Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 13 octobre 2011

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

  6   Bonjour, Madame, Messieurs les Juges. Bonjour à toutes les personnes

  7   présentes dans ce prétoire. Il s'agit de l'affaire IT-08-91-T, le Procureur

  8   contre Mico Stanisic et Stojan Zupljanin.

  9   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

 10   Je souhaite bonjour à tout le monde.

 11   Je vais demander aux parties de se présenter.

 12   M. HANNIS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Pour le

 13   Procureur, Tom Hannis, Gerard Dobbyn, et Sebastiaan van Hooydonk.

 14   M. ZECEVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Slobodan

 15   Zecevic, Slobodan Cvijetic, et Mme Montgomery, pour la Défense de M.

 16   Stanisic ce matin.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Dragan

 18   Krgovic et Miroslav Cuskic, pour la Défense de M. Zupljanin.

 19   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 20   On nous a informés qu'il y avait une question de procédure, une question

 21   que la Défense souhaite soulever avant que le témoin n'arrive dans le

 22   prétoire.

 23   M. KRGOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, nous avons une

 24   petite question de procédure en effet qui ne va pas durer trop longtemps.

 25   Donc la Défense de M. Zupljanin a soumis, le 30 septembre, une requête

 26   demandant de modifier la façon de prévue pour la déposition d'un témoin de

 27   la Défense, le Témoin SZ-012. Nous avons demandé la permission que ce

 28   témoin témoigne en vertu de l'article 92 bis. Le Procureur a répondu à la


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  1   Défense, en demandant que l'on verse au dossier la transcription entière de

  2   sa déposition, ainsi que les pièces à conviction accompagnant sa déposition

  3   précédente, et le Procureur a précisé qu'il s'agissait avant tout de deux

  4   pièces à conviction 65 ter 20279 et 20280. La Défense souhaite informer les

  5   Juges que nous n'avons pas d'objection à ce que ces deux pièces à

  6   conviction soient versées au dossier, de sorte que nous pensons être en

  7   mesure de résoudre le problème, à savoir vous informer donc davantage de la

  8   requête par laquelle nous avons demandé de nous permettre d'introduire ce

  9   témoin et de le faire déposer en vertu de l'article 92 bis.

 10   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Très bien. Nous avons pris note de tout

 11   cela.

 12   Maintenant, nous allons demander à l'huissière d'introduire le témoin dans

 13   le prétoire.

 14   [Le témoin vient à la barre]

 15   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Jankovic, je vous souhaite

 16   bonjour. Avant de demander à M. Hannis de reprendre son contre-

 17   interrogatoire, je vous rappelle votre déclaration solennelle.

 18   Monsieur Hannis, c'est à vous.

 19   M. HANNIS : [interprétation] Merci.

 20   LE TÉMOIN : MILOS JANKOVIC [Reprise]

 21   [Le témoin répond par l'interprète] 

 22   Contre-interrogatoire par M. Hannis : [Suite]

 23   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 24   R.  Bonjour.

 25   Q.  Hier, quand nous avons arrêté la session, nous étions tous les deux

 26   assez fatigués mais nous essayions de parcourir cette liste et vous l'avez

 27   emportée. C'est une pièce à conviction. Est-ce que vous avez eu la

 28   possibilité d'examiner cette liste ? Est-ce que vous êtes en mesure de nous


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  1   dire aujourd'hui s'il y avait, parmi les 41 personnes dont le nom figure

  2   sur la liste, les 41 personnes qui n'ont pas signé la déclaration

  3   solennelle, est-ce qu'il y en a parmi eux qui ont continué à travailler

  4   dans le SJB de Prijedor ?

  5   R.  En effet, j'ai pu parcourir cette liste. Je l'ai lue.

  6   Q.  Mais je vais vous poser la question autrement. Sur les 41 noms qui

  7   figurent ici il y en a combien que vous connaissiez personnellement, là, je

  8   parle des personnes qui n'ont pas voulu signer cette déclaration ?

  9   R.  Je ne les ai pas comptés, mais je peux parcourir avec vous la liste et

 10   vous donnez tous les noms, les noms de ces personnes.

 11   Q.  Non, ce n'est pas vraiment important de savoir combien vous en

 12   connaissiez vraiment.

 13   R.  J'en connaissais à peu près 40 %.

 14   Q.  Ce que j'essaie de comprendre est ce qui suit : Personne n'a continué à

 15   travailler au poste, ils sont tous partis, et si je me trompe corrigez-moi,

 16   dites-moi qui est resté.

 17   R.  Là, vous avez la date du 29 mai, c'est la veille de l'attaque de

 18   Prijedor. C'est là que la situation chaotique s'est installée même les

 19   Serbes je ne savais pas où ils étaient, on ne parlait pas de ces gens-là.

 20   Peut-être les ai-je rencontrés, cela étant dit je ne sais pas qui j'ai

 21   rencontré exactement et où.

 22   Q.  Moi, je vous ai demandé autre chose : Après le 29 mai, le 30, sur les

 23   41 personnes y avait-il une seule qui travaillait encore au poste au cours

 24   du mois de juin, août, septembre ?

 25   R.  Je ne sais pas.

 26   Q.  Ils sont tous partis, n'est-ce pas ?

 27   R.  Je ne sais pas. Vous savez, ce poste est assez loin de mes

 28   préoccupations. Pas physiquement, parce qu'on est dans le même immeuble.


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  1   Mais je ne coopère avec ces gens-là je n'ai pas affaire à ces gens-là, de

  2   sorte que je ne savais pas quel était leur sort.

  3   Q.  Bien. On va passer à un autre document, je vais vous demander

  4   d'examiner la pièce P377. Elle se trouve à l'intercalaire 52, et je pense

  5   que je peux vous donner aussi un exemplaire papier de cela, et vous pourrez

  6   me rendre l'ancienne pièce. Merci.

  7   Monsieur Jankovic, là, il s'agit d'un télégramme daté du 28 mai 1992. C'est

  8   un télégramme envoyé par le chef Zupljanin envoyé donc à tous les chefs des

  9   SJB, et il informe tous les employés, qui n'ont pas signé la déclaration

 10   solennelle, du fait qu'ils sont licenciés à partir du 15 avril 1992; est-ce

 11   que vous êtes au courant de cela ? Est-ce que vous avez vu cela ? Que

 12   pouvez-vous nous dire au sujet de cela ?

 13   R.  Je ne me souviens pas l'avoir vu. Cela étant dit, peut-être que je l'ai

 14   vu quand on me l'a montré, soit le Procureur, soit la Défense. Donc je me

 15   souviens avoir vu ces documents, mais plus tard, après coup. Je ne m'en

 16   souviens de l'époque, à l'époque, je ne l'ai pas vu.

 17   Q.  Je vais vous poser quelques questions au sujet de l'écriture. En haut

 18   du document, on voit numéro 11-12/485, c'est la date. C'est probablement

 19   l'écriture de Mira Topic, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  En bas, il y a quelque chose qui est rajouté, et on peut lire d'après

 22   la traduction en anglais :

 23   "Le chef a décidé que leur emploi se termine à partir du 1er avril 1992."

 24   Avec une signature.

 25   Est-ce que vous savez qui a écrit cela ? Est-ce que vous reconnaissez

 26   l'écriture ?

 27   R.  Cela fait longtemps, mais il me semble que je reconnais, à 80 % de

 28   certitude, l'écriture de Cadjo Milutin.


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  1   Q.  Qui était-ce ? Quelle était sa fonction ? Où travaillait-il ?

  2   R.  Jusqu'au moment où il y a eu la prise du pouvoir, il était un policier

  3   à la retraite. Mais après la prise du pouvoir, il est devenu commandant de

  4   la police qui était dans le bâtiment où on travaillait, parce qu'il y en a

  5   eu d'autres, Prijedor II, Omarska, Ljubija, et cetera. Lui, il était là au

  6   siège.

  7   Puis permettez-moi encore une petite explication. Je ne sais pas quelle

  8   date il est devenu commandant, parce qu'il s'est imposé dès le début. A un

  9   moment donné, il a été nommé à ce poste. Je ne sais pas à quelle date

 10   exactement.

 11   Q.  Si l'on suppose que c'est exact, et si c'est lui qui a écrit cela, qui

 12   est ce chef auquel il fait référence ? Est-ce bien Drljaca ?

 13   R.  Là, la question que vous me posez est bien difficile. Je peux me livrer

 14   à des conjectures tout comme vous, et je peux peut-être dire que c'est

 15   peut-être lui.

 16   Q.  Bien. Je n'ai pas d'autres questions au sujet de ce document. Vous avez

 17   parlé de la réunion du 9 avril, nous savons ce qui s'est passé le 29 et le

 18   30 avril. Je pense qu'à un moment donné, vous avez dit qu'entre le 9 et le

 19   29, au cours de ces 20 jours - et je pense que c'est quelque chose qui

 20   figure à la page 24 774 - vous avez dit qu'il y avait des choses qui se

 21   produisaient au cours de ces trois semaines.

 22   R.  Oui, oui.

 23   Q.  Je vais vous poser quelques questions à ce sujet. Tout d'abord, je vais

 24   vous montrer le document P354. Je dois retrouver le bon numéro de page, à

 25   l'intercalaire 12 donc. Je vais vous donner un exemplaire papier, et en

 26   attendant je vais vous dire que c'est le document daté du 10 avril. C'est

 27   une dépêche qui vient de Delimustafic, le ministre du MUP de Bosnie-

 28   Herzégovine, envoyée à tous les CSB et SJB, et il parle de la formation par


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  1   la force des unités organisationnelles de soi-disant MUP serbe, qui sont en

  2   train de se faire. Il parle de ce qu'il pense des employés que l'on oblige

  3   ou qu'on soumet au chantage, en les forçant à signer des déclarations de

  4   loyauté. Ensuite il parle des activités du MUP serbe qu'il considérait très

  5   illégales. Il déclaration que les employés ne sont pas obligés de signer

  6   ces déclarations selon lui.

  7   Est-ce que vous avez vu ce document ? Parce que, d'après ce qui est écrit

  8   en haut du document à la main, il semblerait qu'il a été reçu à Prijedor.

  9   M. CVIJETIC : [interprétation] C'est une autre dépêche qui se trouve sur

 10   l'écran.

 11   M. HANNIS : [interprétation] Je suis désolé, je me suis trompé de numéro.

 12   Le numéro qui m'intéressait en réalité, était le numéro 1D138. Je me suis

 13   trompé.

 14   Q.  Excusez-moi, Monsieur le Témoin. Donc c'est le document que vous avez

 15   entre vos mains, le document qui vient de M. Delimustafic.

 16   R.  Oui, oui.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce bien l'intercalaire 12,

 18   Monsieur Hannis ?

 19   M. HANNIS : [interprétation] Dans mon intercalaire, mais je me suis trompé

 20   de numéro.

 21   Je vous présente mes excuses. Je présente mes excuses à la  Greffière

 22   aussi.

 23   Q.  Donc avez-vous vu ce document, Monsieur ? Est-ce que vous étiez au

 24   courant de cela au mois d'avril 1992 ?

 25   R.  Non, non. Je veux bien croire que ce document est passé par le centre

 26   des Transmissions, par mon centre. Mais je ne l'ai pas aperçu, il n'a pas

 27   attiré mon attention, il ne représente aucune importance. Il n'était pas

 28   pertinent ni pour moi ni pour le chef du centre.


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  1   Q.  L'écriture tout en haut, c'est encore Mira Topic, la secrétaire du

  2   chef, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui, oui, c'est Mira.

  4   Q.  Bien. Maintenant, je vais vous demander d'examiner la pièce P354, elle

  5   se trouve à l'intercalaire 13, et je vais vous donner un exemplaire papier

  6   de ce document.

  7    Vous allez voir, là aussi, il s'agit d'un document daté du 10 avril, mais

  8   cette fois-ci, c'est un document qui émane de Stojan Zupljanin. Dans ce

  9   document, on fait référence justement au document que vous venez

 10   d'examiner, le document de Delimustafic, la dépêche du MUP, 09/4-382. Donc

 11   le document que nous venons d'examiner. M. Zupljanin dit qu'il dénie que

 12   l'on force qui que ce soit à faire quoi que ce soit. Il dit que tout le

 13   monde est libre de signer ce qu'il souhaite, qu'il n'y a pas d'obligation

 14   de signer. Il dit aussi que la dépêche de M. Delimustafic, que sa dépêche

 15   n'a aucune force légale dans le territoire de la République serbe de

 16   Bosnie-Herzégovine, et qu'elle est jugée nulle et non avenue.

 17   Donc est-ce que vous le voyez, est-ce que vous voyez encore l'écriture de

 18   Mira Topic ? Est-ce que vous avez reçu ce document ?

 19   R.  Oui, oui, oui. Je vois tout cela. Mais ce document, je ne l'ai pas vu,

 20   mais quand on note la date, à savoir le mois d'avril 1992, et ce que je

 21   vous ai déjà dit, à savoir que le chef Talundzic, à l'époque, ne convenait

 22   pas les collèges de façon régulière, il ne nous transmettait pas de façon

 23   régulière les instructions. Donc il ne nous convoquait pas, il n'y avait

 24   plus ces réunions d'information, c'est pour cela que je n'étais pas au

 25   courant de cela. Cela étant dit, il allait voir les siens, et avec eux, il

 26   parlait sans doute de tout cela. Mais il n'y a pas eu de discussion au

 27   niveau du collège, et s'il y en a eu, je n'ai pas participé, moi, je n'ai

 28   jamais été convoqué pour être informé de cela. Je n'ai pas été isolé, moi,


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  1   je n'étais pas le seul à avoir été isolé de l'autre côté.

  2   Q.  Autrement dit, le chef Talundzic n'a pas discuté de ce document et n'a

  3   pas discuté de cela au moment d'une réunion de collège --

  4   R.  [aucune interprétation]

  5   Q.  Mais est-ce que -- de façon informelle, est-ce que vous avez entendu

  6   parler de cela ? Est-ce que les employés de votre service ont parlé de

  7   cela, parce que je suis sûr que quelqu'un dans votre service l'a vu,

  8   quelqu'un a dû le voir, ce document ?

  9   R.  Non. Les gens, qui travaillaient dans le service des transmissions, et

 10   moi aussi, nous n'avions que faire du contenu des informations que nous

 11   transmettions de sorte qu'il était tout à fait possible de transmettre une

 12   dépêche à notre chef sans que je sache quoi qu'il se trouve là-dedans.

 13   C'est incroyable, mais vous apprenez à éliminer de votre mémoire tout ce

 14   que vous voyez passer, vous ne retenez aucune information. Cela peut

 15   paraître incroyable, mais c'est comme cela.

 16   Q.  Je comprends qu'en général les gens qui travaillent dans les

 17   transmissions ne sont que de relais pour transmettre des informations, et

 18   je vous crois, vous nous avez déjà dit que vous regardiez les destinataires

 19   sans lire le contenu. Mais dans certaines situations d'exception, il se

 20   peut que les employés lisent les documents, parce que ce sont des êtres

 21   humains quand même, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  [aucune interprétation]

 24   R.  Mais, vous savez qu'est-ce qu'ils lisaient, les choses qui les

 25   intéressent, par exemple, l'augmentation des salaires ou la diminution des

 26   salaires. La politique n'intéressait personne.

 27   Q.  Bien. Je vais vous montrer la pièce P1616 à l'intercalaire 19. Je vais

 28   vous donner aussi un exemplaire, je vais demander à l'huissière de m'aider.


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  1   Donc c'est un document au sujet duquel je pense que vous ne l'avez pas vu

  2   auparavant parce qu'il s'agit du procès-verbal de la réunion du Comité

  3   exécutif de la cellule de Crise de Prijedor. La date est le 23 avril, donc

  4   c'est toujours cette période de 20 jours dont nous avons parlé. Est-ce que

  5   vous avez déjà vu ce document ?

  6   R.  Jamais. Je l'ai peut-être vu en discutant avec le Procureur ou la

  7   Défense, mais même si c'est le cas, je l'ai oublié. Mais je suis sûr

  8   qu'avant je ne l'ai jamais vu.

  9   Q.  J'aimerais bien attirer votre attention sur un certain nombre de choses

 10   qui figure. C'est le président Miskovic qui organise la réunion. M. Drljaca

 11   participe parmi d'autres à la réunion. Si vous examinez l'article 5 où on

 12   voit les dispositifs du document, les décisions, on peut voir :

 13   "Commencer à travailler immédiatement sur la prise de pouvoir en dépit de

 14   la coordination de la JNA."

 15   Donc, là, c'est une des choses qui est en train de se dérouler entre le 9

 16   et le 29 avril. Vous, vous n'étiez pas au courant de cela, vous ne saviez

 17   rien de tout cela ? Vous ne saviez pas que le SDS était en train de

 18   préparer la prise du pouvoir, vous n'étiez pas au courant de cela ?

 19   R.  Oui. Je n'étais pas du tout au courant de cela. Je vous l'ai déjà dit.

 20   Je n'avais rien à voir avec le SDS, et ce Simo Drljaca et la date que l'on

 21   voit ici, le 23 avril, moi, je l'ai rencontré pour la première fois le 29

 22   avril. Donc, à l'époque, je ne le connaissais même pas, donc il ne pouvait

 23   rien me dire, il ne pouvait rien dire à personne, il ne pouvait pas nous

 24   transmettre des messages à nous, les employés de la police. Peut-être

 25   pouvait-il dire en privée quelque chose à quelqu'un mais, en tout cas, il

 26   ne pouvait pas nous transmettre des informations officiellement.

 27   Q.  Bien. Bien. Je comprends cela. Cela étant dit, j'aimerais bien

 28   maintenant parler de cette date-là, la date du 29 et du 30 avril. Mardi,


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  1   cette semaine, vous avez dit que vous n'aviez pas de connaissance au sujet

  2   de la réunion qui s'est déroulée le 29, que vous étiez sur le terrain ce

  3   jour-là --

  4   R.  [aucune interprétation]

  5   Q.  Je pense que vous avez dit, à la page 24 777, que vous êtes revenu vers

  6   2 heures de l'après-midi et que vous avez appris qu'une réunion allait se

  7   tenir ?

  8   R.  [aucune interprétation]

  9   Q.  C'est la première fois que vous avez appris qu'une réunion allait se

 10   tenir ce jour-là ?

 11   R.  Oui. Au retour de la mission, quelqu'un m'a appelé au téléphone et j'ai

 12   entendu que tous les employés des transmissions devaient aller participer à

 13   la réunion, devaient se rendre à la réunion. On a été informés par

 14   téléphone. Il n'y a pas eu d'information écrite.

 15   Q.  Je crois que vous avez déjà dit qu'il y avait des effectifs de la

 16   police de conviés, tant d'active que de réserve. Ont-ils été aussi conviés

 17   à venir dans un délai si court ?

 18   R.  Je ne le sais pas. J'imagine que oui, parce que personne n'a oublié

 19   rien que le personnel des transmissions.

 20   Q.  Est-ce que vous avez dit que, lorsque la réunion a commencé, il n'y

 21   avait à l'ordre du jour qu'un seul point à aborder, à savoir le fait de

 22   voir que Prijedor devrait faire partie de Banja Luka ou rejoindre le giron

 23   de Sarajevo; c'est bien cela ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Est-ce qu'il y a eu un ordre du jour de donner par écrit ou est-ce

 26   qu'on a annoncé la chose verbalement une fois que tout le monde s'est

 27   rassemblé ?

 28   R.  La deuxième possibilité que vous venez d'avancer. Ce n'est qu'oralement


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  1   que ça a été dit. Hasan Talundzic, le chef du poste, a annoncé qu'il allait

  2   y avoir une réunion et il a annoncé le sujet de celle-ci.

  3   Q.  Mais vous n'avez pas pris de notes j'imagine à l'occasion de cette

  4   réunion comme vous l'avez fait le 9 avril ?

  5   R.  Parce que j'étais arrivé parmi les derniers. Je n'avais pas où

  6   m'asseoir. Dans ma déclaration, vous vous souviendrez que j'ai dit qu'il y

  7   avait un pilier comme celui-ci. Je m'étais appuyé contre le pilier, donc je

  8   ne pouvais pas prendre de notes.

  9   Q.  [aucune interprétation]

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Micro, Monsieur.

