Serge Brammertz, Procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, a effectué aujourd’hui la visite du Vieux pont et de la vieille ville de Mostar, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il était accompagné de Siniša Šešum, Directeur d’antenne de l’UNESCO à Sarajevo, et de Ljubo Bešlić, maire de Mostar.
Le Vieux pont et la vieille ville de Mostar ont été reconnus par l’UNESCO comme un symbole, exceptionnel et universel, de coexistence entre différentes communautés culturelles, ethniques et religieuses. Pendant le conflit armé qui s’est déroulé en Bosnie‑Herzégovine de 1992 à 1995, la ville de Mostar a été divisée et assiégée durant neuf mois. Des crimes, notamment des persécutions pour des raisons ethniques, ont été commis à grande échelle contre la population civile. Le 9 novembre 1993, le Vieux pont a été délibérément bombardé et détruit.
Le Procureur Serge Brammertz a salué l’UNESCO, la Banque mondiale, la Fondation Aga Khan pour la Culture, le Fonds mondial pour les monuments et la ville de Mostar pour avoir reconstruit avec succès le Vieux pont et le centre historique de la ville de Mostar. « Comme le prouve cette reconstruction, les extrémistes ne peuvent effacer notre héritage commun en matière de diversité, de coexistence et de pluralisme religieux », a observé Serge Brammertz.
Évoquant les récentes attaques lancées par le groupe Daech contre d’importants sites du patrimoine culturel et contre des institutions religieuses en Syrie et en Irak, qui ont été fermement condamnées par la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, et par la communauté internationale, le Procureur a également insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités pour les crimes commis contre l’héritage culturel. Le Bureau du Procureur du TPIY a poursuivi de hauts dirigeants, civils et militaires, pour la destruction de nombreuses institutions culturelles, éducatives et religieuses pendant les conflits dans les pays de l’ex‑Yougoslavie, dont le Vieux pont de Mostar. « Les attaques lancées contre des monuments et des institutions culturelles constituent des crimes de guerre et s’inscrivent souvent dans le cadre plus large de campagnes de nettoyage ethnique. Afin de préserver notre héritage commun, il faut que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes », a souligné le Procureur.