Communiqué de presse | PROCUREUR |
(Destiné exclusivement à l'usage des médias. Document non officiel)
PR/P.I.S/488-F
Déclaration de presse du Procureur Carla Del Ponte, le mercredi 5 avril 2000, à Zagreb
Il s’agit de ma deuxième visite en Croatie et je me réjouis de constater les changements remarquables survenus depuis l’entrée en fonctions du nouveau Gouvernement croate.
Après mes entretiens avec le Président Stipe Mesić, le Premier Ministre Ivica Račan, le Ministre de la justice Stjepan Ivanišević, le Vice-Premier Ministre Goran Granić et le Ministre des affaires étrangères Tonino Picula, je peux désormais compter sur la coopération entière et inconditionnelle de la Croatie.
Le Gouvernement croate a déjà démontré sa volonté de coopération en transférant Mladen Naletilić (alias « Tuta ») devant le Tribunal, le mois dernier, et en fournissant certains documents dans le cadre de mes enquêtes relatives à l’opération « Tempête » (1995). Il a en outre signé un accord avec l’ONU, qui prévoit la création d’une antenne du Tribunal ici, à Zagreb. Il s’agit là de mesures importantes qui présagent d’une pleine coopération à l’avenir.
Je souhaiterais dire un mot au sujet du rôle important que joue le Tribunal de La Haye pour jeter les bases de la réconciliation entre les populations de la Croatie, de la Serbie, du Monténégro, de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo.
Il semble que les simples citoyens croates sont trop nombreux à considérer tous les Serbes et tous les Musulmans comme responsables des atrocités commises contre les Croates durant le conflit. De même, les simples citoyens serbes ou musulmans sont trop nombreux à éprouver un sentiment semblable à l’égard respectivement des Croates et des Musulmans ou des Croates et des Serbes. Ces notions de responsabilité collective sont erronées et constituent un obstacle à la réconciliation. En réalité, ni les Serbes, ni les Musulmans, ni les Croates ne sont collectivement responsables des crimes commis par un nombre relativement restreint de personnes.
Il est important de prendre conscience que certains Croates ont bel et bien perpétré des crimes de guerre et qu’il est possible de commettre des atrocités même lorsque l’on défend sa patrie.
Mon Bureau enquête sur ces atrocités, qu’elles aient été perpétrées par des Croates, des Serbes ou des Musulmans. Lorsque je dispose de suffisamment d’éléments de preuve, il est de mon devoir d’établir un acte d’accusation et, lorsqu’un accusé est déféré devant le Tribunal,je suis tenue d’engager des poursuites.
Mes enquêtes ont pour principal objectif de poursuivre les personnes aux plus hauts niveaux de responsabilité, qu’il s’agisse de dirigeants militaires, politiques ou de la police, qui ont permis que ces atrocités se poursuivent et n’ont rien fait pour empêcher que ne soit versé le sang de civils innocents ou pour mettre un terme à un nettoyage ethnique généralisé.
Aussi difficile soit-il, pour les simples citoyens croates, d’accepter que des dirigeants de leur pays puissent être responsables d’atrocités et de crimes de guerre, mes enquêtes mènent à cette conclusion. Il est par conséquent de mon devoir d’établir des actes d’accusation contre les personnes concernées. Je dois également établir des actes d’accusation à l’encontre des dirigeants serbes ou musulmans responsables de tels crimes, comme ceux commis à Dubrovnik et à Vukovar, et je continuerai à le faire.
Lorsque le Tribunal de La Haye aura conclu ses travaux, tous les hauts dirigeants responsables des crimes commis durant le conflit auront été traduits en justice. Je suis convaincue que l’important travail réalisé par le Tribunal de La Haye contribuera au processus de réconciliation et à l’instauration d’une paix durable dans les Balkans.
Pour conclure, bien qu’il reste encore beaucoup à faire, je suis très heureuse de la nouvelle, et bien réelle, volonté politique du Gouvernement de coopérer avec le Tribunal sur ces questions, notamment dans le cadre de mes enquêtes concernant les opérations « Éclair » et « Tempête » et je me réjouis des relations mutuellement productives qui nous uniront à l’avenir. Je suis prête à travailler avec le nouveau Gouvernement croate.
Je vous remercie.
*****
*****
*****
Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
Pour plus d'informations, veuillez contacter notre Bureau de presse à La Haye
Tél.: +31-70-512-8752; 512-5343; 512-5356 - Email: press [at] icty.org ()Le TPIY sur Facebook, Twitter et Youtube