Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 12420

  1   Le mercredi 30 juin 2010

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 08.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

  6   Il s'agit de l'affaire IT-08-91-T, le Procureur contre Mico Stanisic

  7   et Stojan Zupljanin.

  8   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie, Madame la Greffière

  9   d'audience.

 10   Bonjour à tout le monde.

 11   Je souhaiterais que les parties se présentent, je vous prie.

 12   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

 13   Alex Demirdjian au nom de l'Accusation, accompagné de M. Hannis et aidé de

 14   M. Crispian Smith.

 15   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 16   M. ZECEVIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

 17   Je suis Me Zecevic, je suis avec Eugene O'Sullivan, et je représente

 18   les intérêts de M. Stanisic.

 19   M. KRGOVIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

 20   Je représente la Défense de M. Zupljanin.

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie.

 22   [Le témoin vient à la barre]

 23   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Avant que M.

 24   Demirdjian ne reprenne son interrogatoire principal, je vous rappelle que

 25   vous êtes toujours tenu de respecter votre déclaration solennelle.

 26   LE TÉMOIN : DRAGAN RALJIC [Reprise]

 27   [Le témoin répond par l'interprète]

 28   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Demirdjian.

Page 12421

  1   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  2   Avant que je ne commence, je voudrais juste apporter une correction au

  3   compte rendu d'audience d'hier. Page 12 394, ligne 8, nous parlions

  4   d'uniformes, et il a été consigné qu'il était question "d'uniformes SNB."

  5   Ce qui est erroné, puisqu'il s'agit d'un uniforme "SMB," à savoir un

  6   uniforme de camouflage couleur vert olive.

  7   Interrogatoire principal par M. Demirdjian : [Suite]

  8   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Raljic.

  9   R.  Bonjour.

 10   Q.  J'aimerais vous parler des dispositifs de communication dont

 11   disposaient les différentes unités présentes à Kotor Varos. Hier vous avez

 12   mentionné un groupe de la police spéciale, le groupe de Ljuban Ecim, qui se

 13   trouvait donc à Kotor Varos. A votre connaissance, comment est-ce qu'ils

 14   communiquaient avec leurs supérieurs ?

 15   R.  D'après ce que je sais, ils n'avaient que des radios manuelles. Je ne

 16   sais pas d'ailleurs de quel modèle il s'agissait. Je ne sais pas s'il

 17   s'agissait de Motorola ou d'une autre marque, je ne le sais pas, en fait.

 18   Mais toujours est-il qu'il s'agissait de postes manuels qui étaient

 19   utilisés pour les communications VHF.

 20   Q.  Est-ce que vous savez s'ils ont jamais utilisé le système de

 21   transmissions du SJB ?

 22   R.  En règle générale, ils avaient tendance à utiliser les lignes

 23   téléphoniques lorsqu'elles fonctionnaient, mais cette unité n'était pas

 24   véritablement en mesure d'utiliser ce système de transmissions. S'il

 25   s'agissait de communications simples, ils utilisaient leur système de

 26   radio. Et d'après ce que je sais, c'était leur moyen principal de

 27   communication.

 28   Q.  Est-ce que vous avez jamais été présent lorsqu'ils ont procédé à un

Page 12422

  1   appel à partir du poste de police principal ?

  2   R.  Ecoutez, je ne peux pas véritablement vous le dire avec certitude.

  3   Q.  Vous nous dites qu'ils utilisaient les lignes téléphoniques

  4   lorsqu'elles fonctionnaient. Alors, quelle ligne téléphonique utilisaient-

  5   ils et dans quelle partie du bâtiment du SJB se rendaient-ils pour utiliser

  6   justement cette ligne téléphonique ?

  7   R.  D'après ce dont je me souviens, ils utilisaient le bureau de l'officier

  8   de permanence. C'est là qu'ils avaient leurs téléphones. Et cette salle se

  9   trouvait au rez-de-chaussée, elle était très près de l'entrée du bâtiment.

 10   Q.  J'aimerais maintenant que nous parlions des unités subordonnées du SJB,

 11   car je pense qu'il y avait des postes de police beaucoup plus petits dans

 12   la municipalité. Est-ce que vous pourriez nous dire comment ils

 13   communiquaient avec le SJB ?

 14   R.  Pour autant que je m'en souvienne, il ne s'agissait pas véritablement

 15   de postes de police, il s'agissait, en fait, d'antennes. Il y en avait une

 16   à Siprage, mais elle a été fermée d'ailleurs. Il y en avait une autre à

 17   Vrbanjci et une antenne encore plus petite dans un autre lieu.

 18   Pour ce qui est des communications avec ces antennes, si le

 19   transmetteur fonctionnait, ou en d'autres termes, s'il y avait du courant

 20   électrique, nous pouvions utiliser la communication. Mais avec Siprage qui

 21   se trouvait à une trentaine de kilomètres de Kotor Varos, c'était beaucoup

 22   plus compliqué, car la configuration du terrain est telle qu'il n'était pas

 23   possible d'établir une transmission VHF avec eux, puisque c'était le moyen

 24   de transmission que l'on utilisait. Donc c'était assez difficile de

 25   communiquer avec l'antenne de Siprage, pour ne pas dire impossible.

 26   Q.  Et à votre connaissance, est-ce que ces antennes de police envoyaient

 27   des rapports au SJB ?

 28   R.  Oui, il s'agissait de rapports oraux. De toute façon, on ne pouvait pas

Page 12423

  1   envoyer de dépêches non plus. Alors, pour ce qui est de rapports écrits,

  2   des rapports faits à la machine, je ne sais pas, il y en a peut-être qui

  3   ont été faits et par la suite transmis, mais je ne sais pas cela.

  4   Q.  Et en fin de compte, comment est-ce que vous communiquiez avec des

  5   antennes telle que Siprage, par exemple ? Quel était, lorsque vous deviez

  6   communiquer, le meilleur moyen pour communiquer avec eux ?

  7   R.  Ecoutez, d'après ce que je sais, la seule méthode consistait à se

  8   rendre personnellement là-bas en personne. Donc conduire une voiture et se

  9   rendre là-bas. C'était la seule façon de procéder. De temps à autre,

 10   lorsque les conditions climatiques le permettaient, parfois nous pouvions

 11   établir la communication avec Siprage, mais la qualité de la transmission

 12   était particulièrement médiocre.

 13   Q.  Vous avez fait référence à un transmetteur répéteur. Où est-ce qu'il

 14   était situé ?

 15   R.  Le transmetteur répéteur se trouvait sur le mont Obodnik. Donc à 12 ou

 16   13 kilomètres de Kotor Varos, dans la direction de Maslovare.

 17   Q.  Et qui contrôlait la zone du mont Obodnik ?

 18   R.  Je ne sais pas de quelle zone vous parlez. Vous voulez parler de la

 19   zone qui se trouvait tout près du transmetteur répéteur ou d'une zone plus

 20   grande ?

 21   Q.  Non, de la zone qui se trouvait tout près du transmetteur.

 22   R.  En fait, personne ne contrôlait cette zone.

 23   Q.  Et cette zone -- la zone autour du mont Obodnik, qui était responsable

 24   de la maintenance alors du transmetteur répéteur ?

 25   R.  S'il s'agissait d'une réparation, il s'agissait des collègues du

 26   département de l'encodage ou du chiffre de Banja Luka. Ils avaient une

 27   unité qui s'occupait justement de la maintenance du système.

 28   Q.  Et à votre connaissance, en 1992, est-ce que justement ce transmetteur

Page 12424

  1   a jamais été endommagé ?

  2   R.  Le transmetteur relais ne fonctionnait pas très souvent. En fait, il

  3   devait fonctionner avec 22 volts, mais je ne me souviens pas que quiconque

  4   soit allé le réparer en 1992, de toute façon.

  5   Q.  Et pour que tout soit bien clair, ce transmetteur relais, à quel type

  6   de communication était-il destiné ?

  7   R.  Il était utilisé pour le même type de communication que les postes

  8   radios lorsque vous travaillez en mode simple. Donc lorsque vous travaillez

  9   en mode simple, il y a une communication directe qui est établie entre deux

 10   parties. Alors que lorsque vous avez le transmetteur relais, il s'agit en

 11   quelque sorte d'un moyen intermédiaire de communication entre les deux

 12   parties, donc nous utilisions le transmetteur relais lorsque nous

 13   souhaitions établir la communication entre deux lieux qui se trouvaient

 14   éloignés.

 15   Q.  Vous nous avez dit que dans des circonstances normales, vous auriez

 16   utilisé le transmetteur relais pour communiquer avec Siprage, qui se

 17   trouvait à une trentaine de kilomètres. Et vous nous avez dit que Banja

 18   Luka se trouvait également à une trentaine de kilomètres. Donc est-ce que

 19   vous auriez pu établir des communications entre Banja Luka et Kotor Varos,

 20   et dans des conditions normales, j'entends ? Est-ce que vous auriez pu

 21   établir cette communication ?

 22   R.  Non, je ne vous ai pas dit que dans des conditions normales, nous

 23   aurions été en mesure de communiquer avec Siprage, parce que nous ne

 24   pouvions pas communiquer avec Siprage en utilisant ce transmetteur relais.

 25   Mais dans des conditions bien précises, parce que les ondes radios

 26   dépendent de l'ionisation et de la teneur en ions, et cetera, donc lorsque

 27   les conditions étaient particulièrement favorables, et cela était très

 28   rare, mais parfois nous étions en mesure de communiquer avec Siprage; très

Page 12425

  1   rarement, c'est ce que j'ai dit. Mais nous ne pouvions pas communiquer avec

  2   Banja Luka en utilisant ce transmetteur relais, parce que Banja Luka se

  3   trouve également à une trentaine de kilomètres de Kotor Varos. Mais le

  4   transmetteur relais d'Obodnik se trouve dans la direction tout à fait

  5   opposée, donc cela nous donne maintenant 43 ou 44 kilomètres entre le

  6   transmetteur relais et Banja Luka. Ce n'était pas avec ce transmetteur

  7   relais que nous pouvions établir la communication avec Banja Luka.

  8   Q.  Alors, dans la municipalité de Kotor Varos, nous avons appris qu'il y

  9   avait eu plusieurs centres de détention après le 11 juin. J'aimerais, en

 10   fait, vous demander --

 11   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Demirdjian, avant que nous

 12   ne passions à un autre sujet, j'aimerais poser une question au témoin.

 13   Quelle était la situation lorsqu'il y avait une panne de courant ? Vous

 14   avez rapidement évoqué cela hier, mais puisque vous avez maintenant parlé

 15   du transmetteur relais --

 16   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Oui.

 17   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] -- je pense que M. Raljic a mentionné

 18   que parfois justement le transmetteur relais ne fonctionnait pas parce

 19   qu'il y avait panne de courant.

 20   Donc quelle était la fréquence de cette situation, que se passait-il

 21   dans ce cas-là ?

 22   M. DEMIRDJIAN : [interprétation]

 23   Q.  Vous avez entendu la question du Juge Harhoff, Monsieur Raljic. Que se

 24   passait-il lorsque le transmetteur relais ne fonctionnait pas ? Que

 25   faisiez-vous ? Je devrais plutôt vous poser une première question : est-ce

 26   que des tentatives étaient faites pour réparer le transmetteur relais ou

 27   pour faire en sorte qu'il fonctionne ?

 28   R.  Ça, ce n'était pas une panne du transmetteur relais, donc ce n'était

Page 12426

  1   pas la peine de se rendre près du transmetteur relais pour le réparer parce

  2   qu'il n'y avait rien à réparer. Je vous ai dit que le transmetteur relais

  3   avait besoin de 220 volts assez pour fonctionner. Lorsqu'il y avait une

  4   panne de courant, le transmetteur relais ne fonctionnait plus et nous ne

  5   pouvions pas justement établir la communication.

  6   Q.   Et quelle autre solution aviez-vous ?  Si vous vouliez communiquer

  7   avec Banja Luka, par exemple, et si le transmetteur relais ne fonctionnait

  8   pas, que pouviez-vous faire, quel autre moyen aviez-vous à votre

  9   disposition au poste de police ?

 10   R.  Comme je vous l'ai dit, nous ne communiquions pas avec Banja Luka en

 11   utilisant ce transmetteur, nous communiquions avec Vrbanjci et Maslovare,

 12   parce que ces endroits se trouvent à une trentaine de kilomètres de Kotor

 13   Varos, et le transmetteur relais se trouvait entre Vrbanjci et Maslovare,

 14   donc il était utilisé essentiellement pour communiquer avec ces deux

 15   antennes de police. L'autre option consistait à aller en voiture jusqu'à

 16   Vrbanjci, par exemple, si cela était nécessaire.

 17   Q.  J'aimerais maintenant vous demander une précision à propos des

 18   communications avec Siprage. Vous vous souvenez que lorsque vous êtes

 19   arrivé dimanche, nous vous avons donné la possibilité d'écouter

 20   l'enregistrement qui a été fait de votre interview de l'année 2007, Vous

 21   vous souvenez de cela ?

 22   R.  Oui, nous en avons parlé.

 23   Q.  Et le lendemain d'ailleurs vous avez eu des corrections ou des

 24   précisions à apporter au sujet de cet entretien; n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'est exact.

