Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Mardi 13 novembre 2001.)

  2   (L'audience est ouverte à 9 heures 30.)

  3   (L'accusé est déjà dans le prétoire.)

  4   (Interrogatoire principal supplémentaire de l'accusé, M. Mitar Vasiljevic,

  5   par Me Domazet.)

  6   (Audience publique)

  7   M. le Président (interprétation): Maître Domazet, à vous.

  8   M. Domazet (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

  9   Bonjour, Monsieur Vasiljevic.

 10   M. Vasiljevic (interprétation): Bonjour.

 11   Question: Monsieur Vasiljevic, en répondant à l'une des questions de M.

 12   Groome hier portant sur l'identité de celui qui avait acheté une bouteille

 13   d'eau-de-vie à partir de laquelle vous avez bu dans la rue Pionirska, si

 14   j'ai bien compris, il s'agissait d'une bouteille que vous aviez apportée

 15   vous-même, et vous avez dit que vous n'aviez pas déclaré auparavant que

 16   c'était Mujo qui était allait l'acheter, mais que c'était vous qui l'aviez

 17   amenée. Ai-je raison?

 18   Réponse: Oui.

 19   Question: Et vous avez également indiqué que vous pensiez que votre

 20   déclaration relatait la chose de cette façon-là, n'est-ce pas?

 21   Je me propose de vous donner lecture de cette déclaration datée du 17

 22   novembre en BCS, et je vous prierai de nous dire si c'est bien ce que vous

 23   pensiez dire.

 24   En page 78 de la version BCS, je cite:

 25   "Non, je suis parti prendre de l'alcool, alcool que j'ai bu avec Mujo et


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  1   son voisin dont j'ignore le nom. Je ne portais rien.

  2   - Question: C'est donc vous qui l'aviez apportée?"

  3   Et vous avez répondu: "Oui, oui ".

  4   A la question suivante: "La bouteille", vous avez répondu: "J'ai demandé à

  5   Mujo si on allait boire. Il avait dit que oui, je suis allé l'acheter.".

  6   Question: "Une fois de plus…". Fin de citation.

  7   Je crois que vous aviez dit que c'était lui qui était allé l'acheter, et

  8   vous avez répondu à ce moment-là: "Non, non c'était moi ".

  9   D'après ce que j'ai compris, ce qui s'est passé, c'est que vous ne l'aviez

 10   pas achetée à ce moment-là, mais vous l'aviez sur vous, l'ayant achetée

 11   auparavant, n'est-ce pas?

 12   Réponse: Oui.

 13   Question: Hier, en répondant à une question relative à votre séjour à

 14   l'hôpital, à deux reprises vous avez parlé de votre passage en

 15   neurochirurgie. Cela est-il exact, ou pensiez-vous dire neuropsychiatrie?

 16   Réponse: Je m'excuse, je pensais à la neuropsychiatrie. J'ai confondu,

 17   parce que j'étais en département de neurochirurgie une fois que j'ai eu

 18   cette opération à la colonne vertébrale.

 19   Pour autant que je le sache, il n'y a pas de département de neurochirurgie

 20   à l'hôpital d'Uzice.

 21   M. Domazet (interprétation): Parlant de l'hôpital et répondant à la

 22   question de M. Groome relative à certains photographies et dessins ou

 23   croquis, vous aviez dit qu'il vous arrivait souvent que des malades vous

 24   collaient sur le mur au-dessus de votre lit des photos de cheval pour

 25   plaisanter avec vous, pour se moquer de vous. Cela laissait donc entendre


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  1   que les autres patients savaient que vous étiez tombé de cheval?

  2   M. Vasiljevic (interprétation): Oui, ils le savaient et ils plaisantaient.

  3   Que vouliez-vous qu'ils fassent? Ils ne savaient que faire d'eux-mêmes.

  4   M. le Président (interprétation): Je voudrais vous rappeler la nécessité

  5   de ne pas parler trop vite et de procéder à des pauses pour permettre aux

  6   interprètes de faire leur travail. Je vous remercie.

  7   M. Domazet (interprétation): Certainement. Merci.

  8   Monsieur Vasiljevic, s'agissant de (expurgé), d'après les

  9   explications que vous avez données et les réponses apportées à M. Groome

 10   concernant un document écrit qui avait été mentionné par des témoins, vous

 11   avez répondu -et là, je voudrais que nous reconfirmions la chose pour être

 12   précis-, je voudrais que vous nous disiez, donc: vous souvenez-vous

 13   d'avoir rédigé cette attestation? Et vous aviez, je crois, répondu que

 14   vous aviez dit, en répondant à l'une des questions de M. Groome, qu'il

 15   pouvait s'agir de votre numéro de téléphone et de votre adresse et de rien

 16   d'autre, n'est-ce pas?

 17   Réponse: Oui. Je ne pouvais rien écrire d'autre.

 18   Question: Monsieur Groome vous a également demandé si (expurgé)

 19   connaissait votre adresse étant donné que, d'après votre témoignage, ce

 20   dernier passait constamment devant votre maison. Et moi, je voudrais

 21   savoir s'il était, à quelque reprise que ce soit, entré chez vous et s'il

 22   connaissait votre numéro de téléphone auparavant?

 23   Réponse: Non. Je pense que les villageois ne connaissaient pas ce numéro

 24   de téléphone. Ils ne le connaissaient pas, certainement.

 25   Question: Monsieur Vasiljevic, à l'une des questions de M. Groome


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  1   concernant le nettoyage de la ville, je voudrais savoir si la sanction qui

  2   avait été prononcée à votre égard avait consisté à ne pas être emprisonné

  3   mais à nettoyer la ville. Je crois que vous aviez confirmé cela mais je

  4   voudrais savoir si l'on vous a donné, délivré un document portant sur la

  5   peine prononcée à votre égard, ou si le fait de nettoyer était une sorte

  6   d'obligation de travail vous concernant, ou alors une peine substituant la

  7   peine d'emprisonnement?

  8   Réponse: C'était une sorte d'obligation de travail, mais il ne m'avait pas

  9   dit que j'allais être incarcéré et, par la suite, je me suis cassé la

 10   jambe. Mais il se peut que… On aurait pu me créer des problèmes, créer des

 11   problèmes à toute personne évitant de se rendre sur le front. Je sais que

 12   certains ont fini par êtres incarcérés pour cette raison-là.

 13   Question: Monsieur Groome vous avait demandé comment il se faisait que

 14   vous aviez osé déclarer ou rapporter l'affaire de Sase au chef de la

 15   police Tomic sans appréhender ou redouter les conséquences? Donc, je

 16   voudrais savoir si vous aviez confiance, si vous faisiez confiance au chef

 17   de police Tomic pour lui dire quelque chose qui pourrait vous mettre en

 18   péril, ou c'était autre chose?

 19   Réponse: Eh bien, il était chef de la police mais nous étions voisins,

 20   nous n'étions pas voisins habitant côte à côte; c'est-à-dire ce n'était

 21   pas le premier de mes voisins, mais nous habitions près l'un de l'autre,

 22   dans la même rue.

 23   Question: S'agissant des condamnations dont vous avez fait l'objet,

 24   Monsieur Vasiljevic, pour le fait d'avoir chanter des chants, vous et

 25   certaines autres personnes, pouvez-vous vous rappeler en quoi consistait


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  1   le jugement que l'on vous avait porté? S'agissait-il d'un chant ou de

  2   plusieurs chants?

  3   Réponse: Le jugement fait état d'un chant.

  4   Question: Et s'agit-il de plusieurs vers ou d'une seule strophe qui a fait

  5   l'objet de cette sanction?

  6   Question: Il s'agissait d'une chanson qui, peut-être, comporte une dizaine

  7   de mots.

  8   Question: Quand il s'agit de l'autre cas, vous nous avez vaguement dit

  9   qu'il s'agissait d'un conflit avec un voisin, et cela portait sur une

 10   histoire avec votre sœur. Je voudrais que vous expliquiez ici ce qui a

 11   occasionné ce type de réaction de votre part à l'égard de votre sœur.

 12   Réponse: Eh bien, ce voisin avait toujours charrié ma sœur. Il avait

 13   d'ailleurs été en prison, il avait été traîné devant les tribunaux. Il

 14   l'avait taquinée et je l'avais averti, puis je l'ai frappé et j'ai dû me

 15   présenter devant un tribunal pour être condamné à quatre mois de prison et

 16   un an avec sursis.

 17   Question: Il s'agissait donc d'un sursis, d'une peine conditionnelle;

 18   c'est-à-dire que cela signifiait une peine d'emprisonnement de 4 mois si

 19   cela se répétait?

 20   Réponse: Oui, c'était un sursis d'un an.

 21   Question: Mais cela ne s'est pas répété et la peine prononcée n'a jamais

 22   été appliquée, n'est-ce pas?

 23   Réponse: Non.

 24   Question: S'agissant d'une question de M. Groome, je crois qu'il avait

 25   considéré que vous étiez le seul ou pratiquement le seul à savoir que les


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  1   gens de Koritnik se trouvaient dans la rue Pionirska. Maintenant je

  2   voudrais savoir, étant donné que vous avez ouï dire au cours de ce procès,

  3   que ces gens-là avaient traversé le pont de Rvez pour aller à l'hôtel de

  4   Visegrad, puis ils sont revenus par le pont de Rvez vers la rue Pionirska.

  5   Je voudrais savoir s'il s'agit du centre-ville au sens strict du terme,

  6   s'il y a beaucoup de gens qui habitent là, et si beaucoup de gens ont pu

  7   voir la chose?

  8   Réponse: Est-ce que vous parlez du centre-ville en vous référant à la

  9   Pionirska ou à autre chose, quand vous dites centre-ville?

 10   Question: Je parle de leurs déplacements de l'hôtel Visegrad par la ville,

 11   par le pont de la Rvez jusqu'à la rue Pionirska. Et l'accès à la rue

 12   Pionirska qui, elle, si je ne me trompe, commence à partir de la rue

 13   principale qui va vers Uzice.

 14   Réponse: Eh bien, il pouvait y avoir pas mal de gens. C'est une ville, il

 15   y a des immeubles d'habitations et, si j'ai bien compris, ils avaient été

 16   au poste de police puis ils sont allés vers la Croix-Rouge, d'après ce

 17   qu'on leur avait dit de faire. Ensuite, dans la Pionirska il y avait, vers

 18   l'école, il y avait des soldats à proximité. Il n'est pas question que

 19   j'aie été le seul à le savoir. Vous avez d'ailleurs pu vous rendre compte

 20   qu'ils ont fait un trajet, tout un trajet.

 21   Question: En répondant à l'une des questions posées par M. Groome et

 22   afférente au cheval que vous êtes allé chercher et ce que vous aviez

 23   l'intention de faire avec ce cheval, vous avez répondu que vous vouliez

 24   monter à cheval et que vous aviez l'intention de le relâcher, par la

 25   suite, à un endroit que vous aviez, je crois, désigné.


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  1   Ce que je voudrais savoir concrètement, c'est si vous aimiez à ce point

  2   les chevaux et l'équitation. Et si vous n'aviez pas, peut-être,

  3   l'intention de monter sur ce cheval et de le garder encore pendant un

  4   certain temps avant que de le relâcher par la suite?

  5   Réponse: Laissez-moi vous dire… Quand j'étais enfant, j'aimais les

  6   chevaux; nous avions un cheval dans la famille. Et jusqu'à la fin de mes

  7   études primaires, j'ai monté ce cheval, je suis tombé de ce cheval, je me

  8   suis blessé à la tête aussi. Je me suis fait de l'argent de poche pour

  9   payer les livres de classe et les livres de ma sœur. Et nous avions acheté

 10   des... J'aimais beaucoup les chevaux. J'ai éprouvé beaucoup de peine quand

 11   notre père avait vendu notre cheval. C'est un animal que j'apprécie

 12   beaucoup, et surtout le nôtre qui était un bon cheval.

 13   Question: Je pense qu'à Visegrad vous aviez dit qu'il y avait, à l'époque,

 14   deux imams ou deux hodzas -autre appellation pour dire imam dans notre

 15   langue-, n'est-ce pas?

 16   Réponse: Oui.

 17   Question: Où habitaient ces imams? En ville ou à l'extérieur?

 18   Réponse: En ville, tout près du restaurant Panos, au centre. Pour être

 19   plus précis: en contre-bas du restaurant Panos et des entrepôts, il y

 20   avait cette maison islamique où l'on enseignait la religion. Il y avait là

 21   leur maison. Je les connaissais tous les deux.

 22   Question: Est-ce que l'un quelconque des deux avait un cheval?

 23   Réponse: Non. Ils vivaient en ville, ils n'avaient pas de chevaux.

 24   Question: Et pendant ce temps là, étaient-ils en vie ou avez-vous ouï dire

 25   qu'il leur était arrivé quelque chose?


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  1   Réponse: Je n'ai rien ouï dire. Je pense qu'ils sont vivants tous les

  2   deux, de nos jours encore. Mais je pense que cela peut être confirmé par

  3   le hodza, l'imam. Je crois que la chose est tout à fait vérifiable, cela

  4   ne devrait pas poser de problème. L'un des deux était assez âgé et l'autre

  5   était plutôt jeune, donc l'un avait environ 65 ans et l'autre devait avoir

  6   à peine la cinquantaine.

  7   M. Domazet (interprétation): Je vous remercie, Monsieur Vasiljevic. Je

  8   n'ai plus de questions à vous poser.

  9   M. le Président (interprétation): A vous, Monsieur Groome.

 10   M. Groome (interprétation): Si vous le permettez, en page 78 du compte

 11   rendu en BCS, je voudrais que M. Domazet nous explique s'il se référait à

 12   l'interview du 17 novembre?

 13   M. Domazet (interprétation): Si je ne me trompe pas, en BCS, il s'agit de

 14   la page 78, il s'agit de l'interview du 17 mai. Sur cette page on ne le

 15   dit pas, mais je crois que cela se réfère à un entretien qui avait eu lieu

 16   le jour précédent. Donc je crois que l'on parle, ici, de la deuxième

 17   journée de votre interview.

 18   M. Groome (interprétation): Je voudrais poser une question à M. Vasiljevic

 19   parce qu'il me semble qu'il y a une petite confusion au niveau du compte

 20   rendu d'audience.

 21   M. le Président (interprétation): Mais pourquoi faire? Il s'agissait de

 22   questions supplémentaires. Vous pouvez contester certaines déclarations,

 23   mais cela figure déjà au compte rendu d'audience.

 24   M. Groome (interprétation): Oui, cela figure au compte rendu d'audience,

 25   mais je voulais apporter un éclaircissement concernant ce compte rendu.


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  1   M. le Président (interprétation): Non, il y a des questions

  2   supplémentaires qui ont été posées. Je crois que, maintenant, si j'ai bien

  3   compris, mes collègues voudraient poser des questions à M. Vasiljevic.

  4   (Questions à l'accusé, M. Mitar Vasiljevic, par Mme la Juge Janu.)

  5   Mme Janu (interprétation): Monsieur Vasiljevic, je voudrais que nous

  6   revenions à la situation qui avait été décrite par VG-81. Vous avez dit

  7   que vous connaissiez cette femme, ce témoin, que vous la connaissiez

  8   depuis longtemps. Elle a déclaré également qu'elle vous connaissait depuis

  9   des années déjà. Vous avez dit aussi que vous l'aviez reconnue dès son

 10   entrée dans la salle d'audience.

 11   La situation en question est survenue le 18 mai 1992, et je me réfère là

 12   au compte rendu d'audience, page 1220, ligne 18. Je me propose de vous

 13   donner lecture de ce qu'elle a dit au juste, je cite:

 14   "Je suis partie avec ma famille vers Kosovo Polje dans l'intention d'y

 15   travailler la terre. J'avais un panier avec des graines. A l'entrée, à la

 16   porte de la maison de M. Vasiljevic, il y avait Mitar avec sa femme et

 17   trois personnes en uniforme que je ne connaissais pas. Mitar Vasiljevic

 18   s'était approché de nous et voulait que je montre ma carte d'identité; il

 19   tenait en main ma carte d'identité, et il a dit: "Je ne voudrais pas avoir

 20   à te chercher". C'est ce qui est arrivé à midi, le 18 mai.". (Fin de

 21   citation.)

 22   Ma question: Si cet incident est survenu, pourquoi vouliez-vous sa carte

 23   d'identité, si tant est que vous la connaissiez depuis 15 ans, à ce

 24   moment-là?

 25   Et ma deuxième question est la suivante: qu'alliez-vous faire avec cette


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  1   carte d'identité?

  2   M. Vasiljevic (interprétation): Madame la Juge, pour ce qui est de la

  3   personne 81, je la connaissais très bien. Quand elle était jeune fille

  4   encore, elle habitait dans le voisinage à un kilomètre à peine de chez

  5   moi. Je connaissais également son époux. Je me demande pourquoi elle a

  6   raconté cela, parce qu'elle l'a inventé de toutes pièces. Je n'avais pas

  7   besoin de cette carte d'identité; je la connaissais, je connaissais son

  8   frère, je la connaissais depuis des années. J'avais travaillé dans un

  9   restaurant; elle, elle travaillait à l'assemblée municipale. Elle venait

 10   prendre son petit-déjeuner dans mon restaurant. Je la connaissais donc

 11   très bien.

 12   J'aimerais que son mari vienne ici témoigner de la chose, j'aimerais bien

 13   entendre ce que lui aurait à dire.

 14   Question: Si je vous ai bien compris, lorsque cette situation est

 15   survenue, vous étiez devant l'entrée de chez vous avec votre femme. Et

 16   elle passait, comme vous l'avez dit, avec son mari; elle avait dit, elle,

 17   avec sa famille. Mais vous n'avez donc pas demandé à ce qu'elle vous

 18   montre sa carte d'identité. Ai-je bien compris?

 19   Réponse: Je ne me souviens pas l'avoir vu passer du tout. Je ne pense pas

 20   que cela soit vrai. C'est ce qu'elle a raconté, mais moi, je ne l'ai pas

 21   vu. Elle l'a inventé. Je crois que ma femme pourra témoigner de la chose

 22   également. Et, même si je l'avais vue, pourquoi est-ce que je lui aurais

 23   demandé sa carte d'identité? Je ne vois du tout pas pourquoi.

 24   Question: Donc, vous êtes en train de nous dire que la situation n'est

 25   jamais survenue, n'est-ce pas?


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  1   Réponse: C'est cela, Madame la Juge. C'est ce que j'ai dit. Et on a parlé

  2   du 14, du 25, et j'étais déjà, à ce moment-là, à l'hôpital.

  3   Question: Monsieur Vasiljevic, pouvez-vous nous dire quelle était la

  4   profession de M. Lukic? Vous étiez garçon de café, et quelle est la

  5   profession de M. Milan Lukic?

  6   Réponse: Milan Lukic, à mon avis, a terminé ses études secondaires dans un

  7   métier, un métier de plombier. Mais je pense qu'il n'a jamais exercé ce

  8   métier, et je ne pense pas qu'il ait travaillé tant que ce soit. Je ne

  9   sais pas s'il a travaillé en Serbie. Je sais qu'il avait travaillé en

 10   Suisse et qu'il avait été tenancier dans une cafétéria, mais il n'a jamais

 11   pratiqué le métier qu'on lui avait enseigné à l'école et il était revenu

 12   de Suisse.

 13   Question: Merci. Pouvez-vous dire à cette Chambre, dans ce cas-là, à quel

 14   âge est-ce que l'on termine ce type de formation professionnelle?

 15   Réponse: La formation secondaire dure 11 ans, enfin la formation jusqu'à

 16   la fin du secondaire dure 11 ans. Donc il avait fait dans le métier, dans

 17   l'enseignement professionnel, 8 années de primaire et 3 années de métier,

 18   de classe professionnelle, ce qui fait un total de 11 ans.

 19   Question: Merci. Vous nous avez dit que vous n'aviez pas la possibilité de

 20   le fréquenter, qu'il était parti très tôt, qu'il avait travaillé à

 21   Obrenovac, en Suisse, en Allemagne et à d'autres endroits encore. Vous

 22   avez également dit qu'il y avait une différence d'âge considérable entre

 23   vous et lui, et tout cela a fait qu'il n'avait pas été présent sur le

 24   territoire de la municipalité de Visegrad et que son absence avait duré

 25   pendant des années, n'est-ce pas?


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  1   Réponse: Il n'avait certainement pas été présent après ses classes

  2   secondaires. Il a d'abord fait son service militaire pendant 15 mois mais

  3   il n'a, par la suite, pas travaillé à Visegrad. Quand il venait en

  4   vacances de Suisse, il venait pour peu de temps. Je ne le voyais que très

  5   peu et je le connaissais surtout pendant qu'il était enfant. Nous ne

  6   pouvions pas nous fréquenter. J'ai treize ans de plus que lui, je crois

  7   qu'il est né en 1967. Je travaillais déjà quand il était jeune homme.

  8   Question: Je pense donc dire vrai quand je dis qu'il n'avait pas été

  9   présent dans cette région-là pendant six ans parce qu'en 1992, il devait

 10   avoir 24 ans?

 11   Réponse: Oui, à peu près. C'est certain.

 12   Question: Bien. Toutefois, après toute cette absence prolongée de la

 13   région, j'imagine qu'il lui était difficile de connaître les gens, de

 14   savoir qui était qui, à qui appartenait telle ou telle autre maison.

 15   Ma question est la suivante: Milan Lukic vous a-t-il demandé des

 16   informations sur les gens? Vous a-t-il demandé qui était le propriétaire

 17   de telle ou telle maison, ou demandé quelle est l'appartenance ethnique de

 18   tel ou tel propriétaire de maison?

 19   L'autre question que je voudrais vous poser est de savoir si vous avez

 20   fourni ce type d'information à cet homme-là de votre plein gré?

