Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 10 janvier 2011

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 19.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à

  6   tous dans le prétoire.

  7   Il s'agit de l'affaire IT-08-91-T, l'Accusation contre Mico Stanisic

  8   et Stojan Zupljanin.

  9   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie, Madame la Greffière.

 10   Bonjour à tous. Bienvenue. Je suis heureux de vous voir tous dans ce

 11   prétoire, et je vous souhaite tous une bonne année, je souhaite bonne année

 12   à toutes les personnes de toute confession.

 13   Mme KORNER : [interprétation] Bonjour. Bonne année aussi de la part de

 14   l'équipe de l'Accusation. Donc, Joanna Korner, Crispian Smith, et Tom

 15   Hannis.

 16   M. ZECEVIC : [interprétation] Bonjour. Donc aujourd'hui pour la Défense de

 17   M. Stanisic, Slobodan Zecevic, et Slobodan Cvijetic.

 18   M. KRGOVIC : [interprétation] Bonjour à tous et bonne année. Donc pour la

 19   Défense de Zupljanin, Dragan Krgovic, Igor Pantelic, et Aleksandar Aleksic.

 20   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 21   Qu'avons-nous à l'ordre du jour aujourd'hui ?

 22   Mme KORNER : [interprétation] Le premier témoin que nous avons est un

 23   témoin qui doit être rappelé par la Défense. Je pense qu'il est arrivé,

 24   qu'il est dans nos murs. Evidemment l'Accusation n'a pas été en contact

 25   avec lui, je suis sûre qu'il y est, il faudrait sans doute le faire rentrer

 26   dans le prétoire afin que le contre-interrogatoire puisque commencer.

 27   Mais j'aimerais tout d'abord traiter de quelques points administratifs.

 28   Tout d'abord : même avec des audiences raccourcies telles qu'elles ont été

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  1   prévues pour cette semaine et d'ailleurs nous allons y revenir, de toute

  2   façon je ne sais pas vraiment quel type d'audience nous allons avoir

  3   aujourd'hui, mais nous considérons que nous en aurons terminé avec nos

  4   témoins d'ici la fin de la semaine prochaine.

  5   Cela dit, il reste quand même encore 11 requêtes pendantes sur lesquelles

  6   la Chambre ne s'est pas prononcée, et il faut, bien sûr, avant que nous

  7   n'en terminions avec la présentation de nos moyens que nous ayons pris

  8   connaissance de ces décisions. Je voulais juste vous dire cela pour votre

  9   information, Messieurs les Juges. Ensuite, deuxièmement, demain après-midi,

 10   enfin j'aimerais savoir si nous siégions bien à 14 heures 15 ou si nous

 11   allons siéger plus tôt ?

 12   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Nous venons juste d'apprendre qu'il se

 13   pourrait que nous siégions le matin.

 14   Mme KORNER : [interprétation] Je tiens à vous dire que ce n'est pas

 15   possible. En effet, M. Brown vient d'arriver pendant la nuit. Il faudrait

 16   évidemment que je m'entretienne avec lui demain matin, une fois qu'il aura

 17   étudié les documents afin que nous sachions exactement quels documents vont

 18   être utilisés, et nous nous étions préparés, nous avions planifié nos

 19   travaux d'après le calendrier tel qu'il avait été présenté avant Noël.

 20   [La Chambre de première instance se concerte]

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Si je vous ai bien comprise, Madame

 22   Korner -- enfin, je vous ai bien compris, vous ne pouvez pas siéger à 9

 23   heures du matin, mais pourriez-vous commencer avant 14 heures 15 ?

 24   Mme KORNER : [interprétation] Absolument pas. Je vais m'expliquer. Nous

 25   avons eu beaucoup de mal à savoir exactement quels allaient être les

 26   horaires des audiences cette semaine, puisque nous avions cru comprendre

 27   qu'il allait y avoir une séance plus longue et ensuite des séances plus

 28   courtes. Ensuite, le calendrier a été publié. Nous avons essayé de

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  1   revérifier à nouveau. Bien sûr, nous avions cru comprendre qu'il y aurait

  2   une audience plus longue mardi, mais nous ne comprenions pas comment étant

  3   donné que normalement l'audience commence à 14 heures 15.

  4   Le problème, en fait, est si nous avions su exactement ce qu'il en

  5   était, M. Brown serait revenu plus tôt. Cela dit, j'aurais besoin quand

  6   même de travailler avec M. Brown demain matin pour parler de certaines

  7   choses, pour m'assurer, par exemple, que les documents en B/C/S sont

  8   correctement annotés, et cetera.

  9   Donc il faut absolument que nous commencions à 14 heures 15.

 10   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Très bien, mais je tiens juste à dire

 11   pour le compte rendu que lorsque nous avons dit que nous siégerions plus

 12   longtemps mardi, c'est parce que nous savions déjà que mercredi l'audience

 13   serait plus courte, étant donné que les Juges ont un autre engagement.

 14   C'est pour cela que nous voulions, en fait, commencer mardi un peu plus tôt

 15   que prévu.

 16   Mme KORNER : [interprétation] Bien. Nous n'avions pas bien compris parce

 17   que nous ne voyons pas comment prolonger une séance de l'après-midi. Nous

 18   n'avions pas compris qu'on pouvait, en fait, l'avancer. Nous n'avons pris

 19   cela en compte dans nos prévisions. Nous en sommes tout à fait désolés.

 20   [La Chambre de première instance se concerte]

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Très bien. Donc nous siégeons à 14

 22   heures 15 demain.

 23   Mme KORNER : [interprétation] Tout à fait. Je vous remercie, d'ailleurs.

 24   Ce qui m'amène à une décision urgente que nous aimerions que vous preniez.

 25   La semaine dernière -- non, avant Noël, en fait, nous avons demandé à ce

 26   que sept documents supplémentaires soient ajoutés. Il s'agit de sept

 27   documents que M. Brown a mentionnés dans son rapport, qui est sur la liste

 28   65 ter, et ensuite une carte aussi. Si vous regardez cette liste mise à

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  1   jour, et je m'excuse du fait de vous avertir de ces modifications tardives,

  2   je vois tout d'abord que la liste originale n'était pas en ordre

  3   chronologique, et nous l'avons donc modifiée afin qu'elle soit maintenant

  4   en ordre chronologique. Nous avons ajouté quelques documents qui n'étaient

  5   pas sous notre liste 65 ter. Vous verrez les documents qui sont en rouge

  6   dans notre requête pour lesquels un numéro 65 ter est proposé. En fait, ils

  7   sont quelque part dans notre liasse, je ne suis pas certaine exactement

  8   d'où ils se trouvent.