 26   Q.  Et vous nous avez dit que le reste de l'entretien était exact.

 27   R.  Oui. J'ai écouté environ 80 % de l'enregistrement, ce qui signifie que

 28   je n'ai pas écouté l'intégralité de l'enregistrement.

Page 12427

  1   Q.  Est-ce que vous vous souvenez du moment où il est question de la

  2   communication avec Siprage, c'est vers la fin justement de l'entretien; et

  3   vous parlez de ce que vous appelez un macro réseau ?

  4   R.  Oui, je m'y souviens. Je me souviens que nous avons effectivement parlé

  5   de cela.

  6   Q.  Et lors de cet entretien, est-ce que vous vous souvenez que vous aviez

  7   dit que vous utilisiez ce réseau essentiellement pour communiquer avec

  8   Siprage qui se trouvait à une trentaine de kilomètres de Kotor Varos ?

  9   R.  Oui, c'est ce que j'ai dit, mais je n'ai pas dit que nous pouvions

 10   constamment communiquer en utilisant ce mode, seulement si les conditions

 11   atmosphériques étaient bonnes, comme je viens de vous l'expliquer. Alors

 12   là, dans ce cas d'espèce, nous pouvions communiquer avec Siprage. Mais

 13   sinon, non, ce n'était pas possible. C'est pour cela que je vous ai dit que

 14   nous communiquions de cette façon avec Siprage, parce qu'il n'y avait pas

 15   d'autres possibilités.

 16   Q.  A la fin de votre réponse, vous avez dit que vous pouviez établir la

 17   communication avec le CSB de Banja Luka. Alors, il se peut qu'il y ait eu

 18   un malentendu, puisque je pense que vous avez dit que vous pouviez établir

 19   cette communication avec le CSB de Banja Luka, à ce moment-là vous l'avez

 20   dit. Donc est-ce que vous pourriez, je vous prie, préciser cela à

 21   l'intention de la Chambre de première

 22   instance ?

 23   R.  Oui, bien sûr. C'était une autre fréquence qui était utilisée, qui

 24   pouvait être utilisée pour communiquer avec le CSB, et c'était justement le

 25   macro réseau que nous pouvions utiliser. Mais le transmetteur relais ne se

 26   trouvait pas sur le mont Obodnik, mais sur le mont Kozara; et nous n'en

 27   avons pas parlé de cela. Et ce transmetteur relais fonctionnait sur le

 28   canal 44 ou 60. En fait, je n'en suis pas sûr. Et c'est ainsi que nous

Page 12428

  1   pouvions communiquer avec Banja Luka, mais nous ne pouvions pas communiquer

  2   en utilisant le transmetteur relais qui se trouvait sur le mont Obodnik.

  3   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Est-ce que cela à éclairé votre lanterne,

  4   Monsieur le Juge ?

  5   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] A l'exception d'une chose; pendant

  6   les mois compris entre avril et septembre 1992, de façon approximative,

  7   quelle fut la fréquence des pannes de courant ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Je dirais qu'en moyenne, cela se passait

  9   quotidiennement. Parfois, nous avions de l'électricité pendant quatre à

 10   cinq jours, mais par ailleurs vous pouviez avoir des pannes de courant

 11   entre cinq à dix fois par jour. Donc il y avait des pannes de courant

 12   constantes. Je ne me souviens pas d'une période de dix à 15 jours où nous

 13   aurions eu de l'électricité constamment. Là je vous parle de la période qui

 14   commence le 11 juin. Et en avril et en mai, il y a eu également des pannes

 15   de courant, mais elles n'étaient pas aussi fréquentes que par la suite.

 16   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Est-ce que vous vous souviendrez

 17   peut-être de la plus longue durée pendant laquelle vous n'avez pas eu de

 18   pannes de courant. En d'autres termes, quelle était en quelque sorte la

 19   durée des pannes de courant ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je dirais, jusqu'à dix jours, parce que même

 21   les piles que nous utilisions, ou les batteries que nous utilisions pour

 22   alimenter les postes VHF dans la salle de l'officier de permanence, ces

 23   batteries duraient quatre à cinq jours. Et parfois, elles ne fonctionnaient

 24   plus, donc nous les amenions dans une autre partie du bâtiment, où se

 25   trouvaient les militaires, et là nous rechargions ces batteries en

 26   utilisant leur générateur pour pouvoir utiliser les batteries ou les piles

 27   pour alimenter les postes de radio.

 28   Voilà, la plus longue période, à mon avis, est une période de dix jours.

Page 12429

  1   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie.

  2   M. DEMIRDJIAN : [interprétation]

  3   Q.  J'aimerais maintenant que nous parlions maintenant des moyens de

  4   communication, ou plutôt, des différents centres de détention qui

  5   existaient dans la municipalité de Kotor Varos. Et j'aimerais savoir,

  6   quelles étaient les communications, les mêmes communications qui étaient

  7   disponibles ? Et je vous dirais qu'il a été établi et accepté qu'il y avait

  8   des centres de détention dans la municipalité de Kotor Varos.

  9   Et puisque nous allons parler de cela, peut-être que vous auriez

 10   l'amabilité de préciser de quels centres de détention vous parlez.

 11   M. ZECEVIC : [interprétation] Je pense que dans un premier temps, mon

 12   estimé confrère devrait déterminer quelle est la connaissance du témoin à

 13   propos des centres de détention, ensuite il pourrait lui poser la question.

 14   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Oui. Parfait.

 15   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui, parce que j'avais cru comprendre que

 16   c'était la question que vous aviez poser, puis le Juge Harhoff a posé une

 17   question.

 18   M. DEMIRDJIAN : [interprétation]

 19   Q.  Est-ce que vous saviez qu'il existait des centres de détention à Kotor

 20   Varos ?

 21   R.  Ecoutez, je ne connais pas véritablement cette terminologie, je ne peux

 22   pas véritablement vous dire si ce qui a existé pouvait être appelé un

 23   centre de détention. Mais en passant près du gymnase de l'école primaire,

 24   j'ai vu un groupe d'une centaine de personnes, un groupe de civils, en

 25   fait, une centaine de personnes environ qui se trouvaient là. Donc je ne

 26   sais pas ce qu'ils faisaient ou qui les avait amenés.

 27   Ensuite, nous avons parlé du bâtiment qui se trouvait derrière la

 28   pharmacie. Là il y avait des personnes qui étaient détenues également, mais

Page 12430

  1   je ne les ait jamais vues, elles étaient enfermées. Voilà. Voilà

  2   l'information dont je dispose.

  3   Q.  Et à votre connaissance, qui montait la garde dans ces centres de

  4   détention ?

  5   R.  Ecoutez, je ne sais pas qui étaient les gardes. Je dirais que près de

  6   l'école primaire, il y avait de nombreuses personnes qui portaient des

  7   uniformes différents, parce que -- bon, il y a un triangle qui est formé

  8   par l'école primaire, le bâtiment de l'université et le poste de police. Le

  9   bâtiment de l'université, c'est ainsi que cela était appelé. C'est un

 10   triangle qui était détenu par les militaires, et ce, dans un cercle dont le

 11   diamètre était de 50 kilomètres environ. Donc il y avait ces jours de

 12   nombreux soldats, certains soldats qui portaient des uniformes de couleur

 13   verte, des uniformes de camouflage. Il y avait des membres de la police,

 14   des membres de la police spéciale. Il y avait de nombreuses personnes qui

 15   se trouvaient là, et près de l'entrée il y avait un couloir entre le

 16   bâtiment de l'école primaire et le gymnase. C'est le couloir par lequel je

 17   suis passé. Je pense qu'il y a avait un jeune homme là qui portait un

 18   uniforme de couleur vert olive, mais enfin, je ne sais pas si c'était un

 19   garde.

 20   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Alors, je dirais qu'il est question de "50

 21   kilomètres" [comme interprété], donc d'un diamètre de 50 kilomètres.

 22   Q.  A votre connaissance, vous avez dit qu'il y avait ces personnes qui

 23   montaient la garde dans ces différents endroits, à votre connaissance, est-

 24   ce que ces personnes utilisaient des moyens de communication entre le SJB

 25   et ces endroits ?

 26   R.  On se déplaçait entre ces trois bâtiments. Et je ne sais pas si qui que

 27   ce soit de ces personnes serait venu dans notre poste pour utiliser nos

 28   moyens de communication.

Page 12431

  1   Q.  Permettez-moi de vous poser cette question.

  2   S'il y avait une patrouille sur le terrain, de quel moyen de communication

  3   disposaient ces personnes de la patrouille ?

  4   R.  Il s'agissait d'une patrouille sur le terrain, les personnes de cette

  5   patrouille disposaient de postes radio portatifs, et rien d'autre.

  6   Q.  Hier vous nous avez dit que dans le bureau du chef du poste de police,

  7   il y avait un fax, un téléphone, et un poste radio portatif. Est-ce qu'il

  8   pouvait communiquer avec les patrouilles de police sur le terrain en

  9   utilisant ces postes radio portatifs ?

 10   R.  Oui. Pour ce qui est de la zone urbaine, la zone restreinte de la

 11   ville.

 12   Q.  Pour ce qui est de cette zone urbaine, savez-vous s'il y avait du

 13   personnel de la Sûreté d'Etat à Kotor Varos ?

 14   R.  Je rencontrais Zdravko Peic de temps en temps, je pense qu'il était

 15   membre de la Sûreté de l'Etat.

 16   Q.  Etait-il à Kotor Varos en permanence ?

 17   R.  Non. Il se rendait à Kotor Varos de Banja Luka en utilisant sa voiture

 18   puisque que Zdravko vivait à Banja Luka. A l'époque, je pense qu'il avait

 19   un appartement à Banja Luka. Il est originaire de Kotor Varos.

 20   Q.  Pour autant que vous le sachiez, il venait à Kotor Varos de Banja Luka

 21   en voiture à quelle fréquence ?

 22   R.  Je ne sais pas vraiment à quelle fréquence exactement il se rendait à

 23   Banja Luka, mais je le voyais peut-être une fois par semaine ou deux fois

 24   par semaine, cela dépend de la période dont vous parlez.

 25   Q.  Quant à la période après la prise de pouvoir, à savoir le 11 juin 1992,

 26   jusqu'à la fin de l'année, pouvez-vous nous dire à quelle fréquence vous le

 27   voyiez à Kotor Varos ?

 28   R.  J'ai pensé moi-même à cette période, mais j'ai pensé plutôt au mois de

Page 12432

  1   cette période-là. Je ne sais pas si vous avez pensé au mois de mai, juin,

  2   ou juillet, août, septembre. Parfois je le voyais plus souvent, parfois

  3   rarement, et cetera.

  4   Q.  Et d'après ce que vous savez, pouvez-vous nous dire comment il entrait

  5   en communication avec Banja Luka, s'il était nécessaire de rentrer en

  6   communication avec Banja Luka ?

  7   R.  S'il avait besoin de communiquer avec Banja Luka, il venait chez nous

  8   pour utiliser nos appareils téléphoniques si les lignes téléphoniques

  9   étaient en fonction.

 10   Q.  J'aborderais un autre sujet --

 11   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Oui.

 12   M. ZECEVIC : [interprétation] Je suis désolé. Mais à la page 12, à la ligne

 13   13, je pense que les propos du témoin n'ont pas été consignés au compte

 14   rendu. Je crois que le témoin a dit que cet homme venait chez eux pour

 15   utiliser leurs appareils téléphoniques si les lignes téléphoniques

 16   fonctionnaient, je ne sais pas si cela est important pour vous.

 17   M. DEMIRDJIAN : [interprétation]

 18   Q.  Monsieur Raljic, pouvez-vous répéter votre dernière réponse, comment M.

 19   Peic communiquait avec Banja Luka, s'il avait besoin d'entrer en

 20   communication avec eux ?

 21   R.  S'il avait besoin de communiquer avec Banja Luka, il passait chez nous

 22   pour utiliser nos lignes téléphoniques si nos lignes téléphoniques

 23   fonctionnaient, puisqu'il y avait des pannes de courant assez souvent.

 24   Q.  Je vais passer à un autre sujet. M. Savo Tepic répondait à M.

 25   Zupljanin, chef du CSB de Banja Luka. Savez-vous si M. Zupljanin venait au

 26   SJB de Kator Varos en 1992 pour faire l'inspection ?

 27   R.  Si je me souviens bien, au printemps 1992, j'ai vu M. Zupljanin une

 28   fois devant le poste de police, à savoir devant le poste de sécurité

Page 12433

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14   

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 12434

  1   publique. Après le 11 juin, il venait peut-être, mais je ne l'ai pas vu.

  2   Q.  Pour autant que vous sachiez, s'il venait au SJB, est-ce qu'il venait

  3   pour assister aux réunions avec le chef du poste de police ?

  4   R.  S'il venait au poste de sécurité publique, il aurait certainement

  5   rencontré le chef du poste de sécurité publique, mais je ne sais pas s'ils

  6   se sont rencontrés au poste de sécurité publique puisque j'ai déjà dit que

  7   je ne l'ai pas vu au poste.