 11   M. HANNIS : [interprétation] Oui, désolé, excusez-moi. Merci.

 12   Q.  Alors j'ai cru comprendre que, pendant la réunion l'un des agents des

 13   communications, des transmissions vous avait demandé parce qu'il y avait un

 14   problème a envoyé quelque chose; c'est cela ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Comment s'appelait cet agent des transmissions ? Parce qu'il a été

 17   consigné comme un certain Dusko --

 18   R.  J'ai déjà dit, il s'appelle Sarac.

 19   Q.  Merci. Je voulais juste confirmer l'orthographe. Alors vous nous aviez

 20   dit qu'il vous avait montré une dépêche codée reçue de Sarajevo avec une

 21   adresse qui lui demandait enfin une façon de donner l'adresse qu'il lui

 22   indiquait qu'il fallait envoyer cela à Sanski Most, à Bosanska Novi, à

 23   Dubica. Alors, vous nous avez dit qu'il n'y n'a pas été capable, parce que

 24   l'officier chargé des transmissions à Banja Luka a refusé d'établir la

 25   connexion. Alors est-ce que vous pouvez m'expliquer un peu cette

 26   technologie ? Pourquoi aviez-vous à Prijedor besoin de Banja Luka pour vous

 27   faire établir la communication avec des postes subordonnés en termes de

 28   transmissions ? Je ne vois pas pourquoi vous aviez besoin de Banja Luka si


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  1   vous étiez censé communiquer avec Sanski Most, Bosanski Novi et Bosanska

  2   Dubica. Est-ce que c'est codé ?

  3   R.  Si vous en souvenez, on a parlé hier de ce schéma de fonctionnement et

  4   c'est indiqué sur l'organigramme, il y a deux types de transmission de

  5   communication entre Prijedor et Sanski Most. Il y a une voie de

  6   communication directe et il faut qu'il y ait un document à cet effet donc

  7   il y a un papier qui comporte un code. Et l'autre façon de communiquer

  8   c'était par des circulaires. Si on veut faire passer les choses de façon

  9   circulaire, il faut passer par Banja Luka parce que c'est Banja Luka qui

 10   dispose de ce dispositif; si on ne veut pas passer par le circulaire, il y

 11   a trois plus de travail à faire, je code, j'envoie à un, puis je code pour

 12   l'autre, puis je code pour le troisième, chacun a son code distinct, alors

 13   que le circulaire, quand c'est envoyé, il n'y a qu'un seul code à mettre à

 14   place. J'espère que nous nous sommes compris.

 15   Q.  Je pense que oui. Alors c'était en partie parce que c'était un message

 16   codé, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Si l'agent chargé des transmissions à Banja Luka avait refusé d'établir

 19   la communication, vous auriez pu y aller vous-même depuis Prijedor parce

 20   que -- mais il vous faudrait trois fois plus de temps parce qu'il eut fallu

 21   faire trois transmissions distinctes ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-ce que vous savez nous dire quel était cet agent des transmissions

 24   à Banja Luka qui refusait de vous connecter pour que vous envoyiez la chose

 25   au-delà ? Est-ce que c'était Rakovic ?

 26   R.  Je n'en sais rien, non. Rakovic, tout de suite, je vais vous dire que,

 27   non. Il n'est pas chargé de ce travail. C'était l'un quelconque de ses

 28   employés mais je ne sais pas qui. Le dénommé Sarac Dusko lui c'était un


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  1   gros fainéant, et il ne voulait pas expédier les choses. Le reste je ne

  2   veux pas m'aventurer à expliquer. Celui qui est à Banja Luka lui partant

  3   des expériences antérieures, quand je dis "antérieur," c'était peut-être

  4   pendant le mois ou un peu plus d'un mois avant, eux, ils savaient ces gens,

  5   moi, je ne le savais pas trop, je l'ai peut-être remarqué ça, et là, il y a

  6   des dépêches du SUP de la république de l'époque de Sarajevo qui, de par

  7   leur teneur, étaient telles qu'on n'était pas censé les envoyer vers des

  8   postes où le SDS était au pouvoir ou là où il y avait des cadres du SDS

  9   d'embaucher. C'est la raison pour laquelle on disait sur le document "à

 10   tous --" enfin "CJB à l'intention de la totalité des postes," il y avait

 11   une règle qui n'était pas une règle consignée noir sur blanc. Mais il y a

 12   des dépêches qui contournaient Banja Luka mais qui nous parvenaient à nous

 13   et l'agent des transmissions avait remarqué la chose c'est pourquoi il a

 14   agi de la sorte. Parce que --

 15   M. KRGOVIC : [interprétation] Excusez-moi. Il y a un problème au niveau de

 16   la traduction. Page 13, lignes 18 et 19. On y dit que ces dépêches étaient

 17   adressées à Banja Luka et elles nous étaient parvenues, le témoin a dit

 18   autre chose.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, ce n'est pas exact. C'est ce qui est

 20   écrit ce n'est pas exact.

 21   M. HANNIS : [interprétation]

 22   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous avez dit au juste.

 23   R.  J'ai toujours dit et je vais répéter. Qu'au niveau des dépêches on

 24   disait : "CJB pour tous et/ou CSB pour tous." Donc ça voulait dire qu'il

 25   fallait envoyer à Banja Luka aussi; cependant, certaines dépêches - et il

 26   est évident que celle-là fait partie du lot - parce que comment je sais que

 27   celle-ci n'a pas contourné Banja Luka ? Parce que l'agent des transmissions

 28   m'a dit que son collègue n'avait pas voulu lui établir la communication par


Page 24949

  1   circulaire mais lui a dit : "Pourquoi ne demandes-tu pas ceci qui travaille

  2   là-bas à le faire ?" Il a rejeté la chose carrément. C'est tout ce que je

  3   sais au sujet de cette dépêche.

  4   Q.  Bon. Si j'ai bien compris votre dernière partie, vous dites que l'agent

  5   des transmissions, qui était de service à Banja Luka, a dit à votre agent

  6   des transmissions à Prijedor : "Pourquoi ne contactes-tu pas tes propres

  7   gens" ou pourquoi ne demandes-tu pas aux tiens d'établir la connexion, de

  8   parlait-il, des Musulmans ?

  9   R.  Probable. Je n'en sais rien.

 10   Q.  Bon. Mais une fois de plus, je dirais que la raison pour laquelle vous

 11   avez pris lecture de cette dépêche concrète, chose qui était contraire à

 12   votre pratique habituelle, vous avez lu la teneur pour essayer d'établir

 13   comment vous pourriez surmonter le problème pour ce qui était de rediffuser

 14   ce message aux trois adresses, Sanski Most, Novi, et Dubica. Mais je ne

 15   comprends pas parce que vous aviez dit qu'il y avait un autre moyen de

 16   l'envoyer sans pour autant établir la communication avec Banja Luka. Vous

 17   auriez pu envoyer trois messages distincts. Pourquoi avez-vous lu

 18   précisément cette dépêche ? Moi, il me semble que vous auriez pu résoudre

 19   le problème sans avoir à lire la dépêche et vous l'avez quand même lue.

 20   Pourquoi ?

 21   R.  Le fait de ne pas lire les dépêches ce n'est pas un principe pour ce

 22   qui me concerne. La lecture d'un nombre énorme de dépêches pour moi c'était

 23   un fardeau. Je m'étais déjà mis en place ou édifier un système --

 24   Q.  Excusez-moi, je vais vous interrompre parce que je crois comprendre ce

 25   que vous voulez dire, mais alors dans la réponse on dit :

 26   "Tout d'abord, la non lecture," mais on vient de rectifier la chose. Alors

 27   le principe c'était de ne pas lire, n'est-ce pas ?

 28   R.  Mais au-delà de toute chose il y a une règle qui est en vigueur, la


Page 24950

  1   vigueur dit -- la règle en vigueur dit que l'employé de la protection

  2   cryptographique et le dirigeant du service de cette Protection

  3   cryptographiée peut lire tout document crypté dans la mesure où il en a

  4   besoin pour faire sa partie du travail, et ce qu'il l'a lu il est censé

  5   n'en parler à personne exception faite des personnes qui sont autorisées à

  6   en prendre connaissance par la loi. Mais je n'ai pas à le lui communiquer

  7   puisque ces personnes à leur communiquer la chose parce que ces personnes

  8   peuvent lire. Donc sachant quelle est la situation du moment au sujet des

  9   transmissions et sachant que les dépêches très urgentes doivent selon la

 10   règle faire l'objet d'un appel de la part de l'agent des transmissions à

 11   l'intention d'un coursier pour envoyer cela au chef, parce que ceci ce sont

 12   des principes ou des dépêches urgentes, ce rapport surtout à des affaires

 13   de l'Etat, et non pas à des affaires criminelles. Sachant que le chef est à

 14   la réunion et que je dois y retourner, il est logique que personne ne

 15   m'accompagnerait pour prendre en main la dépêche, il est logique de me voir

 16   la prendre moi-même en main.

 17   Q.  Je comprends cela. Laissez-moi vous demander ce qui suit au sujet d'une

 18   partie de votre témoignage y afférant. En page 24 781, vous avez dit que

 19   même auparavant, indépendamment de la teneur de la dépêche, lorsque vous

 20   constatiez qu'il était impossible de mettre en œuvre la procédure

 21   habituelle, "je décidais des mesures à prendre partant de la teneur de

 22   cette dépêche."

 23   Alors je ne suis pas sûr qu'il soit clair ce que vous avez voulu dire.

 24   Quelle est la procédure habituelle à laquelle vous faites référence ici et

 25   pourquoi parfois était-il impossible de la mettre en place, cette procédure

 26   ?

 27   R.  Par exemple ceci, lorsqu'une dépêche passe par chez nous pour être

 28   réexpédiée, disons, à Bosanski Novi, à titre d'exemple, et je sais que


Page 24951

  1   Bosanski Novi à ce moment-là ne peut pas recevoir la dépêche parce qu'ils

  2   ont une panne technique, alors je vais rechercher d'autres modalités. Peut-

  3   être si c'est non codé, je peux dicter au téléphone; si c'est codé, si la

  4   chose est indispensable compte tenu de la teneur -- tenez, un exemple, une

  5   dépêche est arrivée disant qu'il fallait que tant de policiers soient

  6   envoyés par Prijedor, par Dubica, par Novi, pour aller conduire des

  7   opérations ailleurs. Mais je pense à une période antérieure à la guerre, et

  8   il est arrivé que Sanski Most ne puisse pas réceptionner, que se passe-t-il

  9   alors ? On prend un véhicule, un coursier et on l'envoie à Sanski Most.

 10   Moi, je propose et le chef approuve la façon de procéder. C'est à peu près

 11   de la sorte que les choses se passaient.

 12   Q.  A la date du 29 avril, savez-vous qui est-ce qui se trouvait être le

 13   chef du poste de sécurité publique à Sanski Most, à Bosanski Novi, à

 14   Bosanska Dubica ? Est-ce que ces responsables, ces chefs, étaient des

 15   Serbes ou des non-Serbes, savez-vous nous dire qui c'étaient ?

 16   R.  Avant je savais, maintenant je ne m'en souviens pas.

 17   Q.  Pour ce qui est de cette dépêche, étant donné que Banja Luka a refusé

 18   d'établir la communication pour l'envoi de la dépêche de façon circulaire,

 19   l'une des solutions qui avaient été évoquées c'était d'envoyer de façon

 20   séparée la dépêche codée à chacun des postes. Mais vous ne l'avez pas fait.

 21   Il s'agissait de quelque chose de très urgent, était-ce peut-être la raison

 22   ? Est-ce la raison pour laquelle vous n'avez pas envoyé ce message à trois

 23   reprises de façon distincte, ou est-ce que parce que vous aviez lu la

 24   teneur, vous vous étiez dit qu'il ne fallait pas leur expédier, mais qu'il

 25   valait mieux consulter le chef avant que de décider de ce qu'il fallait en

 26   faire ?

 27   R.  Non. Compte tenu de cette situation puisque tout se passe à Prijedor,

 28   quand je suis parti je ne suis pas revenu pour contrôler l'employé ou pas,


Page 24952

  1   et son travail c'était d'envoyer la dépêche de façon distincte aux trois

  2   adresses. La règle est tellement claire qu'il faut qu'il l'envoie de façon

  3   distincte qu'il le sait à 1 000 %. Donc il sait que s'il ne le faisait pas,

  4   il serait coupable. Mais compte tenu des événements qui ont suivi, et je

  5   vous ai parlé souvent de la mobilisation, je n'ai plus contrôlé, a-t-il

  6   vraiment envoyé ou pas, je ne sais, mais je suis convaincu aujourd'hui

  7   qu'il a dû l'envoyer, parce qu'autrement, il aurait risqué son poste de

  8   travail. Mais personne n'est venu me poser des questions à ce sujet plus

  9   tard, c'est la première fois que vous me posez des questions à ce sujet.

 10   Q.  Je comprends. Merci.

 11   Alors vous avez pris la dépêche et le registre à la réunion ?

 12   R.  Oui. Le registre des dépêches.

 13   Q.  Alors je voudrais vous poser une question au sujet de la dépêche. On a

 14   vu qu'on y a tapé à la machine "dzz/m" au bas, et vous avez cru comprendre

 15   qu'il s'agissait d'un agent des transmissions à Sarajevo dont le nom de

 16   famille était Zanko; c'est cela ?

 17   R.  Oui. Je ne pense pas. J'en suis sûr.

 18   Q.  Fort bien. Je crois que vous nous aviez déjà dit que son prénom était

 19   Mirsad. Mais, moi, j'ai des informations, qui nous disent qu'à Sarajevo,

 20   celui qui s'appelait Zanko s'appelait Muhamed; est-ce que vous êtes

 21   d'accord ?

 22   R.  Ecoutez, c'est possible aussi. Je ne me souviens plus du prénom du

 23   conseil de la Défense. Je l'ai déjà oublié. Je ne suis pas très bon et très

 24   fort en noms, mais je sais que c'était Zanko et je me souviens que

 25   c'étaient les initiales de cet individu.

 26   Q.  Alors vous êtes revenu avec cette dépêche à la réunion et je pense que

 27   vous aviez déjà indiqué que la chose a été donnée à Mirsad Sahuric - pour

 28   qu'il fasse quoi ? - qu'il consigne des choses au registre ?


Page 24953

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Pour qu'il le donne au chef et que celui-ci signe aussi ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Est-ce que vous savez nous dire où pourrait bien se trouver ce registre

  5   ? A-t-il été détruit ?

  6   R.  Ça c'est un registre du chef du centre. Il serait logique que ce soit

  7   un registre comme celui que vous m'avez montré hier, ça devrait être

  8   d'ailleurs ce registre-là. C'est la logique. Mais je ne sais pas si la

  9   dépêche en question s'y trouve être consignée. Vous pouvez vérifier.

 10   D'après moi, ça devrait être le cas. Ça devrait se trouver dans son

 11   registre. Mais le carnet des transmissions que Sahuric avait tenu à jour,

 12   c'est parti comme les autres.

 13   Q.  Je vais essayer de vérifier si j'ai bien compris. Le registre où le

 14   chef inscrivait le fait d'avoir réceptionné la dépêche du 29 avril c'était

 15   le registre qui était gardé par Mira Topic dans le bureau du chef; c'est

 16   bien cela ?

 17   R.  Le registre officiel c'est le registre des transmissions, il n'y avait

 18   pas que la dépêche du chef dedans, il fallait qu'il y ait toutes les

 19   dépêches, y compris celle du chef, celle qui a été signée par Mirsad

 20   Sahuric. Le registre accessoire, qui était tenu à jour par Mira, qu'on m'a

 21   montré hier ou avant-hier, on peut lui demander parce qu'elle est toujours

 22   vivante, on pourrait la trouver. Mais je vous ai dit qu'il y en a eu qui

 23   ont été détruites. Pour ce qui est des destructions, je tiens à préciser

 24   que ce n'était pas un feu qu'on faisait pour mettre un registre. Mais on

 25   avait tout un sac de registres, on les brûlait une fois par semaine, parce

 26   que tout ce qui fait l'objet de documents cryptographiés, c'était mis à feu

 27   à un endroit déterminé à cet effet par les soins de deux agents, pas un

 28   seul, deux y allaient.


Page 24954

  1   Q.  On s'est penchés sur l'un des registres où l'on a consigné, me semble-

  2   t-il, il y a des télégrammes codes à être envoyés, avoir été envoyés. Alors

  3   j'en ai un autre où l'on fait apparaître les dépêches à l'arrivée et qui

  4   ont été véhiculées vers le bureau du chef. Alors il me semble que vous

  5   aviez dit quelque chose pour ce qui est de la réunion du 29. Vous avez pris

  6   la parole, parce qu'en raison de ce que vous aviez vu au niveau de la

  7   dépêche, vous aviez pensé que c'était un début de guerre; est-ce que ce

  8   serait une bonne façon de résumer les choses ?

  9   R.  Tout ce que j'ai dit lorsque vous faites la somme, ça se résume à ceci,

 10   oui. J'ai aussi dit que j'ai des sentiments qui l'ont emporté sur la

 11   raison, et le sentiment que j'éprouvais c'était une peur terrible,

 12   infernale, pour ne pas voir se reproduire ce qui s'était déjà produit de

 13   par le passé, il y a longtemps de cela. Auparavant, je n'ai jamais agi de

 14   la sorte, j'ai toujours -- il y a toujours eu dans ma façon de se comporter

 15   la raison qui l'emportait, l'élément rationnel.

 16   Q.  Bon, la raison pour laquelle je vous ai posé cette question, c'est

 17   parce que je me souviens que vous nous avez dit que vous n'aviez pas

 18   regardé à la télévision, ou lu les journaux. Mais je me demande si --

 19   plutôt, tout d'abord, dites-nous si vous aviez connaissance de l'existence

 20   d'une Région autonome de la Krajina, et de l'existence aussi d'une cellule

 21   de Crise dans cette Région autonome de la Krajina, à Banja Luka; est-ce que

 22   Sarajevo aviez eu l'occasion d'apprendre qu'il existait une instance

 23   politique qui existait en avril 1992, et s'appelait ainsi ?

 24   R.  Il est vrai, je n'ai pas suivi les événements politiques, mais je

 25   n'étais pas une espèce de Diogène dans son tonneau. Je savais qu'il y avait

 26   une SAO de la Krajina. Pour ce qui est de la cellule de Crise, vraiment je

 27   ne le savais pas. D'ailleurs, je l'apprends pour la première fois, je

 28   l'entends dire pour la première fois de votre bouche, à l'instant même.


Page 24955

  1   Q.  Vous n'avez donc pas vu que l'on faisait référence à une cellule de

  2   Crise de la Région autonome de la Krajina et à des décisions prises par

  3   celle-ci, à l'occasion du réceptionnement [comme interprété] de certaines

  4   dépêches de Banja Luka. Il se peut qu'il en ait eu de retransmises vers

  5   Banja Luka à faire état de cette cellule de Crise de la Région autonome de

  6   la Krajina; vous en souvenez-vous ?

  7   R.  Ecoutez, si vous me montrez, peut-être que je pourrai vous en dire

  8   plus; mais, sinon, maintenant, je ne me souviens de rien de concret.

  9   Q.  Bon, on y reviendra peut-être plus tard. Maintenant, j'en reste à ma

 10   filière de questions. Vous n'avez donc pas entendu parler d'une décision

 11   prise par la cellule de Crise de la Région autonome de la Krajina, à la

 12   date du 27 avril. Non, non, ce n'était pas la cellule de Crise, excusez-

 13   moi, c'était l'assemblée. Alors nous parlons de l'Assemblée de la Région

 14   autonome de la Krajina, qui le 27 a pris position pour dire que la JNA

 15   devait être à tout prix empêchée de retirer du matériel et des équipements

 16   de guerre du secteur de la Région autonome; vous ne saviez pas ?

 17   R.  Je ne le savais pas. J'ai vu un document que quelqu'un m'a montré, l'un

 18   des vôtres ou quelqu'un de la Défense. C'est dans les quelques mois qui

 19   viennent de s'écouler que je l'ai vu. Mais, à l'époque, je ne l'ai ni vu ni

 20   entendu parler de la chose. Et je vais compléter une chose. Vous avez parlé

 21   de la "cellule de Crise," là, je ne m'en souviens pas. Maintenant, vous

 22   parlez de "l'assemblée," ça, oui, je me souviens de l'existence de ces

 23   assemblées.

 24   Q.  Fort bien. Oui, vous avez raison, c'est vrai qu'au départ j'ai

 25   mentionné la cellule de Crise, mais là, pour ce qui est de cette situation,

 26   en fait c'était l'assemblée. Le fait est que j'aimerais savoir si à la fin

 27   du mois d'avril 1992, vous n'avez jamais entendu dire qu'un groupe de

 28   Serbes armé à Banja Luka qui s'appelait les SOS, les forces de défense


Page 24956

  1   serbe, est-ce que vous n'en avez jamais parlé de ce groupe ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  Donc je suppose que vous n'avez jamais entendu dire qu'ils avaient

  4   empêché la JNA de quitter Banja Luka, et ce, à commencer par le 27 avril

  5   1992, c'est là qu'ils ont commencé cela ?

  6   R.  Ecoutez, j'ai l'impression que j'entends cette information pour la

  7   première fois, et que c'est vous qui me la transmettez. Mais peut-être que

  8   j'en avais entendu parler un peu plus tôt. Bon, elle était si peu

  9   importante que ou elle était si importante plutôt que j'ai complètement

 10   oublié cela. Mais il faut savoir que peut-être que j'en ai entendu parler

 11   mais peut-être que je n'en ai pas entendu parler. Ce que je veux dire en

 12   fait, Banja Luka, c'était quand même tellement éloigné, en un sens c'était

 13   tellement éloigné de nous qu'on en ait jamais parlé, ce n'est pas la peine

 14   d'en parler. Mais, bien sûr, que j'avais un poste téléviseur mais je

 15   regardais très, très, très rarement les actualités. Je ne sais pas en fait

 16   ce qui figurait dans les actualités à ce moment-là.

