Communiqué de presse | PRÉSIDENT |
(Destiné exclusivement à l'usage des médias. Document non officiel)
Message du Président Meron aux membres du TPIY à l'occasion du dixième anniversaire du Tribunal
Veuillez trouver, ci dessous, le message prononcé par le Président Meron en célébration du dixième anniversaire de la création du Tribunal :
Chers Collègues,
Ce dimanche, il y aura dix ans que le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à l’unanimité la Résolution 827 (1993), avalisant le Statut du TPIY. À l’occasion du dixième anniversaire de notre Tribunal, il est bon de nous accorder un bref instant de réflexion afin de revenir sur les actions passées et de songer aux missions futures.
J’estime qu’à juste titre, nous pouvons nous enorgueillir de réalisations importantes.
Nos efforts collectifs, combinés à la pierre personnelle apportée par les membres successifs du Tribunal au cours de toutes ces années, ont été autant d’adjuvants essentiels et durables à l’action de la justice envers les peuples de l’ex-Yougoslavie. Cette région a été le cadre de conflits marqués par des crimes atroces qui ont anéanti des centaines de milliers de vies. Certes, la vaste échelle sur laquelle ont été commis ces crimes — soit les meurtres, les viols, les déportations ainsi que les actes de torture, de destruction et de cruauté — suffisait à elle seule à réduire à néant la capacité de n’importe quel tribunal unique à aller au-delà d’un jugement très partiel. Toutefois, force est de reconnaître que ce Tribunal s’est progressivement extirpé de la lenteur regrettable de ses premières procédures, grâce à une confiance et une efficacité croissantes, et a contribué à faire répondre de leurs actes un nombre significatif d’accusés de haut rang.
Notre tâche a consisté, pour citer le juriste Robert Jackson, Procureur principal au procès des responsables nazis à Nuremberg, à «faire patiemment et mesurément la lumière» sur les crimes qui ont bouleversé les Balkans dans les années quatre-vingt-dix. À travers son action, le Tribunal a permis aux victimes de voir leurs souffrances entendues et, dans une moindre mesure, reconnues. En levant le voile sur les conséquences d’une politique de haine ethnique et religieuse, les procès tenus au Tribunal ont épinglé la malveillance de ceux qui ont bâti leur pouvoir en exhortant leurs disciples à pareille haine. Ces procès ont donc véhiculé le message percutant suivant : ce n’est qu’à travers l’śuvre de justice que tous les peuples de l’ex-Yougoslavie parviendront à la réconciliation et construiront une société prospère.
S’il est vrai que l’action du Tribunal a été principalement centrée sur le territoire de l’ex-Yougoslavie, il n’en demeure pas moins que sa signification a eu une portée plus large. En effet, ce Tribunal constitue une première étape historique dans la lutte visant à mettre fin à la culture de l’impunité dans le cadre de crimes de masse, en ce qu’il a établi un système de droit pénal international efficace. En rassemblant autour d’une même cause des individus de cultures et d’héritages juridiques différents, nous nous sommes faits les artisans d’une expérience sans précédent en matière de coopération internationale et de mise en place d’institutions judiciaires. La jurisprudence que nous avons construite avec patience a donné un nouveau souffle et une nouvelle force au droit international humanitaire, au-delà de ce que quiconque aurait pu imaginer avant la création du Tribunal. Aujourd’hui, c’est une juridiction impartiale, efficace et professionnelle, entendant simultanément jusqu’à six procès par jour, qui témoigne à la communauté internationale de sa capacité de traduire concrètement, dans la pratique, la notion théorique de responsabilité. Notre jurisprudence offre un socle solide sur lequel pourront s’appuyer d’autres tribunaux pénaux, tant internationaux que nationaux, à La Haye ou partout dans le monde, qui adhéreront à notre mission commune, à savoir mettre un terme à une longue période d’impunité en matière de crimes de masse.
Aucune de ces réalisations n’aurait pu être accomplie sans le dévouement, le talent, le travail assidu et la ténacité de chacun de vous et de ceux qui vous ont précédés. En mon nom propre et au nom de celui de mes prédécesseurs, je vous remercie du fond de cśur.
S’il nous est permis de regarder dans le rétroviseur avec un certain sentiment du devoir accompli, nous ne pouvons nous reposer sur ces acquis. Nous sommes tous conscients de l’importance des tâches qui nous font face. Des douzaines d’accusés sont en attente de procès. Beaucoup d’entre eux n’ont toujours pas été arrêtés, Radovan Karadzić et Ratko Mladić en tęte. En outre, même si nous sommes en train de tracer les contours d’une «stratégie d’achèvement» des travaux du Tribunal, nous savons que notre mission principale restera inaccomplie tant que les accusés les plus haut placés n’auront pas été traduits en justice. Nous devons donc redoubler d’efforts. Les prochaines années seront des années cruciales dans l’histoire du Tribunal. J’en conviens, le travail effectué quotidiennement par chacun d’entre nous peut donner l’impression d’être une goutte d’eau rébarbative dans l’océan. Toutefois, si nous continuons tous à śuvrer pleinement à la réalisation de notre objectif commun de justice, nul doute que nous laisserons une héritage conséquent, non seulement aux peuples des Balkans mais au monde entier.
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Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
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