  9   Donc, aujourd'hui, nous voudrions vous demander d'ajouter ces documents à

 10   notre liste 65 ter d'origine. Je tiens à vous rappeler la chose suivante :

 11   en mai 2009, nous avions abordé le sujet des notes de bas de page des

 12   rapports d'expert, à savoir s'il fallait que ces notes de bas de page

 13   figurent sur les listes 65 ter. C'est une discussion que nous avions eue

 14   avec M. le Juge Harhoff en présence de la juriste hors classe de cette

 15   Chambre, Mme Featherstone. Malheureusement, il n'y a pas eu de compte rendu

 16   officiel de cette réunion. Et finalement, les choses n'étaient pas très

 17   claires quant à savoir le sort qu'il convenait de donner aux notes de bas

 18   de page. Or, notre demande se fonde justement sur la chose suivante : M.

 19   Brown, au départ, a sélectionné les documents qui lui semblaient les plus

 20   importants pour vous pour étayer son rapport, et il a fait cet exercice il

 21   y a quelque temps. Ensuite, lors d'entretiens avec lui, après avoir vérifié

 22   certains aspects du rapport, il est devenu absolument évident qu'il doit

 23   faire référence aussi à d'autres documents, et ce sont ces autres documents

 24   qui font l'objet de cette demande d'addition à la liste. Donc certains

 25   étaient sur la liste 65 ter et d'autres ne le sont pas, comme nous l'avons

 26   déjà dit.

 27   Donc nous faisons une demande orale, qui est la suivante : en plus des sept

 28   documents et du huitième, c'est-à-dire la carte, que l'on puisse aussi

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  1   rajouter ces trois documents à notre liste 65 ter.

  2   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Soyons clairs. Vous venez de faire une

  3   requête orale qui est un addendum de votre requête écrite; c'est cela ?

  4   Mme KORNER : [interprétation] Tout à fait.

  5   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bien.

  6   Mme KORNER : [interprétation] Sur notre liste, lorsque nous l'avons

  7   compilée, nous nous sommes vite rendu compte que certains des documents

  8   choisis ne figuraient pas sur notre liste 65 ter. Certains avaient au

  9   départ été sur la liste. Ensuite, lorsqu'il y a eu l'exercice d'élagage,

 10   ils en ont été enlevés, et maintenant il faut absolument qu'ils soient

 11   remis sur la liste. C'est pour cela que je fais cette demande.

 12   Mais je tiens à vous dire qu'il s'agit quand même d'une sélection assez

 13   limitée, à partir d'un nombre très volumineux de documents qu'il est fait

 14   référence dans les notes de bas de page de son rapport.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Pourriez-vous nous dire quels sont

 16   les numéros concernés.

 17   Mme KORNER : [interprétation] Tout à fait. Nous voulons ajouter le document

 18   que vous trouverez à l'intercalaire 5 du tableau. Intercalaires 10 et 11

 19   aussi. Donc, vous pouvez laisser tomber cela, en fait, parce qu'il s'agit

 20   de versions antérieures de la décision de Prijedor portant sur

 21   l'organisation du travail de la cellule de Crise, venant tout simplement de

 22   différentes sources. Un document avec une date, l'autre n'avait pas de

 23   date. Le document qui se trouve à l'intercalaire 9 n'a pas de date; celui à

 24   l'intercalaire 10 était censé avoir une date. Ça, c'était pour les

 25   intercalaires 9 et 10.

 26   Maintenant, l'intercalaire 11, c'est un document qui a déjà été

 27   montré au témoin, donc nous ne considérons pas qu'il soit nécessaire de le

 28   rajouter à la liste 65 ter. Enfin, je pensais que ce ne serait pas

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  1   nécessaire de le montrer au témoin, mais finalement ça va l'être.

  2   Ensuite, l'intercalaire 20. Sur ce document, la date du 9 juin est

  3   absolument essentielle car elle permet d'établir le lien avec d'autres

  4   documents qui ont été versés au dossier et qui portent sur la prise de

  5   Kotor Varos. Or, lorsque nous étions en train de préparer la liste 65 ter,

  6   nous n'avons pas vraiment totalement compris l'importance de ce lien qui

  7   devait être établi.

  8   Ensuite, le document à l'intercalaire 34.

  9   Et, en dernier, le document 63, mais celui-ci a déjà fait l'objet

 10   d'un addendum écrit à la requête écrite. Pour le numéro 64 maintenant, je

 11   l'ai rajouté parce que vous pourriez être intéressés par la carte qui a été

 12   préparée à l'époque. Il s'agit d'un document d'époque, d'une carte

 13   d'époque, qui montre quelle était à l'époque la zone d'opération du 1er

 14   Corps de la Krajina. Ce n'est pas essentiel en ce qui concerne notre cause,

 15   mais je pense que cela pourrait éclairer votre lanterne de façon utile.

 16   Donc voici l'essentiel de ma requête orale qui vient en supplément d'une

 17   requête écrite.

 18   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Avant que vous ne passiez à autre chose,

 19   j'aimerais savoir si la Défense est prête à répondre à ce point ?

 20   M. ZECEVIC : [interprétation] Non, malheureusement, nous ne sommes pas

 21   prêts du tout. Nous n'avons été avertis de cette liste révisée que lors de

 22   notre entrée dans ce prétoire. Et nous ne l'avons même pas encore vue sous

 23   sa forme imprimée. Donc nous ne savons absolument pas si ces documents ont

 24   déjà été communiqués à la Défense ou pas. Nous espérons, en tout cas, que

 25   ça a été le cas.

