Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 3 mai 2011

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 20.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour à tous.

  6   Encore une fois, la Chambre de première instance siège conformément à

  7   l'article 15 bis en l'absence du Juge Mindua, comme mentionné hier.

  8   Nous pouvons maintenant faire entrer le témoin dans le prétoire.

  9   Oui, Monsieur McCloskey.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

 11   Madame la Juge Nyambe.

 12   Je voudrais revenir à la pièce P2200, où nous avions deux

 13   traductions, et on m'a dit en fait que la traduction qui a été téléchargée

 14   sur le prétoire électronique est la bonne version. Moi, j'avais donc la

 15   mauvaise, donc il n'y a rien à changer.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Merci.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il s'agissait de la pièce P2200, je

 18   précise.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Voilà. Ceci est corrigé. Merci.

 20   [Le témoin vient à la barre]

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Veuillez

 22   prendre place, s'il vous plaît.

 23   Nous vous souhaitons à nouveau la bienvenue dans ce prétoire, et je vous

 24   rappelle que vous êtes toujours sous serment suite à la déclaration

 25   solennelle que vous avez prononcée au début de votre déposition.

 26   LE TÉMOIN : PETAR SALAPURA [Reprise]

 27   [Le témoin répond par l'interprète]

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] M. McCloskey a des questions à vous


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  1   poser.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  3   Interrogatoire principal par M. McCloskey : [Suite]

  4   Q.  [interprétation] Bonjour, Colonel.

  5   R.  Bonjour.

  6   Q.  Est-ce que vous vous souvenez avoir aidé l'un de nos enquêteurs, il y a

  7   plusieurs années de cela, en les aidant pour dresser les plans des

  8   différents bureaux à Crna Rijeka ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Est-ce que récemment vous avez eu la possibilité de re-consulter le

 11   croquis qui avait été établi par l'enquêteur ?

 12   R.  Non.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Dans ce cas-là, nous allons le regarder

 14   rapidement. Il s'agit du document de la liste 65 ter 07344. En fait, pour

 15   une raison ou pour une autre, il n'y a pas de document 65 ter ou de

 16   référence 65 ter. Nous avons utilisé ceci lors de notre visite sur le site,

 17   j'espère que ceci ne constituera pas un problème, nous voulons simplement

 18   montrer ce document.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous vous donnons l'autorisation de

 20   rajouter ce document sur la liste 65 ter.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Et si l'on peut passer à la page suivante,

 22   qui parle de ce qui s'est produit en 2006. Et peut-être que l'on pourrait

 23   agrandir la partie en B/C/S.

 24   Q.  Je crois que vous avez dit quelque chose du genre, c'était ce dont vous

 25   vous souveniez, et vous n'en étiez pas complètement sûr. Je vous demande

 26   donc de re-consulter ce croquis, et de nous dire si vous êtes vraiment sûr

 27   qu'il s'agissait bien des emplacements des principaux bureaux ?

 28   R.  Je dois dire que je suis encore moins sûr de cela que je l'étais à


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  1   l'époque, mais je crois que c'est ainsi que les bureaux étaient disposés,

  2   mais les choses avaient changé. Nous n'avions pas suffisamment d'espace

  3   pour tout le monde et, par conséquent, les différents bureaux ont été re-

  4   disposés dans une autre configuration. Certaines personnes ont également

  5   été envoyées à l'hôtel à Pijesak, et certaines personnes étaient donc dans

  6   ce bâtiment.

  7   Q.  Les Juges de la Chambre sont allés sur place et ont donc vu ces deux

  8   bâtiments en bois qui étaient mitoyens, et je voudrais attirer votre

  9   attention sur celui de gauche. Nous voyons qu'il est mentionné "Salapura".

 10   C'est donc votre bureau en haut de la page, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et en dessous de votre bureau, il semble être mentionné en anglais

 13   "Intel Office", "bureau du Renseignement". Qui se trouvait là-bas ?

 14   R.  Les analystes. Et vous aviez un agent administratif ainsi que tous le

 15   analystes qui se trouvaient là-bas.

 16   Et je n'étais pas très souvent dans mon bureau. Je passais la plupart de

 17   mon temps dans le bureau des analystes.

 18   Q.  Et vous avez mentionné un Radoslav Jankovic. Est-ce qu'il était là-bas

 19   ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Et M. Mamlic ?

 22   R.  Oui. Jankovic, Mamlic et Isakovic.

 23   Q.  Et lorsque le général Mladic se rendait à Crna Rijeka, il travaillait

 24   dans quel bureau, si tant est qu'il avait un bureau ?

 25   R.  Il utilisait le bureau -- ou plutôt, la salle numéro 6, c'est-à-dire

 26   une salle de réunion juste à côté du bureau de M. Milovanovic.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Je voudrais verser ce document

 28   au dossier.


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  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] D'accord.

  2   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document deviendra la pièce P2201.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  4   Q.  Colonel, quand avez-vous appris pour la première fois qu'une attaque de

  5   la VRS avait été menée contre l'enclave de Srebrenica ? Et je parle ici de

  6   celle qui a été lancée le 6 juillet.

  7   R.  C'est le 12 juillet que je l'ai appris pour la première fois, lorsque

  8   j'étais à Modrica.

  9   Q.  Et si je me souviens bien, vous avez dit que vous êtes parti pour la

 10   première fois de Banja Luka le 11 juillet, n'est-ce pas ?

 11   R.  Non, le 12.

 12   Q.  Et où vous êtes-vous rendu le 12 ?

 13   R.  A Banja Luka, à Modrica, à Bijeljina.

 14   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire où se trouvait Modrica, et dans quel

 15   corps se trouvait Modrica ?

 16   R.  Le 1er Corps de la Krajina.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous avez mentionné quatre localités

 18   : Banja Luka, Modrica, Bijeljina, et une autre localité, mais nous n'avons

 19   pas pu entendre ce qu'a dit l'interprète de la cabine anglaise. Quelle

 20   était la quatrième localité ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Beograd en B/C/S, donc Belgrade en anglais.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Est-ce que l'on pourrait

 24   maintenant demander l'affichage du document de la liste 65 ter 5692. Il

 25   s'agit d'un document que j'ai reçu hier soir, donc il n'est peut-être pas

 26   sur la liste. Ah non, apparemment, il est sur la liste.

 27   Q.  Et je sais que cela s'est passé il y a assez longtemps, Colonel, nous

 28   voyons ce document qui porte la date du 1er juillet 1995 émanant de l'état-


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  1   major principal, secteur du Renseignement et de la Sécurité, service du

  2   Renseignement, et ce document parle de ces deux hommes qui étaient

  3   transportés vers Bijeljina.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Et est-ce que l'on pourrait passer à la

  5   page suivante en anglais et faire descendre le document en B/C/S jusqu'au

  6   bas de la page.

  7   Q.  Nous voyons qu'il s'agit d'un document dactylographié, il n'y a donc

  8   pas de signature manuscrite.

  9   Mais est-ce que ceci ravive vos souvenirs, est-ce que vous vous souvenez

 10   maintenant où vous étiez le 1er juillet ?

 11   R.  Pas du tout. Quelque chose comme cela, le contenu de ce document, ne me

 12   ravive pas du tout la mémoire. Pourquoi aurais-je rédigé quelque chose de

 13   ce genre ? Et, de toute façon, je ne l'ai pas signé. Je ne vois pas ma

 14   signature. Je ne sais pas de quoi il s'agit, et cela porte sur des

 15   personnes que je ne connais pas. Je pense avoir entendu parler de Bratic,

 16   de Radivoje. Mais je n'ai aucune idée de quoi il s'agit. Non, non. Les

 17   secrétariats à Bijeljina, à Trebinje, non, non. A l'époque, j'étais à Banja

 18   Luka, j'en suis sûr. Il est possible -- je vois "SM/SM". Ça veut dire

 19   Slobodan Mamlic. C'est peut-être lui qui a rédigé ce document. Vous voyez

 20   les deux initiales, c'est-à-dire le rédacteur et également l'envoyeur. Vous

 21   avez bien sûr mon nom, mais vous voyez que je ne l'ai pas signé. Au moins,

 22   il aurait fallu mentionner "pour le compte de" ou "pour ordre". Non, je ne

 23   sais pas de quoi il s'agit. Je vois qu'il est mentionné également

 24   "direction de l'approvisionnement en eau". Je ne vois pas de quoi il

 25   s'agit.

 26   Q.  Nous voyons que c'est un document qui a été reçu, et comme vous le

 27   savez, ce type de document n'a pas de signature manuscrite. Ce n'est pas

 28   comme un fax. Peut-être que vous avez appelé Mamlic et vous lui avez donné


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  1   l'autorisation.

  2   R.  Oui, sur l'original.

  3   Q.  Donc, peut-être que vous avez appelé Mamlic et vous lui avez demandé et

  4   donné l'autorisation d'envoyer ce document, ou peut-être que vous avez

  5   permis à certaines personnes de manière générale d'envoyer des documents en

  6   signant de votre nom, sans pour autant vérifier le contenu de ces documents

  7   ?

  8   R.  Je n'ai certainement pas appelé Mamlic à ce sujet, et je ne me souviens

  9   pas du tout cela, quel est mon lien avec des personnes qui seraient

 10   responsables de l'approvisionnement en eau. Il est mentionné :

 11   "Envoyer cet ingénieur, Saric, Radivoje, VP Bijeljina. Ils seront engagés

 12   pour une période de dix jours au plus."

 13   Je ne sais pas du tout de quoi il s'agit. Je ne comprends pas du tout le

 14   contenu de ce document, et je ne me souviens pas de cela.

 15   Q.  D'accord.

 16   R.  Il semble que cela a été envoyé au ministère de la Défense.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je voudrais verser ce document au dossier.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que je peux poser une question

 19   au témoin.

 20   Monsieur le Témoin, vous voyez sur l'original, il y a en fait un cachet, et

 21   il y a, à la deuxième ligne de ce cachet, vous en avez un mot qui est barré

 22   et l'autre qui est souligné. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que cela

 23   signifie ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] "Envoyé/Reçu". C'est ce que signifient ces

 25   deux mots. Et ce cachet était apposé par le poste qui était responsable de

 26   l'encodage, c'étaient les personnes qui envoyaient les télégrammes. Et vous

 27   voyez que la mention "Envoyé" est barrée, et la mention "Reçu" est

 28   soulignée. Cela signifie que le télégramme a été reçu le 1er juillet à 17


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  1   heures 55.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est donc l'exemplaire qui est celui

  3   du destinataire, n'est-ce pas ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit de l'exemplaire qui a été remis le

  5   1er juillet à 17 heures 55 au service d'encodage, et ça a été envoyé par

  6   télescripteur, puisque nous voyons que la mention "TLP" est soulignée.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Est-ce que ce document aurait

  8   pu avoir une signature ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] L'original aurait dû avoir une signature, mais

 10   quant à ce document, cette copie, je ne sais pas d'où ce document provient.

 11   Est-ce que vous pourriez peut-être me montrer le haut de la page de

 12   façon à ce que je vois à qui ce document était destiné ?

 13   Oui, ça a été envoyé au ministère de la Défense à Pale.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 15   Nous acceptons le versement de ce document.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais pourquoi, je ne peux pas vous le dire.

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document deviendra la pièce P2202.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 19   Monsieur McCloskey, c'est à vous.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 21   Q.  Alors pourquoi êtes-vous parti de Banja Luka pour vous rendre à

 22   Belgrade ?

 23   R.  Tout d'abord, je suis allé à Banja Luka pour recevoir des soins.

 24   J'étais malade. Mais j'ai reçu une invitation pour aller à Belgrade pour

 25   rencontrer une personne, et je devais obtenir certaines informations de

 26   cette personne que je devais rencontrer à Belgrade.

 27   Q.  Est-ce qu'il s'agissait d'une source confidentielle, je parle de la

 28   personne que vous deviez rencontrer ?


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Donc, qui vous a donné l'alerte ? Qui vous a appelé à Banja Luka ? Je

  3   n'ai pas besoin du nom, mais si c'est un informateur confidentiel, je n'ai

  4   pas besoin du nom. Mais est-ce qu'il vous a simplement appelé ou est-ce que

  5   c'est quelqu'un d'autre qui vous a donné cette information ?

  6   R.  Non, j'ai reçu un appel du centre de Renseignement à Banja Luka.

  7   Q.  De quel centre de Renseignement; le centre de l'armée, le centre d'un

  8   corps ? Qui vous a contacté ?

  9   R.  Non, non, c'était dans notre centre de Renseignement au niveau de

 10   l'état-major principal. C'est là-bas qu'ils étaient basés.

 11   Q.  Et qui vous a appelé ?

 12   R.  Je ne peux pas vous dire si c'était le responsable du centre ou

 13   quelqu'un d'autre. Je ne me souviens plus exactement qui m'a appelé

 14   précisément. En fait, je crois que quelqu'un est venu à bord d'un véhicule,

 15   est venu à mon domicile, et m'a dit qu'on m'attendait à Belgrade le 12. Le

 16   12, dans l'après-midi ou dans la soirée.

 17   Q.  Donc, est-ce que vous avez reçu un appel du centre de Renseignement ou

 18   est-ce que quelqu'un est venu vous informer à bord d'un véhicule ? Il

 19   s'agit de détails, de questions importantes ici.

 20   R.  J'ai reçu l'information par le truchement du centre de Renseignement.

 21   Je ne peux pas vous dire exactement. Ils ne m'ont pas appelé. Quelqu'un est

 22   venu chez moi et m'a informé.

 23   Q.  Colonel, vous nous avez dit que vous vous êtes rendu à Belgrade et vous

 24   avez reçu l'heure exacte et la date exacte de l'attaque prévue par les

 25   forces croates en Krajina, et nous allons y revenir, mais c'est un élément

 26   d'information des plus importants qu'un officier du renseignement recevra

 27   dans sa carrière. Je suis sûr que vous serez d'accord avec moi. Alors, je

 28   vous demande encore une fois, s'il vous plaît, d'essayer de vous remémorer


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  1   les événements pour savoir qui est venu vous voir et qui vous a parlé de

  2   cela. Qui vous a transmis cette information importante ?

  3   R.  J'espère que vous n'allez pas me demander de donner des noms, parce que

  4   je ne vois pas comment ceci serait lié à cette affaire. De toute façon, il

  5   n'est pas présent ici, mais je ne peux pas vous donner le nom de cette

  6   personne.

  7   Q.  Je ne vous demande pas de donner le nom d'un informateur ou d'une

  8   source confidentielle. Vous nous avez dit que quelqu'un était venu à Banja

  9   Luka vous voir chez vous, à bord d'une voiture.

 10   R.  Non, non, ce n'était pas Banja Luka. C'était à Belgrade, et je devais

 11   rencontrer cette personne à Belgrade.

 12   Q.  Alors, revenons à Banja Luka. Qui vous a dit, alors que vous étiez à

 13   Banja Luka, que vous deviez vous rendre à Belgrade ?

 14   R.  Non, j'étais déjà à Banja Luka, et des officiers du centre de

 15   Renseignement m'ont informé que je devais me rendre à Belgrade. Voilà

 16   comment les choses fonctionnaient : une personne qui était arrivée à

 17   Belgrade appelait à un numéro de téléphone, qui était le numéro de

 18   téléphone du centre de Renseignement à Banja Luka, et puis il y avait

 19   également un numéro de téléphone pour Han Pijesak, et on leur avait dit au

 20   niveau du centre de Renseignement qu'à un moment donné je devais me rendre

 21   à Belgrade. Et puis, quelqu'un du centre est venu me voir chez moi. Ils

 22   savaient que j'étais là-bas, et ils m'ont dit : Colonel, on vous attend à

 23   Belgrade à un moment donné. Nous venons d'apprendre cela. Ce n'était pas la

 24   première fois que j'allais à ce genre de rendez-vous. J'y étais allé déjà à

 25   plusieurs reprises.

 26   Q.  Je vais encore essayer une nouvelle fois de vous poser la même

 27   question. Qui est venu vous voir chez vous à bord d'un véhicule pour vous

 28   informer de cela ?


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  1   R.  Un des agents qui travaillaient au centre, mais je ne me souviens plus

  2   de qui il s'agissait.

  3   Q.  Et approximativement à quelle heure êtes-vous parti de Banja Luka ?

  4   R.  Durant la matinée.

  5   Q.  Avec qui ?

  6   R.  Eh bien, avec un chauffeur et deux autres officiers de réserve qui

  7   travaillaient dans l'informatique.

  8   Q.  Quel était le nom de votre chauffeur ?

  9   R.  Radan Djukic.

 10   Q.  Et pourquoi ces informaticiens étaient avec vous ?

 11   R.  Ils devaient installer de nouveaux programmes informatiques au niveau

 12   de nos services, et ils travaillaient dans nos bureaux à Banja Luka.

 13   Q.  Et ces logiciels, ils devaient les installer où ?

 14   R.  Au service de Renseignement de l'état-major principal à Han Pijesak,

 15   dans la salle de conférence que vous avez vue sur le croquis que vous

 16   m'avez montré.

 17   Q.  Donc vous êtes d'abord allé à Modrica. Et ensuite, où êtes-vous allé ?

 18   R.  En direction de Bijeljina.

 19   Q.  Est-ce que vous vous êtes arrêté à Bijeljina ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Et à environ quelle heure êtes-vous arrivé à Bijeljina ?

 22   R.  C'était vers midi.

 23   Q.  Et où --

 24   R.  Dans l'après-midi.

 25   Q.  Dans quel quartier de Bijeljina ? Est-ce que vous vous êtes rendu au

 26   commandement du Corps de Bosnie orientale ?

 27   R.  Non, non, je ne suis pas allé là-bas. Il y avait un groupe venant de ce

 28   centre, un groupe d'agents de renseignement. Il y avait un sous-groupe de


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  1   trois personnes, une petite équipe donc qui travaillait là-bas à Modrica.

  2   Q.  Mais nous parlions de Bijeljina.

  3   L'INTERPRÈTE : Correction de cabine anglaise : Bijeljina.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Désolé, une erreur d'interprétation de la

  5   cabine anglaise.

  6   Q.  Et qu'avez-vous fait à Bijeljina, dans ce centre de Renseignement ?

  7   R.  Rien du tout. Je devais simplement déposer ces informaticiens là-bas.

  8   Ils devaient monter à bord d'un véhicule à Bijeljina et se rendre à Han

  9   Pijesak, alors que moi j'allais poursuivre mon voyage en direction de

 10   Belgrade.

 11   Q.  Donc vous et votre chauffeur êtes allés à Belgrade ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et à quelle heure êtes-vous arrivés à Belgrade ?

 14   R.  Difficile à dire. Quoi qu'il en soit, c'était après 16 heures.

 15   Q.  Est-ce que vous avez pu donc rencontrer cette source confidentielle et

 16   obtenir l'information venant d'elle ou de lui ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et quelle est l'information que vous avez reçue de cette source

 19   confidentielle ?

 20   R.  L'armée croate devait lancer une attaque contre la République de

 21   Krajina serbe. Je crois que cela devait se produire le 1er ou le 2 août

 22   1995, en utilisant des forces basées à Zagreb, à Split et à Rijeka, ainsi

 23   qu'une partie des forces d'Osijek, et là je parle, bien sûr, de garnisons

 24   qui étaient dans ces quatre villes. Et cette attaque devait être lancée

 25   contre toutes les forces de la République de la Krajina serbe le long de la

 26   zone allant de Lika, à Banja et à Kordun.

 27   Mais ce qui est le plus intéressant, c'est qu'après avoir mené à bien

 28   cette mission, ils allaient attaquer les forces basées plus à l'ouest de la


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  1   Republika Srpska, et ceci, en coordination avec les forces armées de

  2   l'armée du gouvernement de Bosnie.

  3   Q.  Est-ce que quelqu'un d'autre était présent lorsque vous avez reçu cette

  4   information de la part de cette source ?

  5   R.  Non. Bien entendu, le chauffeur n'était pas là. Il était ailleurs. Il

  6   attendait dans la voiture.

  7   Q.  Alors, qu'est-ce que vous avez fait ensuite ?

  8   R.  Non, mais je voulais dire que dans ce genre de situation, il n'y a

  9   jamais personne présent, c'est la règle.

 10   Q.  Mais qu'avez-vous fait alors après ?

 11   R.  J'ai eu une autre réunion.

 12   Q.  Mais où ?

 13   R.  A Belgrade également.

 14   Q.  Et avec qui ?

 15   R.  Avec un diplomate.

 16   Q.  D'où venait-il ?

 17   R.  Il se trouvait à Belgrade, il était en poste à Belgrade.

 18   Q.  Est-ce que vous lui avez relayé les renseignements que vous veniez

 19   d'apprendre à ce diplomate ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Et comment s'appelle ce diplomate ?