 21   Réponse: Laissez-moi vous dire: pour ce qui est de la région de Micar(?)

 22   et Verlaval(?), il sait très bien quels sont les villages musulmans et les

 23   villages serbes. Il avait beaucoup de camarades d'école là-bas. Nous

 24   savons tous quels sont les villages musulmans et quels sont les villages

 25   serbes dans le coin. Pour ce qui est de la ville, je ne pense pas qu'il


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  1   ait pu savoir quelles étaient les maisons qui appartenaient aux Musulmans

  2   et celles qui appartenaient aux Serbes. Mais lui, je crois qu'il ne

  3   faisait pas le tri. Pour lui, ce qui importait, c'était de savoir si

  4   quelqu'un était musulman ou pas.

  5   Question: Mais pour revenir à ma question ou mes questions, vous a-t-il

  6   demandé de lui fournir des informations sur les gens, sur les

  7   propriétaires de certaines maisons? C'est cela, ma question. Je vous prie

  8   de me répondre par oui ou par non.

  9   Réponse: Non, non Madame le Juge. Il ne m'a jamais demandé de lui dire

 10   quoi que ce soit.

 11   Question: Il vous a jamais demandé. Mais avez-vous, à quelque reprise que

 12   ce soit, fourni à cet homme une information quelconque de votre plein gré,

 13   sans qu'il l'ait demandé?

 14   Réponse: Non.

 15   Question: Je voudrais attirer votre attention sur VG-14 qui a déclaré ici,

 16   en date du 13 septembre -et je me réfère à la page 4.3.6.1.7 du compte

 17   rendu d'audience, il s'agit de la ligne 1-7-, cette personne-là a dit

 18   qu'en date du 7 juin, lorsqu'ils s'étaient dirigés vers Sase, au moment où

 19   ils allaient traverser la Drina en voiture pour aller vers Sase, Mitar

 20   Vasiljevic aurait dit lorsqu'il s'était arrêté près d'une maison à Milan

 21   Lukic -et là, je cite ce que le témoin a dit- : "Ceci est une maison

 22   musulmane ". Fin de citation.

 23   Avez-vous dit cela? Et si oui, pourquoi?

 24   Réponse: Milan Lukic savait très bien quelles étaient les maisons

 25   musulmanes et les maisons serbes. Il passait là pendant trois ans. Alors


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  1   que la maison que l'on a montrée sur la photographie n'est pas une maison

  2   musulmane, mais une maison serbe. Le propriétaire s'appelle Kosoric

  3   Stojan.

  4   Question: Je ne connais pas la région mais d'après ce que le témoin VG-14

  5   a dit, lorsque vous vous êtes arrêtés vous avez dit à Milan Lukic qu'il

  6   s'agissait d'une maison musulmane; c'est ce qui est consigné dans sa

  7   déposition.

  8   Réponse: Au moment où on s'est arrêté, je n'étais pas avec lui dans la

  9   voiture. Il disait qu'il y avait six personnes dans un Passat… une Yugo.

 10   Question: Vous n'étiez pas avec lui dans cette voiture? Vous n'étiez pas

 11   avec Milan Lukic dans la même voiture?

 12   Réponse: J'étais dans la Yugo avec Miho Dzavic, une deuxième voiture.

 13   Question: Ma dernière question -et je vous remercie pour les réponses que

 14   vous venez de fournir-, ma dernière question ressort de la déposition où

 15   l'on suggère que M. Gavrilovic appartenait, ou avait une fonction au sein

 16   du SDS. Et après l'enterrement de votre cousin, vous avez parlé avec M.

 17   Gavrilovic, et puis que à Uzamnica… et que vous n'étiez plus en prison.

 18   Ma question est: est-ce que M. Gavrilovic est celui auquel vous avez

 19   parlé, avec qui vous avez parlé, et qui était un fonctionnaire officiel du

 20   SDS?

 21   Réponse: Oui, c'était la même personne. Mais il ne s'agissait pas

 22   d'Uzamnica; il était commandant à Bikavac. J'étais donc en prison à

 23   Uzamnica. Enfin, si, je lui ai dit que j'étais ramené à Uzamnica mais lui,

 24   il travaillait, il faisait partie du commandement qui se trouvait en haut,

 25   c'est-à-dire au niveau des hauteurs où se trouvait l'hôtel à Bikavac. Et


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  1   c'est une correction que je voudrais bien apporter à cette déposition.

  2   Question: D'après vous, quelle était la fonction de M. Gavrilovic, et est-

  3   ce que son prénom était Dragan?

  4   Réponse: Je le connais sous le prénom de Drago; peut-être que c'est

  5   Dragan, Drago ou même Dragomir. Et puis, c'était un homme qui avait un

  6   certain poids, une certaine influence au sein du SDS, peut-être pas au

  7   début de la guerre; à cette époque-là, c'était Branimir Savovic, mais je

  8   ne sais pas quelle a été l'année où il avait pris possession de ses

  9   nouvelles fonctions. Peut-être que c'était en 1994, 1995, mais je sais

 10   qu'à un moment donné il était président du parti.

 11   Question: Oui. Et il avait une certaine influence, un certain poids qu'il

 12   pouvait déployer au sein du parti?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Est-ce que c'est lui qui vous a confié, imposé ces tâches de

 15   nettoyage, de balayage des rues?

 16   Réponse: Oui. Il m'a dit, à peu près: "Nous sommes camarades d'école,

 17   chargés de l'organisation, de l'hygiène de la ville.". Et puis j'ai

 18   consenti, j'ai accepté ce travail.

 19   Question: Quelle était sa fonction au moment où il vous confiait

 20   l'exercice de ce devoir? Est-ce qu'il était votre commandant?

 21   Réponse: Non, il n'était pas commandant en chef. Oui, il avait une

 22   fonction au sein de l'armée, mais quelle était sa fonction? Mais il

 23   n'était pas le commandant en chef pour Visegrad. Oui, il avait une

 24   fonction au sein du commandement et il avait une influence déterminée.

 25   Question: Est-ce qu'il détenait une quelconque fonction au sein de la


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  1   Défense territoriale, la TO?

  2   Réponse: Je pense, et je ne suis pas tout à fait sûr, mais peut-être qu'à

  3   partir du 6 avril il était en charge, il était en quelque sorte commandant

  4   en chef, dirigeant dans le département militaire. Et puis plus tard, il y

  5   a eu Vinko Pandurevic, un capitaine qui était venu sur place. Mais au

  6   début, c'était lui qui avait la responsabilité des affaires

  7   d'organisation.

  8   Question: Ma dernière question: qui a décidé que vous ne recevriez plus

  9   d'armes au moment de votre sortie, ou après votre sortie d'Uzamnica?

 10   Réponse: C'était lui-même. J'avais remis, donc, mon arme et il n'a pas

 11   voulu me redonner une arme. Je ne voulais pas rejoindre la ligne de front.

 12   Question: Ceux qui faisaient partie du service régulier… Vous avez fait

 13   votre service militaire. Ce n'était pas quelque chose de normal. Vous nous

 14   avez dit que cette arme vous avait été remise contre un bordereau de

 15   réception. Mais, une fois qu'on vous a confisqué votre arme, est-ce que

 16   vous n'avez pas demandé qu'on vous délivre un certificat indiquant que

 17   vous n'étiez plus en possession d'une arme quelconque?

 18   Réponse: Il ne m'ont rien délivré. Lorsque je me suis entretenu avec lui

 19   au retour de Prelovo, donc au sein du commandement, il m'a confisqué mon

 20   arme. Il m'a dit qu'on allait m'incarcérer et que je ne serais pas nourri.

 21   Et puis, j'ai dit: "Oui. Une prison. Je ne mangerai pas mais je

 22   continuerai à faire ce que je faisais dans la ville.", et puis, c'est à ce

 23   moment-là que la police militaire s'est amenée.

 24   Question: "Je considérais comme étant normal, détention, confiscation de

 25   l'arme, nettoyage des rues…".


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  1   Enfin, vous avez dit que vous aviez peur, que la situation était

  2   dangereuse. Pourquoi êtes-vous resté sans arme après votre retour, après

  3   votre hospitalisation, après vos problèmes psychiatriques et puis, par la

  4   suite, on vous a donné une arme? C'était la période pendant laquelle vous

  5   étiez sans arme. Est-ce que vous pourriez me l'expliquer?

  6   Réponse: Vous pensez parce que j'étais à l'hôpital, donc pendant que

  7   j'étais à Visegrad? Je ne vous ai pas compris. Quand j'étais à Visegrad,

  8   j'avais une arme, donc avant d'être hospitalisé. Est-ce que c'est ce que

  9   vous me posez comme question?

 10   Question: Oui. Vous étiez détenu, vous avez été privé de votre arme mais

 11   vous avez été remis en liberté; vous avez reçu vos devoirs, donc nettoyage

 12   des rues. Est-ce que vous avez donc reçu votre arme? Une nouvelle fois, ma

 13   question, c'est… Je vous demande une explication et si vous n'aviez pas

 14   d'explication, est-ce que vous n'aviez pas d'explication en ce qui

 15   concerne cette arme et…?

 16   M. Vasiljevic (interprétation): Je n'avais pas besoin d'une arme. J'étais

 17   en ville et je n'avais pas besoin de cette arme, et je n'insistais pas

 18   pour l'avoir. Ce qui était important pour moi, c'était de ne plus être en

 19   prison. J'étais donc en ville.

 20   Mme Janu (interprétation): Merci.

 21   (Questions à l'accusé, M. Mitar Vasiljevic, par Mme la Juge Taya.)

 22   Mme Taya (interprétation): Lorsque vous avez été admis à l'hôpital

 23   d'Uzice, section urgences, qui a expliqué la cause de cette lésion? Est-ce

 24   que c'était vous ou quelqu'un d'autre?

 25   M. Vasiljevic (interprétation): Amené à l'hôpital à bord d'un véhicule,


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  1   j'ai été admis aux services de réception. Le chauffeur a remis les

  2   documents pertinents aux infirmières de service; on m'a fait une

  3   radiographie de la jambe. Le médecin de service était Dusko Jovicic, et le

  4   médecin qui reçoit et accueille le patient est celui qui en a la charge

  5   jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Donc, il s'agit du médecin qui accueille le

  6   patient. Oui, il y a d'autres médecins qui interviennent aussi, mais celui

  7   qui accueille le patient au moment de son arrivée est son médecin

  8   responsable.

  9   Donc on m'a fait une radiographie de la jambe. On m'a dit que les deux os

 10   était fracturés, je le savais déjà pendant que j'étais à Visegrad où cela

 11   m'a été dit par le Dr Loncarevic Goran, donc avant mon arrivée et accueil,

 12   réception à l'hôpital à Uzice.

 13   Mme Taya (interprétation): Qui est celui qui vous a expliqué la cause? Ou

 14   est-ce que c'est vous qui avez expliqué la cause de la lésion?

 15   M. Vasiljevic (interprétation): Oui, le chauffeur a remis la documentation

 16   mais moi aussi, j'ai répondu aux questions du médecin.

 17   M. le Président (interprétation): Est-ce que vous avez expliqué au docteur

 18   comment cette lésion, cette fracture a été provoquée? C'est ce que demande

 19   Mme la Juge Taya.

 20   M. Vasiljevic (interprétation): Est-ce que c'est à ce moment-là que j'ai

 21   expliqué au docteur, enfin, à ce docteur Jovicic? Mais plus tard, tout le

 22   monde savait que j'avais fait une chute de cheval. Pour être très sincère

 23   en ce moment précis, je ne sais pas s'il était présent au moment où l'on

 24   me faisait la radiographie de la jambe, enfin, tous ces techniciens qui

 25   opèrent les appareils de radiographie. Est-ce que je lui ai dit à ce


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  1   moment précis si j'ai fait cette chute de cheval? Peut-être qu'il ne m'a

  2   même pas posé la question.

  3   Enfin, je ne voudrais pas entrer dans ce détail pour dire si, oui ou non,

  4   je lui avais dit. Et je ne m'en souviens pas, en vérité. Mais, plus tard,

  5   ils l'ont appris, ils savaient tout.

  6   Mme Taya (interprétation): Est-ce que vous pouvez vous souvenir comment

  7   vous l'avez expliqué, même plus tard? Comment?

  8   M. Vasiljevic (interprétation): Je ne me souviens pas si je l'ai fait à ce

  9   moment précis. Est-ce qu'il avait constaté, d'après les radiographies, les

 10   radiographies même émanant de Visegrad, ainsi qu'il pouvait constater

 11   cette fracture? Mais est-ce que je lui ai dit à ce moment là, est-ce qu'on

 12   a parlé de ces fractures des deux os qu'il avait constatées sur la

 13   radiographie? Je ne m'en souviens pas véritablement.

 14   Question: Vous avez dit que vous aviez fait une chute dans un terrain

 15   plat, dans un champ de bataille?

 16   Réponse: Si je me souviens bien, sur ma feuille de sortie on parle de la

 17   région de guerre, de champ de bataille, enfin je ne sais pas quel en est

 18   le motif. Est-ce qu'il s'agissait de paiements, de remboursements des

 19   services et de tout ce que j'ai reçu comme soins à l'hôpital?

 20   Question: Est-ce que vous avez parlé de cela au docteur?

 21   Réponse: Tout le monde savait quelle est la cause de mon incident, de ma

 22   maladie. On faisait même des blagues à ce propos.

 23   Question: Est-ce que vous avez jamais reçu votre fichier médical, votre

 24   anamnèse, lorsque vous étiez en préparation pour le départ vers l'hôpital

 25   à Uzice?


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  1   Réponse: Je n'ai rien, je n'ai aucun autre document que ce qui figure, ce

  2   que représentent ces fiches de sortie d'hôpital. Et puis, ce que les

  3   médecins constatent de jour en jour, ça, un patient n'est pas en mesure de

  4   le savoir. J'avais seulement ma fiche de sortie.

  5   Question: Est-ce que vous travailliez ou non lorsque vous avez eu cette

  6   lésion, cette fracture de votre jambe?

  7   Réponse: Je pense qu'il ne m'ont pas posé cette question. Je ne le sais

  8   pas.

  9   Question: Est-ce que l'on vous a posé une question quant au jour et

 10   l'heure du moment où cette lésion s'est produite?

 11   Réponse: Non, ils le savaient ce jour-là même, parce que je devais être

 12   transféré de Visegrad à Uzice.

 13   Question: Ils pouvaient savoir donc le moment où vous êtes arrivé, mais

 14   ils pouvaient ne pas savoir la date et l'heure exacte de cette lésion, de

 15   cette fracture?

 16   Réponse: Mais je viens de vous le dire! C'est le jour même que j'ai été

 17   transféré de Visegrad à Uzice. Si quelqu'un me demandait quand cela s'est

 18   passé, donc le même jour, je lui dirais: aujourd'hui.

 19   Question: Est-ce que vous leur avez parlé de votre travail?

 20   Réponse: Personne ne m'a posé aucune question à cet égard.

 21   Question: Vous ne leur avez pas précisé que votre profession était celle

 22   d'un réserviste?

 23   Réponse: Mais oui, c'est ce qui est d'ailleurs noté dans la fiche de

 24   sortie: Défense territoriale. Vraisemblablement que j'ai répondu à toutes

 25   les questions qui m'avaient été ou qui m'auraient été posées.


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  1   Question: D'après les informations, vous aviez un travail ou non au moment

  2   et au jour de votre lésion, et ce sont des données qui sont essentielles

  3   pour votre assurance. Est-ce que cela est correct?

  4   Réponse: Oui.

  5   Question: D'après cette liste que vous avez et qui vous a été remise par

  6   le conseil de la défense, avez-vous consulté votre conseil avant leur

  7   présentation, sa présentation de cette liste?

  8   Réponse: Vous pensez à mon conseil de défense? Est-ce que je me suis

  9   consulté? Eh bien, c'étaient une vingtaine de jours et c'est ce qu'il m'a

 10   posé comme question.

 11   Question: Donc chaque fois, à chaque reprise que vous avez eue des

 12   consultations avec votre conseil?

 13   Réponse: Enfin, je ne vois pas ce que vous impliquez par votre question.

 14   Lorsque j'ai vu pour la première fois mon avocat Me Domazet en février

 15   2000, je lui ai dit qu'au moment où j'ai dû déposer pour la première fois

 16   devant la Chambre, où j'avais un conseil d'office, Slavica, eh bien, je

 17   lui ai parlé également de mon hospitalisation. Et puis lorsque Me Domazet

 18   est arrivé en février, je lui ai dit: "Il faut que tu te rendes à

 19   Visegrad, à Uzice à l'hôpital ".

 20   Question: 18 octobre 2001, le conseil vous a présenté une liste de

 21   témoins. Avant la réception de cette liste, avez-vous eu des consultations

 22   avec votre avocat de la défense?

 23   Réponse: Dans le sens de les faire inviter?

 24   Question: Non. Il s'agit des témoins et il s'agit de la teneur de leurs

 25   dépositions. Est-ce que vous vous êtes consultés avec votre conseil de la


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  1   défense à ce propos?

  2   Réponse: En ce qui concerne les témoins relatifs au volet médical, je lui

  3   ai parlé du Dr Loncarevic, du Dr Moljevic et Jovicevic à Uzice, et aussi

  4   les docteurs, les médecins du département neuropsychiatrie, et les

  5   infirmières, et le département de l'orthopédie. Enfin, ils ont suivi les

  6   dépositions des témoins et ils se sont donc portés candidats pour ces

  7   déclarations eux-mêmes.

  8   Question: Sur cette liste ne figure pas le nom du Dr Jovicevic qui vous a

  9   traité, accueilli comme cas urgent et sur cette liste donc, anamnèse de

 10   l'hôpital d'Uzice, il n'y a pas le nom du docteur Jovicevic.

 11   Et pourquoi n'a-t-il pas été cité sur la liste des témoins de la défense?

 12   Réponse: J'ai insisté auprès de Me Domazet, mais il m'a fait comprendre

 13   que le Dr Jovicevic devait subir une intervention chirurgicale sur sa

 14   colonne vertébrale, donc qu'il a des problèmes. Il s'agit du docteur

 15   Jovicevic.

 16   Question: Il n'y a plus non plus le nom du Dr Dragan et de l'infirmière

 17   qui a assisté à cette opération et qui a effectué cette opération le 15

 18   juin 1992 d'après l'anamnèse. Quelles sont les raisons pour lesquelles ces

 19   personnes non plus n'ont pas été citées?

 20   Réponse: L'infirmière de Dragan, enfin je connais son prénom, et le

 21   docteur Gorutic, je ne sais pas si Me Domazet s'était entretenu avec eux.

 22   Je pense qu'il serait le mieux placé pour vous l'expliquez.

 23   Question: Est-ce que vous avez été traité comme malade hors hôpital ou

 24   patient de jour?

 25   Réponse: J'ai été dans le département d'orthopédie. On m'avait foré le


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  1   talon et placé les contrepoids, et puis ma jambe a été plâtrée. Je me

  2   déplaçais t à l'aide de béquilles et puis, plus tard, j'ai été transféré

  3   au département de la neuropsychiatrie et j'y suis resté jusqu'au 28

  4   juillet 1992.

  5   Question: Après avoir quitté l'hôpital d'Uzice, vous avez été patient de

  6   jour, n'est-ce pas?

  7   Réponse: Non. J'ai été hospitalisé, et puis je suis revenu pour que l'on

  8   me fasse que qu'il est convenu d'appeler une botte, c'est-à-dire on

  9   m'avait coupé une partie de ce plâtre, et ensuite on m'a enlevé le plâtre

 10   et je faisais mes examens de contrôle à Visegrad. Cela a toujours été

 11   indiqué par le médecin. Je me rendais à Uzice. Je n'avais même pas besoin

 12   de me rendre à l'étage là où se trouve le département d'orthopédie, mais

 13   il me suffisait de me présenter au rez-de-chaussée; les médecins y avaient

 14   leur cabinet et le médecin en charge m'examinait.

 15   Question: Quel est le nom du spécialiste que vous venez de mentionner,

 16   dont vous venez de parler?

 17   Réponse: Vous dites à présent celui qui était le médecin de service? Je

 18   disais n'importe lequel des médecins, celui qui était de service, de

 19   faction, à ce moment-là.

 20   Question: Donc, cela changeait chaque fois?

 21   Réponse: Oui, pas nécessairement. Il y avait cinq ou six médecins qui

 22   travaillaient dans ce département d'orthopédie. Et puis, j'étais tenu de

 23   passer des contrôles au département de neuropsychiatrie. Et là, je devais

 24   me rendre vraiment dans le département de neuropsychiatrie.

 25   Question: Vous n'avez jamais cassé votre jambe droite?


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  1   Réponse: Non, jamais.

  2   Question: Beaucoup de témoins ont parlé d'un certain certificat que vous

  3   auriez écrit et que vous auriez remis à (expurgé). Et même après tous ces

  4   témoignages, vous ne pouvez pas vous souvenir d'avoir écrit un tel

  5   certificat?

  6   Réponse: Oui, je n'avais pas la responsabilité, cette responsabilité de

  7   pouvoir écrire un quelconque certificat. Ce que j'aurais pu écrire, c'est

  8   le numéro de téléphone ou le nom de ma rue.

  9   Question: C'est quelque chose qui est une question hypothétique: est-ce

 10   que vous n'auriez pas pu écrire un certificat de ce genre? Et si ce

 11   certificat était présenté à la police, est-ce que ce certificat, ce genre

 12   de certificat aurait pu garantir la sécurité des gens de Koritnik?

 13   Réponse: Vous pensez à ce certificat de la police? Mais j'étais une

 14   personne sans responsabilité. La police a ses cadres, ses officiers, ses

 15   commandants. Oui, ces gens-là pourraient même m'arrêter, je pourrais me

 16   faire arrêter si j'avais délivré un tel certificat.

 17   Question: Selon vous, un certificat de ce genre n'aurait jamais pu être

 18   efficace. Est-ce correct?

 19   Réponse: Oui, Madame la Juge.

 20   Question: Ma dernière série de questions concerne votre rapport sur

 21   l'incident de la rivière Drina, rapport que vous avez fait à la police,

 22   plus précisément au commandant Tomic. Vous avez rapporté sur le crime

 23   commis par Milan Lukic et vous estimiez que l'incident de la rivière Drina

 24   serait sujet d'une enquête. Est-ce correct?