  8   Q.  Quel était le rapport entre M. Tepic et M. Zupljanin, son supérieur

  9   hiérarchique ?

 10   R.  Je conduisais le chef du poste à Banja Luka pour qu'il assiste aux

 11   réunions. Je peux vous dire que leurs rapports étaient très bons, ils

 12   étaient tous les deux des professionnels et ils avaient de bons rapports.

 13   Q.  Est-ce que M. Tepic exécutait les ordres de son supérieur, pour autant

 14   que vous sachiez ?

 15   M. KRGOVIC : [interprétation] Le témoin a dit d'abord -- mais avant cela,

 16   j'aimerais savoir de quelle période il s'agit. Et on demande au témoin

 17   d'émettre des hypothèses.

 18   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Non, j'ai demandé au témoin de répondre à

 19   cette question sur la base de ses connaissances.

 20   M. LE JUGE HALL : [interprétation] J'ai compris la raison pour laquelle Me

 21   Krgovic a soulevé son objection, mais je pense que le témoin pourrait

 22   essayer de répondre à la question de Me Demirdjian.

 23   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Puis-je reformuler ma question.

 24   Q.  Monsieur Raljic, puisque vous travailliez au département de

 25   transmissions en 1992, et vu que vous receviez des dépêches du CSB de Banja

 26   Luka, d'abord est-ce vrai, est-ce que vous receviez des dépêches de Banja

 27   Luka, du CSB de Banja Luka ?

 28   R.  Oui.

Page 12435

  1   Q.  Vous nous avez dit que vous les transmettiez à M. Tepic, votre chef.

  2   R.  C'est vrai.

  3   Q.  D'après ce que vous avez pu observer, est-ce que M. Tepic exécutait des

  4   ordres figurant dans ces dépêches que vous receviez ?

  5   R.  Je ne peux que dire que le chef du poste, M. Tepic, était un

  6   professionnel et il respectait des rapports de subordination au sein du

  7   MUP, c'est-à-dire il respectait ses supérieurs. Pour savoir s'il exécutait

  8   des ordres, je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire, puisque je n'ai

  9   jamais reçu un seul ordre de mon chef, M. Tepic, concernant une quelconque

 10   de ces dépêches.

 11   Q.  Est-ce qu'il y avait des situations, d'après ce que vous en savez, où

 12   M. Tepic n'aurait pas exécuté d'ordres reçus ?

 13   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je pense que vous devez passer à un

 14   autre sujet, puisque le témoin vous a donné la réponse à votre question.

 15   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Oui.

 16   Q.  Monsieur Raljic, en 1992, nous savons qu'il y avait une cellule de

 17   Crise à Kotor Varos. Etiez-vous au courant de son existence ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Est-ce que qui que ce soit du poste de police assistait à des réunions

 20   de la cellule de Crise ?

 21   R.  Le chef du poste, M. Tepic, se rendait de temps en temps aux réunions

 22   de la cellule de Crise, mais je ne sais pas s'il assistait à ces réunions

 23   de façon régulière ou occasionnellement. Je ne sais pas.

 24   Q.  Pour autant que vous sachiez, dites-nous quelle était la relation entre

 25   la police et la cellule de Crise ?

 26   R.  Vous pensez à la relation entre le chef du poste, M. Tepic, et la

 27   cellule de Crise, ou entre la police en général ?

 28   Q.  Entre la police en général et la cellule de Crise.

Page 12436

  1   R.  Je ne peux pas répondre à cette question, puisque je ne peux pas dire

  2   quelle était la relation entre la police en général et la cellule de Crise.

  3   Q.  Je comprends cela. Pour autant que vous sachiez, est-ce que la police

  4   devait rendre des rapports à la cellule de Crise ?

  5   R.  Pour autant que je sache, non. Aucun rapport n'a été envoyé par le

  6   biais du centre de transmissions. Je ne sais pas si le chef du poste, M.

  7   Tepic, rendait compte à la cellule de Crise verbalement, et je ne le sais

  8   pas puisque je n'ai jamais assisté à des réunions de la cellule de Crise.

  9   Q.  Savez-vous si le chef du poste, M. Tepic, aurait reçu des ordres de la

 10   cellule de Crise ?

 11   R.  Non, je ne le sais pas.

 12   Q.  Vous nous avez dit avant qu'il y avait quelques centres de détention

 13   que vous avez pu observer. Savez-vous qui y était détenu, les membres de

 14   quel groupe ethnique ?

 15   R.  Je peux supposer qu'il s'agissait des Musulmans et des Croates, mais ce

 16   n'est que ma supposition.

 17   Q.  Au poste de police, est-ce qu'il y avait des cellules ?

 18   R.  Au poste de police, il n'y a pas de cellules, il n'y a pas de quartier

 19   pénitentiaire. Il n'y a qu'un quartier de détention qui se trouve à

 20   l'entrée du bâtiment de la police. Le quartier de détention existait avant

 21   cette période et il existe aujourd'hui aussi.

 22   Q.  Et après le 11 juin, savez-vous s'il y avait des personnes détenues

 23   dans ce quartier de détention ?

 24   R.  Il y avait des personnes qui se trouvaient dans cette pièce. Je ne sais

 25   pas s'il faut les désigner comme étant les personnes détenues ou capturées.

 26   Mais je les ai vues dans cette pièce en entrant dans le bâtiment.

 27   Q.  Et aviez-vous jamais appris quelles étaient les conditions de détention

 28   au poste de police ?

Page 12437

  1   R.  Généralement parlant, je ne peux pas vous répondre à cette question. Je

  2   sais seulement qu'il s'agissait simplement d'une petite pièce d'une

  3   superficie de 10 mètres carrés. Vous pouvez en conclure que seulement entre

  4   cinq et sept personnes pouvaient y être. A 5 ou 7 mètres de distance de

  5   cette pièce se trouvaient les toilettes. Et ces personnes qui y étaient un

  6   jour, deux jours ou trois jours vivaient donc dans de telles conditions

  7   pour ce qui est de l'hygiène. Je ne peux pas parler plus de conditions de

  8   vie dans ces pièces.

  9   Q.  Puisque vous étiez au poste de police à l'époque, aviez-vous entendu

 10   parler du traitement réservé à ces personnes ?

 11   R.  J'ai entendu dire que les membres de la police spéciale se comportaient

 12   de façon brutale envers ces personnes. C'est ce que j'ai pu entendre dans

 13   la ville.

 14   Q.  Est-ce qu'il y avait des cas où ces policiers se sont comportés de

 15   façon extrêmement brutale envers ces personnes ?

 16   R.  Je ne connais pas de tels cas pour ce qui est du poste de police où se

 17   trouvaient ces personnes détenues.

 18   Q.  Etes-vous au courant de l'événement qui a eu lieu le 25 juin devant

 19   l'hôpital à Kotor Varos ?

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Demirdjian, avant de passer

 21   à cet incident, est-ce que le témoin pourrait expliquer ce qu'il entend par

 22   "les membres de l'unité spéciale" ou "la police spéciale."

 23   M. DEMIRDJIAN : [interprétation]

 24   Q.  Monsieur Raljic, pourriez-vous nous expliquer ces termes, qu'est-ce que

 25   vous entendez par là ?

 26   R.  Pendant cette période de temps, nous appelions les "specijalne" [phon]

 27   ou les "membres de l'unité spéciale" les hommes qui portaient des uniformes

 28   de camouflage et qui avaient des chapeaux sur leurs têtes.

Page 12438

  1   Q.  Est-ce l'unité que vous avez décrite hier dont les membres portaient

  2   des uniformes de camouflage de couleur claire ?

  3   R.  Oui, ils portaient des uniformes de camouflage de couleur claire.

  4   Q.  Est-ce que c'est le groupe dont vous avez parlé à la tête duquel se

  5   trouvait M. Dubocanin ?

  6   R.  Oui.

  7   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Est-ce que maintenant tout est clair,

  8   Monsieur le Juge ?

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui.

 10   Mais il y a un autre détail qui m'intéresse pour ce qui est de la

 11   réponse du témoin. Le témoin a dit que dans cette pièce, il pouvait se

 12   trouver entre cinq, six ou sept personnes. Est-ce qu'il était possible d'y

 13   mettre 12 personnes, par exemple, dans cette  pièce ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Le quartier de détention ou la pièce de

 15   détention est une pièce où l'on peut mettre une, deux ou trois personnes

 16   dans des circonstances normales. Mais s'il y a besoin, on peut y mettre

 17   jusqu'à dix personnes qui, normalement, ne peuvent pas être allongées ou

 18   assises dans cette pièce, seulement debout. Mais je n'ai jamais compté.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 20   M. DEMIRDJIAN : [interprétation]

 21   Q.  Monsieur Raljic --

 22     M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Demirdjian, je dois vous dire

 23   que vous n'avez que 15 minutes encore.

 24   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Q.  Monsieur Raljic, est-ce que vous avez entendu parler de l'événement qui

 26   a eu lieu devant l'hôpital de Kotor Varos le 25 juin 1992 ?

 27   R.  Il y avait des histoires qui circulaient dans la ville même après cet

 28   événement.

Page 12439

  1   Q.  Pour autant que vous sachiez, dites-nous ce qui s'est exactement passé

  2   ?

  3   R.  Je ne peux pas vous dire ce qui s'est exactement passé, mais j'ai

  4   entendu dire que des personnes ont été tuées lors de cet incident, mais je

  5   ne peux pas vous fournir le nombre exact de personnes tuées.

  6   Q.  Vous nous avez dit qu'après cet événement, dans la ville, les gens en

  7   parlaient. Est-ce que vous avez été entendu dire qui a commis ce crime ?

  8   R.  Non. Encore une fois, les membres de l'unité spéciale ont été

  9   mentionnés quant à cet événement.

 10   Q.  Eu égard de ces événements - non seulement à l'événement survenu à

 11   l'hôpital et au centre de détention - pour autant que vous sachiez, est-ce

 12   que votre chef a jamais fait des rapports concernant ces événements ?

 13   R.  Vous pensez à ces événements concrets, ou plutôt, vous pensez à des

 14   rapports en général ?

 15   Q.  Est-ce qu'il a fait un rapport concernant le comportement que vous avez

 16   décrit dans votre déposition, le comportement de ces membres spéciaux ?

 17   R.  Oui. Je ne sais pas exactement quand, peut-être dans la deuxième moitié

 18   du mois de juin, le chef du poste a envoyé une dépêche où il a dit qu'il y

 19   avait des comportements violents des membres spéciaux envers certaines

 20   personnes et envers lui-même. Il a donc indiqué qu'il a rencontré des

 21   problèmes en communiquant avec eux.

 22   Q.  Et pour autant que vous sachez, ces dépêches, où ont-elles été envoyées

 23   ?

 24   R.  Pour autant que je me souvienne, cette dépêche a été envoyée au centre

 25   de sécurité publique.

 26   Q.  Vous nous avez dit que "les membres spéciaux faisaient preuve de

 27   violence envers lui-même."

 28   Est-ce que cela est arrivé avant l'envoi de la dépêche ?

Page 12440

  1   R.  Je ne suis pas certain. Je pense qu'il a dit dans cette dépêche qu'ils

  2   se sont comportés de façon inappropriée envers lui-même avant, mais le chef

  3   a évité d'être au poste de police. Une fois, l'un de ces membres spéciaux

  4   lui a pris son pistolet et lui a donné un coup de pied devant d'autres

  5   employés du poste. Le chef du poste de police était très embêté puisqu'il a

  6   été humilié devant ces employés.

  7   Q.  Après qu'il a envoyé cette dépêche, y avait-il des conséquences dans la

  8   suite ?

  9   R.  Des conséquences par rapport à qui ?

 10   Q.  D'abord, est-ce que des mesures ont été prises à l'encontre de ces

 11   membres de l'unité spéciale ?

 12   R.  Je ne le sais pas. Ces personnes étaient armées, étaient prêtes à tout

 13   faire, et je ne sais pas qui aurait pu prendre des mesures à leur égard.

 14   Q.  Pour autant que vous sachez, jusqu'à quand ces membres de l'unité

 15   spéciale sont restés à Kotor Varos ?

 16   R.  Je pense que c'était jusqu'au mois de septembre ou à peu près jusqu'à

 17   cette période-là.

 18   Q.  Vous avez envoyé cette dépêche et vous avez dit que vous l'avez envoyée

 19   peut-être dans la deuxième moitié du mois de juin. Savez-vous si la dépêche

 20   a été bien reçue à Banja Luka ?

 21   R.  La dépêche a été reçue au centre des transmissions de Banja Luka. Je ne

 22   sais pas ce qui s'est passé après la réception de la dépêche au centre des

 23   transmissions. Je ne peux pas vous confirmer quoi que ce soit par rapport à

 24   cela.

 25   Q.  vous allez vous souvenir qu'hier vous avez parlé de la composition

 26   ethnique du personnel travaillant au poste de police. J'aimerais savoir

 27   qu'elle était la situation après le 11 juin. Vous nous avez dit que les

 28   membres du personnel étaient d'appartenances ethniques mixtes. Mais quelle

Page 12441

  1   était la situation après le 11 juin ?

