Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 2 mai 2011

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à

  6   toutes autour du prétoire et dans le prétoire. Il s'agit de l'affaire IT-

  7   08-91-T, le Procureur contre Mico Stanisic et Stojan Zupljanin.

  8   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame la Greffière. Bonjour à

  9   tous et à toutes. Soyez les bienvenus aux sessions que nous nous attendons

 10   à avoir maintenant se dérouler sans interruption jusqu'aux vacances d'été.

 11   Alors nous avons -- est-ce qu'on peut avoir les présentations ?

 12   M. HANNIS : [interprétation] Nous avons Tom Hannis, Joanna Korner, Belinda

 13   Pidwell et Crispian Smith.

 14   M. ZECEVIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Slobodan

 15   Zecevic, Slobodan Cvijetic, Eugene O'Sullivan, Mme Tatjana Savic, pour la

 16   Défense de Stanisic ce matin. Merci.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Dragan Krgovic,

 18   Aleksandar Aleksic pour la Défense de M. Zupljanin.

 19   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 20   Oui, Maître Zecevic.

 21   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui, il y a une question que je voudrais

 22   évoquer, Messieurs les Juges, ce matin.

 23   Vous savez probablement que j'ai envoyé un courriel, hier au matin, pour

 24   faire savoir à nos avis du bureau du Procureur ainsi qu'aux Juges de la

 25   Chambre quelle était la situation telle qu'elle se présente. Comme je l'ai

 26   déjà expliqué dans ce courrier électronique, et je me propose d'évoquer

 27   brièvement la teneur de celui-ci pour commencer.

 28   Vous allez vous souvenir, Messieurs les Juges, qu'à deux reprises en avril,


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  1   le 11 et le 14 de ce mois d'avril, j'ai, pour la première fois, été

  2   d'accord pour ce qui est de fournier aux parties, c'est-à-dire aux Juges de

  3   la Chambre et au barreau -- au parquet les déclarations faites par nos

  4   témoins, et exception faite de ce Nikola Milanovic, nous n'avons pas de

  5   déclarations où de notes prises par les enquêteurs ou enregistrement audio

  6   des interviews avec les témoins. Alors c'est avec un très grand regret que

  7   je dois dire que ce que j'ai dit dans le prétoire n'était pas tout à fait

  8   exact. En effet, nous avons retrouvé une déclaration et deux

  9   enregistrements de conversations que nous avons eues avec un témoin.

 10   Ces documents ont été communiqués hier. Dès que nous avons retrouvé les

 11   documents en question, nous les avons envoyés pour les faire traduire et

 12   les enregistrements d'une interview ont déjà été traduits, puis envoyés au

 13   bureau du Procureur tout comme aux Juges de la Chambre. Les trois autres

 14   documents et déclarations, et deux enregistrements d'interview avec des

 15   témoins ont été -- sont en train d'être traduits. Nous sommes certains que

 16   cela se fera dans le courant de cette semaine-ci.

 17   Messieurs les Juges, je crois bien que vous allez comprendre que j'accepte

 18   une pleine responsabilité à cet égard, et une fois de plus, je m'excuse de

 19   façon tout à fait sincère auprès des Juges de la Chambre et du bureau du

 20   Procureur. Cette confusion et cette communication erronée faite de ma part

 21   ne sont pas fondées sur une intention qui est celle de créer une image

 22   fausse de ce qui se passait, ni au niveau des Juges de la Chambre ni au

 23   niveau du bureau du Procureur.

 24   C'est ce que je voulais communiquer aux Juges de la Chambre.

 25   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci, Monsieur Zecevic.

 26   Je vous prie de m'excuser, mais je ne suis pas au courant du courriel que

 27   vous avez envoyé. Moi, je n'ai pas vu ces déclarations ou ces

 28   enregistrements d'interview. Donc ma question pour vous en ce moment :


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  1   c'est de savoir qui a effectué ces entretiens et qui a été la personne

  2   faisant des déclarations.

  3   M. ZECEVIC : [interprétation] J'ai envoyé le courrier électronique hier, au

  4   matin, et c'est accompagné d'un courrier de ma part envoyé au bureau du

  5   Procureur. J'ai transmis des copies aux Juges de la Chambre avec les

  6   enregistrements des interviews et la déclaration que nous avons retrouvée

  7   dans notre documentation.

  8   Ces notes d'interview avec les témoins ont été recueillies par mon co-

  9   conseil, M. Slobodan Cvijetic, et la déclaration a été faite par M. Drano

 10   Vlaco, et les autres trois témoins sont Orasanin, Bjelosevic et un dénommé

 11   Macar.

 12   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] A qui ces déclarations ont-elles été

 13   faites ?

 14   M. ZECEVIC : [interprétation] Ce sont des enregistrements d'interviews qui

 15   ont été conduits par les conseils de la Défense et des témoins.

 16   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci. J'ai compris. J'ai bien

 17   compris.

 18   M. ZECEVIC : [interprétation] Je vous en remercie.

 19   M. LE JUGE HALL : [interprétation] A moi de vous remercier. La chose

 20   suivante à faire, à cet effet, se résumerait à l'attente des traductions.

 21   M. ZECEVIC : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Juge. Nous avons

 22   envoyé ceci et je suis pratiquement sûr que ce sera fait dans le courant de

 23   cette semaine.

 24   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci. Y a-t-il d'autres questions

 25   préliminaires ?

 26   M. O'SULLIVAN : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Nous avons un point

 27   à évoquer de notre côté. Je voudrais ajouter quelque chose à ce qui a été

 28   présenté le 13 et le 14  avril oralement, ça a été la première et la


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  1   deuxième journée du témoignage de M. Bjelosevic.

  2   Le 13, Me Zecevic a fait une demande, une requête orale, il n'y a pas de

  3   requête écrite, ça s'est fait en application de l'article 66(B); et nous

  4   avons dit qu'il y a une violation de 66(B), pour ce qui est de ce Témoin

  5   Bjelosevic au premier jour de son témoignage. Le jour d'après, au début de

  6   la session, le 14 donc, Mme Korner a répliqué de façon orale et elle a fait

  7   savoir qu'il y a eu des violations de l'article 66(B). Ce que je voudrais

  8   maintenant évoquer c'est le fait que nous n'avons pas dans le concret

  9   parler des remèdes appropriés sur le plan juridique pour ce qui est de ces

 10   enfreintes, et je vais le faire maintenant.

 11   Ce que nous affirmons maintenant c'est que du fait de manquement pour ce

 12   qui est de l'article 66(B), M. Stanisic n'a pas obtenu la documentation

 13   requise avant le témoignage de M. Bjelosevic, et en application du 66(B)

 14   qui est lié à l'article 21 IV (B) du Statut, où il est dit que pour ce qui

 15   est d'une Défense appropriée, il convient de disposer d'un temps suffisant

 16   pour se préparer. Nous demanderions à ce que l'Accusation se fasse

 17   interdire l'utilisation de ces documents pendant le contre-interrogatoire

 18   de Bjelosevic, puisque nous n'avons pas pu les utiliser avant son

 19   témoignage. Donc en guise de conséquence, et du fait du manquement de

 20   respect par rapport aux dispositions de ce 66(B), l'Accusation ne devrait

 21   pas être autorisée à s'en servir pendant son contre-interrogatoire de M.

 22   Bjelosevic.

 23   Merci.

 24   Mme KORNER : [interprétation] Messieurs les Juges, Me Zecevic nous a

 25   informés par avance de la requête qu'il allait faire ce matin.

 26   Nous avons, bien sûr, résisté ou manqué de nous conformer à ce type de

 27   demande. Les Juges se souviendront que nous avons eu des omissions. Nous

 28   avons envoyé certains documents pour ce qui est de M. Bjelosevic et nous


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  1   nous sommes penchés sur ces documents jeudi 14 avril. La plupart de ces

  2   documents, si ce n'est pas la totalité des documents figuraient sur la

  3   liste des documents que la Défense a présentés, étant donné que M.

  4   Bjelosevic leur a confié pratiquement la documentation antérieure. Ce qui

  5   fait qu'à ce moment-ci, Messieurs les Juges, nous affirmons qu'il n'y a

  6   aucun préjudice de subi par la Défense, pour ce qui est de cette omission

  7   de notre part, que nous admettions avoir commise puisque nous n'avons pas

  8   découvert ces documents.

  9   Nous estimons également que ce serait une sanction pas trop excessive, si

 10   nous venions à être empêchés de nous servir de ces documents au cours du

 11   contre-interrogatoire. Mais en tout état de cause, il se peut aussi bien

 12   que les Juges de la Chambre viennent à constater qu'il serait difficile

 13   tout comme je l'estime moi-même, qu'il est difficile de rendre une décision

 14   à cet effet, et ce n'est pas à moi de la rendre. Mais sans une liste de

 15   documents pour lesquels la Défense affirme, nous ne devrions pas nous en

 16   servir au cours du contre-interrogatoire, nous dirions que c'est une

 17   question tout à fait indispensable. Il serait peut-être même indispensable

 18   de nous pencher une fois de plus sur la totalité de ces documents, avant

 19   que M. Bjelosevic ne revienne témoigner le 16 mai.

 20   Mais puisque je suis déjà sur mes pieds, je voudrais ajouter que

 21   j'ignore si les Juges de la Chambre ont eu l'occasion de se pencher sur une

 22   requête présentée par la Défense où il est dit que nous devrions être

 23   contraints au respect des dispositions de l'article 66(B). Ils ont présenté

 24   une requête à la date du 28 avril. Il me semble que c'était la date --

 25   c'était jeudi passé, le 28 avril, étant donné qu'ils nous ont déjà

 26   précédemment envoyé une requête, qui a été jointe à la requête que je viens

 27   d'évoquer en avenant avec la réponse que nous avions apportée, et une

 28   requête antérieure qui date d'octobre 2009.


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  1   Nous avons répondu à la même date, c'est-à-dire jeudi passé, le 28.

  2   Nous avons fait savoir que notre position était claire en réponse, et nous

  3   avons également précisé quelle a été la réponse à la requête première -- ou

  4   peut-être pas la première mais celle à l'origine qui s'était rapportée à ce

  5   sujet.

  6   Il me semble, Messieurs les Juges, que ceci devra être tranché assez vite,

  7   parce que nous affirmons que ce n'est pas une requête appropriée en

  8   application du 66(B); c'est tout simplement une tentative visant à entraver

  9   l'Accusation pour ce qui est d'être prête, de garder ses balles au sec, si

 10   je puis m'exprimer ainsi, pour ce qui est de la définition des documents

 11   que nous pourrions utiliser au contre-interrogatoire, et ce serait déjà une

 12   chose qui se ferait une fois le témoin à la barre. C'est tout ce que je

 13   voulais dire.

 14   Je demanderais donc aux Juges de la Chambre de rendre une décision

 15   rapidement à cet effet, parce qu'il est évident que ceci risque d'influer

 16   de façon dramatique sur les témoignages des témoins suivants.

 17   Pour finir, Messieurs les Juges, la Défense a également présenté une

 18   requête visant à faire réexaminer la question visant à une interjection

 19   d'appel au sujet du Dr Nielsen. Vous savez que ceci a été versé à titre

 20   confidentiel. J'évoque la question. C'est peut-être encore une question

 21   qu'il faudrait trancher assez rapidement, parce qu'elle risque d'influer

 22   sur le témoignage du témoin présent, voir sur le contre-interrogatoire

 23   dudit témoin.

 24   Ce sont là des questions que nous voulions évoquer ce matin.

 25   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame Korner. Peut-être

 26   pourrais-je revenir à la toute première des questions que vous avez

 27   évoquées : Ai-je bien compris que votre position est celle de demander que

 28   la requête présentée par Me O'Sullivan fasse ou soit étayée afin que vous


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  1   puissiez être en situation pour ce qui est de répondre - peut-être pas

  2   intelligemment, mais c'est le premier mot qui me vient à l'esprit - à ce

  3   sujet ?

  4   Mme KORNER : [interprétation] Bien, est-ce que je ne puis ajouter à ce que

  5   j'ai dit déjà, c'est ceci : La Défense demande aux Juges de la Chambre de

  6   punir l'Accusation pour ce qui est d'une entrave ou d'un obstacle à poser

  7   pour ce qui est de leur utilisation au contre-interrogatoire. Alors nous

  8   voudrions nous pencher sur la liste des documents qu'eux estiment devoir

  9   faire l'objet de cette interdiction d'utilisation au contre-interrogatoire.

 10   Cela nous permettrait de savoir quels sont les documents en possession de

 11   la Défense. Comme nous savons que M. Bjelosevic a donné plus de documents à

 12   la Défense qu'il n'en a été mis sur la liste des documents qu'ils allaient

 13   utiliser, ça c'est aussi un élément qu'il faudrait prendre en

 14   considération. Donc il se peut qu'ils aient possédé ces documents et qu'ils

 15   les aient possédés bien à l'avance, ce qui fait que ce que je demanderais à

 16   la Défense c'est non seulement de nous indiquer quels sont ces documents

 17   mais quels sont les documents qu'ils affirment n'avoir jamais possédés, et

 18   qu'ils nous disent de quelle façon ceci se ferait au préjudice de la

 19   Défense si ces documents venaient à être utilisés.

 20   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bon. Merci.

 21   Il est évident qu'il y a là toute une série de questions qui devront

 22   requérir notre attention à l'extérieur du prétoire, et ces deux sujets que

 23   vous avez indiqués semblent, en effet, nécessiter un examen urgent. Merci.

 24   Peut-être faire entrer maintenant le témoin dans le prétoire.

 25   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui. Notre témoin suivant c'est le Pr

 26   Bajagic, notre expert en matière de questions liées à la police.

 27   Mme KORNER : [interprétation] Pendant que nous sommes en train d'attendre,

 28   puis-je demander quelque chose aux Juges ? M. Bjelosevic était censé


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  1   fournir des documents au département chargé de la Protection des Victimes

  2   et des Témoins, et nous voudrions savoir ce qu'il en a été. Si ça n'a pas

  3   été fait, nous pensons que la chose devrait être faite assez rapidement.

  4   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

  5   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  6   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci. L'huissier -- ou non, le juriste

  7   de la Chambre nous a informé du fait que ces documents n'ont pas encore été

  8   remis au service chargé des Victimes et des Témoins, mais le processus est

  9   en cours. Ce sera fait dès aujourd'hui.

 10   Mme KORNER : [aucune interprétation]

 11   M. LE JUGE HALL : [aucune interprétation]

 12   Mme KORNER : [interprétation] Une fois que ce sera remis nous aimerions les

 13   obtenir aussitôt que possible, parce que nous aimerions les parcourir.

 14   Merci.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Bajagic. Dites-nous

 16   d'abord si vous m'entendez dans une langue que vous comprenez ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci d'être venu au Tribunal pour

 19   nous fournir votre témoignage.

 20   Vous allez tout d'abord lire une déclaration solennelle partant de laquelle

 21   les témoins s'engagent à dire la vérité. Je tiens à vous préciser que cette

 22   déclaration solennelle peut vous exposer à des sanctions pour faux

 23   témoignage, au cas où vous viendriez à fournir des informations non-

 24   conformes à la vérité ou erronées à ce Tribunal.

 25   Veuillez donner lecture de cette déclaration solennelle, je vous prie.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge. Je déclare

 27   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la

 28   vérité.


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  1   LE TÉMOIN : MLADEN BAJAGIC [Assermenté]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Monsieur. Veuillez vous

  4   asseoir.

  5   Puis-je vous demander de nous donner votre nom et votre date de naissance

  6   et lieu de naissance, je vous prie.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Mladen Bajagic. Je suis né le 5

  8   avril 1962, à Sarajevo.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Merci beaucoup. A quel groupe

 10   ethnique appartenez-vous ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis Serbe.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Quelle est votre profession

 13   aujourd'hui ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Aujourd'hui, je travaille comme professeur à

 15   l'Académie de la police criminelle à Belgrade.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Que faisiez-vous en 1992 ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] En 1992, puisque je suis né à Sarajevo, à

 18   partir des conflits, j'étais membre du service de la Sûreté de l'Etat à

 19   l'époque; ça s'appelait le service de la Sécurité nationale dans la

 20   Republika Srpska.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce que c'est la première fois que

 22   vous témoignez devant ce Tribunal, ou est-ce que vous avez déjà témoigné

 23   devant un autre tribunal dans votre pays au sujet des événements de 1992 ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est ma deuxième comparution devant ce

 25   Tribunal-ci à La Haye. J'ai témoigné dans l'affaire Popovic et autres. J'ai

 26   également témoigné en qualité de témoin expert. Ça c'est passé il y a deux

 27   ans, deux ans et demi. Exception faite de ce Tribunal, je n'ai jamais

 28   témoigné au sujet de quoi que ce soit portant sur les conflits armés en


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  1   Bosnie-Herzégovine.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Donc je tiens à vous rappeler

  3   quelle est la procédure à suivre devant ce Tribunal puisque vous avez déjà

  4   été mis au courant. Vous êtes cité à comparaître en tant que témoin expert

  5   par la Défense de M. Stanisic. Me Zecevic qui se trouve à votre gauche, a

  6   demandé 15 heures pour procéder à son interrogatoire au principal. Après

  7   cela, c'est Me Krgovic, qui est le conseil de la Défense de M. Zupljanin,

  8   qui est lui aussi à votre gauche, et qui vous contre-interrogera --

  9   Pendant combien de temps, Monsieur Krgovic ?

 10   M. KRGOVIC : [interprétation] Nous estimons avoir besoin de deux heures.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bon, pendant deux heures donc, plus

 12   ou moins, et ensuite vous allez être contre-interrogé par le bureau du

 13   Procureur qui se trouve à votre droite, et ils ont eux aussi demandé 15

 14   heures.