 25   Réponse: Oui.


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  1   Question: Est-ce que, si vous connaissiez le lieu exact où se trouvait

  2   Milan Lukic, vous en auriez informé la police et les autorités chargées de

  3   l'instruction de l'enquête? Est-ce correct?

  4   Réponse: Oui. Vous pensez dans mon lieu de résidence?

  5   Question: Oui.

  6   Réponse: Je savais où j'étais, mais je savais aussi leur lieu de

  7   résidence; ils étaient à Banja à l'époque.

  8   Question: Votre attitude à propos de cet incident n'a pas changé à ce

  9   jour? Est-ce correct?

 10   Réponse: Je ne vous comprends pas très bien. Dans quel sens parlez-vous de

 11   mon comportement, de mon attitude?

 12   Réponse: Si vous, vous connaissez le lieu où se trouve Milan Lukic, même

 13   aujourd'hui, vous songeriez à communiquer cette information aux autorités

 14   chargées d'investigations, d'enquêtes de ce genre?

 15   Réponse: J'aurais bien aimé le savoir. Vraisemblablement, il pourrait se

 16   trouver en Serbie. J'aimerais bien qu'il soit arrêté. Et personne ne

 17   l'aurait souhaité davantage que moi-même. Je réponds de tous ses méfaits.

 18   Question: En 1997 ou 1998, vous avez été au baptême de la fille de Milan

 19   Lukic. Où est-ce que cette cérémonie de baptême a eu lieu?

 20   Réponse: Dans l'église à Visegrad.

 21   Question: Vous avez été informé de cette cérémonie de baptême avant la

 22   cérémonie elle-même?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Milan Lukic y était présent également?

 25   Réponse: Oui.


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  1   Question: Est-ce que vous avez communiqué ces informations à la police ou

  2   au service de la Sfor à Visegrad, qui s'y trouvait à l'époque?

  3   Réponse: Je savais où il se trouvait. Une fois transféré à Visegrad depuis

  4   la prison de Belgrade, il avait son foyer bien meublé qui l'attendait,

  5   donc à Visegrad. Et personne avait besoin de l'informer. Ils savaient où

  6   il se trouvait, personne n'avait besoin de fournir des explications.

  7   Question: Les effectifs, les forces?

  8   Réponse: Je m'excuse, ils lui ont même donné une cafétéria.

  9   Question: Il y avait des effectifs des forces françaises de la Sfor qui

 10   stationnaient à Visegrad à l'époque. Est-ce qu'ils le savaient?

 11   Réponse: Vous voulez dire: où est-ce qu'il habitait?

 12   Question: Milan Lukic était, à l'époque, à Visegrad pour participer, pour

 13   assister à cette cérémonie de baptême?

 14   Réponse: Oui, il était présent.

 15   Question: Ma question est la suivante: les effectifs français de la Sfor

 16   étaient stationnés à Visegrad. Est-ce que ces forces savaient qu'il avait

 17   assisté, que Milan Lukic avait assisté à cette cérémonie de baptême?

 18   Réponse: Je ne sais pas si les effectifs français se trouvaient, à

 19   l'époque, à Visegrad. Je pense plutôt vers 1996. Les forces françaises

 20   étaient stationnées à Visegrad depuis le mois de juin 1999. Le baptême a

 21   eu lieu en 1998.

 22   Question: Non, les effectifs français se déployaient dans la région même

 23   avant.

 24   Réponse: Oui, mais je n'étais pas en contact avec les effectifs français

 25   de la Sfor, à part ces gens qui habitaient chez moi.


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  1   Question: Donc vous n'avez pas informé ni la police ni la Sfor?

  2   Question: Vous pensez au baptême, au fait qu'il allait assister à ce

  3   baptême? Il était là. Il était à Visegrad, puis il partait, puis était

  4   absent pendant des mois, et puis revenait pour y passer encore cinq ou dix

  5   jours. Enfin, il se déplaçait sans cesse.

  6   Mme Taya (interprétation): Merci.

  7   M. le Président (interprétation): Merci.

  8   Monsieur Groome, est-ce que vous voudriez poser des questions éventuelles

  9   qui émaneraient des questions que les Juges viennent de poser?

 10   (Contre-interrogatoire supplémentaire de l'accusé, M. Mitar Vasiljevic,

 11   par M. Groome.)

 12   M. Groome (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

 13   Monsieur Vasiljevic, la Juge Janu vous a posé une question en ce qui

 14   concerne une carte d'identité. Ma question est la suivante: serait-il

 15   correct de dire que leur identification, ou les papiers de leur

 16   identification...

 17   Je m'excuse, je retire cette question.

 18   Serait-il permis de dire qu'au contrôle, au barrage routier, là où on

 19   contrôlait les papiers, au barrage érigé autour de Visegrad, si une

 20   personne voulait franchir un tel barrage, elle devait montrer ses papiers

 21   d'identité, n'est-ce pas exact?

 22   M. Vasiljevic (interprétation): Je ne sais pas, je n'ai jamais travaillé à

 23   ces barrages routiers. Je n'ai jamais contrôlé personne, je ne sais pas.

 24   Lorsque le corps d'Uzice était présent, il y avait probablement un

 25   contrôle et ils ne connaissaient pas les gens. Ils contrôlaient


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  1   probablement aussi les Serbes.

  2   Question: Vous-même, certainement, à un moment ou à un autre, lorsque vous

  3   avez essayé de franchir un barrage, on vous a demandé de montrer vos

  4   papiers d'identité, n'est-ce pas?

  5   Réponse: Eh bien, je vais vous dire: quand le corps d'Uzice était présent,

  6   j'avais un barrage juste à côté de ma maison et on ne me demandait jamais

  7   rien parce que j'habitais là. Franchement, il m'arrivait souvent de

  8   préparer un café pour ceux qui tenaient ce barrage.

  9   Question: Mais n'avez-vous jamais vu quelqu'un au niveau du barrage

 10   routier en question se voir demander de présenter les papiers d'identité?

 11   Réponse: Oui, ils contrôlaient tout le monde: les Serbes et les Musulmans.

 12   Chaque fois que quelqu'un essayait de passer parce que les gens arrivaient

 13   en autobus, ils descendaient l'autobus, ils franchissaient le barrage à

 14   pied et ensuite, ils remontaient dans l'autobus, et ainsi de suite.

 15   C'était toujours comme cela.

 16   Question: Et quand ils vérifiaient tout le monde, quand ils vérifiaient

 17   l'identité de chacun, ils vérifiaient notamment les papiers d'identité,

 18   n'est-ce pas?

 19   Réponse: Oui, les papiers personnels.

 20   Question: Est-il donc permis de dire qu'une personne qui se trouverait

 21   dans Visegrad et souhaiterait sortir de Visegrad ne pourrait pas franchir

 22   le barrage routier en question, à moins d'avoir sur elle ses papiers

 23   d'identité?

 24   Réponse: Eh bien, qu'est-ce que je sais, moi, comment ils réglaient tout

 25   cela?


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  1   Je pense que tous les habitants, en tout cas tous les habitants majeurs

  2   d'âge, savaient... De toute façon, quelqu'un aurait pu donner une garantie

  3   pour une autre personne qui n'aurait pas eu de papier. Je pense que cela

  4   n'aurait posé aucun problème, c'est ce que je pense.

  5   Question: Vous venez de nous dire également que s'agissant de Dragan

  6   Tomic, le commandant de la police, vous étiez ami avec lui, que vous aviez

  7   confiance en lui, et qu'il avait confiance en vous. C'est bien cela,

  8   n'est-ce pas?

  9   Réponse: Nous étions voisins. Nous n'étions pas particulièrement amis mais

 10   nous avions des relations de bonne intelligence. Il habitait à sept ou

 11   huit maisons de ma maison, à peu près, je ne sais pas exactement, plus

 12   haut que ma maison. Il était le chef de la police et cela faisait des

 13   années que je le connaissais.

 14   Question: Est-il permis de dire que d'autres personnes dans le quartier

 15   savaient également quel était le type de relations que vous aviez avec

 16   Dragan Tomic?

 17   Réponse: Mais nous n'étions pas... Enfin, qu'est-ce que vous voulez dire?

 18   Nous n'étions pas de très, très bons amis, si c'est cela que vous pensez.

 19   Nous n'allions pas dans les cafés ensemble. Cela, nous ne le faisions pas.

 20   Il avait son propre cercle d'amis, et moi le mien.

 21   Quand j'ai dit que j'avais de bonnes relations avec lui, je voulais dire

 22   que j'avais de bonnes relations en tant que voisin parce que tous les

 23   jours, pour aller au travail, je passais devant sa maison. Alors, si

 24   j'allais au travail, je m'arrêtais un instant. S'il avait de la place dans

 25   sa voiture, il me faisait monter dans sa voiture, ce genre de choses. De


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  1   bonnes relations, comme avec tout le monde.

  2   Question: Serais-je en droit de dire, dans ces conditions, que (expurgé)

  3   (expurgé), qui fréquentait votre maison, aurait normalement su que Dragan

  4   Tomic était l'un de vos voisins?

  5   Réponse: (expurgé) le savait, bien sûr. Lui aussi passait par la même

  6   maison. Il savait que Dragan Tomic était mon voisin. Il le savait, oui.

  7   Question: Et Mujo aurait normalement su également que vous aviez de bonnes

  8   relations de voisinage avec Dragan Tomic, n'est-ce pas?

  9   Réponse: Cela, non. Je ne lui ai jamais... Enfin, je vais vous dire encore

 10   une fois et je vais vous dire encore cela: la première fois que je suis

 11   allé chez Dragan Tomic, chez lui à la maison, c'était peut-être en 1994 ou

 12   1995, je ne sais pas exactement. Et la première fois que je suis allé chez

 13   lui c'était pour la mort de son père. Je ne suis jamais allé chez lui.

 14   Vous savez, il ne venait pas chez moi non plus. Enfin, j'essaie de vous

 15   expliquer que nous n'étions pas des amis, le genre d'amis qui se

 16   fréquentent tout le temps, qui vont chez l'un et chez l'autre; cela, ce

 17   n'était pas le cas. Je suis allé chez lui pour la mort de son père.

 18   Question: Mais vous nous avez dit que votre relation avec Dragan Tomic

 19   était suffisamment étroite pour que vous ayez suffisamment confiance en

 20   lui pour lui confier des informations qui auraient pu mettre en danger

 21   vous-même votre famille, c'est bien cela?

 22   Réponse: Oui.

 23   Question: C'était donc tout de même un peu plus qu'une simple

 24   connaissance? C'était quelqu'un en qui vous aviez confiance puisque vous

 25   lui faisiez suffisamment confiance pour lui confier votre vie, celle de


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  1   votre épouse et celles de vos enfants.

  2   Réponse: Oui, mais c'était mon devoir. Je vous ai fait confiance, à vous

  3   aussi.

  4   Question: Conviendriez-vous avec moi qu'il ne serait pas déraisonnable

  5   pour (expurgé) de penser que si Dragan Tomic, chef de la police,

  6   apprenait que vous aviez écrit une lettre ou une espèce de certificat

  7   garantissant la sécurité de Mujo et d'autres personnes, n'aurait-il pas

  8   été raisonnable pour lui de penser que Dragan Tomic allait respecter ce

  9   qui était écrit sur ce document et allait garantir cette sécurité?

 10   Réponse: Je ne sais pas. Si j'avais écrit un tel certificat de ce genre,

 11   Mujo l'aurait montré quand Milan est passé à Susnjar. Si cela avait été

 12   valable, il l'aurait montré et il aurait eu quelque chose. Je vais vous

 13   dire: émettre un tel certificat n'était pas une autorité dont je

 14   disposais, c'était la responsabilité de Tomic. Qu'est-ce qu'il aurait dit

 15   si j'avais écrit un tel papier? La seule chose qu'il aurait pu faire,

 16   c'était de me sanctionner, me punir.

 17   Il faut, pour écrire un document de ce genre, avoir la compétence de le

 18   faire, donc il faut être le chef de quelque chose. Il faut être chargé,

 19   responsable de ces gens, de l'accompagnement, de l'escorte de ces gens.

 20   Qu'est-ce que j'aurais pu faire, Monsieur? Qu'est-ce que qu'un papier

 21   écrit par moi aurait signifié? Qu'est-ce que je suis, moi?

 22   Réponse: Je vais poser la question de la façon suivante: êtes-vous en

 23   train de dire, dans votre déposition, et bien sûr vous répondiez à une

 24   question hypothétique posée par M. le Juge Taya… Si Dragan Tomic était

 25   arrivé dans cette maison, avait parlé avec (expurgé)


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  1   montré un papier signé par vous, sur lequel était écrit quelque chose du

  2   genre; "Ces gens-là sont bien, il ne faut pas leur faire du mal", êtes-

  3   vous en train de dire dans votre déposition, aujourd'hui, que Dragan Tomic

  4   serait venu vous punir pour avoir écrit ce morceau de papier? C'est ce que

  5   vous dites?

  6   Réponse: Dire que les gens sont bien, il le sait mieux que moi. C'est sa

  7   responsabilité à lui de suivre la situation des gens, d'assurer la

  8   sécurité des gens; il est chef de la police. Si j'avais écrit quelque

  9   chose de mal, si j'avais voulu que cet homme souffre, il aurait dû me dire

 10   qu'il n'y avait aucune condition pour que... Je ne sais pas comment dire

 11   cela, comment m'exprimer.

 12   M. Groome (interprétation): Monsieur Vasiljevic, je crois que vous l'avez

 13   fait. Je n'ai plus de questions.

 14   M. le Président (interprétation): Maître Domazet, avez-vous des questions,

 15   suite aux questions des Juges ou aux questions de M. Groome?

 16   M. Domazet (interprétation): Oui.

 17   (Deuxième interrogatoire principal supplémentaire de M. Vasiljevic par Me

 18   Domazet.)

 19   M. Domazet (interprétation): Monsieur Vasiljevic, vous avez parlé de Drago

 20   Gavrilovic en disant qu'il était une espèce de commandant et également un

 21   fonctionnaire, un permanent officiel du parti SDS.

 22   Vous-même, étiez-vous membre du SDS ou d'un autre parti politique à

 23   l'époque?

 24   M. Vasiljevic (interprétation): Je vais vous dire exactement. Etais-je

 25   membre? Non. Maintenant, comment on explique quand on vote pour quelqu'un,


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  1   pour un parti? En être membre, participer aux réunions? Pas du tout, pas

  2   une seule réunion. Je n'étais pas ce genre là.

  3   Question: Je ne vous ai pas demandé pour qui vous votiez. Ce n'est pas mon

  4   intention, et d'ailleurs ce ne serait pas une question acceptable. Je vous

  5   ai posé une question au sujet d'une adhésion éventuelle au SDS ou à un

  6   autre parti politique, et vous répondez que vous n'avez jamais été membre

  7   du SDS ni d'aucun autre parti politique?

  8   Réponse: Non.

  9   Question: S'agissant de la restitution des armes ou de la réception

 10   d'armes, la question venait du fait que vous aviez reçu un récépissé. Vous

 11   avez dit non. Je vous demande si vous avez reçu un reçu quelconque au

 12   moment où l'on vous a distribué une arme?

 13   Réponse: Non.

 14   Question: Etait-il habituel, quand des hommes reçoivent ou restituent une

 15   arme, qu'ils reçoivent un papier de ce genre?

 16   Réponse: Je crois que c'est le commandement qui tient compte de cela, les

 17   cadres, les responsables officiels qui s'occupent de cela.

 18   Question: Et si je vous ai bien compris, lorsqu'une Juge vous a interrogé

 19   au sujet de l'événement de Sase, vous avez répondu que non seulement ce

 20   n'était pas vous qui aviez montré la maison d'en face comme étant la

 21   maison d'un Musulman mais en outre, vous affirmez que c'est la maison d'un

 22   Serbe, d'un certain Kosovic?

 23   Réponse: Oui, elle appartient à Stojan Kosovic.

 24   Question; Lorsque nous parlons des documents de sortie qui sont mentionnés

 25   dans certaines colonnes, lorsque vous êtes sorti de l'hôpital, je vous


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  1   demande si vous avez bien fait attention, si vous avez lu en détail tout

  2   ce qui figurait sur ces documents de sortie de l'hôpital?

  3   Réponse: Oui, c'est normal. J'ai lu ces papiers à plusieurs reprises.

  4   Depuis quelques années, je n'ai pas pris ces documents entre les mains.

  5   J'ai classé ces papiers dans mes archives, tout cela jusqu'au moment où

  6   vous, vous me les avez montrés récemment.

  7   Question: Il a été question aujourd'hui de l'assurance médicale, et

  8   j'aimerais que les choses soient tout à fait précises, parce qu'une

  9   assurance peut signifier que vous allez recevoir de l'argent pour

 10   compenser le fait que vous avez été blessé, ou cela peut signifier qu'un

 11   tiers finance vos frais de traitement médical.

 12   Ma question est la suivante: avez-vous reçu de l'argent pour compenser

 13   votre hospitalisation ou pas?

 14   Réponse: Je n'ai reçu aucune compensation pour le fait d'avoir été soigné

 15   à l'hôpital, car personne ne m'a demandé cela. Comment est-ce que je

 16   recevrais de l'argent comme cela? L'assurance passait par la Défense

 17   territoriale, je suppose. Jusqu'à la guerre, j'étais assuré par mon

 18   entreprise. Maintenant, comment cela se passe entre mon entreprise et

 19   l'hôpital? Je ne sais pas.

 20   Question: Avez-vous personnellement payé des frais pour l'intervention

 21   chirurgicale, l'hospitalisation, les médicaments?

 22   Réponse: Non.

 23   Question: Avez-vous payé quoi que ce soit pour cette maladie?

 24   Réponse: Non.

 25   Question: Encore une question liée à la question relative à Milan Lukic:


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  1   si j'ai bien compris ce que vous avez dit dans votre réponse, vous

  2   affirmez qu'il ne se cachait pas lorsqu'il était à Visegrad. Il ne se

  3   cachait pas devant les autorités?

  4   Réponse: Non, non, il ne se cachait pas du tout des autorités à Visegrad.

  5   En 1996, par exemple, quand il a commencé à se cacher des forces de la

  6   Sfor, quand la police internationale est arrivée, a été renforcée, alors

  7   peut-être, donc aux alentours de 1998, 1999, il a commencé à se cacher en

  8   changeant de café assez souvent; par exemple en changeant de lieu.

  9   Question: Je vous demande de regarder le compte rendu d'audience pour voir

 10   s'il n'y a pas une petite erreur. Il est inscrit "1988 et 1989", quand

 11   vous parlez du moment où il a commencé à se cacher.

 12   Réponse: J'ai dit "1998 et 1999", il faut remplacer sur le compte rendu.

 13   Question: Saviez-vous si Milan Lukic faisait l'objet d'un Acte

 14   d'accusation secret émis par le Tribunal de La Haye? Et si oui, quand

 15   l'avez-vous appris?

 16   Réponse: Je ne savais pas qu'il faisait l'objet d'un Acte d'accusation de

 17   la part du Tribunal de La Haye, mais je savais qu'il se cachait parce que

 18   tous les journaux parlaient beaucoup de lui. Mais moi, je ne savais rien

 19   du Tribunal de La Haye. Je ne savais pas que j'étais moi aussi sur ces

 20   Actes d'accusation. Et je n'avais pas envie de le fréquenter parce que,

 21   très franchement, je m'attendais à ce qu'il soit arrêté d'un jour à

 22   l'autre. Je savais… D'ailleurs, je n'étais pas le seul à le savoir,

 23   beaucoup de gens le savaient.

 24   M. Domazet (interprétation): Merci, Monsieur Vasiljevic. Je n'ai plus de

 25   questions, Monsieur le Président.


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  1   M. le Président (interprétation): Vous pouvez maintenant reprendre votre

  2   place derrière votre conseil, Monsieur Vasiljevic.

  3   (L'accusé est reconduit à sa place.)

  4   (Questions relatives à la procédure.)

  5   M. le Président (interprétation): Maître Domazet?

  6   M. Domazet (interprétation): Monsieur le Président, avant de faire entrer

  7   dans le prétoire le prochain témoin de la défense, je vous prierai de bien

  8   vouloir tenter avec moi de résoudre un certain nombre de problèmes

  9   survenus au moment de l'arrivée de certains témoins, notamment s'agissant

 10   des mesures de protection, compte tenu de ce qu'ils ont vécu en arrivant

 11   ici. Mais je crois qu'il faudrait discuter de cela à huis clos partiel.

 12   M. le Président (interprétation): Très bien, nous passons à huis clos

 13   partiel.

 14   (Huis clos partiel à 10 heures 53.)

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 24   (Audience publique)

 25   M. le Président (interprétation): Maître Domazet, est-ce là l'un des


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  1   témoins pour lequel vous avez demandé des mesures de protection?

  2   M. Domazet (interprétation): Non, Monsieur le Président.

  3   M. le Président (interprétation): Monsieur, je vous prie de prononcer la

  4   déclaration solennelle, c'est-à-dire de la lire partant de la plaquette

  5   qui vous est remise par M. l'huissier.

  6   M. Dikic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

  7   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  8   M. le Président (interprétation): Je vous prie de vous asseoir.

  9   M. Dikic (interprétation): Merci.

 10   M. Domazet (interprétation): Ce sera Me Tanaskovic qui procédera à

 11   l'interrogatoire.

 12   M. le Président (interprétation): Bien.

 13   (Interrogatoire principal du Témoin, M. Dragisa Dikic, par Me

 14   Tanaskovic.)

 15   M. Tanaskovic (interprétation): Monsieur Dikic, bonjour. J'espère que vous

 16   vous êtes apaisé sur le plan psychique suite aux désagréments que vous

 17   avez eus lors de votre voyage vers La Haye et que vous êtes en mesure de

 18   témoigner?

 19   M. Dikic (interprétation): Oui.

 20   Question: Je vous prie de décliner votre identité.

 21   Réponse: Dikic Dragisa.

 22   Question: Je vous prie de nous dire votre date et lieu de naissance.

 23   Réponse: En 1948 à Loznica près de Visegrad, le 13 septembre exactement.

 24   Question: Dites-nous où vous résidez.

 25   Réponse: Je réside rue Vojvoda Stepe BB, en traduction "sans numéro", à


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  1   Visegrad.