  2   R.  Après le 11 juin, il y avait moins de personnes appartenant à d'autres

  3   groupes ethniques qui travaillaient au poste de police. Je me souviens que

  4   pendant quelques jours, rien ne fonctionnait, et je ne sais pas si les

  5   autres ont commencé à retravailler. Je sais que Sejdo Tatar et quelques

  6   autres membres du personnel ont commencé à travailler après cette date. Je

  7   ne peux pas me souvenir s'il y en avait d'autres qui sont revenus au

  8   travail le 11 juin.

  9   Q.  Vous souvenez-vous de la personne répondant au nom d'Ilija Dragulic ?

 10   R.  Oui, je me souviens de lui.

 11   Q.  Quel était son rôle ? Quelle était sa fonction ?

 12   R.  Ilija Dragulic était un policier qui travaillait la plupart du temps au

 13   sein de la police de circulation.

 14   Q.  Savez-vous s'il lui est arrivé quoi que ce soit après le 11 juin ?

 15   R.  Oui, j'ai entendu parler qu'Ilija a été tué. Après le 11 juin, peut-

 16   être une vingtaine de jours ou un mois après cette date-là, j'ai appris

 17   qu'il a été tué.

 18   Q.  Vous nous avez dit que Kotor Varos est une petite ville. Est-ce que les

 19   gens disaient qui a commis ce crime ?

 20   R.  Il y avait des rumeurs, mais je ne peux pas vous dire exactement qui

 21   l'a tué. Je peux, par contre, parler d'un événement survenu à Kotor. A

 22   l'époque, dans ce quartier, la situation était toujours calme. Certaines

 23   personnes ont rendu leurs armes, et un groupe de jeunes hommes dans les

 24   villages autour de Kotor montaient la garde. Une nuit, une grenade à main a

 25   été jetée dans la pièce où ils étaient. A cette occasion-là, quelques-uns

 26   de ces jeunes hommes ont été tués. Et je pense que cet événement peut être

 27   mis en relation avec la mort d'Ilija Dragulic, puisque cela s'est passé

 28   quelques jours après cet incident. Les gens disaient que ce groupe de

Page 12442

  1   personnes a participé à cela.

  2   Q.  Vous nous avez parlé de ce que faisait la police spéciale. Est-ce que

  3   vous savez s'il y a eu des événements auxquels ont participé les policiers

  4   spéciaux de M. Ecim ?

  5   R.  Je ne me souviens pas de cet événement.

  6   Q.  L'avez-vous vu au poste de police après le 11 juin 1992 ?

  7   R.  Oui, j'ai vu Ecim, en effet.

  8   Q.  Etiez-vous en mesure d'observer son comportement ?

  9   R.  Bien, il était assez arrogant. On ne pouvait pas entrer en contact

 10   facilement avec lui. C'était un militaire, un vrai. Il était sérieux.

 11   Q.  Et quels étaient ses rapports avec M. Tepic ?

 12   R.  Je ne le sais pas car je ne me souviens pas avoir vu M. Tepic et M.

 13   Ecim ensemble au cours de réunions ou quelque chose de semblable.

 14   Q.  Une dernière question, Monsieur Raljic. Vous nous avez fourni une

 15   réponse hier, et vous avez parlé des lignes des communications qui ont été

 16   interrompues les sept premiers jours, ou même les dix premiers jours. Vous

 17   souvenez-vous que l'on vous a posé la même question au cours de votre

 18   entretien avec le bureau du Procureur ?

 19   R.  Vous voulez dire l'entretien que nous avons eu il y a trois ans ?

 20   Q.  Oui.

 21   R.  Oui, je pense que je m'en souviens.

 22   Q.  Hier, à la page 12 399, vous avez dit qu'après ces quelques jours

 23   initiaux, il y a eu des coupures de courant qui étaient presque

 24   quotidiennes. Vous l'avez répété encore aujourd'hui. Et vous nous avez dit

 25   que vous ne pouviez vraiment pas être sûr si vous pouviez envoyer la

 26   dépêche à quelque nom que ce soit. Est-ce que vous vous souvenez avoir dit

 27   cela hier ?

 28   R.  Oui, nous avons parlé de cela, effectivement.

Page 12443

  1   Q.  Et dans votre entretien, vous nous avez dit que la transmission des

  2   dépêches se faisait, mais avec quelques difficultés. Vous avez dit que dans

  3   certains cas de figure, il est arrivé que l'on puisse les transmettre.

  4   Donc est-ce que vous pourriez expliquer quelle était la situation

  5   exactement aux Juges. Donc même s'il y a eu des coupures de courant de

  6   temps en temps, vous dites que les transmissions fonctionnaient ?

  7   R.  Je disais que les transmissions, en général, ne fonctionnaient pas. La

  8   plupart du temps, il n'y avait pas de communication, elle n'était pas

  9   possible. Hier j'ai dit qu'il y avait toute une série de moments où il

 10   n'était pas possible de communiquer. Et cela ne dépendait pas seulement du

 11   fait si nous, au sein du poste de police, si nous avions de l'électricité.

 12   Nous dépendions aussi de se qui se passait à Banja Luka et ailleurs. Donc

 13   effectivement, il est arrivé que l'on ne puisse pas établir la

 14   communication, et le fait que nous n'ayons pas d'électricité, bien, ce

 15   n'était pas le seul facteur. Quand je vous ai dit qu'il y avait des

 16   difficultés, bien, justement, c'est de cela que je parlais, le fait que

 17   nous ne pouvions pas envoyer de dépêches à cause de toutes ces raisons que

 18   je viens de vous évoquer.

 19   Q.  Donc pendant la journée, il y avait des coupures d'électricité. Mais

 20   vous avez répondu au Juge Harhoff que parfois cela fonctionnait. Donc même

 21   s'il y avait des périodes où vous n'aviez pas d'électricité, bien, au cours

 22   de la journée vous étiez tout de même en mesure d'envoyer quelques

 23   dépêches. Il y avait des moments donc dans la journée où c'était possible ?

 24   R.  Non. Pendant cette période-là, je dirais, qu'en général, la plupart du

 25   temps il n'y avait pas de communications. Si vous aviez une coupure

 26   d'électricité pendant la journée, bien, vous aviez des dépêches pour

 27   lesquelles on ne pouvait pas attendre cinq  ou six jours pour envoyer une

 28   dépêche, parce qu'elle n'avait plus lieu d'être, il était trop tard pour

Page 12444

  1   l'envoyer cinq ou six jours plus tard. De sorte que je puis dire que les

  2   communications ne fonctionnaient pas pendant cette période.

  3   Q.  Mais vous dites que ces dépêches étaient envoyées autrement, par

  4   d'autres moyens, donc quels sont ces autres moyens ?

  5   R.  Nous disions à notre chef que nous n'étions pas en mesure d'envoyer la

  6   dépêche, elle était donc envoyée par coursier.

  7   Q.  Merci. Je n'ai plus d'autres questions pour vous Monsieur.

  8   M. ZECEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est la Défense de M.

  9   Zupljanin qui va commencer. Nous nous sommes mis d'accord là-dessus.

 10   Contre-interrogatoire par M. Krgovic :

 11   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Raljic.

 12   R.  Bonjour.

 13   Q.  Je m'appelle Maître Krgovic, je vais vous poser des questions au nom de

 14   la Défense de Stojan Zupljanin, il s'agit de questions qui portent sur

 15   votre déposition.

 16   Puisque nous parlons la même langue et pour rendre possible la

 17   participation aux autres personnes présentes, je vous demande de respecter

 18   un temps de pause qui ne va pas dépasser quelques secondes, ensuite de

 19   répondre et qu'enfin nous leur permettons de faire la traduction. Vous

 20   pouvez aussi suivre les transcrits [phon], cela vous permettrait donc de

 21   suivre. Parce que je parle vite et je vois que vous aussi vous parlez vite.

 22   Alors puisqu'on parle rapidement tous les deux, il faut faciliter la vie

 23   des interprètes.

 24   Tout à l'heure, en répondant aux questions du Procureur, vous avez

 25   parlé des rapports entre la cellule de Crise et la police, M. Tepic. Voici

 26   la question que je vais vous poser : Vous n'avez jamais assisté à aucune

 27   réunion de la cellule de Crise, n'est-ce pas ?

 28   R.  Non.

Page 12445

  1   Q.  Est-ce que M. Tepic a fait des rapports ou pris des ordres d'aucun des

  2   dirigeants. Vous ne le savez pas, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui. J'ai déjà répondu à la question quand elle m'a été posée par le

  4   Procureur. Non, je ne suis pas au courant de cela.

  5   Q.  Et vous n'avez jamais vu aucun compte rendu d'une session de travail ou

  6   une réunion de la cellule de Crise - et là on parle évidement de la période

  7   de l'année 1992 ?

  8   R.  Non, je ne l'ai jamais vu.

  9   Q.  Hier quand vous avez répondu aux questions du Procureur, vous avez

 10   parlé d'une réunion qui a eu lieu dans le foyer des retraités, et on a

 11   parlé à ce moment-là de la cérémonie de la signature -- de la prestation de

 12   serment des policiers.

 13   Vous avez dit que cette réunion était courte, qu'elle n'a pas duré

 14   longtemps, donc qu'elle a été interrompue, mais je vais vous poser

 15   d'avantage de questions là-dessus.

 16   Est-ce que quand vous avez évoqué cet incident, c'était l'incident où

 17   un groupe de Musulmans et de Croates armés sont entrés dans la salle de

 18   réunion en interrompant la réunion ? Et à la tête de ce groupe se trouvait

 19   un Croate, Sprzo. Est-ce que c'est bien cet incident ?

 20   R.  Oui. C'est à cause de cela que cette réunion n'a pas pu aboutir. C'est

 21   Stipo Maric, Sprzo, qui était à la tête de ce groupe. Ils étaient armés

 22   avec de fusils, ils ont entrés en interrompant la réunion dans le foyer des

 23   retraités. Les policiers, évidemment, n'étaient pas armés, et la situation

 24   était fort désagréable. On craignait pour nos vies, et on a fui la réunion.

 25   Que puis-je dire ?

 26   Q.  Donc l'objectif de tout cela c'était pour exercer des pressions sur les

 27   policiers de nationalité musulmane et croate, donc pour les empêcher de

 28   rejoindre le MUP de la Republika Srpska ?

Page 12446

  1   R.  Je ne saurais identifier la raison précise de leur interruption. Tout

  2   ce que je peux vous dire, c'est que je suppose que vous avez raison.

  3   Q.  Le résultat de cela est qu'un certain nombre de Croates et de Musulmans

  4   qui ont prêté serment pourtant n'ont pas rejoint le MUP serbe ?

  5   R.  Que je sache, il n'y a pas eu de signature au niveau de cette

  6   cérémonie, parce que justement la cérémonie a été interrompue par un acte

  7   brutal.

  8   Q.  Quand le Procureur vous a posé une question sur les Musulmans et les

  9   Croates qui ont continué à travailler au sein de centre de sécurité

 10   publique de Kotor Varos, est-ce que vous savez qu'un certain nombre de

 11   Croates et de Musulmans ont rejoint les unités à la tête à laquelle se

 12   trouvait Sadikovic et que, au bout de compte, ils ont créé leur propre

 13   unité qui était à l'extérieur de Kotor Varos ?

 14   R.  Oui, oui, je suis au courant de cela.

 15   Q.  Quand vous avez évoqué la situation hier, à Kotor Varos avant le 11

 16   juin 1992, vous avez mentionné ou dit que la situation à Kotor Varos était

 17   tendue. N'est-il pas vrai que pendant cette période, avant le 11 juin 1992,

 18   qu'il y a eu plusieurs incidents à Kotor Varos et ses environs et que les

 19   victimes de ces incidents étaient de nationalité serbe ?

 20   R.  Non, je ne me souviens pas de cet événement précis. Vous pouvez peut-

 21   être me rafraîchir la mémoire, mais je ne me souviens pas qu'on ait tué un

 22   Serbe avant la date du 11 juin.

 23   Q.  Est-ce que vous savez que certains membres de l'armée ont été désarmés

 24   par l'armée musulmane au niveau des points de contrôle qui étaient établis

 25   autour de villages croates et musulmans ?

 26   R.  Oui. Il y a eu de tels cas. Je me souviens précisément d'un incident au

 27   niveau du mont de Luka [phon], les combattants sont venus du front de

 28   Croatie, donc ils étaient là et ils ont été attaqués verbalement,

Page 12447

 1   

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 12448

  1   physiquement. Les groupes de personnes armées de ces villages sont venus

  2   devant le poste de police, ils avaient des fusils et ils protestaient, ils

  3   ne comprenaient pas pourquoi ces gens étaient revenus du front de Croatie.