 17   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Jankovic, pour que tout soit

 18   un peu plus clair, quelles sont les informations que vous aviez reçues ?

 19   Quels sont les éléments d'information dont vous vous souvenez, portant sur

 20   le fait que l'Assemblée de la Région autonome de la Krajina avait émis une

 21   dépêche afin justement d'empêcher le départ de la JNA avec ces armes ?

 22   Comment est-ce que vous, vous interprétez ou vous avez interprété cette

 23   information ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, je n'ai pas très bien compris ce que

 25   vous m'avez demandé. Vous me parlez de l'assemblée maintenant, donc est-ce

 26   que vous parlez de l'Assemblée de la Krajina ? Parce que cela ne faisait

 27   pas partie de la dépêche. Si vous parlez de la dépêche que, moi, j'ai

 28   amenée, je vous dirais que cela se fondait sur une décision de la


Page 24957

  1   présidence de Bosnie-Herzégovine, et non pas de la Krajina. Voilà ce que

  2   j'entendais. Si c'est la question que vous m'avez posée, Monsieur le Juge.

  3   Pourriez-vous préciser votre question ?

  4   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Oui, oui, tout à fait. Je suis très

  5   heureux d'avoir posé cette question, parce qu'il se peut qu'il y ait quand

  6   même une certaine confusion. Si je regarde le compte rendu d'audience, le

  7   texte écrit donc de votre déposition, disait deux minutes environ, il

  8   semblerait à la lecture de compte rendu d'audience que vous vous souvenez

  9   avoir vu la dépêche qui avait été délivrée par l'Assemblée de la Région

 10   autonome de Krajina --

 11   M. HANNIS : [interprétation] Ecoutez, si cela figure dans le compte rendu

 12   ce n'est pas la question que j'ai posée, parce que, dans le document que

 13   j'ai utilisé, il n'était pas question d'une dépêche, mais il était question

 14   d'une décision ou d'un point de vue émis par l'assemblée.

 15   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie de votre précision,

 16   Monsieur Hannis, mais quoi qu'il en soit, je vais vous dire comment, moi,

 17   j'ai interprété votre réponse, Monsieur Jankovic. J'ai compris que vous

 18   aviez entendu parler de la décision prise par l'Assemblée de la Région

 19   autonome de Krajina, le 27 avril, et que cette décision avait été prise

 20   pour essayer d'empêcher que la JNA ne parte avec ces armes et ces munitions

 21   de la Région de Banja Luka. Je vous pose une question puisque vous semblez

 22   vous souvenir de cette décision, et puisque vous vous en souvenez, comment

 23   l'avez-vous interprété à ce moment-là ? Qu'avez-vous compris de cette

 24   décision ? Quel était d'après vous l'objectif de ladite décision ? Pourquoi

 25   est-ce que l'on aurait dû empêcher la JNA de retirer ces armes de cette

 26   zone ? Est-ce que vous comprenez ma question maintenant ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je comprends, je comprends votre

 28   question maintenant, Monsieur le Juge, et je pense qu'il y a un malentendu,


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  1   un malentendu en fait qui découle du dialogue entre le Procureur et moi-

  2   même. Donc je vais essayer d'être aussi bref et clair que possible. Je vous

  3   ai parlé donc de l'isolement, alors là, il s'agissait tout simplement de la

  4   dépêche de la présidence de la Bosnie-Herzégovine que j'ai amenée à la

  5   réunion. C'est tout ce que je savais. Pour ce qui est de toutes les autres

  6   dépêches, de tous les autres documents qui sont mentionnés, y compris les

  7   documents de la Région autonome de la Krajina, je vous dirais que je n'en

  8   sais absolument rien, je n'étais pas informé. Est-ce que j'ai été clair ?

  9   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Bien. Alors je vais vous poser une

 10   question directe. Est-ce qu'à l'époque, vous aviez entendu parler d'une

 11   décision, non pas une dépêche, mais une décision qui avait été prise par

 12   l'Assemblée de la Région autonome de Krajina le 27 avril 1992, la décision

 13   ayant pour but d'essayer d'empêcher le départ de la JNA ainsi que -- le

 14   départ de la JNA en fait avec ses armes de la zone de Banja Luka ? Est-ce

 15   que vous, vous avez entendu parler de cette décision ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'ai absolument pas entendu parler de

 17   cela. Vous savez, c'était l'époque où Talundzic était le chef et s'il y

 18   avait des documents qui arrivaient au poste, comme je l'ai déjà dit à

 19   plusieurs reprises d'ailleurs, moi, j'étais complètement "isolé," si vous

 20   voyez ce que je veux dire.

 21   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Jankovic.

 22   Monsieur Hannis.

 23   M. HANNIS : [interprétation]

 24   Q.  Ecoutez, j'ai une question d'ordre technique à vous poser. Est-ce que

 25   le document 1D150 pourrait être affiché, intercalaire 24 du classeur de

 26   l'Accusation. Alors je sais qu'il y a deux versions B/C/S en fait. Peu

 27   importe celle qui sera affichée en premier parce que je voudrais que les

 28   deux soient affichées l'une après l'autre.


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  1   Donc est-ce que vous voyez le document en question ?

  2   R.  Ecoutez, oui je vois qu'il y a un document, mais je n'arrive pas

  3   véritablement à le déchiffrer. Vous avez peut-être un exemplaire plus

  4   clair, plus lisible.

  5   Q.  Celui-ci n'est pas de qualité -- enfin il est légèrement plus lisible,

  6   mais le fait est que j'ai ces documents papiers. Donc peut-être que je

  7   pourrais vous les remettre, et là, je vous parle des deux versions B/C/S du

  8   document. Peut-être que ce ne sera pas d'ailleurs beaucoup plus lisible,

  9   mais je voulais dans un premier temps vous poser une première question :

 10   Alors vous vous souvenez de votre entretien avec le bureau du Procureur, et

 11   lors de cet entretien vous aviez expliqué quel était le fonctionnement

 12   technique de l'appareil, vous avez expliqué en fait comment tout cela

 13   fonctionnait, vous avez expliqué ce qui se passait lorsqu'on recevait ou on

 14   envoyait ce type de messages. Vous avez dit qu'il y avait une fonction qui

 15   était assez unique et qui dépendait de l'orientation du texte ou de la

 16   page, si vous voyez ce que je veux dire. Je crois comprendre, en fait, que

 17   si les lettres sont écrites comme cela, si elles sont droites en fait, cela

 18   permet de comprendre s'il s'agit d'un document reçu ou envoyé. Vous me

 19   suivez ? Vous voyez de quoi je parle ? Parce que si les lettres sont

 20   légèrement penchées vers la droite, cela a une autre signification; si

 21   elles sont penchées légèrement vers la gauche, cela signifie une troisième

 22   chose. Est-ce que vous pouvez nous expliquer tout cela ? Parce que

 23   regardez, regardez le texte, là, on a l'impression -- enfin, on n'a pas

 24   l'impression, on voit que les lettres sont très droites. Donc qu'est-ce que

 25   vous pouvez en déduire quant à la provenance du document ? Car je pense que

 26   -- voilà, le texte qui est affiché à l'écran correspond à celui que vous

 27   avez maintenant dans la main. Donc si les lettres sont toutes droites comme

 28   cela, qu'est-ce que vous pouvez en déduire quant à la provenance du


Page 24960

  1   document ?

  2   R.  Je vais vous expliquer tout cela. Premièrement, je vous dirais au vu de

  3   mon expérience que je reconnais l'appareil qui a été utilisé. Il s'agit

  4   d'un téléscripteur qui avait été fabriqué par l'usine à Nis, l'usine

  5   Elektronska. Donc, là, les lettres, en fait, elles sont formées par des

  6   points. Vous ne pouvez pas les voir, bien entendu, les points, mais je peux

  7   vous assurer que les lettres sont composées à partir de petits points.

  8   M. KRGOVIC : [interprétation] Excusez-moi. Mais l'interprète n'a pas

  9   compris quelle était la licence de fabrication.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est lorsque société française Sagem, vous la

 11   connaissez peut-être. Ils fabriquent également des téléphones portables.

 12   Donc c'était leur appareil.

 13   Cette machine, mise au point par Sagem, vous donne la possibilité de

 14   faire la différence entre plusieurs choses, et je vais vous expliquer ce

 15   dont il est question maintenant. Alors voilà, voilà comment les choses se

 16   passent. Lorsque l'opérateur est en train de taper sur la machine et que

 17   les lettres sont écrites donc par l'opérateur, il y a un protocole ou un

 18   régime d'opération, comme nous appelons cela. Vous m'entendez ? Lorsqu'un

 19   texte est reçu, lorsqu'il communique avec des participants, avec d'autres

 20   personnes et qu'il reçoit un texte et qu'il le tape directement, là, c'est

 21   un deuxième régime. Puis il y a le troisième régime qui consiste à faire

 22   une copie de données qui ont été enregistrées et mémorisées. Donc là, vous

 23   avez un texte qui a été reçu, la communication ayant été reçue. Donc

 24   récemment, moi, j'ai vu un document où les lettres étaient légèrement

 25   penchées vers la droite. Je travaillais avec la Défense et j'ai vu une

 26   dépêche, et dans la dépêche, on voyait en fait que les lettres étaient

 27   penchées vers la gauche. Je vous dirais en fait que j'ai un peu oublié

 28   parce que je ne travaille plus dans ce domaine, mais là, je pense en fait


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  1   qu'il s'agit de dépêches qui ont été reçues puisque les caractères sont

  2   droits. En fait, c'est une dépêche qui a été reçue directement.

  3   Q.  Est-ce que vous pourriez, je vous prie, afficher l'autre version

  4   B/C/S du document 1D150 ? Est-ce que vous pouvez le mettre à côté de la

  5   version que nous avons sur la gauche maintenant ? Donc nous n'allons plus

  6   avoir de texte anglais, juste les deux textes, parce que je voudrais quand

  7   même comparer les lettres.

  8   Donc vous voyez les deux textes, et vous avez d'ailleurs les deux

  9   textes en documents papiers. Non, là, je crois qu'on a affiché deux

 10   versions identiques. Voilà, parfait. Donc il me semble que la version où

 11   les caractères sont plus prononcés et plus foncés, plus noirs, là vous

 12   voyez que les caractères quand même ils sont légèrement penchés vers la

 13   droite par rapport au premier texte, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui, justement là, je dois vous dire que ça jette un peu la confusion

 15   dans mon esprit, parce que c'est exactement le contraire de ce que je viens

 16   de vous dire, et là, je n'ai aucune explication à ce sujet, je ne comprends

 17   pas. Pourquoi est-ce que cela est opposé ? Ecoutez, la dépêche regardée

 18   elle a été consignée dans le registre par Mira Topic, donc il serait

 19   logique que la dépêche reçue par le chef aurait été remise pour que la

 20   personne la consigne dans le registre comme un document qui est arrivé

 21   directement puisqu'il a été reçu directement.

 22   Q.  D'accord.

 23   R.  Donc, là, il y a quelque chose, et là, je vois que les lettres sont en

 24   effet penchées, donc là il y a quelque chose qui m'échappe, que je ne

 25   comprends pas vraiment. Je ne comprends pas vraiment d'ailleurs comment on

 26   pourrait parvenir à comprendre tout cela.

 27   Q.  Mais vous voyez ce qui est écrit à la main sur le document que vous

 28   avez maintenant, que vous tenez, vous, Monsieur, et qui correspond au


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  1   document qui se trouve sur la droite de nos écrans, ce qui est écrit à la

  2   main correspond à l'écriture de Mira Topic, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui, oui, oui, c'est ce que je vous ai dit justement.

  4   Q.  Vous voyez que c'est le 11 mai 1992, regardez la date, c'est ça qu'elle

  5   a écrit, 11 mai 1992, n'est-ce pas ? C'est exact ?

  6   R.  Oui, oui, oui. Mais j'aimerais quand même vous rappeler ce que je vous

  7   ai dit hier ou avant-hier d'ailleurs.

  8   Q.  Non, très bien, mais je pense que vous avez raison. Vous nous avez dit

  9   qu'après la prise, M. Drljaca vous a convoqué dans son bureau et vous a

 10   présenté à deux journalistes ?

 11   R.  Oui, c'est exactement ce qui s'est passé.

 12   Q.  Puis ensuite, il vous a demandé si vous aviez toujours la dépêche ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Vous êtes allé récupérer le texte ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Vous avez fait une copie de ce texte ?

 17   R.  Oui, c'était cela l'explication.

 18   Q.  C'est la raison pour laquelle les lettres sont légèrement penchées vers

 19   la droite, n'est-ce pas ?

 20   R.  Probablement, mais je n'en suis pas sûr.

 21   Q.  Mais, en fait, cela indiquerait que ce n'est pas le texte d'origine

 22   celui-ci, parce que s'il s'agissait du texte d'origine les lettres elles

 23   seraient droites, elles ne seraient pas penchées vers la droite, n'est-ce

 24   pas ? S'il s'agissait du texte d'origine reçu par le chef Talundzic ?

 25   R.  Oui, oui. D'après ce dont je me souviens de la machine en question, je

 26   pense que c'est exact.

 27   Q.  Bien. Bien voilà un mystère élucidé au moins.

 28   Je vais maintenant vous parler de la soirée du 12 [comme interprété], parce


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  1   que vous nous avez dit que tout cela s'était passé après la réunion et que

  2   vous, vous êtes allé chez vous, vous êtes rentré chez vous puis vous avez

  3   été appelé par votre officier chargé des communications qui était de

  4   permanence qui vous a dit de venir. Donc vous êtes allé au poste de police

  5   et puis une fois vous êtes arrivé au poste de police on vous a demandé de

  6   vous rendre à Cirkin Polje; est-ce bien exact ?

  7   R.  Cirkin Polje.

  8   Q.  Qui vous a dit d'aller à Cirkin Polje lorsque vous êtes arrivé au poste

  9   de police ?

 10   R.  Ecoutez, j'essaie de m'en souvenir. Je vous l'ai dit hier ou avant-

 11   hier. Je vous ai dit qu'il y avait un système qui était organisé, qui était

 12   structuré et qui permettait à un supérieur de m'appeler lorsqu'il avait

 13   besoin de moi, officiellement, donc personne ne m'appelait jamais chez moi.

 14   En fait, ce qu'ils faisaient c'est qu'ils appelaient l'officier de

 15   permanence qui se trouvait au centre des Communications et qui était de

 16   permanence -- il y avait toujours quelqu'un de permanence 24 heures sur 14

 17   et ils disaient : Ecoutez, présentez-vous à tel ou tel ou tel endroit.

 18   Donc, là, moi, je ne lui ai pas demandé qui lui avait demandé de me

 19   convoquer, mais bon j'ai été convoqué au centre de communications.

 20   Q.  Non, mais ça je le comprends. Mais ce n'est pas la question que je vous

 21   avais posée. Je vous avais demandé : Qui vous a dit de vous rendre à Cirkin

 22   Polje lorsque vous êtes arrivé au centre de Communications.

 23   R.  Les officiers de communications se trouvaient déjà là-bas et puis je

 24   pouvais voir en fait que tout le monde se préparait, non seulement le

 25   personnel chargé de la communication mais également les policiers …

 26   Q.  Certes, mais est-ce que vous pouvez me donner le nom de la personne qui

 27   vous a dit à votre arrivé au poste de police - nous allons à Cirkin Polje ?

 28   Est-ce qu'il s'agissait de quelqu'un qui faisait partie des communications


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  1   ? Est-ce qu'il s'agissait du commandant adjoint du poste de police ? Est-ce

  2   que vous vous souvenez qui vous a dit pour la première fois, vous, vous

  3   allez aller à Cirkin Polje ou, toi, tu vas aller à Cirkin Polje ?

  4   R.  Je pense que probablement voilà comment les choses se sont passées. La

  5   personne qui a envoyé l'officier de permanence n'a pas dit : Appelle le

  6   patron. Il lui a dit : Rassemblez-vous tous, parce que je n'étais pas le

  7   seul à être présent, il y avait d'autres membres du personnel des

  8   communications. Je ne me souviens pas exactement qui était là. Il y avait

  9   Raus, Mladen, il était là. Je pense qu'on était trois, Milan Batajnica

 10   était également présent. Je crois qu'on était trois ou quatre en fait, ou

 11   peut-être quatre ou cinq, et puis donc, de tout ce temps, il y avait déjà

 12   des gens qui étaient rassemblées là-bas. Les gens de la communication, ils

 13   étaient déjà là-bas. Nous, nous n'avons attendu personne. De toute façon,

 14   ils vivaient tous beaucoup plus près de l'endroit que moi.

 15   Q.  Mais vous nous avez déjà dit que lorsque vous êtes arrivé là-bas, il y

 16   avait un certain nombre de personnes, vous nous avez dit quels types

 17   d'uniformes ils portaient. Est-ce que vous vous souvenez dans quel bâtiment

 18   vous êtes entré ? D'abord, est-ce que vous étiez déjà rendu là-bas

 19   auparavant, est-ce que vous saviez véritablement dans quel immeuble ou

 20   bâtiment vous vous êtes rendu -- vous êtes entré, plutôt ?

 21   R.  Non, je n'étais jamais allé auparavant. C'était le bâtiment de la

 22   commune locale, comme on l'appelait, et c'était là où se trouvait le

 23   secrétariat de la commune locale. Bon, c'est un bâtiment qui est assez --

 24   qui est un pied, il me semble, qui est un pied, oui, qui est à peu près la

 25   taille de ce prétoire, il y avait beaucoup de pièces en fait dans ce

 26   bâtiment. Moi, je suis entré dans un bureau où il y avait des gens que je

 27   connaissais, peut-être que c'était le komandir en fait je ne me souviens

 28   pas. Mais quoi qu'il en soit, il y avait des gens que je connaissais. Je


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  1   pense en fait que c'était probablement le bureau du secrétaire, c'est là où

  2   il travaillait. Bon, je n'en sais rien. En fait, il y avait deux ou trois

  3   bureaux.

  4   Q.  Si je vous comprends bien, c'est la première fois, en fait que vous,

  5   vous avez rencontré Simo Drljaca, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Est-ce que c'est lui qui vous a informé qu'à partir de ce moment-là, il

  8   était le chef ? Est-ce que c'est lors de cette première rencontre qu'il

  9   vous a donné cette information ?

 10   R.  Non, non, il ne l'a pas dit seulement à Milos. On était assis, on

 11   bavardait, il y avait le komandir, il y avait les officiers supérieurs du

 12   poste. Je ne me souviens pas de leurs noms, mais j'ai vu d'ailleurs les --

 13   bon, je les ai vus les jours suivant. Ils n'étaient peut-être pas tous

 14   présents mais ils étaient nombreux à être présents, donc nous bavardions,

 15   il n'y avait rien de particulier, d'ailleurs il n'y avait pas de panic

 16   véritablement, puis à un moment donné Simo est arrivé dans un uniforme à

 17   plusieurs couleurs, je me souviens de son visage, bon, il était assez

 18   grand, il s'est assis. Il a dit : Bonjour, bonjour. Je m'appelle Simo

 19   Drljaca, et cetera, enfin, ce genre de choses, et cetera, et cetera.

 20   Q.  Vous nous dites qu'il portait un uniforme à plusieurs couleurs; c'est

 21   cela ? Vous parles d'un uniforme de camouflage alors ?

 22   R.  Oui. Oui.

 23   Q.  Un uniforme de camouflage, vous vous souvenez, il était un uniforme

 24   bleu le camouflage ?

 25   R.  Non, non, le bleu en fait c'est plus tard qu'il a été beaucoup plus

 26   prisé et qui est devenu à la mode.

 27   Q.  Donc je suppose que vous parlez de cet uniforme vert --

 28   R.  Non, je vous parle de l'uniforme militaire, qui est vert/marron/gris,


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  1   bon, il y a peut-être un petit peu de bleu, je n'en sais rien, mais en fait

  2   il n'y a pas de bleu.

  3   Q.  Merci. Lorsqu'il vous a demandé qui vous étiez, vous lui avez dit que

  4   vous étiez un officier chargé des communications et puis il vous a donné,

  5   d'après ce que vous nous dites, un morceau de carton où il était marqué

  6   "Identité officielle," ou "carte d'identité officielle;" c'est cela ?

  7   R.  [aucune interprétation]

  8   Q.  Ecoutez, je vois que vous hochez du chef, mais il va falloir que vous

  9   répondiez en fait.