  2   Question: Depuis quand résidez-vous dans cette rue-là?

  3   Réponse: Mes parents résident-là depuis quelque 40 ans et j'ai toujours

  4   habité à la même adresse.

  5   Question: Je voudrais vous demander de procéder à des petites pause entre

  6   ma question et vos réponses, afin de permettre aux interprètes de traduire

  7   l'intégralité de ce que nous avons dit. Vous pouvez d'ailleurs suivre ce

  8   qui se passe, parce que vous avez sous les yeux un moniteur et vous pouvez

  9   suivre le compte rendu d'audience qui défile sous vos yeux.

 10   Réponse: Certainement.

 11   Question: Je vous demanderai de nous dire ce que vous êtes de profession.

 12   Réponse: Je suis mécanicien auto et je suis spécialisé dans la tôlerie

 13   auto, notamment.

 14   Question: Etes-vous marié?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Que faites-vous actuellement?

 17   Réponse: Je fais la même chose, c'est-à-dire que j'exerce la même

 18   profession en matière de tôlerie.

 19   Question: Est-ce que cela signifie que vous avez un magasin, un garage à

 20   vous, un garage privé?

 21   Réponse: Oui, je possède un garage privé depuis 30 ans.

 22   Question: Vous travailliez donc à titre privé, même avant la guerre?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Je voudrais vous demander si vous connaissez M. Vasiljevic?

 25   Réponse: Je le connais.


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  1   Question: Comment l'avez-vous connu?

  2   Réponse: Monsieur Vasiljevic est un voisin à moi, qui vit à quelque 100,

  3   150 mètres de chez moi.

  4   Question: Depuis quand la famille Vasiljevic vivait-elle dans votre

  5   voisinage?

  6   Réponse: Eh bien, laissez-moi vous dire, Monsieur, que je ne sais pas

  7   exactement depuis quand la famille des Vasiljevic réside là. Mais d'après

  8   ce que j'en sais, ils sont là depuis plus ou moins 20 ans, ou même plus.

  9   Question: Et avant ces 20 ans, aviez-vous connu M. Vasiljevic?

 10   Mais faites une pause avant de répondre, faites la petite pause.

 11   Réponse: J'ai connu Vasiljevic quand il a commencé à travailler comme

 12   garçon de café. Je n'arrive pas à vous donner de date précise, mais je

 13   dirai que cela fait bon nombre d'années que je le connais.

 14   Question: Quand vous dites que vous le connaissez en sa qualité de garçon

 15   de café, sauriez-vous nous dire aussi où il a travaillé en tant que garçon

 16   de café?

 17   Réponse: Eh bien, pour autant que je le sache, il a travaillé dans

 18   l'entreprise d'hôtellerie Panos de Visegrad, pendant tout le temps.

 19   Question: Cette entreprise dispose-t-elle de plusieurs établissements

 20   d'hôtellerie?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Sauriez-vous nous dire dans lequel ou lesquels de ces

 23   établissements M. Vasiljevic a travaillé en tant que garçon de café?

 24   Réponse: Je pense que Vasiljevic a travaillé dans la totalité de ces

 25   établissements-là, du moins dans la totalité de ceux que je connais:


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  1   l'hôtel Visegrad, puis Panos, le vieux Panos, puis la Banja de Visegrad,

  2   et je pense qu'il a même travaillé à Bikavac, mais je n'arrive plus à me

  3   resituer exactement si c'est effectivement le cas.

  4   Question: En votre qualité de voisin, rencontriez-vous souvent M.

  5   Vasiljevic et sa famille?

  6   Réponse: Eh bien, presque quotidiennement, notamment ces derniers temps-

  7   ci, parce que mon atelier se trouve sur la route même, donc sur la route,

  8   ce qui fait que je vois toute personne passant par là.

  9   Question: Veuillez nous dire, je vous prie, où vous vous trouviez pendant

 10   la guerre?

 11   Réponse: Pendant la guerre, j'avais été mobilisé par la Défense

 12   territoriale, donc j'étais militairement parlant astreint à rester à

 13   l'atelier et entretenir les véhicules de l'armée. C'est là que j'ai passé

 14   tout le temps de la guerre.

 15   Question: Est-ce que cela signifie que vous étiez affecté à cet endroit-là

 16   par la Défense territoriale, ou je ne sais qui des instances ou des

 17   autorités?

 18   Réponse: J'ai reçu une convocation est c'est là que j'ai été affecté.

 19   Auparavant, on appelait cela la JNA et maintenant , ou à l'époque encore,

 20   cela s'appelait la Défense territoriale, j'imagine.

 21   Question: Pouvez-vous nous dire où cet atelier-là se trouvait, l'atelier

 22   où vous étiez affecté?

 23   Réponse: L'atelier se trouvait un peu à l'extérieur de la ville, vers la

 24   gare routière. Il s'agissait de l'atelier appartenant à l'entreprise

 25   "Centrotrans". Et c'est là que j'ai travaillé tout le temps.


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  1   Question: Quand vous dites "Centrotrans", dites-nous ce que faisait au

  2   juste cette entreprise-là.

  3   Réponse: "Centrotrans" vaquait au transport de passagers et avait aussi un

  4   département qui s'occupait des visites techniques de véhicule. C'est

  5   précisément dans cet atelier-là que j'ai travaillé, donc au niveau de la

  6   maintenance et des contrôles.

  7   Question: En plus de vous-même, y avait-il d'autres mécaniciens

  8   automobiles ou ouvriers travaillant dans l'atelier?

  9   Réponse: J'avais encore trois collègues et j'avais un supérieur

 10   hiérarchique, un chef. Et puis, il y avait d'autres services, des

 11   tourneurs, ajusteurs et autres.

 12   Question: Et à qui appartenaient les véhicules que vous étiez censé

 13   réparer?

 14   Réponse: Les véhicules de la Défense territoriale.

 15   Question: Cela signifie-t-il que l'atelier bénéficiait d'une protection

 16   particulière, dans le sens où l'on interdisait l'accès au premier venu?

 17   Réponse: Cet atelier disposait d'un certain nombre de véhicules. Je ne

 18   sais pas vous dire exactement mais il y avait une rampe d'accès, il y

 19   avait une guérite avec un gardien qui laissait passer les véhicules. Parce

 20   que les véhicules qui n'étaient pas portés sur le registre de l'atelier ne

 21   pouvaient pas accéder. J'imagine qu'il s'agissait du registre de la

 22   Défense territoriale ou de l'armée.

 23   Question: Vous nous avez dit que vous aviez été affecté à cet atelier-là.

 24   Je voudrais savoir si vous rentriez chez vous, et quand?

 25   Réponse: Eh bien, nous avions des pièces où nous pouvions dormir, en haut,


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  1   à l'étage de l'atelier. Mais je rentrais souvent chez moi, parce que

  2   j'avais l'opportunité de me déplacer en voiture jusqu'à ma famille et

  3   revenir par la suite.

  4   Question: Lorsque vous partiez chez vous, est-ce que vous pouviez, à ces

  5   moments-là, voir M. Vasiljevic?

  6   Réponse: Oui, je le voyais.

  7   Question: Dites-nous, si vous le savez, s'il avait été affecté à quelque

  8   unité que ce soit. Et, si vous le savez, dites-nous où.

  9   Réponse: A vrai dire, je ne sais pas où Untel ou Untel autre était

 10   affecté. Mais M. Vasiljevic, lui, il m'arrivait de le voir assez souvent

 11   dans la rue avec un petit groupe de personnes en train de nettoyer la

 12   ville. Voilà.

 13   Question: Quand vous nous dites que vous pouviez le voir ou que vous le

 14   voyiez assez souvent, aviez-vous remarqué chez Vasiljevic qu'il portait

 15   une arme quelconque?

 16   Réponse: Non.

 17   Question: Au moment où vous le voyiez dans la rue en train de nettoyer les

 18   rues ou la ville, pouvez-vous vous rappeler la façon dont il était vêtu?

 19   Réponse: Je m'en souviens parce que, à chaque fois que je l'apercevais

 20   dans la rue, il portait des vêtements civils. Et c'est une chose dont je

 21   me souviens bien parce que je portais mes propres vêtements à moi. A ce

 22   moment là, on ne nous avait pratiquement rien donné, apporté. J'entends,

 23   des vêtements.

 24   Question: Pouvez-vous vous rappeler ou essayer de vous rappeler de quelle

 25   couleur étaient ses vêtements civils?


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  1   Réponse: Que sais-je vous dire? Il portait toujours, comme je l'avais

  2   connu à l'époque, il portait des vêtements foncés, donc des vêtements qui

  3   étaient rarement clairs. Il ne se faisait pas remarquer ou distinguer par

  4   les vêtements qu'il portait. Je sais que ce n'était pas en général des

  5   vêtements de couleur claire, mais plutôt de couleur foncée.

  6   Question: Quand vous avez dit, tout à l'heure, que vous le voyiez en train

  7   de nettoyer la ville, dites-nous, je vous prie, de quoi nettoyait-on au

  8   jute la juste la ville? Et est-ce que c'est Vasiljevic lui-même qui

  9   faisait ce travail, ou le faisait-il en compagnie de quelqu'un d'autre

 10   encore?

 11   Réponse: La ville était nettoyée des détritus variés que les locataires ou

 12   les gens qui habitaient dans le coin jetaient dans la rue. Cela faisait

 13   que l'on aurait eu du mal à passer par les rues si cela n'était pas

 14   nettoyé. Il y avait aussi les gens qui nettoyaient devant leur propre

 15   magasin. Mais le groupe qui était conduit par Vasiljevic -j'entends là

 16   qu'il se pouvait qu'il y ait eu 5 à 6 personnes dans ce groupe-, était

 17   chargé d'enlever des objets plus volumineux. Je ne sais pas... On jetait

 18   toute sorte d'affaire dans les rues.

 19   Question: A votre avis, la ville était-elle vraiment propre depuis que

 20   cette organisation avait été mise en place?

 21   Réponse: La ville était propre. Bon, elle n'était peut-être pas aménagée à

 22   100%, mais s'il n'y avait pas eu ce nettoyage-là, on n'aurait pas pu

 23   passer. Je me servais souvent de ma voiture et je remarquais, en effet,

 24   que quelqu'un devait forcément se charger de cette tâche-la.

 25   Question: Veuillez nous dire, je vous prie, qui avait travaillé avec


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  1   Vasiljevic à ce nettoyage?

  2   Réponse: Eh bien, pour autant que j'ai pu le remarquer, il y avait là des

  3   gens appartenant à des groupes ethniques variés; il y avait là des Serbes,

  4   des Musulmans, et j'ai remarqué que les vendeurs des magasins nettoyaient

  5   également sur ordre ou à la demande de sa part. Je ne sais pas s'il était

  6   en mesure de leur donner des ordres. Je n'en sais rien.

  7   Question: Vous nous avez dit tout à l'heure qu'il portait des vêtements

  8   civils de couleur foncée, si je reprends vos termes. Veuillez nous dire

  9   si, quand vous le voyiez nettoyer la ville ou organiser le nettoyage de la

 10   ville, vous aviez remarqué qu'il portait quelque chose encore sur ses

 11   vêtements?

 12   Réponse: Oui, il...

 13   Question: Oui, patientez un peu, ne répondez pas tout de suite, ne vous

 14   pressez pas autant.

 15   Réponse: Oui, il portait sur son bras un ruban rouge. Je ne me souviens

 16   plus au juste sur quel bras il portait ce ruban.

 17   Question: Et ce ruban portait-il un insigne quelconque, ou était-ce juste

 18   un ruban de couleur rouge uni?

 19   Réponse: C'était un ruban rouge ordinaire, dans un tissu quelconque.

 20   Question: Monsieur Dikic, pouvez-vous nous dire… Quand vous le voyiez

 21   organiser le nettoyage de la ville, de quelle période de temps parlons-

 22   nous?

 23   Réponse: Je n'arrive pas à me remémorer exactement la période. Pour autant

 24   que je le sache, il avait nettoyé ou avait été chargé du nettoyage de la

 25   ville depuis le début de la guerre, du moins pour autant que je le sache


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  1   moi-même. Je n'avais pas conscience, alors, de la nécessité que j'aurais

  2   un jour de me remémorer les détails de ces choses-là.

  3   Question: Mais pourriez-vous nous dire si cela se situe à une période

  4   antérieure ou postérieure à l'arrivée du Corps d'Uzice?

  5   Réponse: Je ne me souviens pas, je n'arrive pas à me souvenir quand ce

  6   nettoyage-là avait eu lieu. Il n'avait pas nettoyé pendant une journée

  7   seulement pour que je puisse m'en souvenir. Je l'ai souvent vu vaquer au

  8   nettoyage de la ville. Je pense que cela pouvait très bien se situer même

  9   après, aussi bien qu'avant l'arrivée du Corps; avant l'arrivée ou après le

 10   départ du Corps d'Uzice.

 11   Question: Mais est-ce que vous vous souvenez quand le Corps d'Uzice est

 12   arrivé ou quand il est parti, si vous savez?

 13   Réponse: Une fois de plus, je n'arrive pas à me remémorer une date

 14   quelconque, mais je crois que ce Corps était là-bas au mois de mai. Mais

 15   je ne sais pas exactement, je ne sais pas.

 16   Question: Et par la suite, avez-vous revu M. Vasiljevic?

 17   Réponse: Il m'arrivait de le voir, je n'arrive plus à déterminer de date,

 18   mais je l'ai vu porter des béquilles. Je ne sais pas vous dire de date.

 19   Question: Quand vous l'aviez vu porter des béquilles, où, au juste,

 20   l'aviez-vous aperçu?

 21   Réponse: Eh bien, pareil: en passant. Comme je vous l'ai dit tout à

 22   l'heure, je me servais souvent de ma voiture, ce qui fait que je le

 23   voyais, pendant que je passais, déambuler avec des béquilles.

 24   Question: Saviez-vous ou aviez-vous appris pour quelle raison il portait

 25   des béquilles?


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  1   Réponse: Oui. D'après ce que j'ai pu apprendre, je ne l'ai pas vu tomber

  2   mais j'ai appris qu'il était tombé de cheval et qu'il s'était fracturé une

  3   jambe.

  4   Question: Et sauriez-vous nous dire pendant combien de temps il se

  5   déplaçait au moyen de béquilles?

  6   Réponse: Plusieurs mois, mais je ne saurais vous donner aucune date.

  7   Question: Vous connaissiez , avez-vous dit, assez bien votre voisin

  8   Vasiljevic. Dites-nous, je vous prie: à quelque moment que ce soit, il a

  9   porté des moustaches ou pas?

 10   Réponse: Non, je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens pas de l'avoir vu

 11   porter des moustaches.

 12   Question: Et savez-vous nous dire s'il avait un surnom quelconque?

 13   Réponse: Non.

 14   Question: Vous nous avez dit que M. Vasiljevic avait travaillé comme

 15   garçon de café et qu'il était votre voisin. Mais savez-vous nous dire si

 16   vous saviez également que M. Vasiljevic aimait boire et qu'il se soûlait

 17   souvent?

 18   Réponse: Oui. Ça, c'est une chose que je n'ignore pas; il aimait bien

 19   boire.

 20   Question: Et où, d'habitude?

 21   Réponse: D'habitude, dans les cafétérias où il travaillait, à Panos,

 22   Mezlin, Cacavo. Dans les cafétérias ou restaurants où il n'y avait pas

 23   grande affluence.

 24   Question: J'en déduis que vous l'aperceviez en état d'ivresse?

 25   Réponse: Oui, j'ai pu le voir quand il était ivre.


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  1   Question: Et dans un état pareil, sauriez-vous nous dire quel était son

  2   comportement? J'entends par là: était-il agressif, ou quelque chose de ce

  3   genre?

  4   Réponse: Je l'ai vu souvent ivre; il est très comique dans cet état-là.

  5   Mais pour autant que je le sache, il n'a jamais été agressif. Du moins, je

  6   ne l'ai jamais vu provoquer quelque dispute que ce soit. Il n'était pas si

  7   intéressant que cela lorsqu'il était saoul.

  8   Question: Et à votre avis, dans un état pareil, il ne provoquait pas

  9   d'excès, d'incident quelconque?

 10   Réponse: Pour autant que je le sache, quand j'étais là, cela n'a pas été

 11   le cas.

 12   M. Tanaskovic (interprétation): Dites-nous maintenant, je vous prie, si à

 13   quelque moment que ce soit, vous avez vu M. Vasiljevic porter un uniforme

 14   quelconque et, dans l'affirmative, quel genre d'uniforme?

 15   M. le Président (interprétation): Est-ce que vous ne lui aviez pas déjà

 16   posé cette question? Je pense que vous l'avez fait il y a bien un moment,

 17   s'il l'avait vu en uniforme. Enfin, peut-être que je me trompe. Enfin,

 18   qu'il pourrait avoir un uniforme de nettoyeur de rue, de travailleur

 19   hygiénique.

 20   Est-ce que votre question concerne un uniforme de l'armée, est-ce vrai?

 21   M. Tanaskovic (interprétation): Oui.

 22   Est-ce que vous pourriez répondre, Monsieur Dikic?

 23   M. Dikic (interprétation): Je ne me souviens pas l'avoir vu porter un

 24   uniforme. Peut-être qu'il avait une chemise vert olive, donc couleur SMB;

 25   c'était une chemise qui appartenait à la tenue de l'ex JNA. Le vert olive


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  1   est une couleur de l'armée. Mais pour ce qui est des vêtements à

  2   proprement parler, jamais d'uniforme, toujours en civil.

  3   Question: Pourriez-vous nous dire -et nous parlons de votre rue, de la rue

  4   où vous habitiez, et M. Vasiljevic également- si, dans cette rue-là, il y

  5   avait un quelconque point de contrôle?

  6   Réponse: Oui, un point de contrôle existait entre sa maison et ma maison,

  7   et ce barrage de contrôle était plus près de sa maison. Il s'agissait d'un

  8   point de contrôle militaire du corps d'Uzice.

  9   Je m'excuse si je me trompe à propos de la date, mais c'était à peu près

 10   au début, donc au début de la présence du corps d'Uzice dans la région,

 11   soit fin avril, début mai, ou plutôt fin avril. Je ne sais pas exactement

 12   quand le corps d'Uzice est entré dans cette région. Mais ce point de

 13   contrôle a été immédiatement monté.

 14   Question: Avant l'arrivée du corps d'Uzice et après le départ du corps

 15   d'Uzice, y avait-il encore ce point de contrôle toujours en place?

 16   Réponse: Non.

 17   Question: Lorsque vous disiez que c'était le corps d'Uzice qui avait mis

 18   en place ce point de contrôle, qui étaient ceux qui assuraient la

 19   permanence des contrôles?

 20   Réponse: Les effectifs armés du corps d'Uzice, les soldats de ce corps.

 21   Question: Savez-vous qu'à l'époque, il y avait des groupes, des unités

 22   paramilitaires?

 23   Réponse: Au début de la guerre, on a vu apparaître certains groupes dits

 24   "paramilitaires". Et puis, j'ai eu très peu de contacts avec ces

 25   paramilitaires, ces soldats.


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  1   Question: Savez-vous comment ces groupes s'appelaient?

  2   Réponse: Je me souviens assez bien qu'il y a eu des Aigles blancs, enfin,

  3   je ne saurais pas être très précis. Il y avait des groupes qui portaient

  4   des noms assez obscènes, pour ainsi dire.

  5   Je voudrais compléter en disant que lorsqu'il s'agit des Aigles blancs, et

  6   j'étais à bord de ma voiture, je passais donc dans les parages, j'ai été

  7   stoppé par un homme qui m'a demandé mes papiers d'identité, qui me

  8   menaçait de m'arrêter si je continuais à me balader dans les rues. Je me

  9   souviens de cet incident, et c'est comme cela que j'ai pu retenir ce nom

 10   d'Aigles blancs.

 11   Question: Pourrait-on conclure que cet homme-là faisait partie des Aigles

 12   blancs?

 13   Réponse: Je ne saurais vous le dire. Il était masqué, en uniforme de

 14   camouflage, et il y a eu des commentaires des gens qui travaillaient avec

 15   moi dans l'atelier qui disaient que vraisemblablement il pourrait s'agir

 16   d'Aigles blancs.

 17   Question: Vous avez dit qu'il était masqué. Pourriez-vous nous décrire de

 18   quelle manière? Qu'est-ce que vous entendez par "masqué"?

 19   Réponse: Oui, il avait de la peinture sur son visage. On ne voyait que ses

 20   yeux, que ses dents, on n'aurait pas pu reconnaître les traits de son

 21   visage. Et puis, j'ai eu peur.

 22   Question: Est-ce que les membres de ces groupes d'Aigles Blancs, comme

 23   vous dites, de ces Aigles blancs, pourriez vous nous dire s'ils étaient du

 24   corps d'Uzice, de Visegrad, ou s'ils étaient venus d'une autre région?

 25   Réponse: Ils n'étaient pas de Visegrad. Ils sont arrivés au moment qui


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  1   pourrait coïncider avec l'arrivée du Corps d'Uzice. Mais d'où est-ce

  2   qu'ils venaient? Ça, je ne le sais pas. A l'époque, Visegrad n'avait pas

  3   d'effectifs armés autres que ceux qui faisaient partie de la Défense

  4   territoriale.

  5   Question: Est-ce que cela veut dire que, s'il s'agissait de gens de

  6   Visegrad, vous auriez pu les reconnaître, les identifier?

  7   Réponse: Né à Visegrad, il est très probable que je pourrais l'identifier

  8   par son parler, par son regard, par la manière dont il s'exprimait, la

  9   manière dont il articulait ses mots. Et puis, je suis convaincu -sachant

 10   ce que je suis-, que personne de Visegrad ne l'aurait fait, n'aurait agi

 11   de cette manière-là.

 12   Question: Est-ce que je pourrais conclure que vous avez conclu cela du

 13   fait que ces gens-là ne parlaient pas comme tous les gens de Visegrad?

 14   Réponse: Oui, leur langage, mais aussi la façon de se comporter; ce

 15   comportement était plutôt grossier.