 15   Après cela, et pendant les deux interrogatoires, mais les Juges peuvent

 16   vous poser des questions, et une fois que ceci sera terminé, M. Zecevic

 17   aura la parole pour poser des questions complémentaires, et pendant ce

 18   temps, ou entre les deux, les Juges peuvent vous poser des questions eux

 19   aussi.

 20   Pour une raison pratique, pour des raisons d'enregistrement, nous siégeons

 21   pendant 90 minutes et suite à quoi nous avons des pauses de 20 minutes, et

 22   nous terminons nos sessions du matin à 2 heures moins quart.

 23   Ce serait tout pour le moment. Donc je vais donner la parole --

 24   M. HANNIS : [aucune interprétation] Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, un instant --

 26   M. HANNIS : [interprétation] Si vous me le permettez, lorsque nous avons

 27   présenté une requête au sujet du témoignage de ce témoin en sa qualité

 28   d'expert, nous avons indiqué que nous avions certaines objections à cet


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  1   effet pour ce qui est de la portée de son témoignage et de son expertise.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je savais que ceci allait être

  3   évoqué.

  4   M. HANNIS : [aucune interprétation]

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Les Juges de la Chambre estime que M.

  6   Mladen Bajagic a été défini de façon tout à fait appropriée en sa qualité

  7   d'expert ce qui se trouve être conforme à l'article 94 bis et avec la

  8   jurisprudence de ce Tribunal. Les Juges de la Chambre prennent note de la

  9   teneur du courrier envoyé par l'Accusation à la date du 19 avril 2001 au

 10   sujet du 94 bis(B) où ils font savoir qu'ils n'acceptent pas l'expertise de

 11   Mladen Bajagic pour ce qui est de la pratique qui est celle de ce Tribunal.

 12   Les Juges de la Chambre rendront une décision pour ce qui est de savoir si

 13   le rapport d'expert de M. Bajagic sera versé au dossier à la fin de son

 14   témoignage ou pas.

 15   Maître Zecevic, à vous.

 16   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 17   Interrogatoire principal par M. Zecevic : 

 18   Q.  [interprétation] Est-ce que vous m'entendez ? J'ai dit bonjour.

 19   R.  Oui, je viens de vous entendre à l'instant. Bonjour.

 20   Q.  Monsieur Bajagic, vous avez fourni les renseignements les plus

 21   élémentaires vous concernant aux Juges de la Chambre. Ce que je vous

 22   demanderais pour ma part c'est de nous fournir des renseignements quelque

 23   peu plus détaillés au sujet de la formation que vous avez suivie et des

 24   tâches de nature scientifique auquel vous êtes en train de vaquer à

 25   présent.

 26   R.  Comme je l'ai déjà dit, je suis né à Sarajevo le 5 avril 1962. J'ai

 27   fait mes études primaires et secondaires à Sarajevo, et j'ai fait mes

 28   études à la faculté de Science politique ou j'ai diplômé en 1988.


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  1   Après cela, j'ai vaqué à des activités qui ne sont pas tout à fait dans

  2   cette profession-là j'ai été journaliste et j'ai été actif dans les

  3   communautés sociopolitiques telles qu'elles s'appelaient dans ce système

  4   qui était le nôtre en Bosnie-Herzégovine.

  5   Pour ce qui est de ma carrière scientifique ou de ma profession de

  6   professeur, je dirais que j'ai fait des études postes universitaires à

  7   Belgrade en 1996 et 2000. J'ai eu à un master puis un doctorat à la chaire

  8   des relations internationales de la faculté des Sciences politiques à

  9   Belgrade, et j'ai obtenu un titre qui est celui de docteur S. de Science

 10   politique.

 11   Pour ce qui est du début de ma carrière académique, je dirais que j'ai

 12   commencé à travailler à l'Académie de police et à la côte de l'Ecole des

 13   affaires intérieures à Belgrade. De nos jours, plutôt, il y a quelques

 14   années, il y a eu création d'une Académie de la police pour ce qui est de

 15   la criminalité, et c'est là que je travaille actuellement.

 16   Q.  Excusez-moi. Je pense que ça n'a pas été consigné de façon claire au

 17   compte rendu.

 18   Est-ce que vous pourriez nous dire une fois de plus quelles sont les deux

 19   institutions où vous avez travaillé qui ont par la suite été fusionnées.

 20   Allez-y lentement pour que les choses soient bien comprises.

 21   R.  J'ai été assistant débutant et c'est là que j'ai commencé à travailler

 22   c'était l'Académie de la police à Belgrade. Il y avait une école supérieure

 23   du ministère de l'Intérieur, où j'ai travaillé en tant que conférencier,

 24   conférencier de grade plus élevé, et professeur ou conférencier principal.

 25   Ces deux institutions suite au processus introduit par la pratique de

 26   Bologne il y a eu fusionnement de ces deux institutions pour donner lieu à

 27   la création d'une Académie des sciences criminelles et de la police. C'est

 28   là que je travaille, d'abord j'y ai été maître conférencier, et à présent,


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  1   je suis professeur consultant dans plusieurs matières.

  2   Q.  Excusez-moi, j'ai vu que M. Hannis a voulu se lever.

  3   M. HANNIS : [interprétation] Excusez-moi, je voulais attirer l'attention de

  4   M. Zecevic sur la page du compte rendu 12, ligne 3. Il me semble qu'il y a

  5   une erreur, et il serait peut-être souhaitable d'y remédier.

  6   M. ZECEVIC : [interprétation] Je vous en remercie, Monsieur Hannis.

  7   Q.  Monsieur, veuillez nous dire où est-ce que vous avez eu votre doctorat,

  8   à quelle faculté ou quelle institution, et quand est-ce que cela s'est-il

  9   fait ?

 10   R.  J'ai eu mon doctorat à la faculté des Sciences politiques, à la chaire

 11   des relations internationales, pour ce qui est du domaine restreint des

 12   sciences liées à la sûreté ça s'est passé en 2006.

 13   Q.  Pourriez-vous continuer à nous expliquer quelles sont les matières,

 14   quels sont les cours que vous enseignez ?

 15   R.  J'ai déjà évoqué les deux matières dans lesquelles je travaillais, et

 16   aujourd'hui, à l'Académie politique de la Police, j'enseigne ce que je

 17   qualifierais d'un nombre très important vraiment de matières. Maintenant,

 18   je peux énumérer ces sujets de cours, si vous le souhaitez. Alors, en

 19   quatrième année, tout ce qui correspondait aux études universitaires,

 20   j'enseigne deux matières : La première c'est la méthode du travail de

 21   renseignement, et la deuxième, c'est la sécurité internationale.

 22   Dans la même institution, en année de masters, autrement dit, dans l'année

 23   de cours qui mène au diplôme de masters, j'enseigne le terrorisme et la

 24   violence politique. Puis, finalement, au niveau des études correspondant à

 25   des études universitaires spécialisées, j'enseigne trois matières qui sont

 26   les suivantes : Les aspects du terrorisme et de l'anti-terrorisme dans le

 27   domaine du renseignement et du contre-renseignement; la deuxième matière ce

 28   sont les modèles comparés de protection des biens et des personnes; et la


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  1   troisième matière est intitulée : Systèmes de sécurité.

  2   Dans les deux premières institutions dont j'ai parlé, avant d'enseigner les

  3   matières que je viens d'évoquer, j'enseignais les bases de la sécurité, le

  4   système d'Etat qui compose donc la Sûreté d'Etat, à savoir donc des

  5   éléments qui étaient tout à fait fondamentaux s'agissant du travail que

  6   j'ai accompli dans ces institutions où je travaillais par le passé où je

  7   travaille encore aujourd'hui. Maintenant, évidemment, comme c'est souvent

  8   le cas dans les carrières universitaires, j'ai à plusieurs reprises été

  9   invité en tant que professeur invité ou professeur, engagé de l'extérieur

 10   donc dans le cadre d'un contrat bien spécifique, j'ai souvent travaillé et

 11   donc enseigné dans d'autres institutions d'enseignement supérieur.

 12   L'une des matières les plus importantes que j'enseigne dans ce cadre est le

 13   management de la sécurité et j'y enseigne également les systèmes de

 14   sécurité.

 15   Voilà, je crois que j'ai fait le tour.

 16   Q.  Je vous remercie, Monsieur Bajagic. Pourriez-vous rapidement, je vous

 17   prie, nous dire si vous avez écrit des monographies ou d'autres ouvrages et

 18   quelles sont parmi les œuvres dont vous êtes l'auteur celles que vous

 19   considérez comme les plus importantes ?

 20   R.  Dans le cours de ma carrière de professeur, j'ai publié deux manuels et

 21   cinq monographies ainsi que 90, voire même peut-être une centaine

 22   d'articles scientifiques qui ont été publiés aussi bien dans mon pays qu'à

 23   l'étranger. Ces articles ont paru dans des revues universitaires

 24   spécialisées ou dans d'autres publications liées à des conférences

 25   internationales. Et je pourrais, le cas échéant, donner le titre d'un

 26   certain nombre de ces publications.

 27   Les deux manuels que j'ai publiés s'intitulent : "Base de la sécurité pour

 28   l'un," et "Méthode du travail de renseignement," pour l'autre.


Page 20025

  1   S'agissant des monographies, dont je suis l'auteur, je soulignerais la

  2   monographie intitulée : "Rôle de la communauté du renseignement dans la

  3   politique étrangère des Etats-Unis." Je crois que la publication date de

  4   2004, mais enfin ce n'est pas la date qui compte principalement, je

  5   suppose. Deuxième monographie, elle s'intitule : "La sécurité du globe par

  6   rapport à un secret public," et la troisième monographie que je voudrais

  7   mettre en exergue s'intitule : "L'espionnage au XX1e siècle." Voilà ce que

  8   je peux dire sur les manuels et monographies dont je suis l'auteur.

  9   S'agissant des articles parus dans d'autres publications, ils sont très

 10   nombreux, et si je dois en indiquer les intitulés, il faudrait que j'y

 11   consacre une réflexion plus longue.

 12   Q.  Non, ce ne sera pas nécessaire. Je vous remercie.

 13   Monsieur Bajagic, veuillez nous dire si vous avez suivi des cours

 14   particuliers, des stages particuliers, et si oui, lesquels et qui les a

 15   organisés ?

 16   R.  En l'an 2000 déjà, les institutions pour lesquelles je travaillais ont

 17   mis en place une coopération très fructueuse avec un certain nombre

 18   d'organisations internationales, et en particulier l'OSCE, organisation de

 19   la Sécurité et de la Coopération européenne. L'OSCE organisait les stages

 20   les plus importants auxquels j'ai assisté, en compagnie d'autres collègues

 21   conférenciers comme moi, dans des institutions d'enseignement supérieur.

 22   J'ai donc assisté à un stage de trois mois qui portait sur la formation des

 23   formateurs, et était en rapport avec le travail policier.

 24   Puis il y a eu un autre stage qui a été organisé à Basdorf, en

 25   Allemagne. Suite à ces deux stages, nous avons reçu un certificat indiquant

 26   que nous étions qualifiés pour former les formateurs des forces policières.

 27   Evidemment, il y a eu aussi des stages organisés par la Croix-Rouge

 28   internationale. En particulier, c'est celui que j'ai plus particulièrement


Page 20026

  1   gardé en mémoire, mais il y en a eu d'autres également.

  2   Q.  Vous venez de parler de la Croix-Rouge. Est-ce que vous avez suivi un

  3   stage centré sur le droit international humanitaire ?

  4   R.  Toutes mes excuses. Toutes mes excuses pour ne pas l'avoir évoqué ou

  5   précisé. Mais effectivement, ce stage de la Croix-Rouge de Belgrade portait

  6   sur le droit international humanitaire.

  7   Q.  Merci.

  8   R.  Je vous en prie.

  9   Q.  Monsieur Bajagic, vous avez sous les yeux le rapport que vous avez

 10   établi pour la présente affaire, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Veuillez nous dire, Monsieur Bajagic, eu égard à ce rapport intitulé :

 13   "Ministère de l'Intérieur de la Republika Srpska, les débuts, la

 14   compétence, le cadre d'action, l'organisation, et le contrôle, 1990-1993,"

 15   qui est l'auteur de ce rapport ?

 16   R.  Bien entendu, l'auteur de ce rapport c'est moi.

 17   Q.  Monsieur Bajagic, avez-vous élaboré ce rapport à vous seul dans son

 18   intégralité ?

 19   R.  Oui, c'est moi qui suis le seul à avoir travaillé à l'intégralité de ce

 20   rapport.

 21   Q.  Monsieur Bajagic, qui vous a chargé de rédiger ce rapport ? Qui vous en

 22   a donné le sujet ?

 23   R.  Le cadre préliminaire de ce rapport, au début de sa rédaction, m'a été

 24   donné par l'équipe chargée de la Défense de M. Stanisic, à savoir par vous-

 25   même et vos collègues.

 26   Q.  En dehors du fait que la Défense vous a présenté une demande de

 27   rédaction de ce rapport et vous en a fourni le sujet, avez-vous reçu des

 28   documents de la Défense Stanisic ? Si oui, lesquels ?


Page 20027

  1   R.  J'ai reçu de l'équipe chargée de la Défense de M. Stanisic le sujet

  2   global, autrement dit, le problème qui devait faire l'objet de recherche de

  3   ma part. Je puis dire que le titre de ce rapport résulte de l'ensemble du

  4   travail d'élaboration du rapport qui a été accompli. Au début, bien sûr, il

  5   y a un titre préliminaire qui évolue peu à peu au fil du travail, et

  6   devient le titre définitif à la fin de ce travail.

  7   Quant au sujet de mes recherches, j'ai reçu un certain nombre de documents

  8   pertinents qui m'ont servi de base pour la rédaction de ce rapport. Ma

  9   façon de percevoir ces documents consiste à les considérer comme des

 10   documents de travail destinés à me servir à réaliser la mission qui m'a été

 11   confiée par l'équipe de la Défense.

 12   Q.  Monsieur, ce rapport compte 494, 494 notes en bas de page qui

 13   concernent les documents utilisés aux fins de l'accomplissement de votre

 14   travail de recherche. Qui a choisi ces documents ?

 15   R.  Comme je viens de le rappeler, j'ai reçu de l'équipe chargée de la

 16   Défense Stanisic un certain nombre de documents. Au moment où je préparais,

 17   où je planifiais la réalisation de mon travail futur, grâce à des méthodes

 18   bien définies, j'ai divisé ces documents en plusieurs catégories. Les

 19   sujets dont je m'occupais avaient une importance particulière pour la

 20   rédaction de ce rapport, donc en dehors des documents qui m'ont été fournis

 21   par la Défense, je me suis également efforcé de trouver moi-même un certain

 22   nombre de documents susceptibles de m'aider à la rédaction de ce rapport

 23   d'expert. Bien entendu, j'ai utilisé de nombreuses études et monographies

 24   qui sont évoquées dans ces notes en bas de page. Leur nombre est beaucoup

 25   plus nombreux que le nombre de documents qui m'a, au départ, été fourni par

 26   la Défense.

 27   Q.  Qui a choisi les documents que vous alliez utiliser pour la rédaction

 28   de votre rapport d'expert ?


Page 20028

  1   R.  Sur l'ensemble des documents que j'ai reçu, je suis le seul à avoir

  2   effectué le tri pour choisir les documents que j'allais utiliser. Par

  3   ailleurs, je considère que ce rapport d'expert qui m'a été demandé

  4   correspond tout à fait, ou en tout cas en très grande partie à un travail

  5   de recherche universitaire. C'est un travail qui exige une méthodologie de

  6   procédure très claire et très définie.

  7   Q.  Excusez-moi de vous interrompre, mais avant de parler des procédures et

  8   des méthodes, j'aimerais que nous nous en tenions à la question dont nous

  9   sommes en train de parler en ce moment.

 10   Monsieur Bajagic, est-ce que la Défense de M. Stanisic vous a remis le

 11   rapport d'expert du Pr Nielsen, qui est l'expert de l'Accusation en

 12   l'espèce ?

 13   R.  Oui, je l'ai reçu. Par ailleurs j'ai déjà dit que j'avais déjà été

 14   entendu en qualité d'expert par l'institution dans laquelle nous nous

 15   trouvons. Donc j'ai déjà eu par le passé l'occasion de lire ce rapport de

 16   M. Nielsen.

 17   Q.  Monsieur Bajagic, avez-vous passé ici un certain temps pendant la

 18   déposition du témoin expert de l'Accusation, M. Nielsen ?

 19   R.  Oui, j'ai passé un certain temps ici à ce moment-là, et j'ai suivi

 20   l'audition du Pr Nielsen. Je crois que c'était en décembre 2009.

 21   Q.  Je vous remercie. Monsieur Bajagic -- je vous demande un instant.

 22     Je vous demanderais de vous rendre en page 2 de votre rapport, qui est

 23   donc la table des matières. Je vais dans un instant citer la référence de

 24   cette page dans le prétoire électronique.

 25   M. ZECEVIC : [interprétation] 1D06-2404, page 2 donc du rapport.

 26   Q.  Monsieur Bajagic, pourriez-vous nous expliquer ce qui figure dans cette

 27   page, nous préciser donc ce que nous voyons à l'écran également en ce

 28   moment.


Page 20029

  1   R.  Il s'agit du détail de ce que contient de rapport d'expert.

  2   Comme vous pouvez le constater vous-même, cette table des matières se

  3   divise en plusieurs blocs correspondant chacun à un problème particulier.

  4   En fin de rapport, on trouve un certain nombre d'annexes. Je ne sais pas si

  5   je dois expliquer chacun de ces éléments dans le détail.