 22   R.  Vous savez, nous avons parlé de sujets absolument différents.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] On vient de vous demander, Monsieur,

 24   le nom du diplomate en question.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] J'essaie de m'en souvenir de ce nom. Il

 26   s'agissait de l'attaché militaire japonais, mais maintenant je ne me

 27   souviens plus de son nom, en fait. Voilà l'information que je donne, pour

 28   ce qu'elle vaut.


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  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  3   Je souhaiterais que la paix règne dans cette enceinte et que la

  4   volonté de Dieu soit exaucée et non la mienne.

  5   Et je souhaiterais souhaiter la bienvenue à M. Salapura. Je lui

  6   souhaite également un excellent séjour parmi nous.

  7   Mais j'aimerais demander ce qui suit à M. McCloskey, lorsqu'il pose des

  8   questions, lorsqu'il demande, par exemple, les noms de sources

  9   confidentielles ou les noms de représentants diplomatiques, je lui serais

 10   extrêmement reconnaissant de demander à passer à huis clos partiel, non pas

 11   à cause de nous ou à cause de M. Salapura, mais je pense à ces personnes,

 12   car nous sommes tenus de préserver la confidentialité quant aux noms de ces

 13   personnes. Donc, est-ce que nous pourrions passer à huis clos partiel.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 15   Monsieur McCloskey.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Bien, écoutez, je ne pense pas de toute

 17   façon que nous allons obtenir le nom de cette personne.

 18   Q.  J'aimerais savoir plutôt ce que vous avez fait après avoir eu cette

 19   réunion avec le représentant militaire de l'ambassade du Japon ?

 20   R.  Je suis reparti à Bijeljina. Pendant la soirée, je suis rentré à

 21   Bijeljina.

 22   Q.  Et où êtes-vous allé à Bijeljina ?

 23   R.  Je suis allé au centre où j'avais laissé ces deux responsables

 24   informatiques un peu plus tôt.

 25   Q.  Et à quelle heure, plus ou moins, êtes-vous arrivé là-bas ?

 26   R.  Ecoutez, croyez-moi, mais je ne suis pas en mesure de vous le dire.

 27   Bon, c'est vrai que je pourrais vous donner une idée très approximative,

 28   mais je n'en sais rien, en fait. Ecoutez, d'ailleurs, je ne sais pas si


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  1   nous y sommes arrivés à 21 heures ou à 22 heures. Je n'en sais rien. Je ne

  2   peux pas véritablement vous donner une heure précise.

  3   Q.  Et qu'avez-vous fait donc dans ce centre de Renseignement à Bijeljina ?

  4   R.  Eh bien, je suis allé dormir, et puis j'ai été informé que les deux

  5   responsables informatiques n'avaient pas été conduits là où ils étaient

  6   censés se rendre parce que le véhicule était tombé en panne, donc ils

  7   n'avaient pas pu les emmener à Han Pijesak. Donc ils m'ont appelé ce soir-

  8   là. C'est Mamlic en fait qui a répondu au téléphone. Moi, je voulais parler

  9   à Tolimir.

 10   Q.  C'est eux qui vous ont appelé ou c'est vous qui les avez appelés ?

 11   R.  Qui, qui m'a appelé ? Excusez-moi, je ne comprends pas votre question.

 12   Je n'ai pas compris. Je ne sais pas à qui vous faites référence maintenant.

 13   Q.  Vous avez dit : "Ils m'ont appelé ce soir-là également." Donc ensuite,

 14   je vous ai demandé si c'était Mamlic qui vous avait appelé ou c'est vous

 15   qui l'a appelé ?

 16   R.  Non, non, c'est moi qui ai appelé Mamlic. Je l'ai appelé et je lui ai

 17   dit que les spécialistes informatiques étaient rentrés à Bijeljina parce

 18   qu'ils n'avaient pas été en mesure de les conduire à Han Pijesak, qu'il n'y

 19   avait pas de véhicule disponible. Enfin, c'était là que réside la

 20   confusion.

 21   Q.  Et qu'est-ce que vous avez dit à Mamlic ?

 22   R.  J'ai demandé à parler à Tolimir.

 23   Q.  Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous vouliez parler à Tolimir ?

 24   R.  Bien, j'étais censé lui transmettre cette information.

 25   Q.  Et vous alliez lui dire cela au téléphone, ou vous alliez le dire à

 26   cette personne qui, d'après ce que vous venez de nous dire, vous avez

 27   appelée ?

 28   R.  Oui, mais il y avait une ligne sécurisée sur Bijeljina, une ligne


Page 13564

  1   encodée, donc je pouvais tout à fait l'utiliser. Je pouvais transférer le

  2   message jusqu'à Han Pijesak en utilisant une ligne chiffrée ou encodée.

  3   Q.  Vous voulez parler de communications orales ou vous voulez parler de

  4   messages de téléscripteur encodés ?

  5   R.  Non, non, je parle de communication orale.

  6   Q.  Et qu'est-ce qu'il vous a dit Mamlic lorsque vous lui avez demandé de

  7   parler à Tolimir ?

  8   R.  Il m'a dit que Tolimir ne se trouvait pas au poste du commandement et

  9   qu'il se trouvait à Rogatica, ou plutôt, à Zepa, et qu'il appelait de temps

 10   à autre à partir de Rogatica, ou qu'il envoyait des informations, ou qu'il

 11   envoyait de temps à autre, depuis Rogatica, une demande, mais qu'il n'était

 12   pas en mesure de le contacter. Il m'a dit que, lui, il pouvait tout à fait

 13   appeler de Rogatica, lorsqu'il se trouvait à Rogatica, ou encore qu'il

 14   pouvait envoyer un message ou des informations s'ils avaient besoin de

 15   quelque chose.

 16   Q.  Donc là, c'est la nuit du 12, après 22 heures, et l'information qui

 17   vous est transmise c'est que Tolimir est déjà en chemin vers la zone de

 18   Rogatica et de Zepa; c'est cela ?

 19   R.  Non. Non, non, je n'ai pas obtenu l'information suivant laquelle il

 20   était en chemin. J'ai reçu l'information suivant laquelle il se trouvait

 21   dans la zone de Zepa. Je n'ai pas obtenu de renseignements me permettant de

 22   comprendre qu'il était en chemin.

 23   Q.  Mais est-ce que Mamlic vous a dit plutôt qu'il avait été à Bijeljina ce

 24   jour-là ?

 25   R.  Mais de qui parlez-vous ?

 26   Q.  De Tolimir.

 27   R.  Non, non. Non, non, il appelait de temps à autre. Et de toute façon, il

 28   m'a dit qu'il n'appelait pas tous les jours.


Page 13565

  1   Q.  Donc est-ce que vous avez pris des dispositions pour que le général

  2   Tolimir puisse être en mesure de recevoir votre appel par intermédiaire de

  3   Mamlic, étant donné qu'il appelait de temps à autre ?

  4   R.  Non, non. Ça, c'est la conversation que j'ai eue avec lui. Donc je lui

  5   ai demandé où se trouvait le général Mladic. Je lui ai demandé si je

  6   pouvais lui parler. Il m'a répondu qu'il n'en savait rien, qu'il n'avait

  7   pas de contact avec lui. Bien sûr qu'il n'avait pas de contact avec lui.

  8   Et étant donné que ces personnes n'ont pas emmené à Han Pijesak les

  9   experts informatiques, j'ai décidé alors de me rendre à Han Pijesak le

 10   lendemain pour justement emmener dans mon propre véhicule ces deux

 11   personnes, d'y trouver le commandant, et de lui relayer l'information.

 12   Q.  Est-ce que vous avez transmis cette information très simple que vous

 13   aviez reçue à votre subordonné Mamlic ? Est-ce que vous lui avez transmis

 14   cette information lors de cet appel par cette ligne sécurisée ?

 15   R.  Non, non. Non, non.

 16   Q.  Donc vous étiez la seule personne qui disposait de l'information. Vous

 17   l'aviez, vous vous en souveniez. Est-ce que vous l'avez rédigée, écrit

 18   quelque part, ces informations ?

 19   R.  Bon, nous avions déjà eu quelques indications préalables également. De

 20   toute façon, à l'époque je ne l'ai écrit nulle part. Je m'en suis souvenu,

 21   c'est tout.

 22   Q.  Lorsque Mamlic vous a dit qu'il ne savait pas où se trouvait Mladic,

 23   est-ce que vous lui avez demandé - je ne sais pas, moi - de vous passer la

 24   salle d'opération, les responsables des opérations, le général Miletic, le

 25   général Gvero, enfin quelqu'un. Parce que nous avons vu que cela s'est

 26   passé à plusieurs reprises lors des conversations interceptées.

 27   R.  Non. Non, je ne l'ai pas fait.

 28   Q.  Est-ce que vous avez vérifié --


Page 13566

  1   R.  Non, non.

  2   Q.  Je comprends. Mais est-ce que vous --

  3   R.  Non. En fait, parce que, moi, j'avais décidé de conduire ces personnes

  4   là-bas, j'étais censé de toute façon les conduire à Han Pijesak.

  5   Normalement, ils auraient dû être le jour même à Han Pijesak. Bon, il n'y

  6   avait pas de véhicule, ils n'ont pas pu les conduire là-bas ce jour-là,

  7   donc là j'ai décidé, moi, de les conduire avec ma propre voiture et

  8   d'informer personnellement le commandant de cela, et si possible Tolimir, à

  9   propos de cette information, parce que c'était important. De toute façon,

 10   j'étais tenu de respecter le règlement, j'étais tenu de relayer oralement

 11   des informations qui auraient pu avoir une importance au niveau de la prise

 12   de décision ou qui aurait pu déclencher un changement dans la prise de

 13   décision et, de toute façon, j'étais censé leur fournir des précisions

 14   lorsque cela était nécessaire.

 15   Q.  Mais vous nous dites qu'il était beaucoup plus important de faire en

 16   sorte que ces experts informatiques arrivent à Han Pijesak que d'essayer

 17   d'obtenir au téléphone Miletic ou Gvero ? Pourquoi est-ce que vous n'avez

 18   pas essayé de leur parler au téléphone, Miletic et Gvero ?

 19   R.  Pourquoi est-ce que j'aurais essayé de prendre contact avec eux ?

 20   L'information était importante et, de ce fait, je devais en informer les

 21   personnes intéressées. Je devais les informer oralement, et puis je devais

 22   également transporter ou conduire ces deux experts informatiques.

 23   Q.  Pourquoi est-ce que vous n'avez pas juste pris la route à bord de votre

 24   véhicule pour arriver à Han Pijesak ? Pourquoi est-ce que vous avez passé

 25   la nuit là-bas alors ?

 26   R.  Pourquoi est-ce que j'y serais allé pendant la nuit ? Vous savez bien

 27   que je m'étais beaucoup déplacé, j'avais fait beaucoup de kilométrage. Les

 28   routes étaient assez difficiles à cette époque-là de toute façon, il y


Page 13567

  1   avait plein de nids-de-poule sur les routes, elles n'étaient pas en bon

  2   état. J'étais assez fatigué, je dois dire, et puis j'aimerais quand même

  3   vous rappeler également que je n'étais pas en pleine forme à l'époque. Je

  4   n'avais pas une santé de fer à l'époque. Je ne me sentais pas très bien

  5   d'ailleurs.

  6   Q.  Donc qu'est-ce que vous avez fait le matin du 13 ? Bon, parce que

  7   maintenant nous allons parler de la matinée du 13.

  8   R.  Je suis parti à Han Pijesak.

  9   Q.  Est-ce que vous avez fait le point de la situation en matière de

 10   sécurité sur le parcours entre Bijeljina et Han Pijesak ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Est-ce que vous avez fait des efforts pour essayer de savoir ce qui se

 13   passait ? Je pense à la chute de Srebrenica, aux répercussions, au

 14   mouvement de vos troupes, au mouvement des troupes de l'ennemi - je ne sais

 15   pas - est-ce que vous avez obtenu des renseignements importants qui

 16   auraient intéressé l'état-major principal ? Je pense aux renseignements, du

 17   centre du Renseignement.

 18   R.  Non. Mais pourquoi est-ce que je l'aurais fait ? Je pense que c'était

 19   un responsable de l'état-major principal qui devait le faire. D'ailleurs,

 20   il devait y avoir un responsable chargé de cela. Comment est-ce que j'étais

 21   censé leur obtenir, de toute façon, les renseignements ? Je ne sais pas,

 22   vous vous attendiez à ce que je parle aux villageois en chemin ?

 23   Q.  Vous nous avez dit que vous vous trouviez à Bijeljina dans un centre du

 24   Renseignement. C'était un centre du Renseignement militaire, je suppose.

 25   Donc je suppose qu'eux avaient des renseignements, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, oui.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pourrions afficher le

 28   document 141 de la liste 65 ter, je vous prie.


Page 13568

  1   Q.  Alors, je pense que vous l'avez déjà vu dans un autre procès -- enfin,

  2   il y a deux documents assez semblables. On voyait que cela vient du

  3   département chargé du Renseignement, du commandement du Corps de la Drina,

  4   très confidentiel, numéro 17/896, la date est la date du 12 juillet 1995.

  5   Les destinataires sont l'état-major principal de la VRS, le secteur chargé

  6   du Renseignement et de la Sécurité, et l'administration du Renseignement.

  7   Et vous  voyez qu'il y a plusieurs adresses, plusieurs destinataires,

  8   notamment le MUP, et il s'agit de la déclaration d'un prisonnier de guerre,

  9   Izudin Bektic. Et vous voyez les renseignements que donne le prisonnier de

 10   guerre Bektic, la deuxième page. Bon, il s'agit de renseignements, je ne

 11   vais pas revenir là-dessus, mais vous voyez qu'il est écrit --

 12   Bon, cela est signé par le chef, le général de division Tolimir, et

 13   puis il y a également quelques cachets ou quelques tampons. Alors, vous

 14   avez un premier tampon de la 2e Brigade motorisée de Romanija, nous voyons

 15   d'ailleurs qu'il s'agissait de l'un des destinataires, et vous voyez que la

 16   date qui est apposée est la date du 13 juillet.

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Le deuxième cachet se lit moins facilement, mais l'on peut quand même

 19   constater qu'il s'agit de la date du 12 juillet 1995 à 22 heures 10, et

 20   puis il y a une autre heure, 22 heures 15, et puis ensuite 22 heures 17, et

 21   c'est signé à chaque fois. Donc vous voyez qu'il s'agit du soir du 12

 22   juillet 1995. C'est ce soir-là que le document a été soit envoyé soit reçu

 23   par le Corps -- soit reçu -- plutôt soit envoyé par le Corps de la Drina,

 24   et tout cela, avec le nom du général Tolimir. Qu'est-ce que cela évoque

 25   pour vous lorsque l'on pense au lieu où se trouvait le général Tolimir le

 26   12 juillet, dans la soirée du 12 juillet, j'entends ?

 27   R.  Je n'en sais rien. Je suppose qu'il se trouvait -- là, il y avait le

 28  commandement, donc il se trouvait peut-être au commandement de la 2e Brigade


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  1   motorisée de Romanija. Ecoutez, je n'en sais rien. Est-ce que je pourrais

  2   voir l'en-tête du document, je vous prie ?

  3   Q.  Oui.

  4   R.  Je souhaiterais pouvoir consulter l'en-tête de ce document, je vous

  5   prie.

  6   Oui. Ecoutez, cela émane du commandement de la 2e Brigade motorisée de

  7   Romanija. Cela a probablement été envoyé au commandement du Corps de la

  8   Drina. Puis ensuite, à partir du Corps de la Drina, ou de son commandement

  9   en tout cas, cela a été envoyé à l'administration chargée du Renseignement.

 10   Q.  Nous pouvons voir d'où vient le document. Cela est écrit en haut.

 11   Regardez, il s'agit bien du commandement du Corps de la Drina. C'est écrit

 12   dans l'en-tête. Et du commandement du Corps de la Drina, cela a été envoyé

 13   à l'état-major principal de la VRS et à d'autres destinataires. Vous voyez

 14   cela ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Donc étant donné que c'est un document qui émane du commandement du

 17   Corps de la Drina, est-ce que cela évoque pour vous quoi que ce soit, et je

 18   pense à l'endroit où se trouvait le général Tolimir lors de la soirée du 12

 19   juillet ?

 20   R.  Ecoutez, non, il n'est pas indiqué qu'il s'agit du commandement. Parce

 21   qu'il est écrit au bas qu'il s'agit du commandement de la 2e Brigade

 22   motorisée de Romanija, donc c'est cette brigade qui a envoyé le document.

 23   Je ne sais pas, peut-être qu'il se trouvait à Vlasenica.

 24   Q.  Mais, Général, est-ce que dans ce document vous trouvez une indication,

 25   quelle qu'elle fût, indiquant que ce document a été envoyé par la personne

 26   à laquelle il était adressé, à l'une des personnes de la Brigade de

 27   Romanija ? Parce que là, il y a juste un cachet de récépissé, n'est-ce pas

 28   ?


Page 13570

  1   R.  Oui, je vois qu'il y a le poste du commandement avancé du Corps de la

  2   Drina, le poste de commandement avancé de Bratunac, mais donnez-moi la

  3   possibilité de l'étudier de façon détaillée, je vous prie.

  4   C'est un document qui a été envoyé à un certain nombre de brigades.

  5   Regardez, à six brigades, ainsi qu'au MUP, à Milici et à Zvornik, et ce,

  6   pour leur information, et cela a été envoyé par le commandement du Corps de

  7   la Drina, par l'administration du Renseignement. Alors peut-être que le

  8   général Tolimir se trouvait à Vlasenica à ce moment-là.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Bien. Je souhaiterais demander le versement

 10   au dossier, si tant est que ce document n'a pas déjà été versé au dossier.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.

 12   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P2203, je vous prie.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pourrions, je vous prie,

 14   afficher le document D64. Et peut-être qu'il serait utile au colonel

 15   d'avoir le document papier.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, avec l'aide de M. l'Huissier.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 18   Q.  Nous voyons ce document, qui est d'ailleurs assez semblable, qui émane

 19   du commandement du Corps de la Drina, plus précisément de son département

 20   chargé du Renseignement. C'est un autre document très confidentiel dont le

 21   numéro est 17/897. Vous vous souviendrez peut-être que le document

 22   précédent était le document 17/896. La date est encore la date du 12

 23   juillet 1995.

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et si vous prenez la page suivante pour la version anglaise --

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Nous voyons une fois de plus que c'est un document qui a été établi au

 28   nom du général Zdravko Tolimir. Je vais vous faire grâce des détails de ce


Page 13571

  1   document, mais il n'empêche que ce document fournit des renseignements

  2   assez pointus relatifs à des groupes musulmans, à l'adjoint de Naser Oric.

  3   Et vous avez le cinquième paragraphe de la première page, si nous

  4   pouvions afficher à nouveau les premières pages dans les deux versions.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Vous voyez qu'il est question de la surveillance électronique. Il est

  7   indiqué :

  8   "Toutes les unités de surveillance électronique du poste avancé de la

  9   RSK," qui est le Corps de Bosnie orientale à Bijeljina, "ainsi que le Corps

 10   de la Drina vont superviser les communications radio entre ces groupes

 11   musulmans qui opèrent sur la fréquence 164800."

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, où est-ce que

 13   nous pouvons trouver cette référence dans la version anglaise ?

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Cinquième paragraphe, à mi --

 15   Excusez, parce que je n'avais pas remarqué en fait que le texte en question

 16   avait été affiché.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 19   Q.  Et nous voyons que cela a été envoyé au Corps de la Bosnie orientale.

 20   Et il est également dit que :

 21   "Les organes OBP des commandements de brigade proposeront aux

 22   commandants des unités positionnées le long de la ligne de retrait des

 23   éléments de la 28e Division musulmane qui bat en retraite à partir de

 24   Srebrenica de prendre toutes les mesures pour empêcher le retrait des

 25   soldats ennemis, et ce, afin de les capturer…"

 26   Page suivante, je vous prie.

 27   Là, vous verrez en fait que nous trouvons des références à la façon

 28   dont les Musulmans souhaitent présenter Srebrenica, et il est indiqué qu'il


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  1   est extrêmement important d'arrêter autant de membres que faire se peut des

  2   unités musulmanes qui ont été mises à mal ou de les liquider s'ils

  3   résistent. Mais il est tout aussi important de consigner les noms de tous

  4   les hommes aptes à porter les armes pour le service militaire qui sont en

  5   train d'être évacués de la base de la FORPRONU à Potocari.