 16   Question: Une question, la suivante: est-ce que vous connaissiez Milan

 17   Lukic?

 18   Réponse: J'ai fait connaissance avec Milan Lukic. Je ne pourrais pas vous

 19   situer la date exacte, mais j'ai donc fait sa connaissance en 1995, 1996.

 20   Question: Comment avez-vous fait sa connaissance?

 21   Réponse: C'était comme ça, j'ai rencontré, j'ai fait connaissance de Milan

 22   après la guerre, au moment où je me suis mis à travailler dans mon atelier

 23   personnel. J'ai rouvert mon atelier, et c'était le seul atelier qui est

 24   resté en fonction après la guerre. Et puis, il y a un homme s'est amené à

 25   bord d'une Golf, Golf 3. Je me souviens qu'à Visegrad, à l'époque, il n'y


Page 2307

  1   avait aucune autre voiture du type Golf 3.

  2   Enfin, j'ai effectué certains travaux, j'ai réparé le masque de l'auto; ce

  3   n'était pas un dégât énorme. Et puis, lorsque j'ai terminé, lorsque Milan

  4   était parti, l'homme qui était avec moi dans l'atelier m'a dit: "Est-ce

  5   que tu sais qui est cet homme?". Ma réponse: "Non, je ne le sais pas". A

  6   lui de dire: "Eh bien, c'est ce Milan Lukic.".

  7   Et puis, peut-être à une ou deux reprises plus tard, il est venu dans mon

  8   atelier pour faire de menues réparations. Et voilà, c'est la mesure dans

  9   laquelle je le connaissais, contexte dans lequel je l'ai connu.

 10   Question: Vous avez dit que c'est la première fois que vous avez vu,

 11   rencontré Lukic. Cette même personne, avez-vous eu l'occasion de la voir

 12   plus tôt, avant, en compagnie de M. Vasiljevic?

 13   Réponse: Je n'ai jamais vu Vasiljevic ni Lukic avant, à Visegrad.

 14   Question: Une question à propos de ce qu'il est convenu d'appeler

 15   "kumsvo". Vous êtes de nationalité serbe, vous n'êtes pas sans savoir la

 16   signification de ce terme, "kumsvo"?

 17   Réponse: Enfin, d'après mes connaissances, le "kum", chez les Serbes, est

 18   quelque chose de très important, une relation que l'on doit honorer et

 19   respecter profondément. C'est quelque chose qui date d'antan, des temps

 20   très anciens, qui passe d'une génération à l'autre.

 21   Chez nous autres, les Serbes, le pire qu'on puisse faire est de changer de

 22   kum sans une raison très plausible pour le faire ou, éventuellement, si le

 23   kum l'exige. C'était considéré, cette rupture, comme un péché majeur.

 24   Enfin, voilà à peu près mes connaissances sur ces rapports qui existent

 25   entre les kums et dans le contexte du kumsvo.


Page 2308

  1   Question: Monsieur Dikic, vous aviez dit avoir été voisin de M.

  2   Vasiljevic. Vous avez relaté les rencontres entre vous-même et lui-même et

  3   sa famille. Sur la base de ce que vous avez dit jusqu'à présent, est-ce

  4   que vous pourriez nous confier votre opinion sur M. Vasiljevic en tant que

  5   voisin, en tant qu'homme tout court?

  6   Réponse: Oui, très brièvement. Vasiljevic, en tant que voisin, était un

  7   bon voisin. Je pense qu'il était également un bon père de famille en

  8   suivant l'évolution de ces enfants, je peux constater qu'il ne délaissait

  9   pas sa famille. Ce sont des choses que l'on note et remarque, d'après même

 10   le comportement des enfants. Il aimait secourir, venir au secours de tous

 11   les voisins, mais nous avons tous nos vices. Le sien était une

 12   consommation exagérée d'alcool. Evidemment, sous l'effet de l'alcool, on

 13   peut faire des choses qui peuvent ne pas être considérées comme étant

 14   bonnes mais, autant que je le sache, Mitar n'a pas eu de manquement dans

 15   son comportement vis-à-vis de ses voisins, dans l'entourage immédiat.

 16   Question: Vous avez déjà fait une déclaration à ce propos et, autant que

 17   je me souvienne, vous aviez dit que l'arrestation, que l'accusation portée

 18   contre Vasiljevic a été une surprise pour vous. Quelle en est la raison?

 19   Réponse: Oui, oui, j'ai été véritablement surpris. Je ne pouvais pas

 20   comprendre une chose, à savoir qu'on pouvait arrêter quelqu'un, enfin si

 21   le terme est exact, correct, donc arrêter un homme qui, à mon avis, est

 22   innocent. Oui, il a ses vices, ses vertus aussi, mais lui attribuer ce

 23   qu'on lui attribue, je ne peux pas le croire.

 24   Enfin, ma conclusion se base sur le fait que je le connais tout de même

 25   suffisamment. C'est dire que Mitar, voisin se rendait dans l'atelier…


Page 2309

  1   Il y a eu des soldats de la Sfor qui habitaient, résidaient chez lui. Il

  2   parlait très bien de ces gens-là. Sa maison était propre, il se flattait

  3   du comportement de ces gens-là vis-à-vis de lui-même et de sa famille. Il

  4   leur faisait tellement confiance que ses enfants se déplaçaient avec les

  5   soldats de la Sfor dans les Jeeps. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec

  6   son "nidzo" qui m'a dit qu'ils suivaient des cours de français lui et sa

  7   sœur, au début. Par conséquent, j'ai été étonné par ce fait.

  8   Question: Vous avez dit son "nidzo". Qui est-ce?

  9   Réponse: C'est son fils.

 10   Question: Monsieur Dikic, ce que vous venez de dire, étant donné que

 11   Visegrad n'est pas une grande localité et que les gens se connaissent,

 12   est-ce que vous auriez pu remarquer si M. Vasiljevic appartenait à ce

 13   groupe des Aigles blancs, comme vous le disiez tout à l'heure, ou

 14   appartenait à un autre groupe paramilitaire? Enfin, vous auriez pu le voir

 15   ou entendre en parler?

 16   Réponse: Non seulement que je l'aurais remarqué, mais je dois ajouter à

 17   cela quelque chose. Je ne sais pas comment le décrire: Mitar, autant que

 18   je le connais, n'aurait jamais pu se comporter comme ces gens-là.

 19   Il m'est toujours difficile de décrire la terreur qu'ils impliquaient à

 20   notre égard et je ne peux garantir qu'il ne faisait pas partie de cela.

 21   Ces gens qui commettaient ces choses-là étaient arrivés sur place avec un

 22   bon entraînement antérieur. Celui qui n'était jamais dans ce genre de

 23   chaos, de cauchemar, eh bien ces gens-là étaient quelque part, avaient

 24   trempé dans une quelconque guerre, combat pour qu'ils puissent se

 25   comporter de la manière dont ils se comportaient.


Page 2310

  1   Question: Est-ce que cela veut dire qu'étant donné la profession, le

  2   métier de M. Vasiljevic, donc garçon de café, étant donné que c'était une

  3   petite localité, que tout est vu, aperçu, tout s'entend?

  4   Réponse: Mais oui, toutes les nouvelles circulent très vite. Il s'agit

  5   d'une ville que l'on peut traverser en quelques minutes, deux ou trois

  6   minutes.

  7   Question: Et pour terminer, est-ce que vous avez entendu qu'une… que ce

  8   "fama est" a traversé rapidement la ville, à un moment donné, concernant

  9   Mitar Vasiljevic?

 10   Réponse: Je n'ai pas très bien compris votre question.

 11   Question: Parlant des événements, et vous disant que les rumeurs

 12   circulaient très rapidement, est-ce que vous avez entendu parler et dire

 13   quelque chose de ce genre à propos de Mitar Vasiljevic?

 14   Réponse: Non.

 15   M. Tanaskovic (interprétation): Merci. Je n'ai plus d'autres questions.

 16   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, vous avez la parole.

 17   (Contre-interrogatoire du témoin, M. Dikic, par M. Ossogo.)

 18   M. Ossogo: Monsieur Dragisa Dikic, nous allons vous poser quelques

 19   questions relativement à ce que vous venez de nous dire sur vos relations

 20   avec M. Mitar Vasiljevic et sur d'autres points concernant sa vie, tant

 21   personnelle que privée.

 22   Pour revenir sur les indications de votre connaissance de M. Mitar, vous

 23   avez donné un certain nombre de détails, notamment vous nous avez indiqué

 24   que vous habitiez avec lui et qu'il habitait à 150 mètres de votre maison,

 25   et que vos parents habitaient cette maison depuis une quarantaine


Page 2311

  1   d'années. Pouvez-vous nous préciser, vous-même, depuis combien de temps

  2   vous habitiez la maison de vos parents?

  3   M. Dikic (interprétation): J'habitais dans la maison de mes parents

  4   jusqu'au temps de mon mariage, et cela fait quelque 23 ans que je suis

  5   marié. Mais je me rendais quotidiennement dans cette maison, étant donné

  6   que mon atelier était rattaché à la maison de mes parents, c'est-à-dire à

  7   la partie de la maison habitée par mes parents. Et c'est là, donc, dans

  8   cette partie que j'avais mon atelier, mon petit magasin; j'étais donc lié

  9   quotidiennement avec la maison de mes parents. Et puis, par la suite, je

 10   me suis fait bâtir ma propre maison, mais elle a été rattachée elle aussi

 11   à la maison de mes parents.

 12   Question: Vous voulez dire que votre maison que vous vous êtes fait bâtir

 13   jouxtait la maison de vos parents? Elle n'était pas éloignée?

 14   Réponse: Enfin, elle se trouvait tout près, à mettons quatre mètres de

 15   distance. Donc, quatre mètres séparaient les deux maisons.

 16   Question: Cela fait donc que votre nouvelle maison n'était pas également

 17   éloignée de celle de M. Mitar, lorsqu'il est venu s'installer dans votre

 18   quartier?

 19   Réponse: Oui, c'était à peu près la même distance, peut-être. Exprimée en

 20   mètres, c'était à 5 ou 6 mètres de la mienne et de la maison de mes

 21   parents. Enfin, distance normale entre les différentes maisons, c'est-à-

 22   dire à compter de la porte d'entrée dans chacune de ces maisons.

 23   Question: Vous avez dit que vous voyiez souvent M. Mitar lorsqu'il

 24   passait. Mais, vers une partie de votre témoignage, vous avez indiqué que

 25   vous aviez des relations qui poussaient vos familles distinctes à se


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  1   rendre visite. Est-ce que vous vous rendiez effectivement visite souvent,

  2   en tant que voisins?

  3   Réponse: Non, je n'ai dit à aucun moment que nos familles se

  4   fréquentaient, se rendaient visite. Mais c'est plutôt moi qui rencontrais

  5   Mitar, voyais, apercevais Mitar.

  6   Mon atelier donne sur la route qui va de la maison de Mitar vers la ville.

  7   La porte d'entrée de l'atelier se trouve à 7 mètres de la route et c'était

  8   une règle de la municipalité. Par conséquent, je rencontrais, j'apercevais

  9   Mitar et sa famille presque chaque jour, lorsqu'ils passaient. Enfin, on

 10   n'était pas en contact permanent tous les jours, mais on s'arrête en cours

 11   de route puis on se parle un peu. Voilà.

 12   Question: Vous n'aviez donc pas de relations que l'on peut qualifier

 13   d'intimes? C'étaient de simples relations de politesse, de voisinage?

 14   Réponse: Oui, exactement. Comme vous l'avez dit.

 15   Question: Vous le qualifiez pourtant de bon mari, en quelque sorte, et de

 16   bon père de famille, c'est bien cela? Sans avoir de relations intimes?

 17   Réponse: Oui, je l'ai dit parce que j'ai pu le conclure d'après le

 18   comportement de son enfant qui se rendait chaque jour dans l'atelier. Et

 19   vous savez que tous les enfants sont intéressés, surtout quand ils sont

 20   petits, sont intéressés les autos, par les différents outils, par les

 21   tenailles, tournevis et ainsi de suite. Je permettais aux enfants de

 22   réparer leur bicyclette sur place, dans mon magasin.

 23   Par conséquent, cela m'a fait constater que c'était un bon père de

 24   famille, un homme comme il faut. Cet enfant était toujours bien habillé,

 25   enfin, pas d'une élégance tirée à quatre épingles mais j'ai constaté,


Page 2313

  1   étant donné qu'il était toujours bien habillé, propre et ainsi de suite,

  2   que c'était un enfant comme il faut. Mais je n'étais pas un ami de la

  3   famille proprement parlant. J'étais un bon voisin. Ce sont les conclusions

  4   personnelles que j'ai pu dégager de ce contexte-là.

  5   Question: Vous avez été affecté dans cet atelier où vous travailliez,

  6   comme vous l'avez indiqué. Savez-vous où Mitar a été affecté puisque, même

  7   n'ayant pas de relations intimes, vous aviez des informations sur lui, sur

  8   sa vie personnelle et privée?

  9   Réponse: Je n'avais pas de données et je n'en ai pas demandé parce que,

 10   finalement, moi aussi je me rendais dans ces cafés de la ville. Et puis,

 11   j'ai vu Mitar en train de servir, en train de faire son métier de garçon

 12   de café. Il me servait aussi, il servait d'autres également. Voilà, donc

 13   j'ai conclu qu'il était travailleur, ouvrier employé par l'entreprise

 14   Panos. Mais est-ce qu'il a travaillé à Panos, est-ce qu'il était de

 15   service à Panos, à Bikavac, à Banja? Enfin, toutes ces installations

 16   appartenaient à une seule firme, à une seule entreprise.

 17   Question: J'étais en train de vous demander si vous aviez des informations

 18   sur sa mobilisation à lui, Mitar, puisque vous, vous aviez été affecté à

 19   la Défense territoriale?

 20   Réponse: Je ne sais pas. Et d'ailleurs, je n'aimerais pas parler de cela

 21   parce que, vraiment, je ne sais pas qui l'a assigné aux tâches que je lui

 22   ai vu faire, c'est-à-dire ce nettoyage, ce rangement des rues de la ville.

 23   Moi, j'ai dit que j'étais dans mon atelier, que c'est là que j'avais été

 24   affecté mais pour lui, je ne sais pas, je ne peux dire que ce j'ai vu

 25   quand je passais auprès de lui. Maintenant, qui l'a mobilisé et a-t-il été


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  1   mobilisé? Ça, je ne le sais pas.

  2   Question: Vous avez dit que vous rentriez chez vous. Qu'est-ce que vous

  3   vouliez dire: après le travail ou pendant les heures de travail?

  4   Réponse: Eh bien, après le travail, mais aussi parfois pendant le travail

  5   parce que, dans notre travail, il n'y a pas d'heures de travail précises.

  6   Notre travail est d'une nature telle que nous sommes, en fait, tout le

  7   temps pendant les heures de travail.

  8   Moi, j'avais des parents âgés, mon père était malade -d'ailleurs il est

  9   décédé de maladie pendant cette guerre-, et donc, chaque fois que je

 10   pouvais, je prenais ma voiture et j'allais les voir pour voir surtout

 11   comment ils allaient.

 12   Question: Vous nous donnez deux raisons, là, pour les causes pour

 13   lesquelles vous ne pouviez savoir quelle était la situation

 14   professionnelle de M. Mitar, relativement à son affectation en service

 15   obligatoire.

 16   Je voudrais vous relire, dans votre déclaration du 28 août de l'année

 17   dernière, ce que vous indiquez relativement à ce point, dans la version

 18   anglaise. Vous dites: "I don't know where and if Mitar were assigned

 19   during the war, because I worked day and night in the workshop where I was

 20   assigned... Therefore, I said I went home and I consequently said I didn't

 21   see him.".

 22   Est-ce que c'est bien ce que vous avez déclaré, ce qui est assez curieux

 23   pour quelqu'un qui a un minimum de rapport avec son voisin?

 24   Réponse: Je crois que cela n'a rien d'étonnant. Je ne crois pas que vous

 25   et moi disions des choses différentes, parce que je ne sais pas en quoi


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  1   vous pensez que ce que je viens de dire s'écarte de ce que j'ai dit dans

  2   ma déclaration. Moi, je crois que ma déclaration est pratiquement, et

  3   d'ailleurs pas pratiquement, je crois qu'elle est identique à ce que je

  4   viens de dire.

  5   J'ai dit dans ma déclaration que je l'avais vu en passant en train de

  6   nettoyer les rues de la ville, mais cela ne veut pas dire que je l'ai vu

  7   tous les jours. Cela dit, je ne peux pas, aujourd'hui, vous dire

  8   exactement combien de fois je suis allé jusqu'à ma maison.

  9   Question: C'est simplement pour nous dire, Monsieur, les différences de

 10   causes que vous invoquiez et le fait que vous avez quand même la

 11   possibilité de vous rendre chez vous très souvent, comme vous l'avez

 12   déclaré lors de l'interrogatoire principal tout à l'heure.

 13   Je voudrais maintenant, justement, arriver sur ce point concernant le

 14   nettoyage des rues. Est-ce que la population avait un avis favorable ou

 15   défavorable par rapport au travail que faisait Mitar, au nettoyage de ces

 16   rues? Et, est-ce que, avant qu'il ne procède à ces nettoyages, il y avait

 17   d'autres organisations ou d'autres personnes qui les nettoyaient?

 18   Réponse: A ce moment-là, non. Enfin, moi, en tout cas, je n'ai pas

 19   remarqué.

 20   Question: Je n'ai pas bien saisi votre réponse.

 21   Réponse: Eh bien, écoutez, quand j'ai vu Mitar et ce groupe de personnes

 22   en train de nettoyer les rues, je n'ai vu personne d'autre dans une autre

 23   organisation qui nettoierait les rues. Enfin, il n'avait pas... Enfin

 24   qu'est-ce que je sais? A cette époque-là… En ce moment, il y a une

 25   entreprise communale avec des gens qui portent des vêtements particuliers


Page 2316

  1   mais à l'époque, des gens comme ceux-là, je n'en ai pas vu en train de

  2   nettoyer les rues.

  3   Question: Vous avez parlé, Monsieur Dragisa, de ce que vous aviez

  4   connaissance, tout au moins de l'existence au début de la guerre, d'unités

  5   de paramilitaires qui ont opéré dans les lieux ou environs de votre lieu

  6   d'habitation et de travail. Vous nous avez également indiqué qu'il y avait

  7   quelques-unes de ces unités qui avaient des noms, sans indiquer ce nom, et

  8   que le nom le plus couramment utilisé était "les Aigles blancs ". C'est

  9   bien cela?

 10   Réponse: Eh bien, je ne peux pas, je ne me rappelle pas les autres noms.

 11   Question: Vous avez dit que les autres noms pouvaient être obscènes. Cela

 12   veut dire que vous les aviez mais que vous ne vous entendiez pas les

 13   prononcer, peut-être?

 14   Réponse: Je dirai que je peux me rappeler, il n'y a pas de raison que je

 15   ne les prononce pas. Si je me rappelais, je les dirais.

 16   Question: Quand vous dites obscènes, en dehors des Aigles blancs, vous

 17   avez dit: "Les autres groupes avaient des noms obscènes." Qu'entendez-vous

 18   par là?

 19   Réponse: Ecoutez, quand le corps d'Uzice est arrivé, à ce moment-là, je

 20   crois qu'eux sont arrivés aussi, ces paramilitaires, les Aigles blancs. Je

 21   m'en souviens parce que j'ai vécu des désagréments personnellement. Quant

 22   aux autres noms, tous les autres noms, je les ai entendus au travail mais

 23   cela ne m'intéressait pas et c'est sans doute pour cela que je ne les ai

 24   pas enregistrés, ces noms-là.

 25   Question: Avez-vous eu connaissance de ceux qui pouvaient être dirigeants


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  1   ou les leaders de ceux dont vous aviez connaissance du nom, c'est-à-dire

  2   les Aigles blancs?

  3   Réponse: Je ne sais pas.

  4   Question: Votre garage, Monsieur Dragisa Dikic, était-il, selon vous, un

  5   petit garage, un grand garage? Etait-il visité par beaucoup de personnes?

  6   Réponse: Vous parlez du garage dans lequel je travaillais pendant que

  7   j'étais engagé pendant l'armée, ou après la guerre?

  8   Question: Après la guerre.

  9   Réponse: Après la guerre...

 10   Après la guerre, c'est un atelier qui fait moins de 160 m2, dans lequel je

 11   fais des travaux de peinture automobile, de petites réparations générales,

 12   ce genre de choses. En général, deux ou trois personnes y travaillent, et

 13   en ce moment j'ai aussi des apprentis, un apprenti qui apprend le métier

 14   de mécanicien.

 15   Question: C'est dans ce garage que vous avez reçu pour la première fois M.

 16   Milan Lukic que vous ne connaissiez pas, selon vous?

 17   Réponse: Oui.

 18   Question: Vous avez parlé des relations de kum, vous les avez définies.

 19   Savez-vous si M. Mitar Vasiljevic avait des relations de kum avec M. Milan

 20   Lukic?

 21   Réponse: Non.

 22   Question: Avez-vous entendu parler avant, n'est-ce pas, de cette procédure

 23   de quelconque relation ou d'association de criminels entre M. Milan et M.

 24   Mitar Vasiljevic?

 25   Réponse: Je n'en ai pas entendu parler.


Page 2318

  1   Question: Vous-même, avez-vous jamais été cité dans quelque association

  2   d'ordre criminel, si l'on peut dire, pendant cette période de guerre et

  3   après?

  4   Réponse: Non.

  5   Question: Avez-vous jamais entendu parler de M. Mitar Knezevic?

  6   Réponse: Mitar Knezevic, j'ai fait sa connaissance. Mais, en fait, ce

  7   n'est pas que j'ai personnellement fait sa connaissance parce que je n'ai

  8   jamais u besoin de lui, mais je le connaissais du café aussi, où je vais

  9   souvent m'asseoir.

 10   Question: Vous n'avez jamais eu de contacts plus poussés avec lui?

 11   Réponse: Non, je n'ai jamais… La seule chose, c'est que, si cela veut dire

 12   quelque chose, j'étais assis à la table voisine, peut-être.

