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Samir Poljak

 

Le premier soir […] deux jeunes hommes sont morts étouffés […] Personne n’y prêtait attention […] Chacun ne s’occupait que de soi.

 

 

Samir Poljak, adolescent musulman de Bosnie, raconte le climat de terreur qui régnait dans les camps de détention tenus par les Serbes. Il a expliqué comment il est parvenu à survivre, alors que le reste de sa famille a péri. Il a témoigné les 23 et 24 juillet 2002 au procès de Milomir Stakić, et le 20 novembre 2002 au procès de Radoslav Brđanin.

 

 

Lire son histoire et son témoignage

Samir Poljak est né dans le village de Jakupovići, dans la municipalité de Prijedor, au nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine. Avant le conflit, les Musulmans, les Serbes et les Croates y vivaient en paix, tous ensemble.

Je n'ai rien ressenti même si je voyais cet homme qui gisait, comme s'il s'agissait d'une pierre, d'un arbre, d'un tronc d'arbre.

Au printemps 1992, les autorités serbes ont pris le pouvoir dans la municipalité de Prijedor. Samir Poljak avait alors 19 ans et fréquentait l’école secondaire et technique de Prijedor. Il vivait avec ses parents, son frère, la femme de son frère, et leur fils de six moins. « Après la prise de la municipalité par les autorités serbes, je ne suis plus allé à l'école parce que mes parents considéraient qu'il était mieux pour ma sécurité que je n’y aille plus ».

La situation dans le secteur s’est rapidement dégradée, en raison d’une présence militaire de plus en plus forte et de l’intensification de la propagande contre les non-Serbes. En réponse, plusieurs villages – dont celui de Samir Poljak – ont organisé des unités de la Défense territoriale, qui ont dressé des barrages pour protéger les villages contre d’éventuelles attaques serbes.

Le 24 mai 1992 « la situation était très tendue ». Vers 13 heures, il déjeunait en écoutant la radio, lorsqu’il a entendu une annonce aux informations: « Ils ont dit que si l'on ne démantelait pas le barrage sur la route qui reliait Prijedor à Banja Luka, ils allaient attaquer Kozarac et ses environs ». Cette annonce lui a fait très peur, car il y avait également un barrage à Jakupovići.

Étant seul chez lui, il est immédiatement allé à la maison de sa tante, située à moins d’un kilomètre du barrage. Sa mère s’y trouvait déjà, et ils ont rapidement été rejoints par son père. Puis des cousins de Samir Poljak sont arrivés et leur ont dit qu’ils devaient fuir le village parce que celui-ci était attaqué et qu’un char avait traversé le barrage. « [Ils ont dit] qu'il fallait quitter le sous-sol de cette maison et s'enfuir en direction de Kozarac. Ils espéraient que la situation serait plus sûre là-bas. Tout cela s'est passé très vite. Pour ainsi dire, personne n'a rien pris, on est parti tout simplement vers Kozarac ». Ils ont coupé à travers champs et par la forêt, évitant les routes.

« Nous nous sommes reposés un peu dans la forêt et puis, peu à peu, lentement, nous avons changé d’endroit car nous ne savions plus où nous nous trouvions. Et puis, l'endroit n'était pas sûr: il y avait des maisons serbes dans les environs et des maisons musulmanes ».

Dans la soirée, Samir Poljak et ses parents sont finalement arrivés à Brđani, où vivait le père de sa belle-sœur. Ils y sont restés deux jours. Le village étant continuellement bombardé, ils n’ont pas quitté le sous-sol. « Le sous-sol était rempli de personnes qui cherchaient à se mettre à l'abri », a-t-il rapporté, « je ne connaissais pas la plupart de ces gens ».

Le deuxième jour, quelqu’un est venu leur dire que la ville de Kozarac était tombée et qu’il avait été donné l’ordre de former un convoi et de se rendre aux autorités serbes de Kozarac. À ces mots, la plupart des gens qui avaient séjourné dans la même maison que Samir Poljak, dont ses parents, et sa belle-sœur avec son neveu qui était encore un bébé, ont commencé à marcher vers Kozarac. Samir Poljak, pour sa part, ne les a pas accompagnés, car il avait peur. Il a décidé à la place, avec le frère de sa belle-sœur, de tenter de gagner la Croatie. Les deux jeunes hommes ont passé la nuit dans les bois, avec de nombreux autres réfugiés. Ils ont entendu des tirs et des bombardements toute la nuit.