  6   Q.  Oui, si peut-être pourriez-vous nous préciser un peu quel est le centre

  7   d'intérêt de chacun de ces blocs.

  8   R.  Le premier bloc de ce tableau des matières correspond à la définition

  9   suivante : "Constitution de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, et

 10   création des organes exerçant le pouvoir d'Etat." Ce bloc se subdivise en

 11   plusieurs sous éléments qui sont pour le premier, "les caractéristiques

 12   générales de la crise politique et de la crise d'Etat en Bosnie-

 13   Herzégovine."

 14   Q.  Une question, s'il vous plaît. Pourriez-vous nous expliquer les raisons

 15   qui vous ont conduit à introduire cette grande question dans votre rapport

 16   d'expert ?

 17   R.  Lorsqu'on réalise un travail de recherche portant sur la création ou la

 18   mise en place d'une organisation et d'un contrôle concernant un système

 19   aussi complexe que le ministère de l'Intérieur d'un gouvernement, donc d'un

 20   pays, un tel travail est impossible à accomplir si on ne le resitue pas

 21   dans le contexte de la réalité, et c'est ce que j'ai fait. Le ministère de

 22   l'Intérieur fait partie des institutions d'Etat, relevant de l'exécutif

 23   d'un gouvernement, et donc étant donné les circonstances très spécifiques

 24   dans lesquelles ce ministère de l'Intérieur a vu le jour, celui donc qui

 25   est au cœur de mon rapport d'expert. Je veux parler du ministère de

 26   l'Intérieur de la Republika Srpska, de la Bosnie-Herzégovine, étant donné

 27   également la crise politique qui prévalait à l'époque, il était impossible

 28   d'effectuer la moindre recherche au sujet de l'organisation de ce


Page 20030

  1   ministère, de sa mission, et cetera, à moins de resituer ce ministère dans

  2   son contexte réel. C'est ce que j'ai fait. C'était une partie fondamentale

  3   de ma méthode.

  4   Q.  Je vous remercie. Pourriez-vous nous expliquer le bloc numéro 2 ?

  5   R.  Vous voulez dire le chapitre grand II ?

  6   Q.  Oui.

  7   R.  Il correspond à la définition suivante :

  8   "Le MUP de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine, entre 1990

  9   et avril 1992."

 10   Le ministère de l'Intérieur de la République serbe de Bosnie-Herzégovine

 11   est issu du système qui était centré sur le MUP de la République socialiste

 12   de Bosnie-Herzégovine. La période qui m'a intéressé va de 1990 à 1992. J'ai

 13   voulu pour cette période décrire plus précisément le fonctionnement des

 14   instances publiques de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine qui

 15   ont débouché sur les événements de 1992. J'ai également voulu explorer les

 16   raisons qui expliquent la décentralisation progressive et l'émergence du

 17   ministère de l'Intérieur de la République serbe de Bosnie-Herzégovine.

 18   Voilà ce que j'expliquerais au sujet du deuxième chapitre.

 19   Q.  Monsieur, veuillez nous expliquer le chapitre suivant, s'il vous plaît.

 20   R.  Le chapitre suivant s'intitule le fonctionnement de la République serbe

 21   de Bosnie-Herzégovine -- "Le fonctionnement du ministère de l'Intérieur de

 22   la République serbe de Bosnie-Herzégovine en 1992, le mois d'avril ou mois

 23   de décembre." Il s'agit manifestement du chapitre fondamental qui comprend

 24   ou qui aborde les questions importantes telles que le cadre juridique et le

 25   fonctionnement du ministère de l'Intérieur à l'intérieur du système ou dans

 26   le cadre -- ou relatif au pouvoir exécutif, à savoir l'aspect de jure.

 27   Bien évidemment, nous devions également traiter de la situation en tant que

 28   telle et l'organisation du ministère en 1992. Donc quelques questions


Page 20031

  1   étaient plus marquées, plus importantes eu égard aux travaux du ministère,

  2   c'est la raison pour laquelle j'ai essayé d'en donner une description un

  3   petit peu systématique.

  4   Q.  Veuillez nous expliquer le chapitre suivant que nous trouvons à la

  5   table des matières, veuillez nous dire pourquoi il s'agit d'un chapitre

  6   séparé.

  7   R.  L'organisation interne de tout ministère de l'intérieur, y compris

  8   celui-ci, est le fondement sur lequel il agit dans un cadre juridique qui

  9   en définit la portée.

 10   Le système juridique de l'ancienne République fédérale de Yougoslavie et

 11   des différents pays qui ont été créés par la suite ces questions ont

 12   toujours été traitées en fonction des règles de l'organisation interne du

 13   ministère de l'Intérieur. Il s'agit d'un chapitre distinct parce qu'il

 14   s'agit de la période pertinente, lors de la première année de

 15   fonctionnement du ministère de l'Intérieur de la République serbe de

 16   Bosnie-Herzégovine, sa structure a été définie par des règles qui avaient

 17   été créées plus tôt par la République socialiste de Bosnie-Herzégovine.

 18   Ensuite il a été décidé de rédiger de nouvelles règles et c'est le

 19   ministère de l'Intérieur de la République serbe de Bosnie-Herzégovine qui

 20   s'en ait chargé. Cela est très important parce que ces règles définissent

 21   de façon très précise le mode de fonctionnement et la portée ou la

 22   structure territoriale de l'ensemble du ministère de l'Intérieur. Ainsi que

 23   les attributions de chaque unité sont par la présente définies. Il y a un

 24   certain nombre de questions fort pertinentes qui sont abordées dans un

 25   chapitre distinct, c'est la raison pour laquelle ce chapitre existe.

 26   Q.  Monsieur Bajagic, d'après vous, peut-on écrire un tel rapport sur le

 27   ministère de l'Intérieur, ou, plutôt, quelles règles sont les plus

 28   importantes aux fins de comprendre ou pour comprendre comment tout ceci a


Page 20032

  1   été classé, d'après vous ?

  2   R.  Alors lorsque je vous ai parlé du chapitre portant sur l'organisation

  3   interne du MUP, et plus particulièrement son cadre juridique, j'ai oublié

  4   de dire, mais je peux vous le dire maintenant, qu'il s'agissait d'avoir un

  5   point de vue objectif et systématique sur toutes les questions et relevant

  6   du ministère de l'Intérieur, il était toujours important de tenir compte de

  7   la Constitution qui constituait le document juridique le plus important, il

  8   fallait également présenter d'autres textes législatifs, et ce qui a été

  9   fait dans ce rapport. Je parle plus particulièrement de la loi portant sur

 10   le gouvernement, sur l'administration publique, la loi sur les ministères,

 11   et la loi sur les questions relatives au ministère de l'Intérieur. Tel

 12   était le cadre juridique qui a été adopté au début de l'année 1992, dans la

 13   République serbe de Bosnie-Herzégovine.

 14   Il s'agit -- il est bien sûr impossible d'analyser toutes les dispositions

 15   de ces textes de lois nous avons également tenu compte des textes de lois

 16   de l'ancienne République socialiste de Bosnie-Herzégovine, la RSFY. Il

 17   s'agit des mêmes lois et des mêmes règlements que j'ai évoqués lorsque j'ai

 18   parlé de la République serbe de Bosnie-Herzégovine. Mais parce qu'il y

 19   avait une situation bien particulière au plan politique en Bosnie-

 20   Herzégovine à l'époque, il était nécessaire d'adopter certaines

 21   dispositions sur la loi de la Défense, la loi des forces armées, et de

 22   tenir compte d'éléments historiques, comme la Défense populaire généralisée

 23   qui était en vigueur dans l'ex-RSFY.

 24   Voilà les textes législatifs essentiels que j'ai consultés parce que

 25   j'estimais que cela était nécessaire.

 26   Q.  Veuillez nous expliquer quel lien existe entre ce que vous appelez la

 27   loi sur l'intérieur où le ministère de l'Intérieur et -- ou les affaires

 28   intérieures et les règles sur le fonctionnement interne du MUP ou


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  1   l'organisation interne du MUP ? Quelle corrélation existe entre ces deux

  2   textes législatifs ?

  3   R.  La loi sur les affaires intérieures définit clairement la mission et la

  4   vision du MUP ainsi que la portée de ces derniers. Bien évidemment, les

  5   attributions du MUP sont définies, mais la loi ne porte que sur

  6   l'organisation du MUP un sens général du terme. C'est le règlement qui

  7   constitue un texte législatif secondaire qui aborde dans le détail les

  8   structures et attributions du ministère ainsi que les différentes unités

  9   individuelles, les droits et les obligations de ces unités conformément à

 10   la loi.

 11   Q.  Merci. Veuillez nous faire un commentaire sur le chapitre IV de votre

 12   rapport, s'il vous plaît.

 13   R.  Ce chapitre s'intitule : "Responsabilité disciplinaire et criminelle ou

 14   pénale de l'état-major du MUP de la République serbe en 1992."

 15   Il s'agissait là d'une partie de ma mission. Toutes les règles ainsi que

 16   les textes législatifs secondaires abordent ces questions elles sont très

 17   importantes eu égard au fonctionnement du ministère. La définition de la

 18   responsabilité au plan disciplinaire et pénal est le fruit de mon analyse.

 19   J'ai consulté la loi sur les affaires intérieures de la République serbe,

 20   et je les ai comparés avec les règles en vigueur dans la République

 21   socialiste, et c'est ainsi que j'ai essayé de fournir un aperçu général de

 22   la façon dont certains membres du ministère pouvaient être tenus

 23   responsables de leurs actes ou omissions.

 24   Q.  Merci. Veuillez nous fournir une brève explication des annexes, s'il

 25   vous plaît, de quoi s'agit-il ?

 26   R.  Si je tiens compte de chapitres individuels et du rapport d'expert dans

 27   son ensemble, lorsque j'ai travaillé là-dessus, je suis tombé sur certains

 28   documents que j'ai jugés fort importants. Pour ce qui est de la


Page 20034

  1   compréhension du ministère de l'Intérieur en tant que tel et du contexte

  2   général dans lequel ce ministère a été créé, donc il ne fallait pas

  3   surcharger -- je ne souhaitais pas surcharger le  rapport avec trop de

  4   notes en bas de page. J'ai donc jugé qu'il était plus efficace d'inclure

  5   certains documents dans le rapport en tant que tel. Je les cite uniquement

  6   dans les notes en bas de page. Je crois qu'il est beaucoup plus facile de

  7   comprendre ainsi pourquoi ces documents ont été inclus. Il y a au total 12

  8   annexes.

  9   Q.  Veuillez nous expliquer l'annexe 12, s'il vous plaît. Pourquoi l'avez-

 10   vous incluse, et à quoi cette annexe fait-elle référence ?

 11   R.  L'annexe 12 est le résultat ou émane ou découle d'une demande présentée

 12   par la Défense, au début de l'année, qui souhaitait avoir des éléments

 13   d'information sur les missions de l'armée, de la police pendant l'état de

 14   menace imminente de guerre. J'ai fait un effort particulier pour essayer

 15   d'expliquer certains thèmes comme la subordination, et j'ai également dû

 16   aborder les questions de coordination, et que signifie agir en coordination

 17   du point de vue de la sécurité nationale, sous l'angle de la sécurité

 18   nationale. Il s'agit là de la dernière annexe que j'ai incluse à la demande

 19   de la Défense. Toutes les autres annexes sont des annexes que j'ai incluses

 20   personnellement.

 21   Q.  Fort bien. Veuillez nous dire, s'il vous plaît, ceci. Pouvez-vous nous

 22   expliquer quelle méthode vous avez utilisée lorsque vous avez élaboré ce

 23   rapport ? Veuillez nous expliquer ceci en quelques mots. Si vous utilisez

 24   des termes techniques, veuillez nous les expliquer, s'il vous plaît.

 25   R.  Oui, bien sûr.

 26   La méthode employée lorsqu'il s'agit de conduire des travaux de recherche

 27   sur des questions sociales, et sur les sciences humaines est quelque chose

 28   de tout à fait unique au monde. Il s'agit d'une seule méthode.


Page 20035

  1   Etant donné que le ministère de l'Intérieur, par définition est un

  2   protagoniste de la sécurité nationale, pour ce qui est de ce que j'ai dit à

  3   propos des documents originaux, l'élaboration d'un système aussi complexe

  4   que celui de l'administration publique exigeait une approche

  5   pluridisciplinaire. Donc si vous faites de la recherche au niveau d'une

  6   institution comme celle-là, il y a un processus qui est soit politique --il

  7   s'agit d'analyser des éléments politiques ou juridiques. Ce type de

  8   processus est bien particulier, et donc j'ai dû me conformer à des règles

  9   méthodologiques fort précises. La première était le classement des sources,

 10   les sources que j'avais à ma disposition. Il fallait les trier par thèmes,

 11   par contenu. Il était nécessaire de trouver un système de codification de

 12   façon à pouvoir les classer en différents ensembles.

 13   Pour ce qui est de la méthode en tant que telle, on peut à première vue

 14   voir qu'il s'agit d'une analyse quantitative et qualitative; des

 15   informations d'une analyse, d'une synthèse de la déduction, de la méthode,

 16   une méthode assez logique -- l'état de comparative, bien évidemment,

 17   analyse des données sociales et juridiques, et bon nombre d'autres

 18   techniques qui sont requises lorsqu'il s'agit d'analyser un document de

 19   façon systématique.

 20   En principe, un rapport d'expert est un processus académique, ce qui était

 21   effectivement le cas. C'est un travail académique. Il s'agissait en fait de

 22   définir tout d'abord une hypothèse, ensuite des indicateurs matériels de ce

 23   qui pouvait être retrouvé dans les documents ou les éléments de jure, de

 24   facto, que je pouvais analyser dans chaque document de façon individuelle.

 25   Il s'agissait de prouver certains éléments ou d'infirmer d'autres éléments.

 26   Il s'agit vraiment ici d'un contexte pluridisciplinaire et des techniques

 27   logiques communément utilisées lorsque l'on rédige ce genre de travail.

 28   Q.  Lorsque vous avez parlé d'un "contexte pluridisciplinaire," pourriez-


Page 20036

  1   vous vous expliquer, s'il vous plaît, en quelques mots ?

  2   R.  Bien sûr. Une approche pluridisciplinaire à une étude portant sur les

  3   travaux du ministère était essentielle, parce que le ministère fait partie

  4   du pouvoir exécutif. Et donc nous parlons à ce moment-là du cadre

  5   juridique. Donc nous pouvions ainsi examiner ou analyser la situation de

  6   jure. Le ministère de l'Intérieur en tant qu'institution était en quelque

  7   sorte le problème que nous étudions, et qui a toutes les -- comporte toutes

  8   les caractéristiques de tout autre phénomène politique, juridique ou

  9   sociologique, parce qu'il est tout à fait impossible de l'aborder sous un

 10   seul angle uniquement. Il est indispensable de mener une analyse politique

 11   également, car il est impossible de l'aborder de façon distincte. Il faut

 12   l'aborder sous l'angle politique et sous l'angle de la sécurité dans

 13   laquelle la situation évolue. C'est la raison pour laquelle j'ai dit que

 14   ceci exigeait une approche pluridisciplinaire.

 15   M. ZECEVIC : [interprétation] Je vois l'heure. Je pense qu'il convient de

 16   faire la pause maintenant.

 17   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie. Nous allons donc faire

 18   la pause et reprendre dans 20 minutes.

 19   Madame Korner.

 20   Mme KORNER : [interprétation] Pardonnez-moi, est-ce que vous m'autorisez à

 21   quitter le prétoire, je vous remercie ?

 22   [Le témoin quitte la barre]

 23   --- L'audience est suspendue à 10 heures 25.

 24   --- L'audience est reprise à 10 heures 53.

 25   [Le témoin vient à la barre]

 26   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, Maître Zecevic.

 27   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 28    Q.  Monsieur Bajagic, j'ai une petite question encore au sujet de cette


Page 20037

  1   méthodologie.

  2   Pourriez-vous nous expliquer les mécanismes qui permettent de tirer

  3   des conclusions scientifiques, et quels sont donc les mécanismes que vous

  4   avez utilisés vous-même dans votre étude ?

  5   R.  Les conclusions scientifiques ou les positions qui sont les vôtres,

  6   vous les tirez d'une manière générale partant, n'est-ce pas, du problème

  7   que vous avez posé et de l'objet que vous étudiez, c'est-à-dire le

  8   ministère de l'Intérieur ?

  9   Compte tenu des sources disponibles que j'ai utilisées comme données,

 10   j'ai pris le cadre hypothétique que vous avez posé. Donc il y a les thèses

 11   générales et les thèses particulières dont on part. On part de ces thèses

 12   méthodologiques pour procéder à des recherches et on prend en considération

 13   la teneur du travail à accomplir. En tout état de cause, on croise et

 14   analyse plusieurs sources sur un problème spécifique. Partant de là, vous

 15   êtes à même de tirer vos conclusions, et ce, en vous référant à un degré de

 16   fiabilité qui est le plus grand possible. Il n'est pas possible de tirer

 17   des conclusions absolues, mais il est certain qu'une impression l'emporte

 18   pour ce qui est d'un problème sur lequel vous tirez des conclusions compte

 19   tenu des éléments que vous avez pris en considération lors de votre

 20   analyse. 

 21   Q.  La formation -- la formulation d'une conclusion dépend-elle de la

 22   quantité des indicateurs positifs ou des indications positives que vous

 23   avez obtenues au sujet d'un problème ? Je vais essayer d'être un peu plus

 24   clair. Les conclusions sont-elles formées en faisant de la sorte suivante :

 25   On prend un certain nombre de documents traitant d'une problématique donnée

 26   ? Est-ce que vous essayez de trouver un dénominateur commun pour tirer vos

 27   conclusions ou est-ce que vous procédez autrement ?