 13   Question: Vous étiez assis à la table voisine et vous n'avez jamais

 14   socialisé avec lui, même en vivant ensemble, en étant assis à la table

 15   suivante.

 16   Réponse: Moi, je n'ai jamais bu et je ne le fréquentais pas, parce qu'il

 17   n'était pas du tout dans mes fréquentations.

 18   Question: Monsieur Dragisa Dikic, est-ce que vous connaissez, vous avez eu

 19   connaissance de M. Oliver Krsmanovic?

 20   Réponse: Oliver Krsmanovic? Est-ce qu'il m'est connu? Oui, il m'est connu.

 21   Question: Comment le connaissez-vous?

 22   Réponse: La ville est si petite que je connais les gens qui habitent au

 23   centre-ville. Et alors, il y a beaucoup de gens aussi que je connais grâce

 24   à mon atelier personnel.

 25   Question: Est-il impliqué dans les groupes paramilitaires dont vous avez


Page 2319

  1   parlé tout à l'heure?

  2   Réponse: Cela, je ne sais pas.

  3   Question: Avez-vous eu connaissance de M. Novica?

  4   Réponse: Ça, je ne sais pas.

  5   M. Ossogo: Ces personnes citées, M. Dragisa Dikic et bien d'autres… Il

  6   ressort de certaines recherches qui ont été faites dans nos archives que

  7   votre nom est associé à elles dans le cadre d'activités qui auraient eu

  8   des corrélations criminelles dans la région que vous avez habitée.

  9   Qu'avez-vous à dire à ce sujet?

 10   M. Dikic (interprétation): Croyez-moi, je ne suis pas au courant. Et

 11   d'ailleurs, qu'est-ce que je sais? Qu'est-ce que je peux vous dire?

 12   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, il est possible que la

 13   question ait mal été consignée au compte rendu d'audience. Mais ce qui

 14   figure au compte rendu d'audience, s'agissant des personnes dont vous avez

 15   mentionné les noms au cours de questions précédentes, c'est que ces

 16   personnes, grâce à des recherches qui ont été faites, sont liées à vous,

 17   s'agissant donc du témoin, en rapport avec des activités criminelles

 18   auxquelles vous auriez participé? C'est bien cela que vous avez demandé au

 19   témoin?

 20   M. Ossogo: C'est bien cela.

 21   M. le Président (interprétation): Comment le témoin peut-il répondre à

 22   cette question? Si vous voulez lui parler de ses activités criminelles,

 23   posez-la lui directement. Il ne peut pas répondre à cette question

 24   lorsqu'elle est posée d'une façon aussi générale que celle-ci, à savoir

 25   dans le cadre d'allégations qui sont faites par d'autres contre lui.


Page 2320

  1   Donc, posez-lui la question directement. Je comprends tout à fait le

  2   problème du témoin.

  3   M. Ossogo: Merci, Monsieur le Président.

  4   Monsieur Dragisa Dikic, est-ce que vous avez été impliqué d'une manière ou

  5   d'une autre dans des activités criminelles, notamment dans la région où

  6   vous habitiez et où vous travailliez, en association avec les personnes

  7   dont j'ai cité les noms?

  8   M. Dikic (interprétation): Je n'ai jamais, pour quelque raison que ce

  9   soit, été poursuivi en justice ou condamné. Dans ma vie, je n'ai jamais eu

 10   un quelconque problème. Quant à l'association avec certaines personnes sur

 11   lesquelles pèsent des soupçons, cela est hors de question et je le

 12   garantis. Je l'affirme le plus fermement qui soit: je n'ai aucun rapport

 13   avec ces personnes.

 14   Question: Revenons, Monsieur Dikic -en espérant que vous nous dites la

 15   réalité sur ces faits-, sur l'habillement de M. Mitar dont vous avez donné

 16   quelques indications tout à l'heure.

 17   Vous avez indiqué qu'il portait à son bras une bande rouge, c'est bien

 18   cela, lorsqu'il nettoyait les rues?

 19   Réponse: Oui, c'est exact.

 20   Question: C'était à son bras ou à son épaule? Pouvez-vous confirmer?

 21   Réponse: Sur le bras.

 22   M. Ossogo: Et cette bande n'avait aucun insigne particulier, vous en êtes

 23   certain?

 24   M. Dikic (interprétation): Sûr. C'était une bande normale, enfin, comme je

 25   l'ai vue, une bande rouge, là, sur le bras, à ce niveau du bras. Une bande


Page 2321

  1   normale. Est-ce que c'est du tissu qui a été déchiré ou est-ce que c'est

  2   de la toile rouge qui a servi à le faire? Je ne sais pas.

  3   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, je ne vois pas, je ne

  4   peux pas voir ce qu'a montré le témoin. Il a fait un geste en indiquant

  5   une partie de son bras. Il est loin et je n'ai pas vu son bras. Donc il

  6   faudrait que soit enregistrée avec des mots la description.

  7   M. Ossogo: Bien, Monsieur le Président.

  8   Monsieur Dikic, vous allez montrer exactement où vous voyiez cette bande

  9   rouge.

 10   M. Dikic (interprétation): Une bande rouge, ici, dans cette partie du

 11   bras. Comment est-ce que ça s'appelle? La seule chose, c'est que je ne

 12   sais pas sur quel bras. Mais enfin, ce qui est important, c'est qu'il

 13   avait une bande sur le bras.

 14   M. le Président (interprétation): Le témoin vient de montrer une partie du

 15   bras située juste au-dessus du coude.

 16   M. Ossogo: Vous avez entendu la remarque du Président: lorsque vous faites

 17   ceci, ça veut dire que c'est une moitié de bande. Vous voulez dire que

 18   c'est l'intégralité autour du bras ou une partie du bras?

 19   M. Dikic (interprétation): Je ne sais pas ce que vous voulez dire "la

 20   moitié du bras". Moi, j'ai vu une bande pour le bras, une bande. Quelle

 21   peut être sa largeur? Une petite bande, comme ça, sur le bras, de cette

 22   largeur-là à peu près, rouge.

 23   Question: Voulez-vous être plus précis?

 24   Réponse: Une bande de peut-être 5, 6, 10 centimètres, comme ça. Enfin,

 25   maintenant... Une bande, vous savez, je ne sais pas exactement. Moi...


Page 2322

  1   Question: Cinq ou dix centimètres. Donc ce n'est pas autour?

  2   Réponse: Mais oui, comme ça, oui, autour du bras.

  3   M. Ossogo: C'est autour du bras, ou 10 ou 15 centimètres?

  4   M. le Président (interprétation): Le témoin est en train de dire que

  5   l'épaisseur du tissu composant la bande a cette épaisseur. Et il a fait un

  6   geste qui, à mon avis, indique une largeur plus proche de 5 centimètres

  7   que de 10. Mais c'est la largeur, ce n'est pas la longueur dont il

  8   parlait.

  9   Pouvons-nous maintenant en venir à quelque chose de plus pertinent dans

 10   cette affaire? Parce qu'il avait une bande autour du bras -il ne sait pas

 11   sur quel bras-, juste au-dessus du coude, à peu près 5 centimètres de

 12   largeur. Il est possible qu'il s'agisse de tissu rouge, de n'importe quel

 13   tissu rouge.

 14   Je ne crois pas que vous puissiez poursuivre plus longuement dans ce genre

 15   de question. Monsieur le Procureur, avançons, je vous prie.

 16   M. Ossogo: Monsieur le Président, merci. Je n'avais pas saisi s'il parlait

 17   de la largeur ou de l'épaisseur du tissu. Ce n'était pas clair, puisque

 18   vous-même vous avez posé la question.

 19   Bien. Est-ce que d'autres personnes portaient également cette bande? Vous

 20   avez signalé un groupe de 5 ou 6 personnes.

 21   M. Dikic (interprétation): Non.

 22   Question: Il était donc le seul à porter cette bande?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: A-t-il dit, par hasard, les raisons pour lesquelles il la

 25   portait?


Page 2323

  1   Réponse: Je ne me suis jamais arrêté à côté de lui pour parler avec lui de

  2   la raison pour laquelle il portait une bande, donc il ne me l'a pas dit.

  3   Sans doute portait-il ce brassard parce qu'il était un chef ou un

  4   dirigeant ou quelque chose de ce genre; c'est sans doute pour cela qu'il

  5   le portait.

  6   Question: S'agissant de l'appartenance, Monsieur Dikic, de M. Mitar à

  7   quelque groupe paramilitaire, vous êtes catégorique en indiquant qu'il n'a

  8   jamais appartenu à l'un de ces groupes, c'est bien cela?

  9   Réponse: S'agissant de moi, personnellement, de mon avis à moi, ce que je

 10   sais je l'ai dit, mais je ne suis pas forcé de tout savoir. Mais, pour

 11   autant que je le sache, il n'était pas membre.

 12   Question: Qu'est-ce que vous entendez par "vous n'êtes pas forcé de tout

 13   savoir"? Est-ce que vous voulez dire que vous n'avez pas toutes les

 14   informations?

 15   Réponse: Ce n'est pas que je ne les ai pas, mais elles ne m'intéressent

 16   pas toutes parce que moi, j'ai aussi mes problèmes à moi. Je ne suis pas

 17   là à réfléchir sans arrêt à ce que fait tout un chacun.

 18   Question: Vous avez affirmé que le comportement des membres des

 19   paramilitaires, qui opéraient dans votre région, ne pouvait pas être suivi

 20   de personnes originaires de Visegrad, c'est bien cela?

 21   Réponse: D'après ce comportement, pour autant que je connaisse les

 22   habitants de Visegrad -je parle de ceux que je connais-, je pense que non.

 23   Question: Vous dites qu'il n'y a pas de violence, à Visegrad, à cette

 24   époque de la guerre?

 25   Réponse: Moi, je ne veux rien dire parce que, moi, je dis seulement ce que


Page 2324

  1   je sais, et ce que j'ai vu, et si je n'ai pas vu quelque chose je ne peux

  2   pas en parler.

  3   Question: Il y avait tout de même des tueries à Visegrad?

  4   Réponse: Je n'affirme rien parce que, vraiment, moi, je n'ai pas vu. Moi,

  5   je travaillais à un endroit qui faisait que j'étais un peu isolé. J'ai dit

  6   où se trouvait l'atelier, de sorte que j'étais très peu informé de ce

  7   genre de choses. En fait, je n'avais aucune raison d'aller courir quelque

  8   part sans raison; je faisais mon travail, le travail qui m'avait été

  9   assigné.

 10   M. Ossogo: Monsieur le président, il est 13 heures.

 11   M. le Président (interprétation): Nous reprenons à 14 heures 30.

 12   (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30.)

 13   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, à vous.

 14   M. Ossogo: Monsieur Dikic, nous allons revenir sur quelques points de

 15   notre entretien de ce matin. Je voudrais que vous nous précisiez: il n'y

 16   avait pas, sur la route où se trouvait votre maison, il n'y avait pas de

 17   numéro de maison, est-ce exact?

 18   M. Dikic (interprétation): La rue, ou plutôt le panneau d'indication

 19   disant que la rue s'appelle Vojvoda Stepe, est précisément posé sur ma

 20   maison à moi. Mon adresse est Vojvoda Stepe BB, ce qui signifie "sans

 21   numéro".

 22   Question: Est-ce que les autres maisons avaient des numéros pour les

 23   identifications d'adresse sur la même rue?

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Merci.


Page 2325

  1   Vous nous avez dit que vous travailliez dans un atelier particulier et

  2   procédiez à des révisions de véhicules, parmi lesquels des bus. Etes-vous

  3   au courant de ce que ces bus de "Centrotrans" transportaient des Musulmans

  4   de manière sélective vers d'autres lieux, notamment, Gradacac, etc.?

  5   Réponse: Je ne suis pas du tout au courant. J'étais dans l'enceinte d'un

  6   centre qui n'était pas une entreprise privée mais une entreprise d'Etat.

  7   C'était une entreprise d'Etat, et c'est encore une entreprise d'Etat de

  8   nos jours. Je tiens à dire que l'atelier était séparé par des fils, une

  9   clôture, de la gare routière, ce qui fait que véritablement je ne sais pas

 10   vous le dire.

 11   Si vous avez besoin d'éclaircissements supplémentaires, je voulais dire

 12   qu'il y avait une rampe entre la gare routière et cette entreprise. C'est

 13   là que se trouvait la guérite avec le gardien qui laissait passer les

 14   véhicules, avec les gardiens, sur lesquels nous étions sensé faire des

 15   interventions, si tant est que cela peut vous paraître intéressant.

 16   Question: Même en dehors de votre atelier, il ne vous a pas été possible

 17   d'avoir de telles informations en tant que garagiste connu, ou garagiste

 18   d'un atelier connu? Il est de notoriété qu'il y avait de tels transports à

 19   partir à Visegrad à partir de l'hôtel Visegrad vers d'autres lieux?

 20   Réponse: Je ne sais vraiment pas. C'est une chose que j'ignore tout à

 21   fait.

 22   Question: Sur le plan général, vous ignoriez totalement qu'il y avait des

 23   voisins Musulmans ou qu'il y avait des Musulmans à Visegrad?

 24   Réponse: Je sais qu'il y avait des Musulmans à Visegrad.

 25   Question: Savez-vous s'ils ont fait l'objet de discriminations ou d'actes


Page 2326

  1   de violence quelconques de la part de non Musulmans?

  2   Réponse: Je ne sais pas dans quel sens vous entendez la chose, mais je ne

  3   pense pas qu'il y ait eu…, que cela ait eu quoi que ce soit à voir. Mais

  4   je ne comprends pas très bien ce que vous voulez me demander au juste.

  5   Question: Ma question est très claire: vous vivez dans une cité, dans une

  6   ville, une municipalité. Vous nous avez parlé de l'arrivée du corps

  7   d'Uzice, de son départ. Ce n'est pas ce point qui nous intéresse. Vous

  8   savez qu'il y avait des conflits d'ordre ethnique et religieux; je vous

  9   demande donc si vous êtes au moins informé sur un plan général que des

 10   Musulmans qui faisaient partie de la population de Visegrad avaient fait

 11   l'objet soit de sévices soit de violences quelconques de la part de non

 12   Musulmans, et notamment de Serbes? Je crois que c'est une question claire.

 13   Réponse: Non, ce sont des choses que j'ignore.

 14   M. Ossogo: Vous ignorez donc qu'il y avait des conflits interethniques

 15   dans la municipalité de Visegrad?

 16   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, je ne comprends pas,

 17   mais devons-nous passer par là? Je pense que la chose n'est pas litigieuse

 18   dans l'affaire. Le témoin dit qu'il n'est pas au courant, mais ce n'est

 19   pas une affaire litigieuse étant donné que des témoins ont déjà témoigné à

 20   ce sujet.

 21   M. Ossogo: Oui, Monsieur le Président.

 22   Nous avons un témoin qui a prêté serment. Etre garagiste de notoriété de

 23   surcroît, et affirmer que l'on n'est pas au courant de ce qu'il y avait

 24   des conflits, c'est soit se moquer de la justice ou être d'une arrogance

 25   qui fait que l'on est en droit de douter des autres points du témoignage


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  1   qui sont faits dans ce cas, ou que l'on s'amuse.

  2   M. le Président (interprétation): Si vous aviez l'intention de le faire

  3   savoir à la Chambre, eh bien, vous l'avez fait. Je vous prie maintenant de

  4   passer au point-clé.

  5   M. Ossogo: Monsieur Dragisa, avez-vous entendu parler d'un véhicule Passat

  6   rouge, de marque Volkswagen, appartenant à une dame du nom de Behia Zukic?

  7   M. Dikic (interprétation): Non. Je ne sais pas.

  8   M. Ossogo: Avez vous entendu parler du meurtre de cette dame?

  9   M. Dikic (interprétation): Non.

 10   M. le Président (interprétation): Monsieur, veuillez répéter votre réponse

 11   parce que les interprètes ne vous ont pas entendu. Donc, la question

 12   était: avez vous entendu parler du meurtre de cette dame qui était

 13   propriétaire de la Volkswagen?

 14   M. Dikic (interprétation): Non.

 15   M. Ossogo: Vous avez dit, Monsieur Dragica Dikic, que vous aviez entendu

 16   dire que M. Mitar était tombé d'un cheval et qu'il s'était fait une

 17   fracture; c'est bien cela?

 18   Réponse: J'ai appris qu'il était tombé de cheval et qu'il s'était cassé la

 19   jambe. En fait, je l'ai vu avec des béquilles.

 20   Question: Vous l'avez entendu de qui? Qui vous a informé?

 21   Réponse: A l'atelier, des gens en parlaient. Je ne l'ai pas vu tomber mais

 22   j'ai ouï dire qu'il était tombé de cheval. Ce jour même, on en a parlé. De

 23   là à dire vous dire maintenant de quelle date il s'agissait, je ne saurais

 24   pas le faire.

 25   Question: Quand vous dites "ce jour-là", c'est quel jour?


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  1   Réponse: Je ne me souviens pas du jour.

  2   Question: Vous souvenez-vous du mois?

  3   Réponse: Je ne me souviens pas du mois, mais je sais que c'était à peu

  4   près vers le départ du Corps d'Uzice.

  5   Question: Avant ou après le départ du Corps d'Uzice?

  6   Réponse: Après le retrait du Corps d'Uzice.

  7   Question: Lorsque vous avez rencontré M. Mitar portant des béquilles, est-

  8   ce qu'il vous a donné les raisons de sa chute et de la fracture?

  9   Réponse: Je ne lui ai pas posé la question.

 10   Question: Vous n'avez pas discuté de ce point?

 11   Réponse: Nous n'avons pas du tout discuté de cela.

 12   Question: C'est quand même votre voisin? Vous avez de très bons rapports?

 13   Réponse: Oui, seulement j'avais beaucoup à faire à l'atelier et je n'ai

 14   pas eu le loisir de contacter longuement mes voisins, à l'époque.

 15   Question: Même à l'atelier où vous auriez appris cette nouvelle, il n'a

 16   pas été discuté des raisons et circonstances de cette chute de cheval?

 17   Réponse: Non.

 18   Question: Vous avez dit qu'il a porté ces béquilles pendant...

 19   Réponse: Je pense qu'il portait des béquilles. Certes, je le rencontrais

 20   dans la rue et je pouvais le voir. Maintenant, si vous vous référez au

 21   récit que l'on avait fait à l'atelier sur la façon dont la chute s'était

 22   faite, je crois que l'on avait dit que le cheval s'était vu dans la vitre

 23   d'une vitrine de magasin et qu'il avait pris peur de lui-même, de sa

 24   propre image, qu'il avait fait un geste brusque et il est tombé.

 25   Question: C'est cette version que vous avez des faits, à partir de votre


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  1   atelier, à savoir que le cheval s'est vu dans un miroir et est tombé?

  2   Réponse: Etant donné que cela était arrivé devant un grand magasin et

  3   comme je connaissais les lieux, je sais qu'il y avait des vitrines; il n'y

  4   avait pas de miroirs. C'était la vitrine d'un magasin, donc une grande

  5   vitre.

  6   Question: Vous avez dit, affirmé ce matin, qu'il a porté ces béquilles

  7   pendant quelques mois. Avez-vous une idée du nombre de mois pendant

  8   lesquels il a porté ces béquilles?

  9   Réponse: Je ne saurais pas vous le dire.

 10   Question: A-t-il été absent pendant un temps, à la suite de cette chute de

 11   cheval, de son domicile?

 12   Réponse: Oui, il avait été absent, je ne l'ai pas vu pendant un moment.

 13   Mais on m'avait dit qu'il se trouvait à l'hôpital, à Uzice.

 14   Question: Qui vous l'avait dit?

 15   Réponse: Des citoyens. Tout ceux-là, vous savez, c'étaient des gens qui

 16   passaient par l'atelier. Donc, c'est ce que j'ai ouï dire.

 17   Question: Aucun membre de sa famille ne vous a rien dit alors? Ni son

 18   épouse ni les à enfants qui vous étaient familiers?

 19   Réponse: Je ne leur ai pas posé la question et il ne me l'ont pas dit non

 20   plus.

 21   Question: Vous pensez que c'est vraisemblable que vous viviez dans ces

 22   conditions? Un voisin qui a un accident aussi grave? Vous avez pourtant

 23   dit que les familles ont des bons rapports.

 24   Réponse: Je vous ai dit ce que je savais, parce que je n'ai pas eu le

 25   loisir de contacter les voisins comme bon me semblait. Je ne faisais que


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  1   passer, et je passais essentiellement mon temps à l'atelier.

  2   Question: Monsieur Dragisa Dikic, savez-vous pourquoi M. Mitar se trouve

  3   ici?

  4   Réponse: Ce que je sais, c'est qu'il a été accusé, d'après ce que j'ai pu

  5   apprendre par les médias. Sans plus.

  6   Question: Vous avez affirmé tantôt que vous ne le croyiez pas capable de

  7   commettre quelque crime que ce soit, ce matin. C'est bien cela? Vous

  8   parliez de quel crime?

  9   Réponse: Eh bien, je ne sais pas trop, j'ai ouï dire dans les médias que

 10   Mitar avait été accusé de meurtre, et c'est à cela que je faisais

 11   allusion.

 12   M. Ossogo: Monsieur Dragisa Dikic, si vous pouvez faire montre d'une telle

 13   indifférence par rapport à un voisin et sa famille qui se trouvent isolés

 14   de son chef, je veux dire le chef de famille, je ne vois pas comment vous

 15   pouvez affirmer a contrario, et mettre votre main au feu pour dédouaner un

 16   voisin avec lequel finalement vous n'avez pas de rapport dans le malheur.

 17   Ensuite, nous avons évoqué un certain nombre de faits relatifs à la

 18   situation de Visegrad. Vous n'êtes pas au courant de quelque tuerie, de

 19   quelque crime qu'il y aurait eu? Vous n'êtes pas au courant de conflit

 20   entre Musulmans ou Serbes? Vous étiez tantôt dans votre atelier du matin

 21   au soir, travaillant, tantôt vous sortiez de cet atelier très souvent pour

 22   vous rendre chez vous? Vous ne saviez pas si M. Mitar avait été affecté et

 23   qui était affecté, mais vous aviez des rapports, selon vous, suivis avec

 24   la famille et les enfants? Vous n'avez pas parlé avec M. Mitar de son

 25   accident et de sa chute de cheval, mais vous l'avez qualifié de bon père


Page 2331

  1   de famille, de bon mari, de bon époux?