Au matin, ils ont rencontré un groupe d’une centaine de personnes qui se dirigeant vers la Croatie, et ils les ont rejoints. C’était un group mixte, composé d’hommes armés, mais aussi de femmes, d’enfants et de personnes âgées. Samir Poljak n’avait pour sa part aucune arme. Il n’avait jamais fait partie d’un groupe armé et n’avait pas fait son service militaire, ou reçu de formation militaire. Ce groupe semblait plutôt improvisé : « Je ne sais pas qui dirigeait vraiment ce groupe, je ne sais pas qui était l'éclaireur, je ne le connaissais pas. Nous avons commencé à marcher lentement. Je ne savais pas dans quelle direction on allait. Nous étions dans les bois et cet endroit ne m'était pas familier, donc nous n'avons fait que suivre les autres personnes ».

Plus tard ce matin-là, ils ont fait une pause à la fontaine commémorative de la Deuxième Guerre mondial, sur le mont Kozara. Alors qu’ils se reposaient, ils ont soudain entendu un tir à proximité. Mais quelqu’un les a rapidement rassurés: « N'ayez pas peur, c'était un coup de feu tiré accidentellement », leur a-t-on dit.

Cependant, peu de temps après, des tirs ont retenti partout autour d’eux : « Nous nous reposions, tout était silencieux et, d'un seul coup, nous avons entendu des tirs à plusieurs endroits et nous avons commencé à courir. Je me suis retourné, j'ai vu que tout le monde commençait à courir en direction de la colline. Ils n'ont pas pris le sentier forestier, ils ont commencé à courir en direction du bois, ils avaient pris peur suite aux tirs. Donc, j'ai commencé à courir également ». Quelqu’un s’est brusquement adressé à eux dans un porte-voix et leur a dit: « Ne résistez pas, vous êtes encerclés. Rendez-vous immédiatement, nous garantirons votre sécurité personnelle ».

Mosquée de Mutnik, à Kozarac, l'un des lieux de culte endommagés ou détruits par les Serbes dans la municipalité de Prijedor en 1992
(Pièce à conviction S15-5, affaire Stakić)

Les gens ont commencé à se rendre. Samir Poljak et le frère de sa belle-sœur ne savait pas ce qu’il devait faire. Ils ont vu qu’Ekro et Eno Alić, qui comptaient parmi les hommes les plus aisés de Kozarac, se rendaient. « Si ces deux hommes se rendent, nous devrions également nous rendre », s’est dit Samir Poljak.

Lorsqu’ils sont sortis des bois et qu’ils ont atteint la piste de terre battue, des soldats leur ont donné l’ordre de se coucher sur le ventre et de mettre les mains derrière la tête. Ils portaient divers uniformes de camouflage, et Samir Poljak en a reconnu certains, d’anciens uniformes de la JNA (Armée populaire yougoslave). Un soldat lui a donné un coup de pied au niveau des chaussures et lui a ordonné, avec deux autres hommes qui s’étaient rendus, d’aller ramasser les armes qui avaient été abandonnées. Le soldat qui les surveillait leur a dit : « Pourquoi est-ce qu'il fallait que tout cela arrive, pourquoi avez-vous fait ça? Vous n'aviez aucune possibilité de vous défendre », et a ajoutait : « Vous ne savez pas quelles sont les forces qui vous ont attaqué? » Le soldat a alors mentionné des unités spéciales de Belgrade et de Knin (ville de Croatie passée sous contrôle serbe).

Tandis qu’il ramassait les armes dans les bois, Samir Poljak a entendu un coup de feu retentir depuis la route. Après avoir terminé, ils sont revenus sur la route et ont de nouveau été contraints de s’allonger sur le ventre. Des soldats leur ont demandé de remettre tous les bijoux, tout l'argent, tout l'or qu’ils avaient. Puis les soldats les ont contraints à former une colonne et à marcher le long de la route. Ils ont vu en passant un homme qui gisait au bord de la route. On lui avait tiré dans l’oeil et il était apparemment mort. Samir Poljak a entendu dire par la suite que cet homme avait été exécuté parce qu’il était membre de la Garde nationale croate (ZNG), et était venu en Bosnie pour combattre les Serbes.