  4   Je ne vois pas pourquoi cela les dérangeaient, mais passons.

  5   Cela étant dit, je me souviens d'un autre incident, un incident qui

  6   est survenu au moi de mai 1992 quand un accord avec le commandant, son

  7   adjoint, et les chefs du poste de police, quand nous nous sommes mis

  8   d'accord qu'il allait y avoir des patrouilles dans la ville même pour

  9   assurer la sécurité des citoyens, puisque les citoyens appartenant aux

 10   trois groupes ethniques l'avaient demandé. Donc nous avions une camionnette

 11   et nous faisions le tour des villages aux alentours. Et je me souviens

 12   qu'un soir on est allé dans le village de Vecici, c'était à peu près vers

 13   11 heures du soir. Il faisait nuit et il y avait des branches devant la

 14   voiture, nous avons arrêté la camionnette. J'étais là. Et la situation

 15   était fort désagréable, très tendue. Il faisait nuit. Nous étions tous à

 16   l'intérieur, et tout d'un coup, des deux côtés de la camionnette, vous

 17   aviez des personnes armées, enfin, ils étaient au nombre de deux,

 18   d'ailleurs. Il y en avait un qui avait les cheveux plutôt longs, il était

 19   barbu, et ils ont braqué leurs fusils sur nous. Ensuite, ils se sont

 20   adressés au chauffeur qui était un Musulman. Il faisait partie de la force

 21   de réserve, la force de réserve de la police, et ils nous ont dit qu'il ne

 22   fallait pas que l'on entre dans leur village, puisque c'est eux qui

 23   montaient la garde là-bas et qu'il ne fallait plus que l'on vienne dans

 24   leur village dorénavant.

 25   Q.  Vous savez aussi qu'immédiatement avant le 11, dans le territoire de

 26   Kotor Varos, cette municipalité, il y avait une unité croato-musulmane qui

 27   était armée et qui disposait des moyens de communication radios ?

 28   R.  Ecoutez, je ne sais pas si cette unité était vraiment formée. Cela

Page 12449

  1   étant dit, il y avait des gens armés. Les gens se sont armés de façon

  2   permanente, puisque la police avait organisé des contrôles radiens [phon]

  3   dans les cafés dans le village, de sorte que l'on a souvent saisi des armes

  4   auprès de la population.

  5   Q.  Est-ce que vous saviez que ces Musulmans et ces Croates, mises à part

  6   les armes, disposaient aussi de l'équipement pour communiquer entre eux,

  7   donc l'équipement de communication par la radio ?

  8   R.  Oui, je le savais. Puisque moi-même j'étais radioamateur avant la

  9   guerre. Et un moment donné, j'étais en train de surfer sur les fréquences

 10   de haute fréquence et justement j'ai intercepté une telle communication

 11   radio. Vous avez les numéros de code. Les deux parties étaient Skija [phon]

 12   et Zmajl [phon].

 13   Par la suite, j'ai pu apprendre que Skija se trouvait à mont Skaljine

 14   [phon] et Zmajl, bien, c'était le code pour un garçon qui s'appelait Mario,

 15   il était de Gradiska en Croatie, je l'ai appris par la suite.

 16   Mais c'était un réseau de communications radio qui était assez

 17   élaboré avec les chiffres, tels que Bedem, Jabuka, Kula. Leur réseau était

 18   donc bon, et je peux vous ajouter un détail. Quand Maric Stipo appelé Sprzo

 19   est mort au combat, un de ces gars m'a apporté un morceau de papier et me

 20   l'a donné. J'étais au poste de police. C'était un document comportant leur

 21   plan de travail, les chiffres qu'ils utilisaient, les heures qu'ils

 22   utilisaient, et cetera. Cela m'a facilité le travail, j'ai pu donc les

 23   contrôler. Donc oui, ils étaient bien équipés, effectivement.

 24   Q.  Il y a encore une question avant la pause. Vous avez parlé de Sprzo. Il

 25   a été tué en été 1992, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, je pense que c'était au cours de la deuxième moitié du mois de

 27   juillet.

 28   M. KRGOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si le

Page 12450

  1   moment est opportun puisque je vais aborder un autre thème.

  2   M. LE JUGE HALL : [interprétation]  C'est vrai que l'on pourrait prendre

  3   une pause à présent. Donc ce matin la pause va durer 30 minutes, pas 20

  4   minutes, parce que nous avons un petit problème technique avec les

  5   "Livenote" et peut-être qu'on va pouvoir y pallier pendant la pause.

  6   Donc au cas ou cela dépasse les 20 minutes, nous allons dire d'ores

  7   et déjà que la pause va durer 30 minutes et nous pouvons la prendre dès à

  8   présent.

  9   [Le témoin quitte la barre] 

 10   --- L'audience est suspendue à 10 heures 21.

 11   --- L'audience est reprise à 10 heures 59.

 12   M. ZECEVIC : [interprétation] J'ai voulu dire pour le compte rendu

 13   d'audience que M. Cvijetic vient de rejoindre la Défense de M. Stanisic.

 14   [Le témoin vient à la barre]

 15   M. KRGOVIC : [interprétation]

 16   Q.  Monsieur Raljic, on va continuer. C'est vrai que la pause a été un peu

 17   plus longue, mais c'est à cause d'un problème que nous avions, un problème

 18   technique.

 19   Donc hier, répondant à une question posée par le Procureur, vous avez

 20   parlé des dépêches reçues au niveau du centre, puis des dépêches envoyées

 21   par les téléscripteurs. C'est pour cela que je vais vous montrer un

 22   document, un document que le Procureur vous a déjà montré.

 23   M. KRGOVIC : [interprétation] 65 ter 3193. Je pense qu'il a reçu une

 24   cote. Malheureusement, je ne l'ai pas notée. Mais c'est quelque chose qui

 25   se trouve un niveau de l'intercalaire 11. Donc c'est le numéro 3193.

 26   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 27   M. KRGOVIC : [interprétation] 

 28   Q.  Veuillez examinez cela, Monsieur. Quand vous avez fait les commentaires

Page 12451

  1   du dernier paragraphe de ce document avec le Procureur, vous avez dit qu'il

  2   existait des -- qu'ici on parlait des communications avec Kotor Varos et

  3   que c'est quelque chose que l'on évoque dans votre rapport, et on parle de

  4   la date de l'envoi du rapport. Et c'était le 16 janvier 1993, n'est-ce pas

  5   ?

  6   R.  Oui.

  7   M. KRGOVIC : [interprétation] Veuillez examiner la troisième page de ce

  8   document.

  9   Est-ce que l'on peut regarder le dernier paragraphe en serbe.

 10   Q.  Ici, on dit qu'au cours de l'année 1992 - c'est l'avant-dernier

 11   paragraphe - on a reçu et envoyé des télégrammes. Donc c'est un rapport qui

 12   porte sur toute l'année, du 1er janvier jusqu'au 31 décembre 1992.

 13   R.  Oui, c'est exactement cela qui est écrit ici.

 14   Q.  Et ici, on tient compte aussi des cinq mois du temps de paix, pour

 15   ainsi dire ?

 16   R.  Oui, oui, c'est un rapport qui porte sur toute l'année 1992.

 17   Q.  Donc le constat que vous faites à la fin, on a pu remarquer que le

 18   nombre des dépêches qui ont circulé est considérablement diminué par

 19   rapport --

 20   M. KRGOVIC : [interprétation] Et là, on va tourner la page.

 21   Q.  -- par rapport à l'année précédente, et tout ceci est causé par les

 22   activités de guerre sur le territoire de ce qui était avant la République

 23   socialiste de Bosnie-Herzégovine.

 24   Donc c'est ce que vous avez écrit, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, oui, c'est ce qui est écrit dans le rapport.

 26   Q.  Et voici la question : pendant cette période qui va jusqu'au 11 juin

 27   1992, vous receviez combien de dépêches par jour et vous en envoyiez

 28   combien ?

Page 12452

  1   R.  Bien, je ne saurais être précis concernant la période en question, mais

  2   je peux vous citer un exemple, puis après vous allez peut-être pouvoir

  3   tirer une conclusion.

  4   Donc en moyenne - et là je parle de l'année 1991 jusqu'au 11 juin -

  5   nous recevions à peu près 50 dépêches par jour. Nous les recevions et nous

  6   les envoyions. Donc c'était la circulation moyenne par jour, ce qui

  7   correspondait à 800 ou 1 000 dépêches par mois. Alors, cela peut-être va

  8   vous permettre de tirer des conclusions quant aux chiffres relatifs à la

  9   période qui vous intéresse.

 10   Q.  Ce rapport nous dit qu'il y avait à peu près 3 500 dépêches pour toute

 11   l'année. Si vous déduisez la période de paix qui a duré quatre ou cinq

 12   mois, on peut constater que la circulation de dépêches a considérablement

 13   diminué après le 11 juin.

 14   R.  Oui. Quand on dit considérablement, on veut dire énormément finalement.

 15   C'est ce que cela veut dire, ce terme.

 16   Q.  Le Procureur vous a posé des questions au sujet de certains événements

 17   qui se sont produits aujourd'hui et qui concernent le meurtre d'Ilija

 18   Dragulic, le meurtre qui a eu lieu devant le centre médical. Et ces

 19   informations portant sur ces événements n'ont pas été envoyées par votre

 20   centre de transmissions ?

 21   R.  Non. Nous ne nous occupions pas de cela, nous n'envoyions pas de telles

 22   informations de notre centre de transmissions.

 23   Q.  Quand on parle des événements qui se sont produits sur le territoire de

 24   la municipalité de Kotor Varos, surtout quand on a brûlé l'église

 25   catholique ou des mosquées au niveau de la municipalité de Kotor Varos,

 26   est-ce que vous savez si vous, vous avez informé les centres de sécurité

 27   publique de ces événements par votre centre de transmissions ?

 28   R.  Non, pas du tout.

Page 12453

  1   Q.  Bien. Le Procureur vous a posé une question aujourd'hui portant sur

  2   l'envoi des informations, à savoir sur la façon dont se comportaient le

  3   chef, M. Tepic, à partir du moment-là où il recevait une dépêche ou un

  4   ordre du centre de transmissions.

  5   Donc est-ce vous avez envoyé des rapports détaillés aux destinataires

  6   différents, après la date du 11 juin, en décrivant les incidents que vous

  7   venez d'évoquer, à savoir des meurtres ou des incendies ?

  8   R.  Non, non, on n'envoyait pas de telles informations par notre

  9   centre.

 10   Q.  Je vais vous montrer une pièce à conviction, c'est la pièce 374.

 11   M. KRGOVIC : [interprétation] Et donc là, c'est l'intercalaire numéro 3, et

 12   là je parle des documents de la Défense.

 13   Q.  Donc, Monsieur --

 14   M. KRGOVIC : [interprétation] Je suis désolé, peut-être que je me suis

 15   trompé. C'est le numéro 65 ter 430; 374, excusez-moi.

 16   Q.  Donc les cadres partaient en grand nombre du poste de police de Kotor

 17   Varos, de sorte que vous aviez de véritables problèmes pour faire

 18   fonctionner les postes de police ?

 19   R.  Oui, effectivement.

 20   Q.  Donc vous aviez des problèmes de fonctionnement ?

 21   R.  Oui, il y avait toute une série de postes qui n'étaient pas pourvus,

 22   des postes qui étaient pourtant prévus par rapport au règlement en vigueur.

 23   Q.  Veuillez examiner cette lettre qui vient du CSB de Banja Luka, envoyée

 24   à tous les chefs. Veuillez examiner la deuxième page de ce document, vous

 25   allez voir que c'est Stojan Zupljanin qui l'a signé. Il s'agit de la page

 26   2.

 27   M. KRGOVIC : [interprétation] En fait, j'aimerais maintenant que nous

 28   repassions à la première page du document.

Page 12454

  1   Q.  Alors là, vous voyez qu'il s'agit d'une lettre qui fait état de tous

  2   les problèmes et de toutes les erreurs également qui ont été commises par

  3   le SJB. Il est dit que :

  4   "Il y a eu des omissions et des imperfections importantes dans les rapports

  5   quotidiens envoyés par le SJB à la section de permanence opérationnelle du

  6   CSB de Banja Luka à propos d'incidents importants qui sont comme suit…"

  7   Et cela se poursuit pour indiquer que très souvent les informations à

  8   propos des événements consignées ne sont pas complètes. Il est question, en

  9   fait, des informations qui ont été reçues et qui non pas été consignées et

 10   du fait que l'officier de permanence ne vérifie même pas les rapports.

 11   Donc c'est un problème que l'on trouvait non seulement sur le

 12   territoire de Kotor Varos, mais également sur tout le territoire du CSB. Et

 13   il est indiqué quels sont les éléments qui devraient être inclus. Donc un

 14   modèle est donné également. Et pour ce qui est des conditions à Kotor Varos

 15   et des opérations de combat, vous n'utilisiez pas ce modèle, n'est-ce pas ?

 16   R.  Ecoutez, je ne connais pas ce modèle. Pendant la période qui a suivi le

 17   11 juin 1992, nous n'avons jamais envoyé quoi que ce soit de la sorte.

 18   Q.  Mais si vous examinez le document, il est indiqué ce que devrait

 19   envoyer un poste de sécurité publique lorsqu'il établit un rapport. Et

 20   regardez les alinéas 18 et 19, regardez, explosions dans différents

 21   endroits, il est question des dégâts qui ont été provoqués. Puis vous avez

 22   la toute dernière ligne où il est indiqué 

 23   "Attaque de personnes d'une appartenance ethnique contre d'autres personnes

 24   d'appartenance ethnique différente, ensuite il y a une description

 25   succincte qui est présentée."