  6   Et là nous voyons les cachets de récépissé. Nous voyons à nouveau, 2e

  7   Brigade motorisée de Romanija, 13 juillet, et puis nous voyons le dernier

  8   cachet, 12 juillet, 21 heures 50, et puis il y en a un autre, 22 heures, et

  9   puis ensuite 22 heures 10, toujours pour le soir du 12 juillet.

 10   Est-ce que vous savez comment le général Tolimir a reçu ces

 11   renseignements extrêmement détaillés ? Parce qu'il a des fréquences radio,

 12   il sait ce qui se passe à Potocari, il a des renseignements sur les groupes

 13   musulmans. Est-ce que vous faisiez partie de la chaîne d'information par

 14   laquelle passait l'information qu'il a reçue ce jour-là, ce qui aurait

 15   d'ailleurs dû être le cas ?

 16   R.  Non, non. Enfin, il n'aurait -- de toute façon, c'était impossible, je

 17   n'étais pas là, et puis il ne m'appartenait pas à moi d'être tenu au

 18   courant de cela. Je vous ai dit que j'étais en déplacement. Et puis, de

 19   toute façon, lorsque je suis allé à Banja Luka, et ce, en accord avec mon

 20   supérieur, M. Tolimir, je suis allé à Banja Luka pour régler un problème

 21   bien précis. J'étais censé y rester pendant un mois, et j'étais censé

 22   également coordonner le travail des organes chargés du renseignement entre

 23   le 1er et le 2e Corps et le centre, tel que cela était requis, alors que le

 24   général Tolimir, lui, a assumé le travail dans la partie est. Donc moi je

 25   ne me suis absolument pas occupé de ce genre de question. Je ne savais pas

 26   que l'attaque contre Srebrenica avait été planifiée, avait été menée à bien

 27   jusqu'au 12, à Modrica. Et d'ailleurs, avant que je ne l'apprenne, moi, les

 28   médias en parlaient déjà.


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  1   Q.  Mais cela, vous l'avez déjà dit à plusieurs reprises, et je comprends.

  2   R.  Oui, mais c'est pour cela que je vous dis que c'est impossible. Donc

  3   vous m'avez posé la question et j'essaie de vous expliquer, c'est tout.

  4   Q.  D'accord.

  5   R.  Et je ne peux pas répondre à votre question. Je peux me livrer à des

  6   conjectures, je peux essayer de vous présenter des suppositions. Mais là,

  7   moi je vous explique les choses telles qu'elles se sont passées. Je peux

  8   vous parler de la procédure qui permet d'obtenir ce type de renseignement.

  9   Il y avait une unité de reconnaissance électronique dans le Corps de la

 10   Drina.

 11   Q.  C'était une question simple que je vous ai posée. Je voulais savoir si

 12   vous faisiez partie de la chaîne de l'information, et vous avez répondu par

 13   la négative, donc. Et vous nous avez expliqué pourquoi.

 14   R.  Non, absolument pas. Absolument pas. Et d'ailleurs, vous m'avez

 15   également demandé de quelle façon le général Tolimir était en mesure

 16   d'obtenir ces informations et si je faisais partie de cette chaîne

 17   d'information. Je vous dis simplement que l'administration chargée du

 18   Renseignement était également dotée d'une unité de reconnaissance

 19   électronique qui était une unité qui surveillait les communications de

 20   l'ennemi, qui écoutait et écoutait de près les échanges radio et les

 21   échanges par radio relais, et le Corps de la Drina avait également ce type

 22   d'unité au Corps de Bosnie orientale. Mais ils n'avaient pas tous le même

 23   genre d'équipement. Certaines unités ou certains corps d'armée avaient des

 24   équipements un peu désuets. Mais tous les corps d'armée disposaient,

 25   néanmoins, d'unités de reconnaissance radio, et donc ils pouvaient très

 26   facilement obtenir ce type d'information en écoutant les informations. Vous

 27   appelez ça conversations interceptées, et dans notre terminologie à nous,

 28   nous appelons ce type d'écoute la reconnaissance par radio.


Page 13574

  1   Q.  Très bien. Et alors, les 14, 15, 16, et le 13 d'ailleurs, est-ce que

  2   vous avez obtenu ce type d'information radio concernant la 28e Division que

  3   vous étiez en mesure de transmettre vous-même ?

  4   R.  Non, l'état-major principal n'était pas doté d'une unité qui lui

  5   appartenait. Ce n'est que les corps d'armée qui disposaient d'unités de

  6   reconnaissance électronique, et ce n'est que les corps d'armée qui

  7   surveillaient ce type d'information, et c'étaient eux qui étaient en mesure

  8   d'obtenir ce type d'information et de l'envoyer à l'état-major principal.

  9   C'est-à-dire, je répète, l'état-major principal n'était pas doté d'une

 10   unité de reconnaissance électronique qui ferait partie de son organigramme.

 11   Q.  Mais je voulais savoir si vous aviez obtenu des informations de votre

 12   corps subordonné, le Corps de la Drina ? Vous, à l'état-major principal,

 13   est-ce que vous aviez obtenu ce type de renseignements électroniques du

 14   Corps de la Drina d'après le mouvement de la 28e Division et d'après les

 15   renseignements que vous aviez reçus, vous, personnellement ? Je parle de

 16   vous personnellement, Colonel Salapura.

 17   R.  Non, pas personnellement, non.

 18   Donc, absolument pas.

 19   Q.  Très bien. De nouveau, il y a un document qui émane du Corps de la

 20   Drina, document qui a été envoyé dans la soirée par le général Tolimir.

 21   J'aimerais savoir si, lorsque vous le comparez à l'autre document qui avait

 22   la même origine, ceci vous confirme-t-il qu'il a dû passer au moins un

 23   certain temps à Vlasenica dans la soirée du 12 juillet ?

 24   R.  Je ne sais pas à qui ce document a été envoyé.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant à la première page.

 26   Q.  Tout comme le premier document, le document n'a pas un très grand

 27   nombre de destinataires. Nous pouvons lire simplement que c'est strictement

 28   confidentiel et que le document est envoyé à l'attention du département


Page 13575

  1   chargé du Renseignement et de la Sécurité.

  2   R.  Oui, et on voit également la date du 12 juillet. Est-ce que c'est le

  3   document qui porte l'indication 17/897 du 12 juillet ?

  4   Q.  Oui, c'est le document dont je parle. Le dernier document que nous

  5   avons vu est très semblable à celui-ci, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui. Si c'est le document dont vous parlez, effectivement, le document

  7   a été envoyé par le commandement du Corps de la Drina. Il émane également

  8   de la section chargée du Renseignement du Corps de la Drina, et il a été

  9   envoyé au Corps Sarajevo-Romanija et au Corps de Bosnie orientale.

 10   Q.  Fort bien.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant à un autre document, au

 12   document 65 ter 5348. Nous n'avons pas de numéro 65 ter, donc je

 13   demanderais la permission à la Chambre de montrer ce document au témoin, à

 14   la suite des réponses qu'a données le témoin.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Je vous accorde la

 16   permission.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 18   Q.  Monsieur, vous voyez que ce document est un document de l'état-major

 19   principal, administration chargée du Renseignement, daté du 13 juillet,

 20   très urgent, à l'unité de reconnaissance radio du Corps de la Drina, au

 21   colonel Mirko Petrovic, en mains propres. Est-ce que c'est bien votre

 22   signature qui figure au bas de la page ?

 23   R.  Oui, effectivement. Oui, il s'agit du Peloton de la reconnaissance

 24   radio, et oui, effectivement, c'est ma signature.

 25   Q.  Donc, Monsieur, vous étiez impliqué ?

 26   R.  C'est sans doute Mamlic qui a rédigé ce document, l'a dactylographié,

 27   par la suite il m'a donné le document afin que je le signe, et je l'ai

 28   signé.


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  1   Q.  Très bien. Mais j'aimerais savoir si vous étiez impliqué avec le Corps

  2   de la Drina pour ce qui est de ces informations obtenues par le biais de la

  3   reconnaissance radio, ou bien est-ce que vous nous dites que c'était

  4   entièrement Mamlic qui était responsable de tout ceci ?

  5   R.  Non, non. Mamlic n'était qu'un agent administratif qui s'occupait de

  6   son travail, donc ce n'est qu'une instruction qui est donnée aux autres

  7   unités d'intercepter et de brouiller les communications.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je devrais également ajouter qu'il y a une

  9   erreur de frappe. On indique ici qu'il s'agit de la 26e Division, alors que

 10   l'on devrait lire 28e Division.

 11   Q.  Donc, d'après ce document, vous avez dit que vous aviez donné une

 12   instruction au Corps de la Drina de procéder à la reconnaissance radio des

 13   communications et que vous deviez brouiller également les conversations.

 14   Nous savons tous que Naser Oric opérait sur ce territoire, et les forces du

 15   2e Corps de l'armée musulmane s'y trouvaient également --

 16   R.  Oui.

 17   Q.  -- et j'aimerais savoir si à ce moment-là on avait donné une tâche afin

 18   de mener à bien une opération coordonnée dans le secteur général de Zvornik

 19   et de Sekovici. Il y a aussi une erreur de frappe, puisqu'on voit

 20   "Sekovici". Est-ce que vous êtes d'accord avec ceci ? Il n'y a pas

 21   d'endroit qui s'appelle Sehovici ?

 22   R.  "Les forces coordonnées dans la zone élargie de Zvornik et de

 23   Sehovici."

 24   Q.  Donc, d'après ce document --

 25   R.  Qu'est-ce que vous voulez dire que Sehovici n'existe pas ? Sehovici est

 26   là. Le mot de Sehovici existe, et c'est un village qui se trouve le long

 27   d'une autre route mais qui mène vers Zvornik.

 28   Q.  Mais ce n'est pas ainsi que l'on épelle Sekovici, n'est-ce pas ?


Page 13577

  1   R.  Oui. Ici, on voit "Sehovici" au lieu de "Sekovici", donc on a mis un

  2   "h" au lieu d'un "k".

  3   Q.  Je voulais savoir s'il s'agit simplement d'une erreur de frappe et si,

  4   effectivement, on avait en tête l'endroit de "Sekovici", sans le "h" ?

  5   R.  Probablement que oui. Oui, oui, sans doute.

  6   Q.  Donc, ayant rédigé ce document comportant cette information, s'agissant

  7   d'un suivi des activités le 5 juillet qui se déroulaient dans la région de

  8   Zvornik, la colonne musulmane, alors qu'elle se déplaçait de Srebrenica,

  9   est passée par Sekovici -- la colonne qui se rendait à Zvornik est passée à

 10   côté de Sekovici; est-ce que c'est exact ?

 11   R.  Oui. J'ai signé ce document, le document portant à donner l'ordre de

 12   faire fonctionner l'équipement qui brouille l'information. Et donc,

 13   quelqu'un a dû envoyer une demande à Mamlic, et par la suite Mamlic a

 14   rédigé un document et me l'a donné afin que je puisse le signer, et plus

 15   tard je suis allé au poste de commandement. Mais l'information que nous

 16   avons reçue, ce n'était pas une information sur la reconnaissance

 17   électronique directement. Nous avons reçu une information qui avait déjà

 18   été envoyée au Corps de la Drina.

 19   Q.  Donc vous êtes de retour le 15 à Crna Rijeka, au poste de commandement,

 20   et vous avez participé au travail du renseignement ?

 21   R.  [aucune interprétation]

 22   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'ai pas pris part aux travaux

 24   relatifs au renseignement. J'étais impliqué de temps en temps. Bien sûr,

 25   j'étais intéressé par ce qui se passait, mais nous étions en train

 26   d'effectuer le suivi et nous effectuions le suivi des préparatifs du Corps

 27   de Tuzla qui préparait une contre-attaque. C'était ce que nous voulions

 28   faire. Mais bien sûr, en écoutant et en interceptant ces derniers, vous


Page 13578

  1   interceptez également d'autres communications. C'était le 15. Mais tout en

  2   écoutant ces conversations-là, vous pouvez également intercepter d'autres

  3   conversations.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  5   Q.  Est-ce que vous saviez que le 15 juillet, à l'époque, environ 800

  6   prisonniers avaient été exécutés sommairement dans la région de Zvornik,

  7   tout près d'Orahovac, et qu'environ 800 personnes avaient été sommairement

  8   exécutées dans la région de Zvornik, tout près du village de Petkovci ? Et

  9   est-ce que vous saviez qu'ils avaient commencé d'autres exécutions tout

 10   près du village de Kozluk pendant cette même période, au même moment que la

 11   28e Division se déplaçait et pendant que vous étiez en train de brouiller

 12   leurs communications ?

 13   R.  Non, absolument pas. Je ne comprends toujours pas à ce jour que

 14   quelqu'un ait pu concevoir une telle chose. Mais je n'avais pas entendu

 15   parler de cela du tout.

 16   Q.  Est-ce que vous saviez que votre collègue, le colonel Beara,

 17   travaillait avec Drago Nikolic, qui était un officier chargé de la sécurité

 18   de la Brigade de Zvornik, et que c'est ensemble qu'ils ont organisé ces

 19   exécutions sommaires ?

 20   R.  Non, pas du tout.

 21   Q.  Est-ce que vous saviez que votre collègue au Corps de la Drina, le

 22   commandant Pavle Golic, était en communication avec le colonel Beara et

 23   Drago Nikolic concernant l'organisation et la façon dont ces meurtres

 24   avaient été organisés ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Est-ce que vous étiez au courant que le colonel Beara avait demandé des

 27   rapports à l'état-major principal à plusieurs reprises au cours des 14, 15

 28   et 16 ? Est-ce que vous étiez à Crna Rijeka pendant cette époque ? Est-ce


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  1   que votre service de Renseignement avait eu vent de cela ou bien me dites-

  2   vous que vous n'aviez jamais entendu parler de tout cela ?

  3   R.  Pardon. De le renseigner sur quoi ?

  4   Q.  De l'informer de ce qu'ils faisaient. Ils avaient reçu pour tâche de

  5   rendre compte de ce qui s'est passait à Zvornik, n'est-ce pas ?

  6   R.  Non, non, non, ce type de renseignement n'est jamais arrivé jusqu'à

  7   moi. Je ne sais pas si cette information s'est rendue à d'autres organes

  8   opérationnels, mais l'information n'est jamais arrivée jusqu'à moi. Et mon

  9   administration à moi ainsi que Mamlic n'avait jamais entendu parler de

 10   ceci, parce que je crois que, de toute façon, s'il en avait eu vent, il

 11   m'en aurait rendu compte immédiatement. Mais je ne sais pas si le général

 12   Miletic ou quelqu'un d'autre avait entendu parler de ceci.

 13   Q.  S'agissant de Radoslav Jankovic, qui était à Bratunac - c'était votre

 14   analyste chargé du renseignement, votre subordonné - il y était les 11, 12,

 15   13, et il est resté jusqu'au 18 et au 19, est-ce qu'il vous a envoyé des

 16   rapports pour vous informer de ce qui se passait à Bratunac et dans la

 17   région de Potocari pendant cette période ?

 18   R.  Il était stationné dans la base de la SFOR. C'est ce qu'on m'avait dit.

 19   Il avait été resubordonné au commandement du Corps de la Drina pour servir

 20   en tant qu'officier de liaison à la base de la SFOR à Potocari, donc

 21   c'était le travail qu'il faisait. Il n'était pas obligé d'envoyer ces

 22   informations à nous, mais au Corps de la Drina, mais il lui arrivait de

 23   faire parvenir l'information à l'administration du Renseignement de l'état-

 24   major principal également.

 25   Q.  Vous avez vu ces documents dans le procès précédent dans lequel vous

 26   avez déposé, et vous avez vu qu'il envoyait ces rapports à l'état-major

 27   principal, Jankovic, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui. Oui, bien sûr, peut-être un ou deux documents. Oui.


Page 13580

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier de

  2   la pièce 65 ter 7348.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien, versé au dossier.

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P2204, Monsieur

  5   le Président, Madame le Juge.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  7   Q.  Très bien. Chronologiquement parlant, vous étiez à Bijeljina. Qu'est-ce

  8   que vous faisiez dans la matinée ?

  9   R.  [aucune interprétation]

 10   Q.  D'après la chronologie des événements, vous vous êtes levé ce jour-là

 11   et vous êtes allé quelque part de Bijeljina. Où êtes-vous allé ?

 12   R.  Je suis d'abord allé aux toilettes, à la salle de bain. Après, je me

 13   suis lavé le visage et je me suis préparé pour me rendre à Bijeljina. Vous

 14   voulez dire la matinée du 13 ? Non, je suis allé à Han Pijesak.

 15   Q.  Oui, effectivement, je suis désolé, je parlais du 13. Donc où êtes-vous

 16   allé le matin du 13 ?

 17   R.  J'étais allé à Han Pijesak.

 18   Q.  Est-ce que vous avez vérifié quelle était la situation de la route

 19   relative à la sécurité ?

 20   R.  Non, je ne vérifiais jamais ce type de chose. Si jamais il y avait un

 21   problème, on pouvait arrêter la voiture et on pouvait me dire. Il est

 22   arrivé que l'on me dise : Vous ne pouvez plus aller plus loin, quelque

 23   chose se passe sur la route. Il m'est arrivé à plusieurs reprises de me

 24   trouver dans des situations critiques pendant la guerre. Personne ne m'a

 25   jamais averti qu'il y avait un problème quelque part.

 26   Q.  Et où êtes-vous allé lorsque vous êtes arrivé à Bijeljina ? Quelle

 27   était votre prochaine destination ?

 28   R.  Je suis allé à Han Pijesak. Ensuite, je me suis arrêté. J'ai eu un


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  1   premier arrêt à Konjevic Polje.

  2   Q.  Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre -- ils connaissent la

  3   géographie plus ou moins, mais bon, lorsqu'on se dirige de Bijeljina vers

  4   le nord et que l'on suit la rivière en passant par Zvornik, par la suite,

  5   on se rend à Konjevic Polje, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, effectivement, juste le long de la Drina. C'est la route que j'ai

  7   prise.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, pourriez-vous, je

  9   vous prie, vérifier le transcript. Page 30, ligne 21, on peut lire :

 10   "Où êtes-vous allé à Bijeljina ?"

 11   Est-ce que c'était effectivement votre question ?

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non. En fait, il faut lire "depuis

 13   Bijeljina, où êtes-vous allé." C'est "de", et non pas "à Bijeljina." Je me

 14   suis peut-être mal exprimé.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 17   Q.  Alors vous êtes allé à Konjevic Polje, où exactement ?

 18   R.  Excusez-moi, j'ai quelques problèmes avec mes écouteurs. Bien, c'est

 19   mieux.

 20   A Konjevic Polje, lorsque j'y suis arrivé, du côté gauche il y avait une

 21   sorte de stade de terrain de jeu, et il y avait un très grand nombre de

 22   prisonniers qui s'y trouvaient. Je me suis ensuite dirigé au Bataillon de

 23   la Police militaire. C'est vers Kasaba, en montant le long de la route. Je

 24   voulais obtenir des informations sur l'endroit où se trouvait le général

 25   Mladic.

 26   Je suis donc arrivé au Bataillon de la Police militaire. Je crois que

 27   le commandant du bataillon, le commandant Malinic, s'y trouvait. Ensuite,

 28   ils m'ont dit qu'ils ne savaient pas exactement où il était, mais qu'il


Page 13582

  1   était quelque part à Bratunac. Par la suite, j'ai rebroussé chemin et je me

  2   suis dirigé de nouveau vers Bratunac.

  3   Q.  Est-ce que c'était le 65e Régiment de Protection ? S'agit-il de ce

  4   bataillon-là de la police militaire ?

  5   R.  Non, non, c'était un bataillon du 65e Régiment de Protection de la

  6   Police militaire. C'était un bataillon qui était à l'intérieur du 65e

  7   Régiment.

  8   Q.  Et le 65e Régiment de Protection appartenait à qui pour ce qui est de

  9   la structure de l'organigramme ?

 10   R.  C'est une unité indépendante de l'état-major principal.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourriez-vous, je

 12   vous prie, afficher la pièce 65 ter 888.

