9   prise en tenailles ferait en sorte que ceci puisse être possible. Et de

 10   façon plus précise, on empêchait un soutien populaire au cours d'une

 11   activité militaire pour qu'elle ne soit pas menée depuis l'enclave en

 12   effectuant une pression sur l'armée bosnienne qui se trouvait à l'intérieur

 13   de la nouvelle enclave. Deuxièmement, ce qui est important c'est qu'en

 14   prenant en tenailles cette enclave, on pouvait coincer d'une certaine façon

 15   et contrôler les Nations Unies dans ce rapport que j'ai appelé le rapport

 16   d'otages et de boucliers.

 17   Q.  Parlons maintenant pendant quelques instants de l'emploi de la force

 18   aérienne au cours de la période pendant laquelle vous étiez commandant de

 19   la FORPRONU en Bosnie-Herzégovine.

 20   Je voudrais attirer votre attention sur votre déposition dans

 21   l'affaire Popovic à la page 17 601. Je veux brièvement résumer vos propos,

 22   et je vais vous demander de nous en parler plus en profondeur. Alors vous

 23   avez dit qu'il y avait trois zones d'emploi de la force aérienne par la

 24   FORPRONU par le biais de l'OTAN, alors la première c'est pour ce qui est

 25   d'une zone de vol; deuxièmement c'était un appui aérien rapproché en tant

 26   que défense légitime; et troisièmement il s'agissait de neutraliser

 27   l'emploi de l'artillerie de la VRS et des armes lourdes qui ciblaient la

 28   population civile qui était en train de violer l'un de vos mandats, c'était


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  1   en fait le mandat d'une zone d'exclusion ou d'un périmètre de sécurité.

  2   Alors pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre ce que veulent dire

  3   ces trois catégories. Je sais que je n'ai fait que résumer très

  4   grossièrement ce que vous avez dit, mais pourriez-vous nous expliquer

  5   l'usage de ces trois emplois de l'armée, et si vous pouviez également nous

  6   donner quelques exemples concrets qui se sont déroulés en janvier [comme

  7   interprété] 1995.

  8   R.  Eh bien, il y avait, bien sûr, ces trois catégories. Chronologiquement

  9   parlant, ils sont entrés en vigueur avec la zone d'exclusion de vol,

 10   c'était la catégorie principale, c'était la première catégorie qui a

 11   d'abord été prise. En fait, c'était vraiment la responsabilité de l'OTAN,

 12   et exceptionnellement la responsabilité de l'OTAN, qui était de mener à

 13   bien ceci, donc l'OTAN fonctionnait depuis le QG de l'OTAN en Italie.

 14   Donc lorsque cet accord a été conclu, vous aviez les forces d'une

 15   organisation, les effectifs d'une organisation comme l'OTAN qui opéraient

 16   de façon superposée avec les effectifs d'une autre organisation, qui était

 17   les Nations Unies. Alors il y avait effectivement un vrai problème pour ce

 18   qui est du commandement et du contrôle. Il y avait également, parallèlement

 19   à ceci, un besoin de fournir une capacité supplémentaire pour la défense

 20   légitime ou la défense des forces des Nations Unies dans le cas où les

 21   actions de l'OTAN auraient créé une situation selon laquelle un élément des

 22   Nations Unies sur le terrain était menacé, par exemple.

 23    A partir de ce moment-là, il y découlait le besoin, à cause de ces

 24   deux raisons, ce qui découlait c'était cette raison d'employer quelque

 25   chose que nous avions appelé une clé double d'approche. C'était rédigé dans

 26   un document de l'OTAN où la zone protégée et la zone d'exclusion de vol,

 27   donc ces deux mesures, étaient devenues des mesures que devaient mettre en

 28   œuvre l'OTAN et les Nations Unies. Et maintenant, vous deviez avoir les


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  1   deux commandants qui devraient être d'accord. Alors si, par exemple, l'OTAN

  2   allait lancer des frappes aériennes pour renforcer une zone d'exclusion de

  3   vol et une zone protégée, les deux commandants devaient être d'accord et

  4   devaient initier cette attaque simultanément en mettant les clés dans la

  5   serrure, en tournant les clés, donc cette pratique de la double clé.

  6   Quand il y a eu une violation de la zone d'exclusion et lorsque les

  7   attaques aériennes ont eu lieu, les Nations Unies, en fait, ne faisaient

  8   pas partie de la chaîne de commandement. Et lorsque la mission d'appui

  9   aérien rapproché a eu lieu, et maintenant je voudrais faire une petite

 10   distinction ici que ce n'est pas tout à fait exact dans le sens où les

 11   choses ne fonctionnent pas toujours comme ceci, mais de façon générale,

 12   lorsqu'on parle d'une mission d'appui aérien rapproché, c'est normalement

 13   effectué à la demande des personnes sur le terrain. Normalement, il y a un

 14   parti que l'on appelle le contrôleur aérien avancé sur le terrain qui

 15   effectue le contrôle de l'attaque, et la raison de ceci c'est parce que

 16   leurs propres effectifs sont très près, sont rapprochés, et la situation

 17   implique directement vos propres forces sur le terrain.

 18   Si, toutefois, vous n'êtes en train que de lancer une attaque

 19   aérienne, par exemple, à l'appui d'une zone d'exclusion de vol et lorsque

 20   vous voulez mener une attaque sur une cible précise, par exemple une

 21   position d'artillerie, à ce moment-là vous voulez quand même avoir un

 22   contrôleur aérien avancé. Mais là il est plus là pour identifier la cible

 23   qui est plus difficile à voir depuis l'air. Donc il est là pour guider

 24   cette attaque afin d'assurer la sécurité de ses propres effectifs.

 25   Si les cibles sont plus éloignées de vos propres forces et effectifs

 26   et lorsqu'il est facile de les identifier depuis l'air, alors la

 27   probabilité est que vous n'aurez pas besoin de contrôleur aérien avancé, et

 28   tout est mené par les forces aériennes en utilisant leurs propres capacités


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  1   d'identification.

  2   Donc, je pense que c'est, grosso modo, un guide très raccourci, très bref,

  3   de l'emploi de ces trois types d'appui aérien, et plus particulièrement

  4   lorsque l'on parle de cette année-là en particulier.

  5   Q.  Très bien. Merci. Mon Général, j'aimerais maintenant vous demander

  6   quelques questions de définitions en guise de suivi. Alors, prenons les

  7   exemples que vous nous avez donnés, la situation telle qu'elle est survenue

  8   sur le terrain en 1995.

  9   Alors, vous avez employé deux termes, "zone d'exclusion de vol", et

 10   je crois que dans le contexte de ce qui est en train d'arriver au Moyen-

 11   Orient maintenant, c'est effectivement un terme dont nous entendons

 12   beaucoup parler aujourd'hui, mais vous avez également employé le terme de

 13   "zone d'exclusion". Alors, nous avons entendu parler des zones de sécurité

 14   et des zones d'exclusion, mais pourriez-vous expliquer ce que vous voulez

 15   dire. Alors, comment, définissez-vous une zone d'exclusion par rapport à

 16   une zone d'exclusion de vol ?

 17   R.  La zone d'exclusion de vol au-dessus de la Bosnie-Herzégovine a été

 18   établie assez tôt, en fait, dans l'histoire de cette guerre. Si ma mémoire

 19   est bonne, je crois que c'était en 1993, mais je ne suis pas tout à fait

 20   sûr qu'il s'agissait effectivement de cette année-là. Mais je suis tout à

 21   fait certain que nous allons pouvoir le retrouver quelque part.

 22   Il s'agissait effectivement d'une intervention qui avait été menée

 23   par les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, les Etats

 24   membres, donc, des Nations Unies, qui voulaient voir la cessation de

 25   l'emploi des forces aériennes serbes de Bosnie, et plus particulièrement,

 26   ils voulaient éviter que des cibles civiles et des colonnes de réfugiés

 27   soient ciblées, car ces derniers sortaient de diverses villes, ça se

 28   faisait, et ces colonnes se constituaient depuis diverses villes, depuis


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  1   toutes sortes de villes en Bosnie.

  2   L'OTAN, en tant qu'organisation, je ne me souviens plus s'ils

  3   s'étaient portés volontaires ou si on leur a demandé de venir en aide, mais

  4   c'était, en fait, l'armée qui avait pris cette tâche, qui s'était occupée

  5   de cette tâche, et comme je vous ai dit, tout était dirigé depuis le QG de

  6   l'OTAN, et c'était à Vicenza, au nord de l'Italie, que se trouvait le QG de

  7   l'OTAN.

  8   Mais les zones de sécurité ont été établies de sorte que la

  9   population civile s'y trouvant était restée ou avait fait l'objet de

 10   pilonnages à plusieurs reprises, et la zone d'exclusion aérienne, en fait,

 11   était un effort additionnel qui avait été lancé par le Conseil de sécurité

 12   des Nations Unies dans le but d'alléger la pression et de faire cesser

 13   l'attaque directe menée contre la population civile se trouvant dans les

 14   zones protégées. Et de nouveau, je pourrais me tromper d'un kilomètre ou

 15   deux, mais si je ne m'abuse, je crois que c'était un rayon de 20 kilomètres

 16   qui se trouvait autour de chacune de ces zones protégées. Donc, les zones

 17   protégées étaient désignées en tant que zones protégées, et il y avait donc

 18   trois enclaves orientales, c'était Sarajevo, Tuzla, et si je me souviens

 19   bien, Bihac. Je pourrais me tromper, toutefois, je dois vous dire. Je ne

 20   suis pas sûr qu'il s'agisse bien de ces trois zones exclusivement.

 21   Mais les zones d'exclusion aérienne devaient être libérées de toutes

 22   armes lourdes, et très spécifiquement, tout était défini mais de façon un

 23   peu vague, tout ce qui était au-delà d'un mortier de 82 millimètres, donc

 24   tout calibre au-delà de 82 millimètres était considéré comme étant une arme

 25   lourde.

 26   Ces armes étaient censées être regroupées dans des centres de

 27   collecte d'armes, et la raison pour ceci, c'est que les Nations Unies ne

 28   voulaient pas être partiales dans cette guerre, prendre parti, et donc tout


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  1   le monde s'était mis d'accord que chaque partie devait avoir la capacité ou

  2   la possibilité de se défendre, et les armes devraient être rassemblées dans

  3   des points de rassemblement. Pour les personnes qui se trouvaient à

  4   l'intérieur de la zone protégée, ces derniers ne pouvaient pas non plus

  5   sortir les armes d'un rayon de 20 kilomètres afin qu'ils puissent les avoir

  6   pour une défense légitime. Donc, ils étaient regroupés ou rassemblés au

  7   sein d'un point de rassemblement d'armes, et dans ce cas-ci, on parle des

  8   Serbes de Bosnie.

  9   Les armes devaient être, et étaient, jusqu'à la fin du mois de mai

 10   1995, sous le contrôle de l'ONU et dans le cadre de ces points de

 11   rassemblement. C'est l'ONU qui devait donner son accord pour qu'on libère

 12   ces armes. Vous pouviez récupérer vos armes pour les utiliser dans le cadre

 13   de l'autodéfense.

 14   Et donc, le régime de cette zone d'exclusion a été prolongé au début

 15   de l'année 1995.

 16   Q.  Bien. On va maintenant parler de deux façons d'utiliser la force

 17   aérienne pendant la période que vous avez servi là-bas. La première période

 18   concerne le mois de mai 1995, et les Juges ont entendu parler des frappes

 19   aériennes qui ont eu lieu le 25 et le 26 mai 1995, les frappes aériennes de

 20   l'OTAN qui ont, le 25, pris pour cible Pale. Les Juges de la Chambre ont

 21   entendu parler aussi de l'emploi de l'appui aérien rapproché qui a eu lieu

 22   le 11 juillet à Srebrenica.