 10   R.  Ecoutez, non, non, je ne sais pas s'il y a eu un problème. Mais, non,

 11   ce n'était pas un morceau de carton. Non, non, non. C'était toute une pile

 12   de cartes, voilà une pile assez importante et là il y avait marqué

 13   "document d'identité officielle" et puis il fallait remplir la carte à la

 14   main. Je vous dirais en fait que je me souviens en fait que tout cela avait

 15   été imprimé dans une imprimerie locale, et puis il y avait des petites

 16   lettres où il était indiqué "vila" ce qui pour moi était le signature que

 17   cela ne venait pas d'ailleurs. Parce que si cela avait été imprimé à Banja

 18   Luka, il y aurait eu le nom de l'imprimerie en fait. Donc il était

 19   absolument évident que cela avait été imprimé ailleurs.

 20   Q.  Bien. Je pense que le moment est venu de faire la pause.

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bien, nous reprendrons à 10 heures 45.

 22   --- L'audience est suspendue à 10 heures 24.

 23   --- L'audience est reprise à 10 heures 51.

 24   M. HANNIS : [interprétation] Merci.

 25   Q.  Monsieur le Témoin, nous étions en train de parler d'une quantité

 26   importante de pièces d'identité officielles en blanc, c'est ainsi que vous

 27   les aviez qualifiées. Alors quelle était la taille à peu près --

 28   R.  C'était comme ça, c'était du papier de mauvaise qualité, du papier du


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  1   style de la qualité d'un paquet de cigarettes. C'est la taille que vous

  2   voyez.

  3   M. HANNIS : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu d'audience,

  4   Monsieur le Président, je précise que j'ai montré au témoin mon badge

  5   d'identité du Tribunal pénal international. Je ne l'avais pas sur la liste

  6   des pièces à conviction, mais je crois qu'il n'y aura aucune objection à

  7   cela.

  8   Q.  Alors est-ce que sur ces pièces d'identité officielles, il y avait quoi

  9   que ce soit d'autre décrit autre, si ce n'est le SJB, Prijedor ou MUP, ou

 10   est-ce qu'il y avait juste "carte d'identité officielle" avec un nom placé

 11   dans l'espace en blanc ? Est-ce que vous avez entendu ma question ?

 12   R.  Oui. C'était de cette taille mais --

 13   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

 14   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent] 

 15   M. LE JUGE HALL : [interprétation] La question de procédure qui vient de se

 16   poser, ce qui a été montré au témoin, n'est pas consigné au compte rendu, à

 17   moins que les parties ne formulent des objections. Je crois qu'il faudrait

 18   quand même attribuer une cote de pièce à conviction --

 19   M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, je n'étais pas en train

 20   d'essayer de placer ma pièce d'identité pour la postérité au compte rendu.

 21   Je voulais juste montrer la taille de la carte d'identité du TPI.

 22   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Non, non, ce n'est pas cela.

 23   M. HANNIS : [interprétation] Fort bien, merci.

 24   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Non, non, il s'agit de document qui est

 25   à l'écran.

 26   M. HANNIS : [interprétation] Mais le document, qui est à l'écran, fait déjà

 27   partie de la pièce à conviction 1D150.

 28   M. LE JUGE HALL : [interprétation] C'est un document où il y a des


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  1   divergences de point de vue pour ce qui est de la traduction.

  2   M. HANNIS : [interprétation] Oui. Mais j'ai cru comprendre que les deux

  3   avaient obtenu la référence 1D150 au prétoire électronique.

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Puis-je vous aider ?

  5   M. HANNIS : [interprétation] Oui, allez-y.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La deuxième traduction en B/C/S, qui

  7   est utilisée par le conseil, n'a pas encore été versée à la liste des

  8   pièces à conviction.

  9   M. HANNIS : [interprétation] Bon, alors je crois qu'on pourrait mettre une

 10   référence 150.1 ou .01.

 11   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Merci. La deuxième version sera donc le

 12   1D150.1. Je vous remercie.

 13   M. HANNIS : [interprétation] C'est moi qui vous remercie, Madame la

 14   Greffière.

 15   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

 16   M. HANNIS : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur le Témoin, excusez-moi, est-ce que vous vous souvenez de ma

 18   question ? Est-ce que vous voulez que je la repose ?

 19   R.  Je m'en souviens. J'allais dire c'est de cette dimension, oui, mais

 20   c'est plié en deux, et il y avait, à la face de couverture, "pièce

 21   d'identité officielle." De l'autre côté, il y avait quelque chose

 22   d'inscrit, je ne m'en souviens pas trop. Mais je suis sûr qu'il n'y avait

 23   ni "MUP," ni "Banja Luka" décrit. Très probablement y avait-il d'inscrit

 24   "Prijedor, poste de sécurité publique" ou quelque chose de ce genre. J'ai

 25   dans mes archives personnelles, à moi, un exemplaire, si nécessaire, je

 26   peux faire en sorte que cela vous soit communiqué. Mais à 99 % de

 27   certitude, je dirais qu'il y avait très peu de texte. Il y avait juste des

 28   lignes en blanc pour le nom et le prénom, mais il n'y avait pas non plus


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  1   d'inscription relative à la fonction et il n'y avait pas de place pour la

  2   photo ou pour l'année de naissance de la personne à qui cela a été

  3   attribué.

  4   Q.  Fort bien. J'en tire une conclusion qui est celle de dire que cela

  5   était censé être utilisé à titre provisoire, comme un document temporaire

  6   pour les besoins de ce qui devait se passer le lendemain, n'est-ce pas ?

  7   R.  Cela n'a pas continué à être une pièce d'identité à Prijedor dans les

  8   journées qui ont suivi ?

  9   R.  Non, ça a servi assez longtemps, moi, la mienne est assez esquintée par

 10   le fait d'être portée longtemps dans mes poches. Je ne sais combien de

 11   temps, mais je crois que pendant des mois je l'ai porté, même plus que des

 12   mois peut-être.

 13   Q.  Est-ce que c'est vous qui avez mis le nom, votre nom et prénom dans

 14   cette pièce, c'est vous qui inscriviez les noms des personnes quand elles

 15   venaient ?

 16   R.  Oui, oui, c'est le cas.

 17   Q.  Quelle est l'information que l'on plaçait dans cette pièce d'identité,

 18   exception faite du nom. Y avait-il d'autres éléments, est-ce que vous

 19   signez la carte que vous délivriez ?

 20   R.  Rien que le nom et le prénom, rien d'autre.

 21   Q.  Ni vous, ni M. Drljaca, ni personne d'autre n'aviez parmi les

 22   inspecteurs, possédé l'apport d'une signature pour ce qui est de l'agent

 23   qui avait délivré cette pièce ?

 24   R.  Moi, sûrement pas. Il y avait je pense un petit cachet, et peut-être

 25   pas de signature, ou alors si oui, je ne m'en souviens pas. Il se peut

 26   qu'il y ait eu un tout petit cachet dessus. De là, à savoir s'il y avait

 27   une signature, je ne m'en souviens pas. Enfin, je ne sais pas pour sa

 28   signature, je suis certain que ma signature ne s'y trouvait pas.


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  1   Q.  Bien. Lorsque après votre témoignage, vous rentrerez chez vous, est-ce

  2   que vous pouvez vous pencher dessus, voyez donc si vous l'avez, et si vous

  3   avez votre pièce d'identité, pourrait-on faire une copie on vous rendrait

  4   l'original ?

  5   R.  Je peux vous demander qu'un de vos employés m'appelle au téléphone et

  6   on se mettra d'accord. J'ai ma référence de courrier électronique je ne

  7   communique à personne, mais je peux vous envoyer cela par mail, une copie,

  8   si ça vous arrange.

  9   Q.  Si vous êtes disposé à le faire, je vais demander aux Juges de la

 10   Chambre de donner instruction au Service des Témoins et des Victimes pour

 11   coordonner la logistique.

 12   R.  Peu importe qui, qu'on me contacte seulement pour que je sache que

 13   c'est à titre officiel que cela se fait, que ça ne va pas être diffusé

 14   ailleurs. Pour les besoins de ce Tribunal, je veux bien faire tout ce qu'il

 15   y a à faire. Je ne veux pas que cela soit diffusé au-delà, de façon

 16   incontrôlée.

 17   Q.  Justement. C'est la raison pour laquelle ce département chargé des

 18   Victimes et des Témoins qui s'en occupera.

 19   R.  Mais que ce soit les conseils de la Défense ou de l'Accusation, peu

 20   importe. Je vous remettrais tout ce qu'il faut.

 21   Q.  Merci. Alors autant que vous le sachiez, étiez-vous la seule personne à

 22   avoir complété ces cartes d'identité pour les distribuer aux gens ce soir-

 23   là, ou est-ce que vous étiez aidé par quelqu'un d'autre ?

 24   R.  Il n'y avait que moi. Mais le reste des imprimés, je l'ai rendu à la

 25   secrétaire. Il y en au d'autres qui ont peut-être reçu la chose, ça, je ne

 26   sais pas vous dire ce qui s'est passé au-delà.

 27   Q.  Est-ce que vous avez gardé une liste des noms d'individus à qui vous

 28   avez distribué ces pièces d'identité, ou avez-vous juste rempli cela et


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  1   distribué ?

  2   R.  Non, vous veniez me voir, je m'appelle Marko Markovic, je complète, et

  3   Pera Peric [phon] vient, je vais la même chose, et cetera. Il n'y avait pas

  4   d'autre contrôle. Quand je ne les connaissais pas en personne, je le

  5   faisais quand même.

  6   Q.  Oui, ça allait être ma question suivante, justement. Vous avez donc

  7   donné ces pièces d'identité officielles à des gens que vous ne connaissiez

  8   pas, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui, mais ce n'était pas chose contestée. On avait réuni là des gens

 10   que je pensais être les personnes qu'il fallait. C'est ce qu'on m'a confié

 11   comme mission que j'ai effectuée.

 12   Q.  Mais vous n'avez demandé à personne de vous montrer sa pièce d'identité

 13   pour vous prouver que c'était un policier avant que de se faire attribuer

 14   cette pièce d'identité ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Je suppose que parmi ces gens à qui vous avez distribué des pièces

 17   d'identité, il y avait des gens que vous connaissiez, avec qui vous aviez

 18   travaillé. Vous saviez que c'étaient des policiers, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Merci. Vous avez dit quelque chose au sujet des pensées qui étaient les

 21   vôtres. Et vous l'avez dit en page 24 798, vous dites :

 22   "Que vous vous étiez demandé comment se fait-il que je n'en sache rien,

 23   alors qu'il devait y avoir forcément de gros préparatifs d'effectués

 24   auparavant."

 25   Je crois que vous étiez en train de parler de la totalité de ces gens qui

 26   s'étaient rassemblés dehors, et il y a eu une prise en charge de faite le

 27   lendemain. Donc vous étiez dit que ça devait être planifié pas mal de temps

 28   à l'avance et non pas 12 ou 13 heures à peine avant la réunion où il y a eu


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  1   lecture de la dépêche. Je ne sais pas si vous comprenez ma question ?

  2   R.  Oui. Je me souviens que j'ai dit que m'étonnais de ne pas avoir été au

  3   courant. Mais donnez-moi le contexte un peu plus large dans lequel j'ai dit

  4   cela, que je me rafraîchisse la mémoire. Il est certain que j'ai dit la

  5   chose hier, mais dans quel contexte ça a été fait, est-ce que vous pouvez

  6   donner lecture du contexte plus large, plus vaste ?

  7   Q.  Je vous ai posé une question qui se rapportait à la réunion, à Cirkin

  8   Polje et il y a eu des locaux là-bas, vous avez dit que c'étaient "des

  9   installations assez grandes, il y avait pas mal de pièces et qu'il y avait

 10   --"

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Vous avez dit que "bon nombre de pièces n'étaient pas éclairées" et

 13   vous vous étiez demandé comment se fait-il que vous n'ayez pas eu

 14   connaissance de la chose.

 15   Alors, moi, je me demande comment vous n'avez pas eu à en connaître avant

 16   la nuit en question ?

 17   R.  Oui, c'est ce que je pensais. Je viens de comprendre à quoi vous faites

 18   référence. Voilà de quoi il s'agit, en passant j'ai vu qu'il y avait des

 19   emballages de couleur vert olive. C'était donc du matériel militaire. Alors

 20   je ne savais pas ce que c'était, d'où cela venait, qui l'avait apporté,

 21   quand l'avait-on apporté et pourquoi l'avait-on apporté. Donc il s'agissait

 22   certainement de choses qui étaient en train de se produire alors que je

 23   n'en ai pas eu connaissance. En ma qualité de responsable des

 24   transmissions, je n'étais pas censé tout savoir, mais il est évident que je

 25   n'en savais rien. Parce qu'auparavant j'apprenais des choses indirectement,

 26   j'étais présent aux directions collégiales et lorsque le chef consultait

 27   les différents responsables de postes, il convenait de choses et j'étais au

 28   courant, moi j'étais au courant, je n'avais pas à apporter mon grain de


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  1   sel. Mais, là, je n'ai rien su de la chose du tout.

  2   Q.  En page 24 832, vous avez mentionné en répondant à une question pour ce

  3   qui est de ce que les gens portaient à Cirkin Polje sur eux, vous avez donc

  4   dit qu'il y avait toutes sortes de couleurs de représentées, des uniformes

  5   de la JNA, des uniformes de la police destinés aux réservistes, puis il y

  6   en avait des uniformes bleus de qualité médiocre, il y avait des policiers

  7   d'active qui portaient leurs propres uniformes et qu'il y avait d'un peu de

  8   tout. Je crois qu'il y a une erreur de compte rendu d'audience parce que

  9   vous avez dit, me semble-t-il, que vous n'aviez pas compté, "qu'il y en

 10   avait 1 350" --

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  Est-ce que vous vouliez dire 150 à 200 ?

 13   R.  Oui, à peu près. L'espace était de cette taille-ci, du prétoire, il y a

 14   peut-être encore 50 % de plus. Il y avait pas mal de gens dedans. Je n'ai

 15   pas compté. Disons qu'il devait y avoir 150 à 200, disons.

 16   Q.  Est-ce que vous aviez connu certains des commandants locaux de la JNA à

 17   Prijedor à l'époque ?

 18   R.  Non. Non, pardon. J'en connaissais certains quand même, sans les

 19   connaître vraiment. M. Zeljaja, je l'avais peut-être vu une ou deux fois

 20   jusque-là. Je ne dis pas qu'il n'y était pas, il n'est probablement pas

 21   entré dans la pièce où je me trouvais. Mais il est venu deux officiers. Il

 22   y en avait un qui avait un grade de commandant et il m'avait demandé un

 23   Motorola. Je ne savais pas du tout qui c'était. Je ne l'avais jamais vu de

 24   ma vie. Je ne lui en ai pas donné, mais moi d'abord je n'avais pas assez

 25   d'appareils pour moi-même et encore moins pour en donner aux militaires.

 26   Puis il ne faisait pas partie de ma propre structure.

 27   Q.  Auriez-vous reconnu certains des individus portant l'uniforme militaire

 28   ?


Page 24974

  1   R.  Je n'ai reconnu personne, mais à l'époque ou juste avant cela il y

  2   avait eu des combats en Slavonie avec participation de la JNA. Aussi y

  3   avait-il des individus qui étaient originaires de notre région qui étaient

  4   allés là-bas, et ces gens ont gardé des uniformes militaires assez usés, ma

  5   foi. Mais c'étaient des uniformes militaires, pas des uniformes de la

  6   police.

  7   Q.  Et pour ce qui est de ce chiffre de 150 à 200 individus que vous venez

  8   de mentionner, est-ce que ça aurait été un total d'individus dans la pièce

  9   où vous vous trouviez vous-même ?

 10   R.  Non. Vous m'avez mal compris. J'ai dit que dans cette superficie autour

 11   de la maison. Dans la maison même il y avait des pièces plus petites et il

 12   y avait beaucoup moins de gens à l'intérieur.

 13   Q.  Est-ce que vous vous souvenez à peu près du nombre de pièces d'identité

 14   officielles que vous aviez distribuées cette nuit-là ? Cinquante ? Cent ?

 15   Plus de 100 ?

 16   R.  Je ne m'en souviens pas. Mais je n'ai rien fait d'autre, si ce n'est

 17   cela, je ne l'ai pas fait sans interruption. Lorsque les gens venaient,

 18   j'écrivais des pièces d'identité. Mais il y en avait peut-être qui étaient

 19   venus sans pour autant savoir qu'ils étaient censés recueillir une pièce

 20   d'identité auprès de moi.

 21   Q.  Merci. Je voudrais passer à un sujet autre à moins que les Juges

 22   n'aient des questions à poser au sujet de la nuit en question. Permettez-

 23   moi de vous montrer une pièce à conviction, la pièce P652 qui se trouve à

 24   l'intercalaire 29. Je pense que vous allez peut-être pouvoir lire cela au

 25   niveau de l'écran. Est-ce que vous le voyez ?

 26   R.  Je vois.

 27   Q.  Il s'agit d'une dépêche qui porte le numéro 11-12, il y a une référence

 28   manuscrite qui dit 1873 en haut. Il semblerait que cela provient du chef


Page 24975

  1   qui s'appelait Drljaca et c'est adressé à Banja Luka, entre autres, il est

  2   dit que :

  3   "Conformément aux conclusions adoptées par le Conseil exécutif de

  4   l'Assemblée serbe de Prijedor, à 4 heures, il y a eu prise de contrôle au

  5   niveau de la municipalité par le biais de la prise de la SJB et des autres

  6   installations importantes."

  7   C'est bien ce qui s'est passé à la date du 30 avril, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, oui.

  9   Q.  Alors on voit au bas une inscription manuscrite, 30 avril 1992, 7

 10   heures 20. Est-ce que vous le voyez ? C'est l'agent des communications ?

 11   R.  Attendez. Ça c'est un chiffre qui me paraît trop important, ça me

 12   semble énorme, le 1 587. Je n'essaie pas de dire que ce n'était pas le cas,

 13   mais ça me fait un peu beaucoup.

 14   Q.  Je comprends.

 15   R.  Je dois vous dire qu'au niveau de toutes les dépêches, quand vous avez

 16   une inscription manuscrite comme celle-ci, ça c'est un cas de figure

 17   classique. Alors retenez-le, vous pouvez l'appliquer pour les autres aussi.

 18   Cette dépêche a été envoyée par un employé des transmissions qui a un nom

 19   de code. Le BM qui se trouve en bas entouré d'un cercle, c'est Batinica,

 20   Milan, qui était un employé dont j'étais le chef à Prijedor. C'est lui qui

 21   a envoyé cela. Et quand il envoie, la machine reprend la référence de celui

 22   qui a réceptionné. Ça a été réceptionné par un certain Dragan à Banja Luka

 23   le 30 avril 1992 à 7 heures 20. Alors ce Dragan, je ne le connais pas, mais

 24   je sais de par son prénom qu'il y avait là-bas un dénommé Dragan. La

 25   pratique voulait que celui qui envoyait mette à la main ses propres

 26   initiales. C'est comme ce qu'on avait vu DZM tout à l'heure. Et la date

 27   inscrite à la main c'est le moment où ça a été réceptionné à Banja Luka et

 28   le nom de la personne qui a réceptionné cela c'est ce Dragan.


Page 24976

  1   Q.  Fort bien. Merci. Je vais passer à un autre sujet. J'ai voulu vous

  2   demander si vous saviez quoi que ce soit au sujet des crimes commis dans la

  3   municipalité de Prijedor après la prise du contrôle. Le premier document

  4   que je souhaite examiner est le document P659 à l'intercalaire 66, et je

  5   peux vous donner un exemplaire papier de cela avec de l'huissière. En

  6   attendant, je peux vous dire qu'il s'agit ici d'un document qui vient du

  7   chef Drljaca envoyé à la CSB de Banja Luka, avec la date du 13 juin, et il

  8   se plaint à cause de certaines activités d'une Unité spéciale de Banja

  9   Luka.

 10   Avez-vous eu l'occasion de lire cela ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Veuillez le lire à présent et dites-moi quand vous en aurez fini.

 13   R.  Vous voulez que je lise maintenant ?

 14   Q.  Oui, s'il vous plaît.

 15   R.  Je viens de le lire.

 16   Q.  Donc, voilà, il n'est pas content car il dit que ces membres de l'Unité

 17   spéciale procèdent à des arrestations arbitraires, ils interrogent des

 18   prisonniers et ils maltraitent et leur prennent l'argent, des bijoux et il

 19   est écrit aussi qu'ils ont rencontré avec les policiers de Prijedor qui

 20   étaient à l'époque des gardes. Est-ce que vous avez entendu parler de cela

 21   ? C'est quelque chose qui s'est produit en 1992, et il s'agit donc de

 22   problèmes relatifs à cette unité spéciale -- et par rapport à Omarska.

 23   R.  Non. Vous savez, tout cela était très loin de moi je ne sais rien à ce

 24   sujet, je n'ai même jamais entendu parler de ce "Strazivuk".