 13   Q.  Vous souvenez-vous d'avoir parlé de cette chronologie dans l'affaire

 14   Blagojevic lorsque vous avez parlé du fait que vous vous étiez rendu à Nova

 15   Kasaba et que vous alliez vers la base du 65e Régiment de Protection ? Vous

 16   souvenez-vous de cela ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Vous souvenez-vous --

 19   R.  Oui, oui, je me souviens.

 20   Q.  Vous souvenez-vous qu'il y avait un conseil du colonel Blagojevic --

 21   R.  [aucune interprétation]

 22   Q.  Vous souvenez-vous qu'il vous a montré cette conversation interceptée

 23   au cours de votre déposition ? Vous souvenez-vous de cela ?

 24   R.  Oui, oui, oui.

 25   Q.  Donc est-ce qu'il vous avait montré cette conversation interceptée

 26   avant que vous ne déposiez pour vous aider à vous préparer dans le cadre du

 27   récolement ? Vous a-t-il montré cette conversation interceptée ?

 28   R.  Non.


Page 13583

  1   Q.  Donc la première fois que vous avez vu cette conversation interceptée

  2   c'est lorsqu'il vous l'a montrée au procès ?

  3   R.  Oui.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, je vois l'heure, et

  5   je crois qu'il est l'heure de la pause.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Effectivement.

  7   Prenons notre première pause maintenant, et nous reprendrons nos

  8   travaux à 16 heures 15.

  9   --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.

 10   --- L'audience est reprise à 16 heures 16.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, veuillez

 12   reprendre.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai abandonné

 14   certaines parties de ce que je croyais être mon interrogatoire principal.

 15   En fait, je procède plus lentement que prévu, mais je vais terminer cette

 16   partie.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Cela signifie un peu plus d'une heure

 18   supplémentaire dans ce cas-là. Essayez de faire de votre mieux.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Tout à fait.

 20   Q.  Colonel, nous avons cette interception téléphonique sur les écrans, et

 21   vous vous souvenez que nous en avons parlé dans le procès Blagojevic. Il

 22   s'agit d'une interception que nous avons obtenue du gouvernement croate. Il

 23   est mentionné :

 24   "Commandant Malinic, le commandant du 65e Régiment mécanisé motorisé

 25   de Protection, et le colonel Pero Salapura…"

 26   Est-ce que l'on vous a jamais appelé "Pero" ?

 27   R.  Pas devant moi. Pepo, oui. Peut-être que certaines personnes en Croatie

 28   m'ont appelé Pero.


Page 13584

  1   Q.  Et vous venez de dire "Pepo" ?

  2   R.  Oui, oui.

  3   Q.  Est-ce que Pepo est un surnom habituel ?

  4   R.  Oui, c'est celui qu'on utilise le plus souvent. Il y a Pero, Pepo,

  5   Petar. Il y a beaucoup de surnoms dans notre région du monde.

  6   Q.  Oui, ça, nous le savons. Maintenant, il est mentionné "services de

  7   Sécurité de la VRS" en anglais. Est-ce que c'est ce qui est mentionné en

  8   serbe ou en croate ? Je devrais dire plutôt en croate ?

  9   R.  Il est mentionné "services de la Sécurité", mais ça devrait être

 10   mentionné "services du Renseignement", parce que si l'on parle de services

 11   de la Sécurité, c'est "Bezbednost". Donc ils ont mélangé un peu les choses.

 12   Q.  D'accord, donc ils se sont trompés.

 13   R.  Non, ce n'est pas grave.

 14   Q.  Vous mentionnez que vous étiez au terrain de foot à Kasaba, et il est

 15   mentionné ici qu'il y avait environ 500 prisonniers. Est-ce que ceci est

 16   exact ? Lorsque vous étiez là-bas, est-ce qu'il y avait 500 prisonniers ?

 17   R.  Si vous me le permettez, je crois que c'était à Konjevic Polje, ce

 18   terrain de foot. Oui, Konjevic Polje, et pas Kasaba -- ou est-ce que je me

 19   trompe ? Je pense que c'était à Konjevic Polje. C'était sur la droite. Et

 20   je n'étais pas présent au niveau du terrain de foot. Je suis passé à

 21   proximité de celui-ci, en revenant de Bratunac. Je crois que c'est un sous-

 22   officier qui m'a arrêté et qui m'a demandé encore une fois d'aller voir

 23   Malinic. Il y avait des problèmes au niveau de l'eau. Je ne me souviens

 24   plus maintenant exactement de quoi il s'agissait, parce que j'ai rencontré

 25   Malinic à l'aller et au retour. Mais je ne suis pas allé jusqu'au terrain

 26   de foot. Je suis passé à proximité, et c'est cet homme qui m'a arrêté pour

 27   me parler. Et cette conversation avec Malinic s'est tenue à proximité d'une

 28   école. Je crois que cette école était à Kasaba où se trouvait le


Page 13585

  1   commandement du Bataillon de la Police militaire.

  2   Q.  Est-ce que vous avez essayé d'entrer en contact avec qui que ce soit,

  3   par téléphone ou par radio, à partir de la base du 65e Régiment de

  4   Protection, le Bataillon de la Police militaire ?

  5   R.  Est-ce que j'ai eu un contact avec quelqu'un de là-bas ? Non, je ne

  6   m'en souviens pas. Je ne me souviens pas avoir parlé avec qui que ce soit

  7   au niveau de la base, mis à part directement avec Malinic. Je ne me

  8   souviens pas d'autres conversations, mis à part celle que j'ai eue avec M.

  9   Malinic.

 10   Q.  Et qu'avez-vous appris de la bouche de Malinic ?

 11   R.  Rien du tout. Notre première conversation - et je vous en ai déjà parlé

 12   - portait sur l'endroit où se trouvait le général Mladic, et on m'a dit que

 13   le général Mladic se trouvait dans la zone de Bratunac. De retour, j'ai

 14   transmis les informations reçues de ces soldats, à savoir qu'ils avaient

 15   des problèmes au niveau de l'eau, qu'il faisait chaud, et qu'ils avaient

 16   donc besoin de plus d'eau.

 17   Q.  Donc Malinic vous a dit où se trouvait Mladic, et vous êtes allé voir

 18   Mladic; c'est ça ?

 19   R.  Oui, oui, c'est exact. Je suis reparti de là-bas et je suis parti en

 20   direction de Bratunac. Et puis, on m'a dit, au niveau du commandement de la

 21   brigade, que Mladic n'était pas là-bas, qu'il se trouvait quelque part dans

 22   la région de Srebrenica. Et j'ai dit aux responsables de l'informatique que

 23   j'allais partir en direction de Srebrenica et Potocari. Au départ, je

 24   pensais qu'il s'agissait de Srebrenica, mais un peu plus tard, après m'être

 25   entretenu avec votre enquêteur qui m'a montré une photo, je me suis rendu

 26   compte que je n'étais pas à Srebrenica, mais que je m'étais retrouvé à

 27   Potocari.

 28   Q.  Avant de quitter la zone de Kasaba, où se trouvaient ces


Page 13586

  1   500 prisonniers, est-ce que vous avez essayé de voir quels éléments de

  2   renseignements avaient pu être glanés auprès de ces prisonniers, ou est-ce

  3   qu'il y a eu des efforts que vous avez observés pour les interroger et

  4   obtenir des éléments de renseignement de leur part ?

  5   R.  Non. Tout d'abord, il n'y avait personne à qui poser la question. Je ne

  6   savais pas à qui poser la question. Il n'y avait que des soldats. Et puis

  7   deuxièmement, je n'ai pas participé à la planification de l'opération en

  8   aucune façon. De toute façon, je n'aurais rien pu obtenir si je m'étais

  9   impliqué dans tout cela. C'était un système qui existait à l'époque. Vous

 10   aviez les détachements, puis les compagnies, puis les bataillons, puis les

 11   brigades, et cetera, et cetera. Tout était très bien organisé, et on ne

 12   peut pas simplement poser des questions à qui que ce soit. J'étais le

 13   responsable de l'administration. Je ne pouvais pas simplement dire à tel ou

 14   tel soldat : Dites-moi ce qui se passe. Et je n'ai pas participé à la

 15   planification de l'opération. Pour ce qui est de Srebrenica à proprement

 16   parler, en ce qui me concerne et en ce qui concernait les services de

 17   Renseignement, Srebrenica n'avait aucun intérêt. Immédiatement après la

 18   prise de Srebrenica, c'est devenu totalement inintéressant. Ce qui nous

 19   intéressait, c'était le Corps de Tuzla et les problèmes concernant la

 20   colonne au sujet de laquelle vous m'avez posé des questions. Eh bien,

 21   c'était quelque chose qui relevait de la responsabilité de la police

 22   militaire, du MUP et d'autres instances. Toute information qui était reçue

 23   était transmise, bien sûr, mais ce n'était pas la priorité dans nos

 24   activités. Ça ne constituait pas le point central de nos activités, et

 25   encore moins le point central de mes activités à proprement parler. Il se

 26   trouve que j'étais là-bas, mais je n'ai pas vraiment essayé de faire quoi

 27   que ce soit.

 28   Q.  Donc, lorsque vous êtes passé par le QG de la Brigade de Bratunac, est-


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  1   ce que vous avez eu des contacts avec des agents de renseignement, avec

  2   Momir Nikolic, Radoslav Jankovic, avec le commandant ? Est-ce que vous avez

  3   vu des officiers ?

  4   R.  Non. En fait, oui. Je suis tombé sur quelqu'un, je ne sais pas qui il

  5   était exactement, mais c'était l'officier de garde de la Brigade de

  6   Bratunac. Je lui ai demandé où se trouvait le général Mladic, et il m'a dit

  7   qu'il se trouvait dans la zone de Srebrenica. Je ne me souviens pas avoir

  8   vu d'autres officiers. Je ne connaissais même pas le commandant de la

  9   brigade. Je ne connaissais pas les officiers là-bas.

 10   Q.  Est-ce que vous avez su que Radoslav Jankovic était présent là-bas par

 11   le biais de Malinic ?

 12   R.  Non, ce n'est pas Malinic qui m'a dit cela. Malinic était le commandant

 13   du Bataillon de la Police militaire. Et je ne savais pas où se trouvait

 14   Radoslav Jankovic à l'époque. Je pensais qu'il était là-haut. Mais c'est

 15   seulement quand je suis arrivé là-bas que Mamlic m'a dit que Karanovic

 16   était en permission, et cetera, et cetera.

 17   Q.  Vous dites "là-haut"; donc, lorsque vous êtes revenu à Crna Rijeka le

 18   même jour, c'est-à-dire le 13, c'est à ce moment-là que vous avez appris

 19   que Jankovic était dans la zone de Bratunac ?

 20   R.  Oui. Jankovic se trouvait dans l'enceinte de la SFOR, c'est ce que l'on

 21   m'a dit. Je suppose qu'il avait reçu un ordre de son commandant ou peut-

 22   être du général Tolimir, et il avait été affecté comme officier de liaison

 23   au Corps de la Drina auprès de la SFOR, et c'est la raison pour laquelle il

 24   se trouvait dans l'enceinte de la SFOR -- pas à Bratunac - comment ça

 25   s'appelle ? - à Potocari.

 26   Q.  Et lorsque vous parlez de "SFOR" --

 27   R.  Ou c'est plutôt à Bratunac.

 28   Q.  Comme vous le savez, la SFOR c'était le nom d'un des contingents de


Page 13588

  1   l'OTAN qui se trouvaient là-bas. Le premier s'appelait IFOR, et puis le

  2   second, la SFOR. Lorsque vous parlez de la "SFOR", est-ce que vous voulez

  3   dire la FORPRONU ?

  4   R.  Oui, c'était tout d'abord la FORPRONU durant la guerre.

  5   Q.  Très bien.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait maintenant prendre

  7   connaissance de la pièce P01021, à commencer par le document de la liste 65

  8   ter 888. Je vous prie de m'excuser, j'ai oublié de verser le document 888.

  9   Je suis désolé.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, nous avons vu à

 11   l'écran deux conversations interceptées. Nous avons une traduction en

 12   anglais de deux interceptions, mais vous n'avez parlé que de celle qui a

 13   été affichée en B/C/S. Est-ce qu'il serait possible également de

 14   télécharger la traduction en anglais ?

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui. Ça a toujours été fait de cette

 16   manière, mais il n'y a aucune raison pour ne pas procéder de cette manière.

 17   Vous avez raison, nous pouvons obtenir celle-là.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Donc celle-là, en deux versions, sera

 19   versée au dossier.

 20   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P2205.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 22   Q.  Avant de vous faire visionner cette vidéo, est-ce que vous avez pu voir

 23   M. Mladic brièvement après avoir quitté Bratunac, soit à Potocari soit à

 24   Srebrenica ?

 25   R.  Oui, à Potocari.

 26   Q.  Et lorsque vous l'avez vu, est-ce que quelqu'un filmait ? Est-ce que

 27   vous avez vu quelqu'un qui tournait un film ?

 28   R.  Oui, il y avait pas mal de personnes qui avaient des caméras. Il


Page 13589

  1   répondait à des questions, il donnait des entretiens. Ils enregistraient

  2   tout cela, ils filmaient tout cela, et j'étais présent à environ 30 mètres

  3   de lui, et il m'a fait signe en me disant : Attend une minute.

  4   Q.  Donc, est-ce que vous en avez déduit qu'il était probable que vous

  5   soyez également filmé ?

  6   R.  Je ne sais pas. Je n'ai pas vraiment prêté attention à cela.

  7   Q.  D'accord.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Alors, visionnons la vidéo.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Peut-être que --

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Enfin, ensuite, je l'ai vu dans ce prétoire.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Peut-être que j'ai raté quelque

 12   chose.

 13   Je me souviens que vous nous avez expliqué que vous aviez reçu un

 14   message secret provenant de Belgrade et que vous vouliez contacter Mladic

 15   ou Tolimir, est-ce exact, vous deviez contacter Mladic ou Tolimir afin de

 16   transmettre ce message ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, c'est exact. C'est la raison pour

 18   laquelle j'étais présent là-bas.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous avez pu transmettre

 20   ce message au général Mladic ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, j'avais un message pour lui, et puis

 22   j'avais une ou voire deux autres propositions. Mais dès le moment où je lui

 23   ai transmis ce message, nous avons été en désaccord sur certains points, et

 24   puis on a été interrompus. Je suis remonté à bord de mon véhicule et je

 25   suis reparti en direction de Han Pijesak. Nous avons eu une discussion

 26   animée concernant le message à proprement parler, le caractère urgent de

 27   celui-ci et la gravité de son contenu.

 28   Le général Mladic était très satisfait de la réussite de l'opération.


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  1   L'opération avait été menée à bien sans avoir essuyé trop de pertes. Et je

  2   lui ai dit que l'importance des autres opérations était moindre, que le

  3   général Krstic devrait se charger du reste de la situation, et que le

  4   général Mladic devrait commencer à gérer les problèmes avec l'Occident.

  5   Puis ensuite, nous avons donc eu cette altercation, et je suis donc parti.

  6   Je suis parti brusquement.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, Monsieur

  8   McCloskey, pour cette interruption. Veuillez continuer.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Nous avons donc une vidéo qui,

 10   nous pensons, date du 13 juillet, de la radiotélévision serbe, et nous

 11   allons commencer à l'horodateur à 40 minutes, 10 secondes. Il s'agit de la

 12   pièce P01021.

 13   [Diffusion de la cassette vidéo]

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous sommes arrêtés à 41 minutes, 6

 15   secondes et 10 centièmes. Nous voyons donc que le général Mladic parle à

 16   une femme.

 17   Q.  Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un sur cet arrêt sur image, mis à

 18   part le général Mladic ?

 19   R.  Oui. C'est moi dans l'arrière-plan.

 20   Q.  Est-ce que vous vous trouvez juste derrière la seule femme qui est à

 21   l'écran ?

 22   R.  Oui, je crois que c'est moi.

 23   Q.  Derrière la femme qui porte un tee-shirt blanc ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et on ne voit pas une partie du visage, parce qu'elle se trouve devant

 26   vous ?

 27   R.  C'est exact.

 28   Q.  Est-ce que cela correspond au moment où vous avez parlé au général


Page 13591

  1   Mladic ?

  2   R.  Oui. Je crois que cela s'est passé avant notre conversation, car nous

  3   avons commencé à parler à la fin de l'enregistrement.

  4   Je ne me souviens pas de ce moment précis, mais cela n'a pu se passer

  5   qu'immédiatement avant notre conversation.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Alors, on va visionner maintenant le reste

  7   de la vidéo.

  8   [Diffusion de la cassette vidéo]

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous sommes maintenant à un arrêt sur image

 10   à 41 minutes, 17 secondes et 5 centièmes.

 11   Q.  Colonel, est-ce que vous avez eu la possibilité, après cette séquence

 12   vidéo, de parler à Mladic en privé ?

 13   R.  Je lui ai parlé personnellement, si c'est ce que vous me demandez. Sur

 14   la vidéo, vous voyez que nous n'avons pas échangé de propos. Mais notre

 15   conversation n'était pas privée; elle était officielle.

 16   Q.  Ce que je veux dire, Colonel, c'est est-ce que vous avez pu lui

 17   transmettre ce message en présence d'autres personnes qui écoutaient

 18   également ou est-ce que vous lui avez parlé seul à seul, c'est-à-dire juste

 19   vous et lui ?

 20   R.  Je crois que son équipe de sécurité était présente. Je ne sais pas

 21   combien de personnes il y avait, combien de soldats, mais ils étaient à

 22   plusieurs mètres de nous. Autant que je me souvienne.

 23   Q.  Et lorsque votre chauffeur et vous-même êtes repartis, est-ce que vous

 24   êtes passés par Potocari ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et c'est approximativement à quelle période de la journée que vous êtes

 27   reparti ? Nous voyons qu'ils ont entendu parler dans cette interception

 28   téléphonique du fait que vous étiez à Kasaba vers 10 heures 15 du matin.


Page 13592

  1   Est-ce que vous pourriez nous dire approximativement quand vous êtes

  2   reparti ?

  3   R.  Donc, si on était à 10 heures à Kasaba, cela signifie qu'on était

  4   probablement là-bas vers 14 heures ou 13 heures. Je ne peux pas être plus

  5   précis que cela.

  6   Q.  Et lorsque vous êtes passé par Potocari, est-ce que vous avez remarqué

  7   des hommes âgés, mais également de jeunes hommes qui étaient séparés de

  8   leurs familles ?

  9   R.  A ce moment-là, il y avait des vieillards, des hommes jeunes, des

 10   femmes, des enfants, mais je n'ai pas remarqué qu'un tri était effectué.

 11   J'ai vu des femmes et des enfants qui montaient à bord de bus, mais je n'ai

 12   pas vraiment fait très attention. Je pense qu'ils faisaient monter des gens

 13   à bord de bus, parce qu'il y avait quelques bus qui étaient sur place. Et,

 14   oui, il y avait énormément de femmes, d'enfants et de personnes âgées, mais

 15   je ne peux pas vous donner de chiffres précis. Il y avait également nos

 16   soldats qui étaient sur place.

 17   Q.  D'après un membre de la police militaire de la Brigade de Bratunac qui

 18   a déposé dans cette affaire, on lui avait demandé de compter les hommes qui

 19   étaient séparés de leurs familles par vos subordonnés, c'est-à-dire

 20   Radoslav Jankovic, qui était également à Potocari. Est-ce que vous avez vu

 21   Radoslav Jankovic à Potocari, soit lorsque vous êtes passé par Potocari à

 22   l'aller soit lorsque vous êtes repassé par Potocari au retour le 13 ?

 23   R.  Non, non, je ne l'ai pas vu du tout, et je n'ai pas eu de contacts avec

 24   lui.

 25   Q.  [aucune interprétation]

 26   Q.  Et je n'ai vu aucun officier que je connaissais à l'époque à Potocari.

 27   Je n'ai pas observé de séparation ou de tri qui était effectué entre

 28   différents types de personnes. J'ai simplement vu qu'il y avait plusieurs


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  1   bus sur place et que des gens montaient à bord de ces bus. C'est seulement

  2   lorsque je suis reparti que j'ai vu que des gens montaient à bord des bus,

  3   après ma conversation avec Mladic.

  4   Q.  Lorsque vous avez eu cette conversation avec Mladic, est-ce qu'il vous

  5   a fait part de l'ordre qu'il avait donné de séparer les hommes des autres

  6   personnes et de tous les tuer ?