 26   M. KRGOVIC : [interprétation] Et à la page suivante, vous voyez que M.

 27   Zupljanin, au 24, au numéro 24, demande des renseignements sur le nombre de

 28   cas de profanation de monuments, de cimetières et autres.

Page 12455

  1   Q.  Donc ce type de rapport n'a pas été envoyé par le SJB de Kotor Varos ?

  2   R.  Je ne me souviens pas avoir envoyé un rapport qui aurait été présenté

  3   comme celui-ci. D'ailleurs la date que nous voyons au début de ce document

  4   est une date du mois de mai, d'après ce que j'ai compris.

  5   Q.  Oui, c'est la date du 26 mai.

  6   R.  Oui, le 26 mai. Donc dix ou 15 jours avant le début du conflit. Et

  7   pendant l'été, comme nous l'avons déjà indiqué, nous n'étions pas en mesure

  8   d'envoyer le matin le rapport quotidien, parce que cela vise le rapport

  9   quotidien, et il ne serait pas logique, en fait, d'envoyer des rapports

 10   quotidiens dix ou 15 jours après.

 11   Q.  Regardez le 30(e), troisième page, dernière page. Là, vous voyez que M.

 12   Zupljanin demande que des rapport précis soient établis en matière de crime

 13   de guerre. Et il y est question du système de transmissions, donc ce genre

 14   de rapport, en fait, ne vous ait pas passé entre les mains, n'est-ce pas ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Aujourd'hui, vous avez répondu aux questions posées par l'Accusation,

 17   mais vous avez à cet égard parlé des comportements des différents groupes à

 18   Kotor Varos, et vous avez fait référence aux réputations de ces groupes.

 19   Vous avez fait référence à la réputation des unités spéciales et vous avez

 20   également fait référence au chef Tepic -- vous pensiez également à la façon

 21   dont il se comportait vis-à-vis du chef Tepic Alors, il y a les unités

 22   spéciales que vous avez mentionnées que ne se comportaient pas bien, il

 23   s'agissait, en fait, du groupe qui était dirigé par Slobodan Dubocanin,

 24   n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'est à eux que je pensais.

 26   Q.  Donc ils sont quand même différents des membres de la police spéciale

 27   qui étaient également présents là-bas ?

 28   R.  Oui, tout à fait. Les membres de l'unité de la police spéciale, pour

Page 12456

  1   autant que je le sache, portaient des uniformes de camouflage bleus.

  2   Q.  Je vous remercie, Monsieur Raljic. Je n'ai plus de questions à vous

  3   poser.

  4   Contre-interrogatoire par M. Zecevic : 

  5   Q.  [interprétation] Bonjour, M.Raljic.

  6   R.  Bonjour.

  7   Q.  Excusez-moi. Je n'ai que quelques questions très brèves à vous poser.

  8   Je dois d'ailleurs préciser quelque chose, ou en tous cas, vous

  9   demander une précision, et j'aimerais faire appel à votre connaissance

 10   professionnelle pour élucider un élément dont nous avons besoin pour le

 11   compte rendu d'audience et pour aider les interprètes à l'avenir, les

 12   interprètes qui travailleront dans cette affaire. Car, lorsqu'il s'agit -

 13   et je pense à l'interprétation de questions techniques, ou de questions

 14   d'experts.

 15   Alors, les ondes courtes, les ondes "KT" en B/C/S, sont des ondes

 16   dont les fréquences sont comprises entre 3 et 30 mégahertz.

 17   R.  Oui, c'est exact.

 18   Q.  Dans notre langue, l'abréviation pour ces ondes courtes est "KT,"

 19   n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui, c'est exact; "KT" en B/C/S.

 21   Q.  Alors, je dirais que grâce à l'aide des interprètes, et sur leur

 22   initiative d'ailleurs, j'ai appris que l'abréviation pour "KT," est "HF" en

 23   anglais, et en français ce qui correspond au terme "haute fréquence."

 24   Alors, les ondes ultra courtes sont les ondes dont la fréquence est

 25   comprise entre 30 et 300 mégahertz; est-ce exact ?

 26   R.  Oui, c'est ce que nous, nous appelons "UKT."

 27   Q.  Donc pour cette abréviation que nous utilisons dans notre langue, à

 28   savoir "UKT," l'abréviation anglaise est "VHF," donc très haute fréquence;

Page 12457

  1   est-ce exact ?

  2   R.  Oui, en anglais "VHF" correspond au terme "très haute fréquence."

  3   Q.  Je vous remercie, et je pense que nous avons maintenant élucidé cette

  4   question. J'aimerais maintenant vous poser une autre question, car je pense

  5   que pendant votre entretien avec l'Accusation, vous avez parlé de ceci.

  6   Est-ce que vous savez quelle était la répartition, la composition ethnique

  7   du village de Dabovci qui se trouvait près de Kotor Varos ?

  8   R.  Oui, oui, dans les grandes lignes, oui.

  9   Q.  Est-ce qu'il s'agissait d'un village serbe ou d'un village musulman ?

 10   R.  Le centre, le cœur de Dabovci est un village serbe, il se trouve près

 11   de la route principale, en fait, le village de Dabovci.

 12   Q.  Mais est-ce que vous savez qu'à la mi-août 1992 l'armée serbe a attaqué

 13   le village de Dabovci et l'a complètement rasé, réduit en cendres.

 14    R.  Non, je ne savais pas ceci. Mon grand-père vivait à Dabovci, mon oncle

 15   vit à Dabovci à l'heure actuelle avec sa famille. Ce village se trouve près

 16   de la route principale, et toutes les maisons du village de Dabovci sont

 17   absolument intactes. Alors, je ne sais pas si vous parlez d'un mont qui se

 18   trouve à la périphérie de Dabovci, mais pour ce qui est du village de

 19   Dabovci, je dirais que c'est un village habité par des Serbes.

 20   M. ZECEVIC : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, je dirais

 21   qu'il s'agit du fait accepté et admis, le fait numéro 943.

 22   Q.  Dites-moi, je vous prie, si vous connaissez quelqu'un qui répond au nom

 23   de Predrag Markovic de Kotor Varos.

 24   R.  Je ne m'en souviens pas véritablement.

 25   Q.  Qu'en est-il de Marinko Djukic ?

 26   R.  Non, je connais un Marinko Djuric, mais je ne connais pas de Marinko

 27   Djukic.

 28   Q.  Et si M. Markovic et M.Djukic faisaient partie de la police, je suppose

Page 12458

  1   que vous devriez les connaître, en tous cas, connaître leurs noms.

  2   R.  Oui, tout à fait.

  3   Q.  Donc nous pouvons dire avec une certaine certitude que ni M. Markovic

  4   ni M. Djukic faisaient partie de la police, et nous pouvons également

  5   avancer qu'il n'y avait pas de positions de commandement on de positions de

  6   pouvoir au sein de la police, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui, tout à fait.

  8   M. ZECEVIC : [interprétation] Je dirais à l'intention de la Chambre de

  9   première instance qu'il s'agit du fait admis numéro 515.

 10   Q.  Monsieur, je pense qu'hier, lors de l'interrogatoire principal, vous

 11   avez parlé du 11 juin 1992 à Kotor Varos. Et si j'ai bien compris votre

 12   déposition, vous avez dit que le 11 juin, la situation était ce qu'elle

 13   était en quelque sorte, mais qu'il n'y avait pas eu de conflits à cette

 14   date.

 15   R.  Oui, c'est exact.

 16   Q.  Alors, ce jour-là, le 11 juin, ou pendant toute la période du mois de

 17   juin, en fait, est-ce que l'armée serbe de Bosnie a mené à bien une attaque

 18   contre la ville de Kotor Varos ?

 19   R.  Pas contre toute la ville de Kotor Varos, pas au début. Donc à partir

 20   du 11 juin et pendant les journées qui ont suivi le 11 juin, il n'y a pas

 21   eu de conflit armé, il n'y en pas eu du tout. D'après ce que je sais, les

 22   gens ont rendu leurs armes, notamment à Podbrdje, Slatina et Zabrdje, parce

 23   que toutes les maisons qui s'y trouvaient étaient intactes et personne n'a

 24   attaqué ces personnes.

 25   Donc au cours des premières journées, il n'y a pas eu de conflit. Je

 26   pense que le conflit principal a commencé après l'incendie que j'ai

 27   mentionné, après qu'une grenade a été jetée sur un jeune homme. C'est à

 28   partir de ce moment-là qu'il y a eu escalade du conflit, après cet

Page 12459

  1   incident, incident donc qui s'est déroulé dans la localité de Kotor.

  2   Q.  Et comme vous l'avez dit, le conflit, en fait, s'est déroulé dans la

  3   localité de Kotor, donc c'est un lieu qui est à l'extérieur de Kotor Varos

  4   ?

  5   R.  Non, c'est à Kotor Varos, mais cette localité se trouve de l'autre côté

  6   de la rivière Vrbanja.

  7   Q.  Est-ce que vous savez s'il y a eu des attaques contre les villages de

  8   Hrvacani et --

  9   L'INTERPRÈTE : D'autres villages dont l'interprète n'a pas saisi le nom.

 10   M. ZECEVIC : [interprétation]

 11   Q.  -- pendant le mois de juin 1992, et je parle d'attaques effectuées par

 12   l'armée serbe ?

 13   R.  Ecoutez, je ne sais pas s'il y en avait pendant le mois de juin. Par la

 14   suite, pendant l'été, effectivement, il y a eu des conflits, des attaques,

 15   mais je pense qu'il n'y a pas eu ce genre d'attaques pendant le mois de

 16   juin. Je sais que des hommes ont été envoyés dans ces villages pendant le

 17   mois de juin, et ce, afin justement de parler à ces personnes parce que les

 18   villageois étaient armés. Donc il y a des gens qui ont été envoyés dans ces

 19   villages pour suggérer aux villageois qu'ils rendent leurs armes, ce qui

 20   aurait permis de régler la situation de façon pacifique.

 21   M. ZECEVIC : [interprétation] J'aimerais informer la Chambre de première

 22   instance qu'il s'agit du fait admis numéro 519.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zecevic.

 24   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] A ligne 5 page 38, le nom des

 26   villages n'ont pas été consignés. Vous avez dit les gens ont rendu leurs

 27   armes, notamment dans le village de… et de Slatina. Est-ce que cela

 28   pourrait être précisé, je vous prie ?

Page 12460

  1   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Juge.

  2   Q.  Monsieur, auriez-vous l'amabilité de répéter votre réponse, qui n'a pas

  3   été consignée. Je vous avais demandé si le 11 juin ou si pendant le mois de

  4   juin en général, les membres de l'armée serbe de Bosnie avaient lancé des

  5   attaques contre Kotor Varos, contre la ville de Kotor Varos. Et vous avez

  6   répondu en disant :

  7   Non, pas contre la ville au début. Mais à partir du 11 juin et

  8   pendant les journées qui ont suivi le 11 juin, il n'y a pas eu de conflits.

  9   D'après ce que je sais, les gens ont rendu leurs armes, notamment dans les

 10   villages - et le nom des villages n'a pas été consigné - bon, le village de

 11   Slatina a été consigné. Ensuite, vous poursuivez et vous dites : parce que

 12   toutes les maisons qui ont été trouvées n'ont pas été touchées, sont

 13   restées intactes, et personne n'a attaqué ces personnes.

 14   Donc est-ce que vous pourriez, je vous prie, répéter le nom de ces villages

 15   ?

 16   R.  Oui. Il s'agit de Podbrdje, de Zabrdje et de Slatina. Donc il s'agit de

 17   villages qui se trouvent le long de la route principale qui relie Kotor

 18   Varos à Banja Luka. Alors, il se peut qu'il y ait eu des incidents isolés

 19   au cours desquels des maisons auraient été incendiées ici et là, mais il

 20   n'y a pas eu de conflits.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 22   M. ZECEVIC : [interprétation] Je vous remercie.

 23   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Je m'excuse. Mais pour le compte rendu

 24   d'audience, je dirais que Me Zecevic a fait référence au fait admis numéro

 25   515. C'est un fait qui fait référence à une autre municipalité, et non pas

 26   la municipalité de Kotor Varos. Je pense que c'est la municipalité de

 27   Teslic. Voilà, je vous l'indique, pour que tout soit bien clair.

 28   M. ZECEVIC : [interprétation] Excusez-moi.

Page 12461

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 12462

  1   Q.  Pourriez-vous nous dire si vous connaissez un certain Goran Zaric de

  2   Kotor Varos, est-ce que c'est un nom qui évoque quelque chose pour vous ?

  3   R.  Non, je ne connais aucun Goran Zaric, non.

  4   Q.  Mais il a un surnom : Dziba ou Djiba ?

  5   R.  Dziba. Mais alors ce n'est pas Goran Zharic, mais Goran Zaric.

  6   Q.  Donc vous connaissez le nom de Goran Zaric, et non pas Zharic ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Il faisait partie de la police ?

  9   R.  Ecoutez, je n'en suis pas sûr, mais je pense qu'il faisait partie de la

 10   police de réserve, pour autant que je m'en souvienne. Ou il aurait pu être

 11   un policier d'active, finalement; oui, je le pense.

