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Miroslav Bralo

Miroslav Bralo
 Je veux présenter mes excuses à chacune de mes victimes, à chaque personne que j’ai fait souffrir et à chacun des membres de toutes les familles qui ont souffert de mes actes. Je veux leur dire que je suis sincèrement désolé pour leur souffrance et la souffrance de leurs êtres chers. Ce que j’ai dit au Tribunal la dernière fois, je le pensais vraiment: je suis coupable, et je le regrette profondément.

Miroslav Bralo, était membre des « Jokers », une unité de police militaire du Conseil de défense croate, qui opérait essentiellement dans la région de la vallée de la Lašva en Bosnie-Herzégovine centrale, en 1993. Il a commis un certains nombres de crimes atroces et a été condamné pour le meurtre de cinq personnes et pour avoir pris part au meurtre de 14 civils musulmans de Bosnie, dont neuf enfants. Il a violé et torturé une Musulmane de Bosnie et l’a emprisonnée pendant environ deux mois pour que ses ravisseurs puissent la violer à leur guise. La Chambre de première instance a estimé qu’il fallait tenir compte du fait que Miroslav Bralo avait reconnu avoir commis des crimes pour lesquels il n’avait pas initialement était mis en cause et qu’il fallait prendre en compte ses efforts pour expier ses crimes en s’investissant dans des travaux communautaires et en aidant à localiser les dépouilles de certaines de ses victimes. Miroslav Bralo a été condamné à une peine de 20 ans d’emprisonnement.

Lire son aveu de culpabilité

Le 7 octobre 2005, Miroslav Bralo a joint à l’accord sur le plaidoyer et la reconnaissance des faits un document manuscrit dans lequel il présente ses excuses. Bralo a écrit ceci :

Je m’appelle Miroslav Bralo. Je veux présenter mes excuses à chacune de mes victimes, à chaque personne que j’ai fait souffrir et à chacun des membres de toutes les familles qui ont souffert de mes actes. Je veux leur dire que je suis sincèrement désolé pour leur souffrance et la souffrance de leurs êtres chers. Ce que j’ai dit au Tribunal la dernière fois, je le pensais vraiment : je suis coupable, et je le regrette profondément.

Je voudrais aller plus loin dans mes excuses. Au-delà du globe. Je veux aussi présenter mes excuses à toutes les victimes et à leurs familles ; à tous ceux qui ont enduré d’horribles évènements- établis ou encore inconnus. Je veux aussi présenter mes excuses aux nombreux réfugiés de la planète, qui vivent encore dans la peur et le désespoir.

J’ai reconnu les faits dont j’ai été accusé. C’est la vérité. L’un des plus graves est le premier, celui de persécutions et de crimes contre l’humanité. Cela a une signification particulière pour moi. En tant qu’être humain, je suis en effet coupable de ces crimes, commis contre ceux dont les voix se sont tues à jamais par ma faute, lors du massacre d’ Ahmići. Je voudrais présenter mes excuses au nom de ceux qui ont commis des crimes horribles et qui aujourd’hui sont morts. Et à tous ceux qui ont dû endurer des souffrances dûes à la guerre et aux traitements inhumains qu’ils ont vécus à Ahmići.

J’ai toujours eu conscience que ces actes étaient mauvais, qu’ils seraient reconnus comme tels par tous, et qu’en aucun cas ils ne pourraient être excusables.

Je sais que j’ai mal agi, et je l’ai reconnu par la suite. Nos méfaits ont été si terribles que nous nous y sommes accrochés, et que nous avons essayé de les justifier. J’ai essayé d’être fier de mes actes et de les envisager comme les actes d’un soldat couronné de succès. Aujourd’hui j’ai honte de tout cela, j’ai honte de ma conduite.

Non, ce n’était pas les actes du bon soldat que j’avais rêvé d’être. J’étais présent quand des femmes et des enfants ont été abattus, en face de moi, et à ce moment-là, cela en a été fini du bon soldat en moi, il n’était plus, il s’était tu.

Il m’est arrivé de faire preuve de bravoure à cette époque, mais je n’ai pas eu assez de courage pour reconnaître ce que j’étais devenu, je n’ai pas eu assez de courage pour faire entendre ma voix pour sauver des gens qui n’auraient pas dû mourir. À cette époque, c’est cela qui aurait été héroïque.

Il m’a fallu des années pour prendre conscience de ma responsabilité totale dans chacun de mes propres actes, pour la reconnaître. À présent, lorsque je pense à mon comportement, je me sens profondément désolé et ne peux que prier pour que notre monde ne connaisse plus jamais cela.

Le Tribunal a été confronté à bien des mensonges. Je suis convaincu que la seule façon d’aller de l’avant consiste à dire la vérité, à cesser de nier. Je ne pense pas avoir menti, mais je fais partie de ceux qui ont admis le moins les faits, refusant de les regarder en face.

Mais il faut que cesse la dissimulation des crimes. Les familles devraient pouvoir porter le deuil en sachant ce qu’il s’est passé. Je sais ce que c’est que de porter le deuil de ceux que l’on aimait profondément. Je souhaite sincèrement que toutes les parties coopèrent afin d’établir la vérité, ce qui permettrait d’écourter l’agonie de bien des familles.

J’aurais été tenté de dire que les gens doivent faire les choses comme bon leur semble, mais ce n’est pas là ma conviction. Je souhaiterais encourager tous ceux qui le peuvent à faire le pas, à parler à leurs voisins, à témoigner devant la Chambre et à commencer à faire la paix. Lorsque l’on dit la vérité et lorsqu’on la reconnaît, les voisins, comme les juges, croient ce que l’on dit.

Au Tribunal, depuis novembre dernier, j’ai su dès le début que l’acte d’accusation à mon sujet n’était pas complet. J’ai voulu offrir la vérité au sujet de mes crimes, même si je savais que j’étais le seul à connaître les pires d’entre eux. Ceci, et plus encore, je me dois de le faire.

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