 25   Q.  A la fin, on parle de Mirko Jesic. Savez-vous qui était-ce ?

 26   R.  C'était le chef du détachement de la Sûreté de l'Etat de Prijedor,

 27   Mirko Jesic.

 28   Q.  Bien. Merci. Ensuite il mentionne aussi les plaintes au sujet du


Page 24977

  1   comportement de l'unité spéciale à cause du pillage au cours des opérations

  2   de nettoyage du terrain. Est-ce que, là, on parle des opérations qui se

  3   sont déroulées dans les villages musulmans de la municipalité de Prijedor

  4   au cours du mois de mai et mois de juin 1992 ?

  5   R.  Je ne sais pas à quoi il fait référence, mais je veux bien croire que

  6   cela s'est produit effectivement. Puisque la situation était parfaitement

  7   anarchique. Moi, j'ai pu constater moi-même à quel point elle était

  8   anarchique. Une fois j'ai été arrêté moi-même par des gens que je ne

  9   connaissais même pas. Ce n'était même pas des policiers, et ils voulaient

 10   saisir mon Golf -- Golf, une vieille Golf, mais [inaudible]. Ils voulaient

 11   me le prendre mais, moi, je leur ai fait peur. Je lui ai dit que je faisais

 12   partie de la police, et ils ont pris la fuite. Mais vous voyez, si vous

 13   avez peur, on vous prend votre voiture ensuite ils partent -- ils partent

 14   avec, ils s'échappent. Qu'est-ce qui était officiel, qu'est-ce qui n'était

 15   pas officiel ? Alors, là, c'est difficile à dire et surtout avec la

 16   distance, c'est encore plus difficile de le dire.

 17   Q.  Je ne pense pas que vous avez évoqué cet incident auparavant. Où cela

 18   est-il arrivé ?

 19   R.  Non, c'est vrai, je n'en ai pas parlé avant. Je me suis rappelé cela à

 20   cause de ce vous venez de dire.

 21   Q.  [aucune interprétation]

 22   R.  Il fallait que je me rende quelque part en mission à un endroit à

 23   Prijedor, là où se trouve le relais radio, donc c'était quelque chose qui

 24   avait affaire avec les transmissions et pas autre chose. Mais je ne sais

 25   pas ce que c'était. Puis à un moment donné, un type, vêtu d'une chemise de

 26   couleur vert olive et un ceinturon, me dit : "Au nom du peuple, donne-moi

 27   ta voiture."

 28   Q.  [aucune interprétation]


Page 24978

  1   R.  C'était n'importe quoi, un vieillard.

  2   Q.  Bien. Je vais vous montrer la pièce P812, et c'est quelque chose qui se

  3   trouve à l'intercalaire 111 du bureau du Procureur. Je vais vous donner un

  4   exemplaire papier de ce document, même s'il n'est pas très lisible non

  5   plus.

  6   R.  [aucune interprétation]

  7   Q.  Donc, apparemment, c'est quelque chose qui a été envoyé à la SJB de

  8   Prijedor du CSB de Banja Luka. On fait parvenir un télégramme du ministre

  9   Stanisic, qui ordonne qu'une enquête soit faite au sujet du sort de 150

 10   Musulmans tués, apparemment, dans la zone de Skender Vakuf au niveau de

 11   Koricanske Stijene; est-ce que vous avez entendu parler de cela ?

 12   R.  Oui, mais bien de temps après l'événement.

 13   Q.  Vous souvenez-vous quand vous avez entendu parler de cela pour la

 14   première fois dans quelles circonstances, par qui, quand ?

 15   R.  Je me souviens juste que Brane Siljak. Branko Siljak, il était

 16   inspecteur chargé des crimes économiques. Il travaillait avec mon épouse

 17   donc. Je parlais de lui, il était à Keraterm. Je parlais de médecin, et à

 18   l'époque, il était déjà à bout de force parce qu'il était alcoolique. Il

 19   m'a tout simplement dit qu'il est allé avec des gens sans les nommer, il ne

 20   m'a pas vraiment raconté l'histoire. Il m'a tout simplement dit qu'il est

 21   allé -- enfin qu'ils sont allés, il m'a dit : "Je suis fatigué, je suis un

 22   bon à rien, je suis allé avec ceux-là plus loin que Knezevo," parce qu'ils

 23   auraient tué des gens, ils y sont allés par la suite pour nettoyer les

 24   restes. Mais vous savez, de toute façon, j'entendais parler de mort tous

 25   les jours, alors je n'étais pas particulièrement étonné. Puis, de toute

 26   façon, vu qui le disait, je ne me fiais pas trop aux informations qu'il me

 27   fournissait, puis d'ailleurs, il est mort à cause de cela justement, à

 28   cause de l'alcool.


Page 24979

  1   Q.  D'accord --

  2   R.  Puis par la suite, quand je travaillais au centre de Sécurité publique

  3   de Banja Luka, il y a eu des commémorations d'organisées. C'était après

  4   2001, les Bosniens commémoraient cet événement, alors que nous, la police,

  5   on était là pour assurer leur sécurité. Nous, on assurait les transmissions

  6   mais, nous, on n'avait pas besoin de se rendre sur place, on se tenait à

  7   distance, à un kilomètre de là. Donc je ne peux pas vous dire ce qui s'est

  8   passé vraiment sur place. Cela étant dit, moi, je ne me suis jamais rendu

  9   personnellement. Mais c'est vrai que j'ai assuré les transmissions, j'ai

 10   préparé les transmissions pour cet événement.

 11   Q.  Donc est-ce que vous avez entendu quoi que ce soit d'autre en 1992 au

 12   sujet de cet événement qui s'est produit à Koricanske Stijene, est-ce que

 13   vous avez entendu parler de cet événement à Koricanske Stijene dans le

 14   poste de police de Prijedor en 1992 ?

 15   R.  Non, non. Pas du tout. Personne n'en a parlé. Le premier qui m'en avait

 16   parlé c'est ce collègue. Mais vraiment, il a dit, en passant en me disant :

 17   Je suis fatigué parce que j'y étais. Mais c'était peut-être 15 ou 20 jours

 18   plus tard après le crime, c'est l'impression que j'ai, mais je ne me

 19   souviens pas très bien de cela, c'était peut-être dix jours ou 30 jours, je

 20   ne sais pas.

 21   Q.  Bien. Donc vous ne savez pas combien y a-t-il eu de dépêches d'envoyées

 22   entre Banja Luka et Prijedor au sujet de cet événement ? Est-ce qu'il y en

 23   a eu ? Est-ce que vous vous en souvenez ?

 24   R.  De cette période-là, non, mais, là, vous venez de rafraîchir ma mémoire

 25   avec les dépêches que vous m'avez montrées, vous et les conseils de la

 26   Défense, et là, j'ai vu qu'on en parlait, j'ai vu même que Simo, d'une

 27   façon pas très polie, disait : "Je n'ai pas pu parler parce que il n'y

 28   avait personne dans le service."


Page 24980

  1   Donc, moi, je ne voyais pas ça d'un bon œil. Je me suis dit qu'il n'était

  2   pas très sérieux, ce gars, parce que vous ne pouviez pas vraiment dire dans

  3   le service, je n'ai pas pu faire quelque chose parce qu'il n'y avait

  4   personne. S'il voulait vraiment faire quelque chose, il pouvait seulement

  5   être sur le terrain d'ailleurs.

  6   Q.  [aucune interprétation]

  7   R.  Mais, bon, je vais encore ajouter quelque chose au même sujet. Cette

  8   dépêche que j'ai entre les mains, voilà, ce papier, donc une dépêche du

  9   ministre, c'est bien évident que ce n'est pas quelque chose qui a été écrit

 10   par une machine du service de Transmissions. Ceci a été tapé à la machine à

 11   écrire ainsi que cela a été envoyé par fax. Donc si Banja Luka a reçu cela,

 12   je ne veux pas faire l'effort de lire ça parce que ce n'est vraiment pas

 13   très lisible, mais c'est une conclusion sur la base de mon expérience, si

 14   c'est quelque chose qui est arrivé à Banja Luka de Sarajevo, c'est quelque

 15   chose qui a été envoyé par fax. Ce document n'est pas passé par le centre

 16   de Transmissions ni le centre de Banja Luka, ni le nôtre. C'est pour ça que

 17   ce n'est pas lisible.

 18   Q.  Bien. Je vais vous montrer encore quelques autres documents. Par

 19   exemple, le document qui se trouve à l'intercalaire 112, et c'est le

 20   document 1380. Peut-être que vous allez pouvoir le lire sur l'écran. Dites-

 21   moi si vous avez besoin de l'exemplaire papier, parce que, là, j'ai

 22   l'impression que cela est illisible.

 23   R.  Non, non, ça va, c'est bon, je peux le lire.

 24   Q.  Donc, là, c'est quelque chose qui est daté du 11 septembre 1992, c'est

 25   quelque chose qui a été envoyé du CSB de Banja Luka au chef à Prijedor et

 26   on peut lire ce qui suit :

 27   "Nous avons reçu la dépêche suivante, son nom est le numéro 10-245/92, date

 28   31 août …"


Page 24981

  1   Cela vient du ministre Stanisic qui vous ordonne de mener à bien une

  2   enquête entière pleine. On a l'impression que c'est la même ordonnance que

  3   celle que vous regardiez il y a un instant. Ensuite, suit le texte du

  4   ministre Stanisic, de son ordonnance concernant des directions spécifiques

  5   données par M. Zupljanin au chef de Prijedor. En haut, à nouveau, nous

  6   voyons quelque chose écrit à la main, on voit le numéro 11-12-668 et une

  7   date. A nouveau, c'est l'écriture de Mira Topic, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, oui.

  9   Q.  Peut-être que l'écriture n'est pas la même, je ne suis pas sûr, mais

 10   ensuite on a le mot traduit comme "Marko."

 11   R.  Oui, c'est ce que je vois.

 12   Q.  Est-ce que vous savez à qui on fait référence là ?

 13   R.  Mais il n'y avait qu'un Marko, Marko que j'ai déjà mentionné,

 14   Dzenadija. Il y en avait un autre Marko, un commandant qui après la guerre

 15   était même devenu chef du poste. Mais je ne vois pas ce que fait Marko dans

 16   ce contexte-là. Le seul Marko que je connaissais, c'est Marko Dzenadija.

 17   Quel était son rôle là-dedans, je ne sais pas.

 18   Q.  Bien. Saviez-vous quel était son poste au mois de septembre 1992 ?

 19   R.  Mais je viens de vous le dire, je ne me souviens pas. Il était pendant

 20   une période donnée de la guerre commandant du poste Prijedor 20, me semble-

 21   t-il, ou peut-être de la police de la circulation, en tout cas, il n'était

 22   pas dans le bâtiment du centre. Mais dans quelle période ? Pendant quelle

 23   période est-ce qu'il était en fonction, à ce moment-là, écoutez, je ne sais

 24   pas, parce que tout cela a beaucoup changé, ils étaient nombreux à occuper

 25   ce poste. Voilà, donc je crains de me tromper.

 26   Q.  Je vais vous montrer deux autres documents par rapport à cela. Donc la

 27   pièce P682, qui se trouve à l'intercalaire 113, je pense que c'est un

 28   document que vous pouvez lire sur l'écran aussi. La date est le 14


Page 24982

  1   septembre, c'est Simo Drljaca qui envoie donc cela au chef du CSB de Banja

  2   Luka, et je pense que, là, c'est une réponse qu'il envoie, la réponse

  3   concernant le document que vous venez d'examiner, 11-1-02-2/345 [comme

  4   interprété]. Donc, là, il dit qu'il ne peut pas faire d'enquête parce que

  5   les policiers qui ont assuré l'escorte du convoi se trouvaient sur le champ

  6   de bataille depuis le 9 septembre. Donc est-ce bien le document dont vous

  7   avez parlé parce que vous avez dit que vous en avez vu un --

  8   R.  C'est vrai que je ne me souviens pas de ce document, de l'époque. J ne

  9   me souviens pas de l'avoir vu à l'époque, mais je l'ai vu par la suite,

 10   soit, en parlant avec vous, enfin au bureau du Procureur, ou bien avec la

 11   Défense.

 12   Q.  Et puis encore un document 65 ter 20268, qui se trouve à l'intercalaire

 13   114. Donc apparemment c'est une dépêche chiffrée datée du 14 septembre

 14   envoyé par Drljaca au chef de Banja Luka, et à nouveau il parle de la même

 15   dépêche. Il dit :

 16   "Nous n'étions pas en mesure de mener à bien l'enquête vu que tous les

 17   policiers étaient déployés sur le front depuis le 9 septembre et puis je ne

 18   pouvais pas non plus vous fournir la liste des citoyens qui se trouvaient à

 19   bord de ces convois parce que le poste de sécurité publique n'avait pas

 20   organisé ces convois mais avait tout simplement assigné un certain nombre

 21   de policiers pour l'escorte des dits convois."

 22   Ensuite Dusko -- et c'est la question que j'ai à vous poser, Dusko S.

 23   est-ce que vous savez s'il travaillait dans votre commissariat le 15

 24   septembre ?

 25   R.  Ce n'est pas un S, mais c'est un Supérieur hiérarchique. S, c'est

 26   diacritrique Sarac, c'est lui que j'ai mentionné qu'il m'a appelé justement

 27   au sujet de cette dépêche. Puis, là, à nouveau, vous pouvez utiliser la

 28   même logique que l'on a utilisé tout à l'heure au sujet des parties écrites


Page 24983

  1   à la main, autrement dit la dépêche a été remise, le chef l'a écrite le 14

  2   septembre, et elle a été envoyée le 15 septembre; c'est trop long, c'est

  3   beaucoup trop long pour que l'on envoie cela à Banja Luka. Mais cela

  4   témoigne de la difficulté de transmissions parce que la dépêche a dû

  5   attendre une journée avant d'être envoyée, ce Dusko, parce qu'il y avait

  6   deux Dusko. Donc il y en a un qui a envoyé l'autre qui a réceptionné. Il y

  7   avait deux Dusko, il y en avait un chez nous et l'autre à Banja Luka. Donc

  8   c'est Dusko qui a reçu cela à 7 heures 50 et ça a été envoyé par Dusko, Sh,

  9   Sarac, donc c'est celui dont je parlais, à 7 heures -- donc a reçu à 7

 10   heures 50.

 11   Q.  Donc c'est quelque chose qui a été envoyé et ceci a été reçu par la

 12   suite à Banja Luka ?

 13   R.  Oui, comme je vous ai dit, ça a été réceptionné par Dusko à 7 heures

 14   50, c'est ce qui est écrit ici.

 15   Q.  Bien.

 16   M. HANNIS : [interprétation] Je voudrais verser au dossier cette pièce.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai une objection car

 18   je pense que ce document ne devrait pas être versé au dossier, parce que,

 19   là, il s'agit des éléments parfaitement nouveaux introduits par le

 20   Procureur, et vu que nous avons une instruction qui régit l'introduction de

 21   pièces, des éléments nouveaux, de pièces nouvelles, nous pensons que le

 22   Procureur n'a pas été une base suffisante pour verser ce document et il ne

 23   nous a pas expliqué pourquoi il ne l'a pas fait auparavant vu qu'il avait

 24   déjà versé au dossier un document pratiquement identique en tant que pièce

 25   P00682. Donc, à cause de cela, je soulève une objection, Monsieur le

 26   Président.

 27   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Hannis -- pourquoi, Monsieur

 28   Hannis, ce document n'a pas été versé au moment où le Procureur a versé la


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  1   pièce similaire ?

  2   M. HANNIS : [interprétation] Je ne connais pas la réponse à la question

  3   posée. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'en me préparant pour ce témoin

  4   j'ai retrouvé ces documents et j'ai essayé donc de retrouver des documents

  5   qui concernaient l'allégation qui se trouve dans le résumé 65 ter de ce

  6   témoin où l'on disait que M. Drljaca n'agissait pas de façon indépendante

  7   et ne répondait pas aux demandes d'information envoyées par CSB de Banja

  8   Luka et par M. Zupljanin. C'est pour cela que j'ai proposé ce document.

  9   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Mais mis à part cela, on a vraiment

 10   l'impression que ce n'est pas quelque chose qui est directement lié avec le

 11   témoin qui dépose.

 12   M. HANNIS : [interprétation] Mais il a bien pu vérifier que c'est quelque

 13   chose qui a été envoyé et reçu, il a donc en fonction du système en

 14   vigueur, il a pu reconnaître l'écriture le nom de deux Dusko. Je ne pouvais

 15   pas verser cela par un autre témoin.

 16   M. KRGOVIC : [interprétation] Permettez-moi de répondre, Monsieur le

 17   Président. Le document précédent a été montré par le Procureur au chef des

 18   communications. Il aurait pu traiter ce document de la même façon en fait.

 19   Donc il y a eu plusieurs témoins, notamment, le chef des communications qui

 20   en a parlé. Par le truchement de ce témoin, un certain nombre de documents

 21   a justement été présenté par l'Accusation, qui a eu tout à fait la

 22   possibilité de présenter ce document, et il y a un certain nombre de livres

 23   également qui ont été versés par le truchement du même témoin.

 24   [La Chambre de première instance se concerte]

 25    M. LE JUGE HALL : [interprétation] Le document sera enregistré aux fins

 26   d'identification seulement, parce que nous souhaiterions quand même

 27   réfléchir à un aspect de la question. Nous voudrions -- ou nous nous

 28   interrogeons si cela représente un préjudice pour la Défense, et si cela --


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  1   et si l'on pourrait donc y remédier. C'est pour cela que, pour le moment,

  2   le document va être enregistré aux fins d'identification.

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P2394, enregistrée aux

  4   fins d'identification.

  5   M. HANNIS : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.

  6   Q.  J'aimerais maintenant passer à autre chose, Monsieur. Est-ce que vous

  7   connaissez un officier de police de Prijedor, qui répond au nom de Slobodan

  8   Miljus, donc qui s'épelle M-i-l-j-u-s ?

  9   R.  Non, non, je n'ai jamais entendu ce nom.

 10   Q.  Alors j'aimerais vous poser une autre question. Est-ce que vous étiez

 11   informé de la procédure disciplinaire en vigueur au MUP, en 1992 ? Est-ce

 12   que vous savez comment ce système était mis en place, et quelles en étaient

 13   d'ailleurs les règles ? Est-ce que vous savez quoi que ce soit à ce sujet ?

 14   R.  Non, non, je ne le savais pas. En fait, je savais comment le système

 15   fonctionnait avant la guerre, et je sais comment les choses fonctionnaient

 16   après, lorsque je me suis trouvé à Banja Luka en 2000 ou après l'année

 17   2002. Alors, avant la guerre, il y avait une commission disciplinaire. Donc

 18   le chef devait présenter une proposition, et puis ensuite la commission

 19   siégeait et décidait en matière de responsabilité disciplinaire. Puis après

 20   la guerre, au centre de Banja Luka, il y avait un procureur qui s'occupait

 21   seulement de questions relatives au personnel officiel, donc lorsque ce

 22   procureur recevait une proposition du commandant, le procureur s'occupait

 23   ou gérait cette question. En fait, il s'agissait d'une procédure interne,

 24   il ne s'agit pas -- d'un tribunal en quelque sorte interne. Il ne

 25   s'agissait pas d'un tribunal de l'état, du pays, et il statuait

 26   conformément aux réglementations disciplinaires en vigueur. Pour ce qui est

 27   de la transition entre l'ancien système et le nouveau système, là, je ne

 28   sais pas grand-chose, en fait, je ne sais rien.


Page 24986

  1   Q.  Bien. Je vais passer à autre chose alors. J'aimerais vous poser une

  2   question qui relève du domaine de communication. Vous, enfin, je ne sais

  3   pas très bien comment m'exprimez d'ailleurs, mais je pense au ministère de

  4   la Défense, en fait, au ministère de la Défense nationale; est-ce que vous

  5   saviez qu'il y avait un système de communication auquel l'on faisait

  6   référence parfois comme système d'avertissement et d'information, enfin

  7   quelque chose de ce goût-là ? Vous savez de quoi je parle ?

  8   R.  Oui, je pense savoir de quoi vous parlez. Vous n'avez pas été très

  9   précis lorsque vous avez présenté votre définition, mais je pense qu'il

 10   s'agissait du centre pour l'Information, le Renseignement, la

 11   Reconnaissance et l'Alerte. Ça, je pense que ça faisait partie, c'était au

 12   niveau de la municipalité. C'était utilisé lorsqu'il y avait catastrophe

 13   naturelle, enfin ce genre de chose.