  7   R.  Non. Et je ne pense pas qu'il m'aurait dit ceci ouvertement. Il

  8   n'aurait certainement pas dit ceci ouvertement devant moi. S'il avait donné

  9   cet ordre ou un ordre de ce genre, il ne l'aurait pas dit devant moi. Comme

 10   je l'ai dit, j'avais deux ou trois points à aborder avec lui, mais notre

 11   conversation a été écourtée, et nous nous en sommes bornés à la question

 12   principale. Eh bien, à propos de cette conversation avec le diplomate, nous

 13   pouvons en reparler maintenant, car lors de notre conversation il m'a

 14   demandé ce qui se passait à Srebrenica. Moi je lui ai dit que je n'en

 15   savais absolument rien, que je ne disposais d'aucune information et,

 16   d'ailleurs, que je n'étais même pas au courant. Puis nous avons parlé de

 17   cette arrivée, de ce que nous allions voir, et il a dit : Tu auras

 18   probablement beaucoup de prisonniers, donc ce serait une bonne chose que

 19   d'organiser tout cela et de les traiter véritablement conformément à

 20   l'esprit des conventions de Genève, et, de cette façon, nous pourrions

 21   peut-être essayer de modifier cette image de vous qu'a le monde. C'était

 22   mon intention de parler de cela, de relayer cela au commandant.

 23   Q.  Mais là, je dois dire que je suis un peu perdu, et perplexe d'ailleurs.

 24   Qui vous a dit que vous alliez avoir beaucoup de prisonniers et qu'il

 25   fallait les traiter conformément aux conventions de Genève ? Qui vous a dit

 26   cela ?

 27   R.  Non, non, j'ai dit que c'est ce que le diplomate à Belgrade m'a dit. Il

 28   m'a dit : Il est très probable que vous vous retrouviez avec beaucoup de


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  1   prisonniers. Voilà ce que j'ai dit. Mais pour ce qui est de la conversation

  2   que j'ai eue avec le général Mladic, nous n'en avons absolument pas parlé.

  3   Nous nous sommes contentés de parler du travail que nous avions accompli,

  4   que tout cela avait été fait très rapidement, et il parlait des opérations.

  5   D'ailleurs, il parlait avec les journalistes là-bas. Je pense qu'ils

  6   attendaient qu'il leur accorde une autre interview. Enfin, c'est ce que je

  7   pense.

  8   Q.  Alors maintenant, vous nous parlez du diplomate japonais, et de la nuit

  9   du 12, si je ne m'abuse. C'est le diplomate japonais qui vous a dit que

 10   vous alliez avoir un grand nombre de prisonniers et qu'il fallait que vous

 11   traitiez ces prisonniers conformément aux conventions de Genève; c'est cela

 12   ?

 13   R.  Oui. Il m'a dit : Mais il faut que tout cela soit transparent et que le

 14   monde puisse constater quelle est notre position, notre point de vue et

 15   notre attitude.

 16   Q.  Bien. Vous nous dites qu'après être passé par Potocari, vous n'avez pas

 17   vu grand-chose, comme vous nous l'avez dit. Et puis ensuite, je suppose que

 18   vous êtes passé par Bratunac, et puis que de Bratunac, ensuite vous vous

 19   êtes rendu à Konjevic Polje, et que vous êtes passé par Nova Kasaba, puis,

 20   vous êtes allé jusqu'à Hans Pijesak; c'est cela ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Est-ce que vous avez vu quoi que ce soit ? Est-ce que vous auriez parlé

 23   à quelqu'un, par exemple, à une personne d'importance ou des personnes

 24   d'importance ?

 25   R.  Non. Je vous ai dit que j'avais à nouveau vu Malinic. Bon, je me suis

 26   arrêté sur le chemin du retour en fait, parce que lorsque nous sommes

 27   arrivés au carrefour où se trouvaient les prisonniers, l'un de ses

 28   supérieurs, un sous-officier, m'a demandé de m'arrêter au commandement du


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  1   bataillon et de leur dire qu'ils avaient des problèmes d'eau, qu'ils

  2   n'avaient pas d'eau tout simplement. Donc je me suis effectivement arrêté.

  3   Je ne sais plus à quelle heure c'était. Bon, c'était l'après-midi. Et là,

  4   je me suis arrêté auprès de Malinic, au commandement du bataillon, et je

  5   lui ai relaté tout cela.

  6   Q.  Mais est-ce qu'il y avait plus de prisonniers dans le terrain de

  7   football que la première fois que vous en avez vus ?

  8   R.  Des prisonniers ? Non, je ne le pense pas. Ecoutez, je ne les ai pas

  9   comptés la première fois. Je n'ai pas véritablement accordé une grande

 10   attention à tout cela, donc je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire

 11   exactement combien ils étaient. Je l'ai déjà dit la dernière fois. Il y en

 12   avait plusieurs centaines, mais je ne sais pas exactement combien. Je n'ai

 13   pas remarqué qu'ils étaient plus nombreux.

 14   Q.  Dans la conversation interceptée, il est question de "500 prisonniers".

 15   Alors vous êtes d'accord ou pas avec ce chiffre ?

 16   R.  Ecoutez, je ne suis pas en mesure de vous le dire. Je ne voudrais

 17   surtout pas vous donner plusieurs chiffres. Je ne peux pas vous dire s'il y

 18   en avait 200, 300, 400. Je n'y ai pas véritablement accordé beaucoup

 19   d'attention; c'est tout.

 20   Q.  Mais qu'est-il advenu à ces 500 prisonniers ?

 21   R.  Je n'en sais rien. Ecoutez, je vous parle de cela -- je peux vous dire,

 22   d'après les poursuites, les procès, les rapports dans les médias, que ces

 23   personnes ont été tuées. Mais à ce moment-là, je ne savais pas ce qui

 24   s'était passé en fait. Et d'ailleurs, je ne l'ai su qu'au moment de

 25   l'affaire Erdemovic.

 26   Q.  Qu'est-ce que vous avez appris alors au moment de l'affaire Erdemovic ?

 27   Et je vous rappelle qu'Erdemovic a été arrêté à Belgrade le 2 mars 1996 et

 28   qu'il a comparu pour la première fois au Tribunal le 31 mai 1996.


Page 13596

  1   R.  Oui. Mais écoutez, déjà à ce moment-là les médias avaient commencé à

  2   écrire certaines choses, lors de son arrestation à Belgrade, j'entends. Les

  3   médias ont relaté comment des membres d'un groupe du Bataillon de Sabotage,

  4   ou d'un Bataillon de Sabotage, avaient exécuté un certain nombre de

  5   prisonniers, voilà, ce genre de choses. Que sais-je, moi ? Et il y avait

  6   des chiffres qui avaient été avancés. D'ailleurs, les chiffres, ils n'ont

  7   pas cessé de changer. Les chiffres, ils vont de 3 000 à 8 000. Je parle du

  8   nombre total de personnes qui ont été tuées.

  9   Q.  Donc vous êtes en train de nous dire que ce n'est qu'après son

 10   arrestation en mars 1996 que vous avez appris que des personnes avaient été

 11   assassinées par des membres de la VRS ? Ce n'est qu'à ce moment-là que vous

 12   l'avez appris ?

 13   R.  Oui. Oui, lorsque tout cela a été publié dans la presse. C'est à ce

 14   moment-là en fait qu'on a pu entendre ce qui se passait.

 15   Q.  Bien, écoutez, nous venons de voir la façon dont la 10e Unité de

 16   Sabotage a été utilisée, comment elle a été utilisée à Srebrenica. Ce que

 17   j'aimerais savoir c'est ce que vous avez appris. Comment est-ce qu'elle a

 18   été utilisée, cette unité, le 16 juillet 1995 ?

 19   R.  Oui, j'ai appris qu'un groupe de soldats avait été utilisé, et non pas

 20   l'unité, un groupe de soldats seulement.

 21   Q.  Qu'est-ce que vous avez appris ?

 22   R.  J'ai d'abord reçu des informations suivant lesquelles il s'agissait de

 23   deux à trois soldats. Ça, c'est au moment de l'arrestation d'Erdemovic. Par

 24   la suite, vous avez eu les premiers gros titres dans la presse qui ont été

 25   publiés. Je ne me souviens pas de la date exacte. Et puis par la suite,

 26   lorsque tout a été publié, tout est devenu très, très clair. Je pense aux

 27   procès ici, dans ce Tribunal, et cetera, et cetera. Et là, j'ai appelé

 28   Pelemis, le commandant de l'unité. J'étais déjà en vacances d'ailleurs --


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  1   ou plutôt -- bon, je lui ai demandé si cela était exact, s'ils y avaient

  2   participé. Je sais qu'à ce moment-là, il y avait une partie de l'unité qui

  3   se trouvait à Modrica, et l'autre, elle était engagée dans des combats à

  4   Srebrenica, et je sais qu'ils avaient le droit d'avoir une permission de

  5   dix jours. Et il m'a dit --

  6   Q.  Non, écoutez. Dites-nous ce que Pelemis vous a dit.

  7   R.  Il m'a dit qu'effectivement ils avaient participé à cela. Ensuite, j'ai

  8   posé une question. Je lui ai demandé : Mais est-ce que vous avez été partie

  9   prenante dans l'ordre qui a été donné ? Est-ce que vous avez contribué à

 10   cet ordre ? Il a dit que lui ne l'avait pas fait, mais que les soldats,

 11   auxquels il n'avait pas donné l'ordre d'agir de la sorte, l'ont fait de

 12   façon volontaire. Ensuite, je lui ai dit de toute façon que cela ne

 13   m'intéressait pas tellement et que la personne pour laquelle cela était un

 14   problème devait régler par la suite ce problème. C'est tout. Je lui ai dit

 15   que je voulais savoir s'il avait participé à cet événement, et que si tel

 16   avait été le cas, il allait falloir qu'il fasse amende honorable.

 17   Q.  Donc vous croyez vraiment, vous, que quatre soldats sont allés de leur

 18   propre gré et ont participé à cette exécution massive, collective ? Vous

 19   croyez vraiment qu'aucun ordre n'a été donné et que les choses se sont

 20   passées comme vous venez de l'avancer, à savoir, les quatre soldats, ils

 21   l'ont fait véritablement de leur propre gré ?

 22   R.  Ecoutez, comprenez-moi, j'ai demandé à Pelemis si c'était lui qui avait

 23   donné l'ordre, et lui il m'a dit que ce n'était pas le cas, que ce n'était

 24   pas lui qui avait donné l'ordre, et que ces soldats y étaient allés,

 25   s'étaient porté volontaires de leur propre gré. Et jusqu'au jour

 26   d'aujourd'hui, je vous dirais que je ne sais pas exactement quelle est la

 27   vérité.

 28   Q.  Colonel, qu'avez-vous appris sur ce qui s'est véritablement passé ?


Page 13598

  1   Quatre soldats ne vont pas trouver leur chemin pour aller jusqu'à ce lieu

  2   d'exécution de masse.

  3   R.  Non, non, tout à fait. Non, non. Moi, je vous dis ce que l'on m'a dit à

  4   l'époque. Je ne suis pas en train de vous relater ce que j'ai pu lire par

  5   la suite dans la presse, ce que j'ai appris lors de ce procès ici devant ce

  6   Tribunal, tout ce que j'ai appris jusqu'à présent. Je ne veux pas entrer

  7   dans ces détails. Ça, c'est quelque chose qui a déjà été déterminé par le

  8   Tribunal. De toute façon, vous le savez beaucoup mieux que moi. Vous

  9   pourriez me le dire en une seconde ou en une minute.

 10   Q.  Erdemovic a indiqué qu'il avait pu obtenir un document d'identité pour

 11   se rendre en Serbie. Est-ce que vous avez aidé Erdemovic, et d'autres

 12   d'ailleurs, à obtenir des papiers d'identité bien avant qu'il ne soit

 13   arrêté ?

 14   R.  Mais de quels documents d'identité parlez-vous ? Je ne sais pas de quoi

 15   vous parlez. Quel document d'identité a-t-il obtenu ?

 16   Q.  Ce que je voulais savoir, c'est si vous l'avez aidé à obtenir de faux

 17   papiers d'identité, Erdemovic et les autres membres du 10e Détachement de

 18   Sabotage, pour qu'ils puissent se rendre en Serbie ou pour d'autres fins

 19   d'ailleurs ?

 20   R.  Mais en Republika Srpska, ils avaient des documents d'identité et, de

 21   toute façon, ils les avaient, ces documents d'identité. Je pense qu'ils

 22   leur ont été délivrés pendant la guerre pour qu'ils puissent se déplacer.

 23   Pour ce qui est de faux documents, je n'en sais rien. S'il s'agit de

 24   documents qui ont été délivrés en Republika Srpska, je n'en sais rien. Je

 25   ne suis absolument pas au courant qu'ils aient obtenu d'autres documents

 26   d'identité. Je n'en sais rien.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que le document de la liste 65 ter

 28   7360 pourrait être affiché à l'écran.


Page 13599

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Je sais que le MUP de la Republika Srpska leur

  2   a délivré ces cartes d'identité.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  4   Q.  Est-ce que vous souhaitez modifier votre témoignage avant que ce

  5   document ne soit affiché ?

  6   R.  A propos de quoi ? A propos des cartes d'identité ?

  7   Q.  Bien, nous allons voir ce dont il s'agit.

  8   R.  [aucune interprétation]

  9   Q.  Il s'agit d'un document qui porte la date du 16 janvier 1996, bien

 10   avant l'arrestation d'Erdemovic donc.

 11   R.  Oui.

 12   Q.  C'est un document qui émane du département de la sécurité publique, du

 13   chef du département en l'occurrence.

 14   R.  [aucune interprétation]

 15   Q.  Il est destiné au secteur du Renseignement et de la Sécurité,

 16   administration du Renseignement, et voilà ce qu'il est indiqué :

 17   "Veuillez trouver ci-joint le texte intégral de la dépêche émanant de --"

 18   R.  Oui, je le vois. Je le vois.

 19   Q.  Mais laissez-moi poursuivre ma lecture. Je disais :

 20   "…secteur responsable du Renseignement et de la Sécurité."

 21   Voilà, ils ont envoyé ce document. Et si vous prenez la deuxième page --

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pourrions, je vous prie,

 23   afficher la deuxième page en anglais.

 24   Q.  Regardez, ils disent que vous les avez envoyés, parce qu'ils disent

 25   qu'ils ont inclus le texte intégral de la dépêche, ce que nous pouvons

 26   effectivement voir, qui porte la date du 14 janvier 1996. Elle est destinée

 27   au ministère de l'Intérieur, au ministre personnellement. Donc là, vous

 28   communiquez personnellement avec le ministre. Et voilà ce qui est écrit :


Page 13600

  1   "Etant donné que nous avons un groupe de membres du 10e Détachement de

  2   Sabotage qui sont ressortissants étrangers ou qui font partie de la liste

  3   des personnes accusées par le Tribunal de La Haye, nous vous demandons de

  4   donner l'ordre au MUP de Bijeljina de délivrer des cartes d'identité

  5   personnelles avec des noms et prénoms serbes pour ces personnes, ou avec

  6   des noms et prénoms différents pour les ressortissants serbes. Il s'agit de

  7   huit personnes.

  8   "Le commandant du 10e Détachement de Sabotage ou le responsable du

  9   renseignement du commandement de ce détachement présentera un rapport.

 10   "Informez-nous de votre décision."

 11   Vous voyez ?

 12   R.  Oui, je le vois, je le vois.

 13   Q.  Voyez, il est indiqué que huit membres du 10e Détachement de Sabotage

 14   ont participé à cette exécution collective.

 15   R.  Oui. Oui, oui, je le vois. Je le vois maintenant. Oui, oui, huit,

 16   effectivement.

 17   Q.  Je --

 18   R.  Oui, je le vois. Je le vois.

 19   Q.  Mais Monsieur --

 20   R.  Oui, je suis en train de témoigner, c'est exact. Croyez-moi. Croyez-

 21   moi, je ne m'en souviens absolument pas. Mais maintenant que vous me l'avez

 22   montré, je l'accepte. Ce que je veux dire, c'est que -- oui, oui, je le

 23   vois. Je le vois, effectivement. Je le vois.

 24   Q.  Colonel --

 25   R.  Oui, mais je suis en train de vous dire que j'étais convaincu de ---

 26   les choses se sont passées comme cela jusqu'à ce moment-là.

 27   Q.  Colonel, écoutez. Vous venez de nous dire que vous ne saviez absolument

 28   rien et que vous n'aviez même pas entendu parler de ces événements et de


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  1   toutes ces morts jusqu'au moment de l'arrestation d'Erdemovic, qui ne s'est

  2   passée qu'en mars. Maintenant, vous avez ce document qui date du mois de

  3   janvier où il est question d'une liste de personnes qui figurent sur les

  4   actes d'accusation du Tribunal de La Haye, et vous demandez de faux

  5   documents --

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Vous demandez de faux documents. Alors dites-nous ce que vous savez.

  8   Pourquoi est-ce que vous ne nous dites pas la vérité ? Dites-nous ce que

  9   vous avez sur la conscience, c'est tout.

 10   R.  Non, non. Croyez-moi, je suis en train de vous dire ce que j'ai sur la

 11   conscience. Mais je n'ai absolument rien à voir avec cela, et je suis

 12   absolument outré, horrifié. Je suis horrifié de voir cela. D'ailleurs, je

 13   n'arrive pas à établir le lien avec les événements tels qu'ils se sont

 14   passés. Vous savez, beaucoup de temps s'est écoulé depuis. Mais je dirais

 15   qu'à l'époque, la première fois que j'en ai entendu parler, je peux vous

 16   assurer que je ne savais absolument pas qu'il y avait des membres de cette

 17   unité qui avaient participé. J'avais reçu des informations à Mostar.

 18   C'était Safet Orucevic qui m'avait dit qu'il y avait des bruits qui

 19   couraient suivant lesquels il y avait un nombre de personnes de Srebrenica

 20   qui avaient été tuées, et cetera, et cetera. Ça, je ne peux pas vous dire

 21   exactement. C'était à la fin 1995 ou en 1996. Et très franchement -- bon,

 22   le nombre des personnes, non, je ne le connais pas. Enfin, ce qui

 23   m'étonnait, c'était que les chiffres dont il était question, je n'arrivais

 24   pas à comprendre la dimension de cet événement. Mais là, vous voyez, je

 25   vois que c'est -- enfin, non, vous voyez. Je vois que c'est le 16 janvier

 26   1996.

 27   Q.  Colonel --

 28   R.  Oui, c'est à ce moment-là que l'acte d'accusation a été signifié.


Page 13602

  1   Q.  Quand est-ce que vous êtes revenu le 13 à Crna Rijeka, de façon

  2   approximative, bien sûr ?

  3   R.  Bien, c'était l'après-midi.

  4   Q.  Bien. Et est-ce que vous avez vu le général Mladic cette nuit-là ?

  5   R.  Lorsque je suis rentré là-bas ? Non. Non, je n'en sais rien. Enfin, je

  6   ne pense pas. Je ne me souviens pas en fait l'avoir vu à Crna Rijeka.

  7   Q.  Est-ce que vous avez reçu un rapport du renseignement sur les

  8   événements qui se déroulaient à Srebrenica, à Nova Kasaba, à Bratunac, est-

  9   ce que - je ne sais pas - la colonne qui passait par Tuzla, par exemple,

 10   vous en avez entendu parler ? Vous avez entendu des renseignements, des

 11   bribes de renseignement ?

 12   R.  Non. Non, pas à ce moment-là.

 13   Q.  Le lendemain matin, le 14 donc -- j'aimerais vous poser quelques

 14   questions. Vous nous avez déjà dit que le 15, vous avez donné un ordre pour

 15  brouiller les communications de la 28e Division et du 2e Corps, mais parlons

 16   du 14 plutôt --

 17   R.  Ah oui, oui, lorsque j'ai brouillé les communications, oui, oui.

 18   Q.  Alors, le 14. Le brouillage, ça c'est passé le 15. Maintenant,

 19   j'aimerais que nous parlions du 14.

 20   R.  Oui, oui, tout à fait.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que le document 7360 de la liste 65

 22   ter pourrait être affiché.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous donne l'autorisation

 24   d'ajouter ce document sur la liste 65 ter, et le document sera versé au

 25   dossier.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci.

 27   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera le document 2206.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais moi j'aimerais --


Page 13603

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur, combien de lettres avez-

  3   vous écrites directement à un ministre de votre gouvernement ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Combien de questions j'ai envoyées au ministre

  5   ?

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Combien de lettres avez-vous écrites

  7   directement à un ministre de votre gouvernement ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Au ministre de la Défense ? De quel ministre

  9   me parlez-vous ?