 28   R.  C'est précisément de la sorte. Il y a des processus d'analyse, et vous


Page 20038

  1   classifiez les jeux de documents qui ont un dénominateur commun vous

  2   permettant de tirer une conclusion donnée. Il n'est pas possible de prendre

  3   une seule source pour tirer des conclusions, des évaluations, faire des

  4   pronostiques, tirer des positions ou des conclusions partant d'une seule

  5   source. En procédant à des recherches dans un domaine, on part d'une

  6   prémisse, à savoir que vous disposez de plusieurs documents vous permettant

  7   de tirer une conclusion pertinente.

  8   Q.  Quelle est la situation, Monsieur Bajagic, pour ce qui est du cas de

  9   figure où vous avez un certain nombre de documents qui confirment un

 10   dénominateur commun et un certain nombre d'autres qui contestent le

 11   dénominateur commun en question ? Comment tirez-vous, dans ce cas-là, vos

 12   conclusions ?

 13   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre.

 14   Monsieur Bajagic, avant que de commencer à répondre à la question de Me

 15   Zecevic, je crois qu'il serait utile de nous tirer au clair ce qui était le

 16   dénominateur commun, à votre avis, que vous avez trouvé à l'occasion de

 17   l'étude que vous avez faite.

 18   Vous avez, en effet, fait référence à la possibilité qui était celle

 19   d'identifier un dénominateur commun dans la documentation que vous avez

 20   analysée. Alors M. Zecevic vous a demandé quelle était l'approche à adopter

 21   dans le cas où vous trouveriez des informations qui contrediraient ce

 22   dénominateur commun.

 23   Alors avant que vous ne poursuiviez avec votre réponse à la question

 24   de Me Zecevic, ma question est celle de savoir quel est ce dénominateur

 25   commun que vous auriez utilisé pour fonder vos conclusions sur celui-ci ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] S'agissant de ce dénominateur commun, pour

 27   parler d'une conclusion générale, je n'ai pu y aboutir qu'à la fin de mes

 28   recherches. Je n'ai pas pu le qualifier de façon absolue dès le début. J'ai


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  1   pu formuler une hypothèse : Il y a cette République serbe de Bosnie-

  2   Herzégovine qui a été créée dans des conditions fort complexes du point de

  3   vue politique et autres. Pour ce qui est du rapport qui en parle, il est

  4   impossible de prendre le rapport d'expert dans son ensemble pour résumer en

  5   une phrase le dénominateur commun en question. Ça peut être la conclusion

  6   qui, à la lecture de ce rapport d'expert, pourrait venir à être définie.

  7   Lorsque nous avons une partie et une autre partie en présence, j'ai dit

  8   qu'il pouvait y avoir un degré plus ou moins grand de probabilité

  9   permettant de tirer des conclusions. Si nous avons une espèce de balance et

 10   un poids égal d'un côté et de l'autre, lorsque vous procédez à des

 11   estimations vous ne portez pas des jugements définitifs. Compte tenu du

 12   fait que les problèmes individuels dans le rapport d'expert ne sauraient

 13   être arrachés de leur contexte pour être pris en considération de façon

 14   séparée, il y a des faits indirects et des problèmes indirects qui sont

 15   liés à ce rapport et qui sont traités dans d'autres segments qui nous

 16   permettent de tirer des conclusions relatives.

 17   En tout cas, il y a une certaines thèses qui l'emportent et c'est ce

 18   qui permet de dire clairement les choses. Lorsqu'il existe une espèce de

 19   balance, il convient de procéder à l'étude de la recherche en entier pour

 20   essayer de soupeser l'un et l'autre et tirer une conclusion générale.

 21   C'est à cet effet ou dans ce contexte que j'ai essayé de répondre,

 22   Monsieur le Juge, à votre question et à celle de M. Zecevic. J'espère avoir

 23   été un peu plus clair. Je peux essayer, si vous le souhaitez, d'aller plus

 24   en avant.

 25   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci. Nous avons votre rapport, et

 26   nous l'avons lu. J'ai juste souhaité vous fournir une opportunité de tirer

 27   certaines conclusions au clair, conclusions que vous avez tirées, et qui

 28   sont sujettes à des interprétations. Mais nous allons nous pencher plus en


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  1   détail dessus.

  2   Veuillez continuer, Maître Zecevic.

  3   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci.

  4   Q.  Monsieur Bajagic, lorsque je vous ai posé mes questions au sujet de ces

  5   dénominateurs communs, j'avais à l'esprit des questions spécifiques de

  6   prises en considération, et je vous demanderais de répondre à ceci : Est-ce

  7   que chaque question spécifique, que vous avez abordée dans votre rapport

  8   d'expert, qui ont-elles fait l'objet de conclusion, est-ce que donc le

  9   processus en question que vous avez évoqué a été utilisé dans chaque cas

 10   concret ?

 11   R.  Dans chaque partie du rapport on a procédé de la même façon la

 12   méthodologie est uniforme, on prend cette méthodologie dans chaque chapitre

 13   et ça découle comme conclusion à la fin du rapport. La méthodologie était

 14   toujours la même on a pris la totalité des faits de la documentation qui

 15   m'a été accessible pour la rédaction de mon rapport.

 16   Q.  Merci. Monsieur Bajagic, penchons-nous sur la teneur même de votre

 17   rapport.

 18   Dans le premier chapitre, sous l'intitulé : "Constitution de la République

 19   serbe de Bosnie-Herzégovine et mise en place des instances de l'autorité de

 20   l'Etat," vous avez abordé ce chapitre de votre rapport pour le départager

 21   en quatre parties. Est-ce que vous pourriez, je vous prie, résumer, de vos

 22   avis, quelles sont les caractéristiques les plus importantes de la crise

 23   politique et la crise de l'Etat en Bosnie-Herzégovine qui ont eu une

 24   influence quelconque sur ce qui a fait l'objet de votre étude ou de vos

 25   recherches, je parle du Ministère de la République serbe de Bosnie-

 26   Herzégovine ?

 27   R.  Quand on se penche sur cet intitulé, l'intitulé du premier chapitre et

 28   les quatre parties qui constituent des volets sous-jacents liés aux


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  1   problèmes, on peut voir que mon intention était celle-ci mon souhaite de

  2   parler en détail du ministère de cette République serbe de Bosnie-

  3   Herzégovine a fait que j'ai dû le situer dans un contexte social, politique

  4   et autre qui était celui de l'époque. Comme on peut le deviner, la crise

  5   qui était généralisée sur le territoire de l'ex-RSFY s'est répercutée aussi

  6   sur ce territoire de la Bosnie-Herzégovine.

  7   Les élections pluripartites qui ont eu lieu en Bosnie-Herzégovine ont mis

  8   en place un système de pouvoir et structures -- et la structure de trois

  9   volets du pouvoir suivant des modalités qui du moins à l'époque avaient

 10   laissé croire qu'on allait pouvoir surmonter les problèmes qui étaient

 11   survenus dans les autres républiques. Etant donné le fait que lors de ces

 12   élections il y a eu trois partis à l'emporter, à savoir le Parti de

 13   l'Action démocratique, le Parti démocratique serbe, et la communauté

 14   démocratique croate, et c'est sur ces bases-là que c'est constituée

 15   l'autorité en Bosnie-Herzégovine en 1990 et 1992, donc ce fait s'est

 16   répercuté sur les événements dans leur ensemble en Bosnie-Herzégovine, ça

 17   s'est répercuté aussi sur la totalité des instances de l'administration de

 18   l'Etat, de l'Etat, en tant que tel, et de leur façon de fonctionner. Le

 19   ministère de l'Intérieur s'est retrouvé dans le même bain en République

 20   socialiste de Bosnie-Herzégovine, il y a eu un ordre d'événements, une

 21   suite d'événements. On est parti des problèmes qui ont été considérés comme

 22   étant mineurs, puis on est arrivé au ministère de l'Intérieur en général

 23   pour la République socialiste de Bosnie-Herzégovine dans son ensemble.

 24   Q.  Quand vous parlez des problèmes qui sont énumérés ici dans ce chapitre,

 25   est-ce que vous pouvez brièvement nous dire votre avis, en faisant

 26   référence aux paragraphes pertinents de votre analyse, s'agissant des

 27   problèmes que vous avez à l'esprit et nous dire aussi pourquoi selon vous

 28   tels ou tels autres problèmes se trouvaient être particulièrement


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  1   importants ?

  2   R.  Etant donné les indications de départ que j'ai évoquées au sujet de la

  3   crise politique et la crise de l'Etat en Bosnie-Herzégovine, ça va des

  4   paragraphes 1 à 14. J'ai considéré que la meilleure des façons de procéder

  5   était celle d'analyser, de façon spécifique, les activités des trois agents

  6   politiques fondamentaux impliqués dans cette situation à la période donnée.

  7   J'ai pris toutes les sources et les informations que j'ai pu avoir. J'ai

  8   aussi pris une documentation plus grande en matière de recherches aux fins

  9   de prendre -- d'englober la totalité des éléments qui ont influé sur la

 10   vie, sur les activités de tout un chacun en République socialiste de

 11   Bosnie-Herzégovine. Il y a eu beaucoup de questions à aborder au fil des

 12   recherches effectuées, et on n'aurait pas pu les aborder sans le chapitre

 13   1.

 14   Alors en dépit du fait que ces parties du point de vue d'une coalition

 15   avaient établi un accord inter parti pendant la période évoquée, la

 16   documentation mise à ma disposition a rendu évident le fait, que sur bon

 17   nombre de questions importantes, il y a eu des rapports entre ces

 18   différents intervenants qui se sont installés à un niveau plutôt bas du

 19   point de vue de la coopération sincère à laquelle on aurait pu s'attendre,

 20   du fait de l'existence d'un accord au niveau de la coalition, et ces

 21   parties ont fait des choses distinctes qui allaient à l'encontre de cette

 22   entité unifiée qui était censée être l'Etat.

 23   Je ne vais pas spécifier les différents paragraphes, mais je dirais que

 24   s'agissant de chacune des parties en présence, j'y ai consacré des

 25   paragraphes pour ce qui est donc des éléments importants à prendre en

 26   considération du point de vue du ministère de l'Intérieur notamment.

 27   Q.  Je vais vous demander de parler un peu plus lentement dans l'intérêt de

 28   nos interprètes afin qu'ils puissent vous suivre. Ayez l'amabilité de le


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  1   faire, je vous prie.

  2   Essayez de nous tirer au clair une phrase que vous avez inscrite ici. En

  3   page 31, lignes 5 et 6 du compte rendu, vous avez dit que la coopération

  4   s'est faite à un niveau bien inférieur à celui que l'on aurait pu escompter

  5   du fait de cet accord des parties en coalition, et que bien au contraire,

  6   de tout ce qui a été convenu chacun des parties avait procédé à des

  7   agissements ou actes qui ici, on a parlé du contexte dans le compte rendu

  8   d'audience. Mais je crois que vous avez dit quelque chose de différent, et

  9   c'est la raison pour laquelle je vous pose ma question : Ces faits et

 10   gestes de chacune des parties en présence, sur quoi cela a-t-il surtout

 11   influé ? Est-ce que ça influé sur le fonctionnement de l'état en tant que

 12   tel ou sur autre chose ?

 13   R.  Ces faits et gestes, ces agissements se sont considérablement reflétés

 14   sur le fonctionnement des organes de l'Etat, de l'administration de l'Etat.

 15   Q.  Quand vous dites "se sont reflétés," est-ce que vous utilisez cette

 16   expression dans un contexte positif ou négatif ? Y a-t-il une connotation

 17   positive ou négative ? Ce que je veux dire par là, si ceci se reflète sur

 18   le fonctionnement des organes de l'Etat, est-ce que ça se reflète du point

 19   de vue d'un bon fonctionnement ou d'un mauvais fonctionnement de ces

 20   organes ?

 21   R.  La raison de l'évoquer, c'est précisément le fait que ça s'est reflété

 22   de façon négative sur les organes de l'Etat y compris le ministère de

 23   l'Intérieur de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine, à l'époque.

 24   Q.  Est-ce que de votre avis chacun des partis en coalition a eu sa propre

 25   intention de se muer en parti principal, ou pas ?

 26   R.  Le fait est que les trois partis qui l'ont emporté aux élections ont eu

 27   un certain pourcentage de vote. C'est  ainsi que c'est constitué l'autorité

 28   en application de l'accord interpartis, et compte tenu de certains


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  1   documents que j'ai eu l'occasion d'analyser, l'impression que j'ai eue

  2   c'est que c'est notamment le Parti de l'Action démocratique qui s'est

  3   efforcé de réaliser une influence prédominante en particulier s'agissant

  4   des ministères que dans un certain jargon on qualifie de ministère de la

  5   force, c'est-à-dire le ministère de la Justice, le ministère de

  6   l'Intérieur, et celui de la Défense.

  7   Je l'ai indiqué dans un certain nombre de paragraphes, en étayant les

  8   affirmations de documents qui se trouvent être pertinents en tant que

  9   sources, pour ce qui est des conclusions tirées.

 10   Q.  Fort bien. Si je me réfère à votre méthodologie, et du cheminement que

 11   vous avez suivi, j'en arrive à l'un des intervenants, à l'une des parties

 12   que vous avez évoqué, le Parti de l'Action démocratique. Ça va des

 13   paragraphes 14 à 52, me semble-t-il, de votre rapport.

 14   Est-ce que vous pouvez être plus concret, et nous dire de façon spécifique

 15   quels sont les agissements, quels sont les activités qui au niveau de cette

 16   intervenant-là qui ont eu à votre avis une importance particulière pour ce

 17   qui a fait l'objet de votre étude ?

 18   R.  Entre autres, il y a eu plusieurs phénomènes cruciaux que j'ai relevés

 19   lorsqu'il est question de ces activités de -- une partie de l'Action

 20   démocratique, s'agissant en particulier de ce qui relève des attributions

 21   du ministère de l'Intérieur. Au premièrement, je dirais que lors de

 22   l'analyse de certaines sources, j'ai tiré les conclusions suivantes : le

 23   Parti de l'Action démocratique a fait preuve d'une aspiration tout à fait

 24   particulière, pour ce qui est d'exercer une influence prédominante au

 25   niveau du choix des cadres dans le ministère de l'Intérieur, en violant

 26   l'accord interpartis pour ce qui est du partage des fonctions; c'est-à-dire

 27   directeur, directeur adjoint, directeur des différentes administrations.

 28   Deuxième problème, c'est que cet intervenant a complètement oublié, négligé


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  1   le fait que le ministère de l'Intérieur de la République socialiste de

  2   Bosnie-Herzégovine, pendant des dizaines d'années déjà avait un système de

  3   formation, d'éducation et de spécialisation de ces cadres en son propre

  4   sein. Et en s'ingérant dans la politique des cadres, ils ont délibérément

  5   envoyé un grand nombre de militants du parti pour suivre des stages de

  6   formation en République de Croatie, pendant toute l'année 1991, et ils

  7   reviendront pour être des réservistes en grand nombre et membres d'active

  8   du MUP en 1991 et 1992.

  9   Le problème suivant, c'est que ce Parti de l'Action démocratique,

 10   nonobstant le fait qu'il y avait déjà des instances chargées du domaine de

 11   la sécurité à tout point de vue, ont, dès 1991, exercé des activités qui

 12   visaient à un armement clandestin d'un grand nombre de ces militants,

 13   activistes ou sympathisants. A ce titre, on peut voir les faits qui sont

 14   énumérés dans ce rapport d'expert portant sur la création clandestine d'une

 15   Ligue patriotique de formation paramilitaire autre.

 16   La résultante, ce sont -- c'est ce qui s'est produit pendant les

 17   premiers mois de 1992, où il y a cette proclamation faite par la Ligue

 18   patriotique, et la création d'autres institutions, politiques et

 19   militaires, c'est-à-dire conseil militaire de la Ligue patriotique du SDA,

 20   l'alliance -- ou le Conseil chargé de la Défense.

 21   Alors ça, ce sont des éléments fondamentaux qui permettent de tirer

 22   des conclusions disant que le SDA s'est efforcé d'intervenir à l'extérieur

 23   des institutions du système qui existait à l'époque, pour faire quelque

 24   chose ou pour entreprendre des mesures visant à réaliser leurs intérêts

 25   politiques.

 26   Q.  Merci. Au paragraphe 3, vous avez abordé les activités de ce deuxième

 27   intervenant, si je puis m'exprimer ainsi, le parti de la communauté

 28   démocratique croate, le HDZ. Ça se trouve être cité aux paragraphes 52 à 80


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  1   de votre rapport.

  2   Est-ce que vous pouvez résumer brièvement les agissements de ce deuxième

  3   intervenant dans la coalition des partenaires politiques ? Je veux dire ici

  4   le HDZ.

  5   R.  Bien. Le Conseil ou la Communauté démocratique croate a aussi fait

  6   preuve de certaines aspirations. Ils sont partis de leurs intérêts à eux

  7   pour protéger de façon plus efficace les intérêts de la Communauté croate

  8   en Bosnie-Herzégovine. Mais le HDZ, étant l'un des partis gagnant aux

  9   élections - non seulement en 1991 mais il y a des sources qui l'indiquent

 10   pour l'année 1990 - ils ont commencé à mettre en place une forme

 11   d'organisation qui a été qualifiée de Communauté croate d'Herceg-Bosna.

 12   C'est le problème de cette fameuse troisième entité.

 13   Alors bien que la date officielle de cette Communauté croate

 14   d'Herceg-Bosna se trouve être celle du 18 novembre 1991, mais pendant toute

 15   l'année 1990 déjà, il y a des échanges, ou toute l'année 1991 et la moitié

 16   de l'année 1990, il y a des échanges de courrier entre les intervenants

 17   politiques qui indiquent que cette communauté existe bel et bien déjà.