Ils ont finalement atteint la route de Kozara/Mrakovica, où les soldats les ont fait monter dans des camions et les ont conduits à la caserne de Benkovac. Là, les soldats les ont fait s’aligner en rangs, les mains sur la tête, en pleine chaleur. « Il y avait de nombreux soldats partout. Ils tiraient, ils chantaient. D'autres faisaient rôtir un mouton à la broche ».

Quelques temps plus tard, les soldats ont fait sortir cinq ou six hommes du groupe, dont un que Samir Poljak a reconnu, Ekro Alić. « On l'a emmené et on l'a fait entrer dans un bâtiment avoisinant. Ils ont sans doute commencé à le frapper parce qu'on l'entendait hurler, on l'entendait crier: "Ne me faites pas ça! Tuez-moi plutôt!" ». Puis ils ont entendu un coup de feu, suivi d’un silence. Il n’a jamais revu Ekro Alić, ni aucun des hommes que l’on avait fait sortir du groupe.

Après plusieurs heures, les soldats ont conduit les autres hommes dans une petite salle de bain. Samir Poljak y est resté trois jours. La pièce était si bondée que personne ne pouvait se coucher. « Il y a des gens qui s'appuyaient aux murs ou qui s'appuyaient les uns sur les autres ». De temps en temps, les soldats leur jetaient du pain, de la confiture et de l’eau. Les soldats ont fait sortir des hommes de la pièce à plusieurs reprises, pour les battre. L’un d’entre eux se nommait Hamid, c’était un religieux musulman local, qui s’était rendu au mont Kozara. « Il est resté assis sur un petit tabouret, dans le couloir. Il était torse nu. Mais il n'a rien dit; il ne parlait pas. Il était simplement assis là, sur ce tabouret ». Samir Poljak a vu les marques noires, bleues et violettes des hématomes qui lui couvraient le corps.

Trois jours plus tard, les garçons ont été séparés des adultes et ont été emmenés. Samir Poljak et les autres hommes ont également été transférés. « On ignorait où on allait, on ne savait rien du tout ».

Courant vers les bus qui les attendaient pour les transférer, les détenus ont été forcés à scander « Serbie, Serbie », avec trois doigts en l’air, selon le salut serbe. Des soldats qui se tenaient sur le chemin ont frappé les prisonniers avec leurs fusils lorsqu’ils ont couru courraient vers les bus. « Ils nous ont frappés avec tout ce qui leur tombait sous la main, avec des fusils. Je me souviens notamment que deux gars sont tombés par terre. Je me souviens avoir vu qu’ils les ont passés à tabac. Moi, j'ai reçu plusieurs coups aussi, mais rien de vraiment catastrophique ». Samir Poljak et les autres hommes ont reçu l’ordre de s’asseoir dans les bus en baissant la tête, pour ne pas voir où ils allaient.

Le bus s’est arrêté un moment plus tard, et les détenus ont de nouveau dû traverser des rangées de soldats qui les ont frappés. Il a vu des soldats frapper un homme qui était tombé sur le côté. Samir Poljak a couru très vite jusqu’au bâtiment qui ressemblait à un garage, où ils allaient être détenus. Personne parmi eux ne savait où ils étaient, mais ils allaient apprendre par la suite qu’il s’agissait de l’ancienne mine d’Omarska, devenue un camp de détention.

Il est resté détenu dans ce garage avec environ 150 hommes, pendant 10 jours. Résumant ce qu’il a enduré en ce lieu, Samir Poljak a déclaré : « C’était tout simplement horrible. Impossible à décrire. C’était l’enfer ».

Il n’a jamais revu aucun des membres de sa famille conduit au camp d’Omarska . « Ils ont disparu, ils ne sont jamais revenus. À vrai dire, je ne crois pas qu'ils puissent être en vie 10 ans plus tard ».