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je parle d'un ministre, de n'importe

 11   quel ministre. Des ministres de votre gouvernement.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'en sais rien. Je ne peux pas vous le dire

 13   véritablement.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que cela se passait assez

 15   fréquemment ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me souviens pas de combien de lettres

 17   j'ai écrites. Je n'en ai pas écrit beaucoup. Je ne m'en souviens pas. J'en

 18   ai peut-être envoyé plusieurs au ministre de la Défense. Je ne vois pas

 19   d'ailleurs pourquoi j'aurais dû écrire à d'autres ministres.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais est-ce que c'était la coutume

 21   qu'un colonel de l'armée écrive directement à un ministre de son

 22   gouvernement ? C'était la filière classique ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Non, ce n'était pas habituel, à

 24   moins qu'il n'y ait un besoin précis pour le faire. Mais je n'en sais rien.

 25   Je ne me souviens pas quelles lettres j'ai écrites et sur quoi portaient

 26   ces lettres d'ailleurs.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Et vous persistez à nous dire que

 28   vous ne vous souvenez pas de cette lettre à propos des faux documents que


Page 13604

  1   vous avez écrite, vous, personnellement, à un ministre ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je sais, et je l'ai déjà dit. Je sais que des

  3   cartes d'identité ont été délivrées à tout le monde en Republika Srpska,

  4   que je l'avais demandé, et que c'était le centre de sécurité de Bijeljina

  5   qui les avait délivrées.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur, Monsieur, un moment, je

  7   vous prie. Non, je ne suis pas en train de vous poser une question à propos

  8   de la procédure classique pour tous les citoyens de la Republika Srpska.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je le sais, cela.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Non, je vous pose la question à

 11   propos de cette lettre écrite et adressée directement au ministre. En plus,

 12   il s'agit d'une lettre assez peu habituelle.

 13   LE TÉMOIN : [aucune interprétation] 

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Alors, comment est-ce que vous

 15   expliquez cela ? Quelle en est la raison ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, écoutez, oui, il y a des lettres,

 17   certes, j'en conviens. Elles existent, mais je ne me souviens pas, tout

 18   simplement. Je sais que j'avais demandé que des cartes d'identité soient

 19   délivrées à des soldats qui n'avaient pas notre carte d'identité. Je ne

 20   sais pas si cela s'est passé à ce moment-là. Mais croyez-moi, je vous en

 21   conjure, je ne m'en souviens pas. C'est ainsi. Je ne suis pas en train de

 22   réfuter ce qui a été dit, mais vous savez, il y a beaucoup de temps qui

 23   s'est écoulé depuis, et vous savez un être humain ne peut pas se souvenir

 24   de tout. Moi j'ai écrit beaucoup de documents et j'en ai envoyés beaucoup.

 25   J'ai écrit, fréquemment d'ailleurs, au ministre des Affaires étrangères,

 26   ainsi qu'aux services de Sécurité. D'ailleurs, c'était la voie normale pour

 27   les communications. Mais je ne pense pas avoir écrit beaucoup de lettres au

 28   ministre de l'Intérieur.


Page 13605

  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Avez-vous jamais écrit une lettre

  2   personnelle au ministre des Affaires étrangères ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, j'ai écrit au ministre des Affaires

  4   étrangères.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous avez écrit vous-même,

  6   personnellement ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, personnellement. Oui.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous étiez autorisé, en

  9   tant qu'officier de carrière de l'armée, d'écrire des lettres au ministre

 10   des Affaires étrangères ? Est-ce que vous étiez autorisé, habilité pour lui

 11   écrire des lettres directement et personnellement ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, parce qu'il y avait certaines

 13   informations qui étaient intéressantes pour moi et pour lui.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Et vous ne les envoyiez pas par le

 15   truchement de vos supérieurs, par le truchement de la chaîne de

 16   commandement, donc en passant par vos supérieurs et votre commandant, qui

 17   aurait relayé cela au ministère de la Défense ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, cela n'est pas passé par le

 19   ministère de la Défense. Cela allait directement de l'état-major général,

 20   mais ces lettres ont été envoyées lorsque le commandant a approuvé. Lorsque

 21   le ministre des Affaires étrangères ou le président de la Republika Srpska

 22   devait être informé de cet élément d'information, nous envoyions les

 23   informations.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, je vous en prie,

 25   poursuivez.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 27   Q.  Colonel, vous voyez cette requête que vous avez envoyée au ministre,

 28   est-ce que cela aurait pu contrarier votre supérieur, le général Tolimir ?


Page 13606

  1   Nous savons tous en général ce qui contrarie nos supérieurs hiérarchiques.

  2   R.  Je n'en sais rien. Je ne sais pas si Tolimir est informé de cela --

  3   enfin, comment est-ce que je pourrais m'exprimer ?

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.

  5   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, une petite correction à

  6   la page 51, ligne 16. Il s'agit de la cote du document. Je pense que là, la

  7   cote qui a été donnée est un peu trop longue, à mon avis.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  9   Q.  Colonel, ce n'est pas la question que je vous ai posée. Vous connaissez

 10   votre chef. Vous savez ce que vous avez le droit de faire, ce que vous

 11   n'avez pas le droit de faire. Maintenant, regardez cette lettre, est-ce que

 12   cette lettre aurait pu vous faire avoir des problèmes avec le général

 13   Tolimir, cette demande ?

 14   R.  Ecoutez, là, il est dit "secteur". Oui, il se peut que le général

 15   Tolimir n'était pas présent à ce moment-là et que, de ce fait, je l'ai

 16   signée, la lettre. Je ne peux pas maintenant vous donner quelque garantie

 17   que ce fût, parce qu'il est dit -- regardez dans l'en-tête : "Etat-major de

 18   la VRS, secteur responsable de la sécurité et du renseignement,

 19   administration du renseignement, pour information." Il se peut qu'il n'ait

 20   pas été présent.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Alors, je vous dirais que la cote du

 22   document de la page 51, ligne 16, devrait être P2206.

 23   Poursuivez, Monsieur McCloskey.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 25   Q.  Une question très simple : est-ce que cette demande, si elle avait été

 26   connue par le général Tolimir, est-ce que vous auriez eu des problèmes ?

 27   Nous savons tous ce qui enrage nos chefs, ou nos Juges, ou nos femmes, nos

 28   époux, épouses. Donc, est-ce que vous auriez eu des problèmes avec le


Page 13607

  1   général Tolimir ?

  2   R.  Oui, bien sûr, si, sans sa connaissance, cela avait été envoyé, oui.

  3   Mais s'il avait été absent, je l'aurais envoyé. C'est pour ça que je le

  4   dis. Donc, s'agissant de cette information, s'il l'a su plus tard ou pas,

  5   je ne le sais pas. Je ne veux vraiment pas me livrer à des conjectures.

  6   Q.  Mais ne pensez-vous pas que le général Tolimir aurait dû nécessairement

  7   avoir connaissance de la demande que vous aviez faite concernant l'émission

  8   de fausses cartes d'identité pour les personnes pour lesquelles vous

  9   pensiez qu'elles se trouvaient sur la liste des accusés ?

 10   R.  Eh bien, il aurait fallu, oui, que cela soit connu par lui,

 11   effectivement.

 12   Mais je ne peux pas vous l'affirmer en ce moment, je ne peux pas.

 13   Q.  D'accord. Passons maintenant à un sujet qui a déjà été abordé durant le

 14   procès précédent, et cela ne devrait pas être trop long. J'aimerais que

 15   l'on vous montre le cahier de l'officier de permanence. Je vais vous donner

 16   l'original afin que vous puissiez le consulter, parce qu'il est plus clair.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Et je demanderais que l'on affiche dans le

 18   prétoire électronique la pièce P01459, page 41 en anglais et page 40 en

 19   B/C/S.

 20   Q.  Vous vous souviendrez que lors du dernier procès, on vous a montré

 21   cette pièce, qui est en fait un cahier de l'officier de permanence de la

 22   Brigade de Zvornik. Nous vous remettrons l'original, il vous sera plus

 23   facile à suivre.

 24   R.  Mais oui, c'est le 14 juillet, effectivement.

 25   Q.  Oui. Alors, ce que nous voyons à droite en anglais, ce sont des ajouts.

 26   C'est une analyse. On appelle ça l'exemplaire du professeur, si vous

 27   voulez. Maintenant, tous les officiers de permanence prenaient des notes

 28   concernant l'information qui parvenait, n'est-ce pas, c'est son travail. Le


Page 13608

  1   commandant Dragan Jokic était l'officier de permanence le 14 juillet. Bien

  2   sûr, il est toujours difficile à dire à quelle heure l'appel a été reçu,

  3   mais si nous feuilletons quelques pages, si nous revenons un peu en

  4   arrière, nous pourrons retrouver l'heure. Mais de toute façon, ce n'est

  5   plus important.

  6   Dragan Jokic a indiqué que :

  7   "Le colonel Salapura a appelé et que Drago et Beara devaient rendre

  8   compte à Golic."

  9   Alors, pour placer le tout dans son contexte, le 14 juillet il y a un

 10   très grand nombre d'éléments de preuve dans cette affaire selon lesquels

 11   Drago Nikolic, l'officier chargé de la sécurité de la Brigade de Zvornik,

 12   travaillait avec le colonel Beara pour transporter et tuer par fusillade

 13   des milliers de prisonniers musulmans qui étaient détenus dans la région de

 14   Zvornik. Il y a également certaines indications selon lesquelles le

 15   commandant Golic était le coordonnateur de tout ceci depuis Vlasenica, et

 16   il s'assurait que le carburant soit émis, donné.

 17   Et le 14, d'après le livre de l'officier de permanence, vous appelez

 18   pour dire que Drago et Beara devaient rendre compte à Golic. Vous souvenez-

 19   vous de cela; et si oui, pourquoi, nom de Dieu, Colonel, est-ce que vous

 20   appelez Beara et Drago Nikolic, et pourquoi est-ce que vous leur dites

 21   d'appeler Nikolic au beau milieu d'un génocide ?

 22   R.  Je ne sais absolument pas ce qui s'est passé. Ici, il est tout à fait

 23   clair que je n'ai fait que transmettre le message. Ce n'est pas de rendre

 24   compte à Golic, mais d'aller chez Golic. Et j'imagine que ceci se rapporte

 25   à Vlasenica. Je voudrais seulement voir l'heure exacte. Cela aurait pu être

 26   fait soit pendant le petit déjeuner ou pendant l'heure du déjeuner, et il

 27   se peut tout à fait que Mamlic était allé voir Miletic, ou qu'il a appelé,

 28   qu'il n'y avait personne d'autre et que c'est moi qui ai dû faire cet


Page 13609

  1   appel. Parce qu'à l'époque, je ne sais pas, mais peut-être que ce n'est que

  2   moi qui ai reçu le télégramme. Donc un télégramme a pu être envoyé, et j'ai

  3   peut-être, moi, transmis le télégramme. C'est un message que j'ai transmis,

  4   je n'ai fait que transmettre le message. Il est tout à fait sûr que je n'ai

  5   absolument aucune raison de faire autre chose que de faire le messager. Je

  6   n'ai fait que transmettre le message. J'ai reçu le message alors que

  7   j'étais au poste de commandement. Peut-être que c'était soit un message du

  8   commandant, de Tolimir, mais un message du commandant serait passé par

  9   l'état-major principal. Je ne sais pas ici ce que c'est. Je ne sais pas. Je

 10   ne sais pas de qui j'ai pu recevoir ce message. Mais il est certain que le

 11   message a été transmis et que c'était moi qui ne faisais que transmettre le

 12   message.

 13   Q.  C'était votre réponse, ce n'est qu'un message, et vous ne saviez pas du

 14   tout de quoi il était question ?

 15   R.  Non, voilà. Non. L'original était sans doute comme ça, d'appeler --

 16   c'était sans doute l'original, c'était de dire d'appeler, ce n'est rien

 17   d'autre. Ce message ne contenait absolument rien d'autre que ceci. Pourquoi

 18   appeler, quels sont les objectifs, pourquoi, je ne sais pas. J'estime que

 19   l'idée d'appeler chez Golic, j'imagine que le mot "chez", ça ne veut pas

 20   dire non plus d'appeler Golic ou de rendre compte à Golic, mais de rendre

 21   compte ou d'appeler Vlasenica, quelqu'un à Vlasenica. Ils savaient peut-

 22   être qui ils devaient appeler.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons à la page 75 en anglais et 64 en

 24   B/C/S.

 25   Q.  Colonel, il devrait s'agir de l'intercalaire suivant. Nous pouvons vous

 26   aider, si vous le souhaitez.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien sûr, avec l'aide de M.

 28   l'Huissier.


Page 13610

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  3   Q.  Ce n'est plus maintenant le 14, mais bien probablement tard dans la

  4   soirée du 15, ou dans la nuit du 15, ou plutôt très tôt le matin le 16. Il

  5   y a un autre message : 

  6   "Drago et le lieutenant-colonel Popovic doivent rendre compte au

  7   commandant Golic tôt dans la matinée."

  8   Est-ce que vous avez quelque connaissance que ce soit concernant ce message

  9   ?

 10   R.  Non, absolument pas.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Page 79 en anglais et 78 en B/C/S. C'est

 12   l'intercalaire suivant.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est également l'extrait de ce même journal ?

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 15   Q.  Je voudrais attirer votre attention sur l'entrée concernant Milorad

 16   Trbic. Est-ce que vous savez qui est Milorad Trbic de la Brigade de Zvornik

 17   ?

 18   R.  Je ne le sais pas.

 19   Q.  Nous pouvons voir ici qu'il est indiqué :

 20   "0855, Golic a demandé à Popovic de l'appeler et a dit qu'il peut oublier

 21   ce qu'il lui avait demandé et ce dont il avait écrit. Il savait ce qu'il

 22   devait faire d'après la procédure sur laquelle ils s'étaient mis d'accord."

 23   Et c'est marqué ici "chef de Panorama 01." Le message a été transmis à

 24   Popovic à 9 heures 10.

 25   Est-ce que vous savez ce que c'est Panorama ?

 26   R.  Je pense que Panorama est un hôtel, si je me souviens bien, près de

 27   Vlasenica.

 28   Q.  Est-ce que vous vous souvenez qu'est-ce que cela veut dire "Panorama


Page 13611

  1   01" ?

  2   R.  Je pense que c'était un hôtel appelé Panorama, mais je ne sais pas ce

  3   que "01" veut dire.

  4   Q.  Est-ce que vous savez ce qu'est ce nom de code ?

  5   R.  Ce nom de code était normalement donné au commandant, 01.

  6   Q.  Et Panorama, est-ce que vous savez que c'était le code qui était en

  7   vigueur en juillet 1995 ? Etait-ce donc le nom de code en vigueur à cette

  8   date ?

  9   R.  Je ne sais pas. Mais je sais qu'il y a un hôtel qui s'appelle Panorama.

 10   Q.  Ici, on peut lire que :

 11   "Le message a été envoyé à Popovic à 9 heures 10."

 12   Et en bas, nous pouvons voir :

 13   "Beara doit appeler Panorama à 155."

 14   Est-ce que vous savez à qui appartenait cette extension 155 à l'état-major

 15   principal de Crna Rijeka ?

 16   R.  Je ne sais pas. Je ne me souviens pas maintenant.

 17   Q.  Et si je vous disais que c'est l'extension de Milovanovic qui avait été

 18   utilisée par Miletic à l'époque et que c'était l'extension de la salle des

 19   opérations ?

 20   R.  Oui, c'est tout à fait possible qu'il s'agisse de la salle des

 21   opérations.

 22   Q.  Très bien.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant en anglais, 85; B/C/S

 24   84. Il devrait s'agir du prochain intercalaire dans le livre. C'est la

 25   dernière entrée qui m'intéresse. Donc, en page 85 en anglais et à la page

 26   84 en B/C/S.

 27   Q.  Le 16 juillet, il est indiqué que quelqu'un a appelé, et l'officier de

 28   permanence Trbic, de nouveau, a fait ces inscriptions :


Page 13612

  1   "A 14 heures, Popovic a demandé un autocar avec un plein de 500

  2   litres de D2." Donc, plein de carburant.

  3   Donc 500 litres de D2, et D2 c'est du diesel, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Et :

  6   "…Zlatar, l'officier de permanence, et Golic, ont informé."

  7   Est-ce que vous savez à qui appartenait le nom de code Zlatar ?

  8   R.  Je ne sais pas. Je ne sais pas. C'est un code interne à l'intérieur du

  9   Corps de la Drina pour certaines brigades et unités, mais je ne sais pas à

 10   qui il appartient.

 11   Q.  Etes-vous d'accord pour dire que Zlatar est le nom du Corps de la Drina

 12   ?

 13   R.  Non, je ne suis pas d'accord pour dire cela. Je ne l'ai jamais utilisé

 14   dans le cadre de mes communications.

 15   Q.  Vous étiez de permanence le 16 juillet, et, Monsieur, un très grand

 16   nombre d'éléments dans cette affaire nous permettent de dire qu'à cette

 17   époque-là Popovic est en train d'organiser le transport de l'école de

 18   Pilica à la ferme de Branjevo, où Erdemovic et la 10e Unité de Sabotage

 19   avaient sommairement exécuté plus de    10 000 hommes. Nous avons des

 20   documents qui nous démontrent que Popovic a reçu ce carburant pour faire le

 21   plein du réservoir, et nous pouvons voir dans ces documents que nous savons

 22   que Golic était impliqué, Popovic était impliqué et que Beara était

 23   également impliqué. Alors, si nous revenons à la date du 14 juillet,

 24   l'annotation qui a été faite concernant donc le 14 juillet dans laquelle

 25   vous dites à Beara et Drago de rendre compte à Golic, cela me fait croire

 26   que vous étiez impliqué.

 27   Et à la suite de tout ceci, après avoir examiné ou réexaminé tout ce

 28   document, dites-le-nous --


Page 13613

  1   R.  Non, je n'ai fait que recevoir un message, transmettre un message, et

  2   je n'avais aucune connaissance de ce que le message voulait dire. Je ne

  3   sais absolument pas de qui il venait. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je

  4   ne me souviens plus qui l'avait envoyé. C'était sans doute pendant l'heure

  5   du déjeuner, où il n'y avait personne, et moi j'étais peut-être dans la

  6   salle de réfectoire et j'étais seul. Et c'était pendant les heures de

  7   repas, et l'officier Nedeljkovic et mes deux membres de mon département,

  8   les gars qui étaient chargés des transmissions, ils étaient tous les deux

  9   partis déjeuner, et moi je suis resté là. Et je n'ai pas transmis d'autres

 10   messages, ce qui, normalement, aurait été fait par Mamlic ou quelqu'un

 11   d'autre.

 12   Q.  Vous étiez à Nova Kasaba le 13. Vous étiez avec Mladic le 13. Vous

 13   étiez à Crna Rijeka les 13, 14, 15, 16 et 17, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui. Le 14, j'étais allé voir le médecin, et le 17 aussi j'étais chez

 15   le médecin, et j'étais revenu après le médecin.

 16   Q.  Quel était le surnom du général Tolimir ?

 17   R.  Surnom ? Outre "Zdravko" et "Tolimir", je sais que le commandant

 18   l'appelait "Tolja" des fois, mais j'ignore l'existence d'un autre surnom.

 19   Q.  Nous avons entendu à maintes reprises ici dans le cadre de ce procès

 20   que certaines personnes l'appelaient "Toso".

 21   R.  Oui, c'est vrai, vous avez raison. Oui, effectivement, "Toso" aussi.

 22   C'est une abréviation, mais c'est principalement plutôt le commandant ou

 23   peut-être les supérieurs qui l'appelaient Toso.

 24   Q.  Et Miletic, l'appelait-on des fois Mico ?

 25   R.  Le général Milovanovic l'appelait Mico, d'après ce que j'ai pu entendre

 26   de lui -- enfin, je l'ai entendu l'appeler ainsi. Mais moi je ne l'appelais

 27   pas par ce nom.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant à la pièce P394. 394B,


Page 13614

  1   s'il vous plaît.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il ne faudrait pas diffuser ce

  3   document car il est sous pli scellé; il est confidentiel.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Le document sera affiché sous peu à

  5   l'écran, mais il s'agit --

  6   Pour vous expliquer de quoi il s'agit, c'est un document qui est une

  7   conversation interceptée qui provient de l'armée de Bosnie, qui porte la

  8   date du 16 juillet à 10 heures. C'est la date à laquelle le 10e Détachement

  9   de Sabotage était en train d'exécuter les personnes à la ferme de Branjevo,

 10   et les participants sont connus sous les noms Mico et Toso. Et Toso dit :

 11   "Je t'ai envoyé, tu sais, là-bas en passant par Uran, et toi tu me

 12   l'as envoyé par Uran, car celle-ci n'est pas sûre."