 26   Cela dit, puisque j'ai la parole, j'aimerais vous mettre au courant

 27   d'une certaine chose en ce qui concerne l'ordre de programmation des

 28   témoins --

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  1   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Est-ce que cela porte sur ce point, le

  2   point qu'avait abordé Mme Korner, parce que j'aimerais que l'on prenne les

  3   choses en ordre.

  4   M. ZECEVIC : [interprétation] Non, ce n'est pas du tout lié.

  5   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Très bien.

  6   Maître Krgovic, vous êtes d'accord avec Me Zecevic ?

  7   M. KRGOVIC : [interprétation] Tout à fait.

  8   Mme KORNER : [interprétation] Je tiens à vous dire qu'il n'y a pas

  9   d'opposition de la Défense. Mais de toute façon, il n'y a pas eu d'écriture

 10   déposée. Il est trop tard de toute façon.

 11   Troisième point. Nous avions demandé aux Juges de la Chambre avant Noël

 12   d'éventuellement revenir sur leur décision portant sur l'admission de

 13   différentes notes d'interrogatoire portant sur Omarska, et si vous ne

 14   vouliez pas revenir sur votre décision d'admettre ces documents, nous

 15   voudrions, dans ce cas-là, étendre le témoignage de ce témoin qui va venir

 16   cet après-midi. Donc il nous faudrait une décision avant de savoir

 17   exactement quel genre de questions nous allons poser au témoin qui va

 18   venir.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, j'entends bien, vous essayez

 20   d'obtenir une décision avant que le témoin ST-228 ne vienne témoigner;

 21   c'est cela ?

 22   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

 23   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Madame Korner, sachez que tous les

 24   points que vous avez soulevés sont en train d'être étudiés par la Chambre,

 25   et sachez que nous nous prononcerons sur ces points le plus rapidement

 26   possible, bien entendu.

 27   Maître Zecevic, c'est à vous.

 28   M. ZECEVIC : [interprétation] Je vous remercie. On vient de me dire,

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  1   lorsque je suis rentré dans le bâtiment du Tribunal, que le scanner de la

  2   pièce de la Défense ne fonctionne pas, ce qui signifie qu'aucune des

  3   équipes de la Défense n'est en mesure de scanner des documents pour les

  4   télécharger dans le système électronique. Vous vous souvenez, bien entendu,

  5   que j'étais moi-même aussi en train de préparer le contre-interrogatoire de

  6   M. Brown.

  7   Donc j'ai sélectionné tous les documents que je comptais utiliser

  8   dans le cadre de mon contre-interrogatoire, mais que puis-je faire si je ne

  9   peux pas les télécharger dans le système électronique. Enfin, je tiens

 10   juste à vous avertir de la situation, que je viens d'apprendre d'ailleurs.

 11   J'imagine que le Greffe est au courant. Mais sachez que nous sommes dans le

 12   flou total. Nous ne savons pas quand le scanner va remarcher. De plus, il

 13   va y avoir très certainement un problème pour scanner tous les documents en

 14   même temps puisque toutes les équipes de la Défense vont vouloir

 15   télécharger leurs documents par le biais du même scanner en même temps. Je

 16   voulais juste vous avertir de ce problème pour que la Chambre soit au

 17   courant.

 18   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie de nous avoir avertis

 19   de la chose. Et j'imagine que le Greffe est au courant. Mais j'imagine que

 20   vous ne rencontrerez de problèmes que lorsque vous contre-interrogerez le

 21   témoin, et il sera trop tard. A moins, évidemment, que le problème ne soit

 22   corrigé d'ici là.

 23   M. ZECEVIC : [interprétation] Je vous remercie.

 24   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Très bien.

 25   M. ZECEVIC : [interprétation] Je voulais juste que vous soyez au courant.

 26   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je pense que nous avons terminé avec les

 27   problèmes administratifs, donc pourrions-nous maintenant faire venir le

 28   témoin, s'il est disponible.

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  1   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

  2   [Le témoin vient à la barre]

  3   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Veuillez prononcer

  4   votre déclaration solennelle.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  6   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  7   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Monsieur.

  8   Vous le savez peut-être, l'on vous cite de nouveau en tant que témoin pour

  9   être contre-interrogé par la Défense dans cette affaire. Vous être déjà

 10   venu, donc je n'ai pas besoin de redire tout ce que l'on vous a demandé la

 11   première fois que vous êtes venu. Mais j'aimerais que vous nous présentiez

 12   de nouveau pour le compte rendu d'audience, s'il vous plaît.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Nedeljko Djekanovic.

 14   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Et avant que l'Accusation ne vous pose

 15   ses questions supplémentaires ou d'autres questions qu'elle aurait à poser,

 16   je voudrais peut-être formellement demander à l'Accusation si elle souhaite

 17   prendre la parole.

 18   Mme KORNER : [interprétation] Non. Je pense que nous avons été tout à fait

 19   clairs. Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer ce témoin, je n'ai pas eu

 20   l'occasion de m'entretenir avec lui.

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous entends bien, Madame Korner.

 22   Mais en présence du témoin, je voulais simplement que l'on consigne

 23   formellement la position de l'Accusation avant que la Défense ne commence.

 24   Mme KORNER : [interprétation] Formellement, nous n'avions pas l'intention

 25   de poser des questions, quelles qu'elles soient, à ce témoin.

 26   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie.

 27   Maître Krgovic.

 28   Mme KORNER : [interprétation] Pour le moment.

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  1   LE TÉMOIN : NEDELJKO DJEKANOVIC [Reprise]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Krgovic : 

  4   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Djekanovic. Vous vous souviendrez de

  5   moi, je suis Dragan Krgovic. Je vous ai interrogé l'année dernière, ou

  6   peut-être l'avant-dernière, était-ce.

  7   Monsieur Djekanovic, si l'on vous a cité de nouveau, c'est pour parler de

  8   points très précis qui ont surgi depuis votre dernier témoignage, et je

  9   vous interrogerai uniquement sur ces événements de 1992. Je ne vous poserai

 10   aucune question qui sort du cadre de ce sujet précis.