 23   Est-ce que vous pourriez nous décrire la façon dont ces cas

 24   d'utilisation s'encadrent par rapport aux trois catégories que vous venez

 25   de nous décrire ?

 26   R.  Eh bien, je connais le mieux la situation qui s'est produite au mois de

 27   mai, puisque comme vous le savez, au mois de juillet, j'étais en permission

 28   et je venais de rentrer de ma permission pour l'attaque.


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  1   Au mois de mai, la situation s'empirait au fur et à mesure au cours

  2   du mois d'avril et au cours du mois de mai, et on en est arrivés à un

  3   point, au début mai, où j'avais déjà demandé que l'on fasse recours à la

  4   force aérienne, et ceci nous a été refusé, mes supérieurs hiérarchiques à

  5   Zagreb l'ont refusé. A peu près une dizaine de jours plus tard, la

  6   situation est arrivée à un point où un certain nombre d'armes ont été

  7   amenées de points de rassemblement d'armes, et ce sont justement les Serbes

  8   de Bosnie qui ont, tout simplement, pris leurs armes de ces points de

  9   rassemblement d'armes, et cela s'est produit à l'extérieur de Sarajevo. Il

 10   y a eu beaucoup de pilonnages de la population civile de Sarajevo.

 11   Et moi, je me suis mis d'accord avec mes supérieurs, j'ai reçu leur

 12   accord, de sorte que j'ai pu dire directement, par la lettre et par les

 13   médias, que si les attaques contre la population civile ne s'arrêtaient pas

 14   et si l'on ne rapportait pas les armes que l'on a prises, que des cibles

 15   allaient être pilonnées et bombardées jusqu'à ce que l'on retourne ces

 16   armes. Après avoir consulté l'OTAN, qui s'est occupé de ces frappes, on a

 17   choisi la cible, et donc c'était un dépôt de munitions à proximité de Pale.

 18   Nous avons choisi cette cible parce qu'elle était suffisamment éloignée de

 19   tout endroit habité, de toute zone résidentielle, de sorte qu'il y avait

 20   peu de chance que la population civile en souffre. C'était aussi un endroit

 21   assez proche de la capitale des Serbes de Bosnie, et il était clair qu'ils

 22   allaient comprendre la nature de l'attaque du fait de cette proximité. Puis

 23   ensuite, il y a eu un certain nombre de bunkers pleins de munitions à

 24   proximité. Donc nous avons commencé par bombarder les deux bunkers, et on

 25   s'est dit que si cela ne fonctionnait pas, on allait bombarder davantage.

 26   Donc, voici la raison derrière la cible que l'on a choisie.

 27   Et puis, à cause de la thèse qui était la mienne, j'ai pensé que les

 28   Serbes de Bosnie allaient être inquiets de perdre des munitions, d'avoir


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  1   moins de munitions, et qu'à cause de cela, ils allaient craindre de ne pas

  2   pouvoir mener à bien ces objectifs militaires. Donc on a commencé les

  3   attaques, et ces attaques n'ont pas abouti à la reddition des armes. Et

  4   cette nuit-là, si mes souvenirs sont exacts, toutes les zones de sécurité

  5   ont fait l'objet de pilonnage à nouveau, et une attaque a provoqué la mort

  6   de 70 personnes à Tuzla. Et puis, on n'avait toujours pas rendu les armes,

  7   de sorte que l'on a encore frappé. Donc la première attaque a pris pour

  8   cible deux bunkers, ensuite la deuxième attaque a pris pour cible quatre

  9   bunkers, et ensuite il y a eu la prise d'otages. Des personnels de l'ONU

 10   ont été menacés, on menaçait de les égorger d'ailleurs. Les hommes ont été

 11   enchaînés à l'extérieur des endroits ciblés. Le nombre d'otages augmentait

 12   à fur et à mesure, assez doucement mais de façon sûre, et au bout de 12

 13   heures, ou 24 heures plutôt, 350 personnes ont été prises pour otage. A ce

 14   moment-là, les résolutions que fournissaient les troupes à la force de

 15   l'ONU, leur moral était si bas qu'on a demandé d'arrêter les attaques. Et

 16   ensuite, cet ordre est venu de M. Akashi. Du côté de l'ONU, il n'y avait

 17   que le secrétaire général qui pouvait prendre décision, et personne

 18   d'autre, en matière de frappes aériennes.

 19   Après cet événement, a suivi une période d'à peu près deux semaines ou un

 20   petit peu plus longue, au cours de laquelle il y a eu des négociations

 21   visant à récupérer les otages du côté des Serbes de Bosnie.

 22   Q.  Alors --

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, on a commencé bien

 24   plus tard que d'habitude, mais nous devons tout de même prendre une pause.

 25   Donc on va prendre la première pause à présent, qui va durer moins

 26   longtemps que d'habitude.

 27   Et nous allons reprendre nos travaux à 4 heures 30 minutes.

 28   --- L'audience est suspendue à 16 heures 04.


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  1   --- L'audience est reprise à 16 heures 33.

  2    M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, vous pouvez

  3   continuer.

  4   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  5   Q.  Je vous souhaite à nouveau bonjour, Mon Général.

  6   Nous avons parlé des frappes aériennes qui se sont déroulées le 25 et le 26

  7   mai 1995. Et pour vraiment en terminer avec ce thème, est-ce que vous

  8   pouvez nous dire si la raison d'être de ces frappes était pour faire en

  9   sorte que la zone d'exclusion soit véritablement respectée ? Est-ce qu'il

 10   s'agissait de l'autodéfense ? De quoi s'agissait-il exactement ?

 11   R.  Eh bien, la raison d'être derrière tout cela était d'assurer la sûreté

 12   des populations civiles dans les zones protégées, et aussi de faire en

 13   sorte que les zones d'exclusion soient respectées.

 14   Q.  Vous avez aussi parlé de la situation au début du mois de mai, quand

 15   vous avez aussi demandé de bénéficier d'un appui aérien rapproché, donc

 16   qu'il y ait des frappes, et vous avez dit que l'on vous a refusé cela. Est-

 17   ce que vous pourriez nous décrire les circonstances de tout cela ?

 18   R.  Oui. A nouveau, je ne suis pas sûr de la date, mais je pense que cela

 19   s'est produit au début du mois de mai, la première moitié en tout cas. Il y

 20   avait un tunnel qui avait été creusé par les défenseurs de Sarajevo, un

 21   tunnel qui passait sous l'aéroport. Vous avez sans doute entendu parler de

 22   cela. Et il sortait au niveau de Butmir -- le bout du tunnel était donc du

 23   côté de l'aéroport, de l'autre côté de Sarajevo, près du mont Igman. Ce

 24   jour-là, autour de midi, l'entrée du tunnel et les immeubles autour de

 25   l'entrée du tunnel ont fait l'objet d'un pilonnage très efficace, pilonnage

 26   qui était l'œuvre des Serbes de Bosnie et qui a fait un certain nombre de

 27   morts. Je n'ai jamais vraiment pu comprendre qui étaient les gens tués à

 28   cette occasion-là, il y en avait sans doute qui -- sans contestation, il y


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  1   en avait qui portaient des uniformes. Mais il y a eu une riposte immédiate

  2   de la part des défenseurs bosniens qui ont demandé des frappes aériennes,

  3   ils ont demandé que l'ONU fasse quelque chose à ce sujet, et cetera.

  4   Moi j'ai refusé de les suivre, j'ai refusé d'y faire droit à ces

  5   demandes du gouvernement bosnien, puisque les victimes portaient des

  6   uniformes, et puis cet endroit était tout près de la ligne de front. J'ai

  7   considéré qu'il s'agissait là de dégâts qui entraient dans le cadre des

  8   combats militaires. Mais les pressions politiques étaient considérables.

  9   J'ai été placé sous des pressions, pas seulement du gouvernement bosnien,

 10   mais aussi de sources externes. On me demandait de faire quelque chose à ce

 11   sujet, et moi j'ai refusé d'agir pour les raisons que je vous ai exposées.

 12   Cependant, au cours de la soirée, les zones résidentielles de

 13   Sarajevo ont commencé à faire l'objet d'un lourd pilonnage, de sorte que

 14   j'ai exigé à bénéficier d'un appui aérien, ou plutôt, qu'il y ait des

 15   frappes aériennes, puisqu'il s'agissait d'une violation claire de la zone

 16   d'exclusion et des zones de sécurité. Cependant, vu que j'ai refusé de les

 17   faire tout d'abord et que j'ai évoqué mes raisons qui étaient tout à fait

 18   différentes, ensuite je l'ai demandé, et tout cela s'est produit dans une

 19   même journée, eh bien, c'en était trop pour les autorités, et c'est pour

 20   cela qu'ils ont refusé de procéder à ces frappes.

 21   Q.  Merci, Mon Général. Ensuite, on va revenir sur la date du 11 juillet.

 22   Vous nous avez dit que vous veniez de rentrer de votre permission. Vous

 23   étiez en vacances, et nous le savons.

 24   R.  Vous parlez du 11 juillet ?

 25   Q.  Oui.

 26   R.  Excusez-moi, mais moi je vous ai entendu dire juin.

 27   Q.  L'utilisation de l'appui aérien à cette occasion peut être catégorisée

 28   comme faisant partie de laquelle des catégories que vous avez déjà énoncées


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  1   ? A savoir, l'autodéfense des forces de l'OTAN, la mise en œuvre de la zone

  2   d'exclusion, ou bien la mise en œuvre de la zone de sécurité, ou bien rien

  3   de tout cela ?

  4   R.  Nous l'avons demandé au moyen de l'autodéfense d'un détachement de

  5   l'ONU, des troupes de l'ONU.

  6   Q.  Dans l'affaire Popovic, vous avez fait la distinction entre deux

  7   concepts, impartialité et neutralité, c'est quelque chose qui figure au

  8   compte rendu d'audience à la page 17 503. Veuillez, s'il vous plaît,

  9   expliquer aux Juges de la Chambre de quelle façon ces deux concepts

 10   diffèrent, et de quelle façon cette différence a eu un rôle pendant

 11   l'utilisation de la force aérienne ? Dans les deux cas d'ailleurs, vous

 12   pouvez nous citer les deux exemples.

 13   R.  Ces deux termes, d'après mon expérience, on les utilise comme des

 14   synonymes, et je ne pense pas que ceci est une bonne utilisation de ces

 15   termes. Et moi, en tant que commandant, et d'après l'expérience qui est la

 16   mienne, l'expérience de commandant, il me semblait qu'il était très

 17   important de faire la distinction entre la signification de ces deux

 18   termes. Vous vous trouvez au milieu des combats des parties tiers, et vous

 19   devez savoir comment vous allez pouvoir mener à bien vos objectifs et votre

 20   mission.

 21   Donc voici comment je comprends cela, moi je suis cet exemple : si j'étais

 22   un médecin, médecin de l'armée britannique au cours d'une guerre, eh bien

 23   je ne serais pas neutre, je serais membre de l'armée britannique, je

 24   porterais un uniforme et j'aurais le drapeau britannique, ce serait mon

 25   drapeau. Cela étant dit, en tant que médecin, je serais obligé d'être

 26   impartial en ce qui concerne l'exercice de ma profession. Donc si on

 27   amenait un blessé qui venait des rangs de l'ennemi, eh bien je serais

 28   obligé de le soigner de façon impartiale, de soigner ses blessures. Et s'il


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  1   s'agissait là d'un blessé grave, eh bien il faudrait que je le soigne en

  2   priorité même si ce n'était pas le soldat de mon armée, et ceci

  3   correspondrait à la déontologie du médecin, puisque c'est ma profession, et

  4   je le soignerais donc en priorité.