 18   C'est la conséquence des activités des autres partis en présence qui ont

 19   fourni cette toile de fond, et puis ça a donné lieu au Conseil croate de la

 20   Défense, à la création du Conseil croate de la Défense, où ils ont été

 21   majoritaires. Bien entendu, cette Communauté démocratique croate était

 22   étroitement liée à celle qui existait déjà en République de Croatie. La

 23   coopération était très étroite sur toutes questions d'importance.

 24   Q.  Un instant. J'ai besoin d'un petit éclaircissement. Le Conseil

 25   croate de la Défense, veuillez expliquer ce que c'est.

 26   R.  Le Conseil croate de la Défense c'est l'organisation militaire de la

 27   Communauté croate d'Herceg-Bosna. C'est une organisation qui s'ests créée

 28   en tant que force militaire distincte.


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  1   Q.  Merci. Pouvez-vous à présent nous expliquer le paragraphe 4, les

  2   activités du troisième partenaire à la coalition, le SDS, et comme pour les

  3   deux premiers partis, nous fournir les caractéristiques fondamentales qui,

  4   selon vous, ont influer sur ce qui a fait l'objet de vos recherches ?

  5   R.  Comme les deux autres partis, le Parti démocratique serbe a représenté

  6   la communauté serbe en Bosnie-Herzégovine. Ce parti a également déployé des

  7   activités conformément à ce qui se passait en Bosnie-Herzégovine et

  8   conformément à ce qui caractérisait la vie politique à l'époque. Certaines

  9   caractéristiques fondamentales se résument à la création des Krajinas

 10   autonomes et des régions autonomes serbes dès 1991, automne 1991, si mes

 11   souvenirs sont bons. Bien entendu, dès le début de l'année 1992,

 12   l'Assemblée du peuple serbe en Bosnie-Herzégovine a adopté une déclaration

 13   ou a proclamé une constitution de la République serbe de Bosnie-Herzégovine

 14   et a adopté toute une série de lois qui vont être importantes pour notre

 15   analyse de ce qui s'est passé, étant donné que l'analyse des trois

 16   intervenants politiques en présence nous permet de conclure du fait qu'il y

 17   a eu des activités de déployées par les trois partis en présence en vue de

 18   réaliser leurs intérêts respectifs.

 19   Ceci a influé sur le fonctionnement des organes de l'Etat au sein de

 20   cette République socialiste de Bosnie-Herzégovine, et c'est ce qui a généré

 21   les problèmes qui sont survenus ultérieurement. Tout ceci s'est produit

 22   dans une ambiance où les trois partis, officiellement, avaient pris part

 23   sous un patronat international à la solution de la crise survenue en

 24   Bosnie-Herzégovine, et c'est vers la fin de l'hiver, début printemps en

 25   1992, qui se solderont par l'adoption d'un certain nombre de documents

 26   appelés : "Accord de Lisbonne et découlant du plan Cutileiro."

 27   Q.  Fort bien.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce que vous en avez terminé avec


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  1   les activités des trois protagonistes, tel qu'évoqué au paragraphe 3 ?

  2   M. ZECEVIC : [interprétation] J'allais aller de l'avant. Mais faites donc,

  3   Monsieur le Juge, pour ce qui est de questions que vous auriez à poser.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Dans cette partie de votre rapport,

  5   celle où vous décrivez l'action des trois intervenants, comme les a appelés

  6   Me Zecevic, ce qui me frappe, sans même me plonger dans le contenu détaillé

  7   de ce passage de votre rapport, c'est que l'analyse que vous faites du SDS

  8   occupe 38 pages, alors que 28 pages sont consacrées à l'analyse du HDZ, et

  9   que trois pages sont consacrées au SDS, ce qui semble assez déséquilibré.

 10   Avez-vous une explication logique à ce sujet ?

 11   [La Chambre de première instance se concerte]

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vois qu'au compte rendu

 13   d'audience, il est fait mention du SDS à deux reprises, alors qu'en fait,

 14   la première fois que le SDS est mentionné, il convient de remplacer "SDS"

 15   par "SDA."

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Evidemment, on constate à la lecture du

 17   rapport que le nombre le plus important de pages est consacré à l'analyse

 18   de l'action des dirigeants politiques du SDA, suivi par le HDZ et le SDS.

 19   L'une des raisons qui explique ce fait, c'est d'abord la méthodologie que

 20   j'ai utilisée, ensuite le fait que j'ai décidé de consacrer la dernière

 21   partie de mon rapport à l'analyse de l'action du ministère serbe et du

 22   Parti serbe, aussi bien de facto que de jure. Peut-être n'ai-je pas voulu

 23   surcharger mon rapport de faits connus de tous qui avaient déjà été évoqués

 24   dans le rapport du témoin expert M. Nielsen ? Je n'ai pas voulu faire ce

 25   que je qualifierais de copie du rapport de M. Nielsen.

 26   Malgré ce déséquilibre, si nous ne parlons du nombre de pages actuellement

 27   consacré, je me rends compte que le nombre de pages consacrées aux uns et

 28   aux autres, il importe, à mon avis, de souligner que les trois parties ont


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  1   agi de leur propre volonté. C'est un point que j'évoque de façon critique

  2   dans mon rapport, le fait que chaque partie agissait à sa guise, et ceci

  3   correspond à ce qu'a dit le Pr Nielsen. Donc ceci ne constitue pas une

  4   grande différence entre les uns et les autres dans ce rapport. Les seules

  5   différences concernent les faits.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.

  7   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  8   Q.  Monsieur Bajagic, alors que vous parliez de la participation de l'un

  9   des intervenants à la création de la crise et cet intervenant était le SDS,

 10   vous avez parlé de la création des régions autonomes, et avant cela, vous

 11   aviez déjà évoqué la création de la Communauté croate d'Herceg-Bosna. Alors

 12   veuillez nous dire, je vous prie, dans quelle mesure à votre avis cette

 13   création de structure régionale a affecté le fonctionnement de l'Etat et

 14   des organes de l'Etat de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine

 15   dans la période qui s'étend de 1990 à 1992.

 16   R.  Evidemment, les événements survenus en 1990 et 1992 ont eu une

 17   incidence significative sur le fonctionnement des organes de l'Etat. Il est

 18   vraisemblable que tous les organes de l'Etat, quels qu'ils soient ont

 19   fonctionné de façon plus difficile. En dépit du fait que le processus de

 20   paix avait été lancé et que des accords de paix étaient en négociation.

 21   Pour une direction d'Etat, comme celle d'un ministère de l'Intérieur, ceci

 22   a constitué une circonstance aggravante considérable car tout de même le

 23   ministère de l'Intérieur a une organisation et une hiérarchie tout à fait

 24   spécifique dans n'importe quel pays. C'est un organe d'Etat qui a un

 25   domaine de travail très sensible quel que soit l'Etat concerné.

 26   Dans de telles conditions, je veux parler de conflits entre les partis et

 27   d'ingérence politique dans l'aspect professionnel du travail du ministère,

 28   il devient effectivement très difficile de fonctionner correctement.


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  1   Q.  Je vous remercie. J'aimerais que nous nous penchions sur l'intercalaire

  2   28. Vous trouverez les intercalaires dans les deux classeurs qui sont

  3   situés à votre gauche sur votre table. Il nous faut en fait maintenant

  4   l'intercalaire 27, qui correspond à votre note en bas de page 71.1, et le

  5   document est le document 1D141.

  6   Ce document, Monsieur, compte trois pages. Dans votre rapport, votre note

  7   en bas de page 71.1 correspond à ce document. Pouvez-vous, dans ces

  8   conditions, nous expliquer quelle est la nature exacte de ce document, quel

  9   est son objet, et pour quelle raison vous avez considéré que ce document

 10   devait être évoqué dans une note en bas de page de votre rapport ?

 11   R.  Il s'agit d'un document qui effectivement compte trois pages.

 12   En première page, nous trouvons une lettre qui se compose de quelques

 13   phrases qui est adressée par M. Mate Boban, président de la Communauté

 14   croate d'Herceg-Bosna; au président de la République de Croatie de

 15   l'époque, M. Franjo Tudjman, dont le nom n'apparaît pas, mais nous savons

 16   qu'il était le président de la Croatie.

 17   M. Mate Boban envoie le document que l'on trouve en page 2.

 18   Q.  Peut-on afficher à l'écran la page 2 du document grâce au prétoire

 19   électronique ?

 20   R.  Donc c'est une décision officielle qui a été publiée au journal

 21   officiel de la Communauté croate d'Herceg-Bosna et nous sommes ici en

 22   présence de décision qui ressemble déjà beaucoup à des décisions d'Etat

 23   puisqu'elles sont publiées dans un journal officiel, et cetera. Cette

 24   décision porte sur la création de la Communauté croate d'Herceg-Bosna. Elle

 25   comporte neuf points. Dans ces neufs points, il est indiqué donc la

 26   Communauté croate d'Herceg-Bosna est créée, qu'il s'agit d'une entité

 27   politique, culturelle, qui a son siège à un endroit cité dans le document,

 28   et qui est ouverte à d'autres municipalités. Je ne vais pas décrire le


Page 20051

  1   contenu de chacun de ces points.

  2   En page 3 --

  3   Q.  Voyons la page 3 à l'écran dans le prétoire électronique.

  4   R.  Donc on a en page 3 une liste où nous voyons la signature des

  5   représentants des municipalités et des villes qui ont rejoint la Communauté

  6   croate d'Herceg-Bosna. Il s'agit donc sans doute des signatures des maires

  7   de ces villes et localités.

  8   Il est indiqué également en particulier dans la note en bas de page, comme

  9   je le pense, moi-même, que la Communauté croate d'Herceg-Bosna, en 1991

 10   déjà, et ce, de façon officielle a été créée en tant qu'aspect

 11   d'organisation régionale assez vaste, étant donné que le territoire couvert

 12   par cette structure régionale était relativement important, nous le voyons

 13   au nombre des localités et villes qui en font partie. Bien entendu, il

 14   existe d'autres documents qui traitent également du fonctionnement et de la

 15   création de la Communauté croate d'Herceg-Bosna dans la période dont nous

 16   parlons.

 17   Q.  Revenons à la page 2 de ce document, et je vous prierais, de commenter

 18   cette page 2.

 19   Ce qui m'intéresse plus particulièrement c'est le commentaire que vous

 20   pourrez faire au sujet de l'article 5 que l'on voit dans cette page, et

 21   notamment au sujet de cette référence que l'on voit dans le texte à de la

 22   Bosnie-Herzégovine par rapport à la Yougoslavie.

 23   R.  Il est indiqué ici que la Communauté croate d'Herceg-Bosna respectera

 24   les autorités démocratiquement éluées de la République de Serbie, aussi

 25   longtemps que la Bosnie-Herzégovine existera en tant qu'état indépendant

 26   par rapport à l'ancienne Yougoslavie ou à la Yougoslavie à venir.

 27   Autrement dit, il est indiqué que la Communauté croate d'Herceg-Bosna

 28   respectera les structures politiques et juridiques existantes aussi


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  1   longtemps qu'un lien existera avec la Yougoslavie. La question de savoir ce

  2   qui se passerait si la Yougoslavie se séparait entièrement de la

  3   Yougoslavie est une question qui n'est pas encore réglée.

  4   Q.  Monsieur Bajagic, à quel moment est-ce que la Bosnie-Herzégovine

  5   a été reconnue en tant qu'état indépendant ?

  6   R.  Cela s'est passé au début de l'année 1992.

  7   Q.  Merci. Je vous prierais à présent de commenter en quelques mots

  8   l'article 7 de ce document, qui porte sur les différents éléments composant

  9   la présidence de la communauté.

 10   R.  "L'instance suprême de la Communauté croate d'Herceg-Bosna est

 11   représentée par la présidence qui compte un certain nombre de représentants

 12   du peuple croate, issus des pouvoirs municipaux."

 13   Donc il n'est fait mention que du peuple croate et de rien d'autre.

 14   Je crois que la deuxième phrase de cet article n'est pas aussi importante,

 15   mais elle se lit comme suit, je cite :

 16   "Ou par les présidents des conseils municipaux du HDZ…"

 17   Donc ceci indique quelle est l'importance de la volonté de l'Union

 18   démocratique croate qui était l'un des partis victorieux à l'issue des

 19   élections de 1990.

 20   Q.  Je vous remercie. Penchons-nous maintenant sur l'intercalaire 28 qui

 21   correspond à votre note en bas de page 93. Le document concerné étant le

 22   document 1D --

 23   M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, avant de poursuivre,

 24   j'aimerais savoir si Me Zecevic va proposer au versement de ce document ou

 25   s'il prévoit de préposer un autre document pour versement au dossier ou

 26   s'il veut demander le versement au dossier de tous les documents en même

 27   temps.

 28   M. ZECEVIC : [interprétation] Mais ce document est déjà une pièce à


Page 20053

  1   conviction. Il s'agit de la pièce 1D141.

  2   M. HANNIS : [interprétation] D'accord.

  3   M. ZECEVIC : [interprétation] Je parle du document que nous venons de

  4   regarder. Celui sur lequel nous allons nous pencher maintenant étant la

  5   pièce 1D2.

  6   Q.  Ce document faisant également partie de votre rapport, puisqu'il en est

  7   fait mention dans une note en bas de page. Je vous demanderais de commenter

  8   brièvement et de nous expliquer pourquoi vous avez jugé important d'évoquer

  9   ce document dans votre note en bas de page.

 10   R.  Le document précédent datait du 18 novembre, à savoir la date

 11   officielle de création de la Communauté croate d'Herceg-Bosna. Ce document-

 12   ci - et je l'explique au paragraphe 70 de mon rapport - j'explique donc que

 13   certaines formes d'organisations régionales soutenues par le HDZ et par la

 14   Communauté régionale de Travnik existaient déjà à ce moment-là, et

 15   constituaient donc une structure régionale, typique de ce que souhaitait le

 16   HDZ pendant toute l'année 1991.

 17   Ce qui -- mais il n'est pas indiqué à quel moment exact cette

 18   structure a été mise en place, il est simplement indiqué qu'une réunion a

 19   eu lieu le 12 novembre, c'est-à-dire six jours avant la création officielle

 20   de l'Herceg-Bosna, ce qui montre que pendant l'année 1991, une certaine

 21   forme d'organisation régionale était déjà en train de se mettre en place,

 22   avec création d'un certain nombre de régions.

 23   Il est même indiqué ici que ces communautés régionales initiales

 24   avaient commencé à se créer déjà auparavant. Ça, c'est un point. Et puis,

 25   donc c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai utilisé ce document.

 26   L'autre étant que ce document indique l'objectif ultime qui devait être

 27   celui du peuple croate.

 28   Q.  Ceci figure en page 2, n'est-ce pas ?


Page 20054

  1   R.  Oui, au paragraphe 70 de mon rapport, c'est en page 2 de ce document,

  2   oui.

  3   Pour les initiateurs de ces structures régionales, l'objectif final était

  4   de mettre en place une Communauté croate d'Herceg-Bosna, qui pourrait avoir

  5   un lien structurel avec la République de Croatie.

  6   Q.  Je vous remercie. Le document suivant est l'intercalaire 34 qui

  7   correspond à votre note en bas de page, 149.4.

  8   M. HANNIS : [interprétation] Excusez-moi, Maître Zecevic.

  9   Mais, Monsieur le Président, je remarque dans ma traduction anglaise

 10   du paragraphe 70 du rapport, qui fait référence à la note en bas de page 93

 11   dont il vient d'être question, nous trouvons la mention "texte illisible,"

 12   pour une remarque de M. Bajagic. Je me demandais si Me Zecevic pourrait

 13   nous aider à comprendre ce qui figure dans le texte original, car il

 14   apparaît qu'un certain passage n'a pas été traduit, en tout cas, dans ma

 15   traduction anglaise.

 16   M. ZECEVIC : [interprétation] Excusez-moi, c'est en page 1, je suppose.

 17   M. HANNIS : [interprétation] Je regarde le paragraphe 93, qui correspond au

 18   paragraphe 34 de la traduction anglaise. Dernière remarque du paragraphe

 19   70, excusez-moi, c'est le paragraphe 70 et non 93 de la page 34, où l'on

 20   voit une référence à la note en bas de page 93.

 21   M. ZECEVIC : [interprétation]

 22   Q.  Pourriez-vous expliquer ce qui suit. A la fin du paragraphe 70 de votre

 23   rapport, nous voyons la mention "texte illisible" suivi des mots suivants,

 24   "remarque de M. Bajagic." Ceci figure entre parenthèses. Pourriez-vous nous

 25   expliquer quel est le sens à donner à ces mots qui sont intégrés au

 26   document ?

 27   R.  Il est fait référence aux dernières lignes de la page 1 du document.

 28   C'est ce passage qui a justifié la remarque faite par moi, car je ne


Page 20055

  1   voulais pas me lancer dans des conjectures. Si quelque chose est illisible,

  2   il importe de l'indiquer clairement.

  3   M. ZECEVIC : [interprétation] Voyons la première page à l'écran, première

  4   page du document.

  5   Monsieur Hannis, je me vois contraint de compatir avec le CLSS, et je

  6   comprends bien aussi que M. Bajagic ait eu d'énorme difficulté à lire ce

  7   qui figure à la fin de cette page 1, dans le texte original.

  8   Q.  Donc document suivant, intercalaire 34, ce document est la pièce P1880,

  9   qui correspond à votre note en bas de page, 149.4.

 10   Comme on peut le lire dans la note en bas de page en question, ce document

 11   est également un document qui concerne une des structures régionales créées

 12   dans le territoire dont nous parlons. Pouvez-vous nous considérer pourquoi

 13   vous avez estimé ce document suffisamment important pour en faire état dans

 14   votre note en bas de page ?