 11   Monsieur Dzekanovic, à l'automne 1992 vous étiez président de la

 12   municipalité de Kotor Varos, ou étiez-vous président du conseil exécutif.

 13   Rappelez-nous exactement le libellé de votre fonction ?

 14   R.  Oui, je ne sais plus si j'étais formellement président de la

 15   municipalité ou de la cellule de Crise, mais quoi qu'il en soit j'étais

 16   effectivement le numéro un.

 17   Q.  Et dans le cadre de l'exercice de vos fonctions, vous avez eu

 18   l'occasion de rencontrer des représentants de la Croix-Rouge, soit

 19   internationale soit locale ?

 20   R.  Les employés de la Croix-Rouge se rendaient sur place de temps à autre,

 21   ce n'était pas très fréquent et ce n'était pas toujours des représentants

 22   de la Croix-Rouge internationale. C'était plutôt ceux qui travaillaient

 23   pour la Croix-Rouge sur place.

 24   Q.  Et vous savez que l'ancienne prison existait derrière l'ancien bâtiment

 25   du tribunal, c'est là que l'on a placé un certain nombre de détenus ? Vous

 26   êtes au courant de cela ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Saviez-vous que des représentants de CICR, et ce, au mois d'octobre

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  1   1992, se sont rendus dans cette prison pour dresser des listes des

  2   personnes qui étaient détenues ?

  3   R.  Je ne sais pas combien de fois ils se sont rendus là-bas. Seulement, je

  4   sais qu'une fois, l'on m'a demandé de venir pour que je les accompagne, eux

  5   et les représentants de la Croix-Rouge locale, pour qu'on fasse le tour de

  6   ce lieu de détention derrière le bâtiment du tribunal, et c'est ce que j'ai

  7   fait.

  8   Q.  Vous avez déjà témoigné devant ce Tribunal et vous avez parlé à cette

  9   occasion de vos contacts avec M. Zupljanin. J'aimerais savoir si M. Stojan

 10   Zupljanin vous a accompagné lors de cette visite que vous avez effectuée

 11   dans la prison qui se trouve derrière le bâtiment du tribunal ?

 12   R.  Je suis quasiment certain qu'il n'y avait avec moi que des

 13   représentants de la Croix-Rouge locale et internationale, ainsi que M.

 14   Pejic, et que personne d'autre ne nous a accompagnés lors de cette visite,

 15   à moins qu'il y ait eu des journalistes, un représentant de la presse, ou

 16   autre. Mais vous savez, cela fait 18 ans, et il m'est difficile de me

 17   rappeler tous les détails. Mais je suis quasiment convaincu que M.

 18   Zupljanin ne s'est pas rendu à la prison pour effectuer cette visite à ce

 19   moment-là. Peut-être qu'il y est allé à une autre occasion mais pas là,

 20   quand j'y étais allé moi-même.

 21   Q.  Donc pour autant que vous le sachiez, M. Zupljanin n'a jamais vu ces

 22   lieux de détention à Kotor Varos ?

 23   R.  Non, je viens de le dire à l'instant; il ne les a jamais visités avec

 24   moi. Mais les a-t-il visités dans un autre cadre, ça, je ne sais pas. Avec

 25   moi, il n'a jamais visité ces lieux de détention derrière le tribunal. Les

 26   autres lieux de détention, qui eux aussi avaient un caractère provisoire,

 27   là non plus, je ne sais pas s'il y est allé ou pas, je ne sais pas.

 28   Q.  Merci, Monsieur Djekanovic, je n'ai pas d'autres questions pour vous.

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  1   M. KRGOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de

  2   questions.

  3   [Le conseil de la Défense se concerte]

  4   M. KRGOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

  5   d'après ce qu'on me dit, il manque un bout dans le compte rendu d'audience.

  6   Je vais le vérifier.

  7   [Le conseil de la Défense se concerte]

  8   M. KRGOVIC : [interprétation] L'interprétation n'est pas tout à fait

  9   claire.

 10   Q.  Donc si je vous ai bien compris, Monsieur, M. Zupljanin n'a jamais

 11   visité aucun centre de détention en votre compagnie, et en particulier, il

 12   ne s'est jamais rendu à ce lieu de détention qui se situe derrière le

 13   tribunal de Kotor Varos.

 14   R.  Oui, c'est cela. Il n'a jamais visité en ma compagnie un lieu de

 15   détention.

 16   Q.  Y compris la fois où vous y êtes allé avec les représentants de la

 17   Croix-Rouge ?

 18   R.  Oui, ça j'en suis convaincu. Je vous ai dit qu'il y avait un

 19   représentant de la Croix-Rouge internationale, locale, M. Pejic, et il me

 20   semble, un journaliste aussi, mais je ne sais plus de quelle agence. Et je

 21   pense que c'est toutes les personnes qui y ont pris part.

 22   Q.  Je vous remercie.

 23   M. KRGOVIC : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

 24   Nouvel interrogatoire par Mme Korner : 

 25   Q.  [interprétation] Puis-je vous demander, Monsieur, ce qui vous permet

 26   d'affirmer avec autant de certitude que M. Zupljanin n'est pas allé visiter

 27   cette prison avec vous lorsque vous l'avez fait en compagnie des

 28   représentants de la Croix-Rouge ?

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  1   R.  Pourquoi j'en suis certain à ce point ? Parce que c'est comme ça que

  2   les choses se sont passées. D'ailleurs, je l'ai déjà expliqué la dernière

  3   fois, j'ai dit qu'il m'est arrivé d'avoir des contacts avec M. Zupljanin,

  4   mais il est tout à fait clair de quelle nature étaient ces contacts et

  5   quelle était leur fréquence.

  6   Quant à ce lieu de détention, je ne m'y suis rendu qu'avec les

  7   employés de la Croix-Rouge internationale et locale, et indépendamment de

  8   vos affirmations, je maintiens qu'à cette occasion M. Zupljanin ne m'a pas

  9   accompagné.

 10   Q.  Oui. Malgré le fait que cela fait 19 ans depuis ce moment-là, vous

 11   pouvez affirmer avec certitude que M. Stojan Zupljanin n'était pas présent

 12   à cette occasion-là ?