  5   En ayant cet exemple à l'esprit, je me suis trouvé dans une situation où

  6   nous, nous étions censés être neutres, mais une situation, tout de même,

  7   dans laquelle il fallait avoir à l'esprit cette notion d'impartialité

  8   plutôt que de neutralité. Par exemple, s'il fallait absolument apporter des

  9   denrées humanitaires à la population, eh bien il faut le faire quelle que

 10   soit la partie qui le demande, quel que soit le peuple qui le demande. De

 11   même, si on viole la zone d'exclusion aérienne, vous vous trouvez dans une

 12   situation où moi, en tant que commandant, je dois mettre en œuvre mon

 13   impartialité. Autrement dit, je dois faire en sorte que cette zone de

 14   sécurité ou d'exclusion soit à nouveau respectée.

 15   Q.  Les Juges de la Chambre ont entendu beaucoup de témoignages décrivant

 16   l'utilisation de la force aérienne de l'OTAN, qu'il s'agisse du mois de

 17   mai, du mois de juillet ou bien du mois de septembre 1995. Les objectifs à

 18   chaque fois étaient des cibles du côté des Serbes de Bosnie. Pourriez-vous

 19   expliquer aux Juges de la Chambre pourquoi pendant cette même période qui

 20   va du début de l'année 1995 jusqu'en septembre 1995, alors qu'il y avait

 21   des menaces musulmanes à Zepa qui menaçaient de tuer des soldats ukrainiens

 22   de l'ONU, pourquoi, en ayant tout cela à l'esprit, l'OTAN n'a pas utilisé

 23   sa force aérienne contre les forces musulmanes ?

 24   R.  Tout d'abord, l'utilisation de la force aérienne ne devrait pas être

 25   comprise comme une riposte immédiate à chaque situation ou provocation. Il

 26   s'agit d'une utilisation raisonnée et raisonnable.

 27   Donc ce n'est pas une solution globale, et c'est une solution qui a

 28   ses caractéristiques qui devrait être utilisée par rapport à ses


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  1   caractéristiques justement. Notamment, l'interprétation de ce que cela

  2   signifie, c'est d'utiliser la force aérienne dans le cadre de

  3   l'autodéfense, ou bien l'utilisation du soutien aérien rapproché dans le

  4   cadre de l'autodéfense, il faut avoir à l'esprit une chose. Tout d'abord,

  5   ces avions n'étaient pas en permanence dans les bases de l'ONU, il fallait

  6   les demander, il fallait permettre et prévoir suffisamment de temps pour

  7   que les avions arrivent.

  8   Ensuite, je vous ai expliqué que nous avions un contrôleur aérien avancé

  9   qui devait guider ces avions. Si vous n'avez pas les avions et si vous

 10   n'avez pas les contrôleurs aériens, vous ne pouvez pas utiliser ces armes.

 11   Puis finalement, pour comprendre ce que signifiait l'autodéfense, il

 12   fallait comprendre une notion de droit civil. Autrement dit, si vous n'êtes

 13   pas l'objet d'une attaque directement, vous ne pouvez pas dire que vous

 14   utilisez cette force aérienne pour l'autodéfense. Donc vous ne pouvez pas

 15   avoir recours à ce moyen de défense dans le cas où on ne tire plus sur la

 16   personne qu'il faut défendre. Donc vous ne pouvez pas l'utiliser après

 17   coup.

 18   Donc il s'agit d'une utilisation limitée de la force aérienne, et on

 19   l'utilisait de cette façon-là pour répondre à une situation particulière à

 20   chaque fois.

 21   Q.  Bien. Je voulais parler de Zepa.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vais vous interrompre un instant

 23   puisque Mme la Juge Nyambe a une question à vous poser.

 24   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Je voudrais vous poser une question.

 25   Pourriez-vous m'expliquer la chose suivante, c'est quelque chose qui est

 26   écrit à la page 32, ligne 15. On vous a demandé d'expliquer aux Juges de la

 27   Chambre pour quelle raison pendant cette période qui a commencé en 1995 et

 28   a duré jusqu'au mois de septembre 1995, où vous avez des provocations des


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  1   Musulmans à l'extérieur de Sarajevo, des menaces des Musulmans contre les

  2   forces de l'OTAN, pourquoi n'a-t-on pas utilisé la force de l'OTAN contre

  3   les forces musulmanes ?

  4   Vous avez expliqué d'une façon très claire et détaillée quel était le

  5   cadre exact de l'utilisation de la force aérienne. Cela étant dit, j'ai

  6   l'impression que vous n'ayez pas vraiment répondu à la question de M.

  7   Thayer, autrement dit si la force aérienne a été utilisée contre eux du

  8   tout.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, elle n'a pas été utilisée, et j'ai essayé

 10   de vous donner des exemples. Cela étant dit, je n'avais pas un exemple

 11   concret à l'esprit. Il y a un moment, M. Thayer a cité un exemple, n'est-ce

 12   pas, un exemple concernant Zepa ? Un, par exemple, à Zepa ? L'incident dont

 13   je me souviens était tel que soit moi soit le général Gobillard, et je

 14   pense que c'est le général Gobillard, est entré en contact avec le premier

 15   ministre de l'époque Sacirbey, et lui a demandé à mettre ses hommes à Zepa

 16   sous le contrôle, et c'est comme cela qu'on a essayé de résoudre ces

 17   problèmes, plutôt que de faire recours à des forces aériennes. C'est aussi

 18   quelque chose qui s'est produit au cours de la nuit. Ceci aurait rendu les

 19   choses encore plus compliquées. Voici ma réponse.

 20   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Je vous remercie.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer.

 22   M. THAYER : [interprétation]

 23   Q.  Dans l'affaire Popovic, Général, vous décrivez comment le

 24   Bataillon néerlandais et son commandant, le général Karremans, se

 25   retrouvent le 11 juillet, d'après vous, en train de parler "depuis derrière

 26   les barreaux, depuis quasiment une situation de prisonnier". J'ai répété

 27   vos propos. Je pense que nous comprenons tous ce que vous vouliez dire par

 28   là.


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  1   Donc, dites-nous, s'il vous plaît, à Zepa, lorsque vous vous êtes

  2   rendu sur place le 25, vous-mêmes, étiez-vous en prison, tout comme vous y

  3   -- vous vous trouvez dans cette situation le 11 juillet à Srebrenica avec

  4   le général Karremans ?

  5   C'est ma première question.

  6   R.  Pour vous répondre brièvement, non, non, on ne peut pas dire qu'à Zepa

  7   c'était une situation comparable à celle de Srebrenica, comme j'ai décrit

  8   la situation de Karremans, et par conséquent de cela la mienne à

  9   Srebrenica.

 10   Q.  Pourquoi pas ?

 11   R.  Même si c'était une situation de fait accompli de la part des Serbes,

 12   donc les Serbes de Bosnie qui ont attaqué, et dans l'enclave il y avait des

 13   Serbes, mais nous, nous étions bien présents et avions bien plus de marge

 14   de manœuvre que cela n'était le cas à Srebrenica.

 15   Nous avions les médias, à un deuxième point, sur place, qui ont pu

 16   être témoins de la situation. Nous avions aussi la présence des employés

 17   d'autres organisations, le CICR. Les hommes étaient partis dans les

 18   montagnes et ils ne se sont pas trouvés dans la même situation que ceux de

 19   Srebrenica, de la manière dont je comprends la situation, qui ont tous en

 20   fait été capturés. Donc, je ne pouvais pas avoir accès à eux.

 21   Donc, le contexte n'est pas le même, le contexte de Zepa par rapport

 22   à Srebrenica.

 23   Q.  Avez-vous pu reprendre l'enclave, jeter Mladic dehors ?

 24   R.  Non, je n'ai pas pu faire cela. Non, j'étais face à un fait accompli.

 25   Q.  Et le Bataillon ukrainien, ou plutôt le chef de compagnie ukrainien sur

 26   place, les Juges de la Chambre ont entendu parler du colonel Dudnik. Et

 27   lui-même, est-ce qu'il était dans une situation de prisonnier ?

 28   R.  Oui. Lui et ses hommes se sont retrouvés dans la position de Karremans,


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  1   d'abord avec les défenseurs puis avec les attaquants.

  2   Q.  Vous venez de parler des hommes de Srebrenica, vous avez dit que vous

  3   n'aviez pas accès à ces gens-là. Dans votre témoignage, à plusieurs

  4   reprises, vous parlez de 2 000 Musulmans, et vous dites que vous vous

  5   adressiez au général Mladic à plusieurs reprises pour que le CICR et le HCR

  6   puissent les voir, et que cela n'a pas eu lieu. Page 17 536, par exemple,

  7   du compte rendu d'audience.

  8   Est-ce que vous vous souvenez qu'à plusieurs reprises vous avez

  9   évoqué ces 2 000 hommes ?

 10   R.  Oui, tout à fait.

 11   Q.  Et à l'époque, d'après vous, où a-t-on capturé ces gens, où est-ce

 12   qu'ils ont été détenus en juillet à ce moment-là, donc en juillet 1995 ?

 13   R.  D'après ce que j'ai compris, on les a pris à Srebrenica après la chute

 14   de la poche de Srebrenica, ils ont été isolés et mis à l'écart du groupe

 15   des femmes et des enfants. Ensuite, on les a détenus à Bratunac. De

 16   mémoire, ils étaient détenus au stade de foot. C'est ce que nous pensions

 17   là-bas.

 18   Q.  Et en fin de compte, le CICR s'est vu octroyer l'accès, et est-ce que

 19   vous pouvez vous souvenir de ce que ces représentants ont vu, de ce qu'on

 20   leur a montré ?

 21   R.  Il me semble qu'effectivement, finalement début août, on leur a donné

 22   la permission d'accéder à ces gens-là et qu'on leur a montré des, disons,

 23   centres de détention vides, mais ils n'ont pas nécessairement pensé

 24   qu'effectivement ces gens s'étaient trouvés là-bas. Et ce qui est évident,

 25   c'est qu'il n'y avait absolument aucun de ces 2 000 hommes sur place.

 26   Q.  Et vous avez également parlé du fait qu'au même moment où vous étiez

 27   présent à Zepa, que simultanément il y a eu des pourparlers à l'aéroport de

 28   Sarajevo sur un éventuel échange de prisonniers.


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  1   Vous vous en souvenez ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous souvenez-vous comment, ou si d'ailleurs, on a représenté la

  4   question de ces 2 000 hommes dont vous essayez de déterminer l'emplacement,

  5   donc quelle place cela a eu ?

  6   R.  Je ne me souviens pas de manière très exhaustive de ces pourparlers. Il

  7   a été question relativement tôt de cet éventuel échange de prisonniers, au

  8   début de cet incident de Zepa. Il y a eu une procédure appliquée par les

  9   parties à l'aéroport pour s'occuper des échanges et avec le bureau des

 10   affaires politiques du QG des Nations Unies, donc mon QG. Il avait la

 11   charge d'encourager ces pourparlers sur l'échange des prisonniers à

 12   l'aéroport. De mémoire, ce dont je me souviens de ces négociations, c'est

 13   que le problème était de savoir ce que cela signifiait finalement. Les

 14   Serbes de Bosnie ne pensaient pas que les prisonniers de Srebrenica

 15   faisaient partie de ces prisonniers, et le gouvernement de Sarajevo pensait

 16   le contraire. Et donc, c'était la pierre d'achoppement de ces négociations.