 15   R.  Comme je l'ai déjà dit, tous les intervenants politiques défendaient

 16   des positions bien déterminées et accomplissaient des actes bien

 17   déterminés, ce qui -- et ce document prouve que la partie serbe en Bosnie-

 18   Herzégovine a, dans certaines régions, et pendant l'année 1991, agi d'une

 19   façon assez similaire en commençant à s'organiser au niveau régional.

 20   Nous sommes ici en présence d'une décision qui a pour but d'amputer

 21   la République fédérative socialiste de Yougoslavie d'une certaine région

 22   qui devient autonome. Je pense que ce document montre de façon très claire,

 23   si tant est que cela était nécessaire, que les gestes de toutes les parties

 24   impliquées dans la vie politique à l'époque devaient être pris en compte.

 25   Ici, il est question donc de la partie serbe. A première vue, je n'ai pas

 26   constaté de différences majeures entre la Communauté croate d'Herceg-Bosna

 27   et la Région autonome serbe de Krajina, et nous voyons donc que ces

 28   structures régionales illustrent une tendance, qui existait et qui


Page 20056

  1   concernait toutes les parties en présence.

  2   J'aimerais maintenant que nous nous concentrions sur un article

  3   précis, si vous le souhaitez.

  4   Q.  Le document parle de lui-même. Je vous remercie.

  5   M. ZECEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vois l'heure qu'il

  6   est. Je m'apprête à passer à un autre sujet, donc peut-être pourrions-nous

  7   faire la deuxième pause.

  8   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Vous ne pourriez pas utiliser le temps

  9   qu'il vous reste --

 10   M. ZECEVIC : [interprétation] Bien sûr, bien sûr, je peux. Je ne me rendais

 11   pas compte qu'il restait encore dix minutes avant l'heure normale de la

 12   pause.

 13   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Il est 11 heures 57, et normalement nous

 14   faisons la pause à 12 heures 05.

 15   M. ZECEVIC : [interprétation] Toutes mes excuses, Monsieur le Président.

 16   Q.  Monsieur Bajagic, en nous penchant sur les exemples que vous avez

 17   présentés, exemples de formation de structures régionales, nous vous avons

 18   entendu dire, n'est-ce pas, que ces créations de structures régionales

 19   avaient eu une incidence bien particulière sur le fonctionnement des

 20   instances d'état de la Bosnie-Herzégovine ? Je vous demande à présent

 21   comment cette régionalisation qui a eu lieu sur le territoire de la Bosnie-

 22   Herzégovine a agi sur la possibilité pour le gouvernement central de

 23   Sarajevo de fonctionner et d'exercer son contrôle gouvernemental.

 24   R.  Le pouvoir central de Sarajevo était composé par les trois partis qui

 25   l'avaient emporté, à l'issue des élections, de façon proportionnelle, bien

 26   sûr. Ce que nous avons pu constater à la lecture des documents cités c'est

 27   que deux de ces partis ont développé un certain nombre d'actions visant à

 28   créer des régions bien précises.


Page 20057

  1   Je me dois également de souligner que cette forme d'organisation

  2   avait été envisagée dans un cadre juridique différent à l'époque de l'ex-

  3   RFSY déjà. Je souligne également que la Bosnie-Herzégovine, pendant toute

  4   l'année 1991, et ce, jusqu'au printemps 1992, a été l'un des membres

  5   constitutifs de la Fédération, fédération qui fonctionnait encore en 1991.

  6   Il importe de ne pas l'oublier.

  7   Quant au pouvoir central de Sarajevo, c'est-à-dire à la troisième partie

  8   intervenant dans le conflit larvé qui existait à l'époque, elle n'a pas

  9   pris de décision allant dans le même sens. Elle s'est contentée d'agir au

 10   niveau du pouvoir central et des institutions de ce pouvoir central, dans

 11   le but de réaliser ses objectifs propres en développant la Bosnie-

 12   Herzégovine en tant que république civile et en s'efforçant de dominer les

 13   deux autres partis membres du gouvernement. Ça c'est ce que l'on peut

 14   constater à la lecture de la première partie du rapport.

 15   Q.  Vous avez parlé de troisième parti en présence. Mais à quoi pensiez-

 16   vous exactement en employant ce terme ?

 17   R.  Je pensais au Parti d'action démocratique et à la création politique

 18   représentative du peuple musulman au sein des instances centrales du

 19   pouvoir.

 20   Q.  Ces structures régionales, est-ce qu'elles ont mis en place leurs

 21   propres organes de pouvoir ?

 22   R.  Pour ce qui est de la Communauté croate d'Herceg-Bosna et de la Région

 23   autonome serbe de Krajina, en créant ces structures régionales, la mise en

 24   place d'organes du pouvoir liés à ces structures régionales était déjà

 25   envisagée, organes du pouvoir qui pouvaient se comparer à des organes

 26   d'Etat.

 27   Je crois pouvoir dire que dans la première partie de mon rapport dans

 28   laquelle j'évoque la Communauté croate d'Herceg-Bosna, dans les notes en


Page 20058

  1   bas de page concernant ce chapitre, j'indique que les dirigeants d'un

  2   certain nombre de domaines d'activités, c'est-à-dire, par exemple,

  3   l'Intérieur, l'Economie, et cetera, sont déjà en train d'être nommés. La

  4   même chose s'est faite du côté de l'autre parti qui a créé des structures

  5   régionales.

  6   Q.  Soyons tout à fait clairs. Nous avons évoqué deux exemples de

  7   structures régionales, à savoir la Communauté croate d'Herceg-Bosna et la

  8   Région autonome serbe de Krajina. Est-ce qu'il y a eu d'autres régions ou

  9   structures régionales qui ont vu le jour en Bosnie-Herzégovine à cette

 10   époque-là ?

 11   R.  Bien sûr. Dans le rapport, l'exemple de la création de la structure

 12   régionale de Travnik n'est pas analysée dans le détail, et il y en a eu

 13   d'autres d'ailleurs, ce qui implique, n'est-ce pas, qu'il s'agissait à

 14   cette époque-là d'une tendance tout à fait généralisée pour la Bosnie-

 15   Herzégovine. Il y a eu d'autres structures régionales qui ont été mises en

 16   place.

 17   Q.  [aucune interprétation]

 18   M. ZECEVIC : [interprétation] Maintenant, je vois -- je vois l'heure

 19   maintenant, Monsieur le Président.

 20   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Nous allons faire une pause de 20

 21   minutes.

 22   [Le témoin quitte la barre]

 23   --- L'audience est suspendue à 12 heures 05.

 24   --- L'audience est reprise à 12 heures 28.

 25   [Le témoin vient à la barre]

 26   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.

 27   Q.  Monsieur Bajagic, passons maintenant à la deuxième partie de votre

 28   rapport, le MUP de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine en 1992,


Page 20059

  1   et cela se trouve à la page 34.

  2   Pourriez-vous, en quelques mots, s'il vous plaît, nous résumer les

  3   caractéristiques de cette période ? Je vais vous le présenter ainsi les

  4   travaux du MUP à cette époque-ci lorsque en République socialiste de

  5   Bosnie-Herzégovine ? Après que les parties représentant différents groupes

  6   ethniques aient gagné l'élection et une fois la coalition formée.

  7   R.  Alors si je regarde les faits déjà présentés et compte tenu de

  8   l'atmosphère ou le climat social en Bosnie-Herzégovine à la veille des

  9   élections pluripartites, la République socialiste de Bosnie-Herzégovine

 10   s'est trouvée dans uns situation assez complexe. Nous savons, qu'il y avait

 11   un accord de coalition, à savoir les trois partis qui avaient gagné les

 12   élections, la division ou la répartition des représentants était la même

 13   pour -- dans chaque institution, à savoir il y avait une égalité au plan de

 14   la représentation des groupes ethniques, et les organes de l'Etat, y

 15   compris le MUP, devaient refléter cette répartition qui était le reflet de

 16   chaque parti.

 17   L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète. Veuillez remplacer, après les

 18   élections pluripartites -- avant les élections pluripartites, pardon, par

 19   le sillage des élections pluripartites.

 20   M. ZECEVIC : [interprétation]

 21   Q.  Alors il sera plus facile d'illustrer ce point avec une discussion,

 22   est-ce que nous pouvons regarder la pièce P875. Comme je vous l'ai dit,

 23   j'espère que cela ne posera pas de problème. Il s'agit d'un tableau qui

 24   illustre la structure du MUP de Bosnie-Herzégovine.

 25   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur Hannis.

 26   L'INTERPRÈTE : Me Zecevic, hors micro.

 27   M. ZECEVIC : [interprétation] Peut-être que nous pourrions remettre ceci au

 28   témoin, s'il vous plaît.


Page 20060

  1   Q.  Monsieur Bajagic, veuillez regarder ce document. Il s'agit d'un tableau

  2   qui a été préparé par l'Accusation, et ce tableau est censé représenter la

  3   situation qui prévalait entre le mois de janvier 1991 et le mois de mars

  4   1992, comme l'indique le titre de ce document : "Au sein du ministère des

  5   Affaires étrangères de la République de Bosnie-Herzégovine."

  6   Je vais vous demander de regarder ce tableau et de nous confirmer s'il

  7   s'agit là de votre avis également.

  8   R.  Oui, je vois que, dans ce tableau, le ministre de l'intérieur est Alija

  9   Delimustafic; son adjoint est M. Vitomir Zepinic, et l'un des conseillers

 10   est M. Mico Stanisic.

 11   En dessous, je vois qu'il y a différentes voies hiérarchiques qui sont

 12   représentées, et je vois les représentants officiels qui remplissent

 13   différentes fonctions en tant que dirigeants de ces différentes unités

 14   organisationnelles au sein du ministère. Encore, nous voyons des signes

 15   bleus qui ressemblent à des maisons, et là, nous voyons l'organigramme des

 16   centres de service de Sécurité qui existait à l'époque.

 17   Q.  Merci. Veuillez -- pardonnez-moi si je fais une digression. Je

 18   souhaitais présenter ce tableau. Je vous demande de bien vouloir poursuivre

 19   votre réponse, maintenant, s'il vous plaît.

 20   R.  Comme nous pouvons le voir sur ce tableau, et comme je l'ai dit dans

 21   mon rapport d'expert, sur la base d'un accord entre les parties, les postes

 22   au sein du ministère de l'Intérieur de la République socialiste de Bosnie-

 23   Herzégovine étaient répartis en fonction de l'influence exercée par chacune

 24   des parties. Cela n'est sans doute pas quelque chose que j'ai abordé dans

 25   le détail, mais ceci s'est trouvé refléter dans le principe territoriale de

 26   l'organisation du haut en bas, cela dépendait des régions et cela dépendait

 27   du nombre de votes recueillis par l'une ou l'autre partie au moment des

 28   élections, et ceux évidemment qui avaient obtenu un nombre plus important


Page 20061

  1   de sièges au sein des instances au pouvoir.

  2   Ce qui pose toujours problème pour tout ministère de l'Intérieur est que ce

  3   ministère doit agir conformément à des principes politiques de rationalité

  4   et de professionnalisme; alors, que les partis politiques essayaient

  5   d'exercer une influence sur la politique du ministère. Voici une de mes

  6   principales observations; et dans certaines situations les partis ont

  7   redoublé d'efforts pour essayer d'exercer une influence dominante sur les

  8   membres du MUP et ceci était réalisé malgré les désaccords des autres

  9   partis et il fallait donc que mettre de côté certaines obligations ou

 10   fonctions qui sont inscrites ou qui s'inscrivent dans les textes de loi du

 11   ministère de l'Intérieur. Voici une de mes observations et qui concerne ce

 12   chapitre.

 13   M. ZECEVIC : [interprétation] Veuillez me redonner le tableau, s'il vous

 14   plaît, parce que je pense qu'il est difficile pour l'expert de gérer tous

 15   ces documents qui se trouvent devant lui. Merci beaucoup.

 16   Q.  Veuillez poursuivre, Monsieur Bajagic. Pardonnez-moi.

 17   R.  Alors l'autre observation que je puis faire en rapport avec ceci c'est

 18   que le ministère de l'Intérieur de la République socialiste de Bosnie-

 19   Herzégovine devait tenir compte de ce qui se déroulait sur la scène

 20   internationale et qui portait sur l'avenir ou le destin de la Bosnie-

 21   Herzégovine et de son organisation au plan du territoire. Je veux parler du

 22   processus de négociation qui était en cours sous les auspices de la

 23   communauté internationale. C'était un des éléments qui allait déterminer le

 24   fonctionnement de ce ministère et des affaires intérieures de la Bosnie-

 25   Herzégovine. Ceci est précisé au niveau de la table des matières et au

 26   niveau des avis que j'ai donnés dans mon rapport ou des opinions que j'ai

 27   données dans mon rapport.

 28   Q.  Veuillez me dire ceci, s'il vous plaît, veuillez nous préciser ce que


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  1   signifie le terme tripartite, ce que cela signifie au sens général du

  2   terme, et si ceci s'appliquait au ministère de l'Intérieur de la République

  3   socialiste de Bosnie-Herzégovine ?

  4   R.  Tripartite devrait, dans ce cas, signifier que l'accord entre les

  5   partis doit être respecté à la lettre et les trois forces politiques en

  6   présence doivent avoir une influence égale sur le fonctionnement du

  7   ministère de l'Intérieur, à savoir chacun était sur un pied d'égalité, et

  8   fonctionne sur la base d'une méthode de travail qui a recueilli le

  9   consensus de tous les partis en présence. Cela signifie que les trois

 10   partis en présence sont conscients, de cela et pour ce qui est des

 11   activités telles que définies par l'une ou l'autre partie cela signifie

 12   qu'il y a transparence en terme d'influence sur les travaux du ministère.

 13   Q.  En vous fondant sur votre recherche, ce système tripartite au sein du

 14   ministère de l'Intérieur de la République socialiste de Yougoslavie, a-t-il

 15   été respecté ?

 16   R.  Comme je vous l'ai indiqué ou comme je l'ai précisé dans plusieurs

 17   paragraphes, ce qui a été étayé par différentes sources qui figurent dans

 18   mes notes en bas de page, il est clair que le Parti de l'Action

 19   démocratique a violé l'accord entre les partis, non seulement lorsqu'il

 20   s'agissait de nommer les membres du personnel, mais lorsqu'il s'agissait de

 21   respecter la nomination de hauts représentants officiels au siège du

 22   ministère, mais ils menaient également à bien d'autres actions qui

 23   suggèrent qu'il y a eu une ingérence illégale avec la politique qui était

 24   celle du ministère de l'Intérieur de la République socialiste de Bosnie-

 25   Herzégovine d'alors.

 26   Q.  Au paragraphe 106, page 39 de votre rapport d'expert, je vous demande

 27   de bien vouloir nous faire un commentaire sur le paragraphe 106 et le

 28   paragraphe suivant, à savoir le paragraphe 107.


Page 20063

  1   R.  Au paragraphe 106, pour vous expliquer ce que j'ai déclaré plus tôt, je

  2   parle ici d'instructions portant sur la mobilisation des forces de police

  3   qui ont été données le 26 septembre 1991. Ces instructions ont été signées

  4   par la personne qui était alors vice-ministre de l'intérieur ou ministre

  5   adjoint de l'intérieur, M. Vitomir Zepinic. L'instruction -- les

  6   instructions étaient la conséquence d'un ordre émanant de la présidence.

  7   C'était la conséquence d'un ordre donné par la présidence de Bosnie-

  8   Herzégovine.

  9   Un peu plus loin dans ce paragraphe, je parle du mécontentement des membres

 10   du personnel du MUP, des membres du personnel serbe du MUP, à propos de la

 11   situation, mais je dois vous demander de vous reporter au paragraphe 107 o

 12   je précise qu'un représentant officiel du MUP dans sa dépêche déclare que

 13   la mobilisation des forces de réserve de la police était

 14   anticonstitutionnelle parce que cet ordre ou instruction n'aurait pu être

 15   donnée que par le -- ce qui était alors la RSFY, parce que la Bosnie-

 16   Herzégovine était encore une unité, faisant partie de la Fédération de la

 17   RSFY, à l'époque. Donc dans sa dépêche, M. Mandic cite la décision du

 18   gouvernement de Bosnie-Herzégovine en 1988, décision qui porte sur cette

 19   question, et donc les instructions sur la mobilisation des forces de

 20   réserve de la police, qui a été adoptée le 26 septembre 1991, étant donné

 21   que la Bosnie-Herzégovine était une unité fédérale de la RSFY, à l'époque,

 22   était anticonstitutionnelle et illégale.

 23   Q.  Simplement pour que nous ayons la référence, le document et l'expert

 24   dont nous parlons est une pièce à conviction qui porte le numéro 1D130 en

 25   l'espèce.

 26   Monsieur Bajagic, cette mobilisation des forces de réserve de la police,

 27   comme nous pouvons le constater, un membre de l'instance collégiale s'est

 28   adressé à toutes les instances pertinentes de l'état lorsqu'il a protesté


Page 20064

  1   contre cela. Comme vous nous l'avez dit, ceci était anticonstitutionnel et

  2   illégal.

  3   Lorsque vous dites que c'était contraire à la constitution et illégal, à

  4   quoi pensez-vous, le nombre, la décision en tant que tel ou les deux à la

  5   fois ?