 13   R.  Je suis quasiment certain que M. Stojan Zupljanin n'était pas là avec

 14   moi.

 15   D'ailleurs, je l'ai expliqué la dernière fois.

 16   Q.  La dernière fois, vous l'avez expliqué. Plus précisément, qu'avez-vous

 17   expliqué la dernière fois ?

 18   R.  J'ai expliqué quel a été le type de mes contacts avec Stojan Zupljanin.

 19   En fait, j'ai eu très peu de contacts avec lui, et en particulier pendant

 20   la période qui nous intéresse ici. Il me semble que nous avons rencontré

 21   ensemble les dignitaires de l'église. Là, je pense à une réunion avec le

 22   représentant de la communauté islamique de Banja Luka et avec l'évêque

 23   Komarica de Banja Luka. Je pense que c'était uniquement à cette occasion-

 24   là.

 25   Q.  Excusez-moi. Non, la seule chose qui m'intéresse c'est la fois où vous

 26   vous êtes rendu à la prison avec les représentants de la Croix-Rouge

 27   internationale.

 28   Vous saviez, n'est-ce pas, vous aviez été informé par le bureau du

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  1   Procureur que la Chambre vous convoquait au Tribunal pour un contre-

  2   interrogatoire supplémentaire mené par la Défense, et c'est avant Noël

  3   qu'on vous en a informé.

  4   R.  J'ai reçu un appel téléphonique, il me semble, au début du mois de

  5   décembre ou à un autre moment du mois de décembre, et après, j'ai reçu une

  6   convocation par écrit comportant la décision de la Chambre du Tribunal et

  7   qui me notifiait de cette convocation. J'ai reçu tout cela avant les Noël

  8   des deux confessions, des deux églises et aussi avant le nouvel an.

  9   Q.  Et du côté du bureau du Procureur personne ne vous a précisé sur quel

 10   sujet vous seriez interrogé ?

 11   R.  Personne ne m'a contacté en particulier du côté du bureau du Procureur.

 12   On m'a dit que la Section des Victimes et des Témoins allait prendre

 13   contact avec moi et là, si je puis ajouter, ils ont pris du temps pour me

 14   contacter. En fait, j'ai même envoyé un courriel à ce monsieur dont je n'ai

 15   pas retenu le nom, parce qu'il ne restait plus que deux ou trois jours

 16   avant le voyage et je ne recevais aucun appel, rien de la part du Tribunal

 17   ni du bureau du Procureur.

 18   Mais quant au sujet qui serait abordé…

 19   Q.  Aujourd'hui, vous n'avez pas hésité lorsque M. Krgovic vous a posé sa

 20   question. Vous n'avez pas hésité avant de répondre.

 21   M. Krgovic, quant à lui, vous a-t-il contacté avant Noël et

 22   aujourd'hui ?

 23   R.  Je ne vois pas pourquoi. Mes amis m'ont dit qu'ils ont vu à la

 24   télévision la transmission de cette audience où il a été question de cette

 25   décision qui serait prise. J'ai à peu près compris quel serait,

 26   éventuellement, le sujet qui serait abordé. J'ai demandé à mes amis qui ont

 27   regardé la transmission par internet. Moi, je ne l'ai pas regardée, donc je

 28   ne l'ai pas su directement mais je l'ai su par eux. Donc, je ne me suis pas

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  1   trop posé la question, puisque je pensais bien que ce serait une de ces

  2   questions.

  3   Q.  Je vais vous reposer ma question.

  4   Est-ce que vous avez eu des contacts avec la Défense entre le moment

  5   où on vous a dit qu'il allait falloir que vous reveniez et aujourd'hui ?

  6   R.  Je n'ai eu aucun contact avec personne, personne n'a cherché à me

  7   contacter. Je vous ai dit que j'ai même cherché à prendre contact avec

  8   l'Accusation parce que ça durait. Donc, je n'ai eu aucun contact avec

  9   personne.

 10   J'ai été appelé par des amis, c'est plutôt dans ce sens-là, mais je

 11   n'ai eu absolument aucun contact avec qui que ce soit.

 12   Q.  Je vais vous poser une question tout à fait franche et directe : avez-

 13   vous vu M. Krgovic ou un enquêteur travaillant pour M. Krgovic pendant

 14   cette période, à partir du moment où vous avez reçu la convocation du

 15   bureau du Procureur et aujourd'hui ?

 16   R.  Non. Non, je n'ai pas ses numéros de téléphone, pas ses coordonnées.

 17   Non.

 18   Q.  Et lui, a-t-il cherché à prendre contact avec vous ?

 19   R.  Non. Non, il ne m'a pas appelé.

 20   Q.  Un enquêteur travaillant pour l'équipe Zupljanin aurait-il cherché à

 21   vous joindre ?

 22   R.  Je ne sais pas qui sont les enquêteurs. Je vous ai dit que je n'ai eu

 23   des contacts qu'avec mes amis, avec aucun enquêteur, du moins, pas avec

 24   quelqu'un qui se serait présenté comme travaillant pour l'équipe de Défense

 25   de Stojan Zupljanin. Je ne sais pas qui sont ces gens-là.

 26   Q.  Alors, qui sont les amis qui vous ont annoncé le sujet sur lequel vous

 27   alliez être contre-interrogé parce qu'ils ont regardé cette transmission

 28   d'une audience ?

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  1   R.  Oui, je peux le dire. Pourquoi pas ?

  2   Premièrement, c'est Momo, Momcilo Komjenovic, c'est un ami. Je l'ai

  3   appelé, je lui ai dit qu'on m'avait appelé de La Haye et il m'a dit : C'est

  4   ça qu'on risque d'aborder. J'ai regardé une diffusion sur internet, et je

  5   suppose que c'est à cause de cela qu'ils t'ont appelé. Donc, c'est la

  6   première chose que j'ai apprise.

  7   Q.  Donc, pouvons-nous confirmer que pendant la semaine allant du lundi 27

  8   décembre, vous n'avez rencontré ni M. Pantelic, ni M. Krgovic, ni aucun

  9   enquêteur ?

