La Section d’aide aux victimes et aux témoins du Tribunal a présenté hier dans les locaux de The Hague Institute for Global Justice, une étude pilote consacrée aux répercussions subies à long terme par les témoins qui ont déposé devant le TPIY (« Echoes of Testimonies: A Pilot Study into the long-term impact of bearing witness before the ICTY »).
Les observations préliminaires du Président du TPIY, Carmel Agius, ont été suivies de la présentation des grandes lignes de cette étude, réalisée au cours des quatre dernières années.
La Section d’aide aux victimes et aux témoins a coopéré avec le Castleberry Peace Institute de l’Université de North Texas pour examiner les répercussions subies par 300 témoins factuels qui ont déposé devant le Tribunal. Les participants, originaires de Bosnie‑Herzégovine, de Croatie, du Kosovo et de Serbie ont pour la plupart subi de graves traumatismes psychiques ou physiques au cours de la guerre.
Le rapport souligne que les dépositions, dans leurs modalités, sont variées, complexes et qu’elles sont différentes pour chaque témoin. Le plus souvent, les témoins ont choisi de déposer par altruisme, pour que les juges puissent disposer de tous les éléments pour prendre une décision et pour s’acquitter d’un devoir moral envers les victimes. La plupart des participants ont déclaré que le fait d’avoir déposé devant le Tribunal ne s’était pas traduit par une détérioration de leur état de santé et ils ont noté davantage d’effets positifs que négatifs, avant comme après leur déposition.
Dans l’ensemble, les 300 témoins interrogés ont déclaré qu’ils se sentaient aujourd’hui relativement en sécurité, qu’ils aient comparu publiquement ou en bénéficiant des mesures de protection. Ils estiment avoir été traités de manière équitable par le TPIY (les témoins à charge comme les témoins à décharge) et ils ont le sentiment d’avoir apporté leur propre contribution à la justice et à l’établissement de la vérité. Ils étaient dans l’ensemble satisfaits de leurs conditions de vie, mais mécontents de la situation politique locale actuelle de leur lieu de résidence.
En se fondant sur les conclusions de l’étude, la Section d’aide aux victimes et aux témoins et le Castleberry Peace Institute de l’Université de North Texas ont recommandé aux institutions judiciaires internationales de continuer à développer les mécanismes de soutien aux victimes et à les uniformiser afin d’assurer la protection des témoins. La Section d’aide aux victimes et aux témoins et les chercheurs de l’Université de North Texas demandent donc aux tribunaux de mettre en œuvre les programmes de suivi destinés aux témoins et d’instaurer des rapports étroits avec les communautés dans lesquelles vivent ces derniers.
Ce rapport sera présenté dans le courant du mois à Sarajevo, Belgrade, Pristina et Zagreb.