Radomir Marković a dirigé le Département de la sécurité d’État serbe de novembre 1998 à l'année 2000. |
Le Procureur Geoffrey Nice lit une déclaration que Radomir Marković a adressé à un fonctionnaire autorisé du ministère de l'Intérieur le 2 juin 2001. Marković tente par la suite de désavouer cette déclaration:
« S'agissant des dernières évolutions et des articles de presse publiés au sujet d'un camion frigorifique dans lequel se trouvaient des civils albanais, des efforts systématiques et très bien organisés ont été faits pour cacher le crime et supprimer les traces de ce crime au cours de la guerre au Kosovo-Metohija. Une rencontre s'est tenue à Beli Dvor [le Palais Blanc], au rez-de-chaussée, dans la bibliothèque où une longue table de réunion se trouvait et où Slobodan Milosevic a très souvent eu des rencontres en mars 1999…À la fin de la rencontre, Vlastimir Djordjević, chef de la Sécurité publique a parlé de l'enlèvement des cadavres albanais destiné à faire disparaître toutes les victimes civiles, s'il y en avait, qui auraient pu faire l'objet d'une enquête par le Tribunal de La Haye. À cet égard, Milošević a ordonné à Vlajko Stojiljković [le ministre de l’Intérieur] de prendre toutes les mesures nécessaires pour enlever les cadavres de civils albanais qui avaient déjà été enterrés… »
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Q. « Monsieur Marković, je pense, comme on le voit dans l'original, qu'il y a trois noms au niveau des signatures, dont l'une est la vôtre, n'est-ce pas?
Réponse: Oui.
Question: Et sur les trois pages du document original, on trouve à chaque fois votre signature au bas de la page, n'est-ce pas?
Réponse: Oui. »
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« J'ai dit aux enquêteurs du Tribunal de La Haye quelle était la vérité dans le contenu de cette déclaration. J'ai dit à plusieurs reprises - et d'ailleurs, pas une seule fois, mais à plusieurs reprises - que ce que l'on lit ici est une interprétation libre faite par l'employé qui a rédigé ce texte. »
Radomir Marković a occupé le poste de Chef de la sécurité d’État du ministère de l’Intérieur à partir de novembre 1998 et durant toute l’année 1999, période des crimes présumés de Slobodan Milošević au Kosovo. Le Service de sécurité d’État est responsable du renseignement, l’équivalent serbe de la Central Intelligence Agency (CIA) américaine.
Marković a apporté des moyens de preuve significatifs quant au financement du ministère de l’Intérieur et des unités paramilitaires, hors du budget ordinaire. Marković a rapporté que l’argent provenait de l’administration des douanes fédérales dirigées par Mihalj Kertes. Pour Marković, l’approbation « pour allouer des fonds au service de sécurité d’État, à l’armée yougoslave, où qui sais-je encore, c’est Mihalj Kertes qui devait l’ obtenir auprès de Slobodan Milošević. »
Dans son témoignage, Marković a également décrit les rapports hiérarchiques au sein du ministère de l’Intérieur, montrant les liens qui existaient entre les différents responsables mis en accusation par le Tribunal pour crimes commis au Kosovo, notamment le ministre de l’Intérieur Vlajko Stojiljković, et ses subordonnés Vlastimir Djordjević et Sreten Lukić. Marković a déclaré que Slobodan Milošević recevait des rapports quotidiens sur la situation au Kosovo, ce qui soutenait l’allégation de l’Accusation selon laquelle Milošević était au courant de ce qui s’y passait.
L’Accusation a aussi produit comme moyen à charge une déclaration que Radomir Marković avait faite à des fonctionnaires de la Sécurité d’ État serbe le 2 juin 2001, relative à l’exhumation de corps d’Albanais du Kosovo et à leur enterrement dans un autre lieu, en Serbie. Dans sa déclaration, il décrit une réunion de mars 1999, au cours de laquelle Slobodan Milošević avait ordonné au ministre de l’Intérieur, Vlajko Stojiljković, de déplacer les cadavres de civils albanais qui avaient déjà été enterrés. Dans son témoignage devant la Chambre, le 26 juillet 2002, Marković, officier de police, a tenté de désavouer la déclaration attestant qu’il avait signé au bas de chaque page. L’Accusation a ensuite appelé à la barre Zoran Stijović, le responsable de la Sécurité d’ État qui avait pris cette déclaration. Il a déclaré que Marković l’avait lue, y avait apporté quelques modifications, et l’avait signée ensuite.
Radomir Marković était un officier de police et l’ancien chef du Service de la sécurité d’État serbe de 1998 à 2000. À l’époque de son témoignage, en juillet 2002, Marković, était jugé pour meurtre en Serbie. Il a ensuite été condamné à 15 ans d’emprisonnement pour sa participation au meurtre de l’ancien Président de la République socialiste de Serbie, Ivan Stambolić, l’ancien mentor puis l’adversaire de Milošević et pour la tentative de meurtre du responsable politique de l’opposition, Vuk Drašković. Il a aussi été condamné à 10 ans d’emprisonnement par la Cour de première instance pour sa participation à une autre tentative de meurtre contre Vuk Drašković.
Lire le témoignage complet de Radomir Marković du 24 juillet 2002, du 25 juillet 2002 et du 26 juillet 2002.
Lire la déclaration de Radomir Marković au ministère de l’Intérieur serbe (en anglais).