 10   R.  Voilà. C'est la troisième fois que je confirme cela. Je n'ai rencontré

 11   personne pendant cette période-là.

 12   Q.  Ou M. Aleksic ?

 13   R.  Je ne connais aucun M. Aleksic.

 14   Q.  Très bien. Donc, c'est parce que vos amis vous l'ont dit que vous avez

 15   anticipé les questions qu'on allait vous poser et vous avez pu nous

 16   affirmer, avec toute la certitude voulue, que si M. Zupljanin a jamais

 17   visité cette prison, de toutes les manières, ce n'était pas avec vous ?

 18   R.  J'ai déjà répondu à cette question, et je le répète pour la énième

 19   fois. Vous essayez de me piéger, là, mais je vous ai dit que je n'ai pas

 20   visité la prison avec M. Zupljanin. Si vous m'aviez posé cette question il

 21   y a un an, il y a dix ans, à n'importe quel moment, je vous aurais dit la

 22   même chose. J'ai visité la prison, mais pas avec M. Stojan Zupljanin, et

 23   personne ne m'a préparé, et personne n'a exercé d'influence sur moi pour

 24   que je vous dise cela.

 25   Q.  Et vous nous dites que M. Pejic était avec vous. Et Savo Tepic était-il

 26   avec vous aussi ?

 27   R.  J'ai compris. Il était chef du poste de police à l'époque, Savo, mais

 28   je ne suis pas certain qu'il soit venu avec moi. Pourquoi ?

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  1   Parce que pendant cette période-là, je dois dire que nous nous

  2   voyions très peu, il y a eu quelques réunions et il y a eu des visites avec

  3   des représentants de la Croix-Rouge. Mais là, Savo n'est pas venu, à moins

  4   qu'il soit venu à cette occasion-là. Peut-être que vous avez raison, mais

  5   moi, je suis quasiment convaincu qu'il n'était pas venu avec nous.

  6   Q.  Vous n'êtes pas certain pour ce qui est de M. Tepic mais vous êtes

  7   totalement certain de ce qu'il en est pour M. Zupljanin. Alors, qu'est-ce

  8   qui vous permet d'affirmer avec certitude ne pas savoir ce qui en est de

  9   l'autre ?

 10   R.  Je sais quels ont été mes contacts avec l'un et avec l'autre, et je

 11   sais quelles ont été les compétences de l'un et de l'autre. Donc je suis

 12   certain à cause de cela, et il y a eu là des responsables de la Croix-Rouge

 13   internationale, je suppose qu'ils ont gardé des notes. Moi, je n'ai pas

 14   gardé trace, mais je ne doute pas que vous puissiez le vérifier.

 15   Q.  Non, non. Ce n'est pas de cela que nous parlons. Quand je vous ai

 16   demandé si M. Savo Tepic a effectué cette visite-là avec vous, vous nous

 17   avez dit que vous n'étiez pas sûr, ni qu'il soit venu ni qu'il ne soit pas

 18   venu. Vous avez dit : "Je ne suis pas certain si Savo, qui était chef de la

 19   police - et c'était un centre, d'ailleurs, qui était entre les mains de la

 20   police, n'est-ce pas - était là."

 21   Donc, je vous demande comment ça se fait que vous n'êtes pas certain

 22   de ce qu'il en est de votre propre chef, chef de la police de Kotor Varos,

 23   alors que vous êtes certain de ce qu'il en est de Stojan Zupljanin ? Là,

 24   vous n'avez aucun doute.

 25   R.  Il évitait ce type de contacts, et c'est rarement que nous sommes allés

 26   où que ce soit ensemble, rarement. C'est cela qui me permet d'être certain.

 27   Et puis, d'autre part, Savo, c'est quelqu'un qui se mettait à l'abri de

 28   tout cela, à l'écart, et c'est ça qui m'incite à penser que Savo n'est pas

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  1   venu.

  2   Q.  Et qu'en est-il de Slobodan ?

  3   M. ZECEVIC : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre. Page 19, ligne 2,

  4   il me semble que le témoin a dit : Il me semble que nous nous sommes

  5   rarement rendus où que ce soit ensemble.

  6   Mme KORNER : [interprétation] Je pense qu'il a dit : Je ne pense pas qu'on

  7   se soit rendus où que ce soit ensemble. Ou : "Rarement nous sommes-nous

  8   rendus où que ce soit ensemble." Donc où est la différence ? Ah, je vois.

  9   Q.  Donc vous voulez dire où que ce soit par opposition à cet endroit;

 10   c'est là que vous êtes allés rarement ensemble ?

 11   R.  J'ai dit c'est rarement que nous nous sommes rendus où que ce soit

 12   ensemble pendant l'année 1992. Donc qu'il s'agisse de se rendre dans une

 13   unité ou où que ce soit, à un centre des services de Sécurité pour des

 14   entretiens. C'est uniquement pour les réunions de la présidence de Guerre

 15   de la cellule de Crise pendant cette période-là que nous allions tous.

 16   Q.  Je reprends ma question. Slobodan Zupljanin, quant à lui, est-ce qu'il

 17   est venu avec vous lors de cette visite ?

 18   R.  Quand j'ai énuméré les personnes présentes, je l'ai déjà dit, je pense,

 19   je suis convaincu que Slobodan Zupljanin n'a pas fait cette visite avec

 20   moi, et il ne l'a pas fait.

 21   Q.  Donc vous n'êtes pas certain pour ce qui en est de Tepic, mais vous

 22   êtes certain que ni l'un ni l'autre des deux Zupljanin ne sont venus avec

 23   vous; c'est cela ?

 24   R.  Oui, c'est ce que j'affirme dans le cadre de ma déposition.

 25   Q.  Et vous n'en avez parlé à aucun moment avec la Défense et personne ne

 26   vous a incité à répondre de cette manière-là; c'est cela votre déposition ?

 27   R.  Oui, tout à fait. Je n'ai eu aucun contact. Personne ne m'a préparé

 28   avant ce témoignage.