 17   Je ne m'en souviens pas plus que cela. Je pense qu'il y a eu des

 18   négociations pendant longtemps et qu'il n'y a pas eu de résultat.

 19   Q.  D'accord. Nous n'avons fait qu'esquisser la question du Dr Kulovac, que

 20   vous avez rencontré à Zepa. Vous souvenez-vous de l'avoir vu à Sarajevo à

 21   cette période-là ?

 22   R.  Oui, oui. Je l'ai vu tard une nuit, ou c'était tôt le matin, il était

 23   arrivé avec un autocar plein de blessés et très malades, donc des gens de

 24   Zepa. Et je pense que je l'ai rencontré à la présidence.

 25   Q.  Général, d'après vos souvenirs, M. Kulovac est-il resté à Sarajevo une

 26   fois arrivé là-bas ou est-ce qu'il est reparti pour Zepa avec un de ces

 27   autocars ?

 28   R.  Je ne pense pas qu'il soit retourné là-bas, mais je ne peux pas en être


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  1   absolument certain.

  2   Q.  D'accord.

  3   M. THAYER : [interprétation] Voyons maintenant la vidéo que nous avons

  4   préparée, il s'agit de la pièce P594. Juste quelques secondes.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je voudrais poser une question au

  6   témoin.

  7   Vous venez de mentionner la présidence. Vous dites : "Je pense

  8   l'avoir croisé à la présidence."

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi. C'était un grand bâtiment où

 10   Izetbegovic a organisé son bureau, et on en parlait en l'appelant la

 11   présidence.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] A Sarajevo ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Et vous-même, vous étiez où ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans la résidence.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Et c'était quel type de bâtiment

 17   ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était un bâtiment assez important,

 19   indépendant, au centre de Sarajevo. Le nom date d'un siècle auparavant.

 20   C'était le moment où il y a eu des mouvements de population de l'Empire

 21   austro-hongrois, et dans des capitales et des provinces, on avait prévu des

 22   bâtiments où on pouvait descendre les fonctionnaires, des représentants

 23   officiels.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Merci.

 25   M. THAYER : [interprétation]

 26   Q.  Nous allons visionner une vidéo. Il s'agit de la pièce P594. Nous

 27   allons commencer à peu près à 45 [comme interprété] minutes dans la vidéo.

 28   Nous verrons à peu près 20 secondes de la vidéo, puis nous reverrons un


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  1   petit extrait.

  2   [Diffusion de la cassette vidéo]

  3   M. THAYER : [interprétation]

  4   Q.  A 46:15.9, nous avons fait un arrêt sur image. Est-ce que vous pouvez

  5   reconnaître qui que ce soit là ?

  6   R.  Mon assistant militaire, le colonel Baxter -- c'est celui dont le crâne

  7   commence à se dégarnir, au milieu de l'image.

  8   Q.  [aucune interprétation]

  9   R.  Oui, il a un cahier dans sa main gauche, et sa main droite est

 10   légèrement floue. Il y a un geste de la main.

 11   Q.  Très bien.

 12   M. THAYER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons continuer à visionner.

 13   [Diffusion de la cassette vidéo]

 14   M. THAYER : [interprétation]

 15   Q.  Nous avons fait un arrêt sur image à 46 minutes 25 secondes 9. Est-ce

 16   que vous pouvez identifier quiconque à l'image ?

 17   R.  C'est M. le général Mladic, dont on voit le bras et la montre sur ce

 18   bras qui traverse l'image.

 19   Q.  Très bien. Est-ce que vous reconnaissez qui que ce soit d'autre ?

 20   R.  Je pense que c'est M. Indjic, au fond sur la droite, à l'arrière --

 21   derrière Mladic.

 22   Q.  C'est l'homme avec une moustache ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Très bien.

 25   M. THAYER : [interprétation] Redémarrons, s'il vous plaît.

 26   [Diffusion de la cassette vidéo]

 27   M. THAYER : [interprétation] A 46 minutes 7.0, nous refaisons un autre

 28   arrêt sur image.


Page 11562

  1   [Diffusion de la cassette vidéo]

  2   M. THAYER : [interprétation]

  3   Q.  Monsieur, nous avons fait un arrêt sur image à 46 minutes 9.8 secondes.

  4   Nous avons un homme barbu en chemise bleue. Le reconnaissez-vous ?

  5   R.  De mémoire, c'est le docteur dont nous avons parlé à l'instant.

  6   Q.  D'accord. Merci. Nous n'avons plus besoin de cette pièce pour

  7   l'instant.

  8   Un dernier point concernant Zepa, Général, ce sont les rapports de

  9   David Harland. Nous avons déjà eu l'occasion de voir cette pièce dans ce

 10   prétoire. Il s'agit de 18 rapports qui ont été présentés à d'autres

 11   témoins. Cinq sur cette série m'intéresseraient, et j'aimerais les

 12   parcourir assez brièvement avec vous. Il s'agit de la pièce 65 ter 2438.

 13   Alors, le premier rapport, page 39 du prétoire électronique, page 30

 14   en B/C/S.

 15   Donc nous voyons parfaitement où se retrouve l'intercalaire 8 dans les deux

 16   versions.

 17   Page suivante. Page 31 en B/C/S.

 18   Page 31, non, en B/C/S ?

 19   Alors, je donnerai lecture des paragraphes qui nous intéressent.

 20   Donc nous voyons qu'il s'agit de la date du 25 juillet 1995. C'est un

 21   rapport de David Harland à John Ryan et le général Gobillard, et il s'agit

 22   de : Zepa, négociations, rapport numéro 7.

 23   M. THAYER : [interprétation] Tournez la page, s'il vous plaît.

 24   Q.  Donc nous voyons qu'il s'agit d'une réunion à l'aéroport qui s'est

 25   tenue aujourd'hui de 1 heure et demie jusqu'à 5 heures et demie, et qu'on

 26   s'attend à un accord. Il est fait référence à des éléments d'un accord.

 27   Et si vous regardez le texte tout en bas, il est question de Harland

 28   qui rend compte de l'issue de la réunion, entre autres, au ADC du général


Page 11563

  1   Smith; qui est-ce ?

  2   R.  C'est le capitaine Lavender. C'était un aide de camp que j'avais, qui

  3   était subordonné à mon assistant militaire. Donc c'était le capitaine

  4   Lavender. Si je me déplaçais, j'étais accompagné de mon assistant

  5   militaire, et l'aide de camp restait sur place au QG, c'était notre bras

  6   prolongé.

  7   Q.  Donc ici, il est question du lendemain, le 27. Il est dit qu'un accord

  8   provisoire a été passé à l'aéroport et qu'on allait le signer le lendemain,

  9   et puis on voit en bas de la page : "J'ai appris que les généraux Smith et

 10   Mladic semblent être tombés d'accord…"

 11   Et puis, il y a une référence, page suivante, au sous-paragraphe 1 :

 12   "A Zepa, il faudrait commencer l'évacuation immédiatement.

 13   "2. Les 60 hommes de la FORPRONU se rendront à Zepa.

 14   "3. Il va y avoir l'évacuation de civils vers le secteur de Kladanj,

 15   et cela se commencera demain."

 16   Donc je vous demande, Général : il s'agit d'un accord, Harland rend compte

 17   de son contenu le 25, et d'après vos souvenirs, est-ce qu'il y a eu

 18   effectivement ce genre d'accord de passé entre vous et le général Mladic ?

 19   Etait-ce juste oral, est-ce que ça a été couché sur papier ? Et de quoi il

 20   s'agissait ? Est-ce que ce rapport, premièrement, est exact ? Est-ce qu'il

 21   est exact ?

 22   R.  Je suis certain qu'il est exact. Je veux dire, c'est de cette manière-

 23   là que Harland a vu la situation à l'époque. D'expérience, c'était

 24   quelqu'un qui voyait juste, donc il faisait de bons rapports.

 25   Premièrement, les accords, il fallait qu'ils soient passés entre les

 26   Bosniens et les Serbes de Bosnie, et pas entre moi et qui que ce soit

 27   d'autre. J'étais là juste pour veiller à ce qu'on arrive à un accord, dans

 28   toute la mesure du possible, et que l'on s'occupe des intérêts de la


Page 11564

  1   population civile.

  2   Et deuxièmement, à ce stade, je pense que c'était juste le long de ces

  3   lignes qu'on recherchait un accord, mais je ne pense pas que l'accord en

  4   tant que tel ait été trouvé, qu'on ait couché quoi que ce soit sur papier,

  5   non.

  6   Q.  D'accord.

  7   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, nous avions un autre

  8   témoin présent ici, et il a déposé au sujet de cette même série de

  9   documents. Nous étions d'accord sur le fait que les rapports au sujet

 10   desquels déposaient les témoins allaient être versés au dossier, et je

 11   pense que la Défense ne s'est pas opposée à cela.

 12   J'essaie de demander le versement de l'ensemble du document une fois

 13   que j'aurai terminé de poser mes questions, et j'aimerais que la Chambre

 14   nous dise ce qu'il en est.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] La Défense, que nous dit-elle ? S'il

 16   y a une objection, elle s'exprimera.

 17   Vous devez continuer maintenant.

 18   M. THAYER : [interprétation] Page 74 dans le prétoire électronique, s'il

 19   vous plaît. Page 51 en B/C/S.

 20   Je précise que nous sommes à l'intercalaire 15 de cette série de documents.

 21   Tournez la page, s'il vous plaît.

 22   Q.  Donc nous voyons qu'il s'agit d'un autre rapport de David Harland.

 23   Celui-ci porte la date du 31 juillet 1995. Il s'agit du rapport numéro 14

 24   sur les négociations de Zepa.

 25   M. THAYER : [interprétation] Tournez la page dans les deux versions, s'il

 26   vous plaît. Une page de plus en B/C/S, s'il vous plaît. Et là encore. Et

 27   encore une page de plus en B/C/S, s'il vous plaît. Excusez-moi.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir.


Page 11565

  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais on ne voit pas du tout la première page en

  2   B/C/S.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est la raison pour laquelle M.

  4   Thayer a demandé de tourner les pages une à une.

  5   M. THAYER : [interprétation] Nous pouvons revenir à la toute première page

  6   du rapport. Je ne sais pas pourquoi il y a eu ce découpage de la première

  7   page en B/C/S en morceaux, mais ce qui m'intéresse se trouve ici.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Occupez-vous de cela tout d'abord,

  9   puis ensuite on reprendra la première page pour que le général Tolimir

 10   puisse la revoir.

 11   M. THAYER : [interprétation] Oui, tout à fait.

 12   Q.  Donc nous voyons bien qu'il s'agit du 31 juillet. Nous voyons que dans

 13   le deuxième paragraphe, Harland dit : "Dans la matinée, j'ai parlé au

 14   général Smith et je lui ai fait part de mon opinion que l'impasse qui se

 15   présente actuellement profite uniquement aux Serbes : Zepa est neutralisée,

 16   la FORPRONU se trouve loin sur le territoire contrôlé par les Serbes avec

 17   150 otages potentiels."

 18   Si vous prenez un instant, vous pourrez lire jusqu'à la fin de la page, et

 19   on pourra la tourner, en B/C/S je pense qu'il faudra garder la même page.