 12   Q.  Qu'en est-il de Zdravko Zutic ?

 13   R.  Zdravko Zutic, c'est un nom que je connais, mais lui, il n'était pas un

 14   policier d'active. Je pense que lui faisait partie de la force de réserve.

 15   Q.  Bien. Et est-ce que vous connaissez un certain Dusko Vujicic de Kotor

 16   Varos ?

 17   R.  Oui, mais en fait, il vient de Banja Luka. Il travaillait à Kotor

 18   Varos.

 19   Q.  Et que faisait-il ?

 20   R.  C'était un policier.

 21   Q.  En fait, je vous ai déjà posé des questions à propos du village Dabovci

 22   et vous avez fourni une explication. Vous avez indiqué qu'il s'agissait

 23   essentiellement d'un village serbe et que certains membres de votre famille

 24   vivent également dans ce village. Est-ce que vous savez que les forces

 25   serbes de Bosnie ont fréquemment volé des foyers musulmans de Bosnie dans

 26   le village de Dabovci justement ?

 27   R.  Non, pas dans le village de Dabovci, non.

 28   Q.  Je suppose que vous avez rendu visite avec votre famille et qu'en 1992,

Page 12463

  1   vous étiez en contact avec eux. Donc est-ce qu'ils vous ont dit que dans le

  2   village de Dabovci, les foyers musulmans étaient fréquemment cambriolés ?

  3   R.  Non, nous n'en avons jamais parlé. Personne ne m'a dit quoi que ce soit

  4   à ce sujet. En tous cas, aucun membre de ma famille ne m'en a parlé.

  5   M. ZECEVIC : [interprétation] Alors, je dirais à l'intention de la Chambre

  6   de première instance, qu'il s'agit du fait admis et reconnu numéro 542.

  7   M.Raljic, je vous remercie beaucoup. Je n'ai plus de questions à vous

  8   poser.

  9   Nouvel interrogatoire par M. Demirdjian : 

 10   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] J'ai quelques questions supplémentaires à

 11   poser, Monsieur le Président.

 12   Q.  [interprétation] Monsieur Raljic, au début du contre-interrogatoire

 13   mené à bien par Me Krgovic, une question vous a été posée à propos d'un

 14   homme dont le surnom était Sprzo. Dans un premier temps, j'aimerais vous

 15   demander s'il était originaire de Kotor

 16   Varos ?

 17   R.  Oui, tout à fait.

 18   Q.  Vous nous avez dit qu'il avait été tué pendant un combat, qu'il était

 19   mort au combat donc. Est-ce que vous connaissez les circonstances exactes

 20   de sa mort ? 

 21   R.  Oui, plus ou moins.

 22   Q.  Et quelles étaient ces circonstances ?

 23   R.  Stipo Maric, donc Sprzo, est mort au combat lors d'un conflit armé à

 24   Stara Kula, l'ancienne tour de Kotor Varos, et là je sais que l'armée et

 25   les unités spéciales se sont battues contre les forces musulmanes et

 26   croates. Je sais qu'à cette occasion, des Serbes qui combattaient là ont

 27   été tués, et d'après ce que je sais, dix ou 12 membres des forces

 28   musulmanes et croates ont également été tués. Donc il s'agissait d'un

Page 12464

  1   conflit armé, et ils sont tous morts au combat, d'après ce que je sais.

  2   Stipo Maric, Sprzo, faisait partie des unités croates. J'ai intercepté une

  3   fois une des ses conversations au cours de laquelle il demandait à la

  4   personnes à qui il parlait à Gradiska de prendre contact avec une autre

  5   brigade à laquelle il appartenait, qui se trouvait à Dugo Selo, en Croatie.

  6   Q.  Mais vous, vous n'avez pas participé à ce confit armé, n'est-ce pas ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Donc vous n'avez pas été témoin oculaire de la mort de M. Maric ?

  9   R.  Non, non. Mais je peux vous expliquer ce qui s'est passé, si vous le

 10   souhaitez.

 11   Q.  En fait, voilà ce que j'aimerais savoir. Ce que j'aimerais savoir c'est

 12   si vous étiez présent ou non lorsqu'il a été tué ?

 13   R.  Non, je n'étais pas présent physiquement. De toute façon, cela n'aurait

 14   pas été logique non plus parce qu'il faisait partie de l'autre camp. Mais

 15   le lendemain, je l'ai vu mort après le combat.

 16   Q.  Mais où l'avez vous vu mort ?

 17   R.  Je l'ai vu mort lorsque l'armée a investi cette partie de la ville. Ils

 18   ont emmené les gens qu'ils avaient trouvés morts, et il y avait donc Maric,

 19   Sprzo. Je l'ai vu qui gisait sur la route, il était sur une bâche. Et parmi

 20   les personnes qui étaient mortes, il y avait Marko Jelesic, qui répondait

 21   au surnom de Bato, il allait à l'école avec moi. Puis il y avait également

 22   Jadranko. Bon, il y avait au moins dix ou 12 personnes, et parmi ces

 23   personnes, il y avait Stipo Maric, qui répondait au surnom de Sprzo, qui

 24   avait été tué.

 25   M. ZECEVIC : [interprétation] Je ne pense pas que la réponse du témoin a

 26   bien été consignée, parce que je pense qu'il a indiqué qu'il avait obtenu

 27   certains éléments lors de la conversation qu'il a interceptée.

 28   M. KRGOVIC : [interprétation] Oui, et à propos de cet homme, de cet homme

Page 12465

  1   avec qui il a été à l'école, il a dit qu'il faisait partie d'une unité, et

  2   cela n'a pas été consigné.

  3   M. DEMIRDJIAN : [interprétation]

  4   Q.  Alors, pour répondre à la première intervention, je ne comprends pas

  5   très bien ce que vous dites à propos de la conversation interceptée. Vous

  6   avez reçu ces renseignements à propos de ce Maric lorsque vous avez

  7   intercepté cette conversation; c'est cela ?

  8   R.  Oui, oui. C'est justement ce que je vous disais, et j'ai appris cela la

  9   soirée du même jour. Je pense que c'était à la fin du mois de juillet. Et

 10   il y a un petit moment de ça, nous avons parlé justement de cela, et je

 11   faisais également de la surveillance électronique, et c'est ainsi que j'ai

 12   appris ce qui s'était passé lorsqu'ils ont mentionné la liste des personnes

 13   qui étaient tuées. Et parmi ces personnes, il y avait Marko Jelesic, qui

 14   répondait au surnom de Bato, puisque M. Krgovic m'a posé une question à ce

 15   sujet.

 16   Il faisait partie de l'unité spéciale. Il y avait également un autre

 17   de mes camarades d'école, qui était allé à l'école primaire avec moi, et je

 18   pense, en fait, que c'était un officier de police de réserve.

 19   Q.  Et lorsque le nom de Sprzo a été mentionné, à propos de la signature et

 20   de la prestation de serment, vous aviez dit que cela avait été interrompu à

 21   un moment donné par les membres du SJB au moment où la prestation de

 22   serment a eu lieu et où les signatures ont été présentées ?

 23   R.  Ecoutez, ça, je n'en sais rien. Cela s'est passé sur un laps de temps

 24   très court. Cet incident s'est passé à la mi-mai, et le lendemain la

 25   situation était très tendue. Donc je ne sais pas si la cérémonie est allée

 26   jusqu'au bout et si il y a eu signature.

 27   Q.  Mais pour que tout soit très clair, est-ce que vous, vous avez signé

 28   cela ?

Page 12466

  1   R.  C'était il y a longtemps. Peut-être que j'ai signé cette déclaration.

  2   Mais c'était une chose formelle. Je ne l'ai pas retenu du tout. Je ne me

  3   souviens pas. Peut-être que je l'ai signée.

  4   Q.  Me Krgovic vous a posé des questions eu égard des événements dont nous

  5   avons parlé aujourd'hui, tels que le meurtre de M. Dragulic ainsi que des

  6   meurtres survenus devant l'hôpital, et il vous a demandé si vous avez

  7   envoyé des dépêches quant à ces événements, et vous avez répondu que vous

  8   ne vous souveniez pas de ces dépêche envoyées concernant ces événements.

  9   Est-ce que le chef du poste de police était obligé d'envoyer des

 10   rapports à ces supérieurs ?

 11   R.  Dans de telles situations, en situation de guerre, vous savez, il est

 12   difficile de dire qu'il était censé avoir le devoir d'envoyer des rapports

 13   quotidiens puisque les personnes ont été tuées. C'était la guerre. Et il

 14   aurait été naïf de notre part de s'attendre à ce que la police soit sur le

 15   terrain pour mener des enquêtes sur place concernant des tirs et des

 16   incidents.

 17   Q.  Je vais poser la question d'une façon différente : pour ce qui est des

 18   règlements appliqués par la police, est-ce que le chef du poste de police

 19   est la personne qui doit rendre compte d'événements importants, tels qu'un

 20   meurtre, survenus sur le territoire de sa municipalité ?

 21   R.  Dans des circonstances normales, oui, certainement.

 22   Q.  Vous avez dit que vous ne vous souvenez pas d'avoir envoyé des

 23   dépêches, mais est-ce que vous pouvez nous dire qu'il était possible que

 24   les rapports ont été envoyés par estafette ?

 25   M. KRGOVIC : [interprétation] Ce sont des hypothèses.

 26   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] J'aimerais savoir si la dépêche a été

 27   envoyée ou pas. Je pose des questions au témoin pour savoir si cela a été

 28   fait ou pas.

Page 12467

  1   M. KRGOVIC : [interprétation] Mais posez-lui la question de façon directe

  2   en lui demandant s'il le savait ou pas.

  3   M. LE JUGE HALL : [interprétation] En d'autres termes, Monsieur Demirdjian,

  4   tout est possible.

  5   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Oui. C'était toutes les questions que j'ai

  6   voulu poser en questions supplémentaires. Merci.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zecevic, vous avez mentionné

  8   le fait admis portant le numéro 943 concernant le village de Dabovci. Vous

  9   avez posé la question au témoin pour savoir s'il était au courant des

 10   destructions faites dans ce village, mais ce fait admis -- là, je suppose

 11   que vous l'avez mentionné puisque vous le contestez ? Le fait 943.

 12   M. ZECEVIC : [interprétation] C'est vrai, Monsieur le Juge --

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui.

 14   M. ZECEVIC : [interprétation] -- mais je ne pense pas que j'ai mentionné le

 15   numéro 943.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui --

 17   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui, oui --

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] D'accord.

 19   M. ZECEVIC : [interprétation] -- c'est vrai. C'est 943. C'est le premier

 20   admis que j'ai voulu contesté.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ensuite, vous avez posé la question

 22   concernant la destruction dans ce village --

 23   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] -- mais le fait admis en question

 25   concerne le meurtre des gens qui ont été emmenés à un endroit à proximité

 26   de ce village et ayant été sommairement exécutés par les soldats.

 27   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui. Mais le témoin n'était évidemment pas au

 28   courant de ce fait, et c'est pour ça que je n'ai pas continué dans ce sens-

Page 12468

  1   là.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui --

  3   M. ZECEVIC : [interprétation] Mais, Monsieur le Juge, on peut écrire [comme

  4   interprété] ici que :

  5   "Les trois Musulmans de Dabovci ont été après que les soldats serbes

  6   ont détruit leur village à la mi-août 1992."

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Donc vous ne contestez que le fait de

  8   la destruction survenue dans leur village.

  9   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci beaucoup.

 11   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci.

 12    M. KRGOVIC : [interprétation] J'ai demandé une clarification au moment où

 13   le témoin a parlé des personnes qui ont été tuées qui étaient membres des

 14   effectifs de réserve de la police, et cela n'a pas été consigné au compte

 15   rendu de façon correcte.

 16   J'aimerais savoir de quel côté les membres de ces effectifs de

 17   réserve de la police se trouvaient au moment où ils ont été tués, puisque

 18   c'est le point qui n'est pas clair dans le compte rendu. Est-ce que je

 19   pourrais posé cette question au témoin pour savoir de quel côté se

 20   trouvaient ces personnes au moment où elles ont été tuées ? Il s'agissait

 21   de ces camarades de classe.

 22   Parce que le témoin a voulu ajouter quelque chose pour en finir avec

 23   ça, mais M. Demirdjian l'a interrompu.

 24   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Vous pouvez poser cette question, Maître

 25   Krgovic.

 26   M. KRGOVIC : [interprétation]

 27   Q.  Monsieur Raljic, quand vous avez parlé de vos camarades de classe qui

 28   étaient membres de la police de réserve et qui ont été tués, est-ce qu'ils

Page 12469

  1   étaient membres de la police de réserve avant le 11 et travaillaient au

  2   poste de police de Kotor Varos, après quoi ils ont rejoint les formations

  3   armées des Musulmans et des Croates, et ils ont été tués en étant membres

  4   de ces formations armées des Musulmans et des Croates, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui.

