Prijedor, 23 mai 2012
Le 23 mai, le documentaire du Programme de sensibilisation intitulé Les violences sexuelles : le triomphe de la justice, a suscité une vive émotion parmi les quelque 80 participants à un débat public portant sur les crimes de violence sexuelle perpétrés à Prijedor (Bosnie-Herzégovine).
Cette diffusion a constitué le moment fort d’une conférence d’une journée consacrée aux Exemples de soutien aux victimes et aux témoins de crimes de guerre et de violence sexuelle grâce au renforcement des capacités et de la coopération entre les institutions et les ONG. Le public, abasourdi, est resté silencieux pendant le générique de fin.
Une discussion animée s’est tenue ensuite, sur des sujets tels que le soutien apporté aux victimes pendant les procès, leur rééducation, l’exercice du droit à restitution, et d’une manière générale sur les méthodes permettant la réinsertion des victimes mises en marge de la société. Des représentants des victimes ont déclaré ne recevoir aucun soutien pour le travail effectué, tant au niveau local qu’au sein des communautés élargies. Une femme, victime de sévices sexuels pendant la guerre, a estimé que ce manque de soutien s’apparentait à une répétition des crimes qu’elle avait, avec d’autres, endurés.
Un représentant de l’association de victimes Izvor a suggéré qu’il était extrêmement important que de tels sujets soient traités dans un documentaire : « Ce film devrait être utilisé par les institutions à vocation éducative du monde entier, afin que de tels crimes ne se reproduisent plus jamais ».
Les participants ont également abordé la question de l’inégalité de traitement des victimes dans les deux entités qui constituent la Bosnie‑Herzégovine (la Fédération croato-musulmane et la RepubliKa Srpska), soulignant notamment que les victimes qui avaient choisi de quitter la Fédération et de retourner vivre en RepubliKa Srpska avaient perdu automatiquement le droit de percevoir des prestations d’invalidité.
La culture du déni, très forte dans toute la Bosnie‑Herzégovine, et notamment dans la municipalité de Prijedor, a également été abordée. Nerma Jelačić, chef du Programme de sensibilisation, a déclaré que les faits établis par le TPIY et la reconnaissance de culpabilité de certains accusés permettaient de lutter de manière extrêmement efficace contre le déni. Tout en reconnaissant qu’il restait encore beaucoup de travail à faire, Nerma Jelačić a fait valoir l’influence du Tribunal sur les communautés locales, et notamment sur les jeunes générations.
Cette conférence a fait l’objet d’une couverture médiatique considérable, de la part de correspondants locaux et internationaux. Ils ont eu l’occasion, lors des manifestations marquant le vingtième anniversaire des souffrances infligées à la population non serbe de la municipalité de Prijedor, de relever le manque de soutien de la part des autorités locales.