 20   Donc à en juger d'après Harland, vous lui avez dit que vous aviez

 21   rencontré le général Mladic à Banja Luka le 31 juillet et que le haut

 22   commandement serbe dans sa totalité, y compris Mladic, Gvero, Milovanovic,

 23   Tolimir, semblait s'être déplacé de la zone de Srebrenica et Zepa vers

 24   Banja Luka. Nous voyons aux chiffres romains qui vont de I à VI comment

 25   Harland relate ce que vous lui avez dit sur les propos de Mladic du 31.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce qu'il nous faut tourner la

 27   page en B/C/S ?

 28   M. THAYER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Si le général


Page 11566

  1   Tolimir a lu le précédent, nous pouvons aller donc au dernier paragraphe de

  2   cette partie du texte.

  3   Q.  Ma première question est donc de vous demander si ce rapport reflète

  4   avec précision d'abord votre conversation avec M. Harland ?

  5   R.  Oui, du meilleur de mon souvenir. Oui.

  6   Q.  Et deuxièmement, s'agissant de votre réunion avec le général Mladic du

  7   21 [comme interprété], est-ce que ce rapport reflète avec précision les

  8   propos ?

  9   R.  Oui, c'est exactement ce dont je me souviens des événements.

 10   Q.  Très bien. Au paragraphe avant le dernier paragraphe, le colonel

 11   Coiffet a dit que le secteur Sarajevo n'était pas en mesure de fournir

 12   l'aide à la population qui restait, civile de Bosnie, dans les collines.

 13   Pourriez-vous nous expliquer de quoi il en est ?

 14   R.  La population masculine, donc les hommes en âge de porter les armes

 15   avec l'exception d'une ou deux personnes qui étaient absolument,

 16   complètement retirées dans la colline, et indépendamment du fait qu'ils

 17   soient internés ou pas. Et donc c'est ce qui est mentionné, que justement

 18   on parle de combattants bosniens dans les collines. C'est ce que Mladic

 19   m'avait dit, donc je le mentionne dans le rapport. Ces personnes n'avaient

 20   absolument aucune intention de se rendre aux Serbes de Bosnie, qu'ils

 21   soient armés ou non.

 22   J'étais là pour assurer une présence et j'y suis resté jusqu'à ce que

 23   j'ai eu le sentiment que la situation s'était développée au point où ils

 24   n'étaient soit pas du tout là, ou bien ils n'étaient plus menacés par être

 25   encerclés par les Serbes de Bosnie. Et justement, s'agissant de ce retrait,

 26   les circonstances qui avaient commencé à se développer en Bosnie orientale

 27   étaient telles que -- je parle de ce retrait.

 28   Q.  Et au point 3, nous pouvons voir que le général Mladic vous rend compte


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  1   - et il nous faudrait retourner sur la page précédente en B/C/S pour parler

  2   de captures - mais on voit que le général Mladic vous dit qu'il a déjà

  3   obtenu une information selon laquelle d'après lui les combattants bosniens

  4   dans les collines autour de Zepa essaient de percer en trois directions :

  5   vers Kladanj, vers l'ouest, et à l'est de la rivière en Serbie et vers le

  6   sud en direction de Gorazde.

  7   J'aimerais savoir si vous aussi vous aviez trouvé cette information

  8   indépendamment de Mladic, ou bien Mladic était-il la seule source que vous

  9   aviez à l'époque pour vous donner cette information ?

 10   R.  C'était ma seule source concernant les directions, concernant Gorazde

 11   et Kladanj. Donc je ne crois pas avoir partagé cette information avec qui

 12   que ce soit, avec d'autres personnes comme David Harland, donc il ne savait

 13   pas qu'il y avait des négociations en cours entre Carl Bildt d'une part, et

 14   les Serbes à Belgrade, et que ces derniers recevaient ces personnes de Zepa

 15   comme des réfugiés et, bien sûr, tout ceci sous l'égide du CICR. Et je dois

 16   vous dire que l'une des raisons pour lesquelles j'ai maintenu ma présence

 17   dans la poche, c'est parce que je voulais attendre de voir et d'être

 18   convaincu que ces négociations ont bel et bien porté fruit et que les

 19   personnes avaient effectivement commencé à traverser la rivière. Donc après

 20   ce moment-là, j'avais beaucoup moins de raisons de garder les gens à Zepa.

 21   Q.  Très bien. Alors passons maintenant à la page 78 dans le prétoire

 22   électronique et à la page 57 en B/C/S. De nouveau, je ne crois pas que l'on

 23   ait la traduction en B/C/S, mais il s'agit d'un document d'une page. En

 24   fait, je voulais simplement me pencher sur quelques points de cette page.

 25   Vous pouvez voir au compte rendu d'audience qu'il se trouve à

 26   l'intercalaire 16. Donc pourrait-on prendre la page suivante, s'il vous

 27   plaît.

 28   Il s'agit d'un document intitulé "La situation à Zepa en date du 2


Page 11568

  1   août."

  2   On peut lire :

  3   "Les affaires civiles analysent la situation à Zepa comme étant ce qui suit

  4   : le village de Zepa est vide à l'exception de quelques soldats serbes qui

  5   y restent encore."

  6   Et on fait une référence au pillage plus loin.

  7   Passons maintenant au troisième paragraphe, alors je vais vous donner

  8   lecture du troisième paragraphe pour l'accusé. Donc le troisième paragraphe

  9   se lit comme suit, afin que l'accusé puisse suivre.

 10   "La partie supérieure de l'enclave de Zepa semble ne pas avoir été prise

 11   par les Serbes. Il est estimé qu'environ 2 000 personnes demeurent dans

 12   cette région, dont la plupart semblent être des hommes en âge de porter les

 13   armes, et dont certains semblent être des civils."

 14   Le document que je viens de lire nous indique que le général Mladic a fait

 15   référence à tous les hommes qui se trouvaient dans la colline comme étant

 16   des combattants, et ce rapport dit qu'il n'y a plus de civils dans les

 17   collines. Nous avons ici un compte rendu des affaires civiles selon lequel

 18   certaines personnes dans les collines étaient effectivement des civils.

 19   J'aimerais savoir si vous avez entendu parler de cette information, est-ce

 20   que vous saviez si les Nations Unies pensaient que parmi ces hommes il y

 21   avait des civils, et d'où provenait cette information, est-ce que vous

 22   pouvez vous souvenir de cela ?

 23   R.  Je partageais cet avis, à savoir que j'étais persuadé qu'ils n'étaient

 24   pas tous des combattants, même si je parlais d'hommes en âge de porter les

 25   armes, et si ce rapport fait état également d'hommes en âge de porter les

 26   armes, je n'aurais pas été du tout étonné de trouver également des femmes

 27   parmi ces personnes, et plus particulièrement des femmes plus jeunes. Dans

 28   mon esprit à moi, je ne les avais pas classés comme étant seulement des


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  1   combattants. C'étaient des personnes, d'après moi, qui voulaient éviter de

  2   courir le risque de se retrouver entre les mains des Serbes sur le

  3   territoire serbe et de se retrouver à Sarajevo en Bosnie centrale.

  4   Q.  Passons maintenant au dernier paragraphe, Monsieur.

  5   Pourquoi est-ce que vous nous dites que vous n'auriez pas été étonné

  6   d'apprendre qu'il ait eu entre eux également de jeunes femmes, parmi ces

  7   personnes, pourquoi dites-vous cela ?

  8   R.  Parce qu'il a été question et certains éléments nous ont également

  9   permis de croire qu'il y a eu également de femmes qui avaient été violées.

 10   Nous avions reçu ce type d'information là également.

 11   Q.  Les Juges de la Chambre ont entendu plusieurs éléments de preuve selon

 12   lesquels il y a eu un mouvement de la population civile à l'extérieur de

 13   Zepa les 25, 26 et 27, et plus tard vers le 28. J'aimerais savoir si vous

 14   avez effectivement, vous, reçu des informations selon lesquelles il y a eu

 15   des viols pendant ce transport ?

 16   R.  Non, je n'ai pas reçu d'information, de rapports concernant des viols.

 17   Q.  J'aimerais maintenant que l'on se penche sur le paragraphe qui se

 18   trouve juste au-dessus du paragraphe qui est noirci. On peut lire : "Les

 19   Serbes n'ont pas permis à la FORPRONU d'accéder à la poche de la zone

 20   contrôlée par les Serbes, et n'ont pas permis la liberté de mouvement outre

 21   entre le poste d'observation 2 et le village de Zepa, toutes les deux

 22   situées dans la partie sud-ouest de l'enclave."

 23   Mon Général, est-ce que c'est effectivement comment vous aviez vu les

 24   choses également ?

 25   R.  Oui, effectivement, c'est ainsi que moi aussi j'ai perçu les choses à

 26   l'époque.

 27   M. THAYER : [interprétation] Passons à la page 81 dans le prétoire

 28   électronique. Nous n'avons pas de traduction non plus pour ce document.


Page 11570

  1   C'est l'intercalaire 17 en anglais. Je le mentionne pour le compte rendu

  2   d'audience.

  3   En fait, je demanderais que l'on passe à la page suivante.

  4   Q.  Monsieur, j'aimerais vous poser un certain nombre de questions

  5   concernant ce document. C'est le dernier document de la liasse de documents

  6   qui m'intéresse.

  7   Nous pouvons voir qu'il s'agit du 2 août 1995, rapport de David

  8   Harland, objet : négociations de Zepa, rapport numéro 15.

  9   M. THAYER : [interprétation] Pourriez-vous nous montrer la page suivante,

 10   s'il vous plaît. Et je demanderais que l'on puisse voir la partie du bas.

 11   Bien.

 12   Q.  Alors, ici on fait référence à une réunion qui a eu lieu entre vous-

 13   mêmes et le général Gobillard sur les forces serbes qui étaient restées

 14   dans la poche de Zepa. Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre sur

 15   quoi porte ce rapport, qu'est-ce qui a été discuté dans ce rapport ?

 16   R.  Y a-t-il aussi là une autre page, ou bien, est-ce que c'est tout ?

 17   Q.  Non, non, il y a également une autre page.

 18   Nous verrons la référence dont on fait concernant la lettre que vous

 19   avez envoyée au général Mladic.

 20   R.  Oui. Je peux vous en informer. Certainement.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Monsieur Tolimir.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je ne sais pas du

 23   tout de quoi il est question dans cette lettre. Comme il n'y a pas de

 24   traduction, je ne vois pas du tout de contexte. On ne m'a pas donné de

 25   contexte non plus. Le Procureur a seulement demandé au témoin de lui dire

 26   de quoi il est question ici, mais je ne sais pas du tout de quoi il s'agit.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Effectivement. C'est exact. Monsieur

 28   Thayer, vous devriez lire la partie pertinente au compte rendu d'audience.


Page 11571

  1   M. THAYER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  2   La page que nous avons ici est intitulé "évaluation", et l'évaluation

  3   se lit comme suit : "A la suite de l'évacuation des civils de la zone

  4   contrôlée par les Serbes de la poche de Zepa le 27 juillet, la FORPRONU n'a

  5   pas été en mesure de faire grand-chose pour les personnes qui y restaient.

  6   Les Serbes n'ont pas permis à la FORPRONU d'entrer dans la partie contrôlée

  7   par les Serbes de la poche, et aucune évacuation ou aucun accord de

  8   reddition n'a été mis en place. Les représentants de la FORPRONU à Zepa ne

  9   pouvaient agir que comme des otages potentiels.

 10   "Il semblerait que la population de Zepa qui est restée derrière

 11   devait se défendre elle-même. La plupart de ces personnes essayera sans

 12   doute de fuir, et la plupart d'entre eux seront probablement tués ou

 13   capturés."