 13   Vous souvenez-vous ce que "Uran" voulait dire à l'époque ?

 14   R.  Non, je ne le sais pas. J'entends parler de ce mot pour la première

 15   fois aujourd'hui. Au cours de l'opération, on a sans doute donné des noms

 16   de code pendant l'opération, mais je n'ai pas assisté à cette opération, et

 17   je n'étais pas mis au courant non plus des différents noms de code. C'est

 18   un nom de code pour quelque chose, mais je ne sais pas pour quoi.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Maître Gajic.

 20   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que nous avons

 21   un léger problème avec le prétoire électronique, puisque la version en

 22   serbe et en anglais ne correspondent pas l'une à l'autre. Il s'agit d'une

 23   conversation interceptée qui est complètement différente de celle qui est

 24   affichée en anglais, d'après ce que j'ai pu voir ici.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je suis vraiment désolé. Voilà, je l'ai,

 27   c'est marqué "Mico" et "Toso". Très bien.

 28   Merci, Maître Gajic.


Page 13615

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, "Mico" et "Toso", je le vois.

  2   M. McCLOSKEY : [hors micro]

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vois la page.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  5   Q.  C'est une conversation qui s'est déroulée entre Miletic et Tolimir, et

  6   nous avons un document qui va pouvoir le démontrer plus tard. Il s'agit de

  7   la planification de l'attaque lancée contre Srebrenica, et "Uran" est un

  8   nom de code pour le poste de commandement avancé du Corps de la Drina, qui,

  9   le 16, a été à Krivace. Vous souvenez-vous de cela ?

 10   R.  Près de Krivace ? Non.

 11   Q.  Vous ne vous souvenez pas que le poste de commandement avancé du Corps

 12   de la Drina était pour l'attaque lancée contre Zepa ?

 13   R.  Non, je n'étais pas là et je ne savais pas du tout où était le poste de

 14   commandement.

 15   Q.  Vous pouvez peut-être nous venir en aide. Lorsque Tolimir dit :

 16   "Envoie-le-moi par le biais d'Uran, par le biais du Corps de la

 17   Drina, parce que celle-ci n'est pas sûre", il faisait référence à quoi ?

 18   Qu'est-ce qui n'est pas sûr ?

 19   R.  Je pense qu'il pensait peut-être que la ligne n'était pas sûre, qu'il

 20   s'agissait d'une ligne ouverte, probablement une ligne de radio relais.

 21   Q.  Très bien. Et ensuite, Miletic, si "Mico" est bien Miletic, dit :

 22   "D'accord."

 23   Et Tolimir dit :

 24   "Et dis à Pepo."

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et qui est ce Pepo ?

 27   R.  C'est moi.

 28   Q.  M dit : "Oui."


Page 13616

  1   T répond :

  2   "Si, que j'ai reçu ce qu'il m'a envoyé, et s'il veut m'envoyer autre

  3   chose, il peut appeler Uran sur la même ligne avec laquelle vous êtes en

  4   train de communiquer avec Uran, et il peut relayer le télégramme pour moi

  5   par là, et vous connaissez mon nom de code.

  6   M dit :

  7   "Hm-hm, d'accord. Est-ce qu'Uran vous a demandé de faire ceci, je

  8   veux dire cette ligne, concernant quelques vérifications ?"

  9   Et par la suite -- je ne vais pas vous lire le reste, mais Tolimir

 10   dit :

 11   "Il était censé les envoyer ce matin. Reçu il y a quelques minutes."

 12   M répond :

 13   "Je vais l'appeler. Je vais vérifier pour voir pourquoi il ne l'a pas

 14   encore envoyé."

 15   Tolimir dit :

 16   "Appelle-le, et ensuite dit à Pepo," et quelque chose, "qu'ils

 17   peuvent m'envoyer des télégrammes de cette façon-ci et que moi je peux les

 18   leur envoyer aussi."

 19   Et ensuite, on voit : "Au revoir. Au revoir."

 20   Et :

 21   "Cinq minutes plus tard, Mico appelle Jevdo sur la fréquence de 255810, et

 22   a demandé de savoir ce qu'il devrait se passer avec les deux télégrammes

 23   qu'il était censé envoyer."

 24   Et ils étaient d'accord pour dire que Jevdo devait les envoyer

 25   immédiatement. Alors, c'est vous en train d'envoyer des informations sûres

 26   à Tolimir, n'est-ce pas, le 16 juillet ?

 27   R.  Oui.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir.


Page 13617

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, il y a quelques

  3   instants, on n'a pas lu correctement le transcript. On peut lire ici :

  4   "Dis à Pepo" ou "à ses hommes". Je ne vois plus ce texte. Je voudrais

  5   que l'on redonne lecture au compte rendu d'audience, parce que si moi je

  6   dis : Dis à Pepo ou à quelqu'un d'autre, je ne sais pas ce que cela veut

  7   dire, ou à ses hommes. Je voudrais que l'on remette de nouveau à l'écran la

  8   page en question afin que je puisse voir de quoi il s'agit exactement.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Pourriez-vous remettre la

 10   page à l'écran, s'il vous plaît.

 11   Vous voyez dans la traduction en anglais qu'il y avait un doute

 12   justement. Il y a des parenthèses, et je demanderais que les interprètes

 13   veuillent bien nous le lire et nous l'interpréter. Je pense que M.

 14   McCloskey n'a pas dit ce mot.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est marqué "à mes hommes."

 16   Tu parles anglais, n'est-ce pas ?

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense que le général a tout à fait

 19   raison. Le traducteur a pensé qu'il s'agissait peut-être d'"hommes". Mais

 20   ils connaissent leurs propres expressions mieux que nos interprètes ou nos

 21   traducteurs, donc je vais les croire sur parole.

 22   Q.  Maintenant, "Jevdo", à la deuxième page, s'agissant de ce Jevdo donc,

 23   est-ce que c'était un des officiers des communications qui s'appelait

 24   Jevdjevic ? Etait-ce le Jevdjevic du Corps de la Drina ?

 25   R.  Un instant, s'il vous plaît. Jevdjo. Je ne sais pas qui est-ce. C'est

 26   peut-être Jevdjevic. Je ne sais pas à qui l'on fait référence ici. Je ne

 27   sais pas qui portait un nom de famille semblable. Parce que vous savez, ça

 28   c'est l'abréviation d'un nom de famille. Sans doute qu'il s'agissait


Page 13618

  1   effectivement d'une abréviation d'un nom de famille. C'est peut-être

  2   Jevdjevic.

  3   Q.  Et qui était Jevdjevic ?

  4   R.  C'était l'officier chargé des transmissions.

  5   Q.  Chargé des transmissions pour qui ?

  6   R.  C'est un officier chargé des transmissions, et il était au Régiment des

  7   communications de l'état-major principal.

  8   Q.  D'accord. Donc vous avez eu l'occasion de lire ces lignes.

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Pourriez-vous nous donner un peu plus d'information, à savoir qu'était

 11   le type d'information que vous étiez en train de transmettre au général

 12   Tolimir ?

 13   R.  Je ne pourrais pas vous dire avec certitude de quoi il s'agissait

 14   exactement. C'était probablement lié aux raisons pour lesquelles je devais

 15   aller voir le général Mladic. Ça ne pouvait être que cela que je pouvais

 16   transmettre. Et je me souviens qu'on m'a dit que toute communication à son

 17   intention devait passer par la Brigade de Rogatica, et ceci montre que ça a

 18   dû être fait par un autre site, peut-être par le biais du poste de

 19   commandement avancé, mais je ne peux pas m'avancer avec certitude. Mais le

 20   télégramme a été envoyé, parce qu'il ne savait même pas que j'étais là-bas

 21   avant cela.

 22   Q.  Est-ce que vous confirmez qu'il s'agit bien d'une conversation

 23   interceptée authentique ?

 24   R.  Je ne peux pas dire ceci avec certitude, mais cela semble logique. Ce

 25   type de conversation semble être logique, mais je ne veux pas l'avancer

 26   avec certitude, parce que ce n'est pas moi qui ai procédé à ces

 27   interceptions.

 28   Q.  Est-ce que vous pensez que cela est logique que le chef des


Page 13619

  1   renseignements et de la sécurité communique avec le chef du renseignement

  2   et lui dise comment acheminer de la meilleure manière possible les

  3   informations confidentielles à son intention ? Il n'y a rien d'inhabituel à

  4   cela, je suppose.

  5   R.  Non, il n'y a aucune raison à cela. Je suppose que si c'était une

  6   filière de communication disponible, eh bien, il avertissait simplement que

  7   ces documents ne devaient pas être transmis par cette filière, mais par le

  8   biais du poste de commandement avancé.

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'ai encore un autre document sur le sujet,

 10   et j'aurai terminé, Monsieur le Président. Je ne sais pas si on peut

 11   continuer encore pendant quelques minutes.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous avons déjà dépassé six heures.

 13   Vous avez besoin de combien de minutes de plus pour ce document ?

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Ça ne sera que quelques minutes.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait terminer

 16   avant la pause dans ce cas-là ?

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, j'aimerais, si possible.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ceci permettra d'accélérer les

 19   débats.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Est-ce que l'on pourrait

 21   afficher le document de la liste 65 ter 4052, D49. Merci.

 22   Q.  Nous avons un document manuscrit, et comme on peut le voir, il émane du

 23   commandement du Corps de la Drina, poste de commandement avancé de Krivace.

 24   C'est le lendemain de la date de l'interception téléphonique, donc le 17

 25   juillet, et c'est intitulé "Conversation radio avec Avdo Palic", et vous

 26   avez le nom de Zdravko Tolimir.

 27   Est-ce que vous reconnaissez cette écriture manuscrite ?

 28   R.  Non. Non, cette écriture, non.


Page 13620

  1   Q.  Dans la phrase que nous voyons ici, est-ce qu'il semble que le général

  2   Tolimir transmette ce message à partir du poste de commandement avancé de

  3   Krivace, ou au moins qu'il envoie ses communications à partir de cette zone

  4   ?

  5   R.  Ici, il est mentionné "commandement du Corps de la Drina, poste de

  6   commandement avancé de Krivace."

  7   Q.  Seriez-vous d'accord avec moi pour dire qu'il semble qu'il envoyait ses

  8   communications à partir de cet endroit-là, ce jour-là donc, il envoyait ses

  9   communications à partir de Krivace ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Merci, Mon Colonel.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser,

 13   Monsieur le Président.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, c'est ainsi que les choses étaient

 15   envoyées.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup.

 17   Nous allons faire notre deuxième pause.

 18   Mais, Maître Gajic, avant la pause, je vous donne la parole.

 19   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, au compte rendu

 20   d'audience, à la page 68, ligne 3, dans la version en anglais, il est

 21   mentionné : "Document de la liste 65 ter 4052, D49." Le document D49 est un

 22   document totalement différent.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Les employés du Greffe confirment

 24   cela. Dans la liste des documents que nous avons reçue de l'Accusation, la

 25   dernière mise à jour, il semble mentionner qu'il s'agisse du même document.

 26   Je propose que ceci fasse l'objet d'une vérification durant la pause.

 27   Nous levons la séance, et nous reprendrons à 18 heures 20.

 28   --- L'audience est suspendue à 17 heures 53.


Page 13621

  1   --- L'audience est reprise à 18 heures 23.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, avant de lever

  3   l'audience à la pause précédente, nous avons eu une discussion sur le

  4   numéro d'un document précis, et on m'a dit qu'en fait, une erreur avait été

  5   commise à ce sujet. Est-ce que vous pourriez corriger le compte rendu

  6   d'audience ?

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. En fait, il

  8   s'agissait du document de la liste 65 ter 4052, donc oubliez la référence

  9   qui commençait par la lettre "D". Il s'agissait du document de la liste 65

 10   ter 4052, et donc je suppose qu'il faut lui donner une cote.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous n'avez pas versé ce document ?

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Apparemment non, et j'aurais dû le faire.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Dans ce cas-là, nous allons accepter

 14   le versement de ce document au dossier.

 15   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Elle deviendra la pièce P2207.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 17   Maintenant, c'est à M. Tolimir de vous poser des questions, Monsieur le

 18   Témoin, durant le contre-interrogatoire.

 19   Monsieur Tolimir, j'ai remarqué que vous aviez évalué la durée de votre

 20   contre-interrogatoire à huit heures. L'Accusation a utilisé un peu plus de

 21   six heures.

 22   Vous vous souviendrez que notre collègue, le Juge Mindua, a mentionné

 23   la pratique adoptée dans d'autres Chambres de première instance en ce qui

 24   concerne l'utilisation du temps à utiliser par le contre-interrogatoire.

 25   C'était le 14 avril, c'est à la page 12 789 du compte rendu d'audience.

 26   Vous vous souviendrez que le Juge Mindua avait donné un aperçu de la

 27   manière dont les autres Chambres de première instance traitaient de la

 28   question que je viens de mentionner.


Page 13622

  1   Dans la plupart des cas, le temps de l'interrogatoire principal et du

  2   contre-interrogatoire des témoins comparaissant dans le prétoire doivent

  3   être équilibrés. Par conséquent, je voudrais vous rappeler, Monsieur

  4   Tolimir, que même si nous ne souhaitons pas dès le départ limiter la durée

  5   de votre contre-interrogatoire, étant donné qu'il s'agit d'un témoin très

  6   utile, je vous demande cependant d'être vigilant quant au temps que vous

  7   allez utiliser, et d'utiliser donc le temps qui vous est imparti à bon

  8   escient et de manière efficace en vous concentrant sur les questions qui

  9   sont vraiment pertinentes et qui sont liées aux chefs d'accusation qui sont

 10   retenus contre vous. Veuillez garder ceci à l'esprit.

 11   Vous pouvez maintenant commencer votre contre-interrogatoire.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Encore une fois, je voudrais souhaiter la bienvenue à tout le monde et

 14   saluer tout le monde dans le prétoire, y compris M. Salapura, et je

 15   voudrais le remercier d'être venu déposer ici. Je suis ravi de le voir, et

 16   je voudrais lui demander un service.

 17   Après toute prise de parole de ma part, je lui demande de suivre le

 18   curseur sur l'écran, et lorsque le curseur ne bouge plus, il peut commencer

 19   à répondre à ma question, parce que sinon, nous allons parler en même

 20   temps, et nos réponses et nos questions ne figureront pas entièrement au

 21   compte rendu d'audience. C'est très important d'avoir tout consigné au

 22   compte rendu d'audience. Donc je vous demande d'attendre un petit peu à la

 23   fin de mes questions. Quelques secondes suffiront, et ensuite, vous pouvez

 24   donner votre réponse.

 25   Contre-interrogatoire par M. Tolimir : 

 26   Q.  [interprétation] Donc, Monsieur Salapura, le Procureur vous a posé des

 27   questions concernant Uran. C'est à la page 67 du compte rendu d'audience,

 28   ligne 10. Le Procureur vous a demandé s'il semblait logique que M. Tolimir


Page 13623

  1   demande à ses subordonnés de ne pas envoyer de télégrammes par des voies

  2   non sécurisées, et vous avez répondu : Oui. Alors, est-ce que vous pourriez

  3   nous dire s'il y avait dans ce télégramme des éléments qui pourraient être

  4   décrits comme étant répréhensibles au pénal - et je parle de leur contenu -

  5   ou s'il n'y avait que des éléments qui portaient sur les activités de

  6   combat ?

  7   R.  Les télégrammes que nous recevions ? Est-ce que vous mentionnez les

  8   télégrammes que nous recevions durant la période où j'étais basé au poste

  9   de commandement ?

 10   Q.  Merci. Je faisais référence aux télégrammes que j'envoyais, soit à

 11   votre intention soit ceux que vous envoyiez à mon intention par le poste

 12   d'Uran, c'est-à-dire au niveau du commandement du Corps de la Drina. Et

 13   vous pouvez nous dire également si le poste de commandement avancé du Corps

 14   de la Drina, s'ils avaient des lignes de communication sécurisées avec

 15   l'état-major principal ?

 16   R.  Je ne pense pas qu'il y avait beaucoup de télégrammes de ce genre.

 17   Peut-être un ou deux de ce type-là ont été reçus au poste de commandement,

 18   télégrammes que vous aviez envoyés. Autant que je me souvienne, ce cas de

 19   figure se produisait très rarement. Quant aux télégrammes que moi

 20   j'envoyais, je pense que je n'ai envoyé qu'un seul télégramme de ce genre à

 21   votre attention, et il s'agissait en fait d'une synthèse d'informations que

 22   j'avais présentée au commandant, de façon à ce que vous preniez

 23   connaissance également de cela, et cela concernait l'offensive croate

 24   contre la VRS. Et c'était normal en fait, nous nous devions d'utiliser des

 25   filières de communication protégées. C'était la règle que nous devions

 26   appliquer lorsqu'il y avait des activités de combat en cours. Et si ce

 27   n'était pas possible, nous utilisions ce qu'on appelle un langage codé TKT

 28   afin de protéger les informations durant la brève période qui concernait


Page 13624

  1   les activités de combat.

  2   Q.  Merci, Monsieur Salapura. Alors étant donné que vous étiez absent, ou

  3   plutôt que vous étiez en congé de maladie pendant cette période, est-ce que

  4   vous pouvez me dire si vous saviez s'il existait une ligne téléphonique

  5   dont le nom de code était Uran et qui pouvait être utilisée par le

  6   commandant du corps pour envoyer des messages non sécurisés, et ensuite

  7   cela était relayé par les agents de la communication au destinataire, de

  8   telle façon que la communication soit protégée et sécurisée ?

  9   R.  Ecoutez, je ne me souviens pas de ce nom de code Uran.

 10   Q.  Est-ce que vous vous souvenez d'un téléphone qui peut recevoir un

 11   message oral, et l'opérateur qui se trouve à cet endroit-là, près du

 12   téléphone, peut transcrire cela en un message écrit, et ensuite le relayer

 13   à un destinataire ? Vous vous en souvenez, de cela ?

 14   R.  Oui, oui, c'était possible. Vous savez pertinemment que nous avions

 15   deux téléphones auprès desquels travaillaient deux opérateurs. En fait, ce

 16   qu'ils faisaient c'est qu'ils brouillaient l'information non sécurisée,

 17   ouverte, directe, et ensuite, lorsqu'ils l'envoyaient, elle était chiffrée.

 18   Cela faisait partie de nos services, effectivement.

 19   Q.  Merci. Alors, pour ce qui est de notre secteur, de notre

 20   administration, est-ce que notre administration pouvait justement demander

 21   la protection de communications ou de conversations au cours desquelles

 22   figuraient des renseignements sur les unités et les activités, par exemple

 23   ?

 24   R.  La plupart de notre information était protégée, sécurisée.

 25   Q.  Bien. Mais dans ce télégramme, vous voyez qu'il est indiqué :

 26   "Mico, dis à Pepo et à mon peuple."

 27   Dans une conversation, lorsque vous dites "Pepo", est-ce que cela

 28   correspond à l'institution qui est dirigée par Pepo ?


Page 13625

  1   R.  Je n'ai pas dit cela au Procureur, mais c'était votre pratique. Je n'en

  2   étais pas sûr, mais bon, merci d'aborder cette question. Par exemple, dans

  3   le télégramme, lorsqu'il est indiqué que quelqu'un doit se rendre auprès de

  4   Pajo ou doit se présenter au rapport près de Pajo, cela ne fait pas

  5   forcément référence à Pajo à proprement parler, mais à l'endroit où il se

  6   trouvait à Vlasenica. Ou lorsque vous dites : "Cedo", par exemple, c'est

  7   une référence à l'endroit où se trouve cette personne. Donc cela peut vous

  8   permettre de comprendre l'endroit où se trouve la personne. Ce n'était pas

  9   quelque chose qui était une référence directe à ma personne, mais à

 10   l'administration. C'est la pratique qui était retenue chez nous. Bon, ce

 11   n'était pas ce que moi je faisais. Il y avait plusieurs us et coutumes, en

 12   fait.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il se peut qu'il s'agisse d'un problème

 15   d'interprétation, mais maintenant ils font référence tous les deux à une

 16   conversation interceptée et à un télégramme. Il n'y a pas de référence 65

 17   ter qui nous a été donnée. Donc si nous ne corrigeons pas de suite, cela va

 18   être un problème, parce que je sais pertinemment qu'ils parlent de la

 19   conversation interceptée avec Pepo et Mico. Nous venons d'en parler, de

 20   cette conversation.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, pourriez-vous

 22   demander des précisions au témoin ? Est-ce que vous faites référence à

 23   cette conversation interceptée justement ?