  2   Nous nous demandons de qui vous vous moquez, finalement.

  3   Monsieur le Président, j'en ai terminé.

  4   M. Dikic (interprétation): Je pourrais vous dire en réponse, Monsieur, que

  5   tout ce que j'ai déclaré et dit au sujet du genre de personne que Mitar

  6   était, c'est ce que je pensais de lui avant le début de la guerre. Je n'ai

  7   pas parlé de Mitar seulement au moment, ou à partir du moment où la guerre

  8   a éclaté. Je vous ai parlé de Mitar que j'avais connu jusqu'au moment où

  9   la guerre a éclaté. Donc, ce que je vous ai affirmé, je le maintiens et je

 10   n'ai aucune honte de tout ce que j'ai dit au sujet de Mitar.

 11   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, il n'est pas habituel,

 12   ou de coutume, de permettre aux juristes de faire des commentaires du type

 13   de celui que vous avez fait pour finir votre intervention. Si vous le

 14   souhaitez, vous pouvez poser des questions et je crois que ce type de

 15   commentaire ne sera pas refait de votre part à l'avenir.

 16   Monsieur Tanaskovic, avez-vous des questions à poser en contre-

 17   interrogatoire?

 18   M. Tanaskovic (interprétation): Monsieur Ossogo a donné lecture de la

 19   déclaration faite par M. Dragisa Dikic en date du 21 août 2000.

 20   Comme il n'a donné lecture que d'une partie de cette déclaration, je

 21   voudrais que la lecture soit faite de façon complète. Cette déclaration a

 22   en effet été faite par M. Dikic, mais elle s'enchaîne par ce qui suit: "Ce

 23   que je sais et que j'ai vu, c'est que Mitar avait organisé le nettoyage de

 24   la ville et des rues…"

 25   (Les interprètes demandent à Me Tanaskovic de lire plus lentement.)


Page 2332

  1   Je m'excuse.

  2   "D'après ce que je sais et ce que j'ai vu, c'est que Mitar avait organisé

  3   le nettoyage de la ville et des rues, de tous détritus, déchets et choses

  4   analogues, ce qui fait que certains citoyens l'avaient même vanté ou loué

  5   parce que s'il n'avait pas été là-bas, il n'aurait pas été possible de

  6   passer par la ville ou de traverser la ville tant il y aurait eu de

  7   déchets ou de détritus". Fin de citation.

  8   C'est la déclaration complète que M. Dikic avait faite en date du 21 août

  9   2000.

 10   Je pense que M. Ossogo possède cette déclaration et nous pourrions être

 11   d'accord sur le fait que c'est bien la déclaration complète.

 12   M. le Président (interprétation): Est-ce bien exact, Monsieur Ossogo?

 13   M. Ossogo: C'est exact, Monsieur le Président.

 14   M. le Président (interprétation): Avez-vous des questions à poser, Maître

 15   Tanaskovic?

 16   (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, Dragisa Dikic, par Me

 17   Tanaskovic)

 18   M. Tanaskovic (interprétation): J'ai quelques questions à l'intention de

 19   M. Dikic, notamment s'agissant de l'endroit où il avait parlé de M

 20   Knezevic, Mitar Knezevic. Je voudrais savoir s'il est au courant du fait

 21   que M. Mitar Knezevic avait un surnom ou pas, et si oui, lequel?

 22   M. Dikic (interprétation): Oui, il avait un surnom. On l'appelait Mitar,

 23   le Chetnik.

 24   Question: Monsieur Dikic, vous nous avez expliqué ou dit quand vous aviez

 25   aperçu Mitar Knezevic, et je voudrais savoir si vous avez vu quelque chose


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  1   de curieux, d'étrange?

  2   Réponse: Ce qui m'a marqué, c'est qu'il avait une apparence assez

  3   inhabituelle. Il n'avait pas un œil et cela avait été toujours assez

  4   désagréable ou déplaisant que de le voir. C'est peut-être la raison pour

  5   laquelle je me suis rappelé de lui. Mais je n'ai pas eu d'autre contact

  6   avec lui.

  7   Question: Quand vous avez pu apercevoir Mitar Knezevic, pouvez-vous nous

  8   dire s'il portait un couvre-chef sur la tête?

  9   Réponse: Je ne m'en souviens pas.

 10   Question: Je n'ai plus de question à vous poser.

 11   (Questions au témoin, M. Dragisa Dikic, par Mme la Juge Janu.)

 12   Mme Janu (interprétation): Monsieur Dikic, vous nous avez donné une

 13   définition très précise de la relation de kum. Vous nous avez dit que

 14   cette relation était une chose tout à fait respectable et respectée, que

 15   l'on se transmettait d'une génération à l'autre, que cela était une

 16   tradition de très longue date, et que la pire des choses pour un Serbe est

 17   de changer de kum sans raison majeure, ou à la demande du kum. Alors, si

 18   c'est à la demande du kum, c'est un grand péché pour l'autre, n'est-ce

 19   pas?

 20   M. Dikic (interprétation): Oui.

 21   Question: Je vous demanderai de nous expliquer, dans ce cas, d'expliquer à

 22   la Chambre la façon dont vous comprenez la chose; à savoir quelle pourrait

 23   être la raison particulière pour laquelle un kum voudrait se voir libéré

 24   de ses responsabilités de kum?

 25   Réponse: Eh bien, Madame la Juge, je n'en sais pas très long à ce sujet,


Page 2334

  1   mais ce que j'en sais a été hérité des connaissances de mes aînés. Un kum

  2   pourrait demander la cessation de cette relation de kum dans le cas où il

  3   serait malade et dans le cas où il ne pourrait pas venir, être kum, et

  4   dans le cas où il n'aurait pas d'héritier. Donc, il pourrait venir

  5   s'excuser et dire qu'il est empêché, c'est-à-dire dans l'impossibilité de

  6   perpétuer sa relation de kum. Alors la relation de kum pourrait être

  7   transférée vers quelqu'un d'autre, et ce kum pourrait proposer l'un

  8   quelconque de ses proches parents pour reprendre la relation de kum.

  9   Donc, quand cela arrive, c'est pour des raisons de santé et pour une

 10   simple raison dans le cas où, notamment, il n'y aurait pas d'héritier, de

 11   personne, donc, qui reprendrait la perpétuation de la relation.

 12   Question: Donc comportement d'une partie dans le contexte de ce rapport de

 13   cette relation, je vous donne un exemple un peu abstrait, et la situation

 14   serait la suivante: si une personne, donc partie à ce genre de rapport,

 15   constaterait que l'autre avait commis un crime -l'autre partie-, que se

 16   passerait-il par la suite? Et cette partie qui avait donc commis un crime,

 17   est-ce que cette deuxième partie aurait droit de demander à la première

 18   partie de redevenir son kum, être par exemple témoin principal à un

 19   mariage ou être kum lors d'un baptême?

 20   Réponse: Je vous assure que je ne pourrais pas répondre à cela, c'est un

 21   peu difficile. Si on ne connaît pas les raisons concrètes, il est très

 22   difficile de répondre à ce genre de question.

 23   Question: Je vous ai donné un exemple: l'une des personnes, dans ce

 24   contexte de kumsvo, a commis un crime -crime vraiment sérieux-, sous vos

 25   yeux. Ensuite, cette même personne viendrait vous demander d'exercer vos


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  1   obligations en tant que kum. Est-ce donc… Ce ne serait pas cette raison

  2   très spéciale qui pourrait libérer quelqu'un de ce contexte de kumsvo?

  3   Réponse: Vraiment, je ne le sais pas. L'institution du kumsvo n'est pas

  4   quelque chose de juridique, il s'agit tout simplement de rapports inter-

  5   humains. Je n'entre pas dans cela, et je ne sais même pas comment je

  6   réagirais personnellement.

  7   Question: Encore une question: connaissiez-vous Stanko ou Stanimir

  8   Pecikoza?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Est-ce que vous savez comment il est mort? Il y avait des gens

 11   qui venaient dans votre atelier. Est-ce que vous avez entendu parler de ce

 12   fait?

 13   Réponse: Il n'est pas décédé, autant que je le sache. Il est tombé sur...

 14   Il a été tué. Ils l'ont trouvé dans une voiture, autant que je sache.

 15   Comment cela s'est passé? Comment on l'a trouvé? Je sais à peu près parce

 16   que je passais à côté, mais je n'avais pas une information bien fondée

 17   quant à la manière selon laquelle cela s'était passé. J'avais de bons

 18   rapports avec sa famille, on n'en a jamais discuté, mais je sais qu'il a

 19   été trouvé dans une voiture, dans une rivière. Mais comment cela s'est

 20   passé? Je ne le sais pas.

 21   Question: Vous êtes né à Visegrad, vous y avez grandi et vous y continuez

 22   à vivre?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Eh bien, que pourriez-vous nous dire de sa famille? Vous nous

 25   avez parlé de celle de M. Vasiljevic.


Page 2336

  1   Réponse: Il s'agit d'une famille bien connue à Visegrad, une famille très

  2   bien. Ils avaient un grand atelier-magasin, son fils en a hérité. Enfin,

  3   il n'est pas décédé d'une mort naturelle mais il a été tué.

  4   Question: Est-ce que vous connaissez quelque chose à propos de sa position

  5   ou des fonctions qu'il occupait dans un quelconque parti politique? Etait-

  6   il une personnalité en vue au sein de quelque parti politique que ce soit?

  7   Est-ce que vous connaissez ces choses-là?

  8   Réponse: Non, je ne connais pas ces choses-là. Mais je sais qu'il était

  9   bon travailleur, un homme travailleur.

 10   Question: Est-ce que vous étiez membre d'un parti politique, avant les

 11   élections multipartites ou après les élections multipartites?

 12   Réponse: Non.

 13   Question: Monsieur Vasiljevic a dit, dans sa déclaration, que le parti SDS

 14   distribuait depuis mars 1992 des armes, des fusils, et que tout un chacun

 15   en obtenait. Est-ce que vous avez eu une quelconque arme?

 16   Réponse: Non.

 17   Question: Ayant été appelé en tant que réserviste, est-ce que vous avez

 18   reçu une arme, donc, en votre qualité de membre de la Défense

 19   territoriale?

 20   Réponse: Oui.

 21   Question: Etant réserviste affecté au travail que vous effectuiez, est-ce

 22   que vous deviez porter, vous aussi, une sorte de bande, de ruban, à

 23   l'instar de M. Vasiljevic, mais peut-être d'une autre couleur?

 24   Réponse: Non, je ne portais aucune bande, aucun brassard. On avait nos

 25   combinaisons de travail et c'était tout.


Page 2337

  1   Question: Avez-vous eu l'écho de l'existence d'une quelconque règle

  2   prévoyant que différents réservistes allaient porter différents insignes,

  3   différents brassards, rubans, enfin dans ce genre-là?

  4   Réponse: Non, absolument pas. Oui, je sais que des commandants, des

  5   supérieurs portaient des insignes de leur grade.

  6   Question: Est-ce qu'il s'agissait de brassards, de signes dans le genre

  7   rubans? Mes connaissances militaires ne sont pas très approfondies, mais

  8   enfin...

  9   Réponse: Au sein de notre armée, il y avait des insignes dans l'ex-

 10   Yougoslavie, il y avait des insignes avec des rubans et des étoiles. Mais

 11   dans le cadre de cette armée-ci ou de cette armée-là, je n'ai pas eu de

 12   contact et je ne savais pas quels étaient ces insignes ou ces rubans.

 13   Question: Et quelle pourrait être votre explication en ce qui concerne

 14   cette bande, ce ruban que M. Vasiljevic portait? Avez-vous une

 15   explication? Est-ce que, peut-être, vous pensez que c'était sa décision

 16   personnelle de se mettre un ruban et de porter un ruban de ce genre?

 17   Réponse: Ces bandes, ce sont celles qui distinguent les gens de

 18   permanence, pour indiquer que la personne était de faction en permanence,

 19   ou de permanence.

 20   Mme Janu (interprétation): Est-ce que c'était quelque chose de notoire?

 21   Etait-ce une règle? Est-ce que les gens savaient que celui qui porte ce

 22   ruban de ce genre, de cette qualité, se distingue par quelque chose?

 23   M. Dikic (interprétation): Oui. Même aujourd'hui, on peut porter un

 24   brassard rouge pour distinguer qui sont ces gens de permanence. Par

 25   exemple, si vous avez une manifestation sportive, si vous avez une


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  1   cérémonie, une festivité quelconque, une célébration, eh bien, il y a

  2   aujourd'hui même des gens qui portent un ruban de ce genre qui les

  3   distingue des autres.

  4   M. le Président (interprétation): Juge Taya?

  5   (Questions au témoin, M. Dragisa Dikic, par Mme la Juge Taya.)

  6   Mme Taya (interprétation): Vous nous avez parlé de bons rapports que vous

  7   entretenez et entreteniez avec M. Vasiljevic. Et puis, pas seulement avec

  8   Mitar Vasiljevic, mais aussi avec l'épouse de l'accusé, Milojka.

  9   Réponse: Il n'y avait aucune raison de ne pas avoir de bonnes relations,

 10   bons rapports avec lui. J'ai d'ailleurs d'aussi bons rapports avec les

 11   autres voisins et les autres gens qui vivent en ville. Il n'était pas

 12   privilégié, en ce qui concerne la qualité de ces rapports.

 13   Question: Après l'arrestation de Mitar Vasiljevic, est-ce que vous avez

 14   continué à avoir de bons rapports avec Milojka de manière continue?

 15   Réponse: Eh bien, je continue à la saluer; on se salue quand on se voit.

 16   Question: Comment se fait-il que vous êtes témoin dans l'affaire de Mitar

 17   Vasiljevic? Est-ce que vous vous êtes porté volontaire pour être témoin,

 18   ou est-ce que quelqu'un vous l'a demandé?

 19   Réponse: Oui, l'avocat m'a sollicité à cet égard. Mais d'où venait cette

 20   initiative? Est-ce que c'est de Mitar lui-même ou de l'avocat lui-même? Je

 21   n'avais aucune raison, personnellement, de me porter volontaire. Je ne

 22   savais même pas qu'il faudrait faire quelque chose. J'ai été abordé sur

 23   l'initiative de l'avocat. Est-ce sur la demande de Mitar, ou non?

 24   Mme Taya (interprétation): Ce n'est pas Milojka qui vous a prié de le

 25   faire, des fois?


Page 2339

  1   M. Dikic (interprétation): C'est un propos, quelque chose que je n'ai

  2   jamais évoqué avec Milojka.

  3   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, avez-vous des questions

  4   à poser après ces questions des Juges?

  5   M. Ossogo: Non, votre Honneur.

  6   M. le Président (interprétation): Maître Tanaskovic?

  7   M. Tanaskovic (interprétation): Non.

  8   M. le Président (interprétation): Merci au témoin, merci d'être venu ici,

  9   et d'avoir témoigné. Vous pouvez disposer.

 10   M. Dikic (interprétation): Merci à vous également.

 11   (Le témoin, M. Dragisa Dikic, est raccompagné hors du prétoire.)

 12   M. le Président (interprétation): Qui est votre prochain témoin?

 13   M. Domazet (interprétation): Notre prochain témoin est VGD-22.

 14   M. le Président (interprétation): Maître Domazet, pourriez-vous nous dire

 15   si votre témoin a l'intention de citer quelques témoins que ce soient que

 16   vous avez utilisés, de les citer sous ces pseudonymes qui ont été utilisés

 17   jusqu'à présent?

 18   M. Domazet (interprétation): Je ne le pense pas.

 19   M. le Président (interprétation): Si cela se produisait, je pense qu'il

 20   faudrait que vous songiez à une liste de pseudonymes, de la même manière

 21   que cela a été fait par l'accusation. Evidemment, vous êtes la seule

 22   personne qui sache à qui le témoin se réfère.

 23   Le Greffe a préparé un document de ces noms et pseudonymes et il a été

 24   versé au dossier sous scellés évidemment, et vous pourriez peut-être le

 25   faire pour chacun de vos témoins qui a un pseudonyme; je pense que ce


Page 2340

   1   serait très utile pour la procédure et la Chambre elle-même.

  2   (Le témoin VGD-22 est introduit dans le prétoire.)

  3   (Audience publique avec mesures de protection.)

  4   M. le Président (interprétation): Est-ce que vous voudriez bien prêter

  5   serment, donner lecture de cette déclaration solennelle d'après le texte

  6   qui vous sera fourni?

  7   Témoin VGD-22 (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

  8   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  9   M. le Président (interprétation): Bien. Veuillez vous asseoir.

 10   Témoin VGD-22 (interprétation): Merci.

 11   M. le Président (interprétation): Maître Domazet?

 12   (Interrogatoire principal du témoin VGD-22 par Me Domazet.)

 13   M. Domazet (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 14   Bonjour, Monsieur.

 15   Monsieur, je vous adresserai la parole aujourd'hui sous le pseudonyme qui

 16   m'a été attribué: le VGD-22.

 17   Nous n'allons pas citer, prononcer votre nom suite aux mesures de

 18   protection que vous avez demandées et que le Tribunal vous a autorisées.

 19   Est-ce que vous avez compris cela?

 20   Témoin VGD-22 (interprétation): Oui.

 21   M. le Président (interprétation): Il faudrait que le témoin parcoure ce

 22   document pour voir si c'est son nom.

 23   M. Domazet (interprétation): Veuillez bien nous dire si c'est votre nom et

 24   prénom, sans en donner lecture à haute voix.

 25   Témoin VGD-22 (interprétation): Oui, c'est mon nom et prénom.


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  1   M. le Président (interprétation): Lorsque vous passerez aux différentes

  2   pièces que vous souhaiteriez verser au dossier, je vous rappelle que votre

  3   dernier document a été D-22. Par conséquent, votre prochain numéro sera le

  4   23.

  5   M. Domazet (interprétation): Oui, le 23.

  6   M. le Président (interprétation): Très bien, le prochain document que vous

  7   aurez à verser au dossier sera donc la pièce D-23 et sera sous scellés.

  8   Témoin VGD-22 (interprétation): D'habitude, on essaie d'obtenir d'un

  9   témoin un certain nombre de données de nature famille, origine, profession

 10   et ainsi de suite, mais je vais me limiter à quelques points seulement

 11   pour situer votre identité. Je ne vous demanderai pas la date de votre

 12   naissance, mais dites-nous votre âge. Quel âge avez-vous?

 13   Réponse: J'ai 38 ans.

 14   Question: Où est-ce que vous résidez, à l'heure actuelle?

 15   Réponse: Je vis à Visegrad.

 16   Question: Et où est-ce que vous habitiez, résidiez en 1992?

 17   Réponse: A Visegrad également.

 18   Question: Est-ce que l'on pourrait dire que, avant 1992 et à ce jour, donc

 19   est-ce que pendant toute cette période vous habitiez, viviez à Visegrad?

 20   Réponse: Oui.

 21   Question: Quel métier exercez-vous, à l'heure actuelle?

 22   Réponse: Je suis militaire professionnel dans l'armée de la Republika

 23   Srpska.

 24   Question: A la veille de l'éclatement du conflit à Visegrad et autour,

 25   donc dans la municipalité de Visegrad, qu'est-ce que vous exerciez comme


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  1   métier? Quelle était votre profession, à l'époque?

  2   Réponse: J'ai été également militaire professionnel dans le cadre de la

  3   JNA de l'époque, c'est-à-dire l'ex-JNA.

  4   Question: Est-ce que vous étiez soldat ou ce qu'il est convenu d'appeler

  5   "personne civile employée dans la JNA"?

  6   Réponse: J'étais soldat sous contrat, contractuel au sein de la JNA, à

  7   cette époque-là.

  8   Question: Où étiez-vous, si vous pouvez nous le dire, au cours du mois

  9   d'avril 1992? Où est-ce que vous travailliez?

 10   Réponse: En avril 1992, eh bien, depuis le 1er avril, eh bien, c'est la

 11   date de l'entrée en vigueur de mon contrat, mon rapport contractuel avec

 12   la JNA de l'époque.

 13   Question: Et c'est donc le 1er avril 1992 que vous êtes entré dans les

 14   rangs de la JNA comme soldat contractuel?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Où se trouvait votre poste de travail?

 17   Réponse: Dans l'entrepôt d'Uzamnica, à Visegrad.

 18   Question: Vous avez parlé d'Uzamnica, entrepôt d'Uzamnica, et c'est

 19   l'endroit auquel on se réfère souvent dans cette Chambre comme étant la

 20   garnison de la JNA, donc à Uzamnica?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Est-ce que vous pourriez nous situer la caserne d'Uzamnica par

 23   rapport à la ville de Visegrad elle-même?

 24   Réponse: Uzamnica se trouve à 5 kilomètres, 4 ou 5 kilomètres en amont par

 25   rapport à Visegrad.


Page 2343

  1   Question: Est-ce que l'on pourrait dire que ce complexe se situe sur la

  2   direction vers Gorazde?

  3   Réponse: Oui, puisque la Drina s'écoule depuis Gorazde.

  4   Question: Est-ce que ces entrepôts se trouvent sur les rives ou la rive de

  5   la Drina?

  6   Réponse: Non, pas tout à fait sur la rive. A partir de ces entrepôts, on

  7   ne voit même pas la rivière Drina.

  8   Question: Et est-ce que c'est dans ces proximités-là que se trouve ce

  9   grand barrage de la centrale hydroélectrique, qui est connu comme le grand

 10   barrage de Visegrad?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Est-ce que vous pourriez me dire quelles étaient vos premières

 13   occupations au moment où vous entriez comme soldat contractuel dans l'ex-

 14   JNA?

 15   Réponse: Mécanicien chargé de la munition.

 16   Question: Est-ce que cette caserne était également… ou abritait-elle un

 17   entrepôt de munitions?