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  1   Questions de la Cour : 

  2   M. LE JUGE HAHHOFF : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur

  3   Djekanovic.

  4   Juste une petite question. Le CICR s'est-il rendu dans les centres de

  5   détention de Kotor Varos à plusieurs reprises en 1992 ? Vous en souvenez-

  6   vous ?

  7   R.  Monsieur le Juge, vraiment je ne sais pas quel a été le nombre de

  8   visites faites par le CICR, visites rendues à cette prison derrière le

  9   tribunal. Je sais que j'y suis allé moi-même une fois, parce que la Croix-

 10   Rouge locale m'a envoyé une convocation, et je savais que les représentants

 11   de la Croix-Rouge internationale seraient présents, et j'ai répondu

 12   présent, j'y suis allé. Mais pour les autres visites, je ne peux pas vous

 13   en dire.

 14   Je sais qu'il y a eu pas mal d'équipes, des équipes de journalistes,

 15   et la Croix-Rouge a été souvent présente. Mais combien de fois

 16   effectivement, ça, je ne peux pas vous le dire avec certitude. Je ne peux

 17   vous parler que de cette fois-là où j'étais présent, où j'ai fait la visite

 18   avec eux.

 19   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Dans cette dernière réponse, vous

 20   nous parlez de la Croix-Rouge locale ou du CICR ?

 21   R.  Je vous parle du CICR, de la Croix-Rouge internationale.

 22   Les représentants de la Croix-Rouge locale sont venus aussi, ainsi

 23   que les représentants du CICR, moi-même, M. Pejic et un journaliste. Donc

 24   c'était une visite organisée.

 25   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Mais si le CICR se rend à Kotor

 26   Varos, à savoir dans une localité qui est d'une taille qui est relativement

 27   modeste, normalement vous auriez été au courant, n'est-ce pas ?

 28   R.  Non, je ne dirais pas le contraire, mais en même temps, Monsieur le

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  1   Juge, il faut savoir que beaucoup d'équipes constituées de représentants

  2   des médias, des équipes de presse, équipes du CICR, toute une série

  3   d'organisations internationales se rendaient sur place souvent. Donc je ne

  4   fais pas partie d'une organisation qui m'informerait régulièrement de ces

  5   visites. Souvent, ce n'était pas annoncé d'ailleurs par avance. Et

  6   d'ailleurs, je me souviens très bien, une fois, au retour d'une des

  7   communautés locales, j'ai croisé en route une équipe. Il me semble que

  8   c'était bien l'équipe de la CNN. On s'est arrêtés en route comme cela pour

  9   échanger quelques mots, et là on m'a dit il y a un camp à Kotor Varos, il y

 10   a des fils barbelés. Moi, je leur ai dit : Ecoutez, Messieurs, si cela

 11   existe, je suis tout à fait prêt à m'y rendre avec vous. Or, ils ne l'ont

 12   pas demandé.

 13   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Excusez-moi de vous interrompre,

 14   Monsieur Djekanovic. Mais il y a une très grande différence entre les

 15   journalistes, d'une part, et les équipes de CNN, et d'autre part la Croix-

 16   Rouge internationale. Vous savez parfaitement que la Croix-Rouge

 17   internationale ne serait jamais venue sans être annoncée. C'était toujours

 18   des visites annoncées bien à l'avance et organisées, et à chaque fois on

 19   garantissait la présence des représentants des autorités locales. Donc

 20   c'est la raison pour laquelle je dis que si jamais le CICR se rendait à

 21   Kotor Varos, normalement vous étiez censé être au courant, je veux dire des

 22   visites en plus de celle dont vous avez parlé.

 23   Donc je vous repose ma question : est-ce que vous avez eu l'information

 24   vous permettant de penser que le CICR se soit rendu, en 1992, à un autre

 25   lieu de détention de Kotor Varos ?

 26   R.  Monsieur le Juge, je sais la différence entre une équipe représentant

 27   les médias et le CICR.

 28   Donc, je me répète, je ne sais pas s'il y a eu des visites du CICR au

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  1   centre de détention qui se trouvait derrière le tribunal à Kotor Varos. Je

  2   n'ai pas été au courant de toutes les visites du CICR à Kotor Varos, parce

  3   que de toute façon toutes les visites n'étaient pas annoncées par la

  4   direction de la municipalité ou de la cellule de Crise.

  5   Voyez-vous, le CICR est souvent venu voir les représentants d'autres

  6   communautés religieuses sans nous en informer, et nous ne pensions pas

  7   d'ailleurs qu'il devait nous tenir informés de ce genre de chose. Donc je

  8   ne sais pas avec quelle fréquence ils sont venus à Kotor Varos. Je ne sais

  9   même pas s'ils sont venus voir d'ailleurs les dirigeants des différentes

 10   confessions -- d'ailleurs, je n'avais pas à le savoir. Mais ils sont venus

 11   assez souvent, cela est vrai.

 12   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Et comment est-ce que vous pourriez

 13   me dire que vous êtes absolument sûr et certain que le CICR est venu à

 14   Kotor Varos ?

 15   Comment est-ce que vous, vous receviez ce type d'information ?

 16   R.  Eh bien, écoutez, les gens parlaient. Donc c'est ainsi que les

 17   informations étaient relayées. Nous nous sommes rendus à des réunions avec

 18   des représentants des différentes communautés religieuses. Nous avons eu

 19   des pourparlers et nous avons essayé de trouver des solutions. Mais moi, je

 20   ne sais pas avec quelle fréquence le CICR est venu. Je sais, et cela est

 21   vrai, que je n'ai pas toujours été informé de leurs visites. Je sais qu'ils

 22   sont venus, mais je ne sais pas avec quelle fréquence. Pour ce qui est

 23   maintenant des prisonniers, je sais que je suis allé avec eux une fois, et

 24   puis, bien entendu, ils avaient de toute façon des contacts avec la Croix-

 25   Rouge locale de Kotor Varos. Cela, je le sais.

 26   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Djekanovic, devons-nous donc

 27   comprendre qu'aujourd'hui dans le cadre de votre déposition, vous nous

 28   dites que le CICR se serait peut-être rendu dans les centres de détention

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  1   de Kotor Varos, outre l'occasion dont vous avez parlé, mais vous nous dites

  2   que vous, vous n'avez pas été informé des autres visites ?