Le garage était si bondé que les détenus devaient rester debout en permanence. Pendant les premiers jours il n’y avait même pas assez de place pour se retourner. La situation a changé lorsque l’on a finalement fait sortir certaines personnes. « C'était affreux! Ils nous ont enfermés. Quand ils nous ont enfermé, il faisait extrêmement chaud, il n'y avait pas suffisamment d'air. Et je me souviens qu'au bout d'une demi-heure, ou au bout d'une heure, j'étais en sueur, j'étais trempé. Tout ce que j'avais sur moi était trempé, c'était insupportable. Je me souviens que j'ai mis ma main contre le mur et j'ai vu que la peinture qui était sur le mur commençait à fondre. À cause de la sueur, des gouttes tombaient du plafond ».

Les soldats ont obligé les prisonniers à chanter une chanson en échange d’un seul bidon d’eau, pour lequel les détenus se sont battus, parce qu’il n’y en avait pas assez pour tout le monde. « C'était affreux, on luttait! C'était une lutte pour la vie. En fait, on se fichait de ceux qui étaient à côté de nous, on se battait comme des animaux pour avoir de l'eau ». Les détenus n’ont pas reçu de nourriture pendant deux jours. Puis quelqu’un a ouvert la porte et leur a jeté du pain. Ils se sont de nouveau battus pour en avoir.

Le premier soir, a raconté Samir Poljak : « le premier soir, deux jeunes hommes étaient en train d’étouffer. Je m’en souviens très bien: ils étaient là, étendus sur le sol, ils sont morts étouffés. Mais personne n'a vraiment réagi, personne n'y prêtait vraiment la moindre attention, c’est vous dire l'état dans lequel on était. Chacun s'occupait uniquement de soi, personne n'a montré la moindre compassion pour ces deux corps qui étaient là, étendus, alors que la veille encore on discutait. Et puis soudain, ils étaient là, morts, mais on s'en fichait complètement. C'était vraiment horrible ».

Alors que les conditions empiraient, certaines personnes ont perdu la raison. Il a raconté qu’un homme a commencé à avoir des hallucinations : « Sortez de la forêt, les Chetniks arrivent, ils vont tous nous tuer! » disait-il. Samir Poljak a ajouté « Il y avait un vieil homme qui me regardait, mais c'était comme s'il regardait à travers moi "Petit, prends les chevaux, attelle les chevaux!" », a-t-il dit.

Après un jour ou deux, les détenus ont été autorisés à sortir pour uriner. Sur l’herbe était étendu le corps d’un des jeunes hommes qui avaient étouffé. Encore un fois, Samir Poljak, en relatant ces évènements, a fait part de sa stupéfaction face à la brutalité du camp : « Il y avait un cadavre, le cadavre du jeune homme qui s'était étouffé dans le garage au courant de la première ou de la deuxième journée. Je suis sorti, et je n'y prêtais même pas attention. Je n'ai rien ressenti même si je voyais cet homme qui gisait, comme s'il s'agissait d'une pierre, d'un arbre, d'un tronc d'arbre ». Il a reconnu que, dans cette « situation anormale », Il n’a éprouvé qu’une sensation : l’immense joie de sortir de son étouffante prison. « Je me sentais bien. C'est difficile de vous décrire ce sentiment. Ce que j'ai ressenti, c'était merveilleux, c'était extraordinaire. Cette matinée est gravée dans ma mémoire: le soleil, l'herbe, l'odeur de l'air. »

Après 10 jours, Samir Poljak a finalement été transféré dans une pièce d’un autre bâtiment du camp. Il y a rejoint son père et d’autres membres de sa famille. Ils y ont été détenus pendant plus d’un mois. Samir Poljak a été interrogé trois fois, et une fois, a été accusé d’avoir participé à une rébellion armée – alors qu’il n’avait pas pris part au conflit.