  6   R.  Ce sont les deux que j'ai à l'esprit. Les instances de la RSFY et le

  7   gouvernement de Bosnie-Herzégovine étaient des instances qui auraient pu

  8   prendre ce genre de décision. Cette décision devait être prise au niveau de

  9   l'état fédéral plutôt que par des unités constitutives. Le fait même qu'il

 10   faudrait en tenir compte lorsque nous analysons les processus adoptés en

 11   Bosnie-Herzégovine en 1991, à l'époque, ce pays était encore une unité

 12   constitutive de la RSFY, et donc c'était les lois de la RSFY qui étaient

 13   censées être appliquées sur le territoire. Ces lois étaient toujours en

 14   vigueur.

 15   Q.  Je vais maintenant vous montrer un document et vous demander de nous le

 16   commenter. Cela se trouve à l'intercalaire numéro 18, numéro 65 ter 720D1.

 17   Il s'agit d'un document de la Défense, et je souhaite voir la page 18 en

 18   serbe. Le numéro de page correspondant au livre est le 157. Page suivante,

 19   s'il vous plaît. Pardonnez-moi.

 20   Monsieur Bajagic, je vais vous lire ceci. Ce qui m'intéresse c'est votre

 21   commentaire.

 22   M. HANNIS : [interprétation] Puis-je avoir ceci en anglais ? Puis avoir le

 23   numéro de page en anglais ?

 24   M. ZECEVIC : [interprétation] Je ne crois pas.

 25   M. HANNIS : [interprétation] Est-ce que nous pouvons l'afficher, s'il vous

 26   plaît.

 27    M. ZECEVIC : [interprétation] Oui, s'il vous plaît.

 28   Il semblerait que ce document n'ait pas été traduit. Je m'en excuse. Nous


Page 20065

  1   allons y revenir plus tard. Il semblerait que ce document n'ait pas été

  2   traduit. Si tel est le cas, ceci n'aurait aucun sens.

  3   Q.  Monsieur Bajagic, veuillez me dire, le fait de mobiliser la police de

  4   réserve en Bosnie-Herzégovine, ceci a-t-il provoqué certaines réactions ?

  5   Si oui, quelles ont été ces réactions, et savez-vous pourquoi ?

  6   R.  Si je tiens compte des documents qui étaient à ma disposition lorsque

  7   j'ai préparé ce rapport d'expert, et en tenant compte de ce document précis

  8   que vous avez retiré il y a quelques instants, la conclusion consisterait à

  9   dire que, d'une certaine façon, le fait de mobiliser la "milicija," la

 10   police de réserve en septembre 1991 en Bosnie-Herzégovine, de cette

 11   manière, comme cela avait été fait, a provoqué des protestations de la part

 12   des autres partis, en particulier de la part du personnel serbe travaillant

 13   pour le ministère de l'Intérieur à l'époque, parce que tout semblait

 14   indiquer qu'un processus analogue s'était déroulé en République de Croatie.

 15   Les forces de police de réserve étaient censées être le noyau d'une

 16   nouvelle force armée, et c'est quelque chose que nous pouvons constater

 17   dans différents documents, et ceci était censé constituer le noyau du SDA

 18   et des autorités futures de Sarajevo. C'est la raison pour laquelle nous

 19   voyons ces documents qui font état de protestations, à savoir la

 20   mobilisation des forces de réserve de la police, et un peu plus loin, la

 21   mobilisation des forces de réserve, et autres actions une fois que la

 22   mobilisation avait été effectuée. Merci.

 23   Q.  Regardons maintenant le paragraphe 3 de la page 44, le fonctionnement

 24   du ministère de l'Intérieur dans la République serbe en 1992, au mois

 25   d'avril.

 26   Monsieur Bajagic, dans votre texte, au paragraphe 127, vous avez énuméré un

 27   certain nombre de documents. Je souhaite vous demander de commenter le

 28   paragraphe 127 de votre rapport d'expert.


Page 20066

  1   R.  Pour pouvoir parler du cadre juridique pour ce qui est du développement

  2   et du fonctionnement du ministère de l'Intérieur de la République serbe de

  3   Bosnie-Herzégovine, plus tard appelée Republika Srpska, entre le mois

  4   d'avril et le mois de décembre 1992, il était important, et c'est ce que

  5   j'ai fait lorsque j'ai rédigé ce rapport d'expert, de mener, de faire ou

  6   d'analyser dans le détail toute une série de textes de lois qui sont à la

  7   fois des sources primaires qui servent à classer les différents documents

  8   sur lesquels se fonde ce rapport.

  9   J'ai déjà indiqué qu'il s'agissait de la Constitution, de la Loi sur le

 10   gouvernement, sur l'administration, la Loi sur les Affaires intérieures, la

 11   Loi sur la Défense, sur l'armée. Donc il s'agit de lois qui avaient été

 12   publiées en 1992 et, bien sûr, d'autres lois sont également citées, suite à

 13   l'évolution du ministère, et c'est ainsi que nous pouvons suivre le cadre

 14   juridique de ce ministère pendant toute la durée de la crise en Bosnie-

 15   Herzégovine. Mais il est clair que ces quatre lois sous le gouvernement,

 16   sous l'administration de l'état ou public, sur les ministères et en

 17   particulier le ministère de l'Intérieur, et bien que ces lois-là sont les

 18   plus importantes.

 19   A mon humble avis, sans analyser toutes ces lois, il serait impossible de

 20   parler de la genèse, de la loi, des attributions des pouvoirs, des

 21   compétences, et cetera, et toute autre question relative aux fonctionnaires

 22   du ministère de l'Intérieur sans faire cela.

 23   Q.  A titre d'illustration rapide, l'intercalaire numéro 35. Votre note en

 24   bas de page, numéro 152. Le P181. Il s'agit de la constitution de la

 25   République serbe de Bosnie-Herzégovine.

 26   La raison pour laquelle vous avez cité la constitution comme étant le tout

 27   premier document, elle coule de sources, me semble-t-il. Mais pourriez-vous

 28   néanmoins nous l'expliquer ? Pourquoi ceci est le document -- le premier


Page 20067

  1   document qui figure sur votre liste de documents ?

  2   R.  Bien sûr. Lorsqu'il s'agit de parler d'un organe aussi important que le

  3   ministère qui fait partie du pouvoir exécutif, il faut parler des

  4   différentes lois et les plus importantes. Nous pourrons regarder les

  5   documents juridiques les plus importants, à savoir la constitution qui fait

  6   référence aux droits et responsabilités du pouvoir exécutif ainsi que

  7   toutes les autres branches du pouvoir. C'est la raison pour laquelle la

  8   constitution est citée dans mon paragraphe 131. Je veux parler de l'article

  9   90 de la constitution qui fait état des droits et responsabilités, ou

 10   devoirs du gouvernement et qui est responsable de la création du ministère

 11   de l'Intérieur.

 12   Q.  Je souhaite que vous regardiez quelques décisions -- je souhaite

 13   recueillir votre commentaire. Intercalaire numéro 9, numéro 65 ter 468D1.

 14   Ceci concerne les paragraphes 91 et 93 de votre rapport.

 15   Veuillez nous commenter ce document que nous avons sous les yeux.

 16   R.  Comme nous pouvons le constater d'après le document lui-même, il s'agit

 17   d'une décision qui porte sur la création du conseil de sécurité nationale,

 18   par l'assemblée du peuple serbe de Bosnie-Herzégovine, et la date est celle

 19   du 27 mars 1992.

 20   Q.  Signé par qui ?

 21   R.  Le président de l'assemblée du peuple serbe, M. Momcilo Krajisnik, qui

 22   dit, a également une maîtrise.

 23   Puis-je continuer. Je vois que --

 24   Q.  Oui, je vous en prie, pas de problème. Evitons de faire chevaucher nos

 25   voix.

 26   R.  Ceci concerne la création du conseil de sécurité nationale, en tant

 27   qu'organe qui conseille l'assemblée ou qui a ses propres attributions. Le

 28   conseil doit rendre compte à l'assemblée, et il y a une référence ici aux


Page 20068

  1   membres du conseil. Mention est faite de cela. Q.  Veuillez me dire --

  2   R.  Laissez-moi terminer ma réponse. Donc il s'agit du Conseil de sécurité

  3   nationale. Il s'agit d'un organe qui conseille l'assemblée, et l'assemblée

  4   est un organe législatif et non pas un organe exécutif. Même si nous tenons

  5   compte des tendances communément établies dans le monde, les Conseils de

  6   sécurité nationale sont en général créés par le pouvoir exécutif et, en

  7   général, leurs attributions sont beaucoup plus larges que ce qui est

  8   mentionné ici. Ce n'est que la fonction consultative qui est évoquée ici,

  9   alors que les conseils de sécurité nationale dans le monde entier jouent

 10   d'autres rôles comme instruire, conseiller dans le domaine de la sécurité

 11   nationale, alors qu'ici on ne fait que citer.

 12   Alors, dans le monde, les Conseils de sécurité nationale, ce sont des gens

 13   du pouvoir exécutif qui les gèrent. Ici, ils se trouvent sous l'autorité du

 14   parlement qui est l'organe législatif par excellence et ce conseil n'a

 15   qu'une fonction consultative, et ce serait ce que je pourrais fournir en

 16   guise de commentaire.

 17   Q.  Merci.

 18   M. ZECEVIC : [interprétation] S'il n'y a pas d'objection, je demanderais à

 19   ce que ce document soit versé au dossier, je vous prie.

 20   M. HANNIS : [interprétation] Pas d'objection.

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Ce sera versé au dossier, et il recevra

 22   une cote.

 23   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce 1D531, Messieurs

 24   les Juges.

 25   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Est-ce que ce serait là un document

 26   juridique ?

 27   M. ZECEVIC : [interprétation] Non, je ne pense pas. Ceci est une décision

 28   du Conseil chargé de la sécurité nationale -- c'est une décision par


Page 20069

  1   laquelle le Conseil chargé de la sécurité nationale se trouve être mis en

  2   place.

  3   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci.

  4   M. ZECEVIC : [interprétation] Alors, maintenant, pour ce qui est du

  5   document suivant, j'aimerais qu'on nous montre le document à l'intercalaire

  6   10, c'est le 65 ter de la Défense, numéro 469D1.

  7   Q.  Pouvez-vous brièvement nous commenter ce document ? Parce qu'il est

  8   constitué par deux volets.

  9   R.  Il s'agit d'une décision portant proclamation d'un danger de guerre

 10   imminent. Il s'agit d'un ordre de mobilisation de la Défense territoriale

 11   sur le territoire entier de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine.

 12   Cette décision, pour ce qui est donc de la proclamation d'un danger de

 13   guerre imminent et de mobilisation, c'est la présidence de Bosnie-

 14   Herzégovine qui l'a adoptée. Le parlement du peuple serbe a entériné cette

 15   décision à la date du 15 avril 1992. On voit que c'est le président du

 16   parlement du peuple serbe en Bosnie-Herzégovine, Momcilo Krajisnik, qui a

 17   signé. Donc il y a  une décision de proclamation d'un état de danger de

 18   guerre imminent et de mobilisation, ce qui se trouve être proclamé par la

 19   présidence et le parlement a entériné.

 20   Q.  Un instant, soit tout à fait clair, la date de la décision de la

 21   présidence, c'est quoi, je vous prie ?

 22   R.  On voit 03-11/92, et la date est celle du 15 avril 1992, alors que la

 23   session du Parlement du peuple serbe s'est tenue le 12 mai, et c'est la

 24   date à laquelle le Parlement a entériné cette décision.

 25   Q.  Merci.

 26   M. ZECEVIC : [interprétation] S'il n'y a pas d'objection, je proposerai le

 27   versement au dossier de cette pièce aussi.

 28   M. HANNIS : [interprétation] Nous n'avons pas d'objection, mais avant que


Page 20070

  1   ce document ne reçoive une cote, à la lumière de la question posée par le

  2   Juge Harhoff, j'ai vérifié et il semble que ce document bénéficie déjà

  3   d'une cote, le 1D531, et ça se trouve dans les archives en matière de droit

  4   sous la référence L327.

  5   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur Hannis. Laissez-moi

  6   vérifier. Juste un instant, je vous prie. La seule façon de vérifier, c'est

  7   de voir si la chose a été publiée au journal officiel, chose qui pourrait

  8   fort bien être le cas, mais je vous demande quelques instants, Messieurs

  9   les Juges.

 10   Oui. Je m'excuse. Vous avez tout à fait raison, Monsieur Hannis. Ça fait

 11   partie de cet ensemble ou cette collection de documents en matière de

 12   droit. Devrait --

 13   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Alors est-ce qu'on va garder la cote ?

 14   M. ZECEVIC : [interprétation] Je suis navré, Monsieur le Juge, mais je

 15   crois que nous devrions supprimer cette cote 1D531. Oui.

 16   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bon. Ainsi fera-t-on.

 17   M. HANNIS : [interprétation] Nous n'avons pas d'objection pour ce qui est

 18   de faire verser au dossier le document proposé tout à l'heure.

 19   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci. Ce serait le 469D1 qui deviendrait à

 20   présent le 1D531.

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bon, on pourrait lui attribuer cette

 22   cote-là, en effet.

 23   M. ZECEVIC : [interprétation] Merci.

 24   Je demanderais à ce qu'on nous fasse voir l'intercalaire 46.

 25   Q.  Il s'agit de votre note de bas de page 326, point 2.

 26   M. ZECEVIC : [interprétation] Le document est le 1D170.

 27   Q.  Compte tenu du fait que ce document se trouve faire partie, Monsieur,

 28   de votre étude, de votre recherche, je vous prie de vous pencher dessus.


Page 20071

  1   Penchez-vous sur la signature, la date, et faites-nous, je vous prie, un

  2   commentaire.

  3   R.  Il s'agit ici d'un document -- ou plutôt, d'une décision portant

  4   création d'une Défense territoriale de la République serbe de Bosnie-

  5   Herzégovine en sa qualité de force armée, et il y a des décisions

  6   auxiliaires portant proclamation d'un danger de guerre imminent. La

  7   décision est rendue par le ministre de la défense nationale, Bogdan

  8   Subotic. C'est daté du 16 avril 1992 - oui, c'est bien cela, 16 avril 1992

  9   - et c'est adressé à la région autonome et aux régions autonomes serbes sur

 10   le territoire de la République serbe de Bosnie-Herzégovine. Le document, je

 11   l'ai utilisé au paragraphe 284, comme on peut le voir ici à la lecture de

 12   la note de bas de page.

 13   Q.  Merci. A présent, penchons-nous sur ce qui est porté au point 2 :

 14   "Décentralisation du MUP," page 40 de votre rapport, et il convient de se

 15   pencher sur les paragraphes 109 à 124. Je voudrais vous montrer

 16   l'intercalaire 24, maintenant. C'est une note de bas de page à vous, numéro

 17   13, notamment. Il s'agit d'un document 1D78, et à ce sujet, je souhaite

 18   vous demander un commentaire.

 19   R.  Il s'agit d'une instruction portant information, et c'est une -- enfin,

 20   c'est la résultante d'une réunion de la direction collégiale du ministère

 21   de l'Intérieur de Bosnie-Herzégovine, datée de 1992. A cette session de

 22   l'administration collégiale, comme nous le montre le texte, il a été

 23   question de la décentralisation du ministère de l'Intérieur, conformément

 24   au dernier volet de négociations dans le cadre du plan Cutileiro. C'est

 25   conforme aux accords de Sarajevo qui, quelques jours avant cela, ont été

 26   établis. Dans le cadre du planning d'aménagement de l'Etat de Bosnie-

 27   Herzégovine, on verra la chose dans d'autres documents que j'ai utilisés

 28   aussi. Il y a eu évocation de la création de trois unités constitutives et


Page 20072

  1   de l'administration de l'Etat dans leur cadre, y compris la constitution de

  2   ministères de l'Intérieur. Donc c'est une session de l'administration

  3   collégiale du ministère de l'Intérieur de l'Etat de Bosnie-Herzégovine tout

  4   entier.

  5   Q.  Etant donné que vous avez étudié la question, veuillez m'indiquer si ce

  6   plan, qui est populairement appelé le plan à Cutileiro, qui est un plan de

  7   l'Union européenne, et c'est ce qui a été convenu à Sarajevo; est-ce que

  8   cela sous-entendait la création de ministères de l'Intérieur au pluriel au

  9   sein des entités et l'existence d'un MUP ou d'un ministère de l'Intérieur

 10   commun, ou est-ce que cela sous-entendait un concept différent ?

 11   R.  L'un des points de cet accord de Sarajevo disait que chacune des unités

 12   constitutives, en application de l'accord, avait la possibilité et le droit

 13   d'organiser son propre ministère de l'Intérieur, et probablement au niveau

 14   de la Bosnie-Herzégovine au total, il y aurait eu un fonctionnement d'un

 15   ministère conjoint. Donc il y aurait un ministère au sommet, et chaque

 16   unité constitutive aurait eu son propre ministère de l'Intérieur.

 17   Q.  Monsieur, dans ce document que nous avons sous les yeux, s'agissant du

 18   deuxième passage, du deuxième paragraphe, il y a énumération des personnes

 19   présentes à l'occasion de la tenue de cette session de l'administration

 20   collégiale du MUP de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine qui

 21   s'est tenue le 1er avril 1992.

 22   Veuillez me préciser ceci. On voit que l'on n'a pas mis le nom d'Alija

 23   Delimustafic; est-ce que vous auriez un commentaire à nous faire à ce sujet

 24   ?

 25   R.  Il n'y a pas de commentaire. Je vois que le suppléant du ministre était

 26   présent et que les responsables les plus importants étaient présents, ceux

 27   qui composent d'ailleurs cette administration collégiale du ministère, donc

 28   tant ceux -- enfin tous ceux qui sont élus par les trois parties en


Page 20073

  1   présence. On voit le responsable de la Sûreté de l'Etat, les services de la

  2   Police, et autres. Alors mon commentaire pourrait être celui-ci : La tenue

  3   de cette réunion collégiale même lorsque le ministre n'est pas là signifie

  4   qu'il devait forcément être au courant. Il avait peut-être été absent pour

  5   des raisons autres ou alors la réunion était-elle urgente. Mais ça

  6   n'amenuise en rien l'importance du document. Parce que les trois parties

  7   étaient présentes du point de vue des cadres représentants les trois

  8   parties en présence.