 18   Réponse: Oui, c'était effectivement un entrepôt de munitions.

 19   Question: Ayant en vue l'organisation territoriale de la JNA, à l'époque,

 20   à qui appartenait cette caserne à Uzamnica?

 21   Réponse: Elle appartenait à la base logistique dont le siège se trouvait à

 22   Sarajevo.

 23   Question: Etes-vous à même de nous dire, dans ces journées du mois

 24   d'avril, quels ont été les rapports au sein de la ville elle-même de

 25   Visegrad? Y a-t-il eu des perturbations dans les rapports interethniques?


Page 2344

  1   Comment, éventuellement, cela se répercutait au niveau des travaux que

  2   vous faisiez au niveau de la caserne de la JNA?

  3   Réponse: A mon avis, ce mois d'avril marquait le point culminant de ce qui

  4   se passait à Visegrad. Ce qui a certainement exercé une influence sur le

  5   niveau d'organisation au niveau de l'armée, notamment en ce qui concerne

  6   la défense assurée de ces entrepôts de munitions.

  7   Question: Est-ce que vous pourriez vous expliquer un peu plus en détail,

  8   préciser ce que vous venez de dire, ce que vous aviez à l'esprit?

  9   Réponse: Autant que je me souvienne, déjà, fin avril, il y a eu cette

 10   décharge des eaux de la centrale hydroélectrique, et puis les civils ont

 11   exigé qu'on leur porte secours. Ils trouvaient abri dans les locaux de la

 12   caserne et nous avons, nous nous sommes organisés pour pouvoir s'occuper

 13   de tous ces gens.

 14   Question: Oui, on en a parlé. Mais il s'agit d'événements, lorsqu'il y a

 15   eu ce danger, cette menace de faire ouvrir les vannes, les barrages pour

 16   laisser sortir ce fléau d'eau. Mais est-ce que ce n'est pas même avant

 17   cette menace proférée que les niveaux d'alerte et de préparation dans les

 18   locaux de votre caserne ont été déjà redressés à un niveau supérieur?

 19   Réponse: Oui, oui.

 20   Question: Et pourquoi?

 21   Réponse: Parce que c'étaient des entrepôts de munitions, et il était

 22   parfaitement normal de s'attendre à une attaque éventuelle sur la caserne

 23   afin que d'aucuns les prennent, s'emparent de ces munitions.

 24   Question: Il y avait donc ce danger. Ceci, donc, a été une évaluation

 25   faite par les autorités militaires, à savoir que quelqu'un, en usant de la


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  1   force, pourrait s'emparer de ces munitions qui se trouvaient dans ces

  2   entrepôts, qui étaient emmagasinées sur les lieux?

  3   Réponse: Oui.

  4   Question: Est-ce que vous savez qui était visé? Qui étaient ceux qui

  5   présentaient ce danger potentiel, qui étaient ceux qui auraient pu

  6   éventuellement s'en prendre à la caserne et s'emparer des munitions

  7   emmagasinées?

  8   Réponse: D'après les évaluations faites par mes supérieurs, il était

  9   question d'extrémistes musulmans.

 10   Question: Et savez-vous qu'à l'époque, dans les parages de la caserne,

 11   dans les environs de Visegrad, à Visegrad, il y avait un tel groupe

 12   d'extrémistes, un péril donc tel pour ce qui est tentative en ce sens?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Et s'agit-il là des personnes qui avaient pris par la force le

 15   barrage, à savoir la centrale hydroélectrique, ces journées-là d'avril

 16   1992?

 17   Réponse: C'est précisément à ces gens-là que l'on se référait, que le

 18   danger se rapportait.

 19   Question: Mais la caserne d'Uzamnica, ou plutôt, les entrepôts de la

 20   caserne n'ont pas été attaqués militairement parlant, à l'époque, par qui

 21   que ce soit?

 22   Réponse: Non. La caserne, voire ces entrepôts, n'ont pas été attaqués.

 23   Question: Et pendant ce temps-là, vous trouviez-vous en permanence à la

 24   caserne -quand je dis en permanence, j'entends là une permanence de jour

 25   et de nuit- ou alors, après votre travail, rentriez-vous à la maison, chez


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  1   vous, à Visegrad?

  2   Réponse: Nos permanences étaient de jour et de nuit, à la caserne, et nous

  3   n'avions pas l'autorisation de partir à la maison.

  4   Question: Lorsque le barrage avait été pris et lorsqu'on avait menacé de

  5   le faire sauter à l'explosif et d'évacuer les eaux par la Drina, comment

  6   cela s'est répercuté sur le milieu où vous vous trouviez, la caserne

  7   notamment? Est-ce qu'il y a immédiatement eu des réfugiés qui se sont

  8   déplacés vers l'enceinte de votre caserne?

  9   Réponse: S'agissant des réfugiés venus demander de l'aide à la caserne, eh

 10   bien, il y en a eu avant qu'il y ait eu évacuation des eaux de la retenue

 11   du barrage.

 12   Question: Et savez-vous nous dire s'ils étaient venus là pour des raisons,

 13   enfin, en raison du danger qui les menaçait en cas d'évacuation des eaux

 14   -ou pour une autre raison? Pourquoi sont-ils venus au juste?

 15   Réponse: D'après les évaluations faites par mes supérieurs hiérarchiques,

 16   la plupart étaient venus demander de l'aide, alors qu'une autre partie de

 17   ces réfugiés était venue là pour des raisons autres.

 18   Question: Pourriez-vous nous donner une évaluation sur le nombre de

 19   personnes dont il s'agissait à l'époque, du nombre de personnes dont vous

 20   aviez à prendre soin dans la caserne?

 21   Réponse: Il y avait 700 à 800 réfugiés à l'époque dans l'enceinte de ces

 22   entrepôts.

 23   Question: Et pourriez-vous nous faire part de votre évaluation, de la

 24   composition ethnique de ces réfugiés? Y avait-ils des Serbes, des

 25   Musulmans, des uns ou seulement des autres?


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  1   Question: S'agissant de la structure ethnique ou du pourcentage, je pense

  2   pouvoir dire qu'il y avait plus ou moins 90% de Musulmans, le reste était

  3   des Serbes qui étaient minoritaires.

  4   Question: Et jusqu'à quand ces gens-là sont-ils restés chez vous dans la

  5   caserne?

  6   Réponse: Les réfugiés qui sont venus à la caserne ou dans ces entrepôts

  7   sont restés là jusqu'à l'arrivée du Corps d'Uzice, à Visegrad.

  8   Question: Pouvez-vous nous relater, en ligne brève, ce qui s'est passé au

  9   juste une fois le Corps d'Uzice arrivé, s'agissant des personnes qui

 10   avaient trouvé refuge chez vous ou ailleurs, dans les environs de

 11   Visegrad?

 12   Réponse: Suite à l'arrivée du Corps d'Uzice à Visegrad, la situation s'est

 13   normalisée.

 14   Le secteur économique s'est remis à fonctionner, les gens ont regagné leur

 15   poste de travail -j'entends les Serbes et les Musulmans. Donc la plupart

 16   des gens sont retournés travailler, et la vie est redevenue normale.

 17   Question: Donc, d'après vous, tous ces gens-là sont retournés à Visegrad,

 18   ont recommencé à travailler et à vivre comme d'habitude. Et, selon vous,

 19   la vie s'était normalisée dans la ville de Visegrad, n'est-ce pas?

 20   Réponse: Oui, par rapport à la situation qui avait prévalu auparavant.

 21   Question: Et pouvez-vous nous dire brièvement ce qui avait causé cette

 22   situation autre, donc pas normale, auparavant?

 23   Réponse: Ce qui n'était pas normal, c'est de voir des extrémistes

 24   musulmans terroriser la population non-musulmane, et ce, s'agissant aussi

 25   bien des jeunes que des vieux, dans les rues, dans les entreprises. Il y


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  1   avait des menaces, des mauvais traitements, et tout ce qui découle de tels

  2   comportements.

  3   Question: A votre avis, c'est ce qui a prévalu avant l'arrivée du Corps

  4   d'Uzice, n'est-ce pas?

  5   Réponse: Oui.

  6   Question: Et à l'époque, avant l'arrivée du Corps d'Uzice, en raison de ce

  7   que vous venez justement de nous dire, y a-t-il eu des situations où la

  8   population serbe avait dû quitter la ville?

  9   Réponse: Oui, une grande partie de la population serbe avait quitté la

 10   ville à cette période-là, en raison justement de menaces diverses.

 11   Question: Et ces gens-là sont-ils revenus aussi une fois le Corps d'Uzice

 12   sur place?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Suite à l'arrivée du Corps d'Uzice, quelle avait été votre tâche

 15   à vous: avez-vous continué à travailler au niveau de la caserne d'Uzamnice

 16   ou avez-vous eu des fonctions autres?

 17   Réponse: Suite à l'arrivée du Corps d'Uzice, mon devoir, le devoir de nous

 18   tous du reste, avait consisté à déménager en toute sécurité les entrepôts.

 19   Il s'agissait donc de procéder à une dislocation de celui-ci.

 20   Question: Et jusqu'à quand avez-vous travaillé dans cette caserne, à

 21   Uzamnice?

 22   Réponse: Je suis resté à la caserne ou plutôt dans les entrepôts

 23   d'Uzamnice jusqu'au 19 mai.

 24   Question: Pourquoi cette date que vous venez de nous indiquer, à savoir le

 25   19 mai, est-elle si importante? Qu'est-ce qui a eu lieu à cette date-là?


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  1   Réponse: Le 19 mai est la date à laquelle l'ex-JNA a quitté les

  2   territoires de l'ex-Bosnie-Herzégovine.

  3   Question: Et ce jour-là, le Corps d'Uzice a-t-il quitté le territoire de

  4   Visegrad non seulement de façon formelle mais de façon physique également?

  5   Et, si oui, dans quelle direction est-il parti?

  6   Réponse: Oui. Etant donné que le Corps d'Uzice était une unité appartenant

  7   à la JNA, à cette date-là, le Corps d'Uzice a quitté Visegrad.

  8   Question: Dois-je comprendre par là que, les journées précédentes, l'on

  9   avait assisté au début du départ des effectifs ou du Corps d'Uzice? Et le

 10   19 mai a probablement, par conséquent, été la dernière journée du

 11   déménagement du Corps d'Uzice en vue de quitter Visegrad, n'est-ce pas?

 12   Réponse: Oui, c'est précisément ainsi que cela s'est passé.

 13   Question: Monsieur VGD-22, vous étiez soldat contractuel au sein de la

 14   JNA. Qu'avez-vous fait à ce moment-là?

 15   Vous a-t-on proposé de partir, de quitter Visegrad avec les unités de la

 16   JNA? Et si oui, qu'avez-vous fait?

 17   Réponse: Nous avons tous reçu des offres pour ce qui est de la solution de

 18   notre statut par les bons soins de la JNA, ou alors, par ceux de la TO de

 19   l'époque. Je m'étais prononcé en faveur de la solution de mon statut par

 20   les soins de la TO, de la Défense territoriale pour une simple et bonne

 21   raison: j'avais là, sur place, ma maison, ma famille et je tenais à rester

 22   sur place.

 23   Question: Par conséquent, vous vous êtes vu proposer une possibilité, à

 24   savoir celle de rester membre de la JNA; mais cela aurait impliqué la

 25   nécessité de quitter Visegrad et la Bosnie-Herzégovine d'une manière


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  1   générale -si j'ai bien compris?

  2   Réponse: Oui, c'est précisément cela.

  3   Question: S'agissant de l'autre possibilité, l'éventualité de rester dans

  4   la Défense territoriale, vous parliez de la Défense territoriale de

  5   Visegrad même, à savoir l'éventualité de rester sur place?

  6   Réponse: Oui, c'est exact. Le QG de la Défense territoriale avait pris

  7   soin de décider de la façon dont serait résolu notre statut à l'avenir.

  8   Question: Etant donné que vous avez décidé de rester à Visegrad, et que

  9   vous étiez placé à la disposition de la Défense territoriale, pouvez-vous

 10   nous dire quelle avait été votre position, quelles avaient été vos

 11   fonctions au sein de ladite organisation?

 12   Réponse: Mes fonctions, par la suite, ont été liées à des questions de

 13   sécurité du commandement. J'ai été affecté à la police militaire chargée

 14   de sécuriser le siège du commandement.

 15   Question: Vous faisiez donc partie de la police militaire chargée de

 16   sécuriser le commandement, le siège du commandement de la Défense

 17   territoriale de Visegrad, n'est-ce pas?

 18   Réponse: Oui.

 19   Question: Où se trouvait au juste le siège de ce commandement de la

 20   Défense territoriale?

 21   Réponse: Le commandement se trouvait, à l'époque, dans les locaux de

 22   l'hôtel Bikavac de Visegrad.

 23   Question: Depuis le moment où vous avez occupé ces fonctions, je voudrais

 24   savoir si vous aviez eu la possibilité de rentrer chez vous à la

 25   différence de l'époque où, comme vous nous l'avez dit, vous étiez de


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  1   permanence jour et nuit à Uzamnica?

  2   Réponse: Oui. Par la suite, de temps à autres, j'avais l'autorisation de

  3   rentrer chez moi.

  4   Question: Pourriez-vous nous dire où vous habitiez à Visegrad, où se

  5   trouvait votre maison?

  6   Réponse: Ma maison se trouve en aval, à quelque 1500 mètres de la ville.

  7   Quand je dis "en aval", j'entends vers la Banja de Visegrad, "Visegradska

  8   Banja"

  9   (L'interprète précise qu'il s'agit des sources thermales de Visegrad.)

 10   Question: Pouvons-nous dire, alors, que vous résidiez à proximité? Nous ne

 11   dirons pas de quelle maison, de quel quartier ou de quel coin, mais à

 12   proximité (expurgé)?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Le connaissiez-vous personnellement?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Depuis quand et comment avez-vous fait sa connaissance, si vous

 17   pouvez nous le dire?

 18   Réponse: Je connais M. Vasiljevic personnellement depuis son arrivée à

 19   Visegrad, c'est-à-dire depuis le moment où son père avait acheté une

 20   maison, là, juste à côté, ou très près de la mienne. C'est à partir de ce

 21   moment-là que j'ai fait la connaissance de M. Mitar Vasiljevic.

 22   Question: Mais pouvez-vous nous dire combien de temps cela fait, si l'on

 23   fait un retour en arrière partant du moment présent?

 24   Réponse: Eh bien, cela doit faire plus de 25 ans.

 25   Question: Vous avez dit que son père avait acheté une maison là-bas et


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  1   qu'ils avaient vécu dans cette maison depuis?

  2   Réponse: Oui, son père avait acheté cette maison et M. Vasiljevic y vivait

  3   lui-même depuis. Bien entendu, jusqu'au moment de son mariage.

  4   Question: Et, étant donné que vous venez de dire qu'il s'était marié, je

  5   voudrais vous demander si vous connaissiez sa famille?

  6   Réponse: Oui, je connais sa famille.

  7   Question: A-t-il construit sa maison familiale?

  8   Réponse: Non, il s'agissait d'une maison déjà construite.

  9   Question: Vous parlez là de la maison dans laquelle il avait vécu à

 10   l'époque. Mais sauriez-vous nous dire si, à côté de cette maison-là, on

 11   avait construit une autre maison?

 12   Réponse: Oui, en effet; M. Vasiljevic a, par la suite, construit lui-même

 13   sa propre maison familiale.

 14   Question: Quand vous dites qu'il a construit, on pourrait comprendre que

 15   cette maison a été achevée et que l'on avait emménagé dedans. Mais

 16   sauriez-vous nous dire pendant combien de temps la construction avait

 17   duré, combien de temps cela lui a pris avant que de compléter, d'achever

 18   la construction de cette maison?

 19   Réponse: La maison familiale de M. Vasiljevic avait reçu une toiture avant

 20   la guerre, mais je crois qu'il n'a pu emménager qu'une fois la guerre

 21   terminée.

 22   Question: Savez-vous nous dire si, oui ou non, il avait continué à vivre

 23   dans la vieille maison et que la nouvelle maison avait été louée par

 24   quelqu'un par ses soins après la guerre?

 25   Réponse: Oui, M. Vasiljevic a continué à vivre dans la  vieille maison; la


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  1   nouvelle avait effectivement été louée.

  2   Question: Vous souvenez-vous qui a loué la maison?

  3   Réponse: Oui, c'est là que s'étaient installés des membres de la Sfor,

  4   probablement de la Sfor.

  5   Question: Je voudrais revenir, maintenant, Monsieur, à la période de temps

  6   où la JNA avait quitté Visegrad et à celle où vous êtes passé travailler à

  7   Visegrad dans les forces de sécurité du commandement de la Défense

  8   Territoriale à Bikavac et que vous veniez, à cette époque-là, plus souvent

  9   chez vous. Je voudrais savoir si, à l'époque, vous pouviez voir M.

 10   Vasiljevic ou apprendre où il se trouvait, et ouïe dire s'il avait été

 11   mobilisé et, dans l'affirmative, avez-vous ouïe dire où il se trouvait?

 12   Réponse: Lors de mes premiers déplacements, vers chez moi, de temps en

 13   temps, je n'avais pas pu rencontrer M. Vasiljevic. J'ai appris par sa

 14   femme seulement qu'il avait été affecté à une unité en tant que cuisinier.

 15   Je pense que la localité s'appelait Prelovo.

 16   Question: Quand vous nous dites que, lors de vos premiers déplacements

 17   chez vous, vous aviez appris la chose mais je voudrais dire que si l'on

 18   sait que vous avez commencé à exercer vos fonctions à Bikavac, à compter

 19   du 19 mai, pouvons-nous donc en déduire que c'est une période qui commence

 20   suite à la date du 20 mai, et que vous êtes en train de nous parler donc

 21   de la période fin mai 1992?

 22   Réponse: En effet, je suis en train de vous parler de cette période-là,

 23   qui avait commencé le 19 et 20 mai, et s'est étirée jusqu'à la fin du mois

 24   de mai.

 25   Question: Vous souvenez-vous si, suite à l'entretien avec son épouse, vous


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  1   permettant d'apprendre où il se trouvait, vous l'avez peut-être aperçu

  2   vous-même ou rencontré vous-même?

  3   Réponse: Oui, à l'une quelconque des occasions où j'étais en permission,

  4   il m'a été possible d'apercevoir M. Vasiljevic devant sa maison familiale.

  5   Lui-même m'a confirmé, à cette occasion, qu'il avait été affecté comme

  6   cuisinier dans une localité sise dans la localité de Prelovo.

  7   Question: Et pour autant que vous puissiez vous en souvenir, je voudrais

  8   savoir si, lorsque vous vous êtes entretenu avec lui à ce moment-là, s'il

  9   portait un uniforme et, dans l'affirmative, quel genre d'uniforme.

 10   Réponse: Etant donné qu'au tout début, il y avait peu de personnes en

 11   uniforme dans la Défense territoriale de l'époque, je pense que M.

 12   Vasiljevic avait le vieil uniforme vert olive de l'ex-JNA.

 13   Question: S'agissait-il du même uniforme que les réservistes de l'ex-JNA

 14   avaient gardé ou devaient garder chez eux?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Vous souvenez-vous si, cette fois-là, il avait une arme

 17   quelconque sur lui?

 18   Réponse: Etant donné qu'il se trouvait chez lui, je suis certain qu'il ne

 19   devait pas avoir d'arme sur lui à ce moment-là.

 20   Question: Vous l'aviez aperçu, je crois que vous l'avez dit tout à

 21   l'heure, devant chez lui, il portait donc un uniforme mais, à ce moment-

 22   là, vous n'avez pas remarqué d'arme sur lui, ai-je bien compris?

 23   Réponse: Oui. Sa maison se trouve juste à côté de la rue, et je passais

 24   devant sa maison, c'est là que je l'ai aperçu.

 25   Question: C'est alors que lui-même vous a confirmé qu'il se trouvait à


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  1   Prelovo et qu'il travaillait dans les cuisines, n'est-ce pas?

  2   Réponse: Oui, il me semble même qu'il m'avait dit à ce moment-là que

  3   c'était ce qu'on lui avait appris à faire dans son service militaire

  4   ordinaire. Parce que, lors de son service militaire de l'époque, il avait

  5   été cuisinier.

  6   M. Domazet (interprétation): Quand vous parlez du service "militaire

  7   régulier", vous parlez du service militaire qu'il a effectuée au sein de

  8   la JNA, ou alors parliez-vous de son affectation dans la réserve, en

  9   qualité de réserviste?

 10   Témoin VGD-22 (interprétation): Non, non, je parlais de son service

 11   militaire dans l'ex-JNA.

 12   M. le Président (interprétation): Monsieur Domazet, je vous ai dit que

 13   nous allions voir mardi après-midi ce que nous allions faire avec la

 14   liste. Nous ne nous attendions pas à ce que votre client témoigne aussi

 15   longtemps. Mais il me semble que nous nous en tenons fort bien à l'agenda

 16   prévu. Je ne sais pas si vous allez être en mesure de nous fournir

 17   d'autres témoins, cette semaine.

 18   M. Domazet (interprétation): Oui, Monsieur le Président, en accord avec

 19   l'unité chargée de la protection et des victimes et des témoins, il a été

 20   prévu la possibilité de faire venir un ou deux témoins, pour le cas où

 21   nous terminerions avec les témoins présents avant la fin de la semaine.

 22   Mais ce que je voudrais savoir, c'est si nous allons travailler vendredi

 23   matin ou pas pour faire des plannings.

 24   M. le Président (interprétation): Oui, nous allons travailler, nous avons

 25   perdu deux semaines et il nous faut continuer à travailler sans


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  1   interruption. En effet, nous avons établi un agenda partant d'un travail

  2   continu, matin et après-midi, et je crois qu'il serait bon que vous

  3   fassiez venir ces gens-là, ces témoins-là et j'espère que leurs

  4   témoignages dureront moins longtemps que prévu initialement.

  5   Nous allons lever la séance maintenant et continuer demain matin à 9

  6   heures 30.

  7   (L'audience est levée à 16 heures.)

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