  6   M. KRGOVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

  7   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Raljic, merci d'avoir déposé

  8   devant le Tribunal international. Vous pouvez quitter le prétoire et vous

  9   pouvez rentrer chez vous. Nous vous souhaitons bon retour.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Et je devrais dire que j'ai eu une

 11   coopération correcte avec le bureau du Procureur et avec les conseils de la

 12   Défense des deux accusés, M. Zupljanin et M. Stanisic. J'espère que ma

 13   déposition va contribuer à ce que la vérité soit établie et qu'un jugement

 14   juste soit rendu dans cette affaire. Merci.

 15   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 16   [Le témoin se retire]

 17   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, Monsieur Hannis, vous avez la

 18   parole.

 19   M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je demander cinq

 20   minutes à la fin de l'audience pour soulever une série de questions

 21   concernant notre calendrier. Le témoin suivant du bureau du Procureur, avec

 22   qui la séance de récolement est en cours, ne peut commencer sa déposition

 23   que demain matin à 9 heures.

 24   Puisque nous avons pris en compte l'estimation de la Défense pour ce

 25   qui est du contre-interrogatoire, la Défense a dit que le contre-

 26   interrogatoire durerait cinq heures. Mme Pidwell m'a informé que la séance

 27   de récolement avec ce témoin ne finira que ce soir, et c'est pour cela

 28   qu'il faut qu'on se repenche sur ces estimations.

Page 12470

  1   Donc je propose qu'on lève l'audience et qu'on continue demain à 9

  2   heures.

  3   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Vous avez une autre question à soulever

  4   ?

  5   M. HANNIS : [interprétation] Oui, pour ce qui est de l'ordonnance rendue

  6   par la Chambre hier concernant les journaux de Mladic.

  7   [La Chambre de première instance se concerte]

  8   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Excusez-moi, pourriez-vous répéter ce

  9   que vous venez de dire, Monsieur Hannis ?

 10   M. HANNIS : [interprétation] Oui. J'ai voulu soulever une question

 11   concernant votre ordonnance rendue hier par rapport aux journaux de Mladic.

 12   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, continuez.

 13   M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, la Chambre a rendu

 14   l'ordonnance à l'intention du bureau du Procureur concernant certains

 15   documents qui doivent être fournis d'ici le 12 juillet. Si ce n'est pas

 16   possible, nous devons donc préparer un rapport pour ce qui est des

 17   traductions de certains extraits de ces journaux en anglais, des extraits

 18   qui sont pertinents et que nous voulons ajouter à notre liste de pièces.

 19   Ensuite, nous devons également fournir les informations concernant le fait

 20   de corroborer l'authenticité de ces documents.

 21   Ensuite, nous avons d'autres documents que nous pouvons fournir et

 22   communiquer immédiatement.

 23   La première partie concerne une partie de l'ordonnance où on nous

 24   demande d'identifier et de spécifier les parties de journaux que nous

 25   demandons qu'elles soient ajoutées à notre liste de documents. Et à la page

 26   4 de votre ordonnance, il est dit :

 27   "Vu que le bureau du Procureur n'a pas spécifié les parties de journaux que

 28   l'Accusation veut ajouter à la liste de documents à présenter."

Page 12471

  1   Ensuite, dans la note de bas de page 18, il est fait référence à l'affaire

  2   Prlic.

  3   Nous voulons souligner qu'il y a une différence de statut dans cette

  4   affaire par rapport au statut dans l'affaire Prlic. Prlic, dans cette

  5   affaire, le bureau du Procureur a fini de présenter leurs moyens de preuve,

  6   après quoi l'Accusation a demandé de rouvrir cette partie de la procédure

  7   pour pouvoir présenter ces moyens de preuve. Par conséquent, il faut faire

  8   une distinction claire entre les deux affaires.

  9   Et pour ce qui est de notre affaire, nous n'avons pas encore fini la

 10   présentation de nos moyens de preuve. Nous pouvons donc changer notre avis

 11   pour ce qui est des parties des journaux que nous voulons utiliser. Donc

 12   dans ma requête, on peut voir qu'il s'agit de la période de 1991 à 1996. Si

 13   j'ai bien compris, nous avons la traduction complète pour ce qui est de

 14   l'année 1992, la traduction en anglais. Et nous voulons que tous les

 15   documents de 1992 soient ajoutés à notre liste de documents ainsi que

 16   certaines parties de journaux de 1991 et 1993. Mais nous n'avons pas eu le

 17   temps de parcourir toutes les traductions jusqu'à cette date-là pour

 18   pouvoir donner la revue complète.

 19   Si j'ai bien compris, la Chambre est réticente pour ce qui est de la

 20   réception de milliers et de milliers de pages qui ne sont peut-être pas

 21   nécessaires ni pertinentes. Mais la nature de ces documents est telle que

 22   c'est un membre de la presse criminelle commune qui était haut placé dans

 23   l'armée qui les a tenus, ces journaux, et nous pensons qu'il faut que tous

 24   les journaux de 1992 doivent être présentés. Et il est possible qu'au cours

 25   de cette affaire, nous allons choisir certains extraits de ces journaux, et

 26   sur la base de mon expérience, je peux dire que quand il s'agissait de

 27   choses similaires, par exemple, les notes prises lors des réunions

 28   militaires, c'était dans une autre affaire, je pense que durant la

Page 12472

  1   procédure, on peut savoir quels sont les documents supplémentaires à être

  2   présentés dépendant des témoignages des témoins qui vont venir ou d'un

  3   document qui va être présenté.

  4   Donc nous avons l'intention de déposer des requêtes durant la

  5   procédure concernant des parties pertinentes et des sujets pertinents.

  6   Comme cela, vous pouvez ne pas se pencher sur les parties qui ne sont pas

  7   pertinentes et se pencher sur les parties qui ont un poids. Mais il faut

  8   qu'on considère tout cela dans le contexte, et c'est un processus.

  9   En tous cas, nous demandons que ces documents soient ajoutés à notre

 10   liste de documents à présent. Nous ne voulons pas les présenter pour le

 11   moment. Mais je pense que le moment viendra où certaines parties des

 12   journaux seront rejetées. Mais maintenant, je pense que vous pouvez décider

 13   si on peut ou si on ne peut pas les ajouter à notre liste, parce que je

 14   pense que nous ne pouvons pas contrôler tout cela.

 15   Le Juge Harhoff a une question.

 16   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Monsieur Hannis. Selon mon

 17   commentaire que j'ai prononcé pour ce qui est de votre demande, vous avez

 18   donc demandé que ces document supplémentaires soient ajoutés à la liste 65

 19   ter, vous avez demandé que tous les journaux soient ajoutés, les journaux

 20   couvrant la période allant de 1991 à 1996. La Chambre a décidé que c'était

 21   trop de documents; vous devez choisir certaines parties. Et s'il s'agit des

 22   parties de journaux de 1992, je pense que cela serait conforme aux

 23   dispositions de notre ordonnance.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Peut-être que 1992 pourrait être

 25   considérée comme seulement une partie de tous les journaux.

 26   M. HANNIS : [interprétation] Merci --

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, cela pourrait être considéré

 28   comme étant une partie de tous les journaux.

Page 12473

  1   M. HANNIS : [interprétation] C'est utile. Je pense qu'on a lu les journaux

  2   de 1992, il s'agit de 383 pages, et cetera.

  3   Et c'est utile. Merci.

  4   M. LE JUGE HALL : [interprétation] J'ajoute, Monsieur Hannis, que pour ce

  5   qui est de notre ordonnance, nous avons choisi d'attirer l'attention sur

  6   une chose évidente, à savoir qu'après que vous avez dépassé ces limites,

  7   c'est-à-dire après que vous avez surmonté ce problème lié à la traduction,

  8   vous pouvez finalement décider quelles sont les parties 1992 qui ns seront

  9   utiles. Je pense que le libellé utilisé dans l'ordonnance est suffisamment

 10   libre pour vous permettre de ne plus avoir de préoccupations par rapport à

 11   cela.

 12   M. HANNIS : [interprétation] C'est très utile, Monsieur le Président. Mais

 13   nous étions inquiets, puisqu'il n'y avait pas de traduction en anglais de

 14   la collection tout entière. Nous étions donc inquiets pour ce qui est de la

 15   possibilité de demander rétroactivement l'admission de certaines parties,

 16   et nous pensions qu'il serait utile de présenter nos arguments concernant

 17   1995 et ces journaux.

 18   Mais je pense que maintenant on a mieux compris l'intention de votre

 19   ordonnance.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Hannis, même si cela arrive,

 21   est-ce que cela ne serait pas une bonne raison pour demander ultérieurement

 22   que cela soit versé au dossier ?

 23   M. HANNIS : [interprétation] Je suis très content d'avoir entendu cela.

 24   Merci.

 25   M. ZECEVIC : [interprétation] Je serai bref.

 26   Nous avons déjà exprimé nos préoccupations concernant cette question.

 27   Mais je sais et mes collègues du bureau du Procureur savent également que

 28   c'est le cas, mais nous sommes toujours inquiets par rapport à cette

Page 12474

  1   question, puisqu'on a été informés qu'un certain nombre d'enregistrements

  2   audio et vidéo provenant de la même source seraient présentés, puisque ces

  3   vidéos et enregistrements audio ont été communiqués à d'autres conseils de

  4   la Défense dans d'autres affaires devant ce Tribunal.

  5   Mais ce qui m'inquiète c'est le nombre de ces vidéos et

  6   enregistrements audio. J'ai déjà parlé là-dessus avec Mme Korner à

  7   plusieurs occasions, et elle m'a dit que tout ce matériel est arrivé au

  8   bureau du Procureur, mais à l'époque - et je pense que c'était il y a un

  9   mois - le bureau du Procureur a demandé à l'institut médicolégal

 10   néerlandais de l'assistance pour pouvoir résoudre le problème technique

 11   concernant les copies de tous ces documents. Mais je ne suis pas tout à

 12   fait certain. Je ne suis pas préparé pour en parler.

 13   Donc j'ai voulu parler de cela. Et peut-être qu'il est possible que

 14   M. Hannis nous dise où on en est pour ce qui est de ce matériel. Peut-être

 15   pas aujourd'hui, mais dans les jours qui suivent.

 16   Merci.

 17   [La Chambre de première instance se concerte]

 18   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Hannis, la Chambre sait

 19   qu'une requête a été déposée pour ce qui est des journaux et de leur mise

 20   sur la liste. Mais M. Zecevic nous informe qu'il y a également d'autres

 21   documents qui étaient apparus, et c'est également important.

 22   Pouvez-vous nous expliquer cela ?

 23   M. HANNIS : [interprétation] Oui, je peux expliquer ce fait.

 24   Mais il faut que je sois prudent, puisque je n'ai pas été

 25   complètement informé concernant ce matériel. Je sais qu'il y a des

 26   enregistrements audio, des cassettes qui ont été utilisées dans des petites

 27   machines d'enregistrement qui ont été utilisées il y a quelques années. Et

 28   je crois que le matériel vidéo concerne les journaux. Si j'ai bien compris,

Page 12475

  1   c'était une réunion qui a été enregistrée, filmée, et cette réunion est

  2   mentionnée dans le journal, cette même réunion qui a été filmée en vidéo.

  3   Egalement, d'autres vidéos portent des mentions disant qu'ils sont reliés à

  4   des entrées dans les journaux écrits.

  5   Comme Me Zecevic a dit, ce matériel est un matériel qui a été

  6   enregistré il y a beaucoup d'années, et c'est pour cela qu'on a demandé

  7   l'aide de l'institut médicolégal néerlandais pour pouvoir analyser ce

  8   matériel sans l'endommager sans le détruire.

  9   Si j'ai bien compris, une parie de ce matériel a été déjà copié et

 10   communiqué dans l'affaire Prlic, mais je suis pas tout à fait certain si

 11   c'est parce que il s'agissait de choses urgentes, puisque dans cette

 12   affaire le bureau du Procureur veut rouvrir cette partie de la procédure.

 13   Mais il faut que j'essaye d'enquêter là-dessus puisque je ne sais pas quel

 14   est la statut exact de tout cela, et je vais en informer la Défense.

 15   J'espère avoir répondu à la question, Juge Harhoff.

 16   M. LE JUGE HALL : [interprétation] J'ai voulu dire que votre dernière

 17   remarque, Monsieur Hannis, concernant la communication avec la Défense

 18   était justement ce que j'allais proposer pour ce qui est de le requête de

 19   M. Zecevic, toutes les deux parties doivent coopérer comme il le faut, même

 20   à l'extérieur du prétoire. Et c'est à la Chambre de prendre des décisions

 21   formelles.

 22   M. HANNIS : [interprétation] Oui. Je veux dire que pour ce qui est de ma

 23   remarque concernant la communication du matériel dans l'affaire Prlic, il

 24   ne s'agit pas des vidéos. Tout simplement, on nous a annoncé que de telles

 25   vidéos existent.

 26   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 27   Nous pouvons maintenant lever l'audience et nous continuons nos

 28   débats demain matin, à 9 heures.

Page 12476

  1   M. HANNIS : [interprétation] Merci.

  2   --- L'audience est levée à 12 heures 05 et reprendra le jeudi 1er juillet

  3   2010, à 9 heures 00.

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

 12  

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28