“J'ai décidé d'avouer aux juges de la Chambre qu'un crime a été commis à Srebrenica. J'ai participé à ce crime. Je l'ai avoué, et je m'attends à recevoir la peine adéquate. Je souhaite sincèrement, devant l'opinion publique, et notamment devant l'opinion publique bosniaque exprimer mes regrets sincères, mon repentir pour les crimes qui ont été commis. Je voudrais présenter mes excuses aux victimes, à leur famille, et au peuple bosnien pour avoir participé à ce crime.” |
Momir Nikolić était chef adjoint en charge de la sécurité et du renseignement dans l’armée des Serbes de Bosnie. Il a joué un rôle prépondérant dans les crimes qui ont été perpétrés après la chute de Srebrenica en juillet 1995. Il n’a formulé aucune objection lorsqu’on lui a fait part du plan consistant à expulser les femmes et les enfants et à mettre les hommes à part, à les emprisonner et à finalement les exécuter. Il n’a rien fait pour mettre un terme aux passages à tabac, aux humiliations et aux milliers d’exécutions et a personnellement coordonné l’exhumation et l’inhumation autre part de corps de victimes. Il a témoigné dans d’autres affaires du Tribunal, y compris dans les procès de ses deux coaccusés, Vidoje Blagojević et Dragan Jokić. Momir Nikolić a été condamné à 20 ans d’emprisonnement.
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29 octobre 2003 (extrait du compte rendu d'audience)
Je voudrais présenter mes excuses aux victimes, à de leur famille, et au peuple bosnien pour avoir participé à ce crime. Je suis conscient du fait que l'on ne peut pas ressusciter les morts et que par mon aveu, je ne peux pas alléger les souffrances des familles. Mais par mon acte, j'ai voulu contribuer à la vérité. Pour qu'on apprenne enfin la vérité toute entière sur ce qui s'est passé à Srebrenica et sur les victimes de cette ville. Les organes de l'État de la Republika Srpska et tous les individus qui ont participé à ces crimes devraient suivrent mon exemple et avouer leur participation et leur part de responsabilité. Ils devraient se rendre et répondre de leurs actes.
Par cet aveu, j'ai voulu aider le Tribunal et le Bureau du Procureur dans leur mission de la recherche de la vérité, pour qu'ils trouvent la vérité toute entière. J'ai voulu épargner de nouvelles souffrances aux victimes, aux victimes de crimes, aux témoins, à leurs mères, à leurs sœurs. J'ai voulu ne pas raviver leurs souvenirs de cette terrible tragédie.
Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, je considère que mon aveu représente un pas important vers la reconstruction de la vie commune en Bosnie-Herzégovine. Après cet aveu, et après avoir reçu et purgé ma peine, je souhaite revenir dans ma ville natale de Bratunac, et y vivre en cohabitant avec tous les autres peuples dans la paix et dans la fraternité, comme c'était le cas avant la guerre.
Je vous remercie, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, de m'avoir donné la possibilité de m'adresser à vous.”