Les soldats ont aussi interrogé son père à de nombreuses reprises. Un jour, ils lui ont demandé de sortir vers cinq heures de l’après-midi. « Il est revenu vers minuit. La plupart des personnes présentes dans la salle dormaient. Il s'est assis, il n'a pas beaucoup parlé, il avait peur; on voyait bien qu'il avait peur, il était en sueur, il avait des sueurs froides. Mais il ne voulait pas parler de cela. »

Environ une heure plus tard, quelqu’un est venu à la porte et a appelé le nom de son père de nouveau. « Je me souviens très bien qu'il s'est levé, qu'il s'est dirigé vers la porte. Il est venu vers moi, il m'a fait un petit sourire et il est sorti ». Samir Poljak n’a jamais revu son père. À Omarska, les gens que l’on a fait sortir la nuit ne sont jamais revenus.

Au mois d’août, la plupart des prisonniers ont été transférés dans des camps différents. Samir Poljak est resté à Omarska, avec environ 150 autres détenus. « Avec ceux qui sont restés, nous avions très peur. Nous pensions qu'ils ne nous avaient pas transférés car ils voulaient nous tuer », a-t-il relaté.

Le jour suivant, cependant, chaque prisonnier a eu droit à un lit - pour la première fois en trois mois, Samir Poljak a été en mesure de dormir allongé. Les conditions générales se sont améliorées : il n’y avait plus de mauvais traitements, la nourriture était meilleure, les détenus pouvaient se raser et se couper les cheveux. Ils ont dû nettoyer les toilettes et effacer toute trace de meurtre. « Quelques jeunes gens sont partis pour emmener des cadavres qui étaient là depuis longtemps. Ils ont transporté un cadavre qui était resté pendant une longue période au même endroit, je me rappelle que quand ils ont essayé de le déplacer, il était en état de décomposition. Donc quand ils l’ont transporté, un bras est tombé, une jambe est tombée… »

Les détenus ne savaient que penser de ces améliorations inespérées de leur condition. La visite de journalistes étrangers et de représentants de la Croix Rouge, dans les semaines qui ont suivi, a apporté la réponse à leurs interrogations.

Samir Poljak a finalement été transféré dans le camp de Manjača. Il y est resté jusqu’à la fin du mois de décembre 1992, puis a été transféré à Batković, au nord-est de la Bosnie, près de Bjeljina. Il a été libéré le 9 octobre 1993, lors d’un échange de prisonniers. « Je ne sais pas comment j'ai survécu. Je ne vois pas du tout comment j'ai réussi à rester dans un état normal, si tant est que je sois normal ».

Samir Poljak a quitté la Bosnie en 1994. Après la guerre, le secteur de Prijedor a été intégré à l’entité de Bosnie-Herzégovine dominée par les Serbes, la « Republika Srpska ». Il n’y est jamais retourné. Son frère a visité le village et a pris des photos de leur maison. « Il reste en fait quelques pans de murs encore debout, mais c'est vraiment une ruine », a déclaré Samir Poljak.

Il n’a jamais revu aucun des membres de sa famille conduit au camp d’Omarska . « Ils ont disparu, ils ne sont jamais revenus. À vrai dire, je ne crois pas qu'ils puissent être en vie 10 ans plus tard. Ils sont portés disparus, on n'a jamais retrouvé leurs corps, ils n'ont jamais été identifiés ».
 

Samir Poljak a témoigné les 23 et 24 juillet 2002 contre Milomir Stakić qui était, à l’époque des faits, Président de l’Assemblée municipale de Prijedor. Le 31 juillet 2003, Milomir Stakić a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité et de violations des lois ou coutumes de la guerre, et condamné à la prison à perpétuité. Sa peine a été réduite en appel à 40 ans d’emprisonnement. Il a été reconnu coupable, entre autres, de la création du camp d’Omarska, ainsi que des mauvais traitements et des actes de torture infligés aux détenus musulmans de Bosnie qui s’y trouvaient.

Samir Poljak a également témoigné le 20 novembre 2002 au procès de Radoslav Brđanin. Radoslav Brđanin était une personnalité politique de premier plan dans la « Région autonome de Krajina » (RAK). Il a été condamné en appel à 30 ans d’emprisonnement pour sa participation au plan stratégique qui a conduit, entre autres, à la création de centres de détention dans la région, dont celui d’Omarska.

> Lire le témoignage complet de Samir Poljak

 

 

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