 14   Q.  Oui, je pense que, justement, vous venez de faire référence à ce qui a

 15   éveillé ma curiosité. En fait, j'aimerais que le document, qui figure à

 16   l'intercalaire 31, à savoir le document P379.9, soit affiché. Donc vous

 17   allez voir la première page, et ensuite je vous montrerai un paragraphe

 18   bien précis. Il s'agit d'un document du mois de mai 1992, qui est intitulé"

 19   : "Décision relative à l'organisation et au travail de la cellule de Crise

 20   de la municipalité de Prijedor." Page 4 pour la version anglaise et page 4

 21   d'ailleurs pour la version en B/C/S également. Regardez l'article 8 qui y

 22   figure au bas de la page en B/C/S. Est-ce que vous arrivez à lire cet

 23   article 8 ? Regardez ce qui est indiqué, pour pouvoir travailler de façon

 24   efficace dans le domaine des services de l'Information, de la Protection

 25   civile et de la Reconnaissance, la cellule de Crise devra, et ensuite il y

 26   a une énumération, et la deuxième est :

 27   "Par le biais de l'état-major chargé de la Protection civile municipale,

 28   ainsi que d'autres organes, prendre des mesures pour assurer que le système


Page 24987

  1   de protection civile soit préparé, soit dûment préparé et prêt à exécuter

  2   ces tâches."

  3   Vous voyez cela ?

  4   R.  Attendez, le deuxième, vous dites : Alors par le biais du secrétariat

  5   chargé de la Défense nationale municipale, prendre des mesures. Mais, moi,

  6   ce que je vois en fait c'est :

  7   "Par le biais de l'état-major chargé de la Protection civile

  8   municipale et d'autres organes, prendre des mesures pour assurer que le

  9   système de Protection civile," et ensuite je n'arrive pas véritablement à

 10   déchiffrer ce qui est écrit. Il y a des questions de protection civile, je

 11   vois. Ensuite il est question de tâche. Ecoutez, franchement, je n'arrive

 12   pas à le déchiffrer.

 13   Q.  Bien. L'interprète a traduit cela comme suit :

 14   "Par le biais ou grâce au secrétariat de la Défense nationale municipale,

 15   prendre des mesures et des actions dont le but est d'assurer le

 16   fonctionnement optimal du système de Communication ainsi que du système de

 17   Reconnaissance et d'Information."

 18   R.  Maintenant, je comprends, je vois, oui, et je comprends la question

 19   d'ailleurs.

 20   Q.  La question que je vous ai posée était  -- ou visait à savoir si vous

 21   étiez informé de l'existence de ce service et de son système de

 22   Communication ?

 23   R.  Oui, oui, le centre existait avant que je n'arrive et que je ne

 24   travaille pour la police. C'est un centre qui se trouvait dans le sous-sol

 25   du bâtiment municipal. Et d'ailleurs, je vous dirais qu'ils avaient un

 26   matériel qui utilisait une fréquence différente de la nôtre et l'objectif

 27   de ce matériel, c'était justement d'être utilisé en cas de catastrophe

 28   naturelle, d'inondation. C'est pour cela qu'il est question d'alerte et


Page 24988

  1   d'information. Ils avaient également les sirènes que l'on entend parfois en

  2   ville.

  3   Q.  Mais est-ce que vous saviez que ce service et son système ou son réseau

  4   de Communication était parfois utilisé, et pour transmettre des

  5   informations de Pale pour ce qui était des autorités au niveau de la

  6   république vers les cellules de Crise et les assemblées municipales dans

  7   des lieux tels que Prijedor et Banja Luka, est-ce que vous le saviez cela ?

  8   Est-ce que vous saviez comment leur système fonctionnait pendant la guerre

  9   ?

 10   R.  Non, je n'étais pas très informé au sujet de ce centre parce que je n'y

 11   étais pas très intéressé. Je n'avais pas beaucoup de liens fonctionnels

 12   avec eux. Certes, il y avait certains liens entre leurs systèmes et le

 13   nôtre, mais du point de vue professionnel cela ne suscitait pas

 14   véritablement mon intérêt. Mais il est vrai qu'il y avait dans toutes les

 15   municipalités de Bosnie-Herzégovine ce type de centre. La taille et la

 16   complexité du centre en question correspondaient à la taille de la

 17   municipalité, donc il y avait un centre important, un large centre dans les

 18   municipalités importantes avec des centres plus petits dans les

 19   municipalités plus petites. Du point de vue et du point de vue de la

 20   structure, en fait, le but était de faciliter les communications au sein de

 21   la municipalité, ce qui fait qu'ils avaient -- il s'agissait de faciliter

 22   les communications entre la municipalité et la commune, et de ce fait, ils

 23   disposaient de fréquences locales, de réseaux et de liens locaux. Moi, je

 24   ne sais pas en fait si leurs liens ou leurs réseaux étaient plus amples ou

 25   non et s'ils pouvaient, par exemple, établir des communications en plus de

 26   leurs communications locales. Je n'en sais rien. Je ne m'y suis jamais

 27   intéressé. Je n'ai jamais suivi cela de très près. Je ne m'y suis jamais

 28   rendu dans ces centres. Cela ne m'intéressait pas. D'ailleurs, ce n'était


Page 24989

  1   pas un centre destiné à tout le monde, c'était seulement pour certaines

  2   personnes bien précises.

  3   Q.  Vous voulez dire que cela était destiné à des personnes, des membres de

  4   la cellule de Crise, ce type de personnes ?

  5   R.  Non, non. Moi, je sais qui pouvait entrer dans nos locaux et qui ne

  6   pouvait pas y entrer. En ce qui les concerne, moi, je ne sais pas qui

  7   pouvait y entrer, qui pouvait y avoir accès. Je ne sais pas si les membres

  8   de la cellule de Crise pouvaient y entrer. Je vous dirais que le centre où,

  9   moi, j'étais le chef, les seules personnes qui pouvaient y avoir accès

 10   c'étaient les opérateurs, le personnel du centre à proprement parler, et le

 11   chef, moi-même. Personne d'autre hormis ces personnes.

 12   Q.  Bien. Donc en 1992, vous n'avez jamais eu la possibilité ou l'occasion

 13   de demander à ce service de vous aider à transmettre certains documents,

 14   n'est-ce pas ?

 15   R.  Non, non, nous, nous ne l'avons pas fait, parce que nous étions de

 16   toute façon beaucoup plus professionnels qu'eux.

 17   Q.  Bien. Alors juste avant la pause, j'aimerais vous montrer un autre

 18   document, 1D397, je vous prie. Alors je ne sais pas dans quelle mesure vous

 19   allez pouvoir le déchiffrer, ce document. Mais il s'agit d'un autre

 20   document qui a trait au 29 avril. Il ne s'agit pas d'un document qui émane

 21   du ministre Delimustafic, c'est un document en fait qui est transmis par le

 22   colonel ou le commandant Hasan Efendic. Mais ce n'est pas la teneur du

 23   document qui m'intéresse. C'est plutôt la façon dont l'information est

 24   donnée. J'aurais quelques questions à vous fournir.

 25   M. KRGOVIC : [interprétation] Quelle est la cote du document ?

 26   M. HANNIS : [interprétation] Il s'agit du document 1D397, intercalaire 27.

 27   Q.  Est-ce que vous le voyez ce document ? Est-ce que vous arrivez à le

 28   lire sur votre écran, Monsieur Jankovic ?


Page 24990

  1   R.  Oui, je le vois. Oui, oui. De toute façon, il n'est pas complet, le

  2   document. Enfin, l'en-tête me posait problème, je ne vois pas la signature

  3   non plus, mais bon.

  4   Ah oui, oui, oui, je vois là en haut. Oui, je vois, effectivement.

  5   Q.  Bien. Est-ce que vous voyez ce numéro 41505 tout en haut, puis ensuite

  6   vous avez les lettre SO, puis PLE, puis --

  7   R.  Ecoutez, excusez-moi, non, ça je ne le voyais pas vu l'angle parce que

  8   j'étais assis. C'est pour ça que je dois me lever maintenant. Mais

  9   maintenant oui, oui, bien sûr, je vois ça très bien même.

 10   Q.  Vous préférez avoir un document papier, comme ça vous n'aurez pas à

 11   vous lever ?

 12   R.  Bien. Oui, oui. Vous savez, je peux rester debout aussi, ce n'est pas

 13   un problème.

 14   Q.  [aucune interprétation]

 15   R.  Merci, très bien, là oui je le vois en effet très bien.

 16   Q.  Vous voyez l'autre numéro en dessous, 45254, SUPBL, est-ce que vous

 17   savez à quoi cela correspond ?

 18   R.  Je pense qu'en fait, cela était destiné à notre communication, la

 19   communication de la police, ça n'a probablement rien à voir avec le

 20   document. Mais d'après ce dont je me souviens, mais encore que mes

 21   souvenirs ne soient pas très précis, mais lorsque vous avez YU, cela

 22   signifie qu'il s'agit de communications des PTT, donc il s'agit d'un

 23   télégramme envoyé par le système général et public -- peut-être, peut-être.

 24   Puis alors vous avez le numéro 4150, ça veut dire télécommunications

 25   publiques comme lorsque vous envoyez un télégramme de félicitations, par

 26   exemple, à quelqu'un. Parce que dans notre système nous n'avions pas les

 27   lettres YU.

 28   Q.  Bien. Avez-vous jamais entendu parler du centre des Communications de


Page 24991

  1   la république en Republika Srpska en 1992 qui se trouvait à Pale ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  Bien. Je pense que le moment est venu de faire la deuxième pause.

  4   M. HANNIS : [interprétation] Mais je vois que Me Zecevic souhaite

  5   intervenir.

  6   M. ZECEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je remarque que la

  7   traduction de ce document n'est pas complète, malheureusement. C'est la

  8   première fois que je le constate. Parce que vous pouvez voir qu'après les

  9   mots :

 10   "Nous vous transmettons cela… au SDS de la BiH…" il y a ensuite deux

 11   lignes avec cinq chiffres, puis ensuite vous avez SOSYU, puis ensuite vous

 12   avez "gouvernement de Bosnie-Herzégovine." Donc je pense que le document

 13   devrait être renvoyé aux services de Traduction pour que la traduction soit

 14   complète. Puisqu'il s'agit d'un document 1D, c'est nous qui demandons cela.

 15   Voilà ce que je voulais dire officiellement.

 16   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie, Maître Zecevic.

 17   Nous reprendrons à 12 heures 25.

 18   --- L'audience est suspendue à 12 heures 04.

 19   --- L'audience est reprise à 12 heures 30.

 20   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Avant que le témoin ne vient, les

 21   conseils ont été avertis par les Juges de la Chambre par le biais de notre

 22   officier juriste de la Chambre, en ce qui concerne des communications de ce

 23   document qui avaient été marquées aux fins d'identification; est-ce que

 24   vous avez quelque chose à ajouter, Monsieur Hannis ?

 25   M. HANNIS : [interprétation] Par rapport à cette communication, je pense

 26   que j'aie le même problème. Je comprends que le document P682 est le même

 27   document hormis les annotations écrites à la main dont le témoin a parlé

 28   les annotations faites par deux employés du service de Transmission. Donc


Page 24992

  1   je pense que, vu que nous avons déjà la pièce P682 dans le dossier en tant

  2   que pièce à conviction, et c'est le texte même du télégramme, vu que nous

  3   avons la déposition du témoin à ce sujet, où il dit que ceci a été envoyé

  4   et reçu et il base cela sur les deux signatures, je n'ai pas besoin

  5   d'ajouter ce document qui peut -- avec ou sans le document MFI. Bon,

  6   j'aurais préféré l'avoir vu qu'il est un petit peu plus complet puisqu'il

  7   comporte des annotations écrites à la main. Mais, bon, c'est vraiment une

  8   préférence. Disons que j'ai choisi le document qui n'est pas complet alors

  9   qu'on en a un qui est plus complet et je me suis penché vers le mauvais

 10   document, mais bon.

 11   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Krgovic, vu cette logique

 12   impeccable de M. Hannis, est-ce que vous préférez donc -- qui propose donc

 13   de remplacer le document moins complet par le document peu complet ? Est-ce

 14   que cela vous pose un problème ?

 15   M. KRGOVIC : [interprétation] Oui, c'est un problème. J'ai un problème avec

 16   cela et c'est une question de principe. C'est de cela qu'on parle. Ici

 17   c'est un élément nouveau et il ne devrait pas être versé au dossier. C'est

 18   une objection de principe. Parce qu'on ouvre la porte pour introduire de

 19   document relevant de la même catégorie à l'avenir, alors que c'est le

 20   contraire aux instructions des Juges.

 21   [La Chambre de première instance se concerte]

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Krgovic, qu'est-ce qui est

 23   exactement nouveau dans ce document ?

 24   M. KRGOVIC : [interprétation] C'est une nouvelle version de ce document. Le

 25   document ne pose aucun problème, il est déjà dans le dossier; c'est une

 26   pièce à conviction, cela me suffit, je ne vois pas pourquoi on ajouterait

 27   un autre document. Je pense que l'ancien nous suffit, le Procureur a reçu

 28   en plus la déposition du témoin, il devrait satisfaire de cela, à mon avis.


Page 24993

  1   [La Chambre de première instance se concerte]

  2   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Les Juges considèrent que le document

  3   qui a été marqué aux fins d'identification devrait être versé au dossier à

  4   présent pour remplacer la pièce existante, à savoir P682.

  5   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

  6   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Puis la cote -- quel était le numéro

  7   déjà ? P2392 [comme interprété] reste disponible à nouveau, devient à

  8   nouveau disponible.

  9   M. HANNIS : [interprétation] Merci.

 10   Q.  Monsieur Jankovic, maintenant je voudrais parler d'un document au sujet

 11   de la SJB de Prijedor. Donc c'est l'intercalaire 74 dans le dossier, la

 12   pièce P657 dans notre dossier, et je pense qu'il faudrait vous donner un

 13   exemplaire papier vous allez mieux pouvoir travailler à partir de ce

 14   document-là. Il s'agit là d'un rapport qui vient du chef Drljaca, qui a été

 15   envoyé à Banja Luka, et il date du mois de juin 1992, il concerne les

 16   activités concernant la première moitié de l'année 1992. La première

 17   question à ce sujet concerne la deuxième page dans le système de prétoire

 18   électronique aussi bien en anglais qu'en B/C/S. Donc c'est quelque chose

 19   qui se trouve sur le tableau qui est sur la gauche, tout à fait en bas.

 20   Juste au-dessus de ce paragraphe, on voit une référence quant à la prise du

 21   contrôle de la ville par le fort, le 29 avril sans qu'une seule balle ne

 22   soit tirée. Donc vous le voyez, vous voyez ce paragraphe ? Le 29 avril.

 23   R.  Mis à part cela, les extrémistes du SDA et du HDZ ont préparé une prise

 24   de contrôle absolue pour semer la terreur sur la population serbe, c'est

 25   que nécessairement a résulté par des préparatifs intenses pour une prise de

 26   pouvoir permanente et définitive qui a eu lieu le 29 avril 1992 sans qu'une

 27   balle n'ait été tirée.

 28   Q.  Ensuite on peut lire : "Ils ont empêché les employés de la SJB qui ne


Page 24994

  1   sont pas serbes d'empêcher la déclaration de loyauté."

  2   Est-ce que vous êtes au courant de cela ? Est-ce que vous savez si les

  3   extrémistes et les paramilitaires ont empêché les employés de la SJB de

  4   signer cette déclaration ?

  5   R.  Non, je ne suis pas au courant de cela. Peut-être que c'est arrivé.

  6   Mais je ne suis pas au courant de cela.

  7   Q.  D'accord.

  8   R.  Là, il parle de la prise du pouvoir qui a eu lieu le 29 avril, ensuite

  9   on dit que les extrémistes ont empêché cela. Mais on ne dit pas quand

 10   exactement. On ne dit pas qui exactement.

 11   Q.  Bien. Je vais vous amener vers quelque chose qui est plus dans votre

 12   domaine d'expertise. C'est la page 4 dans le système de prétoire

 13   électronique. Page 5 en B/C/S. Vous allez voir une section concernant "la

 14   guerre, les missions et le maintien du système de transmissions et de

 15   communications." Est-ce que vous le voyez ?

 16   R.  [aucune interprétation]

 17   Q.  Non, je pense que vous êtes sur la bonne page, parce que quand je dis

 18   "la page 5," je compte aussi la page de garde; autrement dit, c'est la page

 19   4. On parle des efforts fournis pour garder le système des communications.

 20   Donc vous ne travaillez pas seulement à Prijedor, mais aussi au niveau de

 21   Sanski Most et Novi ? Vous avez travaillé aussi dans ces postes, vous les

 22   avez aidés ?

 23   R.  Oui, c'est exact.

 24   Q.  Maintenant, à la page suivante en B/C/S, mais aussi en anglais. Dans la

 25   traduction en anglais, on peut lire :

 26   "Mis à part les activités susmentionnées, toute une série d'autres

 27   activités ont eu lieu, travailler sur les groupes électrogènes et sur

 28   l'équipement énergétique, UKT," donc l'équipement à ondes courtes.


Page 24995

  1   Ensuite, la dernière phrase :

  2   "Il est nécessaire de dire qu'au cours des préparations pour les opérations

  3   militaires, on a mis en place quatre postes radio mobiles et trois fixes

  4   pour servir au cours de ces opérations et remplacer les postes défectueux."

  5   Est-ce que vous êtes au courant de ça ?

  6   R.  Si j'ai bien compris ce qui est écrit ici, est-ce que Simo parle des

  7   préparatifs. Pour que les choses soient bien claires, ce qui a été fait,

  8   j'ai fait un rapport comme tous les chefs, un rapport pour la période en

  9   question, et je l'ai communiqué ensuite à mon supérieur hiérarchique. Moi,

 10   j'ai donc pris tout ce que j'avais dans ma documentation et j'ai introduit

 11   toutes les données sur le travail effectué. Ensuite, ce travail, après

 12   avoir été effectué -- vous savez, des appareils tombent en panne, et comme

 13   on n'en a pas de nouveaux, on les répare alors que normalement on s'en

 14   débarrasserait. Mais c'est du travail quotidien normalement, du jour au

 15   jour. Il ne s'agit pas là de préparatifs particuliers. Moi, je suppose que

 16   Simo voulait dire qu'on a fait tout cela pour se préparer à son arrivée,

 17   mais non, ce n'était pas le cas, c'est vrai que l'on faisait cela, c'est

 18   vrai qu'on a effectué ces travaux de réparations, mais c'étaient des

 19   travaux réguliers, normaux. Voilà ce qu'il a écrit :

 20   "Il est nécessaire d'ajouter que dans le cadre de préparatifs aux

 21   opérations de guerre …" c'est vrai que nous avons procédé à ces

 22   réparations, c'est vrai que j'ai fait un rapport sur ce qui a été fait.

 23   Mais vous savez, quand je fais mes rapports moi je ne fais pas de

 24   commentaires, je ne dis pas, j'aime bien ce poste de police et je n'aime

 25   pas un autre, celui-ci est bien, l'autre n'est pas bien. Moi, je prends les

 26   informations des employés et ensuite de façon factuelle je les répertorie

 27   dans mon rapport. Alors que Simo, il a envoyé les informations, il a fait

 28   suivre les informations en nous présentant comme un service particulier


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  1   comme ayant fait un travail extraordinaire, alors que finalement on a fait

  2   notre travail quotidien. On n'avait pas le don d'ubiquité, on ne pouvait

  3   pas faire deux choses à la fois.

  4   Q.  Je vais vous poser quelques questions supplémentaires. Donc c'est M.

  5   Drljaca qui a écrit cela, pas vous ?

  6   R.  Oui, parce que mon rapport avait peut-être trois feuilles. Alors

  7   qu'est-ce qu'il fait, il prend -- il choisit le morceau qui lui convient et

  8   il écrit un nouveau texte, il sélectionne les informations.

  9   Q.  Bien. Mais les chiffres que l'on voit sur la page précédente, à savoir

 10   le nombre d'engins réparés, et cetera, c'est vous qui avez fourni ces

 11   chiffres ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Mais, moi, je vous pose une question à ce sujet, donc les préparatifs

 14   en cours pour les opérations militaires, l'équipement radio nécessaire pour

 15   ces opérations, je pense qu'on vous a posé une question au sujet de la

 16   participation éventuelle de la police de Prijedor dans les opérations

 17   militaires qui ont eu lieu dans la municipalité au cours des mois de mai et

 18   juin et vous avez dit : Non, non, ce n'est pas possible parce que j'aurais

 19   été au courant de cela, parce qu'ils auraient eu besoin de l'aide de mon

 20   service des Communications. Est-ce que vous vous souvenez de cette question

 21   ? Est-ce que vous vous souvenez de votre réponse ? Parce qu'on vous a

 22   demandé quelque chose dans ce genre et vous avez répondu comme ça.

 23   R.  C'est un peu dans le brouillard, je dois dire. Il faudrait que vous

 24   rafraîchissiez ma mémoire. Je vais être plus clair. La police, s'il fallait

 25   mener à bien une opération qui ne se déroule qu'une seule fois, s'ils ont

 26   besoin du service des Communications, je les fournis mes services, mais je

 27   ne me souviens pas, vous savez, c'était, il y a longtemps.

