Une cérémonie pour le lancement d’un livre sur les poursuites engagées par le TPIY contre les auteurs de violences sexuelles (Prosecuting Conflict-Related Sexual Violence at the ICTY), a été organisée par The Hague Institute for Global Justice et le Bureau du Procureur, mardi 31 mai, avec le soutien des ambassades d’Australie, de Suède et du Royaume-Uni. Cet ouvrage, publié sous la direction du Procureur, Serge Brammertz, et du Procureur adjoint, Michelle Jarvis, est édité par Oxford University Press.
Ce livre décrit les résultats obtenus par le Bureau du Procureur au cours des deux dernières décennies, en vue d’établir la responsabilité des auteurs de violences sexuelles commises pendant les conflits. Le point de vue des spécialistes et les analyses spécialisées de fonctionnaires et anciens fonctionnaires du Bureau du Procureur ont été recueillis en vue d’appuyer à l’avenir les efforts visant à l’établissement de la responsabilité en matière de violences sexuelles pendant les conflits. Il a été rédigé afin de consigner les résultats obtenus, l’expertise acquise et ce qu’il faut retenir de cette expérience avant que le Bureau du Procureur ne ferme, et afin que d’autres puissent en bénéficier.
Dans son intervention, le Procureur, Serge Brammertz, a tout d’abord fait observer que, malgré les traumatismes subis et les idées fausses qui circulent souvent à propos des violences sexuelles « de nombreuses victimes de ces crimes ont voulu venir témoigner au Tribunal et expliquer en détails les horreurs qu’elles avaient vécues et auxquelles elles avaient assisté. Pour quelles raisons ? C’est parce qu’elles voulaient que justice soit faite ». Le Procureur, Serge Brammertz, a déclaré que son Bureau avait démontré par son travail que de « hauts responsables pouvaient être déclarés coupables de crimes de violence sexuelle » et que le Bureau du Procureur « avait établi que les crimes de violence sexuelle peuvent constituer des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des actes sous-jacents de génocide ». Le Procureur a exprimé le souhait que « les informations contenues dans ce livre soient utilisées par la communauté internationale, les ONG, les décideurs, les milieux universitaires et autres, afin de permettre l’élaboration de stratégies efficaces pour mettre un terme à ces violences absurdes ».
La cérémonie de lancement a débuté par une courte présentation de vidéos relatives aux témoignages devant le TPIY, de cinq victimes de violence sexuelle. Elle a été suivie par une table ronde à laquelle ont participé Daniela Kravetz, expert en violences sexuelles et sexospécifiques, ainsi qu’ancien fonctionnaire du TPIY, qui a contribué à cet ouvrage ; l’ambassadeur Stephen Rapp, ancien ambassadeur extraordinaire des États-Unis pour les crimes de guerre et membre émérite de The Hague Institute for Global Justice ; et Patricia Viseur Sellers, conseillère spéciale pour les stratégies de poursuites en droit pénal international auprès de la Cour pénale internationale, expert en violence sexuelle et sexospécifique, et ancien fonctionnaire du TPIY. Le débat a été modéré par Michelle Jarvis, Procureur adjoint.
Cette cérémonie s’est terminée avec un montage vidéo montrant les messages de différentes personnalités influentes dans le domaine de la violence sexuelles pendant les conflits : Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes ; la Baronne Anelay, Ministre d’État britannique et représentante spéciale du Premier ministre britannique en matière de prévention des violences sexuelles dans les zones de conflit ; Margot Wallström , Ministre suédois des affaires étrangères, ancienne Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU chargée de la question des violences sexuelles dans les conflits ; Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut‑Commmissaire aux droits de l’homme de l’ONU.
The Hague Institute a également accueilli une exposition des œuvres d’art réalisées par des étudiants des pays de l’ex‑Yougoslavie qui ont participé à un concours pour lequel il leur était demandé de symboliser l’idée de justice dans le contexte des violences sexuelle pendant les conflits. La lauréate, Amanda Bešić, qui a étudié à l’Université internationale de Sarajevo, a reçu une récompense et son œuvre illustre la couverture du livre.
Le Bureau du Procureur envisage d’organiser une cérémonie pour la sortie du livre à Sarajevo, dans quelques mois. Des précisions seront fournies ultérieurement.
Tous les bénéfices de la vente seront versés aux rescapés de violences sexuelles pendant les conflits dans les pays de l’ex‑Yougoslavie.