  9   Q.  Veuillez m'indiquer, Monsieur Bajagic : dans quelle réglementation du

 10   ministère de l'Intérieur a-t-on prévu ou avait-on prévu à l'époque la

 11   composition et les compétences de cette administration collégiale composée

 12   de professionnels au niveau du ministère ?

 13   R.  Ceci découle de la loi sur l'intérieur de la République serbe de

 14   Bosnie-Herzégovine et du règlement qui régit l'organisation interne du

 15   ministère. Je crois que ce règlement a été adopté en 1994 et concernait le

 16   MUP de Bosnie-Herzégovine.

 17   Q.  Je suis sur le point de vous présenter ce texte de loi et ce règlement.

 18   Intercalaire 138 qui correspond à votre note en bas de page 168. Le numéro

 19   de pièce étant P850. P850. Numéro 65 ter 02668, sur la liste 65 ter du

 20   bureau du Procureur.

 21   Monsieur, ce document est-il bien le règlement dont vous venez de parler ?

 22   R.  Oui, c'est effectivement ce règlement.

 23   Q.  Depuis quelle année ce règlement a-t-il eu cours, si vous le savez ?

 24   R.  29 janvier 1990, c'est la date qu'on voit ici.

 25   Q.  Est-ce que ce règlement avait cours en 1992 ?

 26   R.  Oui. Toute l'organisation interne du ministère de l'Intérieur de la

 27   République serbe de Bosnie-Herzégovine est régie par ce règlement tant

 28   qu'un nouveau règlement n'a pas été adopté. Donc jusqu'à l'adoption du


Page 20074

  1   règlement régissant l'organisation interne du MUP de la République serbe de

  2   Bosnie-Herzégovine pendant toute l'année 1992 c'est ce règlement-ci qui

  3   était en vigueur.

  4   Q.  Essayons de résumer. Nous avons ici le règlement qui régit

  5   l'organisation interne du ministère de l'Intérieur, il s'appelait à

  6   l'époque secrétariat de la république, pour la République socialiste de

  7   Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ? Vous avez dit que ce règlement est entré

  8   en vigueur le 29 janvier 1990; c'est bien cela ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Est-ce que ce règlement était utilisé par le MUP de la République

 11   socialiste de Bosnie-Herzégovine entre le 29 janvier 1990 et le mois

 12   d'avril 1992 ?

 13   R.  Oui, bien sûr. C'était le règlement qui réglait l'organisation interne

 14   du ministère de l'Intérieur, ou plus exactement, de ce qu'on appelait le

 15   secrétariat à l'intérieur à l'époque, qui ensuite est devenu le MUP de

 16   Bosnie-Herzégovine.

 17   Q.  Vous nous avez déjà dit que c'était également ce règlement qui était

 18   utilisé par le MUP de la République serbe de Bosnie-Herzégovine tant que le

 19   règlement du MUP de la République serbe de Bosnie-Herzégovine n'a pas été

 20   adopté. Alors dites-moi, je vous prie : quand ce nouveau règlement

 21   régissant le travail du MUP dans la Republika Srpska de Bosnie-Herzégovine

 22   a été adopté ?

 23   R.  Il a été adopté au premier trimestre 1993. Je dirais, peut-être, fin

 24   mars, début avril 1993 - mais je n'en suis pas sûr - autrement dit, c'est

 25   ce règlement-ci qui était en vigueur pendant toute l'année 1992 en

 26   particulier, c'est-à-dire pendant le laps de temps qui a été consacré à la

 27   création de la structure que constituait le MUP de la République serbe de

 28   Bosnie-Herzégovine. La constitution de la République serbe de Bosnie-


Page 20075

  1   Herzégovine stipulait que toutes les lois et règlements qui ne sont pas en

  2   contradiction directe de la constitution demeuraient en vigueur qu'il

  3   s'agisse de lois, de projets de lois, ou de textes législatifs annexes.

  4   Q.  Je vous demanderais maintenant un nouveau commentaire au sujet de la

  5   page 287 dont le numéro ERN est 01137325. Dans votre exemplaire du texte,

  6   vous verrez en haut de la page le numéro 284 qui correspond donc à la

  7   numérotation de ce document sur papier.

  8   On trouve dans ce document le paragraphe 126 qui traite des registres

  9   d'enquêtes criminelles.

 10   R.  Oui, je l'ai trouvé.

 11   Q.  Je ne sais pas s'il existe une traduction de ce document. C'est un

 12   document de l'Accusation.

 13   Monsieur, aux paragraphes 126, 127, 128, 129, et 130, il est question de

 14   divers registres. Pouvez-vous nous préciser de quel registre il s'agit

 15   exactement ?

 16   R.  Il s'agit des registres opérationnels utilisés par le ministère de

 17   l'Intérieur dans le cadre de son travail.

 18   Q.  N'allez pas trop vite, je vous prie. Veuillez, je vous prie, énumérer

 19   chacun de ces registres, nous donner son nom et nous dire à quel aspect du

 20   travail du ministère il est lié, je vous prie.

 21   R.  Le premier est le registre des plaintes. Donc c'est un registre qui

 22   dépend des décisions prises par les tribunaux nationaux et étrangers.

 23   Autrement dit, les personnes dont les noms figurent ici sont des personnes

 24   qui ont été condamnées par des tribunaux.

 25   Q.  C'est ce qu'on appelle en général le registre K, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Monsieur Bajagic, veuillez, je vous prie, ménager une pause entre les

 28   questions et les réponses, car je m'efforce de préciser les choses au


Page 20076

  1   maximum et si nous nous chevauchons, nous créons des problèmes pour la

  2   bonne rédaction du compte rendu d'audience.

  3   Donc c'est ce qui, dans le jargon de la police, s'appelait chez nous le

  4   registre KE, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui, c'est tout à fait ça, le registre KE.

  6    Q.  Merci. Passons au suivant.

  7   R.  Le registre suivant regroupe tous les éléments liés à des enquêtes

  8   criminelles. Je ne vais pas les énumérer dans le détail. Mais j'ajouterais

  9   que le premier des registres que nous venons d'évoquer, à savoir le

 10   registre des condamnations, illustre la fonction administrative du

 11   ministère ainsi que l'ampleur de ses attributions.

 12   Le troisième registre c'est le registre opérationnel appelé "Registre MOS."

 13   Il concerne donc toutes les enquêtes et toutes les activités dans

 14   lesquelles s'est engagé le ministère par rapport à la nécessité d'enquêter

 15   sur des actes criminels. Donc il est question des actions menées par le

 16   ministère et par toutes ses instances subordonnées.

 17   Le registre suivant est le registre des infractions et délits. Donc c'est

 18   dans ce registre que le ministère conserve les décisions rendues par les

 19   tribunaux correctionnels et le nom des auteurs de ces infractions et

 20   délits.

 21    Enfin, nous avons le registre que tient le ministère de l'Intérieur pour

 22   assurer le suivi du travail accompli par lui, à savoir donc la rédaction

 23   des plaintes contre X ou des plaintes contre des auteurs identifiés ainsi

 24   que toutes les autres actions entreprises par les personnes intervenant

 25   dans des enquêtes criminelles. Nous n'avons pas besoin d'entrer dans le

 26   détail. Enfin, c'est le dernier registre qui est mentionné dans ce

 27   règlement.

 28   Q.  Je vous remercie. Quel est le sigle qui désigne ce registre dans le


Page 20077

  1   jargon policier ?

  2   R.  Bien, on l'appelle : "Registre des actions d'enquête." Je ne sais pas

  3   ce que vous voulez dire. Je ne me rappelle pas d'un sigle particulier.

  4   Q.  Est-ce que ce n'est pas le registre KU ?

  5   R.  Oui, le registre KU, et le registre, qui est évoqué au point 127, était

  6   en fait, en général, appelé registre OE dans le jargon policier.

  7   Q. Voyons maintenant la page dont le numéro ERN est le 0113-7510. En en-

  8   tête, vous voyez le numéro 469 comme numéro de page dans la version papier.

  9   Il y est question de l'administration collégiale du secrétariat à

 10   l'Intérieur de la république, et on m'informe que l'on trouve cette même

 11   page en page 243 du texte anglais. Pour la version serbe, il s'agit peut-

 12   être de la page 472. Le numéro ERN en tout cas est 0113-7510, et on

 13   m'indique qu'il s'agit donc de la page 243 dans la version anglaise.

 14   Veuillez nous analyser très très brièvement cette instance collégiale

 15   professionnelle du secrétaire de la république. Tout d'abord, s'agit-il

 16   d'une instance professionnelle du MUP ? Qui en sont les membres, et de

 17   quelle affaire traite cette instance ?

 18   R.  D'après ces règles, et d'après d'autres règles également, l'instance

 19   collégiale professionnelle du secrétaire de la république est la même

 20   instance que le collège professionnel -- l'instance collégiale

 21   professionnelle du ministère de l'Intérieur. Il s'agit simplement d'un

 22   changement de nom.

 23   Les instances collégiales professionnelles regroupent toujours les

 24   hauts professionnels du ministère. Je vais utiliser ou employer le terme de

 25   ministère maintenant. Donc il y a les assistants des ministres, les chefs

 26   des services les plus importants, les voies hiérarchiques, les chefs de

 27   secteurs, parce qu'à ce moment-là, également il y avait deux secteurs

 28   principaux au sein du ministère : un qui était chargé de la sécurité


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  1   publique, et l'autre qui était chargé de la sécurité de l'état, et

  2   quelquefois, il y a d'autres hauts représentants du ministère qui assistent

  3   à ces réunions. Cela dépend de l'ordre du jour. Quoi qu'il en soit, il

  4   s'agit de l'instance professionnelle la plus importante ou la plus élevée.

  5   De toute façon, il s'agit des personnes de premier plan ou de haut rang si

  6   vous regardez la composition de l'instance en question.

  7   Si vous regardez les questions que ces personnes abordent, ces

  8   questions traitent de la politique générale du ministère de l'Intérieur,

  9   des questions qui ont trait à la mise en œuvre des principes directeurs des

 10   hautes instances de l'état, et d'autres questions qui portent sur la

 11   stratégie et les tâches des différents services du ministère. Bien

 12   évidemment, des questions de [inaudible] y sont traitées aussi. Ensuite des

 13   questions ayant trait à la participation active du ministère dans la mise à

 14   disposition de projets de loi ainsi que de documents internes qui ne sont

 15   que rédigés par le ministère. Bon nombre d'autres questions sont abordées,

 16   et vous pouvez le voir dans ce document. Je ne suis pas obligé de les

 17   aborder tous ou, effectivement, le document parle de lui-même, n'est-ce pas

 18   ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Veuillez me dire ceci : d'après vous, le document précédent que nous

 21   avons vu, qui est daté du 1er avril 1992, il s'agit du procès-verbal de la

 22   réunion de l'instance collégiale. D'après vous, ceci peut-il être rattaché

 23   à des questions qui sont abordées par l'instance collégiale du ministère de

 24   l'Intérieur sur la base de ces règles ?

 25   R.  Oui. Tous les points à l'ordre du jour de la réunion de l'instance

 26   collégiale du 1er avril 1992, sont des questions que l'instance collégiale

 27   professionnelle du ministère de l'Intérieur doit traiter.

 28   Q.  Merci. Je vais vous montrer un autre document. Cependant avant cela, je


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  1   vais vous demander ceci, d'après vous, un tel registre ou plutôt de telles

  2   déclarations émanant de la réunion collégiale -- de l'instance collégiale

  3   du 1er avril qui a été adressé à tout le monde y compris tous les centres,

  4   les postes de sécurité publique ainsi que tout le personnel de haut rang

  5   des deux ministères. D'après vous, ce document aurait-il pu émaner du

  6   ministère de l'Intérieur et être envoyé sans l'accord ou la connaissance du

  7   personnel haut placé de ce ministère ?

  8   R.  Ecoutez, c'est impossible. C'est impossible qu'un document d'une telle

  9   importance, c'est une question très importante qui a été abordée lors de

 10   cette réunion, à savoir le fonctionnement futur de tout l'ensemble des

 11   affaires intérieures de Bosnie-Herzégovine, et cetera. Donc ce document

 12   n'aurait pas pu quitter le siège sans que les personnels de haut rang n'en

 13   soient informés, et toutes les personnalités ou haut représentants

 14   officiels, toutes les personnes qui constituaient ces instances collégiales

 15   en vertu des règles indiquent que lorsque ce document était envoyé, les

 16   faits cités dans le document en question faisaient l'objet d'un accord ou

 17   recueillaient l'accord de toutes les personnes présentes à la réunion. Nous

 18   constatons que le ministre lui-même n'a pas assisté à la réunion. Il est

 19   impossible d'imaginer que le ministre n'était pas au courant de ce qui

 20   s'était passé au cours de cette réunion, parce que tous ses adjoints et

 21   haut représentants du ministère y avaient assisté.

 22   Q.  Je souhaite vous montrer l'intercalaire numéro 32, et votre note en bas

 23   de page 206, le document 1D138, s'il vous plaît.

 24   Etant donné que vous avez cité ce document dans votre rapport, à savoir au

 25   paragraphe 169, je vous demande de bien vouloir nous commenter ceci en

 26   quelques mots. Il nous reste quatre minutes.

 27   R.  Le document que je vois ici est une dépêche envoyée par le siège du

 28   ministère, envoyé par Alija Delimustafic, ministre de l'intérieur. Dans ce


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  1   document, tout ce que contient le document du 1er avril est lié de façon

  2   catégorique. Il nie complètement le fait que cette instance collégiale se

  3   soit tenue, et que certaines conclusions aient été tirées. Plus

  4   particulièrement, ce document déclare -- ou plutôt, il estime qu'il y avait

  5   des pressions et du chantage, et il dit également qu'il y a eu des

  6   déclarations d'allégeance qui ont été faites. C'est un déni qui a été

  7   publié neuf jours plus tard par le ministère de l'Intérieur. Ceci avait

  8   trait aux documents qui avaient été envoyés neuf jours auparavant. Voilà

  9   mon commentaire.

 10   Q.  Maintenant, nous allons revenir à la question de la méthode vous

 11   permettant d'établir vos conclusions. C'est quelque chose que nous avons

 12   déjà abordé.

 13   Dans ce cas, nous avons deux documents qui sont contraires, d'une

 14   part nous disposons du registre de la réunion de l'instance collégiale, et

 15   d'autre part nous avons ce document qui est daté du 10 avril, qui est de

 16   facto -- est un démenti de tout ce qui a été précisé dans le document

 17   précédent, celui du 1er avril.

 18   Sur quoi vous fondez-vous pour tirer les conclusions qui sont celles de vos

 19   paragraphes 169, 170 ? Comment puis-je l'exprimer quelle méthode avez-vous

 20   employée pour tirer ces conclusions ? Merci.

 21   R.  Les instructions sur l'information, c'est ainsi que s'intitule la

 22   dépêche du 1er avril 1992, est la résultante de la réunion de cette

 23   instance collégiale, et elle se fonde sur l'accord de Sarajevo. Une Bosnie-

 24   Herzégovine est constituée des trois unités constitutives et les droits de

 25   ces unités constitutives est d'avoir un ministère de l'Intérieur. Donc ceci

 26   se fonde sur le Cutileiro et l'accord de Sarajevo, acceptant le fait que

 27   toutes les personnes qui ont assisté à la réunion de cette instance

 28   collégiale acceptent que cet accord a été conclu à Sarajevo. C'est un fait


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  1   sur lequel tout le monde est tombé d'accord, et nous avons cela. Mon

  2   estimation qui est précisée, à savoir que ceci porte un certain poids. Nous

  3   avons d'un autre côté la dépêche du ministère de l'Intérieur. C'est donc le

  4   ministre qui savait que l'accord de Sarajevo avait été violé et qu'une

  5   réunion avait été organisée par l'instance collégiale. Mais dans cette

  6   dépêche il nie certaines choses qui s'étaient déroulées sur le terrain,

  7   compte tenu des instructions qui ont été fournies dans cette dépêche, et

  8   envoyée le 1er avril 1992.

  9   Si nous parlons de tout ceci à différentes échelles, je ne pense pas

 10   que cette dépêche ait le même poids que le document précédent. C'est la

 11   raison pour laquelle j'ai tiré les conclusions qui sont celles qui figurent

 12   dans ces différents paragraphes.

 13   M. ZECEVIC : [interprétation] Vous voyez l'heure. Messieurs les

 14   Juges, je pense qu'il convient de lever l'audience pour aujourd'hui.

 15   Merci, Monsieur Bajagic.

 16   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Bajagic, nous sommes sur

 17   le point de lever l'audience pour aujourd'hui. Votre déposition, d'après ce

 18   qu'a dit le Juge Delvoie au début de cette audience, va durer plusieurs

 19   jours. Vous avez déjà témoigné devant ce Tribunal mais je souhaite vous

 20   rappeler que comme vous avez prêté serment, vous ne pouvez communiquer avec

 21   aucun conseil de l'une ou l'autre partie jusqu'à la fin de votre

 22   déposition, et de surcroît, quelles que ce soit les conversations que vous

 23   ayez avec d'autres personnes, vous ne pouvez en aucun cas aborder celles de

 24   votre témoignage. Nous levons l'audience et reprendrons demain matin dans

 25   ce même prétoire, à 9 heures.

 26   [Le témoin quitte la barre]

 27   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le mardi 3 mai 2011, à

 28   9 heures 00.