 28   Q.  Moi, j'avais l'impression que vous aviez dit que, d'après vous, d'après


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  1   ce que vous saviez, il n'y a pas eu de participation de la police aux

  2   opérations de combat dans la municipalité de Prijedor, pas dans les

  3   opérations de guerre; est-ce que vous auriez dû être au courant parce

  4   qu'ils auraient demandé l'aide de votre service, du service des

  5   Transmissions ? D'après ce que j'ai compris, vous disiez que ces activités

  6   de combat se déroulaient dans les villages musulmans, Kozarac, Hambarine,

  7   et cetera, mais que c'était l'armée, pas la police, qui participait à ces

  8   opérations. Est-ce que c'est ce que vous avez dit que la police n'avait

  9   rien à faire avec tout cela ?

 10   R.  Ce que vous venez de dire là, je pense que je l'ai dit, là, j'essaie de

 11   me rappeler de cela, mais je pense que c'est ce que j'ai dit. Cependant, si

 12   moi je ne sais pas quelque chose, ça ne veut pas forcément dire que la

 13   police n'a pas participé. La police aurait pu prendre part dans une moindre

 14   mesure sans m'inclure, parce que, vous savez, on faisait appel au centre

 15   des Transmissions quand on avait besoin de nos services. Donc si on avait

 16   besoin de mes services, j'étais au courant. S'ils faisaient quelque chose

 17   sans me demander, je n'étais pas au courant puisque je n'ai pas pris part à

 18   cela.

 19   Q.  Merci, vous avez répondu à la question que je vous ai posée.

 20   Maintenant, ce qui m'intéresse c'est la page 5 en anglais, dans le système

 21   du prétoire électronique.

 22   M. KRGOVIC : [interprétation] Attendez là, c'est une partie qui n'a pas été

 23   correctement saisie au compte rendu d'audience. Il s'agit de la page 61,

 24   ligne 10, le témoin a dit autre chose. Il a utilisé les mots, "des

 25   opérations plus importantes." Il a parlé des opérations plus importantes.

 26   Ce n'est pas quelque chose qui figure au compte rendu d'audience. Alors

 27   veuillez, s'il vous plaît, répéter la question pour qu'on puisse

 28   l'enregistrer correctement.


Page 24998

  1   M. HANNIS : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur le Témoin, vous venez d'entendre M. Krgovic. Moi, ce que j'ai

  3   compris c'est que vous disiez que la police aurait pu participer aux

  4   opérations de combat sans que vous le sachiez. Parce qu'ils étaient en

  5   mesure d'utiliser l'équipement radio qu'ils avaient déjà ou qu'ils ont reçu

  6   de quelqu'un d'autre; est-ce exact ?

  7   R.  Non, non, pas de quelqu'un d'autre, ça c'est sûr. Ils ne pouvaient

  8   qu'utiliser les appareils existants, ceux qu'ils utilisaient d'habitude,

  9   qu'on leur a confiés. Cela, c'est moi qui m'en occupe normalement, mais,

 10   moi, on m'appelle uniquement quand ils tombent en panne, ou bien quand il

 11   faut changer de batterie, et ce n'est pas moi en fait qui interviens, ce

 12   sont mes techniciens. Mais comme je suis leur chef, je suis censé être au

 13   courant. Je suis ce qui se passe, et c'est sûr que la police a utilisé les

 14   appareils appartenant à la police. Alors est-ce qu'il s'agissait des

 15   appareils dont ils disposaient d'habitude, ou bien des appareils nouveaux

 16   supplémentaires ? Là, je ne saurai la réponse à cette question, même si je

 17   ne m'en souviens pas. Il est tout à fait possible que quelqu'un demande de

 18   disposer d'un ou deux postes radio, mais vous savez c'est vraiment un

 19   détail et je ne m'en souviendrai pas.

 20   M. HANNIS : [interprétation] Bon. Passons à la page 5 de la version

 21   anglaise.

 22    Q.  Pour vous, Monsieur le Témoin, c'est la page 7 du prétoire

 23   électronique. Mais pour ce qui est de la version papier, je crois que c'est

 24   votre page 6. Le paragraphe commence sous le point noir, qui dit, 14 chefs

 25   d'accusation ont été dressés. Dans la deuxième dizaine de jours, il y a eu

 26   prise du pouvoir; le voyez-vous ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Alors il est dit :


Page 24999

  1    "Qu'il y a eu combat et des Musulmans croates ont refusé de signer

  2   des déclarations d'allégeance et ont activement participé à une rébellion

  3   armée."

  4   Alors les activités étaient censées se déployer sur le terrain pour

  5   défendre ou protéger des biens ou propriétés privées ou sociales, pour ce

  6   qui est de la participation à ces opérations de combat. Donc il semblerait

  7   que la police de Prijedor avait participé à des combats; est-ce que vous

  8   êtes d'accord, parce que nous semble être clair ?

  9   R.  Oui, mais il faut être plus précis. Quel combat ? Est-ce que vous

 10   parlez des Musulmans ou des Serbes quand vous dites "certains" ?

 11   Q.  Mais, écoutez, le rapport se rapporte aux activités du SJB de Prijedor,

 12   "les activités sont chargées à une couverture du terrain, à protéger des

 13   propriétés -- des biens en propriétés sociales et privées, et participation

 14   aux opérations de combat."

 15   Est-ce que c'est ce qu'on veut dire au sujet de la police de Prijedor ?

 16   R.  Oui, allez-y, continuez.

 17   Q.  Puis il y a eu des extrémistes de capturés dans ces opérations de

 18   combat, et puis il y a eu trois centres d'Accueil de mise en place à

 19   Omarska, Keraterm et Trnopolje. Ma question se rapporte à la phrase

 20   suivante :

 21   "On dit que tous les employés se sont centrés sur des activités

 22   d'investigation."

 23   Alors une question m'est venue à l'esprit. Vous nous avez dit que votre

 24   épouse a travaillé dans le département de la Police, pour ce qui est chargé

 25   de la criminalité économique. Alors est-ce qu'à votre connaissance, elle a

 26   été impliquée dans ces investigations ? Etait-elle agent opérationnel ?

 27   R.  Oui, elle était agent opérationnel mais comme c'était la seule femme

 28   parmi eux, je suppose que son chef à elle, l'a épargnée de ces déplacements


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  1   vers Omarska et Keraterm, parce que c'était déjà assez fatigant pour des

  2   hommes. Il fallait, de toute façon, que quelqu'un soit constamment au

  3   niveau du centre pour s'occuper de petites choses. Il n'y avait pas de

  4   traitement opérationnel à effectuer mais il y avait constamment des choses

  5   à faire et elle était là-bas en tant qu'agent de permanence, parce que

  6   c'était une femme. Autrement --

  7   Q.  Merci. Je crois que vous avez répondu à ma question. Elle n'a pas eu à

  8   se déplacer vers Omarska, Keraterm, Trnopolje en 1992 ?

  9   R.  Normalement, elle aurait dû être censé le faire mais, grâce à son chef,

 10   elle n'a pas été obligée, personne ne l'a contraint à le faire.

 11   Q.  Merci. Je crois que c'était toutes les questions que j'avais à vous

 12   poser au sujet de ce document.

 13   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Hannis.

 14   M. HANNIS : [interprétation] Oui.

 15   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Puisque vous allez, enfin vous avez

 16   commencé et vous n'avez pas, auparavant, eu l'occasion de vous entretenir

 17   avec ce témoin, compte tenu du fait que vous avez passé pas mal de temps à

 18   l'interroger. Est-ce que vous estimez avoir besoin de la totalité des deux

 19   heures 40 qui vous restent et que vous aviez demandées ?

 20   M. HANNIS : [hors micro] -- oui, excusez-moi.

 21   Alors mes estimations, plutôt, dans la journée m'ont fait dire que je vais

 22   en avoir besoin d'une session, pour ce qui est de la journée de demain. Je

 23   ne pense pas avoir besoin de plus huit heures, mais je pense pouvoir

 24   terminer dans le cadre de ces huit heures, et je crois pouvoir terminer

 25   demain. Il y a deux sujets concrets que je voudrais aborder au niveau des

 26   documents. C'est ce qu'il y a d'important, et pour ce qui est du reste,

 27   j'essaierai de le parcourir d'ici à 13 h 45.

 28   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.


Page 25001

  1   M. HANNIS : [interprétation] C'est moi qui vous remercie.

  2   Q.  Monsieur le Témoin, je voudrais vous montrer à présent un autre

  3   document, lié à M. Drljaca. C'est à l'intercalaire 30. Mais avant que de le

  4   faire afficher, je voudrais vous demander ce qui suit : Vous souvenez-vous

  5   du moment où M. Drljaca a quitté le SJB de Prijedor, pour prendre ses

  6   fonctions au bureau du ministère de l'Intérieur ? Saviez-vous qu'il avait

  7   travaillé dans un département chargé de la Formation du public ?

  8   R.  Je ne sais pas ce qu'il faisait, je sais qu'il a été révoqué de ses

  9   fonctions. Il n'était pas à Prijedor mais à Bijeljina. De là, à savoir ce

 10   qu'il a fait là-bas, je ne le sais, il est revenu par la suite. Il n'est

 11   pas resté longtemps, il a été pour sûr, mais je ne sais pas ce qu'il a

 12   fait. C'était Bogdan Delic, à l'époque, où il s'y trouvait -- qui se

 13   trouvait être à la tête de ce centre. Mais ça s'est passé il y a longtemps

 14   et je n'en suis pas trop sûr. Je pense que c'est le cas. Je crois que

 15   c'était Bogdan le chef et lui était allé à Bijeljina, je ne sais pas de

 16   quoi il a été chargé là-bas.

 17   Q.  Bon. C'était une tâche de police, liée au ministère de l'Intérieur à

 18   Bijeljina, n'est-ce pas ?

 19   R.  Je suppose.

 20   Q.  Bon. Il est revenu pour être chef à Prijedor, au plus tard vers 1994,

 21   pour être chef à nouveau ?

 22   R.  Oui, il est revenu il a été chef à nouveau. Pendant combien de temps,

 23   je ne sais pas. Je pense que c'était pendant que j'étais en congé de

 24   maladie. Je le voyais, je savais qu'il était là, mais je ne sais pas vous

 25   parler de dates.

 26   Q.  Est-ce que vous vous souvenez quand est-ce que vous êtes parti en congé

 27   de maladie en 1994 ?

 28   R.  C'était sûrement au mois de mars. C'est là que je suis parti. Il faut


Page 25002

  1   que je recalcule les choses. J'ai passé un mois à l'hôpital puis 40 -- je

  2   sais que j'ai été opéré le 20 juillet, mais il y a eu des analyses de

  3   faites pendant longtemps avant. Disons au mois de mars, printemps.

  4   Q.  Bon. Je crois que le document qui montre qu'il est redevenu chef à

  5   Prijedor est daté du mois d'avril 1994, donc il se peut que vous ne sachiez

  6   pas. Mais puisque nous sommes déjà en train de parler de M. Drljaca, vous

  7   avez mentionné Tomasica comme étant un site à côté duquel vous passiez

  8   lorsque vous voyagiez depuis Prijedor.

  9   R.  Oui.

 10   Q.  J'ai cru comprendre qu'il y avait une mine là-bas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Avez-vous entendu parler de centaines ou de milliers de corps de

 13   Musulmans placés dans cette mine de Tomasica en 1992 ?

 14   R.  Où voulez-vous que j'entende chose pareille ?

 15   Q.  [aucune interprétation]

 16   R.  Mais même quand ça se passe il vaut mieux pas trop aller se renseigner.

 17   Qui a été tué, qui l'a fait. Enfin, je l'ai -- même si vous entendez ce

 18   genre de choses, vous avez intérêt à oublier sur le champ. Mais je suis sûr

 19   que je n'en ai pas entendu parler.

 20   Q.  Penchons-nous sur le 65 ter -- non, plutôt, l'intercalaire 143, pièce à

 21   conviction P1767. Monsieur le Témoin, je crois que je vais devoir vous

 22   donner une copie papier. Je pense que vous n'avez certainement pas vu ce

 23   document auparavant. Il s'agit d'un extrait d'un document, qui est

 24   identifié comme étant le journal du général Mladic de 1993, et l'entrée que

 25   nous sommes en train d'examiner est datée du 27 mai 1993. Je voudrais vous

 26   renvoyer vers la page 4 de la version anglaise et c'est la page 4 en B/C/S

 27   pour ce qui est du prétoire électronique. Alors vers le bas de cette

 28   quatrième page, vous allez voir un petit autocollant vert. Oui, revenez


Page 25003

  1   d'une page en arrière. Voilà. C'est cela. Alors en bas à gauche, vous allez

  2   voir un endroit qui est surligné en rose. C'est le colonel Bogojevic qui

  3   parle, et il est dit :

  4   "Il y a quatre à cinq jours Simo Drljaca est venu, il était chef du SUP de

  5   Prijedor auparavant, il a été envoyé par le ministre du -- enfin, le chef

  6   du MUP de la RS et il est venu au sujet de la mine de Tomasica."

  7   Passez à la page suivante tant en version B/C/S qu'en version anglaise,

  8   s'il vous plaît :

  9   " … à proximité de Prijedor, où auparavant ils ont enseveli quelque 5 000

 10   corps de Musulmans. Je suis sûr que ceci sait su par le biais de

 11   prisonniers libérés.

 12   "Drljaca est venu nous le signaler et ils voudraient s'en débarrasser.

 13   "Il y a là toutes sortes de cadavres et pendant que ceci se faisait

 14   le général Subotic --"

 15   L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent qu'il est difficile de lire

 16   ce qui est écrit.

 17   M. HANNIS : [interprétation]

 18   Q.  Alors, dites-nous si vous avez entendu parler de cette mine de Tomasica

 19   et des corps qu'on y aurait ensevelis.

 20   R.  Pour être tout à fait sincère, c'est la première fois de ma vie que

 21   j'entends parler de ce qui est dit ici, de Tomasica en particulier, et

 22   jamais, mais grand jamais, je n'ai entendu parler de 5 000 cadavres. C'est

 23   énorme comme chiffre. Mais ça j'en aurais entendu parler, 5 000 c'est un

 24   chiffre immense. 5 000 -- des wagons, des quantités très importantes de

 25   camions qu'il faudrait engager pour cela. Je ne sais pas pourquoi ceci est

 26   dit ici. S'agissant de toute la teneur, jamais entendu parler. C'est la

 27   première fois que j'en entends parler aujourd'hui même. Mais pour moi, 5

 28   000 ? Ça doit être multiplié par 100 comme chiffre.


Page 25004

  1   Q.  Avez-vous jamais entendu parler d'un certain nombre de cadavres de

  2   Musulmans inférieur à celui-ci pour ce qui est de cette mine de Tomasica ?

  3   R.  J'ai entendu, par exemple, de chiffe 50 à 80 pour Koricanske Stijene.

  4   Mais -- enfin, on a entendu des chiffres variés dans différentes

  5   situations, mais 5 000. Non, jamais de ma vie. Pour ce qui est de Tomasica,

  6   je n'en ai jamais parlé dans ce sens-là.

  7   Q.  Bon. Merci. Il me semble il nous faudrait à présent revenir vers l'un

  8   des registres. Je crois que nous apprécions la chose tant vous que moi, je

  9   ne suis pas sûr du cas de voir cela être tout aussi vrai pour les autres.

 10   Mais, bon, je vais vous remettre l'intercalaire 128.

 11   R.  J'espère que vous les avez perdus parce qu'il me semble que vous les

 12   avez tous gardés.

 13   Q.  Bon, vous n'êtes pas le seul à avoir espéré la chose. Mais désolé, je

 14   vais vous montrer celui-ci si vous le permettez.

 15   Je vais demander à Mme l'Huissière de vous remettre la version papier de ce

 16   que je veux vous montrer. J'essaie de retrouver la page du début. Il s'agit

 17   d'une pièce à conviction de l'Accusation qui porte la référence P1025.

 18   Pouvez-vous nous dire, partant de cette page de couverture, quoi que ce

 19   soit afin de nous permettre de savoir de quoi il s'agit ? Il est dit :

 20   "registre 91, 92, 93, 94.".

 21   R.  Ici, c'est les archéologues qu'il faudrait engager. Je ne me souviens

 22   pas de ce registre. Peut-être qu'en l'ouvrant, peut-être en saurais-je un

 23   peu plus.

 24   Q.  Bien. Si vous pouvez le faire, passons à la page que j'ai marquée à cet

 25   effet. Il y a des documents qui sont listés et cela vous aidera peut-être à

 26   identifier de quoi il s'agit. Il y a un intercalaire jaune qui vous amène

 27   vers l'année 1992. Page 86, et la page 1 de la version anglaise, et c'est

 28   page 86 B/C/S.


Page 25005

  1   M. ZECEVIC : [interprétation] Je crois que le problème a des problèmes avec

  2   cet extrait.

  3   M. HANNIS : [interprétation] Non, il l'a trouvé. Merci.

  4   Q.  Alors est-ce que vous voyez "1992" ? Je crois qu'on vous a montré ce

  5   registre ou des parties de ce registre.

  6   R.  Oui.

  7   Q.  On vous a montré des parties de ce registre à l'occasion du récolement

  8   avec MM. Yarmah et Beausey du bureau du Procureur, et vous avez été à même

  9   d'identifier des parties d'écriture à la main. Alors ce qui ne nous

 10   intéresse pas, c'est la toute première partie de l'année où M. Talundzic

 11   était chef. Mais commencez par ce qui suit -- je vous renvoie à la dernière

 12   page relative à 1992, et vous allez voir que la dernière entrée porte le

 13   numéro 828. Alors, si vous lisez les chiffres qui se trouvent dans la

 14   colonne de gauche, vous devriez pouvoir arriver à la référence 828. Il

 15   s'agit du 118 en prétoire électronique de la version B/C/S, et il s'agit de

 16   la dernière page en version anglaise.

 17   R.  Oui, bien. J'ai compris.

 18   Q.  [aucune interprétation]

 19   R.  [aucune interprétation]

 20   Q.  Allez vers le bas, s'il vous plaît, et vous allez voir qu'il y a

 21   quelque chose d'inscrit, une date, et ce qui semble être une signature.

 22   Est-ce que vous reconnaissez quoi que ce soit ?

 23   R.  D'après ce que je puis voir, il s'agit de MT, Mira Topic. Mais, moi, je

 24   ne me souviens pas de sa signature. D'après l'écriture, je crois pouvoir

 25   dire que c'est elle. Je crois que c'est son écriture. En signature, MT, ça

 26   devrait être Mira Topic. Mais elle, elle ne signait rien. C'était la

 27   secrétaire. Ça devrait être cela, probablement.

 28   Q.  Bien. Je crois que lorsque vous aviez vu auparavant ce document, vous


Page 25006

  1   aviez été à même d'identifier l'écriture comme étant celle de Mira Topic.

  2   Et puis, il y a une partie où vous avez indiqué qu'une partie était écrite

  3   à la main par l'un des agents des transmissions, les vôtres. Alors, là, je

  4   vous renvoie à la page 1, l'entrée qui porte la référence 300 --

  5   R.  Quelle référence ?

  6   Q.  302.

  7   R.  Je n'ai pas pu dire que c'était notre agent des transmissions à nous

  8   qui avait écrit cela parce que c'est une écriture que je ne connais pas du

  9   tout.

 10   Q.  Non, non. Je veux juste maintenant vous demander --

 11   R.  Le 302 ?

 12   Q.  Oui, j'ai des questions à vous poser au sujet des abréviations. Sous la

 13   colonne "de la part de," on voit : "MUP de la SR BH," et puis on voit

 14   "SSR." Est-ce que vous savez ce que signifie "SSR" ?

 15   R.  Non, non. C'est SRBIH, République socialiste de Bosnie-Herzégovine.

 16   C'est l'abréviation officielle qui était utilisée avant les élections

 17   pluripartites, avant l'adoption de la nouvelle constitution. C'est une

 18   abréviation datant de la République socialiste fédérative de Yougoslavie.

 19   Q.  Il y a une colonne pour indiquer le niveau d'urgence. Je vous indique

 20   qu'il s'agit de la colonne numéro 6. Puis, au numéro 7, on dit "système."

 21   Alors je crois que vous avez déjà apporté des explications, mais je

 22   voudrais que les choses soient claires. Le "DX," ça veut dire que ce n'est

 23   pas urgent.

 24   R.  Non, non, vous n'avez pas raison. Vous m'avez posé la question mais

 25   j'ai oublié de répondre sur ce fragment. O, DD, DX, et B, c'est ordinaire,

 26   dépêches ordinaires, les dépêches classiques, sans rien. DX, de part la

 27   teneur, ce sont des activités opérationnelles urgentes. Si quelqu'un volait

 28   un vélo ou a écrasé quelqu'un ou violé une femme, et cetera, ça, c'est


Page 25007

  1   urgent. C'est donc la teneur qui est urgente. C'est cela que signifie le

  2   DX. Donc, ça part tout de suite. DD, c'est inondation, incendie. DD, c'est

  3   dans ce style aussi, et DP [phon], ce sont des questions d'Etat. DD, c'est

  4   des questions urgentes, s'il y a une attaque ou --

  5   Q.  Bien. Donc, ce sont les abréviations utilisées pour le degré d'urgence,

  6   et DX, ce sont des activités opérationnelles urgentes.