 24   M. TOLIMIR : [interprétation]

 25   Q.  Monsieur Salapura, on vous a montré le texte d'une conversation

 26   interceptée dont je ne sais d'ailleurs rien. Mais le fait est que dans

 27   cette conversation interceptée, les propos que j'adresse à Mico sont cités.

 28   Apparemment, j'ai dit : Dites à Pepo de…, et cetera, et cetera. Ce "Pepo",


Page 13626

  1   est-ce que c'est une référence à la personne ou au lieu où se trouvait la

  2   personne ?

  3   R.  Bien, il s'agissait manifestement d'une communication radio, d'une

  4   communication téléphonique non sécurisée, et là, vous faites référence à

  5   l'administration. Et je le dis en prenant en considération la façon dont

  6   vous vous êtes exprimé pendant la guerre.

  7   Q.  Je vous remercie, Monsieur Salapura.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je souhaiterais que le document P2206 soit

  9   affiché à l'écran. C'est un document qui porte la date du 16 janvier 1996.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] En attendant que ce document ne soit

 11   affiché, j'aimerais apporter une correction au compte rendu d'audience. Il

 12   a été consigné à tort, à la page 21 [comme interprété], ligne 9, la cote

 13   "7630" et, en fait, ce que nous devrions avoir c'est "65 ter document

 14   7360".

 15   M. TOLIMIR : [interprétation]

 16   Q.  Monsieur Salapura --

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Un moment, je vous prie. Ah non, je

 18   vois qu'il y a une erreur qui a été commise à nouveau. J'ai dit :

 19   "'Document 7360 de la liste 65 ter' au lieu du document '3760'." Je vous

 20   remercie.

 21   Monsieur Tolimir, je vous en prie. Poursuivez.

 22   M. TOLIMIR : [interprétation]

 23   Q.  Monsieur Salapura, vous pouvez voir ce document qui d'ailleurs vous a

 24   été montré par le Procureur ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Vous le connaissez, ce document, et j'aimerais vous poser une question

 27   à ce sujet. Par ce document, avez-vous essayé de dissimuler quoi que ce

 28   soit aux organes chargés de faire respecter la loi ou est-ce que vous


Page 13627

  1   essayiez tout simplement de faire en sorte que ces personnes fassent

  2   l'objet d'une surveillance ?

  3   R.  Non, non, non. Regardez la date, la date du 16 janvier 1996. Alors, au

  4   vu de cette date, je peux maintenant dire ici dans ce prétoire que depuis

  5   l'année 2001, j'ai eu quelques problèmes de mémoire de chiffres et des

  6   dates, mais j'ai réfléchi à tout cela -- bon, c'est vrai que j'avais dit le

  7   mois de mars. J'ai eu un incident vasculaire, une rupture d'anévrisme

  8   légère, et le fait est que de ce fait j'ai des problèmes. Et lorsque les

  9   gens me posent des questions à propos de dates, de chiffres, j'ai des

 10   problèmes. Mais le fait est que ce télégramme a été envoyé au ministère de

 11   l'Intérieur, et moi je pensais -- en fait, j'avais insisté pour que ce

 12   texte soit envoyé directement à Bijeljina. Toutefois, il semble qu'ils

 13   l'ont envoyé au ministère de l'Intérieur, qu'ils ont envoyé une demande

 14   officielle. Mais ce n'est pas un document qui a été envoyé pour dissimuler

 15   quoi que ce soit. Le but du document, l'objectif, était tout à fait

 16   différent.

 17   Ces soldats, dont l'un d'ailleurs était Musulman, les autres étaient

 18   Croates, et il y avait également des Serbes, mais je ne sais pas combien de

 19   Serbes. Bon, ils étaient huit en tout, comme nous pouvons le constater à la

 20   lecture des documents.

 21   Je pensais véritablement que c'était quelque chose qui s'est passé

 22   plus tard, mais maintenant j'ai vu la date et j'y ai beaucoup réfléchi. Je

 23   peux maintenant vous dire que cela a été envoyé parce que les personnes en

 24   question habitaient à Bijeljina, avaient des résidences à Bijeljina. Donc

 25   les gens ne les connaissaient pas, parce qu'en fait ils n'étaient pas

 26   originaires de Bijeljina. Et pendant que tout cela se passait, le but

 27   recherché était de faire en sorte qu'ils ne soient pas exposés à des

 28   problèmes, des problèmes qui auraient pu être provoqués par leurs voisins


Page 13628

  1   par exemple. Vous savez, c'était très facile de les retrouver par la suite.

  2   D'ailleurs, les journalistes les ont trouvés. Ils les ont retrouvés par la

  3   suite.

  4   Q.  Merci. Alors, si le commandant de l'état-major principal vous avait

  5   demandé d'obtenir ou de délivrer des cartes d'identité personnelle à ces

  6   personnes qui faisaient partie des unités, des unités de reconnaissance et

  7   de sabotage, s'il vous a demandé de leur fournir d'autres noms lorsqu'ils

  8   se rendaient dans un territoire étranger -- c'est cela, en fait ? Est-ce

  9   que c'est cette tâche qui vous a été confiée ?

 10   R.  Oui, ils nous ont demandé de délivrer des documents d'identité, mais je

 11   ne pense pas que ce soit le cas là. Je pense que cela a été délivré pour

 12   des raisons différentes.

 13   Q.  Merci. C'est la raison pour laquelle je vous ai posé la question. Est-

 14   ce qu'il y a des crimes qui ont été dissimulés ? Est-ce que vous avez

 15   fourni leurs noms véritables lorsque vous avez essayé d'obtenir d'autres

 16   noms pour eux ?

 17   R.  Oui, leurs noms véritables et leurs coordonnées ont été fournis. Puis

 18   deuxièmement, avant une mission particulière, ils recevaient des documents

 19   d'identité tout à fait différents.

 20   Q.  Merci. Mais est-ce que cela s'est passé juste après la signature des

 21   accords de Dayton, même avant donc l'échéance des 120 jours, qui était donc

 22   la date butoir pour la séparation des forces, après la signature de

 23   l'accord j'entends ?

 24   R.  Ecoutez, moi je ne sais pas quand est-ce que les 120 jours arrivaient à

 25   échéance. Les accords de Dayton ont été signés en novembre, n'est-ce pas;

 26   c'est cela ? Oui. Mais écoutez, là, je ne sais pas si les 120 jours

 27   s'étaient écoulés. Non, manifestement non. Non, non, puisque six mois ne

 28   s'étaient pas passés depuis cette date-là.


Page 13629

  1   Q.  Merci, Monsieur Salapura. A plusieurs reprises il vous a été demandé si

  2   vous aviez envoyé des lettres personnelles au ministre des Affaires

  3   étrangères, tout comme vous l'avez fait pour le ministre de l'Intérieur.

  4   Donc, est-ce que vous pouvez répondre à la question que je vais vous poser

  5   maintenant : étiez-vous habilité par le commandant et par le président de

  6   la république pour fournir des renseignements dans le cadre des

  7   négociations du Groupe de contact, est-ce que vous étiez donc habilité pour

  8   fournir des renseignements au ministre des Affaires étrangères, qui était,

  9   ne l'oublions pas, le chef de la délégation qui se chargeait de tous les

 10   contacts avec les représentants internationaux qui ont fait office de

 11   médiateurs lors de la rédaction de l'accord de paix ?

 12   R.  Oui. Mais cela, je ne l'ai pas expliqué. J'ai estimé que ce n'était pas

 13   la peine que j'explique cela, parce qu'il n'y a rien de polémique là-

 14   dedans. J'étais effectivement habilité pour ce faire, mais mon secteur ne

 15   s'occupait pas seulement de la compilation et de la collecte de

 16   renseignements militaires, mais également de la collecte de renseignements

 17   politiques, diplomatiques et de tout autre type de renseignements secrets.

 18   Donc vous aviez tout cet éventail en quelque sorte, et il y avait des

 19   missions qui n'intéressaient ni le chef d'état-major, qui n'intéressaient

 20   pas non plus le chef du secteur, mais qui n'intéressaient que le ministre

 21   des Affaires étrangères, par exemple, ou le ministre de l'Intérieur, ou un

 22   autre ministre. Donc nous, nous avons, par exemple, obtenu des

 23   renseignements qui pouvaient intéresser le ministère du Commerce ou

 24   d'autres ministères ou qui pouvaient représenter un intérêt particulier

 25   pour le président de la Republika Srpska. Et ce genre de renseignements, je

 26   pouvais les relayer directement. C'est ce que j'ai fait d'ailleurs. Et ces

 27   renseignements ont été reçus par le chef du secteur, M. Tolimir, ainsi que

 28   par le commandant pour lequel le renseignement était intéressant.


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  1   Q.  Je vous remercie, Monsieur Salapura. Il vous a également été demandé si

  2   vous avez interrogé des prisonniers de guerre que vous aviez vus dans la

  3   cour de récréation ?

  4   R.  Je n'ai jamais interrogé un seul prisonnier de guerre pendant toute la

  5   guerre. Moi personnellement, je ne l'ai jamais fait.

  6   Q.  Merci bien.

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demanderais que l'on affiche la pièce 00662.

  8   Il s'agit d'un document émanant du soutien du renseignement des forces

  9   armées. Il s'agit d'un règlement de 1987.

 10   M. TOLIMIR : [interprétation]

 11   Q.  J'aimerais savoir si vous pourriez confirmer avec nous que l'armée de

 12   la Republika Srpska s'était basée sur les lois et sur le règlement de la

 13   République fédérale de Yougoslavie ?

 14   R.  Oui, puisque nous n'avions pas nos propres règlements. Nous nous

 15   basions également sur les règlements de l'ABiH ainsi que sur les règlements

 16   de l'armée croate, avant que nous ne rédigions nos propres règlements.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien. Alors, voyons maintenant la page qui

 18   porte sur les prisonniers de guerre. Il s'agit de la page 67, point 198.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] 198, je ne le vois pas. 158, vous voulez dire

 20   ?

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, 198, règlement selon lequel on interroge

 22   les prisonniers de guerre.

 23   Je demanderais au prétoire électronique de nous montrer --

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais ce n'est pas la page 67.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je suis vraiment désolé. Vous avez raison --

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais alors de quelle page s'agit-il

 27   maintenant, Monsieur Tolimir ?

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Il s'agit de la page 59 en anglais. Merci,


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  1   Monsieur le Président.

  2   Merci. Nous voyons le point 198, dans lequel on peut lire que :

  3   "L'interrogatoire des prisonniers de guerre est effectué par les

  4   organes du renseignement au sein du commandement de l'état-major par le

  5   biais d'organes créés à ces fins."

  6   M. TOLIMIR : [interprétation]

  7   Q.  J'aimerais savoir si le Corps de la Drina avait des prisonniers, et

  8   est-ce que c'est quelqu'un de l'état-major principal qui effectuait les

  9   interrogatoires ou bien est-ce que c'est à l'organe qui les a faits

 10   prisonniers et dans la zone duquel ils se trouvent, donc dépendamment du

 11   corps d'armée, qui devrait effectuer ces interrogatoires ?

 12   R.  C'est l'organe du renseignement du corps d'armée qui s'occupe de ce

 13   type de questions, du niveau du bataillon jusque vers le haut, dépendamment

 14   de l'importance des personnes arrêtées et des renseignements dont dispose

 15   cette personne. On pourrait également inclure l'organe chargé de la

 16   sécurité si ce dernier estimait que la personne était d'une importance

 17   particulière, ou un autre organe, s'il s'agit d'autres services

 18   particuliers, et dépendamment, bien sûr, des renseignements dont dispose

 19   cette personne. S'agissant maintenant de l'état-major principal, ce serait

 20   quand même assez rare. Moi je n'ai jamais interrogé qui que ce soit,

 21   jamais.

 22   Q.  Merci. Etant donné que ce règlement est encore affiché à l'écran,

 23   s'agissant de soutien à l'information des forces armées, et étant donné que

 24   vous étiez la personne la plus haut formée, vous étiez la personne la plus

 25   qualifiée à l'époque, pourriez-vous nous expliquer ce que représente cet

 26   appui du renseignement des forces armées ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

 27   Et en attendant, je demanderais aux personnes chargées du prétoire

 28   électronique de bien vouloir afficher la page 12, s'il vous plaît. C'est la


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  1   page 9 en anglais. Merci, Aleksandar.

  2   Voilà, nous avons ici le point 2 sous les yeux, s'agissant des dispositions

  3   générales. Et le point 2 se lit comme suit :

  4   "Le soutien du renseignement des forces armées fait partie de la Défense

  5   nationale et est basé sur les principes suivants", et cetera, et cetera.

  6   Voici ma question : est-ce que toutes nos activités faisaient partie de ces

  7   mesures générales que devaient suivre la Republika Srpska et l'armée de la

  8   Republika Srpska, son organisation armée, pour assurer que ces mesures

  9   soient respectées ? Donc, est-ce qu'il s'agit de mesures seulement ?

 10   R.  Je l'ai déjà dit, j'ai déjà expliqué ce que l'appui au renseignement

 11   représente lorsque M. McCloskey m'a posé des questions me demandant de

 12   décrire mes attributions, et par la suite j'ai fait référence à ces

 13   éléments précisément qui se trouvent à l'article 2. Effectivement, il

 14   s'agit du recueil de tous les renseignements sur l'ennemi, sur les

 15   activités de combat, sur les conditions atmosphériques sur le territoire,

 16   et cetera, donc tous les éléments qui peuvent être importants pour les gens

 17   se trouvant de notre ligne de front. Et, bien sûr, il y a des mesures

 18   nécessaires, toutes les mesures qui sont intéressantes pour la société,

 19   pour l'Etat et pour la Republika Srpska, que nous avions à respecter et qui

 20   pouvaient contribuer à la fin de la guerre et pour effectuer les objectifs

 21   escomptés.

 22   Q.  Merci, Monsieur Salapura. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, si

 23   le soutien du renseignement fait partie des fonctions de l'état-major et du

 24   commandement ?

 25   R.  Oui, bien sûr.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Alors, je ne voulais pas entrer dans les

 27   détails ici, mais j'aimerais que l'on se penche sur l'article 4. Pourrait-

 28   on, je vous prie, faire déplacer le document afin que nous puissions voir


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  1   l'article 4. C'est la page suivante en anglais et le dernier paragraphe en

  2   serbe.

  3   On peut y lire :

  4   "Le soutien du renseignement fait partie des fonctions du commandement et

  5   de l'état-major principal. Le contenu du soutien de l'intelligence est un

  6   processus constant dont l'intensité varie et elle implique ceci…"

  7   Et par la suite, on fait une liste, on énumère ce que tout ceci veut

  8   dire.

  9   M. TOLIMIR : [interprétation]

 10   Q.  Voilà ma question : est-ce que les états-majors et les commandements

 11   fonctionnaient de façon exclusive conformément aux règlement tels qu'ils

 12   sont décrits dans cet article, règlements pour le soutien du renseignement

 13   aux forces armées ?

 14   R.  Oui, parfois oui, parfois non. Cela dépendait. Parfois, on se pliait

 15   aux règlements, et dans d'autres organes, non. Par exemple, s'agissant de

 16   l'organe du Corps de Sarajevo-Romanija, nous n'avions pas tous les

 17   effectifs à notre disposition, donc certaines attributions n'étaient pas

 18   assignées. Des fois, on pouvait assigner une section ou une personne pour

 19   occuper ce poste ou mener à bien cette fonction du renseignement.

 20   Q.  Très bien. Merci. Lorsque le Procureur vous a posé une question dans le

 21   résumé, à savoir à quel moment vous avez vu Tolimir, et lorsque vous lui

 22   aviez dit que vous étiez ensemble avec Tolimir au séminaire de Knin,

 23   j'aimerais savoir est-ce que nous appartenions à la même organisation

 24   militaire à l'époque, et est-ce que nous appartenions au même district

 25   militaire à l'époque ?

 26   R.  Jusqu'à ce moment-là, non. Mais par la suite, oui. Donc, immédiatement

 27   avant ce séminaire, oui, nous appartenions à la même formation. Mais avant

 28   cela, non, ce n'était pas le cas. Vous étiez dans le district naval


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  1   militaire VPO, et c'était en Croatie. Vous faisiez partie du VPO, et vers

  2   la fin, lorsque les négociations s'étaient terminées, cette division

  3   faisait partie du 5e District militaire à l'époque.

  4   Q.  Est-ce que ceci veut dire qu'à l'époque, lorsque nous nous sommes vus

  5   tous les deux, nous étions tous au sein du 2e District militaire ?

  6   R.  Oui, nous étions tous les deux au sein du 2e District militaire.

  7   M. TOLIMIR : [interprétation]

  8   Q.  Dans son résumé, le Procureur vous a demandé si vous avez jamais été à

  9   Vukovar, et vous avez dit : Non, j'étais à Zagreb, et j'avais telles et

 10   telles attributions. Vous souvenez-vous de cela ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Alors, pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, je vous prie, nous

 13   dire et dire aux Juges de la Chambre également, s'agissant de Vukovar et de

 14   Zagreb, est-ce qu'il s'agissait de deux districts militaires distincts, et

 15   est-ce que vous auriez pu avoir des pouvoirs quelconques à Vukovar et

 16   l'inverse, est-ce que les gens de Vukovar pouvaient avoir des pouvoirs

 17   s'agissant des unités du 5e Corps d'armée qui étaient cantonnées à Zagreb ?

 18  R.  Non, absolument pas. Vukovar se trouvait dans le 1er District militaire,

 19   le district militaire de Belgrade, et le 5e District militaire ne pouvait

 20   pas avoir de pouvoirs à cet endroit-là. Il s'agissait d'une frontière qui

 21   était comme une frontière d'Etat, et dans le contexte d'activités

 22   militaires, cette frontière était en vigueur.

 23   Q.  Pourriez-vous nous dire à ce moment-là où et quand vous a-t-il fallu

 24   être transféré avec votre commandement à Sarajevo depuis le 5e District

 25   militaire de Zagreb ?

 26   R.  D'abord, le commandement était bloqué, à Zagreb, et pendant très

 27   longtemps, il était complètement isolé, avec toutes les communications qui

 28   étaient coupées. Et dans la soirée, cette installation faisait l'objet de


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  1   tirs par les forces croates et par le MUP et les ZNG. Nous étions donc

  2   constamment exposés aux tirs. Ensuite, on est parvenu à un accord relatif

  3   au retrait des hommes de Zagreb, et ceci avait été fait depuis Slunj.

  4   C'était déjà la fin de la guerre en Croatie. On avait déjà parvenu à un

  5   accord sur le cessez-le-feu, et le commandement a été transféré de là à

  6   Kosara. Et c'est là qu'il est resté en tant que 2e District militaire.

  7   Q.  Merci. Seriez-vous à même de nous dire --

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir, nous sommes à la

  9   fin de notre audience d'aujourd'hui. Vous pourrez continuer demain.

 10   Mais j'aimerais savoir si vous allez vous référer au document qui se

 11   trouve à l'écran dans votre contre-interrogatoire de demain ?

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'allais justement demander quelle était la

 13   zone de responsabilité telle qu'elle est décrite à l'article 5, et cela

 14   tombait sous la juridiction de M. Salapura. C'était à lui de nous parler de

 15   cette zone.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que c'est la juridiction du

 17   renseignement ?

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Très brièvement, si l'on me -- oui, mais je ne

 20   peux pas répondre à cette question.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Alors, à ce moment-là,

 22   nous allons lever la séance.

 23   Je voulais simplement savoir si vous vouliez demander le versement au

 24   dossier de ce document et si vous n'avez pas l'intention de vous en servir

 25   demain.

 26   Bien, je vois que vous opinez du chef. Très bien.

 27   Puisqu'il n'y a rien d'autre, nous allons lever la séance pour aujourd'hui.

 28   Et j'aimerais vous rappeler, Monsieur, que vous n'avez pas le droit


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  1   de discuter de la teneur de votre déposition avec personne.

  2   Nous allons lever l'audience maintenant. Nous reprendrons nos travaux

  3   demain après-midi dans la salle d'audience numéro II, si je ne m'abuse.

  4   Voilà, c'est dans la salle d'audience numéro II, à 14 heures 15. Merci.

  5   [Le témoin quitte la barre]

  6   --- L'audience est levée à 19 heures 00 et reprendra le mercredi 4 mai

  7   2011, à 14 heures 15.

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