  3   C'est cela que vous êtes en train de nous dire ?

  4   R.  C'est une possibilité. Je ne vous ai pas dit qu'ils étaient venus

  5   plusieurs fois ou qu'ils n'étaient pas venus, parce que je n'en sais

  6   absolument rien. Je sais que je suis allé avec eux une fois. Il s'agissait

  7   de la visite de la prison, visite qui a été effectuée par le CICR. Et de

  8   cela, je suis absolument sûr et certain parce que je le sais.

  9   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie.

 10   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Djekanovic,

 11   d'être revenu ici. Vous pouvez maintenant disposer, et nous vous souhaitons

 12   un bon retour chez vous.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 14   [Le témoin se retire]

 15   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 16   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 17    Mme KORNER : [interprétation] J'aimerais juste soulever une question à la

 18   suite des questions que j'ai posées.

 19   En fait, je n'ai pas posé ces questions sans pour autant avoir un

 20   fondement. Je pense à la question par laquelle j'essayais de savoir s'il

 21   avait parlé à la Défense. Voilà tout ce que je voulais dire à ce sujet. La

 22   Défense l'a entendu apporter les réponses qu'il nous a faites. La Défense a

 23   un devoir vis-à-vis de la Chambre de première instance pour que la Chambre

 24   de première instance ne soit pas induite en erreur. Donc je suppose que si

 25   la Défense avait bel et bien pris contact avec lui, il l'indiquerait

 26   maintenant à la Chambre. Parce qu'il s'agit, en fait, d'un devoir de la

 27   part de la Défense qui consiste à ne pas induire en erreur la Chambre de

 28   première instance.

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  1   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Ecoutez, nous avons entendu vos

  2   questions, Madame Korner. Nous ne sommes pas intervenus et nous supposons

  3   donc que la Défense est parfaitement consciente de son devoir et que s'ils

  4   avaient certains éléments d'information, ils se porteraient volontaires, en

  5   fait, pour en parler maintenant.

  6   Mais vous savez, moi, j'applique toujours comme principe le principe

  7   d'intégrité.

  8   Mme KORNER : [interprétation] Très bien.

  9   M. KRGOVIC : [interprétation] Alors, j'ai envoyé moi-même un courriel à

 10   l'Accusation qui est peut-être à l'origine de cette intervention de la part

 11   de l'Accusation. J'étais en train de planifier mon voyage en Bosnie pendant

 12   les vacances. J'ai envoyé un courriel à l'Accusation en lui demandant s'ils

 13   avaient des objections à ce que je voie le témoin, d'où peut-être la

 14   confusion que cela a engendré, parce qu'à cause des conditions climatiques

 15   et des chutes de neige, et cetera, je n'ai pas pu faire ce que je voulais

 16   faire.

 17   Mme KORNER : [interprétation] Ecoutez, je n'allais absolument pas faire

 18   référence à une correspondance interne entre les conseils. Ce n'est pas la

 19   réponse.

 20   Ah, mais je vois -- je vois ce que Me Krgovic, maintenant, vient de

 21   nous dire.

 22   Bien entendu, la question allait un peu au-delà des contacts, si

 23   contacts il y a eu, avec Me Krgovic.

 24   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Ecoutez, nous allons nous en tenir à

 25   ceci maintenant.

 26   J'aimerais vous rappeler que pour ce qui est de la déposition du

 27   prochain témoin, elle sera faite à huis clos.

 28   Mme KORNER : [interprétation] J'aimerais juste vous dire que si nous ne

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  1   pouvons pas terminer la déposition du témoin aujourd'hui, si cela doit se

  2   poursuivre demain, nous pourrions tout à fait, bien entendu, siéger demain

  3   matin. Parce que l'audience de demain matin ne poserait problème que pour

  4   ce qui est de M. Brown.

  5   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos,

  7   Monsieur le Président.

  8   [Audience à huis clos]

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 24   [Audience publique]

 25   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent] 

 26   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Le 23 novembre 2010, l'Accusation a

 27   déposé une requête invitant au réexamen de la décision orale rendue par la

 28   Chambre le 4 novembre acceptant le versement au dossier de neuf notes

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  1   officielles. Si le réexamen était rejeté, l'Accusation a déposé une requête

  2   alternative demandant l'autorisation d'ajouter le témoin ST-265 sur sa

  3   liste des témoins et en demandant l'autorisation d'interroger, dans le

  4   cadre d'un interrogatoire principal, le témoin ST-228 sur les conditions

  5   sous lesquelles les détenus auraient donné les déclarations dans le cadre

  6   des auditions.

  7   La Chambre rejette la requête aux fins de réexamen ainsi que la requête

  8   alternative demandant d'ajouter le témoin ST-265 sur la liste des témoins

  9   et d'élargir l'interrogatoire principal du ST-228.

 10   Monsieur Olmsted.

 11   M. OLMSTED : [interprétation] D'après ce que nous avons appris, le témoin

 12   suivant ne sera pas ici avant 17 heures.

 13   M. ZECEVIC : [interprétation] Est-ce que je peux quitter le prétoire.

 14   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Tout à fait, Maître Zecevic.

 15   Alors, je ne sais pas --

 16   Le juriste de la Chambre nous le confirmera, ou le greffier d'audience.

 17   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent] M. LE JUGE

 18   HALL : [interprétation] Oui, tout à fait. Cela vient d'être confirmé par le

 19   greffier d'audience. Si nous voulions continuer jusqu'à 17 heures 20, nous

 20   serions obligés de continuer sans interruption, donc nous allons faire une

 21   pause maintenant.

 22   --- L'audience est suspendue à 16 heures 58.

 23   --- L'audience est reprise à 17 heures 32.

 24   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 25   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Nous allons passer à huis clos, et nous

 26   ferons entrer le témoin.

 27   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos.

 28   [Audience à huis clos]

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 20   --- L'audience est levée à 19 heures 05 et reprendra le mardi 11 janvier

 21   2011, à 12 heures 30.

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