  7   Q.  Bon. A la colonne suivante, on voit l'une de ces inscriptions, O, donc

  8   ça veut dire O, ouvert, et S, ça veut dire codé, chiffré.

  9   R.  Non, non. Il y a deux désignations, pour l'urgence et pour le degré de

 10   confidentialité. Dans l'une et l'autre, il y a O. Il y a O ordinaire, et O

 11   ouvert. Quand on voit de OO, c'est ce qu'il y a de moins urgent. Enfin, ça

 12   a moins de valeur, mais peut-être "valeur" n'est pas le bon terme. Tout a

 13   de la valeur. Bon, c'est les moins importantes, c'est ordinaire, ouvert,

 14   non codées, donc. Le tout peut être codé, et tout peut être aussi envoyé de

 15   façon ouverte. Mais urgent, c'est d'habitude codé. Théoriquement parlant,

 16   on peut envoyer sans codage des choses qui sont très urgentes.

 17   Q.  Page 92 pour la version B/C/S, le premier chiffre étant le numéro 176.

 18   Donc, cela nous donne la page 7 pour la version anglaise.

 19   Est-ce que vous reconnaissez l'écriture que nous voyons sur cette page,

 20   Monsieur Jankovic ?

 21   R.  Un petit moment. Un petit moment. 199, dites-vous ? Donc c'est la même

 22   année, c'est cela ?

 23   Q.  Oui, oui. Le premier numéro, c'est le numéro 176, tout en haut de la

 24   page; vous le voyez ?

 25   R.  Bien, 176. D'accord.

 26   Q.  Est-ce que vous pouvez regarder cette page ainsi que les quatre à cinq

 27   pages suivantes et me dire s'il s'agit de l'écriture de Mira Topic ou de

 28   quelqu'un d'autre ?


Page 25008

  1   R.  Non, non, non. Cette première page, ce n'est pas Mira. Mais là, je ne

  2   me souviens plus à qui appartient cette écriture. Ecoutez, j'en sais autant

  3   que vous. Lorsque vous voyez les deux écritures, vous constatez bien

  4   qu'elles ne sont pas identiques. Ce ne sont pas les mêmes, non, non.

  5   Q.  Bien.

  6   R.  Non, non, d'après ce que je vois, ce ne sont vraiment pas les mêmes

  7   écritures.

  8   Q.  Bien. Regardez -- enfin, poursuivez votre lecture jusqu'à la page 98

  9   pour la version B/C/S, et regardez jusqu'au numéro 320, page 13 pour la

 10   version anglaise. Donc, page 13, vous la retrouvez ?

 11   R.  Oui, oui, je pense. C'est cela, 2266 ?

 12   Q.  Oui, c'est ça. Regardez les cinq à six premières rangées, regardez, à

 13   partir du numéro 332, on a l'impression que c'est quand même l'écriture de

 14   Mira Topic, là, non ?

 15   R.  Oui, c'est l'impression que j'ai également.

 16   Q.  Ecoutez, prenez le temps que vous jugerez nécessaire et si vous le

 17   souhaitez, vous pourrez prendre cela après l'audience chez vous, mais est-

 18   ce que vous auriez l'amabilité de regarder la nature de ces dépêches,

 19   regarder les indications qui correspondent à la personne qui a signé pour

 20   ces dépêches, dites-moi si vous pouvez tirer des conclusions à propos du

 21   livre en question, enfin, du registre, à propos de qui a conservé ce

 22   registre, qui c'est qui écrivait dans ce registre. Est-ce qu'il s'agit de

 23   documents qui arrivaient ? De documents qui allaient être envoyés ? Parce

 24   qu'en fait, si vous le souhaitez, vous pouvez le prendre chez vous ce soir

 25   et nous reviendrons là-dessus demain matin, ou si vous pensez avoir besoin

 26   seulement de quelques minutes pour le faire, je vous accorde quelques

 27   minutes maintenant et nous pouvons le faire de suite. Mais ce qui

 28   m'intéresse, en fait, c'est de savoir s'il s'agit du livre qui se trouvait


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  1   dans votre centre de communication ou est-ce qu'il s'agissait d'un livre

  2   que Mira Topic conservait dans le bureau du chef.

  3   R.  Ecoutez, lorsque je pars d'ici après les audiences, je suis absolument

  4   épuisé. D'ailleurs, je ne me souviens plus d'une fois où j'aurais été aussi

  5   épuisé dans ma vie. Enfin, j'ai l'impression que je suis aussi épuisé que

  6   lorsque j'ai présenté mon dernier examen à l'université. Donc, peut-être

  7   que nous pourrions avoir dix minutes de plus après, et puis je pourrai voir

  8   ce qu'il en est avec le Procureur. C'est vrai que j'ai la tendance -- cette

  9   tendance à digresser, mais bon, si nous prenons les différents encadrés ou

 10   les différentes colonnes, là peut-être que je pourrai le faire. Parce que

 11   si je prends le document chez moi, qu'est-ce que je vais en faire, comment

 12   je vais le faire ? Donc, est-ce que je pourrais avoir votre autorisation de

 13   rester dix minutes de plus, comme ça nous pourrons régler les problèmes.

 14   Donc, je préférerais, en fait, ne pas le prendre avec moi. Bon, si vous

 15   souhaitez que je le prenne avec moi, je le ferai, bien sûr.

 16   Q.  Bien. Ecoutez, je vous pose cette question, je vais vous expliquer

 17   pourquoi, parce qu'en fait, je devrai reprendre votre entretien avec le

 18   bureau du Procureur et peut-être que je pourrai vous indiquer certains

 19   éléments de l'entretien -- de votre entretien avec le bureau du Procureur.

 20   Ce serait peut-être une façon plus efficace de travailler. Parce que vous

 21   êtes épuisé, nous dites-vous. Moi aussi, je suis fatigué à la fin de

 22   l'audience. Donc nous pourrons ainsi le faire demain matin. Je sais que,

 23   là, maintenant, nous sommes tous les deux un peu fatigués. Bon, je commence

 24   à être un peu fatigué et vous l'êtes déjà, c'était ainsi hier. Donc, voilà,

 25   qu'est-ce que vous pensez de ma propositions ?

 26   R.  Non, non, je pense que c'est une bien meilleure solution. Mais je vais

 27   vous dire ce qui, pour moi -- ce qui m'épuise ici, ce qui me semble

 28   éreintant. C'est que c'est la troisième fois que je viens ici à ce


Page 25010

  1   Tribunal, et c'est la troisième fois -- et pourtant, c'est là que je suis

  2   le plus fatigué. Je vais vous expliquer pourquoi. Parce qu'en fait, j'ai

  3   fait plusieurs déclarations à propos des mêmes choses et maintenant, j'ai

  4   peur, j'ai peur de ne pas dire exactement la même chose que par rapport à

  5   ce que j'avais dit précédemment, ce qui donnerait peut-être l'impression

  6   que je ne dis pas la vérité. Mais quoi qu'il en soit, mon intention -- ou

  7   mes intentions sont des plus louables -- ou des plus nobles, et

  8   certainement pas mauvaises.

  9   Q.  Oui, non, mais je vous crois sur parole. Je sais que vous êtes

 10   extrêmement méticuleux et que vous avez expliqué plusieurs fois ici, ainsi

 11   que lors de vos dépositions précédentes, à quel point il vous est important

 12   de ne commettre aucune erreur. Alors, cela, je le comprends fort bien, et

 13   je ne voudrais surtout pas vous pousser dans vos derniers retranchements.

 14   Est-ce que vous voulez que nous continuions encore dix à 15 minutes

 15   aujourd'hui ou est-ce que vous voulez que nous levions l'audience ?

 16   R.  Ecoutez, c'est comme vous le souhaitez. Nous lèverons l'audience quand

 17   vous le souhaiterez.

 18   Q.  Alors, bon, je vais maintenant oublier pour le moment ce document, et

 19   j'aimerais vous demander de prendre l'intercalaire 4, document P1615. En

 20   fait, non, nous allons passer directement à l'intercalaire 5. Oublions le

 21   4, le 5 est plus important, donc document P531. Je vais vous remettre le

 22   document papier, qui est composé de deux pages, et je vous dirai que la

 23   date, c'est la date du 23 mars 1992. Regardez, il s'agit du président

 24   Radovan Karadzic qui s'adresse à tous les présidents municipaux, donc je

 25   suppose qu'il s'agit des présidents du SDS. Au paragraphe 2 de ce document,

 26   voilà ce qui est écrit -- ou ce qui est dit :

 27   "Il convient d'évaluer que la condition importante pour assurer la

 28   protection du peuple serbe au vu de la situation actuelle passe par la


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  1   transmission rapide et contemporaine des données et des informations

  2   représentant une importance pour la défense et la sécurité, ainsi que les

  3   décisions qui doivent être relayées, tout comme les directives et les

  4   consignes de nos organes administratifs. Nous avons, pour ce faire, établi

  5   un centre des Opérations républicain et avons décidé qu'outre le centre du

  6   district à Banja Luka, les centres municipaux dans les autres zones

  7   joueront le rôle de centres des districts."

  8   Je pense que vous nous avez déjà dit ne jamais avoir entendu parler de ce

  9   centre des communications au niveau de la république --

 10   R.  [aucune interprétation]

 11   Q.  Excusez-moi, c'est moi qui ne me suis pas arrêté lorsque vous

 12   répondiez, donc les interprètes n'ont pas entendu ce que vous avez répondu.

 13   R.  Je disais que je n'en avais jamais entendu parler. Je regarde ce

 14   document, c'est la première fois que j'entends parler de ce centre

 15   opérationnel.

 16   Q.  Très bien. Deux paragraphes plus bas, regardez ce qui est dit :

 17   "Les centres de district à Banja Luka, Trebinje, Sokolac, Bijeljina ont

 18   déjà établi le lien avec le centre de téléphone et de télégraphe de la

 19   république, ainsi que des liens radio, alors que les centres de district à

 20   Sekovici et Petrovo seront reliés au plus tard le 26 mars 1992."

 21   Est-ce que vous étiez au courant de ce système de communications en mars

 22   1992 ?

 23   R.  Non, non, absolument pas. Moi, je n'étais absolument pas au courant.

 24   Q.  Je vais vous montrer un autre document qui a peut-être un lien. Il

 25   s'agit de l'intercalaire 69, pièce P1725. Alors, là, je pense que celui

 26   vous pouvez le lire sur l'écran. Il va être affiché dans une petite minute

 27   et regardez la date, la date du 19 [comme interprété] juin 1992, c'est un

 28   document qui émane du ministre de la défense le colonel Bogdan Subotic. Il


Page 25012

  1   est adressé aux ministères du gouvernement en leur indiquant que :

  2   "Le centre des Communications à Pale peut envoyer des télégrammes à la

  3   Région autonome serbe de Bosanska Krajina ainsi qu'aux autres régions

  4   autonomes serbes," il est indiqué que "cela peut être utilisé pour les

  5   notifications et les demandes."

  6   Est-ce que vous saviez que le système de communications est apparemment

  7   associé au gouvernement ou avec le ministère de la Défense ? Est-ce que

  8   vous le saviez ?

  9   R.  Ecoutez, premièrement, il n'est pas indiqué de quel centre de

 10   Communications il s'agit, parce que le centre de Communications c'est le

 11   nom officiel mais nous ne savons pas à quoi il fait référence, alors le

 12   centre de Communications à Pale. Bon, c'est très amateur. Moi, je n'ai

 13   jamais entendu parler d'un centre de Communications à Pale. Alors nous,

 14   personnels chargés de communications, étaient censés passer par là. Moi, je

 15   ne sais pas de quel centre de Communications il était question à Pale ?

 16   Est-ce qu'il s'agissait d'un centre de Communications militaire, de la

 17   police ? Moi, écoutez, je ne comprends absolument pas ou je ne sais

 18   absolument pas à quoi cela fait référence. Nous, nous n'avons rien à voir

 19   avec cela. Je l'ai déjà dit à l'époque mes opérateurs disposaient d'un

 20   numéro de téléphone s'ils arrivaient à établir la communication, ce qui

 21   était le cas d'ailleurs, bon, c'était un numéro à Pale. Parfois ils y

 22   arrivaient, parfois ils n'y arrivaient pas. Voilà. Voilà. Enfin peu

 23   importe.

 24   Q.  [aucune interprétation]

 25   M. KRGOVIC : [aucune interprétation]

 26   M. HANNIS : [interprétation] Oui.

 27   M. KRGOVIC : [interprétation] Il y a une erreur dans le compte rendu

 28   d'audience. Page 77 -- attendez, ah, non, non, non, non, en fait, c'est la


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  1   page 77, deuxième et troisième lignes, parce que regardez ce qui est écrit

  2   -- ah, non, non, c'est les lignes 5 et 6, en fait.

  3   "C'était un type de centre de la Police," ce n'est pas ce qu'il a dit le

  4   témoin.

  5   M. HANNIS : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur Jankovic, vous avez entendu. Il est dit -- au compte rendu

  7   d'audience, enfin, il est dit :

  8   "Je ne sais pas de quel centre de Communications s'agissait-il à Pale ?

  9   C'était un centre de type militaire, type policier."

 10   Est-ce que c'est bien ce que vous avez dit, c'est ce qui est écrit, en tout

 11   cas ?

 12   R.  Non, non. Moi, j'ai dit : Regardez la première ligne, il est dit juste

 13   après l'en-tête le centre de communications à Pale, bon, ça me semble

 14   possible. Le reste n'a aucun sens. Si vous ne savez pas de qui il s'agit.

 15   Qu'est-ce que ça veut dire un centre de Communications ? Centre de

 16   communications de quoi, de qui ? De l'armée ? De la police ? Des amateurs

 17   de radio ? Je n'en sais rien. Moi, c'est la première fois que je vois ce

 18   document. Donc je n'ai absolument rien d'autre à ajouter, hormis ce que

 19   j'ai déjà dit, et de toute façon, il n'y a pas de nom, donc si ce centre de

 20   Communications n'a pas de nom. Il n'avait pas de nom visiblement, alors on

 21   nous dit centre de Communications à Pale. Dieu seul sait ce qui se trouvait

 22   à Pale. Ce que je vous ai dit c'est que quand on parle de centre de

 23   Communications, on dit centre de Communications du MUP, centre de

 24   Communications du SJB, centre de Communications de la police à Pale; là,

 25   j'aurais su de quel centre de Communications il s'agissait. Donc ce que

 26   j'ai dit ce n'est pas la peine de continuer à se livrer de façon oiseuse à

 27   ce genre de conjectures.

 28   Q.  Je suppose que vous n'étiez pas plutôt informé de la disposition


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  1   relative à la législation pour la Défense en vigueur à partir du 1er juin

  2   1992 en Republika Srpska qui indiquait que le ministère de la Défense

  3   devait établir des communications aux fins de commandement et de contrôle

  4   en cas de guerre ou de menace imminente de guerre; vous étiez au courant ?

  5   R.  Non, non.

  6   Q.  Est-ce que vous savez qu'un certain M. Vukovic qui travaillait dans le

  7   centre de la république, donc pour cet organe que vous avez décrit à

  8   Prijedor et qui s'occupait donc des systèmes d'alerte pour en cas de

  9   catastrophes naturelles, d'inondation et qui devait donc déclencher les

 10   sirènes ? Est-ce que vous saviez donc -- est-ce que vous connaissiez ce M.

 11   Vukovic, et est-ce que vous saviez qu'il y avait un bureau central pour ce

 12   type d'organisation à Pale ?

 13   R.  Ecoutez, non, je n'en sais rien. Il est possible que cela se soit

 14   trouvé là mais il est tout aussi possible que cela ne se soit pas trouvé

 15   là. Ecoutez, je n'ai aucune information à ce sujet. Moi, je ne connais pas

 16   ce M. Vukovic. Il y a plusieurs Vukovic. Le seul Vukovic que je connaissais

 17   c'était un ingénieur qui travaillait à Banja Luka avant la guerre pour le

 18   système de la Sûreté d'Etat, je pense qu'il s'appelait Drago, Vukovic,

 19   d'ailleurs.

 20   Q.  Non, non, c'est un autre. Est-ce que vous connaissiez un certain

 21   Nebojsa Savic qui a eu quelques contacts avec le système des communications

 22   ?

 23   R.  Oui, il me semble qu'il était amateur radio ou radioamateur plutôt.

 24   Avant la guerre, ce que je sais c'est qu'il travaillait au SUP de Sarajevo.

 25   Il était policier en fait, et puis ensuite il a intégré les communications.

 26   Bon, quand, cela je n'en sais rien, mais en fait c'était lui qui écrivait

 27   les dépêches, comme Sarac et d'autres, qui travaillaient pour moi. Puis peu

 28   de temps avant la guerre, il a été -- enfin, il a commencé à travailler


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  1   pour le service d'Entretien de maintenance et de réparation du matériel

  2   radio. Tout ça, ça faisait partie du SUP de la ville de Sarajevo.

  3   Q.  Mais vous n'étiez pas au courant du fait qu'il avait mis sur pied un

  4   système de communications tout à fait clandestin pour le SDS avant le début

  5   de la guerre en 1992 ? Est-ce que vous étiez informé de cela ?

  6   R.  Avant la guerre, dites-vous ? Non, non, écoutez, moi, je ne sais pas ce

  7   qu'il aurait pu faire avant la guerre. Bon, je sais que c'était un

  8   radioamateur, ça c'est vrai. Mais, bon, je ne sais absolument pas ce qu'il

  9   faisait à Sarajevo.

 10   Q.  A Prijedor après le 30 avril 1992, pendant l'année 1992, est-ce que

 11   vous avez jamais eu la possibilité d'essayer de communiquer directement

 12   avec le QG du MUP, donc qui se trouve à Pale ou ailleurs à Sarajevo ou à

 13   Bijeljina ? Est-ce que vous avez jamais eu des communications ou une

 14   communication directe avec eux en 1992 ?

 15   R.  Un peu plus tôt, je vous avais donné l'exemple de ce directeur, qui

 16   avait reçu cette récompense Laki [phon]. Bon, je n'en ai pas véritablement

 17   parlé. Après le 30 avril, il y a un grand nombre de personnes qui ont

 18   commencé à venir dans les écoles ou dans d'autres endroits. Ils voulaient

 19   tous être directeurs. Par exemple, il y avait un Musulman qui était

 20   directeur avant, donc les autres voulaient devenir directeurs. Il y en a un

 21   qui s'est adressé à moi, je ne connaissais pas avant, il s'appelle je crois

 22   Milenko Vracar. Il m'a demandé s'il pouvait envoyer une télécopie à Pale,

 23   au ministère de l'Education en fait, pour qu'ils puissent accepter qu'il

 24   devienne directeur. C'est quelqu'un du SDS qui l'avait emmené, Dusko, je ne

 25   sais plus trop comment il s'appelait d'ailleurs, enfin peu importe. C'était

 26   tout d'abord quelqu'un de la sécurité qui nous l'avait emmené. Etant donné

 27   que nous savions que les communications n'étaient pas des plus performantes

 28   à l'époque, je lui ai dit, écoutez, bon ça m'étonnerait que ça marche, mais


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  1   je n'ai pas voulu lui opposer une fin de non recevoir. Donc je lui ai dit,

  2   laissez le document, et nous l'enverrons. Imaginez-vous qu'il y a eu

  3   énormément de chance, en deux ou trois minutes l'approbation est tombée

  4   pour lui, et qu'il allait pouvoir devenir ministre en attendant, pas

  5   ministre directeur en fait. C'est un peu comme si on gagnait au gros lot,

  6   enfin, pour moi, c'était comme s'il avait gagné au gros lot. Donc d'après

  7   cet exemple, nous en avons conclu que ces communications fonctionnaient en

  8   fait. Parfois, il fallait plusieurs jours pour que quelque chose soit

  9   envoyé à Pale, mais dans son cas, tout a été extrêmement rapide. Donc

 10   parfois les communications étaient des plus déplorables et puis bon il y a

 11   le fameux facteur de la probabilité. Il y a certaines choses importantes

 12   qu'on n'arrivait pas à faire passer, alors que d'autres y passaient très

 13   facilement.

 14   Q. [aucune interprétation]

 15   M. HANNIS : [interprétation] Je sais qu'il nous reste encore cinq minutes

 16   avant la pause, mais je pense que nous pourrions peut-être lever

 17   l'audience, et ainsi j'aurai le temps de me réorganiser pour demain matin.

 18   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Très bien. Nous allons reprendre demain

 19   matin, à 9 h, dans cette même salle d'audience.

 20   --- L'audience est levée à 13 heures 38 et reprendra le vendredi 14 octobre

 21   2011, à 9 heures 00.

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