 14   Q.  Alors, pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre de quoi parle ce

 15   rapport ?

 16   R.  Alors il y a trois éléments ici. Je savais qu'il y avait des

 17   négociations, mais je ne partage pas la connaissance de cette négociation

 18   avec mon commandement plutôt, ni avec mon officier civil. Donc, je voulais

 19   absolument m'assurer qu'il y a encore des personnes à Zepa au cas où les

 20   négociations n'avaient pas eu lieu.

 21   Mais j'avais à ce moment-là des éléments de preuve selon lesquels je

 22   savais que les personnes avaient déjà commencé à traverser la rivière et

 23   aller en Serbie. C'est à peu près au même moment.

 24   Mais au même temps, j'ai les forces ukrainiennes, elles se trouvent

 25   dans la poche. J'ai également quelques effectifs britanniques, mais

 26   l'ensemble des effectifs est français. Donc, c'est une compagnie

 27   d'infanterie française qui constitue la majeure partie d'effectifs, et au

 28   même moment la France était préoccupée par les risques potentiels qui


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  1   pouvaient être causés à leurs propres effectifs dans cette poche, comme ces

  2   derniers pouvaient être des otages potentiels. Et puisque j'entrais et je

  3   sortais de la poche, j'avais moins de préoccupations que la France et, par

  4   la suite, il existe ce besoin de retirer et de faire sortir toutes les

  5   personnes et de les faire passer par le territoire détenu par les Serbes de

  6   Bosnie, et de les tirer de là, donc de les transporter en passant par

  7   Sarajevo, et ceci devait également être organisé.

  8   Mais dans ce rapport qui était fait par David Harland est un problème

  9   qui porte sur l'évacuation de ces personnes, mais il ne savait pas que je

 10   détenais ces informations et que je restais là juste à ce que je n'avais

 11   pas complètement l'assurance que les personnes étaient en train de

 12   traverser la rivière. Donc voilà, moi je voulais y être 24 heures après que

 13   les Français ont voulu évacuer tout le monde. Donc, je voulais être sur

 14   place 24 heures plus tard.

 15   Q.  Donc au mois de juillet 1995, au moment où ceci a été écrit, est-ce que

 16   vous aviez partagé cette évaluation, ou non ?

 17   R.  J'étais moins préoccupé que lui, parce que lui, il dit, la plupart des

 18   personnes qui essayeront de fuir seront tuées ou capturées. Je ne

 19   partageais pas cette opinion puisque je savais que la porte de derrière

 20   était ouverte vers la Serbie et vers la Drina.

 21   M. THAYER : [interprétation] Très bien. Passons maintenant à la page

 22   suivante.

 23   Q.  Vous pouvez voir ici une lettre qui a été écrite par vous-même, qui a

 24   été envoyée en main propre au général Mladic, lettre qui porte la date du 2

 25   août, à 11 heures 25 [comme interprété], Bravo, 1995. Et l'objet est :

 26   Retrait de Zepa.

 27   Vous écrivez ici, je cite : "A la suite de notre réunion du 31 juillet

 28   1995, il est devenu apparent que les personnes sont en train de sortir de


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  1   l'enclave de Zepa. Il est estimé qu'il y a peu de choses que la FORPRONU

  2   puisse encore faire.

  3   "A la suite de ceci, les ordres me sont donnés pour retirer la

  4   FORPRONU de Zepa."

  5   Et vous dites : A ma demande, je demande que l'on laisse passer les

  6   convois.

  7   Et vous dites à la fin : "Si d'autres membres de la population civile se

  8   présentent, je suis tout à fait certain que vous allez continuer de

  9   garantir l'accès au HCR, au CICR et au personnel des affaires civiles des

 10   Nations Unies que nous avons l'intention de transférer à Pale."

 11   Donc, est-ce que vous vous souvenez avoir envoyé cette lettre au général

 12   Mladic ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  D'accord. Merci.

 15   M. THAYER : [interprétation] Pourrait-on passer à la page 86. Dernier

 16   rapport. Une traduction est disponible à la page 61.

 17   Pour le compte rendu d'audience, nous sommes en train de regarder

 18   l'intercalaire 18. Passons maintenant à la page suivante pour avoir les

 19   deux versions à l'écran.

 20   Q.  Nous pouvons voir qu'il s'agit d'un autre rapport de David Harland en

 21   date du 31 août. L'objet est Zepa. Et nous pouvons voir que le rapport

 22   porte le numéro 16.

 23   Il est destiné au général Gobillard et à John Ryan. Et nous pouvons

 24   voir dans la partie information, Antonio Pedauye, chef de la section à

 25   Sarajevo -- finalement, nous verrons la bonne épellation. Est-ce que nous

 26   sommes satisfaits ?

 27   R.  Oui, tout à fait. Merci.

 28   Q.  Alors, qu'est-ce que c'est que chef de mission du QG de la FORPRONU ?


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  1   Que représente ce titre ?

  2   R.  Eh bien, c'était le chef des chaînes de commandement civile et

  3   militaire au sein des Nations Unies à l'époque. Je ne sais pas si c'est

  4   encore le cas, si ce titre existe encore, mais parallèlement, chacun

  5   rendait compte de façon parallèle à New York. Les composantes militaire et

  6   civile partageaient le même QG. Donc vous avez le représentant spécial, le

  7   secrétaire général et le commandant des effectifs à Sarajevo. Vous avez

  8   ensuite le chef de la mission et le commandant de la FORPRONU. Et alors,

  9   même si vous partagez le même QG, vous rendez compte de façon séparée et

 10   individuelle. Alors, vous avez Harland, chef des affaires civiles du

 11   secteur Sarajevo, avec son commandant militaire, le commandant du secteur

 12   Sarajevo, Gobillard. Et lui, il rend compte parallèlement à Gobillard. Donc

 13   Gobillard rend compte à moi, et Harland rend compte à Pedauye, et donc,

 14   voilà, c'est ainsi que tout ceci monte le long de la chaîne hiérarchique

 15   pour se rendre finalement à New York.

 16   Q.  Très bien. Passons maintenant à la page suivante en B/C/S, mais ne

 17   changez pas de page pour ce qui est de la page anglaise, s'il vous plaît.

 18   Bien. Ici, nous pouvons voir qu'il s'agit d'une mise à jour, et M. Harland

 19   dit que : "Il n'y a plus de personnel international dans la zone de Zepa."

 20   Et que : "Les derniers 203 effectifs de la FORPRONU se sont retirés

 21   de la région à bord de trois convois."

 22   On parle également ici du mouvement des effectifs, et par la suite on

 23   peut lire : "Il n'y a plus de représentants du CICR, du HCR des Nations

 24   Unies, d'organismes ONG, ni d'autres agences internationales sur le

 25   terrain."

 26   Et j'aimerais maintenant que l'on passe à la page suivante, mais seulement

 27   en anglais, s'il vous plaît.

 28   Il dit que : "Avec le retrait de la FORPRONU de Zepa, ce bureau n'a


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  1   plus d'information de première main concernant la situation à Zepa, donc

  2   d'information directe."

  3   Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre si cette information que donne

  4   ici M. Harland est juste, sur la base de votre expérience ?

  5   R.  Oui, effectivement, c'est tout à fait exact. C'était le 3 août, n'est-

  6   ce pas, si je ne m'abuse ?

  7   Q.  Oui, effectivement.

  8   R.  Oui, effectivement, c'était la situation sur le terrain à l'époque.

  9   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je crois avoir dépassé

 10   déjà mon évaluation de deux heures. J'ai sauté un document que je voulais

 11   montrer au général Smith, c'est un document qui porte sur l'emploi des

 12   frappes aériennes. Et je voudrais aborder un autre sujet avec le général

 13   Smith, un sujet sur ses observations quant à la façon dont l'état-major

 14   principal fonctionnait d'après son expérience. Ce sont des éléments qui

 15   n'ont pas été abordés lors de son témoignage dans l'affaire Popovic, donc

 16   je vous demanderais de bien vouloir m'accorder encore une demi-heure pour

 17   terminer cette partie de son témoignage.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, d'abord, il nous

 19   faut prendre notre deuxième pause de la journée. Et je devrais vous dire

 20   que je suis insatisfait de la façon dont vous avez évalué votre temps.

 21   C'est à vous d'évaluer l'interrogatoire principal, et vous devriez savoir

 22   que la majeure partie de la déposition de ce témoin figure déjà au compte

 23   rendu d'audience.

 24   Maintenant, pour revenir à votre question, nous allons pour l'instant

 25   prendre notre deuxième pause, et nous reprendrons à 18 heures 15.

 26   --- L'audience est suspendue à 17 heures 48.

 27   --- L'audience est reprise à 18 heures 18.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, vous pouvez


Page 11577

  1   continuer, mais je vous prie de terminer aujourd'hui.

  2   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je le ferai sans faute.

  3   Peut-on voir la pièce 65 ter 6039, peut-on la voir dans le système du

  4   prétoire électronique, s'il vous plaît.

  5   Q.  En attendant la traduction anglaise, ce que l'on peut voir sur la

  6   gauche, c'est l'en-tête de la FORPRONU, mais c'est traduit vers le B/C/S et

  7   on voit cela de l'autre côté de l'écran. Donc, je vais vous demander de

  8   lire la traduction anglaise de ce document. Apparemment, c'est un document

  9   que vous avez envoyé au général Mladic le 14 juillet.

 10   Peut-on voir le bas du document, s'il vous plaît ?

 11   Q.  Veuillez nous le dire, mon Général, quand vous aurez terminé la lecture

 12   du document.

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Pourquoi avez-vous envoyé cette lettre au général Mladic le 14 juillet

 15   ?

 16   R.  J'ai voulu lui rappeler et lui dire, pour le compte rendu, qu'il

 17   s'agissait là d'une zone de sécurité, que les forces de la FORPRONU y

 18   étaient, et j'ai voulu lui rappeler la possibilité de l'autodéfense de ses

 19   forces.

 20   Q.  Et là, vous avez fait référence à un certain nombre de résolutions du

 21   Conseil de sécurité, à savoir 836, 856 et 1004. Je ne vais pas vous

 22   demander de nous expliquer ce qu'il est écrit dans chacune de ces

 23   résolutions, mais est-ce que vous pourriez dire aux Juges quelle était la

 24   nature générale de ces résolutions ?

 25   R.  Il s'agissait des zones de sécurité et des zones d'exclusion, et les

 26   zones d'exclusion aériennes, il s'agissait aussi de la mission de protéger

 27   la population civile dans ces zones, d'exclure l'utilisation d'armes

 28   lourdes dans ces zones, et cetera.


Page 11578

  1   Q.  Et en ce qui concerne le recours à la force aérienne de l'OTAN, dans le

  2   cas où l'on violerait ces zones, est-ce que cette possibilité était écrite

  3   dans une quelconque de ces résolutions ?

  4   R.  Je devrais vérifier cela.

  5   Q.  Et d'après votre meilleur souvenir, est-ce que le Conseil de sécurité a

  6   mentionné l'utilisation de la force aérienne par l'OTAN dans une de ces

  7   résolutions ?

  8   R.  Oui.

  9   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander que

 10   l'on verse au dossier la pièce 65 ter 6039.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Cette pièce va être versée au

 12   dossier.

 13   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P2087.

 14   Je vous remercie.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Et qu'en est-il des documents que

 16   vous avez montrés précédemment ?

 17   M. THAYER : [interprétation] Monsieur le Président, eh bien, pour être

 18   vraiment sûr de la nécessité de les verser, je voudrais vérifier toutes ces

 19   entrées et vérifier qu'aucun de ces documents ne pose problème, et ensuite,

 20   je vais revenir vers vous et vous dire ce qu'il en est.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Vous pouvez poursuivre.

 22   M. THAYER : [interprétation]

 23   Q.  Monsieur, je voudrais vous demander de vous rappeler les observations

 24   que vous avez faites au sujet des différents officiers de l'état-major,

 25   mais pas seulement de cela, mais aussi des rapports qui existent entre eux

 26   et par rapport aussi aux officiers qui leur sont subordonnés, et tout ceci

 27   par rapport à l'époque où vous avez servi en Bosnie.

 28   Vous avez parlé dans votre déposition, dans une certaine mesure, des


Page 11579

  1   rapports qui prévalaient entre les dirigeants politiques et les dirigeants

  2   militaires, dans votre déposition dans l'affaire Popovic, mais je voudrais

  3   parler avec vous des domaines que nous n'avons pas couverts dans l'affaire

  4   Popovic.

  5   Donc, pour commencer, je vais vous demander quelles sont vos

  6   observations par rapport aux armées au cas par cas, ou plus

  7   particulièrement, l'armée de la VRS et l'ABiH.? Vous avez dit dans

  8   l'affaire Popovic que la VRS disposait des officiers plus professionnels,

  9   plus formés, que les deux autres armées, et je pense qu'à l'époque vous

 10   avez fait référence aux forces croates et aux forces bosniennes. Est-ce

 11   exact ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Quand vous avez exprimé cette opinion et quand vous avez dit ce que

 14   vous pensiez de la VRS et de l'armée, est-ce que vous avez pu évaluer leurs

 15   forces et leurs faiblesses ? On a parlé de leurs officiers, mais pour

 16   l'instant, je vais vous demander de parler des armes, notamment des armes

 17   lourdes. Veuillez nous dire quelle est votre évaluation de la situation de

 18   ce côté-là, sur la base de ce que vous avez pu observer.

 19   R.  Ce que j'ai pu observer est que l'ex-Yougoslavie et son armée, donc la

 20   JNA, au moment où la situation a commencé à se détériorer et que la guerre

 21   a commencé à se profiler, eh bien, au moment où l'armée yougoslave s'est

 22   démantelée, le gros des officiers de carrière est allé rejoindre les forces

 23   des Serbes de Bosnie, ceux qui se trouvaient en Bosnie-Herzégovine, donc

 24   l'armée des Serbes de Bosnie. Et ils ont emporté avec eux une grande partie

 25   d'armes, surtout d'armes lourdes, et des munitions, c'est-à-dire les

 26   munitions et les armes qu'ils avaient en Bosnie-Herzégovine, qui se sont

 27   retrouvées entre les mains des Serbes de Bosnie, de leurs forces.

 28   De plus, mis à part les armes lourdes et mis à part le fait qu'ils


Page 11580

  1   disposaient d'une grande partie d'officiers de carrière de haut niveau, ils

  2   disposaient aussi d'un système névralgique, comme je l'ai appelé, c'est-à-

  3   dire d'un état-major qui leur permettait de construire leur armée. Et quand

  4   je m'exprime comme cela, je tiens compte aussi de la situation du côté

  5   bosniaque, parce que si l'on fait la comparaison des deux armées, l'armée

  6   des Bosniens ne disposait pas d'armes lourdes, en tout cas n'en avait pas

  7   beaucoup, n'avait pas beaucoup de cadres formés, professionnels,

  8   d'officiers de carrière, et puis il lui manquait aussi ce système

  9   névralgique qui permettait de créer l'armée, de ce centre. Mais ce qu'avait

 10   l'armée de Bosnie, eh bien, c'était davantage de soldats et une surface

 11   plus restreinte, la surface qu'il s'agissait de défendre.

 12   Q.  Les Juges ont entendu parler souvent des percées, attaques menées par

 13   les combattants musulmans qui sortaient de l'enclave de Srebrenica pour

 14   attaquer des cibles à l'extérieur de l'enclave. Ce n'est pas quelque chose

 15   qui a été contesté par le Procureur. Ceci s'est produit notamment en 1995,

 16   pendant la période pertinente en l'espèce.

 17   Donc le Procureur ne conteste pas cela et ne conteste pas non plus le

 18   fait que des armes entraient dans l'enclave par des hélicoptères et

 19   d'autres moyens et que l'objectif était d'armer les forces musulmanes à

 20   Srebrenica et à Zepa dans les enclaves.

 21   Voici la question que j'ai à vous poser, la première : vous souvenez-vous

 22   avoir reçu des rapports concernant de telles activités, des attaques

 23   commando ou des attaques qui venaient de l'intérieur de l'enclave vers

 24   l'extérieur ?

 25   R.  Oui, oui, effectivement, je me souviens. J'en ai reçu de tels rapports.

 26   Je me souviens d'un en particulier qui est arrivé juste avant l'attaque sur

 27   Srebrenica au mois de juillet.

 28   Q.  Et d'après les informations que vous avez reçues et la façon dont vous


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  1   les avez comprises, est-ce que d'après vous -- ou bien, pourriez-vous

  2   expliquer, plutôt, aux Juges quelle était la taille, l'importance de ce

  3   groupe, le groupe qui procédait à de telles attaques ou attaques commando à

  4   partir de l'enclave de Srebrenica, quelle était l'importance, la taille de

  5   ces forces ?

  6   R.  J'en suis arrivé à la conclusion claire que la stratégie de l'armée de

  7   Bosnie était de garder ces enclaves actives, ils essayaient de se procurer

  8   des armes. Ils y arrivaient. Des armes arrivaient dans l'enclave.

  9   Au niveau de l'enclave, et là je fais la comparaison avec l'armée des

 10   Musulmans de Bosnie en général, donc au milieu de l'enclave, l'objectif

 11   était davantage d'apporter de la nourriture et puis de faire parler de

 12   cela, de tout simplement provoquer les Serbes de Bosnie, de les gêner, en

 13   quelque sorte, dans leurs arrières, et de faire venir la nourriture. Je

 14   pense que ce groupe n'a jamais dépassé la taille d'une cinquantaine

 15   d'hommes, et là je parle de toutes les occasions, de tous les incidents au

 16   cours desquels de telles attaques se sont produites.

 17   Q.  Vous souvenez-vous si l'on vous a signalé que les cibles de ces

 18   attaques étaient aussi bien des civils que des militaires ?

 19   R.  Tous ces rapports relatant des attaques menées par des Musulmans nous

 20   venaient du côté serbe, serbe de Bosnie, ils parlaient des attaques menées

 21   aussi bien contre des cibles militaires que civils, ils volaient des

 22   brebis. Mais en même temps, ils attaquaient aussi les positions militaires

 23   des Serbes de Bosnie.

 24   Q.  Vous vous souvenez si l'on vous a signalé qu'il y a eu des morts parmi

 25   les civils à cause de ces attaques ?

 26   R.  Oui. Je me souviens d'une attaque qui a eu lieu au mois de juillet qui

 27   s'est produite immédiatement avant l'attaque des Serbes de Bosnie contre la

 28   ville de Srebrenica. Je me souviens qu'il y a eu des morts de civils parmi


Page 11582

  1   les victimes.

  2   Q.  Là, vous avez parlé de l'attaque qui a eu lieu au mois de juillet.

  3   S'agit-il de l'attaque qui s'est produite dans le village de Visnjica ?

  4   R.  Oui, je pense que c'est bien cela.

  5   Q.  Si je vous disais - et je pense que la Défense ne va pas contester cela

  6   - que cette attaque a eu lieu vers la fin du mois de juin, est-ce que cela

  7   vous paraît correct --

  8   R.  Non, ce n'est pas possible. Parce que je me souviens distinctement

  9   qu'un incident s'est produit qui a été le déclic, en quelque sorte, des

 10   événements à Srebrenica.

 11   Q.  Bien.

 12   R.  En tout cas, c'est comme ça que je me souviens de la chronologie des

 13   événements.

 14   Q.  Maintenant je vais vous demander de nous parler de vos conclusions par

 15   rapport aux officiers de la VRS.

 16   Vous avez longuement parlé de vos contacts avec le général Mladic,

 17   surtout à l'époque de l'opération à Zepa. Pourriez-vous nous décrire dans

 18   quelle mesure le général Mladic contrôlait son armée ?

 19   R.  D'après ce que je pouvais observer, il contrôlait parfaitement son

 20   armée. Il commandait son armée d'une façon directe et ferme.

 21   Q.  Pouvez-vous décrire aux Juges quels étaient les échelons ou les niveaux

 22   dans l'armée au niveau desquels vous avez pu observer l'exercice d'un tel

 23   commandement ou contrôle, vous avez eu des contacts avec différents membres

 24   du haut commandement, vous pouvez parler donc de ces hauts commandements et

 25   de l'état-major. Mais vous avez peut-être aussi pu observer ce qu'il en

 26   était dans les unités subordonnées ?

 27   R.  Eh bien, je me souviens d'un cas particulier. Je suis allé visité

 28   Srebrenica au mois de mars 1995, et en allant là-bas, en conduisant, on


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  1   s'est perdus, on est arrivés jusqu'à un point de contrôle serbe et on nous

  2   a arrêtés à ce moment-là. Mon officier de liaison a pu très rapidement

  3   entrer en contact avec le général Mladic à partir de ce point de contrôle.

  4   Il lui a fallu 20 minutes, une demi-heure pour entrer en contact avec le

  5   général Mladic, et ceci nous a permis d'arriver à Srebrenica, de passer ce

  6   point de contrôle.

  7   Donc la conclusion à laquelle je suis arrivé est que cette armée des

  8   Serbes de Bosnie était une armée qui disposait d'un système de commandement

  9   extrêmement centralisé, où l'état-major contrôlait très fermement les

 10   autres échelons.

 11   Q.  Mon Général, vous avez observé le général Mladic et ses

 12   officiers. Est-ce que vous avez pu estimer dans quelle mesure il tolérait

 13   une quelconque infraction au sein de son armée ?

 14   R.  J'avais l'impression qu'il ne tolérait pas cela du tout. Il

 15   voulait absolument contrôler tout. Il contrôlait son armée par le biais de

 16   ses commandants, des commandants qui lui ont été subordonnés, et par les

 17   officiers de haut rang de son état-major. Et dans le cadre de son système

 18   de commandement et de son état-major, il était en mesure de donner des

 19   ordres aussi aux états-majors avancés. Je ne sais pas comment il les

 20   appelait; c'est comme cela que je les appelais, moi. De sorte que je suis

 21   en mesure de dire qu'à partir de son état-major, il était parfaitement en

 22   mesure de contrôler les choses et de faire en sorte que les choses se

 23   développent comme il l'entend.

 24   Q.  La dernière série de questions que je vais vous poser concerne ce que

 25   vous avez pu observer au sujet du général Tolimir, l'accusé en l'espèce, et

 26   au sujet de son rôle et de sa place au sein de l'armée du général Mladic.

 27   M. THAYER : [interprétation] Je voudrais vous demander d'examiner la pièce

 28   65 ter 7247.


Page 11584

  1   Q.  Il s'agit donc de votre déclaration préalable de 1996. Et je vais

  2   demander qu'on place ce document sous le rétroprojecteur pour nous

  3   faciliter les choses.

  4   Reconnaissez-vous votre signature sur ce document, sur la page de garde ?

  5   R.  Oui.

  6   M. THAYER : [interprétation] Nous pouvons examiner la page 6, aussi bien en

  7   anglais qu'en B/C/S.

  8   En B/C/S, c'est au bas du document. Voilà.

  9   Q.  La dernière phrase du dernier paragraphe que l'on voit en entier, vous

 10   dites : "Je pense qu'en ce qui concerne la hiérarchique militaire de la RS,

 11   Gvero était le deuxième violon de Tolimir, et Mladic disait à son sujet que

 12   c'était 'son bras droit'."

 13   R.  Hm-hm.

 14   Q.  Vous souvenez-vous de l'occasion au cours de laquelle le général Mladic

 15   vous a dit cela ou bien est-ce quelque chose que l'on vous a dit ?

 16   R.  Je ne me souviens pas de l'occasion proprement dite. Mais je ne me

 17   pense pas que je l'aurais cité s'il ne l'avait pas dit directement.

 18   Q.  Ensuite, le paragraphe suivant, vous dites quelle était la position du

 19   général Tolimir. Vous dites qu'il était, d'après vous, le chef de sécurité

 20   de l'armée des Serbes de Bosnie. Vous avez dit qu'il a joué un rôle

 21   important dans le nettoyage de l'enclave de Zepa, où il était clair que

 22   c'était lui qui était personnellement responsable de l'organisation et

 23   rassemblement des autocars et y entassait les réfugiés.

 24   Le voyez-vous ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Vous avez déposé dans l'affaire Popovic, et d'après ma compréhension de

 27   votre déposition, est-ce que je vous ai bien compris; vous n'êtes jamais

 28   allé dans le village de Zepa pour observer le rassemblement et le départ de


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  1   la population ?

  2   R.  Oui, c'est exact.

  3   Q.  Donc, quand vous dites cela ici, quand vous dites que c'était lui qui

  4   était responsable de l'organisation de la population, de leur rassemblement

  5   et de leur départ par les autocars, eh bien, quelle est la source de cela ?

  6   R.  C'est probablement l'officier chargé des questions politiques, Ed

  7   Joseph - et puis il y en avait un autre, je ne me souviens plus de son nom,

  8   il était Ukrainien - et c'est eux qui sont allés dans la ville de Zepa. Ils

  9   avaient un détachement de la commission conjointe des observateurs, et

 10   c'est eux qui m'ont fait ce rapport.

 11   Q.  Cet officier ukrainien, c'était M. Bezrucenko, n'est-ce  pas ?

 12   R.  Oui, c'est exact.

 13   Q.  Et ce détachement de la JCO, est-ce que vous pouvez nous donner le nom

 14   du commandant de ce détachement ?

 15   R.  Le commandant, c'était le commandant Wood, mais peut-être qu'il n'était

 16   pas présent tout le temps. Peut-être qu'il n'a pas été témoin de cet

 17   événement. Mais c'est probablement lui, c'est fort probable que ce soit lui

 18   qui m'ait fait le rapport sur la situation là-bas.

 19   Q.  Et dans la suite du texte, vous dites que l'on faisait confiance à

 20   Tolimir, à savoir que Mladic lui faisait confiance et qu'il était une

 21   personne de confiance de Mladic.

 22   R.  La plupart des fois où j'ai vu Mladic, le général Tolimir était présent

 23   lui aussi. Et puis, on pouvait voir comment ils s'adressaient l'un à

 24   l'autre. Il est arrivé une ou deux fois qu'ils ne soient pas d'accord et se

 25   disputent sur un point. Mladic et moi étions en train d'avoir un échange

 26   par-dessus la table, et puis il a pu arriver que Tolimir et Mladic

 27   s'accrochent sur un point. Ils étaient proches. Le général Tolimir, il

 28   était placé dans des postes de commandement avancé. C'est là que


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  1   l'installait Mladic.

  2   Q.  Et qu'est-ce qui vous a permis de penser qu'ils étaient proches, quoi

  3   dans les échanges entre le général Mladic et Tolimir ?

  4   R.  C'étaient tout le langage corporel, la gesticulation, et le ton de leur

  5   voix. Ils étaient plus que sur un pied d'égalité, et ce n'était pas un

  6   subordonné direct tout court. On voyait que c'était une équipe qui

  7   fonctionnait à deux, plutôt que deux hommes qui fonctionnaient au sein

  8   d'une structure hiérarchique formelle où l'un s'exécutait et l'autre

  9   donnait des ordres.

 10   Q.  Et la dernière phrase de ce paragraphe se lit comme suit : "Le général

 11   Tolimir a joué un rôle important dans l'ensemble de l'armée des Serbes de

 12   Bosnie, il y a eu des actions telles que Srebrenica et autres," et cetera.

 13   R.  Donc il avait la responsabilité de la sécurité, du renseignement, donc

 14   ce sont des points-clés dans un processus de commandement de l'armée, et en

 15   particulier compte tenu du contexte dans lequel se trouvaient les Serbes de

 16   Bosnie.

 17   Donc son rôle était un rôle essentiel au sein de la structure du

 18   commandement.

 19   Et puis, je l'ai vu à Zepa, je n'ai pas su à ce moment-là qu'il

 20   s'était trouvé à Srebrenica, mais je suppose que le système de

 21   fonctionnement, l'organisation aurait été la même, en fait, à Srebrenica

 22   que ce qu'il a reproduit quelques semaines ou quelques jours plus tard à

 23   Zepa. Et puis, dans l'ouest de la Bosnie, d'une certaine manière, ce qui

 24   s'est passé, on a pu le voir d'après la conversation avec le général

 25   Tolimir, nous avons parlé de ce moment où il a failli être capturé

 26   lorsqu'il essayait d'organiser la défense dans l'ouest du pays.

 27   Q.  Et maintenant --

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Maître Gajic, est-ce que vous avez


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  1   résolu votre problème ?

  2   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, M. Smith et M. le

  3   Procureur, est-ce qu'ils pourraient ralentir un petit peu. Tout simplement,

  4   je n'arrive pas à suivre dans les deux langues puisque la transcription

  5   avance trop vite.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Surtout éviter les chevauchements.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Et il faudrait une pause entre la

  9   question et la réponse.

 10   M. THAYER : [interprétation] Je ferai de mon mieux, Monsieur le Président.

 11   Excusez-moi.

 12   Q.  Donc, Général, vous avez dit que vous n'aviez pas su que le général

 13   Tolimir s'était trouvé à Srebrenica à l'époque. Par conséquent, je vais

 14   vous demander la chose suivante, donc je me réfère là directement à votre

 15   déclaration : j'aimerais savoir si votre appréciation serait différente si

 16   vous appreniez que le général Tolimir ne s'était pas trouvé sur le terrain

 17   à un certain moment ? En l'occurrence, à Srebrenica.

 18   R.  Non. Non, parce que le fait d'installer ces postes de commandement

 19   avancé, cela se fait parce que le commandant principal est soit dans son

 20   principal QG ou ailleurs. Donc, si Mladic est à Srebrenica, il n'a pas

 21   besoin -- il n'a pas besoin de ça. Il n'a pas besoin d'installer d'autres

 22   postes de commandement avancé ou d'autres individus là-bas. Et il faut

 23   savoir qu'il ne s'agit pas là de grandes distances. C'est à une journée de

 24   voyage en voiture. Donc ça ne m'étonnerait pas que Mladic se trouve sur

 25   place, et puis un peu plus tard, en fait, ce n'est plus lui, c'est

 26   quelqu'un d'autre, un de ses assistants. Et lui, il va ailleurs.

 27   Q.  Donc, par rapport à votre déclaration, lorsque vous dites que vous

 28   pensiez que le général Tolimir a joué un rôle important au sein de la VRS


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  1   eu égard à Srebrenica, est-ce que vos conclusions se fondent sur la manière

  2   de fonctionner de la VRS, sur le fait que Mladic et Tolimir, que vous avez

  3   eu l'occasion de voir à l'œuvre directement, eh bien, que le rôle joué par

  4   Tolimir aurait été moins important à Srebrenica s'il ne s'était pas trouvé

  5   sur place à un moment donné où des événements ou des crimes se produisent ?

  6   R.  Je ne sais pas si je peux évaluer l'importance d'une action

  7   particulière, mais vu son poste, vu ses fonctions, le fait de s'occuper de

  8   la suite des événements après la prise de la poche, les questions de

  9   sécurité, eh bien, de la manière dont je le comprends, cela relève

 10   directement de ses attributions.

 11   Q.  Général, je n'ai pas d'autres questions.

 12   M. THAYER : [interprétation] Je remercie la Chambre de m'avoir

 13   accordé un temps supplémentaire.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, voulez-vous

 15   verser au dossier le dernier document ?

 16   M. THAYER : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Il s'agit de

 17   la déclaration du général Smith sur 26 pages. Si l'autre partie souhaite le

 18   faire, je n'ai pas -- pour ma part, je n'en ai pas besoin pour le moment.

 19   J'ai donné lecture des parties pertinentes.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur

 21   Thayer.

 22   Monsieur Tolimir, il reste quasiment cinq minutes, mais je pense

 23   qu'il vaudrait mieux commencer le contre-interrogatoire demain.

 24   Mais Mme le Juge Nyambe a une question à poser.

 25   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Juste une précision pour

 26   comprendre certaines choses. Vous étiez au QG pendant la période pertinente

 27   dans la zone pertinente.

 28   Donc la question que je souhaite vous poser est de savoir quelle


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  1   partie, au singulier ou au pluriel, a participé à l'évacuation de la

  2   population civile de Zepa ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Quelles parties ?

  4   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Oui. Je veux dire, votre bureau,

  5   l'armée musulmane, l'armée serbe, laquelle ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Voyons cela groupe par groupe.

  7   Vous avez deux groupes de personnes qui ont à voir avec moi, à savoir

  8   la FORPRONU. Donc, d'une part, les affaires civiles, comme j'ai déjà

  9   expliqué, qui rendent compte à Pedauye, et puis moi-même. En plus, vous

 10   avez une instance complètement indépendante, à savoir le CICR, et il y a un

 11   groupe de représentants de la presse. Je ne me souviens pas si le HCR avait

 12   à ce moment-là un détachement dans la poche, mais ils sont certainement en

 13   train de participer aux événements depuis Sarajevo. Donc ça, ce sont les

 14   volets civil et militaire de l'ONU.

 15   Puis, vous avez les Serbes de Bosnie, qui sont représentés par Mladic

 16   ou le général Tolimir, cela dépend du moment où les événements se

 17   produisent, et puis vous avez les Bosniens. Eux -- il y a deux groupes qui

 18   s'y distinguent. Vous avez la composante militaire, avec à sa tête un homme

 19   dont le nom commence par un P. Peut-être que je pourrais être aidé par

 20   quelqu'un ?

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je suis désolé, personne ne

 22   pourra vous aider.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Donc son nom commence par un P.

 24   Palic peut-être. Peut-être que je m'en rappellerai. Et puis, vous avez la

 25   partie civile, et c'est le Dr Torlak qui était à sa tête, que j'ai

 26   rencontré à Sarajevo lorsqu'il est arrivé avec l'autocar de blessés.

 27   Donc ce sont les parties en présence, tout cela.

 28   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Il me reste plusieurs questions


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  1   encore à vous poser, mais vu l'heure, je pourrais peut-être continuer

  2   demain.

  3   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  4   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Bon, d'accord.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. A tout moment vos questions sont

  6   les bienvenues. Mais nous allons lever l'audience pour aujourd'hui et nous

  7   reprendrons demain matin à 9 heures dans le prétoire numéro I. Merci.

  8   [Le témoin quitte la barre]

  9   --- L'audience est levée à 18 heures 59 et reprendra le mardi 22 mars

 10   2011, à 9 heures 00.

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